Bulletin du Cercle d'Etudes Numismatiques, vol. 50/3 (2013)

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C.E.N. BULLETIN « EUROPEAN CENTRE FOR NUMISMATIC STUDIES » « CENTRE EUROPÉEN D’ÉTUDES NUMISMATIQUES » VOLUME 50 N° 3 SEPTEMBRE DÉCEMBRE 2013 BCEN vol. 50 no 3, 2013 181 Jean-Claude Richard Ralite* avec la collab. de J.-L. Genevrier, S. Rizzo & G. Gentric Une bourse de deniers de la République romaine en Livra- dois (Puy-de-Dôme) ous avons eu connaissance de la découverte en Livradois (Puy- de-Dôme) d’un petit ensemble de douze deniers de la République ro- maine, éparpillés sur une surface de quelques centimètres carrés, qui doi- vent correspondre à une bourse plutôt qu’à un véritable trésor [1] . La chronologie des émissions s’étend de 116/115 à 42 av. J.-C., ce qui correspond par ailleurs à l’avant dernière grande période d’occultation de trésors (44-27 av. J.-C.) établie par M.H. Crawford [2] . Celle-ci comprend les trésors suivants découverts en France : Lissac (Haute- __________ * J.-C. Richard Ralite, directeur de recherche (hre) au cnrs, mmsh, Centre Camille Jullian, Université d’Aix-Marseille, 34[email protected] [1] Nous adressons nos vifs remerciements à M.H. Crawford, J.-M. Doyen, F. de Callataÿ et J. van Heesch. [2] M.H. Crawford, Roman Republican Coin Hoards, London, 1969, p. 117-131 (en abré- gé : Cr.). D’autres trésors ont été découverts depuis mais, sous bénéfice d’inventaire, ils ont été enfouis dans des périodes plus récen- tes : cf. Trésors Monétaires, 2001-2002. Nous remercions M.H. Crawford de sa collabo- ration pour deux deniers difficiles à bien identifier. Loire, no 409), Francin (Savoie, no 413), Arbanats (Gironde, no 430) [3] , Sauves- sanges (Puy-de-Dôme, no 447) [4] , Segon- zac (Charente, no 453), Amiens (Somme, __________ [3] L. Lotringer, Le trésor de deniers républi- cains d’Arbanats (Gironde), Trésors moné- taires, 20, 2001-2002, p. 5-17, pl. ii-x (960 monnaies de 138 à 39 av. J.-C.). On signa- lera deux trésors provenant du département de l’Aude publiés récemment : M.-L. Ber- deaux-Le Brazidec & M. Feugère, Deux dépôts monétaires d’époque républicaine découverts dans l’Aude, Cahiers Numisma- tiques, 43 (2006), no 167, p. 25-43 (Las- tours : 179/170 av. J.-C. et Villardelle : 104 av. J.-C). On signalera ici deux études sur les marques de contrôle, chiffres ou lettres : R. Witschonke, e use of die marks on Roman Republican Coinage, rbn, 158 (2012), p. 63-84 et B.E. Woytek, System and Product in Roman Mints from the late Republic to the high Principate : some cur- rent problems, rbn, 158 (2012), p. 85-122. Les coins monétaires, toujours rares, ont été recensés par W. Malkmus, Ancient and medieval coin dies : catalogue and notes, dans L. Travaini & A. Bolis (eds), Conii e scene di conazione, Roma, 2008, p. 75-240, auquel on ajoutera un coin de droit de L. Cassius Longinus (Crawford 386/1 : 78 av. J.-C. dans le catalogue Numismatic Fine Arts, Auction xxv, 29/11/1990, no 301) et un coin de revers de C. Naevius Balbus (Craw- ford 382/1b: 79 av. J.-C.) : A. Geiser & P.-A. Capt, Une trouvaille exceptionnelle : un coin monétaire de la République romai- ne recueilli dans un oppidum tardo-laté- nien vaudois, Bulletin de l’Association des Amis du Musée Monétaire Cantonal, Lau- sanne, 24 (2011), p. 4-14. [4] J.-L. Desnier, Le trésor de Sauvessanges, Trésors Monétaires, i, 1979, p. 11-16. N

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C.E.N.BULLETIN

« EUROPEAN CENTRE FOR NUMISMATIC STUDIES »« CENTRE EUROPÉEN D’ÉTUDES NUMISMATIQUES »

VOLUME 50 N° 3 SEPTEMBRE – DÉCEMBRE 2013

BCEN vol. 50 no 3, 2013 181

Jean-Claude Richard Ralite* avec lacollab. de J.-L. Genevrier, S. Rizzo &G. Gentric – Une bourse de deniersde la République romaine en Livra-dois (Puy-de-Dôme)

ous avons eu connaissance dela découverte en Livradois (Puy-de-Dôme) d’un petit ensemble

de douze deniers de la République ro-maine, éparpillés sur une surface dequelques centimètres carrés, qui doi-vent correspondre à une bourse plutôtqu’à un véritable trésor [1].

La chronologie des émissions s’étend de116/115 à 42 av. J.-C., ce qui correspondpar ailleurs à l’avant dernière grandepériode d’occultation de trésors (44-27av. J.-C.) établie par M.H. Crawford [2].Celle-ci comprend les trésors suivantsdécouverts en France : Lissac (Haute-__________

* J.-C. Richard Ralite, directeur de recherche(hre) au cnrs, mmsh, Centre Camille Jullian,Université d’Aix-Marseille, [email protected]

[1] Nous adressons nos vifs remerciements àM.H. Crawford, J.-M. Doyen, F. de Callataÿet J. van Heesch.

[2] M.H. Crawford, Roman Republican CoinHoards, London, 1969, p. 117-131 (en abré-gé : Cr.). D’autres trésors ont été découvertsdepuis mais, sous bénéfice d’inventaire, ilsont été enfouis dans des périodes plus récen-tes : cf. Trésors Monétaires, 2001-2002. Nousremercions M.H. Crawford de sa collabo-ration pour deux deniers difficiles à bienidentifier.

Loire, no 409), Francin (Savoie, no 413),Arbanats (Gironde, no 430) [3], Sauves-sanges (Puy-de-Dôme, no 447) [4], Segon-zac (Charente, no 453), Amiens (Somme,__________[3] L. Lotringer, Le trésor de deniers républi-

cains d’Arbanats (Gironde), Trésors moné-taires, 20, 2001-2002, p. 5-17, pl. ii-x (960monnaies de 138 à 39 av. J.-C.). On signa-lera deux trésors provenant du départementde l’Aude publiés récemment : M.-L. Ber-deaux-Le Brazidec & M. Feugère, Deuxdépôts monétaires d’époque républicainedécouverts dans l’Aude, Cahiers Numisma-tiques, 43 (2006), no 167, p. 25-43 (Las-tours : 179/170 av. J.-C. et Villardelle : 104av. J.-C). On signalera ici deux études surles marques de contrôle, chiffres ou lettres :R. Witschonke, e use of die marks onRoman Republican Coinage, rbn, 158(2012), p. 63-84 et B.E. Woytek, Systemand Product in Roman Mints from the lateRepublic to the high Principate : some cur-rent problems, rbn, 158 (2012), p. 85-122.Les coins monétaires, toujours rares, ontété recensés par W. Malkmus, Ancient andmedieval coin dies : catalogue and notes,dans L. Travaini & A. Bolis (eds), Conii escene di conazione, Roma, 2008, p. 75-240,auquel on ajoutera un coin de droit deL. Cassius Longinus (Crawford 386/1 : 78av. J.-C. dans le catalogue Numismatic FineArts, Auction xxv, 29/11/1990, no 301) et uncoin de revers de C. Naevius Balbus (Craw-ford 382/1b : 79 av. J.-C.) : A. Geiser &P.-A. Capt, Une trouvaille exceptionnelle :un coin monétaire de la République romai-ne recueilli dans un oppidum tardo-laté-nien vaudois, Bulletin de l’Association desAmis du Musée Monétaire Cantonal, Lau-sanne, 24 (2011), p. 4-14.

[4] J.-L. Desnier, Le trésor de Sauvessanges,Trésors Monétaires, i, 1979, p. 11-16.

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no 458), Beauvoisin (Drôme, no 459),Chantenay (Nièvre, no 461) et Mont-

Beuvray (commune de Moulins-Engil-bert, Nièvre, no 471) (fig.1).

Fig. 1 – Carte de localisation des trésors enfouis entre 44 et 27 av. J.-C.

CATALOGUE [5]

1. CN.DOMI, Q.CVRTI, M.SILA,Rome : 116 ou 115 av. J.-C.Tête casquée de Rome à droite, de-vant :Q.CVR[T], derrière : XJupiter dans un quadrige à droite, te–nant un sceptre de la main gauche ;au-dessus un lituus ; au-dessous deschevaux : M. SI [ĭ] ; à l’exergue :ROMA.3,67 gCr. 285/2

__________[5] Toutes les pièces sont des deniers.

2. M. CIPI M. F, Rome : 115 ou 114av. J.-C.Tête casquée de Rome à droite ; de-vant :M. CIPI. M. F ; derrière : XVictoire dans un bige à droite, tenantune palme de la main gauche ; au-des-sous des chevaux : un gouvernail ; àl’exergue : ROMA.3,72 gCr. 289/1

3. L. SENTI C. F, Rome : 101 av. J.-C.Tête casquée de Rome à droite ; der-rière : [AR G. PVB]

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Jupiter dans un quadrige à droite donton aperçoit seulement le bas des pattesantérieures ; au-dessous : [L. SENTI.C.] F.Denier fractionné (¼) : 0,68 gCr. 325/1

4-5. Q. TITI, Rome : 90 av. J.-C.Tête de Liber à droite portant unecouronne de lierre.Pégase à droite ; au-dessous :Q. TITI.3,70 et 3,66 gCr. 341/2

6. L. IVLI BVRSIO, Rome : 85 av. J.-C.Tête masculine à droite, derrière unemarque de contrôle.Victoire dans un quadrige à droite te-nant les rênes de la main gauche ; sousl’équipage : C O ; à l’exergue : [L] IVLI.BVRSO.3,48 gCr. 352/1

7. C. NAE. BALB, Rome : 79 av. J.-C.Tête de Vénus à droite portant un dia-dème ; derrière : S. C.Victoire dans un trige à droite, tenantles rênes des deux mains ; à l’exergue :C. NAE. BA[LB] ; au-dessus, marquede contrôle : XXXXVIIII.3,76 gCr. 382/1b

8. C.PISO L. F FRVGI, Rome : 67 av.J.-C.Tête laurée à droite, derrière une mar-que de contrôle : IXXT ; devant le nezen forme de S une marque en creux.Cavalier à droite portant une palme,C PISO LF FRVG ; à l’exergue, undifférent.3,64 gCr. 408

9. L. CASSI LONGIN, Rome : 63 av. J.-C.Tête de Vesta à gauche portant unvoile et un diadème ; à droite : unevaisselle, à gauche : LPersonnage en toge debout à gauchevotant avec une tablette portant : Vau-dessus d’un ciste ; à droite : LON-GIN. III. V.3,61 gCr. 413

10. Q. SICINIVS III VIR, C. COPONIVSPR, atelier itinérant de Pompée : 49av. J.-C.Tête d’Apollon à droite, la chevelureretenue par un bandeau, devant :Q.SICINIVS, derrière III.VIR.Massue avec la peau de lion et la têtedu lion de face, de part et d’autre,à gauche flèches et à droite un arc ;à droite : C. COPONIVS, à gauche [PR.S. C.]3,51 gCr. 444/1b

11. C. VIBIVS C. F C. N PANSA,Rome : 48 av. J.-C.Tête barbue de Pan à droite, dessous[PA] NSA. ; marque d’épreuve endeux cercles sur le sommet du crâneJupiter assis à gauche, tenant une pa-tère et un sceptre ; à droite : [C. VI-BIVS.C. F. C. N], à gauche : IOVISAXVR3,67 gCr. 449/1a

12. P.CLODIVS M. F III VIR A. P. F.,Rome : 42 av. J.-C.Tête laurée d’Apollon à droite, der-rière une lyre.Diane debout de face, tenant deuxtorches allumées, avec un arc et uncarquois à l’épaule ; devant : P. CLO-DIVS.3,03 gCr. 494/23

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La métrologie donne une masse moyen-ne de 3,59 g et un écart type de 0,20. Onremarque que ces monnaies ont long-temps circulé durant le premier siècleav. J.-C.

La date d’enfouissement ou de perte decette bourse est comparable à celle dutrésor de Francin (Savoie) dont le denierle plus récent est aussi de l’année 42 av.J.-C. et le plus ancien de 111-110 av.J.-C. [6]

Si l’on regroupe sur une carte (fig. 1) lesneuf trésors recensés par M.H. Crawforden France pour la période d’enfouisse-ment 44/27 av. J.-C. (rrch 409-461), ladispersion n’est pas très éloquente : elleest concentrée sur la moitié Sud, del’Est à l’Ouest, Amiens reste très excen-tré et on ne trouve pas de trésor de cettepériode au-delà, vers le Nord, en Belgi-que [7].

__________[6] G. Vallier, Quelques mots sur les décou-

vertes archéologiques et numismatiques deFrancin, près Montmélian (Savoie), Mé-moires de l’Académie des Sciences, BellesLettres et Arts de Savoie, 8 (1880), p. 1-16 ;X. Loriot & B. Remy, Corpus des Trésorsmonétaires antiques de la France, V, Rhône-Alpes, 2, Savoie, Paris, 1988, p. 71, no 7. Cetrésor, mis au jour lors de travaux agricolesen 1867, est répertorié par M.H. Crawford,rrch, p. 120, no 413, et prend place dansl’avant-dernière période d’enfouissement del’auteur soit 44-27 av. J.-C. G. Vallier a étu-dié 41 monnaies communiquées par le pro-priétaire du terrain et 4 autres conservées auMusée de Chambéry. Ces 45 monnaies nereprésentent qu’une partie de ce trésor quiմեt dispersé dès sa découverte (l’auteur esti-me qu’il devait y avoir le double de mon-naies) : elles ne constituent qu’un échan-tillon et la chronologie est donc adoptéesous réserve.

[7] Le petit dépôt de Saint-Mard comportaitsix deniers de la première moitié du iersiècle av. J.-C. mais n’a été enfoui qu’après29/27 (M. Thirion, Saint-Mard : trésor (?)de pièces romaines en argent de la Républi-que, Le Pays Gaumais, 24-25 (1963-1964),

Ces trésors, avec les aléas bien connusde rapides disparitions après une décou-verte, ne sauraient donner une imagefidèle de la circulation de ces espèces enGaule car de nombreuses monnaies iso-lées, d’argent ou de bronze, sont misesau jour régulièrement. On se rappellerala fameuse phrase de Cicéron dans lePro Fonteio (v,11) : « pas une pièce d’ar-gent ne se déplace en Gaule sans êtreportée sur les livres des citoyens ro-mains ». Cette allusion peut concernernon seulement la monnaie romaine maisaussi les émissions d’argent qui étaientparticulièrement abondantes et qui, sou-vent, sous le poids d’un victoriat légerou d’un quinaire, trouvaient immédia-tement un rapport fixe avec celles de laRépublique.

La bourse du Livradois apporte ainsison concours à l’étude de la circulationmonétaire dans le Massif Central [8] quin’est entré totalement dans la mou-vance romaine qu’à partir du milieu duier siècle av. J.-C., mais la monnaie parses liens commerciaux et fiscaux dépas-se les frontières…

__________

p. 109-116). Sur la circulation des monnaiesen Gaule septentrionale on se reportera à :J.-M. Doyen, Économie, monnaie et sociétéà Reims sous l’Empire romain, Recherchessur la circulation monétaire en Gaule septen-trionale intérieure, Reims, 2008, p. 30-43.Comme toute périodisation, celle établiepar M.H. Crawford pose le problème dupositionnement d’un trésor qui pour uneseule monnaie finale peut entraîner toute lathésaurisation dans une phase postérieure àl’essentiel de sa constitution. Mais c’est laloi du genre !

[8] L’archéologie de l’Âge du fer en Auvergne,Lattes, 2007 ou K. Gruel & L. Popovitch,Les monnaies gauloises et romaines de l’oppi-dum de Bibracte, Bibracte, 2007, permettentde retrouver les études sur les sites et lesmonnaies du Centre de la Gaule.

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Jean-Marc Doyen* – Un as inédit deTibère pour l’atelier de Rome (28-29apr. J.-C.)

ous le règne de tibère (14-37),la production monétaire est claire-ment séparée dans l’espace. Tan-

dis que Lyon produit en abondance del’or et de l’argent destinés à circulerdans l’ensemble de l’Empire9

[1], Rome secantonne dans la frappe de l’orichalque(sestertii et dupondii) et dans celle ducuivre (asses).

La production du bronze dans la capi-tale s’organise en trois phases chrono-logiques, qui se chevauchent partielle-ment.

Fig. 1 – As de Tibère daté TRIBVNPOTEST XXIIII – American

Numismatic Society10

[2]

__________

* Je remercie pour leur aide V. Geneviève etChr. Lauwers.

[1] Deniers et aurei auxquels s’ajoutent de raris-simes asses et d’assez fréquents quadrantes :C.H.V. Sutherland, e Roman ImperialCoinage. Volume I. Revised edition. From31 bc to ad 69, London, 1984, nos 31-32 ;J.-B. Giard, Le monnayage de l’atelier deLyon. Des origines au règne de Caligula (43av. J.-C. - 41 apr. J.-C.), Wetteren, 1983 (Nu-mismatique Romaine xiv), p. 129, no 155pour les quadrantes et M. Amandry, S. Es-tiot & G. Gautier, Le monnayage de l’ate-lier de Lyon (43 av. J.-C. - 41 apr. J.-C.).Supplément II, Wetteren, 2003 (Numisma-tique Romaine xxi), p. 19-20, nos 154α et β.

[2] Inv. 1944.100.3986 : 11,22 g.

De 15/16 (TR POT XVII) à 22/23 (TRPOT XXIIII, fig. 1), nous rencontronsdes frappes au nom de Tibère ou de Dru-sus. Après une douzaine d’années d’in-terruption, ce monnayage reprend en34/35 (TR POT XXXVI), pour s’ache-ver en 36/37 (TR POT XXXIIX), maiscette fois sans Drusus, mort le 14 sep-tembre 2311

[3]. L’hypothèse d’une conti-nuation de la frappe des monnaies por-tant TR POT XXIIII au-delà de l’année22/23, autrefois évoquée, a été depuislongtemps écartée par H. Sutherland,sur des bases quantitatives12

[4].

Entre ces deux phases, mais débordantpartiellement sur l’une comme sur l’au-tre, se place un groupe numériquementimportant, constitué par les émissions aunom du DIVVS AVGVSTVS PATER.Comme l’ont montré les analyses récen-tes de la composition de leur alliage, leurfrappe débute dès 15/16 (ric 70-73).Elle s’interrompt ensuite pendant six an-nées, reprend de 22/23 à 30 (ric 74-81),puis, après un nouvel arrêt, se prolongeentre 34 et 37 (ric 82-83). Certaines deces séries մեrent numériquement consi-dérables : nous pensons par exemple auxasses du type PROVIDENT (ric 81).Même si une partie de ces monnaiessemble avoir fait l’objet de frappes dé-centralisées13

[5], les quantités récoltées enItalie même montrent le dynamisme del’atelier de Rome au cours des années22/23-30.

Nous avons été intrigués par la monnaiesuivante :

__________[3] D. Kienast, Römische Kaisertabelle. Grund-

züge einer römischen Kaiserchronologie,Darmstadt, 2004³, p. 82.

[4] ric i², p. 88, note 6.[5] J.-N. Barrandon, A. Suspène & A. Gaf-

fiero, Les émissions d’as au type DivvsAvgvstvs Pater frappées sous Tibère : l’ap-port des analyses à leur datation et à leurinterprétation, rn, 2010, p. 149-173.

S

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Fig. 2 Fig. 3 Fig. 4

TIBÈRE, Rome, 28-29.

TICAESARDIVIAVGFAVGVSTIMPVIII

Tête laurée à g.PONTIFMAXIMTRINVNPOTESPXXX(sic !)SC

As (cuivre rouge) : 10,39 g – . – 29,0mm. Patine verte brillante, fortementcorrodée et éclatée au centre des deuxfaces (fig. 2).

Cohen14

[6] – ; ric i1 – ; ric i2 – ; bmc15

[7] – ;Kraay16

[8] – ; hcc17

[9] – ; bncmer18

[10] – ;__________[6] H. Cohen, Description historique des mon-

naies frappées sous l’Empire romain com-munément appelées médailles impériales.Tome premier, Paris, 1880.

[7] H. Mattingly, Coins of the Roman Empirein the British Museum. Volume i. Augustusto Vitellius, London, 1923.

[8] C.M. Kraay, Die Münzմեnde von Vindo-nissa (bis Trajan), Basel, 1962 (Veröff. derGesellscha Pro Vindonissa, Band v).

[9] A.S. Robertson, Roman Imperial coins inthe Hunter coin cabinet. University of Glas-gow. i. Augustus to Nerva, Oxford, 1962.

[10] J.-B. Giard, Catalogue des monnaies del’empire romain. ii. De Tibère à Néron,Paris, 1988.

Saint-Léonard19

[11] – ; American Numis-matic Society20

[12] –.

L’authenticité de cette monnaie ne faitaucun doute. De même, son caractèreofficiel ne paraît pas poser de problème,malgré la présence d’erreurs de poin-çonnage de la légende de revers : le styledu portrait est d’excellente facture (fig. 3)et la masse se place dans la norme éta-blie par C.H.V. Sutherland21

[13]. La tailleréduite des lettres SC figurant au reversmérite d’être relevée. Sous Caligula,cette proportion semble caractéristiquedes ateliers impériaux décentralisés im-plantés en Gaule22

[14]. Toutefois, on cons-tate dans la capitale d’assez grandes va-riations dans la taille de ces lettres, etcela dès les émissions des IIIviri mone-tales23

[15].

__________[11] P.-A. Besombes, Le dépôt monétaire de

22.438 monnaies du gué de Saint-Léonard(commune de Mayenne), Trésors Monétai-res xxi, 2003/2004.

[12] Catalogue en ligne.[13] ric i2, p. 4, qui donne l’intervalle 9,5-12,0 g.[14] Besombes (op. cit. n. 11), p. 25.[15] C.H.V. Sutherland & C.M. Kraay, Cata-

logue of the coins of the Roman Empire in

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Sur le plan purement physique, aucunetrace de regravure n’est perceptible mê-me si, apparemment, le ductus des let-tres du revers, un peu trop rigide, laissesupposer que la légende a été quelquepeu accentuée. L’hypothèse d’une véri-table reprise de l’inscription peut dureste être écartée, car la place disponi-ble avant et après le numéral ne permetaucune suppression de signes. De plus,l’espace entre les deux X extérieursn’autorise entre eux qu’un seul chiffre,à savoir un I, un V ou un X. La formeXVX est impossible, la mention XIXn’est connue ni à Rome, ni à Lyon. Restedonc le XXX, du reste clairement lisiblesur cet exemplaire (fig. 4). On peut rap-procher cette version précédemmentinconnue de celle figurant au reversd’un as de Rome (?) du type suivant :

CAESARAVGVSTVSDIVIFPATERPATRIAE

Tête laurée à dr.PONTIFMAXIMTRIBVNPOTESTXXXautour de SC

Cette pièce anormale figure dans le ca-talogue de H. Cohen24

[16], qui cite com-me seule référence l’ouvrage édité en1752 par A. Morellius25

[17]. Elle est consi-dérée comme « purely apocryphal » par__________

the Ashmolean Museum. Part i. Augustus(c. 31 bc – ad 14), Oxford, 1975, pl. 14, no550 par exemple (sesterce de P. LICINIVSSTOLO, type ric 345). Mais il est vrai quenous nous situons là vers 17 av. J.-C. En re-vanche la même taille réduite figure au re-vers des dupondii de Caligula du type ric49 (par ex. ric pl. 14, no 49) qui ne sem-blent pas, eux, avoir connu une productiondécentralisée.

[16] Cohen2, i, p. 93, no 225.[17] esauri Morelliani continens XII. Priorum

imperatorum Romanornum, a C. J. Caesaread Domitianus..., Amsterdam, 1752. Le mê-me ouvrage citerait deux autres exemplai-res, portant eux aussi des dates « impossi-bles », à savoir TRIBVN POTEST xxix etXXXI.

H. Mattingly26

[17] et formellement rejetéepar C.H.V. Sutherland dans le RomanImperial Coinage27

[18]. Il est cependantremarquable que ce revers soit précisé-ment – fautes non comprises – celui denotre exemplaire. Il est tout aussi cu-rieux que cette « falsification » portantun droit d’Auguste, datée des années 7-8(TR POT XXX), se place elle aussi aucours d’une longue interruption de lafrappe du bronze dans la capitale. Eneffet, à part deux importantes émissionsde quadrantes datées de 5 et 4 av. J.-C.,les asses, et d’une manière générale lesmonnaies de bronze, ne sont plus émisdans la capitale entre 6 av. J.-C. (ric437-442) et 10-12 apr. J.-C. (ric 469-471).

La nouvelle pièce de Tibère s’intègreparfaitement dans le canevas des émis-sions romaines des années 22/3 à 34. Eneffet, jusqu’à l’apparition de la mentionTR POT XXIIII, correspondant aux an-nées 22/ 23, les asses de Tibère portentune tête nue de l’empereur. Lors de lareprise de la frappe en 34/35 (TR POTXXXVI), les effigies sont laurées.

On notera l’erreur de gravure au revers :TRINVN au lieu de TRIBVN et, appa-remment, POTESP au lieu de POTEST(fig. 4).

De telles fautes apparaissent très régu-lièrement sur les bronzes officiels de cerègne. Le Roman Imperial Coinage28

[19]

relève par exemple ITR pour ITER. LaBibliothèque nationale de France con-serve de son côté un exemplaire portantITERO, toujours pour ITER (bncmer83). Un as d’Auguste frappé à Rome en10-12 et conservé au Cabinet des Mé-dailles de Bruxelles porte TRIBN pour

__________[18] bmc i, p. 50, note 275.[19] ric i2, p. 78, note 271.[20] ric i², p. 97, note 45.

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TRIBVN29

[21] (fig. 5).

Fig. 5 – As d’Auguste (Rome, 10-12)à la légende fautive – Cabinet des

Médailles de Bruxelles30

[22]

Bien plus, un coin de Lyon, apparem-ment officiel et connu par six exemplai-res, porte l’invraisemblable titulatureAVGVGVSTVS (sic !).

Les fautes sont donc particulièrementfréquentes au sein des productions léga-les du début du premier siècle après J.-C.

La nouvelle monnaie, acquise dans unlot chez un marchand de Turin, com-prenait d’assez nombreux asses du typeric 81, à la légende PROVIDENTAVG. Une provenance italienne estdonc vraisemblable mais non assurée.

Cet as apparemment inédit – pour au-tant qu’il ne s’agisse pas d’une accumu-lation d’erreurs de gravure – semblemontrer qu’entre 22/23 et 34/35, l’atelierde Rome a émis quelques bronzes à l’ef-figie de l’empereur régnant, à côté desinnombrables pièces célébrant Augustedivus31

[22].

__________[21] La pièce est citée par le ric sous le n° 471

note.[22] Inv. vc 165 : 10,57 g – % – 27 mm. Je re-

mercie Mme P. Ramakers pour la photogra-phie.

[23] Sur la circulation monétaire sous Tibère,voir C. Rodewald, Money in the Age ofTiberius, Manchester, 1976.

Briac Michaux – Relations entre lesmonnayages d’Iconium et d’Antioche dePisidie émis pour Gordien III et Tran-quilline

e monnayage d’iconium en Ly-caonie émis durant le règne deGordien III, après avoir été étudié

par H. von Aulock et publié en 197632

[1] alongtemps été sous-estimé. Si l’ouvragedu grand numismate allemand est en-core la meilleure référence, il est grandtemps, au vu des monnaies apparuesdans le commerce ces dix dernières an-nées, de faire connaître cette évolutionet les conclusions qu’il est possible d’entirer.

H. von Aulock ne suggère pas d’annéed’émission pour le monnayage d’Ico-nium. Cependant, le peu de monnaiesconnues et l’existence d’exemplaires aunom de Tranquilline démontrent que lafrappe մեt de courte durée et qu’elle sedéroula après 241, année du mariage deGordien et Tranquilline. Les revers sym-bolisant le départ en guerre contre lesPerses sassanides confirment cette théo-rie.

La titulature de droit IMP CAES M ANT

GORDIANVS AVG, spécifique des an-nées 238-239, suggère néanmoins quel’émission de monnaies pour ces deuxvilles devrait être antérieure au ma-riage…

Comment peut-on expliquer cette con-tradiction ?

En comparant les émissions, nous rele-vons que si la période de productiond’Iconium est très courte (tout au plusune cinquantaine de monnaies sont ré-pertoriées), l’émission d’Antioche esttrès importante, avec près d’un millier__________[1] H. von Aulock, Münzen und Städte Lykao-

niens, Tübingen, 1976 (Istambuler Mittei-lungen, Beihe 16).

L

190 BCEN vol. 50 no 3, 2013

de monnaies recensées. On peut égale-ment comparer le rapport de fréquenceentre les monnaies de Gordien et Tran-quilline pour les deux villes : près de 5%à Iconium et moins de 0,2% à Antioche.

Il est également important de remar-quer, comme H. von Aulock le signaledans son ouvrage, qu’un coin d’aversutilisé à Iconium provient d’Antiochede Pisidie comme le prouve le début defracture du coin sur la monnaie illus-trant Aphrodite ci-après (cat. no 5). Deplus, le poinçon de buste utilisé pour cecoin « de liaison » entre les villes a éga-lement été utilisé pour un second coind’avers à Antioche. Et finalement la pro-ximité dans la gravure du portrait desmonnaies de Tranquilline pour ces deuxvilles est également surprenante : si cen’était le diadème qui les sépare, onpourrait penser que le poinçon de por-trait a été réutilisé à Iconium.

Ces données mises ensemble, on peutsupposer que l’émission d’Antioche dePisidie a probablement commencé en239-240 quand Gordien quitte Antiochede Syrie après sa revue des troupes quientraîne la première émission d’antoni-niens à Antioche de Syrie. C’est au mo-ment du départ en guerre, en 242, queGordien repasserait par Antioche de Pi-sidie réquisitionnant alors un graveur(et un coin d’avers) qu’il entraîne versIconium.

Sur base de cette hypothèse, on peutalors justifier la liaison de coin entre lesdeux villes, les variations de volume desémissions et la différence de rareté rela-tive des monnaies de Tranquilline entreles deux cités.

Le passage de Gordien par ces deux vil-les justifie également la présence deslettres S R (SENATVS ROMANVS) surles revers des monnaies. Et finalement,le fait que le graveur ne soit pas origi-naire d’Iconium explique aussi que la

harpé de Persée, un sabre recourbé quisymbolise la ville, ne soit pas présentesur tous les revers spécifiques à cette cité.

CATALOGUE

A. Grands bronzes (30-33 mm)

1. IMPCãEMãNTGORDIãNVSãVG

Buste lauré, cuirassé et drapé à dr.,vu de dos.COLãELHãDICONIENS ; à l’exergue :SR

Prêtre voilé avançant à dr. derrièredeux bœufs à bosse. À l’arrière-plan,deux enseignes. À l’exergue une harpé.D₁|R₁

2. IMPCãEMãNTGORDIãNVSãVG

Même coin de droit que ci-dessus.COLãEL/ã/DRICONIEN ; à l’exergue :S R

Même type que ci-dessus.D₁|R₂

3. IMPCAESMANTGORDIANVS

Buste lauré, cuirassé et drapé à dr.,vu de dos.COLãEL/ã/DRICONIEN ; à l’exergue :S R

Même coin de revers que ci-dessus.D₂|R₂

4. IMPCAESMAtGORDIANVSAVG (sic !)Buste lauré, drapé et cuirassé à droitevu de dos.33

[2]

COLãELICONIEN ; à l’exergue : S R

Même type que ci-dessus.D₃|R₃

5. IMPCAESMAtGORDIANVSAVG (sic !)Même coin de droit que ci-dessus.34

[3]

COLãELIãDRIICONIESI ; dans lechamp inférieur : S R

__________[2] Coin d’avers lié à un revers d’Antioche de

Pisidie.[3] Idem.

BCEN vol. 50 no 3, 2013 191

Aphrodite nue sortant du bain, assisede dos, les bras levés, les vêtementsaccrochés sur un arbre. Derrière elle,un loup.D₃|R₄

6. IMPCAESMAtGORDIANVSAVG (sic !)Même coin de droit que ci-dessus.35

[4]

COLEL/HãD/ICONIHS ; à l’exergue :S R

Athéna assise à gauche sur un bouc-lier, tenant une Victoire dans la maindroite devant elle et un sceptre verti-cal de la main droite. À l’exergue uneharpé.D₃|R₅

7. IMPCAESMAĬGORDIANVS (sic !)Buste lauré, cuirassé et drapé à dr.,vu de face.ICONIES/IãDRIãCOL ; à l’exergue : S

R

Tyché assise à g., une corne d’abon-dance dans la main gauche et ungouvernail et une harpé dans la maindroite. Sous la chaise, une roue.D₄|R₆

8. IMPCMANTONIGORDIANVS

Buste lauré, cuirassé et drapé à dr.,vu de dos.COLãELHã/DãVGICON ; à l’exer-gue : S R

Même type que ci-dessus.D₅|R₇

9. IMPCAESMAĬGORDIANOS (sic !)Buste lauré, cuirassé et drapé à dr.,vu de face.ICONIESIãDRIãCOL ; à l’exergue :S R

Louve debout à droite allaitant Ro-mulus et Remus se faisant face assissous elle. Derrière la louve, un arbre.

__________[4] Idem.

D₄|R₈

10. IMPCAESMAĬGORDIANOS (sic !)Même coin de droit que ci-dessus.COLãELHãDãVGICONIENS ; à l’exer-gue : S RMême type que ci-dessus.D₄|R₉

11. IMPCMANTONIGORDIANVS

Buste lauré, drapé et cuirassé à droitevu de dos.ICONIESIãDRIãCOL ; à l’exergue : S

R

Même type que ci-dessus.D₅|R₈

12. IMPCAESMAtGORDIANVSAVG (sic !)Buste lauré, cuirassé et drapé à dr.,vu de dos.36

[5]

COLAELHã/DRICONIEsI ; dans lechamp : S/RPalmier, à gauche, figure féminineassise à gauche sur un bouclier, àdroite un captif debout, les mainsliées dans le dos appuyé contre lepalmier. À l’exergue, une harpé.37

[6]

D₃|R₁₀

13. IMPCAESMAtGORDIANVSAVG (sic !)Même coin de droit que ci-dessus.38

[7]

COLãELH/ãDRICONIE ; à l’exergue : SR

__________[5] Coin d’avers utilisé à Antioche.[6] L’auteur du catalogue de Numismatica Ars

Classica, la première maison de vente àavoir vendu cette pièce unique, suggère quece revers rappelant la série Judea Captaémise 150 ans plus tôt, fait allusion à lalégion V dont les vétérans auraient siégés àIconium mais aussi participé à la guerrecontre les Perses qui débute en 242. Pourde plus amples détails, on se reportera auxcommentaires des ventes NAC : http://www/acsearch.info/record.html?id=469644et Triton XV : http://www.cngcoins.com/Coin.aspx?CoinID=200026

[7] Coin d’avers utilisé à Antioche.

192 BCEN vol. 50 no 3, 2013

Cybèle assise à droite entre deuxlions, la main droite levée. À l’exer-gue, une harpé.D₃|R₁₁

14. IMPCAESMAtGORDIANVSAVG (sic !)Même coin de droit que ci-dessus.39

[8]

COLã/ELHãDICONIHS ; à l’exergue :S R

Gordien à cheval galopant à droite,menaçant de sa lance un ennemisuppliant. À l’exergue, une harpé.40

[9]

D₃|R₁₂

15. IMPCãEMãNTGORDIãNVSãVG

Buste lauré, cuirassé et drapé à dr.,vu de dos.COLã/ELHãDICONIHS : à l’exergue :S R

Même type que ci-dessus.D₁|R₁₂

B. Moyens bronzes (27 mm)

16. IMPCAEMANTGORDIANVSAVG

Buste lauré, cuirassé et drapé à dr.,vu de dos.ICONI/ENSICOLO ; à l’exergue : S R

Tyché assise à gauche, une corne d’a-bondance dans la main gauche et ungouvernail dans la main droite. Sousla chaise, une roue.D₆|R₁₃

C. Petits bronzes (20 mm)

17. IMPCMA/GORDIANVS (sic !)Buste lauré, cuirassé et drapé à dr.,vu de dos.

__________[8] Coin d’avers utilisé à Antioche[9] Cette monnaie semble, tout comme celle

imitant le type Judea Capta, symboliser ledébut de la guerre contre les Perses en 242comme indiqué par Roma NumismaticsLimited : http://www.acsearch.info/record.html?id=563641

COLEL/ICONIE ; dans le champ : S/RHercule nu debout à droite, le brasdroit dans le dos appuyé sur la han-che et appuyé sur sa massue placéesur un rocher.D₇|R₁₄

18. IMPCAESMANTGORDIANVS

Buste lauré, cuirassé et drapé à dr.,vu de dos.COLEL/ICONIE ; dans le champ : S/RMême type que ci-dessus.D₈|R₁₄

Monnaies de Tranquilline

19a SãBINIã/TRãNCVLIN (sic !)Buste diadémé et drapé à dr., vu deface.COLãELHã/DRãVGICONIES ; dans lechamp : S R

Dikaiosyné debout à g., une corned’abondance dans la main gauche etune balance dans la main droite. Uneharpé dans le champ de droite.D₉|R₁₅

19bSãBINIã/TRãNCVLIN (sic !)Buste diadémé et drapé à dr., vu deface.COLãELHã/DRãVGICONIES ; dans lechamp : S R

Même coin de revers que ci-dessus.D₁₀|R₁₅

Monnaies d’Antioche de Pisidiefrappées à l’aide du coin d’avers

utilisé à Iconium

20. IMPCAESMAtGORDIANVSAVG

Buste lauré, cuirassé et drapé à dr.,vu de dos.CAESANTIOCHCOL ; à l’exergue : S R

Louve debout à droite, allaitant Ro-mulus et Remus se faisant face assissous elle.D₃|R?

BCEN vol. 50 no 3, 2013 193

21. IMPCAESMAtGORDIANVSAVG (sic !)Même coin de droit que ci-dessus.CAESANTIOCH COL ; à l’exergue: SRGordien chevauchant à droite, unelance pointée vers un lion tourné à g.D₃|R₁₆

Second coin d’Antioche utilisant lemême poinçon de portrait

22. IMPCAESMANTGORDIANVSAVG

Buste lauré, cuirassé et drapé à dr.,vu de dos.COLONIACAESARIAANTIOCHIA

Dans le champ : ANTIOC/SR/COLO-

NIA

D₁₁|R₁₇

23. IMPCAESMANTGORDIANVSAVG

Même coin de droit que ci-dessus.ANTIOCHIA COLONIA CAESARIA

Dans le champ : ANTIOCH/SR/CO-

LONIA

D₁₁|R₁₈

24. IMPCAESMANTGORDIANVSAVG

Même coin de droit que ci-dessus.CAESAN/TIOCHCOL ; dans le champ :S/RGordien debout à gauche, tenant uneenseigne militaire de la main gaucheet sacrifiant au moyen d’une patèretenue de la main droite, au-dessusd’un autel allumé.D₁₁|R₁₉

25. IMPCAESMANTGORDIANVSAVG

Même coin de droit que ci-dessus.ANTIOCHI/A ; à l’exergue : S RGordien en toge debout à g., tenantun scipio et couronné par une vic-toire, dans un quadrige à g. précédéde trois soldats.D₁₁|R₂₀

26. IMPCAESMANTGORDIANVSAVG

Même coin de droit que ci-dessus.

CAESANTIOCHCOL ; à l’exergue : S R

Louve debout à droite, allaitant Ro-mulus et Remus se faisant face assissous elle. Derrière la louve, un arbre.D₁₁|R₂₁

27. IMPCAESMANTGORDIANVSAVG

Même coin de droit que ci-dessus.CAESANTI/OCHCOL ; dans le champ :S/RGordien en habit militaire avançant àdr., une lance dans la main droite etun bouclier dans la main gauche.D₁₁|R₂₂

28. IMPCAESMANTGORDIANVSAVG

Même coin de droit que ci-dessus.CAESANTIO/CHCOL ; dans le champ :S/RMême type que ci-dessus.D₁₁|R₂₃

29. IMPCAESMANTGORDIANVSAVG

Même coin de droit que ci-dessus.CA/ESAN/TIOCHCOL ; à l’exergue : S RGordien chevauchant à droite, unelance pointée vers un lion tourné àg., percé d’une flèche.D₁₁|R₁₆

Monnaie de Tranquilline30. SABITRANQVILLINAEAV

Buste drapé à droite vu de face.COLONI[ANTIO]CH ; dans le champ :S R

Deux cornes d’abondance entourantun caducée.41

[10]

D₁₂|R₂₄

__________[10] Seule monnaie d’Antioche de Pisidie con-

nue émise au nom de Tranquilline, le coinde revers est également attesté pour Gor-dien III mais absent de l’ouvrage de Krzy-zanowska.

194 BCEN vol. 50 no 3, 2013

Fig. 1 – Auktion Gorny &Mosch 156, 5/iii/2007, n°

1792 : 22,91 g –, – 35 mm

Fig. 2 – Vente eBay Lanz370433256-795 : 25,2 g – !

– 34/35 mm

Fig. 3 – D’après von Au-lock 1976, Taf. 8, no 327 :

24,32 g – ! – 34,1 mm

Fig. 4 – Collection de l’au-teur : 18,01 g – . – 32,9 mm

Fig. 5 – D’après von Au-lock 1976, Taf. 8, no 330 :

22,14 g – ! – 32,3 mmFig. 6 – Collection de l’au-

teur : 24,22 g – . – 33,9 mm

BCEN vol. 50 no 3, 2013 195

Fig. 7 – D’après von Au-lock 1976, Taf. 9, no 333 :

27,52 g –%– 33,5 mm

Fig. 8 – Vente eBay Tri-pondius 320085581133 :

poids inconnu – ! – 34 mm

Fig. 9 – eBay live auctionVilmarcollectibles

110071125664 : 28,07 g – .– 34 mm

Fig. 10 – CollectionCharley Rhodes :

21,58 g – . – 37 mm

Fig. 11 – ArtCoins Roma 5,14/v/2012, no 681 : 28,82 g

– . – 34 mm

Fig. 12 – Triton xv, 3-4/i/2012, no 1416 : 17,72 g – .

– 33 mm

196 BCEN vol. 50 no 3, 2013

Fig. 13 – Schulten, 11-12/iv/1988, no 937 : 22,60 g –

%– 32 mm

Fig. 14 – Busso Peus Nachf.410, 30/x/2013, no 717 :

30,68 g– 32 mm

Fig. 15 – Roma NumismaticsLimited 3, 31/iii/ 2012, no521 : 29,18 g – . – 35 mm

Fig. 16 – CollectionCharley Rhodes : poids

inconnu – . – 26/27 mm

Fig. 17 – D’après von Au-lock 1976, Taf. 9, no 346 :

4,71 g – . – 22,5 mm

Fig. 18 – Auktion Schul-ten, 11-12/iv/1988, no 938 :

4,83 g –#– 20,4 mm

BCEN vol. 50 no 3, 2013 197

Fig. 20 – A. Krzyza-nowska, Monnaies

coloniales d’Antiochede Pisidie, Varsovie,1970 (Travaux du

Centre d’ArchéologieMéditerranéenne de

l’Académie Polonaise,7). Revers non illustré

– 33 mm

Fig. 19a – cng e-auction 227, 10/ii/2010, no 350 : 6,07

g –#– 22 mm

Fig. 19b – D’aprèsvon Aulock, 1976,Taf. 9, no 347 : 7,10

g – . – 23 mm

Fig. 21 – Collection del’auteur : 21,14 g –#–

34 mm

Fig. 22 – eBay ancient-auctionhouse.com

110382504094 : poidsinconnu – ! – 33 mm

Fig. 23 – A. Krzyza-nowska, op. cit. [Fig. 20]

– 34 mm

Fig. 24 – cng 257,8/i/2011, no 261 : 23,58 g –

0– 34 mm

198 BCEN vol. 50 no 3, 2013

Fig. 25 – eBayancientauctionhouse.com

110380831099 : poidsinconnu –#– 34 mm

Fig. 26 – Coll. de l’auteur :23,88 g – . – 34 mm

Fig. 27 – Coll. de l’auteur :24,47 g –0– 34 mm

Fig. 28 – eBay Ancient-auctionhouse.com

120421697964 : 23,6 g– . – 34 mm

Fig. 29 – Vente ma-shopsMünzen Sänn : 26,4 g

– 34 mm

Fig. 30 – Collection del’auteur : 4,04 g – .

– 22 mm

BCEN vol. 50 no 3, 2013 199

grands bronzes

D₁

IMPCã

EM

ãN

TG

ORDIã

NV

SãV

G

D₂

IMPCã

EM

ãN

TG

ORDIã

NV

SãV

G

D₃

IMPCA

ESM

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ORDIA

NV

SAV

G

D₄

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S

D₅

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NTO

NIG

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S

D₆

IMPCA

ESM

AN

TG

ORDIA

NV

SAV

G

D₇

IMPCM

A/G

ORDIA

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D₈

IMPCA

ESM

AN

TG

ORDIA

NV

S

D₉

BIN

Iã/T

NCV

LIN

D₁₀

BIN

Iã/T

NCV

LIN

D₁₁

IMPCA

ESM

AN

TG

ORDIA

NV

SAV

G

D₁₂

SA

BIN

IATRA

NQ

UIL

LIN

AEAV

R₁ COLãELHãDICONIENS 1R₂ COLãEL/ã/DRICONIEN 2 3R₃ COLãELICONIEN 4R₄ CO/Lã/ELIãDRIICONIESI 5R₅ COLEL/HãD/ICONIHS 6R₆ ICONIES/IãDRIãCOL 7R₇ COLãELHã/DãVGICON 8R₈ ICONIESIãDRIãCOL 9 11R₉ COLãELHãDRãVGICONIENS 10R₁₀ COLãELHã/DRICONIEsI 12R₁₁ COLãELH/ãDRICONIE 13R₁₂ COLã/ELHãDICONIHS 15 14

moyens bronzes

R₁₃ ICONI/ENSICOLO 16petits bronzes

R₁₄ COLEL/ICONIE 17 18tranquilline

R₁₅ COLãELHã/DRãVGICONIES 19a 19bantioche de pisidie

R? CAESANTIOCHCOL 20R₁₆ CAESAN/TIOCHCOL 21 29R₁₇ COLONIACAESARIAANTIOCHIA 22R₁₈ ANTIOCHIACOLONIACAESARIA 23R₁₉ CAESAN/TIOCHCOL 24R₂₀ ANTIOCHI/A 25R₂₁ C/AESANTIOCHCOL 26R₂₂ CAESANTI/OCHCOL 27R₂₃ CAESANTIO/C/HCOL 28R₂₄ COLONI/ANTIOCH 30

200 BCEN vol. 50 no 3, 2013

Nicolas Tasset – Un sceau de plomb da-tant de la période d’accession au pouvoirde l’empereur Philippe I (244 apr. J.-C.)

e sceau que nous publions danscet article date apparemment dela période d’accession au pouvoir

de Philippe Ier, soit de l’année 244 apr.J.-C. Si notre identification est correcte,il est d’une importance historique cer-taine car il met en avant le problème delégitimité dont souffrait Philippe à lamort de Gordien III, et son besoin dereconnaissance par le Sénat romain.

Description

Bustes radiés affrontés de Gordien III,tourné à droite, peut-être cuirassé42

[1], etde Philippe Ier, cuirassé, tourné à gau-che. Entre les portraits, verticalement,les lettres SPQR placées les unes au-des-sus des autres. Au revers, trace de pas-sage d’une lanière de cuir ou de corde.Sceau en plomb, de facture probable-ment orientale : 6,8 g – 21 mm.

Références

M.C.W. Still, Roman Lead Sealings, Uni-versity College London, Institute of Ar-chaeology, London, 1995, manque.Die antiken Tesseren im Kestner-MuseumHannover. Jetons, Spiel- und Verteilungs-marken im alten Rom, Kestner-Museum,Hannover, 1991 (Kestner-Museum Hanno-ver, Sammlungskataloge 10), manque.__________[1] Gordien III porte peut-être ici la lorica squa-

mata.

On observe que la marque SPQR (Sena-tus PopulusQue Romanus) est située dansle champ central afin de souligner untrait d’union entre les deux personna-ges. Cette formule officialise en quelquesorte la passation de pouvoir entre Gor-dien III, décédé au combat sans héritierdirect, et Philippe Ier, son préfet du pré-toire. Par cette marque de reconnais-sance, Philippe affirmait que la conti-nuité du pouvoir s’était établie de ma-nière parfaitement légitime et légale.Car de fait, ce sceau renferme un sym-bolisme qui a pu très tôt, peut-êtremême avant sa reconnaissance effectivepar le Sénat, être instrumentalisé par lesuccesseur du jeune Gordien dans le butd’asseoir de facto son autorité sur l’ar-mée et l’État. Par ailleurs, Philippe Ier yapparaît en cuirasse, vu de trois-quartsavant, dans une attitude de soldat ; il semontre donc aux côtés du déմեnt em-pereur qui reçut à Rome les honneursde l’apothéose, comme un véritable chefde guerre apte à reprendre les rênes dupouvoir et à protéger l’Empire de sesennemis.

Le contexte historique

Gordien III régna de 238 à 244. Jeuneempereur âgé de treize ans à peine lors-qu’il monta sur le trône43

[2], il doit son__________[2] X. Loriot, Les premières années de la

grande crise du iiième siècle. De l’avènementde Maximin le race (235) à la mort deGordien III (244), in H. Temporini (ed.),Aufstieg und Niedergang der römischen Welt.Geschichte und Kultur Roms im Spiegel derneueren Forschung. ii, 2: Principat, [Politi-sche Geschichte (Kaisergeschichte)], Berlin,1975, p. 657-787, p. 725, note 525 : « Sondies natalis nous est indiqué par les FastiPhilocali (cil, i, 1, p. 255-256 = I. Ital., xiii,2, p. 239) et les Fasti Polemii Silvi (cil, i, 1,p. 257 = I. Ital., xiii, 2, p. 264). Étant donnéqu’il avait environ treize ans lors de sonélévation à l’Empire (Hérodien, viii, 8, 8),l’année de sa naissance ne peut être que 225(s’il était âgé de treize ans révolus) ou 226(s’il était dans sa treizième année) ».

L

échelle 3:2

PC ASUS
Note
mettre "serait" à la place de "est"

BCEN vol. 50 no 3, 2013 201

accession à la renommée de sa famille44

[3].En effet, les Gordien de la Gens Antoniajouissaient déjà d’une forte influence àRome et dans les provinces, particuliè-rement en Afrique45

[4]. Les deux premiersGordien, maîtres de l’Afrique Procon-sulaire, մեrent élus empereurs à la suited’une révolte aristocratique contre lesmesures fiscales et des dons en natureimposés par le souverain en titre, Maxi-min Ier dit le race, militaire talen-tueux, sorti du rang et élu empereurtrois années auparavant par les soldats.Celui-ci avait été acclamé par la troupeaprès l’assassinat d’Alexandre Sévère etde sa mère Julia Mamaea au Vicus Bri-tannicus, près de Mayence. AlexandreSévère avait été accusé de laxisme dansla conduite de la guerre contre les Ala-mans et en avait subi le prix46

[5]. Maxi-min était en fait haï par une part impor-tante des sénateurs tant pour ses origi-nes étrangères et modestes que pour sesprises de décisions quant à la gestiondes ressources de l’Empire47

[6]. Les im-__________[3] Loriot, op. cit., p. 726 ; Vita Gord., xxii, 6 :

« Amabatur autem merito avi et avunculisive patris, qui ambo pro senatu et pro p. R.contra Maximinum arma sumpserunt etmilitari vel morte vel necessitate perierunt ».

[4] Concernant Gordien Ier : à en croire Héro-dien, vii, 5, 2, et Zonaras, xii, 17, il était âgéde presque 80 ans. Ce qui le ferait naîtrevers 159 sous le règne d’Antonin le Pieux.Concernant Gordien II : personnage dontnous n’avons que peu de renseignements. Ilest le fils et lieutenant de Gordien Ier. À no-ter que sa titulature est identique à celle deson père, exceptions faites des titres de Pon-tifex Maximus et de Pater Patriae qui échu-rent naturellement à Gordien Ier. D’aprèsl’Histoire Auguste, il était âgé de 46 ans en238 (Vita Gord., xv, 2) et serait donc névers 192, à la fin du principat de Commode.

[5] Ce qui était un des plus grands reprochesdes soldats : un empereur qui se situe loinde leurs problèmes et de leurs espoirs : Cf.Hérodien, vi, 7, 10 et 8, 4.

[6] Pour reprendre les propres mots de Lo-riot, op. cit., p. 687 : « Il oscilla sans cesseentre une rigueur extrême, vite dénoncée

pôts très lourds qu’il fit peser sur celui-ci lui garantissaient le paiement et l’en-tretien de son armée basée sur le limesdanubien48

[7].

Les deux premiers Gordien, après avoirété reconnus par le Sénat en oppositionà Maximin, connurent une fin tragiqueaprès leur défaite à Carthage contre laiiième légion Augusta commandée par legouverneur de Numidie Capelianus,resté fidèle à l’empereur-soldat49

[8]. Aprèsl’échec de cette première tentative de re-prise en main du pouvoir par les milieuxsénatoriaux, deux sénateurs, Pupien etBalbin, մեrent désignés pour maintenirl’ordre à Rome et se préparer à rencon-trer Maximin sur le champ de batailleen Italie du Nord50

[9]. Cette bataille n’eutjamais lieu. En effet, Maximin et son filsMaxime մեrent victimes d’un complotde l’armée et assassinés, un certain nom-bre de militaires reմեsant de mettre àsac les grandes cités d’Italie51

[10]. Pupienet Balbin, élus co-empereurs, մեrent ob-ligés sous la pression d’une partie de laclasse dirigeante et du peuple romain,d’octroyer au jeune Gordien, petit-filsde Gordien Ier et resté à Rome lors duconflit, le titre de César, c’est-à-dired’héritier légitime52

[11]. La popularité decette famille était de fait à son zénith__________

comme une « tyrannie » par ceux qui en մե-rent les victimes, et une tolérance mépri-sante qui trahit son impuissance à maîtriserl’opposition larvée, mais irréductible de sesadversaires ».

[7] Hérodien, vii, 3, 3 à 5.[8] Ibid., vii, 9, 4 et Ammien Marcelin, xxvi,

6, 20.[9] Hérodien, vii, 10, 3.[10] Ibid.[11] Selon Loriot, op. cit., p. 710, le peuple de

Rome se massa dans ce but devant la curiemais c’est sans compter sur le témoignaged’Hérodien, vii, 10, 5, selon lequel ces évé-nements se produisirent plus en avant duForum, sur le Capitole et sur ses cheminsd’accès.

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Note
Mettre l'initiale du prénom: "X."

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avec la mort héroïque de ses parents enAfrique et la volonté d’une faction im-portante de Romains de revenir à uneidée plus dynastique du pouvoir. Pu-pien et Balbin finirent également parêtre tous deux assassinés par des préto-riens dont les pouvoirs avaient été res-treints et qui avaient tout intérêt à pla-cer sur le trône un enfant plus mani-pulable afin de continuer à affirmer leuremprise sur Rome53

[12]. Il est égalementvrai que le conflit d’ordre politique op-posant les deux empereurs du Sénatn’avait pas arrangé les choses, chacunvoulant exercer sa prédominance surl’autre en finissant par alimenter les sus-picions de complot54

[13]. Gordien III de-vint ainsi le seul empereur en titre etbien vite, il fallut instituer, au vu de sonjeune âge, un conseil de régence. Celui-ci մեt constitué de sa mère et de séna-teurs55

[14]. L’année 241 vit entrer dansl’entourage immédiat de l’empereur unnouveau préfet du prétoire, Timésithée,homme d’expérience aussi bien militaire__________[12] Hérodien, viii, 8, 1-8 ; Vita Max. et Balb.,

xiv, 2 (reprend le témoignage d’Hérodien) :« Qua re occasio militibus data est intelli-gentibus facile discordes imperatores posseinterfici. » ; Aur. Victor, De Caes., xxvii, 6 :« tumultu militarium Clodio Caelioque Ro-mae intra palatium caesis, Gordianus solusregnum obtinuit » ; Eutrope, Bréviaire, ix, 2(qui précise uniquement qu’ils մեrent tuésdans le palais et qui tente de minimiser l’im-portance de Pupien et Balbin au profit duseul Gordien) ; Epit. de Caes., xxvi, 2 (quiprécise seulement qu’ils մեrent mis à mort).

[13] Hérodien, viii, 8, 1. Cette hypothèse con-cernant les dissensions entre les deux em-pereurs est reprise par les plus grandsauteurs (dont Loriot, op. cit., p. 719 etChristol, op. cit., p. 90). Toutefois, D. Ro-ques, Hérodien, p. 283, note 51 souligne lefait qu’Hérodien jusqu’à ce passage n’a ja-mais fait allusion à cette mésentente. Pourcet auteur, cette explication aurait pu êtreajoutée par Hérodien qui aurait à cette oc-casion davantage cherché à démontrer sesidées qu’à évoquer les faits.

[14] Christol, op. cit., p. 90.

que politique et qui accepta de prendrele jeune homme sous son aile à la con-dition qu’il se maria avec sa fille Tran-quillina56

[15]. Timésithée s’adjoint deuxlieutenants dans sa tâche : M. Iulius Phi-lippus57

[16] (le մեtur empereur Philippe Ier)et le frère de celui-ci, M. Iulius Pris-cus58

[17]. Cette arrivée dans le conseil im-périal restreint d’un stratège de talentcoïncide avec la période où l’Empire sevoit à nouveau menacé par les peuplesdu Nord et de l’Est. En effet, les Ger-mains au Nord et les Perses sassanidesen Orient tentent maintenant de repren-dre l’ascendant sur Rome en menant desactions aux frontières59

[18]. Timésithée,après s’être montré bon administrateurde l’Empire, se doit de défendre ses in-térêts aux confins des territoires sousdomination romaine. Au printemps 242,les Carpes entraînèrent avec eux les Sar-mates Roxolans et peut-être aussi unefaction de Goths dans l’Illyricum60

[19].Timésithée arriva à rétablir la situationdans cette région avant de mener uneexpédition contre les Perses sassanidesqui, sous l’égide de leur souverain Ar-dashir, avaient envahi la Mésopotamieet occupé les villes de Carrhes et Nisi-be61

[20]. L’essentiel des troupes romaines__________[15] Vita Gord., xxiii, 6 ; Eutrope, ix, 2, 2 ; Zo-

sime, i, 17, 2. (Seul Eutrope nous indiqueson nom pour les sources littéraires.). Cenom est attesté à la fois par l’épigraphie etpar la numismatique. Par ailleurs, on estimegénéralement que Tranquillina devait êtreâgée d’une trentaine d’années lors de cettecérémonie.

[16] Le մեtur empereur Philippe est probable-ment né vers 204 sous le règne de SeptimeSévère (Chron. Pasch., éd. Bonn, p. 243).

[17] Loriot, op. cit., p. 741.[18] Ibid., p. 742.[19] Ibid., p. 557.[20] D’après les deux compilateurs byzantins

Georges le Syncelle, éd. Bonn, p. 681 et Zo-naras, xii, 18. Cependant, les Perses sassa-nides ne semblent pas s’être emparés d’É-desse ni d’Hatra car une présence militaire

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fait alors marche vers l’Orient. Aprèsune première offensive qui donna desespoirs aux Romains survint la mort deTimésithée, emporté par la maladie sansdoute peu après la victoire de Rhesaena,vers mai-juin 24362

[21].

Philippe le remplaça à son poste aux cô-tés de Gordien III63

[22]. Après avoir fran-chi l’Euphrate à hauteur de Circesium,Gordien et son état-major atteignirentla cité-forteresse de Doura-Europos64

[23],dernier bastion romain avant d’entreren terre sassanide.

Utilisant cette ville comme base arrière,l’armée romaine s’avança en territoireennemi, longeant la vallée de l’Euphrate« et réoccupant quelques points fortifiésqui avaient jadis été bâtis sous SeptimeSévère mais qui par la suite avaient été__________

romaine y est attestée grâce à l’épigraphiejusque 240-241 date retenue encore aujour-d’hui pour la prise de la cité d’Hatra par lesPerses : une garnison romaine y était déjàstationnée au plus tard en 235 (cf. Ann.Epigr., 1958, 238) et elle semble encore êtreprésente au début du règne de Gordien III(cf. Ann. Epigr., 1958, 239 et 240).

[21] Zosime, i, 18. Il est en tout cas certain quele beau-père et mentor de Gordien III mou-rut durant l’année 243 (Cf. Vita Gord., xxix,1). Toutefois ni le lieu ni la date exacte de samort ne sauraient être précisés.

[22] L’hypothèse de Loriot, op. cit., p. 741, no-tes 633-635 nous semble correspondre leplus à la logique des faits exprimés par lestémoignages écrits qu’ils soient littéraires ouépigraphiques. Cf. Loriot, op. cit., p. 770,note 830. Cependant, bien des auteurs en-visagent encore les choses autrement : Cf.M. Sartre, D’Alexandre à Zénobie. Histoiredu Levant antique ive siècle av. J.-C. – iiiesiècle apr. J.-C., Paris, 2003², p. 965 : « […]l’armée romaine s’apprête à marcher surCtésiphon sous le commandement du nou-veau préfet du prétoire M. Iulius Philippus,dont le frère C. Iulius Priscus occupe luiaussi déjà les mêmes fonctions ».

[23] Cette arrivée à hauteur de Doura s’est vrai-semblablement faite entre l’automne et l’hi-ver 243. Cf. Loriot, op. cit., p. 770.

perdus65

[24] ». Elle effectua ainsi plus de200 kilomètres avant de rencontrer l’ar-mée perse à Mésichè, peut-être à lasuite d’un piège tendu par la cavaleriesassanide66

[25]. Une grande bataille s’en-suivit qui tourna finalement à l’avantagedes troupes de Shapur Ier, qui avaitentre-temps succédé à son père. Gor-dien III mourut (peu de temps après ?)des suites de ses blessures, vers la finfévrier – tout début mars 24467

[26]. Il étaitalors âgé d’à peine dix-huit ou dix-neufans68

[27] et avait régné durant six annéessur l’Empire romain. Devant le fait ac-compli, le préfet du prétoire Philippeմեt acclamé par les troupes. Les sourceslivrent plusieurs versions différentes descirconstances de la mort de Gordien IIIet de l’avènement de Philippe Ier69

[28]. Onpeut toutefois en dégager deux grandesveines historiographiques :

La première tendance est celle de la tra-dition occidentale qui veut que Philippeassassinât Gordien III pour lui succéderà la tête de l’Empire (que ce soit avantou après la campagne militaire). Lessources faisant partie de ce groupe sont :

__________[24] Christol, op. cit., p. 99.[25] Le lieu de la bataille a été identifié par Ma-

ricq, op. cit., p. 112-118 à l’endroit qu’Am-mien Marcellin, xxiv, 2, 9 (cf. Zosime, iii,a3, 3) nommait « Pirisabora », aujourd’huial-Anbâr, à une quarantaine de kilomètresà l’ouest de Bagdad.

[26] Le dernier rescrit de Gordien III est datédu 13 janvier 244 (Cod. Just., vi, 10, 1) et lepremier de Philippe est, quant à lui, datédu 14 mars (Cod. Just., iii, 42, 6). Par ail-leurs, les dernières inscriptions où est men-tionné le nom de Gordien III sont deuxgraffiti d’Égypte respectivement datés du 3 etdu 25 février 244 (Sammelbuch griechischerUrkunden aus Ägypten, nos 3493 et 8487).

[27] Il était né le 20 janvier 225 ou 226 apr. J.-C. :voir supra note 2.

[28] Cf. Loriot, op. cit., p. 770-772 en ce quiconcerne les diverses variantes de cet épi-sode.

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Aurelius Victor70

[29], l’Epitome de Caesa-ribus71

[30], la Vita Gordianorum72

[31], Am-mien Marcellin73

[32], Eutrope74

[33], Fes-tus75

[34], Zosime76

[35], Saint Jérôme77

[36],Orose78

[37], Georges le Syncelle79

[38], Zona-ras80

[39] et Jean d’Antioche81

[40].

La deuxième tendance figure dansl’œuvre de Zonaras. Plusieurs autresépitomateurs byzantins tels que Geor-ges Hamartole82

[41] ou Cedrenus83

[42] tien-dront les mêmes propos. Cette traditiontend à innocenter Philippe en faisantpérir Gordien III lors d’un combat oudes suites d’un combat livré contre lesPerses84

[43].

__________[29] Aur. Victor, Liber de Caesaribus, xxvii, 8 :

« Ibi gesto insigniter bello, Marci Philippipraefecti praetorio insidiis periit sexennioimperii ».

[30] Epit. de Caes., xxvii, 2 : « Apud Ctesiphon-tem a Philippo praefecto praetorio, accensisin seditionem militibus, occiditur anno vitaeundevicesimo ».

[31] Vita Gord., xxix-xxx.[32] Ammien Marcellin, Res Gestae, xxiii, 5,

17 : le témoignage de cet auteur fait partied’un discours fictif attribué à l’empereurJulien II qu’il aurait prononcé au printemps363 lors de son expédition contre les Per-ses. Ammien Marcellin et Eutrope faisaienten outre partie du voyage.

[33] Eutrope, Bréviaire, ix, 2 : « fraude Philippi »après la campagne militaire.

[34] Festus, Bréviaire, xxi, qui reprend les pro-pos d’Eutrope.

[35] Zosime, Histoire Nouvelle, i, 18-19.[36] Saint Jérôme, Chronique, éd. Schöne, p. 181.[37] Orose, Histoires, vii, 19, 5.[38] Georges le Syncelle, Chronique, éd. Bonn,

p. 681.[39] Zonaras, Epitomé historion, xii, 18.[40] Jean d’Antioche, éd. Müller, fragment no 147.[41] Cf. G. Hamartole, Chronicon breve, Leip-

zig, éd. Teubner, 1871, p. 461.[42] Cf. G. Cedrenus, Chronique, in Compen-

dium Historiarum, éd. I. Bekker, vol. i,Bonn, 1838, p. 451.

[43] S. Mazzarino, La tradizione sulle guerretra Shapuhr I e l’Impero romano, Act. Ant.

Selon Zonaras, xii, 1785

[44], Gordien III seserait fracturé la cuisse en tombant decheval et aurait succombé à ses blessu-res peu de temps après avoir regagné leterritoire romain. Cette version des faitsest celle qui coïncide le mieux avec lesRes Gestae Divi Saporis figurant sur lebas-relief de Naqsh-i Rustam86

[45] : « Etaux confins de l’Asôrestân, à Mésichè, ily eut une grande bataille rangée. Et leCésar Gordien périt, et nous anéantîmesl’armée romaine. Et les Romains procla-mèrent Philippe César. Et le César Phi-lippe vint à composition et, pour rançonde leur vie, il nous donna 500.000 deniers(= dinars, monnaie d’or équivalent àl’aureus romain) et il devint notre tribu-taire. Et nous, pour cette raison, nousavons rebaptisé Mésichè Péroz-Sapor87

[46]. »

Il est évident que ce dernier témoignage,qui fait périr le jeune Gordien des coupsportés par l’armée perse, disculpe tota-lement Philippe de cet assassinat. Ce-pendant, il existe une dernière version :celle du xiiième livre des Oracula Sibyl-lina, éd. Geffcken, vers 19-2088

[47] : « en__________

Acad. Sc. Hung., xix, 1971, p. 72-73 et 79,fait remonter cette tradition à l’anonymuspost Dionem. Christol, op. cit., p. 99 con-firme ses propos. Loriot, op. cit., p. 772,note 839 suggère quant à lui que « la tradi-tion suivie par Zonaras remonterait, en der-nière analyse, à un historien du iiième sièclequ’il identifie à Nicostrate de Trapézonte(cf. F. Jacoby, F.G.H., iia, no 98) ou Eusèbe(idem, no 101) ».

[44] Cette version est très différente de celle qu’ilexprime en xii, 18. Zonaras ne s’est en faitpas aperçu qu’il s’agissait des mêmes évé-nements (le passage xii, 17 relate selon luila fin de Gordien II). Il existe une variantede ce récit dans le Chronicon Paschale, éd.Bonn, p.503 (où l’empereur est identifié àtort à l’un des deux Philippe).

[45] Cf. A. Maricq, « Res Gestae Divi Saporis »,i, Le texte grec, in Syria, xxxv (1958), p.307.

[46] Pour l’identification du lieu de la bataille,voir supra note 24.

[47] A. Maricq avec la coll. de E. Honigmann,Recherches sur les « Res Gestae Divi Sapo-

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effet, victime d’un compagnon d’armes,il [Gordien III] périt au combat89

[48] d’unfer étincelant ».

Cette ultime version tente en fait de con-cilier les deux traditions : si Gordien IIImeurt effectivement sur le champ debataille, c’est du fait de la trahison dePhilippe90

[49]. Néanmoins, grâce aux bril-lants travaux de A. Maricq91

[50] et M.Sprengling92

[51], il est désormais établique l’armée de Gordien III s’avança jus-qu’aux portes de Ctésiphon et qu’elleengagea un combat contre les forcessassanides qui dut être d’une extrêmeviolence. Ce մեt la première fois danstoute l’histoire de l’Empire qu’un au-__________

ris », Bruxelles, 1953 (Mémoires de l’Acadé-mie Royale de Belgique, Cl. Lettres, 47, 4),p. 119, note 1 : voir également le commen-taire de D.S. Potter, Prophecy and Historyin the Crisis of the Roman Empire. A Histo-rical Commentary on the irteenth SibyllineOracle, Oxford, 1990.

[48] Cf. Maricq, op. cit., p. 118-119 « en tad-zei » signifie « dans le rang ; au combat ».Ce terme est d’ailleurs repris pour qualifierles circonstances de la mort de Trajan Dècecontre les Goths (cf. Oracula Sibyllina, vers100-101).

[49] À noter que P. Petit dans son Histoire gé-nérale de l’Empire romain, tome 2 : La crisede l’Empire. Des derniers Antonins à Dioclé-tien, Paris, 1974, p. 170 évoquait lui-mêmecette théorie. Comme le suggère Loriot,op. cit., p. 773 : la « fraus Philippi » de latradition occidentale aurait pu naître et sedévelopper au départ d’une grave erreurtactique du nouveau préfet du prétoire oude l’état-major car ajoute-t-il : « il est natu-rel que l’orgueil national romain ait cher-ché à rejeter la responsabilité de la défaitesur celui qui en մեt le principal bénéficiaire. »Selon S. Mazzarino, op. cit., p. 76-78, l’ar-mée romaine aurait pu tomber dans un piè-ge tendu par la « redoutable cavalerie sassa-nide ». Christol, op. cit., p. 99 se range àcet avis en décidant de ne pas tenir comptedes propos de l’Oracula Sibyllina.

[50] Maricq, op. cit.[51] M. Sprengling, ird Century Iran: Sapor

and Kartir, Chicago, 1953, p. 81.

guste perdait la vie au combat en terreétrangère, face à un peuple qualifié debarbare par les Romains. Certains au-teurs ont pourtant maintenu le fait quePhilippe n’était pas totalement étrangerà cette mort. Ceux-ci prennent encompte le fait que nulle part dans l’ins-cription des Res Gestae Divi Saporis, iln’est question pour Shapur de revendi-quer personnellement la mort de Gor-dien III93

[52] alors qu’il y prétend avoircapturé lui-même « de ses propresmains » l’empereur Valérien I94

[53]. Toute-fois, le fait que les bas-reliefs de Bîchâ-pour et de Naqsh-i Rustam représen-tent Gordien III étendu, la main recou-vrant sa tête, aux pieds du cheval dusouverain sassanide prouverait au con-traire qu’il revendiqua les causes decette mort95

[54].

Fig. 1 – Bas-relief de Naqsh-i Rustam repré-sentant le roi Shapur Ier à cheval, Gordien III

étalé sur le sol aux pieds de son cheval.Shapur Ier reçoit les suppliques de Philippe Ier,représenté dans une attitude de soumission

devant lui (ce registre évoque la victoire persede Mésichè). Le souverain sassanide tient de samain l’empereur Valérien Ier, capturé en 260.

__________[52] S.I. Oost, e death of the emperor Gordian

III, in Class. Phil., liii (1958), p. 106-107ainsi que B.H. Stolte, e death of the em-peror Gordian III and the Reliability of theRes Gestae Divi Saporis, Acta of the vth Int.Congr. of Greek and Latin Epigraphy, Cam-bridge, 1967 (1971), p. 385-386.

[53] Maricq, op. cit., p. 313.[54] Cf. B. C. Macdermot, Roman Emperors

in the Sassanian Reliefs, jrs xxxxiv (1954),p. 76-80.

206 BCEN vol. 50 no 3, 2013

La date précise de cette bataille nous estencore inconnue. Cependant, on pour-rait avancer comme fourchette chrono-logique la période comprise entre finfévrier et tout début mars 244 en liaisonavec la mort de Gordien III96

[55].

Épilogue : l’avènement de Philippe I parles troupes et sa reconnaissance à Rome

X. Loriot a pu établir le dies imperii dunouvel empereur Philippe Ier entre le 13janvier et le 14 mars 24497

[56]. C’étaitmaintenant pour Philippe une nécessitéde traiter avec les Perses ; il était en effetimpératif de rapatrier l’essentiel destroupes afin d’assurer la protection de laSyrie au retour98

[57]. Par ailleurs, l’arméesassanide a elle aussi beaucoup souffertlors de cette bataille. Ces conditions onten fait permis la négociation.

Les Romains purent conserver les terresreprises par Timésithée en 243 (provin-ces d’Osrhoène et de Mésopotamie)99

[58].Ils durent néanmoins abandonner leurprotectorat sur l’Arménie en faveur desPerses100

[59] et payer une rançon de500.000 aurei101

[60]. Shapur assura la pro-

__________[55] Voir supra, note 26.[56] X. Loriot, Observations sur la chronologie

du règne de Philippe, bsfn, xxvii (1972),pp. 245 et 250 et Chronologie du règne dePhilippe l’Arabe (244-249 apr. J.-C.), anrw,ii, 2, 1975, p. 789 et 796.

[57] Christol, op. cit., p. 100.[58] Le monnayage des cités d’Édesse, Nisibe et

Rhesaena se poursuit sous les règnes dePhilippe Ier et de Trajan Dèce (soit pour lapériode 244-251 ap. J.-C.) = bmc Arab. etMesop., pp. 117-118, 122-124 et 127-133.

[59] Évagre le Pontique, éd. Bidez-Parmentier,in eodor and Evagrus. History of theChurch Bohn’s Ecclesiastical Library, Lon-don, 1894, p. 203. Ce qui signifiait la chutedu roi arsacide Chosoès au profit de Shapur.

[60] Maricq, op. cit., p. 307 (exprimé en deniers(d’or) dans le texte = dinars d’or sassanide,équivalent des aurei romains). 500.000 aureiéquivalent dans le système monétaire revu

pagande de cette victoire en faisant gra-ver dans le rocher que Philippe (doncRome) était devenu son tributaire102

[61].L’empereur put dès lors reconduire sestroupes jusqu’à Antioche dans des con-ditions qui մեrent pénibles103

[62]. On élevaun cénotaphe en territoire romain àZaitha non loin de Circesium (auj. Bu-seire en Syrie)104

[63] à la mémoire du jeuneempereur décédé. Ses cendres ont pusoit y être déposées soit ont été trans-férées à Rome105

[64].

__________

sous Caracalla à 25.000.000 deniers d’argent.Voir également D.S. Potter, op. cit., p. 221-225 ainsi que M.H. Dodgeon & S.N.C. Lieu,e Roman Eastern Frontier und the PersianWars ad 226-363. A documentary history,London y New-York, 1991, pp. 45-46 et358.

[61] Ibidem.[62] Cf. Porphyre de Tyre, Vie de Plotin, 3, cité

par S. Mazzarino, op. cit., p. 74, note 78.[63] Circesium se trouvait au confluent du Cha-

boras et de l’Euphrate (cf. Ammien Marcel-lin, Res Gestae, xxiii, 5, 7-8 situe ce tom-beau à Circesium ; Eutrope, ix, 2, 3 à vingtmilles de Circesium, idem pour Festus,xxii (cf. Zosime, iii, 14, 2), la Vita Gord.,xxxiv, 2 « apud Circesium » et l’Epitome deCaesaribus, xxvii, 3 : « Corpus eius, propefines Romani Persique imperii positum, no-men loco dedit Sepulcrum Gordiani. »). Lesbases de ce monument n’ont toujours pas étémises au jour. Cf. M.J. Johnson, e sepul-crum Gordiani at Zaitha and its significance,in Latomus, liv (1), 1995, p. 143, note 10.

[64] Cf. Eutrope, ix, 2, 3 : « exsequias Romam re-vexit ». Selon Johnson, op. cit., p. 141-144,le monument construit à Zaitha qui a été dé-crit par Ammien Marcellin, xxiii, 5 auraitpu abriter les restes de Gordien III. L’auteurprend à témoin le témoignage d’Ammienqui déclara que Julien II y effectua un sacri-fice en l’honneur du Divin Gordien « ubisepultus est » (Ammien Marcellin, xxiii, 5,8 et xxiii, 5, 17). Cette thèse est acceptéepar J. Matthews, e Roman Empire ofAmmianus, London, 1989, p. 130-132. Ànoter que M.J. Johnson reprend égalementdans son travail la thèse du complot dePhilippe.

BCEN vol. 50 no 3, 2013 207

Dès qu’il մեt arrivé à Antioche, Philippeordonna immédiatement la frappe d’an-toniniens au revers PAX FVNDATACVM PERSIS (fig. 2)106

[65] et où il portaità l’avers le titre de Pontifex Maximusplus probablement que de Persicus Ma-ximus107

[66]. Toutefois, il est à noter que lenouvel empereur porte effectivementles titres de Parthicus et de Persicus Ma-ximus sur un nombre limité d’inscrip-tions108

[67]. Ces titres de victoire n’appa-raissent pas dans la titulature de Phi-lippe Ier sur les papyri.

__________[65] Le signe de cette rapidité d’exécution trans-

paraît dans le fait que les coins qui ont serviaux premières frappes n’avaient pas encoreeu le temps d’être fabriqués et donc repro-duisaient le portrait du jeune Gordien, par-fois cependant avec un rajout de barbe etles traits retouchés. Il fallut en effet un petittemps d’adaptation avant d’obtenir un por-trait ressemblant du nouvel empereur Phi-lippe Ier.

[66] ric iv, 3, nos 69 et 72 : le P.M. en fin de lé-gende doit certainement être lu dans le senstraditionnel et non comme marqueur del’épithète Persicus Maximus. En cela nousnous rallions à l’idée de Loriot, op. cit.,p. 775, note 861 selon laquelle ces épithètesn’ont certainement jamais eu de valeur offi-cielle. C’est également l’idée défendue parD. Kienast, Römische Kaisertabelle. Grund-züge einer römischen Kaiserchronologie,Darmstadt, 1996², p. 197 : ces titres ne sontpas officiels. K. Pink, Antioch or Vimina-cium? A contribution to the History of Gor-dian III and Philip I, nc5 xv (1935), p. 101,note 24, y voyait en fait le titre de ParthicusMaximus, tandis que Mattingly et Syden-ham dans leur introduction au monnayagede Philippe Ier, ric iv, part 3, 1936, p. 64suggéraient l’abréviation du titre PersicusMaximus. Les lettres P.M. apparaissent éga-lement sur la première émission des bron-zes à Viminacium pour Philippe Ier. Il auracertainement revêtu le grand pontificat dèsson avènement et c’est sans doute en cettequalité qu’il aura présidé la cérémonie dedeuil accordée à Gordien III à Zaitha.

[67] Parthicus Maximus : cil, iii, 4634 ; 10634 =ils, 597 ; 143546 ; Persicus Maximus : cil,vi, 1097= ils, 506 ; Ann. Epigr., 1935, 27.

Quoi qu’il en soit, il était primordial dediffuser le plus rapidement possiblel’idée que le calme était revenu sur cettefrontière car sur le limes danubien, lasituation restait tendue...

Pour reprendre les mots de M. Christol,« il ne fallait pas laisser croire que deuxdangers existaient en même temps, lasituation générale imposant de revenirsur le Danube et de se consacrer danscette région au rétablissement de la sé-curité109

[68] ».

Après avoir confié à son frère Priscus ladéfense des provinces d’Orient110

[69], Phi-lippe Ier revint à Rome où il associa sonfils Philippe II (Caius Iulius Philippus)au pouvoir en tant que césar, renouantainsi avec les principes dynastiques111

[70].

__________[68] Christol, op. cit., p. 100. Les Alamans

avaient profité du retrait d’une partie destroupes pour franchir le Rhin et envahirl’Alsace (cf. J.J. Hatt, Histoire de la Gauleromaine, Paris, 1966²) et l’année suivante,les Quades combattirent les troupes romai-nes stationnées en Pannonie (cf. J. Fitz, LesSyriens à Intercisa, Latomus, cxxii (1972),p. 114-116. Le peuple que Philippe Ier allaitdevoir combattre en 246-247 était les Car-pes qui attaquèrent la Dacie et menacèrentla Mésie Inférieure. Les trésors monétairesenfouis dans cette région durant cette pé-riode en témoignent pour la plupart : cf.X. Loriot, Trésors de monnaies de Gor-dien III découverts sur le territoire de l’an-cienne Dacie, bsfn xxxi (1976), p. 110-115.

[69] igr, iii, 1201 et 1202 (en tant que préfet deMésopotamie) ; cil, iii, 14149 (en tant querector Orientis).

[70] Contrairement aux témoignages d’Eutrope,ix, 3 et d’Aurélius Victor, xxviii, 1, Phi-lippe II n’a pas été désigné césar dès le re-tour de l’armée en Syrie. X. Loriot, Chro-nologie du règne de Philippe, p. 791 l’a biendémontré. Le premier texte officiel mention-nant son nom n’est pas antérieur au 15 août244 (Cod. Just., iv, 29, 10) et une inscrip-tion d’Albanum (cil, xiv, 2258 = ils, 505)gravée le 23 juillet ne faisait encore réfé-rence qu’à Philippe Ier et à son épouse Ota-cilia Severa.

208 BCEN vol. 50 no 3, 2013

Gordien III reçut quant à lui les hon-neurs dus à son rang, sous la forme del’apothéose112

[71].

Pour en revenir à l’objet même de notreétude, il convient de rappeler qu’il n’esta priori guère aisé de caractériser demanière certaine le style de la gravured’un sceau romain, de surcroît antérieurà la Tétrarchie.

Toutefois, on peut constater qu’ici lesportraits de Gordien III et Philippe Ierprésentent certaines similitudes de styleavec les émissions monétaires d’Antio-che datant de l’époque de ces événe-ments (cf. fig. 2 et 3). Dans cette hypo-thèse, la réalisation d’un tel sceau seraitlogique. Elle se situerait après la défaitede Mésichè et le retour de Philippe enSyrie. Cette production s’expliquerait àla fois par le besoin de légitimation dunouvel empereur et par sa volonté d’éta-blir une continuité successorale à l’Em-pire. Philippe avait en priorité besoin àla fois d’imprimer rapidement sa mar-que dans le monnayage mais égalementd’apparaître comme l’héritier légitimede Gordien III dont le portrait avait ététrès largement diffusé dans les provin-ces, aussi bien grâce aux monnaiesissues du pouvoir central qu’au traversdes émissions coloniales et municipales.__________[71] Eutrope, ix, 2, 3 ; Ammien Marcellin, xxiii,

5, 8 ; Vita Gord., xxxi, 3. Ann. Epigr., 1964,231. Le fait que Gordien III ait reçu l’apo-théose par après, lors du retour du nouvelempereur à Rome, ne pose aucun problè-me : Cf. J. Scheid, Remarques sur le cultedes Divi et sur la Consecratio, dans B. Bois-savit-Camus, Fr. Chausson & H. Ingle-bert (dir.), La mort du souverain entre An-tiquité et haut Moyen Âge, Paris, 2006,p. 87-88. Cependant, aucune monnaie deconsécration ne մեt frappée tant à Rome quedans les provinces. L’émission de consécra-tion de Trajan Dèce ne reprend cependantpas Gordien III dans la liste des Divi, sansdoute du fait de son jeune âge mais aussi etsurtout en raison de sa défaite contre lesPerses sassanides.

Par ailleurs, nous pensons que ce sceaudevrait vraisemblablement dater d’avantla désignation de Philippe II en tant quecésar, soit d’avant août-septembre 244,si l’on se fie aux sources actuellementdisponibles113

[72]. En effet, on peut consi-dérer que cet événement établit l’assisedynastique de Philippe Ier, et ce, aprèsla validation de son principat par le Sé-nat, même si l’on sait que ce dernier մեten définitive très tôt contraint d’accep-ter cet état de fait.

Fig. 2

Gordien III, atelier d’Antioche, 242-244IMPGORDIANVSPIVSFELAVG

Buste radié, cuirassé (lorica squamata) àdr., vu de trois-quarts arrière.ORIE/N/SAVG

Sol radié debout de face, la tête à g., le-vant la main dr. et tenant un globe de la g.Antoninien : 4,86 g (coll. privée).Références : ric iv, no 213 ; C. 167.

Fig. 3

Philippe I, atelier d’Antioche, 244IMPCMIVLPHILIPPVSPFAVGPM

Buste radié, cuirassé et drapé à droite, vude trois-quarts arrière.PAX FVNDATACVMPERSIS

Pax debout à gauche, tenant un rameau dela main dr. et un sceptre oblique de la g.Antoninien : 4,06 g – ! (coll. privée).Références : ric iv, no 69 ; C. 113.

__________[72] Voir supra, note 70.

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Note
supprimer "à la fois"
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Note
remplacer par "Toutefois, on constate que les portraits de Gordien III et Philippe Ier peuvent présenter certaines similitudes de style avec les émissions monétaires d’Antioche (cf. fig. 2 et 3).

BCEN vol. 50 no 3, 2013 209

Fig. 1

David Berthod – Un nummus inédit deConstance II césar pour l’atelier d’Arles

a fin de l’empire romain estune mine inépuisable d’inéditsmalgré les innombrables trésors

étudiés. Nombreuses sont les variétés delégende et de buste ou les frappes nonrépertoriées pour une officine. Beaucoupplus rares sont les types totalement nou-veaux pour un atelier, tel celui que nousprésentons ici114

[1] (fig. 1 ; échelle 2 : 1).

Description

Anépigraphe.Buste lauré, cuirassé et drapé à gauche,vu de trois-quarts avant.ᛎ | CONSTAN | TIVS | CAESAR |QAR$

Nummus : 1,90 g – . – 18 mm.ric115

[2] – ; Depeyrot116

[3] – ; Ferrando117

[4] –.__________[1] Cette monnaie est issue de la collection M.

Moulin, que je remercie. Elle a fait l’objetd’une note préliminaire : www.academia.edu/4936814/Nouveau_type_monetaire_pour_Constance_II_en_Arles.Je remercie J.-M. Doyen, V. Geneviève etA.-M. Schmitt-Cadet pour leurs relectureset leurs précieux conseils.

[2] P.M. Bruun, e Roman Imperial Coinage.Volume vii. Constantine and Licinius ad313-337, London, 1966.

Commentaires

Le type existe pour les ateliers de Trèves(–/–/PTR et –/–/STR)118

[5], Siscia (ᛎ|"SIS) [6], essalonique (–/–/SMTSA)[7], Cyzique (SMK") [8] et Antioche (ᛎ |SMANTA, ᛎ | SMANTΔ ou ᛎ |SMANS et ᛎ | SMANTA |, Δ, S et H)119

[9]. G. Depeyrot120

[10] date cette série, pourTrèves du moins, de la fin 324 à la mi-325 ; il l’indique comme étant très rareet émise à l’occasion d’une fête. Le pen-dant arlésien de cette série était précé-demment inconnu.Quelques éléments méritent d’être rele-vés. Nous noterons ainsi la présenced’un globule nettement visible au cen-tre du revers, entre le I et le V de CON-STANTIVS. Il s’agit de toute évidence__________

[3] G. Depeyrot, Les émissions monétairesd’Arles (quatrième-cinquième siècles), Wet-teren, 1996 (Collection Moneta, 6).

[4] Ph. Ferrando, L’atelier monétaire d’Arlesde Constantin le Grand à Romulus Augustule313-476, s.l., 2010.

[5] ric 490.[6] ric 192.[7] ric 144.[8] ric 33.[9] ric 55 et 60.[10] G. Depeyrot, Le numéraire gaulois du ive

siècle. Aspects quantitatifs. i. Les frappes –ii. Les trouvailles, Wetteren, 20012 (Collec-tion Moneta, 24-25).

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Note
faire pivoter cette face de 5° dans le sens des aiguilles d'une montre.

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de la marque du compas ayant servi àtracer le cercle préparatoire au poin-çonnage du grènetis. À peu près tous lesexemplaires de cette époque, portant aurevers une inscription, montrent cetélément qui est souvent omis dans lesdescriptions puisqu’il s’agit d’un simplestigmate technique. Dès lors, cet élé-ment ne figure pas dans la descriptionproposée ci-dessus.Quelques « anomalies » doivent êtrementionnées. D’une parte, le buste mon-tre un travail peu soigné alors que lesmonnaies arlésiennes de Constance IIont des reliefs nets et un dessin abouti.D’autre part, la marque d’exergueQAR$ est anormale. En Arles, effecti-vement, le croissant n’est pas connu entant que dernier élément d’une marque :il est toujours suivi d’une lettre commenous l’a rappelé A.-M. Schmit-Cadet.Elle peut pourtant être rapprochée de lamarque définissant l’émission arlésiennede 325/326, à savoir QA$RL, connueavec les légendes PROVIDENTIAECAESS et VIRTVS CAESS, chaquefois associées à la porte de camp121

[11].Cette monnaie nouvelle, pour autantqu’elle soit bien officielle, semble avoirété frappée en 325. L’élévation au césaratde Constance II ayant eu lieu en novem-bre 324 (le jeune césar a alors 6 ans), onpourrait penser qu’elle la commémore.

Cédric Wolkow – Deux variantes iné-dites de l’atelier de Constantinople pourMaurice Tibère (582-602)

ous avons récemment prisconnaissance de deux mon-naies émises à Constantinople

sous Maurice Tibère (582-602) qui noussemblent inédites, n’étant répertoriées

__________[11] Ferrando 1044 et 1053-1054.

ni par W. Hahn & M. Metlich122

[1], ni parA.R. Bellinger123

[2].La première est un pentanummion124

[3],la plus petite dénomination frappée àConstantinople sous Maurice Tibère :

Fig. 1 (éch. 2 : 1)125

[4]

a ðNm[AV] – [TI]PPAVcBuste diadémé, drapé et cuirassé deMaurice Tibère à droite, vu de troisquarts en avant.

r Dans un cercle de grènetis, large ñ ;à droite lettre d’officine å.

Ae : 1,74 g –0 – 17 mm.Pour cette pièce, que nous pouvons clas-ser aisément sous la référence mib 74,lég. c126

[5], nous observons que la légendede revers n’est répertoriée que pour lesofficines A, et à.Alors que toutes les officines frappentdes decanummia127

[6] jusqu’en 586128

[7], la__________[1] W. Hahn & M. Metlich, Money in the Inci-

pient Byzantine Empire Ctd (Justin II – Re-volt of the Heraclius, 565-610), Wien, 2009.

[2] A.R. Bellinger, Catalogue of the ByzantineCoins in the Dumbarton Oaks Collectionand in the Whittemore Collection. Volumeone. Anastasius I to Maurice 491-602, Wa-shington, 1966.

[3] Dans les sources contemporaines, le πεν-τανούμμιον : pièce de 5 nummi taillée au1/192ème de livre.

[4] Collection de l’auteur.[5] Hahn & Metlich, op. cit. [n. 1], p. 152.[6] 10 nummi, 1/96ème de livre.[7] Des decanummia sont répertoriés pour les

officines A, , à, å et ñ jusqu’en 585/586d’après les travaux de Hahn & Metlich.

N

BCEN vol. 50 no 3, 2013 211

frappe des pentanummia est censée avoirdiminué progressivement jusqu’à cettemême année129

[8]. Notons que cette mon-naie, en 583/584, est tout de même ré-pertoriée pour les officines A, , à et ñ,et qu’il manquait donc cette quatrièmeofficine dans les ouvrages consultés. Àce sujet, nous pensons que certaines er-reurs d’attribution ont pu être commi-ses dans le passé du fait des similitudesentre les lettres A et å sur ces monnaiesde faible diamètre.Jusqu’à la publication d’éventuelles nou-velles variantes, il apparaît, grâce à cenouvel exemplaire, que toutes les offi-cines frappaient cette fraction jusqu’en583/584, que l’émission a été interrom-pue en 585, et que seules les deux pre-mières officines ont repris la frappe en585/586.La deuxième variante inédite concernela fraction immédiatement supérieurevalant 10 nummi, le decanummion :

a ðNTIbE – RmAPPABuste de Maurice Tibère couronnéet diadémé, cuirassé et drapé, vu deface.

r Large I surmonté d’une croix (ม) ;à dr. une étoile à six rais (ᛏ), à g. lalettre d’officine B ; à l’exergue CON.

Ae : 2,45 g – ! – 20 mm.Comme nous le précisons ci-dessus, lesdecanummia ont été frappés par les cinqofficines que compte l’atelier de Cons-tantinople jusqu’en 585/586. Cependantils ne sont répertoriés que pour troislégendes de droit différentes130

[9] :

▪ Légende A : ðNTIBñ RPPAVC▪ Légende C : DNmAVR ICIPPAVI

▪ Légende D : DNmAV TIBñPPA(VC)__________[8] Seules les officines A et frappaient cette

fraction en 586.[9] Hahn & Metlich, op. cit. [note 1], p. 151.

Fig. 2 (éch. 2,5 : 1)131

[10]

Le nouvel exemplaire fait donc appa-raître la légende B132

[11] qui manquaitpour ce type. Il sera donc possible d’at-tribuer la référence mib 73b à cettevariante dans un éventuel addendum àcet ouvrage.

NÉCROLOGIE

Luc Smolderen (1924-2013)

Le dernier titulaire de notre Prix Quin-quennal de Numismatique, M. Luc Smol-deren, nous a quittés le 3 juillet 2013, à__________[10] Collection de l’auteur.[11] Légende B : ðNTIbñ RmAV(RI)PPAVI.

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l’âge de quatre-vingt neuf ans. On trou-vera dans les pages de notre bulletin, àl’occasion de la remise de ce prix, unebrève biographie due à notre collègueSimone Scheers133

[1].

Anversois d’origine, M. L. Smolderen fitdes études d’Histoire moderne à l’Uni-versité catholique de Louvain (1947) ;trois ans plus tard, en 1950, il obtient letitre de docteur en droit. Il débute im-médiatement une carrière d’avocat puisde diplomate. Le premier poste qu’il oc-cupa, de 1972 à 1976, մեt celui d’ambas-sadeur de Belgique en Syrie. C’est àcette occasion qu’il nous մեt donné de lerencontrer pour la première fois lorsd’une visite qu’il effectua en 1976 sur lechantier de la Mission archéologiquebelge en Mésopotamie, au Tell AbouDanné. Conscient de la précarité ali-mentaire des archéologues, M. Smolde-ren s’était muni d’un somptueux pa-nier-repas de victuailles parfaitementintrouvables dans le pays. Tout autantque l’aspect officiel de sa visite, c’estl’aspect festif de cette première rencon-tre qui restera dans la mémoire de notreéquipe.

On le retrouve ensuite à Vienne puis auMaroc. Après avoir exercé brièvementle secrétariat général adjoint au minis-tère des Affaires étrangères, M. LucSmolderen achève sa carrière par le pos-te diplomatique le plus important duroyaume, celui d’ambassadeur de Belgi-que à Paris (de 1986 à 1989).

Venu très tôt à la numismatique – il estmembre correspondant de la Sociétéroyale de Numismatique de Belgiquedès 1956, puis membre titulaire, secré-taire, vice-président et finalement prési-dent (de 1990 à 1996) – c’est seulement

__________[1] S. Scheers, Hommage à M. Luc Smolderen,

lauréat du 9ème Prix Quinquennal de Numis-matique, bcen 46/2, 2009, p. 133-134.

après sa mise à la retraite qu’il trouveenfin de temps de se consacrer à fina-liser une thèse de doctorat menée de-puis une trentaine d’années et soutenuele 1er octobre 1993 à Louvain-la-Neuve.Ce travail imposant, intitulé JacquesJonghelinck, sculpteur, médailleur et gra-veur de sceaux (1530-1606), մեt publiéen 1996.

Spécialiste unanimement reconnu desmédailles de la Renaissance, L. Smol-deren est l’auteur de quatre monogra-phies, de plus de cinquante articles etd’une centaine de notes, recensions ounotices de catalogues134

[2]. Outre ses acti-vités de numismate, L. Smolderen fré-quentait l’Académie royale d’Archéolo-gie de Belgique, dont il occupa le fau-teuil de président de 2002 à 2005.

Nous garderons le souvenir d’un hom-me affable, nanti d’une immense cul-ture et doté d’une mémoire sans faille,toujours prêt à partager ses connaissan-ces dans des domaines parfois surpre-nants. Diplomate jusqu’au bout desdoigts, d’une élégance que l’on peutqualifier de « vieille France » lorsqu’ilpratiquait le baisemain lors des cérémo-nies de remises de prix, je dois avoueravoir pris parfois plaisir à le taquiner enlui donnant son titre officiel – c’est lui-même qui me l’avait un jour spécifiéavec beaucoup d’humour – celui de SonExcellence Monsieur le Ministre pléni-potentiaire de S.M. le Roi des Belges.

Jean-Marc Doyen

__________[2] On trouvera une biographie détaillée de

M. L. Smolderen, ainsi que sa bibliographiecomplète, sous la plume de Gh. Moucharte,dans la Revue belge de Numismatique clix(2013), p. i-x.