B. Dedet et M. Schwaller, Les pratiques funéraires en Languedoc et en Provence du Ve au milieu du...

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269 BERNARD DEDET ET MARTINE SCHWALLER Bernard Dedet, Directeur de recherche au CNRS, UMR 5140 (Montpellier-Lattes) ; [email protected] Martine Schwaller, Conservateur du Patrimoine au SRA Languedoc-Roussillon, UMR 5140 (Montpellier-Lattes) ; [email protected] LES PRATIQUES FUNÉRAIRES EN LANGUEDOC ET EN PROVENCE DU V e AU MILIEU DU II e SIÈCLE AV. J.-C. Résumé : Cette étude met en valeur les différences dans le domaine du funéraire entre le monde autochtone, principalement représenté par deux nécropoles, Ensérune et Ambrussum, et les colonies grecques, connues surtout grâce aux cimetières de Sainte-Barbe à Marseille/Massalia et du Peyrou II à Agde/Agathe : traitement des périnatals, présents dans les habitats indigènes et absents dans leurs nécropoles, mais normalement attestés dans la nécropole de Marseille/Sainte-Barbe ; incinération presque exclusive pour les morts du monde indigène, à l’exception des Alpes du Sud et du cas des périnatals inhumés dans les habitats ; défunts incinérés et inhumés mélangés à Marseille et à Agde, mais enfants de moins de dix ans toujours inhumés à Marseille ; dans les deux sphères culturelles, bûchers différents et dépôts d’os incinérés soit dans un ossuaire, soit directement dans le loculus ; tombes partagées, adulte et enfant, bien attestées dans le monde indigène, exceptionnelles à Marseille ; la forme de la tombe varie selon le traitement du corps, l’usage ou non d’un vase ossuaire, le dépôt d’objets d’accompagnement. La plupart des pratiques funéraires de ce monde indigène existaient déjà au Premier Âge du fer et au Bronze final IIIb ; les changements du Second Âge du fer résident surtout dans les fréquences relatives de ces différents usages et une uniformisation tendant à éliminer la dichotomie entre Languedoc occidental d’une part et Languedoc oriental et Provence d’autre part. Abstract: This study highlights the differences in the funerary domain between native milieux, as especially represented by two graveyards, Enserune and Ambrussum, and the Greek colonies, as particularly known from the cemeteries of Sainte-Barbe in Marseille/ Massalia and of Peyrou II at Agde/Agathe : including the treatment of perinatal deaths, represented in the native settlements whereas absent from their cemeteries, but normally attested in the cemetery of Marseille/Sainte-Barbe ; the almost exclusive use of cremation for the indigenous dead, except in the south Alps and in the case of perinatal inhumations in the settlements; the admixture of cremations and inhumations in the Marseilles and Agde cemeteries, although children up to ten years of age were always inhumed at Marseilles ; in the two cultural spheres, different styles of funerary pyres and the deposit of cremated bones either in an ossuary, or directly in the loculus ; double graves of adult and child, well attested in the native world, but exceptional at Marseilles ; the shape of the grave varies according to the treatment of the corpse, whether a vase was used to hold the cremated remains, and the nature of accompanying gravegoods. Most of the indigenous funerary practices already existed in Late Bronze IIIB and in the First Iron Age ; changes of the Second Iron Age especially impact on the relative frequencies at which these different uses occur; greater standardization, reducing the dichotomy between Western Languedoc on the one hand and Eastern Languedoc and Provence on the other is also apparent. (translated by Andrée and Jean-Michel Vergnes, read over by Ian Ralston) Gestes funéraires en Gaule au Second Âge du fer. Actes du XXXIII e colloque international de l’AFEAF ; Caen, 20-24 mai 2009. Barral (P.), Dedet (B.), Delrieu (F.), Giraud (P.), Le Goff (I.), Marion (S.), Villard-Le Tiec (A.) dir.- Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2010, 360 p. (Annales littéraires, n° 883 ; Série « Environnement, sociétés et archéologie », n° 14)

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Bernard dedet et Martine Schwaller

Bernard Dedet, Directeur de recherche au CNRS, UMR 5140 (Montpellier-Lattes) ; [email protected] Schwaller, Conservateur du Patrimoine au SRA Languedoc-Roussillon, UMR 5140 (Montpellier-Lattes) ;

[email protected]

leS pratiqueS funéraireS en languedoc et en provence du ve au Milieu du iie Siècle av. J.-c.

Résumé :

Cette étude met en valeur les différences dans le domaine du funéraire entre le monde autochtone, principalement représenté par deux nécropoles, Ensérune et Ambrussum, et les colonies grecques, connues surtout grâce aux cimetières de Sainte-Barbe à Marseille/Massalia et du Peyrou II à Agde/Agathe : traitement des périnatals, présents dans les habitats indigènes et absents dans leurs nécropoles, mais normalement attestés dans la nécropole de Marseille/Sainte-Barbe ; incinération presque exclusive pour les morts du monde indigène, à l’exception des Alpes du Sud et du cas des périnatals inhumés dans les habitats ; défunts incinérés et inhumés mélangés à Marseille et à Agde, mais enfants de moins de dix ans toujours inhumés à Marseille ; dans les deux sphères culturelles, bûchers différents et dépôts d’os incinérés soit dans un ossuaire, soit directement dans le loculus ; tombes partagées, adulte et enfant, bien attestées dans le monde indigène, exceptionnelles à Marseille ; la forme de la tombe varie selon le traitement du corps, l’usage ou non d’un vase ossuaire, le dépôt d’objets d’accompagnement. La plupart des pratiques funéraires de ce monde indigène existaient déjà au Premier Âge du fer et au Bronze final IIIb ; les changements du Second Âge du fer résident surtout dans les fréquences relatives de ces différents usages et une uniformisation tendant à éliminer la dichotomie entre Languedoc occidental d’une part et Languedoc oriental et Provence d’autre part.

Abstract:

This study highlights the differences in the funerary domain between native milieux, as especially represented by two graveyards, Enserune and Ambrussum, and the Greek colonies, as particularly known from the cemeteries of Sainte-Barbe in Marseille/Massalia and of Peyrou II at Agde/Agathe : including the treatment of perinatal deaths, represented in the native settlements whereas absent from their cemeteries, but normally attested in the cemetery of Marseille/Sainte-Barbe ; the almost exclusive use of cremation for the indigenous dead, except in the south Alps and in the case of perinatal inhumations in the settlements; the admixture of cremations and inhumations in the Marseilles and Agde cemeteries, although children up to ten years of age were always inhumed at Marseilles ; in the two cultural spheres, different styles of funerary pyres and the deposit of cremated bones either in an ossuary, or directly in the loculus ; double graves of adult and child, well attested in the native world, but exceptional at Marseilles ; the shape of the grave varies according to the treatment of the corpse, whether a vase was used to hold the cremated remains, and the nature of accompanying gravegoods. Most of the indigenous funerary practices already existed in Late Bronze IIIB and in the First Iron Age ; changes of the Second Iron Age especially impact on the relative frequencies at which these different uses occur; greater standardization, reducing the dichotomy between Western Languedoc on the one hand and Eastern Languedoc and Provence on the other is also apparent.(translated by Andrée and Jean-Michel Vergnes, read over by Ian Ralston)

Gestes funéraires en Gaule au Second Âge du fer.Actes du XXXIIIe colloque international de l’AFEAF ; Caen, 20-24 mai 2009.Barral (P.), Dedet (B.), Delrieu (F.), Giraud (P.), Le Goff (I.), Marion (S.), Villard-Le Tiec (A.) dir.-Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2010, 360 p.(Annales littéraires, n° 883 ; Série « Environnement, sociétés et archéologie », n° 14)

Gestes funéraires en Gaule au second ÂGe du fer

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Le Languedoc et la Provence, des Pyrénées catalanes aux Alpes méridionales, sont célèbres, à juste titre, pour leurs très nom-breuses nécropoles de la fin de l’Âge du bronze et du Premier Âge du fer, soit, pour le moment, quelque 3 000 tombes relati-vement bien connues et publiées. Rien de tel pour le Second Âge du fer et particulièrement la période comprise entre le milieu du Ve siècle et le milieu du IIe siècle av. J.-C. pour laquelle on ne peut utiliser qu’environ 300 sépultures (fig. 1). Certes le nombre de nécropoles attestées est important, mais celui des sites exploitables de manière satisfaisante s’avère en fait res-treint, dans la mesure où il s’agit souvent de fouilles anciennes, parfois de découvertes très ponctuelles, qui n’ont généralement pas fait l’objet d’études complètes, en particulier sur le plan anthropologique. Cependant, durant la dernière décennie, une augmentation sensible des données documentaires tend à com-bler les lacunes. On ne prendra en compte ici que les tombes témoignant de la gestion normale de la mort et on éliminera les restes humains dans des contextes spécifiques, silos, puits, ou encore des structures signalées parfois comme funéraires mais dont l’interprétation est sujette à caution (Dedet et Schwaller 1990) ainsi que les ensembles d’amas osseux qui montrent des pratiques rappelant le sacrifice et le sanctuaire comme ceux mis au jour dans l’habitat du Cailar dans le Gard (Roure 2007). Nous avons suivi ici, dans la mesure du possible, le plan préco-nisé par le comité scientifique du colloque.

1. état de la docuMentation

Les gisements sont présentés dans l’ordre alphabétique des départements et des communes.

1.1. Alpes-de-Haute-Provence

Commune de La Condamine - Chatelard- Le Prat : trois ou quatre tombes du Second Âge du fer décou-

vertes en 1865 et 1889 ; pas d’étude ostéologique (Bérard 1997, p. 143).

Commune de Faucon de Barcelonnette- L’Argile : plusieurs tombes de la fin du Second Âge du fer,

découvertes entre 1816 et 1866 ; pas d’étude ostéologique (Bérard 1997, p. 196-198).

- Saint-Flavi : une sépulture du Second Âge du fer découverte en 1885 ; pas d’étude ostéologique (Bérard 1997, p. 196-198).

Commune de Jausiers (Bérard 1997, p. 227-236, sans étude ostéologique pour tous les sites)

- Les Mâts : une tombe du IIIe siècle, découverte en 1905.- Le Serre des Bérauds : une tombe du IIIe siècle, découverte en

1869.- Lans : une tombe du Second Âge du fer, découverte entre 1865.- Les Gréoux : une tombe du Second Âge du fer découverte en

1885.- Les Tourets : une tombe de la transition Premier - Second Âge

du fer découverte en 1866.- La Frache : deux tombes des Ve-IVe siècles découvertes en

1885 et 1886.

Fig. 1 : nécropoles et tombes du Second Âge du fer du Languedoc, de la Provence et des Alpes méridionales.

Bernard Dedet et al. Les pratiques funéraires en Languedoc et en Provence du Ve au milieu du IIe siècle av. J.-C.

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- La Rochette : deux tombes de la deuxième moitié du Ve siècle découvertes en 1867.

- Les Charniers : une ou plusieurs tombes du IVe siècle décou-verte en 1872.

1.2. Hautes-Alpes1

Commune de Freissinères- Pallon : une ou deux tombes du Second Âge du fer découvertes

en 1870 et 1871 ; pas d’étude ostéologique (Ganet 1995, p. 109).

Commune de Guillestre- Peyrehaute : plusieurs tombes des IVe-IIIe siècle fouillées par

B. Tournier et E. Chantre entre 1869 et 1874 ; pas d’étude ostéologique (Willaume 1991, p. 205-211).

Commune de Laragne-Montéglin- Arzeliers : plusieurs tombes du Second Âge du fer découver-

tes en 1870 ; pas d’étude ostéologique (Mahieu et Boisseau 2000, p. 57).

- Orcières, Buzansayes : deux tombes du Second Âge du fer découvertes en 1907 ; pas d’étude ostéologique (Ganet 1995, p. 132).

Commune de Risoul- Plusieurs tombes du IVe siècle découvertes en 1879 ; pas

d’étude ostéologique (Mahieu et Boisseau 2000, p. 58).

1.3. Aude

Commune de Sigean, - Pech Maho, Les Oubiels : une quarantaine de sépultures de la

seconde moitié du IVe siècle repérées après défonçage en 1937 (Campardou 1957) et entre 1971 et 1979 (Solier 1971 ; Solier 1979) ; non fouillées.

- Pech Maho, habitat : un bûcher du IIIe siècle fouillé en 1970 (Solier 1970) et de 2005 à 2008 (étude en cours par H. Duday et É. Gailledrat).

1.4. Bouches-du-Rhône

Commune des Baux de Provence- Les Tremaïe : une tombe de la seconde moitié du IIIe siècle

découverte par H. Bancel en 1964 ; pas d’étude ostéologique (Arcelin et Arcelin 1979).

Commune de Marseille- Sainte-Barbe : 96 tombes fouillées en 1991, du IVe au milieu

du IIe siècle ; avec étude ostéologique (Moliner et al. 2003).- La Bourse, terrasse funéraire nord : 13 tombes du IVe siècle

fouillées par G. Bertucchi en 1973 ; pas d’étude ostéologique (Bertucchi 1992, p.132-134).

- La Bourse, enclos sud-est : 5 tombes du IIIe siècle fouillées par Cl. Varoqueaux en 1967 et 1968, et par G. Bertucchi en 1975 et 1984 ; pas d’étude ostéologique (Bertucchi 1992).

- Rue du Tapis-Vert : 6 tombes du début du Ve siècle au début du IVe siècle fouillées en 1953 par L. Chabot et J.-B. Féraud ; avec étude ostéologique (Chabot et Féraud 1959).

- Le Pharo, le bassin de carénage, la rue Faulchier, Saint-Mau-ront : plusieurs tombes découvertes au XIXe siècle, non étu-diées (Bertucchi 1992).

1.5. Gard

Commune de Beaucaire- Les Colombes : une tombe du début du IIe siècle fouillée par

A. Michelozzi en 1966 ; avec étude anthropologique (Dedet et al. 1974).

- Le Sizen : 112 tombes fouillées en 2008 par R. Carme et C. Demangeot (en cours d’étude ; aimables renseignements de R. Carme et C. Demangeot, société HADES).

Commune de Nîmes- La Roussillonne : une sépulture du IVe-début IIIe siècle fouillée

en 2000 par B. Dedet ; avec étude ostéologique (Dedet et Gauthey 2008).

Commune de Sernhac- Le Marduel : une sépulture dite d’Atila du deuxième quart du

IIe. s. partiellement connue (Py 1983).

Commune d’Uzès- Préville : une possible sépulture de la fin du IVe siècle ou du

début du IIIe siècle (Saint-Venant 1897, p. 487-489).

1.6. Hérault

Commune d’Agde- Le Peyrou II : 28 sépultures datées entre le milieu du IVe siècle

et le début du IIe siècle, fouillées par A. Nickels en 1977 et 1978 (Nickels 1982 ; Lugand et Bermond 2001, p. 145-146) ; étude en cours.

Commune de Cesseras- Les Bosquets : 4 tombes de la seconde moitié du Ve siècle

repérées, dont 3 fouillées en 1982 par G. Rancoule et M. Rigal ; pas d’étude ostéologique (Rancoule 1983).

Commune de Nissan-lès-Ensérune- Oppidum d’Ensérune : environ 330 tombes fouillées entre 1909

et 1924 par H. Rouzaud puis F. Mouret dont il ne reste que du mobilier, le plus souvent hors contexte ; 178 tombes fouillées entre 1944 et 1966, successivement par L. Sigal, J. Jannoray et J. Giry, avec étude ostéologique partielle de G. et S. Arnaud, H. Duday et T. Janin (Jannoray 1955, Dubosse 2008, Schwaller et al., à paraître) ; 6 tombes et un ustrinum fouillés entre 1987 et 2000 par M. Schwaller et collaborateurs (voir essentielle-ment Schwaller et al. 1995, Jallet et al. 1998, Bel et al. à paraî-tre), avec étude ostéologique.

Commune d’Olonzac - Mourrel-Ferrat : 13 tombes et plusieurs ustrina du dernier

quart du IVe siècle, fouillés en 1999 par T. Janin ; avec étude ostéologique (Janin et al. 2000).

Commune de Pézenas - Saint Julien : plusieurs sépultures des IVe et IIIe siècles repé-

rées à la suite d’un défoncement en 1963 mais non fouillées (Dedet et al. 2003).

Commune de Saint-Bauzille-de-Montmel- Font de la Vie : une tombe du Ve siècle av. J.-C., découverte en

1993 par P.-Y. Genty et fouillée par B. Dedet ; avec étude ostéologique (Dedet 1995).

1 - On ne comptera pas ici le lot d’objets métallique découvert à Ayace (Sigoyer) parmi les tombes, compte tenu de l’absence d’os humain (Ulysse et Guillaume 1991 ; Ganet 1995, p. 152).

Gestes funéraires en Gaule au second ÂGe du fer

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Commune de Servian- Saint-Macaire : une tombe de la fin du Ve siècle découverte en

1924 par F. Mouret et publiée par C. Lapeyre ; pas d’étude ostéologique (Lapeyre 1987-1988).

Commune de Siran- La Martelle : plusieurs tombes arasées de la fin du Ve siècle

repérées par G. Rancoule mais non fouillées (Rancoule 1989).

Commune de Villetelle- Ambrussum, Le Sablas : 25 tombes et un ustrinum datés entre la

seconde moitié du IIIe siècle et le premier quart du IIe siècle, fouillés par B. Dedet entre 1999 et 2003 ; avec étude ostéologi-que (Dedet à paraître).

1.7. Vaucluse

Commune de Cucuron- Les Conques : 4 tombes de la première moitié du IIIe siècle,

fouillées en 1960 par A. Dumoulin ; pas d’étude ostéologique (Dumoulin 1962).

2. la coMpoSition de la population deS enSeMBleS funéraireS

Le recrutement des nécropoles ne peut être actuellement appro-ché que grâce aux données, évidemment partielles, issues de quatre nécropoles : une, Sainte-Barbe, dans la Marseille grec-que, et trois dans le monde indigène, Ensérune, Mourrel-Ferrat et Ambrussum. Sur ces trois derniers sites, cependant, du fait de la crémation, seul peut être perçu le critère de l’âge au décès (fig. 2 et 3).

Commençons par le monde indigène. Les périnatals et les nourrissons de la première année sont absents à Ensérune et à Mourrel-Ferrat et extrêmement sous-représentés à Ambrussum avec un quotient de mortalité de 43‰. Encore s’agit-il dans ce dernier cas d’un sujet à la limite supérieure de la classe d’âge. Or les quotients admis pour celle-ci dans les sociétés préjenne-riennes varient entre 224 et 320‰ (Ledermann 1969, p. 86-88) ;

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Fig. 3 : quotient de mortalité (en ‰) des immatures de Marseille, Sainte-Barbe, Ambrussum et Ensérune. Pour comparaison, tables-types de Ledermann pour une espérance de vie à la naissance de 25 ans, 30 ans et 35 ans (Ledermann 1969, p. 86-88).

Fig. 2 : classement des défunts par grandes classes d’âge à Ensérune, Ambrussum et Marseille : les données brutes.

Bernard Dedet et al. Les pratiques funéraires en Languedoc et en Provence du Ve au milieu du IIe siècle av. J.-C.

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à l’évidence, dans ces communautés, les moins d'un an n’ont pas droit au cimetière villageois et de fait, dans le Sud de la France, les plus jeunes d’entre eux, les périnatals, sont souvent ensevelis dans les habitats, tandis que l’existence d’un autre lieu s’impose pour les nourrissons de un à douze mois.Les jeunes enfants (1 – 5 ans) commencent à être admis dans le cimetière de l’oppidum mais il en manque encore beaucoup, environ la moitié à Ensérune et les deux tiers à Ambrussum, avec des quotients respectifs de 131‰ et 95‰ au lieu des 195‰ à 362‰ attendus, et ces défunts font totalement défaut à Mour-rel-Ferrat. L’âge à partir duquel les morts paraissent normale-ment représentés varie selon les lieux : ainsi, à Ambrussum, ce serait entre cinq et dix ans, un peu plus tard à Ensérune, vers dix - quatorze ans semble-t-il.

En définitive dans le monde indigène du Sud de la France, c’est à partir de dix ans que l’âge n’est plus un critère pour admettre le défunt dans la nécropole. En cela, la société indigène du Second Âge du fer ne se distingue pas de celle du Premier Âge du fer (Dedet 2008, p. 60-65), et cette pratique, enracinée dans le passé, se prolonge jusqu’à l’aube du IIe siècle av. J.-C.

De son côté la colonie grecque de Marseille, si l’on en croit la nécropole de Sainte-Barbe, diffère fortement du milieu autoch-tone dans lequel elle est installée. En effet, si la proportion de nourrissons de un à douze mois reste faible, deux individus sur un total de 96 défunts, celle des périnatals, 23 sujets, est tout à fait normale. Et pour l’ensemble de la classe des moins d'un an, le quotient de mortalité de 312‰ correspond parfaitement à celui de la démographie archaïque. De ce point de vue, Mar-seille apparaît complètement étrangère au Sud de la France. Pour le reste, on retrouve dans la nécropole de Sainte-Barbe le déficit concernant les jeunes enfants entre un et cinq ans et la conformité avec la mortalité préjennerienne est atteinte dès la classe des cinq – neuf ans.La répartition des adolescents et des adultes en fonction du sexe, d’après l’examen des os coxaux, ne peut être appréhendée que dans la population inhumée de Marseille, Sainte-Barbe. Celle-ci n'offre pas de « recrutement » particulier lié à ce cri-tère : quatre hommes pour six femmes, les autres individus ne pouvant être classés. Mais toute comparaison avec le Sud de la Gaule, où domine la pratique de l’incinération, est impossible.Aucune étude pathologique ne concerne le monde indigène. Pour Marseille/Sainte-Barbe la population ne montre guère que des phénomènes dégénératifs liés à l’âge ou des caries den-taires. Un seul cas de malformation est signalé, une vertèbre sacrée chez un adulte, de même qu’un cas de traumatisme, deux fractures de l’humérus chez un adulte également.

3. le traiteMent du corpS

Il convient de distinguer, dans ce domaine, les tombes instal-lées dans les cimetières de celles qui prennent place à l’inté-rieur des villages, ces dernières appartenant à de très jeunes enfants sauf exception comme celle, dite de la « tombe de chef », du Cayla de Mailhac. Concernant les premières, la Gaule méditerranéenne du Premier Âge du fer se partage en deux aires de part et d’autre du cours inférieur du fleuve Hérault : une occidentale, où l’incinération est exclusive, et une orien-tale, domaine de l’inhumation, peu à peu remplacée de l’ouest vers l’est par l’incinération. À partir du début du Ve siècle av. J.-C. et jusqu’à la fin de l’Âge du fer, l’incinération règne en

maître partout, sauf dans les Alpes du sud et dans les colonies grecques de la côte (Dedet 2004). Dans les Alpes méridionales sont encore attestées des sépultures à inhumation au moins jusqu’au IIIe siècle av. J.-C. À Marseille et à Agde, aux IVe, IIIe et IIe siècle av. J.-C., voisinent défunts incinérés et défunts non brûlés (Moliner et al. 2003 ; Nickels 1982, p. 277-278) (fig. 4).

Dans la nécropole de Marseille, Sainte-Barbe, les enfants de moins de dix ans sont toujours inhumés, alors que grands enfants, adolescents et adultes peuvent être soit inhumés (27 cas), soit incinérés (21 cas). Sur ce site, ces défunts sont d’abord, au IVe siècle av. J.-C., majoritairement inhumés (13 sujets sur les 18 recensés, soit presque les trois quarts) ; par la suite, ils se partagent à peu près équitablement entre les deux pratiques (5 inhumés et 7 incinérés au IIIe siècle av. J.-C. ; 8 inhumés et 8 incinérés dans la première moitié du siècle suivant (Moliner et al. 2003, p. 34-36). Au Peyrou II d’Agde, sur 28 tombes, on compte 24 inhumations et 4 incinérations. Du côté du monde indigène, ce sont tous les enfants ayant accès au cimetière villa-geois, y compris les très rares nouveau-nés et nourrissons, qui sont brûlés, à l’instar de leurs aînés. En revanche, les périnatals et les nourrissons dont les tombes sont placées dans les mai-sons et les cours domestiques échappent tous aux bûchers (Dedet 2008, p. 79-156).

3.1. L’incinération

3.1.1. Les bûchersLa plupart des ensembles funéraires du Second Âge du fer fouillés récemment dans le Midi méditerranéen ont livré des vestiges de bûchers, Mourrel-Ferrat, Ensérune, Ambrussum et Pech Maho.

Fig. 4 : grands enfants, adultes et adolescents incinérés et inhumés dans les nécropoles grecques de Marseille, Sainte-Barbe et Agde, Le Peyrou II.

Gestes funéraires en Gaule au second ÂGe du fer

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Au cœur même de la nécropole de Mourrel-Ferrat, deux bûchers de la fi n du IVe siècle av. J.-C. sont décrits en associa-tion directe avec des tombes (fi g. 5). Le premier occupe une surface de 1 m sur 2 m, mais il est partiellement endommagé par les travaux agricoles. Il se compose d’une nappe de cailloux et de blocs souvent marqués par le feu. Entre eux ont été préle-vés des charbons de bois, des nodules d’argile cuite et des frag-ments céramiques et métalliques parfois brûlés, ainsi que des os humains incinérés qui ne sont pas en position anatomique. Il a été impossible de déterminer le nombre d’individus brûlés en ce lieu, car aucun doublet n’a été individualisé. Deux trous de poteaux ont été repérés au centre et en limite sud du dispositif. Un second bûcher, également perturbé, présente les mêmes caractéristiques. En son sein prennent place quatre poteaux carbonisés. Une dizaine d’autres poteaux circulaires se trou-vent tout près des sépultures, certains pourvus de pierres de calage. Il ne peut s’agir d’éléments signalant les tombes puisqu’ils ont brûlé ; sans doute participent-ils plutôt du bûcher lui-même. Ces poteaux seraient alors les seules traces de cré-mations qui auraient précédé le creusement des tombes à l’em-placement même de l’ustrinum. Cela rejoint plusieurs observa-tions faites à Ensérune pour une période légèrement antérieure, la première moitié du IVe siècle av. J.-C., où J. Jannoray signa-lait déjà des zones de cendres et d’argile cuite « entourant » l’ouverture de certaines sépultures. Ces poteaux pouvaient ser-vir à suspendre un brancard funéraire au-dessus du foyer, comme cela a été évoqué pour Ensérune (Schwaller et al. 1995, p. 223-224).

À Ensérune, un vaste ustrinum de la première moitié du IIIe siècle av. J.-C., à proximité immédiate de tombes contemporai-nes, avait été largement détruit par les fouilles des années 1960. L’extension de ce bûcher est marquée par des altérations du substrat rocheux et des nappes discontinues de sable calcaire rapporté pour constituer une vaste plate-forme d’au-moins 15 m2. Un témoin d’un mètre sur deux, préservé alors, a pu être fouillé récemment (Jallet et al. 1998). Dans ce lambeau aucune stratifi cation en place ne permet de reconnaître des crémations successives au même emplacement ; cependant celles-ci sont attestées par la quantité d’os retrouvés, 2241 g, et l’épaisseur de la couche. Par ailleurs, le matériel que cette dernière contient diffère, par sa fragmentation, de celui que livrent les tombes : les éléments osseux humains mais aussi les tessons de vases,

les perles et les morceaux d’objets métalliques fondus sont de plus petite taille. L’analyse du mobilier céramique est riche d’informations. Dans les tombes, les vases sont déposés entiers sans avoir subi l’action du feu, tandis que les cendres de l’ustri-num contiennent de nombreux fragments céramiques brûlés. Ceux-ci appartiennent pour une large partie à de la vaisselle non tournée et cette catégorie est ici proportionnellement beau-coup plus représentée que dans les sépultures elles-mêmes. Ces vases ont-ils sur le bûcher la même fonction que dans les tombes ? Dans ces dernières ils contiennent presque toujours un dépôt de volaille entière, alors que sur le bûcher les restes animaux sont totalement absents. Ici, ces récipients ont peut-être servi à contenir des liquides.

Au pied de l’oppidum d’Ambrussum, la portion de la nécropole étudiée ces dernières années comprend, associée aux tombes de la deuxième moitié du IIIe siècle av. J.-C. et du premier quart du IIe siècle av. J.-C., une aire de crémation contemporaine, dont environ les deux tiers ont pu être fouillés (fi g. 6). De plan grossièrement ovale, de 4,4 m sur environ 7 m d’axes, ce bûcher se compose de deux parties. La base est constituée d’un blocage de pierres et pierrailles qui mêle des restes mobiliers et des déchets provenant de l’habitat tout proche. Son centre est légè-rement déprimé, formant une cuvette peu profonde, de plan ovale mesurant 1,5 à 2,1 m d’axes. Elle est remplie par une cou-che rougeâtre contenant des os humains incinérés, des tessons de céramiques et des objets en métal ou en verre en partie fon-dus, pièces de parure ou d’habillement, armes et fourniment, ustensiles. L’ensemble est recouvert par une couche charbon-neuse noirâtre incluant des poches cendreuses blanchâtres, renfermant le même matériel, mais en plus grande quantité dans la partie centrale. D’après le poids total d’os humains recueillis, près de sept kilogrammes, ce bûcher a servi pour plusieurs défunts. La morphologie de la partie centrale indique des crémations successives, et l’homogénéité du mobilier mar-que un temps relativement court. D’après la symbolique sexuelle de certaines pièces, ce sont des hommes et des femmes qui ont été brûlés. Des pièces identiques se retrouvent dans les tombes voisines, mais sans que les deux connotations sexuelles y soient mêlées (Dedet, à paraître).

Fig. 5 : Mourrel-Ferrat (Olonzac, Hérault) : structure de crémation 11 (cliché T. Janin).

N

Fig. 6 : Ambrussum (Villetelle, Hérault) : plan de l’ustrinum U1.

Bernard Dedet et al. Les pratiques funéraires en Languedoc et en Provence du Ve au milieu du IIe siècle av. J.-C.

275

Le cas du bûcher de Pech Maho est à mettre à part car il pré-sente la particularité d’être situé dans l’habitat même, après la destruction de celui-ci à la fin du IIIe siècle av. J.-C. Au terme de la fouille (Gailledrat 2008), on peut restituer un radier grossiè-rement rectangulaire, d’au-moins 3,5 m sur l’axe nord-sud et d’une largeur est-ouest approximative de 2,5 m, empiétant par-tiellement sur le rempart qui porte des traces de rubéfaction. Ce radier est constitué essentiellement de pierres ainsi que de quelques galets disposés densément sur 15 à 20 cm d’épaisseur. L’ensemble de la structure présente un profil incurvé d’est en ouest. Au centre, des moellons de plus gros module, placés selon un rectangle de 2 m2 environ, marquent l’emplacement du bûcher proprement dit. Lors de la crémation, c’est cette aire réduite qui a le plus chauffé, entraînant la transformation des pierres calcaires en chaux. Le mobilier, céramiques, objets métalliques, éléments de tabletterie, est abondant. Il en va de même des os humains brûlés. L’interprétation de cet ensemble demeure délicate : si l’idée de crémations successives ne peut être totalement écartée, l’absence de répétition de couches amène les auteurs de la fouille à considérer cette structure, au moins de manière provisoire, comme un bûcher funéraire amé-nagé et utilisé pour un épisode unique, peut-être de catastro-phe. L’étude en cours des restes osseux, des mobiliers et en particulier des recollages sera un indice précieux pour trancher en faveur de l’une ou l’autre hypothèse.

De tels bûchers ne sont pas propres au Second Âge du fer. Plu-sieurs cas de forme et dimension semblables à ceux que nous venons de décrire ont été fouillés dans la nécropole du Moulin à Mailhac se rapportant chaque fois à un groupe de tombes et datés de la transition Âge du bronze - Âge du fer (Janin 1993, p. 48-50).

En revanche, les quatre aires de crémation découvertes au milieu des tombes des IIIe - IIe siècle av. J.-C. de Marseille/Sainte-Barbe sont quelque peu différentes de celles du monde indigène. Ici point d’aménagement de base ; il s’agit simplement de l’em-preinte au sol d’une aire quadrangulaire ou circulaire, de 1,25 m2 à 4,50 m2, ayant subi l’action du feu et couverte de cendres et de charbons. Et si l’on en croit la faible quantité d’os humains recueillis chaque fois, entre 27 et 207 g, ces bûchers ne sont pas collectifs mais individuels (Moliner et al. 2003, p. 35). Vers la même époque, des bûchers semblables ont aussi leur place dans les enclos funéraires de la Bourse (Bertucchi 1992, p. 133).

3.1.2. Le dépôt des restes osseuxA) Sans ossuaire ou avec ossuairePour cette période, aucune incinération primaire n’est attestée à ce jour, hormis celle du Cayla de Mailhac où toutefois une partie des os a été recueillie dans l’ossuaire (Taffanel et Taffa-nel 1960). Toutes les autres tombes sont des dépôts secondai-res, et si l’incinération est la règle, on observe de sensibles variations chronologiques ou géographiques (fig. 7 et 8).

La fin du Premier Âge du fer et le début du Second sont déjà marqués par des dépôts en fosse sans ossuaire, comme le mon-trent les tombes les plus récentes du Grand Bassin II de Mail-hac et quelques sépultures de la nécropole de Las Peyros à Couffoulens (Janin et al. 2002 ; Passelac et al. 1981). Pour la seconde moitié du Ve siècle, ce mode de dépôt est attesté à Ces-seras/les Bosquets, et Siran/la Martelle.

À Ensérune, aucune information ne concerne les tombes anté-rieures au milieu du Ve siècle Pour la période entre 450 et 325,

au moins 16 tombes sur 52 où l’étude anthropologique a été menée, peuvent être reliées à cette pratique du dépôt en fosse des résidus de crémation sans ossuaire(2). Toujours est-il que cette pratique coexiste avec les ossuaires jusque dans le pre-mier quart du IVe siècle et représente alors 30% environ des ensembles. Ces tombes sans ossuaire correspondent toutes à des sujets adultes dans les cas où l’âge peut être précisé. Pour cette même nécropole, lorsque la pratique du dépôt en ossuaire est fixée, c'est-à-dire dans le second quart du IVe siècle, un procédé que l’on pourrait qualifier de mixte apparaît cou-rant, et cela jusqu’à la fin du fonctionnement de ce cimetière vers 200 av. J.-C. En effet, l’essentiel des os brûlés, prélevés sur le bûcher, est déposé dans un contenant, dans la quasi-totalité des cas, un vase céramique. Cependant les fouilles récentes, corroborées par certaines descriptions anciennes, ont permis d’observer aussi un dépôt de fragments osseux dans la fosse en même temps que d’autres résidus provenant du bûcher, métal fondu, céramique fragmentaire, bois brûlé…(Schwaller et al. 1995). Mais il n’a pas été possible de déterminer si ces pièces osseuses appartiennent au même sujet que celui dont les restes ont été recueillis dans l’ossuaire. À Mourrel-Ferrat existe la même pratique et on constate que, dans la moitié des cas, la masse d’os du comblement des fosses est plus importante que celle de l’ossuaire, et dans la tombe 18, qui possède le lot le plus important découvert sur le site (1350 g), 95,7% des os se trou-vent dans la fosse.

À l’est du fleuve Hérault, la tombe n’est jamais installée à l’em-placement même de la crémation et le prélèvement d’os est versé soit directement dans le loculus, hors de tout vase ossuaire, soit placé dans un vase. La première pratique est la plus cou-rante : Font de la Vie à Saint-Bauzille-de-Montmel au milieu du Ve siècle av. J.-C., Les Conques à Cucuron au siècle suivant, Ambrussum au IIIe et début IIe siècle av. J.-C. en sont les illustra-tions. Elle est en continuité d’ailleurs avec ce qui se pratiquait dans la région au Premier Âge du fer (Dedet 1992, p. 61-64) : dans les tumulus à incinération secondaire des Garrigues, les os étaient éparpillés dans une aire à peu près centrale du monu-ment, elle-même parfois délimitée par un aménagement de pierres, comme en témoignent, par exemple, le tumulus de Sadoulet 2 à Pompignan (Gascó 1980, p. 58-63) ou celui de Pey-raube 6 à Lamelouze, tous deux dans le Gard (Dedet et Gauthey 1994, p. 113-124).

Dans la tombe de Font de la Vie, c’est du sédiment provenant du bûcher, sorte de magma cendreux enrobant des morceaux d’os brûlés, que l’on dépose dans le loculus. À Ambrussum, le dépôt osseux revêt en fait deux formes (fig. 9). Dans les tombes de première classe, avec loculus relativement profond, disposi-tif de recouvrement et mobilier relativement abondant, il se compose d’un prélèvement du sédiment du bûcher placé vers le fond. Cette motte blanchâtre et compacte de cendres et d’os est recouverte par le sédiment argileux comblant le loculus dans lequel sont dispersés des morceaux d’os débarrassés des rési-dus de la combustion, en quelque sorte lavés. D’autres frag-ments osseux plus petits figurent aussi dans la couverture ter-reuse de la tombe. Les tombes de seconde classe, avec loculus très peu profond, dépourvues de recouvrement et très pauvres en mobilier, ne renferment que des os triés, dispersés dans le comblement argileux de la structure.

2 - Il convient toutefois de nuancer ce chiffre car nombre de tombes de ce type ont été interprétées comme des tombes détruites par F. Mouret et J. Jannoray.

Gestes funéraires en Gaule au second ÂGe du fer

276

Fig. 7 : répartition des tombes avec ossuaire ou sans ossuaire, aux Ve et IVe siècles av. J.-C.

Ensérune

Fig. 8 : répartition des tombes avec ossuaire ou sans ossuaire, 400-150 av. J.–C.

Bernard Dedet et al. Les pratiques funéraires en Languedoc et en Provence du Ve au milieu du IIe siècle av. J.-C.

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1

Le dépôt dans une urne ossuaire est aussi attesté dans le même secteur géographique, comme dans la tombe de la Roussillonne à Nîmes, au IVe ou au IIIe siècle. av. J.-C. (Dedet et Gauthey 2008) (fig. 10). Cette formule est tout aussi traditionnelle que le dépôt sans vase ossuaire puisqu’elle est attestée dans la région littorale du Languedoc oriental auparavant : au VIIe siècle à Saint-Martin-de-Colombs (Fabrègues, Hérault) (Dedet et Paya 2006-2007), vers 500 à la Pailletrice (Pérols, Hérault) (Daveau et Dedet, dans ce volume) et au Mas de Vignole (Nîmes, Gard) (Séjalon et Dedet 2003).

Les deux pratiques qui ont cours dans le monde indigène se retrouvent aussi à Marseille (fig. 11). À Sainte-Barbe, dans le lot des 29 sépultures à incinération, le dépôt dans un ossuaire est le plus fréquent, 18 cas (quinze dans une urne, un dans une amphore et deux dans un vase en plomb), tandis que le verse-ment direct dans la fosse concerne 11 tombes (Moliner et al. 2003, p.34-35). Dans les tombes des terrasses de la Bourse, tou-tes ces formules à l’exception de l’amphore sont attestées, mais les réceptacles métalliques paraissent plus fréquemment utili-sés, parfois insérés dans une cuve en pierre. À Agde, Le Peyrou II, sur les quatre tombes à incinération fouillées, trois disposent d’un ossuaire.

B) Le poids des osDans le monde indigène, la variabilité du poids des os placés dans la tombe traduit une absence de constante dans le prélè-vement sur le bûcher. Pour certains sujets ce ramassage concerne une grande quantité de restes, proche de la moitié du poids théorique d’un squelette incinéré, mais pour d’autres ce n’est qu’une infime part, et cela quel que soit le mode de dépôt dans la tombe.

À Mourrel-Ferrat les poids totaux, ossuaire et loculus, s’éche-lonnent de 107 à 1350 g avec un regroupement autour de 200 g, et les contenus des ossuaires seuls varient de 57,7 à 240,8 g, avec un regroupement entre 58 et 65 g. Dans tous les cas, il s’agit d’adultes. Dans les tombes à dépôt sans ossuaire d’Ensé-rune, les poids varient de 10 à 210 g, et le plus grand nombre de tombes ne renferme que 30 à 40 g, mais en l’absence de tami-sage ces valeurs n’ont qu’un intérêt limité. Dans la même nécropole, les poids d’os placés dans les ossuaires s’échelon-nent de 42 à 1026 g, la moyenne est de 268 g et la plupart des dépôts se situe entre 150 et 300 g. Pour les tombes mixtes, la quantité d’os présents dans le loculus reste incertaine du fait des conditions de fouilles anciennes.

À Ambrussum les différences entre défunts vont de un à dix : pour les quatorze adultes identifiés, les poids s’échelonnent de 101,8 à 980,0 g(3), et la moyenne est de 391,6 g. L’ossuaire de la Roussillonne, avec 719,2 g se place dans le haut de fourchette des dépôts d’Ambrussum, sans ossuaire.

La même coutume apparaît à Marseille, Sainte-Barbe, sur les douze tombes individuelles d’adultes incinérés jugées complètes lors de la fouille. Les deux dépôts complets en fosse, sans récepta-cle, sont très éloignés l’un de l’autre et entrent dans une fourchette de poids très proche de celle d’Ambrussum (172,7 g pour la tombe 255 et 771,9 g pour la tombe 97). Le volume des restes des dix adultes placés dans un récipient est sensiblement plus important : les poids sont compris entre 52,1 et 1921,4 g, pour une moyenne de 867,3 g, soit globalement le double d’Ambrussum.

Fig. 9 : Ambrussum (Villetelle, Hérault) : loculus de la tombe 23 en cours de fouille. 1 et 2 : concentrations d’os humains incinérés et de charbons. 3 : fusaïole en terre cuite. 4 : bracelets en bronze (cliché B. Dedet).

Fig. 10 : La Roussillonne (Nîmes, Gard) : vase ossuaire en cours de fouille. 1 : coupelle en céramique non tournée posée sur l’amas de restes osseux (cliché B. Dedet).

1 2

3

4

3 - Pour chaque sépulture, ces valeurs incluent les os du loculus et ceux de la structure de recouvrement. Cette dernière ayant toute chance d’avoir été érodée, ces poids sont donc sans doute quelque peu minorés par rapport au dépôt réel. Fig. 11 : Marseille, Sainte-Barbe : mode de dépôt des restes incinérés.

Gestes funéraires en Gaule au second ÂGe du fer

278

3.2. L’inhumation

3.2.1. Les défunts admis au cimetière Rappelons que, pour la période prise en compte, seules les Alpes du sud et les colonies grecques ont livré des sépultures à inhumation. Pour le domaine alpin, les découvertes sont anciennes et mal connues. Certes des squelettes sont évoqués pour plusieurs tombes de Jausiers (les Mâts, la Rochette, le Serre des Bérauds, Lans), de Laragne-Montéglin (Arzeliers) ou de Risoul, mais on ignore s’il s’agit en fait de dépôts primaires ou secondaires. Cependant les structures signalées entourant ces squelettes (voir infra § 4.1.2.) pourraient nous orienter vers la première possibilité, d’autant qu’un adulte en dépôt pri-maire sur le dos est figuré sur le plan publié d’une tombe de Peyre Haute à Guillestre, datée de la fin du IVe siècle ou du début du IIIe siècle, et c’est là la seule information précise sur ce sujet (Willaume 1991) (fig. 12, A).

À Marseille, Sainte-Barbe, on ignore si deux crânes isolés d’adultes déposés dans deux sépultures de périnatals et une main, d'adulte également, dans une amphore témoignent de l'usage de l'inhumation secondaire après décharnement ou de restes déplacés lors du creusement de nouvelles sépultures. En tout cas, l’inhumation primaire est attestée en grand nombre. L’orientation des corps est variable ; la direction est-ouest domine, surtout chez les adultes, tête à l’est. Le décubitus dor-sal est la règle sauf pour les périnatals qui se répartissent à éga-lité entre décubitus dorsal et latéral. Il en va de même à Agde, Le Peyrou II, pour les adultes du moins (fig. 12, B). Dans le détail, les adultes de Marseille ont les membres supérieurs dans des positions très diverses, sur le corps ou le long du corps et les membres inférieurs en extension. Quant aux péri-natals, les membres inférieurs restent groupés, légèrement flé-chis et les membres supérieurs sont presque toujours serrés contre le corps : cela pourrait être un indice d’emmaillotement.

3.2.2. Les nouveau-nés et les nourrissons ensevelis dans les habitats indigènesLes nombreux nouveau-nés déposés dans les habitats indigè-nes, usage très fréquent alors, sont tous inhumés, sans exception (Dedet 2008, p. 79-156). La norme est le dépôt primaire dans une petite fosse creusée juste aux dimensions du corps. La position de celui-ci ne semble pas codifiée. Deux postures dominent : autant de sujets sur le dos que sur le côté gauche (37% dans les deux cas) ; les autres (26%) montrent des positions variées (sur le ventre, sur le côté droit ou intermédiaires). Les membres, plus ou moins en position fœtale ou plus ou moins écartés, trahissent l’absence d’emmaillotement, contrairement à Marseille (fig. 13). Les très rares nourrissons âgés de un à douze mois inhumés dans ces habitats sont traités de la même manière que les péri-natals. Une pratique différente existe à Lattes au Ier siècle av. J.-C., le dépôt dans une urne, mais celle-ci ne remplace toutefois pas le dépôt en fosse, toujours attesté alors sur ce site.

3.3. Tombe individuelle, tombe partagée

Au Premier Âge du fer la tombe individuelle est habituelle pour les adultes, pour lesquels tombes doubles, voire triples ou quadruples sont rares. La tombe partagée concerne essentielle-ment une part importante des enfants, surtout les plus jeunes, qui sont déposés dans la tombe d’un adulte (Dedet 2008, pas-sim). Cette coutume se poursuit au Second Âge du fer.Ainsi à Ensérune sur les 117 tombes qui ont bénéficié d’une étude anthropologique, on en dénombre 9 doubles (2 du IVe siècle et 7 du IIIe siècle). La majorité d’entre elles associe un adulte et un jeune enfant de 1-6 ans ; six tombes sont dans ce cas et pour une septième, il s’agit d’un jeune ou grand enfant. Les os des deux sujets prennent place dans le même ossuaire. Deux tombes seulement sortent de ce schéma : l’une réunissant l’ossuaire d’un adulte et celui d’un adolescent (T.153) et l’autre

50 cm

A B

Fig. 12 : deux exemples de tombes à inhumation. A : Peyre Haute (Guillestre, Hautes-Alpes) (dessin Chantre 1878). B : Agde, le Peyrou II, tombe 53 (cliché A. Nickels).

Bernard Dedet et al. Les pratiques funéraires en Languedoc et en Provence du Ve au milieu du IIe siècle av. J.-C.

279

ceux de deux adultes robustes disposant chacun d’un arme-ment complet (T.175).

À Ambrussum, sur 23 loculus fouillés, un seul est partagé par un adulte et un très jeune enfant d’environ un an (T 7), et dans un autre cas, le loculus abritant un enfant de 2 – 4 ans (T 22) et celui d’un adulte (T 23) ont en commun la même structure de recou-vrement.

Par ailleurs les tombes de périnatals et de nourrissons en habi-tat sont toujours individuelles dans le monde indigène à l’ex-ception d’un cas très tardif à Lattes, la tombe 11 avec deux fœtus de 4 à 5 mois lunaires, probablement des jumeaux, dépo-sés dans la même urne, au troisième quart du Ier siècle av. J.-C. (Dedet 2008, p. 79-156).

Les tombes grecques de Marseille/Sainte-Barbe laissent appa-raître une pratique quelque peu différente. La tombe indivi-duelle est la règle, y compris pour les enfants et notamment les périnatals très nombreux dans ce cimetière, qui ont leur sépul-ture propre. La tombe partagée est très exceptionnelle ; elle n’af-fecte que deux adultes sur quarante-cinq (T 62), et, sur vingt-cinq périnatals, quatre individus, chacun étant cependant placé dans un vase propre (T 122, pour deux fœtus jumeaux de 6,5 mois lunaires, et T 115 pour deux nouveau-nés à terme).

4. forMe et architecture de la toMBe

On distinguera, là encore, le monde indigène et celui des colo-nies grecques et, pour chacun des deux, le mode de traitement du corps et de ses restes qui conditionne, pour partie au moins, la morphologie de la sépulture.

4.1. Le monde indigène

Toutes les formes tombales attestées au Second Âge du fer exis-tent déjà précédemment dans la région.

4.1.1. Les tombes à incinération

A) Les tombes à vase ossuaireÀ Ensérune, la morphologie des tombes à vase ossuaire de la fin du Ve et du IVe siècle av. J.-C. est mal connue. D’après les notes et croquis de fouille, ces tombes ont un loculus circulaire d’un diamètre oscillant entre 30 et 65 cm, avec une majorité dans la fourchette 40 et 50 cm, pour une profondeur générale-ment à peine supérieure à la taille de l’ossuaire. Celles du IIIe siècle av. J.-C. sont mieux documentées, notamment grâce à la fouille de cinq d’entre-elles en 1988 (Schwaller et al. 1995) (fig. 14) : une fosse grossièrement oblongue pouvant atteindre 1,40 m sur le grand axe, creusée dans un conglomérat rapporté recouvrant le substrat rocheux dont les ressauts sont utilisés pour poser des objets ; une couverture de deux épaisseurs de blocs accuse un pendage important vers le centre de la fosse, témoignant d’un espace sous-jacent originellement vide ; l’une d’elle présente un bloc effondré pouvant correspondre à une stèle d’après l’aspect plan de ses faces et son sommet arrondi. La dimension du loculus dépasse toujours l’encombrement de l’ossuaire et des objets conservés, indice de dépôt d’objets périssables et/ou de résidus provenant du bûcher. Dans les fouilles anciennes, une vingtaine de stèles anépigraphes en cal-caire coquillier, plantées en bordure des fosses, avaient déjà été dénombrées, signalant indifféremment des tombes du IVe ou du IIIe siècle av. J.-C. (Schwaller 1994) (fig. 15).

Fig. 13 : deux exemples d’inhumations de périnatal. A : habitat du Plan de la Tour (Gailhan, Gard), tombe A4, fin du Ve siècle av. J.-C. (cliché H. Duday). B : nécropole de Marseille, Sainte-Barbe, tombe 122, IVe siècle av. J.-C. (cliché S. Bien et F. Conche).

Gestes funéraires en Gaule au second ÂGe du fer

280

À Mourrel-Ferrat, le loculus, de profil tronconique, est étroit et peu profond ; le vase ossuaire en occupe le centre, et, dans le cas de la tombe 21 (fig. 16), la structure est limitée à l’emprise de celui-ci. Les travaux agricoles ont bouleversé les éventuelles couvertures ; un bloc de pierre de grande taille, de 1,86 m de hauteur, découvert en position remaniée, a pu cependant signa-ler une sépulture ou la nécropole elle-même (Janin et al. 2000).

Ce type de tombe se retrouve également en Languedoc oriental à Beaucaire, au IIIe siècle av. J.-C. dans le secteur du Sizen, concurremment à des incinérations sans ossuaire (fouilles 2008) et également au début du siècle suivant avec la tombe 3 des Colombes (Dedet et al. 1974, p. 75-83).

B) Les tombes sans ossuaireLe type le plus courant de tombe sans ossuaire consiste en une simple fosse de faibles dimensions, qui enferme directement des restes prélevés sur le bûcher, charbons, os humains brûlés et éléments très fragmentés du mobilier. Les fouilles anciennes d’Ensérune en ont livré un certain nombre, interprétées alors

comme des tombes à ossuaire détruites par les ensevelisse-ments postérieurs. Mieux décrite, la tombe B des Conques à Cucuron, datée de la fin du Ve siècle av. J.-C. ou du début du siècle suivant, est constituée d’une fosse ovale de 0,85 sur 0,65 m à l’ouverture et 0,20 m de profondeur. Le fond de celle-ci est bordé par un cordon de blocs de grès non taillés. Les os calci-nés, les bijoux brûlés et les offrandes sont répartis à l’intérieur de cette structure en des tas bien distincts (Dumoulin 1962, p. 324-326).

Les modalités des tombes sans ossuaire sont mieux connues par deux fouilles récentes. La tombe de Font de la Vie, du milieu du Ve siècle av. J.-C., possède une dépression de plan circulaire de 1,10 m de diamètre, n’excédant pas 10 cm de pro-fondeur, aménagée dans le sol terreux sans entamer le substrat rocheux calcaire. Elle inclut, dispersés dans son comblement, les os mêlés à des restes du foyer et à ceux du mobilier très fragmenté. En bordure de cette fosse, vers le nord, une urne ou une portion d’urne non brûlée a été posée sur le sol antique. La conservation de cet ensemble implique une structure de recou-vrement, de terre et/ou de pierres, disparue (Dedet 1995). Tous ces éléments, fosse et panneaux de vases incomplets écrasés près de son bord à l’extérieur, se retrouvent à Ambrussum dans la seconde moitié du IIIe siècle av. J.-C. et le début du suivant ; mais ici, les tombes les mieux conservées permettent de déceler cette structure de recouvrement, une petite chape de terre très peu élevée, quelques centimètres d’épaisseur seulement, de 3 à 4 m de diamètre, qui renferme quelques os humains incinérés ainsi que de menus objets et des charbons de bois provenant du bûcher (fig. 17). Dans la même nécropole toutefois, à côté de ces tombes, il en existe d’autres, réduites à une simple petite dépression, profonde de 3 à 10 cm seulement, dépourvue de tout dispositif de recouvrement (Dedet à paraître).

Un type de tombe quelque peu différent existe aux Bosquets, dans la seconde moitié du Ve siècle av. J.-C., comprenant plu-sieurs éléments d’après les cas les mieux conservés, les sépultu-res B2 et B3 : une grande et profonde fosse (1 à 1,5 m de long sur 0,7 m de large pour 0,4 à 0,5 m de profondeur), remplie de cen-dres, de terre rougie et de blocs de grès ayant subi l’action du feu ; les restes ramassés sur le bûcher, charbons, os humains incinérés et éléments très fragmentés du mobilier sont déversés sur le dessus du comblement de cette fosse et dans une petite dépression adjacente de 0,5 m de diamètre pour 0,10 à 0,15 m de profondeur. L’ensemble est recouvert par des blocs de grès (Rancoule 1983) (fig. 18).

4.1.2. Les tombes à inhumationDans les Alpes méridionales la persistance de l’inhumation en plein Second Âge du fer se traduit par une ou plusieurs formes tombales. Un coffrage de pierres brutes posées de chant et entourant le squelette est signalé à la Rochette (Jausiers), à Arzeliers (Laragne-Montéglin) ou encore à Risoul. Aux Mâts ou au Serre des Bérauds (Jausiers) les pierres ne sont placées que le long du corps, une ou deux de chaque côté. À Lans, le dispositif se réduit à une pierre verticale à la tête et aux pieds. Les trois sépultures de Peyre Haute à Guillestre, de la fin du IVe ou du début du IIIe siècle av. J.-C., fouillées par E. Chantre, sont mieux documentées : il s’agit de coffrages rectangulaires, faits de gros galets, établis à la mesure, et même un peu plus (1,8 sur 0,6 m à l’intérieur), d’un cadavre en dépôt primaire, membres en extension. Ces structures sont enfouies dans le sol et on ignore tout de la partie supérieure de la structure (Willaume 1991).

C

B

A

Fig. 14. Ensérune (Nissan-lez-Ensérune, Hérault), tombe 182. A : dispositif de couverture. B : ossuaire, vase d’accompagnement et dépôt de faune. C : restitution en coupe. (clichés et relevé M. Schwaller).

Bernard Dedet et al. Les pratiques funéraires en Languedoc et en Provence du Ve au milieu du IIe siècle av. J.-C.

281

Fig. 17 : Ambrussum (Villetelle, Hérault), plan et coupe de la tombe 11 (relevé B. Dedet).

Fig. 16 : Mourrel-Ferrat (Olonzac, Hérault), tombe 21. A : vue de la sépulture lors de sa découverte avec l’ossuaire muni de son couvercle. B : l’ossuaire n’est pas rempli de sédiment. C : coupe (clichés et relevé T. Janin).

Fig. 15 : deux exemples de dispositif de signalisation. A : Ensérune, tombe 45bis (fouille et cliché J. Jannoray). B : Marseille, Sainte-Barbe, tombe 97 (cliché M. Moliner).

A

B

C

B

A

Gestes funéraires en Gaule au second ÂGe du fer

282

4.2. Les colonies grecques de Marseille et d’Agde (fig. 19)

À Marseille, Sainte-Barbe les restes du trépassé, brûlés ou non, sont placés en pleine terre directement ou dans un contenant, urne, amphore, cercueil, coffrage de bois ou, beaucoup plus rarement, sarcophage. Ce dernier constitue l’usage exclusif à la rue du Tapis-Vert, du moins dans la partie qui a pu être fouillée (Chabot et Féraud 1959). À Sainte-Barbe la fermeture du tom-beau peut se faire de diverses manières : des planches, des mor-ceaux de panses d’amphores, un amoncellement de pierres, de tessons et de matériaux de récupération, ou encore des dalles couchées. Qu’il s’agisse d’incinération ou d’inhumation, beau-coup de tombes, mais peut-être était-ce le cas pour toutes, sont marquées en surface par une pierre de taille fruste, souvent dégrossie en pyramide, de 0,3 à 0,4 m de haut. Cet élément est placé dans l’emprise de la fosse, jamais en dehors de celle-ci ; dans le cas des inhumations, il est planté plus particulièrement vers l’extrémité où se trouve la tête (Moliner et al. 2003, p. 72-74). Il existe à Sainte-Barbe aussi deux tombes particulières : deux bûchers percés par un loculus enfermant un ossuaire (Ibid., p. 35).En marge des sépultures somme toute modestes du quartier de Sainte-Barbe, il existe aussi à Marseille au IVe siècle des tombes monumentales, celles de la Bourse, installées près de la porte orientale du rempart de la cité phocéenne. Il s’agit de deux ter-rasses de 100 m2 chacune, soigneusement bâties à la mode grec-que, en grand appareil et décorées de bossages ou de triglyphes sur les faces bordant la voie permettant l'accès à la ville (fig. 20). Elles incluent une série de tombes à incinération, dans des logettes.

A B

C

Fig. 18 : Les Bosquets (Cesseras, Hérault), plan et coupe de la tombe B2, d’après G. Rancoule 1983. A : dispositif de recouvrement. B : fosse adjacente avec résidus du bûcher. C : fosse funéraire. D : substrat rocheux.

Fig. 19 : Marseille, Sainte-Barbe. A : tombe 60, ossuaire dans une fosse. B : tombe 102, ossuaire dans un caisson de pierres (clichés S. Bien et F. Conche). C : tombe 56, inhumation en fosse (cliché M. Moliner).

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283

Dans les tombes à inhumation d'Agde, Le Peyrou II, un aména-gement périphérique de blocs sur chant borde le corps et un lit de pierres recouvre l’ensemble (tombes 80 et 88 notamment). Pour les tombes à incinération de cette nécropole, malgré un mauvais état de conservation, la trace d’une couverture de blocs est toujours perceptible.

5. équipeMent

5.1. Monde indigène du Languedoc occidental

À Ensérune on ne peut prendre en compte que les sépultures fouillées à partir de 1942, et parmi elles seulement une centaine qui sont complètes.

Les tombes datées entre 475 et 450/425, dont le nombre est dif-ficilement quantifiable, sont marquées par d’abondants tessons de vases majoritairement importés ou non tournés indigènes et quelques objets métalliques (agrafe de ceinture, bracelets et fibules) et perles de verre, déposés dans le loculus après le pas-sage sur le bûcher.

À partir de la période 425-350, dans les 16 tombes à dépôt hors ossuaire connues, la céramique attique brisée, passée sur le bûcher, est majoritaire et accompagnée le plus souvent de frag-ments d’amphore massaliète. Pour les tombes à ossuaire (fig. 21), 35 sépultures complètes prises en compte, l’ossuaire est toujours une forme fermée, claire ibéro-languedocienne, héraultaise ou massaliète ou, à partir du milieu du IVe siècle, à pâte grise, et dans le dernier quart de ce siècle, un cratère atti-que. Des fragments d’amphore massaliète sont utilisés en cou-vercle ou en calage dans la quasi totalité des tombes bien conservées. À ces dépôts sont associés une coupelle ou un gobelet à pâte claire (9%) et, dans un tiers des tombes, des mor-ceaux de céramique attique, coupe à tige ou skyphos. Les élé-ments de parure et d’habillement, fibules, anneaux, boucles d’oreille, sont présents dans 57% des tombes de cette période ; ils sont placés le plus souvent (72% des cas) hors de l’ossuaire. L’armement offensif, lance, grand couteau, javelot, est observé dans 14% des dépôts ; les fusaïoles sont présentes selon la même fréquence mais jamais dans les tombes à arme. Le métal est, comme auparavant, passé sur le bûcher.

Pour la période 325-225 on ne peut prendre en compte que 49 sépultures complètes. Elles se partagent en deux séries. Dans la

plus nombreuse, 69% des cas, l’ossuaire, essentiellement un cratère à pouciers issu des ateliers de Rosas, est accompagné de deux à dix récipients destinés le plus souvent à contenir des offrandes alimentaires. L’autre série est formée des tombes à simple ossuaire (31% des cas) ; il s’agit alors d’un vase non tourné (26%), d’un vase balustre (37%), d’une urne de la Côte catalane (21%) ou encore d’une céramique commune tournée à pâte grise (16%). Des quartiers entiers de viande, présents dans 65% des tombes, prennent de plus en plus d’espace. L’arme-ment offensif et/ou défensif est le plus souvent associé à un cratère à vernis noir.

À Mourrel-Ferrat, à la fin du IVe et au début du IIIe siècle av. J.-C., le matériel accompagnant le défunt figure toujours en petite quantité, et cependant il marque une nette différence entre les six tombes à ossuaire et les six tombes sans ossuaire (Janin et al. 2000). La céramique est plus rare dans les premières, en mettant évidemment à part le vase ossuaire lui-même. Une seule tombe à ossuaire (tombe 10) est pourvue d’un vase d’ac-compagnement complet, ainsi que des tessons de sept ou huit récipients incomplets. Deux autres tombes de cette catégorie

Fig. 20 : Marseille, La Bourse : monument à triglyphe (cliché G. Bertucchi 1992).

Fig. 21 : Ensérune (Nissan-lez-Ensérune, Hérault), mobilier de la tombe 13. 1 : ossuaire en céramique à pâte claire. 2 : épée en fer. 3 : fourreau en fer. 4 : pointe de lance en fer (dessins G. Marchand).

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renferment également des restes de vases incomplets. C’est donc seulement la moitié des tombes à ossuaire qui possèdent de la céramique d’accompagnement. Il n’en va pas de même avec les tombes de la seconde catégorie : dans toutes ont été placés des tessons de plusieurs vases. À l’inverse, le matériel métallique et les restes d’animaux sont plus nombreux dans les tombes à ossuaire : pièces de parure et d’habillement, fibule, bracelet, perle et/ou anneau de ceinture figurent dans quatre tombes (tombes 10, 12, 17 et 21) et les restes de faune dans qua-tre sépultures également (tombes 10, 12, 17 et 18). En revanche seules deux tombes sans ossuaire contiennent de petits objets métalliques, élément de bouclier et fibule dans la tombe 1 ou boucle d’oreille dans la tombe 5, et aucune n’a livré d’os d’ani-maux.

5.2. Monde indigène du Languedoc oriental et de la Provence

5.2.1. Les tombes sans ossuaire On mettra à part d’emblée la tombe sans ossuaire de la Font de la Vie, datée du milieu du Ve siècle av. J.-C. et qui semble être isolée de toute nécropole. C’est la tombe d’un adulte dont les os incinérés, peu abondants (54,7 g), ont été mêlés dans le locu-lus à des restes du foyer et à ceux du mobilier très fragmenté et qui a fortement souffert de son passage au feu : une pointe de lance en fer, des éléments en bronze d’une ceinture ou d’un baudrier, des morceaux de deux coupes attiques, d’un simpu-lum et d’une olpé étrusques en bronze, des fragments d’une possible fibule en fer, trois jetons en bronze et deux anneaux en os. Une urne ou une portion d’urne non brûlée a été posée sur le sol, en bordure de cette fosse. Par sa relative richesse et notamment les symboles de la guerre et du banquet avec des objets grecs et étrusques, cette sépulture est tout à fait dans la lignée de ses homologues du Premier Âge du fer (Dedet 1995).

À Ambrussum, dans la deuxième moitié du IIIe siècle et le pre-mier quart du IIe siècle av. J.-C., la quantité d’objets placés dans la tombe est difficile à évaluer précisément, notamment en ce qui concerne la céramique. Ce ne sont pas des vases, en effet, qui sont déposés mais des tessons et le nombre de réci-pients auxquels ceux-ci se rapportent ne peut pas toujours être connu. C’est aussi sans compter avec les objets mis sous ou dans des dispositifs de recouvrement, parfois communs à deux ou trois tombes, ou mal conservés. Malgré cela, et en ne prenant en compte que les pièces déposées dans les loculus, une évaluation est possible, qui montre, pour les seize adultes, deux catégories de tombes. Les six tombes de « seconde classe » ont un mobilier céramique composé de tessons provenant de un à dix-huit vases tournés et de tessons de un à vingt-six

vases non tournés, accompagnés parfois d’un petit objet, un bracelet, une fibule ou une perle en pâte de verre. Les tombes de « première classe », pourvues également de tessons de vases tournés (un à six vases) ou non (un à vingt-et-un vases) se distinguent des précédentes par un matériel métallique plus abondant : certains de ces défunts (T 12, 14, 18, 21 et 25) sont munis de pièces présumées masculines, pointe et talon de lance, restes d’épée, de fourreau et suspension ou éléments de bouclier, tandis que d’autres (T 11, 19 et 23) (fig. 22), possèdent des objets à symbolique féminine, fusaïole, plusieurs bracelets, boucle d’oreille, ceinture d’anneaux et pendentifs en bronze. Pour les enfants jusqu’à 12 ans (tombes 5, 13 et 22), le mobilier consiste en tessons de un ou deux vases importés, de deux à dix vases indigènes, ainsi qu’en éléments de collier (perles de corail ou de verre). Ce même matériel se retrouve pour un enfant plus grand, entre 12 et 15 ans (tombe 24), complété par une fibule et un bracelet en verre (Dedet à paraître).

La partie IVe-IIIe siècles av. J.-C. de la nécropole des Conques à Cucuron moins bien conservée, aux dépôts souvent incomplets et sans déterminations ostéologiques, présente le même type de mobilier : deux bracelets, une fibule et une pendeloque dans la tombe A, une petite coupe et des tessons d’une urne incom-plète, en céramique non tournée, des débris de bracelet et de fibule en bronze, un passant en fer, un couteau et une fusaïole dans la tombe B, qui a peut-être accueilli deux défunts (?), car couteau et fusaïole s’excluent d’habitude ; une fibule et des tes-sons de deux urnes dans la tombe C ; une pointe de lance dans la tombe D (Dumoulin 1962).

5.2.2. Les tombes avec ossuaireLes tombes à vase ossuaire actuellement connues dans cette région pour la fin du IVe et le début du IIIe siècle av. J.-C. pré-sentent deux éventualités. Dans certaines sépultures de la nécropole du Sizen à Beaucaire, l’ossuaire n’est accompagné d’aucun objet (fouilles 2008). Dans d’autres tombes, l’accompa-gnement est très limité, comme c’est le cas aussi au Sizen ou encore dans la tombe de la Roussillonne à Nîmes (Dedet et Gauthey 2008). Dans cette dernière, seule une petite coupe a été ajoutée au dépôt, posée sur le dessus du paquet d’os (fig. 10, n° 1). Un peu plus tard, au début du IIe siècle av. J.-C., la tombe 3 des Colombes à Beaucaire est beaucoup mieux pourvue et il n’est pas certain que l’ensemble du matériel ait pu être récu-péré : l’urne ossuaire, qui contient aussi une fibule et une mon-naie, est posée dans la courbure d’une épée encore dans son fourreau, qui ont été ployés ; deux plats à vernis noir et un en céramique non tournée sont alignés d’un côté (Dedet et al. 1974, p.75-83). Ce cas est-il exceptionnel alors à Beaucaire ? S’agis-sant de la seule tombe de cette époque connue sur ce site, il est impossible de se prononcer.

Fig. 22 : Ambrussum (Villettelle, Hérault), tombe 23. 1, 2, 3 : bracelets en bronze. 4 : clou en fer. 5 : fusaïole en terre cuite. 6 à 9 : urnes, coupe-couvercle et coupe en céramique non tournée (dessins B. Dedet et H. Boisson).

Bernard Dedet et al. Les pratiques funéraires en Languedoc et en Provence du Ve au milieu du IIe siècle av. J.-C.

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5.2.3. Les tombes à inhumation des Alpes méridionalesLa composition du mobilier des tombes à inhumation des Alpes du sud est mal connue car il s’agissait, alors, au milieu du XIXe siècle, essentiellement de récupérer des objets métalli-ques. Seules les trois sépultures de Peyre Haute à Guillestre, fouillées en 1874 par E. Chantre, font exception (au moins par-tiellement car aucun tesson ou vase en céramique n’y est signalé). Une tombe datable du IVe siècle av. J.-C., abritait un adulte accompagné d’un grand nombre de pièces d’habille-ment et de parure : une longue ligne de quarante-six boutons en bronze évoquant la présence d’un manteau dont la capuche pouvait être fixée à la chevelure par une grande fibule, vête-ment maintenu par quatre fibules en bronze ou en fer sur le torse, collier de trente-sept perles d’ambre, de verre et de bronze, vingt-six bracelets en bronze au bras droit et huit au bras gauche (fig. 12, A). Les deux autres sépultures, dont celle d’un grand enfant, renfermaient chacune trois bracelets et une chaînette (Chantre 1878, p. 9-10). Le port de bracelets et/ou de brassards de bracelets est aussi signalé aux bras des défunts de Lans et des Mâts (Jausiers), et aux bras et aux jambes de celui d’Arzeliers (Laragne-Montéglin).

5.3. Continuité avec le passé

Le type de mobilier accompagnant ces inhumations des Alpes méridionales est dans le droit fil de celui des siècles antérieurs, mis à part les vases céramiques ou plus vraisemblablement leurs tessons, le plus souvent négligés par les fouilleurs autre-fois. Il est tout à fait comparable, par exemple, à celui des tumu-lus de Saint-Roch-Les Mollards à Ventavon (Alpes-de-Haute-Provence) (Mahieu et Boisseau 2000). Pour les autres assemblages ayant trait aux tombes à incinération, on les trouve tous, mutatis mutandis, dans le Premier Âge du fer, avec des quantités et des qualités comparables. La tombe avec ossuaire et vases d’accompagnement est le mode le plus courant en usage en Languedoc occidental du Bronze final IIIb à la fin du VIe siècle av. J.-C. La formule toujours à ossuaire mais sans vases d’accompagnement est bien connue au VIIe siècle av. J.-C. au Peyrou I (Nickels et al. 1989) ou à Saint-Martin-de-Colombs (Fabrègues, Hérault) (Dedet et Paya 2006-2007). La sépulture sans ossuaire, avec dépôt d’objets brisés et d’os prélevés sur le bûcher est attestée déjà au VIIe siècle av. J.-C., par exemple à Gallière à Montpellier (Dedet et Lisfranc 2005), et au siècle sui-vant à Las Peyros (Couffoulens, Aude) (Passelac et al. 1981) ou au Grand Bassin II (Mailhac, Aude) (Janin et al. 2002). Quant à l’isolement de la tombe du « guerrier-banqueteur » de Font de la Vie, c’est un fait qui n’est pas sans rappeler ses homologues du siècle précédent à Corno Lauzo près de Mailhac (Taffanel et Taffanel 1960) ou à Castelnau-de-Guers (tombe de Saint-Antoine) (Houlès et Janin 1992).

5.4. Le cas particulier des tombes grecques

Les tombes de Marseille et d’Agde se distinguent de celles du monde indigène par le réceptacle du défunt et par le mobilier qui l’accompagne. À Marseille, Sainte-Barbe, le vase ossuaire est quasi systématiquement une urne à pâte claire, plus rare-ment un réceptacle en plomb. Ici, comme dans la nécropole du Tapis-Vert, environ la moitié des tombes d’adulte n’ont pas de mobilier d’accompagnement et, pour l’autre moitié, on compte en moyenne à peine deux objets. Ce matériel comporte nombre de pièces de culture grecque comme guttus, vase à parfum, ala-bastre, strigile, corymbe… Les céramiques sont essentiellement

des productions de la colonie ou, plus rarement, ont une ori-gine grecque. La présence d’un coquillage caractérise les enfants de moins de dix ans et c’est presque toujours le seul objet dont ils sont munis (Moliner et al. 2003 ; Chabot et Féraud 1959) (fig. 23).

À Agde, Le Peyrou II pour la même période, sur 24 sépultures à inhumation, 9 sont pourvues de mobilier, toujours un unique objet : dans six cas un vase caractéristique des usages funérai-res grecs, pichet à pâte claire ou lécythe déposé près de la tête ou de la hanche du sujet (fig. 12, B), et pour les trois autres un coquillage (2 tombes) ou une fibule (1 tombe). Les trois tombes à incinération suffisamment bien conservées, toutes à ossuaire, comptent trois ou quatre vases d’accompagnement dont, tou-jours, un balsamaire (Lugand et Bermond 2001, p. 146).

6. organiSation deS nécropoleS

Toutes les nécropoles importantes du Second Âge du fer du Languedoc occidental sont associées à un habitat reconnu.

À Pech Maho, la nécropole des Oubiels est implantée sur un plateau correspondant à une terrasse de la Berre le long du che-min menant à l’oppidum, à 500 m au sud-est de celui-ci, mais les conditions de découverte ne permettent pas d’autres observa-tions quant à l’organisation de la nécropole.

La nécropole de Mourrel-Ferrat est située à proximité du rem-part de l’oppidum, sur le flanc oriental du relief sur lequel s’est installé l’habitat protohistorique. Bien que la fouille soit incom-plète notamment vers le sud, plusieurs observations ont pu être faites. La nécropole débute à une quinzaine de mètres du rempart. L’organisation interne est perceptible par endroits, malgré le fort arasement du gisement : au moins quatre sépul-tures sont alignées (Janin et al. 2000).

À Ensérune, dès le milieu du VIe siècle et durant la première moitié du Ve siècle, une nécropole existe à l’ouest du plateau à environ 500 m de l’habitat contemporain. Sa présence n’est cependant pas marquée par des tombes conservées mais par du mobilier portant les stigmates du passage sur un bûcher. Cette nécropole est bien attestée en ce lieu à partir du deuxième quart du Ve siècle et durant la première moitié du IVe siècle par des sépultures en place qui s’organisent en deux grands ensem-bles, séparés par une remontée du substrat rocheux supportant une voie de circulation est-ouest, selon le grand axe de la col-line. Dans ces deux secteurs, la répartition est différente : au nord un groupement arrondi d’une cinquantaine de sépultu-res, sans ordre apparent ; au sud, une agglomération partielle-ment connue mais néanmoins plus importante, d’au moins 160 tombes fouillées. Au nord, l’espace funéraire est profondément réaménagé vers le milieu du IVe siècle. Un épais remblai résul-tant probablement du creusement d’un fossé nord-sud, recou-vre sur près d’un mètre cette zone. Les tombes y sont alors ins-tallées dans un espace plus contraint, limité vers la pente de la colline par un puissant mur de soutènement. Le secteur sud se développe alors graduellement en périphérie vers l’est et le nord-est. Cette extension vers l’est se confirme jusqu’au dernier quart du IIIe siècle. Un agrandissement vers l’ouest et vers le sud ne peut être exclu mais les recherches n’ont pas été menées dans ces directions. Des tombes tardives, des environs de 200 av. J.-C., sont d’ailleurs attestées 200 m plus à l’ouest (Bel et al. à paraître).

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Dans cette nécropole, tombes d’homme et tombes de femme, si l’on en croit la symbolique de certains objets4, sont mélangées dans les deux secteurs où l’analyse est possible, celui du nord comme celui du sud, du milieu du Ve à la fin du IIIe siècle av. J.-C. La répartition en fonction de l’âge ne peut être appréciée que dans la zone nord. Les enfants ne bénéficient pas d’un secteur réservé. Les tombes individuelles ou partagées de jeunes et de grands enfants sont dispersées parmi celles des adultes (fig. 24, 1 et 2).En Languedoc oriental, les tombes sont préférentiellement situées en bas de versant des habitats perchés ou carrément dans la plaine, à quelques dizaines de mètres seulement de l’agglomération des vivants, et en bordure ou non loin d’une voie de passage importante.

C’est d’abord le cas, au Ve siècle av. J.-C., de la tombe de Font de la Vie implantée à 200 m au dessous des falaises escarpées de l’habitat du Puech des Mourgues ; mais il s’agit là d’une tombe isolée. L’oppidum de Beaucaire/Ugernum (fig. 25, C), d’abord limité à la hauteur Redoute-Château au Premier Âge du Fer, s’étend ensuite en bas de la pente méridionale de la colline. Le secteur funéraire du Second Âge du fer se trouve à l’ouest : tombes du Sizen, des IVe et début IIIe siècle av. J.-C., à 250 ou 300 m de la zone habitée ; des Colombes, à partir du tout début du IIe siècle av. J.-C., à 500 m plus à l’ouest. Ces cimetiè-res se développent selon un axe est-ouest, en s’éloignant de l’oppidum au fil du temps, à 200 mètres de la future via Domitia, parallèlement à elle et sans doute à la voie protohistorique qui la précédait. La sépulture d’Atila à Sernhac, datée du second quart du IIe siècle av. J.-C., n’est, elle aussi, qu’à 200 m d’un quartier de l’oppidum du Marduel contemporain (Py 1983).

Fig. 23 : Marseille, Sainte-Barbe, mobilier des tombes 247 et 232. Tombe 247 : 1 et 2 : vase ossuaire en céramique punico-ébusitaine muni de son couvercle en pâte claire massaliète. 3 et 4 : alabastres en pâte claire massaliète. 5 : strigile en fer. 6 : bague en fer. 7 à 10 : cônes en pâte claire massaliète. 11 : rosette en pâte claire massaliète. Tombe 232 : 1 : guttus à vernis noir. 2 : valve de pecten (dessins Moliner et al. 2003).

4 - Sur cette question de la symbolique sexuelle de certains objets, voir Dedet 2008, p. 371-381.

Bernard Dedet et al. Les pratiques funéraires en Languedoc et en Provence du Ve au milieu du IIe siècle av. J.-C.

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Fig. 24 : répartition des défunts incinérés et inhumés par grandes classes d’âge à Ensérune (1 et 2) et à Marseille, Sainte-Barbe (3) (DAO B. Dedet et M. Schwaller).

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Comme celui-ci, elle est établie sur le bas de la pente de la col-line, en limite de la vallée du Gardon, sans doute à proximité d’une voie menant à Beaucaire/Ugernum.

L’oppidum d’Ambrussum, sur la colline du Dévès, protégé par un puissant rempart, remonte à la fi n du IVe ou au début du IIIe siècle av. J.-C. et l’habitat s’y poursuit jusqu’au début du IIe siècle après J.-C. ; mais les lieux sont occupés plus ancienne-ment, déjà au Premier Âge du fer. Le secteur fouillé de la nécro-pole ne concerne qu’une faible part de cette durée, la seconde moitié du IIIe et le tout début du IIe siècle av. J.-C. Ce cimetière se situe au pied même de la hauteur, à 250 m du rempart, en bordure du Vidourle, une portion de la vallée ici très étroite en rive droite du fl euve (fi g. 25, B). Sans doute avoisine-t-elle aussi la grande voie conduisant d’Italie en Espagne, la future via

Domitia, déjà bornée avant la conquête aux dires de Polybe, cer-tainement dès le milieu du IIe siècle av. J.-C. ; des états posté-rieurs de cette voie, dont le plus ancien remonte aux environs de 30 av. J.-C., ont en effet été fouillés qui surmontent la nécro-pole. Cependant on ignore où se trouvent les tombes corres-pondant aux autres périodes d’occupation de l’oppidum.Dans ce secteur fouillé, on ne remarque pas d’alignement par-ticulier des tombes et celles-ci ne se recoupent jamais. Hommes et femmes présumés ne semblent pas séparés sur le terrain. Les enfants sont également dispersés parmi les adultes. Et si un nourrisson d’un an environ partage la tombe d’un adulte, fémi-nin d’après la connotation du mobilier, les autres enfants sont placées indifféremment à côté d’une tombe présumée masculine ou d’une tombe supposée féminine. L’ustrinum contemporain

Fig. 25 : localisation des nécropoles par rapport à l’habitat. A : Marseille. 1 : Sainte-Barbe; 2 : rue du Tapis-Vert; 3 : La Bourse; 4 : rue Fauchier; 5 : Bassin de Carénage; 6 : Le Pharo (d’après Bertucchi 1992). B : Ambrussum (DAO B. Dedet). C : Beaucaire/Ugernum. 1 : extension de la ville d’Ugernum; 2 : Les Marronniers; 3 : Le Sizen; 4 : Les Colombes (fond de carte J. Peyron).

Bernard Dedet et al. Les pratiques funéraires en Languedoc et en Provence du Ve au milieu du IIe siècle av. J.-C.

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est quelque peu à l’écart des tombes : la sépulture la plus pro-che est à deux mètres au nord-ouest, mais il est vrai qu’on ne connaît pas les limites du bûcher vers le sud.Marseille grecque offre un schéma quelque peu différent, avec des zones funéraires entourant presque entièrement la ville (fig. 25, A). Tout près de son rempart, un grand secteur oriental débute à 200 m du rivage du fond de la calanque du Lacydon (actuelle rue du Tapis-Vert), au commencement du Ve siècle av. J.-C., et s’étend jusqu’au pied de la butte des Carmes (Sainte-Barbe) à l’extrême fin de ce siècle. Cette nécropole orientale reste utilisée durant tout le IVe siècle av. J.-C., et devant la porte de la ville sont alors bâties des tombes monumentales (La Bourse). Le secteur de Sainte-Barbe accueille toujours des tom-bes au siècle suivant et jusqu’au milieu du IIe siècle av. J.-C. Plus au nord près du littoral, des découvertes anciennes sem-blent indiquer l’existence d’un autre quartier funéraire du IVe siècle av. J.-C. (rue Faulchier). Enfin, une autre nécropole en usage aux IVe et IIIe siècle av. J.-C. prend place face à la ville, sur l’autre rive du Lacydon (Le Pharo et Bassin de Carénage).

L’organisation de la nécropole de Sainte-Barbe peut être mieux appréhendée du fait d’une surface explorée plus étendue. Elle a connu un développement nucléaire à partir de deux points d’origine situés de part et d’autre d’un petit vallon. On ne remarque pas de répartition cadastrée des sépultures. Bien que celles-ci soient signalées en surface par une stèle, les fréquents recoupements de fosses suggèrent un manque d’entretien des tombes. En revanche, les bûchers funéraires contemporains ont été épargnés : il s’agissait donc d’un secteur réservé.Inhumations et incinérations sont mêlées dans ce cimetière, cependant une distinction topographique importante existe :

les inhumés sont installés majoritairement sur le versant occi-dental du vallon, tandis que les incinérés sont déposés sur le versant opposé (Moliner et al., 2003, p. 32, fig. 20). Périnatals, enfants, hommes et femmes sont mélangés, mais les nouveau-nés, jamais brûlés, sont tous dans le secteur ouest (ibid., p. 238, fig. 211) (fig. 24, 3)

7. concluSion

Parmi tous les usages funéraires du monde indigène du Lan-guedoc et de la Provence, du Ve au milieu du IIe siècle peu de temps avant la conquête de la province de Narbonnaise par Rome en 123-122 av. J.-C., aucun n’est réellement nouveau par rapport à ceux qui avaient cours au Premier Âge du fer, qu’il s’agisse de l’âge à partir duquel le défunt est admis au lieu de sépulture ordinaire de la communauté, du partage de la tombe avec un adulte pour les enfants de moins de dix ans, de la pra-tique crématoire, des mêmes types de bûchers et des mêmes modes de dépôt des restes humains, de la discrimination reflé-tée par le mobilier, sa quantité et sa symbolique, de la signali-sation du tombeau au moyen de stèle rudimentaire, de la per-manence dans les mêmes lieux et de l’existence de tombes isolées.En fait, au fil du temps, du Premier au Second Âge du fer, ce ne sont pas les pratiques elles-mêmes qui changent, mais bien plu-tôt la fréquence relative de celles-ci. Par ailleurs ces coutumes sont bien différentes de celles des Grecs de Massalia/Marseille/et d’Agathe/Agde. Alors que ces derniers ont pesé sur le monde autochtone en bien des domaines, leur influence n’est pas sen-sible sur les habitudes funéraires des indigènes.

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