Entrepreneuriat Fr US

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ENTREPRENARIAT ET INNOVATION UNE COMPARAISON FRANCE USA [Sous-titre du document]

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ENTREPRENARIATET INNOVATION

UNE COMPARAISONFRANCE USA

[Sous-titre du document]

ContenuLes USA, pionniers et leaders............3Un constat.............................3

L’esprit entrepreneurial, l’exemple de la chocolaterie........................3

Une recherche au service de l’état.....5

Lorsque l’on traite d’entrepreneuriat ou d’innovation, les Etats Unis font référence.Pendant notre voyage aux US, nous avons eula chance de visiter deux entreprises.

Ce contact, pourtant rapide, avec des professionnels locaux nous a fait sentir la différence entre la France et les EtatsUnis sur ces deux aspects.

Une seule constatation, frappante : sur les deux entreprises que nous avons visitées, toutes deux étaient de nature industrielle. L’industrie, un secteur en net recul en France. Pourtant ces deux industries n’étaient pas particulièrement high tech, plutôt même l’inverse. Nous avons visité une chocolaterie, ainsi qu’une entreprise productrice d’emballagescartonnés.

Il est probable que lancer ce type d’industrie en France aujourd’hui seraientconsidérés par beaucoup comme une folie, voire un suicide économique.

Les Etats Unis sont-ils donc le paradis del’entrepreneuriat ?

Les USA, pionniers et leaders.

Un constat.Facebook, Google, Twitter, Microsoft ou Apple. Les grandes réussites économiques des 20 dernières années ont une origine, les USA et pour beaucoup la Silicon Valleyen Californie.

L’économie la plus puissante du monde est aussi la plus dynamique et la plus innovante, si l’on en croit le classement Thomson Reuters des pays les plus innovants.1

Ce dynamisme s’explique par plusieurs facteurs, et en premier lieu le fait que les USA sont l’un des pays qui investissent le plus dans la recherche fondamentale2.

1 Si, si, la France est le troisième pays le plus innovant au monde, site web de La Tribune.2 Dépenses en recherche et développement (% duPIB), Banque Mondiale.

Pourtant les évènements récents, suite à la chute de Lehman pourrait faire douter sur la puissance des Etats Unis. La finance est devenue la première industrie du pays3, tandis que les industries historiques comme l’automobile s’écroulent.Mais en 2014 ce sont des entreprises technologiques américaines, Google, Apple,Microsoft qui caracolent en tête du classement boursier, parfois devant des géants du pétrole comme Exxon4.Un seul argument peut résumer la capacité d’innovation des USA, son endettement. LesUSA empruntent actuellement 5 dollars pourchaque dollar réel de valeur créée, le tout sur une dette de 103% du PIB, soit plus de 16 mille milliard de dollars de dette existante. Une situation qui ne pourrait être sans une confiance aveugle du monde entier dans la capacité des EtatsUnis à créer les géants industriels de demain.

3 Economie des Etats Unis, Wikipedia.4 FT 500, Financial Times

Ce potentiel est en partie issu de la culture, cet esprit d’entreprise propre aux USA, avec le mythe du self made man etle rêve américain.

L’esprit entrepreneurial, l’exemplede la chocolaterie.

Si l’on en croit le blog du concours TOTALEDHEC5, le profil des entrepreneurs en France est beaucoup plus push que pull. Autrement dit on entreprend plus en Francepar nécessité, que par opportunité. C’est un peu l’exemple de l’ancien salarié qui monte son entreprise après avoir été licencié. Un profil relativement courant chez les « seniors ».

Plus rares sont les Xavier Niel qui voit en

Nous avons eu la chance, lors de notre visite aux USA de visiter une chocolaterie

5 Mark, L’entrepreneuriat US, un modèle à suivre, Blog du Concours Total EDHEC.

qui illustre ce deuxième type de profil, l’entrepreneur contre vents et marées.

En effet lors de notre visite de l’établissement, le fondateur nous a expliqué la situation plutôt rare de l’entreprise lors de sa création. Alors que les fondateurs souhaitaient créer une chocolaterie de luxe, ils se sont heurtés à un problème qui en aurait démotivé plus d’un.

Il leur était impossible d’acheter du matériel pour leur industrie. Le seul matériel disponible sur le marché était adapté à des entreprises comme Nestlé ou Lindt, aux volumes de production massive, et qui disposent de capacités d’investissement très importante.

Trop gros, trop cher, inadapté. Nos entrepreneurs ne se sont pourtant pas découragés pour autant. Au contraire, ils ont conçus leur propre équipement, adapté à leurs volumes de production. Ils disposent aujourd’hui de tout le matériel nécessaire à leur activité. Persévérance

et ingéniosité ont été les maitres mots ici.

Un acharnement qui a payé, l’entreprise a rencontré son marché, et continue de se développer aujourd’hui.

Rien n’est impossible quand il s’agit d’accomplir le rêve américain.

Une recherche au service de l’état.L’histoire économique des Etats-Unis est souvent liée à des personnalités, surtout lorsqu’il s’agit d’innovation, on peut citer Edison ou Ford. Ces patriarches fondent le mythe de l’entrepreneur Américain qui trouve la fortune et la réussite à travers la libre entreprise.

Cette réussite est aussi due à l’innovation, et si les USA représentent l’économie dominante aujourd’hui c’est parla capacité de cette nation à transformer les avancées de la recherche en réussites économiques. Pour cela un lien entre industrie et recherche est nécessaire, ce sont les fameux clusters comme la fameuse Silicon Valley, que nous aborderons dans la troisième partie de ce document.

Ce fameux lien n’est pas le simple fruit du libéralisme, un produit de la main invisible. A défaut d’être le résultat de la main très visible des managers, il est le produit de la volonté toute puissante de l’Etat.

Selon Patrice Noailles-Siméon, la force économique des Etats Unis, notamment en termes d’innovation, vient, en partie d’une stratégie de l’état Américain.

Cette politique était, des années 1950 auxannées 1980 de favoriser la recherche fondamentale, en finançant les laboratoires tout en laissant aux grandes entreprises le rôle de l’innovation.

Avec la montée en puissance des tigres asiatiques, notamment dans l’électronique à la fin des années 70, alors que les grandes entreprises commençaient à délocaliser massivement, il apparaissait comme une évidence qu’une nouvelle politique était nécessaire.

L’état Américain s’est donc tourné vers les petites entreprises en favorisant les transferts de technologies vers celles-ci et en les privilégiant lors des appels d’offres.

Depuis cette logique continue avec l’Innovation Act ou le Start Up Act.

Les US, le modèle ?

Le rôle des clustersL’exemple qui fait rêver le monde depuis 30 ans c’est celui de la Sylicon Valley. Sylicon en référence à la matière premièrepour la construction des semi -conducteurs(en français le silicium et non le silicone).La raison de l’apparition de cette vallée technologique est simple, l’université de Standford, berceau de la recherche en informatique.

De Standford et de la Silicon Valley vont émerger nombre de géants de l’informatique, HP, INTEL , AMD, NVIDIA, CISCO, Apple, Oracle. Des logiciels : Adobe, EA, Symantec. Puis viendra la bulleinternet et de nouveaux géants dont Facebook, Amazon, Ebay, Yahoo ou encore Google.

Nombre des entreprises nées de la silicon valley sont à la fois incroyablement jeuneet incroyablement puissante. Elles ont

assuré la domination économique des USA pendant 50 ans ainsi que sa transition vers une économie high tech.

C’est cet aspect de transition qui paradoxalement, lorsque l’on constate la rapidité et la brutalité de l’émergence des nouvelles industries, motive les clusters.

Il est ainsi un autre succès, moins médiatique, celui de la route 128, qui longe Boston dans le Massachussetts. Boston aussi appelé l’Athène des Etats Unis par la concentration d’établissement d’enseignements supérieurs qui la caractérise. Et surtout la présence des deux grands que sont Harvard et le MIT. Laroute 128, c’est la réunion des entrepreneurs issus de ces deux prestigieuses Universités, au sein de start up technologiques.Le résultat c’est une conversion réussie d’une économie sinistrée en une économie de haute technologie. Ainsi les docks de la ville, ancien centre névralgique de la ville, le redevient peu à peu depuis qu’il

a évolué en centre d’affaires pour start up innovantes6.

Mais pour que ces clusters, ou technopolesen Français soient des succès, il faut plus que la présence de grandes universités. Il faut une dynamique qui ne peut être que le fruit d’individus. Les fameux Business Angels, qui ne se contentent pas de financer les jeunes entreprises, mais qui leurs apportent motivation, support, conseils, coups de mains.

Cette notion de lien social, de communautéfinalement si important pour la création d’entreprises est sans doute la plus grande force des USA, plus même que sa puissance financière, ou sa recherche.La technologie amplifie d’ailleurs grandement ce phénomène.

Ainsi le succès de nombre de d’innovationsse calcule selon les externalités de réseau et la capacité de l’innovation et

6 Boston Seaport, la renaissance des docks. Voyages d’Affaires.fr

de son promoteur à permettre l’éclosion d’un véritable écosystème7 autour d’elle.De cet aspect est né une passion ou une profession, aux USA toujours, que l’on appelle Tech Evangelist. Ceux sont eux quisont à l’origine des communautés que l’on retrouve particulièrement ans le monde destechnlogies web. Au sein de ces communautés s’échangent critiques, conseils, points de vues, coups de mains. Le business angel light à deux clicks. Ce mode de fonctionnement en réseau global a profondément modifié les approches et les comportements, même s’il n’est pas exportable à tous types de technologies, il montre la voie à suivre.

Une France qui n’est pas en reste.Et c’est définitivement une voie qu’il nous faut suivre. Depuis la fin des années70 et la disparition des 30 glorieuses dans un gouffre de chômage et d’inflation,la création d’entreprise parait être la solution miracle à nos problèmes d’emploiset de croissance.

7 Pascal Corbel, Technologie, Innovation

D’où une véritable croisade depuis plus de30 ans pour favoriser l’innovation et l’entreprenariat. Une croisade qui a selontoute vraisemblance été mené sur le mauvais front.

La création d’entreprise a été rendue plussimple, plus rapide, plus sure. L’innovation est encouragée par des mesures fiscales attractives comme le crédit jeune entreprise innovante ou le crédit impôt recherche.

Pourtant nous constatons sur le graphique ci-dessus que la question n’est pas, ou entout cas n’est plus, là.Le problème est avant tout culturel. On peut constater la prédisposition socio-

culturelle des Américains à l’entreprenariat. Et notre propre réticence.

La tolérance à l’échec est un trait culturel limitant dans le cas de la France. Ainsi après une liquidation judiciaire, s’il apparait que l’entreprisen’a pu régler ses dettes, le dirigeant de celle-ci s’expose à une procédure de faillite personnelle, qui l’empêchera de créer à nouveau une entreprise, d’en diriger une, ou même d’accéder à des postes de direction ou de gestion élevé. Une sanction très lourde.

Surtout lorsque l’on sait que la création d’entreprise est un exercice risqué. Selonl’APCE, plus de 50% des nouvelles entreprises n’existent plus 5 ans après leurs créations.

Pire encore, si l’on en croit une étude del’INSEE8 l’expérience notamment du créateur, est un facteur clef quant au

8 L’expérience une clé de réussite. INSEE Centre Info, numéro 147, Janvier 2008.

succès d’une création d’entreprise. Il estdonc préférable, selon l’étude que le créateur ait occupé des fonctions similaires.

Pourtant les choses évoluent peu à peu. Ainsi les initiatives qui visent à rassembler chercheurs, jeunes ingénieurs, techniciens et managers, financiers se multiplient. Et portent leurs fruits.

Surtout c’est vers le plateau de Saclay que se tournent tous les espoirs.

Organisé comme un cluster, Saclay réunit les plus grandes écoles et universités françaises.

Occupé dès 1946 par le CNRS, il a attiré au fil des ans la plupart des grands instituts de recherche Français, ainsi queles écoles et universités. A partir des années 2000, ce sont des centres de recherche privé qui investissent les lieux.A partir de là, et sous le quinquennat Sarkozy les choses s’accélèrent pour que Saclay puisse s’imposer comme un des pôles

de compétitivité les plus important au monde.

Et c’est un succès, Saclay est reconnu parla prestigieuse revue du MIT comme l’un des clusters les plus compétitifs du monde9. Un succès qui n’en est qu’à ses débuts, considérant les nombreux projets et investissements en cours.

Une bonne nouvelle pour l’innovation en France, qui devrait changer profondément les mentalités, dans un monde de la recherche trop cloisonné selon les dires de  Jean-Nöel de Galzain, vice-président du Pôle Systematic, l’un des 7 pôle de compétitivité présent à Saclay.

L’exemple de Saclay pourrait donc nous laisser penser que la France est sur la bonne voie, et que peu à peu notre cultureva s’ouvrir aux valeurs propres à l’entrepreneuriat.

9 Paris-Saclay dans le top des clusters mondiaux. BFM Business

Mais au-delà de Saclay, et des initiativesgouvernementales ou privés, c’est tout un monde qui bouge, qui évolue en profondeur.

Le mode de fonctionnement en réseau favorisé par l’internet et les réseaux sociaux, la généralisation des communautésà tous les corps de métiers, grâce aux blogs, et aux outils tels que Linked In ouViadeo, ne peuvent que favoriser l’émergence d’un monde ouvert, ou les acteurs communiquent et se rencontrent facilement.

Les racines même du capitalisme trouvent leurs origines en une rencontre, entre descapitaux, une idée et des hommes.

Ce chemin, nous sommes en train de le reprendre.

Car c’est la nécessité économique, celle de reconstruire notre industrie, de retrouver notre confiance en l’avenir, de préserver notre fierté, qui nous pousse inexorablement vers l’innovation.

Bibliographie

http://books.google.fr/books?id=uTsJa_7cz84C&pg=PA105&lpg=PA105&dq=structure+familiale+du+capitalisme&source=bl&ots=ra7oqeDmGY&sig=l1YvlNlom8lk35XI5WZHj5wC3Ho&hl=fr&sa=X&ei=cfqdU_SFA6ip0AWS-IHwBQ&ved=0CDAQ6AEwAjgK#v=onepage&q=structure%20familiale%20du%20capitalisme&f=false

http://scd-theses.u-strasbg.fr/329/01/LEROY_Eva_2008.pdf

http://www.parisschoolofeconomics.eu/fr/expertise-dissemination/economistes-pse-et-societe-civile/5-articles-en-5-minutes/mai-2014/consequences-du-paternalisme-sur-les-structures-familiales-le-cas-du-creusot-1836-1886/

http://www.unil.ch/webdav/site/iepi/shared/ElitesCHXX/GinalskiDavidMachSSHES.pdf

http://www.voyages-d-affaires.com/destinations-affaires/villes-et-quartiers-d-affaires/boston-seaport-renaissance-des-docks-7528