Gouvernance d'entreprise des PME au Vietnam: État de lieu

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1 Gouvernance d’entreprise des PME au Vietnam: État de lieu Dr.Tran Van Nhu, professeur, chercheur, CFVG Résumé Les PME représentent une place importante dans l’économie du Vietnam. La gouvernance d’entreprise pourrait se considérer comme un atout clé permettant les PME d’évoluer positivement. Cet article prend l’objectif de faire le point sur les spécificités de la gouvernance d’entreprise des PME au Vietnam. Il souligne également les bonnes pratiques pour développer la gouvernance d’entreprise. Les analyses, effectuées sur la base du recueil des données secondaires, fournissent une vision synthétique et critique sur la situation de gouvernance des PME au Vietnam. Mots clés: gouvernance d’entreprise, PME, Vietnam 1. Introduction Grâce à l’implication de la politique de rénovation économique à partir de 1986, la structure des entreprises au Vietnam a connu une grande transformation en termes de nombre, de formes de propriété, de taille, d’activités et de performance. Selon les statistiques du Département des statistiques du Vietnam, jusqu’en janvier 2012, 375.732 entreprises sont en activité par rapport au nombre modeste de 42.288 entreprises en 2000. Les PME représentent 97% du total des entreprises, mobilisant plus 50% des ressources humaines, contribuant 47% du PIB et 40% du budget national. L’évolution rapide des PME et l’ouverture du marché boursier en 2000 incitent une attention croissante sur la question « gouvernance d’entreprise ». Les réglementations juridiques du Vietnam (loi d’entreprise 2005, loi boursière 2006 et l’amendement de la loi boursière 2010) sont évaluées conformes aux normes internationales de gouvernance d’entreprise. Cependant, l’implication de la gouvernance d’entreprise reste à désirer. La recherche conduite par Nguyen Truong Son en 2010 a révélé que 95.6% de 400 PME enquêtées n’ont pas respecté des normes de la gouvernance d’entreprise. Les résultats de cette recherche ainsi que ceux des recherches conduites par des organisations publiques du Vietnam et des organisations internationales (CIEM, MPI, IFC, etc.) ont montré que la compétitivité des PME reste faible faute des pratiques de management professionnelles. Plusieurs preuves témoignent cette réalité : 51.548 PME sont tombées en faillite en 2012, soit près de 14% du nombre total des PME ; Deux tiers des PME n’évoluent pas en termes de taille depuis 2002 (selon le rapport de VCCI, 2012) ; Seulement 27% des PME en activité depuis 2002 ont pu se transformer en grandes entreprises en 2012 ; cependant, 18% parmi ce nombre, ont connu un recul et repris la petite taille (GSO, 2012). Les effets de la crise économiques ne peuvent pas être niés parmi de nombreuses raisons justifiant cette situation dégradante des PME au Vietnam. Mais un important handicap au sein des PME, c’est le manque d’un système de management avec des normes et réglementations transparents et rationnels permettant de diriger et de contrôler les activités d’une PME vers la satisfaction des intérêts de différents partenaires : investisseurs, clients, ressources humaines, dirigeants, etc. L’application de la gouvernance d’entreprise dans des PME pourrait se

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Gouvernance d’entreprise des PME au Vietnam: État de lieu

Dr.Tran Van Nhu, professeur, chercheur, CFVG

Résumé

Les PME représentent une place importante dans l’économie du Vietnam. La gouvernance d’entreprise pourrait se considérer comme un atout clé permettant les PME d’évoluer positivement. Cet article prend l’objectif de faire le point sur les spécificités de la gouvernance d’entreprise des PME au Vietnam. Il souligne également les bonnes pratiques pour développer la gouvernance d’entreprise. Les analyses, effectuées sur la base du recueil des données secondaires, fournissent une vision synthétique et critique sur la situation de gouvernance des PME au Vietnam.

Mots clés: gouvernance d’entreprise, PME, Vietnam

1. Introduction

Grâce à l’implication de la politique de rénovation économique à partir de 1986, la structure des entreprises au Vietnam a connu une grande transformation en termes de nombre, de formes de propriété, de taille, d’activités et de performance. Selon les statistiques du Département des statistiques du Vietnam, jusqu’en janvier 2012, 375.732 entreprises sont en activité par rapport au nombre modeste de 42.288 entreprises en 2000. Les PME représentent 97% du total des entreprises, mobilisant plus 50% des ressources humaines, contribuant 47% du PIB et 40% du budget national.

L’évolution rapide des PME et l’ouverture du marché boursier en 2000 incitent une attention croissante sur la question « gouvernance d’entreprise ». Les réglementations juridiques du Vietnam (loi d’entreprise 2005, loi boursière 2006 et l’amendement de la loi boursière 2010) sont évaluées conformes aux normes internationales de gouvernance d’entreprise. Cependant, l’implication de la gouvernance d’entreprise reste à désirer. La recherche conduite par Nguyen Truong Son en 2010 a révélé que 95.6% de 400 PME enquêtées n’ont pas respecté des normes de la gouvernance d’entreprise. Les résultats de cette recherche ainsi que ceux des recherches conduites par des organisations publiques du Vietnam et des organisations internationales (CIEM, MPI, IFC, etc.) ont montré que la compétitivité des PME reste faible faute des pratiques de management professionnelles. Plusieurs preuves témoignent cette réalité :

51.548 PME sont tombées en faillite en 2012, soit près de 14% du nombre total des PME ;

Deux tiers des PME n’évoluent pas en termes de taille depuis 2002 (selon le rapport de VCCI, 2012) ;

Seulement 27% des PME en activité depuis 2002 ont pu se transformer en grandes entreprises en 2012 ; cependant, 18% parmi ce nombre, ont connu un recul et repris la petite taille (GSO, 2012).

Les effets de la crise économiques ne peuvent pas être niés parmi de nombreuses raisons justifiant cette situation dégradante des PME au Vietnam. Mais un important handicap au sein des PME, c’est le manque d’un système de management avec des normes et réglementations transparents et rationnels permettant de diriger et de contrôler les activités d’une PME vers la satisfaction des intérêts de différents partenaires : investisseurs, clients, ressources humaines, dirigeants, etc. L’application de la gouvernance d’entreprise dans des PME pourrait se

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considérer donc comme une des solutions intéressantes pour améliorer la compétitivité des PME. Il existe cependant très peu de recherches internationales et nationales sur la gouvernance d’entreprise des PME au Vietnam (Nguyen, Truong Son, 2010).

Sur la base des recherches existantes et d’autres données secondaires, cet article a pour but de faire le point, des caractéristiques spécifiques des PME vietnamiennes en termes de gouvernance d’entreprise ainsi que des problèmes de PME sur ce sujet dans le contexte de crise économique. Les politiques essentielles de l’Etat du Vietnam sur les questions de gouvernance d’entreprise sont également analysées afin de projeter des perspectives d’évolution des PME dans l’avenir.

2. Concepts de PME et gouvernance d’entreprise

2.1. PME

La définition de ce qu’est une PME varie selon différents pays. La majorité des définitions sur la PME prennent souvent comme critères le nombre d’employés, des mesures financières comme capital d’investissement, chiffre d’affaires (Clarke T. & Klettner A, 2010). Selon le Décret Numéro 56/2009/ND-CP du gouvernement vietnamien daté le 30 juin 2009, les PME vietnamiennes peuvent se diviser en trois niveaux : très petit, petit et moyen en fonction de l’importance du capital (le total du capital doit être équivalent avec le total des biens déterminés dans le bilan des PME) ou de l’effectif annuel des ressources humaines.

Tableau 1 : PME au Vietnam classifiées en trois niveaux

Unité : Vietnam Dong

Taille Très petite entreprise

Petite entreprise Moyenne entreprise

Secteur d’activité

Effectif Total du capital

Effectif Total du capital Effectif

1. Agriculture, sylviculture & Aquaculture

<10 pers <20 milliards

10 pers<E<200 pers

20 milliards<C<100 milliards

200 pers<E<300 pers

2.Industrie et Construction

<10 pers <20 milliards

10 pers <E<200 pers

20 milliards<C<100 milliards

200 pers<E<300 pers

3.Commerce et services

<10 pers <10 milliards

10 pers <E<50 pers

10 milliards<C<50 milliards

50 pers<E<100 pers

Source : Décret Numéro 56/2009/ND-CP du gouvernement vietnamien daté le 30 juin 2009

Nous pouvons citer les critères de classification des PME de certains pays dans la région asiatique pour comparer avec le Vietnam (Tableau 2). Les pays comme Thaïlande, Malaisie, Philippines, Indonésie, donnent également la définition des PME sur la base de l’effectif, du capital et/ou le chiffre d’affaires.

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Tableau 2 : Critères de classification des PME dans des pays asiatiques

Pays Catégories Effectif Capital investi Chiffre d’affaires 1.Thaïlande 2 : Petite et

moyenne < 200 <200 millions

bath Pas déterminé

2.Malaisie 3 : micro, petite, moyenne

< 150 Pas déterminé < 25 millions RM

3.Philippines 3 : micro, petite, moyenne

<200 <100 millions Peso

Pas déterminé

4.Indonésie 3 : micro, petite & moyenne

< 100 < 10 millions IDR

< 50 millions IDR

Source : OECD, 2012; SMECorp Malaisie, disponible au site http://www.smecorp.gov.my/vn2/node/37; Department of Trade & Industry Philippines-DTI, disponible au site: http://www.dti.gov.ph/dti/index.php?p=532

2.2. Gouvernance d’entreprise

Le concept de gouvernance d’entreprise varie selon les pays, en fonction des réglementations juridiques, des caractéristiques de chaque nation. La définition proposée par l’OCDE – l’organisation internationale en leader dans les activités d’intégration de la gouvernance d’entreprise au monde entier, souligne les éléments primordiaux pour le système de gouvernance d’entreprise : «Gouvernance d’entreprise implique un ensemble de relations entre le management de la société, sa direction, ses actionnaires et d’autres partenaires. La gouvernance d’entreprise fournit également la structure à travers laquelle les objectifs de la société sont fixés, et les moyens d’atteinte de ces objectifs et de contrôle de la performance sont déterminés ».

Au Vietnam, la notion de « gouvernance d’entreprise » a été longuement confuse avec des notions de management d’entreprise et/ou de direction d’entreprise. Historiquement, les concepteurs de loi étaient souvent plus préoccupés par les questions de structures de management d’entreprise que par le mécanisme de gouvernance comme dans les économies avancées (MPI, 2003). La loi d’entreprise privée 1990 qui a autorisé les individus à établir des sociétés privées ayant but lucratif, a été marquée comme une base importante pour valoriser la gouvernance d’entreprise dans le contexte de l’économie en transition. Avec l’évolution rapide des entreprises en termes de nombre et de formes entre 2000 et 2013, la gouvernance d’entreprise est progressivement considérée par les organismes juridiques et les entrepreneurs (Bui, Xuan Hai & al., 2008). La loi d’entreprise 2005 constitue la régulation la plus fondamentale sur la gouvernance d’entreprise pour les entreprises vietnamiennes (Le Minh. Toan & al., 2008).

2.3. Les différents modèles de gouvernance d’entreprise

La crise asiatique entre 1997-1998 a révélé des faiblesses des économies en Asie de l’Est. Le problème de gouvernance d’entreprise a été considéré comme une des causes importantes expliquant cette situation. La présence du gouvernement, des banques et organisations financières dans le conseil d’administration de plusieurs groupes familiaux ont créé des conditions favorables à ces groupes de mobiliser des crédits à court terme pour investir à long terme. Pendant la période 1986-1996, les sociétés dans la région de l’Asie de l’Est ont atteint un taux de rentabilité sur le capital de 10 à 15% - un taux plus élevé par rapport à d’autres régions économiques. Cependant, le pouvoir croissant de ces groupes familiers – échappant le contrôle du gouvernement – a poussé les intérêts des groupes conflictuels avec ceux de la société. La crise a montré l’importance d’assurer une bonne gouvernance

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d’entreprise pour protéger les intérêts des investisseurs et d’assurer la stabilité économique et financière des pays (Truong, Thi Nam Thang, 2010).

Une bonne gouvernance d’entreprise permet de créer un équilibre d’intérêts entre les dirigeants, les actionnaires et les partenaires, et d’assurer un bon contrôle du développement de la société (Zekri S., 2012). Elle contribue à renforcer la capacité de l’entreprise d’accès aux sources de capital extérieures et d’amélioration de sa valeur. Mais comment développer une bonne gouvernance d’entreprise ? Plusieurs modèles ont été proposés, dont les plus abordés sont le modèle japonais, le modèle anglo-américain et le modèle européen.

Modèle japonais

Le modèle japonais apporte le concept « holding » qui regroupe des sociétés ayant les mêmes intérêts et les stratégies similaires participant à la gouvernance d’entreprise. Le réseau des fournisseurs, banques et clients, formant « keiretsu » peuvent posséder une proportion importante d’actions des sociétés japonaises.

Avec le mécanisme de relations étroites avec les partenaires d’affaires, les sociétés japonaises se basent essentiellement sur le contrôle interne et ne sont pas influencées par le marché de capital extérieur. Ce modèle de gouvernance d’entreprise favorise une stabilité de développement, un financement flexible et une communication effective entre la société et ses actionnaires. Il favorise également le développement des relations à long terme entre la société, ses employés, ses partenaires et ses clients sur la base de confiance, et non pas seulement sur la base du gain.

Cependant, le modèle japonais risque de causer un manque de transparence d’information envers le marché extérieur, de rendre les sociétés passives à la concurrence internationale. Il révèle une faible demande de restructuration des sociétés (Jackson G. & al, 2005).

Modèle anglo-saxon

Ce modèle est caractérisé par la dominance des actionnaires individuels indépendants. Les actionnaires, représentés par le conseil d’administration, ont le droit de nommer la direction qui dirige la société. Les relations entre les actionnaires, le conseil d’administration et les dirigeants sont strictement déterminés par les contrats légaux. Un tel système demande un conseil d’administration indépendant, responsable du contrôle de la qualité de direction et de la performance organisationnelle pour maximiser les dividendes en faveur des actionnaires.

Ce modèle permet de pousser les dirigeants à créer des valeurs ajoutées en faveur des actionnaires, à concurrencer fortement entre eux afin de gagner le droit de gérer des biens importants des sociétés. Le marché boursier favorise des activités d’acquisition et de fusion, permettant ainsi aux sociétés de mener des ajustements continuels de ses ressources pour assurer la performance.

Cependant, avec le marché financier ouvert et compétitif, ce modèle risque de mobiliser des coûts de contrôle élevés, des tendances de recherche des gains à court terme (Pucko D., 2007).

Modèle européen

Le modèle allemand est évalué comme représentatif des modèles européens continentaux. Ce modèle est caractérisé par le rôle principal des banques dans l’allocation du capital aux sociétés et l’absence d’un marché de contrôle des activités des sociétés. Les banques

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allemandes peuvent posséder une part important des actions des sociétés qui font recours aux emprunts bancaires. Elles nomment ses cadres bancaires dans le conseil d’administration ou dans la direction des sociétés concernées.

La gouvernance d’entreprise des sociétés allemandes se divise en deux niveaux : le conseil de contrôle et le conseil de direction. Les membres du conseil de direction sont nommés par le conseil de contrôle. Ils peuvent comprendre de 5 à 15 personnes qui ont la responsabilité de diriger la société. Cependant, les décisions d’investissements et/ou de financement importants doivent toujours se soumettre sous le contrôle du conseil de contrôle (Georgen M. & al., 2008, Pucko D., 2007)

Comme le modèle japonais, ce modèle allemand permet aux banques de soutenir les activités des sociétés qui reçoivent le crédit bancaire.

Modèle vietnamien : un système de gouvernance d’entreprise interne ?

Les trois modèles de gouvernance d’entreprise dans le monde peuvent être classifiés en deux systèmes : un système de gouvernance interne orienté à la banque et un système de gouvernance externe orienté au marché. Selon Nestor et Thompson (2001), le système externe comprend souvent quatre caractéristiques : la propriété dispersée avec des investisseurs institutionnels importants ; les intérêts des actionnaires reconnus dans la loi d’entreprise ; un accent particulier sur la protection légale des actionnaires minoritaires ; et exigences importantes sur déclaration d’information.

Pour le système interne, la propriété et le contrôle sont pilotés assez étroitement par les groupes des personnes identifiables et cohésifs qui ont des relations stables à long terme avec la société. Ces groupes « internes” peuvent comprendre les actionnaires, créditeurs, banquiers, fournisseurs, qui sont limités en nombre et possèdent des connections significatives entre eux. Ils peuvent agir ensemble pour contrôler le management de la société, ce qui signifie que les problèmes d’agence ne sont pas importants comme ils sont dans le système externe. Le système interne peut porter la forme de famille ou celle d’Etat (Tomasic R., 2006).

La gouvernance d’entreprise des entreprises vietnamiennes peut être décrite comme le système interne avec le privilège d’Etat pour les entreprises publiques et le privilège de famille pour les entreprises privées.

En dépit des reformes continuelles du secteur économique public à travers des formes variées comme actionnarisation, leasing, vente, restructuration, les entreprises publiques du Vietnam contribuent en moyenne 28% au PIB entre la période de 2006 et 2010 (GSO, 2013). Elles bénéficient de nombreux privilèges du gouvernement et prennent toujours une place dominante dans l’économie.

Quant aux entreprises privées, la majorité sont petites et gérées par les propriétaires ou membres de la famille de leurs propriétaires. Plusieurs recherches de CIEM, VCCI, IFC, OCDE ont trouvé que la majorité des sociétés privées vietnamiennes appliquent plutôt les structures familiales (CIEM, 2011 ; VCCI, 2012 ; OCDE, 2003).

3. Caractéristiques essentielles des PME au Vietnam 3.1.Evolution des PME au Vietnam

Les entreprises vietnamiennes ont fortement évolué pendant la période 2002-2011. Le nombre d’entreprises a atteint plus de 325 mille entreprises en avril 2012, soit cinq fois de

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plus par rapport à l’année 2002. Le taux de croissance moyen des entreprises en termes de quantité tourne autour de 20% par an pendant la période de 2002-2011. Le nombre de nouvelles entreprises enregistrées augmente continuellement, sauf l’année 2011 en raison de la crise économique.

Tableau 3 : Nombre d’entreprises enregistrées et en activité pendant la phase 2002-2011

Unité : entreprises

Source : Département général des statistiques du Vietnam, avril 2012.

La majorité des entreprises sont des PME. En 2011, il y a 213.496 micro-entreprises, 97.341 petites entreprises et 6.738 moyennes entreprises. Le nombre de ces PME représentent 97.62% du total des entreprises en 2011. Pendant la phase de 2000-2009, les micro-entreprises ont connu une croissance moyenne de 24.7% par an, soit le taux le plus élevé, alors que le taux de croissance moyen des petites, moyennes et grandes entreprises est respectivement 20.41%, 11.79% et 7.28%.

L’évolution des PME vietnamiennes a connu plusieurs phases de vicissitudes : lors de l’intégration du Vietnam à l’OMC en 2007, le nombre de PME a fortement augmenté avec plus de 58 mille nouvelles PME enregistrées ; ce qui a constitué une bonne base pour atteindre plus de 317 milles PME en 2011. Particulièrement, les micro-entreprises ont tendance d’augmenter pendant la période 2000-2011 : de 53.5% à plus de 65% alors que la proportion des petites et moyennes entreprises diminue (voir tableau 4).

Tableau 4 : Evolution des PME selon la taille des ressources humaines

Année Total des entreprises

% des PME/total

Micro-entreprise Petite entreprise Moyenne entreprise

Nombre % Nombre % Nombre %

2000 42.288 91.95 22.638 53.53 14.396 34.04 1.849 4.37

2001 51.680 92.84 27.957 54.10 18.053 34.93 1.970 3.81

2002 62.908 93.25 33.047 52.53 23.329 37.08 2.284 3.63

2003 72.012 93.73 36.949 51.31 28.062 38.97 2.483 3.45

2004 91.756 94.85 49.092 53.50 35.047 38.20 2.892 3.15

2005 112.950 95.61 63.456 56.18 41337 36.60 3.196 2.83

2006 131.318 96.05 80.060 60.97 42.649 32.48 3.418 2.60

2007 155.771 96.39 95.322 61.19 50.763 32.59 4.059 2.61

2008 205.689 97.09 127.180 61.83 68.046 33.08 4.484 2.18

2009 248.842 97.43 162.785 65.42 74.658 30.00 5.010 2.01

2010 290.767 97.60 193.069 66.40 85.195 29.30 5.525 1.90

2011 325.304 97.62 213.496 65.63 97.341 29.92 6.738 2.07

Source : Synthèse à partir des données du Département général des statistiques du Vietnam, décembre 2012.

21,535 27,771 37,230 39,959 46,663 58,907 65,318 84,531 89,187 77,578 62,908 72,010 91,755 113,235 132,771

155,771 205,689

248,843 290,767

325,304

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

Nombre d'entreprises enregistrees

Nombre d'entreprises en activite jusqu'au 31 decembre de l'annee

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Bien que les micro-entreprises soient majoritaires en termes de nombre, la proportion de leurs ressources humaines reste faible : de 4.2% en 2002 à 10% en 2011. Les ressources humaines des petites entreprises augmentent de 21.2% en 2002 à 29.9% en 2011. Les grandes entreprises qui représentent seulement 2.4% du nombre total des entreprises, attirent plus de 52% des ressources humaines. Les petites entreprises représentent la majorité des entreprises en termes de taille de capital, mais cette proportion baisse de 89.7% en 2002 à 84.14% en 2011. La proportion de capital des moyennes entreprises augmente progressivement de 7.3% à 11.5%.

En ce qui concerne la forme de propriété, il y a une grande différence entre le secteur public, le secteur privé et les entreprises étrangères. 98.97% du total des micro-entreprises sont des entreprises privées alors que seulement 0.06% et 0.98% sont respectivement des entreprises publiques et étrangères. Près de 40% du total des entreprises publiques sont les grandes entreprises alors que 97% du total des entreprises privées sont les micros et petites entreprises. Les entreprises étrangères sont essentiellement petites (48.29%) et micro-entreprises (23.62%) (Voir tableau 5).

Tableau 5 : Evolution des PME selon les formes de propriété

Formes d’entreprises Formes de propriété Total

Entreprises publiques

Entreprises privées

Entreprises étrangères

Micro-entreprises

Nombre 121 211.290 2.085 213.496 % en ligne 0.06 98.97 0.98 65.63

% en colonne 3.74 67.45 23.62

Petites entreprises

Nombre 1.284 91.795 4.262 97.341 % en ligne 1.32 94.30 4.38

% en colonne 39.70 29.30 48.29

Moyennes entreprises

Nombre 536 5.477 725 6.738 % en ligne 7.95 81.29 10.76 2.07

% en colonne 16.57 1.75 8.21

Grandes entreprises

Nombre 1.293 4.682 1.754 7.729 % en ligne 16.73 60.58 22.69 2.38

% en colonne 39.98 1.49 19.87 Total Nombre 3.234 313.244 8.826 325.304

% 0.99 96.29 2.72 100 Source : Synthèse à partir des données du Département général des statistiques du Vietnam, décembre 2012.

Au cours de ces cinq dernières années, les PME doivent confronter avec des problèmes croissants de difficulté et de faillite. Si le taux de faillite moyen des PME entre 2000 et 2007 tournait autour de 10%, il est devenu alarmant entre 2009 et 2012 avec un taux moyen de 35%. La crise financière mondiale entre 2007 et 2009 laisse encore des effets négatifs sur l’économie de nombreux pays dont le Vietnam. Des instabilités sont marquées dans presque tous les indicateurs économiques clés : déficit important dans la balance de paiement, taux de change fluctuant, taux d’inflation élevés, taux d’octroi de crédit élevés, endettement public croissant, marchée boursier morose, etc. (MPI, 2011). Cette situation a négativement affecté les PME au Vietnam.

Le changement de la taille des PME en termes de ressources humaines pendant la période 2002-2011 illustre en partie ces effets. Environ 65% des micro-entreprises en activité depuis

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2002 maintiennent toujours cette taille jusqu’en 2011 ; 30.8% sont transformées en petites entreprises ; seulement 2.48% sont évoluées en moyennes entreprises et 2.27% en grandes entreprises pendant la période 2002-2011. Pour les petites entreprises en activité depuis 2002, 66.5% maintiennent leur taille jusqu’en 2011. 18.23% des petites entreprises ont diminué leur taille et sont devenues micro-entreprises en 2011; seulement 8.7% sont évoluées en moyennes entreprises et 6.5% en grandes entreprises. Concernant les moyennes entreprises, seulement 28.22% maintiennent leur taille jusqu’en 2011 ; 38.78% sont devenues petites en 2011 et même 5.12% sont devenues micro-entreprises ; 27.89% des moyennes entreprises sont transformées en grandes entreprises en 2011. Rien qu’entre 2010 et 2011, près de 29% des moyennes entreprises se sont rétrécis en petites et micro-entreprises.

Tableau 6 : Transformation de la taille des PME selon le critère du nombre des ressources humaines au cours de 2002-2011

Formes de PME 2011

Micro-entreprises

Petite entreprises

Moyennes entreprises

Grandes entreprises

2002 Micro-entreprises 64.45 30.80 2.48 2.27 Petites entreprises 18.22 66.49 8.74 6.55 Moyennes entreprises 5.11 38.78 28.22 27.89 Grandes entreprises 2.38 17.53 13.52 66.57

Source : Synthèse a partir des données du Département général des statistiques du Vietnam, avril 2012.

En analysant la structure des PME selon le critère de capital, parmi 68% des petites entreprises en activité en 2002, 67% maintiennent toujours leur petite taille de capital jusqu’en 2011, 25% transformées en moyenne taille et seulement 7.97% transformées en grande entreprise en termes de taille de capital. La transformation de près de 64% des moyennes entreprises est particulièrement forte avec 58.82% transformées en grandes entreprises en termes de capital.

Tableau 7 : Transformation de la taille des PME selon le critère du capital au cours de 2002-2011

Formes de PME 2011

Petite entreprises Moyennes entreprises

Grandes entreprises

2002 Petites entreprises 67.03 25 7.97 Moyennes entreprises 5.33 36.15 58.52 Grandes entreprises 1.48 5.29 93.23

Source : Synthèse à partir des données du Département général des statistiques du Vietnam, avril 2012.

En termes des secteurs d’activité, les entreprises au Vietnam exercent essentiellement des activités en faible valeur ajoutée et mobilisant un nombre important de ressources humaines. 39% des entreprises fonctionnent dans l’industrie de commerce, de réparation des véhicules ; 16.26% et 15.36% enregistrent dans les industries de transformation et de construction. Un nombre limité, mais progressivement augmenté des entreprises engagées dans des industries de haute valeur ajoutée comme sciences et technologie, services de conseil, transportation, entrepôt et information. Par exemple : 237 entreprises exercent dans l’industrie de sciences et de technologie en 2010, contre seulement 12 entreprises notées en 2002.

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En termes de géographie, la majorité des entreprises se concentrent dans de grandes villes comme Hanoi, Hochiminh Ville, Da Nang, Can Tho et Hai Phong. La concentration des entreprises à Hochiminh augmente de 23% en 2002 à 31.5% en 2011. Ce taux à Hanoi évolue de 25.5% en 2002 à 31% en 2011.

3.2.Performance des PME

Les PME vietnamiennes dans le secteur privé ont montré leur capacité pour faire face à la crise. Les actifs circulants et investissements à court terme ont doublé entre 2007 et 2009. La proportion de ces actifs des PME par rapport au total des actifs de toutes les entreprises a augmenté de 41.44% en 2007 et 81.14% en 2009. Les actifs fixes et investissements à long terme des PME ont également doublé entre 2007 et 2009. La proportion de ces actifs par rapport à cette valeur de toutes les entreprises a augmenté de 32% en 2007 à 35.97% en 2009.

Tableau 8 : Actifs et Investissements des PME privées vietnamiennes entre 2007 et 2009

2007 % PME

2008 % PME

2009 % PME

Actifs circulants & investissements a court terme de toutes les entreprises

2975154 3947289 3584326

Actifs circulants & investissements a court terme des PME

1232937 41.4 1766690 44.76 2908286 81.14

Actifs fixes & investissements a long terme de toutes les entreprises

1852764 2814026 3584326

Actifs fixes & investissements a long terme des PME

591188 32 958042 34.04 1289190 35.97

Source : Papier blanc sur PME, Ministère du Plan et de l’Investissement, 2011.

Les capitaux propres des PME ont été presque doublés en 2009 par rapport à 2007. Particulièrement, pour les PME privées vietnamiennes, ils représentent en moyenne 35.6% du total des passifs (dettes + capitaux propres) alors que ce taux reste autour de 24% pour les PME publiques. La capacité financière renforcée des PME privées vietnamiennes leur a permis d’augmenter leur taille d’investissement. Le capital enregistré moyen a évolué de 3 milliards de VND à 17 milliards de VND entre 2000 et 2009.

Cependant, il est noté que les PME, notamment les PME privées vietnamiennes, ont beaucoup de difficulté de trouver des sources de capital. Selon l’enquête menée par VCCI en novembre 2008, 73% des PME ont du mal à accéder aux crédits bancaires avec le taux d’intérêt moyen de 21% par an.

Tableau 9 : sources de capital des PME au Vietnam entre 2007 et 2009

Unité : milliards VND 31/12/2007 31/12/2008 31/12/2009

Dettes Capitaux propres

%/ passif

Dettes Capitaux propres

%/ passif

Dettes Capitaux propres

%/ passif

Total 3.326.822 1.501.096 4.571.097 2.189.764 6.009.059 2.794.262

PME publiques

1.661.090 490.046 22.78

2.169.279 780.535 26.46

2.473.811 800.137 24.44

PME privées

1.156.592 667.533 36.59

1.747.295 976.984 35.86

2.754.795 1.442.680 34.37

PME étrangères

509.140 343.517 87.09

654.524 432.246 39.77

780.453 551.446 41.4

Source : Papier blanc sur les PME, Ministère du Plan et de l’Investissement, 2011

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En ce qui concerne la création des emplois, il est noté de grands changements entre les PME publiques et les PME privées pendant la période 2000-2009. En 2000, plus de 2 millions d’emplois ont été créés par les PME publiques, représentant 59% du total des emplois créés par les PME. Les PME privées ont créé plus d’un million d’emplois, soit 29.4% en 2000 alors que les PME étrangères ont fourni plus de 407 mille nouveaux emplois, soit 11.5%. En 2009, parmi près de 9 millions d’emplois créés, les PME publiques fournissaient seulement plus 1.7 millions, doit 19.50% ; les PME privées ont offert plus de 5.2 millions d’emplois, soit 59% et les PME étrangères ont créé près de 2 millions d’emplois, soit 21.5%. Avec les PME étrangères, les PME privées vietnamiennes contribuent activement à engager des ressources humaines qui perdent leur emploi dans des entreprises publiques et des organisations publiques. Entre 2000 et 2010, environ 5.6 millions nouveaux emplois ont été créés par les PME privées vietnamiennes, 1.5 millions emplois créés par les PME étrangères alors que les entreprises publiques licencient environ 300 mille employés.

Les PME contribuent également à améliorer le revenu moyen des employés. Le salaire moyen offert par les PME privées vietnamiennes a augmenté de 8 millions de VND par an à 33 millions de VND par an, ce qui a permis de réduire la distance de salaire entre les PME privées vietnamiennes et les PME étrangères. Le salaire moyen offert par les PME étrangères est 34 millions de VND par an, contre 20 millions en 2000. Selon le rapport de l’Organisation internationale du travail (ILO) sur le salaire du globe 2012/2013, le salaire nominal augmente en moyenne 26.8% par an entre 2006-2010, ce taux est trois fois plus élevé que le taux de croissance du rendement de la force de travail.

La rentabilité des capitaux propres (ROE : résultat net/capitaux propres) des PME reflète des difficultés communes des entreprises au Vietnam face à la crise économique. En 2007, ce taux était de 2.57% et a diminué à 1.87% en 2009. La rentabilité commerciale (résultat net/chiffre d’affaires) des PME est assez faible avec le taux de 2.79% en 2007, 1.23% en 2008 et 2.34% en 2009.

Entre 2007 et 2009, les PME ont apporté une contribution importante au budget d’Etat. La proportion des taxes et d’autres payables des PME au budget d’Etat a progressivement augmenté de 26.57% en 2007 à 27% en 2008 et 30.9% en 2009. Cependant, la proportion des taxes et d’autres payables sur le revenu total des PME reste encore limitée avec 3.48% en 2007, 3.04% en 2008 et 3.32 en 2009.

3.3.Contributions essentielles des PME au développement économique du Vietnam

Après près de 30 ans de rénovation économique, le Vietnam a connu des transformations importantes : le taux de croissance moyen du PIB tourne autour de 7% par an, le revenu moyen par habitant atteint 1540 USD en 2012 par rapport au niveau 114 USD en 1991 (GSO, 2013). Ces résultats positifs sont dus en grande partie aux contributions des PME vietnamiennes.

Position importante des PME dans la structure générale des agents économiques : jusqu’en avril 2012, le Vietnam compte 317.562 PME qui sont essentiellement privées. Les PME représentent 97.62% du total des entreprises au Vietnam.

Mobilisation des capitaux de la population : seulement 30% des PME au Vietnam peuvent accéder aux crédits bancaires (GSO, 2013). La majorité des PME se débrouillent pour mobiliser d’autres sources de capital de la population pour développer ses activités, ce qui permet de rentabiliser le capital de la population qui n’entre pas dans le circuit du système bancaire vietnamien.

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Grandes contributions à la croissance économique et sociale : Ces PME mobilisent 50% de la population active, contribuent plus de 47% au PIB total, 30% à la valeur des productions industrielles, 80% à la vente au détail, 64% au total des marchandises transportées. Si ce nombre de PME inclut également 133.000 coopératives, fermes et environ 3 millions de foyers d’affaires, il contribue plus de 60% au PIB total. Les PME créent près d’un million de nouveaux emplois par an (GSO, 2013). Elles contribuent activement à la résolution du chômage et au processus de transformation du secteur agricole par l’attrait des ressources humaines rurales aux activités de production et de services.

4. Système juridique sur la gouvernance d’entreprise des PME au Vietnam

Cette partie fera le point sur des politiques juridiques importantes que les PME vietnamiennes doivent respecter. Particulièrement, le cadre juridique sur la gouvernance d’entreprise sera analysé afin de relever des avantages et inconvénients dans la mise en application des normes de gouvernance d’entreprise au sein des PME au Vietnam.

Les PME au Vietnam sont soumises à un ensemble de documents juridiques assez complets : loi d’entreprise promulguée en 1999 et ajustée en 2005, loi boursière promulguée en 2006, loi sur la comptabilité et l’audit 2003, loi de faillite d’entreprise promulguée en 1993, loi sur la taxe de la valeur ajoutée, loi de revenu d’entreprise promulguée en 1999, loi du travail, loi d’encouragement des investissements internes promulguée en 1994, loi commerciale promulguée en 1997. D’autres documents juridiques sur le transfert technologique, l’assistance au développement des PME, etc. sont également complétés afin de créer des conditions favorables au développement des PME.

Concernant les réglementations sur la gouvernance d’entreprise, la loi d’entreprise du Vietnam 2005, la loi boursière 2006 et un ensemble de documents juridiques accompagnés ont constitué un cadre juridique assez complet et répondant aux standards internationaux (CIEM, 2008).

La Commission d’Etat des opérations boursières (SSC), fondée en 1996, prend la mission de diriger et de contrôler les activités boursières à travers ses bourses à Hochiminh Ville et à Hanoi. A partir de 2011, SSC a renforcé son contrôle auprès des sociétés cotées et informe au grand public des cas de sociétés qui violent les réglementations juridiques. La circulaire 9/2010 en vigueur depuis début 2010 a stipulé des réglementations plus strictes sur la transparence d’information. Le contenu de cette circulaire permet de renforcer le contrôle auprès des sociétés cotées pour assurer une bonne gouvernance d’entreprise. Le Décret 58/2012/ND-CP promulgué en 2012 donne des réglementations plus strictes en termes de capital légal et des indicateurs financiers, sur les conditions de cotation à la bourse.

Les nouvelles réglementations sur la gouvernance d’entreprise promulguées en 2012 (Décret 58/2012/ND-CP ; Circulaire 52/2012 et d’autres documents juridiques accompagnants) donnent une stipulation plus stricte et claire sur le concept des membres du conseil d’administration « non participatifs au management » et celui des membres du conseil d’administration (CA) « indépendants ». L’étude sur le score de gouvernance d’entreprise menée en 2012 par la SSC a montré que les sociétés qui ont le taux des membres du CA indépendants plus élevé possèdent un meilleur mécanisme de gouvernance d’entreprise (SSC, Banque Mondiale, 2012).

Il reste, cependant, certaines faiblesses en comparaison avec de bonnes pratiques de gouvernance d’entreprise internationales (IFC, 2012 ; CIEM, 2008). Selon IFC (2012) et

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CIEM (2008), les réglementations sur le mode de fonctionnement du conseil d’administration et du service de contrôle n’assurent pas encore l’indépendance et le professionnalisme. Le mécanisme de contrôle de la transparence d’information et de la qualité des informations communiquées des sociétés cotées n’est pas encore performant. Différents d’autres économies où les standards de comptabilité et d’audit qui sont souvent prescrits par les associations professionnelles des comptables et auditeurs, les standards de comptabilité et d’audit vietnamiens sont promulgués par le ministère des finances (MOF). Relativement dépendant du MOF, l’Association vietnamienne des Comptables (VAA) et l’Association vietnamienne des comptables publics certifiés (ACPA) jouent un faible rôle dans l’administration des standards de comptabilité et d’audit. Le système comptable vietnamien actuel ne répond pas aux standards internationaux sur les rapports comptables et financiers ; ce qui ne permet pas de promouvoir la bonne pratique de gouvernance d’entreprise (Le Minh Toan, 2008).

5. Spécificités de la gouvernance d’entreprise des PME au Vietnam

Dans le domaine académique, très peu de recherches locales et internationales abordent la gouvernance d’entreprise des PME dans le contexte du Vietnam. La majorité des recherches sur la gouvernance d’entreprise se concentrent aux grandes entreprises au Vietnam. La recherche de Freeman, Nick & Nguyen Van, Lan (2006) a creusé les aspects de gouvernance d’entreprise de 85 grandes sociétés vietnamiennes cotées. Le Minh, Toan et Walker G. (2008) ont approfondi les questions juridiques de gouvernance d’entreprise pour les sociétés cotées. Les recherches « Scorecard de la gouvernance d’entreprise » conduites par la SSC et l’IFC depuis 2010 évaluent le respect de bonnes pratiques de gouvernance d’entreprise des 100 plus grandes sociétés cotées vietnamiennes. Puisque ces recherches influencent grandement la Bourse de Hanoi dans son programme d’évaluation des pratiques de gouvernance de toutes les sociétés cotées au Vietnam, certains éléments clés de ces recherches seront synthétisés ci-dessous.

Lancé depuis 2010, le programme de recherche de SSC et d’IFC permet d’évaluer la situation de gouvernance de 100 sociétés leaders cotées sur les deux marchés boursiers de Hanoi et Hochiminh ville. Ces sociétés cotées représentent plus de 80% de la valeur totale de capitalisation boursière. Parmi 100 sociétés choisies, 25 sont les plus grandes avec la capitalisation boursière entre 2.670 et 48.104 milliards de VND. Les informations fournies par ce programme de recherche contribuent à mieux sensibiliser les sociétés vietnamiennes sur l’importance d’une bonne pratique de gouvernance d’entreprise dans l’environnement concurrentiel et aident les organisations administratives à mener des ajustements nécessaires sur le système juridique et d’assistance dans la mise en place de la gouvernance d’entreprise.

L’évaluation de la gouvernance d’entreprise des sociétés cotées se tourne autour de 5 critères correspondant aux normes stipulées par l’OCDE : droit des actionnaires, traitement égalitaire avec les actionnaires, rôle des parties prenantes, transparence et communication des informations, responsabilités du conseil d’administration.

Selon le dernier rapport de SSC & IFC publié en 2012, aucune société vietnamienne n’atteint le score satisfaisant, car le score moyen de gouvernance d’entreprise se situe seulement au taux de 42.5%, contre 77% de score chez les sociétés thaïlandaises, 74% chez les sociétés hongkongaises, 72% chez les sociétés philippines. Selon le standard d’une bonne pratique de gouvernance d’entreprise, le score général doit atteindre entre 65 et 74%.

Ces résultats révèlent une réalité importante : même pour les grandes sociétés vietnamiennes cotées, une bonne pratique de gouvernance d’entreprise reste à désirer. Les sociétés qui ont

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le score de gouvernance d’entreprise plus élevé obtiennent des meilleurs résultats d’affaires. La gouvernance d’entreprise des sociétés évaluées en 2011 a tendance de se détériorer par rapport à l’année 2010. Les effets de la crise économique 2007-2009 expliquent en partie cette dégradation en 2011. Les sociétés cherchent toutes à diminuer les coûts pour survivre et ne font guère attention à la mise à jour des informations sur la situation financière, les conditions de travail des ressources humaines, l’environnement de travail, etc.

Selon ce rapport, il est particulièrement noté que les nouvelles 22 sociétés cotées à la bourse du Vietnam atteignaient seulement le score de gouvernance d’entreprise de 38.7%, soit au-dessous du score moyen de 42.5% des 100 sociétés cotées situées dans l’échantillon. Le rapport d’ACGAS-CLSA en 2012 montre également que la baisse de qualité de contrôle sur la gouvernance d’entreprise est notée dans d’autres pays asiatiques (SSC,IFC, 2012).

Les recherches menées par la Bourse de Hanoi (HNX) sur la gouvernance des sociétés cotées (2012), par le ministère des investissements et du plan du Vietnam sur la situation des PME au Vietnam (2011), par l’Institut Central de Recherche (CIEM) sur la gouvernance de 123 PME (2008) et sur les caractéristiques de 2449 PME (2011), et la recherche de Nguyen Truong Son (2010) sur la gouvernance d’entreprise de 400 PME sont considérée comme les rares recherches analysant les caractéristiques des PME vietnamiennes et leur gouvernance d’entreprise.

La recherche la plus récente de HNX auprès de 378 sociétés cotées publiée en août 2013 a permis de mesurer la qualité des pratiques de gouvernance d’entreprise de toutes sociétés cotées. C’est la première fois que cette organisation administrative effectue un programme d’évaluation de grande envergure. Avant HNX, l’IFC était l’unique organisation indépendante qui a mené pendant trois ans, le programme d’évaluation de la gouvernance d’entreprise des sociétés cotées au Vietnam. Cependant, l’IFC n’évaluait que 100 sociétés cotées ayant la capitalisation boursière la plus importante. Le point distinctif du nouveau programme d’évaluation de HNX, c’est qu’il a évalué le score de gouvernance de toutes les sociétés cotées quelque soit la taille. HNX a attentivement consulté la méthodologie menée par l’IFC ainsi que les expériences des pays voisins afin de développer une base de recherche tournant autour de quatre contenus principaux suivants :

- l’équité représentée par la protection des droits des actionnaires et par le traitement d’égalité envers tous les actionnaires ;

- la responsabilité interprétée par la reconnaissance des sociétés cotées sur les droits des parties concernées selon les réglementations juridiques ;

- la responsabilité de contrôle et de communication du conseil d’administration sur l’orientation stratégique de la société cotée auprès des actionnaires ;

- la transparence d’information sur la situation financière, les résultats, la propriété, la structure de contrôle.

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Tableau 10: Résultats d’évaluation de la gouvernance d’entreprise des sociétés selon la capitalisation boursière

Groupes de capitalisation

boursière

Sociétés classées au groupe 1

Sociétés classées au groupe 2

Sociétés classées au groupe 3

Sociétés classées au groupe 4

< 30 milliards VND

13 21 37 56

30-80 milliards 24 33 41 23 80–100 milliards 7 6 4 5 >100 milliards 51 35 13 9 Source : HNX, août 2013

51 grandes sociétés ont été classées au meilleur groupe pratiquant les bons principes de gouvernance, représentant donc 53.7% du total des meilleures sociétés. Les résultats d’enquête de HNX ont montré une corrélation positive entre la taille des sociétés cotées et le respect des pratiques de gouvernance. Il est remarqué que le groupe des sociétés ayant la capitalisation boursière moins de 80 milliards de VND représente 85% des sociétés situées au dernier classement de gouvernance (groupe 4). Les sociétés en taille moyenne et petite restent donc loin des normes standards de gouvernance d’entreprise.

La recherche de Nguyen Truong Son a permis de mesurer le niveau d’application des normes sur la gouvernance d’entreprise réglementées par la loi d’entreprise de 2005 au sein des 400 PME. La recherche a recueilli l’évaluation des actionnaires, des membres du conseil d’administration et des dirigeants sur l’échelle Likert de cinq points. Selon cet auteur, la bonne gouvernance d’entreprise apporte beaucoup d’avantages aux entreprises. Cependant, elle n’est pas encore considérée, dans la pratique, comme importante par les entreprises vietnamiennes. Les résultats de sa recherche ont montré que 95.6% de 400 PME enquêtées ne respectaient pas correctement les réglementations sur la gouvernance d’entreprise.

Tableau 11 : Evaluer la situation de la gouvernance d’entreprise auprès de 400 PME

Normes Score 1. Cadre juridique de la gouvernance d’entreprise 2.3 2. Droit des actionnaires 2.8 3. Equité avec les actionnaires 2 4. Rôle des partenaires ayant des bénéfices concernés 2.5 5. Transparence 2.5 6. Responsabilités des membres du Conseil d’administration 2.67 7. Evaluation générale sur le respect de la gouvernance

d’entreprise 2.47

Source : Nguyen Truong Son, 2010.

Ces résultats de Nguyen Truong Son ont montré que les PME restaient faibles en tous les aspects de mesure de la gouvernance d’entreprise.

Le rapport effectué par CIEM en 2008, a apporté des informations détaillées sur la situation des pratiques de gouvernance d’entreprise au sein de 123 sociétés d’action de petite et moyenne taille au Vietnam. Dans cet échantillon, 50.41% ont le capital légal moins de 5 milliards de VND ; 17.36% ayant le capital légal entre 5 et 10 milliards ; 32.23% ayant le

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capital légal entre 11 et 50 milliards de dong. Cette enquête a révélé de nombreux problèmes en gouvernance d’entreprise.

Le rapport effectué par le Ministère du Plan et des Investissements en 2011 sur l’ensemble des PME ainsi que le rapport mené par CIEM en 2011 sur les caractéristiques de 2449 PME ont contribué à mesurer la performance des PME sur plusieurs aspects. Les analyses de ces rapports sur la structure de propriété des PME et sur la performance des dirigeants ont fourni des éléments importants pour éclairer les spécificités de la gouvernance d’entreprise des PME vietnamiennes.

Les résultats principaux de toutes ces cinq recherches essentielles ci-dessus sur les PME seront synthétisés dans les parties suivantes.

5.1. Pouvoir concentré aux actionnaires majoritaires

Les droits des actionnaires sont, à priori, respectés conformément aux règlementations juridiques. Ils couvrent comme droits de participation aux réunions des actionnaires, de vote des membres du conseil d’administration, de vente des actions, de partage des dividendes, d’interrogation sur tous les aspects de management de la société, etc. Mais selon la recherche de Nguyen Truong Son (2010), il reste rare de voir la participation active des actionnaires aux votes des décisions importantes (émission de nouvelles actions, ajustement des activités de la société, etc.). Selon la recherche de CIEM (2008), seulement 8% de 123 sociétés d’action enquêtées ont intégré des idées d’ajustement des actionnaires dans la décision de la réunion périodique des actionnaires. Cette situation a révélé la faible influence des actionnaires, notamment celle des actionnaires minoritaires sur les décisions préparées à l’avance du Conseil d’Administration (CA). La loi d’entreprise du Vietnam stipule certaines mesures de protection des actionnaires minoritaires comme le droit d’achat prioritaire des actions lorsque la société souhaite augmenter le capital. La majorité des sociétés cotées impliquent également la procédure de résolution des conflits dans leur règlement. Cependant, il est très rare de voir les sociétés mobiliser l’arbitraire pour résoudre des problèmes de conflit sur la gouvernance d’entreprise (Banh Quoc Tuan & al., 2012).

Le pouvoir reste concentré aux mains des actionnaires majoritaires. Ces derniers prennent souvent plusieurs rôles en même temps: président du conseil d’administration, membre de la direction ; ce qui empêche la fonction de surveillance et de maintenance d’une équité de pouvoir entre différents partenaires. Dans la recherche sur les règlementations juridiques protégeant les actionnaires minoritaires, Bach Quoc Tuan et Le Huu Linh (2012) ont cité plusieurs cas de sociétés d’action où les actionnaires majoritaires abusent de leur pouvoir pour nommer leurs représentants au CA, ou profiter le droit d’achat prioritaire des actions, ou mobiliser les biens de la société pour leur propre compte. Cette situation s’explique par le fait que la loi d’entreprise 2005 ne stipule pas des règlementations juridiques claires et rationnelles en faveur des actionnaires minoritaires. Par exemple, la loi d’entreprise 2005 ne fournit pas une définition concrète sur la notion “actionnaire minoritaire”; l’article 79 de cette loi stipule que les actionnaires qui détiennent au moins 10% du total des actions auront le droit de demander la réunion des actionnaires, de proposer des membres au CA et/ou au service de contrôle. Or, selon les bonnes pratiques de gouvernance d’entreprise internationales, le bon seuil permettant aux actionnaires de proposer des membres votés au CA tourne entre 3 et 5% (IFC, 2012).

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5.2.Conseil d’Administration : manque de compatibilité entre son pouvoir suprême son niveau de compétence

Un des éléments clés de la gouvernance d’entreprise, c’est de former un conseil d’administration (CA) compétent. Selon le standard international, le CA joue le rôle primordial avec la mission d’orienter la stratégie et de contrôler la performance de l’organisation. Au Vietnam, selon la loi d’entreprise 2005, la mission et les responsabilités du CA se concentrent aux orientations stratégiques, à la structure du capital, aux ressources humaines clés, au contrôle de la direction et de la performance de la société.

L’enquête menée par CIEM (2008) auprès de 123 sociétés d’action a montré que 62% des sociétés ont 5 membres dans le CA, 21% ayant 3 membres. Dans la majorité des cas (75%), le Président du CA assument en même temps la position de directeur ou directeur général car il détient la part de propriété la plus importante ou représente les actionnaires majoritaires.

La régulation autorise un effectif de 3 à 11 membres dans le CA. Selon la récente recherche de Vo Duc & Phan Thuy (2013), la taille du CA trop importante réduit la performance de la société ; la présence des femmes dans le CA, la propriété des membres du CA ainsi qu’une rémunération compétitive aux membres du CA contribuent positivement à la performance de la société cotée.

Les résultats de recherche de Nguyen Truong Son (2010) ont montré que 95% des directeurs de 400 PME assument à la fois membres du conseil d’administration ; chez les sociétés publiques, plus de 60% prennent la position du président du conseil d’administration en même temps avec la position de directeur général ou directeur général adjoint ; pour les sociétés privées, 94% des directeurs sont propriétaires et gèrent leurs entreprises en forme « famille », c’est-à-dire, tout seul ou avec certains membres de la famille. Cette caractéristique permet de réduire les coûts de contrôle entre les actionnaires et la direction de la société, mais elle peut entraîner un manque de contrôle strict des actionnaires minoritaires et/ou des actionnaires publiques. Par ailleurs, le manque de distinction entre le rôle du conseil d’administration et celui de la direction risque de causer des abus de pouvoir, des visions à court terme.

Assumant une double fonction de président du CA et de directeur général (ou directeur), les propriétaires des PME se situent limités en termes de temps et de compétences pour bien diriger leur société (Nguyen Truong Son, 2010 ; CIEM, 2008). La recherche menée par le Ministère du Plan et des Investissements sur 2449 PME en 2012 a étudié l’impact du niveau d’éducation, des expériences acquises et du sexe des dirigeants des PME sur la performance de l’organisation. Elle a montré une évolution positive du niveau d’éducation des propriétaires/dirigeants ayant le baccalauréat avec le taux de 60.5% en 2011 contre 58% en 2009. Selon les résultats de cette recherche, les PME dirigées par les propriétaires ou dirigeants qui ont le niveau d’éducation plus élevé connaissent un taux de croissance plus positif et existent plus longtemps. Cependant, seulement 23% des propriétaires/dirigeants pensent comprendre les principes essentiels de management d’entreprise et ne sentent pas confidents en leurs compétences. Cette faiblesse a été notée dans la recherche de Pham Quang Trung sur la compétitivité des PME (2008). Cette recherche a mesuré que la compétence des propriétaires/dirigeants des PME vietnamiennes si situait seulement au score de 3.85 sur l’échelle d’évaluation de 5 points.

La Circulaire 121/2012/TT-BTC promulgué en juillet 2012 et en vigueur depuis septembre 2012 a donné une stipulation plus stricte sur la composition des membres du CA : au moins un tiers des membres du CA doivent être les membres indépendants. La Circulaire fournit

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une définition détaillée sur la notion « membre indépendant du CA » : Le membre indépendant ne doit pas être impliqué au management de la société, ni avoir lien de parenté avec les autres membres du CA et les membres de la direction, ni appartenir à la direction des sociétés filiales, ni jouer le rôle de l’actionnaire majoritaire ou du représentant des actionnaires majoritaires. L’objectif consiste à mieux assurer l’équilibre de pouvoir et la transparence d’information entre le CA et les actionnaires. Cependant, mêmes les grandes sociétés cotées ont du mal à satisfaire cette réglementation (IFC, 2012). La SSC a récemment déposé au ministère des finances la demande de report d’appliquer cette réglementation.

5.3.Faible contrôle indépendant

Selon la loi d’entreprise 2005, le service de contrôle doit comprendre les cadres indépendants qui prennent la responsabilité de contrôler le respect des procédures et réglementations, de superviser directement le CA et la direction au sein de la société d’action afin d’éviter des problèmes d’abus. Les membres du service de contrôle doivent être nommés par les actionnaires lors de la réunion des actionnaires. En réalité, ils sont souvent nommés par les membres du CA ; la majorité (72%) sont des employés de la société et assument plusieurs tâches en même temps (CIEM, 2008). L’indépendance dans leur contrôle semble difficile à être achevée. Ces contrôleurs jouent donc seulement le rôle formel sur papier et ne contribuent pas activement à assurer une bonne qualité de contrôle de performance de l’organisation (Nguyen Truong Son, 2010).

5.4. Manque de transparence d’information

La transparence d’information et les responsabilités du CA sont considérées comme les deux domaines les plus importants pour assurer une bonne pratique de gouvernance d’entreprise. La récente évaluation de la Bourse de Hanoi –HNX auprès de 378 sociétés cotées en 2013 a montré que plus les sociétés sont grandes en termes de taille, mieux elles pratiquent les principes de gouvernance. Pour les sociétés de moyenne et petite tailles, les actionnaires ont toujours du mal à recevoir des informations complètes, de bonne qualité et à temps sur la situation d’entreprise. Cette faiblesse empêche les actionnaires et investisseurs à évaluer correctement la valeur actuelle et future de leur entreprise.

Bien que la Circulaire 121/2012/TT-BTC stipule des réglementations plus strictes sur la diffusion et la transparence d’information des sociétés cotées, seulement 18% des sociétés cotées publient sur leurs page d’internet leur règlement de gouvernance interne ; 3% des sociétés cotées ont des informations publiées en anglais, mais de façon fragmentée (HNX, 2013). Il manque des normes standards stipulant la diffusion d’information. De plus, les activités d’audit interne et externe ne sont pas accentuées. Le contrôle de la qualité des rapports financiers et d’autres informations fournis par les sociétés cotées et particulièrement par les sociétés non cotées n’est pas encore strict. Les organisations administratives concernées ne favorisent pas encore l’implication d’une bonne gouvernance d’entreprise au sein des PME (HNX, 2013 ; CIEM, 2008).

La caractéristique générale des PME vietnamiennes, c’est le manque d’un système comptable rationnel et transparent (Le Minh Toan & al., 2008 ; Nguyen Truong Son, 2010). La loi de comptabilité exige les entreprises à appliquer le système comptable vietnamien (VAS). Cependant, ce système ne répond pas aux normes d’informations financières internationales (IFRS) de l’IASB. Les fonctions comptables exercées par les PME sont surtout servies pour faire face aux contrôles des services d’impôt. Le contrôle des activités comptables, des documents légitimes des transactions commerciales reste faible (CIEM, 2008).

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En résumé, une faible gouvernance d’entreprise est la situation générale observée au sein des PME au Vietnam : le manque de distinction des droits et responsabilités entre le conseil d’administration, la direction et le service de contrôle ; la vision à court terme ; le manque de transparence d’information sur la situation de l’entreprise ; tous ces éléments sont considérés comme barrières au développement des PME au Vietnam.

Avec ces limites, comment les PME évolueront-elles en termes de gouvernance d’entreprise dans l’avenir ? Que l’Etat et ses organisations administratives concernées pourront-ils faire afin d’assister les PME à surmonter des difficultés de la conjoncture économique après la crise et à améliorer sa performance ? Ces questions seront éclaircies dans la partie suivante.

6. Support de l’Etat pour le développement des PME et Perspectives des PME dans l’avenir

D’autres politiques de l’Etat en faveur du développement des PME et de l’application rigoureuse et efficace de la gouvernance d’entreprise sont récapitulées dans cette partie. Cette synthèse se servira comme base pour projeter l’évolution des PME et les perspectives de renforcement de la gouvernance d’entreprise dans l’avenir.

6.1. Support de l’Etat

La transformation de l’économie planifiée à l’économie du marché demande à l’Etat de remplacer progressivement son intervention directe aux activités de production et de commercialisation par des mesures indirectes plus appropriées. Selon le programme de conception de la loi en 2012, il y aura plusieurs changements juridiques influençant les PME :

- La loi de contrôle des prix : elle est en cours de conception pour créer un sain et transparent environnement de compétition pour les entreprises. Elle contribuera à persuader la communauté internationale à reconnaitre le mécanisme d’économie du marché du Vietnam.

- Les amendements de la loi d’imposition : qui consistent à réformer les procédures administratives en faveur du développement des entreprises. Les amendements concentreront sur le régime d’imposition sur les sous-traitants afin d’assurer l’équité entre les payants d’impôt.

- Loi sur les coopératives : l’objectif consiste à créer des conditions favorables au développement des coopératives, des foyers d’affaires et des PME.

- Amendements de la loi d’imposition sur le revenu corporel : qui cherchent à contrôler les nouvelles formes d’activités économiques et à rendre compatibles avec les pratiques internationales. Les niveaux d’imposition seront ajustés rationnellement afin d’encourager les individus à faire le business.

- Amendements de la loi d’imposition sur le revenu individuel : qui vont compléter les méthodes de calcul appropriées aux pratiques internationales afin d’assurer l’équité entre les individus et les entreprises dans l’achèvement de leurs devoirs (MPI, 2012).

Concernant le cadre juridique de la gouvernance d’entreprise, l’Etat a promulgué plusieurs lois et documents juridiques accompagnant pour renforcer la gouvernance au sein des sociétés vietnamiennes (voir partie 4 de cet article). En 2010, la loi des organisations de crédit a été adoptée. Après la promulgation de la Circulaire 09/2010, la nouvelle Circulaire 52/2012 stipulant la diffusion de l’information et le Code de gouvernance d’entreprise ont été adoptés en avril et en juillet 2012. Tous ces documents juridiques exigent les entreprises à mieux préparer leur gouvernance pour répondre aux standards internationaux. Ils sont continuellement revus et ajustés par les organismes administratifs concernés de l’Etat à

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travers les recommandations des experts internationaux et nationaux dans ce domaine (MPI, 2012). 6.2. Perspectives des PME dans l’avenir Les opportunités et défis où vivront les PME dans l’avenir, ont des caractéristiques suivantes :

- Dans le contexte du Vietnam : le pays a obtenu le statut du pays ayant le revenu moyen grâce aux succès économiques. Les efforts du gouvernement vietnamien dans les réformes administratives ont créé des conditions favorables aux entreprises. Mais certaines faiblesses risquent de rendre le développement des PME plus difficile : pauvres infrastructures, faibles compétences des ressources humaines, politiques macro-économiques inadéquates (les taux d’intérêt et l’inflation trop élevés, le déficit budgétaire, la discrimination des formes d’entreprise pour l’accès au capital, etc.)

- Dans le contexte international : l’économie mondiale commence à reprendre après la crise. Le rôle des pays émergents (BRIC) est devenu progressivement important. Mais les fluctuations imprévues sur le prix des matières premières et de l’énergie rendent l’économie vietnamienne difficile (MPI, 2012 ; CIEM, 2011).

Pour exister et développer dans ce contexte économique, les PME ont besoin des supports importants de l’Etat. Elles doivent rénover leur système de gouvernance pour augmenter leur compétitivité. Le nombre des PME continuerait à se multiplier, mais le capital enregistré pourrait ne pas changer. L’intégration à l’économie mondiale pousse les PME à renforcer leur réseau de connexion entre elles afin de créer plus de valeur ajoutée. La restructuration de l’économie nationale exige les PME à renforcer leurs compétences pour un développement durable. Les ressources de capital offertes aux PME seront plus diversifiées. La coopération entre les PME publiques et privées permettra aux PME de mieux s’intégrer aux grands projets publics (MPI, 2012 ; CIEM, 2011).

7. Conclusion Avec le développement économique rapide et l’évolution croissante des sociétés cotées à la bourse, la gouvernance d’entreprise est progressivement renforcée par le cadre juridique du Vietnam et joue un rôle important pour améliorer la compétitive des entreprises vietnamiennes. Cependant, la réalité de la pratique des bons principes de gouvernance au sein des PME vietnamiennes reste loin à atteindre les standards internationaux. Cette situation n’est pas non plus optimiste même pour les plus grandes sociétés cotées (IFC, 2012). Cet article a synthétisé les résultats de recherche locaux et internationaux sur la gouvernance d’entreprise des PME vietnamiennes. Une telle synthèse, accompagnée par des analyses critiques, n’a jamais été effectuée par les autres chercheurs. Elle permet de mieux comprendre les caractéristiques des PME vietnamiennes et les spécificités de leur gouvernance d’entreprise. Les résultats des recherches existantes contribuent activement à assister les organisations administratives publiques du Vietnam dans leur processus d’amélioration du cadre juridique et de l’implication de bonnes pratiques de gouvernance au sein des entreprises vietnamiennes. Il sera intéressant de développer, dans l’avenir, plus de recherches approfondies sur la gouvernance d’entreprise des différents groupes de PME : PME privées, PME publiques,

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PME étrangères ; petites entreprises, moyennes entreprises et grandes entreprises afin de proposer des approches de gouvernance les plus appropriées et efficaces aux caractéristiques de chaque catégorie d’entreprise. Comment augmenter la conscience sur l’importance de la gouvernance ? Comment maitriser les méthodes et techniques d’implication de bonnes pratiques de gouvernance au sein de l’organisation, ces questions ne peuvent pas être répondues par les PME elles-mêmes. Celles-ci devront bénéficier du support important de l’Etat, de ses organisations de tutelle concernées et des organisations internationales pour se développer et perfectionner progressivement leur mécanisme de gouvernance.

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