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Article original
Decouverte d’un site chasseen a Champ-Chalatras
(les Martres d’Artiere, Puy-de-Dome, France)
Discovery of a Chasseen site at Champ-Chalatras
(les Martres d’Artiere, Puy-de-Dome, France)
Jean-Francois Pasty a,*, Frederic Jallet b, Christophe Griggo c,Manon Cabanis d, Philippe Alix e, Christele Ballut f, Rene Murat g
avec la collaboration de Christine Heinzh
a INRAP, Direction interregionale Rhone-Alpes/Auvergne, UMR 6636 du CNRS, ESEP, 13b,
rue Pierre-Boulanger, 63100 Clermont-Ferrand, Franceb INRAP, Direction interregionale Rhone-Alpes/Auvergne, UMR 8555 du CNRS,
centre d’anthropologie de Toulouse, 12, rue Maggiorini, 69500 Bron, Francec UMR 6636 du CNRS, ESEP, institut Dolomieu, 15, rue Maurice-Gignoux, 38031 Grenoble, France
d Centre d’anthropologie, UMR 8555, 39, allee Jules-Guesde, 31000 Toulouse, Francee INRAP, Direction interregionale Rhone-Alpes/Auvergne, 12, rue Maggiorini, 69500 Bron, France
f UMR 6042, 4, rue Ledru, 63057 Clermont-Ferrand, Franceg INRAP, Direction interregionale Rhone-Alpes/Auvergne, 13b, rue Pierre-Boulanger,
63100 Clermont-Ferrand, Franceh Laboratoire de paleoenvironnement, UMR 5059, institut de botanique,
163, rue Auguste-Broussonnet, 34042 Montpellier, France
Disponible sur Internet le 20 fevrier 2007
Resume
Une operation d’archeologie preventive realisee au lieu-dit Champ-Chalatras a permis de
mettre au jour les temoins d’une occupation du Neolithique moyen II. Ils sont presents dans deux
zones qui ont livre une quinzaine de structures (en creux pour la plupart), associees a des niveaux
de sols. L’etude de la ceramique a porte sur un corpus largement marque par les influences meridionales
et orientales et permet d’attribuer le cortege des recipients de Champ-Chalatras a une phase elaboree du
Neolithique moyen. Les donnees fournies par l’etude archeozoologique, a partir des vestiges recueillis
dans plusieurs structures, montrent que l’essentiel de l’alimentation carnee est d’origine domestique.
La part de la faune sauvage est marginale et semble venir en complement de la premiere. La
http://france.elsevier.com/direct/ANTHRO/
L’anthropologie 112 (2008) 598–640
* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : jpasty@9online.fr (J.-F. Pasty).
0003-5521/$ – see front matter # 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.
doi:10.1016/j.anthro.2007.01.001
presence de cereales et de materiel de mouture associes a une faune domestique diversifiee apporte des
elements nouveaux concernant le mode d’occupation des bords de l’Allier durant le Neolithique moyen.
# 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.
Abstract
A preventive archaeological operation carried out at Champ-Chalatras locality revealed evidences of a
Middle Neolithique II occupation. They are located in two areas that revealed about 15 structures (hollow
ones for the most), associated to ground levels. The study of ceramics showed a corpus widely marked by the
meridional and oriental (southern and eastern) influences and allow to attribute the lot of containers of
Champ-Chalatras to an elaborated phase of the Middle Neolithique. The data provided by the arche-
ozoological study, from the vestiges gathered in several structures, show that most of the meat diet is based
on a domestic origin. Most of the wild fauna is marginal and seems to come in complement to the former.
The presence of cereal and milling devices associated with a diversified domestic fauna reveal new elements
concerning the occupation mode of the banks of the Allier during the Middle Neolithique.
# 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.
Mots cles : Auvergne ; Chasseen ; Faune ; Lithique ; Ceramique
Keywords: Auvergne; Chasseen; Fauna; Lithic; Ceramic
1. Presentation generale
1.1. Cadre geographique et geologique
Le gisement se situe dans la plaine de la Limagne, sur la rive gauche de l’Allier, a une altitude
moyenne de 308 m, a un peu plus d’un kilometre au sud-est du village des Martres d’Artiere
(Figs. 1 et 2). Il est implante sur une des nappes alluviales appartenant aux basses terrasses de
l’Allier (Fx) « constituees de sables, graviers et galets heterometriques issues de roches du socle
et des roches volcaniques » (Jeambrun et al., 1976). La nappe alluviale qui constitue la terrasse se
serait mise en place entre 30 000 et 15 000 BP environ (Derruau, 1949a, 1949b ; Gachon, 1963).
Ces depots sont epais de 20–28 m vers les Martres d’Artiere et reposent sur un substrat oligocene
marneux impermeable.
1.2. Historique des recherches
La future exploitation en carriere a suscite une premiere fouille d’evaluation archeologique en
2000, sur une superficie de 25 ha (Chuniaud, 2000). Cette operation a permis de mettre au jour de
nombreux vestiges dont les plus significatifs se rapportent a l’Epipaleolithique, au Neolithique
moyen et a la periode gallo-romaine. Le gisement Epipaleolithique de Champ-Chalatras a fait
l’objet d’une fouille de sauvetage en 2001 (Pasty et al., 2002), de meme que la necropole gallo-
romaine situee au lieu-dit Les Quaires (Rebiscoul et al., 2001). L’emprise d’un site gallo-romain,
deja connu grace aux photographies aeriennes, a ete mieux cernee lors de cette premiere
intervention. Une seconde fouille d’evaluation ne concernant qu’une partie des parcelles situees
au lieu-dit Champ-Chalatras (soit une superficie de 6 ha) a eu lieu au debut de l’annee 2002. Son
objectif etait d’affiner les donnees fournies par la premiere intervention et de mieux cerner
l’emprise geographique et stratigraphique des differentes occupations qui se sont succede dans ce
secteur. Parmi les differents temoins d’installations humaines mis au jour, ceux du Neolithique
J.-F. Pasty et al. / L’anthropologie 112 (2008) 598–640 599
moyen sont les plus homogenes et les mieux documentes. Ils sont repartis dans deux zones
(Fig. 2) et devraient faire l’objet d’une fouille.
2. Cadre stratigraphique general
Le releve des differentes formations sedimentaires rencontrees dans chacun des sondages
nous a permis de dresser le cadre stratigraphique general de la zone etudiee. Les formations
observees sont les suivantes :
� un niveau limoneux brun fonce, epais de 30–40 cm, correspondant a la terre arable ;
� un niveau limono-sableux brun clair, d’epaisseur variable selon la zone, passant
progressivement a un niveau sablo-limoneux brun clair, egalement d’epaisseur variable ;
� un niveau sableux brun clair, tres epais dans la partie ouest de la zone et parfois absent ;
� la grave qui correspond au sommet de la nappe alluviale (formation Fx).
Les differents vestiges rattaches au Neolithique moyen se situent dans le niveau limono-
sableux brun clair.
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Fig. 1. Localisation du site de Champ-Chalatras en region Auvergne.
Fig. 1. Localisation of Champ-Chalatras in Auvergne.
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Fig. 2. Localisation des sondages ayant livre des vestiges chasseens (en gris).
Fig. 2. Localisation of excavations with Chasseen artefacts (in grey).
Ces differents depots ayant fait l’objet d’une analyse granulometrique et calcimetrique de la
part de C. Ballut dans le cadre de l’etude du gisement epipaleolithique voisin (Pasty et al., 2002),
nous ne developperons que brievement les resultats obtenus et renvoyons le lecteur a ce travail.
La nappe de sables bruns qui est tres epaisse dans la partie ouest du secteur d’etude correspond a
des apports alluviaux qu’on peut considerer comme etant plus ou moins contemporains de la
terrasse sous-jacente. Le niveau sablo-limoneux qui surmonte les niveaux precedents atteste d’un
retrait progressif des eaux de l’Allier. Dans le sediment limono-sableux qui se met en place par la
suite, l’empreinte alluviale est plus discrete. Ces differents phenomenes et le role qu’ils ont pu
jouer dans la constitution du modele actuel du paysage sont relativement peu perceptibles. Les
actions de l’homme depuis plusieurs siecles (travaux agricoles, remembrements, etc.) ont aplani
les microreliefs de cette zone. Le releve altimetrique du sommet de la nappe alluviale fait
apparaıtre une topographie beaucoup plus accidentee que ne le laisse croire la surface du sol
actuel. Les zones les plus riches en vestiges archeologiques correspondent aux secteurs ou la
sedimentation limoneuse est la plus importante. Les portions de terrain ou la grave est peu
profonde ou affleurante n’ont livre que tres peu, voire aucun vestige.
3. L’occupation chasseenne
Le Neolithique moyen est sans conteste la periode la mieux documentee dans la zone etudiee.
Il est represente non seulement par differentes structures, mais egalement par des niveaux de sols,
ainsi que par un abondant mobilier, essentiellement ceramique.
3.1. Les lambeaux de sols et les structures
Les vestiges neolithiques sont essentiellement conserves dans deux zones qui correspondent aux
sondages 43, 44, 49, 50, 55 pour la premiere, et aux fenetres 1 et 2 pour la seconde (Figs. 2 et 3).
Dans chacun des secteurs, un sol d’occupation est conserve et a ete fouille manuellement sur
quelques metres carres. Il se caracterise par la presence de tessons de ceramique majoritairement
disposes a plat, d’elements lithiques et osseux epars, ainsi que par de petits galets entiers et des
fragments eclates au feu (Fig. 3). Le niveau d’apparition de ce sol est variable d’une zone a l’autre. Il
se situe entre 40 et 65 cm de profondeur dans la premiere et entre 80 a 90 cm dans la seconde.
Les differentes structures, en creux pour la plupart, s’ouvrent au niveau de ce sol. Sur
l’ensemble des structures, 21 sont rattachees au Neolithique moyen. L’extension des sondages
(fenetres 1 et 2) nous a permis de constater que celles-ci etaient souvent regroupees et que
certaines d’entre elles semblent temoigner d’une organisation (cf. l’etude du mobilier
ceramique). Parmi les differents types rencontres, les structures de combustion a pierres
chauffantes sont les mieux representees (n = 14). Elles sont globalement circulaires et d’un
diametre de 1,10 m en moyenne. Peu profondes, elles presentent un fond plat ou legerement
convexe et des parois plus ou moins verticales souvent rubefiees (Fig. 4). La presence de tessons
de ceramique, de fragments de meule, d’ossements d’animaux non brules et de vestiges lithiques
montre que ces structures de combustion ont ensuite ete utilisees comme depotoir une fois leur
fonction initiale remplie. Des fosses de plus grandes dimensions peuvent etre associees aux
premieres comme le montre la fenetre 1 avec les fosses F34 et F41 (Fig. 3). La presence de
graines au fond de F41, puis de nombreux fragments de ceramique et de meule dans le
remplissage montre que cette structure a servi de silo puis de fosse de rejet. Malgre la bonne
conservation du site, les structures d’habitat ne sont representees que par un seul trou de poteau
(F12) et par un empierrement en forme de U, ouvert vers l’ouest (F36) qui reste difficile a
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Fig. 3. Localisation des differentes structures au sein des fenetres 1 et 2.
Fig. 3. Localisation of different structures inside excavations 1 and 2.
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Fig. 4. 1–12 : structures a pierres chauffantes ; 13 : foyer construit a plat ; 14–17 : fosses.
Fig. 4. 1–12: structures of combustion with heat stones; 13: flat fire place; 14–17: pits.
interpreter. Signalons enfin deux structures correspondant a des foyers a plat constitues de galets
rubefies (F9 et 29).
3.2. Etude anthracologique (M. Cabanis avec la collaboration de Ch. Heinz)
Les charbons de bois analyses proviennent de plusieurs structures (F6, F11, F37 et F41),
datees du Neolithique moyen. Les donnees anthracologiques obtenues sont tres modestes
puisque nous n’avons determine que du chene a feuillage caduc. Parmi les chenes a feuilles
caduques le chene pubescent, Quercus pubescens, se detache des chenes pedoncules et sessiles,
par l’arrangement des vaisseaux dans le bois initial de chaque cerne de croissance. Celui-ci est
caracteristique en ligne discontinue, sur un a deux rangs pour le premier, sur deux a quatre rangs
pour les chenes pedoncules et sessiles. Cette observation n’ayant pu etre effectuee sur l’ensemble
des fragments de chenes, puisqu’elle necessite le bois initial, nous avons conclu a « Quercus a
feuillage caduc ».
Le site de Champ-Chalatras se situe dans un contexte ecologique et chronologique ou les series
du chene pubescent et du chene pedoncule se melent. Ainsi, deux etages de vegetation sont decrits :
� l’etage submediterraneen est compose par la serie du chene pubescent (Quercus pubescens
Willd.). L’effet de fœhn, la pluviometrie annuelle <700 mm et des reliefs exposes au soleil
offrent des conditions favorables au developpement de cette essence. Cette chenaie est souvent
reduite par l’installation de vignes et de vergers. Elle est constituee par un cortege d’especes
thermophiles comme le cerisier de Sainte-Lucie (Prunus mahaleb), le cornouiller sanguin
(Cornus sanguinea), l’erable de Montpellier (Acer monspessulanum), la garance voyageuse
(Rubia peregrina), le buis (Buxus sempervirens), le chrysantheme en corymbe (Chrysanthe-
mum corymbosum). La serie du chene pubescent est composee par un melange d’especes plus
ou moins xerophiles, les unes d’origine mediterraneenne comme le chevrefeuille (Lonicera
etrusca), l’astragale de Montpellier (Astragalus monspessulanus), les autres d’origine
atlantique, notamment l’erable champetre (Acer campestre), le charme (Carpinus betulus) et le
fragon (Ruscus aculeatus) ;
� L’etage atlantique est compose par la serie du chene pedoncule (Quercus pedunculata). Quand
les conditions oceaniques, c’est-a-dire a temperatures contrastees, sol frais et plus ou moins
acides, sont reunies, le chene pedoncule se developpe. Il augmente a l’est de la Limagne en
meme temps que la pluviometrie. Le caractere atlantique de la serie s’affaiblit de l’ouest a l’est
du Puy-de-Dome, mais un certain nombre d’especes (par exemple Ulex nanus), reparaissent a
l’Est apres une lacune correspondant au versant oriental des Monts d’Auvergne et a la Limagne
marno-calcaire et donc a l’etage submediterraneen.
3.3. Les restes osseux (C. Griggo)
Le materiel faunique recueilli dans plusieurs structures neolithiques est peu abondant.
Quarante-deux restes ont ete determines et correspondent a quatre taxons (Tableau 1). Il s’agit,
pour l’essentiel, de Mammiferes domestiques :
� le Bœuf domestique (Bos brachyceros) est le plus abondant : 80,96 % des restes determines. Il
est surtout represente par des dents isolees (Tableau 2). Dans l’ensemble, il s’agit d’animaux
adultes ou sub-adultes. Cette derniere categorie d’age est attestee par une extremite distale de
tibia juste soudee au corps de la diaphyse ;
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� l’Aurochs (Bos primigenius) n’est represente que par un fragment de molaire inferieure
(probablement M2). Cette dent, par ses fortes dimensions, ne peut pas etre rapportee au Bœuf
domestique ;
� la Chevre ou le Mouton (Ovis ou Capra) est represente par 6 restes (Tableau 1). Il s’agit d’un
fragment de mandibule, deux fragments de molaires superieures, un fragment distal d’humerus
et d’un carpien (Tableau 2). Aucun de ces restes ne permet de preciser s’il s’agit de la Chevre ou
du Mouton.
Il est toutefois important de noter que le fragment de mandibule presente des traces d’action
du feu.
� le Suide (Sus indet.) est represente seulement par un fragment anterieur de mandibule portant
encore la canine droite. Ce reste ne permet pas de differentier le Cochon du Sanglier.
Dans l’ensemble, les ossements recueillis dans les differentes structures neolithiques de
Champ-Chalatras presentent un etat de conservation relativement bon. En effet, les elements
spongieux sont bien representes. Cependant, les ossements presentent des surfaces souvent
alterees. Il peut s’agir de traces de desquamation plus ou moins poussees, de corrosions
geochimiques ou de traces de racines.
Certainement en raison de cet etat de surface relativement mediocre, aucune trace d’origine
anthropique, resultant d’un travail de boucherie, n’a ete observee. Nous rappelons ici qu’un
fragment de mandibule de Ovis-Capra est brule. Parmi les restes non determines, 38,4 % sont
egalement brules et ils proviennent tous de la fenetre 2.
En conclusion, la faune neolithique du site de Champ-Chalatras est constituee surtout de
Mammiferes domestiques. Le Bœuf domestique domine nettement. Il est associe a de la Chevre
et/ou du Mouton et un Suide. Les animaux sauvages ne sont representes que par un reste rapporte
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Tableau 1
Repartition des taxons en fonction du nombre de restes et du nombre minimum d’individus
Table 1
Taxons repartition by rests numbers and minimum number of individus
Nombre de restes determines Nombre minimum d’individus
Effectifs En pourcentage (%)
Bos brachyceros 34 80,9 2
Bos primigenius 1 2,4 1
Ovis -Capra 6 14,3 1
Sus indet. 1 2,4 1
Total 42 100 1
NID 73 – –
Tableau 2
Repartition des restes determines par taxons et par ensembles anatomiques
Table 2
Repartition of determined rests by taxons and anatomic parts
Elements Craniens Dents isolees Squelette axial Membre anterieur Membre posterieur
Bos brachyceros 1 21 2 6 4
Bos primigenius 1
Ovis -Capra 1 2 3
Sus indet. 1
a l’Aurochs. Par consequent, l’essentiel de l’alimentation carnee resultait de la pratique de
l’elevage ; la chasse ne jouant qu’un role mineur.
3.4. Etude du mobilier ceramique (F. Jallet)
3.4.1. Introduction
Suite a son analyse preliminaire dans le document final de synthese au terme de l’operation
archeologique (Pasty et al., 2002), cette serie a ete reprise dans le cadre de l’action collective de
recherche (ACR) Production et circulation des industries lithiques et ceramiques en Auvergne
dans le contexte chrono-culturel du Neolithique moyen (coordination : C. Georjon et F. Jallet,
Inrap). Dans l’ensemble, le degraissant est fin, parfois invisible, il a frequemment un aspect
sableux et presente souvent des particules brillantes de type micace (a mettre en relation avec les
sables de l’Allier ?). Il peut apparaıtre a la surface des parois qui sont systematiquement lissees et
parfois lustrees. Les couleurs sont exceptionnellement heterogenes et concernent principalement
une gamme qui s’etend de l’orange au noir.
3.4.2. Integralite de la serie ceramique
L’ensemble de la serie ceramique attribuee au Neolithique moyen provient de 41 contextes,
qu’il s’agisse de sondages ou de faits archeologiques.
Le decompte des elements attribues au Neolithique moyen (2305 tessons) montre que les
fragments indetermines representent 86 %, les bords 6 %, les cols 0,3 %, les carenes 1 %, les
prehensions 3 %. Les decors sont peu representes (0,3 %). Outre ces fragments isoles, cet
inventaire comprend 78 formes identifiees (3 % de l’ensemble) (Tableau 3).
Reduit aux contextes ayant livre des formes typologiques, le total se restreint a 26 sondages ou
faits archeologiques. Lors de cette approche, l’ensemble des fragments de disques en terre cuite a
ete retenu. Ce ne sont plus que 1970 fragments de ceramiques (determines ou non) qui sont pris
en compte ; il faut noter que les proportions relevees precedemment sont respectees (Tableau 4).
Les 26 ensembles livrent un nombre minimum de 184 individus (NMI calcule a partir du
decompte des bords ajoute aux formes identifiees). Leur repartition est tres variable : de un a 35
individus par contexte. Le rapport du NMI sur le total atteint 9,5 %. Il n’existe pas une grande
difference entre les proportions de bords indeterminees (5,5 %) et de formes (4 %) par rapport au
total (1970). Par rapport au NMI (bords + formes = 184), les categories sont bien representees
(42 %). La ventilation des types dans les categories definies laisse apparaıtre une importante
frequence du disque en terre cuite (A3) ; ces fragments sont les plus aisement identifiables au sein
d’un corpus de tessons. Les pates et le mode de confection sont caracteristiques ; ainsi, leur
nombre dans le decompte est important. Cette « sur-representation » est artificielle. Ce decompte
ne doit pas etre considere comme significatif.
En fonction de ce qui precede, pour la coherence de l’approche typologique, le total des disques
en terre cuite (A3) a ete epure. Seuls les fragments du type A3 permettant le calcul du diametre ont
ete retenus. Ainsi de 39 individus, les disques en terre cuite sont reduits au nombre minimum de huit.
Cette demarche conduit a exclure les contextes qui n’ont livre, comme forme identifiee mais
non restituable graphiquement, que des fragments de disque. Le nombre d’ensembles est ainsi
restreint a 18, au lieu de 26 (Tableau 5).
3.4.3. Les formes
La nomenclature typologique ventile les formes ceramiques en cinq categories (A, B, C, D, E)
declinees en plusieurs types (Tableau 6). Toutes les categories sont representees a Champ-
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J.-F. Pasty et al. / L’anthropologie 112 (2008) 598–640608
Tableau 3
Ensemble de la serie
Table 3
Totality of artefacts
Fragments
indetermines
Decor Col Carene Fond creux Prehension Bord Forme Total
SD05-F04 17 2 1 1 2 1 24
SD18-F08 48 1 4 3 1 57
SD20-F06 9 2 1 6 18
SD34 30 1 2 33
SD34-F09 6 1 7
SD34-F33 62 1 63
SD35 143 1 4 6 2 156
SD35-F15 12 1 2 1 16
SD35-F16 21 2 2 2 27
SD35-F17 38 2 4 6 2 52
SD35-F18 65 2 5 12 84
SD35-F42 40 2 1 5 4 52
SD36elarg 26 1 2 1 30
SD36-F35 71 2 3 2 78
SD38 22 1 23
SD39 45 1 4 5 1 56
SD39-F10 51 1 1 3 6 6 68
SD39-F11 57 1 2 7 1 68
SD40 5 1 6
SD41 30 1 31
SD43-F12 1 1
SD43-F13 96 1 1 1 3 3 2 107
SD43-F14 1 1 2
SD44-F19 20 2 2 24
SD49 5 1 1 7
SD49-F25 13 1 1 1 16
SD49-F27 27 1 28
SD49-F28 104 1 5 1 111
SD50 23 1 2 26
SD50-F29 15 1 2 18
SD50-F44 81 1 3 5 5 95
SD54 11 1 12
SD54-F34 58 1 2 9 2 72
SD54-F36 27 1 1 1 30
SD54-F41 280 3 6 9 23 11 332
SD55 66 1 2 4 1 74
SD55-F43 59 1 4 2 66
ESD42-F22 34 1 2 1 2 40
ESD51-F30 1 1
E44002 262 2 2 7 11 9 293
E45002 1 1
Total 1980 8 11 25 2 72 140 67 2305
En pourcentage (%) 85,90 0,35 0,48 1,08 0,09 3,12 6,07 2,91 100
Chalatras, sauf C (vases supports) ; mais toutes les formes de chacun d’eux ne sont pas presentes.
La description qui suit prend en compte les elements attribues au Neolithique moyen, soit 37
formes restituables, issues de structures anthropiques ou couches.
3.4.3.1. Categorie A - « coupes/plats/couvercles »
Il concerne 27 individus repartis en sept types parmi les 22 definis (Fig. 5). Les « coupes/plats/
couvercles » representent 70 % des formes restituables (Tableau 5).
3.4.3.1.1. Forme A1 - Coupe en calotte de sphere (NMI : 4). La coupe en calotte (Fig. 6(1))
ornee d’un sillon interne sous la levre est specifique du Chasseen meridional classique (Vaquer,
1975). Dans le bassin rhodanien, ces coupes a sillon caracterisent la phase recente et terminale
(Groupe C et E) (Beeching et al., 1995). Elles apparaissent lors de la phase classique, se rarefient
lors des etapes recentes pour disparaıtre dans les horizons de transition avec le Neolithique final
(Vaquer, 1975).
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Tableau 4
Repartition des formes typologiques
Table 4
Repartition of typological shapes
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12
(20
08
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98
–6
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Tableau 5
Repartition des formes typologiques restituables
Table 5
Repartition of restituable typological shapes
A1 Coupe
en calotte
de sphere
A1a Coupe
a paroi
ouverte
A1b Coupe
hemispherique
A1d Coupe
a inflexion
paroi ouverte
et fond aplati
A1g Coupe
a paroi
sinueuse
tres ouverte
A2 Coupe
carenee a
paroi ouverte
A3
Disque
B1 Bol
a paroi
haute
ouverte
B2 Bol
a paroi
sinueuse
ouverte
B5a
Marmite
elliptique
D1
Gobelet
ovoıde
D2a Jarre
a paroi
verticale
ou fermee
D5a Jarre
a paroi
sinueuse
ouverte
Total
SD05-F04 1 1
SD35 1 1 2
SD35-F15 1 1
SD35-F16 1 1
SD35-F17 1 1
SD35-F42 1 1
SD36-F35 1 1 1 3
SD39 1 1
SD39-F10 1 1 1 3
SD39-F11 1 1
SD49-F28 1 1
SD50-F44 1 2 2 5
SD54-F34 1 1 2
SD54-F41 1 1 4 1 1 1 1 10
SD55-F43 1 1
ESD42-F22 1 1 2
E44002 1 1
E45002 1 1
Total 4 2 1 1 2 8 9 1 2 1 4 1 1 37
En pourcentage (%) 11 5 3 3 5 21.1 24 3 5 3 11 3 3 97
Total type 27 4 6 37
% type 72.97 10,81 16,22 100
J.-F.
Pa
styet
al./L
’an
thro
po
log
ie1
12
(20
08
)5
98
–6
40
61
1Tableau 6
Representation synthetique de la presence des types (en gras) et de la quantite (sans echelle)
Table 6
Synthetic representation of present types (in grey) and quantity (without scale)
3.4.3.1.2. Forme A1a - Coupe a paroi ouverte (NMI : 2). L’un des exemplaires (Fig. 6(4))
porte un sillon interne. Cette forme evoque le Chasseen classique ligure (Odetti, 1991, p. 64, type
d). Elle peut se comparer a des recipients decouverts en Suisse (Gallay, 1977, p. 261, Planche 3,
no 2 et p. 284, Planche 26, no 23). Le niveau V (NMB type Clairvaux V) de la Motte-aux-Magnins
(Clairvaux-les-Lacs, Jura) a livre un type identique (Petrequin et Petrequin, 1980, Fig. 6, no 4).
3.4.3.1.3. Forme A1b - Coupe hemispherique (NMI : 1). La coupe hemispherique a prise
ensellee (Fig. 7(4)) trouve une reference dans le Chasseen recent provencal (D’Anna et al., 1977),
J.-F. Pasty et al. / L’anthropologie 112 (2008) 598–640612
Fig. 5. Representation synthetique des formes ceramiques associees par ensemble archeologique (sans echelle).
Fig. 5. Synthetic representation of ceramic shapes associated by archaeological unity (without scale).
J.-F. Pasty et al. / L’anthropologie 112 (2008) 598–640 613
Fig. 6. Type A : coupes / plats : 1 : fenetre 1-F41 ; 2 : F34 ; 3 : SD42-F22 ; 4 : SD35-F42 ; 5 : F15 ; 6 : SD43-F13.
Fig. 6. Type A: cups / plates: 1: excavation 1-F41; 2: F34; 3: SD42-F22; 4: SD35-F42; 5: F15; 6: SD43-F13.
ainsi que dans les productions du groupe de Ferrieres (Neolithique final languedocien ; Gutherz,
1984).
3.4.3.1.4. Forme A1d - Coupe a inflexion, paroi ouverte et fond aplati (NMI : 1). Ce
recipient (Fig. 6(3)) est proche du type proto-Lagozza ligure des Arene Candide (Odetti, 1991,
p. 64, type g). Cette forme est presente dans le Chasseen meridional (Marchand et Vaquer, 1977).
L’exemplaire de Champ-Chalatras trouve reference parmi les series du Cortaillod de type Port-
Conty (Schifferdecker, 1979) dont la serie du site eponyme (Saint-Aubin, canton de Neuchatel,
Suisse) est a situee vers 3500 avant J.-C. (Schifferdecker, 1985, p. 168 et fig. 6, p. 169). Ce
morphotype est present dans le niveau V de la Motte-aux-Magnins (Clairvaux-les-Lacs, Jura) qui
a recu deux dates : 3985 a 3378 avant J.-C. (LY850 : 4940 � 130 BP, source BANADORA) et
4032 a 3376 avant J.-C. (LY1154 : � 140 BP, source BANADORA), Neolithique moyen
bourguignon (NMB) type Clairvaux V (Petrequin et Petrequin, 1980, fig. 6, no 3). Cette forme
existe dans le Neolithique final provencal couronnien (D’Anna, 1995).
3.4.3.1.5. Forme A1g - Coupe a paroi sinueuse ouverte (NMI : 2). La morphologie de ces
coupes peut permettre de les rapprocher de certaines assiettes a marli peu divergent (Vaquer,
1975). Elles peuvent etre comparees a l’horizon Cortaillod de type Port-Conty (Schifferdecker,
1979). Une reference apparaıt dans la serie du Camp de la Vergentiere (Cohons, Haute-Marne ;
Lepage, 1980, p. 147, fig. 6, no 5). Le recipient provient du sondage 2, ou la serie ceramique
attribuee au NMB denote une influence Michelsberg marquee (Lepage, 1980). Une date concerne
ce contexte : 4937 a 3104 avant J.-C. (LY2647 : 5270 � 390 BP, source BANADORA). Un autre
exemple septentrional se trouve dans le Chasseen normand, Chasseen septentrional marque par
une influence Michelsberg (La Tranquee, Saint-Pierre-les-Elbeuf, Seine-Maritime) (Chancerel et
Billard, 1991, p. 168, fig. 3, no 8 et p. 166).
La sphere meridionale est concernee puisque deux coupes de l’Avencas (Brissac, Herault)
presentent des caracteres morphologiques proches du Type A1g (Gutherz et Jallot, 1995, p. 237,
fig. 3 haut). Ces exemplaires appartiennent a une phase precoce du Neolithique final en
Languedoc oriental (« Neolithique recent » ; Gutherz, 1984), datee a l’Avencas entre 3639 a 3039
avant J.-C. (MC1252 : 4630 � 100 BP, source BANADORA).
A Champ-Chalatras, on doit remarquer que l’exemplaire de F41 (Fig. 7(5)) est plus profond
que le precedent. Les ecuelles a paroi sinueuse tres ouverte (forme A1g) evoquent une forme
connue parmi les series ceramiques de type Cortaillod Petit-Chasseur (« notion critiquable ». . .« rejetee au profit d’une attribution au Chasseen recent rhodanien » De Ceuninck et al., 1995,
note 10, p. 388 ; reflexion amorcee dans Baudais et al., 1989–1990, p. 42). Cette phase du
Cortaillod valaisan est situee entre 3900 et 3700 avant J.-C. (Baudais et al., 1989–1990, p. 38, fig.
19, no 25).
3.4.3.1.6. Forme A2 - Coupe carenee a paroi ouverte (NMI : 8). Ces recipients ont une
carene basse marquee, une paroi divergente et un fond peu bombe. Ils peuvent etre dotes d’un
bouton sur carene a perforation horizontale sous-cutanee (Fig. 7(9, 12 et 14)) ou une bande
appliquee est etiree sur la panse).
La fosse F41 a livre quatre formes A2 (Fig. 7(9–12)), soit la moitie des exemplaires du sous-
type identifies. Les coupes carenees a paroi ouverte de F41 ont un diametre a l’embouchure
homogene dans trois cas (Fig. 7(10) : 17,9 cm ; Fig. 7(11) : 16,8 cm ; Fig. 7(12) : 17,8 cm) ; le
quatrieme a une ouverture plus modeste (Fig. 7(9) : 11,3 cm).
La paroi de sept coupes carenees a paroi ouverte presente un eversement regulier a partir de la
carene ; le huitieme exemplaire a un col plutot droit ou seule la levre est eversee (Fig. 7(13)).
Cette coupe provient de la fosse F11, datee sur charbon 4695 � 80 BP soit 3645 a 3346 avant J.-C
calibre (LY-11718).
J.-F. Pasty et al. / L’anthropologie 112 (2008) 598–640614
J.-F. Pasty et al. / L’anthropologie 112 (2008) 598–640 615
Fig. 7. Type A : coupes / plats : 1 : SD39 ; 2 : SD5-F4 ; 3 : SD55-F43 ; 4 : Fenetre 2-F17 ; 5 : Fenetre 1-F41 ; 6 : Fenetre 2-
SD35 ; 7 : Fenetre 2-F35 ; 8 : SD50-F44 ; 9–12 : Fenetre 1-F41 ; 13 : Fenetre 2-F11 ; 14 : SD45-us002.
Fig. 7. Type A: cups / plates: 1: SD39; 2: SD5-F4; 3: SD55-F43; 4: excavation 2-F17; 5: excavation 1-F41; 6: excavation
2-SD35; 7: excavation 2-F35; 8: SD50-F44; 9–12: excavation 1-F41; 13: excavation 2-F11; 14: SD45-us002.
La coupe carenee a paroi ouverte (Forme A2) est frequente dans les series auvergnates du
Neolithique moyen (Daugas, 1976, 1986 ; Georjon, 2001a, 2001b). Ce type se retrouve en
contexte ancien sur le site du Pirou (Polignac, Haute-Loire ; Houdre et Vital, 1979). Les coupes a
carene basse et fond aplati (type IIf et IIg de Vaquer) sont connues des les horizons chasseens
anciens d’un large quart sud-est (Vaquer, 1975). Ces coupes sont presentes dans les contextes pre-
chasseens et chasseens anciens (Saint-Uze recent) du Jura meridional (Beeching et al., 1995 ;
Nicod, 1995), Proto-Cortaillod (Petrequin et al., 1985) (Style de Saint-Uze : Beeching et al.,
1995) et Cortaillod classique (Petrequin et Voruz, 1982).
Elles sont rares en Languedoc et Provence (Georjon, 2001b). On en trouve quelques
exemplaires dans des horizons tres recents du Chasseen de ces regions (Guilaine et al., 1990 ;
Vaquer, 1975, 1990). Elles sont tres presentes, par contre, dans le Sud-Ouest (Meroc et Simonnet,
1979). Elles sont connues dans la phase charniere Neolithique moyen/final languedocien
(« Neolithique recent ») (Gutherz, 1980 ; Coularou et al., 1980 ; Arnal, 1972). A l’aven de la
Boucle (Corconne, Gard), ce « Neolithique recent » a fait l’objet de deux datations : 3631 a 2929
avant J.-C. (MC1499 : 4600 � 100 BP, couche 4b) et 3622 a 3032 avant J.-C. (GIF6285 :
4590 � 100 BP, couche 4b1).
Plus au nord, ce type est present sur le Camp-de-Cesar (Catenoy, Oise). Il est present dans les
horizons attribues a la periode II (4300-3400 av. J.-C.) du Chasseen du bassin parisien
septentrional (Blanchet et Martinez, 1986). Au Camp-de-Cesar, cette phase est datee de 4434 a
3782 avant J.-C. (LY2966 : 5280 � 140 BP, couche 5D), de 3994 a 3518 avant J.-C. (LY2713 :
4980 � 120 BP, couche 5C), de 3954 a 3124 avant J.-C. (LY2968 : 4820 � 150 BP, couche 5B ;
source BANADORA).
Le recipient de type A2 de us002 (SD45) porte une tubulure outrepassee a perforation sous-
cutanee horizontale (type de prehension C5) debordant legerement au-dessus de la carene mais
tres etire sur la panse (Fig. 7(14)). Ce mode de prehension existe sur plusieurs exemplaires de
Saint-Michel-du-Touch (Toulouse, Haute-Garonne ; Simonnet, 1976 ; Meroc et Simonnet, 1979).
3.4.3.1.7. Forme A3—disque (NMI : 9). Ces objets circulaires presentant une face lisse
opposee a une rugueuse (Fig. 8). La partie lissee est frequemment bordee par un epaississement.
Ainsi, une legere concavite affecte cette surface. La face inferieure est tres irreguliere, non
traitee, elle presente des empreintes non organisees de vegetaux. Les empreintes de vannerie ne
sont pas representees sur les exemplaires restituables, mais elles sont presentes sur deux
fragments (F42, Fig. 8(20), et SD44-us002, Fig. 8(22)).
Les disques en terre cuite de Champ-Chalatras sont constitues d’une argile tres faiblement
degraissee dont la teinte, homogene, est orangee sauf dans deux cas (F28, Fig. 8(23) et F44,
Fig. 8(24)). Les deux exceptions ont un mode de confection different. Leur pate, le degraissant et
leur cuisson les rapprochent fortement des caracteristiques des recipients en ceramique. Ils
pourraient etre assimiles a des fonds plats. Toutefois, aucune panse n’a pu leur etre raccordee. Il
s’agit donc probablement de disques, dont un etait surmonte par une paroi divergente (identifiee
par son amorce, mais dont la hauteur est inconnue). Pour ces deux exemplaires (F28, Fig. 8(23),
et F44, Fig. 8(24)), on pourrait etre en presence de plats a cuire. Ce que tendent a confirmer les
traces de desquamation sur les faces interne (lisse) et externe (rugueuse) du disque issu de F44
(Fig. 8(24)), stigmates classiques du recipient pose sur un foyer (Arnal, 1987).
Si la fonction de ces deux disques semble etre etablie, il convient de noter que les disques
oranges sont frequemment denommes « plats a pain » (Daugas, 1976 ; Georjon, 2001a, 2001b).
Dans sept cas, le diametre a pu etre estime, il oscille entre 25 et 26 cm (Fig. 8(6, 7, 10, 17–19 et
23) ; un cas a 17 cm : Fig. 8(4) ; un cas a 32 cm : Fig. 8(24)) (Type 85 « Son utilisation comme plat
a cuire le pain reste totalement hypothetique » Gallay, 1977, p. 51).
J.-F. Pasty et al. / L’anthropologie 112 (2008) 598–640616
J.-F. Pasty et al. / L’anthropologie 112 (2008) 598–640 617
Fig. 8. Type A : Assiettes/plats/couvercles ; 1 : SD50 ; 2 : SD55-F43 ; 3 : SD50 ; 4 : Fenetre 1-F41 ; 5 : F17 ; 6 : SD50-
F44 ; 7 : SD39-F10 ; 8 : Fenetre 1-SD34 ; 9 : F36 ; 10–12 : SD44-us002 ; 13 : F42 ; 14 : Fenetre 1-SD34 ; 15 : SD18-F8 ;
16 : SD44-us002 ; 17 : Fenetre 2-F16 ; 18 : Fenetre 2-SD35 ; 19 : F35 ; 20 : F42 ; 21 : SD39-F10 ; 22 : SD44-us002 ; 23 :
SD49-F28 ; 24 : SD50-F44.
Fig. 8. Type A: plates/caps; 1: SD50; 2: SD55-F43; 3: SD50; 4: excavation 1-F41; 5: F17; 6: SD50-F44; 7: SD39-F10; 8:
excavation 1-SD34; 9: F36; 10–12: SD44-us002; 13: F42; 14: excavation 1-SD34; 15: SD18-F8; 16: SD44-us002; 17:
excavation 2-F16; 18: excavation 2-SD35; 19: F35; 20: F42; 21: SD39-F10; 22: SD44-us002; 23: SD49-F28; 24: SD50-F44.
Les disques en terre cuite, inconnus dans le Midi et deja frequents dans le groupe de Cerny
(Eneau et al., 1998, p. 103), sont relativement abondants dans le Chasseen septentrional (Val-
d’Oise ; Martinez, 1991, p. 182). L’exemplaire de Compiegne « Le Coq Galleux » (Oise) est issu
de la fosse 2 (Toupet, 1980, p. 103, fig. 3, no 3) datee entre 3512 et 2700 avant J.-C. (LY2715 :
4450 � 140 BP ; source BANADORA). Dans le Nord, le site de la Montagne de Lumbres
(Lumbres, Pas-de-Calais), ces disques font partie d’un corpus marque par les influences
chasseennes et Michelsberg (Piningre, 1980, p. 116).
Au nord-est, ils sont presents dans les niveaux NMB du Camp de la Vergentiere (Cohons,
Haute-Marne ; Lepage, 1980). A l’est, en Suisse, ils sont rares dans le Cortaillod du bassin du
pied sud du Jura (Schifferdecker, 1985).
Dans le Centre-Ouest, ces disques sont signales sur le site de Gouzon (Chauvigny, Vienne)
appartenant au Neolithique moyen II (Eneau et al., 1998). Deux dates fixent l’age des
occupations : 3981 a 3522 (LY6801 : 4992 � 105 BP) et 3999 a 3395 av. J.-C. (LY6802 :
4940 � 135 BP ; source BANADORA). Le Neolithique moyen II du Centre-Ouest n’est pas un
« Chasseen », il comporte deux facies : sud-armoricain (Auzay-Sandun) et poitevin-saintongeais
(Large, 1991 ; Eneau et al., 1998).
Les disques en terre cuite signent des stimuli nord-orientaux dans le Jura sur le NMB-Type
Clairvaux V (Petrequin et Petrequin, 1980), des influences Michelsberg en Normandie
(Chancerel et Billard, 1991) et dans le Bassin parisien (Toupet, 1980, p. 104) ; mais ils ne peuvent
etre assimiles a des fossiles directeurs (Lepage, 1980 ; Philibert, 1980). Un « plat a pain » est
mentionne a Chiomonte-La-Maddalena (vallee de Susa, Piemont, Italie) dans une serie
ceramique chasseenne a influence Cortaillod (type Saint-Leonard), voire NMB, pour laquelle
plusieurs datations (quatre) couvrent la phase 3900/3600 avant J.-C en age reel apres correction
(une seule est plus ancienne : 4224/3709) (Centre de Recherches Geodynamique de Thonon-les-
Bains ; Bertone et Fedele, 1991, p. 76–78).
3.4.3.2. Categorie B—« bols/marmites »
Cette categorie comprend quatre exemplaires restituables et represente 11 % des formes
restituables.
3.4.3.2.1. Forme B1—Bol a paroi ouverte (NMI : 1). Il s’agit d’un recipient de petites
dimensions (8,8 cm de diametre) a bord everse. Ce type est proche des formes B2 presentes sur le
site. Frequents dans le Neolithique moyen II de l’Auvergne ; les bols B1 de petites dimensions
sont bien representes sur le site de Cormail III (Espaly-Saint-Marcel, Haute-Loire ; Georjon,
2005).
3.4.3.2.2. Forme B2—Marmite a paroi sinueuse ouverte (NMI : 2). Ces deux exemplaires
(Fig. 9(4 et 5)) sont proches du bol a paroi ouverte (B1) et des deux coupes a paroi sinueuse
ouverte (A1g). La sinuosite de la panse n’est pas reguliere. La paroi est divisee en deux parties :
une partie basse en continuite avec le fond, et une partie haute qui s’evase.
Des recipients a paroi sinueuse ouverte de petite taille sont presents sur le site de Chalain
(Jura) (Gallay, 1977, p. 262, planche 4, no 7) et de la Molle-Pierre (Malvilly-Mandelot, Cote-
d’Or) (Dufay-Galan, 1995, p. 164, fig. 1 en haut a gauche). Ce gisement NMB a fait l’objet de
plusieurs datations reparties sur cinq a six siecles, entre 4300 et 3700 avant J.-C. (Dufay-Galan,
1995 ; De Ceuninck et al., 1995, p. 388). On note un gobelet de ce type parmi le corpus de Haute-
Combe (Lac du Bourget, Saint-Pierre-de-Curtille, Savoie) attribue a une ambiance Cortaillod-
NMB-Chasseen ; site date entre 3996 et 3700 avant J.-C. (ARC371 : 5055 � 60 BP).
3.4.3.2.3. Forme B5a—Marmite elliptique (NMI : 1). Ce recipient presente un bord
individualise par un colombin plus gros. Les recipients ellipsoıdaux sont frequents dans les
J.-F. Pasty et al. / L’anthropologie 112 (2008) 598–640618
J.-F. Pasty et al. / L’anthropologie 112 (2008) 598–640 619
Fig. 9. Type B et D : bols / marmites, gobelets, jarres : 1 : SD39-F10 ; 2 : SD44-us002 ; 3 : Fenetre 1-F41 ; 4 : Fenetre 2-
F15 ; 5 : F34 ; 6 : Fenetre 1-F41 ; 7, 8 : SD50-F44 ; 9 : SD42-F22 ; 10 : F34 ; 11 : Fenetre 2-SD35 ; 12 : SD39-F10.
Fig. 9. Type B et D: bowls / pots, beakers, jars: 1: SD39-F10; 2: SD44-us002; 3: excavation 1-F41; 4: excavation 2-F15; 5:
F34; 6: excavation 1-F41; 7, 8: SD50-F44; 9: SD42-F22; 10: F34; 11: excavation 2-SD35; 12: SD39-F10.
groupes culturels de la Prehistoire recente. Ceux a ouverture tres retrecie sont relativement
frequents dans les assemblages attribues au Neolithique final meridional, facies Ferrieres
(Gutherz, 1984).
3.4.3.3. Categorie D-« gobelets/jarres »
Six recipients appartiennent a la categorie D ; repartis en trois variantes de formes sur sept
definies, ils representent 16 % des formes restituees (Tableau 3).
3.4.3.3.1. Forme D1—Jarre ovoıde (NMI : 4). Ces vases presentent l’aspect de
« tonneaux ». Le mode de prehension de l’un d’entre eux n’est pas connu (Fig. 9(8)). Le
gobelet ovoıde de F44 et les jarres ovoıdes de F10 et F22 portent une languette a perforation
horizontale (Fig. 9(1, 7 et 9)). La morphologie de ces recipients et leur mode de prehension sont
presents parmi les series du Cortaillod de type Port-Conty (Schifferdecker, 1979).
3.4.3.3.2. Forme D2a—Jarre a paroi verticale ou fermee (NMI : 1). Ce recipient est une
jarre de stockage (Fig. 9(12)). Ses prehensions ne sont pas conservees. Plusieurs fragments
appartiennent probablement a ce type de forme (Fig. 10(1–3)), portent des languettes, associees,
dans un cas, a de gros boutons, disposes sous le bord (F44, Fig. 10(2)). Les gros boutons, ainsi que
leur position, precisent la reference au Cortaillod de type Port-Conty (Schifferdecker, 1979).
Les jarres a paroi verticale ou fermee apparaissent en France meridionale des la fin du
Neolithique ancien. Rares lors de la phase initiale du Chasseen (Fenouillet et Vaquer, 1974 ; Houdre
et Vital, 1979, fig. 6, no 11 et fig. 8, no 1) ; au cours de la phase classique, leurs prises ne sont plus des
anses en ruban mais de gros boutons ronds ou des languettes rectangulaires (Vaquer, 1975).
En Suisse, certaines jarres a fond ronds, rares, du Cortaillod-Type Port-Conty presentent des
similitudes avec la forme D2a (Gallay, 1977, p. 163 ; Schifferdecker, 1979).
Le Neolithique moyen II atlantique connaıt ce type de forme (Letterle, 1991, p. 155, fig. 4 en
haut a gauche).
A la fin du Chasseen, a la charniere Neolithique moyen/Neolithique final en Languedoc oriental
(« Neolithique recent ») elles sont ornees de cordons multiples et paralleles (Gutherz, 1984).
Ce type de jarre connaıtra une frequence importante lors du Neolithique final meridional
(Gutherz et Jallot, 1995) et ce modele sera exporte, par la vallee du Rhone ( ?), jusque dans le Jura
(Petrequin et Petrequin, 1978 ; Petrequin et al., 1987–1988 ; Giligny et al., 1995 ; Petrequin, 1998).
3.4.3.3.3. Forme D5a—Jarre a paroi sinueuse ouverte (NMI : 1). Il s’agit d’un recipient en
tronc de cone inverse dont la levre est eversee (F41, Fig. 9(6)). Ce vase est a rapprocher des
formes sinueuses moins hautes presentes dans la serie (A1g et B5). Cependant, contrairement a
ces derniers, la sinuosite de sa paroi est reguliere.
La forme D5a est presente dans les series proto-chasseennes du Midi francais et de Ligurie
(Odetti, 1991, p. 59 et p. 61, fig. 2 haut). Dans le bassin rhodanien, un exemplaire muni d’un
bandeau de mamelons jointifs sous le bord provient du Trou-Arnaud (Saint-Nazaire-le-Desert,
Drome) (Beeching, 1995, p. 10, p. 106, fig. 9, no 11). Ce site de reference participe a la definition
du Chasseen recent du Bassin rhodanien (5 Groupe D) d’affinites nord-orientale et provencale
(Beeching, 1995, p. 106, fig. 9). Les dates retenues (Beeching, 1995, p. 107) pour cet horizon du
site sont : niveau E de 4549 a 4155 avant J.-C. (LY4696 : 5535 � 100 BP) ; foyer J4 niveau B :
4344 a 3959 avant J.-C. (LY4697 : 5315 � 90 BP) ; foyer niveau A de 4313 a 3947 avant J.-C.
(LY4698 : 5255 � 75 BP) (source BANADORA).
Dans la partie occidentale du Midi, ils sont presents en contexte chasseen classique evolue
(Vaquer, 1990). On les retrouve dans le Neolithique final provencal couronnien (D’Anna, 1995),
le Neolithique final languedocien : phase initiale du groupe de Ferrieres (Grotte des Pins,
Blandas, Gard ; Roudil et Vincent, 1972 ; Gutherz, 1984).
J.-F. Pasty et al. / L’anthropologie 112 (2008) 598–640620
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Fig. 10. Jarres non restituables (D) : 1–3 : SD50-F44.
Fig. 10. Non restituable jars (D): 1–3: SD50-F44.
En Champagne, le Camp de la Vergentiere (Cohons, Haute-Marne) a livre dans les sondages 1 et
2 (Lepage, 1980, p. 145, fig. 5, no 8 et p. 147, fig. 6, no 3) des elements de comparaisons tres proches
du recipient de Champ-Chalatras. A Cohons, la ceramique neolithique se rapporte a un NMB avec
influence Cortaillod (sondage 1 : couches D et E) et Michelsberg (sondage 2) (Lepage, 1980, p.
148–149). La couche D (sondage 1) est datee de 4715 a 3367 avant J.-C. (LY1859 : 5230 � 300 BP)
et de 4231 a 3644 avant J.-C. (LY2646 : 5110 � 130 BP) ; pour la couche inferieure du sondage 2, le
resultat se situe entre 4937 et 3104 avant J.-C. (LY5270 � 390 BP).
Sur la facade atlantique, ce contenant de F41 trouve plusieurs points de comparaison. En Vendee,
le vase tulipiforme fait partie des formes qui caracterisent le Neolithique moyen de l’Ouest (NMO).
Il est souvent decore et reconnu des le niveau de base du site des Chatelliers-du-Viel (Auzay,
Vendee), il disparaıt du corpus peu avant la mise en place du groupe des Matignons. Le point E de La
Pointe-du-Grouin (La Tranche-sur-Mer, Vendee) et La Pointe-du-Payre (Jard-sur-Mer, Vendee)
livrent ce type de forme. Le NMO est presente comme une unite culturelle relativement autonome
(Large, 1991, p. 22, p. 123 : fig. 2, no 1–2-10/13, p. 133, p. 135, p. 126, p. 131 : fig. 6). Au nord de
cette zone, c’est en Loire-Atlantique qu’apparaissent d’autres references. Les vases tulipiformes
sont bien representes parmi les ensembles du Neolithique moyen II ; ils font partie des rares
recipients decores. Au sujet du Neolithique moyen armoricain, l’auteur evoque un « Pseudo-
Chasseen » et un developpement propre au secteur geographique (Letterle, 1991, p. 152, p. 153 : fig.
3, no 2-6-12, p. 155 : fig. 4, p. 164). Les structures 140 et 162 de Sandun, appartenant au Neolithique
moyen II, ont fait l’objet de datations. Pour S140, la date obtenue est de 3974 a 3535 avant J.-C.
(GIF8055 : 4970 � 100 BP). Deux resultats concernent S162 : de 3614 a 3050 avant J.-C.
(GIF8383 : 4600 � 70 BP) et de 3504 a 2905 avant J.-C. (GIF8384 : 4500 � 100 BP) (sources
BANADORA).
3.4.3.4. Les formes non restituables. Parmi les recipients dont la forme est identifiable mais
non restituable, on retiendra la presence de deux fragments de plats a fond creux, correspondant
au type A4 ou A4a (Fig. 6(5 et 6)), ainsi que plusieurs bouteilles (categorie E) a col distinct
vertical (Fig. 11(1–3)).
Les fragments de plats a fond creux presentent une convexite interne du fond et une paroi
nettement divergente (« plat a barbe »). L’exemplaire provenant de F13 (Fig. 6(6)) est dote d’un
bouton a perforation sous-cutanee verticale. Le mode de saisie situe sous la carene rapproche ce
recipient de certains exemplaires des vases a fond bombe et paroi degagee IIg de Vaquer (Vaquer,
1975), ainsi que des plats ou assiettes du Cortaillod classique et de type Port-Conty
(Schifferdecker, 1979 ; Petrequin et Voruz, 1982). La specificite du morphotype auvergnat reside
dans la convexite interne du fond (Georjon, 2001b). La premiere decouverte de plat a fond creux
et paroi deversee a ete realisee lors de la fouille de la sepulture collective de l’Eguille (Culhat,
Puy-de-Dome ; Tixier et Liabeuf, 1984).
Localement, les bouteilles a col haut vertical distinct sont presentes des la phase ancienne du
Chasseen (Houdre et Vital, 1979, fig. 7 a droite). Le fragment de bouteille de F41 (Fig. 11(1))
pourrait s’apparenter aux vases a col de type IIId de Vaquer. Ce type a connu une large diffusion
dans la sphere d’influence chasseenne (Vaquer, 1975). Il trouve des references dans le bassin
parisien en particulier sur Le Cul Froid (Boury-en-Vexin, Oise). La couche D de ce gisement
appartient a la periode IIIa du chasseen du bassin parisien septentrional (LY-2712 :
4770 � 130 BP soit de 3639 a 2911 avant J.-C. ; Blanchet et Martinez, 1986 ; Martinez,
1991, p. 184, fig. 12 en bas a droite). Dans le Midi mediterraneen, ces vases a col trouvent une
reference dans le Chasseen classique evolue (Guilaine et al., 1990). Le fragment de bouteille de
F28 (Fig. 11(3)) peut s’integrer au groupe IIIb de Vaquer (Vaquer, 1975).
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3.4.4. Les elements de prehension (NMI : 57)
Parmi les cinquante-sept organes de saisie presents dans la serie, cinquante ont ete attribues
aux types definis (Figs. 12–15).
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Fig. 11. Bouteilles non restituables : 1 : Fenetre 1-F41 ; 2 : Fenetre 2-SD35 ; 3 : SD49-F28.
Fig. 11. Non restituable bottles: 1: excavation 1-F41; 2: excavation 2-SD35; 3: SD49-F28.
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Fig. 12. Prehensions (non perforees).
Fig. 12. Prehensions (non perforated).
Les languettes (Tableau 7) constituent la majorite de l’effectif (68 % : 34 elements sur 50). Les
autres types sont modestement representes. On note que les tubulures verticales composent le
deuxieme groupe d’individus (12 % : 6 elements sur 50). Ces prehensions sont frequemment
perforees (33 contre 17) avec une nette predominance de l’axe horizontal (23 dont l’anse en
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Fig. 13. Prehensions a perforation horizontale.
Fig. 13. Prehensions with horizontal perforation.
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Fig. 14. Prehensions.
Fig. 14. Prehensions.
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Fig. 15. Prehensions.
Fig. 15. Prehensions.
ruban F1 sur 33), systematiquement unique. Les prehensions a perforation verticale sont
generalement multiples.
Les prises imperforees (languettes ou boutons : 17) sont horizontales et plus ou moins
massives. Dans six cas, elles sont positionnees sous la levre. Un bouton sur le bord (A1BD) et
deux languettes sur le bord (B1BD) (le premier et une des secondes sont associees sur le meme
recipient), concernent deux grandes jarres.
Les prehensions a perforation horizontale (23) s’apparentent, comme les precedentes
a des languettes ou des boutons. Les languettes de type B4BD (sur le bord) et B3PH (en haut de
panse) appartiennent a des gobelets et des jarres. Les coupes carenees a paroi ouverte
(Type A2), sont munies de boutons perfores sur la carene (A2CR et A3CR). Sur une
coupe a paroi sinueuse tres ouverte (Type A1g), la prehension occupe le tiers inferieur du
recipient.
Une des trois prises bifides non perforees est disposee sur la partie inferieure de la panse (Type
B3PB) d’une coupe hemispherique de Type A1b. Ces languettes ensellees se retrouvent rarement
dans les contextes du Chasseen recent (D’Anna et al., 1977) ; elles sont nombreuses, par contre,
dans le Neolithique final du Languedoc oriental (Gutherz, 1984).
Une prehension bifide a perforation horizontale (type B14) est situee en haut de la panse d’un
recipient de forme non identifiee.
Une seule vraie anse (« en ruban ») est connue (F1).
Un plat a fond creux et paroi deversee, non restituable, est dote d’une prehension indeterminee
(probable bouton) a perforation verticale sur la rupture de pente.
Les languettes a perforations multiples verticales (B7 et B11 : 3) sont bien representees. L’une
d’elles concerne une bouteille non restituable ; elle est disposee a la base de la panse.
Les prehensions a perforations multiples verticales tubulaires (C2 et C3 : 6) sont plus
ou moins resserrees et individualisees. Une tubulure horizontale sous-cutanee outrepassee
(C4) est placee au milieu de la panse d’une coupe carenee a paroi ouverte. Ce type de prise est
connu au sud-ouest de l’Auvergne, dans le Chasseen de Haute-Garonne (Simonnet, 1976 ;
Meroc et Simonnet, 1979). Il affecte principalement des ecuelles carenees a paroi ouverte
ou verticale, ainsi qu’une assiette en calotte de sphere (Simonnet, 1976, p. 28, Fig. 12, no 14, 18,
11, 19, 23).
3.4.5. Les decors (NMI : 15)
Les quinze elements decoratifs sont traites en creux (8) ou en relief (7) (Fig. 16).
Un sillon interne preoral (A3LI) (6) est present sur une assiette en calotte de sphere et sur une
assiette a paroi ouverte. Dans la sphere d’influence chasseenne, les coupes a sillon caracterisent
la phase recente et terminale (Groupe C a E du bassin rhodanien) (Beeching, 1995). En
Languedoc, elles se rarefient lors des etapes terminales pour disparaıtre dans les horizons de
transition avec le Neolithique final (Vaquer, 1975).
Un tesson porte trois lignes imprimees, semble-t-il, au peigne (J2IE), ce qui reste a confirmer.
Ce decor trouve des references dans le Neolithique ancien cardial ou italique (Peiro Signado,
Portiragnes, Herault ; Roudil et Soulier, 1979).
Un decor soleiforme traite en sillons graves a pu etre identifie (B34IE). Ce motif est
caracteristique des phases recentes du Chasseen, quoique rare dans les faits (Vaquer, 1975 ;
Meroc et Simmonet, 1979).
Trois barrettes verticales sont situees sous le bord (deux d’entre elles appartiennent au meme
recipient (I39LE). A l’est, les series du lac de Chalain (Jura) livrent un decor comparable (Gallay,
1977, p. 262, Planche 4, no 23). Dans le Midi, ce mode d’ornementation est present sur des
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J.-F.
Pa
styet
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12
(20
08
)5
98
–6
40
62
9
Tableau 7
Ponderation et frequence des formes attribuees au Neolithique moyen
Table 7
Levehead and frequency of Neolithic shapes
A1b Coupe
hemispherique
A1d Coupe a
inflexion paroi
ouverte et fond
aplati
B1 Bol a
paroi haute
ouverte
B5a
Marmite
elliptique
D2a Jarre
a paroi
verticale
ou fermee
D5a Jarre
a paroi
sinueuse
ouverte
A1a
Coupe a
paroi
ouverte
B2 Bol
a paroi
sinueuse
ouverte
A1g Coupe
a paroi
sinueuse
tres ouverte
A1 Coupe
en calotte
de sphere
D1
Gobelet
ovoıde
A2 Coupe
carenee
a paroi
ouverte
A3
Disque
Total 1 1 1 1 1 1 2 2 2 4 4 8 9
Indice pondere 0,03 0,03 0,03 0,03 0,03 0,03 0,05 0,05 0,05 0,11 0,11 0,21 0,24
Frequence faible moyenne tres forte
recipients du Neolithique final provencal (D’Anna, 1995) et du Languedoc occidental (Guilaine
et al., 1980).
Deux tessons portent des decors de boutons (H36IE). Il s’agit de motifs simples dans deux cas
(gros boutons zones). Des references se trouvent en contexte Neolithique ancien : dans le Midi,
Baume Bourbon, Cabrieres, Gard (Roudil, 1974) ; grotte d’Unang, Malemort-du-Comtat,
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Fig. 16. Decors.
Fig. 16. Decorations.
Vaucluse (Paccard, 1987) ; en Provence, Escanin 2, Bouches-du-Rhone (Montjardin, 1970).
Cependant, bien qu’ils soient rares lors de la phase suivante, les boutons zones sont cependant
connus en contexte chasseen classique meridional (Frouzins, Haute-Garonne ; Clottes et al.,
1977).
Un autre tesson porte un theme decoratif (Fig. 16, en bas a droite). Il s’agit de boutons
proeminents appliques, associes a une barrette (cf. fleche sur la photo), a une ligne d’impressions
(base de la section C-D) et a un cordon aplati (prolonge par des tirets sur l’illustration) (H36TP).
Ce type d’association complexe semble connaıtre un certain succes au cours du Neolithique
ancien. Il s’agit de cordons associes a un pastillage inorganise, dans le sud-est, grotte d’Unang,
Malemort-du-Comtat, Vaucluse (Paccard, 1987), Baume Bourbon, Cabrieres, Gard (Roudil,
1974), dans le sud-ouest, Aspre del Paradis, Corneilla-del-Vercol, Pyrenees-Orientales (cardial
recent, Epicardial ancien : Manen et al., 2001). Ce pastillage peut cependant etre organise comme
dans le Neolithique ancien provencal (Binder et Courtin, 1986), du recipient de la Baume
Clausido, Sumene, Gard (Arnal, 1970) ou de l’exemplaire des Brulades (Houdre et Vital, 1984).
Les auteurs s’accordent sur une attribution cardiale tardive pour ces tessons decores de cordons-
pastilles. Au nord-est, le site danubien de Larzicourt (Marne) presente un motif couvrant
compose d’impressions « digitees » associees a des cordons orthogonaux (Chertier, 1980, p. 64,
fig. 21 : trou de poteau central A4 de la Maison I).
Le tesson des Martres d’Artiere possede un rang d’impressions. Les limites de la comparaison
sur des vestiges aussi rares empechent d’attribuer, avec certitude, ce fragment au Neolithique
ancien. Par ailleurs, les decors couvrants d’elements protuberants sont presents parmi les corpus
ceramiques de la facade atlantique. Au cours du Neolithique moyen I, il s’agit de pastilles
repoussees a Sandun (Guerande, Loire-Atlantique) (Letterle, 1991, p. 151, fig. 2, no 13–15). A
Sandun, lors de la phase suivante (Neolithique moyen II) ces elements sont appliques (Letterle,
1991, p. 153, fig. 3, no 8). Cette caracteristique et l’attribution chrono-culturelle autorisent un
rapprochement avec le tesson de Champ-Chalatras. Le Neolithique moyen II de ce gisement
armoricain a fait l’objet de plusieurs datations : 3974 a 3535 (GIF8055 : 4970 � 100 BP), 3614 a
3050 (GIF8383 : 4600 � 70 BP) et 3504 a 2905 avant J.-C. (GIF8384 : 4500 � 100 BP) (sources
BANADORA).
3.4.6. Caracteristiques de la serie ceramique
Que l’on prenne en compte tous les contextes ou que l’on ne considere que les faits
archeologiques, dans chaque cas, les proportions entre les categories de recipients sont respectees
(Tableau 5).
3.4.6.1. Types representes. Les recipients bas, ouverts ou peu ouverts a l’embouchure
(categorie A : 27) sont les plus nombreux, suivis de loin par les vases hauts, peu ouverts ou fermes
(categorie D : 6). Six faits archeologiques presentent des associations de ces formes (Fig. 5). Des
recipients restitues appartenant aux categories A et D sont presents conjointement dans cinq
fosses (F10, F22, F34, F41 et F44). Ces assemblages de morphotypes peuvent avoir une
signification fonctionnelle. On pourrait etre tente de voir les recipients lie a la consommation
dans la categorie A et au stockage dans la categorie D. Mais, d’une part, cette etude se limite a la
morphologie des contenants et, d’autre part, l’approche fonctionnelle doit reposer sur des criteres
physiques bien etablis (Martinez, 1991). Par consequent, ces associations doivent, ici, etre
relevees et etre recherchees lors des prochaines etudes. Outre la fonction, les types en presence
peuvent, par ailleurs, marquer la phase chronoculturelle.
On relevera que le corpus se complete de quatre recipients de categorie B.
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Une des premieres caracteristiques de la serie est la forte quantite (29), et la variete, des
formes simples (A1 : 4, A1a : 2, A1b : 1, A1d : 1, A1g : 2, A3 : 9, B1 : 1, B2 : 2, B5a : 1, D1 : 4,
D2a : 1, D5a : 1) ; par rapport au nombre reduit des profils segmentes, « stereotypes » (A2 : 8).
Bien que cette serie ne soit qu’un echantillon preleve lors de sondages, elle est homogene. Le
surnombre de certaines formes temoigne d’une selection dans un assortiment typologique
contemporain tres large. C’est sans doute vers l’appartenance chronologique de ce corpus qu’un
axe de reflexion peut s’orienter.
Le nombre restreint des formes (37) ne permet pas de fonder un raisonnement a partir des types
qui composent les categories de formes. On retiendra que seuls treize types sont representes parmi
les cinquante-huit variantes repertoriees dans les series auvergnates du Neolithique moyen.
3.4.6.2. Frequence des types (Tableau 7). Si les profils simples sont le premier trait de
l’ensemble ceramique de Champ-Chalatras, un autre aspect reside dans la frequence des formes.
Par rapport a la frequence, la repartition des profils segmentes tend a indiquer que ces formes
sont significatives pour la serie de Champ-Chalatras. Celle-ci est particulierement representative
de son contexte geographique puisque deux formes propres au secteur sont presentes. Outre les
coupes carenees a paroi ouverte (A2) qui sont nombreuses, c’est surtout le plat a fond creux et
paroi deversee (A4 non restituables), creation locale, qui marque l’interet du corpus.
On doit souligner la redondance des references au Chasseen septentrional, au Chasseen recent,
au Neolithique moyen du Centre-Ouest, au NMB, au Cortaillod type Port-Conty, au
« Neolithique recent » languedocien, au Neolithique final du sud-est (Ferrieres et son facies
couronnien) pour les formes a frequences moyenne et tres forte. Il apparaıt que la position
chronologique des recipients de Champ-Chalatras trouve, par ces references, un calage precis.
Des lors son attribution au Neolithique moyen II ne saurait faire l’objet de doute. Pour
l’ensemble, quelle que soit la frequence, la composante chasseenne est omnipresente.
Le Chasseen peut jouer le role de substrat pour cette serie qui s’integre au Neolithique moyen
II par ses nuances chronoculturelles (NMB, Cortaillod type Port-Conty, phases recentes du
Chasseen septentrional et du Neolithique moyen de l’Ouest). Elle manifeste son identite par ces
assimilations et sa capacite a conserver ses propres productions. Le corpus de Champ-Chalatras,
ou les influences acquises se conjuguent avec les innovations, revele un fonds culturel stable et un
potentiel dynamique. Cette derniere caracteristique peut justifier les references a des phases
posterieures au Neolithique moyen II (« Neolithique recent » languedocien et Neolithique final).
3.4.7. Integration de la serie a son contexte chronoculturel
3.4.7.1. Geographie des references culturelles. Les references evoquees pour caracteriser la
serie ceramique de Champ-Chalatras (Tableau 8) sont pertinentes pour les series du Neolithique
moyen. Elles sont plus anecdotiques pour les series du Neolithique final. On peut repartir
geographiquement ces appels :
� Sud : du Sud-Ouest a la Provence et sa marge transalpine ligure en passant par le Languedoc
(15) ;
� Est : vallee du Rhone, Alpes et marges suisses (14) ;
� Nord : Bassin parisien, Bourgogne, Franche-Comte (11) ;
� Ouest : Centre-Ouest (3).
Globalement, les references localisees au sud et au nord sont assimilables aux bases genetiques
de la serie de Champ-Chalatras et, par extension, du Neolithique moyen II auvergnat (Formes du
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Chasseen au sens strict et marqueurs septentrionaux tels les disques en terre cuite). Pour les
references a l’Est et a l’Ouest, on a plutot tendance a les considerer comme des paralleles
contemporains. Champ-Chalatras peut caracteriser une phase du Neolithique moyen II.
3.4.7.2. Chronologie des references culturelles (Tableau 9). En chronologie absolue,
l’ensemble des references trouve un calage. Elles se repartissent par groupe selon des espaces
de temps coherents malgre leur localisation geographique et leurs specificites culturelles. La
chronostratigraphie de la Grotte du Gardon (Amberieu-en-Bugey, Ain) offre une bonne
illustration du Neolithique moyen. On peut y rapporter les dates retenues pour les contextes
culturels cites.
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Tableau 8
Repartition geographique des references culturelles
Table 8
Geographical repartition of cultural referencies
J.-F.
Pa
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al./L
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thro
po
log
ie1
12
(20
08
)5
98
–6
40
63
4
Tableau 9
Position chronologique de la serie (en gras) et correspondance avec les groupes geo-culturels. Elabore principalement a partir du catalogue des datations radiocarbones de la grotte
du Gardon (Voruz, en ligne)
Table 9
Chronological position of Champ-Chalatras (in grey) and correspondence with geo-cultural groups. Based on radiocarbons datations of Gardon cave (Voruz, online)
Trois faits archeologiques de Champ-Chalatras ont fait l’objet de datages (Tableau 10). Seul
F11 a livre une forme analysee dans ce texte (Coupe carenee a paroi ouverte A2). Il faut
considerer que le lien entre le resultat et le morphotype precise l’appartenance chronoculturelle
de l’assemblage de F11. Par ailleurs, l’homogeneite typologique de l’ensemble du corpus
autorise a penser que cette datation donne l’age de la serie. Les trois resultats C14 etant
coherents, on est tente de les considerer comme valides. Des lors, l’assortiment ceramique de
Champ-Chalatras et les dates forment un tout.
On se situe entre 3776 et 2927 avant J.-C., dans un stade recent du Neolithique moyen II, en
contemporaneite avec le NMB type Gardon et le Chasseen terminal E pour la vallee du Rhone, avec
le Cortaillod, la phase IIIa du Chasseen septentrional et les facies du Neolithique moyen du Centre-
Ouest. F11 offre la possibilite de resserrer cet ecart entre 3645 et 3346 avant J.-C. Ce resultat
s’insere dans une etape terminale de ce stade. Les references se precisent autour du NMB constitue
de la cavite du Gardon, du Cortaillod type Port-Conty et du Neolithique moyen du Centre-Ouest
facies sud-armoricain. Au-dela de ces ensembles du Neolithique moyen II, c’est le « Neolithique
recent » languedocien (« facies de transition ») et le debut du Neolithique final qui sont concernes.
Les elements de comparaison et les dates de Champ-Chalatras placent ce corpus ceramique
dans une etape terminale du stade recent du Neolithique moyen II d’Auvergne. Comme les
groupes contemporains, il temoigne d’influences nord-orientales associees a un fonds chasseen
tres fort. Restent a definir precisement ses limites chronologiques et ses composantes, donc sa
genese et son evolution.
3.5. Le materiel lithique
Le materiel lithique rapporte a cette periode est peu important (n = 32). Sur cet ensemble, 29
pieces sont en silex blond du Cretace dont l’origine se situe dans la vallee du Cher et que l’on
rencontre frequemment en Auvergne durant une bonne partie de la Prehistoire (Surmely et Pasty,
2003). Les trois elements restants sont en silex tertiaires d’origine locale (Comte d’Auvergne).
La majorite des pieces sont des eclats ou des fragments d’eclats indifferencies de petites
dimensions, brules pour certains d’entre eux. Aucun de ces elements n’est retouche.
Parallelement a ce premier ensemble, nous disposons de sept lamelles et deux lames qui ont
une valeur informative plus importante que les eclats (Fig. 17). Ce sont des produits de petites
dimensions, relativement fins, de profil rectiligne. Plusieurs parmi ces fines lamelles rectilignes a
trois pans presentent les caracteristiques morphologiques et techniques de produits debites par
pression. L’une d’entre elles porte une fine troncature en bout (Fig. 17(4)).
Six fragments de meules ont ete recueillis dans des fosses (F26 et 41) ou des structures de
combustion (F15 et 43). Ces elements sont en granit, excepte celui de la fosse F41 qui est en gres.
La fosse F34 a egalement livre un fragment de petit galet allonge en roche volcanique. Cette piece
presente un poli sur une de ces faces. Son utilisation reste toutefois inconnue.
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Tableau 10
Datations radiometriques de l’occupation chasseenne de Champ-Chalatras
Table 10
Radiometric datations of Champ-Chalatras Chasseen occupation
Faits Age conventionnel Age calibre Code laboratoire Echantillon
Champ-Chalatras, F37 4540 � 80 BP 3504 a 2927 av. J.-C LY-11719 charbons
Champ-Chalatras, F6 4910 � 45 BP 3776 a 3640 av. J.-C LY-11717 charbons
Champ-Chalatras, F11 4695 � 80 BP 3645 a 3346 av. J.-C LY-11718 charbons
4. Conclusion generale
L’evaluation complementaire realisee au lieu-dit Champ-Chalatras a permis de mettre au jour
les temoins de trois phases d’occupation correspondant au Neolithique (essentiellement du
Neolithique moyen), a la periode protohistorique, puis gallo-romaine. Si les deux dernieres
phases d’occupation ne sont representees que par des elements epars et relativement mal
conserves, il en est tout autrement pour le Neolithique. Ce dernier est present dans deux grandes
zones qui ont livre un grand nombre de structures (en creux pour la plupart), associees a des
niveaux de sols. Les references frequentes au Chasseen classique evolue, au Cortaillod de type
Port-Conty et au Chasseen recent de la vallee du Rhone, permettent d’attribuer le cortege des
ceramiques de Champ-Chalatras a une phase elaboree du Neolithique moyen. Cette occupation
peut etre attribuee au Neolithique moyen II ; une datation C14 permettra de confirmer et de
preciser cette analyse. Cette etude preliminaire de la serie des Martres-d’Artiere a porte sur un
corpus largement marque par les influences meridionales et orientales. Elle permet d’entrevoir
les formes de recipients en usage, leur frequence et leur association. D’autre part, bien que
partielle, elle contribue a l’interpretation du gisement et permet de placer celui-ci parmi les sites
d’habitat. L’espace semble structure et la complementarite de certaines structures temoigne
d’une organisation elaboree.
J.-F. Pasty et al. / L’anthropologie 112 (2008) 598–640636
Fig. 17. Lames et lamelles des sols et structures neolithiques (1 : F43 ; 2 : F36 ; 3 : sd36 ; 4, 6 : F10 ; 5 : F18 ; 7 : F17 ; 8 :
F16).
Fig. 17. Blades and bladelets from neolithiclevels and structures (1: F43; 2: F36; 3: sd36; 4, 6: F10; 5: F18; 7: F17; 8: F16.
Les donnees fournies par l’etude archeozoologique, a partir des vestiges fauniques recueillis
dans plusieurs structures neolithiques, montrent que l’essentiel de l’alimentation carnee est
d’origine domestique. La part de la faune sauvage est marginale et semble venir en complement
de la premiere. La presence de cereales et de materiel de mouture associes a une faune
domestique diversifiee apporte des elements tres interessants concernant le mode d’occupation
des bords de l’Allier durant le Neolithique moyen. Une analyse spatiale complete n’a pu etre
realisee dans le temps qui nous etait imparti. Nous n’avons pu apprehender que tres partiellement
l’organisation spatiale d’une occupation neolithique de plein air.
Le site de Champ-Chalatras participe a la connaissance du Neolithique moyen elabore
auvergnat. Localement, les gisements attribues a cette phase sont frequents (Georjon, 2001a,
2001b). L’etude des assemblages ceramiques issus de ces contextes doit permettre de definir les
influences, de caracteriser ce Neolithique moyen et, a terme, d’amorcer une reflexion concernant
la genese du Neolithique final regional.
Remerciements
Nous tenons a remercier C. Manen et J. Coularou, CNRS/UMR 8555, pour leurs informations,
ainsi que K. Chuniaud pour nous avoir autorises a etudier le mobilier ceramique provenant de
l’operation archeologique dont elle etait responsable.
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