Anna ZOUGANELI, Approches méthodologiques de la tragédie grecque, intervention du 5 novembre 2013 (18 :
00 - 20 : 00), dans le cadre du séminaire de méthodologie de l’ED1 de la Sorbonne
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Séminaire de méthodologie de l’ED1
Compte-rendu de la séance du 5 novembre 2013
Présents : Amarande Laffon, Anna Zouganeli, Georges Vassiliades, Konstantinos Aspiotis,
Sharif Bujanda, Néféli Papakonstantinou, Diego Gariazzo Lechini, Pierre-Alain Caltot, André
Rehbinder, Catherine Gillibert, Maité Fernandez-Faband
Objet de la séance : Approches méthodologiques de la tragédie grecque
(Intervenant : Anna Zouganeli)
Qu’est-ce que la science ?
La science : i. désigne un réseau complexe de processus visant à la « conquête » cognitive d’un
domaine ou d’un « objet » de la réalité établi d’une manière scientifique par des processus basés
sur un système sémantique et sur des méthodes de la pratique scientifique ; ainsi, la science ne
conquiert pas simplement son objet mais également sa propre constitution scientifique
ii. cherche la vérité en se fondant sur l’argumentation et sur l’exactitude des énoncés,
sur la documentation systématique ainsi que sur les processus rationnels de contrôle et de
correction de la recherche dans toutes ses étapes.
iii. et est toujours indissociable de l’éthos scientifique qui prémunit contre le plagiat et
l’improvisation.
Dans le cadre de la postmodernité, la science n’est pas conçue comme l’agglomération
des connaissances, mais comme l’action et le processus de la « production » de la
connaissance. Cependant, le modèle classique de la science comme un système d’énoncés vrais,
autour d’un sujet, construits en ordre rationnel, s’oppose à cette nouvelle conception de la
science. Cette distinction entre connaissance acquise et processus de « production » de la
connaissance est liée aussi à la distinction entre les sciences de la nature et les sciences
humaines. Les sciences exactes ont pour but la transmission de la connaissance de leur objet. Au
contraire, dans les Sciences Humaines l’important est « l’acte critique de la connaissance », qui,
en Philologie, est fondé sur la participation de l’individu/du particulier et du général, puisque
son objet - c’est-à-dire les œuvres littéraires – n’est pas que le fruit d’un individu, mais
également le résultat de sa parenté interlocutoire.
L’objet, la terminologie et la méthodologie constituent la science. Comme la science
essaie, au fil du temps, de résoudre des nouveaux problèmes et de vérifier des hypothèses en
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créant une rupture avec ses acquis et en se fondant sur le principe de réfutabilité, elle modifie
son système de termes et ses méthodes, en ébranlant, de cette manière, la conception de la
science comme une connaissance assurée et constante des vérités immuables.
Bibliographie sélective :
Aggelatos, D. (2011), Η Αλφα Βήτα του Νεοελληνιστή : Οδηγός για το εισαγωγικό μάθημα στην
επιστήμη της Νεοελληνικής Φιλολογίας, Αθήνα.
Bakhtine, M. M. (1984), « Remarques sur l’épistémologie des sciences humaines » dans
Bakhtine, M., Esthétique de la création verbale, 379-393, Paris, Gallimard.
Bourdieu, P. (2001), Science de la science et réflexivité : cours du Collège de France 2000-
2001, Paris.
Diltey, W. (1re
édition 1900), La naissance de l’herméneutique dans DILTEY, W. (1995), Ecrits
d’esthétique : suivi de La naissance de l’herméneutique, éd. et annotation par Sylvie Mesure,
présentation par Danièle Cohn et traduit par Danièle Cohn et Evelyne Lafon, Paris.
Feyerabend, P. (1979), Contre la méthode : esquisse d’une théorie anarchiste de la
connaissance, traduit de l’anglais par Baudouin Jurdant et Agnès Schlumberger, Paris.
Mπαλτάς, A. (1990), Για την επιστήμη της ιστορίας μιας επιστήμης. Mια εισαγωγή στην
επιστημολογία του Aλτουσέρ, Aθήνα, O Πολίτης.
Mπαλτάς, A. (1991), « Aπέναντι στην επιστήμη: Πρόταση για τη συγκρότηση της έννοιας »
dans Aντικείμενα και όψεις εαυτού, Aθήνα, Eστία, 2001, 19-76.
Popper, K. (1959), The Logic of Scientific Discovery, London.
Popper, K. (1963), Conjectures and Refutations: The Growth of Scientific Knowledge, London.
Szondi, P. (1re
édition 1962), « Sur la connaissance philologique » traduit par LAKS, A. dans
BOLLACK, M., éd., (1981), Poésies et poétiques de la modernité, 11-29.
Qu’est-ce que la philologie classique ?
Philologie - d’après Judet de la Combe1, au sens européen de « science des œuvres de langage »,
« considérée dans l’ensemble de ses opérations, depuis l’établissement critique de la lettre des
textes jusqu’à l’interprétation et à la réflexion sur les conditions générales de l’interprétation, et
non au sens français (actuellement moins courant, il est vrai) de science des manuscrits ou de
science historique des usages de la langue ».
1 JUDET DE LA COMBE, P. (2010), Les tragédies grecques sont-elles tragiques ? Théâtre et théorie, Paris, p. 21,
n. 5
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- la philologie classique : la science dont l’objet est l’étude de tous les documents écrits en grec
ancien et latin.
- Ses buts principaux sont : i. l’édition des textes littéraires via certains processus
systématiques (i.e. collation des manuscrits, des papyrus, création du stemma, de l’apparat
critique, etc.)
ii. l’analyse et l’interprétation de l’organisation textuelle des textes littéraires, c’est-à-dire de
la manière unique de leurs formes, des choix de l’auteur,
iii. ainsi que l’étude de leur visée communicative, autrement dit leur but et le public auquel ils
s’adressent.
L’analyse reconnait, distingue et classe les éléments du matériel textuel (par exemple, le
signifiant et le signifié, des métaphores et d’autres figures de discours) ainsi que les paramètres
extratextuels.
De l’autre côté, l’interprétation concerne les processus par lesquels on donne et on extrait
de la signification du matériel textuel et des paramètres extratextuels.
Bibliographie sélective :
Adam, J.-M. (1992), Les textes : types et prototypes. Récit, description, argumentation,
explication, dialogue, Paris.
Calder, William M., (1998), Men in Their Books: Studies in the Modern History of Classical
Scholarship. Spudasmata Band 67. Edité par John P. Harris et R. Scott Smith. Hildesheim :
Georg Olms Verlag.
Calder, William M., (2010), Men in Their Books: Studies in the Modern History of Classical
Scholarship. Spudasmata Band 129. Edité par Thomas J. Rohn. Hildesheim : Georg Olms
Verlag, 2ème volume.
Hummel, P. (2000), Histoire de l'histoire de la philologie : étude d'un genre épistémologique et
bibliographique, Genève.
Judet de la Combe, P. (2010), Les tragédies grecques sont-elles tragiques ? Théâtre et théorie,
Paris.
Pfeiffer, R. (1968-1978) History of Classical Scholarship : From the beginnings to the end of
the Hellenistic Age, vol. 1 et From 1300 to 1850, vol. 2, Oxford Clarendon Press.
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Sandy, J. E., (1903-1908), A History of classical scholarship : From the VIth century B. C. to
the end of the middle ages, (1903) vol. 1 ; From the revival of learning to the end of the XVIIIth
century (in Italy, France, England and the Netherlands, (1908) vol. 2 ; The XVIIIth century in
Germany and the XIXth century in Europe and the United States of America, (1908), vol. 3 ;
Cambridge.
Schaps, D. M. (2011), Handbook for classical research, London and New York.
von Wilamowitz-Moellendorf, U. (1959), Geschichte der Philologie, Leipzig.
Qu’est-ce que la méthodologie et les méthodes ?
On définit comme méthodes, les procédures particulières qu’un chercheur utilise dans ses
pratiques scientifiques. Les méthodes guident le processus de la production des connaissances
scientifiques (observation, expériences, raisonnement) et sont utilisées pour développer la
connaissance scientifique. Elles jouent un rôle important en science, car elles sont le fruit d’une
longue tradition de recherche et définissent surtout la manière scientifique d’étude des objets de
chaque science. Mais, la grande diversité des processus et des disciplines scientifiques rendent
l’idée d’une unité de la méthode très problématique.
Les méthodes de la pratique scientifique en Philologie classique sont définies par rapport
aux domaines dans lesquels ses buts sont réalisés ; grosso modo, on peut signaler les axes
suivants autour desquels ses méthodes sont déterminées : histoire, langue/grammaire, théorie,
critique et comparaison. On peut donc constater ici, que les méthodes de la philologie sont
caractérisées par une pluralité de point de vue.
La tragédie grecque et les diverses approches méthodologiques d’étude
A cause de l’énormité et la diversité de l’étude de la tragédie grecque nous ne pouvons pas
présenter, dans le cadre de cette séance, la totalité de son histoire en détail. D’après Simon
Goldhill, la méthodologie d’un spécialiste de la tragédie grecque est plutôt le résultat d’un
réseau d’influences de la part de ses enseignants, d’échanges entre collègues, de ses lectures et
d’étude des textes liés aux lettres classiques. Néanmoins, la méthodologie n’est pas qu’un ajout
à une analyse ou/et une interprétation et la théorie littéraire ne s’oppose pas à la pratique
scientifique. Au contraire, la méthodologie est ce qui rend une analyse et une interprétation
possibles.
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Goldhill, S. (1997), « Modern critical approaches to Greek tragedy », dans Easterling, P., éd.,
The Cambridge Companion to Greek Tragedy. Cambridge : Cambridge University Press, 324-
347
Scodel, R. (2010), An Introduction to Greek Tragedy, Cambridge/New York, Cambridge
University Press
Storey, I. C. et Allan, A. (2004), A Guide to Ancient Greek Drama : Blackwell Guides to
Classical Literature, Malden, MA : Blackwell (et plus précisément « Approaching Greek
Drama », 230-240)
I. Editions critiques, éditions accompagnées de traductions et de commentaires et éditions
avec un commentaire très détaillé
Les spécialistes doivent rétablir le texte d’une manière autant que possible exacte, en
collationnant les manuscrits et les papyrus conservant le texte, en recherchant l’histoire de la
transmission du texte et en comparant la langue de ce texte avec la langue des autres œuvres du
même corpus. Les éditeurs des textes de l’antiquité envisagent de récupérer le texte « original »,
le texte que le dramaturge a vraiment (ou enfin approximativement) écrit et de résoudre les
problèmes textuels (i.e. grammaticaux, métriques, de sens, fautes liées au processus de
transcription, etc.).
En ce qui concerne les éditions critiques, elles comprennent dans la plupart des cas les
éléments suivants :
i. une introduction générale concernant l’auteur, les sources et la tradition des manuscrits
ii. une liste de sigles et abréviations
iii. le texte grec
iv. un apparat critique, souvent accompagné d’une liste de testimonia
v. un ou plusieurs index
Maas, P. (19604), Textkritik. Leipzig und Berlin. : Teubner
Mioni, E. (1973), Introduzione alla paleografia greca, Padova : Liviana
Most, G. W., éd. (1998), Editing Texts, Texte Edieren. Aporemata, Kritische Studien zur
Philologiegeschichte, Band 2. Göttingen : Vandenhoeck & Ruprecht
Renehan, R. (1969), Greek Textual Criticism : A Reader, Cambridge
Timpanaro, S. (2005), The Genesis of Lanchmann’s Method, Most, G. W. éd., Chicago London
: University of Chicago
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West, M. L. (1973), Textual Criticism and editorial technique applicable to greek and latin
texts, Stuttgart.
Les éditions avec un commentaire très détaillé
Gibson, R. K. et Shuttleworth Kraus, C. éd., (2002), The Classical Commentary : History,
Practices, Theory. Mnemosyne Supplement 232. Leiden: Brill.
Goulet-Lazé, M.-O. et al. dir. (2000), Le commentaire entre tradition et innovation, Vrin,
« Bibliothèque d'Histoire de la Philosophie », Paris.
Irigoin, J. (1972), Règles et recommandations pour les éditions critiques, Paris : Belles Lettres
Kresis, S. (1981), Contemporary Literary Hermeneutics and Interpretation of Classical Texts/
Herméneutique littéraire contemporaine et interprétation des textes classiques, Ottawa
Most, G. W., éd., (1999), Commentaries-Kommentare. Aporemata : Kritische Studien zur
Philologiegeschichte, Band 4. Göttingen : Vandenhoeck und Ruprecht
L’histoire de la transmission des tragédies grecques
Garland, R. (2004), Surviving Greek Tragedy, London : Duckworth
II. La langue de la tragédie
La tragédie est composée d’un style et d’un vocabulaire très particuliers et multiples. Trois
paramètres qui contribuent à la langue de la tragédie : 1. la tradition de la langue littéraire (les
épopées homériques et la poésie archaïque lyrique) ; 2. la religion et les rites ; 3. le monde de la
cour de justice et de l’Assemblée (la rhétorique et la sophistique).
Goldhill, S. (1984), Language, sexuality, narrative : the Oresteia, Cambridge University Press
Goldhill, S. (1997), « The language of tragedy : rhetoric and communication » dans Easterling,
P. (1997), The Cambridge Companion to Greek Tragedy, Cambridge University Press, 127-150
D’après Jean-Pierre Vernant, dans la langue des tragiques existent des niveaux multiples et de ce
fait, un seul terme peut appartenir à des champs sémantiques différents. Les mots, selon la
manière dont ils sont utilisés et selon la personne qui les utilise, prennent des significations
différentes ou même opposées. Ainsi, les mots au théâtre ne stabilisent pas la communication
entre les personnages mais signalent notamment les impasses et les barrières, afin de démontrer
les points de conflit et de discorde.
Vernant, J.-P. (1986) « Tensions et ambiguïtés dans la tragédie grecque » dans Vernant, J.-P. &
Vidal-Naquet, P. (1986), Mythe et tragédie en Grèce ancienne, vol. 1, Paris, 19-41.
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- Narration
Barrett, J. (2002), Staged Narrative: Poetics and the Messenger in Greek Tragedy, Berkeley :
University of California Press.
Goward, B. (1999), Telling Tragedy: Narrative Technique in Aeschylus, Sophocles, and
Euripides, London: Duckworth.
De Jong, I. J. F. (1991), Narrative in Drama: The Art of the Euripidean Messenger-Speech,
Leiden.
Markantonatos, A. (2002), Tragic Narrative: A Narratological Study of Sophocles' Oedipus at
Colonus, Berlin: de Gruyter.
- Des études sur l’agôn des tragédies
Castelli, C. (2000), Μήτηρ σοφιστῶν : La tragedia nei trattati greci di retorica, Milano : Led
Duchemin, J. (19682
rev. et corr.), L’agôn dans la tragédie grecque, Paris : les Belles Lettres
Durand, M. (2005), Agôn dans les tragédies d’Eschyle, Paris : l’Harmattan
III. New criticism (Nouvelle critique)
Vers la deuxième guerre mondiale, une nouvelle tendance de la théorie de la littérature a été
développée notamment aux Etats Unis et en Angleterre : le « New Criticism ». Cette théorie a
joué un rôle social et littéraire important dans les Universités et a aussi influencé les spécialistes
de la littérature grecque et latine. D’après le « New Criticism », le poème est un objet autonome
(self contained en anglais), contenant toutes les informations nécessaires pour qu’il puisse être
apprécié et étudié et n’est pas lié à l’histoire. Au centre de ce type d’étude se trouvent la langue
et la forme de l’œuvre littéraire. Les spécialistes envisagent d’identifier la structure, les motifs,
les ironies, l’imagerie, les tensions, les figures du discours etc., et de déterminer l’intrigue, les
épisodes, le climax et le dénouement. Ils essayent de démontrer la relation entre la langue et la
structure et de clarifier comment tous ces éléments contribuent à l’ensemble de l’œuvre
littéraire.
Reinhardt, K. (1933), Sophokles, Frankfurt am Main : V. Klostermann [trad. de l’allemand en
1990 par E. Martineau, Paris : éd. de Minuit]
Kitto, H. D. F. (19391
: 20113), Greek Tragedy : a literary study, London : Routledge
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IV. Structuralisme et Anthropologie ; Tragédie, Rituel et Dionysos
Les anthropologues de Cambridge (« Cambridge Ritualists ») ont vécu pendant les premières
décennies du 20ème
siècle. D’après eux, la tragédie est un rite ; ils élaborent la théorie du
Eniautos-Daimon (the Year Spirit) : la religion vient de la magie et plus précisément de l’effort
de contrôler la nature et le cycle annuel de la nature, dès la fructification jusqu’à la mort, et est
représentée dans le rite du sacrifice du roi (ou du Year Spirit). Gilbert Murray pensait que la
tragédie venait d’un rite dansant en rapport avec Dionysos, et que l’on peut percevoir dans la
tragédie un tel schéma : la lutte entre le Year Spirit et son ennemi ; le sacrifice et la mort du Year
Spirit ; l’annonce de la mort du Year Spirit par un messager ; la lamentation pour sa mort ; la
résurrection et l’épiphanie du dieu. Cette approche fut finalement rejetée.
Selon René Girard : le sacrifice est vu comme un processus social et il doit être compris
comme une institution qui fonctionne pour diriger et pour contrôler la violence de la société. La
tragédie met en scène d’une manière dramatique la force de la violence, qui, quand elle devient
menaçante, est exercée afin d’être expulsée de la cité. En outre, Girard croyait que la base de la
tragédie se trouvait dans les rites.
Jean Pierre Vernant analyse lui la tragédie comme une institution de la cité démocratique et
comme un genre de création esthétique nouveau et original. Vernant et Vidal-Naquet pensent
que le sacrifice, le bouc émissaire, etc. sont des éléments fondamentaux de la narration tragique.
Ainsi, la tragédie est considérée comme une exploration et une expression de l’ordre et du
désordre du monde, des schèmes typiques des rites.
Une autre version de structuralisme se focalise sur les bipôles comme des parties fondamentales
et structurelles de chaque civilisation et sur le mythe.
Burkert, W. (1966), « Greek tragedy and sacrificial ritual », GRBS, 7, 87-121
Evans, A. J., Lang, A., Murray, G., et al. (1908), Anthropology and the classics : six lectures
delivered before the University of Oxford, Oxford : Clarendon Press
Girard, R. (1972), La violence et le sacré, Paris : B. Grasset
Vernant, J.-P. & Vidal-Naquet, P. (1986), Mythe et tragédie en Grèce ancienne, 2 vol., Paris
Structuralisme et post-structuralisme
L’œuvre complète de J.-P. Vernant, de P. Vidal-Naquet, M. Detienne et de N. Loraux a
énormément influencé une grande partie des spécialistes de la tragédie grecque.
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D’après Segal : la méthodologie de Lévi-Strauss, selon laquelle le mythe est un système
composé de valeurs opposées, est utile pour l’étude de la littérature grecque et notamment pour
l’étude de la tragédie grecque où le conflit entre des contraires est d’une importance centrale.
Ainsi, grâce aux techniques structuralistes on peut comprendre le fonctionnement de
l’expression des ordres qui gouvernent le monde représentés dans les tragédies. Les buts d’une
approche structuraliste sont les suivants : 1) la compréhension du système des relations d’une
société, dans lesquelles un symbole donné fonctionne, et pas son « sens absolu », 2) le décodage
de ce système, 3) la révélation de l’« enclenchement » parallèle entre les codes divers de l’ordre
social, familial, rituel, linguistique, sexuel, biologique, etc. La tragédie procure un dérangement
violent des codes, une déconstruction des systèmes familiers de l’ordre. Dans la tragédie,
comme dans chaque forme de la littérature en général, un « message » textuel est capable de
« détruire » le code même.
Goldhill, S. (1986), Reading Greek Tragedy, Cambridge : Cambridge University press
Segal, C. (1981), Tragedy and civilization : An interpretation of Sophocles, Cambridge, MA
Segal, C. (1986), Interpreting Greek Tragedy : Myth, Poetry, Texts, Ithaca & London
Zeitlin, F. (1982), Under the sign of the Shield : Semiotics and Aeschylus’ Seven Against
Thebes, Rome
Tragédie et religion
Comme les tragédies grecques étaient mises en scène dans le cadre de fêtes en l’honneur de
Dionysos, de nombreux spécialistes ont étudié la relation entre la tragédie et la religion, mais ils
sont arrivés à des résultats opposés. Les deux questions les plus importantes auxquelles les
spécialistes ont essayé de répondre sont les suivantes : 1) La tragédie grecque vient-elle du culte
dionysiaque ? 2) Les tragédies grecques étaient-elles des performances purement théâtrales ou
également rituelles ?
Redmond, J. éd. (1983), Drama and Religion, Cambridge, 159-223
Redmond, J., « Everything to do with Dionysos? Ritualism, the Dionysiac, and the tragic », dans
Silk, M. S. éd. (1996), Tragedy and the Tragic, Oxford, 257-83
Scullion, S. (2002), « Nothing to do with Dionysos : Tragedy misconceived as ritual », Classical
Quarterly, 52, 102-137
Seaford, R. (2005), « Tragedy and Dionysus », dans Bushnell, R. (2005), A companion to
tragedy, Malden : Blackwell publ., 25-38
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Seaford R., (1994), Reciprocity and ritual : Homer and tragedy in the developing city-state,
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Sourvinou-Inwood, C. (2003), Tragedy and Athenian Religion, Lanham : Lexington Books
Sourvinou-Inwood, C. (2005), « Tragedy and Anthropology », dans Gregory, J. éd. (2005), A
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Vernant, J.-P. (1986), « Le dieu de la fiction tragique », dans Vernant, J.-P. et Vidal-Naquet,
P. (1986), Mythe et tragédie en Grèce ancienne, t. II, Paris, 17-24
V. Politique et social
Sur l’aspect politique de la tragédie athénienne des études contradictoires sont publiées (les unes
soulignent le caractère rituel et dionysiaque de la tragédie et les autres son caractère politique et
social).
Goldhill, S. (1987), « The Great Dionysia and Civic Ideology », Journal of Hellenic Studies,
107, 56-67
Goldhill, S. (2000), « Civic Ideology and the problem of Difference : The Politics of Aeschylean
Tragedy Once Again », Journal of Hellenic Studies, 120, 34-56
Griffin, J. (1998), « The Social function of Attic Tragedy », Classical Quarterly, 48, 39-61
Meier, C. (1991), De la tragédie grecque comme art politique, traduit de l’allemand par M.
Carlier, Paris : Belles Lettres
Ober, J. et Strauss, B. (1990), « Drama, Political Rhetoric, and the Discourse of Athenian
Democracy », dans Winkler, J. J. et Zeitlin, F. I. (éd.), Nothing to Do with Dionysos? Athenian
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Rhodes, P. J. (2003), « Nothing to do with democracy : Athenian drama and the Polis », Journal
of Hellenic Studies, 123, 104-119
Seaford, R. (1996), « Something to do with Dionysos : Tragedy and the Dionysiac », dans Silk,
M. S., Tragedy and the Tragic : Greek Theatre and Beyond, Oxford, 284-294
Seaford, R. (2000), « The Social function of Attic Tragedy : A response to Jasper Griffin »,
Classical Quarterly, 50, 30-44
Seaford, R. (2006), Dionysos, London : Routledge
Wilson, P. (2009), « Tragic Honours and Democracy : Neglected Evidence for the Politics of
the Athenian Dionysia », Classical Quarterly, 59.1, 8-29
VI. Psychanalyse
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Au 20ème
siècle, l’approche psychanalytique a beaucoup influencé l’étude de la littérature et par
extension celle des tragédies grecques à travers des études concernant l’esprit, le désir et
l’inconscient. Elles expliquent que la force de la tragédie est le désir et l’horreur que les
spectateurs ressentent en voyant sur la scène la représentation de leurs désirs inconscients.
Alford, C. F. 1992, The Psychoanalytic theory of Greek tragedy, New Haven: Yale University
Press.
Andrieu, G. (2013), Œdipe sans complexe : les dessous cachés de la mythologie grecque, Paris :
L’Harmattan.
Freud S. (1953), « Psychopathic Stage characters » dans Standard Edition of the Complete
Psychological works of Sigmund Freud, vol. 7, translated from the German under the general
editorship of J. Strachey, in collaboration with A. Freud assisted by A. Strachey and A. Tyson,
London: Hogarth press and the Institute of psycho-analyses.
Segal, C. (19972), Dionysiac poetics and Euripides “Bacchae”, Princeton.
Segal, C. (1978/1979), « Pentheus and Hippolytus on the couch and on the grid:
Psychoanalytical and Structuralist Readings of Greek Tragedy », The Classical World, 72, 129-
148.
Vernant, J.-P., (1972) « “Œdipe” sans complexe », dans Mythe et tragédie en Grèce ancienne,
op. cit., vol. I, 77-98.
VII. Féminisme
D’autres spécialistes se sont focalisés sur la représentation des femmes dans les drames, la
construction des caractères des rôles féminins, les actions des femmes, leurs attitudes, la façon
dont les autres personnages les ont critiquées et la relation entre les deux sexes.
Cawthorn, K. (2008), Becoming female: the male body in Greek tragedy, London: Duckworth.
Foley, H. (2001), Female acts in tragedy, Princeton.
Lazaridès, A. (2000) « La tragédie grecque à l’épreuve du féminisme », Jeu : Revue du théâtre,
96.3, 64-69.
Loraux, N. (1985), Façons tragiques de tuer une femme, Paris : Hachette
McClure, L. K. (1999), Spoken like a woman: speech and gender in Athenian drama, Princeton.
Ormand, K. (1999), Exchange and Maiden: marriage in Sophoclean tragedy, Austin: University
of Texas press.
Rabinowitz, N. S. (1993), Anxiety veiled: Euripides and the traffic in women, Ithaca: Cornell
University Press.
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Wohl, V. (1998), Intimate commerce: exchange, gender and subjectivity in Greek tragedy,
Austin: University of Texas press.
Zeitlin, F. I. (1978), « The dynamics of misogyny: myth and mythmaking in the Oresteia »,
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Zeitlin, F. I. (1996), Playing the other: gender and society in classical Greek literature,
Chicago.
VIII. Performance
Une autre perspective vise à reconstituer la forme des représentations des tragédies au
cinquième siècle. Les problèmes posés par une telle approche sont nombreux. Toutefois, les
tragédies grecques ont été écrites pour être représentées sur la scène et doivent donc être
interprétées comme telles.
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Enfin, nous avons évoqué la difficulté de la reconstitution des tragédies fragmentaires et
nous avons proposé une reconstitution de l’intrigue des Cypriens de Dicaeogenes. Que
soient remerciés pour leur aide : mon directeur de thèse, Paul Demont, et mes collègues
Amarande Laffon et Georges Vassiliades pour leur aide.
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