ARCHEOLOGIE ET PEUPLEMENT DES ALPES DU NORD

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ARCHEOLOGIE ET PEUPLEMENT DES ALPES FRANCAISES

DU NORD DU NÉOLITHIQUE AUX AGES DES MÉTAUX

Aimé BOCQUET

De nombreux documents archéologiques sont cités sans détail dans le texte ou les notes; la liste

n'en est pas exhaustive. Des inventaires plus complets, comme la bibliographie, sont consultables

sur le site Web : http://aimebocquet.perso.sfr.fr/

ARCHEOLOGIE ET PEUPLEMENT DES ALPES FRANCAISES DU NORD

AU NEOLITHIQUE ET AUX AGES DES METAUX

par Aimé Bocquet*

Résumé: Le peuplement des Alpes du Nord françaises est déterminé par le relief, les

voies naturelles de circulation et la position de la région entre Suisse, plaine du Pô et vallée du

Rhône. Le Néolithique ancien est peu représenté par quelques communautés de chasseurs en voie

de néolithisation depuis le Rhône supérieur au Nord et les civilisations méridionales au Sud, dès

5300/5200 BC.

Au Néolithique moyen les premières colonisations de territoires vierges arrivent du Sud

(Civ. chasséenne) et de Suisse (Civ. de Cortaillod). Un domaine alpin d'altitude se crée en haute

Maurienne et haute Tarentaise directement relié au Val d'Aoste et au Val de Suse par les cols,

sous l'influence des "Cortaillod" établis en Valais sur le haut Rhône pour exploiter les roches

vertes destinées aux haches polies. Au Néolithique final, le même partage entre influences

méridionales (Néolithique récent méridional) et helvétiques (Néolithique récent rhodanien) se

manifeste avec la conquête de nouveaux territoires.

Les premiers bronzes sont issus de la civilisation du Rhône au Bronze ancien puis de la ci-

vilisation des Tumulus au Bronze moyen sans qu'il y ait de véritable production locale. Celle-ci

apparaît avec la lente et progressive imprégnation technique et culturelle issue de l'Europe

moyenne, de Suisse, de France orientale et d'Italie au Bronze final. Les Alpins ont alors des pro-

ductions métalliques originales, souvent influencées par les contacts avec l'Italie qui complètent

celles des nouveaux ateliers installés au bord des lacs.

* Centre de Documentation de la Préhistoire alpine. 53 rue du Drac, 38000 Grenoble.

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A la fin du Bronze final se met en place une métallurgie spécifique en altitude dans les

Hautes-Alpes. Puis se placent les premières atteintes hallstattiennes avec soit l'installation de

"colonies" sur le Buech et la Durance dans les Hautes-Alpes, soit la prise de contrôle du com-

merce transalpin par les hautes vallées et les cols; les indigènes profitent de ce trafic qui les enri-

chit et facilite la création d'une véritable civilisation alpine originale, fondée sur le bronze et les

productions locales à la fin du 1er âge du Fer. Les Gaulois ne poursuivent pas, au 2ème âge du

Fer, l'utilisation des cols mais les Alpins conserveront leur originalité et leur puissance qui fera

obstacle à la pénétration romaine jusqu'à Auguste.

La protohistoire des Alpes est marquée par trois stades majeurs: la néolithisation au Ve

millénaire et la création d'un peuplement alpin d'altitude en Savoie lié à la fabrication des haches

polies, la généralisation du bronze à la fin du IIe millénaire et l'incorporation des Alpes à la vie

économique européenne à partir du VIIe siècle, favorisant la naissance d'une civilisation alpine

originale. Ces stades s'accompagnent de modifications techniques mais aussi et surtout de

changements dans les mentalités, les statuts sociaux et la maîtrise du territoire.

Abstract Les Alpes du Nord montrent une grande originalité tant par la nature variée du

territoire que par la qualité des hommes qui ont su s'y adapter et les soumettre à leurs besoins.

Les communications transalpines facilitées par la disposition des vallées et des cols ont rendu la

barrière des montagnes perméable au trafic et aux influences, en particulier avec le versant ita-

lien.

Cinq millénaires ont été nécessaires pour que les hommes s'implantent complètement

dans les Alpes du Nord. Le début de la néolithisation a affecté, dès 5300/5200 BC, seulement

quelques communautés mésolithiques acculturées par le nouveau mode de vie, suivant deux axes

de pénétration: la région septentrionale touchée par le courant venu de Suisse qui s'arrête entre

les latitudes de Chambéry/Grenoble et les influences du Midi remontant un peu plus vers le Nord.

Une véritable colonisation affecte l'Ouest des massifs internes, au Néolithique moyen, due

aux Chasséens et aux Cortaillod, ceux-ci ne franchissant pas vers le Sud la limite déjà définie: la

province de Savoie se distingue déjà du Dauphiné.

La conquête des hautes vallées savoyardes, à l'est, s'est effectuée à partir du versant italien

par les Cortaillod venus du Valais et porteurs du rite funéraire en coffre Glis-Chamblandes; une

communauté homogène de montagnards occupe les régions placées à cheval sur la frontière pour

exploiter les roches vertes nécessaires à la fabrication des haches polies très largement utilisées

dans le Sud-Est de la France, en Suisse occidentale et en Italie.

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Pendant le IIIe millénaire, au Néolithique récent, le courant nord helvétique et le courant

Sud méditerranéen se manifestent encore, affirmant plus fortement la différence Dauphiné-Sa-

voie.

L'apparition du bronze marquera la fin du courant méridional car les centres métallurgi-

ques et les civilisations qui les nourrissent sont issus de la Suisse rhodanienne puis de l'Europe

moyenne. Leur puissance et leurs nouveautés techniques s'imposeront d'abord par la diffusion

commerciale des produits finis puis par une expansion des idées, des savoir-faire ou/et des

peuples à la fin de l'âge du Bronze. La société en petites communautés rurales à statut néolithique

aura disparu définitivement avec l'apparition de nouvelles techniques métallurgiques et cé-

ramiques diffusées dans toute la région à partir du XIVe siècle; ce changement s'accompagne

l'organisation du territoire par les premiers "princes", contrôlant les productions diverses et le

trafic entre l'Europe occidentale et le monde méditerranéen.

Les Hallstattiens s'installeront ensuite dans l'avant-pays laissant les Alpins se développer

dans les montagnes tout en restant maître du commerce et du trafic transalpin. Les Gaulois les

remplaceront dans leur contrôle du territoire en abandonnant l'usage des grands cols après leur

expulsion de la plaine du Pô.

Les Alpins seront des bronziers tant à l'extrême fin de l'âge du Bronze dans les Hautes-Al-

pes que durant tout l'âge du Fer où prennent naissance dans chaque vallée interne des groupes

culturels et techniques originaux. Ces différences entre plaines et montagnes perdureront plus de

deux millénaires puisque les arts et les traditions populaires nous les illustraient encore il y a

moins de cent ans.

La protohistoire des Alpes est marquée par trois stades majeurs: la néolithisation au Ve

millénaire et la création d'un peuplement alpin d'altitude en Savoie lié à la fabrication des haches

polies, la généralisation du bronze à la fin du IIe millénaire et l'incorporation des Alpes à la vie

économique européenne à partir du VIIe siècle, favorisant la naissance d'une civilisation alpine

originale. Ces stades s'accompagnent de modifications techniques mais aussi et surtout de

changements dans les mentalités, les statuts sociaux et la maîtrise du territoire.

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AVANT-PROPOS

Le passé est présent; il s'insinue dans le temps

où nous sommes en y déployant ses effets. Jean-Paul II

Les documents dont nous disposons aujourd'hui pour écrire la préhistoire des Alpes sont,

pour beaucoup, des trouvailles anciennes rassemblées entre 1840 et 1960 par des érudits locaux

et autres collectionneurs. Ceux-ci, conscients de la valeur du patrimoine et par esprit civique, ont

récolté ou acheté ces témoins aujourd'hui si précieux; tous n'étaient pas de grands savants mais il

faut rendre hommage à leur oeuvre de sauvegarde. Ces découvertes ne sont pas accompagnées de

leur contexte archéologique mais elles gardent la force d'un témoignage irremplaçable. Issues des

travaux agricoles ou des aménagements faits à la pelle et à la pioche, elles furent plus nombreu-

ses malgré le faible volume de terre remué, que celles livrées par les fouilles et les terrassements

depuis cinquante ans1. On frémit à la pensée de ce qui a été perdu ainsi des traces de notre passé,

en particulier depuis que les "amateurs" bien implantés dans les régions, véritables rabatteurs de

l'archéologie, disparaissent peu à peu2. Cet aspect négatif sera atténué par une archéologie nou-

velle qui naît à la faveur des travaux d'aménagements du territoire; des problématiques renouve-

lées et des examens du terrain sur de grandes longueurs permettent la mise en évidence des sé-

quences d'occupation3 et l'évolution géo-morphologique des terroirs en fonction de l'anthropisa-

tion.

Les cartes de répartition matérialisent l'origine et l'expansion des peuplements, la diversité

des cultures et leurs évolutions de manière synthétique. En pays de montagne les sites en grotte,

qui ont été particulièrement exploités, offrent des stratigraphies d'occupations, souvent temporai-

res, dont le matériel n'illustre pas toutes les activités d'un habitat normal mais qui est culturelle-

ment significatif. Les régions calcaires peuvent sembler ainsi sur-représentées par rapport aux

stations de plein air où les conditions liées au relief amènent des sédimentations qui les cachent

ou des érosions qui les ont fait disparaître. La rareté des sites est donc parfois trompeuse, ne cor-

respondant pas à la réalité: à Charavines par exemple, les pollens attestent une présence humaine

autour du lac de Paladru à partir du Néolithique moyen alors que seul un site du Néolithique ré-

1 Deux exemples: nous connaissons 5 dépôts d'objets de bronze découverts avant 1850, 29 entre 1850 et 1900, 17 entre 1900 et

1960 et seulement 3 depuis 1960; 92% des 500 trouvailles de haches polies isolées ont été faites avant 1960... 2 Les connaissances acquises depuis 30 ans sont l'oeuvre, pour une bonne part, de non professionnels bénévoles auxquels je désire

rendre un hommage particulier: J.Bellet, P.Benamour, M.Billard, Y.Billaud, B.Caillat, R.Castel, G.Chaffenet, R.Chemin, J.Clerc,

J.C.Daumas, P.Dufournet, J.P.Ginestet, A.Héritier, M.Hudry, R.Laudet, R.Laurent, P.Lequatre, M.Malenfant, A.Muret, P.Persoud,

R.Picavet, A.Piccamiglio, G.Pion, M.Pons, J.Prieur, B.Reffienna, M.Rossi, J.Ulysse, etc. 3 L'exemple récent de la Valdaine et du Tricastin dans la Drôme est significatif avec la découverte de 70 sites, dont seulement 5 en

surface, sur la tracé du T.G.V.

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cent a été découvert. Les cartes reflètent aussi la dispersion inégale des chercheurs... Malgré les

lacunes et les imperfections, nous disposons pourtant de suffisamment d'informations pour que la

cartographie soit un élément primordial de compréhension de la dynamique du peuplement

comme des modalités des échanges.

La variabilité géographique, géologique et climatique des pays de montagne intervient sur

la nature et l'évolution techno-culturelle des groupes humains, parfois très morcelés ou isolés par

le relief. Contrairement à ce qui se passe dans les régions largement ouvertes et sans contrainte

de relief, en montagne les entités géographiques sont multiples (Fig. 2), quelquefois peu éten-

dues: elles correspondent toujours à des entités culturelles et humaines différenciées. Pour les

reconnaître, ici plus qu'ailleurs, il est nécessaire d'examiner avec une grande attention le matériel

archéologique qu'il soit issu des productions locales, touchées ou non par les influences extérieu-

res, ou que ce soient des importations d'objets finis. Ainsi se dégage une dynamique du peuple-

ment, de ses changements et de ses originalités avec l'arrivée de quelques hommes, de migrants

ou seulement par acculturation de voisinage. La présence soudaine et abondante d'un matériel

nouveau a une autre signification que celle de quelques pièces "étrangères" qui marquent des

rapports "commerciaux" ou des "dons courtois" sans obligatoirement s'accompagner de modifi-

cations du substrat technique ou culturel. Une copie locale où se perçoivent des caractères exo-

gènes inconnus jusqu'alors, va plus loin car elle assimile des influences qui modifient plus ou

moins les traditions et les habitudes et qui peuvent varier d'une région à l'autre.

Parmi les contacts entre les hommes tous n'ont pas la même nature donc le même impact

ni la même portée; les différences existant entre migration ou acculturation, importation ou in-

fluence et tous autres degrés intermédiaires doivent être examinées sous un angle de vue histori-

que large, replacées dans le contexte régional ou européen. Pour comprendre ces nuances, gar-

dons à l’esprit les formes diverses que prennent les rapports entre les peuples, les nations ou les

continents: colonisation ou conquête, mainmise industrielle ou recherche des marchés commer-

ciaux, exploitation de ressources lointaines, domination territoriale, culturelle ou politique, etc.

Comparer les comportements d'hier à ceux d'aujourd'hui est toujours profitable pour pénétrer les

processus historiques en évitant les schémas simplistes. Par contre le monde matériel que nous

cotoyons diffère tant de celui de la préhistoire que nos préjugés intellectuels de citadins défor-

ment trop souvent notre compréhension d'un passé fondé sur des techniques et des mentalités ru-

rales dont le souvenir, déjà très atténué aujourd'hui, s'effacera de plus en plus. C'est un écueil

toujours difficile à éviter.

Les Alpes souffrent de la rareté des fouilles et des analyses pluridisciplinaires dans

de grands sites, études nécessaires pour affiner la chronologie, mieux comprendre les processus

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du peuplement, l'évolution et la diffusion des techniques. Ainsi l'exploitation moderne de quel-

ques stations littorales lacustres serait fondamentale pour l'avancement de notre savoir; mis à part

quelques sondages et des analyses dendrochronologiques, la seule exploitée quasi exhaustive-

ment fut celle de Charavines. Nous n'oserons donc pas comparer, pour le Néolithique et l'âge du

Bronze, nos résultats à ceux obtenus par nos collègues suisses en particulier. La documentation

sur les Alpes du Nord Est encore bien incomplète4 par rapport à d'autres régions mis à part la

connaissance des environnements végétaux et climatiques qui commencent à être bien maîtrisés

tant en plaine qu'en altitude. L'espoir est de voir s'étoffer une politique cohérente de recherches

d'envergure, d'inventaires systématiques et d'analyses qui doivent affecter les anciennes tout

comme les nouvelles découvertes.

Le professeur H. de Lumley a désiré un bilan synthétique des cinq derniers millénaires av.

J.C. dans les Alpes du Nord françaises pour lequel une longue pratique des Alpes, de son terri-

toire comme de son patrimoine préhistorique m'a permis de ressortir des documents significatifs,

négligés ou oubliés. En les incorporant aux plus récentes découvertes, des interprétations fondées

sur la connaissance de la vie et des traditions rurales susciteront la réflexion et soulèveront des

questions auxquelles l'avenir devra répondre5. Je reste toutefois conscient des aléas d'une telle

entreprise qui tente de retracer l'histoire des hommes et de leur génie pendant 5000 ans dans un

espace a priori ingrat et peu accueillant, sans oublier que "ce que nous appelons histoire est un

récit imaginaire fondé sur quelques vestiges reconstituant pour l'esprit une réalité qui n'a pas

existé, telle quelle, en soi" (Georges Minois).

LES ALPES

L'originalité des Alpes tient dans leur morphologie aux multiples aspects, et dans les ré-

ponses qu'ont donné les hommes aux contingences du climat et du relief. Ce sont ces réponses

accumulées au fil des siècles qui constituent une civilisation particulière dont il est possible de

retrouver encore aujourd'hui bien des caractères dans nos montagnes, la civilisation alpine.

4 En particulier dans les Hautes-Alpes où la céramique est pratiquement absente des anciennes collections qui ont privilégié silex et

bronzes comme se fut souvent le cas ailleurs. 5 Les Actes du colloque de Clermont-Ferrand publiés en 1996 ont fait le point sur l'âge du Bronze ancien en Europe. Plusieurs

"spécialistes" ont dressé des cartes de répartition d'objets significatifs de la Civilisation du Rhône: deux exemples me fortifient dans

la nécessité d'un tel bilan. Pour les points de découverte de poignards à manche massif dans les Alpes du Nord, seulement six sur

onze sont indiqués, pour ceux des haches de type Neyruz huit sont mentionnés et sept manquent. Tout commentaire est superflu...

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LE CADRE GEO-MORPHOLOGIQUE (Fig. 1)

La région est limitée par le Rhône au Nord, les abords du couloir rhodanien à l'Ouest et la

frontière franco-italienne à l'est. Vers le Sud elle s'arrête à la frontière du Dauphiné et de la Pro-

vence, à la latitude de Sisteron où commencent les régions méditerranéennes. En plus, souvent

référence sera faite au versant oriental des Alpes, Piémont et Val d'Aoste, à cause de son rôle

dans la genèse de certaines occupations et de multiples influences.

Par la variété des sols et des reliefs, les vallées et les pentes alpines ont offert aux hom-

mes un pays aux multiples possibilités avec ses terrains cultivables, ses zones de refuge, ses voies

de passage et de pénétration. Les ambiances climatiques aussi conditionnent les implantations et

les ressources alimentaires; elles ont changé suivant l'époque, l'altitude et les versants, sur un es-

pace souvent très restreint permettant la coexistence d'économies diverses, donc de populations

aux traditions différentes. L'observation du monde alpin, des habitats et des terroirs, nous mon-

trait il y a encore peu de décennies les parties du territoire qui ne pouvaient pas être occupées en

l'absence d'infrastructures lourdes: abords des rivières dont l'impétuosité imprévisible et non

maîtrisable ravine ou alluvionne au gré des crues, zones soumises aux éboulements ou aux ava-

lanches, etc. L'évidence du milieu montagnard, varié et contraignant, doit rester à l'esprit pour

comprendre la mise en place et l'évolution du peuplement, ses changements et ses stagnations,

forçant l'homme à faire preuve de beaucoup d'imagination et de courage dans des conditions de

vie difficiles.

L'installation et le développement des communautés étant directement liés à la géographie

et à la géologie, il est indispensable d'en connaître les grands traits avant une approche archéolo-

gique. Les Alpes françaises du Nord peuvent être schématisées en trois grands blocs structuraux

allongés en arc de cercle suivant une direction Nord-Sud, depuis le lac Léman jusqu'à la haute

Provence (Fig. 2).

- Une zone montagneuse occidentale, calcaire, de largeur variable, avec du Nord au Sud

les massifs du Chablais, des Bornes, des Bauges, de Chartreuse, du Vercors, du Dévoluy et du

Diois, d'altitude moyenne. Ces massifs préalpins dominent vers l'Ouest les plateaux peu élevés de

piedmont, molassiques et quaternaires qui constituent les marges du sillon rhodanien: le Gene-

vois et le plateau savoyard, le Nord et le Bas-Dauphiné et la plaine de la Drôme.

- Une zone montagneuse orientale d'altitude plus grande, constituée de roches granitiques

et métamorphiques avec les massifs dits "centraux" du Mont-Blanc, de Belledonne, de l'Oisans et

du Pelvoux; elle se poursuit vers l'Est avec les massifs complexes et tourmentés de la zone

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"briançonnaise" de la Vanoise, du Queyras et de l'Ubaye. Plus à l'est, les Schistes lustrés se déve-

loppent surtout sur le versant italien à partir de la ligne de crêtes, mise à part la très haute vallée

de l'Arc où ces schistes arrivent à Modane.

- Ces deux masses montagneuses, orientale et occidentale, sont séparées par une dépres-

sion orientée grossièrement Nord-Sud, plus ou moins large, plus ou moins marquée, le "sillon al-

pin" occupé par les grandes rivières (Arly, Isère, Drac) avec la Combe de Savoie, le Grésivaudan,

le Trièves. Ce sillon structural se poursuit à partir du Dévoluy par les vallées du Buech et de la

Durance.

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Fig. 2. Carte des Alpes du Nord (Map of Northern Alps).

Cols transalpins: 1. Grand-Saint-Bernard, 2469m (entre Rhône et Doire Baltée); 2. Petit-Saint-Bernard,

2188m (entre Doire Baltée et Isère); 3. Montcenis, 2083m (entre Doire Ripaire et Arc); 4. L'Echelle,

1791m (entre Clarée et Doire Ripaire); 5. Mont-Genèvre, 1850m (entre Durance et Doire Ripaire et Chi-

sone); 6. La Croix, 2600m (entre Guil et Pellice); 7. Longet, 2646m (entre Ubaye et Varaïta); 8. Larche,

(1995):m (entre l'Ubaye et la Stura di Desmonte).

Cols entre régions alpines occidentales: 9. Vanoise, 2515m (entre Tarentaise et Maurienne); 10. Glan-

don, 1908m (entre Maurienne et Oisans); 11. Lautaret, 2051m (entre Oisans et Briançonnais). 12. Bayard,

1246m (entre le Drac et Gapençais); 13. Lus-la-Croix-Haute, 1176m (entre Trièves et le Buëch); 14. Ca-

bre, 1180m (entre la Drôme et le Buëch); 15. Saulce, 1180m (entre Nyons et le Buëch).

En gros pointillé: le Sillon alpin. En petit pointillé: frontière franco-italienne (ligne de partage des eaux) et

franco-suisse.

Les massifs centraux et préalpins sont morcelés transversalement par de profondes vallées

ou des dépressions dont l'importance est évidente pour la pénétration des hommes, à l'intérieur

des massifs et même pour l'accès au versant oriental, vers l'Italie. Ces entailles dans les Préalpes

sont les cluses de l'Arve, d'Annecy-Faverges, de Chambéry-lac du Bourget, de Voreppe-Grenoble

puis les vallées de la Drôme, de l'Aygue et de l'Ouvèze. Dans les zones orientales, les hautes val-

lées de l'Isère, de l'Arc, de la Romanche, de la Durance, du Guil et de l'Ubaye forment la Taren-

taise, la Maurienne, l'Oisans, le Briançonnais, le Queyras et l'Ubaye, toutes régions ouvertes sur

le Val d'Aoste et le Piémont par les grands cols transalpins. De plus ces vallées sont toujours en

relation Nord-Sud par des cols, ce qui facilitera les échanges intra-alpins.

Le versant italien ne comporte que des vallées qui coupent les massifs schisteux suivant

un axe grossièrement est-Ouest, massifs qui s'arrêtent brusquement sur la plaine padane par quel-

ques moraines et collines molassiques. Les plus importantes sont le Val d'Aoste, le Val de Suse,

le Val Chisone, le Val Pellice, le Val du Pô, le Val Varaïta... Toutes aboutissent aux cols vers la

France et leur occupation est en général cantonnée aux thalwegs et à leurs abords immédiats; seul

le Val d'Aoste offre plusieurs vallons latéraux (Valtournanche, Valgrisanche, etc.) qui augmen-

tent les possibilités d'habitat et de ressources vivrières. Mais ces vallées transversales, séparées

par de hautes barrières montagneuses, ne communiquent pas entre elles ou très difficilement.

Les Alpes offrent aux hommes la variété de leurs vallées et de leurs montagnes pouvant

servir de refuge et de voies aux influences et aux hommes, voies plus ou moins aisées mais tou-

jours praticables aux marcheurs patients et courageux, tels que devaient l'être nos ancêtres

d'avant l'histoire.

LA CONQUETE DE LA MONTAGNE

Le progrès nous fait trop souvent oublier ce que devait être la vie en montagne avant les

réalisations techniques modernes que n'ont pas connues nos arrière grands-parents. On se de-

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mande parfois quelles raisons économiques ou humaines ont poussé les hommes, dans les temps

les plus anciens et malgré toutes les difficultés, à la mise en valeur des terres d'altitude élevée.

Les voies de communications

Si, pour en connaître les causes nous sommes réduits aux hypothèses (utilisation des alpa-

ges, exploitation des ressources diverses, ouverture des voies, zones de refuge, etc.), tentons au

moins d'en comprendre les mécanismes. Autrefois comme aujourd'hui, les moyens de communi-

cations sont indispensables et accompagnent toute conquête, toute mise en valeur de territoire

comme la diffusion des cultures et des techniques. Cela est particulièrement vrai en milieu mon-

tagnard où les chemins, rares et difficiles à tracer dans la complexité géographique ne sont pas

nés d'un seul coup. Les massifs ont été progressivement visités et connus, d'abord par les chas-

seurs et les pasteurs qui ont su en discerner les richesses naturelles animales, végétales et miné-

rales. Cette connaissance a ensuite permis une implantation permanente dans les sites jugés les

plus favorables au cours de siècles d'observation; ces communautés courageuses devaient prati-

quer une économie agro-pastorale susceptible de les nourrir toute l'année. La permanence de l'oc-

cupation a facilité le développement des réseaux de sentiers qui sillonnent la montagne, indispen-

sables aux déplacements des hommes et des troupeaux sur les deux versants et entre les deux

versants. En plaine les cours d'eaux, grands ou petits, sont des voies qu'il est facile de suivre pour

se déplacer, par contre en montagne les torrents ont creusé souvent des gouffres infranchissables

qu'il est nécessaire de contourner; les possibilités de remonter les vallées ou d'aller d'une vallée à

l'autre sont le résultat de l'expérience du terrain qui s'est transmise de génération en génération.

Bien que l'occupation des diverses zones montagneuses n'ait pas été simultanée, le processus en

fut toujours le même, à toutes les époques.

Habitat et société

Les villages actuels sont pour la plupart dans la continuité des habitats anciens autour et à

l'intérieur desquels se retrouvent tombes ou vestiges. Les maisons6 occupent les meilleurs empla-

cements: bonne exposition au soleil, abrités du vent, hors des couloirs d'avalanches, sur des ter-

rains non sujets à des glissements et environnés de terres cultivables. Quand les villages sont im-

plantés en fond de vallée ils occupent un cône de déjection surélevé et ailleurs ils sont disposés

sur les replats et les vallons latéraux, au-dessus des talwegs. Cette nécessité des terrains sûrs et

exploitables explique que les basses vallées, trop encaissées et sans dégagements latéraux, de

l'Arc, de l'Isère ou de la Romanche sont restés longtemps inoccupés.

6 En bois édifiées sur soubassement de pierres comme le montent des fouilles suisses et des figurations du Val Camonica

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Fig. 3. Tableau chronologique des Alpes du Nord.

D'après (After) Bintz P., Bocquet A., Borel J.L. et Olive P. (1989):, modifié par l'auteur.

En pays de montagne la structure sociale de la communauté doit être "organistique", c'est

à dire comporter tous les corps de métier, toutes les spécialités élémentaires pour assurer au vil-

lage une autonomie complète ou quasi complète à toute époque de l'année; ce qui n'empêche pas

des productions destinées à la vente. En plaine où contacts et déplacements des hommes et des

marchandises sont plus aisés en toutes saisons dans un tissu commercial complexe, des commu-

nautés peuvent se consacrer à des artisanats spécialisés en fonction des savoir-faire et des goûts;

cela est moins vrai en montagne où la polyvalence des activités et des talents est une règle d'or.

Economie

L'économie vivrière des peuples alpins était d'une part fermée et autonome et d'autre part

elle ne donnait pas lieu à des surplus importants capables d'encourager des échanges au-delà d'un

trafic local réduit. Les besoins étaient satisfaits entièrement sur place par la chasse, la cueillette,

la culture et l'élevage, le bois fournissant le matériau des maisons et aussi celui de nombreux

outils et ustensiles dont l’archéologue ne trouve plus trace. Pourtant cette autonomie économique

n'engendrait pas l'isolement. Qu'ils échangent ou non leurs productions spécifiques avec les ré-

gions alentour les Alpins sont toujours restés en contact avec elles, recevant sans retard les in-

fluences et les techniques nouvelles; ils les ont assimilées sans pour cela changer leur mode de

vie fondamental parfaitement adapté aux conditions contraignantes du milieu montagnard.

Si dans l'avant-pays alpin, en zone de plaine ou de faible relief, économie agricole et éco-

nomie pastorale peuvent s'exclure en se développant chacune dans des terroirs différents, il n'en

est pas de même au coeur des montagnes où elles sont complémentaires dans une économie né-

cessairement agro-pastorale. L'agriculteur a besoin de l'animal pour sa nourriture mais aussi

comme bête de bât en terrain accidenté. Très important encore est l'appoint indispensable que

l'animal apporte au chauffage hivernal soit par cohabitation dans une pièce commune, soit pour

le combustible formé par les excréments séchés utilisés quand l'habitat est au-dessus de la limite

de la forêt.

Leur connaissance intime du terrain a permis aux montagnards la découverte et l'exploita-

tion des ressources minérales quand celles-ci ont été nécessaires à la fabrication des outils en si-

lex, en roches dures ou à la métallurgie: ces ressources ont pu être à l'origine d'un haut niveau de

vie comme à l'âge du Fer. En outre quand les grandes civilisations européennes ont eu besoin

d'utiliser les passages transalpins pour le commerce "international", les montagnards ont mis à

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leur service leur pratique des chemins, leur habitude à transporter les charges et leur robustesse.

Souvenons-nous que ce sont les "gens du pays" qui ont aidé, de gré ou de force, l'armée de Bona-

parte à traverser le col du Grand-Saint-Bernard...

Le rôle important des hommes

En l'absence de textes, l'archéologie écrit l'histoire à la lumière du déterminisme de la

géographie, des climats, de l'économie et de bien d'autres contingences matérielles, plus contrai-

gnantes encore dans un environnement défavorable. Mais dans les Alpes, plus qu'ailleurs, le rôle

des hommes a été primordial pour penser et juger les événements, imaginer des réponses techni-

ques ou mentales adaptées aux situations extrêmes.

Ceci m'amène à considérer un aspect étroitement lié à la vie en montagne et aux échanges

par les voies à travers les Alpes, c'est l'existence d'un régime de paix et de solidarité entre les

communautés. Il ne fait aucun doute que la civilisation alpine était nécessairement pacifique; elle

n'a pas connu véritablement d'armes au cours de la préhistoire. Elle était fondée sur l'entraide

dans les travaux et sur le respect des droits de chacun, solidarité indispensable à la survie dans un

milieu difficile, hostile même. Cela a duré tant que les Alpins ont été les seuls maîtres de leur

destin et que les puissances politiques voisines ne leur ont pas imposé une domination liée au

contrôle et à la libre disposition des passages transalpins, c'est à dire à partir de l'époque romaine.

Le rôle des gens de la montagne commencera alors à s'effacer et d'autres profiteront des voies

qu'ils avaient ouvertes et entretenues; ils conserveront au cours de l'histoire quelques libertés en

s'isolant dans les vallons les plus reculés, isolement qui les séparera parfois des bienfaits du pro-

grès et exacerbera chez eux un conservatisme qui nous étonne mais dont ils attendaient une pro-

tection.

Cette civilisation alpine ne s'est pas seulement individualisée entre France et Italie; elle

procède des mêmes causes, a utilisé les mêmes moyens et possède les mêmes caractéristiques

générales dans tout l'arc alpin, de l'Autriche à la Méditerranée, caractéristiques encore bien vi-

vantes qui étonnent toujours le touriste citadin...

LA NEOLITHISATION ET LE NEOLITHIQUE

Nos connaissances sur la fin du Mésolithique et le début du Néolithique se sont considé-

rablement étendues depuis dix ans7. En effet la région que l'on considérait comme presque dé-

serte au cours des VIIe et VIe millénaires, se trouve avoir été parcourue par nombre de chasseurs

à outillage microlithique qui installaient leurs campements sur les cols, sur les axes de passage et

7 Avec les recherches de P.Bintz, G.Pion, R.Picavet et J.P. Ginestet

15

près des gisements de silex en Vercors, en Chartreuse et en Oisans à des altitudes le plus souvent

supérieures à 1000m. Les résultats qui s'accumulent permettront de mieux connaître le substrat

humain et culturel au moment où se prépare la néolithisation.

NEOLITHISATION ET NEOLITHIQUE ANCIEN env. 5300 à 4500 av. J.C. (Fig. 4 et 5)

Quels sont les marqueurs archéologiques de la néolithisation? Pour simplifier, le Néolithi-

que est installé quand céréales, élevage, hache polie et céramique sont réunis. Mais entre le stade

de chasseur-cueilleur exclusif et celui de paysan intégral les étapes sont longues et diverses; l'as-

sociation de quelques uns de ces éléments atteste seulement un début de néolithisation. C'est ce

qui se passe pour les Alpes au milieu de la période Atlantique.

16

Près du Rhône à Seyssel, Haute-Savoie, dans quelques stations de surface des silex de

type mésolithique étaient associés à de petites haches polies, mais sans céramiques ni faune. Un

niveau, malheureusement peu documenté, est placé vers 5350 BC à la Grande Gave, la Balme en

Savoie. Dans une couche d'occupation datée8 de 4800 BC en Haute-Savoie9, chèvre et mouton

atteignent 20% de la faune consommée, dans un contexte totalement dépourvu de céramique

mais avec une industrie à microlithes d'inspiration helvétique. Pour comparaison signalons la

couche découverte à Sion-Planta en Valais, datée de 5300 BC qui possède 95% de faune élevée

et de la céramique du Néolithique ancien valaisan.

Choranche10, en Vercors occidental, une couche de 5150 BC contient silex mésolithiques

et céréales. Tout à côté11, pas de céramique mais boeuf et porc représentent 54% de la faune, à

4940 BC. Près de Grenoble12 la date d'environ 5100 BC a été obtenue dans un niveau sans céra-

mique qui comportait chèvre et mouton. Près du lac de Bouvante en Vercors des adeptes du nou-

veau mode de vie possèdent les mêmes silex (Fig. 5, 4), une petite hache polie et de la cérami-

que. Ces groupes mésolithiques en voie de néolithisation sont porteurs généralement de la tech-

nique castelnovienne. Près du col de Lus-la-Croix-Haute, Drôme, entre la vallée du Buëch et le

Trièves13, sont associées céramique impressionnée, hache polie et une faune sauvage dominante

(cervidés, aurochs). En Diois14 de la céramique est associée à des silex mésolithiques et une cou-

che à céramique15 attribuée au Néolithique ancien est datée de 4870 BC. Dans l'industrie lithique

il y a toujours des flèches tranchantes traduisant encore la vocation de chasseurs des néolithisés.

A l'est, à limite du Gapençais et du Champsaur, aucun site n'est attribuable à cette période

mais S.Wegmüller retrouve dans les pollens de la tourbière de la Lauza, à 1130m d'altitude, des

indices de déforestation recouverts par des niveaux argileux dus à une érosion intense des sols.

On est en droit d'imaginer la création de pâtures qui seront de courte durée car les déboisements

ne reprendront qu'au Bronze final.

8 Les dates données sont de deux types: soit les dates radiocarbone calibrées par le progamme de Stuyver et Pearson, 1993 et

exprimées avec BC (ces dates n'ont pas de valeur précise mais elles ont l'avantage de fixer rapidement les idées), soit absolues et

calendaires, obtenues par la dendrochronologie; elles sont inscrites avec le signe (-). Pour plus de précision voir la liste en fin

d'article. 9 Abri de la Vieille Eglise à Balme-de-Thuy (Haute-Savoie) sur le haut Fier 10 Grotte de Couffin sur le versant ensoleillé de la vallée de la Bourne (fig. 5-3) 11 Abri de Balme Rousse voisin de la grotte de Couffin 12 Sassenage (Isère), la grotte de la Grande Rivoire s'ouvre à l'entrée des gorges du Furon vers le Vercors (fig. 5-2) 13 Grotte des Corréardes à Lus-la-Croix-Haute (Drôme) (Fig. 5-1) 14 La Motte-Chalancon et Chauvac (Drôme) 15 Le Trou Arnaud à Saint-Nazaire-le-Désert (Drôme)

17

En attendant d'être mieux éclairés le début de la néolithisation des Alpes du Nord, ces té-

moins sont déjà lourds de signification, qui voient haches polies, animaux domestiques et parfois

céramiques ou céréales associés aux petits silex habituels dans la région durant le Mésolithique.

Actuellement les gisements sont rares ce qui permet de penser que le Ve millénaire présente une

très faible densité d'occupation, avec une prédilection pour les altitudes moyennes. Selon toute

vraisemblance quelques groupes de chasseurs de tradition mésolithique ont adopté quelques par-

ties des pratiques néolithiques qui se diffusaient dans la vallée du Rhône, soit par le Nord avec le

Néolithique ancien rhodanien en Savoie, soit par l'Ouest et le Sud avec la civilisation cardiale.

Fig. 5. Néolithique ancien (Early Neolithic). env.5300 à 4500 av. J.C.

1: Céramiques à impressions et silex, Lus-la-Croix-Haute, Drôme; 2: Sassenage, Isère; 3: Choranche, Isère;

4: Bouvante, Drôme. (échelles diverses). D'après: 1: Chaffenet et 4: Héritier in Bocquet et Lagrand

1976; 2: Picavet 1991; 3: Bintz 1991.

18

Quelques manifestations de l'Epicardial apparaissent depuis peu: à la Grande Rivoire,

Sassenage, Isère, un niveau à céramique épicardiale méridionale daté de 4710 BC où l'élevage at-

teint 40% de la faune; ce faciès qui coexistera avec le début du Chasséen commence à être mieux

connu avec des gisements comme celui de Barret-de-Lioure en Diois, Drôme. Mais actuellement

il ne semble pas avoir eu un gros impact dans les Alpes.

Sur le versant italien des chasseurs à la grotte de Boira Fusca dans la vallée de l'Orco n'ont

pas de céramique mais un horizon à grands triangles, tout à fait comparable à ceux des Préalpes,

est pratiquement inconnu en Italie. Dès le Néolithique ancien des nomades néolithisés occupent

les Alpes sur les deux versants: existe-t-il un Néolithique ancien spécifique aux Alpes occidenta-

les, c'est une hypothèse qu'émet F.Fedele.

NEOLITHIQUE MOYEN env. 4500 à 3200 av. J.C. (Fig. 6 et 7)

Les groupes mésolithiques acculturés survivront-ils au cours du IVe millénaire? Rien au-

jourd'hui ne l'assure. Par contre se développera une autre forme de néolithisation représentée par

une véritable colonisation, c'est-à-dire l'implantation de communautés venues d'ailleurs. Les an-

ciens occupants ne seront pas capables de concurrencer des organisations sociales et techniques

déjà élaborées dans des systèmes économiques plus cohérents et probablement plus complexes. Il

ne faut pourtant pas exclure la possibilité de coexistence entre eux et les colons, dans un espace

suffisamment vaste pour que tous puissent y vivre longtemps selon leurs traditions, encore que

nous n'en ayons pas de preuve archéologique.

Au cours du Ve millénaire se développera dans les Alpes le mouvement lié à une hypo-

thétique poussée démographique pour rechercher de nouveaux terroirs à partir des régions médi-

terranéenne et helvétique où agriculture et élevage s'étaient mis en place dès le début du VIe

millénaire. La conquête de nouvelles terres va atteindre le piedmont des massifs alpins dont la

couverture arborée atteint son maximum à la période Atlantique. La civilisation chasséenne du

Néolithique moyen coexistera dans les régions Nord avec la civilisation de Cortaillod arrivée

plus tardivement de Suisse occidentale. Cette première colonisation constituera le début de l'oc-

cupation permanente au cours des Ve et IVe millénaires. Cette longue durée, tout comme la

rareté des sites actuellement découverts, expliquent la lenteur de l'implantation des communautés

venues du Sud et du Nord qui s'établissent chacune sur des terrains conformes à leurs traditions,

agricoles et sociales, mais dont les contacts entre elles sont indéniables.

19

Sur des territoires faiblement peuplés, la mise en exploitation est révélée par la déforesta-

tion, la présence de céréales et de plantes rudérales dans les analyses polliniques. Un exemple est

donné à Francillon, Drôme, dans le premier niveau du Néolithique moyen avec une forte et bru-

tale diminution des pollens d'arbres. Mais les cultures sur terrain essartés ne sont pas permanen-

tes et sont abandonnées après un laps de temps difficile à mesurer, probablement suivant un cycle

d'installation semi-temporaire liée à la technique du brûlis et à la fertilité des sols. Très démons-

trative est l'évolution de la végétation lors de la colonisation des coteaux orientaux du Vercors

20

près de Grenoble à Seyssinet-Pariset (Fig. 14) à la fin du IIIe millénaire. Là, à 500m d'altitude,

trois niveaux archéologiques correspondent à trois phases principales de déforestation avec pré-

sence de céréales, séparées par trois phases de reboisement traduisant un abandon de longue du-

rée. Même si, à partir de la fin du Néolithique, des abandons surviennent encore ils sont bien plus

courts, traduisant une pression démographique plus forte qui s'accentuera progressivement jus-

qu'au début du Bronze moyen.

Courant méridional et Civilisation chasséenne env. 4500 à 2700 av. J.C. (Fig. 7-A)

Depuis le Languedoc et la Provence les Chasséens suivront deux voies: celle de la Du-

rance vers les Hautes-Alpes et celle du couloir rhodanien à partir duquel des courants se dirigent

vers l'est pour emprunter les axes de pénétration que sont les cluses de l'Isère, du Rhône et de

Chambéry, s'ouvrant entre les massifs préalpins16 pour atteindre le Sillon alpin. Adaptés aux ter-

roirs ensoleillés et secs du Midi, les Chasséens choisiront des terres conformes à leurs habitudes,

c'est-à-dire des zones d'altitude moyenne ou basse, aux sols secs avec une préférence nette pour le

Sud de la région (Drôme et Hautes-Alpes). Ce n'est pas encore une colonisation de grande am-

pleur que montrent les sites possédant leur céramique bien modelée et bien cuite ainsi que leurs

outils façonnés sur lame et lamelle associés à des pointes de flèches triangulaires (Fig. 7-A).

Pour en suivre les premières péripéties on ne dispose que de quelques dizaines de gise-

ments entre la deuxième moitié du Ve et du début du IIIe millénaire; bien peu ont fourni des da-

tations. S'ils offrent du matériel attribuable au Chasséen les structures d'habitats ou les données

sur l'économie et la vie quotidienne sont plus rares actuellement dans les Alpes que dans la vallée

du Rhône où des recherches récentes les mettent en évidence.

Le Dauphiné

Dans sa partie méridionale, Diois et marges du couloir rhodanien17 sont colonisés par les

Chasséens à partir de 4500 BC jusqu'à 2600 BC. Plus à l'est ils atteignent le confluent de la Du-

rance et du Buëch18, sans s'infiltrer semble-t-il le long du cours amont de la Durance vers le

Briançonnais. Les récents travaux du Centre de recherches préhistorique de Valence19 concernant

16 Du Nord au sud: Bauges, Chartreuse, Vercors 17 Avec les principaux sites de Saint-Uze, Montmaur-en-Diois, Francillon, Menglon, Barret-de-Lioure, Saint-Nazaire-le-Désert,

Châteauneuf-du-Rhône, Boulc-en-Diois, Vercoiran, Allan dans la Drôme. Les déforestations apparaissent dans les pollens de Saou

(Drôme) 18 Tarrin à Orpierre, Le Bersac, Serres, Monetier-Allemont et des grottes à Sigottier, la Faurie, Montmorin, etc. Hautes-Alpes 19 Centre de recherches préhistoriques de Valence avec A.Beeching, J.L.Brochier et leurs collaborateurs dont les sondages et les

prospections sur la basse Drôme, les collines de piémont et le Diois établissent la nature et l'évolution géo-morphologiques des

terroirs occupés depuis le Néolithique ancien. Cette recherche a établi l'abondance des vestiges (140 points avec vestiges chasséens

21

l'implantation des sites ont montré la densité de l'occupation sur les terrasses, rebords de pla-

teaux, éperons, cols ou hauteurs, dont les restes sont le plus souvent enfouis dans d'anciens che-

naux ou dépressions comblés par colluvion et arasement liés aux activités anthropiques, cultures

et déboisements. Près de Die des fosses dépotoirs ressemblent à celles mis au jour en grand nom-

bre dans les sites chasséens de la plaine du Rhône.

Fig. 7. Néolithique moyen (Middle Neolithic). env.4500 à 3200 av. J.C.

A- Chasséen- 1 et 2: Fontaine, Isère; 3: St-Alban-Leysse, Savoie; 4: Vercoiran, Drôme; 5: St-Na-

zaire-le-Désert; 6 et 7: Vif, Isère; 8: Bressieux, Isère. (échelles diverses).

découverts) mais aussi leur difficile interprétation dans le cadre d'une archéologie extensive: cela nous aide à imaginer l'importance

des occupations préhistoriques dans tous les territoires et nous fournit le modèle à suivre pour les explorations futures

22

B- Cortaillod- 9 et 13: Injoux, Ain; 11: Fontaine, Isère; 10, 12, 14 et 15: Chaumont, Haute-Sa-

voie. (échelles diverses). D'après: 1, 2, 6, 7, 8 et 11: Bocquet 1969; 3: Combier et 4: Gras et 9, 10, 12 à

15: Gallay in Bocquet et Lagrand 1976.

Au Nord du col de Lus-la-Croix-Haute, le Trièves20 a livré anciennement des silex chas-

séens sur un éperon au-dessus de l'Ebron. Les occupants venaient-ils du Sud, de la vallée du

Buëch ou du Nord, de la cuvette grenobloise? Rien ne permet de le préciser, seule est sûre la pré-

sence de paysans au Néolithique moyen dans cette région du Sillon alpin où les larges terrasses

du Drac et ses affluents offrent des terroirs propices qui mériteraient des prospections.

Une abondante série de lames et lamelles chasséennes découverte en plein air21 sur une

terrasse latérale de la fertile et large dépression de la Bièvre-Valloire située entre le Rhône et la

cluse de l'Isère. En l'absence de vestiges sur le cours de la basse Isère, entre Voreppe et Romans,

je ferai de cette plaine la voie de pénétration chasséenne vers le carrefour grenoblois à partir du

couloir rhodanien au Néolithique moyen.

Les fouilles de H. Müller, au début du siècle, ont surtout porté sur la région grenobloise amenant

la découverte de plusieurs stations en grotte avec silex, céramique et faune. Malheureusement la

céramique chasséenne d'une phase assez tardive22 se trouve mélangée dans les tiroirs des collec-

tions, ce qui diminue considérablement les renseignements que l'on pourrait en attendre. Des

fouilles récentes23 y datent du Chasséen vers 4520 et 4230 BC.

Sur le Rhône moyen dans le Nord-Dauphiné, le Néolithique moyen bourguignon se mani-

feste par deux vases, mélangés à des récipients chasséens, à la Balme-les-Grottes, Isère, dans un

ossuaire daté de 4060 BC.

Très étrange est l'habitat perché de Vif, au Sud de Grenoble, avec des silex chasséens

mais aussi un fond de cabane rond et enterré comportant des éléments24 faisant penser à la

civilisation de Fiorano de Lombardie. Bien que non daté, ils témoigneraient, si le rapprochement

se confirme, de contacts à la deuxième moitié du Ve millénaire avec la plaine du Pô pourtant fort

éloignée, mais par quel passage des Alpes? Ces vases sont encore les seuls de leur espèce à

l'Ouest des Alpes.

20 Saint-Martin-de-Clelles (Isère) 21 Bressieux (Isère) (Fig. 7-A 8) 22 Grotte de Balme de Glos et abri de Barne-Bigou (Fig. 7-A 1 et 2) 23 Sassenage (La Grande Rivoire) et Claix par R.Picavet 24 Plusieurs vases dont un à carène basse et bouton opposé à l'anse en ruban

23

La Savoie

La province de Savoie n'a pas attiré les Chasséens car les sites sont très rares. C'est la

Balme-de-Thuy, Haute Savoie, qui nous éclaire toujours par une couche comportant de la cérami-

que et des lamelles chasséennes, datée de 4020 BC. Le cerf est l'espèce la plus représentée avec

présence de l'ours et de l'aurochs prouvant l'importance de l'environnement forestier; chèvre,

mouton et porc complètent l'alimentation carnée. Le Rhône coupe les derniers chaînons du Jura

méridional au défilé de Pierre-Châtel, voie naturelle de pénétration vers l'Est par un étroit canyon

entre la Balme et Yenne, jalonné de nombreuses grottes où de la céramique chasséenne a été ré-

coltée au début du siècle25; comme pour toutes les fouilles anciennes nous ne pouvons pas en sa-

voir davantage mais depuis peu une couche avec des tessons chasséens a été datée d'environ 4140

BC26. Juste en face, en rive droite du fleuve, un petit foyer daté de 4530 BC contenait aussi quel-

ques fragments de vases chasséens27.

Céramiques et silex existent en grotte près d'Aix-les-Bains et dans un habitat de plein air

sur les hauteurs de Chambéry28. Sur la terrasse de Francin, au-dessus de l'Isère, des fonds de ca-

bane avec céramiques et silex sont datés de 2910 BC et les pollens les situent dans la deuxième

partie de l'Atlantique: ici les derniers Chasséens perdurent dans un contexte favorable à leur éco-

nomie. Les analyses palynologiques ont montré par ailleurs une déforestation par brûlis et une

culture intense des céréales qui nous renseignent sur les modes culturaux en usage.

Courant helvétique et Civilisation de Cortaillod env. 4500 à 3200 av. J.C. (Fig. 7-B)

La Civilisation de Cortaillod imprègne l'avant-pays savoyard29 à partir du plateau helvéti-

que30 aussi bien sur les rives du lac Léman qu'en sites terrestres en Chablais31. Cette présence

Cortaillod au Sud du lac Léman est confirmée par des tombes en coffre "Glis-Chamblandes"32

qui sont à rattacher directement au groupe vaudois et valaisan; à Lugrin une date obtenue sur les

os (3850 BC) concorde avec celles de Suisse, entre 4500 BC et 3500 BC33.

25 Par A.Blanc à la Grande Gave, la Balme (Savoie) en rive gauche 26 Par F.Ballet à la Grande Gave 27 Grotte des Romains, Virignin (Ain) par R.Desbrosse 28 Grotte de la Biolle et oppidum de Saint-Saturnin à Saint-Alban-Leysse (Savoie) 29 On verra plus loin ce qui se passe dans les massifs centraux 30 Marquée par la céramique à profil sinueux et boutons sous les bords, écuelles carénées, flèches à base concave ou rectiligne, etc. 31 Corsier, Chens-sur-Léman, Sciez et Douvaine (Haute-Savoie) 32 A Chens, Douvaine, Etrembières, Lugrin et Thonon (Haute-Savoie). Les tombes de ce type descendent le long du Rhône jusqu'à

Saint-Sorlin-en-Bugey, Ain et il en existerait une près d'Aix-les-Bains à Grésy-sur-Aix. 33 On a pu penser que la perle en cuivre très pur d'Annecy pourrait se rattacher par sa composition à celles de Bürgaschi en Suisse

mais sa forme est atypique et les conditions de découverte excessivement douteuses, ce qui lui enlève toute signification

24

Plus au Sud le Cortaillod se manifeste en grotte34 près d'Aix-les-Bains (3790 BC) avec la

présence d'un "proto-Cortaillod" présentant quelques caractères chasséens et en plein air35 près

de Chambéry. Sur les bords du Rhône, en rive droite et en rive gauche, des grottes comme des

stations de plein air jalonnent un axe de diffusion vers l'Ouest, le long du fleuve36. Quelques

dates ont été récemment obtenues sur des pieux du lac d'Annecy (-3783) et du lac du Bourget37

(-3842); ici il y a un peu de matériel Cortaillod parmi lequel se distinguerait aussi une influence

du Néolithique moyen bourguignon. De toute manière l'implantation et les influences Cortaillod

ne dépassent pas vers le Sud la latitude de Grenoble où quelques céramiques à boutons en sont

les plus méridionales38.

En Savoie, la civilisation de Cortaillod efface-t-elle les rares implantations chasséennes

ou bien les deux types d'économie coexistent-ils? Il est difficile de trancher mais à la Balme-de-

Thuy un niveau Cortaillod (3980 BC) est sus-jacent à un niveau chasséen d'environ 4020 BC.

Pendant que les Cortaillod vivent en Savoie, les Chasséens se sont-ils maintenus là où ils s'étaient

implantés? on n'est pas en mesure de le discerner, les vestiges étant trop rares et mal datés.

Influences italiques avec la présence de Vases à bouche carrée (VBQ)

Quelques tessons de Vases à bouche carrée (VBQ) ont été reconnus par J.Vital à Sasse-

nage près de Grenoble, à Chatelus dans le Sud-Ouest du Vercors, à Montmaur en Diois, à Ballons

en Baronnies et en Bugey au Nord du Rhône. Ce faciès du début du Néolithique moyen occupe la

Lombardie et un peu plus tardivement en Piémont. Par où sont-ils arrivés à l'Ouest des Alpes?

Evidemment ces vases lombards sont présents dans plusieurs sites des vallées de la Doire Ri-

paire, de l'Orco, du Chisone, dans le bas Piémont et sur le haut Rhône à Sion; mais il n'y en a

nulle trace en Maurienne ni en Tarentaise pour servir de relais et nous verrons que ces deux ré-

gions des Alpes internes ne sont pas encore ouvertes vers l'Ouest. Actuellement il est plus sage

d'envisager une origine méridionale, de Ligurie, dans le sillage de l'Epicardial dont les VBQ sont

contemporains comme nous incitent à le penser deux dates de Chatelus (4510 et 4460 BC).

34 La Biolle (Savoie) 35 Saint-Saturnin à Saint-Alban-Leysse (Savoie) 36 Injoux, Montagnieu et Saint-Sernin-en-Bugey (ces deux derniers avec des tombes Glis-Chamblandes) et Virignin, Ain. A

Chaumont en Genevois (Haute-Savoie) et la Balme (Savoie) (Fig. 7-B). 37 A Saint-Jorioz (Haute-Savoie) et Saint-Pierre-de-Curtille (Savoie) 38 A Fontaine (Barne-Bigou; Fig. 7-B 11) et Sassenage, la Grande Rivoire (Isère)

25

LA FIN DU NÉOLITHIQUE env. 3750 à 2100 av. J.C. (FIG. 8 À 16)

Au Néolithique récent, le climat se refroidit légèrement au début du Sub-Boréal avec de

courtes périodes de petits assèchements comme celui mis en évidence à Charavines, sur le lac de

Paladru, entre -2700 et -2600. Là encore vont s'accoler et s'interpénétrer deux courants. Le cou-

rant méridional introduit le rite des tombes collectives en grottes sépulcrales et en hypogées arti-

ficiels39. Comme avec les Chasséens se sont les terroirs secs et les versants bien ensoleillés qui

sont choisis. Un autre courant d'origine helvétique occidentale et rhodanienne correspond à des

populations qui affectionnent plutôt les terres lourdes ou humides, les bords de lacs et de rivières

plus fréquentes dans le Nord de la région.

39 Avec un matériel très caractéristique: lithique (lames à retouches marginales, flèches foliacées, etc.), parure (perles et pendentifs

en os ou en roche verte, etc.), céramique à cordon, etc. (Fig. 10-A, 1 à 8)

26

Les analyses palynologiques indiquent des déforestations dans de nouvelles zones de peu-

plement qui se mettent en place au cours du IIIe millénaire, par exemple les régions de Chamo-

nix vers 2500 BC, de la Chartreuse40 vers 2230 BC. Là, les pollens de Saint-Thibaud-de-Couz

montrent une pratique agricole particulièrement intéressante: la déforestation de la vallée de

l'Hyère est totale mais non destinée à la culture, seulement à la création de pâturages. Ceux-ci

étaient exploités selon un mode intensif, ce qui ne permettait pas aux graminées d'arriver au stade

de maturité, continuellement broutées qu'ils étaient par le bétail. La pratique de la stabulation li-

bre était déjà en honneur!

La carte de répartition des haches polies (Fig. 13), toutes périodes confondues, donne une

bonne idée de l'occupation du territoire à la fin du Néolithique: celle-ci fut large à l'exception de

certaines zones de haute montagne ou celle au sol particulièrement ingrat (Bas-Dauphiné entre

autre).

Courant helvétique et la civilisation "pré-Saône-Rhône" et Saône-Rhône env. 3100 à

2350 av. J.C. (Fig. 8 et 9)

Dans la partie Nord de la région, à la période qui correspond à la Civilisation de Horgen

en Suisse les lacs Léman, d'Annecy et d'Aiguebelette possèdent des pieux datés -3190 à Lépin,

-3049 à Thonon et -3041 à Annecy-le-Vieux; mais ces sites n'ont pas encore fourni de matériel

typologiquement déterminable41. Il en est de même pour une sépulture collective sans mobilier

près de Chambéry (3290 BC), d'une tombe près de Grenoble de 3140 BC et d'un niveau non chas-

séen de 3370 BC42. Il n'est pas possible d'attribuer ces vestiges à un faciès culturel précis et ils

témoignent seulement de la persistance de la présence humaine à la fin du IVe millénaire. Il n'y a

pas hiatus dans le peuplement mais seulement dans nos connaissances et nos possibilités de diag-

nostic, car peu avant 3200/3000 BC, et bien que nous ne disposions d'aucun site dans le Grési-

vaudan, les pollens du lac Luitel à 1350m d'altitude montrent que l'emprise de l'homme se fait

brusquement plus grande puisqu'elle atteint les flancs du massif de Belledonne qui sont fortement

déboisés. Il ya là des problèmes à résoudre...

La Civilisation Saône-Rhône (ou Néolithique récent rhodanien), plus récente puisqu'elle

commence en Suisse vers -2800, étend son influence sur la Savoie et le Nord du Dauphiné jus-

40 Saint-Thibaud-de-Couz (Savoie) (analyses palynologiques M.Girard) 41 Par exception l'influence de Horgen est reconnue dans un habitat en tourbière, malheureusement non daté, à Passins au sud-est

du massif de Crémieu. 42 St-Alban-Leysse (Savoie), Saint-Paul-de-Varces et Seyssinet (Isère), ici avec quelques céramiques de type "néolithique" sans

caractères particuliers

27

qu'à Grenoble, illustrée par de nombreux gisements au bord des lacs ou des cours d'eau (comme à

Thuellin prés du Rhône)43.

La dendrochronologie les situe entre -2670 et -2580 sur le lac de Paladru, entre -2548 et

-2440 sur le lac du Bourget et à -2435 sur le lac d'Annecy44. Sur le lac d'Aiguebelette le radiocar-

bone des pieux oscille entre 2700 et 2530 BC45. D'autres sites sont identifiés au Nord d'Annecy

avec une date d'environ 2790 BC, sur le lac d'Annecy, sur le lac du Bourget, en Nord-Dauphiné,

en grotte sur le Rhône et près de Grenoble46. Il faut attendre la fin des prospections actuelles47

pour savoir si des sites existent sur les rives du Léman.

Les sites de la civilisation Saône-Rhône s'intègrent bien dans un ensemble techno-culturel

qui s'étend sur le Jura et les Alpes du Nord; c'est très net à Charavines où les ressemblances avec

le "Groupe de Chalain" sont frappantes tant dans la céramique que le silex. Si des échanges avec

la Suisse occidentale existent on ne peut en mesurer l'importance, par contre les éléments

languedociens sont exceptionnels48.

Les villages de Charavines et la vie au Néolithique dans les Alpes (Fig. 9)

Des fouilles subaquatiques au Sud du lac de Paladru, dans les collines du Nord-Dauphiné,

à Charavines, ont exploité un gisement dont l'étude complète permet de le considérer actuelle-

ment comme le modèle des villages néolithiques alpins, dans le domaine de la civilisation Saône-

Rhône tout au moins. Bien qu'aucun autre site n'ait été retrouvé dans la région du lac de Paladru,

les pollens indiquent sans ambiguïté de la présence de paysans depuis 3500 BC environ. Une

baisse prolongée du niveau du lac a permis l'installation de maisons de bois sur la rive même, où

elles furent bien conservées par la montée ultérieure des eaux. Placé à 500m d'altitude, au coeur

de forêts denses, ce site a fourni de multiples témoins de la vie quotidienne en particulier ceux en

matières périssables, des données précises sur l'architecture des maisons, les modes culturaux,

l'alimentation végétale et carnée, etc.

43 Ils sont caractérisés par les céramiques globuleuses, tronconiques, cylindriques et en tonneau non décorées, par une abondance

de silex taillés sans soin et par la présence de silex du Grand Pressigny. Celui-ci est retrouvé sur les lacs Léman, de Paladru, du

Bourget, d'Aiguebelette et d'Annecy, à La Balme-les-Grottes en Nord Dauphiné, à Seyssinet et à Fontaine près de Grenoble. 44 A Charavines (Isère), Conjux (Savoie) et Talloires (Haute-Savoie) 45 A Novalaise, Saint-Alban et Lépin (Savoie) 46 A Aviernoz, Annecy et Veyrier (Haute-Savoie), Brison-Saint-Innocent (Savoie), Montalieu-Vercieu, La Balme-les-Grottes et

Seyssinet (Isère) 47 par le Centre national de recherches archéologiques subaquatiques (devenu le DRASSM) sous la direction d'A.Marguet 48 Vases à cordons horizontaux (probablement importés) et absence des parures spécifiques: perles à ailettes ou pendeloques

segmentées, etc.

28

Les villages successifs

Une communauté de 50 à 60 personnes venue des environs proches se fixera, en -2670,

sur la rive méridionale du lac couverte par une forêt où dominent les sapins accompagnés de frê-

nes, aulnes, hêtres, etc. Le village naît d'abord avec deux maisons, puis trois autres quatre ans

plus tard qui abriteront au maximum sept familles durant 15 à 18 ans; ensuite quatre familles

resteront encore quelques années avant d'abandonner volontairement le site peu après -2650. Un

village le remplacera au même endroit en -2613, soit moins de quarante ans plus tard, pour une

nouvelle et dernière occupation de 20/22 ans sans que la région proche soit désertée pour autant;

en effet les pollens montrent plusieurs déforestations ultérieures, accompagnées de la présence de

céréales.

L'occupation du territoire

Ce système d'habitat semi-permanent et cyclique est adapté à une agriculture de type hor-

ticole, pratiquée après brûlis des terres lourdes et argileuses, au moyen de courtes pioches en bois

de cerf par culture en sillon; les sols se trouvaient ainsi épuisés rapidement. Quand le finage envi-

ronnant n'avait plus un rendement suffisant pour alimenter le groupe, il fallait partir et recons-

truire le village quelques kilomètres plus loin, au milieu de terres vierges ou régénérées par la

végétation après un abandon antérieur. Donc, voyant se rapprocher l'échéance de trop faibles ré-

coltes certains membres de la communauté allaient édifier un nouveau village puis toutes les

familles déménageaient deux à quatre ans plus tard; l'organisation sociale est bien au point pour

l'exploitation optimum du territoire et la continuité dans la production agricole. La densité de

l'occupation était déjà telle que les communautés étaient obligées de revenir vivre dans leurs an-

ciens terroirs régénérés par la végétation. Les zones occupées successivement étaient-elles affec-

tées à un même groupe et à sa descendance dans une sorte de consensus accepté par tous les

groupes dans une vaste région: c'est possible car à Charavines ceux qui sont revenus faisaient

partie du groupe précédent49. En outre les rares villages connus ne comportent aucune trace de

défenses (fortification, rempart ou palissade robuste) qui attesteraient l'éventualité de conflits.

Les ressources

Possédant une haute technicité dans l'artisanat du bois (fabrication de cuillères, de pei-

gnes, d'épingles), de la vannerie (paniers), du textile (nattes, tapis, toiles et velours) les habitants

de Charavines profitaient de toutes les ressources de la forêt. La chasse (50 à 55 % de cerf dans

l'alimentation carnée) qui complète l'élevage du porc, du mouton et de la chèvre avec très peu de

49 Même artisanat du bois (épingles, peignes, cuillères, etc) en particulier

29

30

Fig. 9. Néolithique récent (Civilisation Saône-Rhône). Villages de Charavines. 2670 à 2580 av. J.C.

1: Plan du premier village en 2666 av. J.C.; 2: et 3: poignards en silex du Grand-Pressigny avec manches

en écorce de bouleau et enroulement de sapin sur plaquette de hêtre; 4: bouteille en pâte fine; 5 à 10, 17 et

18: différents types de récipients; 11 à 13: pointes de flèches; 15: racloir à encoches ayant servi de couteau

à moissonner; 16: racloir biface portant des traces de colle (bétuline). (échelles diverses). Dessins

A.Bocquet, R. Doulière et N. Papet.

bovins car les parcelles étaient ouvertes seulement pour la culture et non pour la production du

foin. La cueillette de fruits (pommes, noisettes, prunelles, mûres, etc.) s'ajoutait à la culture de

l'épeautre, de l'orge, du pavot; des pollens de seigle ont été reconnus mais aucun grain n'en a été

retrouvé. D'autres fibres végétales étaient aussi ramassées pour s'ajouter au lin dans les textiles.

Ces villages étaient incorporés dans un maillage de relations qui permettait les échanges

entre communautés, souvent à longue distance50. Leurs vases à goulot rétréci et épaulement,

toujours en pâte fine ont des termes de comparaison bien difficiles à préciser: "invention" locale

ou bien idée venue d'Italie septentrionale ou centrale avec les civilisations de Remedello ou de

Rinaldone? Des vases fabriqués à Charavines sont exportés à Chalain dans le Jura et à Sutz au

bord du lac de Bienne en Suisse.

Courant méridional au Néolithique récent env. 3000 à 1800 av. J.C. (Fig. 8 et 10-A)

En même temps que prospèrent les "Saône-Rhône" rattachés au Nord, un courant origi-

naire du Midi (Néolithique récent méridional), se met en place dans le territoire colonisé pendant

plus d'un millénaire par les Chasséens. Dans les vallées du Rhône, de ses affluents et de la Du-

rance la conquête est marquée par la progression du nombre des sites en grotte (habitats et

ossuaires collectifs) et en plein air51. En Diois et autour de la vallée du Buech de nombreuses

stations utilisent du silex gris local52 et des dizaines de haches polies parsèment la région.

J.L.Brochier a déterminé que plusieurs grottes d'altitude ont longtemps servi de bergerie dans le

haut Diois53, ce qui laisse supposer un usage pastoral de la montagne comme cela se pratique

encore. Les dates radiocarbone permettent de fixer le Néolithique récent entre 2880 BC et 2000

BC, dans la Drôme. A l'intérieur des Alpes les ossuaires, que nous verrons ultérieurement, sont

plus rares tout comme les gisements de surface ou en grotte54.

50 Avec l'ambre de la Baltique, le silex du Grand-Pressigny, les haches en roches vertes du Val d'Aoste ou du Piémont, une perle en cuivre et un

grand vase cylindrique à cordon du Languedoc, un vase à anses rostriformes de type "Artenac", une hache-marteau de Suisse occidentale

51 Avec un matériel très caractéristique: lithique (lames à retouches marginales, flèches foliacées, etc.), parure (perles et pendentifs en os ou en

roche verte, etc.), céramique à cordon, etc. (Fig. 10-A, 1 à 8)

52 A Romeyer, Plan-de-Baix, Saillans, Die, Vesc, Boulc, La Motte-Chalancon, Chatillon, etc. Drôme; Sigottier, Orpierre, Chabestan, Laragne,

Saint-Cyrice, Ribeyret, l'Epine, etc. (Hautes-Alpes)

53 A Montmaur-en-Diois, Treschenu, etc. (Drôme)

54 Près de Grenoble à Fontaine, Seyssinet, Saint-Egrève, Quaix, Meylan, la Buisse et Voreppe

31

Fig. 10. Néolithique récent et final env. 3200 à 2000 av. J.C.

A- Néolithique récent méridional. 1: lame et perles en os, Saint-Paul-de-Varces; 2: lame, Fon-

taine, Isère; 3: bouton en V, perles en os et cuivre, la Batie-Neuve, Hautes-Alpes; 4: flèches et perle de cui-

vre, Saint-Cyrice, Hautes-Alpes; 5: lame, la Buisse, Isère; 6: lame, Saint-Nazaire-le-Désert, Drôme; 7: pa-

rure, Montmaur-en-Diois, Drôme; 8: bracelet de schiste, la Buisse, Isère; 9: dépot de haches, la Bégude-de-

Mazenc; 10: pointes de Sigottier, Montmaur-en-Diois, Drôme; 11: lame et pointe de Sigottier (Gr. du Vi-

32

vier), Sigottier, Hautes-Alpes, 12: lames, flèches et pointes de Sigottier (gr. du Grapelet), Sigottier, Hautes-

Alpes. (échelles diverses) D'après: 1, 2, 5 et 8 Bocquet 1969; 4 et 10: Héritier in Bocquet et Lagrand

1976; 11 et 12: Dreyfus 1958; 6: dessin Bocquet.

B- Ateliers de taille du Vercors. 1: nucléus en "livre de beurre" de type pressignien, P51, Vas-

sieux; 2: grattoir denticulé et nucléus prismatique, Macrolithique récent, aire 40 Vassieux; 3: chapeau de

gendarme et outil à face plane, Montmorencien, aire 22 Vassieux; 4: pic, Campignien, aire 77 Vassieux,

Drôme. (échelles diverses). Dessins M.Malenfant.

Les trouvailles de haches polies isolées (Fig. 13) indiquent une présence néolithique, sans

pouvoir apporter de précisions culturelles et chronologiques, dans la vallée du haut Drac et le

Trièves55 vers le Champsaur et le Gapençais; celles des vallées de la Romanche56 et de la Gui-

sane vers Briançon dans des zones d'alpages ne prouvent pas forcément une implantation perma-

nente. La Chartreuse possède quelques haches et aussi des zones de taille du silex57. Dans le

coeur du Vercors plusieurs stations de surface découvertes par le Dr Malenfant, difficiles à dater,

sont les restes de la fréquentation, au moins par des chasseurs, de l'intérieur du massif aux forêts

denses. Les très nombreux ateliers de taille installés sur les affleurements de silex sont plus si-

gnificatifs de l'occupation liée à une activité spécifique, pas forcément permanente mais qui

s'étala sur de très nombreux siècles. Bornes et Bauges resteraient des régions délaissées si on se

fie à l'absence actuelle de vestiges.

Imprégnation par les Campaniformes env. 2600 à 2000 av. J.C. (Fig. 11 et 12-A)

Dans certains sites néolithiques récents viennent s'ajouter des éléments campaniformes;

abondants dans le couloir rhodanien, ils pénètrent le Diois et le rebord Ouest du Vercors58. Le

Sillon alpin et l'avant-pays en sont bien pourvus: près de Grenoble, du lac du Bourget, du Rhône

et en Haute-Savoie59; des niveaux avec tessons campaniformes sont datés à Seyssinet de 2290

BC et à Saint-Paul-de-Varces une tombe collective avec un gobelet se place à 2160 BC. Le style

des campaniformes n'est pas homogène: pan-européen60, septentrional61 et méridional62, tradui-

sant des influences variées. Ces gobelets couvrent une longue période entre les plus anciens de

type pan-européen et ceux d'inspiration méridionale à décor gravé ou estampé d'âge plus récent.

55 A Prunières, Corps, Sainte-Luce, Mens, etc. (Isère)

56 A Venosc et Mont-de-Lans (Isère)

57 Au Col de Bovinant, Saint-Pierre-d'Entremont (Isère) 58 A Francillon (Drôme) et Choranche (Isère) 59 Autour de Grenoble à la Buisse, Fontaine et Sassenage; à Conjux, La Balme en Savoie; à Cranves et Saint-Cergues (dans des

dolmens), à la Balme-de-Thuy en Haute-Savoie 60 A La Buisse, Fontaine, Seyssinet, Verna (Isère) et la Balme de Thuy (Haute-Savoie) 61 A Saint-Paul-de-Varces, Seyssinet (Isère) et Cranves (Haute-Savoie) 62 A Francillon, Boulc, Saint-Nazaire-le-Désert et Montmaur (Drôme); Choranche et Seyssinet (Isère); Conjux (Savoie)

33

Contrairement à certaines théories le matériel campaniforme ne semble pas posséder un caractère

de prestige mais se mêle souvent, et en bonne quantité, au mobilier domestique des habitats63.

A Vernas, dans une allée couverte près du Rhône un poignard "occidental" (Fig. 12-A 6)

est en cuivre à mince languette; un autre au Lauzet en Ubaye, dans un dolmen où certains os da-

tés de 2510 BC sont peut-être antérieurs au dépôt de la pièce. Quelques haches plates en cuivre64

sont des trouvailles isolées non datables exactement, comme le poignard triangulaire court de la

Tronche près de Grenoble. Des perles et alênes de cuivre en Grésivaudan65, dans les Hautes-

63 A Seyssinet et Choranche (Isère) et Balme-de-Thuy (Haute-Savoie) 64 A Annecy-le-Vieux, Sévrier, Faverges en Haute-Savoie, Saint-Pierre-d'Albigny, La Balme en Savoie (Fig. 12-A 4 et 5),

Vercoiran en Diois, Ribiers dans les Hautes-Alpes. 65 A Sainte-Marie-du-Mont, Fontaine et Vif (Isère)

34

Alpes66 et une perle de plomb à la Buisse complètent l'inventaire du métal dans le piedmont et

les massifs sub-alpins dont l'âge s'étale sur le Chalcolithique et le Bronze ancien. A rattacher au

phénomène campaniforme seraient les grands vases à perforations multiples sous le bord, pré-

sents de chaque coté des Alpes67 que M.Besse attribue à une céramique d'accompagnement aux

campaniformes.

Dans les Alpes nous n'avons aucune preuve archéologique de l'exploitation des mines de

cuivre au Néolithique récent ou final et les métal des objets attribuables à cette période semblent

d'origine lointaine68, Rhin moyen, Languedoc ou Allemagne du Nord-Est.

66 A Etoile-Saint-Cyrice et la Batie-Neuve (Hautes-Alpes) 67 A Saint-Marcel-Bel-Accueil près de Bourgoin, Collonges (Haute-Savoie) et Villar Dora près de Suse en Piémont 68 La teneur en argent est forte (>0,65%) à Ribiers, Vercoiran, Faverges et Annecy-le-Vieux (2%) sur les six analysées (Sévrier

0,1% et Saint-Pierre-d'Albigny 0,08%); ce n'est pas fortuit et probablement en rapport avec l'origine du métal. Il ne semble pas que

les minerais alpins contiennent de l'argent et le métal pourrait venir dela région de l'Adlerberg ou des Causses qui ont généralement

des cuivres à bonne teneur en argent, ce qui est rare ailleurs sauf en Allemagne du Nord-Est.

35

Fig. 12. Néolithique final (Late Neolithic)

A- Campaniforme. 1: Fontaine; 2: Saint-Paul-de-Varces, Isère; 3: Conjux, Savoie; 7 et 8: Fran-

cillon, Drôme. Haches plates en cuivre: 4: Sévrier, Haute-Savoie; 5: Saint-Pierre-d'Albigny, Sa-

voie. Poignard: 6: Vernas, Isère. D'après: 1 à 3: Bocquet et Ballet 1987; 4 à 6: dessins Bocquet; 7

et 8: Vignard in Bocquet et Lagrand 1976.

B- Civilisation de Remedello. 4: plan de la tombe N° 1 de Fontaine-le-Puits, Savoie; 1: poignard;

2: hache plate; 3: "pendeloque"; 5: retouchoir en cuivre enfoncé dans un andouiller; 6: hallebarde en cuivre

d'une autre tombe de Fontaine-le-Puits. D'après: Combier in Bocquet et Lagrand 1976.

C- Civilisation Cordée. 7: Hache-marteau de Saint-André-en-Royans, Isère. D'après Bocquet

1969.

Quelques traces de la civilisation Cordée (Fig. 11 et 12-B)

Seules des haches-marteaux en roche verte illustrent la Civilisation Cordée, une quinzaine

étant éparpillée entre Suisse et Hautes-Alpes avec une densité particulière près du lac Léman au

Nord de la Haute-Savoie et dans les zones marécageuses du Nord-Dauphiné69. Aucune cé-

ramique du Cordé n'a été découverte ou conservée des anciennes trouvailles dans les Alpes du

Nord, à l'exception de la rive Sud du Léman où d'anciens ramassages ne sont pas très signifi-

catifs. La hache-marteau, outil symbolique et caractéristique de cette civilisation, semble d'après

les données actuelles, avoir été exportée sans être accompagnée d'autres influences.

Les rites funéraires du Néolithique

Dans une couche chasséenne un dolicocéphale de type méditerranéen70, à Fontaine, était

inhumé dans une fosse en position repliée sur le côté gauche; il y avait autour les restes épars de

six individus de petite taille. J'ai évoqué les tombes localisées sur la rive Sud du Léman caracté-

ristiques du type de Glis-Chamblandes: ce sont des coffres de dalles contenant plusieurs corps en

position latérale souvent repliée. Complétons par l'ossuaire collectif en grotte de la Balme-les-

Grottes qui comportait des tessons chasséens avec les deux vases attribués à l'influence du Néoli-

thique moyen bourguignon. A la Balme-de-Sillingy, près d'Annecy, des corps malheureusement

sans mobilier étaient allongés sur le dos en deux groupes sur le sol d'une grotte: ils sont datés de

3050 BC et 2220 BC. Toujours sans mobilier, un corps, avec la même disposition, dans une fis-

sure de rocher obturée volontairement par un bloc, date de 3100 BC à Saint-Paul-de-Varces au

Sud de Grenoble. Dans ces deux derniers cas on n'est pas étonné de l'absence de mobilier car ils

correspondent à une période où aucuns caractères culturels ne peut être discernés, après le Néoli-

thique moyen et avant les influences de la Civilisation Saône-Rhône.

69 A Chens-sur-Léman, Fillinges, Andilly, Annecy, Rumilly, Arenthon en Haute-Savoie; Passins, Charavines, la Balme-les-Grottes,

tourbières de la vallée de la Bourbre, Bourgoin (Isère) en Nord Dauphiné; Virignin, Ain sur le Rhône; Seyssinet près de Grenoble;

Saint-André-en-Royans (Isère) à l'Ouest du Vercors; Eourres (Hautes-Alpes) près du Buech. 70 avec des traces de trépanation guérie et des coups ayant vraisemblablement entrainés la mort; le mobilier était constitué d'une

défense de sanglier, d'un ciseau en os, d'un racloir et de trois nucléus de silex et de deux fragments de limonite

36

Aucune sépulture n'est attribuable avec certitude à la civilisation Saône-Rhône; je lui rat-

tache pourtant le groupe funéraire de Saint-Quentin-Fallavier en Nord-Dauphiné placé au coeur

d'une région aux terres lourdes et marécageuses plus conformes aux habitudes des "Saône-

Rhône" que des Méridionaux. Nous sommes en présence d'un cimetière et non d'une nécropole

collective, car plusieurs tombes individuelles plates, entourées de dalles, étaient alignées sur le

côté Est d'un bloc erratique portant de nombreuses cupules. Le mobilier comportait de longues

perles en lignite, une pioche en bois de cerf et des lames de silex assez irrégulières qui ne rappel-

lent en rien celles venant du Midi ou du Grand-Pressigny.

La civilisation de Remedello est à l’origine à Fontaine-le-Puits, Tarentaise, de plusieurs

sépultures individuelles71 parfaitement conformes aux tombes remedelliennes anciennes de la

région lombarde (Fig. 12-B). Ces régions centrales des Alpes seront traitées plus loin.

Les ossuaires collectifs inspirés par le Néolithique récent méridional sont nombreux dans

le Sud du Dauphiné (Drôme, Ouest des Hautes-Alpes et Isère) et remontent jusqu'au lac du Bour-

get; ceci est en accord avec la dispersion que nous avons vue pour les sites habités. Leur âge va

de 2875 à 2310 BC. Ils sont en grottes dans les pays calcaires ou en hypogées artificiels sur les

terrains molassiques des collines du piedmont72. Les silex (flèches, lames) et les parures de ces

tombes sont toujours d'origine méditerranéenne.

71 Dont une avec hallebarde en cuivre et une autre avec flèches dans deux carquois, hache plate, poignard, pendeloque et retouchoir

de cuivre, grosses haches polies autour d'un corps replié sur le coté 72 Drôme:Buis-les-Baronnies, Mirabel-aux-Baronnies, Mollans (avec un poignard de type Remedello importé vraisemblablement

par la Provence), Romeyer, Die, Montmaur-en-Diois, Saillans, Sainte-Jalle, Plan-de-Baix, Mours, etc.Dans les Hautes-Alpes à

Sigottier, Orpierre, Etoile, Montmorin, etc. Dans l'Isère à Saint-Quentin-sur-Isère, La Buisse, Saint-Paul-de-Varces, Saint-Egrève,

Claix et Creys-Malville, Saint-Marcel-Bel-Accueil près du massif de Crémieu en Nord-Dauphiné. En Savoie ceux de Saint-Jean-

d'Arvey, Saint-Alban-Leysse, La Biolle, La Balme et Traize en sont les plus septentrionaux.

37

38

Fig. 14. Diagramme pollinique de la grotte des Sarrasins à Seyssinet-Pariset, Isère.

On suit les processus de mise en place de l'occupation du terroir, à 500m d'altitude sur les pentes

du Vercors près de Grenoble, depuis le Néolithique récent jusqu'à la fin de l'âge du Fer.

39

Les Mégalithes (Fig. 15)

Les dolmens et les menhirs alpins sont très localisés dans deux régions, Chablais au Nord

et Champsaur-Gapençais au Sud; ils furent détruits pour la plupart à la fin du XIXe siècle afin de

faciliter les travaux agricoles et seuls les anciens comptes-rendus permettent d'en retrouver la

trace. En Chablais deux dolmens sont encore en place bien qu'entièrement vidés73, et les autres

ont disparu74. Ceux de Saint-Cergues et de Cranves ont livré des gobelets campaniformes com-

plétés à Cranves par une épingle du Bronze ancien (Fig. 20-A, 8). Les anciens auteurs signalent

des menhirs et des cromlechs75 en Chablais. Faut-il rattacher cette petite région de mégalithes à

la Suisse occidentale, ce sera difficile à prouver car pour la plupart on en ignore l'architecture. En

Tarentaise un cromlech est toujours visible au col du Petit-Saint-Bernard et son âge exact est en-

core discuté: Néolithique ou âge du Fer?

Dans le Gapençais-Champsaur le dolmen de la Batie-Neuve (dont il demeure des traces

du tumulus qui le recouvrait) fouillé en 1956 a donné des parures méridionales76. Les anciennes

relations en localisent d'autres77 et l'allée couverte de Tallard fut le dernier monument détruit en

1926. Des menhirs auraient existé dans une zone un peu plus vaste78 mais on ne saurait en dire

plus. En Ubaye dans le dolmen du Lauzet un abondant mobilier méridional et campaniforme79

accompagnait les corps. Le dolmen de Torre Pellice, exemple unique sur le versant italien, dans

la vallée du Pellice reliée au Queyras par le col de la Croix doit-il leur être rattaché?

A Vernas en Nord-Dauphiné, une allée couverte, à demi détruite au début du XIXe siècle

fut étudiée en 1971, ce qui a permis de comprendre son évolution architecturale complexe entre

le Néolithique récent et le Bronze ancien par trois agrandissements successifs de la chambre fu-

néraire qui a livré un poignard à languette en cuivre de type "occidental" et un gobelet pan-euro-

péen campaniformes, une tasse du Bronze ancien. Cet exemple isolé placé en dehors des groupes

que nous avons vus, était rapproché par le Dr Arnal de l'allée couverte de Tallard80.

73 A Saint-Cergues et Reignier (Haute-Savoie) 74 A Etrembières, Cranves, Bons-en-Chablais, Brens, Cervens, Dingy, Pers-Jussy, Scientrier (Haute-Savoie) 75 Menhirs à Amancy, Collonges, Mésigny, La Roche-sur-Foron, cromlech au Sappey et à Anthy-sur-Léman (Haute-Savoie) 76 Perles à ailettes, segmentées et en cuivre, boutons en os perforés en V 77 A Gap, Saint-Jean-Saint-Nicolas, Chateauroux , deux à la Fare-en-Champsaur (Hautes-Alpes) 78 A Gap, Serres, Orpierre, La Rochette, Rambaud, Château-Queyras, Aiguilles (Hautes-Alpes) 79 dont un poignard à languette en cuivre (fouilles G.Sauzade en 1980) 80 in littera; il voyait dans la troisième et ultime modification un coffre accolé à l'allée couverte par les Campaniformes après

avoir détruit le monument, ce qui parfaitement vraisemblable au regard de ce qu'ils ont fait à Sion en Valais ou à St-Martin-de-

Corléans en Val d'Aoste

40

Figure 15

Tout récemment à Die, la découverte de cinq monolithes de calcaire seraient du type sta-

tue-menhir dont deux décorées d'un "pectoral" gravé constituent les plus anciennes sculptures de

la région, bien qu'encore mal datées entre Néolithique moyen et final.

41

Les ateliers de façonnage de la pierre (Fig. 8 et 10)

Le cuivre s'est diffusé lentement en Europe occidentale à partir de quelques centres de

production de Suisse nord-orientale, Italie du Nord, Languedoc, etc. dès la fin du IVe millénaire.

C'est dire que les populations avaient connaissance des objets métalliques, même si elles ne pou-

vaient pas toujours les acquérir. A Charavines le premier métal alpin bien daté, entre -2670 et

-2590, est représenté par deux perles dont une en cuivre stibié d'origine languedocienne et deux

petits poinçons bipointes. Haches et poignards en cuivre faisaient rêver ceux qui se contentaient

des outils de pierre que le nouveau matériau était appelé à faire disparaître. Pour résister à cette

concurrence, les tailleurs de silex et les façonniers de lames polies ont montré un grand savoir

faire.

Le silex

En Vercors existent de nombreux gisements de silex dans les roches calcaires ou dans les

sables des grottes: certains, dans la partie méridionale du massif, ont été exploités tout au long du

Néolithique81. D'autres sont inclus dans l'argile et exploités en ateliers disséminés sur des centai-

nes d'hectares pour extraire des lames suivant des techniques utilisées spécifiquement au Grand-

Pressigny; ils ont laissé sur place d'énormes quantités de déchets et de nucléus en "livre de

beurre" (Fig. 10-B 13)82. La plupart des sites qui ont reçu les produits de ces très importants ate-

liers nous sont inconnus mais on dispose depuis peu d'indications du plus haut intérêt: quelques

lames de silex d'Autrans ont été retrouvées dans des niveaux Horgen (datés entre -3107 et -3093)

et d'autres en silex de Vassieux avec un contexte Saône-Rhône (datés entre -2780 et -2701), à

Portalban sur le lac de Morat en Suisse occidentale. Ces déterminations récentes83 montrent que

le silex du Vercors était exporté loin et les dates précisent le terminus post quem de la mise en

exploitation de ces ateliers, c'est à dire la fin du IVe millénaire; cette ancienneté peut surprendre

car au Grand-Pressigny même il n'y a pas de dates aussi hautes et la question peut se poser main-

tenant de savoir qui, du Vercors ou de la Touraine a initié la taille pressignienne...

Le Vercors a fourni d'autres sites de taille (Fig. 10-B) avec des productions fondées sur

des techniques bien différentes: faciès macrolithique (Villard-de-Lans, Vassieux), montmoren-

cien (Vassieux) et campignien (Vassieux). Les richesses de ce massif en gîtes de silex ont attiré

durant toutes les époques des artisans dont les fabrications ne sont pas situés chronologiquement

avec précision.

81 A Treschenu avec plusieurs exploitations en grotte, col de Lus-la-Croix-Haute, etc. Drôme 82 A Villard-de-Lans, Méaudre, Autrans (Isère) au Nord et Vassieux (Drôme) au sud. 83 Renseignements dus à D.Ramseyer, Archéologie cantonale et Université de Fribourg, Suisse

42

De plus, mises à part les basses vallées marginales, en Vercors, aucun site d'habitat n'a

encore était indidualisé, qui serait l'indice d'une implantation permanente; ce dont on dispose

actuellement fait penser plus à des exploitations très temporaires ou saisonnières.

Dans le Diois et à l'Ouest des Hautes-Alpes les tailleurs de silex ont rivalisé d'habileté

pour imiter les lames métalliques en fabriquant des couteaux dits "pointes de Sigottier" (Fig. 10-

A, 10 à 12) en silex local à la fin du Néolithique et au début de l'âge du Bronze, dont l'usage res-

tera limité à la Drôme orientale et à l'Ouest des Hautes-Alpes.

Les roches vertes

Si durant les périodes anciennes du Néolithique certaines petites lames polies ont pu être

confectionnées à partir de galets issus des moraines et des alluvions qui s'étalent dans les plaines,

les pièces plus grandes qui apparaissent à la fin du Néolithique moyen sont issues des centres de

fabrication implantés sur des gisements de roches vertes de bonne qualité. Tout un commerce et

des techniques de fabrication sont encore à découvrir par l'analyse pétrographique fine des ha-

ches polies et des gîtes de roches dures alpines. On sait déjà que des ateliers installés sur les

schistes lustrés du Val d'Aoste (Excenevex), du Val de Suse, du Val de Lanzo, du Val Chisone,

encore bien peu connus ou pas étudiés, ont fourni beaucoup de haches polies de la Suisse rhoda-

nienne et du Sud-Est de la France. Ces ateliers ont été exploités par des populations installées de

manière permanente et il est probable, comme j'en donnerai les raisons plus loin, que ces outils si

recherchés ont transité par le Grand-Saint-Bernard vers le haut Rhône pour alimenter le domaine

de la Civilisation Saône-Rhône (la pétrographie prouve l'origine italique des haches de Charavi-

nes). Dans le travail des roches vertes le Val de Suse, le Val Chisone et la haute Maurienne se

sont fait une spécialité avec les flèches losangiques polies qui se retrouvent en Valais, à Annecy

et à Charavines; ceci confirme la voie envisagée pour la diffusion des haches italiques vers le

haut Rhône et de là vers les Alpes du Nord84.

De récentes études pétrographiques montrent que des lames polies chasséennes du Sud du

Dauphiné et du couloir rhodanien proviennent de la Vallée de Cunéo et du Mercantour, probable-

ment par le Mont-Genèvre ou le Queyras. Dans la Drôme, à la Bégude-de-Mazenc et en Diois à

Charens, deux dépôts de haches polies ont vraisemblablement la même origine. Ils rassemblent

des haches terminées (respectivement de 10 et 13 lames) mais jamais utilisées; leurs dimensions

comme leur qualité indiquent qu'elles ont été taillées dans des ateliers installés sur les affleure-

ments mêmes de roches vertes. A la Bégude certaines sont très longues, jusqu'à 35cm, et 7 d'entre

elles portent un piquetage annulaire (Fig. 10-A, 9) pour une fixation sans gaine en bois de cerf, ce

84 Les ophiolites de la zone du Mont-Cenis ont été aussi exploitées et utilisées localement en Maurienne à Sollières-Sardières

43

qui signifie un changement dans la technique d'emmanchement, changement que l'on retrouve

aussi sur quelques pièces régionales85.

Exceptionnels sont les six grands anneaux-disques en ophiolite polie de Chambéry, trou-

vés ensemble et pour qui se pose le problème de leur origine: objets uniques dans le Sud-Est, à

quelle civilisation les attribuer? Bien connus dans celles de Vho et Fiorano dans la plaine padane,

il en existe de semblables à Turin; est-ce là qu'il faut en chercher la provenance?

" Mégalithisme alpin" et art rupestre (Fig. 16)

Pierres à cupules et "roches aux pieds", reconnues depuis longtemps, parsèment les deux

versants des Alpes, manifestation du "mégalithisme alpin". Des recherches systématiques récen-

tes86 ont considérablement élargi nos connaissances en Maurienne et en Tarentaise avec la dé-

couverte de très nombreux sites, en particulier ceux comportant des dalles gravées87 et pas seule-

ment couvertes de cupules. Certaines pourraient remonter au Néolithique mais des études com-

plémentaires restent à faire pour le préciser.

A qui doit-on ces manifestations spectaculaires dont la datation est toujours difficile?

Beaucoup sont placées en altitude, au-dessus de la limite de la forêt, et sont-elles toujours l'oeu-

vre de bergers? Il en existe aussi près de zones habitables toute l'année88, position identique à

celle des dalles gravées placées à coté du site néolithique moyen de Saint-Léonard en Valais

(3750 BC à 3250 BC). De nombreuses figurations sont d'âge plus récent et seront évoquées ulté-

rieurement.

Les prospections d'autres chercheurs ont révélé des pierres à cupules en bas et Nord-

Dauphiné, dans le Grésivaudan, dans le Chablais près du Léman et dans le Bugey savoyard où

des dates, 2920 BC et 1890 BC, obtenues à Billième sur des charbons de bois de deux couches

qui jouxtaient la base de la pierre, prouvent l'ancienneté de leur fréquentation. La grande dalle de

fermeture du dolmen de Tallard, au Sud de Gap, couverte de cupules est de forme grossièrement

anthropomorphe dans le style de certaines stèles ardéchoises. L'étude de cet art rupestre, actuelle-

ment en plein essor, permettra de mieux connaître la religiosité des peuples alpins en rapport

avec leurs implantations, leurs activités et l'origine des influences subies.

85 A Saint-Priest, Rhône et Grenoble 86 De F.Ballet et P.Raffaeli 87 Cupules, sillons, anthropomorphes, spirales, labyrinthes, etc. (Fig. 16) 88 A Aussois et Sollières-Sardières (Savoie)

44

Fig. 16. Art rupestre alpin de Savoie.

1: Gravures diverses et pédiformes, Néolithique et âge des métaux, Lanslevillard; 2 et 4: Chasse au bou-

quetin avec chiens; 3 et 5: Soldats casqués avec lance; 6: Chasse avec chiens et soldats casqués à cheval et

à pied; Chasse avec chiens et cavalier. (2 à 6: âge du Fer, Aussois; 7: âge du Fer, Sollières). (échelles di-

verses). Relevés F. Ballet et P.Raffaelli.

De la fin du Néolithique seraient les peintures de Saint-Jean-d'Arvey près de Chambéry

sur les parois d'un abri-sous-roche. Sur cinq mètres se développent des panneaux de ponctuations,

de traits et de signes à l'ocre rouge, jaune et orangé où se distinguent des figures rayonnantes et

45

deux anthropomorphes en forme d'ancre renversée. Cette composition peinte serait, selon

P.Ayrolles, d'inspiration ibérique dans la ligne de celles de l'Ardèche, placées comme celle-ci

loin de toute zone habitable. Vraisemblablement du même âge et de la même origine seraient les

27 grilles et résilles peintes à l'ocre de l'abri d'Eson à Pont-de-Barret en Diois. Plus difficiles à

dater sont les gravures pariétales d'abris-sous-roche ou de rochers en Vercors et en Diois89 dues

peut-être à des bergers et étalées sur une longue période, protohistorique et historique.

DÈS LE NEOLITHIQUE, LE PREMIER DOMAINE ALPIN

S'il est un exemple où archéologie, géographie et géologie sont étroitement liées c'est la

région des vallées supérieures de l'Arc et de l'Isère en Savoie, et celles des Doires Baltée et Ri-

paire sur le versant italien, là où se met en place le premier peuplement de la haute montagne, au

coeur des Alpes (Fig. 17).

L'archéologie

Quels sont les faits: sur une centaine de trouvailles ou sites néolithiques de Savoie, près

d'une cinquantaine se placent en Maurienne et en Tarentaise, densité élevée peu commune à cette

époque pour des régions montagnardes aux surfaces exploitables relativement restreintes, attes-

tant une forte implantation humaine. En outre ces derniers vestiges sont exclusivement localisés

à la partie haute des vallées, en amont de Moûtiers sur l'Isère, en amont de Saint-Jean-de-Mau-

rienne sur l'Arc. En haute Tarentaise, à Aime, une nécropole avec tombes de type Glis-Cham-

blandes est datée de 3450 BC, datation qui ne concerne qu'une tombe et ne fixe pas la durée

d'utilisation de la nécropole riche de plus d'une dizaine de coffres. D'autres du même type, an-

ciennement découvertes à Aigueblanche et un vase à Bozel sont aussi des éléments Cortaillod.

En haute Maurienne, les Balmes de Sollières, fouillées depuis 1978 par P.Benamour, ont livré un

récipient en écorce de bouleau contenant des céréales et une pendeloque de type Port-Conty dans

des niveaux datés de 3660 BC et 3400 BC; c’est un Cortaillod récent en accord chronologique

avec la nécropole d'Aime et les dates du Valais (3800 à 3200 BC).

Au Néolithique moyen ces deux régions présentent donc une imprégnation culturelle

identique par le faciès valaisan et vaudois de la civilisation de Cortaillod avec tombes et maté-

riels caractéristiques. Or entre Tarentaise et Maurienne les communications sont aisées par le col

de la Vanoise (Fig. 17) qui relie l'Isère et l'Arc, voie fréquentée depuis toujours par les paysans et

les marchands locaux.

89 A Corrençon, Autrans, Engins et Choranche en Vercors (Isère), à Bourdeaux en Diois (Drôme) etc.

46

L'origine de ce peuplement en Savoie se trouve sur le versant oriental italien, en Val

d'Aoste sur le cours supérieur de la Doire Baltée, lui-même arrivé du Valais suisse à travers le col

du Grand-Saint-Bernard comme en témoignent huit nécropoles à multiples coffres Glis-Cham-

blandes. Dans le Val de Suse la nécropole de Chiomonte-la Maddalena et son habitat avec cé-

ramique Cortaillod, datés de 4000 à 3600 BC, ont la même provenance culturelle. Entre les por-

tions supérieures du Val d'Aoste et du Val de Suse il n'existe aucune possibilité de communica-

tion aisée à travers les chaînes orientées Ouest-est; le Val de Suse a dû être atteint à partir de l'est

par le canal de la Tarentaise puis de la Maurienne.

Val d'Aoste et Valais avec les sites cultuels et funéraires contemporains et très sembla-

bles de Saint-Martin-de-Corléans et de Sion, inspirés probablement des monuments de Franche-

Comté, montrent avec éclat les liens qui unissent les deux régions de part et d'autre du Grand-

Saint-Bernard; il reste à trouver, sur un cône de déjection savoyard leur équivalent français!

Un argument supplémentaire de l'unité culturelle alpine est celui de l'art rupestre gravé

sur les blocs erratiques et les dalles polies par les glaciers: les motifs ont de grandes similitudes

avec ceux, aussi très abondants, du Val de Suse et du Val d'Aoste. La parole est aux spécialistes

de l'art qui pourraient nous en dire plus sur les concordances dont les études sont en cours.

Le nom des torrents, sept Doires (Doria) en Val d'Aoste et deux en Val de Suse, huit Do-

rons en Savoie, quatre Drances en Valais et quatre Dranses en Chablais90 marquent encore au-

jourd'hui l'homogénéité du domaine rhodanien des tombes Glis-Chamblandes et du premier peu-

plement des Alpes internes, il y a 6000 ans, homogénéité qui persistait encore au moment où ces

hydronymes sont apparus et dont il est impossible de fixer la date.

La géographie

La géographie explique aussi l'isolement et l'identité culturelle que démontre l'archéolo-

gie: ces deux régions, haute Maurienne et haute Tarentaise, communiquent avec le Sillon alpin à

l'Ouest par 30 à 40 km de gorges profondes qui entaillent des terrains métamorphiques durs. Les

bords abrupts, le fond étroit et les rivières tumultueuses rendent le passage quasi impossible sans

infrastructures même si quelques sentiers précaires et malaisés ont été tracés sur les pentes boi-

sées inhospitalières. Aujourd'hui encore ces gorges recèlent peu de villages. Par contre, en amont,

les roches plus tendres ont été modelées en relief adouci par les érosions glaciaires et offrent des

90 Val d'Aoste: Dora di Veni, di Ferret, di Valgrisanche, di Verney, di Rhèmes, Baltea. Val de Suse: Dora Riparia, di

Bardonecchia. Tarentaise: Dorons de Bozel, des Allues, de Champagny, de Pralognan, de Belleville, de Chavière, de Valpremont.

Maurienne: Doron de Termignon. Valais: Nant de Drance, Drances de Bagnes, de Ferret, d'Entremont. Chablais: Dranse, Dranses de

Morzine, de la Manche, d'Abondance

47

bassins étagés propices à l'habitat, à la culture et à l'élevage sur des replats ensoleillés; des cols

aisément praticables, le Petit-Saint-Bernard et ceux de la zone du Mont-Cenis, les font commu-

niquer sans difficulté avec le Val d'Aoste et le Val de Suse. Une barrière à la pénétration humaine

à partir du Sillon alpin s'établit non pas à la ligne de partage des eaux placée sur les plus hautes

crêtes, sur la frontière actuelle, mais bien plus à l'Ouest au niveau de la chaîne granitique des

massifs centraux qui s'étend entre le Mont-Blanc et Belledonne, seulement entaillée par l'Arc et

l'Isère.

F.Fedele dès 1976 puis A.Bertone en 1990 ont déjà défini une unité entre les vallées de

l'Arc, de la Doire Baltée et du Chisone remarquant "que les gisements se concentrent dans les

parties moyennes et hautes des vallées et des vallons latéraux, zones placées en amont des sillons

morphologiques caractérisés par un accès difficile à partir de la plaine", bien que le Val de Suse

s'ouvre sans contrainte géographique majeure sur la plaine piémontaise.

J'irai plus loin que mes collègues en rassemblant les quatre hautes vallées alpines, celles

de la Doire Ripaire, de la Doire Baltée, de l'Arc et de l'Isère après avoir dit que leur peuplement

initial provient du haut Rhône en Suisse, entre 4000 et 3500 BC. C'est le début d'une entité alpine

disposée de chaque coté de la ligne de partage des eaux (Fig. 2) et des cols transalpins sur des

terroirs favorables à une économie agro-pastorale, à une époque où le climat était plus clément

que l'actuel91.

La géologie

Un peuplement établi dans de telles conditions peut surprendre car pourquoi affronter les

difficultés de l'altitude et du climat alors que les terres vierges et fertiles ne manquent pas à des

altitudes plus clémentes pour les agriculteurs?

Il s'explique bien, par contre, si on envisage l'exploitation, dès le Néolithique moyen, des

roches vertes abondantes et variées dans ces régions; n'oublions pas que la plupart des lames po-

lies trouvées entre Rhône et Durance proviennent de là, sans parler des zones plus lointaines où

elles ont diffusé au Nord, à l'Est et à l'Ouest92. L'exploitation des roches vertes a-t-elle induit le

peuplement de la haute montagne ou bien n'est-elle que la conséquence d'une occupation motivée

par d'autres raisons? un argument fait pencher pour la première hypothèse car les tombes de type

Glis-Chamblandes ne débordent pas, vers l'est, la limite géologique des gîtes de roches vertes tant

91 La limite supérieure de la forêt était 200/250m plus haute qu'aujourd'hui comme le montrent les pollens de la tourbière du

Besset en Maurienne. 92 Comme les haches de prestige de Carnac en Bretagne en omphalite du Val d'Aoste...

48

dans le val de Suse qu'en val d'Aoste. Au Néolithique moyen les hommes s'installent donc bien

sur les zones de roches aptes à la fabrication des lames de hache.

L'évolution du "domaine alpin" d'altitude

Mais pour homogène que soit son peuplement lors de sa formation, cette région a été en

contact précoce avec des influences extérieures, probablement comme conséquence des échanges

liés à l'exportation des haches polies. Ainsi la grotte des Balmes à Sollières a livré quelques tes-

sons d'allure chasséenne associés à des dentales de la Méditerranée. Sur le versant italien, la val-

lée de Suse, à Chiomonte-la Maddalena et San Valeriano à Borgone-di-Susa, possèdent aussi de

la céramique chasséenne tardive93, des lames et lamelles en silex provenant de la basse vallée du

Rhône ou de Provence et même de l'obsidienne sarde. Se pose le problème de la voie de leur ar-

rivée car la Maurienne ne semble pas encore ouverte à l'Ouest vers le Sillon alpin, ce qui laisse

penser que le Chasséen méridional est parvenu à partir du versant italien. Deux possibilités s'of-

frent alors: soit le tracé occidental de la Durance par le col du Mont-Genèvre vers la Doire Ri-

paire puis, dans un mouvement récurrent, vers la haute Maurienne par les cols du Mont-Cenis;

cette voie a la préférence de F.Fedele à laquelle s'oppose le fait que Briançonnais et haute Du-

rance n'ont toujours pas livré de sites chasséens qui traduiraient une présence au Néolithique

moyen. La deuxième hypothèse serait une remontée de Chasséens sur le versant oriental des Al-

pes à partir des sites de Ligurie puisque le Piémont, la plaine du Pô et même l'Emilie les connais-

sent assez largement; plusieurs spécialistes piémontais adoptent actuellement cette opinion.

Les contacts des vallées savoyardes avec la Lombardie sont marqués, entre 3000 et 2500

av. J.C., par quelques témoins de la civilisation de Remedello à Fontaine-le-Puits en Tarentaise,

avec la première présence du métal au coeur des Alpes françaises. Aux Balmes de Sollières une

plaquette en nacre et un vase à métope incisé se rattachent à la même influence.

La Maurienne possède des éléments du Néolithique récent méridional: parures94 et alêne

losangique en cuivre toujours à Sollières-Sardières avec une date de 2500 BC. Méridionales aussi

pourraient être les 17 lames trouvées avec de nombreux ossements au pied d'un rocher à Fontcou-

verte en Maurienne. Ces témoins sont à rapprocher de l'ossuaire en grotte à Boira Fusca (vallée

de l'Orco) et de la tombe collective d'Alto (Val Varaïta) à forte saveur méridionale95 et des vases

à cordons horizontaux languedociens de Chiomonte en Val de Suse et de Roure-Balm'Chanto

(datés de 2570 BC) en Val Chisone. A l'Ouest du lac de Garde le rite funéraire habituel est la

tombe collective en grotte ou en abri sous roche, pratique retrouvée à Modane dans une grotte et

93 Décors gravés sur marli, baguettes multiforées, anses en cartouchière, etc. 94 Perles à ailettes, pendeloques à crochet, dentales et coquilles marines 95 Qui possèdent aussi lames de silex et colliers de dentales

49

Figure 19 : Domaine alpin d'altitude

à Foncouverte au pied d'un gros bloc avec de "grands couteaux " de silex. A-t-on là l’influence

méridionale ou celle du Piémont? le matériel est perdu et les anciens comptes-rendus ne sont pas

assez explicites pour en décider. Pour atteindre les vallées italiennes et la Maurienne le courant

méridional est-il passé par la Durance et le col du Mont-Genèvre; c'est probable car nous n'avons

50

pas encore de preuve du désenclavement vers l'Ouest des hautes vallées savoyardes et ce faciès

culturel est absent de la Combe de Savoie et du Grésivaudan en amont de Grenoble, zone qui au-

rait pu servir de relais. En outre nous savons que dans les Hautes-Alpes le Néolithique récent

méridional est très largement représenté, remontant jusqu'au col du Mont-Genèvre ce qui n'était

pas le cas au Néolithique moyen.

Des populations établies sur les versants occidental et oriental ont prospéré pendant des

millénaires dans les bassins élevés, reliés entre eux par de nombreux cols, profitant de la clé-

mence du climat qui régnait à la fin de l'Atlantique. Cette implantation permanente déterminée, à

l'origine, par l'exploitation des roches vertes a mis en valeur la haute montagne alpine, malgré les

péjorations climatiques ultérieures auxquelles il fut fait face avec de grandes capacités d'adap-

tation; les premiers Alpins ont su se plier aux dures réalités montagnardes et tirer profit des res-

sources et des voies de communications. Quand les infrastructures routières héritées de l'empire

romain sont tombées en ruine, aux VIIIe-IXe siècles, l'évêque de Moutiers est devenu suffragant

de celui de Sion, ce qui prouve que même à cette époque il était plus aisé pour un Tarin de se

rendre en Valais plutôt qu'à Chambéry: les anciens chemins plusieurs fois millénaires reprenaient

du service...

L'homme de Tarentaise et l'Homme du Similaun

En 1908, à Fontaine-le-Puits en haute Tarentaise, furent ouvertes des tombes96 dont une

fut l'objet d'une fouille méticuleuse. Comme pour la découverte récente de la momie sur la fron-

tière autrichienne, il y avait une hache de cuivre, un couteau de silex et un carquois avec pointes

de flèches en silex. Un autre élément identique accentue la comparaison, celui d'un outil d'usage

quotidien, rarement reconnu: le retouchoir à silex pour raffûter briquet, couteau ou pointes de

flèche: c'est un fragment de bois de cerf enfoncé dans une branche de tilleul pour l'homme du

Similaun et une petite barre de cuivre enfoncée dans un andouiller pour le Savoyard. Autre détail

troublant mais significatif, dans les deux cas le corps était accompagné par une petite lame de

silex tranchante trapézoïdale quasi identique. Si les ressemblances sont frappantes entre les deux

découvertes en ce qui concerne l'équipement des hommes de cette époque, la sépulture de Taren-

taise montre que les vestiges de cuivre comme le rite funéraire ont leur origine culturelle et

technique dans la civilisation de Remedello en Italie du Nord. Le défunt de Tarentaise faisait

probablement partie d'un groupe de "Lombards" qui avaient remonté la Doire Baltée pour péné-

96 Les corps repliés sur le coté, le mobiler avec hache plate, poignard, pendeloque en cuivre, lames de silex, haches polies, etc sont

caractéristiques de Remedello. Une hallebarde en cuivre dans une autre tombe (Fig. 12-B) est la seule connue sur le versant Ouest

alors qu'elles ne manquent pas en Italie du Nord figurant sur des stèles gravées dans le Val Camonica et le Trentin où s'était établie

une métallurgie du cuivre très précoce avant 3000/3200 BC.

51

trer dans le coeur du domaine alpin puis franchi le col du Petit-Saint-Bernard; se sont-ils installés

définitivement en formant une colonie parmi les indigènes, gardant leurs armes, leurs outils et

leur religion? Etaient-ils des prospecteurs de cuivre dans une région qui en est bien pourvue?

PREMIÈRES DIFFUSIONS DU BRONZE

La diffusion du métal dans les Alpes suivra deux processus bien différents. Au Bronze an-

cien comme au Bronze moyen, le métal parviendra de centres de fabrication lointains, à la fin de

leur apogée, quand ceux-ci verront leurs propres marchés saturés et qu'ils devront trouver hors de

la zone directement soumise à leur emprise des débouchés indispensables à leur survie économi-

que. Ceci explique le retard relatif pris par les Alpes du Nord dans l'équipement métallique par

rapport aux régions de productions.

Ces exportations de bronzes ne s'accompagneront pas d'influences culturelles significati-

ves, même si des petits foyers secondaires d'extraction de minerai et de façonnage se mettent en

place sous l'égide et avec les procédés des "étrangers", au Bronze ancien. Dès le début du Bronze

final au contraire la diffusion du métal sera entourée de tout un ensemble culturel, technique et

probablement humain qui se traduit par la métallurgie, la céramique, les rites funéraires dépas-

sant très largement ce que laissent de simples contacts commerciaux. Ces deux processus ne sont

en rien comparables et répondent à des modalités de mise en place bien différentes: le déplace-

ment des hommes (hors des marchands, bien sûr) n'intervient pas pour le premier mais prend une

grande importance pour le second.

Jusqu'au XIVe siècle les Alpes ont vécu avec une économie et des techniques héritées du

Néolithique et lentement mûries par l'évolution générale où l'impact campaniforme n'est pas à né-

gliger comme substrat à la diffusion du métal. Celui-ci est importé et s'il marque des échanges et

des contacts extérieurs, il n'a pas bouleversé les traditions mais a apporté une simple amélioration

à la vie quotidienne. Un changement plus radical dans les mentalités, dans les activités et dans

les sociétés interviendra à partir du Bronze final.

Le cadre chronologique (Fig. 3)

Le système chrono-typologique de l'Est de la France défini dans les années 50 par J.J.Hatt

a été peu à peu modifié dans ses limites chronologiques des âges du Bronze ancien et moyen avec

les résultats des nouvelles recherches et surtout depuis l'utilisation des données dendrochronolo-

giques et la calibration du radiocarbone. Ces limites sont aussi fonction des critères appliqués par

les spécialistes pour définir la fin d'une période et le début de la suivante, c'est assez dire qu'elles

sont floues et toujours subjectives. A l'avenir il serait préférable de parler en dates, en siècle par

52

exemple, et non en "âge" qui prend aujourd'hui une signification plus culturelle que chronologi-

que; comme le dit J.P. Millotte "je persiste à croire que ces divisions typo-chronologiques doi-

vent être manipulées avec souplesse et que les datations archéométriques risquent, dans cin-

quante ans, de rendre ces séquences obsolètes.

C'est ainsi qu'en Suisse occidentale et en France de l'Est, le Bronze ancien ne débute plus

vers 1800 mais vers 2100 av. J.C. et sa partition tripartite est conservée par la plupart des auteurs.

Il se terminait vers 1500 avec le début du Bronze moyen que l'on fait commencer aujourd'hui vers

1650/1600 av. J.C. Nous avons parfois été gêné par l'absence d'une période de transition entre

Bronze moyen et Bronze final identique au Bronze D des auteurs germaniques; elle correspond

en effet à des modifications culturelles et techniques qui se placent, chez nous, à cheval sur le

Bronze moyen et le Bronze final. C'est cette difficulté qui a obligé J.Vital à reprendre

l’appellation "Bronze récent" pour le matériel de Donzère placé entre 1450 et 1300 av. J.C., pa-

rallèlisable grosso modo au Bronze moyen III de J.J.Hatt. Afin de ne pas bouleverser les concep-

tions de la plupart des auteurs, je préfère ne pas utiliser ce terme mais celui de Bronze final pour

recouvrir, dès leur début, les changements sociaux, techniques et culturels aussi bien germani-

ques, de France orientale que d'Italie du Nord qui se mettent en place après le Bronze moyen. De

toute façon les chevauchements des différentes "civilisations" ne s'accommoderont jamais d'un

carcan chronologique et culturel trop rigide et les évolutions sont toujours progressives et pleines

de nuances à l'intérieur d'un continuum en perpétuelle mutation.

Les matériaux de la métallurgie: le cuivre et l'étain

Le cuivre

Le cuivre n'est pas rare dans les Alpes et la carte de répartition de ses gisements (Fig. 18)

parle d'elle-même. Ce sont les massifs métamorphiques internes qui en sont les mieux pourvus

toutefois certaines zones calcaires en possèdent, au Sud du lac Léman en Chablais-Faucigny, au

Sud-Est d'Annecy, autour du Buech et de Gap et dans les Baronnies. La présence du cuivre n'im-

plique pas forcément une exploitation de minerai cependant quelques concordances entre gîtes

minéraux et points de découvertes d'objets en bronze97 ne sont pas toujours le fruit du hasard.

97 Il sera fait allusion à plusieurs reprises à des analyses des métaux; bien que des progrès aient été faits dans cette science, les

résultats ne sont encore qu'indicatifs des grandes tendances d'évolutions techniques et les productions régionales sont mal connues.

Il en sera ainsi tant que tous les bronzes, pièces ou fragments ainsi que bien des minerais, ne seront pas analysés car la méthode des

échantillonages aléatoires se révélant décevante. Cela est vrai aussi de la dendrochronologie qui est vraiment utile seulement quand

tous les bois d'un site sont analysés...

53

Figure 18 : Gisements de cuivre

Tous les minerais de cuivre n'ont pas un égal intérêt pour le bronzier ancien dont les

techniques restaient encore assez rudimentaires; ce sont, semble-t-il, les carbonates et les sulfures

à haute concentration de métal98 qui ont été les premiers exploités. Nous ne pourrons connaître

98 Malachite et azurite, carbonates souvent présents dans les têtes de filons et repérables par leur teinte bleu-vert. La bornite et les

cuivres gris ( ou fahlerz: sulfo-antimoniures et sulfo-arséniures de cuivre) sont généralement plus profonds. Quant à la chalcopyrite

(sulfure double de fer et de cuivre) très abondante, sa métallurgie plus complexe est probablement plus tardive.

54

véritablement l'origine du métal des objets seulement quand nous disposerons d'analyses tant de

ces objets que des divers minerais présents dans les Alpes; actuellement nos conclusions ne peu-

vent être que conjecturales.

A l'âge du Cuivre

En Tarentaise près des gîtes cuprifères de Macot, Pesey, Saint-Bon et Champagny se pla-

cent les sépultures de Fontaine-le-Puits qui ont pour origine la civilisation chalcolithique de Re-

medello qui a fleurit en Lombardie au IIIe millénaire; il n'est pas impossible que les métallurgis-

tes aient traversé les cols à la recherche de nouveaux gisements dans les massifs centraux. A

l'Ouest, les haches en cuivre d'Annecy-le-Vieux, de Sévrier et de Faverges près du lac d'Annecy

ne sont pas très éloignées des gîtes de Montmin, Saint-Ferréol et Ugine. Une autre à Saint-Pierre-

d'Albigny dans la Combe de Savoie est proche de ceux de la région d'Albertville et d'Aiguebelle.

Dans les Hautes-Alpes la hache de Ribiers99, sur la Durance, est à 25km en aval du cuivre gris de

Remollon. Remarquons que j'ai cité toutes les haches (sauf une) en cuivre connues dans l'avant-

pays et qu'elles ne sont pas éloignées de gîtes de cuivre exploitable; pourtant la plupart des pièces

sont à forte teneur en argent donc fabriquées à partir de minerais extérieurs aux Alpes, comme on

l'a vu; les prospecteurs, si prospecteurs il y a, n'auraient pas encore été métallurgistes... De le

même façon le dolmen de La Bâtie-Neuve, Hautes-Alpes, avec ses perles de cuivre et son mobi-

lier à saveur languedocienne, est bien voisin des filons du dôme de Remollon, d'Avançon ou de

Théus.

Aux Bronze ancien et moyen

Au Bronze ancien, la civilisation du Rhône a exploité activement les mines de cuivre du

Valais et dans les Alpes françaises il est intéressant de constater que plusieurs objets issus de

cette civilisation sont groupés dans la haute vallée de l'Isère. Il semble donc très possible que les

Valaisans aient ouvert quelques uns des gisements cuprifères de la Tarentaise à partir des cols du

Grand et du Petit Saint-Bernard. La Maurienne possède des sites100 mais pas de matériel métalli-

que: ses gisements de cuivre sont formés de chalcopyrite dont le traitement difficile ne sera

connu que plus tard, au Bronze final.

Plus au Sud, cette civilisation se trouve bien représentée aussi dans les Hautes-Alpes, en

particulier dans la vallée du Buëch, de la Durance et de la haute Drôme, ainsi que dans les Baron-

99 Elle est en cuivre avec 2% d'antimoine et les gîtes de cuivre voisins sont formés de panabase, minerai qui contient aussi de

l'antimoine; portant des rebords nets, de type Bronze ancien, on peut imaginer que cette pièce a été réutilisée et que ses cotés ont été

martelés tardivement. 100 Céramique à Sollières-Sardières

55

nies. Pour ces régions, pratiquement toutes les découvertes archéologiques (que nous verrons

plus loin) sont proches de gisements de cuivre101. Dans la haute vallée de la Durance, l'exemple

de Champcella avec plusieurs sépultures de riches personnages, à côté de gîtes, est tout à fait

éloquent. L'exploitation des mines de cuivre de Saint-Véran102 en Queyras est datée par des tes-

sons du Bronze ancien-moyen trouvé dans l'habitat voisin de Pinilières.

Au Bronze moyen, il n'existe pas d'objets fabriqués dans les zones alpines et rien ne per-

met d'affirmer une quelconque exploitation minière.

Au Bronze final

Au début du Bronze final, une densité particulière de vestiges touche la basse vallée de l'-

Arve, le Faucigny et le Chablais, ce qui n'est peut-être pas sans rapport avec le cuivre de Belle-

vaux, Reyvroz, Sixt, Onnion, le Biot, etc.

Au cours du Bronze final certains des nombreux filons de Tarentaise et de Maurienne ont

dû être exploités103: ceux du massif des Sept-Laux104 ont-ils fourni une partie du cuivre des dé-

pôts de Goncelin, d'Albertville105, de Thénésol et des haches issues de la métallurgie locale mal-

gré la présence de lingots italiques? Il y a une densité particulière des dépôts du XIe siècle dans

la Combe de Savoie et au Nord du Grésivaudan.

Au Sud, dans les Hautes-Alpes l'abondance des dépôts d'altitude dont les caractères très

originaux les font attribuer avec certitude à une production locale, sont très certainement en rap-

port avec les richesses en minerai de la région, même si ce n'est pas la seule raison de leur pré-

sence.

A l'âge du Fer

Aux âges du Fer, l'occupation des hautes vallées alpines est intense. Les vestiges provien-

nent de l'abondant mobilier des tombes plates caractéristiques des Alpes parmi lequel la typolo-

gie nous permet de retrouver des groupes correspondant aux grandes vallées de pénétration:

groupe de la Tarentaise-Maurienne, groupe de Rochefort-Oisans et pour les Hautes-Alpes, groupe

101 A Avançon, Remollon, Théus, Espinasse, Savines, les Crots, Orpierre, Saléon (Hautes-Alpes); Propiac, Beauvoisn et Buis-les-

Baronnies (Drôme). 102 Aux Clausis il y a un creuset, une tuyère et des scories 103 Sollières-Sardières près des filons de Termignon comme ce sera évoqué plus loin 104 Albertville, Bonvillard, Monvillard, Saint-Paul-sur-Isère, Aiguebelle, Montgilbert, Monsappey, Petit-Coeur, la Table, le

Bourget-en-Huile, Argentine, Presles, Saint-Pierre-d'Allevard, Allevard, Pinsot, Theys. 105 Ce dépôt provient en réalité de Saint-Pierre-d'Albigny, à une vingtaine de kilomètres en aval d'Albertville

56

du Haut-Drac (Champsaur), groupe de la moyenne Durance, groupe de la Haute-Durance, groupe

du Queyras-Ubaye. Dans chacune de ces régions le cuivre est toujours abondant ce qui peut ex-

pliquer pourquoi les habitants des Alpes internes sont restés bronziers, voulant ignorer la métal-

lurgie du fer jusqu'à l'arrivée des Romains.

Il est évident que certaines productions de bronze de l'avant-pays ont dû avoir recours aux

cuivres alpins mais analyses et études approfondies manquent pour l'attester avec certitude.

L'étain

L'étain n'existe pas dans le domaine alpin sous quelque forme que ce soit et son origine

sera bien difficile à préciser tant qu'on ne disposera pas d'analyses mesurant ses traces ou ses

isotopes. Son origine peut toutefois être approchée de manière indirecte. Dans les Alpes, au dé-

but du Bronze final, la première trace accompagnant le trafic de l'étain, indispensable autant à la

métallurgie régionale qui s'installe qu'aux pays méditerranéens, est représentée par cinq haches à

talon de type normand disséminées du Nord au Sud de la région106. Ce serait l'indice d'une prove-

nance britannique par la voie de la Seine et du couloir Saône-Rhône. Plus tard, à la fin du Bronze

final et au début de l'âge du Fer ce n'est plus l'Angleterre qui fournit l'étain mais la Bretagne

comme l'indiquent les haches à douille carrée ou rectangulaire107 toujours d'origine bretonne. La

concentration de six d'entre elles, entre le Rhône et le col du Mont-Genèvre, désigne l'axe d'un

courant commercial qui alimenterait en étain l'Italie du Nord. Pour juger de l'importance de ces

importations et de ce trafic, remarquons que le territoire suisse a fourni seulement deux haches à

douille carrée alors que nous en avons quinze ou seize sur un espace bien plus restreint... Par

contre le Midi en est aussi très largement pourvu, vraisemblablement en rapport avec le com-

merce entre l'Occident et Marseille ou les autres comptoirs grecs dès le VIIe siècle108.

AGE DU BRONZE ANCIEN env. 2100 à 1650 av. J.C. (Fig. 19 et 20-A)

Le défrichement subit une accélération dès la fin du IIIe et au début du IIe millénaire que

traduisent les modifications du milieu végétal et qu'on perçoit en sites archéologiques ou en

tourbières109. Cela correspond à de nouvelles influences qui imprégneront les Alpes du Nord à

106 A Doussard (Haute-Savoie), Vaulx-Milieu et La Balme-les-Grottes en Nord Dauphiné, Grenoble (Isère) et Châteauroux

(Hautes-Alpes); au Nord du massif de Crémieu, à peu de distance du Rhône existe une lance à oeillets anglaise de la fin du Bronze

moyen, trouvée à St-Georges-de-Remens, dans le lit de l'Albarine à son confluent avec l'Ain 107 A Thonon, Pontcharra (dépôt de quatre pièces), Grenoble, Villard-Notre-Dame,Vienne, le Pègue, Ballons, Bésignan, Saint-

Pierre-Avez , la Beaume, Saint-Clément et la vallée de l'Ubaye. Au Nord du massif de Crémieu on a aussi la hache des environs de

Belley, très près du Rhône 108 Voir l'épave de Rochelongue à Agde 109 Choranche et Seyssinet-Pariset (Fig. 14) en Vercors, Hières-sur-Amby et Chirens en Nord Dauphiné et Lyon-Vaise

57

partir du Valais et du Chablais vaudois; quatre régions sont à distinguer dans les Alpes où cette

influence se manifeste de manières différentes.

L'avant-pays à l'Ouest du Sillon alpin

La rive Sud du lac Léman est directement intégrée au noyau de la civilisation du Rhône

tant par le matériel métallique110 que par le rite funéraire en coffre de pierres111 à l'instar de ce

qui existe sur la rive Nord du lac Léman. Plus au Sud l'imprégnation rhodanienne est moins nette,

plus diffuse sans pour autant être absente. La station littorale de Veyrier sur le lac d'Annecy, avec

une hache de Neyruz, et une autre sans matériel, découverte récemment à Sévrier (datée de

-1665), pourraient être les symétriques des stations installées au Nord du lac Léman, comme

Morges. Tout en restant prudent en l'absence d'autres vestiges, ces deux sites entrent parfaitement

dans le courant qui a installé des habitats littoraux au Sud de l'Allemagne et en Suisse à la fin du

Bronze ancien.

La vallée du Rhône supérieur et le couloir rhodanien sont parcourues par ces influences

marquées seulement par du métal, souvent abondant comme dans la région de Vienne et la vallée

de la Bourbre, ou par quelques céramiques caractéristiques en Savoie, au Sud de Lyon, en Dau-

phiné112. Dans les zones subalpines plus orientales la céramique rhodanienne typique est rare

mais les récipients courants changent de forme113; les importations métalliques, le plus souvent

tardives114, ne s'accompagnent pas de modification des rites funéraires qui restent collectifs et en

grotte115. L'influence rhodanienne est dominante, quand on considère la densité particulièrement

élevée des bronzes116 mais quelques objets parviennent en plus de la zone rhénane de l'Adlerberg

et du domaine dit "nord-alpin" par les auteurs suisses117.

110 A Thonon, Cranves et Etrembières (Haute-Savoie) 111 A Thonon, Chens-sur-Léman et Allinges (Haute-Savoie) 112 Haches des Roseaux et de Neyruz, poignards triangulaires et à manches massifs ou céramique à décor en résille à La Balme-

les-Grottes, Vernas, vallée de la Bourbre (Cessieu, etc.), Ternay, Chasse, Vienne (Isère); Loriol, Mirabel-aux-Baronnies, Vaison-la-

Romaine (Drôme). 113 Tasse des Roseaux à la Buisse au débouché de la cluse de Grenoble, céramiques à "saveur du Rhône" à Choranche en Vercors

occidental, vase à cordon à Vercoiran dans les Baronnies (Drôme) etc. Les formes sinueuses de type helvétique apparaissent 114 La hache type Neyruz de Chanas (Isère), en cuivre et à bords faiblement martelés est plus ancienne que les haches-spatule de

Saint-Sulpice (Savoie), au dessus du lac du Bourget, de Pontcharra (Isère), en Grésivaudan, et les haches type Neyruz d'Aix-les-

Bains (Savoie); de Chasse ou de Ternay dans la vallée du Rhône et de Sinard (Isère), en Trièves plus au sud; épingle de type du

Broc avec une tasse des Roseaux à Nyons, céramiques à Chastel-Arnaud (Drôme) 115 Ossuaires de Claix, la Buisse, Saint-Quentin-sur-Isère autour de Grenoble, Mours-Saint-Eusèbe (Drôme) dans les collines de la

basse Isère, Plan-de-Baix, Montmaur et Saint-Nazaire-le-Désert en Diois et Sigottier, Montmorin près du Buech (Hautes-Alpes),

etc. 116 Et qui va être confirmée par le matériel des Hautes-Alpes 117 Une épingle en écusson gravée à Etrembières (Haute-Savoie), et un petit vase cylindrique à décor géométrique gravé à

Seyssinet près de Grenoble. Le poignard à manche massif de Rochegude, dans les Baronnies, est d'origine nord-alpine avec ses 7

rivets, sa nervure médiane prononcée et l'absence de gravure

58

Figure 19 : Bronze ancien

Des couches du Bronze ancien en grotte sont datées de 1930 BC à Montmaur-en-Diois, -

1750 BC à Claix, 1620 BC à Sassenage et 1610 BC à Seyssinet près de Grenoble, 1720 BC à

Choranche en Vercors. Ailleurs les niveaux stratifiés sont confondus, par absence de fossiles di-

recteurs, avec ceux attribués à la fin du Néolithique, ce qui démontre une continuité technique

59

couvrant la fin du IIIe et le début du IIe millénaire. Les Alpes du Nord voient se mélanger inti-

mement les influences méridionales et helvétiques celles-ci étant plus nettes au Nord, celles-là

plus marquées au Sud118.

Fig. 20. Age du Bronze ancien (Early Bronze Age). env. 2100 à 1650 av. J.C. et âge du Bronze

moyen (Middle Bronze Age). env.1650 à 1350 av. J.C.

A- Bronze ancien. 1, 2 et 3: Sépultures en grotte, Champcella, Hautes-Alpes; 4 à 7: Sépulture

collective en coffre, Allinges; 8: Cranves, Haute-Savoie; 9: Nyons, Drôme; 10 et 11: Dépot des Taburles,

Avançon, Hautes-Alpes; 12: Vercoiran, Drôme; 13: Lagrand, Hautes-Alpes. (échelles diverses).

B- Bronze moyen. 14: Dépot de Porcieu-Amblagnieu, Isère; 15: Cognin, Isère; 16, 19 et 20: Dé-

pot de Douvaine, Haute-Savoie; 17: Notre-Dame-de-Briançon, Savoie; 18, 21 et 22: Sépultures à inhuma-

tion, Saint-Paul-de-Varces, Isère; 23: Bons-en-Chablais, Haute-Savoie. (échelles diverses).

D'après: 1 à 3, 10, 11 et 13: Courtois 1960; 4 à 9, 16, 19 et 20, 23: Oberkampf 1984; 9 et 12: Gras in

Bocquet et Lagrand 1976; 14, 15,21 et 22: Bocquet 1969; 17: Combier 1971.

118 Une grotte à Montmaur-en-Diois est caractéristique avec des éléments méridionnaux et une hache de Neyruz.

60

Les Hautes-Alpes

Dans les Hautes-Alpes une sorte de "foyer secondaire" de la Civilisation du Rhône se dé-

veloppe, marqué par le dépôt119 des Taburles près de Gap, des haches, épingles ou poignards120.

A Champcella sur la Durance, les riches sépultures en grotte de défunts de rang élevé121 et celle

d'une cavité voisine bien pourvue en mobilier de bronze122 confirment l'importance de cette ré-

gion dans le commerce du métal (ou sa fabrication ?) sous l'égide des Valaisans ou leurs affidés.

Plus au Sud, des haches123 témoignent de l'occupation de l'Ubaye dès le XVIIe siècle bien qu'au-

cun habitat ne soit encore signalé.

Cette concentration d'objets rhodaniens sur un territoire restreint dans les Hautes-Alpes

n'est pas fortuite; elle doit être liée à l'exploitation des mines de cuivre illustrée par celle de

Saint-Véran que nous avons vu datée du Bronze ancien-moyen. L'influence valaisane a pu y par-

venir soit depuis le couloir rhodanien, à l'Ouest, par la vallée de la Drôme, elle-même marquée

par plusieurs ossuaires en grotte et par des bronzes124, soit par le Sillon alpin jalonné par des ha-

ches125. De toute façon ce foyer haut-alpin a pu servir de relais à la diffusion du matériel rhoda-

nien en Provence orientale126.

Les Baronnies

La présence plus fréquente qu'ailleurs de bronzes127 de type Civilisation du Rhône dans

cette partie de la basse Drôme est probablement liée aussi à l'exploitation des filons de cuivre de

cette région; l'abondance des ossuaires collectifs en grotte ou en hypogées montre une forte

densité du peuplement qui reste culturellement rattaché à la sphère méridionale, en particulier le

Languedoc très touché aussi par la civilisation du Rhône.

119 Quatre poignards à manche massif et cinq haches de Neyruz (Fig. 20-A, 10 et 11) 120 A Valdrôme (Drôme) la Beaume, Aspremont, Barret-le-Bas, Lagrand, Ribeyret, Serres et Sigottier (Hautes-Alpes) 121 Avec un poignard, une hache-spatule et un gorgerin en tôle gravée 122 A Freissinières avec une hache des Roseaux, un petit poignard triangulaire à deux rivet du type Lussan et un fragment de

hache-spatule; remarquons que ces sites sont très proches des gîtes de cuivre de Champcella... 123 Du type des Roseaux et de Neyruz à Saint-Pons, Fours et Faucon 124 Hache type Neyruz de Montmaur (grotte de Solaure ou du Fournet et non d'Antonnaire comme l'indique J.Bill, 1973),

hache-spatule de la Beaume, poignard à manche masif de Valdrôme 125 A Pontcharra et Sinard en Isère 126 Haches de Neyruz et poignards de Solliès-Pont, Var, etc. 127 Haches de Rochegude, épingle de Nyons, deux poignards de Mirabel-aux-Baronnies

61

Les massifs internes de Savoie

Par où sont arrivés les poignards rhodaniens et la hache-spatule de Tarentaise128 et les mi-

neurs qui ont exploité des filons de cuivre près de Moutiers129? Une tombe à Bourg-Saint-Mau-

rice en Tarentaise est datée de 1880 BC; en Maurienne le site des Balmes de Sollières nous ap-

porte encore de précieux renseignements avec de la céramique rhodanienne dans un niveau daté

de 1890 BC130. Ainsi ces régions sont touchées par la mouvance rhodanienne bien que la vallée

de l'Arc n'ait encore livré aucun bronze, comme nous l'avons vu.

Hommes ou influences venus du Valais ont-ils suivi une voie occidentale avec ouverture

de la vallée de l'Isère entre Moutiers et Albertville, de la vallée de l'Arc entre Combe de Savoie et

Modane ou bien est-ce encore la voie orientale par le Val d'Aoste et le col du Petit-Saint-Bernard

qui fut utilisée? Cette dernière hypothèse est la plus plausible compte tenu de l'absence de vesti-

ges du Bronze ancien dans la partie aval des vallées; elle prolonge la diffusion culturelle du com-

plexe rhodano-Cortaillod par le Grand-Saint-Bernard, mise en place au Néolithique moyen. Cette

arrivée par l'Italie n'est pas incongrue car haches rhodaniennes et céramique en résille du Piémont

occidental131 indiquent que cette région a été touchée, elle aussi, par la civilisation du Rhône et a

probablement fabriqué elle-même des bronzes car des lingots sont associés aux objets dans le dé-

pôt d'Avigliana.

A la fin du Bronze ancien le vide archéologique en aval de Feissons-sur-Isère et en aval

de Saint-Jean-de-Maurienne traduit encore l'absence d'occupation permanente des basses vallées,

mais n'y a-t-il pas eu un début de leur utilisation pour les échanges avec l'Ouest et le Sillon alpin?

Le poignard et la hache132 de la Combe de Savoie sont-ils arrivés par l'Est ou par le Nord-Ouest?

La question reste donc en suspens avec possibilité d'ouverture de la voie alpine occidentale à la

fin du Bronze ancien, sans que cela signifie forcément que bronzes et mineurs "rhodaniens" de

Tarentaise ne sont pas arrivés par le versant italien.

128 Poignards de Séez près du col du Petit-Saint-Bernard, de Feissons-sur-Isère et hache-spatule de Moûtiers (Savoie) 129 Dans une galerie de laquelle a été trouvée la hache-spatule de Moûtiers. Il n’y a pas de cuivre à Moûtiers mais une mine

anciennement esploitée à Saint-Marcel qui est à côté. 130 Grand vase à décor en résille et une tasse décorée identique à une trouvée au Petit-Chasseur à Sion en Valais 131 Haches à Pignerol, Bio, Ivrée, Carignano, Trana, dépôt d'Avigliana, tombe de Vallare et céramiques à Bussoleno et Chiomonte,

Val de Suse 132 Poignard à manche massif à Saint-Pierre-d'Albigny et une hache du type de "la Baraque" à Aiguebelle, au débouché de la

Maurienne dans la Combe de Savoie

62

A la fin de la période un vase à anse en poucier de la Polada a été importé à Sollières tra-

duisant la poursuite des contacts avec le versant oriental italique133.

La première aristocratie alpine

Les marques de prestige que sont les poignards à manche massif et les haches-spatule134,

tout particulièrement abondantes entre Rhône et Durance135 à la fin du Bronze ancien, laissent

supposer la présence d'une classe "aristocratique" directement liée, techniquement, commercia-

lement ou politiquement, aux centres industriels du Valais. Particulièrement représentée en Ta-

rentaise, dans le Gapençais-Embrunais et dans les Baronnies, nous avons vu qu'elle devait être en

rapport avec les richesses en cuivre de ces régions. Toutefois cette classe sociale se conformant

aux rites funéraires traditionnels en grotte en usage autour d'elle, on est en droit de penser qu'elle

ne représente pas une intrusion de migrants helvétiques mais plutôt la promotion d'autochtones

dans les activités métallurgiques fort rémunératrices; ainsi se créait une structure sociale nouvelle

par une hiérarchisation ostensiblement affirmée, inconnue jusqu'alors.

Dans les Alpes une constatation troublante concerne la présence de traces d'occupation

avec céramique dans des grottes souvent très isolées et sur des hauteurs faciles à défendre (que

je n'ose pas nommer "oppidum" en l'absence de fouilles et de structures défensives mises en évi-

dence); ces traces sont attribuées au Néolithique final/Bronze ancien, au sens large, et à la fin de

l'âge du Bronze sur lesquelles nous reviendront. L'utilisation de ces sites, souvent inconfortables,

est-elle liée à des temps troublés et à la recherche de sécurité au moment où émerge une classe

dirigeante qui a pu avoir pour but le contrôle du territoire et des marchés offerts à ses produc-

tions? C'est une hypothèse à envisager.

Les rites funéraires

Au Bronze ancien le Sud du lac Léman possède des tombes en coffre136 ce qui l'incorpore

au domaine propre à la civilisation du Rhône. Les dolmens du Chablais et du Gapençais étaient

toujours utilisés à la fin du Bronze ancien137. Les rites funéraires helvétiques n'ont pas été adop-

tés par ceux qui ont reçu ou élaboré du matériel métallique ou céramique; l'influence est donc

133 En Tarentaise existe, selon une ancienne relation et sans provenance précise, un poignard à manche massif qui n'est pas

rhodanien mais trouverait son origine dans le Nord de l'Europe 134 Les haches-spatule doivent, dans le domaine rhodanien, tenir le même rôle et avoir la même signification emblématique que les

hallebardes en Italie du Nord et en Europe moyenne, qui sont, elles, absentes à l'est du Rhône 135 Treize poignards dans les Alpes du Nord .. contre dix au coeur de la civilisation du Rhône, dans les cantons de Vaud et du

Valais 136 Allinges et Thonon (Haute-Savoie) 137 Epingle à tête sphérique perforée à Cranves (Haute-Savoie), et une hache à épaulement du type la Baraque à Saint-Jean-Sait-

Nicolas (Hautes-Alpes)

63

restée plus technique que culturelle car les tombes demeurent à inhumation simple: en grotte

dans les Hautes-Alpes et en coffres individuels à Bourg-Saint-Maurice en Tarentaise. Au Sud de

Chambéry138 les ossuaires collectifs d'inspiration méridionale du Néolithique final, sont encore

très largement utilisés au Bronze ancien sans rupture ni hiatus apparent; ils ont déjà été cités.

AGE DU BRONZE MOYEN env. 1650 à 1350 av. J.C. (Fig. 21 et 20-B)

Une brève et sévère péjoration climatique

Des analyses effectuées sur des sédiments extraits à Conjux, sur les rives du lac du Bour-

get, montrent "qu'après le Néolithique final/Bronze ancien la région est pratiquement abandon-

née; seules quelques traces venues d'une présence humaine lointaine sont décelables" d'après

M.Magny et H.Richard. La cluse de Chambéry, pourtant particulièrement propice à la culture, est

désertée. Entre les XVIIe et XVe siècles un épisode de dégradation climatique apparaît dans les

diagrammes polliniques de Seyssinet-Pariset près de Grenoble (Fig. 14), correspondant à un ni-

veau argileux varvé de ruissellement daté de 1540 BC; cela se traduit par des changements agro-

pastoraux car la culture du sarrasin remplace celle des céréales et le porc devient dominant dans

le cheptel. Cette dégradation qui affecte l'Europe se fait sentir jusque sur les bords de la Méditer-

ranée et elle se traduit par l'avancée des glaciers suisses et autrichiens (stade de Loebben). L'em-

prise humaine subit-elle quelque diminution au vu d'une certaine rareté des gisements ou bien le

mode de vie change-t-il au profit d'une économie de type semi-nomade?

Ces observations traduisent une crise environnementale au cours du Bronze moyen, crise

dont il est encore difficile d'évaluer l'impact exact sur les activités et l'occupation; à Seyssinet la

pression anthropique sur l'environnement végétal ne diminue pas. Par contre les pollens du lac

Luitel, au pied du massif de Belledonne, à 1000m d'altitude, indiquent une moindre déforestation

par rapport aux époques antérieures donc une activité plus faible: cela traduit peut-être un dépla-

cement vers des altitudes moins élevées. Entre les XVIIe et XVe siècles les mauvaises conditions

climatiques, accentuées par l'effet des reliefs, fragiliseront le peuplement dont les traditions tech-

no-culturelles, en quelque sorte restées inchangées depuis trois millénaires, ne sont plus aptes à

en surmonter les difficultés. Les Alpes du Nord sont peut-être marquées par une désertification

relative mais surtout une certaine apathie technique apparaît dans le matériel archéologique,

apathie qui contraste avec l'activité et les mutations sociales qui affectent alors l'Europe

moyenne, atlantique et méditerranéenne.

138 Tout récemment un ossuaire collectif du Bronze ancien en grotte a été découvert, plus au Nord, dans le Val de Fier en Haute-

Savoie

64

Figure 21

Les influences changent d'origine

Dans les Alpes du Nord on assiste au changement complet de l'origine géographique et

culturelle des bronzes. Ceux-ci proviennent maintenant d'une sphère plus septentrionale, du Sud-

Ouest de l'Allemagne, de l'Alsace ou de Suisse occidentale et non plus du haut-Rhône comme à

65

la période précédente139; les exploitations alpines de cuivre et les productions (?) des Hautes-

Alpes ou des Baronnies ainsi que les "aristocrates" qui les accompagnaient disparaissent aussi.

Mais les importations métalliques ne s'accompagnent pas de céramiques; les vases alpins

sont des évolutions locales peu caractéristiques dans la filiation des types du Bronze ancien140,

évolution identique à celle constatée dans toute la zone influencée par la civilisation du Rhône

disparue. Seul le métal141 traduit la marque du Nord-Est par des importations répandues dans

l'avant-pays jusque dans les Hautes-Alpes: haches à rebord de forme simple, poignards à lan-

guette et à rivets, haches à talon de type Haguenau, épingles à corps fusiforme gravé, faucilles à

bourrelet142. La présence de céramique à décor excisé, du type de Saint-Vérédème, en Sud Dau-

phiné, à Bésignan, signe la montée d'influences languedociennes.

L'avant-pays

Les sites attribuables avec certitude à cette époque sont peu nombreux et reconnus pour la

plupart seulement dans quelques stratigraphies de grottes143. On ne dispose de datations qu'à

Saou dans l'Ouest du Diois (1390 BC), à Seyssinet (1540 BC) et à Injoux-Génissiat sur le haut

Rhône (1570 BC).

Des bracelets aux gravures géométriques144, aux extrémités effilées ou avec de petits tam-

pons, sont disséminés du Nord au Sud de notre zone. Ceux-ci145 semblent faire partie de produc-

tions standardisées, issues probablement du Bade-Wurtemberg ou d'Alsace, et destinées à l'expor-

tation puisque le Sud-Est de la France, en particulier le Languedoc, est abondamment pourvu146

de pièces tout à fait identiques tant pour la forme que pour les décors.

139 Sans qu'on connaisse vraiment les causes de la disparition de la civilisation du Rhône: économiques locales, humaines par

expansion des civilisations d'Europe moyenne? La péjoration climatique a pu jouer un rôle important en affectant les conditions de

vie en haute montagne, dans le Valais, où est extrait le minerai 140 Avec persistance des anses en ruban, des languettes de préhension, des décors à cordons et apparition des décors peignés sur

barbotine et de formes en pot de fleur,etc. 141 Plus l'ambre balte à Saint-Paul-de-Varces (Isère) et une perle d'espacement à Sigottier (Hautes-Alpes) 142 Douvaine (Haute-Savoie); La Biolle et Aix-les-Bains (Savoie); Porcieu-Amblagnieu, Cessieu, Parmilieu, Vertrieu, Saint-Chef

et Oyeu en Nord Dauphiné; Cognin, Saint-Paul-de-Varces et Grenoble (Isère); Mirabel, Roussas-en-Baronnies (Drôme) et Rosans,

la Batie-Montsaléon, Aspremont, Trescléoux (Hautes-Alpes), Barcelonnette en Ubaye, etc. (Fig. 20-B) 143 Creys-Mépieu (Isère) en Nord Dauphiné, la Balme et la Biolle en Savoie, Allèves en Haute-Savoie, Boulc, Montmaur et Saint-

Nazaire-le-Désert en Diois (Drôme) 144 Chevrons, arcs de cercle doubles, dents de loup 145 au moins une trentaine de bracelets trouvés à Etrembières et dans le dépôt d'Annemasse (Haute-Savoie), dans la sépulture de

Saint-Paul-de-Varces (Isère), au sud de Grenoble (Fig. 20-B, 21 et 22) 146 Dépôt de Bard et Saint-Romain-la-Motte, Loire; Saint-Laurent-sous-Coiron, Ardèche; Pont-d'Ain, Ain; Tharaux, Seynes,

Goudragues et Meyrannes, Gard; Brissac, Hérault, etc

66

La plupart des objets métalliques correspondent à des fabrications tardives dans le do-

maine germanique, comme cela a été le cas au Bronze ancien pour ceux de la Civilisation du

Rhône. Ces objets sont toujours utilitaires: outils ou parures; l'absence des armes concorderait

avec la disparition ou l'effacement de la classe "aristocratique que j'ai déjà évoqué. Si cela s'avé-

rait exact et l'hypothèse est plausible, le phénomène serait révélateur d'un affaiblissement ou de

la disparition de la hiérarchie locale; ce changement dans la société irait de pair avec une absence

de dynamisme surtout constaté au début du Bronze moyen, car vers le XIVe siècle apparaissent

des signes de "reprise".

Ainsi le dépôt de Porcieu-Amblagnieu dans le Nord de l'Isère, sur le Rhône, composé de

haches assez originales pour avoir été individualisées en type éponyme, de bracelets, d'épingles

s'accompagne d'outils de bronzier147 montrant le début du façonnage local du bronze; l'Europe

moyenne n'exporte donc plus seulement ses productions mais aussi ses artisans. Certaines haches

à rebords, en particulier celles qui sont massives et peu galbées, pourraient être issues de ces ate-

liers ambulants. Une ère nouvelle dans les processus de production et de diffusion du métal dans

les Alpes commence. La position des dépôts148 rassemblés dans le Nord de la région incite à la

réflexion; c'est là que se concentrent les spécialistes aptes à transmettre sur place des techniques

et des savoir-faire que les Alpins sauront vite assimiler et mettre à profit dans leurs fabrications

régionales dès les XIVe/XIIIe siècles comme nous le verrons.

Les massifs internes

La Maurienne et la basse vallée de l'Arc ainsi que la Tarentaise sont maintenant désencla-

vées à partir du Sillon alpin149 mais la zone interne des Alpes, tant en Savoie qu'en Dauphiné,

semble un peu en marge du courant de diffusion du métal au Bronze moyen comme le montre la

rareté des vestiges.

Les rites funéraires

Le Bronze moyen est très pauvre en restes funéraires sûrs: une tombe plate à Oyeu, des in-

humations en fissure de rocher à Parmilieu et à Cessieu en Nord-Dauphiné et des inhumations

147 Avec petits lingots, spatules à modeler, marteau, enclume, ciseaux et ciselets à graver. Voir aussi l'enclume de Bons-en-

Chablais Fig. 20-B, 23. 148 Douvaine, Annemasse (Haute-Savoie) et Ternay (Isère), au sud de Lyon; celui de Porcieu-Amblagnieu est complété par un

autre, distant seulement de quelques kilomètres, sur la rive droite du Rhône: le dépôt de Lagnieu, (Ain) qui contenait des fragments

de lingots 149 Hache à bords droits de Pontamafrey, poignard à languette et à deux rivets à Notre-Dame-de-Briançon; hache de type La

Baraque d'Aiguebelle

67

multiples en grotte avec un riche mobilier funéraire à Saint-Paul-de-Varces150. La diffusion du

rite de l'inhumation tumulaire, habituel dans le Nord-Est de la France, ne dépasse pas le Jura

méridional; les Alpes poursuivent des traditions funéraires propres où a disparu l'usage des

ossuaires collectifs utilisés jusqu'à la fin du Bronze ancien et totalement abandonnés par la suite.

Des changements majeurs vont intervenir dans le peuplement

Que de chemin parcouru depuis le moment où quelques tribus de la fin du Mésolithique

pourchassaient le gibier et tentaient leurs premiers essais agricoles! L'outillage de pierre a été di-

versifié et adapté aux tâches nouvelles comme la maîtrise du bois, la coupe des céréales; l'habitat

est devenu confortable par des constructions en bois solides et durables; l'alimentation s'est di-

versifiée en alliant chasse et élevage, cueillette et culture, avec des conséquences biologiques in-

duisant une meilleure résistance aux carences et aux maladies; la culture et l'élevage ont atténué,

peut-être même effacé, les disettes et la sous-alimentation hivernale permettant la conquête de la

haute montagne. Des ustensiles, des outils nouveaux, le textile ont amélioré les conditions de vie.

Idées, tours de main et connaissances se sont échangés de plus en plus entre communautés régio-

nales et à longue distance. Une profonde pénétration du territoire alpin a permis de découvrir des

richesses minérales qu'un jour ou l'autre on saura exploiter et aussi d'explorer toutes les possibili-

tés de circulation. Beaucoup de toponymes sont, d'après les spécialistes, antérieurs aux Indo-Eu-

ropéens, prouvant une totale connaissance du terrain dès ces époques reculées.

LA GRANDE MUTATION DE LA FIN DE L'ÂGE DU BRONZE

Dans les Alpes du Nord, des changements fondamentaux vont se mettre en place, qui

effaceront complètement les retards accumulés au fil des siècles en montagne et dans les

piedmonts alors que les régions voisines (Est de la France, plaine du Pô, Midi méditerranéen, etc)

prospéraient au contact ou dans la mouvance des grandes civilisations.

Après la "crise" climatique, technique et humaine de l'âge du Bronze moyen les Alpes du

Nord seront un espace fragilisé où pourront se développer sans contraintes ni opposition les in-

fluences externes et je ne disserterai pas pour savoir si les migrations ou l'acculturation seule les

expliquent; le problème est surement bien plus complexe que ne le décrivent les simplifications

caricaturales dont les théoriciens se repaissent depuis 50 ans.

150 Avec une hache à rebords à Oyeu, des épingles gravées à Parmilieu et des bracelets, ambre, épingle et anneaux-spirales à Saint-

Paul-de-Varces; ici les inhumations ont étaient disposées au-dessus de corps mis en place au Néolithique final.

68

Au XIVe et XIIe siècles deux pôles civilisateurs européens auront suffisamment de dyna-

misme pour diffuser leurs emprises techno-culturelles et/ou s'implanter dans le Sud-Est de la

France: l'Italie du Nord et l'Europe moyenne. L'histoire des Alpes du Nord sera marquée, jusqu'à

l'âge du Fer, par cette dualité des influences qui favoriseront l'éclosion d'une civilisation alpine

où ces sources, domaine nord-alpin et domaine italique, se retrouvent toujours mais mêlées à une

bonne dose d'originalité régionale.

La multiplication des gisements à la fin de l'âge du Bronze traduit l'accroissement du peu-

plement pour diverses causes: à l'amélioration climatique se joignent des facteurs humains et

techniques: "gens" venus du Nord-Est, sédentarisation permanente en village que permettent les

meilleurs rendements agricoles dus à la diffusion de l'araire, de l'assolement, etc. Une certaine

uniformisation apparaît dans la vaisselle domestique et aussi dans la vaisselle fine: les mêmes

décors, les mêmes formes et les mêmes évolutions se retrouveront de part et d'autre des crêtes

alpines obligeant les spécialistes italiens à parler d'influences occidentales pour une certaine part-

ie de leur matériel. Cela traduit une unité culturelle et technique des alpins induite par le même

mode de vie adapté aux contingences de la montagne et surtout par les contacts habituels et fré-

quents entre les terroirs reliés par les cols.

Ces contacts dus au déplacement des troupeaux, à l'échange des productions agricoles ou

autres, étaient facilités par un climat clément rendant plus aisée la circulation en altitude. Témoin

privilégié des changements, la céramique grossière banale et omniprésente subira des modifica-

tions de forme et de décor qui se retrouveront identiques entre plaine du Pô et couloir rhodanien.

Sur le versant français, comme en Piémont, ces modifications sont difficiles à replacer chrono-

logiquement en l'absence de stratigraphies épaisses ou de matériel exogène bien daté. C'est la rai-

son des incertitudes, des imprécisions typo-chronologiques de la fin de l'âge du Bronze et de la

première partie de l'âge du Fer alors qu'en Italie du Nord des séries caractéristiques proto-Gola-

secca et Golasecca sont associées à cette céramique d'usage, ce qui permet d’en suivre

l’évolution précise.

Le cadre chronologique (Fig. 3)

J.J.Hatt partageait le Bronze final en cinq phases (B.F. I, IIa, IIb, IIIa, et IIIb). En ce qui

concerne les Alpes du Nord, dès 1976 je les avais regroupés en trois phases correspondant aux

trois faciès techno-culturels majeurs reconnus dans le matériel régional dont l'âge ne pouvait pas

être apprécié plus finement. Ainsi sont nées nos phases ancienne, moyenne et récente du Bronze

final alpin étant entendu que, lorsque cela est possible, le début ou la fin de la phase sont préci-

sés. Les limites chronologiques de ce schéma ont été modifiées en 1986 pour s'ajuster aux pre-

69

miers résultats dendrochronologiques151; depuis dix ans nouvelles fouilles et analyses ont encore

apporté des précisions dont il est tenu compte dans le tableau de la Fig. 3.

-Le début de la phase ancienne ne correspond plus à la fin du Bronze moyen de J.J.Hatt

(1250 av. J.C.): pour moi elle débute au XIVe siècle car je lui incorpore la période de transition

entre Bronze moyen/Bronze final dont j'ai parlé au chapitre précédent; en effet c’est à ce moment

que commencent la mutation techno-culturelle du Bronze final et l'essor des échanges avec l'Ita-

lie du Nord.

-La phase moyenne, regroupant le Bronze final IIb et IIIa, était comprise entre 1050 et 850

av. J.C.; en réalité sa durée fut plus courte, débutant vers -1070 pour se terminer vers -940/-930

au plus tard152.

-La phase récente se rapporte au Bronze final IIIb que J.J.Hatt plaçait entre 850 et 725 av.

J.C.; or nous venons de voir qu'elle débute autour de -940/-930, à la fin de la phase précédente.

La phase récente se prolonge au delà de la destruction des stations littorales autrefois fixée arbi-

trairement vers 750 et que l'on sait aujourd'hui légèrement antérieure à -800 au lac du Bourget.

Pour prendre en compte leur disparition qui fut un événement historique majeur quel qu'en soit la

cause, j'ai proposé en 1990 de scinder cette période en deux parties: une phase récente I avant

810/800 av. J.C., correspondant à la fin du Hallstatt B2 centre-européen, et une phase récente II

jusqu'au Hallstatt ancien vers 700 av. J.C. Cette bipartition du Bronze final IIIb a l'avantage de

subdiviser cette période bien longue (env. 230 ans) en regard des événements sociaux, géopoliti-

ques et économiques qui agitent l'Europe au VIIIe siècle. Cela se traduit par la nécessité où se

trouvent nos collègues italiens, suisses et allemands de partitionner la chronologie en période de

moins d'un siècle pour classer des matériels qui évoluent très rapidement.

Dans l'étude des corrélations que j'ai faite en 1989 entre les importations italiques et la

chronologie des Alpes du Nord, j'avais été amené à vieillir de quelques décennies le cadre chro-

nologique italien, pour le rendre plus conforme à nos données dendrochronologiques de l'époque,

ceci sur la base de la disparition des stations lacustres vers -850/840. Or de nouvelles analyses en

France rajeunissent cette limite vers -814/810 et dès lors la chronologie des matériels de part et

d'autre des Alpes se trouve en harmonie, à l'échelle de nos approximations et à quelques nuances

près comme la fin du Proto-Villanovien.

151 Dates obtenues sur les stations littorales alpines par le Centre National de Recherches Archéologiques Subaquatiques 152 Voir le tableau des dates en annexe

70

#1350 av. J.C. 1080/1070 -940/930 -800 # 700 av. J.C. Bronze final alpin

phase ancienne Bronze final alpin

phase moyenne Bronze final alpin

phase récente I Bronze final alpin

phase récente II Hallstatt ancien

Bronze moyen III

Bronze final I-IIa

Bronze final IIb-

IIIa

Bronze final IIIb Bronze final

IIIc ? Hallstatt ancien

Occupation des rives des lacs alpins

Proto-Villanovien Bologna I

et Tarquinia I Bologna

II

Bologna

III -1100 -900 -800 -760 -700

Chronologie en Italie du Nord (O.Frey et S.Gabrovec 1971)

Les ateliers de métallurgistes et de potiers sur les rives des lacs

L'installation des ateliers près des plans d'eau, lacs ou rivières, est un phénomène

qui commence en Europe moyenne où la géographie du territoire, sa diversité et les

ressources sont de mieux en mieux connues; le développement des voies de commu-

nication facilite le transport des matières premières, la croissance des productions et des

échanges, la conquête de marchés et le commerce. On a beaucoup glosé sur le rapport

entre l'occupation des rives et les regressions du niveau des lacs, l'homme s'installant près

de l'eau en périodes de "sécheresse". Si on ne peut nier l'avantage de disposer de terrains

plats et dégagés de végétation après une baisse du niveau de l'eau, je pense que bien

d'autres contingences et de raisons, comme le poids des traditions, les nécessités

techniques ou politiques, interviennent dans le choix de telles implantations.

Outre la commodité que représentait le flottage pour rassembler le bois des

constructions il faut se rappeler que l'élaboration des bronzes demande 200 à 300 kg de

bois pour obtenir un kilo d'objets finis à partir de 10 à 20 kg de minerai riche. Celui-ci

pouvant voyager facilement, il était avantageux de se rapprocher du combustible là où son

transport en grande quantité était facilité par le flottage. La cuisson des vases est tout

autant gourmande en bois, c'est pourquoi les ateliers lacustres ont toujours une double vo-

cation, métallurgique et céramique. De plus la concentration de la production permettait la

spécialisation des artisans potiers et bronziers liée à une haute technologie, sans oublier

les aspects commerciaux qui pouvaient être mieux contrôlés par ceux qu'on appellera déjà

des "industriels". Les stratégies de production changent donc progressivement dès le XVe

siècle en Autriche, en Allemagne méridionale ou en Bohème ainsi qu'en Italie du Nord, à

la fin du Bronze moyen et au début du Bronze récent.

Dans les régions de France orientale les ateliers se mettent en place bien plus

71

tard153; ceux de Suisse occidentale (en -1107) précèdent ceux de Savoie installés trente à

quarante ans après (environ -1080/-1070). On sait actuellement, d'après les ramassages et

les sondages, que les centres savoyards n'atteignent probablement pas le nombre ni l'im-

portance de leurs homologues helvétiques. Les sites des lacs Léman (rive française), d'An-

necy et d'Aiguebelette ont livré moins de matériel que ceux du Bourget mais ce ne peut

être dû qu'à la présence de couches plus profondes que les anciens chercheurs d'antiquités

n'ont pas atteintes ou qui ont été érodées. Moins nombreux, moins productifs, on ne sait

pas, mais de toute façon les bronziers lacustres se sont trouvés en concurrence avec les

producteurs locaux déjà bien organisés dès la phase ancienne du Bronze final, comme

nous l'avons vu.

Certains ateliers littoraux des Alpes du Nord ont été implantés sur des îles ou des pres-

qu'îles154, pratique rarissime en Suisse ou en Allemagne. Cette volonté de s'isoler de la terre

ferme, qui complique autant la construction que les déplacements et la vie quotidienne, n'est pas

fortuite et répond au besoin de s'isoler pour se protéger d'attaques éventuelles. Les artisans redou-

taient certainement, à tort ou à raison, l'hostilité ou la convoitise de concurrents ou des autochto-

nes contrairement à d'autres pays européens. C'est un fait qu'il ne faut pas négliger pour apprécier

l'état de la région au début du XIe siècle.

PHASE ANCIENNE DU BRONZE FINAL ALPIN env. 1350 à 1070 Av. J.C. (FIG. 22, 23

ET 24)

Les XIVe et XIIIe siècles forment une période particulièrement intéressante dans les Al-

pes du Nord parce que les mentalités et les techniques subissent de grandes modifications dans la

mouvance de celles qui affectent l'Europe. Les temps modernes protohistoriques commencent

avec l'émergence de l'originalité alpine à l'intérieur de ce qui fut appelé la Civilisation des

Champs d'Urnes.

153 Sans tenir compte de découvertes qui pourraient intervenir sur villages littoraux de la phase ancienne du Bronze final, ce qui

sera évoqué plus loin 154 Dans les Alpes les sites de Sévrier et de Duingt sur le lac d'Annecy, de Petite Ile et de Grande Ile sur le lac d'Aiguebelette.

72

Fig. 23. Phase ancienne du Bronze final alpin. env.1350 à 1070 av. J.C.

Matériel de Nord et du Nord-Est

1: pichet excisé, La Balme, Savoie; 2: tasse à anse en X et 3: coupe cannelée à mamelons, La

Balme-les-Grottes, Isère; 4 à 7: vases cannelés, Fontaine,Isère; 8 et 9: bracelet cannelé et chai-

nette à pendeloque en "clé de contact", Optevoz, Isère; 10: hache à ailerons médians courts,

Saint-Jean-Tholomé, Haute-Savoie; 11: épingle cannelée, Petit-Coeur, Savoie; 12: épingle à

collerettes mobiles, Marcellaz, Haute-Savoie; 13: faucille sub-rectiligne, Grésy-sur-Isère, Sa-

voie; 14: couteau à un rivet, Chamagnieu, Isère; 15: épingle du type Villethierry, La Roche-sur-

Foron, Haute-Savoie; 16 et 17: épingles à tête de pavot et cannelée, Bourget-du-Lac, Savoie.

(échelles diverses). D'après: 1: Bocquet 1986; 2 à 7: Bocquet in Bocquet et Lagrand 1976; 8,9

et 14: Bocquet 1969; 10: Bocquet 1969-70; 12 et 15: Oberkampf 1984; 11,13,16 et 17: Com-

bier 1972.

73

Fig. 24. Phase ancienne du Bronze final alpin. env.1350 à 1070 av. J.C.

A- Matériel italique

1 et 3: épée à soie et hache à ailerons sub-terminaux, Annecy, Haute-Savoie; 2: épée à languette, Pont-de-

Claix, Isère; 4: poignard "Peschiera", Bourgoin, Isère; 5 à 11: dépot de vases en grotte, Sainte-Marie-du-

Mont, Isère. (échelles diverses). D'après: 1: Oberkampf 1984; 2: dessin Bocquet; 3, 4 et 12: Bocquet

1969; 5 à 11: Bocquet in Bocquet et Lagrand 1976;

B- Matériel alpin

12: hache à ailerons médians longs, Allevard, Isère; 13 à 15: haches à ailerons médians

courts et longs, décor de bracelet, dépot de Pignerol, Piémont; 16: décor de bracelet, dépot de La Balme,

Savoie; 17: bracelets, dépot de Saint-André-de-Rosans, Hautes-Alpes. (échelles diverses). D'après: 13,

14 et 15: Doro 1973-75; 16: Combier 1972; 17: Courtois 1960.

Amélioration climatique

Au début de la première phase du Bronze final alpin une amélioration climatique corrige

progressivement les effets réducteurs de l'ambiance froide et humide du Bronze moyen. A Seys-

sinet les céréales réapparaissent dans les pollens (Fig. 14) et le cheptel se diversifie de nouveau;

74

l'expansion territoriale en montagne s’en trouvera facilitée. Les grands décapages d'autoroutes li-

vrent depuis peu les restes de nombreux villages de cette phase, preuve évidente de nouvelles

implantations dans des zones délaissées qui vont reprendre vigueur. Le substrat culturel, techni-

que et très probablement humain des Alpes du Nord va se modifier en quelques siècles avec une

rupture nette dans les traditions en place depuis le Néolithique, alors que celles-ci avaient lente-

ment évolué en assimilant les influences exogènes successives.

Rupture typologique majeure

Dès le XIVe siècle apparaît parmi le matériel archéologique une "rupture typologique ma-

jeure" avec de nouvelles formes de bronzes et de céramiques fines ou grossières155. Même la cé-

155 Céramiques à caréne et ornées de cannelures légères, haches rectangulaires à ailerons médians courts, bracelets et épingles

cannelés ou à ailettes au décor obtenu à la coulée, épingles à collerettes mobiles, apparition du couteau, du rasoir, etc.

75

ramique domestique qui conserve habituellement longtemps ses caractères traditionnels, se trans-

forme aussi156. C'est assez dire que des influences se font prégnantes signant autre chose que de

simples contacts commerciaux. La diffusion de ces nouveautés se fera à partir de l'Est et du cen-

tre-Est de la France et elles atteindront la vallée du Buech, le Gapençais en laissant de nombreux

témoins sur leur route.

Acculturation ou migrations, la question n'est pas facile à régler. Doit-on les changements

à la diffusion d'un peuplement s'infiltrant parmi les communautés indigènes, qui perdent leurs

habitudes techniques mais conservent le rite de l'inhumation en grotte, ou bien assiste-t-on seu-

lement à une acculturation induite par de très petits groupes de migrants? Il n'est pas encore pos-

sible de le savoir, les deux processus ayant pu coexister en étant complémentaires. Devant plu-

sieurs évidences déjà évoquées je pencherais plutôt pour quelques "déplacements" de population

recolonisant un territoire157 affaibli par deux siècles de régression.

Les dates absolues sont rares, deux étant fournies par les sites stratifiés de Seyssinet, près

de Grenoble (1240 BC avec de la céramique à cannelures légères), Creys-Mépieu en Nord-

Dauphiné (1160 BC) et Jons près de Lyon avec une tasse à anse ad ascia des Terramare (1350

BC)158.

Les influences exogènes (Fig. 23 et 24-A)

Pour dater et classer le matériel qui apparaît après le Bronze moyen il serait nécessaire de

prendre chaque objet pour en faire une typologie chronologique fine afin de mettre en évidence

des séquences d'évolution; ce n'est pas le lieu ici où nous nous contentons d'interpréter les grands

changements.

Les premières influences venues du Nord ou Nord-Est imprègnent, au XIVe siècle, le cou-

loir rhodanien en direction de la Provence159. Quelques pièces à la Balme en Savoie, la Balme-

les-Grottes et Chamagnieu160 en Isère, toutes près du Rhône, s'intègrent bien à ce mouvement

ainsi que le pichet à décor cannelé de Chastel-Arnaud en Diois. Mais la céramique propre à ce

156 avec des panses qui s'angulent en carène, avec les décors d'impressions digitales larges disposées en bandes parallèles obliques

larges sur les panses et les cordons impressionnés rapportés que l'on retrouve dans les pays rhénans et dans l'est de la France 157 Les grands travaux qui se développent dans la vallée du Rhône depuis peu, amènent au jour de très nombreuses installations

du début du Bronze final... 158 La dendrochronologie ne peut pas intervenir car les rives des lacs, où les bois sont conservés, n'ont pas encore livré

d'occupations 159 Dépots de Vernaison (Rhône) et Reventin-Vaugris (Isère); Grottes de Donzère (Drôme) etc. En Provence C.Lagrand voit la

céramique nouvelle se métisser d'influences italiques qui s'étaient déjà manifestées dans la région à la fin du Bronze moyen 160 Respectivement pichet à décor excisé; tasse et pichet à anses en X; couteau à un rivet (Fig. 23, 1, 2 et 14)

76

courant initial ne pénètre pas à l'intérieur des Alpes du Nord; seulement quelques bronzes arri-

vent en Savoie occidentale161 ce qui ne nous éloigne pas beaucoup du couloir rhodanien. Cette

étape correspond au "Bronze récent" défini par J.Vital pour Donzère et la basse vallée du Rhône.

La progression des influences se suit de la même manière avec la céramique à cannelures

légères en habitat comme en sépulture jusque dans les Hautes-Alpes162. Formes et décors ne sont

pas seuls à changer, la texture des pâtes aussi. Les coupes apodes et les urnes fines portant des

cannelures légères ont un dégraissant sableux homométrique et une teinte bistre; certaines urnes

présentent une couverte sombre à base rougeâtre, desquamante, qui caractérise une technique de

fabrication inconnue jusqu'alors163. Toutefois à mesure que le temps avance les pâtes deviendront

plus "classiques", plus dures. Céramiques nouvelles, bronzes nouveaux cela traduit à l'évidence le

début de la mutation techno-culturelle qui s'affirmera dans les Alpes durant les siècles ultérieurs.

Une autre caractéristique de cette phase ancienne est mise en évidence par les analyses

des bronzes164 qui montrent que, comme dans toute l'Europe occidentale, leur teneur en impure-

tés est très faible, traduisant une même technique d'affinage et vraisemblablement le même type

de minerai. Là encore il y a rupture par rapport aux périodes antérieures.

Dans les dépôts toutes les pièces sont fragmentées volontairement en petits morceaux de

volume assez semblable165, comme c'est le cas dans de nombreux dépôts de cette époque tant en

France qu'en pays germaniques166. Il n'y a pas de raison technique pour un tel morcellement et on

se trouverait devant des trésors de "proto-monnaie" qui deviendrait nécessaire à un commerce en

expansion et pour lequel le troc ne peut plus résoudre toutes les transactions; cela traduirait des

changements dans la pratique et le volume des échanges.

Des villages existent-ils déjà au bord des lacs alpins?

Classiquement, dans l'Est de la France et en Suisse occidentale on admet que les premiers

villages lacustres du Bronze final ont été construits au IXe siècle mais certains vestiges obligent à

de nouvelles réflexions. Des épingles des XIIIe et XIIe siècles proviennent des vieux ramassages

161 Epingles cannelées et épingle à tête de pavot à Grésy-sur-Aix et au col du Chat au dessus du lac du Bourget (Fig. 23, 16) 162 Plusieurs grottes du Salève près de Genève, de la Balme en Savoie, de la Balme-les-Grottes (Isère) en Nord Dauphiné, de

Sassenage, de Fontaine, de Seyssinet, de Varces près de Grenoble; Choranche et Villard-de-Lans en Vercors, (Fig. 23, 3 à 7),

Chastel-Arnaud en Diois et Sigottier (Hautes-Alpes) 163 Qui se retrouve aussi sur la céramique italique de Canegrate de la même époque... 164 Sur près de 250 prélèvements effectués seuls 135, qui concernent seulement des sites de l'Isère (Savoie) et Haute-Savoie à

l'exception des stations du lac du Bourget, ont été analysés au Laboratoire des Musées de France et étudiés par A.Verney 165 Faucilles, haches, épingles, épées, bracelets, etc. des dépôts de Reventin-Vaugris et Vernaison au sud de Lyon et aussi de

Lullin-Couvaloup en Chablais et une part des objets de Genève 166 Dépôts de Cannes-Ecluse, Stockheim, etc.

77

effectués dans les stations lacustres167; cela reste énigmatique même pour la Suisse où des obser-

vations identiques ont été faites. Le cas de la station immergée du Port à Annecy ajoute encore au

trouble avec la présence de céramique à cannelures légères et un niveau organique daté de 1260

BC168: est-on en présence d'un habitat littoral, c'est probable.

Avant les grandes sécheresses de la fin de l'âge du Bronze marquées au lac du Bourget par

une forte régression, le niveau moyen du lac était de 1m70 en dessus de celui du début du Bronze

final: d'éventuels villages littoraux de cette époque seraient alors placés plus haut que ceux d'âge

ultérieur installés sur la rive après la baisse du plan d'eau. Ils n'auraient donc pas été protégés

postérieurement par la montée des eaux et reposeraient aujourd'hui sous les sédiments non im-

mergés des rivages. Si tel était le cas, l'installation de centres de productions métalliques et cé-

ramiques dans les Alpes du Nord et en Suisse occidentale serait quasi contemporaine de ceux

d'Europe moyenne et de Lombardie, accentuant encore l'unité des régions touchées par les chan-

gements du début de l'âge du Bronze final. Voilà des recherches à envisager...

Les contacts avec l'Italie (Fig. 24-A)

J'insisterai sur l'importance que prennent alors les cols transalpins dans les échanges entre

l'Europe occidentale et l'Italie du Nord qui se marquent tant par l'importation de bronzes et de cé-

ramiques que par les influences qui se retrouveront sur les productions locales, entre autre la

forme des haches. En effet la voie vers l'Italie entre le Sillon alpin et le col du Petit-Saint-Bernard

est maintenant bien ouverte169; les cols du Mont-Cenis fonctionnent aussi.

Formant un exceptionnel dépôt, sept vases jamais utilisés directement issus de la civili-

sation proto-Golasecca de Canegrate, seront empilés dans une fosse en l'absence de tout habitat à

1300m d'altitude dans le Grésivaudan170. L'influence de Canegrate est reconnue sur une urne bi-

conique à carène torse de Fontaine (Fig. 24, 9) et aussi sur plusieurs de Sollières en Maurienne.

Néanmoins le rite d'incinération lié à ce faciès italique ne nous atteint pas, ce qui montre sim-

plement que les échanges sont limités au matériel.

Les bronzes lombards171 apparaissent avec six épées de types "Monza, Trana, Terontola"

ou assimilés et quelques autres objets172. Le nombre de ces armes en provenance d'Italie du Nord

167 Epingles à cannelures, à ailettes, en crosse ou de type Champs d'urnes (ou Binningen dégénéré) à Chindrieux et Brison-Saint-

Innocent sur le lac du Bourget, Chens-sur-Léman et Nernier sur le lac Léman (Haute-Savoie) 168 Une épingle de type "Champs d'urnes ou Binningen dégénéré", découverte à cet endroit lors des dragages du siècle dernier,

confirmerait la présence d'un site de la phase ancienne 169 La basse Tarentaise possède à Petit-Coeur des tombes avec des épingles cannelées et à ailettes (Fig. 23, 11). 170 Grotte du Trou de la Rousse à Sainte-Marie-du-Mont (Fig. 24, 5 à 8, 10 et 11) 171 et aussi une tasse importée des Terramare à Jons (Rhône) datée de 1350 BC

78

ainsi que celui des fragments d'épées présents dans tous les dépôts173 est surprenant. Ce phéno-

mène est inhabituel pour les Alpes, même ultérieurement; doit-il être relié à une "aristocratie" re-

naissante en rapport avec les premiers métallurgistes et/ou le commerce de l'étain occidental dont

l'Italie du Nord a besoin? Dans les Alpes la première trace accompagnant ce trafic de l'étain, in-

dispensable aussi à la métallurgie régionale qui s'installe, est représentée par cinq haches à talon

de type normand du début du Bronze final, disséminées du Nord au Sud de la région174.

L'absence de types bretons contemporains serait l'indice de la provenance britannique de l'étain

par la voie de la Seine.

Premières productions métalliques alpines (Fig. 24-B)

Nous avons vu qu'à la fin du Bronze moyen des bronziers ambulants témoignaient d'une

"décentralisation" des productions métalliques, autorisant ainsi l'éclosion d'ateliers locaux par la

diffusion d'un savoir faire et de techniques jusqu'alors réservés à quelques spécialistes rassemblés

en grosses unités. Dans les Alpes du Nord j'ai été intrigué par la présence de bronzes qui n'appar-

tiennent pas à la panoplie de ceux largement diffusée en Europe occidentale d'origine médio-eu-

ropéenne ou italique. Leur originalité et leur densité m'a amené à envisager en 1976 l'existence

d'ateliers métallurgiques régionaux dès le début du Bronze final.

Une hache de forme inconnue jusqu'alors, à ailerons médians allongés175, apparaît mon-

trant certaines ressemblances avec des exemplaires d'Italie du Nord bien que nous ne disposions

pas pour en juger de tout le matériel italique176. Il y a 20 ans je pensais qu'on se trouvait devant

des productions locales inspirés d'Italie du Nord; des résultats d'analyses récentes ne sont pas as-

sez significatifs pour remettre en question cette hypothèse177, toutefois il faut quand même envi-

sager l'importation de haches d'Italie du Nord parallèlement aux épées comme nous l'avons vu.

Des bronziers autochtones auraient alors copié ces modèles italiques comme ils ont copié, mais

en taille plus faible, les haches rectangulaires à ailerons médians courts européennes178. Dans le

172 Epées de Genève, d'Aime (Savoie) en Tarentaise, d'Annecy, de Rumilly (Haute-Savoie), de Grenoble et de Pont-de-Claix

(Isère). Les haches des Terramare d'Annecy et de Genève, le poignard du type Peschiera de Bourgoin (Isère) (Fig. 24-A, 1 à 4) 173 Lullin-Couvaloup, Sion-Val-de-Fier (Haute-Savoie) et Reventin-Vaugris (Isère) 174 Doussard (Haute-Savoie), Vaulx-Milieu et La Balme-les-Grottes en Nord Dauphiné, Grenoble (Isère) et Châteauroux (Hautes-

Alpes) 175 Type d'Allevard; haches souvent lourdes et d'assez grande dimension dont les ailerons sont une hypertrophie des rebords dans

la ligne évolutive des modèles du Bronze moyen (Fig. 24-B, 12 et 13) 176 Brabbia, Noceto, etc. Les pièces sont nombreuses et encore inédites d'après des renseignements oraux de spécialistes italiens. 177 Les compositions des deux haches d'Allevard et une de Pignerol s'apparentent à celles des épes italiques de Rumilly, de

Grenoble et de la hache des Terramare d'Annecy; par contre les haches de la Balme, de Lullin-Couvaloup et de Reventin-Vaugris

s'en éloignent 178 dont la taille dépasse toujours 16 à 18cm alors que les imitations sont inférieures à 15cm

79

dépôt de la Balme, Savoie, une hache de chaque type179 était associée à deux bracelets; plus

d'une dizaine de trouvailles isolées de haches ou de bracelets parsèment la région entre le lac Lé-

man et les Hautes-Alpes180, à l'exception de la Drôme. La contemporanéïté des deux métallurgies

est manifeste dans les dépôts de Lullin-Couvaloup, Haute-Savoie, de Vernaison et de Reventin-

Vaugris sur le Rhône, ce qui démontre que les marchés sont abondés par les deux productions. Le

Piémont possède à Pignerol un lot tout à fait identique (Fig. 24-B, 13 et 14) à celui du dépôt de la

Balme, prouvant que les échanges Alpes du Nord-Italie s'opèrent dans les deux sens.

Des bracelets, à section en V ou en D à faibles tampons, portent un décor gravé avec arcs

de cercles, hachures et pointillés181 que le goût indigène apprécie depuis la fin du Bronze moyen

comme on l'a vu; ils ne sont pas sans rappeler certains motifs de Canegrate, ce qui conforte en-

core les échanges transalpins d'idées ou/et de productions.

Quand cette métallurgie alpine a-t-elle commencé? Les associations en dépôt nous font

admettre le XIIIe siècle, au moment de la diffusion des nouveaux types européens182 et de la

complète ouverture des passages alpins vers l'Ouest qui ont permis les contacts avec l'Italie. La

naissance et le développement de la métallurgie alpine seront mieux connus par des analyses sys-

tématiques de bronze tant alpin qu'italique et de nouvelles études fines du matériel.

PHASE MOYENNE DU BRONZE FINAL ALPIN env. 1070 à 930 av. J.C. (FIG. 25, 26 ET

27)

La conquête du territoire alpin se poursuit avec une augmentation de l'occupation et une

mise en valeur de terroirs d'altitude: au-dessus de Saint-Michel-de-Maurienne, dans la vallée de

Valloire, la tourbière de la Soie à 2110m, révèle des défrichements vers 1100/1000 BC qui cor-

respondent à l'importance que prend la Maurienne comme voie de passage transalpin et dans

l'exploitation des mines de cuivre. L'analyse des pollens de Conjux sur le lac du Bourget montre

aussi des défrichements importants à partir du niveau laissé par le premier village du Bronze final

dont des pieux sont datés, par ailleurs, de -1054.

179 dont le métal diffère de celui des objets italiques que nous venons d'évoquer 180 Domancy (Haute-Savoie); Saint-Pierre-de-Curtille et Villaroux (Savoie); Allevard, Grenoble, la Cote-Saint-André, Saint-

Marcellin, Pressins, Meyzieux (Isère); Orpierre, Réallon, Savournon (Hautes-Alpes), etc 181 Dépôts de Saint-André-de-Rosans (Hautes-Alpes), de la Balme (Savoie), de Reventin-Vaugris (Isère) et de Pignerol en

Piémont 182 Dépôts de Lullin-Couvaloup (Haute-Savoie) et Reventin-Vaugris (Isère) au sud de Vienne

80

Changements dans le matériel archéologique

Un nouveau changement dans le matériel régional intervient aux XIIe et XIe siècles avec

l'apparition des bronzes et des céramiques du faciès Rhin-Suisse-France Orientale (R.S.F.O.)

dans les habitats au bord des lacs183, dans quelques sépultures et dans de plus rares sites terres-

tres. Nous avons vu que la dendrochronologie place la création des premiers villages littoraux à

partir de -1071, soit 35 ans après les plus anciens de Suisse occidentale. Le sondage de Tougues à

Chens-sur-Léman a même individualisé deux niveaux de cette phase entre -1071 et -965. Selon

toute vraisemblance le faciès R.S.F.O. développé sur les lacs alpins parvient de Suisse occiden-

tale184 mais en présente-t-il toutes les productions, nous ne saurions répondre en l'absence de

183 Lacs Léman, d'Annecy, du Bourget et d'Aiguebelette 184 Pas de plat ou coupe avec décor en guirlande au peigne, pas d'écuelles à bord perforé par exemple

81

fouilles exhaustives. Par contre l'influence de l'Allemagne du Sud-Ouest ou de l'Est de la France

imprègne certains gisements terrestres185; faut-il imaginer deux courants, un venu de Suisse qui

installe, entre autres, les industries littorales et un plus occidental qui se répandrait ailleurs?

Une variante de faciès se dégage à la fin de cette période, reconnu sur la céramique de

quelques sites, dont l'origine se placerait plutôt dans le centre-Est de la France186 et que j'appel-

lerai le faciès "bourguignon" pour le séparer de celui, très typique, de Rhin-Suisse-France Orien-

tale aux affinités plus helvétiques.

Qu'elle soit "terrestre" ou "lacustre" la métallurgie de la phase moyenne diffère totalement

de celle de la phase précédente tant dans ses formes que par l'apparition d'outils nouveaux

comme la hache à douille187, outil qui est rare en Europe moyenne ou en Suisse. La composition

du métal change aussi avec une partition en deux groupes: celui, nouveau, avec plus d'impuretés

(arsenic, antimoine, nickel suivant le schéma Sb>As>Ni) provenant de l'utilisation des cuivres

gris (fahlerz) qui se poursuivra jusqu'à la fin de l'âge du Bronze et celui à faible teneur d'impure-

tés (<0,3%) qui ne diffère en rien du métal de la période précédente. En l'absence d'analyses sur

le matériel lacustre il est impossible d'aller plus loin.

Le faciès Rhin-Suisse-France Orientale (Fig. 26)

Le phénomène le plus spectaculaire de cette période est la mise en place des premiers ate-

liers de fabrication céramique et métallurgique sur les rives des lacs subalpins, dans des villages

dont l'agriculture188 permettait leur autosuffisance. Actuellement leur nombre n'atteint pas celui

des stations suisses, encore que les prospections d'A.Marguet sur les lacs Léman et du Bourget

nous réservent des surprises. Leurs productions de haches, de bracelets et d'épingles ou de céra-

mique ne supplanteront pas celles des ateliers locaux qui poursuivront leur activité.

La vaisselle fine de type Rhin-Suisse-France Orientale189, abondante dans les nécropoles à

incinération et les palafittes, est fabriquée suivant de nouvelles techniques qui affectent les for-

mes, les décors et la pâte qui est dure, au lustrage externe très soigné, noir ou uniformément som

185 Seyssel et grotte au-dessus du lac d'Annecy à Veyrier (Haute-Savoie); Francillon (Drôme) avec des plats décorés en guirlande

au peigne; cette influence des pays rhénans se traduit par l'importation d'un vase à col gravé dans le village de Tougues sur le lac

Léman 186 Nord Bourgogne et Champagne 187 Moule et hache à lame pannelée large, à forte teneur en plomb, de Sévrier, lac d'Annecy 188 Attestée par la présence de pollens de céréales 189 Gobelets et écuelles à épaulement, urnes biconiques à haut col, plats à marli mouluré, utilisation de la gravure géométrique et

plus rarement de l'étain en lamelle pour les décors, etc (Fig. 26, 1 à 11)

82

Fig. 26. Phase moyenne du Bronze final alpin. 1070 à 940/930 av. J.C.

Faciès Rhin-Suisse-France orientale

1 à 6: divers vases cannelés et gravés, sépultures à incinération en grotte de La Balme-les-Grottes, Isère; 7 à

10: divers vases cannelés et à décor d'étain (9), sépultures en grotte de Sollières, Savoie; 11: gobelet et bra-

celet torse double, sépulture à incinération de Seyssel-Vens, Haute-Savoie; 12: couteau à soie, Vimines,

Savoie; 13: épingle à tête cylindro-conique, Fontaine, Isère; 14: épingle à grosse tête vasiforme, Seyssinet,

Isère; 15: épingle à tête cylindro-conique, Lazer, Hautes-Alpes; 16: couteau à soie, Trescléoux, Hautes-Al-

pes. (échelles diverses).

D'après: 1 à 10: Bocquet in Bocquet et Lagrand 1976; 11: Lebascle 1976; 12: Combier 1972; 13 et 14:

Bocquet 1969; 15 et 16: Courtois 1960.

83

bre, et cuite dans des fours où la température est bien maîtrisée190. C'est la période qui a vu l'art

de la céramique non tournée atteindre son apogée, apogée liée directement au faciès R.S.F.O. et

qui disparaîtra avec lui. A partir de cette époque la céramique sera façonnée soit dans des ateliers

spécialisés, lacustres ou non, soit artisanalement dans les familles: ceci donnera deux qualités

distinctes de produits, les formes étant le plus souvent communes avec une gamme de décors

plus restreinte et une cuisson moins bien maîtrisée hors des ateliers191.

Le faciès R.S.F.O. est illustré dans plusieurs stations littorales192 où le matériel récolté

n'est pas en rapport avec l'étendue supposée des sites; nous possédons seulement ce qui a été ra-

massé en surface au siècle dernier et les couches profondes ont très rarement été atteintes comme

le montrent les sondages récents de Conjux et de Tougues193. Les habitats terrestres bien docu-

mentés sont encore rares194 ainsi que les bronzes195. Pour les haches à ailerons ou à douille je se-

rai aussi indécis que les chercheurs suisses qui ne peuvent pas dégager clairement, dans leur

abondant matériel, de séries évolutives spécifiques à chacune des deux dernières phases du

Bronze final; ceci interdit de classer les pièces sans contexte, cas trop fréquent. Toutefois les ra-

res haches à ailerons subterminaux196 sont probablement à placer à cette phase. Nous verrons

plus loin les quelques nécropoles de cet âge, mais il ne faut pas s'attendre à trouver dans les sé-

pultures le reflet typologique exact des habitats jugés contemporains.

Les bronziers lacustres monteront en Maurienne pour exploiter des gîtes cuprifères, par

exemple ceux de Termignon; en effet tout à côté, les incinérations en grotte de Sollières asso-

cient céramiques R.S.F.O. et maillet à rainure votif197, outil habituel du mineur pour concasser le

minerai ou sa gangue.

190 Comme celui retrouvé à Sévrier sur le lac d'Annecy 191 Il serait absolument nécessaire de disposer d'analyses précises des céramiques lacustres pour apprécier les échanges et la part

qui revient aux fabrications domestiques 192 Conjux, Grésine à Brison-Saint-Innocent sur le lac du Bourget, Sévrier sur le lac d'Annecy et Tougues sur le lac Léman. 193 Bien fournis en céramiques, il semble que les bronzes de la phase moyenne des sites littoraux sont moins abondants qu'à la

phase suivante 194 Avec gobelets et écuelles à épaulement, plats à marli mouluré et plats à piédestal, etc. Existent à Etrembières (Haute-Savoie);

Sollières (Savoie); Fontaine, La Buisse, Seyssinet, Claix, Choranche (Isère); Saint-Nazaire-le-Désert et Sahure (Drôme) etc. et

encore aucun dans les Hautes-Alpes. 195 Couteaux à soie, épingles à tête cylindro-conique ou vasiforme de forte taille à Etrembières et Bossey, au pied du Salève,

Douvaine (Haute-Savoie); Aiguebelette, Vimines (Savoie) près de Chambéry; Hières-sur-Amby près de Crémieu, Fontaine,

Seyssinet près de Grenoble (Isère); Lazer, Eyguians, Trescléoux et Saint-Genis (Hautes-Alpes) près du Buech (Fig. 26, 12 à 17) 196 La Balme-de-Thuy, Sillingy, Chens-sur-Léman, Thonon, Reignier en Haute-Savoie; Saint-Chef (Isère) 197 En cargneule locale (dolomie) trop tendre pour fracturer un minerai ou sa gangue

84

Les contacts des sites R.S.F.O. avec l'Italie sont apparemment faibles avec seulement l'im-

portation d'une fibule proto-villanovienne au lac du Bourget. Nous verrons qu'il n'en sera pas de

même pour la métallurgie indigène alpine.

Un faciès "bourguignon" (Fig. 27)

Des urnes biconiques à rebord éversé et concave, des petits vases globuleux portant sur la

panse de larges ou très larges méplats horizontaux et des plats à rebord outrepassé, des panses

couvertes d'impressions digitales larges et jointives sont retrouvés dans quelques gisements ter-

restres198 et, jusqu'à aujourd'hui, jamais en palafittes199; nous les datons de la fin de la phase

moyenne (BF IIIa). Les décors géométriques gravés sont remplacés dans les habitats terrestres par

des décors en guirlandes ou en triangles faits au peigne ou à la cannelure. La forme générale des

récipients comme celle des rebords éversés et galbés annoncent celles qui fleuriront à la phase

récente, tant dans les palafittes qu'ailleurs. La fouille récente de Creys-Saint-Alban est démons-

trative car elle montre l'absence de céramique R.S.F.O. proprement dite à la fin de la phase

moyenne et la continuité d'évolution entre le BF IIIa et le BF IIIb.

Pour être mieux éclairé sur ces deux faciès, parmi lesquels il existe des convergences, il

nous manque des études stratigraphiques, en lacs surtout puisqu'ils contiennent la superposition

de toutes les phases. Ajoutons que ce faciès "bourguignon" de Creys est accompagné de frag-

ments de moules ce qui indique la présence d'artisans bronziers dans le village mais sans connaî-

tre les types de bronzes à lui rattacher. Son origine se retrouve plus facilement en pays rhénans et

en Bourgogne qu'en Suisse occidentale.

La métallurgie alpine continue avec d'étroits contacts italiques (Fig. 28)

Les productions de type Rhin-Suisse-France Orientale et les productions indigènes alpines

restent typologiquement bien séparées même si leurs ateliers respectifs sont parfois très proches:

ainsi des Alpins200 se trouvent à quelques kilomètres seulement des stations des lacs du Bourget

et d'Annecy où se pratique la métallurgie R.S.F.O. Une hache à ergots latéraux de type alpin a

même été trouvée sur le lac d'Aiguebelette ce qui montre les contacts entre les communautés la-

custres et terrestres201.

198 Creys-Mépieu (Grottes des Cresses et Saint-Alban) et la Balme-les-Grottes dans le massif de Crémieu, à Claix, Gresse-en

Vercors et Saint-Martin-le-Vinoux près de Grenoble (Isère) (Fig. 27) 199 Dans les Alpes françaises comme en Suisse occidentale 200 Dépôts de fondeurs aux éléments très fragmentés et avec lingots à Drumettaz (Savoie) et à Meythet (Haute-Savoie) 201 Le même phénomène se retrouve aussi dans les palafittes de Suisse occidentale

85

Fig. 27. Phase moyenne du Bronze final alpin. env. 1000 à 930 av. J.C.

Céramique du faciès "bourguignon"

1, 2 et 4: Creys-Mépieu (Saint-Alban); 3, 5, 6 et 9: Claix; 7 et 8: Saint-Martin-le-Vinoux, Isère. (échelles

diverses). D'après: 1, 2 et 4: Treffort 1993; 3, 5 à 9: Bocquet 1969.

La métallurgie "indigène" subit une très forte influence italique. Les Alpins ne possèdent

probablement pas le savoir-faire requis pour traiter le minerai car ils importent du métal brut de-

puis l'Emilie-Romagne sous forme de lingots-bipenne202. Mais il faudrait des analyses pour sa-

voir quels types d'objets contiennent le métal transalpin. Ce sont aussi des influences italiques

plus subtiles qui affectent la forme des haches locales avec leurs ailerons subterminaux et ergots

latéraux imités des modèles proto-villanoviens203. Ces haches aux caractères très reconnaissables

ont eu quelque diffusion autour des Alpes en Jura, dans l'Ain et jusque dans le Var204.

Les bracelets à section en D gravés, du début du Bronze final, voient leur décor se com-

pléter de chevrons, dents de loup et volutes205; ils vont évoluer en s'élargissant et devenir plats

avec une nervure médiane à la phase suivante. Ils coexistent avec ceux de section ronde et à fai-

bles tampons (issu du type "Geispolsheim") portant les mêmes motifs qui auront une grande vo-

gue dans la région. Les dépôts alpins contiennent aussi des épingles à large tête discoïde206 con-

nues dans l'Est de la France; ont-elles été fabriquées dans la région? Seuls trois dépôts à domi-

202 Aussois en Maurienne, Albertville (le dépôt d'Alberville a été trouvé en réalité à Saint-Pierre-d'Albigny, à 15km au sud

d'Albertville) et Thénésol dans la Combe de Savoie (Savoie) et Goncelin (Isère) en Grésivaudan (Fig. 28-A, 6 à 9) 203 Meythet, Messery et Domancy (Haute-Savoie); les Echelles, Drumettaz, Aiguebelette et Albertville (Savoie); Claix (Isère) près

de Grenoble; Villar d'Arêne et Réallon (Hautes-Alpes), etc. (Fig. 28-A, 1 à 5, 12) 204 Dépot de Larnaud, Equevillon, Jura; Thoissey, Ain; dépôt de Pourrières qui possède aussi des bracelets alpins, Var. 205 Dépôts de Goncelin (Isère); Drumettaz et Albertville (Savoie) (Fig. 28-A, 13 à 16) 206 Dépôts de Goncelin (Isère); Drumettaz-Clarafond et Albertville (Savoie) (Fig. 28-A, 17)

86

nante "alpine"207 possèdent des faucilles à languette et butée associées au modèle à bouton (Fig.

28-A, 10 et 11), bien datées de la phase moyenne en Allemagne et en Suisse, et qu'il n'en existe

pas ailleurs.

Fig. 28. Métallurgie alpine Phase moyenne et récente du Bronze final alpin.

A- Phase moyenne- 1 et 2, 10: dépôt de Meythet, Haute-Savoie; 3: les Echelles; 4, 6 et 7, 11 et 15: dépôt

d'Albertville, Savoie; 5: Claix; 8, 13 et 16: Dépôt de Goncelin, Isère; 9: Aussois, Savoie; 12, 14 et 17: dé-

pôt de Drumettaz-Clarafond, Savoie. (échelles diverses). D'après: 1 à 8, 10 à 17: Bocquet et Lebas-

cle1976; 9: dessin F.Vin.

207 Drumettaz-Clarafond et Albertville (Savoie) et Villar d'Arêne (Hautes-Alpes)

87

B- Phase récente- dépôt de Menthon, Haute-Savoie; 2: copie en métal massif de modèle palafittique

creux. (échelles diverses). D'après: Bocquet et Lebascle1976.

Des lingots plano-convexes et une faucille du dépôt alpin de Drumettaz ont plus de 1% de

plomb (alors que le taux en est très inférieur dans celui de Meythet) et trois haches à ailerons

sub-terminaux analysées en présentent plus de 1,5%208. Une partie de la métallurgie alpine sem-

ble n'avoir pas les mêmes sources d'approvisionnement que celle de R.S.F.O. de Suisse209; cette

particularité de la métallurgie autochtone se retrouvera à la phase suivante.

La nature et l'impact du faciès Rhin-Suisse-France orientale dans les Alpes du Nord

L'homogénéité des rites et du matériel dans les sépultures, comme l'homogénéité des pro-

ductions lacustres R.S.F.O.210 incite à penser qu'ils sont le fait de communautés spécifiques insé-

rées dans le tissu du peuplement en place à leur arrivée. Les contacts avec les autochtones ne

sont, bien sûr, pas absents211; si quelques céramiques fines perdurent durant la phase suivante, les

bronzes changeront de formes comme de décors212 par une rupture totale dans filiation typologi-

que. Le rite de l'incinération lié à R.S.F.O., en champs d'urnes souvent souterrains213, disparaîtra

aussi complètement. Tout se passe comme si cet épisode R.S.F.O. dans les Alpes du Nord avait

été un phénomène, bien caractérisé et assez court mais avec une influence limitée sur le conti-

nuum du peuplement, des techniques et des traditions religieuses214.

Les bronzes et les vases R.S.F.O marquent spectaculairement la phase moyenne mais l'im-

pact de la technologie nouvelle et des rites funéraires à incinération sur les "indigènes" n'a proba-

blement pas été aussi intense qu'on peut l'imaginer. Le préhistorien est habitué à constater

l'émergence de nouvelles techniques, de nouveaux rites funéraires et de les voir évoluer ensuite

lentement. Par contre il est très rare de les voir disparaître presque complètement, un siècle et

208 La Balme-de-Thuy, Sillingy, Chens-sur-Léman, Thonon, Reignier en Haute-Savoie 209 On est obligé de prendre ces références en Suisse en l'absence d'analyses sur le matériel français 210 Plats à méplats ou cannelures internes, plats à piedestal, plats à marli mouluré, gobelets à épaulement, urnes biconiques à haut

col et écuelles à épaulement interne ou à haut col; ces vases portent souvent des décors à lamelles d'étain et des gravures 211 Urne biconique avec décor de cannelures, de mamelons et une panse peignée habituel à la phase ancienne est en pâte fine, noire,

très lustrée et bien cuite caractéristique de R.S.F.O. 212 La plupart des formes céramiques évoquées ci-dessus disparaitra à l'exception des plats qui perdront piedestal et moulurages

complexes comme le décor gravé ou à l'étain. .Les couteaux à douille ou à fausse virole remplaceront les couteaux à soie, les

bracelets simples ou doubles à tige torse seront abandonnés ainsi que les épingles à grosse tête creuse, etc. 213 Sollières en Maurienne, la Balme-les-Grottes près du Rhône et Francillon dans la Drôme. Les descriptions et le grand nombre

de vases funéraires que nous avons à Veyrier-du-Lac (Gr. du Fortin) à coté du lac d'Annecy et à Collonges-sous-Salève (Gr. des

Sources) m'incitent à voir là aussi des "Champs d'Urnes souterrains" 214 Ce type d'influence, qui peut paraître marginale et en surimpression sur un fond indigène, semble se retrouver dans l'Ouest et le

sud-Ouest de la France; les caractères très particuliers et la qualité des productions issues des R.S.F.O attirent l'archéologue qui leur

attribue peut-être une influence culturelle plus importante qu'elle n'a été réellement

88

demi plus tard comme dans le cas de R.S.F.O. On imagine mal qu'une tradition funéraire puisse

être totalement et subitement abandonnée: soit elle a été imposée par la force et durera seulement

pendant la contrainte, soit elle n'a pas été adoptée par les communautés autochtones; dans les

deux cas les nouveautés n'auront pas de suite et c'est le cas des Alpes du Nord. A notre sens, cet

épisode R.S.F.O. représente l'intrusion de métallurgistes et de céramistes venus du Nord-Est215

installer des centres "industriels" dans des lieux qui répondaient aux nécessités techniques de

leurs productions pour alimenter des marchés en plein essor et ils ont disparu quelques généra-

tions plus tard.

Certains, avec P.Pétrequin, ont vu à ce moment-là une période de stabilité et d'uniformisa-

tion culturelle entre deux époques de crises (phase ancienne et phase récente du Bronze final).

L'uniformisation culturelle et technique touche seuls les R.S.F.O. et une certaine stabilité politi-

que ou économique a pu affecter toutes les communautés, encore que l'installation de certains

villages lacustres sur des îles tendrait à prouver le contraire. Dans les Alpes, comme en Langue-

doc-Provence par exemple, cette "uniformisation", si uniformisation il y a eu, sera de courte du-

rée, bouleversée par tout ce qui se met en place à la fin du Xe siècle et qui touche le matériel, les

rites, les mutations sociales et économiques, l'organisation géopolitique du pays, etc.

PHASE RÉCENTE DU BRONZE FINAL ALPIN env. 930 à 700 av. J.C. (FIG. 29, 30 ET

31)

Cette période couvre plus de deux siècles et voit se multiplier les sites tant dans les ré-

gions anciennement occupées que dans de nouveaux territoires; cela traduit un accroissement

démographique et une sédentarisation définitive de la plupart des habitats, facilités par l'accrois-

sement des rendements dû aux progrès et à la généralisation des outillages agricoles comme

l'araire, le char et l'attelage216 des bovidés.

Encore de nouveaux changements typologiques

A la fin du Xe siècle, sur le bord des lacs ou ailleurs, les populations ont des habitudes

techniques et culturelles totalement différentes de celles de R.S.F.O. Ce phénomène est-il dû à de

simples influences reçues du Nord, à la "réactivation" de traditions anciennes qui n'étaient qu'en

sommeil ou bien à de nouveaux mouvements humains? Dans ce dernier cas les arrivants auraient

manifesté plus de capacité que les R.S.F.O. à s'intégrer aux communautés existantes; peut-être

215 Pays de Bade, Alsace, Marne et/ou Suisse 216 En témoignent la roue de bois découverte récemment à Tougues, sur le lac Léman, le char à quatre roues attelé gravé sur roche

à Aussois en Maurienne ainsi que ceux gravés sur céramique à Moras-en-Valloire (Drôme)

89

90

91

Fig. 29. Phase récente du Bronze final alpin. 940/930 à env.700 av. J.C.

A- Stations palafittiques

1 et 2: plats peints en noir et rouge, Chindrieux; 3 à 18: diverses stations, lac du Bourget; 19: Duingt, lac

d'Annecy. (échelles diverses). Dessins: 1 à 5 I.Kérouanton; 6 à 18 A.Guillaumet; 19 M.C Lebascle.

B- Sites terrestres

1: plat décoré de cannelures et 2: Sassenage, Isère; 3: Montmorin, Hautes-Alpes; 4: Presles; 5: Barraud,

Isère; 6: Ribiers, Hautes-Alpes; 7: Saint-Siméon-de-Bressieux; 8: Crémieu, Isère. (échelles diverses).

D'après: 1 et 2, 4 et5, 7 et 8: Bocquet 1969; 3: Haussmann 1995; 6: Courtois 1960.

Fig. 30. Céramiques décorées et figurines d'argile cuite.

1, 2 et 3: plats à marli gravé, Moras-en-Valloire, Drôme; 4 et 5: plat gravé, Saou, Drôme; 6: plat à marli

gravé, Virignin, Ain; 7: chenet gravé, Brison-Saint-Innocent, Grésine, Savoie.

Anthropomorphes- 8, 9 et 10: Le Saut, Tresserve; 11: Chindrieux, Savoie; 12 et 13: fragment de

plaque d'autel et matrice à estamper, Brison-Saint-Innocent, Grésine.

Zoomorphes- 14 et 15: Brison-Saint-Innocent, Grésine, Savoie. (échelles diverses).

D'après: 1, 2 et 3: Nicolas in Bocquet et Lagrand 1976; 4 et 5: dessins Héritier; 6 et 13: dessin Bocquet;

7 à 10, 12, 14 et 15: dessins I.Kerouanton; 11; Billaud et Marguet 1992.

étaient-ils de même origine "ethnique", de mêmes traditions religieuses que ceux qui étaient arri-

vés dans les Alpes à la phase ancienne, au XIIIe siècle.

Dans les sites où s'était développé le faciès R.S.F.O. les éléments typiques de la cérami-

que s'effacent. Le sondage de Tougues, sur le lac Léman est démonstratif du changement complet

dans la morphologie et la décoration des vases entre la fin de la phase moyenne et le début de la

phase récente217. Les nécropoles sont désertées avec l'abandon du rite funéraire à incinération;

quand il y a continuité des habitats (palafittes entre autres) les couches sus-jacentes offrent du

matériel portant de nouveaux caractères. C'est une nouvelle rupture qui affecte le début de la

phase récente, mais celle-ci évoluera dans la longue durée contrairement à R.S.F.O...

On ignore encore si cette rupture se marque aussi par un abandon des stations littorales;

une seule donnée actuellement le laisserait supposer, c'est que l'emplacement des nouveaux villa-

ges est souvent quelque peu décalé par rapport à celui des anciens218, preuve d'une reconstruction

totale. Les activités pourtant restent identiques, métallurgie et poterie, dans des ateliers qui de-

meureront actifs jusqu'à leur disparition à la fin du IXe siècle.

Ultérieurement et pendant quelques siècles l'évolution des formes et des décors des cé-

ramiques se fera lentement: beaucoup perdureront comme le montrent les rares stratigraphies219

217 avec l'apparition dans la céramique des formes globuleuses et des rebords éversés et courbes et la disparition totale de toutes

formes à épaulement et à haut col. Un sondage à Conjux sur le lac du Bourget le confirme plus modestement. 218 D'après les analyses dendrochronologiques de quelques échantillons dispersés sur les stations, plusieurs villages ont existé

pendant les deux phases, sans que l'on sache s'ils sont parfaitement en continuité et superposés (voir le tableau des dates) 219 Adoucissement du profil des panses, passage progressif des motifs d'impressions digitales aux impressions à l'outil sur

céramique grossière, etc. Longue durée des plats ou des coupes à rebord vertical rentrant, etc. difficiles à dater avec précision dans

92

qui ne révèlent aucune rupture typologique. Il en sera de même pour les bronzes dont les formes

nouvelles apparues au début de la phase récente demeureront longtemps inchangées220. Seules de

petites variantes apparaîtront, dues à la multiplication des ateliers locaux221, variantes qui ne

peuvent pas être finement datées la plupart ayant été trouvées hors contexte archéologique. Bien

des bronzes attribués par leur forme à la phase récente ont donc été produits postérieurement sui-

vant des traditions et des procédés anciens en usage à la fin du Bronze final. En effet, ce n'est

qu'au Hallstatt final qu'apparaissent les premières haches à douille en fer222. Seules les Hautes-

Alpes feront preuve d'originalité avec la fabrication de parures spécifiques à la région.

En résumé, beaucoup de matériel de type "fin Bronze final" persistera au moins durant la

première partie du premier âge du Fer, ce qui explique la forte densité des sites attribués à la

phase récente du Bronze final, dont beaucoup seraient en réalité plus tardifs. La carte de répar-

tition de la fin du Bronze final est donc affectée par ces imprécisions et sera moins chronologique

que techno-culturelle.

L'avant-pays (Fig. 30)

Les villages lacustres occuperont parfois de grande superficie223 et on doit regretter en-

core l'absence de fouilles d'envergure sur ces sites qui nous privent des éléments dont disposent

nos collègues suisses. Leurs productions coexisteront avec celles des ateliers de bronziers locaux

intégrés dans les communautés224; par exemple les haches et herminettes à douille et à étrangle-

ment central225 sont absentes des productions lacustres alors que leur diffusion, généralisée dans

la moitié Sud de la France, témoigne d'une métallurgie alpine qui conserve une certaine origina-

lité dans ses inspirations et l'élaboration de ses fabrications.

L'influence des acheteurs alpins se retrouvent dans les productions du lac du Bourget (Fig.

30-A) qui s'adaptent aux goûts régionaux. Les haches perdent leur caractère galbé au profit de

les sites où le matériel est peu abondant, ce qui est fréquent. Cette continuité dans l'évolution lente dans la céramique est attestée

aussi à Boira Fusca en Piémont (renseignement F.Fedele) 220 Couteaux à douille, faucilles à bouton et épingles à tête vasiforme ou enroulée, etc. 221 Absence d'anneau latéral et massivité des haches à ailerons terminaux 222 A la Tour et Gruffy (Haute-Savoie) et au Pègue (Drôme). Les artisans métallurgistes de village se sont convertis au nouveau

matériau sans changer leurs techniques adaptées au bronze; en effet la douille est une aberration mécanique pour le fer. 223 Plus de dix hectares à Brison-Saint-Innocent, Grésine ou à Tresserve, le Saut sur le lac du Bourget 224 Dépôt de Menthon (Haute-Savoie) et trouvailles isolées de haches à ailerons terminaux rectangulaires, massives et sans anneau

(illustrées par le moule de Ribiers près du Buech). Dans le dépôt alpin de Menthon (Haute-Savoie) un bracelet à grandes ailettes

tente de copier maladroitement ceux des palafittes; trois couteaux à douille à extrémité arrondie pourraient être rattachés aussi aux

productions "terrestres". Il en serait de même pour une hache à douille cannelée à forte teneur en plomb de la Buisse qu'on ne sait à

quel type rapporter (Saxe?). 225 La Balme-les-Grottes, Ste-Marie-d'Alloix (Isère); Nyons (Drôme); dépôt de Ribiers (Hautes-Alpes)

93

celles, plus massives, de la tradition locale226. Beaucoup de bracelets sont conformes à ceux en

vogue à la fin du Bronze moyen et au début du Bronze final227 en évitant certaines formes exubé-

rantes et les décors trop riches (type de Saint-Genouph). Les épingles à tête vasiforme, usinées au

tour et celles à enroulement spiralé (Fig. 30-A, 10 à 12) sont très nombreuses bien qu'un peu

moins variées que celles des productions helvétiques.

La belle céramique (Fig. 30-A, 1 à 5) issue des ateliers palafittiques se retrouve228 rare-

ment dans les gisements terrestres de la région où la gamme des formes est toujours plus pauvre,

la cuisson moins régulière et les décors moins variés (Fig. 30-B, 1, 2 et 4). Les productions lacus-

tres sont-elles réservées à l'exportation lointaine229? Les éléments chronologiques actuels ne sont

pas assez précis pour le dire et les analyses céramologiques manquent.

Haches à ailerons terminaux et à douille, couteaux à douille, épingles à tête enroulée, par-

sèment le pays sans que l'on puisse savoir si l'origine en est lacustre ou non, à de rares exceptions

près230; leur nombre indique que l'usage du Bronze se généralise. Les bronziers, mêmes ceux des

palafittes, connaissent bien les haches armoricaines et les copieront par "surmoulage"231 ou en

imiteront les reliefs bouletés et les faux ailerons, ce qui montre assez leur impact sur l'économie

et les goûts locaux.

A la fin de la période, au VIIIe siècle, à Fillinges au Sud du lac Léman, sept cuirasses du

VIIIe siècle issues des ateliers du Danube (?), et une autre à Grenoble (Fig. 34, 8) révèlent une

présence militaire liée aux "princes" ou aux premiers Hallstattiens? Des influences hallstattiennes

apparaissent déjà à la fin du IXe siècle, aux Gandus à Saint-Ferréol-Trente-Pas232 et les grottes

du Diois ne sont pas avares en céramiques de cette époque233.

Un bracelet du dépôt haut-alpin de Bénévent-Charbillac est en bronze au plomb (9%) et

nous avons vu que bien des pièces du même âge ont une concentration en plomb supérieure à

0,8%. Ce phénomène débute dès la phase moyenne dans les Alpes (ce qui est inhabituel en Eu-

rope) et s'amplifie à la phase récente où les objets à faible teneur en plomb sont exceptionnels; le

226 Les préhistoriens suisses, qui connaissent bien cette époque par un abondant matériel livré par des dizaines de villages, l'ont

bien senti en isolant un "faciès lémanique"; nous en ferions plus volontiers un faciès alpin 227 Avec une section ronde, de petits tampons et des gravures géométriques (Fig. 30-A, 14, 16 et 17) 228 représentée par des coupes, jattes, plats, vases à panse très globuleuse aux décors peints ou imprimés, aux pâtes bien cuites 229 A Hières-sur-Amby (Isère); Saint-Uze, Saou, Die, Vercoiran, Le Pègue (Drôme); Vallon-Pont-d'Arc, Ardèche, etc. 230 Nous venons de voir l'exemple de trois couteaux 231 Dépôt de Porcieu-Amblagnieu, Sévrier (Haute-Savoie) (où une hache à douille et un couteau de la même station ont 1,2 et 1,9%

de plomb...), Chindrieux (Savoie) etc. 232 Forme des coupes et décors gravés sur pâte cuite par exemple (Fig. 34, 2 à 4) avec une date de 807 BC et une autre assez

approximative dendrochronologique de -835/825, représentant une intrusion hallstattienne en milieu technique de type Bronze final 233Francillon, Montmaur-en-Diois (Drôme) etc.

94

plomb remplace une certaine part d'étain dont la quantité diminue dans les bronzes par rapport

aux périodes antérieures; ce phénomène est général en Europe. Mais le plomb, s'il fluidifie aussi

bien que l'étain le métal à la coulée, ne procure pas au bronze les mêmes qualités mécaniques.

Les massifs internes

A cette période, la conquête des Alpes internes s'intensifie: elle atteint l'Oisans, en Dau-

phiné, jusqu'alors pratiquement ignoré234, et s'affermit dans les vallées du Guil et de l'Ubaye, en

Maurienne et en Tarentaise en colonisant les bassins latéraux235. Bien que l'on ait pas de vestiges

d'habitat, les pollens de la tourbière de Valloire en Maurienne, à 1800m, vers 800/700 BC tradui-

sent cette extension du peuplement par des déforestations.

Les contacts avec l'Italie du Nord

Ces contacts se poursuivent au IXe siècle avec divers objets villanoviens236 en provenace

d'Emilie ou d'Etrurie, les décors anthropomorphes sur céramique et les swastikas au lac du Bour-

get. On remarquera la grande diffusion de la mode des épingles, qui abondent au Nord et à

l'Ouest des Alpes mais aussi en Italie du Nord où les tombes en récèlent beaucoup dès le début du

Bologna I (début du IXe siècle) jusqu'au VIIe siècle; ici la variété des modèles étant moins

grande qu'en Suisse ou en France, il est probable que l'inspiration en arrive de ces régions. Le lac

du Bourget a livré un des plus anciens fers façonnés en France237, bien daté d'avant le VIIIe

siècle; l'origine en est-elle l'Italie ou l'Europe moyenne?

L'abandon des stations littorales

La disparition des stations littorales des lacs et des rivières est un phénomène qui affecte

l'Europe moyenne et occidentale dont la signification historique n'est pas considérée à sa juste va-

leur, probablement par l'incertitude de ses causes. Depuis le siècle dernier la couche supérieure

de ces sites, datée de la fin du Bronze final, a livré aux ramassages et aux fouilleurs une abon-

dance étonnante de céramique et de métal; l'eau les a recouvertes suffisamment vite pour que

bois et matières périssables y soient conservés.

Raisons climatiques ?

234 Freynet-d'Oisans et Villard-Notre-Dame (Isère); Villar-d'Arêne (Hautes-Alpes) 235 Tombe à Saint-Véran en Queyras, haches, épée, bracelets, lance ou céramiques à Sainte-Marie-de-Cuines, Albiez, Saint-Jean-

de-Maurienne, Villette, Pralognan, Châtel, Jarrier, Fontcouverte dans les Bellevilles, le pays d'Arvan, la Vanoise en Savoie, etc 236 Fibule, agrafes de ceinture, pinces à épiler, fibule serpentiforme et rasoir au lac du Bourget 237 Deux bracelets et deux épingles antérieurs à -814

95

Dans le passé l'explication la plus souvent avancée était qu'une forte péjoration climatique

avait fait monter le niveau de l'eau, très rapidement et définitivement, obligeant à l'abandon; dans

ce cas pourquoi la richesse constituée par les bronzes a-t-elle été laissée sur place? Cette hypo-

thèse parait aujourd'hui peu réaliste: les dates dendrochronologiques des derniers pieux plantés

dans les différentes stations ne sont pas identiques, avec des différences qui atteignent plusieurs

décennies entre la Savoie et la Suisse occidentale, ce qui élimine la contemporanéïté d'un phé-

nomène climatique généralisé238. Une dégradation climatique existe bien, celle du stade Goes-

chen I A, qui marque le début du Sub-Boréal expliquant la montée des eaux, mais ce n'est que

vers -790 que les chênes européens commencent à souffrir d'anomalies de croissance, d'après les

dendrologues, c'est à dire peu après, mais toujours après les derniers abandons d'après les don-

nées actuelles.

Prenons l'exemple de la disparition aux XIVe/XIIIe siècles des habitats terramaricoles de

la plaine du Pô; les auteurs italiens qui en voyaient aussi la cause dans les changements climati-

ques, penchent aujourd'hui , comme le dit A.Cardarelli pour "une explication d'ordre historico-

politique et/ou un facteur de crise et d'instabilité interne sur le plan économique et social". Cette

fin correspond d'ailleurs à un déplacement sur les sites défensifs de hauteur et les "castellieri"

deviennent nombreux dans les vallées piémontaises, comme un repli vers des régions naturelle-

ment protégées.

Raisons politiques, économiques ?

Pour les Alpes aussi d'autres motifs que climatiques doivent être envisagés pour expliquer

l'abandon des stations littorales à la fin du IXe siècle. Des traces d'incendie239 font penser à des

actions violentes qu'expliqueraient des raids destructeurs. Le processus serait alors comparable à

ce que les Vikings ont fait subir pendant le IXe siècle à l'Europe de l'Ouest avant leur implanta-

tion dans des territoires conquis ou concédés. On peut envisager des luttes entre "chefs ou prin-

ces" se disputant la possession du pays, des fabrications ou des marchés; ce peut être aussi les

premières incursions des cavaliers hallstattiens vers l'Ouest. Les traces archéologiques de ces

raids sont toujours difficiles à reconnaître et seuls les textes sont à même de nous renseigner avec

quelques précisions sur ceux des Normands du Moyen-Age.

238 En effet les dates placent la disparition des stations suisses vers -850/-840 et des résultats récents prouvent que ce fut plus

tardif dans les Alpes françaises: en -841 et -814 des pieux étaient encore plantés sur le lac du Bourget à Chindrieux et en -834 à

Messery sur le lac Léman. 239 Des bracelets de bronze, entiers et sans défaut, fondus sous l'action de la chaleur à Brison-Saint-Innocent et aussi quelques

pieux carbonisés

96

Ainsi se justifieraient les décalages chronologiques constatés dans les abandons entre

Suisse et Savoie et aussi se comprendrait mieux le déplacement du peuplement vers des zones de

refuge à l'intérieur des massifs centraux et dans les Hautes-Alpes, moins accessibles que le pied-

mont et aussi plus faciles à défendre. Ces temps troublés auraient incité à l'occupation temporaire

97

de très nombreuses grottes, souvent élevées au-dessus des vallées; pratiquement il n'existe pas de

cavités, même de faible dimension, autour et souvent à l'intérieur des massifs calcaires qui ne re-

cèlent pas quelques tessons attribuables à la fin du Bronze final, traces de séjour plus ou moins

prolongé. Doit-on à la même cause les enfouissements de dépôts240 qui ne sont pas des "trésors"

de bronziers car ils ne comportent que des haches entières?

L'organisation du territoire, occupation des sites de hauteur et les "princes"

Il est impossible de dater avec précision l'installation des places fortes dominant les voies

de passages241 et c'est regrettable car il serait bon de savoir si elle correspond, ou non, aux aban-

dons des stations lacustres. Ces oppidums sont installés sur les voies stratégiques traduisant ainsi

autant la prise de possession et le contrôle du territoire que la nécessité de se protéger d'incur-

sions destructrices. Une classe dirigeante concentre son pouvoir en organisant politiquement et

commercialement les communications et l'espace alpin, ce qui ne va pas forcément sans heurt ni

sans confrontation d'intérêts.

L'exemple le plus spectaculaire en est donné par l'oppidum de Larina à Hières-sur-Amby

près de gués sur le Rhône en Nord-Dauphiné, que l'on peut considérer comme une "résidence

princière" liée à la nécropole de tumulus de Saint-Romain-de-Jalionas. La plus riche des tombes,

datée du VIIIe siècle, témoigne de la richesse comme de la position sociale du défunt242. Dans la

fertile plaine de Bièvre-Valloire entre Isère et Rhône, dont les découvertes sont encore rares243, à

la Côte-Saint-André les restes d'un char à quatre roues de bronze coulé conservaient une jante en

chêne datée de -735/-725, remplaçant celle qui avait été posée auparavant; il y avait donc ici

aussi un "prince" dès la fin du IXe siècle244 dont il reste à trouver l'oppidum au carrefour de l'axe

est-Ouest de Bièvre-Valloire et celui Nord-Sud reliant la basse vallée de l'Isère à Bourgoin245. Se-

lon des hypothèses récentes ces princes domineraient une région bien déterminée. Le début du

contrôle des axes transalpins est confirmé par quelques tumulus placés entre Buech et Durance246

semblant liés à une aristocratie, riche sans être forcément princière, installée sur la route du

240 Saint-Siméon-de-Bressieux, Thodure, Porcieu-Amblagnieu, Sainte-Marie-d'Alloix (Isère) 241 A Hières-sur-Amby, oppidum de Larina en Isère; à Musièges, à Bossey et à Monnetier-Mornex (Petit-Salève) en Genevois

(Haute-Savoie); sur la basse Isère à Saint-Just-de-Claix; à Saint-Alban-Leysse (Saint-Saturnin) (Savoie) près de Chambéry; Varces

et Vif (Isère) au carrefour grenoblois; Quêt-en-Beaumont (Isère) sur le haut Drac entre le sillon alpin et le Champsaur, etc. 242Une épée en bronze, un couteau en fer qui copie fidèlement un modèle en bronze à manche coulé, une situle et une tasse origi-

naires d'Europe centrale et des bijoux d'or. Ce site funéraire doit être légèrement postérieur à l'abandon des stations littorales. 243 Dépôts de Saint-Siméon-de-Bressieux, de Thodure (Isère) 244 Ces roues seront adaptées au VIIe/VIe siècle à un char cultuel ce qui montre la très longue utilisation du matériel de prestige ou

religieux. 245 Au Moyen-Age comme encore aujourd'hui ce carrefour est important pour le trafic régional 246 Chabestan, Monetier-Allemont (avec une épée à soie plate) (Hautes-Alpes)

98

Mont-Genèvre dès le VIIIe siècle et que les deux siècles suivants verront croître et prospérer sous

la domination hallstattienne.

Le pied des Alpes du Nord possède des tombes à statut princier qui sont parmi les plus an-

ciennes de France, rattachées à un vaste ensemble centré sur le Nord-Est de la France, ce qui est

assez significatif de l'importance stratégique et commerciale de cette région dans le cadre de

l'aménagement l'Europe occidentale.

Art et religion (Fig. 31)

Des vases et des coupes du site de Moras-en-Valloire en Bas-Dauphiné, datables de la fin

du Bronze final, sont décorés d'incisions figurant des chars attelés, croix, swastikas, anthropo-

morphes, frises de danseurs et signes géométriques. Le même type de vases trouvés à Saou, en

Diois, portent des signes assez semblables mais dans un registre moins étendu, toujours en con-

texte archéologique identique. La station de Chatillon, Chindrieux, sur le lac du Bourget possède

une coupe bien connue avec une frise de danseurs obtenue par de fines lamelles d'étain, malheu-

reusement sans position stratigraphique connue247; des tessons incisés de chars ou d'attelage

proviennent de Virignin en rive droite du Rhône dans le défilé de Pierre-Châtel. A Sérézin-du-

Rhône, près de Vienne, une frise de danseurs gravés orne un plat dont la céramique associée date

de la fin de la phase moyenne (BF IIIa) ce qui situe le début de cette pratique. De nombreuses

études admettent que cet art sur céramique, largement répandu dans le couloir rhodanien, le Midi

méditerranéen248 jusque dans les Charentes et le centre de la France, se développe entre le Xe et

le VIIIe siècle. Quelques motifs, swastikas, cercles concentriques et anthropomorphes, comme

celui du méandre plus largement utilisé, ne sont probablement pas sans rapport avec les décors

villanoviens et les chars évoquent les gravures rupestres du Mont-Bégo ou du Val Camonica249.

Quadrupèdes, anthropomorphes, swastikas sénestrogyres, cercles concentriques, zig-zag incisés

sur céramiques, semblables aux motifs alpins et d'inspiration villanovienne, existent sur certains

vases Golasecca datés par nos collègues italiens du Golasecca II, donc plus tardifs.

Les petites figurines modelées en terre cuite du lac du Bourget sont soit anthropomor-

phes250, soit zoomorphes251. C'est dans la station du Saut à Tresserve que les ramassages du siè-

cle dernier ont récolté la quasi totalité des figurines anthropomorphes extraites du lac alors que

247 La technique aux lamelles d'étain ferait penser plutôt à la phase moyenne du Bronze final 248 En particulier à Castelnau-le-Lez, Hérault, Mailhac (Mailhacien I), Aude, etc. qui comportent des céramiques gravées de

grecques, chevaux, quadripèdes ou à Vidauque, Vaucluse, avec une frise de danseurs de même style que la coupe de Chatillon 249 Plus énigmatique est la coupe décorée de signes alphabétiformes de Grésine sur le lac du Bourget 250 dont la forme très spéciale n'est connue qu'au Bourget 251 Chindrieux, Brison-Saint-Innocent, Tresserve

99

les recherches se sont développées de la même façon sur tous les sites: soit c'est le fait du pur ha-

sard soit plus probablement existait là une structure spécifique à caractère "religieux" ou un cen-

tre de fabrication.

La tradition des statuettes d'animaux domestiques remonte au XIVe siècle en Hongrie

(Civilisation de Hatvan) et elle s'est vigoureusement implantée dans les Terramare d'âge proto-

villanovien du XIIIe au Xe siècles en Italie du Nord. Sur le versant italien, le pied des Alpes en

possède ainsi que les palafittes suisses252. Les vases-pygmée trouvés en abondance sur le lac du

Bourget, copies en miniature de toutes les formes alors en usage, sont aussi une tradition qui re-

monte aux Terramare. Statuettes zoomorphes et vases-pygmée seraient issus de l'influence di-

recte de l'Italie du Nord. Les figurines anthropomorphes, plus rares en Italie (Reggio Emilia)

avant le Villanovien final pourraient venir de la région de Cumes; leur diffusion est plus res-

treinte que les zoomorphes et elles existent en Champagne et en Ardèche253. Ces représentations

sont supposées être à vocation religieuse comme les plaques de foyer-autel domestique en demi-

cercle, ornées d'ocelles et de swastikas estampés provenant de Grésine à Brison-Saint-Innocent et

que connaît l'Italie centrale.

De tous ces documents il ressort que des influences méridionales et italiques se font nette-

ment sentir dans le domaine artistique ou religieux, en particulier au lac du Bourget dont le rôle

ne devait pas seulement être commercial et technique. Là en effet se rejoignent les traditions

centre-européennes avec les rouelles et les roues de char votif et le rituel des foyers-autels do-

mestiques de provenance méditerranéenne.

Les rites funéraires de l'âge du Bronze final

-Les tombes du début du Bronze final sont en inhumation plate, en plein air à Petit-Coeur

en Savoie et Crémieu, en grotte à La Balme-les-Grottes et Fontaine254 ou en fissure de rocher à

Parmilieu255. L'inhumation simple et l'incinération en urne coexistent dans le cimetière de Dou-

vaine près du lac Léman; seul de son espèce dans les Alpes du Nord, sa durée fut assez longue

couvrant les phases ancienne et moyenne du Bronze final ce qui explique la présence des deux

rites funéraires. Bien que non funéraire, il faut citer le dépôt votif d'un vase accompagné de cé-

réales et de noisettes caché dans une niche, à l'entrée d'une résurgence au coeur du Vercors256.

252 A Cuorgné-Belmonte en Canavese (porc?) et la province d'Alessandria; Auvernier (taupe?), Corcelettes (porc?), Pfeffingen, etc. 253 Euvy, Marne, Cergy, Val d'Oise, et Vallon-Pont-d'Arc, Ardèche 254 En grotte la céramique fine abondante est associée à beaucoup de vases grossiers 255 A renflement fusiforme elles sont placées à la période de transition Bronze moyen-Bronze final 256 Villard-de-Lans

100

-A la phase moyenne ce sont des incinérations en urnes, soit en plein air257 soit en grot-

tes258 que nous considérons comme des "Champs d'urnes" souterrains où les ossements calcinés

ne sont pas faciles à déceler mais toujours avec une grande quantité de vases d'offrandes. Selon

certains la grotte de Sollières n'était qu'une réserve de nourriture à cause de l'abondance des vases

grossiers; mais dans tous les gisements cités comme funéraires les récipients grossiers sont tou-

jours nombreux, mêlés à la vaisselle funéraire fine comme les gobelets à épaulement ou les plats,

jamais aussi abondante dans les habitats259.

Dans ces nécropoles, à la Balme-les-Grottes en particulier, les urnes n'étaient pas enfouies

mais disséminées dans les recoins des cavités, ce qui a facilité leur destruction à une époque in-

connue mais certainement ancienne; c'est la raison pour laquelle il n'a pas été trouvé de bron-

zes260. Seule la zone funéraire de Sollières, placée au pied d'une diaclase, n'avait pas été violée.

Ces cimetières en grottes sont bien connus dans le Languedoc261 pour prendre un exemple.. L'uti-

lisation funéraire des fissures de rocher comme des grottes à un stade avancé du Bronze final

reste conforme à une vieille pratique alpine... Dans les hautes vallées de l'Isère et de l'Arc inciné-

rations et céramique R.S.F.O. traduisent la pénétration du nouveau mode funéraire sur les voies

transalpines et près de gîtes de cuivre262.

-A la fin du Bronze final, les rares inhumations connues sont simples263 et malgré l'impor-

tance des stations littorales il n'a pas été trouvé de cimetière dans leur voisinage264, comme cela a

été le cas en Suisse. Le tumulus réapparaît au Nord du Rhône, en Bresse et nous avons parlé de

ceux de Saint-Romain-de-Jalionas et de Chabestan au confluent Buech-Durance qui traduisent le

contrôle de territoires et/ou des voies commerciales au VIIIe siècle. Les sépultures en fosse de

jeunes enfants sous le niveau d'habitat de l'extrême fin de l'âge du Bronze à la Balme-de-Thuy,

Haute-Savoie et à Sainte-Colombe, Hautes-Alpes traduiraient un rite funéraire d'installation.

L'APOTHEOSE DES BRONZIERS ALPINS DANS LES HAUTES-ALPES

257 Seyssel (Haute-Savoie) et Hières-sur-Amby (Isère) près du Rhône; Sciez et Douvaine (Haute-Savoie) en Chablais; Bourg-

Saint-Maurice en Tarentaise; Villarodin en Maurienne 258 Collonges-sous-Salève, Veyrier-du-Lac (Haute-Savoie), Sollières (Savoie), la Balme-les-Grottes (Isère) et Francillon (Drôme)

dans le Diois. 259 Dans une grotte de Claix (Isère), la céramique grossière servait à recueillir l'eau de ruissellement et la céramique fine est très

rare; bien que du même âge ce n'est pas une cavité funéraire. 260 A la Balme-les-Grottes une urne qui avait été épargnée contenait encore quelques os calcinés et une bague en or. 261 A Tharaux (où dans la grotte du Hasard il a même une bague en bronze plaquée d'or identique à celle de La Balme-les-

Grottes), à Montclus, etc 262 En Tarentaise à Bourg-Saint-Maurice; en Maurienne à Villarodin-Bourget et Sollières-Sardières, 263 Reignier en Faucigny, Sciez et Thonon au bord du Léman, Notre-Dame-de-Briançon en Tarentaise, Creys-Mépieu en Nord

Dauphiné, Saint-Véran en Queyras 264 A Tresserve, lac du Bourget, un crâne de jeune femme a été retrouvé seul et non incinéré dans un vase

101

Quelle est la cause qui fit des Hautes-Alpes le foyer d'une métallurgie abondante, origi-

nale mais limitée dans l'espace, au début du Ier millénaire et pendant quelques siècles? C'est

certainement la conjonction de circonstances économiques et/ou politiques qui ont trouvé dans

cette région des bonnes conditions pour se développer: minerais, savoir-faire des Alpins et

isolement dans des zones-refuges. Des déboisements sont constatés à la tourbière de la Lauza,

entre Champsaur et Gapençais, un peu avant 830 BC ce qui traduirait une poussée

démographique à peu près contemporaine du début de la métallurgie haut-alpine.

Les dépôts et leur matériel

Dans les Hautes-Alpes des objets aux formes et aux décors originaux ( Fig. 32) inspirés

par les modèles en usage à la fin du Bronze final, sont associés avec d'autres, plus courants, dans

des dépôts qui possèdent en général une très grande quantité de pièces265. Un seul, celui de Villar

d'Arêne, est un dépôt de fondeur aux éléments très fragmentés placé à 2000m d'altitude près de

filons de chalcopyrite et des restes de fonderie avec scories; les autres sont des "trésors" d'objets

entiers266. Quatre ensembles de pièces enfouis dans un même champ à l'Epine, près du col de

Saulce entre Diois et Buech267 et celui de Ribiers étaient concentrés sur une aire très restreinte.

Cinq autres se répartissent entre: Beaurières-Charens, Réallon (avec trois dépôts sur la même

commune) et la Fare-en-Champsaur268.

Une spécialité haut-alpine très prisée est celle des ceintures articulées ornées de diverses

pendeloques, connues dès la phase moyenne du Bronze final à Blanot, Côte-d'Or, ou à Billy, Loir

et Cher; sans être identiques entre elles, celles des Hautes-Alpes ont toutes un air de famille mais

un examen attentif et des analyses seraient à même de discerner si elles proviennent ou non d'un

même atelier alpin. Une autre particularité est celle des torques, souvent torses et à extrémités

enroulées, qui se retrouve en Valais suisse; peut-on y voir la persistance à travers les siècles d'une

mode locale héritée du Bronze ancien valaisan qui s'était bien implanté dans la région comme on

l'a vu?

265 On citera les 461 pièces de Réallon ou les 18kg de bronzes de la Fare-en-Champsaur. 266 Dépôts de parures à Bénévent-Charbillac, en Champsaur, avec ceinture articulée de 176 pièces, torques, boutons, bracelets,

rouelles et rasoir, à Saint-Bonnet-en-Champsaur avec ceinture composite articulée, torques, bracelets, boutons, et rouelles, à

Guillestre, en Queyras, avec ceinture, phalères et bracelets, à Réallon (dépôt de 1932) avec ceinture, torques, pendentifs et boutons,

à Lazer avec boutons, phalères et tubes. Le dépôt de Savournon avec huit faucilles et un ciseau évoque plus la vie rurale ou

artisanale (fig. 32). 267 Un avec une hache à ailerons, un poignard et une lance (en 1900), un avec huit faucilles et un ciseau (comme dans celui de

Savournon), un groupe de bracelets (en 1909) et un de parure avec pendeloques et rouelles (en 1949). Ce dernier était contenu dans

un vase dont des tessons, retrouvés en fouille par J.C Courtois à 50m d'un gros foyer ovale, étaient colorés de sels de cuivre. 268 Sont regroupés des outils (couteaux à Réallon, couteaux, haches et scie à Ribiers, couteaux, haches et faucilles à Beaurières et à

la Fare-en-Champsaur), des parures (bracelets, phalères, rouelles, pendeloques à Réallon, à Ribiers et la Fare, épingles, rouelles et

pendeloques à Beaurières), des armes (lances et épée à Ribiers, lance à Beaurières et à l'Epine) et un mors de cheval à Réallon. Ar-

mes et accessoires de harnachement évoquent l'existence d'une classe aristocratique.

102

De nombreux bracelets sont d'inspiration "alpine": en ruban gravé avec une nervure mé-

diane comme dans le dépôt de Menthon ou ceux issus du type Geispolsheim que nous avons vus

à Goncelin et au lac du Bourget. Les pendeloques en "boîtier de montre"269 ont leurs parallèles

près du Danube en Yougoslavie sans que le sens du courant d'influence puisse être déterminé. De

même se pose le problème de l'origine des bracelets de type Réallon-Saint-Genouph, creux, à

grandes ailettes et à riches gravures géométriques trouvés tant en Suisse occidentale qu'en France

de la Loire à la Garonne. Comme le suggère V.Rychner les influences entre les Alpes et les lacs

suisses ont dû être mutuelles. Par contre on doit s'étonner de l'absence totale de matériel haut-al-

pin spécifique dans une vallée bien proche, celle de l'Ubaye où pourtant les découvertes métalli-

ques ne manquent pas. Pour illustrer les contacts transalpins un dépôt avec torque, rouelles et

boutons, tout à fait identiques aux bronzes haut-alpins, a été trouvé à Laux en Val Chisone de

l'autre côté du col du Mont-Genèvre.

Les métallurgistes

Tous ces dépôts témoignent d'une métallurgie active centrée sur une petite région qui ne

manque pas de cuivre, oeuvre d'artisans qui possèdent un haut niveau technique. Leur composi-

tion en objets de parure, soit en outils ou armes, n'est pas sans raison. De plus la concentration

sur une faible superficie n'est pas sans signification.; le champ de l'Epine avec ses quatre groupes

d'objets est à ce propos très éloquent tout comme les trois dépôts sur la commune de Réallon.

Sommes-nous en présence de "tombes sans corps" ou de "dépôts personnels" pour honorer des

défunts riches ou puissants? Il ne faut donc pas exclure l'hypothèse de réserve de bronziers car

certains dépôts composites270 rassemblent des pièces qu'une typologie sommaire place à la phase

moyenne et à la phase récente du Bronze final; ces associations sont, en plus, d'un intérêt majeur

pour approcher la chronologie de ces dépôts.

Cette métallurgie exploitait les filons locaux de cuivre comme l'indique le dépôt de Villar

d'Arêne et la tombe de Saint-Véran, tous deux proches de minerais; l'étain provenait de l'Ouest

dont le commerce est accompagné par les haches à douille atlantiques que j'ai évoqué. A-t-elle vu

le jour au cours ou à la fin du Bronze final: nous venons de voir que plusieurs dépôts comportent

des bronzes de la phase moyenne issues de la métallurgie alpine qui marquerait le début de la

production dans cette région, parallèlement à celle que l'on a vu se développer entre le lac Léman

et les Hautes-Alpes. On ignore la durée des fabrications, aussi bien leur début que leur fin. En

effet les pièces typologiquement les plus anciennes ne pourraient être que des copies d'objets en-

269 Réallon et l'Epine (Hautes-Alpes) et Beaurières (Drôme) (Fig. 32, 7) 270 Villar d'Arêne, Réallon (1870) et Ribiers. Du dépôt de Bersac il ne reste qu'un couteau à soie et dos arqué vraisemblablement

de la phase moyenne, les hache, pendeloque et faucilles n'ayant pas été décrites

103

core habituels chez des utilisateurs très conservateurs; la réalisation des types plus récents a dû

aussi se poursuivre pendant de nombreuses générations, probablement au-delà de la fin de l'âge

du Bronze. Il est malheureusement difficile de les situer actuellement avec précision tellement

certains caractères sont inhabituels et les ensembles dépourvus d'objets importés facilement data-

bles. Ont-ils perduré au cours de l'implantation hallstattienne des vallées du Buech et de la Du-

rance, que l'on abordera plus loin?

On rapprochera cette activité bronzière alpine de celle, très originale aussi, qui s'est déve-

loppée dans le Languedoc-Roussillon à partir de la fin de l'âge du Bronze et durant le premier âge

du Fer, le Launacien; J.Guilaine l'appelle un épi-Bronze final, à une époque où les bronziers attei-

gnent l'apogée de leur art pour lutter contre la diffusion du fer dans le sillage des Hallstattiens.

Une étude exhaustive et critique de cette métallurgie et de l'interprétation socio-culturelle des

dépôts reste à faire; les spectaculaires documents des Hautes-Alpes apporteront de précieux élé-

ments pour la connaissance de cette époque charnière dans l'évolution des sociétés alpines.

NAISSANCE DE L'INDEPENDANCE ALPINE AUX AGES DU FER

Comme je l'ai dit plus haut, les périodes typo-chronologiques sont des cadres commodes

pour classer nos connaissances mais trop rigides pour correspondre aux réalités historiques et hu-

maines. La transition entre âge du Bronze et âge du Fer doit être traitée, comme le préconise J.P.

Millotte, spatialement et d'abord régionalement avant d'être considérée sur une plus large échelle;

ce sera notre angle de vue laissant à d'autres le soin d'incorporer les processus alpins à l'intérieur

de synthèses géographiquement plus vastes.

Bouleversements géo-politiques

J'ai exposé plus haut mes hypothèses sur la déstabilisation précoce des populations de

l'avant-pays alpin par des actions violentes (combats entre "princes" ou autres, raids de Hallstat-

tiens?...) à partir de la fin du IXe siècle, qui auraient visé à la destruction des centres industriels

bronziers et céramiques, source de puissance économique et de cohésion sociale d'une population

dont certains pouvaient craindre une résistance à leurs projets de conquête du territoire ou à leur

commerce. Nous verrons que la hallstattisation des Alpes du Nord ne sera pas le fait de migra-

tions massives (dont plus personne ne parle aujourd'hui) mais due au déplacement de petits grou-

pes, comme le pense depuis longtemps J.P. Millotte, ce qui n'exclut pas des intentions politiques

et/ou commerciales.

Le dernier millénaire av. J.C. verra de grands changements, sociaux et politiques, dans les

Alpes en rapport direct avec les événements européens liés d'abord à l'expansion hallstattienne et

104

Fig. 32. Le "Bel âge du Bronze" des Hautes-Alpes.

1 à 4, 6: Ceinture, rouelles, bracelet, torques, dépot de Bénévent-et-Charbillac; 5, 7, 9 à 12: Bracelets,

rouelle et pendeloque en "boitier de montre", ciseau et faucille, dépot de L'Epine; 8: Bracelet, dépot de

Villar d'Arêne. (échelles diverses). D'après: 1: Müller, Gap 1991; 2, 3, 5 à 7, 9 à 12: Courtois 1960; 4:

Haussmann 1995; 8: Bataille 1964.

ensuite à celle des Gaulois. Ces peuples nomades, toujours bien armés et que l'on soupçonne être

belliqueux, pratiquaient une économie pastorale et utilisaient largement le cheval alors que celui-

ci n'était qu'un symbole de prestige à la période précédente. Vont se trouver en présence, peut-

être s'affronter, deux modes de vie fort différents: l'agriculture sédentaire implantée depuis des

millénaires s'opposera à l'élevage nomade de cavaliers qui affectionneront les terres herbeuses et

105

de relief adouci. Cette opposition économique se traduira aussi par des comportements sociaux et

politiques différents qui transparaîtront dans les Alpes du Nord. Surtout dans la partie septentrio-

nale de l'avant-pays, en particulier le Plateau savoyard et le Nord-Dauphiné, la densité du peu-

plement semble diminuer aux VIIIe/VIIe siècles, ce qui pourrait n'être qu'une impression due à la

précarité de l'habitat des nomades qui laisse peu de vestiges. Mais la population a pu aussi réel-

lement baisser: les ethnologues en Afrique ont bien étudié chez les paysans cette constante qu'il

n'est de "richesse que d'homme" car il faut des bras pour travailler la terre; par contre chez les

106

pasteurs le comportement est différent, les pâturages ne permettant qu'un troupeau limité donc un

nombre restreint de bouches. C'est pourquoi un éleveur sait aligner son taux de fécondité sur ce-

lui de son cheptel, phénomène qui disparaît quand il se sédentarise ou s'incorpore dans une so-

ciété agricole.

Fig. 34. Premier âge du Fer (First Iron Age). env.700 à 450 av. J.C.

Matériel hallstattien-1: épée de Gundligen, Mirabel-aux-Baronnies, Drôme; 2: coupes St-Férreol-

Trente-Pas, Drôme; 3: coupe, Chabestan, Hautes-Alpes; 4: Coupe, Seyssinet, Isère; 5: disque ventral, Tal-

loires; 6, 7 et 9: bracelet, fibule à timbale et plaque estampée, Gruffy; 8: cuirasse, Fillinges; 10: bracelet-

tonneau, la Tour, Haute-Savoie; 11 et 15: coupe à décor de barbotine et urne à décor incisé, Sainte-Co-

lombe, Hautes-Alpes; 12 et 13: urne à décor incisé et urne pseudo-ionienne, le Pègue, Drôme; 14: poi-

gnard, Chabestan, et 16, urne à décor gravé, la Faurie, Hautes-Alpes. D'après: Bocquet 1991

Matériel italique- 17: coupe ionienne (VIe siècle), le Pègue, Drôme; 18: situle, VIe siècle, la

Côte-St-André, Isère, 19, hache à ailerons villanovienne (VIIe siècle), Etrembières; 20: fibules est-italiques

(VIIe/VIe siècle), Habere-Lullin, Haute-Savoie; 21: cruche est-italique (VIIe siècle), Chavignières, Hautes-

Alpes; 22: fibule a sanguisuga (VIIIe/VIIe siècle), Jussy, Haute-Savoie. (échelles diverses). D'après:

Bocquet 1976 et 1991.

107

Les changements climatiques successifs

Nous avons déjà parlé de la péjoration climatique qui commence au début du VIIIe siècle

(Goeschen I A). Une rémission vers 650 av. J.C.271 correspond au début de l'expansion du peupl-

ement et de la richesse dans les massifs internes; cette amélioration a eu une influence bénéfique

sur les ressources des montagnards et la durée de l'ouverture des cols. Puis le climat se dégrade à

nouveau un siècle plus tard (Goeschen I B), au moment de l'abandon de l'utilisation des grands

cols au profit de la voie du Rhône vers Marseille, comme nous le verrons plus loin. Les deux phé-

nomènes, climat et modification des axes de transit, sont-ils liés? ce serait tentant de le penser.

L'originalité de la civilisation alpine à l'intérieur des massifs internes

Archéologiquement la différence est nette entre l'avant-pays (piedmont et massifs préal-

pins) où les matériels ou les rites des arrivants préceltiques et celtiques se diffusent parmi les in-

digènes et les massifs internes qui acquièrent des caractéristiques spécifiques où ces influences

sont mineures, formant le début de la civilisation alpine.

Voici quelques constantes propres aux Alpins des massifs internes tout au long de l'âge du

Fer. Les tombes (Fig. 36-A) sont des inhumations plates entourées de petites dalles ou de gros ga-

lets souvent remplies par de volumineux cailloux272, ceci de la Savoie à l'Ubaye comme sur le

versant italique des Alpes. Des corps, parés parfois de centaines de bracelets et de perles d'ambre,

étalent une magnificence et une richesse jamais vues jusqu'alors. Cette richesse subira des fluc-

tuations, dans le temps comme dans l'espace suivant les régions, en rapport avec les mouvements

géopolitiques européens et les évolutions locales comme on le verra.

La métallurgie et l'usage du fer sont inconnus dans les Alpes internes et les rares objets de

ce métal sont de types hallstattiens ou gaulois donc toujours importés; par contre la métallurgie

du bronze est florissante, originale et de bonne qualité, chaque vallée ayant ses propres goûts

donc ses propres productions. Parmi des milliers d'objets aucune arme n'existe à l'Est du Sillon

alpin tant en Savoie qu'en Dauphiné; c'est assez extraordinaire à des périodes que l'on suppose

agitées mais les Alpins en avaient-ils besoin, protégés par le relief et la répulsion que celui-ci

devait inspirer aux gens des plaines? Ceci n'a pourtant pas empêché la résistance opposée à

Hannibal décrite par les historiens antiques; la défense du territoire et des passages obligés en

montagne a dû être assurée par des moyens simples mais efficaces.

271 Suffisamment intense pour permettre la mise en place de vignobles en Lombardie du Nord 272 Mais ce n'est pas un tumulus, tout au plus une marque extérieure signalant la tombe

108

Fig. 35. âge du Fer, Tombes ou nécropoles de type alpin du VIIe au IIe siècles

1- Groupe Maurienne-Tarentaise

2- Groupe Rochefort-Oisans

3- Groupe Champsaur-Briançonnais

4- Groupe Queyras-Ubaye

109

Fig. 36. âge du Fer alpin, productions régionales du VIIe au IIe siècles (Alpin Iron Age).

A- Tombe alpine en coffre de lauzes - Saint-Sorlin-d'Arves. D'après: Piccamiglio 1990

110

B- Maurienne et Tarentaise- 1 et 4: bracelets en "roue dentée", Saint-Jean-de-Maurienne; 2: bra-

celet à bossettes, Montdenis; 3: fibule à tablette, Saint-Sorlin-d'Arves; 5: crotales ovoïdes, Albiez-Mon-

trond. D'après Bocquet 1991

C- Rochefort-Oisans- 1 à 3: bracelets à décor incisé, Mont-de-Lans, Ornon, Seyssinet, Saint-Mi-

chel-les-Porte. D'après Bocquet 1969

D- Queyras et Ubaye- 1: bracelet-spirale, Jausiers; 2: pendentif, Guillestre; 3: fibule à disque,

Ubaye; 4: fibule, Jausiers; 5: bouton et bouton en barette, Saint-Paul et Guillestre; 6: bracelet avec crotale

piriforme, Guillestre; 7: bracelet à bossettes, Jausiers; 8: bracelets incisés formant brassard, Sisteron.

(échelles diverses). D'après Bocquet 1991.

HALLSTATT ANCIEN env. 700 à 550 av. J.C. (Fig. 33 à 37 et 41)

A partir du VIIIe siècle, le monde hallstattien et l'Italie augmentent leurs échanges: attraits

du mode de vie fastueux et des produits de luxe pour les uns, besoin de matière première (cuivre,

étain, ambre, produits agricoles, etc.) et de débouchés commerciaux (vin, bijoux, vases en bronze

ou en céramique, etc.) pour les autres. L'expansion hallstattienne, dans sa marche vers les rivages

méditerranéens en contournant les Alpes par l'Ouest, imprégnera l'avant-pays; en même temps

elle contrôlera les voies et les cols vers l'Italie, indispensables au trafic commercial entre occi-

dent et monde antique avant la création des comptoirs de Méditerranée occidentale par les Grecs,

au début du VIe siècle.

Le courant hallstattien pénétrera les Alpes suivant des modalités différentes. Les zones de

piedmont, au relief adouci, en présenteront une imprégnation diffuse; les agriculteurs semblent

avoir un peu déserté ces régions laissant aux pasteurs les libres espaces ouverts du Plateau sa-

voyard où le climat plus humide du début du Sub-Boréal favorisait la croissance des pâturages.

Dans le coeur des Alpes, les Hallstattiens auront besoin des voies ouvertes vers l'Italie au cours

des époques antérieures, voies tenues par les montagnards. Le contrôle des axes et des cols de

Maurienne, de Tarentaise, de l'Oisans, de l'Ubaye et du Guil s'effectuera sans occupation du ter-

rain contrairement à celui de la moyenne Durance et du Buech vers le col du Mont-Genèvre qui

véritablement colonisé.

Le fer sera encore peu utilisé, pour quelques bijoux et quelques outils ou armes, et il

n'existe aucune preuve de sa métallurgie; le métal affiné devait provenir d'ailleurs (France de

l'Est, Suisse?). Les analyses du Pègue montrent que le fer hallstattien tardif ne provient pas de la

région, qu'il est plus pur et plus dur que le fer gaulois élaboré plus tard à partir des minerais lo-

caux. Les plus anciens outils en fer sont des haches à douille, nous l'avons vu, placées à la fin de

la période (VIIe ou VIe siècle?).

111

Fig. 37. Age du Fer alpin, éléments importés du VIIe au Ier siècle (Alpin Iron Age).

A- Maurienne et Tarentaise- Hallstatt - VIIe et VIe siècles: 1: bracelet-tonneau, Montdenis; 2:

fibule à bouclettes, Saint-Jean-de-Belleville; 3: fibule à timbale, Saint-Jean-d'Arves; la Tène: 4: fibule lon-

gue (IIIe siècle), Saint-Jean-de-Belleville; 5: fibule de Nauheim (Ier siècle), Lanslevillard; 6: torque à tam-

pons (IVe siècle), Villarodin; 7: fibule à cabochon (IVe siècle), Villette; 8: bracelet (IIIe siècle), Saint-Jean-

de-Maurienne; Italique: 9 et 10: fibule à côtes Golasecca et chainettes-pendeloque (VIIe/VIe siècle),

Montdenis; 11: fibule a sanguisuga (VIIe siècle), Villarodin; 12: fibule Golasecca (IVe/IIIe siècle), Lansle-

villard; 13: rasoir villanovien (VIIe siècle), Pralognan, Savoie.

112

B- Rochefort-Oisans- Hallstatt - VIIe et VIe siècles: 1 et 3: bracelet de fer et bracelet creux,

Varces; 2: bracelet en lignite, Saint-Paul-de-Varces. Italique: 4: pendeloque est-italique (VIIe siècle), la

Motte-d'Aveillans; 5: fibule a sanguisuga (VIIe siècle), Oisans; 6: chainettes-pendeloque Golasecca

(VIIe/VIe siècle), Ornon, Isère.

C- Queyras et Ubaye- Hallstatt: 6: Bracelet à boule, région de l'Ubaye; la Tène: 9 et 12: fibule

longue et fibule de Munsingen (IIe et IVe siècles), Guillestre et Saint-Paul; Italique: 1: plaque à protome

d'oiseau est-italique (VIIe siècle), région de l'Ubaye; 2: fibule à protubérance est-italique (VIIe/VIe siècle),

Saint-Paul; 3: fibule type Halsau-Regelsbrunn (VIIe siècle), région de l'Ubaye; 4 et 5: agrafes de ceinture

Golasecca (Ve/IVe siècle), Guillestre et Jausiers; 7: pendeloque en panier Golasecca (IVe/IIIe siècle),

Guillestre; 8: fibule Golasecca (Ve siècle), Meyronnes; 10: fibule à cabochon type Tessin (IIIe siècle) et

11: fibule Certosa tessinoise (Ve/IVe siècle), région de l'Ubaye. (échelles diverses). D'après: Bocquet

1991, Willigens 1991 et von Eles 1968.

L'avant-pays

La hallstattisation de la partie Nord de la région semble plus tardive que celle de la partie

Sud, contemporaine de celle du Languedoc à partir du VIIIe siècle. Les premiers éléments pure-

ment hallstattiens sont les épées de bronze à soie plate (Fig. 34, 1) qui révèlent une présence mili-

taire, à la fin du VIIIe siècle, tout le long du couloir rhodanien en direction du Midi, particulière-

ment dans les Baronnies273. Les importations italiques dans l'avant-pays datées de la fin du VIIIe

et du début du VIIe siècle, proviennent d'Italie centrale ou orientale274 et peu de la sphère nord-

alpine275. Comme nous l'avons vu au chapitre précédent, il est difficile de faire la part chronolo-

gique entre ce qui revient à la fin de l'âge du Bronze et celle du début du Premier âge du Fer.

La région de la moyenne Durance et du Buech subit une véritable colonisation par des

communautés hallstattiennes arrivées probablement depuis la vallée du Rhône par le col de Saul-

ce276et qui s'implanteront dans le Midi à l'Ouest du Rhône: en effet le mobilier du tumulus 5 de

Chabestan a une saveur voisine de celui de certains tumulus de Mailhac et du Languedoc277. La

nécropole tumulaire installée à la fin de l'âge du Bronze sur la terrasse du Buëch à Chabestan

prend alors de l'ampleur et d'autres essaiment aux alentours278. La route du Mont-Genèvre est

ainsi contrôlée par une aristocratie hallstattienne riche qui échange avec l'Italie279 en prenant

vraisemblablement la suite de celle qui dominait à la fin de l'âge du Bronze pour les mêmes rai-

273 De type de Gundlingen à Crémieu (Isère), La Laupie, Châteauneuf-de-Bordette, Mirabel-aux-Baronnies, Chateauneuf-de-

Bordette, La Rochette-du-Buis (Drôme). A remarquer l'absence du type de Mindelheim . 274 Hache villanovienne d'Etrembières (Fig. 34, 19), les fibules adriatiques à protubérances d'Habère-Lullin en Faucigny (Fig. 34,

20) et de Lus-la-Croix-Haute entre Buech et Trièves; celles a sanguisuga et serpentiforme d'Italie centrale à Jussy (Haute-Savoie)

(Fig. 34, 22), à Moirans au débouché de la cluse de Voreppe et à Saint-Alban-Leysse près de Chambéry. 275 Céramique Golasecca à Seyssinet près de Grenoble 276 Voie marquée par un tumulus avec cheval à Rosans 277 Cazevieille, Causses de Blandas et de Montardier, etc. avec les urnes à col évasé, le poignard et les rasoirs en bronze 278 Rosans, Aspres-sur-Buech, Aspremont, Chavignières, Fressinières, Serres, Ventavon, Ancelle,la Batie-Vieille, etc. 279 Cruche d'Italie orientale à Chavignières (Fig. 34, 21), bassins à bords perlés de Serres, poignards de Chabestan (Fig. 34, 14), de

Ventavon et de Chavignières

113

sons commerciales. Mais la présence hallstattienne en fond de vallée n'empêche pas des

"indigènes" d'habiter les coteaux ou les vallons environnants et d'acheter les armilles hallstattien-

nes qui abondent dans leurs tombes plates entourées de pierres, suivant la tradition alpine280 que

l'on verra.

Les massifs internes

A l'intérieur des massifs internes du Nord et du Sud il n'y a pas installation de "colonies"

hallstattiennes, seulement une présence rare et épisodique parmi les Alpins dont les activités

agro-pastorales s'intensifient, comme l'indiquent les pollens de céréales dans la tourbière de la

Soie en Maurienne à partir des VIIIe/VIIe siècles.

- La haute vallée de l'Isère est marquée par un seul tumulus aux Allues et l'Arc par un tu-

mulus à incinération à Villarodin-Bourget; là, la présence de galène "votive" dans le mobilier fu-

néraire hallstattien n'est pas fortuite car la tombe se trouve au pied d'une mine de plomb argenti-

fère placée en altitude et pourrait être celle d'un responsable de l'exploitation.

- Au Sud de Grenoble le plateau de la Matheysine, autour de la Mure à 1000m d'altitude,

possédait quelques tumulus avec des pendeloques venues du Picenum, en Italie orientale, datées

du VIIe siècle comme les bracelets hallstattiens en tube de bronze. Ces vastes espaces déboisés et

battus par le vent ne devaient pas rebuter les pasteurs et le contrôle de la voie du col du Lautaret

en formation n'est certainement pas étrangère à leur présence. En effet la fibule a sanguisuga ita-

lique de Bourg-d'Oisans signifie que cette route est déjà ouverte mais celle-ci sera encore mieux

documentée, donc plus fréquentée, durant le siècle suivant.

- Dans la vallée du Guil quelques Hallstattiens ont laissé aussi un seul tumulus à Ristolas

placé significativement au pied du col de la Croix, sur une voie vers l'Italie, mais ni le reste du

Queyras ni l'Ubaye ne possèdent de vestiges ou de mobilier du Hallstatt ancien.

Ces très rares tumulus installés sur les routes principales vers l'Italie datent du début de la

période et ne semblent plus utilisés au VIe siècle. C'est un fait important qui traduit l'évolution

des rapports entre Alpins et Hallstattiens: ceux-ci ne pénètrent plus dans l'intérieur des Alpes une

fois que l'organisation technique et humaine du trafic fonctionne à leur convenance. Par la suite,

seuls des bijoux attestent la persistance des contacts entre gens des plaines et gens de la monta-

gne et s'il y a eu persistance du contrôle par les Hallstattiens, leur présence permanente n'était

plus nécessaire, d'autant que la vie en haute montagne ne devait pas satisfaire leur économie liée

280 A Veynes, Aspres-sur-Buech, la Batie-Montsaléon, Chateauroux, Crots, Lazer, Tallard (Hautes-Alpes), etc

114

aux grands espaces. Dans les Hautes-Alpes, à des altitudes plus faibles sur les larges terrasses

herbeuses des rivières, cela sera bien différent.

Du trafic commercial les Alpins conservent pour leur usage quelques pièces provenant

d'Italie orientale281, centrale282 et aussi de Golasecca283 pour la Maurienne et l'Oisans, ce qui tra-

duit de bons contacts avec les Alpins italiques et pas seulement avec les premiers Etrusques; ce

phénomène est nouveau que celui des échanges à l'intérieur même des communautés installées

sur une bonne partie de l'arc alpin et qui avaient atteint ensembles de hauts niveaux de vie, vrai-

semblablement pour des raisons identiques.

HALLSTATT FINAL ET LA TENE ANCIENNE I env. 550 à 400 av. J.C. (Fig. 34 à 38 et

41)

La puissance étrusque s’accroît en s'implantant dans la plaine du Pô et l'échiquier politi-

que et économique autour des Alpes s'en retrouvera bouleversé. Les premiers "raids" gaulois au

début du Ve siècle dans l'avant-pays ne modifieront en rien la vie dans les zones alpines. Un

changement se constatera seulement au moment de l'invasion gauloise de la plaine du Pô, au dé-

but du IVe siècle.

L'avant-pays

- Dans le massif de Crémieu la colonie hallstattienne qui a pris la suite des "princes" du

Bronze final, est en contact avec les Etrusques284 aux VIe et Ve siècles. La région se prêtait aux

déplacements des troupeaux et de plus le massif constitue une forteresse naturelle placée à l'inter-

section des grands axes est-Ouest et Nord-Sud285. L'oppidum de Larina, Hières-sur-Amby, reçoit

du Midi des amphores massaliotes, de la céramique pseudo-ionienne et de la "grise mono-

chrome". Plus au Sud, dans la plaine de Bièvre-Valloire à la Côte-Saint-André, un grand tumulus

contenait un char cultuel, dont l'origine des roues en bronze a déjà été expliquée, portant bassin

et situle italiques datés du VIIe/VIe siècle (Fig. 34, 18).

- Au VIe siècle, l'avant-pays savoyard connaît une "hallstattisation" dont l'origine se

trouve vraisemblablement sur le Plateau suisse et au pied oriental du Jura. Les bords du lac Lé-

281 La Motte-d'Aveillans (Isère) au sud de Grenoble (Fig. 37-B, 4) et en Ubaye (Fig. 37-C, 1 à 3) 282 Aux VIII-VIIe siècles, rasoir villanovien à Pralognan en Tarentaise, fibule à Bourg-d'Oisans (Fig. 37-B, 5) (Isère) et Guillestre

en Queyras 283 Fibules et chaînettes à Villarodin, Saint-Jean-de-Maurienne, Saint-Julien-Montdenis en Maurienne et Ornon en Oisans (Fig.

37-B, 6) 284 Vases en bronze et en céramique 285 Suisse méridionale-couloir rhodanien et voie du couloir rhodanien serpentant au pied des contreforts alpins et jurassiens

115

man et de l'Arve286 possèdent des sépultures (tumulus ?) avec fibules, brassards-tonneau ou paru-

res ventrales; dans le bassin d'Annecy il y a des tumulus et des sépultures non précisées287. Rap-

pelons que dans ces deux régions il y a des ressources en cuivre, mais y a-t-il un lien entre pré-

sence hallstattienne et minerai?

- Ailleurs dans l'avant-pays quelques gisements ont des niveaux datés typologiquement de

cette période avec du matériel indigène, preuve de la continuité de l'occupation; les éléments ty-

piquement hallstattiens y sont encore très rares288. Par contre le Pègue, dans le Sud de la Drôme

et magistralement étudié par C.Lagrand, constitue le site le plus riche en enseignement: la colline

Saint-Marcel est occupée par une population indigène très fortement influencée ou dominée par

les Hallstattiens qui en font une base de commerce avec Marseille dès la deuxième moitié du VIe

siècle. Le Pègue va se faire une spécialité dans la production de céramique "pseudo-ionienne"

dont la décoration s'inspire des motifs géométriques indigènes en usage (Fig. 34, 12, 13 et 17); sa

fonction d'habitat et de centre artisanal sera complétée au Ve siècle par une activité religieuse ou

cultuelle comme en témoignent les nombreuses stèles réemployées plus tard dans des murs gau-

lois.

- Au VIe siècle sur la moyenne Durance, les Hallstattiens abandonnent le commerce di-

rect transalpin avec l'Italie au profit des échanges transitant par le Midi méditerranéen. Sainte-

Colombe, près du Buech, village accroché à la pente, offre l'exemple du mélange des matériels et

des traditions indigènes et hallstattiens comme l'a démontré J.C Courtois; cette communauté

noue des liens tant avec la Franche-Comté et la haute Seine289 qu'avec les comptoirs de Marseille

qui lui fournissent céramiques phocéennes, étrusques et grecques au cours du VIe siècle.

L'avant-pays alpin et la moyenne Durance font partie de la mouvance hallstattienne et par-

ticipent aux échanges à l'intérieur même de ce monde; les paysans autochtones font preuve de

peu d'originalité avec une céramique banale, souvent difficile à reconnaître, et ils se fondent dans

un nouveau type de société. La métallurgie du fer n'y est pas attestée et c'est très récemment que

des fours ont été reconnus dans une vaste agglomération à Lyon-Vaise qui commerçait avec Mar-

seille et où se fabriquaient de petits outils.

-Au Ve siècle les Gaulois, vers 480 av. J.C., détruiront les places fortes290 ainsi que des ri-

ches villages bien intégrés dans le système hallstattien et dans le commerce avec Marseille

286 Chens, Anthy-sur-Léman et la Tour (Fig. 34, 10) 287 Gruffy avec un tumulus de 30m de diamètre (Fig. 34, 6 à 9), Pringy, Quintal, Menthon, Saint-Ferréol 288 Chastel-Arnaud, Sainte-Croix, Francillon en Diois; Choranche et Rencurel (Isère), au coeur du Vercors, etc. 289 Céramique "vixienne" aux décors géométriques à la barbotine, fibule ornithomorphe, etc. (Fig. 34, 11 et 15) 290 Soyons sur la rive droite du Rhône et le Pègue avec des trace d'incendie

116

comme le Pègue et Sainte-Colombe qui seront abandonnés. Dans le Nord de l'avant-pays sa-

voyard, les indigènes subiront aussi les nouvelles influences et la domination gauloise: dans la

région d'Annecy il y a continuité dans l'utilisation des tumulus hallstattiens à Gruffy qui reçoivent

des sépultures de soldats gaulois. Le casque des Avenières, sur le Rhône à côté du massif de

Crémieu, et la tombe de Saint-Laurent-en-Royans291 signalent la présence de soldats dès le Ve

siècle en Nord-Dauphiné et au pied occidental du Vercors; mais rien encore ne permet de suppo-

ser une implantation gauloise autre que celle de garnisons armées.

Les massifs internes (Fig. 35 et 36)

C'est à partir du VIe siècle que s'individualisent nettement les grandes "provinces" alpines:

Maurienne-Tarentaise, Oisans-Rochefort et Queyras-Ubaye; le Champsaur-Briançonnais ne pré-

sente pas une forte identité étant très ouvert sur les Hallstattiens du Gapençais (Fig. 35). L'origine

doit s'en trouver dans les activités liées au trafic intense entre le couloir rhodanien et l'Italie par

les cols alpins et aussi dans l'exploitation des ressources naturelles et agricoles292. Vente et por-

tage des marchandises sur des chemins qu'ils connaissaient bien, ont procuré de bonnes rémuné-

rations: un dynamisme jusqu'alors inconnu prend naissance qui aura un développement excep-

tionnel à l'intérieur des Alpes293.

-En Savoie les Hallstattiens continuent leurs rapports avec les Alpins, de la moitié du VIe

au début du Ve siècle, avec des intensités variables suivant les régions. En effet cette période voit

surtout l'extension et l'apogée de la richesse du groupe de Maurienne-Tarentaise avec la création

d'un artisanat local original, abondant et varié294. Ces productions sont complétées par quelques

bijoux295 issus de la sphère occidentale296 et par l'ambre venu de la Baltique à travers les cols

italo-helvétiques avec le relais de la sphère de Golasecca. Mais plus aucun matériel n'arrive de

l'Italie étrusque.

Ce développement correspondant à celui qui affecte aussi la zone de Golasecca est lié aux

échanges; en Savoie on est en droit d'évoquer les mêmes raisons qu'en Italie pour expliquer une

richesse induite par le trafic transalpin. Mais R.Peroni attribue l'éclat de l'aire de Golasecca au

VIe siècle, au moins autant à la qualité de son peuplement qu'au commerce avec les Etrusques;

l'archéologie des vallées savoyardes ne s'oppose pas à cette opinion car c'est seulement bien après

291 En inhumation plate et épée ployée 292 Exploitation du sel, du cuivre, du plomb et probablement aussi de l'argent 293 Pas seulement dans les Alpes occidentales françaises mais aussi dans les régions alpines plus orientales 294 Bracelets en "roue dentée", crotales ovoïdes, fibules à tablette, etc. (Fig. 34-B) 295 Armilles, fibules, brassards-tonneau (Fig. 37-A, 1 à 3), etc. 296 Bourgogne, Franche-Comté, Suisse ou Champagne

117

la mise à l'écart et l'isolement des hautes vallées alpines qu'apparaîtra leur appauvrissement cultu-

rel et matériel. Soulignons les remarques de F.Gambari qui décèle dans le Piémont occidental, la

persistance des contacts avec "le monde hallstattien alpin et transalpin" plus nets que ceux d'ori-

gine padane297 ce qui montre l'intensité des échanges intra-alpins allant de pair avec une certaine

homogénéité de culture ou de peuplement.

La Maurienne développe un art des gravures rupestres (Fig. 16) connues depuis peu et les

environs d'Aussois, en particulier, sont d'une richesse exceptionnelle avec leurs nombreuses dal-

les gravées. Des scènes de chasse au bouquetin, activité qui devait être habituelle tout comme

celle de "duels" avec des bâtons faisant encore partie du folklore alpin en Suisse. Par contre les

quelques figurations de cavaliers, parfois casqués et porteurs de lance, pourraient représenter des

soldats que les Alpins devaient voir à l'occasion. De rares scènes de chasse à courre (au loup?)

avec des chiens à Sollières-Sardières, qui ne devaient pas être dans les traditions locales, prouve-

raient que les aristocrates hallstattiens sont montés satisfaire leurs goûts cynégétiques au coeur de

la Savoie où leurs équipages ont frappé l'imagination des autochtones. Cet art est à rapprocher298

des styles IV A à D du Val Camonica datés 1000 à 450 av. J.C. Les études en sont encore à leur

début, d'autant que tous les ans apportent des découvertes nouvelles à F.Ballet et à P.Raffaelli.

Sur le Drac et la Romanche, bien que nettement moins riche, le groupe Oisans-Rochefort

suit la même évolution avec des bracelets indigènes à fausse torsade associés parfois à des brace-

lets hallstattiens de fer et de lignite299. Si la région grenobloise ne connaît pas de véritables éta-

blissements hallstattiennes comparables à celles de l'avant-pays les influences sont pourtant bien

nettes. Les Alpins s'implantent dans l'Oisans autour de la route du col du Lautaret vers la haute

Durance qui est jalonnée par des tombes en coffre de pierre de type alpin, au riche mobilier de

bronze et d'ambre300 avec quelques importations de Golasecca.

Sur le Guil et l'Ubaye, dans le Sud, le groupe du Queyras-Ubaye (Fig. 36-D et 37-C), très

isolé dans ses vallées, possède quelques rares bracelets hallstattiens (Ubaye, Vars, Jausiers), au-

cune fibule et peu d'ambre; cette région a encore peu de contact avec la sphère de Golasecca

contrairement à la Savoie ou à l'Oisans. Une production locale originale se manifeste dans de

lourds bracelets à côtes (à Jausiers) et d'innombrables anneaux étroits décorés d'incisions margi-

297 A Belmonte et Cascina Parisio en Val de Suse, à Castel Vecchio di Testona et dans les peintures rupestres de Monpantero 298 Avec des thèmes semblables de chasse avec chevaux et chiens, guerriers casqués à cheval ou à pied, scènes de chasse diverses,

etc. 299 Nécropoles de Varces, Seyssinet, Sassenage, Saint-Michel-les-Portes (Isère) (Fig. 37-B, 1 à 3) 300 Cette route depuis Grenoble passe par Brie-et-Angonne, Séchilienne, la Mure, Ornon, Venosc, le Mont-de-Lans, le Freynet, la

Grave et les Hières en évitant, par deux fois le long du parcours (entre Séchilienne et Rochetaillé et entre Bour-d'Oisans et le

Freynet), les redoutables gorges de la Romanche

118

nales, empilés pour former des brassards, dont la mode et la fabrication persisteront longtemps

(Fig. 36-D, 8). De l'autre coté de la ligne des crêtes et du col de la Croix, à Crissolo dans la haute

vallée du Pô, des tombes en coffre contenaient des fibules italiques, des bracelets alpins et aussi

des bracelets hallstattiens identiques à ceux que possèdent les tumulus de Chabestan; le versant

italien Est bien incorporé à la province alpine. Les importations italiques se restreignent à la fin

du VIe et au début du Ve siècle301 et se limitent à la sphère Golasecca du Tessin (Fig. 37-C, 4 et

5). Les Alpins du Sud commencent à copier avec exubérance les fibules serpentiformes à disque,

dont ils ont eu connaissance depuis l'Italie, pour créer leurs grandes fibules discoïdes qu'ils por-

taient sur la tête302.

Le commerce (Fig. 37)

Durant cette période, les voies transalpines occidentales ne sont plus fréquentées pour des

raisons liées probablement à des changements de stratégie commerciale et à l'obstacle que les

Etrusques constituent dans le plaine du Pô sans oublier les difficultés nées de la péjoration cli-

matique limitant la durée annuelle de possibilité de passage des cols.

L'arrêt des échanges transalpins entre le monde occidental et l'Italie centrale ou padane n'a

pas de conséquences immédiates. Nous avons vu que la prospérité de la "civilisation alpine" n'est

pas liée seulement au trafic "international" à travers les cols; celui-ci a seulement facilité l'expan-

sion alpine au VIIe et au début du VIe siècle à la faveur d'un climat amélioré et probablement

d'un dynamisme humain peu commun. Les ressources locales doivent être encore exploitées et

même échangées de part et d'autre des Alpes dans un trafic d'intérêt régional: bijoux non alpins,

hallstattiens et italiques, sont associés à ceux fabriqués localement dans les tombes où la richesse

est ostensiblement étalée, témoignage d'un niveau de vie toujours élevé.

Si les Etrusques ont commercé avec le Midi dès le milieu du VIIe siècle ce n'est qu'au

cours du VIe siècle que s'installe un courant vers le Nord par la vallée du Rhône et ses abords303:

à partir de 550 av. J.C., c'est Marseille qui monopolise les échanges entre le monde gréco-étrus-

que et l'Occident. Ce courant avec ses produits de luxe qui remonte vers l'Est de la France, la

301 Fibules tessinoises en Ubaye (type la Certosa) et à Meyronnes (Fig. 37-C, 8 et 11) 302 Voir l'exemple d'une tombe de Guillestre publiée par E.Chantre 303 Le Pègue troque avec Marseille ses productions agricoles contre des céramiques grecques ou phocéennes à partir de 540 av.

J.C.. La puissante colonie hallstattienne de la moyenne Durance acquiert au milieu du VIe siècle des vases phocéens, ioniens et

étrusques (à Sainte-Colombe); La Batie-Montsaléon reçoit un lécythe italo-corinthien au début du VIe siècle.

119

Suisse et le haut Danube304 est trop connu pour qu'il soit nécessaire d'insister. Des pointes de flè-

ches grecques à trois ailerons du VIe siècle en marque la voie305.

Mais au Ve siècle Marseille entrera en crise, à la suite de l'écroulement du système com-

mercial hallstattien sous les coups des premières incursions gauloises; un autre système le rem-

placera près d'un siècle plus tard, quand les Gaulois auront défini d'autres rapports géopolitiques

et économiques avec le monde méditerranéen. La destruction du Pègue vers 480 av. J.C. sera

suivie d'une période obscure et les importations grecques y figureront de nouveau seulement à la

fin du Ve siècle.

LA TENE ANCIENNE II, III ET LA TENE MOYENNE env. 400 à 120 av. J.C. (Fig. 38 à

41)

L'avant-pays

Le Nord de la Haute-Savoie a connu une remarquable implantation gauloise marquée par

les cimetières mis en place tardivement, à la Tène ancienne III306 où les quelques vestiges que

l'on possède de la Tène moyenne307 attestent le plus souvent une présence militaire. Le même

phénomène affecte le massif de Crémieu, en Nord-Dauphiné et au débouché de la cluse de

Grenoble, avec des tombes de guerriers308; ceux-ci ont pénétré jusqu'à la Combe de Savoie309.

Dans plusieurs gisements, outre celui de Hières-sur-Amby, on a reconnu de la céramique gau-

loise, malheureusement ils restent à étudier pour la plupart310 afin mieux comprendre la prise de

possession du territoire et l'évolution du peuplement à partir de la fin du IVe au plus tôt et du IIIe

siècles.

304 Salins, Jura; Mont-Lassois à Chatillon-sur-Seine, Côte-d'Or; Châtillon-sur-Glane, FR, etc. ou la Heuneburg, Bade-Wurtemberg 305 de Châteauroux et Orpierre (Hautes-Alpes), de Siccieu en Nord Dauphiné. La céramique phocéenne a pénétré aussi en Val de

Suse (fouilles A.Bertone, renseignement F.Fedele) 306 Huit cimetières sont goupés sur les trois communes contigües de Douvaine, Nernier et de Chens, près du lac Léman. Bracelets

de Reignier (Fig. 39-A, 4) et de Cruseilles, tombe de soldat à Reignier (Fig. 39-A, 1) (Haute-Savoie) 307 Gaillard, Chens-Vérancy, Rumilly (Haute-Savoie); Traize (Savoie); Rives, Voreppe, Seyssinet (Isère); etc. 308 Tombes de guerriers à Crémieu et Chabons; Rives: incinérations sous tumulus (Fig. 39-B, 4 à 9) avec le rite des épées ployées

comme celle de la Tène ancienne I de Saint-Laurent-en-Royans (Fig. 39-A, 6 et 7); Voreppe: inhumations simples (Fig. 39-B, 1 à

3). On remarquera à Rives un exceptionnel baudrier porte-épée forgé identique à une pièce de Drna en Slovaquie démontrant la

caractère ubiquiste de l'armement 309 A Cruet et probablement à Cléry 310 Seyssinet, Noyarey, Sassenage, la Buisse, Voreppe, Varces, Choranche, Saint-Quentin-sur-Isère, Saint-Etienne-de-Crossey, la

Balme-les-Grottes en Isère; Chaumont, Collonges, Balme-de-Thuy en Haute-Savoie; la Balme, la Biolle, Saint-Alban-Leysse en

Savoie, etc.

120

Cette présence gauloise est-elle en rapport avec la métallurgie du fer? Les preuves direc-

tes, comme des fours, scories, etc., sont très rares311 mais les régions calcaires du Salève et des

monts du Chablais au Nord, du massif de Crémieu et du Royans au pied du Vercors possèdent

abondamment des sédiments sidérolithiques utilisés habituellement par la sidérurgie celtique eu-

ropéenne312. Là encore, comme pour les minerais de cuivre à l'âge du Bronze, on est étonné de la

convergence fréquente entre présence des premiers Gaulois et ressources minérales nécessaires à

la métallurgie.

311 Citons la présence de scories dans des niveaux gaulois du Pègue et les analyses qui ont montré que le fer gaulois, de moins

bonne qualité que le fer hallstattien, a été élaboré sur place à partir des minerais locaux 312 en particulier la limonite des terra rossa dans les sédiments tertiaires

121

Fig. 39. Deuxième âge du Fer (Second Iron Age). env. 450 à 50 av. J.C.

A- la Tène ancienne- 1 et 4: Reignier; 2 et 5: Gruffy, Haute-Savoie; 3 et 7: Saint-Jean-en-Royans,

Isère; 6: Salève, Haute-Savoie.

B- la Tène moyenne- 1 à 3: Voreppe; 4 à 9: Rives, Isère.

C- la Tène finale- 1 à 5: Mépieu, Isère. (échelles diverses). D'après: Bocquet 1991.

Le Sud de l'avant-pays poursuit ses échanges avec Marseille. Au Pègue, les céramiques

grecques sont assez nombreuses au début du IVe siècle mais la deuxième moitié de ce siècle est

la mieux représentée par les apports italiques: pré campanienne et campanienne ont succédé à

l'attique à figures rouges. Campaniennes A et B et amphores massaliotes marquent encore l'im-

portance de l'oppidum de Larina à Hières-sur-Amby; des campaniennes à Sassenage, près de

Grenoble et à Seyssel-Vens sur le haut Rhône jalonnent la route commerciale vers le Nord. Par

contre l'influence phocéenne disparaît de la moyenne Durance, qui semble désertée ou en nette

régression économique, sans qu'on comprenne pourquoi.

122

Figure 40 : les monnaies gauloises

Les massifs internes

Après la conquête de la plaine du Pô vers 390 av. J.C., les Gaulois sont établis de part et

d'autre des Alpes; en Piémont leur empreinte est bien visible au Sud du fleuve Tessin où les con-

tacts avec Golasecca qui se tarissent au IVe siècle, correspondent à une implantation seulement

militaire comme à l'Ouest des Alpes. En Val de Suse, au IIIe siècle, des tombes d'architecture al-

pine contiennent quelques éléments gaulois313 sans que cela signifie forcément une grande activi-

té sur les cols.

313 Chaîne de ceinture de type alpin et fibules gauloises d'origine occidentale dans des tombes féminines à Chiomonte (fouille

F.Fedele) et Villar Dora. Fibules de Oulx et Salbertrand.

123

124

Fig. 41. Schéma des influences et du commerce au cours de l'âge du Fer.

A- VIIe et VIe siècles:

Grosses flèches noires: courant hallstattien. Cercles: zones à tumulus (1: Annecy; 2:Crémieu;

3:Buech-Durance). Grosse flèches rouges: influences italiques. Les cols transalpins sont largement utili-

sés.

B- Ve et IVe siècles:

Grosses flèches noires: courant gaulois. Grosses flèches vides: courant massaliète et italo-grec.

Flèches vertes: influences de Golasecca. Cercles: 1-Groupe alpin de Maurienne-Tarentaise; 2- Groupe

alpin de Rochefort-Oisans; 3- Groupe alpin du Queyras-Ubaye. Les cols transalpins fonctionnent seule-

ment avec Golasecca.

C- IIIe et IIe siècles:

Grosses flèches noires: courant gaulois. Grosses flèches vides: Courant massaliète et italo-grec.

En vert: influence et objets de Golasecca. Cercles: régions alpines encore florissantes 1- Maurienne-Ta-

rentaise, 2- Queyras-Ubaye. Les cols transalpins sont à nouveau ouverts.

En Savoie l'influence de Golasecca314 dans son faciès tessinois continue. La grande nécro-

pole de Saint-Jean-de-Belleville est encore utilisée à la Tène moyenne mais on n'y discerne pas

314 Avec une fibule de Saint-Jean-de-Maurienne du IVe siècle, qui est la dernière attribuable à l'artisanat local disparu

complétement à la Tène ancienne II

125

de matériel caractéristique de la Tène ancienne II et III. Ici seuls des objets typiquement gaulois

illustrent la Tène ancienne III et la Tène moyenne. Encore est-il possible de faire une distinction

entre la Tène ancienne III315 où les fibules de Münsingen proviennent peut-être d'Italie et la Tène

moyenne que ceinture et bracelets de verre316 rapprochent davantage de l'aire occidentale helvéti-

que. Les objets de la Tène ancienne II sont absents à part un torque à Villarodin et les fibules tes-

sinoises. Les cols ont très naturellement été pratiqués puisque chaque versant possède du mobi-

lier gaulois. L'imprégnation gauloise de la Maurienne et de la Tarentaise fut un peu plus marquée

que l'influence hallstattienne si on se fie à la quantité respective des vestiges. Un changement

majeur intervient dans le peuplement marqué par une nette différence avec les VIe-Ve siècles qui

avaient vu fleurir à profusion les productions locales complétées par quelques importations; à

partir du IIIe siècle la population se réduit car le nombre des cimetières et des tombes diminue,

l'artisanat alpin disparaît et la richesse semble quasiment s'éteindre.

La région de l'Oisans-Rochefort, au Sud, est encore plus mal lotie: la rareté des restes la-

téniens montre sa mise à l'écart qui s'accompagne des mêmes conséquences qu'en Savoie.

La vallée de la Durance, vers le col du Mont-Genèvre, a pu servir au trafic mais il en reste

peu de choses: le torque en argent de Freissinières-Pallon (à côté de l'Argentière et de ses mines

d'argent!), spectaculaire copie indigène des modèles gaulois, quelques perles de la Tène moyenne

dans une tombe aux Orres. Dans cette zone qui fut si riche et prospère jusqu'au Ve siècle, la Tène

ancienne II et III et la Tène moyenne n'y sont pratiquement pas représentées. Absence de fouilles,

abandon du pays, crise économique il faudra bien un jour expliquer cet hiatus.

En Queyras-Ubaye, l'empreinte gauloise assez faible se fait sentir tardivement, pas avant

le IIIe siècle. Si les exubérantes productions locales des vallées du Guil et de l'Ubaye vont être

affectées du même déclin que celles de Savoie, ce sera avec deux siècles de retard, seulement au

cours du IIe siècle: en effet, à la Tène moyenne, quelques éléments gaulois sont encore associés à

de splendides et abondants mobiliers funéraires alpins (Fig. 37-C, 9). Les haut-Alpins font preuve

d'une grande richesse et d'originalité dans leurs productions317 au IVe, IIIe et probablement en-

core au IIe siècle. Quelques-uns de leurs bijoux s'exportent parfois fort loin318. Des bracelets

étroits et incisés et des crotales issus du Queyras se retrouvent aussi dans les Alpes internes

(Tarentaise-Maurienne, Oisans-Rochefort) ce qui indique la fréquentation des cols qui relient

315 Villarodin, Villette, Saint-Bon, Saint-Laurent-la-Côte en Tarentaise (Savoie) (Fig. 37-A, 6 à 8) 316 Jarrier, Saint-Sorlin-d'Arves en Maurienne (Savoie) 317 Bracelets en ruban étroit gravés, fibules discoïdes géantes, crotales piriformes, boutons en violon ou en barette, etc. (Fig. 36-D,

2 à 7) 318 En Piémont (Alessandria), sur la Durance (Sisteron), dans les Alpes-Maritimes (Saint-Vallier-de-Thieys), dans l'avant-pays

(Nyons) et jusqu'à Bourges (grandes fibules discoïdes dans des sépultures)

126

entre elles les grandes vallées transalpines du versant occidental. Comme en Savoie, un courant

vient de l'Italie nord-alpine à la Tène ancienne III319. Il est plus difficile de préciser de quel ver-

sant des Alpes sont arrivés les bracelets serpentiformes, les fibules "schéma la Tène II" de

Guillestre ainsi que la mode des ceintures de la Tène ancienne III et moyenne dont les Alpins

imaginent des copies exubérantes et complexes320.

La conquête de la plaine padane par les Romains, vers 220 av. J.C., et le reflux possible

de quelques tribus celtes vers la Gaule transalpine ne se traduit par aucune trace archéologique,

pas plus d'ailleurs que les passages de Bellovèse, vers 390, et d'Hannibal, en 218.

Le passage d'Hannibal

L'itinéraire suivi par l'armée d'Hannibal et ses trente éléphants pour traverser les Alpes a

fait couler beaucoup d'encre et soulevé bien des hypothèses: cols du Mont-Genèvre, du Mont-Ce-

nis, du Clapier, du Petit-Saint-Bernard, etc.? Les textes de Tite-Live et de Polybe se contredisent

souvent mais à notre sens celui de ce dernier serait plus fiable et plus cohérent; il a été écrit

moins de cent ans après les évènements et l'auteur est venu lui-même faire le trajet... L'avantage

d'arriver en Italie chez des "amis" et non dans des populations hostiles sont des considérations

politiques formulées par Polybe qui, jointes à quelques indications topographiques et les distan-

ces notées entre les étapes concordant avec la réalité du terrain, me font préférer le tracé par la

basse Savoie, Chambéry, la vallée de l'Isère et le col du Petit-Saint-Bernard vers le Val d'Aoste.

Les Alpins auraient, dans ce cas, fortement résisté dans les défilés en aval d'Aime en profitant de

la configuration du relief.

L'évolution de la civilisation alpine

La richesse de la civilisation alpine, dont j'ai expliqué les différences suivant les régions,

s'éteint archéologiquement à la fin de la Tène moyenne après la soumission des Allobroges par

Rome. Quelles peuvent être les causes historiques ou économiques du déclin des provinces des

Alpes internes, déclin qui ne s'est pas manifesté en même temps partout: Ve siècle sur la Du-

rance, IVe siècle au Nord en Savoie/Oisans, IIIe-IIe siècle en Queyras/Ubaye.

- Le Briançonnais et la voie du Mont-Genèvre étaient dominés dès le VIIIe siècle par la

présence des Hallstattiens largement implantés dans le Gapençais. Là peu de productions locales

originales, richesse limitée des tombes: les Hallstattiens sont maîtres de la région, de son organi-

319 Fibule de Münsingen de Saint-Paul-sur-Ubaye, Alpes-de-Haute-Provence (Fig. 37-C, 12); fibule tessinoise à cabochon de

l'Ubaye (Fig. 37-C, 10) 320 Jausiers, Guillestre, Orcières-Busansayes en Champsaur, etc.

127

sation et de ses activités. Le trafic s'interrompt au Ve siècle et c'est immédiatement la chute bru-

tale vers une certaine pauvreté et la survie probable des populations dont pratiquement rien ne

nous est parvenu.

- Les Alpins de Savoie avaient organisé eux-mêmes le trafic transalpin sous l'égide et au

bénéfice des Hallstattiens au VIIe siècle dans un contexte climatique favorisant les productions

locales tant pour la subsistance que pour l'exportation. La mise en exploitation des mines de cui-

vre, d'argent ou de sel n'était pas étrangère au développement. Commerce "international" et ac-

tivités régionales sont à la source de l'expansion du peuplement et des richesses étalées dans les

tombes. La cause première du déclin est, bien sûr, la perte du commerce transalpin mais la

persistance des activités qu'il avait induites a permis une "survie dorée" en Savoie pendant plu-

sieurs générations. L'absence de revenus externes et de débouchés à leurs ressources amène

pourtant la régression au IVe siècle.

- La province de l'Oisans-Rochefort a eu une moindre importance à partir du VIIe siècle

sur la route du col du Lautaret entre le bassin de l'Isère et celui de la Durance. Son éclat ne fut

pas très marqué et son sort est lié à celui de la haute Durance et au col du Mont-Genèvre. Par

contre elle reçut longtemps du matériel de parure en provenance du Queyras.

- Le Queyras et l'Ubaye n'ont pas été traversés par un intense courant commercial entre

les deux versants; les cols n'ont eu qu'un intérêt local. La richesse et l'extension progressive du

peuplement, par de multiples communautés occupant tous les espaces habitables à partir des

VIIe/VIe siècles, sont dus plus à une dynamique régionale qu'à des facteurs extérieurs. C'est ce

qui explique la persistance tardive d'un haut niveau de vie dans un contexte général peu favora-

ble, entre les IVe et IIIe/IIe siècles.

LA TENE FINALE env. 120 à 50 av. J.C. (Fig. 38 à 41)

Les historiens de l'Antiquité nous renseignent sur la défaite des Allobroges en 121 av. J.C.

dans la vallée du Rhône et sur leurs révoltes successives. L'archéologue est toujours étonné d'ap-

prendre que les armées comportaient plusieurs dizaines de milliers de combattants, ce qui sous-

tend une population dense alors que les vestiges sont rares et clairsemés, très sûrement par ab-

sence de recherches321.

Le massif de Crémieu en Nord-Dauphiné continue d'être une région d'un grand intérêt

près des gués sur le Rhône. Il fut occupé par des communautés et des troupes: le tumulus à char

321 Les décapages effectués lors des travaux autoroutiers livrent actuellement de nombreux restes de la Tène tardive

128

de Vernas montre un personnage de haut rang accompagné de riches accessoires et armes en fer

dont la technique est parfaitement maîtrisée; cette tombe est proche de l'oppidum de Larina à

Hières-sur-Amby où abondent les céramiques peintes ou gravées et lieu d'un gros dépôt votif

d'ustensiles domestiques usuels. La présence d'oxydes de fer dans les calcaires du massif322 peut

conforter l'attrait que les Gaulois ont eu pour cette région en facilitant une sidérurgie locale. Les

tombes de guerriers dans les environs323 confirme cet intérêt stratégique et économique du Nord

Dauphiné dont les vestiges sont comparables en qualité et en chronologie à ceux de l'importante

cité gauloise de Vienne sur le Rhône.

Toujours dans le domaine défensif, les oppidums sont mieux connus au Nord de la Haute-

Savoie par les travaux de P.Broise324. Il est possible que la frontière entre Allobroges et Helvètes,

tribus belliqueuses, soit la cause de leur nombre; de toute façon ce territoire a dû être très celtisé

quand on considère la quantité de toponymes et d'hydronymes en "nant" (ruisseau, torrent en gau-

lois) qui sont conservés aujourd'hui. Quelques autres parsèment le reste des Alpes du Nord325.

La comparaison avec d'autres régions laisse supposer des activités agricoles et commer-

ciales avec création de grandes exploitations et de bourgades près des gués, des ponts, en des

points-clés de contrôle des communications326. La littérature gréco-latine fait état de la haute

qualité et de l'abondance des armes en fer allobroges dès le IIIe siècle, ce qui a permis de réarmer

des troupes après leur écrasement faisant suite aux soulèvements successifs de ce peuple belli-

queux. Nous attendons que les recherches viennent confirmer les textes en livrant les ateliers ou

les forges...

A peine illustré dans l'avant-pays, le Ier siècle offre peu de chose dans les massifs alpins:

des tombes à Lanslevillard et une fibule à Sollières au pied des cols de la zone du Mont-Cenis; en

Oisans un bracelet à Mont-de-Lans et une bague à La Motte-les-Bains. Villar d'Arêne en Oisans,

Barcelonnette et Méolans en Ubaye, Exilles dans le haut Val de Suse portent des noms gaulois

indiquant une organisation ou un contrôle du territoire par l'implantation de villages ou la celtisa-

tion de ceux qui existaient.

322 Encore en exploitation au siècle dernier... 323 A Creys-Mépieu (Fig. 39-C), Optevoz, Saint-Jean-de-Soudain, Genas et Bourgoin 324 Genève en rive gauche du Rhône, Champanges, Allonzier, Chevrier, Collonges, Dingy-Vuache, Dingy-Saint-Clair, Monnetier-

Mornex, Passy, etc. 325 Saint-Alban-Leysse près de Chambéry; en bas Dauphiné à Plan, Poliénas (Mont-Verdun) et Moirans au débouché de la cluse

de l'Isère; Varces au sud de Grenoble; au Pègue, Nyons et Vercoiran dans le sud de la Drôme; dans les Hautes-Alpes à Embrun et

Briançon sur la Durance, etc 326 On connaît, par quelques vestiges ou par la toponymie, les bourgs de Seyssel sur le Rhône, d'Yvoire sur le lac Léman, Annecy-

les-Fins (Boutae), Aix-les-Bains, Chindrieux entre Rhône et lac du Bourget, Conflans à la sortie de la Tarentaise, Barraux ("Bar" la

forteresse) en haut Grésivaudan, Grenoble, Le Plan, Varces et Voiron en Isère, Chorges et la Batie-Neuve près de Gap, la Bâtie-

Montsaléon et Chabestan près du Buech, etc...

129

Les voies, tracées ou esquissées au cours des millénaires antérieurs ont dû se fixer et

s'améliorer. Un exemple est donné avec la route préromaine qui permettait d'éviter le fond de la

vallée entre Saint-Quentin-sur-Isère et Grenoble, au pied des falaises du Vercors en rive gauche

de l'Isère: elle fut appareillée en très gros blocs et pourvue de solides murs de soutènement.

Il est probable que les mines d'argent, déjà mises en exploitation au premier âge du Fer en

Savoie interne327, ont contribué à la richesse des Allobroges, permettant la fabrication de leur

monnayage spécifique; la carte de répartition de ces monnaies (Fig. 40) démontre que les Alpins

des massifs centraux n'en possédaient pas; soit ils n'étaient pas suffisamment celtisés soit leurs

echanges n'étaient pas encore fondés sur la monnaie. Même s'ils fournissaient le métal précieux,

ils devaient être rémunérés de leur travail d'extraction par d'autres marchandises plus tradition-

nelles. Par contre de nombreux points de découverte de monnaies entre la vallée du Rhône et le

col du Mont-Genèvre jalonnent la voie vers l'Italie; cette route était donc ouverte au trafic trans-

alpin et peut-être était-elle la seule à la fin de l'époque gauloise si, comme au Moyen-Age, la

monnaie ne diffusait guère hors des grandes voies d'échanges.

Les Gaulois et les Alpins

La celtisation des Alpes du Nord a eu le même but et sensiblement a suivi les mêmes pro-

cessus que la "Hallstattisation", c'est à dire la prise de contrôle d'un territoire: installation de pla-

ces fortes aux points stratégiques et commerciaux dans l'avant-pays, troc avec les habitants des

massifs internes. Cette occupation fut marquée dès la fin du Ve siècle par des garnisons et elle

s'est affermie jusqu'à la fin du IIe siècle sans être une véritable colonisation de peuplement mais

seulement une emprise à dominante militaire, probablement destinée à protéger leur organisation

administrative et/ou commerciale du pays.

La domination gauloise qui s'est manifestée par des changements techniques avec la diffu-

sion et la banalisation du fer pour l'outillage domestique et agricole, n'intervint qu'au cours du IIe

et Ier siècles av. J.C.328. L'évolution des structures économiques, sociales et agraires, la mise en

place d'un urbanisme sont liées généralement à la colonisation plus tardive que dans d'autres ré-

gions, l'Est de la France et Suisse occidentale en particulier. Nous avons vu que la métallurgie

avait pu se développer autour des oxydes de fer abondants dans tout l'avant-pays. Des prospec-

tions et des études sur tous ces points sont nécessaires pour illustrer et mieux comprendre cette

époque qui, paradoxalement, est bien mal connue pour être si proche de nous.

327 Bagues en argent dans le mobilier de quelques tombes et galène argentifère dans le tumulus de Villarodin 328 On connait celui du massif de Crémieu; il y en eut probablement dans d'autres: régions d'Annecy, de Genève, Gapençais, etc.

130

Polybe note que les populations alpines sont différentes de celles des vallées du Rhône et

du Pô et pour Strabon il est clair que "la Gaule cisalpine est habitée par des nations ligures et des

nations celtiques; celles-là demeurant dans les montagnes, celles-ci dans les plaines"; on peut

admettre qu'il en était de même pour le versant français des Alpes. Tite-Live précise que les Al-

pes occidentales n'étaient pas peuplées de Gaulois mais d'autochtones, que les contacts entre Al-

pins et Celtes étaient fréquents car "les Gaulois sont fort peu éloignés par leur langue et par leurs

moeurs de ces montagnards". Les données archéologiques alpines dont j'ai souligné l'originalité

des productions métalliques, les rites funéraires spécifiques et d'autres particularités s'accordent

ainsi avec les textes historiques sur la dualité des populations occupant soit l'avant-pays soit les

montagnes.

L'histoire connaît le nom des tribus gauloises: les Allobroges au Nord de l'Isère, les Vo-

conces au Sud, les Avantici et les Caturiges sur la Durance, les Taurini en Piémont. Nous savons

aussi celui des peuplades alpines proprement dites329 d'après les inscriptions de l'arc de Suse en

Piémont et du trophée de la Turbie près de Nice; ces Alpins de l'intérieur n'étaient pas d'origine

gauloise mais, nous l’avons vu, seulement plus ou moins celtisés suivant les régions.

Entre 16 et 14 av. J.C. Auguste a eu beaucoup de difficultés à vaincre ces peuples alpins

qui continuaient à contrôler les vallées et les cols après la conquête de la Gaule, gênant les

échanges que Rome désirait voir s'amplifier de part et d'autre des Alpes. L'archéologue ne trouve

pas la trace matérielle de leur puissance qui arrêta si longtemps les légions romaines; cette résis-

tance est imputée à la facilité de défendre des zones accidentées avec peu de moyens, par des

hommes déterminés, comme les évènements nous l'ont encore montré en 1944 dans le Vercors,

en Oisans ou dans le massif des Glières.

Remerciements

Je remercie vivement mes collègues F.Ballet, P.Benamour, A.Bertone, P.Bintz, B.Caillat,

A.Cura, J.C. Daumas, J.Debelmas, C.Dormoy, A.Gattiglia, T.Gouin, L.Haussmann, R.Laudet,

A.Marguet, C.Orcel, D.Ramseyer, B.Reffienna, M.Rossi, J.Vital et tout particulièrement J.P.

Millotte et F.Fedele, pour leurs renseignements et leurs conseils.

329 Ceutrones en Tarentaise, Medulli en Maurienne, Iconii ou Ucenni en Oisans, Quariates en Queyras, Savincates en Ubaye.

131

Bibliographie sommaire 330

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les plus récents et les plus importants.

132

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LES RADIOCARBONE ET DENDROCHRONOLOGIQUES331

NEOLITHIQUE ANCIEN (5300 à 4500 av. J.C.)

Fourchette du Cardial: 5800 à 4300 av. J.C.

de l'Epicardial: 5300 à 3500 av. J.C.

du Néo. ancien du Valais: 5300 à 4600 av. J.C.

La Balme (73) Gr. Grande Gave 5425, 5398, 5383, 5351, 5349 cal. BC (5694-4940); Lyon 3413= 6460 +/-200 BP

Sassenage (38) Gr. Grande Rivoire 5204, 5173, 5137, 5115, 5084 cal. BC (5284-4916); Lyon 5185= 6195 +/-87 BP

Choranche (38) Gr. de Coufin 5216, 5156, 5146 cal. BC (5588-4576); Lyon 1730= 6230 +/- 240 BP

St Uze (26) Raverre 4942 cal. BC; Lyon 3511= 6060 +/-182 BP

La Balme (73) Gr. Seuil des Chèvres 4916 cal. BC (5263-4539); Lyon 3043=6020 +/- 150 BP

St-Nazaire-le-Désert (26) Gr. Trou Arnaud 4903,4874, 4859 cal. BC (4903, 4874, 4859); Lyon 4568= 5995 +/-246 BP

Balme-de-Thuy (74) Gr. Vieille Eglise 4808 cal. BC (5279-4371); Lyon 1934= 5940 +/- 210 BP

Sassenage (38) Gr. Grande Rivoire Epicardial 4712 cal. BC; Lyon 4447= 5820 +/- 142 BP

VASES A BOUCHE CARREE

Fourchette en Lombardie et dans la plaine du Pô: 5000 à 3750 av. J.C.

Chatelus (38) La Charmatte 4507 cal. BC; Lyon 3785= 5680 +/- 132 BP

Chatelus (38) La Charmatte 4462 cal. BC; Lyon 4381= 5630 +/- 113 BP

NEOLITHIQUE MOYEN (4500 à 3200 av. J.C.)

CHASSEEN

331 Les dates sont calibrées d'après le programme de calibration N° 3,03 de Stuiver et Pearson, 1993 (méthode A). En gras

médiane des dates BC calibrées; entre parenthèse les dates extrêmes pour deux écarts-type; le N° du laboratoire, la date brute BP et

son écart-type. Cette présentation a cours actuellement chez plusieurs spécialistes mais n'apporte aucune précision nouvelle sur les

dates issues des calculs statistiques. Je considère les dates radiocarbone comme seulement indicatives car elles sont souvent issues

de charbons de bois provenant du coeur des bois de chauffage ou des constructions détruites et non de la périphérie qui correspond à

la date d'abattage. Il est utopique de vouloir obtenir des précisions par calcul à partir de mesures dont beaucoup sont faussées au

départ par l'ignorance de la position exacte dans le bois des prélèvements analysés: par exemple la médiane calibrée de six

échantillons du village de Charavines-les Baigneurs est de 2915 BC (3040-2782); même la limite inférieure des deux sigmas est

supérieure à la date dendrochronologique qui fixe la durée entre 2670 et 2580 av. J.C...

140

Fourchette admise: 4500 à 2700 av. J.C.

Virignin (01) Gr. des Romains 4530 cal. BC (4787-4343); Lyon 229= 5700 +/- 130 BP

Sassenage (38) Gr. Grande Rivoire 4518 cal. BC; Lyon 4446= 5690 +/-103 BP

Montmaur-en-Diois (26) Gr. Antonnaire 4443, 4425, 4390, 4366 cal. BC (4718-4088); Lyon 4080= 5570 +/- 130 BP

Montmaur-en-Diois (26) Gr. Antonnaire 4443, 4425, 4390, 4366 cal. BC (4773-4042); Lyon 4081= 5570 +/- 150 BP

St-Nazaire-le-Désert (26) Gr.Trou Arnaud 4356 cal. BC (4571-4152); Lyon 4696= 5535 +/- 100 BP

Montmaur-en-Diois (26) Gr. Le Fournet 4327, 4275, 4265 cal. BC (4533-3975); Lyon 2434= 5440 +/- 130 BP

Balme-de-Thuy (74) Gr. Vieille Eglise 4239 cal. BC (4465-3955); CRG 411= 5384 +/- 130 BP

Claix (38) Gr. Comboire 4228 cal. BC (4318-4088); Lyon 4668= 5360 +/- 60 BP

St-Nazaire-le-Désert (26) Gr. Trou Arnaud 4228 cal. BC (4346-3957); Lyon 4697= 5315 +/- 90 BP

La Balme (73) Gr. Seuil des Chèvres 4216, 4201, 4141, 4120, 4086 cal. BC (4491-3704); Lyon 388= 5300 +/- 180 BP

St-Nazaire-le-Désert (26) Gr. Trou Arnaud 4039, 4012, 4008 cal. BC (4317-3827); Lyon 4698= 5255 +/- 75 BP

Balme-les-Grottes (38) Grotte de la B. 4074, 4064, 4043 cal. BC (4362-3775); Lyon 980= 5270 +/- 140 BP

Choranche (38) Gr. de Coufin 4070, 4041 cal. BC (4347-3789); Lyon 3321= 5260 +/- 120 BP

Balme-de-Thuy (74) Gr. Vieille Eglise 4035, 4020, 4002 cal. BC (4330-3797); Lyon 69= 5240 +/-100 BP

Balme-de-Thuy (74) Gr. Vieille Eglise 3960 cal. BC (4227-3698); CRG 412= 5135 +/- 108 BP

Sassenage (38) Gr. Grande Rivoire 3958 cal. BC (4036-3790); Lyon 6096

Crémieu (38) Gr. de Bethenaz 3930, 3875, 3808 cal. BC (4213-3640); Lyon 3444= 5060 +/- 113 BP

Francillon (26) Gr. de Baume Sourde 3777 cal. BC (4034-3521); Lyon 3598= 4990 +/- 120 BP

Châteauneuf-du-Rhône (26) La Roberte 3765 cal. BC (4233-3345); Lyon 2075= 4970 +/-200 BP

Montmaur-en-Diois (26) Gr. d'Antonnaire 3663 cal. BC (3983-3351); Lyon 4079= 4890 +/-150 BP

Châteauneuf-du-Rhône (26) La Roberte 3639 cal. BC (3960-3132); Lyon 2076= 4830 +/-150 BP

Francillon (26) Gr. de Baume Claire 3615, 3584, 3531 cal. BC (3902-3099); Lyon 3599= 4760 +/-140 BP

La Balme (73) Gr. Grande Gave 3610, 3512, 3392, 3389 cal. BC (3771-3102); Lyon 3412=4730 +/-120 BP

Montmaur-en-Diois (26) Gr. Le Fournet 3508, 3400, 3387 cal. BC (3955-2912); Lyon 1407= 4720 +/- 200 BP

Balme-de-Thuy (74) Gr. La Vieille Eglise 3341 cal. BC (3642-2888); CRG 538= 4555 +/- 140 BP

Châteauneuf-du-Rhône (26) La Roberte 3028, 2975, 2930 cal. BC (3505-2613); Lyon 3798= 4400 +/- 150 BP

La Balme-de-Sillingy (74) Gr. de Lesvaux 2993 cal. BC (3335-2707); CRG 141= 4366 +/- 82 BP

Francin (73) 2908 cal. BC (3348-2498); Lyon 390= 4300 +/- 137 BP

Francin (73) 2898 cal. BC (3092-2625); Lyon 391= 4290 +/- 80 BP

Châteauneuf-du-Rhône (26) La Roberte 2586 cal. BC (3019-2147); Lyon 3799= 4080 +/- 150 BP

Francin (73) 2328 cal. BC (2876-1788); Lyon 389= 3870+/- 170 BP

CORTAILLOD ANCIEN ET CLASSIQUE

Fourchette admise: 5000 à 3200 av. J.C.

Date dendrochronologique des abattages

St-Jorioz (74) Les Marais (lacustre) -3783 Archéolabs

Dates Radiocarbone

Balme-de-Thuy (74) Gr. La Vieille Eglise 4223, 4191, 4158 cal. BC (4340-3982); CRG 302= 5335 +/- 72 BP

Balme-de-Thuy (74) Gr. La Vieille Eglise 3978 cal. BC (4344-3648); CRG 290= 5180 +/- 155 BP

Lugrin (74) Petit Tronc (tombe) 3940,3851, 3821 cal. BC (4316-3529); CRG 205= 5085 +/- 164 BP

St-Jorioz (74) Les Marais (lacustre) 3934, 3870, 3813 cal. BC (3934-3712); ARC 671=5070+/- 50 BP

La Biolle (73) Barme de Savigny 3787 cal. BC (4215-3388); Lyon 2077= 5010 +/- 140 BP

Sollières-Sardières (73) Les Balmes 3642 cal. BC (3795-3372); CRG 907= 4840 +/- 93 BP

Sollières-Sardières (73) Les Balmes 3511, 3394, 3389 cal. BC (3900-3034); CRG 531=4728 +/- 157 BP

Aime (73) Le Replat 3503 cal. BC (3707-3048); CRG= 4700 +/- 120 BP

Sollières-Sardières (73) Les Balmes 3491, 3483, 3372 cal. BC (3644-3048); CRG 617= 4650 +/-98 BP

NEOLITHIQUE INDETERMINE

Sévrier (74) Les Charetières (lacustre) 4219, 4148, 4099 cal. BC (4323-3986); ARC 706= 5315 +/- 56 BP

Sévrier (74) Les Choseaux (lacustre) 3624, 3573, 3538 cal. BC (3704-3361); ARC 473= 4775 +/- 79 BP

Lépin (73) Beau Phare (lacustre) 3357 cal. BC (3643-2920); Lyon 688= 4600 +/- 120 BP

St-Alban-Leysse (73) Abri Frantoli 3346 cal. BC (3372, 3105); Lyon 7545= 4570 +/- 35 BP

St-Paul-de-Varces (38) Les Râcles 3250, 3096 cal. BC (3494-2887); ARC 896= 4465 +/- 98 BP

141

St Jorioz (74) Les Marais (lacustre) 3091, 3055,3047 cal. BC (3347-2915); ARC 369= 4450 +/-50 BP

Balme-de-Sillingy (74) Gr. de Lesvaux 2191, 2158, 2146 cal. BC (2461-1936); CRG 204= 3774 +/- 82 BP

NEOLITHIQUE RECENT ET FINAL (3750 à 2350 av. J.C.)

PRE-SAONE-RHONE ET SAONE-RHONE

Fourchette admise: 3100 à 2350 av. J.C. (dendrochronologie)

Dates dendrochronologiques des abattages

Thonon (74) Port de Rives (lacustre) -3049 Archéolabs

Chens-sur-Léman (74) Beauregard 1(lacustre) -3035 Archéolabs

Annecy-le-Vieux (73) Le Petit Port (lacustre) -3041 à -3026 Archéolabs

Charavines (38) Les Baigneurs (lacustre) -2670 à -2580 Archéolabs

Conjux (73) La Châtière (lacustre) -2548 Archéolabs

Conjux (73) La Châtière (lacustre) -2440 Archéolabs

Talloires (74) Angon (lacustre) -2435 Archéolabs

Dates Radiocarbone

Seyssinet-Pariset (38) Gr. des Sarrasins 3367 cal. BC (3991-2507); Lyon 1659= 4630+/- 290 BP

Conjux (73) La Châtière (lacustre) 2884 cal. BC (3029-2614); Gif 6771= 4250 +/- 75 BP

Aviernoz (74) Gr. La Tanière 2876, 2792, 2787 cal. BC (2919-2588); CRG 610= 4215 +/-65 BP

St-Alban (73) Petite Ile (lacustre) 2859, 2693, 2670 cal. BC (3306-2149); Lyon 20= 4150 +/6 180 BP

Lépin (73) Beau Phare (lacustre) 2862, 2741, 2697 cal. BC (2889-2506); Gif 8339= 4160 +/- 55 BP

Chanaz (73) Portout (lacustre) 2553, 2543, 2493 cal. BC (2862-2314); Gif 7338= 4010 +/- 75 BP

Brison-Saint-Innocent (73) Meimart (lacustre) 2577 cal. BC (2910-2205); Lyon 190= 4060 +/- 120 BP

Novalaise (73) Le Gogeat (lacustre) 2558, 2530, 2497 cal. BC (2854-2403); Gif 8338= 4020 +/- 56 BP

Conjux (73) La Châtière (lacustre) 2466 cal. BC (2885-2036); Lyon 1323 et 1324= 3970 +/- 140 BP

Talloires (74) Angons (lacustre) 2452, 2423, 2305 cal. BC (2560-2199); Gif 8145= 3910 +/- 55 BP

Conjux (73) La Châtière (lacustre) 2277, 2225, 2207 cal. BC (2617-1828); Lyon 1325= 3820 +/- 140 BP

Conjux (73) La Châtière (lacustre) 2178, 2166, 2143 cal. BC (2398-1971); Gif 6770= 3760 +/- 65 BP

Brison-Saint-Innocent (73) Meimart (lacustre) 2137 cal. BC (2551-1749); Lyon 2305= 3740 +/- 130 BP

NEOLITHIQUE FINAL MERIDIONAL

Fourchette admise: 3000 à 1800 av. J.C

Sollières-Sardières(73) Les Balmes 2884 cal. BC (3084-2578); CRG 616= 4250 +/- 90 BP

Montmaur-en-Diois (26) Gr. Le Fournet 2881 cal. BC (3344-2407); Lyon 2432= 4240 +/-160 BP

Le Lauzet (04) Le Villard (Dolmen) 2513 BC (2845-2141); Lyon 3257= 3980=/-120 BP

Montmaur-en-Diois (26) Gr. Le Fournet 2856, 2818, 2736, 2695 cal. BC (3329-2141); Lyon 1178= 4140+/- 190 BP

Francillon (26) Gr. Baume Sourde 2862, 2812, 2741, 2697 cal. BC (3031-2407); Lyon 3597= 4160 +/- 120 BP

St-Nazaire-le-Désert (26) Gr. Trou Arnaud 2856, 2690, 2665, 2629 cal. BC (3035-2320); Gif 77= 4140 +/- 137 BP

St-Nazaire-le-Désert (26) Gr. Trou Arnaud 2850 2655, 2622 cal. BC (2923-2332); Gif 4140= 4120 +/- 123 BP

Montmorin (05) Col des Tourettes 2615 cal. BC (3070-2147); Lyon 3623= 4100 +/- 160 BP

Romeyer (26) Pierre Pertuise 2582 cal. BC (3440-1921); Lyon 4787= 4070 +/- 240 BP

Saou (26) Pas de l'Estang 2577 cal. BC (2895-2282); Lyon 4215= 4060 +/- 110 BP

Montmaur-en-Diois (26) Gr. Le Fournet 2577 cal. BC (2914-2198); Lyon 3913= 4060 +/- 132 BP

Boulc-en-Diois (26) Tuc de la Varaime 2572, 2513, 2508 cal. BC (2920-2138); Lyon 4527= 4050 +/-152 BP

Montmorin (05) Col des Tourettes 2468 cal. BC (2850-2290); Lyon 3624= 3950 +/- 130 BP

Choranche (38) Gr. de Coufin 2466 cal. BC (2872-2138); Lyon 2373= 3970 +/- 113 BP

St-Nazaire-le-Désert (26) Gr. Trou Arnaud 2287 cal. BC (2575-1974); Lyon 5251= 3845 +/- 105 BP

Montmorin (05) Col des Tourettes 2260 cal. BC (2470-2036); Lyon 3622= 3810 +/- 140 BP

CAMPANIFORME

Fourchette admise: 2600 à 2000 av. J.C.

Montmorin (05) Gr. des Aiguilles 2461 cal. BC (2876-2036); Lyon 3621= 3950 +/- 130 BP

Seyssinet-Pariset (38) Gr. des Sarrasins 2289 cal. BC (2613-1938); Lyon 595= 3850 +/- 123 BP

St-Paul-de-Varces (38) Les Râcles (tombe) 2184, 2163, 2144 cal. BC (2392-1981); ARC 895= 3765 +/- 56 BP

142

NEOLITHIQUE RECENT ET FINAL sans attribution culturelle précise

Balme-de-Sillingy (74) Gr. de Lesvaux 2923 cal. BC (3335-2707); CRG 141= 4366 +/- 86 BP

Billième (73) Pierre à cupules de Santourin 2917 cal. BC (3699-2142); Lyon 2288= 4340 +/- 290 BP

Montmorin (05) Col des Tourettes 2615 cal. BC (3070-2147); Lyon 3623= 4100 +/- 160 BP

Montmorin (05) Col des Tourettes 2461 cal. BC (2876-2036); Lyon 3624= 3950 +/- 130 BP

Seyssinet-Pariset (38) Gr. des Sarrasins 2450, 2446, 2401, 2372, 2365 cal. BC (2858-1982); Gif 1204= 3900 +/- 120 BP

St-Thibaud-de-Couz (73) Grotte Jean-Pierre 1 2197 cal. BC (2912-1519); Lyon 1309= 3790 +/- 260 BP

Balme de-Sillingy (74) Gr. de Lesvaux 2191, 2158, 2146 cal. BC (2461-1936); CRG 204= 3774 +/- 86 BP

Montalieu-Vercieu (38) Chamboud 2019, 2003, 1981 cal. BC (2510-1620); Lyon 4121= 3650 +/- 170 BP

BRONZE ANCIEN (2200/2000 à 1650 av. J.C.)

Dates dendrochronologiques des abattages

Sévrier (74) (lacustre) -1655 Archéolabs

Dates Radiocarbone

Sévrier (74) Les Mongets (lacustre) 1932 cal. BC (2140-1770); ARC 528= 3595 +/- 56 BP

Montmaur-en-Diois (26) Gr. Le Fournet 1926 cal. BC (2455-1535); Lyon 2433= 3590 +/- 182 BP

Sollières-Sardières (73) Les Balmes 1888 cal. BC (2129-1686); CRG 906= 3560 +/-70 BP

Billième (73) Pierre à cupules de Santourin 1884 cal. BC (2490-1410); Lyon 2287= 3550 +/- 220 BP

Bourg-Saint-Maurice (73) Le Chatelard 1884 cal. BC (2285-1540); Lyon 4591= 3550 +/- 127 BP

Claix (38) Comboire 1747 cal. BC (2010-1585); Lyon 4667=3465 +/- 84 BP

Choranche (38) Gr. de Coufin 1734, 1721, 1689 cal. BC (2025-1495); Lyon 2372= 3420 +/- 113 BP

Sassenage (38) Gr. Grande Rivoire 1617 cal. BC (2009-1320); Lyon 5184= 3337 +/- 144 BP

Seyssinet-Pariset (38) Gr. des Sarrasins 1605, 1557, 1541 cal. BC (1885-1405); Gif 1203= 3320 +/- 113 BP

BRONZE MOYEN (1650 à 1350 av. J.C.)

Injoux-Génissiat (01) Abri de Sous-Sac 1518 cal. BC (1810-1330); Lyon 233= 3260 +/- 103 BP

Seyssinet-Pariset (38) Gr. des Sarrasins 1513 cal. BC (1845-1235); Lyon 239= 3240 +/- 123 BP

Saou (26) Pas de l'Estang 1414 cal. BC (1738-1008); Lyon 4214= 3150 +/- 142 BP

BRONZE FINAL (1350 à 700 av. J.C.)

PHASE ANCIENNE DU BRONZE FINAL ALPIN (1350 à 1070 av. J.C.)

Jons (69) Les Batailles 1375, 1348, 1217 cal. BC (1438-1128); ARC 628= 3070 +/- 60 BP

Saou (26) Pas de l'Estang 1262 cal BC (1515-918); Lyon 3056= 3020 +/- 113 BP

Seyssinet-Pariset (38) Gr. des Sarrasins 1251, 1248, 1205 cal. BC (1441-903); Gif 1202= 2980 +/- 108 BP

Creys-Mépieu (38) St Alban 1251, 1248, 1205 cal. BC (1428-912); Lyon 4743= 2980 +/- 98 BP

Annecy (74) Le Port (lacustre) 1226 cal. BC (1418-1071); Gif 8144= 3035 +/- 60 BP

Sévrier (74) Crêt de Chatillon (lacustre) 1225 cal. BC (1615-836); Lyon 192= 3030+/- 150 BP

Creys-Mépieu (38) St Alban 1192, 1162, 1137 cal. BC (1386-995); Lyon 5097= 2965 +/- 60 BP

Creys-Mépieu (38) St Alban 1152, 1149, 1130 cal. BC (1382-932); Lyon 4686= 2950 +/- 65 BP

Seyssinet-Pariset (38) Gr. des Sarrasins 1125 cal. BC (1560-820); Lyon 238= 2940 +/- 172 BP

Sollières-Sardières(73) Les Balmes 1028 cal. BC (1306-832); CRG 530= 2880 +/- 84 BP

PHASE MOYENNE DU BRONZE FINAL ALPIN (1070 à 940/930 av. J.C.)

Dates dendrochronologiques des abattages

Chens-sur-Léman (74) Beauregard 2(lacustre) postérieur à -1085 Archéolabs

Nernier (74) La Tire (lacustre) postérieur à -1085 Archéolabs

Chens-sur-Léman (74) Tougues (lacustre) postérieur à -1078 à - 943 Archéolabs

Sévrier (74) Crêt de Chatillon (lacustre) -1066 Archéolabs

Chens-sur-Léman (74) Sous le Moulin (lacustre) postérieur à -1050 à -965 Archéolabs

Duingt (74) Le Roselet (lacustre) -1058 à -1033 Archéolabs

Conjux (73) La Châtière (lacustre) -1054 Archéolabs

Chens-sur-Léman (74) Fabrique-Nord (lacustre) -1050 Archéolabs

143

Annecy (74) Le Port (lacustre) -1045 Archéolabs

Thonon (74) Rives 2 (lacustre) postérieur à -999 Archéolabs

Messery (74) Parteyi (lacustre) postérieur à -995 à 955 Archéolabs

Chens-sur-Léman (74) Vorze Ouest (lacustre) postérieur à -975 Archéolabs

Veyrier-du-Lac (74) Vieugy-Nord (lacustre) -963 Archéolabs

Dates Radiocarbone

Chindrieux (73) Chatillon (lacustre) 1312 cal. BC (1520-1000); Lyon 9= 3060 +/- 103 BPCulture ph. moy./réc

St-Alban (73) Petite Ile (lacustre) 1294, 1284, 1268 cal. BC (1610-899); Lyon 19 = 3040 +/- 142 BPCulture ph. moy./ réc

Conjux (73) La Châtière (lacustre) 1009 cal. BC (1417-794); Lyon 1326= 2870 +/- 142 BP Culture ph.moy./réc

Saou (26) Pas de l'Estang 1009 cal. BC (1194-907); ARC 1158= 2869 +/- 47 BP

PHASE RECENTE DU BRONZE FINAL ALPIN (940/930 à 700 av.J.C.)

Dates dendrochronologiques des abattages

Veyrier-du-Lac (74) Vieugy (lacustre) -937 Archéolabs

Chens-sur-Léman (74) Vorze Ouest (lacustre) postérieur à -930 à -905 Archéolabs

Thonon (74) Rives 2 (lacustre) postérieur à -919 Archéolabs

Chens-sur-Léman (74) Beauregard 2 (lacustre) postérieur à -911 Archéolabs

Chindrieux (73) Chatillon (lacustre) -906 Archéolabs

Chens-sur-Léman (74) Tougues (lacustre) -905 à -859 Archéolabs

Brison-Saint-Innocent (73) Grésine (lacustre) -904 Archéolabs

Duingt (74) Ruphy (lacustre) -902 à -860 Archéolabs

Chens-sur-Léman (74) Fabrique-Nord (lacustre) -901 Archéolabs

Sévrier (74) Crêt de Chatillon (lacustre) -900 Archéolabs

Duingt (74) Le Roselet (lacustre) -880 Archéolabs

Messery (74) Parteyi (lacustre) postérieur à -877 à -867 Archéolabs

Annecy (74) Le Port (lacustre) -874 à -868 Archéolabs

Messery (74) Grand Bois (lacustre) postérieur à -834 Archéolabs

St Ferréol-Trente-Pas (26) Les Gandus postérieur à -880 Archéolabs

Chindrieux (73) Chatillon (lacustre) -814 Archéolabs

La Côte-Saint-André (38) Char du Rival postérieur à -765 (de 10 à 20 ans) Archéolabs

Dates Radiocarbone

Sévrier (74) Crêt de Chatillon (lacustre) 902 cal. BC (1373-522); Lyon 191= 2760 +/- 152 BP

Creys-Mépieu (38) St Alban 902 cal. BC (1036-803); Lyon 4684= 2760 +/- 65 BP

Saou (26) Pas de l'Estang 893, 882, 848 cal. BC (1001-802); ARC 642= 2740 +/- 56 BP

Saou (26) Pas de l'Estang 843 cal. BC (1202-543); Lyon 3729= 2730 +/- 123 BP

Creys-Mépieu (38) St Alban 840 cal. BC (1002-795); Lyon 4742= 2725 +/- 65 BP

Creys-Mépieu (38) St Alban 837 cal. BC (1005-792); Lyon 4685= 2720 +/- 70 BP

Balme-de-Thuy (74) Vieille Eglise 832 cal. BC (996-791); CRG 289= 2710 +/- 67 BP

Sévrier (74) Crêt de Chatillon (lacustre) 827 cal. BC (1252-410); Lyon 1951= 2700 +/- 142 BP

Creys-Mépieu (38) St Alban 822 cal. BC (1627-7); Lyon 4449= 2660 +/- 331 BP

St-Ferréol-Trente-Pas (26) Les Gandus 807 cal. BC (922-560); Gif 5448= 2650 +/- 74 BP

Aiguebelette-le-Lac (73) (lacustre) 755, 686, 540 cal. BC (913-194); Gif 222= 2480 +/- 152 BP Culture Bronze final

Thonon (74) Le Port (lacustre) 511, 435, 428 cal. BC (924-55); SA 228= 2440 +/- 182 BP Culture Bronze final

Creys-Mépieu (38) Gr. de Malville 511, 435, 428 cal. BC (895-169); Lyon 3443= 2440 +/- 152 BP Culture Bronze final

Sassenage (38) Gr. Grande Rivoire 407 cal. BC (899-39); Lyon 5098= 2400 +/- 177 BP Culture Bronze final

Chindrieux (73) Chatillon (lacustre) 403 cal. BC (794-193); Lyon 275= 2380= +/- 103 BP Culture Bronze final

PREMIER AGE DU FER (700 à 450 av. J.C.)

Seyssinet-Pariset (38) Gr. des Sarrasins 760, 632, 560 cal. BC (836-378); Gif 1201= 2500 +/- 108 BP

Sollières-Sardières (73) Les Balmes 519 cal. BC (817-209); Lyon 880= 2450 +/- 113 BP

DEUXIEME AGE DU FER (450 à 50 av. J.C.)

Saou (26) Pas de l'Estang 377 cal. BC (767-33); Lyon 3728= 2280 +/- 123 BP

Billième (73) Pierre à cupules de Santourin 351, 282, 257 cal. BC (903- AD343); Lyon 1604 = 2240 +/- 260 BP

144

Faverges (74) St Jean Baptiste 347, 316, 205 cal. BC (754- AD74); Lyon 1879= 2210 +/- 132 BP

Brison-Saint-Innocent (73) Meimart (lacustre) 173 cal. BC (400- AD113); Lyon 276= 2140 +/- 113 BP

Le Pègue (26) Village 165 cal. BC (487- AD226); Gif 250= 2130 +/- 152 BP