Accompagnement et sensibilisation à l'entrepreneuriat ainsi qu'à la création d'entreprise. Une...

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Accompagnement et sensibilisation à l'entrepreneuri at ainsi qu'à la création

d'entreprise.

Une expérimentation auprès de la population adolesc ente de collège dans le

cadre d’accompagnement pédagogique hebdomadaire.

Sylvestre Alex Koumba Laboratoire de recherche I.C.I, Université de Bretagne Occidentale I.A.E - 12 rue de Kergoat CS 93837- 29238 Brest cedex 3- France.

Résumé

L'objectif de cet article est de mettre en exergue un projet expérimental d'accompagnement éducatif d’éveil et de sensibilisation à l’entrepreneuriat ainsi qu’à la création d’entreprise initié auprès d'adolescents de collège. Nous présenterons ici un ensemble de réflexions liées à cette thématique en articulant cela à la théorie afférente et à la pratique sur le terrain. Structuré tout au long de l'année, l'objectif s'articule autour d'enjeux de construction ou de consolidation de dispositions, voire de prédispositions à l'entrepreneuriat ainsi qu'à la création d'entreprise en relation avec l’apprentissage et l’acquisition de compétences entrepreneuriales. Nous discuterons de prime abord des méthodes, des outils mais aussi de la logique pédagogique qui pourrait s'articuler autour de ce type d'apprentissage, puis nous évoquerons enfin les enjeux organisationnels et l'implication de différents acteurs. Mots clés : accompagnement, adolescents au collège, dispositions et prédispositions, socialisation entrepreneuriale, apprentissage, projet entrepreneurial. Abstract

The aim of this article is to highlight an experimental entrepreneurship awakening and awareness and business creation in an educational project introduced with teenagers of middle school. We shall present here a set of reflections connected to this theme by articulating it in the concerned theory and the practice on the ground. Structured throughout the year, the objective articulates around stakes of strengthening or the building of dispositions, or even predispositions to entrepreneurship and the creation of business in relation with the learning and the acquisition of entrepreneurial skills. First of all, we shall discuss the methods, the tools as well as the educational logic which could be articulated around this way of learning. Then we shall emphasize on the organizational stakes and the implication of various actors.

« L’enseignement de l’entrepreneuriat est un outil essentiel pour développer une culture entrepreneuriale dans un pays. Au-delà du développement du goût d’entreprendre et de l’esprit d’entreprise, l’enseignement peut concourir à l’amélioration de l’image de l’entrepreneuriat et à mettre en valeur le rôle de l’entrepreneur dans la société ». (Fayolle, 2001). Cependant comme le stipule Pittaway (2005) cité par A. Gribben, « une partie de la difficulté réside dans le fait que l’on ne sait pas encore quand l’apprentissage de l’entrepreneuriat doit commencer (c’est-à-dire à quel moment dans le système éducatif), quelle est sa nature, ce qu’il doit enseigner et qui doit s’en charger. Le résultat est qu’il n’y a pas de consensus clair sur la nature et les objectifs de l’apprentissage de l’entrepreneuriat ». Or, « L’introduction de l’apprentissage de l’entrepreneuriat à un stade précoce de l’enseignement est ici vitale, parce que les jeunes esprits sont les plus réceptifs aux influences et aux idées et que c’est alors que les graines de l’esprit d’entreprise doivent être semées » (Gribben, 2006). Cette assertion d’Anthony Gribben nous plonge au cœur des motivations de cette contribution. Ancré dans le cadre d’un projet expérimental d’accompagnement éducatif « d’éveil et de sensibilisation à l’entrepreneuriat ainsi qu’à la création d’entreprise » que nous avons initié pour la deuxième fois, nous souhaitons mettre en exergue des pistes de réflexions en articulation avec la pratique sur le terrain auprès de 33 adolescents de 13 à 16 ans (Classe de 4ème et 3ème ) inscrits spontanément dans l’action pour l’année 2011-2012 en nous appuyant également sur la littérature et les initiatives qui émergent dans ce domaine ( Commission européenne, 2005., Pelletier, D., 2005., Vaidya, S.,2007, Gasse, Y., 2007) 1. Les enjeux culturels de l’inscription de l’ent repreneuriat au sein du cadre

éducatif articulés à la tradition pédagogique domin ante Les pratiques éducatives et pédagogiques sont souvent marquées par un sceau philosophique lié à une tradition culturelle, historique et intellectuelle. Ces traditions influencent en retour les pratiques éducatives, la perception et les méthodes pédagogiques culturellement mises en avant par le corps enseignant. A titre d’exemple, on peut parler d’un héritage marqué par les travaux de Emile Durkheim pour le cas de la France, et un modèle Américain marqué par les travaux de John Dewey. Ces deux auteurs majeurs ont fortement influencé les modèles politiques et culturelles de l’éducation dans leur univers respectifs. Dans la perspective Deweysienne à titre d’exemple, l’école et le système éducatif en général doit promouvoir « l’acquisition d’aptitude à agir sans dissocier ses intérêts des buts poursuivis afin d’enrichir par voie de conséquence, les expériences sociales ». (Dessberg, L., Meuret, D., 2010). Dans cette optique, l’enfant n’est pas considéré comme une menace, ou un être incapable de surmonter ses désirs, toujours puéril, égoïste, sans aucune possibilité d’autonomie. L’enfant est considéré dans son processus de croissance et « ses penchants », tout comme ses capacités, sont appréciés dans ce cadre là. Dans la vision Deweysienne, « L’école propose des expériences éducatives, c'est-à-dire des expériences qui doivent aider l’élève à affronter d’autres expériences. Ces expériences n’ont de sens que par le lien qu’elles entretiennent avec les expériences que l’on peut vivre dans la société, dans la coopération avec d’autres ; dès lors il n’y pas de différences fondamentales entre la formation du caractère, l’acquisition de connaissances, l’éducation morale et la discipline, et non seulement il n’y a pas de différences fondamentales entre elles, mais c’est leur convergence qui définit l’éducation démocratique ». Dans la perspective Durkheimienne l’école est le garant de la reproduction et de l’intériorisation des normes sociales nécessaires à la sauvegarde de la société. A cet effet, « l’éducation est avant tout le moyen par lequel la société renouvelle perpétuellement les conditions de sa propre existence », et dans cette optique l’éducation est un moyen de perpétuation et de renforcement de l’homogénéisation « en fixant d’avance dans l’âme de l’enfant les similitudes essentielles que suppose la vie collective ». L’enfant Durkheimien est perçu comme fondamentalement irresponsable et son épanouissement, tout comme sa construction individuelle ne sont envisageables en dehors d’un cadre fixé par un maître (enseignant/adulte). A cet effet Durkheim « défend le maintien de ce processus d’encadrement en pointant l’insuffisance des capacités appréciatives de l’enfant ». Le maître a une dimension statutaire et un pouvoir fort sur l’élève car il doit inculquer un savoir, des connaissances et généralement de manière magistrale ou frontale en même temps qu’il attend de l’élève une certaine docilité, et une discipline. « Cette manière de privilégier le rapport au savoir a toujours été la caractéristique du modèle dominant dans l’institution scolaire ». (Barnier, G., 2009). Or, la problématique qui nous intéresse ici, inscrite en ligne de fond de cette contribution au travers de cette expérimentation, c’est bien l’inscription des apprentissages entrepreneuriales dans la sphère éducative à l’école avec un ensemble de questions qui s’y attachent. Dans quel cadre paradigmatique et méthodologique peuvent s’inscrire les apprentissages entrepreneuriaux ? Peut-on enseigner l’entrepreneuriat comme on enseigne les mathématiques, ou la géographie en s’inscrivant dans une logique de modèle transmissif d’enseignement comme c’est le

cas des pratiques éducatives dominantes dans le système éducatif ? Quels sont les enjeux pour les élèves en adéquation avec leur représentation d’eux-mêmes ainsi que les représentations et les schèmes de perception influençant nos pratiques éducatives, tant dans les possibilités de réalisation et construction de leur confiance en eux, qu’au niveau de l’acquisition de dispositions ou de prédispositions entrepreneuriales ? Quelles compétences nouvelles le corps enseignant doit acquérir à cet égard ? Quel rôle synergique les acteurs (Institution familiale, dispositifs associatifs, dispositifs institutionnels, etc.) gravitant autour de l’enfant peuvent jouer dans le processus de construction des compétences entrepreneuriales des adolescents ? Quelles sont les possibilités qu’offrent les apprentissages entrepreneuriales, arrimés aux contenus traditionnels d’enseignement en lien avec la dynamique du projet entrepreneurial ? De quoi parle t-on lorsqu’on évoque l’introduction de l’entrepreneuriat au sein de l’école ? 1.1. Une définition large de l’entrepreneuriat dans le domaine éducatif avec des

enjeux liés à l’esprit d’entreprise

L’entrepreneuriat est très souvent perçu de prime abord dans sa dimension économique en adéquation avec la création d’entreprise et l’ensemble des paradigmes qui détermine les orientations des recherches. Au sein des établissements d’enseignement qu’ils soient universitaires ou secondaires, les actions visant la sensibilisation et les apprentissages entrepreneuriales sont promues (Commission européenne, 2004). Des concours à l’échelle nationale sont organisés et de plus en plus d’établissements accueillent des mini-entreprises. Ces dernières « visent à développer, à petite échelle, une activité économique réelle ou à simuler de manière réaliste le fonctionnement d’entreprises réelles. Tout en opérant dans un environnement protégé et dans un but pédagogique, (…) [elles] fabriquent et vendent des produits ou services réels ». Cependant, on peut aussi définir l’entrepreneuriat au sein du collège, comme un ensemble de qualités et d’attitudes qu’on associe habituellement à l’esprit d’entreprise comme le montre Pelletier, (2005). Dans ce cas, « il s’agit pour l’élève, d’actualiser son pouvoir d’agir et de mener à termes des projets susceptibles de créer de la valeur. Celle-ci peut être sociale, culturelle, humanitaire, mais le plus souvent, elle est d’ordre économique ». (Page 7). A cet effet, Pelletier retient dix qualités entrepreneuriales susceptibles d’être développées dans l’action et dans les projets entrepreneuriaux en milieu éducatif avec des exigences différentes en fonction des niveaux scolaire1. Ce sont :

� La confiance en soi : se sentir capable de faire quelque chose � La motivation : vouloir faire quelque chose � L’effort : se disposer à travailler fort � Le sens des responsabilités : faire ce qui doit être fait � L’initiative : passer à l’action � La persévérance : terminer ce qui a été commencé � La solidarité : collaborer en vue d’un but commun � L’esprit d’équipe : créer avec d’autres en synergie d’action � La débrouillardise : recourir à ses connaissances pour faire face à l’imprévu � La détermination : se concentrer sur ce que l’on a faire

Ces qualités ont plusieurs implications en liaison avec le système éducatif. Elles ont un impact sur le développement de la disposition à agir et le développement personnel de l’élève. De plus, elles s’orientent de manière convergente avec les objectifs de l’école qui sommes toutes, demeurent dans notre entendement, la réalisation des individus dans leur aspirations en adéquation avec leur passions, leur désirs, et en sommes la possibilité de transformer le monde dans lequel ils vivent. La définition et l’analyse qu’en fait Pelletier a le mérite de créer une passerelle cohérente et susceptible d’adhésion avec le corps enseignant. Elle permet d’élargir l’apprentissage de l’entrepreneuriat « au plus grand nombre ». C’est ainsi que l’on peut considérer « comme éducative et propice au développement entrepreneurial toute activité pédagogique individuelle ou collective favorisant leur mise à contribution ». C’est dans cette visée que le projet trouve sa raison d’être. 1.2. Le projet d’éveil et de sensibilisation à l’en trepreneuriat ainsi qu’à la

création d’entreprise

Ce projet a démarré en mi-octobre 2011 avec un effectif de 33 élèves de 4ème et de 3ème de prime abord sur la base du volontariat. Spontanément inscrits, l’engouement nous a poussé à refuser des inscriptions par ailleurs. L’effectif moyen pour l’ensemble des 9 classes de 3ème et 4èmedu collège y compris les classes de Segpa est de 18.80. A l’heure actuelle l’effectif stabilisé des élèves engagés est de 21. Cet état de fait est lié au choix du jour de l’action pédagogique qui a opéré un filtre en lien avec l’emploi du temps des élèves et leurs contraintes. Nous envisagions à cet effet avec la directrice et son adjoint, au vu de l’enthousiasme, de mettre en place un deuxième créneau afin que les élèves puissent pour le plus grand nombre y participer. Mais nos contraintes personnelles ne l’ont pas permis et cela aurait été en outre extrêmement lourd à gérer. Cependant, cet effectif est, somme toute, intéressant dans une dynamique exploratoire car elle montre dans une certaine mesure l’intérêt des élèves, au vu du nombre d’élèves inscrit en comparaison avec la moyenne. On peut aussi voir en annexe qu’il y’a une répartition relativement équilibrée entre les sexes au départ (Tableau 2). En outre on constate avec l’analyse de la CSP que les parents appartenant à la catégorie employés ont un poids plus important que cela soit du coté des mères (57,6 %) ou des pères (30.3 %) (Tableau 4 et 5). Les parents ouvriers et cadres ont un poids strictement identique du coté paternel (24.2%). Il est également de 24.2 % au regard des mères au chômage. Il n’y a que 6.1% de parents chef d’entreprise et en l’occurrence chez les pères. On constate néanmoins que dans cet effectif, près de la moitié des élèves (48,5%) (Tableau 6) déclarent avoir un entrepreneur dans la famille ou dans leur entourage. De plus, 54.5% des élèves disent avoir déjà participé à un projet ou une activité dans le collège ou en dehors (Tableau 7). 1.2.1. En quoi consiste t-il ? et en sommes qu’est ce qui confère à un projet pédagogique construit à l’école sa dimension de pro jet entrepreneurial ? La distinction nous semble importante à la lumière des travaux développés par Pelletier (2005), mais aussi au regard des représentations développées par le corps enseignant tant dans la vision de l’inscription de l’entrepreneuriat au collège, qu’au niveau des pratiques éducatives. Certains enseignants voient dans l’entrepreneuriat au mieux des apprentissages par projet, au pire l’inscription de valeurs financières et capitalistiques à inculquer dès le plus jeune âge. Un professeur de mathématiques interviewé sur ce que c’était que l’entrepreneuriat et ce que cela pouvait apporter au collège déclarait «…l’entrepreneuriat souvent, par rapport au corps enseignant, c’est synonyme donc de privé, c’est donc synonyme de financier, de capitalisme, de libéralisme, de déshumanisation, c’est souvent assez négatif… » « …oui c’est un mot qui fait peur, entrepreneuriat pour moi, ça fait peur ! c’est pro Medef…». (Voir extrait d’entretiens en annexes). Un personnel encadrant et responsable du CDI répondait à la même interrogation en disant « …Par contre, je ne…la chose à laquelle je ne pourrais pas souscrire, c’est formater les élèves pour devenir entrepreneur, c'est-à-dire, eh bein oui !, il faut que l’entreprise dégage des bénéfices, c’est sûr, elle doit réinvestir, donc tout ça, c’est il faut le savoir effectivement, par contre heu…dire aux élèves que pour devenir entrepreneur, il faut marcher sur les autres, organiser la concurrence, tu vois dans cet esprit là, je ne pense pas que l’école de la république puisse répondre à ce genre d’idéologie…». Ces quelques représentations laissent transparaître de manière sous-jacente une déformation de la perception de ce qu’est l’entrepreneuriat et de ce qu’il peut être pour les élèves. Emane-t-elle d’un manque d’informations ? Est-ce une vision profonde diffusée telle quelle ? Qu’à cela ne tienne : La précision est de mise ! Les projets entrepreneuriaux élaborés dans des projets pédagogiques en classe ont des lignes de convergence dans leur construction avec des pédagogies par projet ou des pédagogiques cognitives. Cependant, c’est la nature et la finalité du projet qui confère la dimension entrepreneuriale. La pédagogie par projet prend sa source avec différents auteurs préconisant des méthodes pédagogiques dites actives, tels que John Dewey, Ovide Decroly, ou Célestin Freinet. « Ces auteurs de « l’Education Nouvelle » cherchent par tous les moyens à rendre l’élève actif. Ils tendent alors à transformer l’élève passif en « sujet de sa propre formation ». Ces penseurs prônent une école liée à la vie parce qu’ils estiment que les expériences que l’élève réalise lui-même sont les meilleures facteurs d’apprentissage » (Bensalem, D., 2010). Les apports de la pédagogie cognitive vont en outre renforcer cette dynamique autour des travaux de différents auteurs tels que « Piaget pour la construction active de l'intelligence dans l'action, de Vygotski (1985) et Bruner (1983) pour leurs apports sur la médiation sociale de l'apprentissage et de Flavell (1976, 1979), Sternberg (1984), Brown (1987), Wolfs, Noël, Romainville (1995) sur la métacognition. » (Toutain, O., 2010). En somme, la démarche pédagogique est inscrite dans l’action avec un but qui mobilise l’élève dans sa dimension émotive, affective et cognitive. Dans cette logique, inscrit dans un cadre coopératif et collaboratif avec d’autres élèves et l’intervenant, l’apprenant va

accomplir des actions utiles à la réalisation du projet, il va à cet effet développer des apprentissages liés au projet en même temps qu’il reconstruira de nouvelles connaissances et se les appropriera au contact d’autres élèves et en interactions avec son environnement. Les apprentissages sont aussi d’ordres métacognitifs. En ce sens, on fait référence ici au fait que l’élève va développer des savoirs sur ses propres savoirs, c'est-à-dire comme nous l’explique Olivier Toutain « la prise de conscience, par l'apprenant, de son activité mentale en vue d'en améliorer le contrôle (donc son utilisation ultérieure). (Cité par l’auteur page 96). Le projet entrepreneurial se distingue par quelques lignes saillantes : « Au point de départ, le projet entrepreneurial s’appuie sur l’idée d’une production, d’une action productive qui crée un bien, un service, un événement. L’événement peut être une exposition, un spectacle, une semaine thématique, une production artistique, un symposium, un festival, un concours ou quoi que ce soit d’autre que les élèves auront à préparer et à réaliser avec toute la motivation et la compétence dont ils sont capables ». L’objectif ici est de « produire de la nouveauté, innover, mener des actions en vue d’un bien, d’un service, d’un événement à créer qui a une valeur dans le milieu parce qu’il répond à un besoin ». Le projet est de nature diverses et doit faire émerger des qualités et des attitudes entrepreneuriales tout au long de son élaboration dans son « unité », « sa singularité », « sa complexité » et « ses opportunités ». (Pelletier, D., 2005, pages 34). A cet effet les axes fondamentaux de notre projet peuvent se décliner en trois dimensions :

1. Découvrir ce qu’est l’entrepreneuriat et l’esprit d’entreprise, c'est-à-dire la disposition à agir afin de transformer le monde qui les entoure.

2. Développer chez les élèves des qualités et des attitudes entrepreneuriales dans le cadre d’un projet entrepreneurial émanant, et piloter par eux. Ce projet qui mobilisera des ressources « cognitives », « émotives » et « interactionnelles » est construit dans l’espace et dans le temps en adéquation avec leur environnement.

3. Eveiller le goût d’entreprendre et construire ou consolider des dispositions, voir des prédispositions à l’entrepreneuriat.

1.2.2. Le projet entrepreneurial dans ses grandes p hases

Les grandes étapes de la construction du projet entrepreneurial

Nous avons choisi de présenter de façon schématique les différentes étapes en partant du principe bien entendu que l’articulation n’est pas fondamentalement linéaire (mais plutôt dialogique) et ordonnancé tel qu’on le voit sur ce schéma. Les valeurs du groupe peuvent se construire dans l’étape deux par exemple. Les qualités entrepreneuriales peuvent s’observer dès le début du processus. La réalisation peut en outre donner lieu à de belles réussites (comme à des échecs qui donnent lieu à des remises en question afin de tirer des leçons en vue d’une amélioration). De plus, dans l’ensemble du processus, l’élève en adéquation avec les logiques vicariantes2 réalisera des tâches et des

2 L’expérience vicariante ou l’expérience indirecte est un concept issu des travaux d’Albert Bandura. Cet auteur

s’intéresse au sentiment d’efficacité personnel. L’auteur montre que le fait d’observer des pairs exécutés une activité ou accomplir une tâche peut constituer une source d’information importante qui influence la perception du sentiment d’auto-efficacité.

réussites qui vont l’emmener à vouloir relever des défis encore plus stimulants afin d’éprouver le sentiment de satisfaction (Pelletier, D., 2005). 2. Une approche méthodologique mixte avec un ancrag e constructiviste à

visée transformative Dans leur article intitulé « Le choix d’une approche méthodologique mixte de recherche en éducation », (Pinard, R., Potvin, P., Rousseau, R., 2004), les auteurs nous explique à la lumière des travaux de Thierry Karsenti et Lorraine Savoie-Zajc la pertinence d’une approche mixte. Cette dernière se définit comme étant, « une approche pragmatique de la recherche dans laquelle des données qualitatives sont jumelées à des données quantitatives afin d’enrichir la méthodologie et éventuellement les résultats de la recherche » (page 3). Certains auteurs dressent de manière définitive une opposition entre les méthodes qualitatives et les méthodes quantitatives, tandis que d’autres y voient un intérêt véritable. L’enjeu fondamental se trouve à l’articulation des postures épistémologiques sous jacente aux méthodes utilisées, ainsi qu’à la nature ontologique des objets ou phénomènes étudiés. En effet les méthodes quantitatives s’inscrivent dans une posture dite positiviste tandis que les méthodes dites qualitatives s’inscrivent dans une posture constructiviste. En ce sens, pour le premier, non seulement la réalité ou la vérité de l’objet est saisissable par nature, ancré autour d’indicateurs empiriques représentant « la vérité », le chercheur étant en total position d’extériorité et non influencé par l’objet en même tant qu’il ne l’influence pas. Dans la seconde posture, la réalité est fondamentalement une construction sociale, une co-construction émanant des acteurs et du chercheur dans un cadre interactif que les contextes et les situations participent à fabriquer. Or, dans cette expectative, nous partageons l’idée que les deux postures épistémologiques peuvent être complémentaires, à la seule condition de les utiliser en adéquation avec l’objet d’étude et « un angle d’attaque » conjoint qui puisse amplifier l’édification et la volonté d’accession à la vérité « qui unit » les méthodes quantitatives et qualitatives. C’est à ce propos que Sale (2002), écrit: « the distinction of phenomena in mixed-methods research is crucial and can be clarified by labelling the phenomenon examined by each method. For example, a mixed-methods study to develop a measure of burnout experienced by nurses could be described as a qualitative study of the lived experience of burnout to inform a quantitative measure of burnout. Although the phenomenon « burnout » may appear the same across methods, the distinction between « lived experience » and « measure » reconciles the phenomenon to its respective method and paradigm. » (Sale, J., Lohfeld, L., Brazil, K., 2002.) D’un point de vue méthodologique tout d’abord, notre positionnement laisse émerger une orientation de recherche-action. A des degrés divers en adéquation avec les différentes facettes que peut avoir la recherche-action, le principe est « d’introduire du changement dans l’organisation pour en observer les effets ». Se démarquant des recherches conventionnelles, comme l’explique Florence Allard-Poesi et Véronique Perret (2004) en citant Hugon et Seibel, « La recherche-action peut se définir comme une méthode de recherche dans laquelle il y’a action délibérée de transformation de la réalité ; recherche[s] ayant un double objectif : transformer la réalité et produire des connaissances concernant ces transformations ». Les auteurs rajoutent, « se faisant, la recherche-action porte sur et implique toujours la modification de comportements, conduites et actions individuels et/ou sociaux ». (Allard-Poesi, F., Perret, V., 2004). Par ailleurs, s’il fallait définir la situation problème, en d’autres termes l’intérêt ou l’objet qui guide et motive l’action mise en place, c’est clairement l’apprentissage de l’entrepreneuriat ciblé auprès de populations adolescentes avec l’ensemble des questionnements qui gravitent autour comme nous les avons susmentionnés. Nous nous inscrivons dans une recherche-action de type coopérative ou participative à plusieurs égards. Cela tient non seulement à la nature des projets entrepreneuriaux (Pelletier, D., 2005), les apprentissages connexes venant renforcer cet axe central qu’est le projet entrepreneurial, mais aussi à la dynamique et l’implication des acteurs parties prenantes, c'est-à-dire les élèves ciblés, les différents intervenants en interaction directes ou indirectes autour de ces mêmes élèves. D’un point de vue pédagogique, nous nous situons au regard des théories de l’apprentissage dans une posture socioconstructiviste en dehors du modèle transmissif d’enseignement. A cet effet « Par rapport au constructivisme, l’approche sociocognitive ou socioconstructive introduit une dimension supplémentaire : Celle des interactions, des échanges, du travail de verbalisation, de co-construction, de co-élaboration. » (Barnier, G, 2009). 2.1 La dynamique méthodologique en adéquation avec les phases d’avancement du projet pédagogique

Nous avons souhaité à la fois agir sur les élèves en tant qu’acteur référent et chercheur par ailleurs. Nous avons dès le départ défini, le fait que nous aurions des entretiens en partant du principe que les élèves pouvaient nous solliciter afin de venir exprimer leur vécu ou leur ressenti, en même temps que nous pouvions avoir avec leur accord des entretiens de 15mn à 25mn. Par ailleurs nous nous sommes également rendu en tant que chercheur expérimentant une action de sensibilisation, dans un autre collège qui là aussi, expérimentait des mini-entreprises dans le cadre de l’association Entreprendre Pour Apprendre. Nous avons interviewé à cet effet des élèves et un intervenant. Cela nous a permis de comparer et d’analyser la pratique sur le terrain tout en nous inscrivant dans une forme de réflexivité du point de vue de notre action et de la recherche que nous menons. Les outils d’investigations sont schématisés ci-après :

La dynamique méthodologique de l’étude

En nous appuyant sur les travaux de Pelletier et le guide qu’il a dirigé, notre objectif est de prime abord d’évaluer au stade actuel, l’action pédagogique (Stade1/amorce du stade2), son impact sur les élèves en termes de motivation, de dispositions ou de prédispositions à agir dans le cadre d’un projet entrepreneurial en construction. Nous questionnerons l’émergence de qualités et d’attitudes entrepreneuriales tout analysant par ailleurs les déterminants de la pratique en nous appuyant sur nos entretiens in situ ou hors contexte dans le cadre d’activité quasi-similaire, en faisant émerger des réflexions sur les apprentissages entrepreneuriaux.

3. Les résultats à ce stade du projet 3.1. L’action d’éveil et de sensibilisation a une f orte influence sur l’émergence de la confiance en soi Les entretiens de groupes réalisés montrent de manière significative que les élèves ont d’ores et déjà été impactés par cette action pédagogique du point de vue de leur confiance en eux. L’action a produit des transformations dans leur façon de s’exprimer, l’habileté à prendre la parole, et à émettre le désir de poser des actes entrepreneuriaux. A la question : Que vous apporte l’action ? , les élèves évoquent spontanément « La confiance ! » « La confiance en soi », « Plus de confiance en soi », « moins de timidité », « La motivation ». Une adolescente déclare à ce sujet : « Vous voyez là !, par exemple si on avait pas fait l’activité Eugénie là, elle ne parlerait pas !. » L’action est vécue non pas comme une corvée mais véritablement comme une dynamique qui procure un plaisir. Cela tient à plusieurs éléments : En dépit du fait que le cadre n’est pas « rigide. », plusieurs mots ont été dits en parlant de l’action : «…Déstressante…», «…L’engagement, c’est plutôt un engagement qu’une activité !...», «...Je sais pas, ça change des cours c’est pas la même ambiance !... » «…Bien plus cool !... », «… un cours intéressant …» «…On apprend bien, on aime bien… », «… Prof sympa… », «…C’est mieux que les cours qu’on fait, par ce que tu sais, toujours eux, ils sont en train de parler, on doit les écouter, pendant une heure quoi, et puis là , tu sais on…, c’est plus intéressant, heu…par exemple si on se trompe, c’est pas grave quoi, on ne se fait pas engueuler !... ». L’apprentissage entrepreneurial ne coïncide pas avec les méthodes conventionnelles

dans son élaboration. L’intervenant interviewé déclarait «… c’est tout l’inverse…», en parlant de la rigidité du cadre pédagogique. Dans la structuration de la salle par exemple, traditionnellement, le prof est débout et les élèves sont assis. L’agencement des tables et des chaises, le rapport au professeur, le rapport à la sanction, le rapport à la responsabilisation et à l’autonomisation des élèves, l’ensemble de ces faits diffèrent. Dans une pédagogie active en modèle collaboratif ou participatif, une classe travailleuse et efficace n’est pas une classe silencieuse, mais plutôt une classe interactive et motivée qui prend des initiatives que l’on emmène à se structurer. Les élèves peuvent travailler par groupe, l’architecture de la salle peut être modifiée, l’intervenant peut se mettre « symboliquement » au même niveau que les élèves dans une dynamique visant à libérer le sentiment d’autonomie de ce dernier. Les élèves laissent libre cours à leur imagination et leur créativité, et ils aiment énormément ce sentiment. En outre, la méthode s’inscrit véritablement sur trois axes que sont : L’autonomisation, la responsabilisation et la collaboration. A cet effet, la confiance en soi émergent dans la prise d’initiative, l’investissement, les propositions d’idées et les interactions avec les pairs, la prise en main progressive du/des projet(s) sous le regard collaboratif de l’intervenant. Les élèves ont droit à l’erreur et la règle en adéquation avec les valeurs mises en exergue est surtout de ne point fustiger quelques idées que ce soient, et ne pas se moquer de ses collègues si ce n’est d’être solidaire et dans une logique synergique avec les collègues. Les élèves se sont proposés sans notre inspiration, la construction d’outils de communication après qu’il ait choisi le nom du groupe (DREAMS ENTREPRENEURS) : un site internet, un compte Facebook, un logo. « Ils s’investissent, il y en a qui s’investissent à fond dans le logo, d’autres dans le site » « Ils se donnent à fond », déclarent des élèves (Voir en annexes transcription d’une séquence). 3.2. Bien qu'ils soient très jeunes, les élèves fon t preuve de dispositions à agir et à poser des actes entrepreneuriaux. L’émergence des idées est souvent en relation avec leur centre d’intérêt ou les compétences dont ils disposent. C’est le cas par exemple de la mini-entreprise C’s COOL que nous avons visitée. Les élèves ont décidé de créer un service de décoration de supports à la demande. Les objets et les dessins décoratifs sont dessinés à la main par les élèves, les concepts visuels émanent d’eux. Ils ont également pris la liberté sans avoir averti leur professeur de rencontrer un entrepreneur de la place dijonnaise qui serait susceptible de commercialiser leur produit, « ça c’est pas mal, et ils l’ont fait tout seul en plus ! » déclarait le professeur. Comme nous le mentionnons plus haut, les projets peuvent être de natures variées à la seule condition de souscrire aux paramètres que nous avons cités plus haut en adéquation avec le projet entrepreneurial. Les idées peuvent être de prime abord « saugrenues », « utopiques », « paraître irréalistes ». Dans ce cadre, les élèves se rendront compte par eux-mêmes ou à l’aide de l’enseignant de la faisabilité ou non du projet en adéquation avec les ressources (temps, matériels, humaines, etc.) en se posant des questions en relation avec le TEST POP. (Pelletier, D., 2005, page 35). A cet effet sylvain participant à l’action évoque « la fabrication d’une batterie externe pour ordinateur », Mohamed évoque quant à lui « la conception de protèges portables contre les ondes de téléphones », Alexandra déclare : « … J'ai aussi eux une idée la dernière fois. J'étais dans le bus et il y a un homme aveugle qui est monté, je lui ai laissé ma place et je me suis dit que les aveugles ne pouvaient pas faire de sorties comme nous, même prendre le bus ils avaient du mal. Alors j'ai pensé qu'il faudrait créer une association qui s'occuperait, par exemple une ou deux fois par semaine, de faire quelques sorties aux aveugles volontaires. Voila !... ». Bien que certaines idées existent déjà, d’autres semblent intéressantes dans une certaine mesure mais ce que nous pouvons d’ores et déjà dire à ce stade après 6 séances, c’est qu’il semble que les élèves élaborent ces dispositions. 3.3. Les apprentissages entrepreneuriaux développen t une connaissance du monde de l’entreprise, et des enjeux relatifs à la création d’une entreprise ou plus largement à l’esprit d’entreprendre A la question, Que vous inspire le mot entrepreneur ? Chez les élèves participants à l’action, la réponse est « Faire les choses par soi-même », « Moi je dirais travail d’équipe. », « Un mix des deux ! », « Indépendant heu…et travaillez tous ensemble ! », « prendre les devants, créer quelque chose », « le faire à fond heu…sans jamais s’arrêter jusqu'à la fin du projet. ». A la question, Est-ce que vous pensez qu’un adolescent peut entreprendre ? les élèves répondent « oui », « Mais ça dépend desquels », « Il y en a qui sont pas encore assez matures » « ça dépend de la maturité !! »

« Ceux qui veulent pas se donner la peine, ceux là, je crois qu’ils ne sont pas bon pour entreprendre ». Il faut à cet effet « Un esprit d’équipe », « Un grand esprit d’équipe », « Une ouverture d’esprit ». Les élèves semblent appréhender de mieux en mieux en même temps qu’ils agissent dans le cadre de l’action. 3.4. Le projet entrepreneurial est un axe central q ui doit émerger (ou être inspiré au) des élèves afin de maximiser « les moti vations intrinsèques et extrinsèques », mais il peut être arrimé à des outi ls pédagogiques variés susceptibles de renforcer le projet entrepreneurial , sa réalisation, les qualités et la confiance en soi des élèves Les projets gagnent à être initiés par les élèves bien qu’il puisse être inspiré par l’enseignant. Cependant, il est capital que les élèves aient le sentiment que cela vient d’eux et qu’ils en contrôlent l’ensemble de la réalisation. Pourquoi ? Cela permet aux élèves d’accroître le plaisir de leur réussite car ils pourront s’accorder le mérite du résultat en constatant que « le but n’a pas été atteint par hasard » mais qu’il vient de son pouvoir d’agir et du control qu’il a pu exercé sur le projet », C’est ce que l’on nomme le « Locus de control interne » (Rotter, 1966, cité par Pelletier, D,. 2005, page 16). Elle a une incidence à terme sur l’estime de soi, le sentiment d’auto-efficacité (Bandura, A., 1997) par accumulation d’expériences positives (réussites). Il est en outre gage de motivations internes et de motivations externes au sens des théories de la motivation développés par Deci, Ryan, Vallerand ou Brissonet. ( Meyer-Waarden, L., 2008, cité par l’auteur). La motivation extrinsèque se définit par le fait que l’acteur (l’élève) agit dans l’intention d’obtenir une conséquence qui se trouve en dehors de l’activité même. « par exemple, recevoir une récompense, éviter de se sentir coupable, gagner l’approbation sont des motivations extrinsèques. Dans le monde scolaire, les exemples de ce type de motivation ne manquent pas : travailler pour obtenir de bonnes notes ou pour éviter les mauvaises, pour obtenir un cadeau, pour faire plaisir à ses parents ou pour éviter les jugements négatifs ». La motivation intrinsèque suppose des comportements qui sont uniquement motivés « en vertu de l’intérêt, la curiosité et le plaisir que le sujet éprouve dans la pratique de l’activité, sans attendre de récompense extrinsèque à l’activité ». Les élèves de la mini-entreprise C’s Cool sont motivés par le projet car il est en adéquation avec leur centre d’intérêt et leur univers. Ils possèdent des compétences dans le dessin et aime véritablement s’adonner à cela. Le projet articulé à la décoration de supports est l’occasion de dessiner et de faire preuve de créativité en lien avec ce qui les passionne en tant qu’adolescents 3. Cependant, ils ont également des motivations extrinsèques comme le fait que le projet peut les permettre de réaliser un voyage à la condition qu’il soit sélectionn4. Dans le cas de DREAMS ENTREPRENEURS, nous retrouvons la même motivation. Les élèves déclarent leur impatience et le désir que l’action dure plus longtemps quitte à ce qu’elle soit mise trois fois dans la semaine «…Oui je vois à chaque fois on est impatiente, et à chaque fois que je parle à Mathilde elle fait ; « Ouais , j’ai hâte d’être à vendredi midi ! …» . Le projet les motive certes, pour ce qu’ils apprennent, ce qu’ils vivent comme expérience, mais il y’a également des motivations extrinsèques parfois inattendues, à savoir par exemple le fait que les projets seront présentés à la fin de l’année devant leur parents, l’idée de revêtir un costume cravate pour les garçons ou un tailleur pour les filles, la perspective des sorties à la chambre de commerce et à l’INPI, la réception prévue d’entrepreneurs au collège, etc. Le projet entrepreneurial gagne à être arrimé à différents outils pédagogiques. Nous pensons à cet effet au théâtre, à l’usage des multimédias, à l’usage de la pratique téléphonique, etc. Ces outils permettent de travailler sur des artefacts situationnels ou sur de l’improvisation et permet aux élèves de lutter contre la timidité souvent importante à leurs âges. Les outils multimédias jouent un rôle dans le processus d’identification et le sentiment de compétence à agir. En effet le fait de voir des jeunes de leur âge et de leur sexe, avec les mêmes caractéristiques sociologiques qu’eux, qu’ils soient français, canadiens, ou indiens (quelle que soient ses origines sociales) provoque un effet positive. Et tous disent «… S’ils ont été capables, nous aussi nous le pouvons… » en sachant bien évidemment ce que cela suppose de travail et de détermination.

Le projet entrepreneurial arrimé à d'autres apprentissages qui le consolide

3.5. Le rôle des acteurs gravitant autour des adole scents peut s’avérer impactant dans une dynamique synergique. A cet effe t, l’implication des acteurs (familles, associations, clubs, organismes institutionnels), dans une visée de construction d’une communauté éducative au tour de l’enfant peut s’avérer être un atout considérable Une communauté éducative est un « regroupement de partenaires qui se sentent concernés par la réussite et le développement du plein potentiel des élèves, qui partagent une vision et des valeurs communes et qui dans leurs relations interpersonnelles, manifestent de la bienveillance, de la chaleur et du soutien à l’égard des autres membres de la même communauté. La communauté éducative ne se développe que si elle est vécue. Elle se définit en termes d’effectif et de sentiment d’appartenance » (Wentzel, 1999) (Cité par Deslandes, R., Bertrand, R., 2001). En somme, « tout ceux qui participent à la formation des élèves dans un établissement de même que les parents d’élèves, les personnels administratifs, techniques, ouvriers, sociaux, de santé et de service et les collectivités territoriales, les entreprises et les associations, sont les membres de la communauté éducative5». Les apprentissages entrepreneuriales trouveraient ici leur pleine mesure dans un cadre ou chaque acteurs joueraient véritablement un rôle mutuellement concerté afin d’avoir un impact synergique sur les élèves. A travers des lignes qui précèdent, on mesure très clairement les enjeux et les opportunités qui peuvent émerger de l’intégration des apprentissages entrepreneuriales dans cette dynamique. La famille, lieu de socialisation par excellence, jouant un rôle sur l’image que l’enfant à de lui-même travaillerait de manière conjointe avec le corps enseignant afin d’encourager et de soutenir, voir d’édifier les adolescents, en même temps que les structures telles que l’INPI ou la CCI et des clubs d’entrepreneurs permettraient l’objectivation, et la prise directe avec la réalité du monde entrepreneuriale. Nous le schématisons comme suit :

5 (loi n° 89-486 du 10 juillet, cité par les auteurs et consultable sur le site http://www.legifrance.gouv.fr/ )

Des apprentissages qui viennent consolider l’axe central : -Atelier théâtral -Atelier de communication -Pratiques téléphoniques -Développement personnel -…

Communauté éducative gravitant autour de(s) l’élève(s) en projet entrepreneurial

4. Discussions

Les résultats nous montrent que le projet entrepreneurial a effectivement un impact sur les élèves tant du point de vue des qualités et des attitudes entrepreneuriales mis en exergue à ce stade du projet que du point de vue de la disposition à agir sur des projets entrepreneuriaux. En outre la comparaison effectuée dans le cadre d’une activité quasi-similaire bien qu’inscrite dans le cadre d’une mini-entreprise nous permet de conforter cela. L’expression du vécu et du ressenti des principaux intéressés est un élément important à cet effet. L’entrepreneuriat en tant qu’apprentissage agit bel et bien sur l’acquisition ou la construction de dispositions entrepreneuriales. L’histoire, les expériences antérieures, de même que l’influence de leur entourage participent vraisemblablement dans cette dynamique. Cependant, il est claire que la maturité des élèves est un facteur important comme l’on signalé les répondants. A cet égard, le processus de construction du groupe dans une logique d’apprentissage et d’intériorisation des normes et des valeurs du groupe s’avèrent être un outil important dès le départ. En effet, il permet aux élèves eux-mêmes, de produire des valeurs, de les présenter tour à tour à l’ensemble de la classe puis d’être garant de l’ordre et protecteur de ces valeurs édictées par aux dans une dynamique de groupe. De ce fait les élèves qui « dysfonctionnent » sont rappelés à l’ordre de temps à autre par le groupe ou par l’intervenant. Mais globalement le projet en lui-même, né de la dynamique du groupe, dans l’énergie et la motivation qu’il génère favorise en même temps que les valeurs déclarées et vécues par les élèves un cadre propice à la fois à la créativité, à la liberté et à l’épanouissement des élèves. Aussi, peut-on observer des changements comportementaux, des évolutions que les élèves eux mêmes ne soupçonnent pas. De plus les élèves découvrent assurément le monde de l’entreprise et envisage en fin de compte l’entreprise non seulement dans son fonctionnement formel et organisationnel, mais aussi dans sa dimension informelle en lien avec les enjeux de coopération, et de prise d’initiative au sein du monde de l’entreprise ou de l’entrepreneuriat de manière générale. Les faiblesses du projet sont liées à la ressource de temps disponibles dans le cadre de la pratique. Cependant il est fort probable que deux heures supplémentaires soient dégagées et effectuées en partenariat avec la maison de quartier de Fontaine D’ouche en dehors des heures de cours à la demande des élèves. Les résultats statistiques demandent en outre à être affinés. A cet effet nous prévoyons d’étudier conjointement à la fin de l’année par questionnaires et entretiens semi-directifs, les 6 mini-entreprises mis en exergue dans le collège d’inscription de la mini-entreprise C’S COOL. Cela permettra d’approfondir les enjeux en relation avec notre question de fond quant à la généralisation des apprentissages entrepreneuriaux dans les écoles secondaires. Là aussi, les travaux de Pelletier donnent des pistes intéressantes quant à l’inscription de l’entrepreneuriat dans tous les stades de l’enseignement du primaire à l’université en précisant justement les attentes que l’on pourrait avoir pour chaque niveau. Le contexte français est évidemment différent du contexte canadiens ou américains. Mais nous pensons que les acteurs agissent et se transforment dès lors qu’ils sont outillés pour comprendre les enjeux et les problématiques qui les touche. A cet effet il serait crucial de proposer de manière plus systématique et massive des campagnes de sensibilisation, d’édification et de formation dans cette optique auprès des différents acteurs.

5. Conclusion Cette contribution se donnait pour modeste ambition de présenter une expérimentation dans le cadre d’apprentissages entrepreneuriaux, en adéquation avec une action de sensibilisation menée par nos soins. L’enjeu était de démontrer que les apprentissages entrepreneuriales dans le cadre de ce type de projet impactaient les élèves et favorisaient l’émergence de dispositions et d’attitudes entrepreneuriales. La question de fond s’articulait autour de l’enjeu de ses pratiques dans une perspective de généralisation au sein du système éducatif et plus précisément à l’échelle des collèges et lycées, et prioritairement ciblés auprès de la population adolescente. Nous avons montré que les apprentissages à cet effet influençaient positivement la confiance en soi des élèves, développaient des dispositions entrepreneuriales en adéquation avec les qualités et attitudes entrepreneuriales développées dans l’action. Nous avons également montré qu’en dépit de leur âge, les adolescents peuvent faire preuve d’esprit d’entreprise. Nous avons pour se faire déployer dans une dynamique de recherche-action une méthodologie mixte ancrée dans une perspective constructiviste à visée transformative par entretiens individuels semi directifs, des entretiens de groupes, des observations participantes in situ et hors contexte, que cela soit dans la pratique de l’action comme dans l’observation d’autres structures à des fins de comparaisons. L’action se poursuit et nous prévoyons dans une phase évaluative d’interroger les élèves à un stade plus avancé ou au stade de la réalisation du (des) projets afin d’apporter une réponse définitive qui prend en compte l’ensemble du processus d’accompagnement pédagogique entrepreneurial.

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Annexes Tableaux Effectif N=33

1) Tableau répartition des classes 2) Tableau répartition des sexes 3)Tableau répartition des âges 4)Catégorie socioprofessionnelle du père

5) Catégorie socioprofessionnelle de la mère 6) chef d’entreprise dans ta famille ou dans ton entourage 7)Organisation/Participation activité au collège ou en dehors

Annexes Entretien avec des élèves participants à la mini-entreprise dénommée C’s cool ainsi qu’un animateur Nombre de personnes interviewé : 4 (Trois élèves et un enseignant) Date : le Mardi 22 Novembre Heure : 16h30 Entretien n°1 Présentation du contexte, description du cadre et de l’interviewé. Après avoir rencontré Madame Pauline Verten dans le cadre de l’association « Entreprendre Pour Apprendre », nous nous sommes rendus auprès d’un groupe scolaire privé en pleine expérimentation de mini-entreprises.

Nous avons été reçus en tant que chercheur et expérimentateur dans la mesure ou nous avons exprimé le fait que nous menions une approche relativement similaire au sein du collège. Nous avons donc eu un échange enrichissant et les intervenants nous ont ouvert les portes de leur mini-entreprise avec intérêt. Les élèves étaient en pleine session de travail dans deux salles, chaque salle sous la supervision d’un intervenant. 16 élèves présents âgés de 16 à 18 ans partagés dans deux services sous le pilotage de deux adolescents Directeur général et d’un Directeur générale adjoint. L’ancien directeur a semble t-il démissionné pour faire place à un nouveau.

6 à 8 élèves s’occupent du service administratif en pleine conception de l’organigramme de la mini-entreprise, finalisant également le nom de l’entreprise C’s cool, ainsi que le logo. Dans l’autre pièce, 6 à 8 élèves s’affairent dans la fonction production. Ils conçoivent à la main sur papier munis de gouaches, des modèles de stickers de décoration. Ils dessinent de façon concentrée, assis à trois avec des pinceaux. Derrière un élève s’affaire également sur son support et conçoit des dessins ludiques sous les conseils de son professeur d’arts plastiques. Les locaux sont bien équipés. Les postes informatiques et un ensemble d’outils techniques sont à la disposition des élèves. L’ambiance est totalement détendue, les élèves échangent, vont d’un service à l’autre et font appel le cas échéant aux intervenants qui s’inscrivent dans une logique d’autonomisation des élèves. J’ai sollicité les

entretiens directement auprès des élèves avec l’accord des intervenants et l’accord explicite des élèves. Deux élèves ont joué le jeu.

C’était la première mini-entreprise que nous voyons en action. L’entretien avait ici une volonté exploratoire. Nous gardions à l’esprit des thématiques, mais là aussi, les questions n’étaient volontairement pas très poussées en articulation avec le projet qui venait en outre d’être défini et le stade d’avancement de l’activité mini-entreprise. Notre objectif était ici de sonder le ressenti et le vécu des élèves, leur capacité à s’approprier le projet, et la construction de la perception qu’ils commencent à avoir du fonctionnement de l’entreprise et de l’entrepreneuriat. L’entretien s’est déroulé in situ dans le cadre même de l’activité mini-entreprise. L’élève nous a rejoint au fond de la salle.

Alex : ça va !!!(rires) Elève : Oui (rires). Alex : Ok . Ok, Ok. Alex : Donc ça fait combien de temps que tu fais l’action en fait ? Elève : Depuis le début de l’année scolaire ! Alex : D’accord. Ok. Et heu…qu’est- ce que …tu as des frères et sœurs ? Elève : Heu, une sœur. Alex : D’accord. Et tes parents font quoi dans la vie en fait ? Elève : Ma mère est secrétaire dans un collège et mon père est dans une usine à teako électronique. Alex : D’accord. Ok. Et pourquoi tu as…quoi que on vous a imposé de faire l’action en fait ? Ou bien on... Elève : Mais on aime ça ! on aime bien faire. Alex : D’accord. ok. Et qu’est- ce que, qu’est- ce que ça t’apportes en fait ? Elève : Bein…de savoir comment marche une entreprise, comment on l’a crée. Comment on l’a…heu... Alex : Et à ton avis est-ce que ça heu... est-ce que ça heu….est-ce que ça t’apportes des choses ? qu’est- ce que cela t’apportes toi personnellement ? dans ta façon de ... Elève : Bein vu que plus tard on veut …on veut travailler dans le professionnel, comment créer une entreprise heu...comment gérer... Alex : D’accord. Donc tu penses que ça peux t’apporter des choses à ce niveau là ? Elève : Oui Alex : D’accord. Et à priori est-ce que tu penses qu’il y’aurait besoin de faire autre chose pour heu, pour que vous puissiez encore améliorer les choses ? , enfin travailler encore mieux ? , qu’est-ce, enfin je ne sais, qu’est-ce que tu en penses ? Elève : Bein avoir plus d’employés, après c’est avec le collège, enfin c’est avec le lycée (rires) Alex : (rires) Parceque vous êtes combien en fait ? Elève : On est seize. Alex : D’accord. Tu penses qu’il faudrait combien d’employés ? Elève : Je ne sais pas mais déjà des personnes….heu…professionnels, qui savent heu….qui savent compter, enfin je sais pas, qui savent bien calculer et tout. Alex : D’accord. Ok . Parceque c’est quoi ta spécialisation ? Toi tu fais quoi ? Elève : Moi je suis DG. Directeur Général (rires) Alex : Bien (rires). Bien. Vous allez participer à un concours après je crois ? Elève : Oui, oui. Alex : Ok. Et c’est quoi le rôle du DG alors (rires) ? Elève : Bein c’est de...avec le PDG de gérer bein….de gérer le travail avec les directeurs des secteurs Alex : D’accord Ok. Bein c’est très bien ! très bien. Et vous êtes partis sur quel produit alors ? Elève : Des…des graffes sur des tee-shirts, sur des pochettes, des stickers sur des murs... Alex : D’accord. Et pourquoi vous avez choisi ça ? Elève : Bein parceque c’est assez…c’est pas souvent qu’on voit ça, je trouve ! Alex : Oui Elève : La plus part du temps, c’est des lampes écologiques, ce genre de chose là. Alex : D’accord. Ok, ok, ok. Et vous vous entendez bien au niveau de l’équipe et tout ? Elève : Oui Alex : D’accord Elève : Bein on est tous dans la même classe. Alex : Oui. Vous êtes beaucoup de garçons, il n’y a pas de filles, j’ai l’impression ?

Elève : Non il n’y a pas de filles. On est en bac pro, en froid. Alex : Parceque chacun d’entre vous a une spécialité, vous êtes en bac pro quoi tu m’a dit ? Elève : TFCA. On est en froid, la climatisation. Alex : D’accord. Donc il n’y a pas de filles en vérité ? Elève : Non Alex : Ok donc là vous êtes à la phase de rédaction de l’organigramme ! Elève : Bein on commence juste, on vient de choisir le produit, maintenant on commence à organiser. Alex : D’accord. Et qui a…Cette idée est venue de qui ? Elève : Bein des élèves, des professeurs, on s’est tous mis d’accord Alex : D’accord. Elève : On avait plusieurs produits, et puis on avait ça, puis on a choisi ça. Alex : D’accord. Donc vous avez choisi ça parceque c’était plus pratique à faire aussi, non ? Elève : Oui pas vraiment. C’est plus parceque on avait envie de faire ça ! Alex : D’accord. Elève : Et puis comme on a des gens qui dessinent bien dans notre classe Alex : Donc dans votre classe, il y’a des gens qui dessinent en fait ! Elève : Ils sont dans l’autre salle Alex : Ok. ok. ok. Super ! Donc du coup vous êtes divisés en deux groupes, certains sont en train de travailler sur ordinateur, et d’autres travaillent sur autre chose dans l’autre salle ? Elève : C’est… ici c’est plus la gestion, et là bas le technique ! Alex : D’accord. Super ! ça marche. Donc vous êtes seize. Excellent. Et tu trouves que c’est motivant ? Elève : Oui . Et puis ici en section, si ça marche bien, on aura un voyage en fin d’année grâce à la mini-entreprise ! Alex : Ah le voyage de fin d’année ! (rires) ça vous motive aussi ça ? Elève : Ouais bein... , normal ! (rires) Alex : Et ça se passera ou le voyage ? Elève : Je ne sais pas Alex : C’est pas à Paris non ? Elève : Non je ne sais pas. Alex : Ok. ok. ok. donc le voyage est super intéressant. Ok du coup, donc là c’est le service gestion, là bas, c’est le service technique, ici donc il y’a le DG. Elève : Ici il y’a le DG et le PDG, il est avec le technique, on a partagé, comme ici il y’a un professeur et dans l’autre salle il y’a aussi un professeur. Alex : Et comment est - ce que le DG et le PDG ont été choisis ? Elève : On a été élu. Bein on s’est …...on s’est présenté puis heu….on a fait une lettre de motivation, etc., un cv, et après, c’est les personnes de la classe qui ont voté. Alex : Ah donc vous avez été heu…choisis par les autres en fait ? Elève : Oui. Alex : Ok. Ok. Et à ton avis qu’est-ce qui peut faire que ça ne marche pas bien ? éventuellement, qu’est-ce qui peut poser problème ? à ton avis ? Elève : Bein des problèmes de comportements, que certaines personnes veulent pas travailler Alex : D’accord. Elève : Que ça ne les intéresse pas ! Alex : D’accord. Elève : Bon dans la classe tous le monde est intéressé. Alex : D’accord, donc, heu... effectivement. Est-ce que tu penses que plus tard tu pourras créer ton entreprise ? (rires) Elève : Bein, je sais pas du tout. Alex: Dans tous les cas ça te plait bien ? Tu penses que si t’avais un choix à faire entre suivre des cours de Maths, de svt et ça ? Elève: Je préfèrerais faire ça ! Alex: Pourquoi ? Elève: Bein, parceque c’est plus intéressant, qu’on est tout ensemble, qu’on peut parler un peu. Alex: D’accord. Donc effectivement vous parlez un petit peu, et vous parlez sur le projet je suppose ? Elève: Et plus c’est plus intéressant, heu...on a toujours Maths, etc., alors que là, c’est nouveau…et puis c’est sur la vie professionnelle, c’est plus intéressant. Alex: Parceque on touche aux choses concrètes quoi ? Elève : Oui . Alex: Et puis en même temps on peut appliquer les mathématiques à ça en fait ! bein en tout cas, je te remercie beaucoup. Merci

Elève: De rien.

Entretien individuel n°2 Description du cadre et de l’interviewé. C’est un élève brun, l’air assez intimidé. Il participe à l’action et il est le nouveau PDG après la démission d’un de ses camarades qu’il remplace.

Alex : Comment tu t’appelles ? Elève : Jason Alex : Et tu as des frères et sœurs ? Elève : Oui, une sœur Alex : Et tes parents font quoi dans la vie en fait, sans indiscrétion ? Elève : Heu... mon père est menuisier et ma mère travaille dans un magasin. Alex : D’accord. Et tu comptes faire quoi plus tard alors ? Elève : Bein faire comme je suis dans ma filière, mais sinon au début, je voulais faire gendarme. Alex : D’accord. Et à priori, heu...pourquoi tu t’es lancé dans cette action, dans cette expérience en fait ? Elève : Dans la mini-entreprise ? Alex : Oui , dans la mini-entreprise oui. Elève : Bein... je sais pas, ça avait l’air intéressant et puis voila. Bein j’ai été élu aussi PDG en deuxième temps, parceque l’ancien a démissionné. Alex : D’accord (rires) c’est marrant, et pourquoi il a démissionné ? Elève : Je crois que ça l’a énervé. Je ne sais plus trop en fait. Alex : D’accord. Et qu’est- ce que ça t’apportes ? Qu’est-ce que ça vous apporte ? enfin qu’est- ce- que ça produit en toi cette action là ? Elève : Bein ça montre un peu comment fonctionne une entreprise et puis le fonctionnement, voila, comment diriger les gens...heu. Alex : Comment diriger les gens c'est-à-dire ? Elève : Bein leur donner ce qu’il faut faire, surveiller si ils font bien leur travail Alex : D’accord. Tu penses qu’aujourd’hui tu saurais comment est-ce qu’on crée une entreprise ? Elève : Non Alex : Bein de toute façon, c’est au tout début aussi, d’ici la fin de l’année ça ira un peu mieux encore ! Elève : Hum hum! Alex : Et d’où vous est venu l’idée du produit à fabriquer là ? Elève : Alors, le produit, c’était un peu venu comme ça, parceque comme on avait des dessinateurs dans la classe ! Alex : Oui Elève : Puis on a vu qu’on pouvait le faire, et puis c’était une idée du professeur Alex : Oui Elève : Puis il a dit que cela pouvait être pas mal, et puis après on a chercher des idées et voir comment on pouvait utiliser bein ! ceux qui dessinent et puis voila. Alex : Et à ton avis, qu’est-ce qui est le plus motivant dans ce type d’action, qu’est- ce qui est le plus intéressant, en fait ? Elève : …….(rires)…le plus motivant ? Alex : Qu’est-ce qui fait que c’est vraiment si intéressant que ça ? Elève : Je sais pas…heu Alex : Comparé à un cours classique par exemple ? Un cours de Maths ou un cours d’SVT Elève : Ah, je ne sais pas, on n’est un peu plus libre on dirait ! Alex : L’ambiance est un peu plus... Elève : Voila ! Alex : D’accord. Un peu plus libre, ok. C’est vrai que le cadre est un peu plus…c’est moins scolaire quoi. Et tu penses que ça t’apporteras des choses pour le futur ? Elève : Oui oui, je pense. Cela me servira plus tard Alex : Oui. Cela te servira pourquoi à ton avis ? Elève : Bein si un jour, s’il me vient à l’idée de créer une entreprise, ou quelque chose comme ça, cette expérience pourrait m’aider quoi ! Alex : Est-ce que tu crois qu’on devrait généraliser çà à tous les collèges ou tous les lycées par exemple ? Elève : Oui ! ça peut être pas mal.

Alex : Ok. Quel est le plus difficile dans le métier de PDG ? (rires) Elève : Je sais pas heu...(rires) , il faut toujours heu...comme je commence, ça fait pas longtemps que j’y suis donc heu... Alex : Non mais, je comprends bien (rires) Elève : Après il faut voir à la longue hein !! Alex : Et donc il y’a des actionnaires aussi ? je crois. C’est ça ? Elève : Ca je ne sais pas pour les actionnaires. Alex : Il me disait qu’en fait heu..., là la société est entrain d’être créée, donc il y’aura un capital de départ Elève : Oui c’était 500 euros, je crois. Alex : 500 euros voila c’est ça ! Ok Elève : Ok. Bein je te remercie, tu as vu c’était rapide hein !.

Entretien N°3 avec un intervenant

L’interview se déroule dans une salle à l’arrière plan de la salle d’activités techniques de la mini-entreprise. L’interviewé est professeur d’arts plastiques appliqués, et il est artiste en dehors du cadre pédagogique. Il est loquace, et très disponible. Il porte en outre une regard assez critique sur le cadre pédagogique et le système éducatif. Il a déjà animé des mini-entreprises avec une spécifiquement qui a remporté un prix il y’a quelques années, en l’occurrence avec la conception d’une ceinture faite avec des matériaux de récupération de pneus.

L’interview démarre de manière quasi informelle pui s j’enclenche mon dictaphone et je resitue l’échange que nous allons avoir.

Alex : ….Pour resituer les choses, je m’intéresse à ça, comme je vous ai dit, dans le cadre de ma recherche. Intervenant : Hum hum. Alex : Mais aussi dans le cadre de l’action que je mène à l’heure actuelle au sein du collège (...), et on compte le mettre en place l’année prochaine avec Madame Verten, et l’idée fondamentale, la question centrale en fait, pour moi Intervenant : Hum Alex : C’est est-ce que..., çà arrive à peine en France, est ce-que on peut généraliser ça en France ? ce type d’actions ? Un peu comme on fait les mathématiques Intervenant : Ce que vous faîtes ? Alex : Ou ce que vous faites vous aussi ? Intervenant : Travaillez en … Alex : Les mini-entreprises par exemple ! Intervenant : Ah oui d’accord ! Alex : Dans le cas d’un apprentissage, comme on fait... Intervenant : Ce serait bien moi je pense. Ce serait super intéressant ! Alex : Dans le cas d’un apprentissage, comme on fait les mathématiques, Intervenant : Hum ! Alex : Comme fait de la géographie, est-ce qu’on peut le faire dans tous les collèges ou tous les lycées de France par exemple ? Intervenant : Ce serait bien. Alex : Est-ce que ce serait faisable ? Comment il faudrait s’organiser ? Quels sont les éléments déterminants au niveau du profil des élèves ? Au niveau du profil des encadrants ? Intervenant : Moi j’ai remarqué que le profil des élèves, il n’y a pas de profils types et heu... Alex : Oui Intervenant : Ca dépend si on arrive à leur donner envie, les convaincre, comme n’importe quel enseignement !

Alex : Oui Intervenant : Et heu, ils progressent quand même très vite, moi je suis assez surpris ! Alex : D’accord Intervenant : Quand ils sont motivés, vraiment ils progressent très vite, moi j’étais surpris parceque au début, c’était la catastrophe ! Alex : Comment ça ? Intervenant : Bein déjà ! ils ne savaient pas parler ! Alex : Oui Intervenant : Ils ne comprenaient pas les termes Alex : D’accord Intervenant : Ils ne comprenaient pas le monde du travail, et puis du coup, ils n’étaient pas motivés Alex : Oui. D’accord Intervenant : Ils ne comprenaient rien Alex : D’accord. Et au niveau du profil des élèves, j’ai comme l’impression... Intervenant : Vous parlez de milieu général ou technique ? Alex : De milieu général et technique, mais ce que je veux dire aussi c’est par rapport à la catégorie de leur parent en fait, la CSP6 Intervenant : Hum hum Alex : Certains qui sont peut être issus de milieux familiaux... ou on communique peut- être mieux, le père et la mère travaillent, heu… Intervenant : Oui bien sûr, mais heu...ici c’est assez hétérogène, justement par rapport à ça, il y’a des parents qui s’occupent très bien de leur enfants, qui les suivent, qui viennent de classes sociales, quand même assez riches et puis l’inverse ! Alex : D’accord. Du coup, ça n’a pas d’impact spécifique, vraiment, les élèves sont hétérogènes, et heu... Intervenant : Ce qui est plus difficile je trouve, c’est pour les professeurs, mais pour les élèves, moi j’ai jamais eu trop de problèmes. Alex : Pour les professeurs ? C'est-à-dire ? Intervenant : Bein de pouvoir s’adapter à un niveau complètement hétérogène quoi ! Alex : D’accord Intervenant : Mais au bout d’un certain temps ça se passe bien quoi ! Et les élèves, ça ne leur pose pas de problème hein ! Alex : Parceque du coup, au niveau du profil des encadrants comment vous les imagi. ? Intervenant : Parceque vous voyez par exemple, on a des ULIS7 Alex : Oui, d’accord. Intervenant : Vous connaissez les classes Ulis ? Alex : Bien sur je connais, les élèves qui ont quelques soucis. Intervenant : Ils viennent de temps en temps en inclusion, tout ça, ils sont mélangés dès fois avec des Bac, et ça se passe bien, enfin, pour moi ça se passe très bien Alex : D’accord. Et du coup, quelles sont à votre avis les compétences ou les qualités que doivent avoir l’encadrant ou les encadrants ? Est-ce qu’il en faut un seul ? est ce qu’il en faut deux ou trois ? Intervenant : Ah il en faut surtout pas un seul. Alex : D’accord Intervenant : Ah non ! parceque c’est pas du tout les mêmes métiers, il faut savoir de quoi on parle Alex : Je vois Intervenant : Et puis même pour les présentations, etc., je trouve que les professeurs en règle générale ne sont pas assez formés pour ce genre de choses, et ils ne sont pas habitués à travailler en trans-dis-sci-pli-na-rité (l’intervenant a eu du mal à sortir ce mot), c’est le mot à la mode, ils ne fonctionnent pas très bien, moi je trouve, c’est pas vraiment rentré heu…c’est plus vécu, à mon sens, c’est juste mon opinion, Alex : Bien sûr Intervenant : C’est plus vécu comme une contrainte pour les collègues que pour une réalité Alex : D’accord, Intervenant : Hum hum Alex : Parceque du coup vous pensez que cet élément de trans-di-sci-pli-na-rité ( j’ai eu également du mal à sortir ce mot) c’est un élément fondamental ? Intervenant : C’est pas facile à dire !(rires)

Alex : C’est vrai (rires), il y’a beaucoup de syllabes (rires), c’est pas facile à dire effectivement, donc c’est un élément déterminant alors dans ce cas ? Intervenant : Ah oui, ah oui. Hum. Après en général, par exemple, cela va être plus difficile parceque vous n’avez pas de personnes qui donnent des cours de gestion ! qui donnent des cours dans l’administratif. Alex : Oui Intervenant : Et c’est pas le même programme, donc forcément, à mon avis, c’est beaucoup plus difficile pour l’enseignement général Alex : Oui, oui, effectivement. Je vois ça ! Intervenant : C’est dommage d’ailleurs parceque ça c’est utile pour tout le monde dans la vie hein ! on peut tous créer un jour une entreprise ! Alex : Bien sûr. Intervenant : Même heu, qu’ils prennent conscience du monde du travail, ça leur apprend même à passer des entretiens parfois, à gérer leur stress, à sentir la valeur qu’ils ont, des points positifs, dégager des points négatifs, enfin, moi je trouve ça super bien quoi ! Alex : D’accord. Comment vous définirez votre rôle ? Intervenant : (silence) …...Moi je pense que …je sais pas ! Je suis passionné par mon métier ! Alex : Oui Intervenant : Et puis de toutes les façons, je travaille toujours par rapport à l’individu moi, et ma matière le permet, puisque je suis prof d’arts appliqués Alex : D’accord Intervenant : Et je suis artiste à côté. Alex : Très bien Intervenant : Et je suis quelqu’un de très ouvert et moi ce qui m’intéresse c’est l’individu dans l’enseignement, c’est de semer des graines, peu importe la matière à la limite. Alex : D’accord, c’est de semer des graines, peu importe la matière, très bien, ok, ok. Intervenant : Qu’ils sortent leur individualité, qu’ils puissent être libres ! Alex : Oui Intervenant : Et puis voila quoi ! Alex : Du coup, là, par rapport à cet élément bien précis Intervenant : Par rapport à l’auto-entreprise ? Alex : Non, non même pas, c’est que vous par exemple..., heu..., quel est le type de relation, le type de rapport que vous entretenez avec eux dans la salle ? Parceque c’est pas comme dans un cours classique ou, le professeur est debout, ils sont assis, et puis il y’a un cours… Intervenant : Si parceque c’est obligatoire maintenant en professionnel, on fait heu...et ça compte beaucoup, parce qu’ils ont une soutenance à faire devant un jury qu’ils ne connaissent pas Alex : Oui Intervenant : Et qu’ils ne connaitront pas, Alex : Oui Intervenant : Donc on fait de l’histoire de l’art aussi Alex : D’accord Intervenant : On a des cours magistraux, avant on ne faisait que des arts appliqués ou des arts plastiques Alex : Donc à côté de l’action mini-entreprise, il y’a ça aussi. Mais dans le cadre de la mini- entreprise, la relation, c’est pas une relation qui est fondamentalement Intervenant : Ce qui est important, moi ce que j’ai remarqué, c’est quand les ...ça, c’était déterminant Alex : Oui Intervenant : Mais moi j’étais pas au courant, j’ai débarqué comme ça et il ya deux, deux femmes qui sont venues, il y’a une femme de pôle emploi, et une femme d’une agence d’intérim, et là elles ont vraiment parlé du monde du travail, comment ça se passait, et j’ai trouvé que c’était déterminant, de faire venir des personnes extérieures Alex : D’accord Intervenant : A ce monde de l’éducation nationale, qui est dès fois un peu endormi et qui dès fois est un peu à coté de la plaque. Alex : D’accord. Donc qu’il y’ait un mix avec d’autres structures Intervenant : Oui Alex : Qui viennent dans le collège Intervenant : Oui, oui, oui. Alex : Pour continuer à ouvrir l’esprit des gamins

Intervenant : Et même pour ces femmes, c’étaient intéressant, je trouve, parceque je pense qu’elles ont été surprises au début de la façon dont ils s’exprimaient et qu’ils ne comprenaient pas grands choses quoi ! Alex : Donc il y’a vraiment quand même une véritable carence au niveau de la communication, c’est un besoin que les gamins ont véritablement, qu’on les aide a Intervenant : Il y’a une carence extrême parceque, en plus, ils n’ont pas des termes, ils n’ont pas de mots, ça va jusque là ! Moi quand je l’ai fait travailler sur l’autoportrait ou avec des mots, après pour que cela deviennent des dessins ou des lettres, ils n’arrivent pas à se qualifier ! Alex : D’accord, ça vient peut être aussi de Intervenant : Là ça vient souvent par contre de milieux défavorisés, hein !, ça c’est évident ! Alex : D’accord Intervenant : Les personnes qui viennent quand même de milieux plus aisés, et puis qui ont quand même une certaine culture s’expriment beaucoup mieux, ils y arrivent beaucoup plus Alex : D’accord, très bien. Et la façon dont cet apprentissage en mini-entreprise se déroule, c’est pas un cadre stricte, c’est pas un cadre rigide ? Intervenant : Non non, c’est tout l’inverse et en plus, ça les apprend vraiment à être autonome, il se balade de services en services, donc ils sont obligés de communiquer d’une façon différente Alex : Oui Intervenant : Et heu...moi je suis épaté là ! Alex : D’accord Intervenant : Hum. Au début, je me disais bon , « ...oh ça va pas être possible quoi …», ça va pas marcher et ça marche très bien ! Alex : Et comment vous évaluez la progression individuelle des enfants ? Comment vous évaluez ça en fait ? Intervenant : Cela se sent à leur autonomie Alex : D’accord Intervenant : Ca se sent heu…ils se mettent en groupe, ils arrivent à créer des liens entre eux Alex : D’accord Intervenant : Chacun arrive à se définir un rôle, ça c’est important, puisque on apprend pas ça à l’école. Alex : C’est clair. Intervenant : C’est toutes ces choses là en fait Alex : C’est clair. Et du coup donc heu...quand je viens ici en fait, et quand je regarde, c’est quand même un gros établissement ? Intervenant : Très grand ! et c’est une petite ville ici. Alex : Vous êtes bien outillés et tout ça là ! Intervenant : Hum Alex : Tandis que nous au collège, c’est plus petit et puis c’est des 3ème Intervenant : Oui. C’est ou ? Alex : C’est vers la rue Tire Pesseau, c’est vers Fontaine d’ouche Intervenant : Ah oui, d’accord ! C’est en collège ou lycée ? Alex : C’est en collège. C’est en collège en fait et moi j’ai 33 élèves qui se sont inscrits spontanément, puis quand on a choisi un jour, ça a fait un filtre, ils sont maintenant 22 Intervenant : Ils ont déjà...enfin on peut déjà faire ça avec des collégiens ? Alex : Oui Intervenant : C’est bien ! Alex : Moi j’ai commencé ça en tout les cas, je l’avais même expérimenté à Joliot Curie, sur Lyon, quand j’habitais sur Lyon Intervenant : Hum Alex : J’avais 15 élèves, je ne savais même pas qu’Entreprendre Pour Apprendre existait Intervenant : Hum Alex : Et je m’appuyais sur les outils canadiens en fait, des vidéos, des supports écrits... Intervenant : Ils ont des supers supports Alex : Du coup, là je me dis bon !, là vous partez sur la conception d’un produit, cela aurait pu être un service ? Intervenant : Bein là en fait c’est une prestation de service, c’est pas un produit Alex : C’est pas des tee-shirts qu’ils vont fabriquer ? Intervenant : Non, non, non. C’est des décorations pour des objets, pour des tee-shirts, à la demande en fait ! Alex : D’accord, comme des stickers en fait ?

Intervenant : Oui, ou ça peut être sur d’autres supports, sur du verre, du métal, ça dépend, sur des casques, ou sur des ... ! vous voyez ! Alex : D’accord Intervenant : Donc c’est une prestation de service, c’est pas un produit Alex : Non mais carrément, carrément ! c'est-à-dire que moi je peux être client, je demande à ce qu’il me customise un... Intervenant : C'est-à-dire vous regarder sur le site, vous avez un objet à décorer, vous avez un casque, vous avez un tee-shirt, on peut le personnaliser, ils le personnalisent en fait Alex : D’accord Intervenant : Vous choisissez déjà les motifs, vous pouvez les combiner, voila ! Alex : Super. Et pourquoi l’ont-il...le choix est venu de qui ? Intervenant : Moi au départ, j’avais d’autres ambitions et d’autres choix que j’ai essayé d’imposer ! Alex : Ou même de faire passer indirectement Intervenant : Oui voila ! les autres profs aussi ! Et puis j’ai été séduit par leur idée Alex : D’accord ! et puis il faudrait aussi que l’idée les accroche ! parceque à mon avis c’est un gage de motivation tout au long du processus Intervenant : Oui. Hum Alex : L’idée doit venir d’eux effectivement ! Et à votre avis qu’est-ce qu’il faudrait faire pour généraliser ça de manière efficace, au niveau des manques que vous observez, vous en tant qu’accompagnant, j’ai envie de dire ! qu’est ce qu’il faudrait faire quoi ? Intervenant : Moi je trouve que ça c’est propre à l’individualité de chacun, c’est une question d’énergie, de motivation, de passion, de temps aussi quand même, Alex : Oui Intervenant : Et de compétences, ou pas de compétences, il faudrait des formations pour tout ça, surtout dans la communication Alex : Oui Intervenant : Ce serait bon pour tous les profs quoi ! Alex : C’est un élément important Intervenant : Non mais c’est vrai hein ! Mais en plus on travaille vraiment pas...par exemple là on travaille sur les logos, ou même quand je travaille en arts appliqués, parceque on travaille pas sur des logiciels adaptés, on ne travaille pas sur les produits Adobe Alex : Oui adobe Photoshop, tout ça ! Intervenant : Ou d’autres logiciels Illustrator ou tout ça ! et on ne les a pas Alex : Hum Intervenant : Donc souvent ils sont quand même déçus, parceque c’est un résultat papier mais qui ne fait pas professionnel, c’est pas un support professionnel ! Alex : Mais il y’a des versions gratuites ! la version CS5 par exemple, la version portable là ! Intervenant : Oui ! trente jours, on va faire ça d’ailleurs ! Mais je trouve ça dommage qu’il n’y ait pas ça dans les écoles Alex : C’est vrai, c’est vrai ! Intervenant : Moi je trouve qu’on manque de communication humaine,……. c’est tout ! de formations sur la communication à proprement parlé, le reste après c’est la matière, c’est un savoir et puis voila quoi ! mais sur la communication !!!!...(sifflement de l’interviewé pour exprimer l’amplitude du manque qu’il a pu constaté)..., et puis un minimum de psychologie aussi quand même, d’observations, de regards, et voila quoi ! Alex : D’accord !Et est-ce que ...par rapport à... Intervenant : L’éducation nationale, je trouve qu’elle est préhistorique et protozoaire, elle est préhistorique Alex : (rires) Intervenant : C’est une machine pfff…. Alex : Au niveau de la confiance vis-à-vis des jeunes Intervenant : Hum Alex : L’image qu’on peut avoir, quand vous m’avez dit dès le départ, vous vous êtes dit « est-ce qu’on va y arriver ? ». Est-ce que quelque part on a pas aussi une image peut être heu… préconstruite de ce dont ils sont capables ? Intervenant : (silence)……………... Alex : Je sais pas si vous voyez ce que je veux dire ? Intervenant : Moi j’étais plus surpris de leur niveau d’élocution et de compréhension Alex : D’accord Intervenant : Et je me suis dis oh là là !!

Alex : D’accord Intervenant : Parce que moi j’ai pas ce genre de classe d’habitude Alex : D’accord Intervenant : Et je me suis dis, on a un retard considérable à…...à rattraper en fait ! Mais en fait non ! ça s’est bien passé, ils se sont vite adaptés Alex : D’accord Intervenant : Parce qu’ils ont été responsabilisés, tout vient de là, je trouve ! Alex : Donc c’est le mot : Responsabiliser Intervenant : Hum hum. Alex : D’accord. Et quelle est la différence entre un apprentissage de ce type, Intervenant : Hum Alex : Et un cours de mathématiques et un cours d’histoire géographie classique? Intervenant : Bein parceque on parle pas de...on touche pas à l’individu tout simplement, on parle à un individu, on essaie de gaver des gosses heu comme des oies de savoirs dont ils ne vont pas se souvenir probablement, ça va durer deux mois après forcément, quand on apprend des choses comme ça, ils ne vont pas les comprendre, donc ils ne vont pas les retenir, ça ne leur servira à rien du tout, et puis c’est tout…... Alex : Alors que l’expérience là va peut être les marquer ? Intervenant : Ah c’est obligé !!!! et puis moi j’ai une classe de terminale bac, ils ont gagné un prix pour ce projet, ils ont fait une ceinture avec des pneus tout ça ! Alex : Une ceinture avec des pneus ? De la récup et tout ? Intervenant : Voila et ils ont gagné le prix, je ne sais plus, cela fait au moins 4 ans, et j’ai un élève qui est dans ma matière en arts appliqués, il en parle toujours, et …bien sûr !. Alex : D’accord. o.k. bein super ! . Et au fait, qu’est-ce qu’il en est de la famille des gamins ? Est-ce que les familles sont impliquées dans le projet ? Intervenant : (Silence)…... En aucune façon ! Alex : En aucune façon, d’accord. C'est-à-dire par exemple les parents sont…heu...c’est ce que font les canadiens par exemple, apparemment, les parents sont au courant du projet, et les parents soutiennent les gamins, enfin, même à la maison, en fait, ils l’encouragent et cela participe à le consolider, à le fortifier dans la confiance Intervenant : Hum hum hum dans ce mouvement. Alex : Et pour le cas là, la famille n’est aucunement intégrée ? Intervenant : Bein je vous dis aucunement mais j’en suis pas sûr, mais j’ai pas l’impression hein !! Alex : Oui Intervenant : Parceque ce serait même bien, d’ailleurs c’est une bonne idée que je leur glisserai peut-être si cela ne se fait pas, heu...d’un jour de présenter ça devant leur parent, on fait une réunion et puis ils présenteraient leur produit, leur tâches, oui. Alex : Et est-ce qu’ils ont déjà rencontrés des entrepreneurs ? Intervenant : Ils ont fait des enquêtes, en ville, sur les produits justement Alex : Etude de marché Intervenant : Des études de marché, et heu….c’est assez drôle d’ailleurs, la réaction face aux gens ! Alex : Pourquoi (rires) Intervenant : (rires), parce qu’ils disaient « ouais la vieille là elle a pas 5 mn pour répondre... » Alex : (rires) Intervenant : Ils étaient assez agressifs (rires), donc on leur a appris comment s’exprimer un peu mieux et voila ! (rires) Alex : (rires) Intervenant : Voila Alex : Mais par contre ils n’ont pas encore rencontré des entrepreneurs fait de chair et d’os, qui viennent ici pour les voir par exemple ? Intervenant : Ils sont allez voir une boutique, un peu underground à Dijon, qui serait intéressé apparemment par ce qu’ils font. Alex : D’accord Intervenant : Ca c’est pas mal, et ils l’ont fait tout seul en plus ! Alex : Ils ont pris l’initiative eux-mêmes Intervenant : Oui , ils se sont dit bein « voila nous ont fait ça, on veut créer un truc », et puis ils pourraient peut-être vendre les produits dans cette boutique Alex : Ah super ! Intervenant : Ca c’est super intéressant Alex : Très bien. En tout cas, c’est quinze minutes sont très enrichissante pour moi, merci beaucoup

Entretien avec des élèves participants à l’action p édagogique que nous avons dénommé « Eveil et sensibilisation à l’entrepreneuriat ains i qu’a la création d’entreprise »

Nom choisi par les élèves du collège : DREAMS ENTREPRENEURS dans le cadre du projet.

Nombre d’entretiens: 4 (Deux entretiens de groupe auprès d’élèves et deux entretiens auprès de personnel encadrant) Date : le mercredi 7 Décembre

Heure : 8h10

Description du cadre et précisions sur les éléments contextuels de l’entretien de groupe des filles

L’entretien de Groupe se déroule dans le foyer socio-éducatif. C’est un espace connu des élèves, espace dans lequel, ils viennent le plus souvent s’aérer l’esprit, jouer à divers jeux de société, en plus du fait que ce cadre nous sert de façon ponctuelle de cadre ou se déroule l’activité pédagogique. Ce cadre est à la jonction de la salle de permanence, séparé d’elle par une porte qui se ferme de l’intérieur. C’est un espace d’environ 48 m2, avec des chaises disposées comme des petits espaces de travail de groupe.

La disponibilité des élèves en adéquation avec les contraintes liées à l’emploi du temps, ont fait que les élèves se sont retrouvés séparés. Les élèves filles ont proposé de venir une heure plus tôt le mercredi matin avant le cours de 9h, tandis que les garçons devaient terminer un cours d’éducation physique, pour n’être disponibles qu’à la récréation. Au départ, elles devaient être cinq, cependant deux d’entres elles n’ont pas pu être présentes. L’entretien de groupe des filles s’est déroulé le mercredi 7/12 également à 8h10. Il a duré 50 minutes. L’entretien avec les garçons a débuté à 9h47 peu avant la sonnerie de la récréation (9h50). Il a duré 20 mn. Les élèves ont eu deux heures de sport sous une légère rosée. Ils étaient visiblement fatigués et nous partions du principe que nous ne ferions pas plus de 15 minutes d’entretiens. Nous avons pris le soin de prévenir les professeurs avec lesquels les élèves devaient avoir cours par la suite afin que leur retard ne soit pas sanctionné.

Pour des questions de déontologie, nous avons non seulement demandé l’aval des élèves qui étaient évidemment libres de refuser l’entretien, en montrant en l’occurrence le dictaphone, mais dans le cadre de cette expérimentation pour lequel l’ensemble des parents des élèves participants sont tenus informés et quasi partie prenante, nous avons défini d’un point de vue méthodologique que je pourrais les solliciter à leur bon vouloir afin de recueillir leur ressenti, en même temps qu’ils pouvaient me solliciter à leur guise pour exprimer dans le cadre d’un entretien leur vécu vis-à-vis de l’action d’éveil et de sensibilisation.

Nous avons transformé dans le cadre de la transcription les noms des élèves en tentant de conserver les caractéristiques sociologiques des élèves afin là aussi de souligner l’hétérogénéité du groupe. Nous les appellerons ici : Djamel, Pierre, Sylvain, Mohamed, David, Bertrand, Jason, Julien, et Kader ; soit 9 élèves de sexe masculin. Mathilde, Alexandra, Eugénie ; soit trois élèves de sexe féminin. Nous n’avons pas de prime abord voulu ce découpage mais ils nous semble en fin de compte intéressant même si par la suite, une interaction avec l’ensemble du groupe serait peut être édifiante par ailleurs.

Le groupe n’a pas été choisi sur des critères spécifiques mais surtout en fonction des contraintes liées à la disponibilité du chercheur, la disponibilité des élèves au vu de leur emploi du temps, les contraintes liées au collège, espace d’inscription de cette expérimentation.

Brèves descriptions des participants à la lumière des informations issues du questionnaire d’inscription à l’action et au vu de nos observations et des interactions que nous entretenons avec les élèves dans le cadre de l’action pédagogique

Mathilde : Jeune fille de 14 ans. C’est une fille au départ que j’ai trouvé très timide. Puis nous avons observé un changement assez surprenant nous devons le reconnaitre. Elle s’exprime de plus en plus, avec de l’assurance, elle prend des initiatives et fait preuve de créativité. Elle est la conceptrice du logo et elle s’y met entièrement. Elle aime le dessin, le cinéma, la lecture des romans fantastiques et internet. Son père est chef d’entreprise dans le domaine de la plomberie. Sa mère est secrétaire.

Alexandra : Elle a 15 ans, avec une personnalité très forte et très timide à la fois. Elle a un look plutôt, gothique, elle écrit des petites nouvelles. Dans le cadre de l’action, elle est également une des personnes les plus actives. Elle aime le dessin, la danse, la mythologie et la vampirologie. Elle souhaite travailler dans le domaine de la psychiatrie. Sa mère est assistante de vie scolaire et son beau-père travaille dans les chantiers de construction.

Eugénie : Elle a 13 ans. Jeune fille très timide, elle s’investit de plus en plus et prend véritablement confiance en elle de l’avis de ses amies qui trouvent qu’elle a changé en peu de séances.

GRILLE D’ENTRETIEN.

Thème: Le ressenti individuel par rapport à l’acti on et l’expression du vécu vis-à-vis de l’action

Thème: Les raisons qui ont motivé l’inscription spo ntanée dans l’action

Thème: Le contenu de l’action et son impact.

Thème: L’entrepreneuriat, la création d’entreprise et ses valeurs

Thème: Les activités annexées au projet (Les vidéos , les jeux de rôles, l’improvisation théâtrale, la prise de parole, l’apprentissage de l a pratique téléphonique, l’informatique, etc.)

Thème: Le(s) projet(s) et l’organisation

Retranscription des entretiens et explicitations de s morceaux choisis

Alex : Je vais vous expliquer pourquoi je le fais, au moins pour que vous puissiez comprendre en fait, alors heu...si vous voulez comme je vous ai dit, je fais de la recherche en entrepreneuriat, d’accord ! et je m’intéresse a …enfin on va échanger, heu...ne soyez pas intimidé par le truc , le dictaphone hein !

Alexandra : Non c’est bon ! , ça va !.

Mathilde : (rires), c’est vrai ça stress !

Alex : Surtout, enfin, moi ce que j’attends de vous, c’est que vous soyez sincères en fait, c’est que en gros, c’est pour me permettre de voir en fait ce que vous ressentez par rapport à l’action qu’on est entrain de faire! que vous puissiez exprimer des choses par rapport à ce que vous ressentez, ce que ça…, ce que ça peut produire en vous, ce que ….enfin tout ce que vous pensez de bout en bout quoi! c’est pour , on va dire analyser ça, et cela me sert aussi dans la réflexion par rapport à l’action, en fait !. J’ai fais la même chose quand je suis parti au collège saint-joseph, voir leur mini-entreprise, j’ai interrogé également des jeunes là-bas, et des intervenants, donc c’est vraiment… c’est ça le but en fait, heu donc si chacune d’entre vous veut prendre la parole, éventuellement , mais je poserai les questions, on échangera, si il y’a des questions qui vous dérange vous me direz voila !« Alex ça cela me dérange ! » « Tiens Alex ça je ne comprends pas et puis moi je reprends la question », d’accord ! mais vous êtes ! libres. Vous pouvez même dire « Allez on ne veut plus, c’est fini ! », et j’arrête. Ok ? hyper, hyper libre !!! (rires)

Alex : (rires), pas de stress ?

Mathilde/Alexandra /Eugénie : (rires) Non

Alex : Vous avez pris un petit dej. ce matin ou pas ?

Mathilde/Alexandra : (Les deux répondent ensemble) Non.

Alex : Vous avez vu le genre de questions (rires) ?

Eugénie : Je suis la seule à devoir dire Oui !

Alex : T’es la seule a avoir pris un petit déjeuner ?

Eugénie : Oui

Alex : Tu ne prends jamais de petit déjeuner le matin ?

Alexandra : Non. Ni le midi, je mange que le soir... et puis dès fois entre temps ! oui.

Alex : Sérieux ?

Alexandra/Mathilde/Eugénie : Oui (rires)

Alex : D’accord. Ok.

Je les appelle par leurs prénoms en les désignant

Alex : Mathilde, Eugénie, Alexandra, à votre avis, comment heu…vous faites des cours d’histoire, vous faites des mathématiques, et tout ça là, différentes matières, comment vous définirez, comment vous qualifierez ce qu’on est entrain de faire à l’heure actuelle ?..........vous prenez la parole heu…

Mathilde : Maintenant ou l’activité ?

Alex : L’action, l’activité oui !

Mathilde/Préscillia/Eugénie : (rires)

Alex : Comment vous appellerez ça, qu’est ce qu’on fait dans cette action ?

Préscillia : Je sais pas.

Mathilde : Une activité.

Alexandra : Oui

Alex : Une activité simplement comme ça ?

Alexandra : L’engagement, c’est plutôt un engagement qu’une activité !

Mathilde/Eugénie : Oui !

Alex : Plutôt un engagement qu’une activité ? Développe, un petit peu. Dis tout ce qui te passe par la tête hein !

Alexandra : Il y’a que ça qui me passe par la tête !

Alex : Donc l’engagement. Quoi d’autres encore les autres peut-être ?

Mathilde : Une activité pour nous faire oublier les cours

Alex : Une activité pour vous faire oublier les cours, d’accord.

Eugénie : C’est ce que j’allais dire moi, déstressante!

Alex : Une activité déstressante ? d’accord. Pourquoi déstressante ?

Alexandra : Je sais pas, ça change des cours c’est pas la même ambiance !

Eugénie : Ouais voila, c’est pas la même ambiance, la au moins on peut heu...

Mathilde : Surtout qu’on est pas avec les gens de notre classe, avec notre classe certaines personnes...

Alexandra : Comparé au début, comparé à toutes les personnes qu’ils avaient au début, il y’a avait des personnes qu’on aimait pas forcément, et puis là on se retrouve vraiment avec des gens sympathiques

Eugénie : Et puis motivés !

Alexandra : Voila !

Alex : Et puis quoi ?

Mathilde/Alexandra/Eugénie : Motivés !!!

Alexandra : Comparé au début.

Alex : Motivés. Comment vous le voyez, comment vous le voyez qu’ils sont motivés ?

Eugénie : Ils s’investissent, il y en a qui s’investissent à fond dans le logo, d’autres dans le site !

Mathilde : (rires), je me sens visée !

Alex : C’est bien, c’est bien. Et cette activité là qu’est ce qu’elle vous apporte en fait ? Enfin , si elle vous apporte des choses ?

Alexandra : Alors je ne sais pas comment on dit…

Eugénie : La confiance !

Alexandra : Voila ! déjà et heu

Mathilde : La motivité !

Alexandra : C’est pas de la motivité, c’est pas comme ça qu’on dit. La motivation !

Mathilde : Non mais j’ai dis moins de timidité (rires)

Alexandra : Ah ! (rires)

Eugénie : Oui elle a raison moi aussi j’ai entendu ça.

Alexandra : Oui elle a raison, moins de timidité, plus de confiance en soi

Mathilde : Vous voyez là !, par exemple si on avait pas fait l’activité Eugénie là, elle ne parlerait pas !

Eugénie : (rires)

Alexandra : Oui

Alex : C’est vrai ?

Alexandra/Mathilde : Oui , oui, oh ! oui, oui oui !

Alex : Bein du coup qu’est- ce que t’a apporté l’activité puisque tu arrives à parler ?

Eugénie : Confiance en soi, heu...ne pas avoir honte.

Alexandra : Voila !!

Mathilde : Peur de se taper la honte

Alex : Vas y Eugénie continue

Eugénie : Bein, je sais pas mais à l’activité, les garçons et tout, ils vont pas rigoler de nous

Alexandra : Oui comparé aux garçons de notre classe

Eugénie : Quand on fait les imitations et tout, on rigolait mais c’est parceque c’était drôle mais après ils ne vont pas nous le ressortir après!

Alexandra : On aurait fait ça avec les garçons de notre classe, on n’y aurait droit jusqu'à la fin de l’année, si on avait pas été aussi à l’aise !

Eugénie : Et encore !

Alexandra : Alors que là !, c’est avec des gens qui s’y mettent à fond.

Eugénie : Hum hum.

Mathilde : Oui

Alex : Donc vous vous sentez plus à l’aise en fait ?

Eugénie : C’est des gens qui s’investissent.

Alexandra : Et puis on voit maintenant là, vraiment ceux qui étaient vraiment là pour faire quelque chose, et ceux qui étaient là pour occuper leur midi.

Alex : Et du coup, qu’est- ce que vous pensez du choix du nom du groupe ?

Alexandra : Cela fait trop anglais aussi par contre

Mathilde : Bein tu peux faire ENTREPRENEUR en français, tu sais ! , ça fais : DREAMS ENTREPRENEURS

Alexandra : Ca fait un mixte ? après les anglais sont en train de nous envahir (rires)!

Mathilde /Eugénie : (rires)

Alexandra : Non mais c’est vrai quoi ? (rires)

Alex ; Et alors pourquoi le choix de ce nom ? Qu’est- ce- que cela vous inspire ?

Alexandra : La liberté

Mathilde : Le rêve

Eugénie : Ouais voila !

Alex : D’accord. Vous avez dit DREAM ENTREPRENEURS, qu’est- ce- que cela vous inspire le mot ENTREPRENEUR ?

Alexandra : Faire les choses par soi même

Alex : Oui

Mathilde : Moi je dirais travail d’équipe.

Eugénie : Un mix des deux !

Alex : Un mix des deux ?

Eugénie : Hum hum

Alexandra : Féniasse ! (rires)

Mathilde :Oui (rires). Indépendant heu…et travaillez tous ensemble !

Alex : D’accord et heu qu’est- ce… que c’est-ce que pour vous heu...être un entrepreneur alors ?

Alexandra : Faire les choses par soi même (rires)

Alex : (rires)

Eugénie/Mathilde : (rires)

Mathilde : Il va te poser à peu près la même question tu va faire à chaque fois « faire les choses par soi même ! », à chaque fois ?

Alexandra : Oui (rires)

Alex : (rires)

Alexandra : Bein ça reviens au même ces questions hein !

Alex : Bein c’est vrai en plus et alors dans ce cas , je vais peut-être modifier un peu dans ce cas ! vous avez entendu le mot entreprendre ?

Alexandra/Mathilde/Eugénie : Oui

Alex : Et cela veut dire quoi pour vous entreprendre ? qu’est- ce- que cela vous inspire entreprendre ?

Alexandra : (rires) faire les choses par soi même

Mathilde/Eugénie : (rires)

Alexandra : Non mais si , je sais pas , c’est ça ! c’est vrai en plus !

Alex : Dis moi en encore un peu plus !

Eugénie : Je sais pas comment on dit heu…prendre les devants, créer quelque chose !

Alexandra : Pas que !

Alex : Créer quelque chose ! continue ton idée.

Eugénie : Je sais pas comment dire...

Alex : Justement, prends le temps !

Mathilde : Développer quelque chose !

Alexandra : Voila !

Alex : Et ça veut dire quoi développer quelque chose ?

Mathilde : Bein le faire à fond heu…sans jamais s’arrêter

Alexandra : Le faire avancer !

Mathilde : Jusqu'à la fin du projet.

Alex : Ok, justement heu…est-ce que vous pensez qu’un adolescent peut entreprendre ?

Mathilde/Eugénie/Alexandra : Oui

Alexandra : Mais ça dépend desquels !

Alex : Cela dépend desquels ?

Alexandra : Il y en a qui sont pas encore assez matures

Alex : ça dépend de quoi ?

Mathilde/Eugénie/Alexandra : La maturité !!

Mathilde : C’est surtout ceux qui veulent pas faire le travail d’équipe, ceux qui veulent travailler de leurs côtés, ceux qui veulent tout diriger.

Alexandra : Ceux qui veulent pas se donner la peine

Mathilde : Ceux là, je crois qu’ils ne sont pas bon pour entreprendre.

Alex : D’accord. Donc tu penses que pour entreprendre il faut quoi ?

Mathilde : Un esprit d’équipe

Eugénie : Un grand esprit d’équipe

Alexandra : Une ouverture d’esprit

Alex : (rires) c’est intéressant tout ce que vous dîtes !

(…...)

Alex : à votre avis le projet qu’on va mettre en place ou les projets peu importe !

Mathilde : Et au fait qu’est ce qu’on va faire ?

Eugénie/Alexandra : C’est ce que j’allais demander !

Alex : Justement parceque les projets doivent effectivement venir de vous, en tous les cas, et puis on va les construire ensemble, il y’avait des projets qui se dégageaient, certains on parlé de …de créer une marque de vêtement , certains on parlé de...

Alexandra : Oui mais les marques de vêtements c’est un peu basique quand même, c’est pour ça faudrait chercher un peu plus loin

Alex : Oui, vous avez commencer à réfléchir de toutes les façons un petit peu ?

Mathilde/Eugénie/Alexandra : Oui.

Alex : Donc du coup on va y arriver, là c’est vrai qu’on est entrain de ...la semaine prochaine qu’est ce qu’on fait d’ailleurs ? On doit présenter les…

Mathilde : Attends, j’ai le planning des séances dans mon sac

(Mathilde se lève pour aller chercher le planning)

Alex : Non bouge pas, c’est pas grave ! je sais ce que vous avez...j’ai reçu le diapo

(Les élèves ont défini plus de 40 valeurs qu’ils souhaitent voir au sein de la classe et dans le groupe. A cet effet, Nous avons fait passer des post-it et chacun individuellement devait mettre une valeur puis venir le coller sur le tableau. Par la suite, les valeurs et règles ont donné lieu à discussion, puis elles ont été distribuées à chaque sous-groupes afin de concevoir une présentation sur diaporama avec vidéoprojecteur. La semaine qui a suivi à donner lieu à une formation sur l’usage du logiciel PowerPoint avec comme contenu, la base des valeurs émanant d’eux qu’ils présenteront oralement à l’ensemble de la classe. Cette activité s’inscrit dans une stratégie de construction du groupe, et d’intériorisation des valeurs du groupe.)

Alexandra : Hum

Alex : Je t’ai répondu d’ailleurs je crois. Donc on va...on va finir le Diapo et puis le présenter. Qu’est- ce que l’action peut vous apporter selon vous ?

Alexandra : La confiance en soi

Mathilde : Savoir parler devant les gens sans timidité

Alex : Allez y hein, je vous écoute !

Eugénie : Je réfléchis !

Mathilde : savoir réfléchir plus vite (rires)

Alexandra : Rires

Eugénie : (Rires), c’est fait !

Alexandra : Bein oui ! la confiance en soi, savoir parler avec assurance

Alex : Pourquoi vous êtes vous inscrites dans l’action au départ ?

Alexandra : Pour découvrir de nouvelles choses

Mathilde : Moi c’était pour m’amuser aussi , pour voir un vrai travail d’équipe

(…)

Alex : Qu’est- ce qui vous plait véritablement dans l’action ?

Mathilde/Eugénie : L’ambiance

Alexandra : L’entente des gens, les activités aussi, ça dépend desquelles !

Alex : Vas y dis moi. Quand tu dis les activités, c’est quoi par exemple ?

Eugénie : Moi perso, c’est l’activité théâtrale (improvisation) que j’ai aimé !

Mathilde : Moi aussi pareil

Alexandra : Moi c’était donner notre opinion sur les mots que tu nous disais. Le théâtre c’est pas pour moi (rires)

Mathilde : A B C ah ! (rires)

Eugénie : (rires)

Mathilde : Ca nous a marqué ça !

Alex : Quand tu parles des mots, c’est par rapport au mot qu’on avait marqué sur le tableau c’est ça ? Ou bien ? Avec les post-it et tout ?

Alexandra : Les mots quand on étaient dans la salle

Alex : D’accord. Et qu’est- ce que vous avez pensez des vidéos qu’on a pu voir ? vous vous souvenez ou pas ? Les vidéos avec les jeunes et tout !

Alexandra : Elles étaient encourageantes

Mathilde /Eugénie : Oui

Alex : Encourageante ? dans quel sens ?

Alexandra : Dans le sens heu...ils l’ont fait pourquoi nous on n’arriverait pas à le faire !

Alex : Eux qui ?

Alexandra/Mathilde/Eugénie : Les gens de la vidéo

Mathilde : Si ils ont pu le faire nous on peut le faire, c’est ça qu’elle voulait dire

Alex : Et les gens c’est qui ?

Mathilde/Alexandra/Eugénie : Les adolescents

Alex : Les adolescents. Donc si eux peuvent le faire, vous pouvez le faire, aussi , très bien, heu...

(….)

Alex : A votre avis qu’est ce qu’il faut pour mener un projet de bout en bout

Mathilde : Un bon travail d’équipe

Alexandra : Les moyens aussi ?

Alex : Qu’est- ce- que tu attends par les moyens ?

Alexandra : Les moyens matériels et financiers

(….)

Alex : Heu…tout à l’heure j’avais demandé heu…qu’est-ce qui vous plaisait dans l’action, je vous demande maintenant l’inverse, qu’est ce qui vous déplait dans l’action ?

Alexandra : Les gens qui sont là que pour s’amuser et pas pour heu...

Mathilde : Comme Monique et Célia

Alexandra : Qui ne sont plus là d’ailleurs

Eugénie : Ah bon ?

Alexandra : Bein Célia ça fait une semaine qu’elle ne vient plus en cours

Mathilde : Et Monique à mon avis, elle n’est pas venue parceque Célia est plus là.

Mathilde : Parceque elles travaillent à deux alors que c’est un grand travail d’équipe, on fait tout ensemble, par exemple Alexandra le truc de Facebook, il y’en a ils font le site, et moi je fais le logo

Alexandra : Qu’on soit dans un but ensemble

Mathilde : Oui surtout quand elles ont écrit C et M

Alexandra : Ah oui par contre le truc des mots !

Mathilde : C et M , Monique et Célia, je crois que ça a déplu à tout le monde !

Alexandra : Oui ça a choqué tout le monde

Alex : Bon ok, mettons entre parenthèse Monique et Célia

Mathilde/Alexandra/Eugénie : (rires)

Mathilde : (rires) c’était un exemple

Alex : Mais tu as tout à fait raison. A part ça qu’est ce qui vous déplait d’autres dans l’action ?

Alexandra/Mathilde/Eugénie :…………...(silence)

Alexandra : Je cherche mais non !

Eugénie : Moi aussi, je cherche mais non. Je ne vois rien

Alex : Donc vous venez dans l’action avec plaisir !

Alexandra : Si il y’a un truc, ce qui est chiant, c’est que c’est pas longtemps quoi !

Eugénie/Mathilde : Oui voila !!

Mathilde : Franchement, on a beaucoup d’heures de perm dans la semaine …bon !

Eugénie : Oui je vois à chaque fois on est impatiente, et à chaque fois que je parle à Mathilde elle fait « Ouais , j’ai hâte d’être à vendredi midi ».

Mathilde : Pareil !

Alexandra : Oui c’est vrai, on attend tous le vendredi parceque c’est week-end, et en plus il y’a ça !

Mathilde : Oui

Alexandra : C’est long, c’est long. En fait il faudrait en faire un en début, en milieu, et en fin de semaine !

Mathilde/Eugénie : Oui oui !

(…...)

Alex : Qu’est- ce que vous pensez de la création d’entreprise ?

Alexandra : Moi au début quand j’entendais création d’entreprise, je voyais les grandes usines avec les machines

Alex : D’accord

Mathilde : Bein moi pas tellement parceque mes cousines, elles ont déjà fait un petit truc avec leur collège donc heu, cela m’a pas surpris que ce soit un tout petit truc quoi

Alex : D’accord

(…)

Alex : En tout les cas c’est 25 mn intéressante, ma question maintenant, même si j’ai vos questionnaires, que fait ton papa dans la vie ?

Eugénie : Bein moi mon papa il est chef d’entreprise

Alex : Et ta maman

Eugénie : C’est sa secrétaire

Alex : D’accord

Alexandra/Mathilde /Eugénie : (rires)

Alex : Et toi (Mathilde)

Mathilde : Pareil, c’est un chef d’entreprise

Alex : Et ta maman ?

Mathilde : Elle secrétaire mais dans une autre entreprise

Alexandra/Eugénie/Mathilde : (rires)

(…)

Alex : D’accord, ok, très bien. Vous avez parlé à vos parents de l’action ?

Alexandra/Eugénie /Mathilde : Oui (rires)

Alexandra : Bein oui (rires)

Mathilde : Mon père à oublié en une journée (rires). Mes tantes m’ont aidé à trouver un tailleur, et mon père il fait « c’est pour quoi le tailleur ? », je dis bein c’est pour mon activité que je fais au collège, il me dit « quelle activité ? » (rires)

Eugénie : Bein tu as déjà trouvé ta jupe, bon bein moi j’ai rien trouvé !

Mathilde : Il faut que je la retouche la jupe

Alex : Eh franchement vous vous êtes mises la pression avec le tailleur8 j’ai l’impression ?!!! (rires)

Alexandra : Oui mais c’est eux surtout, ils veulent trop me voir en jupe et tout, genre je me mets jamais en jupe

(…)

Alex : Et qu’est ce qu’ils ont dit vos papas et ma...qui sont chef d’entreprise , qu’est ce qu’ils vous ont dit ?

Alexandra : à vos papa et maman tu allais dire (rires)

Eugénie : Moi mon père il m’a dit que c’était bien !

Alexandra : Moi ma mère elle n’a rien compris (rires)

Mathilde : Moi mon père il a rien dit dut tout, il a lu le papier et il a dit « Ouais c’est bien ! » (rires)

(….)

8 Il est prévu à la fin de l’année que les élèves fassent une présentation de leur projet en costume cravate pour les garçons et tailleur pour les filles.

Mathilde : Ton activité elle nous a beaucoup aidé à nous développer, surtout Eugénie, parce qu’elle parlait pas...

Alexandra : Pas du tout

Eugénie /Mathilde : Mais vraiment pas du tout

Mathilde : Elle voulait faire marketing, chef de marketing, c’est ça ?

Eugénie : Oui

Mathilde : Et il fallait parler devant tout le monde, puis on lui dit heu... il faut vraiment que tu t’ouvres aux autres, sinon tu vas jamais y arriver parceque, tu vas devoir parler devant des gens et tout, et puis ton activité tu as….tu as ouvert Eugénie !

Eugénie : En pas beaucoup de séances en plus !

(….)

Date : le mercredi 7 Décembre

Heure : 9h50

Description du cadre et précisions sur les éléments contextuels de l’entretien de groupe des garçons

Brèves descriptions des participants à la lumière des informations issues du questionnaire d’inscription à l’action et au vu de nos observations et des interactions que nous entretenons avec les élèves dans le cadre de l’action pédagogique

Sylvain : Sylvain est un élève de 13 ans, généralement très loquace, très perspicace, il a un sens de l’humour et il est très intelligent. Il aime beaucoup l’informatique en l’occurrence, les jeux vidéos et la musique. Son père est Manager d’équipe et sa mère travaille dans le cadre associatif. Il semble assez fatigué par les deux heures de sport comparativement aux autres.

David : David est un élève de 13 ans plutôt discret, mais il semble assez mature et calme. ll fait du Judo et aime également l’informatique. Il est souvent en compagnie de Sylvain, il aime lire les mangas, il joue aux jeux vidéos, il aime également les sorties avec ses amis. Son père est métrologue, et sa mère est esthéticienne.

Djamel : Djamel est un élève de 14 ans, assez extraverti avec une personnalité relativement affirmée et travaille souvent en compagnie de Mohamed. Son père est technicien de laboratoire, et sa mère est assistante de vie scolaire. Il aime les jeux vidéos et la musique.

Mohamed : Elève de 13 ans, très intelligent, perspicace, travailleur, créatif, il sait écouter et parler avec pertinence, il est passionné d’informatique, c’est lui qui est à l’iniative de l’idée de la création du site internet. Il y passe beaucoup de temps, sur des tutoriels. Son grand frère fait de l’informatique. Il est arrivé à la deuxième séance après avoir eu des échos positifs de l’action pédagogique.

Kader : Très forte personnalité de 14 ans, et parfois un peu difficile à canaliser par moment mais il est plein de volonté. Son père est professeur et sa mère est au chômage. Il joue dans un club de basket junior. Il aime les jeux vidéos, l’informatique, les sorties, la télé, et la musique.

Jason : Plutôt réservé, cet élève de 13 ans a un peu de mal à parler mais avec la compagnie des autres, il se « lâche » peu à peu. Son père est surveillant et sa mère est en recherche d’emploi. Il aime le basket, le foot, et les jeux vidéos.

Bertrand : Garçon timide de 14 ans, réservé. Il est souvent en compagnie de Sylvain et de Pierre. Les autres en ont conscience et le pousse de temps en temps.

Pierre ; Intelligent, il a un bel esprit. Elève de 13 ans, calme et joueur, il s’est faire la part des choses. Son papa est banquier, et sa mère est comptable. Il aime le tennis, la guitare, les jeux vidéos, la lecture et les sorties avec ses amis.

Vincent : Elève de 15 ans, extrêmement timide, même en dehors de l’action, il aime dès fois être seul, il semble un peu déboussolé à l’école, mais il a un potentiel qui a du mal à sortir. Il s’exprime avec timidité, presqu’avec peur, il extériorise difficilement.

GRILLE D’ENTRETIEN.

Thème: Le ressenti individuel par rapport à l’acti on et l’expression du vécu vis-à-vis de l’action

Thème: Les raisons qui ont motivé l’inscription spo ntanée dans l’action

Thème: Le contenu de l’action et son impact.

Thème: L’entrepreneuriat, la création d’entreprise et ses valeurs

Thème: Les activités annexés au projet (Les vidéos, les jeux de rôles, l’improvisation théâtrale, la prise de parole, l’apprentissage de la pratique téléphonique, l’informatique, etc.)

Thème: Le(s) projet(s) et l’organisation

Retranscription des entretiens et explicitations de s morceaux choisis

Alex : Je vous explique, en gros j’ai envie de faire un petit entretien avec vous en fait, par rapport à l’action qu’on est entrain de mener, et j’ai besoin d’avoir votre ressenti, comment vous ressentez l’action en fait, c’est une espèce de petit rapport d’étape par rapport à comment vous ressentez l’action, donc on va simplement échanger, je vous pose de petites questions, on parle à tour de rôle, vous me dites ce que vous en pensez, c’est tout.

Kader : Moi c’est vrai que ça ma donné envie de travailler beaucoup plus et tout !

David : Il n’enregistre pas encore !

Toute la salle : (rires)

Kader : Ah c’est pas entrain d’enregistrer là ?

Alex : Continue, continue

(Nous sommes interrompus par une prof qui voulait voir un élève qui se trouvait dans le foyer avec nous).

(….)

Alex : Excuse moi, donc ! tu commençais à parler là…donc, vas y !

Kader :Ouais, je t’ai… ça m’a donné juste un peu plus envie de travailler, c’est tout !

Alex ; Dans quel sens ?

Kader : Bein ! genre avoir de bons résultats et tout ! pour avoir un bon truc heu…après dans la vie.

Alex : Ferme moi la porte s’il te plait Djamel ! rentre Jason, fermez la porte s’il vous plait on a pas trop de temps !

Alex : (rires), je suis désolé Kader, tu peux encore reprendre s’il te plait ?

Kader : Vas y !!! (dit-il , un peu excédé de reprendre) je disais juste que cela m’a donné juste envie de beaucoup plus travailler !!

Alex : Mais pour... pourquoi ?

Kader : Mais parceque ça donne envie de travailler ! quand t’entends des trucs comme ça positifs et tout ! quand tu dis à des petits qu’ils font des entreprises et tout ça ! bein ça me donne envie de travailler, allez plus loin !

Pierre : C’est vrai qu’à notre âge on peut déjà entreprendre !

Kader : Ouais voila !

Alex : D’accord. D’accord, d’accord ! Pourquoi vous vous êtes inscrits dans l’action au départ ?

Kader : Par curiosité

David : Moi, je trouvais ça intéressant de ….pour apprendre à entreprendre, oui, c’est pour faire quelque chose de bien plus tard, comme métier.

Sylvain : Bein... moi c’est un pareil comme ce qu’a dit David, juste avant, c’était pour commencer à préparer son avenir et heu…quelque chose comme ça !

Alex : Djamel ? Jason ?

Jason : Moi aussi c’était un peu comme David, je voulais pas le faire au début, mais après ma mère elle a dit « fait ! » et après je fais !

Elois : Bein moi c’est pareil que les autres.

Pierre : Bein moi je pense, ça m’intéressais de pouvoir apprendre, Bein, tous ce qu’on va faire, on va rencontrer des gens, des entrepreneurs, et tout ça, ouais, c’est bien !

Alex : D’accord.

Mohamed : Moi, je croyais au début que c’était nul !

Alex : Oui (rires)

Mohamed : C’est vrai hein !

Alex : Oui

Mohamed : Mais après Djamel, il m’a dit que c’était super et tout ! et puis je me suis dis pourquoi pas essayer ?

Alex : D’accord.

Mohamed : Et puis avec la façon dont tu parles, et tu nous explique des trucs, donc ça m’a donné l’envie de continuer quoi !

Alex : D’accord. ok. Et qu’est-ce que ça vous apporte à tous individuellement, qu’est-ce que ça vous apporte quoi ?

Kader : Envie d’aller plus loin.

David : Ouais voila !

Alex : Plus loin c'est-à-dire ?

Kader : C'est-à-dire dans la vie ! t’as pas envie d’avoir genre un travail pourri, je sais pas !

Pierre : Gagner du fric

Kader : Oui voila !

Alex : Gagner du fric c'est-à-dire ?

Kader : C'est-à-dire un bon métier ! genre tu fais un métier qui te plait, on ne t’imposes pas de métier, tu fais ce que t’as envie !

Alex : Et qu’est- ce que ça vous apporte pour les autres ? Elle vous apporte quoi cette action ?

Djamel : Pour l’instant rien.

Sylvain : Bein apprendre à faire des choses pour créer une entreprise plus tard

David : Ouais voila !

Alex : D’accord

David : Bein ça on a pas encore trop fait on est qu’au début !

Alex : Effectivement on est au tout début , on est au tout début là

Alex : Quelles sont les choses que vous aimez dans l’action, qu’est-ce que vous aimez dans l’action ? qu’est- ce que vous aimez dans ce qu’on fait ?

Kader : Les échanges ! comment tu parles, comment on parle tous ! je sais pas ! l’ambiance

David : On est ensemble et tout !

Pierre : Oui on est ensemble et tout, l’ambiance du groupe ! on est pas chacun de son côté, on est en groupe, c’est sympa quoi !

Kader : L’ambiance du groupe

Bertrand et Vincent sont deux élèves particulièrement timides et ils acquissent à ce que disent les autres mais ils ne s’expriment pas . Donc nous les sollicitons par le regard

Bertrand : Heu…je sais pas quoi dire moi...

Alex : D’accord. Mohamed ?

Mohamed : Bein un peu tout quoi !

(La sonnerie de fin de récréation retentie)

Alex : Un peu tout c'est-à-dire ? Quels sont les élèves qui ont cours avec monsieur Dupont ? je suis passé voir monsieur Dupont, il m’a dit que vous pouvez arriver un peu en retard, d’accord ! toi tu as fini ?

Kader : oui

Alex : Toi tu as cours avec qui ?

Vincent : Français.

Alex : je ne t’ai même pas entendu, qu’est- ce que ça t’apportes toi ?

Vincent : Pour l’instant rien.

Alex : Pour l’instant rien d’accord !ok. Et comment tu te sens par rapport à l’action ?

Vincent :………………………...comment je me sens ?

Alex : Oui

Vincent : Bien.

Alex : Tu viens avec plaisir à l’action ?

Vincent : Bein oui !

Alex : Ok d’accord. on continuera ça, allez fil en cours alors !

Kader : Moi aussi ?

Alex : Tu as fini Kader ? Tu veux pas rester encore un petit peu ?... Bon on va faire super vite !!!

Des phrases fusent dans la salle :

Non prend le temps ! on va prendre notre temps, tranquilou ! tranquilou ! on a deux heures de techno !

Alex : (rires). Bon quels sont heu...vas y Kader, tu peux y allez, merci Kader !

Quelles sont les choses que vous découvrez sur vous-même par rapport à l’action ? Elle est un peu dure ma question.

Pierre : La confiance en soi

Alex : La confiance en soi, ok.

David : Pour l’instant c’est ce qu’on a travailler là ! la confiance en soi.

Djamel : Moi j’ai pas appris , parceque je savais déjà que…que je savais parler, Bein c’est pas que je sais parler, mais je sais pas..., mais en fait le truc, c’est que j’arrive pas à m’exprimer, parceque Bein...voila, je sais pas quoi dire tous le temps, je parle pour rien dire

Alex : D’accord

Sylvain : Tu ne dis pas de trucs intelligents (rires)

Djamel : Voila ! en gros (rires)

Alex : (rires), alors vous avez dit la confiance en soi alors qu’est- ce que tu en penses, à ton niveau ?

Mohamed : Heu...parlé en groupe ! en public, comme tu as dit l’autre jour, si tu arrives à parler à deux personnes, tu peux parlé à 20 personnes, comme à 100 personnes, je sais pas combien !

Alex : Hum hum.

Mohamed : Voila.

Alex: Et Pierre?

Pierre: Et heu…pour Bertrand , c’est bien pour lutter contre la timidité !

Alex : Ok, Parceque Bertrand tu es timide ? un petit peu ?

Bertrand : Oui

Alex : Ok. D’accord. Et heu…par rapport au … A votre avis ,...comment est- ce qu’on …comment est-ce qu’on monte un projet ?

Sylvain : En le montant ! (rires)

Alex : (rires) En le montant !, je reconnais Sylvain là, je te reconnais très très bien . Quelles sont les valeurs qu’il faut mettre en place quand on veut monter un projet ?

Mohamed : L’esprit d’équipe

Pierre : La confiance envers les autres

David : Organiser

Alex : Organiser, confiance envers les autres

Sylvain : L’imagination

Alex : L’imagination

Mohamed : La créativité

Alex : La créativité

Jason : L’argent

Bertrand : Du plaisir.

Alex : Le plaisir ok.

Mohamed : Le sérieux

Alex : Le sérieux ok

Mohamed : Le rire

Alex : Le rire ok, très bien.

Sylvain : L’humour

Alex : L’humour ok très bien.

Sylvain : Et quelques sorties 9

Alex : (rires) Et quelques ?

Sylvain : Non ça c’est dans le PowerPoint qu’on est entrain de préparer. On va faire un truc (l’élève mime un personnage) : « Eh quelques sorties ! ».

Alex : Et à votre avis, est-ce que à votre âge vous pouvez entreprendre ?

Toutes la salle : Oui oui, bein oui !! disent ils puis Mohamed rétorque :

Mohamed : Bein au début je savais pas, mais dès que tu nous as montré …donc

Alex : Dès que je vous ai montré quoi ?

Mohamed : Les images des enfants qui entreprennent, à leur âge, je sais pas , comme la petite fille là 9 ans je sais pas, qui créez une entreprise d’échange, je sais pas un site internet (Alexandra Mc Daniel, présidente de Roar Kids)10

9 (L’élève fait référence ici au fait que nous avons prévu d’allez visiter l’institut national de la propriété intellectuel (INPI) ainsi que la chambre de commerce de Dijon (CCI)

Alex : Oui. Donc à votre avis, à votre avis maintenant que vous avez vu des jeunes, la vidéo qu’on a vu sur les jeunes qui entreprennent, qu’est- ce que ça a fait en vous ?

David : Cela veut dire qu’on peut y arriver aussi

Mohamed : On à envie de faire la même chose

Pierre : Je ne vois pas pourquoi il y’en a qui pourraient y arriver et pas nous !

Alex : Oui, très bien. ok.

Djamel : Alex ! est –ce qu’on va faire des sorties ?

Alex : Bein oui, c’est prévu non ?

Mohamed : Oh ouais, s’il te plait le Mardi, le mardi !!

Sylvain : Le mercredi après midi

Mohamed : Mardi c’est super !

Jason: Le vendredi après midi

(…)

Alex : Sylvain m’avait parlé d’un projet, tu parlais de, tu avais évoqué une idée heu...

Tu te souviens, c’était quoi l’idée ?

Sylvain : C’était pas une batterie externe pour ordinateur !

Alex : Une batterie externe pour ordinateur. Toi tu avais quoi comme idée

Mohamed : A ce qui parait, il y’a des ondes mauvaises sur les portables,

Alex : Des quoi ?

Mohamed : Des ondes mauvaises sur les portables !

Alex : Des ondes mauvaises sur les portables ?

Mohamed : Bein je sais pas, on peut mettre des protèges portables contre ces ondes ?

Pierre ; Ou alors, remplacer les ondes de portables, ou trouver un moyen de rendre les ondes inoffensives !

Alex : Donc, vous voyez, il y’a pleins d’idées qui vont émerger, même toi (David) qui pense que tu n’apportes rien, tu apportes beaucoup en vérité, mais bon ça on le verra pas la suite. Donc ce qui est sûr, en tout cas, Bein ! je vous remercie pour le temps que vous m’avez accordez, d’accord, vous voyez que c’était pas super long !

A ce moment, je suis un assez inquiet pour le temps qui s’écoule, car c’est la fin de la récréation. Et je ne souhaite pas que les élèves est plus de 5 minutes de retard. Puis nous allons poser quelques autres questions.

David : On peut rester encore un peu ?

(….)

Alex : Comment vous définirez cette action ? en fait ? .Vous avez des cours de maths, vous avez des cours d’histoire géographie, cette action c’est quoi pour vous en fait ? Comment vous la définirez, comment vous la qualifierez ?

Pierre : Trois mots BIEN PLUS COOL

Alex : BIEN PLUS COOL, Quoi d’autres pour vous ?

10 L’élève fait référence à différentes vidéos que nous avons compiler ou l’on pouvait voir des enfants de différents âges ( de 9 à 21 ans) qui réalisaient leurs passions, qui entreprenaient dans différents domaines (informatique, musique, décoration d’intérieur, projets auprès de personnes âgées, projets au sein du quartier, dessins, vêtements, création de site web, fabrication de produits originaux ou de prestations de services dans le cadre de mini-entreprise au collège ou au lycée , ou même dans la vie réelle, et ceci en France, aux états-unis, et au canada, etc.)

Mohamed : Divertir

Alex : Divertir ok !

David: C’est bien on apprend des trucs utiles

Alex : Apprendre des choses utiles, ok

Sylvain : Un cours intéressant.

Alex : Un cours intéressant. Quoi d’autres encore ?

Bertrand : On apprend bien, on aime bien.

Djamel : C’est mieux que les cours qu’on fait, parceque tu sais, toujours eux, ils sont entrain de parler, on doit les écouter, pendant une heure quoi, et puis là , tu sais on..., c’est plus intéressant, heu...par exemple si on se trompe, c’est pas grave quoi, on ne se fait pas engueuler !

Alex : Oui, ok.

Mohamed : Prof sympa.

Alex : Oui.

Sylvain mime un prof ! qui sanctionne un élève en mettant ou en enlevant des points dans une fiche de suivi comportement notée. Chaque dysfonctionnement comportementaux , ou les manquements aux règles du collège sont sanctionnés par la perte de points pondérés en fonction de la gravité du dysfonctionnement, de l’attitude, et le non respect des règles .

Sylvain : « Donne moi ton carnet !!! »

Djamel : On enlève deux points quand juste on se retourne !

Sylvain : La prof Mme (…) à ôté un demi- point à Mélanie parce qu’elle a regarder par la fenêtre et elle a dit « Bonjour monsieur. (….) ».

Alex : Bon je vous remercie, on va y aller. Je n’ai pas envie d’abuser de la gentillesse de monsieur Dupont.