EXAMEN DE CORPS CERTIFICAT DE DÉCÈS AUTOPSIE MEDICO-LEGALE
DESU de Criminologie, Université Paris 8 Docteur Isabelle PLU, Maître de Conférences Université Paris 6 Pierre et Marie Curie Institut Médico-légal de Paris
I- LA MORT
Le médecin doit attester que « la mort est réelle et constante »
Définition de la mort Signes négatifs de la vie Arrêt cardio-circulatoire et respiratoire Absence de pouls, de respiration, de tension artérielle
Abolition totale de la conscience, de la sensibilité
Aréflexie
Perte du tonus musculaire et mydriase bilatérale
Pâleur, refroidissement
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I- LA MORT
Signes positifs de la mort = caractères thanatologiques Le refroidissement cadavérique
La rigidité cadavérique
Les lividités cadavériques
La déshydratation cadavérique
Les signes de putréfaction La tache verte abdominale
La rupture de la rigidité
La circulation posthume
Les décollements cutanés et les phlyctènes
Squelettisation
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Signes positifs de la mort
Refroidissement cadavérique (algor mortis)
d’un degré / h environ
Variable selon les conditions extérieures, le port de vêtements, l’activité physique et la t° du corps avant le décès
Rigidité cadavérique (rigor mortis)
S’installe progressivement de haut en bas
S’installe entre 3 et 4 h, totale à 12 h post-mortem
Peut se reconstituer si rompue avant la 12° h
Se rompt en 24 à 36 h
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Signes positifs de la mort
Lividités (livor mortis) Zones de coloration rose bleutée de la peau
Dans les parties déclives, respectant les point d’appui
Apparaissent entre la 2° et la 4° h post-mortem, possibles jusqu’à la 30° h
Se fixent en 12 à 15 h (indélébiles)
Déshydratation du cadavre Excavation des yeux, opacification de la cornée, tache
noire scléroticale
Plaque parcheminée
Hypotonie des fontanelles
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Signes positifs de la mort
Les signes de putréfaction La rupture de la rigidité
La tache verte abdominale Action des germes anaérobie
S’installe à la 48° h, d’abord en fosse iliaque droite puis s’étend
La circulation posthume Effet des gaz de putréfaction dans les vaisseaux
Epidermolyse : décollements cutanés et phlyctènes
Larves, insectes
Squelettisation
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II- LA CERTIFICATION DU DECES
Le certificat de décès La certification du décès est obligatoire Doit être signé par un médecin
(thèse + inscription au Tableau de l’Ordre des Médecins)
Après avoir vérifié que la mort est « réelle et constante » Deux types de certificats de décès : Le certificat général = couleur bleue Le certificat néonatal réservé aux enfants décédés entre la
naissance et 27 j révolus = couleur verte
Comportent deux parties : La partie supérieure : volet administratif
destinée à l’état civil et aux pompes funèbres
La partie inférieure : volet médical et anonyme (causes médicales de décès) Destinée au CépiDc-INSERM
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Le certificat de décès Partie supérieure
3 exemplaires destinés à : Mairie du lieu d’implantation de la chambre funéraire Gestionnaires de la chambre funéraire Mairie du lieu de décès
Données concernant le défunt : Nom, prénom, date de naissance, sexe, adresse du domicile, commune de décès Date et heure du décès Obstacle médico-légal* Mise en bière immédiate (arrêté 20 juill. 98)
Dans un cercueil hermétique : variole et autres orthopoxviroses , choléra, charbon, fièvre hémorragiques virales, peste
Dans un cercueil simple : Hépatites virales, rage, infection à VIH, maladie de Creutzfeldt Jakob, tout état septique grave sur prescription du médecin
Transport du corps avant mise en bière et soins de conservation interdits Don du corps et prélèvements
Don du corps à la science Prélèvements à la recherche des causes de décès : autopsie médicale
Prothèse contenant des radioéléments (pacemaker, défibrillateur) Ablation obligatoire Certificat attestant de son ablation
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Le certificat de décès
La mort suspecte => obstacle médico-légal Décès qui ne serait pas d’origine naturelle
Décès qui pourrait engager la responsabilité d’un tiers Mort délictuelle, Mort criminelle
Mort violente
Exemples : Homicides
Accident de la circulation, du travail, …
Suicides ou suspicion de suicide …
Accidents médicaux et décès inattendu en milieu hospitalier
Décès en milieu pénitentiaire ou psychiatrique
Décès de personne vulnérable (jeune enfant, femme enceinte, personne en institution)
Décès de notable
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Le certificat de décès
Obstacle médico-légal : le corps est mis à disposition de la justice
Conséquences : interdit jusqu’à délivrance du permis d’inhumer
La fermeture du cercueil
Le transport du corps avant mise en bière
Les soins de conservation
L’inhumation
La crémation
Le don du corps
Les prélèvements en vue de recherche la cause du décès
Procès-verbal aux fins d’inhumation : Autorisation réglementaire de procéder aux opérations funéraires,
délivrée par un officier d’état civil (et non pas par le médecin)
Exige le certificat de décès et un délai d’au moins 24 h après le décès
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Le certificat de décès Partie supérieure
Partie inférieure
Remplie par le médecin
Causes médicales de décès confidentielles et anonymes Données minimales sur le défunt (commune de domicile et de
décès, date de naissance et de décès, sexe)
Enchaînement causal ayant conduit directement au décès
Autres état pathologique ayant contribué au décès (antécédents)
Informations complémentaires :
grossesse ?
Accident de travail ?
Lieu de décès ?
Autopsie ?
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III- LE TRAITEMENT JUDICIAIRE DU DECES
Procédure judiciaire en cas de mort suspecte
Art. 74 CPP : « en cas de découverte d’un cadavre, qu’il s’agisse ou non d’une mort violente, mais si la cause en est inconnue ou suspecte, l’officier de police judiciaire qui en est avisé informe immédiatement le Procureur de la République. Le Procureur de la République, s’il le juge nécessaire, se fait assister de personnes capables d’apprécier la nature des circonstances du décès »
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Levée de corps et examen de corps
Levée de corps / examen de corps
Levée de corps : examen du cadavre sur les lieux de sa découverte
Circonstances :
Découverte d’un corps
Obstacle médico-légal (mort suspecte)
Buts de l’examen :
Identifier le défunt
Estimer le délai post-mortem
Recherche de lésions traumatiques
Déterminer la cause de mort
Indiquer si intervention humaine extérieure
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Recherche d’éléments d’identification :
Biomorphologie
Vêtements, Bijoux
Tatouages, Caractères distinctifs (cicatrices)
Caractère thanatologiques Température, lividités, rigidité, putréfaction
Délai post-mortem : tableau de VIBERT Cadavre chaud et souple sans lividités : < 5 à 6 h
Cadavre tiède, début de rigidité, lividités mobiles : 6 à 12 h
Cadavre froid, rigide, lividités marquées, sans tache verte : 24 à 48 h
Disparition de la rigidité, tache verte abdominale : + de 48 h
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Levée de corps et examen de corps
Levée de corps et examen de corps
Examen du corps : recherche de lésions Examen complet, cutané et muqueux
Corps dévêtu
Inspection, palpation, mobilisation
Région anatomique / région anatomique, en particulier :
Extrémités (ongles)
Conjonctives
Zones de défense, de prise, d’entrave, de maintien
Orifices de la face
Sphère génito-anale
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V- L’AUTOPSIE MEDICO-LEGALE
Demandée par un magistrat
En cas de mort violente, suspecte, inexpliquée, laissant suspecter l’intervention d’un tiers ou mettant en jeu la responsabilité d’un tiers,
En cas de problème d’identification (corps putréfié, carbonisé, mutilé ou sans identité connue)
Buts :
Identifier le défunt
Évaluer le délai post-mortem
Déterminer la cause de la mort
Aider à déterminer les circonstances de la mort (mécanisme lésionnel)
Recherche de tout indice de crime ou délit 19
Déroulement
Examen externe
Incisions profondes (crevés)
Examen interne des viscères
Prélèvements
Conclusion
Rapport d’autopsie
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L’examen interne des viscères
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Cou Dissection des muscles du cou
Extraction par voie sous-mandibulaire
Dissection des cartilages laryngés
Dissection des vaisseaux
Crâne Incision du cuir chevelu
Ouverture de la boîte crânienne
Extraction de l’encéphale
Examen interne
Mais aussi : Le pancréas L’estomac La vessie Les organes génitaux (prostate, utérus, ovaires) +/- marge anale et
région vulvaire L’aorte
Examen du squelette Boîte crânienne Massif facial Rachis Cage thoracique (sternum, côtes) Bassin
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Les expertises complémentaires
Radiographies avant autopsie Identifier les fractures récente ou ancienne (cals
osseux)
Rechercher et localiser un projectile balistique
Rechercher des éléments d’identification du corps
Matériel d’ostéosynthèse
Stigmates d’intervention chirurgicale
Dentition
Déterminer l’âge (osseux) de l’individu
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Les expertises complémentaires
ANATOMIE-PATHOLOGIE
les prélèvements à visée anatomo-pathologique réalisés lors de l’autopsie
Des fragments des principaux viscères (cœur, encéphale, poumon, foie, rein)
Certaines lésions traumatiques
Fragments de plaie ou ecchymose
Fractures
Lésions viscérales
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Les expertises complémentaires
Intérêts de l’anatomie pathologie
Étude des tissus au microscope
après colorations des échantillons
connaître la nature des lésions observées
faire le diagnostic d’une maladie
dater certaines lésions traumatiques
Lésions anté mortem / postmortem
Lésions anciennes / récente
Ecchymoses
Fractures
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Les expertises complémentaires
TOXICOLOGIE
Prélèvements à visée toxicologique réalisés lors de l’autopsie
Sang cardiaque et périphérique,
De l’urine, de la bile, du contenu gastrique, de l’humeur vitrée,
Des fragments de viscères (foie, poumons, rein, rate)
Des cheveux (poils pubiens)
Écouvillon nasal (muqueuse nasale)
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Les expertises complémentaires
Intérêt des analyses toxicologiques :
identifier des substances toxiques présentes dans le sang, les urines, les viscères, les phanères (cheveux)
quantifier ces substances afin de connaître l’effet clinique
concentrations thérapeutiques, toxiques ou létales
donner une chronologie de prise de toxique
Analyse des cheveux
Cannabis, stupéfiants, ….
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Les expertises complémentaires
GENETIQUES A visée génétique
Identification de la personne : Sur prélèvements réalisés en autopsie : sang, os cortical, muscle, cheveux (dent)
Identification d’un auteur : Sur prélèvements réalisés en autopsie : ongles, écouvillons bouche, anus, vagin
(Sur prélèvements réalisés sur la scène de crime)
BACTERIOLOGIQUES et VIROLOGIQUES A visée infectieuse :
Sur prélèvements réalisés en autopsie : sang, poumon, urine, selles, LCR, écouvillon pharyngé
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Les expertises complémentaires
BALISTIQUES Expert présent ou non à l’autopsie Expertise des armes et munitions retrouvés Expertise des orifices retrouvés sur le corps Détermination de l’arme (ou des armes) à l’origine des
lésions Détermination de la distance de tir
Autres expertises spécifiques : Limnologiques (diatomées) : viscères et eau Entomologiques : pupes, larves Police scientifique
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