AS RESPOSTAS DADAS POR UMA PROFESSORA DE MATEMÁTICA ÀS DÚVIDAS DOS ALUNOS EM SALA DE AULA
"Bearn o la sala de les nines" et "Bearn o la sala de las muñecas" de Llorenç Villalonga....
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BEARN O LA SALA DE LES NINES ET BEARN O LA SALA DE LAS MUÑECAS DE
LLORENÇ VILLALONGA. MYSTÈRES AUTOUR DE LA LANGUE PREMIÈRE
D’ÉCRITURE
Aina López Montagut
Université Paris Sorbonne – Paris IV
I. Llorenç Villalonga et son œuvre
Llorenç Villalonga est un écrivain majorquin né à Palma de Mallorca le 1er mars 1897. Il est
le fils du militaire Miquel Villalonga i Muntaner et de la minorquaise Joana Pons i Marquès,
et le frère de Miquel Villalonga i Pons, militaire et écrivain en langue espagnole.
Dans la plupart de ses oeuvres, Llorenç Villalonga s’appuie sur des personnages réels comme
dans Mort de Dama (1931) ou La novel·la de Palmira (1952), retravaillée sous le nom de Les
ruïnes de Palmira (1972).
Dans Bearn o La sala de les nines, nous trouvons également des éléments auto-biographiques,
tout comme dans la suite de son écriture : Les Fures (1967), La « Virreyna » (1969) ainsi que
des références critiques de la société de son temps comme c’est le cas dans La gran batuda
(1968), La Lulú (1970), Lulú regina (1972) et Andrea Víctrix (1974).
Villalonga ne commence pas immédiatement à écrire ; en effet il étudie la médecine. C’est un
jeune angoissé, curieux et rebelle, qui a envie de découvrir les grandes villes, ce qui l'amène à
s'éloigner de ses racines et de la culture insulaire du XIXe siècle. En 1924 il commence à
écrire dans le journal majorquin El Día des articles abordant des sujets aussi bien politiques
que culturels, ainsi que des contes qu'il publiera plus tard. Il n’hésite pas à se montrer plutôt
hostile à la langue et à la culture catalanes dans ses publications malgré ses origines. Il signe
ses premiers écrits sous le pseudonyme Dhey, nom qui apparaît également dans un premier
temps comme le narrateur de Mort de Dama (1931). En 1927 il ouvre un cabinet à Palma de
Mallorca, et peu après à la Clínica Peñaranda. De 1930 à 1934, il est secrétaire du Col·legi
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Oficial de Metges des Baléares mais il se rendra assez vite compte que la littérature est sa
passion.
En 1929 il se rend à Paris pour se spécialiser en Psychiatrie et Thérapeutique Physique. Il y
approfondit ses connaissances des écrits français, en étudiant entre autres les œuvres de
Marcel Proust et d’Anatole France. Avant 1936, Llorenç Villalonga se montre hostile à ses
origines en s'entourant de personnes étrangères à l'île et en écrivant en 1931 sous le
pseudonyme Dhey le roman Mort de Dama dans lequel il critique les intellectuels majorquins.
En 1934, il publie le recueil Centro en y exposant son penchant pour le fascisme. En 1936 il
s'affilie à la Falange Española en disant qu’il est las des attaques à Palma de la part des
républicains et répond ainsi à l’invitation de son ami phalangiste Josep Moragues i Montlau.
Son frère Miquel est l'un des chefs du mouvement fasciste à Majorque.
Malgré ces penchants politiques, Villalonga se dit tout de même libéral et provoque quelques
tensions. Il semblerait qu'il se soit limité à faire son travail de médecin au sein de la Falange
Española et à écrire quelques articles.
Le 19 novembre 1936, il épouse Teresa Gelabert et tous deux s’installent à Binissalem, à
Majorque ; village qui sera, entre autres, l'une des inspirations pour la création du Bearn de
son roman Bearn o La sala de les nines. L'écrivain y aurait changé son attitude politique et il
se voit très rapidement censuré. Malgré cela, il tente de publier encore en espagnol. La
deuxième édition de Mort de Dama adaptée au catalan d’Andorre, frustre l’auteur qui est un
amant des variantes dialectales. Cela le pousse à publier en 1956 Bearn o La sala de las
muñecas, après la non obtention des prix Nadal et Ciutat de Barcelona. Dès 1961, alors qu'il
publie Bearn o La sala de les nines en catalan, son écriture devient celle d'un écrivain en
langue catalane et plus autobiographique : L'àngel rebel (1961), Falses memòries de Salvador
Orlan (1967), Les Fures (1967) et El misantrop (1972).
Pendant les années 60, il enseigne la littérature des écrivains majorquins et se rapproche donc
à nouveau des es origines. Il publie également de nombreux articles dans la presse : Destino et
El Correo Catalán.
Il décède à Palma de Mallorca le 28 janvier 1980.
Nous avons vu à travers cette brève biographie et la bibliographie de l’auteur, que ce dernier
n’a jamais eu une relation simple avec la langue catalane et les Pays Catalans dont il était
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originaire. C’est à ce sujet que l’écrivain, le journaliste et le critique littéraire Baltasar Porcel
lui pose, en 1970, deux questions dans une interview :
Vostè, també, ha estat falangista? [Baltasar Porcel]
—T'acab de dir que hi ha moment en què s'ha d'elegir. Sa història des meu falangisme és
senzillíssima: jo som homo de matisos i en mil nou-cents trenta-sis em vaig trobar, de cop,
que no hi havia mitges tintes: o roigs o blaus. No vaig dubtar. I no perquè m'agradessin molt
els blaus, sinó perquè, a Catalunya, com mos ha recordat fa poc en Gafim, la FAI1 havia
posat un cartell que deia: “Prohibido hablar en catalán”.
—S'ha fet catalanista, ara? [Baltasar Porcel]
—No. Però es meu llinatge ve des llevant peninsular, on hi ha dos pobles anomenats
Villalonga: un, en es Principat; s'altre, a València. Sa meva família, tot i havent-hi hagut
militars, com mon pare mateix, ha parlat sempre sa nostra llengua. Tal volta m'hauria
convengut —no diré agradat— ésser castellà. I en castellà escric a vegades. (Porcel 1970,
35-40).
Que peut-on en dire en ce qui concerne Bearn ?
II. L’oeuvre
La première édition de cette œuvre est en espagnol : Bearn o La sala de las muñecas, écrite en
1956, mais elle passe pratiquement inaperçue. En 1961 le texte catalan Bearn o La sala de les
nines est publié par El Club dels Novel·listes et en 1963 Llorenç Villalonga se voit
récompensé par le Premi de la Crítica et une reconnaissance de la part des autres écrivains.
Son roman est alors traduit dans la plupart des langues européennes ainsi qu’en chinois et en
vietnamien.
Bearn fait un mythe des expériences de jeunesse de l’auteur ainsi que de la société majorquine
en pleine mutation, « el mite de Bearn » : « En la creación villalonguiana […] el novelista
vive en su propia mitología » (Dolç 1970, 11).
Villalonga a quant à lui écrit sur Bearn qu’il s’agissait d’un « retrat, o si voleu el poema de
Mallorca. D'una certa Mallorca, és clar: la meva » (Villalonga 1980, quatrième de couverture). 1 F.A.I. : Federación Anarquista Ibérica. Crée en 1927, la FAI est une organisation fondée à Valence.
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L’œuvre de Bearn a été écrite à la suite du mariage de Llorenç Villalonga, après l’entrée en
crise de ses relations avec le fascisme, juste avant qu'il ne se décide à l'écrire en catalan. Des
passages des œuvres précédentes y refont par ailleurs une apparition.
Afin de mieux comprendre la problématique de l’écriture de Bearn, un ouvrage donne de
nombreuses indications : « Bearn o la sala de les nines », de Llorenç Villalonga, de Pere
Rosselló Bover.
Professeur de littérature catalane à la Universitat de les Illes Balears, Pere Rosselló Bover est
bien placé pour éclairer les lecteurs sur ce mystère qui entoure la langue d’écriture du roman.
Et quant à la question de la langue ? Que se passe-t-il avec Bearn ?
III. Bearn… mais en quelle langue ?
Bearn fut édité en espagnol en 1956 chez la maison d'éditions Atlante, à Palma de Majorque.
Il semblerait, d'après l’écrivain Jaume Vidal Alcover, cité par Rosselló Bover, que Bearn
devait paraître en catalan chez l'Editorial Selecta dans un premier temps, mais Villalonga
aurait eu des différents avec les éditeurs à cause de modifications linguistiques. Il aurait alors
repris son œuvre à l'Editorial Selecta en jurant qu'il n'écrirait plus en catalan. Pour cela il
aurait traduit son œuvre en espagnol. Elle fut donc éditée à Palma et le prologue écrit par
Camilo José Cela fut nuancé par Villalonga lui-même avec une note antérieure au prologue.
Semblava, darrerament, mostrar una definitiva inclinació a expressar-se, com sembla més
coherent, en català. Però, mentre anava escrivint la seva última novel·la, es publicà a
Barcelona la tercera edició de Mort de dama. El català amb què aquest llibre venia escrit
resultà irreconeixible pel mateix autor. No en tenia, tanmateix, tota la culpa l'editorial
barcelonina. Les primeres edicions -fetes a Mallorca i supervisades per no sé quin mestre de
la Llengua- eren igualment deplorables. Serviren, això no obstant, de model a l'última. Entre
autor i editor es creuaren unes cartes, per tal de resoldre una mica la qüestió, que no feren
més que empitjorar-la. Hi havia, a més, el precedent de La novel·la de Palmira, on tampoc es
respectaven les formes dialectals, que l'autor hauria volgut intactes a la part dialogada. El
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criteri que se seguí, tant en l'un com en l'altre llibre, fou, més que rigorista, desorientat.
L'autor, cansat i enfadat, traduí la part del llibre que duia escrita i l'acabà en castellà. (UOC).
Malgré la plus grande expansion linguistique de la langue espagnole dans la Péninsule, son
roman en version espagnole ne dépassa pas les frontières de l'île de Majorque, contrairement à
l’œuvre catalane qui fut imprimée plusieurs fois : « La primera edició catalana d’aquesta
novel·la fou publicada pel Club dels Novel·listes2 amb el títol simple de Bearn, i se n’han fet
diverses reimpressions. Amb anterioritat, n’havia aparegut la traducció castellana3, la qual
passà pràcticament desapercebuda » (Villalonga 1980, 11).
Villalonga affirma toujours qu'il avait d'abord écrit Bearn en catalan puis traduit en espagnol.
Cependant, d'après Baltasar Porcel, comme il le dit suite au décès de l'auteur, Villalonga
aurait écrit l'œuvre en espagnol, puis l’aurait traduite en catalan après avoir rencontré
l’écrivain Joan Sales i Vallès. Ceci provoqua une grande polémique en 1983.
Jaume Vidal Alcover, qui lui s'était occupé de la première édition de Bearn pour la maison
d'éditions Atlante, affirme qu'il vit Villalonga écrire le livre en catalan, mais que
l’autotraduction vers l’espagnol fut presque immédiate à la fin de la rédaction en catalan :
« Villalonga va escriure Bearn en català i, just a punt d'acabar-la, per unes raons del tot
explicades en el lloc citat del meu llibre [Vidal Alcover 1980], la va traduir al castellà i en
castellà va escriure les poques pàgines que li faltaven per acabar-la » (Vidal Alcover 1983,
cité par Rosselló Bover 1993, 32).
Llorenç Villalonga écrit pour le prologue de Primera aportació a l'epistolari de Llorenç
Villalonga : « En 1956, un editor local publicó Bearn traducida al castellano en una reducida
edición que no obtuvo difusión alguna […]. Desde entonces […] la novelística del autor
enmudece hasta 1956 en que publicó, conforme hemos dicho, la versión castellana de Bearn,
novela que yo situaría entre las cinco mejores de la postguerra » (Villalonga et Pomar 1984,
22-23) où il parle lui-même de traduction et de version à l'espagnol, ce qui voudrait dire que
Bearn o La sala de les nines serait l'œuvre originale.
2 Barcelona, 1961. 3 Barcelona, 1956.
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IV. Le texte
Nous allons à présent analyser quelques extraits et la solution envisagée par le traducteur
français, afin de voir à partir de quel texte travaille ce dernier lorsque la situation est
problématique entre le texte source en catalan et l’autotraduction en espagnol.
Comme tout autotraducteur qui se respecte, Llorenç Villalonga n’hésite pas à supprimer des
éléments, du plus petit comme une virgule au plus conséquent comme un passage en entier.
En voici un exemple :
Una cosa que no et vull amagar és que en aquest plet moral sols podré admetre una solució
que no s'oposi a les darreres voluntats del senyor i que en cas de sorgir una divergència em
reserv el dret d'acudir fins a Roma. Si el mateix Papa em negava el consentiment, em veuria
forçat a acatar els seus designis: emperò, si això hagués de succeir, deman i esper de la
Misericòrdia Divina que la mort véngui abans a alliberar-me de les meves tribulacions.
(Villalonga 1980, 19).
Ce paragraphe est complètement absent dans la version espagnole. Qu’en est-il pour la
traduction française ?
D. Fernández –Recatalà a choisi de respecter la présence du paragraphe en question et de le
reporter dans son intégralité en français, en en conservant l’idée principale mais en l’exposant
avec de différents termes :
Une dernière observation : ne sois pas effrayé de voir consigner en ces pages quelques
frivolités et quelques crudités. Tu dois prendre conscience de ce qu’il m’a fallu représenter le
maître tel qu’il fut dans sa vie, et à partir du moment où je soumets sa figure au jugement de
l’Église, je ne peindrai jamais assez fidèlement la réalité des faits, encore qu’au-delà de
toutes les incompréhensions imaginables, il reste Dieu, qui incarne la compréhension infinie.
(Villalonga 1986, 20).
Ainsi, le traducteur semble avoir considéré que l’œuvre source était la version en catalan,
puisque s’il s’était inspiré de la version espagnole il n’aurait pas traduit un paragraphe
inexistant.
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Parfois le traducteur peut ne pas supprimer ou rajouter un élément, mais avoir recours à ce
que nous appelons substitution, qu’elle soit majeure ou mineure et qui peut dans tous les cas
changer le sens de l’énoncé : « […] a un enfony del meu lligador, entre dues posts, hi ha dos
mil duros que el senyor em donà fa cosa de mig any [...] » (Villalonga, 1980, 16) a été traduit
en espagnol par « […] en un escondrijo de mi cuarto, lleno de papeles y trastos viejos,
guardo mil quinientos duros que el señor me entregó hace cosa de medio año [...] »
(Villalonga 1984, 8).
Dans le texte source, il s’agit de la somme de 2.000 « duros » alors que dans la version
espagnole on trouve une autre somme, soit 1.500 « duros ». Il s’agit donc d’une substitution
majeure. Soit Villalonga a décidé volontairement de changer le montant donné dans le texte
de départ, soit il s’agit d’une confusion lors de l’auto-traduction. Un autre élément attire notre
attention : « entre dues posts »4 devient en espagnol « lleno de papeles y trastos viejos ». Nous
avons en catalan une description spatiale d’où se trouve l’argent, alors qu’en espagnol l’auteur
nous propose une description de l’état dans lequel se trouve la zone décrite.
Dans la version française, nous trouvons à nouveau un rapprochement avec le texte catalan :
« […] dans une cachette de mon cagibi, entre deux étagères, se trouvent deux mille duros
que le maître m'a remis il fait près de six mois [...] » (Villalonga 1986, 16). En effet, « entre
dues posts » est rendu par « entre deux étagères » qui est son équivalent exact et la quantité
monétaire est elle aussi conservée.
En ce qui concerne « mig any » et « medio año », le traducteur en langue française a choisi
« six mois », qui convient sans doute mieux que par exemple « demi-année » qui ne se dira
pas en français.
Un deuxième exemple de cette situation linguistique serait celui-ci : « Els nebots arribaren
trenta-vuit hores després de la desgràcia […] » (Villalonga 1980, 15) traduit par « Los
sobrinos llegaron un día y medio después de la desgracia [...] » (Villalonga 1984, 7).
Alors qu'en catalan l’auteur évoque « trenta-vuit hores », nous trouvons dans la version
espagnole « un día y medio », soit 36 heures, donc deux de moins que celles écrites dans le
4 « Post » étant un objet en bois, ici une étagère.
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texte initial. A deux heures près, nous pourrions dire que cela n'est pas uns substitution
majeure ayant une incidence grave sur le sens de la phrase, mais pourquoi avoir modifié le
texte ? Peut-être Villalonga a-t-il tout simplement « arrondi » : « un día y medio » passe
probablement mieux que « treinta y ocho horas », il se peut que cela semble plus littéraire et
moins cartésien. Si nous nous intéressons désormais à ce que propose le texte français, nous
trouvons : « Les neveux arrivèrent trente-huit heures après le malheur [...] » (Villalonga
1986, 16), soit la même chose qu’en catalan. Le traducteur aurait tout aussi bien pu consulter
le texte espagnol et choisir d'alléger ce qui pouvait sembler plus « lourd » -mais plus précis-, à
savoir les « trenta-vuit hores ».
Les chiffres font sans doute partie des éléments dont la traduction ne pose jamais aucun
problème puisque les chiffres sont les mêmes dans toutes les langues. Bien que ces
changements d’unités chez Villalonga semblent surprenants, les situations dans lesquelles
l’auteur se permet justement de les modifier ne manquent pas dans son œuvre : « Jo mateix,
encarregat de guardar la casa, no dispòs d'una hora seguida [...] » (Villalonga 1980, 15)
traduit par « Yo mismo no disponía de dos horas seguidas [...] » (Villalonga 1984, 7).
Dans le texte en catalan, les deux virgules permettent d'introduire un énoncé précisant le rôle
du narrateur omniscient : « encarregat de guardar la casa ». Ce détail a été supprimé dans
l’auto-traduction, censurant ainsi la justification de l’emploi du temps chargé du maître de
maison.
D'autre part nous avons en catalan « una hora » et en espagnol « dos horas », nous passons du
simple au double, mais cela ne change apparemment rien au sens profond du discours. L’idée
que le narrateur est très occupé et n’a pas de temps pour lui est conservée.
En français, encore une fois, le traducteur respecte le premier choix d’écriture de Villalonga :
« Moi-même, chargé de garder la maison, je ne dispose pas d’une heure d’affilée […] »
(Villalonga 1986, 15).
Nous proposons pour finir quelques autres citations illustrant l’adaptation du texte source par
l’auto-traducteur.
Premier exemple : « […], com aniràs veient. Perquè, morts els senyors, tu éts l'única
persona que estim de cor i en qui puc confiar en les meves dificultats i tribulacions.
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Necessit exposar-te un cas de consciència. Pensa-ho […] (que, t'ho avís, et contorbaran i et
faran perdre la tranquil·litat) és cert que […] sense passar endavant » (Villalonga 1980, 16)
traduit par « […], como irás viendo. En el manuscrito adjunto he intentado exponer un caso
de conciencia. Piénsalo […] (que, te lo advierto, te conturbarán), estoy seguro que […] antes
de pasar adelante » (Villalonga 1984, 8).
Nous pouvons remarquer ici que Villalonga a choisi de ne pas traduire en espagnol la phrase
surlignée en gras dans l’extrait en catalan. Dans la phrase suivant le catalan « necessit » est
sans aucun doute plus fort que « he intentado » et a une autre valeur temporelle. Enfin, ce qui
en catalan était rajouté à la fin des parenthèses « i et faran perdre la tranquil.litat » disparaît en
espagnol. Le texte espagnol apparaît ici donc comme moins précis et plus généralisateur.
Deuxième exemple : « No podré oblidar mai […] » (Villalonga 1980, 16) rendu par « Siempre
recordaré […] » (Villalonga 1984, 8).
Dans ce cas la même idée est rendue et le même temps verbal est employé, cependant de deux
façons différentes : en catalan l’auteur a employé une double forme négative « no […] mai »
et la forme verbale « podré oblidar » alors qu’en espagnol nous avons les antonymes de
« podré oblidar » et de « mai » qui sont « siempre » et « recordaré ».
Troisième exemple : « He de reconèixer que el mòbil de la meva narració […] » (Villalonga
1980, 17) traduit par « He de reconocer, y así habremos de manifestarlo al señor Cardenal,
que el móvil de la exposición [...] » (Villalonga 1984, 9).
Contrairement au premier exemple, cas où le catalan était plus explicite que l’espagnol et la
version espagnole simplifiait le texte source, nous avons ici une explicitation en espagnol « y
así habremos de manifestarlo al señor Cardenal ».
Quatrième exemple : « […] amb un automòbil elèctric que ja ha mort dues ovelles »
(Villalonga 1980, 18) rendu par « […] con un automóvil eléctrico que corre como desbocado
y que ha matado ya dos ovejas » (Villalonga, 1984, 10).
Comme dans l’exemple précédent, l’espagnol est plus explicite que le catalan avec « que
corre como desbocado » qui explique la mort des deux animaux. En effet, dans la version
catalane, le lecteur ne peut pas être certain de ce qui a pu provoquer la mort des deux brebis :
s’agit-il d’un accident ou d’un fait volontaire ? La version espagnole répond à cette question.
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Conclusion
Il semblerait, d’après ce que nous avons montré dans cet exposé, que le texte source de
Villalonga soit celui en catalan. Certains doutent encore de cette version des faits, mais il se
pourrait pourtant qu’elle soit correcte si l’on observe par exemple le comportement des
traducteurs qui n’hésitent pas à consulter l’œuvre en catalan avant de rédiger leur travail.
Nous avons pu illustrer à travers les quelques extraits montrés que Villalonga n’hésite pas à
expliciter ou abréger son texte catalan lorsqu’il passe à l’espagnol, ce qui semble prouver
encore une fois la version d’une auto-traduction allant du catalan vers l’espagnol. Pour une
plus ample étude il faudrait éventuellement analyser les traductions dans d’autres langues
encore, sachant que les traducteurs peuvent tout aussi bien avoir consulté les deux versions.
Cependant une question se pose encore et toujours : comment savoir dans quel sens vont les
modifications ? Du catalan vers l’espagnol ou de l’espagnol vers le catalan ?
Bibliographie
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reacción », Novedades de la vida literaria, La Vanguardia española, p. 11.
Porcel, Baltasar (1970), « Llorenç Villalonga, com el lluç », Serra d’Or, n° 127, Barcelona,
any XII, p. 35-40.
Rosselló Bover, Pere (1993), “Bearn o la sala de les nines”, de Llorenç Villalonga,
Barcelona, Editorial Empúries.
UOC, Actualitat literària sobre Bearn o la sala de les nines de Llorenç Villalonga a LletrA, la
literatura catalana a internet de la Universitat Oberta de Catalunya,
http://lletra.uoc.edu/ca/obra/bearn-o-la-sala-de-les-nines-1956
Vidal Alcover, Jaume (1980), Llorenç Villalonga i la seva obra, Barcelona, Curial.
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Vidal Alcover, Jaume (6-IV-1983), Avui.
Villalonga, Llorenç (1980), Bearn o La sala de les nines, Barcelona, Edicions 62.
Villalonga, Lorenzo (1984), Bearn o La sala de las muñecas, Barcelona, Seix Barral.
Villalonga, Llorenç (1986), Béarn ou Le cabinet des poupées de cire (trad. Denis Fernández-
Recatalà), Paris, Acropole.
Villalonga, Llorenç/ Pomar, Jaume (1984), Primera aportació a l’espistolari de Llorenç
Villalonga, Mallorca, Antiga Imprenta Soler, Ciutat de Mallorca.