« Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- : de Ἀμφιάρης à Ἀμφαρίōν »

47
REVUE DE PHILOLOGIE DE LITTÉRATURE ET D’HISTOIRE ANCIENNES TOME 84 2010 FASCICULE 2 KLINCKSIECK

Transcript of « Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- : de Ἀμφιάρης à Ἀμφαρίōν »

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

REVUEDE

PHILOLOGIEDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

PARIS

KLINCKSIECK

REVUEDE

PHILOLOGIEDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TROISIEgraveME SEacuteRIE

PUBLIEacuteE SOUS LA DIRECTION DE

M CASEVITZPROFESSEUR EacuteMEacuteRITE

Agrave LrsquoUNIVERSITEacuteDE PARIS OUEST NANTERRE

ET Ph MOREAuPROFESSEUR AgraveLrsquoUNIVERSITEacute

DE PARIS EST CREacuteTEIL

ANNEacuteE ET TOME LXXXIVFASC 2

(146e de la collection)

PARIS

KLINCKSIECK

Retrouvez les sommaires de la Revue de philologie et les nouveauteacutes Klincksieck sur

wwwklincksieckcom

ISBN 978-2-252-03861-1copy Klincksieck 2012

ANTHROPONYMES EN ΑΜΦ(ι)- ET EN -Αρ(ι)-thinsp DE ΑΜΦιΑρηΣ Agrave ΑΜΦΑριονthinsp1

Dans le volume de meacutelanges offert en 2010 agrave la regretteacutee E Matthews Ch Kritzas publie une seacuterie drsquoanthroponymes argiens nouveaux rencontreacutes dans les archives financiegraveres du Treacutesor de Pallas mises au jour en 2000 et dont il preacutepare la publicationthinsp2 Lrsquoensemble de ces 135 inscriptions sur bronze peut ecirctre dateacute du premier tiers du IVe siegravecle avant notre egravere Parmi les quelque mille individus de sexe masculin mentionneacutes dans ces comptes figure un deacutenommeacute Ἀμφαρίον (la lettre ocircmeacutega nrsquoest pas encore employeacutee dans ces inscriptions) nom dont la forme et lrsquoeacutetymologie suscitent la curiositeacute

Ch Kritzas propose de faire correspondre cet anthroponyme nouveau agrave Ἀμφάρης Ἀμφαρίδας Ἀμφάριχοςthinsp3 et drsquoy voir le mecircme second eacuteleacute-ment que dans Θε-άρης ou dans Φραhι-αρίδας qui offre lrsquointeacuterecirct drsquoecirctre attesteacute agrave date ancienne agrave Mycegravenesthinsp4 Cet eacuteleacutement serait drsquoapregraves Fr Bechtel agrave mettre en relation avec le substantif ἄρος dont les sens sont donneacutes par la glose drsquoHeacutesychiusthinsp ἄρος ὄφελος καὶ ltπέτραςgt κοιλάς ἐν αἷς ὕδωρ ἀθροίζεται ὄμβριον Καὶ βλάβος ἀκούσιονthinsp5 Ce serait la notion positive de laquo profit utiliteacute assistance raquo qui aurait motiveacute la creacuteation des

1 Mes plus vifs remerciements vont agrave A Alonso Deacuteniz M Casevitz L Dubois Ch Kritzas et Cl Le Feuvre

2 Ch Kritzas laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling-F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

3 Pour Ἀμφάρης cf infrathinsp pour beacuteot Ἀμφαρίδας (PM Fraser-E Matthews A Lexicon of Greek Personal Names [ci-apregraves LGPN] IIIB IIIe av J-C) forme peut-ecirctre iotacisante pour Ἀμφαρε-ίδας cf infra n 100thinsp pour Ἀμφάριχος LGPN IIIB IIeIer av J-C Sauf indication contraire les dates sont doreacutenavant agrave entendre laquo avant notre egravere raquo

4 Θεάρης nrsquoest attesteacute qursquoagrave Hermionegrave et agrave Spartethinsp les plus anciennes attestations datent du Ve s (LGPN IIIA) Lrsquounique Φραhιαρίδας est connu par une inscription argienne dateacutee de ca 500-480thinsp IG IV (1) 492

5 Fr Bechtel Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917 p 193 P Chantraine Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque (DEacuteLG) sv ἄρος indique que laquo la glose combine trois termes et trois explications raquothinsp le premier ἄρος a eacuteteacute employeacute comme eacutequivalent drsquoὄφελος par Eschyle (Suppl 885 nominatif soit drsquoun masc theacute-matique soit drsquoun neutre sigmatique) le dernier est agrave mettre en rapport avec la notion neacutegative drsquoἀρή tandis que le milieu de la glose pourrait ecirctre rapprocheacute du tsaconienthinsp ἀρέ λάκκος cf M Deffner Λεξικὸν τῆς τσακωνικῆς διαλέκτου Athegravenes 1923 p 47 qui suppose un masculin theacutematique Ch Kritzas (op cit p 239 n 4) signale que le creacutetois drsquoaujourdrsquohui appelle preacuteciseacute-ment ἀρόλιθοι les caviteacutes naturelles dans lesquelles srsquoaccumule lrsquoeau de pluiethinsp or le Diccionario griego-espantildeol cite une inscription creacutetoise du IIe s (SEG 26 1049 l 55) ougrave ἐπ[ὶ τ]ὸν θῖνον ἄρον (masc theacutematique) renvoie preacuteciseacutement agrave une citerne

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

290 sophie minon

anthroponymes avec ce radical comme second eacuteleacutement Cependant pour Φραhιαρίδας du moins le rapprochement fait par le mecircme Bechtel avec drsquoune part φρενήρης laquo de bon sens raquo (eg Hdte III 25) drsquoautre part φρεσὶ ᾗσιν ἀρηρώς laquo ferme en son esprit raquo (Hom Od 10 553) invite agrave pri-vileacutegier lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement en -ήρης formeacute sur la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo ajusteacute raquo et agrave identifier par conseacutequent le a meacutedian comme une longue Les parallegraveles fournis par le nom Φρασιηρίδης drsquoun Thasien du IVIIIe siegravecle et par le nom Φρασιήρης drsquoun Tegravenien du IIIe siegravecle viennent encore conforter cette analysethinsp6

Lrsquointerpreacutetation proposeacutee pour le nom Ἀμφαρίον si convaincante qursquoelle paraisse de prime abord ne va pas sans poser deux autres questionsthinsp la question phoneacutetique du sort de la voyelle finale du preacutefixe ἀμφί qui paraicirct srsquoeffacer devant lrsquoinitiale vocalique du second eacuteleacutement alors qursquoil nrsquoen va pas de mecircme du i final de Φρασι- ni localement dans Φραhιαρίδας ni dans lrsquoan-throponyme de forme ionienne correspondantthinsp7 que le i de ἀμφί est conserveacute en hiatus en argien dans le nom du roi mythique Ἀμφιάρηος comme dans le phratronyme Ἀμφιαρητείδας mais que le nom Ἀμφιαρίδας se donnait aussi anciennement agrave Meacutegare que Ἀμφαρίδας en Beacuteotiethinsp8thinsp drsquoautre part la question morphologique de la suffixation en -ίων drsquoun second eacuteleacutement de composeacute anthroponymique

6 Bechtel HPN 457 et voir P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης ἀραρίσκω et φρήν pour φρασί comme forme ancienne de datif Pour Φρασιηρίδης cf Bechtel HPN 193 ougrave curieusement le rapprochement avec ἄρος est en contradiction avec p 457 et IG XII (8) 287 l 19thinsp Ἀριστόνους Φρασιηρίδ[ου]thinsp pour Φρασιήρης IG XII Suppl p 138 ndeg 312 II l 9 Sur la finale -ίδαης alors que le second eacuteleacutement -ᾱρης laisse plutocirct attendre -αρείδαης cf n 100thinsp notons cependant qursquoen argien occidental iota pourrait ici noter un ithinsp issu de la monophtongaison de ei cf eg hῖ pour le relatif au locatif l 29 de la copie argienne du regraveglement du Ve s des relations entre Cnossos et Tylissos reacuteeacutediteacute par S Minon laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (ed) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 2007 p 183 et n 47 pour les autres exemples

7 La forme Φρασαρίδας du mecircme nom connue au IIIe s agrave Hyettos de Beacuteotie teacutemoigne non drsquoune eacutelision de i devant la voyelle initiale du second eacuteleacutement mais de lrsquoabsorption de [j] (lti) dans s comme peut-ecirctre aussi dans le nom de femme Καφισα agrave Cheacuteroneacutee (P Roesch-JM Fossey ZPE 29 1978 p 132 n 9 ll 3-4) agrave cocircteacute du nom drsquohomme Καφισια agrave Thespies (IG VII 2144) tous deux attesteacutes au IIe s av J-C Voir J Meacutendez Dosuna laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo Emerita 61 (1993) p 128 n 71 et p 117-130 ougrave il montre comment la mecircme eacutevolution phoneacutetique mais agrave partir de eV (gt [j]V par synizegravese) rend compte des formes controverseacutees de futurs doriens en -σοντι et -σονται (lt-σέοντι -σέονται)

8 LGPN IIIBthinsp deux exemples meacutegariens lrsquoun au Ve s SEG 39 411 l 8 lrsquoautre au IIIe IG VII 42 l 31 vs Ἀμφαρίδας pour le Beacuteotien citeacute n 3

291ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Proleacutegomegravenesthinsp ἀμφι- ou ἀμφ- devant un second eacuteleacutement de composeacute agrave ini-tiale vocalique

La quantiteacute bregraveve de la voyelle finale i de ἀμφί laisse en principe attendre son eacutelision devant le mot ou le second eacuteleacutement de composeacute agrave initiale voca-lique suivant comme crsquoest lrsquousage freacutequent pour les invariants excepteacute pour περί ἄχρι et μέχρι en attiquethinsp9 Lrsquoabsence drsquoeacutelision est en effet possible pour la voyelle i plus que pour les autres agrave cause de son aptitude agrave se sonantiser en [j] ou agrave deacutevelopper un glide (drsquoougrave [ij]) lorsqursquoelle est en hiatus devant une autre voyellethinsp10

Dans les verbes lrsquoeacutelision est de regravegle en prose attique pour les preacuteverbes περι- et le monosyllabique προ- excepteacutesthinsp11 Dans les composeacutes en ἀμφι- du lexique dont la plupart sont poeacutetiques il est de regravegle conformeacutement aux principes de composition heacuteriteacutes que lrsquoeacutelision soit pratiqueacutee devant la voyelle initiale du second eacuteleacutement ndash sauf dans les cas ougrave celui-ci comportait un s (gt h) un w voire un y initial eacutetymologiquethinsp12 et que cette voyelle ou la syllabe dont elle est le centre soit alors de quantiteacute longue ndash sauf pour les verbes dont la composition est plus reacutecentethinsp13

Du point de vue prosodique cela signifie que lrsquoinitiale des composeacutes non verbaux en ἀμφ(ι)- du lexique avait presque toujours la structure drsquoun dactyle (seacutequence ˉĭV reacutealiseacutee [ĭ(j)V]) ou celle drsquoun spondeacutee (ˉĭVthinsp reacutealiseacutee [Vthinsp] et ˉĭVC1C2 ˉ[VC1C2])thinsp14 Cela explique drsquoailleurs que ἀμφι- ait eacuteteacute eacutelargi drsquoun -s dit adverbialisant dans le composeacute agrave second eacuteleacutement agrave initiale conso-nantique ἀμφισβήτης que lrsquoon pose agrave lrsquoorigine de ἀμφισβητέωthinsp15thinsp Heacutesychius pose du reste pour le verbe lrsquoeacutequivalencethinsp ἀμφῐβᾰτεῖν ἀμφῑσβητεῖν

9 laquo En composition la voyelle finale de ἀμφί peut srsquoeacutelider raquo P Chantraine DEacuteLG sv agrave compleacuteter de Ch de Lamberterie CEacuteG 1 RPh 70 (1996)thinsp voir aussi pour la pratique de lrsquoeacuteli-sion des preacutepositions dissyllabiques dans les textes de prose L Threatte The Grammar of Attic Inscriptions [ci-apregraves GAI] I Berlin-New York 1980 p 419

10 Voir J Meacutendez Dosuna op cit passim Lrsquoeacutetape qui peut suivre la yodisation de i agrave savoir lrsquoabsorption de la sonante dans la consonne preacuteceacutedente (cf n 7) qui se traduit au mecircme titre que lrsquoeacutelision par lrsquoeacutelimination drsquoiota nrsquoest pas attendue dans le cas de ἀμφί dont la consonne bilabiale preacuteceacutedant le i ne peut absorber son produit [j] cf Cl Brixhe Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes questions Louvain 1996 p 129-130

11 Cf ἐπεργάζομαι (de werg-) ἐπέρχομαι (de sergh-) Jos ἀμφάγνυμαι (de weh2g-) etc12 Pour y initial cf n 9313 Voir E Risch Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974 p 201 loi drsquoallonge-

ment laquo urgriechisch raquo14 Sur lrsquoanalogie entre le rythme de la langue parleacutee et celui de la langue poeacutetique toutes

deux organiseacutees en pieds mais sur le rythme iambique plus caracteacuteristique de la conversation comme le signalait deacutejagrave Aristote (Rheacutetorique 1408b21) voir AM Devine-LD Stephens The Prosody of Greek Speech Oxford 1994 p 118-119

15 Pour les deux variantes ἀμφί et ἀμφίς la seconde pouvant ecirctre consideacutereacutee comme un deacuteveloppement propre au grec voir A Mathys laquo Le sigma adverbial en grec ancienthinsp distribution et fonction raquo Lalies 31 (2010) p 297-319

292 sophie minon

Crsquoest ainsi qursquohom ἀμφήκης laquo agrave deux tranchants raquo (de H2ek- gt ἀκ- laquo pointe raquo) ἀμφηρέφης laquo couvert des deux cocircteacutes raquo ἀμφήριστος (sur ἐρίζω) et ἄμφωτον poeacutet ἀμφερκής laquo entoureacute de toute part raquo et ἀμφώβολος laquo double broche raquothinsp16 Thuc ἀμφήρικος (hapax fait sur le poeacutet ἀμφήρης laquo pourvu de rames de part et drsquoautre raquo) Arist ἀμφώδωνἀμφόδων (sur ὀδούς)thinsp17 ἀμφαρμός laquo pierre de taille raquothinsp18 ἀμφεικάς laquo de part et drsquoautre autour du vingt (du mois) raquothinsp19 ou Lyc ἀμφερείδω contrastent avec hom ἀμφίαλος (myc a-pi-a2-ro sur ἅλς) Hp ἀμφιίζομαι (de sed-) att et poeacutet ἀμφιέννυμι (de wes- ἀμφιέσαντο Od 23 142) ou att ἀμφιετηρίς laquo fecircte annuelle raquothinsp20 (de wet- dor Ϝέτος)

Une fois eacutecarteacutees Ar ἀμφαρίστερος laquo gaucher des deux mains raquo sans allongementthinsp21 ἀμφιζάνω (Il 18 25) au lieu de la forme attendue mais ameacutetrique ἀμφιιζάνω les variantes lrsquoune et lrsquoautre meacutetriques ἄμφεπον vs ἀμφίεπον (Il 18 559 et 24 804 de sekw-) Pind (N 1 43) ἀμφελίσσω vs ἀμφιελίσσω (Arat Pheacuten 1 996 de wel-)thinsp22 ainsi que lrsquohapax meacutetrique ἀμφέλκεται (de selk-) chez Denys le Peacuterieacutegegravete (268) les exceptions non poeacutetiques agrave la regravegle sontthinsp lrsquoeacutelision sans doute analogique de ἄμφοδον ἄμφοδος laquo rue bordeacutee de maisons raquo (sur ὁδός de sed-) et des deacuteriveacutes qui sont attesteacutes sous cette seule forme dans la litteacuterature comme dans les inscrip-tions et les papyrusthinsp23 ou encore celles drsquoἀμφεκτήρ vs ἀμφιεκτίς laquo tunique

16 Le tragique Achaiumlos (Fr 36 Snell) semble avoir eacuteteacute le seul agrave employer ἀμφερκής dont lrsquoeacutelision srsquoexplique meacutetriquement alors que lrsquoaspireacutee du neutre ἕρκος pourrait laisser supposer un s- eacutetymologique initial Pour le substantif ἀμφώβολος cf eg Eur Andr 1133

17 Lrsquoheacutesitation ἀμφώδωνἀμφόδων dans Arist peut ecirctre imputable agrave la tradition (nivel-lement des quantiteacutes vocaliques agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale interfeacuterences avec ἄμφοδον cf n 23)

18 Ist Mitt 1920 1969-70 p 238 l 12 (= Didyma 112) Didyme IIe s av J-C Le second eacuteleacutement de la famille de ἀραρίσκω est attesteacute au simple sous la forme ἁρμός avec un esprit rude qui procegravede du report agrave lrsquoinitiale de lrsquoaspiration issue de lrsquoeacutevolution de la seacutequence [zm] du suffixe -smo- cf P Chantraine DEacuteLG sv ἅρμα

19 IG XII (3) 330 l 68 testament drsquoEpictegraveta Theacutera IIIeIIe s Paton-Hicks 384 Cos IIe s etc Lrsquoeacutelision est attendue dans ἀμφεικάς de ἐϜῑκοσι agrave retrouver sous hom ἐείκοσι cf Ch de Lamberterie CEacuteG 6 RPh 75 2001 sv εἴκοσι Sur le mecircme radical εἰκ- mais avec preacutefixe ἐπι- se rencontrent agrave la fois ἐπείκοστον (PPetr 2 p 156 IIe av J-C) vs ἐφείκοστον (PRev Laws 56 15 IIIe av J-C) et ἐπιείκοστος (Ptol Harm 1 15)thinsp les formes eacutelideacutees sont le plus anciennement attesteacutees

20 IG II2 1544 IVe s etc21 Lrsquoabsence drsquoallongement dans ἀμφαρίστερος (Ar Fr 512) srsquoexplique autant par les

besoins du megravetre que par la neacutecessiteacute de garder apparent le lien seacutemantique avec ἀρι- pour eacuteviter la confusion avec la famille de ἔρις pour laquelle sont connus lrsquoadj ἀμφήριστος et lrsquoanthropo-nyme creacutetois correspondant (LGPN I Studi e Testi 125 1946 p 28 eacutepoque impeacuteriale [fictifthinsp]) agrave rapprocher pour le second eacuteleacutement du patronyme du Spartiate Σπερθίης Ἀνηρίστου que fait connaicirctre Heacuterodote (VII 134 2 et cf notamment 137 2 pour un fils homonyme) au VIeVe s

22 De mecircme les adjectifs verbaux correspondants ἀμφελικτός (Eur Heacuteraclegraves 398) vs ἀμφιέλικτος (Denys le Peacuterieacutegegravete 466)

23 Pour ἄμφοδον peut ecirctre invoqueacutee lrsquoanalogie des nombreux autres preacutefixeacutes dissyllabiques tels μέθοδος δίοδος etc qui tous sauf ceux en περι- et προ- avaient leur derniegravere voyelle eacuteli-deacutee cf P Chantraine DEacuteLG sv ὁδός

293ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

double raquo et drsquoἀμφεκτέον laquo agrave entourer raquo (de segh-) chez Heacutesychius qui srsquoex-pliquent quant agrave elles par deacuterivation inverse agrave partir du verbe normalement eacutelideacute ἀμπέχω tardivement refait en ἀμφέχωthinsp24

Lrsquoeacutelision devant le second eacuteleacutement agrave s- initial eacutetymologique dans le composeacute hypostatique ἀμφήλιος laquo oriental raquo seulement attesteacute dans lrsquoApo-calypse apocryphe de Paulthinsp25 a pu ecirctre entraicircneacutee par la quantiteacute longue de la voyelle initiale du second eacuteleacutement comme par la reacutepugnance agrave faire se suc-ceacuteder deux syllabes agrave i en hiatus et deacutenote vraisemblablement une composi-tion tardivethinsp26thinsp les mecircmes motivations peuvent avoir preacutesideacute agrave la creacuteation de rhod ἀμφούριον et ἀμφουριασμόςthinsp27 et de la variante ἀμφορκία (Hsch) agrave cocircteacute de ἀμφιορκία (Poll)

Le seul exemple agrave ma connaissance drsquoabsence drsquoeacutelision devant radical agrave voyelle initiale proceacutedant drsquoune ancienne laryngale est repreacutesenteacute dans le lexique par la variante ἀμφί-ηκες (Hsch) qui doit srsquoexpliquer en face drsquohom et ion-att ἀμφήκης de dor ἀμφᾱκες laquo agrave double pointe raquothinsp28 par une reacutefection secondaire

Dans la liste drsquoanthroponymes composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- dres-seacutee par Bechtel (HPN 41) lrsquoeacutelision paraicirct de mecircme reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale dans les diffeacuterentes reacutegions du monde grec comme le montrent les noms de lrsquoArcadien Ἀμφαίνετος du Beacuteotien Ἀμφάλκες du Thasien Ἄμφανδρος en face de Ἀμφήνωρ agrave Athegravenesthinsp29 du Theacutebain Ἀμφεριτοςthinsp30 comme peut-ecirctre aussi ceux du Phocidien Ἀμφάρετος et du Spartiate Ἀμφάρης tandis que la conservation du i est la seule trace de la preacutesence de lrsquoancien w initial dans le nom de lrsquoAtheacutenien du Ve s Ἀμφίαναξ en face du nom hapax Ἀμφ-ήδης de son compatriote du IIIe sthinsp31 dont la longue initiale du second eacuteleacutement ainsi que lrsquoeacutelision pratiqueacutee devant

24 Autres exceptions similairesthinsp lrsquoadv ἀμφαλλάξ laquo alternativement raquo deacuteriveacute inverse de ἀμφαλλάττω ἀμφέλιξ laquo qui tourne dans les deux sens raquo fait sur ἀμφελίσσω

25 Apoc Paul 2726 Sur lrsquousure de lrsquoaspiration initiale dans le parler des locuteurs de lrsquoeacutepoque impeacuteriale voir

F Gignac A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods I Phonology Milan 1976 p 133-138 Lrsquoattique agrave lrsquoorthographe conservatrice montre peu drsquoexemples de psilose mecircme srsquoil est vraisemblable que lrsquoaspiration initiale a commenceacute agrave se perdre dans ce dialecte peut-ecirctre degraves lrsquoeacutepoque helleacutenistique cf L Threatte GAI I Phonology p 504-506

27 SEG 3 1927 674 respectivement l 40 et 46 IIe s av J-C et cf DEacuteLG sv ὅρος Il srsquoagit probablement dans les deux cas de laquo paiement aux voisins raquo

28 DGEsp sv ἀμφήκης29 IG II2 10799 fin Ve s30 Ἀμφε ριτος LGPN IIIB A Wilhelm Urkunden 240 Nachtrag zu S 90 I l 5 Ve s agrave

comparer agrave Ἀμφήριστος attesteacute agrave Thespies au IIe s SEG 39 456 III l 54 agrave rapprocher le pre-mier de ἐρίω le second de ἐρίζω Le ethinsp assureacute en pays beacuteotien fait exclure le rapprochement avec ἀριτός drsquoougrave νήριτος laquo innombrable raquo (Heacutes etc) et le nom de lrsquoArcadien Κλεάριτος IG II2 3080 l 5 279 av J-C et cf HPN 195

31 IG I3 1190 l 25 ca 411 av J-C pour le plus anciennement connu Pour Ἀμφήδης cf CIA III App 9 l 19 et LGPN II sv

294 sophie minon

le groupe initial sw de la racine swād- de ἡδύς trahissent le caractegravere secondairethinsp32 Les structures rythmiques spondaiumlques et dactyliques privileacute-gieacutees dans lrsquoensemble des composeacutes non-verbaux en ἀμφι- le sont aussi pour les composeacutes anthroponymiques agrave premier eacuteleacutement verbal ou adjectival en -i comme lrsquoillustre lrsquoeacutelision de Δεξι- dans Δεξαγόρας Δέξανδρος Δεξαρέτα Δεξαρίων Δέξαρχος etc en face des hypocoristiques de structure plus souple tels Δεξί-ας et Δεξί-ωνΔέξωνthinsp33

A Argos les deux seuls noms propres assureacutement en Ἀμφ(ι)- suivi de voyelle que fasse aujourdrsquohui connaicirctre lrsquoeacutepigraphie sont le phratronyme Ἀμφιαρητείδας que jrsquoai eacutetudieacute ailleurs et lrsquohypocoristique Ἀμφίαςthinsp34 On ne saurait manquer de leur adjoindre le nom du roi argien mythique Ἀμφιάρηος

IenspDe Ἀμφίας agrave Ἀμφιάρης et Ἀμφιάρηος

ἈμφίαςLa formation hypocoristique drsquoἈμφίας explique la preacutesence du ithinsp crsquoest

agrave lrsquointeacutegraliteacute du premier eacuteleacutement qursquoa eacuteteacute ajouteacute le suffixe -ας de mascu-lins commun au lexique et agrave lrsquoonomastique comme pour lrsquohypocoristique Καλλίας des composeacutes en Καλλι- ou pour Ἀλεξίας forme courte des composeacutes en Ἀλεξί- ou Δεξίαςthinsp35thinsp un Larisseacuteen du nom drsquoἈμφίδαμος a du reste Ἀμφί-ας comme patronymethinsp36

32 Les anthroponymes ont anciennement leur second eacuteleacutement en -άδης avec voyelle bregraveve voir Λεάδε ς agrave Styra Ve s IG XII (9) 56 l 236 ou Θυμάδης Δημάδους IVe s IG II2 2385 l 53 cf Bechtel HPN 21-22 De mecircme que lrsquoon a un Εὐρυ-άδης agrave Sparte au IIIe s IG V (1) 708 de mecircme lrsquoon aurait attendu un Ἀμφι-άδης La langue homeacuterique semble avoir forgeacute un composeacute θυμήδης Od 16 389 (crsquoest la leccedilon de la Vulgate pour laquelle Bekker avait proposeacute la correction θυμήltρgtης de mecircme sens) agrave cocircteacute de αὐάδην que fait connaicirctre pour la premiegravere fois Sapphocirc (22 5)

33 Voir Bechtel HPN 118-119 Lrsquoabsence drsquoiota dans le nom du Beacuteotien Δέξων peut srsquoexpli-quer phoneacutetiquement par lrsquoabsorption de [j] (lti) cf n 7

34 Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδας est connu par un deacutecret de proxeacutenie du IIIe s publieacute par W Vollgraff Mnemosyne 43 (1915) p 380-382 l 10 et mentionneacute par A Heubeck Die Sprache 17 (1971) p 8 Il apparaicirct encore avec lrsquoorthographe ancienne Ἀμφιαρετείδας dans la liste de morts de ca 400-390 publieacutee par Ch Kritzas in Στήλη τόμος εἰς μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 498 l 35 pl 228 Sur son eacutetymologie agrave mettre en relation avec le verbe argien ᾱϜρετευε de ἀνα-Ϝρετεύω voir mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Pour le patronyme au geacutenitif Ἀμφίᾱ voir BCH 33 (1909) p 447 ndeg 6 IIeIer s

35 Voir deacutejagrave A Charbonnet laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 (1984) p 50thinsp laquo Le nom Ἀμφίας srsquoinscrit dans la seacuterie bien connue des diminutifs en -ας de noms composeacutes raquo

36 LGPN IIIBthinsp IG IX (2) 683 fun IIIeIIe s ()

295ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Ἀμφίτας Ἀμφῑων Ἄμφῑος et feacutem ἈμφιώDe la mecircme maniegravere que Ἀμφίας les noms Ἀμφίτας Ἀμφῑων Ἄμφῑος

Ἄμφωνthinsp37 et feacutem Ἀμφιώ doivent ecirctre une seacuterie de formations suffixeacutees conformeacutement agrave lrsquointerpreacutetation qursquoen donne Bechtelthinsp38 Cependant le rapprochement qursquoil est donneacute de faire aujourdrsquohui entre lrsquoanthroponyme myceacutenien a-pi-jo et ce qui pourrait ecirctre interpreacuteteacute comme son geacutenitif a-pi-(j)o-to pourrait eacuteventuellement laisser supposer une reacutefection secondaire de Ἀμφῑων -ονος agrave partir du participe composeacute ἀμφι-ιών ιόντοςthinsp lrsquoabsence drsquoeacutelision de la voyelle finale du preacutefixe aurait eacuteteacute drsquoordre prosodiquethinsp39 De la mecircme maniegravere Ἀμφίτας aurait pu ecirctre formeacute agrave lrsquoaide drsquoun second eacuteleacute-ment -ίτας qui est attesteacute au simple sous la forme du nom drsquoagent ἴτης en attiquethinsp40 Dans un cas comme dans lrsquoautre du moins le rapport eacutetymolo-gique avec le radical du verbe laquo aller raquo ne pouvait manquer drsquoecirctre perccedilu en synchronie comme par ailleurs celui du nom feacuteminin Ἀμφιώ avec le nom drsquoἸώ La meilleure preuve du reste est fournie par un fragment dans lequel Aristophane se moque drsquoEuripide auquel il attribue une eacutetymologie du nom drsquoἈμφ-ίων qui en fait lrsquoeacutequivalent drsquoἌμφ-οδος sous preacutetexte qursquoil serait neacute laquo dans la rue raquo pour faire remarquer avec humour que crsquoest ainsi qursquoaurait ducirc srsquoappeler le Tragique lui-mecircmethinsp41thinsp

37 Il faut tregraves probablement exclure que Ἄμφων puisse srsquoexpliquer comme un beacuteotisme pho-neacutetique agrave partir drsquoun Ἀμφίων agrave i bref (avec -ίων recouvrant aussi bien en beacuteotien le participe du verbe laquo ecirctre raquo ἐών que celui drsquolaquo aller raquo ἰών) cf n 10

38 Voir Bechtel HPN 43 et Y Kalliontzis laquo Deacutecrets de proxeacutenie et catalogues militaires de Cheacuteroneacutee raquo BCH 131 (2007) [2009] p 501-502 ndeg 10 l 9 IIIe s pour Ἄμφων Ἀμφῑων est le nom de lrsquoun des trois chefs des Eacutepeacuteens dans lrsquoIliade (13 692) et celui de lrsquoancecirctre du tyran de Corinthe Peacuteriandre au VIIIeVIIe s (Hdte V 92)thinsp pour Ἄμφῑος voir Il 5 612 et LGPN II Ve s (de ἀμφί-Ϝιος avec un second eacuteleacutement en rapport avec Ϝίεμαι laquo srsquoeacutelancer raquo cf L Dubois laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo Beitrz Nam 21 [1986] p 252-256 ou forme theacutematiseacutee de Ϝῑς laquo force raquo cf A Heubeck laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 [1987] p 149-166) Pour Ἀμφιώ IG VII 2489 peut-ecirctre Ier s apr J-C Pour Ἀμφίτας exemples anciens dans la colonie meacutegarienne drsquoHeacuteracleacutee du Pont cf MH Hansen-TH Nielsen (eds) An Inventory of archaic and classical poleis 2004 p 956) puis agrave Myrina au IIeIer s cf LGPN Vathinsp une occurrence syllabique au VIe s sur une coupe de la reacutegion drsquoAmatonthe O Masson ICS2 ndeg 196b p 413 et cf OGS I p 132 et n 79

39 DMic sv Le changement de flexion inverse est illustreacute par le secondaire δράκων -οντος ancien thegraveme agrave nasale comme son feacuteminin δράκαινα Pour lrsquoithinsp de Ἀμφῑων voir Choiroboscos De orthographia (JA Cramer Anecdota Graecahellip vol 2 Oxford 1835 repr 1963) 168 l 7thinsp Ἀμφιίων hellip καὶ Ἀμφίων κατὰ κρᾶσις τοῦ ϊ εἰς ἕν ι μακρόν

40 Ar Nueacutees 445 Pl Banquet 203d et Protagoras 349e et cf 359cthinsp ἴτας γε ἐφ᾿ ἃ οἱ πολλοὶ φοβοῦνται ἰέναι A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 129c p 195 et n 159 suggegravere la mecircme analyse pour Περῑτας notamment le nom du chien drsquoAlexandrethinsp Περι-ίτας mecircme srsquoil considegravere comme plus vraisemblable drsquoy voir lrsquohypocoristique de Περιτέλης et de consideacuterer le ithinsp comme analogique des types ὁδίτης πολίτης au ithinsp lui-mecircme analogique du athinsp du suffixe parallegravele -ᾱτᾱς-ητης ndash appliquant par ailleurs la mecircme ana-lyse pour rendre compte de lrsquohom Θερσῑτης O Masson voyait de mecircme dans -ίτᾱς le suffixe de πολίτᾱς-ης agrave lrsquoorigine des formations secondaires en -ιτος et -ιτώ cf ZPE 91 (1992) p 119

41 Ar PCG III 2 Fr 342 (327) (Kassel-Austin)thinsp Ἄμφοδον ἐχρῆν αὐτῷ τίθεσθαι τοὔνομα

296 sophie minon

ἈμφιάρηοςA Argos on songera naturellement agrave voir dans Ἀμφίας un diminutif du

nom du roi argien mythique Ἀμφιάρηος pour lequel un fragment drsquoEschyle fait du reste connaicirctre un autre diminutif Ἄμφιςthinsp42 De la mecircme maniegravere agrave Eacutereacutetrie le guerrier des origines converti en heacuteros gueacuterisseur plus tard assimileacute agrave Ascleacutepios semble avoir eacuteteacute honoreacute sous le nom drsquoἈμφίας qursquoat-teste indirectement le nom de lrsquoassociation cultuelle des Ἀμφιασταί que fait connaicirctre une inscription du IIe siegravecle a Cthinsp43 Si lrsquoanthroponyme myc a-pi-ja-re-[ geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]thinsp44 avait pour eacutequivalent alphabeacutetique nom Ἀμφιάρης ou Ἀμφιαρε[ύς] le nom remonterait agrave une haute antiquiteacute sous sa forme non deacuteriveacutee qursquoattestent par ailleurs les acc en -αρῆ et dat en -αρεῖ qui se rencontrent chez Pindarethinsp45 Il est vrai que lrsquoancrage mytho-logique proprement peacuteninsulaire du heacuteros doit faire consideacuterer avec pru-dence ce rapprochement pour des formes seulement attesteacutees lrsquoune et lrsquoautre agrave Cnossos mecircme si les liens qursquoArgos entretenait avec cette citeacute agrave lrsquoeacutepoque classique pourraient srsquoecirctre noueacutes degraves le second milleacutenairethinsp46

Il est du moins des plus probables que le suffixe de lrsquoanthroponyme a originellement comporteacute un εthinsp plutocirct qursquoun athinspthinsp47 Les plus anciennes attestations eacutepigraphiques de ce nom preacutesentent en effet le vocalisme εthinspthinsp ainsi les leacutegendes vasculaires portant Ἀ(μ)φιάρεος en lettres corinthiennes au milieu drsquoanthroponymes de forme dorienne qui notent A tous leurs athinspthinsp de leur cocircteacute les plus anciens des vases attiques agrave figures rouges ont encore

42 Eschyle Fr 632 (Radt)43 P Ducrey laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de

Lausanne (1981) p 73-78 cf J et L Robert Bull Epigr 1982 ndeg 27244 F Aura Jorro DicMic sv (resp KN Xd 7568 et Xd 94) Autre hypothegravese pour la lecture

a-pi-ja-re-[wo ()] chez O Landau Mykenisch-griechische Personennamen p 25 159 171 202thinsp Ἀμφι-αλέϜων avec dieacuteregravese propre agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne cf n 93thinsp mais F Aura Jorro heacutesite agrave lire aussi cette forme a-pi-ja-re-jọ en proposant drsquoy reconnaicirctre un patronymique

45 Pindare Neacutem 9 13 et 24 En Isthm 7 33 tous les manuscrits srsquoaccordent sur lrsquoacc Ἀμφιάραο-ν alors que la leccedilon la plus reacutepandue pour ce thegraveme est Ἀμφιάρηο- en Ol 6 13 et Pyth 8 56 Le papyrus Oxy 2082 fait aussi connaicirctre sous le nom drsquoἈμφιάρης un olympionique spartiate victorieux agrave la lutte cf L Moretti Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957 ndeg 515

46 Sur les liens entre Argos et Cnossos voir notamment les inscriptions reacuteeacutediteacutees par S Minon dans laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 (2007) p 169-210thinsp en faveur drsquoune parenteacute ancienne entre les deux citeacutes voir p 171 lrsquoargument fourni par la preacutesence de lrsquoenclos drsquoArchos heacuteros archeacutegegravete de Cnossos peut-ecirctre venu drsquoArgos

47 Pour P Kretschmer Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach untersucht Guumltersloh 1894 p 32 que suit W Schulze Kl Schr 1933 p 699 le εthinsp est originel et de mecircme E Risch Wortbildung2 p 164 n 1 R Wachter Non-Attic Greek Vase Inscriptions [ci-apregraves NAGVI] Oxford 2001 p 76-77 se range agrave cette position tout en montrant combien il est diffi-cile de trancher

297ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Ἀμφιάρεος tandis que les plus reacutecents ont deacutejagrave Ἀμφιάραοςthinsp48 Au chant 15 de lrsquoOdysseacutee ougrave se rencontrent les deux seules mentions du heacuteros (il nrsquoap-paraicirct pas dans lrsquoIliade) les deux orthographes sont certes deacutefendues par les grammairiens alexandrinsthinsp le α par Aristarque et le η par Zeacutenodotethinsp49thinsp lrsquoeacutepithegravete λαόσσοον laquo entraicircneur drsquohommes raquo associeacutee agrave son nom au v 244 le repreacutesente comme un guerrier et non comme le devin et gueacuterisseur qursquoil devint apregraves sa mortthinsp50 Les mecircmes fluctuations entre les deux vocalismes srsquoobservent on lrsquoa vu chez Pindare Chez les poegravetes attiques de lrsquoeacutepoque classique la forme ancienne Ἀμφιάρεος a eacuteteacute atticiseacutee en Ἀμφιάρεως alors que dans les inscriptions non seulement attiques mais beacuteotiennes (Thegravebes) et ioniennes (Oropos est une colonie drsquoEacutereacutetriethinsp51) crsquoest Ἀμφιάραος que lrsquoon rencontrethinsp52

Dans ces conditions lrsquoeacutetymologie proposeacutee par Heubeck qui consiste agrave reconnaicirctre dans Ἀμφι-άρης et son deacuteriveacute Ἀμφιάρηος des composeacutes posses-sifs formeacutes comme lrsquoanthroponyme Ἀμφί-θεος laquo qui a (descend drsquo)un dieu des deux cocircteacutes raquo avec au second membre le nom drsquoAregraves paraicirct la plus satis-faisantethinsp53 Cependant comme crsquoest presque toujours au premier membre que figurent les theacuteonymes en compositionthinsp54 compte tenu aussi de ce qui est

48 Voir Kretschmer p 32 41 122 123 162 214 et R Wachter NAGVI Cor 66f et r deux occurrences de Ἀ(μ)φιάρεος sur le mecircme crategravere corinthien du VIe s avec renvoi (n 280) aux autres attestations reacuteunies par I Krauskopf LIMC I 1980 laquo Amphiaraos raquo (ndeg 13 et ndeg 23 avec -άρεος et les plus reacutecentes ndeg 24 et 27 avec -άραος) et avec une mise au point sur les variations du vocalisme suffixal

49 Odysseacutee 15 244 (pour les deux leccedilons) et 253 (Ἀμφιάραος) Comme le fait remarquer R Wachter loc cit n 281 la correction de Zeacutenodote ne peut srsquoexpliquer seulement par le fait qursquoil savait qursquoapregraves r i et e un η ionien correspondait agrave un ᾱ attique car il aurait en ce cas proposeacute drsquoautres corrections similaires comme Αἰνείης Ἰήονες etc

50 Voir P Sineux Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007 p 46 et 2651 Cf eg MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory of archaic and classical poleis Oxford

2004 ndeg 21452 L Threatte GAI I 1980 p 12553 A Heubeck Die Sprache 17 (1971) p 8-22 en particulier p 9-10 pour les variantes

du nom Contre lrsquohypothegravese de Kretschmer op cit p 32 qui voyait dans ἱάρηϜ-ος la theacutema-tisation de ἱαρεύςthinsp le radical agrave vocalisme a non meacuteridional de ἱερ- (ce qui exclut en principe tout rapprochement avec les formes myceacuteniennes) et lrsquointerpreacutetation de Ἀμφ-ιάρηος comme un composeacute hypostatique agrave rapprocher pour la rection drsquoion ἀρχ-ιέρεως Lrsquohypothegravese mal eacutetayeacutee de W Borgeaud laquo Amphiaraos et le nom de la Sarre raquo BzN 1 (194950) p 102-104 qui part de Ἀμφιάρᾱος et y voit un anthroponyme drsquoorigine preacute-helleacuteniqueillyrienne ambhi-sarāwos laquo qui habite sur les deux rives du Sarāuos ou de la Sarāua raquo a notamment contre elle de reposer sur un athinsp eacutetymologique

54 Voir J Oulhen laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo in RWV Catling-F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 629-630 Le myceacutenien livre cependant le teacutemoignage drsquoun nom feacuteminin a-pi-e-ra (notamment PY An 1281) qui est interpreacuteteacute comme lrsquoeacutequivalent drsquoun alphabeacute-tique Ἀμϕιήρα cf A Morpurgo-Davies RAL seacuter VIII 15 (1960) p 329 n 26 et M Iodice Aevum 85 (2012) p 6 Et lrsquoanthroponyme Μενάρης citeacute infra n 108 pourrait constituer un autre contre-exemple

298 sophie minon

connu de lrsquoascendance et de la geste du heacuteros Ἀμφιάρηοςthinsp55 on preacutefeacuterera reconnaicirctre sous le second membre plutocirct que le theacuteonyme lrsquoappellatif sans doute suffixeacute en -εthinsp ἀρή laquo malheur perte destruction raquo dont il est eacutetymo-logiquement et morphologiquement indissociable ou son eacutequivalent ἄρος auquel la glose drsquoHeacutesychius preacutesenteacutee en introduction donne entre autres le sens neacutegatif dethinsp βλάβος ἀκούσιονthinsp56 Lrsquoautre voie qui aurait consisteacute agrave y voir des hypostases avec le sens laquo de lrsquoentourage drsquoAregraves raquo avait deacutejagrave eacuteteacute eacutecarteacutee par Heubeck comme moins satisfaisante pour la raison que sur ce type de composeacute les deacuteriveacutes sont plus souvent en -ιος qursquoen -οςthinsp57 Or il est sucircr qursquoil est impossible de faire de Ἀμφιάρηος un deacuteriveacute patronymique en -ιος du doublet Ἀμφιαρεύς de Ἀμφιάρης entretenant le mecircme rapport avec eux que ἌρειοςἌρη(ι)οςthinsp58 avec Ἄρηςeacuteol Ἀρεύς en posant -ethinspw-yo-s gt hom -ήιος susceptible drsquoeacutevoluer soit en -ειος soit en -ηοςthinsp59 et -es-yo-s gt -ειος puis -εος (formes myceacuteniennes citeacutees ci-dessous)thinsp il nrsquoy a en effet aucun exemple de la forme pourtant meacutetrique Ἀμφιαρήιος que lrsquoon attendrait en ce cas dans lrsquoeacutepopeacutee agrave cocircteacute des adjectifs patronymiques Καπανήιος et

55 Voir P Sineux loc cit LrsquoOdysseacutee preacutesente le heacuteros comme eacutegalement aimeacute de Zeus et drsquoApollon ce qui en ferait plus un Ἀμφί-θεος laquo qui a un dieu de part et drsquoautre raquo qursquoun Ἀμφιάρηςthinsp crsquoest chez Pindare qursquoἈμφιάραος est repreacutesenteacute comme un guerrier redoutable πολέμοιο νέφος (Neacutem 10 9) tuant (schol Neacutem 9 30b Drachmann) pour prendre le pouvoir agrave Argos dans un contexte de stasis (Neacutem 9 ibid) Si le second eacuteleacutement -άρης repreacutesentait non le theacuteonyme mais lrsquoappellatif ἄρος ou le thegraveme en εthinsp de forme ἀρή le heacuteronyme pourrait alors ecirctre interpreacuteteacute comme laquo qui a sa perte des deux cocircteacutes raquo crsquoest-agrave-dire agrave Argos ougrave il a sa femme Eriphyle comme ennemie (ἀνδροδάμαντα Neacutem 9 16) comme agrave Thegravebes ougrave son art divinatoire lui a fait voir la mort qui lrsquoattend ce dernier motif surtout deacuteveloppeacute par les Tragiques mais deacutejagrave esquisseacute par Pindare (Ol 6 17) voir Sineux p 35

56 Pour lrsquoeacutetymologie et le sens du nom drsquoAregraves voir P Chantraine DEacuteLG sv ἀρή Ἄρης et pour ἄρος supra n 5thinsp pour lrsquoorigine commune du theacuteonyme et de lrsquoappellatif ἀρή M Peters laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch-C Zinko (edd) Studia Onomastica et Indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz 1995 p 185 n 2 le Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre Primaumlrstammbildungen2 eacuted H Rix 2001 et derniegraverement T Barnes laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19 qui pose pour toute cette famille la racine H2erH1- et pour Aregraves H2reacuteH1-H2rH1-eacutes- avec le sens de laquo destructeur raquothinsp contre R Schmitt ZPE 17 (1975) p 15-16 qui postulait pour le theacuteonyme une origine iranienne

57 Heubeck p 17 et voir E Risch op cit p 17158 Sur hom Ἀρήιος laquo drsquoAregraves le belliqueux raquo devenu par la suite Ἄρειος voir O Masson

OGS III p 139 et n 81 Pour la forme -ηος du suffixe voirthinsp Ἀρήου nom de mois SGDI II 2136 l 2 (Delphes IIe av J-C) IG IX (2) 359c et 1117b (Thessalie eacutepoque romaine)thinsp en revanche dans les inscriptions attiques de la mecircme eacutepoque ougrave figure le nom de lrsquoAreacuteopage (ἐξ Ἀρήου πάγου) eg IG II2 1721 ou 3238 ou lrsquoanthroponyme eg IG II2 1718 ou 3173 il srsquoagit drsquoune graphie itacisante pour lrsquoancienne forme -ειος du suffixe

59 Lrsquoeacutequivalent myceacutenien du suffixe -[C]e-wi-jo est connu par exemple agrave travers lrsquoadjectif i-je-re-wi-jo auquel on pourra comparer agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique hom ἱερ-ήιον koin -ῆον -εῖον voir E Risch op cit sect 46 Pour ῆον voir I v Miletos ndeg 10 l 38 Ve s V Petrakos Ἐπιγρ τοῦ Ὠρωποῦ ndeg 277 l 33 IVe s M Segreacute Iscr di Cos ED ndeg 178 l 19 fin IIIe s etc

299ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

νηλήιος ou encore Ἀφαρήιος fait non sur Ἀφάρηος mais sur Ἀφαρεύς chez Apollonios de Rhodesthinsp60

Heubeck proposait drsquoexpliquer la formation du heacuteronyme de la maniegravere suivante Il y reconnaissait un deacuteriveacute theacutematique de Ἀμφιάρης constitueacute sur le modegravele des anthroponymes myc o-ti-na-wo hom Εὔ- Κλυτό- Ἐχέ- Πολύ-νεως en face de lrsquoappellatif ναῦς avec -ναυςthinsp -νᾱ(Ϝ)ος gt -νηος gt -νεως dans le mecircme rapport que -άρηςthinsp -άρηος gt -άρεωςthinsp hom Βριάρεως reflegraveterait la mecircme theacutematisation de -άρηςthinsp61 Le datif myc a-re du theacuteo-nyme drsquoapregraves lui ne pouvait ecirctre ni celui drsquoun thegraveme sigmatique ni celui drsquoun thegraveme en -ηϜ- mecircme srsquoil est en veacuteriteacute difficile de ne pas reconnaicirctre dans les deux variantes cnossiennes a-re-i-jo et a-re-jo (= Ἄρεἱος vs Ἄρειος) lrsquoadjectif en -yo- correspondant au thegraveme sigmatique que pourrait du reste aussi attester la variante theacutebaine a-re-i qursquoil citait lui-mecircmethinsp62 Il consideacuterait de ce fait que le nom drsquoAregraves eacutetait agrave lrsquoorigine un thegraveme en εthinsp (-eh1-)thinsp63 et que la flexion en -εύς comme celle en -t- (Ἄρης Ἄρητοςthinsp64) qursquoattesteraient indirectement les deacuteriveacutes patronymique Heacutes Ἀρητιάδης et phratronymique arg Ἀμφιαρητείδας repreacutesentaient elles aussi des deacuteveloppements secon-dairesthinsp65 O Masson voyait de mecircme dans chypr Θάλες un ancien nom en εthinsp passeacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique agrave la flexion en dentale geacuten Θάλητοςthinsp66

Mais de mecircme que φύλαξ a pu ecirctre theacutematiseacute degraves la langue eacutepique en φύλακος ce qui a pu ecirctre reacuteinterpreacuteteacute bien plus tard comme lrsquoemploi de son geacutenitif comme un nominatif si lrsquoon en croit une scholie agrave Apollonios de

60 A R I 485 etc61 Heubeck p 18 et 20-2162 Voir CJ Ruijgh Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien 1967 p 265

contesteacute par Heubeck p 16 n 33thinsp on pourrait avoir de mecircme a-re-ị-mene ( ou a-re-ẓọ-me-ne TH Z 849) vs a-re-me-ne (TH Z 852) cf DMic sv Comparer a-re-i-jo vs a-re-jo (KN Le 641 1 et Vc 208) avec le patronymique e-te-wo-ke-re-we-i-jo (PY An 644 8-9 et Aq 64 15) fait sur lrsquoeacutequivalent drsquoalph Ἐτεοκλέ(Ϝ)ης

63 Crsquoest la doctrine toujours admise aujourdrsquohui voir par exemple le compte rendu de N Guilleux agrave A Bernabeacute-ER Lujan Introduccion al griego miceacutenico Gramatica seleccion de textos y glosario 2006 dans BSL 104 2 (2009) p 178

64 Ἄρητος nrsquoest attesteacute ni comme geacutenitif ni sans doute comme nominatif agrave εthinsp heacuteriteacute contre Heubeck p 14 n 22 Le nom Ἄρᾱτος ioniseacute en Ἄρητος (Od 3 440) est fait sur un autre radical celui de ἀρ(Ϝ)ά laquo priegravere vœu maleacutediction raquo voir le dictionnaire de Pape-Benseler Bechtel HPN 63 et Chantraine DEacuteLG sv

65 Heubeck p 17 et 20 ougrave est citeacute le parallegravele drsquohom Ἀφαρεύς et patron Ἀφαρήιος vs Ἀφάρητα (Bacch 5 129) et Ἀφαρήτιδαι (Pind Neacutem 10 65) Voir pour la forme heacutesiodique Bouclier 57-59 ougrave lrsquoadjectif patronymique Ἀρητιάδην est employeacute pour reacutefeacuterer au fils drsquoAregravesthinsp Ὃς καὶ Κύκνον ἔπεφνεν Ἀρητιάδην μεγάθυμον Pour le phratronyme voir E Lobel Oxy Pap 32 1967 ndeg 2618 frag 1 col 1 l 7 de Steacutesichore et W Vollgraff reacutefeacuterence citeacutee supra n 33

66 Agrave distinguer drsquoion Θαλῆς -έω drsquoun ancien Θαλέας aujourdrsquohui attesteacute agrave trois exem-plaires cf O Masson RPh 48 (1974) p 83 et n 2 Pour le Thalegraves chypriote du VIIe s voir du mecircme auteur ICS2 p 257 (ta-le-se)

300 sophie minon

Rhodesthinsp67 Ἀμφιαρεύς aurait pu ecirctre theacutematiseacute en ἈμφιάρηϜ-ος suivant un processus que pourrait aussi illustrer la reacutefection du composeacute ἀρχιερεύς en ἀρχιέρεως chez Heacuterodote qui aurait entraicircneacute celle du simple ἱερεύς dans les inscriptions ioniennesthinsp68 Le pheacutenomegravene pourrait mecircme srsquoobserver pour le theacuteonyme degraves lrsquoeacutepoque myceacutenienne si lrsquoon pouvait accorder foi agrave la lecture a-re-ẉọ de PY An 340 11 et suivre Gallavotti qui proposait avec preacutecaution de voir dans ce nominatif un deacuteriveacute de Ἄρηςthinsp69 Une partie du myceacutenien (au moins Thegravebes et Cnossosthinsp70) semble du reste avoir deacutejagrave amorceacute le meacutetaplasme du thegraveme ancien a-re en thegraveme sigmatique On ne peut donc exclure que la theacutematisation se soit faite agrave partir du composeacute deacutejagrave suffixeacute en -εύς que pourrait recouvrir la forme de geacutenitif supposeacute a-pi-ja-re-[wo ()] deacutejagrave citeacutee plutocirct qursquoau stade preacuteceacutedent ougrave le thegraveme eacutetait peut-ecirctre encore en -εthinspthinsp71 Notons du reste que drsquoun point de vue phoneacutetique la theacutematisation est plus attendue agrave partir drsquoun thegraveme (semi-)consonantique que vocaliquethinsp en face de Ἀμφιάρη-ος Heubeck citait du reste comme parallegravele le thegraveme nāw- du nom du laquo navire raquo (drsquoougrave -νᾱ(Ϝ)-ος gt -νηος) agrave semi-consonne et non agrave

67 Dans la scholie tardive 132b (G Lachenaud Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010 p 34) le scholiaste explique ainsi le processus de theacutematisation des noms atheacutematiques qursquoil attribue aux Ioniensthinsp Φύλακος Ἰωνικῶς ὁ φύλαξ Ἴωνες γὰρ τὰς γενικὰς ποιοῦσιν εὐθείαςthinsp il renvoie ensuite sur la question de lrsquoaccentuation agrave Heacuterodien cf n 64 ibid ougrave lrsquoauteur signale lrsquoaccentuation φυλακούς en Il 24 566

68 Voir deacutejagrave E Risch Wortbildung p 164 n 1 avec renvoi agrave J Wackernagel Zeitschrift fuumlr vergleichende Sprachforschunghellip 27 (1879) p 265 et P Chantraine Formationhellip p 13-14 pour la correacutelation entre theacutematisation et composition et p 130 ougrave il signale la rareteacute des composeacutes en -εύς ce qui peut expliquer aussi leur tendance agrave la theacutematisation Cf Hdte 2 37 (corrigeacute par les eacutediteurs modernes en ἀρχιερεύς) et Dittenberger Syll3 1037 l 4 (Milet ca 300thinsp ἱέρεως) 495 l 23 (Olbia ca 230thinsp geacuten ἱέρεω) et F Sokolowski Lois sacreacutees des citeacutes grecques Suppleacutement Paris 1962 78 l 2-3 (Chios IIe s av J-Cthinsp ἱρέωι) ou encore Ἀ Στεϕάνου Χιακὰ Μελετήματα 1 (1958) 26-32 l 7 (Chiosthinsp nom ἱέρεως) Autres exemples de theacutematisations chez Schwyzer Griechische Grammatik I p 458 et voir mes Inscriptions eacuteleacuteennes dialectales 2007 p 369 et n 13 avec le nominatif eacuteleacuteen μανάσιος du nom de lrsquouniteacute de mesure connue agrave Chypre sous la forme μνάσις Crsquoeacutetait deacutejagrave lrsquohypothegravese de Bechtel Griechische Dialekte II p 514 qui fai-sait de ἈμφιάρηϜος une forme secondaire parallegravele agrave Ἀμφιαρετεύς

69 C Gallavotti Paideia 12 (1957) p 329 voir DMic sv a-re-wo Sur la question de lrsquoori-gine du suffixe -ηϜ- et de ses rapports avec les autres suffixes du grec voir J-L Perpillou Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973 p 15-62

70 Cf n 62 Sur la coexistence de dialectes agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne que lrsquoon ne perccediloit qursquoagrave travers les lapsus des scribes formeacutes agrave eacutecrire la langue de la chancellerie de lrsquoeacutepoque qui repose sur un dialecte de type arcado-chypriote voir M Lejeune laquo Rapport sur le grec myceacutenien raquo Atti Roma 1968 II p 731 contre RJE Thompson laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 (1996-97) p 313-333 qui preacutefegravere voir dans les variantes les indices drsquoeacutevolutions linguistiques en cours comme J Chadwick laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 401 qui insiste sur lrsquouniformiteacute de la langue sur les diffeacuterents sites Dans le mecircme sens que M Lejeune voir sur le caractegravere dialectalement composite du myceacutenien N Guilleux loc cit supra note 63 p 299

71 Comme composeacute en -εύς deacutejagrave attesteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne on pourra citer en parti-culier a-pi-po-re-we (KN Uc 160 v 2 unanimement interpreacuteteacute comme ἀμφι-φορῆϜες) avec la variante haplologique a-po-re-we (PY Tn 996 3 ἀμφορῆϜε)

301ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

voyelle finale On ne dispose certes pas de parallegravele qui permette drsquoeacutetablir le sort de eh1 suivi de voyellethinsp72 Le troisiegraveme mode drsquoeacutevolution agrave savoir lrsquoeacutelar-gissement des thegravemes en -εthinsp en dentale (-ης -ητος) qui nrsquoest pas attesteacute en myceacutenien serait en revanche posteacuterieurthinsp73

Ἀμφι-άραοςPour expliquer ensuite que lrsquoancien Ἀμφιάρηος ait vu transformer le

εthinsp eacutetymologique de son second eacuteleacutement en athinsp pour prendre la forme Ἀμφιάραος R Wachter a reacutecemment repris agrave son compte lrsquoexplication accepteacutee par Kretschmer selon laquelle une eacutetymologie populaire aurait fait constituer secondairement -άρᾱος drsquoapregraves ἀράομαι au sens eacutepique de laquo prier raquothinsp74 en posant lrsquoeacutequation proportionnelle suivante qui preacutesuppose lrsquoeacutepopeacutee ionienne acclimateacutee agrave Athegravenes et en Beacuteotiethinsp ion ἀρήσομαιthinsp att beacuteot ἀρᾱσομαι = ion Ἀμφιάρηοςthinsp att beacuteot x avec x = Ἀμφιάρᾱοςthinsp75 Il faisait neacuteanmoins remarquer le caractegravere plus eacuteconomique de lrsquoautre hypo-thegravese qui aurait fait partir de -ᾱος ioniseacute en -ηος atticiseacute en -εως puis refait en -ᾱος trajectoire qursquoillustre dans le lexique lrsquoappellatif λᾱός qui nrsquoest cependant substitueacute en attique agrave λεώς qursquoagrave la fin du IIIe siegraveclethinsp76 Les tenta-tives sporadiques drsquoionisation du heacuteronyme dans la langue eacutepique auraient eacuteteacute en ce cas agrave lrsquoorigine des formes agrave vocalisme εthinsp des leacutegendes vasculaires corinthiennes les plus anciennes comme des flottements observeacutes dans la tra-dition pindarique Il est vrai qursquoil est impossible vu la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφια- de reconnaicirctre eacutetymologiquement au second

72 Pas drsquoexemple comparable ni chez R Beekes The Development of the Proto-Indo-European laryngeals in Greek La Haye-Paris 1969 p 170-172 ni chez M Peters Untersuchungen zur Vertretung der indogermanischen Laryngale im Griechischen Wien 1980 p 272 La finale -ᾱων ονος de noms de Troyens comme Ἀρετάων ou de lrsquoethnique Ἰάονες cf P Chantraine Formation p 162-163 aurait pu laisser supposer que devant une autre voyelle la voyelle longue issue de eh1 se conservait au mecircme titre que le athinsp issu de eh2 si le myceacutenien nrsquoinvitait en fait agrave res-tituer -ᾱϜων cf O Landau Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958 p 185-186

73 Heubeck p 1974 Kretschmer op cit (n 47) p 123 Lrsquoeacutetymologie populaire est refleacuteteacutee par Photius

Bibliothegraveque Bekker 148a l 36thinsp ὅτι Ἀμφιάραος ἐκλήθη ἐπεὶ ἄμφω οἱ τῆς μητρὸς γονεῖς ἠράσαντο αὐτὴν ἄνευ τεκεῖν μόγου Le heacuteronyme aurait-il ainsi eacuteteacute reacuteinterpreacuteteacute comme laquo celui que lrsquoon prie de part et drsquoautre raquo avec un rappel agrave Thegravebes de lrsquoorigine argienne du heacuteros et du culte qursquoil recevait aussi en Argolide tandis qursquoagrave Oropos il aurait eacuteteacute le heacuteros auquel on rendait un culte de part et drsquoautre de la frontiegravere que lrsquoon fucirct Atheacutenien ou Oropienthinsp

75 R Wachter NAGVI 77 renvoie agrave Kretschmer loc cit Autre hypothegravese insatisfaisante de M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 191-193thinsp lrsquoanalogie des composeacutes anthroponymiques agrave second eacuteleacutement -λᾱϜ ος (gt -lœthinspwos en zone io-att) aurait fait passer -rēwos () agrave -rœthinspwos drsquoougrave beacuteot -ρᾱος par hypercorrection

76 Crsquoest par exemple lrsquointerpreacutetation du dictionnaire de W Pape et G Benseler de 1911 Pour la substitution de λᾱός agrave la forme ionienne-attique λεώς agrave partir de lrsquoeacutepoque helleacutenistique voir L Threatte GAI II 1996 p 39 Lrsquoionien ne semble pas avoir eu ληός cf A Meillet Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 1975 p 313 Lrsquohistorien Polybe est le premier prosateur agrave rem-ployer la forme ancienne λαός comme aussi ναός cf J-A de Foucault Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972 p 65

302 sophie minon

eacuteleacutement le radical de ἀρά laquo priegravere raquo drsquoun plus ancien ἀρϜά (arc κάταρϜος) drsquoougrave ion ᾱρή dans la poeacutesie homeacuteriquethinsp77 Il faut donc bien admettre comme seul authentique le radical ἀρ- agrave bregraveve initiale dont deacuterivent le thegraveme agrave εthinsp que recouvrent hom feacutem ἀρή laquo malheur perte raquo et masc Ἄρης le thegraveme en -εthinspw- qui est aussi ancien pour le theacuteonyme ainsi que le substantif ἄρος que fait connaicirctre la triple glose drsquoHeacutesychius dont le sens neacutegatif βλάβος ἀκούσιον rejoint le seacutemantisme funeste des premiers

Ἀμφ-ιέραοςLrsquoultime transformation en Ἀμφιέραος variante sporadique connue

par quelques deacutedicaces attiques priveacutees et autres inscriptions helleacutenistiques de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos et dont teacutemoigne aussi le nom drsquoassociation Ἀμφιεραισταί agrave Rhamnonte fin IIIedeacutebut IIe siegraveclethinsp78 a pu se produire agrave Oropos ougrave elle aurait eacuteteacute motiveacutee par la volonteacute drsquoioniserthinsp79 une seacutequence dont la reacuteinterpreacutetation par fausse coupe comme Ἀμφ-ιαρ-αοςthinsp80 aurait juste-ment eacuteteacute favoriseacutee par la proximiteacute seacutemantique entre la notion de laquo sacreacute raquo et celle de laquo priegravere raquo que lrsquoeacutetymologie populaire avait secondairement rattacheacutee agrave ce nom de heacuteros Il ne peut y avoir lagrave en effet que la reacuteeacutetymologisation reacutecente drsquoun nom dont lrsquoabsence drsquoattestation drsquoἈμφίερος ου drsquoἌμφιρος agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique indique qursquoil ne repose sur rien drsquoancien Le myceacute-nien du reste ne connaissait que le degreacute e de ce radical (i-je-ro i-je-re-u etc) sans avoir jamais employeacute semble-t-il ni i-ja-ro ni i-a2-rothinsp81thinsp il est vrai que lrsquoanthroponyme a-pi-a2-ro qui pourrait theacuteoriquement avoir comme eacutequiva-lent alphabeacutetique lrsquoanthroponyme Ἀμφίαρος est interpreacuteteacute unanimement comme Ἀμφί-hαλος avec au second eacuteleacutement le radical du nom du laquo sel raquothinsp82 principalement parce que la forte repreacutesentation du radical de forme i-(j)

77 M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 186 n 578 Pour les deacutedicaces attiques contemporaines des inscriptions de lrsquoAmphiaraion voir

L Threatte GAI I p 126thinsp pour les proxeacutenies et autres deacutecrets de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos V Petrakou Οἱ ἐπιγραφές τοῦ Ὠρωποῦ Athegravenes 1997 eg ndeg 9 et 17 deacutebut IIIe s ndeg 60 etc et cf IG II-III2 (1) 1322 pour lrsquoassociation des Ἀμφιεραισταί

79 Comme les formes en Ἀμφιερ- commencent seulement agrave apparaicirctre au tournant du IVe et du IIIe siegravecle alors qursquoapregraves 312 les Beacuteotiens sont agrave nouveau maicirctres drsquoOropos qui fait partie du koinon tout en gardant son statut de citeacute (MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory ndeg 214) ce changement de vocalisme radical peut ecirctre interpreacuteteacute comme une marque drsquoidentiteacute (-ιαρ- fait beacuteotien) de la part des Oropiens dont le dialecte est apparenteacute agrave lrsquoionien drsquoEubeacutee Il est moins plausible drsquoy voir un indice de la koineacuteisation du dialecte qui nrsquoaurait pas affecteacute degraves cette peacuteriode le radical drsquoun heacuteronyme

80 L Threatte GAI I p 126 et 391 heacutesite entre deux explications pour la variante Ἀμφιέραοςthinsp tendance agrave la dissimilation ou plus vraisemblablement confusion avec le radical de ἱερός

81 Voir RJ Thompson laquo Dialects in Mycenaean and mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 1996-97 p 330

82 DMic sv a-pi-a2-ro et cf A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 51

303ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

e-r(V) fait exclure que le vocalisme a puisse avoir eacuteteacute mecircme sporadiquement repreacutesenteacutethinsp83

ἈμφίαροςLrsquoanthroponyme hapax dont il vient drsquoecirctre question Ἀμφίαρος figure

agrave cocircteacute de Παμφίλη de Ἀμφίλοχος et de Ἀμφίας sur un loutrophoros du IVe siegravecle a C trouveacute agrave Athegravenesthinsp84 La segmentation Ἀμφ-ίαρος qui ferait identifier le second eacuteleacutement de ce composeacute comme le radical agrave vocalisme non ionien-attique de ἱερός cf eg Ἀγχ-ίαρος agrave Thespies et Cheacuteroneacutee ou Καλλ-ίαρος vs Καλλ-ίερος agrave Delphesthinsp85 est probablement agrave exclure agrave cause de lrsquoassociation avec le nom feacuteminin agrave finale -η quant agrave lui bien attiquethinsp on attendrait Ἀμφίερος qui nrsquoest nullement attesteacute

La solution qui consisterait agrave y voir une forme courte pour Ἀμφιάραοςthinsp86 se heurte au fait que cette forme du heacuteronyme nrsquoest attesteacutee comme anthropo-nyme qursquoagrave partir du Ier siegravecle de notre egraverethinsp87 Il est alors preacutefeacuterable drsquoy voir un deuxiegraveme exemple de composeacute agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- non eacutelideacute comme dans le cas de Ἀμφιάρηος devant un second eacuteleacutement de forme -αρος ndash lrsquoana-logie de la seacutequence iathinsp de lrsquohypocoristique Ἀμφίας aurait pu contribuer au maintien de lrsquohiatus On aurait pu srsquoattendre agrave un second eacuteleacutement en -άρης-ήρης en lien avec notamment le substantif ἄρος (cf infra II sous Ἀμφάρης) mais -αρος qui est attesteacute par exemple dans le nom du magistrat moneacutetaire Εὔαρος agrave Eacutephegravese au Ve siegraveclethinsp88 peut srsquoexpliquer comme une forme de second membre court parallegravele agrave feacutem -αρώ (cf Κλειναρώ agrave Paros au IIe siegravecle avant J-C ou νεικα(ρ)ώ fille de Ἀρίστων agrave Thegravebes au IIeIIIe siegravecle de notre egravere) bacirctie agrave partir du radical ἀρ- soit de ἀρετή soit de ἄριστοςthinsp89 La derniegravere solution qui aurait consisteacute agrave y voir un deacuteriveacute comparable agrave Ἀμφί-ας au suf-fixe rare -αρος issu de la grammaticalisation de la formation hypocoristique susdite doit sans doute ecirctre eacutecarteacutee parce qursquoelle est plutocirct attendue dans le cas drsquoun sobriquet tel Βάτταρος fait sur Βάττοςthinsp90

En zone non ionienne-attique crsquoest en revanche ἱαρός qursquoil faut recon-naicirctre au second eacuteleacutement du nom nouveau de lrsquoArgien Γνοhίαρος que fait connaicirctre Ch Kritzas dans le mecircme volumethinsp91 composeacute agrave rection ver-

83 Sur le caractegravere cependant dialectalement stratifieacute du myceacutenien voir deacutejagrave supra n 7084 LGPN II Polemon 4 (1949) p 33 ndeg 32 et V Bardani-G Papadopoulou-V Petrakos

Συμπλήρωμα τῶν ἐπιτυμβίων μνημείων τῆς Ἀττικῆς Athegravenes 2006 ndeg 152985 Pour Ἀγχίαρος cf Y Kalliontzis BCH 131 (2007) [2009] p 495-496thinsp pour Καλλίαρος

vs Καλλίερος respectivement SGDI 1987 l 16 175 av J-C et 1867 l 10 177 av J-C86 Hypothegravese de J Traill Persons of Ancient Athens 2 p 100 ndeg 12513587 Deux Atheacuteniens LGPN II88 A Meadows-U Wartemberg (eacuted) Coin Hoards 9 Londres 2002 p 102 ndeg 189 Κλειναρώ IG XII (5) 186 18thinsp νεικα[ρ]ώ IG VII 2681 et cf infra n 14390 Cf O Masson respectivement Philologus 110 (1966) p 256 et n 5 (= OGS I p 91) agrave

propos des noms Λεύκαρος et Λευκάριστος et Glotta 54 (1976) 94 et n 55 (= OGS I p 279)91 Crsquoest lrsquoanalyse de Ch Kritzas pour le nom de lrsquoArgien Γνοhίαρος qursquoil eacutetaie du rappro-

chement avec le nom Ἱερόγνωτος drsquoun Deacutelien IG IX (2) 135 23 IVe s

304 sophie minon

bale comme le nom Δεξίαρος attesteacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique pour deux Beacuteotiensthinsp92

Remarquons pour conclure cette partie que les deacuteveloppements eacutetymo-logiques ici exposeacutes conduisent agrave admettre que le i final de ἀμφι- nrsquoa pas plus eacuteteacute eacutelideacute dans le heacuteronyme Ἀμφιάρηος que dans le nom de lrsquoAtheacutenien Ἀμφίαρος et qursquoil ne lrsquoaurait eacuteteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne dans a-pi-ja-re agrave supposer que cette forme syllabique ait bien Ἀμφιάρης comme correspon-dant alphabeacutetique et cela en contradiction avec la regravegle veacuterifieacutee du moins pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique selon laquelle cette eacutelision eacutetait reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale Ἀμφιάρης serait le seul nom en Ἀμφι- ougrave une telle exception srsquoobserverait du myceacutenien au grec alphabeacutetiquethinsp93 Le teacutemoignage du myceacutenien laisse en effet supposer pour les preacutefixeacutes en ἀμφι-thinsp la conservation de lrsquohiatus devant h (a-pi-e-ke pour ἀμφι- + hέχει ou hῆκε)thinsp la dieacuteregravese devant ancienne laryngalethinsp94 sauf en morphologie ver-bale ougrave lrsquoeacutelision est pratiqueacutee (a-pe-e-ke pour ἀμφ- ou ἀπ- + augment ἔ + hεχε ou hηκε) Notons toutefois que lrsquoeacutelision pourrait avoir coexisteacute comme variante degraves le myceacutenien si lrsquoon postulait lrsquoeacutequivalence entre a-pa-re-[uthinsp] et dor ἈμφᾱρηςἈμφᾱρεύςthinsp mais la seacutequence syllabique est seulement inter-preacuteteacutee comme correspondant agrave Ἀφᾰρεύς voire agrave Ἁρπαλεύςthinsp95

Il nrsquoest pas sucircr en revanche que Ἀμφαρίδας et Ἀμφιαρίδας preacutesenteacutes comme exemple de doublet dans lrsquointroductionthinsp96 teacutemoignent de la mecircme variation agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp le second nom pourrait fort bien deacuteriver du nom Ἀμφ-ίαρος et ecirctre par conseacutequent sans relation avec le premier sur lequel nous reviendrons agrave lrsquooccasion de lrsquoeacutetude du nom Ἀμφάρης

92 LGPN IIIBthinsp Coroneacutee 182 av J-C Syll3 585 l 210 et Orchomegravene IIIeIIe s A Wilhelm Neue Beitr 4 p 10 ndeg 1 l 12-13 pegravere notamment drsquoun Ἱαροκλῆς

93 Les deux seuls autres exemples syllabiques possibles drsquoanthroponymes en Ἀμφι- avec dieacute-regravese devant un second eacuteleacutement agrave laryngale initiale eacutetymologique ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() et a-pi-je-ta ne preacutesentent pas de correspondant en grec alphabeacutetique Pour ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() KN B 812a qursquoon pose une eacutequivalence avec Ἀμφιάγορος Ἀμφίαγρος ou Ἀμφίακρος on srsquoattendrait agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique agrave ce que le premier eacuteleacutement agrave -i final soit eacutelideacute comme crsquoest toujours le cas devant le second eacuteleacutement en -αγορ--ηγορ-thinsp et si Πολίαγρος (LGPN I et II) conserve son i devant -αγρος crsquoest pour eacuteviter toute confusion avec le radical de πολύς Or Ἀμφάγορος Ἄμφαγρος et Ἄμφακρος ne sont pas davantage attesteacutes On aurait un autre exemple de dieacuteregravese si a-pi-je-ta PY An 6577 avait pour correspondant Ἀμφι-έρτας agrave comparer avec Λαέρτης Ὀρσέλαος avec le radical de ὄρνυμι voir A Leukart op cit sect 66 et F Bader Minos 10 (1969) p 50 Mais une autre interpreacutetation est possible qui expliquerait lrsquoabsence drsquoeacutelision de a-pi- en conformiteacute avec la regravegle mise en eacutevidence pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp Ἀμφιέτας en lien avec ἵημι (de yeH1) de preacutefeacuterence agrave Ἀμφιέρτας en lien cette fois avec ὄρομαι (de wer-) qui laisserait plutocirct attendre myc a-pi-we-ta

94 Outre a-pi-ja-re cf n 44 voir ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() note preacuteceacutedente95 F Aura Jorro DicMic sv96 Lrsquohypothegravese drsquoune variation drsquoordre phoneacutetique propre au beacuteotien dont teacutemoignerait la

graphie Ἀμφαρίδας vs Ἀμφιαρίδας doit ecirctre eacutecarteacutee cf n 37

305ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Il reste alors pour justifier ce qui ne constitue en deacutefinitive une exception que pour cette eacutepoque agrave invoquer une contrainte drsquoordre prosodique telle que la preacutefeacuterence pour la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφιαρ- qui peut srsquoecirctre conjugueacutee agrave la reacutepugnance agrave constituer une seacutequence gra-phique Ἀμφαρ- qui eacutetait eacutetymologiquement ambigueuml en dehors de lrsquoionien et de lrsquoattique puisqursquoelle pouvait paraicirctre proceacuteder aussi bien de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω au second eacuteleacute-mentthinsp97 que de Ἀμφ- eacutelideacute + -αρ- du radical de Ἄρης ἄρος ou ἀραρίσκω Crsquoest preacuteciseacutement en ces termes que se pose la question de lrsquoeacutetymologie du nom de lrsquoeacutephore spartiate meurtrier drsquoAgis Ἀμφάρης

IIenspἈμφάρης et la polyseacutemie du radical ἀρ-

Ἀμφ-άρηςἈμφ-ήρηςLe nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφάρης que mentionne Plutarque a eacuteteacute

porteacute par un Atheacutenien (agrave la formule onomastique partiellement doriseacutee) et par un Phocidien qui veacutecurent tous deux au IVe siegraveclethinsp98 Dans lrsquohypothegravese ougrave le a meacutedian aurait eacuteteacute allongeacute en composition et le premier eacuteleacutement Ἀμφι- eacutelideacute comme on lrsquoattend conformeacutement agrave la regravegle phoneacutetique deacutejagrave invoqueacutee Ἀμφᾱρης pourrait alors eacuteventuellement ecirctre rapprocheacute de Ἀμφήρης dont Platon fait lrsquoun des souverains de lrsquoAtlantide fils de Poseacuteidon et de Kleitocirc agrave moins que le second membre de ce nom nrsquoait comporteacute un e eacutetymologique et ne soit plutocirct en lien avec ἐρέττωthinsp99 Lrsquoexistence parallegravele des suffixeacutes en -ίδᾱης Ἀμφηρε-ίδης et Ἀμφαρε-ίδας pourrait conforter le premier rappro-chementthinsp100 Bechtel part de ce principe puisqursquoil classe Ἀμφ-άρης agrave cocircteacute de Ξειν-ήρης et les rattache tous deux agrave ἄρος que fait connaicirctre la glose drsquoHeacutesy-

97 Voir P Chantraine DEacuteLG sv φέρω98 Voir Plut Agis 18 agrave 21 ougrave lrsquoacc est transmis sous la forme Ἀμφάρην par confusion

banale agrave cette eacutepoque entre sigmatiques et masculins en -athinsps (gt -ης)thinsp pour lrsquoAtheacutenien du IVe s cf infra n 153 et pour le Phocidien contemporain CID 2 ndeg 31 l 7 (geacuten Ἀμφάρεος)

99 Platon Criti 114b et cf infra n 113100 Ἀμφηρείδης (Atheacutenien FD III (2) 23 l 19 1387 a C) et Ἀμφαρείδας (Kleitor IIIe s

LGPN IIIA) La forme -ίδης du suffixe du nom ancien Ἀμφηρίδης agrave Thasos et agrave Paros (LGPN I) laisse supposer qursquoil deacuterive plutocirct de Ἄμφηρις que de Ἀμφήρης comme le nom du Spartiate Κλεαρίδας (Thuc IV 132 3) deacuteriverait de son cocircteacute de Κλέαρις (Thasos IG XII (8) 280 l 13 VIeVe s) dont on notera cependant que le a meacutedian est ici de quantiteacute bregraveve Dans le cas des thegravemes sigmatiques on srsquoattend agrave ce que le suffixe -ίδης srsquoajoute au suffixe sigmatique drsquoougrave -ε(σ)-ίδης gt -είδηςthinsp et lrsquoexistence de nombreux composeacutes agrave second eacuteleacutement -μενίδης nrsquoest pas contradictoire puisqursquoils semblent avoir eacuteteacute bacirctis sur μένω plutocirct que deacuteriveacutes drsquoun second eacuteleacute-ment -μένης Dans le cas particulier des noms en κλῆς lrsquoargien par exemple preacutesente cependant -ηίδας dans le phratronyme Ὀϕελλοκληίδας ensuite moderniseacute en Ὀφεltλgtλοκλείδας cf IG IV 553 l 6 Ve s (-κλε ίδας) lrsquoineacutedit E 67 dateacute 330-300 (-κληίδας) et la proxeacutenie argienne drsquoun Thrace SEG 30 357 l 11 ca 300 (-κλείδας) Pour les modaliteacutes morphologiques et phoneacutetiques de la deacuterivation en -ίδας cf mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011

306 sophie minon

chius deacutejagrave citeacutee avec le sens positif de laquo providence raquothinsp101thinsp ils appartiendraient alors agrave la cateacutegorie des bahuvrīhi ou eacutepithegravetes de type possessifthinsp102 Drsquoun autre cocircteacute si le a meacutedian de Ἀμφάρης eacutetait effectivement long agrave la diffeacuterence de celui du heacuteronyme Ἀμφιάρηος le second eacuteleacutement -ᾱήρης pourrait tout aussi bien ecirctre analyseacute comme deacuteriveacute de la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo adapteacute agrave raquo ou laquo pourvu de raquo drsquoautant que le composeacute ἀμφήρης laquo ajusteacute des deux cocircteacutes raquo est attesteacute dans le lexique poeacutetiquethinsp103thinsp on aurait alors un composeacute agrave rection verbale dont la composition aurait eu lieu dans lrsquoadjec-tif avant son transfert dans lrsquoonomastique Les deux hypothegraveses pourraient du reste ne pas ecirctre incompatiblesthinsp lrsquoeacutetymologie du substantif ἄρος nrsquoest pas assureacutee mais le premier sens de la glose drsquoHeacutesychius (ἄρος ὄφελος) srsquoaccorderait assez bien avec la notion positive de conformiteacute et drsquoajuste-ment veacutehiculeacutee par la racine H2er- que lrsquoon trouve agrave lrsquoorigine notamment de ἀραρίσκω de ἀρείων et de ἄριστοςthinsp104

Ἀν(α)-φαρ- Ἀμ(φι)-φαρ-thinspIl ne serait en theacuteorie pas impossible drsquoavancer agrave ce stade une autre

hypothegravesethinsp celle que Ἀμφάρης ait pu proceacuteder en dehors du domaine ionien-attique soit de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope soit de Ἀμ(φι)-φαρ- avec haplologie devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω comme pourrait en teacutemoi-gner lrsquoadjectif correspondant que fait connaicirctre une glose drsquoHeacutesychius proba-blement issue de la contamination de trois autresthinsp ἀμφαρής περιορωμένη κατολιγωρουμένη καὶ γυμνός ἐπιφανήςthinsp105 Les adjectifs agrave second eacuteleacute-ment -φερής bien attesteacutes se rencontrent degraves Heacuterodote et Heacutesychius fait aussi connaicirctre ἀντιφαρές gloseacute ἐναντίον en face de ἀντιφερής que sup-pose lrsquohom ἀντιφερίζωthinsp106 Ni ἀν(α)φερής ni les formes sans haplologie ἀμφιφαρής et ἀμφιφερής ne sont cependant attesteacutes Nous aurons lrsquoocca-sion de veacuterifier la validiteacute de cette hypothegravese agrave propos du nom Ἀμφαρίον agrave la fin de la troisiegraveme partie

101 Bechtel HPN 193102 Voir eg E Risch Wortbildung p 166-170103 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης renvoie agrave Eur HF 243 (qualificatif de ξύλα) et agrave Ion

1128 (ἀμφήρεις σκηνάς)104 Cf infra n 111105 La glose est consideacutereacutee agrave plus drsquoun titre comme suspecte par Lattethinsp par exemple crsquoest

agrave lrsquoeacutevidence ἀφαρήςἄφαρος qui est agrave lrsquoorigine du sens γυμνός comme lrsquoavait deacutejagrave signaleacute Schmidt et Kuster avant lui Pour lrsquoeacutequivalence entre ἀν(α)φαρής et ἐπιφανής qui serait pos-sible agrave condition de donner aux deux adjectifs le sens de laquo manifeste eacuteclatant raquo voir Pind Neacutem 11 38 ougrave ἀναφέρω (ἀμφέροντ(ι)) est employeacute au sens de laquo produire au jour faire remon-ter agrave la lumiegravere raquo agrave propos de vertus resurgissant drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre Lrsquoideacutee drsquoindiffeacuterence et de meacutepris dont teacutemoigne lrsquoeacutequivalence avec περιορωμένη κατολιγορουμένη pourrait se com-prendre mieux quant agrave elle agrave partir de ἀμ(φι)φαρής au sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo drsquoougrave neacutegativement laquo indeacutecis sans opinion raquo

106 Cf infra n 158

307ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Le nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφ-άρηςCependant dans le cas du nom de lrsquoeacutephore spartiate le rapprochement

avec le nom Δαμάρης assez populaire agrave Sparte agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacute-nistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp107 et avec les noms anciens des Spartiates Μενάρης (μένει ὀξὺν Ἄρηα Il 12 836) et peut-ecirctre Κλεαρίδαςthinsp108 incite agrave mettre ici -άρης en relation soit avec ἀρή laquo ruine destruction raquo soit direc-tement avec le nom drsquoAregraves comme on tendait en revanche agrave lrsquoeacutecarter pour le heacuteronyme Ἀμφιάρηος Lrsquoexistence du nom Δημάρης porteacute par un Deacutelien et lrsquoabsence de Δημήρης de Μενήρης et de Κλέηρις dissuadent de plus de retenir lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement agrave voyelle longue initiale -ᾱήρης Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le contraste entre la poigneacutee drsquoanthroponymes composeacutes en -ήρης attesteacutes dans lrsquoensemble du monde grec dont lrsquoidentifi-cation avec le radical de ἀραρίσκω nrsquoest du reste probable que pour le seul Φρασιήρης et la vingtaine de composeacutes en -άρης dont plus de la moitieacute est attesteacutee en zone ionienne-attiquethinsp109 fait douter que ce dernier eacuteleacutement ait comporteacute une voyelle longue initiale ailleurs que dans la phraseacuteologie poeacute-tique et dans le calque Μενάρης

Du radical ἀρ- aux bases ἀρι- ἀρο- et ἀρήIl a donc principalement existeacute des composeacutes anthroponymiques agrave second

eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης ndash et de mecircme en -αρις -αρος et -αρώthinsp110 dans lesquels srsquoobserve la mecircme absence drsquoallongement de la voyelle de jonction que dans Ἀμφιάρηος en deacutepit mecircme de lrsquoeacutelision et cela en contradiction avec la loi drsquoallongement urgriechisch mise en eacutevidence par Wackernagel dont lrsquoapplication nrsquoest certes reacuteguliegravere que dans les composeacutes nominaux anciens de lrsquoeacutepoque alphabeacutetique comme cela a eacuteteacute exposeacute en preacuteambule Comme pour ἀμφαρίστερος il est probable que la conservation du a bref eacutetait destineacutee agrave laisser visible le lien eacutetymologique avec la famille de ἀραρίσκω ἀρείων ἀρι- ἄρος et celle de ἀρή Ἄρης vraisemblablement lrsquoune et lrsquoautre issues sinon de la mecircme base du moins de la mecircme racine H2er-thinsp111 en eacutevitant la confusion possible avec les autres -ήρηςthinsp112 comme

107 Le nom Δαμάρης a eacuteteacute porteacute par quatorze Spartiates par un Arcadien (LGPN IIIA) par un Deacutelien et deux Creacutetois (LGPN I) et un citoyen drsquoAmisos (LGPN VA)

108 Bechtel HPN 69 cf Heacuterodote VIII 131 VIe s et n 99 pour Κλεαρίδας et Κλέαρις109 Pour lrsquoorigine poeacutetique du composeacute Φρασι-ήρης cf supra n 6 Drsquoapregraves le site du

LGPN en ligne les autres composeacutes en -ήρης sontthinsp Εὐήρης Ξεινήρης Περιήρης et Πολυήρης tous attesteacutes agrave un seul exemplaire sauf le premier (5 individus) Pour -άρης voirthinsp Ἀμφ(ι)άρης Ἀνδράρης (zone ion-att) Δαημάρης (id) Δειξάρης Διάρης (id) Δρομάρης (id) Εὐάρης (id) Θεάρης Κλεάρης Λυκάρης (id) Μαχάρης (id) Μενάρης (id) Ξεν(Ϝ)άρης (id) Ξιφάρης (id) Πανάρης Παντάρης Ποδάρης Τιμάρης

110 Cf Κλέαρις n 100 et Εὔαρος et Κλειναρώ n 89111 Voir H Rix LIV2 sv H2er- (ἀραρώς) H2erH (Ἄρης) et H2erH3 (ἀρόω) et cf supra

n 56 pour lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour le nom drsquoAregraves par T Barnes112 Il nrsquoest pas sucircr que lrsquoadj hom ἐρίηρες laquo fidegraveles raquo (de wēr- cf hom ἦρα et Chantraine

DEacuteLG sv) ait geacuteneacutereacute des anthroponymes en dehors de lrsquoeacutepopeacutee ougrave le second membre de Διώρης

308 sophie minon

dans poeacutet ἀμφήρης laquo avec des rames de part et drsquoautre raquo (cf ἐρέττω)thinsp113 ou -ηρις (de ἔρις) comme dans poeacutet δύσηρις et lrsquoanthroponyme correspon-dant dont pourraient ecirctre rapprocheacutes le nom du Thasien Ἀμφηρίδης deacuteriveacute de Ἄμφηρις ainsi que lrsquoadjectif ἀμφήριστοςthinsp114

IIIenspἈμφαρίον Δαμαρίων et Θεαρίων

Lrsquoemploi anthroponymique du suffixe -ίωνLes analyses meneacutees jusqursquoici permettent-elles de deacutemecircler lrsquoorigine du

nom nouveau Ἀμφαρίονthinsp En lrsquoabsence de correspondant myceacutenien il res-sort des eacuteleacutements qui ont eacuteteacute deacutegageacutes pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique que si le premier eacuteleacutement eacutetait Ἀμφι- lrsquoeacutelision de sa voyelle finale eacutetait attendue devant -αρ- ndash ne serait-ce que pour eacuteviter lrsquohiatus iV dans deux syllabes successives sans que lrsquoallongement de la voyelle initiale du second eacuteleacute-ment ait neacutecessairement accompagneacute cette eacutelisionthinsp mais qursquoen pays dorien il serait theacuteoriquement possible que Ἀμφαρ- ait valu ion-att ἀναφερ- et soit un composeacute deacuteverbatif comme cela vient drsquoecirctre exposeacute pour le nom Ἀμφάρης La suffixation de notre anthroponyme est-elle alors compatible avec lrsquoune et lrsquoautre formationthinsp

-ίωνForce nous est de constater que la finale -ίων moins reacutepandue dans

lrsquoanthroponymie que le suffixe -ων lrsquoest encore moins parmi les composeacutesthinsp sur les 1060 noms diffeacuterents preacutesentant cette finale dans les six volumes du Lexicon of Greek Personal Names soit 3 de la totaliteacute des noms connus 7 seulement preacutesentent la forme pleine de composeacutes ndash ce sont geacuteneacuteralement des noms rares dont ne sont connus que 2 3 exemplaires mais qui tendent agrave se deacutevelopper au-delagrave de lrsquoeacutepoque classique contre une majoriteacute drsquohypo-coristiques et de sobriquetsthinsp115 Le deacutepouillement de lrsquoindex inverse du LGPN

et Περιήρης aurait cette origine cf Bechtel HPN 194 tandis que Risch Wortbildung p 79 le rapproche de la racine de ἀραρίσκω Lrsquoanalyse du nom de lrsquoArcadien Πολυ-ήρης (monnaie ineacute-dite du IIe s av J-C ZfN 9 [1882] p 266 ndeg 2) est de mecircme ambigueuml

113 La motivation du nom Εὐήρης de trois Thasiens aurait-elle eacuteteacute celle-lagravethinsp la deacutesignation de laquo bons rameurs raquothinsp Pour lrsquoadj poeacutetique ἀμφήρης cf eg Eur Cycl 15

114 Voir DGEsp sv δύσερις poeacutet δύσηρις et ἀμφήριστος et LGPN IIIB deux Thessaliens du nom de Δύσηρις au VIe et IVe s av J-Cthinsp pour Ἀμφηρίδης supra n 100

115 Sondage effectueacute agrave lrsquoaide de la base de donneacutees en ligne du site du LGPN Citons comme composeacutes suffixeacutes en -ίωνthinsp le rare et tardif Ἐπαγαθίων agrave cocircteacute de Παρμενίων qui bat au contraire tous les records dans cette cateacutegorie (197 individus) et dont lrsquoamplitude chronologique des attestations srsquoexplique agrave la fois par le renom du philosophe Parmeacutenide et par celui du lieute-nant Parmeacutenion drsquoAlexandrethinsp la lexicalisation de lrsquoadjectif composeacute ἐμπόριος fait plutocirct inter-preacuteter lrsquoancien Ἐμπορίων (eg LGPN II) comme un sobriquet Comme hypocoristiques on citera par exemple Πασίων (122 individus) forme abreacutegeacutee drsquoun composeacute du type Πασικράτης (60) et Ἐπαφρ-ίων (19) pour Ἐπαφρόδιτος (515)thinsp et comme sobriquets Διδυμίων ou Ἐλευθερίων qui sont lrsquoun et lrsquoautre drsquoeacutepoque impeacuteriale (LGPN passim)

309ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

IIIA (Peacuteloponnegravese Gregravece de lrsquoOuest Sicile et Grande-Gregravece) laisse identifier 40 composeacutes sur les 350 noms diffeacuterents agrave finale -ίων soit un rapport drsquoun peu plus de 11 thinsp un seul est attesteacute en Argolide occidentale preacuteciseacutement agrave Argos mais seulement agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp Ἁρποκρατίωνthinsp116

Le suffixe -ίων qui servait dans le lexique de suffixe de comparatif srsquoest drsquoabord introduit dans les sobriquets adjectivaux du type Αἰσχρίων (234 individus) Καλλίων (20) ou Κυδίων (2) avec sa valeur grammaticalethinsp notons toutefois que Γλυκίων qui est connu comme comparatif homeacuterique nrsquoest attesteacute qursquoagrave deux exemplaires contre plusieurs centaines drsquoexemples de Γλύκων dans lrsquoensemble du monde grecthinsp117 Dans les autres cas la suffixation est produite par lrsquoadjonction du suffixe banal -ων agrave un i- final extrait lui-mecircme drsquoun thegraveme en -ιο-thinsp118 ou plus souvent drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute verbal ou adjectival du type Ἀλεξικράτης (43 individus) drsquoougrave Ἀλεξίων (103) Il arrive plus rarement que le suffixe -ίων ainsi creacuteeacute apparaisse agrave la finale drsquoun composeacute comme le tregraves populaire Παρ-μεν-ίων composeacute pour lequel sont attesteacutees 26 autres formes de suffixations dont -ων tregraves repreacutesenteacute eacutegalement (136 individus)thinsp selon Bechtel crsquoest Πάρμενις qui a seacutecreacuteteacute Παρμενίδας Παρμενίτας Παρμενίων Παρμένισκος etcthinsp119 Il nrsquoy a pas drsquoexemple drsquohypocoristique qui conserve les seuls phonegravemes initiaux du second eacuteleacutement affecteacute de ce suffixe puisque Δαμοτί-ων forme courte de Δαμότιμος et son correspondant ionien-attique nrsquoont pas drsquoeacutequivalent en -των et sont par conseacutequent suffixeacutes en -ων et non en -ίων et qursquoil en va de mecircme pour tous les composeacutes agrave second eacuteleacutement -τίων

-ωνCependant le suffixe -ων nrsquoeacutetait guegravere plus couramment adjoint agrave un

nom composeacute Crsquoest surtout une suffixation de sobriquetsthinsp120 bien plus que drsquohypocoristiquesthinsp on ne citera que Δαμών-ων Ἀλκί-ν-ων et νικ-άρ-ων parmi ceux qui preacutesentent lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de composeacute preacuteser-veacuteethinsp pour les autres du type Ἀλέξων ou Τίμων lrsquoidentification comme hypocoristique ou comme sobriquet deacutepend de la perspective adopteacuteethinsp lrsquoexistence de composeacutes de type heacuteroiumlque avec parallegraveles dans drsquoautres lan-gues indo-europeacuteennes comportant ces premiers eacuteleacutements fera analyser ces

116 Ἁρποκρατίων IIe s apr J-C RE (2)117 Voir J-L Perpillou laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 (1974)

p 99-107118 Voir P Chantraine Formation p 165 pour un exemple lexical comme οὐρανίων fait

sur οὐράνιος drsquoougrave les anthroponymes οὐρανίων et Κρονίων et les nombreux anthroponymes de forme patronymique tels Ἑλλοπίων Ἀχαιίων Ἀρκαδίων Κωνωπίων etc recenseacutes par Bechtel HPN 548

119 Bechtel HPN 307120 P Chantraine Formation p 161 voir aussi O Masson laquo Notes drsquoanthroponymie grecque

et asianique raquo Beitrz Nam 10 (1959) p 162 (OGS I p 22) sur le rapport qui existe entre ce type de sobriquet et les adjectifs en -ύς cf Δάσων vs δασύς

310 sophie minon

anthroponymes comme des hypocoristiques ndash crsquoest lrsquoanalyse historique pra-tiqueacutee par Bechtel tandis qursquoen synchronie la flexion seulement (geacuten en -ωνος) les distingue de participes employeacutes comme sobriquetsthinsp121 Un son-dage opeacutereacute agrave partir du mecircme volume du LGPN fait apparaicirctre sur 1045 noms en -ων autour de 165 composeacutes clairement identifiables ndash comprenant les 40 composeacutes agrave finale -ίων soit un rapport de presque 16 agrave cocircteacute des 11 pour -ίων Parmi les 125 composeacutes distincts de ceux en -ίων 12 au plus sont attesteacutes agrave Argosthinsp122

-αρίωνOn exclura en tout cas que le suffixe soit ici lrsquoeacutequivalent masculin -αρίων

du neutre -άριον qui est employeacute pour former des sobriquets feacuteminins Comme lrsquoa expliqueacute O Masson les noms de femmes faits au moyen de ce suffixe de diminutif (cf παιδάριον ψυχάριον) commencent agrave apparaicirctre au IIIe siegravecle mais les noms drsquohomme correspondants sont propres agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et freacutequents en Eacutegypte et il rappelait que Bechtel avait montreacute que ces derniers avaient eacuteteacute refaits secondairement sur les diminutifsthinsp ainsi Γλυκαρίων et Ψυχαρίων agrave partir de γλυκάριον et ψυχάριον toutes forma-tions deacuteriveacutees de noms ou drsquoadjectifsthinsp123 Le suffixe -αρίων a pu ecirctre ensuite employeacute librement dans lrsquoanthroponymie sans qursquoil existe neacutecessairement de diminutif associeacute comme on lrsquoobserve pour le nom Τυχαρίων porteacute par deux Atheacuteniens de lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp124

Δαμαρίων et ΔαμάρηςCh Kritzas propose comme parallegraveles agrave lrsquoappui de son analyse Ἀμφ-

αρ-ίον du nouveau nom argien les noms Δαμαρίων et Θεαρίωνthinsp125 Le pre-mier nrsquoest pas attesteacute avant le IIIe siegravecle et a eacuteteacute donneacute surtout agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et en zone ionienne-attiquethinsp les volumes du LGPN reacutepertorient 25 individus ainsi deacutenommeacutesthinsp126

121 Voir sur cette question de typologie I Hartmann laquo lsquoWhat namethinsp What parentagersquo The classification of Greek names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann-A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 (2002) p 55-81

122 Voir LGPN IIIAthinsp Ἰπομέδο ν (SEG 11 336 l 5 ca 575-550)thinsp Ἀλκίφρων (Thuc V 59 5 418 av J-C)thinsp Ὀχίπον (IG IV 552 Ve s)thinsp Εὐέλθων (Iamb VP 267 [FVS I p 447] VeIVe s)thinsp Ξενοφάων (CID 2 75 II l 43 336334)thinsp Ἀριστόφρων (SEG 13 243 316 av J-C)thinsp Βουκολέων (CEG II 816 l 12 303 av J-C)thinsp Ἀριστομέδων (ineacuted publ Ch Kritzas IVeIIIe s)thinsp Λυκόφρων (SEG 42 279 l 6 IIe s)thinsp Δαμοφῶν (ineacuted IIe s)thinsp Εὔφρων (Syringes 44 IIeIer s) et Παρμένων (origine argienne incertaine Bernand El-Kanaiumls 79 Ier s)

123 Voir O Masson laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 (1984) p 157 (OGS II p 443)

124 LGPN II IG II2 2089 l 33 et 2113 l 204 IIe s apr J-C125 Lettre du 20 novembre 2010126 La plus ancienne attestation de ce nom est celle drsquoun Creacutetois et date de 2232 (Milet I

(3) 38g 7)thinsp un Parien homonyme est connu agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale (IG XII (5) 173 V) En dehors de lrsquoexemple drsquoun individu dont lrsquoorigine atheacutenienne est incertaine agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale les

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

REVUEDE

PHILOLOGIEDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

PARIS

KLINCKSIECK

REVUEDE

PHILOLOGIEDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TROISIEgraveME SEacuteRIE

PUBLIEacuteE SOUS LA DIRECTION DE

M CASEVITZPROFESSEUR EacuteMEacuteRITE

Agrave LrsquoUNIVERSITEacuteDE PARIS OUEST NANTERRE

ET Ph MOREAuPROFESSEUR AgraveLrsquoUNIVERSITEacute

DE PARIS EST CREacuteTEIL

ANNEacuteE ET TOME LXXXIVFASC 2

(146e de la collection)

PARIS

KLINCKSIECK

Retrouvez les sommaires de la Revue de philologie et les nouveauteacutes Klincksieck sur

wwwklincksieckcom

ISBN 978-2-252-03861-1copy Klincksieck 2012

ANTHROPONYMES EN ΑΜΦ(ι)- ET EN -Αρ(ι)-thinsp DE ΑΜΦιΑρηΣ Agrave ΑΜΦΑριονthinsp1

Dans le volume de meacutelanges offert en 2010 agrave la regretteacutee E Matthews Ch Kritzas publie une seacuterie drsquoanthroponymes argiens nouveaux rencontreacutes dans les archives financiegraveres du Treacutesor de Pallas mises au jour en 2000 et dont il preacutepare la publicationthinsp2 Lrsquoensemble de ces 135 inscriptions sur bronze peut ecirctre dateacute du premier tiers du IVe siegravecle avant notre egravere Parmi les quelque mille individus de sexe masculin mentionneacutes dans ces comptes figure un deacutenommeacute Ἀμφαρίον (la lettre ocircmeacutega nrsquoest pas encore employeacutee dans ces inscriptions) nom dont la forme et lrsquoeacutetymologie suscitent la curiositeacute

Ch Kritzas propose de faire correspondre cet anthroponyme nouveau agrave Ἀμφάρης Ἀμφαρίδας Ἀμφάριχοςthinsp3 et drsquoy voir le mecircme second eacuteleacute-ment que dans Θε-άρης ou dans Φραhι-αρίδας qui offre lrsquointeacuterecirct drsquoecirctre attesteacute agrave date ancienne agrave Mycegravenesthinsp4 Cet eacuteleacutement serait drsquoapregraves Fr Bechtel agrave mettre en relation avec le substantif ἄρος dont les sens sont donneacutes par la glose drsquoHeacutesychiusthinsp ἄρος ὄφελος καὶ ltπέτραςgt κοιλάς ἐν αἷς ὕδωρ ἀθροίζεται ὄμβριον Καὶ βλάβος ἀκούσιονthinsp5 Ce serait la notion positive de laquo profit utiliteacute assistance raquo qui aurait motiveacute la creacuteation des

1 Mes plus vifs remerciements vont agrave A Alonso Deacuteniz M Casevitz L Dubois Ch Kritzas et Cl Le Feuvre

2 Ch Kritzas laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling-F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

3 Pour Ἀμφάρης cf infrathinsp pour beacuteot Ἀμφαρίδας (PM Fraser-E Matthews A Lexicon of Greek Personal Names [ci-apregraves LGPN] IIIB IIIe av J-C) forme peut-ecirctre iotacisante pour Ἀμφαρε-ίδας cf infra n 100thinsp pour Ἀμφάριχος LGPN IIIB IIeIer av J-C Sauf indication contraire les dates sont doreacutenavant agrave entendre laquo avant notre egravere raquo

4 Θεάρης nrsquoest attesteacute qursquoagrave Hermionegrave et agrave Spartethinsp les plus anciennes attestations datent du Ve s (LGPN IIIA) Lrsquounique Φραhιαρίδας est connu par une inscription argienne dateacutee de ca 500-480thinsp IG IV (1) 492

5 Fr Bechtel Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917 p 193 P Chantraine Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque (DEacuteLG) sv ἄρος indique que laquo la glose combine trois termes et trois explications raquothinsp le premier ἄρος a eacuteteacute employeacute comme eacutequivalent drsquoὄφελος par Eschyle (Suppl 885 nominatif soit drsquoun masc theacute-matique soit drsquoun neutre sigmatique) le dernier est agrave mettre en rapport avec la notion neacutegative drsquoἀρή tandis que le milieu de la glose pourrait ecirctre rapprocheacute du tsaconienthinsp ἀρέ λάκκος cf M Deffner Λεξικὸν τῆς τσακωνικῆς διαλέκτου Athegravenes 1923 p 47 qui suppose un masculin theacutematique Ch Kritzas (op cit p 239 n 4) signale que le creacutetois drsquoaujourdrsquohui appelle preacuteciseacute-ment ἀρόλιθοι les caviteacutes naturelles dans lesquelles srsquoaccumule lrsquoeau de pluiethinsp or le Diccionario griego-espantildeol cite une inscription creacutetoise du IIe s (SEG 26 1049 l 55) ougrave ἐπ[ὶ τ]ὸν θῖνον ἄρον (masc theacutematique) renvoie preacuteciseacutement agrave une citerne

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

290 sophie minon

anthroponymes avec ce radical comme second eacuteleacutement Cependant pour Φραhιαρίδας du moins le rapprochement fait par le mecircme Bechtel avec drsquoune part φρενήρης laquo de bon sens raquo (eg Hdte III 25) drsquoautre part φρεσὶ ᾗσιν ἀρηρώς laquo ferme en son esprit raquo (Hom Od 10 553) invite agrave pri-vileacutegier lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement en -ήρης formeacute sur la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo ajusteacute raquo et agrave identifier par conseacutequent le a meacutedian comme une longue Les parallegraveles fournis par le nom Φρασιηρίδης drsquoun Thasien du IVIIIe siegravecle et par le nom Φρασιήρης drsquoun Tegravenien du IIIe siegravecle viennent encore conforter cette analysethinsp6

Lrsquointerpreacutetation proposeacutee pour le nom Ἀμφαρίον si convaincante qursquoelle paraisse de prime abord ne va pas sans poser deux autres questionsthinsp la question phoneacutetique du sort de la voyelle finale du preacutefixe ἀμφί qui paraicirct srsquoeffacer devant lrsquoinitiale vocalique du second eacuteleacutement alors qursquoil nrsquoen va pas de mecircme du i final de Φρασι- ni localement dans Φραhιαρίδας ni dans lrsquoan-throponyme de forme ionienne correspondantthinsp7 que le i de ἀμφί est conserveacute en hiatus en argien dans le nom du roi mythique Ἀμφιάρηος comme dans le phratronyme Ἀμφιαρητείδας mais que le nom Ἀμφιαρίδας se donnait aussi anciennement agrave Meacutegare que Ἀμφαρίδας en Beacuteotiethinsp8thinsp drsquoautre part la question morphologique de la suffixation en -ίων drsquoun second eacuteleacutement de composeacute anthroponymique

6 Bechtel HPN 457 et voir P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης ἀραρίσκω et φρήν pour φρασί comme forme ancienne de datif Pour Φρασιηρίδης cf Bechtel HPN 193 ougrave curieusement le rapprochement avec ἄρος est en contradiction avec p 457 et IG XII (8) 287 l 19thinsp Ἀριστόνους Φρασιηρίδ[ου]thinsp pour Φρασιήρης IG XII Suppl p 138 ndeg 312 II l 9 Sur la finale -ίδαης alors que le second eacuteleacutement -ᾱρης laisse plutocirct attendre -αρείδαης cf n 100thinsp notons cependant qursquoen argien occidental iota pourrait ici noter un ithinsp issu de la monophtongaison de ei cf eg hῖ pour le relatif au locatif l 29 de la copie argienne du regraveglement du Ve s des relations entre Cnossos et Tylissos reacuteeacutediteacute par S Minon laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (ed) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 2007 p 183 et n 47 pour les autres exemples

7 La forme Φρασαρίδας du mecircme nom connue au IIIe s agrave Hyettos de Beacuteotie teacutemoigne non drsquoune eacutelision de i devant la voyelle initiale du second eacuteleacutement mais de lrsquoabsorption de [j] (lti) dans s comme peut-ecirctre aussi dans le nom de femme Καφισα agrave Cheacuteroneacutee (P Roesch-JM Fossey ZPE 29 1978 p 132 n 9 ll 3-4) agrave cocircteacute du nom drsquohomme Καφισια agrave Thespies (IG VII 2144) tous deux attesteacutes au IIe s av J-C Voir J Meacutendez Dosuna laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo Emerita 61 (1993) p 128 n 71 et p 117-130 ougrave il montre comment la mecircme eacutevolution phoneacutetique mais agrave partir de eV (gt [j]V par synizegravese) rend compte des formes controverseacutees de futurs doriens en -σοντι et -σονται (lt-σέοντι -σέονται)

8 LGPN IIIBthinsp deux exemples meacutegariens lrsquoun au Ve s SEG 39 411 l 8 lrsquoautre au IIIe IG VII 42 l 31 vs Ἀμφαρίδας pour le Beacuteotien citeacute n 3

291ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Proleacutegomegravenesthinsp ἀμφι- ou ἀμφ- devant un second eacuteleacutement de composeacute agrave ini-tiale vocalique

La quantiteacute bregraveve de la voyelle finale i de ἀμφί laisse en principe attendre son eacutelision devant le mot ou le second eacuteleacutement de composeacute agrave initiale voca-lique suivant comme crsquoest lrsquousage freacutequent pour les invariants excepteacute pour περί ἄχρι et μέχρι en attiquethinsp9 Lrsquoabsence drsquoeacutelision est en effet possible pour la voyelle i plus que pour les autres agrave cause de son aptitude agrave se sonantiser en [j] ou agrave deacutevelopper un glide (drsquoougrave [ij]) lorsqursquoelle est en hiatus devant une autre voyellethinsp10

Dans les verbes lrsquoeacutelision est de regravegle en prose attique pour les preacuteverbes περι- et le monosyllabique προ- excepteacutesthinsp11 Dans les composeacutes en ἀμφι- du lexique dont la plupart sont poeacutetiques il est de regravegle conformeacutement aux principes de composition heacuteriteacutes que lrsquoeacutelision soit pratiqueacutee devant la voyelle initiale du second eacuteleacutement ndash sauf dans les cas ougrave celui-ci comportait un s (gt h) un w voire un y initial eacutetymologiquethinsp12 et que cette voyelle ou la syllabe dont elle est le centre soit alors de quantiteacute longue ndash sauf pour les verbes dont la composition est plus reacutecentethinsp13

Du point de vue prosodique cela signifie que lrsquoinitiale des composeacutes non verbaux en ἀμφ(ι)- du lexique avait presque toujours la structure drsquoun dactyle (seacutequence ˉĭV reacutealiseacutee [ĭ(j)V]) ou celle drsquoun spondeacutee (ˉĭVthinsp reacutealiseacutee [Vthinsp] et ˉĭVC1C2 ˉ[VC1C2])thinsp14 Cela explique drsquoailleurs que ἀμφι- ait eacuteteacute eacutelargi drsquoun -s dit adverbialisant dans le composeacute agrave second eacuteleacutement agrave initiale conso-nantique ἀμφισβήτης que lrsquoon pose agrave lrsquoorigine de ἀμφισβητέωthinsp15thinsp Heacutesychius pose du reste pour le verbe lrsquoeacutequivalencethinsp ἀμφῐβᾰτεῖν ἀμφῑσβητεῖν

9 laquo En composition la voyelle finale de ἀμφί peut srsquoeacutelider raquo P Chantraine DEacuteLG sv agrave compleacuteter de Ch de Lamberterie CEacuteG 1 RPh 70 (1996)thinsp voir aussi pour la pratique de lrsquoeacuteli-sion des preacutepositions dissyllabiques dans les textes de prose L Threatte The Grammar of Attic Inscriptions [ci-apregraves GAI] I Berlin-New York 1980 p 419

10 Voir J Meacutendez Dosuna op cit passim Lrsquoeacutetape qui peut suivre la yodisation de i agrave savoir lrsquoabsorption de la sonante dans la consonne preacuteceacutedente (cf n 7) qui se traduit au mecircme titre que lrsquoeacutelision par lrsquoeacutelimination drsquoiota nrsquoest pas attendue dans le cas de ἀμφί dont la consonne bilabiale preacuteceacutedant le i ne peut absorber son produit [j] cf Cl Brixhe Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes questions Louvain 1996 p 129-130

11 Cf ἐπεργάζομαι (de werg-) ἐπέρχομαι (de sergh-) Jos ἀμφάγνυμαι (de weh2g-) etc12 Pour y initial cf n 9313 Voir E Risch Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974 p 201 loi drsquoallonge-

ment laquo urgriechisch raquo14 Sur lrsquoanalogie entre le rythme de la langue parleacutee et celui de la langue poeacutetique toutes

deux organiseacutees en pieds mais sur le rythme iambique plus caracteacuteristique de la conversation comme le signalait deacutejagrave Aristote (Rheacutetorique 1408b21) voir AM Devine-LD Stephens The Prosody of Greek Speech Oxford 1994 p 118-119

15 Pour les deux variantes ἀμφί et ἀμφίς la seconde pouvant ecirctre consideacutereacutee comme un deacuteveloppement propre au grec voir A Mathys laquo Le sigma adverbial en grec ancienthinsp distribution et fonction raquo Lalies 31 (2010) p 297-319

292 sophie minon

Crsquoest ainsi qursquohom ἀμφήκης laquo agrave deux tranchants raquo (de H2ek- gt ἀκ- laquo pointe raquo) ἀμφηρέφης laquo couvert des deux cocircteacutes raquo ἀμφήριστος (sur ἐρίζω) et ἄμφωτον poeacutet ἀμφερκής laquo entoureacute de toute part raquo et ἀμφώβολος laquo double broche raquothinsp16 Thuc ἀμφήρικος (hapax fait sur le poeacutet ἀμφήρης laquo pourvu de rames de part et drsquoautre raquo) Arist ἀμφώδωνἀμφόδων (sur ὀδούς)thinsp17 ἀμφαρμός laquo pierre de taille raquothinsp18 ἀμφεικάς laquo de part et drsquoautre autour du vingt (du mois) raquothinsp19 ou Lyc ἀμφερείδω contrastent avec hom ἀμφίαλος (myc a-pi-a2-ro sur ἅλς) Hp ἀμφιίζομαι (de sed-) att et poeacutet ἀμφιέννυμι (de wes- ἀμφιέσαντο Od 23 142) ou att ἀμφιετηρίς laquo fecircte annuelle raquothinsp20 (de wet- dor Ϝέτος)

Une fois eacutecarteacutees Ar ἀμφαρίστερος laquo gaucher des deux mains raquo sans allongementthinsp21 ἀμφιζάνω (Il 18 25) au lieu de la forme attendue mais ameacutetrique ἀμφιιζάνω les variantes lrsquoune et lrsquoautre meacutetriques ἄμφεπον vs ἀμφίεπον (Il 18 559 et 24 804 de sekw-) Pind (N 1 43) ἀμφελίσσω vs ἀμφιελίσσω (Arat Pheacuten 1 996 de wel-)thinsp22 ainsi que lrsquohapax meacutetrique ἀμφέλκεται (de selk-) chez Denys le Peacuterieacutegegravete (268) les exceptions non poeacutetiques agrave la regravegle sontthinsp lrsquoeacutelision sans doute analogique de ἄμφοδον ἄμφοδος laquo rue bordeacutee de maisons raquo (sur ὁδός de sed-) et des deacuteriveacutes qui sont attesteacutes sous cette seule forme dans la litteacuterature comme dans les inscrip-tions et les papyrusthinsp23 ou encore celles drsquoἀμφεκτήρ vs ἀμφιεκτίς laquo tunique

16 Le tragique Achaiumlos (Fr 36 Snell) semble avoir eacuteteacute le seul agrave employer ἀμφερκής dont lrsquoeacutelision srsquoexplique meacutetriquement alors que lrsquoaspireacutee du neutre ἕρκος pourrait laisser supposer un s- eacutetymologique initial Pour le substantif ἀμφώβολος cf eg Eur Andr 1133

17 Lrsquoheacutesitation ἀμφώδωνἀμφόδων dans Arist peut ecirctre imputable agrave la tradition (nivel-lement des quantiteacutes vocaliques agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale interfeacuterences avec ἄμφοδον cf n 23)

18 Ist Mitt 1920 1969-70 p 238 l 12 (= Didyma 112) Didyme IIe s av J-C Le second eacuteleacutement de la famille de ἀραρίσκω est attesteacute au simple sous la forme ἁρμός avec un esprit rude qui procegravede du report agrave lrsquoinitiale de lrsquoaspiration issue de lrsquoeacutevolution de la seacutequence [zm] du suffixe -smo- cf P Chantraine DEacuteLG sv ἅρμα

19 IG XII (3) 330 l 68 testament drsquoEpictegraveta Theacutera IIIeIIe s Paton-Hicks 384 Cos IIe s etc Lrsquoeacutelision est attendue dans ἀμφεικάς de ἐϜῑκοσι agrave retrouver sous hom ἐείκοσι cf Ch de Lamberterie CEacuteG 6 RPh 75 2001 sv εἴκοσι Sur le mecircme radical εἰκ- mais avec preacutefixe ἐπι- se rencontrent agrave la fois ἐπείκοστον (PPetr 2 p 156 IIe av J-C) vs ἐφείκοστον (PRev Laws 56 15 IIIe av J-C) et ἐπιείκοστος (Ptol Harm 1 15)thinsp les formes eacutelideacutees sont le plus anciennement attesteacutees

20 IG II2 1544 IVe s etc21 Lrsquoabsence drsquoallongement dans ἀμφαρίστερος (Ar Fr 512) srsquoexplique autant par les

besoins du megravetre que par la neacutecessiteacute de garder apparent le lien seacutemantique avec ἀρι- pour eacuteviter la confusion avec la famille de ἔρις pour laquelle sont connus lrsquoadj ἀμφήριστος et lrsquoanthropo-nyme creacutetois correspondant (LGPN I Studi e Testi 125 1946 p 28 eacutepoque impeacuteriale [fictifthinsp]) agrave rapprocher pour le second eacuteleacutement du patronyme du Spartiate Σπερθίης Ἀνηρίστου que fait connaicirctre Heacuterodote (VII 134 2 et cf notamment 137 2 pour un fils homonyme) au VIeVe s

22 De mecircme les adjectifs verbaux correspondants ἀμφελικτός (Eur Heacuteraclegraves 398) vs ἀμφιέλικτος (Denys le Peacuterieacutegegravete 466)

23 Pour ἄμφοδον peut ecirctre invoqueacutee lrsquoanalogie des nombreux autres preacutefixeacutes dissyllabiques tels μέθοδος δίοδος etc qui tous sauf ceux en περι- et προ- avaient leur derniegravere voyelle eacuteli-deacutee cf P Chantraine DEacuteLG sv ὁδός

293ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

double raquo et drsquoἀμφεκτέον laquo agrave entourer raquo (de segh-) chez Heacutesychius qui srsquoex-pliquent quant agrave elles par deacuterivation inverse agrave partir du verbe normalement eacutelideacute ἀμπέχω tardivement refait en ἀμφέχωthinsp24

Lrsquoeacutelision devant le second eacuteleacutement agrave s- initial eacutetymologique dans le composeacute hypostatique ἀμφήλιος laquo oriental raquo seulement attesteacute dans lrsquoApo-calypse apocryphe de Paulthinsp25 a pu ecirctre entraicircneacutee par la quantiteacute longue de la voyelle initiale du second eacuteleacutement comme par la reacutepugnance agrave faire se suc-ceacuteder deux syllabes agrave i en hiatus et deacutenote vraisemblablement une composi-tion tardivethinsp26thinsp les mecircmes motivations peuvent avoir preacutesideacute agrave la creacuteation de rhod ἀμφούριον et ἀμφουριασμόςthinsp27 et de la variante ἀμφορκία (Hsch) agrave cocircteacute de ἀμφιορκία (Poll)

Le seul exemple agrave ma connaissance drsquoabsence drsquoeacutelision devant radical agrave voyelle initiale proceacutedant drsquoune ancienne laryngale est repreacutesenteacute dans le lexique par la variante ἀμφί-ηκες (Hsch) qui doit srsquoexpliquer en face drsquohom et ion-att ἀμφήκης de dor ἀμφᾱκες laquo agrave double pointe raquothinsp28 par une reacutefection secondaire

Dans la liste drsquoanthroponymes composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- dres-seacutee par Bechtel (HPN 41) lrsquoeacutelision paraicirct de mecircme reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale dans les diffeacuterentes reacutegions du monde grec comme le montrent les noms de lrsquoArcadien Ἀμφαίνετος du Beacuteotien Ἀμφάλκες du Thasien Ἄμφανδρος en face de Ἀμφήνωρ agrave Athegravenesthinsp29 du Theacutebain Ἀμφεριτοςthinsp30 comme peut-ecirctre aussi ceux du Phocidien Ἀμφάρετος et du Spartiate Ἀμφάρης tandis que la conservation du i est la seule trace de la preacutesence de lrsquoancien w initial dans le nom de lrsquoAtheacutenien du Ve s Ἀμφίαναξ en face du nom hapax Ἀμφ-ήδης de son compatriote du IIIe sthinsp31 dont la longue initiale du second eacuteleacutement ainsi que lrsquoeacutelision pratiqueacutee devant

24 Autres exceptions similairesthinsp lrsquoadv ἀμφαλλάξ laquo alternativement raquo deacuteriveacute inverse de ἀμφαλλάττω ἀμφέλιξ laquo qui tourne dans les deux sens raquo fait sur ἀμφελίσσω

25 Apoc Paul 2726 Sur lrsquousure de lrsquoaspiration initiale dans le parler des locuteurs de lrsquoeacutepoque impeacuteriale voir

F Gignac A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods I Phonology Milan 1976 p 133-138 Lrsquoattique agrave lrsquoorthographe conservatrice montre peu drsquoexemples de psilose mecircme srsquoil est vraisemblable que lrsquoaspiration initiale a commenceacute agrave se perdre dans ce dialecte peut-ecirctre degraves lrsquoeacutepoque helleacutenistique cf L Threatte GAI I Phonology p 504-506

27 SEG 3 1927 674 respectivement l 40 et 46 IIe s av J-C et cf DEacuteLG sv ὅρος Il srsquoagit probablement dans les deux cas de laquo paiement aux voisins raquo

28 DGEsp sv ἀμφήκης29 IG II2 10799 fin Ve s30 Ἀμφε ριτος LGPN IIIB A Wilhelm Urkunden 240 Nachtrag zu S 90 I l 5 Ve s agrave

comparer agrave Ἀμφήριστος attesteacute agrave Thespies au IIe s SEG 39 456 III l 54 agrave rapprocher le pre-mier de ἐρίω le second de ἐρίζω Le ethinsp assureacute en pays beacuteotien fait exclure le rapprochement avec ἀριτός drsquoougrave νήριτος laquo innombrable raquo (Heacutes etc) et le nom de lrsquoArcadien Κλεάριτος IG II2 3080 l 5 279 av J-C et cf HPN 195

31 IG I3 1190 l 25 ca 411 av J-C pour le plus anciennement connu Pour Ἀμφήδης cf CIA III App 9 l 19 et LGPN II sv

294 sophie minon

le groupe initial sw de la racine swād- de ἡδύς trahissent le caractegravere secondairethinsp32 Les structures rythmiques spondaiumlques et dactyliques privileacute-gieacutees dans lrsquoensemble des composeacutes non-verbaux en ἀμφι- le sont aussi pour les composeacutes anthroponymiques agrave premier eacuteleacutement verbal ou adjectival en -i comme lrsquoillustre lrsquoeacutelision de Δεξι- dans Δεξαγόρας Δέξανδρος Δεξαρέτα Δεξαρίων Δέξαρχος etc en face des hypocoristiques de structure plus souple tels Δεξί-ας et Δεξί-ωνΔέξωνthinsp33

A Argos les deux seuls noms propres assureacutement en Ἀμφ(ι)- suivi de voyelle que fasse aujourdrsquohui connaicirctre lrsquoeacutepigraphie sont le phratronyme Ἀμφιαρητείδας que jrsquoai eacutetudieacute ailleurs et lrsquohypocoristique Ἀμφίαςthinsp34 On ne saurait manquer de leur adjoindre le nom du roi argien mythique Ἀμφιάρηος

IenspDe Ἀμφίας agrave Ἀμφιάρης et Ἀμφιάρηος

ἈμφίαςLa formation hypocoristique drsquoἈμφίας explique la preacutesence du ithinsp crsquoest

agrave lrsquointeacutegraliteacute du premier eacuteleacutement qursquoa eacuteteacute ajouteacute le suffixe -ας de mascu-lins commun au lexique et agrave lrsquoonomastique comme pour lrsquohypocoristique Καλλίας des composeacutes en Καλλι- ou pour Ἀλεξίας forme courte des composeacutes en Ἀλεξί- ou Δεξίαςthinsp35thinsp un Larisseacuteen du nom drsquoἈμφίδαμος a du reste Ἀμφί-ας comme patronymethinsp36

32 Les anthroponymes ont anciennement leur second eacuteleacutement en -άδης avec voyelle bregraveve voir Λεάδε ς agrave Styra Ve s IG XII (9) 56 l 236 ou Θυμάδης Δημάδους IVe s IG II2 2385 l 53 cf Bechtel HPN 21-22 De mecircme que lrsquoon a un Εὐρυ-άδης agrave Sparte au IIIe s IG V (1) 708 de mecircme lrsquoon aurait attendu un Ἀμφι-άδης La langue homeacuterique semble avoir forgeacute un composeacute θυμήδης Od 16 389 (crsquoest la leccedilon de la Vulgate pour laquelle Bekker avait proposeacute la correction θυμήltρgtης de mecircme sens) agrave cocircteacute de αὐάδην que fait connaicirctre pour la premiegravere fois Sapphocirc (22 5)

33 Voir Bechtel HPN 118-119 Lrsquoabsence drsquoiota dans le nom du Beacuteotien Δέξων peut srsquoexpli-quer phoneacutetiquement par lrsquoabsorption de [j] (lti) cf n 7

34 Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδας est connu par un deacutecret de proxeacutenie du IIIe s publieacute par W Vollgraff Mnemosyne 43 (1915) p 380-382 l 10 et mentionneacute par A Heubeck Die Sprache 17 (1971) p 8 Il apparaicirct encore avec lrsquoorthographe ancienne Ἀμφιαρετείδας dans la liste de morts de ca 400-390 publieacutee par Ch Kritzas in Στήλη τόμος εἰς μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 498 l 35 pl 228 Sur son eacutetymologie agrave mettre en relation avec le verbe argien ᾱϜρετευε de ἀνα-Ϝρετεύω voir mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Pour le patronyme au geacutenitif Ἀμφίᾱ voir BCH 33 (1909) p 447 ndeg 6 IIeIer s

35 Voir deacutejagrave A Charbonnet laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 (1984) p 50thinsp laquo Le nom Ἀμφίας srsquoinscrit dans la seacuterie bien connue des diminutifs en -ας de noms composeacutes raquo

36 LGPN IIIBthinsp IG IX (2) 683 fun IIIeIIe s ()

295ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Ἀμφίτας Ἀμφῑων Ἄμφῑος et feacutem ἈμφιώDe la mecircme maniegravere que Ἀμφίας les noms Ἀμφίτας Ἀμφῑων Ἄμφῑος

Ἄμφωνthinsp37 et feacutem Ἀμφιώ doivent ecirctre une seacuterie de formations suffixeacutees conformeacutement agrave lrsquointerpreacutetation qursquoen donne Bechtelthinsp38 Cependant le rapprochement qursquoil est donneacute de faire aujourdrsquohui entre lrsquoanthroponyme myceacutenien a-pi-jo et ce qui pourrait ecirctre interpreacuteteacute comme son geacutenitif a-pi-(j)o-to pourrait eacuteventuellement laisser supposer une reacutefection secondaire de Ἀμφῑων -ονος agrave partir du participe composeacute ἀμφι-ιών ιόντοςthinsp lrsquoabsence drsquoeacutelision de la voyelle finale du preacutefixe aurait eacuteteacute drsquoordre prosodiquethinsp39 De la mecircme maniegravere Ἀμφίτας aurait pu ecirctre formeacute agrave lrsquoaide drsquoun second eacuteleacute-ment -ίτας qui est attesteacute au simple sous la forme du nom drsquoagent ἴτης en attiquethinsp40 Dans un cas comme dans lrsquoautre du moins le rapport eacutetymolo-gique avec le radical du verbe laquo aller raquo ne pouvait manquer drsquoecirctre perccedilu en synchronie comme par ailleurs celui du nom feacuteminin Ἀμφιώ avec le nom drsquoἸώ La meilleure preuve du reste est fournie par un fragment dans lequel Aristophane se moque drsquoEuripide auquel il attribue une eacutetymologie du nom drsquoἈμφ-ίων qui en fait lrsquoeacutequivalent drsquoἌμφ-οδος sous preacutetexte qursquoil serait neacute laquo dans la rue raquo pour faire remarquer avec humour que crsquoest ainsi qursquoaurait ducirc srsquoappeler le Tragique lui-mecircmethinsp41thinsp

37 Il faut tregraves probablement exclure que Ἄμφων puisse srsquoexpliquer comme un beacuteotisme pho-neacutetique agrave partir drsquoun Ἀμφίων agrave i bref (avec -ίων recouvrant aussi bien en beacuteotien le participe du verbe laquo ecirctre raquo ἐών que celui drsquolaquo aller raquo ἰών) cf n 10

38 Voir Bechtel HPN 43 et Y Kalliontzis laquo Deacutecrets de proxeacutenie et catalogues militaires de Cheacuteroneacutee raquo BCH 131 (2007) [2009] p 501-502 ndeg 10 l 9 IIIe s pour Ἄμφων Ἀμφῑων est le nom de lrsquoun des trois chefs des Eacutepeacuteens dans lrsquoIliade (13 692) et celui de lrsquoancecirctre du tyran de Corinthe Peacuteriandre au VIIIeVIIe s (Hdte V 92)thinsp pour Ἄμφῑος voir Il 5 612 et LGPN II Ve s (de ἀμφί-Ϝιος avec un second eacuteleacutement en rapport avec Ϝίεμαι laquo srsquoeacutelancer raquo cf L Dubois laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo Beitrz Nam 21 [1986] p 252-256 ou forme theacutematiseacutee de Ϝῑς laquo force raquo cf A Heubeck laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 [1987] p 149-166) Pour Ἀμφιώ IG VII 2489 peut-ecirctre Ier s apr J-C Pour Ἀμφίτας exemples anciens dans la colonie meacutegarienne drsquoHeacuteracleacutee du Pont cf MH Hansen-TH Nielsen (eds) An Inventory of archaic and classical poleis 2004 p 956) puis agrave Myrina au IIeIer s cf LGPN Vathinsp une occurrence syllabique au VIe s sur une coupe de la reacutegion drsquoAmatonthe O Masson ICS2 ndeg 196b p 413 et cf OGS I p 132 et n 79

39 DMic sv Le changement de flexion inverse est illustreacute par le secondaire δράκων -οντος ancien thegraveme agrave nasale comme son feacuteminin δράκαινα Pour lrsquoithinsp de Ἀμφῑων voir Choiroboscos De orthographia (JA Cramer Anecdota Graecahellip vol 2 Oxford 1835 repr 1963) 168 l 7thinsp Ἀμφιίων hellip καὶ Ἀμφίων κατὰ κρᾶσις τοῦ ϊ εἰς ἕν ι μακρόν

40 Ar Nueacutees 445 Pl Banquet 203d et Protagoras 349e et cf 359cthinsp ἴτας γε ἐφ᾿ ἃ οἱ πολλοὶ φοβοῦνται ἰέναι A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 129c p 195 et n 159 suggegravere la mecircme analyse pour Περῑτας notamment le nom du chien drsquoAlexandrethinsp Περι-ίτας mecircme srsquoil considegravere comme plus vraisemblable drsquoy voir lrsquohypocoristique de Περιτέλης et de consideacuterer le ithinsp comme analogique des types ὁδίτης πολίτης au ithinsp lui-mecircme analogique du athinsp du suffixe parallegravele -ᾱτᾱς-ητης ndash appliquant par ailleurs la mecircme ana-lyse pour rendre compte de lrsquohom Θερσῑτης O Masson voyait de mecircme dans -ίτᾱς le suffixe de πολίτᾱς-ης agrave lrsquoorigine des formations secondaires en -ιτος et -ιτώ cf ZPE 91 (1992) p 119

41 Ar PCG III 2 Fr 342 (327) (Kassel-Austin)thinsp Ἄμφοδον ἐχρῆν αὐτῷ τίθεσθαι τοὔνομα

296 sophie minon

ἈμφιάρηοςA Argos on songera naturellement agrave voir dans Ἀμφίας un diminutif du

nom du roi argien mythique Ἀμφιάρηος pour lequel un fragment drsquoEschyle fait du reste connaicirctre un autre diminutif Ἄμφιςthinsp42 De la mecircme maniegravere agrave Eacutereacutetrie le guerrier des origines converti en heacuteros gueacuterisseur plus tard assimileacute agrave Ascleacutepios semble avoir eacuteteacute honoreacute sous le nom drsquoἈμφίας qursquoat-teste indirectement le nom de lrsquoassociation cultuelle des Ἀμφιασταί que fait connaicirctre une inscription du IIe siegravecle a Cthinsp43 Si lrsquoanthroponyme myc a-pi-ja-re-[ geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]thinsp44 avait pour eacutequivalent alphabeacutetique nom Ἀμφιάρης ou Ἀμφιαρε[ύς] le nom remonterait agrave une haute antiquiteacute sous sa forme non deacuteriveacutee qursquoattestent par ailleurs les acc en -αρῆ et dat en -αρεῖ qui se rencontrent chez Pindarethinsp45 Il est vrai que lrsquoancrage mytho-logique proprement peacuteninsulaire du heacuteros doit faire consideacuterer avec pru-dence ce rapprochement pour des formes seulement attesteacutees lrsquoune et lrsquoautre agrave Cnossos mecircme si les liens qursquoArgos entretenait avec cette citeacute agrave lrsquoeacutepoque classique pourraient srsquoecirctre noueacutes degraves le second milleacutenairethinsp46

Il est du moins des plus probables que le suffixe de lrsquoanthroponyme a originellement comporteacute un εthinsp plutocirct qursquoun athinspthinsp47 Les plus anciennes attestations eacutepigraphiques de ce nom preacutesentent en effet le vocalisme εthinspthinsp ainsi les leacutegendes vasculaires portant Ἀ(μ)φιάρεος en lettres corinthiennes au milieu drsquoanthroponymes de forme dorienne qui notent A tous leurs athinspthinsp de leur cocircteacute les plus anciens des vases attiques agrave figures rouges ont encore

42 Eschyle Fr 632 (Radt)43 P Ducrey laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de

Lausanne (1981) p 73-78 cf J et L Robert Bull Epigr 1982 ndeg 27244 F Aura Jorro DicMic sv (resp KN Xd 7568 et Xd 94) Autre hypothegravese pour la lecture

a-pi-ja-re-[wo ()] chez O Landau Mykenisch-griechische Personennamen p 25 159 171 202thinsp Ἀμφι-αλέϜων avec dieacuteregravese propre agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne cf n 93thinsp mais F Aura Jorro heacutesite agrave lire aussi cette forme a-pi-ja-re-jọ en proposant drsquoy reconnaicirctre un patronymique

45 Pindare Neacutem 9 13 et 24 En Isthm 7 33 tous les manuscrits srsquoaccordent sur lrsquoacc Ἀμφιάραο-ν alors que la leccedilon la plus reacutepandue pour ce thegraveme est Ἀμφιάρηο- en Ol 6 13 et Pyth 8 56 Le papyrus Oxy 2082 fait aussi connaicirctre sous le nom drsquoἈμφιάρης un olympionique spartiate victorieux agrave la lutte cf L Moretti Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957 ndeg 515

46 Sur les liens entre Argos et Cnossos voir notamment les inscriptions reacuteeacutediteacutees par S Minon dans laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 (2007) p 169-210thinsp en faveur drsquoune parenteacute ancienne entre les deux citeacutes voir p 171 lrsquoargument fourni par la preacutesence de lrsquoenclos drsquoArchos heacuteros archeacutegegravete de Cnossos peut-ecirctre venu drsquoArgos

47 Pour P Kretschmer Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach untersucht Guumltersloh 1894 p 32 que suit W Schulze Kl Schr 1933 p 699 le εthinsp est originel et de mecircme E Risch Wortbildung2 p 164 n 1 R Wachter Non-Attic Greek Vase Inscriptions [ci-apregraves NAGVI] Oxford 2001 p 76-77 se range agrave cette position tout en montrant combien il est diffi-cile de trancher

297ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Ἀμφιάρεος tandis que les plus reacutecents ont deacutejagrave Ἀμφιάραοςthinsp48 Au chant 15 de lrsquoOdysseacutee ougrave se rencontrent les deux seules mentions du heacuteros (il nrsquoap-paraicirct pas dans lrsquoIliade) les deux orthographes sont certes deacutefendues par les grammairiens alexandrinsthinsp le α par Aristarque et le η par Zeacutenodotethinsp49thinsp lrsquoeacutepithegravete λαόσσοον laquo entraicircneur drsquohommes raquo associeacutee agrave son nom au v 244 le repreacutesente comme un guerrier et non comme le devin et gueacuterisseur qursquoil devint apregraves sa mortthinsp50 Les mecircmes fluctuations entre les deux vocalismes srsquoobservent on lrsquoa vu chez Pindare Chez les poegravetes attiques de lrsquoeacutepoque classique la forme ancienne Ἀμφιάρεος a eacuteteacute atticiseacutee en Ἀμφιάρεως alors que dans les inscriptions non seulement attiques mais beacuteotiennes (Thegravebes) et ioniennes (Oropos est une colonie drsquoEacutereacutetriethinsp51) crsquoest Ἀμφιάραος que lrsquoon rencontrethinsp52

Dans ces conditions lrsquoeacutetymologie proposeacutee par Heubeck qui consiste agrave reconnaicirctre dans Ἀμφι-άρης et son deacuteriveacute Ἀμφιάρηος des composeacutes posses-sifs formeacutes comme lrsquoanthroponyme Ἀμφί-θεος laquo qui a (descend drsquo)un dieu des deux cocircteacutes raquo avec au second membre le nom drsquoAregraves paraicirct la plus satis-faisantethinsp53 Cependant comme crsquoest presque toujours au premier membre que figurent les theacuteonymes en compositionthinsp54 compte tenu aussi de ce qui est

48 Voir Kretschmer p 32 41 122 123 162 214 et R Wachter NAGVI Cor 66f et r deux occurrences de Ἀ(μ)φιάρεος sur le mecircme crategravere corinthien du VIe s avec renvoi (n 280) aux autres attestations reacuteunies par I Krauskopf LIMC I 1980 laquo Amphiaraos raquo (ndeg 13 et ndeg 23 avec -άρεος et les plus reacutecentes ndeg 24 et 27 avec -άραος) et avec une mise au point sur les variations du vocalisme suffixal

49 Odysseacutee 15 244 (pour les deux leccedilons) et 253 (Ἀμφιάραος) Comme le fait remarquer R Wachter loc cit n 281 la correction de Zeacutenodote ne peut srsquoexpliquer seulement par le fait qursquoil savait qursquoapregraves r i et e un η ionien correspondait agrave un ᾱ attique car il aurait en ce cas proposeacute drsquoautres corrections similaires comme Αἰνείης Ἰήονες etc

50 Voir P Sineux Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007 p 46 et 2651 Cf eg MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory of archaic and classical poleis Oxford

2004 ndeg 21452 L Threatte GAI I 1980 p 12553 A Heubeck Die Sprache 17 (1971) p 8-22 en particulier p 9-10 pour les variantes

du nom Contre lrsquohypothegravese de Kretschmer op cit p 32 qui voyait dans ἱάρηϜ-ος la theacutema-tisation de ἱαρεύςthinsp le radical agrave vocalisme a non meacuteridional de ἱερ- (ce qui exclut en principe tout rapprochement avec les formes myceacuteniennes) et lrsquointerpreacutetation de Ἀμφ-ιάρηος comme un composeacute hypostatique agrave rapprocher pour la rection drsquoion ἀρχ-ιέρεως Lrsquohypothegravese mal eacutetayeacutee de W Borgeaud laquo Amphiaraos et le nom de la Sarre raquo BzN 1 (194950) p 102-104 qui part de Ἀμφιάρᾱος et y voit un anthroponyme drsquoorigine preacute-helleacuteniqueillyrienne ambhi-sarāwos laquo qui habite sur les deux rives du Sarāuos ou de la Sarāua raquo a notamment contre elle de reposer sur un athinsp eacutetymologique

54 Voir J Oulhen laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo in RWV Catling-F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 629-630 Le myceacutenien livre cependant le teacutemoignage drsquoun nom feacuteminin a-pi-e-ra (notamment PY An 1281) qui est interpreacuteteacute comme lrsquoeacutequivalent drsquoun alphabeacute-tique Ἀμϕιήρα cf A Morpurgo-Davies RAL seacuter VIII 15 (1960) p 329 n 26 et M Iodice Aevum 85 (2012) p 6 Et lrsquoanthroponyme Μενάρης citeacute infra n 108 pourrait constituer un autre contre-exemple

298 sophie minon

connu de lrsquoascendance et de la geste du heacuteros Ἀμφιάρηοςthinsp55 on preacutefeacuterera reconnaicirctre sous le second membre plutocirct que le theacuteonyme lrsquoappellatif sans doute suffixeacute en -εthinsp ἀρή laquo malheur perte destruction raquo dont il est eacutetymo-logiquement et morphologiquement indissociable ou son eacutequivalent ἄρος auquel la glose drsquoHeacutesychius preacutesenteacutee en introduction donne entre autres le sens neacutegatif dethinsp βλάβος ἀκούσιονthinsp56 Lrsquoautre voie qui aurait consisteacute agrave y voir des hypostases avec le sens laquo de lrsquoentourage drsquoAregraves raquo avait deacutejagrave eacuteteacute eacutecarteacutee par Heubeck comme moins satisfaisante pour la raison que sur ce type de composeacute les deacuteriveacutes sont plus souvent en -ιος qursquoen -οςthinsp57 Or il est sucircr qursquoil est impossible de faire de Ἀμφιάρηος un deacuteriveacute patronymique en -ιος du doublet Ἀμφιαρεύς de Ἀμφιάρης entretenant le mecircme rapport avec eux que ἌρειοςἌρη(ι)οςthinsp58 avec Ἄρηςeacuteol Ἀρεύς en posant -ethinspw-yo-s gt hom -ήιος susceptible drsquoeacutevoluer soit en -ειος soit en -ηοςthinsp59 et -es-yo-s gt -ειος puis -εος (formes myceacuteniennes citeacutees ci-dessous)thinsp il nrsquoy a en effet aucun exemple de la forme pourtant meacutetrique Ἀμφιαρήιος que lrsquoon attendrait en ce cas dans lrsquoeacutepopeacutee agrave cocircteacute des adjectifs patronymiques Καπανήιος et

55 Voir P Sineux loc cit LrsquoOdysseacutee preacutesente le heacuteros comme eacutegalement aimeacute de Zeus et drsquoApollon ce qui en ferait plus un Ἀμφί-θεος laquo qui a un dieu de part et drsquoautre raquo qursquoun Ἀμφιάρηςthinsp crsquoest chez Pindare qursquoἈμφιάραος est repreacutesenteacute comme un guerrier redoutable πολέμοιο νέφος (Neacutem 10 9) tuant (schol Neacutem 9 30b Drachmann) pour prendre le pouvoir agrave Argos dans un contexte de stasis (Neacutem 9 ibid) Si le second eacuteleacutement -άρης repreacutesentait non le theacuteonyme mais lrsquoappellatif ἄρος ou le thegraveme en εthinsp de forme ἀρή le heacuteronyme pourrait alors ecirctre interpreacuteteacute comme laquo qui a sa perte des deux cocircteacutes raquo crsquoest-agrave-dire agrave Argos ougrave il a sa femme Eriphyle comme ennemie (ἀνδροδάμαντα Neacutem 9 16) comme agrave Thegravebes ougrave son art divinatoire lui a fait voir la mort qui lrsquoattend ce dernier motif surtout deacuteveloppeacute par les Tragiques mais deacutejagrave esquisseacute par Pindare (Ol 6 17) voir Sineux p 35

56 Pour lrsquoeacutetymologie et le sens du nom drsquoAregraves voir P Chantraine DEacuteLG sv ἀρή Ἄρης et pour ἄρος supra n 5thinsp pour lrsquoorigine commune du theacuteonyme et de lrsquoappellatif ἀρή M Peters laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch-C Zinko (edd) Studia Onomastica et Indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz 1995 p 185 n 2 le Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre Primaumlrstammbildungen2 eacuted H Rix 2001 et derniegraverement T Barnes laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19 qui pose pour toute cette famille la racine H2erH1- et pour Aregraves H2reacuteH1-H2rH1-eacutes- avec le sens de laquo destructeur raquothinsp contre R Schmitt ZPE 17 (1975) p 15-16 qui postulait pour le theacuteonyme une origine iranienne

57 Heubeck p 17 et voir E Risch op cit p 17158 Sur hom Ἀρήιος laquo drsquoAregraves le belliqueux raquo devenu par la suite Ἄρειος voir O Masson

OGS III p 139 et n 81 Pour la forme -ηος du suffixe voirthinsp Ἀρήου nom de mois SGDI II 2136 l 2 (Delphes IIe av J-C) IG IX (2) 359c et 1117b (Thessalie eacutepoque romaine)thinsp en revanche dans les inscriptions attiques de la mecircme eacutepoque ougrave figure le nom de lrsquoAreacuteopage (ἐξ Ἀρήου πάγου) eg IG II2 1721 ou 3238 ou lrsquoanthroponyme eg IG II2 1718 ou 3173 il srsquoagit drsquoune graphie itacisante pour lrsquoancienne forme -ειος du suffixe

59 Lrsquoeacutequivalent myceacutenien du suffixe -[C]e-wi-jo est connu par exemple agrave travers lrsquoadjectif i-je-re-wi-jo auquel on pourra comparer agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique hom ἱερ-ήιον koin -ῆον -εῖον voir E Risch op cit sect 46 Pour ῆον voir I v Miletos ndeg 10 l 38 Ve s V Petrakos Ἐπιγρ τοῦ Ὠρωποῦ ndeg 277 l 33 IVe s M Segreacute Iscr di Cos ED ndeg 178 l 19 fin IIIe s etc

299ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

νηλήιος ou encore Ἀφαρήιος fait non sur Ἀφάρηος mais sur Ἀφαρεύς chez Apollonios de Rhodesthinsp60

Heubeck proposait drsquoexpliquer la formation du heacuteronyme de la maniegravere suivante Il y reconnaissait un deacuteriveacute theacutematique de Ἀμφιάρης constitueacute sur le modegravele des anthroponymes myc o-ti-na-wo hom Εὔ- Κλυτό- Ἐχέ- Πολύ-νεως en face de lrsquoappellatif ναῦς avec -ναυςthinsp -νᾱ(Ϝ)ος gt -νηος gt -νεως dans le mecircme rapport que -άρηςthinsp -άρηος gt -άρεωςthinsp hom Βριάρεως reflegraveterait la mecircme theacutematisation de -άρηςthinsp61 Le datif myc a-re du theacuteo-nyme drsquoapregraves lui ne pouvait ecirctre ni celui drsquoun thegraveme sigmatique ni celui drsquoun thegraveme en -ηϜ- mecircme srsquoil est en veacuteriteacute difficile de ne pas reconnaicirctre dans les deux variantes cnossiennes a-re-i-jo et a-re-jo (= Ἄρεἱος vs Ἄρειος) lrsquoadjectif en -yo- correspondant au thegraveme sigmatique que pourrait du reste aussi attester la variante theacutebaine a-re-i qursquoil citait lui-mecircmethinsp62 Il consideacuterait de ce fait que le nom drsquoAregraves eacutetait agrave lrsquoorigine un thegraveme en εthinsp (-eh1-)thinsp63 et que la flexion en -εύς comme celle en -t- (Ἄρης Ἄρητοςthinsp64) qursquoattesteraient indirectement les deacuteriveacutes patronymique Heacutes Ἀρητιάδης et phratronymique arg Ἀμφιαρητείδας repreacutesentaient elles aussi des deacuteveloppements secon-dairesthinsp65 O Masson voyait de mecircme dans chypr Θάλες un ancien nom en εthinsp passeacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique agrave la flexion en dentale geacuten Θάλητοςthinsp66

Mais de mecircme que φύλαξ a pu ecirctre theacutematiseacute degraves la langue eacutepique en φύλακος ce qui a pu ecirctre reacuteinterpreacuteteacute bien plus tard comme lrsquoemploi de son geacutenitif comme un nominatif si lrsquoon en croit une scholie agrave Apollonios de

60 A R I 485 etc61 Heubeck p 18 et 20-2162 Voir CJ Ruijgh Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien 1967 p 265

contesteacute par Heubeck p 16 n 33thinsp on pourrait avoir de mecircme a-re-ị-mene ( ou a-re-ẓọ-me-ne TH Z 849) vs a-re-me-ne (TH Z 852) cf DMic sv Comparer a-re-i-jo vs a-re-jo (KN Le 641 1 et Vc 208) avec le patronymique e-te-wo-ke-re-we-i-jo (PY An 644 8-9 et Aq 64 15) fait sur lrsquoeacutequivalent drsquoalph Ἐτεοκλέ(Ϝ)ης

63 Crsquoest la doctrine toujours admise aujourdrsquohui voir par exemple le compte rendu de N Guilleux agrave A Bernabeacute-ER Lujan Introduccion al griego miceacutenico Gramatica seleccion de textos y glosario 2006 dans BSL 104 2 (2009) p 178

64 Ἄρητος nrsquoest attesteacute ni comme geacutenitif ni sans doute comme nominatif agrave εthinsp heacuteriteacute contre Heubeck p 14 n 22 Le nom Ἄρᾱτος ioniseacute en Ἄρητος (Od 3 440) est fait sur un autre radical celui de ἀρ(Ϝ)ά laquo priegravere vœu maleacutediction raquo voir le dictionnaire de Pape-Benseler Bechtel HPN 63 et Chantraine DEacuteLG sv

65 Heubeck p 17 et 20 ougrave est citeacute le parallegravele drsquohom Ἀφαρεύς et patron Ἀφαρήιος vs Ἀφάρητα (Bacch 5 129) et Ἀφαρήτιδαι (Pind Neacutem 10 65) Voir pour la forme heacutesiodique Bouclier 57-59 ougrave lrsquoadjectif patronymique Ἀρητιάδην est employeacute pour reacutefeacuterer au fils drsquoAregravesthinsp Ὃς καὶ Κύκνον ἔπεφνεν Ἀρητιάδην μεγάθυμον Pour le phratronyme voir E Lobel Oxy Pap 32 1967 ndeg 2618 frag 1 col 1 l 7 de Steacutesichore et W Vollgraff reacutefeacuterence citeacutee supra n 33

66 Agrave distinguer drsquoion Θαλῆς -έω drsquoun ancien Θαλέας aujourdrsquohui attesteacute agrave trois exem-plaires cf O Masson RPh 48 (1974) p 83 et n 2 Pour le Thalegraves chypriote du VIIe s voir du mecircme auteur ICS2 p 257 (ta-le-se)

300 sophie minon

Rhodesthinsp67 Ἀμφιαρεύς aurait pu ecirctre theacutematiseacute en ἈμφιάρηϜ-ος suivant un processus que pourrait aussi illustrer la reacutefection du composeacute ἀρχιερεύς en ἀρχιέρεως chez Heacuterodote qui aurait entraicircneacute celle du simple ἱερεύς dans les inscriptions ioniennesthinsp68 Le pheacutenomegravene pourrait mecircme srsquoobserver pour le theacuteonyme degraves lrsquoeacutepoque myceacutenienne si lrsquoon pouvait accorder foi agrave la lecture a-re-ẉọ de PY An 340 11 et suivre Gallavotti qui proposait avec preacutecaution de voir dans ce nominatif un deacuteriveacute de Ἄρηςthinsp69 Une partie du myceacutenien (au moins Thegravebes et Cnossosthinsp70) semble du reste avoir deacutejagrave amorceacute le meacutetaplasme du thegraveme ancien a-re en thegraveme sigmatique On ne peut donc exclure que la theacutematisation se soit faite agrave partir du composeacute deacutejagrave suffixeacute en -εύς que pourrait recouvrir la forme de geacutenitif supposeacute a-pi-ja-re-[wo ()] deacutejagrave citeacutee plutocirct qursquoau stade preacuteceacutedent ougrave le thegraveme eacutetait peut-ecirctre encore en -εthinspthinsp71 Notons du reste que drsquoun point de vue phoneacutetique la theacutematisation est plus attendue agrave partir drsquoun thegraveme (semi-)consonantique que vocaliquethinsp en face de Ἀμφιάρη-ος Heubeck citait du reste comme parallegravele le thegraveme nāw- du nom du laquo navire raquo (drsquoougrave -νᾱ(Ϝ)-ος gt -νηος) agrave semi-consonne et non agrave

67 Dans la scholie tardive 132b (G Lachenaud Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010 p 34) le scholiaste explique ainsi le processus de theacutematisation des noms atheacutematiques qursquoil attribue aux Ioniensthinsp Φύλακος Ἰωνικῶς ὁ φύλαξ Ἴωνες γὰρ τὰς γενικὰς ποιοῦσιν εὐθείαςthinsp il renvoie ensuite sur la question de lrsquoaccentuation agrave Heacuterodien cf n 64 ibid ougrave lrsquoauteur signale lrsquoaccentuation φυλακούς en Il 24 566

68 Voir deacutejagrave E Risch Wortbildung p 164 n 1 avec renvoi agrave J Wackernagel Zeitschrift fuumlr vergleichende Sprachforschunghellip 27 (1879) p 265 et P Chantraine Formationhellip p 13-14 pour la correacutelation entre theacutematisation et composition et p 130 ougrave il signale la rareteacute des composeacutes en -εύς ce qui peut expliquer aussi leur tendance agrave la theacutematisation Cf Hdte 2 37 (corrigeacute par les eacutediteurs modernes en ἀρχιερεύς) et Dittenberger Syll3 1037 l 4 (Milet ca 300thinsp ἱέρεως) 495 l 23 (Olbia ca 230thinsp geacuten ἱέρεω) et F Sokolowski Lois sacreacutees des citeacutes grecques Suppleacutement Paris 1962 78 l 2-3 (Chios IIe s av J-Cthinsp ἱρέωι) ou encore Ἀ Στεϕάνου Χιακὰ Μελετήματα 1 (1958) 26-32 l 7 (Chiosthinsp nom ἱέρεως) Autres exemples de theacutematisations chez Schwyzer Griechische Grammatik I p 458 et voir mes Inscriptions eacuteleacuteennes dialectales 2007 p 369 et n 13 avec le nominatif eacuteleacuteen μανάσιος du nom de lrsquouniteacute de mesure connue agrave Chypre sous la forme μνάσις Crsquoeacutetait deacutejagrave lrsquohypothegravese de Bechtel Griechische Dialekte II p 514 qui fai-sait de ἈμφιάρηϜος une forme secondaire parallegravele agrave Ἀμφιαρετεύς

69 C Gallavotti Paideia 12 (1957) p 329 voir DMic sv a-re-wo Sur la question de lrsquoori-gine du suffixe -ηϜ- et de ses rapports avec les autres suffixes du grec voir J-L Perpillou Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973 p 15-62

70 Cf n 62 Sur la coexistence de dialectes agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne que lrsquoon ne perccediloit qursquoagrave travers les lapsus des scribes formeacutes agrave eacutecrire la langue de la chancellerie de lrsquoeacutepoque qui repose sur un dialecte de type arcado-chypriote voir M Lejeune laquo Rapport sur le grec myceacutenien raquo Atti Roma 1968 II p 731 contre RJE Thompson laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 (1996-97) p 313-333 qui preacutefegravere voir dans les variantes les indices drsquoeacutevolutions linguistiques en cours comme J Chadwick laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 401 qui insiste sur lrsquouniformiteacute de la langue sur les diffeacuterents sites Dans le mecircme sens que M Lejeune voir sur le caractegravere dialectalement composite du myceacutenien N Guilleux loc cit supra note 63 p 299

71 Comme composeacute en -εύς deacutejagrave attesteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne on pourra citer en parti-culier a-pi-po-re-we (KN Uc 160 v 2 unanimement interpreacuteteacute comme ἀμφι-φορῆϜες) avec la variante haplologique a-po-re-we (PY Tn 996 3 ἀμφορῆϜε)

301ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

voyelle finale On ne dispose certes pas de parallegravele qui permette drsquoeacutetablir le sort de eh1 suivi de voyellethinsp72 Le troisiegraveme mode drsquoeacutevolution agrave savoir lrsquoeacutelar-gissement des thegravemes en -εthinsp en dentale (-ης -ητος) qui nrsquoest pas attesteacute en myceacutenien serait en revanche posteacuterieurthinsp73

Ἀμφι-άραοςPour expliquer ensuite que lrsquoancien Ἀμφιάρηος ait vu transformer le

εthinsp eacutetymologique de son second eacuteleacutement en athinsp pour prendre la forme Ἀμφιάραος R Wachter a reacutecemment repris agrave son compte lrsquoexplication accepteacutee par Kretschmer selon laquelle une eacutetymologie populaire aurait fait constituer secondairement -άρᾱος drsquoapregraves ἀράομαι au sens eacutepique de laquo prier raquothinsp74 en posant lrsquoeacutequation proportionnelle suivante qui preacutesuppose lrsquoeacutepopeacutee ionienne acclimateacutee agrave Athegravenes et en Beacuteotiethinsp ion ἀρήσομαιthinsp att beacuteot ἀρᾱσομαι = ion Ἀμφιάρηοςthinsp att beacuteot x avec x = Ἀμφιάρᾱοςthinsp75 Il faisait neacuteanmoins remarquer le caractegravere plus eacuteconomique de lrsquoautre hypo-thegravese qui aurait fait partir de -ᾱος ioniseacute en -ηος atticiseacute en -εως puis refait en -ᾱος trajectoire qursquoillustre dans le lexique lrsquoappellatif λᾱός qui nrsquoest cependant substitueacute en attique agrave λεώς qursquoagrave la fin du IIIe siegraveclethinsp76 Les tenta-tives sporadiques drsquoionisation du heacuteronyme dans la langue eacutepique auraient eacuteteacute en ce cas agrave lrsquoorigine des formes agrave vocalisme εthinsp des leacutegendes vasculaires corinthiennes les plus anciennes comme des flottements observeacutes dans la tra-dition pindarique Il est vrai qursquoil est impossible vu la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφια- de reconnaicirctre eacutetymologiquement au second

72 Pas drsquoexemple comparable ni chez R Beekes The Development of the Proto-Indo-European laryngeals in Greek La Haye-Paris 1969 p 170-172 ni chez M Peters Untersuchungen zur Vertretung der indogermanischen Laryngale im Griechischen Wien 1980 p 272 La finale -ᾱων ονος de noms de Troyens comme Ἀρετάων ou de lrsquoethnique Ἰάονες cf P Chantraine Formation p 162-163 aurait pu laisser supposer que devant une autre voyelle la voyelle longue issue de eh1 se conservait au mecircme titre que le athinsp issu de eh2 si le myceacutenien nrsquoinvitait en fait agrave res-tituer -ᾱϜων cf O Landau Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958 p 185-186

73 Heubeck p 1974 Kretschmer op cit (n 47) p 123 Lrsquoeacutetymologie populaire est refleacuteteacutee par Photius

Bibliothegraveque Bekker 148a l 36thinsp ὅτι Ἀμφιάραος ἐκλήθη ἐπεὶ ἄμφω οἱ τῆς μητρὸς γονεῖς ἠράσαντο αὐτὴν ἄνευ τεκεῖν μόγου Le heacuteronyme aurait-il ainsi eacuteteacute reacuteinterpreacuteteacute comme laquo celui que lrsquoon prie de part et drsquoautre raquo avec un rappel agrave Thegravebes de lrsquoorigine argienne du heacuteros et du culte qursquoil recevait aussi en Argolide tandis qursquoagrave Oropos il aurait eacuteteacute le heacuteros auquel on rendait un culte de part et drsquoautre de la frontiegravere que lrsquoon fucirct Atheacutenien ou Oropienthinsp

75 R Wachter NAGVI 77 renvoie agrave Kretschmer loc cit Autre hypothegravese insatisfaisante de M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 191-193thinsp lrsquoanalogie des composeacutes anthroponymiques agrave second eacuteleacutement -λᾱϜ ος (gt -lœthinspwos en zone io-att) aurait fait passer -rēwos () agrave -rœthinspwos drsquoougrave beacuteot -ρᾱος par hypercorrection

76 Crsquoest par exemple lrsquointerpreacutetation du dictionnaire de W Pape et G Benseler de 1911 Pour la substitution de λᾱός agrave la forme ionienne-attique λεώς agrave partir de lrsquoeacutepoque helleacutenistique voir L Threatte GAI II 1996 p 39 Lrsquoionien ne semble pas avoir eu ληός cf A Meillet Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 1975 p 313 Lrsquohistorien Polybe est le premier prosateur agrave rem-ployer la forme ancienne λαός comme aussi ναός cf J-A de Foucault Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972 p 65

302 sophie minon

eacuteleacutement le radical de ἀρά laquo priegravere raquo drsquoun plus ancien ἀρϜά (arc κάταρϜος) drsquoougrave ion ᾱρή dans la poeacutesie homeacuteriquethinsp77 Il faut donc bien admettre comme seul authentique le radical ἀρ- agrave bregraveve initiale dont deacuterivent le thegraveme agrave εthinsp que recouvrent hom feacutem ἀρή laquo malheur perte raquo et masc Ἄρης le thegraveme en -εthinspw- qui est aussi ancien pour le theacuteonyme ainsi que le substantif ἄρος que fait connaicirctre la triple glose drsquoHeacutesychius dont le sens neacutegatif βλάβος ἀκούσιον rejoint le seacutemantisme funeste des premiers

Ἀμφ-ιέραοςLrsquoultime transformation en Ἀμφιέραος variante sporadique connue

par quelques deacutedicaces attiques priveacutees et autres inscriptions helleacutenistiques de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos et dont teacutemoigne aussi le nom drsquoassociation Ἀμφιεραισταί agrave Rhamnonte fin IIIedeacutebut IIe siegraveclethinsp78 a pu se produire agrave Oropos ougrave elle aurait eacuteteacute motiveacutee par la volonteacute drsquoioniserthinsp79 une seacutequence dont la reacuteinterpreacutetation par fausse coupe comme Ἀμφ-ιαρ-αοςthinsp80 aurait juste-ment eacuteteacute favoriseacutee par la proximiteacute seacutemantique entre la notion de laquo sacreacute raquo et celle de laquo priegravere raquo que lrsquoeacutetymologie populaire avait secondairement rattacheacutee agrave ce nom de heacuteros Il ne peut y avoir lagrave en effet que la reacuteeacutetymologisation reacutecente drsquoun nom dont lrsquoabsence drsquoattestation drsquoἈμφίερος ου drsquoἌμφιρος agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique indique qursquoil ne repose sur rien drsquoancien Le myceacute-nien du reste ne connaissait que le degreacute e de ce radical (i-je-ro i-je-re-u etc) sans avoir jamais employeacute semble-t-il ni i-ja-ro ni i-a2-rothinsp81thinsp il est vrai que lrsquoanthroponyme a-pi-a2-ro qui pourrait theacuteoriquement avoir comme eacutequiva-lent alphabeacutetique lrsquoanthroponyme Ἀμφίαρος est interpreacuteteacute unanimement comme Ἀμφί-hαλος avec au second eacuteleacutement le radical du nom du laquo sel raquothinsp82 principalement parce que la forte repreacutesentation du radical de forme i-(j)

77 M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 186 n 578 Pour les deacutedicaces attiques contemporaines des inscriptions de lrsquoAmphiaraion voir

L Threatte GAI I p 126thinsp pour les proxeacutenies et autres deacutecrets de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos V Petrakou Οἱ ἐπιγραφές τοῦ Ὠρωποῦ Athegravenes 1997 eg ndeg 9 et 17 deacutebut IIIe s ndeg 60 etc et cf IG II-III2 (1) 1322 pour lrsquoassociation des Ἀμφιεραισταί

79 Comme les formes en Ἀμφιερ- commencent seulement agrave apparaicirctre au tournant du IVe et du IIIe siegravecle alors qursquoapregraves 312 les Beacuteotiens sont agrave nouveau maicirctres drsquoOropos qui fait partie du koinon tout en gardant son statut de citeacute (MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory ndeg 214) ce changement de vocalisme radical peut ecirctre interpreacuteteacute comme une marque drsquoidentiteacute (-ιαρ- fait beacuteotien) de la part des Oropiens dont le dialecte est apparenteacute agrave lrsquoionien drsquoEubeacutee Il est moins plausible drsquoy voir un indice de la koineacuteisation du dialecte qui nrsquoaurait pas affecteacute degraves cette peacuteriode le radical drsquoun heacuteronyme

80 L Threatte GAI I p 126 et 391 heacutesite entre deux explications pour la variante Ἀμφιέραοςthinsp tendance agrave la dissimilation ou plus vraisemblablement confusion avec le radical de ἱερός

81 Voir RJ Thompson laquo Dialects in Mycenaean and mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 1996-97 p 330

82 DMic sv a-pi-a2-ro et cf A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 51

303ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

e-r(V) fait exclure que le vocalisme a puisse avoir eacuteteacute mecircme sporadiquement repreacutesenteacutethinsp83

ἈμφίαροςLrsquoanthroponyme hapax dont il vient drsquoecirctre question Ἀμφίαρος figure

agrave cocircteacute de Παμφίλη de Ἀμφίλοχος et de Ἀμφίας sur un loutrophoros du IVe siegravecle a C trouveacute agrave Athegravenesthinsp84 La segmentation Ἀμφ-ίαρος qui ferait identifier le second eacuteleacutement de ce composeacute comme le radical agrave vocalisme non ionien-attique de ἱερός cf eg Ἀγχ-ίαρος agrave Thespies et Cheacuteroneacutee ou Καλλ-ίαρος vs Καλλ-ίερος agrave Delphesthinsp85 est probablement agrave exclure agrave cause de lrsquoassociation avec le nom feacuteminin agrave finale -η quant agrave lui bien attiquethinsp on attendrait Ἀμφίερος qui nrsquoest nullement attesteacute

La solution qui consisterait agrave y voir une forme courte pour Ἀμφιάραοςthinsp86 se heurte au fait que cette forme du heacuteronyme nrsquoest attesteacutee comme anthropo-nyme qursquoagrave partir du Ier siegravecle de notre egraverethinsp87 Il est alors preacutefeacuterable drsquoy voir un deuxiegraveme exemple de composeacute agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- non eacutelideacute comme dans le cas de Ἀμφιάρηος devant un second eacuteleacutement de forme -αρος ndash lrsquoana-logie de la seacutequence iathinsp de lrsquohypocoristique Ἀμφίας aurait pu contribuer au maintien de lrsquohiatus On aurait pu srsquoattendre agrave un second eacuteleacutement en -άρης-ήρης en lien avec notamment le substantif ἄρος (cf infra II sous Ἀμφάρης) mais -αρος qui est attesteacute par exemple dans le nom du magistrat moneacutetaire Εὔαρος agrave Eacutephegravese au Ve siegraveclethinsp88 peut srsquoexpliquer comme une forme de second membre court parallegravele agrave feacutem -αρώ (cf Κλειναρώ agrave Paros au IIe siegravecle avant J-C ou νεικα(ρ)ώ fille de Ἀρίστων agrave Thegravebes au IIeIIIe siegravecle de notre egravere) bacirctie agrave partir du radical ἀρ- soit de ἀρετή soit de ἄριστοςthinsp89 La derniegravere solution qui aurait consisteacute agrave y voir un deacuteriveacute comparable agrave Ἀμφί-ας au suf-fixe rare -αρος issu de la grammaticalisation de la formation hypocoristique susdite doit sans doute ecirctre eacutecarteacutee parce qursquoelle est plutocirct attendue dans le cas drsquoun sobriquet tel Βάτταρος fait sur Βάττοςthinsp90

En zone non ionienne-attique crsquoest en revanche ἱαρός qursquoil faut recon-naicirctre au second eacuteleacutement du nom nouveau de lrsquoArgien Γνοhίαρος que fait connaicirctre Ch Kritzas dans le mecircme volumethinsp91 composeacute agrave rection ver-

83 Sur le caractegravere cependant dialectalement stratifieacute du myceacutenien voir deacutejagrave supra n 7084 LGPN II Polemon 4 (1949) p 33 ndeg 32 et V Bardani-G Papadopoulou-V Petrakos

Συμπλήρωμα τῶν ἐπιτυμβίων μνημείων τῆς Ἀττικῆς Athegravenes 2006 ndeg 152985 Pour Ἀγχίαρος cf Y Kalliontzis BCH 131 (2007) [2009] p 495-496thinsp pour Καλλίαρος

vs Καλλίερος respectivement SGDI 1987 l 16 175 av J-C et 1867 l 10 177 av J-C86 Hypothegravese de J Traill Persons of Ancient Athens 2 p 100 ndeg 12513587 Deux Atheacuteniens LGPN II88 A Meadows-U Wartemberg (eacuted) Coin Hoards 9 Londres 2002 p 102 ndeg 189 Κλειναρώ IG XII (5) 186 18thinsp νεικα[ρ]ώ IG VII 2681 et cf infra n 14390 Cf O Masson respectivement Philologus 110 (1966) p 256 et n 5 (= OGS I p 91) agrave

propos des noms Λεύκαρος et Λευκάριστος et Glotta 54 (1976) 94 et n 55 (= OGS I p 279)91 Crsquoest lrsquoanalyse de Ch Kritzas pour le nom de lrsquoArgien Γνοhίαρος qursquoil eacutetaie du rappro-

chement avec le nom Ἱερόγνωτος drsquoun Deacutelien IG IX (2) 135 23 IVe s

304 sophie minon

bale comme le nom Δεξίαρος attesteacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique pour deux Beacuteotiensthinsp92

Remarquons pour conclure cette partie que les deacuteveloppements eacutetymo-logiques ici exposeacutes conduisent agrave admettre que le i final de ἀμφι- nrsquoa pas plus eacuteteacute eacutelideacute dans le heacuteronyme Ἀμφιάρηος que dans le nom de lrsquoAtheacutenien Ἀμφίαρος et qursquoil ne lrsquoaurait eacuteteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne dans a-pi-ja-re agrave supposer que cette forme syllabique ait bien Ἀμφιάρης comme correspon-dant alphabeacutetique et cela en contradiction avec la regravegle veacuterifieacutee du moins pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique selon laquelle cette eacutelision eacutetait reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale Ἀμφιάρης serait le seul nom en Ἀμφι- ougrave une telle exception srsquoobserverait du myceacutenien au grec alphabeacutetiquethinsp93 Le teacutemoignage du myceacutenien laisse en effet supposer pour les preacutefixeacutes en ἀμφι-thinsp la conservation de lrsquohiatus devant h (a-pi-e-ke pour ἀμφι- + hέχει ou hῆκε)thinsp la dieacuteregravese devant ancienne laryngalethinsp94 sauf en morphologie ver-bale ougrave lrsquoeacutelision est pratiqueacutee (a-pe-e-ke pour ἀμφ- ou ἀπ- + augment ἔ + hεχε ou hηκε) Notons toutefois que lrsquoeacutelision pourrait avoir coexisteacute comme variante degraves le myceacutenien si lrsquoon postulait lrsquoeacutequivalence entre a-pa-re-[uthinsp] et dor ἈμφᾱρηςἈμφᾱρεύςthinsp mais la seacutequence syllabique est seulement inter-preacuteteacutee comme correspondant agrave Ἀφᾰρεύς voire agrave Ἁρπαλεύςthinsp95

Il nrsquoest pas sucircr en revanche que Ἀμφαρίδας et Ἀμφιαρίδας preacutesenteacutes comme exemple de doublet dans lrsquointroductionthinsp96 teacutemoignent de la mecircme variation agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp le second nom pourrait fort bien deacuteriver du nom Ἀμφ-ίαρος et ecirctre par conseacutequent sans relation avec le premier sur lequel nous reviendrons agrave lrsquooccasion de lrsquoeacutetude du nom Ἀμφάρης

92 LGPN IIIBthinsp Coroneacutee 182 av J-C Syll3 585 l 210 et Orchomegravene IIIeIIe s A Wilhelm Neue Beitr 4 p 10 ndeg 1 l 12-13 pegravere notamment drsquoun Ἱαροκλῆς

93 Les deux seuls autres exemples syllabiques possibles drsquoanthroponymes en Ἀμφι- avec dieacute-regravese devant un second eacuteleacutement agrave laryngale initiale eacutetymologique ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() et a-pi-je-ta ne preacutesentent pas de correspondant en grec alphabeacutetique Pour ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() KN B 812a qursquoon pose une eacutequivalence avec Ἀμφιάγορος Ἀμφίαγρος ou Ἀμφίακρος on srsquoattendrait agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique agrave ce que le premier eacuteleacutement agrave -i final soit eacutelideacute comme crsquoest toujours le cas devant le second eacuteleacutement en -αγορ--ηγορ-thinsp et si Πολίαγρος (LGPN I et II) conserve son i devant -αγρος crsquoest pour eacuteviter toute confusion avec le radical de πολύς Or Ἀμφάγορος Ἄμφαγρος et Ἄμφακρος ne sont pas davantage attesteacutes On aurait un autre exemple de dieacuteregravese si a-pi-je-ta PY An 6577 avait pour correspondant Ἀμφι-έρτας agrave comparer avec Λαέρτης Ὀρσέλαος avec le radical de ὄρνυμι voir A Leukart op cit sect 66 et F Bader Minos 10 (1969) p 50 Mais une autre interpreacutetation est possible qui expliquerait lrsquoabsence drsquoeacutelision de a-pi- en conformiteacute avec la regravegle mise en eacutevidence pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp Ἀμφιέτας en lien avec ἵημι (de yeH1) de preacutefeacuterence agrave Ἀμφιέρτας en lien cette fois avec ὄρομαι (de wer-) qui laisserait plutocirct attendre myc a-pi-we-ta

94 Outre a-pi-ja-re cf n 44 voir ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() note preacuteceacutedente95 F Aura Jorro DicMic sv96 Lrsquohypothegravese drsquoune variation drsquoordre phoneacutetique propre au beacuteotien dont teacutemoignerait la

graphie Ἀμφαρίδας vs Ἀμφιαρίδας doit ecirctre eacutecarteacutee cf n 37

305ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Il reste alors pour justifier ce qui ne constitue en deacutefinitive une exception que pour cette eacutepoque agrave invoquer une contrainte drsquoordre prosodique telle que la preacutefeacuterence pour la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφιαρ- qui peut srsquoecirctre conjugueacutee agrave la reacutepugnance agrave constituer une seacutequence gra-phique Ἀμφαρ- qui eacutetait eacutetymologiquement ambigueuml en dehors de lrsquoionien et de lrsquoattique puisqursquoelle pouvait paraicirctre proceacuteder aussi bien de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω au second eacuteleacute-mentthinsp97 que de Ἀμφ- eacutelideacute + -αρ- du radical de Ἄρης ἄρος ou ἀραρίσκω Crsquoest preacuteciseacutement en ces termes que se pose la question de lrsquoeacutetymologie du nom de lrsquoeacutephore spartiate meurtrier drsquoAgis Ἀμφάρης

IIenspἈμφάρης et la polyseacutemie du radical ἀρ-

Ἀμφ-άρηςἈμφ-ήρηςLe nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφάρης que mentionne Plutarque a eacuteteacute

porteacute par un Atheacutenien (agrave la formule onomastique partiellement doriseacutee) et par un Phocidien qui veacutecurent tous deux au IVe siegraveclethinsp98 Dans lrsquohypothegravese ougrave le a meacutedian aurait eacuteteacute allongeacute en composition et le premier eacuteleacutement Ἀμφι- eacutelideacute comme on lrsquoattend conformeacutement agrave la regravegle phoneacutetique deacutejagrave invoqueacutee Ἀμφᾱρης pourrait alors eacuteventuellement ecirctre rapprocheacute de Ἀμφήρης dont Platon fait lrsquoun des souverains de lrsquoAtlantide fils de Poseacuteidon et de Kleitocirc agrave moins que le second membre de ce nom nrsquoait comporteacute un e eacutetymologique et ne soit plutocirct en lien avec ἐρέττωthinsp99 Lrsquoexistence parallegravele des suffixeacutes en -ίδᾱης Ἀμφηρε-ίδης et Ἀμφαρε-ίδας pourrait conforter le premier rappro-chementthinsp100 Bechtel part de ce principe puisqursquoil classe Ἀμφ-άρης agrave cocircteacute de Ξειν-ήρης et les rattache tous deux agrave ἄρος que fait connaicirctre la glose drsquoHeacutesy-

97 Voir P Chantraine DEacuteLG sv φέρω98 Voir Plut Agis 18 agrave 21 ougrave lrsquoacc est transmis sous la forme Ἀμφάρην par confusion

banale agrave cette eacutepoque entre sigmatiques et masculins en -athinsps (gt -ης)thinsp pour lrsquoAtheacutenien du IVe s cf infra n 153 et pour le Phocidien contemporain CID 2 ndeg 31 l 7 (geacuten Ἀμφάρεος)

99 Platon Criti 114b et cf infra n 113100 Ἀμφηρείδης (Atheacutenien FD III (2) 23 l 19 1387 a C) et Ἀμφαρείδας (Kleitor IIIe s

LGPN IIIA) La forme -ίδης du suffixe du nom ancien Ἀμφηρίδης agrave Thasos et agrave Paros (LGPN I) laisse supposer qursquoil deacuterive plutocirct de Ἄμφηρις que de Ἀμφήρης comme le nom du Spartiate Κλεαρίδας (Thuc IV 132 3) deacuteriverait de son cocircteacute de Κλέαρις (Thasos IG XII (8) 280 l 13 VIeVe s) dont on notera cependant que le a meacutedian est ici de quantiteacute bregraveve Dans le cas des thegravemes sigmatiques on srsquoattend agrave ce que le suffixe -ίδης srsquoajoute au suffixe sigmatique drsquoougrave -ε(σ)-ίδης gt -είδηςthinsp et lrsquoexistence de nombreux composeacutes agrave second eacuteleacutement -μενίδης nrsquoest pas contradictoire puisqursquoils semblent avoir eacuteteacute bacirctis sur μένω plutocirct que deacuteriveacutes drsquoun second eacuteleacute-ment -μένης Dans le cas particulier des noms en κλῆς lrsquoargien par exemple preacutesente cependant -ηίδας dans le phratronyme Ὀϕελλοκληίδας ensuite moderniseacute en Ὀφεltλgtλοκλείδας cf IG IV 553 l 6 Ve s (-κλε ίδας) lrsquoineacutedit E 67 dateacute 330-300 (-κληίδας) et la proxeacutenie argienne drsquoun Thrace SEG 30 357 l 11 ca 300 (-κλείδας) Pour les modaliteacutes morphologiques et phoneacutetiques de la deacuterivation en -ίδας cf mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011

306 sophie minon

chius deacutejagrave citeacutee avec le sens positif de laquo providence raquothinsp101thinsp ils appartiendraient alors agrave la cateacutegorie des bahuvrīhi ou eacutepithegravetes de type possessifthinsp102 Drsquoun autre cocircteacute si le a meacutedian de Ἀμφάρης eacutetait effectivement long agrave la diffeacuterence de celui du heacuteronyme Ἀμφιάρηος le second eacuteleacutement -ᾱήρης pourrait tout aussi bien ecirctre analyseacute comme deacuteriveacute de la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo adapteacute agrave raquo ou laquo pourvu de raquo drsquoautant que le composeacute ἀμφήρης laquo ajusteacute des deux cocircteacutes raquo est attesteacute dans le lexique poeacutetiquethinsp103thinsp on aurait alors un composeacute agrave rection verbale dont la composition aurait eu lieu dans lrsquoadjec-tif avant son transfert dans lrsquoonomastique Les deux hypothegraveses pourraient du reste ne pas ecirctre incompatiblesthinsp lrsquoeacutetymologie du substantif ἄρος nrsquoest pas assureacutee mais le premier sens de la glose drsquoHeacutesychius (ἄρος ὄφελος) srsquoaccorderait assez bien avec la notion positive de conformiteacute et drsquoajuste-ment veacutehiculeacutee par la racine H2er- que lrsquoon trouve agrave lrsquoorigine notamment de ἀραρίσκω de ἀρείων et de ἄριστοςthinsp104

Ἀν(α)-φαρ- Ἀμ(φι)-φαρ-thinspIl ne serait en theacuteorie pas impossible drsquoavancer agrave ce stade une autre

hypothegravesethinsp celle que Ἀμφάρης ait pu proceacuteder en dehors du domaine ionien-attique soit de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope soit de Ἀμ(φι)-φαρ- avec haplologie devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω comme pourrait en teacutemoi-gner lrsquoadjectif correspondant que fait connaicirctre une glose drsquoHeacutesychius proba-blement issue de la contamination de trois autresthinsp ἀμφαρής περιορωμένη κατολιγωρουμένη καὶ γυμνός ἐπιφανήςthinsp105 Les adjectifs agrave second eacuteleacute-ment -φερής bien attesteacutes se rencontrent degraves Heacuterodote et Heacutesychius fait aussi connaicirctre ἀντιφαρές gloseacute ἐναντίον en face de ἀντιφερής que sup-pose lrsquohom ἀντιφερίζωthinsp106 Ni ἀν(α)φερής ni les formes sans haplologie ἀμφιφαρής et ἀμφιφερής ne sont cependant attesteacutes Nous aurons lrsquoocca-sion de veacuterifier la validiteacute de cette hypothegravese agrave propos du nom Ἀμφαρίον agrave la fin de la troisiegraveme partie

101 Bechtel HPN 193102 Voir eg E Risch Wortbildung p 166-170103 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης renvoie agrave Eur HF 243 (qualificatif de ξύλα) et agrave Ion

1128 (ἀμφήρεις σκηνάς)104 Cf infra n 111105 La glose est consideacutereacutee agrave plus drsquoun titre comme suspecte par Lattethinsp par exemple crsquoest

agrave lrsquoeacutevidence ἀφαρήςἄφαρος qui est agrave lrsquoorigine du sens γυμνός comme lrsquoavait deacutejagrave signaleacute Schmidt et Kuster avant lui Pour lrsquoeacutequivalence entre ἀν(α)φαρής et ἐπιφανής qui serait pos-sible agrave condition de donner aux deux adjectifs le sens de laquo manifeste eacuteclatant raquo voir Pind Neacutem 11 38 ougrave ἀναφέρω (ἀμφέροντ(ι)) est employeacute au sens de laquo produire au jour faire remon-ter agrave la lumiegravere raquo agrave propos de vertus resurgissant drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre Lrsquoideacutee drsquoindiffeacuterence et de meacutepris dont teacutemoigne lrsquoeacutequivalence avec περιορωμένη κατολιγορουμένη pourrait se com-prendre mieux quant agrave elle agrave partir de ἀμ(φι)φαρής au sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo drsquoougrave neacutegativement laquo indeacutecis sans opinion raquo

106 Cf infra n 158

307ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Le nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφ-άρηςCependant dans le cas du nom de lrsquoeacutephore spartiate le rapprochement

avec le nom Δαμάρης assez populaire agrave Sparte agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacute-nistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp107 et avec les noms anciens des Spartiates Μενάρης (μένει ὀξὺν Ἄρηα Il 12 836) et peut-ecirctre Κλεαρίδαςthinsp108 incite agrave mettre ici -άρης en relation soit avec ἀρή laquo ruine destruction raquo soit direc-tement avec le nom drsquoAregraves comme on tendait en revanche agrave lrsquoeacutecarter pour le heacuteronyme Ἀμφιάρηος Lrsquoexistence du nom Δημάρης porteacute par un Deacutelien et lrsquoabsence de Δημήρης de Μενήρης et de Κλέηρις dissuadent de plus de retenir lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement agrave voyelle longue initiale -ᾱήρης Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le contraste entre la poigneacutee drsquoanthroponymes composeacutes en -ήρης attesteacutes dans lrsquoensemble du monde grec dont lrsquoidentifi-cation avec le radical de ἀραρίσκω nrsquoest du reste probable que pour le seul Φρασιήρης et la vingtaine de composeacutes en -άρης dont plus de la moitieacute est attesteacutee en zone ionienne-attiquethinsp109 fait douter que ce dernier eacuteleacutement ait comporteacute une voyelle longue initiale ailleurs que dans la phraseacuteologie poeacute-tique et dans le calque Μενάρης

Du radical ἀρ- aux bases ἀρι- ἀρο- et ἀρήIl a donc principalement existeacute des composeacutes anthroponymiques agrave second

eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης ndash et de mecircme en -αρις -αρος et -αρώthinsp110 dans lesquels srsquoobserve la mecircme absence drsquoallongement de la voyelle de jonction que dans Ἀμφιάρηος en deacutepit mecircme de lrsquoeacutelision et cela en contradiction avec la loi drsquoallongement urgriechisch mise en eacutevidence par Wackernagel dont lrsquoapplication nrsquoest certes reacuteguliegravere que dans les composeacutes nominaux anciens de lrsquoeacutepoque alphabeacutetique comme cela a eacuteteacute exposeacute en preacuteambule Comme pour ἀμφαρίστερος il est probable que la conservation du a bref eacutetait destineacutee agrave laisser visible le lien eacutetymologique avec la famille de ἀραρίσκω ἀρείων ἀρι- ἄρος et celle de ἀρή Ἄρης vraisemblablement lrsquoune et lrsquoautre issues sinon de la mecircme base du moins de la mecircme racine H2er-thinsp111 en eacutevitant la confusion possible avec les autres -ήρηςthinsp112 comme

107 Le nom Δαμάρης a eacuteteacute porteacute par quatorze Spartiates par un Arcadien (LGPN IIIA) par un Deacutelien et deux Creacutetois (LGPN I) et un citoyen drsquoAmisos (LGPN VA)

108 Bechtel HPN 69 cf Heacuterodote VIII 131 VIe s et n 99 pour Κλεαρίδας et Κλέαρις109 Pour lrsquoorigine poeacutetique du composeacute Φρασι-ήρης cf supra n 6 Drsquoapregraves le site du

LGPN en ligne les autres composeacutes en -ήρης sontthinsp Εὐήρης Ξεινήρης Περιήρης et Πολυήρης tous attesteacutes agrave un seul exemplaire sauf le premier (5 individus) Pour -άρης voirthinsp Ἀμφ(ι)άρης Ἀνδράρης (zone ion-att) Δαημάρης (id) Δειξάρης Διάρης (id) Δρομάρης (id) Εὐάρης (id) Θεάρης Κλεάρης Λυκάρης (id) Μαχάρης (id) Μενάρης (id) Ξεν(Ϝ)άρης (id) Ξιφάρης (id) Πανάρης Παντάρης Ποδάρης Τιμάρης

110 Cf Κλέαρις n 100 et Εὔαρος et Κλειναρώ n 89111 Voir H Rix LIV2 sv H2er- (ἀραρώς) H2erH (Ἄρης) et H2erH3 (ἀρόω) et cf supra

n 56 pour lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour le nom drsquoAregraves par T Barnes112 Il nrsquoest pas sucircr que lrsquoadj hom ἐρίηρες laquo fidegraveles raquo (de wēr- cf hom ἦρα et Chantraine

DEacuteLG sv) ait geacuteneacutereacute des anthroponymes en dehors de lrsquoeacutepopeacutee ougrave le second membre de Διώρης

308 sophie minon

dans poeacutet ἀμφήρης laquo avec des rames de part et drsquoautre raquo (cf ἐρέττω)thinsp113 ou -ηρις (de ἔρις) comme dans poeacutet δύσηρις et lrsquoanthroponyme correspon-dant dont pourraient ecirctre rapprocheacutes le nom du Thasien Ἀμφηρίδης deacuteriveacute de Ἄμφηρις ainsi que lrsquoadjectif ἀμφήριστοςthinsp114

IIIenspἈμφαρίον Δαμαρίων et Θεαρίων

Lrsquoemploi anthroponymique du suffixe -ίωνLes analyses meneacutees jusqursquoici permettent-elles de deacutemecircler lrsquoorigine du

nom nouveau Ἀμφαρίονthinsp En lrsquoabsence de correspondant myceacutenien il res-sort des eacuteleacutements qui ont eacuteteacute deacutegageacutes pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique que si le premier eacuteleacutement eacutetait Ἀμφι- lrsquoeacutelision de sa voyelle finale eacutetait attendue devant -αρ- ndash ne serait-ce que pour eacuteviter lrsquohiatus iV dans deux syllabes successives sans que lrsquoallongement de la voyelle initiale du second eacuteleacute-ment ait neacutecessairement accompagneacute cette eacutelisionthinsp mais qursquoen pays dorien il serait theacuteoriquement possible que Ἀμφαρ- ait valu ion-att ἀναφερ- et soit un composeacute deacuteverbatif comme cela vient drsquoecirctre exposeacute pour le nom Ἀμφάρης La suffixation de notre anthroponyme est-elle alors compatible avec lrsquoune et lrsquoautre formationthinsp

-ίωνForce nous est de constater que la finale -ίων moins reacutepandue dans

lrsquoanthroponymie que le suffixe -ων lrsquoest encore moins parmi les composeacutesthinsp sur les 1060 noms diffeacuterents preacutesentant cette finale dans les six volumes du Lexicon of Greek Personal Names soit 3 de la totaliteacute des noms connus 7 seulement preacutesentent la forme pleine de composeacutes ndash ce sont geacuteneacuteralement des noms rares dont ne sont connus que 2 3 exemplaires mais qui tendent agrave se deacutevelopper au-delagrave de lrsquoeacutepoque classique contre une majoriteacute drsquohypo-coristiques et de sobriquetsthinsp115 Le deacutepouillement de lrsquoindex inverse du LGPN

et Περιήρης aurait cette origine cf Bechtel HPN 194 tandis que Risch Wortbildung p 79 le rapproche de la racine de ἀραρίσκω Lrsquoanalyse du nom de lrsquoArcadien Πολυ-ήρης (monnaie ineacute-dite du IIe s av J-C ZfN 9 [1882] p 266 ndeg 2) est de mecircme ambigueuml

113 La motivation du nom Εὐήρης de trois Thasiens aurait-elle eacuteteacute celle-lagravethinsp la deacutesignation de laquo bons rameurs raquothinsp Pour lrsquoadj poeacutetique ἀμφήρης cf eg Eur Cycl 15

114 Voir DGEsp sv δύσερις poeacutet δύσηρις et ἀμφήριστος et LGPN IIIB deux Thessaliens du nom de Δύσηρις au VIe et IVe s av J-Cthinsp pour Ἀμφηρίδης supra n 100

115 Sondage effectueacute agrave lrsquoaide de la base de donneacutees en ligne du site du LGPN Citons comme composeacutes suffixeacutes en -ίωνthinsp le rare et tardif Ἐπαγαθίων agrave cocircteacute de Παρμενίων qui bat au contraire tous les records dans cette cateacutegorie (197 individus) et dont lrsquoamplitude chronologique des attestations srsquoexplique agrave la fois par le renom du philosophe Parmeacutenide et par celui du lieute-nant Parmeacutenion drsquoAlexandrethinsp la lexicalisation de lrsquoadjectif composeacute ἐμπόριος fait plutocirct inter-preacuteter lrsquoancien Ἐμπορίων (eg LGPN II) comme un sobriquet Comme hypocoristiques on citera par exemple Πασίων (122 individus) forme abreacutegeacutee drsquoun composeacute du type Πασικράτης (60) et Ἐπαφρ-ίων (19) pour Ἐπαφρόδιτος (515)thinsp et comme sobriquets Διδυμίων ou Ἐλευθερίων qui sont lrsquoun et lrsquoautre drsquoeacutepoque impeacuteriale (LGPN passim)

309ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

IIIA (Peacuteloponnegravese Gregravece de lrsquoOuest Sicile et Grande-Gregravece) laisse identifier 40 composeacutes sur les 350 noms diffeacuterents agrave finale -ίων soit un rapport drsquoun peu plus de 11 thinsp un seul est attesteacute en Argolide occidentale preacuteciseacutement agrave Argos mais seulement agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp Ἁρποκρατίωνthinsp116

Le suffixe -ίων qui servait dans le lexique de suffixe de comparatif srsquoest drsquoabord introduit dans les sobriquets adjectivaux du type Αἰσχρίων (234 individus) Καλλίων (20) ou Κυδίων (2) avec sa valeur grammaticalethinsp notons toutefois que Γλυκίων qui est connu comme comparatif homeacuterique nrsquoest attesteacute qursquoagrave deux exemplaires contre plusieurs centaines drsquoexemples de Γλύκων dans lrsquoensemble du monde grecthinsp117 Dans les autres cas la suffixation est produite par lrsquoadjonction du suffixe banal -ων agrave un i- final extrait lui-mecircme drsquoun thegraveme en -ιο-thinsp118 ou plus souvent drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute verbal ou adjectival du type Ἀλεξικράτης (43 individus) drsquoougrave Ἀλεξίων (103) Il arrive plus rarement que le suffixe -ίων ainsi creacuteeacute apparaisse agrave la finale drsquoun composeacute comme le tregraves populaire Παρ-μεν-ίων composeacute pour lequel sont attesteacutees 26 autres formes de suffixations dont -ων tregraves repreacutesenteacute eacutegalement (136 individus)thinsp selon Bechtel crsquoest Πάρμενις qui a seacutecreacuteteacute Παρμενίδας Παρμενίτας Παρμενίων Παρμένισκος etcthinsp119 Il nrsquoy a pas drsquoexemple drsquohypocoristique qui conserve les seuls phonegravemes initiaux du second eacuteleacutement affecteacute de ce suffixe puisque Δαμοτί-ων forme courte de Δαμότιμος et son correspondant ionien-attique nrsquoont pas drsquoeacutequivalent en -των et sont par conseacutequent suffixeacutes en -ων et non en -ίων et qursquoil en va de mecircme pour tous les composeacutes agrave second eacuteleacutement -τίων

-ωνCependant le suffixe -ων nrsquoeacutetait guegravere plus couramment adjoint agrave un

nom composeacute Crsquoest surtout une suffixation de sobriquetsthinsp120 bien plus que drsquohypocoristiquesthinsp on ne citera que Δαμών-ων Ἀλκί-ν-ων et νικ-άρ-ων parmi ceux qui preacutesentent lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de composeacute preacuteser-veacuteethinsp pour les autres du type Ἀλέξων ou Τίμων lrsquoidentification comme hypocoristique ou comme sobriquet deacutepend de la perspective adopteacuteethinsp lrsquoexistence de composeacutes de type heacuteroiumlque avec parallegraveles dans drsquoautres lan-gues indo-europeacuteennes comportant ces premiers eacuteleacutements fera analyser ces

116 Ἁρποκρατίων IIe s apr J-C RE (2)117 Voir J-L Perpillou laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 (1974)

p 99-107118 Voir P Chantraine Formation p 165 pour un exemple lexical comme οὐρανίων fait

sur οὐράνιος drsquoougrave les anthroponymes οὐρανίων et Κρονίων et les nombreux anthroponymes de forme patronymique tels Ἑλλοπίων Ἀχαιίων Ἀρκαδίων Κωνωπίων etc recenseacutes par Bechtel HPN 548

119 Bechtel HPN 307120 P Chantraine Formation p 161 voir aussi O Masson laquo Notes drsquoanthroponymie grecque

et asianique raquo Beitrz Nam 10 (1959) p 162 (OGS I p 22) sur le rapport qui existe entre ce type de sobriquet et les adjectifs en -ύς cf Δάσων vs δασύς

310 sophie minon

anthroponymes comme des hypocoristiques ndash crsquoest lrsquoanalyse historique pra-tiqueacutee par Bechtel tandis qursquoen synchronie la flexion seulement (geacuten en -ωνος) les distingue de participes employeacutes comme sobriquetsthinsp121 Un son-dage opeacutereacute agrave partir du mecircme volume du LGPN fait apparaicirctre sur 1045 noms en -ων autour de 165 composeacutes clairement identifiables ndash comprenant les 40 composeacutes agrave finale -ίων soit un rapport de presque 16 agrave cocircteacute des 11 pour -ίων Parmi les 125 composeacutes distincts de ceux en -ίων 12 au plus sont attesteacutes agrave Argosthinsp122

-αρίωνOn exclura en tout cas que le suffixe soit ici lrsquoeacutequivalent masculin -αρίων

du neutre -άριον qui est employeacute pour former des sobriquets feacuteminins Comme lrsquoa expliqueacute O Masson les noms de femmes faits au moyen de ce suffixe de diminutif (cf παιδάριον ψυχάριον) commencent agrave apparaicirctre au IIIe siegravecle mais les noms drsquohomme correspondants sont propres agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et freacutequents en Eacutegypte et il rappelait que Bechtel avait montreacute que ces derniers avaient eacuteteacute refaits secondairement sur les diminutifsthinsp ainsi Γλυκαρίων et Ψυχαρίων agrave partir de γλυκάριον et ψυχάριον toutes forma-tions deacuteriveacutees de noms ou drsquoadjectifsthinsp123 Le suffixe -αρίων a pu ecirctre ensuite employeacute librement dans lrsquoanthroponymie sans qursquoil existe neacutecessairement de diminutif associeacute comme on lrsquoobserve pour le nom Τυχαρίων porteacute par deux Atheacuteniens de lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp124

Δαμαρίων et ΔαμάρηςCh Kritzas propose comme parallegraveles agrave lrsquoappui de son analyse Ἀμφ-

αρ-ίον du nouveau nom argien les noms Δαμαρίων et Θεαρίωνthinsp125 Le pre-mier nrsquoest pas attesteacute avant le IIIe siegravecle et a eacuteteacute donneacute surtout agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et en zone ionienne-attiquethinsp les volumes du LGPN reacutepertorient 25 individus ainsi deacutenommeacutesthinsp126

121 Voir sur cette question de typologie I Hartmann laquo lsquoWhat namethinsp What parentagersquo The classification of Greek names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann-A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 (2002) p 55-81

122 Voir LGPN IIIAthinsp Ἰπομέδο ν (SEG 11 336 l 5 ca 575-550)thinsp Ἀλκίφρων (Thuc V 59 5 418 av J-C)thinsp Ὀχίπον (IG IV 552 Ve s)thinsp Εὐέλθων (Iamb VP 267 [FVS I p 447] VeIVe s)thinsp Ξενοφάων (CID 2 75 II l 43 336334)thinsp Ἀριστόφρων (SEG 13 243 316 av J-C)thinsp Βουκολέων (CEG II 816 l 12 303 av J-C)thinsp Ἀριστομέδων (ineacuted publ Ch Kritzas IVeIIIe s)thinsp Λυκόφρων (SEG 42 279 l 6 IIe s)thinsp Δαμοφῶν (ineacuted IIe s)thinsp Εὔφρων (Syringes 44 IIeIer s) et Παρμένων (origine argienne incertaine Bernand El-Kanaiumls 79 Ier s)

123 Voir O Masson laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 (1984) p 157 (OGS II p 443)

124 LGPN II IG II2 2089 l 33 et 2113 l 204 IIe s apr J-C125 Lettre du 20 novembre 2010126 La plus ancienne attestation de ce nom est celle drsquoun Creacutetois et date de 2232 (Milet I

(3) 38g 7)thinsp un Parien homonyme est connu agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale (IG XII (5) 173 V) En dehors de lrsquoexemple drsquoun individu dont lrsquoorigine atheacutenienne est incertaine agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale les

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

PARIS

KLINCKSIECK

REVUEDE

PHILOLOGIEDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TROISIEgraveME SEacuteRIE

PUBLIEacuteE SOUS LA DIRECTION DE

M CASEVITZPROFESSEUR EacuteMEacuteRITE

Agrave LrsquoUNIVERSITEacuteDE PARIS OUEST NANTERRE

ET Ph MOREAuPROFESSEUR AgraveLrsquoUNIVERSITEacute

DE PARIS EST CREacuteTEIL

ANNEacuteE ET TOME LXXXIVFASC 2

(146e de la collection)

PARIS

KLINCKSIECK

Retrouvez les sommaires de la Revue de philologie et les nouveauteacutes Klincksieck sur

wwwklincksieckcom

ISBN 978-2-252-03861-1copy Klincksieck 2012

ANTHROPONYMES EN ΑΜΦ(ι)- ET EN -Αρ(ι)-thinsp DE ΑΜΦιΑρηΣ Agrave ΑΜΦΑριονthinsp1

Dans le volume de meacutelanges offert en 2010 agrave la regretteacutee E Matthews Ch Kritzas publie une seacuterie drsquoanthroponymes argiens nouveaux rencontreacutes dans les archives financiegraveres du Treacutesor de Pallas mises au jour en 2000 et dont il preacutepare la publicationthinsp2 Lrsquoensemble de ces 135 inscriptions sur bronze peut ecirctre dateacute du premier tiers du IVe siegravecle avant notre egravere Parmi les quelque mille individus de sexe masculin mentionneacutes dans ces comptes figure un deacutenommeacute Ἀμφαρίον (la lettre ocircmeacutega nrsquoest pas encore employeacutee dans ces inscriptions) nom dont la forme et lrsquoeacutetymologie suscitent la curiositeacute

Ch Kritzas propose de faire correspondre cet anthroponyme nouveau agrave Ἀμφάρης Ἀμφαρίδας Ἀμφάριχοςthinsp3 et drsquoy voir le mecircme second eacuteleacute-ment que dans Θε-άρης ou dans Φραhι-αρίδας qui offre lrsquointeacuterecirct drsquoecirctre attesteacute agrave date ancienne agrave Mycegravenesthinsp4 Cet eacuteleacutement serait drsquoapregraves Fr Bechtel agrave mettre en relation avec le substantif ἄρος dont les sens sont donneacutes par la glose drsquoHeacutesychiusthinsp ἄρος ὄφελος καὶ ltπέτραςgt κοιλάς ἐν αἷς ὕδωρ ἀθροίζεται ὄμβριον Καὶ βλάβος ἀκούσιονthinsp5 Ce serait la notion positive de laquo profit utiliteacute assistance raquo qui aurait motiveacute la creacuteation des

1 Mes plus vifs remerciements vont agrave A Alonso Deacuteniz M Casevitz L Dubois Ch Kritzas et Cl Le Feuvre

2 Ch Kritzas laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling-F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

3 Pour Ἀμφάρης cf infrathinsp pour beacuteot Ἀμφαρίδας (PM Fraser-E Matthews A Lexicon of Greek Personal Names [ci-apregraves LGPN] IIIB IIIe av J-C) forme peut-ecirctre iotacisante pour Ἀμφαρε-ίδας cf infra n 100thinsp pour Ἀμφάριχος LGPN IIIB IIeIer av J-C Sauf indication contraire les dates sont doreacutenavant agrave entendre laquo avant notre egravere raquo

4 Θεάρης nrsquoest attesteacute qursquoagrave Hermionegrave et agrave Spartethinsp les plus anciennes attestations datent du Ve s (LGPN IIIA) Lrsquounique Φραhιαρίδας est connu par une inscription argienne dateacutee de ca 500-480thinsp IG IV (1) 492

5 Fr Bechtel Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917 p 193 P Chantraine Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque (DEacuteLG) sv ἄρος indique que laquo la glose combine trois termes et trois explications raquothinsp le premier ἄρος a eacuteteacute employeacute comme eacutequivalent drsquoὄφελος par Eschyle (Suppl 885 nominatif soit drsquoun masc theacute-matique soit drsquoun neutre sigmatique) le dernier est agrave mettre en rapport avec la notion neacutegative drsquoἀρή tandis que le milieu de la glose pourrait ecirctre rapprocheacute du tsaconienthinsp ἀρέ λάκκος cf M Deffner Λεξικὸν τῆς τσακωνικῆς διαλέκτου Athegravenes 1923 p 47 qui suppose un masculin theacutematique Ch Kritzas (op cit p 239 n 4) signale que le creacutetois drsquoaujourdrsquohui appelle preacuteciseacute-ment ἀρόλιθοι les caviteacutes naturelles dans lesquelles srsquoaccumule lrsquoeau de pluiethinsp or le Diccionario griego-espantildeol cite une inscription creacutetoise du IIe s (SEG 26 1049 l 55) ougrave ἐπ[ὶ τ]ὸν θῖνον ἄρον (masc theacutematique) renvoie preacuteciseacutement agrave une citerne

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

290 sophie minon

anthroponymes avec ce radical comme second eacuteleacutement Cependant pour Φραhιαρίδας du moins le rapprochement fait par le mecircme Bechtel avec drsquoune part φρενήρης laquo de bon sens raquo (eg Hdte III 25) drsquoautre part φρεσὶ ᾗσιν ἀρηρώς laquo ferme en son esprit raquo (Hom Od 10 553) invite agrave pri-vileacutegier lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement en -ήρης formeacute sur la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo ajusteacute raquo et agrave identifier par conseacutequent le a meacutedian comme une longue Les parallegraveles fournis par le nom Φρασιηρίδης drsquoun Thasien du IVIIIe siegravecle et par le nom Φρασιήρης drsquoun Tegravenien du IIIe siegravecle viennent encore conforter cette analysethinsp6

Lrsquointerpreacutetation proposeacutee pour le nom Ἀμφαρίον si convaincante qursquoelle paraisse de prime abord ne va pas sans poser deux autres questionsthinsp la question phoneacutetique du sort de la voyelle finale du preacutefixe ἀμφί qui paraicirct srsquoeffacer devant lrsquoinitiale vocalique du second eacuteleacutement alors qursquoil nrsquoen va pas de mecircme du i final de Φρασι- ni localement dans Φραhιαρίδας ni dans lrsquoan-throponyme de forme ionienne correspondantthinsp7 que le i de ἀμφί est conserveacute en hiatus en argien dans le nom du roi mythique Ἀμφιάρηος comme dans le phratronyme Ἀμφιαρητείδας mais que le nom Ἀμφιαρίδας se donnait aussi anciennement agrave Meacutegare que Ἀμφαρίδας en Beacuteotiethinsp8thinsp drsquoautre part la question morphologique de la suffixation en -ίων drsquoun second eacuteleacutement de composeacute anthroponymique

6 Bechtel HPN 457 et voir P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης ἀραρίσκω et φρήν pour φρασί comme forme ancienne de datif Pour Φρασιηρίδης cf Bechtel HPN 193 ougrave curieusement le rapprochement avec ἄρος est en contradiction avec p 457 et IG XII (8) 287 l 19thinsp Ἀριστόνους Φρασιηρίδ[ου]thinsp pour Φρασιήρης IG XII Suppl p 138 ndeg 312 II l 9 Sur la finale -ίδαης alors que le second eacuteleacutement -ᾱρης laisse plutocirct attendre -αρείδαης cf n 100thinsp notons cependant qursquoen argien occidental iota pourrait ici noter un ithinsp issu de la monophtongaison de ei cf eg hῖ pour le relatif au locatif l 29 de la copie argienne du regraveglement du Ve s des relations entre Cnossos et Tylissos reacuteeacutediteacute par S Minon laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (ed) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 2007 p 183 et n 47 pour les autres exemples

7 La forme Φρασαρίδας du mecircme nom connue au IIIe s agrave Hyettos de Beacuteotie teacutemoigne non drsquoune eacutelision de i devant la voyelle initiale du second eacuteleacutement mais de lrsquoabsorption de [j] (lti) dans s comme peut-ecirctre aussi dans le nom de femme Καφισα agrave Cheacuteroneacutee (P Roesch-JM Fossey ZPE 29 1978 p 132 n 9 ll 3-4) agrave cocircteacute du nom drsquohomme Καφισια agrave Thespies (IG VII 2144) tous deux attesteacutes au IIe s av J-C Voir J Meacutendez Dosuna laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo Emerita 61 (1993) p 128 n 71 et p 117-130 ougrave il montre comment la mecircme eacutevolution phoneacutetique mais agrave partir de eV (gt [j]V par synizegravese) rend compte des formes controverseacutees de futurs doriens en -σοντι et -σονται (lt-σέοντι -σέονται)

8 LGPN IIIBthinsp deux exemples meacutegariens lrsquoun au Ve s SEG 39 411 l 8 lrsquoautre au IIIe IG VII 42 l 31 vs Ἀμφαρίδας pour le Beacuteotien citeacute n 3

291ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Proleacutegomegravenesthinsp ἀμφι- ou ἀμφ- devant un second eacuteleacutement de composeacute agrave ini-tiale vocalique

La quantiteacute bregraveve de la voyelle finale i de ἀμφί laisse en principe attendre son eacutelision devant le mot ou le second eacuteleacutement de composeacute agrave initiale voca-lique suivant comme crsquoest lrsquousage freacutequent pour les invariants excepteacute pour περί ἄχρι et μέχρι en attiquethinsp9 Lrsquoabsence drsquoeacutelision est en effet possible pour la voyelle i plus que pour les autres agrave cause de son aptitude agrave se sonantiser en [j] ou agrave deacutevelopper un glide (drsquoougrave [ij]) lorsqursquoelle est en hiatus devant une autre voyellethinsp10

Dans les verbes lrsquoeacutelision est de regravegle en prose attique pour les preacuteverbes περι- et le monosyllabique προ- excepteacutesthinsp11 Dans les composeacutes en ἀμφι- du lexique dont la plupart sont poeacutetiques il est de regravegle conformeacutement aux principes de composition heacuteriteacutes que lrsquoeacutelision soit pratiqueacutee devant la voyelle initiale du second eacuteleacutement ndash sauf dans les cas ougrave celui-ci comportait un s (gt h) un w voire un y initial eacutetymologiquethinsp12 et que cette voyelle ou la syllabe dont elle est le centre soit alors de quantiteacute longue ndash sauf pour les verbes dont la composition est plus reacutecentethinsp13

Du point de vue prosodique cela signifie que lrsquoinitiale des composeacutes non verbaux en ἀμφ(ι)- du lexique avait presque toujours la structure drsquoun dactyle (seacutequence ˉĭV reacutealiseacutee [ĭ(j)V]) ou celle drsquoun spondeacutee (ˉĭVthinsp reacutealiseacutee [Vthinsp] et ˉĭVC1C2 ˉ[VC1C2])thinsp14 Cela explique drsquoailleurs que ἀμφι- ait eacuteteacute eacutelargi drsquoun -s dit adverbialisant dans le composeacute agrave second eacuteleacutement agrave initiale conso-nantique ἀμφισβήτης que lrsquoon pose agrave lrsquoorigine de ἀμφισβητέωthinsp15thinsp Heacutesychius pose du reste pour le verbe lrsquoeacutequivalencethinsp ἀμφῐβᾰτεῖν ἀμφῑσβητεῖν

9 laquo En composition la voyelle finale de ἀμφί peut srsquoeacutelider raquo P Chantraine DEacuteLG sv agrave compleacuteter de Ch de Lamberterie CEacuteG 1 RPh 70 (1996)thinsp voir aussi pour la pratique de lrsquoeacuteli-sion des preacutepositions dissyllabiques dans les textes de prose L Threatte The Grammar of Attic Inscriptions [ci-apregraves GAI] I Berlin-New York 1980 p 419

10 Voir J Meacutendez Dosuna op cit passim Lrsquoeacutetape qui peut suivre la yodisation de i agrave savoir lrsquoabsorption de la sonante dans la consonne preacuteceacutedente (cf n 7) qui se traduit au mecircme titre que lrsquoeacutelision par lrsquoeacutelimination drsquoiota nrsquoest pas attendue dans le cas de ἀμφί dont la consonne bilabiale preacuteceacutedant le i ne peut absorber son produit [j] cf Cl Brixhe Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes questions Louvain 1996 p 129-130

11 Cf ἐπεργάζομαι (de werg-) ἐπέρχομαι (de sergh-) Jos ἀμφάγνυμαι (de weh2g-) etc12 Pour y initial cf n 9313 Voir E Risch Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974 p 201 loi drsquoallonge-

ment laquo urgriechisch raquo14 Sur lrsquoanalogie entre le rythme de la langue parleacutee et celui de la langue poeacutetique toutes

deux organiseacutees en pieds mais sur le rythme iambique plus caracteacuteristique de la conversation comme le signalait deacutejagrave Aristote (Rheacutetorique 1408b21) voir AM Devine-LD Stephens The Prosody of Greek Speech Oxford 1994 p 118-119

15 Pour les deux variantes ἀμφί et ἀμφίς la seconde pouvant ecirctre consideacutereacutee comme un deacuteveloppement propre au grec voir A Mathys laquo Le sigma adverbial en grec ancienthinsp distribution et fonction raquo Lalies 31 (2010) p 297-319

292 sophie minon

Crsquoest ainsi qursquohom ἀμφήκης laquo agrave deux tranchants raquo (de H2ek- gt ἀκ- laquo pointe raquo) ἀμφηρέφης laquo couvert des deux cocircteacutes raquo ἀμφήριστος (sur ἐρίζω) et ἄμφωτον poeacutet ἀμφερκής laquo entoureacute de toute part raquo et ἀμφώβολος laquo double broche raquothinsp16 Thuc ἀμφήρικος (hapax fait sur le poeacutet ἀμφήρης laquo pourvu de rames de part et drsquoautre raquo) Arist ἀμφώδωνἀμφόδων (sur ὀδούς)thinsp17 ἀμφαρμός laquo pierre de taille raquothinsp18 ἀμφεικάς laquo de part et drsquoautre autour du vingt (du mois) raquothinsp19 ou Lyc ἀμφερείδω contrastent avec hom ἀμφίαλος (myc a-pi-a2-ro sur ἅλς) Hp ἀμφιίζομαι (de sed-) att et poeacutet ἀμφιέννυμι (de wes- ἀμφιέσαντο Od 23 142) ou att ἀμφιετηρίς laquo fecircte annuelle raquothinsp20 (de wet- dor Ϝέτος)

Une fois eacutecarteacutees Ar ἀμφαρίστερος laquo gaucher des deux mains raquo sans allongementthinsp21 ἀμφιζάνω (Il 18 25) au lieu de la forme attendue mais ameacutetrique ἀμφιιζάνω les variantes lrsquoune et lrsquoautre meacutetriques ἄμφεπον vs ἀμφίεπον (Il 18 559 et 24 804 de sekw-) Pind (N 1 43) ἀμφελίσσω vs ἀμφιελίσσω (Arat Pheacuten 1 996 de wel-)thinsp22 ainsi que lrsquohapax meacutetrique ἀμφέλκεται (de selk-) chez Denys le Peacuterieacutegegravete (268) les exceptions non poeacutetiques agrave la regravegle sontthinsp lrsquoeacutelision sans doute analogique de ἄμφοδον ἄμφοδος laquo rue bordeacutee de maisons raquo (sur ὁδός de sed-) et des deacuteriveacutes qui sont attesteacutes sous cette seule forme dans la litteacuterature comme dans les inscrip-tions et les papyrusthinsp23 ou encore celles drsquoἀμφεκτήρ vs ἀμφιεκτίς laquo tunique

16 Le tragique Achaiumlos (Fr 36 Snell) semble avoir eacuteteacute le seul agrave employer ἀμφερκής dont lrsquoeacutelision srsquoexplique meacutetriquement alors que lrsquoaspireacutee du neutre ἕρκος pourrait laisser supposer un s- eacutetymologique initial Pour le substantif ἀμφώβολος cf eg Eur Andr 1133

17 Lrsquoheacutesitation ἀμφώδωνἀμφόδων dans Arist peut ecirctre imputable agrave la tradition (nivel-lement des quantiteacutes vocaliques agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale interfeacuterences avec ἄμφοδον cf n 23)

18 Ist Mitt 1920 1969-70 p 238 l 12 (= Didyma 112) Didyme IIe s av J-C Le second eacuteleacutement de la famille de ἀραρίσκω est attesteacute au simple sous la forme ἁρμός avec un esprit rude qui procegravede du report agrave lrsquoinitiale de lrsquoaspiration issue de lrsquoeacutevolution de la seacutequence [zm] du suffixe -smo- cf P Chantraine DEacuteLG sv ἅρμα

19 IG XII (3) 330 l 68 testament drsquoEpictegraveta Theacutera IIIeIIe s Paton-Hicks 384 Cos IIe s etc Lrsquoeacutelision est attendue dans ἀμφεικάς de ἐϜῑκοσι agrave retrouver sous hom ἐείκοσι cf Ch de Lamberterie CEacuteG 6 RPh 75 2001 sv εἴκοσι Sur le mecircme radical εἰκ- mais avec preacutefixe ἐπι- se rencontrent agrave la fois ἐπείκοστον (PPetr 2 p 156 IIe av J-C) vs ἐφείκοστον (PRev Laws 56 15 IIIe av J-C) et ἐπιείκοστος (Ptol Harm 1 15)thinsp les formes eacutelideacutees sont le plus anciennement attesteacutees

20 IG II2 1544 IVe s etc21 Lrsquoabsence drsquoallongement dans ἀμφαρίστερος (Ar Fr 512) srsquoexplique autant par les

besoins du megravetre que par la neacutecessiteacute de garder apparent le lien seacutemantique avec ἀρι- pour eacuteviter la confusion avec la famille de ἔρις pour laquelle sont connus lrsquoadj ἀμφήριστος et lrsquoanthropo-nyme creacutetois correspondant (LGPN I Studi e Testi 125 1946 p 28 eacutepoque impeacuteriale [fictifthinsp]) agrave rapprocher pour le second eacuteleacutement du patronyme du Spartiate Σπερθίης Ἀνηρίστου que fait connaicirctre Heacuterodote (VII 134 2 et cf notamment 137 2 pour un fils homonyme) au VIeVe s

22 De mecircme les adjectifs verbaux correspondants ἀμφελικτός (Eur Heacuteraclegraves 398) vs ἀμφιέλικτος (Denys le Peacuterieacutegegravete 466)

23 Pour ἄμφοδον peut ecirctre invoqueacutee lrsquoanalogie des nombreux autres preacutefixeacutes dissyllabiques tels μέθοδος δίοδος etc qui tous sauf ceux en περι- et προ- avaient leur derniegravere voyelle eacuteli-deacutee cf P Chantraine DEacuteLG sv ὁδός

293ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

double raquo et drsquoἀμφεκτέον laquo agrave entourer raquo (de segh-) chez Heacutesychius qui srsquoex-pliquent quant agrave elles par deacuterivation inverse agrave partir du verbe normalement eacutelideacute ἀμπέχω tardivement refait en ἀμφέχωthinsp24

Lrsquoeacutelision devant le second eacuteleacutement agrave s- initial eacutetymologique dans le composeacute hypostatique ἀμφήλιος laquo oriental raquo seulement attesteacute dans lrsquoApo-calypse apocryphe de Paulthinsp25 a pu ecirctre entraicircneacutee par la quantiteacute longue de la voyelle initiale du second eacuteleacutement comme par la reacutepugnance agrave faire se suc-ceacuteder deux syllabes agrave i en hiatus et deacutenote vraisemblablement une composi-tion tardivethinsp26thinsp les mecircmes motivations peuvent avoir preacutesideacute agrave la creacuteation de rhod ἀμφούριον et ἀμφουριασμόςthinsp27 et de la variante ἀμφορκία (Hsch) agrave cocircteacute de ἀμφιορκία (Poll)

Le seul exemple agrave ma connaissance drsquoabsence drsquoeacutelision devant radical agrave voyelle initiale proceacutedant drsquoune ancienne laryngale est repreacutesenteacute dans le lexique par la variante ἀμφί-ηκες (Hsch) qui doit srsquoexpliquer en face drsquohom et ion-att ἀμφήκης de dor ἀμφᾱκες laquo agrave double pointe raquothinsp28 par une reacutefection secondaire

Dans la liste drsquoanthroponymes composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- dres-seacutee par Bechtel (HPN 41) lrsquoeacutelision paraicirct de mecircme reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale dans les diffeacuterentes reacutegions du monde grec comme le montrent les noms de lrsquoArcadien Ἀμφαίνετος du Beacuteotien Ἀμφάλκες du Thasien Ἄμφανδρος en face de Ἀμφήνωρ agrave Athegravenesthinsp29 du Theacutebain Ἀμφεριτοςthinsp30 comme peut-ecirctre aussi ceux du Phocidien Ἀμφάρετος et du Spartiate Ἀμφάρης tandis que la conservation du i est la seule trace de la preacutesence de lrsquoancien w initial dans le nom de lrsquoAtheacutenien du Ve s Ἀμφίαναξ en face du nom hapax Ἀμφ-ήδης de son compatriote du IIIe sthinsp31 dont la longue initiale du second eacuteleacutement ainsi que lrsquoeacutelision pratiqueacutee devant

24 Autres exceptions similairesthinsp lrsquoadv ἀμφαλλάξ laquo alternativement raquo deacuteriveacute inverse de ἀμφαλλάττω ἀμφέλιξ laquo qui tourne dans les deux sens raquo fait sur ἀμφελίσσω

25 Apoc Paul 2726 Sur lrsquousure de lrsquoaspiration initiale dans le parler des locuteurs de lrsquoeacutepoque impeacuteriale voir

F Gignac A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods I Phonology Milan 1976 p 133-138 Lrsquoattique agrave lrsquoorthographe conservatrice montre peu drsquoexemples de psilose mecircme srsquoil est vraisemblable que lrsquoaspiration initiale a commenceacute agrave se perdre dans ce dialecte peut-ecirctre degraves lrsquoeacutepoque helleacutenistique cf L Threatte GAI I Phonology p 504-506

27 SEG 3 1927 674 respectivement l 40 et 46 IIe s av J-C et cf DEacuteLG sv ὅρος Il srsquoagit probablement dans les deux cas de laquo paiement aux voisins raquo

28 DGEsp sv ἀμφήκης29 IG II2 10799 fin Ve s30 Ἀμφε ριτος LGPN IIIB A Wilhelm Urkunden 240 Nachtrag zu S 90 I l 5 Ve s agrave

comparer agrave Ἀμφήριστος attesteacute agrave Thespies au IIe s SEG 39 456 III l 54 agrave rapprocher le pre-mier de ἐρίω le second de ἐρίζω Le ethinsp assureacute en pays beacuteotien fait exclure le rapprochement avec ἀριτός drsquoougrave νήριτος laquo innombrable raquo (Heacutes etc) et le nom de lrsquoArcadien Κλεάριτος IG II2 3080 l 5 279 av J-C et cf HPN 195

31 IG I3 1190 l 25 ca 411 av J-C pour le plus anciennement connu Pour Ἀμφήδης cf CIA III App 9 l 19 et LGPN II sv

294 sophie minon

le groupe initial sw de la racine swād- de ἡδύς trahissent le caractegravere secondairethinsp32 Les structures rythmiques spondaiumlques et dactyliques privileacute-gieacutees dans lrsquoensemble des composeacutes non-verbaux en ἀμφι- le sont aussi pour les composeacutes anthroponymiques agrave premier eacuteleacutement verbal ou adjectival en -i comme lrsquoillustre lrsquoeacutelision de Δεξι- dans Δεξαγόρας Δέξανδρος Δεξαρέτα Δεξαρίων Δέξαρχος etc en face des hypocoristiques de structure plus souple tels Δεξί-ας et Δεξί-ωνΔέξωνthinsp33

A Argos les deux seuls noms propres assureacutement en Ἀμφ(ι)- suivi de voyelle que fasse aujourdrsquohui connaicirctre lrsquoeacutepigraphie sont le phratronyme Ἀμφιαρητείδας que jrsquoai eacutetudieacute ailleurs et lrsquohypocoristique Ἀμφίαςthinsp34 On ne saurait manquer de leur adjoindre le nom du roi argien mythique Ἀμφιάρηος

IenspDe Ἀμφίας agrave Ἀμφιάρης et Ἀμφιάρηος

ἈμφίαςLa formation hypocoristique drsquoἈμφίας explique la preacutesence du ithinsp crsquoest

agrave lrsquointeacutegraliteacute du premier eacuteleacutement qursquoa eacuteteacute ajouteacute le suffixe -ας de mascu-lins commun au lexique et agrave lrsquoonomastique comme pour lrsquohypocoristique Καλλίας des composeacutes en Καλλι- ou pour Ἀλεξίας forme courte des composeacutes en Ἀλεξί- ou Δεξίαςthinsp35thinsp un Larisseacuteen du nom drsquoἈμφίδαμος a du reste Ἀμφί-ας comme patronymethinsp36

32 Les anthroponymes ont anciennement leur second eacuteleacutement en -άδης avec voyelle bregraveve voir Λεάδε ς agrave Styra Ve s IG XII (9) 56 l 236 ou Θυμάδης Δημάδους IVe s IG II2 2385 l 53 cf Bechtel HPN 21-22 De mecircme que lrsquoon a un Εὐρυ-άδης agrave Sparte au IIIe s IG V (1) 708 de mecircme lrsquoon aurait attendu un Ἀμφι-άδης La langue homeacuterique semble avoir forgeacute un composeacute θυμήδης Od 16 389 (crsquoest la leccedilon de la Vulgate pour laquelle Bekker avait proposeacute la correction θυμήltρgtης de mecircme sens) agrave cocircteacute de αὐάδην que fait connaicirctre pour la premiegravere fois Sapphocirc (22 5)

33 Voir Bechtel HPN 118-119 Lrsquoabsence drsquoiota dans le nom du Beacuteotien Δέξων peut srsquoexpli-quer phoneacutetiquement par lrsquoabsorption de [j] (lti) cf n 7

34 Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδας est connu par un deacutecret de proxeacutenie du IIIe s publieacute par W Vollgraff Mnemosyne 43 (1915) p 380-382 l 10 et mentionneacute par A Heubeck Die Sprache 17 (1971) p 8 Il apparaicirct encore avec lrsquoorthographe ancienne Ἀμφιαρετείδας dans la liste de morts de ca 400-390 publieacutee par Ch Kritzas in Στήλη τόμος εἰς μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 498 l 35 pl 228 Sur son eacutetymologie agrave mettre en relation avec le verbe argien ᾱϜρετευε de ἀνα-Ϝρετεύω voir mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Pour le patronyme au geacutenitif Ἀμφίᾱ voir BCH 33 (1909) p 447 ndeg 6 IIeIer s

35 Voir deacutejagrave A Charbonnet laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 (1984) p 50thinsp laquo Le nom Ἀμφίας srsquoinscrit dans la seacuterie bien connue des diminutifs en -ας de noms composeacutes raquo

36 LGPN IIIBthinsp IG IX (2) 683 fun IIIeIIe s ()

295ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Ἀμφίτας Ἀμφῑων Ἄμφῑος et feacutem ἈμφιώDe la mecircme maniegravere que Ἀμφίας les noms Ἀμφίτας Ἀμφῑων Ἄμφῑος

Ἄμφωνthinsp37 et feacutem Ἀμφιώ doivent ecirctre une seacuterie de formations suffixeacutees conformeacutement agrave lrsquointerpreacutetation qursquoen donne Bechtelthinsp38 Cependant le rapprochement qursquoil est donneacute de faire aujourdrsquohui entre lrsquoanthroponyme myceacutenien a-pi-jo et ce qui pourrait ecirctre interpreacuteteacute comme son geacutenitif a-pi-(j)o-to pourrait eacuteventuellement laisser supposer une reacutefection secondaire de Ἀμφῑων -ονος agrave partir du participe composeacute ἀμφι-ιών ιόντοςthinsp lrsquoabsence drsquoeacutelision de la voyelle finale du preacutefixe aurait eacuteteacute drsquoordre prosodiquethinsp39 De la mecircme maniegravere Ἀμφίτας aurait pu ecirctre formeacute agrave lrsquoaide drsquoun second eacuteleacute-ment -ίτας qui est attesteacute au simple sous la forme du nom drsquoagent ἴτης en attiquethinsp40 Dans un cas comme dans lrsquoautre du moins le rapport eacutetymolo-gique avec le radical du verbe laquo aller raquo ne pouvait manquer drsquoecirctre perccedilu en synchronie comme par ailleurs celui du nom feacuteminin Ἀμφιώ avec le nom drsquoἸώ La meilleure preuve du reste est fournie par un fragment dans lequel Aristophane se moque drsquoEuripide auquel il attribue une eacutetymologie du nom drsquoἈμφ-ίων qui en fait lrsquoeacutequivalent drsquoἌμφ-οδος sous preacutetexte qursquoil serait neacute laquo dans la rue raquo pour faire remarquer avec humour que crsquoest ainsi qursquoaurait ducirc srsquoappeler le Tragique lui-mecircmethinsp41thinsp

37 Il faut tregraves probablement exclure que Ἄμφων puisse srsquoexpliquer comme un beacuteotisme pho-neacutetique agrave partir drsquoun Ἀμφίων agrave i bref (avec -ίων recouvrant aussi bien en beacuteotien le participe du verbe laquo ecirctre raquo ἐών que celui drsquolaquo aller raquo ἰών) cf n 10

38 Voir Bechtel HPN 43 et Y Kalliontzis laquo Deacutecrets de proxeacutenie et catalogues militaires de Cheacuteroneacutee raquo BCH 131 (2007) [2009] p 501-502 ndeg 10 l 9 IIIe s pour Ἄμφων Ἀμφῑων est le nom de lrsquoun des trois chefs des Eacutepeacuteens dans lrsquoIliade (13 692) et celui de lrsquoancecirctre du tyran de Corinthe Peacuteriandre au VIIIeVIIe s (Hdte V 92)thinsp pour Ἄμφῑος voir Il 5 612 et LGPN II Ve s (de ἀμφί-Ϝιος avec un second eacuteleacutement en rapport avec Ϝίεμαι laquo srsquoeacutelancer raquo cf L Dubois laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo Beitrz Nam 21 [1986] p 252-256 ou forme theacutematiseacutee de Ϝῑς laquo force raquo cf A Heubeck laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 [1987] p 149-166) Pour Ἀμφιώ IG VII 2489 peut-ecirctre Ier s apr J-C Pour Ἀμφίτας exemples anciens dans la colonie meacutegarienne drsquoHeacuteracleacutee du Pont cf MH Hansen-TH Nielsen (eds) An Inventory of archaic and classical poleis 2004 p 956) puis agrave Myrina au IIeIer s cf LGPN Vathinsp une occurrence syllabique au VIe s sur une coupe de la reacutegion drsquoAmatonthe O Masson ICS2 ndeg 196b p 413 et cf OGS I p 132 et n 79

39 DMic sv Le changement de flexion inverse est illustreacute par le secondaire δράκων -οντος ancien thegraveme agrave nasale comme son feacuteminin δράκαινα Pour lrsquoithinsp de Ἀμφῑων voir Choiroboscos De orthographia (JA Cramer Anecdota Graecahellip vol 2 Oxford 1835 repr 1963) 168 l 7thinsp Ἀμφιίων hellip καὶ Ἀμφίων κατὰ κρᾶσις τοῦ ϊ εἰς ἕν ι μακρόν

40 Ar Nueacutees 445 Pl Banquet 203d et Protagoras 349e et cf 359cthinsp ἴτας γε ἐφ᾿ ἃ οἱ πολλοὶ φοβοῦνται ἰέναι A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 129c p 195 et n 159 suggegravere la mecircme analyse pour Περῑτας notamment le nom du chien drsquoAlexandrethinsp Περι-ίτας mecircme srsquoil considegravere comme plus vraisemblable drsquoy voir lrsquohypocoristique de Περιτέλης et de consideacuterer le ithinsp comme analogique des types ὁδίτης πολίτης au ithinsp lui-mecircme analogique du athinsp du suffixe parallegravele -ᾱτᾱς-ητης ndash appliquant par ailleurs la mecircme ana-lyse pour rendre compte de lrsquohom Θερσῑτης O Masson voyait de mecircme dans -ίτᾱς le suffixe de πολίτᾱς-ης agrave lrsquoorigine des formations secondaires en -ιτος et -ιτώ cf ZPE 91 (1992) p 119

41 Ar PCG III 2 Fr 342 (327) (Kassel-Austin)thinsp Ἄμφοδον ἐχρῆν αὐτῷ τίθεσθαι τοὔνομα

296 sophie minon

ἈμφιάρηοςA Argos on songera naturellement agrave voir dans Ἀμφίας un diminutif du

nom du roi argien mythique Ἀμφιάρηος pour lequel un fragment drsquoEschyle fait du reste connaicirctre un autre diminutif Ἄμφιςthinsp42 De la mecircme maniegravere agrave Eacutereacutetrie le guerrier des origines converti en heacuteros gueacuterisseur plus tard assimileacute agrave Ascleacutepios semble avoir eacuteteacute honoreacute sous le nom drsquoἈμφίας qursquoat-teste indirectement le nom de lrsquoassociation cultuelle des Ἀμφιασταί que fait connaicirctre une inscription du IIe siegravecle a Cthinsp43 Si lrsquoanthroponyme myc a-pi-ja-re-[ geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]thinsp44 avait pour eacutequivalent alphabeacutetique nom Ἀμφιάρης ou Ἀμφιαρε[ύς] le nom remonterait agrave une haute antiquiteacute sous sa forme non deacuteriveacutee qursquoattestent par ailleurs les acc en -αρῆ et dat en -αρεῖ qui se rencontrent chez Pindarethinsp45 Il est vrai que lrsquoancrage mytho-logique proprement peacuteninsulaire du heacuteros doit faire consideacuterer avec pru-dence ce rapprochement pour des formes seulement attesteacutees lrsquoune et lrsquoautre agrave Cnossos mecircme si les liens qursquoArgos entretenait avec cette citeacute agrave lrsquoeacutepoque classique pourraient srsquoecirctre noueacutes degraves le second milleacutenairethinsp46

Il est du moins des plus probables que le suffixe de lrsquoanthroponyme a originellement comporteacute un εthinsp plutocirct qursquoun athinspthinsp47 Les plus anciennes attestations eacutepigraphiques de ce nom preacutesentent en effet le vocalisme εthinspthinsp ainsi les leacutegendes vasculaires portant Ἀ(μ)φιάρεος en lettres corinthiennes au milieu drsquoanthroponymes de forme dorienne qui notent A tous leurs athinspthinsp de leur cocircteacute les plus anciens des vases attiques agrave figures rouges ont encore

42 Eschyle Fr 632 (Radt)43 P Ducrey laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de

Lausanne (1981) p 73-78 cf J et L Robert Bull Epigr 1982 ndeg 27244 F Aura Jorro DicMic sv (resp KN Xd 7568 et Xd 94) Autre hypothegravese pour la lecture

a-pi-ja-re-[wo ()] chez O Landau Mykenisch-griechische Personennamen p 25 159 171 202thinsp Ἀμφι-αλέϜων avec dieacuteregravese propre agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne cf n 93thinsp mais F Aura Jorro heacutesite agrave lire aussi cette forme a-pi-ja-re-jọ en proposant drsquoy reconnaicirctre un patronymique

45 Pindare Neacutem 9 13 et 24 En Isthm 7 33 tous les manuscrits srsquoaccordent sur lrsquoacc Ἀμφιάραο-ν alors que la leccedilon la plus reacutepandue pour ce thegraveme est Ἀμφιάρηο- en Ol 6 13 et Pyth 8 56 Le papyrus Oxy 2082 fait aussi connaicirctre sous le nom drsquoἈμφιάρης un olympionique spartiate victorieux agrave la lutte cf L Moretti Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957 ndeg 515

46 Sur les liens entre Argos et Cnossos voir notamment les inscriptions reacuteeacutediteacutees par S Minon dans laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 (2007) p 169-210thinsp en faveur drsquoune parenteacute ancienne entre les deux citeacutes voir p 171 lrsquoargument fourni par la preacutesence de lrsquoenclos drsquoArchos heacuteros archeacutegegravete de Cnossos peut-ecirctre venu drsquoArgos

47 Pour P Kretschmer Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach untersucht Guumltersloh 1894 p 32 que suit W Schulze Kl Schr 1933 p 699 le εthinsp est originel et de mecircme E Risch Wortbildung2 p 164 n 1 R Wachter Non-Attic Greek Vase Inscriptions [ci-apregraves NAGVI] Oxford 2001 p 76-77 se range agrave cette position tout en montrant combien il est diffi-cile de trancher

297ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Ἀμφιάρεος tandis que les plus reacutecents ont deacutejagrave Ἀμφιάραοςthinsp48 Au chant 15 de lrsquoOdysseacutee ougrave se rencontrent les deux seules mentions du heacuteros (il nrsquoap-paraicirct pas dans lrsquoIliade) les deux orthographes sont certes deacutefendues par les grammairiens alexandrinsthinsp le α par Aristarque et le η par Zeacutenodotethinsp49thinsp lrsquoeacutepithegravete λαόσσοον laquo entraicircneur drsquohommes raquo associeacutee agrave son nom au v 244 le repreacutesente comme un guerrier et non comme le devin et gueacuterisseur qursquoil devint apregraves sa mortthinsp50 Les mecircmes fluctuations entre les deux vocalismes srsquoobservent on lrsquoa vu chez Pindare Chez les poegravetes attiques de lrsquoeacutepoque classique la forme ancienne Ἀμφιάρεος a eacuteteacute atticiseacutee en Ἀμφιάρεως alors que dans les inscriptions non seulement attiques mais beacuteotiennes (Thegravebes) et ioniennes (Oropos est une colonie drsquoEacutereacutetriethinsp51) crsquoest Ἀμφιάραος que lrsquoon rencontrethinsp52

Dans ces conditions lrsquoeacutetymologie proposeacutee par Heubeck qui consiste agrave reconnaicirctre dans Ἀμφι-άρης et son deacuteriveacute Ἀμφιάρηος des composeacutes posses-sifs formeacutes comme lrsquoanthroponyme Ἀμφί-θεος laquo qui a (descend drsquo)un dieu des deux cocircteacutes raquo avec au second membre le nom drsquoAregraves paraicirct la plus satis-faisantethinsp53 Cependant comme crsquoest presque toujours au premier membre que figurent les theacuteonymes en compositionthinsp54 compte tenu aussi de ce qui est

48 Voir Kretschmer p 32 41 122 123 162 214 et R Wachter NAGVI Cor 66f et r deux occurrences de Ἀ(μ)φιάρεος sur le mecircme crategravere corinthien du VIe s avec renvoi (n 280) aux autres attestations reacuteunies par I Krauskopf LIMC I 1980 laquo Amphiaraos raquo (ndeg 13 et ndeg 23 avec -άρεος et les plus reacutecentes ndeg 24 et 27 avec -άραος) et avec une mise au point sur les variations du vocalisme suffixal

49 Odysseacutee 15 244 (pour les deux leccedilons) et 253 (Ἀμφιάραος) Comme le fait remarquer R Wachter loc cit n 281 la correction de Zeacutenodote ne peut srsquoexpliquer seulement par le fait qursquoil savait qursquoapregraves r i et e un η ionien correspondait agrave un ᾱ attique car il aurait en ce cas proposeacute drsquoautres corrections similaires comme Αἰνείης Ἰήονες etc

50 Voir P Sineux Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007 p 46 et 2651 Cf eg MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory of archaic and classical poleis Oxford

2004 ndeg 21452 L Threatte GAI I 1980 p 12553 A Heubeck Die Sprache 17 (1971) p 8-22 en particulier p 9-10 pour les variantes

du nom Contre lrsquohypothegravese de Kretschmer op cit p 32 qui voyait dans ἱάρηϜ-ος la theacutema-tisation de ἱαρεύςthinsp le radical agrave vocalisme a non meacuteridional de ἱερ- (ce qui exclut en principe tout rapprochement avec les formes myceacuteniennes) et lrsquointerpreacutetation de Ἀμφ-ιάρηος comme un composeacute hypostatique agrave rapprocher pour la rection drsquoion ἀρχ-ιέρεως Lrsquohypothegravese mal eacutetayeacutee de W Borgeaud laquo Amphiaraos et le nom de la Sarre raquo BzN 1 (194950) p 102-104 qui part de Ἀμφιάρᾱος et y voit un anthroponyme drsquoorigine preacute-helleacuteniqueillyrienne ambhi-sarāwos laquo qui habite sur les deux rives du Sarāuos ou de la Sarāua raquo a notamment contre elle de reposer sur un athinsp eacutetymologique

54 Voir J Oulhen laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo in RWV Catling-F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 629-630 Le myceacutenien livre cependant le teacutemoignage drsquoun nom feacuteminin a-pi-e-ra (notamment PY An 1281) qui est interpreacuteteacute comme lrsquoeacutequivalent drsquoun alphabeacute-tique Ἀμϕιήρα cf A Morpurgo-Davies RAL seacuter VIII 15 (1960) p 329 n 26 et M Iodice Aevum 85 (2012) p 6 Et lrsquoanthroponyme Μενάρης citeacute infra n 108 pourrait constituer un autre contre-exemple

298 sophie minon

connu de lrsquoascendance et de la geste du heacuteros Ἀμφιάρηοςthinsp55 on preacutefeacuterera reconnaicirctre sous le second membre plutocirct que le theacuteonyme lrsquoappellatif sans doute suffixeacute en -εthinsp ἀρή laquo malheur perte destruction raquo dont il est eacutetymo-logiquement et morphologiquement indissociable ou son eacutequivalent ἄρος auquel la glose drsquoHeacutesychius preacutesenteacutee en introduction donne entre autres le sens neacutegatif dethinsp βλάβος ἀκούσιονthinsp56 Lrsquoautre voie qui aurait consisteacute agrave y voir des hypostases avec le sens laquo de lrsquoentourage drsquoAregraves raquo avait deacutejagrave eacuteteacute eacutecarteacutee par Heubeck comme moins satisfaisante pour la raison que sur ce type de composeacute les deacuteriveacutes sont plus souvent en -ιος qursquoen -οςthinsp57 Or il est sucircr qursquoil est impossible de faire de Ἀμφιάρηος un deacuteriveacute patronymique en -ιος du doublet Ἀμφιαρεύς de Ἀμφιάρης entretenant le mecircme rapport avec eux que ἌρειοςἌρη(ι)οςthinsp58 avec Ἄρηςeacuteol Ἀρεύς en posant -ethinspw-yo-s gt hom -ήιος susceptible drsquoeacutevoluer soit en -ειος soit en -ηοςthinsp59 et -es-yo-s gt -ειος puis -εος (formes myceacuteniennes citeacutees ci-dessous)thinsp il nrsquoy a en effet aucun exemple de la forme pourtant meacutetrique Ἀμφιαρήιος que lrsquoon attendrait en ce cas dans lrsquoeacutepopeacutee agrave cocircteacute des adjectifs patronymiques Καπανήιος et

55 Voir P Sineux loc cit LrsquoOdysseacutee preacutesente le heacuteros comme eacutegalement aimeacute de Zeus et drsquoApollon ce qui en ferait plus un Ἀμφί-θεος laquo qui a un dieu de part et drsquoautre raquo qursquoun Ἀμφιάρηςthinsp crsquoest chez Pindare qursquoἈμφιάραος est repreacutesenteacute comme un guerrier redoutable πολέμοιο νέφος (Neacutem 10 9) tuant (schol Neacutem 9 30b Drachmann) pour prendre le pouvoir agrave Argos dans un contexte de stasis (Neacutem 9 ibid) Si le second eacuteleacutement -άρης repreacutesentait non le theacuteonyme mais lrsquoappellatif ἄρος ou le thegraveme en εthinsp de forme ἀρή le heacuteronyme pourrait alors ecirctre interpreacuteteacute comme laquo qui a sa perte des deux cocircteacutes raquo crsquoest-agrave-dire agrave Argos ougrave il a sa femme Eriphyle comme ennemie (ἀνδροδάμαντα Neacutem 9 16) comme agrave Thegravebes ougrave son art divinatoire lui a fait voir la mort qui lrsquoattend ce dernier motif surtout deacuteveloppeacute par les Tragiques mais deacutejagrave esquisseacute par Pindare (Ol 6 17) voir Sineux p 35

56 Pour lrsquoeacutetymologie et le sens du nom drsquoAregraves voir P Chantraine DEacuteLG sv ἀρή Ἄρης et pour ἄρος supra n 5thinsp pour lrsquoorigine commune du theacuteonyme et de lrsquoappellatif ἀρή M Peters laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch-C Zinko (edd) Studia Onomastica et Indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz 1995 p 185 n 2 le Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre Primaumlrstammbildungen2 eacuted H Rix 2001 et derniegraverement T Barnes laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19 qui pose pour toute cette famille la racine H2erH1- et pour Aregraves H2reacuteH1-H2rH1-eacutes- avec le sens de laquo destructeur raquothinsp contre R Schmitt ZPE 17 (1975) p 15-16 qui postulait pour le theacuteonyme une origine iranienne

57 Heubeck p 17 et voir E Risch op cit p 17158 Sur hom Ἀρήιος laquo drsquoAregraves le belliqueux raquo devenu par la suite Ἄρειος voir O Masson

OGS III p 139 et n 81 Pour la forme -ηος du suffixe voirthinsp Ἀρήου nom de mois SGDI II 2136 l 2 (Delphes IIe av J-C) IG IX (2) 359c et 1117b (Thessalie eacutepoque romaine)thinsp en revanche dans les inscriptions attiques de la mecircme eacutepoque ougrave figure le nom de lrsquoAreacuteopage (ἐξ Ἀρήου πάγου) eg IG II2 1721 ou 3238 ou lrsquoanthroponyme eg IG II2 1718 ou 3173 il srsquoagit drsquoune graphie itacisante pour lrsquoancienne forme -ειος du suffixe

59 Lrsquoeacutequivalent myceacutenien du suffixe -[C]e-wi-jo est connu par exemple agrave travers lrsquoadjectif i-je-re-wi-jo auquel on pourra comparer agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique hom ἱερ-ήιον koin -ῆον -εῖον voir E Risch op cit sect 46 Pour ῆον voir I v Miletos ndeg 10 l 38 Ve s V Petrakos Ἐπιγρ τοῦ Ὠρωποῦ ndeg 277 l 33 IVe s M Segreacute Iscr di Cos ED ndeg 178 l 19 fin IIIe s etc

299ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

νηλήιος ou encore Ἀφαρήιος fait non sur Ἀφάρηος mais sur Ἀφαρεύς chez Apollonios de Rhodesthinsp60

Heubeck proposait drsquoexpliquer la formation du heacuteronyme de la maniegravere suivante Il y reconnaissait un deacuteriveacute theacutematique de Ἀμφιάρης constitueacute sur le modegravele des anthroponymes myc o-ti-na-wo hom Εὔ- Κλυτό- Ἐχέ- Πολύ-νεως en face de lrsquoappellatif ναῦς avec -ναυςthinsp -νᾱ(Ϝ)ος gt -νηος gt -νεως dans le mecircme rapport que -άρηςthinsp -άρηος gt -άρεωςthinsp hom Βριάρεως reflegraveterait la mecircme theacutematisation de -άρηςthinsp61 Le datif myc a-re du theacuteo-nyme drsquoapregraves lui ne pouvait ecirctre ni celui drsquoun thegraveme sigmatique ni celui drsquoun thegraveme en -ηϜ- mecircme srsquoil est en veacuteriteacute difficile de ne pas reconnaicirctre dans les deux variantes cnossiennes a-re-i-jo et a-re-jo (= Ἄρεἱος vs Ἄρειος) lrsquoadjectif en -yo- correspondant au thegraveme sigmatique que pourrait du reste aussi attester la variante theacutebaine a-re-i qursquoil citait lui-mecircmethinsp62 Il consideacuterait de ce fait que le nom drsquoAregraves eacutetait agrave lrsquoorigine un thegraveme en εthinsp (-eh1-)thinsp63 et que la flexion en -εύς comme celle en -t- (Ἄρης Ἄρητοςthinsp64) qursquoattesteraient indirectement les deacuteriveacutes patronymique Heacutes Ἀρητιάδης et phratronymique arg Ἀμφιαρητείδας repreacutesentaient elles aussi des deacuteveloppements secon-dairesthinsp65 O Masson voyait de mecircme dans chypr Θάλες un ancien nom en εthinsp passeacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique agrave la flexion en dentale geacuten Θάλητοςthinsp66

Mais de mecircme que φύλαξ a pu ecirctre theacutematiseacute degraves la langue eacutepique en φύλακος ce qui a pu ecirctre reacuteinterpreacuteteacute bien plus tard comme lrsquoemploi de son geacutenitif comme un nominatif si lrsquoon en croit une scholie agrave Apollonios de

60 A R I 485 etc61 Heubeck p 18 et 20-2162 Voir CJ Ruijgh Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien 1967 p 265

contesteacute par Heubeck p 16 n 33thinsp on pourrait avoir de mecircme a-re-ị-mene ( ou a-re-ẓọ-me-ne TH Z 849) vs a-re-me-ne (TH Z 852) cf DMic sv Comparer a-re-i-jo vs a-re-jo (KN Le 641 1 et Vc 208) avec le patronymique e-te-wo-ke-re-we-i-jo (PY An 644 8-9 et Aq 64 15) fait sur lrsquoeacutequivalent drsquoalph Ἐτεοκλέ(Ϝ)ης

63 Crsquoest la doctrine toujours admise aujourdrsquohui voir par exemple le compte rendu de N Guilleux agrave A Bernabeacute-ER Lujan Introduccion al griego miceacutenico Gramatica seleccion de textos y glosario 2006 dans BSL 104 2 (2009) p 178

64 Ἄρητος nrsquoest attesteacute ni comme geacutenitif ni sans doute comme nominatif agrave εthinsp heacuteriteacute contre Heubeck p 14 n 22 Le nom Ἄρᾱτος ioniseacute en Ἄρητος (Od 3 440) est fait sur un autre radical celui de ἀρ(Ϝ)ά laquo priegravere vœu maleacutediction raquo voir le dictionnaire de Pape-Benseler Bechtel HPN 63 et Chantraine DEacuteLG sv

65 Heubeck p 17 et 20 ougrave est citeacute le parallegravele drsquohom Ἀφαρεύς et patron Ἀφαρήιος vs Ἀφάρητα (Bacch 5 129) et Ἀφαρήτιδαι (Pind Neacutem 10 65) Voir pour la forme heacutesiodique Bouclier 57-59 ougrave lrsquoadjectif patronymique Ἀρητιάδην est employeacute pour reacutefeacuterer au fils drsquoAregravesthinsp Ὃς καὶ Κύκνον ἔπεφνεν Ἀρητιάδην μεγάθυμον Pour le phratronyme voir E Lobel Oxy Pap 32 1967 ndeg 2618 frag 1 col 1 l 7 de Steacutesichore et W Vollgraff reacutefeacuterence citeacutee supra n 33

66 Agrave distinguer drsquoion Θαλῆς -έω drsquoun ancien Θαλέας aujourdrsquohui attesteacute agrave trois exem-plaires cf O Masson RPh 48 (1974) p 83 et n 2 Pour le Thalegraves chypriote du VIIe s voir du mecircme auteur ICS2 p 257 (ta-le-se)

300 sophie minon

Rhodesthinsp67 Ἀμφιαρεύς aurait pu ecirctre theacutematiseacute en ἈμφιάρηϜ-ος suivant un processus que pourrait aussi illustrer la reacutefection du composeacute ἀρχιερεύς en ἀρχιέρεως chez Heacuterodote qui aurait entraicircneacute celle du simple ἱερεύς dans les inscriptions ioniennesthinsp68 Le pheacutenomegravene pourrait mecircme srsquoobserver pour le theacuteonyme degraves lrsquoeacutepoque myceacutenienne si lrsquoon pouvait accorder foi agrave la lecture a-re-ẉọ de PY An 340 11 et suivre Gallavotti qui proposait avec preacutecaution de voir dans ce nominatif un deacuteriveacute de Ἄρηςthinsp69 Une partie du myceacutenien (au moins Thegravebes et Cnossosthinsp70) semble du reste avoir deacutejagrave amorceacute le meacutetaplasme du thegraveme ancien a-re en thegraveme sigmatique On ne peut donc exclure que la theacutematisation se soit faite agrave partir du composeacute deacutejagrave suffixeacute en -εύς que pourrait recouvrir la forme de geacutenitif supposeacute a-pi-ja-re-[wo ()] deacutejagrave citeacutee plutocirct qursquoau stade preacuteceacutedent ougrave le thegraveme eacutetait peut-ecirctre encore en -εthinspthinsp71 Notons du reste que drsquoun point de vue phoneacutetique la theacutematisation est plus attendue agrave partir drsquoun thegraveme (semi-)consonantique que vocaliquethinsp en face de Ἀμφιάρη-ος Heubeck citait du reste comme parallegravele le thegraveme nāw- du nom du laquo navire raquo (drsquoougrave -νᾱ(Ϝ)-ος gt -νηος) agrave semi-consonne et non agrave

67 Dans la scholie tardive 132b (G Lachenaud Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010 p 34) le scholiaste explique ainsi le processus de theacutematisation des noms atheacutematiques qursquoil attribue aux Ioniensthinsp Φύλακος Ἰωνικῶς ὁ φύλαξ Ἴωνες γὰρ τὰς γενικὰς ποιοῦσιν εὐθείαςthinsp il renvoie ensuite sur la question de lrsquoaccentuation agrave Heacuterodien cf n 64 ibid ougrave lrsquoauteur signale lrsquoaccentuation φυλακούς en Il 24 566

68 Voir deacutejagrave E Risch Wortbildung p 164 n 1 avec renvoi agrave J Wackernagel Zeitschrift fuumlr vergleichende Sprachforschunghellip 27 (1879) p 265 et P Chantraine Formationhellip p 13-14 pour la correacutelation entre theacutematisation et composition et p 130 ougrave il signale la rareteacute des composeacutes en -εύς ce qui peut expliquer aussi leur tendance agrave la theacutematisation Cf Hdte 2 37 (corrigeacute par les eacutediteurs modernes en ἀρχιερεύς) et Dittenberger Syll3 1037 l 4 (Milet ca 300thinsp ἱέρεως) 495 l 23 (Olbia ca 230thinsp geacuten ἱέρεω) et F Sokolowski Lois sacreacutees des citeacutes grecques Suppleacutement Paris 1962 78 l 2-3 (Chios IIe s av J-Cthinsp ἱρέωι) ou encore Ἀ Στεϕάνου Χιακὰ Μελετήματα 1 (1958) 26-32 l 7 (Chiosthinsp nom ἱέρεως) Autres exemples de theacutematisations chez Schwyzer Griechische Grammatik I p 458 et voir mes Inscriptions eacuteleacuteennes dialectales 2007 p 369 et n 13 avec le nominatif eacuteleacuteen μανάσιος du nom de lrsquouniteacute de mesure connue agrave Chypre sous la forme μνάσις Crsquoeacutetait deacutejagrave lrsquohypothegravese de Bechtel Griechische Dialekte II p 514 qui fai-sait de ἈμφιάρηϜος une forme secondaire parallegravele agrave Ἀμφιαρετεύς

69 C Gallavotti Paideia 12 (1957) p 329 voir DMic sv a-re-wo Sur la question de lrsquoori-gine du suffixe -ηϜ- et de ses rapports avec les autres suffixes du grec voir J-L Perpillou Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973 p 15-62

70 Cf n 62 Sur la coexistence de dialectes agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne que lrsquoon ne perccediloit qursquoagrave travers les lapsus des scribes formeacutes agrave eacutecrire la langue de la chancellerie de lrsquoeacutepoque qui repose sur un dialecte de type arcado-chypriote voir M Lejeune laquo Rapport sur le grec myceacutenien raquo Atti Roma 1968 II p 731 contre RJE Thompson laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 (1996-97) p 313-333 qui preacutefegravere voir dans les variantes les indices drsquoeacutevolutions linguistiques en cours comme J Chadwick laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 401 qui insiste sur lrsquouniformiteacute de la langue sur les diffeacuterents sites Dans le mecircme sens que M Lejeune voir sur le caractegravere dialectalement composite du myceacutenien N Guilleux loc cit supra note 63 p 299

71 Comme composeacute en -εύς deacutejagrave attesteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne on pourra citer en parti-culier a-pi-po-re-we (KN Uc 160 v 2 unanimement interpreacuteteacute comme ἀμφι-φορῆϜες) avec la variante haplologique a-po-re-we (PY Tn 996 3 ἀμφορῆϜε)

301ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

voyelle finale On ne dispose certes pas de parallegravele qui permette drsquoeacutetablir le sort de eh1 suivi de voyellethinsp72 Le troisiegraveme mode drsquoeacutevolution agrave savoir lrsquoeacutelar-gissement des thegravemes en -εthinsp en dentale (-ης -ητος) qui nrsquoest pas attesteacute en myceacutenien serait en revanche posteacuterieurthinsp73

Ἀμφι-άραοςPour expliquer ensuite que lrsquoancien Ἀμφιάρηος ait vu transformer le

εthinsp eacutetymologique de son second eacuteleacutement en athinsp pour prendre la forme Ἀμφιάραος R Wachter a reacutecemment repris agrave son compte lrsquoexplication accepteacutee par Kretschmer selon laquelle une eacutetymologie populaire aurait fait constituer secondairement -άρᾱος drsquoapregraves ἀράομαι au sens eacutepique de laquo prier raquothinsp74 en posant lrsquoeacutequation proportionnelle suivante qui preacutesuppose lrsquoeacutepopeacutee ionienne acclimateacutee agrave Athegravenes et en Beacuteotiethinsp ion ἀρήσομαιthinsp att beacuteot ἀρᾱσομαι = ion Ἀμφιάρηοςthinsp att beacuteot x avec x = Ἀμφιάρᾱοςthinsp75 Il faisait neacuteanmoins remarquer le caractegravere plus eacuteconomique de lrsquoautre hypo-thegravese qui aurait fait partir de -ᾱος ioniseacute en -ηος atticiseacute en -εως puis refait en -ᾱος trajectoire qursquoillustre dans le lexique lrsquoappellatif λᾱός qui nrsquoest cependant substitueacute en attique agrave λεώς qursquoagrave la fin du IIIe siegraveclethinsp76 Les tenta-tives sporadiques drsquoionisation du heacuteronyme dans la langue eacutepique auraient eacuteteacute en ce cas agrave lrsquoorigine des formes agrave vocalisme εthinsp des leacutegendes vasculaires corinthiennes les plus anciennes comme des flottements observeacutes dans la tra-dition pindarique Il est vrai qursquoil est impossible vu la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφια- de reconnaicirctre eacutetymologiquement au second

72 Pas drsquoexemple comparable ni chez R Beekes The Development of the Proto-Indo-European laryngeals in Greek La Haye-Paris 1969 p 170-172 ni chez M Peters Untersuchungen zur Vertretung der indogermanischen Laryngale im Griechischen Wien 1980 p 272 La finale -ᾱων ονος de noms de Troyens comme Ἀρετάων ou de lrsquoethnique Ἰάονες cf P Chantraine Formation p 162-163 aurait pu laisser supposer que devant une autre voyelle la voyelle longue issue de eh1 se conservait au mecircme titre que le athinsp issu de eh2 si le myceacutenien nrsquoinvitait en fait agrave res-tituer -ᾱϜων cf O Landau Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958 p 185-186

73 Heubeck p 1974 Kretschmer op cit (n 47) p 123 Lrsquoeacutetymologie populaire est refleacuteteacutee par Photius

Bibliothegraveque Bekker 148a l 36thinsp ὅτι Ἀμφιάραος ἐκλήθη ἐπεὶ ἄμφω οἱ τῆς μητρὸς γονεῖς ἠράσαντο αὐτὴν ἄνευ τεκεῖν μόγου Le heacuteronyme aurait-il ainsi eacuteteacute reacuteinterpreacuteteacute comme laquo celui que lrsquoon prie de part et drsquoautre raquo avec un rappel agrave Thegravebes de lrsquoorigine argienne du heacuteros et du culte qursquoil recevait aussi en Argolide tandis qursquoagrave Oropos il aurait eacuteteacute le heacuteros auquel on rendait un culte de part et drsquoautre de la frontiegravere que lrsquoon fucirct Atheacutenien ou Oropienthinsp

75 R Wachter NAGVI 77 renvoie agrave Kretschmer loc cit Autre hypothegravese insatisfaisante de M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 191-193thinsp lrsquoanalogie des composeacutes anthroponymiques agrave second eacuteleacutement -λᾱϜ ος (gt -lœthinspwos en zone io-att) aurait fait passer -rēwos () agrave -rœthinspwos drsquoougrave beacuteot -ρᾱος par hypercorrection

76 Crsquoest par exemple lrsquointerpreacutetation du dictionnaire de W Pape et G Benseler de 1911 Pour la substitution de λᾱός agrave la forme ionienne-attique λεώς agrave partir de lrsquoeacutepoque helleacutenistique voir L Threatte GAI II 1996 p 39 Lrsquoionien ne semble pas avoir eu ληός cf A Meillet Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 1975 p 313 Lrsquohistorien Polybe est le premier prosateur agrave rem-ployer la forme ancienne λαός comme aussi ναός cf J-A de Foucault Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972 p 65

302 sophie minon

eacuteleacutement le radical de ἀρά laquo priegravere raquo drsquoun plus ancien ἀρϜά (arc κάταρϜος) drsquoougrave ion ᾱρή dans la poeacutesie homeacuteriquethinsp77 Il faut donc bien admettre comme seul authentique le radical ἀρ- agrave bregraveve initiale dont deacuterivent le thegraveme agrave εthinsp que recouvrent hom feacutem ἀρή laquo malheur perte raquo et masc Ἄρης le thegraveme en -εthinspw- qui est aussi ancien pour le theacuteonyme ainsi que le substantif ἄρος que fait connaicirctre la triple glose drsquoHeacutesychius dont le sens neacutegatif βλάβος ἀκούσιον rejoint le seacutemantisme funeste des premiers

Ἀμφ-ιέραοςLrsquoultime transformation en Ἀμφιέραος variante sporadique connue

par quelques deacutedicaces attiques priveacutees et autres inscriptions helleacutenistiques de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos et dont teacutemoigne aussi le nom drsquoassociation Ἀμφιεραισταί agrave Rhamnonte fin IIIedeacutebut IIe siegraveclethinsp78 a pu se produire agrave Oropos ougrave elle aurait eacuteteacute motiveacutee par la volonteacute drsquoioniserthinsp79 une seacutequence dont la reacuteinterpreacutetation par fausse coupe comme Ἀμφ-ιαρ-αοςthinsp80 aurait juste-ment eacuteteacute favoriseacutee par la proximiteacute seacutemantique entre la notion de laquo sacreacute raquo et celle de laquo priegravere raquo que lrsquoeacutetymologie populaire avait secondairement rattacheacutee agrave ce nom de heacuteros Il ne peut y avoir lagrave en effet que la reacuteeacutetymologisation reacutecente drsquoun nom dont lrsquoabsence drsquoattestation drsquoἈμφίερος ου drsquoἌμφιρος agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique indique qursquoil ne repose sur rien drsquoancien Le myceacute-nien du reste ne connaissait que le degreacute e de ce radical (i-je-ro i-je-re-u etc) sans avoir jamais employeacute semble-t-il ni i-ja-ro ni i-a2-rothinsp81thinsp il est vrai que lrsquoanthroponyme a-pi-a2-ro qui pourrait theacuteoriquement avoir comme eacutequiva-lent alphabeacutetique lrsquoanthroponyme Ἀμφίαρος est interpreacuteteacute unanimement comme Ἀμφί-hαλος avec au second eacuteleacutement le radical du nom du laquo sel raquothinsp82 principalement parce que la forte repreacutesentation du radical de forme i-(j)

77 M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 186 n 578 Pour les deacutedicaces attiques contemporaines des inscriptions de lrsquoAmphiaraion voir

L Threatte GAI I p 126thinsp pour les proxeacutenies et autres deacutecrets de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos V Petrakou Οἱ ἐπιγραφές τοῦ Ὠρωποῦ Athegravenes 1997 eg ndeg 9 et 17 deacutebut IIIe s ndeg 60 etc et cf IG II-III2 (1) 1322 pour lrsquoassociation des Ἀμφιεραισταί

79 Comme les formes en Ἀμφιερ- commencent seulement agrave apparaicirctre au tournant du IVe et du IIIe siegravecle alors qursquoapregraves 312 les Beacuteotiens sont agrave nouveau maicirctres drsquoOropos qui fait partie du koinon tout en gardant son statut de citeacute (MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory ndeg 214) ce changement de vocalisme radical peut ecirctre interpreacuteteacute comme une marque drsquoidentiteacute (-ιαρ- fait beacuteotien) de la part des Oropiens dont le dialecte est apparenteacute agrave lrsquoionien drsquoEubeacutee Il est moins plausible drsquoy voir un indice de la koineacuteisation du dialecte qui nrsquoaurait pas affecteacute degraves cette peacuteriode le radical drsquoun heacuteronyme

80 L Threatte GAI I p 126 et 391 heacutesite entre deux explications pour la variante Ἀμφιέραοςthinsp tendance agrave la dissimilation ou plus vraisemblablement confusion avec le radical de ἱερός

81 Voir RJ Thompson laquo Dialects in Mycenaean and mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 1996-97 p 330

82 DMic sv a-pi-a2-ro et cf A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 51

303ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

e-r(V) fait exclure que le vocalisme a puisse avoir eacuteteacute mecircme sporadiquement repreacutesenteacutethinsp83

ἈμφίαροςLrsquoanthroponyme hapax dont il vient drsquoecirctre question Ἀμφίαρος figure

agrave cocircteacute de Παμφίλη de Ἀμφίλοχος et de Ἀμφίας sur un loutrophoros du IVe siegravecle a C trouveacute agrave Athegravenesthinsp84 La segmentation Ἀμφ-ίαρος qui ferait identifier le second eacuteleacutement de ce composeacute comme le radical agrave vocalisme non ionien-attique de ἱερός cf eg Ἀγχ-ίαρος agrave Thespies et Cheacuteroneacutee ou Καλλ-ίαρος vs Καλλ-ίερος agrave Delphesthinsp85 est probablement agrave exclure agrave cause de lrsquoassociation avec le nom feacuteminin agrave finale -η quant agrave lui bien attiquethinsp on attendrait Ἀμφίερος qui nrsquoest nullement attesteacute

La solution qui consisterait agrave y voir une forme courte pour Ἀμφιάραοςthinsp86 se heurte au fait que cette forme du heacuteronyme nrsquoest attesteacutee comme anthropo-nyme qursquoagrave partir du Ier siegravecle de notre egraverethinsp87 Il est alors preacutefeacuterable drsquoy voir un deuxiegraveme exemple de composeacute agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- non eacutelideacute comme dans le cas de Ἀμφιάρηος devant un second eacuteleacutement de forme -αρος ndash lrsquoana-logie de la seacutequence iathinsp de lrsquohypocoristique Ἀμφίας aurait pu contribuer au maintien de lrsquohiatus On aurait pu srsquoattendre agrave un second eacuteleacutement en -άρης-ήρης en lien avec notamment le substantif ἄρος (cf infra II sous Ἀμφάρης) mais -αρος qui est attesteacute par exemple dans le nom du magistrat moneacutetaire Εὔαρος agrave Eacutephegravese au Ve siegraveclethinsp88 peut srsquoexpliquer comme une forme de second membre court parallegravele agrave feacutem -αρώ (cf Κλειναρώ agrave Paros au IIe siegravecle avant J-C ou νεικα(ρ)ώ fille de Ἀρίστων agrave Thegravebes au IIeIIIe siegravecle de notre egravere) bacirctie agrave partir du radical ἀρ- soit de ἀρετή soit de ἄριστοςthinsp89 La derniegravere solution qui aurait consisteacute agrave y voir un deacuteriveacute comparable agrave Ἀμφί-ας au suf-fixe rare -αρος issu de la grammaticalisation de la formation hypocoristique susdite doit sans doute ecirctre eacutecarteacutee parce qursquoelle est plutocirct attendue dans le cas drsquoun sobriquet tel Βάτταρος fait sur Βάττοςthinsp90

En zone non ionienne-attique crsquoest en revanche ἱαρός qursquoil faut recon-naicirctre au second eacuteleacutement du nom nouveau de lrsquoArgien Γνοhίαρος que fait connaicirctre Ch Kritzas dans le mecircme volumethinsp91 composeacute agrave rection ver-

83 Sur le caractegravere cependant dialectalement stratifieacute du myceacutenien voir deacutejagrave supra n 7084 LGPN II Polemon 4 (1949) p 33 ndeg 32 et V Bardani-G Papadopoulou-V Petrakos

Συμπλήρωμα τῶν ἐπιτυμβίων μνημείων τῆς Ἀττικῆς Athegravenes 2006 ndeg 152985 Pour Ἀγχίαρος cf Y Kalliontzis BCH 131 (2007) [2009] p 495-496thinsp pour Καλλίαρος

vs Καλλίερος respectivement SGDI 1987 l 16 175 av J-C et 1867 l 10 177 av J-C86 Hypothegravese de J Traill Persons of Ancient Athens 2 p 100 ndeg 12513587 Deux Atheacuteniens LGPN II88 A Meadows-U Wartemberg (eacuted) Coin Hoards 9 Londres 2002 p 102 ndeg 189 Κλειναρώ IG XII (5) 186 18thinsp νεικα[ρ]ώ IG VII 2681 et cf infra n 14390 Cf O Masson respectivement Philologus 110 (1966) p 256 et n 5 (= OGS I p 91) agrave

propos des noms Λεύκαρος et Λευκάριστος et Glotta 54 (1976) 94 et n 55 (= OGS I p 279)91 Crsquoest lrsquoanalyse de Ch Kritzas pour le nom de lrsquoArgien Γνοhίαρος qursquoil eacutetaie du rappro-

chement avec le nom Ἱερόγνωτος drsquoun Deacutelien IG IX (2) 135 23 IVe s

304 sophie minon

bale comme le nom Δεξίαρος attesteacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique pour deux Beacuteotiensthinsp92

Remarquons pour conclure cette partie que les deacuteveloppements eacutetymo-logiques ici exposeacutes conduisent agrave admettre que le i final de ἀμφι- nrsquoa pas plus eacuteteacute eacutelideacute dans le heacuteronyme Ἀμφιάρηος que dans le nom de lrsquoAtheacutenien Ἀμφίαρος et qursquoil ne lrsquoaurait eacuteteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne dans a-pi-ja-re agrave supposer que cette forme syllabique ait bien Ἀμφιάρης comme correspon-dant alphabeacutetique et cela en contradiction avec la regravegle veacuterifieacutee du moins pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique selon laquelle cette eacutelision eacutetait reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale Ἀμφιάρης serait le seul nom en Ἀμφι- ougrave une telle exception srsquoobserverait du myceacutenien au grec alphabeacutetiquethinsp93 Le teacutemoignage du myceacutenien laisse en effet supposer pour les preacutefixeacutes en ἀμφι-thinsp la conservation de lrsquohiatus devant h (a-pi-e-ke pour ἀμφι- + hέχει ou hῆκε)thinsp la dieacuteregravese devant ancienne laryngalethinsp94 sauf en morphologie ver-bale ougrave lrsquoeacutelision est pratiqueacutee (a-pe-e-ke pour ἀμφ- ou ἀπ- + augment ἔ + hεχε ou hηκε) Notons toutefois que lrsquoeacutelision pourrait avoir coexisteacute comme variante degraves le myceacutenien si lrsquoon postulait lrsquoeacutequivalence entre a-pa-re-[uthinsp] et dor ἈμφᾱρηςἈμφᾱρεύςthinsp mais la seacutequence syllabique est seulement inter-preacuteteacutee comme correspondant agrave Ἀφᾰρεύς voire agrave Ἁρπαλεύςthinsp95

Il nrsquoest pas sucircr en revanche que Ἀμφαρίδας et Ἀμφιαρίδας preacutesenteacutes comme exemple de doublet dans lrsquointroductionthinsp96 teacutemoignent de la mecircme variation agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp le second nom pourrait fort bien deacuteriver du nom Ἀμφ-ίαρος et ecirctre par conseacutequent sans relation avec le premier sur lequel nous reviendrons agrave lrsquooccasion de lrsquoeacutetude du nom Ἀμφάρης

92 LGPN IIIBthinsp Coroneacutee 182 av J-C Syll3 585 l 210 et Orchomegravene IIIeIIe s A Wilhelm Neue Beitr 4 p 10 ndeg 1 l 12-13 pegravere notamment drsquoun Ἱαροκλῆς

93 Les deux seuls autres exemples syllabiques possibles drsquoanthroponymes en Ἀμφι- avec dieacute-regravese devant un second eacuteleacutement agrave laryngale initiale eacutetymologique ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() et a-pi-je-ta ne preacutesentent pas de correspondant en grec alphabeacutetique Pour ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() KN B 812a qursquoon pose une eacutequivalence avec Ἀμφιάγορος Ἀμφίαγρος ou Ἀμφίακρος on srsquoattendrait agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique agrave ce que le premier eacuteleacutement agrave -i final soit eacutelideacute comme crsquoest toujours le cas devant le second eacuteleacutement en -αγορ--ηγορ-thinsp et si Πολίαγρος (LGPN I et II) conserve son i devant -αγρος crsquoest pour eacuteviter toute confusion avec le radical de πολύς Or Ἀμφάγορος Ἄμφαγρος et Ἄμφακρος ne sont pas davantage attesteacutes On aurait un autre exemple de dieacuteregravese si a-pi-je-ta PY An 6577 avait pour correspondant Ἀμφι-έρτας agrave comparer avec Λαέρτης Ὀρσέλαος avec le radical de ὄρνυμι voir A Leukart op cit sect 66 et F Bader Minos 10 (1969) p 50 Mais une autre interpreacutetation est possible qui expliquerait lrsquoabsence drsquoeacutelision de a-pi- en conformiteacute avec la regravegle mise en eacutevidence pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp Ἀμφιέτας en lien avec ἵημι (de yeH1) de preacutefeacuterence agrave Ἀμφιέρτας en lien cette fois avec ὄρομαι (de wer-) qui laisserait plutocirct attendre myc a-pi-we-ta

94 Outre a-pi-ja-re cf n 44 voir ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() note preacuteceacutedente95 F Aura Jorro DicMic sv96 Lrsquohypothegravese drsquoune variation drsquoordre phoneacutetique propre au beacuteotien dont teacutemoignerait la

graphie Ἀμφαρίδας vs Ἀμφιαρίδας doit ecirctre eacutecarteacutee cf n 37

305ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Il reste alors pour justifier ce qui ne constitue en deacutefinitive une exception que pour cette eacutepoque agrave invoquer une contrainte drsquoordre prosodique telle que la preacutefeacuterence pour la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφιαρ- qui peut srsquoecirctre conjugueacutee agrave la reacutepugnance agrave constituer une seacutequence gra-phique Ἀμφαρ- qui eacutetait eacutetymologiquement ambigueuml en dehors de lrsquoionien et de lrsquoattique puisqursquoelle pouvait paraicirctre proceacuteder aussi bien de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω au second eacuteleacute-mentthinsp97 que de Ἀμφ- eacutelideacute + -αρ- du radical de Ἄρης ἄρος ou ἀραρίσκω Crsquoest preacuteciseacutement en ces termes que se pose la question de lrsquoeacutetymologie du nom de lrsquoeacutephore spartiate meurtrier drsquoAgis Ἀμφάρης

IIenspἈμφάρης et la polyseacutemie du radical ἀρ-

Ἀμφ-άρηςἈμφ-ήρηςLe nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφάρης que mentionne Plutarque a eacuteteacute

porteacute par un Atheacutenien (agrave la formule onomastique partiellement doriseacutee) et par un Phocidien qui veacutecurent tous deux au IVe siegraveclethinsp98 Dans lrsquohypothegravese ougrave le a meacutedian aurait eacuteteacute allongeacute en composition et le premier eacuteleacutement Ἀμφι- eacutelideacute comme on lrsquoattend conformeacutement agrave la regravegle phoneacutetique deacutejagrave invoqueacutee Ἀμφᾱρης pourrait alors eacuteventuellement ecirctre rapprocheacute de Ἀμφήρης dont Platon fait lrsquoun des souverains de lrsquoAtlantide fils de Poseacuteidon et de Kleitocirc agrave moins que le second membre de ce nom nrsquoait comporteacute un e eacutetymologique et ne soit plutocirct en lien avec ἐρέττωthinsp99 Lrsquoexistence parallegravele des suffixeacutes en -ίδᾱης Ἀμφηρε-ίδης et Ἀμφαρε-ίδας pourrait conforter le premier rappro-chementthinsp100 Bechtel part de ce principe puisqursquoil classe Ἀμφ-άρης agrave cocircteacute de Ξειν-ήρης et les rattache tous deux agrave ἄρος que fait connaicirctre la glose drsquoHeacutesy-

97 Voir P Chantraine DEacuteLG sv φέρω98 Voir Plut Agis 18 agrave 21 ougrave lrsquoacc est transmis sous la forme Ἀμφάρην par confusion

banale agrave cette eacutepoque entre sigmatiques et masculins en -athinsps (gt -ης)thinsp pour lrsquoAtheacutenien du IVe s cf infra n 153 et pour le Phocidien contemporain CID 2 ndeg 31 l 7 (geacuten Ἀμφάρεος)

99 Platon Criti 114b et cf infra n 113100 Ἀμφηρείδης (Atheacutenien FD III (2) 23 l 19 1387 a C) et Ἀμφαρείδας (Kleitor IIIe s

LGPN IIIA) La forme -ίδης du suffixe du nom ancien Ἀμφηρίδης agrave Thasos et agrave Paros (LGPN I) laisse supposer qursquoil deacuterive plutocirct de Ἄμφηρις que de Ἀμφήρης comme le nom du Spartiate Κλεαρίδας (Thuc IV 132 3) deacuteriverait de son cocircteacute de Κλέαρις (Thasos IG XII (8) 280 l 13 VIeVe s) dont on notera cependant que le a meacutedian est ici de quantiteacute bregraveve Dans le cas des thegravemes sigmatiques on srsquoattend agrave ce que le suffixe -ίδης srsquoajoute au suffixe sigmatique drsquoougrave -ε(σ)-ίδης gt -είδηςthinsp et lrsquoexistence de nombreux composeacutes agrave second eacuteleacutement -μενίδης nrsquoest pas contradictoire puisqursquoils semblent avoir eacuteteacute bacirctis sur μένω plutocirct que deacuteriveacutes drsquoun second eacuteleacute-ment -μένης Dans le cas particulier des noms en κλῆς lrsquoargien par exemple preacutesente cependant -ηίδας dans le phratronyme Ὀϕελλοκληίδας ensuite moderniseacute en Ὀφεltλgtλοκλείδας cf IG IV 553 l 6 Ve s (-κλε ίδας) lrsquoineacutedit E 67 dateacute 330-300 (-κληίδας) et la proxeacutenie argienne drsquoun Thrace SEG 30 357 l 11 ca 300 (-κλείδας) Pour les modaliteacutes morphologiques et phoneacutetiques de la deacuterivation en -ίδας cf mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011

306 sophie minon

chius deacutejagrave citeacutee avec le sens positif de laquo providence raquothinsp101thinsp ils appartiendraient alors agrave la cateacutegorie des bahuvrīhi ou eacutepithegravetes de type possessifthinsp102 Drsquoun autre cocircteacute si le a meacutedian de Ἀμφάρης eacutetait effectivement long agrave la diffeacuterence de celui du heacuteronyme Ἀμφιάρηος le second eacuteleacutement -ᾱήρης pourrait tout aussi bien ecirctre analyseacute comme deacuteriveacute de la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo adapteacute agrave raquo ou laquo pourvu de raquo drsquoautant que le composeacute ἀμφήρης laquo ajusteacute des deux cocircteacutes raquo est attesteacute dans le lexique poeacutetiquethinsp103thinsp on aurait alors un composeacute agrave rection verbale dont la composition aurait eu lieu dans lrsquoadjec-tif avant son transfert dans lrsquoonomastique Les deux hypothegraveses pourraient du reste ne pas ecirctre incompatiblesthinsp lrsquoeacutetymologie du substantif ἄρος nrsquoest pas assureacutee mais le premier sens de la glose drsquoHeacutesychius (ἄρος ὄφελος) srsquoaccorderait assez bien avec la notion positive de conformiteacute et drsquoajuste-ment veacutehiculeacutee par la racine H2er- que lrsquoon trouve agrave lrsquoorigine notamment de ἀραρίσκω de ἀρείων et de ἄριστοςthinsp104

Ἀν(α)-φαρ- Ἀμ(φι)-φαρ-thinspIl ne serait en theacuteorie pas impossible drsquoavancer agrave ce stade une autre

hypothegravesethinsp celle que Ἀμφάρης ait pu proceacuteder en dehors du domaine ionien-attique soit de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope soit de Ἀμ(φι)-φαρ- avec haplologie devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω comme pourrait en teacutemoi-gner lrsquoadjectif correspondant que fait connaicirctre une glose drsquoHeacutesychius proba-blement issue de la contamination de trois autresthinsp ἀμφαρής περιορωμένη κατολιγωρουμένη καὶ γυμνός ἐπιφανήςthinsp105 Les adjectifs agrave second eacuteleacute-ment -φερής bien attesteacutes se rencontrent degraves Heacuterodote et Heacutesychius fait aussi connaicirctre ἀντιφαρές gloseacute ἐναντίον en face de ἀντιφερής que sup-pose lrsquohom ἀντιφερίζωthinsp106 Ni ἀν(α)φερής ni les formes sans haplologie ἀμφιφαρής et ἀμφιφερής ne sont cependant attesteacutes Nous aurons lrsquoocca-sion de veacuterifier la validiteacute de cette hypothegravese agrave propos du nom Ἀμφαρίον agrave la fin de la troisiegraveme partie

101 Bechtel HPN 193102 Voir eg E Risch Wortbildung p 166-170103 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης renvoie agrave Eur HF 243 (qualificatif de ξύλα) et agrave Ion

1128 (ἀμφήρεις σκηνάς)104 Cf infra n 111105 La glose est consideacutereacutee agrave plus drsquoun titre comme suspecte par Lattethinsp par exemple crsquoest

agrave lrsquoeacutevidence ἀφαρήςἄφαρος qui est agrave lrsquoorigine du sens γυμνός comme lrsquoavait deacutejagrave signaleacute Schmidt et Kuster avant lui Pour lrsquoeacutequivalence entre ἀν(α)φαρής et ἐπιφανής qui serait pos-sible agrave condition de donner aux deux adjectifs le sens de laquo manifeste eacuteclatant raquo voir Pind Neacutem 11 38 ougrave ἀναφέρω (ἀμφέροντ(ι)) est employeacute au sens de laquo produire au jour faire remon-ter agrave la lumiegravere raquo agrave propos de vertus resurgissant drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre Lrsquoideacutee drsquoindiffeacuterence et de meacutepris dont teacutemoigne lrsquoeacutequivalence avec περιορωμένη κατολιγορουμένη pourrait se com-prendre mieux quant agrave elle agrave partir de ἀμ(φι)φαρής au sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo drsquoougrave neacutegativement laquo indeacutecis sans opinion raquo

106 Cf infra n 158

307ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Le nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφ-άρηςCependant dans le cas du nom de lrsquoeacutephore spartiate le rapprochement

avec le nom Δαμάρης assez populaire agrave Sparte agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacute-nistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp107 et avec les noms anciens des Spartiates Μενάρης (μένει ὀξὺν Ἄρηα Il 12 836) et peut-ecirctre Κλεαρίδαςthinsp108 incite agrave mettre ici -άρης en relation soit avec ἀρή laquo ruine destruction raquo soit direc-tement avec le nom drsquoAregraves comme on tendait en revanche agrave lrsquoeacutecarter pour le heacuteronyme Ἀμφιάρηος Lrsquoexistence du nom Δημάρης porteacute par un Deacutelien et lrsquoabsence de Δημήρης de Μενήρης et de Κλέηρις dissuadent de plus de retenir lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement agrave voyelle longue initiale -ᾱήρης Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le contraste entre la poigneacutee drsquoanthroponymes composeacutes en -ήρης attesteacutes dans lrsquoensemble du monde grec dont lrsquoidentifi-cation avec le radical de ἀραρίσκω nrsquoest du reste probable que pour le seul Φρασιήρης et la vingtaine de composeacutes en -άρης dont plus de la moitieacute est attesteacutee en zone ionienne-attiquethinsp109 fait douter que ce dernier eacuteleacutement ait comporteacute une voyelle longue initiale ailleurs que dans la phraseacuteologie poeacute-tique et dans le calque Μενάρης

Du radical ἀρ- aux bases ἀρι- ἀρο- et ἀρήIl a donc principalement existeacute des composeacutes anthroponymiques agrave second

eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης ndash et de mecircme en -αρις -αρος et -αρώthinsp110 dans lesquels srsquoobserve la mecircme absence drsquoallongement de la voyelle de jonction que dans Ἀμφιάρηος en deacutepit mecircme de lrsquoeacutelision et cela en contradiction avec la loi drsquoallongement urgriechisch mise en eacutevidence par Wackernagel dont lrsquoapplication nrsquoest certes reacuteguliegravere que dans les composeacutes nominaux anciens de lrsquoeacutepoque alphabeacutetique comme cela a eacuteteacute exposeacute en preacuteambule Comme pour ἀμφαρίστερος il est probable que la conservation du a bref eacutetait destineacutee agrave laisser visible le lien eacutetymologique avec la famille de ἀραρίσκω ἀρείων ἀρι- ἄρος et celle de ἀρή Ἄρης vraisemblablement lrsquoune et lrsquoautre issues sinon de la mecircme base du moins de la mecircme racine H2er-thinsp111 en eacutevitant la confusion possible avec les autres -ήρηςthinsp112 comme

107 Le nom Δαμάρης a eacuteteacute porteacute par quatorze Spartiates par un Arcadien (LGPN IIIA) par un Deacutelien et deux Creacutetois (LGPN I) et un citoyen drsquoAmisos (LGPN VA)

108 Bechtel HPN 69 cf Heacuterodote VIII 131 VIe s et n 99 pour Κλεαρίδας et Κλέαρις109 Pour lrsquoorigine poeacutetique du composeacute Φρασι-ήρης cf supra n 6 Drsquoapregraves le site du

LGPN en ligne les autres composeacutes en -ήρης sontthinsp Εὐήρης Ξεινήρης Περιήρης et Πολυήρης tous attesteacutes agrave un seul exemplaire sauf le premier (5 individus) Pour -άρης voirthinsp Ἀμφ(ι)άρης Ἀνδράρης (zone ion-att) Δαημάρης (id) Δειξάρης Διάρης (id) Δρομάρης (id) Εὐάρης (id) Θεάρης Κλεάρης Λυκάρης (id) Μαχάρης (id) Μενάρης (id) Ξεν(Ϝ)άρης (id) Ξιφάρης (id) Πανάρης Παντάρης Ποδάρης Τιμάρης

110 Cf Κλέαρις n 100 et Εὔαρος et Κλειναρώ n 89111 Voir H Rix LIV2 sv H2er- (ἀραρώς) H2erH (Ἄρης) et H2erH3 (ἀρόω) et cf supra

n 56 pour lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour le nom drsquoAregraves par T Barnes112 Il nrsquoest pas sucircr que lrsquoadj hom ἐρίηρες laquo fidegraveles raquo (de wēr- cf hom ἦρα et Chantraine

DEacuteLG sv) ait geacuteneacutereacute des anthroponymes en dehors de lrsquoeacutepopeacutee ougrave le second membre de Διώρης

308 sophie minon

dans poeacutet ἀμφήρης laquo avec des rames de part et drsquoautre raquo (cf ἐρέττω)thinsp113 ou -ηρις (de ἔρις) comme dans poeacutet δύσηρις et lrsquoanthroponyme correspon-dant dont pourraient ecirctre rapprocheacutes le nom du Thasien Ἀμφηρίδης deacuteriveacute de Ἄμφηρις ainsi que lrsquoadjectif ἀμφήριστοςthinsp114

IIIenspἈμφαρίον Δαμαρίων et Θεαρίων

Lrsquoemploi anthroponymique du suffixe -ίωνLes analyses meneacutees jusqursquoici permettent-elles de deacutemecircler lrsquoorigine du

nom nouveau Ἀμφαρίονthinsp En lrsquoabsence de correspondant myceacutenien il res-sort des eacuteleacutements qui ont eacuteteacute deacutegageacutes pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique que si le premier eacuteleacutement eacutetait Ἀμφι- lrsquoeacutelision de sa voyelle finale eacutetait attendue devant -αρ- ndash ne serait-ce que pour eacuteviter lrsquohiatus iV dans deux syllabes successives sans que lrsquoallongement de la voyelle initiale du second eacuteleacute-ment ait neacutecessairement accompagneacute cette eacutelisionthinsp mais qursquoen pays dorien il serait theacuteoriquement possible que Ἀμφαρ- ait valu ion-att ἀναφερ- et soit un composeacute deacuteverbatif comme cela vient drsquoecirctre exposeacute pour le nom Ἀμφάρης La suffixation de notre anthroponyme est-elle alors compatible avec lrsquoune et lrsquoautre formationthinsp

-ίωνForce nous est de constater que la finale -ίων moins reacutepandue dans

lrsquoanthroponymie que le suffixe -ων lrsquoest encore moins parmi les composeacutesthinsp sur les 1060 noms diffeacuterents preacutesentant cette finale dans les six volumes du Lexicon of Greek Personal Names soit 3 de la totaliteacute des noms connus 7 seulement preacutesentent la forme pleine de composeacutes ndash ce sont geacuteneacuteralement des noms rares dont ne sont connus que 2 3 exemplaires mais qui tendent agrave se deacutevelopper au-delagrave de lrsquoeacutepoque classique contre une majoriteacute drsquohypo-coristiques et de sobriquetsthinsp115 Le deacutepouillement de lrsquoindex inverse du LGPN

et Περιήρης aurait cette origine cf Bechtel HPN 194 tandis que Risch Wortbildung p 79 le rapproche de la racine de ἀραρίσκω Lrsquoanalyse du nom de lrsquoArcadien Πολυ-ήρης (monnaie ineacute-dite du IIe s av J-C ZfN 9 [1882] p 266 ndeg 2) est de mecircme ambigueuml

113 La motivation du nom Εὐήρης de trois Thasiens aurait-elle eacuteteacute celle-lagravethinsp la deacutesignation de laquo bons rameurs raquothinsp Pour lrsquoadj poeacutetique ἀμφήρης cf eg Eur Cycl 15

114 Voir DGEsp sv δύσερις poeacutet δύσηρις et ἀμφήριστος et LGPN IIIB deux Thessaliens du nom de Δύσηρις au VIe et IVe s av J-Cthinsp pour Ἀμφηρίδης supra n 100

115 Sondage effectueacute agrave lrsquoaide de la base de donneacutees en ligne du site du LGPN Citons comme composeacutes suffixeacutes en -ίωνthinsp le rare et tardif Ἐπαγαθίων agrave cocircteacute de Παρμενίων qui bat au contraire tous les records dans cette cateacutegorie (197 individus) et dont lrsquoamplitude chronologique des attestations srsquoexplique agrave la fois par le renom du philosophe Parmeacutenide et par celui du lieute-nant Parmeacutenion drsquoAlexandrethinsp la lexicalisation de lrsquoadjectif composeacute ἐμπόριος fait plutocirct inter-preacuteter lrsquoancien Ἐμπορίων (eg LGPN II) comme un sobriquet Comme hypocoristiques on citera par exemple Πασίων (122 individus) forme abreacutegeacutee drsquoun composeacute du type Πασικράτης (60) et Ἐπαφρ-ίων (19) pour Ἐπαφρόδιτος (515)thinsp et comme sobriquets Διδυμίων ou Ἐλευθερίων qui sont lrsquoun et lrsquoautre drsquoeacutepoque impeacuteriale (LGPN passim)

309ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

IIIA (Peacuteloponnegravese Gregravece de lrsquoOuest Sicile et Grande-Gregravece) laisse identifier 40 composeacutes sur les 350 noms diffeacuterents agrave finale -ίων soit un rapport drsquoun peu plus de 11 thinsp un seul est attesteacute en Argolide occidentale preacuteciseacutement agrave Argos mais seulement agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp Ἁρποκρατίωνthinsp116

Le suffixe -ίων qui servait dans le lexique de suffixe de comparatif srsquoest drsquoabord introduit dans les sobriquets adjectivaux du type Αἰσχρίων (234 individus) Καλλίων (20) ou Κυδίων (2) avec sa valeur grammaticalethinsp notons toutefois que Γλυκίων qui est connu comme comparatif homeacuterique nrsquoest attesteacute qursquoagrave deux exemplaires contre plusieurs centaines drsquoexemples de Γλύκων dans lrsquoensemble du monde grecthinsp117 Dans les autres cas la suffixation est produite par lrsquoadjonction du suffixe banal -ων agrave un i- final extrait lui-mecircme drsquoun thegraveme en -ιο-thinsp118 ou plus souvent drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute verbal ou adjectival du type Ἀλεξικράτης (43 individus) drsquoougrave Ἀλεξίων (103) Il arrive plus rarement que le suffixe -ίων ainsi creacuteeacute apparaisse agrave la finale drsquoun composeacute comme le tregraves populaire Παρ-μεν-ίων composeacute pour lequel sont attesteacutees 26 autres formes de suffixations dont -ων tregraves repreacutesenteacute eacutegalement (136 individus)thinsp selon Bechtel crsquoest Πάρμενις qui a seacutecreacuteteacute Παρμενίδας Παρμενίτας Παρμενίων Παρμένισκος etcthinsp119 Il nrsquoy a pas drsquoexemple drsquohypocoristique qui conserve les seuls phonegravemes initiaux du second eacuteleacutement affecteacute de ce suffixe puisque Δαμοτί-ων forme courte de Δαμότιμος et son correspondant ionien-attique nrsquoont pas drsquoeacutequivalent en -των et sont par conseacutequent suffixeacutes en -ων et non en -ίων et qursquoil en va de mecircme pour tous les composeacutes agrave second eacuteleacutement -τίων

-ωνCependant le suffixe -ων nrsquoeacutetait guegravere plus couramment adjoint agrave un

nom composeacute Crsquoest surtout une suffixation de sobriquetsthinsp120 bien plus que drsquohypocoristiquesthinsp on ne citera que Δαμών-ων Ἀλκί-ν-ων et νικ-άρ-ων parmi ceux qui preacutesentent lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de composeacute preacuteser-veacuteethinsp pour les autres du type Ἀλέξων ou Τίμων lrsquoidentification comme hypocoristique ou comme sobriquet deacutepend de la perspective adopteacuteethinsp lrsquoexistence de composeacutes de type heacuteroiumlque avec parallegraveles dans drsquoautres lan-gues indo-europeacuteennes comportant ces premiers eacuteleacutements fera analyser ces

116 Ἁρποκρατίων IIe s apr J-C RE (2)117 Voir J-L Perpillou laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 (1974)

p 99-107118 Voir P Chantraine Formation p 165 pour un exemple lexical comme οὐρανίων fait

sur οὐράνιος drsquoougrave les anthroponymes οὐρανίων et Κρονίων et les nombreux anthroponymes de forme patronymique tels Ἑλλοπίων Ἀχαιίων Ἀρκαδίων Κωνωπίων etc recenseacutes par Bechtel HPN 548

119 Bechtel HPN 307120 P Chantraine Formation p 161 voir aussi O Masson laquo Notes drsquoanthroponymie grecque

et asianique raquo Beitrz Nam 10 (1959) p 162 (OGS I p 22) sur le rapport qui existe entre ce type de sobriquet et les adjectifs en -ύς cf Δάσων vs δασύς

310 sophie minon

anthroponymes comme des hypocoristiques ndash crsquoest lrsquoanalyse historique pra-tiqueacutee par Bechtel tandis qursquoen synchronie la flexion seulement (geacuten en -ωνος) les distingue de participes employeacutes comme sobriquetsthinsp121 Un son-dage opeacutereacute agrave partir du mecircme volume du LGPN fait apparaicirctre sur 1045 noms en -ων autour de 165 composeacutes clairement identifiables ndash comprenant les 40 composeacutes agrave finale -ίων soit un rapport de presque 16 agrave cocircteacute des 11 pour -ίων Parmi les 125 composeacutes distincts de ceux en -ίων 12 au plus sont attesteacutes agrave Argosthinsp122

-αρίωνOn exclura en tout cas que le suffixe soit ici lrsquoeacutequivalent masculin -αρίων

du neutre -άριον qui est employeacute pour former des sobriquets feacuteminins Comme lrsquoa expliqueacute O Masson les noms de femmes faits au moyen de ce suffixe de diminutif (cf παιδάριον ψυχάριον) commencent agrave apparaicirctre au IIIe siegravecle mais les noms drsquohomme correspondants sont propres agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et freacutequents en Eacutegypte et il rappelait que Bechtel avait montreacute que ces derniers avaient eacuteteacute refaits secondairement sur les diminutifsthinsp ainsi Γλυκαρίων et Ψυχαρίων agrave partir de γλυκάριον et ψυχάριον toutes forma-tions deacuteriveacutees de noms ou drsquoadjectifsthinsp123 Le suffixe -αρίων a pu ecirctre ensuite employeacute librement dans lrsquoanthroponymie sans qursquoil existe neacutecessairement de diminutif associeacute comme on lrsquoobserve pour le nom Τυχαρίων porteacute par deux Atheacuteniens de lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp124

Δαμαρίων et ΔαμάρηςCh Kritzas propose comme parallegraveles agrave lrsquoappui de son analyse Ἀμφ-

αρ-ίον du nouveau nom argien les noms Δαμαρίων et Θεαρίωνthinsp125 Le pre-mier nrsquoest pas attesteacute avant le IIIe siegravecle et a eacuteteacute donneacute surtout agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et en zone ionienne-attiquethinsp les volumes du LGPN reacutepertorient 25 individus ainsi deacutenommeacutesthinsp126

121 Voir sur cette question de typologie I Hartmann laquo lsquoWhat namethinsp What parentagersquo The classification of Greek names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann-A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 (2002) p 55-81

122 Voir LGPN IIIAthinsp Ἰπομέδο ν (SEG 11 336 l 5 ca 575-550)thinsp Ἀλκίφρων (Thuc V 59 5 418 av J-C)thinsp Ὀχίπον (IG IV 552 Ve s)thinsp Εὐέλθων (Iamb VP 267 [FVS I p 447] VeIVe s)thinsp Ξενοφάων (CID 2 75 II l 43 336334)thinsp Ἀριστόφρων (SEG 13 243 316 av J-C)thinsp Βουκολέων (CEG II 816 l 12 303 av J-C)thinsp Ἀριστομέδων (ineacuted publ Ch Kritzas IVeIIIe s)thinsp Λυκόφρων (SEG 42 279 l 6 IIe s)thinsp Δαμοφῶν (ineacuted IIe s)thinsp Εὔφρων (Syringes 44 IIeIer s) et Παρμένων (origine argienne incertaine Bernand El-Kanaiumls 79 Ier s)

123 Voir O Masson laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 (1984) p 157 (OGS II p 443)

124 LGPN II IG II2 2089 l 33 et 2113 l 204 IIe s apr J-C125 Lettre du 20 novembre 2010126 La plus ancienne attestation de ce nom est celle drsquoun Creacutetois et date de 2232 (Milet I

(3) 38g 7)thinsp un Parien homonyme est connu agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale (IG XII (5) 173 V) En dehors de lrsquoexemple drsquoun individu dont lrsquoorigine atheacutenienne est incertaine agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale les

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

REVUEDE

PHILOLOGIEDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TROISIEgraveME SEacuteRIE

PUBLIEacuteE SOUS LA DIRECTION DE

M CASEVITZPROFESSEUR EacuteMEacuteRITE

Agrave LrsquoUNIVERSITEacuteDE PARIS OUEST NANTERRE

ET Ph MOREAuPROFESSEUR AgraveLrsquoUNIVERSITEacute

DE PARIS EST CREacuteTEIL

ANNEacuteE ET TOME LXXXIVFASC 2

(146e de la collection)

PARIS

KLINCKSIECK

Retrouvez les sommaires de la Revue de philologie et les nouveauteacutes Klincksieck sur

wwwklincksieckcom

ISBN 978-2-252-03861-1copy Klincksieck 2012

ANTHROPONYMES EN ΑΜΦ(ι)- ET EN -Αρ(ι)-thinsp DE ΑΜΦιΑρηΣ Agrave ΑΜΦΑριονthinsp1

Dans le volume de meacutelanges offert en 2010 agrave la regretteacutee E Matthews Ch Kritzas publie une seacuterie drsquoanthroponymes argiens nouveaux rencontreacutes dans les archives financiegraveres du Treacutesor de Pallas mises au jour en 2000 et dont il preacutepare la publicationthinsp2 Lrsquoensemble de ces 135 inscriptions sur bronze peut ecirctre dateacute du premier tiers du IVe siegravecle avant notre egravere Parmi les quelque mille individus de sexe masculin mentionneacutes dans ces comptes figure un deacutenommeacute Ἀμφαρίον (la lettre ocircmeacutega nrsquoest pas encore employeacutee dans ces inscriptions) nom dont la forme et lrsquoeacutetymologie suscitent la curiositeacute

Ch Kritzas propose de faire correspondre cet anthroponyme nouveau agrave Ἀμφάρης Ἀμφαρίδας Ἀμφάριχοςthinsp3 et drsquoy voir le mecircme second eacuteleacute-ment que dans Θε-άρης ou dans Φραhι-αρίδας qui offre lrsquointeacuterecirct drsquoecirctre attesteacute agrave date ancienne agrave Mycegravenesthinsp4 Cet eacuteleacutement serait drsquoapregraves Fr Bechtel agrave mettre en relation avec le substantif ἄρος dont les sens sont donneacutes par la glose drsquoHeacutesychiusthinsp ἄρος ὄφελος καὶ ltπέτραςgt κοιλάς ἐν αἷς ὕδωρ ἀθροίζεται ὄμβριον Καὶ βλάβος ἀκούσιονthinsp5 Ce serait la notion positive de laquo profit utiliteacute assistance raquo qui aurait motiveacute la creacuteation des

1 Mes plus vifs remerciements vont agrave A Alonso Deacuteniz M Casevitz L Dubois Ch Kritzas et Cl Le Feuvre

2 Ch Kritzas laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling-F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

3 Pour Ἀμφάρης cf infrathinsp pour beacuteot Ἀμφαρίδας (PM Fraser-E Matthews A Lexicon of Greek Personal Names [ci-apregraves LGPN] IIIB IIIe av J-C) forme peut-ecirctre iotacisante pour Ἀμφαρε-ίδας cf infra n 100thinsp pour Ἀμφάριχος LGPN IIIB IIeIer av J-C Sauf indication contraire les dates sont doreacutenavant agrave entendre laquo avant notre egravere raquo

4 Θεάρης nrsquoest attesteacute qursquoagrave Hermionegrave et agrave Spartethinsp les plus anciennes attestations datent du Ve s (LGPN IIIA) Lrsquounique Φραhιαρίδας est connu par une inscription argienne dateacutee de ca 500-480thinsp IG IV (1) 492

5 Fr Bechtel Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917 p 193 P Chantraine Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque (DEacuteLG) sv ἄρος indique que laquo la glose combine trois termes et trois explications raquothinsp le premier ἄρος a eacuteteacute employeacute comme eacutequivalent drsquoὄφελος par Eschyle (Suppl 885 nominatif soit drsquoun masc theacute-matique soit drsquoun neutre sigmatique) le dernier est agrave mettre en rapport avec la notion neacutegative drsquoἀρή tandis que le milieu de la glose pourrait ecirctre rapprocheacute du tsaconienthinsp ἀρέ λάκκος cf M Deffner Λεξικὸν τῆς τσακωνικῆς διαλέκτου Athegravenes 1923 p 47 qui suppose un masculin theacutematique Ch Kritzas (op cit p 239 n 4) signale que le creacutetois drsquoaujourdrsquohui appelle preacuteciseacute-ment ἀρόλιθοι les caviteacutes naturelles dans lesquelles srsquoaccumule lrsquoeau de pluiethinsp or le Diccionario griego-espantildeol cite une inscription creacutetoise du IIe s (SEG 26 1049 l 55) ougrave ἐπ[ὶ τ]ὸν θῖνον ἄρον (masc theacutematique) renvoie preacuteciseacutement agrave une citerne

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

290 sophie minon

anthroponymes avec ce radical comme second eacuteleacutement Cependant pour Φραhιαρίδας du moins le rapprochement fait par le mecircme Bechtel avec drsquoune part φρενήρης laquo de bon sens raquo (eg Hdte III 25) drsquoautre part φρεσὶ ᾗσιν ἀρηρώς laquo ferme en son esprit raquo (Hom Od 10 553) invite agrave pri-vileacutegier lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement en -ήρης formeacute sur la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo ajusteacute raquo et agrave identifier par conseacutequent le a meacutedian comme une longue Les parallegraveles fournis par le nom Φρασιηρίδης drsquoun Thasien du IVIIIe siegravecle et par le nom Φρασιήρης drsquoun Tegravenien du IIIe siegravecle viennent encore conforter cette analysethinsp6

Lrsquointerpreacutetation proposeacutee pour le nom Ἀμφαρίον si convaincante qursquoelle paraisse de prime abord ne va pas sans poser deux autres questionsthinsp la question phoneacutetique du sort de la voyelle finale du preacutefixe ἀμφί qui paraicirct srsquoeffacer devant lrsquoinitiale vocalique du second eacuteleacutement alors qursquoil nrsquoen va pas de mecircme du i final de Φρασι- ni localement dans Φραhιαρίδας ni dans lrsquoan-throponyme de forme ionienne correspondantthinsp7 que le i de ἀμφί est conserveacute en hiatus en argien dans le nom du roi mythique Ἀμφιάρηος comme dans le phratronyme Ἀμφιαρητείδας mais que le nom Ἀμφιαρίδας se donnait aussi anciennement agrave Meacutegare que Ἀμφαρίδας en Beacuteotiethinsp8thinsp drsquoautre part la question morphologique de la suffixation en -ίων drsquoun second eacuteleacutement de composeacute anthroponymique

6 Bechtel HPN 457 et voir P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης ἀραρίσκω et φρήν pour φρασί comme forme ancienne de datif Pour Φρασιηρίδης cf Bechtel HPN 193 ougrave curieusement le rapprochement avec ἄρος est en contradiction avec p 457 et IG XII (8) 287 l 19thinsp Ἀριστόνους Φρασιηρίδ[ου]thinsp pour Φρασιήρης IG XII Suppl p 138 ndeg 312 II l 9 Sur la finale -ίδαης alors que le second eacuteleacutement -ᾱρης laisse plutocirct attendre -αρείδαης cf n 100thinsp notons cependant qursquoen argien occidental iota pourrait ici noter un ithinsp issu de la monophtongaison de ei cf eg hῖ pour le relatif au locatif l 29 de la copie argienne du regraveglement du Ve s des relations entre Cnossos et Tylissos reacuteeacutediteacute par S Minon laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (ed) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 2007 p 183 et n 47 pour les autres exemples

7 La forme Φρασαρίδας du mecircme nom connue au IIIe s agrave Hyettos de Beacuteotie teacutemoigne non drsquoune eacutelision de i devant la voyelle initiale du second eacuteleacutement mais de lrsquoabsorption de [j] (lti) dans s comme peut-ecirctre aussi dans le nom de femme Καφισα agrave Cheacuteroneacutee (P Roesch-JM Fossey ZPE 29 1978 p 132 n 9 ll 3-4) agrave cocircteacute du nom drsquohomme Καφισια agrave Thespies (IG VII 2144) tous deux attesteacutes au IIe s av J-C Voir J Meacutendez Dosuna laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo Emerita 61 (1993) p 128 n 71 et p 117-130 ougrave il montre comment la mecircme eacutevolution phoneacutetique mais agrave partir de eV (gt [j]V par synizegravese) rend compte des formes controverseacutees de futurs doriens en -σοντι et -σονται (lt-σέοντι -σέονται)

8 LGPN IIIBthinsp deux exemples meacutegariens lrsquoun au Ve s SEG 39 411 l 8 lrsquoautre au IIIe IG VII 42 l 31 vs Ἀμφαρίδας pour le Beacuteotien citeacute n 3

291ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Proleacutegomegravenesthinsp ἀμφι- ou ἀμφ- devant un second eacuteleacutement de composeacute agrave ini-tiale vocalique

La quantiteacute bregraveve de la voyelle finale i de ἀμφί laisse en principe attendre son eacutelision devant le mot ou le second eacuteleacutement de composeacute agrave initiale voca-lique suivant comme crsquoest lrsquousage freacutequent pour les invariants excepteacute pour περί ἄχρι et μέχρι en attiquethinsp9 Lrsquoabsence drsquoeacutelision est en effet possible pour la voyelle i plus que pour les autres agrave cause de son aptitude agrave se sonantiser en [j] ou agrave deacutevelopper un glide (drsquoougrave [ij]) lorsqursquoelle est en hiatus devant une autre voyellethinsp10

Dans les verbes lrsquoeacutelision est de regravegle en prose attique pour les preacuteverbes περι- et le monosyllabique προ- excepteacutesthinsp11 Dans les composeacutes en ἀμφι- du lexique dont la plupart sont poeacutetiques il est de regravegle conformeacutement aux principes de composition heacuteriteacutes que lrsquoeacutelision soit pratiqueacutee devant la voyelle initiale du second eacuteleacutement ndash sauf dans les cas ougrave celui-ci comportait un s (gt h) un w voire un y initial eacutetymologiquethinsp12 et que cette voyelle ou la syllabe dont elle est le centre soit alors de quantiteacute longue ndash sauf pour les verbes dont la composition est plus reacutecentethinsp13

Du point de vue prosodique cela signifie que lrsquoinitiale des composeacutes non verbaux en ἀμφ(ι)- du lexique avait presque toujours la structure drsquoun dactyle (seacutequence ˉĭV reacutealiseacutee [ĭ(j)V]) ou celle drsquoun spondeacutee (ˉĭVthinsp reacutealiseacutee [Vthinsp] et ˉĭVC1C2 ˉ[VC1C2])thinsp14 Cela explique drsquoailleurs que ἀμφι- ait eacuteteacute eacutelargi drsquoun -s dit adverbialisant dans le composeacute agrave second eacuteleacutement agrave initiale conso-nantique ἀμφισβήτης que lrsquoon pose agrave lrsquoorigine de ἀμφισβητέωthinsp15thinsp Heacutesychius pose du reste pour le verbe lrsquoeacutequivalencethinsp ἀμφῐβᾰτεῖν ἀμφῑσβητεῖν

9 laquo En composition la voyelle finale de ἀμφί peut srsquoeacutelider raquo P Chantraine DEacuteLG sv agrave compleacuteter de Ch de Lamberterie CEacuteG 1 RPh 70 (1996)thinsp voir aussi pour la pratique de lrsquoeacuteli-sion des preacutepositions dissyllabiques dans les textes de prose L Threatte The Grammar of Attic Inscriptions [ci-apregraves GAI] I Berlin-New York 1980 p 419

10 Voir J Meacutendez Dosuna op cit passim Lrsquoeacutetape qui peut suivre la yodisation de i agrave savoir lrsquoabsorption de la sonante dans la consonne preacuteceacutedente (cf n 7) qui se traduit au mecircme titre que lrsquoeacutelision par lrsquoeacutelimination drsquoiota nrsquoest pas attendue dans le cas de ἀμφί dont la consonne bilabiale preacuteceacutedant le i ne peut absorber son produit [j] cf Cl Brixhe Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes questions Louvain 1996 p 129-130

11 Cf ἐπεργάζομαι (de werg-) ἐπέρχομαι (de sergh-) Jos ἀμφάγνυμαι (de weh2g-) etc12 Pour y initial cf n 9313 Voir E Risch Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974 p 201 loi drsquoallonge-

ment laquo urgriechisch raquo14 Sur lrsquoanalogie entre le rythme de la langue parleacutee et celui de la langue poeacutetique toutes

deux organiseacutees en pieds mais sur le rythme iambique plus caracteacuteristique de la conversation comme le signalait deacutejagrave Aristote (Rheacutetorique 1408b21) voir AM Devine-LD Stephens The Prosody of Greek Speech Oxford 1994 p 118-119

15 Pour les deux variantes ἀμφί et ἀμφίς la seconde pouvant ecirctre consideacutereacutee comme un deacuteveloppement propre au grec voir A Mathys laquo Le sigma adverbial en grec ancienthinsp distribution et fonction raquo Lalies 31 (2010) p 297-319

292 sophie minon

Crsquoest ainsi qursquohom ἀμφήκης laquo agrave deux tranchants raquo (de H2ek- gt ἀκ- laquo pointe raquo) ἀμφηρέφης laquo couvert des deux cocircteacutes raquo ἀμφήριστος (sur ἐρίζω) et ἄμφωτον poeacutet ἀμφερκής laquo entoureacute de toute part raquo et ἀμφώβολος laquo double broche raquothinsp16 Thuc ἀμφήρικος (hapax fait sur le poeacutet ἀμφήρης laquo pourvu de rames de part et drsquoautre raquo) Arist ἀμφώδωνἀμφόδων (sur ὀδούς)thinsp17 ἀμφαρμός laquo pierre de taille raquothinsp18 ἀμφεικάς laquo de part et drsquoautre autour du vingt (du mois) raquothinsp19 ou Lyc ἀμφερείδω contrastent avec hom ἀμφίαλος (myc a-pi-a2-ro sur ἅλς) Hp ἀμφιίζομαι (de sed-) att et poeacutet ἀμφιέννυμι (de wes- ἀμφιέσαντο Od 23 142) ou att ἀμφιετηρίς laquo fecircte annuelle raquothinsp20 (de wet- dor Ϝέτος)

Une fois eacutecarteacutees Ar ἀμφαρίστερος laquo gaucher des deux mains raquo sans allongementthinsp21 ἀμφιζάνω (Il 18 25) au lieu de la forme attendue mais ameacutetrique ἀμφιιζάνω les variantes lrsquoune et lrsquoautre meacutetriques ἄμφεπον vs ἀμφίεπον (Il 18 559 et 24 804 de sekw-) Pind (N 1 43) ἀμφελίσσω vs ἀμφιελίσσω (Arat Pheacuten 1 996 de wel-)thinsp22 ainsi que lrsquohapax meacutetrique ἀμφέλκεται (de selk-) chez Denys le Peacuterieacutegegravete (268) les exceptions non poeacutetiques agrave la regravegle sontthinsp lrsquoeacutelision sans doute analogique de ἄμφοδον ἄμφοδος laquo rue bordeacutee de maisons raquo (sur ὁδός de sed-) et des deacuteriveacutes qui sont attesteacutes sous cette seule forme dans la litteacuterature comme dans les inscrip-tions et les papyrusthinsp23 ou encore celles drsquoἀμφεκτήρ vs ἀμφιεκτίς laquo tunique

16 Le tragique Achaiumlos (Fr 36 Snell) semble avoir eacuteteacute le seul agrave employer ἀμφερκής dont lrsquoeacutelision srsquoexplique meacutetriquement alors que lrsquoaspireacutee du neutre ἕρκος pourrait laisser supposer un s- eacutetymologique initial Pour le substantif ἀμφώβολος cf eg Eur Andr 1133

17 Lrsquoheacutesitation ἀμφώδωνἀμφόδων dans Arist peut ecirctre imputable agrave la tradition (nivel-lement des quantiteacutes vocaliques agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale interfeacuterences avec ἄμφοδον cf n 23)

18 Ist Mitt 1920 1969-70 p 238 l 12 (= Didyma 112) Didyme IIe s av J-C Le second eacuteleacutement de la famille de ἀραρίσκω est attesteacute au simple sous la forme ἁρμός avec un esprit rude qui procegravede du report agrave lrsquoinitiale de lrsquoaspiration issue de lrsquoeacutevolution de la seacutequence [zm] du suffixe -smo- cf P Chantraine DEacuteLG sv ἅρμα

19 IG XII (3) 330 l 68 testament drsquoEpictegraveta Theacutera IIIeIIe s Paton-Hicks 384 Cos IIe s etc Lrsquoeacutelision est attendue dans ἀμφεικάς de ἐϜῑκοσι agrave retrouver sous hom ἐείκοσι cf Ch de Lamberterie CEacuteG 6 RPh 75 2001 sv εἴκοσι Sur le mecircme radical εἰκ- mais avec preacutefixe ἐπι- se rencontrent agrave la fois ἐπείκοστον (PPetr 2 p 156 IIe av J-C) vs ἐφείκοστον (PRev Laws 56 15 IIIe av J-C) et ἐπιείκοστος (Ptol Harm 1 15)thinsp les formes eacutelideacutees sont le plus anciennement attesteacutees

20 IG II2 1544 IVe s etc21 Lrsquoabsence drsquoallongement dans ἀμφαρίστερος (Ar Fr 512) srsquoexplique autant par les

besoins du megravetre que par la neacutecessiteacute de garder apparent le lien seacutemantique avec ἀρι- pour eacuteviter la confusion avec la famille de ἔρις pour laquelle sont connus lrsquoadj ἀμφήριστος et lrsquoanthropo-nyme creacutetois correspondant (LGPN I Studi e Testi 125 1946 p 28 eacutepoque impeacuteriale [fictifthinsp]) agrave rapprocher pour le second eacuteleacutement du patronyme du Spartiate Σπερθίης Ἀνηρίστου que fait connaicirctre Heacuterodote (VII 134 2 et cf notamment 137 2 pour un fils homonyme) au VIeVe s

22 De mecircme les adjectifs verbaux correspondants ἀμφελικτός (Eur Heacuteraclegraves 398) vs ἀμφιέλικτος (Denys le Peacuterieacutegegravete 466)

23 Pour ἄμφοδον peut ecirctre invoqueacutee lrsquoanalogie des nombreux autres preacutefixeacutes dissyllabiques tels μέθοδος δίοδος etc qui tous sauf ceux en περι- et προ- avaient leur derniegravere voyelle eacuteli-deacutee cf P Chantraine DEacuteLG sv ὁδός

293ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

double raquo et drsquoἀμφεκτέον laquo agrave entourer raquo (de segh-) chez Heacutesychius qui srsquoex-pliquent quant agrave elles par deacuterivation inverse agrave partir du verbe normalement eacutelideacute ἀμπέχω tardivement refait en ἀμφέχωthinsp24

Lrsquoeacutelision devant le second eacuteleacutement agrave s- initial eacutetymologique dans le composeacute hypostatique ἀμφήλιος laquo oriental raquo seulement attesteacute dans lrsquoApo-calypse apocryphe de Paulthinsp25 a pu ecirctre entraicircneacutee par la quantiteacute longue de la voyelle initiale du second eacuteleacutement comme par la reacutepugnance agrave faire se suc-ceacuteder deux syllabes agrave i en hiatus et deacutenote vraisemblablement une composi-tion tardivethinsp26thinsp les mecircmes motivations peuvent avoir preacutesideacute agrave la creacuteation de rhod ἀμφούριον et ἀμφουριασμόςthinsp27 et de la variante ἀμφορκία (Hsch) agrave cocircteacute de ἀμφιορκία (Poll)

Le seul exemple agrave ma connaissance drsquoabsence drsquoeacutelision devant radical agrave voyelle initiale proceacutedant drsquoune ancienne laryngale est repreacutesenteacute dans le lexique par la variante ἀμφί-ηκες (Hsch) qui doit srsquoexpliquer en face drsquohom et ion-att ἀμφήκης de dor ἀμφᾱκες laquo agrave double pointe raquothinsp28 par une reacutefection secondaire

Dans la liste drsquoanthroponymes composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- dres-seacutee par Bechtel (HPN 41) lrsquoeacutelision paraicirct de mecircme reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale dans les diffeacuterentes reacutegions du monde grec comme le montrent les noms de lrsquoArcadien Ἀμφαίνετος du Beacuteotien Ἀμφάλκες du Thasien Ἄμφανδρος en face de Ἀμφήνωρ agrave Athegravenesthinsp29 du Theacutebain Ἀμφεριτοςthinsp30 comme peut-ecirctre aussi ceux du Phocidien Ἀμφάρετος et du Spartiate Ἀμφάρης tandis que la conservation du i est la seule trace de la preacutesence de lrsquoancien w initial dans le nom de lrsquoAtheacutenien du Ve s Ἀμφίαναξ en face du nom hapax Ἀμφ-ήδης de son compatriote du IIIe sthinsp31 dont la longue initiale du second eacuteleacutement ainsi que lrsquoeacutelision pratiqueacutee devant

24 Autres exceptions similairesthinsp lrsquoadv ἀμφαλλάξ laquo alternativement raquo deacuteriveacute inverse de ἀμφαλλάττω ἀμφέλιξ laquo qui tourne dans les deux sens raquo fait sur ἀμφελίσσω

25 Apoc Paul 2726 Sur lrsquousure de lrsquoaspiration initiale dans le parler des locuteurs de lrsquoeacutepoque impeacuteriale voir

F Gignac A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods I Phonology Milan 1976 p 133-138 Lrsquoattique agrave lrsquoorthographe conservatrice montre peu drsquoexemples de psilose mecircme srsquoil est vraisemblable que lrsquoaspiration initiale a commenceacute agrave se perdre dans ce dialecte peut-ecirctre degraves lrsquoeacutepoque helleacutenistique cf L Threatte GAI I Phonology p 504-506

27 SEG 3 1927 674 respectivement l 40 et 46 IIe s av J-C et cf DEacuteLG sv ὅρος Il srsquoagit probablement dans les deux cas de laquo paiement aux voisins raquo

28 DGEsp sv ἀμφήκης29 IG II2 10799 fin Ve s30 Ἀμφε ριτος LGPN IIIB A Wilhelm Urkunden 240 Nachtrag zu S 90 I l 5 Ve s agrave

comparer agrave Ἀμφήριστος attesteacute agrave Thespies au IIe s SEG 39 456 III l 54 agrave rapprocher le pre-mier de ἐρίω le second de ἐρίζω Le ethinsp assureacute en pays beacuteotien fait exclure le rapprochement avec ἀριτός drsquoougrave νήριτος laquo innombrable raquo (Heacutes etc) et le nom de lrsquoArcadien Κλεάριτος IG II2 3080 l 5 279 av J-C et cf HPN 195

31 IG I3 1190 l 25 ca 411 av J-C pour le plus anciennement connu Pour Ἀμφήδης cf CIA III App 9 l 19 et LGPN II sv

294 sophie minon

le groupe initial sw de la racine swād- de ἡδύς trahissent le caractegravere secondairethinsp32 Les structures rythmiques spondaiumlques et dactyliques privileacute-gieacutees dans lrsquoensemble des composeacutes non-verbaux en ἀμφι- le sont aussi pour les composeacutes anthroponymiques agrave premier eacuteleacutement verbal ou adjectival en -i comme lrsquoillustre lrsquoeacutelision de Δεξι- dans Δεξαγόρας Δέξανδρος Δεξαρέτα Δεξαρίων Δέξαρχος etc en face des hypocoristiques de structure plus souple tels Δεξί-ας et Δεξί-ωνΔέξωνthinsp33

A Argos les deux seuls noms propres assureacutement en Ἀμφ(ι)- suivi de voyelle que fasse aujourdrsquohui connaicirctre lrsquoeacutepigraphie sont le phratronyme Ἀμφιαρητείδας que jrsquoai eacutetudieacute ailleurs et lrsquohypocoristique Ἀμφίαςthinsp34 On ne saurait manquer de leur adjoindre le nom du roi argien mythique Ἀμφιάρηος

IenspDe Ἀμφίας agrave Ἀμφιάρης et Ἀμφιάρηος

ἈμφίαςLa formation hypocoristique drsquoἈμφίας explique la preacutesence du ithinsp crsquoest

agrave lrsquointeacutegraliteacute du premier eacuteleacutement qursquoa eacuteteacute ajouteacute le suffixe -ας de mascu-lins commun au lexique et agrave lrsquoonomastique comme pour lrsquohypocoristique Καλλίας des composeacutes en Καλλι- ou pour Ἀλεξίας forme courte des composeacutes en Ἀλεξί- ou Δεξίαςthinsp35thinsp un Larisseacuteen du nom drsquoἈμφίδαμος a du reste Ἀμφί-ας comme patronymethinsp36

32 Les anthroponymes ont anciennement leur second eacuteleacutement en -άδης avec voyelle bregraveve voir Λεάδε ς agrave Styra Ve s IG XII (9) 56 l 236 ou Θυμάδης Δημάδους IVe s IG II2 2385 l 53 cf Bechtel HPN 21-22 De mecircme que lrsquoon a un Εὐρυ-άδης agrave Sparte au IIIe s IG V (1) 708 de mecircme lrsquoon aurait attendu un Ἀμφι-άδης La langue homeacuterique semble avoir forgeacute un composeacute θυμήδης Od 16 389 (crsquoest la leccedilon de la Vulgate pour laquelle Bekker avait proposeacute la correction θυμήltρgtης de mecircme sens) agrave cocircteacute de αὐάδην que fait connaicirctre pour la premiegravere fois Sapphocirc (22 5)

33 Voir Bechtel HPN 118-119 Lrsquoabsence drsquoiota dans le nom du Beacuteotien Δέξων peut srsquoexpli-quer phoneacutetiquement par lrsquoabsorption de [j] (lti) cf n 7

34 Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδας est connu par un deacutecret de proxeacutenie du IIIe s publieacute par W Vollgraff Mnemosyne 43 (1915) p 380-382 l 10 et mentionneacute par A Heubeck Die Sprache 17 (1971) p 8 Il apparaicirct encore avec lrsquoorthographe ancienne Ἀμφιαρετείδας dans la liste de morts de ca 400-390 publieacutee par Ch Kritzas in Στήλη τόμος εἰς μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 498 l 35 pl 228 Sur son eacutetymologie agrave mettre en relation avec le verbe argien ᾱϜρετευε de ἀνα-Ϝρετεύω voir mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Pour le patronyme au geacutenitif Ἀμφίᾱ voir BCH 33 (1909) p 447 ndeg 6 IIeIer s

35 Voir deacutejagrave A Charbonnet laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 (1984) p 50thinsp laquo Le nom Ἀμφίας srsquoinscrit dans la seacuterie bien connue des diminutifs en -ας de noms composeacutes raquo

36 LGPN IIIBthinsp IG IX (2) 683 fun IIIeIIe s ()

295ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Ἀμφίτας Ἀμφῑων Ἄμφῑος et feacutem ἈμφιώDe la mecircme maniegravere que Ἀμφίας les noms Ἀμφίτας Ἀμφῑων Ἄμφῑος

Ἄμφωνthinsp37 et feacutem Ἀμφιώ doivent ecirctre une seacuterie de formations suffixeacutees conformeacutement agrave lrsquointerpreacutetation qursquoen donne Bechtelthinsp38 Cependant le rapprochement qursquoil est donneacute de faire aujourdrsquohui entre lrsquoanthroponyme myceacutenien a-pi-jo et ce qui pourrait ecirctre interpreacuteteacute comme son geacutenitif a-pi-(j)o-to pourrait eacuteventuellement laisser supposer une reacutefection secondaire de Ἀμφῑων -ονος agrave partir du participe composeacute ἀμφι-ιών ιόντοςthinsp lrsquoabsence drsquoeacutelision de la voyelle finale du preacutefixe aurait eacuteteacute drsquoordre prosodiquethinsp39 De la mecircme maniegravere Ἀμφίτας aurait pu ecirctre formeacute agrave lrsquoaide drsquoun second eacuteleacute-ment -ίτας qui est attesteacute au simple sous la forme du nom drsquoagent ἴτης en attiquethinsp40 Dans un cas comme dans lrsquoautre du moins le rapport eacutetymolo-gique avec le radical du verbe laquo aller raquo ne pouvait manquer drsquoecirctre perccedilu en synchronie comme par ailleurs celui du nom feacuteminin Ἀμφιώ avec le nom drsquoἸώ La meilleure preuve du reste est fournie par un fragment dans lequel Aristophane se moque drsquoEuripide auquel il attribue une eacutetymologie du nom drsquoἈμφ-ίων qui en fait lrsquoeacutequivalent drsquoἌμφ-οδος sous preacutetexte qursquoil serait neacute laquo dans la rue raquo pour faire remarquer avec humour que crsquoest ainsi qursquoaurait ducirc srsquoappeler le Tragique lui-mecircmethinsp41thinsp

37 Il faut tregraves probablement exclure que Ἄμφων puisse srsquoexpliquer comme un beacuteotisme pho-neacutetique agrave partir drsquoun Ἀμφίων agrave i bref (avec -ίων recouvrant aussi bien en beacuteotien le participe du verbe laquo ecirctre raquo ἐών que celui drsquolaquo aller raquo ἰών) cf n 10

38 Voir Bechtel HPN 43 et Y Kalliontzis laquo Deacutecrets de proxeacutenie et catalogues militaires de Cheacuteroneacutee raquo BCH 131 (2007) [2009] p 501-502 ndeg 10 l 9 IIIe s pour Ἄμφων Ἀμφῑων est le nom de lrsquoun des trois chefs des Eacutepeacuteens dans lrsquoIliade (13 692) et celui de lrsquoancecirctre du tyran de Corinthe Peacuteriandre au VIIIeVIIe s (Hdte V 92)thinsp pour Ἄμφῑος voir Il 5 612 et LGPN II Ve s (de ἀμφί-Ϝιος avec un second eacuteleacutement en rapport avec Ϝίεμαι laquo srsquoeacutelancer raquo cf L Dubois laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo Beitrz Nam 21 [1986] p 252-256 ou forme theacutematiseacutee de Ϝῑς laquo force raquo cf A Heubeck laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 [1987] p 149-166) Pour Ἀμφιώ IG VII 2489 peut-ecirctre Ier s apr J-C Pour Ἀμφίτας exemples anciens dans la colonie meacutegarienne drsquoHeacuteracleacutee du Pont cf MH Hansen-TH Nielsen (eds) An Inventory of archaic and classical poleis 2004 p 956) puis agrave Myrina au IIeIer s cf LGPN Vathinsp une occurrence syllabique au VIe s sur une coupe de la reacutegion drsquoAmatonthe O Masson ICS2 ndeg 196b p 413 et cf OGS I p 132 et n 79

39 DMic sv Le changement de flexion inverse est illustreacute par le secondaire δράκων -οντος ancien thegraveme agrave nasale comme son feacuteminin δράκαινα Pour lrsquoithinsp de Ἀμφῑων voir Choiroboscos De orthographia (JA Cramer Anecdota Graecahellip vol 2 Oxford 1835 repr 1963) 168 l 7thinsp Ἀμφιίων hellip καὶ Ἀμφίων κατὰ κρᾶσις τοῦ ϊ εἰς ἕν ι μακρόν

40 Ar Nueacutees 445 Pl Banquet 203d et Protagoras 349e et cf 359cthinsp ἴτας γε ἐφ᾿ ἃ οἱ πολλοὶ φοβοῦνται ἰέναι A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 129c p 195 et n 159 suggegravere la mecircme analyse pour Περῑτας notamment le nom du chien drsquoAlexandrethinsp Περι-ίτας mecircme srsquoil considegravere comme plus vraisemblable drsquoy voir lrsquohypocoristique de Περιτέλης et de consideacuterer le ithinsp comme analogique des types ὁδίτης πολίτης au ithinsp lui-mecircme analogique du athinsp du suffixe parallegravele -ᾱτᾱς-ητης ndash appliquant par ailleurs la mecircme ana-lyse pour rendre compte de lrsquohom Θερσῑτης O Masson voyait de mecircme dans -ίτᾱς le suffixe de πολίτᾱς-ης agrave lrsquoorigine des formations secondaires en -ιτος et -ιτώ cf ZPE 91 (1992) p 119

41 Ar PCG III 2 Fr 342 (327) (Kassel-Austin)thinsp Ἄμφοδον ἐχρῆν αὐτῷ τίθεσθαι τοὔνομα

296 sophie minon

ἈμφιάρηοςA Argos on songera naturellement agrave voir dans Ἀμφίας un diminutif du

nom du roi argien mythique Ἀμφιάρηος pour lequel un fragment drsquoEschyle fait du reste connaicirctre un autre diminutif Ἄμφιςthinsp42 De la mecircme maniegravere agrave Eacutereacutetrie le guerrier des origines converti en heacuteros gueacuterisseur plus tard assimileacute agrave Ascleacutepios semble avoir eacuteteacute honoreacute sous le nom drsquoἈμφίας qursquoat-teste indirectement le nom de lrsquoassociation cultuelle des Ἀμφιασταί que fait connaicirctre une inscription du IIe siegravecle a Cthinsp43 Si lrsquoanthroponyme myc a-pi-ja-re-[ geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]thinsp44 avait pour eacutequivalent alphabeacutetique nom Ἀμφιάρης ou Ἀμφιαρε[ύς] le nom remonterait agrave une haute antiquiteacute sous sa forme non deacuteriveacutee qursquoattestent par ailleurs les acc en -αρῆ et dat en -αρεῖ qui se rencontrent chez Pindarethinsp45 Il est vrai que lrsquoancrage mytho-logique proprement peacuteninsulaire du heacuteros doit faire consideacuterer avec pru-dence ce rapprochement pour des formes seulement attesteacutees lrsquoune et lrsquoautre agrave Cnossos mecircme si les liens qursquoArgos entretenait avec cette citeacute agrave lrsquoeacutepoque classique pourraient srsquoecirctre noueacutes degraves le second milleacutenairethinsp46

Il est du moins des plus probables que le suffixe de lrsquoanthroponyme a originellement comporteacute un εthinsp plutocirct qursquoun athinspthinsp47 Les plus anciennes attestations eacutepigraphiques de ce nom preacutesentent en effet le vocalisme εthinspthinsp ainsi les leacutegendes vasculaires portant Ἀ(μ)φιάρεος en lettres corinthiennes au milieu drsquoanthroponymes de forme dorienne qui notent A tous leurs athinspthinsp de leur cocircteacute les plus anciens des vases attiques agrave figures rouges ont encore

42 Eschyle Fr 632 (Radt)43 P Ducrey laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de

Lausanne (1981) p 73-78 cf J et L Robert Bull Epigr 1982 ndeg 27244 F Aura Jorro DicMic sv (resp KN Xd 7568 et Xd 94) Autre hypothegravese pour la lecture

a-pi-ja-re-[wo ()] chez O Landau Mykenisch-griechische Personennamen p 25 159 171 202thinsp Ἀμφι-αλέϜων avec dieacuteregravese propre agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne cf n 93thinsp mais F Aura Jorro heacutesite agrave lire aussi cette forme a-pi-ja-re-jọ en proposant drsquoy reconnaicirctre un patronymique

45 Pindare Neacutem 9 13 et 24 En Isthm 7 33 tous les manuscrits srsquoaccordent sur lrsquoacc Ἀμφιάραο-ν alors que la leccedilon la plus reacutepandue pour ce thegraveme est Ἀμφιάρηο- en Ol 6 13 et Pyth 8 56 Le papyrus Oxy 2082 fait aussi connaicirctre sous le nom drsquoἈμφιάρης un olympionique spartiate victorieux agrave la lutte cf L Moretti Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957 ndeg 515

46 Sur les liens entre Argos et Cnossos voir notamment les inscriptions reacuteeacutediteacutees par S Minon dans laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 (2007) p 169-210thinsp en faveur drsquoune parenteacute ancienne entre les deux citeacutes voir p 171 lrsquoargument fourni par la preacutesence de lrsquoenclos drsquoArchos heacuteros archeacutegegravete de Cnossos peut-ecirctre venu drsquoArgos

47 Pour P Kretschmer Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach untersucht Guumltersloh 1894 p 32 que suit W Schulze Kl Schr 1933 p 699 le εthinsp est originel et de mecircme E Risch Wortbildung2 p 164 n 1 R Wachter Non-Attic Greek Vase Inscriptions [ci-apregraves NAGVI] Oxford 2001 p 76-77 se range agrave cette position tout en montrant combien il est diffi-cile de trancher

297ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Ἀμφιάρεος tandis que les plus reacutecents ont deacutejagrave Ἀμφιάραοςthinsp48 Au chant 15 de lrsquoOdysseacutee ougrave se rencontrent les deux seules mentions du heacuteros (il nrsquoap-paraicirct pas dans lrsquoIliade) les deux orthographes sont certes deacutefendues par les grammairiens alexandrinsthinsp le α par Aristarque et le η par Zeacutenodotethinsp49thinsp lrsquoeacutepithegravete λαόσσοον laquo entraicircneur drsquohommes raquo associeacutee agrave son nom au v 244 le repreacutesente comme un guerrier et non comme le devin et gueacuterisseur qursquoil devint apregraves sa mortthinsp50 Les mecircmes fluctuations entre les deux vocalismes srsquoobservent on lrsquoa vu chez Pindare Chez les poegravetes attiques de lrsquoeacutepoque classique la forme ancienne Ἀμφιάρεος a eacuteteacute atticiseacutee en Ἀμφιάρεως alors que dans les inscriptions non seulement attiques mais beacuteotiennes (Thegravebes) et ioniennes (Oropos est une colonie drsquoEacutereacutetriethinsp51) crsquoest Ἀμφιάραος que lrsquoon rencontrethinsp52

Dans ces conditions lrsquoeacutetymologie proposeacutee par Heubeck qui consiste agrave reconnaicirctre dans Ἀμφι-άρης et son deacuteriveacute Ἀμφιάρηος des composeacutes posses-sifs formeacutes comme lrsquoanthroponyme Ἀμφί-θεος laquo qui a (descend drsquo)un dieu des deux cocircteacutes raquo avec au second membre le nom drsquoAregraves paraicirct la plus satis-faisantethinsp53 Cependant comme crsquoest presque toujours au premier membre que figurent les theacuteonymes en compositionthinsp54 compte tenu aussi de ce qui est

48 Voir Kretschmer p 32 41 122 123 162 214 et R Wachter NAGVI Cor 66f et r deux occurrences de Ἀ(μ)φιάρεος sur le mecircme crategravere corinthien du VIe s avec renvoi (n 280) aux autres attestations reacuteunies par I Krauskopf LIMC I 1980 laquo Amphiaraos raquo (ndeg 13 et ndeg 23 avec -άρεος et les plus reacutecentes ndeg 24 et 27 avec -άραος) et avec une mise au point sur les variations du vocalisme suffixal

49 Odysseacutee 15 244 (pour les deux leccedilons) et 253 (Ἀμφιάραος) Comme le fait remarquer R Wachter loc cit n 281 la correction de Zeacutenodote ne peut srsquoexpliquer seulement par le fait qursquoil savait qursquoapregraves r i et e un η ionien correspondait agrave un ᾱ attique car il aurait en ce cas proposeacute drsquoautres corrections similaires comme Αἰνείης Ἰήονες etc

50 Voir P Sineux Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007 p 46 et 2651 Cf eg MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory of archaic and classical poleis Oxford

2004 ndeg 21452 L Threatte GAI I 1980 p 12553 A Heubeck Die Sprache 17 (1971) p 8-22 en particulier p 9-10 pour les variantes

du nom Contre lrsquohypothegravese de Kretschmer op cit p 32 qui voyait dans ἱάρηϜ-ος la theacutema-tisation de ἱαρεύςthinsp le radical agrave vocalisme a non meacuteridional de ἱερ- (ce qui exclut en principe tout rapprochement avec les formes myceacuteniennes) et lrsquointerpreacutetation de Ἀμφ-ιάρηος comme un composeacute hypostatique agrave rapprocher pour la rection drsquoion ἀρχ-ιέρεως Lrsquohypothegravese mal eacutetayeacutee de W Borgeaud laquo Amphiaraos et le nom de la Sarre raquo BzN 1 (194950) p 102-104 qui part de Ἀμφιάρᾱος et y voit un anthroponyme drsquoorigine preacute-helleacuteniqueillyrienne ambhi-sarāwos laquo qui habite sur les deux rives du Sarāuos ou de la Sarāua raquo a notamment contre elle de reposer sur un athinsp eacutetymologique

54 Voir J Oulhen laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo in RWV Catling-F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 629-630 Le myceacutenien livre cependant le teacutemoignage drsquoun nom feacuteminin a-pi-e-ra (notamment PY An 1281) qui est interpreacuteteacute comme lrsquoeacutequivalent drsquoun alphabeacute-tique Ἀμϕιήρα cf A Morpurgo-Davies RAL seacuter VIII 15 (1960) p 329 n 26 et M Iodice Aevum 85 (2012) p 6 Et lrsquoanthroponyme Μενάρης citeacute infra n 108 pourrait constituer un autre contre-exemple

298 sophie minon

connu de lrsquoascendance et de la geste du heacuteros Ἀμφιάρηοςthinsp55 on preacutefeacuterera reconnaicirctre sous le second membre plutocirct que le theacuteonyme lrsquoappellatif sans doute suffixeacute en -εthinsp ἀρή laquo malheur perte destruction raquo dont il est eacutetymo-logiquement et morphologiquement indissociable ou son eacutequivalent ἄρος auquel la glose drsquoHeacutesychius preacutesenteacutee en introduction donne entre autres le sens neacutegatif dethinsp βλάβος ἀκούσιονthinsp56 Lrsquoautre voie qui aurait consisteacute agrave y voir des hypostases avec le sens laquo de lrsquoentourage drsquoAregraves raquo avait deacutejagrave eacuteteacute eacutecarteacutee par Heubeck comme moins satisfaisante pour la raison que sur ce type de composeacute les deacuteriveacutes sont plus souvent en -ιος qursquoen -οςthinsp57 Or il est sucircr qursquoil est impossible de faire de Ἀμφιάρηος un deacuteriveacute patronymique en -ιος du doublet Ἀμφιαρεύς de Ἀμφιάρης entretenant le mecircme rapport avec eux que ἌρειοςἌρη(ι)οςthinsp58 avec Ἄρηςeacuteol Ἀρεύς en posant -ethinspw-yo-s gt hom -ήιος susceptible drsquoeacutevoluer soit en -ειος soit en -ηοςthinsp59 et -es-yo-s gt -ειος puis -εος (formes myceacuteniennes citeacutees ci-dessous)thinsp il nrsquoy a en effet aucun exemple de la forme pourtant meacutetrique Ἀμφιαρήιος que lrsquoon attendrait en ce cas dans lrsquoeacutepopeacutee agrave cocircteacute des adjectifs patronymiques Καπανήιος et

55 Voir P Sineux loc cit LrsquoOdysseacutee preacutesente le heacuteros comme eacutegalement aimeacute de Zeus et drsquoApollon ce qui en ferait plus un Ἀμφί-θεος laquo qui a un dieu de part et drsquoautre raquo qursquoun Ἀμφιάρηςthinsp crsquoest chez Pindare qursquoἈμφιάραος est repreacutesenteacute comme un guerrier redoutable πολέμοιο νέφος (Neacutem 10 9) tuant (schol Neacutem 9 30b Drachmann) pour prendre le pouvoir agrave Argos dans un contexte de stasis (Neacutem 9 ibid) Si le second eacuteleacutement -άρης repreacutesentait non le theacuteonyme mais lrsquoappellatif ἄρος ou le thegraveme en εthinsp de forme ἀρή le heacuteronyme pourrait alors ecirctre interpreacuteteacute comme laquo qui a sa perte des deux cocircteacutes raquo crsquoest-agrave-dire agrave Argos ougrave il a sa femme Eriphyle comme ennemie (ἀνδροδάμαντα Neacutem 9 16) comme agrave Thegravebes ougrave son art divinatoire lui a fait voir la mort qui lrsquoattend ce dernier motif surtout deacuteveloppeacute par les Tragiques mais deacutejagrave esquisseacute par Pindare (Ol 6 17) voir Sineux p 35

56 Pour lrsquoeacutetymologie et le sens du nom drsquoAregraves voir P Chantraine DEacuteLG sv ἀρή Ἄρης et pour ἄρος supra n 5thinsp pour lrsquoorigine commune du theacuteonyme et de lrsquoappellatif ἀρή M Peters laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch-C Zinko (edd) Studia Onomastica et Indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz 1995 p 185 n 2 le Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre Primaumlrstammbildungen2 eacuted H Rix 2001 et derniegraverement T Barnes laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19 qui pose pour toute cette famille la racine H2erH1- et pour Aregraves H2reacuteH1-H2rH1-eacutes- avec le sens de laquo destructeur raquothinsp contre R Schmitt ZPE 17 (1975) p 15-16 qui postulait pour le theacuteonyme une origine iranienne

57 Heubeck p 17 et voir E Risch op cit p 17158 Sur hom Ἀρήιος laquo drsquoAregraves le belliqueux raquo devenu par la suite Ἄρειος voir O Masson

OGS III p 139 et n 81 Pour la forme -ηος du suffixe voirthinsp Ἀρήου nom de mois SGDI II 2136 l 2 (Delphes IIe av J-C) IG IX (2) 359c et 1117b (Thessalie eacutepoque romaine)thinsp en revanche dans les inscriptions attiques de la mecircme eacutepoque ougrave figure le nom de lrsquoAreacuteopage (ἐξ Ἀρήου πάγου) eg IG II2 1721 ou 3238 ou lrsquoanthroponyme eg IG II2 1718 ou 3173 il srsquoagit drsquoune graphie itacisante pour lrsquoancienne forme -ειος du suffixe

59 Lrsquoeacutequivalent myceacutenien du suffixe -[C]e-wi-jo est connu par exemple agrave travers lrsquoadjectif i-je-re-wi-jo auquel on pourra comparer agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique hom ἱερ-ήιον koin -ῆον -εῖον voir E Risch op cit sect 46 Pour ῆον voir I v Miletos ndeg 10 l 38 Ve s V Petrakos Ἐπιγρ τοῦ Ὠρωποῦ ndeg 277 l 33 IVe s M Segreacute Iscr di Cos ED ndeg 178 l 19 fin IIIe s etc

299ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

νηλήιος ou encore Ἀφαρήιος fait non sur Ἀφάρηος mais sur Ἀφαρεύς chez Apollonios de Rhodesthinsp60

Heubeck proposait drsquoexpliquer la formation du heacuteronyme de la maniegravere suivante Il y reconnaissait un deacuteriveacute theacutematique de Ἀμφιάρης constitueacute sur le modegravele des anthroponymes myc o-ti-na-wo hom Εὔ- Κλυτό- Ἐχέ- Πολύ-νεως en face de lrsquoappellatif ναῦς avec -ναυςthinsp -νᾱ(Ϝ)ος gt -νηος gt -νεως dans le mecircme rapport que -άρηςthinsp -άρηος gt -άρεωςthinsp hom Βριάρεως reflegraveterait la mecircme theacutematisation de -άρηςthinsp61 Le datif myc a-re du theacuteo-nyme drsquoapregraves lui ne pouvait ecirctre ni celui drsquoun thegraveme sigmatique ni celui drsquoun thegraveme en -ηϜ- mecircme srsquoil est en veacuteriteacute difficile de ne pas reconnaicirctre dans les deux variantes cnossiennes a-re-i-jo et a-re-jo (= Ἄρεἱος vs Ἄρειος) lrsquoadjectif en -yo- correspondant au thegraveme sigmatique que pourrait du reste aussi attester la variante theacutebaine a-re-i qursquoil citait lui-mecircmethinsp62 Il consideacuterait de ce fait que le nom drsquoAregraves eacutetait agrave lrsquoorigine un thegraveme en εthinsp (-eh1-)thinsp63 et que la flexion en -εύς comme celle en -t- (Ἄρης Ἄρητοςthinsp64) qursquoattesteraient indirectement les deacuteriveacutes patronymique Heacutes Ἀρητιάδης et phratronymique arg Ἀμφιαρητείδας repreacutesentaient elles aussi des deacuteveloppements secon-dairesthinsp65 O Masson voyait de mecircme dans chypr Θάλες un ancien nom en εthinsp passeacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique agrave la flexion en dentale geacuten Θάλητοςthinsp66

Mais de mecircme que φύλαξ a pu ecirctre theacutematiseacute degraves la langue eacutepique en φύλακος ce qui a pu ecirctre reacuteinterpreacuteteacute bien plus tard comme lrsquoemploi de son geacutenitif comme un nominatif si lrsquoon en croit une scholie agrave Apollonios de

60 A R I 485 etc61 Heubeck p 18 et 20-2162 Voir CJ Ruijgh Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien 1967 p 265

contesteacute par Heubeck p 16 n 33thinsp on pourrait avoir de mecircme a-re-ị-mene ( ou a-re-ẓọ-me-ne TH Z 849) vs a-re-me-ne (TH Z 852) cf DMic sv Comparer a-re-i-jo vs a-re-jo (KN Le 641 1 et Vc 208) avec le patronymique e-te-wo-ke-re-we-i-jo (PY An 644 8-9 et Aq 64 15) fait sur lrsquoeacutequivalent drsquoalph Ἐτεοκλέ(Ϝ)ης

63 Crsquoest la doctrine toujours admise aujourdrsquohui voir par exemple le compte rendu de N Guilleux agrave A Bernabeacute-ER Lujan Introduccion al griego miceacutenico Gramatica seleccion de textos y glosario 2006 dans BSL 104 2 (2009) p 178

64 Ἄρητος nrsquoest attesteacute ni comme geacutenitif ni sans doute comme nominatif agrave εthinsp heacuteriteacute contre Heubeck p 14 n 22 Le nom Ἄρᾱτος ioniseacute en Ἄρητος (Od 3 440) est fait sur un autre radical celui de ἀρ(Ϝ)ά laquo priegravere vœu maleacutediction raquo voir le dictionnaire de Pape-Benseler Bechtel HPN 63 et Chantraine DEacuteLG sv

65 Heubeck p 17 et 20 ougrave est citeacute le parallegravele drsquohom Ἀφαρεύς et patron Ἀφαρήιος vs Ἀφάρητα (Bacch 5 129) et Ἀφαρήτιδαι (Pind Neacutem 10 65) Voir pour la forme heacutesiodique Bouclier 57-59 ougrave lrsquoadjectif patronymique Ἀρητιάδην est employeacute pour reacutefeacuterer au fils drsquoAregravesthinsp Ὃς καὶ Κύκνον ἔπεφνεν Ἀρητιάδην μεγάθυμον Pour le phratronyme voir E Lobel Oxy Pap 32 1967 ndeg 2618 frag 1 col 1 l 7 de Steacutesichore et W Vollgraff reacutefeacuterence citeacutee supra n 33

66 Agrave distinguer drsquoion Θαλῆς -έω drsquoun ancien Θαλέας aujourdrsquohui attesteacute agrave trois exem-plaires cf O Masson RPh 48 (1974) p 83 et n 2 Pour le Thalegraves chypriote du VIIe s voir du mecircme auteur ICS2 p 257 (ta-le-se)

300 sophie minon

Rhodesthinsp67 Ἀμφιαρεύς aurait pu ecirctre theacutematiseacute en ἈμφιάρηϜ-ος suivant un processus que pourrait aussi illustrer la reacutefection du composeacute ἀρχιερεύς en ἀρχιέρεως chez Heacuterodote qui aurait entraicircneacute celle du simple ἱερεύς dans les inscriptions ioniennesthinsp68 Le pheacutenomegravene pourrait mecircme srsquoobserver pour le theacuteonyme degraves lrsquoeacutepoque myceacutenienne si lrsquoon pouvait accorder foi agrave la lecture a-re-ẉọ de PY An 340 11 et suivre Gallavotti qui proposait avec preacutecaution de voir dans ce nominatif un deacuteriveacute de Ἄρηςthinsp69 Une partie du myceacutenien (au moins Thegravebes et Cnossosthinsp70) semble du reste avoir deacutejagrave amorceacute le meacutetaplasme du thegraveme ancien a-re en thegraveme sigmatique On ne peut donc exclure que la theacutematisation se soit faite agrave partir du composeacute deacutejagrave suffixeacute en -εύς que pourrait recouvrir la forme de geacutenitif supposeacute a-pi-ja-re-[wo ()] deacutejagrave citeacutee plutocirct qursquoau stade preacuteceacutedent ougrave le thegraveme eacutetait peut-ecirctre encore en -εthinspthinsp71 Notons du reste que drsquoun point de vue phoneacutetique la theacutematisation est plus attendue agrave partir drsquoun thegraveme (semi-)consonantique que vocaliquethinsp en face de Ἀμφιάρη-ος Heubeck citait du reste comme parallegravele le thegraveme nāw- du nom du laquo navire raquo (drsquoougrave -νᾱ(Ϝ)-ος gt -νηος) agrave semi-consonne et non agrave

67 Dans la scholie tardive 132b (G Lachenaud Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010 p 34) le scholiaste explique ainsi le processus de theacutematisation des noms atheacutematiques qursquoil attribue aux Ioniensthinsp Φύλακος Ἰωνικῶς ὁ φύλαξ Ἴωνες γὰρ τὰς γενικὰς ποιοῦσιν εὐθείαςthinsp il renvoie ensuite sur la question de lrsquoaccentuation agrave Heacuterodien cf n 64 ibid ougrave lrsquoauteur signale lrsquoaccentuation φυλακούς en Il 24 566

68 Voir deacutejagrave E Risch Wortbildung p 164 n 1 avec renvoi agrave J Wackernagel Zeitschrift fuumlr vergleichende Sprachforschunghellip 27 (1879) p 265 et P Chantraine Formationhellip p 13-14 pour la correacutelation entre theacutematisation et composition et p 130 ougrave il signale la rareteacute des composeacutes en -εύς ce qui peut expliquer aussi leur tendance agrave la theacutematisation Cf Hdte 2 37 (corrigeacute par les eacutediteurs modernes en ἀρχιερεύς) et Dittenberger Syll3 1037 l 4 (Milet ca 300thinsp ἱέρεως) 495 l 23 (Olbia ca 230thinsp geacuten ἱέρεω) et F Sokolowski Lois sacreacutees des citeacutes grecques Suppleacutement Paris 1962 78 l 2-3 (Chios IIe s av J-Cthinsp ἱρέωι) ou encore Ἀ Στεϕάνου Χιακὰ Μελετήματα 1 (1958) 26-32 l 7 (Chiosthinsp nom ἱέρεως) Autres exemples de theacutematisations chez Schwyzer Griechische Grammatik I p 458 et voir mes Inscriptions eacuteleacuteennes dialectales 2007 p 369 et n 13 avec le nominatif eacuteleacuteen μανάσιος du nom de lrsquouniteacute de mesure connue agrave Chypre sous la forme μνάσις Crsquoeacutetait deacutejagrave lrsquohypothegravese de Bechtel Griechische Dialekte II p 514 qui fai-sait de ἈμφιάρηϜος une forme secondaire parallegravele agrave Ἀμφιαρετεύς

69 C Gallavotti Paideia 12 (1957) p 329 voir DMic sv a-re-wo Sur la question de lrsquoori-gine du suffixe -ηϜ- et de ses rapports avec les autres suffixes du grec voir J-L Perpillou Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973 p 15-62

70 Cf n 62 Sur la coexistence de dialectes agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne que lrsquoon ne perccediloit qursquoagrave travers les lapsus des scribes formeacutes agrave eacutecrire la langue de la chancellerie de lrsquoeacutepoque qui repose sur un dialecte de type arcado-chypriote voir M Lejeune laquo Rapport sur le grec myceacutenien raquo Atti Roma 1968 II p 731 contre RJE Thompson laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 (1996-97) p 313-333 qui preacutefegravere voir dans les variantes les indices drsquoeacutevolutions linguistiques en cours comme J Chadwick laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 401 qui insiste sur lrsquouniformiteacute de la langue sur les diffeacuterents sites Dans le mecircme sens que M Lejeune voir sur le caractegravere dialectalement composite du myceacutenien N Guilleux loc cit supra note 63 p 299

71 Comme composeacute en -εύς deacutejagrave attesteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne on pourra citer en parti-culier a-pi-po-re-we (KN Uc 160 v 2 unanimement interpreacuteteacute comme ἀμφι-φορῆϜες) avec la variante haplologique a-po-re-we (PY Tn 996 3 ἀμφορῆϜε)

301ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

voyelle finale On ne dispose certes pas de parallegravele qui permette drsquoeacutetablir le sort de eh1 suivi de voyellethinsp72 Le troisiegraveme mode drsquoeacutevolution agrave savoir lrsquoeacutelar-gissement des thegravemes en -εthinsp en dentale (-ης -ητος) qui nrsquoest pas attesteacute en myceacutenien serait en revanche posteacuterieurthinsp73

Ἀμφι-άραοςPour expliquer ensuite que lrsquoancien Ἀμφιάρηος ait vu transformer le

εthinsp eacutetymologique de son second eacuteleacutement en athinsp pour prendre la forme Ἀμφιάραος R Wachter a reacutecemment repris agrave son compte lrsquoexplication accepteacutee par Kretschmer selon laquelle une eacutetymologie populaire aurait fait constituer secondairement -άρᾱος drsquoapregraves ἀράομαι au sens eacutepique de laquo prier raquothinsp74 en posant lrsquoeacutequation proportionnelle suivante qui preacutesuppose lrsquoeacutepopeacutee ionienne acclimateacutee agrave Athegravenes et en Beacuteotiethinsp ion ἀρήσομαιthinsp att beacuteot ἀρᾱσομαι = ion Ἀμφιάρηοςthinsp att beacuteot x avec x = Ἀμφιάρᾱοςthinsp75 Il faisait neacuteanmoins remarquer le caractegravere plus eacuteconomique de lrsquoautre hypo-thegravese qui aurait fait partir de -ᾱος ioniseacute en -ηος atticiseacute en -εως puis refait en -ᾱος trajectoire qursquoillustre dans le lexique lrsquoappellatif λᾱός qui nrsquoest cependant substitueacute en attique agrave λεώς qursquoagrave la fin du IIIe siegraveclethinsp76 Les tenta-tives sporadiques drsquoionisation du heacuteronyme dans la langue eacutepique auraient eacuteteacute en ce cas agrave lrsquoorigine des formes agrave vocalisme εthinsp des leacutegendes vasculaires corinthiennes les plus anciennes comme des flottements observeacutes dans la tra-dition pindarique Il est vrai qursquoil est impossible vu la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφια- de reconnaicirctre eacutetymologiquement au second

72 Pas drsquoexemple comparable ni chez R Beekes The Development of the Proto-Indo-European laryngeals in Greek La Haye-Paris 1969 p 170-172 ni chez M Peters Untersuchungen zur Vertretung der indogermanischen Laryngale im Griechischen Wien 1980 p 272 La finale -ᾱων ονος de noms de Troyens comme Ἀρετάων ou de lrsquoethnique Ἰάονες cf P Chantraine Formation p 162-163 aurait pu laisser supposer que devant une autre voyelle la voyelle longue issue de eh1 se conservait au mecircme titre que le athinsp issu de eh2 si le myceacutenien nrsquoinvitait en fait agrave res-tituer -ᾱϜων cf O Landau Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958 p 185-186

73 Heubeck p 1974 Kretschmer op cit (n 47) p 123 Lrsquoeacutetymologie populaire est refleacuteteacutee par Photius

Bibliothegraveque Bekker 148a l 36thinsp ὅτι Ἀμφιάραος ἐκλήθη ἐπεὶ ἄμφω οἱ τῆς μητρὸς γονεῖς ἠράσαντο αὐτὴν ἄνευ τεκεῖν μόγου Le heacuteronyme aurait-il ainsi eacuteteacute reacuteinterpreacuteteacute comme laquo celui que lrsquoon prie de part et drsquoautre raquo avec un rappel agrave Thegravebes de lrsquoorigine argienne du heacuteros et du culte qursquoil recevait aussi en Argolide tandis qursquoagrave Oropos il aurait eacuteteacute le heacuteros auquel on rendait un culte de part et drsquoautre de la frontiegravere que lrsquoon fucirct Atheacutenien ou Oropienthinsp

75 R Wachter NAGVI 77 renvoie agrave Kretschmer loc cit Autre hypothegravese insatisfaisante de M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 191-193thinsp lrsquoanalogie des composeacutes anthroponymiques agrave second eacuteleacutement -λᾱϜ ος (gt -lœthinspwos en zone io-att) aurait fait passer -rēwos () agrave -rœthinspwos drsquoougrave beacuteot -ρᾱος par hypercorrection

76 Crsquoest par exemple lrsquointerpreacutetation du dictionnaire de W Pape et G Benseler de 1911 Pour la substitution de λᾱός agrave la forme ionienne-attique λεώς agrave partir de lrsquoeacutepoque helleacutenistique voir L Threatte GAI II 1996 p 39 Lrsquoionien ne semble pas avoir eu ληός cf A Meillet Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 1975 p 313 Lrsquohistorien Polybe est le premier prosateur agrave rem-ployer la forme ancienne λαός comme aussi ναός cf J-A de Foucault Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972 p 65

302 sophie minon

eacuteleacutement le radical de ἀρά laquo priegravere raquo drsquoun plus ancien ἀρϜά (arc κάταρϜος) drsquoougrave ion ᾱρή dans la poeacutesie homeacuteriquethinsp77 Il faut donc bien admettre comme seul authentique le radical ἀρ- agrave bregraveve initiale dont deacuterivent le thegraveme agrave εthinsp que recouvrent hom feacutem ἀρή laquo malheur perte raquo et masc Ἄρης le thegraveme en -εthinspw- qui est aussi ancien pour le theacuteonyme ainsi que le substantif ἄρος que fait connaicirctre la triple glose drsquoHeacutesychius dont le sens neacutegatif βλάβος ἀκούσιον rejoint le seacutemantisme funeste des premiers

Ἀμφ-ιέραοςLrsquoultime transformation en Ἀμφιέραος variante sporadique connue

par quelques deacutedicaces attiques priveacutees et autres inscriptions helleacutenistiques de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos et dont teacutemoigne aussi le nom drsquoassociation Ἀμφιεραισταί agrave Rhamnonte fin IIIedeacutebut IIe siegraveclethinsp78 a pu se produire agrave Oropos ougrave elle aurait eacuteteacute motiveacutee par la volonteacute drsquoioniserthinsp79 une seacutequence dont la reacuteinterpreacutetation par fausse coupe comme Ἀμφ-ιαρ-αοςthinsp80 aurait juste-ment eacuteteacute favoriseacutee par la proximiteacute seacutemantique entre la notion de laquo sacreacute raquo et celle de laquo priegravere raquo que lrsquoeacutetymologie populaire avait secondairement rattacheacutee agrave ce nom de heacuteros Il ne peut y avoir lagrave en effet que la reacuteeacutetymologisation reacutecente drsquoun nom dont lrsquoabsence drsquoattestation drsquoἈμφίερος ου drsquoἌμφιρος agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique indique qursquoil ne repose sur rien drsquoancien Le myceacute-nien du reste ne connaissait que le degreacute e de ce radical (i-je-ro i-je-re-u etc) sans avoir jamais employeacute semble-t-il ni i-ja-ro ni i-a2-rothinsp81thinsp il est vrai que lrsquoanthroponyme a-pi-a2-ro qui pourrait theacuteoriquement avoir comme eacutequiva-lent alphabeacutetique lrsquoanthroponyme Ἀμφίαρος est interpreacuteteacute unanimement comme Ἀμφί-hαλος avec au second eacuteleacutement le radical du nom du laquo sel raquothinsp82 principalement parce que la forte repreacutesentation du radical de forme i-(j)

77 M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 186 n 578 Pour les deacutedicaces attiques contemporaines des inscriptions de lrsquoAmphiaraion voir

L Threatte GAI I p 126thinsp pour les proxeacutenies et autres deacutecrets de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos V Petrakou Οἱ ἐπιγραφές τοῦ Ὠρωποῦ Athegravenes 1997 eg ndeg 9 et 17 deacutebut IIIe s ndeg 60 etc et cf IG II-III2 (1) 1322 pour lrsquoassociation des Ἀμφιεραισταί

79 Comme les formes en Ἀμφιερ- commencent seulement agrave apparaicirctre au tournant du IVe et du IIIe siegravecle alors qursquoapregraves 312 les Beacuteotiens sont agrave nouveau maicirctres drsquoOropos qui fait partie du koinon tout en gardant son statut de citeacute (MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory ndeg 214) ce changement de vocalisme radical peut ecirctre interpreacuteteacute comme une marque drsquoidentiteacute (-ιαρ- fait beacuteotien) de la part des Oropiens dont le dialecte est apparenteacute agrave lrsquoionien drsquoEubeacutee Il est moins plausible drsquoy voir un indice de la koineacuteisation du dialecte qui nrsquoaurait pas affecteacute degraves cette peacuteriode le radical drsquoun heacuteronyme

80 L Threatte GAI I p 126 et 391 heacutesite entre deux explications pour la variante Ἀμφιέραοςthinsp tendance agrave la dissimilation ou plus vraisemblablement confusion avec le radical de ἱερός

81 Voir RJ Thompson laquo Dialects in Mycenaean and mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 1996-97 p 330

82 DMic sv a-pi-a2-ro et cf A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 51

303ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

e-r(V) fait exclure que le vocalisme a puisse avoir eacuteteacute mecircme sporadiquement repreacutesenteacutethinsp83

ἈμφίαροςLrsquoanthroponyme hapax dont il vient drsquoecirctre question Ἀμφίαρος figure

agrave cocircteacute de Παμφίλη de Ἀμφίλοχος et de Ἀμφίας sur un loutrophoros du IVe siegravecle a C trouveacute agrave Athegravenesthinsp84 La segmentation Ἀμφ-ίαρος qui ferait identifier le second eacuteleacutement de ce composeacute comme le radical agrave vocalisme non ionien-attique de ἱερός cf eg Ἀγχ-ίαρος agrave Thespies et Cheacuteroneacutee ou Καλλ-ίαρος vs Καλλ-ίερος agrave Delphesthinsp85 est probablement agrave exclure agrave cause de lrsquoassociation avec le nom feacuteminin agrave finale -η quant agrave lui bien attiquethinsp on attendrait Ἀμφίερος qui nrsquoest nullement attesteacute

La solution qui consisterait agrave y voir une forme courte pour Ἀμφιάραοςthinsp86 se heurte au fait que cette forme du heacuteronyme nrsquoest attesteacutee comme anthropo-nyme qursquoagrave partir du Ier siegravecle de notre egraverethinsp87 Il est alors preacutefeacuterable drsquoy voir un deuxiegraveme exemple de composeacute agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- non eacutelideacute comme dans le cas de Ἀμφιάρηος devant un second eacuteleacutement de forme -αρος ndash lrsquoana-logie de la seacutequence iathinsp de lrsquohypocoristique Ἀμφίας aurait pu contribuer au maintien de lrsquohiatus On aurait pu srsquoattendre agrave un second eacuteleacutement en -άρης-ήρης en lien avec notamment le substantif ἄρος (cf infra II sous Ἀμφάρης) mais -αρος qui est attesteacute par exemple dans le nom du magistrat moneacutetaire Εὔαρος agrave Eacutephegravese au Ve siegraveclethinsp88 peut srsquoexpliquer comme une forme de second membre court parallegravele agrave feacutem -αρώ (cf Κλειναρώ agrave Paros au IIe siegravecle avant J-C ou νεικα(ρ)ώ fille de Ἀρίστων agrave Thegravebes au IIeIIIe siegravecle de notre egravere) bacirctie agrave partir du radical ἀρ- soit de ἀρετή soit de ἄριστοςthinsp89 La derniegravere solution qui aurait consisteacute agrave y voir un deacuteriveacute comparable agrave Ἀμφί-ας au suf-fixe rare -αρος issu de la grammaticalisation de la formation hypocoristique susdite doit sans doute ecirctre eacutecarteacutee parce qursquoelle est plutocirct attendue dans le cas drsquoun sobriquet tel Βάτταρος fait sur Βάττοςthinsp90

En zone non ionienne-attique crsquoest en revanche ἱαρός qursquoil faut recon-naicirctre au second eacuteleacutement du nom nouveau de lrsquoArgien Γνοhίαρος que fait connaicirctre Ch Kritzas dans le mecircme volumethinsp91 composeacute agrave rection ver-

83 Sur le caractegravere cependant dialectalement stratifieacute du myceacutenien voir deacutejagrave supra n 7084 LGPN II Polemon 4 (1949) p 33 ndeg 32 et V Bardani-G Papadopoulou-V Petrakos

Συμπλήρωμα τῶν ἐπιτυμβίων μνημείων τῆς Ἀττικῆς Athegravenes 2006 ndeg 152985 Pour Ἀγχίαρος cf Y Kalliontzis BCH 131 (2007) [2009] p 495-496thinsp pour Καλλίαρος

vs Καλλίερος respectivement SGDI 1987 l 16 175 av J-C et 1867 l 10 177 av J-C86 Hypothegravese de J Traill Persons of Ancient Athens 2 p 100 ndeg 12513587 Deux Atheacuteniens LGPN II88 A Meadows-U Wartemberg (eacuted) Coin Hoards 9 Londres 2002 p 102 ndeg 189 Κλειναρώ IG XII (5) 186 18thinsp νεικα[ρ]ώ IG VII 2681 et cf infra n 14390 Cf O Masson respectivement Philologus 110 (1966) p 256 et n 5 (= OGS I p 91) agrave

propos des noms Λεύκαρος et Λευκάριστος et Glotta 54 (1976) 94 et n 55 (= OGS I p 279)91 Crsquoest lrsquoanalyse de Ch Kritzas pour le nom de lrsquoArgien Γνοhίαρος qursquoil eacutetaie du rappro-

chement avec le nom Ἱερόγνωτος drsquoun Deacutelien IG IX (2) 135 23 IVe s

304 sophie minon

bale comme le nom Δεξίαρος attesteacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique pour deux Beacuteotiensthinsp92

Remarquons pour conclure cette partie que les deacuteveloppements eacutetymo-logiques ici exposeacutes conduisent agrave admettre que le i final de ἀμφι- nrsquoa pas plus eacuteteacute eacutelideacute dans le heacuteronyme Ἀμφιάρηος que dans le nom de lrsquoAtheacutenien Ἀμφίαρος et qursquoil ne lrsquoaurait eacuteteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne dans a-pi-ja-re agrave supposer que cette forme syllabique ait bien Ἀμφιάρης comme correspon-dant alphabeacutetique et cela en contradiction avec la regravegle veacuterifieacutee du moins pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique selon laquelle cette eacutelision eacutetait reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale Ἀμφιάρης serait le seul nom en Ἀμφι- ougrave une telle exception srsquoobserverait du myceacutenien au grec alphabeacutetiquethinsp93 Le teacutemoignage du myceacutenien laisse en effet supposer pour les preacutefixeacutes en ἀμφι-thinsp la conservation de lrsquohiatus devant h (a-pi-e-ke pour ἀμφι- + hέχει ou hῆκε)thinsp la dieacuteregravese devant ancienne laryngalethinsp94 sauf en morphologie ver-bale ougrave lrsquoeacutelision est pratiqueacutee (a-pe-e-ke pour ἀμφ- ou ἀπ- + augment ἔ + hεχε ou hηκε) Notons toutefois que lrsquoeacutelision pourrait avoir coexisteacute comme variante degraves le myceacutenien si lrsquoon postulait lrsquoeacutequivalence entre a-pa-re-[uthinsp] et dor ἈμφᾱρηςἈμφᾱρεύςthinsp mais la seacutequence syllabique est seulement inter-preacuteteacutee comme correspondant agrave Ἀφᾰρεύς voire agrave Ἁρπαλεύςthinsp95

Il nrsquoest pas sucircr en revanche que Ἀμφαρίδας et Ἀμφιαρίδας preacutesenteacutes comme exemple de doublet dans lrsquointroductionthinsp96 teacutemoignent de la mecircme variation agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp le second nom pourrait fort bien deacuteriver du nom Ἀμφ-ίαρος et ecirctre par conseacutequent sans relation avec le premier sur lequel nous reviendrons agrave lrsquooccasion de lrsquoeacutetude du nom Ἀμφάρης

92 LGPN IIIBthinsp Coroneacutee 182 av J-C Syll3 585 l 210 et Orchomegravene IIIeIIe s A Wilhelm Neue Beitr 4 p 10 ndeg 1 l 12-13 pegravere notamment drsquoun Ἱαροκλῆς

93 Les deux seuls autres exemples syllabiques possibles drsquoanthroponymes en Ἀμφι- avec dieacute-regravese devant un second eacuteleacutement agrave laryngale initiale eacutetymologique ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() et a-pi-je-ta ne preacutesentent pas de correspondant en grec alphabeacutetique Pour ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() KN B 812a qursquoon pose une eacutequivalence avec Ἀμφιάγορος Ἀμφίαγρος ou Ἀμφίακρος on srsquoattendrait agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique agrave ce que le premier eacuteleacutement agrave -i final soit eacutelideacute comme crsquoest toujours le cas devant le second eacuteleacutement en -αγορ--ηγορ-thinsp et si Πολίαγρος (LGPN I et II) conserve son i devant -αγρος crsquoest pour eacuteviter toute confusion avec le radical de πολύς Or Ἀμφάγορος Ἄμφαγρος et Ἄμφακρος ne sont pas davantage attesteacutes On aurait un autre exemple de dieacuteregravese si a-pi-je-ta PY An 6577 avait pour correspondant Ἀμφι-έρτας agrave comparer avec Λαέρτης Ὀρσέλαος avec le radical de ὄρνυμι voir A Leukart op cit sect 66 et F Bader Minos 10 (1969) p 50 Mais une autre interpreacutetation est possible qui expliquerait lrsquoabsence drsquoeacutelision de a-pi- en conformiteacute avec la regravegle mise en eacutevidence pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp Ἀμφιέτας en lien avec ἵημι (de yeH1) de preacutefeacuterence agrave Ἀμφιέρτας en lien cette fois avec ὄρομαι (de wer-) qui laisserait plutocirct attendre myc a-pi-we-ta

94 Outre a-pi-ja-re cf n 44 voir ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() note preacuteceacutedente95 F Aura Jorro DicMic sv96 Lrsquohypothegravese drsquoune variation drsquoordre phoneacutetique propre au beacuteotien dont teacutemoignerait la

graphie Ἀμφαρίδας vs Ἀμφιαρίδας doit ecirctre eacutecarteacutee cf n 37

305ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Il reste alors pour justifier ce qui ne constitue en deacutefinitive une exception que pour cette eacutepoque agrave invoquer une contrainte drsquoordre prosodique telle que la preacutefeacuterence pour la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφιαρ- qui peut srsquoecirctre conjugueacutee agrave la reacutepugnance agrave constituer une seacutequence gra-phique Ἀμφαρ- qui eacutetait eacutetymologiquement ambigueuml en dehors de lrsquoionien et de lrsquoattique puisqursquoelle pouvait paraicirctre proceacuteder aussi bien de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω au second eacuteleacute-mentthinsp97 que de Ἀμφ- eacutelideacute + -αρ- du radical de Ἄρης ἄρος ou ἀραρίσκω Crsquoest preacuteciseacutement en ces termes que se pose la question de lrsquoeacutetymologie du nom de lrsquoeacutephore spartiate meurtrier drsquoAgis Ἀμφάρης

IIenspἈμφάρης et la polyseacutemie du radical ἀρ-

Ἀμφ-άρηςἈμφ-ήρηςLe nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφάρης que mentionne Plutarque a eacuteteacute

porteacute par un Atheacutenien (agrave la formule onomastique partiellement doriseacutee) et par un Phocidien qui veacutecurent tous deux au IVe siegraveclethinsp98 Dans lrsquohypothegravese ougrave le a meacutedian aurait eacuteteacute allongeacute en composition et le premier eacuteleacutement Ἀμφι- eacutelideacute comme on lrsquoattend conformeacutement agrave la regravegle phoneacutetique deacutejagrave invoqueacutee Ἀμφᾱρης pourrait alors eacuteventuellement ecirctre rapprocheacute de Ἀμφήρης dont Platon fait lrsquoun des souverains de lrsquoAtlantide fils de Poseacuteidon et de Kleitocirc agrave moins que le second membre de ce nom nrsquoait comporteacute un e eacutetymologique et ne soit plutocirct en lien avec ἐρέττωthinsp99 Lrsquoexistence parallegravele des suffixeacutes en -ίδᾱης Ἀμφηρε-ίδης et Ἀμφαρε-ίδας pourrait conforter le premier rappro-chementthinsp100 Bechtel part de ce principe puisqursquoil classe Ἀμφ-άρης agrave cocircteacute de Ξειν-ήρης et les rattache tous deux agrave ἄρος que fait connaicirctre la glose drsquoHeacutesy-

97 Voir P Chantraine DEacuteLG sv φέρω98 Voir Plut Agis 18 agrave 21 ougrave lrsquoacc est transmis sous la forme Ἀμφάρην par confusion

banale agrave cette eacutepoque entre sigmatiques et masculins en -athinsps (gt -ης)thinsp pour lrsquoAtheacutenien du IVe s cf infra n 153 et pour le Phocidien contemporain CID 2 ndeg 31 l 7 (geacuten Ἀμφάρεος)

99 Platon Criti 114b et cf infra n 113100 Ἀμφηρείδης (Atheacutenien FD III (2) 23 l 19 1387 a C) et Ἀμφαρείδας (Kleitor IIIe s

LGPN IIIA) La forme -ίδης du suffixe du nom ancien Ἀμφηρίδης agrave Thasos et agrave Paros (LGPN I) laisse supposer qursquoil deacuterive plutocirct de Ἄμφηρις que de Ἀμφήρης comme le nom du Spartiate Κλεαρίδας (Thuc IV 132 3) deacuteriverait de son cocircteacute de Κλέαρις (Thasos IG XII (8) 280 l 13 VIeVe s) dont on notera cependant que le a meacutedian est ici de quantiteacute bregraveve Dans le cas des thegravemes sigmatiques on srsquoattend agrave ce que le suffixe -ίδης srsquoajoute au suffixe sigmatique drsquoougrave -ε(σ)-ίδης gt -είδηςthinsp et lrsquoexistence de nombreux composeacutes agrave second eacuteleacutement -μενίδης nrsquoest pas contradictoire puisqursquoils semblent avoir eacuteteacute bacirctis sur μένω plutocirct que deacuteriveacutes drsquoun second eacuteleacute-ment -μένης Dans le cas particulier des noms en κλῆς lrsquoargien par exemple preacutesente cependant -ηίδας dans le phratronyme Ὀϕελλοκληίδας ensuite moderniseacute en Ὀφεltλgtλοκλείδας cf IG IV 553 l 6 Ve s (-κλε ίδας) lrsquoineacutedit E 67 dateacute 330-300 (-κληίδας) et la proxeacutenie argienne drsquoun Thrace SEG 30 357 l 11 ca 300 (-κλείδας) Pour les modaliteacutes morphologiques et phoneacutetiques de la deacuterivation en -ίδας cf mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011

306 sophie minon

chius deacutejagrave citeacutee avec le sens positif de laquo providence raquothinsp101thinsp ils appartiendraient alors agrave la cateacutegorie des bahuvrīhi ou eacutepithegravetes de type possessifthinsp102 Drsquoun autre cocircteacute si le a meacutedian de Ἀμφάρης eacutetait effectivement long agrave la diffeacuterence de celui du heacuteronyme Ἀμφιάρηος le second eacuteleacutement -ᾱήρης pourrait tout aussi bien ecirctre analyseacute comme deacuteriveacute de la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo adapteacute agrave raquo ou laquo pourvu de raquo drsquoautant que le composeacute ἀμφήρης laquo ajusteacute des deux cocircteacutes raquo est attesteacute dans le lexique poeacutetiquethinsp103thinsp on aurait alors un composeacute agrave rection verbale dont la composition aurait eu lieu dans lrsquoadjec-tif avant son transfert dans lrsquoonomastique Les deux hypothegraveses pourraient du reste ne pas ecirctre incompatiblesthinsp lrsquoeacutetymologie du substantif ἄρος nrsquoest pas assureacutee mais le premier sens de la glose drsquoHeacutesychius (ἄρος ὄφελος) srsquoaccorderait assez bien avec la notion positive de conformiteacute et drsquoajuste-ment veacutehiculeacutee par la racine H2er- que lrsquoon trouve agrave lrsquoorigine notamment de ἀραρίσκω de ἀρείων et de ἄριστοςthinsp104

Ἀν(α)-φαρ- Ἀμ(φι)-φαρ-thinspIl ne serait en theacuteorie pas impossible drsquoavancer agrave ce stade une autre

hypothegravesethinsp celle que Ἀμφάρης ait pu proceacuteder en dehors du domaine ionien-attique soit de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope soit de Ἀμ(φι)-φαρ- avec haplologie devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω comme pourrait en teacutemoi-gner lrsquoadjectif correspondant que fait connaicirctre une glose drsquoHeacutesychius proba-blement issue de la contamination de trois autresthinsp ἀμφαρής περιορωμένη κατολιγωρουμένη καὶ γυμνός ἐπιφανήςthinsp105 Les adjectifs agrave second eacuteleacute-ment -φερής bien attesteacutes se rencontrent degraves Heacuterodote et Heacutesychius fait aussi connaicirctre ἀντιφαρές gloseacute ἐναντίον en face de ἀντιφερής que sup-pose lrsquohom ἀντιφερίζωthinsp106 Ni ἀν(α)φερής ni les formes sans haplologie ἀμφιφαρής et ἀμφιφερής ne sont cependant attesteacutes Nous aurons lrsquoocca-sion de veacuterifier la validiteacute de cette hypothegravese agrave propos du nom Ἀμφαρίον agrave la fin de la troisiegraveme partie

101 Bechtel HPN 193102 Voir eg E Risch Wortbildung p 166-170103 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης renvoie agrave Eur HF 243 (qualificatif de ξύλα) et agrave Ion

1128 (ἀμφήρεις σκηνάς)104 Cf infra n 111105 La glose est consideacutereacutee agrave plus drsquoun titre comme suspecte par Lattethinsp par exemple crsquoest

agrave lrsquoeacutevidence ἀφαρήςἄφαρος qui est agrave lrsquoorigine du sens γυμνός comme lrsquoavait deacutejagrave signaleacute Schmidt et Kuster avant lui Pour lrsquoeacutequivalence entre ἀν(α)φαρής et ἐπιφανής qui serait pos-sible agrave condition de donner aux deux adjectifs le sens de laquo manifeste eacuteclatant raquo voir Pind Neacutem 11 38 ougrave ἀναφέρω (ἀμφέροντ(ι)) est employeacute au sens de laquo produire au jour faire remon-ter agrave la lumiegravere raquo agrave propos de vertus resurgissant drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre Lrsquoideacutee drsquoindiffeacuterence et de meacutepris dont teacutemoigne lrsquoeacutequivalence avec περιορωμένη κατολιγορουμένη pourrait se com-prendre mieux quant agrave elle agrave partir de ἀμ(φι)φαρής au sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo drsquoougrave neacutegativement laquo indeacutecis sans opinion raquo

106 Cf infra n 158

307ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Le nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφ-άρηςCependant dans le cas du nom de lrsquoeacutephore spartiate le rapprochement

avec le nom Δαμάρης assez populaire agrave Sparte agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacute-nistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp107 et avec les noms anciens des Spartiates Μενάρης (μένει ὀξὺν Ἄρηα Il 12 836) et peut-ecirctre Κλεαρίδαςthinsp108 incite agrave mettre ici -άρης en relation soit avec ἀρή laquo ruine destruction raquo soit direc-tement avec le nom drsquoAregraves comme on tendait en revanche agrave lrsquoeacutecarter pour le heacuteronyme Ἀμφιάρηος Lrsquoexistence du nom Δημάρης porteacute par un Deacutelien et lrsquoabsence de Δημήρης de Μενήρης et de Κλέηρις dissuadent de plus de retenir lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement agrave voyelle longue initiale -ᾱήρης Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le contraste entre la poigneacutee drsquoanthroponymes composeacutes en -ήρης attesteacutes dans lrsquoensemble du monde grec dont lrsquoidentifi-cation avec le radical de ἀραρίσκω nrsquoest du reste probable que pour le seul Φρασιήρης et la vingtaine de composeacutes en -άρης dont plus de la moitieacute est attesteacutee en zone ionienne-attiquethinsp109 fait douter que ce dernier eacuteleacutement ait comporteacute une voyelle longue initiale ailleurs que dans la phraseacuteologie poeacute-tique et dans le calque Μενάρης

Du radical ἀρ- aux bases ἀρι- ἀρο- et ἀρήIl a donc principalement existeacute des composeacutes anthroponymiques agrave second

eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης ndash et de mecircme en -αρις -αρος et -αρώthinsp110 dans lesquels srsquoobserve la mecircme absence drsquoallongement de la voyelle de jonction que dans Ἀμφιάρηος en deacutepit mecircme de lrsquoeacutelision et cela en contradiction avec la loi drsquoallongement urgriechisch mise en eacutevidence par Wackernagel dont lrsquoapplication nrsquoest certes reacuteguliegravere que dans les composeacutes nominaux anciens de lrsquoeacutepoque alphabeacutetique comme cela a eacuteteacute exposeacute en preacuteambule Comme pour ἀμφαρίστερος il est probable que la conservation du a bref eacutetait destineacutee agrave laisser visible le lien eacutetymologique avec la famille de ἀραρίσκω ἀρείων ἀρι- ἄρος et celle de ἀρή Ἄρης vraisemblablement lrsquoune et lrsquoautre issues sinon de la mecircme base du moins de la mecircme racine H2er-thinsp111 en eacutevitant la confusion possible avec les autres -ήρηςthinsp112 comme

107 Le nom Δαμάρης a eacuteteacute porteacute par quatorze Spartiates par un Arcadien (LGPN IIIA) par un Deacutelien et deux Creacutetois (LGPN I) et un citoyen drsquoAmisos (LGPN VA)

108 Bechtel HPN 69 cf Heacuterodote VIII 131 VIe s et n 99 pour Κλεαρίδας et Κλέαρις109 Pour lrsquoorigine poeacutetique du composeacute Φρασι-ήρης cf supra n 6 Drsquoapregraves le site du

LGPN en ligne les autres composeacutes en -ήρης sontthinsp Εὐήρης Ξεινήρης Περιήρης et Πολυήρης tous attesteacutes agrave un seul exemplaire sauf le premier (5 individus) Pour -άρης voirthinsp Ἀμφ(ι)άρης Ἀνδράρης (zone ion-att) Δαημάρης (id) Δειξάρης Διάρης (id) Δρομάρης (id) Εὐάρης (id) Θεάρης Κλεάρης Λυκάρης (id) Μαχάρης (id) Μενάρης (id) Ξεν(Ϝ)άρης (id) Ξιφάρης (id) Πανάρης Παντάρης Ποδάρης Τιμάρης

110 Cf Κλέαρις n 100 et Εὔαρος et Κλειναρώ n 89111 Voir H Rix LIV2 sv H2er- (ἀραρώς) H2erH (Ἄρης) et H2erH3 (ἀρόω) et cf supra

n 56 pour lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour le nom drsquoAregraves par T Barnes112 Il nrsquoest pas sucircr que lrsquoadj hom ἐρίηρες laquo fidegraveles raquo (de wēr- cf hom ἦρα et Chantraine

DEacuteLG sv) ait geacuteneacutereacute des anthroponymes en dehors de lrsquoeacutepopeacutee ougrave le second membre de Διώρης

308 sophie minon

dans poeacutet ἀμφήρης laquo avec des rames de part et drsquoautre raquo (cf ἐρέττω)thinsp113 ou -ηρις (de ἔρις) comme dans poeacutet δύσηρις et lrsquoanthroponyme correspon-dant dont pourraient ecirctre rapprocheacutes le nom du Thasien Ἀμφηρίδης deacuteriveacute de Ἄμφηρις ainsi que lrsquoadjectif ἀμφήριστοςthinsp114

IIIenspἈμφαρίον Δαμαρίων et Θεαρίων

Lrsquoemploi anthroponymique du suffixe -ίωνLes analyses meneacutees jusqursquoici permettent-elles de deacutemecircler lrsquoorigine du

nom nouveau Ἀμφαρίονthinsp En lrsquoabsence de correspondant myceacutenien il res-sort des eacuteleacutements qui ont eacuteteacute deacutegageacutes pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique que si le premier eacuteleacutement eacutetait Ἀμφι- lrsquoeacutelision de sa voyelle finale eacutetait attendue devant -αρ- ndash ne serait-ce que pour eacuteviter lrsquohiatus iV dans deux syllabes successives sans que lrsquoallongement de la voyelle initiale du second eacuteleacute-ment ait neacutecessairement accompagneacute cette eacutelisionthinsp mais qursquoen pays dorien il serait theacuteoriquement possible que Ἀμφαρ- ait valu ion-att ἀναφερ- et soit un composeacute deacuteverbatif comme cela vient drsquoecirctre exposeacute pour le nom Ἀμφάρης La suffixation de notre anthroponyme est-elle alors compatible avec lrsquoune et lrsquoautre formationthinsp

-ίωνForce nous est de constater que la finale -ίων moins reacutepandue dans

lrsquoanthroponymie que le suffixe -ων lrsquoest encore moins parmi les composeacutesthinsp sur les 1060 noms diffeacuterents preacutesentant cette finale dans les six volumes du Lexicon of Greek Personal Names soit 3 de la totaliteacute des noms connus 7 seulement preacutesentent la forme pleine de composeacutes ndash ce sont geacuteneacuteralement des noms rares dont ne sont connus que 2 3 exemplaires mais qui tendent agrave se deacutevelopper au-delagrave de lrsquoeacutepoque classique contre une majoriteacute drsquohypo-coristiques et de sobriquetsthinsp115 Le deacutepouillement de lrsquoindex inverse du LGPN

et Περιήρης aurait cette origine cf Bechtel HPN 194 tandis que Risch Wortbildung p 79 le rapproche de la racine de ἀραρίσκω Lrsquoanalyse du nom de lrsquoArcadien Πολυ-ήρης (monnaie ineacute-dite du IIe s av J-C ZfN 9 [1882] p 266 ndeg 2) est de mecircme ambigueuml

113 La motivation du nom Εὐήρης de trois Thasiens aurait-elle eacuteteacute celle-lagravethinsp la deacutesignation de laquo bons rameurs raquothinsp Pour lrsquoadj poeacutetique ἀμφήρης cf eg Eur Cycl 15

114 Voir DGEsp sv δύσερις poeacutet δύσηρις et ἀμφήριστος et LGPN IIIB deux Thessaliens du nom de Δύσηρις au VIe et IVe s av J-Cthinsp pour Ἀμφηρίδης supra n 100

115 Sondage effectueacute agrave lrsquoaide de la base de donneacutees en ligne du site du LGPN Citons comme composeacutes suffixeacutes en -ίωνthinsp le rare et tardif Ἐπαγαθίων agrave cocircteacute de Παρμενίων qui bat au contraire tous les records dans cette cateacutegorie (197 individus) et dont lrsquoamplitude chronologique des attestations srsquoexplique agrave la fois par le renom du philosophe Parmeacutenide et par celui du lieute-nant Parmeacutenion drsquoAlexandrethinsp la lexicalisation de lrsquoadjectif composeacute ἐμπόριος fait plutocirct inter-preacuteter lrsquoancien Ἐμπορίων (eg LGPN II) comme un sobriquet Comme hypocoristiques on citera par exemple Πασίων (122 individus) forme abreacutegeacutee drsquoun composeacute du type Πασικράτης (60) et Ἐπαφρ-ίων (19) pour Ἐπαφρόδιτος (515)thinsp et comme sobriquets Διδυμίων ou Ἐλευθερίων qui sont lrsquoun et lrsquoautre drsquoeacutepoque impeacuteriale (LGPN passim)

309ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

IIIA (Peacuteloponnegravese Gregravece de lrsquoOuest Sicile et Grande-Gregravece) laisse identifier 40 composeacutes sur les 350 noms diffeacuterents agrave finale -ίων soit un rapport drsquoun peu plus de 11 thinsp un seul est attesteacute en Argolide occidentale preacuteciseacutement agrave Argos mais seulement agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp Ἁρποκρατίωνthinsp116

Le suffixe -ίων qui servait dans le lexique de suffixe de comparatif srsquoest drsquoabord introduit dans les sobriquets adjectivaux du type Αἰσχρίων (234 individus) Καλλίων (20) ou Κυδίων (2) avec sa valeur grammaticalethinsp notons toutefois que Γλυκίων qui est connu comme comparatif homeacuterique nrsquoest attesteacute qursquoagrave deux exemplaires contre plusieurs centaines drsquoexemples de Γλύκων dans lrsquoensemble du monde grecthinsp117 Dans les autres cas la suffixation est produite par lrsquoadjonction du suffixe banal -ων agrave un i- final extrait lui-mecircme drsquoun thegraveme en -ιο-thinsp118 ou plus souvent drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute verbal ou adjectival du type Ἀλεξικράτης (43 individus) drsquoougrave Ἀλεξίων (103) Il arrive plus rarement que le suffixe -ίων ainsi creacuteeacute apparaisse agrave la finale drsquoun composeacute comme le tregraves populaire Παρ-μεν-ίων composeacute pour lequel sont attesteacutees 26 autres formes de suffixations dont -ων tregraves repreacutesenteacute eacutegalement (136 individus)thinsp selon Bechtel crsquoest Πάρμενις qui a seacutecreacuteteacute Παρμενίδας Παρμενίτας Παρμενίων Παρμένισκος etcthinsp119 Il nrsquoy a pas drsquoexemple drsquohypocoristique qui conserve les seuls phonegravemes initiaux du second eacuteleacutement affecteacute de ce suffixe puisque Δαμοτί-ων forme courte de Δαμότιμος et son correspondant ionien-attique nrsquoont pas drsquoeacutequivalent en -των et sont par conseacutequent suffixeacutes en -ων et non en -ίων et qursquoil en va de mecircme pour tous les composeacutes agrave second eacuteleacutement -τίων

-ωνCependant le suffixe -ων nrsquoeacutetait guegravere plus couramment adjoint agrave un

nom composeacute Crsquoest surtout une suffixation de sobriquetsthinsp120 bien plus que drsquohypocoristiquesthinsp on ne citera que Δαμών-ων Ἀλκί-ν-ων et νικ-άρ-ων parmi ceux qui preacutesentent lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de composeacute preacuteser-veacuteethinsp pour les autres du type Ἀλέξων ou Τίμων lrsquoidentification comme hypocoristique ou comme sobriquet deacutepend de la perspective adopteacuteethinsp lrsquoexistence de composeacutes de type heacuteroiumlque avec parallegraveles dans drsquoautres lan-gues indo-europeacuteennes comportant ces premiers eacuteleacutements fera analyser ces

116 Ἁρποκρατίων IIe s apr J-C RE (2)117 Voir J-L Perpillou laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 (1974)

p 99-107118 Voir P Chantraine Formation p 165 pour un exemple lexical comme οὐρανίων fait

sur οὐράνιος drsquoougrave les anthroponymes οὐρανίων et Κρονίων et les nombreux anthroponymes de forme patronymique tels Ἑλλοπίων Ἀχαιίων Ἀρκαδίων Κωνωπίων etc recenseacutes par Bechtel HPN 548

119 Bechtel HPN 307120 P Chantraine Formation p 161 voir aussi O Masson laquo Notes drsquoanthroponymie grecque

et asianique raquo Beitrz Nam 10 (1959) p 162 (OGS I p 22) sur le rapport qui existe entre ce type de sobriquet et les adjectifs en -ύς cf Δάσων vs δασύς

310 sophie minon

anthroponymes comme des hypocoristiques ndash crsquoest lrsquoanalyse historique pra-tiqueacutee par Bechtel tandis qursquoen synchronie la flexion seulement (geacuten en -ωνος) les distingue de participes employeacutes comme sobriquetsthinsp121 Un son-dage opeacutereacute agrave partir du mecircme volume du LGPN fait apparaicirctre sur 1045 noms en -ων autour de 165 composeacutes clairement identifiables ndash comprenant les 40 composeacutes agrave finale -ίων soit un rapport de presque 16 agrave cocircteacute des 11 pour -ίων Parmi les 125 composeacutes distincts de ceux en -ίων 12 au plus sont attesteacutes agrave Argosthinsp122

-αρίωνOn exclura en tout cas que le suffixe soit ici lrsquoeacutequivalent masculin -αρίων

du neutre -άριον qui est employeacute pour former des sobriquets feacuteminins Comme lrsquoa expliqueacute O Masson les noms de femmes faits au moyen de ce suffixe de diminutif (cf παιδάριον ψυχάριον) commencent agrave apparaicirctre au IIIe siegravecle mais les noms drsquohomme correspondants sont propres agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et freacutequents en Eacutegypte et il rappelait que Bechtel avait montreacute que ces derniers avaient eacuteteacute refaits secondairement sur les diminutifsthinsp ainsi Γλυκαρίων et Ψυχαρίων agrave partir de γλυκάριον et ψυχάριον toutes forma-tions deacuteriveacutees de noms ou drsquoadjectifsthinsp123 Le suffixe -αρίων a pu ecirctre ensuite employeacute librement dans lrsquoanthroponymie sans qursquoil existe neacutecessairement de diminutif associeacute comme on lrsquoobserve pour le nom Τυχαρίων porteacute par deux Atheacuteniens de lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp124

Δαμαρίων et ΔαμάρηςCh Kritzas propose comme parallegraveles agrave lrsquoappui de son analyse Ἀμφ-

αρ-ίον du nouveau nom argien les noms Δαμαρίων et Θεαρίωνthinsp125 Le pre-mier nrsquoest pas attesteacute avant le IIIe siegravecle et a eacuteteacute donneacute surtout agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et en zone ionienne-attiquethinsp les volumes du LGPN reacutepertorient 25 individus ainsi deacutenommeacutesthinsp126

121 Voir sur cette question de typologie I Hartmann laquo lsquoWhat namethinsp What parentagersquo The classification of Greek names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann-A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 (2002) p 55-81

122 Voir LGPN IIIAthinsp Ἰπομέδο ν (SEG 11 336 l 5 ca 575-550)thinsp Ἀλκίφρων (Thuc V 59 5 418 av J-C)thinsp Ὀχίπον (IG IV 552 Ve s)thinsp Εὐέλθων (Iamb VP 267 [FVS I p 447] VeIVe s)thinsp Ξενοφάων (CID 2 75 II l 43 336334)thinsp Ἀριστόφρων (SEG 13 243 316 av J-C)thinsp Βουκολέων (CEG II 816 l 12 303 av J-C)thinsp Ἀριστομέδων (ineacuted publ Ch Kritzas IVeIIIe s)thinsp Λυκόφρων (SEG 42 279 l 6 IIe s)thinsp Δαμοφῶν (ineacuted IIe s)thinsp Εὔφρων (Syringes 44 IIeIer s) et Παρμένων (origine argienne incertaine Bernand El-Kanaiumls 79 Ier s)

123 Voir O Masson laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 (1984) p 157 (OGS II p 443)

124 LGPN II IG II2 2089 l 33 et 2113 l 204 IIe s apr J-C125 Lettre du 20 novembre 2010126 La plus ancienne attestation de ce nom est celle drsquoun Creacutetois et date de 2232 (Milet I

(3) 38g 7)thinsp un Parien homonyme est connu agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale (IG XII (5) 173 V) En dehors de lrsquoexemple drsquoun individu dont lrsquoorigine atheacutenienne est incertaine agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale les

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

Retrouvez les sommaires de la Revue de philologie et les nouveauteacutes Klincksieck sur

wwwklincksieckcom

ISBN 978-2-252-03861-1copy Klincksieck 2012

ANTHROPONYMES EN ΑΜΦ(ι)- ET EN -Αρ(ι)-thinsp DE ΑΜΦιΑρηΣ Agrave ΑΜΦΑριονthinsp1

Dans le volume de meacutelanges offert en 2010 agrave la regretteacutee E Matthews Ch Kritzas publie une seacuterie drsquoanthroponymes argiens nouveaux rencontreacutes dans les archives financiegraveres du Treacutesor de Pallas mises au jour en 2000 et dont il preacutepare la publicationthinsp2 Lrsquoensemble de ces 135 inscriptions sur bronze peut ecirctre dateacute du premier tiers du IVe siegravecle avant notre egravere Parmi les quelque mille individus de sexe masculin mentionneacutes dans ces comptes figure un deacutenommeacute Ἀμφαρίον (la lettre ocircmeacutega nrsquoest pas encore employeacutee dans ces inscriptions) nom dont la forme et lrsquoeacutetymologie suscitent la curiositeacute

Ch Kritzas propose de faire correspondre cet anthroponyme nouveau agrave Ἀμφάρης Ἀμφαρίδας Ἀμφάριχοςthinsp3 et drsquoy voir le mecircme second eacuteleacute-ment que dans Θε-άρης ou dans Φραhι-αρίδας qui offre lrsquointeacuterecirct drsquoecirctre attesteacute agrave date ancienne agrave Mycegravenesthinsp4 Cet eacuteleacutement serait drsquoapregraves Fr Bechtel agrave mettre en relation avec le substantif ἄρος dont les sens sont donneacutes par la glose drsquoHeacutesychiusthinsp ἄρος ὄφελος καὶ ltπέτραςgt κοιλάς ἐν αἷς ὕδωρ ἀθροίζεται ὄμβριον Καὶ βλάβος ἀκούσιονthinsp5 Ce serait la notion positive de laquo profit utiliteacute assistance raquo qui aurait motiveacute la creacuteation des

1 Mes plus vifs remerciements vont agrave A Alonso Deacuteniz M Casevitz L Dubois Ch Kritzas et Cl Le Feuvre

2 Ch Kritzas laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling-F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

3 Pour Ἀμφάρης cf infrathinsp pour beacuteot Ἀμφαρίδας (PM Fraser-E Matthews A Lexicon of Greek Personal Names [ci-apregraves LGPN] IIIB IIIe av J-C) forme peut-ecirctre iotacisante pour Ἀμφαρε-ίδας cf infra n 100thinsp pour Ἀμφάριχος LGPN IIIB IIeIer av J-C Sauf indication contraire les dates sont doreacutenavant agrave entendre laquo avant notre egravere raquo

4 Θεάρης nrsquoest attesteacute qursquoagrave Hermionegrave et agrave Spartethinsp les plus anciennes attestations datent du Ve s (LGPN IIIA) Lrsquounique Φραhιαρίδας est connu par une inscription argienne dateacutee de ca 500-480thinsp IG IV (1) 492

5 Fr Bechtel Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917 p 193 P Chantraine Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque (DEacuteLG) sv ἄρος indique que laquo la glose combine trois termes et trois explications raquothinsp le premier ἄρος a eacuteteacute employeacute comme eacutequivalent drsquoὄφελος par Eschyle (Suppl 885 nominatif soit drsquoun masc theacute-matique soit drsquoun neutre sigmatique) le dernier est agrave mettre en rapport avec la notion neacutegative drsquoἀρή tandis que le milieu de la glose pourrait ecirctre rapprocheacute du tsaconienthinsp ἀρέ λάκκος cf M Deffner Λεξικὸν τῆς τσακωνικῆς διαλέκτου Athegravenes 1923 p 47 qui suppose un masculin theacutematique Ch Kritzas (op cit p 239 n 4) signale que le creacutetois drsquoaujourdrsquohui appelle preacuteciseacute-ment ἀρόλιθοι les caviteacutes naturelles dans lesquelles srsquoaccumule lrsquoeau de pluiethinsp or le Diccionario griego-espantildeol cite une inscription creacutetoise du IIe s (SEG 26 1049 l 55) ougrave ἐπ[ὶ τ]ὸν θῖνον ἄρον (masc theacutematique) renvoie preacuteciseacutement agrave une citerne

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

290 sophie minon

anthroponymes avec ce radical comme second eacuteleacutement Cependant pour Φραhιαρίδας du moins le rapprochement fait par le mecircme Bechtel avec drsquoune part φρενήρης laquo de bon sens raquo (eg Hdte III 25) drsquoautre part φρεσὶ ᾗσιν ἀρηρώς laquo ferme en son esprit raquo (Hom Od 10 553) invite agrave pri-vileacutegier lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement en -ήρης formeacute sur la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo ajusteacute raquo et agrave identifier par conseacutequent le a meacutedian comme une longue Les parallegraveles fournis par le nom Φρασιηρίδης drsquoun Thasien du IVIIIe siegravecle et par le nom Φρασιήρης drsquoun Tegravenien du IIIe siegravecle viennent encore conforter cette analysethinsp6

Lrsquointerpreacutetation proposeacutee pour le nom Ἀμφαρίον si convaincante qursquoelle paraisse de prime abord ne va pas sans poser deux autres questionsthinsp la question phoneacutetique du sort de la voyelle finale du preacutefixe ἀμφί qui paraicirct srsquoeffacer devant lrsquoinitiale vocalique du second eacuteleacutement alors qursquoil nrsquoen va pas de mecircme du i final de Φρασι- ni localement dans Φραhιαρίδας ni dans lrsquoan-throponyme de forme ionienne correspondantthinsp7 que le i de ἀμφί est conserveacute en hiatus en argien dans le nom du roi mythique Ἀμφιάρηος comme dans le phratronyme Ἀμφιαρητείδας mais que le nom Ἀμφιαρίδας se donnait aussi anciennement agrave Meacutegare que Ἀμφαρίδας en Beacuteotiethinsp8thinsp drsquoautre part la question morphologique de la suffixation en -ίων drsquoun second eacuteleacutement de composeacute anthroponymique

6 Bechtel HPN 457 et voir P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης ἀραρίσκω et φρήν pour φρασί comme forme ancienne de datif Pour Φρασιηρίδης cf Bechtel HPN 193 ougrave curieusement le rapprochement avec ἄρος est en contradiction avec p 457 et IG XII (8) 287 l 19thinsp Ἀριστόνους Φρασιηρίδ[ου]thinsp pour Φρασιήρης IG XII Suppl p 138 ndeg 312 II l 9 Sur la finale -ίδαης alors que le second eacuteleacutement -ᾱρης laisse plutocirct attendre -αρείδαης cf n 100thinsp notons cependant qursquoen argien occidental iota pourrait ici noter un ithinsp issu de la monophtongaison de ei cf eg hῖ pour le relatif au locatif l 29 de la copie argienne du regraveglement du Ve s des relations entre Cnossos et Tylissos reacuteeacutediteacute par S Minon laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (ed) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 2007 p 183 et n 47 pour les autres exemples

7 La forme Φρασαρίδας du mecircme nom connue au IIIe s agrave Hyettos de Beacuteotie teacutemoigne non drsquoune eacutelision de i devant la voyelle initiale du second eacuteleacutement mais de lrsquoabsorption de [j] (lti) dans s comme peut-ecirctre aussi dans le nom de femme Καφισα agrave Cheacuteroneacutee (P Roesch-JM Fossey ZPE 29 1978 p 132 n 9 ll 3-4) agrave cocircteacute du nom drsquohomme Καφισια agrave Thespies (IG VII 2144) tous deux attesteacutes au IIe s av J-C Voir J Meacutendez Dosuna laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo Emerita 61 (1993) p 128 n 71 et p 117-130 ougrave il montre comment la mecircme eacutevolution phoneacutetique mais agrave partir de eV (gt [j]V par synizegravese) rend compte des formes controverseacutees de futurs doriens en -σοντι et -σονται (lt-σέοντι -σέονται)

8 LGPN IIIBthinsp deux exemples meacutegariens lrsquoun au Ve s SEG 39 411 l 8 lrsquoautre au IIIe IG VII 42 l 31 vs Ἀμφαρίδας pour le Beacuteotien citeacute n 3

291ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Proleacutegomegravenesthinsp ἀμφι- ou ἀμφ- devant un second eacuteleacutement de composeacute agrave ini-tiale vocalique

La quantiteacute bregraveve de la voyelle finale i de ἀμφί laisse en principe attendre son eacutelision devant le mot ou le second eacuteleacutement de composeacute agrave initiale voca-lique suivant comme crsquoest lrsquousage freacutequent pour les invariants excepteacute pour περί ἄχρι et μέχρι en attiquethinsp9 Lrsquoabsence drsquoeacutelision est en effet possible pour la voyelle i plus que pour les autres agrave cause de son aptitude agrave se sonantiser en [j] ou agrave deacutevelopper un glide (drsquoougrave [ij]) lorsqursquoelle est en hiatus devant une autre voyellethinsp10

Dans les verbes lrsquoeacutelision est de regravegle en prose attique pour les preacuteverbes περι- et le monosyllabique προ- excepteacutesthinsp11 Dans les composeacutes en ἀμφι- du lexique dont la plupart sont poeacutetiques il est de regravegle conformeacutement aux principes de composition heacuteriteacutes que lrsquoeacutelision soit pratiqueacutee devant la voyelle initiale du second eacuteleacutement ndash sauf dans les cas ougrave celui-ci comportait un s (gt h) un w voire un y initial eacutetymologiquethinsp12 et que cette voyelle ou la syllabe dont elle est le centre soit alors de quantiteacute longue ndash sauf pour les verbes dont la composition est plus reacutecentethinsp13

Du point de vue prosodique cela signifie que lrsquoinitiale des composeacutes non verbaux en ἀμφ(ι)- du lexique avait presque toujours la structure drsquoun dactyle (seacutequence ˉĭV reacutealiseacutee [ĭ(j)V]) ou celle drsquoun spondeacutee (ˉĭVthinsp reacutealiseacutee [Vthinsp] et ˉĭVC1C2 ˉ[VC1C2])thinsp14 Cela explique drsquoailleurs que ἀμφι- ait eacuteteacute eacutelargi drsquoun -s dit adverbialisant dans le composeacute agrave second eacuteleacutement agrave initiale conso-nantique ἀμφισβήτης que lrsquoon pose agrave lrsquoorigine de ἀμφισβητέωthinsp15thinsp Heacutesychius pose du reste pour le verbe lrsquoeacutequivalencethinsp ἀμφῐβᾰτεῖν ἀμφῑσβητεῖν

9 laquo En composition la voyelle finale de ἀμφί peut srsquoeacutelider raquo P Chantraine DEacuteLG sv agrave compleacuteter de Ch de Lamberterie CEacuteG 1 RPh 70 (1996)thinsp voir aussi pour la pratique de lrsquoeacuteli-sion des preacutepositions dissyllabiques dans les textes de prose L Threatte The Grammar of Attic Inscriptions [ci-apregraves GAI] I Berlin-New York 1980 p 419

10 Voir J Meacutendez Dosuna op cit passim Lrsquoeacutetape qui peut suivre la yodisation de i agrave savoir lrsquoabsorption de la sonante dans la consonne preacuteceacutedente (cf n 7) qui se traduit au mecircme titre que lrsquoeacutelision par lrsquoeacutelimination drsquoiota nrsquoest pas attendue dans le cas de ἀμφί dont la consonne bilabiale preacuteceacutedant le i ne peut absorber son produit [j] cf Cl Brixhe Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes questions Louvain 1996 p 129-130

11 Cf ἐπεργάζομαι (de werg-) ἐπέρχομαι (de sergh-) Jos ἀμφάγνυμαι (de weh2g-) etc12 Pour y initial cf n 9313 Voir E Risch Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974 p 201 loi drsquoallonge-

ment laquo urgriechisch raquo14 Sur lrsquoanalogie entre le rythme de la langue parleacutee et celui de la langue poeacutetique toutes

deux organiseacutees en pieds mais sur le rythme iambique plus caracteacuteristique de la conversation comme le signalait deacutejagrave Aristote (Rheacutetorique 1408b21) voir AM Devine-LD Stephens The Prosody of Greek Speech Oxford 1994 p 118-119

15 Pour les deux variantes ἀμφί et ἀμφίς la seconde pouvant ecirctre consideacutereacutee comme un deacuteveloppement propre au grec voir A Mathys laquo Le sigma adverbial en grec ancienthinsp distribution et fonction raquo Lalies 31 (2010) p 297-319

292 sophie minon

Crsquoest ainsi qursquohom ἀμφήκης laquo agrave deux tranchants raquo (de H2ek- gt ἀκ- laquo pointe raquo) ἀμφηρέφης laquo couvert des deux cocircteacutes raquo ἀμφήριστος (sur ἐρίζω) et ἄμφωτον poeacutet ἀμφερκής laquo entoureacute de toute part raquo et ἀμφώβολος laquo double broche raquothinsp16 Thuc ἀμφήρικος (hapax fait sur le poeacutet ἀμφήρης laquo pourvu de rames de part et drsquoautre raquo) Arist ἀμφώδωνἀμφόδων (sur ὀδούς)thinsp17 ἀμφαρμός laquo pierre de taille raquothinsp18 ἀμφεικάς laquo de part et drsquoautre autour du vingt (du mois) raquothinsp19 ou Lyc ἀμφερείδω contrastent avec hom ἀμφίαλος (myc a-pi-a2-ro sur ἅλς) Hp ἀμφιίζομαι (de sed-) att et poeacutet ἀμφιέννυμι (de wes- ἀμφιέσαντο Od 23 142) ou att ἀμφιετηρίς laquo fecircte annuelle raquothinsp20 (de wet- dor Ϝέτος)

Une fois eacutecarteacutees Ar ἀμφαρίστερος laquo gaucher des deux mains raquo sans allongementthinsp21 ἀμφιζάνω (Il 18 25) au lieu de la forme attendue mais ameacutetrique ἀμφιιζάνω les variantes lrsquoune et lrsquoautre meacutetriques ἄμφεπον vs ἀμφίεπον (Il 18 559 et 24 804 de sekw-) Pind (N 1 43) ἀμφελίσσω vs ἀμφιελίσσω (Arat Pheacuten 1 996 de wel-)thinsp22 ainsi que lrsquohapax meacutetrique ἀμφέλκεται (de selk-) chez Denys le Peacuterieacutegegravete (268) les exceptions non poeacutetiques agrave la regravegle sontthinsp lrsquoeacutelision sans doute analogique de ἄμφοδον ἄμφοδος laquo rue bordeacutee de maisons raquo (sur ὁδός de sed-) et des deacuteriveacutes qui sont attesteacutes sous cette seule forme dans la litteacuterature comme dans les inscrip-tions et les papyrusthinsp23 ou encore celles drsquoἀμφεκτήρ vs ἀμφιεκτίς laquo tunique

16 Le tragique Achaiumlos (Fr 36 Snell) semble avoir eacuteteacute le seul agrave employer ἀμφερκής dont lrsquoeacutelision srsquoexplique meacutetriquement alors que lrsquoaspireacutee du neutre ἕρκος pourrait laisser supposer un s- eacutetymologique initial Pour le substantif ἀμφώβολος cf eg Eur Andr 1133

17 Lrsquoheacutesitation ἀμφώδωνἀμφόδων dans Arist peut ecirctre imputable agrave la tradition (nivel-lement des quantiteacutes vocaliques agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale interfeacuterences avec ἄμφοδον cf n 23)

18 Ist Mitt 1920 1969-70 p 238 l 12 (= Didyma 112) Didyme IIe s av J-C Le second eacuteleacutement de la famille de ἀραρίσκω est attesteacute au simple sous la forme ἁρμός avec un esprit rude qui procegravede du report agrave lrsquoinitiale de lrsquoaspiration issue de lrsquoeacutevolution de la seacutequence [zm] du suffixe -smo- cf P Chantraine DEacuteLG sv ἅρμα

19 IG XII (3) 330 l 68 testament drsquoEpictegraveta Theacutera IIIeIIe s Paton-Hicks 384 Cos IIe s etc Lrsquoeacutelision est attendue dans ἀμφεικάς de ἐϜῑκοσι agrave retrouver sous hom ἐείκοσι cf Ch de Lamberterie CEacuteG 6 RPh 75 2001 sv εἴκοσι Sur le mecircme radical εἰκ- mais avec preacutefixe ἐπι- se rencontrent agrave la fois ἐπείκοστον (PPetr 2 p 156 IIe av J-C) vs ἐφείκοστον (PRev Laws 56 15 IIIe av J-C) et ἐπιείκοστος (Ptol Harm 1 15)thinsp les formes eacutelideacutees sont le plus anciennement attesteacutees

20 IG II2 1544 IVe s etc21 Lrsquoabsence drsquoallongement dans ἀμφαρίστερος (Ar Fr 512) srsquoexplique autant par les

besoins du megravetre que par la neacutecessiteacute de garder apparent le lien seacutemantique avec ἀρι- pour eacuteviter la confusion avec la famille de ἔρις pour laquelle sont connus lrsquoadj ἀμφήριστος et lrsquoanthropo-nyme creacutetois correspondant (LGPN I Studi e Testi 125 1946 p 28 eacutepoque impeacuteriale [fictifthinsp]) agrave rapprocher pour le second eacuteleacutement du patronyme du Spartiate Σπερθίης Ἀνηρίστου que fait connaicirctre Heacuterodote (VII 134 2 et cf notamment 137 2 pour un fils homonyme) au VIeVe s

22 De mecircme les adjectifs verbaux correspondants ἀμφελικτός (Eur Heacuteraclegraves 398) vs ἀμφιέλικτος (Denys le Peacuterieacutegegravete 466)

23 Pour ἄμφοδον peut ecirctre invoqueacutee lrsquoanalogie des nombreux autres preacutefixeacutes dissyllabiques tels μέθοδος δίοδος etc qui tous sauf ceux en περι- et προ- avaient leur derniegravere voyelle eacuteli-deacutee cf P Chantraine DEacuteLG sv ὁδός

293ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

double raquo et drsquoἀμφεκτέον laquo agrave entourer raquo (de segh-) chez Heacutesychius qui srsquoex-pliquent quant agrave elles par deacuterivation inverse agrave partir du verbe normalement eacutelideacute ἀμπέχω tardivement refait en ἀμφέχωthinsp24

Lrsquoeacutelision devant le second eacuteleacutement agrave s- initial eacutetymologique dans le composeacute hypostatique ἀμφήλιος laquo oriental raquo seulement attesteacute dans lrsquoApo-calypse apocryphe de Paulthinsp25 a pu ecirctre entraicircneacutee par la quantiteacute longue de la voyelle initiale du second eacuteleacutement comme par la reacutepugnance agrave faire se suc-ceacuteder deux syllabes agrave i en hiatus et deacutenote vraisemblablement une composi-tion tardivethinsp26thinsp les mecircmes motivations peuvent avoir preacutesideacute agrave la creacuteation de rhod ἀμφούριον et ἀμφουριασμόςthinsp27 et de la variante ἀμφορκία (Hsch) agrave cocircteacute de ἀμφιορκία (Poll)

Le seul exemple agrave ma connaissance drsquoabsence drsquoeacutelision devant radical agrave voyelle initiale proceacutedant drsquoune ancienne laryngale est repreacutesenteacute dans le lexique par la variante ἀμφί-ηκες (Hsch) qui doit srsquoexpliquer en face drsquohom et ion-att ἀμφήκης de dor ἀμφᾱκες laquo agrave double pointe raquothinsp28 par une reacutefection secondaire

Dans la liste drsquoanthroponymes composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- dres-seacutee par Bechtel (HPN 41) lrsquoeacutelision paraicirct de mecircme reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale dans les diffeacuterentes reacutegions du monde grec comme le montrent les noms de lrsquoArcadien Ἀμφαίνετος du Beacuteotien Ἀμφάλκες du Thasien Ἄμφανδρος en face de Ἀμφήνωρ agrave Athegravenesthinsp29 du Theacutebain Ἀμφεριτοςthinsp30 comme peut-ecirctre aussi ceux du Phocidien Ἀμφάρετος et du Spartiate Ἀμφάρης tandis que la conservation du i est la seule trace de la preacutesence de lrsquoancien w initial dans le nom de lrsquoAtheacutenien du Ve s Ἀμφίαναξ en face du nom hapax Ἀμφ-ήδης de son compatriote du IIIe sthinsp31 dont la longue initiale du second eacuteleacutement ainsi que lrsquoeacutelision pratiqueacutee devant

24 Autres exceptions similairesthinsp lrsquoadv ἀμφαλλάξ laquo alternativement raquo deacuteriveacute inverse de ἀμφαλλάττω ἀμφέλιξ laquo qui tourne dans les deux sens raquo fait sur ἀμφελίσσω

25 Apoc Paul 2726 Sur lrsquousure de lrsquoaspiration initiale dans le parler des locuteurs de lrsquoeacutepoque impeacuteriale voir

F Gignac A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods I Phonology Milan 1976 p 133-138 Lrsquoattique agrave lrsquoorthographe conservatrice montre peu drsquoexemples de psilose mecircme srsquoil est vraisemblable que lrsquoaspiration initiale a commenceacute agrave se perdre dans ce dialecte peut-ecirctre degraves lrsquoeacutepoque helleacutenistique cf L Threatte GAI I Phonology p 504-506

27 SEG 3 1927 674 respectivement l 40 et 46 IIe s av J-C et cf DEacuteLG sv ὅρος Il srsquoagit probablement dans les deux cas de laquo paiement aux voisins raquo

28 DGEsp sv ἀμφήκης29 IG II2 10799 fin Ve s30 Ἀμφε ριτος LGPN IIIB A Wilhelm Urkunden 240 Nachtrag zu S 90 I l 5 Ve s agrave

comparer agrave Ἀμφήριστος attesteacute agrave Thespies au IIe s SEG 39 456 III l 54 agrave rapprocher le pre-mier de ἐρίω le second de ἐρίζω Le ethinsp assureacute en pays beacuteotien fait exclure le rapprochement avec ἀριτός drsquoougrave νήριτος laquo innombrable raquo (Heacutes etc) et le nom de lrsquoArcadien Κλεάριτος IG II2 3080 l 5 279 av J-C et cf HPN 195

31 IG I3 1190 l 25 ca 411 av J-C pour le plus anciennement connu Pour Ἀμφήδης cf CIA III App 9 l 19 et LGPN II sv

294 sophie minon

le groupe initial sw de la racine swād- de ἡδύς trahissent le caractegravere secondairethinsp32 Les structures rythmiques spondaiumlques et dactyliques privileacute-gieacutees dans lrsquoensemble des composeacutes non-verbaux en ἀμφι- le sont aussi pour les composeacutes anthroponymiques agrave premier eacuteleacutement verbal ou adjectival en -i comme lrsquoillustre lrsquoeacutelision de Δεξι- dans Δεξαγόρας Δέξανδρος Δεξαρέτα Δεξαρίων Δέξαρχος etc en face des hypocoristiques de structure plus souple tels Δεξί-ας et Δεξί-ωνΔέξωνthinsp33

A Argos les deux seuls noms propres assureacutement en Ἀμφ(ι)- suivi de voyelle que fasse aujourdrsquohui connaicirctre lrsquoeacutepigraphie sont le phratronyme Ἀμφιαρητείδας que jrsquoai eacutetudieacute ailleurs et lrsquohypocoristique Ἀμφίαςthinsp34 On ne saurait manquer de leur adjoindre le nom du roi argien mythique Ἀμφιάρηος

IenspDe Ἀμφίας agrave Ἀμφιάρης et Ἀμφιάρηος

ἈμφίαςLa formation hypocoristique drsquoἈμφίας explique la preacutesence du ithinsp crsquoest

agrave lrsquointeacutegraliteacute du premier eacuteleacutement qursquoa eacuteteacute ajouteacute le suffixe -ας de mascu-lins commun au lexique et agrave lrsquoonomastique comme pour lrsquohypocoristique Καλλίας des composeacutes en Καλλι- ou pour Ἀλεξίας forme courte des composeacutes en Ἀλεξί- ou Δεξίαςthinsp35thinsp un Larisseacuteen du nom drsquoἈμφίδαμος a du reste Ἀμφί-ας comme patronymethinsp36

32 Les anthroponymes ont anciennement leur second eacuteleacutement en -άδης avec voyelle bregraveve voir Λεάδε ς agrave Styra Ve s IG XII (9) 56 l 236 ou Θυμάδης Δημάδους IVe s IG II2 2385 l 53 cf Bechtel HPN 21-22 De mecircme que lrsquoon a un Εὐρυ-άδης agrave Sparte au IIIe s IG V (1) 708 de mecircme lrsquoon aurait attendu un Ἀμφι-άδης La langue homeacuterique semble avoir forgeacute un composeacute θυμήδης Od 16 389 (crsquoest la leccedilon de la Vulgate pour laquelle Bekker avait proposeacute la correction θυμήltρgtης de mecircme sens) agrave cocircteacute de αὐάδην que fait connaicirctre pour la premiegravere fois Sapphocirc (22 5)

33 Voir Bechtel HPN 118-119 Lrsquoabsence drsquoiota dans le nom du Beacuteotien Δέξων peut srsquoexpli-quer phoneacutetiquement par lrsquoabsorption de [j] (lti) cf n 7

34 Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδας est connu par un deacutecret de proxeacutenie du IIIe s publieacute par W Vollgraff Mnemosyne 43 (1915) p 380-382 l 10 et mentionneacute par A Heubeck Die Sprache 17 (1971) p 8 Il apparaicirct encore avec lrsquoorthographe ancienne Ἀμφιαρετείδας dans la liste de morts de ca 400-390 publieacutee par Ch Kritzas in Στήλη τόμος εἰς μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 498 l 35 pl 228 Sur son eacutetymologie agrave mettre en relation avec le verbe argien ᾱϜρετευε de ἀνα-Ϝρετεύω voir mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Pour le patronyme au geacutenitif Ἀμφίᾱ voir BCH 33 (1909) p 447 ndeg 6 IIeIer s

35 Voir deacutejagrave A Charbonnet laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 (1984) p 50thinsp laquo Le nom Ἀμφίας srsquoinscrit dans la seacuterie bien connue des diminutifs en -ας de noms composeacutes raquo

36 LGPN IIIBthinsp IG IX (2) 683 fun IIIeIIe s ()

295ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Ἀμφίτας Ἀμφῑων Ἄμφῑος et feacutem ἈμφιώDe la mecircme maniegravere que Ἀμφίας les noms Ἀμφίτας Ἀμφῑων Ἄμφῑος

Ἄμφωνthinsp37 et feacutem Ἀμφιώ doivent ecirctre une seacuterie de formations suffixeacutees conformeacutement agrave lrsquointerpreacutetation qursquoen donne Bechtelthinsp38 Cependant le rapprochement qursquoil est donneacute de faire aujourdrsquohui entre lrsquoanthroponyme myceacutenien a-pi-jo et ce qui pourrait ecirctre interpreacuteteacute comme son geacutenitif a-pi-(j)o-to pourrait eacuteventuellement laisser supposer une reacutefection secondaire de Ἀμφῑων -ονος agrave partir du participe composeacute ἀμφι-ιών ιόντοςthinsp lrsquoabsence drsquoeacutelision de la voyelle finale du preacutefixe aurait eacuteteacute drsquoordre prosodiquethinsp39 De la mecircme maniegravere Ἀμφίτας aurait pu ecirctre formeacute agrave lrsquoaide drsquoun second eacuteleacute-ment -ίτας qui est attesteacute au simple sous la forme du nom drsquoagent ἴτης en attiquethinsp40 Dans un cas comme dans lrsquoautre du moins le rapport eacutetymolo-gique avec le radical du verbe laquo aller raquo ne pouvait manquer drsquoecirctre perccedilu en synchronie comme par ailleurs celui du nom feacuteminin Ἀμφιώ avec le nom drsquoἸώ La meilleure preuve du reste est fournie par un fragment dans lequel Aristophane se moque drsquoEuripide auquel il attribue une eacutetymologie du nom drsquoἈμφ-ίων qui en fait lrsquoeacutequivalent drsquoἌμφ-οδος sous preacutetexte qursquoil serait neacute laquo dans la rue raquo pour faire remarquer avec humour que crsquoest ainsi qursquoaurait ducirc srsquoappeler le Tragique lui-mecircmethinsp41thinsp

37 Il faut tregraves probablement exclure que Ἄμφων puisse srsquoexpliquer comme un beacuteotisme pho-neacutetique agrave partir drsquoun Ἀμφίων agrave i bref (avec -ίων recouvrant aussi bien en beacuteotien le participe du verbe laquo ecirctre raquo ἐών que celui drsquolaquo aller raquo ἰών) cf n 10

38 Voir Bechtel HPN 43 et Y Kalliontzis laquo Deacutecrets de proxeacutenie et catalogues militaires de Cheacuteroneacutee raquo BCH 131 (2007) [2009] p 501-502 ndeg 10 l 9 IIIe s pour Ἄμφων Ἀμφῑων est le nom de lrsquoun des trois chefs des Eacutepeacuteens dans lrsquoIliade (13 692) et celui de lrsquoancecirctre du tyran de Corinthe Peacuteriandre au VIIIeVIIe s (Hdte V 92)thinsp pour Ἄμφῑος voir Il 5 612 et LGPN II Ve s (de ἀμφί-Ϝιος avec un second eacuteleacutement en rapport avec Ϝίεμαι laquo srsquoeacutelancer raquo cf L Dubois laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo Beitrz Nam 21 [1986] p 252-256 ou forme theacutematiseacutee de Ϝῑς laquo force raquo cf A Heubeck laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 [1987] p 149-166) Pour Ἀμφιώ IG VII 2489 peut-ecirctre Ier s apr J-C Pour Ἀμφίτας exemples anciens dans la colonie meacutegarienne drsquoHeacuteracleacutee du Pont cf MH Hansen-TH Nielsen (eds) An Inventory of archaic and classical poleis 2004 p 956) puis agrave Myrina au IIeIer s cf LGPN Vathinsp une occurrence syllabique au VIe s sur une coupe de la reacutegion drsquoAmatonthe O Masson ICS2 ndeg 196b p 413 et cf OGS I p 132 et n 79

39 DMic sv Le changement de flexion inverse est illustreacute par le secondaire δράκων -οντος ancien thegraveme agrave nasale comme son feacuteminin δράκαινα Pour lrsquoithinsp de Ἀμφῑων voir Choiroboscos De orthographia (JA Cramer Anecdota Graecahellip vol 2 Oxford 1835 repr 1963) 168 l 7thinsp Ἀμφιίων hellip καὶ Ἀμφίων κατὰ κρᾶσις τοῦ ϊ εἰς ἕν ι μακρόν

40 Ar Nueacutees 445 Pl Banquet 203d et Protagoras 349e et cf 359cthinsp ἴτας γε ἐφ᾿ ἃ οἱ πολλοὶ φοβοῦνται ἰέναι A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 129c p 195 et n 159 suggegravere la mecircme analyse pour Περῑτας notamment le nom du chien drsquoAlexandrethinsp Περι-ίτας mecircme srsquoil considegravere comme plus vraisemblable drsquoy voir lrsquohypocoristique de Περιτέλης et de consideacuterer le ithinsp comme analogique des types ὁδίτης πολίτης au ithinsp lui-mecircme analogique du athinsp du suffixe parallegravele -ᾱτᾱς-ητης ndash appliquant par ailleurs la mecircme ana-lyse pour rendre compte de lrsquohom Θερσῑτης O Masson voyait de mecircme dans -ίτᾱς le suffixe de πολίτᾱς-ης agrave lrsquoorigine des formations secondaires en -ιτος et -ιτώ cf ZPE 91 (1992) p 119

41 Ar PCG III 2 Fr 342 (327) (Kassel-Austin)thinsp Ἄμφοδον ἐχρῆν αὐτῷ τίθεσθαι τοὔνομα

296 sophie minon

ἈμφιάρηοςA Argos on songera naturellement agrave voir dans Ἀμφίας un diminutif du

nom du roi argien mythique Ἀμφιάρηος pour lequel un fragment drsquoEschyle fait du reste connaicirctre un autre diminutif Ἄμφιςthinsp42 De la mecircme maniegravere agrave Eacutereacutetrie le guerrier des origines converti en heacuteros gueacuterisseur plus tard assimileacute agrave Ascleacutepios semble avoir eacuteteacute honoreacute sous le nom drsquoἈμφίας qursquoat-teste indirectement le nom de lrsquoassociation cultuelle des Ἀμφιασταί que fait connaicirctre une inscription du IIe siegravecle a Cthinsp43 Si lrsquoanthroponyme myc a-pi-ja-re-[ geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]thinsp44 avait pour eacutequivalent alphabeacutetique nom Ἀμφιάρης ou Ἀμφιαρε[ύς] le nom remonterait agrave une haute antiquiteacute sous sa forme non deacuteriveacutee qursquoattestent par ailleurs les acc en -αρῆ et dat en -αρεῖ qui se rencontrent chez Pindarethinsp45 Il est vrai que lrsquoancrage mytho-logique proprement peacuteninsulaire du heacuteros doit faire consideacuterer avec pru-dence ce rapprochement pour des formes seulement attesteacutees lrsquoune et lrsquoautre agrave Cnossos mecircme si les liens qursquoArgos entretenait avec cette citeacute agrave lrsquoeacutepoque classique pourraient srsquoecirctre noueacutes degraves le second milleacutenairethinsp46

Il est du moins des plus probables que le suffixe de lrsquoanthroponyme a originellement comporteacute un εthinsp plutocirct qursquoun athinspthinsp47 Les plus anciennes attestations eacutepigraphiques de ce nom preacutesentent en effet le vocalisme εthinspthinsp ainsi les leacutegendes vasculaires portant Ἀ(μ)φιάρεος en lettres corinthiennes au milieu drsquoanthroponymes de forme dorienne qui notent A tous leurs athinspthinsp de leur cocircteacute les plus anciens des vases attiques agrave figures rouges ont encore

42 Eschyle Fr 632 (Radt)43 P Ducrey laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de

Lausanne (1981) p 73-78 cf J et L Robert Bull Epigr 1982 ndeg 27244 F Aura Jorro DicMic sv (resp KN Xd 7568 et Xd 94) Autre hypothegravese pour la lecture

a-pi-ja-re-[wo ()] chez O Landau Mykenisch-griechische Personennamen p 25 159 171 202thinsp Ἀμφι-αλέϜων avec dieacuteregravese propre agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne cf n 93thinsp mais F Aura Jorro heacutesite agrave lire aussi cette forme a-pi-ja-re-jọ en proposant drsquoy reconnaicirctre un patronymique

45 Pindare Neacutem 9 13 et 24 En Isthm 7 33 tous les manuscrits srsquoaccordent sur lrsquoacc Ἀμφιάραο-ν alors que la leccedilon la plus reacutepandue pour ce thegraveme est Ἀμφιάρηο- en Ol 6 13 et Pyth 8 56 Le papyrus Oxy 2082 fait aussi connaicirctre sous le nom drsquoἈμφιάρης un olympionique spartiate victorieux agrave la lutte cf L Moretti Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957 ndeg 515

46 Sur les liens entre Argos et Cnossos voir notamment les inscriptions reacuteeacutediteacutees par S Minon dans laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 (2007) p 169-210thinsp en faveur drsquoune parenteacute ancienne entre les deux citeacutes voir p 171 lrsquoargument fourni par la preacutesence de lrsquoenclos drsquoArchos heacuteros archeacutegegravete de Cnossos peut-ecirctre venu drsquoArgos

47 Pour P Kretschmer Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach untersucht Guumltersloh 1894 p 32 que suit W Schulze Kl Schr 1933 p 699 le εthinsp est originel et de mecircme E Risch Wortbildung2 p 164 n 1 R Wachter Non-Attic Greek Vase Inscriptions [ci-apregraves NAGVI] Oxford 2001 p 76-77 se range agrave cette position tout en montrant combien il est diffi-cile de trancher

297ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Ἀμφιάρεος tandis que les plus reacutecents ont deacutejagrave Ἀμφιάραοςthinsp48 Au chant 15 de lrsquoOdysseacutee ougrave se rencontrent les deux seules mentions du heacuteros (il nrsquoap-paraicirct pas dans lrsquoIliade) les deux orthographes sont certes deacutefendues par les grammairiens alexandrinsthinsp le α par Aristarque et le η par Zeacutenodotethinsp49thinsp lrsquoeacutepithegravete λαόσσοον laquo entraicircneur drsquohommes raquo associeacutee agrave son nom au v 244 le repreacutesente comme un guerrier et non comme le devin et gueacuterisseur qursquoil devint apregraves sa mortthinsp50 Les mecircmes fluctuations entre les deux vocalismes srsquoobservent on lrsquoa vu chez Pindare Chez les poegravetes attiques de lrsquoeacutepoque classique la forme ancienne Ἀμφιάρεος a eacuteteacute atticiseacutee en Ἀμφιάρεως alors que dans les inscriptions non seulement attiques mais beacuteotiennes (Thegravebes) et ioniennes (Oropos est une colonie drsquoEacutereacutetriethinsp51) crsquoest Ἀμφιάραος que lrsquoon rencontrethinsp52

Dans ces conditions lrsquoeacutetymologie proposeacutee par Heubeck qui consiste agrave reconnaicirctre dans Ἀμφι-άρης et son deacuteriveacute Ἀμφιάρηος des composeacutes posses-sifs formeacutes comme lrsquoanthroponyme Ἀμφί-θεος laquo qui a (descend drsquo)un dieu des deux cocircteacutes raquo avec au second membre le nom drsquoAregraves paraicirct la plus satis-faisantethinsp53 Cependant comme crsquoest presque toujours au premier membre que figurent les theacuteonymes en compositionthinsp54 compte tenu aussi de ce qui est

48 Voir Kretschmer p 32 41 122 123 162 214 et R Wachter NAGVI Cor 66f et r deux occurrences de Ἀ(μ)φιάρεος sur le mecircme crategravere corinthien du VIe s avec renvoi (n 280) aux autres attestations reacuteunies par I Krauskopf LIMC I 1980 laquo Amphiaraos raquo (ndeg 13 et ndeg 23 avec -άρεος et les plus reacutecentes ndeg 24 et 27 avec -άραος) et avec une mise au point sur les variations du vocalisme suffixal

49 Odysseacutee 15 244 (pour les deux leccedilons) et 253 (Ἀμφιάραος) Comme le fait remarquer R Wachter loc cit n 281 la correction de Zeacutenodote ne peut srsquoexpliquer seulement par le fait qursquoil savait qursquoapregraves r i et e un η ionien correspondait agrave un ᾱ attique car il aurait en ce cas proposeacute drsquoautres corrections similaires comme Αἰνείης Ἰήονες etc

50 Voir P Sineux Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007 p 46 et 2651 Cf eg MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory of archaic and classical poleis Oxford

2004 ndeg 21452 L Threatte GAI I 1980 p 12553 A Heubeck Die Sprache 17 (1971) p 8-22 en particulier p 9-10 pour les variantes

du nom Contre lrsquohypothegravese de Kretschmer op cit p 32 qui voyait dans ἱάρηϜ-ος la theacutema-tisation de ἱαρεύςthinsp le radical agrave vocalisme a non meacuteridional de ἱερ- (ce qui exclut en principe tout rapprochement avec les formes myceacuteniennes) et lrsquointerpreacutetation de Ἀμφ-ιάρηος comme un composeacute hypostatique agrave rapprocher pour la rection drsquoion ἀρχ-ιέρεως Lrsquohypothegravese mal eacutetayeacutee de W Borgeaud laquo Amphiaraos et le nom de la Sarre raquo BzN 1 (194950) p 102-104 qui part de Ἀμφιάρᾱος et y voit un anthroponyme drsquoorigine preacute-helleacuteniqueillyrienne ambhi-sarāwos laquo qui habite sur les deux rives du Sarāuos ou de la Sarāua raquo a notamment contre elle de reposer sur un athinsp eacutetymologique

54 Voir J Oulhen laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo in RWV Catling-F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 629-630 Le myceacutenien livre cependant le teacutemoignage drsquoun nom feacuteminin a-pi-e-ra (notamment PY An 1281) qui est interpreacuteteacute comme lrsquoeacutequivalent drsquoun alphabeacute-tique Ἀμϕιήρα cf A Morpurgo-Davies RAL seacuter VIII 15 (1960) p 329 n 26 et M Iodice Aevum 85 (2012) p 6 Et lrsquoanthroponyme Μενάρης citeacute infra n 108 pourrait constituer un autre contre-exemple

298 sophie minon

connu de lrsquoascendance et de la geste du heacuteros Ἀμφιάρηοςthinsp55 on preacutefeacuterera reconnaicirctre sous le second membre plutocirct que le theacuteonyme lrsquoappellatif sans doute suffixeacute en -εthinsp ἀρή laquo malheur perte destruction raquo dont il est eacutetymo-logiquement et morphologiquement indissociable ou son eacutequivalent ἄρος auquel la glose drsquoHeacutesychius preacutesenteacutee en introduction donne entre autres le sens neacutegatif dethinsp βλάβος ἀκούσιονthinsp56 Lrsquoautre voie qui aurait consisteacute agrave y voir des hypostases avec le sens laquo de lrsquoentourage drsquoAregraves raquo avait deacutejagrave eacuteteacute eacutecarteacutee par Heubeck comme moins satisfaisante pour la raison que sur ce type de composeacute les deacuteriveacutes sont plus souvent en -ιος qursquoen -οςthinsp57 Or il est sucircr qursquoil est impossible de faire de Ἀμφιάρηος un deacuteriveacute patronymique en -ιος du doublet Ἀμφιαρεύς de Ἀμφιάρης entretenant le mecircme rapport avec eux que ἌρειοςἌρη(ι)οςthinsp58 avec Ἄρηςeacuteol Ἀρεύς en posant -ethinspw-yo-s gt hom -ήιος susceptible drsquoeacutevoluer soit en -ειος soit en -ηοςthinsp59 et -es-yo-s gt -ειος puis -εος (formes myceacuteniennes citeacutees ci-dessous)thinsp il nrsquoy a en effet aucun exemple de la forme pourtant meacutetrique Ἀμφιαρήιος que lrsquoon attendrait en ce cas dans lrsquoeacutepopeacutee agrave cocircteacute des adjectifs patronymiques Καπανήιος et

55 Voir P Sineux loc cit LrsquoOdysseacutee preacutesente le heacuteros comme eacutegalement aimeacute de Zeus et drsquoApollon ce qui en ferait plus un Ἀμφί-θεος laquo qui a un dieu de part et drsquoautre raquo qursquoun Ἀμφιάρηςthinsp crsquoest chez Pindare qursquoἈμφιάραος est repreacutesenteacute comme un guerrier redoutable πολέμοιο νέφος (Neacutem 10 9) tuant (schol Neacutem 9 30b Drachmann) pour prendre le pouvoir agrave Argos dans un contexte de stasis (Neacutem 9 ibid) Si le second eacuteleacutement -άρης repreacutesentait non le theacuteonyme mais lrsquoappellatif ἄρος ou le thegraveme en εthinsp de forme ἀρή le heacuteronyme pourrait alors ecirctre interpreacuteteacute comme laquo qui a sa perte des deux cocircteacutes raquo crsquoest-agrave-dire agrave Argos ougrave il a sa femme Eriphyle comme ennemie (ἀνδροδάμαντα Neacutem 9 16) comme agrave Thegravebes ougrave son art divinatoire lui a fait voir la mort qui lrsquoattend ce dernier motif surtout deacuteveloppeacute par les Tragiques mais deacutejagrave esquisseacute par Pindare (Ol 6 17) voir Sineux p 35

56 Pour lrsquoeacutetymologie et le sens du nom drsquoAregraves voir P Chantraine DEacuteLG sv ἀρή Ἄρης et pour ἄρος supra n 5thinsp pour lrsquoorigine commune du theacuteonyme et de lrsquoappellatif ἀρή M Peters laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch-C Zinko (edd) Studia Onomastica et Indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz 1995 p 185 n 2 le Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre Primaumlrstammbildungen2 eacuted H Rix 2001 et derniegraverement T Barnes laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19 qui pose pour toute cette famille la racine H2erH1- et pour Aregraves H2reacuteH1-H2rH1-eacutes- avec le sens de laquo destructeur raquothinsp contre R Schmitt ZPE 17 (1975) p 15-16 qui postulait pour le theacuteonyme une origine iranienne

57 Heubeck p 17 et voir E Risch op cit p 17158 Sur hom Ἀρήιος laquo drsquoAregraves le belliqueux raquo devenu par la suite Ἄρειος voir O Masson

OGS III p 139 et n 81 Pour la forme -ηος du suffixe voirthinsp Ἀρήου nom de mois SGDI II 2136 l 2 (Delphes IIe av J-C) IG IX (2) 359c et 1117b (Thessalie eacutepoque romaine)thinsp en revanche dans les inscriptions attiques de la mecircme eacutepoque ougrave figure le nom de lrsquoAreacuteopage (ἐξ Ἀρήου πάγου) eg IG II2 1721 ou 3238 ou lrsquoanthroponyme eg IG II2 1718 ou 3173 il srsquoagit drsquoune graphie itacisante pour lrsquoancienne forme -ειος du suffixe

59 Lrsquoeacutequivalent myceacutenien du suffixe -[C]e-wi-jo est connu par exemple agrave travers lrsquoadjectif i-je-re-wi-jo auquel on pourra comparer agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique hom ἱερ-ήιον koin -ῆον -εῖον voir E Risch op cit sect 46 Pour ῆον voir I v Miletos ndeg 10 l 38 Ve s V Petrakos Ἐπιγρ τοῦ Ὠρωποῦ ndeg 277 l 33 IVe s M Segreacute Iscr di Cos ED ndeg 178 l 19 fin IIIe s etc

299ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

νηλήιος ou encore Ἀφαρήιος fait non sur Ἀφάρηος mais sur Ἀφαρεύς chez Apollonios de Rhodesthinsp60

Heubeck proposait drsquoexpliquer la formation du heacuteronyme de la maniegravere suivante Il y reconnaissait un deacuteriveacute theacutematique de Ἀμφιάρης constitueacute sur le modegravele des anthroponymes myc o-ti-na-wo hom Εὔ- Κλυτό- Ἐχέ- Πολύ-νεως en face de lrsquoappellatif ναῦς avec -ναυςthinsp -νᾱ(Ϝ)ος gt -νηος gt -νεως dans le mecircme rapport que -άρηςthinsp -άρηος gt -άρεωςthinsp hom Βριάρεως reflegraveterait la mecircme theacutematisation de -άρηςthinsp61 Le datif myc a-re du theacuteo-nyme drsquoapregraves lui ne pouvait ecirctre ni celui drsquoun thegraveme sigmatique ni celui drsquoun thegraveme en -ηϜ- mecircme srsquoil est en veacuteriteacute difficile de ne pas reconnaicirctre dans les deux variantes cnossiennes a-re-i-jo et a-re-jo (= Ἄρεἱος vs Ἄρειος) lrsquoadjectif en -yo- correspondant au thegraveme sigmatique que pourrait du reste aussi attester la variante theacutebaine a-re-i qursquoil citait lui-mecircmethinsp62 Il consideacuterait de ce fait que le nom drsquoAregraves eacutetait agrave lrsquoorigine un thegraveme en εthinsp (-eh1-)thinsp63 et que la flexion en -εύς comme celle en -t- (Ἄρης Ἄρητοςthinsp64) qursquoattesteraient indirectement les deacuteriveacutes patronymique Heacutes Ἀρητιάδης et phratronymique arg Ἀμφιαρητείδας repreacutesentaient elles aussi des deacuteveloppements secon-dairesthinsp65 O Masson voyait de mecircme dans chypr Θάλες un ancien nom en εthinsp passeacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique agrave la flexion en dentale geacuten Θάλητοςthinsp66

Mais de mecircme que φύλαξ a pu ecirctre theacutematiseacute degraves la langue eacutepique en φύλακος ce qui a pu ecirctre reacuteinterpreacuteteacute bien plus tard comme lrsquoemploi de son geacutenitif comme un nominatif si lrsquoon en croit une scholie agrave Apollonios de

60 A R I 485 etc61 Heubeck p 18 et 20-2162 Voir CJ Ruijgh Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien 1967 p 265

contesteacute par Heubeck p 16 n 33thinsp on pourrait avoir de mecircme a-re-ị-mene ( ou a-re-ẓọ-me-ne TH Z 849) vs a-re-me-ne (TH Z 852) cf DMic sv Comparer a-re-i-jo vs a-re-jo (KN Le 641 1 et Vc 208) avec le patronymique e-te-wo-ke-re-we-i-jo (PY An 644 8-9 et Aq 64 15) fait sur lrsquoeacutequivalent drsquoalph Ἐτεοκλέ(Ϝ)ης

63 Crsquoest la doctrine toujours admise aujourdrsquohui voir par exemple le compte rendu de N Guilleux agrave A Bernabeacute-ER Lujan Introduccion al griego miceacutenico Gramatica seleccion de textos y glosario 2006 dans BSL 104 2 (2009) p 178

64 Ἄρητος nrsquoest attesteacute ni comme geacutenitif ni sans doute comme nominatif agrave εthinsp heacuteriteacute contre Heubeck p 14 n 22 Le nom Ἄρᾱτος ioniseacute en Ἄρητος (Od 3 440) est fait sur un autre radical celui de ἀρ(Ϝ)ά laquo priegravere vœu maleacutediction raquo voir le dictionnaire de Pape-Benseler Bechtel HPN 63 et Chantraine DEacuteLG sv

65 Heubeck p 17 et 20 ougrave est citeacute le parallegravele drsquohom Ἀφαρεύς et patron Ἀφαρήιος vs Ἀφάρητα (Bacch 5 129) et Ἀφαρήτιδαι (Pind Neacutem 10 65) Voir pour la forme heacutesiodique Bouclier 57-59 ougrave lrsquoadjectif patronymique Ἀρητιάδην est employeacute pour reacutefeacuterer au fils drsquoAregravesthinsp Ὃς καὶ Κύκνον ἔπεφνεν Ἀρητιάδην μεγάθυμον Pour le phratronyme voir E Lobel Oxy Pap 32 1967 ndeg 2618 frag 1 col 1 l 7 de Steacutesichore et W Vollgraff reacutefeacuterence citeacutee supra n 33

66 Agrave distinguer drsquoion Θαλῆς -έω drsquoun ancien Θαλέας aujourdrsquohui attesteacute agrave trois exem-plaires cf O Masson RPh 48 (1974) p 83 et n 2 Pour le Thalegraves chypriote du VIIe s voir du mecircme auteur ICS2 p 257 (ta-le-se)

300 sophie minon

Rhodesthinsp67 Ἀμφιαρεύς aurait pu ecirctre theacutematiseacute en ἈμφιάρηϜ-ος suivant un processus que pourrait aussi illustrer la reacutefection du composeacute ἀρχιερεύς en ἀρχιέρεως chez Heacuterodote qui aurait entraicircneacute celle du simple ἱερεύς dans les inscriptions ioniennesthinsp68 Le pheacutenomegravene pourrait mecircme srsquoobserver pour le theacuteonyme degraves lrsquoeacutepoque myceacutenienne si lrsquoon pouvait accorder foi agrave la lecture a-re-ẉọ de PY An 340 11 et suivre Gallavotti qui proposait avec preacutecaution de voir dans ce nominatif un deacuteriveacute de Ἄρηςthinsp69 Une partie du myceacutenien (au moins Thegravebes et Cnossosthinsp70) semble du reste avoir deacutejagrave amorceacute le meacutetaplasme du thegraveme ancien a-re en thegraveme sigmatique On ne peut donc exclure que la theacutematisation se soit faite agrave partir du composeacute deacutejagrave suffixeacute en -εύς que pourrait recouvrir la forme de geacutenitif supposeacute a-pi-ja-re-[wo ()] deacutejagrave citeacutee plutocirct qursquoau stade preacuteceacutedent ougrave le thegraveme eacutetait peut-ecirctre encore en -εthinspthinsp71 Notons du reste que drsquoun point de vue phoneacutetique la theacutematisation est plus attendue agrave partir drsquoun thegraveme (semi-)consonantique que vocaliquethinsp en face de Ἀμφιάρη-ος Heubeck citait du reste comme parallegravele le thegraveme nāw- du nom du laquo navire raquo (drsquoougrave -νᾱ(Ϝ)-ος gt -νηος) agrave semi-consonne et non agrave

67 Dans la scholie tardive 132b (G Lachenaud Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010 p 34) le scholiaste explique ainsi le processus de theacutematisation des noms atheacutematiques qursquoil attribue aux Ioniensthinsp Φύλακος Ἰωνικῶς ὁ φύλαξ Ἴωνες γὰρ τὰς γενικὰς ποιοῦσιν εὐθείαςthinsp il renvoie ensuite sur la question de lrsquoaccentuation agrave Heacuterodien cf n 64 ibid ougrave lrsquoauteur signale lrsquoaccentuation φυλακούς en Il 24 566

68 Voir deacutejagrave E Risch Wortbildung p 164 n 1 avec renvoi agrave J Wackernagel Zeitschrift fuumlr vergleichende Sprachforschunghellip 27 (1879) p 265 et P Chantraine Formationhellip p 13-14 pour la correacutelation entre theacutematisation et composition et p 130 ougrave il signale la rareteacute des composeacutes en -εύς ce qui peut expliquer aussi leur tendance agrave la theacutematisation Cf Hdte 2 37 (corrigeacute par les eacutediteurs modernes en ἀρχιερεύς) et Dittenberger Syll3 1037 l 4 (Milet ca 300thinsp ἱέρεως) 495 l 23 (Olbia ca 230thinsp geacuten ἱέρεω) et F Sokolowski Lois sacreacutees des citeacutes grecques Suppleacutement Paris 1962 78 l 2-3 (Chios IIe s av J-Cthinsp ἱρέωι) ou encore Ἀ Στεϕάνου Χιακὰ Μελετήματα 1 (1958) 26-32 l 7 (Chiosthinsp nom ἱέρεως) Autres exemples de theacutematisations chez Schwyzer Griechische Grammatik I p 458 et voir mes Inscriptions eacuteleacuteennes dialectales 2007 p 369 et n 13 avec le nominatif eacuteleacuteen μανάσιος du nom de lrsquouniteacute de mesure connue agrave Chypre sous la forme μνάσις Crsquoeacutetait deacutejagrave lrsquohypothegravese de Bechtel Griechische Dialekte II p 514 qui fai-sait de ἈμφιάρηϜος une forme secondaire parallegravele agrave Ἀμφιαρετεύς

69 C Gallavotti Paideia 12 (1957) p 329 voir DMic sv a-re-wo Sur la question de lrsquoori-gine du suffixe -ηϜ- et de ses rapports avec les autres suffixes du grec voir J-L Perpillou Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973 p 15-62

70 Cf n 62 Sur la coexistence de dialectes agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne que lrsquoon ne perccediloit qursquoagrave travers les lapsus des scribes formeacutes agrave eacutecrire la langue de la chancellerie de lrsquoeacutepoque qui repose sur un dialecte de type arcado-chypriote voir M Lejeune laquo Rapport sur le grec myceacutenien raquo Atti Roma 1968 II p 731 contre RJE Thompson laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 (1996-97) p 313-333 qui preacutefegravere voir dans les variantes les indices drsquoeacutevolutions linguistiques en cours comme J Chadwick laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 401 qui insiste sur lrsquouniformiteacute de la langue sur les diffeacuterents sites Dans le mecircme sens que M Lejeune voir sur le caractegravere dialectalement composite du myceacutenien N Guilleux loc cit supra note 63 p 299

71 Comme composeacute en -εύς deacutejagrave attesteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne on pourra citer en parti-culier a-pi-po-re-we (KN Uc 160 v 2 unanimement interpreacuteteacute comme ἀμφι-φορῆϜες) avec la variante haplologique a-po-re-we (PY Tn 996 3 ἀμφορῆϜε)

301ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

voyelle finale On ne dispose certes pas de parallegravele qui permette drsquoeacutetablir le sort de eh1 suivi de voyellethinsp72 Le troisiegraveme mode drsquoeacutevolution agrave savoir lrsquoeacutelar-gissement des thegravemes en -εthinsp en dentale (-ης -ητος) qui nrsquoest pas attesteacute en myceacutenien serait en revanche posteacuterieurthinsp73

Ἀμφι-άραοςPour expliquer ensuite que lrsquoancien Ἀμφιάρηος ait vu transformer le

εthinsp eacutetymologique de son second eacuteleacutement en athinsp pour prendre la forme Ἀμφιάραος R Wachter a reacutecemment repris agrave son compte lrsquoexplication accepteacutee par Kretschmer selon laquelle une eacutetymologie populaire aurait fait constituer secondairement -άρᾱος drsquoapregraves ἀράομαι au sens eacutepique de laquo prier raquothinsp74 en posant lrsquoeacutequation proportionnelle suivante qui preacutesuppose lrsquoeacutepopeacutee ionienne acclimateacutee agrave Athegravenes et en Beacuteotiethinsp ion ἀρήσομαιthinsp att beacuteot ἀρᾱσομαι = ion Ἀμφιάρηοςthinsp att beacuteot x avec x = Ἀμφιάρᾱοςthinsp75 Il faisait neacuteanmoins remarquer le caractegravere plus eacuteconomique de lrsquoautre hypo-thegravese qui aurait fait partir de -ᾱος ioniseacute en -ηος atticiseacute en -εως puis refait en -ᾱος trajectoire qursquoillustre dans le lexique lrsquoappellatif λᾱός qui nrsquoest cependant substitueacute en attique agrave λεώς qursquoagrave la fin du IIIe siegraveclethinsp76 Les tenta-tives sporadiques drsquoionisation du heacuteronyme dans la langue eacutepique auraient eacuteteacute en ce cas agrave lrsquoorigine des formes agrave vocalisme εthinsp des leacutegendes vasculaires corinthiennes les plus anciennes comme des flottements observeacutes dans la tra-dition pindarique Il est vrai qursquoil est impossible vu la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφια- de reconnaicirctre eacutetymologiquement au second

72 Pas drsquoexemple comparable ni chez R Beekes The Development of the Proto-Indo-European laryngeals in Greek La Haye-Paris 1969 p 170-172 ni chez M Peters Untersuchungen zur Vertretung der indogermanischen Laryngale im Griechischen Wien 1980 p 272 La finale -ᾱων ονος de noms de Troyens comme Ἀρετάων ou de lrsquoethnique Ἰάονες cf P Chantraine Formation p 162-163 aurait pu laisser supposer que devant une autre voyelle la voyelle longue issue de eh1 se conservait au mecircme titre que le athinsp issu de eh2 si le myceacutenien nrsquoinvitait en fait agrave res-tituer -ᾱϜων cf O Landau Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958 p 185-186

73 Heubeck p 1974 Kretschmer op cit (n 47) p 123 Lrsquoeacutetymologie populaire est refleacuteteacutee par Photius

Bibliothegraveque Bekker 148a l 36thinsp ὅτι Ἀμφιάραος ἐκλήθη ἐπεὶ ἄμφω οἱ τῆς μητρὸς γονεῖς ἠράσαντο αὐτὴν ἄνευ τεκεῖν μόγου Le heacuteronyme aurait-il ainsi eacuteteacute reacuteinterpreacuteteacute comme laquo celui que lrsquoon prie de part et drsquoautre raquo avec un rappel agrave Thegravebes de lrsquoorigine argienne du heacuteros et du culte qursquoil recevait aussi en Argolide tandis qursquoagrave Oropos il aurait eacuteteacute le heacuteros auquel on rendait un culte de part et drsquoautre de la frontiegravere que lrsquoon fucirct Atheacutenien ou Oropienthinsp

75 R Wachter NAGVI 77 renvoie agrave Kretschmer loc cit Autre hypothegravese insatisfaisante de M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 191-193thinsp lrsquoanalogie des composeacutes anthroponymiques agrave second eacuteleacutement -λᾱϜ ος (gt -lœthinspwos en zone io-att) aurait fait passer -rēwos () agrave -rœthinspwos drsquoougrave beacuteot -ρᾱος par hypercorrection

76 Crsquoest par exemple lrsquointerpreacutetation du dictionnaire de W Pape et G Benseler de 1911 Pour la substitution de λᾱός agrave la forme ionienne-attique λεώς agrave partir de lrsquoeacutepoque helleacutenistique voir L Threatte GAI II 1996 p 39 Lrsquoionien ne semble pas avoir eu ληός cf A Meillet Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 1975 p 313 Lrsquohistorien Polybe est le premier prosateur agrave rem-ployer la forme ancienne λαός comme aussi ναός cf J-A de Foucault Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972 p 65

302 sophie minon

eacuteleacutement le radical de ἀρά laquo priegravere raquo drsquoun plus ancien ἀρϜά (arc κάταρϜος) drsquoougrave ion ᾱρή dans la poeacutesie homeacuteriquethinsp77 Il faut donc bien admettre comme seul authentique le radical ἀρ- agrave bregraveve initiale dont deacuterivent le thegraveme agrave εthinsp que recouvrent hom feacutem ἀρή laquo malheur perte raquo et masc Ἄρης le thegraveme en -εthinspw- qui est aussi ancien pour le theacuteonyme ainsi que le substantif ἄρος que fait connaicirctre la triple glose drsquoHeacutesychius dont le sens neacutegatif βλάβος ἀκούσιον rejoint le seacutemantisme funeste des premiers

Ἀμφ-ιέραοςLrsquoultime transformation en Ἀμφιέραος variante sporadique connue

par quelques deacutedicaces attiques priveacutees et autres inscriptions helleacutenistiques de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos et dont teacutemoigne aussi le nom drsquoassociation Ἀμφιεραισταί agrave Rhamnonte fin IIIedeacutebut IIe siegraveclethinsp78 a pu se produire agrave Oropos ougrave elle aurait eacuteteacute motiveacutee par la volonteacute drsquoioniserthinsp79 une seacutequence dont la reacuteinterpreacutetation par fausse coupe comme Ἀμφ-ιαρ-αοςthinsp80 aurait juste-ment eacuteteacute favoriseacutee par la proximiteacute seacutemantique entre la notion de laquo sacreacute raquo et celle de laquo priegravere raquo que lrsquoeacutetymologie populaire avait secondairement rattacheacutee agrave ce nom de heacuteros Il ne peut y avoir lagrave en effet que la reacuteeacutetymologisation reacutecente drsquoun nom dont lrsquoabsence drsquoattestation drsquoἈμφίερος ου drsquoἌμφιρος agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique indique qursquoil ne repose sur rien drsquoancien Le myceacute-nien du reste ne connaissait que le degreacute e de ce radical (i-je-ro i-je-re-u etc) sans avoir jamais employeacute semble-t-il ni i-ja-ro ni i-a2-rothinsp81thinsp il est vrai que lrsquoanthroponyme a-pi-a2-ro qui pourrait theacuteoriquement avoir comme eacutequiva-lent alphabeacutetique lrsquoanthroponyme Ἀμφίαρος est interpreacuteteacute unanimement comme Ἀμφί-hαλος avec au second eacuteleacutement le radical du nom du laquo sel raquothinsp82 principalement parce que la forte repreacutesentation du radical de forme i-(j)

77 M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 186 n 578 Pour les deacutedicaces attiques contemporaines des inscriptions de lrsquoAmphiaraion voir

L Threatte GAI I p 126thinsp pour les proxeacutenies et autres deacutecrets de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos V Petrakou Οἱ ἐπιγραφές τοῦ Ὠρωποῦ Athegravenes 1997 eg ndeg 9 et 17 deacutebut IIIe s ndeg 60 etc et cf IG II-III2 (1) 1322 pour lrsquoassociation des Ἀμφιεραισταί

79 Comme les formes en Ἀμφιερ- commencent seulement agrave apparaicirctre au tournant du IVe et du IIIe siegravecle alors qursquoapregraves 312 les Beacuteotiens sont agrave nouveau maicirctres drsquoOropos qui fait partie du koinon tout en gardant son statut de citeacute (MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory ndeg 214) ce changement de vocalisme radical peut ecirctre interpreacuteteacute comme une marque drsquoidentiteacute (-ιαρ- fait beacuteotien) de la part des Oropiens dont le dialecte est apparenteacute agrave lrsquoionien drsquoEubeacutee Il est moins plausible drsquoy voir un indice de la koineacuteisation du dialecte qui nrsquoaurait pas affecteacute degraves cette peacuteriode le radical drsquoun heacuteronyme

80 L Threatte GAI I p 126 et 391 heacutesite entre deux explications pour la variante Ἀμφιέραοςthinsp tendance agrave la dissimilation ou plus vraisemblablement confusion avec le radical de ἱερός

81 Voir RJ Thompson laquo Dialects in Mycenaean and mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 1996-97 p 330

82 DMic sv a-pi-a2-ro et cf A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 51

303ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

e-r(V) fait exclure que le vocalisme a puisse avoir eacuteteacute mecircme sporadiquement repreacutesenteacutethinsp83

ἈμφίαροςLrsquoanthroponyme hapax dont il vient drsquoecirctre question Ἀμφίαρος figure

agrave cocircteacute de Παμφίλη de Ἀμφίλοχος et de Ἀμφίας sur un loutrophoros du IVe siegravecle a C trouveacute agrave Athegravenesthinsp84 La segmentation Ἀμφ-ίαρος qui ferait identifier le second eacuteleacutement de ce composeacute comme le radical agrave vocalisme non ionien-attique de ἱερός cf eg Ἀγχ-ίαρος agrave Thespies et Cheacuteroneacutee ou Καλλ-ίαρος vs Καλλ-ίερος agrave Delphesthinsp85 est probablement agrave exclure agrave cause de lrsquoassociation avec le nom feacuteminin agrave finale -η quant agrave lui bien attiquethinsp on attendrait Ἀμφίερος qui nrsquoest nullement attesteacute

La solution qui consisterait agrave y voir une forme courte pour Ἀμφιάραοςthinsp86 se heurte au fait que cette forme du heacuteronyme nrsquoest attesteacutee comme anthropo-nyme qursquoagrave partir du Ier siegravecle de notre egraverethinsp87 Il est alors preacutefeacuterable drsquoy voir un deuxiegraveme exemple de composeacute agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- non eacutelideacute comme dans le cas de Ἀμφιάρηος devant un second eacuteleacutement de forme -αρος ndash lrsquoana-logie de la seacutequence iathinsp de lrsquohypocoristique Ἀμφίας aurait pu contribuer au maintien de lrsquohiatus On aurait pu srsquoattendre agrave un second eacuteleacutement en -άρης-ήρης en lien avec notamment le substantif ἄρος (cf infra II sous Ἀμφάρης) mais -αρος qui est attesteacute par exemple dans le nom du magistrat moneacutetaire Εὔαρος agrave Eacutephegravese au Ve siegraveclethinsp88 peut srsquoexpliquer comme une forme de second membre court parallegravele agrave feacutem -αρώ (cf Κλειναρώ agrave Paros au IIe siegravecle avant J-C ou νεικα(ρ)ώ fille de Ἀρίστων agrave Thegravebes au IIeIIIe siegravecle de notre egravere) bacirctie agrave partir du radical ἀρ- soit de ἀρετή soit de ἄριστοςthinsp89 La derniegravere solution qui aurait consisteacute agrave y voir un deacuteriveacute comparable agrave Ἀμφί-ας au suf-fixe rare -αρος issu de la grammaticalisation de la formation hypocoristique susdite doit sans doute ecirctre eacutecarteacutee parce qursquoelle est plutocirct attendue dans le cas drsquoun sobriquet tel Βάτταρος fait sur Βάττοςthinsp90

En zone non ionienne-attique crsquoest en revanche ἱαρός qursquoil faut recon-naicirctre au second eacuteleacutement du nom nouveau de lrsquoArgien Γνοhίαρος que fait connaicirctre Ch Kritzas dans le mecircme volumethinsp91 composeacute agrave rection ver-

83 Sur le caractegravere cependant dialectalement stratifieacute du myceacutenien voir deacutejagrave supra n 7084 LGPN II Polemon 4 (1949) p 33 ndeg 32 et V Bardani-G Papadopoulou-V Petrakos

Συμπλήρωμα τῶν ἐπιτυμβίων μνημείων τῆς Ἀττικῆς Athegravenes 2006 ndeg 152985 Pour Ἀγχίαρος cf Y Kalliontzis BCH 131 (2007) [2009] p 495-496thinsp pour Καλλίαρος

vs Καλλίερος respectivement SGDI 1987 l 16 175 av J-C et 1867 l 10 177 av J-C86 Hypothegravese de J Traill Persons of Ancient Athens 2 p 100 ndeg 12513587 Deux Atheacuteniens LGPN II88 A Meadows-U Wartemberg (eacuted) Coin Hoards 9 Londres 2002 p 102 ndeg 189 Κλειναρώ IG XII (5) 186 18thinsp νεικα[ρ]ώ IG VII 2681 et cf infra n 14390 Cf O Masson respectivement Philologus 110 (1966) p 256 et n 5 (= OGS I p 91) agrave

propos des noms Λεύκαρος et Λευκάριστος et Glotta 54 (1976) 94 et n 55 (= OGS I p 279)91 Crsquoest lrsquoanalyse de Ch Kritzas pour le nom de lrsquoArgien Γνοhίαρος qursquoil eacutetaie du rappro-

chement avec le nom Ἱερόγνωτος drsquoun Deacutelien IG IX (2) 135 23 IVe s

304 sophie minon

bale comme le nom Δεξίαρος attesteacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique pour deux Beacuteotiensthinsp92

Remarquons pour conclure cette partie que les deacuteveloppements eacutetymo-logiques ici exposeacutes conduisent agrave admettre que le i final de ἀμφι- nrsquoa pas plus eacuteteacute eacutelideacute dans le heacuteronyme Ἀμφιάρηος que dans le nom de lrsquoAtheacutenien Ἀμφίαρος et qursquoil ne lrsquoaurait eacuteteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne dans a-pi-ja-re agrave supposer que cette forme syllabique ait bien Ἀμφιάρης comme correspon-dant alphabeacutetique et cela en contradiction avec la regravegle veacuterifieacutee du moins pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique selon laquelle cette eacutelision eacutetait reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale Ἀμφιάρης serait le seul nom en Ἀμφι- ougrave une telle exception srsquoobserverait du myceacutenien au grec alphabeacutetiquethinsp93 Le teacutemoignage du myceacutenien laisse en effet supposer pour les preacutefixeacutes en ἀμφι-thinsp la conservation de lrsquohiatus devant h (a-pi-e-ke pour ἀμφι- + hέχει ou hῆκε)thinsp la dieacuteregravese devant ancienne laryngalethinsp94 sauf en morphologie ver-bale ougrave lrsquoeacutelision est pratiqueacutee (a-pe-e-ke pour ἀμφ- ou ἀπ- + augment ἔ + hεχε ou hηκε) Notons toutefois que lrsquoeacutelision pourrait avoir coexisteacute comme variante degraves le myceacutenien si lrsquoon postulait lrsquoeacutequivalence entre a-pa-re-[uthinsp] et dor ἈμφᾱρηςἈμφᾱρεύςthinsp mais la seacutequence syllabique est seulement inter-preacuteteacutee comme correspondant agrave Ἀφᾰρεύς voire agrave Ἁρπαλεύςthinsp95

Il nrsquoest pas sucircr en revanche que Ἀμφαρίδας et Ἀμφιαρίδας preacutesenteacutes comme exemple de doublet dans lrsquointroductionthinsp96 teacutemoignent de la mecircme variation agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp le second nom pourrait fort bien deacuteriver du nom Ἀμφ-ίαρος et ecirctre par conseacutequent sans relation avec le premier sur lequel nous reviendrons agrave lrsquooccasion de lrsquoeacutetude du nom Ἀμφάρης

92 LGPN IIIBthinsp Coroneacutee 182 av J-C Syll3 585 l 210 et Orchomegravene IIIeIIe s A Wilhelm Neue Beitr 4 p 10 ndeg 1 l 12-13 pegravere notamment drsquoun Ἱαροκλῆς

93 Les deux seuls autres exemples syllabiques possibles drsquoanthroponymes en Ἀμφι- avec dieacute-regravese devant un second eacuteleacutement agrave laryngale initiale eacutetymologique ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() et a-pi-je-ta ne preacutesentent pas de correspondant en grec alphabeacutetique Pour ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() KN B 812a qursquoon pose une eacutequivalence avec Ἀμφιάγορος Ἀμφίαγρος ou Ἀμφίακρος on srsquoattendrait agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique agrave ce que le premier eacuteleacutement agrave -i final soit eacutelideacute comme crsquoest toujours le cas devant le second eacuteleacutement en -αγορ--ηγορ-thinsp et si Πολίαγρος (LGPN I et II) conserve son i devant -αγρος crsquoest pour eacuteviter toute confusion avec le radical de πολύς Or Ἀμφάγορος Ἄμφαγρος et Ἄμφακρος ne sont pas davantage attesteacutes On aurait un autre exemple de dieacuteregravese si a-pi-je-ta PY An 6577 avait pour correspondant Ἀμφι-έρτας agrave comparer avec Λαέρτης Ὀρσέλαος avec le radical de ὄρνυμι voir A Leukart op cit sect 66 et F Bader Minos 10 (1969) p 50 Mais une autre interpreacutetation est possible qui expliquerait lrsquoabsence drsquoeacutelision de a-pi- en conformiteacute avec la regravegle mise en eacutevidence pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp Ἀμφιέτας en lien avec ἵημι (de yeH1) de preacutefeacuterence agrave Ἀμφιέρτας en lien cette fois avec ὄρομαι (de wer-) qui laisserait plutocirct attendre myc a-pi-we-ta

94 Outre a-pi-ja-re cf n 44 voir ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() note preacuteceacutedente95 F Aura Jorro DicMic sv96 Lrsquohypothegravese drsquoune variation drsquoordre phoneacutetique propre au beacuteotien dont teacutemoignerait la

graphie Ἀμφαρίδας vs Ἀμφιαρίδας doit ecirctre eacutecarteacutee cf n 37

305ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Il reste alors pour justifier ce qui ne constitue en deacutefinitive une exception que pour cette eacutepoque agrave invoquer une contrainte drsquoordre prosodique telle que la preacutefeacuterence pour la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφιαρ- qui peut srsquoecirctre conjugueacutee agrave la reacutepugnance agrave constituer une seacutequence gra-phique Ἀμφαρ- qui eacutetait eacutetymologiquement ambigueuml en dehors de lrsquoionien et de lrsquoattique puisqursquoelle pouvait paraicirctre proceacuteder aussi bien de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω au second eacuteleacute-mentthinsp97 que de Ἀμφ- eacutelideacute + -αρ- du radical de Ἄρης ἄρος ou ἀραρίσκω Crsquoest preacuteciseacutement en ces termes que se pose la question de lrsquoeacutetymologie du nom de lrsquoeacutephore spartiate meurtrier drsquoAgis Ἀμφάρης

IIenspἈμφάρης et la polyseacutemie du radical ἀρ-

Ἀμφ-άρηςἈμφ-ήρηςLe nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφάρης que mentionne Plutarque a eacuteteacute

porteacute par un Atheacutenien (agrave la formule onomastique partiellement doriseacutee) et par un Phocidien qui veacutecurent tous deux au IVe siegraveclethinsp98 Dans lrsquohypothegravese ougrave le a meacutedian aurait eacuteteacute allongeacute en composition et le premier eacuteleacutement Ἀμφι- eacutelideacute comme on lrsquoattend conformeacutement agrave la regravegle phoneacutetique deacutejagrave invoqueacutee Ἀμφᾱρης pourrait alors eacuteventuellement ecirctre rapprocheacute de Ἀμφήρης dont Platon fait lrsquoun des souverains de lrsquoAtlantide fils de Poseacuteidon et de Kleitocirc agrave moins que le second membre de ce nom nrsquoait comporteacute un e eacutetymologique et ne soit plutocirct en lien avec ἐρέττωthinsp99 Lrsquoexistence parallegravele des suffixeacutes en -ίδᾱης Ἀμφηρε-ίδης et Ἀμφαρε-ίδας pourrait conforter le premier rappro-chementthinsp100 Bechtel part de ce principe puisqursquoil classe Ἀμφ-άρης agrave cocircteacute de Ξειν-ήρης et les rattache tous deux agrave ἄρος que fait connaicirctre la glose drsquoHeacutesy-

97 Voir P Chantraine DEacuteLG sv φέρω98 Voir Plut Agis 18 agrave 21 ougrave lrsquoacc est transmis sous la forme Ἀμφάρην par confusion

banale agrave cette eacutepoque entre sigmatiques et masculins en -athinsps (gt -ης)thinsp pour lrsquoAtheacutenien du IVe s cf infra n 153 et pour le Phocidien contemporain CID 2 ndeg 31 l 7 (geacuten Ἀμφάρεος)

99 Platon Criti 114b et cf infra n 113100 Ἀμφηρείδης (Atheacutenien FD III (2) 23 l 19 1387 a C) et Ἀμφαρείδας (Kleitor IIIe s

LGPN IIIA) La forme -ίδης du suffixe du nom ancien Ἀμφηρίδης agrave Thasos et agrave Paros (LGPN I) laisse supposer qursquoil deacuterive plutocirct de Ἄμφηρις que de Ἀμφήρης comme le nom du Spartiate Κλεαρίδας (Thuc IV 132 3) deacuteriverait de son cocircteacute de Κλέαρις (Thasos IG XII (8) 280 l 13 VIeVe s) dont on notera cependant que le a meacutedian est ici de quantiteacute bregraveve Dans le cas des thegravemes sigmatiques on srsquoattend agrave ce que le suffixe -ίδης srsquoajoute au suffixe sigmatique drsquoougrave -ε(σ)-ίδης gt -είδηςthinsp et lrsquoexistence de nombreux composeacutes agrave second eacuteleacutement -μενίδης nrsquoest pas contradictoire puisqursquoils semblent avoir eacuteteacute bacirctis sur μένω plutocirct que deacuteriveacutes drsquoun second eacuteleacute-ment -μένης Dans le cas particulier des noms en κλῆς lrsquoargien par exemple preacutesente cependant -ηίδας dans le phratronyme Ὀϕελλοκληίδας ensuite moderniseacute en Ὀφεltλgtλοκλείδας cf IG IV 553 l 6 Ve s (-κλε ίδας) lrsquoineacutedit E 67 dateacute 330-300 (-κληίδας) et la proxeacutenie argienne drsquoun Thrace SEG 30 357 l 11 ca 300 (-κλείδας) Pour les modaliteacutes morphologiques et phoneacutetiques de la deacuterivation en -ίδας cf mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011

306 sophie minon

chius deacutejagrave citeacutee avec le sens positif de laquo providence raquothinsp101thinsp ils appartiendraient alors agrave la cateacutegorie des bahuvrīhi ou eacutepithegravetes de type possessifthinsp102 Drsquoun autre cocircteacute si le a meacutedian de Ἀμφάρης eacutetait effectivement long agrave la diffeacuterence de celui du heacuteronyme Ἀμφιάρηος le second eacuteleacutement -ᾱήρης pourrait tout aussi bien ecirctre analyseacute comme deacuteriveacute de la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo adapteacute agrave raquo ou laquo pourvu de raquo drsquoautant que le composeacute ἀμφήρης laquo ajusteacute des deux cocircteacutes raquo est attesteacute dans le lexique poeacutetiquethinsp103thinsp on aurait alors un composeacute agrave rection verbale dont la composition aurait eu lieu dans lrsquoadjec-tif avant son transfert dans lrsquoonomastique Les deux hypothegraveses pourraient du reste ne pas ecirctre incompatiblesthinsp lrsquoeacutetymologie du substantif ἄρος nrsquoest pas assureacutee mais le premier sens de la glose drsquoHeacutesychius (ἄρος ὄφελος) srsquoaccorderait assez bien avec la notion positive de conformiteacute et drsquoajuste-ment veacutehiculeacutee par la racine H2er- que lrsquoon trouve agrave lrsquoorigine notamment de ἀραρίσκω de ἀρείων et de ἄριστοςthinsp104

Ἀν(α)-φαρ- Ἀμ(φι)-φαρ-thinspIl ne serait en theacuteorie pas impossible drsquoavancer agrave ce stade une autre

hypothegravesethinsp celle que Ἀμφάρης ait pu proceacuteder en dehors du domaine ionien-attique soit de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope soit de Ἀμ(φι)-φαρ- avec haplologie devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω comme pourrait en teacutemoi-gner lrsquoadjectif correspondant que fait connaicirctre une glose drsquoHeacutesychius proba-blement issue de la contamination de trois autresthinsp ἀμφαρής περιορωμένη κατολιγωρουμένη καὶ γυμνός ἐπιφανήςthinsp105 Les adjectifs agrave second eacuteleacute-ment -φερής bien attesteacutes se rencontrent degraves Heacuterodote et Heacutesychius fait aussi connaicirctre ἀντιφαρές gloseacute ἐναντίον en face de ἀντιφερής que sup-pose lrsquohom ἀντιφερίζωthinsp106 Ni ἀν(α)φερής ni les formes sans haplologie ἀμφιφαρής et ἀμφιφερής ne sont cependant attesteacutes Nous aurons lrsquoocca-sion de veacuterifier la validiteacute de cette hypothegravese agrave propos du nom Ἀμφαρίον agrave la fin de la troisiegraveme partie

101 Bechtel HPN 193102 Voir eg E Risch Wortbildung p 166-170103 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης renvoie agrave Eur HF 243 (qualificatif de ξύλα) et agrave Ion

1128 (ἀμφήρεις σκηνάς)104 Cf infra n 111105 La glose est consideacutereacutee agrave plus drsquoun titre comme suspecte par Lattethinsp par exemple crsquoest

agrave lrsquoeacutevidence ἀφαρήςἄφαρος qui est agrave lrsquoorigine du sens γυμνός comme lrsquoavait deacutejagrave signaleacute Schmidt et Kuster avant lui Pour lrsquoeacutequivalence entre ἀν(α)φαρής et ἐπιφανής qui serait pos-sible agrave condition de donner aux deux adjectifs le sens de laquo manifeste eacuteclatant raquo voir Pind Neacutem 11 38 ougrave ἀναφέρω (ἀμφέροντ(ι)) est employeacute au sens de laquo produire au jour faire remon-ter agrave la lumiegravere raquo agrave propos de vertus resurgissant drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre Lrsquoideacutee drsquoindiffeacuterence et de meacutepris dont teacutemoigne lrsquoeacutequivalence avec περιορωμένη κατολιγορουμένη pourrait se com-prendre mieux quant agrave elle agrave partir de ἀμ(φι)φαρής au sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo drsquoougrave neacutegativement laquo indeacutecis sans opinion raquo

106 Cf infra n 158

307ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Le nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφ-άρηςCependant dans le cas du nom de lrsquoeacutephore spartiate le rapprochement

avec le nom Δαμάρης assez populaire agrave Sparte agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacute-nistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp107 et avec les noms anciens des Spartiates Μενάρης (μένει ὀξὺν Ἄρηα Il 12 836) et peut-ecirctre Κλεαρίδαςthinsp108 incite agrave mettre ici -άρης en relation soit avec ἀρή laquo ruine destruction raquo soit direc-tement avec le nom drsquoAregraves comme on tendait en revanche agrave lrsquoeacutecarter pour le heacuteronyme Ἀμφιάρηος Lrsquoexistence du nom Δημάρης porteacute par un Deacutelien et lrsquoabsence de Δημήρης de Μενήρης et de Κλέηρις dissuadent de plus de retenir lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement agrave voyelle longue initiale -ᾱήρης Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le contraste entre la poigneacutee drsquoanthroponymes composeacutes en -ήρης attesteacutes dans lrsquoensemble du monde grec dont lrsquoidentifi-cation avec le radical de ἀραρίσκω nrsquoest du reste probable que pour le seul Φρασιήρης et la vingtaine de composeacutes en -άρης dont plus de la moitieacute est attesteacutee en zone ionienne-attiquethinsp109 fait douter que ce dernier eacuteleacutement ait comporteacute une voyelle longue initiale ailleurs que dans la phraseacuteologie poeacute-tique et dans le calque Μενάρης

Du radical ἀρ- aux bases ἀρι- ἀρο- et ἀρήIl a donc principalement existeacute des composeacutes anthroponymiques agrave second

eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης ndash et de mecircme en -αρις -αρος et -αρώthinsp110 dans lesquels srsquoobserve la mecircme absence drsquoallongement de la voyelle de jonction que dans Ἀμφιάρηος en deacutepit mecircme de lrsquoeacutelision et cela en contradiction avec la loi drsquoallongement urgriechisch mise en eacutevidence par Wackernagel dont lrsquoapplication nrsquoest certes reacuteguliegravere que dans les composeacutes nominaux anciens de lrsquoeacutepoque alphabeacutetique comme cela a eacuteteacute exposeacute en preacuteambule Comme pour ἀμφαρίστερος il est probable que la conservation du a bref eacutetait destineacutee agrave laisser visible le lien eacutetymologique avec la famille de ἀραρίσκω ἀρείων ἀρι- ἄρος et celle de ἀρή Ἄρης vraisemblablement lrsquoune et lrsquoautre issues sinon de la mecircme base du moins de la mecircme racine H2er-thinsp111 en eacutevitant la confusion possible avec les autres -ήρηςthinsp112 comme

107 Le nom Δαμάρης a eacuteteacute porteacute par quatorze Spartiates par un Arcadien (LGPN IIIA) par un Deacutelien et deux Creacutetois (LGPN I) et un citoyen drsquoAmisos (LGPN VA)

108 Bechtel HPN 69 cf Heacuterodote VIII 131 VIe s et n 99 pour Κλεαρίδας et Κλέαρις109 Pour lrsquoorigine poeacutetique du composeacute Φρασι-ήρης cf supra n 6 Drsquoapregraves le site du

LGPN en ligne les autres composeacutes en -ήρης sontthinsp Εὐήρης Ξεινήρης Περιήρης et Πολυήρης tous attesteacutes agrave un seul exemplaire sauf le premier (5 individus) Pour -άρης voirthinsp Ἀμφ(ι)άρης Ἀνδράρης (zone ion-att) Δαημάρης (id) Δειξάρης Διάρης (id) Δρομάρης (id) Εὐάρης (id) Θεάρης Κλεάρης Λυκάρης (id) Μαχάρης (id) Μενάρης (id) Ξεν(Ϝ)άρης (id) Ξιφάρης (id) Πανάρης Παντάρης Ποδάρης Τιμάρης

110 Cf Κλέαρις n 100 et Εὔαρος et Κλειναρώ n 89111 Voir H Rix LIV2 sv H2er- (ἀραρώς) H2erH (Ἄρης) et H2erH3 (ἀρόω) et cf supra

n 56 pour lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour le nom drsquoAregraves par T Barnes112 Il nrsquoest pas sucircr que lrsquoadj hom ἐρίηρες laquo fidegraveles raquo (de wēr- cf hom ἦρα et Chantraine

DEacuteLG sv) ait geacuteneacutereacute des anthroponymes en dehors de lrsquoeacutepopeacutee ougrave le second membre de Διώρης

308 sophie minon

dans poeacutet ἀμφήρης laquo avec des rames de part et drsquoautre raquo (cf ἐρέττω)thinsp113 ou -ηρις (de ἔρις) comme dans poeacutet δύσηρις et lrsquoanthroponyme correspon-dant dont pourraient ecirctre rapprocheacutes le nom du Thasien Ἀμφηρίδης deacuteriveacute de Ἄμφηρις ainsi que lrsquoadjectif ἀμφήριστοςthinsp114

IIIenspἈμφαρίον Δαμαρίων et Θεαρίων

Lrsquoemploi anthroponymique du suffixe -ίωνLes analyses meneacutees jusqursquoici permettent-elles de deacutemecircler lrsquoorigine du

nom nouveau Ἀμφαρίονthinsp En lrsquoabsence de correspondant myceacutenien il res-sort des eacuteleacutements qui ont eacuteteacute deacutegageacutes pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique que si le premier eacuteleacutement eacutetait Ἀμφι- lrsquoeacutelision de sa voyelle finale eacutetait attendue devant -αρ- ndash ne serait-ce que pour eacuteviter lrsquohiatus iV dans deux syllabes successives sans que lrsquoallongement de la voyelle initiale du second eacuteleacute-ment ait neacutecessairement accompagneacute cette eacutelisionthinsp mais qursquoen pays dorien il serait theacuteoriquement possible que Ἀμφαρ- ait valu ion-att ἀναφερ- et soit un composeacute deacuteverbatif comme cela vient drsquoecirctre exposeacute pour le nom Ἀμφάρης La suffixation de notre anthroponyme est-elle alors compatible avec lrsquoune et lrsquoautre formationthinsp

-ίωνForce nous est de constater que la finale -ίων moins reacutepandue dans

lrsquoanthroponymie que le suffixe -ων lrsquoest encore moins parmi les composeacutesthinsp sur les 1060 noms diffeacuterents preacutesentant cette finale dans les six volumes du Lexicon of Greek Personal Names soit 3 de la totaliteacute des noms connus 7 seulement preacutesentent la forme pleine de composeacutes ndash ce sont geacuteneacuteralement des noms rares dont ne sont connus que 2 3 exemplaires mais qui tendent agrave se deacutevelopper au-delagrave de lrsquoeacutepoque classique contre une majoriteacute drsquohypo-coristiques et de sobriquetsthinsp115 Le deacutepouillement de lrsquoindex inverse du LGPN

et Περιήρης aurait cette origine cf Bechtel HPN 194 tandis que Risch Wortbildung p 79 le rapproche de la racine de ἀραρίσκω Lrsquoanalyse du nom de lrsquoArcadien Πολυ-ήρης (monnaie ineacute-dite du IIe s av J-C ZfN 9 [1882] p 266 ndeg 2) est de mecircme ambigueuml

113 La motivation du nom Εὐήρης de trois Thasiens aurait-elle eacuteteacute celle-lagravethinsp la deacutesignation de laquo bons rameurs raquothinsp Pour lrsquoadj poeacutetique ἀμφήρης cf eg Eur Cycl 15

114 Voir DGEsp sv δύσερις poeacutet δύσηρις et ἀμφήριστος et LGPN IIIB deux Thessaliens du nom de Δύσηρις au VIe et IVe s av J-Cthinsp pour Ἀμφηρίδης supra n 100

115 Sondage effectueacute agrave lrsquoaide de la base de donneacutees en ligne du site du LGPN Citons comme composeacutes suffixeacutes en -ίωνthinsp le rare et tardif Ἐπαγαθίων agrave cocircteacute de Παρμενίων qui bat au contraire tous les records dans cette cateacutegorie (197 individus) et dont lrsquoamplitude chronologique des attestations srsquoexplique agrave la fois par le renom du philosophe Parmeacutenide et par celui du lieute-nant Parmeacutenion drsquoAlexandrethinsp la lexicalisation de lrsquoadjectif composeacute ἐμπόριος fait plutocirct inter-preacuteter lrsquoancien Ἐμπορίων (eg LGPN II) comme un sobriquet Comme hypocoristiques on citera par exemple Πασίων (122 individus) forme abreacutegeacutee drsquoun composeacute du type Πασικράτης (60) et Ἐπαφρ-ίων (19) pour Ἐπαφρόδιτος (515)thinsp et comme sobriquets Διδυμίων ou Ἐλευθερίων qui sont lrsquoun et lrsquoautre drsquoeacutepoque impeacuteriale (LGPN passim)

309ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

IIIA (Peacuteloponnegravese Gregravece de lrsquoOuest Sicile et Grande-Gregravece) laisse identifier 40 composeacutes sur les 350 noms diffeacuterents agrave finale -ίων soit un rapport drsquoun peu plus de 11 thinsp un seul est attesteacute en Argolide occidentale preacuteciseacutement agrave Argos mais seulement agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp Ἁρποκρατίωνthinsp116

Le suffixe -ίων qui servait dans le lexique de suffixe de comparatif srsquoest drsquoabord introduit dans les sobriquets adjectivaux du type Αἰσχρίων (234 individus) Καλλίων (20) ou Κυδίων (2) avec sa valeur grammaticalethinsp notons toutefois que Γλυκίων qui est connu comme comparatif homeacuterique nrsquoest attesteacute qursquoagrave deux exemplaires contre plusieurs centaines drsquoexemples de Γλύκων dans lrsquoensemble du monde grecthinsp117 Dans les autres cas la suffixation est produite par lrsquoadjonction du suffixe banal -ων agrave un i- final extrait lui-mecircme drsquoun thegraveme en -ιο-thinsp118 ou plus souvent drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute verbal ou adjectival du type Ἀλεξικράτης (43 individus) drsquoougrave Ἀλεξίων (103) Il arrive plus rarement que le suffixe -ίων ainsi creacuteeacute apparaisse agrave la finale drsquoun composeacute comme le tregraves populaire Παρ-μεν-ίων composeacute pour lequel sont attesteacutees 26 autres formes de suffixations dont -ων tregraves repreacutesenteacute eacutegalement (136 individus)thinsp selon Bechtel crsquoest Πάρμενις qui a seacutecreacuteteacute Παρμενίδας Παρμενίτας Παρμενίων Παρμένισκος etcthinsp119 Il nrsquoy a pas drsquoexemple drsquohypocoristique qui conserve les seuls phonegravemes initiaux du second eacuteleacutement affecteacute de ce suffixe puisque Δαμοτί-ων forme courte de Δαμότιμος et son correspondant ionien-attique nrsquoont pas drsquoeacutequivalent en -των et sont par conseacutequent suffixeacutes en -ων et non en -ίων et qursquoil en va de mecircme pour tous les composeacutes agrave second eacuteleacutement -τίων

-ωνCependant le suffixe -ων nrsquoeacutetait guegravere plus couramment adjoint agrave un

nom composeacute Crsquoest surtout une suffixation de sobriquetsthinsp120 bien plus que drsquohypocoristiquesthinsp on ne citera que Δαμών-ων Ἀλκί-ν-ων et νικ-άρ-ων parmi ceux qui preacutesentent lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de composeacute preacuteser-veacuteethinsp pour les autres du type Ἀλέξων ou Τίμων lrsquoidentification comme hypocoristique ou comme sobriquet deacutepend de la perspective adopteacuteethinsp lrsquoexistence de composeacutes de type heacuteroiumlque avec parallegraveles dans drsquoautres lan-gues indo-europeacuteennes comportant ces premiers eacuteleacutements fera analyser ces

116 Ἁρποκρατίων IIe s apr J-C RE (2)117 Voir J-L Perpillou laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 (1974)

p 99-107118 Voir P Chantraine Formation p 165 pour un exemple lexical comme οὐρανίων fait

sur οὐράνιος drsquoougrave les anthroponymes οὐρανίων et Κρονίων et les nombreux anthroponymes de forme patronymique tels Ἑλλοπίων Ἀχαιίων Ἀρκαδίων Κωνωπίων etc recenseacutes par Bechtel HPN 548

119 Bechtel HPN 307120 P Chantraine Formation p 161 voir aussi O Masson laquo Notes drsquoanthroponymie grecque

et asianique raquo Beitrz Nam 10 (1959) p 162 (OGS I p 22) sur le rapport qui existe entre ce type de sobriquet et les adjectifs en -ύς cf Δάσων vs δασύς

310 sophie minon

anthroponymes comme des hypocoristiques ndash crsquoest lrsquoanalyse historique pra-tiqueacutee par Bechtel tandis qursquoen synchronie la flexion seulement (geacuten en -ωνος) les distingue de participes employeacutes comme sobriquetsthinsp121 Un son-dage opeacutereacute agrave partir du mecircme volume du LGPN fait apparaicirctre sur 1045 noms en -ων autour de 165 composeacutes clairement identifiables ndash comprenant les 40 composeacutes agrave finale -ίων soit un rapport de presque 16 agrave cocircteacute des 11 pour -ίων Parmi les 125 composeacutes distincts de ceux en -ίων 12 au plus sont attesteacutes agrave Argosthinsp122

-αρίωνOn exclura en tout cas que le suffixe soit ici lrsquoeacutequivalent masculin -αρίων

du neutre -άριον qui est employeacute pour former des sobriquets feacuteminins Comme lrsquoa expliqueacute O Masson les noms de femmes faits au moyen de ce suffixe de diminutif (cf παιδάριον ψυχάριον) commencent agrave apparaicirctre au IIIe siegravecle mais les noms drsquohomme correspondants sont propres agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et freacutequents en Eacutegypte et il rappelait que Bechtel avait montreacute que ces derniers avaient eacuteteacute refaits secondairement sur les diminutifsthinsp ainsi Γλυκαρίων et Ψυχαρίων agrave partir de γλυκάριον et ψυχάριον toutes forma-tions deacuteriveacutees de noms ou drsquoadjectifsthinsp123 Le suffixe -αρίων a pu ecirctre ensuite employeacute librement dans lrsquoanthroponymie sans qursquoil existe neacutecessairement de diminutif associeacute comme on lrsquoobserve pour le nom Τυχαρίων porteacute par deux Atheacuteniens de lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp124

Δαμαρίων et ΔαμάρηςCh Kritzas propose comme parallegraveles agrave lrsquoappui de son analyse Ἀμφ-

αρ-ίον du nouveau nom argien les noms Δαμαρίων et Θεαρίωνthinsp125 Le pre-mier nrsquoest pas attesteacute avant le IIIe siegravecle et a eacuteteacute donneacute surtout agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et en zone ionienne-attiquethinsp les volumes du LGPN reacutepertorient 25 individus ainsi deacutenommeacutesthinsp126

121 Voir sur cette question de typologie I Hartmann laquo lsquoWhat namethinsp What parentagersquo The classification of Greek names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann-A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 (2002) p 55-81

122 Voir LGPN IIIAthinsp Ἰπομέδο ν (SEG 11 336 l 5 ca 575-550)thinsp Ἀλκίφρων (Thuc V 59 5 418 av J-C)thinsp Ὀχίπον (IG IV 552 Ve s)thinsp Εὐέλθων (Iamb VP 267 [FVS I p 447] VeIVe s)thinsp Ξενοφάων (CID 2 75 II l 43 336334)thinsp Ἀριστόφρων (SEG 13 243 316 av J-C)thinsp Βουκολέων (CEG II 816 l 12 303 av J-C)thinsp Ἀριστομέδων (ineacuted publ Ch Kritzas IVeIIIe s)thinsp Λυκόφρων (SEG 42 279 l 6 IIe s)thinsp Δαμοφῶν (ineacuted IIe s)thinsp Εὔφρων (Syringes 44 IIeIer s) et Παρμένων (origine argienne incertaine Bernand El-Kanaiumls 79 Ier s)

123 Voir O Masson laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 (1984) p 157 (OGS II p 443)

124 LGPN II IG II2 2089 l 33 et 2113 l 204 IIe s apr J-C125 Lettre du 20 novembre 2010126 La plus ancienne attestation de ce nom est celle drsquoun Creacutetois et date de 2232 (Milet I

(3) 38g 7)thinsp un Parien homonyme est connu agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale (IG XII (5) 173 V) En dehors de lrsquoexemple drsquoun individu dont lrsquoorigine atheacutenienne est incertaine agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale les

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

ANTHROPONYMES EN ΑΜΦ(ι)- ET EN -Αρ(ι)-thinsp DE ΑΜΦιΑρηΣ Agrave ΑΜΦΑριονthinsp1

Dans le volume de meacutelanges offert en 2010 agrave la regretteacutee E Matthews Ch Kritzas publie une seacuterie drsquoanthroponymes argiens nouveaux rencontreacutes dans les archives financiegraveres du Treacutesor de Pallas mises au jour en 2000 et dont il preacutepare la publicationthinsp2 Lrsquoensemble de ces 135 inscriptions sur bronze peut ecirctre dateacute du premier tiers du IVe siegravecle avant notre egravere Parmi les quelque mille individus de sexe masculin mentionneacutes dans ces comptes figure un deacutenommeacute Ἀμφαρίον (la lettre ocircmeacutega nrsquoest pas encore employeacutee dans ces inscriptions) nom dont la forme et lrsquoeacutetymologie suscitent la curiositeacute

Ch Kritzas propose de faire correspondre cet anthroponyme nouveau agrave Ἀμφάρης Ἀμφαρίδας Ἀμφάριχοςthinsp3 et drsquoy voir le mecircme second eacuteleacute-ment que dans Θε-άρης ou dans Φραhι-αρίδας qui offre lrsquointeacuterecirct drsquoecirctre attesteacute agrave date ancienne agrave Mycegravenesthinsp4 Cet eacuteleacutement serait drsquoapregraves Fr Bechtel agrave mettre en relation avec le substantif ἄρος dont les sens sont donneacutes par la glose drsquoHeacutesychiusthinsp ἄρος ὄφελος καὶ ltπέτραςgt κοιλάς ἐν αἷς ὕδωρ ἀθροίζεται ὄμβριον Καὶ βλάβος ἀκούσιονthinsp5 Ce serait la notion positive de laquo profit utiliteacute assistance raquo qui aurait motiveacute la creacuteation des

1 Mes plus vifs remerciements vont agrave A Alonso Deacuteniz M Casevitz L Dubois Ch Kritzas et Cl Le Feuvre

2 Ch Kritzas laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling-F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

3 Pour Ἀμφάρης cf infrathinsp pour beacuteot Ἀμφαρίδας (PM Fraser-E Matthews A Lexicon of Greek Personal Names [ci-apregraves LGPN] IIIB IIIe av J-C) forme peut-ecirctre iotacisante pour Ἀμφαρε-ίδας cf infra n 100thinsp pour Ἀμφάριχος LGPN IIIB IIeIer av J-C Sauf indication contraire les dates sont doreacutenavant agrave entendre laquo avant notre egravere raquo

4 Θεάρης nrsquoest attesteacute qursquoagrave Hermionegrave et agrave Spartethinsp les plus anciennes attestations datent du Ve s (LGPN IIIA) Lrsquounique Φραhιαρίδας est connu par une inscription argienne dateacutee de ca 500-480thinsp IG IV (1) 492

5 Fr Bechtel Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917 p 193 P Chantraine Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque (DEacuteLG) sv ἄρος indique que laquo la glose combine trois termes et trois explications raquothinsp le premier ἄρος a eacuteteacute employeacute comme eacutequivalent drsquoὄφελος par Eschyle (Suppl 885 nominatif soit drsquoun masc theacute-matique soit drsquoun neutre sigmatique) le dernier est agrave mettre en rapport avec la notion neacutegative drsquoἀρή tandis que le milieu de la glose pourrait ecirctre rapprocheacute du tsaconienthinsp ἀρέ λάκκος cf M Deffner Λεξικὸν τῆς τσακωνικῆς διαλέκτου Athegravenes 1923 p 47 qui suppose un masculin theacutematique Ch Kritzas (op cit p 239 n 4) signale que le creacutetois drsquoaujourdrsquohui appelle preacuteciseacute-ment ἀρόλιθοι les caviteacutes naturelles dans lesquelles srsquoaccumule lrsquoeau de pluiethinsp or le Diccionario griego-espantildeol cite une inscription creacutetoise du IIe s (SEG 26 1049 l 55) ougrave ἐπ[ὶ τ]ὸν θῖνον ἄρον (masc theacutematique) renvoie preacuteciseacutement agrave une citerne

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

290 sophie minon

anthroponymes avec ce radical comme second eacuteleacutement Cependant pour Φραhιαρίδας du moins le rapprochement fait par le mecircme Bechtel avec drsquoune part φρενήρης laquo de bon sens raquo (eg Hdte III 25) drsquoautre part φρεσὶ ᾗσιν ἀρηρώς laquo ferme en son esprit raquo (Hom Od 10 553) invite agrave pri-vileacutegier lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement en -ήρης formeacute sur la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo ajusteacute raquo et agrave identifier par conseacutequent le a meacutedian comme une longue Les parallegraveles fournis par le nom Φρασιηρίδης drsquoun Thasien du IVIIIe siegravecle et par le nom Φρασιήρης drsquoun Tegravenien du IIIe siegravecle viennent encore conforter cette analysethinsp6

Lrsquointerpreacutetation proposeacutee pour le nom Ἀμφαρίον si convaincante qursquoelle paraisse de prime abord ne va pas sans poser deux autres questionsthinsp la question phoneacutetique du sort de la voyelle finale du preacutefixe ἀμφί qui paraicirct srsquoeffacer devant lrsquoinitiale vocalique du second eacuteleacutement alors qursquoil nrsquoen va pas de mecircme du i final de Φρασι- ni localement dans Φραhιαρίδας ni dans lrsquoan-throponyme de forme ionienne correspondantthinsp7 que le i de ἀμφί est conserveacute en hiatus en argien dans le nom du roi mythique Ἀμφιάρηος comme dans le phratronyme Ἀμφιαρητείδας mais que le nom Ἀμφιαρίδας se donnait aussi anciennement agrave Meacutegare que Ἀμφαρίδας en Beacuteotiethinsp8thinsp drsquoautre part la question morphologique de la suffixation en -ίων drsquoun second eacuteleacutement de composeacute anthroponymique

6 Bechtel HPN 457 et voir P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης ἀραρίσκω et φρήν pour φρασί comme forme ancienne de datif Pour Φρασιηρίδης cf Bechtel HPN 193 ougrave curieusement le rapprochement avec ἄρος est en contradiction avec p 457 et IG XII (8) 287 l 19thinsp Ἀριστόνους Φρασιηρίδ[ου]thinsp pour Φρασιήρης IG XII Suppl p 138 ndeg 312 II l 9 Sur la finale -ίδαης alors que le second eacuteleacutement -ᾱρης laisse plutocirct attendre -αρείδαης cf n 100thinsp notons cependant qursquoen argien occidental iota pourrait ici noter un ithinsp issu de la monophtongaison de ei cf eg hῖ pour le relatif au locatif l 29 de la copie argienne du regraveglement du Ve s des relations entre Cnossos et Tylissos reacuteeacutediteacute par S Minon laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (ed) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 2007 p 183 et n 47 pour les autres exemples

7 La forme Φρασαρίδας du mecircme nom connue au IIIe s agrave Hyettos de Beacuteotie teacutemoigne non drsquoune eacutelision de i devant la voyelle initiale du second eacuteleacutement mais de lrsquoabsorption de [j] (lti) dans s comme peut-ecirctre aussi dans le nom de femme Καφισα agrave Cheacuteroneacutee (P Roesch-JM Fossey ZPE 29 1978 p 132 n 9 ll 3-4) agrave cocircteacute du nom drsquohomme Καφισια agrave Thespies (IG VII 2144) tous deux attesteacutes au IIe s av J-C Voir J Meacutendez Dosuna laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo Emerita 61 (1993) p 128 n 71 et p 117-130 ougrave il montre comment la mecircme eacutevolution phoneacutetique mais agrave partir de eV (gt [j]V par synizegravese) rend compte des formes controverseacutees de futurs doriens en -σοντι et -σονται (lt-σέοντι -σέονται)

8 LGPN IIIBthinsp deux exemples meacutegariens lrsquoun au Ve s SEG 39 411 l 8 lrsquoautre au IIIe IG VII 42 l 31 vs Ἀμφαρίδας pour le Beacuteotien citeacute n 3

291ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Proleacutegomegravenesthinsp ἀμφι- ou ἀμφ- devant un second eacuteleacutement de composeacute agrave ini-tiale vocalique

La quantiteacute bregraveve de la voyelle finale i de ἀμφί laisse en principe attendre son eacutelision devant le mot ou le second eacuteleacutement de composeacute agrave initiale voca-lique suivant comme crsquoest lrsquousage freacutequent pour les invariants excepteacute pour περί ἄχρι et μέχρι en attiquethinsp9 Lrsquoabsence drsquoeacutelision est en effet possible pour la voyelle i plus que pour les autres agrave cause de son aptitude agrave se sonantiser en [j] ou agrave deacutevelopper un glide (drsquoougrave [ij]) lorsqursquoelle est en hiatus devant une autre voyellethinsp10

Dans les verbes lrsquoeacutelision est de regravegle en prose attique pour les preacuteverbes περι- et le monosyllabique προ- excepteacutesthinsp11 Dans les composeacutes en ἀμφι- du lexique dont la plupart sont poeacutetiques il est de regravegle conformeacutement aux principes de composition heacuteriteacutes que lrsquoeacutelision soit pratiqueacutee devant la voyelle initiale du second eacuteleacutement ndash sauf dans les cas ougrave celui-ci comportait un s (gt h) un w voire un y initial eacutetymologiquethinsp12 et que cette voyelle ou la syllabe dont elle est le centre soit alors de quantiteacute longue ndash sauf pour les verbes dont la composition est plus reacutecentethinsp13

Du point de vue prosodique cela signifie que lrsquoinitiale des composeacutes non verbaux en ἀμφ(ι)- du lexique avait presque toujours la structure drsquoun dactyle (seacutequence ˉĭV reacutealiseacutee [ĭ(j)V]) ou celle drsquoun spondeacutee (ˉĭVthinsp reacutealiseacutee [Vthinsp] et ˉĭVC1C2 ˉ[VC1C2])thinsp14 Cela explique drsquoailleurs que ἀμφι- ait eacuteteacute eacutelargi drsquoun -s dit adverbialisant dans le composeacute agrave second eacuteleacutement agrave initiale conso-nantique ἀμφισβήτης que lrsquoon pose agrave lrsquoorigine de ἀμφισβητέωthinsp15thinsp Heacutesychius pose du reste pour le verbe lrsquoeacutequivalencethinsp ἀμφῐβᾰτεῖν ἀμφῑσβητεῖν

9 laquo En composition la voyelle finale de ἀμφί peut srsquoeacutelider raquo P Chantraine DEacuteLG sv agrave compleacuteter de Ch de Lamberterie CEacuteG 1 RPh 70 (1996)thinsp voir aussi pour la pratique de lrsquoeacuteli-sion des preacutepositions dissyllabiques dans les textes de prose L Threatte The Grammar of Attic Inscriptions [ci-apregraves GAI] I Berlin-New York 1980 p 419

10 Voir J Meacutendez Dosuna op cit passim Lrsquoeacutetape qui peut suivre la yodisation de i agrave savoir lrsquoabsorption de la sonante dans la consonne preacuteceacutedente (cf n 7) qui se traduit au mecircme titre que lrsquoeacutelision par lrsquoeacutelimination drsquoiota nrsquoest pas attendue dans le cas de ἀμφί dont la consonne bilabiale preacuteceacutedant le i ne peut absorber son produit [j] cf Cl Brixhe Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes questions Louvain 1996 p 129-130

11 Cf ἐπεργάζομαι (de werg-) ἐπέρχομαι (de sergh-) Jos ἀμφάγνυμαι (de weh2g-) etc12 Pour y initial cf n 9313 Voir E Risch Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974 p 201 loi drsquoallonge-

ment laquo urgriechisch raquo14 Sur lrsquoanalogie entre le rythme de la langue parleacutee et celui de la langue poeacutetique toutes

deux organiseacutees en pieds mais sur le rythme iambique plus caracteacuteristique de la conversation comme le signalait deacutejagrave Aristote (Rheacutetorique 1408b21) voir AM Devine-LD Stephens The Prosody of Greek Speech Oxford 1994 p 118-119

15 Pour les deux variantes ἀμφί et ἀμφίς la seconde pouvant ecirctre consideacutereacutee comme un deacuteveloppement propre au grec voir A Mathys laquo Le sigma adverbial en grec ancienthinsp distribution et fonction raquo Lalies 31 (2010) p 297-319

292 sophie minon

Crsquoest ainsi qursquohom ἀμφήκης laquo agrave deux tranchants raquo (de H2ek- gt ἀκ- laquo pointe raquo) ἀμφηρέφης laquo couvert des deux cocircteacutes raquo ἀμφήριστος (sur ἐρίζω) et ἄμφωτον poeacutet ἀμφερκής laquo entoureacute de toute part raquo et ἀμφώβολος laquo double broche raquothinsp16 Thuc ἀμφήρικος (hapax fait sur le poeacutet ἀμφήρης laquo pourvu de rames de part et drsquoautre raquo) Arist ἀμφώδωνἀμφόδων (sur ὀδούς)thinsp17 ἀμφαρμός laquo pierre de taille raquothinsp18 ἀμφεικάς laquo de part et drsquoautre autour du vingt (du mois) raquothinsp19 ou Lyc ἀμφερείδω contrastent avec hom ἀμφίαλος (myc a-pi-a2-ro sur ἅλς) Hp ἀμφιίζομαι (de sed-) att et poeacutet ἀμφιέννυμι (de wes- ἀμφιέσαντο Od 23 142) ou att ἀμφιετηρίς laquo fecircte annuelle raquothinsp20 (de wet- dor Ϝέτος)

Une fois eacutecarteacutees Ar ἀμφαρίστερος laquo gaucher des deux mains raquo sans allongementthinsp21 ἀμφιζάνω (Il 18 25) au lieu de la forme attendue mais ameacutetrique ἀμφιιζάνω les variantes lrsquoune et lrsquoautre meacutetriques ἄμφεπον vs ἀμφίεπον (Il 18 559 et 24 804 de sekw-) Pind (N 1 43) ἀμφελίσσω vs ἀμφιελίσσω (Arat Pheacuten 1 996 de wel-)thinsp22 ainsi que lrsquohapax meacutetrique ἀμφέλκεται (de selk-) chez Denys le Peacuterieacutegegravete (268) les exceptions non poeacutetiques agrave la regravegle sontthinsp lrsquoeacutelision sans doute analogique de ἄμφοδον ἄμφοδος laquo rue bordeacutee de maisons raquo (sur ὁδός de sed-) et des deacuteriveacutes qui sont attesteacutes sous cette seule forme dans la litteacuterature comme dans les inscrip-tions et les papyrusthinsp23 ou encore celles drsquoἀμφεκτήρ vs ἀμφιεκτίς laquo tunique

16 Le tragique Achaiumlos (Fr 36 Snell) semble avoir eacuteteacute le seul agrave employer ἀμφερκής dont lrsquoeacutelision srsquoexplique meacutetriquement alors que lrsquoaspireacutee du neutre ἕρκος pourrait laisser supposer un s- eacutetymologique initial Pour le substantif ἀμφώβολος cf eg Eur Andr 1133

17 Lrsquoheacutesitation ἀμφώδωνἀμφόδων dans Arist peut ecirctre imputable agrave la tradition (nivel-lement des quantiteacutes vocaliques agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale interfeacuterences avec ἄμφοδον cf n 23)

18 Ist Mitt 1920 1969-70 p 238 l 12 (= Didyma 112) Didyme IIe s av J-C Le second eacuteleacutement de la famille de ἀραρίσκω est attesteacute au simple sous la forme ἁρμός avec un esprit rude qui procegravede du report agrave lrsquoinitiale de lrsquoaspiration issue de lrsquoeacutevolution de la seacutequence [zm] du suffixe -smo- cf P Chantraine DEacuteLG sv ἅρμα

19 IG XII (3) 330 l 68 testament drsquoEpictegraveta Theacutera IIIeIIe s Paton-Hicks 384 Cos IIe s etc Lrsquoeacutelision est attendue dans ἀμφεικάς de ἐϜῑκοσι agrave retrouver sous hom ἐείκοσι cf Ch de Lamberterie CEacuteG 6 RPh 75 2001 sv εἴκοσι Sur le mecircme radical εἰκ- mais avec preacutefixe ἐπι- se rencontrent agrave la fois ἐπείκοστον (PPetr 2 p 156 IIe av J-C) vs ἐφείκοστον (PRev Laws 56 15 IIIe av J-C) et ἐπιείκοστος (Ptol Harm 1 15)thinsp les formes eacutelideacutees sont le plus anciennement attesteacutees

20 IG II2 1544 IVe s etc21 Lrsquoabsence drsquoallongement dans ἀμφαρίστερος (Ar Fr 512) srsquoexplique autant par les

besoins du megravetre que par la neacutecessiteacute de garder apparent le lien seacutemantique avec ἀρι- pour eacuteviter la confusion avec la famille de ἔρις pour laquelle sont connus lrsquoadj ἀμφήριστος et lrsquoanthropo-nyme creacutetois correspondant (LGPN I Studi e Testi 125 1946 p 28 eacutepoque impeacuteriale [fictifthinsp]) agrave rapprocher pour le second eacuteleacutement du patronyme du Spartiate Σπερθίης Ἀνηρίστου que fait connaicirctre Heacuterodote (VII 134 2 et cf notamment 137 2 pour un fils homonyme) au VIeVe s

22 De mecircme les adjectifs verbaux correspondants ἀμφελικτός (Eur Heacuteraclegraves 398) vs ἀμφιέλικτος (Denys le Peacuterieacutegegravete 466)

23 Pour ἄμφοδον peut ecirctre invoqueacutee lrsquoanalogie des nombreux autres preacutefixeacutes dissyllabiques tels μέθοδος δίοδος etc qui tous sauf ceux en περι- et προ- avaient leur derniegravere voyelle eacuteli-deacutee cf P Chantraine DEacuteLG sv ὁδός

293ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

double raquo et drsquoἀμφεκτέον laquo agrave entourer raquo (de segh-) chez Heacutesychius qui srsquoex-pliquent quant agrave elles par deacuterivation inverse agrave partir du verbe normalement eacutelideacute ἀμπέχω tardivement refait en ἀμφέχωthinsp24

Lrsquoeacutelision devant le second eacuteleacutement agrave s- initial eacutetymologique dans le composeacute hypostatique ἀμφήλιος laquo oriental raquo seulement attesteacute dans lrsquoApo-calypse apocryphe de Paulthinsp25 a pu ecirctre entraicircneacutee par la quantiteacute longue de la voyelle initiale du second eacuteleacutement comme par la reacutepugnance agrave faire se suc-ceacuteder deux syllabes agrave i en hiatus et deacutenote vraisemblablement une composi-tion tardivethinsp26thinsp les mecircmes motivations peuvent avoir preacutesideacute agrave la creacuteation de rhod ἀμφούριον et ἀμφουριασμόςthinsp27 et de la variante ἀμφορκία (Hsch) agrave cocircteacute de ἀμφιορκία (Poll)

Le seul exemple agrave ma connaissance drsquoabsence drsquoeacutelision devant radical agrave voyelle initiale proceacutedant drsquoune ancienne laryngale est repreacutesenteacute dans le lexique par la variante ἀμφί-ηκες (Hsch) qui doit srsquoexpliquer en face drsquohom et ion-att ἀμφήκης de dor ἀμφᾱκες laquo agrave double pointe raquothinsp28 par une reacutefection secondaire

Dans la liste drsquoanthroponymes composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- dres-seacutee par Bechtel (HPN 41) lrsquoeacutelision paraicirct de mecircme reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale dans les diffeacuterentes reacutegions du monde grec comme le montrent les noms de lrsquoArcadien Ἀμφαίνετος du Beacuteotien Ἀμφάλκες du Thasien Ἄμφανδρος en face de Ἀμφήνωρ agrave Athegravenesthinsp29 du Theacutebain Ἀμφεριτοςthinsp30 comme peut-ecirctre aussi ceux du Phocidien Ἀμφάρετος et du Spartiate Ἀμφάρης tandis que la conservation du i est la seule trace de la preacutesence de lrsquoancien w initial dans le nom de lrsquoAtheacutenien du Ve s Ἀμφίαναξ en face du nom hapax Ἀμφ-ήδης de son compatriote du IIIe sthinsp31 dont la longue initiale du second eacuteleacutement ainsi que lrsquoeacutelision pratiqueacutee devant

24 Autres exceptions similairesthinsp lrsquoadv ἀμφαλλάξ laquo alternativement raquo deacuteriveacute inverse de ἀμφαλλάττω ἀμφέλιξ laquo qui tourne dans les deux sens raquo fait sur ἀμφελίσσω

25 Apoc Paul 2726 Sur lrsquousure de lrsquoaspiration initiale dans le parler des locuteurs de lrsquoeacutepoque impeacuteriale voir

F Gignac A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods I Phonology Milan 1976 p 133-138 Lrsquoattique agrave lrsquoorthographe conservatrice montre peu drsquoexemples de psilose mecircme srsquoil est vraisemblable que lrsquoaspiration initiale a commenceacute agrave se perdre dans ce dialecte peut-ecirctre degraves lrsquoeacutepoque helleacutenistique cf L Threatte GAI I Phonology p 504-506

27 SEG 3 1927 674 respectivement l 40 et 46 IIe s av J-C et cf DEacuteLG sv ὅρος Il srsquoagit probablement dans les deux cas de laquo paiement aux voisins raquo

28 DGEsp sv ἀμφήκης29 IG II2 10799 fin Ve s30 Ἀμφε ριτος LGPN IIIB A Wilhelm Urkunden 240 Nachtrag zu S 90 I l 5 Ve s agrave

comparer agrave Ἀμφήριστος attesteacute agrave Thespies au IIe s SEG 39 456 III l 54 agrave rapprocher le pre-mier de ἐρίω le second de ἐρίζω Le ethinsp assureacute en pays beacuteotien fait exclure le rapprochement avec ἀριτός drsquoougrave νήριτος laquo innombrable raquo (Heacutes etc) et le nom de lrsquoArcadien Κλεάριτος IG II2 3080 l 5 279 av J-C et cf HPN 195

31 IG I3 1190 l 25 ca 411 av J-C pour le plus anciennement connu Pour Ἀμφήδης cf CIA III App 9 l 19 et LGPN II sv

294 sophie minon

le groupe initial sw de la racine swād- de ἡδύς trahissent le caractegravere secondairethinsp32 Les structures rythmiques spondaiumlques et dactyliques privileacute-gieacutees dans lrsquoensemble des composeacutes non-verbaux en ἀμφι- le sont aussi pour les composeacutes anthroponymiques agrave premier eacuteleacutement verbal ou adjectival en -i comme lrsquoillustre lrsquoeacutelision de Δεξι- dans Δεξαγόρας Δέξανδρος Δεξαρέτα Δεξαρίων Δέξαρχος etc en face des hypocoristiques de structure plus souple tels Δεξί-ας et Δεξί-ωνΔέξωνthinsp33

A Argos les deux seuls noms propres assureacutement en Ἀμφ(ι)- suivi de voyelle que fasse aujourdrsquohui connaicirctre lrsquoeacutepigraphie sont le phratronyme Ἀμφιαρητείδας que jrsquoai eacutetudieacute ailleurs et lrsquohypocoristique Ἀμφίαςthinsp34 On ne saurait manquer de leur adjoindre le nom du roi argien mythique Ἀμφιάρηος

IenspDe Ἀμφίας agrave Ἀμφιάρης et Ἀμφιάρηος

ἈμφίαςLa formation hypocoristique drsquoἈμφίας explique la preacutesence du ithinsp crsquoest

agrave lrsquointeacutegraliteacute du premier eacuteleacutement qursquoa eacuteteacute ajouteacute le suffixe -ας de mascu-lins commun au lexique et agrave lrsquoonomastique comme pour lrsquohypocoristique Καλλίας des composeacutes en Καλλι- ou pour Ἀλεξίας forme courte des composeacutes en Ἀλεξί- ou Δεξίαςthinsp35thinsp un Larisseacuteen du nom drsquoἈμφίδαμος a du reste Ἀμφί-ας comme patronymethinsp36

32 Les anthroponymes ont anciennement leur second eacuteleacutement en -άδης avec voyelle bregraveve voir Λεάδε ς agrave Styra Ve s IG XII (9) 56 l 236 ou Θυμάδης Δημάδους IVe s IG II2 2385 l 53 cf Bechtel HPN 21-22 De mecircme que lrsquoon a un Εὐρυ-άδης agrave Sparte au IIIe s IG V (1) 708 de mecircme lrsquoon aurait attendu un Ἀμφι-άδης La langue homeacuterique semble avoir forgeacute un composeacute θυμήδης Od 16 389 (crsquoest la leccedilon de la Vulgate pour laquelle Bekker avait proposeacute la correction θυμήltρgtης de mecircme sens) agrave cocircteacute de αὐάδην que fait connaicirctre pour la premiegravere fois Sapphocirc (22 5)

33 Voir Bechtel HPN 118-119 Lrsquoabsence drsquoiota dans le nom du Beacuteotien Δέξων peut srsquoexpli-quer phoneacutetiquement par lrsquoabsorption de [j] (lti) cf n 7

34 Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδας est connu par un deacutecret de proxeacutenie du IIIe s publieacute par W Vollgraff Mnemosyne 43 (1915) p 380-382 l 10 et mentionneacute par A Heubeck Die Sprache 17 (1971) p 8 Il apparaicirct encore avec lrsquoorthographe ancienne Ἀμφιαρετείδας dans la liste de morts de ca 400-390 publieacutee par Ch Kritzas in Στήλη τόμος εἰς μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 498 l 35 pl 228 Sur son eacutetymologie agrave mettre en relation avec le verbe argien ᾱϜρετευε de ἀνα-Ϝρετεύω voir mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Pour le patronyme au geacutenitif Ἀμφίᾱ voir BCH 33 (1909) p 447 ndeg 6 IIeIer s

35 Voir deacutejagrave A Charbonnet laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 (1984) p 50thinsp laquo Le nom Ἀμφίας srsquoinscrit dans la seacuterie bien connue des diminutifs en -ας de noms composeacutes raquo

36 LGPN IIIBthinsp IG IX (2) 683 fun IIIeIIe s ()

295ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Ἀμφίτας Ἀμφῑων Ἄμφῑος et feacutem ἈμφιώDe la mecircme maniegravere que Ἀμφίας les noms Ἀμφίτας Ἀμφῑων Ἄμφῑος

Ἄμφωνthinsp37 et feacutem Ἀμφιώ doivent ecirctre une seacuterie de formations suffixeacutees conformeacutement agrave lrsquointerpreacutetation qursquoen donne Bechtelthinsp38 Cependant le rapprochement qursquoil est donneacute de faire aujourdrsquohui entre lrsquoanthroponyme myceacutenien a-pi-jo et ce qui pourrait ecirctre interpreacuteteacute comme son geacutenitif a-pi-(j)o-to pourrait eacuteventuellement laisser supposer une reacutefection secondaire de Ἀμφῑων -ονος agrave partir du participe composeacute ἀμφι-ιών ιόντοςthinsp lrsquoabsence drsquoeacutelision de la voyelle finale du preacutefixe aurait eacuteteacute drsquoordre prosodiquethinsp39 De la mecircme maniegravere Ἀμφίτας aurait pu ecirctre formeacute agrave lrsquoaide drsquoun second eacuteleacute-ment -ίτας qui est attesteacute au simple sous la forme du nom drsquoagent ἴτης en attiquethinsp40 Dans un cas comme dans lrsquoautre du moins le rapport eacutetymolo-gique avec le radical du verbe laquo aller raquo ne pouvait manquer drsquoecirctre perccedilu en synchronie comme par ailleurs celui du nom feacuteminin Ἀμφιώ avec le nom drsquoἸώ La meilleure preuve du reste est fournie par un fragment dans lequel Aristophane se moque drsquoEuripide auquel il attribue une eacutetymologie du nom drsquoἈμφ-ίων qui en fait lrsquoeacutequivalent drsquoἌμφ-οδος sous preacutetexte qursquoil serait neacute laquo dans la rue raquo pour faire remarquer avec humour que crsquoest ainsi qursquoaurait ducirc srsquoappeler le Tragique lui-mecircmethinsp41thinsp

37 Il faut tregraves probablement exclure que Ἄμφων puisse srsquoexpliquer comme un beacuteotisme pho-neacutetique agrave partir drsquoun Ἀμφίων agrave i bref (avec -ίων recouvrant aussi bien en beacuteotien le participe du verbe laquo ecirctre raquo ἐών que celui drsquolaquo aller raquo ἰών) cf n 10

38 Voir Bechtel HPN 43 et Y Kalliontzis laquo Deacutecrets de proxeacutenie et catalogues militaires de Cheacuteroneacutee raquo BCH 131 (2007) [2009] p 501-502 ndeg 10 l 9 IIIe s pour Ἄμφων Ἀμφῑων est le nom de lrsquoun des trois chefs des Eacutepeacuteens dans lrsquoIliade (13 692) et celui de lrsquoancecirctre du tyran de Corinthe Peacuteriandre au VIIIeVIIe s (Hdte V 92)thinsp pour Ἄμφῑος voir Il 5 612 et LGPN II Ve s (de ἀμφί-Ϝιος avec un second eacuteleacutement en rapport avec Ϝίεμαι laquo srsquoeacutelancer raquo cf L Dubois laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo Beitrz Nam 21 [1986] p 252-256 ou forme theacutematiseacutee de Ϝῑς laquo force raquo cf A Heubeck laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 [1987] p 149-166) Pour Ἀμφιώ IG VII 2489 peut-ecirctre Ier s apr J-C Pour Ἀμφίτας exemples anciens dans la colonie meacutegarienne drsquoHeacuteracleacutee du Pont cf MH Hansen-TH Nielsen (eds) An Inventory of archaic and classical poleis 2004 p 956) puis agrave Myrina au IIeIer s cf LGPN Vathinsp une occurrence syllabique au VIe s sur une coupe de la reacutegion drsquoAmatonthe O Masson ICS2 ndeg 196b p 413 et cf OGS I p 132 et n 79

39 DMic sv Le changement de flexion inverse est illustreacute par le secondaire δράκων -οντος ancien thegraveme agrave nasale comme son feacuteminin δράκαινα Pour lrsquoithinsp de Ἀμφῑων voir Choiroboscos De orthographia (JA Cramer Anecdota Graecahellip vol 2 Oxford 1835 repr 1963) 168 l 7thinsp Ἀμφιίων hellip καὶ Ἀμφίων κατὰ κρᾶσις τοῦ ϊ εἰς ἕν ι μακρόν

40 Ar Nueacutees 445 Pl Banquet 203d et Protagoras 349e et cf 359cthinsp ἴτας γε ἐφ᾿ ἃ οἱ πολλοὶ φοβοῦνται ἰέναι A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 129c p 195 et n 159 suggegravere la mecircme analyse pour Περῑτας notamment le nom du chien drsquoAlexandrethinsp Περι-ίτας mecircme srsquoil considegravere comme plus vraisemblable drsquoy voir lrsquohypocoristique de Περιτέλης et de consideacuterer le ithinsp comme analogique des types ὁδίτης πολίτης au ithinsp lui-mecircme analogique du athinsp du suffixe parallegravele -ᾱτᾱς-ητης ndash appliquant par ailleurs la mecircme ana-lyse pour rendre compte de lrsquohom Θερσῑτης O Masson voyait de mecircme dans -ίτᾱς le suffixe de πολίτᾱς-ης agrave lrsquoorigine des formations secondaires en -ιτος et -ιτώ cf ZPE 91 (1992) p 119

41 Ar PCG III 2 Fr 342 (327) (Kassel-Austin)thinsp Ἄμφοδον ἐχρῆν αὐτῷ τίθεσθαι τοὔνομα

296 sophie minon

ἈμφιάρηοςA Argos on songera naturellement agrave voir dans Ἀμφίας un diminutif du

nom du roi argien mythique Ἀμφιάρηος pour lequel un fragment drsquoEschyle fait du reste connaicirctre un autre diminutif Ἄμφιςthinsp42 De la mecircme maniegravere agrave Eacutereacutetrie le guerrier des origines converti en heacuteros gueacuterisseur plus tard assimileacute agrave Ascleacutepios semble avoir eacuteteacute honoreacute sous le nom drsquoἈμφίας qursquoat-teste indirectement le nom de lrsquoassociation cultuelle des Ἀμφιασταί que fait connaicirctre une inscription du IIe siegravecle a Cthinsp43 Si lrsquoanthroponyme myc a-pi-ja-re-[ geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]thinsp44 avait pour eacutequivalent alphabeacutetique nom Ἀμφιάρης ou Ἀμφιαρε[ύς] le nom remonterait agrave une haute antiquiteacute sous sa forme non deacuteriveacutee qursquoattestent par ailleurs les acc en -αρῆ et dat en -αρεῖ qui se rencontrent chez Pindarethinsp45 Il est vrai que lrsquoancrage mytho-logique proprement peacuteninsulaire du heacuteros doit faire consideacuterer avec pru-dence ce rapprochement pour des formes seulement attesteacutees lrsquoune et lrsquoautre agrave Cnossos mecircme si les liens qursquoArgos entretenait avec cette citeacute agrave lrsquoeacutepoque classique pourraient srsquoecirctre noueacutes degraves le second milleacutenairethinsp46

Il est du moins des plus probables que le suffixe de lrsquoanthroponyme a originellement comporteacute un εthinsp plutocirct qursquoun athinspthinsp47 Les plus anciennes attestations eacutepigraphiques de ce nom preacutesentent en effet le vocalisme εthinspthinsp ainsi les leacutegendes vasculaires portant Ἀ(μ)φιάρεος en lettres corinthiennes au milieu drsquoanthroponymes de forme dorienne qui notent A tous leurs athinspthinsp de leur cocircteacute les plus anciens des vases attiques agrave figures rouges ont encore

42 Eschyle Fr 632 (Radt)43 P Ducrey laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de

Lausanne (1981) p 73-78 cf J et L Robert Bull Epigr 1982 ndeg 27244 F Aura Jorro DicMic sv (resp KN Xd 7568 et Xd 94) Autre hypothegravese pour la lecture

a-pi-ja-re-[wo ()] chez O Landau Mykenisch-griechische Personennamen p 25 159 171 202thinsp Ἀμφι-αλέϜων avec dieacuteregravese propre agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne cf n 93thinsp mais F Aura Jorro heacutesite agrave lire aussi cette forme a-pi-ja-re-jọ en proposant drsquoy reconnaicirctre un patronymique

45 Pindare Neacutem 9 13 et 24 En Isthm 7 33 tous les manuscrits srsquoaccordent sur lrsquoacc Ἀμφιάραο-ν alors que la leccedilon la plus reacutepandue pour ce thegraveme est Ἀμφιάρηο- en Ol 6 13 et Pyth 8 56 Le papyrus Oxy 2082 fait aussi connaicirctre sous le nom drsquoἈμφιάρης un olympionique spartiate victorieux agrave la lutte cf L Moretti Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957 ndeg 515

46 Sur les liens entre Argos et Cnossos voir notamment les inscriptions reacuteeacutediteacutees par S Minon dans laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 (2007) p 169-210thinsp en faveur drsquoune parenteacute ancienne entre les deux citeacutes voir p 171 lrsquoargument fourni par la preacutesence de lrsquoenclos drsquoArchos heacuteros archeacutegegravete de Cnossos peut-ecirctre venu drsquoArgos

47 Pour P Kretschmer Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach untersucht Guumltersloh 1894 p 32 que suit W Schulze Kl Schr 1933 p 699 le εthinsp est originel et de mecircme E Risch Wortbildung2 p 164 n 1 R Wachter Non-Attic Greek Vase Inscriptions [ci-apregraves NAGVI] Oxford 2001 p 76-77 se range agrave cette position tout en montrant combien il est diffi-cile de trancher

297ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Ἀμφιάρεος tandis que les plus reacutecents ont deacutejagrave Ἀμφιάραοςthinsp48 Au chant 15 de lrsquoOdysseacutee ougrave se rencontrent les deux seules mentions du heacuteros (il nrsquoap-paraicirct pas dans lrsquoIliade) les deux orthographes sont certes deacutefendues par les grammairiens alexandrinsthinsp le α par Aristarque et le η par Zeacutenodotethinsp49thinsp lrsquoeacutepithegravete λαόσσοον laquo entraicircneur drsquohommes raquo associeacutee agrave son nom au v 244 le repreacutesente comme un guerrier et non comme le devin et gueacuterisseur qursquoil devint apregraves sa mortthinsp50 Les mecircmes fluctuations entre les deux vocalismes srsquoobservent on lrsquoa vu chez Pindare Chez les poegravetes attiques de lrsquoeacutepoque classique la forme ancienne Ἀμφιάρεος a eacuteteacute atticiseacutee en Ἀμφιάρεως alors que dans les inscriptions non seulement attiques mais beacuteotiennes (Thegravebes) et ioniennes (Oropos est une colonie drsquoEacutereacutetriethinsp51) crsquoest Ἀμφιάραος que lrsquoon rencontrethinsp52

Dans ces conditions lrsquoeacutetymologie proposeacutee par Heubeck qui consiste agrave reconnaicirctre dans Ἀμφι-άρης et son deacuteriveacute Ἀμφιάρηος des composeacutes posses-sifs formeacutes comme lrsquoanthroponyme Ἀμφί-θεος laquo qui a (descend drsquo)un dieu des deux cocircteacutes raquo avec au second membre le nom drsquoAregraves paraicirct la plus satis-faisantethinsp53 Cependant comme crsquoest presque toujours au premier membre que figurent les theacuteonymes en compositionthinsp54 compte tenu aussi de ce qui est

48 Voir Kretschmer p 32 41 122 123 162 214 et R Wachter NAGVI Cor 66f et r deux occurrences de Ἀ(μ)φιάρεος sur le mecircme crategravere corinthien du VIe s avec renvoi (n 280) aux autres attestations reacuteunies par I Krauskopf LIMC I 1980 laquo Amphiaraos raquo (ndeg 13 et ndeg 23 avec -άρεος et les plus reacutecentes ndeg 24 et 27 avec -άραος) et avec une mise au point sur les variations du vocalisme suffixal

49 Odysseacutee 15 244 (pour les deux leccedilons) et 253 (Ἀμφιάραος) Comme le fait remarquer R Wachter loc cit n 281 la correction de Zeacutenodote ne peut srsquoexpliquer seulement par le fait qursquoil savait qursquoapregraves r i et e un η ionien correspondait agrave un ᾱ attique car il aurait en ce cas proposeacute drsquoautres corrections similaires comme Αἰνείης Ἰήονες etc

50 Voir P Sineux Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007 p 46 et 2651 Cf eg MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory of archaic and classical poleis Oxford

2004 ndeg 21452 L Threatte GAI I 1980 p 12553 A Heubeck Die Sprache 17 (1971) p 8-22 en particulier p 9-10 pour les variantes

du nom Contre lrsquohypothegravese de Kretschmer op cit p 32 qui voyait dans ἱάρηϜ-ος la theacutema-tisation de ἱαρεύςthinsp le radical agrave vocalisme a non meacuteridional de ἱερ- (ce qui exclut en principe tout rapprochement avec les formes myceacuteniennes) et lrsquointerpreacutetation de Ἀμφ-ιάρηος comme un composeacute hypostatique agrave rapprocher pour la rection drsquoion ἀρχ-ιέρεως Lrsquohypothegravese mal eacutetayeacutee de W Borgeaud laquo Amphiaraos et le nom de la Sarre raquo BzN 1 (194950) p 102-104 qui part de Ἀμφιάρᾱος et y voit un anthroponyme drsquoorigine preacute-helleacuteniqueillyrienne ambhi-sarāwos laquo qui habite sur les deux rives du Sarāuos ou de la Sarāua raquo a notamment contre elle de reposer sur un athinsp eacutetymologique

54 Voir J Oulhen laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo in RWV Catling-F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 629-630 Le myceacutenien livre cependant le teacutemoignage drsquoun nom feacuteminin a-pi-e-ra (notamment PY An 1281) qui est interpreacuteteacute comme lrsquoeacutequivalent drsquoun alphabeacute-tique Ἀμϕιήρα cf A Morpurgo-Davies RAL seacuter VIII 15 (1960) p 329 n 26 et M Iodice Aevum 85 (2012) p 6 Et lrsquoanthroponyme Μενάρης citeacute infra n 108 pourrait constituer un autre contre-exemple

298 sophie minon

connu de lrsquoascendance et de la geste du heacuteros Ἀμφιάρηοςthinsp55 on preacutefeacuterera reconnaicirctre sous le second membre plutocirct que le theacuteonyme lrsquoappellatif sans doute suffixeacute en -εthinsp ἀρή laquo malheur perte destruction raquo dont il est eacutetymo-logiquement et morphologiquement indissociable ou son eacutequivalent ἄρος auquel la glose drsquoHeacutesychius preacutesenteacutee en introduction donne entre autres le sens neacutegatif dethinsp βλάβος ἀκούσιονthinsp56 Lrsquoautre voie qui aurait consisteacute agrave y voir des hypostases avec le sens laquo de lrsquoentourage drsquoAregraves raquo avait deacutejagrave eacuteteacute eacutecarteacutee par Heubeck comme moins satisfaisante pour la raison que sur ce type de composeacute les deacuteriveacutes sont plus souvent en -ιος qursquoen -οςthinsp57 Or il est sucircr qursquoil est impossible de faire de Ἀμφιάρηος un deacuteriveacute patronymique en -ιος du doublet Ἀμφιαρεύς de Ἀμφιάρης entretenant le mecircme rapport avec eux que ἌρειοςἌρη(ι)οςthinsp58 avec Ἄρηςeacuteol Ἀρεύς en posant -ethinspw-yo-s gt hom -ήιος susceptible drsquoeacutevoluer soit en -ειος soit en -ηοςthinsp59 et -es-yo-s gt -ειος puis -εος (formes myceacuteniennes citeacutees ci-dessous)thinsp il nrsquoy a en effet aucun exemple de la forme pourtant meacutetrique Ἀμφιαρήιος que lrsquoon attendrait en ce cas dans lrsquoeacutepopeacutee agrave cocircteacute des adjectifs patronymiques Καπανήιος et

55 Voir P Sineux loc cit LrsquoOdysseacutee preacutesente le heacuteros comme eacutegalement aimeacute de Zeus et drsquoApollon ce qui en ferait plus un Ἀμφί-θεος laquo qui a un dieu de part et drsquoautre raquo qursquoun Ἀμφιάρηςthinsp crsquoest chez Pindare qursquoἈμφιάραος est repreacutesenteacute comme un guerrier redoutable πολέμοιο νέφος (Neacutem 10 9) tuant (schol Neacutem 9 30b Drachmann) pour prendre le pouvoir agrave Argos dans un contexte de stasis (Neacutem 9 ibid) Si le second eacuteleacutement -άρης repreacutesentait non le theacuteonyme mais lrsquoappellatif ἄρος ou le thegraveme en εthinsp de forme ἀρή le heacuteronyme pourrait alors ecirctre interpreacuteteacute comme laquo qui a sa perte des deux cocircteacutes raquo crsquoest-agrave-dire agrave Argos ougrave il a sa femme Eriphyle comme ennemie (ἀνδροδάμαντα Neacutem 9 16) comme agrave Thegravebes ougrave son art divinatoire lui a fait voir la mort qui lrsquoattend ce dernier motif surtout deacuteveloppeacute par les Tragiques mais deacutejagrave esquisseacute par Pindare (Ol 6 17) voir Sineux p 35

56 Pour lrsquoeacutetymologie et le sens du nom drsquoAregraves voir P Chantraine DEacuteLG sv ἀρή Ἄρης et pour ἄρος supra n 5thinsp pour lrsquoorigine commune du theacuteonyme et de lrsquoappellatif ἀρή M Peters laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch-C Zinko (edd) Studia Onomastica et Indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz 1995 p 185 n 2 le Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre Primaumlrstammbildungen2 eacuted H Rix 2001 et derniegraverement T Barnes laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19 qui pose pour toute cette famille la racine H2erH1- et pour Aregraves H2reacuteH1-H2rH1-eacutes- avec le sens de laquo destructeur raquothinsp contre R Schmitt ZPE 17 (1975) p 15-16 qui postulait pour le theacuteonyme une origine iranienne

57 Heubeck p 17 et voir E Risch op cit p 17158 Sur hom Ἀρήιος laquo drsquoAregraves le belliqueux raquo devenu par la suite Ἄρειος voir O Masson

OGS III p 139 et n 81 Pour la forme -ηος du suffixe voirthinsp Ἀρήου nom de mois SGDI II 2136 l 2 (Delphes IIe av J-C) IG IX (2) 359c et 1117b (Thessalie eacutepoque romaine)thinsp en revanche dans les inscriptions attiques de la mecircme eacutepoque ougrave figure le nom de lrsquoAreacuteopage (ἐξ Ἀρήου πάγου) eg IG II2 1721 ou 3238 ou lrsquoanthroponyme eg IG II2 1718 ou 3173 il srsquoagit drsquoune graphie itacisante pour lrsquoancienne forme -ειος du suffixe

59 Lrsquoeacutequivalent myceacutenien du suffixe -[C]e-wi-jo est connu par exemple agrave travers lrsquoadjectif i-je-re-wi-jo auquel on pourra comparer agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique hom ἱερ-ήιον koin -ῆον -εῖον voir E Risch op cit sect 46 Pour ῆον voir I v Miletos ndeg 10 l 38 Ve s V Petrakos Ἐπιγρ τοῦ Ὠρωποῦ ndeg 277 l 33 IVe s M Segreacute Iscr di Cos ED ndeg 178 l 19 fin IIIe s etc

299ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

νηλήιος ou encore Ἀφαρήιος fait non sur Ἀφάρηος mais sur Ἀφαρεύς chez Apollonios de Rhodesthinsp60

Heubeck proposait drsquoexpliquer la formation du heacuteronyme de la maniegravere suivante Il y reconnaissait un deacuteriveacute theacutematique de Ἀμφιάρης constitueacute sur le modegravele des anthroponymes myc o-ti-na-wo hom Εὔ- Κλυτό- Ἐχέ- Πολύ-νεως en face de lrsquoappellatif ναῦς avec -ναυςthinsp -νᾱ(Ϝ)ος gt -νηος gt -νεως dans le mecircme rapport que -άρηςthinsp -άρηος gt -άρεωςthinsp hom Βριάρεως reflegraveterait la mecircme theacutematisation de -άρηςthinsp61 Le datif myc a-re du theacuteo-nyme drsquoapregraves lui ne pouvait ecirctre ni celui drsquoun thegraveme sigmatique ni celui drsquoun thegraveme en -ηϜ- mecircme srsquoil est en veacuteriteacute difficile de ne pas reconnaicirctre dans les deux variantes cnossiennes a-re-i-jo et a-re-jo (= Ἄρεἱος vs Ἄρειος) lrsquoadjectif en -yo- correspondant au thegraveme sigmatique que pourrait du reste aussi attester la variante theacutebaine a-re-i qursquoil citait lui-mecircmethinsp62 Il consideacuterait de ce fait que le nom drsquoAregraves eacutetait agrave lrsquoorigine un thegraveme en εthinsp (-eh1-)thinsp63 et que la flexion en -εύς comme celle en -t- (Ἄρης Ἄρητοςthinsp64) qursquoattesteraient indirectement les deacuteriveacutes patronymique Heacutes Ἀρητιάδης et phratronymique arg Ἀμφιαρητείδας repreacutesentaient elles aussi des deacuteveloppements secon-dairesthinsp65 O Masson voyait de mecircme dans chypr Θάλες un ancien nom en εthinsp passeacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique agrave la flexion en dentale geacuten Θάλητοςthinsp66

Mais de mecircme que φύλαξ a pu ecirctre theacutematiseacute degraves la langue eacutepique en φύλακος ce qui a pu ecirctre reacuteinterpreacuteteacute bien plus tard comme lrsquoemploi de son geacutenitif comme un nominatif si lrsquoon en croit une scholie agrave Apollonios de

60 A R I 485 etc61 Heubeck p 18 et 20-2162 Voir CJ Ruijgh Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien 1967 p 265

contesteacute par Heubeck p 16 n 33thinsp on pourrait avoir de mecircme a-re-ị-mene ( ou a-re-ẓọ-me-ne TH Z 849) vs a-re-me-ne (TH Z 852) cf DMic sv Comparer a-re-i-jo vs a-re-jo (KN Le 641 1 et Vc 208) avec le patronymique e-te-wo-ke-re-we-i-jo (PY An 644 8-9 et Aq 64 15) fait sur lrsquoeacutequivalent drsquoalph Ἐτεοκλέ(Ϝ)ης

63 Crsquoest la doctrine toujours admise aujourdrsquohui voir par exemple le compte rendu de N Guilleux agrave A Bernabeacute-ER Lujan Introduccion al griego miceacutenico Gramatica seleccion de textos y glosario 2006 dans BSL 104 2 (2009) p 178

64 Ἄρητος nrsquoest attesteacute ni comme geacutenitif ni sans doute comme nominatif agrave εthinsp heacuteriteacute contre Heubeck p 14 n 22 Le nom Ἄρᾱτος ioniseacute en Ἄρητος (Od 3 440) est fait sur un autre radical celui de ἀρ(Ϝ)ά laquo priegravere vœu maleacutediction raquo voir le dictionnaire de Pape-Benseler Bechtel HPN 63 et Chantraine DEacuteLG sv

65 Heubeck p 17 et 20 ougrave est citeacute le parallegravele drsquohom Ἀφαρεύς et patron Ἀφαρήιος vs Ἀφάρητα (Bacch 5 129) et Ἀφαρήτιδαι (Pind Neacutem 10 65) Voir pour la forme heacutesiodique Bouclier 57-59 ougrave lrsquoadjectif patronymique Ἀρητιάδην est employeacute pour reacutefeacuterer au fils drsquoAregravesthinsp Ὃς καὶ Κύκνον ἔπεφνεν Ἀρητιάδην μεγάθυμον Pour le phratronyme voir E Lobel Oxy Pap 32 1967 ndeg 2618 frag 1 col 1 l 7 de Steacutesichore et W Vollgraff reacutefeacuterence citeacutee supra n 33

66 Agrave distinguer drsquoion Θαλῆς -έω drsquoun ancien Θαλέας aujourdrsquohui attesteacute agrave trois exem-plaires cf O Masson RPh 48 (1974) p 83 et n 2 Pour le Thalegraves chypriote du VIIe s voir du mecircme auteur ICS2 p 257 (ta-le-se)

300 sophie minon

Rhodesthinsp67 Ἀμφιαρεύς aurait pu ecirctre theacutematiseacute en ἈμφιάρηϜ-ος suivant un processus que pourrait aussi illustrer la reacutefection du composeacute ἀρχιερεύς en ἀρχιέρεως chez Heacuterodote qui aurait entraicircneacute celle du simple ἱερεύς dans les inscriptions ioniennesthinsp68 Le pheacutenomegravene pourrait mecircme srsquoobserver pour le theacuteonyme degraves lrsquoeacutepoque myceacutenienne si lrsquoon pouvait accorder foi agrave la lecture a-re-ẉọ de PY An 340 11 et suivre Gallavotti qui proposait avec preacutecaution de voir dans ce nominatif un deacuteriveacute de Ἄρηςthinsp69 Une partie du myceacutenien (au moins Thegravebes et Cnossosthinsp70) semble du reste avoir deacutejagrave amorceacute le meacutetaplasme du thegraveme ancien a-re en thegraveme sigmatique On ne peut donc exclure que la theacutematisation se soit faite agrave partir du composeacute deacutejagrave suffixeacute en -εύς que pourrait recouvrir la forme de geacutenitif supposeacute a-pi-ja-re-[wo ()] deacutejagrave citeacutee plutocirct qursquoau stade preacuteceacutedent ougrave le thegraveme eacutetait peut-ecirctre encore en -εthinspthinsp71 Notons du reste que drsquoun point de vue phoneacutetique la theacutematisation est plus attendue agrave partir drsquoun thegraveme (semi-)consonantique que vocaliquethinsp en face de Ἀμφιάρη-ος Heubeck citait du reste comme parallegravele le thegraveme nāw- du nom du laquo navire raquo (drsquoougrave -νᾱ(Ϝ)-ος gt -νηος) agrave semi-consonne et non agrave

67 Dans la scholie tardive 132b (G Lachenaud Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010 p 34) le scholiaste explique ainsi le processus de theacutematisation des noms atheacutematiques qursquoil attribue aux Ioniensthinsp Φύλακος Ἰωνικῶς ὁ φύλαξ Ἴωνες γὰρ τὰς γενικὰς ποιοῦσιν εὐθείαςthinsp il renvoie ensuite sur la question de lrsquoaccentuation agrave Heacuterodien cf n 64 ibid ougrave lrsquoauteur signale lrsquoaccentuation φυλακούς en Il 24 566

68 Voir deacutejagrave E Risch Wortbildung p 164 n 1 avec renvoi agrave J Wackernagel Zeitschrift fuumlr vergleichende Sprachforschunghellip 27 (1879) p 265 et P Chantraine Formationhellip p 13-14 pour la correacutelation entre theacutematisation et composition et p 130 ougrave il signale la rareteacute des composeacutes en -εύς ce qui peut expliquer aussi leur tendance agrave la theacutematisation Cf Hdte 2 37 (corrigeacute par les eacutediteurs modernes en ἀρχιερεύς) et Dittenberger Syll3 1037 l 4 (Milet ca 300thinsp ἱέρεως) 495 l 23 (Olbia ca 230thinsp geacuten ἱέρεω) et F Sokolowski Lois sacreacutees des citeacutes grecques Suppleacutement Paris 1962 78 l 2-3 (Chios IIe s av J-Cthinsp ἱρέωι) ou encore Ἀ Στεϕάνου Χιακὰ Μελετήματα 1 (1958) 26-32 l 7 (Chiosthinsp nom ἱέρεως) Autres exemples de theacutematisations chez Schwyzer Griechische Grammatik I p 458 et voir mes Inscriptions eacuteleacuteennes dialectales 2007 p 369 et n 13 avec le nominatif eacuteleacuteen μανάσιος du nom de lrsquouniteacute de mesure connue agrave Chypre sous la forme μνάσις Crsquoeacutetait deacutejagrave lrsquohypothegravese de Bechtel Griechische Dialekte II p 514 qui fai-sait de ἈμφιάρηϜος une forme secondaire parallegravele agrave Ἀμφιαρετεύς

69 C Gallavotti Paideia 12 (1957) p 329 voir DMic sv a-re-wo Sur la question de lrsquoori-gine du suffixe -ηϜ- et de ses rapports avec les autres suffixes du grec voir J-L Perpillou Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973 p 15-62

70 Cf n 62 Sur la coexistence de dialectes agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne que lrsquoon ne perccediloit qursquoagrave travers les lapsus des scribes formeacutes agrave eacutecrire la langue de la chancellerie de lrsquoeacutepoque qui repose sur un dialecte de type arcado-chypriote voir M Lejeune laquo Rapport sur le grec myceacutenien raquo Atti Roma 1968 II p 731 contre RJE Thompson laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 (1996-97) p 313-333 qui preacutefegravere voir dans les variantes les indices drsquoeacutevolutions linguistiques en cours comme J Chadwick laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 401 qui insiste sur lrsquouniformiteacute de la langue sur les diffeacuterents sites Dans le mecircme sens que M Lejeune voir sur le caractegravere dialectalement composite du myceacutenien N Guilleux loc cit supra note 63 p 299

71 Comme composeacute en -εύς deacutejagrave attesteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne on pourra citer en parti-culier a-pi-po-re-we (KN Uc 160 v 2 unanimement interpreacuteteacute comme ἀμφι-φορῆϜες) avec la variante haplologique a-po-re-we (PY Tn 996 3 ἀμφορῆϜε)

301ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

voyelle finale On ne dispose certes pas de parallegravele qui permette drsquoeacutetablir le sort de eh1 suivi de voyellethinsp72 Le troisiegraveme mode drsquoeacutevolution agrave savoir lrsquoeacutelar-gissement des thegravemes en -εthinsp en dentale (-ης -ητος) qui nrsquoest pas attesteacute en myceacutenien serait en revanche posteacuterieurthinsp73

Ἀμφι-άραοςPour expliquer ensuite que lrsquoancien Ἀμφιάρηος ait vu transformer le

εthinsp eacutetymologique de son second eacuteleacutement en athinsp pour prendre la forme Ἀμφιάραος R Wachter a reacutecemment repris agrave son compte lrsquoexplication accepteacutee par Kretschmer selon laquelle une eacutetymologie populaire aurait fait constituer secondairement -άρᾱος drsquoapregraves ἀράομαι au sens eacutepique de laquo prier raquothinsp74 en posant lrsquoeacutequation proportionnelle suivante qui preacutesuppose lrsquoeacutepopeacutee ionienne acclimateacutee agrave Athegravenes et en Beacuteotiethinsp ion ἀρήσομαιthinsp att beacuteot ἀρᾱσομαι = ion Ἀμφιάρηοςthinsp att beacuteot x avec x = Ἀμφιάρᾱοςthinsp75 Il faisait neacuteanmoins remarquer le caractegravere plus eacuteconomique de lrsquoautre hypo-thegravese qui aurait fait partir de -ᾱος ioniseacute en -ηος atticiseacute en -εως puis refait en -ᾱος trajectoire qursquoillustre dans le lexique lrsquoappellatif λᾱός qui nrsquoest cependant substitueacute en attique agrave λεώς qursquoagrave la fin du IIIe siegraveclethinsp76 Les tenta-tives sporadiques drsquoionisation du heacuteronyme dans la langue eacutepique auraient eacuteteacute en ce cas agrave lrsquoorigine des formes agrave vocalisme εthinsp des leacutegendes vasculaires corinthiennes les plus anciennes comme des flottements observeacutes dans la tra-dition pindarique Il est vrai qursquoil est impossible vu la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφια- de reconnaicirctre eacutetymologiquement au second

72 Pas drsquoexemple comparable ni chez R Beekes The Development of the Proto-Indo-European laryngeals in Greek La Haye-Paris 1969 p 170-172 ni chez M Peters Untersuchungen zur Vertretung der indogermanischen Laryngale im Griechischen Wien 1980 p 272 La finale -ᾱων ονος de noms de Troyens comme Ἀρετάων ou de lrsquoethnique Ἰάονες cf P Chantraine Formation p 162-163 aurait pu laisser supposer que devant une autre voyelle la voyelle longue issue de eh1 se conservait au mecircme titre que le athinsp issu de eh2 si le myceacutenien nrsquoinvitait en fait agrave res-tituer -ᾱϜων cf O Landau Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958 p 185-186

73 Heubeck p 1974 Kretschmer op cit (n 47) p 123 Lrsquoeacutetymologie populaire est refleacuteteacutee par Photius

Bibliothegraveque Bekker 148a l 36thinsp ὅτι Ἀμφιάραος ἐκλήθη ἐπεὶ ἄμφω οἱ τῆς μητρὸς γονεῖς ἠράσαντο αὐτὴν ἄνευ τεκεῖν μόγου Le heacuteronyme aurait-il ainsi eacuteteacute reacuteinterpreacuteteacute comme laquo celui que lrsquoon prie de part et drsquoautre raquo avec un rappel agrave Thegravebes de lrsquoorigine argienne du heacuteros et du culte qursquoil recevait aussi en Argolide tandis qursquoagrave Oropos il aurait eacuteteacute le heacuteros auquel on rendait un culte de part et drsquoautre de la frontiegravere que lrsquoon fucirct Atheacutenien ou Oropienthinsp

75 R Wachter NAGVI 77 renvoie agrave Kretschmer loc cit Autre hypothegravese insatisfaisante de M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 191-193thinsp lrsquoanalogie des composeacutes anthroponymiques agrave second eacuteleacutement -λᾱϜ ος (gt -lœthinspwos en zone io-att) aurait fait passer -rēwos () agrave -rœthinspwos drsquoougrave beacuteot -ρᾱος par hypercorrection

76 Crsquoest par exemple lrsquointerpreacutetation du dictionnaire de W Pape et G Benseler de 1911 Pour la substitution de λᾱός agrave la forme ionienne-attique λεώς agrave partir de lrsquoeacutepoque helleacutenistique voir L Threatte GAI II 1996 p 39 Lrsquoionien ne semble pas avoir eu ληός cf A Meillet Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 1975 p 313 Lrsquohistorien Polybe est le premier prosateur agrave rem-ployer la forme ancienne λαός comme aussi ναός cf J-A de Foucault Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972 p 65

302 sophie minon

eacuteleacutement le radical de ἀρά laquo priegravere raquo drsquoun plus ancien ἀρϜά (arc κάταρϜος) drsquoougrave ion ᾱρή dans la poeacutesie homeacuteriquethinsp77 Il faut donc bien admettre comme seul authentique le radical ἀρ- agrave bregraveve initiale dont deacuterivent le thegraveme agrave εthinsp que recouvrent hom feacutem ἀρή laquo malheur perte raquo et masc Ἄρης le thegraveme en -εthinspw- qui est aussi ancien pour le theacuteonyme ainsi que le substantif ἄρος que fait connaicirctre la triple glose drsquoHeacutesychius dont le sens neacutegatif βλάβος ἀκούσιον rejoint le seacutemantisme funeste des premiers

Ἀμφ-ιέραοςLrsquoultime transformation en Ἀμφιέραος variante sporadique connue

par quelques deacutedicaces attiques priveacutees et autres inscriptions helleacutenistiques de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos et dont teacutemoigne aussi le nom drsquoassociation Ἀμφιεραισταί agrave Rhamnonte fin IIIedeacutebut IIe siegraveclethinsp78 a pu se produire agrave Oropos ougrave elle aurait eacuteteacute motiveacutee par la volonteacute drsquoioniserthinsp79 une seacutequence dont la reacuteinterpreacutetation par fausse coupe comme Ἀμφ-ιαρ-αοςthinsp80 aurait juste-ment eacuteteacute favoriseacutee par la proximiteacute seacutemantique entre la notion de laquo sacreacute raquo et celle de laquo priegravere raquo que lrsquoeacutetymologie populaire avait secondairement rattacheacutee agrave ce nom de heacuteros Il ne peut y avoir lagrave en effet que la reacuteeacutetymologisation reacutecente drsquoun nom dont lrsquoabsence drsquoattestation drsquoἈμφίερος ου drsquoἌμφιρος agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique indique qursquoil ne repose sur rien drsquoancien Le myceacute-nien du reste ne connaissait que le degreacute e de ce radical (i-je-ro i-je-re-u etc) sans avoir jamais employeacute semble-t-il ni i-ja-ro ni i-a2-rothinsp81thinsp il est vrai que lrsquoanthroponyme a-pi-a2-ro qui pourrait theacuteoriquement avoir comme eacutequiva-lent alphabeacutetique lrsquoanthroponyme Ἀμφίαρος est interpreacuteteacute unanimement comme Ἀμφί-hαλος avec au second eacuteleacutement le radical du nom du laquo sel raquothinsp82 principalement parce que la forte repreacutesentation du radical de forme i-(j)

77 M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 186 n 578 Pour les deacutedicaces attiques contemporaines des inscriptions de lrsquoAmphiaraion voir

L Threatte GAI I p 126thinsp pour les proxeacutenies et autres deacutecrets de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos V Petrakou Οἱ ἐπιγραφές τοῦ Ὠρωποῦ Athegravenes 1997 eg ndeg 9 et 17 deacutebut IIIe s ndeg 60 etc et cf IG II-III2 (1) 1322 pour lrsquoassociation des Ἀμφιεραισταί

79 Comme les formes en Ἀμφιερ- commencent seulement agrave apparaicirctre au tournant du IVe et du IIIe siegravecle alors qursquoapregraves 312 les Beacuteotiens sont agrave nouveau maicirctres drsquoOropos qui fait partie du koinon tout en gardant son statut de citeacute (MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory ndeg 214) ce changement de vocalisme radical peut ecirctre interpreacuteteacute comme une marque drsquoidentiteacute (-ιαρ- fait beacuteotien) de la part des Oropiens dont le dialecte est apparenteacute agrave lrsquoionien drsquoEubeacutee Il est moins plausible drsquoy voir un indice de la koineacuteisation du dialecte qui nrsquoaurait pas affecteacute degraves cette peacuteriode le radical drsquoun heacuteronyme

80 L Threatte GAI I p 126 et 391 heacutesite entre deux explications pour la variante Ἀμφιέραοςthinsp tendance agrave la dissimilation ou plus vraisemblablement confusion avec le radical de ἱερός

81 Voir RJ Thompson laquo Dialects in Mycenaean and mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 1996-97 p 330

82 DMic sv a-pi-a2-ro et cf A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 51

303ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

e-r(V) fait exclure que le vocalisme a puisse avoir eacuteteacute mecircme sporadiquement repreacutesenteacutethinsp83

ἈμφίαροςLrsquoanthroponyme hapax dont il vient drsquoecirctre question Ἀμφίαρος figure

agrave cocircteacute de Παμφίλη de Ἀμφίλοχος et de Ἀμφίας sur un loutrophoros du IVe siegravecle a C trouveacute agrave Athegravenesthinsp84 La segmentation Ἀμφ-ίαρος qui ferait identifier le second eacuteleacutement de ce composeacute comme le radical agrave vocalisme non ionien-attique de ἱερός cf eg Ἀγχ-ίαρος agrave Thespies et Cheacuteroneacutee ou Καλλ-ίαρος vs Καλλ-ίερος agrave Delphesthinsp85 est probablement agrave exclure agrave cause de lrsquoassociation avec le nom feacuteminin agrave finale -η quant agrave lui bien attiquethinsp on attendrait Ἀμφίερος qui nrsquoest nullement attesteacute

La solution qui consisterait agrave y voir une forme courte pour Ἀμφιάραοςthinsp86 se heurte au fait que cette forme du heacuteronyme nrsquoest attesteacutee comme anthropo-nyme qursquoagrave partir du Ier siegravecle de notre egraverethinsp87 Il est alors preacutefeacuterable drsquoy voir un deuxiegraveme exemple de composeacute agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- non eacutelideacute comme dans le cas de Ἀμφιάρηος devant un second eacuteleacutement de forme -αρος ndash lrsquoana-logie de la seacutequence iathinsp de lrsquohypocoristique Ἀμφίας aurait pu contribuer au maintien de lrsquohiatus On aurait pu srsquoattendre agrave un second eacuteleacutement en -άρης-ήρης en lien avec notamment le substantif ἄρος (cf infra II sous Ἀμφάρης) mais -αρος qui est attesteacute par exemple dans le nom du magistrat moneacutetaire Εὔαρος agrave Eacutephegravese au Ve siegraveclethinsp88 peut srsquoexpliquer comme une forme de second membre court parallegravele agrave feacutem -αρώ (cf Κλειναρώ agrave Paros au IIe siegravecle avant J-C ou νεικα(ρ)ώ fille de Ἀρίστων agrave Thegravebes au IIeIIIe siegravecle de notre egravere) bacirctie agrave partir du radical ἀρ- soit de ἀρετή soit de ἄριστοςthinsp89 La derniegravere solution qui aurait consisteacute agrave y voir un deacuteriveacute comparable agrave Ἀμφί-ας au suf-fixe rare -αρος issu de la grammaticalisation de la formation hypocoristique susdite doit sans doute ecirctre eacutecarteacutee parce qursquoelle est plutocirct attendue dans le cas drsquoun sobriquet tel Βάτταρος fait sur Βάττοςthinsp90

En zone non ionienne-attique crsquoest en revanche ἱαρός qursquoil faut recon-naicirctre au second eacuteleacutement du nom nouveau de lrsquoArgien Γνοhίαρος que fait connaicirctre Ch Kritzas dans le mecircme volumethinsp91 composeacute agrave rection ver-

83 Sur le caractegravere cependant dialectalement stratifieacute du myceacutenien voir deacutejagrave supra n 7084 LGPN II Polemon 4 (1949) p 33 ndeg 32 et V Bardani-G Papadopoulou-V Petrakos

Συμπλήρωμα τῶν ἐπιτυμβίων μνημείων τῆς Ἀττικῆς Athegravenes 2006 ndeg 152985 Pour Ἀγχίαρος cf Y Kalliontzis BCH 131 (2007) [2009] p 495-496thinsp pour Καλλίαρος

vs Καλλίερος respectivement SGDI 1987 l 16 175 av J-C et 1867 l 10 177 av J-C86 Hypothegravese de J Traill Persons of Ancient Athens 2 p 100 ndeg 12513587 Deux Atheacuteniens LGPN II88 A Meadows-U Wartemberg (eacuted) Coin Hoards 9 Londres 2002 p 102 ndeg 189 Κλειναρώ IG XII (5) 186 18thinsp νεικα[ρ]ώ IG VII 2681 et cf infra n 14390 Cf O Masson respectivement Philologus 110 (1966) p 256 et n 5 (= OGS I p 91) agrave

propos des noms Λεύκαρος et Λευκάριστος et Glotta 54 (1976) 94 et n 55 (= OGS I p 279)91 Crsquoest lrsquoanalyse de Ch Kritzas pour le nom de lrsquoArgien Γνοhίαρος qursquoil eacutetaie du rappro-

chement avec le nom Ἱερόγνωτος drsquoun Deacutelien IG IX (2) 135 23 IVe s

304 sophie minon

bale comme le nom Δεξίαρος attesteacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique pour deux Beacuteotiensthinsp92

Remarquons pour conclure cette partie que les deacuteveloppements eacutetymo-logiques ici exposeacutes conduisent agrave admettre que le i final de ἀμφι- nrsquoa pas plus eacuteteacute eacutelideacute dans le heacuteronyme Ἀμφιάρηος que dans le nom de lrsquoAtheacutenien Ἀμφίαρος et qursquoil ne lrsquoaurait eacuteteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne dans a-pi-ja-re agrave supposer que cette forme syllabique ait bien Ἀμφιάρης comme correspon-dant alphabeacutetique et cela en contradiction avec la regravegle veacuterifieacutee du moins pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique selon laquelle cette eacutelision eacutetait reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale Ἀμφιάρης serait le seul nom en Ἀμφι- ougrave une telle exception srsquoobserverait du myceacutenien au grec alphabeacutetiquethinsp93 Le teacutemoignage du myceacutenien laisse en effet supposer pour les preacutefixeacutes en ἀμφι-thinsp la conservation de lrsquohiatus devant h (a-pi-e-ke pour ἀμφι- + hέχει ou hῆκε)thinsp la dieacuteregravese devant ancienne laryngalethinsp94 sauf en morphologie ver-bale ougrave lrsquoeacutelision est pratiqueacutee (a-pe-e-ke pour ἀμφ- ou ἀπ- + augment ἔ + hεχε ou hηκε) Notons toutefois que lrsquoeacutelision pourrait avoir coexisteacute comme variante degraves le myceacutenien si lrsquoon postulait lrsquoeacutequivalence entre a-pa-re-[uthinsp] et dor ἈμφᾱρηςἈμφᾱρεύςthinsp mais la seacutequence syllabique est seulement inter-preacuteteacutee comme correspondant agrave Ἀφᾰρεύς voire agrave Ἁρπαλεύςthinsp95

Il nrsquoest pas sucircr en revanche que Ἀμφαρίδας et Ἀμφιαρίδας preacutesenteacutes comme exemple de doublet dans lrsquointroductionthinsp96 teacutemoignent de la mecircme variation agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp le second nom pourrait fort bien deacuteriver du nom Ἀμφ-ίαρος et ecirctre par conseacutequent sans relation avec le premier sur lequel nous reviendrons agrave lrsquooccasion de lrsquoeacutetude du nom Ἀμφάρης

92 LGPN IIIBthinsp Coroneacutee 182 av J-C Syll3 585 l 210 et Orchomegravene IIIeIIe s A Wilhelm Neue Beitr 4 p 10 ndeg 1 l 12-13 pegravere notamment drsquoun Ἱαροκλῆς

93 Les deux seuls autres exemples syllabiques possibles drsquoanthroponymes en Ἀμφι- avec dieacute-regravese devant un second eacuteleacutement agrave laryngale initiale eacutetymologique ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() et a-pi-je-ta ne preacutesentent pas de correspondant en grec alphabeacutetique Pour ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() KN B 812a qursquoon pose une eacutequivalence avec Ἀμφιάγορος Ἀμφίαγρος ou Ἀμφίακρος on srsquoattendrait agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique agrave ce que le premier eacuteleacutement agrave -i final soit eacutelideacute comme crsquoest toujours le cas devant le second eacuteleacutement en -αγορ--ηγορ-thinsp et si Πολίαγρος (LGPN I et II) conserve son i devant -αγρος crsquoest pour eacuteviter toute confusion avec le radical de πολύς Or Ἀμφάγορος Ἄμφαγρος et Ἄμφακρος ne sont pas davantage attesteacutes On aurait un autre exemple de dieacuteregravese si a-pi-je-ta PY An 6577 avait pour correspondant Ἀμφι-έρτας agrave comparer avec Λαέρτης Ὀρσέλαος avec le radical de ὄρνυμι voir A Leukart op cit sect 66 et F Bader Minos 10 (1969) p 50 Mais une autre interpreacutetation est possible qui expliquerait lrsquoabsence drsquoeacutelision de a-pi- en conformiteacute avec la regravegle mise en eacutevidence pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp Ἀμφιέτας en lien avec ἵημι (de yeH1) de preacutefeacuterence agrave Ἀμφιέρτας en lien cette fois avec ὄρομαι (de wer-) qui laisserait plutocirct attendre myc a-pi-we-ta

94 Outre a-pi-ja-re cf n 44 voir ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() note preacuteceacutedente95 F Aura Jorro DicMic sv96 Lrsquohypothegravese drsquoune variation drsquoordre phoneacutetique propre au beacuteotien dont teacutemoignerait la

graphie Ἀμφαρίδας vs Ἀμφιαρίδας doit ecirctre eacutecarteacutee cf n 37

305ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Il reste alors pour justifier ce qui ne constitue en deacutefinitive une exception que pour cette eacutepoque agrave invoquer une contrainte drsquoordre prosodique telle que la preacutefeacuterence pour la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφιαρ- qui peut srsquoecirctre conjugueacutee agrave la reacutepugnance agrave constituer une seacutequence gra-phique Ἀμφαρ- qui eacutetait eacutetymologiquement ambigueuml en dehors de lrsquoionien et de lrsquoattique puisqursquoelle pouvait paraicirctre proceacuteder aussi bien de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω au second eacuteleacute-mentthinsp97 que de Ἀμφ- eacutelideacute + -αρ- du radical de Ἄρης ἄρος ou ἀραρίσκω Crsquoest preacuteciseacutement en ces termes que se pose la question de lrsquoeacutetymologie du nom de lrsquoeacutephore spartiate meurtrier drsquoAgis Ἀμφάρης

IIenspἈμφάρης et la polyseacutemie du radical ἀρ-

Ἀμφ-άρηςἈμφ-ήρηςLe nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφάρης que mentionne Plutarque a eacuteteacute

porteacute par un Atheacutenien (agrave la formule onomastique partiellement doriseacutee) et par un Phocidien qui veacutecurent tous deux au IVe siegraveclethinsp98 Dans lrsquohypothegravese ougrave le a meacutedian aurait eacuteteacute allongeacute en composition et le premier eacuteleacutement Ἀμφι- eacutelideacute comme on lrsquoattend conformeacutement agrave la regravegle phoneacutetique deacutejagrave invoqueacutee Ἀμφᾱρης pourrait alors eacuteventuellement ecirctre rapprocheacute de Ἀμφήρης dont Platon fait lrsquoun des souverains de lrsquoAtlantide fils de Poseacuteidon et de Kleitocirc agrave moins que le second membre de ce nom nrsquoait comporteacute un e eacutetymologique et ne soit plutocirct en lien avec ἐρέττωthinsp99 Lrsquoexistence parallegravele des suffixeacutes en -ίδᾱης Ἀμφηρε-ίδης et Ἀμφαρε-ίδας pourrait conforter le premier rappro-chementthinsp100 Bechtel part de ce principe puisqursquoil classe Ἀμφ-άρης agrave cocircteacute de Ξειν-ήρης et les rattache tous deux agrave ἄρος que fait connaicirctre la glose drsquoHeacutesy-

97 Voir P Chantraine DEacuteLG sv φέρω98 Voir Plut Agis 18 agrave 21 ougrave lrsquoacc est transmis sous la forme Ἀμφάρην par confusion

banale agrave cette eacutepoque entre sigmatiques et masculins en -athinsps (gt -ης)thinsp pour lrsquoAtheacutenien du IVe s cf infra n 153 et pour le Phocidien contemporain CID 2 ndeg 31 l 7 (geacuten Ἀμφάρεος)

99 Platon Criti 114b et cf infra n 113100 Ἀμφηρείδης (Atheacutenien FD III (2) 23 l 19 1387 a C) et Ἀμφαρείδας (Kleitor IIIe s

LGPN IIIA) La forme -ίδης du suffixe du nom ancien Ἀμφηρίδης agrave Thasos et agrave Paros (LGPN I) laisse supposer qursquoil deacuterive plutocirct de Ἄμφηρις que de Ἀμφήρης comme le nom du Spartiate Κλεαρίδας (Thuc IV 132 3) deacuteriverait de son cocircteacute de Κλέαρις (Thasos IG XII (8) 280 l 13 VIeVe s) dont on notera cependant que le a meacutedian est ici de quantiteacute bregraveve Dans le cas des thegravemes sigmatiques on srsquoattend agrave ce que le suffixe -ίδης srsquoajoute au suffixe sigmatique drsquoougrave -ε(σ)-ίδης gt -είδηςthinsp et lrsquoexistence de nombreux composeacutes agrave second eacuteleacutement -μενίδης nrsquoest pas contradictoire puisqursquoils semblent avoir eacuteteacute bacirctis sur μένω plutocirct que deacuteriveacutes drsquoun second eacuteleacute-ment -μένης Dans le cas particulier des noms en κλῆς lrsquoargien par exemple preacutesente cependant -ηίδας dans le phratronyme Ὀϕελλοκληίδας ensuite moderniseacute en Ὀφεltλgtλοκλείδας cf IG IV 553 l 6 Ve s (-κλε ίδας) lrsquoineacutedit E 67 dateacute 330-300 (-κληίδας) et la proxeacutenie argienne drsquoun Thrace SEG 30 357 l 11 ca 300 (-κλείδας) Pour les modaliteacutes morphologiques et phoneacutetiques de la deacuterivation en -ίδας cf mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011

306 sophie minon

chius deacutejagrave citeacutee avec le sens positif de laquo providence raquothinsp101thinsp ils appartiendraient alors agrave la cateacutegorie des bahuvrīhi ou eacutepithegravetes de type possessifthinsp102 Drsquoun autre cocircteacute si le a meacutedian de Ἀμφάρης eacutetait effectivement long agrave la diffeacuterence de celui du heacuteronyme Ἀμφιάρηος le second eacuteleacutement -ᾱήρης pourrait tout aussi bien ecirctre analyseacute comme deacuteriveacute de la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo adapteacute agrave raquo ou laquo pourvu de raquo drsquoautant que le composeacute ἀμφήρης laquo ajusteacute des deux cocircteacutes raquo est attesteacute dans le lexique poeacutetiquethinsp103thinsp on aurait alors un composeacute agrave rection verbale dont la composition aurait eu lieu dans lrsquoadjec-tif avant son transfert dans lrsquoonomastique Les deux hypothegraveses pourraient du reste ne pas ecirctre incompatiblesthinsp lrsquoeacutetymologie du substantif ἄρος nrsquoest pas assureacutee mais le premier sens de la glose drsquoHeacutesychius (ἄρος ὄφελος) srsquoaccorderait assez bien avec la notion positive de conformiteacute et drsquoajuste-ment veacutehiculeacutee par la racine H2er- que lrsquoon trouve agrave lrsquoorigine notamment de ἀραρίσκω de ἀρείων et de ἄριστοςthinsp104

Ἀν(α)-φαρ- Ἀμ(φι)-φαρ-thinspIl ne serait en theacuteorie pas impossible drsquoavancer agrave ce stade une autre

hypothegravesethinsp celle que Ἀμφάρης ait pu proceacuteder en dehors du domaine ionien-attique soit de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope soit de Ἀμ(φι)-φαρ- avec haplologie devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω comme pourrait en teacutemoi-gner lrsquoadjectif correspondant que fait connaicirctre une glose drsquoHeacutesychius proba-blement issue de la contamination de trois autresthinsp ἀμφαρής περιορωμένη κατολιγωρουμένη καὶ γυμνός ἐπιφανήςthinsp105 Les adjectifs agrave second eacuteleacute-ment -φερής bien attesteacutes se rencontrent degraves Heacuterodote et Heacutesychius fait aussi connaicirctre ἀντιφαρές gloseacute ἐναντίον en face de ἀντιφερής que sup-pose lrsquohom ἀντιφερίζωthinsp106 Ni ἀν(α)φερής ni les formes sans haplologie ἀμφιφαρής et ἀμφιφερής ne sont cependant attesteacutes Nous aurons lrsquoocca-sion de veacuterifier la validiteacute de cette hypothegravese agrave propos du nom Ἀμφαρίον agrave la fin de la troisiegraveme partie

101 Bechtel HPN 193102 Voir eg E Risch Wortbildung p 166-170103 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης renvoie agrave Eur HF 243 (qualificatif de ξύλα) et agrave Ion

1128 (ἀμφήρεις σκηνάς)104 Cf infra n 111105 La glose est consideacutereacutee agrave plus drsquoun titre comme suspecte par Lattethinsp par exemple crsquoest

agrave lrsquoeacutevidence ἀφαρήςἄφαρος qui est agrave lrsquoorigine du sens γυμνός comme lrsquoavait deacutejagrave signaleacute Schmidt et Kuster avant lui Pour lrsquoeacutequivalence entre ἀν(α)φαρής et ἐπιφανής qui serait pos-sible agrave condition de donner aux deux adjectifs le sens de laquo manifeste eacuteclatant raquo voir Pind Neacutem 11 38 ougrave ἀναφέρω (ἀμφέροντ(ι)) est employeacute au sens de laquo produire au jour faire remon-ter agrave la lumiegravere raquo agrave propos de vertus resurgissant drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre Lrsquoideacutee drsquoindiffeacuterence et de meacutepris dont teacutemoigne lrsquoeacutequivalence avec περιορωμένη κατολιγορουμένη pourrait se com-prendre mieux quant agrave elle agrave partir de ἀμ(φι)φαρής au sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo drsquoougrave neacutegativement laquo indeacutecis sans opinion raquo

106 Cf infra n 158

307ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Le nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφ-άρηςCependant dans le cas du nom de lrsquoeacutephore spartiate le rapprochement

avec le nom Δαμάρης assez populaire agrave Sparte agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacute-nistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp107 et avec les noms anciens des Spartiates Μενάρης (μένει ὀξὺν Ἄρηα Il 12 836) et peut-ecirctre Κλεαρίδαςthinsp108 incite agrave mettre ici -άρης en relation soit avec ἀρή laquo ruine destruction raquo soit direc-tement avec le nom drsquoAregraves comme on tendait en revanche agrave lrsquoeacutecarter pour le heacuteronyme Ἀμφιάρηος Lrsquoexistence du nom Δημάρης porteacute par un Deacutelien et lrsquoabsence de Δημήρης de Μενήρης et de Κλέηρις dissuadent de plus de retenir lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement agrave voyelle longue initiale -ᾱήρης Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le contraste entre la poigneacutee drsquoanthroponymes composeacutes en -ήρης attesteacutes dans lrsquoensemble du monde grec dont lrsquoidentifi-cation avec le radical de ἀραρίσκω nrsquoest du reste probable que pour le seul Φρασιήρης et la vingtaine de composeacutes en -άρης dont plus de la moitieacute est attesteacutee en zone ionienne-attiquethinsp109 fait douter que ce dernier eacuteleacutement ait comporteacute une voyelle longue initiale ailleurs que dans la phraseacuteologie poeacute-tique et dans le calque Μενάρης

Du radical ἀρ- aux bases ἀρι- ἀρο- et ἀρήIl a donc principalement existeacute des composeacutes anthroponymiques agrave second

eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης ndash et de mecircme en -αρις -αρος et -αρώthinsp110 dans lesquels srsquoobserve la mecircme absence drsquoallongement de la voyelle de jonction que dans Ἀμφιάρηος en deacutepit mecircme de lrsquoeacutelision et cela en contradiction avec la loi drsquoallongement urgriechisch mise en eacutevidence par Wackernagel dont lrsquoapplication nrsquoest certes reacuteguliegravere que dans les composeacutes nominaux anciens de lrsquoeacutepoque alphabeacutetique comme cela a eacuteteacute exposeacute en preacuteambule Comme pour ἀμφαρίστερος il est probable que la conservation du a bref eacutetait destineacutee agrave laisser visible le lien eacutetymologique avec la famille de ἀραρίσκω ἀρείων ἀρι- ἄρος et celle de ἀρή Ἄρης vraisemblablement lrsquoune et lrsquoautre issues sinon de la mecircme base du moins de la mecircme racine H2er-thinsp111 en eacutevitant la confusion possible avec les autres -ήρηςthinsp112 comme

107 Le nom Δαμάρης a eacuteteacute porteacute par quatorze Spartiates par un Arcadien (LGPN IIIA) par un Deacutelien et deux Creacutetois (LGPN I) et un citoyen drsquoAmisos (LGPN VA)

108 Bechtel HPN 69 cf Heacuterodote VIII 131 VIe s et n 99 pour Κλεαρίδας et Κλέαρις109 Pour lrsquoorigine poeacutetique du composeacute Φρασι-ήρης cf supra n 6 Drsquoapregraves le site du

LGPN en ligne les autres composeacutes en -ήρης sontthinsp Εὐήρης Ξεινήρης Περιήρης et Πολυήρης tous attesteacutes agrave un seul exemplaire sauf le premier (5 individus) Pour -άρης voirthinsp Ἀμφ(ι)άρης Ἀνδράρης (zone ion-att) Δαημάρης (id) Δειξάρης Διάρης (id) Δρομάρης (id) Εὐάρης (id) Θεάρης Κλεάρης Λυκάρης (id) Μαχάρης (id) Μενάρης (id) Ξεν(Ϝ)άρης (id) Ξιφάρης (id) Πανάρης Παντάρης Ποδάρης Τιμάρης

110 Cf Κλέαρις n 100 et Εὔαρος et Κλειναρώ n 89111 Voir H Rix LIV2 sv H2er- (ἀραρώς) H2erH (Ἄρης) et H2erH3 (ἀρόω) et cf supra

n 56 pour lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour le nom drsquoAregraves par T Barnes112 Il nrsquoest pas sucircr que lrsquoadj hom ἐρίηρες laquo fidegraveles raquo (de wēr- cf hom ἦρα et Chantraine

DEacuteLG sv) ait geacuteneacutereacute des anthroponymes en dehors de lrsquoeacutepopeacutee ougrave le second membre de Διώρης

308 sophie minon

dans poeacutet ἀμφήρης laquo avec des rames de part et drsquoautre raquo (cf ἐρέττω)thinsp113 ou -ηρις (de ἔρις) comme dans poeacutet δύσηρις et lrsquoanthroponyme correspon-dant dont pourraient ecirctre rapprocheacutes le nom du Thasien Ἀμφηρίδης deacuteriveacute de Ἄμφηρις ainsi que lrsquoadjectif ἀμφήριστοςthinsp114

IIIenspἈμφαρίον Δαμαρίων et Θεαρίων

Lrsquoemploi anthroponymique du suffixe -ίωνLes analyses meneacutees jusqursquoici permettent-elles de deacutemecircler lrsquoorigine du

nom nouveau Ἀμφαρίονthinsp En lrsquoabsence de correspondant myceacutenien il res-sort des eacuteleacutements qui ont eacuteteacute deacutegageacutes pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique que si le premier eacuteleacutement eacutetait Ἀμφι- lrsquoeacutelision de sa voyelle finale eacutetait attendue devant -αρ- ndash ne serait-ce que pour eacuteviter lrsquohiatus iV dans deux syllabes successives sans que lrsquoallongement de la voyelle initiale du second eacuteleacute-ment ait neacutecessairement accompagneacute cette eacutelisionthinsp mais qursquoen pays dorien il serait theacuteoriquement possible que Ἀμφαρ- ait valu ion-att ἀναφερ- et soit un composeacute deacuteverbatif comme cela vient drsquoecirctre exposeacute pour le nom Ἀμφάρης La suffixation de notre anthroponyme est-elle alors compatible avec lrsquoune et lrsquoautre formationthinsp

-ίωνForce nous est de constater que la finale -ίων moins reacutepandue dans

lrsquoanthroponymie que le suffixe -ων lrsquoest encore moins parmi les composeacutesthinsp sur les 1060 noms diffeacuterents preacutesentant cette finale dans les six volumes du Lexicon of Greek Personal Names soit 3 de la totaliteacute des noms connus 7 seulement preacutesentent la forme pleine de composeacutes ndash ce sont geacuteneacuteralement des noms rares dont ne sont connus que 2 3 exemplaires mais qui tendent agrave se deacutevelopper au-delagrave de lrsquoeacutepoque classique contre une majoriteacute drsquohypo-coristiques et de sobriquetsthinsp115 Le deacutepouillement de lrsquoindex inverse du LGPN

et Περιήρης aurait cette origine cf Bechtel HPN 194 tandis que Risch Wortbildung p 79 le rapproche de la racine de ἀραρίσκω Lrsquoanalyse du nom de lrsquoArcadien Πολυ-ήρης (monnaie ineacute-dite du IIe s av J-C ZfN 9 [1882] p 266 ndeg 2) est de mecircme ambigueuml

113 La motivation du nom Εὐήρης de trois Thasiens aurait-elle eacuteteacute celle-lagravethinsp la deacutesignation de laquo bons rameurs raquothinsp Pour lrsquoadj poeacutetique ἀμφήρης cf eg Eur Cycl 15

114 Voir DGEsp sv δύσερις poeacutet δύσηρις et ἀμφήριστος et LGPN IIIB deux Thessaliens du nom de Δύσηρις au VIe et IVe s av J-Cthinsp pour Ἀμφηρίδης supra n 100

115 Sondage effectueacute agrave lrsquoaide de la base de donneacutees en ligne du site du LGPN Citons comme composeacutes suffixeacutes en -ίωνthinsp le rare et tardif Ἐπαγαθίων agrave cocircteacute de Παρμενίων qui bat au contraire tous les records dans cette cateacutegorie (197 individus) et dont lrsquoamplitude chronologique des attestations srsquoexplique agrave la fois par le renom du philosophe Parmeacutenide et par celui du lieute-nant Parmeacutenion drsquoAlexandrethinsp la lexicalisation de lrsquoadjectif composeacute ἐμπόριος fait plutocirct inter-preacuteter lrsquoancien Ἐμπορίων (eg LGPN II) comme un sobriquet Comme hypocoristiques on citera par exemple Πασίων (122 individus) forme abreacutegeacutee drsquoun composeacute du type Πασικράτης (60) et Ἐπαφρ-ίων (19) pour Ἐπαφρόδιτος (515)thinsp et comme sobriquets Διδυμίων ou Ἐλευθερίων qui sont lrsquoun et lrsquoautre drsquoeacutepoque impeacuteriale (LGPN passim)

309ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

IIIA (Peacuteloponnegravese Gregravece de lrsquoOuest Sicile et Grande-Gregravece) laisse identifier 40 composeacutes sur les 350 noms diffeacuterents agrave finale -ίων soit un rapport drsquoun peu plus de 11 thinsp un seul est attesteacute en Argolide occidentale preacuteciseacutement agrave Argos mais seulement agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp Ἁρποκρατίωνthinsp116

Le suffixe -ίων qui servait dans le lexique de suffixe de comparatif srsquoest drsquoabord introduit dans les sobriquets adjectivaux du type Αἰσχρίων (234 individus) Καλλίων (20) ou Κυδίων (2) avec sa valeur grammaticalethinsp notons toutefois que Γλυκίων qui est connu comme comparatif homeacuterique nrsquoest attesteacute qursquoagrave deux exemplaires contre plusieurs centaines drsquoexemples de Γλύκων dans lrsquoensemble du monde grecthinsp117 Dans les autres cas la suffixation est produite par lrsquoadjonction du suffixe banal -ων agrave un i- final extrait lui-mecircme drsquoun thegraveme en -ιο-thinsp118 ou plus souvent drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute verbal ou adjectival du type Ἀλεξικράτης (43 individus) drsquoougrave Ἀλεξίων (103) Il arrive plus rarement que le suffixe -ίων ainsi creacuteeacute apparaisse agrave la finale drsquoun composeacute comme le tregraves populaire Παρ-μεν-ίων composeacute pour lequel sont attesteacutees 26 autres formes de suffixations dont -ων tregraves repreacutesenteacute eacutegalement (136 individus)thinsp selon Bechtel crsquoest Πάρμενις qui a seacutecreacuteteacute Παρμενίδας Παρμενίτας Παρμενίων Παρμένισκος etcthinsp119 Il nrsquoy a pas drsquoexemple drsquohypocoristique qui conserve les seuls phonegravemes initiaux du second eacuteleacutement affecteacute de ce suffixe puisque Δαμοτί-ων forme courte de Δαμότιμος et son correspondant ionien-attique nrsquoont pas drsquoeacutequivalent en -των et sont par conseacutequent suffixeacutes en -ων et non en -ίων et qursquoil en va de mecircme pour tous les composeacutes agrave second eacuteleacutement -τίων

-ωνCependant le suffixe -ων nrsquoeacutetait guegravere plus couramment adjoint agrave un

nom composeacute Crsquoest surtout une suffixation de sobriquetsthinsp120 bien plus que drsquohypocoristiquesthinsp on ne citera que Δαμών-ων Ἀλκί-ν-ων et νικ-άρ-ων parmi ceux qui preacutesentent lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de composeacute preacuteser-veacuteethinsp pour les autres du type Ἀλέξων ou Τίμων lrsquoidentification comme hypocoristique ou comme sobriquet deacutepend de la perspective adopteacuteethinsp lrsquoexistence de composeacutes de type heacuteroiumlque avec parallegraveles dans drsquoautres lan-gues indo-europeacuteennes comportant ces premiers eacuteleacutements fera analyser ces

116 Ἁρποκρατίων IIe s apr J-C RE (2)117 Voir J-L Perpillou laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 (1974)

p 99-107118 Voir P Chantraine Formation p 165 pour un exemple lexical comme οὐρανίων fait

sur οὐράνιος drsquoougrave les anthroponymes οὐρανίων et Κρονίων et les nombreux anthroponymes de forme patronymique tels Ἑλλοπίων Ἀχαιίων Ἀρκαδίων Κωνωπίων etc recenseacutes par Bechtel HPN 548

119 Bechtel HPN 307120 P Chantraine Formation p 161 voir aussi O Masson laquo Notes drsquoanthroponymie grecque

et asianique raquo Beitrz Nam 10 (1959) p 162 (OGS I p 22) sur le rapport qui existe entre ce type de sobriquet et les adjectifs en -ύς cf Δάσων vs δασύς

310 sophie minon

anthroponymes comme des hypocoristiques ndash crsquoest lrsquoanalyse historique pra-tiqueacutee par Bechtel tandis qursquoen synchronie la flexion seulement (geacuten en -ωνος) les distingue de participes employeacutes comme sobriquetsthinsp121 Un son-dage opeacutereacute agrave partir du mecircme volume du LGPN fait apparaicirctre sur 1045 noms en -ων autour de 165 composeacutes clairement identifiables ndash comprenant les 40 composeacutes agrave finale -ίων soit un rapport de presque 16 agrave cocircteacute des 11 pour -ίων Parmi les 125 composeacutes distincts de ceux en -ίων 12 au plus sont attesteacutes agrave Argosthinsp122

-αρίωνOn exclura en tout cas que le suffixe soit ici lrsquoeacutequivalent masculin -αρίων

du neutre -άριον qui est employeacute pour former des sobriquets feacuteminins Comme lrsquoa expliqueacute O Masson les noms de femmes faits au moyen de ce suffixe de diminutif (cf παιδάριον ψυχάριον) commencent agrave apparaicirctre au IIIe siegravecle mais les noms drsquohomme correspondants sont propres agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et freacutequents en Eacutegypte et il rappelait que Bechtel avait montreacute que ces derniers avaient eacuteteacute refaits secondairement sur les diminutifsthinsp ainsi Γλυκαρίων et Ψυχαρίων agrave partir de γλυκάριον et ψυχάριον toutes forma-tions deacuteriveacutees de noms ou drsquoadjectifsthinsp123 Le suffixe -αρίων a pu ecirctre ensuite employeacute librement dans lrsquoanthroponymie sans qursquoil existe neacutecessairement de diminutif associeacute comme on lrsquoobserve pour le nom Τυχαρίων porteacute par deux Atheacuteniens de lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp124

Δαμαρίων et ΔαμάρηςCh Kritzas propose comme parallegraveles agrave lrsquoappui de son analyse Ἀμφ-

αρ-ίον du nouveau nom argien les noms Δαμαρίων et Θεαρίωνthinsp125 Le pre-mier nrsquoest pas attesteacute avant le IIIe siegravecle et a eacuteteacute donneacute surtout agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et en zone ionienne-attiquethinsp les volumes du LGPN reacutepertorient 25 individus ainsi deacutenommeacutesthinsp126

121 Voir sur cette question de typologie I Hartmann laquo lsquoWhat namethinsp What parentagersquo The classification of Greek names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann-A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 (2002) p 55-81

122 Voir LGPN IIIAthinsp Ἰπομέδο ν (SEG 11 336 l 5 ca 575-550)thinsp Ἀλκίφρων (Thuc V 59 5 418 av J-C)thinsp Ὀχίπον (IG IV 552 Ve s)thinsp Εὐέλθων (Iamb VP 267 [FVS I p 447] VeIVe s)thinsp Ξενοφάων (CID 2 75 II l 43 336334)thinsp Ἀριστόφρων (SEG 13 243 316 av J-C)thinsp Βουκολέων (CEG II 816 l 12 303 av J-C)thinsp Ἀριστομέδων (ineacuted publ Ch Kritzas IVeIIIe s)thinsp Λυκόφρων (SEG 42 279 l 6 IIe s)thinsp Δαμοφῶν (ineacuted IIe s)thinsp Εὔφρων (Syringes 44 IIeIer s) et Παρμένων (origine argienne incertaine Bernand El-Kanaiumls 79 Ier s)

123 Voir O Masson laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 (1984) p 157 (OGS II p 443)

124 LGPN II IG II2 2089 l 33 et 2113 l 204 IIe s apr J-C125 Lettre du 20 novembre 2010126 La plus ancienne attestation de ce nom est celle drsquoun Creacutetois et date de 2232 (Milet I

(3) 38g 7)thinsp un Parien homonyme est connu agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale (IG XII (5) 173 V) En dehors de lrsquoexemple drsquoun individu dont lrsquoorigine atheacutenienne est incertaine agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale les

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

290 sophie minon

anthroponymes avec ce radical comme second eacuteleacutement Cependant pour Φραhιαρίδας du moins le rapprochement fait par le mecircme Bechtel avec drsquoune part φρενήρης laquo de bon sens raquo (eg Hdte III 25) drsquoautre part φρεσὶ ᾗσιν ἀρηρώς laquo ferme en son esprit raquo (Hom Od 10 553) invite agrave pri-vileacutegier lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement en -ήρης formeacute sur la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo ajusteacute raquo et agrave identifier par conseacutequent le a meacutedian comme une longue Les parallegraveles fournis par le nom Φρασιηρίδης drsquoun Thasien du IVIIIe siegravecle et par le nom Φρασιήρης drsquoun Tegravenien du IIIe siegravecle viennent encore conforter cette analysethinsp6

Lrsquointerpreacutetation proposeacutee pour le nom Ἀμφαρίον si convaincante qursquoelle paraisse de prime abord ne va pas sans poser deux autres questionsthinsp la question phoneacutetique du sort de la voyelle finale du preacutefixe ἀμφί qui paraicirct srsquoeffacer devant lrsquoinitiale vocalique du second eacuteleacutement alors qursquoil nrsquoen va pas de mecircme du i final de Φρασι- ni localement dans Φραhιαρίδας ni dans lrsquoan-throponyme de forme ionienne correspondantthinsp7 que le i de ἀμφί est conserveacute en hiatus en argien dans le nom du roi mythique Ἀμφιάρηος comme dans le phratronyme Ἀμφιαρητείδας mais que le nom Ἀμφιαρίδας se donnait aussi anciennement agrave Meacutegare que Ἀμφαρίδας en Beacuteotiethinsp8thinsp drsquoautre part la question morphologique de la suffixation en -ίων drsquoun second eacuteleacutement de composeacute anthroponymique

6 Bechtel HPN 457 et voir P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης ἀραρίσκω et φρήν pour φρασί comme forme ancienne de datif Pour Φρασιηρίδης cf Bechtel HPN 193 ougrave curieusement le rapprochement avec ἄρος est en contradiction avec p 457 et IG XII (8) 287 l 19thinsp Ἀριστόνους Φρασιηρίδ[ου]thinsp pour Φρασιήρης IG XII Suppl p 138 ndeg 312 II l 9 Sur la finale -ίδαης alors que le second eacuteleacutement -ᾱρης laisse plutocirct attendre -αρείδαης cf n 100thinsp notons cependant qursquoen argien occidental iota pourrait ici noter un ithinsp issu de la monophtongaison de ei cf eg hῖ pour le relatif au locatif l 29 de la copie argienne du regraveglement du Ve s des relations entre Cnossos et Tylissos reacuteeacutediteacute par S Minon laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (ed) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 2007 p 183 et n 47 pour les autres exemples

7 La forme Φρασαρίδας du mecircme nom connue au IIIe s agrave Hyettos de Beacuteotie teacutemoigne non drsquoune eacutelision de i devant la voyelle initiale du second eacuteleacutement mais de lrsquoabsorption de [j] (lti) dans s comme peut-ecirctre aussi dans le nom de femme Καφισα agrave Cheacuteroneacutee (P Roesch-JM Fossey ZPE 29 1978 p 132 n 9 ll 3-4) agrave cocircteacute du nom drsquohomme Καφισια agrave Thespies (IG VII 2144) tous deux attesteacutes au IIe s av J-C Voir J Meacutendez Dosuna laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo Emerita 61 (1993) p 128 n 71 et p 117-130 ougrave il montre comment la mecircme eacutevolution phoneacutetique mais agrave partir de eV (gt [j]V par synizegravese) rend compte des formes controverseacutees de futurs doriens en -σοντι et -σονται (lt-σέοντι -σέονται)

8 LGPN IIIBthinsp deux exemples meacutegariens lrsquoun au Ve s SEG 39 411 l 8 lrsquoautre au IIIe IG VII 42 l 31 vs Ἀμφαρίδας pour le Beacuteotien citeacute n 3

291ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Proleacutegomegravenesthinsp ἀμφι- ou ἀμφ- devant un second eacuteleacutement de composeacute agrave ini-tiale vocalique

La quantiteacute bregraveve de la voyelle finale i de ἀμφί laisse en principe attendre son eacutelision devant le mot ou le second eacuteleacutement de composeacute agrave initiale voca-lique suivant comme crsquoest lrsquousage freacutequent pour les invariants excepteacute pour περί ἄχρι et μέχρι en attiquethinsp9 Lrsquoabsence drsquoeacutelision est en effet possible pour la voyelle i plus que pour les autres agrave cause de son aptitude agrave se sonantiser en [j] ou agrave deacutevelopper un glide (drsquoougrave [ij]) lorsqursquoelle est en hiatus devant une autre voyellethinsp10

Dans les verbes lrsquoeacutelision est de regravegle en prose attique pour les preacuteverbes περι- et le monosyllabique προ- excepteacutesthinsp11 Dans les composeacutes en ἀμφι- du lexique dont la plupart sont poeacutetiques il est de regravegle conformeacutement aux principes de composition heacuteriteacutes que lrsquoeacutelision soit pratiqueacutee devant la voyelle initiale du second eacuteleacutement ndash sauf dans les cas ougrave celui-ci comportait un s (gt h) un w voire un y initial eacutetymologiquethinsp12 et que cette voyelle ou la syllabe dont elle est le centre soit alors de quantiteacute longue ndash sauf pour les verbes dont la composition est plus reacutecentethinsp13

Du point de vue prosodique cela signifie que lrsquoinitiale des composeacutes non verbaux en ἀμφ(ι)- du lexique avait presque toujours la structure drsquoun dactyle (seacutequence ˉĭV reacutealiseacutee [ĭ(j)V]) ou celle drsquoun spondeacutee (ˉĭVthinsp reacutealiseacutee [Vthinsp] et ˉĭVC1C2 ˉ[VC1C2])thinsp14 Cela explique drsquoailleurs que ἀμφι- ait eacuteteacute eacutelargi drsquoun -s dit adverbialisant dans le composeacute agrave second eacuteleacutement agrave initiale conso-nantique ἀμφισβήτης que lrsquoon pose agrave lrsquoorigine de ἀμφισβητέωthinsp15thinsp Heacutesychius pose du reste pour le verbe lrsquoeacutequivalencethinsp ἀμφῐβᾰτεῖν ἀμφῑσβητεῖν

9 laquo En composition la voyelle finale de ἀμφί peut srsquoeacutelider raquo P Chantraine DEacuteLG sv agrave compleacuteter de Ch de Lamberterie CEacuteG 1 RPh 70 (1996)thinsp voir aussi pour la pratique de lrsquoeacuteli-sion des preacutepositions dissyllabiques dans les textes de prose L Threatte The Grammar of Attic Inscriptions [ci-apregraves GAI] I Berlin-New York 1980 p 419

10 Voir J Meacutendez Dosuna op cit passim Lrsquoeacutetape qui peut suivre la yodisation de i agrave savoir lrsquoabsorption de la sonante dans la consonne preacuteceacutedente (cf n 7) qui se traduit au mecircme titre que lrsquoeacutelision par lrsquoeacutelimination drsquoiota nrsquoest pas attendue dans le cas de ἀμφί dont la consonne bilabiale preacuteceacutedant le i ne peut absorber son produit [j] cf Cl Brixhe Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes questions Louvain 1996 p 129-130

11 Cf ἐπεργάζομαι (de werg-) ἐπέρχομαι (de sergh-) Jos ἀμφάγνυμαι (de weh2g-) etc12 Pour y initial cf n 9313 Voir E Risch Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974 p 201 loi drsquoallonge-

ment laquo urgriechisch raquo14 Sur lrsquoanalogie entre le rythme de la langue parleacutee et celui de la langue poeacutetique toutes

deux organiseacutees en pieds mais sur le rythme iambique plus caracteacuteristique de la conversation comme le signalait deacutejagrave Aristote (Rheacutetorique 1408b21) voir AM Devine-LD Stephens The Prosody of Greek Speech Oxford 1994 p 118-119

15 Pour les deux variantes ἀμφί et ἀμφίς la seconde pouvant ecirctre consideacutereacutee comme un deacuteveloppement propre au grec voir A Mathys laquo Le sigma adverbial en grec ancienthinsp distribution et fonction raquo Lalies 31 (2010) p 297-319

292 sophie minon

Crsquoest ainsi qursquohom ἀμφήκης laquo agrave deux tranchants raquo (de H2ek- gt ἀκ- laquo pointe raquo) ἀμφηρέφης laquo couvert des deux cocircteacutes raquo ἀμφήριστος (sur ἐρίζω) et ἄμφωτον poeacutet ἀμφερκής laquo entoureacute de toute part raquo et ἀμφώβολος laquo double broche raquothinsp16 Thuc ἀμφήρικος (hapax fait sur le poeacutet ἀμφήρης laquo pourvu de rames de part et drsquoautre raquo) Arist ἀμφώδωνἀμφόδων (sur ὀδούς)thinsp17 ἀμφαρμός laquo pierre de taille raquothinsp18 ἀμφεικάς laquo de part et drsquoautre autour du vingt (du mois) raquothinsp19 ou Lyc ἀμφερείδω contrastent avec hom ἀμφίαλος (myc a-pi-a2-ro sur ἅλς) Hp ἀμφιίζομαι (de sed-) att et poeacutet ἀμφιέννυμι (de wes- ἀμφιέσαντο Od 23 142) ou att ἀμφιετηρίς laquo fecircte annuelle raquothinsp20 (de wet- dor Ϝέτος)

Une fois eacutecarteacutees Ar ἀμφαρίστερος laquo gaucher des deux mains raquo sans allongementthinsp21 ἀμφιζάνω (Il 18 25) au lieu de la forme attendue mais ameacutetrique ἀμφιιζάνω les variantes lrsquoune et lrsquoautre meacutetriques ἄμφεπον vs ἀμφίεπον (Il 18 559 et 24 804 de sekw-) Pind (N 1 43) ἀμφελίσσω vs ἀμφιελίσσω (Arat Pheacuten 1 996 de wel-)thinsp22 ainsi que lrsquohapax meacutetrique ἀμφέλκεται (de selk-) chez Denys le Peacuterieacutegegravete (268) les exceptions non poeacutetiques agrave la regravegle sontthinsp lrsquoeacutelision sans doute analogique de ἄμφοδον ἄμφοδος laquo rue bordeacutee de maisons raquo (sur ὁδός de sed-) et des deacuteriveacutes qui sont attesteacutes sous cette seule forme dans la litteacuterature comme dans les inscrip-tions et les papyrusthinsp23 ou encore celles drsquoἀμφεκτήρ vs ἀμφιεκτίς laquo tunique

16 Le tragique Achaiumlos (Fr 36 Snell) semble avoir eacuteteacute le seul agrave employer ἀμφερκής dont lrsquoeacutelision srsquoexplique meacutetriquement alors que lrsquoaspireacutee du neutre ἕρκος pourrait laisser supposer un s- eacutetymologique initial Pour le substantif ἀμφώβολος cf eg Eur Andr 1133

17 Lrsquoheacutesitation ἀμφώδωνἀμφόδων dans Arist peut ecirctre imputable agrave la tradition (nivel-lement des quantiteacutes vocaliques agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale interfeacuterences avec ἄμφοδον cf n 23)

18 Ist Mitt 1920 1969-70 p 238 l 12 (= Didyma 112) Didyme IIe s av J-C Le second eacuteleacutement de la famille de ἀραρίσκω est attesteacute au simple sous la forme ἁρμός avec un esprit rude qui procegravede du report agrave lrsquoinitiale de lrsquoaspiration issue de lrsquoeacutevolution de la seacutequence [zm] du suffixe -smo- cf P Chantraine DEacuteLG sv ἅρμα

19 IG XII (3) 330 l 68 testament drsquoEpictegraveta Theacutera IIIeIIe s Paton-Hicks 384 Cos IIe s etc Lrsquoeacutelision est attendue dans ἀμφεικάς de ἐϜῑκοσι agrave retrouver sous hom ἐείκοσι cf Ch de Lamberterie CEacuteG 6 RPh 75 2001 sv εἴκοσι Sur le mecircme radical εἰκ- mais avec preacutefixe ἐπι- se rencontrent agrave la fois ἐπείκοστον (PPetr 2 p 156 IIe av J-C) vs ἐφείκοστον (PRev Laws 56 15 IIIe av J-C) et ἐπιείκοστος (Ptol Harm 1 15)thinsp les formes eacutelideacutees sont le plus anciennement attesteacutees

20 IG II2 1544 IVe s etc21 Lrsquoabsence drsquoallongement dans ἀμφαρίστερος (Ar Fr 512) srsquoexplique autant par les

besoins du megravetre que par la neacutecessiteacute de garder apparent le lien seacutemantique avec ἀρι- pour eacuteviter la confusion avec la famille de ἔρις pour laquelle sont connus lrsquoadj ἀμφήριστος et lrsquoanthropo-nyme creacutetois correspondant (LGPN I Studi e Testi 125 1946 p 28 eacutepoque impeacuteriale [fictifthinsp]) agrave rapprocher pour le second eacuteleacutement du patronyme du Spartiate Σπερθίης Ἀνηρίστου que fait connaicirctre Heacuterodote (VII 134 2 et cf notamment 137 2 pour un fils homonyme) au VIeVe s

22 De mecircme les adjectifs verbaux correspondants ἀμφελικτός (Eur Heacuteraclegraves 398) vs ἀμφιέλικτος (Denys le Peacuterieacutegegravete 466)

23 Pour ἄμφοδον peut ecirctre invoqueacutee lrsquoanalogie des nombreux autres preacutefixeacutes dissyllabiques tels μέθοδος δίοδος etc qui tous sauf ceux en περι- et προ- avaient leur derniegravere voyelle eacuteli-deacutee cf P Chantraine DEacuteLG sv ὁδός

293ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

double raquo et drsquoἀμφεκτέον laquo agrave entourer raquo (de segh-) chez Heacutesychius qui srsquoex-pliquent quant agrave elles par deacuterivation inverse agrave partir du verbe normalement eacutelideacute ἀμπέχω tardivement refait en ἀμφέχωthinsp24

Lrsquoeacutelision devant le second eacuteleacutement agrave s- initial eacutetymologique dans le composeacute hypostatique ἀμφήλιος laquo oriental raquo seulement attesteacute dans lrsquoApo-calypse apocryphe de Paulthinsp25 a pu ecirctre entraicircneacutee par la quantiteacute longue de la voyelle initiale du second eacuteleacutement comme par la reacutepugnance agrave faire se suc-ceacuteder deux syllabes agrave i en hiatus et deacutenote vraisemblablement une composi-tion tardivethinsp26thinsp les mecircmes motivations peuvent avoir preacutesideacute agrave la creacuteation de rhod ἀμφούριον et ἀμφουριασμόςthinsp27 et de la variante ἀμφορκία (Hsch) agrave cocircteacute de ἀμφιορκία (Poll)

Le seul exemple agrave ma connaissance drsquoabsence drsquoeacutelision devant radical agrave voyelle initiale proceacutedant drsquoune ancienne laryngale est repreacutesenteacute dans le lexique par la variante ἀμφί-ηκες (Hsch) qui doit srsquoexpliquer en face drsquohom et ion-att ἀμφήκης de dor ἀμφᾱκες laquo agrave double pointe raquothinsp28 par une reacutefection secondaire

Dans la liste drsquoanthroponymes composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- dres-seacutee par Bechtel (HPN 41) lrsquoeacutelision paraicirct de mecircme reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale dans les diffeacuterentes reacutegions du monde grec comme le montrent les noms de lrsquoArcadien Ἀμφαίνετος du Beacuteotien Ἀμφάλκες du Thasien Ἄμφανδρος en face de Ἀμφήνωρ agrave Athegravenesthinsp29 du Theacutebain Ἀμφεριτοςthinsp30 comme peut-ecirctre aussi ceux du Phocidien Ἀμφάρετος et du Spartiate Ἀμφάρης tandis que la conservation du i est la seule trace de la preacutesence de lrsquoancien w initial dans le nom de lrsquoAtheacutenien du Ve s Ἀμφίαναξ en face du nom hapax Ἀμφ-ήδης de son compatriote du IIIe sthinsp31 dont la longue initiale du second eacuteleacutement ainsi que lrsquoeacutelision pratiqueacutee devant

24 Autres exceptions similairesthinsp lrsquoadv ἀμφαλλάξ laquo alternativement raquo deacuteriveacute inverse de ἀμφαλλάττω ἀμφέλιξ laquo qui tourne dans les deux sens raquo fait sur ἀμφελίσσω

25 Apoc Paul 2726 Sur lrsquousure de lrsquoaspiration initiale dans le parler des locuteurs de lrsquoeacutepoque impeacuteriale voir

F Gignac A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods I Phonology Milan 1976 p 133-138 Lrsquoattique agrave lrsquoorthographe conservatrice montre peu drsquoexemples de psilose mecircme srsquoil est vraisemblable que lrsquoaspiration initiale a commenceacute agrave se perdre dans ce dialecte peut-ecirctre degraves lrsquoeacutepoque helleacutenistique cf L Threatte GAI I Phonology p 504-506

27 SEG 3 1927 674 respectivement l 40 et 46 IIe s av J-C et cf DEacuteLG sv ὅρος Il srsquoagit probablement dans les deux cas de laquo paiement aux voisins raquo

28 DGEsp sv ἀμφήκης29 IG II2 10799 fin Ve s30 Ἀμφε ριτος LGPN IIIB A Wilhelm Urkunden 240 Nachtrag zu S 90 I l 5 Ve s agrave

comparer agrave Ἀμφήριστος attesteacute agrave Thespies au IIe s SEG 39 456 III l 54 agrave rapprocher le pre-mier de ἐρίω le second de ἐρίζω Le ethinsp assureacute en pays beacuteotien fait exclure le rapprochement avec ἀριτός drsquoougrave νήριτος laquo innombrable raquo (Heacutes etc) et le nom de lrsquoArcadien Κλεάριτος IG II2 3080 l 5 279 av J-C et cf HPN 195

31 IG I3 1190 l 25 ca 411 av J-C pour le plus anciennement connu Pour Ἀμφήδης cf CIA III App 9 l 19 et LGPN II sv

294 sophie minon

le groupe initial sw de la racine swād- de ἡδύς trahissent le caractegravere secondairethinsp32 Les structures rythmiques spondaiumlques et dactyliques privileacute-gieacutees dans lrsquoensemble des composeacutes non-verbaux en ἀμφι- le sont aussi pour les composeacutes anthroponymiques agrave premier eacuteleacutement verbal ou adjectival en -i comme lrsquoillustre lrsquoeacutelision de Δεξι- dans Δεξαγόρας Δέξανδρος Δεξαρέτα Δεξαρίων Δέξαρχος etc en face des hypocoristiques de structure plus souple tels Δεξί-ας et Δεξί-ωνΔέξωνthinsp33

A Argos les deux seuls noms propres assureacutement en Ἀμφ(ι)- suivi de voyelle que fasse aujourdrsquohui connaicirctre lrsquoeacutepigraphie sont le phratronyme Ἀμφιαρητείδας que jrsquoai eacutetudieacute ailleurs et lrsquohypocoristique Ἀμφίαςthinsp34 On ne saurait manquer de leur adjoindre le nom du roi argien mythique Ἀμφιάρηος

IenspDe Ἀμφίας agrave Ἀμφιάρης et Ἀμφιάρηος

ἈμφίαςLa formation hypocoristique drsquoἈμφίας explique la preacutesence du ithinsp crsquoest

agrave lrsquointeacutegraliteacute du premier eacuteleacutement qursquoa eacuteteacute ajouteacute le suffixe -ας de mascu-lins commun au lexique et agrave lrsquoonomastique comme pour lrsquohypocoristique Καλλίας des composeacutes en Καλλι- ou pour Ἀλεξίας forme courte des composeacutes en Ἀλεξί- ou Δεξίαςthinsp35thinsp un Larisseacuteen du nom drsquoἈμφίδαμος a du reste Ἀμφί-ας comme patronymethinsp36

32 Les anthroponymes ont anciennement leur second eacuteleacutement en -άδης avec voyelle bregraveve voir Λεάδε ς agrave Styra Ve s IG XII (9) 56 l 236 ou Θυμάδης Δημάδους IVe s IG II2 2385 l 53 cf Bechtel HPN 21-22 De mecircme que lrsquoon a un Εὐρυ-άδης agrave Sparte au IIIe s IG V (1) 708 de mecircme lrsquoon aurait attendu un Ἀμφι-άδης La langue homeacuterique semble avoir forgeacute un composeacute θυμήδης Od 16 389 (crsquoest la leccedilon de la Vulgate pour laquelle Bekker avait proposeacute la correction θυμήltρgtης de mecircme sens) agrave cocircteacute de αὐάδην que fait connaicirctre pour la premiegravere fois Sapphocirc (22 5)

33 Voir Bechtel HPN 118-119 Lrsquoabsence drsquoiota dans le nom du Beacuteotien Δέξων peut srsquoexpli-quer phoneacutetiquement par lrsquoabsorption de [j] (lti) cf n 7

34 Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδας est connu par un deacutecret de proxeacutenie du IIIe s publieacute par W Vollgraff Mnemosyne 43 (1915) p 380-382 l 10 et mentionneacute par A Heubeck Die Sprache 17 (1971) p 8 Il apparaicirct encore avec lrsquoorthographe ancienne Ἀμφιαρετείδας dans la liste de morts de ca 400-390 publieacutee par Ch Kritzas in Στήλη τόμος εἰς μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 498 l 35 pl 228 Sur son eacutetymologie agrave mettre en relation avec le verbe argien ᾱϜρετευε de ἀνα-Ϝρετεύω voir mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Pour le patronyme au geacutenitif Ἀμφίᾱ voir BCH 33 (1909) p 447 ndeg 6 IIeIer s

35 Voir deacutejagrave A Charbonnet laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 (1984) p 50thinsp laquo Le nom Ἀμφίας srsquoinscrit dans la seacuterie bien connue des diminutifs en -ας de noms composeacutes raquo

36 LGPN IIIBthinsp IG IX (2) 683 fun IIIeIIe s ()

295ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Ἀμφίτας Ἀμφῑων Ἄμφῑος et feacutem ἈμφιώDe la mecircme maniegravere que Ἀμφίας les noms Ἀμφίτας Ἀμφῑων Ἄμφῑος

Ἄμφωνthinsp37 et feacutem Ἀμφιώ doivent ecirctre une seacuterie de formations suffixeacutees conformeacutement agrave lrsquointerpreacutetation qursquoen donne Bechtelthinsp38 Cependant le rapprochement qursquoil est donneacute de faire aujourdrsquohui entre lrsquoanthroponyme myceacutenien a-pi-jo et ce qui pourrait ecirctre interpreacuteteacute comme son geacutenitif a-pi-(j)o-to pourrait eacuteventuellement laisser supposer une reacutefection secondaire de Ἀμφῑων -ονος agrave partir du participe composeacute ἀμφι-ιών ιόντοςthinsp lrsquoabsence drsquoeacutelision de la voyelle finale du preacutefixe aurait eacuteteacute drsquoordre prosodiquethinsp39 De la mecircme maniegravere Ἀμφίτας aurait pu ecirctre formeacute agrave lrsquoaide drsquoun second eacuteleacute-ment -ίτας qui est attesteacute au simple sous la forme du nom drsquoagent ἴτης en attiquethinsp40 Dans un cas comme dans lrsquoautre du moins le rapport eacutetymolo-gique avec le radical du verbe laquo aller raquo ne pouvait manquer drsquoecirctre perccedilu en synchronie comme par ailleurs celui du nom feacuteminin Ἀμφιώ avec le nom drsquoἸώ La meilleure preuve du reste est fournie par un fragment dans lequel Aristophane se moque drsquoEuripide auquel il attribue une eacutetymologie du nom drsquoἈμφ-ίων qui en fait lrsquoeacutequivalent drsquoἌμφ-οδος sous preacutetexte qursquoil serait neacute laquo dans la rue raquo pour faire remarquer avec humour que crsquoest ainsi qursquoaurait ducirc srsquoappeler le Tragique lui-mecircmethinsp41thinsp

37 Il faut tregraves probablement exclure que Ἄμφων puisse srsquoexpliquer comme un beacuteotisme pho-neacutetique agrave partir drsquoun Ἀμφίων agrave i bref (avec -ίων recouvrant aussi bien en beacuteotien le participe du verbe laquo ecirctre raquo ἐών que celui drsquolaquo aller raquo ἰών) cf n 10

38 Voir Bechtel HPN 43 et Y Kalliontzis laquo Deacutecrets de proxeacutenie et catalogues militaires de Cheacuteroneacutee raquo BCH 131 (2007) [2009] p 501-502 ndeg 10 l 9 IIIe s pour Ἄμφων Ἀμφῑων est le nom de lrsquoun des trois chefs des Eacutepeacuteens dans lrsquoIliade (13 692) et celui de lrsquoancecirctre du tyran de Corinthe Peacuteriandre au VIIIeVIIe s (Hdte V 92)thinsp pour Ἄμφῑος voir Il 5 612 et LGPN II Ve s (de ἀμφί-Ϝιος avec un second eacuteleacutement en rapport avec Ϝίεμαι laquo srsquoeacutelancer raquo cf L Dubois laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo Beitrz Nam 21 [1986] p 252-256 ou forme theacutematiseacutee de Ϝῑς laquo force raquo cf A Heubeck laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 [1987] p 149-166) Pour Ἀμφιώ IG VII 2489 peut-ecirctre Ier s apr J-C Pour Ἀμφίτας exemples anciens dans la colonie meacutegarienne drsquoHeacuteracleacutee du Pont cf MH Hansen-TH Nielsen (eds) An Inventory of archaic and classical poleis 2004 p 956) puis agrave Myrina au IIeIer s cf LGPN Vathinsp une occurrence syllabique au VIe s sur une coupe de la reacutegion drsquoAmatonthe O Masson ICS2 ndeg 196b p 413 et cf OGS I p 132 et n 79

39 DMic sv Le changement de flexion inverse est illustreacute par le secondaire δράκων -οντος ancien thegraveme agrave nasale comme son feacuteminin δράκαινα Pour lrsquoithinsp de Ἀμφῑων voir Choiroboscos De orthographia (JA Cramer Anecdota Graecahellip vol 2 Oxford 1835 repr 1963) 168 l 7thinsp Ἀμφιίων hellip καὶ Ἀμφίων κατὰ κρᾶσις τοῦ ϊ εἰς ἕν ι μακρόν

40 Ar Nueacutees 445 Pl Banquet 203d et Protagoras 349e et cf 359cthinsp ἴτας γε ἐφ᾿ ἃ οἱ πολλοὶ φοβοῦνται ἰέναι A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 129c p 195 et n 159 suggegravere la mecircme analyse pour Περῑτας notamment le nom du chien drsquoAlexandrethinsp Περι-ίτας mecircme srsquoil considegravere comme plus vraisemblable drsquoy voir lrsquohypocoristique de Περιτέλης et de consideacuterer le ithinsp comme analogique des types ὁδίτης πολίτης au ithinsp lui-mecircme analogique du athinsp du suffixe parallegravele -ᾱτᾱς-ητης ndash appliquant par ailleurs la mecircme ana-lyse pour rendre compte de lrsquohom Θερσῑτης O Masson voyait de mecircme dans -ίτᾱς le suffixe de πολίτᾱς-ης agrave lrsquoorigine des formations secondaires en -ιτος et -ιτώ cf ZPE 91 (1992) p 119

41 Ar PCG III 2 Fr 342 (327) (Kassel-Austin)thinsp Ἄμφοδον ἐχρῆν αὐτῷ τίθεσθαι τοὔνομα

296 sophie minon

ἈμφιάρηοςA Argos on songera naturellement agrave voir dans Ἀμφίας un diminutif du

nom du roi argien mythique Ἀμφιάρηος pour lequel un fragment drsquoEschyle fait du reste connaicirctre un autre diminutif Ἄμφιςthinsp42 De la mecircme maniegravere agrave Eacutereacutetrie le guerrier des origines converti en heacuteros gueacuterisseur plus tard assimileacute agrave Ascleacutepios semble avoir eacuteteacute honoreacute sous le nom drsquoἈμφίας qursquoat-teste indirectement le nom de lrsquoassociation cultuelle des Ἀμφιασταί que fait connaicirctre une inscription du IIe siegravecle a Cthinsp43 Si lrsquoanthroponyme myc a-pi-ja-re-[ geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]thinsp44 avait pour eacutequivalent alphabeacutetique nom Ἀμφιάρης ou Ἀμφιαρε[ύς] le nom remonterait agrave une haute antiquiteacute sous sa forme non deacuteriveacutee qursquoattestent par ailleurs les acc en -αρῆ et dat en -αρεῖ qui se rencontrent chez Pindarethinsp45 Il est vrai que lrsquoancrage mytho-logique proprement peacuteninsulaire du heacuteros doit faire consideacuterer avec pru-dence ce rapprochement pour des formes seulement attesteacutees lrsquoune et lrsquoautre agrave Cnossos mecircme si les liens qursquoArgos entretenait avec cette citeacute agrave lrsquoeacutepoque classique pourraient srsquoecirctre noueacutes degraves le second milleacutenairethinsp46

Il est du moins des plus probables que le suffixe de lrsquoanthroponyme a originellement comporteacute un εthinsp plutocirct qursquoun athinspthinsp47 Les plus anciennes attestations eacutepigraphiques de ce nom preacutesentent en effet le vocalisme εthinspthinsp ainsi les leacutegendes vasculaires portant Ἀ(μ)φιάρεος en lettres corinthiennes au milieu drsquoanthroponymes de forme dorienne qui notent A tous leurs athinspthinsp de leur cocircteacute les plus anciens des vases attiques agrave figures rouges ont encore

42 Eschyle Fr 632 (Radt)43 P Ducrey laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de

Lausanne (1981) p 73-78 cf J et L Robert Bull Epigr 1982 ndeg 27244 F Aura Jorro DicMic sv (resp KN Xd 7568 et Xd 94) Autre hypothegravese pour la lecture

a-pi-ja-re-[wo ()] chez O Landau Mykenisch-griechische Personennamen p 25 159 171 202thinsp Ἀμφι-αλέϜων avec dieacuteregravese propre agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne cf n 93thinsp mais F Aura Jorro heacutesite agrave lire aussi cette forme a-pi-ja-re-jọ en proposant drsquoy reconnaicirctre un patronymique

45 Pindare Neacutem 9 13 et 24 En Isthm 7 33 tous les manuscrits srsquoaccordent sur lrsquoacc Ἀμφιάραο-ν alors que la leccedilon la plus reacutepandue pour ce thegraveme est Ἀμφιάρηο- en Ol 6 13 et Pyth 8 56 Le papyrus Oxy 2082 fait aussi connaicirctre sous le nom drsquoἈμφιάρης un olympionique spartiate victorieux agrave la lutte cf L Moretti Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957 ndeg 515

46 Sur les liens entre Argos et Cnossos voir notamment les inscriptions reacuteeacutediteacutees par S Minon dans laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 (2007) p 169-210thinsp en faveur drsquoune parenteacute ancienne entre les deux citeacutes voir p 171 lrsquoargument fourni par la preacutesence de lrsquoenclos drsquoArchos heacuteros archeacutegegravete de Cnossos peut-ecirctre venu drsquoArgos

47 Pour P Kretschmer Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach untersucht Guumltersloh 1894 p 32 que suit W Schulze Kl Schr 1933 p 699 le εthinsp est originel et de mecircme E Risch Wortbildung2 p 164 n 1 R Wachter Non-Attic Greek Vase Inscriptions [ci-apregraves NAGVI] Oxford 2001 p 76-77 se range agrave cette position tout en montrant combien il est diffi-cile de trancher

297ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Ἀμφιάρεος tandis que les plus reacutecents ont deacutejagrave Ἀμφιάραοςthinsp48 Au chant 15 de lrsquoOdysseacutee ougrave se rencontrent les deux seules mentions du heacuteros (il nrsquoap-paraicirct pas dans lrsquoIliade) les deux orthographes sont certes deacutefendues par les grammairiens alexandrinsthinsp le α par Aristarque et le η par Zeacutenodotethinsp49thinsp lrsquoeacutepithegravete λαόσσοον laquo entraicircneur drsquohommes raquo associeacutee agrave son nom au v 244 le repreacutesente comme un guerrier et non comme le devin et gueacuterisseur qursquoil devint apregraves sa mortthinsp50 Les mecircmes fluctuations entre les deux vocalismes srsquoobservent on lrsquoa vu chez Pindare Chez les poegravetes attiques de lrsquoeacutepoque classique la forme ancienne Ἀμφιάρεος a eacuteteacute atticiseacutee en Ἀμφιάρεως alors que dans les inscriptions non seulement attiques mais beacuteotiennes (Thegravebes) et ioniennes (Oropos est une colonie drsquoEacutereacutetriethinsp51) crsquoest Ἀμφιάραος que lrsquoon rencontrethinsp52

Dans ces conditions lrsquoeacutetymologie proposeacutee par Heubeck qui consiste agrave reconnaicirctre dans Ἀμφι-άρης et son deacuteriveacute Ἀμφιάρηος des composeacutes posses-sifs formeacutes comme lrsquoanthroponyme Ἀμφί-θεος laquo qui a (descend drsquo)un dieu des deux cocircteacutes raquo avec au second membre le nom drsquoAregraves paraicirct la plus satis-faisantethinsp53 Cependant comme crsquoest presque toujours au premier membre que figurent les theacuteonymes en compositionthinsp54 compte tenu aussi de ce qui est

48 Voir Kretschmer p 32 41 122 123 162 214 et R Wachter NAGVI Cor 66f et r deux occurrences de Ἀ(μ)φιάρεος sur le mecircme crategravere corinthien du VIe s avec renvoi (n 280) aux autres attestations reacuteunies par I Krauskopf LIMC I 1980 laquo Amphiaraos raquo (ndeg 13 et ndeg 23 avec -άρεος et les plus reacutecentes ndeg 24 et 27 avec -άραος) et avec une mise au point sur les variations du vocalisme suffixal

49 Odysseacutee 15 244 (pour les deux leccedilons) et 253 (Ἀμφιάραος) Comme le fait remarquer R Wachter loc cit n 281 la correction de Zeacutenodote ne peut srsquoexpliquer seulement par le fait qursquoil savait qursquoapregraves r i et e un η ionien correspondait agrave un ᾱ attique car il aurait en ce cas proposeacute drsquoautres corrections similaires comme Αἰνείης Ἰήονες etc

50 Voir P Sineux Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007 p 46 et 2651 Cf eg MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory of archaic and classical poleis Oxford

2004 ndeg 21452 L Threatte GAI I 1980 p 12553 A Heubeck Die Sprache 17 (1971) p 8-22 en particulier p 9-10 pour les variantes

du nom Contre lrsquohypothegravese de Kretschmer op cit p 32 qui voyait dans ἱάρηϜ-ος la theacutema-tisation de ἱαρεύςthinsp le radical agrave vocalisme a non meacuteridional de ἱερ- (ce qui exclut en principe tout rapprochement avec les formes myceacuteniennes) et lrsquointerpreacutetation de Ἀμφ-ιάρηος comme un composeacute hypostatique agrave rapprocher pour la rection drsquoion ἀρχ-ιέρεως Lrsquohypothegravese mal eacutetayeacutee de W Borgeaud laquo Amphiaraos et le nom de la Sarre raquo BzN 1 (194950) p 102-104 qui part de Ἀμφιάρᾱος et y voit un anthroponyme drsquoorigine preacute-helleacuteniqueillyrienne ambhi-sarāwos laquo qui habite sur les deux rives du Sarāuos ou de la Sarāua raquo a notamment contre elle de reposer sur un athinsp eacutetymologique

54 Voir J Oulhen laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo in RWV Catling-F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 629-630 Le myceacutenien livre cependant le teacutemoignage drsquoun nom feacuteminin a-pi-e-ra (notamment PY An 1281) qui est interpreacuteteacute comme lrsquoeacutequivalent drsquoun alphabeacute-tique Ἀμϕιήρα cf A Morpurgo-Davies RAL seacuter VIII 15 (1960) p 329 n 26 et M Iodice Aevum 85 (2012) p 6 Et lrsquoanthroponyme Μενάρης citeacute infra n 108 pourrait constituer un autre contre-exemple

298 sophie minon

connu de lrsquoascendance et de la geste du heacuteros Ἀμφιάρηοςthinsp55 on preacutefeacuterera reconnaicirctre sous le second membre plutocirct que le theacuteonyme lrsquoappellatif sans doute suffixeacute en -εthinsp ἀρή laquo malheur perte destruction raquo dont il est eacutetymo-logiquement et morphologiquement indissociable ou son eacutequivalent ἄρος auquel la glose drsquoHeacutesychius preacutesenteacutee en introduction donne entre autres le sens neacutegatif dethinsp βλάβος ἀκούσιονthinsp56 Lrsquoautre voie qui aurait consisteacute agrave y voir des hypostases avec le sens laquo de lrsquoentourage drsquoAregraves raquo avait deacutejagrave eacuteteacute eacutecarteacutee par Heubeck comme moins satisfaisante pour la raison que sur ce type de composeacute les deacuteriveacutes sont plus souvent en -ιος qursquoen -οςthinsp57 Or il est sucircr qursquoil est impossible de faire de Ἀμφιάρηος un deacuteriveacute patronymique en -ιος du doublet Ἀμφιαρεύς de Ἀμφιάρης entretenant le mecircme rapport avec eux que ἌρειοςἌρη(ι)οςthinsp58 avec Ἄρηςeacuteol Ἀρεύς en posant -ethinspw-yo-s gt hom -ήιος susceptible drsquoeacutevoluer soit en -ειος soit en -ηοςthinsp59 et -es-yo-s gt -ειος puis -εος (formes myceacuteniennes citeacutees ci-dessous)thinsp il nrsquoy a en effet aucun exemple de la forme pourtant meacutetrique Ἀμφιαρήιος que lrsquoon attendrait en ce cas dans lrsquoeacutepopeacutee agrave cocircteacute des adjectifs patronymiques Καπανήιος et

55 Voir P Sineux loc cit LrsquoOdysseacutee preacutesente le heacuteros comme eacutegalement aimeacute de Zeus et drsquoApollon ce qui en ferait plus un Ἀμφί-θεος laquo qui a un dieu de part et drsquoautre raquo qursquoun Ἀμφιάρηςthinsp crsquoest chez Pindare qursquoἈμφιάραος est repreacutesenteacute comme un guerrier redoutable πολέμοιο νέφος (Neacutem 10 9) tuant (schol Neacutem 9 30b Drachmann) pour prendre le pouvoir agrave Argos dans un contexte de stasis (Neacutem 9 ibid) Si le second eacuteleacutement -άρης repreacutesentait non le theacuteonyme mais lrsquoappellatif ἄρος ou le thegraveme en εthinsp de forme ἀρή le heacuteronyme pourrait alors ecirctre interpreacuteteacute comme laquo qui a sa perte des deux cocircteacutes raquo crsquoest-agrave-dire agrave Argos ougrave il a sa femme Eriphyle comme ennemie (ἀνδροδάμαντα Neacutem 9 16) comme agrave Thegravebes ougrave son art divinatoire lui a fait voir la mort qui lrsquoattend ce dernier motif surtout deacuteveloppeacute par les Tragiques mais deacutejagrave esquisseacute par Pindare (Ol 6 17) voir Sineux p 35

56 Pour lrsquoeacutetymologie et le sens du nom drsquoAregraves voir P Chantraine DEacuteLG sv ἀρή Ἄρης et pour ἄρος supra n 5thinsp pour lrsquoorigine commune du theacuteonyme et de lrsquoappellatif ἀρή M Peters laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch-C Zinko (edd) Studia Onomastica et Indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz 1995 p 185 n 2 le Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre Primaumlrstammbildungen2 eacuted H Rix 2001 et derniegraverement T Barnes laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19 qui pose pour toute cette famille la racine H2erH1- et pour Aregraves H2reacuteH1-H2rH1-eacutes- avec le sens de laquo destructeur raquothinsp contre R Schmitt ZPE 17 (1975) p 15-16 qui postulait pour le theacuteonyme une origine iranienne

57 Heubeck p 17 et voir E Risch op cit p 17158 Sur hom Ἀρήιος laquo drsquoAregraves le belliqueux raquo devenu par la suite Ἄρειος voir O Masson

OGS III p 139 et n 81 Pour la forme -ηος du suffixe voirthinsp Ἀρήου nom de mois SGDI II 2136 l 2 (Delphes IIe av J-C) IG IX (2) 359c et 1117b (Thessalie eacutepoque romaine)thinsp en revanche dans les inscriptions attiques de la mecircme eacutepoque ougrave figure le nom de lrsquoAreacuteopage (ἐξ Ἀρήου πάγου) eg IG II2 1721 ou 3238 ou lrsquoanthroponyme eg IG II2 1718 ou 3173 il srsquoagit drsquoune graphie itacisante pour lrsquoancienne forme -ειος du suffixe

59 Lrsquoeacutequivalent myceacutenien du suffixe -[C]e-wi-jo est connu par exemple agrave travers lrsquoadjectif i-je-re-wi-jo auquel on pourra comparer agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique hom ἱερ-ήιον koin -ῆον -εῖον voir E Risch op cit sect 46 Pour ῆον voir I v Miletos ndeg 10 l 38 Ve s V Petrakos Ἐπιγρ τοῦ Ὠρωποῦ ndeg 277 l 33 IVe s M Segreacute Iscr di Cos ED ndeg 178 l 19 fin IIIe s etc

299ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

νηλήιος ou encore Ἀφαρήιος fait non sur Ἀφάρηος mais sur Ἀφαρεύς chez Apollonios de Rhodesthinsp60

Heubeck proposait drsquoexpliquer la formation du heacuteronyme de la maniegravere suivante Il y reconnaissait un deacuteriveacute theacutematique de Ἀμφιάρης constitueacute sur le modegravele des anthroponymes myc o-ti-na-wo hom Εὔ- Κλυτό- Ἐχέ- Πολύ-νεως en face de lrsquoappellatif ναῦς avec -ναυςthinsp -νᾱ(Ϝ)ος gt -νηος gt -νεως dans le mecircme rapport que -άρηςthinsp -άρηος gt -άρεωςthinsp hom Βριάρεως reflegraveterait la mecircme theacutematisation de -άρηςthinsp61 Le datif myc a-re du theacuteo-nyme drsquoapregraves lui ne pouvait ecirctre ni celui drsquoun thegraveme sigmatique ni celui drsquoun thegraveme en -ηϜ- mecircme srsquoil est en veacuteriteacute difficile de ne pas reconnaicirctre dans les deux variantes cnossiennes a-re-i-jo et a-re-jo (= Ἄρεἱος vs Ἄρειος) lrsquoadjectif en -yo- correspondant au thegraveme sigmatique que pourrait du reste aussi attester la variante theacutebaine a-re-i qursquoil citait lui-mecircmethinsp62 Il consideacuterait de ce fait que le nom drsquoAregraves eacutetait agrave lrsquoorigine un thegraveme en εthinsp (-eh1-)thinsp63 et que la flexion en -εύς comme celle en -t- (Ἄρης Ἄρητοςthinsp64) qursquoattesteraient indirectement les deacuteriveacutes patronymique Heacutes Ἀρητιάδης et phratronymique arg Ἀμφιαρητείδας repreacutesentaient elles aussi des deacuteveloppements secon-dairesthinsp65 O Masson voyait de mecircme dans chypr Θάλες un ancien nom en εthinsp passeacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique agrave la flexion en dentale geacuten Θάλητοςthinsp66

Mais de mecircme que φύλαξ a pu ecirctre theacutematiseacute degraves la langue eacutepique en φύλακος ce qui a pu ecirctre reacuteinterpreacuteteacute bien plus tard comme lrsquoemploi de son geacutenitif comme un nominatif si lrsquoon en croit une scholie agrave Apollonios de

60 A R I 485 etc61 Heubeck p 18 et 20-2162 Voir CJ Ruijgh Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien 1967 p 265

contesteacute par Heubeck p 16 n 33thinsp on pourrait avoir de mecircme a-re-ị-mene ( ou a-re-ẓọ-me-ne TH Z 849) vs a-re-me-ne (TH Z 852) cf DMic sv Comparer a-re-i-jo vs a-re-jo (KN Le 641 1 et Vc 208) avec le patronymique e-te-wo-ke-re-we-i-jo (PY An 644 8-9 et Aq 64 15) fait sur lrsquoeacutequivalent drsquoalph Ἐτεοκλέ(Ϝ)ης

63 Crsquoest la doctrine toujours admise aujourdrsquohui voir par exemple le compte rendu de N Guilleux agrave A Bernabeacute-ER Lujan Introduccion al griego miceacutenico Gramatica seleccion de textos y glosario 2006 dans BSL 104 2 (2009) p 178

64 Ἄρητος nrsquoest attesteacute ni comme geacutenitif ni sans doute comme nominatif agrave εthinsp heacuteriteacute contre Heubeck p 14 n 22 Le nom Ἄρᾱτος ioniseacute en Ἄρητος (Od 3 440) est fait sur un autre radical celui de ἀρ(Ϝ)ά laquo priegravere vœu maleacutediction raquo voir le dictionnaire de Pape-Benseler Bechtel HPN 63 et Chantraine DEacuteLG sv

65 Heubeck p 17 et 20 ougrave est citeacute le parallegravele drsquohom Ἀφαρεύς et patron Ἀφαρήιος vs Ἀφάρητα (Bacch 5 129) et Ἀφαρήτιδαι (Pind Neacutem 10 65) Voir pour la forme heacutesiodique Bouclier 57-59 ougrave lrsquoadjectif patronymique Ἀρητιάδην est employeacute pour reacutefeacuterer au fils drsquoAregravesthinsp Ὃς καὶ Κύκνον ἔπεφνεν Ἀρητιάδην μεγάθυμον Pour le phratronyme voir E Lobel Oxy Pap 32 1967 ndeg 2618 frag 1 col 1 l 7 de Steacutesichore et W Vollgraff reacutefeacuterence citeacutee supra n 33

66 Agrave distinguer drsquoion Θαλῆς -έω drsquoun ancien Θαλέας aujourdrsquohui attesteacute agrave trois exem-plaires cf O Masson RPh 48 (1974) p 83 et n 2 Pour le Thalegraves chypriote du VIIe s voir du mecircme auteur ICS2 p 257 (ta-le-se)

300 sophie minon

Rhodesthinsp67 Ἀμφιαρεύς aurait pu ecirctre theacutematiseacute en ἈμφιάρηϜ-ος suivant un processus que pourrait aussi illustrer la reacutefection du composeacute ἀρχιερεύς en ἀρχιέρεως chez Heacuterodote qui aurait entraicircneacute celle du simple ἱερεύς dans les inscriptions ioniennesthinsp68 Le pheacutenomegravene pourrait mecircme srsquoobserver pour le theacuteonyme degraves lrsquoeacutepoque myceacutenienne si lrsquoon pouvait accorder foi agrave la lecture a-re-ẉọ de PY An 340 11 et suivre Gallavotti qui proposait avec preacutecaution de voir dans ce nominatif un deacuteriveacute de Ἄρηςthinsp69 Une partie du myceacutenien (au moins Thegravebes et Cnossosthinsp70) semble du reste avoir deacutejagrave amorceacute le meacutetaplasme du thegraveme ancien a-re en thegraveme sigmatique On ne peut donc exclure que la theacutematisation se soit faite agrave partir du composeacute deacutejagrave suffixeacute en -εύς que pourrait recouvrir la forme de geacutenitif supposeacute a-pi-ja-re-[wo ()] deacutejagrave citeacutee plutocirct qursquoau stade preacuteceacutedent ougrave le thegraveme eacutetait peut-ecirctre encore en -εthinspthinsp71 Notons du reste que drsquoun point de vue phoneacutetique la theacutematisation est plus attendue agrave partir drsquoun thegraveme (semi-)consonantique que vocaliquethinsp en face de Ἀμφιάρη-ος Heubeck citait du reste comme parallegravele le thegraveme nāw- du nom du laquo navire raquo (drsquoougrave -νᾱ(Ϝ)-ος gt -νηος) agrave semi-consonne et non agrave

67 Dans la scholie tardive 132b (G Lachenaud Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010 p 34) le scholiaste explique ainsi le processus de theacutematisation des noms atheacutematiques qursquoil attribue aux Ioniensthinsp Φύλακος Ἰωνικῶς ὁ φύλαξ Ἴωνες γὰρ τὰς γενικὰς ποιοῦσιν εὐθείαςthinsp il renvoie ensuite sur la question de lrsquoaccentuation agrave Heacuterodien cf n 64 ibid ougrave lrsquoauteur signale lrsquoaccentuation φυλακούς en Il 24 566

68 Voir deacutejagrave E Risch Wortbildung p 164 n 1 avec renvoi agrave J Wackernagel Zeitschrift fuumlr vergleichende Sprachforschunghellip 27 (1879) p 265 et P Chantraine Formationhellip p 13-14 pour la correacutelation entre theacutematisation et composition et p 130 ougrave il signale la rareteacute des composeacutes en -εύς ce qui peut expliquer aussi leur tendance agrave la theacutematisation Cf Hdte 2 37 (corrigeacute par les eacutediteurs modernes en ἀρχιερεύς) et Dittenberger Syll3 1037 l 4 (Milet ca 300thinsp ἱέρεως) 495 l 23 (Olbia ca 230thinsp geacuten ἱέρεω) et F Sokolowski Lois sacreacutees des citeacutes grecques Suppleacutement Paris 1962 78 l 2-3 (Chios IIe s av J-Cthinsp ἱρέωι) ou encore Ἀ Στεϕάνου Χιακὰ Μελετήματα 1 (1958) 26-32 l 7 (Chiosthinsp nom ἱέρεως) Autres exemples de theacutematisations chez Schwyzer Griechische Grammatik I p 458 et voir mes Inscriptions eacuteleacuteennes dialectales 2007 p 369 et n 13 avec le nominatif eacuteleacuteen μανάσιος du nom de lrsquouniteacute de mesure connue agrave Chypre sous la forme μνάσις Crsquoeacutetait deacutejagrave lrsquohypothegravese de Bechtel Griechische Dialekte II p 514 qui fai-sait de ἈμφιάρηϜος une forme secondaire parallegravele agrave Ἀμφιαρετεύς

69 C Gallavotti Paideia 12 (1957) p 329 voir DMic sv a-re-wo Sur la question de lrsquoori-gine du suffixe -ηϜ- et de ses rapports avec les autres suffixes du grec voir J-L Perpillou Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973 p 15-62

70 Cf n 62 Sur la coexistence de dialectes agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne que lrsquoon ne perccediloit qursquoagrave travers les lapsus des scribes formeacutes agrave eacutecrire la langue de la chancellerie de lrsquoeacutepoque qui repose sur un dialecte de type arcado-chypriote voir M Lejeune laquo Rapport sur le grec myceacutenien raquo Atti Roma 1968 II p 731 contre RJE Thompson laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 (1996-97) p 313-333 qui preacutefegravere voir dans les variantes les indices drsquoeacutevolutions linguistiques en cours comme J Chadwick laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 401 qui insiste sur lrsquouniformiteacute de la langue sur les diffeacuterents sites Dans le mecircme sens que M Lejeune voir sur le caractegravere dialectalement composite du myceacutenien N Guilleux loc cit supra note 63 p 299

71 Comme composeacute en -εύς deacutejagrave attesteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne on pourra citer en parti-culier a-pi-po-re-we (KN Uc 160 v 2 unanimement interpreacuteteacute comme ἀμφι-φορῆϜες) avec la variante haplologique a-po-re-we (PY Tn 996 3 ἀμφορῆϜε)

301ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

voyelle finale On ne dispose certes pas de parallegravele qui permette drsquoeacutetablir le sort de eh1 suivi de voyellethinsp72 Le troisiegraveme mode drsquoeacutevolution agrave savoir lrsquoeacutelar-gissement des thegravemes en -εthinsp en dentale (-ης -ητος) qui nrsquoest pas attesteacute en myceacutenien serait en revanche posteacuterieurthinsp73

Ἀμφι-άραοςPour expliquer ensuite que lrsquoancien Ἀμφιάρηος ait vu transformer le

εthinsp eacutetymologique de son second eacuteleacutement en athinsp pour prendre la forme Ἀμφιάραος R Wachter a reacutecemment repris agrave son compte lrsquoexplication accepteacutee par Kretschmer selon laquelle une eacutetymologie populaire aurait fait constituer secondairement -άρᾱος drsquoapregraves ἀράομαι au sens eacutepique de laquo prier raquothinsp74 en posant lrsquoeacutequation proportionnelle suivante qui preacutesuppose lrsquoeacutepopeacutee ionienne acclimateacutee agrave Athegravenes et en Beacuteotiethinsp ion ἀρήσομαιthinsp att beacuteot ἀρᾱσομαι = ion Ἀμφιάρηοςthinsp att beacuteot x avec x = Ἀμφιάρᾱοςthinsp75 Il faisait neacuteanmoins remarquer le caractegravere plus eacuteconomique de lrsquoautre hypo-thegravese qui aurait fait partir de -ᾱος ioniseacute en -ηος atticiseacute en -εως puis refait en -ᾱος trajectoire qursquoillustre dans le lexique lrsquoappellatif λᾱός qui nrsquoest cependant substitueacute en attique agrave λεώς qursquoagrave la fin du IIIe siegraveclethinsp76 Les tenta-tives sporadiques drsquoionisation du heacuteronyme dans la langue eacutepique auraient eacuteteacute en ce cas agrave lrsquoorigine des formes agrave vocalisme εthinsp des leacutegendes vasculaires corinthiennes les plus anciennes comme des flottements observeacutes dans la tra-dition pindarique Il est vrai qursquoil est impossible vu la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφια- de reconnaicirctre eacutetymologiquement au second

72 Pas drsquoexemple comparable ni chez R Beekes The Development of the Proto-Indo-European laryngeals in Greek La Haye-Paris 1969 p 170-172 ni chez M Peters Untersuchungen zur Vertretung der indogermanischen Laryngale im Griechischen Wien 1980 p 272 La finale -ᾱων ονος de noms de Troyens comme Ἀρετάων ou de lrsquoethnique Ἰάονες cf P Chantraine Formation p 162-163 aurait pu laisser supposer que devant une autre voyelle la voyelle longue issue de eh1 se conservait au mecircme titre que le athinsp issu de eh2 si le myceacutenien nrsquoinvitait en fait agrave res-tituer -ᾱϜων cf O Landau Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958 p 185-186

73 Heubeck p 1974 Kretschmer op cit (n 47) p 123 Lrsquoeacutetymologie populaire est refleacuteteacutee par Photius

Bibliothegraveque Bekker 148a l 36thinsp ὅτι Ἀμφιάραος ἐκλήθη ἐπεὶ ἄμφω οἱ τῆς μητρὸς γονεῖς ἠράσαντο αὐτὴν ἄνευ τεκεῖν μόγου Le heacuteronyme aurait-il ainsi eacuteteacute reacuteinterpreacuteteacute comme laquo celui que lrsquoon prie de part et drsquoautre raquo avec un rappel agrave Thegravebes de lrsquoorigine argienne du heacuteros et du culte qursquoil recevait aussi en Argolide tandis qursquoagrave Oropos il aurait eacuteteacute le heacuteros auquel on rendait un culte de part et drsquoautre de la frontiegravere que lrsquoon fucirct Atheacutenien ou Oropienthinsp

75 R Wachter NAGVI 77 renvoie agrave Kretschmer loc cit Autre hypothegravese insatisfaisante de M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 191-193thinsp lrsquoanalogie des composeacutes anthroponymiques agrave second eacuteleacutement -λᾱϜ ος (gt -lœthinspwos en zone io-att) aurait fait passer -rēwos () agrave -rœthinspwos drsquoougrave beacuteot -ρᾱος par hypercorrection

76 Crsquoest par exemple lrsquointerpreacutetation du dictionnaire de W Pape et G Benseler de 1911 Pour la substitution de λᾱός agrave la forme ionienne-attique λεώς agrave partir de lrsquoeacutepoque helleacutenistique voir L Threatte GAI II 1996 p 39 Lrsquoionien ne semble pas avoir eu ληός cf A Meillet Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 1975 p 313 Lrsquohistorien Polybe est le premier prosateur agrave rem-ployer la forme ancienne λαός comme aussi ναός cf J-A de Foucault Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972 p 65

302 sophie minon

eacuteleacutement le radical de ἀρά laquo priegravere raquo drsquoun plus ancien ἀρϜά (arc κάταρϜος) drsquoougrave ion ᾱρή dans la poeacutesie homeacuteriquethinsp77 Il faut donc bien admettre comme seul authentique le radical ἀρ- agrave bregraveve initiale dont deacuterivent le thegraveme agrave εthinsp que recouvrent hom feacutem ἀρή laquo malheur perte raquo et masc Ἄρης le thegraveme en -εthinspw- qui est aussi ancien pour le theacuteonyme ainsi que le substantif ἄρος que fait connaicirctre la triple glose drsquoHeacutesychius dont le sens neacutegatif βλάβος ἀκούσιον rejoint le seacutemantisme funeste des premiers

Ἀμφ-ιέραοςLrsquoultime transformation en Ἀμφιέραος variante sporadique connue

par quelques deacutedicaces attiques priveacutees et autres inscriptions helleacutenistiques de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos et dont teacutemoigne aussi le nom drsquoassociation Ἀμφιεραισταί agrave Rhamnonte fin IIIedeacutebut IIe siegraveclethinsp78 a pu se produire agrave Oropos ougrave elle aurait eacuteteacute motiveacutee par la volonteacute drsquoioniserthinsp79 une seacutequence dont la reacuteinterpreacutetation par fausse coupe comme Ἀμφ-ιαρ-αοςthinsp80 aurait juste-ment eacuteteacute favoriseacutee par la proximiteacute seacutemantique entre la notion de laquo sacreacute raquo et celle de laquo priegravere raquo que lrsquoeacutetymologie populaire avait secondairement rattacheacutee agrave ce nom de heacuteros Il ne peut y avoir lagrave en effet que la reacuteeacutetymologisation reacutecente drsquoun nom dont lrsquoabsence drsquoattestation drsquoἈμφίερος ου drsquoἌμφιρος agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique indique qursquoil ne repose sur rien drsquoancien Le myceacute-nien du reste ne connaissait que le degreacute e de ce radical (i-je-ro i-je-re-u etc) sans avoir jamais employeacute semble-t-il ni i-ja-ro ni i-a2-rothinsp81thinsp il est vrai que lrsquoanthroponyme a-pi-a2-ro qui pourrait theacuteoriquement avoir comme eacutequiva-lent alphabeacutetique lrsquoanthroponyme Ἀμφίαρος est interpreacuteteacute unanimement comme Ἀμφί-hαλος avec au second eacuteleacutement le radical du nom du laquo sel raquothinsp82 principalement parce que la forte repreacutesentation du radical de forme i-(j)

77 M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 186 n 578 Pour les deacutedicaces attiques contemporaines des inscriptions de lrsquoAmphiaraion voir

L Threatte GAI I p 126thinsp pour les proxeacutenies et autres deacutecrets de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos V Petrakou Οἱ ἐπιγραφές τοῦ Ὠρωποῦ Athegravenes 1997 eg ndeg 9 et 17 deacutebut IIIe s ndeg 60 etc et cf IG II-III2 (1) 1322 pour lrsquoassociation des Ἀμφιεραισταί

79 Comme les formes en Ἀμφιερ- commencent seulement agrave apparaicirctre au tournant du IVe et du IIIe siegravecle alors qursquoapregraves 312 les Beacuteotiens sont agrave nouveau maicirctres drsquoOropos qui fait partie du koinon tout en gardant son statut de citeacute (MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory ndeg 214) ce changement de vocalisme radical peut ecirctre interpreacuteteacute comme une marque drsquoidentiteacute (-ιαρ- fait beacuteotien) de la part des Oropiens dont le dialecte est apparenteacute agrave lrsquoionien drsquoEubeacutee Il est moins plausible drsquoy voir un indice de la koineacuteisation du dialecte qui nrsquoaurait pas affecteacute degraves cette peacuteriode le radical drsquoun heacuteronyme

80 L Threatte GAI I p 126 et 391 heacutesite entre deux explications pour la variante Ἀμφιέραοςthinsp tendance agrave la dissimilation ou plus vraisemblablement confusion avec le radical de ἱερός

81 Voir RJ Thompson laquo Dialects in Mycenaean and mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 1996-97 p 330

82 DMic sv a-pi-a2-ro et cf A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 51

303ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

e-r(V) fait exclure que le vocalisme a puisse avoir eacuteteacute mecircme sporadiquement repreacutesenteacutethinsp83

ἈμφίαροςLrsquoanthroponyme hapax dont il vient drsquoecirctre question Ἀμφίαρος figure

agrave cocircteacute de Παμφίλη de Ἀμφίλοχος et de Ἀμφίας sur un loutrophoros du IVe siegravecle a C trouveacute agrave Athegravenesthinsp84 La segmentation Ἀμφ-ίαρος qui ferait identifier le second eacuteleacutement de ce composeacute comme le radical agrave vocalisme non ionien-attique de ἱερός cf eg Ἀγχ-ίαρος agrave Thespies et Cheacuteroneacutee ou Καλλ-ίαρος vs Καλλ-ίερος agrave Delphesthinsp85 est probablement agrave exclure agrave cause de lrsquoassociation avec le nom feacuteminin agrave finale -η quant agrave lui bien attiquethinsp on attendrait Ἀμφίερος qui nrsquoest nullement attesteacute

La solution qui consisterait agrave y voir une forme courte pour Ἀμφιάραοςthinsp86 se heurte au fait que cette forme du heacuteronyme nrsquoest attesteacutee comme anthropo-nyme qursquoagrave partir du Ier siegravecle de notre egraverethinsp87 Il est alors preacutefeacuterable drsquoy voir un deuxiegraveme exemple de composeacute agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- non eacutelideacute comme dans le cas de Ἀμφιάρηος devant un second eacuteleacutement de forme -αρος ndash lrsquoana-logie de la seacutequence iathinsp de lrsquohypocoristique Ἀμφίας aurait pu contribuer au maintien de lrsquohiatus On aurait pu srsquoattendre agrave un second eacuteleacutement en -άρης-ήρης en lien avec notamment le substantif ἄρος (cf infra II sous Ἀμφάρης) mais -αρος qui est attesteacute par exemple dans le nom du magistrat moneacutetaire Εὔαρος agrave Eacutephegravese au Ve siegraveclethinsp88 peut srsquoexpliquer comme une forme de second membre court parallegravele agrave feacutem -αρώ (cf Κλειναρώ agrave Paros au IIe siegravecle avant J-C ou νεικα(ρ)ώ fille de Ἀρίστων agrave Thegravebes au IIeIIIe siegravecle de notre egravere) bacirctie agrave partir du radical ἀρ- soit de ἀρετή soit de ἄριστοςthinsp89 La derniegravere solution qui aurait consisteacute agrave y voir un deacuteriveacute comparable agrave Ἀμφί-ας au suf-fixe rare -αρος issu de la grammaticalisation de la formation hypocoristique susdite doit sans doute ecirctre eacutecarteacutee parce qursquoelle est plutocirct attendue dans le cas drsquoun sobriquet tel Βάτταρος fait sur Βάττοςthinsp90

En zone non ionienne-attique crsquoest en revanche ἱαρός qursquoil faut recon-naicirctre au second eacuteleacutement du nom nouveau de lrsquoArgien Γνοhίαρος que fait connaicirctre Ch Kritzas dans le mecircme volumethinsp91 composeacute agrave rection ver-

83 Sur le caractegravere cependant dialectalement stratifieacute du myceacutenien voir deacutejagrave supra n 7084 LGPN II Polemon 4 (1949) p 33 ndeg 32 et V Bardani-G Papadopoulou-V Petrakos

Συμπλήρωμα τῶν ἐπιτυμβίων μνημείων τῆς Ἀττικῆς Athegravenes 2006 ndeg 152985 Pour Ἀγχίαρος cf Y Kalliontzis BCH 131 (2007) [2009] p 495-496thinsp pour Καλλίαρος

vs Καλλίερος respectivement SGDI 1987 l 16 175 av J-C et 1867 l 10 177 av J-C86 Hypothegravese de J Traill Persons of Ancient Athens 2 p 100 ndeg 12513587 Deux Atheacuteniens LGPN II88 A Meadows-U Wartemberg (eacuted) Coin Hoards 9 Londres 2002 p 102 ndeg 189 Κλειναρώ IG XII (5) 186 18thinsp νεικα[ρ]ώ IG VII 2681 et cf infra n 14390 Cf O Masson respectivement Philologus 110 (1966) p 256 et n 5 (= OGS I p 91) agrave

propos des noms Λεύκαρος et Λευκάριστος et Glotta 54 (1976) 94 et n 55 (= OGS I p 279)91 Crsquoest lrsquoanalyse de Ch Kritzas pour le nom de lrsquoArgien Γνοhίαρος qursquoil eacutetaie du rappro-

chement avec le nom Ἱερόγνωτος drsquoun Deacutelien IG IX (2) 135 23 IVe s

304 sophie minon

bale comme le nom Δεξίαρος attesteacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique pour deux Beacuteotiensthinsp92

Remarquons pour conclure cette partie que les deacuteveloppements eacutetymo-logiques ici exposeacutes conduisent agrave admettre que le i final de ἀμφι- nrsquoa pas plus eacuteteacute eacutelideacute dans le heacuteronyme Ἀμφιάρηος que dans le nom de lrsquoAtheacutenien Ἀμφίαρος et qursquoil ne lrsquoaurait eacuteteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne dans a-pi-ja-re agrave supposer que cette forme syllabique ait bien Ἀμφιάρης comme correspon-dant alphabeacutetique et cela en contradiction avec la regravegle veacuterifieacutee du moins pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique selon laquelle cette eacutelision eacutetait reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale Ἀμφιάρης serait le seul nom en Ἀμφι- ougrave une telle exception srsquoobserverait du myceacutenien au grec alphabeacutetiquethinsp93 Le teacutemoignage du myceacutenien laisse en effet supposer pour les preacutefixeacutes en ἀμφι-thinsp la conservation de lrsquohiatus devant h (a-pi-e-ke pour ἀμφι- + hέχει ou hῆκε)thinsp la dieacuteregravese devant ancienne laryngalethinsp94 sauf en morphologie ver-bale ougrave lrsquoeacutelision est pratiqueacutee (a-pe-e-ke pour ἀμφ- ou ἀπ- + augment ἔ + hεχε ou hηκε) Notons toutefois que lrsquoeacutelision pourrait avoir coexisteacute comme variante degraves le myceacutenien si lrsquoon postulait lrsquoeacutequivalence entre a-pa-re-[uthinsp] et dor ἈμφᾱρηςἈμφᾱρεύςthinsp mais la seacutequence syllabique est seulement inter-preacuteteacutee comme correspondant agrave Ἀφᾰρεύς voire agrave Ἁρπαλεύςthinsp95

Il nrsquoest pas sucircr en revanche que Ἀμφαρίδας et Ἀμφιαρίδας preacutesenteacutes comme exemple de doublet dans lrsquointroductionthinsp96 teacutemoignent de la mecircme variation agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp le second nom pourrait fort bien deacuteriver du nom Ἀμφ-ίαρος et ecirctre par conseacutequent sans relation avec le premier sur lequel nous reviendrons agrave lrsquooccasion de lrsquoeacutetude du nom Ἀμφάρης

92 LGPN IIIBthinsp Coroneacutee 182 av J-C Syll3 585 l 210 et Orchomegravene IIIeIIe s A Wilhelm Neue Beitr 4 p 10 ndeg 1 l 12-13 pegravere notamment drsquoun Ἱαροκλῆς

93 Les deux seuls autres exemples syllabiques possibles drsquoanthroponymes en Ἀμφι- avec dieacute-regravese devant un second eacuteleacutement agrave laryngale initiale eacutetymologique ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() et a-pi-je-ta ne preacutesentent pas de correspondant en grec alphabeacutetique Pour ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() KN B 812a qursquoon pose une eacutequivalence avec Ἀμφιάγορος Ἀμφίαγρος ou Ἀμφίακρος on srsquoattendrait agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique agrave ce que le premier eacuteleacutement agrave -i final soit eacutelideacute comme crsquoest toujours le cas devant le second eacuteleacutement en -αγορ--ηγορ-thinsp et si Πολίαγρος (LGPN I et II) conserve son i devant -αγρος crsquoest pour eacuteviter toute confusion avec le radical de πολύς Or Ἀμφάγορος Ἄμφαγρος et Ἄμφακρος ne sont pas davantage attesteacutes On aurait un autre exemple de dieacuteregravese si a-pi-je-ta PY An 6577 avait pour correspondant Ἀμφι-έρτας agrave comparer avec Λαέρτης Ὀρσέλαος avec le radical de ὄρνυμι voir A Leukart op cit sect 66 et F Bader Minos 10 (1969) p 50 Mais une autre interpreacutetation est possible qui expliquerait lrsquoabsence drsquoeacutelision de a-pi- en conformiteacute avec la regravegle mise en eacutevidence pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp Ἀμφιέτας en lien avec ἵημι (de yeH1) de preacutefeacuterence agrave Ἀμφιέρτας en lien cette fois avec ὄρομαι (de wer-) qui laisserait plutocirct attendre myc a-pi-we-ta

94 Outre a-pi-ja-re cf n 44 voir ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() note preacuteceacutedente95 F Aura Jorro DicMic sv96 Lrsquohypothegravese drsquoune variation drsquoordre phoneacutetique propre au beacuteotien dont teacutemoignerait la

graphie Ἀμφαρίδας vs Ἀμφιαρίδας doit ecirctre eacutecarteacutee cf n 37

305ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Il reste alors pour justifier ce qui ne constitue en deacutefinitive une exception que pour cette eacutepoque agrave invoquer une contrainte drsquoordre prosodique telle que la preacutefeacuterence pour la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφιαρ- qui peut srsquoecirctre conjugueacutee agrave la reacutepugnance agrave constituer une seacutequence gra-phique Ἀμφαρ- qui eacutetait eacutetymologiquement ambigueuml en dehors de lrsquoionien et de lrsquoattique puisqursquoelle pouvait paraicirctre proceacuteder aussi bien de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω au second eacuteleacute-mentthinsp97 que de Ἀμφ- eacutelideacute + -αρ- du radical de Ἄρης ἄρος ou ἀραρίσκω Crsquoest preacuteciseacutement en ces termes que se pose la question de lrsquoeacutetymologie du nom de lrsquoeacutephore spartiate meurtrier drsquoAgis Ἀμφάρης

IIenspἈμφάρης et la polyseacutemie du radical ἀρ-

Ἀμφ-άρηςἈμφ-ήρηςLe nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφάρης que mentionne Plutarque a eacuteteacute

porteacute par un Atheacutenien (agrave la formule onomastique partiellement doriseacutee) et par un Phocidien qui veacutecurent tous deux au IVe siegraveclethinsp98 Dans lrsquohypothegravese ougrave le a meacutedian aurait eacuteteacute allongeacute en composition et le premier eacuteleacutement Ἀμφι- eacutelideacute comme on lrsquoattend conformeacutement agrave la regravegle phoneacutetique deacutejagrave invoqueacutee Ἀμφᾱρης pourrait alors eacuteventuellement ecirctre rapprocheacute de Ἀμφήρης dont Platon fait lrsquoun des souverains de lrsquoAtlantide fils de Poseacuteidon et de Kleitocirc agrave moins que le second membre de ce nom nrsquoait comporteacute un e eacutetymologique et ne soit plutocirct en lien avec ἐρέττωthinsp99 Lrsquoexistence parallegravele des suffixeacutes en -ίδᾱης Ἀμφηρε-ίδης et Ἀμφαρε-ίδας pourrait conforter le premier rappro-chementthinsp100 Bechtel part de ce principe puisqursquoil classe Ἀμφ-άρης agrave cocircteacute de Ξειν-ήρης et les rattache tous deux agrave ἄρος que fait connaicirctre la glose drsquoHeacutesy-

97 Voir P Chantraine DEacuteLG sv φέρω98 Voir Plut Agis 18 agrave 21 ougrave lrsquoacc est transmis sous la forme Ἀμφάρην par confusion

banale agrave cette eacutepoque entre sigmatiques et masculins en -athinsps (gt -ης)thinsp pour lrsquoAtheacutenien du IVe s cf infra n 153 et pour le Phocidien contemporain CID 2 ndeg 31 l 7 (geacuten Ἀμφάρεος)

99 Platon Criti 114b et cf infra n 113100 Ἀμφηρείδης (Atheacutenien FD III (2) 23 l 19 1387 a C) et Ἀμφαρείδας (Kleitor IIIe s

LGPN IIIA) La forme -ίδης du suffixe du nom ancien Ἀμφηρίδης agrave Thasos et agrave Paros (LGPN I) laisse supposer qursquoil deacuterive plutocirct de Ἄμφηρις que de Ἀμφήρης comme le nom du Spartiate Κλεαρίδας (Thuc IV 132 3) deacuteriverait de son cocircteacute de Κλέαρις (Thasos IG XII (8) 280 l 13 VIeVe s) dont on notera cependant que le a meacutedian est ici de quantiteacute bregraveve Dans le cas des thegravemes sigmatiques on srsquoattend agrave ce que le suffixe -ίδης srsquoajoute au suffixe sigmatique drsquoougrave -ε(σ)-ίδης gt -είδηςthinsp et lrsquoexistence de nombreux composeacutes agrave second eacuteleacutement -μενίδης nrsquoest pas contradictoire puisqursquoils semblent avoir eacuteteacute bacirctis sur μένω plutocirct que deacuteriveacutes drsquoun second eacuteleacute-ment -μένης Dans le cas particulier des noms en κλῆς lrsquoargien par exemple preacutesente cependant -ηίδας dans le phratronyme Ὀϕελλοκληίδας ensuite moderniseacute en Ὀφεltλgtλοκλείδας cf IG IV 553 l 6 Ve s (-κλε ίδας) lrsquoineacutedit E 67 dateacute 330-300 (-κληίδας) et la proxeacutenie argienne drsquoun Thrace SEG 30 357 l 11 ca 300 (-κλείδας) Pour les modaliteacutes morphologiques et phoneacutetiques de la deacuterivation en -ίδας cf mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011

306 sophie minon

chius deacutejagrave citeacutee avec le sens positif de laquo providence raquothinsp101thinsp ils appartiendraient alors agrave la cateacutegorie des bahuvrīhi ou eacutepithegravetes de type possessifthinsp102 Drsquoun autre cocircteacute si le a meacutedian de Ἀμφάρης eacutetait effectivement long agrave la diffeacuterence de celui du heacuteronyme Ἀμφιάρηος le second eacuteleacutement -ᾱήρης pourrait tout aussi bien ecirctre analyseacute comme deacuteriveacute de la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo adapteacute agrave raquo ou laquo pourvu de raquo drsquoautant que le composeacute ἀμφήρης laquo ajusteacute des deux cocircteacutes raquo est attesteacute dans le lexique poeacutetiquethinsp103thinsp on aurait alors un composeacute agrave rection verbale dont la composition aurait eu lieu dans lrsquoadjec-tif avant son transfert dans lrsquoonomastique Les deux hypothegraveses pourraient du reste ne pas ecirctre incompatiblesthinsp lrsquoeacutetymologie du substantif ἄρος nrsquoest pas assureacutee mais le premier sens de la glose drsquoHeacutesychius (ἄρος ὄφελος) srsquoaccorderait assez bien avec la notion positive de conformiteacute et drsquoajuste-ment veacutehiculeacutee par la racine H2er- que lrsquoon trouve agrave lrsquoorigine notamment de ἀραρίσκω de ἀρείων et de ἄριστοςthinsp104

Ἀν(α)-φαρ- Ἀμ(φι)-φαρ-thinspIl ne serait en theacuteorie pas impossible drsquoavancer agrave ce stade une autre

hypothegravesethinsp celle que Ἀμφάρης ait pu proceacuteder en dehors du domaine ionien-attique soit de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope soit de Ἀμ(φι)-φαρ- avec haplologie devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω comme pourrait en teacutemoi-gner lrsquoadjectif correspondant que fait connaicirctre une glose drsquoHeacutesychius proba-blement issue de la contamination de trois autresthinsp ἀμφαρής περιορωμένη κατολιγωρουμένη καὶ γυμνός ἐπιφανήςthinsp105 Les adjectifs agrave second eacuteleacute-ment -φερής bien attesteacutes se rencontrent degraves Heacuterodote et Heacutesychius fait aussi connaicirctre ἀντιφαρές gloseacute ἐναντίον en face de ἀντιφερής que sup-pose lrsquohom ἀντιφερίζωthinsp106 Ni ἀν(α)φερής ni les formes sans haplologie ἀμφιφαρής et ἀμφιφερής ne sont cependant attesteacutes Nous aurons lrsquoocca-sion de veacuterifier la validiteacute de cette hypothegravese agrave propos du nom Ἀμφαρίον agrave la fin de la troisiegraveme partie

101 Bechtel HPN 193102 Voir eg E Risch Wortbildung p 166-170103 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης renvoie agrave Eur HF 243 (qualificatif de ξύλα) et agrave Ion

1128 (ἀμφήρεις σκηνάς)104 Cf infra n 111105 La glose est consideacutereacutee agrave plus drsquoun titre comme suspecte par Lattethinsp par exemple crsquoest

agrave lrsquoeacutevidence ἀφαρήςἄφαρος qui est agrave lrsquoorigine du sens γυμνός comme lrsquoavait deacutejagrave signaleacute Schmidt et Kuster avant lui Pour lrsquoeacutequivalence entre ἀν(α)φαρής et ἐπιφανής qui serait pos-sible agrave condition de donner aux deux adjectifs le sens de laquo manifeste eacuteclatant raquo voir Pind Neacutem 11 38 ougrave ἀναφέρω (ἀμφέροντ(ι)) est employeacute au sens de laquo produire au jour faire remon-ter agrave la lumiegravere raquo agrave propos de vertus resurgissant drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre Lrsquoideacutee drsquoindiffeacuterence et de meacutepris dont teacutemoigne lrsquoeacutequivalence avec περιορωμένη κατολιγορουμένη pourrait se com-prendre mieux quant agrave elle agrave partir de ἀμ(φι)φαρής au sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo drsquoougrave neacutegativement laquo indeacutecis sans opinion raquo

106 Cf infra n 158

307ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Le nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφ-άρηςCependant dans le cas du nom de lrsquoeacutephore spartiate le rapprochement

avec le nom Δαμάρης assez populaire agrave Sparte agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacute-nistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp107 et avec les noms anciens des Spartiates Μενάρης (μένει ὀξὺν Ἄρηα Il 12 836) et peut-ecirctre Κλεαρίδαςthinsp108 incite agrave mettre ici -άρης en relation soit avec ἀρή laquo ruine destruction raquo soit direc-tement avec le nom drsquoAregraves comme on tendait en revanche agrave lrsquoeacutecarter pour le heacuteronyme Ἀμφιάρηος Lrsquoexistence du nom Δημάρης porteacute par un Deacutelien et lrsquoabsence de Δημήρης de Μενήρης et de Κλέηρις dissuadent de plus de retenir lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement agrave voyelle longue initiale -ᾱήρης Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le contraste entre la poigneacutee drsquoanthroponymes composeacutes en -ήρης attesteacutes dans lrsquoensemble du monde grec dont lrsquoidentifi-cation avec le radical de ἀραρίσκω nrsquoest du reste probable que pour le seul Φρασιήρης et la vingtaine de composeacutes en -άρης dont plus de la moitieacute est attesteacutee en zone ionienne-attiquethinsp109 fait douter que ce dernier eacuteleacutement ait comporteacute une voyelle longue initiale ailleurs que dans la phraseacuteologie poeacute-tique et dans le calque Μενάρης

Du radical ἀρ- aux bases ἀρι- ἀρο- et ἀρήIl a donc principalement existeacute des composeacutes anthroponymiques agrave second

eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης ndash et de mecircme en -αρις -αρος et -αρώthinsp110 dans lesquels srsquoobserve la mecircme absence drsquoallongement de la voyelle de jonction que dans Ἀμφιάρηος en deacutepit mecircme de lrsquoeacutelision et cela en contradiction avec la loi drsquoallongement urgriechisch mise en eacutevidence par Wackernagel dont lrsquoapplication nrsquoest certes reacuteguliegravere que dans les composeacutes nominaux anciens de lrsquoeacutepoque alphabeacutetique comme cela a eacuteteacute exposeacute en preacuteambule Comme pour ἀμφαρίστερος il est probable que la conservation du a bref eacutetait destineacutee agrave laisser visible le lien eacutetymologique avec la famille de ἀραρίσκω ἀρείων ἀρι- ἄρος et celle de ἀρή Ἄρης vraisemblablement lrsquoune et lrsquoautre issues sinon de la mecircme base du moins de la mecircme racine H2er-thinsp111 en eacutevitant la confusion possible avec les autres -ήρηςthinsp112 comme

107 Le nom Δαμάρης a eacuteteacute porteacute par quatorze Spartiates par un Arcadien (LGPN IIIA) par un Deacutelien et deux Creacutetois (LGPN I) et un citoyen drsquoAmisos (LGPN VA)

108 Bechtel HPN 69 cf Heacuterodote VIII 131 VIe s et n 99 pour Κλεαρίδας et Κλέαρις109 Pour lrsquoorigine poeacutetique du composeacute Φρασι-ήρης cf supra n 6 Drsquoapregraves le site du

LGPN en ligne les autres composeacutes en -ήρης sontthinsp Εὐήρης Ξεινήρης Περιήρης et Πολυήρης tous attesteacutes agrave un seul exemplaire sauf le premier (5 individus) Pour -άρης voirthinsp Ἀμφ(ι)άρης Ἀνδράρης (zone ion-att) Δαημάρης (id) Δειξάρης Διάρης (id) Δρομάρης (id) Εὐάρης (id) Θεάρης Κλεάρης Λυκάρης (id) Μαχάρης (id) Μενάρης (id) Ξεν(Ϝ)άρης (id) Ξιφάρης (id) Πανάρης Παντάρης Ποδάρης Τιμάρης

110 Cf Κλέαρις n 100 et Εὔαρος et Κλειναρώ n 89111 Voir H Rix LIV2 sv H2er- (ἀραρώς) H2erH (Ἄρης) et H2erH3 (ἀρόω) et cf supra

n 56 pour lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour le nom drsquoAregraves par T Barnes112 Il nrsquoest pas sucircr que lrsquoadj hom ἐρίηρες laquo fidegraveles raquo (de wēr- cf hom ἦρα et Chantraine

DEacuteLG sv) ait geacuteneacutereacute des anthroponymes en dehors de lrsquoeacutepopeacutee ougrave le second membre de Διώρης

308 sophie minon

dans poeacutet ἀμφήρης laquo avec des rames de part et drsquoautre raquo (cf ἐρέττω)thinsp113 ou -ηρις (de ἔρις) comme dans poeacutet δύσηρις et lrsquoanthroponyme correspon-dant dont pourraient ecirctre rapprocheacutes le nom du Thasien Ἀμφηρίδης deacuteriveacute de Ἄμφηρις ainsi que lrsquoadjectif ἀμφήριστοςthinsp114

IIIenspἈμφαρίον Δαμαρίων et Θεαρίων

Lrsquoemploi anthroponymique du suffixe -ίωνLes analyses meneacutees jusqursquoici permettent-elles de deacutemecircler lrsquoorigine du

nom nouveau Ἀμφαρίονthinsp En lrsquoabsence de correspondant myceacutenien il res-sort des eacuteleacutements qui ont eacuteteacute deacutegageacutes pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique que si le premier eacuteleacutement eacutetait Ἀμφι- lrsquoeacutelision de sa voyelle finale eacutetait attendue devant -αρ- ndash ne serait-ce que pour eacuteviter lrsquohiatus iV dans deux syllabes successives sans que lrsquoallongement de la voyelle initiale du second eacuteleacute-ment ait neacutecessairement accompagneacute cette eacutelisionthinsp mais qursquoen pays dorien il serait theacuteoriquement possible que Ἀμφαρ- ait valu ion-att ἀναφερ- et soit un composeacute deacuteverbatif comme cela vient drsquoecirctre exposeacute pour le nom Ἀμφάρης La suffixation de notre anthroponyme est-elle alors compatible avec lrsquoune et lrsquoautre formationthinsp

-ίωνForce nous est de constater que la finale -ίων moins reacutepandue dans

lrsquoanthroponymie que le suffixe -ων lrsquoest encore moins parmi les composeacutesthinsp sur les 1060 noms diffeacuterents preacutesentant cette finale dans les six volumes du Lexicon of Greek Personal Names soit 3 de la totaliteacute des noms connus 7 seulement preacutesentent la forme pleine de composeacutes ndash ce sont geacuteneacuteralement des noms rares dont ne sont connus que 2 3 exemplaires mais qui tendent agrave se deacutevelopper au-delagrave de lrsquoeacutepoque classique contre une majoriteacute drsquohypo-coristiques et de sobriquetsthinsp115 Le deacutepouillement de lrsquoindex inverse du LGPN

et Περιήρης aurait cette origine cf Bechtel HPN 194 tandis que Risch Wortbildung p 79 le rapproche de la racine de ἀραρίσκω Lrsquoanalyse du nom de lrsquoArcadien Πολυ-ήρης (monnaie ineacute-dite du IIe s av J-C ZfN 9 [1882] p 266 ndeg 2) est de mecircme ambigueuml

113 La motivation du nom Εὐήρης de trois Thasiens aurait-elle eacuteteacute celle-lagravethinsp la deacutesignation de laquo bons rameurs raquothinsp Pour lrsquoadj poeacutetique ἀμφήρης cf eg Eur Cycl 15

114 Voir DGEsp sv δύσερις poeacutet δύσηρις et ἀμφήριστος et LGPN IIIB deux Thessaliens du nom de Δύσηρις au VIe et IVe s av J-Cthinsp pour Ἀμφηρίδης supra n 100

115 Sondage effectueacute agrave lrsquoaide de la base de donneacutees en ligne du site du LGPN Citons comme composeacutes suffixeacutes en -ίωνthinsp le rare et tardif Ἐπαγαθίων agrave cocircteacute de Παρμενίων qui bat au contraire tous les records dans cette cateacutegorie (197 individus) et dont lrsquoamplitude chronologique des attestations srsquoexplique agrave la fois par le renom du philosophe Parmeacutenide et par celui du lieute-nant Parmeacutenion drsquoAlexandrethinsp la lexicalisation de lrsquoadjectif composeacute ἐμπόριος fait plutocirct inter-preacuteter lrsquoancien Ἐμπορίων (eg LGPN II) comme un sobriquet Comme hypocoristiques on citera par exemple Πασίων (122 individus) forme abreacutegeacutee drsquoun composeacute du type Πασικράτης (60) et Ἐπαφρ-ίων (19) pour Ἐπαφρόδιτος (515)thinsp et comme sobriquets Διδυμίων ou Ἐλευθερίων qui sont lrsquoun et lrsquoautre drsquoeacutepoque impeacuteriale (LGPN passim)

309ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

IIIA (Peacuteloponnegravese Gregravece de lrsquoOuest Sicile et Grande-Gregravece) laisse identifier 40 composeacutes sur les 350 noms diffeacuterents agrave finale -ίων soit un rapport drsquoun peu plus de 11 thinsp un seul est attesteacute en Argolide occidentale preacuteciseacutement agrave Argos mais seulement agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp Ἁρποκρατίωνthinsp116

Le suffixe -ίων qui servait dans le lexique de suffixe de comparatif srsquoest drsquoabord introduit dans les sobriquets adjectivaux du type Αἰσχρίων (234 individus) Καλλίων (20) ou Κυδίων (2) avec sa valeur grammaticalethinsp notons toutefois que Γλυκίων qui est connu comme comparatif homeacuterique nrsquoest attesteacute qursquoagrave deux exemplaires contre plusieurs centaines drsquoexemples de Γλύκων dans lrsquoensemble du monde grecthinsp117 Dans les autres cas la suffixation est produite par lrsquoadjonction du suffixe banal -ων agrave un i- final extrait lui-mecircme drsquoun thegraveme en -ιο-thinsp118 ou plus souvent drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute verbal ou adjectival du type Ἀλεξικράτης (43 individus) drsquoougrave Ἀλεξίων (103) Il arrive plus rarement que le suffixe -ίων ainsi creacuteeacute apparaisse agrave la finale drsquoun composeacute comme le tregraves populaire Παρ-μεν-ίων composeacute pour lequel sont attesteacutees 26 autres formes de suffixations dont -ων tregraves repreacutesenteacute eacutegalement (136 individus)thinsp selon Bechtel crsquoest Πάρμενις qui a seacutecreacuteteacute Παρμενίδας Παρμενίτας Παρμενίων Παρμένισκος etcthinsp119 Il nrsquoy a pas drsquoexemple drsquohypocoristique qui conserve les seuls phonegravemes initiaux du second eacuteleacutement affecteacute de ce suffixe puisque Δαμοτί-ων forme courte de Δαμότιμος et son correspondant ionien-attique nrsquoont pas drsquoeacutequivalent en -των et sont par conseacutequent suffixeacutes en -ων et non en -ίων et qursquoil en va de mecircme pour tous les composeacutes agrave second eacuteleacutement -τίων

-ωνCependant le suffixe -ων nrsquoeacutetait guegravere plus couramment adjoint agrave un

nom composeacute Crsquoest surtout une suffixation de sobriquetsthinsp120 bien plus que drsquohypocoristiquesthinsp on ne citera que Δαμών-ων Ἀλκί-ν-ων et νικ-άρ-ων parmi ceux qui preacutesentent lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de composeacute preacuteser-veacuteethinsp pour les autres du type Ἀλέξων ou Τίμων lrsquoidentification comme hypocoristique ou comme sobriquet deacutepend de la perspective adopteacuteethinsp lrsquoexistence de composeacutes de type heacuteroiumlque avec parallegraveles dans drsquoautres lan-gues indo-europeacuteennes comportant ces premiers eacuteleacutements fera analyser ces

116 Ἁρποκρατίων IIe s apr J-C RE (2)117 Voir J-L Perpillou laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 (1974)

p 99-107118 Voir P Chantraine Formation p 165 pour un exemple lexical comme οὐρανίων fait

sur οὐράνιος drsquoougrave les anthroponymes οὐρανίων et Κρονίων et les nombreux anthroponymes de forme patronymique tels Ἑλλοπίων Ἀχαιίων Ἀρκαδίων Κωνωπίων etc recenseacutes par Bechtel HPN 548

119 Bechtel HPN 307120 P Chantraine Formation p 161 voir aussi O Masson laquo Notes drsquoanthroponymie grecque

et asianique raquo Beitrz Nam 10 (1959) p 162 (OGS I p 22) sur le rapport qui existe entre ce type de sobriquet et les adjectifs en -ύς cf Δάσων vs δασύς

310 sophie minon

anthroponymes comme des hypocoristiques ndash crsquoest lrsquoanalyse historique pra-tiqueacutee par Bechtel tandis qursquoen synchronie la flexion seulement (geacuten en -ωνος) les distingue de participes employeacutes comme sobriquetsthinsp121 Un son-dage opeacutereacute agrave partir du mecircme volume du LGPN fait apparaicirctre sur 1045 noms en -ων autour de 165 composeacutes clairement identifiables ndash comprenant les 40 composeacutes agrave finale -ίων soit un rapport de presque 16 agrave cocircteacute des 11 pour -ίων Parmi les 125 composeacutes distincts de ceux en -ίων 12 au plus sont attesteacutes agrave Argosthinsp122

-αρίωνOn exclura en tout cas que le suffixe soit ici lrsquoeacutequivalent masculin -αρίων

du neutre -άριον qui est employeacute pour former des sobriquets feacuteminins Comme lrsquoa expliqueacute O Masson les noms de femmes faits au moyen de ce suffixe de diminutif (cf παιδάριον ψυχάριον) commencent agrave apparaicirctre au IIIe siegravecle mais les noms drsquohomme correspondants sont propres agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et freacutequents en Eacutegypte et il rappelait que Bechtel avait montreacute que ces derniers avaient eacuteteacute refaits secondairement sur les diminutifsthinsp ainsi Γλυκαρίων et Ψυχαρίων agrave partir de γλυκάριον et ψυχάριον toutes forma-tions deacuteriveacutees de noms ou drsquoadjectifsthinsp123 Le suffixe -αρίων a pu ecirctre ensuite employeacute librement dans lrsquoanthroponymie sans qursquoil existe neacutecessairement de diminutif associeacute comme on lrsquoobserve pour le nom Τυχαρίων porteacute par deux Atheacuteniens de lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp124

Δαμαρίων et ΔαμάρηςCh Kritzas propose comme parallegraveles agrave lrsquoappui de son analyse Ἀμφ-

αρ-ίον du nouveau nom argien les noms Δαμαρίων et Θεαρίωνthinsp125 Le pre-mier nrsquoest pas attesteacute avant le IIIe siegravecle et a eacuteteacute donneacute surtout agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et en zone ionienne-attiquethinsp les volumes du LGPN reacutepertorient 25 individus ainsi deacutenommeacutesthinsp126

121 Voir sur cette question de typologie I Hartmann laquo lsquoWhat namethinsp What parentagersquo The classification of Greek names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann-A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 (2002) p 55-81

122 Voir LGPN IIIAthinsp Ἰπομέδο ν (SEG 11 336 l 5 ca 575-550)thinsp Ἀλκίφρων (Thuc V 59 5 418 av J-C)thinsp Ὀχίπον (IG IV 552 Ve s)thinsp Εὐέλθων (Iamb VP 267 [FVS I p 447] VeIVe s)thinsp Ξενοφάων (CID 2 75 II l 43 336334)thinsp Ἀριστόφρων (SEG 13 243 316 av J-C)thinsp Βουκολέων (CEG II 816 l 12 303 av J-C)thinsp Ἀριστομέδων (ineacuted publ Ch Kritzas IVeIIIe s)thinsp Λυκόφρων (SEG 42 279 l 6 IIe s)thinsp Δαμοφῶν (ineacuted IIe s)thinsp Εὔφρων (Syringes 44 IIeIer s) et Παρμένων (origine argienne incertaine Bernand El-Kanaiumls 79 Ier s)

123 Voir O Masson laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 (1984) p 157 (OGS II p 443)

124 LGPN II IG II2 2089 l 33 et 2113 l 204 IIe s apr J-C125 Lettre du 20 novembre 2010126 La plus ancienne attestation de ce nom est celle drsquoun Creacutetois et date de 2232 (Milet I

(3) 38g 7)thinsp un Parien homonyme est connu agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale (IG XII (5) 173 V) En dehors de lrsquoexemple drsquoun individu dont lrsquoorigine atheacutenienne est incertaine agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale les

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

291ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Proleacutegomegravenesthinsp ἀμφι- ou ἀμφ- devant un second eacuteleacutement de composeacute agrave ini-tiale vocalique

La quantiteacute bregraveve de la voyelle finale i de ἀμφί laisse en principe attendre son eacutelision devant le mot ou le second eacuteleacutement de composeacute agrave initiale voca-lique suivant comme crsquoest lrsquousage freacutequent pour les invariants excepteacute pour περί ἄχρι et μέχρι en attiquethinsp9 Lrsquoabsence drsquoeacutelision est en effet possible pour la voyelle i plus que pour les autres agrave cause de son aptitude agrave se sonantiser en [j] ou agrave deacutevelopper un glide (drsquoougrave [ij]) lorsqursquoelle est en hiatus devant une autre voyellethinsp10

Dans les verbes lrsquoeacutelision est de regravegle en prose attique pour les preacuteverbes περι- et le monosyllabique προ- excepteacutesthinsp11 Dans les composeacutes en ἀμφι- du lexique dont la plupart sont poeacutetiques il est de regravegle conformeacutement aux principes de composition heacuteriteacutes que lrsquoeacutelision soit pratiqueacutee devant la voyelle initiale du second eacuteleacutement ndash sauf dans les cas ougrave celui-ci comportait un s (gt h) un w voire un y initial eacutetymologiquethinsp12 et que cette voyelle ou la syllabe dont elle est le centre soit alors de quantiteacute longue ndash sauf pour les verbes dont la composition est plus reacutecentethinsp13

Du point de vue prosodique cela signifie que lrsquoinitiale des composeacutes non verbaux en ἀμφ(ι)- du lexique avait presque toujours la structure drsquoun dactyle (seacutequence ˉĭV reacutealiseacutee [ĭ(j)V]) ou celle drsquoun spondeacutee (ˉĭVthinsp reacutealiseacutee [Vthinsp] et ˉĭVC1C2 ˉ[VC1C2])thinsp14 Cela explique drsquoailleurs que ἀμφι- ait eacuteteacute eacutelargi drsquoun -s dit adverbialisant dans le composeacute agrave second eacuteleacutement agrave initiale conso-nantique ἀμφισβήτης que lrsquoon pose agrave lrsquoorigine de ἀμφισβητέωthinsp15thinsp Heacutesychius pose du reste pour le verbe lrsquoeacutequivalencethinsp ἀμφῐβᾰτεῖν ἀμφῑσβητεῖν

9 laquo En composition la voyelle finale de ἀμφί peut srsquoeacutelider raquo P Chantraine DEacuteLG sv agrave compleacuteter de Ch de Lamberterie CEacuteG 1 RPh 70 (1996)thinsp voir aussi pour la pratique de lrsquoeacuteli-sion des preacutepositions dissyllabiques dans les textes de prose L Threatte The Grammar of Attic Inscriptions [ci-apregraves GAI] I Berlin-New York 1980 p 419

10 Voir J Meacutendez Dosuna op cit passim Lrsquoeacutetape qui peut suivre la yodisation de i agrave savoir lrsquoabsorption de la sonante dans la consonne preacuteceacutedente (cf n 7) qui se traduit au mecircme titre que lrsquoeacutelision par lrsquoeacutelimination drsquoiota nrsquoest pas attendue dans le cas de ἀμφί dont la consonne bilabiale preacuteceacutedant le i ne peut absorber son produit [j] cf Cl Brixhe Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes questions Louvain 1996 p 129-130

11 Cf ἐπεργάζομαι (de werg-) ἐπέρχομαι (de sergh-) Jos ἀμφάγνυμαι (de weh2g-) etc12 Pour y initial cf n 9313 Voir E Risch Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974 p 201 loi drsquoallonge-

ment laquo urgriechisch raquo14 Sur lrsquoanalogie entre le rythme de la langue parleacutee et celui de la langue poeacutetique toutes

deux organiseacutees en pieds mais sur le rythme iambique plus caracteacuteristique de la conversation comme le signalait deacutejagrave Aristote (Rheacutetorique 1408b21) voir AM Devine-LD Stephens The Prosody of Greek Speech Oxford 1994 p 118-119

15 Pour les deux variantes ἀμφί et ἀμφίς la seconde pouvant ecirctre consideacutereacutee comme un deacuteveloppement propre au grec voir A Mathys laquo Le sigma adverbial en grec ancienthinsp distribution et fonction raquo Lalies 31 (2010) p 297-319

292 sophie minon

Crsquoest ainsi qursquohom ἀμφήκης laquo agrave deux tranchants raquo (de H2ek- gt ἀκ- laquo pointe raquo) ἀμφηρέφης laquo couvert des deux cocircteacutes raquo ἀμφήριστος (sur ἐρίζω) et ἄμφωτον poeacutet ἀμφερκής laquo entoureacute de toute part raquo et ἀμφώβολος laquo double broche raquothinsp16 Thuc ἀμφήρικος (hapax fait sur le poeacutet ἀμφήρης laquo pourvu de rames de part et drsquoautre raquo) Arist ἀμφώδωνἀμφόδων (sur ὀδούς)thinsp17 ἀμφαρμός laquo pierre de taille raquothinsp18 ἀμφεικάς laquo de part et drsquoautre autour du vingt (du mois) raquothinsp19 ou Lyc ἀμφερείδω contrastent avec hom ἀμφίαλος (myc a-pi-a2-ro sur ἅλς) Hp ἀμφιίζομαι (de sed-) att et poeacutet ἀμφιέννυμι (de wes- ἀμφιέσαντο Od 23 142) ou att ἀμφιετηρίς laquo fecircte annuelle raquothinsp20 (de wet- dor Ϝέτος)

Une fois eacutecarteacutees Ar ἀμφαρίστερος laquo gaucher des deux mains raquo sans allongementthinsp21 ἀμφιζάνω (Il 18 25) au lieu de la forme attendue mais ameacutetrique ἀμφιιζάνω les variantes lrsquoune et lrsquoautre meacutetriques ἄμφεπον vs ἀμφίεπον (Il 18 559 et 24 804 de sekw-) Pind (N 1 43) ἀμφελίσσω vs ἀμφιελίσσω (Arat Pheacuten 1 996 de wel-)thinsp22 ainsi que lrsquohapax meacutetrique ἀμφέλκεται (de selk-) chez Denys le Peacuterieacutegegravete (268) les exceptions non poeacutetiques agrave la regravegle sontthinsp lrsquoeacutelision sans doute analogique de ἄμφοδον ἄμφοδος laquo rue bordeacutee de maisons raquo (sur ὁδός de sed-) et des deacuteriveacutes qui sont attesteacutes sous cette seule forme dans la litteacuterature comme dans les inscrip-tions et les papyrusthinsp23 ou encore celles drsquoἀμφεκτήρ vs ἀμφιεκτίς laquo tunique

16 Le tragique Achaiumlos (Fr 36 Snell) semble avoir eacuteteacute le seul agrave employer ἀμφερκής dont lrsquoeacutelision srsquoexplique meacutetriquement alors que lrsquoaspireacutee du neutre ἕρκος pourrait laisser supposer un s- eacutetymologique initial Pour le substantif ἀμφώβολος cf eg Eur Andr 1133

17 Lrsquoheacutesitation ἀμφώδωνἀμφόδων dans Arist peut ecirctre imputable agrave la tradition (nivel-lement des quantiteacutes vocaliques agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale interfeacuterences avec ἄμφοδον cf n 23)

18 Ist Mitt 1920 1969-70 p 238 l 12 (= Didyma 112) Didyme IIe s av J-C Le second eacuteleacutement de la famille de ἀραρίσκω est attesteacute au simple sous la forme ἁρμός avec un esprit rude qui procegravede du report agrave lrsquoinitiale de lrsquoaspiration issue de lrsquoeacutevolution de la seacutequence [zm] du suffixe -smo- cf P Chantraine DEacuteLG sv ἅρμα

19 IG XII (3) 330 l 68 testament drsquoEpictegraveta Theacutera IIIeIIe s Paton-Hicks 384 Cos IIe s etc Lrsquoeacutelision est attendue dans ἀμφεικάς de ἐϜῑκοσι agrave retrouver sous hom ἐείκοσι cf Ch de Lamberterie CEacuteG 6 RPh 75 2001 sv εἴκοσι Sur le mecircme radical εἰκ- mais avec preacutefixe ἐπι- se rencontrent agrave la fois ἐπείκοστον (PPetr 2 p 156 IIe av J-C) vs ἐφείκοστον (PRev Laws 56 15 IIIe av J-C) et ἐπιείκοστος (Ptol Harm 1 15)thinsp les formes eacutelideacutees sont le plus anciennement attesteacutees

20 IG II2 1544 IVe s etc21 Lrsquoabsence drsquoallongement dans ἀμφαρίστερος (Ar Fr 512) srsquoexplique autant par les

besoins du megravetre que par la neacutecessiteacute de garder apparent le lien seacutemantique avec ἀρι- pour eacuteviter la confusion avec la famille de ἔρις pour laquelle sont connus lrsquoadj ἀμφήριστος et lrsquoanthropo-nyme creacutetois correspondant (LGPN I Studi e Testi 125 1946 p 28 eacutepoque impeacuteriale [fictifthinsp]) agrave rapprocher pour le second eacuteleacutement du patronyme du Spartiate Σπερθίης Ἀνηρίστου que fait connaicirctre Heacuterodote (VII 134 2 et cf notamment 137 2 pour un fils homonyme) au VIeVe s

22 De mecircme les adjectifs verbaux correspondants ἀμφελικτός (Eur Heacuteraclegraves 398) vs ἀμφιέλικτος (Denys le Peacuterieacutegegravete 466)

23 Pour ἄμφοδον peut ecirctre invoqueacutee lrsquoanalogie des nombreux autres preacutefixeacutes dissyllabiques tels μέθοδος δίοδος etc qui tous sauf ceux en περι- et προ- avaient leur derniegravere voyelle eacuteli-deacutee cf P Chantraine DEacuteLG sv ὁδός

293ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

double raquo et drsquoἀμφεκτέον laquo agrave entourer raquo (de segh-) chez Heacutesychius qui srsquoex-pliquent quant agrave elles par deacuterivation inverse agrave partir du verbe normalement eacutelideacute ἀμπέχω tardivement refait en ἀμφέχωthinsp24

Lrsquoeacutelision devant le second eacuteleacutement agrave s- initial eacutetymologique dans le composeacute hypostatique ἀμφήλιος laquo oriental raquo seulement attesteacute dans lrsquoApo-calypse apocryphe de Paulthinsp25 a pu ecirctre entraicircneacutee par la quantiteacute longue de la voyelle initiale du second eacuteleacutement comme par la reacutepugnance agrave faire se suc-ceacuteder deux syllabes agrave i en hiatus et deacutenote vraisemblablement une composi-tion tardivethinsp26thinsp les mecircmes motivations peuvent avoir preacutesideacute agrave la creacuteation de rhod ἀμφούριον et ἀμφουριασμόςthinsp27 et de la variante ἀμφορκία (Hsch) agrave cocircteacute de ἀμφιορκία (Poll)

Le seul exemple agrave ma connaissance drsquoabsence drsquoeacutelision devant radical agrave voyelle initiale proceacutedant drsquoune ancienne laryngale est repreacutesenteacute dans le lexique par la variante ἀμφί-ηκες (Hsch) qui doit srsquoexpliquer en face drsquohom et ion-att ἀμφήκης de dor ἀμφᾱκες laquo agrave double pointe raquothinsp28 par une reacutefection secondaire

Dans la liste drsquoanthroponymes composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- dres-seacutee par Bechtel (HPN 41) lrsquoeacutelision paraicirct de mecircme reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale dans les diffeacuterentes reacutegions du monde grec comme le montrent les noms de lrsquoArcadien Ἀμφαίνετος du Beacuteotien Ἀμφάλκες du Thasien Ἄμφανδρος en face de Ἀμφήνωρ agrave Athegravenesthinsp29 du Theacutebain Ἀμφεριτοςthinsp30 comme peut-ecirctre aussi ceux du Phocidien Ἀμφάρετος et du Spartiate Ἀμφάρης tandis que la conservation du i est la seule trace de la preacutesence de lrsquoancien w initial dans le nom de lrsquoAtheacutenien du Ve s Ἀμφίαναξ en face du nom hapax Ἀμφ-ήδης de son compatriote du IIIe sthinsp31 dont la longue initiale du second eacuteleacutement ainsi que lrsquoeacutelision pratiqueacutee devant

24 Autres exceptions similairesthinsp lrsquoadv ἀμφαλλάξ laquo alternativement raquo deacuteriveacute inverse de ἀμφαλλάττω ἀμφέλιξ laquo qui tourne dans les deux sens raquo fait sur ἀμφελίσσω

25 Apoc Paul 2726 Sur lrsquousure de lrsquoaspiration initiale dans le parler des locuteurs de lrsquoeacutepoque impeacuteriale voir

F Gignac A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods I Phonology Milan 1976 p 133-138 Lrsquoattique agrave lrsquoorthographe conservatrice montre peu drsquoexemples de psilose mecircme srsquoil est vraisemblable que lrsquoaspiration initiale a commenceacute agrave se perdre dans ce dialecte peut-ecirctre degraves lrsquoeacutepoque helleacutenistique cf L Threatte GAI I Phonology p 504-506

27 SEG 3 1927 674 respectivement l 40 et 46 IIe s av J-C et cf DEacuteLG sv ὅρος Il srsquoagit probablement dans les deux cas de laquo paiement aux voisins raquo

28 DGEsp sv ἀμφήκης29 IG II2 10799 fin Ve s30 Ἀμφε ριτος LGPN IIIB A Wilhelm Urkunden 240 Nachtrag zu S 90 I l 5 Ve s agrave

comparer agrave Ἀμφήριστος attesteacute agrave Thespies au IIe s SEG 39 456 III l 54 agrave rapprocher le pre-mier de ἐρίω le second de ἐρίζω Le ethinsp assureacute en pays beacuteotien fait exclure le rapprochement avec ἀριτός drsquoougrave νήριτος laquo innombrable raquo (Heacutes etc) et le nom de lrsquoArcadien Κλεάριτος IG II2 3080 l 5 279 av J-C et cf HPN 195

31 IG I3 1190 l 25 ca 411 av J-C pour le plus anciennement connu Pour Ἀμφήδης cf CIA III App 9 l 19 et LGPN II sv

294 sophie minon

le groupe initial sw de la racine swād- de ἡδύς trahissent le caractegravere secondairethinsp32 Les structures rythmiques spondaiumlques et dactyliques privileacute-gieacutees dans lrsquoensemble des composeacutes non-verbaux en ἀμφι- le sont aussi pour les composeacutes anthroponymiques agrave premier eacuteleacutement verbal ou adjectival en -i comme lrsquoillustre lrsquoeacutelision de Δεξι- dans Δεξαγόρας Δέξανδρος Δεξαρέτα Δεξαρίων Δέξαρχος etc en face des hypocoristiques de structure plus souple tels Δεξί-ας et Δεξί-ωνΔέξωνthinsp33

A Argos les deux seuls noms propres assureacutement en Ἀμφ(ι)- suivi de voyelle que fasse aujourdrsquohui connaicirctre lrsquoeacutepigraphie sont le phratronyme Ἀμφιαρητείδας que jrsquoai eacutetudieacute ailleurs et lrsquohypocoristique Ἀμφίαςthinsp34 On ne saurait manquer de leur adjoindre le nom du roi argien mythique Ἀμφιάρηος

IenspDe Ἀμφίας agrave Ἀμφιάρης et Ἀμφιάρηος

ἈμφίαςLa formation hypocoristique drsquoἈμφίας explique la preacutesence du ithinsp crsquoest

agrave lrsquointeacutegraliteacute du premier eacuteleacutement qursquoa eacuteteacute ajouteacute le suffixe -ας de mascu-lins commun au lexique et agrave lrsquoonomastique comme pour lrsquohypocoristique Καλλίας des composeacutes en Καλλι- ou pour Ἀλεξίας forme courte des composeacutes en Ἀλεξί- ou Δεξίαςthinsp35thinsp un Larisseacuteen du nom drsquoἈμφίδαμος a du reste Ἀμφί-ας comme patronymethinsp36

32 Les anthroponymes ont anciennement leur second eacuteleacutement en -άδης avec voyelle bregraveve voir Λεάδε ς agrave Styra Ve s IG XII (9) 56 l 236 ou Θυμάδης Δημάδους IVe s IG II2 2385 l 53 cf Bechtel HPN 21-22 De mecircme que lrsquoon a un Εὐρυ-άδης agrave Sparte au IIIe s IG V (1) 708 de mecircme lrsquoon aurait attendu un Ἀμφι-άδης La langue homeacuterique semble avoir forgeacute un composeacute θυμήδης Od 16 389 (crsquoest la leccedilon de la Vulgate pour laquelle Bekker avait proposeacute la correction θυμήltρgtης de mecircme sens) agrave cocircteacute de αὐάδην que fait connaicirctre pour la premiegravere fois Sapphocirc (22 5)

33 Voir Bechtel HPN 118-119 Lrsquoabsence drsquoiota dans le nom du Beacuteotien Δέξων peut srsquoexpli-quer phoneacutetiquement par lrsquoabsorption de [j] (lti) cf n 7

34 Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδας est connu par un deacutecret de proxeacutenie du IIIe s publieacute par W Vollgraff Mnemosyne 43 (1915) p 380-382 l 10 et mentionneacute par A Heubeck Die Sprache 17 (1971) p 8 Il apparaicirct encore avec lrsquoorthographe ancienne Ἀμφιαρετείδας dans la liste de morts de ca 400-390 publieacutee par Ch Kritzas in Στήλη τόμος εἰς μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 498 l 35 pl 228 Sur son eacutetymologie agrave mettre en relation avec le verbe argien ᾱϜρετευε de ἀνα-Ϝρετεύω voir mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Pour le patronyme au geacutenitif Ἀμφίᾱ voir BCH 33 (1909) p 447 ndeg 6 IIeIer s

35 Voir deacutejagrave A Charbonnet laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 (1984) p 50thinsp laquo Le nom Ἀμφίας srsquoinscrit dans la seacuterie bien connue des diminutifs en -ας de noms composeacutes raquo

36 LGPN IIIBthinsp IG IX (2) 683 fun IIIeIIe s ()

295ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Ἀμφίτας Ἀμφῑων Ἄμφῑος et feacutem ἈμφιώDe la mecircme maniegravere que Ἀμφίας les noms Ἀμφίτας Ἀμφῑων Ἄμφῑος

Ἄμφωνthinsp37 et feacutem Ἀμφιώ doivent ecirctre une seacuterie de formations suffixeacutees conformeacutement agrave lrsquointerpreacutetation qursquoen donne Bechtelthinsp38 Cependant le rapprochement qursquoil est donneacute de faire aujourdrsquohui entre lrsquoanthroponyme myceacutenien a-pi-jo et ce qui pourrait ecirctre interpreacuteteacute comme son geacutenitif a-pi-(j)o-to pourrait eacuteventuellement laisser supposer une reacutefection secondaire de Ἀμφῑων -ονος agrave partir du participe composeacute ἀμφι-ιών ιόντοςthinsp lrsquoabsence drsquoeacutelision de la voyelle finale du preacutefixe aurait eacuteteacute drsquoordre prosodiquethinsp39 De la mecircme maniegravere Ἀμφίτας aurait pu ecirctre formeacute agrave lrsquoaide drsquoun second eacuteleacute-ment -ίτας qui est attesteacute au simple sous la forme du nom drsquoagent ἴτης en attiquethinsp40 Dans un cas comme dans lrsquoautre du moins le rapport eacutetymolo-gique avec le radical du verbe laquo aller raquo ne pouvait manquer drsquoecirctre perccedilu en synchronie comme par ailleurs celui du nom feacuteminin Ἀμφιώ avec le nom drsquoἸώ La meilleure preuve du reste est fournie par un fragment dans lequel Aristophane se moque drsquoEuripide auquel il attribue une eacutetymologie du nom drsquoἈμφ-ίων qui en fait lrsquoeacutequivalent drsquoἌμφ-οδος sous preacutetexte qursquoil serait neacute laquo dans la rue raquo pour faire remarquer avec humour que crsquoest ainsi qursquoaurait ducirc srsquoappeler le Tragique lui-mecircmethinsp41thinsp

37 Il faut tregraves probablement exclure que Ἄμφων puisse srsquoexpliquer comme un beacuteotisme pho-neacutetique agrave partir drsquoun Ἀμφίων agrave i bref (avec -ίων recouvrant aussi bien en beacuteotien le participe du verbe laquo ecirctre raquo ἐών que celui drsquolaquo aller raquo ἰών) cf n 10

38 Voir Bechtel HPN 43 et Y Kalliontzis laquo Deacutecrets de proxeacutenie et catalogues militaires de Cheacuteroneacutee raquo BCH 131 (2007) [2009] p 501-502 ndeg 10 l 9 IIIe s pour Ἄμφων Ἀμφῑων est le nom de lrsquoun des trois chefs des Eacutepeacuteens dans lrsquoIliade (13 692) et celui de lrsquoancecirctre du tyran de Corinthe Peacuteriandre au VIIIeVIIe s (Hdte V 92)thinsp pour Ἄμφῑος voir Il 5 612 et LGPN II Ve s (de ἀμφί-Ϝιος avec un second eacuteleacutement en rapport avec Ϝίεμαι laquo srsquoeacutelancer raquo cf L Dubois laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo Beitrz Nam 21 [1986] p 252-256 ou forme theacutematiseacutee de Ϝῑς laquo force raquo cf A Heubeck laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 [1987] p 149-166) Pour Ἀμφιώ IG VII 2489 peut-ecirctre Ier s apr J-C Pour Ἀμφίτας exemples anciens dans la colonie meacutegarienne drsquoHeacuteracleacutee du Pont cf MH Hansen-TH Nielsen (eds) An Inventory of archaic and classical poleis 2004 p 956) puis agrave Myrina au IIeIer s cf LGPN Vathinsp une occurrence syllabique au VIe s sur une coupe de la reacutegion drsquoAmatonthe O Masson ICS2 ndeg 196b p 413 et cf OGS I p 132 et n 79

39 DMic sv Le changement de flexion inverse est illustreacute par le secondaire δράκων -οντος ancien thegraveme agrave nasale comme son feacuteminin δράκαινα Pour lrsquoithinsp de Ἀμφῑων voir Choiroboscos De orthographia (JA Cramer Anecdota Graecahellip vol 2 Oxford 1835 repr 1963) 168 l 7thinsp Ἀμφιίων hellip καὶ Ἀμφίων κατὰ κρᾶσις τοῦ ϊ εἰς ἕν ι μακρόν

40 Ar Nueacutees 445 Pl Banquet 203d et Protagoras 349e et cf 359cthinsp ἴτας γε ἐφ᾿ ἃ οἱ πολλοὶ φοβοῦνται ἰέναι A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 129c p 195 et n 159 suggegravere la mecircme analyse pour Περῑτας notamment le nom du chien drsquoAlexandrethinsp Περι-ίτας mecircme srsquoil considegravere comme plus vraisemblable drsquoy voir lrsquohypocoristique de Περιτέλης et de consideacuterer le ithinsp comme analogique des types ὁδίτης πολίτης au ithinsp lui-mecircme analogique du athinsp du suffixe parallegravele -ᾱτᾱς-ητης ndash appliquant par ailleurs la mecircme ana-lyse pour rendre compte de lrsquohom Θερσῑτης O Masson voyait de mecircme dans -ίτᾱς le suffixe de πολίτᾱς-ης agrave lrsquoorigine des formations secondaires en -ιτος et -ιτώ cf ZPE 91 (1992) p 119

41 Ar PCG III 2 Fr 342 (327) (Kassel-Austin)thinsp Ἄμφοδον ἐχρῆν αὐτῷ τίθεσθαι τοὔνομα

296 sophie minon

ἈμφιάρηοςA Argos on songera naturellement agrave voir dans Ἀμφίας un diminutif du

nom du roi argien mythique Ἀμφιάρηος pour lequel un fragment drsquoEschyle fait du reste connaicirctre un autre diminutif Ἄμφιςthinsp42 De la mecircme maniegravere agrave Eacutereacutetrie le guerrier des origines converti en heacuteros gueacuterisseur plus tard assimileacute agrave Ascleacutepios semble avoir eacuteteacute honoreacute sous le nom drsquoἈμφίας qursquoat-teste indirectement le nom de lrsquoassociation cultuelle des Ἀμφιασταί que fait connaicirctre une inscription du IIe siegravecle a Cthinsp43 Si lrsquoanthroponyme myc a-pi-ja-re-[ geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]thinsp44 avait pour eacutequivalent alphabeacutetique nom Ἀμφιάρης ou Ἀμφιαρε[ύς] le nom remonterait agrave une haute antiquiteacute sous sa forme non deacuteriveacutee qursquoattestent par ailleurs les acc en -αρῆ et dat en -αρεῖ qui se rencontrent chez Pindarethinsp45 Il est vrai que lrsquoancrage mytho-logique proprement peacuteninsulaire du heacuteros doit faire consideacuterer avec pru-dence ce rapprochement pour des formes seulement attesteacutees lrsquoune et lrsquoautre agrave Cnossos mecircme si les liens qursquoArgos entretenait avec cette citeacute agrave lrsquoeacutepoque classique pourraient srsquoecirctre noueacutes degraves le second milleacutenairethinsp46

Il est du moins des plus probables que le suffixe de lrsquoanthroponyme a originellement comporteacute un εthinsp plutocirct qursquoun athinspthinsp47 Les plus anciennes attestations eacutepigraphiques de ce nom preacutesentent en effet le vocalisme εthinspthinsp ainsi les leacutegendes vasculaires portant Ἀ(μ)φιάρεος en lettres corinthiennes au milieu drsquoanthroponymes de forme dorienne qui notent A tous leurs athinspthinsp de leur cocircteacute les plus anciens des vases attiques agrave figures rouges ont encore

42 Eschyle Fr 632 (Radt)43 P Ducrey laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de

Lausanne (1981) p 73-78 cf J et L Robert Bull Epigr 1982 ndeg 27244 F Aura Jorro DicMic sv (resp KN Xd 7568 et Xd 94) Autre hypothegravese pour la lecture

a-pi-ja-re-[wo ()] chez O Landau Mykenisch-griechische Personennamen p 25 159 171 202thinsp Ἀμφι-αλέϜων avec dieacuteregravese propre agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne cf n 93thinsp mais F Aura Jorro heacutesite agrave lire aussi cette forme a-pi-ja-re-jọ en proposant drsquoy reconnaicirctre un patronymique

45 Pindare Neacutem 9 13 et 24 En Isthm 7 33 tous les manuscrits srsquoaccordent sur lrsquoacc Ἀμφιάραο-ν alors que la leccedilon la plus reacutepandue pour ce thegraveme est Ἀμφιάρηο- en Ol 6 13 et Pyth 8 56 Le papyrus Oxy 2082 fait aussi connaicirctre sous le nom drsquoἈμφιάρης un olympionique spartiate victorieux agrave la lutte cf L Moretti Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957 ndeg 515

46 Sur les liens entre Argos et Cnossos voir notamment les inscriptions reacuteeacutediteacutees par S Minon dans laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 (2007) p 169-210thinsp en faveur drsquoune parenteacute ancienne entre les deux citeacutes voir p 171 lrsquoargument fourni par la preacutesence de lrsquoenclos drsquoArchos heacuteros archeacutegegravete de Cnossos peut-ecirctre venu drsquoArgos

47 Pour P Kretschmer Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach untersucht Guumltersloh 1894 p 32 que suit W Schulze Kl Schr 1933 p 699 le εthinsp est originel et de mecircme E Risch Wortbildung2 p 164 n 1 R Wachter Non-Attic Greek Vase Inscriptions [ci-apregraves NAGVI] Oxford 2001 p 76-77 se range agrave cette position tout en montrant combien il est diffi-cile de trancher

297ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Ἀμφιάρεος tandis que les plus reacutecents ont deacutejagrave Ἀμφιάραοςthinsp48 Au chant 15 de lrsquoOdysseacutee ougrave se rencontrent les deux seules mentions du heacuteros (il nrsquoap-paraicirct pas dans lrsquoIliade) les deux orthographes sont certes deacutefendues par les grammairiens alexandrinsthinsp le α par Aristarque et le η par Zeacutenodotethinsp49thinsp lrsquoeacutepithegravete λαόσσοον laquo entraicircneur drsquohommes raquo associeacutee agrave son nom au v 244 le repreacutesente comme un guerrier et non comme le devin et gueacuterisseur qursquoil devint apregraves sa mortthinsp50 Les mecircmes fluctuations entre les deux vocalismes srsquoobservent on lrsquoa vu chez Pindare Chez les poegravetes attiques de lrsquoeacutepoque classique la forme ancienne Ἀμφιάρεος a eacuteteacute atticiseacutee en Ἀμφιάρεως alors que dans les inscriptions non seulement attiques mais beacuteotiennes (Thegravebes) et ioniennes (Oropos est une colonie drsquoEacutereacutetriethinsp51) crsquoest Ἀμφιάραος que lrsquoon rencontrethinsp52

Dans ces conditions lrsquoeacutetymologie proposeacutee par Heubeck qui consiste agrave reconnaicirctre dans Ἀμφι-άρης et son deacuteriveacute Ἀμφιάρηος des composeacutes posses-sifs formeacutes comme lrsquoanthroponyme Ἀμφί-θεος laquo qui a (descend drsquo)un dieu des deux cocircteacutes raquo avec au second membre le nom drsquoAregraves paraicirct la plus satis-faisantethinsp53 Cependant comme crsquoest presque toujours au premier membre que figurent les theacuteonymes en compositionthinsp54 compte tenu aussi de ce qui est

48 Voir Kretschmer p 32 41 122 123 162 214 et R Wachter NAGVI Cor 66f et r deux occurrences de Ἀ(μ)φιάρεος sur le mecircme crategravere corinthien du VIe s avec renvoi (n 280) aux autres attestations reacuteunies par I Krauskopf LIMC I 1980 laquo Amphiaraos raquo (ndeg 13 et ndeg 23 avec -άρεος et les plus reacutecentes ndeg 24 et 27 avec -άραος) et avec une mise au point sur les variations du vocalisme suffixal

49 Odysseacutee 15 244 (pour les deux leccedilons) et 253 (Ἀμφιάραος) Comme le fait remarquer R Wachter loc cit n 281 la correction de Zeacutenodote ne peut srsquoexpliquer seulement par le fait qursquoil savait qursquoapregraves r i et e un η ionien correspondait agrave un ᾱ attique car il aurait en ce cas proposeacute drsquoautres corrections similaires comme Αἰνείης Ἰήονες etc

50 Voir P Sineux Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007 p 46 et 2651 Cf eg MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory of archaic and classical poleis Oxford

2004 ndeg 21452 L Threatte GAI I 1980 p 12553 A Heubeck Die Sprache 17 (1971) p 8-22 en particulier p 9-10 pour les variantes

du nom Contre lrsquohypothegravese de Kretschmer op cit p 32 qui voyait dans ἱάρηϜ-ος la theacutema-tisation de ἱαρεύςthinsp le radical agrave vocalisme a non meacuteridional de ἱερ- (ce qui exclut en principe tout rapprochement avec les formes myceacuteniennes) et lrsquointerpreacutetation de Ἀμφ-ιάρηος comme un composeacute hypostatique agrave rapprocher pour la rection drsquoion ἀρχ-ιέρεως Lrsquohypothegravese mal eacutetayeacutee de W Borgeaud laquo Amphiaraos et le nom de la Sarre raquo BzN 1 (194950) p 102-104 qui part de Ἀμφιάρᾱος et y voit un anthroponyme drsquoorigine preacute-helleacuteniqueillyrienne ambhi-sarāwos laquo qui habite sur les deux rives du Sarāuos ou de la Sarāua raquo a notamment contre elle de reposer sur un athinsp eacutetymologique

54 Voir J Oulhen laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo in RWV Catling-F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 629-630 Le myceacutenien livre cependant le teacutemoignage drsquoun nom feacuteminin a-pi-e-ra (notamment PY An 1281) qui est interpreacuteteacute comme lrsquoeacutequivalent drsquoun alphabeacute-tique Ἀμϕιήρα cf A Morpurgo-Davies RAL seacuter VIII 15 (1960) p 329 n 26 et M Iodice Aevum 85 (2012) p 6 Et lrsquoanthroponyme Μενάρης citeacute infra n 108 pourrait constituer un autre contre-exemple

298 sophie minon

connu de lrsquoascendance et de la geste du heacuteros Ἀμφιάρηοςthinsp55 on preacutefeacuterera reconnaicirctre sous le second membre plutocirct que le theacuteonyme lrsquoappellatif sans doute suffixeacute en -εthinsp ἀρή laquo malheur perte destruction raquo dont il est eacutetymo-logiquement et morphologiquement indissociable ou son eacutequivalent ἄρος auquel la glose drsquoHeacutesychius preacutesenteacutee en introduction donne entre autres le sens neacutegatif dethinsp βλάβος ἀκούσιονthinsp56 Lrsquoautre voie qui aurait consisteacute agrave y voir des hypostases avec le sens laquo de lrsquoentourage drsquoAregraves raquo avait deacutejagrave eacuteteacute eacutecarteacutee par Heubeck comme moins satisfaisante pour la raison que sur ce type de composeacute les deacuteriveacutes sont plus souvent en -ιος qursquoen -οςthinsp57 Or il est sucircr qursquoil est impossible de faire de Ἀμφιάρηος un deacuteriveacute patronymique en -ιος du doublet Ἀμφιαρεύς de Ἀμφιάρης entretenant le mecircme rapport avec eux que ἌρειοςἌρη(ι)οςthinsp58 avec Ἄρηςeacuteol Ἀρεύς en posant -ethinspw-yo-s gt hom -ήιος susceptible drsquoeacutevoluer soit en -ειος soit en -ηοςthinsp59 et -es-yo-s gt -ειος puis -εος (formes myceacuteniennes citeacutees ci-dessous)thinsp il nrsquoy a en effet aucun exemple de la forme pourtant meacutetrique Ἀμφιαρήιος que lrsquoon attendrait en ce cas dans lrsquoeacutepopeacutee agrave cocircteacute des adjectifs patronymiques Καπανήιος et

55 Voir P Sineux loc cit LrsquoOdysseacutee preacutesente le heacuteros comme eacutegalement aimeacute de Zeus et drsquoApollon ce qui en ferait plus un Ἀμφί-θεος laquo qui a un dieu de part et drsquoautre raquo qursquoun Ἀμφιάρηςthinsp crsquoest chez Pindare qursquoἈμφιάραος est repreacutesenteacute comme un guerrier redoutable πολέμοιο νέφος (Neacutem 10 9) tuant (schol Neacutem 9 30b Drachmann) pour prendre le pouvoir agrave Argos dans un contexte de stasis (Neacutem 9 ibid) Si le second eacuteleacutement -άρης repreacutesentait non le theacuteonyme mais lrsquoappellatif ἄρος ou le thegraveme en εthinsp de forme ἀρή le heacuteronyme pourrait alors ecirctre interpreacuteteacute comme laquo qui a sa perte des deux cocircteacutes raquo crsquoest-agrave-dire agrave Argos ougrave il a sa femme Eriphyle comme ennemie (ἀνδροδάμαντα Neacutem 9 16) comme agrave Thegravebes ougrave son art divinatoire lui a fait voir la mort qui lrsquoattend ce dernier motif surtout deacuteveloppeacute par les Tragiques mais deacutejagrave esquisseacute par Pindare (Ol 6 17) voir Sineux p 35

56 Pour lrsquoeacutetymologie et le sens du nom drsquoAregraves voir P Chantraine DEacuteLG sv ἀρή Ἄρης et pour ἄρος supra n 5thinsp pour lrsquoorigine commune du theacuteonyme et de lrsquoappellatif ἀρή M Peters laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch-C Zinko (edd) Studia Onomastica et Indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz 1995 p 185 n 2 le Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre Primaumlrstammbildungen2 eacuted H Rix 2001 et derniegraverement T Barnes laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19 qui pose pour toute cette famille la racine H2erH1- et pour Aregraves H2reacuteH1-H2rH1-eacutes- avec le sens de laquo destructeur raquothinsp contre R Schmitt ZPE 17 (1975) p 15-16 qui postulait pour le theacuteonyme une origine iranienne

57 Heubeck p 17 et voir E Risch op cit p 17158 Sur hom Ἀρήιος laquo drsquoAregraves le belliqueux raquo devenu par la suite Ἄρειος voir O Masson

OGS III p 139 et n 81 Pour la forme -ηος du suffixe voirthinsp Ἀρήου nom de mois SGDI II 2136 l 2 (Delphes IIe av J-C) IG IX (2) 359c et 1117b (Thessalie eacutepoque romaine)thinsp en revanche dans les inscriptions attiques de la mecircme eacutepoque ougrave figure le nom de lrsquoAreacuteopage (ἐξ Ἀρήου πάγου) eg IG II2 1721 ou 3238 ou lrsquoanthroponyme eg IG II2 1718 ou 3173 il srsquoagit drsquoune graphie itacisante pour lrsquoancienne forme -ειος du suffixe

59 Lrsquoeacutequivalent myceacutenien du suffixe -[C]e-wi-jo est connu par exemple agrave travers lrsquoadjectif i-je-re-wi-jo auquel on pourra comparer agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique hom ἱερ-ήιον koin -ῆον -εῖον voir E Risch op cit sect 46 Pour ῆον voir I v Miletos ndeg 10 l 38 Ve s V Petrakos Ἐπιγρ τοῦ Ὠρωποῦ ndeg 277 l 33 IVe s M Segreacute Iscr di Cos ED ndeg 178 l 19 fin IIIe s etc

299ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

νηλήιος ou encore Ἀφαρήιος fait non sur Ἀφάρηος mais sur Ἀφαρεύς chez Apollonios de Rhodesthinsp60

Heubeck proposait drsquoexpliquer la formation du heacuteronyme de la maniegravere suivante Il y reconnaissait un deacuteriveacute theacutematique de Ἀμφιάρης constitueacute sur le modegravele des anthroponymes myc o-ti-na-wo hom Εὔ- Κλυτό- Ἐχέ- Πολύ-νεως en face de lrsquoappellatif ναῦς avec -ναυςthinsp -νᾱ(Ϝ)ος gt -νηος gt -νεως dans le mecircme rapport que -άρηςthinsp -άρηος gt -άρεωςthinsp hom Βριάρεως reflegraveterait la mecircme theacutematisation de -άρηςthinsp61 Le datif myc a-re du theacuteo-nyme drsquoapregraves lui ne pouvait ecirctre ni celui drsquoun thegraveme sigmatique ni celui drsquoun thegraveme en -ηϜ- mecircme srsquoil est en veacuteriteacute difficile de ne pas reconnaicirctre dans les deux variantes cnossiennes a-re-i-jo et a-re-jo (= Ἄρεἱος vs Ἄρειος) lrsquoadjectif en -yo- correspondant au thegraveme sigmatique que pourrait du reste aussi attester la variante theacutebaine a-re-i qursquoil citait lui-mecircmethinsp62 Il consideacuterait de ce fait que le nom drsquoAregraves eacutetait agrave lrsquoorigine un thegraveme en εthinsp (-eh1-)thinsp63 et que la flexion en -εύς comme celle en -t- (Ἄρης Ἄρητοςthinsp64) qursquoattesteraient indirectement les deacuteriveacutes patronymique Heacutes Ἀρητιάδης et phratronymique arg Ἀμφιαρητείδας repreacutesentaient elles aussi des deacuteveloppements secon-dairesthinsp65 O Masson voyait de mecircme dans chypr Θάλες un ancien nom en εthinsp passeacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique agrave la flexion en dentale geacuten Θάλητοςthinsp66

Mais de mecircme que φύλαξ a pu ecirctre theacutematiseacute degraves la langue eacutepique en φύλακος ce qui a pu ecirctre reacuteinterpreacuteteacute bien plus tard comme lrsquoemploi de son geacutenitif comme un nominatif si lrsquoon en croit une scholie agrave Apollonios de

60 A R I 485 etc61 Heubeck p 18 et 20-2162 Voir CJ Ruijgh Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien 1967 p 265

contesteacute par Heubeck p 16 n 33thinsp on pourrait avoir de mecircme a-re-ị-mene ( ou a-re-ẓọ-me-ne TH Z 849) vs a-re-me-ne (TH Z 852) cf DMic sv Comparer a-re-i-jo vs a-re-jo (KN Le 641 1 et Vc 208) avec le patronymique e-te-wo-ke-re-we-i-jo (PY An 644 8-9 et Aq 64 15) fait sur lrsquoeacutequivalent drsquoalph Ἐτεοκλέ(Ϝ)ης

63 Crsquoest la doctrine toujours admise aujourdrsquohui voir par exemple le compte rendu de N Guilleux agrave A Bernabeacute-ER Lujan Introduccion al griego miceacutenico Gramatica seleccion de textos y glosario 2006 dans BSL 104 2 (2009) p 178

64 Ἄρητος nrsquoest attesteacute ni comme geacutenitif ni sans doute comme nominatif agrave εthinsp heacuteriteacute contre Heubeck p 14 n 22 Le nom Ἄρᾱτος ioniseacute en Ἄρητος (Od 3 440) est fait sur un autre radical celui de ἀρ(Ϝ)ά laquo priegravere vœu maleacutediction raquo voir le dictionnaire de Pape-Benseler Bechtel HPN 63 et Chantraine DEacuteLG sv

65 Heubeck p 17 et 20 ougrave est citeacute le parallegravele drsquohom Ἀφαρεύς et patron Ἀφαρήιος vs Ἀφάρητα (Bacch 5 129) et Ἀφαρήτιδαι (Pind Neacutem 10 65) Voir pour la forme heacutesiodique Bouclier 57-59 ougrave lrsquoadjectif patronymique Ἀρητιάδην est employeacute pour reacutefeacuterer au fils drsquoAregravesthinsp Ὃς καὶ Κύκνον ἔπεφνεν Ἀρητιάδην μεγάθυμον Pour le phratronyme voir E Lobel Oxy Pap 32 1967 ndeg 2618 frag 1 col 1 l 7 de Steacutesichore et W Vollgraff reacutefeacuterence citeacutee supra n 33

66 Agrave distinguer drsquoion Θαλῆς -έω drsquoun ancien Θαλέας aujourdrsquohui attesteacute agrave trois exem-plaires cf O Masson RPh 48 (1974) p 83 et n 2 Pour le Thalegraves chypriote du VIIe s voir du mecircme auteur ICS2 p 257 (ta-le-se)

300 sophie minon

Rhodesthinsp67 Ἀμφιαρεύς aurait pu ecirctre theacutematiseacute en ἈμφιάρηϜ-ος suivant un processus que pourrait aussi illustrer la reacutefection du composeacute ἀρχιερεύς en ἀρχιέρεως chez Heacuterodote qui aurait entraicircneacute celle du simple ἱερεύς dans les inscriptions ioniennesthinsp68 Le pheacutenomegravene pourrait mecircme srsquoobserver pour le theacuteonyme degraves lrsquoeacutepoque myceacutenienne si lrsquoon pouvait accorder foi agrave la lecture a-re-ẉọ de PY An 340 11 et suivre Gallavotti qui proposait avec preacutecaution de voir dans ce nominatif un deacuteriveacute de Ἄρηςthinsp69 Une partie du myceacutenien (au moins Thegravebes et Cnossosthinsp70) semble du reste avoir deacutejagrave amorceacute le meacutetaplasme du thegraveme ancien a-re en thegraveme sigmatique On ne peut donc exclure que la theacutematisation se soit faite agrave partir du composeacute deacutejagrave suffixeacute en -εύς que pourrait recouvrir la forme de geacutenitif supposeacute a-pi-ja-re-[wo ()] deacutejagrave citeacutee plutocirct qursquoau stade preacuteceacutedent ougrave le thegraveme eacutetait peut-ecirctre encore en -εthinspthinsp71 Notons du reste que drsquoun point de vue phoneacutetique la theacutematisation est plus attendue agrave partir drsquoun thegraveme (semi-)consonantique que vocaliquethinsp en face de Ἀμφιάρη-ος Heubeck citait du reste comme parallegravele le thegraveme nāw- du nom du laquo navire raquo (drsquoougrave -νᾱ(Ϝ)-ος gt -νηος) agrave semi-consonne et non agrave

67 Dans la scholie tardive 132b (G Lachenaud Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010 p 34) le scholiaste explique ainsi le processus de theacutematisation des noms atheacutematiques qursquoil attribue aux Ioniensthinsp Φύλακος Ἰωνικῶς ὁ φύλαξ Ἴωνες γὰρ τὰς γενικὰς ποιοῦσιν εὐθείαςthinsp il renvoie ensuite sur la question de lrsquoaccentuation agrave Heacuterodien cf n 64 ibid ougrave lrsquoauteur signale lrsquoaccentuation φυλακούς en Il 24 566

68 Voir deacutejagrave E Risch Wortbildung p 164 n 1 avec renvoi agrave J Wackernagel Zeitschrift fuumlr vergleichende Sprachforschunghellip 27 (1879) p 265 et P Chantraine Formationhellip p 13-14 pour la correacutelation entre theacutematisation et composition et p 130 ougrave il signale la rareteacute des composeacutes en -εύς ce qui peut expliquer aussi leur tendance agrave la theacutematisation Cf Hdte 2 37 (corrigeacute par les eacutediteurs modernes en ἀρχιερεύς) et Dittenberger Syll3 1037 l 4 (Milet ca 300thinsp ἱέρεως) 495 l 23 (Olbia ca 230thinsp geacuten ἱέρεω) et F Sokolowski Lois sacreacutees des citeacutes grecques Suppleacutement Paris 1962 78 l 2-3 (Chios IIe s av J-Cthinsp ἱρέωι) ou encore Ἀ Στεϕάνου Χιακὰ Μελετήματα 1 (1958) 26-32 l 7 (Chiosthinsp nom ἱέρεως) Autres exemples de theacutematisations chez Schwyzer Griechische Grammatik I p 458 et voir mes Inscriptions eacuteleacuteennes dialectales 2007 p 369 et n 13 avec le nominatif eacuteleacuteen μανάσιος du nom de lrsquouniteacute de mesure connue agrave Chypre sous la forme μνάσις Crsquoeacutetait deacutejagrave lrsquohypothegravese de Bechtel Griechische Dialekte II p 514 qui fai-sait de ἈμφιάρηϜος une forme secondaire parallegravele agrave Ἀμφιαρετεύς

69 C Gallavotti Paideia 12 (1957) p 329 voir DMic sv a-re-wo Sur la question de lrsquoori-gine du suffixe -ηϜ- et de ses rapports avec les autres suffixes du grec voir J-L Perpillou Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973 p 15-62

70 Cf n 62 Sur la coexistence de dialectes agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne que lrsquoon ne perccediloit qursquoagrave travers les lapsus des scribes formeacutes agrave eacutecrire la langue de la chancellerie de lrsquoeacutepoque qui repose sur un dialecte de type arcado-chypriote voir M Lejeune laquo Rapport sur le grec myceacutenien raquo Atti Roma 1968 II p 731 contre RJE Thompson laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 (1996-97) p 313-333 qui preacutefegravere voir dans les variantes les indices drsquoeacutevolutions linguistiques en cours comme J Chadwick laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 401 qui insiste sur lrsquouniformiteacute de la langue sur les diffeacuterents sites Dans le mecircme sens que M Lejeune voir sur le caractegravere dialectalement composite du myceacutenien N Guilleux loc cit supra note 63 p 299

71 Comme composeacute en -εύς deacutejagrave attesteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne on pourra citer en parti-culier a-pi-po-re-we (KN Uc 160 v 2 unanimement interpreacuteteacute comme ἀμφι-φορῆϜες) avec la variante haplologique a-po-re-we (PY Tn 996 3 ἀμφορῆϜε)

301ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

voyelle finale On ne dispose certes pas de parallegravele qui permette drsquoeacutetablir le sort de eh1 suivi de voyellethinsp72 Le troisiegraveme mode drsquoeacutevolution agrave savoir lrsquoeacutelar-gissement des thegravemes en -εthinsp en dentale (-ης -ητος) qui nrsquoest pas attesteacute en myceacutenien serait en revanche posteacuterieurthinsp73

Ἀμφι-άραοςPour expliquer ensuite que lrsquoancien Ἀμφιάρηος ait vu transformer le

εthinsp eacutetymologique de son second eacuteleacutement en athinsp pour prendre la forme Ἀμφιάραος R Wachter a reacutecemment repris agrave son compte lrsquoexplication accepteacutee par Kretschmer selon laquelle une eacutetymologie populaire aurait fait constituer secondairement -άρᾱος drsquoapregraves ἀράομαι au sens eacutepique de laquo prier raquothinsp74 en posant lrsquoeacutequation proportionnelle suivante qui preacutesuppose lrsquoeacutepopeacutee ionienne acclimateacutee agrave Athegravenes et en Beacuteotiethinsp ion ἀρήσομαιthinsp att beacuteot ἀρᾱσομαι = ion Ἀμφιάρηοςthinsp att beacuteot x avec x = Ἀμφιάρᾱοςthinsp75 Il faisait neacuteanmoins remarquer le caractegravere plus eacuteconomique de lrsquoautre hypo-thegravese qui aurait fait partir de -ᾱος ioniseacute en -ηος atticiseacute en -εως puis refait en -ᾱος trajectoire qursquoillustre dans le lexique lrsquoappellatif λᾱός qui nrsquoest cependant substitueacute en attique agrave λεώς qursquoagrave la fin du IIIe siegraveclethinsp76 Les tenta-tives sporadiques drsquoionisation du heacuteronyme dans la langue eacutepique auraient eacuteteacute en ce cas agrave lrsquoorigine des formes agrave vocalisme εthinsp des leacutegendes vasculaires corinthiennes les plus anciennes comme des flottements observeacutes dans la tra-dition pindarique Il est vrai qursquoil est impossible vu la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφια- de reconnaicirctre eacutetymologiquement au second

72 Pas drsquoexemple comparable ni chez R Beekes The Development of the Proto-Indo-European laryngeals in Greek La Haye-Paris 1969 p 170-172 ni chez M Peters Untersuchungen zur Vertretung der indogermanischen Laryngale im Griechischen Wien 1980 p 272 La finale -ᾱων ονος de noms de Troyens comme Ἀρετάων ou de lrsquoethnique Ἰάονες cf P Chantraine Formation p 162-163 aurait pu laisser supposer que devant une autre voyelle la voyelle longue issue de eh1 se conservait au mecircme titre que le athinsp issu de eh2 si le myceacutenien nrsquoinvitait en fait agrave res-tituer -ᾱϜων cf O Landau Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958 p 185-186

73 Heubeck p 1974 Kretschmer op cit (n 47) p 123 Lrsquoeacutetymologie populaire est refleacuteteacutee par Photius

Bibliothegraveque Bekker 148a l 36thinsp ὅτι Ἀμφιάραος ἐκλήθη ἐπεὶ ἄμφω οἱ τῆς μητρὸς γονεῖς ἠράσαντο αὐτὴν ἄνευ τεκεῖν μόγου Le heacuteronyme aurait-il ainsi eacuteteacute reacuteinterpreacuteteacute comme laquo celui que lrsquoon prie de part et drsquoautre raquo avec un rappel agrave Thegravebes de lrsquoorigine argienne du heacuteros et du culte qursquoil recevait aussi en Argolide tandis qursquoagrave Oropos il aurait eacuteteacute le heacuteros auquel on rendait un culte de part et drsquoautre de la frontiegravere que lrsquoon fucirct Atheacutenien ou Oropienthinsp

75 R Wachter NAGVI 77 renvoie agrave Kretschmer loc cit Autre hypothegravese insatisfaisante de M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 191-193thinsp lrsquoanalogie des composeacutes anthroponymiques agrave second eacuteleacutement -λᾱϜ ος (gt -lœthinspwos en zone io-att) aurait fait passer -rēwos () agrave -rœthinspwos drsquoougrave beacuteot -ρᾱος par hypercorrection

76 Crsquoest par exemple lrsquointerpreacutetation du dictionnaire de W Pape et G Benseler de 1911 Pour la substitution de λᾱός agrave la forme ionienne-attique λεώς agrave partir de lrsquoeacutepoque helleacutenistique voir L Threatte GAI II 1996 p 39 Lrsquoionien ne semble pas avoir eu ληός cf A Meillet Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 1975 p 313 Lrsquohistorien Polybe est le premier prosateur agrave rem-ployer la forme ancienne λαός comme aussi ναός cf J-A de Foucault Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972 p 65

302 sophie minon

eacuteleacutement le radical de ἀρά laquo priegravere raquo drsquoun plus ancien ἀρϜά (arc κάταρϜος) drsquoougrave ion ᾱρή dans la poeacutesie homeacuteriquethinsp77 Il faut donc bien admettre comme seul authentique le radical ἀρ- agrave bregraveve initiale dont deacuterivent le thegraveme agrave εthinsp que recouvrent hom feacutem ἀρή laquo malheur perte raquo et masc Ἄρης le thegraveme en -εthinspw- qui est aussi ancien pour le theacuteonyme ainsi que le substantif ἄρος que fait connaicirctre la triple glose drsquoHeacutesychius dont le sens neacutegatif βλάβος ἀκούσιον rejoint le seacutemantisme funeste des premiers

Ἀμφ-ιέραοςLrsquoultime transformation en Ἀμφιέραος variante sporadique connue

par quelques deacutedicaces attiques priveacutees et autres inscriptions helleacutenistiques de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos et dont teacutemoigne aussi le nom drsquoassociation Ἀμφιεραισταί agrave Rhamnonte fin IIIedeacutebut IIe siegraveclethinsp78 a pu se produire agrave Oropos ougrave elle aurait eacuteteacute motiveacutee par la volonteacute drsquoioniserthinsp79 une seacutequence dont la reacuteinterpreacutetation par fausse coupe comme Ἀμφ-ιαρ-αοςthinsp80 aurait juste-ment eacuteteacute favoriseacutee par la proximiteacute seacutemantique entre la notion de laquo sacreacute raquo et celle de laquo priegravere raquo que lrsquoeacutetymologie populaire avait secondairement rattacheacutee agrave ce nom de heacuteros Il ne peut y avoir lagrave en effet que la reacuteeacutetymologisation reacutecente drsquoun nom dont lrsquoabsence drsquoattestation drsquoἈμφίερος ου drsquoἌμφιρος agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique indique qursquoil ne repose sur rien drsquoancien Le myceacute-nien du reste ne connaissait que le degreacute e de ce radical (i-je-ro i-je-re-u etc) sans avoir jamais employeacute semble-t-il ni i-ja-ro ni i-a2-rothinsp81thinsp il est vrai que lrsquoanthroponyme a-pi-a2-ro qui pourrait theacuteoriquement avoir comme eacutequiva-lent alphabeacutetique lrsquoanthroponyme Ἀμφίαρος est interpreacuteteacute unanimement comme Ἀμφί-hαλος avec au second eacuteleacutement le radical du nom du laquo sel raquothinsp82 principalement parce que la forte repreacutesentation du radical de forme i-(j)

77 M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 186 n 578 Pour les deacutedicaces attiques contemporaines des inscriptions de lrsquoAmphiaraion voir

L Threatte GAI I p 126thinsp pour les proxeacutenies et autres deacutecrets de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos V Petrakou Οἱ ἐπιγραφές τοῦ Ὠρωποῦ Athegravenes 1997 eg ndeg 9 et 17 deacutebut IIIe s ndeg 60 etc et cf IG II-III2 (1) 1322 pour lrsquoassociation des Ἀμφιεραισταί

79 Comme les formes en Ἀμφιερ- commencent seulement agrave apparaicirctre au tournant du IVe et du IIIe siegravecle alors qursquoapregraves 312 les Beacuteotiens sont agrave nouveau maicirctres drsquoOropos qui fait partie du koinon tout en gardant son statut de citeacute (MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory ndeg 214) ce changement de vocalisme radical peut ecirctre interpreacuteteacute comme une marque drsquoidentiteacute (-ιαρ- fait beacuteotien) de la part des Oropiens dont le dialecte est apparenteacute agrave lrsquoionien drsquoEubeacutee Il est moins plausible drsquoy voir un indice de la koineacuteisation du dialecte qui nrsquoaurait pas affecteacute degraves cette peacuteriode le radical drsquoun heacuteronyme

80 L Threatte GAI I p 126 et 391 heacutesite entre deux explications pour la variante Ἀμφιέραοςthinsp tendance agrave la dissimilation ou plus vraisemblablement confusion avec le radical de ἱερός

81 Voir RJ Thompson laquo Dialects in Mycenaean and mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 1996-97 p 330

82 DMic sv a-pi-a2-ro et cf A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 51

303ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

e-r(V) fait exclure que le vocalisme a puisse avoir eacuteteacute mecircme sporadiquement repreacutesenteacutethinsp83

ἈμφίαροςLrsquoanthroponyme hapax dont il vient drsquoecirctre question Ἀμφίαρος figure

agrave cocircteacute de Παμφίλη de Ἀμφίλοχος et de Ἀμφίας sur un loutrophoros du IVe siegravecle a C trouveacute agrave Athegravenesthinsp84 La segmentation Ἀμφ-ίαρος qui ferait identifier le second eacuteleacutement de ce composeacute comme le radical agrave vocalisme non ionien-attique de ἱερός cf eg Ἀγχ-ίαρος agrave Thespies et Cheacuteroneacutee ou Καλλ-ίαρος vs Καλλ-ίερος agrave Delphesthinsp85 est probablement agrave exclure agrave cause de lrsquoassociation avec le nom feacuteminin agrave finale -η quant agrave lui bien attiquethinsp on attendrait Ἀμφίερος qui nrsquoest nullement attesteacute

La solution qui consisterait agrave y voir une forme courte pour Ἀμφιάραοςthinsp86 se heurte au fait que cette forme du heacuteronyme nrsquoest attesteacutee comme anthropo-nyme qursquoagrave partir du Ier siegravecle de notre egraverethinsp87 Il est alors preacutefeacuterable drsquoy voir un deuxiegraveme exemple de composeacute agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- non eacutelideacute comme dans le cas de Ἀμφιάρηος devant un second eacuteleacutement de forme -αρος ndash lrsquoana-logie de la seacutequence iathinsp de lrsquohypocoristique Ἀμφίας aurait pu contribuer au maintien de lrsquohiatus On aurait pu srsquoattendre agrave un second eacuteleacutement en -άρης-ήρης en lien avec notamment le substantif ἄρος (cf infra II sous Ἀμφάρης) mais -αρος qui est attesteacute par exemple dans le nom du magistrat moneacutetaire Εὔαρος agrave Eacutephegravese au Ve siegraveclethinsp88 peut srsquoexpliquer comme une forme de second membre court parallegravele agrave feacutem -αρώ (cf Κλειναρώ agrave Paros au IIe siegravecle avant J-C ou νεικα(ρ)ώ fille de Ἀρίστων agrave Thegravebes au IIeIIIe siegravecle de notre egravere) bacirctie agrave partir du radical ἀρ- soit de ἀρετή soit de ἄριστοςthinsp89 La derniegravere solution qui aurait consisteacute agrave y voir un deacuteriveacute comparable agrave Ἀμφί-ας au suf-fixe rare -αρος issu de la grammaticalisation de la formation hypocoristique susdite doit sans doute ecirctre eacutecarteacutee parce qursquoelle est plutocirct attendue dans le cas drsquoun sobriquet tel Βάτταρος fait sur Βάττοςthinsp90

En zone non ionienne-attique crsquoest en revanche ἱαρός qursquoil faut recon-naicirctre au second eacuteleacutement du nom nouveau de lrsquoArgien Γνοhίαρος que fait connaicirctre Ch Kritzas dans le mecircme volumethinsp91 composeacute agrave rection ver-

83 Sur le caractegravere cependant dialectalement stratifieacute du myceacutenien voir deacutejagrave supra n 7084 LGPN II Polemon 4 (1949) p 33 ndeg 32 et V Bardani-G Papadopoulou-V Petrakos

Συμπλήρωμα τῶν ἐπιτυμβίων μνημείων τῆς Ἀττικῆς Athegravenes 2006 ndeg 152985 Pour Ἀγχίαρος cf Y Kalliontzis BCH 131 (2007) [2009] p 495-496thinsp pour Καλλίαρος

vs Καλλίερος respectivement SGDI 1987 l 16 175 av J-C et 1867 l 10 177 av J-C86 Hypothegravese de J Traill Persons of Ancient Athens 2 p 100 ndeg 12513587 Deux Atheacuteniens LGPN II88 A Meadows-U Wartemberg (eacuted) Coin Hoards 9 Londres 2002 p 102 ndeg 189 Κλειναρώ IG XII (5) 186 18thinsp νεικα[ρ]ώ IG VII 2681 et cf infra n 14390 Cf O Masson respectivement Philologus 110 (1966) p 256 et n 5 (= OGS I p 91) agrave

propos des noms Λεύκαρος et Λευκάριστος et Glotta 54 (1976) 94 et n 55 (= OGS I p 279)91 Crsquoest lrsquoanalyse de Ch Kritzas pour le nom de lrsquoArgien Γνοhίαρος qursquoil eacutetaie du rappro-

chement avec le nom Ἱερόγνωτος drsquoun Deacutelien IG IX (2) 135 23 IVe s

304 sophie minon

bale comme le nom Δεξίαρος attesteacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique pour deux Beacuteotiensthinsp92

Remarquons pour conclure cette partie que les deacuteveloppements eacutetymo-logiques ici exposeacutes conduisent agrave admettre que le i final de ἀμφι- nrsquoa pas plus eacuteteacute eacutelideacute dans le heacuteronyme Ἀμφιάρηος que dans le nom de lrsquoAtheacutenien Ἀμφίαρος et qursquoil ne lrsquoaurait eacuteteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne dans a-pi-ja-re agrave supposer que cette forme syllabique ait bien Ἀμφιάρης comme correspon-dant alphabeacutetique et cela en contradiction avec la regravegle veacuterifieacutee du moins pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique selon laquelle cette eacutelision eacutetait reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale Ἀμφιάρης serait le seul nom en Ἀμφι- ougrave une telle exception srsquoobserverait du myceacutenien au grec alphabeacutetiquethinsp93 Le teacutemoignage du myceacutenien laisse en effet supposer pour les preacutefixeacutes en ἀμφι-thinsp la conservation de lrsquohiatus devant h (a-pi-e-ke pour ἀμφι- + hέχει ou hῆκε)thinsp la dieacuteregravese devant ancienne laryngalethinsp94 sauf en morphologie ver-bale ougrave lrsquoeacutelision est pratiqueacutee (a-pe-e-ke pour ἀμφ- ou ἀπ- + augment ἔ + hεχε ou hηκε) Notons toutefois que lrsquoeacutelision pourrait avoir coexisteacute comme variante degraves le myceacutenien si lrsquoon postulait lrsquoeacutequivalence entre a-pa-re-[uthinsp] et dor ἈμφᾱρηςἈμφᾱρεύςthinsp mais la seacutequence syllabique est seulement inter-preacuteteacutee comme correspondant agrave Ἀφᾰρεύς voire agrave Ἁρπαλεύςthinsp95

Il nrsquoest pas sucircr en revanche que Ἀμφαρίδας et Ἀμφιαρίδας preacutesenteacutes comme exemple de doublet dans lrsquointroductionthinsp96 teacutemoignent de la mecircme variation agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp le second nom pourrait fort bien deacuteriver du nom Ἀμφ-ίαρος et ecirctre par conseacutequent sans relation avec le premier sur lequel nous reviendrons agrave lrsquooccasion de lrsquoeacutetude du nom Ἀμφάρης

92 LGPN IIIBthinsp Coroneacutee 182 av J-C Syll3 585 l 210 et Orchomegravene IIIeIIe s A Wilhelm Neue Beitr 4 p 10 ndeg 1 l 12-13 pegravere notamment drsquoun Ἱαροκλῆς

93 Les deux seuls autres exemples syllabiques possibles drsquoanthroponymes en Ἀμφι- avec dieacute-regravese devant un second eacuteleacutement agrave laryngale initiale eacutetymologique ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() et a-pi-je-ta ne preacutesentent pas de correspondant en grec alphabeacutetique Pour ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() KN B 812a qursquoon pose une eacutequivalence avec Ἀμφιάγορος Ἀμφίαγρος ou Ἀμφίακρος on srsquoattendrait agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique agrave ce que le premier eacuteleacutement agrave -i final soit eacutelideacute comme crsquoest toujours le cas devant le second eacuteleacutement en -αγορ--ηγορ-thinsp et si Πολίαγρος (LGPN I et II) conserve son i devant -αγρος crsquoest pour eacuteviter toute confusion avec le radical de πολύς Or Ἀμφάγορος Ἄμφαγρος et Ἄμφακρος ne sont pas davantage attesteacutes On aurait un autre exemple de dieacuteregravese si a-pi-je-ta PY An 6577 avait pour correspondant Ἀμφι-έρτας agrave comparer avec Λαέρτης Ὀρσέλαος avec le radical de ὄρνυμι voir A Leukart op cit sect 66 et F Bader Minos 10 (1969) p 50 Mais une autre interpreacutetation est possible qui expliquerait lrsquoabsence drsquoeacutelision de a-pi- en conformiteacute avec la regravegle mise en eacutevidence pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp Ἀμφιέτας en lien avec ἵημι (de yeH1) de preacutefeacuterence agrave Ἀμφιέρτας en lien cette fois avec ὄρομαι (de wer-) qui laisserait plutocirct attendre myc a-pi-we-ta

94 Outre a-pi-ja-re cf n 44 voir ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() note preacuteceacutedente95 F Aura Jorro DicMic sv96 Lrsquohypothegravese drsquoune variation drsquoordre phoneacutetique propre au beacuteotien dont teacutemoignerait la

graphie Ἀμφαρίδας vs Ἀμφιαρίδας doit ecirctre eacutecarteacutee cf n 37

305ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Il reste alors pour justifier ce qui ne constitue en deacutefinitive une exception que pour cette eacutepoque agrave invoquer une contrainte drsquoordre prosodique telle que la preacutefeacuterence pour la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφιαρ- qui peut srsquoecirctre conjugueacutee agrave la reacutepugnance agrave constituer une seacutequence gra-phique Ἀμφαρ- qui eacutetait eacutetymologiquement ambigueuml en dehors de lrsquoionien et de lrsquoattique puisqursquoelle pouvait paraicirctre proceacuteder aussi bien de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω au second eacuteleacute-mentthinsp97 que de Ἀμφ- eacutelideacute + -αρ- du radical de Ἄρης ἄρος ou ἀραρίσκω Crsquoest preacuteciseacutement en ces termes que se pose la question de lrsquoeacutetymologie du nom de lrsquoeacutephore spartiate meurtrier drsquoAgis Ἀμφάρης

IIenspἈμφάρης et la polyseacutemie du radical ἀρ-

Ἀμφ-άρηςἈμφ-ήρηςLe nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφάρης que mentionne Plutarque a eacuteteacute

porteacute par un Atheacutenien (agrave la formule onomastique partiellement doriseacutee) et par un Phocidien qui veacutecurent tous deux au IVe siegraveclethinsp98 Dans lrsquohypothegravese ougrave le a meacutedian aurait eacuteteacute allongeacute en composition et le premier eacuteleacutement Ἀμφι- eacutelideacute comme on lrsquoattend conformeacutement agrave la regravegle phoneacutetique deacutejagrave invoqueacutee Ἀμφᾱρης pourrait alors eacuteventuellement ecirctre rapprocheacute de Ἀμφήρης dont Platon fait lrsquoun des souverains de lrsquoAtlantide fils de Poseacuteidon et de Kleitocirc agrave moins que le second membre de ce nom nrsquoait comporteacute un e eacutetymologique et ne soit plutocirct en lien avec ἐρέττωthinsp99 Lrsquoexistence parallegravele des suffixeacutes en -ίδᾱης Ἀμφηρε-ίδης et Ἀμφαρε-ίδας pourrait conforter le premier rappro-chementthinsp100 Bechtel part de ce principe puisqursquoil classe Ἀμφ-άρης agrave cocircteacute de Ξειν-ήρης et les rattache tous deux agrave ἄρος que fait connaicirctre la glose drsquoHeacutesy-

97 Voir P Chantraine DEacuteLG sv φέρω98 Voir Plut Agis 18 agrave 21 ougrave lrsquoacc est transmis sous la forme Ἀμφάρην par confusion

banale agrave cette eacutepoque entre sigmatiques et masculins en -athinsps (gt -ης)thinsp pour lrsquoAtheacutenien du IVe s cf infra n 153 et pour le Phocidien contemporain CID 2 ndeg 31 l 7 (geacuten Ἀμφάρεος)

99 Platon Criti 114b et cf infra n 113100 Ἀμφηρείδης (Atheacutenien FD III (2) 23 l 19 1387 a C) et Ἀμφαρείδας (Kleitor IIIe s

LGPN IIIA) La forme -ίδης du suffixe du nom ancien Ἀμφηρίδης agrave Thasos et agrave Paros (LGPN I) laisse supposer qursquoil deacuterive plutocirct de Ἄμφηρις que de Ἀμφήρης comme le nom du Spartiate Κλεαρίδας (Thuc IV 132 3) deacuteriverait de son cocircteacute de Κλέαρις (Thasos IG XII (8) 280 l 13 VIeVe s) dont on notera cependant que le a meacutedian est ici de quantiteacute bregraveve Dans le cas des thegravemes sigmatiques on srsquoattend agrave ce que le suffixe -ίδης srsquoajoute au suffixe sigmatique drsquoougrave -ε(σ)-ίδης gt -είδηςthinsp et lrsquoexistence de nombreux composeacutes agrave second eacuteleacutement -μενίδης nrsquoest pas contradictoire puisqursquoils semblent avoir eacuteteacute bacirctis sur μένω plutocirct que deacuteriveacutes drsquoun second eacuteleacute-ment -μένης Dans le cas particulier des noms en κλῆς lrsquoargien par exemple preacutesente cependant -ηίδας dans le phratronyme Ὀϕελλοκληίδας ensuite moderniseacute en Ὀφεltλgtλοκλείδας cf IG IV 553 l 6 Ve s (-κλε ίδας) lrsquoineacutedit E 67 dateacute 330-300 (-κληίδας) et la proxeacutenie argienne drsquoun Thrace SEG 30 357 l 11 ca 300 (-κλείδας) Pour les modaliteacutes morphologiques et phoneacutetiques de la deacuterivation en -ίδας cf mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011

306 sophie minon

chius deacutejagrave citeacutee avec le sens positif de laquo providence raquothinsp101thinsp ils appartiendraient alors agrave la cateacutegorie des bahuvrīhi ou eacutepithegravetes de type possessifthinsp102 Drsquoun autre cocircteacute si le a meacutedian de Ἀμφάρης eacutetait effectivement long agrave la diffeacuterence de celui du heacuteronyme Ἀμφιάρηος le second eacuteleacutement -ᾱήρης pourrait tout aussi bien ecirctre analyseacute comme deacuteriveacute de la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo adapteacute agrave raquo ou laquo pourvu de raquo drsquoautant que le composeacute ἀμφήρης laquo ajusteacute des deux cocircteacutes raquo est attesteacute dans le lexique poeacutetiquethinsp103thinsp on aurait alors un composeacute agrave rection verbale dont la composition aurait eu lieu dans lrsquoadjec-tif avant son transfert dans lrsquoonomastique Les deux hypothegraveses pourraient du reste ne pas ecirctre incompatiblesthinsp lrsquoeacutetymologie du substantif ἄρος nrsquoest pas assureacutee mais le premier sens de la glose drsquoHeacutesychius (ἄρος ὄφελος) srsquoaccorderait assez bien avec la notion positive de conformiteacute et drsquoajuste-ment veacutehiculeacutee par la racine H2er- que lrsquoon trouve agrave lrsquoorigine notamment de ἀραρίσκω de ἀρείων et de ἄριστοςthinsp104

Ἀν(α)-φαρ- Ἀμ(φι)-φαρ-thinspIl ne serait en theacuteorie pas impossible drsquoavancer agrave ce stade une autre

hypothegravesethinsp celle que Ἀμφάρης ait pu proceacuteder en dehors du domaine ionien-attique soit de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope soit de Ἀμ(φι)-φαρ- avec haplologie devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω comme pourrait en teacutemoi-gner lrsquoadjectif correspondant que fait connaicirctre une glose drsquoHeacutesychius proba-blement issue de la contamination de trois autresthinsp ἀμφαρής περιορωμένη κατολιγωρουμένη καὶ γυμνός ἐπιφανήςthinsp105 Les adjectifs agrave second eacuteleacute-ment -φερής bien attesteacutes se rencontrent degraves Heacuterodote et Heacutesychius fait aussi connaicirctre ἀντιφαρές gloseacute ἐναντίον en face de ἀντιφερής que sup-pose lrsquohom ἀντιφερίζωthinsp106 Ni ἀν(α)φερής ni les formes sans haplologie ἀμφιφαρής et ἀμφιφερής ne sont cependant attesteacutes Nous aurons lrsquoocca-sion de veacuterifier la validiteacute de cette hypothegravese agrave propos du nom Ἀμφαρίον agrave la fin de la troisiegraveme partie

101 Bechtel HPN 193102 Voir eg E Risch Wortbildung p 166-170103 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης renvoie agrave Eur HF 243 (qualificatif de ξύλα) et agrave Ion

1128 (ἀμφήρεις σκηνάς)104 Cf infra n 111105 La glose est consideacutereacutee agrave plus drsquoun titre comme suspecte par Lattethinsp par exemple crsquoest

agrave lrsquoeacutevidence ἀφαρήςἄφαρος qui est agrave lrsquoorigine du sens γυμνός comme lrsquoavait deacutejagrave signaleacute Schmidt et Kuster avant lui Pour lrsquoeacutequivalence entre ἀν(α)φαρής et ἐπιφανής qui serait pos-sible agrave condition de donner aux deux adjectifs le sens de laquo manifeste eacuteclatant raquo voir Pind Neacutem 11 38 ougrave ἀναφέρω (ἀμφέροντ(ι)) est employeacute au sens de laquo produire au jour faire remon-ter agrave la lumiegravere raquo agrave propos de vertus resurgissant drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre Lrsquoideacutee drsquoindiffeacuterence et de meacutepris dont teacutemoigne lrsquoeacutequivalence avec περιορωμένη κατολιγορουμένη pourrait se com-prendre mieux quant agrave elle agrave partir de ἀμ(φι)φαρής au sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo drsquoougrave neacutegativement laquo indeacutecis sans opinion raquo

106 Cf infra n 158

307ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Le nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφ-άρηςCependant dans le cas du nom de lrsquoeacutephore spartiate le rapprochement

avec le nom Δαμάρης assez populaire agrave Sparte agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacute-nistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp107 et avec les noms anciens des Spartiates Μενάρης (μένει ὀξὺν Ἄρηα Il 12 836) et peut-ecirctre Κλεαρίδαςthinsp108 incite agrave mettre ici -άρης en relation soit avec ἀρή laquo ruine destruction raquo soit direc-tement avec le nom drsquoAregraves comme on tendait en revanche agrave lrsquoeacutecarter pour le heacuteronyme Ἀμφιάρηος Lrsquoexistence du nom Δημάρης porteacute par un Deacutelien et lrsquoabsence de Δημήρης de Μενήρης et de Κλέηρις dissuadent de plus de retenir lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement agrave voyelle longue initiale -ᾱήρης Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le contraste entre la poigneacutee drsquoanthroponymes composeacutes en -ήρης attesteacutes dans lrsquoensemble du monde grec dont lrsquoidentifi-cation avec le radical de ἀραρίσκω nrsquoest du reste probable que pour le seul Φρασιήρης et la vingtaine de composeacutes en -άρης dont plus de la moitieacute est attesteacutee en zone ionienne-attiquethinsp109 fait douter que ce dernier eacuteleacutement ait comporteacute une voyelle longue initiale ailleurs que dans la phraseacuteologie poeacute-tique et dans le calque Μενάρης

Du radical ἀρ- aux bases ἀρι- ἀρο- et ἀρήIl a donc principalement existeacute des composeacutes anthroponymiques agrave second

eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης ndash et de mecircme en -αρις -αρος et -αρώthinsp110 dans lesquels srsquoobserve la mecircme absence drsquoallongement de la voyelle de jonction que dans Ἀμφιάρηος en deacutepit mecircme de lrsquoeacutelision et cela en contradiction avec la loi drsquoallongement urgriechisch mise en eacutevidence par Wackernagel dont lrsquoapplication nrsquoest certes reacuteguliegravere que dans les composeacutes nominaux anciens de lrsquoeacutepoque alphabeacutetique comme cela a eacuteteacute exposeacute en preacuteambule Comme pour ἀμφαρίστερος il est probable que la conservation du a bref eacutetait destineacutee agrave laisser visible le lien eacutetymologique avec la famille de ἀραρίσκω ἀρείων ἀρι- ἄρος et celle de ἀρή Ἄρης vraisemblablement lrsquoune et lrsquoautre issues sinon de la mecircme base du moins de la mecircme racine H2er-thinsp111 en eacutevitant la confusion possible avec les autres -ήρηςthinsp112 comme

107 Le nom Δαμάρης a eacuteteacute porteacute par quatorze Spartiates par un Arcadien (LGPN IIIA) par un Deacutelien et deux Creacutetois (LGPN I) et un citoyen drsquoAmisos (LGPN VA)

108 Bechtel HPN 69 cf Heacuterodote VIII 131 VIe s et n 99 pour Κλεαρίδας et Κλέαρις109 Pour lrsquoorigine poeacutetique du composeacute Φρασι-ήρης cf supra n 6 Drsquoapregraves le site du

LGPN en ligne les autres composeacutes en -ήρης sontthinsp Εὐήρης Ξεινήρης Περιήρης et Πολυήρης tous attesteacutes agrave un seul exemplaire sauf le premier (5 individus) Pour -άρης voirthinsp Ἀμφ(ι)άρης Ἀνδράρης (zone ion-att) Δαημάρης (id) Δειξάρης Διάρης (id) Δρομάρης (id) Εὐάρης (id) Θεάρης Κλεάρης Λυκάρης (id) Μαχάρης (id) Μενάρης (id) Ξεν(Ϝ)άρης (id) Ξιφάρης (id) Πανάρης Παντάρης Ποδάρης Τιμάρης

110 Cf Κλέαρις n 100 et Εὔαρος et Κλειναρώ n 89111 Voir H Rix LIV2 sv H2er- (ἀραρώς) H2erH (Ἄρης) et H2erH3 (ἀρόω) et cf supra

n 56 pour lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour le nom drsquoAregraves par T Barnes112 Il nrsquoest pas sucircr que lrsquoadj hom ἐρίηρες laquo fidegraveles raquo (de wēr- cf hom ἦρα et Chantraine

DEacuteLG sv) ait geacuteneacutereacute des anthroponymes en dehors de lrsquoeacutepopeacutee ougrave le second membre de Διώρης

308 sophie minon

dans poeacutet ἀμφήρης laquo avec des rames de part et drsquoautre raquo (cf ἐρέττω)thinsp113 ou -ηρις (de ἔρις) comme dans poeacutet δύσηρις et lrsquoanthroponyme correspon-dant dont pourraient ecirctre rapprocheacutes le nom du Thasien Ἀμφηρίδης deacuteriveacute de Ἄμφηρις ainsi que lrsquoadjectif ἀμφήριστοςthinsp114

IIIenspἈμφαρίον Δαμαρίων et Θεαρίων

Lrsquoemploi anthroponymique du suffixe -ίωνLes analyses meneacutees jusqursquoici permettent-elles de deacutemecircler lrsquoorigine du

nom nouveau Ἀμφαρίονthinsp En lrsquoabsence de correspondant myceacutenien il res-sort des eacuteleacutements qui ont eacuteteacute deacutegageacutes pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique que si le premier eacuteleacutement eacutetait Ἀμφι- lrsquoeacutelision de sa voyelle finale eacutetait attendue devant -αρ- ndash ne serait-ce que pour eacuteviter lrsquohiatus iV dans deux syllabes successives sans que lrsquoallongement de la voyelle initiale du second eacuteleacute-ment ait neacutecessairement accompagneacute cette eacutelisionthinsp mais qursquoen pays dorien il serait theacuteoriquement possible que Ἀμφαρ- ait valu ion-att ἀναφερ- et soit un composeacute deacuteverbatif comme cela vient drsquoecirctre exposeacute pour le nom Ἀμφάρης La suffixation de notre anthroponyme est-elle alors compatible avec lrsquoune et lrsquoautre formationthinsp

-ίωνForce nous est de constater que la finale -ίων moins reacutepandue dans

lrsquoanthroponymie que le suffixe -ων lrsquoest encore moins parmi les composeacutesthinsp sur les 1060 noms diffeacuterents preacutesentant cette finale dans les six volumes du Lexicon of Greek Personal Names soit 3 de la totaliteacute des noms connus 7 seulement preacutesentent la forme pleine de composeacutes ndash ce sont geacuteneacuteralement des noms rares dont ne sont connus que 2 3 exemplaires mais qui tendent agrave se deacutevelopper au-delagrave de lrsquoeacutepoque classique contre une majoriteacute drsquohypo-coristiques et de sobriquetsthinsp115 Le deacutepouillement de lrsquoindex inverse du LGPN

et Περιήρης aurait cette origine cf Bechtel HPN 194 tandis que Risch Wortbildung p 79 le rapproche de la racine de ἀραρίσκω Lrsquoanalyse du nom de lrsquoArcadien Πολυ-ήρης (monnaie ineacute-dite du IIe s av J-C ZfN 9 [1882] p 266 ndeg 2) est de mecircme ambigueuml

113 La motivation du nom Εὐήρης de trois Thasiens aurait-elle eacuteteacute celle-lagravethinsp la deacutesignation de laquo bons rameurs raquothinsp Pour lrsquoadj poeacutetique ἀμφήρης cf eg Eur Cycl 15

114 Voir DGEsp sv δύσερις poeacutet δύσηρις et ἀμφήριστος et LGPN IIIB deux Thessaliens du nom de Δύσηρις au VIe et IVe s av J-Cthinsp pour Ἀμφηρίδης supra n 100

115 Sondage effectueacute agrave lrsquoaide de la base de donneacutees en ligne du site du LGPN Citons comme composeacutes suffixeacutes en -ίωνthinsp le rare et tardif Ἐπαγαθίων agrave cocircteacute de Παρμενίων qui bat au contraire tous les records dans cette cateacutegorie (197 individus) et dont lrsquoamplitude chronologique des attestations srsquoexplique agrave la fois par le renom du philosophe Parmeacutenide et par celui du lieute-nant Parmeacutenion drsquoAlexandrethinsp la lexicalisation de lrsquoadjectif composeacute ἐμπόριος fait plutocirct inter-preacuteter lrsquoancien Ἐμπορίων (eg LGPN II) comme un sobriquet Comme hypocoristiques on citera par exemple Πασίων (122 individus) forme abreacutegeacutee drsquoun composeacute du type Πασικράτης (60) et Ἐπαφρ-ίων (19) pour Ἐπαφρόδιτος (515)thinsp et comme sobriquets Διδυμίων ou Ἐλευθερίων qui sont lrsquoun et lrsquoautre drsquoeacutepoque impeacuteriale (LGPN passim)

309ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

IIIA (Peacuteloponnegravese Gregravece de lrsquoOuest Sicile et Grande-Gregravece) laisse identifier 40 composeacutes sur les 350 noms diffeacuterents agrave finale -ίων soit un rapport drsquoun peu plus de 11 thinsp un seul est attesteacute en Argolide occidentale preacuteciseacutement agrave Argos mais seulement agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp Ἁρποκρατίωνthinsp116

Le suffixe -ίων qui servait dans le lexique de suffixe de comparatif srsquoest drsquoabord introduit dans les sobriquets adjectivaux du type Αἰσχρίων (234 individus) Καλλίων (20) ou Κυδίων (2) avec sa valeur grammaticalethinsp notons toutefois que Γλυκίων qui est connu comme comparatif homeacuterique nrsquoest attesteacute qursquoagrave deux exemplaires contre plusieurs centaines drsquoexemples de Γλύκων dans lrsquoensemble du monde grecthinsp117 Dans les autres cas la suffixation est produite par lrsquoadjonction du suffixe banal -ων agrave un i- final extrait lui-mecircme drsquoun thegraveme en -ιο-thinsp118 ou plus souvent drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute verbal ou adjectival du type Ἀλεξικράτης (43 individus) drsquoougrave Ἀλεξίων (103) Il arrive plus rarement que le suffixe -ίων ainsi creacuteeacute apparaisse agrave la finale drsquoun composeacute comme le tregraves populaire Παρ-μεν-ίων composeacute pour lequel sont attesteacutees 26 autres formes de suffixations dont -ων tregraves repreacutesenteacute eacutegalement (136 individus)thinsp selon Bechtel crsquoest Πάρμενις qui a seacutecreacuteteacute Παρμενίδας Παρμενίτας Παρμενίων Παρμένισκος etcthinsp119 Il nrsquoy a pas drsquoexemple drsquohypocoristique qui conserve les seuls phonegravemes initiaux du second eacuteleacutement affecteacute de ce suffixe puisque Δαμοτί-ων forme courte de Δαμότιμος et son correspondant ionien-attique nrsquoont pas drsquoeacutequivalent en -των et sont par conseacutequent suffixeacutes en -ων et non en -ίων et qursquoil en va de mecircme pour tous les composeacutes agrave second eacuteleacutement -τίων

-ωνCependant le suffixe -ων nrsquoeacutetait guegravere plus couramment adjoint agrave un

nom composeacute Crsquoest surtout une suffixation de sobriquetsthinsp120 bien plus que drsquohypocoristiquesthinsp on ne citera que Δαμών-ων Ἀλκί-ν-ων et νικ-άρ-ων parmi ceux qui preacutesentent lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de composeacute preacuteser-veacuteethinsp pour les autres du type Ἀλέξων ou Τίμων lrsquoidentification comme hypocoristique ou comme sobriquet deacutepend de la perspective adopteacuteethinsp lrsquoexistence de composeacutes de type heacuteroiumlque avec parallegraveles dans drsquoautres lan-gues indo-europeacuteennes comportant ces premiers eacuteleacutements fera analyser ces

116 Ἁρποκρατίων IIe s apr J-C RE (2)117 Voir J-L Perpillou laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 (1974)

p 99-107118 Voir P Chantraine Formation p 165 pour un exemple lexical comme οὐρανίων fait

sur οὐράνιος drsquoougrave les anthroponymes οὐρανίων et Κρονίων et les nombreux anthroponymes de forme patronymique tels Ἑλλοπίων Ἀχαιίων Ἀρκαδίων Κωνωπίων etc recenseacutes par Bechtel HPN 548

119 Bechtel HPN 307120 P Chantraine Formation p 161 voir aussi O Masson laquo Notes drsquoanthroponymie grecque

et asianique raquo Beitrz Nam 10 (1959) p 162 (OGS I p 22) sur le rapport qui existe entre ce type de sobriquet et les adjectifs en -ύς cf Δάσων vs δασύς

310 sophie minon

anthroponymes comme des hypocoristiques ndash crsquoest lrsquoanalyse historique pra-tiqueacutee par Bechtel tandis qursquoen synchronie la flexion seulement (geacuten en -ωνος) les distingue de participes employeacutes comme sobriquetsthinsp121 Un son-dage opeacutereacute agrave partir du mecircme volume du LGPN fait apparaicirctre sur 1045 noms en -ων autour de 165 composeacutes clairement identifiables ndash comprenant les 40 composeacutes agrave finale -ίων soit un rapport de presque 16 agrave cocircteacute des 11 pour -ίων Parmi les 125 composeacutes distincts de ceux en -ίων 12 au plus sont attesteacutes agrave Argosthinsp122

-αρίωνOn exclura en tout cas que le suffixe soit ici lrsquoeacutequivalent masculin -αρίων

du neutre -άριον qui est employeacute pour former des sobriquets feacuteminins Comme lrsquoa expliqueacute O Masson les noms de femmes faits au moyen de ce suffixe de diminutif (cf παιδάριον ψυχάριον) commencent agrave apparaicirctre au IIIe siegravecle mais les noms drsquohomme correspondants sont propres agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et freacutequents en Eacutegypte et il rappelait que Bechtel avait montreacute que ces derniers avaient eacuteteacute refaits secondairement sur les diminutifsthinsp ainsi Γλυκαρίων et Ψυχαρίων agrave partir de γλυκάριον et ψυχάριον toutes forma-tions deacuteriveacutees de noms ou drsquoadjectifsthinsp123 Le suffixe -αρίων a pu ecirctre ensuite employeacute librement dans lrsquoanthroponymie sans qursquoil existe neacutecessairement de diminutif associeacute comme on lrsquoobserve pour le nom Τυχαρίων porteacute par deux Atheacuteniens de lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp124

Δαμαρίων et ΔαμάρηςCh Kritzas propose comme parallegraveles agrave lrsquoappui de son analyse Ἀμφ-

αρ-ίον du nouveau nom argien les noms Δαμαρίων et Θεαρίωνthinsp125 Le pre-mier nrsquoest pas attesteacute avant le IIIe siegravecle et a eacuteteacute donneacute surtout agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et en zone ionienne-attiquethinsp les volumes du LGPN reacutepertorient 25 individus ainsi deacutenommeacutesthinsp126

121 Voir sur cette question de typologie I Hartmann laquo lsquoWhat namethinsp What parentagersquo The classification of Greek names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann-A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 (2002) p 55-81

122 Voir LGPN IIIAthinsp Ἰπομέδο ν (SEG 11 336 l 5 ca 575-550)thinsp Ἀλκίφρων (Thuc V 59 5 418 av J-C)thinsp Ὀχίπον (IG IV 552 Ve s)thinsp Εὐέλθων (Iamb VP 267 [FVS I p 447] VeIVe s)thinsp Ξενοφάων (CID 2 75 II l 43 336334)thinsp Ἀριστόφρων (SEG 13 243 316 av J-C)thinsp Βουκολέων (CEG II 816 l 12 303 av J-C)thinsp Ἀριστομέδων (ineacuted publ Ch Kritzas IVeIIIe s)thinsp Λυκόφρων (SEG 42 279 l 6 IIe s)thinsp Δαμοφῶν (ineacuted IIe s)thinsp Εὔφρων (Syringes 44 IIeIer s) et Παρμένων (origine argienne incertaine Bernand El-Kanaiumls 79 Ier s)

123 Voir O Masson laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 (1984) p 157 (OGS II p 443)

124 LGPN II IG II2 2089 l 33 et 2113 l 204 IIe s apr J-C125 Lettre du 20 novembre 2010126 La plus ancienne attestation de ce nom est celle drsquoun Creacutetois et date de 2232 (Milet I

(3) 38g 7)thinsp un Parien homonyme est connu agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale (IG XII (5) 173 V) En dehors de lrsquoexemple drsquoun individu dont lrsquoorigine atheacutenienne est incertaine agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale les

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

292 sophie minon

Crsquoest ainsi qursquohom ἀμφήκης laquo agrave deux tranchants raquo (de H2ek- gt ἀκ- laquo pointe raquo) ἀμφηρέφης laquo couvert des deux cocircteacutes raquo ἀμφήριστος (sur ἐρίζω) et ἄμφωτον poeacutet ἀμφερκής laquo entoureacute de toute part raquo et ἀμφώβολος laquo double broche raquothinsp16 Thuc ἀμφήρικος (hapax fait sur le poeacutet ἀμφήρης laquo pourvu de rames de part et drsquoautre raquo) Arist ἀμφώδωνἀμφόδων (sur ὀδούς)thinsp17 ἀμφαρμός laquo pierre de taille raquothinsp18 ἀμφεικάς laquo de part et drsquoautre autour du vingt (du mois) raquothinsp19 ou Lyc ἀμφερείδω contrastent avec hom ἀμφίαλος (myc a-pi-a2-ro sur ἅλς) Hp ἀμφιίζομαι (de sed-) att et poeacutet ἀμφιέννυμι (de wes- ἀμφιέσαντο Od 23 142) ou att ἀμφιετηρίς laquo fecircte annuelle raquothinsp20 (de wet- dor Ϝέτος)

Une fois eacutecarteacutees Ar ἀμφαρίστερος laquo gaucher des deux mains raquo sans allongementthinsp21 ἀμφιζάνω (Il 18 25) au lieu de la forme attendue mais ameacutetrique ἀμφιιζάνω les variantes lrsquoune et lrsquoautre meacutetriques ἄμφεπον vs ἀμφίεπον (Il 18 559 et 24 804 de sekw-) Pind (N 1 43) ἀμφελίσσω vs ἀμφιελίσσω (Arat Pheacuten 1 996 de wel-)thinsp22 ainsi que lrsquohapax meacutetrique ἀμφέλκεται (de selk-) chez Denys le Peacuterieacutegegravete (268) les exceptions non poeacutetiques agrave la regravegle sontthinsp lrsquoeacutelision sans doute analogique de ἄμφοδον ἄμφοδος laquo rue bordeacutee de maisons raquo (sur ὁδός de sed-) et des deacuteriveacutes qui sont attesteacutes sous cette seule forme dans la litteacuterature comme dans les inscrip-tions et les papyrusthinsp23 ou encore celles drsquoἀμφεκτήρ vs ἀμφιεκτίς laquo tunique

16 Le tragique Achaiumlos (Fr 36 Snell) semble avoir eacuteteacute le seul agrave employer ἀμφερκής dont lrsquoeacutelision srsquoexplique meacutetriquement alors que lrsquoaspireacutee du neutre ἕρκος pourrait laisser supposer un s- eacutetymologique initial Pour le substantif ἀμφώβολος cf eg Eur Andr 1133

17 Lrsquoheacutesitation ἀμφώδωνἀμφόδων dans Arist peut ecirctre imputable agrave la tradition (nivel-lement des quantiteacutes vocaliques agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale interfeacuterences avec ἄμφοδον cf n 23)

18 Ist Mitt 1920 1969-70 p 238 l 12 (= Didyma 112) Didyme IIe s av J-C Le second eacuteleacutement de la famille de ἀραρίσκω est attesteacute au simple sous la forme ἁρμός avec un esprit rude qui procegravede du report agrave lrsquoinitiale de lrsquoaspiration issue de lrsquoeacutevolution de la seacutequence [zm] du suffixe -smo- cf P Chantraine DEacuteLG sv ἅρμα

19 IG XII (3) 330 l 68 testament drsquoEpictegraveta Theacutera IIIeIIe s Paton-Hicks 384 Cos IIe s etc Lrsquoeacutelision est attendue dans ἀμφεικάς de ἐϜῑκοσι agrave retrouver sous hom ἐείκοσι cf Ch de Lamberterie CEacuteG 6 RPh 75 2001 sv εἴκοσι Sur le mecircme radical εἰκ- mais avec preacutefixe ἐπι- se rencontrent agrave la fois ἐπείκοστον (PPetr 2 p 156 IIe av J-C) vs ἐφείκοστον (PRev Laws 56 15 IIIe av J-C) et ἐπιείκοστος (Ptol Harm 1 15)thinsp les formes eacutelideacutees sont le plus anciennement attesteacutees

20 IG II2 1544 IVe s etc21 Lrsquoabsence drsquoallongement dans ἀμφαρίστερος (Ar Fr 512) srsquoexplique autant par les

besoins du megravetre que par la neacutecessiteacute de garder apparent le lien seacutemantique avec ἀρι- pour eacuteviter la confusion avec la famille de ἔρις pour laquelle sont connus lrsquoadj ἀμφήριστος et lrsquoanthropo-nyme creacutetois correspondant (LGPN I Studi e Testi 125 1946 p 28 eacutepoque impeacuteriale [fictifthinsp]) agrave rapprocher pour le second eacuteleacutement du patronyme du Spartiate Σπερθίης Ἀνηρίστου que fait connaicirctre Heacuterodote (VII 134 2 et cf notamment 137 2 pour un fils homonyme) au VIeVe s

22 De mecircme les adjectifs verbaux correspondants ἀμφελικτός (Eur Heacuteraclegraves 398) vs ἀμφιέλικτος (Denys le Peacuterieacutegegravete 466)

23 Pour ἄμφοδον peut ecirctre invoqueacutee lrsquoanalogie des nombreux autres preacutefixeacutes dissyllabiques tels μέθοδος δίοδος etc qui tous sauf ceux en περι- et προ- avaient leur derniegravere voyelle eacuteli-deacutee cf P Chantraine DEacuteLG sv ὁδός

293ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

double raquo et drsquoἀμφεκτέον laquo agrave entourer raquo (de segh-) chez Heacutesychius qui srsquoex-pliquent quant agrave elles par deacuterivation inverse agrave partir du verbe normalement eacutelideacute ἀμπέχω tardivement refait en ἀμφέχωthinsp24

Lrsquoeacutelision devant le second eacuteleacutement agrave s- initial eacutetymologique dans le composeacute hypostatique ἀμφήλιος laquo oriental raquo seulement attesteacute dans lrsquoApo-calypse apocryphe de Paulthinsp25 a pu ecirctre entraicircneacutee par la quantiteacute longue de la voyelle initiale du second eacuteleacutement comme par la reacutepugnance agrave faire se suc-ceacuteder deux syllabes agrave i en hiatus et deacutenote vraisemblablement une composi-tion tardivethinsp26thinsp les mecircmes motivations peuvent avoir preacutesideacute agrave la creacuteation de rhod ἀμφούριον et ἀμφουριασμόςthinsp27 et de la variante ἀμφορκία (Hsch) agrave cocircteacute de ἀμφιορκία (Poll)

Le seul exemple agrave ma connaissance drsquoabsence drsquoeacutelision devant radical agrave voyelle initiale proceacutedant drsquoune ancienne laryngale est repreacutesenteacute dans le lexique par la variante ἀμφί-ηκες (Hsch) qui doit srsquoexpliquer en face drsquohom et ion-att ἀμφήκης de dor ἀμφᾱκες laquo agrave double pointe raquothinsp28 par une reacutefection secondaire

Dans la liste drsquoanthroponymes composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- dres-seacutee par Bechtel (HPN 41) lrsquoeacutelision paraicirct de mecircme reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale dans les diffeacuterentes reacutegions du monde grec comme le montrent les noms de lrsquoArcadien Ἀμφαίνετος du Beacuteotien Ἀμφάλκες du Thasien Ἄμφανδρος en face de Ἀμφήνωρ agrave Athegravenesthinsp29 du Theacutebain Ἀμφεριτοςthinsp30 comme peut-ecirctre aussi ceux du Phocidien Ἀμφάρετος et du Spartiate Ἀμφάρης tandis que la conservation du i est la seule trace de la preacutesence de lrsquoancien w initial dans le nom de lrsquoAtheacutenien du Ve s Ἀμφίαναξ en face du nom hapax Ἀμφ-ήδης de son compatriote du IIIe sthinsp31 dont la longue initiale du second eacuteleacutement ainsi que lrsquoeacutelision pratiqueacutee devant

24 Autres exceptions similairesthinsp lrsquoadv ἀμφαλλάξ laquo alternativement raquo deacuteriveacute inverse de ἀμφαλλάττω ἀμφέλιξ laquo qui tourne dans les deux sens raquo fait sur ἀμφελίσσω

25 Apoc Paul 2726 Sur lrsquousure de lrsquoaspiration initiale dans le parler des locuteurs de lrsquoeacutepoque impeacuteriale voir

F Gignac A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods I Phonology Milan 1976 p 133-138 Lrsquoattique agrave lrsquoorthographe conservatrice montre peu drsquoexemples de psilose mecircme srsquoil est vraisemblable que lrsquoaspiration initiale a commenceacute agrave se perdre dans ce dialecte peut-ecirctre degraves lrsquoeacutepoque helleacutenistique cf L Threatte GAI I Phonology p 504-506

27 SEG 3 1927 674 respectivement l 40 et 46 IIe s av J-C et cf DEacuteLG sv ὅρος Il srsquoagit probablement dans les deux cas de laquo paiement aux voisins raquo

28 DGEsp sv ἀμφήκης29 IG II2 10799 fin Ve s30 Ἀμφε ριτος LGPN IIIB A Wilhelm Urkunden 240 Nachtrag zu S 90 I l 5 Ve s agrave

comparer agrave Ἀμφήριστος attesteacute agrave Thespies au IIe s SEG 39 456 III l 54 agrave rapprocher le pre-mier de ἐρίω le second de ἐρίζω Le ethinsp assureacute en pays beacuteotien fait exclure le rapprochement avec ἀριτός drsquoougrave νήριτος laquo innombrable raquo (Heacutes etc) et le nom de lrsquoArcadien Κλεάριτος IG II2 3080 l 5 279 av J-C et cf HPN 195

31 IG I3 1190 l 25 ca 411 av J-C pour le plus anciennement connu Pour Ἀμφήδης cf CIA III App 9 l 19 et LGPN II sv

294 sophie minon

le groupe initial sw de la racine swād- de ἡδύς trahissent le caractegravere secondairethinsp32 Les structures rythmiques spondaiumlques et dactyliques privileacute-gieacutees dans lrsquoensemble des composeacutes non-verbaux en ἀμφι- le sont aussi pour les composeacutes anthroponymiques agrave premier eacuteleacutement verbal ou adjectival en -i comme lrsquoillustre lrsquoeacutelision de Δεξι- dans Δεξαγόρας Δέξανδρος Δεξαρέτα Δεξαρίων Δέξαρχος etc en face des hypocoristiques de structure plus souple tels Δεξί-ας et Δεξί-ωνΔέξωνthinsp33

A Argos les deux seuls noms propres assureacutement en Ἀμφ(ι)- suivi de voyelle que fasse aujourdrsquohui connaicirctre lrsquoeacutepigraphie sont le phratronyme Ἀμφιαρητείδας que jrsquoai eacutetudieacute ailleurs et lrsquohypocoristique Ἀμφίαςthinsp34 On ne saurait manquer de leur adjoindre le nom du roi argien mythique Ἀμφιάρηος

IenspDe Ἀμφίας agrave Ἀμφιάρης et Ἀμφιάρηος

ἈμφίαςLa formation hypocoristique drsquoἈμφίας explique la preacutesence du ithinsp crsquoest

agrave lrsquointeacutegraliteacute du premier eacuteleacutement qursquoa eacuteteacute ajouteacute le suffixe -ας de mascu-lins commun au lexique et agrave lrsquoonomastique comme pour lrsquohypocoristique Καλλίας des composeacutes en Καλλι- ou pour Ἀλεξίας forme courte des composeacutes en Ἀλεξί- ou Δεξίαςthinsp35thinsp un Larisseacuteen du nom drsquoἈμφίδαμος a du reste Ἀμφί-ας comme patronymethinsp36

32 Les anthroponymes ont anciennement leur second eacuteleacutement en -άδης avec voyelle bregraveve voir Λεάδε ς agrave Styra Ve s IG XII (9) 56 l 236 ou Θυμάδης Δημάδους IVe s IG II2 2385 l 53 cf Bechtel HPN 21-22 De mecircme que lrsquoon a un Εὐρυ-άδης agrave Sparte au IIIe s IG V (1) 708 de mecircme lrsquoon aurait attendu un Ἀμφι-άδης La langue homeacuterique semble avoir forgeacute un composeacute θυμήδης Od 16 389 (crsquoest la leccedilon de la Vulgate pour laquelle Bekker avait proposeacute la correction θυμήltρgtης de mecircme sens) agrave cocircteacute de αὐάδην que fait connaicirctre pour la premiegravere fois Sapphocirc (22 5)

33 Voir Bechtel HPN 118-119 Lrsquoabsence drsquoiota dans le nom du Beacuteotien Δέξων peut srsquoexpli-quer phoneacutetiquement par lrsquoabsorption de [j] (lti) cf n 7

34 Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδας est connu par un deacutecret de proxeacutenie du IIIe s publieacute par W Vollgraff Mnemosyne 43 (1915) p 380-382 l 10 et mentionneacute par A Heubeck Die Sprache 17 (1971) p 8 Il apparaicirct encore avec lrsquoorthographe ancienne Ἀμφιαρετείδας dans la liste de morts de ca 400-390 publieacutee par Ch Kritzas in Στήλη τόμος εἰς μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 498 l 35 pl 228 Sur son eacutetymologie agrave mettre en relation avec le verbe argien ᾱϜρετευε de ἀνα-Ϝρετεύω voir mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Pour le patronyme au geacutenitif Ἀμφίᾱ voir BCH 33 (1909) p 447 ndeg 6 IIeIer s

35 Voir deacutejagrave A Charbonnet laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 (1984) p 50thinsp laquo Le nom Ἀμφίας srsquoinscrit dans la seacuterie bien connue des diminutifs en -ας de noms composeacutes raquo

36 LGPN IIIBthinsp IG IX (2) 683 fun IIIeIIe s ()

295ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Ἀμφίτας Ἀμφῑων Ἄμφῑος et feacutem ἈμφιώDe la mecircme maniegravere que Ἀμφίας les noms Ἀμφίτας Ἀμφῑων Ἄμφῑος

Ἄμφωνthinsp37 et feacutem Ἀμφιώ doivent ecirctre une seacuterie de formations suffixeacutees conformeacutement agrave lrsquointerpreacutetation qursquoen donne Bechtelthinsp38 Cependant le rapprochement qursquoil est donneacute de faire aujourdrsquohui entre lrsquoanthroponyme myceacutenien a-pi-jo et ce qui pourrait ecirctre interpreacuteteacute comme son geacutenitif a-pi-(j)o-to pourrait eacuteventuellement laisser supposer une reacutefection secondaire de Ἀμφῑων -ονος agrave partir du participe composeacute ἀμφι-ιών ιόντοςthinsp lrsquoabsence drsquoeacutelision de la voyelle finale du preacutefixe aurait eacuteteacute drsquoordre prosodiquethinsp39 De la mecircme maniegravere Ἀμφίτας aurait pu ecirctre formeacute agrave lrsquoaide drsquoun second eacuteleacute-ment -ίτας qui est attesteacute au simple sous la forme du nom drsquoagent ἴτης en attiquethinsp40 Dans un cas comme dans lrsquoautre du moins le rapport eacutetymolo-gique avec le radical du verbe laquo aller raquo ne pouvait manquer drsquoecirctre perccedilu en synchronie comme par ailleurs celui du nom feacuteminin Ἀμφιώ avec le nom drsquoἸώ La meilleure preuve du reste est fournie par un fragment dans lequel Aristophane se moque drsquoEuripide auquel il attribue une eacutetymologie du nom drsquoἈμφ-ίων qui en fait lrsquoeacutequivalent drsquoἌμφ-οδος sous preacutetexte qursquoil serait neacute laquo dans la rue raquo pour faire remarquer avec humour que crsquoest ainsi qursquoaurait ducirc srsquoappeler le Tragique lui-mecircmethinsp41thinsp

37 Il faut tregraves probablement exclure que Ἄμφων puisse srsquoexpliquer comme un beacuteotisme pho-neacutetique agrave partir drsquoun Ἀμφίων agrave i bref (avec -ίων recouvrant aussi bien en beacuteotien le participe du verbe laquo ecirctre raquo ἐών que celui drsquolaquo aller raquo ἰών) cf n 10

38 Voir Bechtel HPN 43 et Y Kalliontzis laquo Deacutecrets de proxeacutenie et catalogues militaires de Cheacuteroneacutee raquo BCH 131 (2007) [2009] p 501-502 ndeg 10 l 9 IIIe s pour Ἄμφων Ἀμφῑων est le nom de lrsquoun des trois chefs des Eacutepeacuteens dans lrsquoIliade (13 692) et celui de lrsquoancecirctre du tyran de Corinthe Peacuteriandre au VIIIeVIIe s (Hdte V 92)thinsp pour Ἄμφῑος voir Il 5 612 et LGPN II Ve s (de ἀμφί-Ϝιος avec un second eacuteleacutement en rapport avec Ϝίεμαι laquo srsquoeacutelancer raquo cf L Dubois laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo Beitrz Nam 21 [1986] p 252-256 ou forme theacutematiseacutee de Ϝῑς laquo force raquo cf A Heubeck laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 [1987] p 149-166) Pour Ἀμφιώ IG VII 2489 peut-ecirctre Ier s apr J-C Pour Ἀμφίτας exemples anciens dans la colonie meacutegarienne drsquoHeacuteracleacutee du Pont cf MH Hansen-TH Nielsen (eds) An Inventory of archaic and classical poleis 2004 p 956) puis agrave Myrina au IIeIer s cf LGPN Vathinsp une occurrence syllabique au VIe s sur une coupe de la reacutegion drsquoAmatonthe O Masson ICS2 ndeg 196b p 413 et cf OGS I p 132 et n 79

39 DMic sv Le changement de flexion inverse est illustreacute par le secondaire δράκων -οντος ancien thegraveme agrave nasale comme son feacuteminin δράκαινα Pour lrsquoithinsp de Ἀμφῑων voir Choiroboscos De orthographia (JA Cramer Anecdota Graecahellip vol 2 Oxford 1835 repr 1963) 168 l 7thinsp Ἀμφιίων hellip καὶ Ἀμφίων κατὰ κρᾶσις τοῦ ϊ εἰς ἕν ι μακρόν

40 Ar Nueacutees 445 Pl Banquet 203d et Protagoras 349e et cf 359cthinsp ἴτας γε ἐφ᾿ ἃ οἱ πολλοὶ φοβοῦνται ἰέναι A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 129c p 195 et n 159 suggegravere la mecircme analyse pour Περῑτας notamment le nom du chien drsquoAlexandrethinsp Περι-ίτας mecircme srsquoil considegravere comme plus vraisemblable drsquoy voir lrsquohypocoristique de Περιτέλης et de consideacuterer le ithinsp comme analogique des types ὁδίτης πολίτης au ithinsp lui-mecircme analogique du athinsp du suffixe parallegravele -ᾱτᾱς-ητης ndash appliquant par ailleurs la mecircme ana-lyse pour rendre compte de lrsquohom Θερσῑτης O Masson voyait de mecircme dans -ίτᾱς le suffixe de πολίτᾱς-ης agrave lrsquoorigine des formations secondaires en -ιτος et -ιτώ cf ZPE 91 (1992) p 119

41 Ar PCG III 2 Fr 342 (327) (Kassel-Austin)thinsp Ἄμφοδον ἐχρῆν αὐτῷ τίθεσθαι τοὔνομα

296 sophie minon

ἈμφιάρηοςA Argos on songera naturellement agrave voir dans Ἀμφίας un diminutif du

nom du roi argien mythique Ἀμφιάρηος pour lequel un fragment drsquoEschyle fait du reste connaicirctre un autre diminutif Ἄμφιςthinsp42 De la mecircme maniegravere agrave Eacutereacutetrie le guerrier des origines converti en heacuteros gueacuterisseur plus tard assimileacute agrave Ascleacutepios semble avoir eacuteteacute honoreacute sous le nom drsquoἈμφίας qursquoat-teste indirectement le nom de lrsquoassociation cultuelle des Ἀμφιασταί que fait connaicirctre une inscription du IIe siegravecle a Cthinsp43 Si lrsquoanthroponyme myc a-pi-ja-re-[ geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]thinsp44 avait pour eacutequivalent alphabeacutetique nom Ἀμφιάρης ou Ἀμφιαρε[ύς] le nom remonterait agrave une haute antiquiteacute sous sa forme non deacuteriveacutee qursquoattestent par ailleurs les acc en -αρῆ et dat en -αρεῖ qui se rencontrent chez Pindarethinsp45 Il est vrai que lrsquoancrage mytho-logique proprement peacuteninsulaire du heacuteros doit faire consideacuterer avec pru-dence ce rapprochement pour des formes seulement attesteacutees lrsquoune et lrsquoautre agrave Cnossos mecircme si les liens qursquoArgos entretenait avec cette citeacute agrave lrsquoeacutepoque classique pourraient srsquoecirctre noueacutes degraves le second milleacutenairethinsp46

Il est du moins des plus probables que le suffixe de lrsquoanthroponyme a originellement comporteacute un εthinsp plutocirct qursquoun athinspthinsp47 Les plus anciennes attestations eacutepigraphiques de ce nom preacutesentent en effet le vocalisme εthinspthinsp ainsi les leacutegendes vasculaires portant Ἀ(μ)φιάρεος en lettres corinthiennes au milieu drsquoanthroponymes de forme dorienne qui notent A tous leurs athinspthinsp de leur cocircteacute les plus anciens des vases attiques agrave figures rouges ont encore

42 Eschyle Fr 632 (Radt)43 P Ducrey laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de

Lausanne (1981) p 73-78 cf J et L Robert Bull Epigr 1982 ndeg 27244 F Aura Jorro DicMic sv (resp KN Xd 7568 et Xd 94) Autre hypothegravese pour la lecture

a-pi-ja-re-[wo ()] chez O Landau Mykenisch-griechische Personennamen p 25 159 171 202thinsp Ἀμφι-αλέϜων avec dieacuteregravese propre agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne cf n 93thinsp mais F Aura Jorro heacutesite agrave lire aussi cette forme a-pi-ja-re-jọ en proposant drsquoy reconnaicirctre un patronymique

45 Pindare Neacutem 9 13 et 24 En Isthm 7 33 tous les manuscrits srsquoaccordent sur lrsquoacc Ἀμφιάραο-ν alors que la leccedilon la plus reacutepandue pour ce thegraveme est Ἀμφιάρηο- en Ol 6 13 et Pyth 8 56 Le papyrus Oxy 2082 fait aussi connaicirctre sous le nom drsquoἈμφιάρης un olympionique spartiate victorieux agrave la lutte cf L Moretti Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957 ndeg 515

46 Sur les liens entre Argos et Cnossos voir notamment les inscriptions reacuteeacutediteacutees par S Minon dans laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 (2007) p 169-210thinsp en faveur drsquoune parenteacute ancienne entre les deux citeacutes voir p 171 lrsquoargument fourni par la preacutesence de lrsquoenclos drsquoArchos heacuteros archeacutegegravete de Cnossos peut-ecirctre venu drsquoArgos

47 Pour P Kretschmer Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach untersucht Guumltersloh 1894 p 32 que suit W Schulze Kl Schr 1933 p 699 le εthinsp est originel et de mecircme E Risch Wortbildung2 p 164 n 1 R Wachter Non-Attic Greek Vase Inscriptions [ci-apregraves NAGVI] Oxford 2001 p 76-77 se range agrave cette position tout en montrant combien il est diffi-cile de trancher

297ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Ἀμφιάρεος tandis que les plus reacutecents ont deacutejagrave Ἀμφιάραοςthinsp48 Au chant 15 de lrsquoOdysseacutee ougrave se rencontrent les deux seules mentions du heacuteros (il nrsquoap-paraicirct pas dans lrsquoIliade) les deux orthographes sont certes deacutefendues par les grammairiens alexandrinsthinsp le α par Aristarque et le η par Zeacutenodotethinsp49thinsp lrsquoeacutepithegravete λαόσσοον laquo entraicircneur drsquohommes raquo associeacutee agrave son nom au v 244 le repreacutesente comme un guerrier et non comme le devin et gueacuterisseur qursquoil devint apregraves sa mortthinsp50 Les mecircmes fluctuations entre les deux vocalismes srsquoobservent on lrsquoa vu chez Pindare Chez les poegravetes attiques de lrsquoeacutepoque classique la forme ancienne Ἀμφιάρεος a eacuteteacute atticiseacutee en Ἀμφιάρεως alors que dans les inscriptions non seulement attiques mais beacuteotiennes (Thegravebes) et ioniennes (Oropos est une colonie drsquoEacutereacutetriethinsp51) crsquoest Ἀμφιάραος que lrsquoon rencontrethinsp52

Dans ces conditions lrsquoeacutetymologie proposeacutee par Heubeck qui consiste agrave reconnaicirctre dans Ἀμφι-άρης et son deacuteriveacute Ἀμφιάρηος des composeacutes posses-sifs formeacutes comme lrsquoanthroponyme Ἀμφί-θεος laquo qui a (descend drsquo)un dieu des deux cocircteacutes raquo avec au second membre le nom drsquoAregraves paraicirct la plus satis-faisantethinsp53 Cependant comme crsquoest presque toujours au premier membre que figurent les theacuteonymes en compositionthinsp54 compte tenu aussi de ce qui est

48 Voir Kretschmer p 32 41 122 123 162 214 et R Wachter NAGVI Cor 66f et r deux occurrences de Ἀ(μ)φιάρεος sur le mecircme crategravere corinthien du VIe s avec renvoi (n 280) aux autres attestations reacuteunies par I Krauskopf LIMC I 1980 laquo Amphiaraos raquo (ndeg 13 et ndeg 23 avec -άρεος et les plus reacutecentes ndeg 24 et 27 avec -άραος) et avec une mise au point sur les variations du vocalisme suffixal

49 Odysseacutee 15 244 (pour les deux leccedilons) et 253 (Ἀμφιάραος) Comme le fait remarquer R Wachter loc cit n 281 la correction de Zeacutenodote ne peut srsquoexpliquer seulement par le fait qursquoil savait qursquoapregraves r i et e un η ionien correspondait agrave un ᾱ attique car il aurait en ce cas proposeacute drsquoautres corrections similaires comme Αἰνείης Ἰήονες etc

50 Voir P Sineux Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007 p 46 et 2651 Cf eg MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory of archaic and classical poleis Oxford

2004 ndeg 21452 L Threatte GAI I 1980 p 12553 A Heubeck Die Sprache 17 (1971) p 8-22 en particulier p 9-10 pour les variantes

du nom Contre lrsquohypothegravese de Kretschmer op cit p 32 qui voyait dans ἱάρηϜ-ος la theacutema-tisation de ἱαρεύςthinsp le radical agrave vocalisme a non meacuteridional de ἱερ- (ce qui exclut en principe tout rapprochement avec les formes myceacuteniennes) et lrsquointerpreacutetation de Ἀμφ-ιάρηος comme un composeacute hypostatique agrave rapprocher pour la rection drsquoion ἀρχ-ιέρεως Lrsquohypothegravese mal eacutetayeacutee de W Borgeaud laquo Amphiaraos et le nom de la Sarre raquo BzN 1 (194950) p 102-104 qui part de Ἀμφιάρᾱος et y voit un anthroponyme drsquoorigine preacute-helleacuteniqueillyrienne ambhi-sarāwos laquo qui habite sur les deux rives du Sarāuos ou de la Sarāua raquo a notamment contre elle de reposer sur un athinsp eacutetymologique

54 Voir J Oulhen laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo in RWV Catling-F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 629-630 Le myceacutenien livre cependant le teacutemoignage drsquoun nom feacuteminin a-pi-e-ra (notamment PY An 1281) qui est interpreacuteteacute comme lrsquoeacutequivalent drsquoun alphabeacute-tique Ἀμϕιήρα cf A Morpurgo-Davies RAL seacuter VIII 15 (1960) p 329 n 26 et M Iodice Aevum 85 (2012) p 6 Et lrsquoanthroponyme Μενάρης citeacute infra n 108 pourrait constituer un autre contre-exemple

298 sophie minon

connu de lrsquoascendance et de la geste du heacuteros Ἀμφιάρηοςthinsp55 on preacutefeacuterera reconnaicirctre sous le second membre plutocirct que le theacuteonyme lrsquoappellatif sans doute suffixeacute en -εthinsp ἀρή laquo malheur perte destruction raquo dont il est eacutetymo-logiquement et morphologiquement indissociable ou son eacutequivalent ἄρος auquel la glose drsquoHeacutesychius preacutesenteacutee en introduction donne entre autres le sens neacutegatif dethinsp βλάβος ἀκούσιονthinsp56 Lrsquoautre voie qui aurait consisteacute agrave y voir des hypostases avec le sens laquo de lrsquoentourage drsquoAregraves raquo avait deacutejagrave eacuteteacute eacutecarteacutee par Heubeck comme moins satisfaisante pour la raison que sur ce type de composeacute les deacuteriveacutes sont plus souvent en -ιος qursquoen -οςthinsp57 Or il est sucircr qursquoil est impossible de faire de Ἀμφιάρηος un deacuteriveacute patronymique en -ιος du doublet Ἀμφιαρεύς de Ἀμφιάρης entretenant le mecircme rapport avec eux que ἌρειοςἌρη(ι)οςthinsp58 avec Ἄρηςeacuteol Ἀρεύς en posant -ethinspw-yo-s gt hom -ήιος susceptible drsquoeacutevoluer soit en -ειος soit en -ηοςthinsp59 et -es-yo-s gt -ειος puis -εος (formes myceacuteniennes citeacutees ci-dessous)thinsp il nrsquoy a en effet aucun exemple de la forme pourtant meacutetrique Ἀμφιαρήιος que lrsquoon attendrait en ce cas dans lrsquoeacutepopeacutee agrave cocircteacute des adjectifs patronymiques Καπανήιος et

55 Voir P Sineux loc cit LrsquoOdysseacutee preacutesente le heacuteros comme eacutegalement aimeacute de Zeus et drsquoApollon ce qui en ferait plus un Ἀμφί-θεος laquo qui a un dieu de part et drsquoautre raquo qursquoun Ἀμφιάρηςthinsp crsquoest chez Pindare qursquoἈμφιάραος est repreacutesenteacute comme un guerrier redoutable πολέμοιο νέφος (Neacutem 10 9) tuant (schol Neacutem 9 30b Drachmann) pour prendre le pouvoir agrave Argos dans un contexte de stasis (Neacutem 9 ibid) Si le second eacuteleacutement -άρης repreacutesentait non le theacuteonyme mais lrsquoappellatif ἄρος ou le thegraveme en εthinsp de forme ἀρή le heacuteronyme pourrait alors ecirctre interpreacuteteacute comme laquo qui a sa perte des deux cocircteacutes raquo crsquoest-agrave-dire agrave Argos ougrave il a sa femme Eriphyle comme ennemie (ἀνδροδάμαντα Neacutem 9 16) comme agrave Thegravebes ougrave son art divinatoire lui a fait voir la mort qui lrsquoattend ce dernier motif surtout deacuteveloppeacute par les Tragiques mais deacutejagrave esquisseacute par Pindare (Ol 6 17) voir Sineux p 35

56 Pour lrsquoeacutetymologie et le sens du nom drsquoAregraves voir P Chantraine DEacuteLG sv ἀρή Ἄρης et pour ἄρος supra n 5thinsp pour lrsquoorigine commune du theacuteonyme et de lrsquoappellatif ἀρή M Peters laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch-C Zinko (edd) Studia Onomastica et Indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz 1995 p 185 n 2 le Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre Primaumlrstammbildungen2 eacuted H Rix 2001 et derniegraverement T Barnes laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19 qui pose pour toute cette famille la racine H2erH1- et pour Aregraves H2reacuteH1-H2rH1-eacutes- avec le sens de laquo destructeur raquothinsp contre R Schmitt ZPE 17 (1975) p 15-16 qui postulait pour le theacuteonyme une origine iranienne

57 Heubeck p 17 et voir E Risch op cit p 17158 Sur hom Ἀρήιος laquo drsquoAregraves le belliqueux raquo devenu par la suite Ἄρειος voir O Masson

OGS III p 139 et n 81 Pour la forme -ηος du suffixe voirthinsp Ἀρήου nom de mois SGDI II 2136 l 2 (Delphes IIe av J-C) IG IX (2) 359c et 1117b (Thessalie eacutepoque romaine)thinsp en revanche dans les inscriptions attiques de la mecircme eacutepoque ougrave figure le nom de lrsquoAreacuteopage (ἐξ Ἀρήου πάγου) eg IG II2 1721 ou 3238 ou lrsquoanthroponyme eg IG II2 1718 ou 3173 il srsquoagit drsquoune graphie itacisante pour lrsquoancienne forme -ειος du suffixe

59 Lrsquoeacutequivalent myceacutenien du suffixe -[C]e-wi-jo est connu par exemple agrave travers lrsquoadjectif i-je-re-wi-jo auquel on pourra comparer agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique hom ἱερ-ήιον koin -ῆον -εῖον voir E Risch op cit sect 46 Pour ῆον voir I v Miletos ndeg 10 l 38 Ve s V Petrakos Ἐπιγρ τοῦ Ὠρωποῦ ndeg 277 l 33 IVe s M Segreacute Iscr di Cos ED ndeg 178 l 19 fin IIIe s etc

299ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

νηλήιος ou encore Ἀφαρήιος fait non sur Ἀφάρηος mais sur Ἀφαρεύς chez Apollonios de Rhodesthinsp60

Heubeck proposait drsquoexpliquer la formation du heacuteronyme de la maniegravere suivante Il y reconnaissait un deacuteriveacute theacutematique de Ἀμφιάρης constitueacute sur le modegravele des anthroponymes myc o-ti-na-wo hom Εὔ- Κλυτό- Ἐχέ- Πολύ-νεως en face de lrsquoappellatif ναῦς avec -ναυςthinsp -νᾱ(Ϝ)ος gt -νηος gt -νεως dans le mecircme rapport que -άρηςthinsp -άρηος gt -άρεωςthinsp hom Βριάρεως reflegraveterait la mecircme theacutematisation de -άρηςthinsp61 Le datif myc a-re du theacuteo-nyme drsquoapregraves lui ne pouvait ecirctre ni celui drsquoun thegraveme sigmatique ni celui drsquoun thegraveme en -ηϜ- mecircme srsquoil est en veacuteriteacute difficile de ne pas reconnaicirctre dans les deux variantes cnossiennes a-re-i-jo et a-re-jo (= Ἄρεἱος vs Ἄρειος) lrsquoadjectif en -yo- correspondant au thegraveme sigmatique que pourrait du reste aussi attester la variante theacutebaine a-re-i qursquoil citait lui-mecircmethinsp62 Il consideacuterait de ce fait que le nom drsquoAregraves eacutetait agrave lrsquoorigine un thegraveme en εthinsp (-eh1-)thinsp63 et que la flexion en -εύς comme celle en -t- (Ἄρης Ἄρητοςthinsp64) qursquoattesteraient indirectement les deacuteriveacutes patronymique Heacutes Ἀρητιάδης et phratronymique arg Ἀμφιαρητείδας repreacutesentaient elles aussi des deacuteveloppements secon-dairesthinsp65 O Masson voyait de mecircme dans chypr Θάλες un ancien nom en εthinsp passeacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique agrave la flexion en dentale geacuten Θάλητοςthinsp66

Mais de mecircme que φύλαξ a pu ecirctre theacutematiseacute degraves la langue eacutepique en φύλακος ce qui a pu ecirctre reacuteinterpreacuteteacute bien plus tard comme lrsquoemploi de son geacutenitif comme un nominatif si lrsquoon en croit une scholie agrave Apollonios de

60 A R I 485 etc61 Heubeck p 18 et 20-2162 Voir CJ Ruijgh Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien 1967 p 265

contesteacute par Heubeck p 16 n 33thinsp on pourrait avoir de mecircme a-re-ị-mene ( ou a-re-ẓọ-me-ne TH Z 849) vs a-re-me-ne (TH Z 852) cf DMic sv Comparer a-re-i-jo vs a-re-jo (KN Le 641 1 et Vc 208) avec le patronymique e-te-wo-ke-re-we-i-jo (PY An 644 8-9 et Aq 64 15) fait sur lrsquoeacutequivalent drsquoalph Ἐτεοκλέ(Ϝ)ης

63 Crsquoest la doctrine toujours admise aujourdrsquohui voir par exemple le compte rendu de N Guilleux agrave A Bernabeacute-ER Lujan Introduccion al griego miceacutenico Gramatica seleccion de textos y glosario 2006 dans BSL 104 2 (2009) p 178

64 Ἄρητος nrsquoest attesteacute ni comme geacutenitif ni sans doute comme nominatif agrave εthinsp heacuteriteacute contre Heubeck p 14 n 22 Le nom Ἄρᾱτος ioniseacute en Ἄρητος (Od 3 440) est fait sur un autre radical celui de ἀρ(Ϝ)ά laquo priegravere vœu maleacutediction raquo voir le dictionnaire de Pape-Benseler Bechtel HPN 63 et Chantraine DEacuteLG sv

65 Heubeck p 17 et 20 ougrave est citeacute le parallegravele drsquohom Ἀφαρεύς et patron Ἀφαρήιος vs Ἀφάρητα (Bacch 5 129) et Ἀφαρήτιδαι (Pind Neacutem 10 65) Voir pour la forme heacutesiodique Bouclier 57-59 ougrave lrsquoadjectif patronymique Ἀρητιάδην est employeacute pour reacutefeacuterer au fils drsquoAregravesthinsp Ὃς καὶ Κύκνον ἔπεφνεν Ἀρητιάδην μεγάθυμον Pour le phratronyme voir E Lobel Oxy Pap 32 1967 ndeg 2618 frag 1 col 1 l 7 de Steacutesichore et W Vollgraff reacutefeacuterence citeacutee supra n 33

66 Agrave distinguer drsquoion Θαλῆς -έω drsquoun ancien Θαλέας aujourdrsquohui attesteacute agrave trois exem-plaires cf O Masson RPh 48 (1974) p 83 et n 2 Pour le Thalegraves chypriote du VIIe s voir du mecircme auteur ICS2 p 257 (ta-le-se)

300 sophie minon

Rhodesthinsp67 Ἀμφιαρεύς aurait pu ecirctre theacutematiseacute en ἈμφιάρηϜ-ος suivant un processus que pourrait aussi illustrer la reacutefection du composeacute ἀρχιερεύς en ἀρχιέρεως chez Heacuterodote qui aurait entraicircneacute celle du simple ἱερεύς dans les inscriptions ioniennesthinsp68 Le pheacutenomegravene pourrait mecircme srsquoobserver pour le theacuteonyme degraves lrsquoeacutepoque myceacutenienne si lrsquoon pouvait accorder foi agrave la lecture a-re-ẉọ de PY An 340 11 et suivre Gallavotti qui proposait avec preacutecaution de voir dans ce nominatif un deacuteriveacute de Ἄρηςthinsp69 Une partie du myceacutenien (au moins Thegravebes et Cnossosthinsp70) semble du reste avoir deacutejagrave amorceacute le meacutetaplasme du thegraveme ancien a-re en thegraveme sigmatique On ne peut donc exclure que la theacutematisation se soit faite agrave partir du composeacute deacutejagrave suffixeacute en -εύς que pourrait recouvrir la forme de geacutenitif supposeacute a-pi-ja-re-[wo ()] deacutejagrave citeacutee plutocirct qursquoau stade preacuteceacutedent ougrave le thegraveme eacutetait peut-ecirctre encore en -εthinspthinsp71 Notons du reste que drsquoun point de vue phoneacutetique la theacutematisation est plus attendue agrave partir drsquoun thegraveme (semi-)consonantique que vocaliquethinsp en face de Ἀμφιάρη-ος Heubeck citait du reste comme parallegravele le thegraveme nāw- du nom du laquo navire raquo (drsquoougrave -νᾱ(Ϝ)-ος gt -νηος) agrave semi-consonne et non agrave

67 Dans la scholie tardive 132b (G Lachenaud Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010 p 34) le scholiaste explique ainsi le processus de theacutematisation des noms atheacutematiques qursquoil attribue aux Ioniensthinsp Φύλακος Ἰωνικῶς ὁ φύλαξ Ἴωνες γὰρ τὰς γενικὰς ποιοῦσιν εὐθείαςthinsp il renvoie ensuite sur la question de lrsquoaccentuation agrave Heacuterodien cf n 64 ibid ougrave lrsquoauteur signale lrsquoaccentuation φυλακούς en Il 24 566

68 Voir deacutejagrave E Risch Wortbildung p 164 n 1 avec renvoi agrave J Wackernagel Zeitschrift fuumlr vergleichende Sprachforschunghellip 27 (1879) p 265 et P Chantraine Formationhellip p 13-14 pour la correacutelation entre theacutematisation et composition et p 130 ougrave il signale la rareteacute des composeacutes en -εύς ce qui peut expliquer aussi leur tendance agrave la theacutematisation Cf Hdte 2 37 (corrigeacute par les eacutediteurs modernes en ἀρχιερεύς) et Dittenberger Syll3 1037 l 4 (Milet ca 300thinsp ἱέρεως) 495 l 23 (Olbia ca 230thinsp geacuten ἱέρεω) et F Sokolowski Lois sacreacutees des citeacutes grecques Suppleacutement Paris 1962 78 l 2-3 (Chios IIe s av J-Cthinsp ἱρέωι) ou encore Ἀ Στεϕάνου Χιακὰ Μελετήματα 1 (1958) 26-32 l 7 (Chiosthinsp nom ἱέρεως) Autres exemples de theacutematisations chez Schwyzer Griechische Grammatik I p 458 et voir mes Inscriptions eacuteleacuteennes dialectales 2007 p 369 et n 13 avec le nominatif eacuteleacuteen μανάσιος du nom de lrsquouniteacute de mesure connue agrave Chypre sous la forme μνάσις Crsquoeacutetait deacutejagrave lrsquohypothegravese de Bechtel Griechische Dialekte II p 514 qui fai-sait de ἈμφιάρηϜος une forme secondaire parallegravele agrave Ἀμφιαρετεύς

69 C Gallavotti Paideia 12 (1957) p 329 voir DMic sv a-re-wo Sur la question de lrsquoori-gine du suffixe -ηϜ- et de ses rapports avec les autres suffixes du grec voir J-L Perpillou Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973 p 15-62

70 Cf n 62 Sur la coexistence de dialectes agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne que lrsquoon ne perccediloit qursquoagrave travers les lapsus des scribes formeacutes agrave eacutecrire la langue de la chancellerie de lrsquoeacutepoque qui repose sur un dialecte de type arcado-chypriote voir M Lejeune laquo Rapport sur le grec myceacutenien raquo Atti Roma 1968 II p 731 contre RJE Thompson laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 (1996-97) p 313-333 qui preacutefegravere voir dans les variantes les indices drsquoeacutevolutions linguistiques en cours comme J Chadwick laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 401 qui insiste sur lrsquouniformiteacute de la langue sur les diffeacuterents sites Dans le mecircme sens que M Lejeune voir sur le caractegravere dialectalement composite du myceacutenien N Guilleux loc cit supra note 63 p 299

71 Comme composeacute en -εύς deacutejagrave attesteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne on pourra citer en parti-culier a-pi-po-re-we (KN Uc 160 v 2 unanimement interpreacuteteacute comme ἀμφι-φορῆϜες) avec la variante haplologique a-po-re-we (PY Tn 996 3 ἀμφορῆϜε)

301ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

voyelle finale On ne dispose certes pas de parallegravele qui permette drsquoeacutetablir le sort de eh1 suivi de voyellethinsp72 Le troisiegraveme mode drsquoeacutevolution agrave savoir lrsquoeacutelar-gissement des thegravemes en -εthinsp en dentale (-ης -ητος) qui nrsquoest pas attesteacute en myceacutenien serait en revanche posteacuterieurthinsp73

Ἀμφι-άραοςPour expliquer ensuite que lrsquoancien Ἀμφιάρηος ait vu transformer le

εthinsp eacutetymologique de son second eacuteleacutement en athinsp pour prendre la forme Ἀμφιάραος R Wachter a reacutecemment repris agrave son compte lrsquoexplication accepteacutee par Kretschmer selon laquelle une eacutetymologie populaire aurait fait constituer secondairement -άρᾱος drsquoapregraves ἀράομαι au sens eacutepique de laquo prier raquothinsp74 en posant lrsquoeacutequation proportionnelle suivante qui preacutesuppose lrsquoeacutepopeacutee ionienne acclimateacutee agrave Athegravenes et en Beacuteotiethinsp ion ἀρήσομαιthinsp att beacuteot ἀρᾱσομαι = ion Ἀμφιάρηοςthinsp att beacuteot x avec x = Ἀμφιάρᾱοςthinsp75 Il faisait neacuteanmoins remarquer le caractegravere plus eacuteconomique de lrsquoautre hypo-thegravese qui aurait fait partir de -ᾱος ioniseacute en -ηος atticiseacute en -εως puis refait en -ᾱος trajectoire qursquoillustre dans le lexique lrsquoappellatif λᾱός qui nrsquoest cependant substitueacute en attique agrave λεώς qursquoagrave la fin du IIIe siegraveclethinsp76 Les tenta-tives sporadiques drsquoionisation du heacuteronyme dans la langue eacutepique auraient eacuteteacute en ce cas agrave lrsquoorigine des formes agrave vocalisme εthinsp des leacutegendes vasculaires corinthiennes les plus anciennes comme des flottements observeacutes dans la tra-dition pindarique Il est vrai qursquoil est impossible vu la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφια- de reconnaicirctre eacutetymologiquement au second

72 Pas drsquoexemple comparable ni chez R Beekes The Development of the Proto-Indo-European laryngeals in Greek La Haye-Paris 1969 p 170-172 ni chez M Peters Untersuchungen zur Vertretung der indogermanischen Laryngale im Griechischen Wien 1980 p 272 La finale -ᾱων ονος de noms de Troyens comme Ἀρετάων ou de lrsquoethnique Ἰάονες cf P Chantraine Formation p 162-163 aurait pu laisser supposer que devant une autre voyelle la voyelle longue issue de eh1 se conservait au mecircme titre que le athinsp issu de eh2 si le myceacutenien nrsquoinvitait en fait agrave res-tituer -ᾱϜων cf O Landau Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958 p 185-186

73 Heubeck p 1974 Kretschmer op cit (n 47) p 123 Lrsquoeacutetymologie populaire est refleacuteteacutee par Photius

Bibliothegraveque Bekker 148a l 36thinsp ὅτι Ἀμφιάραος ἐκλήθη ἐπεὶ ἄμφω οἱ τῆς μητρὸς γονεῖς ἠράσαντο αὐτὴν ἄνευ τεκεῖν μόγου Le heacuteronyme aurait-il ainsi eacuteteacute reacuteinterpreacuteteacute comme laquo celui que lrsquoon prie de part et drsquoautre raquo avec un rappel agrave Thegravebes de lrsquoorigine argienne du heacuteros et du culte qursquoil recevait aussi en Argolide tandis qursquoagrave Oropos il aurait eacuteteacute le heacuteros auquel on rendait un culte de part et drsquoautre de la frontiegravere que lrsquoon fucirct Atheacutenien ou Oropienthinsp

75 R Wachter NAGVI 77 renvoie agrave Kretschmer loc cit Autre hypothegravese insatisfaisante de M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 191-193thinsp lrsquoanalogie des composeacutes anthroponymiques agrave second eacuteleacutement -λᾱϜ ος (gt -lœthinspwos en zone io-att) aurait fait passer -rēwos () agrave -rœthinspwos drsquoougrave beacuteot -ρᾱος par hypercorrection

76 Crsquoest par exemple lrsquointerpreacutetation du dictionnaire de W Pape et G Benseler de 1911 Pour la substitution de λᾱός agrave la forme ionienne-attique λεώς agrave partir de lrsquoeacutepoque helleacutenistique voir L Threatte GAI II 1996 p 39 Lrsquoionien ne semble pas avoir eu ληός cf A Meillet Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 1975 p 313 Lrsquohistorien Polybe est le premier prosateur agrave rem-ployer la forme ancienne λαός comme aussi ναός cf J-A de Foucault Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972 p 65

302 sophie minon

eacuteleacutement le radical de ἀρά laquo priegravere raquo drsquoun plus ancien ἀρϜά (arc κάταρϜος) drsquoougrave ion ᾱρή dans la poeacutesie homeacuteriquethinsp77 Il faut donc bien admettre comme seul authentique le radical ἀρ- agrave bregraveve initiale dont deacuterivent le thegraveme agrave εthinsp que recouvrent hom feacutem ἀρή laquo malheur perte raquo et masc Ἄρης le thegraveme en -εthinspw- qui est aussi ancien pour le theacuteonyme ainsi que le substantif ἄρος que fait connaicirctre la triple glose drsquoHeacutesychius dont le sens neacutegatif βλάβος ἀκούσιον rejoint le seacutemantisme funeste des premiers

Ἀμφ-ιέραοςLrsquoultime transformation en Ἀμφιέραος variante sporadique connue

par quelques deacutedicaces attiques priveacutees et autres inscriptions helleacutenistiques de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos et dont teacutemoigne aussi le nom drsquoassociation Ἀμφιεραισταί agrave Rhamnonte fin IIIedeacutebut IIe siegraveclethinsp78 a pu se produire agrave Oropos ougrave elle aurait eacuteteacute motiveacutee par la volonteacute drsquoioniserthinsp79 une seacutequence dont la reacuteinterpreacutetation par fausse coupe comme Ἀμφ-ιαρ-αοςthinsp80 aurait juste-ment eacuteteacute favoriseacutee par la proximiteacute seacutemantique entre la notion de laquo sacreacute raquo et celle de laquo priegravere raquo que lrsquoeacutetymologie populaire avait secondairement rattacheacutee agrave ce nom de heacuteros Il ne peut y avoir lagrave en effet que la reacuteeacutetymologisation reacutecente drsquoun nom dont lrsquoabsence drsquoattestation drsquoἈμφίερος ου drsquoἌμφιρος agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique indique qursquoil ne repose sur rien drsquoancien Le myceacute-nien du reste ne connaissait que le degreacute e de ce radical (i-je-ro i-je-re-u etc) sans avoir jamais employeacute semble-t-il ni i-ja-ro ni i-a2-rothinsp81thinsp il est vrai que lrsquoanthroponyme a-pi-a2-ro qui pourrait theacuteoriquement avoir comme eacutequiva-lent alphabeacutetique lrsquoanthroponyme Ἀμφίαρος est interpreacuteteacute unanimement comme Ἀμφί-hαλος avec au second eacuteleacutement le radical du nom du laquo sel raquothinsp82 principalement parce que la forte repreacutesentation du radical de forme i-(j)

77 M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 186 n 578 Pour les deacutedicaces attiques contemporaines des inscriptions de lrsquoAmphiaraion voir

L Threatte GAI I p 126thinsp pour les proxeacutenies et autres deacutecrets de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos V Petrakou Οἱ ἐπιγραφές τοῦ Ὠρωποῦ Athegravenes 1997 eg ndeg 9 et 17 deacutebut IIIe s ndeg 60 etc et cf IG II-III2 (1) 1322 pour lrsquoassociation des Ἀμφιεραισταί

79 Comme les formes en Ἀμφιερ- commencent seulement agrave apparaicirctre au tournant du IVe et du IIIe siegravecle alors qursquoapregraves 312 les Beacuteotiens sont agrave nouveau maicirctres drsquoOropos qui fait partie du koinon tout en gardant son statut de citeacute (MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory ndeg 214) ce changement de vocalisme radical peut ecirctre interpreacuteteacute comme une marque drsquoidentiteacute (-ιαρ- fait beacuteotien) de la part des Oropiens dont le dialecte est apparenteacute agrave lrsquoionien drsquoEubeacutee Il est moins plausible drsquoy voir un indice de la koineacuteisation du dialecte qui nrsquoaurait pas affecteacute degraves cette peacuteriode le radical drsquoun heacuteronyme

80 L Threatte GAI I p 126 et 391 heacutesite entre deux explications pour la variante Ἀμφιέραοςthinsp tendance agrave la dissimilation ou plus vraisemblablement confusion avec le radical de ἱερός

81 Voir RJ Thompson laquo Dialects in Mycenaean and mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 1996-97 p 330

82 DMic sv a-pi-a2-ro et cf A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 51

303ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

e-r(V) fait exclure que le vocalisme a puisse avoir eacuteteacute mecircme sporadiquement repreacutesenteacutethinsp83

ἈμφίαροςLrsquoanthroponyme hapax dont il vient drsquoecirctre question Ἀμφίαρος figure

agrave cocircteacute de Παμφίλη de Ἀμφίλοχος et de Ἀμφίας sur un loutrophoros du IVe siegravecle a C trouveacute agrave Athegravenesthinsp84 La segmentation Ἀμφ-ίαρος qui ferait identifier le second eacuteleacutement de ce composeacute comme le radical agrave vocalisme non ionien-attique de ἱερός cf eg Ἀγχ-ίαρος agrave Thespies et Cheacuteroneacutee ou Καλλ-ίαρος vs Καλλ-ίερος agrave Delphesthinsp85 est probablement agrave exclure agrave cause de lrsquoassociation avec le nom feacuteminin agrave finale -η quant agrave lui bien attiquethinsp on attendrait Ἀμφίερος qui nrsquoest nullement attesteacute

La solution qui consisterait agrave y voir une forme courte pour Ἀμφιάραοςthinsp86 se heurte au fait que cette forme du heacuteronyme nrsquoest attesteacutee comme anthropo-nyme qursquoagrave partir du Ier siegravecle de notre egraverethinsp87 Il est alors preacutefeacuterable drsquoy voir un deuxiegraveme exemple de composeacute agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- non eacutelideacute comme dans le cas de Ἀμφιάρηος devant un second eacuteleacutement de forme -αρος ndash lrsquoana-logie de la seacutequence iathinsp de lrsquohypocoristique Ἀμφίας aurait pu contribuer au maintien de lrsquohiatus On aurait pu srsquoattendre agrave un second eacuteleacutement en -άρης-ήρης en lien avec notamment le substantif ἄρος (cf infra II sous Ἀμφάρης) mais -αρος qui est attesteacute par exemple dans le nom du magistrat moneacutetaire Εὔαρος agrave Eacutephegravese au Ve siegraveclethinsp88 peut srsquoexpliquer comme une forme de second membre court parallegravele agrave feacutem -αρώ (cf Κλειναρώ agrave Paros au IIe siegravecle avant J-C ou νεικα(ρ)ώ fille de Ἀρίστων agrave Thegravebes au IIeIIIe siegravecle de notre egravere) bacirctie agrave partir du radical ἀρ- soit de ἀρετή soit de ἄριστοςthinsp89 La derniegravere solution qui aurait consisteacute agrave y voir un deacuteriveacute comparable agrave Ἀμφί-ας au suf-fixe rare -αρος issu de la grammaticalisation de la formation hypocoristique susdite doit sans doute ecirctre eacutecarteacutee parce qursquoelle est plutocirct attendue dans le cas drsquoun sobriquet tel Βάτταρος fait sur Βάττοςthinsp90

En zone non ionienne-attique crsquoest en revanche ἱαρός qursquoil faut recon-naicirctre au second eacuteleacutement du nom nouveau de lrsquoArgien Γνοhίαρος que fait connaicirctre Ch Kritzas dans le mecircme volumethinsp91 composeacute agrave rection ver-

83 Sur le caractegravere cependant dialectalement stratifieacute du myceacutenien voir deacutejagrave supra n 7084 LGPN II Polemon 4 (1949) p 33 ndeg 32 et V Bardani-G Papadopoulou-V Petrakos

Συμπλήρωμα τῶν ἐπιτυμβίων μνημείων τῆς Ἀττικῆς Athegravenes 2006 ndeg 152985 Pour Ἀγχίαρος cf Y Kalliontzis BCH 131 (2007) [2009] p 495-496thinsp pour Καλλίαρος

vs Καλλίερος respectivement SGDI 1987 l 16 175 av J-C et 1867 l 10 177 av J-C86 Hypothegravese de J Traill Persons of Ancient Athens 2 p 100 ndeg 12513587 Deux Atheacuteniens LGPN II88 A Meadows-U Wartemberg (eacuted) Coin Hoards 9 Londres 2002 p 102 ndeg 189 Κλειναρώ IG XII (5) 186 18thinsp νεικα[ρ]ώ IG VII 2681 et cf infra n 14390 Cf O Masson respectivement Philologus 110 (1966) p 256 et n 5 (= OGS I p 91) agrave

propos des noms Λεύκαρος et Λευκάριστος et Glotta 54 (1976) 94 et n 55 (= OGS I p 279)91 Crsquoest lrsquoanalyse de Ch Kritzas pour le nom de lrsquoArgien Γνοhίαρος qursquoil eacutetaie du rappro-

chement avec le nom Ἱερόγνωτος drsquoun Deacutelien IG IX (2) 135 23 IVe s

304 sophie minon

bale comme le nom Δεξίαρος attesteacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique pour deux Beacuteotiensthinsp92

Remarquons pour conclure cette partie que les deacuteveloppements eacutetymo-logiques ici exposeacutes conduisent agrave admettre que le i final de ἀμφι- nrsquoa pas plus eacuteteacute eacutelideacute dans le heacuteronyme Ἀμφιάρηος que dans le nom de lrsquoAtheacutenien Ἀμφίαρος et qursquoil ne lrsquoaurait eacuteteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne dans a-pi-ja-re agrave supposer que cette forme syllabique ait bien Ἀμφιάρης comme correspon-dant alphabeacutetique et cela en contradiction avec la regravegle veacuterifieacutee du moins pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique selon laquelle cette eacutelision eacutetait reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale Ἀμφιάρης serait le seul nom en Ἀμφι- ougrave une telle exception srsquoobserverait du myceacutenien au grec alphabeacutetiquethinsp93 Le teacutemoignage du myceacutenien laisse en effet supposer pour les preacutefixeacutes en ἀμφι-thinsp la conservation de lrsquohiatus devant h (a-pi-e-ke pour ἀμφι- + hέχει ou hῆκε)thinsp la dieacuteregravese devant ancienne laryngalethinsp94 sauf en morphologie ver-bale ougrave lrsquoeacutelision est pratiqueacutee (a-pe-e-ke pour ἀμφ- ou ἀπ- + augment ἔ + hεχε ou hηκε) Notons toutefois que lrsquoeacutelision pourrait avoir coexisteacute comme variante degraves le myceacutenien si lrsquoon postulait lrsquoeacutequivalence entre a-pa-re-[uthinsp] et dor ἈμφᾱρηςἈμφᾱρεύςthinsp mais la seacutequence syllabique est seulement inter-preacuteteacutee comme correspondant agrave Ἀφᾰρεύς voire agrave Ἁρπαλεύςthinsp95

Il nrsquoest pas sucircr en revanche que Ἀμφαρίδας et Ἀμφιαρίδας preacutesenteacutes comme exemple de doublet dans lrsquointroductionthinsp96 teacutemoignent de la mecircme variation agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp le second nom pourrait fort bien deacuteriver du nom Ἀμφ-ίαρος et ecirctre par conseacutequent sans relation avec le premier sur lequel nous reviendrons agrave lrsquooccasion de lrsquoeacutetude du nom Ἀμφάρης

92 LGPN IIIBthinsp Coroneacutee 182 av J-C Syll3 585 l 210 et Orchomegravene IIIeIIe s A Wilhelm Neue Beitr 4 p 10 ndeg 1 l 12-13 pegravere notamment drsquoun Ἱαροκλῆς

93 Les deux seuls autres exemples syllabiques possibles drsquoanthroponymes en Ἀμφι- avec dieacute-regravese devant un second eacuteleacutement agrave laryngale initiale eacutetymologique ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() et a-pi-je-ta ne preacutesentent pas de correspondant en grec alphabeacutetique Pour ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() KN B 812a qursquoon pose une eacutequivalence avec Ἀμφιάγορος Ἀμφίαγρος ou Ἀμφίακρος on srsquoattendrait agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique agrave ce que le premier eacuteleacutement agrave -i final soit eacutelideacute comme crsquoest toujours le cas devant le second eacuteleacutement en -αγορ--ηγορ-thinsp et si Πολίαγρος (LGPN I et II) conserve son i devant -αγρος crsquoest pour eacuteviter toute confusion avec le radical de πολύς Or Ἀμφάγορος Ἄμφαγρος et Ἄμφακρος ne sont pas davantage attesteacutes On aurait un autre exemple de dieacuteregravese si a-pi-je-ta PY An 6577 avait pour correspondant Ἀμφι-έρτας agrave comparer avec Λαέρτης Ὀρσέλαος avec le radical de ὄρνυμι voir A Leukart op cit sect 66 et F Bader Minos 10 (1969) p 50 Mais une autre interpreacutetation est possible qui expliquerait lrsquoabsence drsquoeacutelision de a-pi- en conformiteacute avec la regravegle mise en eacutevidence pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp Ἀμφιέτας en lien avec ἵημι (de yeH1) de preacutefeacuterence agrave Ἀμφιέρτας en lien cette fois avec ὄρομαι (de wer-) qui laisserait plutocirct attendre myc a-pi-we-ta

94 Outre a-pi-ja-re cf n 44 voir ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() note preacuteceacutedente95 F Aura Jorro DicMic sv96 Lrsquohypothegravese drsquoune variation drsquoordre phoneacutetique propre au beacuteotien dont teacutemoignerait la

graphie Ἀμφαρίδας vs Ἀμφιαρίδας doit ecirctre eacutecarteacutee cf n 37

305ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Il reste alors pour justifier ce qui ne constitue en deacutefinitive une exception que pour cette eacutepoque agrave invoquer une contrainte drsquoordre prosodique telle que la preacutefeacuterence pour la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφιαρ- qui peut srsquoecirctre conjugueacutee agrave la reacutepugnance agrave constituer une seacutequence gra-phique Ἀμφαρ- qui eacutetait eacutetymologiquement ambigueuml en dehors de lrsquoionien et de lrsquoattique puisqursquoelle pouvait paraicirctre proceacuteder aussi bien de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω au second eacuteleacute-mentthinsp97 que de Ἀμφ- eacutelideacute + -αρ- du radical de Ἄρης ἄρος ou ἀραρίσκω Crsquoest preacuteciseacutement en ces termes que se pose la question de lrsquoeacutetymologie du nom de lrsquoeacutephore spartiate meurtrier drsquoAgis Ἀμφάρης

IIenspἈμφάρης et la polyseacutemie du radical ἀρ-

Ἀμφ-άρηςἈμφ-ήρηςLe nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφάρης que mentionne Plutarque a eacuteteacute

porteacute par un Atheacutenien (agrave la formule onomastique partiellement doriseacutee) et par un Phocidien qui veacutecurent tous deux au IVe siegraveclethinsp98 Dans lrsquohypothegravese ougrave le a meacutedian aurait eacuteteacute allongeacute en composition et le premier eacuteleacutement Ἀμφι- eacutelideacute comme on lrsquoattend conformeacutement agrave la regravegle phoneacutetique deacutejagrave invoqueacutee Ἀμφᾱρης pourrait alors eacuteventuellement ecirctre rapprocheacute de Ἀμφήρης dont Platon fait lrsquoun des souverains de lrsquoAtlantide fils de Poseacuteidon et de Kleitocirc agrave moins que le second membre de ce nom nrsquoait comporteacute un e eacutetymologique et ne soit plutocirct en lien avec ἐρέττωthinsp99 Lrsquoexistence parallegravele des suffixeacutes en -ίδᾱης Ἀμφηρε-ίδης et Ἀμφαρε-ίδας pourrait conforter le premier rappro-chementthinsp100 Bechtel part de ce principe puisqursquoil classe Ἀμφ-άρης agrave cocircteacute de Ξειν-ήρης et les rattache tous deux agrave ἄρος que fait connaicirctre la glose drsquoHeacutesy-

97 Voir P Chantraine DEacuteLG sv φέρω98 Voir Plut Agis 18 agrave 21 ougrave lrsquoacc est transmis sous la forme Ἀμφάρην par confusion

banale agrave cette eacutepoque entre sigmatiques et masculins en -athinsps (gt -ης)thinsp pour lrsquoAtheacutenien du IVe s cf infra n 153 et pour le Phocidien contemporain CID 2 ndeg 31 l 7 (geacuten Ἀμφάρεος)

99 Platon Criti 114b et cf infra n 113100 Ἀμφηρείδης (Atheacutenien FD III (2) 23 l 19 1387 a C) et Ἀμφαρείδας (Kleitor IIIe s

LGPN IIIA) La forme -ίδης du suffixe du nom ancien Ἀμφηρίδης agrave Thasos et agrave Paros (LGPN I) laisse supposer qursquoil deacuterive plutocirct de Ἄμφηρις que de Ἀμφήρης comme le nom du Spartiate Κλεαρίδας (Thuc IV 132 3) deacuteriverait de son cocircteacute de Κλέαρις (Thasos IG XII (8) 280 l 13 VIeVe s) dont on notera cependant que le a meacutedian est ici de quantiteacute bregraveve Dans le cas des thegravemes sigmatiques on srsquoattend agrave ce que le suffixe -ίδης srsquoajoute au suffixe sigmatique drsquoougrave -ε(σ)-ίδης gt -είδηςthinsp et lrsquoexistence de nombreux composeacutes agrave second eacuteleacutement -μενίδης nrsquoest pas contradictoire puisqursquoils semblent avoir eacuteteacute bacirctis sur μένω plutocirct que deacuteriveacutes drsquoun second eacuteleacute-ment -μένης Dans le cas particulier des noms en κλῆς lrsquoargien par exemple preacutesente cependant -ηίδας dans le phratronyme Ὀϕελλοκληίδας ensuite moderniseacute en Ὀφεltλgtλοκλείδας cf IG IV 553 l 6 Ve s (-κλε ίδας) lrsquoineacutedit E 67 dateacute 330-300 (-κληίδας) et la proxeacutenie argienne drsquoun Thrace SEG 30 357 l 11 ca 300 (-κλείδας) Pour les modaliteacutes morphologiques et phoneacutetiques de la deacuterivation en -ίδας cf mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011

306 sophie minon

chius deacutejagrave citeacutee avec le sens positif de laquo providence raquothinsp101thinsp ils appartiendraient alors agrave la cateacutegorie des bahuvrīhi ou eacutepithegravetes de type possessifthinsp102 Drsquoun autre cocircteacute si le a meacutedian de Ἀμφάρης eacutetait effectivement long agrave la diffeacuterence de celui du heacuteronyme Ἀμφιάρηος le second eacuteleacutement -ᾱήρης pourrait tout aussi bien ecirctre analyseacute comme deacuteriveacute de la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo adapteacute agrave raquo ou laquo pourvu de raquo drsquoautant que le composeacute ἀμφήρης laquo ajusteacute des deux cocircteacutes raquo est attesteacute dans le lexique poeacutetiquethinsp103thinsp on aurait alors un composeacute agrave rection verbale dont la composition aurait eu lieu dans lrsquoadjec-tif avant son transfert dans lrsquoonomastique Les deux hypothegraveses pourraient du reste ne pas ecirctre incompatiblesthinsp lrsquoeacutetymologie du substantif ἄρος nrsquoest pas assureacutee mais le premier sens de la glose drsquoHeacutesychius (ἄρος ὄφελος) srsquoaccorderait assez bien avec la notion positive de conformiteacute et drsquoajuste-ment veacutehiculeacutee par la racine H2er- que lrsquoon trouve agrave lrsquoorigine notamment de ἀραρίσκω de ἀρείων et de ἄριστοςthinsp104

Ἀν(α)-φαρ- Ἀμ(φι)-φαρ-thinspIl ne serait en theacuteorie pas impossible drsquoavancer agrave ce stade une autre

hypothegravesethinsp celle que Ἀμφάρης ait pu proceacuteder en dehors du domaine ionien-attique soit de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope soit de Ἀμ(φι)-φαρ- avec haplologie devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω comme pourrait en teacutemoi-gner lrsquoadjectif correspondant que fait connaicirctre une glose drsquoHeacutesychius proba-blement issue de la contamination de trois autresthinsp ἀμφαρής περιορωμένη κατολιγωρουμένη καὶ γυμνός ἐπιφανήςthinsp105 Les adjectifs agrave second eacuteleacute-ment -φερής bien attesteacutes se rencontrent degraves Heacuterodote et Heacutesychius fait aussi connaicirctre ἀντιφαρές gloseacute ἐναντίον en face de ἀντιφερής que sup-pose lrsquohom ἀντιφερίζωthinsp106 Ni ἀν(α)φερής ni les formes sans haplologie ἀμφιφαρής et ἀμφιφερής ne sont cependant attesteacutes Nous aurons lrsquoocca-sion de veacuterifier la validiteacute de cette hypothegravese agrave propos du nom Ἀμφαρίον agrave la fin de la troisiegraveme partie

101 Bechtel HPN 193102 Voir eg E Risch Wortbildung p 166-170103 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης renvoie agrave Eur HF 243 (qualificatif de ξύλα) et agrave Ion

1128 (ἀμφήρεις σκηνάς)104 Cf infra n 111105 La glose est consideacutereacutee agrave plus drsquoun titre comme suspecte par Lattethinsp par exemple crsquoest

agrave lrsquoeacutevidence ἀφαρήςἄφαρος qui est agrave lrsquoorigine du sens γυμνός comme lrsquoavait deacutejagrave signaleacute Schmidt et Kuster avant lui Pour lrsquoeacutequivalence entre ἀν(α)φαρής et ἐπιφανής qui serait pos-sible agrave condition de donner aux deux adjectifs le sens de laquo manifeste eacuteclatant raquo voir Pind Neacutem 11 38 ougrave ἀναφέρω (ἀμφέροντ(ι)) est employeacute au sens de laquo produire au jour faire remon-ter agrave la lumiegravere raquo agrave propos de vertus resurgissant drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre Lrsquoideacutee drsquoindiffeacuterence et de meacutepris dont teacutemoigne lrsquoeacutequivalence avec περιορωμένη κατολιγορουμένη pourrait se com-prendre mieux quant agrave elle agrave partir de ἀμ(φι)φαρής au sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo drsquoougrave neacutegativement laquo indeacutecis sans opinion raquo

106 Cf infra n 158

307ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Le nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφ-άρηςCependant dans le cas du nom de lrsquoeacutephore spartiate le rapprochement

avec le nom Δαμάρης assez populaire agrave Sparte agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacute-nistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp107 et avec les noms anciens des Spartiates Μενάρης (μένει ὀξὺν Ἄρηα Il 12 836) et peut-ecirctre Κλεαρίδαςthinsp108 incite agrave mettre ici -άρης en relation soit avec ἀρή laquo ruine destruction raquo soit direc-tement avec le nom drsquoAregraves comme on tendait en revanche agrave lrsquoeacutecarter pour le heacuteronyme Ἀμφιάρηος Lrsquoexistence du nom Δημάρης porteacute par un Deacutelien et lrsquoabsence de Δημήρης de Μενήρης et de Κλέηρις dissuadent de plus de retenir lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement agrave voyelle longue initiale -ᾱήρης Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le contraste entre la poigneacutee drsquoanthroponymes composeacutes en -ήρης attesteacutes dans lrsquoensemble du monde grec dont lrsquoidentifi-cation avec le radical de ἀραρίσκω nrsquoest du reste probable que pour le seul Φρασιήρης et la vingtaine de composeacutes en -άρης dont plus de la moitieacute est attesteacutee en zone ionienne-attiquethinsp109 fait douter que ce dernier eacuteleacutement ait comporteacute une voyelle longue initiale ailleurs que dans la phraseacuteologie poeacute-tique et dans le calque Μενάρης

Du radical ἀρ- aux bases ἀρι- ἀρο- et ἀρήIl a donc principalement existeacute des composeacutes anthroponymiques agrave second

eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης ndash et de mecircme en -αρις -αρος et -αρώthinsp110 dans lesquels srsquoobserve la mecircme absence drsquoallongement de la voyelle de jonction que dans Ἀμφιάρηος en deacutepit mecircme de lrsquoeacutelision et cela en contradiction avec la loi drsquoallongement urgriechisch mise en eacutevidence par Wackernagel dont lrsquoapplication nrsquoest certes reacuteguliegravere que dans les composeacutes nominaux anciens de lrsquoeacutepoque alphabeacutetique comme cela a eacuteteacute exposeacute en preacuteambule Comme pour ἀμφαρίστερος il est probable que la conservation du a bref eacutetait destineacutee agrave laisser visible le lien eacutetymologique avec la famille de ἀραρίσκω ἀρείων ἀρι- ἄρος et celle de ἀρή Ἄρης vraisemblablement lrsquoune et lrsquoautre issues sinon de la mecircme base du moins de la mecircme racine H2er-thinsp111 en eacutevitant la confusion possible avec les autres -ήρηςthinsp112 comme

107 Le nom Δαμάρης a eacuteteacute porteacute par quatorze Spartiates par un Arcadien (LGPN IIIA) par un Deacutelien et deux Creacutetois (LGPN I) et un citoyen drsquoAmisos (LGPN VA)

108 Bechtel HPN 69 cf Heacuterodote VIII 131 VIe s et n 99 pour Κλεαρίδας et Κλέαρις109 Pour lrsquoorigine poeacutetique du composeacute Φρασι-ήρης cf supra n 6 Drsquoapregraves le site du

LGPN en ligne les autres composeacutes en -ήρης sontthinsp Εὐήρης Ξεινήρης Περιήρης et Πολυήρης tous attesteacutes agrave un seul exemplaire sauf le premier (5 individus) Pour -άρης voirthinsp Ἀμφ(ι)άρης Ἀνδράρης (zone ion-att) Δαημάρης (id) Δειξάρης Διάρης (id) Δρομάρης (id) Εὐάρης (id) Θεάρης Κλεάρης Λυκάρης (id) Μαχάρης (id) Μενάρης (id) Ξεν(Ϝ)άρης (id) Ξιφάρης (id) Πανάρης Παντάρης Ποδάρης Τιμάρης

110 Cf Κλέαρις n 100 et Εὔαρος et Κλειναρώ n 89111 Voir H Rix LIV2 sv H2er- (ἀραρώς) H2erH (Ἄρης) et H2erH3 (ἀρόω) et cf supra

n 56 pour lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour le nom drsquoAregraves par T Barnes112 Il nrsquoest pas sucircr que lrsquoadj hom ἐρίηρες laquo fidegraveles raquo (de wēr- cf hom ἦρα et Chantraine

DEacuteLG sv) ait geacuteneacutereacute des anthroponymes en dehors de lrsquoeacutepopeacutee ougrave le second membre de Διώρης

308 sophie minon

dans poeacutet ἀμφήρης laquo avec des rames de part et drsquoautre raquo (cf ἐρέττω)thinsp113 ou -ηρις (de ἔρις) comme dans poeacutet δύσηρις et lrsquoanthroponyme correspon-dant dont pourraient ecirctre rapprocheacutes le nom du Thasien Ἀμφηρίδης deacuteriveacute de Ἄμφηρις ainsi que lrsquoadjectif ἀμφήριστοςthinsp114

IIIenspἈμφαρίον Δαμαρίων et Θεαρίων

Lrsquoemploi anthroponymique du suffixe -ίωνLes analyses meneacutees jusqursquoici permettent-elles de deacutemecircler lrsquoorigine du

nom nouveau Ἀμφαρίονthinsp En lrsquoabsence de correspondant myceacutenien il res-sort des eacuteleacutements qui ont eacuteteacute deacutegageacutes pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique que si le premier eacuteleacutement eacutetait Ἀμφι- lrsquoeacutelision de sa voyelle finale eacutetait attendue devant -αρ- ndash ne serait-ce que pour eacuteviter lrsquohiatus iV dans deux syllabes successives sans que lrsquoallongement de la voyelle initiale du second eacuteleacute-ment ait neacutecessairement accompagneacute cette eacutelisionthinsp mais qursquoen pays dorien il serait theacuteoriquement possible que Ἀμφαρ- ait valu ion-att ἀναφερ- et soit un composeacute deacuteverbatif comme cela vient drsquoecirctre exposeacute pour le nom Ἀμφάρης La suffixation de notre anthroponyme est-elle alors compatible avec lrsquoune et lrsquoautre formationthinsp

-ίωνForce nous est de constater que la finale -ίων moins reacutepandue dans

lrsquoanthroponymie que le suffixe -ων lrsquoest encore moins parmi les composeacutesthinsp sur les 1060 noms diffeacuterents preacutesentant cette finale dans les six volumes du Lexicon of Greek Personal Names soit 3 de la totaliteacute des noms connus 7 seulement preacutesentent la forme pleine de composeacutes ndash ce sont geacuteneacuteralement des noms rares dont ne sont connus que 2 3 exemplaires mais qui tendent agrave se deacutevelopper au-delagrave de lrsquoeacutepoque classique contre une majoriteacute drsquohypo-coristiques et de sobriquetsthinsp115 Le deacutepouillement de lrsquoindex inverse du LGPN

et Περιήρης aurait cette origine cf Bechtel HPN 194 tandis que Risch Wortbildung p 79 le rapproche de la racine de ἀραρίσκω Lrsquoanalyse du nom de lrsquoArcadien Πολυ-ήρης (monnaie ineacute-dite du IIe s av J-C ZfN 9 [1882] p 266 ndeg 2) est de mecircme ambigueuml

113 La motivation du nom Εὐήρης de trois Thasiens aurait-elle eacuteteacute celle-lagravethinsp la deacutesignation de laquo bons rameurs raquothinsp Pour lrsquoadj poeacutetique ἀμφήρης cf eg Eur Cycl 15

114 Voir DGEsp sv δύσερις poeacutet δύσηρις et ἀμφήριστος et LGPN IIIB deux Thessaliens du nom de Δύσηρις au VIe et IVe s av J-Cthinsp pour Ἀμφηρίδης supra n 100

115 Sondage effectueacute agrave lrsquoaide de la base de donneacutees en ligne du site du LGPN Citons comme composeacutes suffixeacutes en -ίωνthinsp le rare et tardif Ἐπαγαθίων agrave cocircteacute de Παρμενίων qui bat au contraire tous les records dans cette cateacutegorie (197 individus) et dont lrsquoamplitude chronologique des attestations srsquoexplique agrave la fois par le renom du philosophe Parmeacutenide et par celui du lieute-nant Parmeacutenion drsquoAlexandrethinsp la lexicalisation de lrsquoadjectif composeacute ἐμπόριος fait plutocirct inter-preacuteter lrsquoancien Ἐμπορίων (eg LGPN II) comme un sobriquet Comme hypocoristiques on citera par exemple Πασίων (122 individus) forme abreacutegeacutee drsquoun composeacute du type Πασικράτης (60) et Ἐπαφρ-ίων (19) pour Ἐπαφρόδιτος (515)thinsp et comme sobriquets Διδυμίων ou Ἐλευθερίων qui sont lrsquoun et lrsquoautre drsquoeacutepoque impeacuteriale (LGPN passim)

309ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

IIIA (Peacuteloponnegravese Gregravece de lrsquoOuest Sicile et Grande-Gregravece) laisse identifier 40 composeacutes sur les 350 noms diffeacuterents agrave finale -ίων soit un rapport drsquoun peu plus de 11 thinsp un seul est attesteacute en Argolide occidentale preacuteciseacutement agrave Argos mais seulement agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp Ἁρποκρατίωνthinsp116

Le suffixe -ίων qui servait dans le lexique de suffixe de comparatif srsquoest drsquoabord introduit dans les sobriquets adjectivaux du type Αἰσχρίων (234 individus) Καλλίων (20) ou Κυδίων (2) avec sa valeur grammaticalethinsp notons toutefois que Γλυκίων qui est connu comme comparatif homeacuterique nrsquoest attesteacute qursquoagrave deux exemplaires contre plusieurs centaines drsquoexemples de Γλύκων dans lrsquoensemble du monde grecthinsp117 Dans les autres cas la suffixation est produite par lrsquoadjonction du suffixe banal -ων agrave un i- final extrait lui-mecircme drsquoun thegraveme en -ιο-thinsp118 ou plus souvent drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute verbal ou adjectival du type Ἀλεξικράτης (43 individus) drsquoougrave Ἀλεξίων (103) Il arrive plus rarement que le suffixe -ίων ainsi creacuteeacute apparaisse agrave la finale drsquoun composeacute comme le tregraves populaire Παρ-μεν-ίων composeacute pour lequel sont attesteacutees 26 autres formes de suffixations dont -ων tregraves repreacutesenteacute eacutegalement (136 individus)thinsp selon Bechtel crsquoest Πάρμενις qui a seacutecreacuteteacute Παρμενίδας Παρμενίτας Παρμενίων Παρμένισκος etcthinsp119 Il nrsquoy a pas drsquoexemple drsquohypocoristique qui conserve les seuls phonegravemes initiaux du second eacuteleacutement affecteacute de ce suffixe puisque Δαμοτί-ων forme courte de Δαμότιμος et son correspondant ionien-attique nrsquoont pas drsquoeacutequivalent en -των et sont par conseacutequent suffixeacutes en -ων et non en -ίων et qursquoil en va de mecircme pour tous les composeacutes agrave second eacuteleacutement -τίων

-ωνCependant le suffixe -ων nrsquoeacutetait guegravere plus couramment adjoint agrave un

nom composeacute Crsquoest surtout une suffixation de sobriquetsthinsp120 bien plus que drsquohypocoristiquesthinsp on ne citera que Δαμών-ων Ἀλκί-ν-ων et νικ-άρ-ων parmi ceux qui preacutesentent lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de composeacute preacuteser-veacuteethinsp pour les autres du type Ἀλέξων ou Τίμων lrsquoidentification comme hypocoristique ou comme sobriquet deacutepend de la perspective adopteacuteethinsp lrsquoexistence de composeacutes de type heacuteroiumlque avec parallegraveles dans drsquoautres lan-gues indo-europeacuteennes comportant ces premiers eacuteleacutements fera analyser ces

116 Ἁρποκρατίων IIe s apr J-C RE (2)117 Voir J-L Perpillou laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 (1974)

p 99-107118 Voir P Chantraine Formation p 165 pour un exemple lexical comme οὐρανίων fait

sur οὐράνιος drsquoougrave les anthroponymes οὐρανίων et Κρονίων et les nombreux anthroponymes de forme patronymique tels Ἑλλοπίων Ἀχαιίων Ἀρκαδίων Κωνωπίων etc recenseacutes par Bechtel HPN 548

119 Bechtel HPN 307120 P Chantraine Formation p 161 voir aussi O Masson laquo Notes drsquoanthroponymie grecque

et asianique raquo Beitrz Nam 10 (1959) p 162 (OGS I p 22) sur le rapport qui existe entre ce type de sobriquet et les adjectifs en -ύς cf Δάσων vs δασύς

310 sophie minon

anthroponymes comme des hypocoristiques ndash crsquoest lrsquoanalyse historique pra-tiqueacutee par Bechtel tandis qursquoen synchronie la flexion seulement (geacuten en -ωνος) les distingue de participes employeacutes comme sobriquetsthinsp121 Un son-dage opeacutereacute agrave partir du mecircme volume du LGPN fait apparaicirctre sur 1045 noms en -ων autour de 165 composeacutes clairement identifiables ndash comprenant les 40 composeacutes agrave finale -ίων soit un rapport de presque 16 agrave cocircteacute des 11 pour -ίων Parmi les 125 composeacutes distincts de ceux en -ίων 12 au plus sont attesteacutes agrave Argosthinsp122

-αρίωνOn exclura en tout cas que le suffixe soit ici lrsquoeacutequivalent masculin -αρίων

du neutre -άριον qui est employeacute pour former des sobriquets feacuteminins Comme lrsquoa expliqueacute O Masson les noms de femmes faits au moyen de ce suffixe de diminutif (cf παιδάριον ψυχάριον) commencent agrave apparaicirctre au IIIe siegravecle mais les noms drsquohomme correspondants sont propres agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et freacutequents en Eacutegypte et il rappelait que Bechtel avait montreacute que ces derniers avaient eacuteteacute refaits secondairement sur les diminutifsthinsp ainsi Γλυκαρίων et Ψυχαρίων agrave partir de γλυκάριον et ψυχάριον toutes forma-tions deacuteriveacutees de noms ou drsquoadjectifsthinsp123 Le suffixe -αρίων a pu ecirctre ensuite employeacute librement dans lrsquoanthroponymie sans qursquoil existe neacutecessairement de diminutif associeacute comme on lrsquoobserve pour le nom Τυχαρίων porteacute par deux Atheacuteniens de lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp124

Δαμαρίων et ΔαμάρηςCh Kritzas propose comme parallegraveles agrave lrsquoappui de son analyse Ἀμφ-

αρ-ίον du nouveau nom argien les noms Δαμαρίων et Θεαρίωνthinsp125 Le pre-mier nrsquoest pas attesteacute avant le IIIe siegravecle et a eacuteteacute donneacute surtout agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et en zone ionienne-attiquethinsp les volumes du LGPN reacutepertorient 25 individus ainsi deacutenommeacutesthinsp126

121 Voir sur cette question de typologie I Hartmann laquo lsquoWhat namethinsp What parentagersquo The classification of Greek names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann-A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 (2002) p 55-81

122 Voir LGPN IIIAthinsp Ἰπομέδο ν (SEG 11 336 l 5 ca 575-550)thinsp Ἀλκίφρων (Thuc V 59 5 418 av J-C)thinsp Ὀχίπον (IG IV 552 Ve s)thinsp Εὐέλθων (Iamb VP 267 [FVS I p 447] VeIVe s)thinsp Ξενοφάων (CID 2 75 II l 43 336334)thinsp Ἀριστόφρων (SEG 13 243 316 av J-C)thinsp Βουκολέων (CEG II 816 l 12 303 av J-C)thinsp Ἀριστομέδων (ineacuted publ Ch Kritzas IVeIIIe s)thinsp Λυκόφρων (SEG 42 279 l 6 IIe s)thinsp Δαμοφῶν (ineacuted IIe s)thinsp Εὔφρων (Syringes 44 IIeIer s) et Παρμένων (origine argienne incertaine Bernand El-Kanaiumls 79 Ier s)

123 Voir O Masson laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 (1984) p 157 (OGS II p 443)

124 LGPN II IG II2 2089 l 33 et 2113 l 204 IIe s apr J-C125 Lettre du 20 novembre 2010126 La plus ancienne attestation de ce nom est celle drsquoun Creacutetois et date de 2232 (Milet I

(3) 38g 7)thinsp un Parien homonyme est connu agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale (IG XII (5) 173 V) En dehors de lrsquoexemple drsquoun individu dont lrsquoorigine atheacutenienne est incertaine agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale les

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

293ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

double raquo et drsquoἀμφεκτέον laquo agrave entourer raquo (de segh-) chez Heacutesychius qui srsquoex-pliquent quant agrave elles par deacuterivation inverse agrave partir du verbe normalement eacutelideacute ἀμπέχω tardivement refait en ἀμφέχωthinsp24

Lrsquoeacutelision devant le second eacuteleacutement agrave s- initial eacutetymologique dans le composeacute hypostatique ἀμφήλιος laquo oriental raquo seulement attesteacute dans lrsquoApo-calypse apocryphe de Paulthinsp25 a pu ecirctre entraicircneacutee par la quantiteacute longue de la voyelle initiale du second eacuteleacutement comme par la reacutepugnance agrave faire se suc-ceacuteder deux syllabes agrave i en hiatus et deacutenote vraisemblablement une composi-tion tardivethinsp26thinsp les mecircmes motivations peuvent avoir preacutesideacute agrave la creacuteation de rhod ἀμφούριον et ἀμφουριασμόςthinsp27 et de la variante ἀμφορκία (Hsch) agrave cocircteacute de ἀμφιορκία (Poll)

Le seul exemple agrave ma connaissance drsquoabsence drsquoeacutelision devant radical agrave voyelle initiale proceacutedant drsquoune ancienne laryngale est repreacutesenteacute dans le lexique par la variante ἀμφί-ηκες (Hsch) qui doit srsquoexpliquer en face drsquohom et ion-att ἀμφήκης de dor ἀμφᾱκες laquo agrave double pointe raquothinsp28 par une reacutefection secondaire

Dans la liste drsquoanthroponymes composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- dres-seacutee par Bechtel (HPN 41) lrsquoeacutelision paraicirct de mecircme reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale dans les diffeacuterentes reacutegions du monde grec comme le montrent les noms de lrsquoArcadien Ἀμφαίνετος du Beacuteotien Ἀμφάλκες du Thasien Ἄμφανδρος en face de Ἀμφήνωρ agrave Athegravenesthinsp29 du Theacutebain Ἀμφεριτοςthinsp30 comme peut-ecirctre aussi ceux du Phocidien Ἀμφάρετος et du Spartiate Ἀμφάρης tandis que la conservation du i est la seule trace de la preacutesence de lrsquoancien w initial dans le nom de lrsquoAtheacutenien du Ve s Ἀμφίαναξ en face du nom hapax Ἀμφ-ήδης de son compatriote du IIIe sthinsp31 dont la longue initiale du second eacuteleacutement ainsi que lrsquoeacutelision pratiqueacutee devant

24 Autres exceptions similairesthinsp lrsquoadv ἀμφαλλάξ laquo alternativement raquo deacuteriveacute inverse de ἀμφαλλάττω ἀμφέλιξ laquo qui tourne dans les deux sens raquo fait sur ἀμφελίσσω

25 Apoc Paul 2726 Sur lrsquousure de lrsquoaspiration initiale dans le parler des locuteurs de lrsquoeacutepoque impeacuteriale voir

F Gignac A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods I Phonology Milan 1976 p 133-138 Lrsquoattique agrave lrsquoorthographe conservatrice montre peu drsquoexemples de psilose mecircme srsquoil est vraisemblable que lrsquoaspiration initiale a commenceacute agrave se perdre dans ce dialecte peut-ecirctre degraves lrsquoeacutepoque helleacutenistique cf L Threatte GAI I Phonology p 504-506

27 SEG 3 1927 674 respectivement l 40 et 46 IIe s av J-C et cf DEacuteLG sv ὅρος Il srsquoagit probablement dans les deux cas de laquo paiement aux voisins raquo

28 DGEsp sv ἀμφήκης29 IG II2 10799 fin Ve s30 Ἀμφε ριτος LGPN IIIB A Wilhelm Urkunden 240 Nachtrag zu S 90 I l 5 Ve s agrave

comparer agrave Ἀμφήριστος attesteacute agrave Thespies au IIe s SEG 39 456 III l 54 agrave rapprocher le pre-mier de ἐρίω le second de ἐρίζω Le ethinsp assureacute en pays beacuteotien fait exclure le rapprochement avec ἀριτός drsquoougrave νήριτος laquo innombrable raquo (Heacutes etc) et le nom de lrsquoArcadien Κλεάριτος IG II2 3080 l 5 279 av J-C et cf HPN 195

31 IG I3 1190 l 25 ca 411 av J-C pour le plus anciennement connu Pour Ἀμφήδης cf CIA III App 9 l 19 et LGPN II sv

294 sophie minon

le groupe initial sw de la racine swād- de ἡδύς trahissent le caractegravere secondairethinsp32 Les structures rythmiques spondaiumlques et dactyliques privileacute-gieacutees dans lrsquoensemble des composeacutes non-verbaux en ἀμφι- le sont aussi pour les composeacutes anthroponymiques agrave premier eacuteleacutement verbal ou adjectival en -i comme lrsquoillustre lrsquoeacutelision de Δεξι- dans Δεξαγόρας Δέξανδρος Δεξαρέτα Δεξαρίων Δέξαρχος etc en face des hypocoristiques de structure plus souple tels Δεξί-ας et Δεξί-ωνΔέξωνthinsp33

A Argos les deux seuls noms propres assureacutement en Ἀμφ(ι)- suivi de voyelle que fasse aujourdrsquohui connaicirctre lrsquoeacutepigraphie sont le phratronyme Ἀμφιαρητείδας que jrsquoai eacutetudieacute ailleurs et lrsquohypocoristique Ἀμφίαςthinsp34 On ne saurait manquer de leur adjoindre le nom du roi argien mythique Ἀμφιάρηος

IenspDe Ἀμφίας agrave Ἀμφιάρης et Ἀμφιάρηος

ἈμφίαςLa formation hypocoristique drsquoἈμφίας explique la preacutesence du ithinsp crsquoest

agrave lrsquointeacutegraliteacute du premier eacuteleacutement qursquoa eacuteteacute ajouteacute le suffixe -ας de mascu-lins commun au lexique et agrave lrsquoonomastique comme pour lrsquohypocoristique Καλλίας des composeacutes en Καλλι- ou pour Ἀλεξίας forme courte des composeacutes en Ἀλεξί- ou Δεξίαςthinsp35thinsp un Larisseacuteen du nom drsquoἈμφίδαμος a du reste Ἀμφί-ας comme patronymethinsp36

32 Les anthroponymes ont anciennement leur second eacuteleacutement en -άδης avec voyelle bregraveve voir Λεάδε ς agrave Styra Ve s IG XII (9) 56 l 236 ou Θυμάδης Δημάδους IVe s IG II2 2385 l 53 cf Bechtel HPN 21-22 De mecircme que lrsquoon a un Εὐρυ-άδης agrave Sparte au IIIe s IG V (1) 708 de mecircme lrsquoon aurait attendu un Ἀμφι-άδης La langue homeacuterique semble avoir forgeacute un composeacute θυμήδης Od 16 389 (crsquoest la leccedilon de la Vulgate pour laquelle Bekker avait proposeacute la correction θυμήltρgtης de mecircme sens) agrave cocircteacute de αὐάδην que fait connaicirctre pour la premiegravere fois Sapphocirc (22 5)

33 Voir Bechtel HPN 118-119 Lrsquoabsence drsquoiota dans le nom du Beacuteotien Δέξων peut srsquoexpli-quer phoneacutetiquement par lrsquoabsorption de [j] (lti) cf n 7

34 Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδας est connu par un deacutecret de proxeacutenie du IIIe s publieacute par W Vollgraff Mnemosyne 43 (1915) p 380-382 l 10 et mentionneacute par A Heubeck Die Sprache 17 (1971) p 8 Il apparaicirct encore avec lrsquoorthographe ancienne Ἀμφιαρετείδας dans la liste de morts de ca 400-390 publieacutee par Ch Kritzas in Στήλη τόμος εἰς μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 498 l 35 pl 228 Sur son eacutetymologie agrave mettre en relation avec le verbe argien ᾱϜρετευε de ἀνα-Ϝρετεύω voir mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Pour le patronyme au geacutenitif Ἀμφίᾱ voir BCH 33 (1909) p 447 ndeg 6 IIeIer s

35 Voir deacutejagrave A Charbonnet laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 (1984) p 50thinsp laquo Le nom Ἀμφίας srsquoinscrit dans la seacuterie bien connue des diminutifs en -ας de noms composeacutes raquo

36 LGPN IIIBthinsp IG IX (2) 683 fun IIIeIIe s ()

295ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Ἀμφίτας Ἀμφῑων Ἄμφῑος et feacutem ἈμφιώDe la mecircme maniegravere que Ἀμφίας les noms Ἀμφίτας Ἀμφῑων Ἄμφῑος

Ἄμφωνthinsp37 et feacutem Ἀμφιώ doivent ecirctre une seacuterie de formations suffixeacutees conformeacutement agrave lrsquointerpreacutetation qursquoen donne Bechtelthinsp38 Cependant le rapprochement qursquoil est donneacute de faire aujourdrsquohui entre lrsquoanthroponyme myceacutenien a-pi-jo et ce qui pourrait ecirctre interpreacuteteacute comme son geacutenitif a-pi-(j)o-to pourrait eacuteventuellement laisser supposer une reacutefection secondaire de Ἀμφῑων -ονος agrave partir du participe composeacute ἀμφι-ιών ιόντοςthinsp lrsquoabsence drsquoeacutelision de la voyelle finale du preacutefixe aurait eacuteteacute drsquoordre prosodiquethinsp39 De la mecircme maniegravere Ἀμφίτας aurait pu ecirctre formeacute agrave lrsquoaide drsquoun second eacuteleacute-ment -ίτας qui est attesteacute au simple sous la forme du nom drsquoagent ἴτης en attiquethinsp40 Dans un cas comme dans lrsquoautre du moins le rapport eacutetymolo-gique avec le radical du verbe laquo aller raquo ne pouvait manquer drsquoecirctre perccedilu en synchronie comme par ailleurs celui du nom feacuteminin Ἀμφιώ avec le nom drsquoἸώ La meilleure preuve du reste est fournie par un fragment dans lequel Aristophane se moque drsquoEuripide auquel il attribue une eacutetymologie du nom drsquoἈμφ-ίων qui en fait lrsquoeacutequivalent drsquoἌμφ-οδος sous preacutetexte qursquoil serait neacute laquo dans la rue raquo pour faire remarquer avec humour que crsquoest ainsi qursquoaurait ducirc srsquoappeler le Tragique lui-mecircmethinsp41thinsp

37 Il faut tregraves probablement exclure que Ἄμφων puisse srsquoexpliquer comme un beacuteotisme pho-neacutetique agrave partir drsquoun Ἀμφίων agrave i bref (avec -ίων recouvrant aussi bien en beacuteotien le participe du verbe laquo ecirctre raquo ἐών que celui drsquolaquo aller raquo ἰών) cf n 10

38 Voir Bechtel HPN 43 et Y Kalliontzis laquo Deacutecrets de proxeacutenie et catalogues militaires de Cheacuteroneacutee raquo BCH 131 (2007) [2009] p 501-502 ndeg 10 l 9 IIIe s pour Ἄμφων Ἀμφῑων est le nom de lrsquoun des trois chefs des Eacutepeacuteens dans lrsquoIliade (13 692) et celui de lrsquoancecirctre du tyran de Corinthe Peacuteriandre au VIIIeVIIe s (Hdte V 92)thinsp pour Ἄμφῑος voir Il 5 612 et LGPN II Ve s (de ἀμφί-Ϝιος avec un second eacuteleacutement en rapport avec Ϝίεμαι laquo srsquoeacutelancer raquo cf L Dubois laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo Beitrz Nam 21 [1986] p 252-256 ou forme theacutematiseacutee de Ϝῑς laquo force raquo cf A Heubeck laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 [1987] p 149-166) Pour Ἀμφιώ IG VII 2489 peut-ecirctre Ier s apr J-C Pour Ἀμφίτας exemples anciens dans la colonie meacutegarienne drsquoHeacuteracleacutee du Pont cf MH Hansen-TH Nielsen (eds) An Inventory of archaic and classical poleis 2004 p 956) puis agrave Myrina au IIeIer s cf LGPN Vathinsp une occurrence syllabique au VIe s sur une coupe de la reacutegion drsquoAmatonthe O Masson ICS2 ndeg 196b p 413 et cf OGS I p 132 et n 79

39 DMic sv Le changement de flexion inverse est illustreacute par le secondaire δράκων -οντος ancien thegraveme agrave nasale comme son feacuteminin δράκαινα Pour lrsquoithinsp de Ἀμφῑων voir Choiroboscos De orthographia (JA Cramer Anecdota Graecahellip vol 2 Oxford 1835 repr 1963) 168 l 7thinsp Ἀμφιίων hellip καὶ Ἀμφίων κατὰ κρᾶσις τοῦ ϊ εἰς ἕν ι μακρόν

40 Ar Nueacutees 445 Pl Banquet 203d et Protagoras 349e et cf 359cthinsp ἴτας γε ἐφ᾿ ἃ οἱ πολλοὶ φοβοῦνται ἰέναι A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 129c p 195 et n 159 suggegravere la mecircme analyse pour Περῑτας notamment le nom du chien drsquoAlexandrethinsp Περι-ίτας mecircme srsquoil considegravere comme plus vraisemblable drsquoy voir lrsquohypocoristique de Περιτέλης et de consideacuterer le ithinsp comme analogique des types ὁδίτης πολίτης au ithinsp lui-mecircme analogique du athinsp du suffixe parallegravele -ᾱτᾱς-ητης ndash appliquant par ailleurs la mecircme ana-lyse pour rendre compte de lrsquohom Θερσῑτης O Masson voyait de mecircme dans -ίτᾱς le suffixe de πολίτᾱς-ης agrave lrsquoorigine des formations secondaires en -ιτος et -ιτώ cf ZPE 91 (1992) p 119

41 Ar PCG III 2 Fr 342 (327) (Kassel-Austin)thinsp Ἄμφοδον ἐχρῆν αὐτῷ τίθεσθαι τοὔνομα

296 sophie minon

ἈμφιάρηοςA Argos on songera naturellement agrave voir dans Ἀμφίας un diminutif du

nom du roi argien mythique Ἀμφιάρηος pour lequel un fragment drsquoEschyle fait du reste connaicirctre un autre diminutif Ἄμφιςthinsp42 De la mecircme maniegravere agrave Eacutereacutetrie le guerrier des origines converti en heacuteros gueacuterisseur plus tard assimileacute agrave Ascleacutepios semble avoir eacuteteacute honoreacute sous le nom drsquoἈμφίας qursquoat-teste indirectement le nom de lrsquoassociation cultuelle des Ἀμφιασταί que fait connaicirctre une inscription du IIe siegravecle a Cthinsp43 Si lrsquoanthroponyme myc a-pi-ja-re-[ geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]thinsp44 avait pour eacutequivalent alphabeacutetique nom Ἀμφιάρης ou Ἀμφιαρε[ύς] le nom remonterait agrave une haute antiquiteacute sous sa forme non deacuteriveacutee qursquoattestent par ailleurs les acc en -αρῆ et dat en -αρεῖ qui se rencontrent chez Pindarethinsp45 Il est vrai que lrsquoancrage mytho-logique proprement peacuteninsulaire du heacuteros doit faire consideacuterer avec pru-dence ce rapprochement pour des formes seulement attesteacutees lrsquoune et lrsquoautre agrave Cnossos mecircme si les liens qursquoArgos entretenait avec cette citeacute agrave lrsquoeacutepoque classique pourraient srsquoecirctre noueacutes degraves le second milleacutenairethinsp46

Il est du moins des plus probables que le suffixe de lrsquoanthroponyme a originellement comporteacute un εthinsp plutocirct qursquoun athinspthinsp47 Les plus anciennes attestations eacutepigraphiques de ce nom preacutesentent en effet le vocalisme εthinspthinsp ainsi les leacutegendes vasculaires portant Ἀ(μ)φιάρεος en lettres corinthiennes au milieu drsquoanthroponymes de forme dorienne qui notent A tous leurs athinspthinsp de leur cocircteacute les plus anciens des vases attiques agrave figures rouges ont encore

42 Eschyle Fr 632 (Radt)43 P Ducrey laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de

Lausanne (1981) p 73-78 cf J et L Robert Bull Epigr 1982 ndeg 27244 F Aura Jorro DicMic sv (resp KN Xd 7568 et Xd 94) Autre hypothegravese pour la lecture

a-pi-ja-re-[wo ()] chez O Landau Mykenisch-griechische Personennamen p 25 159 171 202thinsp Ἀμφι-αλέϜων avec dieacuteregravese propre agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne cf n 93thinsp mais F Aura Jorro heacutesite agrave lire aussi cette forme a-pi-ja-re-jọ en proposant drsquoy reconnaicirctre un patronymique

45 Pindare Neacutem 9 13 et 24 En Isthm 7 33 tous les manuscrits srsquoaccordent sur lrsquoacc Ἀμφιάραο-ν alors que la leccedilon la plus reacutepandue pour ce thegraveme est Ἀμφιάρηο- en Ol 6 13 et Pyth 8 56 Le papyrus Oxy 2082 fait aussi connaicirctre sous le nom drsquoἈμφιάρης un olympionique spartiate victorieux agrave la lutte cf L Moretti Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957 ndeg 515

46 Sur les liens entre Argos et Cnossos voir notamment les inscriptions reacuteeacutediteacutees par S Minon dans laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 (2007) p 169-210thinsp en faveur drsquoune parenteacute ancienne entre les deux citeacutes voir p 171 lrsquoargument fourni par la preacutesence de lrsquoenclos drsquoArchos heacuteros archeacutegegravete de Cnossos peut-ecirctre venu drsquoArgos

47 Pour P Kretschmer Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach untersucht Guumltersloh 1894 p 32 que suit W Schulze Kl Schr 1933 p 699 le εthinsp est originel et de mecircme E Risch Wortbildung2 p 164 n 1 R Wachter Non-Attic Greek Vase Inscriptions [ci-apregraves NAGVI] Oxford 2001 p 76-77 se range agrave cette position tout en montrant combien il est diffi-cile de trancher

297ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Ἀμφιάρεος tandis que les plus reacutecents ont deacutejagrave Ἀμφιάραοςthinsp48 Au chant 15 de lrsquoOdysseacutee ougrave se rencontrent les deux seules mentions du heacuteros (il nrsquoap-paraicirct pas dans lrsquoIliade) les deux orthographes sont certes deacutefendues par les grammairiens alexandrinsthinsp le α par Aristarque et le η par Zeacutenodotethinsp49thinsp lrsquoeacutepithegravete λαόσσοον laquo entraicircneur drsquohommes raquo associeacutee agrave son nom au v 244 le repreacutesente comme un guerrier et non comme le devin et gueacuterisseur qursquoil devint apregraves sa mortthinsp50 Les mecircmes fluctuations entre les deux vocalismes srsquoobservent on lrsquoa vu chez Pindare Chez les poegravetes attiques de lrsquoeacutepoque classique la forme ancienne Ἀμφιάρεος a eacuteteacute atticiseacutee en Ἀμφιάρεως alors que dans les inscriptions non seulement attiques mais beacuteotiennes (Thegravebes) et ioniennes (Oropos est une colonie drsquoEacutereacutetriethinsp51) crsquoest Ἀμφιάραος que lrsquoon rencontrethinsp52

Dans ces conditions lrsquoeacutetymologie proposeacutee par Heubeck qui consiste agrave reconnaicirctre dans Ἀμφι-άρης et son deacuteriveacute Ἀμφιάρηος des composeacutes posses-sifs formeacutes comme lrsquoanthroponyme Ἀμφί-θεος laquo qui a (descend drsquo)un dieu des deux cocircteacutes raquo avec au second membre le nom drsquoAregraves paraicirct la plus satis-faisantethinsp53 Cependant comme crsquoest presque toujours au premier membre que figurent les theacuteonymes en compositionthinsp54 compte tenu aussi de ce qui est

48 Voir Kretschmer p 32 41 122 123 162 214 et R Wachter NAGVI Cor 66f et r deux occurrences de Ἀ(μ)φιάρεος sur le mecircme crategravere corinthien du VIe s avec renvoi (n 280) aux autres attestations reacuteunies par I Krauskopf LIMC I 1980 laquo Amphiaraos raquo (ndeg 13 et ndeg 23 avec -άρεος et les plus reacutecentes ndeg 24 et 27 avec -άραος) et avec une mise au point sur les variations du vocalisme suffixal

49 Odysseacutee 15 244 (pour les deux leccedilons) et 253 (Ἀμφιάραος) Comme le fait remarquer R Wachter loc cit n 281 la correction de Zeacutenodote ne peut srsquoexpliquer seulement par le fait qursquoil savait qursquoapregraves r i et e un η ionien correspondait agrave un ᾱ attique car il aurait en ce cas proposeacute drsquoautres corrections similaires comme Αἰνείης Ἰήονες etc

50 Voir P Sineux Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007 p 46 et 2651 Cf eg MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory of archaic and classical poleis Oxford

2004 ndeg 21452 L Threatte GAI I 1980 p 12553 A Heubeck Die Sprache 17 (1971) p 8-22 en particulier p 9-10 pour les variantes

du nom Contre lrsquohypothegravese de Kretschmer op cit p 32 qui voyait dans ἱάρηϜ-ος la theacutema-tisation de ἱαρεύςthinsp le radical agrave vocalisme a non meacuteridional de ἱερ- (ce qui exclut en principe tout rapprochement avec les formes myceacuteniennes) et lrsquointerpreacutetation de Ἀμφ-ιάρηος comme un composeacute hypostatique agrave rapprocher pour la rection drsquoion ἀρχ-ιέρεως Lrsquohypothegravese mal eacutetayeacutee de W Borgeaud laquo Amphiaraos et le nom de la Sarre raquo BzN 1 (194950) p 102-104 qui part de Ἀμφιάρᾱος et y voit un anthroponyme drsquoorigine preacute-helleacuteniqueillyrienne ambhi-sarāwos laquo qui habite sur les deux rives du Sarāuos ou de la Sarāua raquo a notamment contre elle de reposer sur un athinsp eacutetymologique

54 Voir J Oulhen laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo in RWV Catling-F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 629-630 Le myceacutenien livre cependant le teacutemoignage drsquoun nom feacuteminin a-pi-e-ra (notamment PY An 1281) qui est interpreacuteteacute comme lrsquoeacutequivalent drsquoun alphabeacute-tique Ἀμϕιήρα cf A Morpurgo-Davies RAL seacuter VIII 15 (1960) p 329 n 26 et M Iodice Aevum 85 (2012) p 6 Et lrsquoanthroponyme Μενάρης citeacute infra n 108 pourrait constituer un autre contre-exemple

298 sophie minon

connu de lrsquoascendance et de la geste du heacuteros Ἀμφιάρηοςthinsp55 on preacutefeacuterera reconnaicirctre sous le second membre plutocirct que le theacuteonyme lrsquoappellatif sans doute suffixeacute en -εthinsp ἀρή laquo malheur perte destruction raquo dont il est eacutetymo-logiquement et morphologiquement indissociable ou son eacutequivalent ἄρος auquel la glose drsquoHeacutesychius preacutesenteacutee en introduction donne entre autres le sens neacutegatif dethinsp βλάβος ἀκούσιονthinsp56 Lrsquoautre voie qui aurait consisteacute agrave y voir des hypostases avec le sens laquo de lrsquoentourage drsquoAregraves raquo avait deacutejagrave eacuteteacute eacutecarteacutee par Heubeck comme moins satisfaisante pour la raison que sur ce type de composeacute les deacuteriveacutes sont plus souvent en -ιος qursquoen -οςthinsp57 Or il est sucircr qursquoil est impossible de faire de Ἀμφιάρηος un deacuteriveacute patronymique en -ιος du doublet Ἀμφιαρεύς de Ἀμφιάρης entretenant le mecircme rapport avec eux que ἌρειοςἌρη(ι)οςthinsp58 avec Ἄρηςeacuteol Ἀρεύς en posant -ethinspw-yo-s gt hom -ήιος susceptible drsquoeacutevoluer soit en -ειος soit en -ηοςthinsp59 et -es-yo-s gt -ειος puis -εος (formes myceacuteniennes citeacutees ci-dessous)thinsp il nrsquoy a en effet aucun exemple de la forme pourtant meacutetrique Ἀμφιαρήιος que lrsquoon attendrait en ce cas dans lrsquoeacutepopeacutee agrave cocircteacute des adjectifs patronymiques Καπανήιος et

55 Voir P Sineux loc cit LrsquoOdysseacutee preacutesente le heacuteros comme eacutegalement aimeacute de Zeus et drsquoApollon ce qui en ferait plus un Ἀμφί-θεος laquo qui a un dieu de part et drsquoautre raquo qursquoun Ἀμφιάρηςthinsp crsquoest chez Pindare qursquoἈμφιάραος est repreacutesenteacute comme un guerrier redoutable πολέμοιο νέφος (Neacutem 10 9) tuant (schol Neacutem 9 30b Drachmann) pour prendre le pouvoir agrave Argos dans un contexte de stasis (Neacutem 9 ibid) Si le second eacuteleacutement -άρης repreacutesentait non le theacuteonyme mais lrsquoappellatif ἄρος ou le thegraveme en εthinsp de forme ἀρή le heacuteronyme pourrait alors ecirctre interpreacuteteacute comme laquo qui a sa perte des deux cocircteacutes raquo crsquoest-agrave-dire agrave Argos ougrave il a sa femme Eriphyle comme ennemie (ἀνδροδάμαντα Neacutem 9 16) comme agrave Thegravebes ougrave son art divinatoire lui a fait voir la mort qui lrsquoattend ce dernier motif surtout deacuteveloppeacute par les Tragiques mais deacutejagrave esquisseacute par Pindare (Ol 6 17) voir Sineux p 35

56 Pour lrsquoeacutetymologie et le sens du nom drsquoAregraves voir P Chantraine DEacuteLG sv ἀρή Ἄρης et pour ἄρος supra n 5thinsp pour lrsquoorigine commune du theacuteonyme et de lrsquoappellatif ἀρή M Peters laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch-C Zinko (edd) Studia Onomastica et Indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz 1995 p 185 n 2 le Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre Primaumlrstammbildungen2 eacuted H Rix 2001 et derniegraverement T Barnes laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19 qui pose pour toute cette famille la racine H2erH1- et pour Aregraves H2reacuteH1-H2rH1-eacutes- avec le sens de laquo destructeur raquothinsp contre R Schmitt ZPE 17 (1975) p 15-16 qui postulait pour le theacuteonyme une origine iranienne

57 Heubeck p 17 et voir E Risch op cit p 17158 Sur hom Ἀρήιος laquo drsquoAregraves le belliqueux raquo devenu par la suite Ἄρειος voir O Masson

OGS III p 139 et n 81 Pour la forme -ηος du suffixe voirthinsp Ἀρήου nom de mois SGDI II 2136 l 2 (Delphes IIe av J-C) IG IX (2) 359c et 1117b (Thessalie eacutepoque romaine)thinsp en revanche dans les inscriptions attiques de la mecircme eacutepoque ougrave figure le nom de lrsquoAreacuteopage (ἐξ Ἀρήου πάγου) eg IG II2 1721 ou 3238 ou lrsquoanthroponyme eg IG II2 1718 ou 3173 il srsquoagit drsquoune graphie itacisante pour lrsquoancienne forme -ειος du suffixe

59 Lrsquoeacutequivalent myceacutenien du suffixe -[C]e-wi-jo est connu par exemple agrave travers lrsquoadjectif i-je-re-wi-jo auquel on pourra comparer agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique hom ἱερ-ήιον koin -ῆον -εῖον voir E Risch op cit sect 46 Pour ῆον voir I v Miletos ndeg 10 l 38 Ve s V Petrakos Ἐπιγρ τοῦ Ὠρωποῦ ndeg 277 l 33 IVe s M Segreacute Iscr di Cos ED ndeg 178 l 19 fin IIIe s etc

299ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

νηλήιος ou encore Ἀφαρήιος fait non sur Ἀφάρηος mais sur Ἀφαρεύς chez Apollonios de Rhodesthinsp60

Heubeck proposait drsquoexpliquer la formation du heacuteronyme de la maniegravere suivante Il y reconnaissait un deacuteriveacute theacutematique de Ἀμφιάρης constitueacute sur le modegravele des anthroponymes myc o-ti-na-wo hom Εὔ- Κλυτό- Ἐχέ- Πολύ-νεως en face de lrsquoappellatif ναῦς avec -ναυςthinsp -νᾱ(Ϝ)ος gt -νηος gt -νεως dans le mecircme rapport que -άρηςthinsp -άρηος gt -άρεωςthinsp hom Βριάρεως reflegraveterait la mecircme theacutematisation de -άρηςthinsp61 Le datif myc a-re du theacuteo-nyme drsquoapregraves lui ne pouvait ecirctre ni celui drsquoun thegraveme sigmatique ni celui drsquoun thegraveme en -ηϜ- mecircme srsquoil est en veacuteriteacute difficile de ne pas reconnaicirctre dans les deux variantes cnossiennes a-re-i-jo et a-re-jo (= Ἄρεἱος vs Ἄρειος) lrsquoadjectif en -yo- correspondant au thegraveme sigmatique que pourrait du reste aussi attester la variante theacutebaine a-re-i qursquoil citait lui-mecircmethinsp62 Il consideacuterait de ce fait que le nom drsquoAregraves eacutetait agrave lrsquoorigine un thegraveme en εthinsp (-eh1-)thinsp63 et que la flexion en -εύς comme celle en -t- (Ἄρης Ἄρητοςthinsp64) qursquoattesteraient indirectement les deacuteriveacutes patronymique Heacutes Ἀρητιάδης et phratronymique arg Ἀμφιαρητείδας repreacutesentaient elles aussi des deacuteveloppements secon-dairesthinsp65 O Masson voyait de mecircme dans chypr Θάλες un ancien nom en εthinsp passeacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique agrave la flexion en dentale geacuten Θάλητοςthinsp66

Mais de mecircme que φύλαξ a pu ecirctre theacutematiseacute degraves la langue eacutepique en φύλακος ce qui a pu ecirctre reacuteinterpreacuteteacute bien plus tard comme lrsquoemploi de son geacutenitif comme un nominatif si lrsquoon en croit une scholie agrave Apollonios de

60 A R I 485 etc61 Heubeck p 18 et 20-2162 Voir CJ Ruijgh Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien 1967 p 265

contesteacute par Heubeck p 16 n 33thinsp on pourrait avoir de mecircme a-re-ị-mene ( ou a-re-ẓọ-me-ne TH Z 849) vs a-re-me-ne (TH Z 852) cf DMic sv Comparer a-re-i-jo vs a-re-jo (KN Le 641 1 et Vc 208) avec le patronymique e-te-wo-ke-re-we-i-jo (PY An 644 8-9 et Aq 64 15) fait sur lrsquoeacutequivalent drsquoalph Ἐτεοκλέ(Ϝ)ης

63 Crsquoest la doctrine toujours admise aujourdrsquohui voir par exemple le compte rendu de N Guilleux agrave A Bernabeacute-ER Lujan Introduccion al griego miceacutenico Gramatica seleccion de textos y glosario 2006 dans BSL 104 2 (2009) p 178

64 Ἄρητος nrsquoest attesteacute ni comme geacutenitif ni sans doute comme nominatif agrave εthinsp heacuteriteacute contre Heubeck p 14 n 22 Le nom Ἄρᾱτος ioniseacute en Ἄρητος (Od 3 440) est fait sur un autre radical celui de ἀρ(Ϝ)ά laquo priegravere vœu maleacutediction raquo voir le dictionnaire de Pape-Benseler Bechtel HPN 63 et Chantraine DEacuteLG sv

65 Heubeck p 17 et 20 ougrave est citeacute le parallegravele drsquohom Ἀφαρεύς et patron Ἀφαρήιος vs Ἀφάρητα (Bacch 5 129) et Ἀφαρήτιδαι (Pind Neacutem 10 65) Voir pour la forme heacutesiodique Bouclier 57-59 ougrave lrsquoadjectif patronymique Ἀρητιάδην est employeacute pour reacutefeacuterer au fils drsquoAregravesthinsp Ὃς καὶ Κύκνον ἔπεφνεν Ἀρητιάδην μεγάθυμον Pour le phratronyme voir E Lobel Oxy Pap 32 1967 ndeg 2618 frag 1 col 1 l 7 de Steacutesichore et W Vollgraff reacutefeacuterence citeacutee supra n 33

66 Agrave distinguer drsquoion Θαλῆς -έω drsquoun ancien Θαλέας aujourdrsquohui attesteacute agrave trois exem-plaires cf O Masson RPh 48 (1974) p 83 et n 2 Pour le Thalegraves chypriote du VIIe s voir du mecircme auteur ICS2 p 257 (ta-le-se)

300 sophie minon

Rhodesthinsp67 Ἀμφιαρεύς aurait pu ecirctre theacutematiseacute en ἈμφιάρηϜ-ος suivant un processus que pourrait aussi illustrer la reacutefection du composeacute ἀρχιερεύς en ἀρχιέρεως chez Heacuterodote qui aurait entraicircneacute celle du simple ἱερεύς dans les inscriptions ioniennesthinsp68 Le pheacutenomegravene pourrait mecircme srsquoobserver pour le theacuteonyme degraves lrsquoeacutepoque myceacutenienne si lrsquoon pouvait accorder foi agrave la lecture a-re-ẉọ de PY An 340 11 et suivre Gallavotti qui proposait avec preacutecaution de voir dans ce nominatif un deacuteriveacute de Ἄρηςthinsp69 Une partie du myceacutenien (au moins Thegravebes et Cnossosthinsp70) semble du reste avoir deacutejagrave amorceacute le meacutetaplasme du thegraveme ancien a-re en thegraveme sigmatique On ne peut donc exclure que la theacutematisation se soit faite agrave partir du composeacute deacutejagrave suffixeacute en -εύς que pourrait recouvrir la forme de geacutenitif supposeacute a-pi-ja-re-[wo ()] deacutejagrave citeacutee plutocirct qursquoau stade preacuteceacutedent ougrave le thegraveme eacutetait peut-ecirctre encore en -εthinspthinsp71 Notons du reste que drsquoun point de vue phoneacutetique la theacutematisation est plus attendue agrave partir drsquoun thegraveme (semi-)consonantique que vocaliquethinsp en face de Ἀμφιάρη-ος Heubeck citait du reste comme parallegravele le thegraveme nāw- du nom du laquo navire raquo (drsquoougrave -νᾱ(Ϝ)-ος gt -νηος) agrave semi-consonne et non agrave

67 Dans la scholie tardive 132b (G Lachenaud Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010 p 34) le scholiaste explique ainsi le processus de theacutematisation des noms atheacutematiques qursquoil attribue aux Ioniensthinsp Φύλακος Ἰωνικῶς ὁ φύλαξ Ἴωνες γὰρ τὰς γενικὰς ποιοῦσιν εὐθείαςthinsp il renvoie ensuite sur la question de lrsquoaccentuation agrave Heacuterodien cf n 64 ibid ougrave lrsquoauteur signale lrsquoaccentuation φυλακούς en Il 24 566

68 Voir deacutejagrave E Risch Wortbildung p 164 n 1 avec renvoi agrave J Wackernagel Zeitschrift fuumlr vergleichende Sprachforschunghellip 27 (1879) p 265 et P Chantraine Formationhellip p 13-14 pour la correacutelation entre theacutematisation et composition et p 130 ougrave il signale la rareteacute des composeacutes en -εύς ce qui peut expliquer aussi leur tendance agrave la theacutematisation Cf Hdte 2 37 (corrigeacute par les eacutediteurs modernes en ἀρχιερεύς) et Dittenberger Syll3 1037 l 4 (Milet ca 300thinsp ἱέρεως) 495 l 23 (Olbia ca 230thinsp geacuten ἱέρεω) et F Sokolowski Lois sacreacutees des citeacutes grecques Suppleacutement Paris 1962 78 l 2-3 (Chios IIe s av J-Cthinsp ἱρέωι) ou encore Ἀ Στεϕάνου Χιακὰ Μελετήματα 1 (1958) 26-32 l 7 (Chiosthinsp nom ἱέρεως) Autres exemples de theacutematisations chez Schwyzer Griechische Grammatik I p 458 et voir mes Inscriptions eacuteleacuteennes dialectales 2007 p 369 et n 13 avec le nominatif eacuteleacuteen μανάσιος du nom de lrsquouniteacute de mesure connue agrave Chypre sous la forme μνάσις Crsquoeacutetait deacutejagrave lrsquohypothegravese de Bechtel Griechische Dialekte II p 514 qui fai-sait de ἈμφιάρηϜος une forme secondaire parallegravele agrave Ἀμφιαρετεύς

69 C Gallavotti Paideia 12 (1957) p 329 voir DMic sv a-re-wo Sur la question de lrsquoori-gine du suffixe -ηϜ- et de ses rapports avec les autres suffixes du grec voir J-L Perpillou Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973 p 15-62

70 Cf n 62 Sur la coexistence de dialectes agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne que lrsquoon ne perccediloit qursquoagrave travers les lapsus des scribes formeacutes agrave eacutecrire la langue de la chancellerie de lrsquoeacutepoque qui repose sur un dialecte de type arcado-chypriote voir M Lejeune laquo Rapport sur le grec myceacutenien raquo Atti Roma 1968 II p 731 contre RJE Thompson laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 (1996-97) p 313-333 qui preacutefegravere voir dans les variantes les indices drsquoeacutevolutions linguistiques en cours comme J Chadwick laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 401 qui insiste sur lrsquouniformiteacute de la langue sur les diffeacuterents sites Dans le mecircme sens que M Lejeune voir sur le caractegravere dialectalement composite du myceacutenien N Guilleux loc cit supra note 63 p 299

71 Comme composeacute en -εύς deacutejagrave attesteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne on pourra citer en parti-culier a-pi-po-re-we (KN Uc 160 v 2 unanimement interpreacuteteacute comme ἀμφι-φορῆϜες) avec la variante haplologique a-po-re-we (PY Tn 996 3 ἀμφορῆϜε)

301ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

voyelle finale On ne dispose certes pas de parallegravele qui permette drsquoeacutetablir le sort de eh1 suivi de voyellethinsp72 Le troisiegraveme mode drsquoeacutevolution agrave savoir lrsquoeacutelar-gissement des thegravemes en -εthinsp en dentale (-ης -ητος) qui nrsquoest pas attesteacute en myceacutenien serait en revanche posteacuterieurthinsp73

Ἀμφι-άραοςPour expliquer ensuite que lrsquoancien Ἀμφιάρηος ait vu transformer le

εthinsp eacutetymologique de son second eacuteleacutement en athinsp pour prendre la forme Ἀμφιάραος R Wachter a reacutecemment repris agrave son compte lrsquoexplication accepteacutee par Kretschmer selon laquelle une eacutetymologie populaire aurait fait constituer secondairement -άρᾱος drsquoapregraves ἀράομαι au sens eacutepique de laquo prier raquothinsp74 en posant lrsquoeacutequation proportionnelle suivante qui preacutesuppose lrsquoeacutepopeacutee ionienne acclimateacutee agrave Athegravenes et en Beacuteotiethinsp ion ἀρήσομαιthinsp att beacuteot ἀρᾱσομαι = ion Ἀμφιάρηοςthinsp att beacuteot x avec x = Ἀμφιάρᾱοςthinsp75 Il faisait neacuteanmoins remarquer le caractegravere plus eacuteconomique de lrsquoautre hypo-thegravese qui aurait fait partir de -ᾱος ioniseacute en -ηος atticiseacute en -εως puis refait en -ᾱος trajectoire qursquoillustre dans le lexique lrsquoappellatif λᾱός qui nrsquoest cependant substitueacute en attique agrave λεώς qursquoagrave la fin du IIIe siegraveclethinsp76 Les tenta-tives sporadiques drsquoionisation du heacuteronyme dans la langue eacutepique auraient eacuteteacute en ce cas agrave lrsquoorigine des formes agrave vocalisme εthinsp des leacutegendes vasculaires corinthiennes les plus anciennes comme des flottements observeacutes dans la tra-dition pindarique Il est vrai qursquoil est impossible vu la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφια- de reconnaicirctre eacutetymologiquement au second

72 Pas drsquoexemple comparable ni chez R Beekes The Development of the Proto-Indo-European laryngeals in Greek La Haye-Paris 1969 p 170-172 ni chez M Peters Untersuchungen zur Vertretung der indogermanischen Laryngale im Griechischen Wien 1980 p 272 La finale -ᾱων ονος de noms de Troyens comme Ἀρετάων ou de lrsquoethnique Ἰάονες cf P Chantraine Formation p 162-163 aurait pu laisser supposer que devant une autre voyelle la voyelle longue issue de eh1 se conservait au mecircme titre que le athinsp issu de eh2 si le myceacutenien nrsquoinvitait en fait agrave res-tituer -ᾱϜων cf O Landau Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958 p 185-186

73 Heubeck p 1974 Kretschmer op cit (n 47) p 123 Lrsquoeacutetymologie populaire est refleacuteteacutee par Photius

Bibliothegraveque Bekker 148a l 36thinsp ὅτι Ἀμφιάραος ἐκλήθη ἐπεὶ ἄμφω οἱ τῆς μητρὸς γονεῖς ἠράσαντο αὐτὴν ἄνευ τεκεῖν μόγου Le heacuteronyme aurait-il ainsi eacuteteacute reacuteinterpreacuteteacute comme laquo celui que lrsquoon prie de part et drsquoautre raquo avec un rappel agrave Thegravebes de lrsquoorigine argienne du heacuteros et du culte qursquoil recevait aussi en Argolide tandis qursquoagrave Oropos il aurait eacuteteacute le heacuteros auquel on rendait un culte de part et drsquoautre de la frontiegravere que lrsquoon fucirct Atheacutenien ou Oropienthinsp

75 R Wachter NAGVI 77 renvoie agrave Kretschmer loc cit Autre hypothegravese insatisfaisante de M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 191-193thinsp lrsquoanalogie des composeacutes anthroponymiques agrave second eacuteleacutement -λᾱϜ ος (gt -lœthinspwos en zone io-att) aurait fait passer -rēwos () agrave -rœthinspwos drsquoougrave beacuteot -ρᾱος par hypercorrection

76 Crsquoest par exemple lrsquointerpreacutetation du dictionnaire de W Pape et G Benseler de 1911 Pour la substitution de λᾱός agrave la forme ionienne-attique λεώς agrave partir de lrsquoeacutepoque helleacutenistique voir L Threatte GAI II 1996 p 39 Lrsquoionien ne semble pas avoir eu ληός cf A Meillet Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 1975 p 313 Lrsquohistorien Polybe est le premier prosateur agrave rem-ployer la forme ancienne λαός comme aussi ναός cf J-A de Foucault Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972 p 65

302 sophie minon

eacuteleacutement le radical de ἀρά laquo priegravere raquo drsquoun plus ancien ἀρϜά (arc κάταρϜος) drsquoougrave ion ᾱρή dans la poeacutesie homeacuteriquethinsp77 Il faut donc bien admettre comme seul authentique le radical ἀρ- agrave bregraveve initiale dont deacuterivent le thegraveme agrave εthinsp que recouvrent hom feacutem ἀρή laquo malheur perte raquo et masc Ἄρης le thegraveme en -εthinspw- qui est aussi ancien pour le theacuteonyme ainsi que le substantif ἄρος que fait connaicirctre la triple glose drsquoHeacutesychius dont le sens neacutegatif βλάβος ἀκούσιον rejoint le seacutemantisme funeste des premiers

Ἀμφ-ιέραοςLrsquoultime transformation en Ἀμφιέραος variante sporadique connue

par quelques deacutedicaces attiques priveacutees et autres inscriptions helleacutenistiques de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos et dont teacutemoigne aussi le nom drsquoassociation Ἀμφιεραισταί agrave Rhamnonte fin IIIedeacutebut IIe siegraveclethinsp78 a pu se produire agrave Oropos ougrave elle aurait eacuteteacute motiveacutee par la volonteacute drsquoioniserthinsp79 une seacutequence dont la reacuteinterpreacutetation par fausse coupe comme Ἀμφ-ιαρ-αοςthinsp80 aurait juste-ment eacuteteacute favoriseacutee par la proximiteacute seacutemantique entre la notion de laquo sacreacute raquo et celle de laquo priegravere raquo que lrsquoeacutetymologie populaire avait secondairement rattacheacutee agrave ce nom de heacuteros Il ne peut y avoir lagrave en effet que la reacuteeacutetymologisation reacutecente drsquoun nom dont lrsquoabsence drsquoattestation drsquoἈμφίερος ου drsquoἌμφιρος agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique indique qursquoil ne repose sur rien drsquoancien Le myceacute-nien du reste ne connaissait que le degreacute e de ce radical (i-je-ro i-je-re-u etc) sans avoir jamais employeacute semble-t-il ni i-ja-ro ni i-a2-rothinsp81thinsp il est vrai que lrsquoanthroponyme a-pi-a2-ro qui pourrait theacuteoriquement avoir comme eacutequiva-lent alphabeacutetique lrsquoanthroponyme Ἀμφίαρος est interpreacuteteacute unanimement comme Ἀμφί-hαλος avec au second eacuteleacutement le radical du nom du laquo sel raquothinsp82 principalement parce que la forte repreacutesentation du radical de forme i-(j)

77 M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 186 n 578 Pour les deacutedicaces attiques contemporaines des inscriptions de lrsquoAmphiaraion voir

L Threatte GAI I p 126thinsp pour les proxeacutenies et autres deacutecrets de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos V Petrakou Οἱ ἐπιγραφές τοῦ Ὠρωποῦ Athegravenes 1997 eg ndeg 9 et 17 deacutebut IIIe s ndeg 60 etc et cf IG II-III2 (1) 1322 pour lrsquoassociation des Ἀμφιεραισταί

79 Comme les formes en Ἀμφιερ- commencent seulement agrave apparaicirctre au tournant du IVe et du IIIe siegravecle alors qursquoapregraves 312 les Beacuteotiens sont agrave nouveau maicirctres drsquoOropos qui fait partie du koinon tout en gardant son statut de citeacute (MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory ndeg 214) ce changement de vocalisme radical peut ecirctre interpreacuteteacute comme une marque drsquoidentiteacute (-ιαρ- fait beacuteotien) de la part des Oropiens dont le dialecte est apparenteacute agrave lrsquoionien drsquoEubeacutee Il est moins plausible drsquoy voir un indice de la koineacuteisation du dialecte qui nrsquoaurait pas affecteacute degraves cette peacuteriode le radical drsquoun heacuteronyme

80 L Threatte GAI I p 126 et 391 heacutesite entre deux explications pour la variante Ἀμφιέραοςthinsp tendance agrave la dissimilation ou plus vraisemblablement confusion avec le radical de ἱερός

81 Voir RJ Thompson laquo Dialects in Mycenaean and mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 1996-97 p 330

82 DMic sv a-pi-a2-ro et cf A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 51

303ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

e-r(V) fait exclure que le vocalisme a puisse avoir eacuteteacute mecircme sporadiquement repreacutesenteacutethinsp83

ἈμφίαροςLrsquoanthroponyme hapax dont il vient drsquoecirctre question Ἀμφίαρος figure

agrave cocircteacute de Παμφίλη de Ἀμφίλοχος et de Ἀμφίας sur un loutrophoros du IVe siegravecle a C trouveacute agrave Athegravenesthinsp84 La segmentation Ἀμφ-ίαρος qui ferait identifier le second eacuteleacutement de ce composeacute comme le radical agrave vocalisme non ionien-attique de ἱερός cf eg Ἀγχ-ίαρος agrave Thespies et Cheacuteroneacutee ou Καλλ-ίαρος vs Καλλ-ίερος agrave Delphesthinsp85 est probablement agrave exclure agrave cause de lrsquoassociation avec le nom feacuteminin agrave finale -η quant agrave lui bien attiquethinsp on attendrait Ἀμφίερος qui nrsquoest nullement attesteacute

La solution qui consisterait agrave y voir une forme courte pour Ἀμφιάραοςthinsp86 se heurte au fait que cette forme du heacuteronyme nrsquoest attesteacutee comme anthropo-nyme qursquoagrave partir du Ier siegravecle de notre egraverethinsp87 Il est alors preacutefeacuterable drsquoy voir un deuxiegraveme exemple de composeacute agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- non eacutelideacute comme dans le cas de Ἀμφιάρηος devant un second eacuteleacutement de forme -αρος ndash lrsquoana-logie de la seacutequence iathinsp de lrsquohypocoristique Ἀμφίας aurait pu contribuer au maintien de lrsquohiatus On aurait pu srsquoattendre agrave un second eacuteleacutement en -άρης-ήρης en lien avec notamment le substantif ἄρος (cf infra II sous Ἀμφάρης) mais -αρος qui est attesteacute par exemple dans le nom du magistrat moneacutetaire Εὔαρος agrave Eacutephegravese au Ve siegraveclethinsp88 peut srsquoexpliquer comme une forme de second membre court parallegravele agrave feacutem -αρώ (cf Κλειναρώ agrave Paros au IIe siegravecle avant J-C ou νεικα(ρ)ώ fille de Ἀρίστων agrave Thegravebes au IIeIIIe siegravecle de notre egravere) bacirctie agrave partir du radical ἀρ- soit de ἀρετή soit de ἄριστοςthinsp89 La derniegravere solution qui aurait consisteacute agrave y voir un deacuteriveacute comparable agrave Ἀμφί-ας au suf-fixe rare -αρος issu de la grammaticalisation de la formation hypocoristique susdite doit sans doute ecirctre eacutecarteacutee parce qursquoelle est plutocirct attendue dans le cas drsquoun sobriquet tel Βάτταρος fait sur Βάττοςthinsp90

En zone non ionienne-attique crsquoest en revanche ἱαρός qursquoil faut recon-naicirctre au second eacuteleacutement du nom nouveau de lrsquoArgien Γνοhίαρος que fait connaicirctre Ch Kritzas dans le mecircme volumethinsp91 composeacute agrave rection ver-

83 Sur le caractegravere cependant dialectalement stratifieacute du myceacutenien voir deacutejagrave supra n 7084 LGPN II Polemon 4 (1949) p 33 ndeg 32 et V Bardani-G Papadopoulou-V Petrakos

Συμπλήρωμα τῶν ἐπιτυμβίων μνημείων τῆς Ἀττικῆς Athegravenes 2006 ndeg 152985 Pour Ἀγχίαρος cf Y Kalliontzis BCH 131 (2007) [2009] p 495-496thinsp pour Καλλίαρος

vs Καλλίερος respectivement SGDI 1987 l 16 175 av J-C et 1867 l 10 177 av J-C86 Hypothegravese de J Traill Persons of Ancient Athens 2 p 100 ndeg 12513587 Deux Atheacuteniens LGPN II88 A Meadows-U Wartemberg (eacuted) Coin Hoards 9 Londres 2002 p 102 ndeg 189 Κλειναρώ IG XII (5) 186 18thinsp νεικα[ρ]ώ IG VII 2681 et cf infra n 14390 Cf O Masson respectivement Philologus 110 (1966) p 256 et n 5 (= OGS I p 91) agrave

propos des noms Λεύκαρος et Λευκάριστος et Glotta 54 (1976) 94 et n 55 (= OGS I p 279)91 Crsquoest lrsquoanalyse de Ch Kritzas pour le nom de lrsquoArgien Γνοhίαρος qursquoil eacutetaie du rappro-

chement avec le nom Ἱερόγνωτος drsquoun Deacutelien IG IX (2) 135 23 IVe s

304 sophie minon

bale comme le nom Δεξίαρος attesteacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique pour deux Beacuteotiensthinsp92

Remarquons pour conclure cette partie que les deacuteveloppements eacutetymo-logiques ici exposeacutes conduisent agrave admettre que le i final de ἀμφι- nrsquoa pas plus eacuteteacute eacutelideacute dans le heacuteronyme Ἀμφιάρηος que dans le nom de lrsquoAtheacutenien Ἀμφίαρος et qursquoil ne lrsquoaurait eacuteteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne dans a-pi-ja-re agrave supposer que cette forme syllabique ait bien Ἀμφιάρης comme correspon-dant alphabeacutetique et cela en contradiction avec la regravegle veacuterifieacutee du moins pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique selon laquelle cette eacutelision eacutetait reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale Ἀμφιάρης serait le seul nom en Ἀμφι- ougrave une telle exception srsquoobserverait du myceacutenien au grec alphabeacutetiquethinsp93 Le teacutemoignage du myceacutenien laisse en effet supposer pour les preacutefixeacutes en ἀμφι-thinsp la conservation de lrsquohiatus devant h (a-pi-e-ke pour ἀμφι- + hέχει ou hῆκε)thinsp la dieacuteregravese devant ancienne laryngalethinsp94 sauf en morphologie ver-bale ougrave lrsquoeacutelision est pratiqueacutee (a-pe-e-ke pour ἀμφ- ou ἀπ- + augment ἔ + hεχε ou hηκε) Notons toutefois que lrsquoeacutelision pourrait avoir coexisteacute comme variante degraves le myceacutenien si lrsquoon postulait lrsquoeacutequivalence entre a-pa-re-[uthinsp] et dor ἈμφᾱρηςἈμφᾱρεύςthinsp mais la seacutequence syllabique est seulement inter-preacuteteacutee comme correspondant agrave Ἀφᾰρεύς voire agrave Ἁρπαλεύςthinsp95

Il nrsquoest pas sucircr en revanche que Ἀμφαρίδας et Ἀμφιαρίδας preacutesenteacutes comme exemple de doublet dans lrsquointroductionthinsp96 teacutemoignent de la mecircme variation agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp le second nom pourrait fort bien deacuteriver du nom Ἀμφ-ίαρος et ecirctre par conseacutequent sans relation avec le premier sur lequel nous reviendrons agrave lrsquooccasion de lrsquoeacutetude du nom Ἀμφάρης

92 LGPN IIIBthinsp Coroneacutee 182 av J-C Syll3 585 l 210 et Orchomegravene IIIeIIe s A Wilhelm Neue Beitr 4 p 10 ndeg 1 l 12-13 pegravere notamment drsquoun Ἱαροκλῆς

93 Les deux seuls autres exemples syllabiques possibles drsquoanthroponymes en Ἀμφι- avec dieacute-regravese devant un second eacuteleacutement agrave laryngale initiale eacutetymologique ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() et a-pi-je-ta ne preacutesentent pas de correspondant en grec alphabeacutetique Pour ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() KN B 812a qursquoon pose une eacutequivalence avec Ἀμφιάγορος Ἀμφίαγρος ou Ἀμφίακρος on srsquoattendrait agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique agrave ce que le premier eacuteleacutement agrave -i final soit eacutelideacute comme crsquoest toujours le cas devant le second eacuteleacutement en -αγορ--ηγορ-thinsp et si Πολίαγρος (LGPN I et II) conserve son i devant -αγρος crsquoest pour eacuteviter toute confusion avec le radical de πολύς Or Ἀμφάγορος Ἄμφαγρος et Ἄμφακρος ne sont pas davantage attesteacutes On aurait un autre exemple de dieacuteregravese si a-pi-je-ta PY An 6577 avait pour correspondant Ἀμφι-έρτας agrave comparer avec Λαέρτης Ὀρσέλαος avec le radical de ὄρνυμι voir A Leukart op cit sect 66 et F Bader Minos 10 (1969) p 50 Mais une autre interpreacutetation est possible qui expliquerait lrsquoabsence drsquoeacutelision de a-pi- en conformiteacute avec la regravegle mise en eacutevidence pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp Ἀμφιέτας en lien avec ἵημι (de yeH1) de preacutefeacuterence agrave Ἀμφιέρτας en lien cette fois avec ὄρομαι (de wer-) qui laisserait plutocirct attendre myc a-pi-we-ta

94 Outre a-pi-ja-re cf n 44 voir ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() note preacuteceacutedente95 F Aura Jorro DicMic sv96 Lrsquohypothegravese drsquoune variation drsquoordre phoneacutetique propre au beacuteotien dont teacutemoignerait la

graphie Ἀμφαρίδας vs Ἀμφιαρίδας doit ecirctre eacutecarteacutee cf n 37

305ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Il reste alors pour justifier ce qui ne constitue en deacutefinitive une exception que pour cette eacutepoque agrave invoquer une contrainte drsquoordre prosodique telle que la preacutefeacuterence pour la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφιαρ- qui peut srsquoecirctre conjugueacutee agrave la reacutepugnance agrave constituer une seacutequence gra-phique Ἀμφαρ- qui eacutetait eacutetymologiquement ambigueuml en dehors de lrsquoionien et de lrsquoattique puisqursquoelle pouvait paraicirctre proceacuteder aussi bien de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω au second eacuteleacute-mentthinsp97 que de Ἀμφ- eacutelideacute + -αρ- du radical de Ἄρης ἄρος ou ἀραρίσκω Crsquoest preacuteciseacutement en ces termes que se pose la question de lrsquoeacutetymologie du nom de lrsquoeacutephore spartiate meurtrier drsquoAgis Ἀμφάρης

IIenspἈμφάρης et la polyseacutemie du radical ἀρ-

Ἀμφ-άρηςἈμφ-ήρηςLe nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφάρης que mentionne Plutarque a eacuteteacute

porteacute par un Atheacutenien (agrave la formule onomastique partiellement doriseacutee) et par un Phocidien qui veacutecurent tous deux au IVe siegraveclethinsp98 Dans lrsquohypothegravese ougrave le a meacutedian aurait eacuteteacute allongeacute en composition et le premier eacuteleacutement Ἀμφι- eacutelideacute comme on lrsquoattend conformeacutement agrave la regravegle phoneacutetique deacutejagrave invoqueacutee Ἀμφᾱρης pourrait alors eacuteventuellement ecirctre rapprocheacute de Ἀμφήρης dont Platon fait lrsquoun des souverains de lrsquoAtlantide fils de Poseacuteidon et de Kleitocirc agrave moins que le second membre de ce nom nrsquoait comporteacute un e eacutetymologique et ne soit plutocirct en lien avec ἐρέττωthinsp99 Lrsquoexistence parallegravele des suffixeacutes en -ίδᾱης Ἀμφηρε-ίδης et Ἀμφαρε-ίδας pourrait conforter le premier rappro-chementthinsp100 Bechtel part de ce principe puisqursquoil classe Ἀμφ-άρης agrave cocircteacute de Ξειν-ήρης et les rattache tous deux agrave ἄρος que fait connaicirctre la glose drsquoHeacutesy-

97 Voir P Chantraine DEacuteLG sv φέρω98 Voir Plut Agis 18 agrave 21 ougrave lrsquoacc est transmis sous la forme Ἀμφάρην par confusion

banale agrave cette eacutepoque entre sigmatiques et masculins en -athinsps (gt -ης)thinsp pour lrsquoAtheacutenien du IVe s cf infra n 153 et pour le Phocidien contemporain CID 2 ndeg 31 l 7 (geacuten Ἀμφάρεος)

99 Platon Criti 114b et cf infra n 113100 Ἀμφηρείδης (Atheacutenien FD III (2) 23 l 19 1387 a C) et Ἀμφαρείδας (Kleitor IIIe s

LGPN IIIA) La forme -ίδης du suffixe du nom ancien Ἀμφηρίδης agrave Thasos et agrave Paros (LGPN I) laisse supposer qursquoil deacuterive plutocirct de Ἄμφηρις que de Ἀμφήρης comme le nom du Spartiate Κλεαρίδας (Thuc IV 132 3) deacuteriverait de son cocircteacute de Κλέαρις (Thasos IG XII (8) 280 l 13 VIeVe s) dont on notera cependant que le a meacutedian est ici de quantiteacute bregraveve Dans le cas des thegravemes sigmatiques on srsquoattend agrave ce que le suffixe -ίδης srsquoajoute au suffixe sigmatique drsquoougrave -ε(σ)-ίδης gt -είδηςthinsp et lrsquoexistence de nombreux composeacutes agrave second eacuteleacutement -μενίδης nrsquoest pas contradictoire puisqursquoils semblent avoir eacuteteacute bacirctis sur μένω plutocirct que deacuteriveacutes drsquoun second eacuteleacute-ment -μένης Dans le cas particulier des noms en κλῆς lrsquoargien par exemple preacutesente cependant -ηίδας dans le phratronyme Ὀϕελλοκληίδας ensuite moderniseacute en Ὀφεltλgtλοκλείδας cf IG IV 553 l 6 Ve s (-κλε ίδας) lrsquoineacutedit E 67 dateacute 330-300 (-κληίδας) et la proxeacutenie argienne drsquoun Thrace SEG 30 357 l 11 ca 300 (-κλείδας) Pour les modaliteacutes morphologiques et phoneacutetiques de la deacuterivation en -ίδας cf mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011

306 sophie minon

chius deacutejagrave citeacutee avec le sens positif de laquo providence raquothinsp101thinsp ils appartiendraient alors agrave la cateacutegorie des bahuvrīhi ou eacutepithegravetes de type possessifthinsp102 Drsquoun autre cocircteacute si le a meacutedian de Ἀμφάρης eacutetait effectivement long agrave la diffeacuterence de celui du heacuteronyme Ἀμφιάρηος le second eacuteleacutement -ᾱήρης pourrait tout aussi bien ecirctre analyseacute comme deacuteriveacute de la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo adapteacute agrave raquo ou laquo pourvu de raquo drsquoautant que le composeacute ἀμφήρης laquo ajusteacute des deux cocircteacutes raquo est attesteacute dans le lexique poeacutetiquethinsp103thinsp on aurait alors un composeacute agrave rection verbale dont la composition aurait eu lieu dans lrsquoadjec-tif avant son transfert dans lrsquoonomastique Les deux hypothegraveses pourraient du reste ne pas ecirctre incompatiblesthinsp lrsquoeacutetymologie du substantif ἄρος nrsquoest pas assureacutee mais le premier sens de la glose drsquoHeacutesychius (ἄρος ὄφελος) srsquoaccorderait assez bien avec la notion positive de conformiteacute et drsquoajuste-ment veacutehiculeacutee par la racine H2er- que lrsquoon trouve agrave lrsquoorigine notamment de ἀραρίσκω de ἀρείων et de ἄριστοςthinsp104

Ἀν(α)-φαρ- Ἀμ(φι)-φαρ-thinspIl ne serait en theacuteorie pas impossible drsquoavancer agrave ce stade une autre

hypothegravesethinsp celle que Ἀμφάρης ait pu proceacuteder en dehors du domaine ionien-attique soit de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope soit de Ἀμ(φι)-φαρ- avec haplologie devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω comme pourrait en teacutemoi-gner lrsquoadjectif correspondant que fait connaicirctre une glose drsquoHeacutesychius proba-blement issue de la contamination de trois autresthinsp ἀμφαρής περιορωμένη κατολιγωρουμένη καὶ γυμνός ἐπιφανήςthinsp105 Les adjectifs agrave second eacuteleacute-ment -φερής bien attesteacutes se rencontrent degraves Heacuterodote et Heacutesychius fait aussi connaicirctre ἀντιφαρές gloseacute ἐναντίον en face de ἀντιφερής que sup-pose lrsquohom ἀντιφερίζωthinsp106 Ni ἀν(α)φερής ni les formes sans haplologie ἀμφιφαρής et ἀμφιφερής ne sont cependant attesteacutes Nous aurons lrsquoocca-sion de veacuterifier la validiteacute de cette hypothegravese agrave propos du nom Ἀμφαρίον agrave la fin de la troisiegraveme partie

101 Bechtel HPN 193102 Voir eg E Risch Wortbildung p 166-170103 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης renvoie agrave Eur HF 243 (qualificatif de ξύλα) et agrave Ion

1128 (ἀμφήρεις σκηνάς)104 Cf infra n 111105 La glose est consideacutereacutee agrave plus drsquoun titre comme suspecte par Lattethinsp par exemple crsquoest

agrave lrsquoeacutevidence ἀφαρήςἄφαρος qui est agrave lrsquoorigine du sens γυμνός comme lrsquoavait deacutejagrave signaleacute Schmidt et Kuster avant lui Pour lrsquoeacutequivalence entre ἀν(α)φαρής et ἐπιφανής qui serait pos-sible agrave condition de donner aux deux adjectifs le sens de laquo manifeste eacuteclatant raquo voir Pind Neacutem 11 38 ougrave ἀναφέρω (ἀμφέροντ(ι)) est employeacute au sens de laquo produire au jour faire remon-ter agrave la lumiegravere raquo agrave propos de vertus resurgissant drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre Lrsquoideacutee drsquoindiffeacuterence et de meacutepris dont teacutemoigne lrsquoeacutequivalence avec περιορωμένη κατολιγορουμένη pourrait se com-prendre mieux quant agrave elle agrave partir de ἀμ(φι)φαρής au sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo drsquoougrave neacutegativement laquo indeacutecis sans opinion raquo

106 Cf infra n 158

307ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Le nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφ-άρηςCependant dans le cas du nom de lrsquoeacutephore spartiate le rapprochement

avec le nom Δαμάρης assez populaire agrave Sparte agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacute-nistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp107 et avec les noms anciens des Spartiates Μενάρης (μένει ὀξὺν Ἄρηα Il 12 836) et peut-ecirctre Κλεαρίδαςthinsp108 incite agrave mettre ici -άρης en relation soit avec ἀρή laquo ruine destruction raquo soit direc-tement avec le nom drsquoAregraves comme on tendait en revanche agrave lrsquoeacutecarter pour le heacuteronyme Ἀμφιάρηος Lrsquoexistence du nom Δημάρης porteacute par un Deacutelien et lrsquoabsence de Δημήρης de Μενήρης et de Κλέηρις dissuadent de plus de retenir lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement agrave voyelle longue initiale -ᾱήρης Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le contraste entre la poigneacutee drsquoanthroponymes composeacutes en -ήρης attesteacutes dans lrsquoensemble du monde grec dont lrsquoidentifi-cation avec le radical de ἀραρίσκω nrsquoest du reste probable que pour le seul Φρασιήρης et la vingtaine de composeacutes en -άρης dont plus de la moitieacute est attesteacutee en zone ionienne-attiquethinsp109 fait douter que ce dernier eacuteleacutement ait comporteacute une voyelle longue initiale ailleurs que dans la phraseacuteologie poeacute-tique et dans le calque Μενάρης

Du radical ἀρ- aux bases ἀρι- ἀρο- et ἀρήIl a donc principalement existeacute des composeacutes anthroponymiques agrave second

eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης ndash et de mecircme en -αρις -αρος et -αρώthinsp110 dans lesquels srsquoobserve la mecircme absence drsquoallongement de la voyelle de jonction que dans Ἀμφιάρηος en deacutepit mecircme de lrsquoeacutelision et cela en contradiction avec la loi drsquoallongement urgriechisch mise en eacutevidence par Wackernagel dont lrsquoapplication nrsquoest certes reacuteguliegravere que dans les composeacutes nominaux anciens de lrsquoeacutepoque alphabeacutetique comme cela a eacuteteacute exposeacute en preacuteambule Comme pour ἀμφαρίστερος il est probable que la conservation du a bref eacutetait destineacutee agrave laisser visible le lien eacutetymologique avec la famille de ἀραρίσκω ἀρείων ἀρι- ἄρος et celle de ἀρή Ἄρης vraisemblablement lrsquoune et lrsquoautre issues sinon de la mecircme base du moins de la mecircme racine H2er-thinsp111 en eacutevitant la confusion possible avec les autres -ήρηςthinsp112 comme

107 Le nom Δαμάρης a eacuteteacute porteacute par quatorze Spartiates par un Arcadien (LGPN IIIA) par un Deacutelien et deux Creacutetois (LGPN I) et un citoyen drsquoAmisos (LGPN VA)

108 Bechtel HPN 69 cf Heacuterodote VIII 131 VIe s et n 99 pour Κλεαρίδας et Κλέαρις109 Pour lrsquoorigine poeacutetique du composeacute Φρασι-ήρης cf supra n 6 Drsquoapregraves le site du

LGPN en ligne les autres composeacutes en -ήρης sontthinsp Εὐήρης Ξεινήρης Περιήρης et Πολυήρης tous attesteacutes agrave un seul exemplaire sauf le premier (5 individus) Pour -άρης voirthinsp Ἀμφ(ι)άρης Ἀνδράρης (zone ion-att) Δαημάρης (id) Δειξάρης Διάρης (id) Δρομάρης (id) Εὐάρης (id) Θεάρης Κλεάρης Λυκάρης (id) Μαχάρης (id) Μενάρης (id) Ξεν(Ϝ)άρης (id) Ξιφάρης (id) Πανάρης Παντάρης Ποδάρης Τιμάρης

110 Cf Κλέαρις n 100 et Εὔαρος et Κλειναρώ n 89111 Voir H Rix LIV2 sv H2er- (ἀραρώς) H2erH (Ἄρης) et H2erH3 (ἀρόω) et cf supra

n 56 pour lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour le nom drsquoAregraves par T Barnes112 Il nrsquoest pas sucircr que lrsquoadj hom ἐρίηρες laquo fidegraveles raquo (de wēr- cf hom ἦρα et Chantraine

DEacuteLG sv) ait geacuteneacutereacute des anthroponymes en dehors de lrsquoeacutepopeacutee ougrave le second membre de Διώρης

308 sophie minon

dans poeacutet ἀμφήρης laquo avec des rames de part et drsquoautre raquo (cf ἐρέττω)thinsp113 ou -ηρις (de ἔρις) comme dans poeacutet δύσηρις et lrsquoanthroponyme correspon-dant dont pourraient ecirctre rapprocheacutes le nom du Thasien Ἀμφηρίδης deacuteriveacute de Ἄμφηρις ainsi que lrsquoadjectif ἀμφήριστοςthinsp114

IIIenspἈμφαρίον Δαμαρίων et Θεαρίων

Lrsquoemploi anthroponymique du suffixe -ίωνLes analyses meneacutees jusqursquoici permettent-elles de deacutemecircler lrsquoorigine du

nom nouveau Ἀμφαρίονthinsp En lrsquoabsence de correspondant myceacutenien il res-sort des eacuteleacutements qui ont eacuteteacute deacutegageacutes pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique que si le premier eacuteleacutement eacutetait Ἀμφι- lrsquoeacutelision de sa voyelle finale eacutetait attendue devant -αρ- ndash ne serait-ce que pour eacuteviter lrsquohiatus iV dans deux syllabes successives sans que lrsquoallongement de la voyelle initiale du second eacuteleacute-ment ait neacutecessairement accompagneacute cette eacutelisionthinsp mais qursquoen pays dorien il serait theacuteoriquement possible que Ἀμφαρ- ait valu ion-att ἀναφερ- et soit un composeacute deacuteverbatif comme cela vient drsquoecirctre exposeacute pour le nom Ἀμφάρης La suffixation de notre anthroponyme est-elle alors compatible avec lrsquoune et lrsquoautre formationthinsp

-ίωνForce nous est de constater que la finale -ίων moins reacutepandue dans

lrsquoanthroponymie que le suffixe -ων lrsquoest encore moins parmi les composeacutesthinsp sur les 1060 noms diffeacuterents preacutesentant cette finale dans les six volumes du Lexicon of Greek Personal Names soit 3 de la totaliteacute des noms connus 7 seulement preacutesentent la forme pleine de composeacutes ndash ce sont geacuteneacuteralement des noms rares dont ne sont connus que 2 3 exemplaires mais qui tendent agrave se deacutevelopper au-delagrave de lrsquoeacutepoque classique contre une majoriteacute drsquohypo-coristiques et de sobriquetsthinsp115 Le deacutepouillement de lrsquoindex inverse du LGPN

et Περιήρης aurait cette origine cf Bechtel HPN 194 tandis que Risch Wortbildung p 79 le rapproche de la racine de ἀραρίσκω Lrsquoanalyse du nom de lrsquoArcadien Πολυ-ήρης (monnaie ineacute-dite du IIe s av J-C ZfN 9 [1882] p 266 ndeg 2) est de mecircme ambigueuml

113 La motivation du nom Εὐήρης de trois Thasiens aurait-elle eacuteteacute celle-lagravethinsp la deacutesignation de laquo bons rameurs raquothinsp Pour lrsquoadj poeacutetique ἀμφήρης cf eg Eur Cycl 15

114 Voir DGEsp sv δύσερις poeacutet δύσηρις et ἀμφήριστος et LGPN IIIB deux Thessaliens du nom de Δύσηρις au VIe et IVe s av J-Cthinsp pour Ἀμφηρίδης supra n 100

115 Sondage effectueacute agrave lrsquoaide de la base de donneacutees en ligne du site du LGPN Citons comme composeacutes suffixeacutes en -ίωνthinsp le rare et tardif Ἐπαγαθίων agrave cocircteacute de Παρμενίων qui bat au contraire tous les records dans cette cateacutegorie (197 individus) et dont lrsquoamplitude chronologique des attestations srsquoexplique agrave la fois par le renom du philosophe Parmeacutenide et par celui du lieute-nant Parmeacutenion drsquoAlexandrethinsp la lexicalisation de lrsquoadjectif composeacute ἐμπόριος fait plutocirct inter-preacuteter lrsquoancien Ἐμπορίων (eg LGPN II) comme un sobriquet Comme hypocoristiques on citera par exemple Πασίων (122 individus) forme abreacutegeacutee drsquoun composeacute du type Πασικράτης (60) et Ἐπαφρ-ίων (19) pour Ἐπαφρόδιτος (515)thinsp et comme sobriquets Διδυμίων ou Ἐλευθερίων qui sont lrsquoun et lrsquoautre drsquoeacutepoque impeacuteriale (LGPN passim)

309ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

IIIA (Peacuteloponnegravese Gregravece de lrsquoOuest Sicile et Grande-Gregravece) laisse identifier 40 composeacutes sur les 350 noms diffeacuterents agrave finale -ίων soit un rapport drsquoun peu plus de 11 thinsp un seul est attesteacute en Argolide occidentale preacuteciseacutement agrave Argos mais seulement agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp Ἁρποκρατίωνthinsp116

Le suffixe -ίων qui servait dans le lexique de suffixe de comparatif srsquoest drsquoabord introduit dans les sobriquets adjectivaux du type Αἰσχρίων (234 individus) Καλλίων (20) ou Κυδίων (2) avec sa valeur grammaticalethinsp notons toutefois que Γλυκίων qui est connu comme comparatif homeacuterique nrsquoest attesteacute qursquoagrave deux exemplaires contre plusieurs centaines drsquoexemples de Γλύκων dans lrsquoensemble du monde grecthinsp117 Dans les autres cas la suffixation est produite par lrsquoadjonction du suffixe banal -ων agrave un i- final extrait lui-mecircme drsquoun thegraveme en -ιο-thinsp118 ou plus souvent drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute verbal ou adjectival du type Ἀλεξικράτης (43 individus) drsquoougrave Ἀλεξίων (103) Il arrive plus rarement que le suffixe -ίων ainsi creacuteeacute apparaisse agrave la finale drsquoun composeacute comme le tregraves populaire Παρ-μεν-ίων composeacute pour lequel sont attesteacutees 26 autres formes de suffixations dont -ων tregraves repreacutesenteacute eacutegalement (136 individus)thinsp selon Bechtel crsquoest Πάρμενις qui a seacutecreacuteteacute Παρμενίδας Παρμενίτας Παρμενίων Παρμένισκος etcthinsp119 Il nrsquoy a pas drsquoexemple drsquohypocoristique qui conserve les seuls phonegravemes initiaux du second eacuteleacutement affecteacute de ce suffixe puisque Δαμοτί-ων forme courte de Δαμότιμος et son correspondant ionien-attique nrsquoont pas drsquoeacutequivalent en -των et sont par conseacutequent suffixeacutes en -ων et non en -ίων et qursquoil en va de mecircme pour tous les composeacutes agrave second eacuteleacutement -τίων

-ωνCependant le suffixe -ων nrsquoeacutetait guegravere plus couramment adjoint agrave un

nom composeacute Crsquoest surtout une suffixation de sobriquetsthinsp120 bien plus que drsquohypocoristiquesthinsp on ne citera que Δαμών-ων Ἀλκί-ν-ων et νικ-άρ-ων parmi ceux qui preacutesentent lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de composeacute preacuteser-veacuteethinsp pour les autres du type Ἀλέξων ou Τίμων lrsquoidentification comme hypocoristique ou comme sobriquet deacutepend de la perspective adopteacuteethinsp lrsquoexistence de composeacutes de type heacuteroiumlque avec parallegraveles dans drsquoautres lan-gues indo-europeacuteennes comportant ces premiers eacuteleacutements fera analyser ces

116 Ἁρποκρατίων IIe s apr J-C RE (2)117 Voir J-L Perpillou laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 (1974)

p 99-107118 Voir P Chantraine Formation p 165 pour un exemple lexical comme οὐρανίων fait

sur οὐράνιος drsquoougrave les anthroponymes οὐρανίων et Κρονίων et les nombreux anthroponymes de forme patronymique tels Ἑλλοπίων Ἀχαιίων Ἀρκαδίων Κωνωπίων etc recenseacutes par Bechtel HPN 548

119 Bechtel HPN 307120 P Chantraine Formation p 161 voir aussi O Masson laquo Notes drsquoanthroponymie grecque

et asianique raquo Beitrz Nam 10 (1959) p 162 (OGS I p 22) sur le rapport qui existe entre ce type de sobriquet et les adjectifs en -ύς cf Δάσων vs δασύς

310 sophie minon

anthroponymes comme des hypocoristiques ndash crsquoest lrsquoanalyse historique pra-tiqueacutee par Bechtel tandis qursquoen synchronie la flexion seulement (geacuten en -ωνος) les distingue de participes employeacutes comme sobriquetsthinsp121 Un son-dage opeacutereacute agrave partir du mecircme volume du LGPN fait apparaicirctre sur 1045 noms en -ων autour de 165 composeacutes clairement identifiables ndash comprenant les 40 composeacutes agrave finale -ίων soit un rapport de presque 16 agrave cocircteacute des 11 pour -ίων Parmi les 125 composeacutes distincts de ceux en -ίων 12 au plus sont attesteacutes agrave Argosthinsp122

-αρίωνOn exclura en tout cas que le suffixe soit ici lrsquoeacutequivalent masculin -αρίων

du neutre -άριον qui est employeacute pour former des sobriquets feacuteminins Comme lrsquoa expliqueacute O Masson les noms de femmes faits au moyen de ce suffixe de diminutif (cf παιδάριον ψυχάριον) commencent agrave apparaicirctre au IIIe siegravecle mais les noms drsquohomme correspondants sont propres agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et freacutequents en Eacutegypte et il rappelait que Bechtel avait montreacute que ces derniers avaient eacuteteacute refaits secondairement sur les diminutifsthinsp ainsi Γλυκαρίων et Ψυχαρίων agrave partir de γλυκάριον et ψυχάριον toutes forma-tions deacuteriveacutees de noms ou drsquoadjectifsthinsp123 Le suffixe -αρίων a pu ecirctre ensuite employeacute librement dans lrsquoanthroponymie sans qursquoil existe neacutecessairement de diminutif associeacute comme on lrsquoobserve pour le nom Τυχαρίων porteacute par deux Atheacuteniens de lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp124

Δαμαρίων et ΔαμάρηςCh Kritzas propose comme parallegraveles agrave lrsquoappui de son analyse Ἀμφ-

αρ-ίον du nouveau nom argien les noms Δαμαρίων et Θεαρίωνthinsp125 Le pre-mier nrsquoest pas attesteacute avant le IIIe siegravecle et a eacuteteacute donneacute surtout agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et en zone ionienne-attiquethinsp les volumes du LGPN reacutepertorient 25 individus ainsi deacutenommeacutesthinsp126

121 Voir sur cette question de typologie I Hartmann laquo lsquoWhat namethinsp What parentagersquo The classification of Greek names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann-A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 (2002) p 55-81

122 Voir LGPN IIIAthinsp Ἰπομέδο ν (SEG 11 336 l 5 ca 575-550)thinsp Ἀλκίφρων (Thuc V 59 5 418 av J-C)thinsp Ὀχίπον (IG IV 552 Ve s)thinsp Εὐέλθων (Iamb VP 267 [FVS I p 447] VeIVe s)thinsp Ξενοφάων (CID 2 75 II l 43 336334)thinsp Ἀριστόφρων (SEG 13 243 316 av J-C)thinsp Βουκολέων (CEG II 816 l 12 303 av J-C)thinsp Ἀριστομέδων (ineacuted publ Ch Kritzas IVeIIIe s)thinsp Λυκόφρων (SEG 42 279 l 6 IIe s)thinsp Δαμοφῶν (ineacuted IIe s)thinsp Εὔφρων (Syringes 44 IIeIer s) et Παρμένων (origine argienne incertaine Bernand El-Kanaiumls 79 Ier s)

123 Voir O Masson laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 (1984) p 157 (OGS II p 443)

124 LGPN II IG II2 2089 l 33 et 2113 l 204 IIe s apr J-C125 Lettre du 20 novembre 2010126 La plus ancienne attestation de ce nom est celle drsquoun Creacutetois et date de 2232 (Milet I

(3) 38g 7)thinsp un Parien homonyme est connu agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale (IG XII (5) 173 V) En dehors de lrsquoexemple drsquoun individu dont lrsquoorigine atheacutenienne est incertaine agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale les

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

294 sophie minon

le groupe initial sw de la racine swād- de ἡδύς trahissent le caractegravere secondairethinsp32 Les structures rythmiques spondaiumlques et dactyliques privileacute-gieacutees dans lrsquoensemble des composeacutes non-verbaux en ἀμφι- le sont aussi pour les composeacutes anthroponymiques agrave premier eacuteleacutement verbal ou adjectival en -i comme lrsquoillustre lrsquoeacutelision de Δεξι- dans Δεξαγόρας Δέξανδρος Δεξαρέτα Δεξαρίων Δέξαρχος etc en face des hypocoristiques de structure plus souple tels Δεξί-ας et Δεξί-ωνΔέξωνthinsp33

A Argos les deux seuls noms propres assureacutement en Ἀμφ(ι)- suivi de voyelle que fasse aujourdrsquohui connaicirctre lrsquoeacutepigraphie sont le phratronyme Ἀμφιαρητείδας que jrsquoai eacutetudieacute ailleurs et lrsquohypocoristique Ἀμφίαςthinsp34 On ne saurait manquer de leur adjoindre le nom du roi argien mythique Ἀμφιάρηος

IenspDe Ἀμφίας agrave Ἀμφιάρης et Ἀμφιάρηος

ἈμφίαςLa formation hypocoristique drsquoἈμφίας explique la preacutesence du ithinsp crsquoest

agrave lrsquointeacutegraliteacute du premier eacuteleacutement qursquoa eacuteteacute ajouteacute le suffixe -ας de mascu-lins commun au lexique et agrave lrsquoonomastique comme pour lrsquohypocoristique Καλλίας des composeacutes en Καλλι- ou pour Ἀλεξίας forme courte des composeacutes en Ἀλεξί- ou Δεξίαςthinsp35thinsp un Larisseacuteen du nom drsquoἈμφίδαμος a du reste Ἀμφί-ας comme patronymethinsp36

32 Les anthroponymes ont anciennement leur second eacuteleacutement en -άδης avec voyelle bregraveve voir Λεάδε ς agrave Styra Ve s IG XII (9) 56 l 236 ou Θυμάδης Δημάδους IVe s IG II2 2385 l 53 cf Bechtel HPN 21-22 De mecircme que lrsquoon a un Εὐρυ-άδης agrave Sparte au IIIe s IG V (1) 708 de mecircme lrsquoon aurait attendu un Ἀμφι-άδης La langue homeacuterique semble avoir forgeacute un composeacute θυμήδης Od 16 389 (crsquoest la leccedilon de la Vulgate pour laquelle Bekker avait proposeacute la correction θυμήltρgtης de mecircme sens) agrave cocircteacute de αὐάδην que fait connaicirctre pour la premiegravere fois Sapphocirc (22 5)

33 Voir Bechtel HPN 118-119 Lrsquoabsence drsquoiota dans le nom du Beacuteotien Δέξων peut srsquoexpli-quer phoneacutetiquement par lrsquoabsorption de [j] (lti) cf n 7

34 Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδας est connu par un deacutecret de proxeacutenie du IIIe s publieacute par W Vollgraff Mnemosyne 43 (1915) p 380-382 l 10 et mentionneacute par A Heubeck Die Sprache 17 (1971) p 8 Il apparaicirct encore avec lrsquoorthographe ancienne Ἀμφιαρετείδας dans la liste de morts de ca 400-390 publieacutee par Ch Kritzas in Στήλη τόμος εἰς μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 498 l 35 pl 228 Sur son eacutetymologie agrave mettre en relation avec le verbe argien ᾱϜρετευε de ἀνα-Ϝρετεύω voir mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Pour le patronyme au geacutenitif Ἀμφίᾱ voir BCH 33 (1909) p 447 ndeg 6 IIeIer s

35 Voir deacutejagrave A Charbonnet laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 (1984) p 50thinsp laquo Le nom Ἀμφίας srsquoinscrit dans la seacuterie bien connue des diminutifs en -ας de noms composeacutes raquo

36 LGPN IIIBthinsp IG IX (2) 683 fun IIIeIIe s ()

295ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Ἀμφίτας Ἀμφῑων Ἄμφῑος et feacutem ἈμφιώDe la mecircme maniegravere que Ἀμφίας les noms Ἀμφίτας Ἀμφῑων Ἄμφῑος

Ἄμφωνthinsp37 et feacutem Ἀμφιώ doivent ecirctre une seacuterie de formations suffixeacutees conformeacutement agrave lrsquointerpreacutetation qursquoen donne Bechtelthinsp38 Cependant le rapprochement qursquoil est donneacute de faire aujourdrsquohui entre lrsquoanthroponyme myceacutenien a-pi-jo et ce qui pourrait ecirctre interpreacuteteacute comme son geacutenitif a-pi-(j)o-to pourrait eacuteventuellement laisser supposer une reacutefection secondaire de Ἀμφῑων -ονος agrave partir du participe composeacute ἀμφι-ιών ιόντοςthinsp lrsquoabsence drsquoeacutelision de la voyelle finale du preacutefixe aurait eacuteteacute drsquoordre prosodiquethinsp39 De la mecircme maniegravere Ἀμφίτας aurait pu ecirctre formeacute agrave lrsquoaide drsquoun second eacuteleacute-ment -ίτας qui est attesteacute au simple sous la forme du nom drsquoagent ἴτης en attiquethinsp40 Dans un cas comme dans lrsquoautre du moins le rapport eacutetymolo-gique avec le radical du verbe laquo aller raquo ne pouvait manquer drsquoecirctre perccedilu en synchronie comme par ailleurs celui du nom feacuteminin Ἀμφιώ avec le nom drsquoἸώ La meilleure preuve du reste est fournie par un fragment dans lequel Aristophane se moque drsquoEuripide auquel il attribue une eacutetymologie du nom drsquoἈμφ-ίων qui en fait lrsquoeacutequivalent drsquoἌμφ-οδος sous preacutetexte qursquoil serait neacute laquo dans la rue raquo pour faire remarquer avec humour que crsquoest ainsi qursquoaurait ducirc srsquoappeler le Tragique lui-mecircmethinsp41thinsp

37 Il faut tregraves probablement exclure que Ἄμφων puisse srsquoexpliquer comme un beacuteotisme pho-neacutetique agrave partir drsquoun Ἀμφίων agrave i bref (avec -ίων recouvrant aussi bien en beacuteotien le participe du verbe laquo ecirctre raquo ἐών que celui drsquolaquo aller raquo ἰών) cf n 10

38 Voir Bechtel HPN 43 et Y Kalliontzis laquo Deacutecrets de proxeacutenie et catalogues militaires de Cheacuteroneacutee raquo BCH 131 (2007) [2009] p 501-502 ndeg 10 l 9 IIIe s pour Ἄμφων Ἀμφῑων est le nom de lrsquoun des trois chefs des Eacutepeacuteens dans lrsquoIliade (13 692) et celui de lrsquoancecirctre du tyran de Corinthe Peacuteriandre au VIIIeVIIe s (Hdte V 92)thinsp pour Ἄμφῑος voir Il 5 612 et LGPN II Ve s (de ἀμφί-Ϝιος avec un second eacuteleacutement en rapport avec Ϝίεμαι laquo srsquoeacutelancer raquo cf L Dubois laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo Beitrz Nam 21 [1986] p 252-256 ou forme theacutematiseacutee de Ϝῑς laquo force raquo cf A Heubeck laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 [1987] p 149-166) Pour Ἀμφιώ IG VII 2489 peut-ecirctre Ier s apr J-C Pour Ἀμφίτας exemples anciens dans la colonie meacutegarienne drsquoHeacuteracleacutee du Pont cf MH Hansen-TH Nielsen (eds) An Inventory of archaic and classical poleis 2004 p 956) puis agrave Myrina au IIeIer s cf LGPN Vathinsp une occurrence syllabique au VIe s sur une coupe de la reacutegion drsquoAmatonthe O Masson ICS2 ndeg 196b p 413 et cf OGS I p 132 et n 79

39 DMic sv Le changement de flexion inverse est illustreacute par le secondaire δράκων -οντος ancien thegraveme agrave nasale comme son feacuteminin δράκαινα Pour lrsquoithinsp de Ἀμφῑων voir Choiroboscos De orthographia (JA Cramer Anecdota Graecahellip vol 2 Oxford 1835 repr 1963) 168 l 7thinsp Ἀμφιίων hellip καὶ Ἀμφίων κατὰ κρᾶσις τοῦ ϊ εἰς ἕν ι μακρόν

40 Ar Nueacutees 445 Pl Banquet 203d et Protagoras 349e et cf 359cthinsp ἴτας γε ἐφ᾿ ἃ οἱ πολλοὶ φοβοῦνται ἰέναι A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 129c p 195 et n 159 suggegravere la mecircme analyse pour Περῑτας notamment le nom du chien drsquoAlexandrethinsp Περι-ίτας mecircme srsquoil considegravere comme plus vraisemblable drsquoy voir lrsquohypocoristique de Περιτέλης et de consideacuterer le ithinsp comme analogique des types ὁδίτης πολίτης au ithinsp lui-mecircme analogique du athinsp du suffixe parallegravele -ᾱτᾱς-ητης ndash appliquant par ailleurs la mecircme ana-lyse pour rendre compte de lrsquohom Θερσῑτης O Masson voyait de mecircme dans -ίτᾱς le suffixe de πολίτᾱς-ης agrave lrsquoorigine des formations secondaires en -ιτος et -ιτώ cf ZPE 91 (1992) p 119

41 Ar PCG III 2 Fr 342 (327) (Kassel-Austin)thinsp Ἄμφοδον ἐχρῆν αὐτῷ τίθεσθαι τοὔνομα

296 sophie minon

ἈμφιάρηοςA Argos on songera naturellement agrave voir dans Ἀμφίας un diminutif du

nom du roi argien mythique Ἀμφιάρηος pour lequel un fragment drsquoEschyle fait du reste connaicirctre un autre diminutif Ἄμφιςthinsp42 De la mecircme maniegravere agrave Eacutereacutetrie le guerrier des origines converti en heacuteros gueacuterisseur plus tard assimileacute agrave Ascleacutepios semble avoir eacuteteacute honoreacute sous le nom drsquoἈμφίας qursquoat-teste indirectement le nom de lrsquoassociation cultuelle des Ἀμφιασταί que fait connaicirctre une inscription du IIe siegravecle a Cthinsp43 Si lrsquoanthroponyme myc a-pi-ja-re-[ geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]thinsp44 avait pour eacutequivalent alphabeacutetique nom Ἀμφιάρης ou Ἀμφιαρε[ύς] le nom remonterait agrave une haute antiquiteacute sous sa forme non deacuteriveacutee qursquoattestent par ailleurs les acc en -αρῆ et dat en -αρεῖ qui se rencontrent chez Pindarethinsp45 Il est vrai que lrsquoancrage mytho-logique proprement peacuteninsulaire du heacuteros doit faire consideacuterer avec pru-dence ce rapprochement pour des formes seulement attesteacutees lrsquoune et lrsquoautre agrave Cnossos mecircme si les liens qursquoArgos entretenait avec cette citeacute agrave lrsquoeacutepoque classique pourraient srsquoecirctre noueacutes degraves le second milleacutenairethinsp46

Il est du moins des plus probables que le suffixe de lrsquoanthroponyme a originellement comporteacute un εthinsp plutocirct qursquoun athinspthinsp47 Les plus anciennes attestations eacutepigraphiques de ce nom preacutesentent en effet le vocalisme εthinspthinsp ainsi les leacutegendes vasculaires portant Ἀ(μ)φιάρεος en lettres corinthiennes au milieu drsquoanthroponymes de forme dorienne qui notent A tous leurs athinspthinsp de leur cocircteacute les plus anciens des vases attiques agrave figures rouges ont encore

42 Eschyle Fr 632 (Radt)43 P Ducrey laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de

Lausanne (1981) p 73-78 cf J et L Robert Bull Epigr 1982 ndeg 27244 F Aura Jorro DicMic sv (resp KN Xd 7568 et Xd 94) Autre hypothegravese pour la lecture

a-pi-ja-re-[wo ()] chez O Landau Mykenisch-griechische Personennamen p 25 159 171 202thinsp Ἀμφι-αλέϜων avec dieacuteregravese propre agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne cf n 93thinsp mais F Aura Jorro heacutesite agrave lire aussi cette forme a-pi-ja-re-jọ en proposant drsquoy reconnaicirctre un patronymique

45 Pindare Neacutem 9 13 et 24 En Isthm 7 33 tous les manuscrits srsquoaccordent sur lrsquoacc Ἀμφιάραο-ν alors que la leccedilon la plus reacutepandue pour ce thegraveme est Ἀμφιάρηο- en Ol 6 13 et Pyth 8 56 Le papyrus Oxy 2082 fait aussi connaicirctre sous le nom drsquoἈμφιάρης un olympionique spartiate victorieux agrave la lutte cf L Moretti Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957 ndeg 515

46 Sur les liens entre Argos et Cnossos voir notamment les inscriptions reacuteeacutediteacutees par S Minon dans laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 (2007) p 169-210thinsp en faveur drsquoune parenteacute ancienne entre les deux citeacutes voir p 171 lrsquoargument fourni par la preacutesence de lrsquoenclos drsquoArchos heacuteros archeacutegegravete de Cnossos peut-ecirctre venu drsquoArgos

47 Pour P Kretschmer Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach untersucht Guumltersloh 1894 p 32 que suit W Schulze Kl Schr 1933 p 699 le εthinsp est originel et de mecircme E Risch Wortbildung2 p 164 n 1 R Wachter Non-Attic Greek Vase Inscriptions [ci-apregraves NAGVI] Oxford 2001 p 76-77 se range agrave cette position tout en montrant combien il est diffi-cile de trancher

297ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Ἀμφιάρεος tandis que les plus reacutecents ont deacutejagrave Ἀμφιάραοςthinsp48 Au chant 15 de lrsquoOdysseacutee ougrave se rencontrent les deux seules mentions du heacuteros (il nrsquoap-paraicirct pas dans lrsquoIliade) les deux orthographes sont certes deacutefendues par les grammairiens alexandrinsthinsp le α par Aristarque et le η par Zeacutenodotethinsp49thinsp lrsquoeacutepithegravete λαόσσοον laquo entraicircneur drsquohommes raquo associeacutee agrave son nom au v 244 le repreacutesente comme un guerrier et non comme le devin et gueacuterisseur qursquoil devint apregraves sa mortthinsp50 Les mecircmes fluctuations entre les deux vocalismes srsquoobservent on lrsquoa vu chez Pindare Chez les poegravetes attiques de lrsquoeacutepoque classique la forme ancienne Ἀμφιάρεος a eacuteteacute atticiseacutee en Ἀμφιάρεως alors que dans les inscriptions non seulement attiques mais beacuteotiennes (Thegravebes) et ioniennes (Oropos est une colonie drsquoEacutereacutetriethinsp51) crsquoest Ἀμφιάραος que lrsquoon rencontrethinsp52

Dans ces conditions lrsquoeacutetymologie proposeacutee par Heubeck qui consiste agrave reconnaicirctre dans Ἀμφι-άρης et son deacuteriveacute Ἀμφιάρηος des composeacutes posses-sifs formeacutes comme lrsquoanthroponyme Ἀμφί-θεος laquo qui a (descend drsquo)un dieu des deux cocircteacutes raquo avec au second membre le nom drsquoAregraves paraicirct la plus satis-faisantethinsp53 Cependant comme crsquoest presque toujours au premier membre que figurent les theacuteonymes en compositionthinsp54 compte tenu aussi de ce qui est

48 Voir Kretschmer p 32 41 122 123 162 214 et R Wachter NAGVI Cor 66f et r deux occurrences de Ἀ(μ)φιάρεος sur le mecircme crategravere corinthien du VIe s avec renvoi (n 280) aux autres attestations reacuteunies par I Krauskopf LIMC I 1980 laquo Amphiaraos raquo (ndeg 13 et ndeg 23 avec -άρεος et les plus reacutecentes ndeg 24 et 27 avec -άραος) et avec une mise au point sur les variations du vocalisme suffixal

49 Odysseacutee 15 244 (pour les deux leccedilons) et 253 (Ἀμφιάραος) Comme le fait remarquer R Wachter loc cit n 281 la correction de Zeacutenodote ne peut srsquoexpliquer seulement par le fait qursquoil savait qursquoapregraves r i et e un η ionien correspondait agrave un ᾱ attique car il aurait en ce cas proposeacute drsquoautres corrections similaires comme Αἰνείης Ἰήονες etc

50 Voir P Sineux Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007 p 46 et 2651 Cf eg MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory of archaic and classical poleis Oxford

2004 ndeg 21452 L Threatte GAI I 1980 p 12553 A Heubeck Die Sprache 17 (1971) p 8-22 en particulier p 9-10 pour les variantes

du nom Contre lrsquohypothegravese de Kretschmer op cit p 32 qui voyait dans ἱάρηϜ-ος la theacutema-tisation de ἱαρεύςthinsp le radical agrave vocalisme a non meacuteridional de ἱερ- (ce qui exclut en principe tout rapprochement avec les formes myceacuteniennes) et lrsquointerpreacutetation de Ἀμφ-ιάρηος comme un composeacute hypostatique agrave rapprocher pour la rection drsquoion ἀρχ-ιέρεως Lrsquohypothegravese mal eacutetayeacutee de W Borgeaud laquo Amphiaraos et le nom de la Sarre raquo BzN 1 (194950) p 102-104 qui part de Ἀμφιάρᾱος et y voit un anthroponyme drsquoorigine preacute-helleacuteniqueillyrienne ambhi-sarāwos laquo qui habite sur les deux rives du Sarāuos ou de la Sarāua raquo a notamment contre elle de reposer sur un athinsp eacutetymologique

54 Voir J Oulhen laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo in RWV Catling-F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 629-630 Le myceacutenien livre cependant le teacutemoignage drsquoun nom feacuteminin a-pi-e-ra (notamment PY An 1281) qui est interpreacuteteacute comme lrsquoeacutequivalent drsquoun alphabeacute-tique Ἀμϕιήρα cf A Morpurgo-Davies RAL seacuter VIII 15 (1960) p 329 n 26 et M Iodice Aevum 85 (2012) p 6 Et lrsquoanthroponyme Μενάρης citeacute infra n 108 pourrait constituer un autre contre-exemple

298 sophie minon

connu de lrsquoascendance et de la geste du heacuteros Ἀμφιάρηοςthinsp55 on preacutefeacuterera reconnaicirctre sous le second membre plutocirct que le theacuteonyme lrsquoappellatif sans doute suffixeacute en -εthinsp ἀρή laquo malheur perte destruction raquo dont il est eacutetymo-logiquement et morphologiquement indissociable ou son eacutequivalent ἄρος auquel la glose drsquoHeacutesychius preacutesenteacutee en introduction donne entre autres le sens neacutegatif dethinsp βλάβος ἀκούσιονthinsp56 Lrsquoautre voie qui aurait consisteacute agrave y voir des hypostases avec le sens laquo de lrsquoentourage drsquoAregraves raquo avait deacutejagrave eacuteteacute eacutecarteacutee par Heubeck comme moins satisfaisante pour la raison que sur ce type de composeacute les deacuteriveacutes sont plus souvent en -ιος qursquoen -οςthinsp57 Or il est sucircr qursquoil est impossible de faire de Ἀμφιάρηος un deacuteriveacute patronymique en -ιος du doublet Ἀμφιαρεύς de Ἀμφιάρης entretenant le mecircme rapport avec eux que ἌρειοςἌρη(ι)οςthinsp58 avec Ἄρηςeacuteol Ἀρεύς en posant -ethinspw-yo-s gt hom -ήιος susceptible drsquoeacutevoluer soit en -ειος soit en -ηοςthinsp59 et -es-yo-s gt -ειος puis -εος (formes myceacuteniennes citeacutees ci-dessous)thinsp il nrsquoy a en effet aucun exemple de la forme pourtant meacutetrique Ἀμφιαρήιος que lrsquoon attendrait en ce cas dans lrsquoeacutepopeacutee agrave cocircteacute des adjectifs patronymiques Καπανήιος et

55 Voir P Sineux loc cit LrsquoOdysseacutee preacutesente le heacuteros comme eacutegalement aimeacute de Zeus et drsquoApollon ce qui en ferait plus un Ἀμφί-θεος laquo qui a un dieu de part et drsquoautre raquo qursquoun Ἀμφιάρηςthinsp crsquoest chez Pindare qursquoἈμφιάραος est repreacutesenteacute comme un guerrier redoutable πολέμοιο νέφος (Neacutem 10 9) tuant (schol Neacutem 9 30b Drachmann) pour prendre le pouvoir agrave Argos dans un contexte de stasis (Neacutem 9 ibid) Si le second eacuteleacutement -άρης repreacutesentait non le theacuteonyme mais lrsquoappellatif ἄρος ou le thegraveme en εthinsp de forme ἀρή le heacuteronyme pourrait alors ecirctre interpreacuteteacute comme laquo qui a sa perte des deux cocircteacutes raquo crsquoest-agrave-dire agrave Argos ougrave il a sa femme Eriphyle comme ennemie (ἀνδροδάμαντα Neacutem 9 16) comme agrave Thegravebes ougrave son art divinatoire lui a fait voir la mort qui lrsquoattend ce dernier motif surtout deacuteveloppeacute par les Tragiques mais deacutejagrave esquisseacute par Pindare (Ol 6 17) voir Sineux p 35

56 Pour lrsquoeacutetymologie et le sens du nom drsquoAregraves voir P Chantraine DEacuteLG sv ἀρή Ἄρης et pour ἄρος supra n 5thinsp pour lrsquoorigine commune du theacuteonyme et de lrsquoappellatif ἀρή M Peters laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch-C Zinko (edd) Studia Onomastica et Indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz 1995 p 185 n 2 le Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre Primaumlrstammbildungen2 eacuted H Rix 2001 et derniegraverement T Barnes laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19 qui pose pour toute cette famille la racine H2erH1- et pour Aregraves H2reacuteH1-H2rH1-eacutes- avec le sens de laquo destructeur raquothinsp contre R Schmitt ZPE 17 (1975) p 15-16 qui postulait pour le theacuteonyme une origine iranienne

57 Heubeck p 17 et voir E Risch op cit p 17158 Sur hom Ἀρήιος laquo drsquoAregraves le belliqueux raquo devenu par la suite Ἄρειος voir O Masson

OGS III p 139 et n 81 Pour la forme -ηος du suffixe voirthinsp Ἀρήου nom de mois SGDI II 2136 l 2 (Delphes IIe av J-C) IG IX (2) 359c et 1117b (Thessalie eacutepoque romaine)thinsp en revanche dans les inscriptions attiques de la mecircme eacutepoque ougrave figure le nom de lrsquoAreacuteopage (ἐξ Ἀρήου πάγου) eg IG II2 1721 ou 3238 ou lrsquoanthroponyme eg IG II2 1718 ou 3173 il srsquoagit drsquoune graphie itacisante pour lrsquoancienne forme -ειος du suffixe

59 Lrsquoeacutequivalent myceacutenien du suffixe -[C]e-wi-jo est connu par exemple agrave travers lrsquoadjectif i-je-re-wi-jo auquel on pourra comparer agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique hom ἱερ-ήιον koin -ῆον -εῖον voir E Risch op cit sect 46 Pour ῆον voir I v Miletos ndeg 10 l 38 Ve s V Petrakos Ἐπιγρ τοῦ Ὠρωποῦ ndeg 277 l 33 IVe s M Segreacute Iscr di Cos ED ndeg 178 l 19 fin IIIe s etc

299ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

νηλήιος ou encore Ἀφαρήιος fait non sur Ἀφάρηος mais sur Ἀφαρεύς chez Apollonios de Rhodesthinsp60

Heubeck proposait drsquoexpliquer la formation du heacuteronyme de la maniegravere suivante Il y reconnaissait un deacuteriveacute theacutematique de Ἀμφιάρης constitueacute sur le modegravele des anthroponymes myc o-ti-na-wo hom Εὔ- Κλυτό- Ἐχέ- Πολύ-νεως en face de lrsquoappellatif ναῦς avec -ναυςthinsp -νᾱ(Ϝ)ος gt -νηος gt -νεως dans le mecircme rapport que -άρηςthinsp -άρηος gt -άρεωςthinsp hom Βριάρεως reflegraveterait la mecircme theacutematisation de -άρηςthinsp61 Le datif myc a-re du theacuteo-nyme drsquoapregraves lui ne pouvait ecirctre ni celui drsquoun thegraveme sigmatique ni celui drsquoun thegraveme en -ηϜ- mecircme srsquoil est en veacuteriteacute difficile de ne pas reconnaicirctre dans les deux variantes cnossiennes a-re-i-jo et a-re-jo (= Ἄρεἱος vs Ἄρειος) lrsquoadjectif en -yo- correspondant au thegraveme sigmatique que pourrait du reste aussi attester la variante theacutebaine a-re-i qursquoil citait lui-mecircmethinsp62 Il consideacuterait de ce fait que le nom drsquoAregraves eacutetait agrave lrsquoorigine un thegraveme en εthinsp (-eh1-)thinsp63 et que la flexion en -εύς comme celle en -t- (Ἄρης Ἄρητοςthinsp64) qursquoattesteraient indirectement les deacuteriveacutes patronymique Heacutes Ἀρητιάδης et phratronymique arg Ἀμφιαρητείδας repreacutesentaient elles aussi des deacuteveloppements secon-dairesthinsp65 O Masson voyait de mecircme dans chypr Θάλες un ancien nom en εthinsp passeacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique agrave la flexion en dentale geacuten Θάλητοςthinsp66

Mais de mecircme que φύλαξ a pu ecirctre theacutematiseacute degraves la langue eacutepique en φύλακος ce qui a pu ecirctre reacuteinterpreacuteteacute bien plus tard comme lrsquoemploi de son geacutenitif comme un nominatif si lrsquoon en croit une scholie agrave Apollonios de

60 A R I 485 etc61 Heubeck p 18 et 20-2162 Voir CJ Ruijgh Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien 1967 p 265

contesteacute par Heubeck p 16 n 33thinsp on pourrait avoir de mecircme a-re-ị-mene ( ou a-re-ẓọ-me-ne TH Z 849) vs a-re-me-ne (TH Z 852) cf DMic sv Comparer a-re-i-jo vs a-re-jo (KN Le 641 1 et Vc 208) avec le patronymique e-te-wo-ke-re-we-i-jo (PY An 644 8-9 et Aq 64 15) fait sur lrsquoeacutequivalent drsquoalph Ἐτεοκλέ(Ϝ)ης

63 Crsquoest la doctrine toujours admise aujourdrsquohui voir par exemple le compte rendu de N Guilleux agrave A Bernabeacute-ER Lujan Introduccion al griego miceacutenico Gramatica seleccion de textos y glosario 2006 dans BSL 104 2 (2009) p 178

64 Ἄρητος nrsquoest attesteacute ni comme geacutenitif ni sans doute comme nominatif agrave εthinsp heacuteriteacute contre Heubeck p 14 n 22 Le nom Ἄρᾱτος ioniseacute en Ἄρητος (Od 3 440) est fait sur un autre radical celui de ἀρ(Ϝ)ά laquo priegravere vœu maleacutediction raquo voir le dictionnaire de Pape-Benseler Bechtel HPN 63 et Chantraine DEacuteLG sv

65 Heubeck p 17 et 20 ougrave est citeacute le parallegravele drsquohom Ἀφαρεύς et patron Ἀφαρήιος vs Ἀφάρητα (Bacch 5 129) et Ἀφαρήτιδαι (Pind Neacutem 10 65) Voir pour la forme heacutesiodique Bouclier 57-59 ougrave lrsquoadjectif patronymique Ἀρητιάδην est employeacute pour reacutefeacuterer au fils drsquoAregravesthinsp Ὃς καὶ Κύκνον ἔπεφνεν Ἀρητιάδην μεγάθυμον Pour le phratronyme voir E Lobel Oxy Pap 32 1967 ndeg 2618 frag 1 col 1 l 7 de Steacutesichore et W Vollgraff reacutefeacuterence citeacutee supra n 33

66 Agrave distinguer drsquoion Θαλῆς -έω drsquoun ancien Θαλέας aujourdrsquohui attesteacute agrave trois exem-plaires cf O Masson RPh 48 (1974) p 83 et n 2 Pour le Thalegraves chypriote du VIIe s voir du mecircme auteur ICS2 p 257 (ta-le-se)

300 sophie minon

Rhodesthinsp67 Ἀμφιαρεύς aurait pu ecirctre theacutematiseacute en ἈμφιάρηϜ-ος suivant un processus que pourrait aussi illustrer la reacutefection du composeacute ἀρχιερεύς en ἀρχιέρεως chez Heacuterodote qui aurait entraicircneacute celle du simple ἱερεύς dans les inscriptions ioniennesthinsp68 Le pheacutenomegravene pourrait mecircme srsquoobserver pour le theacuteonyme degraves lrsquoeacutepoque myceacutenienne si lrsquoon pouvait accorder foi agrave la lecture a-re-ẉọ de PY An 340 11 et suivre Gallavotti qui proposait avec preacutecaution de voir dans ce nominatif un deacuteriveacute de Ἄρηςthinsp69 Une partie du myceacutenien (au moins Thegravebes et Cnossosthinsp70) semble du reste avoir deacutejagrave amorceacute le meacutetaplasme du thegraveme ancien a-re en thegraveme sigmatique On ne peut donc exclure que la theacutematisation se soit faite agrave partir du composeacute deacutejagrave suffixeacute en -εύς que pourrait recouvrir la forme de geacutenitif supposeacute a-pi-ja-re-[wo ()] deacutejagrave citeacutee plutocirct qursquoau stade preacuteceacutedent ougrave le thegraveme eacutetait peut-ecirctre encore en -εthinspthinsp71 Notons du reste que drsquoun point de vue phoneacutetique la theacutematisation est plus attendue agrave partir drsquoun thegraveme (semi-)consonantique que vocaliquethinsp en face de Ἀμφιάρη-ος Heubeck citait du reste comme parallegravele le thegraveme nāw- du nom du laquo navire raquo (drsquoougrave -νᾱ(Ϝ)-ος gt -νηος) agrave semi-consonne et non agrave

67 Dans la scholie tardive 132b (G Lachenaud Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010 p 34) le scholiaste explique ainsi le processus de theacutematisation des noms atheacutematiques qursquoil attribue aux Ioniensthinsp Φύλακος Ἰωνικῶς ὁ φύλαξ Ἴωνες γὰρ τὰς γενικὰς ποιοῦσιν εὐθείαςthinsp il renvoie ensuite sur la question de lrsquoaccentuation agrave Heacuterodien cf n 64 ibid ougrave lrsquoauteur signale lrsquoaccentuation φυλακούς en Il 24 566

68 Voir deacutejagrave E Risch Wortbildung p 164 n 1 avec renvoi agrave J Wackernagel Zeitschrift fuumlr vergleichende Sprachforschunghellip 27 (1879) p 265 et P Chantraine Formationhellip p 13-14 pour la correacutelation entre theacutematisation et composition et p 130 ougrave il signale la rareteacute des composeacutes en -εύς ce qui peut expliquer aussi leur tendance agrave la theacutematisation Cf Hdte 2 37 (corrigeacute par les eacutediteurs modernes en ἀρχιερεύς) et Dittenberger Syll3 1037 l 4 (Milet ca 300thinsp ἱέρεως) 495 l 23 (Olbia ca 230thinsp geacuten ἱέρεω) et F Sokolowski Lois sacreacutees des citeacutes grecques Suppleacutement Paris 1962 78 l 2-3 (Chios IIe s av J-Cthinsp ἱρέωι) ou encore Ἀ Στεϕάνου Χιακὰ Μελετήματα 1 (1958) 26-32 l 7 (Chiosthinsp nom ἱέρεως) Autres exemples de theacutematisations chez Schwyzer Griechische Grammatik I p 458 et voir mes Inscriptions eacuteleacuteennes dialectales 2007 p 369 et n 13 avec le nominatif eacuteleacuteen μανάσιος du nom de lrsquouniteacute de mesure connue agrave Chypre sous la forme μνάσις Crsquoeacutetait deacutejagrave lrsquohypothegravese de Bechtel Griechische Dialekte II p 514 qui fai-sait de ἈμφιάρηϜος une forme secondaire parallegravele agrave Ἀμφιαρετεύς

69 C Gallavotti Paideia 12 (1957) p 329 voir DMic sv a-re-wo Sur la question de lrsquoori-gine du suffixe -ηϜ- et de ses rapports avec les autres suffixes du grec voir J-L Perpillou Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973 p 15-62

70 Cf n 62 Sur la coexistence de dialectes agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne que lrsquoon ne perccediloit qursquoagrave travers les lapsus des scribes formeacutes agrave eacutecrire la langue de la chancellerie de lrsquoeacutepoque qui repose sur un dialecte de type arcado-chypriote voir M Lejeune laquo Rapport sur le grec myceacutenien raquo Atti Roma 1968 II p 731 contre RJE Thompson laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 (1996-97) p 313-333 qui preacutefegravere voir dans les variantes les indices drsquoeacutevolutions linguistiques en cours comme J Chadwick laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 401 qui insiste sur lrsquouniformiteacute de la langue sur les diffeacuterents sites Dans le mecircme sens que M Lejeune voir sur le caractegravere dialectalement composite du myceacutenien N Guilleux loc cit supra note 63 p 299

71 Comme composeacute en -εύς deacutejagrave attesteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne on pourra citer en parti-culier a-pi-po-re-we (KN Uc 160 v 2 unanimement interpreacuteteacute comme ἀμφι-φορῆϜες) avec la variante haplologique a-po-re-we (PY Tn 996 3 ἀμφορῆϜε)

301ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

voyelle finale On ne dispose certes pas de parallegravele qui permette drsquoeacutetablir le sort de eh1 suivi de voyellethinsp72 Le troisiegraveme mode drsquoeacutevolution agrave savoir lrsquoeacutelar-gissement des thegravemes en -εthinsp en dentale (-ης -ητος) qui nrsquoest pas attesteacute en myceacutenien serait en revanche posteacuterieurthinsp73

Ἀμφι-άραοςPour expliquer ensuite que lrsquoancien Ἀμφιάρηος ait vu transformer le

εthinsp eacutetymologique de son second eacuteleacutement en athinsp pour prendre la forme Ἀμφιάραος R Wachter a reacutecemment repris agrave son compte lrsquoexplication accepteacutee par Kretschmer selon laquelle une eacutetymologie populaire aurait fait constituer secondairement -άρᾱος drsquoapregraves ἀράομαι au sens eacutepique de laquo prier raquothinsp74 en posant lrsquoeacutequation proportionnelle suivante qui preacutesuppose lrsquoeacutepopeacutee ionienne acclimateacutee agrave Athegravenes et en Beacuteotiethinsp ion ἀρήσομαιthinsp att beacuteot ἀρᾱσομαι = ion Ἀμφιάρηοςthinsp att beacuteot x avec x = Ἀμφιάρᾱοςthinsp75 Il faisait neacuteanmoins remarquer le caractegravere plus eacuteconomique de lrsquoautre hypo-thegravese qui aurait fait partir de -ᾱος ioniseacute en -ηος atticiseacute en -εως puis refait en -ᾱος trajectoire qursquoillustre dans le lexique lrsquoappellatif λᾱός qui nrsquoest cependant substitueacute en attique agrave λεώς qursquoagrave la fin du IIIe siegraveclethinsp76 Les tenta-tives sporadiques drsquoionisation du heacuteronyme dans la langue eacutepique auraient eacuteteacute en ce cas agrave lrsquoorigine des formes agrave vocalisme εthinsp des leacutegendes vasculaires corinthiennes les plus anciennes comme des flottements observeacutes dans la tra-dition pindarique Il est vrai qursquoil est impossible vu la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφια- de reconnaicirctre eacutetymologiquement au second

72 Pas drsquoexemple comparable ni chez R Beekes The Development of the Proto-Indo-European laryngeals in Greek La Haye-Paris 1969 p 170-172 ni chez M Peters Untersuchungen zur Vertretung der indogermanischen Laryngale im Griechischen Wien 1980 p 272 La finale -ᾱων ονος de noms de Troyens comme Ἀρετάων ou de lrsquoethnique Ἰάονες cf P Chantraine Formation p 162-163 aurait pu laisser supposer que devant une autre voyelle la voyelle longue issue de eh1 se conservait au mecircme titre que le athinsp issu de eh2 si le myceacutenien nrsquoinvitait en fait agrave res-tituer -ᾱϜων cf O Landau Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958 p 185-186

73 Heubeck p 1974 Kretschmer op cit (n 47) p 123 Lrsquoeacutetymologie populaire est refleacuteteacutee par Photius

Bibliothegraveque Bekker 148a l 36thinsp ὅτι Ἀμφιάραος ἐκλήθη ἐπεὶ ἄμφω οἱ τῆς μητρὸς γονεῖς ἠράσαντο αὐτὴν ἄνευ τεκεῖν μόγου Le heacuteronyme aurait-il ainsi eacuteteacute reacuteinterpreacuteteacute comme laquo celui que lrsquoon prie de part et drsquoautre raquo avec un rappel agrave Thegravebes de lrsquoorigine argienne du heacuteros et du culte qursquoil recevait aussi en Argolide tandis qursquoagrave Oropos il aurait eacuteteacute le heacuteros auquel on rendait un culte de part et drsquoautre de la frontiegravere que lrsquoon fucirct Atheacutenien ou Oropienthinsp

75 R Wachter NAGVI 77 renvoie agrave Kretschmer loc cit Autre hypothegravese insatisfaisante de M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 191-193thinsp lrsquoanalogie des composeacutes anthroponymiques agrave second eacuteleacutement -λᾱϜ ος (gt -lœthinspwos en zone io-att) aurait fait passer -rēwos () agrave -rœthinspwos drsquoougrave beacuteot -ρᾱος par hypercorrection

76 Crsquoest par exemple lrsquointerpreacutetation du dictionnaire de W Pape et G Benseler de 1911 Pour la substitution de λᾱός agrave la forme ionienne-attique λεώς agrave partir de lrsquoeacutepoque helleacutenistique voir L Threatte GAI II 1996 p 39 Lrsquoionien ne semble pas avoir eu ληός cf A Meillet Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 1975 p 313 Lrsquohistorien Polybe est le premier prosateur agrave rem-ployer la forme ancienne λαός comme aussi ναός cf J-A de Foucault Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972 p 65

302 sophie minon

eacuteleacutement le radical de ἀρά laquo priegravere raquo drsquoun plus ancien ἀρϜά (arc κάταρϜος) drsquoougrave ion ᾱρή dans la poeacutesie homeacuteriquethinsp77 Il faut donc bien admettre comme seul authentique le radical ἀρ- agrave bregraveve initiale dont deacuterivent le thegraveme agrave εthinsp que recouvrent hom feacutem ἀρή laquo malheur perte raquo et masc Ἄρης le thegraveme en -εthinspw- qui est aussi ancien pour le theacuteonyme ainsi que le substantif ἄρος que fait connaicirctre la triple glose drsquoHeacutesychius dont le sens neacutegatif βλάβος ἀκούσιον rejoint le seacutemantisme funeste des premiers

Ἀμφ-ιέραοςLrsquoultime transformation en Ἀμφιέραος variante sporadique connue

par quelques deacutedicaces attiques priveacutees et autres inscriptions helleacutenistiques de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos et dont teacutemoigne aussi le nom drsquoassociation Ἀμφιεραισταί agrave Rhamnonte fin IIIedeacutebut IIe siegraveclethinsp78 a pu se produire agrave Oropos ougrave elle aurait eacuteteacute motiveacutee par la volonteacute drsquoioniserthinsp79 une seacutequence dont la reacuteinterpreacutetation par fausse coupe comme Ἀμφ-ιαρ-αοςthinsp80 aurait juste-ment eacuteteacute favoriseacutee par la proximiteacute seacutemantique entre la notion de laquo sacreacute raquo et celle de laquo priegravere raquo que lrsquoeacutetymologie populaire avait secondairement rattacheacutee agrave ce nom de heacuteros Il ne peut y avoir lagrave en effet que la reacuteeacutetymologisation reacutecente drsquoun nom dont lrsquoabsence drsquoattestation drsquoἈμφίερος ου drsquoἌμφιρος agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique indique qursquoil ne repose sur rien drsquoancien Le myceacute-nien du reste ne connaissait que le degreacute e de ce radical (i-je-ro i-je-re-u etc) sans avoir jamais employeacute semble-t-il ni i-ja-ro ni i-a2-rothinsp81thinsp il est vrai que lrsquoanthroponyme a-pi-a2-ro qui pourrait theacuteoriquement avoir comme eacutequiva-lent alphabeacutetique lrsquoanthroponyme Ἀμφίαρος est interpreacuteteacute unanimement comme Ἀμφί-hαλος avec au second eacuteleacutement le radical du nom du laquo sel raquothinsp82 principalement parce que la forte repreacutesentation du radical de forme i-(j)

77 M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 186 n 578 Pour les deacutedicaces attiques contemporaines des inscriptions de lrsquoAmphiaraion voir

L Threatte GAI I p 126thinsp pour les proxeacutenies et autres deacutecrets de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos V Petrakou Οἱ ἐπιγραφές τοῦ Ὠρωποῦ Athegravenes 1997 eg ndeg 9 et 17 deacutebut IIIe s ndeg 60 etc et cf IG II-III2 (1) 1322 pour lrsquoassociation des Ἀμφιεραισταί

79 Comme les formes en Ἀμφιερ- commencent seulement agrave apparaicirctre au tournant du IVe et du IIIe siegravecle alors qursquoapregraves 312 les Beacuteotiens sont agrave nouveau maicirctres drsquoOropos qui fait partie du koinon tout en gardant son statut de citeacute (MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory ndeg 214) ce changement de vocalisme radical peut ecirctre interpreacuteteacute comme une marque drsquoidentiteacute (-ιαρ- fait beacuteotien) de la part des Oropiens dont le dialecte est apparenteacute agrave lrsquoionien drsquoEubeacutee Il est moins plausible drsquoy voir un indice de la koineacuteisation du dialecte qui nrsquoaurait pas affecteacute degraves cette peacuteriode le radical drsquoun heacuteronyme

80 L Threatte GAI I p 126 et 391 heacutesite entre deux explications pour la variante Ἀμφιέραοςthinsp tendance agrave la dissimilation ou plus vraisemblablement confusion avec le radical de ἱερός

81 Voir RJ Thompson laquo Dialects in Mycenaean and mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 1996-97 p 330

82 DMic sv a-pi-a2-ro et cf A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 51

303ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

e-r(V) fait exclure que le vocalisme a puisse avoir eacuteteacute mecircme sporadiquement repreacutesenteacutethinsp83

ἈμφίαροςLrsquoanthroponyme hapax dont il vient drsquoecirctre question Ἀμφίαρος figure

agrave cocircteacute de Παμφίλη de Ἀμφίλοχος et de Ἀμφίας sur un loutrophoros du IVe siegravecle a C trouveacute agrave Athegravenesthinsp84 La segmentation Ἀμφ-ίαρος qui ferait identifier le second eacuteleacutement de ce composeacute comme le radical agrave vocalisme non ionien-attique de ἱερός cf eg Ἀγχ-ίαρος agrave Thespies et Cheacuteroneacutee ou Καλλ-ίαρος vs Καλλ-ίερος agrave Delphesthinsp85 est probablement agrave exclure agrave cause de lrsquoassociation avec le nom feacuteminin agrave finale -η quant agrave lui bien attiquethinsp on attendrait Ἀμφίερος qui nrsquoest nullement attesteacute

La solution qui consisterait agrave y voir une forme courte pour Ἀμφιάραοςthinsp86 se heurte au fait que cette forme du heacuteronyme nrsquoest attesteacutee comme anthropo-nyme qursquoagrave partir du Ier siegravecle de notre egraverethinsp87 Il est alors preacutefeacuterable drsquoy voir un deuxiegraveme exemple de composeacute agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- non eacutelideacute comme dans le cas de Ἀμφιάρηος devant un second eacuteleacutement de forme -αρος ndash lrsquoana-logie de la seacutequence iathinsp de lrsquohypocoristique Ἀμφίας aurait pu contribuer au maintien de lrsquohiatus On aurait pu srsquoattendre agrave un second eacuteleacutement en -άρης-ήρης en lien avec notamment le substantif ἄρος (cf infra II sous Ἀμφάρης) mais -αρος qui est attesteacute par exemple dans le nom du magistrat moneacutetaire Εὔαρος agrave Eacutephegravese au Ve siegraveclethinsp88 peut srsquoexpliquer comme une forme de second membre court parallegravele agrave feacutem -αρώ (cf Κλειναρώ agrave Paros au IIe siegravecle avant J-C ou νεικα(ρ)ώ fille de Ἀρίστων agrave Thegravebes au IIeIIIe siegravecle de notre egravere) bacirctie agrave partir du radical ἀρ- soit de ἀρετή soit de ἄριστοςthinsp89 La derniegravere solution qui aurait consisteacute agrave y voir un deacuteriveacute comparable agrave Ἀμφί-ας au suf-fixe rare -αρος issu de la grammaticalisation de la formation hypocoristique susdite doit sans doute ecirctre eacutecarteacutee parce qursquoelle est plutocirct attendue dans le cas drsquoun sobriquet tel Βάτταρος fait sur Βάττοςthinsp90

En zone non ionienne-attique crsquoest en revanche ἱαρός qursquoil faut recon-naicirctre au second eacuteleacutement du nom nouveau de lrsquoArgien Γνοhίαρος que fait connaicirctre Ch Kritzas dans le mecircme volumethinsp91 composeacute agrave rection ver-

83 Sur le caractegravere cependant dialectalement stratifieacute du myceacutenien voir deacutejagrave supra n 7084 LGPN II Polemon 4 (1949) p 33 ndeg 32 et V Bardani-G Papadopoulou-V Petrakos

Συμπλήρωμα τῶν ἐπιτυμβίων μνημείων τῆς Ἀττικῆς Athegravenes 2006 ndeg 152985 Pour Ἀγχίαρος cf Y Kalliontzis BCH 131 (2007) [2009] p 495-496thinsp pour Καλλίαρος

vs Καλλίερος respectivement SGDI 1987 l 16 175 av J-C et 1867 l 10 177 av J-C86 Hypothegravese de J Traill Persons of Ancient Athens 2 p 100 ndeg 12513587 Deux Atheacuteniens LGPN II88 A Meadows-U Wartemberg (eacuted) Coin Hoards 9 Londres 2002 p 102 ndeg 189 Κλειναρώ IG XII (5) 186 18thinsp νεικα[ρ]ώ IG VII 2681 et cf infra n 14390 Cf O Masson respectivement Philologus 110 (1966) p 256 et n 5 (= OGS I p 91) agrave

propos des noms Λεύκαρος et Λευκάριστος et Glotta 54 (1976) 94 et n 55 (= OGS I p 279)91 Crsquoest lrsquoanalyse de Ch Kritzas pour le nom de lrsquoArgien Γνοhίαρος qursquoil eacutetaie du rappro-

chement avec le nom Ἱερόγνωτος drsquoun Deacutelien IG IX (2) 135 23 IVe s

304 sophie minon

bale comme le nom Δεξίαρος attesteacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique pour deux Beacuteotiensthinsp92

Remarquons pour conclure cette partie que les deacuteveloppements eacutetymo-logiques ici exposeacutes conduisent agrave admettre que le i final de ἀμφι- nrsquoa pas plus eacuteteacute eacutelideacute dans le heacuteronyme Ἀμφιάρηος que dans le nom de lrsquoAtheacutenien Ἀμφίαρος et qursquoil ne lrsquoaurait eacuteteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne dans a-pi-ja-re agrave supposer que cette forme syllabique ait bien Ἀμφιάρης comme correspon-dant alphabeacutetique et cela en contradiction avec la regravegle veacuterifieacutee du moins pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique selon laquelle cette eacutelision eacutetait reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale Ἀμφιάρης serait le seul nom en Ἀμφι- ougrave une telle exception srsquoobserverait du myceacutenien au grec alphabeacutetiquethinsp93 Le teacutemoignage du myceacutenien laisse en effet supposer pour les preacutefixeacutes en ἀμφι-thinsp la conservation de lrsquohiatus devant h (a-pi-e-ke pour ἀμφι- + hέχει ou hῆκε)thinsp la dieacuteregravese devant ancienne laryngalethinsp94 sauf en morphologie ver-bale ougrave lrsquoeacutelision est pratiqueacutee (a-pe-e-ke pour ἀμφ- ou ἀπ- + augment ἔ + hεχε ou hηκε) Notons toutefois que lrsquoeacutelision pourrait avoir coexisteacute comme variante degraves le myceacutenien si lrsquoon postulait lrsquoeacutequivalence entre a-pa-re-[uthinsp] et dor ἈμφᾱρηςἈμφᾱρεύςthinsp mais la seacutequence syllabique est seulement inter-preacuteteacutee comme correspondant agrave Ἀφᾰρεύς voire agrave Ἁρπαλεύςthinsp95

Il nrsquoest pas sucircr en revanche que Ἀμφαρίδας et Ἀμφιαρίδας preacutesenteacutes comme exemple de doublet dans lrsquointroductionthinsp96 teacutemoignent de la mecircme variation agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp le second nom pourrait fort bien deacuteriver du nom Ἀμφ-ίαρος et ecirctre par conseacutequent sans relation avec le premier sur lequel nous reviendrons agrave lrsquooccasion de lrsquoeacutetude du nom Ἀμφάρης

92 LGPN IIIBthinsp Coroneacutee 182 av J-C Syll3 585 l 210 et Orchomegravene IIIeIIe s A Wilhelm Neue Beitr 4 p 10 ndeg 1 l 12-13 pegravere notamment drsquoun Ἱαροκλῆς

93 Les deux seuls autres exemples syllabiques possibles drsquoanthroponymes en Ἀμφι- avec dieacute-regravese devant un second eacuteleacutement agrave laryngale initiale eacutetymologique ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() et a-pi-je-ta ne preacutesentent pas de correspondant en grec alphabeacutetique Pour ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() KN B 812a qursquoon pose une eacutequivalence avec Ἀμφιάγορος Ἀμφίαγρος ou Ἀμφίακρος on srsquoattendrait agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique agrave ce que le premier eacuteleacutement agrave -i final soit eacutelideacute comme crsquoest toujours le cas devant le second eacuteleacutement en -αγορ--ηγορ-thinsp et si Πολίαγρος (LGPN I et II) conserve son i devant -αγρος crsquoest pour eacuteviter toute confusion avec le radical de πολύς Or Ἀμφάγορος Ἄμφαγρος et Ἄμφακρος ne sont pas davantage attesteacutes On aurait un autre exemple de dieacuteregravese si a-pi-je-ta PY An 6577 avait pour correspondant Ἀμφι-έρτας agrave comparer avec Λαέρτης Ὀρσέλαος avec le radical de ὄρνυμι voir A Leukart op cit sect 66 et F Bader Minos 10 (1969) p 50 Mais une autre interpreacutetation est possible qui expliquerait lrsquoabsence drsquoeacutelision de a-pi- en conformiteacute avec la regravegle mise en eacutevidence pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp Ἀμφιέτας en lien avec ἵημι (de yeH1) de preacutefeacuterence agrave Ἀμφιέρτας en lien cette fois avec ὄρομαι (de wer-) qui laisserait plutocirct attendre myc a-pi-we-ta

94 Outre a-pi-ja-re cf n 44 voir ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() note preacuteceacutedente95 F Aura Jorro DicMic sv96 Lrsquohypothegravese drsquoune variation drsquoordre phoneacutetique propre au beacuteotien dont teacutemoignerait la

graphie Ἀμφαρίδας vs Ἀμφιαρίδας doit ecirctre eacutecarteacutee cf n 37

305ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Il reste alors pour justifier ce qui ne constitue en deacutefinitive une exception que pour cette eacutepoque agrave invoquer une contrainte drsquoordre prosodique telle que la preacutefeacuterence pour la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφιαρ- qui peut srsquoecirctre conjugueacutee agrave la reacutepugnance agrave constituer une seacutequence gra-phique Ἀμφαρ- qui eacutetait eacutetymologiquement ambigueuml en dehors de lrsquoionien et de lrsquoattique puisqursquoelle pouvait paraicirctre proceacuteder aussi bien de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω au second eacuteleacute-mentthinsp97 que de Ἀμφ- eacutelideacute + -αρ- du radical de Ἄρης ἄρος ou ἀραρίσκω Crsquoest preacuteciseacutement en ces termes que se pose la question de lrsquoeacutetymologie du nom de lrsquoeacutephore spartiate meurtrier drsquoAgis Ἀμφάρης

IIenspἈμφάρης et la polyseacutemie du radical ἀρ-

Ἀμφ-άρηςἈμφ-ήρηςLe nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφάρης que mentionne Plutarque a eacuteteacute

porteacute par un Atheacutenien (agrave la formule onomastique partiellement doriseacutee) et par un Phocidien qui veacutecurent tous deux au IVe siegraveclethinsp98 Dans lrsquohypothegravese ougrave le a meacutedian aurait eacuteteacute allongeacute en composition et le premier eacuteleacutement Ἀμφι- eacutelideacute comme on lrsquoattend conformeacutement agrave la regravegle phoneacutetique deacutejagrave invoqueacutee Ἀμφᾱρης pourrait alors eacuteventuellement ecirctre rapprocheacute de Ἀμφήρης dont Platon fait lrsquoun des souverains de lrsquoAtlantide fils de Poseacuteidon et de Kleitocirc agrave moins que le second membre de ce nom nrsquoait comporteacute un e eacutetymologique et ne soit plutocirct en lien avec ἐρέττωthinsp99 Lrsquoexistence parallegravele des suffixeacutes en -ίδᾱης Ἀμφηρε-ίδης et Ἀμφαρε-ίδας pourrait conforter le premier rappro-chementthinsp100 Bechtel part de ce principe puisqursquoil classe Ἀμφ-άρης agrave cocircteacute de Ξειν-ήρης et les rattache tous deux agrave ἄρος que fait connaicirctre la glose drsquoHeacutesy-

97 Voir P Chantraine DEacuteLG sv φέρω98 Voir Plut Agis 18 agrave 21 ougrave lrsquoacc est transmis sous la forme Ἀμφάρην par confusion

banale agrave cette eacutepoque entre sigmatiques et masculins en -athinsps (gt -ης)thinsp pour lrsquoAtheacutenien du IVe s cf infra n 153 et pour le Phocidien contemporain CID 2 ndeg 31 l 7 (geacuten Ἀμφάρεος)

99 Platon Criti 114b et cf infra n 113100 Ἀμφηρείδης (Atheacutenien FD III (2) 23 l 19 1387 a C) et Ἀμφαρείδας (Kleitor IIIe s

LGPN IIIA) La forme -ίδης du suffixe du nom ancien Ἀμφηρίδης agrave Thasos et agrave Paros (LGPN I) laisse supposer qursquoil deacuterive plutocirct de Ἄμφηρις que de Ἀμφήρης comme le nom du Spartiate Κλεαρίδας (Thuc IV 132 3) deacuteriverait de son cocircteacute de Κλέαρις (Thasos IG XII (8) 280 l 13 VIeVe s) dont on notera cependant que le a meacutedian est ici de quantiteacute bregraveve Dans le cas des thegravemes sigmatiques on srsquoattend agrave ce que le suffixe -ίδης srsquoajoute au suffixe sigmatique drsquoougrave -ε(σ)-ίδης gt -είδηςthinsp et lrsquoexistence de nombreux composeacutes agrave second eacuteleacutement -μενίδης nrsquoest pas contradictoire puisqursquoils semblent avoir eacuteteacute bacirctis sur μένω plutocirct que deacuteriveacutes drsquoun second eacuteleacute-ment -μένης Dans le cas particulier des noms en κλῆς lrsquoargien par exemple preacutesente cependant -ηίδας dans le phratronyme Ὀϕελλοκληίδας ensuite moderniseacute en Ὀφεltλgtλοκλείδας cf IG IV 553 l 6 Ve s (-κλε ίδας) lrsquoineacutedit E 67 dateacute 330-300 (-κληίδας) et la proxeacutenie argienne drsquoun Thrace SEG 30 357 l 11 ca 300 (-κλείδας) Pour les modaliteacutes morphologiques et phoneacutetiques de la deacuterivation en -ίδας cf mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011

306 sophie minon

chius deacutejagrave citeacutee avec le sens positif de laquo providence raquothinsp101thinsp ils appartiendraient alors agrave la cateacutegorie des bahuvrīhi ou eacutepithegravetes de type possessifthinsp102 Drsquoun autre cocircteacute si le a meacutedian de Ἀμφάρης eacutetait effectivement long agrave la diffeacuterence de celui du heacuteronyme Ἀμφιάρηος le second eacuteleacutement -ᾱήρης pourrait tout aussi bien ecirctre analyseacute comme deacuteriveacute de la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo adapteacute agrave raquo ou laquo pourvu de raquo drsquoautant que le composeacute ἀμφήρης laquo ajusteacute des deux cocircteacutes raquo est attesteacute dans le lexique poeacutetiquethinsp103thinsp on aurait alors un composeacute agrave rection verbale dont la composition aurait eu lieu dans lrsquoadjec-tif avant son transfert dans lrsquoonomastique Les deux hypothegraveses pourraient du reste ne pas ecirctre incompatiblesthinsp lrsquoeacutetymologie du substantif ἄρος nrsquoest pas assureacutee mais le premier sens de la glose drsquoHeacutesychius (ἄρος ὄφελος) srsquoaccorderait assez bien avec la notion positive de conformiteacute et drsquoajuste-ment veacutehiculeacutee par la racine H2er- que lrsquoon trouve agrave lrsquoorigine notamment de ἀραρίσκω de ἀρείων et de ἄριστοςthinsp104

Ἀν(α)-φαρ- Ἀμ(φι)-φαρ-thinspIl ne serait en theacuteorie pas impossible drsquoavancer agrave ce stade une autre

hypothegravesethinsp celle que Ἀμφάρης ait pu proceacuteder en dehors du domaine ionien-attique soit de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope soit de Ἀμ(φι)-φαρ- avec haplologie devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω comme pourrait en teacutemoi-gner lrsquoadjectif correspondant que fait connaicirctre une glose drsquoHeacutesychius proba-blement issue de la contamination de trois autresthinsp ἀμφαρής περιορωμένη κατολιγωρουμένη καὶ γυμνός ἐπιφανήςthinsp105 Les adjectifs agrave second eacuteleacute-ment -φερής bien attesteacutes se rencontrent degraves Heacuterodote et Heacutesychius fait aussi connaicirctre ἀντιφαρές gloseacute ἐναντίον en face de ἀντιφερής que sup-pose lrsquohom ἀντιφερίζωthinsp106 Ni ἀν(α)φερής ni les formes sans haplologie ἀμφιφαρής et ἀμφιφερής ne sont cependant attesteacutes Nous aurons lrsquoocca-sion de veacuterifier la validiteacute de cette hypothegravese agrave propos du nom Ἀμφαρίον agrave la fin de la troisiegraveme partie

101 Bechtel HPN 193102 Voir eg E Risch Wortbildung p 166-170103 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης renvoie agrave Eur HF 243 (qualificatif de ξύλα) et agrave Ion

1128 (ἀμφήρεις σκηνάς)104 Cf infra n 111105 La glose est consideacutereacutee agrave plus drsquoun titre comme suspecte par Lattethinsp par exemple crsquoest

agrave lrsquoeacutevidence ἀφαρήςἄφαρος qui est agrave lrsquoorigine du sens γυμνός comme lrsquoavait deacutejagrave signaleacute Schmidt et Kuster avant lui Pour lrsquoeacutequivalence entre ἀν(α)φαρής et ἐπιφανής qui serait pos-sible agrave condition de donner aux deux adjectifs le sens de laquo manifeste eacuteclatant raquo voir Pind Neacutem 11 38 ougrave ἀναφέρω (ἀμφέροντ(ι)) est employeacute au sens de laquo produire au jour faire remon-ter agrave la lumiegravere raquo agrave propos de vertus resurgissant drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre Lrsquoideacutee drsquoindiffeacuterence et de meacutepris dont teacutemoigne lrsquoeacutequivalence avec περιορωμένη κατολιγορουμένη pourrait se com-prendre mieux quant agrave elle agrave partir de ἀμ(φι)φαρής au sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo drsquoougrave neacutegativement laquo indeacutecis sans opinion raquo

106 Cf infra n 158

307ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Le nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφ-άρηςCependant dans le cas du nom de lrsquoeacutephore spartiate le rapprochement

avec le nom Δαμάρης assez populaire agrave Sparte agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacute-nistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp107 et avec les noms anciens des Spartiates Μενάρης (μένει ὀξὺν Ἄρηα Il 12 836) et peut-ecirctre Κλεαρίδαςthinsp108 incite agrave mettre ici -άρης en relation soit avec ἀρή laquo ruine destruction raquo soit direc-tement avec le nom drsquoAregraves comme on tendait en revanche agrave lrsquoeacutecarter pour le heacuteronyme Ἀμφιάρηος Lrsquoexistence du nom Δημάρης porteacute par un Deacutelien et lrsquoabsence de Δημήρης de Μενήρης et de Κλέηρις dissuadent de plus de retenir lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement agrave voyelle longue initiale -ᾱήρης Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le contraste entre la poigneacutee drsquoanthroponymes composeacutes en -ήρης attesteacutes dans lrsquoensemble du monde grec dont lrsquoidentifi-cation avec le radical de ἀραρίσκω nrsquoest du reste probable que pour le seul Φρασιήρης et la vingtaine de composeacutes en -άρης dont plus de la moitieacute est attesteacutee en zone ionienne-attiquethinsp109 fait douter que ce dernier eacuteleacutement ait comporteacute une voyelle longue initiale ailleurs que dans la phraseacuteologie poeacute-tique et dans le calque Μενάρης

Du radical ἀρ- aux bases ἀρι- ἀρο- et ἀρήIl a donc principalement existeacute des composeacutes anthroponymiques agrave second

eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης ndash et de mecircme en -αρις -αρος et -αρώthinsp110 dans lesquels srsquoobserve la mecircme absence drsquoallongement de la voyelle de jonction que dans Ἀμφιάρηος en deacutepit mecircme de lrsquoeacutelision et cela en contradiction avec la loi drsquoallongement urgriechisch mise en eacutevidence par Wackernagel dont lrsquoapplication nrsquoest certes reacuteguliegravere que dans les composeacutes nominaux anciens de lrsquoeacutepoque alphabeacutetique comme cela a eacuteteacute exposeacute en preacuteambule Comme pour ἀμφαρίστερος il est probable que la conservation du a bref eacutetait destineacutee agrave laisser visible le lien eacutetymologique avec la famille de ἀραρίσκω ἀρείων ἀρι- ἄρος et celle de ἀρή Ἄρης vraisemblablement lrsquoune et lrsquoautre issues sinon de la mecircme base du moins de la mecircme racine H2er-thinsp111 en eacutevitant la confusion possible avec les autres -ήρηςthinsp112 comme

107 Le nom Δαμάρης a eacuteteacute porteacute par quatorze Spartiates par un Arcadien (LGPN IIIA) par un Deacutelien et deux Creacutetois (LGPN I) et un citoyen drsquoAmisos (LGPN VA)

108 Bechtel HPN 69 cf Heacuterodote VIII 131 VIe s et n 99 pour Κλεαρίδας et Κλέαρις109 Pour lrsquoorigine poeacutetique du composeacute Φρασι-ήρης cf supra n 6 Drsquoapregraves le site du

LGPN en ligne les autres composeacutes en -ήρης sontthinsp Εὐήρης Ξεινήρης Περιήρης et Πολυήρης tous attesteacutes agrave un seul exemplaire sauf le premier (5 individus) Pour -άρης voirthinsp Ἀμφ(ι)άρης Ἀνδράρης (zone ion-att) Δαημάρης (id) Δειξάρης Διάρης (id) Δρομάρης (id) Εὐάρης (id) Θεάρης Κλεάρης Λυκάρης (id) Μαχάρης (id) Μενάρης (id) Ξεν(Ϝ)άρης (id) Ξιφάρης (id) Πανάρης Παντάρης Ποδάρης Τιμάρης

110 Cf Κλέαρις n 100 et Εὔαρος et Κλειναρώ n 89111 Voir H Rix LIV2 sv H2er- (ἀραρώς) H2erH (Ἄρης) et H2erH3 (ἀρόω) et cf supra

n 56 pour lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour le nom drsquoAregraves par T Barnes112 Il nrsquoest pas sucircr que lrsquoadj hom ἐρίηρες laquo fidegraveles raquo (de wēr- cf hom ἦρα et Chantraine

DEacuteLG sv) ait geacuteneacutereacute des anthroponymes en dehors de lrsquoeacutepopeacutee ougrave le second membre de Διώρης

308 sophie minon

dans poeacutet ἀμφήρης laquo avec des rames de part et drsquoautre raquo (cf ἐρέττω)thinsp113 ou -ηρις (de ἔρις) comme dans poeacutet δύσηρις et lrsquoanthroponyme correspon-dant dont pourraient ecirctre rapprocheacutes le nom du Thasien Ἀμφηρίδης deacuteriveacute de Ἄμφηρις ainsi que lrsquoadjectif ἀμφήριστοςthinsp114

IIIenspἈμφαρίον Δαμαρίων et Θεαρίων

Lrsquoemploi anthroponymique du suffixe -ίωνLes analyses meneacutees jusqursquoici permettent-elles de deacutemecircler lrsquoorigine du

nom nouveau Ἀμφαρίονthinsp En lrsquoabsence de correspondant myceacutenien il res-sort des eacuteleacutements qui ont eacuteteacute deacutegageacutes pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique que si le premier eacuteleacutement eacutetait Ἀμφι- lrsquoeacutelision de sa voyelle finale eacutetait attendue devant -αρ- ndash ne serait-ce que pour eacuteviter lrsquohiatus iV dans deux syllabes successives sans que lrsquoallongement de la voyelle initiale du second eacuteleacute-ment ait neacutecessairement accompagneacute cette eacutelisionthinsp mais qursquoen pays dorien il serait theacuteoriquement possible que Ἀμφαρ- ait valu ion-att ἀναφερ- et soit un composeacute deacuteverbatif comme cela vient drsquoecirctre exposeacute pour le nom Ἀμφάρης La suffixation de notre anthroponyme est-elle alors compatible avec lrsquoune et lrsquoautre formationthinsp

-ίωνForce nous est de constater que la finale -ίων moins reacutepandue dans

lrsquoanthroponymie que le suffixe -ων lrsquoest encore moins parmi les composeacutesthinsp sur les 1060 noms diffeacuterents preacutesentant cette finale dans les six volumes du Lexicon of Greek Personal Names soit 3 de la totaliteacute des noms connus 7 seulement preacutesentent la forme pleine de composeacutes ndash ce sont geacuteneacuteralement des noms rares dont ne sont connus que 2 3 exemplaires mais qui tendent agrave se deacutevelopper au-delagrave de lrsquoeacutepoque classique contre une majoriteacute drsquohypo-coristiques et de sobriquetsthinsp115 Le deacutepouillement de lrsquoindex inverse du LGPN

et Περιήρης aurait cette origine cf Bechtel HPN 194 tandis que Risch Wortbildung p 79 le rapproche de la racine de ἀραρίσκω Lrsquoanalyse du nom de lrsquoArcadien Πολυ-ήρης (monnaie ineacute-dite du IIe s av J-C ZfN 9 [1882] p 266 ndeg 2) est de mecircme ambigueuml

113 La motivation du nom Εὐήρης de trois Thasiens aurait-elle eacuteteacute celle-lagravethinsp la deacutesignation de laquo bons rameurs raquothinsp Pour lrsquoadj poeacutetique ἀμφήρης cf eg Eur Cycl 15

114 Voir DGEsp sv δύσερις poeacutet δύσηρις et ἀμφήριστος et LGPN IIIB deux Thessaliens du nom de Δύσηρις au VIe et IVe s av J-Cthinsp pour Ἀμφηρίδης supra n 100

115 Sondage effectueacute agrave lrsquoaide de la base de donneacutees en ligne du site du LGPN Citons comme composeacutes suffixeacutes en -ίωνthinsp le rare et tardif Ἐπαγαθίων agrave cocircteacute de Παρμενίων qui bat au contraire tous les records dans cette cateacutegorie (197 individus) et dont lrsquoamplitude chronologique des attestations srsquoexplique agrave la fois par le renom du philosophe Parmeacutenide et par celui du lieute-nant Parmeacutenion drsquoAlexandrethinsp la lexicalisation de lrsquoadjectif composeacute ἐμπόριος fait plutocirct inter-preacuteter lrsquoancien Ἐμπορίων (eg LGPN II) comme un sobriquet Comme hypocoristiques on citera par exemple Πασίων (122 individus) forme abreacutegeacutee drsquoun composeacute du type Πασικράτης (60) et Ἐπαφρ-ίων (19) pour Ἐπαφρόδιτος (515)thinsp et comme sobriquets Διδυμίων ou Ἐλευθερίων qui sont lrsquoun et lrsquoautre drsquoeacutepoque impeacuteriale (LGPN passim)

309ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

IIIA (Peacuteloponnegravese Gregravece de lrsquoOuest Sicile et Grande-Gregravece) laisse identifier 40 composeacutes sur les 350 noms diffeacuterents agrave finale -ίων soit un rapport drsquoun peu plus de 11 thinsp un seul est attesteacute en Argolide occidentale preacuteciseacutement agrave Argos mais seulement agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp Ἁρποκρατίωνthinsp116

Le suffixe -ίων qui servait dans le lexique de suffixe de comparatif srsquoest drsquoabord introduit dans les sobriquets adjectivaux du type Αἰσχρίων (234 individus) Καλλίων (20) ou Κυδίων (2) avec sa valeur grammaticalethinsp notons toutefois que Γλυκίων qui est connu comme comparatif homeacuterique nrsquoest attesteacute qursquoagrave deux exemplaires contre plusieurs centaines drsquoexemples de Γλύκων dans lrsquoensemble du monde grecthinsp117 Dans les autres cas la suffixation est produite par lrsquoadjonction du suffixe banal -ων agrave un i- final extrait lui-mecircme drsquoun thegraveme en -ιο-thinsp118 ou plus souvent drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute verbal ou adjectival du type Ἀλεξικράτης (43 individus) drsquoougrave Ἀλεξίων (103) Il arrive plus rarement que le suffixe -ίων ainsi creacuteeacute apparaisse agrave la finale drsquoun composeacute comme le tregraves populaire Παρ-μεν-ίων composeacute pour lequel sont attesteacutees 26 autres formes de suffixations dont -ων tregraves repreacutesenteacute eacutegalement (136 individus)thinsp selon Bechtel crsquoest Πάρμενις qui a seacutecreacuteteacute Παρμενίδας Παρμενίτας Παρμενίων Παρμένισκος etcthinsp119 Il nrsquoy a pas drsquoexemple drsquohypocoristique qui conserve les seuls phonegravemes initiaux du second eacuteleacutement affecteacute de ce suffixe puisque Δαμοτί-ων forme courte de Δαμότιμος et son correspondant ionien-attique nrsquoont pas drsquoeacutequivalent en -των et sont par conseacutequent suffixeacutes en -ων et non en -ίων et qursquoil en va de mecircme pour tous les composeacutes agrave second eacuteleacutement -τίων

-ωνCependant le suffixe -ων nrsquoeacutetait guegravere plus couramment adjoint agrave un

nom composeacute Crsquoest surtout une suffixation de sobriquetsthinsp120 bien plus que drsquohypocoristiquesthinsp on ne citera que Δαμών-ων Ἀλκί-ν-ων et νικ-άρ-ων parmi ceux qui preacutesentent lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de composeacute preacuteser-veacuteethinsp pour les autres du type Ἀλέξων ou Τίμων lrsquoidentification comme hypocoristique ou comme sobriquet deacutepend de la perspective adopteacuteethinsp lrsquoexistence de composeacutes de type heacuteroiumlque avec parallegraveles dans drsquoautres lan-gues indo-europeacuteennes comportant ces premiers eacuteleacutements fera analyser ces

116 Ἁρποκρατίων IIe s apr J-C RE (2)117 Voir J-L Perpillou laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 (1974)

p 99-107118 Voir P Chantraine Formation p 165 pour un exemple lexical comme οὐρανίων fait

sur οὐράνιος drsquoougrave les anthroponymes οὐρανίων et Κρονίων et les nombreux anthroponymes de forme patronymique tels Ἑλλοπίων Ἀχαιίων Ἀρκαδίων Κωνωπίων etc recenseacutes par Bechtel HPN 548

119 Bechtel HPN 307120 P Chantraine Formation p 161 voir aussi O Masson laquo Notes drsquoanthroponymie grecque

et asianique raquo Beitrz Nam 10 (1959) p 162 (OGS I p 22) sur le rapport qui existe entre ce type de sobriquet et les adjectifs en -ύς cf Δάσων vs δασύς

310 sophie minon

anthroponymes comme des hypocoristiques ndash crsquoest lrsquoanalyse historique pra-tiqueacutee par Bechtel tandis qursquoen synchronie la flexion seulement (geacuten en -ωνος) les distingue de participes employeacutes comme sobriquetsthinsp121 Un son-dage opeacutereacute agrave partir du mecircme volume du LGPN fait apparaicirctre sur 1045 noms en -ων autour de 165 composeacutes clairement identifiables ndash comprenant les 40 composeacutes agrave finale -ίων soit un rapport de presque 16 agrave cocircteacute des 11 pour -ίων Parmi les 125 composeacutes distincts de ceux en -ίων 12 au plus sont attesteacutes agrave Argosthinsp122

-αρίωνOn exclura en tout cas que le suffixe soit ici lrsquoeacutequivalent masculin -αρίων

du neutre -άριον qui est employeacute pour former des sobriquets feacuteminins Comme lrsquoa expliqueacute O Masson les noms de femmes faits au moyen de ce suffixe de diminutif (cf παιδάριον ψυχάριον) commencent agrave apparaicirctre au IIIe siegravecle mais les noms drsquohomme correspondants sont propres agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et freacutequents en Eacutegypte et il rappelait que Bechtel avait montreacute que ces derniers avaient eacuteteacute refaits secondairement sur les diminutifsthinsp ainsi Γλυκαρίων et Ψυχαρίων agrave partir de γλυκάριον et ψυχάριον toutes forma-tions deacuteriveacutees de noms ou drsquoadjectifsthinsp123 Le suffixe -αρίων a pu ecirctre ensuite employeacute librement dans lrsquoanthroponymie sans qursquoil existe neacutecessairement de diminutif associeacute comme on lrsquoobserve pour le nom Τυχαρίων porteacute par deux Atheacuteniens de lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp124

Δαμαρίων et ΔαμάρηςCh Kritzas propose comme parallegraveles agrave lrsquoappui de son analyse Ἀμφ-

αρ-ίον du nouveau nom argien les noms Δαμαρίων et Θεαρίωνthinsp125 Le pre-mier nrsquoest pas attesteacute avant le IIIe siegravecle et a eacuteteacute donneacute surtout agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et en zone ionienne-attiquethinsp les volumes du LGPN reacutepertorient 25 individus ainsi deacutenommeacutesthinsp126

121 Voir sur cette question de typologie I Hartmann laquo lsquoWhat namethinsp What parentagersquo The classification of Greek names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann-A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 (2002) p 55-81

122 Voir LGPN IIIAthinsp Ἰπομέδο ν (SEG 11 336 l 5 ca 575-550)thinsp Ἀλκίφρων (Thuc V 59 5 418 av J-C)thinsp Ὀχίπον (IG IV 552 Ve s)thinsp Εὐέλθων (Iamb VP 267 [FVS I p 447] VeIVe s)thinsp Ξενοφάων (CID 2 75 II l 43 336334)thinsp Ἀριστόφρων (SEG 13 243 316 av J-C)thinsp Βουκολέων (CEG II 816 l 12 303 av J-C)thinsp Ἀριστομέδων (ineacuted publ Ch Kritzas IVeIIIe s)thinsp Λυκόφρων (SEG 42 279 l 6 IIe s)thinsp Δαμοφῶν (ineacuted IIe s)thinsp Εὔφρων (Syringes 44 IIeIer s) et Παρμένων (origine argienne incertaine Bernand El-Kanaiumls 79 Ier s)

123 Voir O Masson laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 (1984) p 157 (OGS II p 443)

124 LGPN II IG II2 2089 l 33 et 2113 l 204 IIe s apr J-C125 Lettre du 20 novembre 2010126 La plus ancienne attestation de ce nom est celle drsquoun Creacutetois et date de 2232 (Milet I

(3) 38g 7)thinsp un Parien homonyme est connu agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale (IG XII (5) 173 V) En dehors de lrsquoexemple drsquoun individu dont lrsquoorigine atheacutenienne est incertaine agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale les

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

295ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Ἀμφίτας Ἀμφῑων Ἄμφῑος et feacutem ἈμφιώDe la mecircme maniegravere que Ἀμφίας les noms Ἀμφίτας Ἀμφῑων Ἄμφῑος

Ἄμφωνthinsp37 et feacutem Ἀμφιώ doivent ecirctre une seacuterie de formations suffixeacutees conformeacutement agrave lrsquointerpreacutetation qursquoen donne Bechtelthinsp38 Cependant le rapprochement qursquoil est donneacute de faire aujourdrsquohui entre lrsquoanthroponyme myceacutenien a-pi-jo et ce qui pourrait ecirctre interpreacuteteacute comme son geacutenitif a-pi-(j)o-to pourrait eacuteventuellement laisser supposer une reacutefection secondaire de Ἀμφῑων -ονος agrave partir du participe composeacute ἀμφι-ιών ιόντοςthinsp lrsquoabsence drsquoeacutelision de la voyelle finale du preacutefixe aurait eacuteteacute drsquoordre prosodiquethinsp39 De la mecircme maniegravere Ἀμφίτας aurait pu ecirctre formeacute agrave lrsquoaide drsquoun second eacuteleacute-ment -ίτας qui est attesteacute au simple sous la forme du nom drsquoagent ἴτης en attiquethinsp40 Dans un cas comme dans lrsquoautre du moins le rapport eacutetymolo-gique avec le radical du verbe laquo aller raquo ne pouvait manquer drsquoecirctre perccedilu en synchronie comme par ailleurs celui du nom feacuteminin Ἀμφιώ avec le nom drsquoἸώ La meilleure preuve du reste est fournie par un fragment dans lequel Aristophane se moque drsquoEuripide auquel il attribue une eacutetymologie du nom drsquoἈμφ-ίων qui en fait lrsquoeacutequivalent drsquoἌμφ-οδος sous preacutetexte qursquoil serait neacute laquo dans la rue raquo pour faire remarquer avec humour que crsquoest ainsi qursquoaurait ducirc srsquoappeler le Tragique lui-mecircmethinsp41thinsp

37 Il faut tregraves probablement exclure que Ἄμφων puisse srsquoexpliquer comme un beacuteotisme pho-neacutetique agrave partir drsquoun Ἀμφίων agrave i bref (avec -ίων recouvrant aussi bien en beacuteotien le participe du verbe laquo ecirctre raquo ἐών que celui drsquolaquo aller raquo ἰών) cf n 10

38 Voir Bechtel HPN 43 et Y Kalliontzis laquo Deacutecrets de proxeacutenie et catalogues militaires de Cheacuteroneacutee raquo BCH 131 (2007) [2009] p 501-502 ndeg 10 l 9 IIIe s pour Ἄμφων Ἀμφῑων est le nom de lrsquoun des trois chefs des Eacutepeacuteens dans lrsquoIliade (13 692) et celui de lrsquoancecirctre du tyran de Corinthe Peacuteriandre au VIIIeVIIe s (Hdte V 92)thinsp pour Ἄμφῑος voir Il 5 612 et LGPN II Ve s (de ἀμφί-Ϝιος avec un second eacuteleacutement en rapport avec Ϝίεμαι laquo srsquoeacutelancer raquo cf L Dubois laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo Beitrz Nam 21 [1986] p 252-256 ou forme theacutematiseacutee de Ϝῑς laquo force raquo cf A Heubeck laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 [1987] p 149-166) Pour Ἀμφιώ IG VII 2489 peut-ecirctre Ier s apr J-C Pour Ἀμφίτας exemples anciens dans la colonie meacutegarienne drsquoHeacuteracleacutee du Pont cf MH Hansen-TH Nielsen (eds) An Inventory of archaic and classical poleis 2004 p 956) puis agrave Myrina au IIeIer s cf LGPN Vathinsp une occurrence syllabique au VIe s sur une coupe de la reacutegion drsquoAmatonthe O Masson ICS2 ndeg 196b p 413 et cf OGS I p 132 et n 79

39 DMic sv Le changement de flexion inverse est illustreacute par le secondaire δράκων -οντος ancien thegraveme agrave nasale comme son feacuteminin δράκαινα Pour lrsquoithinsp de Ἀμφῑων voir Choiroboscos De orthographia (JA Cramer Anecdota Graecahellip vol 2 Oxford 1835 repr 1963) 168 l 7thinsp Ἀμφιίων hellip καὶ Ἀμφίων κατὰ κρᾶσις τοῦ ϊ εἰς ἕν ι μακρόν

40 Ar Nueacutees 445 Pl Banquet 203d et Protagoras 349e et cf 359cthinsp ἴτας γε ἐφ᾿ ἃ οἱ πολλοὶ φοβοῦνται ἰέναι A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 129c p 195 et n 159 suggegravere la mecircme analyse pour Περῑτας notamment le nom du chien drsquoAlexandrethinsp Περι-ίτας mecircme srsquoil considegravere comme plus vraisemblable drsquoy voir lrsquohypocoristique de Περιτέλης et de consideacuterer le ithinsp comme analogique des types ὁδίτης πολίτης au ithinsp lui-mecircme analogique du athinsp du suffixe parallegravele -ᾱτᾱς-ητης ndash appliquant par ailleurs la mecircme ana-lyse pour rendre compte de lrsquohom Θερσῑτης O Masson voyait de mecircme dans -ίτᾱς le suffixe de πολίτᾱς-ης agrave lrsquoorigine des formations secondaires en -ιτος et -ιτώ cf ZPE 91 (1992) p 119

41 Ar PCG III 2 Fr 342 (327) (Kassel-Austin)thinsp Ἄμφοδον ἐχρῆν αὐτῷ τίθεσθαι τοὔνομα

296 sophie minon

ἈμφιάρηοςA Argos on songera naturellement agrave voir dans Ἀμφίας un diminutif du

nom du roi argien mythique Ἀμφιάρηος pour lequel un fragment drsquoEschyle fait du reste connaicirctre un autre diminutif Ἄμφιςthinsp42 De la mecircme maniegravere agrave Eacutereacutetrie le guerrier des origines converti en heacuteros gueacuterisseur plus tard assimileacute agrave Ascleacutepios semble avoir eacuteteacute honoreacute sous le nom drsquoἈμφίας qursquoat-teste indirectement le nom de lrsquoassociation cultuelle des Ἀμφιασταί que fait connaicirctre une inscription du IIe siegravecle a Cthinsp43 Si lrsquoanthroponyme myc a-pi-ja-re-[ geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]thinsp44 avait pour eacutequivalent alphabeacutetique nom Ἀμφιάρης ou Ἀμφιαρε[ύς] le nom remonterait agrave une haute antiquiteacute sous sa forme non deacuteriveacutee qursquoattestent par ailleurs les acc en -αρῆ et dat en -αρεῖ qui se rencontrent chez Pindarethinsp45 Il est vrai que lrsquoancrage mytho-logique proprement peacuteninsulaire du heacuteros doit faire consideacuterer avec pru-dence ce rapprochement pour des formes seulement attesteacutees lrsquoune et lrsquoautre agrave Cnossos mecircme si les liens qursquoArgos entretenait avec cette citeacute agrave lrsquoeacutepoque classique pourraient srsquoecirctre noueacutes degraves le second milleacutenairethinsp46

Il est du moins des plus probables que le suffixe de lrsquoanthroponyme a originellement comporteacute un εthinsp plutocirct qursquoun athinspthinsp47 Les plus anciennes attestations eacutepigraphiques de ce nom preacutesentent en effet le vocalisme εthinspthinsp ainsi les leacutegendes vasculaires portant Ἀ(μ)φιάρεος en lettres corinthiennes au milieu drsquoanthroponymes de forme dorienne qui notent A tous leurs athinspthinsp de leur cocircteacute les plus anciens des vases attiques agrave figures rouges ont encore

42 Eschyle Fr 632 (Radt)43 P Ducrey laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de

Lausanne (1981) p 73-78 cf J et L Robert Bull Epigr 1982 ndeg 27244 F Aura Jorro DicMic sv (resp KN Xd 7568 et Xd 94) Autre hypothegravese pour la lecture

a-pi-ja-re-[wo ()] chez O Landau Mykenisch-griechische Personennamen p 25 159 171 202thinsp Ἀμφι-αλέϜων avec dieacuteregravese propre agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne cf n 93thinsp mais F Aura Jorro heacutesite agrave lire aussi cette forme a-pi-ja-re-jọ en proposant drsquoy reconnaicirctre un patronymique

45 Pindare Neacutem 9 13 et 24 En Isthm 7 33 tous les manuscrits srsquoaccordent sur lrsquoacc Ἀμφιάραο-ν alors que la leccedilon la plus reacutepandue pour ce thegraveme est Ἀμφιάρηο- en Ol 6 13 et Pyth 8 56 Le papyrus Oxy 2082 fait aussi connaicirctre sous le nom drsquoἈμφιάρης un olympionique spartiate victorieux agrave la lutte cf L Moretti Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957 ndeg 515

46 Sur les liens entre Argos et Cnossos voir notamment les inscriptions reacuteeacutediteacutees par S Minon dans laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 (2007) p 169-210thinsp en faveur drsquoune parenteacute ancienne entre les deux citeacutes voir p 171 lrsquoargument fourni par la preacutesence de lrsquoenclos drsquoArchos heacuteros archeacutegegravete de Cnossos peut-ecirctre venu drsquoArgos

47 Pour P Kretschmer Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach untersucht Guumltersloh 1894 p 32 que suit W Schulze Kl Schr 1933 p 699 le εthinsp est originel et de mecircme E Risch Wortbildung2 p 164 n 1 R Wachter Non-Attic Greek Vase Inscriptions [ci-apregraves NAGVI] Oxford 2001 p 76-77 se range agrave cette position tout en montrant combien il est diffi-cile de trancher

297ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Ἀμφιάρεος tandis que les plus reacutecents ont deacutejagrave Ἀμφιάραοςthinsp48 Au chant 15 de lrsquoOdysseacutee ougrave se rencontrent les deux seules mentions du heacuteros (il nrsquoap-paraicirct pas dans lrsquoIliade) les deux orthographes sont certes deacutefendues par les grammairiens alexandrinsthinsp le α par Aristarque et le η par Zeacutenodotethinsp49thinsp lrsquoeacutepithegravete λαόσσοον laquo entraicircneur drsquohommes raquo associeacutee agrave son nom au v 244 le repreacutesente comme un guerrier et non comme le devin et gueacuterisseur qursquoil devint apregraves sa mortthinsp50 Les mecircmes fluctuations entre les deux vocalismes srsquoobservent on lrsquoa vu chez Pindare Chez les poegravetes attiques de lrsquoeacutepoque classique la forme ancienne Ἀμφιάρεος a eacuteteacute atticiseacutee en Ἀμφιάρεως alors que dans les inscriptions non seulement attiques mais beacuteotiennes (Thegravebes) et ioniennes (Oropos est une colonie drsquoEacutereacutetriethinsp51) crsquoest Ἀμφιάραος que lrsquoon rencontrethinsp52

Dans ces conditions lrsquoeacutetymologie proposeacutee par Heubeck qui consiste agrave reconnaicirctre dans Ἀμφι-άρης et son deacuteriveacute Ἀμφιάρηος des composeacutes posses-sifs formeacutes comme lrsquoanthroponyme Ἀμφί-θεος laquo qui a (descend drsquo)un dieu des deux cocircteacutes raquo avec au second membre le nom drsquoAregraves paraicirct la plus satis-faisantethinsp53 Cependant comme crsquoest presque toujours au premier membre que figurent les theacuteonymes en compositionthinsp54 compte tenu aussi de ce qui est

48 Voir Kretschmer p 32 41 122 123 162 214 et R Wachter NAGVI Cor 66f et r deux occurrences de Ἀ(μ)φιάρεος sur le mecircme crategravere corinthien du VIe s avec renvoi (n 280) aux autres attestations reacuteunies par I Krauskopf LIMC I 1980 laquo Amphiaraos raquo (ndeg 13 et ndeg 23 avec -άρεος et les plus reacutecentes ndeg 24 et 27 avec -άραος) et avec une mise au point sur les variations du vocalisme suffixal

49 Odysseacutee 15 244 (pour les deux leccedilons) et 253 (Ἀμφιάραος) Comme le fait remarquer R Wachter loc cit n 281 la correction de Zeacutenodote ne peut srsquoexpliquer seulement par le fait qursquoil savait qursquoapregraves r i et e un η ionien correspondait agrave un ᾱ attique car il aurait en ce cas proposeacute drsquoautres corrections similaires comme Αἰνείης Ἰήονες etc

50 Voir P Sineux Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007 p 46 et 2651 Cf eg MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory of archaic and classical poleis Oxford

2004 ndeg 21452 L Threatte GAI I 1980 p 12553 A Heubeck Die Sprache 17 (1971) p 8-22 en particulier p 9-10 pour les variantes

du nom Contre lrsquohypothegravese de Kretschmer op cit p 32 qui voyait dans ἱάρηϜ-ος la theacutema-tisation de ἱαρεύςthinsp le radical agrave vocalisme a non meacuteridional de ἱερ- (ce qui exclut en principe tout rapprochement avec les formes myceacuteniennes) et lrsquointerpreacutetation de Ἀμφ-ιάρηος comme un composeacute hypostatique agrave rapprocher pour la rection drsquoion ἀρχ-ιέρεως Lrsquohypothegravese mal eacutetayeacutee de W Borgeaud laquo Amphiaraos et le nom de la Sarre raquo BzN 1 (194950) p 102-104 qui part de Ἀμφιάρᾱος et y voit un anthroponyme drsquoorigine preacute-helleacuteniqueillyrienne ambhi-sarāwos laquo qui habite sur les deux rives du Sarāuos ou de la Sarāua raquo a notamment contre elle de reposer sur un athinsp eacutetymologique

54 Voir J Oulhen laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo in RWV Catling-F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 629-630 Le myceacutenien livre cependant le teacutemoignage drsquoun nom feacuteminin a-pi-e-ra (notamment PY An 1281) qui est interpreacuteteacute comme lrsquoeacutequivalent drsquoun alphabeacute-tique Ἀμϕιήρα cf A Morpurgo-Davies RAL seacuter VIII 15 (1960) p 329 n 26 et M Iodice Aevum 85 (2012) p 6 Et lrsquoanthroponyme Μενάρης citeacute infra n 108 pourrait constituer un autre contre-exemple

298 sophie minon

connu de lrsquoascendance et de la geste du heacuteros Ἀμφιάρηοςthinsp55 on preacutefeacuterera reconnaicirctre sous le second membre plutocirct que le theacuteonyme lrsquoappellatif sans doute suffixeacute en -εthinsp ἀρή laquo malheur perte destruction raquo dont il est eacutetymo-logiquement et morphologiquement indissociable ou son eacutequivalent ἄρος auquel la glose drsquoHeacutesychius preacutesenteacutee en introduction donne entre autres le sens neacutegatif dethinsp βλάβος ἀκούσιονthinsp56 Lrsquoautre voie qui aurait consisteacute agrave y voir des hypostases avec le sens laquo de lrsquoentourage drsquoAregraves raquo avait deacutejagrave eacuteteacute eacutecarteacutee par Heubeck comme moins satisfaisante pour la raison que sur ce type de composeacute les deacuteriveacutes sont plus souvent en -ιος qursquoen -οςthinsp57 Or il est sucircr qursquoil est impossible de faire de Ἀμφιάρηος un deacuteriveacute patronymique en -ιος du doublet Ἀμφιαρεύς de Ἀμφιάρης entretenant le mecircme rapport avec eux que ἌρειοςἌρη(ι)οςthinsp58 avec Ἄρηςeacuteol Ἀρεύς en posant -ethinspw-yo-s gt hom -ήιος susceptible drsquoeacutevoluer soit en -ειος soit en -ηοςthinsp59 et -es-yo-s gt -ειος puis -εος (formes myceacuteniennes citeacutees ci-dessous)thinsp il nrsquoy a en effet aucun exemple de la forme pourtant meacutetrique Ἀμφιαρήιος que lrsquoon attendrait en ce cas dans lrsquoeacutepopeacutee agrave cocircteacute des adjectifs patronymiques Καπανήιος et

55 Voir P Sineux loc cit LrsquoOdysseacutee preacutesente le heacuteros comme eacutegalement aimeacute de Zeus et drsquoApollon ce qui en ferait plus un Ἀμφί-θεος laquo qui a un dieu de part et drsquoautre raquo qursquoun Ἀμφιάρηςthinsp crsquoest chez Pindare qursquoἈμφιάραος est repreacutesenteacute comme un guerrier redoutable πολέμοιο νέφος (Neacutem 10 9) tuant (schol Neacutem 9 30b Drachmann) pour prendre le pouvoir agrave Argos dans un contexte de stasis (Neacutem 9 ibid) Si le second eacuteleacutement -άρης repreacutesentait non le theacuteonyme mais lrsquoappellatif ἄρος ou le thegraveme en εthinsp de forme ἀρή le heacuteronyme pourrait alors ecirctre interpreacuteteacute comme laquo qui a sa perte des deux cocircteacutes raquo crsquoest-agrave-dire agrave Argos ougrave il a sa femme Eriphyle comme ennemie (ἀνδροδάμαντα Neacutem 9 16) comme agrave Thegravebes ougrave son art divinatoire lui a fait voir la mort qui lrsquoattend ce dernier motif surtout deacuteveloppeacute par les Tragiques mais deacutejagrave esquisseacute par Pindare (Ol 6 17) voir Sineux p 35

56 Pour lrsquoeacutetymologie et le sens du nom drsquoAregraves voir P Chantraine DEacuteLG sv ἀρή Ἄρης et pour ἄρος supra n 5thinsp pour lrsquoorigine commune du theacuteonyme et de lrsquoappellatif ἀρή M Peters laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch-C Zinko (edd) Studia Onomastica et Indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz 1995 p 185 n 2 le Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre Primaumlrstammbildungen2 eacuted H Rix 2001 et derniegraverement T Barnes laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19 qui pose pour toute cette famille la racine H2erH1- et pour Aregraves H2reacuteH1-H2rH1-eacutes- avec le sens de laquo destructeur raquothinsp contre R Schmitt ZPE 17 (1975) p 15-16 qui postulait pour le theacuteonyme une origine iranienne

57 Heubeck p 17 et voir E Risch op cit p 17158 Sur hom Ἀρήιος laquo drsquoAregraves le belliqueux raquo devenu par la suite Ἄρειος voir O Masson

OGS III p 139 et n 81 Pour la forme -ηος du suffixe voirthinsp Ἀρήου nom de mois SGDI II 2136 l 2 (Delphes IIe av J-C) IG IX (2) 359c et 1117b (Thessalie eacutepoque romaine)thinsp en revanche dans les inscriptions attiques de la mecircme eacutepoque ougrave figure le nom de lrsquoAreacuteopage (ἐξ Ἀρήου πάγου) eg IG II2 1721 ou 3238 ou lrsquoanthroponyme eg IG II2 1718 ou 3173 il srsquoagit drsquoune graphie itacisante pour lrsquoancienne forme -ειος du suffixe

59 Lrsquoeacutequivalent myceacutenien du suffixe -[C]e-wi-jo est connu par exemple agrave travers lrsquoadjectif i-je-re-wi-jo auquel on pourra comparer agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique hom ἱερ-ήιον koin -ῆον -εῖον voir E Risch op cit sect 46 Pour ῆον voir I v Miletos ndeg 10 l 38 Ve s V Petrakos Ἐπιγρ τοῦ Ὠρωποῦ ndeg 277 l 33 IVe s M Segreacute Iscr di Cos ED ndeg 178 l 19 fin IIIe s etc

299ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

νηλήιος ou encore Ἀφαρήιος fait non sur Ἀφάρηος mais sur Ἀφαρεύς chez Apollonios de Rhodesthinsp60

Heubeck proposait drsquoexpliquer la formation du heacuteronyme de la maniegravere suivante Il y reconnaissait un deacuteriveacute theacutematique de Ἀμφιάρης constitueacute sur le modegravele des anthroponymes myc o-ti-na-wo hom Εὔ- Κλυτό- Ἐχέ- Πολύ-νεως en face de lrsquoappellatif ναῦς avec -ναυςthinsp -νᾱ(Ϝ)ος gt -νηος gt -νεως dans le mecircme rapport que -άρηςthinsp -άρηος gt -άρεωςthinsp hom Βριάρεως reflegraveterait la mecircme theacutematisation de -άρηςthinsp61 Le datif myc a-re du theacuteo-nyme drsquoapregraves lui ne pouvait ecirctre ni celui drsquoun thegraveme sigmatique ni celui drsquoun thegraveme en -ηϜ- mecircme srsquoil est en veacuteriteacute difficile de ne pas reconnaicirctre dans les deux variantes cnossiennes a-re-i-jo et a-re-jo (= Ἄρεἱος vs Ἄρειος) lrsquoadjectif en -yo- correspondant au thegraveme sigmatique que pourrait du reste aussi attester la variante theacutebaine a-re-i qursquoil citait lui-mecircmethinsp62 Il consideacuterait de ce fait que le nom drsquoAregraves eacutetait agrave lrsquoorigine un thegraveme en εthinsp (-eh1-)thinsp63 et que la flexion en -εύς comme celle en -t- (Ἄρης Ἄρητοςthinsp64) qursquoattesteraient indirectement les deacuteriveacutes patronymique Heacutes Ἀρητιάδης et phratronymique arg Ἀμφιαρητείδας repreacutesentaient elles aussi des deacuteveloppements secon-dairesthinsp65 O Masson voyait de mecircme dans chypr Θάλες un ancien nom en εthinsp passeacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique agrave la flexion en dentale geacuten Θάλητοςthinsp66

Mais de mecircme que φύλαξ a pu ecirctre theacutematiseacute degraves la langue eacutepique en φύλακος ce qui a pu ecirctre reacuteinterpreacuteteacute bien plus tard comme lrsquoemploi de son geacutenitif comme un nominatif si lrsquoon en croit une scholie agrave Apollonios de

60 A R I 485 etc61 Heubeck p 18 et 20-2162 Voir CJ Ruijgh Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien 1967 p 265

contesteacute par Heubeck p 16 n 33thinsp on pourrait avoir de mecircme a-re-ị-mene ( ou a-re-ẓọ-me-ne TH Z 849) vs a-re-me-ne (TH Z 852) cf DMic sv Comparer a-re-i-jo vs a-re-jo (KN Le 641 1 et Vc 208) avec le patronymique e-te-wo-ke-re-we-i-jo (PY An 644 8-9 et Aq 64 15) fait sur lrsquoeacutequivalent drsquoalph Ἐτεοκλέ(Ϝ)ης

63 Crsquoest la doctrine toujours admise aujourdrsquohui voir par exemple le compte rendu de N Guilleux agrave A Bernabeacute-ER Lujan Introduccion al griego miceacutenico Gramatica seleccion de textos y glosario 2006 dans BSL 104 2 (2009) p 178

64 Ἄρητος nrsquoest attesteacute ni comme geacutenitif ni sans doute comme nominatif agrave εthinsp heacuteriteacute contre Heubeck p 14 n 22 Le nom Ἄρᾱτος ioniseacute en Ἄρητος (Od 3 440) est fait sur un autre radical celui de ἀρ(Ϝ)ά laquo priegravere vœu maleacutediction raquo voir le dictionnaire de Pape-Benseler Bechtel HPN 63 et Chantraine DEacuteLG sv

65 Heubeck p 17 et 20 ougrave est citeacute le parallegravele drsquohom Ἀφαρεύς et patron Ἀφαρήιος vs Ἀφάρητα (Bacch 5 129) et Ἀφαρήτιδαι (Pind Neacutem 10 65) Voir pour la forme heacutesiodique Bouclier 57-59 ougrave lrsquoadjectif patronymique Ἀρητιάδην est employeacute pour reacutefeacuterer au fils drsquoAregravesthinsp Ὃς καὶ Κύκνον ἔπεφνεν Ἀρητιάδην μεγάθυμον Pour le phratronyme voir E Lobel Oxy Pap 32 1967 ndeg 2618 frag 1 col 1 l 7 de Steacutesichore et W Vollgraff reacutefeacuterence citeacutee supra n 33

66 Agrave distinguer drsquoion Θαλῆς -έω drsquoun ancien Θαλέας aujourdrsquohui attesteacute agrave trois exem-plaires cf O Masson RPh 48 (1974) p 83 et n 2 Pour le Thalegraves chypriote du VIIe s voir du mecircme auteur ICS2 p 257 (ta-le-se)

300 sophie minon

Rhodesthinsp67 Ἀμφιαρεύς aurait pu ecirctre theacutematiseacute en ἈμφιάρηϜ-ος suivant un processus que pourrait aussi illustrer la reacutefection du composeacute ἀρχιερεύς en ἀρχιέρεως chez Heacuterodote qui aurait entraicircneacute celle du simple ἱερεύς dans les inscriptions ioniennesthinsp68 Le pheacutenomegravene pourrait mecircme srsquoobserver pour le theacuteonyme degraves lrsquoeacutepoque myceacutenienne si lrsquoon pouvait accorder foi agrave la lecture a-re-ẉọ de PY An 340 11 et suivre Gallavotti qui proposait avec preacutecaution de voir dans ce nominatif un deacuteriveacute de Ἄρηςthinsp69 Une partie du myceacutenien (au moins Thegravebes et Cnossosthinsp70) semble du reste avoir deacutejagrave amorceacute le meacutetaplasme du thegraveme ancien a-re en thegraveme sigmatique On ne peut donc exclure que la theacutematisation se soit faite agrave partir du composeacute deacutejagrave suffixeacute en -εύς que pourrait recouvrir la forme de geacutenitif supposeacute a-pi-ja-re-[wo ()] deacutejagrave citeacutee plutocirct qursquoau stade preacuteceacutedent ougrave le thegraveme eacutetait peut-ecirctre encore en -εthinspthinsp71 Notons du reste que drsquoun point de vue phoneacutetique la theacutematisation est plus attendue agrave partir drsquoun thegraveme (semi-)consonantique que vocaliquethinsp en face de Ἀμφιάρη-ος Heubeck citait du reste comme parallegravele le thegraveme nāw- du nom du laquo navire raquo (drsquoougrave -νᾱ(Ϝ)-ος gt -νηος) agrave semi-consonne et non agrave

67 Dans la scholie tardive 132b (G Lachenaud Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010 p 34) le scholiaste explique ainsi le processus de theacutematisation des noms atheacutematiques qursquoil attribue aux Ioniensthinsp Φύλακος Ἰωνικῶς ὁ φύλαξ Ἴωνες γὰρ τὰς γενικὰς ποιοῦσιν εὐθείαςthinsp il renvoie ensuite sur la question de lrsquoaccentuation agrave Heacuterodien cf n 64 ibid ougrave lrsquoauteur signale lrsquoaccentuation φυλακούς en Il 24 566

68 Voir deacutejagrave E Risch Wortbildung p 164 n 1 avec renvoi agrave J Wackernagel Zeitschrift fuumlr vergleichende Sprachforschunghellip 27 (1879) p 265 et P Chantraine Formationhellip p 13-14 pour la correacutelation entre theacutematisation et composition et p 130 ougrave il signale la rareteacute des composeacutes en -εύς ce qui peut expliquer aussi leur tendance agrave la theacutematisation Cf Hdte 2 37 (corrigeacute par les eacutediteurs modernes en ἀρχιερεύς) et Dittenberger Syll3 1037 l 4 (Milet ca 300thinsp ἱέρεως) 495 l 23 (Olbia ca 230thinsp geacuten ἱέρεω) et F Sokolowski Lois sacreacutees des citeacutes grecques Suppleacutement Paris 1962 78 l 2-3 (Chios IIe s av J-Cthinsp ἱρέωι) ou encore Ἀ Στεϕάνου Χιακὰ Μελετήματα 1 (1958) 26-32 l 7 (Chiosthinsp nom ἱέρεως) Autres exemples de theacutematisations chez Schwyzer Griechische Grammatik I p 458 et voir mes Inscriptions eacuteleacuteennes dialectales 2007 p 369 et n 13 avec le nominatif eacuteleacuteen μανάσιος du nom de lrsquouniteacute de mesure connue agrave Chypre sous la forme μνάσις Crsquoeacutetait deacutejagrave lrsquohypothegravese de Bechtel Griechische Dialekte II p 514 qui fai-sait de ἈμφιάρηϜος une forme secondaire parallegravele agrave Ἀμφιαρετεύς

69 C Gallavotti Paideia 12 (1957) p 329 voir DMic sv a-re-wo Sur la question de lrsquoori-gine du suffixe -ηϜ- et de ses rapports avec les autres suffixes du grec voir J-L Perpillou Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973 p 15-62

70 Cf n 62 Sur la coexistence de dialectes agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne que lrsquoon ne perccediloit qursquoagrave travers les lapsus des scribes formeacutes agrave eacutecrire la langue de la chancellerie de lrsquoeacutepoque qui repose sur un dialecte de type arcado-chypriote voir M Lejeune laquo Rapport sur le grec myceacutenien raquo Atti Roma 1968 II p 731 contre RJE Thompson laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 (1996-97) p 313-333 qui preacutefegravere voir dans les variantes les indices drsquoeacutevolutions linguistiques en cours comme J Chadwick laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 401 qui insiste sur lrsquouniformiteacute de la langue sur les diffeacuterents sites Dans le mecircme sens que M Lejeune voir sur le caractegravere dialectalement composite du myceacutenien N Guilleux loc cit supra note 63 p 299

71 Comme composeacute en -εύς deacutejagrave attesteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne on pourra citer en parti-culier a-pi-po-re-we (KN Uc 160 v 2 unanimement interpreacuteteacute comme ἀμφι-φορῆϜες) avec la variante haplologique a-po-re-we (PY Tn 996 3 ἀμφορῆϜε)

301ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

voyelle finale On ne dispose certes pas de parallegravele qui permette drsquoeacutetablir le sort de eh1 suivi de voyellethinsp72 Le troisiegraveme mode drsquoeacutevolution agrave savoir lrsquoeacutelar-gissement des thegravemes en -εthinsp en dentale (-ης -ητος) qui nrsquoest pas attesteacute en myceacutenien serait en revanche posteacuterieurthinsp73

Ἀμφι-άραοςPour expliquer ensuite que lrsquoancien Ἀμφιάρηος ait vu transformer le

εthinsp eacutetymologique de son second eacuteleacutement en athinsp pour prendre la forme Ἀμφιάραος R Wachter a reacutecemment repris agrave son compte lrsquoexplication accepteacutee par Kretschmer selon laquelle une eacutetymologie populaire aurait fait constituer secondairement -άρᾱος drsquoapregraves ἀράομαι au sens eacutepique de laquo prier raquothinsp74 en posant lrsquoeacutequation proportionnelle suivante qui preacutesuppose lrsquoeacutepopeacutee ionienne acclimateacutee agrave Athegravenes et en Beacuteotiethinsp ion ἀρήσομαιthinsp att beacuteot ἀρᾱσομαι = ion Ἀμφιάρηοςthinsp att beacuteot x avec x = Ἀμφιάρᾱοςthinsp75 Il faisait neacuteanmoins remarquer le caractegravere plus eacuteconomique de lrsquoautre hypo-thegravese qui aurait fait partir de -ᾱος ioniseacute en -ηος atticiseacute en -εως puis refait en -ᾱος trajectoire qursquoillustre dans le lexique lrsquoappellatif λᾱός qui nrsquoest cependant substitueacute en attique agrave λεώς qursquoagrave la fin du IIIe siegraveclethinsp76 Les tenta-tives sporadiques drsquoionisation du heacuteronyme dans la langue eacutepique auraient eacuteteacute en ce cas agrave lrsquoorigine des formes agrave vocalisme εthinsp des leacutegendes vasculaires corinthiennes les plus anciennes comme des flottements observeacutes dans la tra-dition pindarique Il est vrai qursquoil est impossible vu la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφια- de reconnaicirctre eacutetymologiquement au second

72 Pas drsquoexemple comparable ni chez R Beekes The Development of the Proto-Indo-European laryngeals in Greek La Haye-Paris 1969 p 170-172 ni chez M Peters Untersuchungen zur Vertretung der indogermanischen Laryngale im Griechischen Wien 1980 p 272 La finale -ᾱων ονος de noms de Troyens comme Ἀρετάων ou de lrsquoethnique Ἰάονες cf P Chantraine Formation p 162-163 aurait pu laisser supposer que devant une autre voyelle la voyelle longue issue de eh1 se conservait au mecircme titre que le athinsp issu de eh2 si le myceacutenien nrsquoinvitait en fait agrave res-tituer -ᾱϜων cf O Landau Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958 p 185-186

73 Heubeck p 1974 Kretschmer op cit (n 47) p 123 Lrsquoeacutetymologie populaire est refleacuteteacutee par Photius

Bibliothegraveque Bekker 148a l 36thinsp ὅτι Ἀμφιάραος ἐκλήθη ἐπεὶ ἄμφω οἱ τῆς μητρὸς γονεῖς ἠράσαντο αὐτὴν ἄνευ τεκεῖν μόγου Le heacuteronyme aurait-il ainsi eacuteteacute reacuteinterpreacuteteacute comme laquo celui que lrsquoon prie de part et drsquoautre raquo avec un rappel agrave Thegravebes de lrsquoorigine argienne du heacuteros et du culte qursquoil recevait aussi en Argolide tandis qursquoagrave Oropos il aurait eacuteteacute le heacuteros auquel on rendait un culte de part et drsquoautre de la frontiegravere que lrsquoon fucirct Atheacutenien ou Oropienthinsp

75 R Wachter NAGVI 77 renvoie agrave Kretschmer loc cit Autre hypothegravese insatisfaisante de M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 191-193thinsp lrsquoanalogie des composeacutes anthroponymiques agrave second eacuteleacutement -λᾱϜ ος (gt -lœthinspwos en zone io-att) aurait fait passer -rēwos () agrave -rœthinspwos drsquoougrave beacuteot -ρᾱος par hypercorrection

76 Crsquoest par exemple lrsquointerpreacutetation du dictionnaire de W Pape et G Benseler de 1911 Pour la substitution de λᾱός agrave la forme ionienne-attique λεώς agrave partir de lrsquoeacutepoque helleacutenistique voir L Threatte GAI II 1996 p 39 Lrsquoionien ne semble pas avoir eu ληός cf A Meillet Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 1975 p 313 Lrsquohistorien Polybe est le premier prosateur agrave rem-ployer la forme ancienne λαός comme aussi ναός cf J-A de Foucault Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972 p 65

302 sophie minon

eacuteleacutement le radical de ἀρά laquo priegravere raquo drsquoun plus ancien ἀρϜά (arc κάταρϜος) drsquoougrave ion ᾱρή dans la poeacutesie homeacuteriquethinsp77 Il faut donc bien admettre comme seul authentique le radical ἀρ- agrave bregraveve initiale dont deacuterivent le thegraveme agrave εthinsp que recouvrent hom feacutem ἀρή laquo malheur perte raquo et masc Ἄρης le thegraveme en -εthinspw- qui est aussi ancien pour le theacuteonyme ainsi que le substantif ἄρος que fait connaicirctre la triple glose drsquoHeacutesychius dont le sens neacutegatif βλάβος ἀκούσιον rejoint le seacutemantisme funeste des premiers

Ἀμφ-ιέραοςLrsquoultime transformation en Ἀμφιέραος variante sporadique connue

par quelques deacutedicaces attiques priveacutees et autres inscriptions helleacutenistiques de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos et dont teacutemoigne aussi le nom drsquoassociation Ἀμφιεραισταί agrave Rhamnonte fin IIIedeacutebut IIe siegraveclethinsp78 a pu se produire agrave Oropos ougrave elle aurait eacuteteacute motiveacutee par la volonteacute drsquoioniserthinsp79 une seacutequence dont la reacuteinterpreacutetation par fausse coupe comme Ἀμφ-ιαρ-αοςthinsp80 aurait juste-ment eacuteteacute favoriseacutee par la proximiteacute seacutemantique entre la notion de laquo sacreacute raquo et celle de laquo priegravere raquo que lrsquoeacutetymologie populaire avait secondairement rattacheacutee agrave ce nom de heacuteros Il ne peut y avoir lagrave en effet que la reacuteeacutetymologisation reacutecente drsquoun nom dont lrsquoabsence drsquoattestation drsquoἈμφίερος ου drsquoἌμφιρος agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique indique qursquoil ne repose sur rien drsquoancien Le myceacute-nien du reste ne connaissait que le degreacute e de ce radical (i-je-ro i-je-re-u etc) sans avoir jamais employeacute semble-t-il ni i-ja-ro ni i-a2-rothinsp81thinsp il est vrai que lrsquoanthroponyme a-pi-a2-ro qui pourrait theacuteoriquement avoir comme eacutequiva-lent alphabeacutetique lrsquoanthroponyme Ἀμφίαρος est interpreacuteteacute unanimement comme Ἀμφί-hαλος avec au second eacuteleacutement le radical du nom du laquo sel raquothinsp82 principalement parce que la forte repreacutesentation du radical de forme i-(j)

77 M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 186 n 578 Pour les deacutedicaces attiques contemporaines des inscriptions de lrsquoAmphiaraion voir

L Threatte GAI I p 126thinsp pour les proxeacutenies et autres deacutecrets de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos V Petrakou Οἱ ἐπιγραφές τοῦ Ὠρωποῦ Athegravenes 1997 eg ndeg 9 et 17 deacutebut IIIe s ndeg 60 etc et cf IG II-III2 (1) 1322 pour lrsquoassociation des Ἀμφιεραισταί

79 Comme les formes en Ἀμφιερ- commencent seulement agrave apparaicirctre au tournant du IVe et du IIIe siegravecle alors qursquoapregraves 312 les Beacuteotiens sont agrave nouveau maicirctres drsquoOropos qui fait partie du koinon tout en gardant son statut de citeacute (MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory ndeg 214) ce changement de vocalisme radical peut ecirctre interpreacuteteacute comme une marque drsquoidentiteacute (-ιαρ- fait beacuteotien) de la part des Oropiens dont le dialecte est apparenteacute agrave lrsquoionien drsquoEubeacutee Il est moins plausible drsquoy voir un indice de la koineacuteisation du dialecte qui nrsquoaurait pas affecteacute degraves cette peacuteriode le radical drsquoun heacuteronyme

80 L Threatte GAI I p 126 et 391 heacutesite entre deux explications pour la variante Ἀμφιέραοςthinsp tendance agrave la dissimilation ou plus vraisemblablement confusion avec le radical de ἱερός

81 Voir RJ Thompson laquo Dialects in Mycenaean and mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 1996-97 p 330

82 DMic sv a-pi-a2-ro et cf A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 51

303ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

e-r(V) fait exclure que le vocalisme a puisse avoir eacuteteacute mecircme sporadiquement repreacutesenteacutethinsp83

ἈμφίαροςLrsquoanthroponyme hapax dont il vient drsquoecirctre question Ἀμφίαρος figure

agrave cocircteacute de Παμφίλη de Ἀμφίλοχος et de Ἀμφίας sur un loutrophoros du IVe siegravecle a C trouveacute agrave Athegravenesthinsp84 La segmentation Ἀμφ-ίαρος qui ferait identifier le second eacuteleacutement de ce composeacute comme le radical agrave vocalisme non ionien-attique de ἱερός cf eg Ἀγχ-ίαρος agrave Thespies et Cheacuteroneacutee ou Καλλ-ίαρος vs Καλλ-ίερος agrave Delphesthinsp85 est probablement agrave exclure agrave cause de lrsquoassociation avec le nom feacuteminin agrave finale -η quant agrave lui bien attiquethinsp on attendrait Ἀμφίερος qui nrsquoest nullement attesteacute

La solution qui consisterait agrave y voir une forme courte pour Ἀμφιάραοςthinsp86 se heurte au fait que cette forme du heacuteronyme nrsquoest attesteacutee comme anthropo-nyme qursquoagrave partir du Ier siegravecle de notre egraverethinsp87 Il est alors preacutefeacuterable drsquoy voir un deuxiegraveme exemple de composeacute agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- non eacutelideacute comme dans le cas de Ἀμφιάρηος devant un second eacuteleacutement de forme -αρος ndash lrsquoana-logie de la seacutequence iathinsp de lrsquohypocoristique Ἀμφίας aurait pu contribuer au maintien de lrsquohiatus On aurait pu srsquoattendre agrave un second eacuteleacutement en -άρης-ήρης en lien avec notamment le substantif ἄρος (cf infra II sous Ἀμφάρης) mais -αρος qui est attesteacute par exemple dans le nom du magistrat moneacutetaire Εὔαρος agrave Eacutephegravese au Ve siegraveclethinsp88 peut srsquoexpliquer comme une forme de second membre court parallegravele agrave feacutem -αρώ (cf Κλειναρώ agrave Paros au IIe siegravecle avant J-C ou νεικα(ρ)ώ fille de Ἀρίστων agrave Thegravebes au IIeIIIe siegravecle de notre egravere) bacirctie agrave partir du radical ἀρ- soit de ἀρετή soit de ἄριστοςthinsp89 La derniegravere solution qui aurait consisteacute agrave y voir un deacuteriveacute comparable agrave Ἀμφί-ας au suf-fixe rare -αρος issu de la grammaticalisation de la formation hypocoristique susdite doit sans doute ecirctre eacutecarteacutee parce qursquoelle est plutocirct attendue dans le cas drsquoun sobriquet tel Βάτταρος fait sur Βάττοςthinsp90

En zone non ionienne-attique crsquoest en revanche ἱαρός qursquoil faut recon-naicirctre au second eacuteleacutement du nom nouveau de lrsquoArgien Γνοhίαρος que fait connaicirctre Ch Kritzas dans le mecircme volumethinsp91 composeacute agrave rection ver-

83 Sur le caractegravere cependant dialectalement stratifieacute du myceacutenien voir deacutejagrave supra n 7084 LGPN II Polemon 4 (1949) p 33 ndeg 32 et V Bardani-G Papadopoulou-V Petrakos

Συμπλήρωμα τῶν ἐπιτυμβίων μνημείων τῆς Ἀττικῆς Athegravenes 2006 ndeg 152985 Pour Ἀγχίαρος cf Y Kalliontzis BCH 131 (2007) [2009] p 495-496thinsp pour Καλλίαρος

vs Καλλίερος respectivement SGDI 1987 l 16 175 av J-C et 1867 l 10 177 av J-C86 Hypothegravese de J Traill Persons of Ancient Athens 2 p 100 ndeg 12513587 Deux Atheacuteniens LGPN II88 A Meadows-U Wartemberg (eacuted) Coin Hoards 9 Londres 2002 p 102 ndeg 189 Κλειναρώ IG XII (5) 186 18thinsp νεικα[ρ]ώ IG VII 2681 et cf infra n 14390 Cf O Masson respectivement Philologus 110 (1966) p 256 et n 5 (= OGS I p 91) agrave

propos des noms Λεύκαρος et Λευκάριστος et Glotta 54 (1976) 94 et n 55 (= OGS I p 279)91 Crsquoest lrsquoanalyse de Ch Kritzas pour le nom de lrsquoArgien Γνοhίαρος qursquoil eacutetaie du rappro-

chement avec le nom Ἱερόγνωτος drsquoun Deacutelien IG IX (2) 135 23 IVe s

304 sophie minon

bale comme le nom Δεξίαρος attesteacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique pour deux Beacuteotiensthinsp92

Remarquons pour conclure cette partie que les deacuteveloppements eacutetymo-logiques ici exposeacutes conduisent agrave admettre que le i final de ἀμφι- nrsquoa pas plus eacuteteacute eacutelideacute dans le heacuteronyme Ἀμφιάρηος que dans le nom de lrsquoAtheacutenien Ἀμφίαρος et qursquoil ne lrsquoaurait eacuteteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne dans a-pi-ja-re agrave supposer que cette forme syllabique ait bien Ἀμφιάρης comme correspon-dant alphabeacutetique et cela en contradiction avec la regravegle veacuterifieacutee du moins pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique selon laquelle cette eacutelision eacutetait reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale Ἀμφιάρης serait le seul nom en Ἀμφι- ougrave une telle exception srsquoobserverait du myceacutenien au grec alphabeacutetiquethinsp93 Le teacutemoignage du myceacutenien laisse en effet supposer pour les preacutefixeacutes en ἀμφι-thinsp la conservation de lrsquohiatus devant h (a-pi-e-ke pour ἀμφι- + hέχει ou hῆκε)thinsp la dieacuteregravese devant ancienne laryngalethinsp94 sauf en morphologie ver-bale ougrave lrsquoeacutelision est pratiqueacutee (a-pe-e-ke pour ἀμφ- ou ἀπ- + augment ἔ + hεχε ou hηκε) Notons toutefois que lrsquoeacutelision pourrait avoir coexisteacute comme variante degraves le myceacutenien si lrsquoon postulait lrsquoeacutequivalence entre a-pa-re-[uthinsp] et dor ἈμφᾱρηςἈμφᾱρεύςthinsp mais la seacutequence syllabique est seulement inter-preacuteteacutee comme correspondant agrave Ἀφᾰρεύς voire agrave Ἁρπαλεύςthinsp95

Il nrsquoest pas sucircr en revanche que Ἀμφαρίδας et Ἀμφιαρίδας preacutesenteacutes comme exemple de doublet dans lrsquointroductionthinsp96 teacutemoignent de la mecircme variation agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp le second nom pourrait fort bien deacuteriver du nom Ἀμφ-ίαρος et ecirctre par conseacutequent sans relation avec le premier sur lequel nous reviendrons agrave lrsquooccasion de lrsquoeacutetude du nom Ἀμφάρης

92 LGPN IIIBthinsp Coroneacutee 182 av J-C Syll3 585 l 210 et Orchomegravene IIIeIIe s A Wilhelm Neue Beitr 4 p 10 ndeg 1 l 12-13 pegravere notamment drsquoun Ἱαροκλῆς

93 Les deux seuls autres exemples syllabiques possibles drsquoanthroponymes en Ἀμφι- avec dieacute-regravese devant un second eacuteleacutement agrave laryngale initiale eacutetymologique ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() et a-pi-je-ta ne preacutesentent pas de correspondant en grec alphabeacutetique Pour ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() KN B 812a qursquoon pose une eacutequivalence avec Ἀμφιάγορος Ἀμφίαγρος ou Ἀμφίακρος on srsquoattendrait agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique agrave ce que le premier eacuteleacutement agrave -i final soit eacutelideacute comme crsquoest toujours le cas devant le second eacuteleacutement en -αγορ--ηγορ-thinsp et si Πολίαγρος (LGPN I et II) conserve son i devant -αγρος crsquoest pour eacuteviter toute confusion avec le radical de πολύς Or Ἀμφάγορος Ἄμφαγρος et Ἄμφακρος ne sont pas davantage attesteacutes On aurait un autre exemple de dieacuteregravese si a-pi-je-ta PY An 6577 avait pour correspondant Ἀμφι-έρτας agrave comparer avec Λαέρτης Ὀρσέλαος avec le radical de ὄρνυμι voir A Leukart op cit sect 66 et F Bader Minos 10 (1969) p 50 Mais une autre interpreacutetation est possible qui expliquerait lrsquoabsence drsquoeacutelision de a-pi- en conformiteacute avec la regravegle mise en eacutevidence pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp Ἀμφιέτας en lien avec ἵημι (de yeH1) de preacutefeacuterence agrave Ἀμφιέρτας en lien cette fois avec ὄρομαι (de wer-) qui laisserait plutocirct attendre myc a-pi-we-ta

94 Outre a-pi-ja-re cf n 44 voir ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() note preacuteceacutedente95 F Aura Jorro DicMic sv96 Lrsquohypothegravese drsquoune variation drsquoordre phoneacutetique propre au beacuteotien dont teacutemoignerait la

graphie Ἀμφαρίδας vs Ἀμφιαρίδας doit ecirctre eacutecarteacutee cf n 37

305ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Il reste alors pour justifier ce qui ne constitue en deacutefinitive une exception que pour cette eacutepoque agrave invoquer une contrainte drsquoordre prosodique telle que la preacutefeacuterence pour la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφιαρ- qui peut srsquoecirctre conjugueacutee agrave la reacutepugnance agrave constituer une seacutequence gra-phique Ἀμφαρ- qui eacutetait eacutetymologiquement ambigueuml en dehors de lrsquoionien et de lrsquoattique puisqursquoelle pouvait paraicirctre proceacuteder aussi bien de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω au second eacuteleacute-mentthinsp97 que de Ἀμφ- eacutelideacute + -αρ- du radical de Ἄρης ἄρος ou ἀραρίσκω Crsquoest preacuteciseacutement en ces termes que se pose la question de lrsquoeacutetymologie du nom de lrsquoeacutephore spartiate meurtrier drsquoAgis Ἀμφάρης

IIenspἈμφάρης et la polyseacutemie du radical ἀρ-

Ἀμφ-άρηςἈμφ-ήρηςLe nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφάρης que mentionne Plutarque a eacuteteacute

porteacute par un Atheacutenien (agrave la formule onomastique partiellement doriseacutee) et par un Phocidien qui veacutecurent tous deux au IVe siegraveclethinsp98 Dans lrsquohypothegravese ougrave le a meacutedian aurait eacuteteacute allongeacute en composition et le premier eacuteleacutement Ἀμφι- eacutelideacute comme on lrsquoattend conformeacutement agrave la regravegle phoneacutetique deacutejagrave invoqueacutee Ἀμφᾱρης pourrait alors eacuteventuellement ecirctre rapprocheacute de Ἀμφήρης dont Platon fait lrsquoun des souverains de lrsquoAtlantide fils de Poseacuteidon et de Kleitocirc agrave moins que le second membre de ce nom nrsquoait comporteacute un e eacutetymologique et ne soit plutocirct en lien avec ἐρέττωthinsp99 Lrsquoexistence parallegravele des suffixeacutes en -ίδᾱης Ἀμφηρε-ίδης et Ἀμφαρε-ίδας pourrait conforter le premier rappro-chementthinsp100 Bechtel part de ce principe puisqursquoil classe Ἀμφ-άρης agrave cocircteacute de Ξειν-ήρης et les rattache tous deux agrave ἄρος que fait connaicirctre la glose drsquoHeacutesy-

97 Voir P Chantraine DEacuteLG sv φέρω98 Voir Plut Agis 18 agrave 21 ougrave lrsquoacc est transmis sous la forme Ἀμφάρην par confusion

banale agrave cette eacutepoque entre sigmatiques et masculins en -athinsps (gt -ης)thinsp pour lrsquoAtheacutenien du IVe s cf infra n 153 et pour le Phocidien contemporain CID 2 ndeg 31 l 7 (geacuten Ἀμφάρεος)

99 Platon Criti 114b et cf infra n 113100 Ἀμφηρείδης (Atheacutenien FD III (2) 23 l 19 1387 a C) et Ἀμφαρείδας (Kleitor IIIe s

LGPN IIIA) La forme -ίδης du suffixe du nom ancien Ἀμφηρίδης agrave Thasos et agrave Paros (LGPN I) laisse supposer qursquoil deacuterive plutocirct de Ἄμφηρις que de Ἀμφήρης comme le nom du Spartiate Κλεαρίδας (Thuc IV 132 3) deacuteriverait de son cocircteacute de Κλέαρις (Thasos IG XII (8) 280 l 13 VIeVe s) dont on notera cependant que le a meacutedian est ici de quantiteacute bregraveve Dans le cas des thegravemes sigmatiques on srsquoattend agrave ce que le suffixe -ίδης srsquoajoute au suffixe sigmatique drsquoougrave -ε(σ)-ίδης gt -είδηςthinsp et lrsquoexistence de nombreux composeacutes agrave second eacuteleacutement -μενίδης nrsquoest pas contradictoire puisqursquoils semblent avoir eacuteteacute bacirctis sur μένω plutocirct que deacuteriveacutes drsquoun second eacuteleacute-ment -μένης Dans le cas particulier des noms en κλῆς lrsquoargien par exemple preacutesente cependant -ηίδας dans le phratronyme Ὀϕελλοκληίδας ensuite moderniseacute en Ὀφεltλgtλοκλείδας cf IG IV 553 l 6 Ve s (-κλε ίδας) lrsquoineacutedit E 67 dateacute 330-300 (-κληίδας) et la proxeacutenie argienne drsquoun Thrace SEG 30 357 l 11 ca 300 (-κλείδας) Pour les modaliteacutes morphologiques et phoneacutetiques de la deacuterivation en -ίδας cf mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011

306 sophie minon

chius deacutejagrave citeacutee avec le sens positif de laquo providence raquothinsp101thinsp ils appartiendraient alors agrave la cateacutegorie des bahuvrīhi ou eacutepithegravetes de type possessifthinsp102 Drsquoun autre cocircteacute si le a meacutedian de Ἀμφάρης eacutetait effectivement long agrave la diffeacuterence de celui du heacuteronyme Ἀμφιάρηος le second eacuteleacutement -ᾱήρης pourrait tout aussi bien ecirctre analyseacute comme deacuteriveacute de la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo adapteacute agrave raquo ou laquo pourvu de raquo drsquoautant que le composeacute ἀμφήρης laquo ajusteacute des deux cocircteacutes raquo est attesteacute dans le lexique poeacutetiquethinsp103thinsp on aurait alors un composeacute agrave rection verbale dont la composition aurait eu lieu dans lrsquoadjec-tif avant son transfert dans lrsquoonomastique Les deux hypothegraveses pourraient du reste ne pas ecirctre incompatiblesthinsp lrsquoeacutetymologie du substantif ἄρος nrsquoest pas assureacutee mais le premier sens de la glose drsquoHeacutesychius (ἄρος ὄφελος) srsquoaccorderait assez bien avec la notion positive de conformiteacute et drsquoajuste-ment veacutehiculeacutee par la racine H2er- que lrsquoon trouve agrave lrsquoorigine notamment de ἀραρίσκω de ἀρείων et de ἄριστοςthinsp104

Ἀν(α)-φαρ- Ἀμ(φι)-φαρ-thinspIl ne serait en theacuteorie pas impossible drsquoavancer agrave ce stade une autre

hypothegravesethinsp celle que Ἀμφάρης ait pu proceacuteder en dehors du domaine ionien-attique soit de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope soit de Ἀμ(φι)-φαρ- avec haplologie devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω comme pourrait en teacutemoi-gner lrsquoadjectif correspondant que fait connaicirctre une glose drsquoHeacutesychius proba-blement issue de la contamination de trois autresthinsp ἀμφαρής περιορωμένη κατολιγωρουμένη καὶ γυμνός ἐπιφανήςthinsp105 Les adjectifs agrave second eacuteleacute-ment -φερής bien attesteacutes se rencontrent degraves Heacuterodote et Heacutesychius fait aussi connaicirctre ἀντιφαρές gloseacute ἐναντίον en face de ἀντιφερής que sup-pose lrsquohom ἀντιφερίζωthinsp106 Ni ἀν(α)φερής ni les formes sans haplologie ἀμφιφαρής et ἀμφιφερής ne sont cependant attesteacutes Nous aurons lrsquoocca-sion de veacuterifier la validiteacute de cette hypothegravese agrave propos du nom Ἀμφαρίον agrave la fin de la troisiegraveme partie

101 Bechtel HPN 193102 Voir eg E Risch Wortbildung p 166-170103 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης renvoie agrave Eur HF 243 (qualificatif de ξύλα) et agrave Ion

1128 (ἀμφήρεις σκηνάς)104 Cf infra n 111105 La glose est consideacutereacutee agrave plus drsquoun titre comme suspecte par Lattethinsp par exemple crsquoest

agrave lrsquoeacutevidence ἀφαρήςἄφαρος qui est agrave lrsquoorigine du sens γυμνός comme lrsquoavait deacutejagrave signaleacute Schmidt et Kuster avant lui Pour lrsquoeacutequivalence entre ἀν(α)φαρής et ἐπιφανής qui serait pos-sible agrave condition de donner aux deux adjectifs le sens de laquo manifeste eacuteclatant raquo voir Pind Neacutem 11 38 ougrave ἀναφέρω (ἀμφέροντ(ι)) est employeacute au sens de laquo produire au jour faire remon-ter agrave la lumiegravere raquo agrave propos de vertus resurgissant drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre Lrsquoideacutee drsquoindiffeacuterence et de meacutepris dont teacutemoigne lrsquoeacutequivalence avec περιορωμένη κατολιγορουμένη pourrait se com-prendre mieux quant agrave elle agrave partir de ἀμ(φι)φαρής au sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo drsquoougrave neacutegativement laquo indeacutecis sans opinion raquo

106 Cf infra n 158

307ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Le nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφ-άρηςCependant dans le cas du nom de lrsquoeacutephore spartiate le rapprochement

avec le nom Δαμάρης assez populaire agrave Sparte agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacute-nistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp107 et avec les noms anciens des Spartiates Μενάρης (μένει ὀξὺν Ἄρηα Il 12 836) et peut-ecirctre Κλεαρίδαςthinsp108 incite agrave mettre ici -άρης en relation soit avec ἀρή laquo ruine destruction raquo soit direc-tement avec le nom drsquoAregraves comme on tendait en revanche agrave lrsquoeacutecarter pour le heacuteronyme Ἀμφιάρηος Lrsquoexistence du nom Δημάρης porteacute par un Deacutelien et lrsquoabsence de Δημήρης de Μενήρης et de Κλέηρις dissuadent de plus de retenir lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement agrave voyelle longue initiale -ᾱήρης Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le contraste entre la poigneacutee drsquoanthroponymes composeacutes en -ήρης attesteacutes dans lrsquoensemble du monde grec dont lrsquoidentifi-cation avec le radical de ἀραρίσκω nrsquoest du reste probable que pour le seul Φρασιήρης et la vingtaine de composeacutes en -άρης dont plus de la moitieacute est attesteacutee en zone ionienne-attiquethinsp109 fait douter que ce dernier eacuteleacutement ait comporteacute une voyelle longue initiale ailleurs que dans la phraseacuteologie poeacute-tique et dans le calque Μενάρης

Du radical ἀρ- aux bases ἀρι- ἀρο- et ἀρήIl a donc principalement existeacute des composeacutes anthroponymiques agrave second

eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης ndash et de mecircme en -αρις -αρος et -αρώthinsp110 dans lesquels srsquoobserve la mecircme absence drsquoallongement de la voyelle de jonction que dans Ἀμφιάρηος en deacutepit mecircme de lrsquoeacutelision et cela en contradiction avec la loi drsquoallongement urgriechisch mise en eacutevidence par Wackernagel dont lrsquoapplication nrsquoest certes reacuteguliegravere que dans les composeacutes nominaux anciens de lrsquoeacutepoque alphabeacutetique comme cela a eacuteteacute exposeacute en preacuteambule Comme pour ἀμφαρίστερος il est probable que la conservation du a bref eacutetait destineacutee agrave laisser visible le lien eacutetymologique avec la famille de ἀραρίσκω ἀρείων ἀρι- ἄρος et celle de ἀρή Ἄρης vraisemblablement lrsquoune et lrsquoautre issues sinon de la mecircme base du moins de la mecircme racine H2er-thinsp111 en eacutevitant la confusion possible avec les autres -ήρηςthinsp112 comme

107 Le nom Δαμάρης a eacuteteacute porteacute par quatorze Spartiates par un Arcadien (LGPN IIIA) par un Deacutelien et deux Creacutetois (LGPN I) et un citoyen drsquoAmisos (LGPN VA)

108 Bechtel HPN 69 cf Heacuterodote VIII 131 VIe s et n 99 pour Κλεαρίδας et Κλέαρις109 Pour lrsquoorigine poeacutetique du composeacute Φρασι-ήρης cf supra n 6 Drsquoapregraves le site du

LGPN en ligne les autres composeacutes en -ήρης sontthinsp Εὐήρης Ξεινήρης Περιήρης et Πολυήρης tous attesteacutes agrave un seul exemplaire sauf le premier (5 individus) Pour -άρης voirthinsp Ἀμφ(ι)άρης Ἀνδράρης (zone ion-att) Δαημάρης (id) Δειξάρης Διάρης (id) Δρομάρης (id) Εὐάρης (id) Θεάρης Κλεάρης Λυκάρης (id) Μαχάρης (id) Μενάρης (id) Ξεν(Ϝ)άρης (id) Ξιφάρης (id) Πανάρης Παντάρης Ποδάρης Τιμάρης

110 Cf Κλέαρις n 100 et Εὔαρος et Κλειναρώ n 89111 Voir H Rix LIV2 sv H2er- (ἀραρώς) H2erH (Ἄρης) et H2erH3 (ἀρόω) et cf supra

n 56 pour lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour le nom drsquoAregraves par T Barnes112 Il nrsquoest pas sucircr que lrsquoadj hom ἐρίηρες laquo fidegraveles raquo (de wēr- cf hom ἦρα et Chantraine

DEacuteLG sv) ait geacuteneacutereacute des anthroponymes en dehors de lrsquoeacutepopeacutee ougrave le second membre de Διώρης

308 sophie minon

dans poeacutet ἀμφήρης laquo avec des rames de part et drsquoautre raquo (cf ἐρέττω)thinsp113 ou -ηρις (de ἔρις) comme dans poeacutet δύσηρις et lrsquoanthroponyme correspon-dant dont pourraient ecirctre rapprocheacutes le nom du Thasien Ἀμφηρίδης deacuteriveacute de Ἄμφηρις ainsi que lrsquoadjectif ἀμφήριστοςthinsp114

IIIenspἈμφαρίον Δαμαρίων et Θεαρίων

Lrsquoemploi anthroponymique du suffixe -ίωνLes analyses meneacutees jusqursquoici permettent-elles de deacutemecircler lrsquoorigine du

nom nouveau Ἀμφαρίονthinsp En lrsquoabsence de correspondant myceacutenien il res-sort des eacuteleacutements qui ont eacuteteacute deacutegageacutes pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique que si le premier eacuteleacutement eacutetait Ἀμφι- lrsquoeacutelision de sa voyelle finale eacutetait attendue devant -αρ- ndash ne serait-ce que pour eacuteviter lrsquohiatus iV dans deux syllabes successives sans que lrsquoallongement de la voyelle initiale du second eacuteleacute-ment ait neacutecessairement accompagneacute cette eacutelisionthinsp mais qursquoen pays dorien il serait theacuteoriquement possible que Ἀμφαρ- ait valu ion-att ἀναφερ- et soit un composeacute deacuteverbatif comme cela vient drsquoecirctre exposeacute pour le nom Ἀμφάρης La suffixation de notre anthroponyme est-elle alors compatible avec lrsquoune et lrsquoautre formationthinsp

-ίωνForce nous est de constater que la finale -ίων moins reacutepandue dans

lrsquoanthroponymie que le suffixe -ων lrsquoest encore moins parmi les composeacutesthinsp sur les 1060 noms diffeacuterents preacutesentant cette finale dans les six volumes du Lexicon of Greek Personal Names soit 3 de la totaliteacute des noms connus 7 seulement preacutesentent la forme pleine de composeacutes ndash ce sont geacuteneacuteralement des noms rares dont ne sont connus que 2 3 exemplaires mais qui tendent agrave se deacutevelopper au-delagrave de lrsquoeacutepoque classique contre une majoriteacute drsquohypo-coristiques et de sobriquetsthinsp115 Le deacutepouillement de lrsquoindex inverse du LGPN

et Περιήρης aurait cette origine cf Bechtel HPN 194 tandis que Risch Wortbildung p 79 le rapproche de la racine de ἀραρίσκω Lrsquoanalyse du nom de lrsquoArcadien Πολυ-ήρης (monnaie ineacute-dite du IIe s av J-C ZfN 9 [1882] p 266 ndeg 2) est de mecircme ambigueuml

113 La motivation du nom Εὐήρης de trois Thasiens aurait-elle eacuteteacute celle-lagravethinsp la deacutesignation de laquo bons rameurs raquothinsp Pour lrsquoadj poeacutetique ἀμφήρης cf eg Eur Cycl 15

114 Voir DGEsp sv δύσερις poeacutet δύσηρις et ἀμφήριστος et LGPN IIIB deux Thessaliens du nom de Δύσηρις au VIe et IVe s av J-Cthinsp pour Ἀμφηρίδης supra n 100

115 Sondage effectueacute agrave lrsquoaide de la base de donneacutees en ligne du site du LGPN Citons comme composeacutes suffixeacutes en -ίωνthinsp le rare et tardif Ἐπαγαθίων agrave cocircteacute de Παρμενίων qui bat au contraire tous les records dans cette cateacutegorie (197 individus) et dont lrsquoamplitude chronologique des attestations srsquoexplique agrave la fois par le renom du philosophe Parmeacutenide et par celui du lieute-nant Parmeacutenion drsquoAlexandrethinsp la lexicalisation de lrsquoadjectif composeacute ἐμπόριος fait plutocirct inter-preacuteter lrsquoancien Ἐμπορίων (eg LGPN II) comme un sobriquet Comme hypocoristiques on citera par exemple Πασίων (122 individus) forme abreacutegeacutee drsquoun composeacute du type Πασικράτης (60) et Ἐπαφρ-ίων (19) pour Ἐπαφρόδιτος (515)thinsp et comme sobriquets Διδυμίων ou Ἐλευθερίων qui sont lrsquoun et lrsquoautre drsquoeacutepoque impeacuteriale (LGPN passim)

309ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

IIIA (Peacuteloponnegravese Gregravece de lrsquoOuest Sicile et Grande-Gregravece) laisse identifier 40 composeacutes sur les 350 noms diffeacuterents agrave finale -ίων soit un rapport drsquoun peu plus de 11 thinsp un seul est attesteacute en Argolide occidentale preacuteciseacutement agrave Argos mais seulement agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp Ἁρποκρατίωνthinsp116

Le suffixe -ίων qui servait dans le lexique de suffixe de comparatif srsquoest drsquoabord introduit dans les sobriquets adjectivaux du type Αἰσχρίων (234 individus) Καλλίων (20) ou Κυδίων (2) avec sa valeur grammaticalethinsp notons toutefois que Γλυκίων qui est connu comme comparatif homeacuterique nrsquoest attesteacute qursquoagrave deux exemplaires contre plusieurs centaines drsquoexemples de Γλύκων dans lrsquoensemble du monde grecthinsp117 Dans les autres cas la suffixation est produite par lrsquoadjonction du suffixe banal -ων agrave un i- final extrait lui-mecircme drsquoun thegraveme en -ιο-thinsp118 ou plus souvent drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute verbal ou adjectival du type Ἀλεξικράτης (43 individus) drsquoougrave Ἀλεξίων (103) Il arrive plus rarement que le suffixe -ίων ainsi creacuteeacute apparaisse agrave la finale drsquoun composeacute comme le tregraves populaire Παρ-μεν-ίων composeacute pour lequel sont attesteacutees 26 autres formes de suffixations dont -ων tregraves repreacutesenteacute eacutegalement (136 individus)thinsp selon Bechtel crsquoest Πάρμενις qui a seacutecreacuteteacute Παρμενίδας Παρμενίτας Παρμενίων Παρμένισκος etcthinsp119 Il nrsquoy a pas drsquoexemple drsquohypocoristique qui conserve les seuls phonegravemes initiaux du second eacuteleacutement affecteacute de ce suffixe puisque Δαμοτί-ων forme courte de Δαμότιμος et son correspondant ionien-attique nrsquoont pas drsquoeacutequivalent en -των et sont par conseacutequent suffixeacutes en -ων et non en -ίων et qursquoil en va de mecircme pour tous les composeacutes agrave second eacuteleacutement -τίων

-ωνCependant le suffixe -ων nrsquoeacutetait guegravere plus couramment adjoint agrave un

nom composeacute Crsquoest surtout une suffixation de sobriquetsthinsp120 bien plus que drsquohypocoristiquesthinsp on ne citera que Δαμών-ων Ἀλκί-ν-ων et νικ-άρ-ων parmi ceux qui preacutesentent lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de composeacute preacuteser-veacuteethinsp pour les autres du type Ἀλέξων ou Τίμων lrsquoidentification comme hypocoristique ou comme sobriquet deacutepend de la perspective adopteacuteethinsp lrsquoexistence de composeacutes de type heacuteroiumlque avec parallegraveles dans drsquoautres lan-gues indo-europeacuteennes comportant ces premiers eacuteleacutements fera analyser ces

116 Ἁρποκρατίων IIe s apr J-C RE (2)117 Voir J-L Perpillou laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 (1974)

p 99-107118 Voir P Chantraine Formation p 165 pour un exemple lexical comme οὐρανίων fait

sur οὐράνιος drsquoougrave les anthroponymes οὐρανίων et Κρονίων et les nombreux anthroponymes de forme patronymique tels Ἑλλοπίων Ἀχαιίων Ἀρκαδίων Κωνωπίων etc recenseacutes par Bechtel HPN 548

119 Bechtel HPN 307120 P Chantraine Formation p 161 voir aussi O Masson laquo Notes drsquoanthroponymie grecque

et asianique raquo Beitrz Nam 10 (1959) p 162 (OGS I p 22) sur le rapport qui existe entre ce type de sobriquet et les adjectifs en -ύς cf Δάσων vs δασύς

310 sophie minon

anthroponymes comme des hypocoristiques ndash crsquoest lrsquoanalyse historique pra-tiqueacutee par Bechtel tandis qursquoen synchronie la flexion seulement (geacuten en -ωνος) les distingue de participes employeacutes comme sobriquetsthinsp121 Un son-dage opeacutereacute agrave partir du mecircme volume du LGPN fait apparaicirctre sur 1045 noms en -ων autour de 165 composeacutes clairement identifiables ndash comprenant les 40 composeacutes agrave finale -ίων soit un rapport de presque 16 agrave cocircteacute des 11 pour -ίων Parmi les 125 composeacutes distincts de ceux en -ίων 12 au plus sont attesteacutes agrave Argosthinsp122

-αρίωνOn exclura en tout cas que le suffixe soit ici lrsquoeacutequivalent masculin -αρίων

du neutre -άριον qui est employeacute pour former des sobriquets feacuteminins Comme lrsquoa expliqueacute O Masson les noms de femmes faits au moyen de ce suffixe de diminutif (cf παιδάριον ψυχάριον) commencent agrave apparaicirctre au IIIe siegravecle mais les noms drsquohomme correspondants sont propres agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et freacutequents en Eacutegypte et il rappelait que Bechtel avait montreacute que ces derniers avaient eacuteteacute refaits secondairement sur les diminutifsthinsp ainsi Γλυκαρίων et Ψυχαρίων agrave partir de γλυκάριον et ψυχάριον toutes forma-tions deacuteriveacutees de noms ou drsquoadjectifsthinsp123 Le suffixe -αρίων a pu ecirctre ensuite employeacute librement dans lrsquoanthroponymie sans qursquoil existe neacutecessairement de diminutif associeacute comme on lrsquoobserve pour le nom Τυχαρίων porteacute par deux Atheacuteniens de lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp124

Δαμαρίων et ΔαμάρηςCh Kritzas propose comme parallegraveles agrave lrsquoappui de son analyse Ἀμφ-

αρ-ίον du nouveau nom argien les noms Δαμαρίων et Θεαρίωνthinsp125 Le pre-mier nrsquoest pas attesteacute avant le IIIe siegravecle et a eacuteteacute donneacute surtout agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et en zone ionienne-attiquethinsp les volumes du LGPN reacutepertorient 25 individus ainsi deacutenommeacutesthinsp126

121 Voir sur cette question de typologie I Hartmann laquo lsquoWhat namethinsp What parentagersquo The classification of Greek names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann-A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 (2002) p 55-81

122 Voir LGPN IIIAthinsp Ἰπομέδο ν (SEG 11 336 l 5 ca 575-550)thinsp Ἀλκίφρων (Thuc V 59 5 418 av J-C)thinsp Ὀχίπον (IG IV 552 Ve s)thinsp Εὐέλθων (Iamb VP 267 [FVS I p 447] VeIVe s)thinsp Ξενοφάων (CID 2 75 II l 43 336334)thinsp Ἀριστόφρων (SEG 13 243 316 av J-C)thinsp Βουκολέων (CEG II 816 l 12 303 av J-C)thinsp Ἀριστομέδων (ineacuted publ Ch Kritzas IVeIIIe s)thinsp Λυκόφρων (SEG 42 279 l 6 IIe s)thinsp Δαμοφῶν (ineacuted IIe s)thinsp Εὔφρων (Syringes 44 IIeIer s) et Παρμένων (origine argienne incertaine Bernand El-Kanaiumls 79 Ier s)

123 Voir O Masson laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 (1984) p 157 (OGS II p 443)

124 LGPN II IG II2 2089 l 33 et 2113 l 204 IIe s apr J-C125 Lettre du 20 novembre 2010126 La plus ancienne attestation de ce nom est celle drsquoun Creacutetois et date de 2232 (Milet I

(3) 38g 7)thinsp un Parien homonyme est connu agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale (IG XII (5) 173 V) En dehors de lrsquoexemple drsquoun individu dont lrsquoorigine atheacutenienne est incertaine agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale les

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

296 sophie minon

ἈμφιάρηοςA Argos on songera naturellement agrave voir dans Ἀμφίας un diminutif du

nom du roi argien mythique Ἀμφιάρηος pour lequel un fragment drsquoEschyle fait du reste connaicirctre un autre diminutif Ἄμφιςthinsp42 De la mecircme maniegravere agrave Eacutereacutetrie le guerrier des origines converti en heacuteros gueacuterisseur plus tard assimileacute agrave Ascleacutepios semble avoir eacuteteacute honoreacute sous le nom drsquoἈμφίας qursquoat-teste indirectement le nom de lrsquoassociation cultuelle des Ἀμφιασταί que fait connaicirctre une inscription du IIe siegravecle a Cthinsp43 Si lrsquoanthroponyme myc a-pi-ja-re-[ geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]thinsp44 avait pour eacutequivalent alphabeacutetique nom Ἀμφιάρης ou Ἀμφιαρε[ύς] le nom remonterait agrave une haute antiquiteacute sous sa forme non deacuteriveacutee qursquoattestent par ailleurs les acc en -αρῆ et dat en -αρεῖ qui se rencontrent chez Pindarethinsp45 Il est vrai que lrsquoancrage mytho-logique proprement peacuteninsulaire du heacuteros doit faire consideacuterer avec pru-dence ce rapprochement pour des formes seulement attesteacutees lrsquoune et lrsquoautre agrave Cnossos mecircme si les liens qursquoArgos entretenait avec cette citeacute agrave lrsquoeacutepoque classique pourraient srsquoecirctre noueacutes degraves le second milleacutenairethinsp46

Il est du moins des plus probables que le suffixe de lrsquoanthroponyme a originellement comporteacute un εthinsp plutocirct qursquoun athinspthinsp47 Les plus anciennes attestations eacutepigraphiques de ce nom preacutesentent en effet le vocalisme εthinspthinsp ainsi les leacutegendes vasculaires portant Ἀ(μ)φιάρεος en lettres corinthiennes au milieu drsquoanthroponymes de forme dorienne qui notent A tous leurs athinspthinsp de leur cocircteacute les plus anciens des vases attiques agrave figures rouges ont encore

42 Eschyle Fr 632 (Radt)43 P Ducrey laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de

Lausanne (1981) p 73-78 cf J et L Robert Bull Epigr 1982 ndeg 27244 F Aura Jorro DicMic sv (resp KN Xd 7568 et Xd 94) Autre hypothegravese pour la lecture

a-pi-ja-re-[wo ()] chez O Landau Mykenisch-griechische Personennamen p 25 159 171 202thinsp Ἀμφι-αλέϜων avec dieacuteregravese propre agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne cf n 93thinsp mais F Aura Jorro heacutesite agrave lire aussi cette forme a-pi-ja-re-jọ en proposant drsquoy reconnaicirctre un patronymique

45 Pindare Neacutem 9 13 et 24 En Isthm 7 33 tous les manuscrits srsquoaccordent sur lrsquoacc Ἀμφιάραο-ν alors que la leccedilon la plus reacutepandue pour ce thegraveme est Ἀμφιάρηο- en Ol 6 13 et Pyth 8 56 Le papyrus Oxy 2082 fait aussi connaicirctre sous le nom drsquoἈμφιάρης un olympionique spartiate victorieux agrave la lutte cf L Moretti Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957 ndeg 515

46 Sur les liens entre Argos et Cnossos voir notamment les inscriptions reacuteeacutediteacutees par S Minon dans laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 (2007) p 169-210thinsp en faveur drsquoune parenteacute ancienne entre les deux citeacutes voir p 171 lrsquoargument fourni par la preacutesence de lrsquoenclos drsquoArchos heacuteros archeacutegegravete de Cnossos peut-ecirctre venu drsquoArgos

47 Pour P Kretschmer Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach untersucht Guumltersloh 1894 p 32 que suit W Schulze Kl Schr 1933 p 699 le εthinsp est originel et de mecircme E Risch Wortbildung2 p 164 n 1 R Wachter Non-Attic Greek Vase Inscriptions [ci-apregraves NAGVI] Oxford 2001 p 76-77 se range agrave cette position tout en montrant combien il est diffi-cile de trancher

297ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Ἀμφιάρεος tandis que les plus reacutecents ont deacutejagrave Ἀμφιάραοςthinsp48 Au chant 15 de lrsquoOdysseacutee ougrave se rencontrent les deux seules mentions du heacuteros (il nrsquoap-paraicirct pas dans lrsquoIliade) les deux orthographes sont certes deacutefendues par les grammairiens alexandrinsthinsp le α par Aristarque et le η par Zeacutenodotethinsp49thinsp lrsquoeacutepithegravete λαόσσοον laquo entraicircneur drsquohommes raquo associeacutee agrave son nom au v 244 le repreacutesente comme un guerrier et non comme le devin et gueacuterisseur qursquoil devint apregraves sa mortthinsp50 Les mecircmes fluctuations entre les deux vocalismes srsquoobservent on lrsquoa vu chez Pindare Chez les poegravetes attiques de lrsquoeacutepoque classique la forme ancienne Ἀμφιάρεος a eacuteteacute atticiseacutee en Ἀμφιάρεως alors que dans les inscriptions non seulement attiques mais beacuteotiennes (Thegravebes) et ioniennes (Oropos est une colonie drsquoEacutereacutetriethinsp51) crsquoest Ἀμφιάραος que lrsquoon rencontrethinsp52

Dans ces conditions lrsquoeacutetymologie proposeacutee par Heubeck qui consiste agrave reconnaicirctre dans Ἀμφι-άρης et son deacuteriveacute Ἀμφιάρηος des composeacutes posses-sifs formeacutes comme lrsquoanthroponyme Ἀμφί-θεος laquo qui a (descend drsquo)un dieu des deux cocircteacutes raquo avec au second membre le nom drsquoAregraves paraicirct la plus satis-faisantethinsp53 Cependant comme crsquoest presque toujours au premier membre que figurent les theacuteonymes en compositionthinsp54 compte tenu aussi de ce qui est

48 Voir Kretschmer p 32 41 122 123 162 214 et R Wachter NAGVI Cor 66f et r deux occurrences de Ἀ(μ)φιάρεος sur le mecircme crategravere corinthien du VIe s avec renvoi (n 280) aux autres attestations reacuteunies par I Krauskopf LIMC I 1980 laquo Amphiaraos raquo (ndeg 13 et ndeg 23 avec -άρεος et les plus reacutecentes ndeg 24 et 27 avec -άραος) et avec une mise au point sur les variations du vocalisme suffixal

49 Odysseacutee 15 244 (pour les deux leccedilons) et 253 (Ἀμφιάραος) Comme le fait remarquer R Wachter loc cit n 281 la correction de Zeacutenodote ne peut srsquoexpliquer seulement par le fait qursquoil savait qursquoapregraves r i et e un η ionien correspondait agrave un ᾱ attique car il aurait en ce cas proposeacute drsquoautres corrections similaires comme Αἰνείης Ἰήονες etc

50 Voir P Sineux Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007 p 46 et 2651 Cf eg MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory of archaic and classical poleis Oxford

2004 ndeg 21452 L Threatte GAI I 1980 p 12553 A Heubeck Die Sprache 17 (1971) p 8-22 en particulier p 9-10 pour les variantes

du nom Contre lrsquohypothegravese de Kretschmer op cit p 32 qui voyait dans ἱάρηϜ-ος la theacutema-tisation de ἱαρεύςthinsp le radical agrave vocalisme a non meacuteridional de ἱερ- (ce qui exclut en principe tout rapprochement avec les formes myceacuteniennes) et lrsquointerpreacutetation de Ἀμφ-ιάρηος comme un composeacute hypostatique agrave rapprocher pour la rection drsquoion ἀρχ-ιέρεως Lrsquohypothegravese mal eacutetayeacutee de W Borgeaud laquo Amphiaraos et le nom de la Sarre raquo BzN 1 (194950) p 102-104 qui part de Ἀμφιάρᾱος et y voit un anthroponyme drsquoorigine preacute-helleacuteniqueillyrienne ambhi-sarāwos laquo qui habite sur les deux rives du Sarāuos ou de la Sarāua raquo a notamment contre elle de reposer sur un athinsp eacutetymologique

54 Voir J Oulhen laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo in RWV Catling-F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 629-630 Le myceacutenien livre cependant le teacutemoignage drsquoun nom feacuteminin a-pi-e-ra (notamment PY An 1281) qui est interpreacuteteacute comme lrsquoeacutequivalent drsquoun alphabeacute-tique Ἀμϕιήρα cf A Morpurgo-Davies RAL seacuter VIII 15 (1960) p 329 n 26 et M Iodice Aevum 85 (2012) p 6 Et lrsquoanthroponyme Μενάρης citeacute infra n 108 pourrait constituer un autre contre-exemple

298 sophie minon

connu de lrsquoascendance et de la geste du heacuteros Ἀμφιάρηοςthinsp55 on preacutefeacuterera reconnaicirctre sous le second membre plutocirct que le theacuteonyme lrsquoappellatif sans doute suffixeacute en -εthinsp ἀρή laquo malheur perte destruction raquo dont il est eacutetymo-logiquement et morphologiquement indissociable ou son eacutequivalent ἄρος auquel la glose drsquoHeacutesychius preacutesenteacutee en introduction donne entre autres le sens neacutegatif dethinsp βλάβος ἀκούσιονthinsp56 Lrsquoautre voie qui aurait consisteacute agrave y voir des hypostases avec le sens laquo de lrsquoentourage drsquoAregraves raquo avait deacutejagrave eacuteteacute eacutecarteacutee par Heubeck comme moins satisfaisante pour la raison que sur ce type de composeacute les deacuteriveacutes sont plus souvent en -ιος qursquoen -οςthinsp57 Or il est sucircr qursquoil est impossible de faire de Ἀμφιάρηος un deacuteriveacute patronymique en -ιος du doublet Ἀμφιαρεύς de Ἀμφιάρης entretenant le mecircme rapport avec eux que ἌρειοςἌρη(ι)οςthinsp58 avec Ἄρηςeacuteol Ἀρεύς en posant -ethinspw-yo-s gt hom -ήιος susceptible drsquoeacutevoluer soit en -ειος soit en -ηοςthinsp59 et -es-yo-s gt -ειος puis -εος (formes myceacuteniennes citeacutees ci-dessous)thinsp il nrsquoy a en effet aucun exemple de la forme pourtant meacutetrique Ἀμφιαρήιος que lrsquoon attendrait en ce cas dans lrsquoeacutepopeacutee agrave cocircteacute des adjectifs patronymiques Καπανήιος et

55 Voir P Sineux loc cit LrsquoOdysseacutee preacutesente le heacuteros comme eacutegalement aimeacute de Zeus et drsquoApollon ce qui en ferait plus un Ἀμφί-θεος laquo qui a un dieu de part et drsquoautre raquo qursquoun Ἀμφιάρηςthinsp crsquoest chez Pindare qursquoἈμφιάραος est repreacutesenteacute comme un guerrier redoutable πολέμοιο νέφος (Neacutem 10 9) tuant (schol Neacutem 9 30b Drachmann) pour prendre le pouvoir agrave Argos dans un contexte de stasis (Neacutem 9 ibid) Si le second eacuteleacutement -άρης repreacutesentait non le theacuteonyme mais lrsquoappellatif ἄρος ou le thegraveme en εthinsp de forme ἀρή le heacuteronyme pourrait alors ecirctre interpreacuteteacute comme laquo qui a sa perte des deux cocircteacutes raquo crsquoest-agrave-dire agrave Argos ougrave il a sa femme Eriphyle comme ennemie (ἀνδροδάμαντα Neacutem 9 16) comme agrave Thegravebes ougrave son art divinatoire lui a fait voir la mort qui lrsquoattend ce dernier motif surtout deacuteveloppeacute par les Tragiques mais deacutejagrave esquisseacute par Pindare (Ol 6 17) voir Sineux p 35

56 Pour lrsquoeacutetymologie et le sens du nom drsquoAregraves voir P Chantraine DEacuteLG sv ἀρή Ἄρης et pour ἄρος supra n 5thinsp pour lrsquoorigine commune du theacuteonyme et de lrsquoappellatif ἀρή M Peters laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch-C Zinko (edd) Studia Onomastica et Indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz 1995 p 185 n 2 le Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre Primaumlrstammbildungen2 eacuted H Rix 2001 et derniegraverement T Barnes laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19 qui pose pour toute cette famille la racine H2erH1- et pour Aregraves H2reacuteH1-H2rH1-eacutes- avec le sens de laquo destructeur raquothinsp contre R Schmitt ZPE 17 (1975) p 15-16 qui postulait pour le theacuteonyme une origine iranienne

57 Heubeck p 17 et voir E Risch op cit p 17158 Sur hom Ἀρήιος laquo drsquoAregraves le belliqueux raquo devenu par la suite Ἄρειος voir O Masson

OGS III p 139 et n 81 Pour la forme -ηος du suffixe voirthinsp Ἀρήου nom de mois SGDI II 2136 l 2 (Delphes IIe av J-C) IG IX (2) 359c et 1117b (Thessalie eacutepoque romaine)thinsp en revanche dans les inscriptions attiques de la mecircme eacutepoque ougrave figure le nom de lrsquoAreacuteopage (ἐξ Ἀρήου πάγου) eg IG II2 1721 ou 3238 ou lrsquoanthroponyme eg IG II2 1718 ou 3173 il srsquoagit drsquoune graphie itacisante pour lrsquoancienne forme -ειος du suffixe

59 Lrsquoeacutequivalent myceacutenien du suffixe -[C]e-wi-jo est connu par exemple agrave travers lrsquoadjectif i-je-re-wi-jo auquel on pourra comparer agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique hom ἱερ-ήιον koin -ῆον -εῖον voir E Risch op cit sect 46 Pour ῆον voir I v Miletos ndeg 10 l 38 Ve s V Petrakos Ἐπιγρ τοῦ Ὠρωποῦ ndeg 277 l 33 IVe s M Segreacute Iscr di Cos ED ndeg 178 l 19 fin IIIe s etc

299ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

νηλήιος ou encore Ἀφαρήιος fait non sur Ἀφάρηος mais sur Ἀφαρεύς chez Apollonios de Rhodesthinsp60

Heubeck proposait drsquoexpliquer la formation du heacuteronyme de la maniegravere suivante Il y reconnaissait un deacuteriveacute theacutematique de Ἀμφιάρης constitueacute sur le modegravele des anthroponymes myc o-ti-na-wo hom Εὔ- Κλυτό- Ἐχέ- Πολύ-νεως en face de lrsquoappellatif ναῦς avec -ναυςthinsp -νᾱ(Ϝ)ος gt -νηος gt -νεως dans le mecircme rapport que -άρηςthinsp -άρηος gt -άρεωςthinsp hom Βριάρεως reflegraveterait la mecircme theacutematisation de -άρηςthinsp61 Le datif myc a-re du theacuteo-nyme drsquoapregraves lui ne pouvait ecirctre ni celui drsquoun thegraveme sigmatique ni celui drsquoun thegraveme en -ηϜ- mecircme srsquoil est en veacuteriteacute difficile de ne pas reconnaicirctre dans les deux variantes cnossiennes a-re-i-jo et a-re-jo (= Ἄρεἱος vs Ἄρειος) lrsquoadjectif en -yo- correspondant au thegraveme sigmatique que pourrait du reste aussi attester la variante theacutebaine a-re-i qursquoil citait lui-mecircmethinsp62 Il consideacuterait de ce fait que le nom drsquoAregraves eacutetait agrave lrsquoorigine un thegraveme en εthinsp (-eh1-)thinsp63 et que la flexion en -εύς comme celle en -t- (Ἄρης Ἄρητοςthinsp64) qursquoattesteraient indirectement les deacuteriveacutes patronymique Heacutes Ἀρητιάδης et phratronymique arg Ἀμφιαρητείδας repreacutesentaient elles aussi des deacuteveloppements secon-dairesthinsp65 O Masson voyait de mecircme dans chypr Θάλες un ancien nom en εthinsp passeacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique agrave la flexion en dentale geacuten Θάλητοςthinsp66

Mais de mecircme que φύλαξ a pu ecirctre theacutematiseacute degraves la langue eacutepique en φύλακος ce qui a pu ecirctre reacuteinterpreacuteteacute bien plus tard comme lrsquoemploi de son geacutenitif comme un nominatif si lrsquoon en croit une scholie agrave Apollonios de

60 A R I 485 etc61 Heubeck p 18 et 20-2162 Voir CJ Ruijgh Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien 1967 p 265

contesteacute par Heubeck p 16 n 33thinsp on pourrait avoir de mecircme a-re-ị-mene ( ou a-re-ẓọ-me-ne TH Z 849) vs a-re-me-ne (TH Z 852) cf DMic sv Comparer a-re-i-jo vs a-re-jo (KN Le 641 1 et Vc 208) avec le patronymique e-te-wo-ke-re-we-i-jo (PY An 644 8-9 et Aq 64 15) fait sur lrsquoeacutequivalent drsquoalph Ἐτεοκλέ(Ϝ)ης

63 Crsquoest la doctrine toujours admise aujourdrsquohui voir par exemple le compte rendu de N Guilleux agrave A Bernabeacute-ER Lujan Introduccion al griego miceacutenico Gramatica seleccion de textos y glosario 2006 dans BSL 104 2 (2009) p 178

64 Ἄρητος nrsquoest attesteacute ni comme geacutenitif ni sans doute comme nominatif agrave εthinsp heacuteriteacute contre Heubeck p 14 n 22 Le nom Ἄρᾱτος ioniseacute en Ἄρητος (Od 3 440) est fait sur un autre radical celui de ἀρ(Ϝ)ά laquo priegravere vœu maleacutediction raquo voir le dictionnaire de Pape-Benseler Bechtel HPN 63 et Chantraine DEacuteLG sv

65 Heubeck p 17 et 20 ougrave est citeacute le parallegravele drsquohom Ἀφαρεύς et patron Ἀφαρήιος vs Ἀφάρητα (Bacch 5 129) et Ἀφαρήτιδαι (Pind Neacutem 10 65) Voir pour la forme heacutesiodique Bouclier 57-59 ougrave lrsquoadjectif patronymique Ἀρητιάδην est employeacute pour reacutefeacuterer au fils drsquoAregravesthinsp Ὃς καὶ Κύκνον ἔπεφνεν Ἀρητιάδην μεγάθυμον Pour le phratronyme voir E Lobel Oxy Pap 32 1967 ndeg 2618 frag 1 col 1 l 7 de Steacutesichore et W Vollgraff reacutefeacuterence citeacutee supra n 33

66 Agrave distinguer drsquoion Θαλῆς -έω drsquoun ancien Θαλέας aujourdrsquohui attesteacute agrave trois exem-plaires cf O Masson RPh 48 (1974) p 83 et n 2 Pour le Thalegraves chypriote du VIIe s voir du mecircme auteur ICS2 p 257 (ta-le-se)

300 sophie minon

Rhodesthinsp67 Ἀμφιαρεύς aurait pu ecirctre theacutematiseacute en ἈμφιάρηϜ-ος suivant un processus que pourrait aussi illustrer la reacutefection du composeacute ἀρχιερεύς en ἀρχιέρεως chez Heacuterodote qui aurait entraicircneacute celle du simple ἱερεύς dans les inscriptions ioniennesthinsp68 Le pheacutenomegravene pourrait mecircme srsquoobserver pour le theacuteonyme degraves lrsquoeacutepoque myceacutenienne si lrsquoon pouvait accorder foi agrave la lecture a-re-ẉọ de PY An 340 11 et suivre Gallavotti qui proposait avec preacutecaution de voir dans ce nominatif un deacuteriveacute de Ἄρηςthinsp69 Une partie du myceacutenien (au moins Thegravebes et Cnossosthinsp70) semble du reste avoir deacutejagrave amorceacute le meacutetaplasme du thegraveme ancien a-re en thegraveme sigmatique On ne peut donc exclure que la theacutematisation se soit faite agrave partir du composeacute deacutejagrave suffixeacute en -εύς que pourrait recouvrir la forme de geacutenitif supposeacute a-pi-ja-re-[wo ()] deacutejagrave citeacutee plutocirct qursquoau stade preacuteceacutedent ougrave le thegraveme eacutetait peut-ecirctre encore en -εthinspthinsp71 Notons du reste que drsquoun point de vue phoneacutetique la theacutematisation est plus attendue agrave partir drsquoun thegraveme (semi-)consonantique que vocaliquethinsp en face de Ἀμφιάρη-ος Heubeck citait du reste comme parallegravele le thegraveme nāw- du nom du laquo navire raquo (drsquoougrave -νᾱ(Ϝ)-ος gt -νηος) agrave semi-consonne et non agrave

67 Dans la scholie tardive 132b (G Lachenaud Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010 p 34) le scholiaste explique ainsi le processus de theacutematisation des noms atheacutematiques qursquoil attribue aux Ioniensthinsp Φύλακος Ἰωνικῶς ὁ φύλαξ Ἴωνες γὰρ τὰς γενικὰς ποιοῦσιν εὐθείαςthinsp il renvoie ensuite sur la question de lrsquoaccentuation agrave Heacuterodien cf n 64 ibid ougrave lrsquoauteur signale lrsquoaccentuation φυλακούς en Il 24 566

68 Voir deacutejagrave E Risch Wortbildung p 164 n 1 avec renvoi agrave J Wackernagel Zeitschrift fuumlr vergleichende Sprachforschunghellip 27 (1879) p 265 et P Chantraine Formationhellip p 13-14 pour la correacutelation entre theacutematisation et composition et p 130 ougrave il signale la rareteacute des composeacutes en -εύς ce qui peut expliquer aussi leur tendance agrave la theacutematisation Cf Hdte 2 37 (corrigeacute par les eacutediteurs modernes en ἀρχιερεύς) et Dittenberger Syll3 1037 l 4 (Milet ca 300thinsp ἱέρεως) 495 l 23 (Olbia ca 230thinsp geacuten ἱέρεω) et F Sokolowski Lois sacreacutees des citeacutes grecques Suppleacutement Paris 1962 78 l 2-3 (Chios IIe s av J-Cthinsp ἱρέωι) ou encore Ἀ Στεϕάνου Χιακὰ Μελετήματα 1 (1958) 26-32 l 7 (Chiosthinsp nom ἱέρεως) Autres exemples de theacutematisations chez Schwyzer Griechische Grammatik I p 458 et voir mes Inscriptions eacuteleacuteennes dialectales 2007 p 369 et n 13 avec le nominatif eacuteleacuteen μανάσιος du nom de lrsquouniteacute de mesure connue agrave Chypre sous la forme μνάσις Crsquoeacutetait deacutejagrave lrsquohypothegravese de Bechtel Griechische Dialekte II p 514 qui fai-sait de ἈμφιάρηϜος une forme secondaire parallegravele agrave Ἀμφιαρετεύς

69 C Gallavotti Paideia 12 (1957) p 329 voir DMic sv a-re-wo Sur la question de lrsquoori-gine du suffixe -ηϜ- et de ses rapports avec les autres suffixes du grec voir J-L Perpillou Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973 p 15-62

70 Cf n 62 Sur la coexistence de dialectes agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne que lrsquoon ne perccediloit qursquoagrave travers les lapsus des scribes formeacutes agrave eacutecrire la langue de la chancellerie de lrsquoeacutepoque qui repose sur un dialecte de type arcado-chypriote voir M Lejeune laquo Rapport sur le grec myceacutenien raquo Atti Roma 1968 II p 731 contre RJE Thompson laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 (1996-97) p 313-333 qui preacutefegravere voir dans les variantes les indices drsquoeacutevolutions linguistiques en cours comme J Chadwick laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 401 qui insiste sur lrsquouniformiteacute de la langue sur les diffeacuterents sites Dans le mecircme sens que M Lejeune voir sur le caractegravere dialectalement composite du myceacutenien N Guilleux loc cit supra note 63 p 299

71 Comme composeacute en -εύς deacutejagrave attesteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne on pourra citer en parti-culier a-pi-po-re-we (KN Uc 160 v 2 unanimement interpreacuteteacute comme ἀμφι-φορῆϜες) avec la variante haplologique a-po-re-we (PY Tn 996 3 ἀμφορῆϜε)

301ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

voyelle finale On ne dispose certes pas de parallegravele qui permette drsquoeacutetablir le sort de eh1 suivi de voyellethinsp72 Le troisiegraveme mode drsquoeacutevolution agrave savoir lrsquoeacutelar-gissement des thegravemes en -εthinsp en dentale (-ης -ητος) qui nrsquoest pas attesteacute en myceacutenien serait en revanche posteacuterieurthinsp73

Ἀμφι-άραοςPour expliquer ensuite que lrsquoancien Ἀμφιάρηος ait vu transformer le

εthinsp eacutetymologique de son second eacuteleacutement en athinsp pour prendre la forme Ἀμφιάραος R Wachter a reacutecemment repris agrave son compte lrsquoexplication accepteacutee par Kretschmer selon laquelle une eacutetymologie populaire aurait fait constituer secondairement -άρᾱος drsquoapregraves ἀράομαι au sens eacutepique de laquo prier raquothinsp74 en posant lrsquoeacutequation proportionnelle suivante qui preacutesuppose lrsquoeacutepopeacutee ionienne acclimateacutee agrave Athegravenes et en Beacuteotiethinsp ion ἀρήσομαιthinsp att beacuteot ἀρᾱσομαι = ion Ἀμφιάρηοςthinsp att beacuteot x avec x = Ἀμφιάρᾱοςthinsp75 Il faisait neacuteanmoins remarquer le caractegravere plus eacuteconomique de lrsquoautre hypo-thegravese qui aurait fait partir de -ᾱος ioniseacute en -ηος atticiseacute en -εως puis refait en -ᾱος trajectoire qursquoillustre dans le lexique lrsquoappellatif λᾱός qui nrsquoest cependant substitueacute en attique agrave λεώς qursquoagrave la fin du IIIe siegraveclethinsp76 Les tenta-tives sporadiques drsquoionisation du heacuteronyme dans la langue eacutepique auraient eacuteteacute en ce cas agrave lrsquoorigine des formes agrave vocalisme εthinsp des leacutegendes vasculaires corinthiennes les plus anciennes comme des flottements observeacutes dans la tra-dition pindarique Il est vrai qursquoil est impossible vu la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφια- de reconnaicirctre eacutetymologiquement au second

72 Pas drsquoexemple comparable ni chez R Beekes The Development of the Proto-Indo-European laryngeals in Greek La Haye-Paris 1969 p 170-172 ni chez M Peters Untersuchungen zur Vertretung der indogermanischen Laryngale im Griechischen Wien 1980 p 272 La finale -ᾱων ονος de noms de Troyens comme Ἀρετάων ou de lrsquoethnique Ἰάονες cf P Chantraine Formation p 162-163 aurait pu laisser supposer que devant une autre voyelle la voyelle longue issue de eh1 se conservait au mecircme titre que le athinsp issu de eh2 si le myceacutenien nrsquoinvitait en fait agrave res-tituer -ᾱϜων cf O Landau Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958 p 185-186

73 Heubeck p 1974 Kretschmer op cit (n 47) p 123 Lrsquoeacutetymologie populaire est refleacuteteacutee par Photius

Bibliothegraveque Bekker 148a l 36thinsp ὅτι Ἀμφιάραος ἐκλήθη ἐπεὶ ἄμφω οἱ τῆς μητρὸς γονεῖς ἠράσαντο αὐτὴν ἄνευ τεκεῖν μόγου Le heacuteronyme aurait-il ainsi eacuteteacute reacuteinterpreacuteteacute comme laquo celui que lrsquoon prie de part et drsquoautre raquo avec un rappel agrave Thegravebes de lrsquoorigine argienne du heacuteros et du culte qursquoil recevait aussi en Argolide tandis qursquoagrave Oropos il aurait eacuteteacute le heacuteros auquel on rendait un culte de part et drsquoautre de la frontiegravere que lrsquoon fucirct Atheacutenien ou Oropienthinsp

75 R Wachter NAGVI 77 renvoie agrave Kretschmer loc cit Autre hypothegravese insatisfaisante de M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 191-193thinsp lrsquoanalogie des composeacutes anthroponymiques agrave second eacuteleacutement -λᾱϜ ος (gt -lœthinspwos en zone io-att) aurait fait passer -rēwos () agrave -rœthinspwos drsquoougrave beacuteot -ρᾱος par hypercorrection

76 Crsquoest par exemple lrsquointerpreacutetation du dictionnaire de W Pape et G Benseler de 1911 Pour la substitution de λᾱός agrave la forme ionienne-attique λεώς agrave partir de lrsquoeacutepoque helleacutenistique voir L Threatte GAI II 1996 p 39 Lrsquoionien ne semble pas avoir eu ληός cf A Meillet Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 1975 p 313 Lrsquohistorien Polybe est le premier prosateur agrave rem-ployer la forme ancienne λαός comme aussi ναός cf J-A de Foucault Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972 p 65

302 sophie minon

eacuteleacutement le radical de ἀρά laquo priegravere raquo drsquoun plus ancien ἀρϜά (arc κάταρϜος) drsquoougrave ion ᾱρή dans la poeacutesie homeacuteriquethinsp77 Il faut donc bien admettre comme seul authentique le radical ἀρ- agrave bregraveve initiale dont deacuterivent le thegraveme agrave εthinsp que recouvrent hom feacutem ἀρή laquo malheur perte raquo et masc Ἄρης le thegraveme en -εthinspw- qui est aussi ancien pour le theacuteonyme ainsi que le substantif ἄρος que fait connaicirctre la triple glose drsquoHeacutesychius dont le sens neacutegatif βλάβος ἀκούσιον rejoint le seacutemantisme funeste des premiers

Ἀμφ-ιέραοςLrsquoultime transformation en Ἀμφιέραος variante sporadique connue

par quelques deacutedicaces attiques priveacutees et autres inscriptions helleacutenistiques de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos et dont teacutemoigne aussi le nom drsquoassociation Ἀμφιεραισταί agrave Rhamnonte fin IIIedeacutebut IIe siegraveclethinsp78 a pu se produire agrave Oropos ougrave elle aurait eacuteteacute motiveacutee par la volonteacute drsquoioniserthinsp79 une seacutequence dont la reacuteinterpreacutetation par fausse coupe comme Ἀμφ-ιαρ-αοςthinsp80 aurait juste-ment eacuteteacute favoriseacutee par la proximiteacute seacutemantique entre la notion de laquo sacreacute raquo et celle de laquo priegravere raquo que lrsquoeacutetymologie populaire avait secondairement rattacheacutee agrave ce nom de heacuteros Il ne peut y avoir lagrave en effet que la reacuteeacutetymologisation reacutecente drsquoun nom dont lrsquoabsence drsquoattestation drsquoἈμφίερος ου drsquoἌμφιρος agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique indique qursquoil ne repose sur rien drsquoancien Le myceacute-nien du reste ne connaissait que le degreacute e de ce radical (i-je-ro i-je-re-u etc) sans avoir jamais employeacute semble-t-il ni i-ja-ro ni i-a2-rothinsp81thinsp il est vrai que lrsquoanthroponyme a-pi-a2-ro qui pourrait theacuteoriquement avoir comme eacutequiva-lent alphabeacutetique lrsquoanthroponyme Ἀμφίαρος est interpreacuteteacute unanimement comme Ἀμφί-hαλος avec au second eacuteleacutement le radical du nom du laquo sel raquothinsp82 principalement parce que la forte repreacutesentation du radical de forme i-(j)

77 M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 186 n 578 Pour les deacutedicaces attiques contemporaines des inscriptions de lrsquoAmphiaraion voir

L Threatte GAI I p 126thinsp pour les proxeacutenies et autres deacutecrets de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos V Petrakou Οἱ ἐπιγραφές τοῦ Ὠρωποῦ Athegravenes 1997 eg ndeg 9 et 17 deacutebut IIIe s ndeg 60 etc et cf IG II-III2 (1) 1322 pour lrsquoassociation des Ἀμφιεραισταί

79 Comme les formes en Ἀμφιερ- commencent seulement agrave apparaicirctre au tournant du IVe et du IIIe siegravecle alors qursquoapregraves 312 les Beacuteotiens sont agrave nouveau maicirctres drsquoOropos qui fait partie du koinon tout en gardant son statut de citeacute (MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory ndeg 214) ce changement de vocalisme radical peut ecirctre interpreacuteteacute comme une marque drsquoidentiteacute (-ιαρ- fait beacuteotien) de la part des Oropiens dont le dialecte est apparenteacute agrave lrsquoionien drsquoEubeacutee Il est moins plausible drsquoy voir un indice de la koineacuteisation du dialecte qui nrsquoaurait pas affecteacute degraves cette peacuteriode le radical drsquoun heacuteronyme

80 L Threatte GAI I p 126 et 391 heacutesite entre deux explications pour la variante Ἀμφιέραοςthinsp tendance agrave la dissimilation ou plus vraisemblablement confusion avec le radical de ἱερός

81 Voir RJ Thompson laquo Dialects in Mycenaean and mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 1996-97 p 330

82 DMic sv a-pi-a2-ro et cf A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 51

303ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

e-r(V) fait exclure que le vocalisme a puisse avoir eacuteteacute mecircme sporadiquement repreacutesenteacutethinsp83

ἈμφίαροςLrsquoanthroponyme hapax dont il vient drsquoecirctre question Ἀμφίαρος figure

agrave cocircteacute de Παμφίλη de Ἀμφίλοχος et de Ἀμφίας sur un loutrophoros du IVe siegravecle a C trouveacute agrave Athegravenesthinsp84 La segmentation Ἀμφ-ίαρος qui ferait identifier le second eacuteleacutement de ce composeacute comme le radical agrave vocalisme non ionien-attique de ἱερός cf eg Ἀγχ-ίαρος agrave Thespies et Cheacuteroneacutee ou Καλλ-ίαρος vs Καλλ-ίερος agrave Delphesthinsp85 est probablement agrave exclure agrave cause de lrsquoassociation avec le nom feacuteminin agrave finale -η quant agrave lui bien attiquethinsp on attendrait Ἀμφίερος qui nrsquoest nullement attesteacute

La solution qui consisterait agrave y voir une forme courte pour Ἀμφιάραοςthinsp86 se heurte au fait que cette forme du heacuteronyme nrsquoest attesteacutee comme anthropo-nyme qursquoagrave partir du Ier siegravecle de notre egraverethinsp87 Il est alors preacutefeacuterable drsquoy voir un deuxiegraveme exemple de composeacute agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- non eacutelideacute comme dans le cas de Ἀμφιάρηος devant un second eacuteleacutement de forme -αρος ndash lrsquoana-logie de la seacutequence iathinsp de lrsquohypocoristique Ἀμφίας aurait pu contribuer au maintien de lrsquohiatus On aurait pu srsquoattendre agrave un second eacuteleacutement en -άρης-ήρης en lien avec notamment le substantif ἄρος (cf infra II sous Ἀμφάρης) mais -αρος qui est attesteacute par exemple dans le nom du magistrat moneacutetaire Εὔαρος agrave Eacutephegravese au Ve siegraveclethinsp88 peut srsquoexpliquer comme une forme de second membre court parallegravele agrave feacutem -αρώ (cf Κλειναρώ agrave Paros au IIe siegravecle avant J-C ou νεικα(ρ)ώ fille de Ἀρίστων agrave Thegravebes au IIeIIIe siegravecle de notre egravere) bacirctie agrave partir du radical ἀρ- soit de ἀρετή soit de ἄριστοςthinsp89 La derniegravere solution qui aurait consisteacute agrave y voir un deacuteriveacute comparable agrave Ἀμφί-ας au suf-fixe rare -αρος issu de la grammaticalisation de la formation hypocoristique susdite doit sans doute ecirctre eacutecarteacutee parce qursquoelle est plutocirct attendue dans le cas drsquoun sobriquet tel Βάτταρος fait sur Βάττοςthinsp90

En zone non ionienne-attique crsquoest en revanche ἱαρός qursquoil faut recon-naicirctre au second eacuteleacutement du nom nouveau de lrsquoArgien Γνοhίαρος que fait connaicirctre Ch Kritzas dans le mecircme volumethinsp91 composeacute agrave rection ver-

83 Sur le caractegravere cependant dialectalement stratifieacute du myceacutenien voir deacutejagrave supra n 7084 LGPN II Polemon 4 (1949) p 33 ndeg 32 et V Bardani-G Papadopoulou-V Petrakos

Συμπλήρωμα τῶν ἐπιτυμβίων μνημείων τῆς Ἀττικῆς Athegravenes 2006 ndeg 152985 Pour Ἀγχίαρος cf Y Kalliontzis BCH 131 (2007) [2009] p 495-496thinsp pour Καλλίαρος

vs Καλλίερος respectivement SGDI 1987 l 16 175 av J-C et 1867 l 10 177 av J-C86 Hypothegravese de J Traill Persons of Ancient Athens 2 p 100 ndeg 12513587 Deux Atheacuteniens LGPN II88 A Meadows-U Wartemberg (eacuted) Coin Hoards 9 Londres 2002 p 102 ndeg 189 Κλειναρώ IG XII (5) 186 18thinsp νεικα[ρ]ώ IG VII 2681 et cf infra n 14390 Cf O Masson respectivement Philologus 110 (1966) p 256 et n 5 (= OGS I p 91) agrave

propos des noms Λεύκαρος et Λευκάριστος et Glotta 54 (1976) 94 et n 55 (= OGS I p 279)91 Crsquoest lrsquoanalyse de Ch Kritzas pour le nom de lrsquoArgien Γνοhίαρος qursquoil eacutetaie du rappro-

chement avec le nom Ἱερόγνωτος drsquoun Deacutelien IG IX (2) 135 23 IVe s

304 sophie minon

bale comme le nom Δεξίαρος attesteacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique pour deux Beacuteotiensthinsp92

Remarquons pour conclure cette partie que les deacuteveloppements eacutetymo-logiques ici exposeacutes conduisent agrave admettre que le i final de ἀμφι- nrsquoa pas plus eacuteteacute eacutelideacute dans le heacuteronyme Ἀμφιάρηος que dans le nom de lrsquoAtheacutenien Ἀμφίαρος et qursquoil ne lrsquoaurait eacuteteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne dans a-pi-ja-re agrave supposer que cette forme syllabique ait bien Ἀμφιάρης comme correspon-dant alphabeacutetique et cela en contradiction avec la regravegle veacuterifieacutee du moins pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique selon laquelle cette eacutelision eacutetait reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale Ἀμφιάρης serait le seul nom en Ἀμφι- ougrave une telle exception srsquoobserverait du myceacutenien au grec alphabeacutetiquethinsp93 Le teacutemoignage du myceacutenien laisse en effet supposer pour les preacutefixeacutes en ἀμφι-thinsp la conservation de lrsquohiatus devant h (a-pi-e-ke pour ἀμφι- + hέχει ou hῆκε)thinsp la dieacuteregravese devant ancienne laryngalethinsp94 sauf en morphologie ver-bale ougrave lrsquoeacutelision est pratiqueacutee (a-pe-e-ke pour ἀμφ- ou ἀπ- + augment ἔ + hεχε ou hηκε) Notons toutefois que lrsquoeacutelision pourrait avoir coexisteacute comme variante degraves le myceacutenien si lrsquoon postulait lrsquoeacutequivalence entre a-pa-re-[uthinsp] et dor ἈμφᾱρηςἈμφᾱρεύςthinsp mais la seacutequence syllabique est seulement inter-preacuteteacutee comme correspondant agrave Ἀφᾰρεύς voire agrave Ἁρπαλεύςthinsp95

Il nrsquoest pas sucircr en revanche que Ἀμφαρίδας et Ἀμφιαρίδας preacutesenteacutes comme exemple de doublet dans lrsquointroductionthinsp96 teacutemoignent de la mecircme variation agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp le second nom pourrait fort bien deacuteriver du nom Ἀμφ-ίαρος et ecirctre par conseacutequent sans relation avec le premier sur lequel nous reviendrons agrave lrsquooccasion de lrsquoeacutetude du nom Ἀμφάρης

92 LGPN IIIBthinsp Coroneacutee 182 av J-C Syll3 585 l 210 et Orchomegravene IIIeIIe s A Wilhelm Neue Beitr 4 p 10 ndeg 1 l 12-13 pegravere notamment drsquoun Ἱαροκλῆς

93 Les deux seuls autres exemples syllabiques possibles drsquoanthroponymes en Ἀμφι- avec dieacute-regravese devant un second eacuteleacutement agrave laryngale initiale eacutetymologique ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() et a-pi-je-ta ne preacutesentent pas de correspondant en grec alphabeacutetique Pour ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() KN B 812a qursquoon pose une eacutequivalence avec Ἀμφιάγορος Ἀμφίαγρος ou Ἀμφίακρος on srsquoattendrait agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique agrave ce que le premier eacuteleacutement agrave -i final soit eacutelideacute comme crsquoest toujours le cas devant le second eacuteleacutement en -αγορ--ηγορ-thinsp et si Πολίαγρος (LGPN I et II) conserve son i devant -αγρος crsquoest pour eacuteviter toute confusion avec le radical de πολύς Or Ἀμφάγορος Ἄμφαγρος et Ἄμφακρος ne sont pas davantage attesteacutes On aurait un autre exemple de dieacuteregravese si a-pi-je-ta PY An 6577 avait pour correspondant Ἀμφι-έρτας agrave comparer avec Λαέρτης Ὀρσέλαος avec le radical de ὄρνυμι voir A Leukart op cit sect 66 et F Bader Minos 10 (1969) p 50 Mais une autre interpreacutetation est possible qui expliquerait lrsquoabsence drsquoeacutelision de a-pi- en conformiteacute avec la regravegle mise en eacutevidence pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp Ἀμφιέτας en lien avec ἵημι (de yeH1) de preacutefeacuterence agrave Ἀμφιέρτας en lien cette fois avec ὄρομαι (de wer-) qui laisserait plutocirct attendre myc a-pi-we-ta

94 Outre a-pi-ja-re cf n 44 voir ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() note preacuteceacutedente95 F Aura Jorro DicMic sv96 Lrsquohypothegravese drsquoune variation drsquoordre phoneacutetique propre au beacuteotien dont teacutemoignerait la

graphie Ἀμφαρίδας vs Ἀμφιαρίδας doit ecirctre eacutecarteacutee cf n 37

305ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Il reste alors pour justifier ce qui ne constitue en deacutefinitive une exception que pour cette eacutepoque agrave invoquer une contrainte drsquoordre prosodique telle que la preacutefeacuterence pour la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφιαρ- qui peut srsquoecirctre conjugueacutee agrave la reacutepugnance agrave constituer une seacutequence gra-phique Ἀμφαρ- qui eacutetait eacutetymologiquement ambigueuml en dehors de lrsquoionien et de lrsquoattique puisqursquoelle pouvait paraicirctre proceacuteder aussi bien de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω au second eacuteleacute-mentthinsp97 que de Ἀμφ- eacutelideacute + -αρ- du radical de Ἄρης ἄρος ou ἀραρίσκω Crsquoest preacuteciseacutement en ces termes que se pose la question de lrsquoeacutetymologie du nom de lrsquoeacutephore spartiate meurtrier drsquoAgis Ἀμφάρης

IIenspἈμφάρης et la polyseacutemie du radical ἀρ-

Ἀμφ-άρηςἈμφ-ήρηςLe nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφάρης que mentionne Plutarque a eacuteteacute

porteacute par un Atheacutenien (agrave la formule onomastique partiellement doriseacutee) et par un Phocidien qui veacutecurent tous deux au IVe siegraveclethinsp98 Dans lrsquohypothegravese ougrave le a meacutedian aurait eacuteteacute allongeacute en composition et le premier eacuteleacutement Ἀμφι- eacutelideacute comme on lrsquoattend conformeacutement agrave la regravegle phoneacutetique deacutejagrave invoqueacutee Ἀμφᾱρης pourrait alors eacuteventuellement ecirctre rapprocheacute de Ἀμφήρης dont Platon fait lrsquoun des souverains de lrsquoAtlantide fils de Poseacuteidon et de Kleitocirc agrave moins que le second membre de ce nom nrsquoait comporteacute un e eacutetymologique et ne soit plutocirct en lien avec ἐρέττωthinsp99 Lrsquoexistence parallegravele des suffixeacutes en -ίδᾱης Ἀμφηρε-ίδης et Ἀμφαρε-ίδας pourrait conforter le premier rappro-chementthinsp100 Bechtel part de ce principe puisqursquoil classe Ἀμφ-άρης agrave cocircteacute de Ξειν-ήρης et les rattache tous deux agrave ἄρος que fait connaicirctre la glose drsquoHeacutesy-

97 Voir P Chantraine DEacuteLG sv φέρω98 Voir Plut Agis 18 agrave 21 ougrave lrsquoacc est transmis sous la forme Ἀμφάρην par confusion

banale agrave cette eacutepoque entre sigmatiques et masculins en -athinsps (gt -ης)thinsp pour lrsquoAtheacutenien du IVe s cf infra n 153 et pour le Phocidien contemporain CID 2 ndeg 31 l 7 (geacuten Ἀμφάρεος)

99 Platon Criti 114b et cf infra n 113100 Ἀμφηρείδης (Atheacutenien FD III (2) 23 l 19 1387 a C) et Ἀμφαρείδας (Kleitor IIIe s

LGPN IIIA) La forme -ίδης du suffixe du nom ancien Ἀμφηρίδης agrave Thasos et agrave Paros (LGPN I) laisse supposer qursquoil deacuterive plutocirct de Ἄμφηρις que de Ἀμφήρης comme le nom du Spartiate Κλεαρίδας (Thuc IV 132 3) deacuteriverait de son cocircteacute de Κλέαρις (Thasos IG XII (8) 280 l 13 VIeVe s) dont on notera cependant que le a meacutedian est ici de quantiteacute bregraveve Dans le cas des thegravemes sigmatiques on srsquoattend agrave ce que le suffixe -ίδης srsquoajoute au suffixe sigmatique drsquoougrave -ε(σ)-ίδης gt -είδηςthinsp et lrsquoexistence de nombreux composeacutes agrave second eacuteleacutement -μενίδης nrsquoest pas contradictoire puisqursquoils semblent avoir eacuteteacute bacirctis sur μένω plutocirct que deacuteriveacutes drsquoun second eacuteleacute-ment -μένης Dans le cas particulier des noms en κλῆς lrsquoargien par exemple preacutesente cependant -ηίδας dans le phratronyme Ὀϕελλοκληίδας ensuite moderniseacute en Ὀφεltλgtλοκλείδας cf IG IV 553 l 6 Ve s (-κλε ίδας) lrsquoineacutedit E 67 dateacute 330-300 (-κληίδας) et la proxeacutenie argienne drsquoun Thrace SEG 30 357 l 11 ca 300 (-κλείδας) Pour les modaliteacutes morphologiques et phoneacutetiques de la deacuterivation en -ίδας cf mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011

306 sophie minon

chius deacutejagrave citeacutee avec le sens positif de laquo providence raquothinsp101thinsp ils appartiendraient alors agrave la cateacutegorie des bahuvrīhi ou eacutepithegravetes de type possessifthinsp102 Drsquoun autre cocircteacute si le a meacutedian de Ἀμφάρης eacutetait effectivement long agrave la diffeacuterence de celui du heacuteronyme Ἀμφιάρηος le second eacuteleacutement -ᾱήρης pourrait tout aussi bien ecirctre analyseacute comme deacuteriveacute de la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo adapteacute agrave raquo ou laquo pourvu de raquo drsquoautant que le composeacute ἀμφήρης laquo ajusteacute des deux cocircteacutes raquo est attesteacute dans le lexique poeacutetiquethinsp103thinsp on aurait alors un composeacute agrave rection verbale dont la composition aurait eu lieu dans lrsquoadjec-tif avant son transfert dans lrsquoonomastique Les deux hypothegraveses pourraient du reste ne pas ecirctre incompatiblesthinsp lrsquoeacutetymologie du substantif ἄρος nrsquoest pas assureacutee mais le premier sens de la glose drsquoHeacutesychius (ἄρος ὄφελος) srsquoaccorderait assez bien avec la notion positive de conformiteacute et drsquoajuste-ment veacutehiculeacutee par la racine H2er- que lrsquoon trouve agrave lrsquoorigine notamment de ἀραρίσκω de ἀρείων et de ἄριστοςthinsp104

Ἀν(α)-φαρ- Ἀμ(φι)-φαρ-thinspIl ne serait en theacuteorie pas impossible drsquoavancer agrave ce stade une autre

hypothegravesethinsp celle que Ἀμφάρης ait pu proceacuteder en dehors du domaine ionien-attique soit de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope soit de Ἀμ(φι)-φαρ- avec haplologie devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω comme pourrait en teacutemoi-gner lrsquoadjectif correspondant que fait connaicirctre une glose drsquoHeacutesychius proba-blement issue de la contamination de trois autresthinsp ἀμφαρής περιορωμένη κατολιγωρουμένη καὶ γυμνός ἐπιφανήςthinsp105 Les adjectifs agrave second eacuteleacute-ment -φερής bien attesteacutes se rencontrent degraves Heacuterodote et Heacutesychius fait aussi connaicirctre ἀντιφαρές gloseacute ἐναντίον en face de ἀντιφερής que sup-pose lrsquohom ἀντιφερίζωthinsp106 Ni ἀν(α)φερής ni les formes sans haplologie ἀμφιφαρής et ἀμφιφερής ne sont cependant attesteacutes Nous aurons lrsquoocca-sion de veacuterifier la validiteacute de cette hypothegravese agrave propos du nom Ἀμφαρίον agrave la fin de la troisiegraveme partie

101 Bechtel HPN 193102 Voir eg E Risch Wortbildung p 166-170103 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης renvoie agrave Eur HF 243 (qualificatif de ξύλα) et agrave Ion

1128 (ἀμφήρεις σκηνάς)104 Cf infra n 111105 La glose est consideacutereacutee agrave plus drsquoun titre comme suspecte par Lattethinsp par exemple crsquoest

agrave lrsquoeacutevidence ἀφαρήςἄφαρος qui est agrave lrsquoorigine du sens γυμνός comme lrsquoavait deacutejagrave signaleacute Schmidt et Kuster avant lui Pour lrsquoeacutequivalence entre ἀν(α)φαρής et ἐπιφανής qui serait pos-sible agrave condition de donner aux deux adjectifs le sens de laquo manifeste eacuteclatant raquo voir Pind Neacutem 11 38 ougrave ἀναφέρω (ἀμφέροντ(ι)) est employeacute au sens de laquo produire au jour faire remon-ter agrave la lumiegravere raquo agrave propos de vertus resurgissant drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre Lrsquoideacutee drsquoindiffeacuterence et de meacutepris dont teacutemoigne lrsquoeacutequivalence avec περιορωμένη κατολιγορουμένη pourrait se com-prendre mieux quant agrave elle agrave partir de ἀμ(φι)φαρής au sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo drsquoougrave neacutegativement laquo indeacutecis sans opinion raquo

106 Cf infra n 158

307ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Le nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφ-άρηςCependant dans le cas du nom de lrsquoeacutephore spartiate le rapprochement

avec le nom Δαμάρης assez populaire agrave Sparte agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacute-nistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp107 et avec les noms anciens des Spartiates Μενάρης (μένει ὀξὺν Ἄρηα Il 12 836) et peut-ecirctre Κλεαρίδαςthinsp108 incite agrave mettre ici -άρης en relation soit avec ἀρή laquo ruine destruction raquo soit direc-tement avec le nom drsquoAregraves comme on tendait en revanche agrave lrsquoeacutecarter pour le heacuteronyme Ἀμφιάρηος Lrsquoexistence du nom Δημάρης porteacute par un Deacutelien et lrsquoabsence de Δημήρης de Μενήρης et de Κλέηρις dissuadent de plus de retenir lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement agrave voyelle longue initiale -ᾱήρης Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le contraste entre la poigneacutee drsquoanthroponymes composeacutes en -ήρης attesteacutes dans lrsquoensemble du monde grec dont lrsquoidentifi-cation avec le radical de ἀραρίσκω nrsquoest du reste probable que pour le seul Φρασιήρης et la vingtaine de composeacutes en -άρης dont plus de la moitieacute est attesteacutee en zone ionienne-attiquethinsp109 fait douter que ce dernier eacuteleacutement ait comporteacute une voyelle longue initiale ailleurs que dans la phraseacuteologie poeacute-tique et dans le calque Μενάρης

Du radical ἀρ- aux bases ἀρι- ἀρο- et ἀρήIl a donc principalement existeacute des composeacutes anthroponymiques agrave second

eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης ndash et de mecircme en -αρις -αρος et -αρώthinsp110 dans lesquels srsquoobserve la mecircme absence drsquoallongement de la voyelle de jonction que dans Ἀμφιάρηος en deacutepit mecircme de lrsquoeacutelision et cela en contradiction avec la loi drsquoallongement urgriechisch mise en eacutevidence par Wackernagel dont lrsquoapplication nrsquoest certes reacuteguliegravere que dans les composeacutes nominaux anciens de lrsquoeacutepoque alphabeacutetique comme cela a eacuteteacute exposeacute en preacuteambule Comme pour ἀμφαρίστερος il est probable que la conservation du a bref eacutetait destineacutee agrave laisser visible le lien eacutetymologique avec la famille de ἀραρίσκω ἀρείων ἀρι- ἄρος et celle de ἀρή Ἄρης vraisemblablement lrsquoune et lrsquoautre issues sinon de la mecircme base du moins de la mecircme racine H2er-thinsp111 en eacutevitant la confusion possible avec les autres -ήρηςthinsp112 comme

107 Le nom Δαμάρης a eacuteteacute porteacute par quatorze Spartiates par un Arcadien (LGPN IIIA) par un Deacutelien et deux Creacutetois (LGPN I) et un citoyen drsquoAmisos (LGPN VA)

108 Bechtel HPN 69 cf Heacuterodote VIII 131 VIe s et n 99 pour Κλεαρίδας et Κλέαρις109 Pour lrsquoorigine poeacutetique du composeacute Φρασι-ήρης cf supra n 6 Drsquoapregraves le site du

LGPN en ligne les autres composeacutes en -ήρης sontthinsp Εὐήρης Ξεινήρης Περιήρης et Πολυήρης tous attesteacutes agrave un seul exemplaire sauf le premier (5 individus) Pour -άρης voirthinsp Ἀμφ(ι)άρης Ἀνδράρης (zone ion-att) Δαημάρης (id) Δειξάρης Διάρης (id) Δρομάρης (id) Εὐάρης (id) Θεάρης Κλεάρης Λυκάρης (id) Μαχάρης (id) Μενάρης (id) Ξεν(Ϝ)άρης (id) Ξιφάρης (id) Πανάρης Παντάρης Ποδάρης Τιμάρης

110 Cf Κλέαρις n 100 et Εὔαρος et Κλειναρώ n 89111 Voir H Rix LIV2 sv H2er- (ἀραρώς) H2erH (Ἄρης) et H2erH3 (ἀρόω) et cf supra

n 56 pour lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour le nom drsquoAregraves par T Barnes112 Il nrsquoest pas sucircr que lrsquoadj hom ἐρίηρες laquo fidegraveles raquo (de wēr- cf hom ἦρα et Chantraine

DEacuteLG sv) ait geacuteneacutereacute des anthroponymes en dehors de lrsquoeacutepopeacutee ougrave le second membre de Διώρης

308 sophie minon

dans poeacutet ἀμφήρης laquo avec des rames de part et drsquoautre raquo (cf ἐρέττω)thinsp113 ou -ηρις (de ἔρις) comme dans poeacutet δύσηρις et lrsquoanthroponyme correspon-dant dont pourraient ecirctre rapprocheacutes le nom du Thasien Ἀμφηρίδης deacuteriveacute de Ἄμφηρις ainsi que lrsquoadjectif ἀμφήριστοςthinsp114

IIIenspἈμφαρίον Δαμαρίων et Θεαρίων

Lrsquoemploi anthroponymique du suffixe -ίωνLes analyses meneacutees jusqursquoici permettent-elles de deacutemecircler lrsquoorigine du

nom nouveau Ἀμφαρίονthinsp En lrsquoabsence de correspondant myceacutenien il res-sort des eacuteleacutements qui ont eacuteteacute deacutegageacutes pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique que si le premier eacuteleacutement eacutetait Ἀμφι- lrsquoeacutelision de sa voyelle finale eacutetait attendue devant -αρ- ndash ne serait-ce que pour eacuteviter lrsquohiatus iV dans deux syllabes successives sans que lrsquoallongement de la voyelle initiale du second eacuteleacute-ment ait neacutecessairement accompagneacute cette eacutelisionthinsp mais qursquoen pays dorien il serait theacuteoriquement possible que Ἀμφαρ- ait valu ion-att ἀναφερ- et soit un composeacute deacuteverbatif comme cela vient drsquoecirctre exposeacute pour le nom Ἀμφάρης La suffixation de notre anthroponyme est-elle alors compatible avec lrsquoune et lrsquoautre formationthinsp

-ίωνForce nous est de constater que la finale -ίων moins reacutepandue dans

lrsquoanthroponymie que le suffixe -ων lrsquoest encore moins parmi les composeacutesthinsp sur les 1060 noms diffeacuterents preacutesentant cette finale dans les six volumes du Lexicon of Greek Personal Names soit 3 de la totaliteacute des noms connus 7 seulement preacutesentent la forme pleine de composeacutes ndash ce sont geacuteneacuteralement des noms rares dont ne sont connus que 2 3 exemplaires mais qui tendent agrave se deacutevelopper au-delagrave de lrsquoeacutepoque classique contre une majoriteacute drsquohypo-coristiques et de sobriquetsthinsp115 Le deacutepouillement de lrsquoindex inverse du LGPN

et Περιήρης aurait cette origine cf Bechtel HPN 194 tandis que Risch Wortbildung p 79 le rapproche de la racine de ἀραρίσκω Lrsquoanalyse du nom de lrsquoArcadien Πολυ-ήρης (monnaie ineacute-dite du IIe s av J-C ZfN 9 [1882] p 266 ndeg 2) est de mecircme ambigueuml

113 La motivation du nom Εὐήρης de trois Thasiens aurait-elle eacuteteacute celle-lagravethinsp la deacutesignation de laquo bons rameurs raquothinsp Pour lrsquoadj poeacutetique ἀμφήρης cf eg Eur Cycl 15

114 Voir DGEsp sv δύσερις poeacutet δύσηρις et ἀμφήριστος et LGPN IIIB deux Thessaliens du nom de Δύσηρις au VIe et IVe s av J-Cthinsp pour Ἀμφηρίδης supra n 100

115 Sondage effectueacute agrave lrsquoaide de la base de donneacutees en ligne du site du LGPN Citons comme composeacutes suffixeacutes en -ίωνthinsp le rare et tardif Ἐπαγαθίων agrave cocircteacute de Παρμενίων qui bat au contraire tous les records dans cette cateacutegorie (197 individus) et dont lrsquoamplitude chronologique des attestations srsquoexplique agrave la fois par le renom du philosophe Parmeacutenide et par celui du lieute-nant Parmeacutenion drsquoAlexandrethinsp la lexicalisation de lrsquoadjectif composeacute ἐμπόριος fait plutocirct inter-preacuteter lrsquoancien Ἐμπορίων (eg LGPN II) comme un sobriquet Comme hypocoristiques on citera par exemple Πασίων (122 individus) forme abreacutegeacutee drsquoun composeacute du type Πασικράτης (60) et Ἐπαφρ-ίων (19) pour Ἐπαφρόδιτος (515)thinsp et comme sobriquets Διδυμίων ou Ἐλευθερίων qui sont lrsquoun et lrsquoautre drsquoeacutepoque impeacuteriale (LGPN passim)

309ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

IIIA (Peacuteloponnegravese Gregravece de lrsquoOuest Sicile et Grande-Gregravece) laisse identifier 40 composeacutes sur les 350 noms diffeacuterents agrave finale -ίων soit un rapport drsquoun peu plus de 11 thinsp un seul est attesteacute en Argolide occidentale preacuteciseacutement agrave Argos mais seulement agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp Ἁρποκρατίωνthinsp116

Le suffixe -ίων qui servait dans le lexique de suffixe de comparatif srsquoest drsquoabord introduit dans les sobriquets adjectivaux du type Αἰσχρίων (234 individus) Καλλίων (20) ou Κυδίων (2) avec sa valeur grammaticalethinsp notons toutefois que Γλυκίων qui est connu comme comparatif homeacuterique nrsquoest attesteacute qursquoagrave deux exemplaires contre plusieurs centaines drsquoexemples de Γλύκων dans lrsquoensemble du monde grecthinsp117 Dans les autres cas la suffixation est produite par lrsquoadjonction du suffixe banal -ων agrave un i- final extrait lui-mecircme drsquoun thegraveme en -ιο-thinsp118 ou plus souvent drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute verbal ou adjectival du type Ἀλεξικράτης (43 individus) drsquoougrave Ἀλεξίων (103) Il arrive plus rarement que le suffixe -ίων ainsi creacuteeacute apparaisse agrave la finale drsquoun composeacute comme le tregraves populaire Παρ-μεν-ίων composeacute pour lequel sont attesteacutees 26 autres formes de suffixations dont -ων tregraves repreacutesenteacute eacutegalement (136 individus)thinsp selon Bechtel crsquoest Πάρμενις qui a seacutecreacuteteacute Παρμενίδας Παρμενίτας Παρμενίων Παρμένισκος etcthinsp119 Il nrsquoy a pas drsquoexemple drsquohypocoristique qui conserve les seuls phonegravemes initiaux du second eacuteleacutement affecteacute de ce suffixe puisque Δαμοτί-ων forme courte de Δαμότιμος et son correspondant ionien-attique nrsquoont pas drsquoeacutequivalent en -των et sont par conseacutequent suffixeacutes en -ων et non en -ίων et qursquoil en va de mecircme pour tous les composeacutes agrave second eacuteleacutement -τίων

-ωνCependant le suffixe -ων nrsquoeacutetait guegravere plus couramment adjoint agrave un

nom composeacute Crsquoest surtout une suffixation de sobriquetsthinsp120 bien plus que drsquohypocoristiquesthinsp on ne citera que Δαμών-ων Ἀλκί-ν-ων et νικ-άρ-ων parmi ceux qui preacutesentent lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de composeacute preacuteser-veacuteethinsp pour les autres du type Ἀλέξων ou Τίμων lrsquoidentification comme hypocoristique ou comme sobriquet deacutepend de la perspective adopteacuteethinsp lrsquoexistence de composeacutes de type heacuteroiumlque avec parallegraveles dans drsquoautres lan-gues indo-europeacuteennes comportant ces premiers eacuteleacutements fera analyser ces

116 Ἁρποκρατίων IIe s apr J-C RE (2)117 Voir J-L Perpillou laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 (1974)

p 99-107118 Voir P Chantraine Formation p 165 pour un exemple lexical comme οὐρανίων fait

sur οὐράνιος drsquoougrave les anthroponymes οὐρανίων et Κρονίων et les nombreux anthroponymes de forme patronymique tels Ἑλλοπίων Ἀχαιίων Ἀρκαδίων Κωνωπίων etc recenseacutes par Bechtel HPN 548

119 Bechtel HPN 307120 P Chantraine Formation p 161 voir aussi O Masson laquo Notes drsquoanthroponymie grecque

et asianique raquo Beitrz Nam 10 (1959) p 162 (OGS I p 22) sur le rapport qui existe entre ce type de sobriquet et les adjectifs en -ύς cf Δάσων vs δασύς

310 sophie minon

anthroponymes comme des hypocoristiques ndash crsquoest lrsquoanalyse historique pra-tiqueacutee par Bechtel tandis qursquoen synchronie la flexion seulement (geacuten en -ωνος) les distingue de participes employeacutes comme sobriquetsthinsp121 Un son-dage opeacutereacute agrave partir du mecircme volume du LGPN fait apparaicirctre sur 1045 noms en -ων autour de 165 composeacutes clairement identifiables ndash comprenant les 40 composeacutes agrave finale -ίων soit un rapport de presque 16 agrave cocircteacute des 11 pour -ίων Parmi les 125 composeacutes distincts de ceux en -ίων 12 au plus sont attesteacutes agrave Argosthinsp122

-αρίωνOn exclura en tout cas que le suffixe soit ici lrsquoeacutequivalent masculin -αρίων

du neutre -άριον qui est employeacute pour former des sobriquets feacuteminins Comme lrsquoa expliqueacute O Masson les noms de femmes faits au moyen de ce suffixe de diminutif (cf παιδάριον ψυχάριον) commencent agrave apparaicirctre au IIIe siegravecle mais les noms drsquohomme correspondants sont propres agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et freacutequents en Eacutegypte et il rappelait que Bechtel avait montreacute que ces derniers avaient eacuteteacute refaits secondairement sur les diminutifsthinsp ainsi Γλυκαρίων et Ψυχαρίων agrave partir de γλυκάριον et ψυχάριον toutes forma-tions deacuteriveacutees de noms ou drsquoadjectifsthinsp123 Le suffixe -αρίων a pu ecirctre ensuite employeacute librement dans lrsquoanthroponymie sans qursquoil existe neacutecessairement de diminutif associeacute comme on lrsquoobserve pour le nom Τυχαρίων porteacute par deux Atheacuteniens de lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp124

Δαμαρίων et ΔαμάρηςCh Kritzas propose comme parallegraveles agrave lrsquoappui de son analyse Ἀμφ-

αρ-ίον du nouveau nom argien les noms Δαμαρίων et Θεαρίωνthinsp125 Le pre-mier nrsquoest pas attesteacute avant le IIIe siegravecle et a eacuteteacute donneacute surtout agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et en zone ionienne-attiquethinsp les volumes du LGPN reacutepertorient 25 individus ainsi deacutenommeacutesthinsp126

121 Voir sur cette question de typologie I Hartmann laquo lsquoWhat namethinsp What parentagersquo The classification of Greek names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann-A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 (2002) p 55-81

122 Voir LGPN IIIAthinsp Ἰπομέδο ν (SEG 11 336 l 5 ca 575-550)thinsp Ἀλκίφρων (Thuc V 59 5 418 av J-C)thinsp Ὀχίπον (IG IV 552 Ve s)thinsp Εὐέλθων (Iamb VP 267 [FVS I p 447] VeIVe s)thinsp Ξενοφάων (CID 2 75 II l 43 336334)thinsp Ἀριστόφρων (SEG 13 243 316 av J-C)thinsp Βουκολέων (CEG II 816 l 12 303 av J-C)thinsp Ἀριστομέδων (ineacuted publ Ch Kritzas IVeIIIe s)thinsp Λυκόφρων (SEG 42 279 l 6 IIe s)thinsp Δαμοφῶν (ineacuted IIe s)thinsp Εὔφρων (Syringes 44 IIeIer s) et Παρμένων (origine argienne incertaine Bernand El-Kanaiumls 79 Ier s)

123 Voir O Masson laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 (1984) p 157 (OGS II p 443)

124 LGPN II IG II2 2089 l 33 et 2113 l 204 IIe s apr J-C125 Lettre du 20 novembre 2010126 La plus ancienne attestation de ce nom est celle drsquoun Creacutetois et date de 2232 (Milet I

(3) 38g 7)thinsp un Parien homonyme est connu agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale (IG XII (5) 173 V) En dehors de lrsquoexemple drsquoun individu dont lrsquoorigine atheacutenienne est incertaine agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale les

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

297ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Ἀμφιάρεος tandis que les plus reacutecents ont deacutejagrave Ἀμφιάραοςthinsp48 Au chant 15 de lrsquoOdysseacutee ougrave se rencontrent les deux seules mentions du heacuteros (il nrsquoap-paraicirct pas dans lrsquoIliade) les deux orthographes sont certes deacutefendues par les grammairiens alexandrinsthinsp le α par Aristarque et le η par Zeacutenodotethinsp49thinsp lrsquoeacutepithegravete λαόσσοον laquo entraicircneur drsquohommes raquo associeacutee agrave son nom au v 244 le repreacutesente comme un guerrier et non comme le devin et gueacuterisseur qursquoil devint apregraves sa mortthinsp50 Les mecircmes fluctuations entre les deux vocalismes srsquoobservent on lrsquoa vu chez Pindare Chez les poegravetes attiques de lrsquoeacutepoque classique la forme ancienne Ἀμφιάρεος a eacuteteacute atticiseacutee en Ἀμφιάρεως alors que dans les inscriptions non seulement attiques mais beacuteotiennes (Thegravebes) et ioniennes (Oropos est une colonie drsquoEacutereacutetriethinsp51) crsquoest Ἀμφιάραος que lrsquoon rencontrethinsp52

Dans ces conditions lrsquoeacutetymologie proposeacutee par Heubeck qui consiste agrave reconnaicirctre dans Ἀμφι-άρης et son deacuteriveacute Ἀμφιάρηος des composeacutes posses-sifs formeacutes comme lrsquoanthroponyme Ἀμφί-θεος laquo qui a (descend drsquo)un dieu des deux cocircteacutes raquo avec au second membre le nom drsquoAregraves paraicirct la plus satis-faisantethinsp53 Cependant comme crsquoest presque toujours au premier membre que figurent les theacuteonymes en compositionthinsp54 compte tenu aussi de ce qui est

48 Voir Kretschmer p 32 41 122 123 162 214 et R Wachter NAGVI Cor 66f et r deux occurrences de Ἀ(μ)φιάρεος sur le mecircme crategravere corinthien du VIe s avec renvoi (n 280) aux autres attestations reacuteunies par I Krauskopf LIMC I 1980 laquo Amphiaraos raquo (ndeg 13 et ndeg 23 avec -άρεος et les plus reacutecentes ndeg 24 et 27 avec -άραος) et avec une mise au point sur les variations du vocalisme suffixal

49 Odysseacutee 15 244 (pour les deux leccedilons) et 253 (Ἀμφιάραος) Comme le fait remarquer R Wachter loc cit n 281 la correction de Zeacutenodote ne peut srsquoexpliquer seulement par le fait qursquoil savait qursquoapregraves r i et e un η ionien correspondait agrave un ᾱ attique car il aurait en ce cas proposeacute drsquoautres corrections similaires comme Αἰνείης Ἰήονες etc

50 Voir P Sineux Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007 p 46 et 2651 Cf eg MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory of archaic and classical poleis Oxford

2004 ndeg 21452 L Threatte GAI I 1980 p 12553 A Heubeck Die Sprache 17 (1971) p 8-22 en particulier p 9-10 pour les variantes

du nom Contre lrsquohypothegravese de Kretschmer op cit p 32 qui voyait dans ἱάρηϜ-ος la theacutema-tisation de ἱαρεύςthinsp le radical agrave vocalisme a non meacuteridional de ἱερ- (ce qui exclut en principe tout rapprochement avec les formes myceacuteniennes) et lrsquointerpreacutetation de Ἀμφ-ιάρηος comme un composeacute hypostatique agrave rapprocher pour la rection drsquoion ἀρχ-ιέρεως Lrsquohypothegravese mal eacutetayeacutee de W Borgeaud laquo Amphiaraos et le nom de la Sarre raquo BzN 1 (194950) p 102-104 qui part de Ἀμφιάρᾱος et y voit un anthroponyme drsquoorigine preacute-helleacuteniqueillyrienne ambhi-sarāwos laquo qui habite sur les deux rives du Sarāuos ou de la Sarāua raquo a notamment contre elle de reposer sur un athinsp eacutetymologique

54 Voir J Oulhen laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo in RWV Catling-F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 629-630 Le myceacutenien livre cependant le teacutemoignage drsquoun nom feacuteminin a-pi-e-ra (notamment PY An 1281) qui est interpreacuteteacute comme lrsquoeacutequivalent drsquoun alphabeacute-tique Ἀμϕιήρα cf A Morpurgo-Davies RAL seacuter VIII 15 (1960) p 329 n 26 et M Iodice Aevum 85 (2012) p 6 Et lrsquoanthroponyme Μενάρης citeacute infra n 108 pourrait constituer un autre contre-exemple

298 sophie minon

connu de lrsquoascendance et de la geste du heacuteros Ἀμφιάρηοςthinsp55 on preacutefeacuterera reconnaicirctre sous le second membre plutocirct que le theacuteonyme lrsquoappellatif sans doute suffixeacute en -εthinsp ἀρή laquo malheur perte destruction raquo dont il est eacutetymo-logiquement et morphologiquement indissociable ou son eacutequivalent ἄρος auquel la glose drsquoHeacutesychius preacutesenteacutee en introduction donne entre autres le sens neacutegatif dethinsp βλάβος ἀκούσιονthinsp56 Lrsquoautre voie qui aurait consisteacute agrave y voir des hypostases avec le sens laquo de lrsquoentourage drsquoAregraves raquo avait deacutejagrave eacuteteacute eacutecarteacutee par Heubeck comme moins satisfaisante pour la raison que sur ce type de composeacute les deacuteriveacutes sont plus souvent en -ιος qursquoen -οςthinsp57 Or il est sucircr qursquoil est impossible de faire de Ἀμφιάρηος un deacuteriveacute patronymique en -ιος du doublet Ἀμφιαρεύς de Ἀμφιάρης entretenant le mecircme rapport avec eux que ἌρειοςἌρη(ι)οςthinsp58 avec Ἄρηςeacuteol Ἀρεύς en posant -ethinspw-yo-s gt hom -ήιος susceptible drsquoeacutevoluer soit en -ειος soit en -ηοςthinsp59 et -es-yo-s gt -ειος puis -εος (formes myceacuteniennes citeacutees ci-dessous)thinsp il nrsquoy a en effet aucun exemple de la forme pourtant meacutetrique Ἀμφιαρήιος que lrsquoon attendrait en ce cas dans lrsquoeacutepopeacutee agrave cocircteacute des adjectifs patronymiques Καπανήιος et

55 Voir P Sineux loc cit LrsquoOdysseacutee preacutesente le heacuteros comme eacutegalement aimeacute de Zeus et drsquoApollon ce qui en ferait plus un Ἀμφί-θεος laquo qui a un dieu de part et drsquoautre raquo qursquoun Ἀμφιάρηςthinsp crsquoest chez Pindare qursquoἈμφιάραος est repreacutesenteacute comme un guerrier redoutable πολέμοιο νέφος (Neacutem 10 9) tuant (schol Neacutem 9 30b Drachmann) pour prendre le pouvoir agrave Argos dans un contexte de stasis (Neacutem 9 ibid) Si le second eacuteleacutement -άρης repreacutesentait non le theacuteonyme mais lrsquoappellatif ἄρος ou le thegraveme en εthinsp de forme ἀρή le heacuteronyme pourrait alors ecirctre interpreacuteteacute comme laquo qui a sa perte des deux cocircteacutes raquo crsquoest-agrave-dire agrave Argos ougrave il a sa femme Eriphyle comme ennemie (ἀνδροδάμαντα Neacutem 9 16) comme agrave Thegravebes ougrave son art divinatoire lui a fait voir la mort qui lrsquoattend ce dernier motif surtout deacuteveloppeacute par les Tragiques mais deacutejagrave esquisseacute par Pindare (Ol 6 17) voir Sineux p 35

56 Pour lrsquoeacutetymologie et le sens du nom drsquoAregraves voir P Chantraine DEacuteLG sv ἀρή Ἄρης et pour ἄρος supra n 5thinsp pour lrsquoorigine commune du theacuteonyme et de lrsquoappellatif ἀρή M Peters laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch-C Zinko (edd) Studia Onomastica et Indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz 1995 p 185 n 2 le Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre Primaumlrstammbildungen2 eacuted H Rix 2001 et derniegraverement T Barnes laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19 qui pose pour toute cette famille la racine H2erH1- et pour Aregraves H2reacuteH1-H2rH1-eacutes- avec le sens de laquo destructeur raquothinsp contre R Schmitt ZPE 17 (1975) p 15-16 qui postulait pour le theacuteonyme une origine iranienne

57 Heubeck p 17 et voir E Risch op cit p 17158 Sur hom Ἀρήιος laquo drsquoAregraves le belliqueux raquo devenu par la suite Ἄρειος voir O Masson

OGS III p 139 et n 81 Pour la forme -ηος du suffixe voirthinsp Ἀρήου nom de mois SGDI II 2136 l 2 (Delphes IIe av J-C) IG IX (2) 359c et 1117b (Thessalie eacutepoque romaine)thinsp en revanche dans les inscriptions attiques de la mecircme eacutepoque ougrave figure le nom de lrsquoAreacuteopage (ἐξ Ἀρήου πάγου) eg IG II2 1721 ou 3238 ou lrsquoanthroponyme eg IG II2 1718 ou 3173 il srsquoagit drsquoune graphie itacisante pour lrsquoancienne forme -ειος du suffixe

59 Lrsquoeacutequivalent myceacutenien du suffixe -[C]e-wi-jo est connu par exemple agrave travers lrsquoadjectif i-je-re-wi-jo auquel on pourra comparer agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique hom ἱερ-ήιον koin -ῆον -εῖον voir E Risch op cit sect 46 Pour ῆον voir I v Miletos ndeg 10 l 38 Ve s V Petrakos Ἐπιγρ τοῦ Ὠρωποῦ ndeg 277 l 33 IVe s M Segreacute Iscr di Cos ED ndeg 178 l 19 fin IIIe s etc

299ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

νηλήιος ou encore Ἀφαρήιος fait non sur Ἀφάρηος mais sur Ἀφαρεύς chez Apollonios de Rhodesthinsp60

Heubeck proposait drsquoexpliquer la formation du heacuteronyme de la maniegravere suivante Il y reconnaissait un deacuteriveacute theacutematique de Ἀμφιάρης constitueacute sur le modegravele des anthroponymes myc o-ti-na-wo hom Εὔ- Κλυτό- Ἐχέ- Πολύ-νεως en face de lrsquoappellatif ναῦς avec -ναυςthinsp -νᾱ(Ϝ)ος gt -νηος gt -νεως dans le mecircme rapport que -άρηςthinsp -άρηος gt -άρεωςthinsp hom Βριάρεως reflegraveterait la mecircme theacutematisation de -άρηςthinsp61 Le datif myc a-re du theacuteo-nyme drsquoapregraves lui ne pouvait ecirctre ni celui drsquoun thegraveme sigmatique ni celui drsquoun thegraveme en -ηϜ- mecircme srsquoil est en veacuteriteacute difficile de ne pas reconnaicirctre dans les deux variantes cnossiennes a-re-i-jo et a-re-jo (= Ἄρεἱος vs Ἄρειος) lrsquoadjectif en -yo- correspondant au thegraveme sigmatique que pourrait du reste aussi attester la variante theacutebaine a-re-i qursquoil citait lui-mecircmethinsp62 Il consideacuterait de ce fait que le nom drsquoAregraves eacutetait agrave lrsquoorigine un thegraveme en εthinsp (-eh1-)thinsp63 et que la flexion en -εύς comme celle en -t- (Ἄρης Ἄρητοςthinsp64) qursquoattesteraient indirectement les deacuteriveacutes patronymique Heacutes Ἀρητιάδης et phratronymique arg Ἀμφιαρητείδας repreacutesentaient elles aussi des deacuteveloppements secon-dairesthinsp65 O Masson voyait de mecircme dans chypr Θάλες un ancien nom en εthinsp passeacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique agrave la flexion en dentale geacuten Θάλητοςthinsp66

Mais de mecircme que φύλαξ a pu ecirctre theacutematiseacute degraves la langue eacutepique en φύλακος ce qui a pu ecirctre reacuteinterpreacuteteacute bien plus tard comme lrsquoemploi de son geacutenitif comme un nominatif si lrsquoon en croit une scholie agrave Apollonios de

60 A R I 485 etc61 Heubeck p 18 et 20-2162 Voir CJ Ruijgh Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien 1967 p 265

contesteacute par Heubeck p 16 n 33thinsp on pourrait avoir de mecircme a-re-ị-mene ( ou a-re-ẓọ-me-ne TH Z 849) vs a-re-me-ne (TH Z 852) cf DMic sv Comparer a-re-i-jo vs a-re-jo (KN Le 641 1 et Vc 208) avec le patronymique e-te-wo-ke-re-we-i-jo (PY An 644 8-9 et Aq 64 15) fait sur lrsquoeacutequivalent drsquoalph Ἐτεοκλέ(Ϝ)ης

63 Crsquoest la doctrine toujours admise aujourdrsquohui voir par exemple le compte rendu de N Guilleux agrave A Bernabeacute-ER Lujan Introduccion al griego miceacutenico Gramatica seleccion de textos y glosario 2006 dans BSL 104 2 (2009) p 178

64 Ἄρητος nrsquoest attesteacute ni comme geacutenitif ni sans doute comme nominatif agrave εthinsp heacuteriteacute contre Heubeck p 14 n 22 Le nom Ἄρᾱτος ioniseacute en Ἄρητος (Od 3 440) est fait sur un autre radical celui de ἀρ(Ϝ)ά laquo priegravere vœu maleacutediction raquo voir le dictionnaire de Pape-Benseler Bechtel HPN 63 et Chantraine DEacuteLG sv

65 Heubeck p 17 et 20 ougrave est citeacute le parallegravele drsquohom Ἀφαρεύς et patron Ἀφαρήιος vs Ἀφάρητα (Bacch 5 129) et Ἀφαρήτιδαι (Pind Neacutem 10 65) Voir pour la forme heacutesiodique Bouclier 57-59 ougrave lrsquoadjectif patronymique Ἀρητιάδην est employeacute pour reacutefeacuterer au fils drsquoAregravesthinsp Ὃς καὶ Κύκνον ἔπεφνεν Ἀρητιάδην μεγάθυμον Pour le phratronyme voir E Lobel Oxy Pap 32 1967 ndeg 2618 frag 1 col 1 l 7 de Steacutesichore et W Vollgraff reacutefeacuterence citeacutee supra n 33

66 Agrave distinguer drsquoion Θαλῆς -έω drsquoun ancien Θαλέας aujourdrsquohui attesteacute agrave trois exem-plaires cf O Masson RPh 48 (1974) p 83 et n 2 Pour le Thalegraves chypriote du VIIe s voir du mecircme auteur ICS2 p 257 (ta-le-se)

300 sophie minon

Rhodesthinsp67 Ἀμφιαρεύς aurait pu ecirctre theacutematiseacute en ἈμφιάρηϜ-ος suivant un processus que pourrait aussi illustrer la reacutefection du composeacute ἀρχιερεύς en ἀρχιέρεως chez Heacuterodote qui aurait entraicircneacute celle du simple ἱερεύς dans les inscriptions ioniennesthinsp68 Le pheacutenomegravene pourrait mecircme srsquoobserver pour le theacuteonyme degraves lrsquoeacutepoque myceacutenienne si lrsquoon pouvait accorder foi agrave la lecture a-re-ẉọ de PY An 340 11 et suivre Gallavotti qui proposait avec preacutecaution de voir dans ce nominatif un deacuteriveacute de Ἄρηςthinsp69 Une partie du myceacutenien (au moins Thegravebes et Cnossosthinsp70) semble du reste avoir deacutejagrave amorceacute le meacutetaplasme du thegraveme ancien a-re en thegraveme sigmatique On ne peut donc exclure que la theacutematisation se soit faite agrave partir du composeacute deacutejagrave suffixeacute en -εύς que pourrait recouvrir la forme de geacutenitif supposeacute a-pi-ja-re-[wo ()] deacutejagrave citeacutee plutocirct qursquoau stade preacuteceacutedent ougrave le thegraveme eacutetait peut-ecirctre encore en -εthinspthinsp71 Notons du reste que drsquoun point de vue phoneacutetique la theacutematisation est plus attendue agrave partir drsquoun thegraveme (semi-)consonantique que vocaliquethinsp en face de Ἀμφιάρη-ος Heubeck citait du reste comme parallegravele le thegraveme nāw- du nom du laquo navire raquo (drsquoougrave -νᾱ(Ϝ)-ος gt -νηος) agrave semi-consonne et non agrave

67 Dans la scholie tardive 132b (G Lachenaud Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010 p 34) le scholiaste explique ainsi le processus de theacutematisation des noms atheacutematiques qursquoil attribue aux Ioniensthinsp Φύλακος Ἰωνικῶς ὁ φύλαξ Ἴωνες γὰρ τὰς γενικὰς ποιοῦσιν εὐθείαςthinsp il renvoie ensuite sur la question de lrsquoaccentuation agrave Heacuterodien cf n 64 ibid ougrave lrsquoauteur signale lrsquoaccentuation φυλακούς en Il 24 566

68 Voir deacutejagrave E Risch Wortbildung p 164 n 1 avec renvoi agrave J Wackernagel Zeitschrift fuumlr vergleichende Sprachforschunghellip 27 (1879) p 265 et P Chantraine Formationhellip p 13-14 pour la correacutelation entre theacutematisation et composition et p 130 ougrave il signale la rareteacute des composeacutes en -εύς ce qui peut expliquer aussi leur tendance agrave la theacutematisation Cf Hdte 2 37 (corrigeacute par les eacutediteurs modernes en ἀρχιερεύς) et Dittenberger Syll3 1037 l 4 (Milet ca 300thinsp ἱέρεως) 495 l 23 (Olbia ca 230thinsp geacuten ἱέρεω) et F Sokolowski Lois sacreacutees des citeacutes grecques Suppleacutement Paris 1962 78 l 2-3 (Chios IIe s av J-Cthinsp ἱρέωι) ou encore Ἀ Στεϕάνου Χιακὰ Μελετήματα 1 (1958) 26-32 l 7 (Chiosthinsp nom ἱέρεως) Autres exemples de theacutematisations chez Schwyzer Griechische Grammatik I p 458 et voir mes Inscriptions eacuteleacuteennes dialectales 2007 p 369 et n 13 avec le nominatif eacuteleacuteen μανάσιος du nom de lrsquouniteacute de mesure connue agrave Chypre sous la forme μνάσις Crsquoeacutetait deacutejagrave lrsquohypothegravese de Bechtel Griechische Dialekte II p 514 qui fai-sait de ἈμφιάρηϜος une forme secondaire parallegravele agrave Ἀμφιαρετεύς

69 C Gallavotti Paideia 12 (1957) p 329 voir DMic sv a-re-wo Sur la question de lrsquoori-gine du suffixe -ηϜ- et de ses rapports avec les autres suffixes du grec voir J-L Perpillou Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973 p 15-62

70 Cf n 62 Sur la coexistence de dialectes agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne que lrsquoon ne perccediloit qursquoagrave travers les lapsus des scribes formeacutes agrave eacutecrire la langue de la chancellerie de lrsquoeacutepoque qui repose sur un dialecte de type arcado-chypriote voir M Lejeune laquo Rapport sur le grec myceacutenien raquo Atti Roma 1968 II p 731 contre RJE Thompson laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 (1996-97) p 313-333 qui preacutefegravere voir dans les variantes les indices drsquoeacutevolutions linguistiques en cours comme J Chadwick laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 401 qui insiste sur lrsquouniformiteacute de la langue sur les diffeacuterents sites Dans le mecircme sens que M Lejeune voir sur le caractegravere dialectalement composite du myceacutenien N Guilleux loc cit supra note 63 p 299

71 Comme composeacute en -εύς deacutejagrave attesteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne on pourra citer en parti-culier a-pi-po-re-we (KN Uc 160 v 2 unanimement interpreacuteteacute comme ἀμφι-φορῆϜες) avec la variante haplologique a-po-re-we (PY Tn 996 3 ἀμφορῆϜε)

301ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

voyelle finale On ne dispose certes pas de parallegravele qui permette drsquoeacutetablir le sort de eh1 suivi de voyellethinsp72 Le troisiegraveme mode drsquoeacutevolution agrave savoir lrsquoeacutelar-gissement des thegravemes en -εthinsp en dentale (-ης -ητος) qui nrsquoest pas attesteacute en myceacutenien serait en revanche posteacuterieurthinsp73

Ἀμφι-άραοςPour expliquer ensuite que lrsquoancien Ἀμφιάρηος ait vu transformer le

εthinsp eacutetymologique de son second eacuteleacutement en athinsp pour prendre la forme Ἀμφιάραος R Wachter a reacutecemment repris agrave son compte lrsquoexplication accepteacutee par Kretschmer selon laquelle une eacutetymologie populaire aurait fait constituer secondairement -άρᾱος drsquoapregraves ἀράομαι au sens eacutepique de laquo prier raquothinsp74 en posant lrsquoeacutequation proportionnelle suivante qui preacutesuppose lrsquoeacutepopeacutee ionienne acclimateacutee agrave Athegravenes et en Beacuteotiethinsp ion ἀρήσομαιthinsp att beacuteot ἀρᾱσομαι = ion Ἀμφιάρηοςthinsp att beacuteot x avec x = Ἀμφιάρᾱοςthinsp75 Il faisait neacuteanmoins remarquer le caractegravere plus eacuteconomique de lrsquoautre hypo-thegravese qui aurait fait partir de -ᾱος ioniseacute en -ηος atticiseacute en -εως puis refait en -ᾱος trajectoire qursquoillustre dans le lexique lrsquoappellatif λᾱός qui nrsquoest cependant substitueacute en attique agrave λεώς qursquoagrave la fin du IIIe siegraveclethinsp76 Les tenta-tives sporadiques drsquoionisation du heacuteronyme dans la langue eacutepique auraient eacuteteacute en ce cas agrave lrsquoorigine des formes agrave vocalisme εthinsp des leacutegendes vasculaires corinthiennes les plus anciennes comme des flottements observeacutes dans la tra-dition pindarique Il est vrai qursquoil est impossible vu la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφια- de reconnaicirctre eacutetymologiquement au second

72 Pas drsquoexemple comparable ni chez R Beekes The Development of the Proto-Indo-European laryngeals in Greek La Haye-Paris 1969 p 170-172 ni chez M Peters Untersuchungen zur Vertretung der indogermanischen Laryngale im Griechischen Wien 1980 p 272 La finale -ᾱων ονος de noms de Troyens comme Ἀρετάων ou de lrsquoethnique Ἰάονες cf P Chantraine Formation p 162-163 aurait pu laisser supposer que devant une autre voyelle la voyelle longue issue de eh1 se conservait au mecircme titre que le athinsp issu de eh2 si le myceacutenien nrsquoinvitait en fait agrave res-tituer -ᾱϜων cf O Landau Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958 p 185-186

73 Heubeck p 1974 Kretschmer op cit (n 47) p 123 Lrsquoeacutetymologie populaire est refleacuteteacutee par Photius

Bibliothegraveque Bekker 148a l 36thinsp ὅτι Ἀμφιάραος ἐκλήθη ἐπεὶ ἄμφω οἱ τῆς μητρὸς γονεῖς ἠράσαντο αὐτὴν ἄνευ τεκεῖν μόγου Le heacuteronyme aurait-il ainsi eacuteteacute reacuteinterpreacuteteacute comme laquo celui que lrsquoon prie de part et drsquoautre raquo avec un rappel agrave Thegravebes de lrsquoorigine argienne du heacuteros et du culte qursquoil recevait aussi en Argolide tandis qursquoagrave Oropos il aurait eacuteteacute le heacuteros auquel on rendait un culte de part et drsquoautre de la frontiegravere que lrsquoon fucirct Atheacutenien ou Oropienthinsp

75 R Wachter NAGVI 77 renvoie agrave Kretschmer loc cit Autre hypothegravese insatisfaisante de M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 191-193thinsp lrsquoanalogie des composeacutes anthroponymiques agrave second eacuteleacutement -λᾱϜ ος (gt -lœthinspwos en zone io-att) aurait fait passer -rēwos () agrave -rœthinspwos drsquoougrave beacuteot -ρᾱος par hypercorrection

76 Crsquoest par exemple lrsquointerpreacutetation du dictionnaire de W Pape et G Benseler de 1911 Pour la substitution de λᾱός agrave la forme ionienne-attique λεώς agrave partir de lrsquoeacutepoque helleacutenistique voir L Threatte GAI II 1996 p 39 Lrsquoionien ne semble pas avoir eu ληός cf A Meillet Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 1975 p 313 Lrsquohistorien Polybe est le premier prosateur agrave rem-ployer la forme ancienne λαός comme aussi ναός cf J-A de Foucault Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972 p 65

302 sophie minon

eacuteleacutement le radical de ἀρά laquo priegravere raquo drsquoun plus ancien ἀρϜά (arc κάταρϜος) drsquoougrave ion ᾱρή dans la poeacutesie homeacuteriquethinsp77 Il faut donc bien admettre comme seul authentique le radical ἀρ- agrave bregraveve initiale dont deacuterivent le thegraveme agrave εthinsp que recouvrent hom feacutem ἀρή laquo malheur perte raquo et masc Ἄρης le thegraveme en -εthinspw- qui est aussi ancien pour le theacuteonyme ainsi que le substantif ἄρος que fait connaicirctre la triple glose drsquoHeacutesychius dont le sens neacutegatif βλάβος ἀκούσιον rejoint le seacutemantisme funeste des premiers

Ἀμφ-ιέραοςLrsquoultime transformation en Ἀμφιέραος variante sporadique connue

par quelques deacutedicaces attiques priveacutees et autres inscriptions helleacutenistiques de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos et dont teacutemoigne aussi le nom drsquoassociation Ἀμφιεραισταί agrave Rhamnonte fin IIIedeacutebut IIe siegraveclethinsp78 a pu se produire agrave Oropos ougrave elle aurait eacuteteacute motiveacutee par la volonteacute drsquoioniserthinsp79 une seacutequence dont la reacuteinterpreacutetation par fausse coupe comme Ἀμφ-ιαρ-αοςthinsp80 aurait juste-ment eacuteteacute favoriseacutee par la proximiteacute seacutemantique entre la notion de laquo sacreacute raquo et celle de laquo priegravere raquo que lrsquoeacutetymologie populaire avait secondairement rattacheacutee agrave ce nom de heacuteros Il ne peut y avoir lagrave en effet que la reacuteeacutetymologisation reacutecente drsquoun nom dont lrsquoabsence drsquoattestation drsquoἈμφίερος ου drsquoἌμφιρος agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique indique qursquoil ne repose sur rien drsquoancien Le myceacute-nien du reste ne connaissait que le degreacute e de ce radical (i-je-ro i-je-re-u etc) sans avoir jamais employeacute semble-t-il ni i-ja-ro ni i-a2-rothinsp81thinsp il est vrai que lrsquoanthroponyme a-pi-a2-ro qui pourrait theacuteoriquement avoir comme eacutequiva-lent alphabeacutetique lrsquoanthroponyme Ἀμφίαρος est interpreacuteteacute unanimement comme Ἀμφί-hαλος avec au second eacuteleacutement le radical du nom du laquo sel raquothinsp82 principalement parce que la forte repreacutesentation du radical de forme i-(j)

77 M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 186 n 578 Pour les deacutedicaces attiques contemporaines des inscriptions de lrsquoAmphiaraion voir

L Threatte GAI I p 126thinsp pour les proxeacutenies et autres deacutecrets de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos V Petrakou Οἱ ἐπιγραφές τοῦ Ὠρωποῦ Athegravenes 1997 eg ndeg 9 et 17 deacutebut IIIe s ndeg 60 etc et cf IG II-III2 (1) 1322 pour lrsquoassociation des Ἀμφιεραισταί

79 Comme les formes en Ἀμφιερ- commencent seulement agrave apparaicirctre au tournant du IVe et du IIIe siegravecle alors qursquoapregraves 312 les Beacuteotiens sont agrave nouveau maicirctres drsquoOropos qui fait partie du koinon tout en gardant son statut de citeacute (MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory ndeg 214) ce changement de vocalisme radical peut ecirctre interpreacuteteacute comme une marque drsquoidentiteacute (-ιαρ- fait beacuteotien) de la part des Oropiens dont le dialecte est apparenteacute agrave lrsquoionien drsquoEubeacutee Il est moins plausible drsquoy voir un indice de la koineacuteisation du dialecte qui nrsquoaurait pas affecteacute degraves cette peacuteriode le radical drsquoun heacuteronyme

80 L Threatte GAI I p 126 et 391 heacutesite entre deux explications pour la variante Ἀμφιέραοςthinsp tendance agrave la dissimilation ou plus vraisemblablement confusion avec le radical de ἱερός

81 Voir RJ Thompson laquo Dialects in Mycenaean and mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 1996-97 p 330

82 DMic sv a-pi-a2-ro et cf A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 51

303ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

e-r(V) fait exclure que le vocalisme a puisse avoir eacuteteacute mecircme sporadiquement repreacutesenteacutethinsp83

ἈμφίαροςLrsquoanthroponyme hapax dont il vient drsquoecirctre question Ἀμφίαρος figure

agrave cocircteacute de Παμφίλη de Ἀμφίλοχος et de Ἀμφίας sur un loutrophoros du IVe siegravecle a C trouveacute agrave Athegravenesthinsp84 La segmentation Ἀμφ-ίαρος qui ferait identifier le second eacuteleacutement de ce composeacute comme le radical agrave vocalisme non ionien-attique de ἱερός cf eg Ἀγχ-ίαρος agrave Thespies et Cheacuteroneacutee ou Καλλ-ίαρος vs Καλλ-ίερος agrave Delphesthinsp85 est probablement agrave exclure agrave cause de lrsquoassociation avec le nom feacuteminin agrave finale -η quant agrave lui bien attiquethinsp on attendrait Ἀμφίερος qui nrsquoest nullement attesteacute

La solution qui consisterait agrave y voir une forme courte pour Ἀμφιάραοςthinsp86 se heurte au fait que cette forme du heacuteronyme nrsquoest attesteacutee comme anthropo-nyme qursquoagrave partir du Ier siegravecle de notre egraverethinsp87 Il est alors preacutefeacuterable drsquoy voir un deuxiegraveme exemple de composeacute agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- non eacutelideacute comme dans le cas de Ἀμφιάρηος devant un second eacuteleacutement de forme -αρος ndash lrsquoana-logie de la seacutequence iathinsp de lrsquohypocoristique Ἀμφίας aurait pu contribuer au maintien de lrsquohiatus On aurait pu srsquoattendre agrave un second eacuteleacutement en -άρης-ήρης en lien avec notamment le substantif ἄρος (cf infra II sous Ἀμφάρης) mais -αρος qui est attesteacute par exemple dans le nom du magistrat moneacutetaire Εὔαρος agrave Eacutephegravese au Ve siegraveclethinsp88 peut srsquoexpliquer comme une forme de second membre court parallegravele agrave feacutem -αρώ (cf Κλειναρώ agrave Paros au IIe siegravecle avant J-C ou νεικα(ρ)ώ fille de Ἀρίστων agrave Thegravebes au IIeIIIe siegravecle de notre egravere) bacirctie agrave partir du radical ἀρ- soit de ἀρετή soit de ἄριστοςthinsp89 La derniegravere solution qui aurait consisteacute agrave y voir un deacuteriveacute comparable agrave Ἀμφί-ας au suf-fixe rare -αρος issu de la grammaticalisation de la formation hypocoristique susdite doit sans doute ecirctre eacutecarteacutee parce qursquoelle est plutocirct attendue dans le cas drsquoun sobriquet tel Βάτταρος fait sur Βάττοςthinsp90

En zone non ionienne-attique crsquoest en revanche ἱαρός qursquoil faut recon-naicirctre au second eacuteleacutement du nom nouveau de lrsquoArgien Γνοhίαρος que fait connaicirctre Ch Kritzas dans le mecircme volumethinsp91 composeacute agrave rection ver-

83 Sur le caractegravere cependant dialectalement stratifieacute du myceacutenien voir deacutejagrave supra n 7084 LGPN II Polemon 4 (1949) p 33 ndeg 32 et V Bardani-G Papadopoulou-V Petrakos

Συμπλήρωμα τῶν ἐπιτυμβίων μνημείων τῆς Ἀττικῆς Athegravenes 2006 ndeg 152985 Pour Ἀγχίαρος cf Y Kalliontzis BCH 131 (2007) [2009] p 495-496thinsp pour Καλλίαρος

vs Καλλίερος respectivement SGDI 1987 l 16 175 av J-C et 1867 l 10 177 av J-C86 Hypothegravese de J Traill Persons of Ancient Athens 2 p 100 ndeg 12513587 Deux Atheacuteniens LGPN II88 A Meadows-U Wartemberg (eacuted) Coin Hoards 9 Londres 2002 p 102 ndeg 189 Κλειναρώ IG XII (5) 186 18thinsp νεικα[ρ]ώ IG VII 2681 et cf infra n 14390 Cf O Masson respectivement Philologus 110 (1966) p 256 et n 5 (= OGS I p 91) agrave

propos des noms Λεύκαρος et Λευκάριστος et Glotta 54 (1976) 94 et n 55 (= OGS I p 279)91 Crsquoest lrsquoanalyse de Ch Kritzas pour le nom de lrsquoArgien Γνοhίαρος qursquoil eacutetaie du rappro-

chement avec le nom Ἱερόγνωτος drsquoun Deacutelien IG IX (2) 135 23 IVe s

304 sophie minon

bale comme le nom Δεξίαρος attesteacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique pour deux Beacuteotiensthinsp92

Remarquons pour conclure cette partie que les deacuteveloppements eacutetymo-logiques ici exposeacutes conduisent agrave admettre que le i final de ἀμφι- nrsquoa pas plus eacuteteacute eacutelideacute dans le heacuteronyme Ἀμφιάρηος que dans le nom de lrsquoAtheacutenien Ἀμφίαρος et qursquoil ne lrsquoaurait eacuteteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne dans a-pi-ja-re agrave supposer que cette forme syllabique ait bien Ἀμφιάρης comme correspon-dant alphabeacutetique et cela en contradiction avec la regravegle veacuterifieacutee du moins pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique selon laquelle cette eacutelision eacutetait reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale Ἀμφιάρης serait le seul nom en Ἀμφι- ougrave une telle exception srsquoobserverait du myceacutenien au grec alphabeacutetiquethinsp93 Le teacutemoignage du myceacutenien laisse en effet supposer pour les preacutefixeacutes en ἀμφι-thinsp la conservation de lrsquohiatus devant h (a-pi-e-ke pour ἀμφι- + hέχει ou hῆκε)thinsp la dieacuteregravese devant ancienne laryngalethinsp94 sauf en morphologie ver-bale ougrave lrsquoeacutelision est pratiqueacutee (a-pe-e-ke pour ἀμφ- ou ἀπ- + augment ἔ + hεχε ou hηκε) Notons toutefois que lrsquoeacutelision pourrait avoir coexisteacute comme variante degraves le myceacutenien si lrsquoon postulait lrsquoeacutequivalence entre a-pa-re-[uthinsp] et dor ἈμφᾱρηςἈμφᾱρεύςthinsp mais la seacutequence syllabique est seulement inter-preacuteteacutee comme correspondant agrave Ἀφᾰρεύς voire agrave Ἁρπαλεύςthinsp95

Il nrsquoest pas sucircr en revanche que Ἀμφαρίδας et Ἀμφιαρίδας preacutesenteacutes comme exemple de doublet dans lrsquointroductionthinsp96 teacutemoignent de la mecircme variation agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp le second nom pourrait fort bien deacuteriver du nom Ἀμφ-ίαρος et ecirctre par conseacutequent sans relation avec le premier sur lequel nous reviendrons agrave lrsquooccasion de lrsquoeacutetude du nom Ἀμφάρης

92 LGPN IIIBthinsp Coroneacutee 182 av J-C Syll3 585 l 210 et Orchomegravene IIIeIIe s A Wilhelm Neue Beitr 4 p 10 ndeg 1 l 12-13 pegravere notamment drsquoun Ἱαροκλῆς

93 Les deux seuls autres exemples syllabiques possibles drsquoanthroponymes en Ἀμφι- avec dieacute-regravese devant un second eacuteleacutement agrave laryngale initiale eacutetymologique ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() et a-pi-je-ta ne preacutesentent pas de correspondant en grec alphabeacutetique Pour ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() KN B 812a qursquoon pose une eacutequivalence avec Ἀμφιάγορος Ἀμφίαγρος ou Ἀμφίακρος on srsquoattendrait agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique agrave ce que le premier eacuteleacutement agrave -i final soit eacutelideacute comme crsquoest toujours le cas devant le second eacuteleacutement en -αγορ--ηγορ-thinsp et si Πολίαγρος (LGPN I et II) conserve son i devant -αγρος crsquoest pour eacuteviter toute confusion avec le radical de πολύς Or Ἀμφάγορος Ἄμφαγρος et Ἄμφακρος ne sont pas davantage attesteacutes On aurait un autre exemple de dieacuteregravese si a-pi-je-ta PY An 6577 avait pour correspondant Ἀμφι-έρτας agrave comparer avec Λαέρτης Ὀρσέλαος avec le radical de ὄρνυμι voir A Leukart op cit sect 66 et F Bader Minos 10 (1969) p 50 Mais une autre interpreacutetation est possible qui expliquerait lrsquoabsence drsquoeacutelision de a-pi- en conformiteacute avec la regravegle mise en eacutevidence pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp Ἀμφιέτας en lien avec ἵημι (de yeH1) de preacutefeacuterence agrave Ἀμφιέρτας en lien cette fois avec ὄρομαι (de wer-) qui laisserait plutocirct attendre myc a-pi-we-ta

94 Outre a-pi-ja-re cf n 44 voir ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() note preacuteceacutedente95 F Aura Jorro DicMic sv96 Lrsquohypothegravese drsquoune variation drsquoordre phoneacutetique propre au beacuteotien dont teacutemoignerait la

graphie Ἀμφαρίδας vs Ἀμφιαρίδας doit ecirctre eacutecarteacutee cf n 37

305ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Il reste alors pour justifier ce qui ne constitue en deacutefinitive une exception que pour cette eacutepoque agrave invoquer une contrainte drsquoordre prosodique telle que la preacutefeacuterence pour la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφιαρ- qui peut srsquoecirctre conjugueacutee agrave la reacutepugnance agrave constituer une seacutequence gra-phique Ἀμφαρ- qui eacutetait eacutetymologiquement ambigueuml en dehors de lrsquoionien et de lrsquoattique puisqursquoelle pouvait paraicirctre proceacuteder aussi bien de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω au second eacuteleacute-mentthinsp97 que de Ἀμφ- eacutelideacute + -αρ- du radical de Ἄρης ἄρος ou ἀραρίσκω Crsquoest preacuteciseacutement en ces termes que se pose la question de lrsquoeacutetymologie du nom de lrsquoeacutephore spartiate meurtrier drsquoAgis Ἀμφάρης

IIenspἈμφάρης et la polyseacutemie du radical ἀρ-

Ἀμφ-άρηςἈμφ-ήρηςLe nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφάρης que mentionne Plutarque a eacuteteacute

porteacute par un Atheacutenien (agrave la formule onomastique partiellement doriseacutee) et par un Phocidien qui veacutecurent tous deux au IVe siegraveclethinsp98 Dans lrsquohypothegravese ougrave le a meacutedian aurait eacuteteacute allongeacute en composition et le premier eacuteleacutement Ἀμφι- eacutelideacute comme on lrsquoattend conformeacutement agrave la regravegle phoneacutetique deacutejagrave invoqueacutee Ἀμφᾱρης pourrait alors eacuteventuellement ecirctre rapprocheacute de Ἀμφήρης dont Platon fait lrsquoun des souverains de lrsquoAtlantide fils de Poseacuteidon et de Kleitocirc agrave moins que le second membre de ce nom nrsquoait comporteacute un e eacutetymologique et ne soit plutocirct en lien avec ἐρέττωthinsp99 Lrsquoexistence parallegravele des suffixeacutes en -ίδᾱης Ἀμφηρε-ίδης et Ἀμφαρε-ίδας pourrait conforter le premier rappro-chementthinsp100 Bechtel part de ce principe puisqursquoil classe Ἀμφ-άρης agrave cocircteacute de Ξειν-ήρης et les rattache tous deux agrave ἄρος que fait connaicirctre la glose drsquoHeacutesy-

97 Voir P Chantraine DEacuteLG sv φέρω98 Voir Plut Agis 18 agrave 21 ougrave lrsquoacc est transmis sous la forme Ἀμφάρην par confusion

banale agrave cette eacutepoque entre sigmatiques et masculins en -athinsps (gt -ης)thinsp pour lrsquoAtheacutenien du IVe s cf infra n 153 et pour le Phocidien contemporain CID 2 ndeg 31 l 7 (geacuten Ἀμφάρεος)

99 Platon Criti 114b et cf infra n 113100 Ἀμφηρείδης (Atheacutenien FD III (2) 23 l 19 1387 a C) et Ἀμφαρείδας (Kleitor IIIe s

LGPN IIIA) La forme -ίδης du suffixe du nom ancien Ἀμφηρίδης agrave Thasos et agrave Paros (LGPN I) laisse supposer qursquoil deacuterive plutocirct de Ἄμφηρις que de Ἀμφήρης comme le nom du Spartiate Κλεαρίδας (Thuc IV 132 3) deacuteriverait de son cocircteacute de Κλέαρις (Thasos IG XII (8) 280 l 13 VIeVe s) dont on notera cependant que le a meacutedian est ici de quantiteacute bregraveve Dans le cas des thegravemes sigmatiques on srsquoattend agrave ce que le suffixe -ίδης srsquoajoute au suffixe sigmatique drsquoougrave -ε(σ)-ίδης gt -είδηςthinsp et lrsquoexistence de nombreux composeacutes agrave second eacuteleacutement -μενίδης nrsquoest pas contradictoire puisqursquoils semblent avoir eacuteteacute bacirctis sur μένω plutocirct que deacuteriveacutes drsquoun second eacuteleacute-ment -μένης Dans le cas particulier des noms en κλῆς lrsquoargien par exemple preacutesente cependant -ηίδας dans le phratronyme Ὀϕελλοκληίδας ensuite moderniseacute en Ὀφεltλgtλοκλείδας cf IG IV 553 l 6 Ve s (-κλε ίδας) lrsquoineacutedit E 67 dateacute 330-300 (-κληίδας) et la proxeacutenie argienne drsquoun Thrace SEG 30 357 l 11 ca 300 (-κλείδας) Pour les modaliteacutes morphologiques et phoneacutetiques de la deacuterivation en -ίδας cf mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011

306 sophie minon

chius deacutejagrave citeacutee avec le sens positif de laquo providence raquothinsp101thinsp ils appartiendraient alors agrave la cateacutegorie des bahuvrīhi ou eacutepithegravetes de type possessifthinsp102 Drsquoun autre cocircteacute si le a meacutedian de Ἀμφάρης eacutetait effectivement long agrave la diffeacuterence de celui du heacuteronyme Ἀμφιάρηος le second eacuteleacutement -ᾱήρης pourrait tout aussi bien ecirctre analyseacute comme deacuteriveacute de la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo adapteacute agrave raquo ou laquo pourvu de raquo drsquoautant que le composeacute ἀμφήρης laquo ajusteacute des deux cocircteacutes raquo est attesteacute dans le lexique poeacutetiquethinsp103thinsp on aurait alors un composeacute agrave rection verbale dont la composition aurait eu lieu dans lrsquoadjec-tif avant son transfert dans lrsquoonomastique Les deux hypothegraveses pourraient du reste ne pas ecirctre incompatiblesthinsp lrsquoeacutetymologie du substantif ἄρος nrsquoest pas assureacutee mais le premier sens de la glose drsquoHeacutesychius (ἄρος ὄφελος) srsquoaccorderait assez bien avec la notion positive de conformiteacute et drsquoajuste-ment veacutehiculeacutee par la racine H2er- que lrsquoon trouve agrave lrsquoorigine notamment de ἀραρίσκω de ἀρείων et de ἄριστοςthinsp104

Ἀν(α)-φαρ- Ἀμ(φι)-φαρ-thinspIl ne serait en theacuteorie pas impossible drsquoavancer agrave ce stade une autre

hypothegravesethinsp celle que Ἀμφάρης ait pu proceacuteder en dehors du domaine ionien-attique soit de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope soit de Ἀμ(φι)-φαρ- avec haplologie devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω comme pourrait en teacutemoi-gner lrsquoadjectif correspondant que fait connaicirctre une glose drsquoHeacutesychius proba-blement issue de la contamination de trois autresthinsp ἀμφαρής περιορωμένη κατολιγωρουμένη καὶ γυμνός ἐπιφανήςthinsp105 Les adjectifs agrave second eacuteleacute-ment -φερής bien attesteacutes se rencontrent degraves Heacuterodote et Heacutesychius fait aussi connaicirctre ἀντιφαρές gloseacute ἐναντίον en face de ἀντιφερής que sup-pose lrsquohom ἀντιφερίζωthinsp106 Ni ἀν(α)φερής ni les formes sans haplologie ἀμφιφαρής et ἀμφιφερής ne sont cependant attesteacutes Nous aurons lrsquoocca-sion de veacuterifier la validiteacute de cette hypothegravese agrave propos du nom Ἀμφαρίον agrave la fin de la troisiegraveme partie

101 Bechtel HPN 193102 Voir eg E Risch Wortbildung p 166-170103 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης renvoie agrave Eur HF 243 (qualificatif de ξύλα) et agrave Ion

1128 (ἀμφήρεις σκηνάς)104 Cf infra n 111105 La glose est consideacutereacutee agrave plus drsquoun titre comme suspecte par Lattethinsp par exemple crsquoest

agrave lrsquoeacutevidence ἀφαρήςἄφαρος qui est agrave lrsquoorigine du sens γυμνός comme lrsquoavait deacutejagrave signaleacute Schmidt et Kuster avant lui Pour lrsquoeacutequivalence entre ἀν(α)φαρής et ἐπιφανής qui serait pos-sible agrave condition de donner aux deux adjectifs le sens de laquo manifeste eacuteclatant raquo voir Pind Neacutem 11 38 ougrave ἀναφέρω (ἀμφέροντ(ι)) est employeacute au sens de laquo produire au jour faire remon-ter agrave la lumiegravere raquo agrave propos de vertus resurgissant drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre Lrsquoideacutee drsquoindiffeacuterence et de meacutepris dont teacutemoigne lrsquoeacutequivalence avec περιορωμένη κατολιγορουμένη pourrait se com-prendre mieux quant agrave elle agrave partir de ἀμ(φι)φαρής au sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo drsquoougrave neacutegativement laquo indeacutecis sans opinion raquo

106 Cf infra n 158

307ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Le nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφ-άρηςCependant dans le cas du nom de lrsquoeacutephore spartiate le rapprochement

avec le nom Δαμάρης assez populaire agrave Sparte agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacute-nistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp107 et avec les noms anciens des Spartiates Μενάρης (μένει ὀξὺν Ἄρηα Il 12 836) et peut-ecirctre Κλεαρίδαςthinsp108 incite agrave mettre ici -άρης en relation soit avec ἀρή laquo ruine destruction raquo soit direc-tement avec le nom drsquoAregraves comme on tendait en revanche agrave lrsquoeacutecarter pour le heacuteronyme Ἀμφιάρηος Lrsquoexistence du nom Δημάρης porteacute par un Deacutelien et lrsquoabsence de Δημήρης de Μενήρης et de Κλέηρις dissuadent de plus de retenir lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement agrave voyelle longue initiale -ᾱήρης Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le contraste entre la poigneacutee drsquoanthroponymes composeacutes en -ήρης attesteacutes dans lrsquoensemble du monde grec dont lrsquoidentifi-cation avec le radical de ἀραρίσκω nrsquoest du reste probable que pour le seul Φρασιήρης et la vingtaine de composeacutes en -άρης dont plus de la moitieacute est attesteacutee en zone ionienne-attiquethinsp109 fait douter que ce dernier eacuteleacutement ait comporteacute une voyelle longue initiale ailleurs que dans la phraseacuteologie poeacute-tique et dans le calque Μενάρης

Du radical ἀρ- aux bases ἀρι- ἀρο- et ἀρήIl a donc principalement existeacute des composeacutes anthroponymiques agrave second

eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης ndash et de mecircme en -αρις -αρος et -αρώthinsp110 dans lesquels srsquoobserve la mecircme absence drsquoallongement de la voyelle de jonction que dans Ἀμφιάρηος en deacutepit mecircme de lrsquoeacutelision et cela en contradiction avec la loi drsquoallongement urgriechisch mise en eacutevidence par Wackernagel dont lrsquoapplication nrsquoest certes reacuteguliegravere que dans les composeacutes nominaux anciens de lrsquoeacutepoque alphabeacutetique comme cela a eacuteteacute exposeacute en preacuteambule Comme pour ἀμφαρίστερος il est probable que la conservation du a bref eacutetait destineacutee agrave laisser visible le lien eacutetymologique avec la famille de ἀραρίσκω ἀρείων ἀρι- ἄρος et celle de ἀρή Ἄρης vraisemblablement lrsquoune et lrsquoautre issues sinon de la mecircme base du moins de la mecircme racine H2er-thinsp111 en eacutevitant la confusion possible avec les autres -ήρηςthinsp112 comme

107 Le nom Δαμάρης a eacuteteacute porteacute par quatorze Spartiates par un Arcadien (LGPN IIIA) par un Deacutelien et deux Creacutetois (LGPN I) et un citoyen drsquoAmisos (LGPN VA)

108 Bechtel HPN 69 cf Heacuterodote VIII 131 VIe s et n 99 pour Κλεαρίδας et Κλέαρις109 Pour lrsquoorigine poeacutetique du composeacute Φρασι-ήρης cf supra n 6 Drsquoapregraves le site du

LGPN en ligne les autres composeacutes en -ήρης sontthinsp Εὐήρης Ξεινήρης Περιήρης et Πολυήρης tous attesteacutes agrave un seul exemplaire sauf le premier (5 individus) Pour -άρης voirthinsp Ἀμφ(ι)άρης Ἀνδράρης (zone ion-att) Δαημάρης (id) Δειξάρης Διάρης (id) Δρομάρης (id) Εὐάρης (id) Θεάρης Κλεάρης Λυκάρης (id) Μαχάρης (id) Μενάρης (id) Ξεν(Ϝ)άρης (id) Ξιφάρης (id) Πανάρης Παντάρης Ποδάρης Τιμάρης

110 Cf Κλέαρις n 100 et Εὔαρος et Κλειναρώ n 89111 Voir H Rix LIV2 sv H2er- (ἀραρώς) H2erH (Ἄρης) et H2erH3 (ἀρόω) et cf supra

n 56 pour lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour le nom drsquoAregraves par T Barnes112 Il nrsquoest pas sucircr que lrsquoadj hom ἐρίηρες laquo fidegraveles raquo (de wēr- cf hom ἦρα et Chantraine

DEacuteLG sv) ait geacuteneacutereacute des anthroponymes en dehors de lrsquoeacutepopeacutee ougrave le second membre de Διώρης

308 sophie minon

dans poeacutet ἀμφήρης laquo avec des rames de part et drsquoautre raquo (cf ἐρέττω)thinsp113 ou -ηρις (de ἔρις) comme dans poeacutet δύσηρις et lrsquoanthroponyme correspon-dant dont pourraient ecirctre rapprocheacutes le nom du Thasien Ἀμφηρίδης deacuteriveacute de Ἄμφηρις ainsi que lrsquoadjectif ἀμφήριστοςthinsp114

IIIenspἈμφαρίον Δαμαρίων et Θεαρίων

Lrsquoemploi anthroponymique du suffixe -ίωνLes analyses meneacutees jusqursquoici permettent-elles de deacutemecircler lrsquoorigine du

nom nouveau Ἀμφαρίονthinsp En lrsquoabsence de correspondant myceacutenien il res-sort des eacuteleacutements qui ont eacuteteacute deacutegageacutes pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique que si le premier eacuteleacutement eacutetait Ἀμφι- lrsquoeacutelision de sa voyelle finale eacutetait attendue devant -αρ- ndash ne serait-ce que pour eacuteviter lrsquohiatus iV dans deux syllabes successives sans que lrsquoallongement de la voyelle initiale du second eacuteleacute-ment ait neacutecessairement accompagneacute cette eacutelisionthinsp mais qursquoen pays dorien il serait theacuteoriquement possible que Ἀμφαρ- ait valu ion-att ἀναφερ- et soit un composeacute deacuteverbatif comme cela vient drsquoecirctre exposeacute pour le nom Ἀμφάρης La suffixation de notre anthroponyme est-elle alors compatible avec lrsquoune et lrsquoautre formationthinsp

-ίωνForce nous est de constater que la finale -ίων moins reacutepandue dans

lrsquoanthroponymie que le suffixe -ων lrsquoest encore moins parmi les composeacutesthinsp sur les 1060 noms diffeacuterents preacutesentant cette finale dans les six volumes du Lexicon of Greek Personal Names soit 3 de la totaliteacute des noms connus 7 seulement preacutesentent la forme pleine de composeacutes ndash ce sont geacuteneacuteralement des noms rares dont ne sont connus que 2 3 exemplaires mais qui tendent agrave se deacutevelopper au-delagrave de lrsquoeacutepoque classique contre une majoriteacute drsquohypo-coristiques et de sobriquetsthinsp115 Le deacutepouillement de lrsquoindex inverse du LGPN

et Περιήρης aurait cette origine cf Bechtel HPN 194 tandis que Risch Wortbildung p 79 le rapproche de la racine de ἀραρίσκω Lrsquoanalyse du nom de lrsquoArcadien Πολυ-ήρης (monnaie ineacute-dite du IIe s av J-C ZfN 9 [1882] p 266 ndeg 2) est de mecircme ambigueuml

113 La motivation du nom Εὐήρης de trois Thasiens aurait-elle eacuteteacute celle-lagravethinsp la deacutesignation de laquo bons rameurs raquothinsp Pour lrsquoadj poeacutetique ἀμφήρης cf eg Eur Cycl 15

114 Voir DGEsp sv δύσερις poeacutet δύσηρις et ἀμφήριστος et LGPN IIIB deux Thessaliens du nom de Δύσηρις au VIe et IVe s av J-Cthinsp pour Ἀμφηρίδης supra n 100

115 Sondage effectueacute agrave lrsquoaide de la base de donneacutees en ligne du site du LGPN Citons comme composeacutes suffixeacutes en -ίωνthinsp le rare et tardif Ἐπαγαθίων agrave cocircteacute de Παρμενίων qui bat au contraire tous les records dans cette cateacutegorie (197 individus) et dont lrsquoamplitude chronologique des attestations srsquoexplique agrave la fois par le renom du philosophe Parmeacutenide et par celui du lieute-nant Parmeacutenion drsquoAlexandrethinsp la lexicalisation de lrsquoadjectif composeacute ἐμπόριος fait plutocirct inter-preacuteter lrsquoancien Ἐμπορίων (eg LGPN II) comme un sobriquet Comme hypocoristiques on citera par exemple Πασίων (122 individus) forme abreacutegeacutee drsquoun composeacute du type Πασικράτης (60) et Ἐπαφρ-ίων (19) pour Ἐπαφρόδιτος (515)thinsp et comme sobriquets Διδυμίων ou Ἐλευθερίων qui sont lrsquoun et lrsquoautre drsquoeacutepoque impeacuteriale (LGPN passim)

309ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

IIIA (Peacuteloponnegravese Gregravece de lrsquoOuest Sicile et Grande-Gregravece) laisse identifier 40 composeacutes sur les 350 noms diffeacuterents agrave finale -ίων soit un rapport drsquoun peu plus de 11 thinsp un seul est attesteacute en Argolide occidentale preacuteciseacutement agrave Argos mais seulement agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp Ἁρποκρατίωνthinsp116

Le suffixe -ίων qui servait dans le lexique de suffixe de comparatif srsquoest drsquoabord introduit dans les sobriquets adjectivaux du type Αἰσχρίων (234 individus) Καλλίων (20) ou Κυδίων (2) avec sa valeur grammaticalethinsp notons toutefois que Γλυκίων qui est connu comme comparatif homeacuterique nrsquoest attesteacute qursquoagrave deux exemplaires contre plusieurs centaines drsquoexemples de Γλύκων dans lrsquoensemble du monde grecthinsp117 Dans les autres cas la suffixation est produite par lrsquoadjonction du suffixe banal -ων agrave un i- final extrait lui-mecircme drsquoun thegraveme en -ιο-thinsp118 ou plus souvent drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute verbal ou adjectival du type Ἀλεξικράτης (43 individus) drsquoougrave Ἀλεξίων (103) Il arrive plus rarement que le suffixe -ίων ainsi creacuteeacute apparaisse agrave la finale drsquoun composeacute comme le tregraves populaire Παρ-μεν-ίων composeacute pour lequel sont attesteacutees 26 autres formes de suffixations dont -ων tregraves repreacutesenteacute eacutegalement (136 individus)thinsp selon Bechtel crsquoest Πάρμενις qui a seacutecreacuteteacute Παρμενίδας Παρμενίτας Παρμενίων Παρμένισκος etcthinsp119 Il nrsquoy a pas drsquoexemple drsquohypocoristique qui conserve les seuls phonegravemes initiaux du second eacuteleacutement affecteacute de ce suffixe puisque Δαμοτί-ων forme courte de Δαμότιμος et son correspondant ionien-attique nrsquoont pas drsquoeacutequivalent en -των et sont par conseacutequent suffixeacutes en -ων et non en -ίων et qursquoil en va de mecircme pour tous les composeacutes agrave second eacuteleacutement -τίων

-ωνCependant le suffixe -ων nrsquoeacutetait guegravere plus couramment adjoint agrave un

nom composeacute Crsquoest surtout une suffixation de sobriquetsthinsp120 bien plus que drsquohypocoristiquesthinsp on ne citera que Δαμών-ων Ἀλκί-ν-ων et νικ-άρ-ων parmi ceux qui preacutesentent lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de composeacute preacuteser-veacuteethinsp pour les autres du type Ἀλέξων ou Τίμων lrsquoidentification comme hypocoristique ou comme sobriquet deacutepend de la perspective adopteacuteethinsp lrsquoexistence de composeacutes de type heacuteroiumlque avec parallegraveles dans drsquoautres lan-gues indo-europeacuteennes comportant ces premiers eacuteleacutements fera analyser ces

116 Ἁρποκρατίων IIe s apr J-C RE (2)117 Voir J-L Perpillou laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 (1974)

p 99-107118 Voir P Chantraine Formation p 165 pour un exemple lexical comme οὐρανίων fait

sur οὐράνιος drsquoougrave les anthroponymes οὐρανίων et Κρονίων et les nombreux anthroponymes de forme patronymique tels Ἑλλοπίων Ἀχαιίων Ἀρκαδίων Κωνωπίων etc recenseacutes par Bechtel HPN 548

119 Bechtel HPN 307120 P Chantraine Formation p 161 voir aussi O Masson laquo Notes drsquoanthroponymie grecque

et asianique raquo Beitrz Nam 10 (1959) p 162 (OGS I p 22) sur le rapport qui existe entre ce type de sobriquet et les adjectifs en -ύς cf Δάσων vs δασύς

310 sophie minon

anthroponymes comme des hypocoristiques ndash crsquoest lrsquoanalyse historique pra-tiqueacutee par Bechtel tandis qursquoen synchronie la flexion seulement (geacuten en -ωνος) les distingue de participes employeacutes comme sobriquetsthinsp121 Un son-dage opeacutereacute agrave partir du mecircme volume du LGPN fait apparaicirctre sur 1045 noms en -ων autour de 165 composeacutes clairement identifiables ndash comprenant les 40 composeacutes agrave finale -ίων soit un rapport de presque 16 agrave cocircteacute des 11 pour -ίων Parmi les 125 composeacutes distincts de ceux en -ίων 12 au plus sont attesteacutes agrave Argosthinsp122

-αρίωνOn exclura en tout cas que le suffixe soit ici lrsquoeacutequivalent masculin -αρίων

du neutre -άριον qui est employeacute pour former des sobriquets feacuteminins Comme lrsquoa expliqueacute O Masson les noms de femmes faits au moyen de ce suffixe de diminutif (cf παιδάριον ψυχάριον) commencent agrave apparaicirctre au IIIe siegravecle mais les noms drsquohomme correspondants sont propres agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et freacutequents en Eacutegypte et il rappelait que Bechtel avait montreacute que ces derniers avaient eacuteteacute refaits secondairement sur les diminutifsthinsp ainsi Γλυκαρίων et Ψυχαρίων agrave partir de γλυκάριον et ψυχάριον toutes forma-tions deacuteriveacutees de noms ou drsquoadjectifsthinsp123 Le suffixe -αρίων a pu ecirctre ensuite employeacute librement dans lrsquoanthroponymie sans qursquoil existe neacutecessairement de diminutif associeacute comme on lrsquoobserve pour le nom Τυχαρίων porteacute par deux Atheacuteniens de lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp124

Δαμαρίων et ΔαμάρηςCh Kritzas propose comme parallegraveles agrave lrsquoappui de son analyse Ἀμφ-

αρ-ίον du nouveau nom argien les noms Δαμαρίων et Θεαρίωνthinsp125 Le pre-mier nrsquoest pas attesteacute avant le IIIe siegravecle et a eacuteteacute donneacute surtout agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et en zone ionienne-attiquethinsp les volumes du LGPN reacutepertorient 25 individus ainsi deacutenommeacutesthinsp126

121 Voir sur cette question de typologie I Hartmann laquo lsquoWhat namethinsp What parentagersquo The classification of Greek names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann-A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 (2002) p 55-81

122 Voir LGPN IIIAthinsp Ἰπομέδο ν (SEG 11 336 l 5 ca 575-550)thinsp Ἀλκίφρων (Thuc V 59 5 418 av J-C)thinsp Ὀχίπον (IG IV 552 Ve s)thinsp Εὐέλθων (Iamb VP 267 [FVS I p 447] VeIVe s)thinsp Ξενοφάων (CID 2 75 II l 43 336334)thinsp Ἀριστόφρων (SEG 13 243 316 av J-C)thinsp Βουκολέων (CEG II 816 l 12 303 av J-C)thinsp Ἀριστομέδων (ineacuted publ Ch Kritzas IVeIIIe s)thinsp Λυκόφρων (SEG 42 279 l 6 IIe s)thinsp Δαμοφῶν (ineacuted IIe s)thinsp Εὔφρων (Syringes 44 IIeIer s) et Παρμένων (origine argienne incertaine Bernand El-Kanaiumls 79 Ier s)

123 Voir O Masson laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 (1984) p 157 (OGS II p 443)

124 LGPN II IG II2 2089 l 33 et 2113 l 204 IIe s apr J-C125 Lettre du 20 novembre 2010126 La plus ancienne attestation de ce nom est celle drsquoun Creacutetois et date de 2232 (Milet I

(3) 38g 7)thinsp un Parien homonyme est connu agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale (IG XII (5) 173 V) En dehors de lrsquoexemple drsquoun individu dont lrsquoorigine atheacutenienne est incertaine agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale les

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

298 sophie minon

connu de lrsquoascendance et de la geste du heacuteros Ἀμφιάρηοςthinsp55 on preacutefeacuterera reconnaicirctre sous le second membre plutocirct que le theacuteonyme lrsquoappellatif sans doute suffixeacute en -εthinsp ἀρή laquo malheur perte destruction raquo dont il est eacutetymo-logiquement et morphologiquement indissociable ou son eacutequivalent ἄρος auquel la glose drsquoHeacutesychius preacutesenteacutee en introduction donne entre autres le sens neacutegatif dethinsp βλάβος ἀκούσιονthinsp56 Lrsquoautre voie qui aurait consisteacute agrave y voir des hypostases avec le sens laquo de lrsquoentourage drsquoAregraves raquo avait deacutejagrave eacuteteacute eacutecarteacutee par Heubeck comme moins satisfaisante pour la raison que sur ce type de composeacute les deacuteriveacutes sont plus souvent en -ιος qursquoen -οςthinsp57 Or il est sucircr qursquoil est impossible de faire de Ἀμφιάρηος un deacuteriveacute patronymique en -ιος du doublet Ἀμφιαρεύς de Ἀμφιάρης entretenant le mecircme rapport avec eux que ἌρειοςἌρη(ι)οςthinsp58 avec Ἄρηςeacuteol Ἀρεύς en posant -ethinspw-yo-s gt hom -ήιος susceptible drsquoeacutevoluer soit en -ειος soit en -ηοςthinsp59 et -es-yo-s gt -ειος puis -εος (formes myceacuteniennes citeacutees ci-dessous)thinsp il nrsquoy a en effet aucun exemple de la forme pourtant meacutetrique Ἀμφιαρήιος que lrsquoon attendrait en ce cas dans lrsquoeacutepopeacutee agrave cocircteacute des adjectifs patronymiques Καπανήιος et

55 Voir P Sineux loc cit LrsquoOdysseacutee preacutesente le heacuteros comme eacutegalement aimeacute de Zeus et drsquoApollon ce qui en ferait plus un Ἀμφί-θεος laquo qui a un dieu de part et drsquoautre raquo qursquoun Ἀμφιάρηςthinsp crsquoest chez Pindare qursquoἈμφιάραος est repreacutesenteacute comme un guerrier redoutable πολέμοιο νέφος (Neacutem 10 9) tuant (schol Neacutem 9 30b Drachmann) pour prendre le pouvoir agrave Argos dans un contexte de stasis (Neacutem 9 ibid) Si le second eacuteleacutement -άρης repreacutesentait non le theacuteonyme mais lrsquoappellatif ἄρος ou le thegraveme en εthinsp de forme ἀρή le heacuteronyme pourrait alors ecirctre interpreacuteteacute comme laquo qui a sa perte des deux cocircteacutes raquo crsquoest-agrave-dire agrave Argos ougrave il a sa femme Eriphyle comme ennemie (ἀνδροδάμαντα Neacutem 9 16) comme agrave Thegravebes ougrave son art divinatoire lui a fait voir la mort qui lrsquoattend ce dernier motif surtout deacuteveloppeacute par les Tragiques mais deacutejagrave esquisseacute par Pindare (Ol 6 17) voir Sineux p 35

56 Pour lrsquoeacutetymologie et le sens du nom drsquoAregraves voir P Chantraine DEacuteLG sv ἀρή Ἄρης et pour ἄρος supra n 5thinsp pour lrsquoorigine commune du theacuteonyme et de lrsquoappellatif ἀρή M Peters laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch-C Zinko (edd) Studia Onomastica et Indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz 1995 p 185 n 2 le Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre Primaumlrstammbildungen2 eacuted H Rix 2001 et derniegraverement T Barnes laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19 qui pose pour toute cette famille la racine H2erH1- et pour Aregraves H2reacuteH1-H2rH1-eacutes- avec le sens de laquo destructeur raquothinsp contre R Schmitt ZPE 17 (1975) p 15-16 qui postulait pour le theacuteonyme une origine iranienne

57 Heubeck p 17 et voir E Risch op cit p 17158 Sur hom Ἀρήιος laquo drsquoAregraves le belliqueux raquo devenu par la suite Ἄρειος voir O Masson

OGS III p 139 et n 81 Pour la forme -ηος du suffixe voirthinsp Ἀρήου nom de mois SGDI II 2136 l 2 (Delphes IIe av J-C) IG IX (2) 359c et 1117b (Thessalie eacutepoque romaine)thinsp en revanche dans les inscriptions attiques de la mecircme eacutepoque ougrave figure le nom de lrsquoAreacuteopage (ἐξ Ἀρήου πάγου) eg IG II2 1721 ou 3238 ou lrsquoanthroponyme eg IG II2 1718 ou 3173 il srsquoagit drsquoune graphie itacisante pour lrsquoancienne forme -ειος du suffixe

59 Lrsquoeacutequivalent myceacutenien du suffixe -[C]e-wi-jo est connu par exemple agrave travers lrsquoadjectif i-je-re-wi-jo auquel on pourra comparer agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique hom ἱερ-ήιον koin -ῆον -εῖον voir E Risch op cit sect 46 Pour ῆον voir I v Miletos ndeg 10 l 38 Ve s V Petrakos Ἐπιγρ τοῦ Ὠρωποῦ ndeg 277 l 33 IVe s M Segreacute Iscr di Cos ED ndeg 178 l 19 fin IIIe s etc

299ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

νηλήιος ou encore Ἀφαρήιος fait non sur Ἀφάρηος mais sur Ἀφαρεύς chez Apollonios de Rhodesthinsp60

Heubeck proposait drsquoexpliquer la formation du heacuteronyme de la maniegravere suivante Il y reconnaissait un deacuteriveacute theacutematique de Ἀμφιάρης constitueacute sur le modegravele des anthroponymes myc o-ti-na-wo hom Εὔ- Κλυτό- Ἐχέ- Πολύ-νεως en face de lrsquoappellatif ναῦς avec -ναυςthinsp -νᾱ(Ϝ)ος gt -νηος gt -νεως dans le mecircme rapport que -άρηςthinsp -άρηος gt -άρεωςthinsp hom Βριάρεως reflegraveterait la mecircme theacutematisation de -άρηςthinsp61 Le datif myc a-re du theacuteo-nyme drsquoapregraves lui ne pouvait ecirctre ni celui drsquoun thegraveme sigmatique ni celui drsquoun thegraveme en -ηϜ- mecircme srsquoil est en veacuteriteacute difficile de ne pas reconnaicirctre dans les deux variantes cnossiennes a-re-i-jo et a-re-jo (= Ἄρεἱος vs Ἄρειος) lrsquoadjectif en -yo- correspondant au thegraveme sigmatique que pourrait du reste aussi attester la variante theacutebaine a-re-i qursquoil citait lui-mecircmethinsp62 Il consideacuterait de ce fait que le nom drsquoAregraves eacutetait agrave lrsquoorigine un thegraveme en εthinsp (-eh1-)thinsp63 et que la flexion en -εύς comme celle en -t- (Ἄρης Ἄρητοςthinsp64) qursquoattesteraient indirectement les deacuteriveacutes patronymique Heacutes Ἀρητιάδης et phratronymique arg Ἀμφιαρητείδας repreacutesentaient elles aussi des deacuteveloppements secon-dairesthinsp65 O Masson voyait de mecircme dans chypr Θάλες un ancien nom en εthinsp passeacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique agrave la flexion en dentale geacuten Θάλητοςthinsp66

Mais de mecircme que φύλαξ a pu ecirctre theacutematiseacute degraves la langue eacutepique en φύλακος ce qui a pu ecirctre reacuteinterpreacuteteacute bien plus tard comme lrsquoemploi de son geacutenitif comme un nominatif si lrsquoon en croit une scholie agrave Apollonios de

60 A R I 485 etc61 Heubeck p 18 et 20-2162 Voir CJ Ruijgh Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien 1967 p 265

contesteacute par Heubeck p 16 n 33thinsp on pourrait avoir de mecircme a-re-ị-mene ( ou a-re-ẓọ-me-ne TH Z 849) vs a-re-me-ne (TH Z 852) cf DMic sv Comparer a-re-i-jo vs a-re-jo (KN Le 641 1 et Vc 208) avec le patronymique e-te-wo-ke-re-we-i-jo (PY An 644 8-9 et Aq 64 15) fait sur lrsquoeacutequivalent drsquoalph Ἐτεοκλέ(Ϝ)ης

63 Crsquoest la doctrine toujours admise aujourdrsquohui voir par exemple le compte rendu de N Guilleux agrave A Bernabeacute-ER Lujan Introduccion al griego miceacutenico Gramatica seleccion de textos y glosario 2006 dans BSL 104 2 (2009) p 178

64 Ἄρητος nrsquoest attesteacute ni comme geacutenitif ni sans doute comme nominatif agrave εthinsp heacuteriteacute contre Heubeck p 14 n 22 Le nom Ἄρᾱτος ioniseacute en Ἄρητος (Od 3 440) est fait sur un autre radical celui de ἀρ(Ϝ)ά laquo priegravere vœu maleacutediction raquo voir le dictionnaire de Pape-Benseler Bechtel HPN 63 et Chantraine DEacuteLG sv

65 Heubeck p 17 et 20 ougrave est citeacute le parallegravele drsquohom Ἀφαρεύς et patron Ἀφαρήιος vs Ἀφάρητα (Bacch 5 129) et Ἀφαρήτιδαι (Pind Neacutem 10 65) Voir pour la forme heacutesiodique Bouclier 57-59 ougrave lrsquoadjectif patronymique Ἀρητιάδην est employeacute pour reacutefeacuterer au fils drsquoAregravesthinsp Ὃς καὶ Κύκνον ἔπεφνεν Ἀρητιάδην μεγάθυμον Pour le phratronyme voir E Lobel Oxy Pap 32 1967 ndeg 2618 frag 1 col 1 l 7 de Steacutesichore et W Vollgraff reacutefeacuterence citeacutee supra n 33

66 Agrave distinguer drsquoion Θαλῆς -έω drsquoun ancien Θαλέας aujourdrsquohui attesteacute agrave trois exem-plaires cf O Masson RPh 48 (1974) p 83 et n 2 Pour le Thalegraves chypriote du VIIe s voir du mecircme auteur ICS2 p 257 (ta-le-se)

300 sophie minon

Rhodesthinsp67 Ἀμφιαρεύς aurait pu ecirctre theacutematiseacute en ἈμφιάρηϜ-ος suivant un processus que pourrait aussi illustrer la reacutefection du composeacute ἀρχιερεύς en ἀρχιέρεως chez Heacuterodote qui aurait entraicircneacute celle du simple ἱερεύς dans les inscriptions ioniennesthinsp68 Le pheacutenomegravene pourrait mecircme srsquoobserver pour le theacuteonyme degraves lrsquoeacutepoque myceacutenienne si lrsquoon pouvait accorder foi agrave la lecture a-re-ẉọ de PY An 340 11 et suivre Gallavotti qui proposait avec preacutecaution de voir dans ce nominatif un deacuteriveacute de Ἄρηςthinsp69 Une partie du myceacutenien (au moins Thegravebes et Cnossosthinsp70) semble du reste avoir deacutejagrave amorceacute le meacutetaplasme du thegraveme ancien a-re en thegraveme sigmatique On ne peut donc exclure que la theacutematisation se soit faite agrave partir du composeacute deacutejagrave suffixeacute en -εύς que pourrait recouvrir la forme de geacutenitif supposeacute a-pi-ja-re-[wo ()] deacutejagrave citeacutee plutocirct qursquoau stade preacuteceacutedent ougrave le thegraveme eacutetait peut-ecirctre encore en -εthinspthinsp71 Notons du reste que drsquoun point de vue phoneacutetique la theacutematisation est plus attendue agrave partir drsquoun thegraveme (semi-)consonantique que vocaliquethinsp en face de Ἀμφιάρη-ος Heubeck citait du reste comme parallegravele le thegraveme nāw- du nom du laquo navire raquo (drsquoougrave -νᾱ(Ϝ)-ος gt -νηος) agrave semi-consonne et non agrave

67 Dans la scholie tardive 132b (G Lachenaud Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010 p 34) le scholiaste explique ainsi le processus de theacutematisation des noms atheacutematiques qursquoil attribue aux Ioniensthinsp Φύλακος Ἰωνικῶς ὁ φύλαξ Ἴωνες γὰρ τὰς γενικὰς ποιοῦσιν εὐθείαςthinsp il renvoie ensuite sur la question de lrsquoaccentuation agrave Heacuterodien cf n 64 ibid ougrave lrsquoauteur signale lrsquoaccentuation φυλακούς en Il 24 566

68 Voir deacutejagrave E Risch Wortbildung p 164 n 1 avec renvoi agrave J Wackernagel Zeitschrift fuumlr vergleichende Sprachforschunghellip 27 (1879) p 265 et P Chantraine Formationhellip p 13-14 pour la correacutelation entre theacutematisation et composition et p 130 ougrave il signale la rareteacute des composeacutes en -εύς ce qui peut expliquer aussi leur tendance agrave la theacutematisation Cf Hdte 2 37 (corrigeacute par les eacutediteurs modernes en ἀρχιερεύς) et Dittenberger Syll3 1037 l 4 (Milet ca 300thinsp ἱέρεως) 495 l 23 (Olbia ca 230thinsp geacuten ἱέρεω) et F Sokolowski Lois sacreacutees des citeacutes grecques Suppleacutement Paris 1962 78 l 2-3 (Chios IIe s av J-Cthinsp ἱρέωι) ou encore Ἀ Στεϕάνου Χιακὰ Μελετήματα 1 (1958) 26-32 l 7 (Chiosthinsp nom ἱέρεως) Autres exemples de theacutematisations chez Schwyzer Griechische Grammatik I p 458 et voir mes Inscriptions eacuteleacuteennes dialectales 2007 p 369 et n 13 avec le nominatif eacuteleacuteen μανάσιος du nom de lrsquouniteacute de mesure connue agrave Chypre sous la forme μνάσις Crsquoeacutetait deacutejagrave lrsquohypothegravese de Bechtel Griechische Dialekte II p 514 qui fai-sait de ἈμφιάρηϜος une forme secondaire parallegravele agrave Ἀμφιαρετεύς

69 C Gallavotti Paideia 12 (1957) p 329 voir DMic sv a-re-wo Sur la question de lrsquoori-gine du suffixe -ηϜ- et de ses rapports avec les autres suffixes du grec voir J-L Perpillou Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973 p 15-62

70 Cf n 62 Sur la coexistence de dialectes agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne que lrsquoon ne perccediloit qursquoagrave travers les lapsus des scribes formeacutes agrave eacutecrire la langue de la chancellerie de lrsquoeacutepoque qui repose sur un dialecte de type arcado-chypriote voir M Lejeune laquo Rapport sur le grec myceacutenien raquo Atti Roma 1968 II p 731 contre RJE Thompson laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 (1996-97) p 313-333 qui preacutefegravere voir dans les variantes les indices drsquoeacutevolutions linguistiques en cours comme J Chadwick laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 401 qui insiste sur lrsquouniformiteacute de la langue sur les diffeacuterents sites Dans le mecircme sens que M Lejeune voir sur le caractegravere dialectalement composite du myceacutenien N Guilleux loc cit supra note 63 p 299

71 Comme composeacute en -εύς deacutejagrave attesteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne on pourra citer en parti-culier a-pi-po-re-we (KN Uc 160 v 2 unanimement interpreacuteteacute comme ἀμφι-φορῆϜες) avec la variante haplologique a-po-re-we (PY Tn 996 3 ἀμφορῆϜε)

301ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

voyelle finale On ne dispose certes pas de parallegravele qui permette drsquoeacutetablir le sort de eh1 suivi de voyellethinsp72 Le troisiegraveme mode drsquoeacutevolution agrave savoir lrsquoeacutelar-gissement des thegravemes en -εthinsp en dentale (-ης -ητος) qui nrsquoest pas attesteacute en myceacutenien serait en revanche posteacuterieurthinsp73

Ἀμφι-άραοςPour expliquer ensuite que lrsquoancien Ἀμφιάρηος ait vu transformer le

εthinsp eacutetymologique de son second eacuteleacutement en athinsp pour prendre la forme Ἀμφιάραος R Wachter a reacutecemment repris agrave son compte lrsquoexplication accepteacutee par Kretschmer selon laquelle une eacutetymologie populaire aurait fait constituer secondairement -άρᾱος drsquoapregraves ἀράομαι au sens eacutepique de laquo prier raquothinsp74 en posant lrsquoeacutequation proportionnelle suivante qui preacutesuppose lrsquoeacutepopeacutee ionienne acclimateacutee agrave Athegravenes et en Beacuteotiethinsp ion ἀρήσομαιthinsp att beacuteot ἀρᾱσομαι = ion Ἀμφιάρηοςthinsp att beacuteot x avec x = Ἀμφιάρᾱοςthinsp75 Il faisait neacuteanmoins remarquer le caractegravere plus eacuteconomique de lrsquoautre hypo-thegravese qui aurait fait partir de -ᾱος ioniseacute en -ηος atticiseacute en -εως puis refait en -ᾱος trajectoire qursquoillustre dans le lexique lrsquoappellatif λᾱός qui nrsquoest cependant substitueacute en attique agrave λεώς qursquoagrave la fin du IIIe siegraveclethinsp76 Les tenta-tives sporadiques drsquoionisation du heacuteronyme dans la langue eacutepique auraient eacuteteacute en ce cas agrave lrsquoorigine des formes agrave vocalisme εthinsp des leacutegendes vasculaires corinthiennes les plus anciennes comme des flottements observeacutes dans la tra-dition pindarique Il est vrai qursquoil est impossible vu la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφια- de reconnaicirctre eacutetymologiquement au second

72 Pas drsquoexemple comparable ni chez R Beekes The Development of the Proto-Indo-European laryngeals in Greek La Haye-Paris 1969 p 170-172 ni chez M Peters Untersuchungen zur Vertretung der indogermanischen Laryngale im Griechischen Wien 1980 p 272 La finale -ᾱων ονος de noms de Troyens comme Ἀρετάων ou de lrsquoethnique Ἰάονες cf P Chantraine Formation p 162-163 aurait pu laisser supposer que devant une autre voyelle la voyelle longue issue de eh1 se conservait au mecircme titre que le athinsp issu de eh2 si le myceacutenien nrsquoinvitait en fait agrave res-tituer -ᾱϜων cf O Landau Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958 p 185-186

73 Heubeck p 1974 Kretschmer op cit (n 47) p 123 Lrsquoeacutetymologie populaire est refleacuteteacutee par Photius

Bibliothegraveque Bekker 148a l 36thinsp ὅτι Ἀμφιάραος ἐκλήθη ἐπεὶ ἄμφω οἱ τῆς μητρὸς γονεῖς ἠράσαντο αὐτὴν ἄνευ τεκεῖν μόγου Le heacuteronyme aurait-il ainsi eacuteteacute reacuteinterpreacuteteacute comme laquo celui que lrsquoon prie de part et drsquoautre raquo avec un rappel agrave Thegravebes de lrsquoorigine argienne du heacuteros et du culte qursquoil recevait aussi en Argolide tandis qursquoagrave Oropos il aurait eacuteteacute le heacuteros auquel on rendait un culte de part et drsquoautre de la frontiegravere que lrsquoon fucirct Atheacutenien ou Oropienthinsp

75 R Wachter NAGVI 77 renvoie agrave Kretschmer loc cit Autre hypothegravese insatisfaisante de M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 191-193thinsp lrsquoanalogie des composeacutes anthroponymiques agrave second eacuteleacutement -λᾱϜ ος (gt -lœthinspwos en zone io-att) aurait fait passer -rēwos () agrave -rœthinspwos drsquoougrave beacuteot -ρᾱος par hypercorrection

76 Crsquoest par exemple lrsquointerpreacutetation du dictionnaire de W Pape et G Benseler de 1911 Pour la substitution de λᾱός agrave la forme ionienne-attique λεώς agrave partir de lrsquoeacutepoque helleacutenistique voir L Threatte GAI II 1996 p 39 Lrsquoionien ne semble pas avoir eu ληός cf A Meillet Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 1975 p 313 Lrsquohistorien Polybe est le premier prosateur agrave rem-ployer la forme ancienne λαός comme aussi ναός cf J-A de Foucault Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972 p 65

302 sophie minon

eacuteleacutement le radical de ἀρά laquo priegravere raquo drsquoun plus ancien ἀρϜά (arc κάταρϜος) drsquoougrave ion ᾱρή dans la poeacutesie homeacuteriquethinsp77 Il faut donc bien admettre comme seul authentique le radical ἀρ- agrave bregraveve initiale dont deacuterivent le thegraveme agrave εthinsp que recouvrent hom feacutem ἀρή laquo malheur perte raquo et masc Ἄρης le thegraveme en -εthinspw- qui est aussi ancien pour le theacuteonyme ainsi que le substantif ἄρος que fait connaicirctre la triple glose drsquoHeacutesychius dont le sens neacutegatif βλάβος ἀκούσιον rejoint le seacutemantisme funeste des premiers

Ἀμφ-ιέραοςLrsquoultime transformation en Ἀμφιέραος variante sporadique connue

par quelques deacutedicaces attiques priveacutees et autres inscriptions helleacutenistiques de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos et dont teacutemoigne aussi le nom drsquoassociation Ἀμφιεραισταί agrave Rhamnonte fin IIIedeacutebut IIe siegraveclethinsp78 a pu se produire agrave Oropos ougrave elle aurait eacuteteacute motiveacutee par la volonteacute drsquoioniserthinsp79 une seacutequence dont la reacuteinterpreacutetation par fausse coupe comme Ἀμφ-ιαρ-αοςthinsp80 aurait juste-ment eacuteteacute favoriseacutee par la proximiteacute seacutemantique entre la notion de laquo sacreacute raquo et celle de laquo priegravere raquo que lrsquoeacutetymologie populaire avait secondairement rattacheacutee agrave ce nom de heacuteros Il ne peut y avoir lagrave en effet que la reacuteeacutetymologisation reacutecente drsquoun nom dont lrsquoabsence drsquoattestation drsquoἈμφίερος ου drsquoἌμφιρος agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique indique qursquoil ne repose sur rien drsquoancien Le myceacute-nien du reste ne connaissait que le degreacute e de ce radical (i-je-ro i-je-re-u etc) sans avoir jamais employeacute semble-t-il ni i-ja-ro ni i-a2-rothinsp81thinsp il est vrai que lrsquoanthroponyme a-pi-a2-ro qui pourrait theacuteoriquement avoir comme eacutequiva-lent alphabeacutetique lrsquoanthroponyme Ἀμφίαρος est interpreacuteteacute unanimement comme Ἀμφί-hαλος avec au second eacuteleacutement le radical du nom du laquo sel raquothinsp82 principalement parce que la forte repreacutesentation du radical de forme i-(j)

77 M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 186 n 578 Pour les deacutedicaces attiques contemporaines des inscriptions de lrsquoAmphiaraion voir

L Threatte GAI I p 126thinsp pour les proxeacutenies et autres deacutecrets de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos V Petrakou Οἱ ἐπιγραφές τοῦ Ὠρωποῦ Athegravenes 1997 eg ndeg 9 et 17 deacutebut IIIe s ndeg 60 etc et cf IG II-III2 (1) 1322 pour lrsquoassociation des Ἀμφιεραισταί

79 Comme les formes en Ἀμφιερ- commencent seulement agrave apparaicirctre au tournant du IVe et du IIIe siegravecle alors qursquoapregraves 312 les Beacuteotiens sont agrave nouveau maicirctres drsquoOropos qui fait partie du koinon tout en gardant son statut de citeacute (MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory ndeg 214) ce changement de vocalisme radical peut ecirctre interpreacuteteacute comme une marque drsquoidentiteacute (-ιαρ- fait beacuteotien) de la part des Oropiens dont le dialecte est apparenteacute agrave lrsquoionien drsquoEubeacutee Il est moins plausible drsquoy voir un indice de la koineacuteisation du dialecte qui nrsquoaurait pas affecteacute degraves cette peacuteriode le radical drsquoun heacuteronyme

80 L Threatte GAI I p 126 et 391 heacutesite entre deux explications pour la variante Ἀμφιέραοςthinsp tendance agrave la dissimilation ou plus vraisemblablement confusion avec le radical de ἱερός

81 Voir RJ Thompson laquo Dialects in Mycenaean and mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 1996-97 p 330

82 DMic sv a-pi-a2-ro et cf A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 51

303ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

e-r(V) fait exclure que le vocalisme a puisse avoir eacuteteacute mecircme sporadiquement repreacutesenteacutethinsp83

ἈμφίαροςLrsquoanthroponyme hapax dont il vient drsquoecirctre question Ἀμφίαρος figure

agrave cocircteacute de Παμφίλη de Ἀμφίλοχος et de Ἀμφίας sur un loutrophoros du IVe siegravecle a C trouveacute agrave Athegravenesthinsp84 La segmentation Ἀμφ-ίαρος qui ferait identifier le second eacuteleacutement de ce composeacute comme le radical agrave vocalisme non ionien-attique de ἱερός cf eg Ἀγχ-ίαρος agrave Thespies et Cheacuteroneacutee ou Καλλ-ίαρος vs Καλλ-ίερος agrave Delphesthinsp85 est probablement agrave exclure agrave cause de lrsquoassociation avec le nom feacuteminin agrave finale -η quant agrave lui bien attiquethinsp on attendrait Ἀμφίερος qui nrsquoest nullement attesteacute

La solution qui consisterait agrave y voir une forme courte pour Ἀμφιάραοςthinsp86 se heurte au fait que cette forme du heacuteronyme nrsquoest attesteacutee comme anthropo-nyme qursquoagrave partir du Ier siegravecle de notre egraverethinsp87 Il est alors preacutefeacuterable drsquoy voir un deuxiegraveme exemple de composeacute agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- non eacutelideacute comme dans le cas de Ἀμφιάρηος devant un second eacuteleacutement de forme -αρος ndash lrsquoana-logie de la seacutequence iathinsp de lrsquohypocoristique Ἀμφίας aurait pu contribuer au maintien de lrsquohiatus On aurait pu srsquoattendre agrave un second eacuteleacutement en -άρης-ήρης en lien avec notamment le substantif ἄρος (cf infra II sous Ἀμφάρης) mais -αρος qui est attesteacute par exemple dans le nom du magistrat moneacutetaire Εὔαρος agrave Eacutephegravese au Ve siegraveclethinsp88 peut srsquoexpliquer comme une forme de second membre court parallegravele agrave feacutem -αρώ (cf Κλειναρώ agrave Paros au IIe siegravecle avant J-C ou νεικα(ρ)ώ fille de Ἀρίστων agrave Thegravebes au IIeIIIe siegravecle de notre egravere) bacirctie agrave partir du radical ἀρ- soit de ἀρετή soit de ἄριστοςthinsp89 La derniegravere solution qui aurait consisteacute agrave y voir un deacuteriveacute comparable agrave Ἀμφί-ας au suf-fixe rare -αρος issu de la grammaticalisation de la formation hypocoristique susdite doit sans doute ecirctre eacutecarteacutee parce qursquoelle est plutocirct attendue dans le cas drsquoun sobriquet tel Βάτταρος fait sur Βάττοςthinsp90

En zone non ionienne-attique crsquoest en revanche ἱαρός qursquoil faut recon-naicirctre au second eacuteleacutement du nom nouveau de lrsquoArgien Γνοhίαρος que fait connaicirctre Ch Kritzas dans le mecircme volumethinsp91 composeacute agrave rection ver-

83 Sur le caractegravere cependant dialectalement stratifieacute du myceacutenien voir deacutejagrave supra n 7084 LGPN II Polemon 4 (1949) p 33 ndeg 32 et V Bardani-G Papadopoulou-V Petrakos

Συμπλήρωμα τῶν ἐπιτυμβίων μνημείων τῆς Ἀττικῆς Athegravenes 2006 ndeg 152985 Pour Ἀγχίαρος cf Y Kalliontzis BCH 131 (2007) [2009] p 495-496thinsp pour Καλλίαρος

vs Καλλίερος respectivement SGDI 1987 l 16 175 av J-C et 1867 l 10 177 av J-C86 Hypothegravese de J Traill Persons of Ancient Athens 2 p 100 ndeg 12513587 Deux Atheacuteniens LGPN II88 A Meadows-U Wartemberg (eacuted) Coin Hoards 9 Londres 2002 p 102 ndeg 189 Κλειναρώ IG XII (5) 186 18thinsp νεικα[ρ]ώ IG VII 2681 et cf infra n 14390 Cf O Masson respectivement Philologus 110 (1966) p 256 et n 5 (= OGS I p 91) agrave

propos des noms Λεύκαρος et Λευκάριστος et Glotta 54 (1976) 94 et n 55 (= OGS I p 279)91 Crsquoest lrsquoanalyse de Ch Kritzas pour le nom de lrsquoArgien Γνοhίαρος qursquoil eacutetaie du rappro-

chement avec le nom Ἱερόγνωτος drsquoun Deacutelien IG IX (2) 135 23 IVe s

304 sophie minon

bale comme le nom Δεξίαρος attesteacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique pour deux Beacuteotiensthinsp92

Remarquons pour conclure cette partie que les deacuteveloppements eacutetymo-logiques ici exposeacutes conduisent agrave admettre que le i final de ἀμφι- nrsquoa pas plus eacuteteacute eacutelideacute dans le heacuteronyme Ἀμφιάρηος que dans le nom de lrsquoAtheacutenien Ἀμφίαρος et qursquoil ne lrsquoaurait eacuteteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne dans a-pi-ja-re agrave supposer que cette forme syllabique ait bien Ἀμφιάρης comme correspon-dant alphabeacutetique et cela en contradiction avec la regravegle veacuterifieacutee du moins pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique selon laquelle cette eacutelision eacutetait reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale Ἀμφιάρης serait le seul nom en Ἀμφι- ougrave une telle exception srsquoobserverait du myceacutenien au grec alphabeacutetiquethinsp93 Le teacutemoignage du myceacutenien laisse en effet supposer pour les preacutefixeacutes en ἀμφι-thinsp la conservation de lrsquohiatus devant h (a-pi-e-ke pour ἀμφι- + hέχει ou hῆκε)thinsp la dieacuteregravese devant ancienne laryngalethinsp94 sauf en morphologie ver-bale ougrave lrsquoeacutelision est pratiqueacutee (a-pe-e-ke pour ἀμφ- ou ἀπ- + augment ἔ + hεχε ou hηκε) Notons toutefois que lrsquoeacutelision pourrait avoir coexisteacute comme variante degraves le myceacutenien si lrsquoon postulait lrsquoeacutequivalence entre a-pa-re-[uthinsp] et dor ἈμφᾱρηςἈμφᾱρεύςthinsp mais la seacutequence syllabique est seulement inter-preacuteteacutee comme correspondant agrave Ἀφᾰρεύς voire agrave Ἁρπαλεύςthinsp95

Il nrsquoest pas sucircr en revanche que Ἀμφαρίδας et Ἀμφιαρίδας preacutesenteacutes comme exemple de doublet dans lrsquointroductionthinsp96 teacutemoignent de la mecircme variation agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp le second nom pourrait fort bien deacuteriver du nom Ἀμφ-ίαρος et ecirctre par conseacutequent sans relation avec le premier sur lequel nous reviendrons agrave lrsquooccasion de lrsquoeacutetude du nom Ἀμφάρης

92 LGPN IIIBthinsp Coroneacutee 182 av J-C Syll3 585 l 210 et Orchomegravene IIIeIIe s A Wilhelm Neue Beitr 4 p 10 ndeg 1 l 12-13 pegravere notamment drsquoun Ἱαροκλῆς

93 Les deux seuls autres exemples syllabiques possibles drsquoanthroponymes en Ἀμφι- avec dieacute-regravese devant un second eacuteleacutement agrave laryngale initiale eacutetymologique ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() et a-pi-je-ta ne preacutesentent pas de correspondant en grec alphabeacutetique Pour ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() KN B 812a qursquoon pose une eacutequivalence avec Ἀμφιάγορος Ἀμφίαγρος ou Ἀμφίακρος on srsquoattendrait agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique agrave ce que le premier eacuteleacutement agrave -i final soit eacutelideacute comme crsquoest toujours le cas devant le second eacuteleacutement en -αγορ--ηγορ-thinsp et si Πολίαγρος (LGPN I et II) conserve son i devant -αγρος crsquoest pour eacuteviter toute confusion avec le radical de πολύς Or Ἀμφάγορος Ἄμφαγρος et Ἄμφακρος ne sont pas davantage attesteacutes On aurait un autre exemple de dieacuteregravese si a-pi-je-ta PY An 6577 avait pour correspondant Ἀμφι-έρτας agrave comparer avec Λαέρτης Ὀρσέλαος avec le radical de ὄρνυμι voir A Leukart op cit sect 66 et F Bader Minos 10 (1969) p 50 Mais une autre interpreacutetation est possible qui expliquerait lrsquoabsence drsquoeacutelision de a-pi- en conformiteacute avec la regravegle mise en eacutevidence pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp Ἀμφιέτας en lien avec ἵημι (de yeH1) de preacutefeacuterence agrave Ἀμφιέρτας en lien cette fois avec ὄρομαι (de wer-) qui laisserait plutocirct attendre myc a-pi-we-ta

94 Outre a-pi-ja-re cf n 44 voir ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() note preacuteceacutedente95 F Aura Jorro DicMic sv96 Lrsquohypothegravese drsquoune variation drsquoordre phoneacutetique propre au beacuteotien dont teacutemoignerait la

graphie Ἀμφαρίδας vs Ἀμφιαρίδας doit ecirctre eacutecarteacutee cf n 37

305ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Il reste alors pour justifier ce qui ne constitue en deacutefinitive une exception que pour cette eacutepoque agrave invoquer une contrainte drsquoordre prosodique telle que la preacutefeacuterence pour la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφιαρ- qui peut srsquoecirctre conjugueacutee agrave la reacutepugnance agrave constituer une seacutequence gra-phique Ἀμφαρ- qui eacutetait eacutetymologiquement ambigueuml en dehors de lrsquoionien et de lrsquoattique puisqursquoelle pouvait paraicirctre proceacuteder aussi bien de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω au second eacuteleacute-mentthinsp97 que de Ἀμφ- eacutelideacute + -αρ- du radical de Ἄρης ἄρος ou ἀραρίσκω Crsquoest preacuteciseacutement en ces termes que se pose la question de lrsquoeacutetymologie du nom de lrsquoeacutephore spartiate meurtrier drsquoAgis Ἀμφάρης

IIenspἈμφάρης et la polyseacutemie du radical ἀρ-

Ἀμφ-άρηςἈμφ-ήρηςLe nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφάρης que mentionne Plutarque a eacuteteacute

porteacute par un Atheacutenien (agrave la formule onomastique partiellement doriseacutee) et par un Phocidien qui veacutecurent tous deux au IVe siegraveclethinsp98 Dans lrsquohypothegravese ougrave le a meacutedian aurait eacuteteacute allongeacute en composition et le premier eacuteleacutement Ἀμφι- eacutelideacute comme on lrsquoattend conformeacutement agrave la regravegle phoneacutetique deacutejagrave invoqueacutee Ἀμφᾱρης pourrait alors eacuteventuellement ecirctre rapprocheacute de Ἀμφήρης dont Platon fait lrsquoun des souverains de lrsquoAtlantide fils de Poseacuteidon et de Kleitocirc agrave moins que le second membre de ce nom nrsquoait comporteacute un e eacutetymologique et ne soit plutocirct en lien avec ἐρέττωthinsp99 Lrsquoexistence parallegravele des suffixeacutes en -ίδᾱης Ἀμφηρε-ίδης et Ἀμφαρε-ίδας pourrait conforter le premier rappro-chementthinsp100 Bechtel part de ce principe puisqursquoil classe Ἀμφ-άρης agrave cocircteacute de Ξειν-ήρης et les rattache tous deux agrave ἄρος que fait connaicirctre la glose drsquoHeacutesy-

97 Voir P Chantraine DEacuteLG sv φέρω98 Voir Plut Agis 18 agrave 21 ougrave lrsquoacc est transmis sous la forme Ἀμφάρην par confusion

banale agrave cette eacutepoque entre sigmatiques et masculins en -athinsps (gt -ης)thinsp pour lrsquoAtheacutenien du IVe s cf infra n 153 et pour le Phocidien contemporain CID 2 ndeg 31 l 7 (geacuten Ἀμφάρεος)

99 Platon Criti 114b et cf infra n 113100 Ἀμφηρείδης (Atheacutenien FD III (2) 23 l 19 1387 a C) et Ἀμφαρείδας (Kleitor IIIe s

LGPN IIIA) La forme -ίδης du suffixe du nom ancien Ἀμφηρίδης agrave Thasos et agrave Paros (LGPN I) laisse supposer qursquoil deacuterive plutocirct de Ἄμφηρις que de Ἀμφήρης comme le nom du Spartiate Κλεαρίδας (Thuc IV 132 3) deacuteriverait de son cocircteacute de Κλέαρις (Thasos IG XII (8) 280 l 13 VIeVe s) dont on notera cependant que le a meacutedian est ici de quantiteacute bregraveve Dans le cas des thegravemes sigmatiques on srsquoattend agrave ce que le suffixe -ίδης srsquoajoute au suffixe sigmatique drsquoougrave -ε(σ)-ίδης gt -είδηςthinsp et lrsquoexistence de nombreux composeacutes agrave second eacuteleacutement -μενίδης nrsquoest pas contradictoire puisqursquoils semblent avoir eacuteteacute bacirctis sur μένω plutocirct que deacuteriveacutes drsquoun second eacuteleacute-ment -μένης Dans le cas particulier des noms en κλῆς lrsquoargien par exemple preacutesente cependant -ηίδας dans le phratronyme Ὀϕελλοκληίδας ensuite moderniseacute en Ὀφεltλgtλοκλείδας cf IG IV 553 l 6 Ve s (-κλε ίδας) lrsquoineacutedit E 67 dateacute 330-300 (-κληίδας) et la proxeacutenie argienne drsquoun Thrace SEG 30 357 l 11 ca 300 (-κλείδας) Pour les modaliteacutes morphologiques et phoneacutetiques de la deacuterivation en -ίδας cf mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011

306 sophie minon

chius deacutejagrave citeacutee avec le sens positif de laquo providence raquothinsp101thinsp ils appartiendraient alors agrave la cateacutegorie des bahuvrīhi ou eacutepithegravetes de type possessifthinsp102 Drsquoun autre cocircteacute si le a meacutedian de Ἀμφάρης eacutetait effectivement long agrave la diffeacuterence de celui du heacuteronyme Ἀμφιάρηος le second eacuteleacutement -ᾱήρης pourrait tout aussi bien ecirctre analyseacute comme deacuteriveacute de la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo adapteacute agrave raquo ou laquo pourvu de raquo drsquoautant que le composeacute ἀμφήρης laquo ajusteacute des deux cocircteacutes raquo est attesteacute dans le lexique poeacutetiquethinsp103thinsp on aurait alors un composeacute agrave rection verbale dont la composition aurait eu lieu dans lrsquoadjec-tif avant son transfert dans lrsquoonomastique Les deux hypothegraveses pourraient du reste ne pas ecirctre incompatiblesthinsp lrsquoeacutetymologie du substantif ἄρος nrsquoest pas assureacutee mais le premier sens de la glose drsquoHeacutesychius (ἄρος ὄφελος) srsquoaccorderait assez bien avec la notion positive de conformiteacute et drsquoajuste-ment veacutehiculeacutee par la racine H2er- que lrsquoon trouve agrave lrsquoorigine notamment de ἀραρίσκω de ἀρείων et de ἄριστοςthinsp104

Ἀν(α)-φαρ- Ἀμ(φι)-φαρ-thinspIl ne serait en theacuteorie pas impossible drsquoavancer agrave ce stade une autre

hypothegravesethinsp celle que Ἀμφάρης ait pu proceacuteder en dehors du domaine ionien-attique soit de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope soit de Ἀμ(φι)-φαρ- avec haplologie devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω comme pourrait en teacutemoi-gner lrsquoadjectif correspondant que fait connaicirctre une glose drsquoHeacutesychius proba-blement issue de la contamination de trois autresthinsp ἀμφαρής περιορωμένη κατολιγωρουμένη καὶ γυμνός ἐπιφανήςthinsp105 Les adjectifs agrave second eacuteleacute-ment -φερής bien attesteacutes se rencontrent degraves Heacuterodote et Heacutesychius fait aussi connaicirctre ἀντιφαρές gloseacute ἐναντίον en face de ἀντιφερής que sup-pose lrsquohom ἀντιφερίζωthinsp106 Ni ἀν(α)φερής ni les formes sans haplologie ἀμφιφαρής et ἀμφιφερής ne sont cependant attesteacutes Nous aurons lrsquoocca-sion de veacuterifier la validiteacute de cette hypothegravese agrave propos du nom Ἀμφαρίον agrave la fin de la troisiegraveme partie

101 Bechtel HPN 193102 Voir eg E Risch Wortbildung p 166-170103 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης renvoie agrave Eur HF 243 (qualificatif de ξύλα) et agrave Ion

1128 (ἀμφήρεις σκηνάς)104 Cf infra n 111105 La glose est consideacutereacutee agrave plus drsquoun titre comme suspecte par Lattethinsp par exemple crsquoest

agrave lrsquoeacutevidence ἀφαρήςἄφαρος qui est agrave lrsquoorigine du sens γυμνός comme lrsquoavait deacutejagrave signaleacute Schmidt et Kuster avant lui Pour lrsquoeacutequivalence entre ἀν(α)φαρής et ἐπιφανής qui serait pos-sible agrave condition de donner aux deux adjectifs le sens de laquo manifeste eacuteclatant raquo voir Pind Neacutem 11 38 ougrave ἀναφέρω (ἀμφέροντ(ι)) est employeacute au sens de laquo produire au jour faire remon-ter agrave la lumiegravere raquo agrave propos de vertus resurgissant drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre Lrsquoideacutee drsquoindiffeacuterence et de meacutepris dont teacutemoigne lrsquoeacutequivalence avec περιορωμένη κατολιγορουμένη pourrait se com-prendre mieux quant agrave elle agrave partir de ἀμ(φι)φαρής au sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo drsquoougrave neacutegativement laquo indeacutecis sans opinion raquo

106 Cf infra n 158

307ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Le nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφ-άρηςCependant dans le cas du nom de lrsquoeacutephore spartiate le rapprochement

avec le nom Δαμάρης assez populaire agrave Sparte agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacute-nistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp107 et avec les noms anciens des Spartiates Μενάρης (μένει ὀξὺν Ἄρηα Il 12 836) et peut-ecirctre Κλεαρίδαςthinsp108 incite agrave mettre ici -άρης en relation soit avec ἀρή laquo ruine destruction raquo soit direc-tement avec le nom drsquoAregraves comme on tendait en revanche agrave lrsquoeacutecarter pour le heacuteronyme Ἀμφιάρηος Lrsquoexistence du nom Δημάρης porteacute par un Deacutelien et lrsquoabsence de Δημήρης de Μενήρης et de Κλέηρις dissuadent de plus de retenir lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement agrave voyelle longue initiale -ᾱήρης Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le contraste entre la poigneacutee drsquoanthroponymes composeacutes en -ήρης attesteacutes dans lrsquoensemble du monde grec dont lrsquoidentifi-cation avec le radical de ἀραρίσκω nrsquoest du reste probable que pour le seul Φρασιήρης et la vingtaine de composeacutes en -άρης dont plus de la moitieacute est attesteacutee en zone ionienne-attiquethinsp109 fait douter que ce dernier eacuteleacutement ait comporteacute une voyelle longue initiale ailleurs que dans la phraseacuteologie poeacute-tique et dans le calque Μενάρης

Du radical ἀρ- aux bases ἀρι- ἀρο- et ἀρήIl a donc principalement existeacute des composeacutes anthroponymiques agrave second

eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης ndash et de mecircme en -αρις -αρος et -αρώthinsp110 dans lesquels srsquoobserve la mecircme absence drsquoallongement de la voyelle de jonction que dans Ἀμφιάρηος en deacutepit mecircme de lrsquoeacutelision et cela en contradiction avec la loi drsquoallongement urgriechisch mise en eacutevidence par Wackernagel dont lrsquoapplication nrsquoest certes reacuteguliegravere que dans les composeacutes nominaux anciens de lrsquoeacutepoque alphabeacutetique comme cela a eacuteteacute exposeacute en preacuteambule Comme pour ἀμφαρίστερος il est probable que la conservation du a bref eacutetait destineacutee agrave laisser visible le lien eacutetymologique avec la famille de ἀραρίσκω ἀρείων ἀρι- ἄρος et celle de ἀρή Ἄρης vraisemblablement lrsquoune et lrsquoautre issues sinon de la mecircme base du moins de la mecircme racine H2er-thinsp111 en eacutevitant la confusion possible avec les autres -ήρηςthinsp112 comme

107 Le nom Δαμάρης a eacuteteacute porteacute par quatorze Spartiates par un Arcadien (LGPN IIIA) par un Deacutelien et deux Creacutetois (LGPN I) et un citoyen drsquoAmisos (LGPN VA)

108 Bechtel HPN 69 cf Heacuterodote VIII 131 VIe s et n 99 pour Κλεαρίδας et Κλέαρις109 Pour lrsquoorigine poeacutetique du composeacute Φρασι-ήρης cf supra n 6 Drsquoapregraves le site du

LGPN en ligne les autres composeacutes en -ήρης sontthinsp Εὐήρης Ξεινήρης Περιήρης et Πολυήρης tous attesteacutes agrave un seul exemplaire sauf le premier (5 individus) Pour -άρης voirthinsp Ἀμφ(ι)άρης Ἀνδράρης (zone ion-att) Δαημάρης (id) Δειξάρης Διάρης (id) Δρομάρης (id) Εὐάρης (id) Θεάρης Κλεάρης Λυκάρης (id) Μαχάρης (id) Μενάρης (id) Ξεν(Ϝ)άρης (id) Ξιφάρης (id) Πανάρης Παντάρης Ποδάρης Τιμάρης

110 Cf Κλέαρις n 100 et Εὔαρος et Κλειναρώ n 89111 Voir H Rix LIV2 sv H2er- (ἀραρώς) H2erH (Ἄρης) et H2erH3 (ἀρόω) et cf supra

n 56 pour lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour le nom drsquoAregraves par T Barnes112 Il nrsquoest pas sucircr que lrsquoadj hom ἐρίηρες laquo fidegraveles raquo (de wēr- cf hom ἦρα et Chantraine

DEacuteLG sv) ait geacuteneacutereacute des anthroponymes en dehors de lrsquoeacutepopeacutee ougrave le second membre de Διώρης

308 sophie minon

dans poeacutet ἀμφήρης laquo avec des rames de part et drsquoautre raquo (cf ἐρέττω)thinsp113 ou -ηρις (de ἔρις) comme dans poeacutet δύσηρις et lrsquoanthroponyme correspon-dant dont pourraient ecirctre rapprocheacutes le nom du Thasien Ἀμφηρίδης deacuteriveacute de Ἄμφηρις ainsi que lrsquoadjectif ἀμφήριστοςthinsp114

IIIenspἈμφαρίον Δαμαρίων et Θεαρίων

Lrsquoemploi anthroponymique du suffixe -ίωνLes analyses meneacutees jusqursquoici permettent-elles de deacutemecircler lrsquoorigine du

nom nouveau Ἀμφαρίονthinsp En lrsquoabsence de correspondant myceacutenien il res-sort des eacuteleacutements qui ont eacuteteacute deacutegageacutes pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique que si le premier eacuteleacutement eacutetait Ἀμφι- lrsquoeacutelision de sa voyelle finale eacutetait attendue devant -αρ- ndash ne serait-ce que pour eacuteviter lrsquohiatus iV dans deux syllabes successives sans que lrsquoallongement de la voyelle initiale du second eacuteleacute-ment ait neacutecessairement accompagneacute cette eacutelisionthinsp mais qursquoen pays dorien il serait theacuteoriquement possible que Ἀμφαρ- ait valu ion-att ἀναφερ- et soit un composeacute deacuteverbatif comme cela vient drsquoecirctre exposeacute pour le nom Ἀμφάρης La suffixation de notre anthroponyme est-elle alors compatible avec lrsquoune et lrsquoautre formationthinsp

-ίωνForce nous est de constater que la finale -ίων moins reacutepandue dans

lrsquoanthroponymie que le suffixe -ων lrsquoest encore moins parmi les composeacutesthinsp sur les 1060 noms diffeacuterents preacutesentant cette finale dans les six volumes du Lexicon of Greek Personal Names soit 3 de la totaliteacute des noms connus 7 seulement preacutesentent la forme pleine de composeacutes ndash ce sont geacuteneacuteralement des noms rares dont ne sont connus que 2 3 exemplaires mais qui tendent agrave se deacutevelopper au-delagrave de lrsquoeacutepoque classique contre une majoriteacute drsquohypo-coristiques et de sobriquetsthinsp115 Le deacutepouillement de lrsquoindex inverse du LGPN

et Περιήρης aurait cette origine cf Bechtel HPN 194 tandis que Risch Wortbildung p 79 le rapproche de la racine de ἀραρίσκω Lrsquoanalyse du nom de lrsquoArcadien Πολυ-ήρης (monnaie ineacute-dite du IIe s av J-C ZfN 9 [1882] p 266 ndeg 2) est de mecircme ambigueuml

113 La motivation du nom Εὐήρης de trois Thasiens aurait-elle eacuteteacute celle-lagravethinsp la deacutesignation de laquo bons rameurs raquothinsp Pour lrsquoadj poeacutetique ἀμφήρης cf eg Eur Cycl 15

114 Voir DGEsp sv δύσερις poeacutet δύσηρις et ἀμφήριστος et LGPN IIIB deux Thessaliens du nom de Δύσηρις au VIe et IVe s av J-Cthinsp pour Ἀμφηρίδης supra n 100

115 Sondage effectueacute agrave lrsquoaide de la base de donneacutees en ligne du site du LGPN Citons comme composeacutes suffixeacutes en -ίωνthinsp le rare et tardif Ἐπαγαθίων agrave cocircteacute de Παρμενίων qui bat au contraire tous les records dans cette cateacutegorie (197 individus) et dont lrsquoamplitude chronologique des attestations srsquoexplique agrave la fois par le renom du philosophe Parmeacutenide et par celui du lieute-nant Parmeacutenion drsquoAlexandrethinsp la lexicalisation de lrsquoadjectif composeacute ἐμπόριος fait plutocirct inter-preacuteter lrsquoancien Ἐμπορίων (eg LGPN II) comme un sobriquet Comme hypocoristiques on citera par exemple Πασίων (122 individus) forme abreacutegeacutee drsquoun composeacute du type Πασικράτης (60) et Ἐπαφρ-ίων (19) pour Ἐπαφρόδιτος (515)thinsp et comme sobriquets Διδυμίων ou Ἐλευθερίων qui sont lrsquoun et lrsquoautre drsquoeacutepoque impeacuteriale (LGPN passim)

309ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

IIIA (Peacuteloponnegravese Gregravece de lrsquoOuest Sicile et Grande-Gregravece) laisse identifier 40 composeacutes sur les 350 noms diffeacuterents agrave finale -ίων soit un rapport drsquoun peu plus de 11 thinsp un seul est attesteacute en Argolide occidentale preacuteciseacutement agrave Argos mais seulement agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp Ἁρποκρατίωνthinsp116

Le suffixe -ίων qui servait dans le lexique de suffixe de comparatif srsquoest drsquoabord introduit dans les sobriquets adjectivaux du type Αἰσχρίων (234 individus) Καλλίων (20) ou Κυδίων (2) avec sa valeur grammaticalethinsp notons toutefois que Γλυκίων qui est connu comme comparatif homeacuterique nrsquoest attesteacute qursquoagrave deux exemplaires contre plusieurs centaines drsquoexemples de Γλύκων dans lrsquoensemble du monde grecthinsp117 Dans les autres cas la suffixation est produite par lrsquoadjonction du suffixe banal -ων agrave un i- final extrait lui-mecircme drsquoun thegraveme en -ιο-thinsp118 ou plus souvent drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute verbal ou adjectival du type Ἀλεξικράτης (43 individus) drsquoougrave Ἀλεξίων (103) Il arrive plus rarement que le suffixe -ίων ainsi creacuteeacute apparaisse agrave la finale drsquoun composeacute comme le tregraves populaire Παρ-μεν-ίων composeacute pour lequel sont attesteacutees 26 autres formes de suffixations dont -ων tregraves repreacutesenteacute eacutegalement (136 individus)thinsp selon Bechtel crsquoest Πάρμενις qui a seacutecreacuteteacute Παρμενίδας Παρμενίτας Παρμενίων Παρμένισκος etcthinsp119 Il nrsquoy a pas drsquoexemple drsquohypocoristique qui conserve les seuls phonegravemes initiaux du second eacuteleacutement affecteacute de ce suffixe puisque Δαμοτί-ων forme courte de Δαμότιμος et son correspondant ionien-attique nrsquoont pas drsquoeacutequivalent en -των et sont par conseacutequent suffixeacutes en -ων et non en -ίων et qursquoil en va de mecircme pour tous les composeacutes agrave second eacuteleacutement -τίων

-ωνCependant le suffixe -ων nrsquoeacutetait guegravere plus couramment adjoint agrave un

nom composeacute Crsquoest surtout une suffixation de sobriquetsthinsp120 bien plus que drsquohypocoristiquesthinsp on ne citera que Δαμών-ων Ἀλκί-ν-ων et νικ-άρ-ων parmi ceux qui preacutesentent lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de composeacute preacuteser-veacuteethinsp pour les autres du type Ἀλέξων ou Τίμων lrsquoidentification comme hypocoristique ou comme sobriquet deacutepend de la perspective adopteacuteethinsp lrsquoexistence de composeacutes de type heacuteroiumlque avec parallegraveles dans drsquoautres lan-gues indo-europeacuteennes comportant ces premiers eacuteleacutements fera analyser ces

116 Ἁρποκρατίων IIe s apr J-C RE (2)117 Voir J-L Perpillou laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 (1974)

p 99-107118 Voir P Chantraine Formation p 165 pour un exemple lexical comme οὐρανίων fait

sur οὐράνιος drsquoougrave les anthroponymes οὐρανίων et Κρονίων et les nombreux anthroponymes de forme patronymique tels Ἑλλοπίων Ἀχαιίων Ἀρκαδίων Κωνωπίων etc recenseacutes par Bechtel HPN 548

119 Bechtel HPN 307120 P Chantraine Formation p 161 voir aussi O Masson laquo Notes drsquoanthroponymie grecque

et asianique raquo Beitrz Nam 10 (1959) p 162 (OGS I p 22) sur le rapport qui existe entre ce type de sobriquet et les adjectifs en -ύς cf Δάσων vs δασύς

310 sophie minon

anthroponymes comme des hypocoristiques ndash crsquoest lrsquoanalyse historique pra-tiqueacutee par Bechtel tandis qursquoen synchronie la flexion seulement (geacuten en -ωνος) les distingue de participes employeacutes comme sobriquetsthinsp121 Un son-dage opeacutereacute agrave partir du mecircme volume du LGPN fait apparaicirctre sur 1045 noms en -ων autour de 165 composeacutes clairement identifiables ndash comprenant les 40 composeacutes agrave finale -ίων soit un rapport de presque 16 agrave cocircteacute des 11 pour -ίων Parmi les 125 composeacutes distincts de ceux en -ίων 12 au plus sont attesteacutes agrave Argosthinsp122

-αρίωνOn exclura en tout cas que le suffixe soit ici lrsquoeacutequivalent masculin -αρίων

du neutre -άριον qui est employeacute pour former des sobriquets feacuteminins Comme lrsquoa expliqueacute O Masson les noms de femmes faits au moyen de ce suffixe de diminutif (cf παιδάριον ψυχάριον) commencent agrave apparaicirctre au IIIe siegravecle mais les noms drsquohomme correspondants sont propres agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et freacutequents en Eacutegypte et il rappelait que Bechtel avait montreacute que ces derniers avaient eacuteteacute refaits secondairement sur les diminutifsthinsp ainsi Γλυκαρίων et Ψυχαρίων agrave partir de γλυκάριον et ψυχάριον toutes forma-tions deacuteriveacutees de noms ou drsquoadjectifsthinsp123 Le suffixe -αρίων a pu ecirctre ensuite employeacute librement dans lrsquoanthroponymie sans qursquoil existe neacutecessairement de diminutif associeacute comme on lrsquoobserve pour le nom Τυχαρίων porteacute par deux Atheacuteniens de lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp124

Δαμαρίων et ΔαμάρηςCh Kritzas propose comme parallegraveles agrave lrsquoappui de son analyse Ἀμφ-

αρ-ίον du nouveau nom argien les noms Δαμαρίων et Θεαρίωνthinsp125 Le pre-mier nrsquoest pas attesteacute avant le IIIe siegravecle et a eacuteteacute donneacute surtout agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et en zone ionienne-attiquethinsp les volumes du LGPN reacutepertorient 25 individus ainsi deacutenommeacutesthinsp126

121 Voir sur cette question de typologie I Hartmann laquo lsquoWhat namethinsp What parentagersquo The classification of Greek names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann-A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 (2002) p 55-81

122 Voir LGPN IIIAthinsp Ἰπομέδο ν (SEG 11 336 l 5 ca 575-550)thinsp Ἀλκίφρων (Thuc V 59 5 418 av J-C)thinsp Ὀχίπον (IG IV 552 Ve s)thinsp Εὐέλθων (Iamb VP 267 [FVS I p 447] VeIVe s)thinsp Ξενοφάων (CID 2 75 II l 43 336334)thinsp Ἀριστόφρων (SEG 13 243 316 av J-C)thinsp Βουκολέων (CEG II 816 l 12 303 av J-C)thinsp Ἀριστομέδων (ineacuted publ Ch Kritzas IVeIIIe s)thinsp Λυκόφρων (SEG 42 279 l 6 IIe s)thinsp Δαμοφῶν (ineacuted IIe s)thinsp Εὔφρων (Syringes 44 IIeIer s) et Παρμένων (origine argienne incertaine Bernand El-Kanaiumls 79 Ier s)

123 Voir O Masson laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 (1984) p 157 (OGS II p 443)

124 LGPN II IG II2 2089 l 33 et 2113 l 204 IIe s apr J-C125 Lettre du 20 novembre 2010126 La plus ancienne attestation de ce nom est celle drsquoun Creacutetois et date de 2232 (Milet I

(3) 38g 7)thinsp un Parien homonyme est connu agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale (IG XII (5) 173 V) En dehors de lrsquoexemple drsquoun individu dont lrsquoorigine atheacutenienne est incertaine agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale les

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

299ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

νηλήιος ou encore Ἀφαρήιος fait non sur Ἀφάρηος mais sur Ἀφαρεύς chez Apollonios de Rhodesthinsp60

Heubeck proposait drsquoexpliquer la formation du heacuteronyme de la maniegravere suivante Il y reconnaissait un deacuteriveacute theacutematique de Ἀμφιάρης constitueacute sur le modegravele des anthroponymes myc o-ti-na-wo hom Εὔ- Κλυτό- Ἐχέ- Πολύ-νεως en face de lrsquoappellatif ναῦς avec -ναυςthinsp -νᾱ(Ϝ)ος gt -νηος gt -νεως dans le mecircme rapport que -άρηςthinsp -άρηος gt -άρεωςthinsp hom Βριάρεως reflegraveterait la mecircme theacutematisation de -άρηςthinsp61 Le datif myc a-re du theacuteo-nyme drsquoapregraves lui ne pouvait ecirctre ni celui drsquoun thegraveme sigmatique ni celui drsquoun thegraveme en -ηϜ- mecircme srsquoil est en veacuteriteacute difficile de ne pas reconnaicirctre dans les deux variantes cnossiennes a-re-i-jo et a-re-jo (= Ἄρεἱος vs Ἄρειος) lrsquoadjectif en -yo- correspondant au thegraveme sigmatique que pourrait du reste aussi attester la variante theacutebaine a-re-i qursquoil citait lui-mecircmethinsp62 Il consideacuterait de ce fait que le nom drsquoAregraves eacutetait agrave lrsquoorigine un thegraveme en εthinsp (-eh1-)thinsp63 et que la flexion en -εύς comme celle en -t- (Ἄρης Ἄρητοςthinsp64) qursquoattesteraient indirectement les deacuteriveacutes patronymique Heacutes Ἀρητιάδης et phratronymique arg Ἀμφιαρητείδας repreacutesentaient elles aussi des deacuteveloppements secon-dairesthinsp65 O Masson voyait de mecircme dans chypr Θάλες un ancien nom en εthinsp passeacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique agrave la flexion en dentale geacuten Θάλητοςthinsp66

Mais de mecircme que φύλαξ a pu ecirctre theacutematiseacute degraves la langue eacutepique en φύλακος ce qui a pu ecirctre reacuteinterpreacuteteacute bien plus tard comme lrsquoemploi de son geacutenitif comme un nominatif si lrsquoon en croit une scholie agrave Apollonios de

60 A R I 485 etc61 Heubeck p 18 et 20-2162 Voir CJ Ruijgh Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien 1967 p 265

contesteacute par Heubeck p 16 n 33thinsp on pourrait avoir de mecircme a-re-ị-mene ( ou a-re-ẓọ-me-ne TH Z 849) vs a-re-me-ne (TH Z 852) cf DMic sv Comparer a-re-i-jo vs a-re-jo (KN Le 641 1 et Vc 208) avec le patronymique e-te-wo-ke-re-we-i-jo (PY An 644 8-9 et Aq 64 15) fait sur lrsquoeacutequivalent drsquoalph Ἐτεοκλέ(Ϝ)ης

63 Crsquoest la doctrine toujours admise aujourdrsquohui voir par exemple le compte rendu de N Guilleux agrave A Bernabeacute-ER Lujan Introduccion al griego miceacutenico Gramatica seleccion de textos y glosario 2006 dans BSL 104 2 (2009) p 178

64 Ἄρητος nrsquoest attesteacute ni comme geacutenitif ni sans doute comme nominatif agrave εthinsp heacuteriteacute contre Heubeck p 14 n 22 Le nom Ἄρᾱτος ioniseacute en Ἄρητος (Od 3 440) est fait sur un autre radical celui de ἀρ(Ϝ)ά laquo priegravere vœu maleacutediction raquo voir le dictionnaire de Pape-Benseler Bechtel HPN 63 et Chantraine DEacuteLG sv

65 Heubeck p 17 et 20 ougrave est citeacute le parallegravele drsquohom Ἀφαρεύς et patron Ἀφαρήιος vs Ἀφάρητα (Bacch 5 129) et Ἀφαρήτιδαι (Pind Neacutem 10 65) Voir pour la forme heacutesiodique Bouclier 57-59 ougrave lrsquoadjectif patronymique Ἀρητιάδην est employeacute pour reacutefeacuterer au fils drsquoAregravesthinsp Ὃς καὶ Κύκνον ἔπεφνεν Ἀρητιάδην μεγάθυμον Pour le phratronyme voir E Lobel Oxy Pap 32 1967 ndeg 2618 frag 1 col 1 l 7 de Steacutesichore et W Vollgraff reacutefeacuterence citeacutee supra n 33

66 Agrave distinguer drsquoion Θαλῆς -έω drsquoun ancien Θαλέας aujourdrsquohui attesteacute agrave trois exem-plaires cf O Masson RPh 48 (1974) p 83 et n 2 Pour le Thalegraves chypriote du VIIe s voir du mecircme auteur ICS2 p 257 (ta-le-se)

300 sophie minon

Rhodesthinsp67 Ἀμφιαρεύς aurait pu ecirctre theacutematiseacute en ἈμφιάρηϜ-ος suivant un processus que pourrait aussi illustrer la reacutefection du composeacute ἀρχιερεύς en ἀρχιέρεως chez Heacuterodote qui aurait entraicircneacute celle du simple ἱερεύς dans les inscriptions ioniennesthinsp68 Le pheacutenomegravene pourrait mecircme srsquoobserver pour le theacuteonyme degraves lrsquoeacutepoque myceacutenienne si lrsquoon pouvait accorder foi agrave la lecture a-re-ẉọ de PY An 340 11 et suivre Gallavotti qui proposait avec preacutecaution de voir dans ce nominatif un deacuteriveacute de Ἄρηςthinsp69 Une partie du myceacutenien (au moins Thegravebes et Cnossosthinsp70) semble du reste avoir deacutejagrave amorceacute le meacutetaplasme du thegraveme ancien a-re en thegraveme sigmatique On ne peut donc exclure que la theacutematisation se soit faite agrave partir du composeacute deacutejagrave suffixeacute en -εύς que pourrait recouvrir la forme de geacutenitif supposeacute a-pi-ja-re-[wo ()] deacutejagrave citeacutee plutocirct qursquoau stade preacuteceacutedent ougrave le thegraveme eacutetait peut-ecirctre encore en -εthinspthinsp71 Notons du reste que drsquoun point de vue phoneacutetique la theacutematisation est plus attendue agrave partir drsquoun thegraveme (semi-)consonantique que vocaliquethinsp en face de Ἀμφιάρη-ος Heubeck citait du reste comme parallegravele le thegraveme nāw- du nom du laquo navire raquo (drsquoougrave -νᾱ(Ϝ)-ος gt -νηος) agrave semi-consonne et non agrave

67 Dans la scholie tardive 132b (G Lachenaud Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010 p 34) le scholiaste explique ainsi le processus de theacutematisation des noms atheacutematiques qursquoil attribue aux Ioniensthinsp Φύλακος Ἰωνικῶς ὁ φύλαξ Ἴωνες γὰρ τὰς γενικὰς ποιοῦσιν εὐθείαςthinsp il renvoie ensuite sur la question de lrsquoaccentuation agrave Heacuterodien cf n 64 ibid ougrave lrsquoauteur signale lrsquoaccentuation φυλακούς en Il 24 566

68 Voir deacutejagrave E Risch Wortbildung p 164 n 1 avec renvoi agrave J Wackernagel Zeitschrift fuumlr vergleichende Sprachforschunghellip 27 (1879) p 265 et P Chantraine Formationhellip p 13-14 pour la correacutelation entre theacutematisation et composition et p 130 ougrave il signale la rareteacute des composeacutes en -εύς ce qui peut expliquer aussi leur tendance agrave la theacutematisation Cf Hdte 2 37 (corrigeacute par les eacutediteurs modernes en ἀρχιερεύς) et Dittenberger Syll3 1037 l 4 (Milet ca 300thinsp ἱέρεως) 495 l 23 (Olbia ca 230thinsp geacuten ἱέρεω) et F Sokolowski Lois sacreacutees des citeacutes grecques Suppleacutement Paris 1962 78 l 2-3 (Chios IIe s av J-Cthinsp ἱρέωι) ou encore Ἀ Στεϕάνου Χιακὰ Μελετήματα 1 (1958) 26-32 l 7 (Chiosthinsp nom ἱέρεως) Autres exemples de theacutematisations chez Schwyzer Griechische Grammatik I p 458 et voir mes Inscriptions eacuteleacuteennes dialectales 2007 p 369 et n 13 avec le nominatif eacuteleacuteen μανάσιος du nom de lrsquouniteacute de mesure connue agrave Chypre sous la forme μνάσις Crsquoeacutetait deacutejagrave lrsquohypothegravese de Bechtel Griechische Dialekte II p 514 qui fai-sait de ἈμφιάρηϜος une forme secondaire parallegravele agrave Ἀμφιαρετεύς

69 C Gallavotti Paideia 12 (1957) p 329 voir DMic sv a-re-wo Sur la question de lrsquoori-gine du suffixe -ηϜ- et de ses rapports avec les autres suffixes du grec voir J-L Perpillou Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973 p 15-62

70 Cf n 62 Sur la coexistence de dialectes agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne que lrsquoon ne perccediloit qursquoagrave travers les lapsus des scribes formeacutes agrave eacutecrire la langue de la chancellerie de lrsquoeacutepoque qui repose sur un dialecte de type arcado-chypriote voir M Lejeune laquo Rapport sur le grec myceacutenien raquo Atti Roma 1968 II p 731 contre RJE Thompson laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 (1996-97) p 313-333 qui preacutefegravere voir dans les variantes les indices drsquoeacutevolutions linguistiques en cours comme J Chadwick laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 401 qui insiste sur lrsquouniformiteacute de la langue sur les diffeacuterents sites Dans le mecircme sens que M Lejeune voir sur le caractegravere dialectalement composite du myceacutenien N Guilleux loc cit supra note 63 p 299

71 Comme composeacute en -εύς deacutejagrave attesteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne on pourra citer en parti-culier a-pi-po-re-we (KN Uc 160 v 2 unanimement interpreacuteteacute comme ἀμφι-φορῆϜες) avec la variante haplologique a-po-re-we (PY Tn 996 3 ἀμφορῆϜε)

301ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

voyelle finale On ne dispose certes pas de parallegravele qui permette drsquoeacutetablir le sort de eh1 suivi de voyellethinsp72 Le troisiegraveme mode drsquoeacutevolution agrave savoir lrsquoeacutelar-gissement des thegravemes en -εthinsp en dentale (-ης -ητος) qui nrsquoest pas attesteacute en myceacutenien serait en revanche posteacuterieurthinsp73

Ἀμφι-άραοςPour expliquer ensuite que lrsquoancien Ἀμφιάρηος ait vu transformer le

εthinsp eacutetymologique de son second eacuteleacutement en athinsp pour prendre la forme Ἀμφιάραος R Wachter a reacutecemment repris agrave son compte lrsquoexplication accepteacutee par Kretschmer selon laquelle une eacutetymologie populaire aurait fait constituer secondairement -άρᾱος drsquoapregraves ἀράομαι au sens eacutepique de laquo prier raquothinsp74 en posant lrsquoeacutequation proportionnelle suivante qui preacutesuppose lrsquoeacutepopeacutee ionienne acclimateacutee agrave Athegravenes et en Beacuteotiethinsp ion ἀρήσομαιthinsp att beacuteot ἀρᾱσομαι = ion Ἀμφιάρηοςthinsp att beacuteot x avec x = Ἀμφιάρᾱοςthinsp75 Il faisait neacuteanmoins remarquer le caractegravere plus eacuteconomique de lrsquoautre hypo-thegravese qui aurait fait partir de -ᾱος ioniseacute en -ηος atticiseacute en -εως puis refait en -ᾱος trajectoire qursquoillustre dans le lexique lrsquoappellatif λᾱός qui nrsquoest cependant substitueacute en attique agrave λεώς qursquoagrave la fin du IIIe siegraveclethinsp76 Les tenta-tives sporadiques drsquoionisation du heacuteronyme dans la langue eacutepique auraient eacuteteacute en ce cas agrave lrsquoorigine des formes agrave vocalisme εthinsp des leacutegendes vasculaires corinthiennes les plus anciennes comme des flottements observeacutes dans la tra-dition pindarique Il est vrai qursquoil est impossible vu la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφια- de reconnaicirctre eacutetymologiquement au second

72 Pas drsquoexemple comparable ni chez R Beekes The Development of the Proto-Indo-European laryngeals in Greek La Haye-Paris 1969 p 170-172 ni chez M Peters Untersuchungen zur Vertretung der indogermanischen Laryngale im Griechischen Wien 1980 p 272 La finale -ᾱων ονος de noms de Troyens comme Ἀρετάων ou de lrsquoethnique Ἰάονες cf P Chantraine Formation p 162-163 aurait pu laisser supposer que devant une autre voyelle la voyelle longue issue de eh1 se conservait au mecircme titre que le athinsp issu de eh2 si le myceacutenien nrsquoinvitait en fait agrave res-tituer -ᾱϜων cf O Landau Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958 p 185-186

73 Heubeck p 1974 Kretschmer op cit (n 47) p 123 Lrsquoeacutetymologie populaire est refleacuteteacutee par Photius

Bibliothegraveque Bekker 148a l 36thinsp ὅτι Ἀμφιάραος ἐκλήθη ἐπεὶ ἄμφω οἱ τῆς μητρὸς γονεῖς ἠράσαντο αὐτὴν ἄνευ τεκεῖν μόγου Le heacuteronyme aurait-il ainsi eacuteteacute reacuteinterpreacuteteacute comme laquo celui que lrsquoon prie de part et drsquoautre raquo avec un rappel agrave Thegravebes de lrsquoorigine argienne du heacuteros et du culte qursquoil recevait aussi en Argolide tandis qursquoagrave Oropos il aurait eacuteteacute le heacuteros auquel on rendait un culte de part et drsquoautre de la frontiegravere que lrsquoon fucirct Atheacutenien ou Oropienthinsp

75 R Wachter NAGVI 77 renvoie agrave Kretschmer loc cit Autre hypothegravese insatisfaisante de M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 191-193thinsp lrsquoanalogie des composeacutes anthroponymiques agrave second eacuteleacutement -λᾱϜ ος (gt -lœthinspwos en zone io-att) aurait fait passer -rēwos () agrave -rœthinspwos drsquoougrave beacuteot -ρᾱος par hypercorrection

76 Crsquoest par exemple lrsquointerpreacutetation du dictionnaire de W Pape et G Benseler de 1911 Pour la substitution de λᾱός agrave la forme ionienne-attique λεώς agrave partir de lrsquoeacutepoque helleacutenistique voir L Threatte GAI II 1996 p 39 Lrsquoionien ne semble pas avoir eu ληός cf A Meillet Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 1975 p 313 Lrsquohistorien Polybe est le premier prosateur agrave rem-ployer la forme ancienne λαός comme aussi ναός cf J-A de Foucault Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972 p 65

302 sophie minon

eacuteleacutement le radical de ἀρά laquo priegravere raquo drsquoun plus ancien ἀρϜά (arc κάταρϜος) drsquoougrave ion ᾱρή dans la poeacutesie homeacuteriquethinsp77 Il faut donc bien admettre comme seul authentique le radical ἀρ- agrave bregraveve initiale dont deacuterivent le thegraveme agrave εthinsp que recouvrent hom feacutem ἀρή laquo malheur perte raquo et masc Ἄρης le thegraveme en -εthinspw- qui est aussi ancien pour le theacuteonyme ainsi que le substantif ἄρος que fait connaicirctre la triple glose drsquoHeacutesychius dont le sens neacutegatif βλάβος ἀκούσιον rejoint le seacutemantisme funeste des premiers

Ἀμφ-ιέραοςLrsquoultime transformation en Ἀμφιέραος variante sporadique connue

par quelques deacutedicaces attiques priveacutees et autres inscriptions helleacutenistiques de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos et dont teacutemoigne aussi le nom drsquoassociation Ἀμφιεραισταί agrave Rhamnonte fin IIIedeacutebut IIe siegraveclethinsp78 a pu se produire agrave Oropos ougrave elle aurait eacuteteacute motiveacutee par la volonteacute drsquoioniserthinsp79 une seacutequence dont la reacuteinterpreacutetation par fausse coupe comme Ἀμφ-ιαρ-αοςthinsp80 aurait juste-ment eacuteteacute favoriseacutee par la proximiteacute seacutemantique entre la notion de laquo sacreacute raquo et celle de laquo priegravere raquo que lrsquoeacutetymologie populaire avait secondairement rattacheacutee agrave ce nom de heacuteros Il ne peut y avoir lagrave en effet que la reacuteeacutetymologisation reacutecente drsquoun nom dont lrsquoabsence drsquoattestation drsquoἈμφίερος ου drsquoἌμφιρος agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique indique qursquoil ne repose sur rien drsquoancien Le myceacute-nien du reste ne connaissait que le degreacute e de ce radical (i-je-ro i-je-re-u etc) sans avoir jamais employeacute semble-t-il ni i-ja-ro ni i-a2-rothinsp81thinsp il est vrai que lrsquoanthroponyme a-pi-a2-ro qui pourrait theacuteoriquement avoir comme eacutequiva-lent alphabeacutetique lrsquoanthroponyme Ἀμφίαρος est interpreacuteteacute unanimement comme Ἀμφί-hαλος avec au second eacuteleacutement le radical du nom du laquo sel raquothinsp82 principalement parce que la forte repreacutesentation du radical de forme i-(j)

77 M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 186 n 578 Pour les deacutedicaces attiques contemporaines des inscriptions de lrsquoAmphiaraion voir

L Threatte GAI I p 126thinsp pour les proxeacutenies et autres deacutecrets de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos V Petrakou Οἱ ἐπιγραφές τοῦ Ὠρωποῦ Athegravenes 1997 eg ndeg 9 et 17 deacutebut IIIe s ndeg 60 etc et cf IG II-III2 (1) 1322 pour lrsquoassociation des Ἀμφιεραισταί

79 Comme les formes en Ἀμφιερ- commencent seulement agrave apparaicirctre au tournant du IVe et du IIIe siegravecle alors qursquoapregraves 312 les Beacuteotiens sont agrave nouveau maicirctres drsquoOropos qui fait partie du koinon tout en gardant son statut de citeacute (MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory ndeg 214) ce changement de vocalisme radical peut ecirctre interpreacuteteacute comme une marque drsquoidentiteacute (-ιαρ- fait beacuteotien) de la part des Oropiens dont le dialecte est apparenteacute agrave lrsquoionien drsquoEubeacutee Il est moins plausible drsquoy voir un indice de la koineacuteisation du dialecte qui nrsquoaurait pas affecteacute degraves cette peacuteriode le radical drsquoun heacuteronyme

80 L Threatte GAI I p 126 et 391 heacutesite entre deux explications pour la variante Ἀμφιέραοςthinsp tendance agrave la dissimilation ou plus vraisemblablement confusion avec le radical de ἱερός

81 Voir RJ Thompson laquo Dialects in Mycenaean and mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 1996-97 p 330

82 DMic sv a-pi-a2-ro et cf A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 51

303ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

e-r(V) fait exclure que le vocalisme a puisse avoir eacuteteacute mecircme sporadiquement repreacutesenteacutethinsp83

ἈμφίαροςLrsquoanthroponyme hapax dont il vient drsquoecirctre question Ἀμφίαρος figure

agrave cocircteacute de Παμφίλη de Ἀμφίλοχος et de Ἀμφίας sur un loutrophoros du IVe siegravecle a C trouveacute agrave Athegravenesthinsp84 La segmentation Ἀμφ-ίαρος qui ferait identifier le second eacuteleacutement de ce composeacute comme le radical agrave vocalisme non ionien-attique de ἱερός cf eg Ἀγχ-ίαρος agrave Thespies et Cheacuteroneacutee ou Καλλ-ίαρος vs Καλλ-ίερος agrave Delphesthinsp85 est probablement agrave exclure agrave cause de lrsquoassociation avec le nom feacuteminin agrave finale -η quant agrave lui bien attiquethinsp on attendrait Ἀμφίερος qui nrsquoest nullement attesteacute

La solution qui consisterait agrave y voir une forme courte pour Ἀμφιάραοςthinsp86 se heurte au fait que cette forme du heacuteronyme nrsquoest attesteacutee comme anthropo-nyme qursquoagrave partir du Ier siegravecle de notre egraverethinsp87 Il est alors preacutefeacuterable drsquoy voir un deuxiegraveme exemple de composeacute agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- non eacutelideacute comme dans le cas de Ἀμφιάρηος devant un second eacuteleacutement de forme -αρος ndash lrsquoana-logie de la seacutequence iathinsp de lrsquohypocoristique Ἀμφίας aurait pu contribuer au maintien de lrsquohiatus On aurait pu srsquoattendre agrave un second eacuteleacutement en -άρης-ήρης en lien avec notamment le substantif ἄρος (cf infra II sous Ἀμφάρης) mais -αρος qui est attesteacute par exemple dans le nom du magistrat moneacutetaire Εὔαρος agrave Eacutephegravese au Ve siegraveclethinsp88 peut srsquoexpliquer comme une forme de second membre court parallegravele agrave feacutem -αρώ (cf Κλειναρώ agrave Paros au IIe siegravecle avant J-C ou νεικα(ρ)ώ fille de Ἀρίστων agrave Thegravebes au IIeIIIe siegravecle de notre egravere) bacirctie agrave partir du radical ἀρ- soit de ἀρετή soit de ἄριστοςthinsp89 La derniegravere solution qui aurait consisteacute agrave y voir un deacuteriveacute comparable agrave Ἀμφί-ας au suf-fixe rare -αρος issu de la grammaticalisation de la formation hypocoristique susdite doit sans doute ecirctre eacutecarteacutee parce qursquoelle est plutocirct attendue dans le cas drsquoun sobriquet tel Βάτταρος fait sur Βάττοςthinsp90

En zone non ionienne-attique crsquoest en revanche ἱαρός qursquoil faut recon-naicirctre au second eacuteleacutement du nom nouveau de lrsquoArgien Γνοhίαρος que fait connaicirctre Ch Kritzas dans le mecircme volumethinsp91 composeacute agrave rection ver-

83 Sur le caractegravere cependant dialectalement stratifieacute du myceacutenien voir deacutejagrave supra n 7084 LGPN II Polemon 4 (1949) p 33 ndeg 32 et V Bardani-G Papadopoulou-V Petrakos

Συμπλήρωμα τῶν ἐπιτυμβίων μνημείων τῆς Ἀττικῆς Athegravenes 2006 ndeg 152985 Pour Ἀγχίαρος cf Y Kalliontzis BCH 131 (2007) [2009] p 495-496thinsp pour Καλλίαρος

vs Καλλίερος respectivement SGDI 1987 l 16 175 av J-C et 1867 l 10 177 av J-C86 Hypothegravese de J Traill Persons of Ancient Athens 2 p 100 ndeg 12513587 Deux Atheacuteniens LGPN II88 A Meadows-U Wartemberg (eacuted) Coin Hoards 9 Londres 2002 p 102 ndeg 189 Κλειναρώ IG XII (5) 186 18thinsp νεικα[ρ]ώ IG VII 2681 et cf infra n 14390 Cf O Masson respectivement Philologus 110 (1966) p 256 et n 5 (= OGS I p 91) agrave

propos des noms Λεύκαρος et Λευκάριστος et Glotta 54 (1976) 94 et n 55 (= OGS I p 279)91 Crsquoest lrsquoanalyse de Ch Kritzas pour le nom de lrsquoArgien Γνοhίαρος qursquoil eacutetaie du rappro-

chement avec le nom Ἱερόγνωτος drsquoun Deacutelien IG IX (2) 135 23 IVe s

304 sophie minon

bale comme le nom Δεξίαρος attesteacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique pour deux Beacuteotiensthinsp92

Remarquons pour conclure cette partie que les deacuteveloppements eacutetymo-logiques ici exposeacutes conduisent agrave admettre que le i final de ἀμφι- nrsquoa pas plus eacuteteacute eacutelideacute dans le heacuteronyme Ἀμφιάρηος que dans le nom de lrsquoAtheacutenien Ἀμφίαρος et qursquoil ne lrsquoaurait eacuteteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne dans a-pi-ja-re agrave supposer que cette forme syllabique ait bien Ἀμφιάρης comme correspon-dant alphabeacutetique et cela en contradiction avec la regravegle veacuterifieacutee du moins pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique selon laquelle cette eacutelision eacutetait reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale Ἀμφιάρης serait le seul nom en Ἀμφι- ougrave une telle exception srsquoobserverait du myceacutenien au grec alphabeacutetiquethinsp93 Le teacutemoignage du myceacutenien laisse en effet supposer pour les preacutefixeacutes en ἀμφι-thinsp la conservation de lrsquohiatus devant h (a-pi-e-ke pour ἀμφι- + hέχει ou hῆκε)thinsp la dieacuteregravese devant ancienne laryngalethinsp94 sauf en morphologie ver-bale ougrave lrsquoeacutelision est pratiqueacutee (a-pe-e-ke pour ἀμφ- ou ἀπ- + augment ἔ + hεχε ou hηκε) Notons toutefois que lrsquoeacutelision pourrait avoir coexisteacute comme variante degraves le myceacutenien si lrsquoon postulait lrsquoeacutequivalence entre a-pa-re-[uthinsp] et dor ἈμφᾱρηςἈμφᾱρεύςthinsp mais la seacutequence syllabique est seulement inter-preacuteteacutee comme correspondant agrave Ἀφᾰρεύς voire agrave Ἁρπαλεύςthinsp95

Il nrsquoest pas sucircr en revanche que Ἀμφαρίδας et Ἀμφιαρίδας preacutesenteacutes comme exemple de doublet dans lrsquointroductionthinsp96 teacutemoignent de la mecircme variation agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp le second nom pourrait fort bien deacuteriver du nom Ἀμφ-ίαρος et ecirctre par conseacutequent sans relation avec le premier sur lequel nous reviendrons agrave lrsquooccasion de lrsquoeacutetude du nom Ἀμφάρης

92 LGPN IIIBthinsp Coroneacutee 182 av J-C Syll3 585 l 210 et Orchomegravene IIIeIIe s A Wilhelm Neue Beitr 4 p 10 ndeg 1 l 12-13 pegravere notamment drsquoun Ἱαροκλῆς

93 Les deux seuls autres exemples syllabiques possibles drsquoanthroponymes en Ἀμφι- avec dieacute-regravese devant un second eacuteleacutement agrave laryngale initiale eacutetymologique ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() et a-pi-je-ta ne preacutesentent pas de correspondant en grec alphabeacutetique Pour ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() KN B 812a qursquoon pose une eacutequivalence avec Ἀμφιάγορος Ἀμφίαγρος ou Ἀμφίακρος on srsquoattendrait agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique agrave ce que le premier eacuteleacutement agrave -i final soit eacutelideacute comme crsquoest toujours le cas devant le second eacuteleacutement en -αγορ--ηγορ-thinsp et si Πολίαγρος (LGPN I et II) conserve son i devant -αγρος crsquoest pour eacuteviter toute confusion avec le radical de πολύς Or Ἀμφάγορος Ἄμφαγρος et Ἄμφακρος ne sont pas davantage attesteacutes On aurait un autre exemple de dieacuteregravese si a-pi-je-ta PY An 6577 avait pour correspondant Ἀμφι-έρτας agrave comparer avec Λαέρτης Ὀρσέλαος avec le radical de ὄρνυμι voir A Leukart op cit sect 66 et F Bader Minos 10 (1969) p 50 Mais une autre interpreacutetation est possible qui expliquerait lrsquoabsence drsquoeacutelision de a-pi- en conformiteacute avec la regravegle mise en eacutevidence pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp Ἀμφιέτας en lien avec ἵημι (de yeH1) de preacutefeacuterence agrave Ἀμφιέρτας en lien cette fois avec ὄρομαι (de wer-) qui laisserait plutocirct attendre myc a-pi-we-ta

94 Outre a-pi-ja-re cf n 44 voir ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() note preacuteceacutedente95 F Aura Jorro DicMic sv96 Lrsquohypothegravese drsquoune variation drsquoordre phoneacutetique propre au beacuteotien dont teacutemoignerait la

graphie Ἀμφαρίδας vs Ἀμφιαρίδας doit ecirctre eacutecarteacutee cf n 37

305ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Il reste alors pour justifier ce qui ne constitue en deacutefinitive une exception que pour cette eacutepoque agrave invoquer une contrainte drsquoordre prosodique telle que la preacutefeacuterence pour la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφιαρ- qui peut srsquoecirctre conjugueacutee agrave la reacutepugnance agrave constituer une seacutequence gra-phique Ἀμφαρ- qui eacutetait eacutetymologiquement ambigueuml en dehors de lrsquoionien et de lrsquoattique puisqursquoelle pouvait paraicirctre proceacuteder aussi bien de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω au second eacuteleacute-mentthinsp97 que de Ἀμφ- eacutelideacute + -αρ- du radical de Ἄρης ἄρος ou ἀραρίσκω Crsquoest preacuteciseacutement en ces termes que se pose la question de lrsquoeacutetymologie du nom de lrsquoeacutephore spartiate meurtrier drsquoAgis Ἀμφάρης

IIenspἈμφάρης et la polyseacutemie du radical ἀρ-

Ἀμφ-άρηςἈμφ-ήρηςLe nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφάρης que mentionne Plutarque a eacuteteacute

porteacute par un Atheacutenien (agrave la formule onomastique partiellement doriseacutee) et par un Phocidien qui veacutecurent tous deux au IVe siegraveclethinsp98 Dans lrsquohypothegravese ougrave le a meacutedian aurait eacuteteacute allongeacute en composition et le premier eacuteleacutement Ἀμφι- eacutelideacute comme on lrsquoattend conformeacutement agrave la regravegle phoneacutetique deacutejagrave invoqueacutee Ἀμφᾱρης pourrait alors eacuteventuellement ecirctre rapprocheacute de Ἀμφήρης dont Platon fait lrsquoun des souverains de lrsquoAtlantide fils de Poseacuteidon et de Kleitocirc agrave moins que le second membre de ce nom nrsquoait comporteacute un e eacutetymologique et ne soit plutocirct en lien avec ἐρέττωthinsp99 Lrsquoexistence parallegravele des suffixeacutes en -ίδᾱης Ἀμφηρε-ίδης et Ἀμφαρε-ίδας pourrait conforter le premier rappro-chementthinsp100 Bechtel part de ce principe puisqursquoil classe Ἀμφ-άρης agrave cocircteacute de Ξειν-ήρης et les rattache tous deux agrave ἄρος que fait connaicirctre la glose drsquoHeacutesy-

97 Voir P Chantraine DEacuteLG sv φέρω98 Voir Plut Agis 18 agrave 21 ougrave lrsquoacc est transmis sous la forme Ἀμφάρην par confusion

banale agrave cette eacutepoque entre sigmatiques et masculins en -athinsps (gt -ης)thinsp pour lrsquoAtheacutenien du IVe s cf infra n 153 et pour le Phocidien contemporain CID 2 ndeg 31 l 7 (geacuten Ἀμφάρεος)

99 Platon Criti 114b et cf infra n 113100 Ἀμφηρείδης (Atheacutenien FD III (2) 23 l 19 1387 a C) et Ἀμφαρείδας (Kleitor IIIe s

LGPN IIIA) La forme -ίδης du suffixe du nom ancien Ἀμφηρίδης agrave Thasos et agrave Paros (LGPN I) laisse supposer qursquoil deacuterive plutocirct de Ἄμφηρις que de Ἀμφήρης comme le nom du Spartiate Κλεαρίδας (Thuc IV 132 3) deacuteriverait de son cocircteacute de Κλέαρις (Thasos IG XII (8) 280 l 13 VIeVe s) dont on notera cependant que le a meacutedian est ici de quantiteacute bregraveve Dans le cas des thegravemes sigmatiques on srsquoattend agrave ce que le suffixe -ίδης srsquoajoute au suffixe sigmatique drsquoougrave -ε(σ)-ίδης gt -είδηςthinsp et lrsquoexistence de nombreux composeacutes agrave second eacuteleacutement -μενίδης nrsquoest pas contradictoire puisqursquoils semblent avoir eacuteteacute bacirctis sur μένω plutocirct que deacuteriveacutes drsquoun second eacuteleacute-ment -μένης Dans le cas particulier des noms en κλῆς lrsquoargien par exemple preacutesente cependant -ηίδας dans le phratronyme Ὀϕελλοκληίδας ensuite moderniseacute en Ὀφεltλgtλοκλείδας cf IG IV 553 l 6 Ve s (-κλε ίδας) lrsquoineacutedit E 67 dateacute 330-300 (-κληίδας) et la proxeacutenie argienne drsquoun Thrace SEG 30 357 l 11 ca 300 (-κλείδας) Pour les modaliteacutes morphologiques et phoneacutetiques de la deacuterivation en -ίδας cf mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011

306 sophie minon

chius deacutejagrave citeacutee avec le sens positif de laquo providence raquothinsp101thinsp ils appartiendraient alors agrave la cateacutegorie des bahuvrīhi ou eacutepithegravetes de type possessifthinsp102 Drsquoun autre cocircteacute si le a meacutedian de Ἀμφάρης eacutetait effectivement long agrave la diffeacuterence de celui du heacuteronyme Ἀμφιάρηος le second eacuteleacutement -ᾱήρης pourrait tout aussi bien ecirctre analyseacute comme deacuteriveacute de la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo adapteacute agrave raquo ou laquo pourvu de raquo drsquoautant que le composeacute ἀμφήρης laquo ajusteacute des deux cocircteacutes raquo est attesteacute dans le lexique poeacutetiquethinsp103thinsp on aurait alors un composeacute agrave rection verbale dont la composition aurait eu lieu dans lrsquoadjec-tif avant son transfert dans lrsquoonomastique Les deux hypothegraveses pourraient du reste ne pas ecirctre incompatiblesthinsp lrsquoeacutetymologie du substantif ἄρος nrsquoest pas assureacutee mais le premier sens de la glose drsquoHeacutesychius (ἄρος ὄφελος) srsquoaccorderait assez bien avec la notion positive de conformiteacute et drsquoajuste-ment veacutehiculeacutee par la racine H2er- que lrsquoon trouve agrave lrsquoorigine notamment de ἀραρίσκω de ἀρείων et de ἄριστοςthinsp104

Ἀν(α)-φαρ- Ἀμ(φι)-φαρ-thinspIl ne serait en theacuteorie pas impossible drsquoavancer agrave ce stade une autre

hypothegravesethinsp celle que Ἀμφάρης ait pu proceacuteder en dehors du domaine ionien-attique soit de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope soit de Ἀμ(φι)-φαρ- avec haplologie devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω comme pourrait en teacutemoi-gner lrsquoadjectif correspondant que fait connaicirctre une glose drsquoHeacutesychius proba-blement issue de la contamination de trois autresthinsp ἀμφαρής περιορωμένη κατολιγωρουμένη καὶ γυμνός ἐπιφανήςthinsp105 Les adjectifs agrave second eacuteleacute-ment -φερής bien attesteacutes se rencontrent degraves Heacuterodote et Heacutesychius fait aussi connaicirctre ἀντιφαρές gloseacute ἐναντίον en face de ἀντιφερής que sup-pose lrsquohom ἀντιφερίζωthinsp106 Ni ἀν(α)φερής ni les formes sans haplologie ἀμφιφαρής et ἀμφιφερής ne sont cependant attesteacutes Nous aurons lrsquoocca-sion de veacuterifier la validiteacute de cette hypothegravese agrave propos du nom Ἀμφαρίον agrave la fin de la troisiegraveme partie

101 Bechtel HPN 193102 Voir eg E Risch Wortbildung p 166-170103 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης renvoie agrave Eur HF 243 (qualificatif de ξύλα) et agrave Ion

1128 (ἀμφήρεις σκηνάς)104 Cf infra n 111105 La glose est consideacutereacutee agrave plus drsquoun titre comme suspecte par Lattethinsp par exemple crsquoest

agrave lrsquoeacutevidence ἀφαρήςἄφαρος qui est agrave lrsquoorigine du sens γυμνός comme lrsquoavait deacutejagrave signaleacute Schmidt et Kuster avant lui Pour lrsquoeacutequivalence entre ἀν(α)φαρής et ἐπιφανής qui serait pos-sible agrave condition de donner aux deux adjectifs le sens de laquo manifeste eacuteclatant raquo voir Pind Neacutem 11 38 ougrave ἀναφέρω (ἀμφέροντ(ι)) est employeacute au sens de laquo produire au jour faire remon-ter agrave la lumiegravere raquo agrave propos de vertus resurgissant drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre Lrsquoideacutee drsquoindiffeacuterence et de meacutepris dont teacutemoigne lrsquoeacutequivalence avec περιορωμένη κατολιγορουμένη pourrait se com-prendre mieux quant agrave elle agrave partir de ἀμ(φι)φαρής au sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo drsquoougrave neacutegativement laquo indeacutecis sans opinion raquo

106 Cf infra n 158

307ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Le nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφ-άρηςCependant dans le cas du nom de lrsquoeacutephore spartiate le rapprochement

avec le nom Δαμάρης assez populaire agrave Sparte agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacute-nistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp107 et avec les noms anciens des Spartiates Μενάρης (μένει ὀξὺν Ἄρηα Il 12 836) et peut-ecirctre Κλεαρίδαςthinsp108 incite agrave mettre ici -άρης en relation soit avec ἀρή laquo ruine destruction raquo soit direc-tement avec le nom drsquoAregraves comme on tendait en revanche agrave lrsquoeacutecarter pour le heacuteronyme Ἀμφιάρηος Lrsquoexistence du nom Δημάρης porteacute par un Deacutelien et lrsquoabsence de Δημήρης de Μενήρης et de Κλέηρις dissuadent de plus de retenir lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement agrave voyelle longue initiale -ᾱήρης Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le contraste entre la poigneacutee drsquoanthroponymes composeacutes en -ήρης attesteacutes dans lrsquoensemble du monde grec dont lrsquoidentifi-cation avec le radical de ἀραρίσκω nrsquoest du reste probable que pour le seul Φρασιήρης et la vingtaine de composeacutes en -άρης dont plus de la moitieacute est attesteacutee en zone ionienne-attiquethinsp109 fait douter que ce dernier eacuteleacutement ait comporteacute une voyelle longue initiale ailleurs que dans la phraseacuteologie poeacute-tique et dans le calque Μενάρης

Du radical ἀρ- aux bases ἀρι- ἀρο- et ἀρήIl a donc principalement existeacute des composeacutes anthroponymiques agrave second

eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης ndash et de mecircme en -αρις -αρος et -αρώthinsp110 dans lesquels srsquoobserve la mecircme absence drsquoallongement de la voyelle de jonction que dans Ἀμφιάρηος en deacutepit mecircme de lrsquoeacutelision et cela en contradiction avec la loi drsquoallongement urgriechisch mise en eacutevidence par Wackernagel dont lrsquoapplication nrsquoest certes reacuteguliegravere que dans les composeacutes nominaux anciens de lrsquoeacutepoque alphabeacutetique comme cela a eacuteteacute exposeacute en preacuteambule Comme pour ἀμφαρίστερος il est probable que la conservation du a bref eacutetait destineacutee agrave laisser visible le lien eacutetymologique avec la famille de ἀραρίσκω ἀρείων ἀρι- ἄρος et celle de ἀρή Ἄρης vraisemblablement lrsquoune et lrsquoautre issues sinon de la mecircme base du moins de la mecircme racine H2er-thinsp111 en eacutevitant la confusion possible avec les autres -ήρηςthinsp112 comme

107 Le nom Δαμάρης a eacuteteacute porteacute par quatorze Spartiates par un Arcadien (LGPN IIIA) par un Deacutelien et deux Creacutetois (LGPN I) et un citoyen drsquoAmisos (LGPN VA)

108 Bechtel HPN 69 cf Heacuterodote VIII 131 VIe s et n 99 pour Κλεαρίδας et Κλέαρις109 Pour lrsquoorigine poeacutetique du composeacute Φρασι-ήρης cf supra n 6 Drsquoapregraves le site du

LGPN en ligne les autres composeacutes en -ήρης sontthinsp Εὐήρης Ξεινήρης Περιήρης et Πολυήρης tous attesteacutes agrave un seul exemplaire sauf le premier (5 individus) Pour -άρης voirthinsp Ἀμφ(ι)άρης Ἀνδράρης (zone ion-att) Δαημάρης (id) Δειξάρης Διάρης (id) Δρομάρης (id) Εὐάρης (id) Θεάρης Κλεάρης Λυκάρης (id) Μαχάρης (id) Μενάρης (id) Ξεν(Ϝ)άρης (id) Ξιφάρης (id) Πανάρης Παντάρης Ποδάρης Τιμάρης

110 Cf Κλέαρις n 100 et Εὔαρος et Κλειναρώ n 89111 Voir H Rix LIV2 sv H2er- (ἀραρώς) H2erH (Ἄρης) et H2erH3 (ἀρόω) et cf supra

n 56 pour lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour le nom drsquoAregraves par T Barnes112 Il nrsquoest pas sucircr que lrsquoadj hom ἐρίηρες laquo fidegraveles raquo (de wēr- cf hom ἦρα et Chantraine

DEacuteLG sv) ait geacuteneacutereacute des anthroponymes en dehors de lrsquoeacutepopeacutee ougrave le second membre de Διώρης

308 sophie minon

dans poeacutet ἀμφήρης laquo avec des rames de part et drsquoautre raquo (cf ἐρέττω)thinsp113 ou -ηρις (de ἔρις) comme dans poeacutet δύσηρις et lrsquoanthroponyme correspon-dant dont pourraient ecirctre rapprocheacutes le nom du Thasien Ἀμφηρίδης deacuteriveacute de Ἄμφηρις ainsi que lrsquoadjectif ἀμφήριστοςthinsp114

IIIenspἈμφαρίον Δαμαρίων et Θεαρίων

Lrsquoemploi anthroponymique du suffixe -ίωνLes analyses meneacutees jusqursquoici permettent-elles de deacutemecircler lrsquoorigine du

nom nouveau Ἀμφαρίονthinsp En lrsquoabsence de correspondant myceacutenien il res-sort des eacuteleacutements qui ont eacuteteacute deacutegageacutes pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique que si le premier eacuteleacutement eacutetait Ἀμφι- lrsquoeacutelision de sa voyelle finale eacutetait attendue devant -αρ- ndash ne serait-ce que pour eacuteviter lrsquohiatus iV dans deux syllabes successives sans que lrsquoallongement de la voyelle initiale du second eacuteleacute-ment ait neacutecessairement accompagneacute cette eacutelisionthinsp mais qursquoen pays dorien il serait theacuteoriquement possible que Ἀμφαρ- ait valu ion-att ἀναφερ- et soit un composeacute deacuteverbatif comme cela vient drsquoecirctre exposeacute pour le nom Ἀμφάρης La suffixation de notre anthroponyme est-elle alors compatible avec lrsquoune et lrsquoautre formationthinsp

-ίωνForce nous est de constater que la finale -ίων moins reacutepandue dans

lrsquoanthroponymie que le suffixe -ων lrsquoest encore moins parmi les composeacutesthinsp sur les 1060 noms diffeacuterents preacutesentant cette finale dans les six volumes du Lexicon of Greek Personal Names soit 3 de la totaliteacute des noms connus 7 seulement preacutesentent la forme pleine de composeacutes ndash ce sont geacuteneacuteralement des noms rares dont ne sont connus que 2 3 exemplaires mais qui tendent agrave se deacutevelopper au-delagrave de lrsquoeacutepoque classique contre une majoriteacute drsquohypo-coristiques et de sobriquetsthinsp115 Le deacutepouillement de lrsquoindex inverse du LGPN

et Περιήρης aurait cette origine cf Bechtel HPN 194 tandis que Risch Wortbildung p 79 le rapproche de la racine de ἀραρίσκω Lrsquoanalyse du nom de lrsquoArcadien Πολυ-ήρης (monnaie ineacute-dite du IIe s av J-C ZfN 9 [1882] p 266 ndeg 2) est de mecircme ambigueuml

113 La motivation du nom Εὐήρης de trois Thasiens aurait-elle eacuteteacute celle-lagravethinsp la deacutesignation de laquo bons rameurs raquothinsp Pour lrsquoadj poeacutetique ἀμφήρης cf eg Eur Cycl 15

114 Voir DGEsp sv δύσερις poeacutet δύσηρις et ἀμφήριστος et LGPN IIIB deux Thessaliens du nom de Δύσηρις au VIe et IVe s av J-Cthinsp pour Ἀμφηρίδης supra n 100

115 Sondage effectueacute agrave lrsquoaide de la base de donneacutees en ligne du site du LGPN Citons comme composeacutes suffixeacutes en -ίωνthinsp le rare et tardif Ἐπαγαθίων agrave cocircteacute de Παρμενίων qui bat au contraire tous les records dans cette cateacutegorie (197 individus) et dont lrsquoamplitude chronologique des attestations srsquoexplique agrave la fois par le renom du philosophe Parmeacutenide et par celui du lieute-nant Parmeacutenion drsquoAlexandrethinsp la lexicalisation de lrsquoadjectif composeacute ἐμπόριος fait plutocirct inter-preacuteter lrsquoancien Ἐμπορίων (eg LGPN II) comme un sobriquet Comme hypocoristiques on citera par exemple Πασίων (122 individus) forme abreacutegeacutee drsquoun composeacute du type Πασικράτης (60) et Ἐπαφρ-ίων (19) pour Ἐπαφρόδιτος (515)thinsp et comme sobriquets Διδυμίων ou Ἐλευθερίων qui sont lrsquoun et lrsquoautre drsquoeacutepoque impeacuteriale (LGPN passim)

309ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

IIIA (Peacuteloponnegravese Gregravece de lrsquoOuest Sicile et Grande-Gregravece) laisse identifier 40 composeacutes sur les 350 noms diffeacuterents agrave finale -ίων soit un rapport drsquoun peu plus de 11 thinsp un seul est attesteacute en Argolide occidentale preacuteciseacutement agrave Argos mais seulement agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp Ἁρποκρατίωνthinsp116

Le suffixe -ίων qui servait dans le lexique de suffixe de comparatif srsquoest drsquoabord introduit dans les sobriquets adjectivaux du type Αἰσχρίων (234 individus) Καλλίων (20) ou Κυδίων (2) avec sa valeur grammaticalethinsp notons toutefois que Γλυκίων qui est connu comme comparatif homeacuterique nrsquoest attesteacute qursquoagrave deux exemplaires contre plusieurs centaines drsquoexemples de Γλύκων dans lrsquoensemble du monde grecthinsp117 Dans les autres cas la suffixation est produite par lrsquoadjonction du suffixe banal -ων agrave un i- final extrait lui-mecircme drsquoun thegraveme en -ιο-thinsp118 ou plus souvent drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute verbal ou adjectival du type Ἀλεξικράτης (43 individus) drsquoougrave Ἀλεξίων (103) Il arrive plus rarement que le suffixe -ίων ainsi creacuteeacute apparaisse agrave la finale drsquoun composeacute comme le tregraves populaire Παρ-μεν-ίων composeacute pour lequel sont attesteacutees 26 autres formes de suffixations dont -ων tregraves repreacutesenteacute eacutegalement (136 individus)thinsp selon Bechtel crsquoest Πάρμενις qui a seacutecreacuteteacute Παρμενίδας Παρμενίτας Παρμενίων Παρμένισκος etcthinsp119 Il nrsquoy a pas drsquoexemple drsquohypocoristique qui conserve les seuls phonegravemes initiaux du second eacuteleacutement affecteacute de ce suffixe puisque Δαμοτί-ων forme courte de Δαμότιμος et son correspondant ionien-attique nrsquoont pas drsquoeacutequivalent en -των et sont par conseacutequent suffixeacutes en -ων et non en -ίων et qursquoil en va de mecircme pour tous les composeacutes agrave second eacuteleacutement -τίων

-ωνCependant le suffixe -ων nrsquoeacutetait guegravere plus couramment adjoint agrave un

nom composeacute Crsquoest surtout une suffixation de sobriquetsthinsp120 bien plus que drsquohypocoristiquesthinsp on ne citera que Δαμών-ων Ἀλκί-ν-ων et νικ-άρ-ων parmi ceux qui preacutesentent lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de composeacute preacuteser-veacuteethinsp pour les autres du type Ἀλέξων ou Τίμων lrsquoidentification comme hypocoristique ou comme sobriquet deacutepend de la perspective adopteacuteethinsp lrsquoexistence de composeacutes de type heacuteroiumlque avec parallegraveles dans drsquoautres lan-gues indo-europeacuteennes comportant ces premiers eacuteleacutements fera analyser ces

116 Ἁρποκρατίων IIe s apr J-C RE (2)117 Voir J-L Perpillou laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 (1974)

p 99-107118 Voir P Chantraine Formation p 165 pour un exemple lexical comme οὐρανίων fait

sur οὐράνιος drsquoougrave les anthroponymes οὐρανίων et Κρονίων et les nombreux anthroponymes de forme patronymique tels Ἑλλοπίων Ἀχαιίων Ἀρκαδίων Κωνωπίων etc recenseacutes par Bechtel HPN 548

119 Bechtel HPN 307120 P Chantraine Formation p 161 voir aussi O Masson laquo Notes drsquoanthroponymie grecque

et asianique raquo Beitrz Nam 10 (1959) p 162 (OGS I p 22) sur le rapport qui existe entre ce type de sobriquet et les adjectifs en -ύς cf Δάσων vs δασύς

310 sophie minon

anthroponymes comme des hypocoristiques ndash crsquoest lrsquoanalyse historique pra-tiqueacutee par Bechtel tandis qursquoen synchronie la flexion seulement (geacuten en -ωνος) les distingue de participes employeacutes comme sobriquetsthinsp121 Un son-dage opeacutereacute agrave partir du mecircme volume du LGPN fait apparaicirctre sur 1045 noms en -ων autour de 165 composeacutes clairement identifiables ndash comprenant les 40 composeacutes agrave finale -ίων soit un rapport de presque 16 agrave cocircteacute des 11 pour -ίων Parmi les 125 composeacutes distincts de ceux en -ίων 12 au plus sont attesteacutes agrave Argosthinsp122

-αρίωνOn exclura en tout cas que le suffixe soit ici lrsquoeacutequivalent masculin -αρίων

du neutre -άριον qui est employeacute pour former des sobriquets feacuteminins Comme lrsquoa expliqueacute O Masson les noms de femmes faits au moyen de ce suffixe de diminutif (cf παιδάριον ψυχάριον) commencent agrave apparaicirctre au IIIe siegravecle mais les noms drsquohomme correspondants sont propres agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et freacutequents en Eacutegypte et il rappelait que Bechtel avait montreacute que ces derniers avaient eacuteteacute refaits secondairement sur les diminutifsthinsp ainsi Γλυκαρίων et Ψυχαρίων agrave partir de γλυκάριον et ψυχάριον toutes forma-tions deacuteriveacutees de noms ou drsquoadjectifsthinsp123 Le suffixe -αρίων a pu ecirctre ensuite employeacute librement dans lrsquoanthroponymie sans qursquoil existe neacutecessairement de diminutif associeacute comme on lrsquoobserve pour le nom Τυχαρίων porteacute par deux Atheacuteniens de lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp124

Δαμαρίων et ΔαμάρηςCh Kritzas propose comme parallegraveles agrave lrsquoappui de son analyse Ἀμφ-

αρ-ίον du nouveau nom argien les noms Δαμαρίων et Θεαρίωνthinsp125 Le pre-mier nrsquoest pas attesteacute avant le IIIe siegravecle et a eacuteteacute donneacute surtout agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et en zone ionienne-attiquethinsp les volumes du LGPN reacutepertorient 25 individus ainsi deacutenommeacutesthinsp126

121 Voir sur cette question de typologie I Hartmann laquo lsquoWhat namethinsp What parentagersquo The classification of Greek names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann-A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 (2002) p 55-81

122 Voir LGPN IIIAthinsp Ἰπομέδο ν (SEG 11 336 l 5 ca 575-550)thinsp Ἀλκίφρων (Thuc V 59 5 418 av J-C)thinsp Ὀχίπον (IG IV 552 Ve s)thinsp Εὐέλθων (Iamb VP 267 [FVS I p 447] VeIVe s)thinsp Ξενοφάων (CID 2 75 II l 43 336334)thinsp Ἀριστόφρων (SEG 13 243 316 av J-C)thinsp Βουκολέων (CEG II 816 l 12 303 av J-C)thinsp Ἀριστομέδων (ineacuted publ Ch Kritzas IVeIIIe s)thinsp Λυκόφρων (SEG 42 279 l 6 IIe s)thinsp Δαμοφῶν (ineacuted IIe s)thinsp Εὔφρων (Syringes 44 IIeIer s) et Παρμένων (origine argienne incertaine Bernand El-Kanaiumls 79 Ier s)

123 Voir O Masson laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 (1984) p 157 (OGS II p 443)

124 LGPN II IG II2 2089 l 33 et 2113 l 204 IIe s apr J-C125 Lettre du 20 novembre 2010126 La plus ancienne attestation de ce nom est celle drsquoun Creacutetois et date de 2232 (Milet I

(3) 38g 7)thinsp un Parien homonyme est connu agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale (IG XII (5) 173 V) En dehors de lrsquoexemple drsquoun individu dont lrsquoorigine atheacutenienne est incertaine agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale les

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

300 sophie minon

Rhodesthinsp67 Ἀμφιαρεύς aurait pu ecirctre theacutematiseacute en ἈμφιάρηϜ-ος suivant un processus que pourrait aussi illustrer la reacutefection du composeacute ἀρχιερεύς en ἀρχιέρεως chez Heacuterodote qui aurait entraicircneacute celle du simple ἱερεύς dans les inscriptions ioniennesthinsp68 Le pheacutenomegravene pourrait mecircme srsquoobserver pour le theacuteonyme degraves lrsquoeacutepoque myceacutenienne si lrsquoon pouvait accorder foi agrave la lecture a-re-ẉọ de PY An 340 11 et suivre Gallavotti qui proposait avec preacutecaution de voir dans ce nominatif un deacuteriveacute de Ἄρηςthinsp69 Une partie du myceacutenien (au moins Thegravebes et Cnossosthinsp70) semble du reste avoir deacutejagrave amorceacute le meacutetaplasme du thegraveme ancien a-re en thegraveme sigmatique On ne peut donc exclure que la theacutematisation se soit faite agrave partir du composeacute deacutejagrave suffixeacute en -εύς que pourrait recouvrir la forme de geacutenitif supposeacute a-pi-ja-re-[wo ()] deacutejagrave citeacutee plutocirct qursquoau stade preacuteceacutedent ougrave le thegraveme eacutetait peut-ecirctre encore en -εthinspthinsp71 Notons du reste que drsquoun point de vue phoneacutetique la theacutematisation est plus attendue agrave partir drsquoun thegraveme (semi-)consonantique que vocaliquethinsp en face de Ἀμφιάρη-ος Heubeck citait du reste comme parallegravele le thegraveme nāw- du nom du laquo navire raquo (drsquoougrave -νᾱ(Ϝ)-ος gt -νηος) agrave semi-consonne et non agrave

67 Dans la scholie tardive 132b (G Lachenaud Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010 p 34) le scholiaste explique ainsi le processus de theacutematisation des noms atheacutematiques qursquoil attribue aux Ioniensthinsp Φύλακος Ἰωνικῶς ὁ φύλαξ Ἴωνες γὰρ τὰς γενικὰς ποιοῦσιν εὐθείαςthinsp il renvoie ensuite sur la question de lrsquoaccentuation agrave Heacuterodien cf n 64 ibid ougrave lrsquoauteur signale lrsquoaccentuation φυλακούς en Il 24 566

68 Voir deacutejagrave E Risch Wortbildung p 164 n 1 avec renvoi agrave J Wackernagel Zeitschrift fuumlr vergleichende Sprachforschunghellip 27 (1879) p 265 et P Chantraine Formationhellip p 13-14 pour la correacutelation entre theacutematisation et composition et p 130 ougrave il signale la rareteacute des composeacutes en -εύς ce qui peut expliquer aussi leur tendance agrave la theacutematisation Cf Hdte 2 37 (corrigeacute par les eacutediteurs modernes en ἀρχιερεύς) et Dittenberger Syll3 1037 l 4 (Milet ca 300thinsp ἱέρεως) 495 l 23 (Olbia ca 230thinsp geacuten ἱέρεω) et F Sokolowski Lois sacreacutees des citeacutes grecques Suppleacutement Paris 1962 78 l 2-3 (Chios IIe s av J-Cthinsp ἱρέωι) ou encore Ἀ Στεϕάνου Χιακὰ Μελετήματα 1 (1958) 26-32 l 7 (Chiosthinsp nom ἱέρεως) Autres exemples de theacutematisations chez Schwyzer Griechische Grammatik I p 458 et voir mes Inscriptions eacuteleacuteennes dialectales 2007 p 369 et n 13 avec le nominatif eacuteleacuteen μανάσιος du nom de lrsquouniteacute de mesure connue agrave Chypre sous la forme μνάσις Crsquoeacutetait deacutejagrave lrsquohypothegravese de Bechtel Griechische Dialekte II p 514 qui fai-sait de ἈμφιάρηϜος une forme secondaire parallegravele agrave Ἀμφιαρετεύς

69 C Gallavotti Paideia 12 (1957) p 329 voir DMic sv a-re-wo Sur la question de lrsquoori-gine du suffixe -ηϜ- et de ses rapports avec les autres suffixes du grec voir J-L Perpillou Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973 p 15-62

70 Cf n 62 Sur la coexistence de dialectes agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne que lrsquoon ne perccediloit qursquoagrave travers les lapsus des scribes formeacutes agrave eacutecrire la langue de la chancellerie de lrsquoeacutepoque qui repose sur un dialecte de type arcado-chypriote voir M Lejeune laquo Rapport sur le grec myceacutenien raquo Atti Roma 1968 II p 731 contre RJE Thompson laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 (1996-97) p 313-333 qui preacutefegravere voir dans les variantes les indices drsquoeacutevolutions linguistiques en cours comme J Chadwick laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 401 qui insiste sur lrsquouniformiteacute de la langue sur les diffeacuterents sites Dans le mecircme sens que M Lejeune voir sur le caractegravere dialectalement composite du myceacutenien N Guilleux loc cit supra note 63 p 299

71 Comme composeacute en -εύς deacutejagrave attesteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne on pourra citer en parti-culier a-pi-po-re-we (KN Uc 160 v 2 unanimement interpreacuteteacute comme ἀμφι-φορῆϜες) avec la variante haplologique a-po-re-we (PY Tn 996 3 ἀμφορῆϜε)

301ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

voyelle finale On ne dispose certes pas de parallegravele qui permette drsquoeacutetablir le sort de eh1 suivi de voyellethinsp72 Le troisiegraveme mode drsquoeacutevolution agrave savoir lrsquoeacutelar-gissement des thegravemes en -εthinsp en dentale (-ης -ητος) qui nrsquoest pas attesteacute en myceacutenien serait en revanche posteacuterieurthinsp73

Ἀμφι-άραοςPour expliquer ensuite que lrsquoancien Ἀμφιάρηος ait vu transformer le

εthinsp eacutetymologique de son second eacuteleacutement en athinsp pour prendre la forme Ἀμφιάραος R Wachter a reacutecemment repris agrave son compte lrsquoexplication accepteacutee par Kretschmer selon laquelle une eacutetymologie populaire aurait fait constituer secondairement -άρᾱος drsquoapregraves ἀράομαι au sens eacutepique de laquo prier raquothinsp74 en posant lrsquoeacutequation proportionnelle suivante qui preacutesuppose lrsquoeacutepopeacutee ionienne acclimateacutee agrave Athegravenes et en Beacuteotiethinsp ion ἀρήσομαιthinsp att beacuteot ἀρᾱσομαι = ion Ἀμφιάρηοςthinsp att beacuteot x avec x = Ἀμφιάρᾱοςthinsp75 Il faisait neacuteanmoins remarquer le caractegravere plus eacuteconomique de lrsquoautre hypo-thegravese qui aurait fait partir de -ᾱος ioniseacute en -ηος atticiseacute en -εως puis refait en -ᾱος trajectoire qursquoillustre dans le lexique lrsquoappellatif λᾱός qui nrsquoest cependant substitueacute en attique agrave λεώς qursquoagrave la fin du IIIe siegraveclethinsp76 Les tenta-tives sporadiques drsquoionisation du heacuteronyme dans la langue eacutepique auraient eacuteteacute en ce cas agrave lrsquoorigine des formes agrave vocalisme εthinsp des leacutegendes vasculaires corinthiennes les plus anciennes comme des flottements observeacutes dans la tra-dition pindarique Il est vrai qursquoil est impossible vu la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφια- de reconnaicirctre eacutetymologiquement au second

72 Pas drsquoexemple comparable ni chez R Beekes The Development of the Proto-Indo-European laryngeals in Greek La Haye-Paris 1969 p 170-172 ni chez M Peters Untersuchungen zur Vertretung der indogermanischen Laryngale im Griechischen Wien 1980 p 272 La finale -ᾱων ονος de noms de Troyens comme Ἀρετάων ou de lrsquoethnique Ἰάονες cf P Chantraine Formation p 162-163 aurait pu laisser supposer que devant une autre voyelle la voyelle longue issue de eh1 se conservait au mecircme titre que le athinsp issu de eh2 si le myceacutenien nrsquoinvitait en fait agrave res-tituer -ᾱϜων cf O Landau Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958 p 185-186

73 Heubeck p 1974 Kretschmer op cit (n 47) p 123 Lrsquoeacutetymologie populaire est refleacuteteacutee par Photius

Bibliothegraveque Bekker 148a l 36thinsp ὅτι Ἀμφιάραος ἐκλήθη ἐπεὶ ἄμφω οἱ τῆς μητρὸς γονεῖς ἠράσαντο αὐτὴν ἄνευ τεκεῖν μόγου Le heacuteronyme aurait-il ainsi eacuteteacute reacuteinterpreacuteteacute comme laquo celui que lrsquoon prie de part et drsquoautre raquo avec un rappel agrave Thegravebes de lrsquoorigine argienne du heacuteros et du culte qursquoil recevait aussi en Argolide tandis qursquoagrave Oropos il aurait eacuteteacute le heacuteros auquel on rendait un culte de part et drsquoautre de la frontiegravere que lrsquoon fucirct Atheacutenien ou Oropienthinsp

75 R Wachter NAGVI 77 renvoie agrave Kretschmer loc cit Autre hypothegravese insatisfaisante de M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 191-193thinsp lrsquoanalogie des composeacutes anthroponymiques agrave second eacuteleacutement -λᾱϜ ος (gt -lœthinspwos en zone io-att) aurait fait passer -rēwos () agrave -rœthinspwos drsquoougrave beacuteot -ρᾱος par hypercorrection

76 Crsquoest par exemple lrsquointerpreacutetation du dictionnaire de W Pape et G Benseler de 1911 Pour la substitution de λᾱός agrave la forme ionienne-attique λεώς agrave partir de lrsquoeacutepoque helleacutenistique voir L Threatte GAI II 1996 p 39 Lrsquoionien ne semble pas avoir eu ληός cf A Meillet Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 1975 p 313 Lrsquohistorien Polybe est le premier prosateur agrave rem-ployer la forme ancienne λαός comme aussi ναός cf J-A de Foucault Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972 p 65

302 sophie minon

eacuteleacutement le radical de ἀρά laquo priegravere raquo drsquoun plus ancien ἀρϜά (arc κάταρϜος) drsquoougrave ion ᾱρή dans la poeacutesie homeacuteriquethinsp77 Il faut donc bien admettre comme seul authentique le radical ἀρ- agrave bregraveve initiale dont deacuterivent le thegraveme agrave εthinsp que recouvrent hom feacutem ἀρή laquo malheur perte raquo et masc Ἄρης le thegraveme en -εthinspw- qui est aussi ancien pour le theacuteonyme ainsi que le substantif ἄρος que fait connaicirctre la triple glose drsquoHeacutesychius dont le sens neacutegatif βλάβος ἀκούσιον rejoint le seacutemantisme funeste des premiers

Ἀμφ-ιέραοςLrsquoultime transformation en Ἀμφιέραος variante sporadique connue

par quelques deacutedicaces attiques priveacutees et autres inscriptions helleacutenistiques de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos et dont teacutemoigne aussi le nom drsquoassociation Ἀμφιεραισταί agrave Rhamnonte fin IIIedeacutebut IIe siegraveclethinsp78 a pu se produire agrave Oropos ougrave elle aurait eacuteteacute motiveacutee par la volonteacute drsquoioniserthinsp79 une seacutequence dont la reacuteinterpreacutetation par fausse coupe comme Ἀμφ-ιαρ-αοςthinsp80 aurait juste-ment eacuteteacute favoriseacutee par la proximiteacute seacutemantique entre la notion de laquo sacreacute raquo et celle de laquo priegravere raquo que lrsquoeacutetymologie populaire avait secondairement rattacheacutee agrave ce nom de heacuteros Il ne peut y avoir lagrave en effet que la reacuteeacutetymologisation reacutecente drsquoun nom dont lrsquoabsence drsquoattestation drsquoἈμφίερος ου drsquoἌμφιρος agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique indique qursquoil ne repose sur rien drsquoancien Le myceacute-nien du reste ne connaissait que le degreacute e de ce radical (i-je-ro i-je-re-u etc) sans avoir jamais employeacute semble-t-il ni i-ja-ro ni i-a2-rothinsp81thinsp il est vrai que lrsquoanthroponyme a-pi-a2-ro qui pourrait theacuteoriquement avoir comme eacutequiva-lent alphabeacutetique lrsquoanthroponyme Ἀμφίαρος est interpreacuteteacute unanimement comme Ἀμφί-hαλος avec au second eacuteleacutement le radical du nom du laquo sel raquothinsp82 principalement parce que la forte repreacutesentation du radical de forme i-(j)

77 M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 186 n 578 Pour les deacutedicaces attiques contemporaines des inscriptions de lrsquoAmphiaraion voir

L Threatte GAI I p 126thinsp pour les proxeacutenies et autres deacutecrets de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos V Petrakou Οἱ ἐπιγραφές τοῦ Ὠρωποῦ Athegravenes 1997 eg ndeg 9 et 17 deacutebut IIIe s ndeg 60 etc et cf IG II-III2 (1) 1322 pour lrsquoassociation des Ἀμφιεραισταί

79 Comme les formes en Ἀμφιερ- commencent seulement agrave apparaicirctre au tournant du IVe et du IIIe siegravecle alors qursquoapregraves 312 les Beacuteotiens sont agrave nouveau maicirctres drsquoOropos qui fait partie du koinon tout en gardant son statut de citeacute (MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory ndeg 214) ce changement de vocalisme radical peut ecirctre interpreacuteteacute comme une marque drsquoidentiteacute (-ιαρ- fait beacuteotien) de la part des Oropiens dont le dialecte est apparenteacute agrave lrsquoionien drsquoEubeacutee Il est moins plausible drsquoy voir un indice de la koineacuteisation du dialecte qui nrsquoaurait pas affecteacute degraves cette peacuteriode le radical drsquoun heacuteronyme

80 L Threatte GAI I p 126 et 391 heacutesite entre deux explications pour la variante Ἀμφιέραοςthinsp tendance agrave la dissimilation ou plus vraisemblablement confusion avec le radical de ἱερός

81 Voir RJ Thompson laquo Dialects in Mycenaean and mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 1996-97 p 330

82 DMic sv a-pi-a2-ro et cf A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 51

303ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

e-r(V) fait exclure que le vocalisme a puisse avoir eacuteteacute mecircme sporadiquement repreacutesenteacutethinsp83

ἈμφίαροςLrsquoanthroponyme hapax dont il vient drsquoecirctre question Ἀμφίαρος figure

agrave cocircteacute de Παμφίλη de Ἀμφίλοχος et de Ἀμφίας sur un loutrophoros du IVe siegravecle a C trouveacute agrave Athegravenesthinsp84 La segmentation Ἀμφ-ίαρος qui ferait identifier le second eacuteleacutement de ce composeacute comme le radical agrave vocalisme non ionien-attique de ἱερός cf eg Ἀγχ-ίαρος agrave Thespies et Cheacuteroneacutee ou Καλλ-ίαρος vs Καλλ-ίερος agrave Delphesthinsp85 est probablement agrave exclure agrave cause de lrsquoassociation avec le nom feacuteminin agrave finale -η quant agrave lui bien attiquethinsp on attendrait Ἀμφίερος qui nrsquoest nullement attesteacute

La solution qui consisterait agrave y voir une forme courte pour Ἀμφιάραοςthinsp86 se heurte au fait que cette forme du heacuteronyme nrsquoest attesteacutee comme anthropo-nyme qursquoagrave partir du Ier siegravecle de notre egraverethinsp87 Il est alors preacutefeacuterable drsquoy voir un deuxiegraveme exemple de composeacute agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- non eacutelideacute comme dans le cas de Ἀμφιάρηος devant un second eacuteleacutement de forme -αρος ndash lrsquoana-logie de la seacutequence iathinsp de lrsquohypocoristique Ἀμφίας aurait pu contribuer au maintien de lrsquohiatus On aurait pu srsquoattendre agrave un second eacuteleacutement en -άρης-ήρης en lien avec notamment le substantif ἄρος (cf infra II sous Ἀμφάρης) mais -αρος qui est attesteacute par exemple dans le nom du magistrat moneacutetaire Εὔαρος agrave Eacutephegravese au Ve siegraveclethinsp88 peut srsquoexpliquer comme une forme de second membre court parallegravele agrave feacutem -αρώ (cf Κλειναρώ agrave Paros au IIe siegravecle avant J-C ou νεικα(ρ)ώ fille de Ἀρίστων agrave Thegravebes au IIeIIIe siegravecle de notre egravere) bacirctie agrave partir du radical ἀρ- soit de ἀρετή soit de ἄριστοςthinsp89 La derniegravere solution qui aurait consisteacute agrave y voir un deacuteriveacute comparable agrave Ἀμφί-ας au suf-fixe rare -αρος issu de la grammaticalisation de la formation hypocoristique susdite doit sans doute ecirctre eacutecarteacutee parce qursquoelle est plutocirct attendue dans le cas drsquoun sobriquet tel Βάτταρος fait sur Βάττοςthinsp90

En zone non ionienne-attique crsquoest en revanche ἱαρός qursquoil faut recon-naicirctre au second eacuteleacutement du nom nouveau de lrsquoArgien Γνοhίαρος que fait connaicirctre Ch Kritzas dans le mecircme volumethinsp91 composeacute agrave rection ver-

83 Sur le caractegravere cependant dialectalement stratifieacute du myceacutenien voir deacutejagrave supra n 7084 LGPN II Polemon 4 (1949) p 33 ndeg 32 et V Bardani-G Papadopoulou-V Petrakos

Συμπλήρωμα τῶν ἐπιτυμβίων μνημείων τῆς Ἀττικῆς Athegravenes 2006 ndeg 152985 Pour Ἀγχίαρος cf Y Kalliontzis BCH 131 (2007) [2009] p 495-496thinsp pour Καλλίαρος

vs Καλλίερος respectivement SGDI 1987 l 16 175 av J-C et 1867 l 10 177 av J-C86 Hypothegravese de J Traill Persons of Ancient Athens 2 p 100 ndeg 12513587 Deux Atheacuteniens LGPN II88 A Meadows-U Wartemberg (eacuted) Coin Hoards 9 Londres 2002 p 102 ndeg 189 Κλειναρώ IG XII (5) 186 18thinsp νεικα[ρ]ώ IG VII 2681 et cf infra n 14390 Cf O Masson respectivement Philologus 110 (1966) p 256 et n 5 (= OGS I p 91) agrave

propos des noms Λεύκαρος et Λευκάριστος et Glotta 54 (1976) 94 et n 55 (= OGS I p 279)91 Crsquoest lrsquoanalyse de Ch Kritzas pour le nom de lrsquoArgien Γνοhίαρος qursquoil eacutetaie du rappro-

chement avec le nom Ἱερόγνωτος drsquoun Deacutelien IG IX (2) 135 23 IVe s

304 sophie minon

bale comme le nom Δεξίαρος attesteacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique pour deux Beacuteotiensthinsp92

Remarquons pour conclure cette partie que les deacuteveloppements eacutetymo-logiques ici exposeacutes conduisent agrave admettre que le i final de ἀμφι- nrsquoa pas plus eacuteteacute eacutelideacute dans le heacuteronyme Ἀμφιάρηος que dans le nom de lrsquoAtheacutenien Ἀμφίαρος et qursquoil ne lrsquoaurait eacuteteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne dans a-pi-ja-re agrave supposer que cette forme syllabique ait bien Ἀμφιάρης comme correspon-dant alphabeacutetique et cela en contradiction avec la regravegle veacuterifieacutee du moins pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique selon laquelle cette eacutelision eacutetait reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale Ἀμφιάρης serait le seul nom en Ἀμφι- ougrave une telle exception srsquoobserverait du myceacutenien au grec alphabeacutetiquethinsp93 Le teacutemoignage du myceacutenien laisse en effet supposer pour les preacutefixeacutes en ἀμφι-thinsp la conservation de lrsquohiatus devant h (a-pi-e-ke pour ἀμφι- + hέχει ou hῆκε)thinsp la dieacuteregravese devant ancienne laryngalethinsp94 sauf en morphologie ver-bale ougrave lrsquoeacutelision est pratiqueacutee (a-pe-e-ke pour ἀμφ- ou ἀπ- + augment ἔ + hεχε ou hηκε) Notons toutefois que lrsquoeacutelision pourrait avoir coexisteacute comme variante degraves le myceacutenien si lrsquoon postulait lrsquoeacutequivalence entre a-pa-re-[uthinsp] et dor ἈμφᾱρηςἈμφᾱρεύςthinsp mais la seacutequence syllabique est seulement inter-preacuteteacutee comme correspondant agrave Ἀφᾰρεύς voire agrave Ἁρπαλεύςthinsp95

Il nrsquoest pas sucircr en revanche que Ἀμφαρίδας et Ἀμφιαρίδας preacutesenteacutes comme exemple de doublet dans lrsquointroductionthinsp96 teacutemoignent de la mecircme variation agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp le second nom pourrait fort bien deacuteriver du nom Ἀμφ-ίαρος et ecirctre par conseacutequent sans relation avec le premier sur lequel nous reviendrons agrave lrsquooccasion de lrsquoeacutetude du nom Ἀμφάρης

92 LGPN IIIBthinsp Coroneacutee 182 av J-C Syll3 585 l 210 et Orchomegravene IIIeIIe s A Wilhelm Neue Beitr 4 p 10 ndeg 1 l 12-13 pegravere notamment drsquoun Ἱαροκλῆς

93 Les deux seuls autres exemples syllabiques possibles drsquoanthroponymes en Ἀμφι- avec dieacute-regravese devant un second eacuteleacutement agrave laryngale initiale eacutetymologique ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() et a-pi-je-ta ne preacutesentent pas de correspondant en grec alphabeacutetique Pour ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() KN B 812a qursquoon pose une eacutequivalence avec Ἀμφιάγορος Ἀμφίαγρος ou Ἀμφίακρος on srsquoattendrait agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique agrave ce que le premier eacuteleacutement agrave -i final soit eacutelideacute comme crsquoest toujours le cas devant le second eacuteleacutement en -αγορ--ηγορ-thinsp et si Πολίαγρος (LGPN I et II) conserve son i devant -αγρος crsquoest pour eacuteviter toute confusion avec le radical de πολύς Or Ἀμφάγορος Ἄμφαγρος et Ἄμφακρος ne sont pas davantage attesteacutes On aurait un autre exemple de dieacuteregravese si a-pi-je-ta PY An 6577 avait pour correspondant Ἀμφι-έρτας agrave comparer avec Λαέρτης Ὀρσέλαος avec le radical de ὄρνυμι voir A Leukart op cit sect 66 et F Bader Minos 10 (1969) p 50 Mais une autre interpreacutetation est possible qui expliquerait lrsquoabsence drsquoeacutelision de a-pi- en conformiteacute avec la regravegle mise en eacutevidence pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp Ἀμφιέτας en lien avec ἵημι (de yeH1) de preacutefeacuterence agrave Ἀμφιέρτας en lien cette fois avec ὄρομαι (de wer-) qui laisserait plutocirct attendre myc a-pi-we-ta

94 Outre a-pi-ja-re cf n 44 voir ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() note preacuteceacutedente95 F Aura Jorro DicMic sv96 Lrsquohypothegravese drsquoune variation drsquoordre phoneacutetique propre au beacuteotien dont teacutemoignerait la

graphie Ἀμφαρίδας vs Ἀμφιαρίδας doit ecirctre eacutecarteacutee cf n 37

305ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Il reste alors pour justifier ce qui ne constitue en deacutefinitive une exception que pour cette eacutepoque agrave invoquer une contrainte drsquoordre prosodique telle que la preacutefeacuterence pour la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφιαρ- qui peut srsquoecirctre conjugueacutee agrave la reacutepugnance agrave constituer une seacutequence gra-phique Ἀμφαρ- qui eacutetait eacutetymologiquement ambigueuml en dehors de lrsquoionien et de lrsquoattique puisqursquoelle pouvait paraicirctre proceacuteder aussi bien de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω au second eacuteleacute-mentthinsp97 que de Ἀμφ- eacutelideacute + -αρ- du radical de Ἄρης ἄρος ou ἀραρίσκω Crsquoest preacuteciseacutement en ces termes que se pose la question de lrsquoeacutetymologie du nom de lrsquoeacutephore spartiate meurtrier drsquoAgis Ἀμφάρης

IIenspἈμφάρης et la polyseacutemie du radical ἀρ-

Ἀμφ-άρηςἈμφ-ήρηςLe nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφάρης que mentionne Plutarque a eacuteteacute

porteacute par un Atheacutenien (agrave la formule onomastique partiellement doriseacutee) et par un Phocidien qui veacutecurent tous deux au IVe siegraveclethinsp98 Dans lrsquohypothegravese ougrave le a meacutedian aurait eacuteteacute allongeacute en composition et le premier eacuteleacutement Ἀμφι- eacutelideacute comme on lrsquoattend conformeacutement agrave la regravegle phoneacutetique deacutejagrave invoqueacutee Ἀμφᾱρης pourrait alors eacuteventuellement ecirctre rapprocheacute de Ἀμφήρης dont Platon fait lrsquoun des souverains de lrsquoAtlantide fils de Poseacuteidon et de Kleitocirc agrave moins que le second membre de ce nom nrsquoait comporteacute un e eacutetymologique et ne soit plutocirct en lien avec ἐρέττωthinsp99 Lrsquoexistence parallegravele des suffixeacutes en -ίδᾱης Ἀμφηρε-ίδης et Ἀμφαρε-ίδας pourrait conforter le premier rappro-chementthinsp100 Bechtel part de ce principe puisqursquoil classe Ἀμφ-άρης agrave cocircteacute de Ξειν-ήρης et les rattache tous deux agrave ἄρος que fait connaicirctre la glose drsquoHeacutesy-

97 Voir P Chantraine DEacuteLG sv φέρω98 Voir Plut Agis 18 agrave 21 ougrave lrsquoacc est transmis sous la forme Ἀμφάρην par confusion

banale agrave cette eacutepoque entre sigmatiques et masculins en -athinsps (gt -ης)thinsp pour lrsquoAtheacutenien du IVe s cf infra n 153 et pour le Phocidien contemporain CID 2 ndeg 31 l 7 (geacuten Ἀμφάρεος)

99 Platon Criti 114b et cf infra n 113100 Ἀμφηρείδης (Atheacutenien FD III (2) 23 l 19 1387 a C) et Ἀμφαρείδας (Kleitor IIIe s

LGPN IIIA) La forme -ίδης du suffixe du nom ancien Ἀμφηρίδης agrave Thasos et agrave Paros (LGPN I) laisse supposer qursquoil deacuterive plutocirct de Ἄμφηρις que de Ἀμφήρης comme le nom du Spartiate Κλεαρίδας (Thuc IV 132 3) deacuteriverait de son cocircteacute de Κλέαρις (Thasos IG XII (8) 280 l 13 VIeVe s) dont on notera cependant que le a meacutedian est ici de quantiteacute bregraveve Dans le cas des thegravemes sigmatiques on srsquoattend agrave ce que le suffixe -ίδης srsquoajoute au suffixe sigmatique drsquoougrave -ε(σ)-ίδης gt -είδηςthinsp et lrsquoexistence de nombreux composeacutes agrave second eacuteleacutement -μενίδης nrsquoest pas contradictoire puisqursquoils semblent avoir eacuteteacute bacirctis sur μένω plutocirct que deacuteriveacutes drsquoun second eacuteleacute-ment -μένης Dans le cas particulier des noms en κλῆς lrsquoargien par exemple preacutesente cependant -ηίδας dans le phratronyme Ὀϕελλοκληίδας ensuite moderniseacute en Ὀφεltλgtλοκλείδας cf IG IV 553 l 6 Ve s (-κλε ίδας) lrsquoineacutedit E 67 dateacute 330-300 (-κληίδας) et la proxeacutenie argienne drsquoun Thrace SEG 30 357 l 11 ca 300 (-κλείδας) Pour les modaliteacutes morphologiques et phoneacutetiques de la deacuterivation en -ίδας cf mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011

306 sophie minon

chius deacutejagrave citeacutee avec le sens positif de laquo providence raquothinsp101thinsp ils appartiendraient alors agrave la cateacutegorie des bahuvrīhi ou eacutepithegravetes de type possessifthinsp102 Drsquoun autre cocircteacute si le a meacutedian de Ἀμφάρης eacutetait effectivement long agrave la diffeacuterence de celui du heacuteronyme Ἀμφιάρηος le second eacuteleacutement -ᾱήρης pourrait tout aussi bien ecirctre analyseacute comme deacuteriveacute de la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo adapteacute agrave raquo ou laquo pourvu de raquo drsquoautant que le composeacute ἀμφήρης laquo ajusteacute des deux cocircteacutes raquo est attesteacute dans le lexique poeacutetiquethinsp103thinsp on aurait alors un composeacute agrave rection verbale dont la composition aurait eu lieu dans lrsquoadjec-tif avant son transfert dans lrsquoonomastique Les deux hypothegraveses pourraient du reste ne pas ecirctre incompatiblesthinsp lrsquoeacutetymologie du substantif ἄρος nrsquoest pas assureacutee mais le premier sens de la glose drsquoHeacutesychius (ἄρος ὄφελος) srsquoaccorderait assez bien avec la notion positive de conformiteacute et drsquoajuste-ment veacutehiculeacutee par la racine H2er- que lrsquoon trouve agrave lrsquoorigine notamment de ἀραρίσκω de ἀρείων et de ἄριστοςthinsp104

Ἀν(α)-φαρ- Ἀμ(φι)-φαρ-thinspIl ne serait en theacuteorie pas impossible drsquoavancer agrave ce stade une autre

hypothegravesethinsp celle que Ἀμφάρης ait pu proceacuteder en dehors du domaine ionien-attique soit de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope soit de Ἀμ(φι)-φαρ- avec haplologie devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω comme pourrait en teacutemoi-gner lrsquoadjectif correspondant que fait connaicirctre une glose drsquoHeacutesychius proba-blement issue de la contamination de trois autresthinsp ἀμφαρής περιορωμένη κατολιγωρουμένη καὶ γυμνός ἐπιφανήςthinsp105 Les adjectifs agrave second eacuteleacute-ment -φερής bien attesteacutes se rencontrent degraves Heacuterodote et Heacutesychius fait aussi connaicirctre ἀντιφαρές gloseacute ἐναντίον en face de ἀντιφερής que sup-pose lrsquohom ἀντιφερίζωthinsp106 Ni ἀν(α)φερής ni les formes sans haplologie ἀμφιφαρής et ἀμφιφερής ne sont cependant attesteacutes Nous aurons lrsquoocca-sion de veacuterifier la validiteacute de cette hypothegravese agrave propos du nom Ἀμφαρίον agrave la fin de la troisiegraveme partie

101 Bechtel HPN 193102 Voir eg E Risch Wortbildung p 166-170103 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης renvoie agrave Eur HF 243 (qualificatif de ξύλα) et agrave Ion

1128 (ἀμφήρεις σκηνάς)104 Cf infra n 111105 La glose est consideacutereacutee agrave plus drsquoun titre comme suspecte par Lattethinsp par exemple crsquoest

agrave lrsquoeacutevidence ἀφαρήςἄφαρος qui est agrave lrsquoorigine du sens γυμνός comme lrsquoavait deacutejagrave signaleacute Schmidt et Kuster avant lui Pour lrsquoeacutequivalence entre ἀν(α)φαρής et ἐπιφανής qui serait pos-sible agrave condition de donner aux deux adjectifs le sens de laquo manifeste eacuteclatant raquo voir Pind Neacutem 11 38 ougrave ἀναφέρω (ἀμφέροντ(ι)) est employeacute au sens de laquo produire au jour faire remon-ter agrave la lumiegravere raquo agrave propos de vertus resurgissant drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre Lrsquoideacutee drsquoindiffeacuterence et de meacutepris dont teacutemoigne lrsquoeacutequivalence avec περιορωμένη κατολιγορουμένη pourrait se com-prendre mieux quant agrave elle agrave partir de ἀμ(φι)φαρής au sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo drsquoougrave neacutegativement laquo indeacutecis sans opinion raquo

106 Cf infra n 158

307ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Le nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφ-άρηςCependant dans le cas du nom de lrsquoeacutephore spartiate le rapprochement

avec le nom Δαμάρης assez populaire agrave Sparte agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacute-nistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp107 et avec les noms anciens des Spartiates Μενάρης (μένει ὀξὺν Ἄρηα Il 12 836) et peut-ecirctre Κλεαρίδαςthinsp108 incite agrave mettre ici -άρης en relation soit avec ἀρή laquo ruine destruction raquo soit direc-tement avec le nom drsquoAregraves comme on tendait en revanche agrave lrsquoeacutecarter pour le heacuteronyme Ἀμφιάρηος Lrsquoexistence du nom Δημάρης porteacute par un Deacutelien et lrsquoabsence de Δημήρης de Μενήρης et de Κλέηρις dissuadent de plus de retenir lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement agrave voyelle longue initiale -ᾱήρης Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le contraste entre la poigneacutee drsquoanthroponymes composeacutes en -ήρης attesteacutes dans lrsquoensemble du monde grec dont lrsquoidentifi-cation avec le radical de ἀραρίσκω nrsquoest du reste probable que pour le seul Φρασιήρης et la vingtaine de composeacutes en -άρης dont plus de la moitieacute est attesteacutee en zone ionienne-attiquethinsp109 fait douter que ce dernier eacuteleacutement ait comporteacute une voyelle longue initiale ailleurs que dans la phraseacuteologie poeacute-tique et dans le calque Μενάρης

Du radical ἀρ- aux bases ἀρι- ἀρο- et ἀρήIl a donc principalement existeacute des composeacutes anthroponymiques agrave second

eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης ndash et de mecircme en -αρις -αρος et -αρώthinsp110 dans lesquels srsquoobserve la mecircme absence drsquoallongement de la voyelle de jonction que dans Ἀμφιάρηος en deacutepit mecircme de lrsquoeacutelision et cela en contradiction avec la loi drsquoallongement urgriechisch mise en eacutevidence par Wackernagel dont lrsquoapplication nrsquoest certes reacuteguliegravere que dans les composeacutes nominaux anciens de lrsquoeacutepoque alphabeacutetique comme cela a eacuteteacute exposeacute en preacuteambule Comme pour ἀμφαρίστερος il est probable que la conservation du a bref eacutetait destineacutee agrave laisser visible le lien eacutetymologique avec la famille de ἀραρίσκω ἀρείων ἀρι- ἄρος et celle de ἀρή Ἄρης vraisemblablement lrsquoune et lrsquoautre issues sinon de la mecircme base du moins de la mecircme racine H2er-thinsp111 en eacutevitant la confusion possible avec les autres -ήρηςthinsp112 comme

107 Le nom Δαμάρης a eacuteteacute porteacute par quatorze Spartiates par un Arcadien (LGPN IIIA) par un Deacutelien et deux Creacutetois (LGPN I) et un citoyen drsquoAmisos (LGPN VA)

108 Bechtel HPN 69 cf Heacuterodote VIII 131 VIe s et n 99 pour Κλεαρίδας et Κλέαρις109 Pour lrsquoorigine poeacutetique du composeacute Φρασι-ήρης cf supra n 6 Drsquoapregraves le site du

LGPN en ligne les autres composeacutes en -ήρης sontthinsp Εὐήρης Ξεινήρης Περιήρης et Πολυήρης tous attesteacutes agrave un seul exemplaire sauf le premier (5 individus) Pour -άρης voirthinsp Ἀμφ(ι)άρης Ἀνδράρης (zone ion-att) Δαημάρης (id) Δειξάρης Διάρης (id) Δρομάρης (id) Εὐάρης (id) Θεάρης Κλεάρης Λυκάρης (id) Μαχάρης (id) Μενάρης (id) Ξεν(Ϝ)άρης (id) Ξιφάρης (id) Πανάρης Παντάρης Ποδάρης Τιμάρης

110 Cf Κλέαρις n 100 et Εὔαρος et Κλειναρώ n 89111 Voir H Rix LIV2 sv H2er- (ἀραρώς) H2erH (Ἄρης) et H2erH3 (ἀρόω) et cf supra

n 56 pour lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour le nom drsquoAregraves par T Barnes112 Il nrsquoest pas sucircr que lrsquoadj hom ἐρίηρες laquo fidegraveles raquo (de wēr- cf hom ἦρα et Chantraine

DEacuteLG sv) ait geacuteneacutereacute des anthroponymes en dehors de lrsquoeacutepopeacutee ougrave le second membre de Διώρης

308 sophie minon

dans poeacutet ἀμφήρης laquo avec des rames de part et drsquoautre raquo (cf ἐρέττω)thinsp113 ou -ηρις (de ἔρις) comme dans poeacutet δύσηρις et lrsquoanthroponyme correspon-dant dont pourraient ecirctre rapprocheacutes le nom du Thasien Ἀμφηρίδης deacuteriveacute de Ἄμφηρις ainsi que lrsquoadjectif ἀμφήριστοςthinsp114

IIIenspἈμφαρίον Δαμαρίων et Θεαρίων

Lrsquoemploi anthroponymique du suffixe -ίωνLes analyses meneacutees jusqursquoici permettent-elles de deacutemecircler lrsquoorigine du

nom nouveau Ἀμφαρίονthinsp En lrsquoabsence de correspondant myceacutenien il res-sort des eacuteleacutements qui ont eacuteteacute deacutegageacutes pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique que si le premier eacuteleacutement eacutetait Ἀμφι- lrsquoeacutelision de sa voyelle finale eacutetait attendue devant -αρ- ndash ne serait-ce que pour eacuteviter lrsquohiatus iV dans deux syllabes successives sans que lrsquoallongement de la voyelle initiale du second eacuteleacute-ment ait neacutecessairement accompagneacute cette eacutelisionthinsp mais qursquoen pays dorien il serait theacuteoriquement possible que Ἀμφαρ- ait valu ion-att ἀναφερ- et soit un composeacute deacuteverbatif comme cela vient drsquoecirctre exposeacute pour le nom Ἀμφάρης La suffixation de notre anthroponyme est-elle alors compatible avec lrsquoune et lrsquoautre formationthinsp

-ίωνForce nous est de constater que la finale -ίων moins reacutepandue dans

lrsquoanthroponymie que le suffixe -ων lrsquoest encore moins parmi les composeacutesthinsp sur les 1060 noms diffeacuterents preacutesentant cette finale dans les six volumes du Lexicon of Greek Personal Names soit 3 de la totaliteacute des noms connus 7 seulement preacutesentent la forme pleine de composeacutes ndash ce sont geacuteneacuteralement des noms rares dont ne sont connus que 2 3 exemplaires mais qui tendent agrave se deacutevelopper au-delagrave de lrsquoeacutepoque classique contre une majoriteacute drsquohypo-coristiques et de sobriquetsthinsp115 Le deacutepouillement de lrsquoindex inverse du LGPN

et Περιήρης aurait cette origine cf Bechtel HPN 194 tandis que Risch Wortbildung p 79 le rapproche de la racine de ἀραρίσκω Lrsquoanalyse du nom de lrsquoArcadien Πολυ-ήρης (monnaie ineacute-dite du IIe s av J-C ZfN 9 [1882] p 266 ndeg 2) est de mecircme ambigueuml

113 La motivation du nom Εὐήρης de trois Thasiens aurait-elle eacuteteacute celle-lagravethinsp la deacutesignation de laquo bons rameurs raquothinsp Pour lrsquoadj poeacutetique ἀμφήρης cf eg Eur Cycl 15

114 Voir DGEsp sv δύσερις poeacutet δύσηρις et ἀμφήριστος et LGPN IIIB deux Thessaliens du nom de Δύσηρις au VIe et IVe s av J-Cthinsp pour Ἀμφηρίδης supra n 100

115 Sondage effectueacute agrave lrsquoaide de la base de donneacutees en ligne du site du LGPN Citons comme composeacutes suffixeacutes en -ίωνthinsp le rare et tardif Ἐπαγαθίων agrave cocircteacute de Παρμενίων qui bat au contraire tous les records dans cette cateacutegorie (197 individus) et dont lrsquoamplitude chronologique des attestations srsquoexplique agrave la fois par le renom du philosophe Parmeacutenide et par celui du lieute-nant Parmeacutenion drsquoAlexandrethinsp la lexicalisation de lrsquoadjectif composeacute ἐμπόριος fait plutocirct inter-preacuteter lrsquoancien Ἐμπορίων (eg LGPN II) comme un sobriquet Comme hypocoristiques on citera par exemple Πασίων (122 individus) forme abreacutegeacutee drsquoun composeacute du type Πασικράτης (60) et Ἐπαφρ-ίων (19) pour Ἐπαφρόδιτος (515)thinsp et comme sobriquets Διδυμίων ou Ἐλευθερίων qui sont lrsquoun et lrsquoautre drsquoeacutepoque impeacuteriale (LGPN passim)

309ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

IIIA (Peacuteloponnegravese Gregravece de lrsquoOuest Sicile et Grande-Gregravece) laisse identifier 40 composeacutes sur les 350 noms diffeacuterents agrave finale -ίων soit un rapport drsquoun peu plus de 11 thinsp un seul est attesteacute en Argolide occidentale preacuteciseacutement agrave Argos mais seulement agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp Ἁρποκρατίωνthinsp116

Le suffixe -ίων qui servait dans le lexique de suffixe de comparatif srsquoest drsquoabord introduit dans les sobriquets adjectivaux du type Αἰσχρίων (234 individus) Καλλίων (20) ou Κυδίων (2) avec sa valeur grammaticalethinsp notons toutefois que Γλυκίων qui est connu comme comparatif homeacuterique nrsquoest attesteacute qursquoagrave deux exemplaires contre plusieurs centaines drsquoexemples de Γλύκων dans lrsquoensemble du monde grecthinsp117 Dans les autres cas la suffixation est produite par lrsquoadjonction du suffixe banal -ων agrave un i- final extrait lui-mecircme drsquoun thegraveme en -ιο-thinsp118 ou plus souvent drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute verbal ou adjectival du type Ἀλεξικράτης (43 individus) drsquoougrave Ἀλεξίων (103) Il arrive plus rarement que le suffixe -ίων ainsi creacuteeacute apparaisse agrave la finale drsquoun composeacute comme le tregraves populaire Παρ-μεν-ίων composeacute pour lequel sont attesteacutees 26 autres formes de suffixations dont -ων tregraves repreacutesenteacute eacutegalement (136 individus)thinsp selon Bechtel crsquoest Πάρμενις qui a seacutecreacuteteacute Παρμενίδας Παρμενίτας Παρμενίων Παρμένισκος etcthinsp119 Il nrsquoy a pas drsquoexemple drsquohypocoristique qui conserve les seuls phonegravemes initiaux du second eacuteleacutement affecteacute de ce suffixe puisque Δαμοτί-ων forme courte de Δαμότιμος et son correspondant ionien-attique nrsquoont pas drsquoeacutequivalent en -των et sont par conseacutequent suffixeacutes en -ων et non en -ίων et qursquoil en va de mecircme pour tous les composeacutes agrave second eacuteleacutement -τίων

-ωνCependant le suffixe -ων nrsquoeacutetait guegravere plus couramment adjoint agrave un

nom composeacute Crsquoest surtout une suffixation de sobriquetsthinsp120 bien plus que drsquohypocoristiquesthinsp on ne citera que Δαμών-ων Ἀλκί-ν-ων et νικ-άρ-ων parmi ceux qui preacutesentent lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de composeacute preacuteser-veacuteethinsp pour les autres du type Ἀλέξων ou Τίμων lrsquoidentification comme hypocoristique ou comme sobriquet deacutepend de la perspective adopteacuteethinsp lrsquoexistence de composeacutes de type heacuteroiumlque avec parallegraveles dans drsquoautres lan-gues indo-europeacuteennes comportant ces premiers eacuteleacutements fera analyser ces

116 Ἁρποκρατίων IIe s apr J-C RE (2)117 Voir J-L Perpillou laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 (1974)

p 99-107118 Voir P Chantraine Formation p 165 pour un exemple lexical comme οὐρανίων fait

sur οὐράνιος drsquoougrave les anthroponymes οὐρανίων et Κρονίων et les nombreux anthroponymes de forme patronymique tels Ἑλλοπίων Ἀχαιίων Ἀρκαδίων Κωνωπίων etc recenseacutes par Bechtel HPN 548

119 Bechtel HPN 307120 P Chantraine Formation p 161 voir aussi O Masson laquo Notes drsquoanthroponymie grecque

et asianique raquo Beitrz Nam 10 (1959) p 162 (OGS I p 22) sur le rapport qui existe entre ce type de sobriquet et les adjectifs en -ύς cf Δάσων vs δασύς

310 sophie minon

anthroponymes comme des hypocoristiques ndash crsquoest lrsquoanalyse historique pra-tiqueacutee par Bechtel tandis qursquoen synchronie la flexion seulement (geacuten en -ωνος) les distingue de participes employeacutes comme sobriquetsthinsp121 Un son-dage opeacutereacute agrave partir du mecircme volume du LGPN fait apparaicirctre sur 1045 noms en -ων autour de 165 composeacutes clairement identifiables ndash comprenant les 40 composeacutes agrave finale -ίων soit un rapport de presque 16 agrave cocircteacute des 11 pour -ίων Parmi les 125 composeacutes distincts de ceux en -ίων 12 au plus sont attesteacutes agrave Argosthinsp122

-αρίωνOn exclura en tout cas que le suffixe soit ici lrsquoeacutequivalent masculin -αρίων

du neutre -άριον qui est employeacute pour former des sobriquets feacuteminins Comme lrsquoa expliqueacute O Masson les noms de femmes faits au moyen de ce suffixe de diminutif (cf παιδάριον ψυχάριον) commencent agrave apparaicirctre au IIIe siegravecle mais les noms drsquohomme correspondants sont propres agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et freacutequents en Eacutegypte et il rappelait que Bechtel avait montreacute que ces derniers avaient eacuteteacute refaits secondairement sur les diminutifsthinsp ainsi Γλυκαρίων et Ψυχαρίων agrave partir de γλυκάριον et ψυχάριον toutes forma-tions deacuteriveacutees de noms ou drsquoadjectifsthinsp123 Le suffixe -αρίων a pu ecirctre ensuite employeacute librement dans lrsquoanthroponymie sans qursquoil existe neacutecessairement de diminutif associeacute comme on lrsquoobserve pour le nom Τυχαρίων porteacute par deux Atheacuteniens de lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp124

Δαμαρίων et ΔαμάρηςCh Kritzas propose comme parallegraveles agrave lrsquoappui de son analyse Ἀμφ-

αρ-ίον du nouveau nom argien les noms Δαμαρίων et Θεαρίωνthinsp125 Le pre-mier nrsquoest pas attesteacute avant le IIIe siegravecle et a eacuteteacute donneacute surtout agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et en zone ionienne-attiquethinsp les volumes du LGPN reacutepertorient 25 individus ainsi deacutenommeacutesthinsp126

121 Voir sur cette question de typologie I Hartmann laquo lsquoWhat namethinsp What parentagersquo The classification of Greek names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann-A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 (2002) p 55-81

122 Voir LGPN IIIAthinsp Ἰπομέδο ν (SEG 11 336 l 5 ca 575-550)thinsp Ἀλκίφρων (Thuc V 59 5 418 av J-C)thinsp Ὀχίπον (IG IV 552 Ve s)thinsp Εὐέλθων (Iamb VP 267 [FVS I p 447] VeIVe s)thinsp Ξενοφάων (CID 2 75 II l 43 336334)thinsp Ἀριστόφρων (SEG 13 243 316 av J-C)thinsp Βουκολέων (CEG II 816 l 12 303 av J-C)thinsp Ἀριστομέδων (ineacuted publ Ch Kritzas IVeIIIe s)thinsp Λυκόφρων (SEG 42 279 l 6 IIe s)thinsp Δαμοφῶν (ineacuted IIe s)thinsp Εὔφρων (Syringes 44 IIeIer s) et Παρμένων (origine argienne incertaine Bernand El-Kanaiumls 79 Ier s)

123 Voir O Masson laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 (1984) p 157 (OGS II p 443)

124 LGPN II IG II2 2089 l 33 et 2113 l 204 IIe s apr J-C125 Lettre du 20 novembre 2010126 La plus ancienne attestation de ce nom est celle drsquoun Creacutetois et date de 2232 (Milet I

(3) 38g 7)thinsp un Parien homonyme est connu agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale (IG XII (5) 173 V) En dehors de lrsquoexemple drsquoun individu dont lrsquoorigine atheacutenienne est incertaine agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale les

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

301ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

voyelle finale On ne dispose certes pas de parallegravele qui permette drsquoeacutetablir le sort de eh1 suivi de voyellethinsp72 Le troisiegraveme mode drsquoeacutevolution agrave savoir lrsquoeacutelar-gissement des thegravemes en -εthinsp en dentale (-ης -ητος) qui nrsquoest pas attesteacute en myceacutenien serait en revanche posteacuterieurthinsp73

Ἀμφι-άραοςPour expliquer ensuite que lrsquoancien Ἀμφιάρηος ait vu transformer le

εthinsp eacutetymologique de son second eacuteleacutement en athinsp pour prendre la forme Ἀμφιάραος R Wachter a reacutecemment repris agrave son compte lrsquoexplication accepteacutee par Kretschmer selon laquelle une eacutetymologie populaire aurait fait constituer secondairement -άρᾱος drsquoapregraves ἀράομαι au sens eacutepique de laquo prier raquothinsp74 en posant lrsquoeacutequation proportionnelle suivante qui preacutesuppose lrsquoeacutepopeacutee ionienne acclimateacutee agrave Athegravenes et en Beacuteotiethinsp ion ἀρήσομαιthinsp att beacuteot ἀρᾱσομαι = ion Ἀμφιάρηοςthinsp att beacuteot x avec x = Ἀμφιάρᾱοςthinsp75 Il faisait neacuteanmoins remarquer le caractegravere plus eacuteconomique de lrsquoautre hypo-thegravese qui aurait fait partir de -ᾱος ioniseacute en -ηος atticiseacute en -εως puis refait en -ᾱος trajectoire qursquoillustre dans le lexique lrsquoappellatif λᾱός qui nrsquoest cependant substitueacute en attique agrave λεώς qursquoagrave la fin du IIIe siegraveclethinsp76 Les tenta-tives sporadiques drsquoionisation du heacuteronyme dans la langue eacutepique auraient eacuteteacute en ce cas agrave lrsquoorigine des formes agrave vocalisme εthinsp des leacutegendes vasculaires corinthiennes les plus anciennes comme des flottements observeacutes dans la tra-dition pindarique Il est vrai qursquoil est impossible vu la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφια- de reconnaicirctre eacutetymologiquement au second

72 Pas drsquoexemple comparable ni chez R Beekes The Development of the Proto-Indo-European laryngeals in Greek La Haye-Paris 1969 p 170-172 ni chez M Peters Untersuchungen zur Vertretung der indogermanischen Laryngale im Griechischen Wien 1980 p 272 La finale -ᾱων ονος de noms de Troyens comme Ἀρετάων ou de lrsquoethnique Ἰάονες cf P Chantraine Formation p 162-163 aurait pu laisser supposer que devant une autre voyelle la voyelle longue issue de eh1 se conservait au mecircme titre que le athinsp issu de eh2 si le myceacutenien nrsquoinvitait en fait agrave res-tituer -ᾱϜων cf O Landau Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958 p 185-186

73 Heubeck p 1974 Kretschmer op cit (n 47) p 123 Lrsquoeacutetymologie populaire est refleacuteteacutee par Photius

Bibliothegraveque Bekker 148a l 36thinsp ὅτι Ἀμφιάραος ἐκλήθη ἐπεὶ ἄμφω οἱ τῆς μητρὸς γονεῖς ἠράσαντο αὐτὴν ἄνευ τεκεῖν μόγου Le heacuteronyme aurait-il ainsi eacuteteacute reacuteinterpreacuteteacute comme laquo celui que lrsquoon prie de part et drsquoautre raquo avec un rappel agrave Thegravebes de lrsquoorigine argienne du heacuteros et du culte qursquoil recevait aussi en Argolide tandis qursquoagrave Oropos il aurait eacuteteacute le heacuteros auquel on rendait un culte de part et drsquoautre de la frontiegravere que lrsquoon fucirct Atheacutenien ou Oropienthinsp

75 R Wachter NAGVI 77 renvoie agrave Kretschmer loc cit Autre hypothegravese insatisfaisante de M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 191-193thinsp lrsquoanalogie des composeacutes anthroponymiques agrave second eacuteleacutement -λᾱϜ ος (gt -lœthinspwos en zone io-att) aurait fait passer -rēwos () agrave -rœthinspwos drsquoougrave beacuteot -ρᾱος par hypercorrection

76 Crsquoest par exemple lrsquointerpreacutetation du dictionnaire de W Pape et G Benseler de 1911 Pour la substitution de λᾱός agrave la forme ionienne-attique λεώς agrave partir de lrsquoeacutepoque helleacutenistique voir L Threatte GAI II 1996 p 39 Lrsquoionien ne semble pas avoir eu ληός cf A Meillet Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 1975 p 313 Lrsquohistorien Polybe est le premier prosateur agrave rem-ployer la forme ancienne λαός comme aussi ναός cf J-A de Foucault Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972 p 65

302 sophie minon

eacuteleacutement le radical de ἀρά laquo priegravere raquo drsquoun plus ancien ἀρϜά (arc κάταρϜος) drsquoougrave ion ᾱρή dans la poeacutesie homeacuteriquethinsp77 Il faut donc bien admettre comme seul authentique le radical ἀρ- agrave bregraveve initiale dont deacuterivent le thegraveme agrave εthinsp que recouvrent hom feacutem ἀρή laquo malheur perte raquo et masc Ἄρης le thegraveme en -εthinspw- qui est aussi ancien pour le theacuteonyme ainsi que le substantif ἄρος que fait connaicirctre la triple glose drsquoHeacutesychius dont le sens neacutegatif βλάβος ἀκούσιον rejoint le seacutemantisme funeste des premiers

Ἀμφ-ιέραοςLrsquoultime transformation en Ἀμφιέραος variante sporadique connue

par quelques deacutedicaces attiques priveacutees et autres inscriptions helleacutenistiques de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos et dont teacutemoigne aussi le nom drsquoassociation Ἀμφιεραισταί agrave Rhamnonte fin IIIedeacutebut IIe siegraveclethinsp78 a pu se produire agrave Oropos ougrave elle aurait eacuteteacute motiveacutee par la volonteacute drsquoioniserthinsp79 une seacutequence dont la reacuteinterpreacutetation par fausse coupe comme Ἀμφ-ιαρ-αοςthinsp80 aurait juste-ment eacuteteacute favoriseacutee par la proximiteacute seacutemantique entre la notion de laquo sacreacute raquo et celle de laquo priegravere raquo que lrsquoeacutetymologie populaire avait secondairement rattacheacutee agrave ce nom de heacuteros Il ne peut y avoir lagrave en effet que la reacuteeacutetymologisation reacutecente drsquoun nom dont lrsquoabsence drsquoattestation drsquoἈμφίερος ου drsquoἌμφιρος agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique indique qursquoil ne repose sur rien drsquoancien Le myceacute-nien du reste ne connaissait que le degreacute e de ce radical (i-je-ro i-je-re-u etc) sans avoir jamais employeacute semble-t-il ni i-ja-ro ni i-a2-rothinsp81thinsp il est vrai que lrsquoanthroponyme a-pi-a2-ro qui pourrait theacuteoriquement avoir comme eacutequiva-lent alphabeacutetique lrsquoanthroponyme Ἀμφίαρος est interpreacuteteacute unanimement comme Ἀμφί-hαλος avec au second eacuteleacutement le radical du nom du laquo sel raquothinsp82 principalement parce que la forte repreacutesentation du radical de forme i-(j)

77 M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 186 n 578 Pour les deacutedicaces attiques contemporaines des inscriptions de lrsquoAmphiaraion voir

L Threatte GAI I p 126thinsp pour les proxeacutenies et autres deacutecrets de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos V Petrakou Οἱ ἐπιγραφές τοῦ Ὠρωποῦ Athegravenes 1997 eg ndeg 9 et 17 deacutebut IIIe s ndeg 60 etc et cf IG II-III2 (1) 1322 pour lrsquoassociation des Ἀμφιεραισταί

79 Comme les formes en Ἀμφιερ- commencent seulement agrave apparaicirctre au tournant du IVe et du IIIe siegravecle alors qursquoapregraves 312 les Beacuteotiens sont agrave nouveau maicirctres drsquoOropos qui fait partie du koinon tout en gardant son statut de citeacute (MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory ndeg 214) ce changement de vocalisme radical peut ecirctre interpreacuteteacute comme une marque drsquoidentiteacute (-ιαρ- fait beacuteotien) de la part des Oropiens dont le dialecte est apparenteacute agrave lrsquoionien drsquoEubeacutee Il est moins plausible drsquoy voir un indice de la koineacuteisation du dialecte qui nrsquoaurait pas affecteacute degraves cette peacuteriode le radical drsquoun heacuteronyme

80 L Threatte GAI I p 126 et 391 heacutesite entre deux explications pour la variante Ἀμφιέραοςthinsp tendance agrave la dissimilation ou plus vraisemblablement confusion avec le radical de ἱερός

81 Voir RJ Thompson laquo Dialects in Mycenaean and mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 1996-97 p 330

82 DMic sv a-pi-a2-ro et cf A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 51

303ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

e-r(V) fait exclure que le vocalisme a puisse avoir eacuteteacute mecircme sporadiquement repreacutesenteacutethinsp83

ἈμφίαροςLrsquoanthroponyme hapax dont il vient drsquoecirctre question Ἀμφίαρος figure

agrave cocircteacute de Παμφίλη de Ἀμφίλοχος et de Ἀμφίας sur un loutrophoros du IVe siegravecle a C trouveacute agrave Athegravenesthinsp84 La segmentation Ἀμφ-ίαρος qui ferait identifier le second eacuteleacutement de ce composeacute comme le radical agrave vocalisme non ionien-attique de ἱερός cf eg Ἀγχ-ίαρος agrave Thespies et Cheacuteroneacutee ou Καλλ-ίαρος vs Καλλ-ίερος agrave Delphesthinsp85 est probablement agrave exclure agrave cause de lrsquoassociation avec le nom feacuteminin agrave finale -η quant agrave lui bien attiquethinsp on attendrait Ἀμφίερος qui nrsquoest nullement attesteacute

La solution qui consisterait agrave y voir une forme courte pour Ἀμφιάραοςthinsp86 se heurte au fait que cette forme du heacuteronyme nrsquoest attesteacutee comme anthropo-nyme qursquoagrave partir du Ier siegravecle de notre egraverethinsp87 Il est alors preacutefeacuterable drsquoy voir un deuxiegraveme exemple de composeacute agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- non eacutelideacute comme dans le cas de Ἀμφιάρηος devant un second eacuteleacutement de forme -αρος ndash lrsquoana-logie de la seacutequence iathinsp de lrsquohypocoristique Ἀμφίας aurait pu contribuer au maintien de lrsquohiatus On aurait pu srsquoattendre agrave un second eacuteleacutement en -άρης-ήρης en lien avec notamment le substantif ἄρος (cf infra II sous Ἀμφάρης) mais -αρος qui est attesteacute par exemple dans le nom du magistrat moneacutetaire Εὔαρος agrave Eacutephegravese au Ve siegraveclethinsp88 peut srsquoexpliquer comme une forme de second membre court parallegravele agrave feacutem -αρώ (cf Κλειναρώ agrave Paros au IIe siegravecle avant J-C ou νεικα(ρ)ώ fille de Ἀρίστων agrave Thegravebes au IIeIIIe siegravecle de notre egravere) bacirctie agrave partir du radical ἀρ- soit de ἀρετή soit de ἄριστοςthinsp89 La derniegravere solution qui aurait consisteacute agrave y voir un deacuteriveacute comparable agrave Ἀμφί-ας au suf-fixe rare -αρος issu de la grammaticalisation de la formation hypocoristique susdite doit sans doute ecirctre eacutecarteacutee parce qursquoelle est plutocirct attendue dans le cas drsquoun sobriquet tel Βάτταρος fait sur Βάττοςthinsp90

En zone non ionienne-attique crsquoest en revanche ἱαρός qursquoil faut recon-naicirctre au second eacuteleacutement du nom nouveau de lrsquoArgien Γνοhίαρος que fait connaicirctre Ch Kritzas dans le mecircme volumethinsp91 composeacute agrave rection ver-

83 Sur le caractegravere cependant dialectalement stratifieacute du myceacutenien voir deacutejagrave supra n 7084 LGPN II Polemon 4 (1949) p 33 ndeg 32 et V Bardani-G Papadopoulou-V Petrakos

Συμπλήρωμα τῶν ἐπιτυμβίων μνημείων τῆς Ἀττικῆς Athegravenes 2006 ndeg 152985 Pour Ἀγχίαρος cf Y Kalliontzis BCH 131 (2007) [2009] p 495-496thinsp pour Καλλίαρος

vs Καλλίερος respectivement SGDI 1987 l 16 175 av J-C et 1867 l 10 177 av J-C86 Hypothegravese de J Traill Persons of Ancient Athens 2 p 100 ndeg 12513587 Deux Atheacuteniens LGPN II88 A Meadows-U Wartemberg (eacuted) Coin Hoards 9 Londres 2002 p 102 ndeg 189 Κλειναρώ IG XII (5) 186 18thinsp νεικα[ρ]ώ IG VII 2681 et cf infra n 14390 Cf O Masson respectivement Philologus 110 (1966) p 256 et n 5 (= OGS I p 91) agrave

propos des noms Λεύκαρος et Λευκάριστος et Glotta 54 (1976) 94 et n 55 (= OGS I p 279)91 Crsquoest lrsquoanalyse de Ch Kritzas pour le nom de lrsquoArgien Γνοhίαρος qursquoil eacutetaie du rappro-

chement avec le nom Ἱερόγνωτος drsquoun Deacutelien IG IX (2) 135 23 IVe s

304 sophie minon

bale comme le nom Δεξίαρος attesteacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique pour deux Beacuteotiensthinsp92

Remarquons pour conclure cette partie que les deacuteveloppements eacutetymo-logiques ici exposeacutes conduisent agrave admettre que le i final de ἀμφι- nrsquoa pas plus eacuteteacute eacutelideacute dans le heacuteronyme Ἀμφιάρηος que dans le nom de lrsquoAtheacutenien Ἀμφίαρος et qursquoil ne lrsquoaurait eacuteteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne dans a-pi-ja-re agrave supposer que cette forme syllabique ait bien Ἀμφιάρης comme correspon-dant alphabeacutetique et cela en contradiction avec la regravegle veacuterifieacutee du moins pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique selon laquelle cette eacutelision eacutetait reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale Ἀμφιάρης serait le seul nom en Ἀμφι- ougrave une telle exception srsquoobserverait du myceacutenien au grec alphabeacutetiquethinsp93 Le teacutemoignage du myceacutenien laisse en effet supposer pour les preacutefixeacutes en ἀμφι-thinsp la conservation de lrsquohiatus devant h (a-pi-e-ke pour ἀμφι- + hέχει ou hῆκε)thinsp la dieacuteregravese devant ancienne laryngalethinsp94 sauf en morphologie ver-bale ougrave lrsquoeacutelision est pratiqueacutee (a-pe-e-ke pour ἀμφ- ou ἀπ- + augment ἔ + hεχε ou hηκε) Notons toutefois que lrsquoeacutelision pourrait avoir coexisteacute comme variante degraves le myceacutenien si lrsquoon postulait lrsquoeacutequivalence entre a-pa-re-[uthinsp] et dor ἈμφᾱρηςἈμφᾱρεύςthinsp mais la seacutequence syllabique est seulement inter-preacuteteacutee comme correspondant agrave Ἀφᾰρεύς voire agrave Ἁρπαλεύςthinsp95

Il nrsquoest pas sucircr en revanche que Ἀμφαρίδας et Ἀμφιαρίδας preacutesenteacutes comme exemple de doublet dans lrsquointroductionthinsp96 teacutemoignent de la mecircme variation agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp le second nom pourrait fort bien deacuteriver du nom Ἀμφ-ίαρος et ecirctre par conseacutequent sans relation avec le premier sur lequel nous reviendrons agrave lrsquooccasion de lrsquoeacutetude du nom Ἀμφάρης

92 LGPN IIIBthinsp Coroneacutee 182 av J-C Syll3 585 l 210 et Orchomegravene IIIeIIe s A Wilhelm Neue Beitr 4 p 10 ndeg 1 l 12-13 pegravere notamment drsquoun Ἱαροκλῆς

93 Les deux seuls autres exemples syllabiques possibles drsquoanthroponymes en Ἀμφι- avec dieacute-regravese devant un second eacuteleacutement agrave laryngale initiale eacutetymologique ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() et a-pi-je-ta ne preacutesentent pas de correspondant en grec alphabeacutetique Pour ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() KN B 812a qursquoon pose une eacutequivalence avec Ἀμφιάγορος Ἀμφίαγρος ou Ἀμφίακρος on srsquoattendrait agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique agrave ce que le premier eacuteleacutement agrave -i final soit eacutelideacute comme crsquoest toujours le cas devant le second eacuteleacutement en -αγορ--ηγορ-thinsp et si Πολίαγρος (LGPN I et II) conserve son i devant -αγρος crsquoest pour eacuteviter toute confusion avec le radical de πολύς Or Ἀμφάγορος Ἄμφαγρος et Ἄμφακρος ne sont pas davantage attesteacutes On aurait un autre exemple de dieacuteregravese si a-pi-je-ta PY An 6577 avait pour correspondant Ἀμφι-έρτας agrave comparer avec Λαέρτης Ὀρσέλαος avec le radical de ὄρνυμι voir A Leukart op cit sect 66 et F Bader Minos 10 (1969) p 50 Mais une autre interpreacutetation est possible qui expliquerait lrsquoabsence drsquoeacutelision de a-pi- en conformiteacute avec la regravegle mise en eacutevidence pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp Ἀμφιέτας en lien avec ἵημι (de yeH1) de preacutefeacuterence agrave Ἀμφιέρτας en lien cette fois avec ὄρομαι (de wer-) qui laisserait plutocirct attendre myc a-pi-we-ta

94 Outre a-pi-ja-re cf n 44 voir ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() note preacuteceacutedente95 F Aura Jorro DicMic sv96 Lrsquohypothegravese drsquoune variation drsquoordre phoneacutetique propre au beacuteotien dont teacutemoignerait la

graphie Ἀμφαρίδας vs Ἀμφιαρίδας doit ecirctre eacutecarteacutee cf n 37

305ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Il reste alors pour justifier ce qui ne constitue en deacutefinitive une exception que pour cette eacutepoque agrave invoquer une contrainte drsquoordre prosodique telle que la preacutefeacuterence pour la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφιαρ- qui peut srsquoecirctre conjugueacutee agrave la reacutepugnance agrave constituer une seacutequence gra-phique Ἀμφαρ- qui eacutetait eacutetymologiquement ambigueuml en dehors de lrsquoionien et de lrsquoattique puisqursquoelle pouvait paraicirctre proceacuteder aussi bien de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω au second eacuteleacute-mentthinsp97 que de Ἀμφ- eacutelideacute + -αρ- du radical de Ἄρης ἄρος ou ἀραρίσκω Crsquoest preacuteciseacutement en ces termes que se pose la question de lrsquoeacutetymologie du nom de lrsquoeacutephore spartiate meurtrier drsquoAgis Ἀμφάρης

IIenspἈμφάρης et la polyseacutemie du radical ἀρ-

Ἀμφ-άρηςἈμφ-ήρηςLe nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφάρης que mentionne Plutarque a eacuteteacute

porteacute par un Atheacutenien (agrave la formule onomastique partiellement doriseacutee) et par un Phocidien qui veacutecurent tous deux au IVe siegraveclethinsp98 Dans lrsquohypothegravese ougrave le a meacutedian aurait eacuteteacute allongeacute en composition et le premier eacuteleacutement Ἀμφι- eacutelideacute comme on lrsquoattend conformeacutement agrave la regravegle phoneacutetique deacutejagrave invoqueacutee Ἀμφᾱρης pourrait alors eacuteventuellement ecirctre rapprocheacute de Ἀμφήρης dont Platon fait lrsquoun des souverains de lrsquoAtlantide fils de Poseacuteidon et de Kleitocirc agrave moins que le second membre de ce nom nrsquoait comporteacute un e eacutetymologique et ne soit plutocirct en lien avec ἐρέττωthinsp99 Lrsquoexistence parallegravele des suffixeacutes en -ίδᾱης Ἀμφηρε-ίδης et Ἀμφαρε-ίδας pourrait conforter le premier rappro-chementthinsp100 Bechtel part de ce principe puisqursquoil classe Ἀμφ-άρης agrave cocircteacute de Ξειν-ήρης et les rattache tous deux agrave ἄρος que fait connaicirctre la glose drsquoHeacutesy-

97 Voir P Chantraine DEacuteLG sv φέρω98 Voir Plut Agis 18 agrave 21 ougrave lrsquoacc est transmis sous la forme Ἀμφάρην par confusion

banale agrave cette eacutepoque entre sigmatiques et masculins en -athinsps (gt -ης)thinsp pour lrsquoAtheacutenien du IVe s cf infra n 153 et pour le Phocidien contemporain CID 2 ndeg 31 l 7 (geacuten Ἀμφάρεος)

99 Platon Criti 114b et cf infra n 113100 Ἀμφηρείδης (Atheacutenien FD III (2) 23 l 19 1387 a C) et Ἀμφαρείδας (Kleitor IIIe s

LGPN IIIA) La forme -ίδης du suffixe du nom ancien Ἀμφηρίδης agrave Thasos et agrave Paros (LGPN I) laisse supposer qursquoil deacuterive plutocirct de Ἄμφηρις que de Ἀμφήρης comme le nom du Spartiate Κλεαρίδας (Thuc IV 132 3) deacuteriverait de son cocircteacute de Κλέαρις (Thasos IG XII (8) 280 l 13 VIeVe s) dont on notera cependant que le a meacutedian est ici de quantiteacute bregraveve Dans le cas des thegravemes sigmatiques on srsquoattend agrave ce que le suffixe -ίδης srsquoajoute au suffixe sigmatique drsquoougrave -ε(σ)-ίδης gt -είδηςthinsp et lrsquoexistence de nombreux composeacutes agrave second eacuteleacutement -μενίδης nrsquoest pas contradictoire puisqursquoils semblent avoir eacuteteacute bacirctis sur μένω plutocirct que deacuteriveacutes drsquoun second eacuteleacute-ment -μένης Dans le cas particulier des noms en κλῆς lrsquoargien par exemple preacutesente cependant -ηίδας dans le phratronyme Ὀϕελλοκληίδας ensuite moderniseacute en Ὀφεltλgtλοκλείδας cf IG IV 553 l 6 Ve s (-κλε ίδας) lrsquoineacutedit E 67 dateacute 330-300 (-κληίδας) et la proxeacutenie argienne drsquoun Thrace SEG 30 357 l 11 ca 300 (-κλείδας) Pour les modaliteacutes morphologiques et phoneacutetiques de la deacuterivation en -ίδας cf mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011

306 sophie minon

chius deacutejagrave citeacutee avec le sens positif de laquo providence raquothinsp101thinsp ils appartiendraient alors agrave la cateacutegorie des bahuvrīhi ou eacutepithegravetes de type possessifthinsp102 Drsquoun autre cocircteacute si le a meacutedian de Ἀμφάρης eacutetait effectivement long agrave la diffeacuterence de celui du heacuteronyme Ἀμφιάρηος le second eacuteleacutement -ᾱήρης pourrait tout aussi bien ecirctre analyseacute comme deacuteriveacute de la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo adapteacute agrave raquo ou laquo pourvu de raquo drsquoautant que le composeacute ἀμφήρης laquo ajusteacute des deux cocircteacutes raquo est attesteacute dans le lexique poeacutetiquethinsp103thinsp on aurait alors un composeacute agrave rection verbale dont la composition aurait eu lieu dans lrsquoadjec-tif avant son transfert dans lrsquoonomastique Les deux hypothegraveses pourraient du reste ne pas ecirctre incompatiblesthinsp lrsquoeacutetymologie du substantif ἄρος nrsquoest pas assureacutee mais le premier sens de la glose drsquoHeacutesychius (ἄρος ὄφελος) srsquoaccorderait assez bien avec la notion positive de conformiteacute et drsquoajuste-ment veacutehiculeacutee par la racine H2er- que lrsquoon trouve agrave lrsquoorigine notamment de ἀραρίσκω de ἀρείων et de ἄριστοςthinsp104

Ἀν(α)-φαρ- Ἀμ(φι)-φαρ-thinspIl ne serait en theacuteorie pas impossible drsquoavancer agrave ce stade une autre

hypothegravesethinsp celle que Ἀμφάρης ait pu proceacuteder en dehors du domaine ionien-attique soit de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope soit de Ἀμ(φι)-φαρ- avec haplologie devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω comme pourrait en teacutemoi-gner lrsquoadjectif correspondant que fait connaicirctre une glose drsquoHeacutesychius proba-blement issue de la contamination de trois autresthinsp ἀμφαρής περιορωμένη κατολιγωρουμένη καὶ γυμνός ἐπιφανήςthinsp105 Les adjectifs agrave second eacuteleacute-ment -φερής bien attesteacutes se rencontrent degraves Heacuterodote et Heacutesychius fait aussi connaicirctre ἀντιφαρές gloseacute ἐναντίον en face de ἀντιφερής que sup-pose lrsquohom ἀντιφερίζωthinsp106 Ni ἀν(α)φερής ni les formes sans haplologie ἀμφιφαρής et ἀμφιφερής ne sont cependant attesteacutes Nous aurons lrsquoocca-sion de veacuterifier la validiteacute de cette hypothegravese agrave propos du nom Ἀμφαρίον agrave la fin de la troisiegraveme partie

101 Bechtel HPN 193102 Voir eg E Risch Wortbildung p 166-170103 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης renvoie agrave Eur HF 243 (qualificatif de ξύλα) et agrave Ion

1128 (ἀμφήρεις σκηνάς)104 Cf infra n 111105 La glose est consideacutereacutee agrave plus drsquoun titre comme suspecte par Lattethinsp par exemple crsquoest

agrave lrsquoeacutevidence ἀφαρήςἄφαρος qui est agrave lrsquoorigine du sens γυμνός comme lrsquoavait deacutejagrave signaleacute Schmidt et Kuster avant lui Pour lrsquoeacutequivalence entre ἀν(α)φαρής et ἐπιφανής qui serait pos-sible agrave condition de donner aux deux adjectifs le sens de laquo manifeste eacuteclatant raquo voir Pind Neacutem 11 38 ougrave ἀναφέρω (ἀμφέροντ(ι)) est employeacute au sens de laquo produire au jour faire remon-ter agrave la lumiegravere raquo agrave propos de vertus resurgissant drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre Lrsquoideacutee drsquoindiffeacuterence et de meacutepris dont teacutemoigne lrsquoeacutequivalence avec περιορωμένη κατολιγορουμένη pourrait se com-prendre mieux quant agrave elle agrave partir de ἀμ(φι)φαρής au sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo drsquoougrave neacutegativement laquo indeacutecis sans opinion raquo

106 Cf infra n 158

307ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Le nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφ-άρηςCependant dans le cas du nom de lrsquoeacutephore spartiate le rapprochement

avec le nom Δαμάρης assez populaire agrave Sparte agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacute-nistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp107 et avec les noms anciens des Spartiates Μενάρης (μένει ὀξὺν Ἄρηα Il 12 836) et peut-ecirctre Κλεαρίδαςthinsp108 incite agrave mettre ici -άρης en relation soit avec ἀρή laquo ruine destruction raquo soit direc-tement avec le nom drsquoAregraves comme on tendait en revanche agrave lrsquoeacutecarter pour le heacuteronyme Ἀμφιάρηος Lrsquoexistence du nom Δημάρης porteacute par un Deacutelien et lrsquoabsence de Δημήρης de Μενήρης et de Κλέηρις dissuadent de plus de retenir lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement agrave voyelle longue initiale -ᾱήρης Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le contraste entre la poigneacutee drsquoanthroponymes composeacutes en -ήρης attesteacutes dans lrsquoensemble du monde grec dont lrsquoidentifi-cation avec le radical de ἀραρίσκω nrsquoest du reste probable que pour le seul Φρασιήρης et la vingtaine de composeacutes en -άρης dont plus de la moitieacute est attesteacutee en zone ionienne-attiquethinsp109 fait douter que ce dernier eacuteleacutement ait comporteacute une voyelle longue initiale ailleurs que dans la phraseacuteologie poeacute-tique et dans le calque Μενάρης

Du radical ἀρ- aux bases ἀρι- ἀρο- et ἀρήIl a donc principalement existeacute des composeacutes anthroponymiques agrave second

eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης ndash et de mecircme en -αρις -αρος et -αρώthinsp110 dans lesquels srsquoobserve la mecircme absence drsquoallongement de la voyelle de jonction que dans Ἀμφιάρηος en deacutepit mecircme de lrsquoeacutelision et cela en contradiction avec la loi drsquoallongement urgriechisch mise en eacutevidence par Wackernagel dont lrsquoapplication nrsquoest certes reacuteguliegravere que dans les composeacutes nominaux anciens de lrsquoeacutepoque alphabeacutetique comme cela a eacuteteacute exposeacute en preacuteambule Comme pour ἀμφαρίστερος il est probable que la conservation du a bref eacutetait destineacutee agrave laisser visible le lien eacutetymologique avec la famille de ἀραρίσκω ἀρείων ἀρι- ἄρος et celle de ἀρή Ἄρης vraisemblablement lrsquoune et lrsquoautre issues sinon de la mecircme base du moins de la mecircme racine H2er-thinsp111 en eacutevitant la confusion possible avec les autres -ήρηςthinsp112 comme

107 Le nom Δαμάρης a eacuteteacute porteacute par quatorze Spartiates par un Arcadien (LGPN IIIA) par un Deacutelien et deux Creacutetois (LGPN I) et un citoyen drsquoAmisos (LGPN VA)

108 Bechtel HPN 69 cf Heacuterodote VIII 131 VIe s et n 99 pour Κλεαρίδας et Κλέαρις109 Pour lrsquoorigine poeacutetique du composeacute Φρασι-ήρης cf supra n 6 Drsquoapregraves le site du

LGPN en ligne les autres composeacutes en -ήρης sontthinsp Εὐήρης Ξεινήρης Περιήρης et Πολυήρης tous attesteacutes agrave un seul exemplaire sauf le premier (5 individus) Pour -άρης voirthinsp Ἀμφ(ι)άρης Ἀνδράρης (zone ion-att) Δαημάρης (id) Δειξάρης Διάρης (id) Δρομάρης (id) Εὐάρης (id) Θεάρης Κλεάρης Λυκάρης (id) Μαχάρης (id) Μενάρης (id) Ξεν(Ϝ)άρης (id) Ξιφάρης (id) Πανάρης Παντάρης Ποδάρης Τιμάρης

110 Cf Κλέαρις n 100 et Εὔαρος et Κλειναρώ n 89111 Voir H Rix LIV2 sv H2er- (ἀραρώς) H2erH (Ἄρης) et H2erH3 (ἀρόω) et cf supra

n 56 pour lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour le nom drsquoAregraves par T Barnes112 Il nrsquoest pas sucircr que lrsquoadj hom ἐρίηρες laquo fidegraveles raquo (de wēr- cf hom ἦρα et Chantraine

DEacuteLG sv) ait geacuteneacutereacute des anthroponymes en dehors de lrsquoeacutepopeacutee ougrave le second membre de Διώρης

308 sophie minon

dans poeacutet ἀμφήρης laquo avec des rames de part et drsquoautre raquo (cf ἐρέττω)thinsp113 ou -ηρις (de ἔρις) comme dans poeacutet δύσηρις et lrsquoanthroponyme correspon-dant dont pourraient ecirctre rapprocheacutes le nom du Thasien Ἀμφηρίδης deacuteriveacute de Ἄμφηρις ainsi que lrsquoadjectif ἀμφήριστοςthinsp114

IIIenspἈμφαρίον Δαμαρίων et Θεαρίων

Lrsquoemploi anthroponymique du suffixe -ίωνLes analyses meneacutees jusqursquoici permettent-elles de deacutemecircler lrsquoorigine du

nom nouveau Ἀμφαρίονthinsp En lrsquoabsence de correspondant myceacutenien il res-sort des eacuteleacutements qui ont eacuteteacute deacutegageacutes pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique que si le premier eacuteleacutement eacutetait Ἀμφι- lrsquoeacutelision de sa voyelle finale eacutetait attendue devant -αρ- ndash ne serait-ce que pour eacuteviter lrsquohiatus iV dans deux syllabes successives sans que lrsquoallongement de la voyelle initiale du second eacuteleacute-ment ait neacutecessairement accompagneacute cette eacutelisionthinsp mais qursquoen pays dorien il serait theacuteoriquement possible que Ἀμφαρ- ait valu ion-att ἀναφερ- et soit un composeacute deacuteverbatif comme cela vient drsquoecirctre exposeacute pour le nom Ἀμφάρης La suffixation de notre anthroponyme est-elle alors compatible avec lrsquoune et lrsquoautre formationthinsp

-ίωνForce nous est de constater que la finale -ίων moins reacutepandue dans

lrsquoanthroponymie que le suffixe -ων lrsquoest encore moins parmi les composeacutesthinsp sur les 1060 noms diffeacuterents preacutesentant cette finale dans les six volumes du Lexicon of Greek Personal Names soit 3 de la totaliteacute des noms connus 7 seulement preacutesentent la forme pleine de composeacutes ndash ce sont geacuteneacuteralement des noms rares dont ne sont connus que 2 3 exemplaires mais qui tendent agrave se deacutevelopper au-delagrave de lrsquoeacutepoque classique contre une majoriteacute drsquohypo-coristiques et de sobriquetsthinsp115 Le deacutepouillement de lrsquoindex inverse du LGPN

et Περιήρης aurait cette origine cf Bechtel HPN 194 tandis que Risch Wortbildung p 79 le rapproche de la racine de ἀραρίσκω Lrsquoanalyse du nom de lrsquoArcadien Πολυ-ήρης (monnaie ineacute-dite du IIe s av J-C ZfN 9 [1882] p 266 ndeg 2) est de mecircme ambigueuml

113 La motivation du nom Εὐήρης de trois Thasiens aurait-elle eacuteteacute celle-lagravethinsp la deacutesignation de laquo bons rameurs raquothinsp Pour lrsquoadj poeacutetique ἀμφήρης cf eg Eur Cycl 15

114 Voir DGEsp sv δύσερις poeacutet δύσηρις et ἀμφήριστος et LGPN IIIB deux Thessaliens du nom de Δύσηρις au VIe et IVe s av J-Cthinsp pour Ἀμφηρίδης supra n 100

115 Sondage effectueacute agrave lrsquoaide de la base de donneacutees en ligne du site du LGPN Citons comme composeacutes suffixeacutes en -ίωνthinsp le rare et tardif Ἐπαγαθίων agrave cocircteacute de Παρμενίων qui bat au contraire tous les records dans cette cateacutegorie (197 individus) et dont lrsquoamplitude chronologique des attestations srsquoexplique agrave la fois par le renom du philosophe Parmeacutenide et par celui du lieute-nant Parmeacutenion drsquoAlexandrethinsp la lexicalisation de lrsquoadjectif composeacute ἐμπόριος fait plutocirct inter-preacuteter lrsquoancien Ἐμπορίων (eg LGPN II) comme un sobriquet Comme hypocoristiques on citera par exemple Πασίων (122 individus) forme abreacutegeacutee drsquoun composeacute du type Πασικράτης (60) et Ἐπαφρ-ίων (19) pour Ἐπαφρόδιτος (515)thinsp et comme sobriquets Διδυμίων ou Ἐλευθερίων qui sont lrsquoun et lrsquoautre drsquoeacutepoque impeacuteriale (LGPN passim)

309ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

IIIA (Peacuteloponnegravese Gregravece de lrsquoOuest Sicile et Grande-Gregravece) laisse identifier 40 composeacutes sur les 350 noms diffeacuterents agrave finale -ίων soit un rapport drsquoun peu plus de 11 thinsp un seul est attesteacute en Argolide occidentale preacuteciseacutement agrave Argos mais seulement agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp Ἁρποκρατίωνthinsp116

Le suffixe -ίων qui servait dans le lexique de suffixe de comparatif srsquoest drsquoabord introduit dans les sobriquets adjectivaux du type Αἰσχρίων (234 individus) Καλλίων (20) ou Κυδίων (2) avec sa valeur grammaticalethinsp notons toutefois que Γλυκίων qui est connu comme comparatif homeacuterique nrsquoest attesteacute qursquoagrave deux exemplaires contre plusieurs centaines drsquoexemples de Γλύκων dans lrsquoensemble du monde grecthinsp117 Dans les autres cas la suffixation est produite par lrsquoadjonction du suffixe banal -ων agrave un i- final extrait lui-mecircme drsquoun thegraveme en -ιο-thinsp118 ou plus souvent drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute verbal ou adjectival du type Ἀλεξικράτης (43 individus) drsquoougrave Ἀλεξίων (103) Il arrive plus rarement que le suffixe -ίων ainsi creacuteeacute apparaisse agrave la finale drsquoun composeacute comme le tregraves populaire Παρ-μεν-ίων composeacute pour lequel sont attesteacutees 26 autres formes de suffixations dont -ων tregraves repreacutesenteacute eacutegalement (136 individus)thinsp selon Bechtel crsquoest Πάρμενις qui a seacutecreacuteteacute Παρμενίδας Παρμενίτας Παρμενίων Παρμένισκος etcthinsp119 Il nrsquoy a pas drsquoexemple drsquohypocoristique qui conserve les seuls phonegravemes initiaux du second eacuteleacutement affecteacute de ce suffixe puisque Δαμοτί-ων forme courte de Δαμότιμος et son correspondant ionien-attique nrsquoont pas drsquoeacutequivalent en -των et sont par conseacutequent suffixeacutes en -ων et non en -ίων et qursquoil en va de mecircme pour tous les composeacutes agrave second eacuteleacutement -τίων

-ωνCependant le suffixe -ων nrsquoeacutetait guegravere plus couramment adjoint agrave un

nom composeacute Crsquoest surtout une suffixation de sobriquetsthinsp120 bien plus que drsquohypocoristiquesthinsp on ne citera que Δαμών-ων Ἀλκί-ν-ων et νικ-άρ-ων parmi ceux qui preacutesentent lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de composeacute preacuteser-veacuteethinsp pour les autres du type Ἀλέξων ou Τίμων lrsquoidentification comme hypocoristique ou comme sobriquet deacutepend de la perspective adopteacuteethinsp lrsquoexistence de composeacutes de type heacuteroiumlque avec parallegraveles dans drsquoautres lan-gues indo-europeacuteennes comportant ces premiers eacuteleacutements fera analyser ces

116 Ἁρποκρατίων IIe s apr J-C RE (2)117 Voir J-L Perpillou laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 (1974)

p 99-107118 Voir P Chantraine Formation p 165 pour un exemple lexical comme οὐρανίων fait

sur οὐράνιος drsquoougrave les anthroponymes οὐρανίων et Κρονίων et les nombreux anthroponymes de forme patronymique tels Ἑλλοπίων Ἀχαιίων Ἀρκαδίων Κωνωπίων etc recenseacutes par Bechtel HPN 548

119 Bechtel HPN 307120 P Chantraine Formation p 161 voir aussi O Masson laquo Notes drsquoanthroponymie grecque

et asianique raquo Beitrz Nam 10 (1959) p 162 (OGS I p 22) sur le rapport qui existe entre ce type de sobriquet et les adjectifs en -ύς cf Δάσων vs δασύς

310 sophie minon

anthroponymes comme des hypocoristiques ndash crsquoest lrsquoanalyse historique pra-tiqueacutee par Bechtel tandis qursquoen synchronie la flexion seulement (geacuten en -ωνος) les distingue de participes employeacutes comme sobriquetsthinsp121 Un son-dage opeacutereacute agrave partir du mecircme volume du LGPN fait apparaicirctre sur 1045 noms en -ων autour de 165 composeacutes clairement identifiables ndash comprenant les 40 composeacutes agrave finale -ίων soit un rapport de presque 16 agrave cocircteacute des 11 pour -ίων Parmi les 125 composeacutes distincts de ceux en -ίων 12 au plus sont attesteacutes agrave Argosthinsp122

-αρίωνOn exclura en tout cas que le suffixe soit ici lrsquoeacutequivalent masculin -αρίων

du neutre -άριον qui est employeacute pour former des sobriquets feacuteminins Comme lrsquoa expliqueacute O Masson les noms de femmes faits au moyen de ce suffixe de diminutif (cf παιδάριον ψυχάριον) commencent agrave apparaicirctre au IIIe siegravecle mais les noms drsquohomme correspondants sont propres agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et freacutequents en Eacutegypte et il rappelait que Bechtel avait montreacute que ces derniers avaient eacuteteacute refaits secondairement sur les diminutifsthinsp ainsi Γλυκαρίων et Ψυχαρίων agrave partir de γλυκάριον et ψυχάριον toutes forma-tions deacuteriveacutees de noms ou drsquoadjectifsthinsp123 Le suffixe -αρίων a pu ecirctre ensuite employeacute librement dans lrsquoanthroponymie sans qursquoil existe neacutecessairement de diminutif associeacute comme on lrsquoobserve pour le nom Τυχαρίων porteacute par deux Atheacuteniens de lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp124

Δαμαρίων et ΔαμάρηςCh Kritzas propose comme parallegraveles agrave lrsquoappui de son analyse Ἀμφ-

αρ-ίον du nouveau nom argien les noms Δαμαρίων et Θεαρίωνthinsp125 Le pre-mier nrsquoest pas attesteacute avant le IIIe siegravecle et a eacuteteacute donneacute surtout agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et en zone ionienne-attiquethinsp les volumes du LGPN reacutepertorient 25 individus ainsi deacutenommeacutesthinsp126

121 Voir sur cette question de typologie I Hartmann laquo lsquoWhat namethinsp What parentagersquo The classification of Greek names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann-A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 (2002) p 55-81

122 Voir LGPN IIIAthinsp Ἰπομέδο ν (SEG 11 336 l 5 ca 575-550)thinsp Ἀλκίφρων (Thuc V 59 5 418 av J-C)thinsp Ὀχίπον (IG IV 552 Ve s)thinsp Εὐέλθων (Iamb VP 267 [FVS I p 447] VeIVe s)thinsp Ξενοφάων (CID 2 75 II l 43 336334)thinsp Ἀριστόφρων (SEG 13 243 316 av J-C)thinsp Βουκολέων (CEG II 816 l 12 303 av J-C)thinsp Ἀριστομέδων (ineacuted publ Ch Kritzas IVeIIIe s)thinsp Λυκόφρων (SEG 42 279 l 6 IIe s)thinsp Δαμοφῶν (ineacuted IIe s)thinsp Εὔφρων (Syringes 44 IIeIer s) et Παρμένων (origine argienne incertaine Bernand El-Kanaiumls 79 Ier s)

123 Voir O Masson laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 (1984) p 157 (OGS II p 443)

124 LGPN II IG II2 2089 l 33 et 2113 l 204 IIe s apr J-C125 Lettre du 20 novembre 2010126 La plus ancienne attestation de ce nom est celle drsquoun Creacutetois et date de 2232 (Milet I

(3) 38g 7)thinsp un Parien homonyme est connu agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale (IG XII (5) 173 V) En dehors de lrsquoexemple drsquoun individu dont lrsquoorigine atheacutenienne est incertaine agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale les

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

302 sophie minon

eacuteleacutement le radical de ἀρά laquo priegravere raquo drsquoun plus ancien ἀρϜά (arc κάταρϜος) drsquoougrave ion ᾱρή dans la poeacutesie homeacuteriquethinsp77 Il faut donc bien admettre comme seul authentique le radical ἀρ- agrave bregraveve initiale dont deacuterivent le thegraveme agrave εthinsp que recouvrent hom feacutem ἀρή laquo malheur perte raquo et masc Ἄρης le thegraveme en -εthinspw- qui est aussi ancien pour le theacuteonyme ainsi que le substantif ἄρος que fait connaicirctre la triple glose drsquoHeacutesychius dont le sens neacutegatif βλάβος ἀκούσιον rejoint le seacutemantisme funeste des premiers

Ἀμφ-ιέραοςLrsquoultime transformation en Ἀμφιέραος variante sporadique connue

par quelques deacutedicaces attiques priveacutees et autres inscriptions helleacutenistiques de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos et dont teacutemoigne aussi le nom drsquoassociation Ἀμφιεραισταί agrave Rhamnonte fin IIIedeacutebut IIe siegraveclethinsp78 a pu se produire agrave Oropos ougrave elle aurait eacuteteacute motiveacutee par la volonteacute drsquoioniserthinsp79 une seacutequence dont la reacuteinterpreacutetation par fausse coupe comme Ἀμφ-ιαρ-αοςthinsp80 aurait juste-ment eacuteteacute favoriseacutee par la proximiteacute seacutemantique entre la notion de laquo sacreacute raquo et celle de laquo priegravere raquo que lrsquoeacutetymologie populaire avait secondairement rattacheacutee agrave ce nom de heacuteros Il ne peut y avoir lagrave en effet que la reacuteeacutetymologisation reacutecente drsquoun nom dont lrsquoabsence drsquoattestation drsquoἈμφίερος ου drsquoἌμφιρος agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique indique qursquoil ne repose sur rien drsquoancien Le myceacute-nien du reste ne connaissait que le degreacute e de ce radical (i-je-ro i-je-re-u etc) sans avoir jamais employeacute semble-t-il ni i-ja-ro ni i-a2-rothinsp81thinsp il est vrai que lrsquoanthroponyme a-pi-a2-ro qui pourrait theacuteoriquement avoir comme eacutequiva-lent alphabeacutetique lrsquoanthroponyme Ἀμφίαρος est interpreacuteteacute unanimement comme Ἀμφί-hαλος avec au second eacuteleacutement le radical du nom du laquo sel raquothinsp82 principalement parce que la forte repreacutesentation du radical de forme i-(j)

77 M Peters laquo Ἀμφιάραος raquo p 186 n 578 Pour les deacutedicaces attiques contemporaines des inscriptions de lrsquoAmphiaraion voir

L Threatte GAI I p 126thinsp pour les proxeacutenies et autres deacutecrets de lrsquoAmphiaraion drsquoOropos V Petrakou Οἱ ἐπιγραφές τοῦ Ὠρωποῦ Athegravenes 1997 eg ndeg 9 et 17 deacutebut IIIe s ndeg 60 etc et cf IG II-III2 (1) 1322 pour lrsquoassociation des Ἀμφιεραισταί

79 Comme les formes en Ἀμφιερ- commencent seulement agrave apparaicirctre au tournant du IVe et du IIIe siegravecle alors qursquoapregraves 312 les Beacuteotiens sont agrave nouveau maicirctres drsquoOropos qui fait partie du koinon tout en gardant son statut de citeacute (MH Hansen-TH Nielsen (eacuted) An Inventory ndeg 214) ce changement de vocalisme radical peut ecirctre interpreacuteteacute comme une marque drsquoidentiteacute (-ιαρ- fait beacuteotien) de la part des Oropiens dont le dialecte est apparenteacute agrave lrsquoionien drsquoEubeacutee Il est moins plausible drsquoy voir un indice de la koineacuteisation du dialecte qui nrsquoaurait pas affecteacute degraves cette peacuteriode le radical drsquoun heacuteronyme

80 L Threatte GAI I p 126 et 391 heacutesite entre deux explications pour la variante Ἀμφιέραοςthinsp tendance agrave la dissimilation ou plus vraisemblablement confusion avec le radical de ἱερός

81 Voir RJ Thompson laquo Dialects in Mycenaean and mycenaean among dialects raquo Minos 31-32 1996-97 p 330

82 DMic sv a-pi-a2-ro et cf A Leukart Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994 sect 51

303ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

e-r(V) fait exclure que le vocalisme a puisse avoir eacuteteacute mecircme sporadiquement repreacutesenteacutethinsp83

ἈμφίαροςLrsquoanthroponyme hapax dont il vient drsquoecirctre question Ἀμφίαρος figure

agrave cocircteacute de Παμφίλη de Ἀμφίλοχος et de Ἀμφίας sur un loutrophoros du IVe siegravecle a C trouveacute agrave Athegravenesthinsp84 La segmentation Ἀμφ-ίαρος qui ferait identifier le second eacuteleacutement de ce composeacute comme le radical agrave vocalisme non ionien-attique de ἱερός cf eg Ἀγχ-ίαρος agrave Thespies et Cheacuteroneacutee ou Καλλ-ίαρος vs Καλλ-ίερος agrave Delphesthinsp85 est probablement agrave exclure agrave cause de lrsquoassociation avec le nom feacuteminin agrave finale -η quant agrave lui bien attiquethinsp on attendrait Ἀμφίερος qui nrsquoest nullement attesteacute

La solution qui consisterait agrave y voir une forme courte pour Ἀμφιάραοςthinsp86 se heurte au fait que cette forme du heacuteronyme nrsquoest attesteacutee comme anthropo-nyme qursquoagrave partir du Ier siegravecle de notre egraverethinsp87 Il est alors preacutefeacuterable drsquoy voir un deuxiegraveme exemple de composeacute agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- non eacutelideacute comme dans le cas de Ἀμφιάρηος devant un second eacuteleacutement de forme -αρος ndash lrsquoana-logie de la seacutequence iathinsp de lrsquohypocoristique Ἀμφίας aurait pu contribuer au maintien de lrsquohiatus On aurait pu srsquoattendre agrave un second eacuteleacutement en -άρης-ήρης en lien avec notamment le substantif ἄρος (cf infra II sous Ἀμφάρης) mais -αρος qui est attesteacute par exemple dans le nom du magistrat moneacutetaire Εὔαρος agrave Eacutephegravese au Ve siegraveclethinsp88 peut srsquoexpliquer comme une forme de second membre court parallegravele agrave feacutem -αρώ (cf Κλειναρώ agrave Paros au IIe siegravecle avant J-C ou νεικα(ρ)ώ fille de Ἀρίστων agrave Thegravebes au IIeIIIe siegravecle de notre egravere) bacirctie agrave partir du radical ἀρ- soit de ἀρετή soit de ἄριστοςthinsp89 La derniegravere solution qui aurait consisteacute agrave y voir un deacuteriveacute comparable agrave Ἀμφί-ας au suf-fixe rare -αρος issu de la grammaticalisation de la formation hypocoristique susdite doit sans doute ecirctre eacutecarteacutee parce qursquoelle est plutocirct attendue dans le cas drsquoun sobriquet tel Βάτταρος fait sur Βάττοςthinsp90

En zone non ionienne-attique crsquoest en revanche ἱαρός qursquoil faut recon-naicirctre au second eacuteleacutement du nom nouveau de lrsquoArgien Γνοhίαρος que fait connaicirctre Ch Kritzas dans le mecircme volumethinsp91 composeacute agrave rection ver-

83 Sur le caractegravere cependant dialectalement stratifieacute du myceacutenien voir deacutejagrave supra n 7084 LGPN II Polemon 4 (1949) p 33 ndeg 32 et V Bardani-G Papadopoulou-V Petrakos

Συμπλήρωμα τῶν ἐπιτυμβίων μνημείων τῆς Ἀττικῆς Athegravenes 2006 ndeg 152985 Pour Ἀγχίαρος cf Y Kalliontzis BCH 131 (2007) [2009] p 495-496thinsp pour Καλλίαρος

vs Καλλίερος respectivement SGDI 1987 l 16 175 av J-C et 1867 l 10 177 av J-C86 Hypothegravese de J Traill Persons of Ancient Athens 2 p 100 ndeg 12513587 Deux Atheacuteniens LGPN II88 A Meadows-U Wartemberg (eacuted) Coin Hoards 9 Londres 2002 p 102 ndeg 189 Κλειναρώ IG XII (5) 186 18thinsp νεικα[ρ]ώ IG VII 2681 et cf infra n 14390 Cf O Masson respectivement Philologus 110 (1966) p 256 et n 5 (= OGS I p 91) agrave

propos des noms Λεύκαρος et Λευκάριστος et Glotta 54 (1976) 94 et n 55 (= OGS I p 279)91 Crsquoest lrsquoanalyse de Ch Kritzas pour le nom de lrsquoArgien Γνοhίαρος qursquoil eacutetaie du rappro-

chement avec le nom Ἱερόγνωτος drsquoun Deacutelien IG IX (2) 135 23 IVe s

304 sophie minon

bale comme le nom Δεξίαρος attesteacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique pour deux Beacuteotiensthinsp92

Remarquons pour conclure cette partie que les deacuteveloppements eacutetymo-logiques ici exposeacutes conduisent agrave admettre que le i final de ἀμφι- nrsquoa pas plus eacuteteacute eacutelideacute dans le heacuteronyme Ἀμφιάρηος que dans le nom de lrsquoAtheacutenien Ἀμφίαρος et qursquoil ne lrsquoaurait eacuteteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne dans a-pi-ja-re agrave supposer que cette forme syllabique ait bien Ἀμφιάρης comme correspon-dant alphabeacutetique et cela en contradiction avec la regravegle veacuterifieacutee du moins pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique selon laquelle cette eacutelision eacutetait reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale Ἀμφιάρης serait le seul nom en Ἀμφι- ougrave une telle exception srsquoobserverait du myceacutenien au grec alphabeacutetiquethinsp93 Le teacutemoignage du myceacutenien laisse en effet supposer pour les preacutefixeacutes en ἀμφι-thinsp la conservation de lrsquohiatus devant h (a-pi-e-ke pour ἀμφι- + hέχει ou hῆκε)thinsp la dieacuteregravese devant ancienne laryngalethinsp94 sauf en morphologie ver-bale ougrave lrsquoeacutelision est pratiqueacutee (a-pe-e-ke pour ἀμφ- ou ἀπ- + augment ἔ + hεχε ou hηκε) Notons toutefois que lrsquoeacutelision pourrait avoir coexisteacute comme variante degraves le myceacutenien si lrsquoon postulait lrsquoeacutequivalence entre a-pa-re-[uthinsp] et dor ἈμφᾱρηςἈμφᾱρεύςthinsp mais la seacutequence syllabique est seulement inter-preacuteteacutee comme correspondant agrave Ἀφᾰρεύς voire agrave Ἁρπαλεύςthinsp95

Il nrsquoest pas sucircr en revanche que Ἀμφαρίδας et Ἀμφιαρίδας preacutesenteacutes comme exemple de doublet dans lrsquointroductionthinsp96 teacutemoignent de la mecircme variation agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp le second nom pourrait fort bien deacuteriver du nom Ἀμφ-ίαρος et ecirctre par conseacutequent sans relation avec le premier sur lequel nous reviendrons agrave lrsquooccasion de lrsquoeacutetude du nom Ἀμφάρης

92 LGPN IIIBthinsp Coroneacutee 182 av J-C Syll3 585 l 210 et Orchomegravene IIIeIIe s A Wilhelm Neue Beitr 4 p 10 ndeg 1 l 12-13 pegravere notamment drsquoun Ἱαροκλῆς

93 Les deux seuls autres exemples syllabiques possibles drsquoanthroponymes en Ἀμφι- avec dieacute-regravese devant un second eacuteleacutement agrave laryngale initiale eacutetymologique ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() et a-pi-je-ta ne preacutesentent pas de correspondant en grec alphabeacutetique Pour ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() KN B 812a qursquoon pose une eacutequivalence avec Ἀμφιάγορος Ἀμφίαγρος ou Ἀμφίακρος on srsquoattendrait agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique agrave ce que le premier eacuteleacutement agrave -i final soit eacutelideacute comme crsquoest toujours le cas devant le second eacuteleacutement en -αγορ--ηγορ-thinsp et si Πολίαγρος (LGPN I et II) conserve son i devant -αγρος crsquoest pour eacuteviter toute confusion avec le radical de πολύς Or Ἀμφάγορος Ἄμφαγρος et Ἄμφακρος ne sont pas davantage attesteacutes On aurait un autre exemple de dieacuteregravese si a-pi-je-ta PY An 6577 avait pour correspondant Ἀμφι-έρτας agrave comparer avec Λαέρτης Ὀρσέλαος avec le radical de ὄρνυμι voir A Leukart op cit sect 66 et F Bader Minos 10 (1969) p 50 Mais une autre interpreacutetation est possible qui expliquerait lrsquoabsence drsquoeacutelision de a-pi- en conformiteacute avec la regravegle mise en eacutevidence pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp Ἀμφιέτας en lien avec ἵημι (de yeH1) de preacutefeacuterence agrave Ἀμφιέρτας en lien cette fois avec ὄρομαι (de wer-) qui laisserait plutocirct attendre myc a-pi-we-ta

94 Outre a-pi-ja-re cf n 44 voir ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() note preacuteceacutedente95 F Aura Jorro DicMic sv96 Lrsquohypothegravese drsquoune variation drsquoordre phoneacutetique propre au beacuteotien dont teacutemoignerait la

graphie Ἀμφαρίδας vs Ἀμφιαρίδας doit ecirctre eacutecarteacutee cf n 37

305ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Il reste alors pour justifier ce qui ne constitue en deacutefinitive une exception que pour cette eacutepoque agrave invoquer une contrainte drsquoordre prosodique telle que la preacutefeacuterence pour la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφιαρ- qui peut srsquoecirctre conjugueacutee agrave la reacutepugnance agrave constituer une seacutequence gra-phique Ἀμφαρ- qui eacutetait eacutetymologiquement ambigueuml en dehors de lrsquoionien et de lrsquoattique puisqursquoelle pouvait paraicirctre proceacuteder aussi bien de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω au second eacuteleacute-mentthinsp97 que de Ἀμφ- eacutelideacute + -αρ- du radical de Ἄρης ἄρος ou ἀραρίσκω Crsquoest preacuteciseacutement en ces termes que se pose la question de lrsquoeacutetymologie du nom de lrsquoeacutephore spartiate meurtrier drsquoAgis Ἀμφάρης

IIenspἈμφάρης et la polyseacutemie du radical ἀρ-

Ἀμφ-άρηςἈμφ-ήρηςLe nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφάρης que mentionne Plutarque a eacuteteacute

porteacute par un Atheacutenien (agrave la formule onomastique partiellement doriseacutee) et par un Phocidien qui veacutecurent tous deux au IVe siegraveclethinsp98 Dans lrsquohypothegravese ougrave le a meacutedian aurait eacuteteacute allongeacute en composition et le premier eacuteleacutement Ἀμφι- eacutelideacute comme on lrsquoattend conformeacutement agrave la regravegle phoneacutetique deacutejagrave invoqueacutee Ἀμφᾱρης pourrait alors eacuteventuellement ecirctre rapprocheacute de Ἀμφήρης dont Platon fait lrsquoun des souverains de lrsquoAtlantide fils de Poseacuteidon et de Kleitocirc agrave moins que le second membre de ce nom nrsquoait comporteacute un e eacutetymologique et ne soit plutocirct en lien avec ἐρέττωthinsp99 Lrsquoexistence parallegravele des suffixeacutes en -ίδᾱης Ἀμφηρε-ίδης et Ἀμφαρε-ίδας pourrait conforter le premier rappro-chementthinsp100 Bechtel part de ce principe puisqursquoil classe Ἀμφ-άρης agrave cocircteacute de Ξειν-ήρης et les rattache tous deux agrave ἄρος que fait connaicirctre la glose drsquoHeacutesy-

97 Voir P Chantraine DEacuteLG sv φέρω98 Voir Plut Agis 18 agrave 21 ougrave lrsquoacc est transmis sous la forme Ἀμφάρην par confusion

banale agrave cette eacutepoque entre sigmatiques et masculins en -athinsps (gt -ης)thinsp pour lrsquoAtheacutenien du IVe s cf infra n 153 et pour le Phocidien contemporain CID 2 ndeg 31 l 7 (geacuten Ἀμφάρεος)

99 Platon Criti 114b et cf infra n 113100 Ἀμφηρείδης (Atheacutenien FD III (2) 23 l 19 1387 a C) et Ἀμφαρείδας (Kleitor IIIe s

LGPN IIIA) La forme -ίδης du suffixe du nom ancien Ἀμφηρίδης agrave Thasos et agrave Paros (LGPN I) laisse supposer qursquoil deacuterive plutocirct de Ἄμφηρις que de Ἀμφήρης comme le nom du Spartiate Κλεαρίδας (Thuc IV 132 3) deacuteriverait de son cocircteacute de Κλέαρις (Thasos IG XII (8) 280 l 13 VIeVe s) dont on notera cependant que le a meacutedian est ici de quantiteacute bregraveve Dans le cas des thegravemes sigmatiques on srsquoattend agrave ce que le suffixe -ίδης srsquoajoute au suffixe sigmatique drsquoougrave -ε(σ)-ίδης gt -είδηςthinsp et lrsquoexistence de nombreux composeacutes agrave second eacuteleacutement -μενίδης nrsquoest pas contradictoire puisqursquoils semblent avoir eacuteteacute bacirctis sur μένω plutocirct que deacuteriveacutes drsquoun second eacuteleacute-ment -μένης Dans le cas particulier des noms en κλῆς lrsquoargien par exemple preacutesente cependant -ηίδας dans le phratronyme Ὀϕελλοκληίδας ensuite moderniseacute en Ὀφεltλgtλοκλείδας cf IG IV 553 l 6 Ve s (-κλε ίδας) lrsquoineacutedit E 67 dateacute 330-300 (-κληίδας) et la proxeacutenie argienne drsquoun Thrace SEG 30 357 l 11 ca 300 (-κλείδας) Pour les modaliteacutes morphologiques et phoneacutetiques de la deacuterivation en -ίδας cf mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011

306 sophie minon

chius deacutejagrave citeacutee avec le sens positif de laquo providence raquothinsp101thinsp ils appartiendraient alors agrave la cateacutegorie des bahuvrīhi ou eacutepithegravetes de type possessifthinsp102 Drsquoun autre cocircteacute si le a meacutedian de Ἀμφάρης eacutetait effectivement long agrave la diffeacuterence de celui du heacuteronyme Ἀμφιάρηος le second eacuteleacutement -ᾱήρης pourrait tout aussi bien ecirctre analyseacute comme deacuteriveacute de la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo adapteacute agrave raquo ou laquo pourvu de raquo drsquoautant que le composeacute ἀμφήρης laquo ajusteacute des deux cocircteacutes raquo est attesteacute dans le lexique poeacutetiquethinsp103thinsp on aurait alors un composeacute agrave rection verbale dont la composition aurait eu lieu dans lrsquoadjec-tif avant son transfert dans lrsquoonomastique Les deux hypothegraveses pourraient du reste ne pas ecirctre incompatiblesthinsp lrsquoeacutetymologie du substantif ἄρος nrsquoest pas assureacutee mais le premier sens de la glose drsquoHeacutesychius (ἄρος ὄφελος) srsquoaccorderait assez bien avec la notion positive de conformiteacute et drsquoajuste-ment veacutehiculeacutee par la racine H2er- que lrsquoon trouve agrave lrsquoorigine notamment de ἀραρίσκω de ἀρείων et de ἄριστοςthinsp104

Ἀν(α)-φαρ- Ἀμ(φι)-φαρ-thinspIl ne serait en theacuteorie pas impossible drsquoavancer agrave ce stade une autre

hypothegravesethinsp celle que Ἀμφάρης ait pu proceacuteder en dehors du domaine ionien-attique soit de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope soit de Ἀμ(φι)-φαρ- avec haplologie devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω comme pourrait en teacutemoi-gner lrsquoadjectif correspondant que fait connaicirctre une glose drsquoHeacutesychius proba-blement issue de la contamination de trois autresthinsp ἀμφαρής περιορωμένη κατολιγωρουμένη καὶ γυμνός ἐπιφανήςthinsp105 Les adjectifs agrave second eacuteleacute-ment -φερής bien attesteacutes se rencontrent degraves Heacuterodote et Heacutesychius fait aussi connaicirctre ἀντιφαρές gloseacute ἐναντίον en face de ἀντιφερής que sup-pose lrsquohom ἀντιφερίζωthinsp106 Ni ἀν(α)φερής ni les formes sans haplologie ἀμφιφαρής et ἀμφιφερής ne sont cependant attesteacutes Nous aurons lrsquoocca-sion de veacuterifier la validiteacute de cette hypothegravese agrave propos du nom Ἀμφαρίον agrave la fin de la troisiegraveme partie

101 Bechtel HPN 193102 Voir eg E Risch Wortbildung p 166-170103 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης renvoie agrave Eur HF 243 (qualificatif de ξύλα) et agrave Ion

1128 (ἀμφήρεις σκηνάς)104 Cf infra n 111105 La glose est consideacutereacutee agrave plus drsquoun titre comme suspecte par Lattethinsp par exemple crsquoest

agrave lrsquoeacutevidence ἀφαρήςἄφαρος qui est agrave lrsquoorigine du sens γυμνός comme lrsquoavait deacutejagrave signaleacute Schmidt et Kuster avant lui Pour lrsquoeacutequivalence entre ἀν(α)φαρής et ἐπιφανής qui serait pos-sible agrave condition de donner aux deux adjectifs le sens de laquo manifeste eacuteclatant raquo voir Pind Neacutem 11 38 ougrave ἀναφέρω (ἀμφέροντ(ι)) est employeacute au sens de laquo produire au jour faire remon-ter agrave la lumiegravere raquo agrave propos de vertus resurgissant drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre Lrsquoideacutee drsquoindiffeacuterence et de meacutepris dont teacutemoigne lrsquoeacutequivalence avec περιορωμένη κατολιγορουμένη pourrait se com-prendre mieux quant agrave elle agrave partir de ἀμ(φι)φαρής au sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo drsquoougrave neacutegativement laquo indeacutecis sans opinion raquo

106 Cf infra n 158

307ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Le nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφ-άρηςCependant dans le cas du nom de lrsquoeacutephore spartiate le rapprochement

avec le nom Δαμάρης assez populaire agrave Sparte agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacute-nistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp107 et avec les noms anciens des Spartiates Μενάρης (μένει ὀξὺν Ἄρηα Il 12 836) et peut-ecirctre Κλεαρίδαςthinsp108 incite agrave mettre ici -άρης en relation soit avec ἀρή laquo ruine destruction raquo soit direc-tement avec le nom drsquoAregraves comme on tendait en revanche agrave lrsquoeacutecarter pour le heacuteronyme Ἀμφιάρηος Lrsquoexistence du nom Δημάρης porteacute par un Deacutelien et lrsquoabsence de Δημήρης de Μενήρης et de Κλέηρις dissuadent de plus de retenir lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement agrave voyelle longue initiale -ᾱήρης Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le contraste entre la poigneacutee drsquoanthroponymes composeacutes en -ήρης attesteacutes dans lrsquoensemble du monde grec dont lrsquoidentifi-cation avec le radical de ἀραρίσκω nrsquoest du reste probable que pour le seul Φρασιήρης et la vingtaine de composeacutes en -άρης dont plus de la moitieacute est attesteacutee en zone ionienne-attiquethinsp109 fait douter que ce dernier eacuteleacutement ait comporteacute une voyelle longue initiale ailleurs que dans la phraseacuteologie poeacute-tique et dans le calque Μενάρης

Du radical ἀρ- aux bases ἀρι- ἀρο- et ἀρήIl a donc principalement existeacute des composeacutes anthroponymiques agrave second

eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης ndash et de mecircme en -αρις -αρος et -αρώthinsp110 dans lesquels srsquoobserve la mecircme absence drsquoallongement de la voyelle de jonction que dans Ἀμφιάρηος en deacutepit mecircme de lrsquoeacutelision et cela en contradiction avec la loi drsquoallongement urgriechisch mise en eacutevidence par Wackernagel dont lrsquoapplication nrsquoest certes reacuteguliegravere que dans les composeacutes nominaux anciens de lrsquoeacutepoque alphabeacutetique comme cela a eacuteteacute exposeacute en preacuteambule Comme pour ἀμφαρίστερος il est probable que la conservation du a bref eacutetait destineacutee agrave laisser visible le lien eacutetymologique avec la famille de ἀραρίσκω ἀρείων ἀρι- ἄρος et celle de ἀρή Ἄρης vraisemblablement lrsquoune et lrsquoautre issues sinon de la mecircme base du moins de la mecircme racine H2er-thinsp111 en eacutevitant la confusion possible avec les autres -ήρηςthinsp112 comme

107 Le nom Δαμάρης a eacuteteacute porteacute par quatorze Spartiates par un Arcadien (LGPN IIIA) par un Deacutelien et deux Creacutetois (LGPN I) et un citoyen drsquoAmisos (LGPN VA)

108 Bechtel HPN 69 cf Heacuterodote VIII 131 VIe s et n 99 pour Κλεαρίδας et Κλέαρις109 Pour lrsquoorigine poeacutetique du composeacute Φρασι-ήρης cf supra n 6 Drsquoapregraves le site du

LGPN en ligne les autres composeacutes en -ήρης sontthinsp Εὐήρης Ξεινήρης Περιήρης et Πολυήρης tous attesteacutes agrave un seul exemplaire sauf le premier (5 individus) Pour -άρης voirthinsp Ἀμφ(ι)άρης Ἀνδράρης (zone ion-att) Δαημάρης (id) Δειξάρης Διάρης (id) Δρομάρης (id) Εὐάρης (id) Θεάρης Κλεάρης Λυκάρης (id) Μαχάρης (id) Μενάρης (id) Ξεν(Ϝ)άρης (id) Ξιφάρης (id) Πανάρης Παντάρης Ποδάρης Τιμάρης

110 Cf Κλέαρις n 100 et Εὔαρος et Κλειναρώ n 89111 Voir H Rix LIV2 sv H2er- (ἀραρώς) H2erH (Ἄρης) et H2erH3 (ἀρόω) et cf supra

n 56 pour lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour le nom drsquoAregraves par T Barnes112 Il nrsquoest pas sucircr que lrsquoadj hom ἐρίηρες laquo fidegraveles raquo (de wēr- cf hom ἦρα et Chantraine

DEacuteLG sv) ait geacuteneacutereacute des anthroponymes en dehors de lrsquoeacutepopeacutee ougrave le second membre de Διώρης

308 sophie minon

dans poeacutet ἀμφήρης laquo avec des rames de part et drsquoautre raquo (cf ἐρέττω)thinsp113 ou -ηρις (de ἔρις) comme dans poeacutet δύσηρις et lrsquoanthroponyme correspon-dant dont pourraient ecirctre rapprocheacutes le nom du Thasien Ἀμφηρίδης deacuteriveacute de Ἄμφηρις ainsi que lrsquoadjectif ἀμφήριστοςthinsp114

IIIenspἈμφαρίον Δαμαρίων et Θεαρίων

Lrsquoemploi anthroponymique du suffixe -ίωνLes analyses meneacutees jusqursquoici permettent-elles de deacutemecircler lrsquoorigine du

nom nouveau Ἀμφαρίονthinsp En lrsquoabsence de correspondant myceacutenien il res-sort des eacuteleacutements qui ont eacuteteacute deacutegageacutes pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique que si le premier eacuteleacutement eacutetait Ἀμφι- lrsquoeacutelision de sa voyelle finale eacutetait attendue devant -αρ- ndash ne serait-ce que pour eacuteviter lrsquohiatus iV dans deux syllabes successives sans que lrsquoallongement de la voyelle initiale du second eacuteleacute-ment ait neacutecessairement accompagneacute cette eacutelisionthinsp mais qursquoen pays dorien il serait theacuteoriquement possible que Ἀμφαρ- ait valu ion-att ἀναφερ- et soit un composeacute deacuteverbatif comme cela vient drsquoecirctre exposeacute pour le nom Ἀμφάρης La suffixation de notre anthroponyme est-elle alors compatible avec lrsquoune et lrsquoautre formationthinsp

-ίωνForce nous est de constater que la finale -ίων moins reacutepandue dans

lrsquoanthroponymie que le suffixe -ων lrsquoest encore moins parmi les composeacutesthinsp sur les 1060 noms diffeacuterents preacutesentant cette finale dans les six volumes du Lexicon of Greek Personal Names soit 3 de la totaliteacute des noms connus 7 seulement preacutesentent la forme pleine de composeacutes ndash ce sont geacuteneacuteralement des noms rares dont ne sont connus que 2 3 exemplaires mais qui tendent agrave se deacutevelopper au-delagrave de lrsquoeacutepoque classique contre une majoriteacute drsquohypo-coristiques et de sobriquetsthinsp115 Le deacutepouillement de lrsquoindex inverse du LGPN

et Περιήρης aurait cette origine cf Bechtel HPN 194 tandis que Risch Wortbildung p 79 le rapproche de la racine de ἀραρίσκω Lrsquoanalyse du nom de lrsquoArcadien Πολυ-ήρης (monnaie ineacute-dite du IIe s av J-C ZfN 9 [1882] p 266 ndeg 2) est de mecircme ambigueuml

113 La motivation du nom Εὐήρης de trois Thasiens aurait-elle eacuteteacute celle-lagravethinsp la deacutesignation de laquo bons rameurs raquothinsp Pour lrsquoadj poeacutetique ἀμφήρης cf eg Eur Cycl 15

114 Voir DGEsp sv δύσερις poeacutet δύσηρις et ἀμφήριστος et LGPN IIIB deux Thessaliens du nom de Δύσηρις au VIe et IVe s av J-Cthinsp pour Ἀμφηρίδης supra n 100

115 Sondage effectueacute agrave lrsquoaide de la base de donneacutees en ligne du site du LGPN Citons comme composeacutes suffixeacutes en -ίωνthinsp le rare et tardif Ἐπαγαθίων agrave cocircteacute de Παρμενίων qui bat au contraire tous les records dans cette cateacutegorie (197 individus) et dont lrsquoamplitude chronologique des attestations srsquoexplique agrave la fois par le renom du philosophe Parmeacutenide et par celui du lieute-nant Parmeacutenion drsquoAlexandrethinsp la lexicalisation de lrsquoadjectif composeacute ἐμπόριος fait plutocirct inter-preacuteter lrsquoancien Ἐμπορίων (eg LGPN II) comme un sobriquet Comme hypocoristiques on citera par exemple Πασίων (122 individus) forme abreacutegeacutee drsquoun composeacute du type Πασικράτης (60) et Ἐπαφρ-ίων (19) pour Ἐπαφρόδιτος (515)thinsp et comme sobriquets Διδυμίων ou Ἐλευθερίων qui sont lrsquoun et lrsquoautre drsquoeacutepoque impeacuteriale (LGPN passim)

309ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

IIIA (Peacuteloponnegravese Gregravece de lrsquoOuest Sicile et Grande-Gregravece) laisse identifier 40 composeacutes sur les 350 noms diffeacuterents agrave finale -ίων soit un rapport drsquoun peu plus de 11 thinsp un seul est attesteacute en Argolide occidentale preacuteciseacutement agrave Argos mais seulement agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp Ἁρποκρατίωνthinsp116

Le suffixe -ίων qui servait dans le lexique de suffixe de comparatif srsquoest drsquoabord introduit dans les sobriquets adjectivaux du type Αἰσχρίων (234 individus) Καλλίων (20) ou Κυδίων (2) avec sa valeur grammaticalethinsp notons toutefois que Γλυκίων qui est connu comme comparatif homeacuterique nrsquoest attesteacute qursquoagrave deux exemplaires contre plusieurs centaines drsquoexemples de Γλύκων dans lrsquoensemble du monde grecthinsp117 Dans les autres cas la suffixation est produite par lrsquoadjonction du suffixe banal -ων agrave un i- final extrait lui-mecircme drsquoun thegraveme en -ιο-thinsp118 ou plus souvent drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute verbal ou adjectival du type Ἀλεξικράτης (43 individus) drsquoougrave Ἀλεξίων (103) Il arrive plus rarement que le suffixe -ίων ainsi creacuteeacute apparaisse agrave la finale drsquoun composeacute comme le tregraves populaire Παρ-μεν-ίων composeacute pour lequel sont attesteacutees 26 autres formes de suffixations dont -ων tregraves repreacutesenteacute eacutegalement (136 individus)thinsp selon Bechtel crsquoest Πάρμενις qui a seacutecreacuteteacute Παρμενίδας Παρμενίτας Παρμενίων Παρμένισκος etcthinsp119 Il nrsquoy a pas drsquoexemple drsquohypocoristique qui conserve les seuls phonegravemes initiaux du second eacuteleacutement affecteacute de ce suffixe puisque Δαμοτί-ων forme courte de Δαμότιμος et son correspondant ionien-attique nrsquoont pas drsquoeacutequivalent en -των et sont par conseacutequent suffixeacutes en -ων et non en -ίων et qursquoil en va de mecircme pour tous les composeacutes agrave second eacuteleacutement -τίων

-ωνCependant le suffixe -ων nrsquoeacutetait guegravere plus couramment adjoint agrave un

nom composeacute Crsquoest surtout une suffixation de sobriquetsthinsp120 bien plus que drsquohypocoristiquesthinsp on ne citera que Δαμών-ων Ἀλκί-ν-ων et νικ-άρ-ων parmi ceux qui preacutesentent lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de composeacute preacuteser-veacuteethinsp pour les autres du type Ἀλέξων ou Τίμων lrsquoidentification comme hypocoristique ou comme sobriquet deacutepend de la perspective adopteacuteethinsp lrsquoexistence de composeacutes de type heacuteroiumlque avec parallegraveles dans drsquoautres lan-gues indo-europeacuteennes comportant ces premiers eacuteleacutements fera analyser ces

116 Ἁρποκρατίων IIe s apr J-C RE (2)117 Voir J-L Perpillou laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 (1974)

p 99-107118 Voir P Chantraine Formation p 165 pour un exemple lexical comme οὐρανίων fait

sur οὐράνιος drsquoougrave les anthroponymes οὐρανίων et Κρονίων et les nombreux anthroponymes de forme patronymique tels Ἑλλοπίων Ἀχαιίων Ἀρκαδίων Κωνωπίων etc recenseacutes par Bechtel HPN 548

119 Bechtel HPN 307120 P Chantraine Formation p 161 voir aussi O Masson laquo Notes drsquoanthroponymie grecque

et asianique raquo Beitrz Nam 10 (1959) p 162 (OGS I p 22) sur le rapport qui existe entre ce type de sobriquet et les adjectifs en -ύς cf Δάσων vs δασύς

310 sophie minon

anthroponymes comme des hypocoristiques ndash crsquoest lrsquoanalyse historique pra-tiqueacutee par Bechtel tandis qursquoen synchronie la flexion seulement (geacuten en -ωνος) les distingue de participes employeacutes comme sobriquetsthinsp121 Un son-dage opeacutereacute agrave partir du mecircme volume du LGPN fait apparaicirctre sur 1045 noms en -ων autour de 165 composeacutes clairement identifiables ndash comprenant les 40 composeacutes agrave finale -ίων soit un rapport de presque 16 agrave cocircteacute des 11 pour -ίων Parmi les 125 composeacutes distincts de ceux en -ίων 12 au plus sont attesteacutes agrave Argosthinsp122

-αρίωνOn exclura en tout cas que le suffixe soit ici lrsquoeacutequivalent masculin -αρίων

du neutre -άριον qui est employeacute pour former des sobriquets feacuteminins Comme lrsquoa expliqueacute O Masson les noms de femmes faits au moyen de ce suffixe de diminutif (cf παιδάριον ψυχάριον) commencent agrave apparaicirctre au IIIe siegravecle mais les noms drsquohomme correspondants sont propres agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et freacutequents en Eacutegypte et il rappelait que Bechtel avait montreacute que ces derniers avaient eacuteteacute refaits secondairement sur les diminutifsthinsp ainsi Γλυκαρίων et Ψυχαρίων agrave partir de γλυκάριον et ψυχάριον toutes forma-tions deacuteriveacutees de noms ou drsquoadjectifsthinsp123 Le suffixe -αρίων a pu ecirctre ensuite employeacute librement dans lrsquoanthroponymie sans qursquoil existe neacutecessairement de diminutif associeacute comme on lrsquoobserve pour le nom Τυχαρίων porteacute par deux Atheacuteniens de lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp124

Δαμαρίων et ΔαμάρηςCh Kritzas propose comme parallegraveles agrave lrsquoappui de son analyse Ἀμφ-

αρ-ίον du nouveau nom argien les noms Δαμαρίων et Θεαρίωνthinsp125 Le pre-mier nrsquoest pas attesteacute avant le IIIe siegravecle et a eacuteteacute donneacute surtout agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et en zone ionienne-attiquethinsp les volumes du LGPN reacutepertorient 25 individus ainsi deacutenommeacutesthinsp126

121 Voir sur cette question de typologie I Hartmann laquo lsquoWhat namethinsp What parentagersquo The classification of Greek names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann-A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 (2002) p 55-81

122 Voir LGPN IIIAthinsp Ἰπομέδο ν (SEG 11 336 l 5 ca 575-550)thinsp Ἀλκίφρων (Thuc V 59 5 418 av J-C)thinsp Ὀχίπον (IG IV 552 Ve s)thinsp Εὐέλθων (Iamb VP 267 [FVS I p 447] VeIVe s)thinsp Ξενοφάων (CID 2 75 II l 43 336334)thinsp Ἀριστόφρων (SEG 13 243 316 av J-C)thinsp Βουκολέων (CEG II 816 l 12 303 av J-C)thinsp Ἀριστομέδων (ineacuted publ Ch Kritzas IVeIIIe s)thinsp Λυκόφρων (SEG 42 279 l 6 IIe s)thinsp Δαμοφῶν (ineacuted IIe s)thinsp Εὔφρων (Syringes 44 IIeIer s) et Παρμένων (origine argienne incertaine Bernand El-Kanaiumls 79 Ier s)

123 Voir O Masson laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 (1984) p 157 (OGS II p 443)

124 LGPN II IG II2 2089 l 33 et 2113 l 204 IIe s apr J-C125 Lettre du 20 novembre 2010126 La plus ancienne attestation de ce nom est celle drsquoun Creacutetois et date de 2232 (Milet I

(3) 38g 7)thinsp un Parien homonyme est connu agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale (IG XII (5) 173 V) En dehors de lrsquoexemple drsquoun individu dont lrsquoorigine atheacutenienne est incertaine agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale les

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

303ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

e-r(V) fait exclure que le vocalisme a puisse avoir eacuteteacute mecircme sporadiquement repreacutesenteacutethinsp83

ἈμφίαροςLrsquoanthroponyme hapax dont il vient drsquoecirctre question Ἀμφίαρος figure

agrave cocircteacute de Παμφίλη de Ἀμφίλοχος et de Ἀμφίας sur un loutrophoros du IVe siegravecle a C trouveacute agrave Athegravenesthinsp84 La segmentation Ἀμφ-ίαρος qui ferait identifier le second eacuteleacutement de ce composeacute comme le radical agrave vocalisme non ionien-attique de ἱερός cf eg Ἀγχ-ίαρος agrave Thespies et Cheacuteroneacutee ou Καλλ-ίαρος vs Καλλ-ίερος agrave Delphesthinsp85 est probablement agrave exclure agrave cause de lrsquoassociation avec le nom feacuteminin agrave finale -η quant agrave lui bien attiquethinsp on attendrait Ἀμφίερος qui nrsquoest nullement attesteacute

La solution qui consisterait agrave y voir une forme courte pour Ἀμφιάραοςthinsp86 se heurte au fait que cette forme du heacuteronyme nrsquoest attesteacutee comme anthropo-nyme qursquoagrave partir du Ier siegravecle de notre egraverethinsp87 Il est alors preacutefeacuterable drsquoy voir un deuxiegraveme exemple de composeacute agrave premier eacuteleacutement Ἀμφι- non eacutelideacute comme dans le cas de Ἀμφιάρηος devant un second eacuteleacutement de forme -αρος ndash lrsquoana-logie de la seacutequence iathinsp de lrsquohypocoristique Ἀμφίας aurait pu contribuer au maintien de lrsquohiatus On aurait pu srsquoattendre agrave un second eacuteleacutement en -άρης-ήρης en lien avec notamment le substantif ἄρος (cf infra II sous Ἀμφάρης) mais -αρος qui est attesteacute par exemple dans le nom du magistrat moneacutetaire Εὔαρος agrave Eacutephegravese au Ve siegraveclethinsp88 peut srsquoexpliquer comme une forme de second membre court parallegravele agrave feacutem -αρώ (cf Κλειναρώ agrave Paros au IIe siegravecle avant J-C ou νεικα(ρ)ώ fille de Ἀρίστων agrave Thegravebes au IIeIIIe siegravecle de notre egravere) bacirctie agrave partir du radical ἀρ- soit de ἀρετή soit de ἄριστοςthinsp89 La derniegravere solution qui aurait consisteacute agrave y voir un deacuteriveacute comparable agrave Ἀμφί-ας au suf-fixe rare -αρος issu de la grammaticalisation de la formation hypocoristique susdite doit sans doute ecirctre eacutecarteacutee parce qursquoelle est plutocirct attendue dans le cas drsquoun sobriquet tel Βάτταρος fait sur Βάττοςthinsp90

En zone non ionienne-attique crsquoest en revanche ἱαρός qursquoil faut recon-naicirctre au second eacuteleacutement du nom nouveau de lrsquoArgien Γνοhίαρος que fait connaicirctre Ch Kritzas dans le mecircme volumethinsp91 composeacute agrave rection ver-

83 Sur le caractegravere cependant dialectalement stratifieacute du myceacutenien voir deacutejagrave supra n 7084 LGPN II Polemon 4 (1949) p 33 ndeg 32 et V Bardani-G Papadopoulou-V Petrakos

Συμπλήρωμα τῶν ἐπιτυμβίων μνημείων τῆς Ἀττικῆς Athegravenes 2006 ndeg 152985 Pour Ἀγχίαρος cf Y Kalliontzis BCH 131 (2007) [2009] p 495-496thinsp pour Καλλίαρος

vs Καλλίερος respectivement SGDI 1987 l 16 175 av J-C et 1867 l 10 177 av J-C86 Hypothegravese de J Traill Persons of Ancient Athens 2 p 100 ndeg 12513587 Deux Atheacuteniens LGPN II88 A Meadows-U Wartemberg (eacuted) Coin Hoards 9 Londres 2002 p 102 ndeg 189 Κλειναρώ IG XII (5) 186 18thinsp νεικα[ρ]ώ IG VII 2681 et cf infra n 14390 Cf O Masson respectivement Philologus 110 (1966) p 256 et n 5 (= OGS I p 91) agrave

propos des noms Λεύκαρος et Λευκάριστος et Glotta 54 (1976) 94 et n 55 (= OGS I p 279)91 Crsquoest lrsquoanalyse de Ch Kritzas pour le nom de lrsquoArgien Γνοhίαρος qursquoil eacutetaie du rappro-

chement avec le nom Ἱερόγνωτος drsquoun Deacutelien IG IX (2) 135 23 IVe s

304 sophie minon

bale comme le nom Δεξίαρος attesteacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique pour deux Beacuteotiensthinsp92

Remarquons pour conclure cette partie que les deacuteveloppements eacutetymo-logiques ici exposeacutes conduisent agrave admettre que le i final de ἀμφι- nrsquoa pas plus eacuteteacute eacutelideacute dans le heacuteronyme Ἀμφιάρηος que dans le nom de lrsquoAtheacutenien Ἀμφίαρος et qursquoil ne lrsquoaurait eacuteteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne dans a-pi-ja-re agrave supposer que cette forme syllabique ait bien Ἀμφιάρης comme correspon-dant alphabeacutetique et cela en contradiction avec la regravegle veacuterifieacutee du moins pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique selon laquelle cette eacutelision eacutetait reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale Ἀμφιάρης serait le seul nom en Ἀμφι- ougrave une telle exception srsquoobserverait du myceacutenien au grec alphabeacutetiquethinsp93 Le teacutemoignage du myceacutenien laisse en effet supposer pour les preacutefixeacutes en ἀμφι-thinsp la conservation de lrsquohiatus devant h (a-pi-e-ke pour ἀμφι- + hέχει ou hῆκε)thinsp la dieacuteregravese devant ancienne laryngalethinsp94 sauf en morphologie ver-bale ougrave lrsquoeacutelision est pratiqueacutee (a-pe-e-ke pour ἀμφ- ou ἀπ- + augment ἔ + hεχε ou hηκε) Notons toutefois que lrsquoeacutelision pourrait avoir coexisteacute comme variante degraves le myceacutenien si lrsquoon postulait lrsquoeacutequivalence entre a-pa-re-[uthinsp] et dor ἈμφᾱρηςἈμφᾱρεύςthinsp mais la seacutequence syllabique est seulement inter-preacuteteacutee comme correspondant agrave Ἀφᾰρεύς voire agrave Ἁρπαλεύςthinsp95

Il nrsquoest pas sucircr en revanche que Ἀμφαρίδας et Ἀμφιαρίδας preacutesenteacutes comme exemple de doublet dans lrsquointroductionthinsp96 teacutemoignent de la mecircme variation agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp le second nom pourrait fort bien deacuteriver du nom Ἀμφ-ίαρος et ecirctre par conseacutequent sans relation avec le premier sur lequel nous reviendrons agrave lrsquooccasion de lrsquoeacutetude du nom Ἀμφάρης

92 LGPN IIIBthinsp Coroneacutee 182 av J-C Syll3 585 l 210 et Orchomegravene IIIeIIe s A Wilhelm Neue Beitr 4 p 10 ndeg 1 l 12-13 pegravere notamment drsquoun Ἱαροκλῆς

93 Les deux seuls autres exemples syllabiques possibles drsquoanthroponymes en Ἀμφι- avec dieacute-regravese devant un second eacuteleacutement agrave laryngale initiale eacutetymologique ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() et a-pi-je-ta ne preacutesentent pas de correspondant en grec alphabeacutetique Pour ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() KN B 812a qursquoon pose une eacutequivalence avec Ἀμφιάγορος Ἀμφίαγρος ou Ἀμφίακρος on srsquoattendrait agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique agrave ce que le premier eacuteleacutement agrave -i final soit eacutelideacute comme crsquoest toujours le cas devant le second eacuteleacutement en -αγορ--ηγορ-thinsp et si Πολίαγρος (LGPN I et II) conserve son i devant -αγρος crsquoest pour eacuteviter toute confusion avec le radical de πολύς Or Ἀμφάγορος Ἄμφαγρος et Ἄμφακρος ne sont pas davantage attesteacutes On aurait un autre exemple de dieacuteregravese si a-pi-je-ta PY An 6577 avait pour correspondant Ἀμφι-έρτας agrave comparer avec Λαέρτης Ὀρσέλαος avec le radical de ὄρνυμι voir A Leukart op cit sect 66 et F Bader Minos 10 (1969) p 50 Mais une autre interpreacutetation est possible qui expliquerait lrsquoabsence drsquoeacutelision de a-pi- en conformiteacute avec la regravegle mise en eacutevidence pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp Ἀμφιέτας en lien avec ἵημι (de yeH1) de preacutefeacuterence agrave Ἀμφιέρτας en lien cette fois avec ὄρομαι (de wer-) qui laisserait plutocirct attendre myc a-pi-we-ta

94 Outre a-pi-ja-re cf n 44 voir ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() note preacuteceacutedente95 F Aura Jorro DicMic sv96 Lrsquohypothegravese drsquoune variation drsquoordre phoneacutetique propre au beacuteotien dont teacutemoignerait la

graphie Ἀμφαρίδας vs Ἀμφιαρίδας doit ecirctre eacutecarteacutee cf n 37

305ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Il reste alors pour justifier ce qui ne constitue en deacutefinitive une exception que pour cette eacutepoque agrave invoquer une contrainte drsquoordre prosodique telle que la preacutefeacuterence pour la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφιαρ- qui peut srsquoecirctre conjugueacutee agrave la reacutepugnance agrave constituer une seacutequence gra-phique Ἀμφαρ- qui eacutetait eacutetymologiquement ambigueuml en dehors de lrsquoionien et de lrsquoattique puisqursquoelle pouvait paraicirctre proceacuteder aussi bien de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω au second eacuteleacute-mentthinsp97 que de Ἀμφ- eacutelideacute + -αρ- du radical de Ἄρης ἄρος ou ἀραρίσκω Crsquoest preacuteciseacutement en ces termes que se pose la question de lrsquoeacutetymologie du nom de lrsquoeacutephore spartiate meurtrier drsquoAgis Ἀμφάρης

IIenspἈμφάρης et la polyseacutemie du radical ἀρ-

Ἀμφ-άρηςἈμφ-ήρηςLe nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφάρης que mentionne Plutarque a eacuteteacute

porteacute par un Atheacutenien (agrave la formule onomastique partiellement doriseacutee) et par un Phocidien qui veacutecurent tous deux au IVe siegraveclethinsp98 Dans lrsquohypothegravese ougrave le a meacutedian aurait eacuteteacute allongeacute en composition et le premier eacuteleacutement Ἀμφι- eacutelideacute comme on lrsquoattend conformeacutement agrave la regravegle phoneacutetique deacutejagrave invoqueacutee Ἀμφᾱρης pourrait alors eacuteventuellement ecirctre rapprocheacute de Ἀμφήρης dont Platon fait lrsquoun des souverains de lrsquoAtlantide fils de Poseacuteidon et de Kleitocirc agrave moins que le second membre de ce nom nrsquoait comporteacute un e eacutetymologique et ne soit plutocirct en lien avec ἐρέττωthinsp99 Lrsquoexistence parallegravele des suffixeacutes en -ίδᾱης Ἀμφηρε-ίδης et Ἀμφαρε-ίδας pourrait conforter le premier rappro-chementthinsp100 Bechtel part de ce principe puisqursquoil classe Ἀμφ-άρης agrave cocircteacute de Ξειν-ήρης et les rattache tous deux agrave ἄρος que fait connaicirctre la glose drsquoHeacutesy-

97 Voir P Chantraine DEacuteLG sv φέρω98 Voir Plut Agis 18 agrave 21 ougrave lrsquoacc est transmis sous la forme Ἀμφάρην par confusion

banale agrave cette eacutepoque entre sigmatiques et masculins en -athinsps (gt -ης)thinsp pour lrsquoAtheacutenien du IVe s cf infra n 153 et pour le Phocidien contemporain CID 2 ndeg 31 l 7 (geacuten Ἀμφάρεος)

99 Platon Criti 114b et cf infra n 113100 Ἀμφηρείδης (Atheacutenien FD III (2) 23 l 19 1387 a C) et Ἀμφαρείδας (Kleitor IIIe s

LGPN IIIA) La forme -ίδης du suffixe du nom ancien Ἀμφηρίδης agrave Thasos et agrave Paros (LGPN I) laisse supposer qursquoil deacuterive plutocirct de Ἄμφηρις que de Ἀμφήρης comme le nom du Spartiate Κλεαρίδας (Thuc IV 132 3) deacuteriverait de son cocircteacute de Κλέαρις (Thasos IG XII (8) 280 l 13 VIeVe s) dont on notera cependant que le a meacutedian est ici de quantiteacute bregraveve Dans le cas des thegravemes sigmatiques on srsquoattend agrave ce que le suffixe -ίδης srsquoajoute au suffixe sigmatique drsquoougrave -ε(σ)-ίδης gt -είδηςthinsp et lrsquoexistence de nombreux composeacutes agrave second eacuteleacutement -μενίδης nrsquoest pas contradictoire puisqursquoils semblent avoir eacuteteacute bacirctis sur μένω plutocirct que deacuteriveacutes drsquoun second eacuteleacute-ment -μένης Dans le cas particulier des noms en κλῆς lrsquoargien par exemple preacutesente cependant -ηίδας dans le phratronyme Ὀϕελλοκληίδας ensuite moderniseacute en Ὀφεltλgtλοκλείδας cf IG IV 553 l 6 Ve s (-κλε ίδας) lrsquoineacutedit E 67 dateacute 330-300 (-κληίδας) et la proxeacutenie argienne drsquoun Thrace SEG 30 357 l 11 ca 300 (-κλείδας) Pour les modaliteacutes morphologiques et phoneacutetiques de la deacuterivation en -ίδας cf mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011

306 sophie minon

chius deacutejagrave citeacutee avec le sens positif de laquo providence raquothinsp101thinsp ils appartiendraient alors agrave la cateacutegorie des bahuvrīhi ou eacutepithegravetes de type possessifthinsp102 Drsquoun autre cocircteacute si le a meacutedian de Ἀμφάρης eacutetait effectivement long agrave la diffeacuterence de celui du heacuteronyme Ἀμφιάρηος le second eacuteleacutement -ᾱήρης pourrait tout aussi bien ecirctre analyseacute comme deacuteriveacute de la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo adapteacute agrave raquo ou laquo pourvu de raquo drsquoautant que le composeacute ἀμφήρης laquo ajusteacute des deux cocircteacutes raquo est attesteacute dans le lexique poeacutetiquethinsp103thinsp on aurait alors un composeacute agrave rection verbale dont la composition aurait eu lieu dans lrsquoadjec-tif avant son transfert dans lrsquoonomastique Les deux hypothegraveses pourraient du reste ne pas ecirctre incompatiblesthinsp lrsquoeacutetymologie du substantif ἄρος nrsquoest pas assureacutee mais le premier sens de la glose drsquoHeacutesychius (ἄρος ὄφελος) srsquoaccorderait assez bien avec la notion positive de conformiteacute et drsquoajuste-ment veacutehiculeacutee par la racine H2er- que lrsquoon trouve agrave lrsquoorigine notamment de ἀραρίσκω de ἀρείων et de ἄριστοςthinsp104

Ἀν(α)-φαρ- Ἀμ(φι)-φαρ-thinspIl ne serait en theacuteorie pas impossible drsquoavancer agrave ce stade une autre

hypothegravesethinsp celle que Ἀμφάρης ait pu proceacuteder en dehors du domaine ionien-attique soit de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope soit de Ἀμ(φι)-φαρ- avec haplologie devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω comme pourrait en teacutemoi-gner lrsquoadjectif correspondant que fait connaicirctre une glose drsquoHeacutesychius proba-blement issue de la contamination de trois autresthinsp ἀμφαρής περιορωμένη κατολιγωρουμένη καὶ γυμνός ἐπιφανήςthinsp105 Les adjectifs agrave second eacuteleacute-ment -φερής bien attesteacutes se rencontrent degraves Heacuterodote et Heacutesychius fait aussi connaicirctre ἀντιφαρές gloseacute ἐναντίον en face de ἀντιφερής que sup-pose lrsquohom ἀντιφερίζωthinsp106 Ni ἀν(α)φερής ni les formes sans haplologie ἀμφιφαρής et ἀμφιφερής ne sont cependant attesteacutes Nous aurons lrsquoocca-sion de veacuterifier la validiteacute de cette hypothegravese agrave propos du nom Ἀμφαρίον agrave la fin de la troisiegraveme partie

101 Bechtel HPN 193102 Voir eg E Risch Wortbildung p 166-170103 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης renvoie agrave Eur HF 243 (qualificatif de ξύλα) et agrave Ion

1128 (ἀμφήρεις σκηνάς)104 Cf infra n 111105 La glose est consideacutereacutee agrave plus drsquoun titre comme suspecte par Lattethinsp par exemple crsquoest

agrave lrsquoeacutevidence ἀφαρήςἄφαρος qui est agrave lrsquoorigine du sens γυμνός comme lrsquoavait deacutejagrave signaleacute Schmidt et Kuster avant lui Pour lrsquoeacutequivalence entre ἀν(α)φαρής et ἐπιφανής qui serait pos-sible agrave condition de donner aux deux adjectifs le sens de laquo manifeste eacuteclatant raquo voir Pind Neacutem 11 38 ougrave ἀναφέρω (ἀμφέροντ(ι)) est employeacute au sens de laquo produire au jour faire remon-ter agrave la lumiegravere raquo agrave propos de vertus resurgissant drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre Lrsquoideacutee drsquoindiffeacuterence et de meacutepris dont teacutemoigne lrsquoeacutequivalence avec περιορωμένη κατολιγορουμένη pourrait se com-prendre mieux quant agrave elle agrave partir de ἀμ(φι)φαρής au sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo drsquoougrave neacutegativement laquo indeacutecis sans opinion raquo

106 Cf infra n 158

307ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Le nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφ-άρηςCependant dans le cas du nom de lrsquoeacutephore spartiate le rapprochement

avec le nom Δαμάρης assez populaire agrave Sparte agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacute-nistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp107 et avec les noms anciens des Spartiates Μενάρης (μένει ὀξὺν Ἄρηα Il 12 836) et peut-ecirctre Κλεαρίδαςthinsp108 incite agrave mettre ici -άρης en relation soit avec ἀρή laquo ruine destruction raquo soit direc-tement avec le nom drsquoAregraves comme on tendait en revanche agrave lrsquoeacutecarter pour le heacuteronyme Ἀμφιάρηος Lrsquoexistence du nom Δημάρης porteacute par un Deacutelien et lrsquoabsence de Δημήρης de Μενήρης et de Κλέηρις dissuadent de plus de retenir lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement agrave voyelle longue initiale -ᾱήρης Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le contraste entre la poigneacutee drsquoanthroponymes composeacutes en -ήρης attesteacutes dans lrsquoensemble du monde grec dont lrsquoidentifi-cation avec le radical de ἀραρίσκω nrsquoest du reste probable que pour le seul Φρασιήρης et la vingtaine de composeacutes en -άρης dont plus de la moitieacute est attesteacutee en zone ionienne-attiquethinsp109 fait douter que ce dernier eacuteleacutement ait comporteacute une voyelle longue initiale ailleurs que dans la phraseacuteologie poeacute-tique et dans le calque Μενάρης

Du radical ἀρ- aux bases ἀρι- ἀρο- et ἀρήIl a donc principalement existeacute des composeacutes anthroponymiques agrave second

eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης ndash et de mecircme en -αρις -αρος et -αρώthinsp110 dans lesquels srsquoobserve la mecircme absence drsquoallongement de la voyelle de jonction que dans Ἀμφιάρηος en deacutepit mecircme de lrsquoeacutelision et cela en contradiction avec la loi drsquoallongement urgriechisch mise en eacutevidence par Wackernagel dont lrsquoapplication nrsquoest certes reacuteguliegravere que dans les composeacutes nominaux anciens de lrsquoeacutepoque alphabeacutetique comme cela a eacuteteacute exposeacute en preacuteambule Comme pour ἀμφαρίστερος il est probable que la conservation du a bref eacutetait destineacutee agrave laisser visible le lien eacutetymologique avec la famille de ἀραρίσκω ἀρείων ἀρι- ἄρος et celle de ἀρή Ἄρης vraisemblablement lrsquoune et lrsquoautre issues sinon de la mecircme base du moins de la mecircme racine H2er-thinsp111 en eacutevitant la confusion possible avec les autres -ήρηςthinsp112 comme

107 Le nom Δαμάρης a eacuteteacute porteacute par quatorze Spartiates par un Arcadien (LGPN IIIA) par un Deacutelien et deux Creacutetois (LGPN I) et un citoyen drsquoAmisos (LGPN VA)

108 Bechtel HPN 69 cf Heacuterodote VIII 131 VIe s et n 99 pour Κλεαρίδας et Κλέαρις109 Pour lrsquoorigine poeacutetique du composeacute Φρασι-ήρης cf supra n 6 Drsquoapregraves le site du

LGPN en ligne les autres composeacutes en -ήρης sontthinsp Εὐήρης Ξεινήρης Περιήρης et Πολυήρης tous attesteacutes agrave un seul exemplaire sauf le premier (5 individus) Pour -άρης voirthinsp Ἀμφ(ι)άρης Ἀνδράρης (zone ion-att) Δαημάρης (id) Δειξάρης Διάρης (id) Δρομάρης (id) Εὐάρης (id) Θεάρης Κλεάρης Λυκάρης (id) Μαχάρης (id) Μενάρης (id) Ξεν(Ϝ)άρης (id) Ξιφάρης (id) Πανάρης Παντάρης Ποδάρης Τιμάρης

110 Cf Κλέαρις n 100 et Εὔαρος et Κλειναρώ n 89111 Voir H Rix LIV2 sv H2er- (ἀραρώς) H2erH (Ἄρης) et H2erH3 (ἀρόω) et cf supra

n 56 pour lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour le nom drsquoAregraves par T Barnes112 Il nrsquoest pas sucircr que lrsquoadj hom ἐρίηρες laquo fidegraveles raquo (de wēr- cf hom ἦρα et Chantraine

DEacuteLG sv) ait geacuteneacutereacute des anthroponymes en dehors de lrsquoeacutepopeacutee ougrave le second membre de Διώρης

308 sophie minon

dans poeacutet ἀμφήρης laquo avec des rames de part et drsquoautre raquo (cf ἐρέττω)thinsp113 ou -ηρις (de ἔρις) comme dans poeacutet δύσηρις et lrsquoanthroponyme correspon-dant dont pourraient ecirctre rapprocheacutes le nom du Thasien Ἀμφηρίδης deacuteriveacute de Ἄμφηρις ainsi que lrsquoadjectif ἀμφήριστοςthinsp114

IIIenspἈμφαρίον Δαμαρίων et Θεαρίων

Lrsquoemploi anthroponymique du suffixe -ίωνLes analyses meneacutees jusqursquoici permettent-elles de deacutemecircler lrsquoorigine du

nom nouveau Ἀμφαρίονthinsp En lrsquoabsence de correspondant myceacutenien il res-sort des eacuteleacutements qui ont eacuteteacute deacutegageacutes pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique que si le premier eacuteleacutement eacutetait Ἀμφι- lrsquoeacutelision de sa voyelle finale eacutetait attendue devant -αρ- ndash ne serait-ce que pour eacuteviter lrsquohiatus iV dans deux syllabes successives sans que lrsquoallongement de la voyelle initiale du second eacuteleacute-ment ait neacutecessairement accompagneacute cette eacutelisionthinsp mais qursquoen pays dorien il serait theacuteoriquement possible que Ἀμφαρ- ait valu ion-att ἀναφερ- et soit un composeacute deacuteverbatif comme cela vient drsquoecirctre exposeacute pour le nom Ἀμφάρης La suffixation de notre anthroponyme est-elle alors compatible avec lrsquoune et lrsquoautre formationthinsp

-ίωνForce nous est de constater que la finale -ίων moins reacutepandue dans

lrsquoanthroponymie que le suffixe -ων lrsquoest encore moins parmi les composeacutesthinsp sur les 1060 noms diffeacuterents preacutesentant cette finale dans les six volumes du Lexicon of Greek Personal Names soit 3 de la totaliteacute des noms connus 7 seulement preacutesentent la forme pleine de composeacutes ndash ce sont geacuteneacuteralement des noms rares dont ne sont connus que 2 3 exemplaires mais qui tendent agrave se deacutevelopper au-delagrave de lrsquoeacutepoque classique contre une majoriteacute drsquohypo-coristiques et de sobriquetsthinsp115 Le deacutepouillement de lrsquoindex inverse du LGPN

et Περιήρης aurait cette origine cf Bechtel HPN 194 tandis que Risch Wortbildung p 79 le rapproche de la racine de ἀραρίσκω Lrsquoanalyse du nom de lrsquoArcadien Πολυ-ήρης (monnaie ineacute-dite du IIe s av J-C ZfN 9 [1882] p 266 ndeg 2) est de mecircme ambigueuml

113 La motivation du nom Εὐήρης de trois Thasiens aurait-elle eacuteteacute celle-lagravethinsp la deacutesignation de laquo bons rameurs raquothinsp Pour lrsquoadj poeacutetique ἀμφήρης cf eg Eur Cycl 15

114 Voir DGEsp sv δύσερις poeacutet δύσηρις et ἀμφήριστος et LGPN IIIB deux Thessaliens du nom de Δύσηρις au VIe et IVe s av J-Cthinsp pour Ἀμφηρίδης supra n 100

115 Sondage effectueacute agrave lrsquoaide de la base de donneacutees en ligne du site du LGPN Citons comme composeacutes suffixeacutes en -ίωνthinsp le rare et tardif Ἐπαγαθίων agrave cocircteacute de Παρμενίων qui bat au contraire tous les records dans cette cateacutegorie (197 individus) et dont lrsquoamplitude chronologique des attestations srsquoexplique agrave la fois par le renom du philosophe Parmeacutenide et par celui du lieute-nant Parmeacutenion drsquoAlexandrethinsp la lexicalisation de lrsquoadjectif composeacute ἐμπόριος fait plutocirct inter-preacuteter lrsquoancien Ἐμπορίων (eg LGPN II) comme un sobriquet Comme hypocoristiques on citera par exemple Πασίων (122 individus) forme abreacutegeacutee drsquoun composeacute du type Πασικράτης (60) et Ἐπαφρ-ίων (19) pour Ἐπαφρόδιτος (515)thinsp et comme sobriquets Διδυμίων ou Ἐλευθερίων qui sont lrsquoun et lrsquoautre drsquoeacutepoque impeacuteriale (LGPN passim)

309ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

IIIA (Peacuteloponnegravese Gregravece de lrsquoOuest Sicile et Grande-Gregravece) laisse identifier 40 composeacutes sur les 350 noms diffeacuterents agrave finale -ίων soit un rapport drsquoun peu plus de 11 thinsp un seul est attesteacute en Argolide occidentale preacuteciseacutement agrave Argos mais seulement agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp Ἁρποκρατίωνthinsp116

Le suffixe -ίων qui servait dans le lexique de suffixe de comparatif srsquoest drsquoabord introduit dans les sobriquets adjectivaux du type Αἰσχρίων (234 individus) Καλλίων (20) ou Κυδίων (2) avec sa valeur grammaticalethinsp notons toutefois que Γλυκίων qui est connu comme comparatif homeacuterique nrsquoest attesteacute qursquoagrave deux exemplaires contre plusieurs centaines drsquoexemples de Γλύκων dans lrsquoensemble du monde grecthinsp117 Dans les autres cas la suffixation est produite par lrsquoadjonction du suffixe banal -ων agrave un i- final extrait lui-mecircme drsquoun thegraveme en -ιο-thinsp118 ou plus souvent drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute verbal ou adjectival du type Ἀλεξικράτης (43 individus) drsquoougrave Ἀλεξίων (103) Il arrive plus rarement que le suffixe -ίων ainsi creacuteeacute apparaisse agrave la finale drsquoun composeacute comme le tregraves populaire Παρ-μεν-ίων composeacute pour lequel sont attesteacutees 26 autres formes de suffixations dont -ων tregraves repreacutesenteacute eacutegalement (136 individus)thinsp selon Bechtel crsquoest Πάρμενις qui a seacutecreacuteteacute Παρμενίδας Παρμενίτας Παρμενίων Παρμένισκος etcthinsp119 Il nrsquoy a pas drsquoexemple drsquohypocoristique qui conserve les seuls phonegravemes initiaux du second eacuteleacutement affecteacute de ce suffixe puisque Δαμοτί-ων forme courte de Δαμότιμος et son correspondant ionien-attique nrsquoont pas drsquoeacutequivalent en -των et sont par conseacutequent suffixeacutes en -ων et non en -ίων et qursquoil en va de mecircme pour tous les composeacutes agrave second eacuteleacutement -τίων

-ωνCependant le suffixe -ων nrsquoeacutetait guegravere plus couramment adjoint agrave un

nom composeacute Crsquoest surtout une suffixation de sobriquetsthinsp120 bien plus que drsquohypocoristiquesthinsp on ne citera que Δαμών-ων Ἀλκί-ν-ων et νικ-άρ-ων parmi ceux qui preacutesentent lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de composeacute preacuteser-veacuteethinsp pour les autres du type Ἀλέξων ou Τίμων lrsquoidentification comme hypocoristique ou comme sobriquet deacutepend de la perspective adopteacuteethinsp lrsquoexistence de composeacutes de type heacuteroiumlque avec parallegraveles dans drsquoautres lan-gues indo-europeacuteennes comportant ces premiers eacuteleacutements fera analyser ces

116 Ἁρποκρατίων IIe s apr J-C RE (2)117 Voir J-L Perpillou laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 (1974)

p 99-107118 Voir P Chantraine Formation p 165 pour un exemple lexical comme οὐρανίων fait

sur οὐράνιος drsquoougrave les anthroponymes οὐρανίων et Κρονίων et les nombreux anthroponymes de forme patronymique tels Ἑλλοπίων Ἀχαιίων Ἀρκαδίων Κωνωπίων etc recenseacutes par Bechtel HPN 548

119 Bechtel HPN 307120 P Chantraine Formation p 161 voir aussi O Masson laquo Notes drsquoanthroponymie grecque

et asianique raquo Beitrz Nam 10 (1959) p 162 (OGS I p 22) sur le rapport qui existe entre ce type de sobriquet et les adjectifs en -ύς cf Δάσων vs δασύς

310 sophie minon

anthroponymes comme des hypocoristiques ndash crsquoest lrsquoanalyse historique pra-tiqueacutee par Bechtel tandis qursquoen synchronie la flexion seulement (geacuten en -ωνος) les distingue de participes employeacutes comme sobriquetsthinsp121 Un son-dage opeacutereacute agrave partir du mecircme volume du LGPN fait apparaicirctre sur 1045 noms en -ων autour de 165 composeacutes clairement identifiables ndash comprenant les 40 composeacutes agrave finale -ίων soit un rapport de presque 16 agrave cocircteacute des 11 pour -ίων Parmi les 125 composeacutes distincts de ceux en -ίων 12 au plus sont attesteacutes agrave Argosthinsp122

-αρίωνOn exclura en tout cas que le suffixe soit ici lrsquoeacutequivalent masculin -αρίων

du neutre -άριον qui est employeacute pour former des sobriquets feacuteminins Comme lrsquoa expliqueacute O Masson les noms de femmes faits au moyen de ce suffixe de diminutif (cf παιδάριον ψυχάριον) commencent agrave apparaicirctre au IIIe siegravecle mais les noms drsquohomme correspondants sont propres agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et freacutequents en Eacutegypte et il rappelait que Bechtel avait montreacute que ces derniers avaient eacuteteacute refaits secondairement sur les diminutifsthinsp ainsi Γλυκαρίων et Ψυχαρίων agrave partir de γλυκάριον et ψυχάριον toutes forma-tions deacuteriveacutees de noms ou drsquoadjectifsthinsp123 Le suffixe -αρίων a pu ecirctre ensuite employeacute librement dans lrsquoanthroponymie sans qursquoil existe neacutecessairement de diminutif associeacute comme on lrsquoobserve pour le nom Τυχαρίων porteacute par deux Atheacuteniens de lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp124

Δαμαρίων et ΔαμάρηςCh Kritzas propose comme parallegraveles agrave lrsquoappui de son analyse Ἀμφ-

αρ-ίον du nouveau nom argien les noms Δαμαρίων et Θεαρίωνthinsp125 Le pre-mier nrsquoest pas attesteacute avant le IIIe siegravecle et a eacuteteacute donneacute surtout agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et en zone ionienne-attiquethinsp les volumes du LGPN reacutepertorient 25 individus ainsi deacutenommeacutesthinsp126

121 Voir sur cette question de typologie I Hartmann laquo lsquoWhat namethinsp What parentagersquo The classification of Greek names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann-A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 (2002) p 55-81

122 Voir LGPN IIIAthinsp Ἰπομέδο ν (SEG 11 336 l 5 ca 575-550)thinsp Ἀλκίφρων (Thuc V 59 5 418 av J-C)thinsp Ὀχίπον (IG IV 552 Ve s)thinsp Εὐέλθων (Iamb VP 267 [FVS I p 447] VeIVe s)thinsp Ξενοφάων (CID 2 75 II l 43 336334)thinsp Ἀριστόφρων (SEG 13 243 316 av J-C)thinsp Βουκολέων (CEG II 816 l 12 303 av J-C)thinsp Ἀριστομέδων (ineacuted publ Ch Kritzas IVeIIIe s)thinsp Λυκόφρων (SEG 42 279 l 6 IIe s)thinsp Δαμοφῶν (ineacuted IIe s)thinsp Εὔφρων (Syringes 44 IIeIer s) et Παρμένων (origine argienne incertaine Bernand El-Kanaiumls 79 Ier s)

123 Voir O Masson laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 (1984) p 157 (OGS II p 443)

124 LGPN II IG II2 2089 l 33 et 2113 l 204 IIe s apr J-C125 Lettre du 20 novembre 2010126 La plus ancienne attestation de ce nom est celle drsquoun Creacutetois et date de 2232 (Milet I

(3) 38g 7)thinsp un Parien homonyme est connu agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale (IG XII (5) 173 V) En dehors de lrsquoexemple drsquoun individu dont lrsquoorigine atheacutenienne est incertaine agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale les

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

304 sophie minon

bale comme le nom Δεξίαρος attesteacute agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique pour deux Beacuteotiensthinsp92

Remarquons pour conclure cette partie que les deacuteveloppements eacutetymo-logiques ici exposeacutes conduisent agrave admettre que le i final de ἀμφι- nrsquoa pas plus eacuteteacute eacutelideacute dans le heacuteronyme Ἀμφιάρηος que dans le nom de lrsquoAtheacutenien Ἀμφίαρος et qursquoil ne lrsquoaurait eacuteteacute agrave lrsquoeacutepoque myceacutenienne dans a-pi-ja-re agrave supposer que cette forme syllabique ait bien Ἀμφιάρης comme correspon-dant alphabeacutetique et cela en contradiction avec la regravegle veacuterifieacutee du moins pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique selon laquelle cette eacutelision eacutetait reacuteguliegravere devant voyelle initiale issue de laryngale Ἀμφιάρης serait le seul nom en Ἀμφι- ougrave une telle exception srsquoobserverait du myceacutenien au grec alphabeacutetiquethinsp93 Le teacutemoignage du myceacutenien laisse en effet supposer pour les preacutefixeacutes en ἀμφι-thinsp la conservation de lrsquohiatus devant h (a-pi-e-ke pour ἀμφι- + hέχει ou hῆκε)thinsp la dieacuteregravese devant ancienne laryngalethinsp94 sauf en morphologie ver-bale ougrave lrsquoeacutelision est pratiqueacutee (a-pe-e-ke pour ἀμφ- ou ἀπ- + augment ἔ + hεχε ou hηκε) Notons toutefois que lrsquoeacutelision pourrait avoir coexisteacute comme variante degraves le myceacutenien si lrsquoon postulait lrsquoeacutequivalence entre a-pa-re-[uthinsp] et dor ἈμφᾱρηςἈμφᾱρεύςthinsp mais la seacutequence syllabique est seulement inter-preacuteteacutee comme correspondant agrave Ἀφᾰρεύς voire agrave Ἁρπαλεύςthinsp95

Il nrsquoest pas sucircr en revanche que Ἀμφαρίδας et Ἀμφιαρίδας preacutesenteacutes comme exemple de doublet dans lrsquointroductionthinsp96 teacutemoignent de la mecircme variation agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp le second nom pourrait fort bien deacuteriver du nom Ἀμφ-ίαρος et ecirctre par conseacutequent sans relation avec le premier sur lequel nous reviendrons agrave lrsquooccasion de lrsquoeacutetude du nom Ἀμφάρης

92 LGPN IIIBthinsp Coroneacutee 182 av J-C Syll3 585 l 210 et Orchomegravene IIIeIIe s A Wilhelm Neue Beitr 4 p 10 ndeg 1 l 12-13 pegravere notamment drsquoun Ἱαροκλῆς

93 Les deux seuls autres exemples syllabiques possibles drsquoanthroponymes en Ἀμφι- avec dieacute-regravese devant un second eacuteleacutement agrave laryngale initiale eacutetymologique ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() et a-pi-je-ta ne preacutesentent pas de correspondant en grec alphabeacutetique Pour ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() KN B 812a qursquoon pose une eacutequivalence avec Ἀμφιάγορος Ἀμφίαγρος ou Ἀμφίακρος on srsquoattendrait agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique agrave ce que le premier eacuteleacutement agrave -i final soit eacutelideacute comme crsquoest toujours le cas devant le second eacuteleacutement en -αγορ--ηγορ-thinsp et si Πολίαγρος (LGPN I et II) conserve son i devant -αγρος crsquoest pour eacuteviter toute confusion avec le radical de πολύς Or Ἀμφάγορος Ἄμφαγρος et Ἄμφακρος ne sont pas davantage attesteacutes On aurait un autre exemple de dieacuteregravese si a-pi-je-ta PY An 6577 avait pour correspondant Ἀμφι-έρτας agrave comparer avec Λαέρτης Ὀρσέλαος avec le radical de ὄρνυμι voir A Leukart op cit sect 66 et F Bader Minos 10 (1969) p 50 Mais une autre interpreacutetation est possible qui expliquerait lrsquoabsence drsquoeacutelision de a-pi- en conformiteacute avec la regravegle mise en eacutevidence pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetiquethinsp Ἀμφιέτας en lien avec ἵημι (de yeH1) de preacutefeacuterence agrave Ἀμφιέρτας en lien cette fois avec ὄρομαι (de wer-) qui laisserait plutocirct attendre myc a-pi-we-ta

94 Outre a-pi-ja-re cf n 44 voir ]a-pi-ja-ko-ro-jo[() note preacuteceacutedente95 F Aura Jorro DicMic sv96 Lrsquohypothegravese drsquoune variation drsquoordre phoneacutetique propre au beacuteotien dont teacutemoignerait la

graphie Ἀμφαρίδας vs Ἀμφιαρίδας doit ecirctre eacutecarteacutee cf n 37

305ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Il reste alors pour justifier ce qui ne constitue en deacutefinitive une exception que pour cette eacutepoque agrave invoquer une contrainte drsquoordre prosodique telle que la preacutefeacuterence pour la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφιαρ- qui peut srsquoecirctre conjugueacutee agrave la reacutepugnance agrave constituer une seacutequence gra-phique Ἀμφαρ- qui eacutetait eacutetymologiquement ambigueuml en dehors de lrsquoionien et de lrsquoattique puisqursquoelle pouvait paraicirctre proceacuteder aussi bien de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω au second eacuteleacute-mentthinsp97 que de Ἀμφ- eacutelideacute + -αρ- du radical de Ἄρης ἄρος ou ἀραρίσκω Crsquoest preacuteciseacutement en ces termes que se pose la question de lrsquoeacutetymologie du nom de lrsquoeacutephore spartiate meurtrier drsquoAgis Ἀμφάρης

IIenspἈμφάρης et la polyseacutemie du radical ἀρ-

Ἀμφ-άρηςἈμφ-ήρηςLe nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφάρης que mentionne Plutarque a eacuteteacute

porteacute par un Atheacutenien (agrave la formule onomastique partiellement doriseacutee) et par un Phocidien qui veacutecurent tous deux au IVe siegraveclethinsp98 Dans lrsquohypothegravese ougrave le a meacutedian aurait eacuteteacute allongeacute en composition et le premier eacuteleacutement Ἀμφι- eacutelideacute comme on lrsquoattend conformeacutement agrave la regravegle phoneacutetique deacutejagrave invoqueacutee Ἀμφᾱρης pourrait alors eacuteventuellement ecirctre rapprocheacute de Ἀμφήρης dont Platon fait lrsquoun des souverains de lrsquoAtlantide fils de Poseacuteidon et de Kleitocirc agrave moins que le second membre de ce nom nrsquoait comporteacute un e eacutetymologique et ne soit plutocirct en lien avec ἐρέττωthinsp99 Lrsquoexistence parallegravele des suffixeacutes en -ίδᾱης Ἀμφηρε-ίδης et Ἀμφαρε-ίδας pourrait conforter le premier rappro-chementthinsp100 Bechtel part de ce principe puisqursquoil classe Ἀμφ-άρης agrave cocircteacute de Ξειν-ήρης et les rattache tous deux agrave ἄρος que fait connaicirctre la glose drsquoHeacutesy-

97 Voir P Chantraine DEacuteLG sv φέρω98 Voir Plut Agis 18 agrave 21 ougrave lrsquoacc est transmis sous la forme Ἀμφάρην par confusion

banale agrave cette eacutepoque entre sigmatiques et masculins en -athinsps (gt -ης)thinsp pour lrsquoAtheacutenien du IVe s cf infra n 153 et pour le Phocidien contemporain CID 2 ndeg 31 l 7 (geacuten Ἀμφάρεος)

99 Platon Criti 114b et cf infra n 113100 Ἀμφηρείδης (Atheacutenien FD III (2) 23 l 19 1387 a C) et Ἀμφαρείδας (Kleitor IIIe s

LGPN IIIA) La forme -ίδης du suffixe du nom ancien Ἀμφηρίδης agrave Thasos et agrave Paros (LGPN I) laisse supposer qursquoil deacuterive plutocirct de Ἄμφηρις que de Ἀμφήρης comme le nom du Spartiate Κλεαρίδας (Thuc IV 132 3) deacuteriverait de son cocircteacute de Κλέαρις (Thasos IG XII (8) 280 l 13 VIeVe s) dont on notera cependant que le a meacutedian est ici de quantiteacute bregraveve Dans le cas des thegravemes sigmatiques on srsquoattend agrave ce que le suffixe -ίδης srsquoajoute au suffixe sigmatique drsquoougrave -ε(σ)-ίδης gt -είδηςthinsp et lrsquoexistence de nombreux composeacutes agrave second eacuteleacutement -μενίδης nrsquoest pas contradictoire puisqursquoils semblent avoir eacuteteacute bacirctis sur μένω plutocirct que deacuteriveacutes drsquoun second eacuteleacute-ment -μένης Dans le cas particulier des noms en κλῆς lrsquoargien par exemple preacutesente cependant -ηίδας dans le phratronyme Ὀϕελλοκληίδας ensuite moderniseacute en Ὀφεltλgtλοκλείδας cf IG IV 553 l 6 Ve s (-κλε ίδας) lrsquoineacutedit E 67 dateacute 330-300 (-κληίδας) et la proxeacutenie argienne drsquoun Thrace SEG 30 357 l 11 ca 300 (-κλείδας) Pour les modaliteacutes morphologiques et phoneacutetiques de la deacuterivation en -ίδας cf mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011

306 sophie minon

chius deacutejagrave citeacutee avec le sens positif de laquo providence raquothinsp101thinsp ils appartiendraient alors agrave la cateacutegorie des bahuvrīhi ou eacutepithegravetes de type possessifthinsp102 Drsquoun autre cocircteacute si le a meacutedian de Ἀμφάρης eacutetait effectivement long agrave la diffeacuterence de celui du heacuteronyme Ἀμφιάρηος le second eacuteleacutement -ᾱήρης pourrait tout aussi bien ecirctre analyseacute comme deacuteriveacute de la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo adapteacute agrave raquo ou laquo pourvu de raquo drsquoautant que le composeacute ἀμφήρης laquo ajusteacute des deux cocircteacutes raquo est attesteacute dans le lexique poeacutetiquethinsp103thinsp on aurait alors un composeacute agrave rection verbale dont la composition aurait eu lieu dans lrsquoadjec-tif avant son transfert dans lrsquoonomastique Les deux hypothegraveses pourraient du reste ne pas ecirctre incompatiblesthinsp lrsquoeacutetymologie du substantif ἄρος nrsquoest pas assureacutee mais le premier sens de la glose drsquoHeacutesychius (ἄρος ὄφελος) srsquoaccorderait assez bien avec la notion positive de conformiteacute et drsquoajuste-ment veacutehiculeacutee par la racine H2er- que lrsquoon trouve agrave lrsquoorigine notamment de ἀραρίσκω de ἀρείων et de ἄριστοςthinsp104

Ἀν(α)-φαρ- Ἀμ(φι)-φαρ-thinspIl ne serait en theacuteorie pas impossible drsquoavancer agrave ce stade une autre

hypothegravesethinsp celle que Ἀμφάρης ait pu proceacuteder en dehors du domaine ionien-attique soit de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope soit de Ἀμ(φι)-φαρ- avec haplologie devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω comme pourrait en teacutemoi-gner lrsquoadjectif correspondant que fait connaicirctre une glose drsquoHeacutesychius proba-blement issue de la contamination de trois autresthinsp ἀμφαρής περιορωμένη κατολιγωρουμένη καὶ γυμνός ἐπιφανήςthinsp105 Les adjectifs agrave second eacuteleacute-ment -φερής bien attesteacutes se rencontrent degraves Heacuterodote et Heacutesychius fait aussi connaicirctre ἀντιφαρές gloseacute ἐναντίον en face de ἀντιφερής que sup-pose lrsquohom ἀντιφερίζωthinsp106 Ni ἀν(α)φερής ni les formes sans haplologie ἀμφιφαρής et ἀμφιφερής ne sont cependant attesteacutes Nous aurons lrsquoocca-sion de veacuterifier la validiteacute de cette hypothegravese agrave propos du nom Ἀμφαρίον agrave la fin de la troisiegraveme partie

101 Bechtel HPN 193102 Voir eg E Risch Wortbildung p 166-170103 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης renvoie agrave Eur HF 243 (qualificatif de ξύλα) et agrave Ion

1128 (ἀμφήρεις σκηνάς)104 Cf infra n 111105 La glose est consideacutereacutee agrave plus drsquoun titre comme suspecte par Lattethinsp par exemple crsquoest

agrave lrsquoeacutevidence ἀφαρήςἄφαρος qui est agrave lrsquoorigine du sens γυμνός comme lrsquoavait deacutejagrave signaleacute Schmidt et Kuster avant lui Pour lrsquoeacutequivalence entre ἀν(α)φαρής et ἐπιφανής qui serait pos-sible agrave condition de donner aux deux adjectifs le sens de laquo manifeste eacuteclatant raquo voir Pind Neacutem 11 38 ougrave ἀναφέρω (ἀμφέροντ(ι)) est employeacute au sens de laquo produire au jour faire remon-ter agrave la lumiegravere raquo agrave propos de vertus resurgissant drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre Lrsquoideacutee drsquoindiffeacuterence et de meacutepris dont teacutemoigne lrsquoeacutequivalence avec περιορωμένη κατολιγορουμένη pourrait se com-prendre mieux quant agrave elle agrave partir de ἀμ(φι)φαρής au sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo drsquoougrave neacutegativement laquo indeacutecis sans opinion raquo

106 Cf infra n 158

307ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Le nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφ-άρηςCependant dans le cas du nom de lrsquoeacutephore spartiate le rapprochement

avec le nom Δαμάρης assez populaire agrave Sparte agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacute-nistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp107 et avec les noms anciens des Spartiates Μενάρης (μένει ὀξὺν Ἄρηα Il 12 836) et peut-ecirctre Κλεαρίδαςthinsp108 incite agrave mettre ici -άρης en relation soit avec ἀρή laquo ruine destruction raquo soit direc-tement avec le nom drsquoAregraves comme on tendait en revanche agrave lrsquoeacutecarter pour le heacuteronyme Ἀμφιάρηος Lrsquoexistence du nom Δημάρης porteacute par un Deacutelien et lrsquoabsence de Δημήρης de Μενήρης et de Κλέηρις dissuadent de plus de retenir lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement agrave voyelle longue initiale -ᾱήρης Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le contraste entre la poigneacutee drsquoanthroponymes composeacutes en -ήρης attesteacutes dans lrsquoensemble du monde grec dont lrsquoidentifi-cation avec le radical de ἀραρίσκω nrsquoest du reste probable que pour le seul Φρασιήρης et la vingtaine de composeacutes en -άρης dont plus de la moitieacute est attesteacutee en zone ionienne-attiquethinsp109 fait douter que ce dernier eacuteleacutement ait comporteacute une voyelle longue initiale ailleurs que dans la phraseacuteologie poeacute-tique et dans le calque Μενάρης

Du radical ἀρ- aux bases ἀρι- ἀρο- et ἀρήIl a donc principalement existeacute des composeacutes anthroponymiques agrave second

eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης ndash et de mecircme en -αρις -αρος et -αρώthinsp110 dans lesquels srsquoobserve la mecircme absence drsquoallongement de la voyelle de jonction que dans Ἀμφιάρηος en deacutepit mecircme de lrsquoeacutelision et cela en contradiction avec la loi drsquoallongement urgriechisch mise en eacutevidence par Wackernagel dont lrsquoapplication nrsquoest certes reacuteguliegravere que dans les composeacutes nominaux anciens de lrsquoeacutepoque alphabeacutetique comme cela a eacuteteacute exposeacute en preacuteambule Comme pour ἀμφαρίστερος il est probable que la conservation du a bref eacutetait destineacutee agrave laisser visible le lien eacutetymologique avec la famille de ἀραρίσκω ἀρείων ἀρι- ἄρος et celle de ἀρή Ἄρης vraisemblablement lrsquoune et lrsquoautre issues sinon de la mecircme base du moins de la mecircme racine H2er-thinsp111 en eacutevitant la confusion possible avec les autres -ήρηςthinsp112 comme

107 Le nom Δαμάρης a eacuteteacute porteacute par quatorze Spartiates par un Arcadien (LGPN IIIA) par un Deacutelien et deux Creacutetois (LGPN I) et un citoyen drsquoAmisos (LGPN VA)

108 Bechtel HPN 69 cf Heacuterodote VIII 131 VIe s et n 99 pour Κλεαρίδας et Κλέαρις109 Pour lrsquoorigine poeacutetique du composeacute Φρασι-ήρης cf supra n 6 Drsquoapregraves le site du

LGPN en ligne les autres composeacutes en -ήρης sontthinsp Εὐήρης Ξεινήρης Περιήρης et Πολυήρης tous attesteacutes agrave un seul exemplaire sauf le premier (5 individus) Pour -άρης voirthinsp Ἀμφ(ι)άρης Ἀνδράρης (zone ion-att) Δαημάρης (id) Δειξάρης Διάρης (id) Δρομάρης (id) Εὐάρης (id) Θεάρης Κλεάρης Λυκάρης (id) Μαχάρης (id) Μενάρης (id) Ξεν(Ϝ)άρης (id) Ξιφάρης (id) Πανάρης Παντάρης Ποδάρης Τιμάρης

110 Cf Κλέαρις n 100 et Εὔαρος et Κλειναρώ n 89111 Voir H Rix LIV2 sv H2er- (ἀραρώς) H2erH (Ἄρης) et H2erH3 (ἀρόω) et cf supra

n 56 pour lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour le nom drsquoAregraves par T Barnes112 Il nrsquoest pas sucircr que lrsquoadj hom ἐρίηρες laquo fidegraveles raquo (de wēr- cf hom ἦρα et Chantraine

DEacuteLG sv) ait geacuteneacutereacute des anthroponymes en dehors de lrsquoeacutepopeacutee ougrave le second membre de Διώρης

308 sophie minon

dans poeacutet ἀμφήρης laquo avec des rames de part et drsquoautre raquo (cf ἐρέττω)thinsp113 ou -ηρις (de ἔρις) comme dans poeacutet δύσηρις et lrsquoanthroponyme correspon-dant dont pourraient ecirctre rapprocheacutes le nom du Thasien Ἀμφηρίδης deacuteriveacute de Ἄμφηρις ainsi que lrsquoadjectif ἀμφήριστοςthinsp114

IIIenspἈμφαρίον Δαμαρίων et Θεαρίων

Lrsquoemploi anthroponymique du suffixe -ίωνLes analyses meneacutees jusqursquoici permettent-elles de deacutemecircler lrsquoorigine du

nom nouveau Ἀμφαρίονthinsp En lrsquoabsence de correspondant myceacutenien il res-sort des eacuteleacutements qui ont eacuteteacute deacutegageacutes pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique que si le premier eacuteleacutement eacutetait Ἀμφι- lrsquoeacutelision de sa voyelle finale eacutetait attendue devant -αρ- ndash ne serait-ce que pour eacuteviter lrsquohiatus iV dans deux syllabes successives sans que lrsquoallongement de la voyelle initiale du second eacuteleacute-ment ait neacutecessairement accompagneacute cette eacutelisionthinsp mais qursquoen pays dorien il serait theacuteoriquement possible que Ἀμφαρ- ait valu ion-att ἀναφερ- et soit un composeacute deacuteverbatif comme cela vient drsquoecirctre exposeacute pour le nom Ἀμφάρης La suffixation de notre anthroponyme est-elle alors compatible avec lrsquoune et lrsquoautre formationthinsp

-ίωνForce nous est de constater que la finale -ίων moins reacutepandue dans

lrsquoanthroponymie que le suffixe -ων lrsquoest encore moins parmi les composeacutesthinsp sur les 1060 noms diffeacuterents preacutesentant cette finale dans les six volumes du Lexicon of Greek Personal Names soit 3 de la totaliteacute des noms connus 7 seulement preacutesentent la forme pleine de composeacutes ndash ce sont geacuteneacuteralement des noms rares dont ne sont connus que 2 3 exemplaires mais qui tendent agrave se deacutevelopper au-delagrave de lrsquoeacutepoque classique contre une majoriteacute drsquohypo-coristiques et de sobriquetsthinsp115 Le deacutepouillement de lrsquoindex inverse du LGPN

et Περιήρης aurait cette origine cf Bechtel HPN 194 tandis que Risch Wortbildung p 79 le rapproche de la racine de ἀραρίσκω Lrsquoanalyse du nom de lrsquoArcadien Πολυ-ήρης (monnaie ineacute-dite du IIe s av J-C ZfN 9 [1882] p 266 ndeg 2) est de mecircme ambigueuml

113 La motivation du nom Εὐήρης de trois Thasiens aurait-elle eacuteteacute celle-lagravethinsp la deacutesignation de laquo bons rameurs raquothinsp Pour lrsquoadj poeacutetique ἀμφήρης cf eg Eur Cycl 15

114 Voir DGEsp sv δύσερις poeacutet δύσηρις et ἀμφήριστος et LGPN IIIB deux Thessaliens du nom de Δύσηρις au VIe et IVe s av J-Cthinsp pour Ἀμφηρίδης supra n 100

115 Sondage effectueacute agrave lrsquoaide de la base de donneacutees en ligne du site du LGPN Citons comme composeacutes suffixeacutes en -ίωνthinsp le rare et tardif Ἐπαγαθίων agrave cocircteacute de Παρμενίων qui bat au contraire tous les records dans cette cateacutegorie (197 individus) et dont lrsquoamplitude chronologique des attestations srsquoexplique agrave la fois par le renom du philosophe Parmeacutenide et par celui du lieute-nant Parmeacutenion drsquoAlexandrethinsp la lexicalisation de lrsquoadjectif composeacute ἐμπόριος fait plutocirct inter-preacuteter lrsquoancien Ἐμπορίων (eg LGPN II) comme un sobriquet Comme hypocoristiques on citera par exemple Πασίων (122 individus) forme abreacutegeacutee drsquoun composeacute du type Πασικράτης (60) et Ἐπαφρ-ίων (19) pour Ἐπαφρόδιτος (515)thinsp et comme sobriquets Διδυμίων ou Ἐλευθερίων qui sont lrsquoun et lrsquoautre drsquoeacutepoque impeacuteriale (LGPN passim)

309ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

IIIA (Peacuteloponnegravese Gregravece de lrsquoOuest Sicile et Grande-Gregravece) laisse identifier 40 composeacutes sur les 350 noms diffeacuterents agrave finale -ίων soit un rapport drsquoun peu plus de 11 thinsp un seul est attesteacute en Argolide occidentale preacuteciseacutement agrave Argos mais seulement agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp Ἁρποκρατίωνthinsp116

Le suffixe -ίων qui servait dans le lexique de suffixe de comparatif srsquoest drsquoabord introduit dans les sobriquets adjectivaux du type Αἰσχρίων (234 individus) Καλλίων (20) ou Κυδίων (2) avec sa valeur grammaticalethinsp notons toutefois que Γλυκίων qui est connu comme comparatif homeacuterique nrsquoest attesteacute qursquoagrave deux exemplaires contre plusieurs centaines drsquoexemples de Γλύκων dans lrsquoensemble du monde grecthinsp117 Dans les autres cas la suffixation est produite par lrsquoadjonction du suffixe banal -ων agrave un i- final extrait lui-mecircme drsquoun thegraveme en -ιο-thinsp118 ou plus souvent drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute verbal ou adjectival du type Ἀλεξικράτης (43 individus) drsquoougrave Ἀλεξίων (103) Il arrive plus rarement que le suffixe -ίων ainsi creacuteeacute apparaisse agrave la finale drsquoun composeacute comme le tregraves populaire Παρ-μεν-ίων composeacute pour lequel sont attesteacutees 26 autres formes de suffixations dont -ων tregraves repreacutesenteacute eacutegalement (136 individus)thinsp selon Bechtel crsquoest Πάρμενις qui a seacutecreacuteteacute Παρμενίδας Παρμενίτας Παρμενίων Παρμένισκος etcthinsp119 Il nrsquoy a pas drsquoexemple drsquohypocoristique qui conserve les seuls phonegravemes initiaux du second eacuteleacutement affecteacute de ce suffixe puisque Δαμοτί-ων forme courte de Δαμότιμος et son correspondant ionien-attique nrsquoont pas drsquoeacutequivalent en -των et sont par conseacutequent suffixeacutes en -ων et non en -ίων et qursquoil en va de mecircme pour tous les composeacutes agrave second eacuteleacutement -τίων

-ωνCependant le suffixe -ων nrsquoeacutetait guegravere plus couramment adjoint agrave un

nom composeacute Crsquoest surtout une suffixation de sobriquetsthinsp120 bien plus que drsquohypocoristiquesthinsp on ne citera que Δαμών-ων Ἀλκί-ν-ων et νικ-άρ-ων parmi ceux qui preacutesentent lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de composeacute preacuteser-veacuteethinsp pour les autres du type Ἀλέξων ou Τίμων lrsquoidentification comme hypocoristique ou comme sobriquet deacutepend de la perspective adopteacuteethinsp lrsquoexistence de composeacutes de type heacuteroiumlque avec parallegraveles dans drsquoautres lan-gues indo-europeacuteennes comportant ces premiers eacuteleacutements fera analyser ces

116 Ἁρποκρατίων IIe s apr J-C RE (2)117 Voir J-L Perpillou laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 (1974)

p 99-107118 Voir P Chantraine Formation p 165 pour un exemple lexical comme οὐρανίων fait

sur οὐράνιος drsquoougrave les anthroponymes οὐρανίων et Κρονίων et les nombreux anthroponymes de forme patronymique tels Ἑλλοπίων Ἀχαιίων Ἀρκαδίων Κωνωπίων etc recenseacutes par Bechtel HPN 548

119 Bechtel HPN 307120 P Chantraine Formation p 161 voir aussi O Masson laquo Notes drsquoanthroponymie grecque

et asianique raquo Beitrz Nam 10 (1959) p 162 (OGS I p 22) sur le rapport qui existe entre ce type de sobriquet et les adjectifs en -ύς cf Δάσων vs δασύς

310 sophie minon

anthroponymes comme des hypocoristiques ndash crsquoest lrsquoanalyse historique pra-tiqueacutee par Bechtel tandis qursquoen synchronie la flexion seulement (geacuten en -ωνος) les distingue de participes employeacutes comme sobriquetsthinsp121 Un son-dage opeacutereacute agrave partir du mecircme volume du LGPN fait apparaicirctre sur 1045 noms en -ων autour de 165 composeacutes clairement identifiables ndash comprenant les 40 composeacutes agrave finale -ίων soit un rapport de presque 16 agrave cocircteacute des 11 pour -ίων Parmi les 125 composeacutes distincts de ceux en -ίων 12 au plus sont attesteacutes agrave Argosthinsp122

-αρίωνOn exclura en tout cas que le suffixe soit ici lrsquoeacutequivalent masculin -αρίων

du neutre -άριον qui est employeacute pour former des sobriquets feacuteminins Comme lrsquoa expliqueacute O Masson les noms de femmes faits au moyen de ce suffixe de diminutif (cf παιδάριον ψυχάριον) commencent agrave apparaicirctre au IIIe siegravecle mais les noms drsquohomme correspondants sont propres agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et freacutequents en Eacutegypte et il rappelait que Bechtel avait montreacute que ces derniers avaient eacuteteacute refaits secondairement sur les diminutifsthinsp ainsi Γλυκαρίων et Ψυχαρίων agrave partir de γλυκάριον et ψυχάριον toutes forma-tions deacuteriveacutees de noms ou drsquoadjectifsthinsp123 Le suffixe -αρίων a pu ecirctre ensuite employeacute librement dans lrsquoanthroponymie sans qursquoil existe neacutecessairement de diminutif associeacute comme on lrsquoobserve pour le nom Τυχαρίων porteacute par deux Atheacuteniens de lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp124

Δαμαρίων et ΔαμάρηςCh Kritzas propose comme parallegraveles agrave lrsquoappui de son analyse Ἀμφ-

αρ-ίον du nouveau nom argien les noms Δαμαρίων et Θεαρίωνthinsp125 Le pre-mier nrsquoest pas attesteacute avant le IIIe siegravecle et a eacuteteacute donneacute surtout agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et en zone ionienne-attiquethinsp les volumes du LGPN reacutepertorient 25 individus ainsi deacutenommeacutesthinsp126

121 Voir sur cette question de typologie I Hartmann laquo lsquoWhat namethinsp What parentagersquo The classification of Greek names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann-A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 (2002) p 55-81

122 Voir LGPN IIIAthinsp Ἰπομέδο ν (SEG 11 336 l 5 ca 575-550)thinsp Ἀλκίφρων (Thuc V 59 5 418 av J-C)thinsp Ὀχίπον (IG IV 552 Ve s)thinsp Εὐέλθων (Iamb VP 267 [FVS I p 447] VeIVe s)thinsp Ξενοφάων (CID 2 75 II l 43 336334)thinsp Ἀριστόφρων (SEG 13 243 316 av J-C)thinsp Βουκολέων (CEG II 816 l 12 303 av J-C)thinsp Ἀριστομέδων (ineacuted publ Ch Kritzas IVeIIIe s)thinsp Λυκόφρων (SEG 42 279 l 6 IIe s)thinsp Δαμοφῶν (ineacuted IIe s)thinsp Εὔφρων (Syringes 44 IIeIer s) et Παρμένων (origine argienne incertaine Bernand El-Kanaiumls 79 Ier s)

123 Voir O Masson laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 (1984) p 157 (OGS II p 443)

124 LGPN II IG II2 2089 l 33 et 2113 l 204 IIe s apr J-C125 Lettre du 20 novembre 2010126 La plus ancienne attestation de ce nom est celle drsquoun Creacutetois et date de 2232 (Milet I

(3) 38g 7)thinsp un Parien homonyme est connu agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale (IG XII (5) 173 V) En dehors de lrsquoexemple drsquoun individu dont lrsquoorigine atheacutenienne est incertaine agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale les

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

305ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Il reste alors pour justifier ce qui ne constitue en deacutefinitive une exception que pour cette eacutepoque agrave invoquer une contrainte drsquoordre prosodique telle que la preacutefeacuterence pour la structure dactylique de la seacutequence initiale Ἀμφιαρ- qui peut srsquoecirctre conjugueacutee agrave la reacutepugnance agrave constituer une seacutequence gra-phique Ἀμφαρ- qui eacutetait eacutetymologiquement ambigueuml en dehors de lrsquoionien et de lrsquoattique puisqursquoelle pouvait paraicirctre proceacuteder aussi bien de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω au second eacuteleacute-mentthinsp97 que de Ἀμφ- eacutelideacute + -αρ- du radical de Ἄρης ἄρος ou ἀραρίσκω Crsquoest preacuteciseacutement en ces termes que se pose la question de lrsquoeacutetymologie du nom de lrsquoeacutephore spartiate meurtrier drsquoAgis Ἀμφάρης

IIenspἈμφάρης et la polyseacutemie du radical ἀρ-

Ἀμφ-άρηςἈμφ-ήρηςLe nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφάρης que mentionne Plutarque a eacuteteacute

porteacute par un Atheacutenien (agrave la formule onomastique partiellement doriseacutee) et par un Phocidien qui veacutecurent tous deux au IVe siegraveclethinsp98 Dans lrsquohypothegravese ougrave le a meacutedian aurait eacuteteacute allongeacute en composition et le premier eacuteleacutement Ἀμφι- eacutelideacute comme on lrsquoattend conformeacutement agrave la regravegle phoneacutetique deacutejagrave invoqueacutee Ἀμφᾱρης pourrait alors eacuteventuellement ecirctre rapprocheacute de Ἀμφήρης dont Platon fait lrsquoun des souverains de lrsquoAtlantide fils de Poseacuteidon et de Kleitocirc agrave moins que le second membre de ce nom nrsquoait comporteacute un e eacutetymologique et ne soit plutocirct en lien avec ἐρέττωthinsp99 Lrsquoexistence parallegravele des suffixeacutes en -ίδᾱης Ἀμφηρε-ίδης et Ἀμφαρε-ίδας pourrait conforter le premier rappro-chementthinsp100 Bechtel part de ce principe puisqursquoil classe Ἀμφ-άρης agrave cocircteacute de Ξειν-ήρης et les rattache tous deux agrave ἄρος que fait connaicirctre la glose drsquoHeacutesy-

97 Voir P Chantraine DEacuteLG sv φέρω98 Voir Plut Agis 18 agrave 21 ougrave lrsquoacc est transmis sous la forme Ἀμφάρην par confusion

banale agrave cette eacutepoque entre sigmatiques et masculins en -athinsps (gt -ης)thinsp pour lrsquoAtheacutenien du IVe s cf infra n 153 et pour le Phocidien contemporain CID 2 ndeg 31 l 7 (geacuten Ἀμφάρεος)

99 Platon Criti 114b et cf infra n 113100 Ἀμφηρείδης (Atheacutenien FD III (2) 23 l 19 1387 a C) et Ἀμφαρείδας (Kleitor IIIe s

LGPN IIIA) La forme -ίδης du suffixe du nom ancien Ἀμφηρίδης agrave Thasos et agrave Paros (LGPN I) laisse supposer qursquoil deacuterive plutocirct de Ἄμφηρις que de Ἀμφήρης comme le nom du Spartiate Κλεαρίδας (Thuc IV 132 3) deacuteriverait de son cocircteacute de Κλέαρις (Thasos IG XII (8) 280 l 13 VIeVe s) dont on notera cependant que le a meacutedian est ici de quantiteacute bregraveve Dans le cas des thegravemes sigmatiques on srsquoattend agrave ce que le suffixe -ίδης srsquoajoute au suffixe sigmatique drsquoougrave -ε(σ)-ίδης gt -είδηςthinsp et lrsquoexistence de nombreux composeacutes agrave second eacuteleacutement -μενίδης nrsquoest pas contradictoire puisqursquoils semblent avoir eacuteteacute bacirctis sur μένω plutocirct que deacuteriveacutes drsquoun second eacuteleacute-ment -μένης Dans le cas particulier des noms en κλῆς lrsquoargien par exemple preacutesente cependant -ηίδας dans le phratronyme Ὀϕελλοκληίδας ensuite moderniseacute en Ὀφεltλgtλοκλείδας cf IG IV 553 l 6 Ve s (-κλε ίδας) lrsquoineacutedit E 67 dateacute 330-300 (-κληίδας) et la proxeacutenie argienne drsquoun Thrace SEG 30 357 l 11 ca 300 (-κλείδας) Pour les modaliteacutes morphologiques et phoneacutetiques de la deacuterivation en -ίδας cf mon article agrave paraicirctre laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou-G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011

306 sophie minon

chius deacutejagrave citeacutee avec le sens positif de laquo providence raquothinsp101thinsp ils appartiendraient alors agrave la cateacutegorie des bahuvrīhi ou eacutepithegravetes de type possessifthinsp102 Drsquoun autre cocircteacute si le a meacutedian de Ἀμφάρης eacutetait effectivement long agrave la diffeacuterence de celui du heacuteronyme Ἀμφιάρηος le second eacuteleacutement -ᾱήρης pourrait tout aussi bien ecirctre analyseacute comme deacuteriveacute de la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo adapteacute agrave raquo ou laquo pourvu de raquo drsquoautant que le composeacute ἀμφήρης laquo ajusteacute des deux cocircteacutes raquo est attesteacute dans le lexique poeacutetiquethinsp103thinsp on aurait alors un composeacute agrave rection verbale dont la composition aurait eu lieu dans lrsquoadjec-tif avant son transfert dans lrsquoonomastique Les deux hypothegraveses pourraient du reste ne pas ecirctre incompatiblesthinsp lrsquoeacutetymologie du substantif ἄρος nrsquoest pas assureacutee mais le premier sens de la glose drsquoHeacutesychius (ἄρος ὄφελος) srsquoaccorderait assez bien avec la notion positive de conformiteacute et drsquoajuste-ment veacutehiculeacutee par la racine H2er- que lrsquoon trouve agrave lrsquoorigine notamment de ἀραρίσκω de ἀρείων et de ἄριστοςthinsp104

Ἀν(α)-φαρ- Ἀμ(φι)-φαρ-thinspIl ne serait en theacuteorie pas impossible drsquoavancer agrave ce stade une autre

hypothegravesethinsp celle que Ἀμφάρης ait pu proceacuteder en dehors du domaine ionien-attique soit de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope soit de Ἀμ(φι)-φαρ- avec haplologie devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω comme pourrait en teacutemoi-gner lrsquoadjectif correspondant que fait connaicirctre une glose drsquoHeacutesychius proba-blement issue de la contamination de trois autresthinsp ἀμφαρής περιορωμένη κατολιγωρουμένη καὶ γυμνός ἐπιφανήςthinsp105 Les adjectifs agrave second eacuteleacute-ment -φερής bien attesteacutes se rencontrent degraves Heacuterodote et Heacutesychius fait aussi connaicirctre ἀντιφαρές gloseacute ἐναντίον en face de ἀντιφερής que sup-pose lrsquohom ἀντιφερίζωthinsp106 Ni ἀν(α)φερής ni les formes sans haplologie ἀμφιφαρής et ἀμφιφερής ne sont cependant attesteacutes Nous aurons lrsquoocca-sion de veacuterifier la validiteacute de cette hypothegravese agrave propos du nom Ἀμφαρίον agrave la fin de la troisiegraveme partie

101 Bechtel HPN 193102 Voir eg E Risch Wortbildung p 166-170103 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης renvoie agrave Eur HF 243 (qualificatif de ξύλα) et agrave Ion

1128 (ἀμφήρεις σκηνάς)104 Cf infra n 111105 La glose est consideacutereacutee agrave plus drsquoun titre comme suspecte par Lattethinsp par exemple crsquoest

agrave lrsquoeacutevidence ἀφαρήςἄφαρος qui est agrave lrsquoorigine du sens γυμνός comme lrsquoavait deacutejagrave signaleacute Schmidt et Kuster avant lui Pour lrsquoeacutequivalence entre ἀν(α)φαρής et ἐπιφανής qui serait pos-sible agrave condition de donner aux deux adjectifs le sens de laquo manifeste eacuteclatant raquo voir Pind Neacutem 11 38 ougrave ἀναφέρω (ἀμφέροντ(ι)) est employeacute au sens de laquo produire au jour faire remon-ter agrave la lumiegravere raquo agrave propos de vertus resurgissant drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre Lrsquoideacutee drsquoindiffeacuterence et de meacutepris dont teacutemoigne lrsquoeacutequivalence avec περιορωμένη κατολιγορουμένη pourrait se com-prendre mieux quant agrave elle agrave partir de ἀμ(φι)φαρής au sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo drsquoougrave neacutegativement laquo indeacutecis sans opinion raquo

106 Cf infra n 158

307ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Le nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφ-άρηςCependant dans le cas du nom de lrsquoeacutephore spartiate le rapprochement

avec le nom Δαμάρης assez populaire agrave Sparte agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacute-nistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp107 et avec les noms anciens des Spartiates Μενάρης (μένει ὀξὺν Ἄρηα Il 12 836) et peut-ecirctre Κλεαρίδαςthinsp108 incite agrave mettre ici -άρης en relation soit avec ἀρή laquo ruine destruction raquo soit direc-tement avec le nom drsquoAregraves comme on tendait en revanche agrave lrsquoeacutecarter pour le heacuteronyme Ἀμφιάρηος Lrsquoexistence du nom Δημάρης porteacute par un Deacutelien et lrsquoabsence de Δημήρης de Μενήρης et de Κλέηρις dissuadent de plus de retenir lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement agrave voyelle longue initiale -ᾱήρης Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le contraste entre la poigneacutee drsquoanthroponymes composeacutes en -ήρης attesteacutes dans lrsquoensemble du monde grec dont lrsquoidentifi-cation avec le radical de ἀραρίσκω nrsquoest du reste probable que pour le seul Φρασιήρης et la vingtaine de composeacutes en -άρης dont plus de la moitieacute est attesteacutee en zone ionienne-attiquethinsp109 fait douter que ce dernier eacuteleacutement ait comporteacute une voyelle longue initiale ailleurs que dans la phraseacuteologie poeacute-tique et dans le calque Μενάρης

Du radical ἀρ- aux bases ἀρι- ἀρο- et ἀρήIl a donc principalement existeacute des composeacutes anthroponymiques agrave second

eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης ndash et de mecircme en -αρις -αρος et -αρώthinsp110 dans lesquels srsquoobserve la mecircme absence drsquoallongement de la voyelle de jonction que dans Ἀμφιάρηος en deacutepit mecircme de lrsquoeacutelision et cela en contradiction avec la loi drsquoallongement urgriechisch mise en eacutevidence par Wackernagel dont lrsquoapplication nrsquoest certes reacuteguliegravere que dans les composeacutes nominaux anciens de lrsquoeacutepoque alphabeacutetique comme cela a eacuteteacute exposeacute en preacuteambule Comme pour ἀμφαρίστερος il est probable que la conservation du a bref eacutetait destineacutee agrave laisser visible le lien eacutetymologique avec la famille de ἀραρίσκω ἀρείων ἀρι- ἄρος et celle de ἀρή Ἄρης vraisemblablement lrsquoune et lrsquoautre issues sinon de la mecircme base du moins de la mecircme racine H2er-thinsp111 en eacutevitant la confusion possible avec les autres -ήρηςthinsp112 comme

107 Le nom Δαμάρης a eacuteteacute porteacute par quatorze Spartiates par un Arcadien (LGPN IIIA) par un Deacutelien et deux Creacutetois (LGPN I) et un citoyen drsquoAmisos (LGPN VA)

108 Bechtel HPN 69 cf Heacuterodote VIII 131 VIe s et n 99 pour Κλεαρίδας et Κλέαρις109 Pour lrsquoorigine poeacutetique du composeacute Φρασι-ήρης cf supra n 6 Drsquoapregraves le site du

LGPN en ligne les autres composeacutes en -ήρης sontthinsp Εὐήρης Ξεινήρης Περιήρης et Πολυήρης tous attesteacutes agrave un seul exemplaire sauf le premier (5 individus) Pour -άρης voirthinsp Ἀμφ(ι)άρης Ἀνδράρης (zone ion-att) Δαημάρης (id) Δειξάρης Διάρης (id) Δρομάρης (id) Εὐάρης (id) Θεάρης Κλεάρης Λυκάρης (id) Μαχάρης (id) Μενάρης (id) Ξεν(Ϝ)άρης (id) Ξιφάρης (id) Πανάρης Παντάρης Ποδάρης Τιμάρης

110 Cf Κλέαρις n 100 et Εὔαρος et Κλειναρώ n 89111 Voir H Rix LIV2 sv H2er- (ἀραρώς) H2erH (Ἄρης) et H2erH3 (ἀρόω) et cf supra

n 56 pour lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour le nom drsquoAregraves par T Barnes112 Il nrsquoest pas sucircr que lrsquoadj hom ἐρίηρες laquo fidegraveles raquo (de wēr- cf hom ἦρα et Chantraine

DEacuteLG sv) ait geacuteneacutereacute des anthroponymes en dehors de lrsquoeacutepopeacutee ougrave le second membre de Διώρης

308 sophie minon

dans poeacutet ἀμφήρης laquo avec des rames de part et drsquoautre raquo (cf ἐρέττω)thinsp113 ou -ηρις (de ἔρις) comme dans poeacutet δύσηρις et lrsquoanthroponyme correspon-dant dont pourraient ecirctre rapprocheacutes le nom du Thasien Ἀμφηρίδης deacuteriveacute de Ἄμφηρις ainsi que lrsquoadjectif ἀμφήριστοςthinsp114

IIIenspἈμφαρίον Δαμαρίων et Θεαρίων

Lrsquoemploi anthroponymique du suffixe -ίωνLes analyses meneacutees jusqursquoici permettent-elles de deacutemecircler lrsquoorigine du

nom nouveau Ἀμφαρίονthinsp En lrsquoabsence de correspondant myceacutenien il res-sort des eacuteleacutements qui ont eacuteteacute deacutegageacutes pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique que si le premier eacuteleacutement eacutetait Ἀμφι- lrsquoeacutelision de sa voyelle finale eacutetait attendue devant -αρ- ndash ne serait-ce que pour eacuteviter lrsquohiatus iV dans deux syllabes successives sans que lrsquoallongement de la voyelle initiale du second eacuteleacute-ment ait neacutecessairement accompagneacute cette eacutelisionthinsp mais qursquoen pays dorien il serait theacuteoriquement possible que Ἀμφαρ- ait valu ion-att ἀναφερ- et soit un composeacute deacuteverbatif comme cela vient drsquoecirctre exposeacute pour le nom Ἀμφάρης La suffixation de notre anthroponyme est-elle alors compatible avec lrsquoune et lrsquoautre formationthinsp

-ίωνForce nous est de constater que la finale -ίων moins reacutepandue dans

lrsquoanthroponymie que le suffixe -ων lrsquoest encore moins parmi les composeacutesthinsp sur les 1060 noms diffeacuterents preacutesentant cette finale dans les six volumes du Lexicon of Greek Personal Names soit 3 de la totaliteacute des noms connus 7 seulement preacutesentent la forme pleine de composeacutes ndash ce sont geacuteneacuteralement des noms rares dont ne sont connus que 2 3 exemplaires mais qui tendent agrave se deacutevelopper au-delagrave de lrsquoeacutepoque classique contre une majoriteacute drsquohypo-coristiques et de sobriquetsthinsp115 Le deacutepouillement de lrsquoindex inverse du LGPN

et Περιήρης aurait cette origine cf Bechtel HPN 194 tandis que Risch Wortbildung p 79 le rapproche de la racine de ἀραρίσκω Lrsquoanalyse du nom de lrsquoArcadien Πολυ-ήρης (monnaie ineacute-dite du IIe s av J-C ZfN 9 [1882] p 266 ndeg 2) est de mecircme ambigueuml

113 La motivation du nom Εὐήρης de trois Thasiens aurait-elle eacuteteacute celle-lagravethinsp la deacutesignation de laquo bons rameurs raquothinsp Pour lrsquoadj poeacutetique ἀμφήρης cf eg Eur Cycl 15

114 Voir DGEsp sv δύσερις poeacutet δύσηρις et ἀμφήριστος et LGPN IIIB deux Thessaliens du nom de Δύσηρις au VIe et IVe s av J-Cthinsp pour Ἀμφηρίδης supra n 100

115 Sondage effectueacute agrave lrsquoaide de la base de donneacutees en ligne du site du LGPN Citons comme composeacutes suffixeacutes en -ίωνthinsp le rare et tardif Ἐπαγαθίων agrave cocircteacute de Παρμενίων qui bat au contraire tous les records dans cette cateacutegorie (197 individus) et dont lrsquoamplitude chronologique des attestations srsquoexplique agrave la fois par le renom du philosophe Parmeacutenide et par celui du lieute-nant Parmeacutenion drsquoAlexandrethinsp la lexicalisation de lrsquoadjectif composeacute ἐμπόριος fait plutocirct inter-preacuteter lrsquoancien Ἐμπορίων (eg LGPN II) comme un sobriquet Comme hypocoristiques on citera par exemple Πασίων (122 individus) forme abreacutegeacutee drsquoun composeacute du type Πασικράτης (60) et Ἐπαφρ-ίων (19) pour Ἐπαφρόδιτος (515)thinsp et comme sobriquets Διδυμίων ou Ἐλευθερίων qui sont lrsquoun et lrsquoautre drsquoeacutepoque impeacuteriale (LGPN passim)

309ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

IIIA (Peacuteloponnegravese Gregravece de lrsquoOuest Sicile et Grande-Gregravece) laisse identifier 40 composeacutes sur les 350 noms diffeacuterents agrave finale -ίων soit un rapport drsquoun peu plus de 11 thinsp un seul est attesteacute en Argolide occidentale preacuteciseacutement agrave Argos mais seulement agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp Ἁρποκρατίωνthinsp116

Le suffixe -ίων qui servait dans le lexique de suffixe de comparatif srsquoest drsquoabord introduit dans les sobriquets adjectivaux du type Αἰσχρίων (234 individus) Καλλίων (20) ou Κυδίων (2) avec sa valeur grammaticalethinsp notons toutefois que Γλυκίων qui est connu comme comparatif homeacuterique nrsquoest attesteacute qursquoagrave deux exemplaires contre plusieurs centaines drsquoexemples de Γλύκων dans lrsquoensemble du monde grecthinsp117 Dans les autres cas la suffixation est produite par lrsquoadjonction du suffixe banal -ων agrave un i- final extrait lui-mecircme drsquoun thegraveme en -ιο-thinsp118 ou plus souvent drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute verbal ou adjectival du type Ἀλεξικράτης (43 individus) drsquoougrave Ἀλεξίων (103) Il arrive plus rarement que le suffixe -ίων ainsi creacuteeacute apparaisse agrave la finale drsquoun composeacute comme le tregraves populaire Παρ-μεν-ίων composeacute pour lequel sont attesteacutees 26 autres formes de suffixations dont -ων tregraves repreacutesenteacute eacutegalement (136 individus)thinsp selon Bechtel crsquoest Πάρμενις qui a seacutecreacuteteacute Παρμενίδας Παρμενίτας Παρμενίων Παρμένισκος etcthinsp119 Il nrsquoy a pas drsquoexemple drsquohypocoristique qui conserve les seuls phonegravemes initiaux du second eacuteleacutement affecteacute de ce suffixe puisque Δαμοτί-ων forme courte de Δαμότιμος et son correspondant ionien-attique nrsquoont pas drsquoeacutequivalent en -των et sont par conseacutequent suffixeacutes en -ων et non en -ίων et qursquoil en va de mecircme pour tous les composeacutes agrave second eacuteleacutement -τίων

-ωνCependant le suffixe -ων nrsquoeacutetait guegravere plus couramment adjoint agrave un

nom composeacute Crsquoest surtout une suffixation de sobriquetsthinsp120 bien plus que drsquohypocoristiquesthinsp on ne citera que Δαμών-ων Ἀλκί-ν-ων et νικ-άρ-ων parmi ceux qui preacutesentent lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de composeacute preacuteser-veacuteethinsp pour les autres du type Ἀλέξων ou Τίμων lrsquoidentification comme hypocoristique ou comme sobriquet deacutepend de la perspective adopteacuteethinsp lrsquoexistence de composeacutes de type heacuteroiumlque avec parallegraveles dans drsquoautres lan-gues indo-europeacuteennes comportant ces premiers eacuteleacutements fera analyser ces

116 Ἁρποκρατίων IIe s apr J-C RE (2)117 Voir J-L Perpillou laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 (1974)

p 99-107118 Voir P Chantraine Formation p 165 pour un exemple lexical comme οὐρανίων fait

sur οὐράνιος drsquoougrave les anthroponymes οὐρανίων et Κρονίων et les nombreux anthroponymes de forme patronymique tels Ἑλλοπίων Ἀχαιίων Ἀρκαδίων Κωνωπίων etc recenseacutes par Bechtel HPN 548

119 Bechtel HPN 307120 P Chantraine Formation p 161 voir aussi O Masson laquo Notes drsquoanthroponymie grecque

et asianique raquo Beitrz Nam 10 (1959) p 162 (OGS I p 22) sur le rapport qui existe entre ce type de sobriquet et les adjectifs en -ύς cf Δάσων vs δασύς

310 sophie minon

anthroponymes comme des hypocoristiques ndash crsquoest lrsquoanalyse historique pra-tiqueacutee par Bechtel tandis qursquoen synchronie la flexion seulement (geacuten en -ωνος) les distingue de participes employeacutes comme sobriquetsthinsp121 Un son-dage opeacutereacute agrave partir du mecircme volume du LGPN fait apparaicirctre sur 1045 noms en -ων autour de 165 composeacutes clairement identifiables ndash comprenant les 40 composeacutes agrave finale -ίων soit un rapport de presque 16 agrave cocircteacute des 11 pour -ίων Parmi les 125 composeacutes distincts de ceux en -ίων 12 au plus sont attesteacutes agrave Argosthinsp122

-αρίωνOn exclura en tout cas que le suffixe soit ici lrsquoeacutequivalent masculin -αρίων

du neutre -άριον qui est employeacute pour former des sobriquets feacuteminins Comme lrsquoa expliqueacute O Masson les noms de femmes faits au moyen de ce suffixe de diminutif (cf παιδάριον ψυχάριον) commencent agrave apparaicirctre au IIIe siegravecle mais les noms drsquohomme correspondants sont propres agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et freacutequents en Eacutegypte et il rappelait que Bechtel avait montreacute que ces derniers avaient eacuteteacute refaits secondairement sur les diminutifsthinsp ainsi Γλυκαρίων et Ψυχαρίων agrave partir de γλυκάριον et ψυχάριον toutes forma-tions deacuteriveacutees de noms ou drsquoadjectifsthinsp123 Le suffixe -αρίων a pu ecirctre ensuite employeacute librement dans lrsquoanthroponymie sans qursquoil existe neacutecessairement de diminutif associeacute comme on lrsquoobserve pour le nom Τυχαρίων porteacute par deux Atheacuteniens de lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp124

Δαμαρίων et ΔαμάρηςCh Kritzas propose comme parallegraveles agrave lrsquoappui de son analyse Ἀμφ-

αρ-ίον du nouveau nom argien les noms Δαμαρίων et Θεαρίωνthinsp125 Le pre-mier nrsquoest pas attesteacute avant le IIIe siegravecle et a eacuteteacute donneacute surtout agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et en zone ionienne-attiquethinsp les volumes du LGPN reacutepertorient 25 individus ainsi deacutenommeacutesthinsp126

121 Voir sur cette question de typologie I Hartmann laquo lsquoWhat namethinsp What parentagersquo The classification of Greek names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann-A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 (2002) p 55-81

122 Voir LGPN IIIAthinsp Ἰπομέδο ν (SEG 11 336 l 5 ca 575-550)thinsp Ἀλκίφρων (Thuc V 59 5 418 av J-C)thinsp Ὀχίπον (IG IV 552 Ve s)thinsp Εὐέλθων (Iamb VP 267 [FVS I p 447] VeIVe s)thinsp Ξενοφάων (CID 2 75 II l 43 336334)thinsp Ἀριστόφρων (SEG 13 243 316 av J-C)thinsp Βουκολέων (CEG II 816 l 12 303 av J-C)thinsp Ἀριστομέδων (ineacuted publ Ch Kritzas IVeIIIe s)thinsp Λυκόφρων (SEG 42 279 l 6 IIe s)thinsp Δαμοφῶν (ineacuted IIe s)thinsp Εὔφρων (Syringes 44 IIeIer s) et Παρμένων (origine argienne incertaine Bernand El-Kanaiumls 79 Ier s)

123 Voir O Masson laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 (1984) p 157 (OGS II p 443)

124 LGPN II IG II2 2089 l 33 et 2113 l 204 IIe s apr J-C125 Lettre du 20 novembre 2010126 La plus ancienne attestation de ce nom est celle drsquoun Creacutetois et date de 2232 (Milet I

(3) 38g 7)thinsp un Parien homonyme est connu agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale (IG XII (5) 173 V) En dehors de lrsquoexemple drsquoun individu dont lrsquoorigine atheacutenienne est incertaine agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale les

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

306 sophie minon

chius deacutejagrave citeacutee avec le sens positif de laquo providence raquothinsp101thinsp ils appartiendraient alors agrave la cateacutegorie des bahuvrīhi ou eacutepithegravetes de type possessifthinsp102 Drsquoun autre cocircteacute si le a meacutedian de Ἀμφάρης eacutetait effectivement long agrave la diffeacuterence de celui du heacuteronyme Ἀμφιάρηος le second eacuteleacutement -ᾱήρης pourrait tout aussi bien ecirctre analyseacute comme deacuteriveacute de la racine de ἀραρίσκω au sens de laquo adapteacute agrave raquo ou laquo pourvu de raquo drsquoautant que le composeacute ἀμφήρης laquo ajusteacute des deux cocircteacutes raquo est attesteacute dans le lexique poeacutetiquethinsp103thinsp on aurait alors un composeacute agrave rection verbale dont la composition aurait eu lieu dans lrsquoadjec-tif avant son transfert dans lrsquoonomastique Les deux hypothegraveses pourraient du reste ne pas ecirctre incompatiblesthinsp lrsquoeacutetymologie du substantif ἄρος nrsquoest pas assureacutee mais le premier sens de la glose drsquoHeacutesychius (ἄρος ὄφελος) srsquoaccorderait assez bien avec la notion positive de conformiteacute et drsquoajuste-ment veacutehiculeacutee par la racine H2er- que lrsquoon trouve agrave lrsquoorigine notamment de ἀραρίσκω de ἀρείων et de ἄριστοςthinsp104

Ἀν(α)-φαρ- Ἀμ(φι)-φαρ-thinspIl ne serait en theacuteorie pas impossible drsquoavancer agrave ce stade une autre

hypothegravesethinsp celle que Ἀμφάρης ait pu proceacuteder en dehors du domaine ionien-attique soit de Ἀν(α)-φαρ- avec apocope soit de Ἀμ(φι)-φαρ- avec haplologie devant le radical agrave degreacute zeacutero de φέρω comme pourrait en teacutemoi-gner lrsquoadjectif correspondant que fait connaicirctre une glose drsquoHeacutesychius proba-blement issue de la contamination de trois autresthinsp ἀμφαρής περιορωμένη κατολιγωρουμένη καὶ γυμνός ἐπιφανήςthinsp105 Les adjectifs agrave second eacuteleacute-ment -φερής bien attesteacutes se rencontrent degraves Heacuterodote et Heacutesychius fait aussi connaicirctre ἀντιφαρές gloseacute ἐναντίον en face de ἀντιφερής que sup-pose lrsquohom ἀντιφερίζωthinsp106 Ni ἀν(α)φερής ni les formes sans haplologie ἀμφιφαρής et ἀμφιφερής ne sont cependant attesteacutes Nous aurons lrsquoocca-sion de veacuterifier la validiteacute de cette hypothegravese agrave propos du nom Ἀμφαρίον agrave la fin de la troisiegraveme partie

101 Bechtel HPN 193102 Voir eg E Risch Wortbildung p 166-170103 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης renvoie agrave Eur HF 243 (qualificatif de ξύλα) et agrave Ion

1128 (ἀμφήρεις σκηνάς)104 Cf infra n 111105 La glose est consideacutereacutee agrave plus drsquoun titre comme suspecte par Lattethinsp par exemple crsquoest

agrave lrsquoeacutevidence ἀφαρήςἄφαρος qui est agrave lrsquoorigine du sens γυμνός comme lrsquoavait deacutejagrave signaleacute Schmidt et Kuster avant lui Pour lrsquoeacutequivalence entre ἀν(α)φαρής et ἐπιφανής qui serait pos-sible agrave condition de donner aux deux adjectifs le sens de laquo manifeste eacuteclatant raquo voir Pind Neacutem 11 38 ougrave ἀναφέρω (ἀμφέροντ(ι)) est employeacute au sens de laquo produire au jour faire remon-ter agrave la lumiegravere raquo agrave propos de vertus resurgissant drsquoune geacuteneacuteration agrave lrsquoautre Lrsquoideacutee drsquoindiffeacuterence et de meacutepris dont teacutemoigne lrsquoeacutequivalence avec περιορωμένη κατολιγορουμένη pourrait se com-prendre mieux quant agrave elle agrave partir de ἀμ(φι)φαρής au sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo drsquoougrave neacutegativement laquo indeacutecis sans opinion raquo

106 Cf infra n 158

307ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Le nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφ-άρηςCependant dans le cas du nom de lrsquoeacutephore spartiate le rapprochement

avec le nom Δαμάρης assez populaire agrave Sparte agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacute-nistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp107 et avec les noms anciens des Spartiates Μενάρης (μένει ὀξὺν Ἄρηα Il 12 836) et peut-ecirctre Κλεαρίδαςthinsp108 incite agrave mettre ici -άρης en relation soit avec ἀρή laquo ruine destruction raquo soit direc-tement avec le nom drsquoAregraves comme on tendait en revanche agrave lrsquoeacutecarter pour le heacuteronyme Ἀμφιάρηος Lrsquoexistence du nom Δημάρης porteacute par un Deacutelien et lrsquoabsence de Δημήρης de Μενήρης et de Κλέηρις dissuadent de plus de retenir lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement agrave voyelle longue initiale -ᾱήρης Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le contraste entre la poigneacutee drsquoanthroponymes composeacutes en -ήρης attesteacutes dans lrsquoensemble du monde grec dont lrsquoidentifi-cation avec le radical de ἀραρίσκω nrsquoest du reste probable que pour le seul Φρασιήρης et la vingtaine de composeacutes en -άρης dont plus de la moitieacute est attesteacutee en zone ionienne-attiquethinsp109 fait douter que ce dernier eacuteleacutement ait comporteacute une voyelle longue initiale ailleurs que dans la phraseacuteologie poeacute-tique et dans le calque Μενάρης

Du radical ἀρ- aux bases ἀρι- ἀρο- et ἀρήIl a donc principalement existeacute des composeacutes anthroponymiques agrave second

eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης ndash et de mecircme en -αρις -αρος et -αρώthinsp110 dans lesquels srsquoobserve la mecircme absence drsquoallongement de la voyelle de jonction que dans Ἀμφιάρηος en deacutepit mecircme de lrsquoeacutelision et cela en contradiction avec la loi drsquoallongement urgriechisch mise en eacutevidence par Wackernagel dont lrsquoapplication nrsquoest certes reacuteguliegravere que dans les composeacutes nominaux anciens de lrsquoeacutepoque alphabeacutetique comme cela a eacuteteacute exposeacute en preacuteambule Comme pour ἀμφαρίστερος il est probable que la conservation du a bref eacutetait destineacutee agrave laisser visible le lien eacutetymologique avec la famille de ἀραρίσκω ἀρείων ἀρι- ἄρος et celle de ἀρή Ἄρης vraisemblablement lrsquoune et lrsquoautre issues sinon de la mecircme base du moins de la mecircme racine H2er-thinsp111 en eacutevitant la confusion possible avec les autres -ήρηςthinsp112 comme

107 Le nom Δαμάρης a eacuteteacute porteacute par quatorze Spartiates par un Arcadien (LGPN IIIA) par un Deacutelien et deux Creacutetois (LGPN I) et un citoyen drsquoAmisos (LGPN VA)

108 Bechtel HPN 69 cf Heacuterodote VIII 131 VIe s et n 99 pour Κλεαρίδας et Κλέαρις109 Pour lrsquoorigine poeacutetique du composeacute Φρασι-ήρης cf supra n 6 Drsquoapregraves le site du

LGPN en ligne les autres composeacutes en -ήρης sontthinsp Εὐήρης Ξεινήρης Περιήρης et Πολυήρης tous attesteacutes agrave un seul exemplaire sauf le premier (5 individus) Pour -άρης voirthinsp Ἀμφ(ι)άρης Ἀνδράρης (zone ion-att) Δαημάρης (id) Δειξάρης Διάρης (id) Δρομάρης (id) Εὐάρης (id) Θεάρης Κλεάρης Λυκάρης (id) Μαχάρης (id) Μενάρης (id) Ξεν(Ϝ)άρης (id) Ξιφάρης (id) Πανάρης Παντάρης Ποδάρης Τιμάρης

110 Cf Κλέαρις n 100 et Εὔαρος et Κλειναρώ n 89111 Voir H Rix LIV2 sv H2er- (ἀραρώς) H2erH (Ἄρης) et H2erH3 (ἀρόω) et cf supra

n 56 pour lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour le nom drsquoAregraves par T Barnes112 Il nrsquoest pas sucircr que lrsquoadj hom ἐρίηρες laquo fidegraveles raquo (de wēr- cf hom ἦρα et Chantraine

DEacuteLG sv) ait geacuteneacutereacute des anthroponymes en dehors de lrsquoeacutepopeacutee ougrave le second membre de Διώρης

308 sophie minon

dans poeacutet ἀμφήρης laquo avec des rames de part et drsquoautre raquo (cf ἐρέττω)thinsp113 ou -ηρις (de ἔρις) comme dans poeacutet δύσηρις et lrsquoanthroponyme correspon-dant dont pourraient ecirctre rapprocheacutes le nom du Thasien Ἀμφηρίδης deacuteriveacute de Ἄμφηρις ainsi que lrsquoadjectif ἀμφήριστοςthinsp114

IIIenspἈμφαρίον Δαμαρίων et Θεαρίων

Lrsquoemploi anthroponymique du suffixe -ίωνLes analyses meneacutees jusqursquoici permettent-elles de deacutemecircler lrsquoorigine du

nom nouveau Ἀμφαρίονthinsp En lrsquoabsence de correspondant myceacutenien il res-sort des eacuteleacutements qui ont eacuteteacute deacutegageacutes pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique que si le premier eacuteleacutement eacutetait Ἀμφι- lrsquoeacutelision de sa voyelle finale eacutetait attendue devant -αρ- ndash ne serait-ce que pour eacuteviter lrsquohiatus iV dans deux syllabes successives sans que lrsquoallongement de la voyelle initiale du second eacuteleacute-ment ait neacutecessairement accompagneacute cette eacutelisionthinsp mais qursquoen pays dorien il serait theacuteoriquement possible que Ἀμφαρ- ait valu ion-att ἀναφερ- et soit un composeacute deacuteverbatif comme cela vient drsquoecirctre exposeacute pour le nom Ἀμφάρης La suffixation de notre anthroponyme est-elle alors compatible avec lrsquoune et lrsquoautre formationthinsp

-ίωνForce nous est de constater que la finale -ίων moins reacutepandue dans

lrsquoanthroponymie que le suffixe -ων lrsquoest encore moins parmi les composeacutesthinsp sur les 1060 noms diffeacuterents preacutesentant cette finale dans les six volumes du Lexicon of Greek Personal Names soit 3 de la totaliteacute des noms connus 7 seulement preacutesentent la forme pleine de composeacutes ndash ce sont geacuteneacuteralement des noms rares dont ne sont connus que 2 3 exemplaires mais qui tendent agrave se deacutevelopper au-delagrave de lrsquoeacutepoque classique contre une majoriteacute drsquohypo-coristiques et de sobriquetsthinsp115 Le deacutepouillement de lrsquoindex inverse du LGPN

et Περιήρης aurait cette origine cf Bechtel HPN 194 tandis que Risch Wortbildung p 79 le rapproche de la racine de ἀραρίσκω Lrsquoanalyse du nom de lrsquoArcadien Πολυ-ήρης (monnaie ineacute-dite du IIe s av J-C ZfN 9 [1882] p 266 ndeg 2) est de mecircme ambigueuml

113 La motivation du nom Εὐήρης de trois Thasiens aurait-elle eacuteteacute celle-lagravethinsp la deacutesignation de laquo bons rameurs raquothinsp Pour lrsquoadj poeacutetique ἀμφήρης cf eg Eur Cycl 15

114 Voir DGEsp sv δύσερις poeacutet δύσηρις et ἀμφήριστος et LGPN IIIB deux Thessaliens du nom de Δύσηρις au VIe et IVe s av J-Cthinsp pour Ἀμφηρίδης supra n 100

115 Sondage effectueacute agrave lrsquoaide de la base de donneacutees en ligne du site du LGPN Citons comme composeacutes suffixeacutes en -ίωνthinsp le rare et tardif Ἐπαγαθίων agrave cocircteacute de Παρμενίων qui bat au contraire tous les records dans cette cateacutegorie (197 individus) et dont lrsquoamplitude chronologique des attestations srsquoexplique agrave la fois par le renom du philosophe Parmeacutenide et par celui du lieute-nant Parmeacutenion drsquoAlexandrethinsp la lexicalisation de lrsquoadjectif composeacute ἐμπόριος fait plutocirct inter-preacuteter lrsquoancien Ἐμπορίων (eg LGPN II) comme un sobriquet Comme hypocoristiques on citera par exemple Πασίων (122 individus) forme abreacutegeacutee drsquoun composeacute du type Πασικράτης (60) et Ἐπαφρ-ίων (19) pour Ἐπαφρόδιτος (515)thinsp et comme sobriquets Διδυμίων ou Ἐλευθερίων qui sont lrsquoun et lrsquoautre drsquoeacutepoque impeacuteriale (LGPN passim)

309ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

IIIA (Peacuteloponnegravese Gregravece de lrsquoOuest Sicile et Grande-Gregravece) laisse identifier 40 composeacutes sur les 350 noms diffeacuterents agrave finale -ίων soit un rapport drsquoun peu plus de 11 thinsp un seul est attesteacute en Argolide occidentale preacuteciseacutement agrave Argos mais seulement agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp Ἁρποκρατίωνthinsp116

Le suffixe -ίων qui servait dans le lexique de suffixe de comparatif srsquoest drsquoabord introduit dans les sobriquets adjectivaux du type Αἰσχρίων (234 individus) Καλλίων (20) ou Κυδίων (2) avec sa valeur grammaticalethinsp notons toutefois que Γλυκίων qui est connu comme comparatif homeacuterique nrsquoest attesteacute qursquoagrave deux exemplaires contre plusieurs centaines drsquoexemples de Γλύκων dans lrsquoensemble du monde grecthinsp117 Dans les autres cas la suffixation est produite par lrsquoadjonction du suffixe banal -ων agrave un i- final extrait lui-mecircme drsquoun thegraveme en -ιο-thinsp118 ou plus souvent drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute verbal ou adjectival du type Ἀλεξικράτης (43 individus) drsquoougrave Ἀλεξίων (103) Il arrive plus rarement que le suffixe -ίων ainsi creacuteeacute apparaisse agrave la finale drsquoun composeacute comme le tregraves populaire Παρ-μεν-ίων composeacute pour lequel sont attesteacutees 26 autres formes de suffixations dont -ων tregraves repreacutesenteacute eacutegalement (136 individus)thinsp selon Bechtel crsquoest Πάρμενις qui a seacutecreacuteteacute Παρμενίδας Παρμενίτας Παρμενίων Παρμένισκος etcthinsp119 Il nrsquoy a pas drsquoexemple drsquohypocoristique qui conserve les seuls phonegravemes initiaux du second eacuteleacutement affecteacute de ce suffixe puisque Δαμοτί-ων forme courte de Δαμότιμος et son correspondant ionien-attique nrsquoont pas drsquoeacutequivalent en -των et sont par conseacutequent suffixeacutes en -ων et non en -ίων et qursquoil en va de mecircme pour tous les composeacutes agrave second eacuteleacutement -τίων

-ωνCependant le suffixe -ων nrsquoeacutetait guegravere plus couramment adjoint agrave un

nom composeacute Crsquoest surtout une suffixation de sobriquetsthinsp120 bien plus que drsquohypocoristiquesthinsp on ne citera que Δαμών-ων Ἀλκί-ν-ων et νικ-άρ-ων parmi ceux qui preacutesentent lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de composeacute preacuteser-veacuteethinsp pour les autres du type Ἀλέξων ou Τίμων lrsquoidentification comme hypocoristique ou comme sobriquet deacutepend de la perspective adopteacuteethinsp lrsquoexistence de composeacutes de type heacuteroiumlque avec parallegraveles dans drsquoautres lan-gues indo-europeacuteennes comportant ces premiers eacuteleacutements fera analyser ces

116 Ἁρποκρατίων IIe s apr J-C RE (2)117 Voir J-L Perpillou laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 (1974)

p 99-107118 Voir P Chantraine Formation p 165 pour un exemple lexical comme οὐρανίων fait

sur οὐράνιος drsquoougrave les anthroponymes οὐρανίων et Κρονίων et les nombreux anthroponymes de forme patronymique tels Ἑλλοπίων Ἀχαιίων Ἀρκαδίων Κωνωπίων etc recenseacutes par Bechtel HPN 548

119 Bechtel HPN 307120 P Chantraine Formation p 161 voir aussi O Masson laquo Notes drsquoanthroponymie grecque

et asianique raquo Beitrz Nam 10 (1959) p 162 (OGS I p 22) sur le rapport qui existe entre ce type de sobriquet et les adjectifs en -ύς cf Δάσων vs δασύς

310 sophie minon

anthroponymes comme des hypocoristiques ndash crsquoest lrsquoanalyse historique pra-tiqueacutee par Bechtel tandis qursquoen synchronie la flexion seulement (geacuten en -ωνος) les distingue de participes employeacutes comme sobriquetsthinsp121 Un son-dage opeacutereacute agrave partir du mecircme volume du LGPN fait apparaicirctre sur 1045 noms en -ων autour de 165 composeacutes clairement identifiables ndash comprenant les 40 composeacutes agrave finale -ίων soit un rapport de presque 16 agrave cocircteacute des 11 pour -ίων Parmi les 125 composeacutes distincts de ceux en -ίων 12 au plus sont attesteacutes agrave Argosthinsp122

-αρίωνOn exclura en tout cas que le suffixe soit ici lrsquoeacutequivalent masculin -αρίων

du neutre -άριον qui est employeacute pour former des sobriquets feacuteminins Comme lrsquoa expliqueacute O Masson les noms de femmes faits au moyen de ce suffixe de diminutif (cf παιδάριον ψυχάριον) commencent agrave apparaicirctre au IIIe siegravecle mais les noms drsquohomme correspondants sont propres agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et freacutequents en Eacutegypte et il rappelait que Bechtel avait montreacute que ces derniers avaient eacuteteacute refaits secondairement sur les diminutifsthinsp ainsi Γλυκαρίων et Ψυχαρίων agrave partir de γλυκάριον et ψυχάριον toutes forma-tions deacuteriveacutees de noms ou drsquoadjectifsthinsp123 Le suffixe -αρίων a pu ecirctre ensuite employeacute librement dans lrsquoanthroponymie sans qursquoil existe neacutecessairement de diminutif associeacute comme on lrsquoobserve pour le nom Τυχαρίων porteacute par deux Atheacuteniens de lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp124

Δαμαρίων et ΔαμάρηςCh Kritzas propose comme parallegraveles agrave lrsquoappui de son analyse Ἀμφ-

αρ-ίον du nouveau nom argien les noms Δαμαρίων et Θεαρίωνthinsp125 Le pre-mier nrsquoest pas attesteacute avant le IIIe siegravecle et a eacuteteacute donneacute surtout agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et en zone ionienne-attiquethinsp les volumes du LGPN reacutepertorient 25 individus ainsi deacutenommeacutesthinsp126

121 Voir sur cette question de typologie I Hartmann laquo lsquoWhat namethinsp What parentagersquo The classification of Greek names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann-A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 (2002) p 55-81

122 Voir LGPN IIIAthinsp Ἰπομέδο ν (SEG 11 336 l 5 ca 575-550)thinsp Ἀλκίφρων (Thuc V 59 5 418 av J-C)thinsp Ὀχίπον (IG IV 552 Ve s)thinsp Εὐέλθων (Iamb VP 267 [FVS I p 447] VeIVe s)thinsp Ξενοφάων (CID 2 75 II l 43 336334)thinsp Ἀριστόφρων (SEG 13 243 316 av J-C)thinsp Βουκολέων (CEG II 816 l 12 303 av J-C)thinsp Ἀριστομέδων (ineacuted publ Ch Kritzas IVeIIIe s)thinsp Λυκόφρων (SEG 42 279 l 6 IIe s)thinsp Δαμοφῶν (ineacuted IIe s)thinsp Εὔφρων (Syringes 44 IIeIer s) et Παρμένων (origine argienne incertaine Bernand El-Kanaiumls 79 Ier s)

123 Voir O Masson laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 (1984) p 157 (OGS II p 443)

124 LGPN II IG II2 2089 l 33 et 2113 l 204 IIe s apr J-C125 Lettre du 20 novembre 2010126 La plus ancienne attestation de ce nom est celle drsquoun Creacutetois et date de 2232 (Milet I

(3) 38g 7)thinsp un Parien homonyme est connu agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale (IG XII (5) 173 V) En dehors de lrsquoexemple drsquoun individu dont lrsquoorigine atheacutenienne est incertaine agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale les

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

307ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Le nom de lrsquoeacutephore spartiate Ἀμφ-άρηςCependant dans le cas du nom de lrsquoeacutephore spartiate le rapprochement

avec le nom Δαμάρης assez populaire agrave Sparte agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacute-nistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp107 et avec les noms anciens des Spartiates Μενάρης (μένει ὀξὺν Ἄρηα Il 12 836) et peut-ecirctre Κλεαρίδαςthinsp108 incite agrave mettre ici -άρης en relation soit avec ἀρή laquo ruine destruction raquo soit direc-tement avec le nom drsquoAregraves comme on tendait en revanche agrave lrsquoeacutecarter pour le heacuteronyme Ἀμφιάρηος Lrsquoexistence du nom Δημάρης porteacute par un Deacutelien et lrsquoabsence de Δημήρης de Μενήρης et de Κλέηρις dissuadent de plus de retenir lrsquohypothegravese drsquoun second eacuteleacutement agrave voyelle longue initiale -ᾱήρης Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le contraste entre la poigneacutee drsquoanthroponymes composeacutes en -ήρης attesteacutes dans lrsquoensemble du monde grec dont lrsquoidentifi-cation avec le radical de ἀραρίσκω nrsquoest du reste probable que pour le seul Φρασιήρης et la vingtaine de composeacutes en -άρης dont plus de la moitieacute est attesteacutee en zone ionienne-attiquethinsp109 fait douter que ce dernier eacuteleacutement ait comporteacute une voyelle longue initiale ailleurs que dans la phraseacuteologie poeacute-tique et dans le calque Μενάρης

Du radical ἀρ- aux bases ἀρι- ἀρο- et ἀρήIl a donc principalement existeacute des composeacutes anthroponymiques agrave second

eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης ndash et de mecircme en -αρις -αρος et -αρώthinsp110 dans lesquels srsquoobserve la mecircme absence drsquoallongement de la voyelle de jonction que dans Ἀμφιάρηος en deacutepit mecircme de lrsquoeacutelision et cela en contradiction avec la loi drsquoallongement urgriechisch mise en eacutevidence par Wackernagel dont lrsquoapplication nrsquoest certes reacuteguliegravere que dans les composeacutes nominaux anciens de lrsquoeacutepoque alphabeacutetique comme cela a eacuteteacute exposeacute en preacuteambule Comme pour ἀμφαρίστερος il est probable que la conservation du a bref eacutetait destineacutee agrave laisser visible le lien eacutetymologique avec la famille de ἀραρίσκω ἀρείων ἀρι- ἄρος et celle de ἀρή Ἄρης vraisemblablement lrsquoune et lrsquoautre issues sinon de la mecircme base du moins de la mecircme racine H2er-thinsp111 en eacutevitant la confusion possible avec les autres -ήρηςthinsp112 comme

107 Le nom Δαμάρης a eacuteteacute porteacute par quatorze Spartiates par un Arcadien (LGPN IIIA) par un Deacutelien et deux Creacutetois (LGPN I) et un citoyen drsquoAmisos (LGPN VA)

108 Bechtel HPN 69 cf Heacuterodote VIII 131 VIe s et n 99 pour Κλεαρίδας et Κλέαρις109 Pour lrsquoorigine poeacutetique du composeacute Φρασι-ήρης cf supra n 6 Drsquoapregraves le site du

LGPN en ligne les autres composeacutes en -ήρης sontthinsp Εὐήρης Ξεινήρης Περιήρης et Πολυήρης tous attesteacutes agrave un seul exemplaire sauf le premier (5 individus) Pour -άρης voirthinsp Ἀμφ(ι)άρης Ἀνδράρης (zone ion-att) Δαημάρης (id) Δειξάρης Διάρης (id) Δρομάρης (id) Εὐάρης (id) Θεάρης Κλεάρης Λυκάρης (id) Μαχάρης (id) Μενάρης (id) Ξεν(Ϝ)άρης (id) Ξιφάρης (id) Πανάρης Παντάρης Ποδάρης Τιμάρης

110 Cf Κλέαρις n 100 et Εὔαρος et Κλειναρώ n 89111 Voir H Rix LIV2 sv H2er- (ἀραρώς) H2erH (Ἄρης) et H2erH3 (ἀρόω) et cf supra

n 56 pour lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour le nom drsquoAregraves par T Barnes112 Il nrsquoest pas sucircr que lrsquoadj hom ἐρίηρες laquo fidegraveles raquo (de wēr- cf hom ἦρα et Chantraine

DEacuteLG sv) ait geacuteneacutereacute des anthroponymes en dehors de lrsquoeacutepopeacutee ougrave le second membre de Διώρης

308 sophie minon

dans poeacutet ἀμφήρης laquo avec des rames de part et drsquoautre raquo (cf ἐρέττω)thinsp113 ou -ηρις (de ἔρις) comme dans poeacutet δύσηρις et lrsquoanthroponyme correspon-dant dont pourraient ecirctre rapprocheacutes le nom du Thasien Ἀμφηρίδης deacuteriveacute de Ἄμφηρις ainsi que lrsquoadjectif ἀμφήριστοςthinsp114

IIIenspἈμφαρίον Δαμαρίων et Θεαρίων

Lrsquoemploi anthroponymique du suffixe -ίωνLes analyses meneacutees jusqursquoici permettent-elles de deacutemecircler lrsquoorigine du

nom nouveau Ἀμφαρίονthinsp En lrsquoabsence de correspondant myceacutenien il res-sort des eacuteleacutements qui ont eacuteteacute deacutegageacutes pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique que si le premier eacuteleacutement eacutetait Ἀμφι- lrsquoeacutelision de sa voyelle finale eacutetait attendue devant -αρ- ndash ne serait-ce que pour eacuteviter lrsquohiatus iV dans deux syllabes successives sans que lrsquoallongement de la voyelle initiale du second eacuteleacute-ment ait neacutecessairement accompagneacute cette eacutelisionthinsp mais qursquoen pays dorien il serait theacuteoriquement possible que Ἀμφαρ- ait valu ion-att ἀναφερ- et soit un composeacute deacuteverbatif comme cela vient drsquoecirctre exposeacute pour le nom Ἀμφάρης La suffixation de notre anthroponyme est-elle alors compatible avec lrsquoune et lrsquoautre formationthinsp

-ίωνForce nous est de constater que la finale -ίων moins reacutepandue dans

lrsquoanthroponymie que le suffixe -ων lrsquoest encore moins parmi les composeacutesthinsp sur les 1060 noms diffeacuterents preacutesentant cette finale dans les six volumes du Lexicon of Greek Personal Names soit 3 de la totaliteacute des noms connus 7 seulement preacutesentent la forme pleine de composeacutes ndash ce sont geacuteneacuteralement des noms rares dont ne sont connus que 2 3 exemplaires mais qui tendent agrave se deacutevelopper au-delagrave de lrsquoeacutepoque classique contre une majoriteacute drsquohypo-coristiques et de sobriquetsthinsp115 Le deacutepouillement de lrsquoindex inverse du LGPN

et Περιήρης aurait cette origine cf Bechtel HPN 194 tandis que Risch Wortbildung p 79 le rapproche de la racine de ἀραρίσκω Lrsquoanalyse du nom de lrsquoArcadien Πολυ-ήρης (monnaie ineacute-dite du IIe s av J-C ZfN 9 [1882] p 266 ndeg 2) est de mecircme ambigueuml

113 La motivation du nom Εὐήρης de trois Thasiens aurait-elle eacuteteacute celle-lagravethinsp la deacutesignation de laquo bons rameurs raquothinsp Pour lrsquoadj poeacutetique ἀμφήρης cf eg Eur Cycl 15

114 Voir DGEsp sv δύσερις poeacutet δύσηρις et ἀμφήριστος et LGPN IIIB deux Thessaliens du nom de Δύσηρις au VIe et IVe s av J-Cthinsp pour Ἀμφηρίδης supra n 100

115 Sondage effectueacute agrave lrsquoaide de la base de donneacutees en ligne du site du LGPN Citons comme composeacutes suffixeacutes en -ίωνthinsp le rare et tardif Ἐπαγαθίων agrave cocircteacute de Παρμενίων qui bat au contraire tous les records dans cette cateacutegorie (197 individus) et dont lrsquoamplitude chronologique des attestations srsquoexplique agrave la fois par le renom du philosophe Parmeacutenide et par celui du lieute-nant Parmeacutenion drsquoAlexandrethinsp la lexicalisation de lrsquoadjectif composeacute ἐμπόριος fait plutocirct inter-preacuteter lrsquoancien Ἐμπορίων (eg LGPN II) comme un sobriquet Comme hypocoristiques on citera par exemple Πασίων (122 individus) forme abreacutegeacutee drsquoun composeacute du type Πασικράτης (60) et Ἐπαφρ-ίων (19) pour Ἐπαφρόδιτος (515)thinsp et comme sobriquets Διδυμίων ou Ἐλευθερίων qui sont lrsquoun et lrsquoautre drsquoeacutepoque impeacuteriale (LGPN passim)

309ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

IIIA (Peacuteloponnegravese Gregravece de lrsquoOuest Sicile et Grande-Gregravece) laisse identifier 40 composeacutes sur les 350 noms diffeacuterents agrave finale -ίων soit un rapport drsquoun peu plus de 11 thinsp un seul est attesteacute en Argolide occidentale preacuteciseacutement agrave Argos mais seulement agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp Ἁρποκρατίωνthinsp116

Le suffixe -ίων qui servait dans le lexique de suffixe de comparatif srsquoest drsquoabord introduit dans les sobriquets adjectivaux du type Αἰσχρίων (234 individus) Καλλίων (20) ou Κυδίων (2) avec sa valeur grammaticalethinsp notons toutefois que Γλυκίων qui est connu comme comparatif homeacuterique nrsquoest attesteacute qursquoagrave deux exemplaires contre plusieurs centaines drsquoexemples de Γλύκων dans lrsquoensemble du monde grecthinsp117 Dans les autres cas la suffixation est produite par lrsquoadjonction du suffixe banal -ων agrave un i- final extrait lui-mecircme drsquoun thegraveme en -ιο-thinsp118 ou plus souvent drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute verbal ou adjectival du type Ἀλεξικράτης (43 individus) drsquoougrave Ἀλεξίων (103) Il arrive plus rarement que le suffixe -ίων ainsi creacuteeacute apparaisse agrave la finale drsquoun composeacute comme le tregraves populaire Παρ-μεν-ίων composeacute pour lequel sont attesteacutees 26 autres formes de suffixations dont -ων tregraves repreacutesenteacute eacutegalement (136 individus)thinsp selon Bechtel crsquoest Πάρμενις qui a seacutecreacuteteacute Παρμενίδας Παρμενίτας Παρμενίων Παρμένισκος etcthinsp119 Il nrsquoy a pas drsquoexemple drsquohypocoristique qui conserve les seuls phonegravemes initiaux du second eacuteleacutement affecteacute de ce suffixe puisque Δαμοτί-ων forme courte de Δαμότιμος et son correspondant ionien-attique nrsquoont pas drsquoeacutequivalent en -των et sont par conseacutequent suffixeacutes en -ων et non en -ίων et qursquoil en va de mecircme pour tous les composeacutes agrave second eacuteleacutement -τίων

-ωνCependant le suffixe -ων nrsquoeacutetait guegravere plus couramment adjoint agrave un

nom composeacute Crsquoest surtout une suffixation de sobriquetsthinsp120 bien plus que drsquohypocoristiquesthinsp on ne citera que Δαμών-ων Ἀλκί-ν-ων et νικ-άρ-ων parmi ceux qui preacutesentent lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de composeacute preacuteser-veacuteethinsp pour les autres du type Ἀλέξων ou Τίμων lrsquoidentification comme hypocoristique ou comme sobriquet deacutepend de la perspective adopteacuteethinsp lrsquoexistence de composeacutes de type heacuteroiumlque avec parallegraveles dans drsquoautres lan-gues indo-europeacuteennes comportant ces premiers eacuteleacutements fera analyser ces

116 Ἁρποκρατίων IIe s apr J-C RE (2)117 Voir J-L Perpillou laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 (1974)

p 99-107118 Voir P Chantraine Formation p 165 pour un exemple lexical comme οὐρανίων fait

sur οὐράνιος drsquoougrave les anthroponymes οὐρανίων et Κρονίων et les nombreux anthroponymes de forme patronymique tels Ἑλλοπίων Ἀχαιίων Ἀρκαδίων Κωνωπίων etc recenseacutes par Bechtel HPN 548

119 Bechtel HPN 307120 P Chantraine Formation p 161 voir aussi O Masson laquo Notes drsquoanthroponymie grecque

et asianique raquo Beitrz Nam 10 (1959) p 162 (OGS I p 22) sur le rapport qui existe entre ce type de sobriquet et les adjectifs en -ύς cf Δάσων vs δασύς

310 sophie minon

anthroponymes comme des hypocoristiques ndash crsquoest lrsquoanalyse historique pra-tiqueacutee par Bechtel tandis qursquoen synchronie la flexion seulement (geacuten en -ωνος) les distingue de participes employeacutes comme sobriquetsthinsp121 Un son-dage opeacutereacute agrave partir du mecircme volume du LGPN fait apparaicirctre sur 1045 noms en -ων autour de 165 composeacutes clairement identifiables ndash comprenant les 40 composeacutes agrave finale -ίων soit un rapport de presque 16 agrave cocircteacute des 11 pour -ίων Parmi les 125 composeacutes distincts de ceux en -ίων 12 au plus sont attesteacutes agrave Argosthinsp122

-αρίωνOn exclura en tout cas que le suffixe soit ici lrsquoeacutequivalent masculin -αρίων

du neutre -άριον qui est employeacute pour former des sobriquets feacuteminins Comme lrsquoa expliqueacute O Masson les noms de femmes faits au moyen de ce suffixe de diminutif (cf παιδάριον ψυχάριον) commencent agrave apparaicirctre au IIIe siegravecle mais les noms drsquohomme correspondants sont propres agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et freacutequents en Eacutegypte et il rappelait que Bechtel avait montreacute que ces derniers avaient eacuteteacute refaits secondairement sur les diminutifsthinsp ainsi Γλυκαρίων et Ψυχαρίων agrave partir de γλυκάριον et ψυχάριον toutes forma-tions deacuteriveacutees de noms ou drsquoadjectifsthinsp123 Le suffixe -αρίων a pu ecirctre ensuite employeacute librement dans lrsquoanthroponymie sans qursquoil existe neacutecessairement de diminutif associeacute comme on lrsquoobserve pour le nom Τυχαρίων porteacute par deux Atheacuteniens de lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp124

Δαμαρίων et ΔαμάρηςCh Kritzas propose comme parallegraveles agrave lrsquoappui de son analyse Ἀμφ-

αρ-ίον du nouveau nom argien les noms Δαμαρίων et Θεαρίωνthinsp125 Le pre-mier nrsquoest pas attesteacute avant le IIIe siegravecle et a eacuteteacute donneacute surtout agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et en zone ionienne-attiquethinsp les volumes du LGPN reacutepertorient 25 individus ainsi deacutenommeacutesthinsp126

121 Voir sur cette question de typologie I Hartmann laquo lsquoWhat namethinsp What parentagersquo The classification of Greek names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann-A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 (2002) p 55-81

122 Voir LGPN IIIAthinsp Ἰπομέδο ν (SEG 11 336 l 5 ca 575-550)thinsp Ἀλκίφρων (Thuc V 59 5 418 av J-C)thinsp Ὀχίπον (IG IV 552 Ve s)thinsp Εὐέλθων (Iamb VP 267 [FVS I p 447] VeIVe s)thinsp Ξενοφάων (CID 2 75 II l 43 336334)thinsp Ἀριστόφρων (SEG 13 243 316 av J-C)thinsp Βουκολέων (CEG II 816 l 12 303 av J-C)thinsp Ἀριστομέδων (ineacuted publ Ch Kritzas IVeIIIe s)thinsp Λυκόφρων (SEG 42 279 l 6 IIe s)thinsp Δαμοφῶν (ineacuted IIe s)thinsp Εὔφρων (Syringes 44 IIeIer s) et Παρμένων (origine argienne incertaine Bernand El-Kanaiumls 79 Ier s)

123 Voir O Masson laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 (1984) p 157 (OGS II p 443)

124 LGPN II IG II2 2089 l 33 et 2113 l 204 IIe s apr J-C125 Lettre du 20 novembre 2010126 La plus ancienne attestation de ce nom est celle drsquoun Creacutetois et date de 2232 (Milet I

(3) 38g 7)thinsp un Parien homonyme est connu agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale (IG XII (5) 173 V) En dehors de lrsquoexemple drsquoun individu dont lrsquoorigine atheacutenienne est incertaine agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale les

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

308 sophie minon

dans poeacutet ἀμφήρης laquo avec des rames de part et drsquoautre raquo (cf ἐρέττω)thinsp113 ou -ηρις (de ἔρις) comme dans poeacutet δύσηρις et lrsquoanthroponyme correspon-dant dont pourraient ecirctre rapprocheacutes le nom du Thasien Ἀμφηρίδης deacuteriveacute de Ἄμφηρις ainsi que lrsquoadjectif ἀμφήριστοςthinsp114

IIIenspἈμφαρίον Δαμαρίων et Θεαρίων

Lrsquoemploi anthroponymique du suffixe -ίωνLes analyses meneacutees jusqursquoici permettent-elles de deacutemecircler lrsquoorigine du

nom nouveau Ἀμφαρίονthinsp En lrsquoabsence de correspondant myceacutenien il res-sort des eacuteleacutements qui ont eacuteteacute deacutegageacutes pour lrsquoeacutepoque alphabeacutetique que si le premier eacuteleacutement eacutetait Ἀμφι- lrsquoeacutelision de sa voyelle finale eacutetait attendue devant -αρ- ndash ne serait-ce que pour eacuteviter lrsquohiatus iV dans deux syllabes successives sans que lrsquoallongement de la voyelle initiale du second eacuteleacute-ment ait neacutecessairement accompagneacute cette eacutelisionthinsp mais qursquoen pays dorien il serait theacuteoriquement possible que Ἀμφαρ- ait valu ion-att ἀναφερ- et soit un composeacute deacuteverbatif comme cela vient drsquoecirctre exposeacute pour le nom Ἀμφάρης La suffixation de notre anthroponyme est-elle alors compatible avec lrsquoune et lrsquoautre formationthinsp

-ίωνForce nous est de constater que la finale -ίων moins reacutepandue dans

lrsquoanthroponymie que le suffixe -ων lrsquoest encore moins parmi les composeacutesthinsp sur les 1060 noms diffeacuterents preacutesentant cette finale dans les six volumes du Lexicon of Greek Personal Names soit 3 de la totaliteacute des noms connus 7 seulement preacutesentent la forme pleine de composeacutes ndash ce sont geacuteneacuteralement des noms rares dont ne sont connus que 2 3 exemplaires mais qui tendent agrave se deacutevelopper au-delagrave de lrsquoeacutepoque classique contre une majoriteacute drsquohypo-coristiques et de sobriquetsthinsp115 Le deacutepouillement de lrsquoindex inverse du LGPN

et Περιήρης aurait cette origine cf Bechtel HPN 194 tandis que Risch Wortbildung p 79 le rapproche de la racine de ἀραρίσκω Lrsquoanalyse du nom de lrsquoArcadien Πολυ-ήρης (monnaie ineacute-dite du IIe s av J-C ZfN 9 [1882] p 266 ndeg 2) est de mecircme ambigueuml

113 La motivation du nom Εὐήρης de trois Thasiens aurait-elle eacuteteacute celle-lagravethinsp la deacutesignation de laquo bons rameurs raquothinsp Pour lrsquoadj poeacutetique ἀμφήρης cf eg Eur Cycl 15

114 Voir DGEsp sv δύσερις poeacutet δύσηρις et ἀμφήριστος et LGPN IIIB deux Thessaliens du nom de Δύσηρις au VIe et IVe s av J-Cthinsp pour Ἀμφηρίδης supra n 100

115 Sondage effectueacute agrave lrsquoaide de la base de donneacutees en ligne du site du LGPN Citons comme composeacutes suffixeacutes en -ίωνthinsp le rare et tardif Ἐπαγαθίων agrave cocircteacute de Παρμενίων qui bat au contraire tous les records dans cette cateacutegorie (197 individus) et dont lrsquoamplitude chronologique des attestations srsquoexplique agrave la fois par le renom du philosophe Parmeacutenide et par celui du lieute-nant Parmeacutenion drsquoAlexandrethinsp la lexicalisation de lrsquoadjectif composeacute ἐμπόριος fait plutocirct inter-preacuteter lrsquoancien Ἐμπορίων (eg LGPN II) comme un sobriquet Comme hypocoristiques on citera par exemple Πασίων (122 individus) forme abreacutegeacutee drsquoun composeacute du type Πασικράτης (60) et Ἐπαφρ-ίων (19) pour Ἐπαφρόδιτος (515)thinsp et comme sobriquets Διδυμίων ou Ἐλευθερίων qui sont lrsquoun et lrsquoautre drsquoeacutepoque impeacuteriale (LGPN passim)

309ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

IIIA (Peacuteloponnegravese Gregravece de lrsquoOuest Sicile et Grande-Gregravece) laisse identifier 40 composeacutes sur les 350 noms diffeacuterents agrave finale -ίων soit un rapport drsquoun peu plus de 11 thinsp un seul est attesteacute en Argolide occidentale preacuteciseacutement agrave Argos mais seulement agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp Ἁρποκρατίωνthinsp116

Le suffixe -ίων qui servait dans le lexique de suffixe de comparatif srsquoest drsquoabord introduit dans les sobriquets adjectivaux du type Αἰσχρίων (234 individus) Καλλίων (20) ou Κυδίων (2) avec sa valeur grammaticalethinsp notons toutefois que Γλυκίων qui est connu comme comparatif homeacuterique nrsquoest attesteacute qursquoagrave deux exemplaires contre plusieurs centaines drsquoexemples de Γλύκων dans lrsquoensemble du monde grecthinsp117 Dans les autres cas la suffixation est produite par lrsquoadjonction du suffixe banal -ων agrave un i- final extrait lui-mecircme drsquoun thegraveme en -ιο-thinsp118 ou plus souvent drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute verbal ou adjectival du type Ἀλεξικράτης (43 individus) drsquoougrave Ἀλεξίων (103) Il arrive plus rarement que le suffixe -ίων ainsi creacuteeacute apparaisse agrave la finale drsquoun composeacute comme le tregraves populaire Παρ-μεν-ίων composeacute pour lequel sont attesteacutees 26 autres formes de suffixations dont -ων tregraves repreacutesenteacute eacutegalement (136 individus)thinsp selon Bechtel crsquoest Πάρμενις qui a seacutecreacuteteacute Παρμενίδας Παρμενίτας Παρμενίων Παρμένισκος etcthinsp119 Il nrsquoy a pas drsquoexemple drsquohypocoristique qui conserve les seuls phonegravemes initiaux du second eacuteleacutement affecteacute de ce suffixe puisque Δαμοτί-ων forme courte de Δαμότιμος et son correspondant ionien-attique nrsquoont pas drsquoeacutequivalent en -των et sont par conseacutequent suffixeacutes en -ων et non en -ίων et qursquoil en va de mecircme pour tous les composeacutes agrave second eacuteleacutement -τίων

-ωνCependant le suffixe -ων nrsquoeacutetait guegravere plus couramment adjoint agrave un

nom composeacute Crsquoest surtout une suffixation de sobriquetsthinsp120 bien plus que drsquohypocoristiquesthinsp on ne citera que Δαμών-ων Ἀλκί-ν-ων et νικ-άρ-ων parmi ceux qui preacutesentent lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de composeacute preacuteser-veacuteethinsp pour les autres du type Ἀλέξων ou Τίμων lrsquoidentification comme hypocoristique ou comme sobriquet deacutepend de la perspective adopteacuteethinsp lrsquoexistence de composeacutes de type heacuteroiumlque avec parallegraveles dans drsquoautres lan-gues indo-europeacuteennes comportant ces premiers eacuteleacutements fera analyser ces

116 Ἁρποκρατίων IIe s apr J-C RE (2)117 Voir J-L Perpillou laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 (1974)

p 99-107118 Voir P Chantraine Formation p 165 pour un exemple lexical comme οὐρανίων fait

sur οὐράνιος drsquoougrave les anthroponymes οὐρανίων et Κρονίων et les nombreux anthroponymes de forme patronymique tels Ἑλλοπίων Ἀχαιίων Ἀρκαδίων Κωνωπίων etc recenseacutes par Bechtel HPN 548

119 Bechtel HPN 307120 P Chantraine Formation p 161 voir aussi O Masson laquo Notes drsquoanthroponymie grecque

et asianique raquo Beitrz Nam 10 (1959) p 162 (OGS I p 22) sur le rapport qui existe entre ce type de sobriquet et les adjectifs en -ύς cf Δάσων vs δασύς

310 sophie minon

anthroponymes comme des hypocoristiques ndash crsquoest lrsquoanalyse historique pra-tiqueacutee par Bechtel tandis qursquoen synchronie la flexion seulement (geacuten en -ωνος) les distingue de participes employeacutes comme sobriquetsthinsp121 Un son-dage opeacutereacute agrave partir du mecircme volume du LGPN fait apparaicirctre sur 1045 noms en -ων autour de 165 composeacutes clairement identifiables ndash comprenant les 40 composeacutes agrave finale -ίων soit un rapport de presque 16 agrave cocircteacute des 11 pour -ίων Parmi les 125 composeacutes distincts de ceux en -ίων 12 au plus sont attesteacutes agrave Argosthinsp122

-αρίωνOn exclura en tout cas que le suffixe soit ici lrsquoeacutequivalent masculin -αρίων

du neutre -άριον qui est employeacute pour former des sobriquets feacuteminins Comme lrsquoa expliqueacute O Masson les noms de femmes faits au moyen de ce suffixe de diminutif (cf παιδάριον ψυχάριον) commencent agrave apparaicirctre au IIIe siegravecle mais les noms drsquohomme correspondants sont propres agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et freacutequents en Eacutegypte et il rappelait que Bechtel avait montreacute que ces derniers avaient eacuteteacute refaits secondairement sur les diminutifsthinsp ainsi Γλυκαρίων et Ψυχαρίων agrave partir de γλυκάριον et ψυχάριον toutes forma-tions deacuteriveacutees de noms ou drsquoadjectifsthinsp123 Le suffixe -αρίων a pu ecirctre ensuite employeacute librement dans lrsquoanthroponymie sans qursquoil existe neacutecessairement de diminutif associeacute comme on lrsquoobserve pour le nom Τυχαρίων porteacute par deux Atheacuteniens de lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp124

Δαμαρίων et ΔαμάρηςCh Kritzas propose comme parallegraveles agrave lrsquoappui de son analyse Ἀμφ-

αρ-ίον du nouveau nom argien les noms Δαμαρίων et Θεαρίωνthinsp125 Le pre-mier nrsquoest pas attesteacute avant le IIIe siegravecle et a eacuteteacute donneacute surtout agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et en zone ionienne-attiquethinsp les volumes du LGPN reacutepertorient 25 individus ainsi deacutenommeacutesthinsp126

121 Voir sur cette question de typologie I Hartmann laquo lsquoWhat namethinsp What parentagersquo The classification of Greek names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann-A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 (2002) p 55-81

122 Voir LGPN IIIAthinsp Ἰπομέδο ν (SEG 11 336 l 5 ca 575-550)thinsp Ἀλκίφρων (Thuc V 59 5 418 av J-C)thinsp Ὀχίπον (IG IV 552 Ve s)thinsp Εὐέλθων (Iamb VP 267 [FVS I p 447] VeIVe s)thinsp Ξενοφάων (CID 2 75 II l 43 336334)thinsp Ἀριστόφρων (SEG 13 243 316 av J-C)thinsp Βουκολέων (CEG II 816 l 12 303 av J-C)thinsp Ἀριστομέδων (ineacuted publ Ch Kritzas IVeIIIe s)thinsp Λυκόφρων (SEG 42 279 l 6 IIe s)thinsp Δαμοφῶν (ineacuted IIe s)thinsp Εὔφρων (Syringes 44 IIeIer s) et Παρμένων (origine argienne incertaine Bernand El-Kanaiumls 79 Ier s)

123 Voir O Masson laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 (1984) p 157 (OGS II p 443)

124 LGPN II IG II2 2089 l 33 et 2113 l 204 IIe s apr J-C125 Lettre du 20 novembre 2010126 La plus ancienne attestation de ce nom est celle drsquoun Creacutetois et date de 2232 (Milet I

(3) 38g 7)thinsp un Parien homonyme est connu agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale (IG XII (5) 173 V) En dehors de lrsquoexemple drsquoun individu dont lrsquoorigine atheacutenienne est incertaine agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale les

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

309ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

IIIA (Peacuteloponnegravese Gregravece de lrsquoOuest Sicile et Grande-Gregravece) laisse identifier 40 composeacutes sur les 350 noms diffeacuterents agrave finale -ίων soit un rapport drsquoun peu plus de 11 thinsp un seul est attesteacute en Argolide occidentale preacuteciseacutement agrave Argos mais seulement agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp Ἁρποκρατίωνthinsp116

Le suffixe -ίων qui servait dans le lexique de suffixe de comparatif srsquoest drsquoabord introduit dans les sobriquets adjectivaux du type Αἰσχρίων (234 individus) Καλλίων (20) ou Κυδίων (2) avec sa valeur grammaticalethinsp notons toutefois que Γλυκίων qui est connu comme comparatif homeacuterique nrsquoest attesteacute qursquoagrave deux exemplaires contre plusieurs centaines drsquoexemples de Γλύκων dans lrsquoensemble du monde grecthinsp117 Dans les autres cas la suffixation est produite par lrsquoadjonction du suffixe banal -ων agrave un i- final extrait lui-mecircme drsquoun thegraveme en -ιο-thinsp118 ou plus souvent drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute verbal ou adjectival du type Ἀλεξικράτης (43 individus) drsquoougrave Ἀλεξίων (103) Il arrive plus rarement que le suffixe -ίων ainsi creacuteeacute apparaisse agrave la finale drsquoun composeacute comme le tregraves populaire Παρ-μεν-ίων composeacute pour lequel sont attesteacutees 26 autres formes de suffixations dont -ων tregraves repreacutesenteacute eacutegalement (136 individus)thinsp selon Bechtel crsquoest Πάρμενις qui a seacutecreacuteteacute Παρμενίδας Παρμενίτας Παρμενίων Παρμένισκος etcthinsp119 Il nrsquoy a pas drsquoexemple drsquohypocoristique qui conserve les seuls phonegravemes initiaux du second eacuteleacutement affecteacute de ce suffixe puisque Δαμοτί-ων forme courte de Δαμότιμος et son correspondant ionien-attique nrsquoont pas drsquoeacutequivalent en -των et sont par conseacutequent suffixeacutes en -ων et non en -ίων et qursquoil en va de mecircme pour tous les composeacutes agrave second eacuteleacutement -τίων

-ωνCependant le suffixe -ων nrsquoeacutetait guegravere plus couramment adjoint agrave un

nom composeacute Crsquoest surtout une suffixation de sobriquetsthinsp120 bien plus que drsquohypocoristiquesthinsp on ne citera que Δαμών-ων Ἀλκί-ν-ων et νικ-άρ-ων parmi ceux qui preacutesentent lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de composeacute preacuteser-veacuteethinsp pour les autres du type Ἀλέξων ou Τίμων lrsquoidentification comme hypocoristique ou comme sobriquet deacutepend de la perspective adopteacuteethinsp lrsquoexistence de composeacutes de type heacuteroiumlque avec parallegraveles dans drsquoautres lan-gues indo-europeacuteennes comportant ces premiers eacuteleacutements fera analyser ces

116 Ἁρποκρατίων IIe s apr J-C RE (2)117 Voir J-L Perpillou laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 (1974)

p 99-107118 Voir P Chantraine Formation p 165 pour un exemple lexical comme οὐρανίων fait

sur οὐράνιος drsquoougrave les anthroponymes οὐρανίων et Κρονίων et les nombreux anthroponymes de forme patronymique tels Ἑλλοπίων Ἀχαιίων Ἀρκαδίων Κωνωπίων etc recenseacutes par Bechtel HPN 548

119 Bechtel HPN 307120 P Chantraine Formation p 161 voir aussi O Masson laquo Notes drsquoanthroponymie grecque

et asianique raquo Beitrz Nam 10 (1959) p 162 (OGS I p 22) sur le rapport qui existe entre ce type de sobriquet et les adjectifs en -ύς cf Δάσων vs δασύς

310 sophie minon

anthroponymes comme des hypocoristiques ndash crsquoest lrsquoanalyse historique pra-tiqueacutee par Bechtel tandis qursquoen synchronie la flexion seulement (geacuten en -ωνος) les distingue de participes employeacutes comme sobriquetsthinsp121 Un son-dage opeacutereacute agrave partir du mecircme volume du LGPN fait apparaicirctre sur 1045 noms en -ων autour de 165 composeacutes clairement identifiables ndash comprenant les 40 composeacutes agrave finale -ίων soit un rapport de presque 16 agrave cocircteacute des 11 pour -ίων Parmi les 125 composeacutes distincts de ceux en -ίων 12 au plus sont attesteacutes agrave Argosthinsp122

-αρίωνOn exclura en tout cas que le suffixe soit ici lrsquoeacutequivalent masculin -αρίων

du neutre -άριον qui est employeacute pour former des sobriquets feacuteminins Comme lrsquoa expliqueacute O Masson les noms de femmes faits au moyen de ce suffixe de diminutif (cf παιδάριον ψυχάριον) commencent agrave apparaicirctre au IIIe siegravecle mais les noms drsquohomme correspondants sont propres agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et freacutequents en Eacutegypte et il rappelait que Bechtel avait montreacute que ces derniers avaient eacuteteacute refaits secondairement sur les diminutifsthinsp ainsi Γλυκαρίων et Ψυχαρίων agrave partir de γλυκάριον et ψυχάριον toutes forma-tions deacuteriveacutees de noms ou drsquoadjectifsthinsp123 Le suffixe -αρίων a pu ecirctre ensuite employeacute librement dans lrsquoanthroponymie sans qursquoil existe neacutecessairement de diminutif associeacute comme on lrsquoobserve pour le nom Τυχαρίων porteacute par deux Atheacuteniens de lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp124

Δαμαρίων et ΔαμάρηςCh Kritzas propose comme parallegraveles agrave lrsquoappui de son analyse Ἀμφ-

αρ-ίον du nouveau nom argien les noms Δαμαρίων et Θεαρίωνthinsp125 Le pre-mier nrsquoest pas attesteacute avant le IIIe siegravecle et a eacuteteacute donneacute surtout agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et en zone ionienne-attiquethinsp les volumes du LGPN reacutepertorient 25 individus ainsi deacutenommeacutesthinsp126

121 Voir sur cette question de typologie I Hartmann laquo lsquoWhat namethinsp What parentagersquo The classification of Greek names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann-A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 (2002) p 55-81

122 Voir LGPN IIIAthinsp Ἰπομέδο ν (SEG 11 336 l 5 ca 575-550)thinsp Ἀλκίφρων (Thuc V 59 5 418 av J-C)thinsp Ὀχίπον (IG IV 552 Ve s)thinsp Εὐέλθων (Iamb VP 267 [FVS I p 447] VeIVe s)thinsp Ξενοφάων (CID 2 75 II l 43 336334)thinsp Ἀριστόφρων (SEG 13 243 316 av J-C)thinsp Βουκολέων (CEG II 816 l 12 303 av J-C)thinsp Ἀριστομέδων (ineacuted publ Ch Kritzas IVeIIIe s)thinsp Λυκόφρων (SEG 42 279 l 6 IIe s)thinsp Δαμοφῶν (ineacuted IIe s)thinsp Εὔφρων (Syringes 44 IIeIer s) et Παρμένων (origine argienne incertaine Bernand El-Kanaiumls 79 Ier s)

123 Voir O Masson laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 (1984) p 157 (OGS II p 443)

124 LGPN II IG II2 2089 l 33 et 2113 l 204 IIe s apr J-C125 Lettre du 20 novembre 2010126 La plus ancienne attestation de ce nom est celle drsquoun Creacutetois et date de 2232 (Milet I

(3) 38g 7)thinsp un Parien homonyme est connu agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale (IG XII (5) 173 V) En dehors de lrsquoexemple drsquoun individu dont lrsquoorigine atheacutenienne est incertaine agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale les

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

310 sophie minon

anthroponymes comme des hypocoristiques ndash crsquoest lrsquoanalyse historique pra-tiqueacutee par Bechtel tandis qursquoen synchronie la flexion seulement (geacuten en -ωνος) les distingue de participes employeacutes comme sobriquetsthinsp121 Un son-dage opeacutereacute agrave partir du mecircme volume du LGPN fait apparaicirctre sur 1045 noms en -ων autour de 165 composeacutes clairement identifiables ndash comprenant les 40 composeacutes agrave finale -ίων soit un rapport de presque 16 agrave cocircteacute des 11 pour -ίων Parmi les 125 composeacutes distincts de ceux en -ίων 12 au plus sont attesteacutes agrave Argosthinsp122

-αρίωνOn exclura en tout cas que le suffixe soit ici lrsquoeacutequivalent masculin -αρίων

du neutre -άριον qui est employeacute pour former des sobriquets feacuteminins Comme lrsquoa expliqueacute O Masson les noms de femmes faits au moyen de ce suffixe de diminutif (cf παιδάριον ψυχάριον) commencent agrave apparaicirctre au IIIe siegravecle mais les noms drsquohomme correspondants sont propres agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et freacutequents en Eacutegypte et il rappelait que Bechtel avait montreacute que ces derniers avaient eacuteteacute refaits secondairement sur les diminutifsthinsp ainsi Γλυκαρίων et Ψυχαρίων agrave partir de γλυκάριον et ψυχάριον toutes forma-tions deacuteriveacutees de noms ou drsquoadjectifsthinsp123 Le suffixe -αρίων a pu ecirctre ensuite employeacute librement dans lrsquoanthroponymie sans qursquoil existe neacutecessairement de diminutif associeacute comme on lrsquoobserve pour le nom Τυχαρίων porteacute par deux Atheacuteniens de lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp124

Δαμαρίων et ΔαμάρηςCh Kritzas propose comme parallegraveles agrave lrsquoappui de son analyse Ἀμφ-

αρ-ίον du nouveau nom argien les noms Δαμαρίων et Θεαρίωνthinsp125 Le pre-mier nrsquoest pas attesteacute avant le IIIe siegravecle et a eacuteteacute donneacute surtout agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale et en zone ionienne-attiquethinsp les volumes du LGPN reacutepertorient 25 individus ainsi deacutenommeacutesthinsp126

121 Voir sur cette question de typologie I Hartmann laquo lsquoWhat namethinsp What parentagersquo The classification of Greek names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann-A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 (2002) p 55-81

122 Voir LGPN IIIAthinsp Ἰπομέδο ν (SEG 11 336 l 5 ca 575-550)thinsp Ἀλκίφρων (Thuc V 59 5 418 av J-C)thinsp Ὀχίπον (IG IV 552 Ve s)thinsp Εὐέλθων (Iamb VP 267 [FVS I p 447] VeIVe s)thinsp Ξενοφάων (CID 2 75 II l 43 336334)thinsp Ἀριστόφρων (SEG 13 243 316 av J-C)thinsp Βουκολέων (CEG II 816 l 12 303 av J-C)thinsp Ἀριστομέδων (ineacuted publ Ch Kritzas IVeIIIe s)thinsp Λυκόφρων (SEG 42 279 l 6 IIe s)thinsp Δαμοφῶν (ineacuted IIe s)thinsp Εὔφρων (Syringes 44 IIeIer s) et Παρμένων (origine argienne incertaine Bernand El-Kanaiumls 79 Ier s)

123 Voir O Masson laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 (1984) p 157 (OGS II p 443)

124 LGPN II IG II2 2089 l 33 et 2113 l 204 IIe s apr J-C125 Lettre du 20 novembre 2010126 La plus ancienne attestation de ce nom est celle drsquoun Creacutetois et date de 2232 (Milet I

(3) 38g 7)thinsp un Parien homonyme est connu agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale (IG XII (5) 173 V) En dehors de lrsquoexemple drsquoun individu dont lrsquoorigine atheacutenienne est incertaine agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale les

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

311ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

ΔαμαρήςLe vocalisme a initial en zone ionienne fait exclure lrsquoidentification de

Δαμ- avec le radical agrave voyelle longue du nom du laquo peuple raquo Si Δαμαρ-ίων eacutetait bacircti par deacuterivation agrave partir de Δαμ-αρ- notons du reste que lrsquoexistence drsquoun Deacutelien du nom de Δαμ-άρης et drsquoun autre du nom de Δημ-άρης tous deux au IIIe siegraveclethinsp127 obligerait agrave proposer deux analyses diffeacuterentes pour le premier eacuteleacutement alors que Bechtel reacutepertoriait sous Δημο- tant Δημάρης que Δαμαρίων Les deux gloses drsquoHeacutesychius δάμαρης (sicthinsp128) ὀχετός et δαμαρούσιος ὀχετὸς δημόσιος confortent certes cette premiegravere analysethinsp129thinsp mais le premier eacuteleacutement drsquoion Δαμ-άρης ne peut ecirctre identifieacute qursquoavec le radical de δαμάζω δάμνημι pour lequel Bechtel citait un Δαμόλας spar-tiate et des diminutifs Δάμις (Eacutereacutetrie) Δαμῆς et Δάμων (Milet) auxquels on ajoutera le nom Ἱπποδάμας agrave Athegravenesthinsp130

La relative populariteacute de Δαμ-άρης agrave la fin de lrsquoeacutepoque helleacutenistique et agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale agrave Sparte ougrave srsquoeacutetait donneacute plus anciennement en particulier le nom Ἀμφάρης inviterait alors agrave comprendre le second eacuteleacute-ment comme fait sur lrsquoappellatif ἀρή laquo ruine destruction raquo ou sur le nom drsquoAregraves comme on lrsquoa vu La nature verbale du premier membre fait exclure en revanche dans ce cas preacutecis lrsquoidentification du second membre avec le -ᾱρηςήρης mis en eacutevidence pour Ἀμφήρηςthinsp mecircme devenu simple suffixe et deacutepourvu de sens propre cet eacuteleacutement drsquoorigine verbale a continueacute agrave srsquoajouter agrave un thegraveme adjectival ou nominalthinsp131

Au second eacuteleacutement du nom du Deacutelien Δημ-άρης cependant on pourra reconnaicirctre le second eacuteleacutement agrave a bref initial -άρης agrave mettre cette fois en relation soit avec ἀραρίσκω soit avec ἄρος pris dans son acception positive de laquo profit utiliteacute raquo On a donc comme exemples assureacutes drsquoanthroponymes agrave second eacuteleacutement agrave a bref initial de forme -άρης -αρος -αρώ ou -αριςthinsp Δαμάρης Δημάρης Εὔαρος Κλειναρώ et Κλέαρις auxquels il faut ajouter les noms de la zone ionienne-attique deacutejagrave mentionneacutesthinsp132 ainsi que Θεαρίδης dont il va bientocirct ecirctre question

autres attestations sont presque toutes micrasiatiques pour lrsquoessentiel concentreacutees agrave Priegravene entre le Ier s av J-C et lrsquoeacutepoque impeacuteriale

127 C Vial Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008 sv128 La remonteacutee de lrsquoaccent est lrsquoindice de la perte des oppositions de quantiteacutethinsp δάμαρης

prononceacute [daacutemaris]129 Bechtel HPN 123130 HPN 115 et LGPN I pour deux Eacutereacutetriens du nom de Δάμις cf Eretria VI p 23 IVe

IIIe s et IG XII (9) 573 IIIeIIe sthinsp pour Δάμων Δαμέω cf Milet I (3) 138 III l 63 282 av J-C Pour Ἱπποδάμας voir LGPN II s n et L Dubois laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο- -ιππος raquo in S Hornblower-E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 44 qui cite le composeacute inverse Δαμάσιππος

131 P Chantraine DEacuteLG sv -ήρης132 Voir n 109

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

312 sophie minon

ΔαμαρίωνNonobstant lrsquoexistence du nom Δημάριον drsquoune Atheacutenienne sans doute

un diminutif parallegravele agrave Δημώ en face duquel est attesteacute un unique exemple dorien du nom de femme Δαμάριονthinsp133 vu la repreacutesentation presque exclu-sive du nom drsquohomme Δαμαρίων en zone ionienne micrasiatique et la grande populariteacute dans la mecircme zone de lrsquohypocoristique bacircti sur le mecircme radical Δαμᾶς on exclura qursquoil puisse srsquoagir drsquoun sobriquet fait sur le vieux nom poeacutetique de lrsquoeacutepouse δάμαρ comme drsquoun deacuteriveacute reacutecent en -αρίων suf-fixation qui srsquoajoute agrave des radicaux nominaux ou adjectivaux mais non agrave des radicaux verbaux comme δᾰμ(ο)- comme on vient de le voir La solution qui aurait consisteacute agrave identifier le heacuteronyme Ἀρίωνthinsp134 au second eacuteleacutement doit ecirctre par ailleurs eacutecarteacuteethinsp outre que lrsquoassociation des deux eacuteleacutements apparaicirct sans motivation compte tenu de ce qui est connu de la geste de ce heacuteros on a deacutejagrave signaleacute pour les theacuteonymes agrave propos de lrsquoeacutetymologie drsquoAmphiaregraveos qursquoils figuraient presque toujours comme premier eacuteleacutement dans les composeacutes et cela a toute chance de pouvoir srsquoeacutetendre aussi aux heacuteronymes

Force nous est alors drsquoadmettre un anthroponyme bi-membre en Δαμ-άρ- en lrsquooccurrence Δάμ-αριςthinsp135 agrave lrsquoorigine de Δαμαρί-ων Lrsquoexistence de composeacutes agrave premier eacuteleacutement Ἀρι- nrsquoimplique en rien lrsquoexistence drsquoun second eacuteleacutement -αρ-ις qui aurait eacuteteacute interchangeable avec -άρ-ηςthinsp il est probable que Ἀρι- soit une forme de Caland (sur la racine H2er-) qui en tant que telle ne se rencontre qursquoau premier eacuteleacutementthinsp136 Lrsquoexistence parallegravele de seconds eacuteleacutements -μένης et -μενις ne preacutesuppose pas davantage lrsquoexistence drsquoun pre-mier eacuteleacutement Μενι-thinsp le nom de Spartiate Μένιος connu par Heacuterodote et celui drsquoun Μενιάδας agrave Theacutera sont du reste agrave segmenter respectivement Μέν-ιος et Μεν-ιάδαςthinsp137thinsp En dehors de ceux agrave seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις en face desquels il en existe certes agrave premier eacuteleacutement Χαρι- les composeacutes masculins en -ις sont raresthinsp ce sont des feacuteminins (en -ίς) que lrsquoon rencontre pour la plupartthinsp138thinsp lrsquoeacutechange suffixal entre -ης et -ις en composition est donc totalement marginal Lrsquoemploi de -ις au masculin srsquoest deacuteveloppeacute comme suf-

133 Respectivement LGPN II IIeIer s Hesperia Suppl 15 (1975) p 72 ndeg 13 l 6 fille de Μεγαλλίςthinsp LGPN IIIA Laconie eacutepoque impeacuteriale IG V (1) 1304

134 A Willi HS 112 (1999) p 89 fait venir Ἀρίων de Ἀρι-Ϝίων laquo tregraves rapide raquo cf ἵεμαι laquo poursuivre raquo

135 Nom drsquoun Creacutetois du IIIe s Milet I (3) 38u 1 dans la mecircme inscription ougrave est attesteacute un Δαμαρίων cf n supra

136 Voir R Beekes Etymological dictionary of Greek Leiden Boston 2010 sv ἀρι- qui ren-voie lui-mecircme agrave lrsquoarticle de A Willi KZ 112 (1999) p 89

137 Hdte VI 71 VIe s et LGPN I deux Μενιάδας du VIIe et du VIe s IG XII (3) 581 et Suppl 1437 et voir supra sur lrsquoorigine de Παρμενίων

138 Pour les seconds eacuteleacutements -χάρης-χαρις cf HPN 464 agrave 468 et voir avec des eacutequi-valents feacuteminins en -ίςthinsp -άγης-αγίς -άρχης-αρχίς -γένης-γενίς -κράτης-κρατίς et -νίκης-νικίς

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

313ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

fixation drsquohypocoristiques et de sobriquets et crsquoest seulement dans ce cadre qursquoil srsquoeacutechange avec drsquoautres suffixesthinsp139

Par conseacutequent mecircme si lrsquoexistence drsquoun meacutedecin eacutepheacutesien nommeacute ou surnommeacute Δαμαρίων rend tentante la segmentation Δαμ-αρ-ίων et lrsquointer-preacutetation de ce nom comme celui qui laquo dompte le malheur ou la mort raquothinsp140 je proposerais en deacutefinitive pour des raisons morphologiques drsquoidentifier dans le second membre de ce composeacute un eacuteleacutement -αρι- constituant la forme raccourcie ou hypocoristique de -άριστοςthinsp141 suffixeacutee ici en -ων comme on lrsquoa vu des hypocoristiques en -τίων tel Δαμοτί-ων fait sur Δαμότιμος Dix Δαμάριστος sont du reste connus dans le Peacuteloponnegravese de lrsquoeacutepoque helleacutenis-tique agrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp142 dont le nom peut en zone dorienne signifier laquo excellent pour le peuple raquo

Le second eacuteleacutement pourrait ecirctre rapprocheacute de celui du feacuteminin νεικ-α[ρ]ώ dont le patronyme Ἀρίστωνος ferait souscrire au mecircme rapprochement eacutetymologique si lrsquoabsence de i (il nrsquoy a pas drsquohypocoristique feacuteminin en -αρίω) ne laissait aussi ouvert le rapport avec deux autres radicaux pos-sibles celui de ἀρετή voire celui de ἀρέσκωthinsp143 Δαμαρίων serait surtout agrave rapprocher du nom hapax Δεξ-αρί-ων porteacute au IIIe siegravecle par un Beacuteotien pegravere drsquoun νικ-άριστοςthinsp144 et aurait pu avoir pour correspondant feacuteminin le nom de forme neutre Δαμ-άρι-ον mentionneacute ci-dessus Lrsquoassociation des deux segravemes ne fait pas toujours sens comme lrsquoa souvent montreacute Olivier Masson qui parlait alors de composeacutes laquo irrationnels raquothinsp145 mais on ne peut exclure que dans la conscience des locuteurs suivant les lieux et les eacutepoques la coexistence de Δαμ-άρ-ης et Δάμ-αρι-ς ait pu faire donner agrave ce dernier ainsi qursquoagrave son deacuteriveacute le sens du premier comme cela aurait pu ecirctre le cas pour le meacutedecin susnommeacute De faccedilon geacuteneacuterale les composeacutes ont pu ecirctre recomposeacutes et reseacutemantiseacutes drsquoautant plus facilement que se perdaient les oppositions de quantiteacute vocalique (Δᾱμ- interchangeable avec Δαμ-) et que lrsquoitacisme progressait jusqursquoagrave fondre en une prononciation unique les voyelles autrefois noteacutees η et ι (-άρης-αρις tous deux prononceacutes [-aris])

139 Voir les nombreuses suffixations des hypocoristiques faits sur Φιλ(λ)- et Ἀπελλ-140 LGPN VA IIe apr J-C IEph 1166 l 4thinsp Π Αἰλ Δαμαρίων141 Je remercie Claire Le Feuvre qui est agrave lrsquoorigine de maintes ameacuteliorations dans cette

partie142 LGPN IIIA143 Cf supra n 89 avec un second exemple de feacuteminin en -αρώthinsp Bechtel HPN 68 et 72

associe arbitrairement ΤυχαρώΤυχαρέτα drsquoune part νικαρίστανεικα[ρ]ώ drsquoautre part alors qursquoil connaicirct νικαρέτη Les noms agrave second eacuteleacutement en -αρεστ- sont peu freacutequents cf HPN 66

144 Bechtel HPN 118 cf LGPN IIIB145 Sur la notion de composeacutes laquo irrationnels raquo voir C Dobias et L Dubois dans lrsquointroduc-

tion des OGS I et II p IX

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

314 sophie minon

ΘεαρίωνQursquoen est-il de Θεαρίωνthinsp Dix-huit individus portent ce nom aussi bien

des Atheacuteniens et des Ioniens drsquoAsie Mineure que des hommes originaires drsquoautres reacutegionsthinsp146 Lrsquoeacutepiclegravese drsquoApollon Θεάριος agrave Treacutezegravene agrave Coronegrave de Messeacutenie et agrave Eacutegine deacuteriveacutee de la forme dorienne θεᾱρός du nom du theacuteore que Plutarque fait connaicirctre sous la forme ionienne-attique correspondante Θεώριος ndash drsquoougrave le sobriquet hapax Θεωρίων a pu seacutecreacuteter une partie de ces deacuteriveacutes en -ωνthinsp147thinsp son caractegravere proprement peacuteloponneacutesien et sa coloration dialectale invitent neacuteanmoins agrave preacutefeacuterer en zone ionienne-attique lrsquoanalyse Θε-αρίων Si la voyelle initiale du second membre avait eacuteteacute de quantiteacute longue elle aurait eacuteteacute noteacutee η dans les exemples sinopeacuteens qui sont anciens de sorte qursquoagrave cocircteacute de Θε-άρ-ης attesteacute agrave trois exemplaires agrave Hermionegrave et une fois agrave Spartethinsp148 que son a eacuteventuellement long pourrait faire interpreacuteter comme laquo adapteacute au dieu ou divin raquo agrave moins qursquoil ne soit agrave rapprocher de Θε-άρεστοςthinsp149 Θε-αρίων doit avoir comme second membre agrave voyelle bregraveve initiale le mecircme eacuteleacutement -αρι- que celui qui a eacuteteacute identifieacute dans Δαμαρίων et qui se retrouve dans Θε-αρί-δηςthinsp150

ἈμφαρίονRevenons-en agrave notre hapax argien Ἀμφαρίον Il serait naturellement ten-

tant de lui appliquer sans plus tarder la mecircme analyse qursquoagrave Δαμαρίων soit Ἀμφ-αρί-ον hypocoristique de Ἀμφάριστος avec lrsquoassociation des deux segravemes de dualiteacute perfective (ἀμφ-) et de conformiteacute (-αρ-) menant agrave lrsquoexcel-lence (-αρι-) ce qursquoune traduction franccedilaise approximative pourrait rendre par laquo Tou(t)bon raquo On ne saurait neacutegliger cependant lrsquohypothegravese qui avait eacuteteacute

146 Voir tous les volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IVthinsp crsquoest le nom drsquoun Creacutetois du IIIe s (IG IV [1] 729 l 12)thinsp cinq Atheacuteniens preacutesumeacutes portent ce nom dont deux veacutecurent au Ve s (IG I3 1032 l 459 405 a C catalogue de marins) et IVe s (Plat Gorg 518b5 nom drsquoun boulan-ger dont on ne peut exclure qursquoil soit meacutetegraveque)thinsp quatre Sinopeacuteens (colonie mileacutesienne du Pont) sont connus sous ce nom entre le Ve et le IIIe sthinsp un Phocidien drsquoEacutelateacutee de 169 av J-C (SGDI 1746 l 13) un probable Eginegravete (Pind Neacutem VII 7 58) et trois Argiens drsquoEacutepidaure Hermionegrave et Treacutezegravene qui veacutecurent entre le IVe et le IIe s av J-C pour ne citer que les occurrences les plus anciennes

147 Pour Θεάριος cf Paus II 31 6thinsp lrsquoeacutepiclegravese est connue aussi agrave Coronegrave de Messeacutenie cf SEG 55 502 Ve s ougrave elle renvoie indirectement agrave Apollon et un Θεάριον collegravege drsquoApollon ou siegravege de ce collegravege est connu agrave Eacutegine cf Pind Neacutem 3 70 Pour Θεώριος voir Plut Eps 394A9 et pour Θεωρίων IG XII (5) 609 III l 97 + p 333 agrave Keacuteos IVeIIIe s De lrsquoanthroponyme Θέαρος les attestations sont presque exclusivement doriennes (LGPN I et IIIA) la seule occurrence reacuteper-torieacutee dans le LGPN VA (BIFAO 72 [1972] p 159-160 ndeg 16 cf SEG 45 2124) ne renvoyant pas avec certitude agrave un Ionienthinsp en deacuterive le patronymique Θεαρ-ίδας connu par 21 occurrences dans le LGPN IIIA Peacuteloponnegravese Italie du Sud et Sicile dont les plus anciennes remontent au Ve s et deux autres occurrences en IIIB (Paus X 20 3) et IV (Kallatis)

148 Supra n 4149 Voir J Oulhen loc cit n 54 630 n 14 qui renvoie agrave Bechtel HPN 194 ougrave est sug-

geacutereacute le rapprochement entre Θεάρης et Θεάρεστος de ἀρέσκω bien que Θεάρης soit classeacute parmi les composeacutes agrave second eacuteleacutement -ήρης de ἄρος comme Φρασι-ηρίδης n 6

150 Pour Θεαρίδης cf ISmyrna 687 l 44 IIIe s

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

315ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

esquisseacutee agrave propos de Ἀμφάρης agrave savoir lrsquoanalyse Ἀμ-φαρ- dont il convient de veacuterifier pour finir si elle est tenable ou srsquoil est preacutefeacuterable de lrsquoeacutecarter comme nous lrsquoavons fait pour lrsquoeacutephore spartiate de ce nom

Ἀμ-φαρ-ίονthinspLrsquoapocope de ἀνα- est reacuteguliegravere en zone dialectale dorienne bien connue

agrave Eacutepidaure ainsi qursquoagrave Argosthinsp151 ougrave elle pourrait notamment ecirctre attesteacutee dans un anthroponyme ineacutedit des textes du Treacutesor de Pallas et Bechtel en reacuteper-torie plusieurs exemples de lrsquoeacutepoque archaiumlque agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique dont celle qui apparaicirct dans le nom Ἀμ-φέρων porteacute par deux Creacutetoisthinsp152 Mais Ἀμ-φαερ pourrait aussi reacutesulter par haplologie drsquoun plus ancien Ἀμφι-φαερ (comme ἀμφιφορεύς gt ἀμφορεύς) avec le sens de laquo qui (se) porte des deux cocircteacutes raquo condition neacutecessaire pour justifier agrave supposer qursquoil ait comporteacute -φαρ- au second membre le nom de lrsquoAtheacutenien attesteacute dans une proxeacutenie cnidienne du deacutebut du IVe siegravecle avec comme formule onomastique partielle-ment doriseacuteethinsp Ἀμφάρη Δᾱμοτίμο Ἀθηναῖονthinsp153

Le doublet φάρω de φέρω est bien connu dans les dialectes nord-occi-dentaux mecircme si les traces de ce degreacute vocalique dans la langue homeacuterique (ἰσοφαρίζειν) orientent plus largement vers un degreacute zeacutero caracteacuteristique drsquoun ancien preacutesent atheacutematiquethinsp154 Dans lrsquoonomastique anthroponymique Chantraine comme Bechtel reconnaissaient la forme de ce radical dans le simple Φάρης (geacuten -ητος) nom drsquoun Eubeacuteen de Styra avec son correspon-dant deacutejagrave homeacuterique Φέρης (mecircme flexion)thinsp155 et les composeacutes relativement anciens Ἀντίφαρις nom drsquoun Beacuteotien et drsquoun Locrienthinsp156 et Εὐφάριος nom de deux Thespiensthinsp157 Le lexique fait connaicirctre un verbe deacutejagrave homeacuterique ἀντιφερίζειν au sens de laquo se mesurer agrave quelqursquoun raquo qui laisse supposer un adjectif ἀντιφέρης qui se trouve attesteacute par une glose drsquoHeacutesychius avec le radical -φαρ- et on a deacutejagrave vu agrave propos de Ἀμφάρης qursquoune glose certes sus-

151 Voir la thegravese ineacutedite de E Nieto Izquierdo Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese ineacuted Madrid 2008 p 383-386 teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml)

152 Bechtel HPN 44thinsp Ἀνδέκτας (Theacutera IG XII (3) Suppl 1488 arch) Ἄνδοκος (Sparte Syll3 239B l 33 IVe s) Ἀμφανίδας (Theacutera ibid 1304 l 2 imp) Ἀμφέρων (Cregravete IC III p 10 ndeg 1 l 2 et 12-13 IIIe s et IG XII (5) 840 l 13 + IC III p 20 IIe s)

153 IKnid 5 l 1thinsp la dorisation consiste agrave affecter un a long non ionien-attique au patro-nyme mais lrsquoapocope qui aurait porteacute atteinte agrave la structure syllabique du nom est eacuteviteacutee Lrsquoethnique du nouveau proxegravene nrsquoa pas eacuteteacute doriseacute

154 P Chantraine DEacuteLG sv φέρω155 IG XII (9) 245A l 125 IVeIIIe s pour Φάρης et pour Φέρης Od 11 259 et neuf occur-

rences attesteacutees dans quatre des volumes du LGPN agrave lrsquoexclusion du vol IV156 SEG 30 478a pour le Beacuteotien au VIeVe sthinsp SGDI 1874 l 12 pour le Locrien 164 av J-C157 SEG 19 361g IVeIIIe s et 3 333 l 67 IIIe s Exit le nom fantocircme Λαφάρης qursquoils

citaient tous deux (Chantraine loc cit et Bechtel HPN 442) comme le nom drsquoun Phocidien qui est aujourdrsquohui lu Ἀμφάρης cf J Bousquet CID 2 ndeg 31 l 17 Paris 1989

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

316 sophie minon

pecte faisait connaicirctre lrsquoadjectif correspondant au sens possible de laquo mani-feste eacuteclatant raquothinsp158

-φαρ- dans lrsquoonomastiqueCependant la comparaison des deux lots drsquoanthroponymes contenant

les uns -φαρ- les autres -φερ- montre que le degreacute e est attesteacute indistincte-ment dans les diffeacuterentes zones dialectales avec des occurrences anciennes en zone de parler dorien comme Ἐμφέρης qui a eacuteteacute donneacute agrave Theacutera degraves le VIIe siegravecle avant notre egraverethinsp159thinsp qursquoagrave lrsquoopposeacute le degreacute zeacutero semble se rencon-trer aussi pour des noms drsquoAtheacuteniens comme peut-ecirctre Ἀφαρεύς Φάρος voire notre Ἀμφάρηςthinsp160 La seule correspondance drsquoune forme agrave lrsquoautre du radical srsquoobserve pour ΦάρηςΦέρης alors que par exemple Ἀμ-φάρ-ης se distingue de Ἀμ-φέρ-ων Ἀντί-φαρ-ις de Ἀντι-φέρ-ων et Εὐ-φάρ-ιος de Εὐ-φέρ-ων agrave supposer que telle soit chaque fois lrsquoanalyse

Le nom simple Φαρίων que lrsquoon aurait pu songer agrave comparer au composeacute ancien Εὐφορίων nrsquoest attesteacute qursquoagrave lrsquoeacutepoque impeacuterialethinsp161 Lrsquoexistence drsquoanthro ponymes en -ίων formeacutes sur des ethniques en -ιος comme Παρίων fait sur Πάριος (toponyme Πάρος) une partie des Ἀνδρίων sur Ἄνδριος (Ἄνδρος) pourrait inciter agrave interpreacuteter ce nom comme fait sur Φάρος (icircle du phare drsquoAlexandrie et nom drsquoune icircle et citeacute dalmate situeacutee pregraves de la Corcyre laquo noire raquothinsp162) pour lequel est connu lrsquoethnique Φάριοςthinsp163 Le nom mecircme du Phare pourrait srsquoecirctre aussi donneacute comme anthroponyme comme ce pourrait ecirctre le cas agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale pour lrsquoAtheacutenien Φάρος A Teacutegeacutee

158 Chantraine loc cit et voir supra sous Ἀμφάρης159 IG XII (3) 536thinsp Ἐνπhέρε ς160 Supra n 153 pour Ἀμφάρηςthinsp Ἀφαρεύς est le nom de deux Atheacuteniens du IVe s PA

APF 2769 (le fils adoptif de lrsquoorateur Isocrate) et 2770 et drsquoun Thessalien drsquoHestiaiotide du IIIe s BCH 45 (1921) p 16 III 25thinsp pour le nom mythique cf infra n 167 Un seul Φάρος atheacutenien est assureacute qui veacutecut agrave lrsquoeacutepoque impeacuteriale IG II2 2060thinsp le nom est attesteacute agrave la mecircme peacuteriode en Scythie mineure (Kallatis) ISM III ndeg 75 (Φλ Φ)thinsp agrave Locres eacutepizeacutephyrienne Suppl It 3 p 28 ndeg 11 (Pharus)thinsp pour un Creacutetois du IIe s BCH 45 (1921) p 4 III l 113 et pour un Arcadien du IVeIIIe s IG V (2) 38 l 63thinsp crsquoest cette derniegravere attestation la plus ancienne

161 Pour deux Creacutetois dont lrsquoun du nom de Κλ(αύδιος) Φαρίων JOumlAI 15 (1912) p 47 ndeg 6 l 10thinsp et un Maceacutedonien de la mecircme peacuteriode SEG 24 531 l 14 Pour Εὐφορίων deux attestations impeacuteriales agrave Andros et agrave Cyregravenethinsp une attestation au IIIe s agrave Chalcis (RE 4 s n)thinsp un Arcadien du VIe s (Hdte VI 127 3)thinsp un Corinthien du IIIe s (IG IX (1)2 17 l 14)thinsp sept Atheacuteniens dont un connu au VIeVe s (PA 6078)

162 MH Hansen-TH Nielsen An Inventoryhellip Oxford 2004 ndeg 84 pour la Pharos dalmate163 Pape-Benseler sv Φάρος H Solin GPN2 2003 p 678 qui recense un P Aelius

Pharion (ndeg 10761a) sans doute du IIe s de notre egravere lrsquointerpregravete de mecircme comme un nom drsquoori-gine geacuteographique agrave mettre en relation avec le nom de Pharos drsquoAlexandrie Pour Παρίων cf LGPN I (un Deacutelien et un Thasien du IIIe s)thinsp pour Πάριος LGPN I (un preacutesumeacute Coen) IIIA et VAthinsp pour Ἀνδρίων entre autres LGPN I (un Eubeacuteen un Creacutetois et un homme drsquoAmorgos)thinsp de mecircme pour Ἄνδριοςthinsp LGPN I (un Creacutetois) Les nombreux exemples du nom Ἀνδρίων dans le LGPN IIIA dont celui drsquoun Spartiate pegravere drsquoun Ἀνδρίας (Ier s av J-C) montrent que le suffixe est parfois devenu interchangeable avec -ίας agrave lrsquoeacutepoque helleacutenistique et que le sobriquet a pu avoir une signification autre qursquoethnique

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

317ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

en revanche ougrave ce nom est attesteacute agrave date ancienne la reacutefeacuterence pourrait ecirctre agrave drsquoautres toponymesthinsp deux citeacutes qui pourraient fort bien nrsquoen faire qursquoune portent le nom de Φάρα lrsquoune en Arcadie occidentale lrsquoautre en Achaiumle (toponyme Φαραί) Une Φαραί messeacutenienne eut Φᾶρις pour fondateur et une autre en Beacuteotie pourrait expliquer les noms beacuteotiens Ἀντί-φαρις et Εὐ-φάρι-ος comme celui de lrsquoEubeacuteen Φάρης citeacutes ci-dessusthinsp164

Il ressort de cette rapide revue des noms en (-)φαρ- que leur lien eacutetymo-logique avec φέρω est loin drsquoecirctre assureacute et qursquoun certain nombre drsquoentre eux sont bien plutocirct agrave mettre en relation avec des toponymes et peuvent com-porter un a long comme le nom de lrsquooikiste Φᾶρις mecircme si le seul nom en Φηρ- est Φηρῆς qui comporte quant agrave lui un ε ancienthinsp165 Crsquoest donc le degreacute e du radical de φέρω qui a connu une certaine fortune dans lrsquoonomas-tique non le degreacute reacuteduitthinsp cela fournit un argument suppleacutementaire pour eacutecarter lrsquoanalyse qui avait eacuteteacute suggeacutereacutee plus haut pour le nom Ἀμφάρης

Le seacutemantisme de φαρ- dans Φάρος et ἈφᾰρεύςQuelle peut alors ecirctre lrsquoeacutetymologie de ces toponymes en Φαρ- y com-

pris de lrsquoicircle de Pharosthinsp La famille du neutre rare agrave a bref φάρος aux deux sens de laquo charrue raquo et de laquo labour raquo (cf ἄφᾰρος laquo non laboureacute raquo Call Fr 287 [Pfeiffer]) agrave rattacher agrave une racine bher- homonyme de celle de φέρω au sens de laquo creuser percer couper raquo paraicirct le meilleur candidat pour rendre compte de toponymesthinsp166 Lrsquoautre neutre φᾶρος avec athinsp le plus souvent pour lequel le myceacutenien pa-we-a permet de poser φάρϜεηα renvoie en effet agrave une laquo large eacutetoffe raquo ou agrave une laquo tunique raquo et a donneacute lieu agrave des composeacutes agrave second eacuteleacutement -φαρής tel ἀφᾱρής laquo nu raquo (aussi en a bref apregraves Hom) attesteacute chez le poegravete eacutepique Euphorion dont il est difficile de rapprocher le nom du roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς sans doute deacutejagrave myceacutenien dont le a est de quantiteacute bregraveve degraves lrsquoIliadethinsp167 Signalons au pas-sage que lrsquoeacutetymologie de ce nom a donneacute lieu agrave drsquoautres hypothegraveses puisque le dictionnaire de Pape-Benseler renvoie aussi agrave lrsquoEtymologicum Magnum ougrave Crategraves le Grammairien met le nom en rapport avec le vieux neutre ἄφαρ qui veacutehicule lrsquoideacutee de laquo rapiditeacute raquo et a pu lui-mecircme seacutecreacuteter le nom ἀφαρεύς drsquoune laquo nageoire raquo connue par Aristote ce qui est du moins plus pertinent phoneacutetiquement que le rapprochement avec le nom drsquoAregraves (on attendraitthinsp

164 Voir An Inventoryhellip ndeg 290 (Arcadie) 241 (Achaiumle) 320 (Messeacutenie) et 215 (Beacuteotie)165 Eacutequivalent dialectal du radical θήρ voir les nombreux anthroponymes bacirctis sur ce

dernier radical P Chantraine DEacuteLG sv166 Ibid sv φάρος167 Euph 28 Pour le roi mythique de Messegravene Ἀφᾰρεύς voir Il 9 83 Paus IV 2 4 etc et

myc a-pa-re-u supra n 94 Crsquoest G Benseler qui proposait la traduction erroneacutee laquo Ohnemantel raquo dans le dictionnaire de Pape-Benseler (3e eacuted 1863-1870)thinsp pour une mise en garde sur les traduc-tions malencontreusement ajouteacutees par ce savant dans sa reacuteeacutedition augmenteacutee de lrsquoouvrage de W Pape (2e eacuted 1850) voir O Masson laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 (1974) p 179 (OGS I p 205)

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

318 sophie minon

ἀπ-αρεύς) proposeacute par Heacuterodienthinsp168 Des composeacutes en -φαρος sont eacutega-lement attesteacutes tel ἄφαρος laquo sans tunique raquo (Hsch) διάφαρος laquo tunique faite de deux piegraveces raquo (Pseudo-Zonaras) et le diminutif φάριον (Poll) a lui-mecircme seacutecreacuteteacute un composeacute ἡμι-φάριον laquo demi-tunique raquo connu au plus tocirct par lrsquoeacutepistolographe du Ve siegravecle de notre egravere Aristainetosthinsp169

Le caractegravere tardif de ce vocabulaire rare que ne font presque connaicirctre que les lexicographes fera renoncer agrave analyser Ἀμφαρίον comme un sobri-quet en -ων proceacutedant de Ἀμφι-φαρί-ον laquo agrave la tunique double raquo voire de Ἀμ-φαρί-ον laquo agrave la tunique releveacutee (ou au contraire laquo couvrante raquothinsp) raquo et preacutefeacuterer deacutefinitivement lrsquoanalyse qui en fait une formation analogue agrave Δαμ-αρί-ων

Il ressort de cette eacutetude que si lrsquoeacutelision du i des composeacutes en Ἀμφι- est de regravegle agrave lrsquoeacutepoque alphabeacutetique devant un second eacuteleacutement agrave laryngale ini-tiale eacutetymologique le nom Ἀμφιάρης surtout connu sous la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος est seul agrave preacutesenter une dieacuteregravese qui le distingue de son paro-nyme Ἀμφάρης La structure prosodique dactylique a eacuteteacute preacutefeacutereacutee pour la forme longue Ἀμφιάρηος Lrsquoeacutelision lrsquoeucirct rendue eacutetymologiquement opaque Lrsquoabsence drsquoallongement agrave lrsquoinitiale du second eacuteleacutement de la forme eacutelideacutee Ἀμφάρης eacutetait de la mecircme maniegravere destineacutee agrave laisser visible le timbre a pour empecirccher la confusion entre les radicaux ἀρ- et ἐρ- (de ἔρις ou ἐρέττω)

Dans le cas du heacuteronyme le second eacuteleacutement est agrave mettre en relation avec les segravemes de ruine et de destruction inscrits dans lrsquoappellatif ἀρή et le nom drsquoAregraves que reflegravete aussi lrsquoacception neacutegative qursquoa pu comporter ἄρος Mais pour une partie des noms en -άρ(ης) comme Δημάρης ou le suffixeacute Φραhιᾱρίδας se combinent au contraire les valeurs drsquoutiliteacute et de profit que les acceptions positives de ἄρος partagent avec ἀραρίσκω Lrsquoambivalence seacutemantique de -άρης dans lrsquoonomastique comme de ἄρος dans le lexique explique sans doute qursquoils aient lrsquoun et lrsquoautre connu une meacutediocre fortune

Le second eacuteleacutement -αρίων des noms Δεξαρίων Ἀμφαρίον et Δαμαρίων en face de Δαμάριστος doit ecirctre interpreacuteteacute quant agrave lui comme lrsquohypoco-ristique -αρι- suffixeacute en -ων de -άριστοςthinsp telle pourrait ecirctre aussi lrsquoorigine des suffixes diminutifs agrave lrsquoorigine des anthroponymes feacuteminins en -άριον et masculins en -αρίων La limpiditeacute seacutemantique de la base -αρι- expliquerait que -αρίων ait pris le relais de -άρης avec le succegraves qursquoon lui connaicirct dans lrsquoonomastique de lrsquoeacutepoque impeacuteriale et particuliegraverement en Eacutegypte

Sophie MINONUniversiteacute Paris-Ouest-Nanterre

168 P Chantraine sv ἄφαρ cf Arist H A 543a et EM (Kallierges p 175 34 [Crategraves] et 31 [Heacuterodien])

169 P Chantraine sv φᾶρος cf Heacutesychius sv ἄφαρος Pseudo-Zonar sv ἀφάροτος Pollux VII 67 1 et Aristainetos I 4 7 et 19 69

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

319ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Post-scriptumthinsp Denis Rousset me signale lrsquoexistence de lrsquoanthroponyme nouveau Ἀνφάρης dans une inscription ineacutedite du IIIe siegravecle trouveacutee en 2007 par M-Ph Papaconstantinou agrave Hagios Constantinos (antique Δαφνοῦς en Locride orientale) et qursquoil doit publier Cette forme ne remet pas en question lrsquoeacutetymologie proposeacutee pour Ἀμφάρης Le nom se rencontre avec cette der-niegravere orthographe notamment pour un Atheacutenien ce qui suffirait agrave soi seul agrave eacutecarter lrsquohypothegravese drsquoune apocope Ἀν(α)-φάρης gt Ἀμφάρης Toute nasale appuyante eacutetait noteacutee N dans lrsquoeacutepigraphie archaiumlque (eacuteleacuteen Ὀλύνπιος locrien ἀνφοτάροις) et cette graphie srsquoest parfois conserveacutee bien au-delagrave de cette peacuteriode en particulier dans lrsquoonomastique comme on lrsquoobserve en par-ticulier pour lrsquoethnique et le nom de la citeacute drsquoAmphissa ou les amphictyons de Delphes Ἀνφ- et Ἀμφ- sont par conseacutequent deux variantes attendues drsquoun premier eacuteleacutement de nom composeacute fait sur ἀμφί

Index des lexegravemes anthroponymes et toponymes analyseacutes

myc a-pa-re-[uthinsp]  304a-pe-e-ke  304a-pi-a2-ro  302a-pi-e-ke  304a-pi-ja-re-[-]geacuten () a-pi-ja-re-[wo ()]  296 300a-re  299a-re-i-jo  299a-re-jo  299a-re-ẉọ  300pa-we-a  317Ἀγχίαρος  303Αἰσχρίων  309Ἀλεξίων  309ἀμπέχω  293Ἀμφαίνετος  293Ἀμφάλκες  293Ἄμφανδρος  293Ἀμφαρ(ε)ίδας  290Ἀμφάρετος  293ἀμφαρής  306Ἀμφάρης  293 305-307ἀμφαρίστερος  292 307Ἀμφάριχος  289 n 3Ἀμφαρίον  314-316ἀμφαρμός  292ἀμφεικάς  292ἀμφεκτέον  293ἀμφεκτήρ  292ἀμφέλκεται  292ἀμφερείδω  292

ἀμφερκής  292Ἀμφέρων  315ἀμφέχω  293Ἀμφήδης  293ἀμφήκης  292ἀμφήλιος  293Ἀμφήνωρ  293Ἀμφηρείδης  305ἀμφηρέφης  292ἀμφήρης  308Ἀμφήρης  305-306Ἀμφηρίδης  308ἀμφήρικος  292ἀμφήριστος  292 308Ἀμφεριτος  293ἀμφίαλος  292Ἀμφίαναξ  293Ἀμφιάραος  297 298 n 55 301-302

303Ἀμφιάρηος  296-301 303Ἀμφιάρης  296 298 n 55 299Ἀμφιαρητείδας  294 n 34 299Ἀμφιαρίδας  290 304Ἀμφίαρος  303Ἀμφίας  294 296 303Ἀμφιασταί  296ἀμφιβατεῖν  291ἀμφιεκτίς  292ἀμφ(ι)ελίσσω  292ἀμφ(ί)επον  292Ἀμφιέραος  302-303

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

320 sophie minon

Ἀμφιεραισταί  302ἀμφιέσαντο  292ἀμφιετηρίς  292ἀμφίηκες  293Ἀμφίθεος  297 298 n 55ἀμφιίζομαι  292ἀμφ(ι)ορκία  293Ἄμφῑος  295Ἄμφις  296ἀμφισβητεῖν  291Ἀμφίτας  295Ἀμφιώ  295Ἀμφῑων  295ἄμφοδοςν  292Ἄμφοδος  295ἀμφόδων  292ἀμφουριασμός  293ἀμφούριον  293ἀμφώβολος  292ἀμφώδων  292Ἄμφων  295ἄμφωτον  292Ἀντίφαρις  315ἀντιφερίζω  306 315Ἄρειος  298ἀρείων  306Ἀρεύς  298 300ἀρή  302 311Ἄρης  299 300 302Ἄρη(ι)ος  299 300 302ἀρηρώς  290Ἀρητιάδης  299Ἀρίων  312ἄρος  289 302Ἁρπαλεύς  304Ἁρποκρατίων  309ἀρχιέρεως  300ἄφαρ  317ἀφαρεύς  317Ἀφαρεύς  299 304ἀφᾱρής  317ἄφᾰρος  317Βριάρεως  299γλυκάριον  310Γλυκαρίων  310Γλυκ(ί)ων  309Γνοhίαρος  303δάμαρης (sic)  311Δαμάρης  307 311Δαμάριον  312-313Δάμαρις  311-312Δαμάριστος  313Δαμαρίων  310 312-313

δαμαρούσιος  311Δαμᾶς  312Δαμῆς  311Δάμις  311Δαμόλας  311Δαμοτίων  309Δάμων  311Δαμώνων  309Δεξαρίων  294 313Δεξίαρος  304Δεξίων  294Δέξων  294Δημάρης  307 311Δημάριον  312διάφαρος  318δύσηρις  308ἐρίηρες  307 n 112Εὔαρος  303 311Εὐφάριος  316ἡμιφάριον  318Θεάρεστος  314Θεάρης  314Θεαρίδης  311 314Θεάριος  314Θεαρίων  314Θεώριος  314Θεωρίων  314Ἱπποδάμας  311Καλλίαρος  303Καλλίερος  303Καλλίων  309Κλεαρίδας  307Κλέαρις  311 cf n30Κλειναρώ  303 311Κυδίων  309Μενάρης  307Μενιάδας  312Μένιος  312νεικα(ρ)ώ  303 313νικάριστος  313Ξεινήρης  307 n 109Παρμενίδας  309Πάρμενις  309Παρμένισκος  309Παρμενίτας  309Παρμενίων  309Τυχαρίων  310Φάρα  317Φαραί  317Φάρης  317φάριον  318Φᾶρις  317φάρος  317

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

321ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

Φάρος  316φᾶρος  317Φέρης  316Φραhιαρίδας  290Φρασιήρης  290 307

Φρασιηρίδης  290φρενήρης  290ψυχάριον  310Ψυχαρίων  310

Bibliographie

Aura Jorro F Diccionario miceacutenico Diccionario griego-espantildeol Anejo I amp II Madrid 1999

Bader F laquo De myceacutenien matoropuro arepozoo agrave grec ματροπολις ἀλειϕοβιοςthinsp le traitement des sonantes-voyelles au premier milleacutenaire raquo Minos 1969 10 p 7-63

Barnes T laquo Homeric μῶλος Ἄρεως Hittite mallai harrai raquo in S Jamison C Melchert B Vine (eacuted) Proceedings of the 20th UCLA IE Conference oct 2008 Brecircme 2009 p 1-19

Bechtel Fr Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (ci-apregraves HPN) Halle 1917

Beekes R Etymological dictionary of Greek Leiden-Boston 2010Brixhe Cl Phoneacutetique et phonologie du grec ancien Quelques grandes ques-

tions Louvain 1996Catling RWV Marchand F (eacuted) Onomatologos Studies in Greek

Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010CEacuteG in RPh = Chronique drsquoeacutetymologie grecque suppleacutement au DEacuteLGChadwick J laquo Mycenaean Greek raquo in A Christidis (eacuted) A History of Ancient

Greekthinsp from the Beginnings to Late Antiquity Cambridge 2007 p 395-404Chantraine P La Formation des noms en grec ancien Paris 1933mdash Dictionnaire eacutetymologique de la langue grecque Paris 1968 2e eacuted avec

suppleacutement 2010Charbonnet A laquo Amphiaraos agrave Eacutereacutetrie raquo Museum Helveticum 41 1984

p 49-53CIA = Corpus Inscriptionum AtticarumDEacuteLG cf Chantraine 2010DGEsp = Diccionario griego-espantildeol Madrid 1980- (I agrave VIIthinsp α agrave ἔξαυος)DMic cf Aura JorroDubois L laquo Le nom Ἰόλαος Onomastique et morphologie archaiumlque raquo

Beitrz Nam 21 1986 p 252-256mdash laquo Hippolytos and Lysipposthinsp Remarks on some Compounds in Ἱππο-

-ιππος raquo in S Hornblower E Matthews (eacuted) Greek Personal Names Their Value as Evidence Oxford 2000 p 41-52

Ducrey P laquo Deacutedicace ineacutedite drsquoune association agrave Eacutereacutetrie raquo Eacutetudes de lettres 4 Univ de Lausanne 1981 p 73-78

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

322 sophie minon

Foucault (de) J-A Recherches sur la langue et le style de Polybe Paris 1972

Fraser PM-Matthews E (eacuted) A Lexicon of Greek Personal Names Oxford 1987 agrave 2010

ndash I The Aegean Islands Cyprus Cyrenaica 1987ndash II Attica ed MJ Osborne SG Byrne 1994ndash IIIA The Peloponnese Western Greece Sicily and Magna Graecia eacuted

PM Fraser E Matthews 1997ndash IIIB Central Greecethinsp from the Megarid to Thessaly ed PM Fraser

E Matthews 2000ndash IV Macedonia Thrace Northern Regions of the Black Sea eacuted PM Fraser

E Matthews 2005ndash VA Coastal Asia Minorthinsp Pontos to Ionia eacuted T Corsten 2010GAI cf ThreatteGignac F A Grammar of the Greek Papyri of the Roman and Byzantine Periods

I Phonology Milan 1976Hansen MH-Nielsen TH (eacuted) An Inventory of archaic and classical

poleis Oxford 2004Hartmann I laquo ldquoWhat namethinsp What parentagerdquo The classification of Greek

names and the Elean corpus raquo in IJ Hartmann A Willi (eacuted) Oxford University Working Papers in Linguistics Philology amp Phonetics 7 2002 p 55-81

Heubeck A laquo Amphiaraos raquo Die Sprache 17 1971 p 8-22mdash laquo Ἰόλαος und Verwandtes raquo MSS 48 1987 p 149-166HPN cf BechtelICS2 cf Masson 1983Krauskopf I Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae I s n

laquo Amphiaraos raquo 1980Kretschmer P Die griechischen Vaseninschriften ihrer Sprache nach unter-

sucht Guumltersloh 1894Kritzas Ch laquo Κατάλογος πεσόντων ἀπὸ τὸ Ἄργος raquo in Στήλη τόμος εἰς

μνήμην Ν Κοντολέοντος Athegravenes 1980 p 497-510 et pl 228mdash laquo New personal names from Argos raquo in RWV Catling F Mar chand

(eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 238-243

Lachenaud G Les Scholies agrave Apollonios de Rhodes Paris 2010Landau O Mykenisch-griechische Personennamen Goumlteborg 1958Leukart A Die fruumlhgriechischen Nomina auf -tās und -ās Vienne 1994LGPN cf Fraser-Matthews et aliiMasson O laquo Notes drsquoanthroponymie grecque et asianique raquo Beitrz Nam

10 1959 p 162mdash laquo Quelques noms grecs rares raquo avec en appendice laquo les noms Λεύκαρος

et Λευκάριστος raquo Philologus 110 1966 p 247-257

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

323ANTHROPONYMES EN Αμφ(ι)- ET EN -ΑΡ(ι)-

mdash laquo Pape-Benseleriana I Les malheurs drsquoAristis raquo ZPE 14 1974 p 179-183

mdash laquo Le nom de Battos fondateur de Cyregravene et un groupe de mots grecs apparenteacutes raquo Glotta 54 1976 p 84-98

mdash Les inscriptions chypriotes syllabiques Recueil critique et commenteacute2 reacuteim-pression augmenteacutee Paris 1983

mdash laquo Schede e notizie Hermitaris ein neuer Frauenname aus Rom raquo Epigraphica 46 1984 p 155-158

mdash Onomastica Graeca Selecta I-II Universiteacute Paris 10-Nanterre (2 vol eacuted C Dobias L Dubois) 1990

mdash Onomastica Graeca Selecta III Genegraveve (eacuted C Dobias L Dubois) 2001Meillet A Aperccedilu drsquoune histoire de la langue grecque8 Paris avec bibliogra-

phie mise agrave jour par O Masson 1975Meacutendez Dosuna J laquo Metatesis de cantidad en ionico-atico y heracleota raquo

Emerita 61 1993 p 95-134Minon S laquo La communication interdialectale au milieu du Ve s av J-C

Argien et creacutetois dans les deux regraveglements argiens des relations entre Cnossos et Tylissos raquo in M Hatzopoulos (eacuted) Φωνῆς χαρακτὴρ ἐθνικός Meacuteleacutetegravemata 52 Athegravenes 2007 p 169-210

mdash (agrave paraicirctre) laquo Le phratronyme argien Ἀμφιαρητείδαςthinsp un deacuteriveacute du heacuteronyme local Ἀμφιάρηοςthinsp raquo in A Panayotou G Galdi (eacuted) Actes du VIe congregraves international de dialectologie grecque 25-29 septembre 2011 Nicosie

Moretti L Olympionikai I vincitori negli antichi agoni olimpici Rome 1957Nieto Izquierdo E Gramatica de las inscripciones de la Argolide thegravese

ineacuted Madrid teacuteleacutechargeable sur le site de la Biblioteca Universidad Complutense (httpeprintsucmesviewpeopleNieto_Izquierdo_Enriquehtml) 2008

OGS cf Masson 1990 et 2000Oulhen J laquo Ἡρόπυθος Une pousse printaniegravere pour Elaine Matthewsthinsp raquo

in RWV Catling F Marchand (eacuted) Onomatologos Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews Oxford 2010 p 628-645

Pape W-Benseler G Woumlrterbuch der griechischen Eigennamen3 Graz 1863-1870

Perpillou J-L Les Substantifs grecs en -εύς Paris 1973mdash laquo Comparatifs primaires et loi de Sievers raquo BSL 69 1974 p 99-107Peters M laquo Ἀμφιάραος und die attische Ruumlckverwandlung raquo in M Ofitsch

C Zinko (eacuted) Studia onomastica et indogermanica Festschrift fuumlr Fritz Lochner von Huumlttenbach zum 65 Geburtstag Graz Leykam 1995 p 185-202

Risch E Wortbildung der homerischen Sprache2 Berlin 1974Rix H (eacuted) Lexikon der Indogermanischen Verbenthinsp die Wurzeln und ihre

Primaumlrstammbildungen2 Wiesbaden 2001

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

324 sophie minon

Ruijgh CJ Eacutetudes sur la grammaire et le vocabulaire du grec myceacutenien Amsterdam 1967

Schmitt R laquo Einige iranische Namen auf Inschriften oder Papyri raquo ZPE 17 1975 p 15-24

SEG = Supplementum epigraphicum graecumSineux P Amphiaraos guerrier devin et gueacuterisseur Paris 2007Solin H Die griechischen Personennamen in Rom2 Berlin-New York 2003Thompson RJE laquo Dialects in Mycenaean and Mycenaean among dia-

lects raquo Minos 31-32 199697 p 313-333Threatte L The Grammar of Attic Inscriptions I Phonology II Morphology

Berlin-New York 1980 et 1996Vial C Inscriptions de Deacutelos Index II Les Deacuteliens Paris 2008Wachter R Non-Attic Greek Vase Inscriptions Oxford 2001Willi A laquo Zur Verwendung und Etymologie von griechisch ἐρι- raquo HS 112

1999 p 86-100

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

REacuteSUMEacuteS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacutegories grammaticales latines (p 183-215)

Eacutetude de Priscien De metris Terentii 2-3 paragraphes dans lesquels le rapport du latin au grec est theacuteoriseacute au moyen de la notion de licentia Cette notion emprunteacutee agrave la meacutetrique permet de rendre compte agrave la fois des conver-gences et des divergences entre les deux langues sans abandonner lrsquoideacutee drsquoune deacutepen-dance geacuteneacuterale du latin envers le grec Trois pheacutenomegravenes linguistiques illustrent le propos du grammairien On suit les ramifications de ces exemples dans la grammaire exhaustive du mecircme auteur les Institutions grammaticales Il apparaicirct qursquoagrave trois reprises la recherche de lrsquoanteacuteceacutedent grec permet agrave Priscien drsquoappli-quer de maniegravere novatrice agrave la grammaire grecque des cateacutegories grammaticales usuelles dans lrsquoanalyse du latin

Benjamin Goldlust ndash Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Dans lrsquoekphrasis preacutecieuse qursquoil preacutesente drsquoun palais priveacute transposant les charmes de la campagne dans un cadre urbain le carmen 5 de lrsquoAppendix Maximiani fait apparaicirctre une tregraves riche intertextualiteacute qui preacutesente diffeacute-rents visages Citations litteacuterales mentions drsquoautoriteacutes recherches de garants poeacutetiques imitations et remplois deacutetourneacutes proposent en effet autant de rapports agrave diffeacuterents niveaux agrave la tradition litteacuteraire qui est par-fois passivement reprise dans un but stric-tement ornemental mais parfois totalement recontextualiseacutee Lrsquoanalyse montre que les sources plus ou moins directes provenant des univers eacuteleacutegiaque bucolique ou geacuteorgique font geacuteneacuteralement lrsquoobjet drsquoune reprise theacutema-tique drsquoune sorte de continuiteacute lineacuteaire sans modification ni adaptation permettant de greffer dans le carmen 5 des motifs fondateurs autour des thegravemes naturels En revanche

Rev de philologie 2010 LXXXIV 2

ABSTRACTS

Ceacutecile Conducheacute ndash Priscian De metris Terentii 2-3 and application of some Latin grammatical categories to the Greek language (p 183-215)

Study of Priscian De metris Terentii 2-3 a text that theorizes the connexion between Greek and Latin through the notion of licentia This notion borrowed from metrical studies is used as a tool for grammatical analysis illuminating at once the convergences and divergences between the imperial languages while retaining the general frame wherein Latin always derives from Greek Three gram-matical features illustrate the grammarianrsquos point We follow their developments through the authorrsquos comprehensive grammatical trea-tise the Institutiones grammaticae All three examples appear to be handled in the same way while looking for a precedent to Latin linguistic facts in the grammatical features of Greek Priscian happens to transfer into the field of Greek grammar some analysis hitherto developed for Latin grammar

Benjamin Goldlust ndash Quotations imitations and re-uses in carmen 5 of the Appendix Maximiani (= Carmina Garrod-Schetter) (p 217-242)

Carmen 5 of the Appendix Maximiani presents a concinnated ekphrasis of a private palace where the charms of the countryside are transposed into an urban setting The poem thereby shows a very rich intertextua-lity which has various facets Literal quota-tions references to authorities the search for poetical guarantees imitations and diverted re-uses all allow the poet to make use of the literary tradition which is sometimes passi-vely taken up in a purely ornamental way but at other times completely recontextualized The analysis shows that the more or less direct sources from the elegiac bucolic or georgic world are usually taken up thematically wit-hout any modification or adaptation so as to graft onto the poem the founding patterns of a natural inspiration On the other hand other phrases or expressions though akin to the same conception of a harmoniously civilised

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

398 Reacutesumeacutes AbstRActs

drsquoautres tournures ou expressions relevant de la mecircme conception drsquoune nature harmonieu-sement civiliseacutee proviennent probablement de passages eacutepiques ou tragiques totalement deacutetourneacutes voire pervertis pour ecirctre adapteacutes comme si le poegravete anonyme srsquoeacutetait lanceacute un deacutefi poeacutetique ndash celui drsquoune retractatio systeacutema-tique de lrsquoinspiration poeacutetique originelle ndash ce qui agrave bien des eacutegards rappelle les pratiques qui ont cours dans le genre du centon

Anne Jacquemin ndash Qui payait le κειροτέκ-νιονthinsp (p 243-249)

Deux inscriptions de Delphes du IIe siegravecle av J-C mentionnent une taxe payeacutee par les artisans le kheirotekhnion version locale du kheirocircnaxion Agrave Delphes au moins le khei-rotekhnion eacutetait payeacute par tous les artisans

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila et vestikatuthinsp nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio (p 251-263)

Parmi tous les termes obscurs des Tables Eugubines les mots vesticcedila et vestikatu ont donneacute lieu agrave de multiples commentaires et agrave des traductions contradictoires Srsquoil existe une parenteacute eacutetymologique entre ces termes il nrsquoest pas sucircr qursquoils appartiennent au mecircme champ seacutemantique strict Vesticcedila deacutesigne selon toute apparence une galette confectionneacutee la plu-part du temps au cours mecircme du sacrifice et ajouteacutee agrave la victime agrave titre drsquooffrande suppleacute-mentaire Vestikatu en revanche ne renvoie pas comme on a pu le dire agrave lrsquooffrande de ce gacircteau mais bien plutocirct au geste de la libation

Concetta Luna ndash La philologie comme science de lrsquoespritthinsp la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (p 265-288) 1re Partie

Lrsquoactiviteacute philologique drsquoAlain Segonds srsquoest exerceacutee en deux domaines diffeacuterentsthinsp les textes neacuteoplatoniciens et les textes astro-nomiques des XVIe-XVIIe siegravecles La premiegravere partie de cet article examine la contribution philologique drsquoAlain Segonds agrave lrsquoeacutedition des textes neacuteoplatoniciens en particulier ses eacuteditions critiques de lrsquoIn Alcibiadem et de lrsquoIn Parmenidem de Proclus du De abstinentia

nature probably come from epic or tragic passages which have been totally diverted or perverted for the adaptation as if the anony-mous poet had accepted a poetic challengethinsp that of a systematic retractatio of the original poetic inspiration ndash which in more than one way reminds of the practices which prevail in the cento genre

Anne Jacquemin ndash Who paid for the cheiro-technionthinsp (p 243-249)

Two Third Century BC inscriptions at Delphi mention a tax paid by artisans the kheirotekhnion the local version of the khei-ronaxion One of these provides evidence that this tax applied to all artisans metics as well as citizens

Jean-Claude Lacam ndash Vesticcedila and vesti-katuthinsp new comments on two related terms of Iguvine Tables(p 251-263)

Among all the doubtful terms of Iguvine Tables vesticcedila and vestikatu gave rise to many comments and opposite translations If there is an etymological relationship between these words they certainly do not belong to the same strict semantic field Vesticcedila appa-rently is a pancake prepared most of the time during the sacrifice itself and added to the vic-tim as an complementary offering Vestikatu on the other hand does not mean as has been said the offering of this cake but rather the pouring out of the libation

Concetta Luna ndash Philology as Science of Spirit  Alain Segondsrsquo Contribution to Textual Criticism (p 265-288) 1st Part

Alain Segondsrsquo activity as a philologist covered two main areasthinsp neo-platonic texts and astronomical works of the early-modern period The first part of this article examines Segondsrsquo philological contributions to the edition of neo-platonic texts particularly his critical editions of Proclusrsquo In Alcibiadem and In Parmenidem as well as of Porphyryrsquos De

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

399Reacutesumeacutes AbstRActs

de Porphyre du Proclus ou sur le bonheur de Marinus

Sophie Minon ndash Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)-thinsp de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίον (p 289-324)

La comparaison de lrsquoanthroponyme argien nouveau Ἀμφαρίον avec le nom Φραhι-αρίδας et avec le heacuteronyme Ἀμφιάρης agrave la forme deacuteriveacutee Ἀμφιάρηος attesteacutes aussi localement pose la question du sort de la voyelle -i agrave la finale drsquoun premier eacuteleacutement de composeacute en particulier du preacutefixe ἀμφι- lorsque le second preacutesente en synchronie une initiale vocalique La finale -ίων drsquoun composeacute anthroponymique intrigue quant agrave elle drsquoun point de vue morphologique Notre enquecircte conduira agrave reacuteexaminer lrsquoeacutetymologie du nom du roi drsquoArgos Ἀμφιάρηος et la faccedilon dont se sont constitueacutees ses variantes Ἀμφιάραος et Ἀμφιέραος et agrave eacutetudier le seacutemantisme des diffeacuterentes formes eacutelargies du radi-cal -αρ- que lrsquoon croit pouvoir identifier au second membre de nombre drsquoanthroponymes ici analyseacutes comme Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων et Ἀμφαρίον

abstinentia and of Marinusrsquo Proclus ou sur le Bonheur

Sophie Minon ndash Personal Names in Ἀμφ(ι)- and -αρ(ι) From Ἀμφιάρης to Ἀμφαρίον (p 289-324)

Putting together the new Argive anthro-ponym Ἀμφαρίον and Φραhι-αρίδας or heronymic Ἀμφιάρης and its derivative Ἀμφιάρηος all occurring locally we wonder in which cases the final -i vowel of the first element of compounds particularly at the end of the ἀμφι- prefix was either preserved or not in front of the initial vowel of the second element The final -ίων of anthroponymic compounds is morphogically surprising This paper is aimed at revising the etymology of the name of the Argian king Ἀμφιάρηος ndash explaining also the variants Ἀμφιάραος and Ἀμφιέραος and studying the semantism of the various forms of the -αρ- root that may be identified ad second element for the nume-rous anthroponyms analyzed here such as Ἀμφάρης Ἀμφίαρος Δαμάρης Δαμαρίων Θεαρίων and Ἀμφαρίον

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519

R E V U EDE

P H I L O L O G I EDE LITTEacuteRATURE ET DrsquoHISTOIRE ANCIENNES

TOME 84

2010FASCICULE 2

K L I N C K S I E C K

FAS

CIC

UL

E 2

RE

VU

E D

E P

HIL

OL

OG

IET

OM

E 8

4

ISSN 0035-1652ISBN 978-2-252-03861-1

SOMMAIRE

Ceacutecile Conducheacute

Priscien De metris Terentii 2-3 et lrsquoapplication agrave la langue grecque de cateacute-gories grammaticales latines 183

Benjamin Goldlust

Citations remplois et imitations dans le carmen 5 de lrsquoAppendix Maxi-miani (= Carmina Garrod-Schetter) 217

Anne Jacquemin

Qui payait le κειροτέκshyνιον 243

Jean-Claude lacam

Vesticcedila et vestikatu nouvelles remarques sur deux termes apparenteacutes des Tables de Gubbio 251

concetta luna

La philologie comme science de lrsquoesprit la contribution drsquoAlain Segonds agrave la critique textuelle (1re Partie) 265

sophie minon

Anthroponymes en Ἀμφ(ι)- et en -αρ(ι)- de Ἀμφιάρης agrave Ἀμφαρίο ν 289

Vincent martzloff

Notes et discussions 325

Bulletin BiBliographique 333

ouvrages reccedilus 391

reacutesumeacutes aBstracts 397

CV_RPH84-2indd 1 140213 1519