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« Transversales philosophiques » Collection dirigée par Jean-Jacques Wunenburger et

Valentina Tirloni

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Ce volume est publié avec le concours du CRI Centre de recherche sur l’imaginaire EA 610, Université Stendhal de Grenoble

Couverture Jean-Loup Miquel

© E M E & InterCommunications, sprl, 2014, (B) - 1040 - Bruxelles - 5380 - Fernelmont.

Les imaginaires du cerveau

Patrick Pajon et Marie-Agnès Cathiard

E M E

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BRAINCUBUS Vers un modèle anthropologique neurocognitif transculturel

pour les « fantômes » de l'imaginaire

Marie-Agnès Cathiard et Fabio Armand

Avertissement : « Rêve »… « fantômes »… les mots-clés de ce chapitre auront respectivement les sens précis suivants : paralysie du sommeil (SP : Sleep Paralysis) et corps « fantômes » (PhB : Phantom Bodies). C’est à ces conditions sém(é)iologiques (des signes cliniques en syndrome) que nous pourrons dire quelque chose de la création cérébrale des ontologies imaginaires —aussi neuralement réelles qu’un membre « fantôme »—, ces êtres fantastiques qui apparaissent dans cet état dissocié (SP) du cerveau, et qu’on retrouve dans les genres narratifs repérés par la folkloristique comme récits d’expérience (mémorats), récits de croyance (belief narratives), de fiction (fabulats), ainsi que dans les dramatisations qui les mettent en scène, comme croquemitaines familiaux ou cérémoniels. L’anthropologie neurocognitive, la neuroanthropologie, dont le développement est pour nous un apport certain, ainsi que notre approche transculturelle — des Alpes à l’Himalaya et au-delà — seront illustrées dans le cours du texte par l’anthropodiversité d’une composante du sensorium multimodal de SP encore peu identifiée neuralement : la trichologie tactile. Ethnopsychanalyste contre neurologue : un unisson insoupçonné sur le rêve

Puisque, pris dans notre histoire d’un tournant de siècle, nous sommes en quelque sorte en train de rejouer un effort de type paracelsien — non pas de mettre de l’alchimie dans la médecine, ni

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de mettre ou pas de la biochimie dans la psychiatrie, mais de la psychologie neurocognitive dans l’anthropologie et tout particulièrement dans cette partie de haute spécialisation en littérature, académiquement peu reconnue chez nous, que reste la folkloristique — nous avons décidé de nous confier sur l’imaginaire d’abord aux mémoires d’un onirologue d’expérience, Michel Jouvet. A près de 88 ans il nous livre dans son De la science et des rêves1 sa liaison passionnée avec l’ethnologie :

« En même temps que j'apprenais la vraie clinique, j'eus

l'occasion de pouvoir m'inscrire à la faculté des lettres en 1950 et d'y préparer un certificat d'ethnologie. J'eus la chance d'en apprendre les bases avec le grand maître de l'ethnologie et de la paléontologie française, André Leroi-Gourhan […] ».

Beaucoup plus tard en 1975, il expérimentera sur le terrain une

« etho-ethnologie » avec Monique Gessain, spécialiste des Bassari2. Le compte rendu paru dans L'Homme3, au lieu de saluer l’effort déployé dans cette première entre une ethnologue reconnue et le maître de l’onirologie expérimentale, affichait une incompréhension et une hostilité totales de la part de l'ethnopsychanalyste Giordana Charuty : « …un cas instructif, et désolant, du dévoiement de l’ethnologie… » (p. 291). Il démontrait de fait son incapacité à comprendre la nécessité d’un enregistrement polygraphique du sommeil sur le terrain. Il était même piquant de la voir rappeler à Jouvet que la « vénérable théorie tylorienne » était révolue. Et ceci alors même qu’un disciple de Lévi-Strauss comme Michel Perrin venait, depuis l’expérience de son terrain guajiro entre Colombie et

1 Michel Jouvet, De la science et des rêves. Mémoires d’un onirologue, Odile Jacob, Paris, 2013, p. 34. 2 Michel Jouvet & Monique Gessain, Le grenier des rêves. Essai d’onirologie diachronique, Odile Jacob, Paris, 1997, pp. 160-165 et 259-262. 3 Giordana Charuty, « M. Jouvet & M. Gessain, Le grenier des rêves. Essai d'onirologie diachronique », in L'Homme, tome 38, n°145 , pp. 290-291, 1998.

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Venezuela, de donner enfin tort au mépris du père de la sociologie et anthropologie françaises, Durkheim, envers les rêves de primitifs, pour Tylor source du culte des morts, comme base de la religion. Perrin : « La notion d'âme, universelle si on désigne seulement par ce mot une entité pouvant se détacher du corps, fut certainement une réponse à l'expérience du rêve et de la mort. »4. Et en note : « C'est ce que suggéra Tylor (1871 [Primitive culture]) et contesta avec vigueur Durkheim (1912 [Les Formes élémentaires de la vie religieuse : le système totémique en Australie, pp.] 78-84), mais sans doute à tort [nos italiques]. » Comme l’écrit Jouvet5, 15 ans après la réception de Charuty : « Malgré cette « magnifique analyse », nous sommes restés zen avec Monique Gessain. »

L’important ici pour nous ne sera pas cet ènième épisode d’Humanités en position défensive contre les neurosciences. Car il se trouve que Jouvet comme Charuty se sont ignorés mutuellement sur leur accord antérieur pour décrire les deux composantes (« mouvements » ou « modalités ») de la phénoménologie du rêve, ce que synthétisent leurs formulations à l’identique suivantes (développées par ailleurs) : – Jouvet : « […] deux aspects de l'individualisation du rêve, le mouvement de l'âme errante quittant son corps pour se livrer à un vagabondage nocturne, ou le mouvement des dieux et des démons venant visiter l'homme endormi […] »6 – Charuty : « Deux modalités d'accès sont attestées : soit le rêveur est visité par les morts, soit l'âme du rêveur, libérée des contraintes du corps, se trouve transportée dans l'ailleurs […] »7.

C’est fort de cet unisson entre neurosciences et ethnologie, rencontré sur leurs observés, que nous nous trouvons renforcés dans l’effort que nous avons mené indépendamment pour resituer ces 4 Michel Perrin, Les Praticiens du Rêve, PUF, Paris, 1992, p. 43 de l’éd. 2001. 5 Michel Jouvet, 2013, p. 164. 6 Michel Jouvet, Le sommeil et le rêve, Odile Jacob, Paris, 1992, pp. 120-121. 7 P. 134 de Giordana Charuty, « Les sociétés à rêves », hors-série sur « Le Rêve » de Sciences et Avenir, déc. 1996, pp. 128-132-134.

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deux « mouvements » dans un cadre cohérent avec les données des neurosciences en cognition motrice, ce que teste notre modèle BRAINCUBUS. En effet jusqu’à ce tournant du troisième millénaire, il n’avait pas été établi, dans cette bien trop vaste constellation qu’est le rêve pour les Humanités et même dans les neurosciences, que les deux modalités expérientielles principales —de partir visiter ou d’être visité pendant une phase spécifique du sommeil dite paradoxale (REM) ou en état de narcolepsie, dont la forme bénigne est l’état dissocié de paralysie du sommeil— prenaient leur source neurale, dans la jonction temporo-pariétale (TPJ), latéralisées différentiellement, soit : dans TPJ droit pour l’OBE (Out-of-Body Experience) ; et dans TPJ gauche, pour AP3S (Alien Presence Sensed from Self Shadowing8).

Les corps « fantômes » fondamentaux OBE et AP3S dans BRAINCUBUS

Nous rappelons ici à grands traits l’état présent de nos efforts, très concentrés sur une convergence de la psychologie neurocognitive et de la science des illusions et des hallucinations vers le champ de l’ethnographie de la narration. Nous pouvons les situer dans l’apparition toute récente d’une nouvelle neuroanthropologie en imagerie cérébrale, dont un exemple notable est celui des efforts du fils de Victor Turner — le grand anthropologue du rite et de l’expérience —, Robert Turner, physicien spécialiste de neuro-imagerie, directeur du Departement of Neurophysics au Max Planck Institute for Human Cognitive and Brain

8 Acronyme que nous avons adopté, une fois proposé, faute de convention (comme OBE), par Christian Abry (2011), « Et si l’imaginal cortical fondait l’imaginaire transcendantal », in : Durand, Yves, Sironneau, Jean-Pierre et Araujo & Alberto Filipe (dir.), Variations sur l’imaginaire. L’épistémologie ouverte de Gilbert Durand, orientations et innovations, Bruxelles-Fernelmont, Editions Modulaires Européennes [E.M.E.] & InterCommunications, pp. 279-294 (p. 293 et note 20).

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Sciences à Leipzig9. Un humaniste scientifique par son héritage familial, comme Jouvet, écrivain à ses heures, illustre l’honnête homme cultivé dans sa grande tradition médicale lyonnaise.

En profitant d’une fenêtre spécifique sur le cerveau, qui paraîtra étroite10 par rapport au (trop) vaste domaine de l’imaginaire, 9 « He also completed a Post-graduate Diploma in Social Anthropology at University College London between 1975 and 1977, and conducted field ethnographic research resulting in several publications », rappelle <http://en.wikipedia.org/wiki/Robert_Turner_(scientist)>. Son premier article sur le sujet est : Turner R., « Culture and the human brain », Anthropology and Humanism, 2001, 26(2), pp. 167–172, revue éditée par Edith Turner, où l’héritage de son père (cf. Schechner R., « Victor Turner's last adventure », Anthropologica, 1985, 27(1-2), pp. 191-206) est repris : Turner V., « Body, brain, and culture », Zygon, 1983, 18(3), pp. 221-45. Rappelons qu’Edith publiera la contribution posthume : Turner V., « The new neurosociology », in Turner, E.L.B. (dir.), On the Edge of the Bush : Anthropology as Experience, Tucson, University of Arizona Press, pp. 283–286, 1985. C’est après 2001 que Robert publiera sur l’imagerie cérébrale : Turner R. & Whitehead C., « Brain images of collective representations », Journal of Consciousness Studies, 2008, 15(10–11), pp. 43-57 ; avec le premier PhD en neuroanthropologie Juan Fernando Domínguez Duque (Université de Melbourne, 2008) : Dominguez Duque J. F., Lewis D. E., Turner R. & Egan G. F., « The brain in culture and culture in the brain : a review of core issues in neuroanthropology », Progress in Brain Research, 178, 2009, pp. 43-64 ; Domínguez Duque J. F., Turner R., Lewis E. D. & Egan G., « Neuroanthropology : a humanistic science for the study of the culture-brain nexus », Social Cognitive and Affective Neuroscience, 2010, 5(2–3), pp. 138-147. Après le bref Dias A. M., « The foundations of neuroanthropology », Frontiers in evolutionary neuroscience, 2010, vol. 2, art. 5, 2 p. Cf. encore, Juan F. Domínguez D., « Neuroanthropology and the dialectical imperative », Anthropological Theory, 2012, 12(1), pp. 5-27, où l’héritage de Turner père est aussi clairement reconnu. Notons qu’on retrouvera son autre fils, le poète Frederick Turner, contribuant à un courant des Darwinian literature studies, inspirées des neurosciences et de la psychologie évolutionnaire (Biopoetics : Evolutionary Explorations in the Arts, Essays by various hands, edited with Brett Cooke, Lexington, KY : ICUS, 1999), dont une récente anthologie a été éditée par Brian Boyd, Joseph Carroll & Jonathan Gottschall, Evolution, Literature, and Film : A Reader, Columbia University Press, 2010 (Boyd s’était déjà rendu célèbre en même temps avec On the Origin of Stories : Evolution, Cognition, and Fiction, Harvard University Press, 2009). 10 Il en est ainsi pour plusieurs avancées : à l’image de la découverte de la grotte Chauvet, il faut trouver de manière hautement improbable l’entrée sous les éboulis au pied d’une falaise (un petit « trou souffleur »), tout faire pour pouvoir y passer

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à celui du rêve, et qui a mis du temps à s’ouvrir, nous ne ferons ici que focaliser sur les avancées des connaissances portant sur les narrations dites experience-centered − une sous-partie des récits de croyances, belief narratives − induites dans l’état cérébral identifié comme paralysie du sommeil. Ceci afin d’explorer les corrélations avec les bases neurales qui sont à la source de tels rapports d’expérience. Dans quels états du cerveau émergent ces ontologies, aussi tangibles que les membres « fantômes » : les corps « fantômes »11 ? Le début de ce XXIe siècle a connu une véritable percée dans nos connaissances sur les états du cerveau correspondants, et c’est le cas plus spécifiquement des corrélats neuraux des phénoménologies oniriques qui donnent naissance à la présence de plusieurs de ces ontologies surnaturelles, que nous allons rencontrer transculturellement dans leur anthropodiversité.

d’abord la tête-et-les-épaules… avant de tomber sur un art pariétal qui vous contemple du haut de ses 30 000 ans. Dans notre cas c’est Gélineau qui identifia en 1880 le syndrome de la narcolepsie, à la fin des années 50, Jouvet et Dement l’état de paralysie pendant la phase dite « paradoxale » (REM pour Dement) du sommeil, et en 1998 deux équipes trouvèrent le neurotransmetteur dont les déficiences sont responsables de la narcolepsie, celle de Yanagisawa le baptisant orexine et celle de Sutcliffe hypocrétine. Entretemps Hufford (1982) avait mené le premier une approche anthropologique et folkloristique sur les récits venus de la paralysie du sommeil. 11 Nous parlerons comme le neurophilosophe Thomas Metzinger, dans son expérience de collaboration avec les neurologues Olaf Blanke et Peter Brugger (cf. infra), lequel dans « Why are out–of–body experiences interesting for philosophers ? » (Cortex, 2009, 45, pp. 256–258) considère le cerveau comme une « machine à ontologies » : « The conscious brain is an « ontology engine » [s.p.n.], it creates a model of reality constructed from assumptions about what exists and what doesn’t […]. It seems plausible that many reports about « paranormal » events and experiences are absolutely sincere reports about specific and highly realistic phenomenology — e.g. of moving outside one’s body [s.p.n.] — which can now be explained in a more parsimonious manner. » (p. 257).

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Les leçons de la paralysie du sommeil (sleep paralysis)

La paralysie du sommeil est l’un des états du cerveau. C’est un état dit dissocié, car parmi les trois états de base du cerveau (dont le sommeil lent), il n’est pas celui d’éveil (vigilance), et il n’est pas non plus l’état de sommeil paradoxal avec des mouvements oculaires rapides (REM). On l’appelle plus précisément isolated sleep paralysis car il présente seulement deux symptômes sur quatre de la tétrade de la narcolepsie, avec une paralysie des grands muscles du corps et des hallucinations dans différentes modalités sensorielles. Ces hallucinations comportent des OBE et des AP3S. Cet état de SP nous permet d’ancrer neuralement les universaux des systèmes corticaux imaginaux de l’onirique qui comprend des illusions, des hallucinations, et aussi des délusions, telles qu’on peut les rencontrer dans des récits collectés de par le monde dans les enquêtes ethnographiques12. Ces ontologies13 sont décrites en psychologie intuitive dans une grande variété d’entrées lexicales et narratives qui traitent des êtres surnaturels ou fantastiques, qui appartiennent à ce qui est maintenant reconnu comme l’héritage oral intangible de l’humanité. Mentionnons, juste pour les entités qui sont les mieux connues de nous, la Chauche-vieille de France, Suisse, Italie (en franc-comtois, francoprovençal, occitan, piémontais, etc.), dans laquelle on retrouve l’action de piétiner (latin calcare) qui figure aussi dans notre cauchemar (par la mara, fantôme de nuit, nightmare), et le Tikoloshe 12 Cf. le numéro spécial « Sleep paralysis » de Transcultural Psychiatry, 2005, vol. 42(1) (codirigé par David Hufford), qui intègre aussi les rapports cliniques. 13 Les travaux menés par un groupe du Centre Alpin et Rhodanien d’Ethnologie (CARE, au Musée Dauphinois de Grenoble), Christian Abry, Nicolas Abry et Alice Joisten, autour de la collecte de récits de croyance par Charles Joisten (1936-1981), ont permis de mettre en évidence la composante SP des principaux types d’êtres fantastiques classiquement dénommés comme : « êtres sauvages » et « lutins » incubes, « fées » de type mélusinien (ou Mahrtenehe), et de différentes errances, comme la « chasse sauvage », les « Dames de Nuit » (Spinnstubenfrauen), la « Procession des Morts », et le « loup-garou » comme mâle de la « cauchemare » (résumé in Cathiard et al., 2011).

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d’Afrique du Sud (xhosa : uthikoloshe ; cf. Cathiard & Abry14), homologues neurobiologiques du kanashibari japonais (kane, métal, shibaru, lier), qui est sans doute le mieux connu scientifiquement par rapport à l’état spécifique de la paralysie du sommeil15. Les bénéfices de la cartographie corticale (cortical mapping)

La stimulation corticale, couramment pratiquée dans l’examen pré-chirurgical en épileptologie, lorsqu’elle a été appliquée à la région dite TPJ (Temporo-Parietal Junction16) où les lobes temporal et pariétal se rencontrent du côté postérieur de la scissure de Sylvius, cette stimulation a produit deux expériences pivots (core experiences, selon nous). Dans TPJ droit, la découverte pionnière du grand neurochirurgien canadien Wilder Penfield au début des années 40 à Montréal a dû attendre le début de ce siècle pour être répliquée par l’équipe de Olaf Blanke17 à Genève (maintenant aussi au Brain Mind Institute, Lausanne). Il s’agit de l’expérience dite « hors-du-corps » dans laquelle le Self flotte en position prône au-dessus de son corps allongé en position supine. Ce Self est le premier corps hors-du-corps (Out-of-Body Body) qui ne soit pas resté vaguement défini comme un « double astral ». Il correspond très sensoriellement à une 14 Cathiard M.-A. & Abry, N. (2011), « Des corps fantômes aux corps imaginés entre Afrique et Europe : l’unité cognitive des réponses culturelles à la paralysie du sommeil dans leur anthropodiversité », Caietele Echinox (Cahiers de l’Equinoxe), 21, pp. 103‑120. 15 Fukuda et al., 1987, « High Prevalence of Isolated Sleep Paralysis : Kanashibari Phenomenon in Japan », Sleep, vol. 10, pp. 279-286. 16 Cynthia Wible (2012) vient de nous procurer une revue de question très complète sur les fonctions de TPJ. En utilisant notamment la méta-analyse de Decety & Lamm (2007) (leur empruntant sa figure 2), elle met clairement en évidence la capacité de détection d’agency, si importante dans l’induction d’AP3S. 17 Blanke O., Ortigue S., Landis T. & Seeck M., 2002, « Stimulating illusory own-body perceptions », Nature, vol. 419, pp. 269-270.

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dissociation entre le corps senti (proprioceptif) et le corps vu, des cartes qui sont normalement coïncidentes (matched) dans TPJ. Quatre années plus tard, la même équipe suisse18 a découvert une sensation, complètement inconnue jusqu’alors, en stimulant TPJ gauche. Il s’agit d’une présence Alien perçue derrière la patiente sous examen. Contrairement à l’expérience induite par stimulation du TPJ à droite, il ne s’agit pas de la simple dissociation de deux modalités, le corps visuel et le corps proprioceptif : dans cette zone TPJ gauche, la dissociation est poussée bien plus loin, puisqu’on aboutit à une véritable dissociation agentive. C’est la découverte neurologique d’un autre double, qui n’est pas défini aussi vaguement que peut l’être un classique Döppelganger. C’est pourquoi il a été baptisé (cf. note 7) AP3S, soit Alien Presence Sensed from Self Shadowing. Car cet Alien spécifique — sous forme d’une ombre noire dans le dos de la patiente — ne se contentait pas d’être une projection du corps de celle-ci, mais il imitait et surtout contrariait chacun de ses mouvements. Braincubus

Nous donnons ici l’état actuel de la position dans le modèle BRAINCUBUS des ontologies dites corps « fantômes », tout en listant ce qui reste à incorporer, selon nous, aux travaux pionniers des équipes des neurologues Peter Brugger et Olaf Blanke19, sans oublier

18 Arzy S., Seeck M., Ortigue, S., Spinelli L. & Blanke O., 2006, « Induction of an illusory shadow person », Nature, vol. 443, p. 287. 19 Nous tenons compte de leurs plus récentes mises au point sur ces hallucinations dans les chapitres correspondants de Blom & Sommer (2012), qui couvrent les phantom bodies, les phantom selfs et les phantom alien presences. Sur ce point, le chapitre du sociopsychologue Allan Cheyne (2012), qui a constitué de longue date une importante base de récits de SP, vient opportunément en complément de ceux de nos deux auteurs. Le chapitre de Blom & Hoffer sur les cas cliniques de Djinns est lui très anecdotique.

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leur collaboration avec la neurophilosophie de Thomas Metzinger : 1. La tangibilité neurale des corps « fantômes » —comme

celle des membres « fantômes »— est un point définitivement acquis. 2. L’asymétrie entre l’OBE droite et AP3S gauche n’est pas

encore intégrée comme le fondement du couple principal de ces deux expériences20, alors que les cartes corticales de ces corps « fantômes » fondamentaux sont pourtant latéralisées.

3. Il n’y a toujours pas de connexion avec l’état de paralysie du sommeil.

4. Il n’y a toujours pas de cadre anthropologique qui puisse intégrer les données de la folkloristique, avec le Self qui part visiter et l’Alien visiteur (cf. Jouvet et Charuty ci-dessus).

5. Aucune mention, ipso facto aucune prise en compte critique, de la conception dans la plus pure doxa freudienne d’Ernest Jones sur le cauchemar.

6. Aucune mention de Schatten (cf. la Shadow presence in Arzy et al., 2006), l’Ombre de Jung, en droite ligne de la première reconnaissance de la schizophrénie par son maître Bleuler21.

C’est ce qui nous a conduit à proposer un cadre de travail (framework à la Francis Crick, pas « théorie ») pour l’anthropologie des ontologies fantastiques, dans lequel on considère le couple des zones gauche et droite de TPJ comme le véritable « incubateur cérébral d’incubes », de manière privilégiée dans cet état spécifique du cerveau qu’est la paralysie du sommeil (ce qui n’exclut naturellement pas d’autres étiologies : stimulation, lésion irritative, hypoxie…). Ce cadre de neuropsychologie cognitive pour l’anthropologie des ontologies fantastiques − Brain Incubator of

20 Même absence d’intégration chez Wible C. G., 2012, « Schizophrenia as a Disorder of Social Communication », Schizophrenia Research and Treatment, vol. 12, Article ID 920485, 12 p. 21 Sur ces deux derniers points, cf. Cathiard & Abry, « Freudian Failures for Phantoms vs. Jung's Schatten Success in the Neural Grounding of Imaginary Bodies », in TricTrac, Journal of World Mythology and Folklore, 2013, 6, pp. 7-15.

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Supernatural Ontologies ou BISO − est BRAINCUBUS. Nous pouvons maintenant clairement proposer dans ce cadre une réponse à la question générale : « Combien de types de corps fantômes le cerveau peut-il générer ? », ces types donnant les bases neurales des principales ontologies fantastiques qui se rencontrent en anthropologie des croyances.

Cette question se fractionne plus précisément dans les trois points suivants :

I. Combien de corps fantômes conscients le cerveau peut-il donc générer ? Un ensemble fini (réduit) ou une infinité de cas ?

II. Quels corps fantômes appartiennent simplement au Self ou sont habités par le Self en personne? Ce qui permet de distinguer entre les corps fantômes-Selfs et les corps fantômes-Aliens.

III. Où se rencontre l’agentivité dans ces fantômes ? En confrontant les plus riches apports des neurosciences avec les plus anciennes phénoménologies mythologiques, la réponse la plus claire est que, dans l’état présent de nos connaissances empiriques (expérimentales), l’incubateur en question peut générer trois corps fantômes types.

1. Un corps fantôme qui appartient au Self mais n’est pas agentif (sans intention motrice, ni action). Rappelons que dans l’état de paralysie du sommeil, votre propre corps non fantôme reste habité par votre Self, gardant des intentions motrices, mais sans action possible, avec le sentiment conscient de son immobilisation.

2. Un corps fantôme décorporé (disembodied), habité par le Self, auto-agentif, qui typiquement contemple d’en haut le premier corps fantôme inerte.

3. Un corps fantôme Alien, caractéristiquement contre-agentif du Self.

Il existe des cas transitionnels qu’on distingue classiquement dans l’autoscopie, notamment l’héautoscopie, ce que nous rappellent Blanke & Mohr (2005)22 qui la définissent comme une expérience où 22 C’est pour l’héautoscopie que Blanke & Metzinger (2009) parlent de dominance

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le sujet hésite, voire alterne, entre sa position, dans son propre corps ou dans le corps du double qu’il perçoit en-dehors de lui-même. En outre le phénomène que Lhermitte a baptisé « illusion du compagnon » peut se limiter au simple sentiment d’une présence, telle que peuvent l’éprouver des enfants (l’ange gardien), des pilotes d’avions de chasse supersoniques ou encore des alpinistes23. Aperçus transculturels sur l’anthropodiversité d’une modalité singulière du sensorium neural de SP : la pilosité tactile des ontologies incubes

Plusieurs traits rapportés dans les expériences de SP viennent directement du sensorium connu dans cet état (comme pour les corps vus/sentis, l’orientation dépendant du cortex vestibulaire de l’insula proche de TPJ, etc.). Nous mettrons ici l’accent sur les éléments narratifs de trichologie24, d’origine neurale moins étudiée, qui permettent de cerner un ensemble d’êtres fantastiques caractéristiques par leur pilosité. À partir des pilosi des textes de la basse latinité jusqu’à l’homo silvaticus du folklore européen (conservé jusque dans les sciences naturelles de Linné), nous aborderons l’origine de ce motif trichologique, tenant compte de la réputation onirique cauchemardesque —neuralement expérientielle d’incube— de ces êtres velus. Pour ce faire, nous adopterons notre perspective anthropologique neurocognitive basée sur les deux composantes

gauche, sans citer Arzy et al. (2006), l’expérience clé, sans conteste, pour révéler AP3S. 23 Brugger P., Regard M. & Landis T., 1997, « Illusory reduplication of one’s own body: Phenomenology and classification of autoscopic phenomena », Cognitive Neuropsychiatry, 2, pp. 19-38. 24 L’intérêt spécifique pour ce domaine est récent en anthropologie (cf. Bromberger, 2010, sur les variations des modes du poil). Mais bien entendu les ontologies monstrueuses pileuses ont occupé l’attention des historiens, littéraires, folkloristes et « curieux » depuis longtemps (cf. par exemple l’intitulé de l’ouvrage d’un bibliothécaire érudit comme J. Berger de Xivrey, 1836).

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principales d’expériences qui apparaissent en paralysie du sommeil, dans notre cadre BRAINCUBUS, soit notre cerveau en incubateur d’incubes, avec un sensorium et motorium, dont nous pouvons ainsi repérer les éléments, en l’occurrence les impressions tactiles de la pilosité, autrement dit les traits tactiles trichologiques. Cette analyse nous permettra de démontrer, pour un ensemble d’expériences cognitives conscientes, universellement partagées par notre espèce appartenant aux êtres homéothermes, comment elles peuvent accueillir des systèmes de croyance et des structures narratives homologues, même dans des domaines culturels très différents, qui puisent dans un riche sensori-motorium produit dans cet état onirique spécifique du cerveau.

Dans la figure classique de l’homme sauvage nous avons directement accès à sa nature d’incube hirsute, présente dans le monde entier (cf. Forth, 2012, qui reprend la littérature sur le sujet).

Les premières attestations concernant l’identification entre un pilosus et le cauchemar sont datées à partir du IVe s. de notre ère. Les incubi sont des êtres fantastiques appartenant au folklore latin, sous l’espèce des démons oppressants qui viennent troubler le sommeil, halluciner le dormeur et, dans certains cas, s’unir sexuellement à lui. Comme le rappelle Françoise Gury, les textes latins tardifs identifient explicitement ces créatures à « des vieilles divinités champêtres de la religion primitive des Latins telles que Faunus[25] et les Fauni (Fauni ficarii), Silvanus, Inuus, Fatuus, Fatuclus, toutes assimilées à Pan et à Ephialtes »26. Les textes tardifs nous donnent de nombreux exemples

25 Les représentations de Faunus se révèlent en fait étonnamment rares par rapport à celles de Silvanus. C’est ce qu’ont fait remarquer Pierre Pouthier & Pierre Rouillard, « Faunus ou l’iconographie impossible », in Bulletin de Correspondance Hellénique, suppl. XIV (Iconographie classique et identité régionale, Paris 26-27 mai 1983), 1986, pp. 105-109. Pour Silvanus, cf. Peter F. Dorcey, The cult of Silvanus : A study in Roman folk religion, Columbia studies in the classic traditions, Brill Academic Publishers, Leiden, Netherland, 1992. 26 Gury F., 1998, « A propos de l’image des incubes latins », Mélanges de l’Ecole française de Rome. Antiquité Tardive, tome 110, n° 2, pp. 999.

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de l’assimilation entre pilosi et incubi. Dans le Commentaire du livre V d’Isaïe par saint Jérôme, on trouve les attestations suivantes : « Pilosi saltabunt ibi ; vel incubones, vel Satyros silvestres quosdam homines, quos nonnulli Faunos ficarios vocant, aut daemonum genera intelligunt »27. Une référence précise aux incubi pour leurs unions sexuelles avec des dormeuses figure dans les Etymologies d’Isidore de Séville où il écrit :

« Pilosi, qui Graece Panitae, Latine Incubi appellantur, sive Inui ab ineundo passim cum animalibus. Unde et Incubi dicuntur ab incumbendo, hoc est stuprando. Saepe enim improbi existunt etiam mulieribus, et earum peragunt concubitum, quos daemones Galli Dusios nuncupant, quia assidue hanc peragunt immunditiam. Quem autem vulgo incubonem vocant, hunc Romani Faunum ficarium dicunt » (livre 8, chapitre 11).

Ces extraits de la littérature latine tardive nous permettent simplement de jalonner le motif trichologique dans la construction de la représentation du cauchemar. Ce qui en ressort à l’évidence est la corrélation entre un monstre poilu, le pilosus, et la créature surnaturelle incube qui vient au cours de la nuit troubler le sommeil de sa victime. Au-delà de cette latinité, Les Évangiles des quenouilles sont une des sources importantes qui permettent d’étudier le folklore 27 Saint Jérôme traduit ici par pilosus le mot hébreu se’irim « démons velus » (démons impurs, unclean spirits). Dans les œuvres successives des Pères de l’Eglise, on trouve souvent des références aux pilosi, dans leur association avec les êtres poilus de l’Antiquité, comme, par exemple, les satyres, les silvani et les autres créatures champêtres présentes dans le folklore latin. Les sources de la littérature chrétienne mettent souvent en évidence une identification entre ces pilosi anciens et la figure du démon. Il est possible de constater cette diabolisation des pilosi en observant le déplacement dans la représentation de l’homme sauvage advenu dans la littérature chrétienne médiévale tardive : « the image [of the wildman] underwent a significant reconstruction in the hands of late mediæval Christianity, when the wildman became reinterpreted as a feral man, whose condition resulted from separation from Christian civilisation and God’s grace. (…) [T]he mediæval wildman was a degenerate, the model of a lost soul, for whom it was also possible to forsake wildness and regain the civilised, human condition » (Forth, 2007, p. 263).

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médiéval européen. Il s’agit d’un recueil tournant en dérision les superstitions populaires attribuées aux femmes, composé dans les Flandres et en Picardie à la fin du XVe s. Il s’organise autour d’un dialogue entre six intervenantes qui, au cours de six veillées, abordent différents topoi de croyance. Au cours de la deuxième soirée, nous trouvons des références intéressantes pour suivre la représentation de la figure du cauchemar (la cauquemare en picard). Après un conseil apotropaïque pour s’en prémunir, le passage le plus intéressant pour notre trichologie est la glose finale : « Jehanneton [...] apres qu'elle fut chauchee tasta que ce povoit être / Si trouva que cestoit une chose velue de assez doulx poil »28. Dans cet extrait, on trouve une référence explicite à la sensation tactile pileuse que la dormeuse a éprouvée au cours de l’attaque du cauchemar ; et cette sensation de pilosité a été évidemment tournée ici de telle manière qu’elle puisse, dans l’ambiance de ce texte, être interprétée à double sens, comme la toison pubienne de cette Jehanneton dite « Tost-Preste »… Des siècles plus tard, le Professeur Michel Billiard, le spécialiste français de la narcolepsie confiera dans Science & Vie29 que : « Certains verront un chat marcher sur leur lit et sentiront ses moustaches effleurer leur visage30 ».

Ces exemples de notre trichologie dans les documents de l’Antiquité et du Moyen Âge — en fait un sensorium de la très très longue durée d’une espèce homéotherme — ne nous conduisent donc pas simplement à la surabondance de leurs retrouvailles dans 28 Les Évangiles des Quenouilles, Édition Claude Nourry, Lyon, c. 1501, 2e journée, 10e chapitre. On aura noté, dans cette édition, que les formes picardes ont été traduites dans un français de Lyon, soit sur fond de francoprovençal, cauquemare étant remplacé par chauche-vieille (ou l’étymologie populaire faulses vieilles). 29 Science & Vie, hors-série, « Le sommeil », n° 220, sept. 2002, p. 123. 30 Bien que la connaissance des cartes corticales des vibrisses (chez le chat et surtout le cobaye) soit très poussée, les illusions tactiles pileuses sont encore mal repérées. Il n’en va pas de même des pathologies comme la trichotillomania (où le sujet s’épile compulsivement) ou des délusions de ceux des « Morgellons » (syndrome d’Ekbom), qui se disent parasités par des poils ou des fibres (Freudenmann & Lepping, 2009). Précisons que le substrat neural de ces comportements n’est à ce jour pas connu.

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les recueils de « superstitions » et de folklore contemporains (nombreux surtout à partir du XIXe s.), mais à une approche folkloristique nouvelle alliant ces connaissances cumulatives des humanités aux connaissances médicales, en profitant des avancées de la neurophysiologie du sommeil. En limitant notre enquête au sensorium trichologique de la paralysie du sommeil, nous donnerons ici quelques exemples tirés des travaux récents des auteur(e)s de cette contribution.

Une des personnifications du cauchemar en Suisse, la Chauche-vieille (la vieille qui vient chaucher, peser sur la poitrine du dormeur), nous livre des éléments tangibles d’un sensorium trichologique par la caresse des cheveux de l’incube sur le visage de sa victime. C’est ce qu’a vécu Thérèse (née en 1927 et filmée en 1984, à Villaz-Saint-Pierre, dans le canton de Fribourg, par Christine et Philippe Grand pour une émission de la TV Suisse Romande). Voici en quels termes elle fait état d’une de ses expériences d’attaques de cet incube, où paralysée, elle a dû subir ce supplice des cheveux de la Tsôthe-viye (en dialecte) :

« J’entendais respirer, j’entendais qu’il y avait quelqu’un qui était très près de moi et puis, à un moment donné, je me suis rendue compte que c’était une femme parce qu’elle a baissé la tête et elle avait de grands cheveux qu’elle m’a alors passé avec un plaisir… mais alors je vous garantis au moins une dizaine de fois, comme ça ; évidemment ça me chatouillait, mais impossible de faire quoi que ce soit. […] Elle m’a passé les cheveux sur la tête un bon moment et puis après, fini, j’étais de nouveau décoincée. »31

Ce sensorium, de sensations tactiles capillaires, est narrativisé en intégrant un sentiment inquiétant (unheimlich) venu de cette trichologie même. Les cheveux de l’être féminin incube caressent le

31 Cathiard M.-A. & Abry, N. (2011), op. cit., pp. 109-110.

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visage de la patiente…, mais dans cette expérience fondamentalement effrayante à laquelle elle est livrée, elle n’arrive pas à distinguer les traits de cette ontologie en cheveux : ce qui est pourtant, rappelons-le, un des indices majeurs sur lequel on insiste, fréquemment de par le monde, pour la reconnaissance faciale de l’agresseur(e) dans la sorcellerie de voisinage. David Hufford relate une expérience semblable, une rencontre nocturne avec une silhouette dont la seule caractéristique visible est une chevelure brune remarquable :

« I didn’t know whether it was a man or a woman because I coudn’t see any other features other than very plain, but very piercing, dark eyes. And it seemed like it had a hat or something, and long hair, you know. Brown hair, not black. That was strange. Like everything else was dark except brown hair, you know »32.

Ce même attribut lié aux longs cheveux appartenant à une figure féminine, dont les traits du visage restent insaisissables, est présent dans une des représentations du cauchemar au Népal, le Kichkanni. À partir des enquêtes conduites dernièrement par F.A. à Kathmandu, à Lalitpur et dans le district de Dhading (Salyantar), on peut esquisser un portrait de cet incube qui revêt aussi des fonctions sexuelles et séductrices, comme les succubes du folklore latin ou le Zburator masculin roumain. Il s’agit d’une belle jeune fille en sari, aux longs cheveux, qui vient visiter et séduire un dormeur, lui consommant, lentement, l’esprit vital33. Les longs cheveux de ces êtres fantastiques contribuent à souligner les connotations sexuelles que l’expérience du cauchemar peut, parfois, comporter. Une autre

32 Hufford D. J., 1982, The Terror that Comes in the Night. An Experience-Centered Study of Supernatural Assault Traditions, University of Pennsylvania Press, p. 95. 33 Dietrich A., 1998, Tantric Healing in the Kathmandu Valley. A comparative study of Hindu and Buddhist spiritual healing traditions in urban Nepalese society, Book Faith India, Delhi, p. 48.

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référence longue-distance au cauchemar, dont la chevelure permet à sa victime d’en identifier le sexe, est présente dans l’expérience de l’incube féminin d’Indonésie chez les Toraja (dans les Célèbes, Sulawasi) au cours d’une attaque de tauan :

« I went to sleep about 10:00 P.M., but my eyes were still open ! But my body was already asleep. But my eyes were still open and I could see. I thought, « Oh, what is this ? » Then it came. It came and trampled on my stomach ! Then it trampled on my hands and legs. I wanted to say something, but I coudn't speak ! I wanted to yell, but nothing would come out. [It looked like] a woman […] like a human, but her hair wasn’t tied up. Her hair was very long »34.

Et voici ce que nous a confié sur le sujet, au printemps 2013,

Rishi, un des jeunes témoins de F.A. de Kathmandou (Dallu), au cours d’un long récit détaillé d’une de ses expériences :

« I was awake, I was sleeping in my bed, I couldn’t move my hands, I couldn’t move my feet… I could only see, I couldn’t move my head, I could only turn my eyes right and left [R.E.M] and I could see people coming around me. I could feel that they touched me, that they really touched me, they caressed me and my body, they touched my dress, they touched my body, they touched my head, they caressed my hair, they were moving my hair. »

Il serait évidemment possible d’enrichir encore par ailleurs

notre sensorium trichologique transculturel en y rattachant toute une série d’ontologies anthropoïdes velues provenant du folklore international, même sur des aspects aussi précis. C’est ainsi le cas du

34 Hollan, 2003, p. 174 ; lequel précise : « women unbind their uncut hair only in very private contexts, such as bathing and lovemaking, and when they are possessed by spirits during the course of special rituals ».

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Tikoloshe sud-africain, ontologie humanoïde ressemblant à un babouin apprivoisé par la sorcière agresseure, connu dans le folklore bantu pour attaquer les dormeurs et violer les femmes, duquel on perçoit la hure (mane, hood)35. Le visage caché est un classique des êtres avec Tarnkappe, hood… jusques et y compris dans la figure cauchemar de La Nuit du peintre suisse Hodler (Musée de Berne).

Ajoutons pour conclure sur cette spécificité que la dramatisation de la pilosité se retrouve d’un bout à l’autre de nos enquêtes de terrain. Le Khya (ou Khyak) des Newars du Népal entre dans cette catégorie de cauchemars anthropoïdes velus. Les enquêtes récentes conduites par F.A. auprès d’informateurs newars de Lalitpur et Bhaktapur ont permis d’explorer un ensemble de croyances montrant bien la complexité de cette ontologie fantastique dans ses différentes fonctions (à la suite des recherches du folkloriste népalais Kesar Lall36, 2007, p. 195). En particulier, le Kalo Khya peut être considéré comme l’homologue, à la fois expérientiel et cérémoniel, de la Chauche-vieille des répertoires narratifs de la France de l’Est et du Sud. Cette entrée nominale nous conduit en effet, depuis l’expérience de la paralysie de sommeil, jusqu’à sa dramatisation cérémonielle en Khya Pyakhān, soit en déguisement de singe anthropoïde, pour le Yenya, la fête d’Indra Jatra ; tout comme la Chauche-vieille est dramatisée dans les cycles de Noël à Carnaval entre Suisse et France37. On touche là à un caractère important de la narrativité multimodale38, pour nous partie intégrante de la cognition motrice, qui n’a pas attendu la naissance de la critique cinématographique (et d’autres modes de création d’images qui bougent et qu’on peut rejouer : créations audio-visuelles en langage officiel), pour ne pas se limiter à la classique distinction entre mimésis et diégésis. 35 Cathiard M.-A. & Abry, N. (2011), op. cit., p. 109. 36 Lall K., 2007, Legends of Kathmandu Valley, Nepal Bhasa Academy, Kirtipur. 37 Abry, 2006, op. cit. 38 Page R. (dir.), 2009, New Perspectives on Narrative and Multimodality, Routledge Studies in Multimodality.

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Expérience, narration et dénomination de la paralysie du sommeil : en conscience sur plus de 50.000 ans !

Nous nous arrêterons, après ces avancées, sur une importante lacune restante dans notre compréhension actuelle du passage d’une expérience de SP au rapport-récit de cette expérience. Et nous proposerons un chemin neural (neural path) via la cognition motrice. Enfin nous montrerons que la conscience (awareness) de l’expérience onirique SP (par ailleurs présente depuis des millions d’années chez les êtres homéothermes), avec les matrices narratives et lexicales associées chez l’humain, sont une phénoménologie transculturelle « long range », se rencontrant à longue distance, sur la très longue durée, comme l’attestent les progrès de nos connaissances sur le pléistocène, ère d’apparition du genre Homo, durant laquelle ce seront les récits qui nous permettront le mieux, de franchir la barrière des 50.000 ans avant le présent, largement avant le paléolithique supérieur de la grotte Chauvet. « Erfahrung, Erzählung » ? La voie de la cognition des intentions motrices pariétales

De l’expérience à la narration, il serait bien entendu intéressant de reconsidérer, comme nous l’avons déjà évoqué39, la distinction Erfahrung/Erzählung chez Walter Benjamin, développée dans « Der Erzähler. Betrachtungen zum Werk Nikolai Lesskows »40. Pour

39 Dans Cathiard [et al.] (2011), suivant en cela une suggestion de Ross Chambers, ancien élève de Gilbert Durand, dans son compte-rendu (Narrative, vol. 9, n°1, 2001, pp. 100-109) d’une des plus tardives traductions du livre majeur de 1960, sa version anglaise : The Anthropological Structures of the Imaginary (Mount Nebo, QLD, Australia, Boombana Publications, 1999). 40 Revue Orient und Occident, nlle série, n°3, 1936 ; in : Oeuvres III, Gallimard, 2000, pp. 114-151.

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lui, Erfahrung n’est pas simplement utilisé dans le sens allemand courant d’expérience vécue par le sujet (p. ex. en clinique d’une cartographie corticale), ni même d’un événement, plus ou moins frappant, voire traumatisant (donnant lieu à Erfahrungbericht, comme peut l’être le rapport d’une crise d’épilepsie). Il parlera alors d’Erlebnis (Chockerlebnis, si traumatisme), Erfahrung convenant à une personne d’expérience qui en a tiré, sur la plus ou moins longue durée, une sapience. Voilà qui dans le milieu des récits que nous connaissons, des Pyrénées et des Alpes, convient tout à fait à ces « armiers » ou « armières » (Seelenmutter, Guida dei morti, etc.), qui ont, non seulement connu à plusieurs reprises la SP, mais qui ont une fonction reconnue comme intermédiaires avec les disparus, et qui en « savent » davantage que les autres (sur le destin : par exemple l’heure de votre mort, vous ayant aperçu dans la Procession des Défunts), pouvant conduire la prière collective du Rosaire, etc.41 Mais rencontre-t-on pour autant les explanantia d’une anthropologie neurocognitive ? Une remarque de Theodor Adorno nous laisse dans le domaine de la théorie esthétique critique de ce membre éminent de l’École de Francfort. Dans son inachevé Sur Walter Benjamin42, il lui proposait de « rattacher l’opposition de l’expérience vécue [Erlebnis] et de l’expérience [Erfahrung] à une théorie dialectique de l’oubli ? On pourrait dire : à une théorie de la réification. Car toute réification est oubli [etc.] ». Avec cette conception philosophique de l’oubli, on est très loin de bénéficier des différents types de mémoire, déjà explorés par la psychologie expérimentale depuis au moins Hermann Ebbinghaus et sa fameuse courbe de l’oubli. Nous n’avons donc finalement pu utiliser Erfahrung/Erzählung par le passé, que comme simples étiquettes, germaniquement parlantes, pour les phases donnant lieu à un récit d’expérience. Dans ce qui suit nous 41 Monographie exemplaire dans les Alpes occitanes du Piémont par Ottonelli, 2004 ; et enquête en cours de F.A. sur le guru-ba (« teacher-father ») protecteur par un rite puja/pooja contre l’agent sorcellaire boksi au Népal. 42 Theodor W. Adorno, Sur Walter Benjamin Editions Allia , 1999, p. 152, aussi 151 et 153.

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tenterons de donner chair aux corrélats neuraux en jeu, dans une perspective embodied-embrained que nous offre la cognition motrice43.

Pour évaluer tout ce qui nous sépare encore neuralement de la narration après une expérience spécifique de SP, nous allons utiliser un article-cible, dans la formule de BBS (Behavioral and Brain Sciences), avec commentaires des pairs et réponse de l’auteur. Il s’agit de l’article au titre shakespearien de Sue Llewellyn (2013), chercheure à la Faculty of Humanities de l’Université de Manchester : « Such stuff as dreams are made on? Elaborative encoding, the ancient art of memory and the hippocampus. » Elle y rappelle que pendant le sommeil REM, l’hippocampe décharge. Sachant qu’elle contient des place-cells codant les lieux, elle propose qu’y soit généré un encodage élaboré d’épisodes (mémoire épisodique) avec les techniques de l’art ancien de la mémoire (AAOM), soit la méthode des loci (memory palace/journey), du rhéteur, du champion en décimales du nombre pi, etc. Cet encodage serait transféré au cortex dans les phases de sommeil non-REM. Les rêves sont à dominante de mémoire pictoriale, peu verbale. En conséquence « if memories are retrieved into waking they are cast into narratives […]. REM dreams are also narrativised […]. » Se référant au meilleur défenseur de la narration dans la révolution cognitive, Jerôme Bruner44, elle rappelle : « The narrative form is virtually obligatory […] for the human mind/brain, as narratives are our primary mode for meaning-making »45. Soit, mais c’est là que se situe bien le problème. Il est en effet impossible que les stimulations qui viennent de l’hippocampe dans le sommeil REM parviennent au cortex préfrontal : elle connaît et cite les

43 Marc Jeannerod, Motor cognition : What actions tell the Self ? Oxford University Press, 2006. 44 Bruner J., 1990, Acts of Meaning, Cambridge, Massachusetts: Harvard University Press. 45 Llewellyn S., 2013, « Such stuff as dreams are made on? Elaborative encoding, the ancient art of memory and the hippocampus », Behavioral and Brain Sciences, 36(6), pp. 589-659.

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résultats qui montrent sa déactivation dans cette phase. Or c’est dans le préfrontal qu’on a trouvé la capacité de séquencer les épisodes d’une histoire, dissociée de la capacité langagière syntaxique de l’aire − voisine mais plus postérieure − de Broca46. Pour le transfert qu’elle propose en non-REM, c’est précisément là que le cortex va devenir de moins en moins activé au fur et à mesure des phases du sommeil lent ; et l’on dispute de savoir s’il s’y produit un renforcement des épisodes vécus ou un affaiblissement des connexions synaptiques, seules les plus fortes survivant à cet élagage47. Qu’en est-il dans notre isolated sleep paralysis, état dissocié qui conduit généralement au réveil (ce qui est loin d’être normalement le cas en sommeil paradoxal) ? Comme on le sait, on a plutôt des données pour la narcolepsie. Qu’en est-il donc dans la paralysie (cataplexie) qui survient brutalement chez le narcoleptique ? On trouve aussi que le cortex préfrontal y est désactivé comme en sommeil paradoxal48.

Il faut donc chercher un chemin neural pour arriver à la narration en cortex préfrontal. Nous allons tirer avantage des expériences de cortical mapping intégrées dans un modèle qui a déjà été présenté dans l’HDR de M.-A. Cathiard (2011)49 pour rendre 46 Sirigu et al., 1998, pour la dissociation, et Crozier et al., 1999, pour l’imagerie ; et plus généralement la revue de question de Mar, 2004. 47 Tononi G. & Cirelli C., 2012, « Time to Be SHY [Synaptic Homeostasis HYpothesis] ? Some Comments on Sleep and Synaptic Homeostasis », Neural Plasticity, vol. 2012, Article ID 415250, 12 p., 2012. Pour ses positions dans l’étude neurologique de la conscience, on lira avec profit Giulio Tononi, PHI : A Voyage from the Brain to the Soul, Pantheon Books, 2012. 48 Marie Schaer, Rositsa Poryazova, Sophie Schwartz, Claudio L Bassetti & Christian R. Baumann, « Cortical morphometry in narcolepsy with cataplexy », Journal of Sleep Research, 2012, 21(5), pp. 487-494, qui citent les travaux précédents et constatent une perte de matière grise. 49 Cfr. aussi Cathiard M.-A., Abry N. & Abry C., 2011, « Phantom-Ko rper in der Schlafstarre − Illusion oder wahnhafter ustand ? Eine kognitionspsychologisch-narrative Anna herung », ahrbuch fu r europa ische Ethnologie [n spécial Frankreich], Dritte Folge, 6, pp. 227-252 ; et Cathiard M.-A., [Abry N. & Abry C.], 2011, « Our Brain as an incubus incubator for the core folktypes of supernatural ontologies: From the

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compte de la cognition motrice, celui de Desmurgets & Sirigu50. Les sujets stimulés dans le cortex pariétal postérieur (PPC) rapportaient qu’ils avaient l’intention motrice consciente (conscious motor intention) de vouloir bouger tel ou tel membre, la jambe ou la main, selon le locus de la carte somatotopique. Quand le mini-voltage était légèrement augmenté, ils pensaient avoir réellement bougé (n’ayant pas accès visuel ou tactile à leur membre : en pure motor awareness) ; alors qu’il ne s’était produit aucun mouvement, ni même aucune activité musculaire (EMG). Voici une de ces réactions, pour une stimulation dans l’aire de la face : « I moved my mouth, I talked, what did I say ? 51»). Lorsqu’on leur démontrait, après coup, cette absence de motricité, ils en étaient plutôt surpris, mais n’étant pas des sujets délusionnels, ils acceptaient cette réalité (veridical motor awareness). Selon notre analyse de SP, l’aire pariétale d’une partie du corps (body-part) ayant été stimulée par les signaux de l’hippocampe, le mouvement ne peut se produire en état de paralysie52. Le sujet est donc dans un état comparable à celui de l’expérience : ce mouvement n’a pas été transféré dans le frontal, pour son exécution. Mais il en garde la motor awareness, suffisamment après pour la narrativiser (ce qu’il rapporte au debriefing). C’est ce qui peut très bien se produire lorsque le sujet sort d’une SP, son cerveau préfrontal étant alors réactivé. Plus de données neurales sur l’isolated sleep paralysis seront évidemment nécessaires pour tester ce modèle.

mammalian Sleep paralysis sensorium to human imaginaire in its biodiversity », TricTrac. Journal of World Mythology and Folklore, 4, pp. 3-19. 50 Desmurgets M. & Sirigu A., 2009, « A parietal-premotor network for movement intention and motor awareness », Trends in Cognitive Science, 13(10), pp. 411-418. 51 Desmurget M., Reilly K.T., Richard N., Szathmari A., Mottolese C. & Sirigu A. (2009), Movement Intention After Parietal Cortex Stimulation in Humans, Science, 324/5928, p. 812. 52 Ou si le mouvement peut se produire, c’est uniquement pour les petits muscles comme ceux des yeux et des lèvres ; dans ce cas-ci le sujet ne peut pourtant pas parler, le flux d’air des poumons n’étant pas contrôlable par les muscles intercostaux, paralysés.

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Cognition motrice « long range » de la paralysie du sommeil : moins en mots qu’en récits, ceci depuis au moins 50.000 ans

Quel peut être l’apport de la psychologie évolutionnaire pour tester la profondeur anthropologique de la conscience d’éléments du sensori-motorium de la SP, à longue distance comme à long terme, dans l’Humanité53 ?

Dans un n° spécial des Cahiers de littérature orale (n°51, 2002) « Récits de rêves » (dirigé par Nicole Belmont), se côtoyaient spécialistes des onirologies d’Aborigènes australiens, d'Amérindiens, d'Européens et d'Inuits. Chose curieuse, aucune contribution ne parlait de la paralysie et de son approche experience-centered par Hufford54. Au-delà de nos connaissances directes (par témoins, dont nous avons fait état par ailleurs55, sur l’Europe, l’Afrique, le Népal et le Japon, nous allons voir pourquoi un voyage en Australie, au pays du « Temps du Rêve » s‘impose sur ce chapitre. Une quinzaine de jours passés (par M.-A.C.) à explorer la littérature à Sydney dans le Noël austral 1997-1998, peuvent, avec le recul, se voir résumés ici au strict essentiel par deux citations exemplaires du peuple Warlpiri dans le Désert Central. La première de Barbara Glowczewski (présente en 2002 dans les CLO), bien connue par ses

53 Brian Boyd en littérature (cité en note 8), et son collègue d’Auckland le psychologue Michael Corballis, en dépit des grands scénarios développés à partir de la psychologie évolutionnaire, n’ont pas, à notre connaissance, considéré la fenêtre spécifique SP que nous empruntons. Corballis s’est concentré dernièrement sur le mode dit « par défaut » du cerveau « oisif », errant en rêverie, en « vagabondage mental » (Michael C. Corballis, « Mind wandering », American Scientist, vol. 100, pp. 210-217, 2012 ; ibid., « The wandering Mind : Mental time travel, theory of mind, and language », Análise Social, 205, xlvii (4.o), pp. 870-893, 2012), d’où il prétend tirer tous les pas importants menant à nos capacités, l’attribution de croyances à autrui (la « théorie de l’esprit »), le langage, la narration… 54 Sauf une : Abry Christian & Alice Joisten, « De la « paralysie du sommeil » au récit d'expérience et au récit-type », Cahiers de Littérature Orale [CLO], 2002, 51, pp. 245-259. 55 Cathiard M.-A. & Abry, N. (2011), op. cit.

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ouvrages dont Les Rêveurs du Désert56. « Que se passe-t-il lorsque quelqu’un rêve ? » — « […] pirlirrpa […] quitte le corps et voyage ; si l’on réveille un dormeur trop brusquement, on risque d’empêcher pirlirrpa de réintégrer sa place, les reins pour les hommes et l’utérus pour les femmes. Et il tombe alors malade. » ; « […] il dépérit et peut en mourir, à moins qu’au cours d’un nouveau sommeil, l’âme retrouve le chemin de son corps. Parfois elle se loge dans le pied au lieu du ventre. Dans ce cas, une cure rituelle permet de diriger l’âme vers son centre vital. » Tout récemment Eirik J. Saethre publiant sa thèse de 2004 en ethnomédecine, ajoutait plusieurs caractérisations lexicalisées de cette individuation, legs des ancêtres du Temps mythique du Rêve. « In the Warlpiri language, attitude, volition, and character are often expressed by reference to the pirlirrpa. A « cool pirlirrpa », pirlirrpa-walyka, denotes a feeling of calm or pleasure, while a « strong pirlirrpa », pirlirrpa-pirrjirdi, indicates confidence or bravery, as does a « comfortable pirlirrpa », pirlirrpa-purlku. Someone of « two souls », pirlirrpa-jarra, is undecided. An unbalanced, disturbed or mentally deficient person is said to be « without a pirlirrpa », pirlirrpa-wangu »57. Et c‘est ainsi qu’il précise sa sortie/réintégration dans le corps : « During sleep, the pirlirrpa can leave the body and travel throughout the physical and spiritual environment —attending ceremony, attaining knowledge, or visiting the heavens. Upon waking, the pirlirrpa should return to its proper location in the body. However, if a nightmare or other disturbance suddenly rouses the sleeper, the pirlirrpa could « slip », usually retreating to the extremities. Consequently, parents rub the faces of their children lightly to wake them, allowing their pirlirrpa to enter the body slowly and settle in its proper place. Other startling events, such as an unexpected dog’s bark, could similarly cause the

56 Barbara Glowczewski, Les Rêveurs du Désert, Babel, 1996, p. 247 (1ère éd., Plon, 1986). 57 Saethre E., 2013, Illness is a weapon. Indigenous Identity and Enduring Afflictions. Vanderbilt University Press, Nashville, p. 63.

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pirlirrpa to shift inside the body [and cause illness] »58.

Dans le trésor international des narrations, le retour de l’âme décorporée (OBE) partie visiter est une préoccupation universellement relevée. Dans le Motif Index of Folk-Literature de Stith Thompson, nous avons ainsi, entre autres, au plus près : E721.1.1. Sleeper not to be awakened, since soul is absent. E721.1.2. Soul of sleeper prevented from returning to his body. E721.1.2.2. Soul of sleeper prevented from returning by moving the sleeper's body. Ce qui se décline en warlpiri : Soul [pirlirrpa] of sleeper prevented from returning [to kidneys (male)/womb (female)] by waking the sleeper too abruptly.

Nous retrouvons les mêmes inquiétudes répétées dans les pages consacrées aux Benandanti, découverts par Carlo Ginzburg dans le Frioul du XVIe s., qui partent de nuit combattre les sorciers gâteurs des récoltes59 :

La femme de l’un d’eux « se rappelle […] qu’une nuit d’hiver, se réveillant effrayée, elle avait appelé Paolo [Gasparutto son mari] pour qu’il la rassure : « bien que je l’aie appelé une dizaine de fois en le secouant, je n’ai jamais pu le réveiller et il se tenait le visage tourné vers le haut » […] « ces benandanti disent que lorsqu’il quitte le corps leur esprit ressemble à une petite souris, de même lorsqu’il revient, et si le corps, pendant qu’il est privé d’esprit était retourné, il demeurerait mort car l’esprit ne pourrait rentrer. » » G251.1. Witch recognized by seeing wasp (beetle) enter her mouth while asleep. Only when it enters can she be awakened. « Elle piochait des pommes de terre au Chastera. Après le repas de midi, elle se couche à l’ombre et s’endort. Une grosse mouche sort de sa bouche et s’envole dans la direction du Villard-Saint-Jean. Au bout de quelques minutes, tant elle allait vite, elle atteint ce village, pénètre dans une maison, enfonce une aiguille dans la tête d’un

58 Ibidem. 59 Ginzburg C., 1980, Les batailles nocturnes : sorcellerie et rituels agraires en Frioul, XVI-XVIIe siècle, Verdier, pp. 40-41.

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enfant qui dormait. Là-bas, la sorcière repose toujours. Passe un garçon qui, pour s’amuser, la tourne, face contre terre. La mouche revient de son expédition, mais ne peut réintégrer sa demeure. […] Les sœurs de la femme arrivent à cet instant et la retournent, face contre ciel. On lui demande des explications. « Je viens, dit-elle, du Villard-Saint-Jean où j’ai enfoncé une aiguille dans la tête d’un enfant ». On veut la faire repartir immédiatement. « Je ne le peux pas avant demain ». Le lendemain, elle retourne dare-dare au village. Mais il était trop tard. L’enfant était mort. » (Villard-Reculas, Isère, enquête Y. Sévoz60).

Sous une forme non directement sorcellarisée, c’est le conte-type du catalogue international ATU (rééd. de 2011) 1645A Dream of Treasure Bought (Guntram.), soit le rêve du roi de Bourgogne Gontran (561-592), documenté pour la première fois en Europe dans l’Historia Langobardorum (784 ? au plus tard 789) de Paul Diacre ; sans qu’y soit exprimée la crainte de déranger le corps (<http://www.sphinx-suche.de/elementa/guntram.htm>). On le retrouve jusqu’en Chine et au Japon.

Les récits d’Australie, comme ceux que nous connaissons par ailleurs, ne peuvent que nous dire la conscience intuitive du danger que connaissent les membres avisés de ces communautés ayant vécu l’expérience directement ou par leurs proches et connaissances. Ceux-là comprennent que la personne, dont elles partagent la couche ou qu’elles trouveraient gisante en position supine, est en état de paralysie. La cataplexie d’une narcolepsie ou sa forme faible la paralysie du sommeil, comme dans le sommeil paradoxal, ne permettent pas au sujet de reprendre le contrôle de sa respiration volontaire, quelle que soit son intention motrice, à cause de la paralysie de ses muscles intercostaux externes. La retourner sur la bouche reviendrait à la mettre en danger de mourir par suffocation. 60 Yvonne Sévoz, « Contes populaires recueillis à Villard-Reculas (1450m d'altitude), canton de Bourg-d'Oisans (Hiver 1913-1914) », Bulletin de la Société dauphinoise d’Ethnologie et d’Archéologie, avril-juillet 1913, t. 20, n° 2-3, pp. 83-93.

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Notre expérience d’enquêtes nous a montré que la mention de

la paralysie apparaît naturellement dans les récits quand on sait interroger sur ce point les sujets d’une SP, ce que les ethnologues ont souvent oublié par manque de conscience du phénomène. Les noms du cauchemar61, quand on en retrouve la transparence linguistique en tout ou partie (le cauchemar, la Chauche-vieille, l’Alpdruck…), expriment le plus souvent l’oppression (côcher, drücken…) d’un agent alien (la mara, l’Alp soit Elf…) en AP3S. Mais beaucoup plus rarement la paralysie comme nous le dit le kanashibari japonais déjà cité. Et c’est la même chose en warlpiri : « Ngurrju-lku ka-rna nyina Muku-ju-lu katurnu pirlirrpa-rlu » I am well now. I’m feeling strong all over (lit. « The spirits have pressed [s.p.n.] on me (=[métaphore] strengthened me) all over) » » (katirni « step/press on », « stamp »)62.

Dans l’évolution, OBE et AP3S sont là depuis plus d’une centaine de millions d’années, chez nous autres mammifères homéothermes caractérisés, et ils sont aussi dans notre cerveau narratif qui date lui de beaucoup moins longtemps, quelques deux millions d’années, au début du pléistocène. Le pléistocène est considéré par la psychologie évolutionnaire comme la période dite EEA (environnement de l’adaptation évolutive) pour notre genre Homo. En ce qui concerne le langage, certains ont cru que pour arriver en Australie, il y a environ 50.000 ans, l’homme devait avoir eu d’abord un passeport linguistique pour voguer sur les 100 km de mer qu’il restait alors à franchir. Cuthbertson & McCrohon ont maintenant définitivement démontré que les arguments avancés par les tenants de cette théorie n’étaient pas du tout fiables. Sachant que

61 Nous nous sommes basés sur le riche planisphère de ces dénominations, établi par Nicolas Abry, après dépouillement systématique de la littérature, à l’occasion de l’exposition « De l’imaginaire alpin à l’imaginaire humain », qui s’est tenue, à Grenoble à l’automne 2006, pour les 100 ans du Musée Dauphinois (Cathiard & Abry, 2011). 62 Riemer N., 2005, The Semantics of Polysemy : Reading Meaning in English and Warlpiri, Walter de Gruyter , p. 408.

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l’Australie présente une diversification de systèmes linguistiques63 au moins aussi complexes que les autres langues convenablement étudiées jusqu’à présent, ils concluent : « Australia’s geographic and genetic isolation, combined with the language ability of its modern populations, is far stronger evidence that the initial migrants were language users »64.

Les premiers Australiens avaient donc comme nous les mêmes capacités linguistiques et narratives65, et rien ne permet de penser qu’ils n’aient pas eu — pour une proportion non négligeable d’entre eux (la prévalence de SP va de 40 à 15 % selon les populations étudiées) — l’expérience de la paralysie du sommeil ou de la narcolepsie. Avec la possibilité pour certains d’acquérir et de transmettre en récit, la conscience intuitive pratique — mais aussi sapientielle pour l’étiologie des naissances et de la mort — afin d’agir avec précaution sur le corps de la personne en état d’OBE ou d’AP3S. Selon les derniers mots de l’opus magnum de Ginzburg sur le

63 Personne n’a pu établir — malgré les tentatives de long range comparison — leur parenté commune (cf. Robert Malcolm Ward Dixon, Australian languages : their nature and development, Cambridge University Press, 2002), comme on l’a fait pour les domaines indo-européen et bantou, sur quelques 5.000 ans, soit une durée 10 fois moins longue. 64 Cuthbertson C. & McCrohon L., 2012, « Sea crossings are an unreliable indicator of language ability in hominids », Evolang IX, pp. 94. 65 Les paléogénéticiens du Max Planck Institute de Leipzig (Maricic et al., 2013) ont détecté récemment une réduction du polymorphisme du gène FOXP2 (entre autres, partie prenante dans le développement neural du langage et autres habiletés, y compris dans d’autres espèces) par balayage sélectif chez nous Homo sapiens, par rapport à un Néandertalien de la péninsule ibérique de 49.000 ans. La question —les Australiens (plus proches des Dénisoviens que des Néandertaliens) n’auraient-ils alors pas bénéficié de cette sélection positive ?— n’a pas été posée dans cette publication. En fait ce résultat ne démontre pas que les Néandertaliens ou les Dénisoviens aient été radicalement différents des Homo sapiens sur les compétences relevant du langage. Le polymorphisme existant montre qu’ils étaient simplement différents… comme nous ne sommes pas tous semblables, et qu’il y en a parmi nous certains qui leur ressemblent plus sur FOXP2.

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déchiffrement du Sabbat66, le voyage en extase de l’esprit des Benandanti (ou de pirlirrpa, supra) « n’est pas un récit parmi tant d’autres, mais la matrice de tous les récits possibles ». Une telle affirmation, une fois refondée en termes neurocompatibles — soit d’une part en OBE (ek-stasis), et en n’oubliant pas l’AP3S67 — peut enfin trouver sa place dans le nouveau cadre de travail intégratif en anthropologie neurocognitive, que nous avons établi depuis 2011, pour ne pas penser en opposition les possibilités du cerveau et ces créations tangibles de l’imaginaire que sont nos corps « fantômes » fondamentaux dans BRAINCUBUS.

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66 Le sabbat des sorcières, Paris, Gallimard, 1992, p. 284. 67 Dans ses Batailles nocturnes…, AP3S n’est reconnaissable en tout et pour tout que dans deux mentions de sujets « écrasés par les morts » (en italien pesti dai morti) pour Lucques au XVIe s. (p. 47 note 72) et aussi à Bergame (p. 92) ; se dit encore actuellement en Calabre : i morti che impittano (impittare piétiner ; enquête F.A.) ; cf. le mari défunt, revenant incube caractérisé, un moroi en Roumanie.

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Sylvie Allouche, visant à élaborer une méthode d’exploration systématique des possibles, développe ses recherches selon deux axes complémentaires : 1. une réflexion sur les rapports de la philosophie avec la fiction, et plus spécifiquement la science-fiction et les séries TV (http://philofictions.org) ; 2. une réflexion sur les enjeux éthiques et politiques futurs de la technologie appliquée à l’être humain et son environnement. Sa thèse, conduite au sein de l’Institut d’Histoire et de Philosophie des Sciences et des Techniques (CNRS/ENS/Paris 1) et dont la parution est prévue aux éditions Vrin en 2014, constitue une première approche de ces questions. Ancienne élève de l’École Normale Supérieure, ayant enseigné la philosophie dans le secondaire (dans la Marne et à Menton) ainsi que dans diverses universités françaises (Paris, Lyon, Toulon) et à Budapest (Eötvös Collegium), Sylvie Allouche a été en 2011-2013 Marie Curie research fellow au Centre for Ethics in Medicine de l’Université de Bristol. Pour l’année 2013-2014, elle est Attachée Temporaire d’Enseignement et de Recherche à l’Université de Technologie de Troyes (Centre de Recherches et d’Études Interdisciplinaires sur le Développement Durable). Fabio Armand mène actuellement une recherche comparative au Centre de Recherche sur l’Imaginaire (CRI, Université Stendhal, Grenoble) sur les phénoménologies imaginaires dans le folklore narratif alpin, de la vallée d’Aoste au Népal. Il a commencé un doctorat en cotutelle à l’Université Stendhal (Grenoble, France ; Dir. Marie-Agnès Cathiard) et à l’Università degli Studi di Torino (Turin, Italie ; Dir. Enrico Comba). Il a obtenu, en 2009, la licence universitaire en Communication interculturelle, avec un mémoire soutenu en Ethnolinguistique : Entités fantastiques en Vallée D’Aoste : éléments pour un classement (en français) et en 2012, la maîtrise de spécialisation en Anthropologie culturelle et ethnologie, avec un mémoire (tesi) en Anthropologie des religions : Le folklore narratif du loup-garou. Réflexions autour d'un être fantastique dans la littérature orale

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de la France. Ses recherches actuelles se concentrent sur les bases intuitives et neurales des ontologies surnaturelles dans le folklore narratif, en combinant une approche de terrain dans les Alpes et l’Himalaya avec les développements de la psychologie intuitive. L’objectif étant de constituer une nouvelle anthropologie neurocognitive intuitive du folklore narratif. [email protected] Jean-Paul Baquiast est un haut-fonctionnaire, diplômé de l'Institut d'Études Politiques de Paris et de l'École Nationale d’Administration (1960-1962). Il a consacré sa carrière administrative aux technologies de l’information, au Ministère de l’Économie et des Finances, à la Délégation Générale à la recherche Scientifique et Technique, ainsi qu’au niveau interministériel (Délégation à l’informatique, Comité Interministériel de l’informatique). Il a créé en 1995 le site web Admiroutes (www.admiroutes.asso.fr), non-officiel et bénévole, pour la modernisation des services publics par Internet, ainsi que l’association Admiroutes, qu’il préside. Il est co-fondateur et co-président de l'Association Automates Intelligents et co-rédacteur en chef du site www.automatesintelligents.com. Quelques publications : Le paradoxe du Sapiens, Êtres technologiques et catastrophes annoncées, Edition Jean-Paul Bayol, 2010 ; Pour un principe matérialiste fort, Essai, Edition Jean-Paul Bayol, 2007 ; Sciences de la complexité et vie politique, Tome 1 – Comprendre, Tome 2 – Agir, Éditions Automates Intelligents, 2003 (tome 1) ; 2004 (tome 2) ; Jean-Paul Baquiast et Alain Cardon, Entre science et intuition, La conscience artificielle, Essai, Éditions Automates Intelligents, 2003. Marie-Agnès Cathiard, docteur en Psychologie Cognitive (1994), Habilitée à diriger des recherches (2011), est Maître de conférences en Phonétique et Cognition à l’Université Stendhal de Grenoble. Ses projets et publications au Centre de Recherche sur l'Imaginaire (CRI) portent sur les perceptions/illusions/hallucinations/délusions sensori-motrices des parties du corps de la parole (visage et main), dans un cadre de travail élargi aux membres et corps dits « fantômes ». Outre ses récentes contributions internationales sur la

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multisensorialité de la parole (dans Speech Communication 2010, Cued Speech and Cued Language 2010, Journal of the Acoustical Sociey of America 2011, 2013, Audiovisual Speech Processing 2012, Experimental Brain Research 2013), elle a aussi publié dans Caietele Echinox 2011 & 2012, Jahrbuch für europäische Ethnologie 2011, Tric-Trac. Journal of World Mythology and Folklore 2011 et Serclus. Rivista del Centro di Documentazione della Tradizione Orale (CDTO) di Piazza al Serchio (Lu, Italia) 2012, des contributions sur les corps fantômes qui se révèlent dans la paralysie du sommeil. [email protected] Céline Cherici est actuellement Maître de Conférences en philosophie et histoire de la médecine au sein de l’Université Picardie Jules Verne. Après une thèse intitulée « Anatomophysiologie du cerveau et du cervelet chez Vincenzo Malacarne (1744-1816). L’ébauche d’une médecine de l’intellect » au sein de l’université Paris 7, soutenue en 2005, portant sur la naissance d'une médecine du cerveau et du système nerveux humains telles que la clinique, la chirurgie, le traitement moral, Céline Cherici a entamé une enquête historique et épistémologique sur les techniques d'enregistrement et de schématisation des mécanismes de la pensée au XXe siècle : EEG, cartographie cérébrale. Ces études sont corrélées avec le thème de la clinique envisagé comme un laboratoire pour l'étude de troubles de l'intellect. Elle a également développé un travail sur la notion de diagnostique : à partir de quels critères identifie-t-on une maladie ? Comment en dissocier les causes des effets ? Le livre collectif l'essor des neurosciences est le produit de plusieurs années à travailler ces thématiques. Elle a publié plusieurs articles sur l'histoire de l'E.E.G. aux XIXe et XXe siècles, les travaux d'Henri Gastaut, les représentations d'Antoine Rémond ainsi que sur l'histoire de l'épilepsie. Parmi ses publications : Céline Cherici et Jean-Claude Dupont Les querelles du cerveau, Paris, Vuibert, 2008 ; Claude Debru, Céline Cherici et Jean-Gael Barbara L'essor des neurosciences : France, 1945-1975, Paris, Hermann, 2008.

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de la France. Ses recherches actuelles se concentrent sur les bases intuitives et neurales des ontologies surnaturelles dans le folklore narratif, en combinant une approche de terrain dans les Alpes et l’Himalaya avec les développements de la psychologie intuitive. L’objectif étant de constituer une nouvelle anthropologie neurocognitive intuitive du folklore narratif. [email protected] Jean-Paul Baquiast est un haut-fonctionnaire, diplômé de l'Institut d'Études Politiques de Paris et de l'École Nationale d’Administration (1960-1962). Il a consacré sa carrière administrative aux technologies de l’information, au Ministère de l’Économie et des Finances, à la Délégation Générale à la recherche Scientifique et Technique, ainsi qu’au niveau interministériel (Délégation à l’informatique, Comité Interministériel de l’informatique). Il a créé en 1995 le site web Admiroutes (www.admiroutes.asso.fr), non-officiel et bénévole, pour la modernisation des services publics par Internet, ainsi que l’association Admiroutes, qu’il préside. Il est co-fondateur et co-président de l'Association Automates Intelligents et co-rédacteur en chef du site www.automatesintelligents.com. Quelques publications : Le paradoxe du Sapiens, Êtres technologiques et catastrophes annoncées, Edition Jean-Paul Bayol, 2010 ; Pour un principe matérialiste fort, Essai, Edition Jean-Paul Bayol, 2007 ; Sciences de la complexité et vie politique, Tome 1 – Comprendre, Tome 2 – Agir, Éditions Automates Intelligents, 2003 (tome 1) ; 2004 (tome 2) ; Jean-Paul Baquiast et Alain Cardon, Entre science et intuition, La conscience artificielle, Essai, Éditions Automates Intelligents, 2003. Marie-Agnès Cathiard, docteur en Psychologie Cognitive (1994), Habilitée à diriger des recherches (2011), est Maître de conférences en Phonétique et Cognition à l’Université Stendhal de Grenoble. Ses projets et publications au Centre de Recherche sur l'Imaginaire (CRI) portent sur les perceptions/illusions/hallucinations/délusions sensori-motrices des parties du corps de la parole (visage et main), dans un cadre de travail élargi aux membres et corps dits « fantômes ». Outre ses récentes contributions internationales sur la

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multisensorialité de la parole (dans Speech Communication 2010, Cued Speech and Cued Language 2010, Journal of the Acoustical Sociey of America 2011, 2013, Audiovisual Speech Processing 2012, Experimental Brain Research 2013), elle a aussi publié dans Caietele Echinox 2011 & 2012, Jahrbuch für europäische Ethnologie 2011, Tric-Trac. Journal of World Mythology and Folklore 2011 et Serclus. Rivista del Centro di Documentazione della Tradizione Orale (CDTO) di Piazza al Serchio (Lu, Italia) 2012, des contributions sur les corps fantômes qui se révèlent dans la paralysie du sommeil. [email protected] Céline Cherici est actuellement Maître de Conférences en philosophie et histoire de la médecine au sein de l’Université Picardie Jules Verne. Après une thèse intitulée « Anatomophysiologie du cerveau et du cervelet chez Vincenzo Malacarne (1744-1816). L’ébauche d’une médecine de l’intellect » au sein de l’université Paris 7, soutenue en 2005, portant sur la naissance d'une médecine du cerveau et du système nerveux humains telles que la clinique, la chirurgie, le traitement moral, Céline Cherici a entamé une enquête historique et épistémologique sur les techniques d'enregistrement et de schématisation des mécanismes de la pensée au XXe siècle : EEG, cartographie cérébrale. Ces études sont corrélées avec le thème de la clinique envisagé comme un laboratoire pour l'étude de troubles de l'intellect. Elle a également développé un travail sur la notion de diagnostique : à partir de quels critères identifie-t-on une maladie ? Comment en dissocier les causes des effets ? Le livre collectif l'essor des neurosciences est le produit de plusieurs années à travailler ces thématiques. Elle a publié plusieurs articles sur l'histoire de l'E.E.G. aux XIXe et XXe siècles, les travaux d'Henri Gastaut, les représentations d'Antoine Rémond ainsi que sur l'histoire de l'épilepsie. Parmi ses publications : Céline Cherici et Jean-Claude Dupont Les querelles du cerveau, Paris, Vuibert, 2008 ; Claude Debru, Céline Cherici et Jean-Gael Barbara L'essor des neurosciences : France, 1945-1975, Paris, Hermann, 2008.

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Liste des auteurs

Jérôme Goffette est Maître de Conférence (HdR) à l'Université Cl. Bernard Lyon 1 (laboratoire S2HEP, EA 4148). Ces trois thématiques de recherche sont la modification de l'humain (anthropotechnie, human enhancement), la philosophie du corps (malade, handicapé ou augmenté/modifié), et l'imaginaire du corps dans la science-fiction. Par ailleurs, il est fortement impliqué dans l'enseignement des sciences humaines en faculté de médecine. Quelques éléments parmi ses publications : Goffette J., Naissance de l'anthropotechnie, de la biomédecine au modelage de l'humain, Paris, Vrin, 2006 ; Bateman S., Gayon J., Goffette J. et Allouche S. (ed.), Inquiring into Human Enhancement : Beyond disciplinary and national boundaries, London, Palgrave, à paraître ; Goffette J. et Guillaud L. (dir.), Imaginaire médical dans le fantastique et la science-fiction, Paris, Bragelonne, 2010 ; Goffette J., « Quelques pas théoriques vers une psychogenèse du corps », L'Évolution Psychiatrique, 2010, vol. 75, n° 3, p. 353-369 ; Lasserre E., Guïoux A. et Goffette J., « Dynamiques ludiques : dialectique intrinsèque du virtuel au réel », Anthropologie & Société, 2011, vol. 35, n° 1-2, pp. 129-146 ; Goffette J., « Psychostimulants : au-delà de l’usage médical, l’usage anthropotechnique », Drogues, santé et société, Univ. de Sherbrooke et Univ. de Montréal (Canada), 2008, vol. 7, n° 1, pp. 91-126 ; Goffette J., et Simon J., « The internal environment : Claude Bernard’s concept and its representation in Fantastic Voyage (R. Fleisher) », pp. 187-205, in Landers Matthew & Munoz Brian (ed.) : Anatomy and the Organization of Knowledge, 1500-1850, London, Pickering & Chatto, 2012. Paul Mathias, ancien élève de l'École Normale Supérieure, professeur agrégé de philosophie pendant près de 30 ans, est actuellement inspecteur général de l'éducation nationale, doyen du groupe philosophie. Dès le milieu des années 90, il a conduit ses recherches autour des questions liées à l'essor des réseaux numériques, d'abord dans le cadre de l'équipe « Réseaux, savoirs et territoires » de l'ENS-Ulm, puis à Sciences-Po Paris, au Collège international de philosophie et dans « Vox Internet », programme de recherche ANR. Parmi les textes qu'il a publiés sur ces questions, on

Liste des auteurs

retiendra La Cité Internet, Paris, Presses de Sciences-Po, 1997 ; Des Libertés numériques, Paris, P.U.F., 2008 ou Qu'est-ce que l'Internet ?, Paris, Vrin, 2009. Patrick Pajon est Maître de Conférences en Sciences de la Communication à l'université Stendhal et chercheur au Centre de Recherches sur l'Imaginaire de Grenoble. Ses travaux portent sur l'imaginaire des sciences et des technologies, les imaginaires du corps et notamment la question de l'anthropotechnie et du transhumanisme. Il s'intéresse également au rôle joué par l'imagination et l'imaginaire dans la réorganisation des circuits économiques de la production et de la consommation, ainsi qu'à l'apparition de nouvelles façons de « faire image » notamment à l'aide des technologies numériques. Dernières publications : « De la co-naissance à l’in-formation. quand « l’intelligence » vient aux miroirs », in Claude Fintz (dir.), Le miroir, une médiation. Entre Imaginaire, sciences et spiritualité, Presses Universitaires de Valenciennes, 2013, pp. 311-320 ; « Cybersphère et industries anthropotechniques : quelques exemples et questions », in Jean Philippe Pierron, Marie Hélène Pariseau (dir.), Repenser la nature. Dialogie philosophique, Europe, Asie, Amérique, Presses de L’université Laval, Québec, 2012, pp. 377-391 ; « Ailleurs commence ici : remarques sur l’identité à Cyberpolis », in Mercedes Montoro (dir.), Identités culturelles d’hier et d’aujourd’hui, Peter Lang, New-York, 2010, pp. 77-98 ; « Le corps super flux », in Véronique Adam et Anna Caiozzo (dir.), La fabrique du corps humain : la machine modèle du vivant, éditions de la MSH – Alpes, Grenoble, 2010, pp. 377-391. Rémy Potier est Maître de Conférences en psychopathologie à l'Université Paris-Diderot, et chercheur au Centre de Recherches Psychanlayse, Médecine et Société. Parmi ses dernières publications : « L’image du corps à l’épreuve de l’imagerie médicale : enjeux psychiques de l’imagerie médicale », in Pratiques – Les cahiers de la médecine utopique, 2010 , n° 51 ; « Vérité et illusion des approches croisées entre neurosciences et psychanalyse », in Adolescence, 2011/3,

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Jérôme Goffette est Maître de Conférence (HdR) à l'Université Cl. Bernard Lyon 1 (laboratoire S2HEP, EA 4148). Ces trois thématiques de recherche sont la modification de l'humain (anthropotechnie, human enhancement), la philosophie du corps (malade, handicapé ou augmenté/modifié), et l'imaginaire du corps dans la science-fiction. Par ailleurs, il est fortement impliqué dans l'enseignement des sciences humaines en faculté de médecine. Quelques éléments parmi ses publications : Goffette J., Naissance de l'anthropotechnie, de la biomédecine au modelage de l'humain, Paris, Vrin, 2006 ; Bateman S., Gayon J., Goffette J. et Allouche S. (ed.), Inquiring into Human Enhancement : Beyond disciplinary and national boundaries, London, Palgrave, à paraître ; Goffette J. et Guillaud L. (dir.), Imaginaire médical dans le fantastique et la science-fiction, Paris, Bragelonne, 2010 ; Goffette J., « Quelques pas théoriques vers une psychogenèse du corps », L'Évolution Psychiatrique, 2010, vol. 75, n° 3, p. 353-369 ; Lasserre E., Guïoux A. et Goffette J., « Dynamiques ludiques : dialectique intrinsèque du virtuel au réel », Anthropologie & Société, 2011, vol. 35, n° 1-2, pp. 129-146 ; Goffette J., « Psychostimulants : au-delà de l’usage médical, l’usage anthropotechnique », Drogues, santé et société, Univ. de Sherbrooke et Univ. de Montréal (Canada), 2008, vol. 7, n° 1, pp. 91-126 ; Goffette J., et Simon J., « The internal environment : Claude Bernard’s concept and its representation in Fantastic Voyage (R. Fleisher) », pp. 187-205, in Landers Matthew & Munoz Brian (ed.) : Anatomy and the Organization of Knowledge, 1500-1850, London, Pickering & Chatto, 2012. Paul Mathias, ancien élève de l'École Normale Supérieure, professeur agrégé de philosophie pendant près de 30 ans, est actuellement inspecteur général de l'éducation nationale, doyen du groupe philosophie. Dès le milieu des années 90, il a conduit ses recherches autour des questions liées à l'essor des réseaux numériques, d'abord dans le cadre de l'équipe « Réseaux, savoirs et territoires » de l'ENS-Ulm, puis à Sciences-Po Paris, au Collège international de philosophie et dans « Vox Internet », programme de recherche ANR. Parmi les textes qu'il a publiés sur ces questions, on

Liste des auteurs

retiendra La Cité Internet, Paris, Presses de Sciences-Po, 1997 ; Des Libertés numériques, Paris, P.U.F., 2008 ou Qu'est-ce que l'Internet ?, Paris, Vrin, 2009. Patrick Pajon est Maître de Conférences en Sciences de la Communication à l'université Stendhal et chercheur au Centre de Recherches sur l'Imaginaire de Grenoble. Ses travaux portent sur l'imaginaire des sciences et des technologies, les imaginaires du corps et notamment la question de l'anthropotechnie et du transhumanisme. Il s'intéresse également au rôle joué par l'imagination et l'imaginaire dans la réorganisation des circuits économiques de la production et de la consommation, ainsi qu'à l'apparition de nouvelles façons de « faire image » notamment à l'aide des technologies numériques. Dernières publications : « De la co-naissance à l’in-formation. quand « l’intelligence » vient aux miroirs », in Claude Fintz (dir.), Le miroir, une médiation. Entre Imaginaire, sciences et spiritualité, Presses Universitaires de Valenciennes, 2013, pp. 311-320 ; « Cybersphère et industries anthropotechniques : quelques exemples et questions », in Jean Philippe Pierron, Marie Hélène Pariseau (dir.), Repenser la nature. Dialogie philosophique, Europe, Asie, Amérique, Presses de L’université Laval, Québec, 2012, pp. 377-391 ; « Ailleurs commence ici : remarques sur l’identité à Cyberpolis », in Mercedes Montoro (dir.), Identités culturelles d’hier et d’aujourd’hui, Peter Lang, New-York, 2010, pp. 77-98 ; « Le corps super flux », in Véronique Adam et Anna Caiozzo (dir.), La fabrique du corps humain : la machine modèle du vivant, éditions de la MSH – Alpes, Grenoble, 2010, pp. 377-391. Rémy Potier est Maître de Conférences en psychopathologie à l'Université Paris-Diderot, et chercheur au Centre de Recherches Psychanlayse, Médecine et Société. Parmi ses dernières publications : « L’image du corps à l’épreuve de l’imagerie médicale : enjeux psychiques de l’imagerie médicale », in Pratiques – Les cahiers de la médecine utopique, 2010 , n° 51 ; « Vérité et illusion des approches croisées entre neurosciences et psychanalyse », in Adolescence, 2011/3,

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Liste des auteurs

n° 77 ; « De quoi la psychanalyse est-elle le nom : Psychanalyse et démocratie », in Adolescence, 2011/3, n° 77 ; « Imagerie médicale et art contemporain, rencontres autour d’un corps virtuel », in Recherches en Psychanalyse [En ligne], 2011, 12 ; « La violence au virtuel, actuel de la mort à l’adolescence », in Yves Morhain (Dir.), L’adolescence et la mort, Édition INPRESS, 2011 ; « L’imagerie médicale dans la relation médicale : enjeux psychiques et éthiques », in revue Laennec (à paraître), 2012 ; « L’idéal à l’épreuve de la différence » in Topique, n ° 121, 4/2012 (à paraître) ; « Les arcanes du sujet : l’apport de Cornelius Castoriadis », in Cliniques méditerranéennes, 2012. Rémi Sussan est un journaliste spécialisé dans les nouvelles technologies. Il s’intéresse notamment aux retombées sociologiques de l’usage des techniques, ainsi qu’aux mouvements parallèles et alternatifs qui en découlent. Il connaît bien les milieux underground et la contre-culture, et a écrit pour de nombreux journaux et magazines, dont Technikart, PC Magazine, Computer Arts, Science et vie High Tech, etc. Il est notamment journaliste pour InternetActu.net depuis septembre 2006. Il collabore à l'Annuel des idées depuis 2009. Publications récentes : Les Utopies posthumaines : Contre-culture, cyberculture, culture du chaos, éditions Omnisciences, 2005 ; Demain, les mondes virtuels, FYP éditions, coll. La fabrique des possibles, 2009 ; Optimiser son cerveau, FYP éditions, coll. La fabrique des possibles, 2009. Gilles Tarabout, ethnologue, directeur de recherche au CNRS, dirige le Laboratoire d’Ethnologie et de Sociologie Comparative (Nanterre). Il s’est intéressé à la morphologie sociale du Kérala (sud de l’Inde) et à divers thèmes de l’anthropologie religieuse (fêtes, possession, sorcellerie, astrologie). Ses recherches actuelles portent principalement sur la façon dont les tribunaux de l’Inde traitent les litiges des temples hindous. Principales publications récentes : éd. (avec D. Berti), Territory, soil, and society in South Asia, New Delhi, Manohar, 2009; éd. (avec G. Colas), Rites hindous : transferts et transformations, Paris, EHESS, [Purusartha, 25], 2006 ; éd. (avec V.

Liste des auteurs

Bouillier), Images du corps dans le monde hindou, Paris, CNRS Éditions, 2002 ; éd. (avec J. Assayag), La possession en Asie du Sud. Parole, corps, territoire, Paris, EHESS [Purusartha, 21], 1999.

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Liste des auteurs

n° 77 ; « De quoi la psychanalyse est-elle le nom : Psychanalyse et démocratie », in Adolescence, 2011/3, n° 77 ; « Imagerie médicale et art contemporain, rencontres autour d’un corps virtuel », in Recherches en Psychanalyse [En ligne], 2011, 12 ; « La violence au virtuel, actuel de la mort à l’adolescence », in Yves Morhain (Dir.), L’adolescence et la mort, Édition INPRESS, 2011 ; « L’imagerie médicale dans la relation médicale : enjeux psychiques et éthiques », in revue Laennec (à paraître), 2012 ; « L’idéal à l’épreuve de la différence » in Topique, n ° 121, 4/2012 (à paraître) ; « Les arcanes du sujet : l’apport de Cornelius Castoriadis », in Cliniques méditerranéennes, 2012. Rémi Sussan est un journaliste spécialisé dans les nouvelles technologies. Il s’intéresse notamment aux retombées sociologiques de l’usage des techniques, ainsi qu’aux mouvements parallèles et alternatifs qui en découlent. Il connaît bien les milieux underground et la contre-culture, et a écrit pour de nombreux journaux et magazines, dont Technikart, PC Magazine, Computer Arts, Science et vie High Tech, etc. Il est notamment journaliste pour InternetActu.net depuis septembre 2006. Il collabore à l'Annuel des idées depuis 2009. Publications récentes : Les Utopies posthumaines : Contre-culture, cyberculture, culture du chaos, éditions Omnisciences, 2005 ; Demain, les mondes virtuels, FYP éditions, coll. La fabrique des possibles, 2009 ; Optimiser son cerveau, FYP éditions, coll. La fabrique des possibles, 2009. Gilles Tarabout, ethnologue, directeur de recherche au CNRS, dirige le Laboratoire d’Ethnologie et de Sociologie Comparative (Nanterre). Il s’est intéressé à la morphologie sociale du Kérala (sud de l’Inde) et à divers thèmes de l’anthropologie religieuse (fêtes, possession, sorcellerie, astrologie). Ses recherches actuelles portent principalement sur la façon dont les tribunaux de l’Inde traitent les litiges des temples hindous. Principales publications récentes : éd. (avec D. Berti), Territory, soil, and society in South Asia, New Delhi, Manohar, 2009; éd. (avec G. Colas), Rites hindous : transferts et transformations, Paris, EHESS, [Purusartha, 25], 2006 ; éd. (avec V.

Liste des auteurs

Bouillier), Images du corps dans le monde hindou, Paris, CNRS Éditions, 2002 ; éd. (avec J. Assayag), La possession en Asie du Sud. Parole, corps, territoire, Paris, EHESS [Purusartha, 21], 1999.

Liste des auteurs

Table des matières

Patrick PAJON et Marie-Agnès CATHIARD Introduction Céline CHERICI Des mécanismes cérébraux à l'imaginaire d’un homme réduit à son cerveau Gilles TARABOUT L’absence du cerveau dans les représentations du corps en Inde Marie-Agnès CATHIARD et Fabio ARMAND BRAINCUBUS : Vers un modèle anthropologique neurocognitif transculturel pour les « fantômes » de l'imaginaire Jérôme GOFFETTE Le carré des métaphores du cerveau à propos de Ghost in the Shell de Mamoru Oshii Sylvie ALLOUCHE Moi, Simon Wright, cerveau dans une cuve Rémy POTIER L’imagerie cérébrale à la croisée des regards. Enjeux d’une discussion entre psychanalyse et neurosciences Rémy SUSSAN Le cerveau saisi par la contre-culture Jean Paul BAQUIAST Aux racines de l’anthropotechnocène

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Liste des auteurs

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Patrick PAJON et Marie-Agnès CATHIARD Introduction Céline CHERICI Des mécanismes cérébraux à l'imaginaire d’un homme réduit à son cerveau Gilles TARABOUT L’absence du cerveau dans les représentations du corps en Inde Marie-Agnès CATHIARD et Fabio ARMAND BRAINCUBUS : Vers un modèle anthropologique neurocognitif transculturel pour les « fantômes » de l'imaginaire Jérôme GOFFETTE Le carré des métaphores du cerveau à propos de Ghost in the Shell de Mamoru Oshii Sylvie ALLOUCHE Moi, Simon Wright, cerveau dans une cuve Rémy POTIER L’imagerie cérébrale à la croisée des regards. Enjeux d’une discussion entre psychanalyse et neurosciences Rémy SUSSAN Le cerveau saisi par la contre-culture Jean Paul BAQUIAST Aux racines de l’anthropotechnocène

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Table des matières

Paul MATHIAS Imaginaires du Réseau Patrick PAJON Drogues et imaginaire du cerveau : une brève histoire Liste des auteurs Table des matières

TRANSVERSALES PHILOSOPHIQUES Codirecteurs de la collection : Jean-Jacques Wunenburger et Valentina Tirloni Plus que jamais la philosophie est exposée à une double dérive, se replier sur son histoire en pratiquant l'archéologie des textes, se disperser dans la prolifération des savoirs et controverses du jour en mimant les sciences humaines. La philosophie n'a pas d'objet propre, mais avec ses méthodes de conceptualisation et d'argumentation, elle peut et doit ouvrir des chemins nouveaux qui passent entre les choses, entre les savoirs, entre les disciplines ou même les traversent en diagonales. De ces parcours croisés, qui sortent des sentiers académiques bien balisés, peuvent sortir des morphologies, des typologies, des cohérences, des généalogies inédites. C'est en traçant et en suivant des lignes obliques entre esthétiques, anthropologies, sciences, éthiques, théologies, mais aussi entre rationalités et symboliques que la philosophie peut dévoiler, au cœur du contemporain, ses richesses insoupçonnées. Loin des systèmes clos, mais toujours à l'affût d'une libre circulation entre les époques, les écoles, les traditions et les cultures, la philosophie peut donc faire autre chose que se répéter ou de céder aux modes médiatiques. Cette collection philosophique veut rassembler des travaux individuels ou collectifs de philosophie qui permettent d'ouvrir des parcours, capables encore de renouveler nos savoirs bien identifiés et de nous donner à penser, jusqu'à l'étonnement, principe et origine de toutes recherches philosophiques. COMITÉ SCIENTIFIQUE : Francesca Bonicalzi (Université de Bergame, Italie) Claudio Bonvecchio (Université de l’Insubria, Italie) Ionel Buse (Université de Craiova, Roumanie) Jean-Claude Gens (Université de Bourgogne) Kuan-min Huang (Academia Sinica, Taipei, Taiwan) Philippe Walter (Université de Grenoble 3)

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Table des matières

Paul MATHIAS Imaginaires du Réseau Patrick PAJON Drogues et imaginaire du cerveau : une brève histoire Liste des auteurs Table des matières

TRANSVERSALES PHILOSOPHIQUES Codirecteurs de la collection : Jean-Jacques Wunenburger et Valentina Tirloni Plus que jamais la philosophie est exposée à une double dérive, se replier sur son histoire en pratiquant l'archéologie des textes, se disperser dans la prolifération des savoirs et controverses du jour en mimant les sciences humaines. La philosophie n'a pas d'objet propre, mais avec ses méthodes de conceptualisation et d'argumentation, elle peut et doit ouvrir des chemins nouveaux qui passent entre les choses, entre les savoirs, entre les disciplines ou même les traversent en diagonales. De ces parcours croisés, qui sortent des sentiers académiques bien balisés, peuvent sortir des morphologies, des typologies, des cohérences, des généalogies inédites. C'est en traçant et en suivant des lignes obliques entre esthétiques, anthropologies, sciences, éthiques, théologies, mais aussi entre rationalités et symboliques que la philosophie peut dévoiler, au cœur du contemporain, ses richesses insoupçonnées. Loin des systèmes clos, mais toujours à l'affût d'une libre circulation entre les époques, les écoles, les traditions et les cultures, la philosophie peut donc faire autre chose que se répéter ou de céder aux modes médiatiques. Cette collection philosophique veut rassembler des travaux individuels ou collectifs de philosophie qui permettent d'ouvrir des parcours, capables encore de renouveler nos savoirs bien identifiés et de nous donner à penser, jusqu'à l'étonnement, principe et origine de toutes recherches philosophiques. COMITÉ SCIENTIFIQUE : Francesca Bonicalzi (Université de Bergame, Italie) Claudio Bonvecchio (Université de l’Insubria, Italie) Ionel Buse (Université de Craiova, Roumanie) Jean-Claude Gens (Université de Bourgogne) Kuan-min Huang (Academia Sinica, Taipei, Taiwan) Philippe Walter (Université de Grenoble 3)

Titres parus : Geneviève GOBILLOT (éd.), Monde de l’Islam et occident. Les voies de l’interculturalité (2010). Valentina TIRLONI (éd.), Du Gestell au dispositif. Comment la technicisation encadre notre existence (2010). Yves DURAND, Jean-Pierre SIRONNEAU, Alberto Filipe ARAUJO (éds.), Variations sur l’imaginaire. L’épistémologie ouverte de Gilbert Durand. Orientations et innovations (2011). Gilles HIERONIMUS, Julien LAMY (éds.), Imagination et mouvement. Autour de Bachelard et Merleau-Ponty (2011). Jean-Philippe PIERRON (éd.), L’homme à la folie. Psychiatrie et philosophie (2012). Valentina TIRLONI, Mondes virtuels : imagination et réalité (2012). Paolo MOTTANA, Le regard imaginal (2013).

Titres parus : Geneviève GOBILLOT (éd.), Monde de l’Islam et occident. Les voies de l’interculturalité (2010). Valentina TIRLONI (éd.), Du Gestell au dispositif. Comment la technicisation encadre notre existence (2010). Yves DURAND, Jean-Pierre SIRONNEAU, Alberto Filipe ARAUJO (éds.), Variations sur l’imaginaire. L’épistémologie ouverte de Gilbert Durand. Orientations et innovations (2011). Gilles HIERONIMUS, Julien LAMY (éds.), Imagination et mouvement. Autour de Bachelard et Merleau-Ponty (2011). Jean-Philippe PIERRON (éd.), L’homme à la folie. Psychiatrie et philosophie (2012). Valentina TIRLONI, Mondes virtuels : imagination et réalité (2012). Paolo MOTTANA, Le regard imaginal (2013).