Zembra et Zembretta (Tunisie "Îles Jamour"). Les AEGIMURES de l'Antiquité: Recherches...

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61 1/ Les recherches Insulaires (voir cartes et plans) Nos connaissances sur l’archéologie des îles mineures tunisiennes se limitaient à assez peu de choses, avant que nous n’intervenions à Zembra en 1993 1 , et à la Galite en 1994 2 : quelques indications sur l’île de Zembra fournies par l’Atlas archéologiques ; quelques notes et un rapport sur la fouille d’un caveau funéraire fouillé à la Galite ; un rapport sur l’ exploration des îles Kneiss qui permit à P. Cintas et E. G. Gobert, en mai 1938, de retrouver les vestiges d’un monastère qu’ils attribuèrent à Fulgence de Ruspe 3 . Grâce à nos travaux, et à un programme géo-archéologique tuniso-français qui fut conduit sur le littoral tunisien, afin d’étudier les vestiges de la production et du commerce des salsamenta de l’Afrique ancienne 4 , les enquêtes archéologiques sur ces îles furent relancées. 1 Voir plus bas. 2 Chelbi 2010, p. 29-62, et autre article complémentaire : Chelbi 2011, p. 77 et suiv. 3 Feuille 1937, p. 203-205 ; Cintas 1940, p. 246 ; Trousset, Slim, Pasdkoff, Oueslati 1992, p. 223-247. Nous croyons, pour notre part, que ce monastère de Fulgence se trouve plutôt à Roumadia, l’un des plus grands îlots des Kerkennah, sur lequel nous avons reconnu un grand monument à deux absides, voisinant une grande citerne hydraulique. 4 Paskoff -Trousset 1991, p. 367-384 ; Paskoff, Slim, Trousset 1991, p. 515-546 ; Ben Lazreg et alii 1995, p. 103- 142 ; voir encore utilement : Oueslati 1995. Fethi CHELBI ZEMBRA ET ZEMBRETTA (TUNISIE « ÎLES JAMOUR »). LES AEGIMURES DE L’ANTIQUITÉ : RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES ET HISTORIQUES Fig. 1 : Plan de la Tunisie avec situation de Zembra

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1/ Les recherches Insulaires (voir cartes et plans)

Nos connaissances sur l’archéologie des îles mineures tunisiennes se limitaient à assez peu de choses, avant que nous n’intervenions à Zembra en 19931, et à la Galite en 19942 : quelques indications sur l’île de Zembra fournies par l’Atlas archéologiques ; quelques notes et un rapport sur la fouille d’un caveau funéraire fouillé à la Galite ; un rapport sur l’ exploration des îles Kneiss qui permit à P. Cintas et E. G. Gobert, en mai 1938, de retrouver les vestiges d’un monastère qu’ils attribuèrent à Fulgence de Ruspe3. Grâce à nos travaux, et à un programme géo-archéologique tuniso-français qui fut conduit sur le littoral tunisien, afin d’étudier les vestiges de la production et du commerce des salsamenta de l’Afrique ancienne4, les enquêtes archéologiques sur ces îles furent relancées.

1 Voir plus bas.2 Chelbi 2010, p. 29-62, et autre article complémentaire : Chelbi 2011, p. 77 et suiv.3 Feuille 1937, p. 203-205 ; Cintas 1940, p. 246 ; Trousset, Slim, Pasdkoff, Oueslati 1992, p. 223-247. Nous

croyons, pour notre part, que ce monastère de Fulgence se trouve plutôt à Roumadia, l’un des plus grands îlots des Kerkennah, sur lequel nous avons reconnu un grand monument à deux absides, voisinant une grande citerne hydraulique.

4 Paskoff -Trousset 1991, p. 367-384 ; Paskoff, Slim, Trousset 1991, p. 515-546 ; Ben Lazreg et alii 1995, p. 103-142 ; voir encore utilement : Oueslati 1995.

Fethi CHELBI

ZEMBRA ET ZEMBRETTA (TUNISIE « ÎLES JAMOUR »). LES AEGIMURES DE L’ANTIQUITÉ : RECHERCHES

ARCHÉOLOGIQUES ET HISTORIQUES

Fig. 1 : Plan de la Tunisie avec situation de Zembra

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Pourtant, le patrimoine archéologique insulaire tunisien n’est pas moins riche que celui du continent ; n’oublions pas que les Phéniciens (puis les Puniques) ont d’abord occupé les îles bien avant le continent. Ce patrimoine, assez difficile d’accès il est vrai, le plus souvent livré à lui même sur les îles mineures notamment, est toujours exposé aux déprédations d’origine anthropique.

Ce fut un programme de recherches interdisciplinaires sur la biosphère, M.A.B. «Man and Biosphere», parrainé par l’UNESCO5 qui nous avait ouvert, en 1993, la voie de la recherche archéologique sur les îles mineures du nord de la Tunisie, nous donnant l’occasion d’effectuer plusieurs missions à Zembra (Jamour el kebir) et Zembretta (Jamour esseghir)6, les Aegimures de l’Antiquité, ainsi qu’à la Galite, la Galata de l’Africa romaine7.

2/ Archéologie des îles Aegimures (Fig. 2)

Ces missions ont reconnu à Zembra et à Zembretta un grand nombre de vestiges disséminés sur l’ensemble de l’archipel, là où l’Atlas archéologique ne mentionne qu’une citerne

5 Ce programme fut dirigé par notre ami le professeur Ali El Hili qui nous invita régulièrement à ses missions interdisciplinaires sur l’archipel de Zembra et de la Galite. Sans l’aide et la générosité de cet homme de culture, aucune mission archéologique insulaire n’aurait pu être réalisée. Je saisis l’occasion pour lui rendre hommage.

6 Chelbi- Ghalia 1993, p. 60-64 ; Chelbi 1993, p. 65-75 ; Karmous-Ayed-Chelbi-El Hili 1996, p. 57 et suiv. La première mission fut effectuée du 3 au 8 septembre 1988 ; la seconde du 28 octobre au 2 novembre 1992. D’autres missions suivirent.

7 Cf. Chelbi 2010, et Chelbi 2011 : voir supra.

Fig. 2. Carte archéologique de Zembra et de Zembretta.

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et quelques maisons, ainsi qu’un arc dont on ne retrouve aujourd’hui nulle trace. Nous pouvons affirmer aujourd’hui, sans le moindre doute, que les résultats de ces prospections sont venus enrichir considérablement nos connaissances sur les Aegimures.

Au cours de la 2ème mission, nous procédâmes sur terre au nettoyage et au relevé de quelques vestiges qui nous paraissaient importants à documenter. De son côté, notre équipe sous-marine8 s’occupa de l’exploration du port antique de Zembra et partit à la recherche d’épaves en divers points du littoral de l’archipel. Elle en retrouva quelques traces, particulièrement dans la zone de l’îlot dit de «la Cathédrale». Elle rechercha aussi, sans succès (?), une épave à amphores signalée par A. J. Parker, près de Zembretta 9. (fig. 3, fig. 4, fig. 5).

Ces investigations : relevés terrestres et sous-marins, documentation photographique, prospections, permettent aujourd’hui, non seulement d’augmenter le dossier archéologique des deux îles, mais de reconnaître encore les différentes phases historiques de l’occupation humaine sur cet archipel.

8 L’équipe sous-marine de l’INP, alors dirigée par Chelbi (F.), était étoffée par des éléments de la Marine Nationale et du GEXS de La Marsa que nous voudrions remercier.

9 Parker 1992, p. 458.

Fig. 5 : Plan sous marine

Fig. 4 : Travaux sous-marins de la «Cathédrale».

Fig. 3 : l’îlot de la «Cathédrale».

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Cette nouvelle et riche documentation, confrontée aux données de la tradition écrite, fit aussitôt apparaître, à travers l’histoire, dans le Golfe de Tunis (de Carthage), l’importance stratégique de la plus grande des Aegimures.

Installations à caractère militaire Au cours de la première mission furent retrouvés, sur un piton rocheux de la pointe

dite de « l’observatoire », à la cote 27110, les vestiges d’une structure d’époque punique. Cette construction conserve encore des murs en moellons, liés à l’argile, dont les parements sont faits de blocs moyens. L’attribution de ces structures à l’époque punique, du point de vue technique, ne pose aucun problème, mais sa datation repose en fait sur l’analyse de quelques tessons de poterie dont l’un est « à vernis noir ». Cependant, cette céramique, aussi rare soit-elle, remonte exclusivement à l’époque punique tardive, et permet de dater la construction des IIIe et IIe s. av. J.-C.

Une fois établie l’époque à laquelle remonte ce monument, il est aisé de deviner ensuite sa fonction. Juché si haut sur l’une des pointes de l’île, face au continent, on voit qu’il matérialise, en quelque sorte, le sommet d’un triangle dont la ligne de base est la côte du continent, que l’on peut distinguer nettement, avec ses sites : Carthage et Sidi Bou Saïd, le Ras Fartas, Sidi Daoud, El Haouaria et le Ras Adar (fig. 6). Manifestement, ce monument ne pouvait être qu’un poste d’observation punique et, chose nouvelle à notre connaissance11, un poste de «transmission» pouvant, à tout moment, servir de relais entre tous ces points, afin d’informer « rapidement » les stratèges à Carthage, de tout déplacement dans la mer intérieure de celle-ci. En effet : de ce point, par beau temps12, de jour comme de nuit13, on peut porter son regard à perte de vue en direction de la mer d’où pouvait surgir le danger. Il est donc fort crédible que, de cette éminence, des guetteurs pouvaient observer aisément l’approche d’une flotte ennemie, plusieurs heures avant qu’elle n’atteigne n’importe quel point de la côte africaine, situé au sud ou au nord de Carthage. Pour la surveillance du flanc méridional du Cap Bon, la forteresse de Kélibia, épaulée surtout par celle de Ras Drek, remplissait bien son rôle14.

Au dossier de cette fonction stratégique de l’île, il faudrait verser une autre découverte non moins importante ; il s’agit des restes assez débiles de fortifications érigées en gros appareil plutôt fruste, qui remontent au IIIe s. et/ou au IIe s. av. J.-C., probablement au temps des guerres puniques, mais qui pourraient avoir servi aussi à l’époque de la «guerre civile». Ce sont des soubassements qui devaient supporter un mur assez rudimentaire, bastionné, parcourant la ligne

10 Cet observatoire est d›époque moderne. Cela prouve que cette position fut et demeure toujours appréciée !11 Instruit d’une expérience acquise lors des recherches sur les forteresses du Cap Bon et de la région de Bizerte, aux

côtés du prof. Ferrucio Barreca (dont nous saluons ici la mémoire), nous avons retrouvé ce système à la Galite, quelques années plus tard (voir supra).

12 Dans l’Antiquité notamment, la navigation était périlleuse par mauvais temps dans le canal de Sicile ; elle l’est encore aujourd’hui.

13 La nuit : grâce aux fanaux des navires et ceux qu’on utilise pour le balisage des côtes.14 Voir : Barreca 1983 ; Fantar 1993, p. 113-116 ; Gharbi 1990, p. 187-198.

Fig. 6 : Position stratégique de Zembra et rôle du poste de «transmission» de la cote 271.

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de crête qui surplombe et surveille la baie et le mouillage de Onk Jmel (fig. 7, Fig 8, Fig 9). Ce mouillage, situé sur la côte opposée à celle de l’habitat et du poste d’observation de la côte 271, desquels il est invisible, car masqué par la topographie montagneuse, pouvait se prêter à un débarquement du côté nord-est de l’île, face à la Sicile. C’était, en réalité, le seul point vulnérable de Zembra en cas d’attaque (surprise) venant du large. Il était d’autant plus exposé, qu’il est encore invisible aussi bien de la façade occidentale du Cap Bon, que du golfe de Tunis. Seulement, de cette ligne défensive située à mi hauteur entre, les zones côtières et basses de l’habitat, du port et du mouillage d’Onk Jmel d’une part, et du poste d’observation de la côte 271 d’autre part, on communique directement et aisément avec l’ensemble de ces lieux. Ainsi, cette ligne jouait manifestement, outre un rôle défensif indéniable, celui de relais de transmission, un rôle « charnière » pour ainsi dire. La céramique, plutôt rare sur cette crête (trois fragments), suffirait à dater ces structures de l’époque punique. Ces témoins : un fragment de bord d’amphore punique du dernier quart du IIIe siècle ou du premier quart (voire du premier tiers) du IIe siècle av. J.-C, et un fragment de bord d’amphore gréco-romaine, trouvé dans le même contexte, procurent une chronologie tout à fait indicative, comprise entre 225 et 150 av. J.-C.15

15 Voir plus loin l’étude de ces fragments.

Fig. 7 : Vestiges des fortifications de Onk Jmel.

Fig. 8 : Ligne de crête parcourue par la muaraille de Onk Jmel.

Fig. 9 : Fortifications de Onk Jmel (matériel de surface).

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Installations portuaires antiques (fig. 10)Au cours de la première

mission, à laquelle participa T. Ghalia, nous avions reconnu du haut d’un point situé légèrement en contre bas du poste d’observation de la côte 271, ce qui pourrait évoquer un Cothon d’époque punique16 . Ce port intérieur qui semble avoir été découpé dans la roche qui affleurait en bord de mer, serait aujourd’hui submergé à faible profondeur, suite à un phénomène bien connu : l’élévation progressive du niveau de la mer depuis les temps antiques. C’est d’ailleurs sur ce plan d’eau, évoquant deux bassins disposés en équerre, qui flanquent directement à l’ouest l’habitat antique, que débouchent des alignements de blocs quadrangulaires bien taillés, en grès coquiller d’El Haouaria17, observant un espacement et un parallélisme réguliers. Ces alignements organisés de la sorte rappelleraient les rampes caractéristiques d’un arsenal, à l’instar des structures parallèles de « l’îlot de l’amirauté » à Carthage18 (Fig. 11). Ce Cothon (?) ouvrant sur la mer, précèderait le port actuel où l’on voit encore les restes de deux jetées ( ?) faites de très gros blocs assez frustes, de type « cyclopéens », mal équarris et mal ajustés, qui semblent encadrer un troisième bassin intérieur, adossé aux dernières pentes du relief, où il aurait été partiellement taillé. Cet aménagement portuaire d’époque punique n’a pas cessé d’accueillir des bateaux durant l’Antiquité et le Moyen âge, et continue aujourd’hui de jouer ce rôle, non sans avoir subi des modifications19.

16 Cothon est le terme utilisé par les Puniques eux-mêmes pour désigner les bassins portuaires creusés à l’intérieur des terres : Fantar 1993, p. 123-130.

17 Dont certains se voient dans l’eau.18 Appien, Punica, 96. L’arsenal de Carthage dont parle Appien a été découvert sur l’îlot de l’Amirauté, et fouillé

par la mission britannique de Carthage, qui réussit à dégager ses cales (brûlées en 146 av. J.-C.), où étaient tirés les navires : Hurst 1978, p. 15 ; Fantar 1993, p. 121, 125 et note 276. Voir très utilement l’analyse présentée par Lancel 2000.

19 Nous ne savons ce qu’est devenu aujourd’hui le port ancien de Zembra.

Fig. 11 : Aliggnements de blocs quadrangulaires (arsenal ?).

Fig. 10 : Port moderne de Zembra (comprenant les vestiges du port punique).

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L’habitat antique L’habitat antique de l’île s’était installé notamment sur la petite plaine de la côte sud

de l’île, et s’étendait jusque sur les premières hauteurs du relief. Cette plaine occupe un vaste amphithéâtre naturel, largement ouvert sur la zone portuaire et la mer, et orienté vers le continent.

L’habitat et les installations industrielles étaient parfaitement reconnaissables dans une belle stratigraphie taillée par la mer, dans une petite falaise en bordure du site (Fig. 12, fig. 13, fig. 14, fig. 15. Rafraichie au moyen d’un léger nettoyage, cette stratigraphie fit apparaitre, dans ses strates, des vestiges de constructions datables, grâce à une céramique nombreuse et variée, de l’époque punique jusqu’à la période byzantine. Les couches puniques les plus anciennes n’étaient guère visibles dans cette accumulation de couches archéologiques qui s’enfoncent profondément sous l’estran imbibé d’eau. En dépit de la remontée des eaux, nous avions pu ouvrir tant bien que mal un petit sondage afin de les explorer. Le niveau le plus ancien, atteint dans ces conditions, remonte déjà au IIIe siècle av. J.-C., mais remanie un matériel plus antique datant du Ve s., voire même du VIe siècle av. J.-C.20 Faute de moyens techniques, les couches les plus profondes, se trouvant aujourd’hui bien au-dessous du niveau de la mer, n’ont pu être explorées.

20 Voir plus loin l’étude de ce matériel.

Fig. 13 : Stratigraphie.

Fig. 12 : Stratigraphie de la falaise (photo).

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Fig. 14 : Matériel de la falaise (en stratigraphie) US 1 (couche noire).

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Au cours des années suivantes, afin d’explorer ces strates, un sondage profond fut ouvert à l’arrière de la petite falaise, de laquelle il est séparé par une bande côtière où furent découvert des bassins à garum (voir plus loin). Les résultats recueillis dans ce sondage, qui atteint une couche d’incendie de forêt21 reposant sur la roche originelle, confirment les données relevées dans la petite falaise, mais ne permettent guère de remonter plus haut que le IVe s. av. J.-C. Les structures dégagées, d’abord destinées à l’habitat, puis affectées aux activités métallurgiques, sont quant à elles plus tardives et remontent, dans leur premier état, au début du IVe ap. J.-C. On voit bien sur l’une des photos, à 1m 40 de profondeur, l’embouchure d’une amphore africaine du type 27 de M. Bonifay22 (Africaine III (A) ; Kea 25, sous-type 1) prise dans les fondations du bâtiment. Ces bâtiments à vocation industrielle furent ensuite désaffectés au profit d’une nécropole vraisemblablement vandale (fig. 16, fig. 17, fig. 18) (fig. 18).

21 Vierge de toute trace d’occupation humaine.22 Bonifay 2004, p. 118-119, n° 1 et 5.

Fig. 17 : Embouchure d›amphore africaine (couche A4).

Fig. 16 : Foyer de la couche A1.

Fig. 15 : Matériel de la falaise (en stratigraphie) US 3 (contenant les indices de la pourpre).

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Les industries C’est dans la strate punique

argilo-sableuse, la plus récente (l’US 3) de la stratigraphie du bord de mer, constituée, semble t-il, au cours de la deuxième guerre punique, qu’ont été décelés les indices d’une industrie de la pourpre (fig. 19). Cette matière colorante, très réputée dans l’Antiquité, fut un produit fort recherché par les peuples de l’antiquité, dans la fabrication duquel les Phéniciens et les Puniques étaient passés maîtres23. C’est bien à partir de certains coquillages marins (les murex) que cette belle teinture couleur violette était obtenue. Ces indices étaient matérialisés par une mince couche d’argile fortement imprégnée de cette couleur, contenant quelques coquilles coniques de «patella» (?), ainsi que des granules et de petits morceaux de charbon de bois. Les échantillons de ce colorant récoltés à Zembra constituent un témoignage inédit et précieux, puisque l’on n’a rencontré, jusqu’à ce jour, que les déchets de cette industrie : amoncellements de coquilles de murex broyées24, mais jamais de produit colorant. Les analyses chimiques de ces échantillons confiées à T. Karmous, chercheur au laboratoire des colorants naturels de l’Institut supérieur de l’éducation et de la formation continue, sont venues confirmer nos soupçons25.

23 A ce sujet, voir surtout Fantar 1984-1986, p. 507-509 «Le nom des Phéniciens semble lui-même refléter l’importance de la pourpre dans leurs cités d’Orient et dans leurs fondations d’Occident».

24 Fantar 1984-1986 , p. 509-511; Annabi, Ben Abdallah, Chelbi 1980, p. 17-18 ; Annabi 1981. Voir encore très utilement : Alfaro, Wild, Costas 2004.

25 Karmous, Ayed, Chelbi, El Hili 1996 ; voir aussi un article (mal édité) : Chelbi 1993, p. 65-75 ; Bonifay et alii

Fig. 19 : Échantillon de pourpre pris dans l›argile.

Fig. 18 : Fragment de lampe ornée d›un chrisme.

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L’industrie punique utilisant les produits halieutiques se retrouve à l’époque romaine sous un autre aspect ; il s’agit de la production de salaisons et de sauces de poissons, attestée par la présence de cuves industrielles découvertes à l’arrière de la falaise, en bordure de l’habitat (fig. 20, fig. 21). Une petite chaufferie, (chaufferie) datable du IVe siècle26, engagée dans cet abrupt (en 3 et en 2 de la stratigraphie), devait être associée à cette industrie ; elle servait, on s’en doute, à activer le processus de macération du poisson, afin d’hâter, en hiver, la production du garum et des sauces de poisson27.

Fours à potier

1990, p. 104-105.26 Et non du Ve ou du VIe siècle, comme nous le pensions auparavant ; cf. la page 74 de notre travail : Chelbi 1993

(paru dans les actes d’un colloque dont l’édition fut, pour le moins qu’on puisse dire, catastrophique).27 En Afrique, les vestiges d’usines de salaison et de garum ont été reconnus sur l’ensemble des côtes tunisiennes.

Sur cette activité en général, en Afrique, cf. Ben Lazgeg et alii 1995, p. 103-142 ; Fantar 1984-1986, p. 504-507 ; les plus fameux sont ceux de Neapolis (Nabeul), Darmon 1968, p. 274-276 ; de Sulectum (Salakta), Foucher 1968, p. 17-21 ; Fantar 1984-1986, p. 505, note 55 ; de Kerkenna (à Borj Lahsar), Pascoff, Trousset, R. Dalongeville 1981, p. 54-55 ; Paskof, Slim, Trousset 1991, p. 538-539, et d’autres retrouvés récemment à Méninx, au sud de la Skhira, à Yonga, Thyna, Sidi Mansour etc., Bonifay, Paskoff, Slim, Trousset 1990, p. 104-105. Voir une carte des centres de production pour l’ensemble des côtes africaines: Lassère 1977, p. 369, fig. 39 ; au Portugal, outre le travail bien connu de Ponsich et Tarradell 1965, voir aussi : Etienne, Makaroun et Mayet 1994.

Fig. 20 : Bassin de salaison (ou de garum ?).

Fig. 21 : Bassins de salaison (ou de garum ?).

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Des vestiges de fours à potier d’époque romaine, retrouvés à la lisière de l’habitat, au cours de la 1ère mission, devaient répondre aux besoins domestiques des habitants de l’île, et fournir aux industries halieutiques les amphores nécessaires au transport de leurs productions.

La fouille de ces ateliers de poterie fournirait une somme d’informations diverses (industries, commerce, types d’amphores etc..) relatives à l’économie des îles Aegimures.

Les nécropolesUn cimetière tardif,

vraisemblablement vandale, s’est installé au-dessus de l’usine de salaison, réutilisant ses cuves en guise de sarcophages funéraires. Cette nécropole tardive semble avoir été abandonnée au cours du VIe siècle, époque où elle disparût sous un remblai qui fut recouvert d’une mosaïque géométrique en couleur, aujourd’hui au bord de la falaise, et exposée fatalement à l’avancée de la mer (fig. 22).

À l’Est, à la lisière de l’habitat, sur les premières lignes de pente du relief, fut installée une nécropole d’époque punique (celle de «Dar Asfour»)28 où l’on aurait continué à enterrer jusqu’au Ier siècle de l’époque romaine. Des fragments de céramique punique et romaine, ramassés autour de ces tombes, apporteraient la preuve de cette continuité. Légèrement en aval du « Casino » (un monument moderne resté inachevé), à droite de celui ci, on aperçoit un caveau punique, réutilisé peut être à l’époque romaine. Qu’il fût d’époque punique, selon sa technique, ou moins probablement romaine, ce tombeau ne put échapper, hélas, aux clandestins qui le vidèrent de son contenu. Ce caveau est en réalité une tombe «en cul de four» aménagée, excavée sous la dalle naturelle qui lui sert de toit. Un couloir d’accès en pente, délimité par deux murets de pierres liées à l’argile, conduit directement à la chambre funéraire. On voit aussi, non loin de là, en amont de ce caveau, d’autres vestiges de sépultures (Nécropole « Skander »)29 : de simples fosses tapissées de petites dalles (fig. 23).

Aucun indice de datation n’a été recueilli à l’intérieur du caveau. Mais, s’il fut plus ancien que les fosses à dalles avoisinantes ou, tout au moins, contemporain, il devrait dater, grâce à des fragments d’amphores ramassées alentour30, de la fin du IIIe ou du IIe siècle av. J.-C. Les fragments romains du Ier siècle appartiendraient alors à certaines fosses à dalles.

28 Nous l’avons appelée ainsi du fait de la proximité de la maison du gardien de l’île « Asfour », homme d’une personnalité fort attachante, décédé depuis peu.

29 Du nom du fils du Professeur Ali El Hili : Skander.30 Voir plus loin la céramique de surface de la nécropole de «Dar Asfour».

Fig. 23 : Caveau funéraire punique punique (?).

Fig. 22 : Mosaïque géométrique polychrome du bord de la falaise.

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Une autre nécropole romaine un peu plus ancienne avait été installée en arrière du port, légèrement en amont (On y observe deux ou trois tombes éventrées, visitées aussi, semble t-il, du temps du « Centre nautique » (1963). La poterie ramassée alentour, notamment un fragment de lampe et quelques tessons de poterie « à paroi fine », daterait l’utilisation de ce cimetière vers la deuxième moitié du Ier siècle avant J.-C. et la première moitié du Ier siècle après J.-C.

Les monuments religieuxÀ mi-chemin entre l’habitat et le port, on remarque la présence d’une petite église tardive

qui remonterait au VIe siècle31. On y reconnaît facilement l’unique nef et l’abside recouverte d’une mosaïque à gros cubes, mal conservée, décorée de quatre-feuilles et de vignes (fig. 23, fi. 25).

31 Chelbi-Ghalia 1993, p. 64.

Fig. 24 : Plan de la petite basilique (église) de Zembra.

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Une courte visite effectuée à Zembretta, la plus petite des îles Aegimures32, nous a fait découvrir sur le sommet de cet îlot, dans le plus grand isolement, les vestiges d’une vaste construction. Ces ruines s’estompent sous une inextricable végétation d’épineux qui en complique la lecture ; cependant, on pourrait y voir les vestiges d’un grand monastère. Parmi les vestiges les plus visibles, on reconnaît une citerne antique à ouverture carrée qui fut alimentée par les eaux pluviales des toitures. De forme oblongue, elle est pourvue d’une grande niche creusée sur l’un de ses grands côtés, dans l’axe de la paroi. Cette citerne a conservé son enduit étanche composé de chaux et de tuileau, recouvert à son tour d’un enduit plus fin. La végétation envahissante rend difficile la récolte de fragments de céramique ; mais les quelques tessons de poterie ramassés en ce lieu (quelques menus fragments de sigillée africaine) indiqueraient, sans plus, une époque tardive qu’il conviendrait de préciser.

3/ Conclusion : observations sur l’histoire des îles Aegimures

Sa situation géographique à l’entrée du Golfe de Carthage, sur la route de la Sicile et de l’Italie, a conféré à l’archipel des Aegimures33, au cours de l’histoire, une importance stratégique de premier ordre.

De ce fait, les îles Aegimures sont évoquées assez souvent, bien que brièvement, par plusieurs auteurs anciens34. Notons cependant que parmi ces auteurs, seul Pline l’Ancien distingue deux îles35.

On peut déduire de la lecture de l’ensemble de ces sources, que l’archipel des Aegimures se trouvait sur l’itinéraire maritime reliant la Sicile à Carthage, itinéraire qui s’est toujours maintenu à travers l’histoire36. Florus nous renseigne sur cette flotte carthaginoise qui, partie de

32 Au cours d’une 3e mission, entre le 15 et le 18 avril 1993.33 Desanges 1980, p. 445-446.34 La liste de ces auteurs est fort longue : Pline l’Ancien (Hist. Nat.), Strabon (II, 5, 19), Ptolémée (IV, 3, 12, p. 660),

Tite Live (XXX, 24, 8), Bellum Africanum (XLIV, 2), Itinéraire Maritime (492, 13 et 515, 1, p. 77 et 82).35 Desanges 1980, p. 445-446.36 Sans doute jusqu›à l›époque byzantine et peut-être même plus tard. Pour l›époque vandale, on se doute de

l’importance stratégique de ces îles situées face à Missua (Sidi Daoud), où avait été établie une base navale de Carthage, capitale de l’Etat vandale (Procope, La guerre contre les Vandales, II, 14, 40 et p. 257, note 11).

Fig. 25 : Mosaïque de l›abside de la petite basilique tardive.

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l’Africa vers l’Italie, aurait été interceptée par le consul M. Fabius Buteo (245-244) près des îles Aegimures, et détruite.

Contrairement à ce qu’en pensait S. Gsell, cette information pourrait ne pas être suspecte 37. La plus grande des Aegimures, située à moins de 50 km de Carthage, en direction de la Sicile38, fut sûrement une escale et un refuge sur la route maritime reliant la capitale africaine à la Grande île et à l’Italie. Une autre indication de Tite-Live39 irait bien dans ce sens : au cours de la Deuxième «guerre punique» (vers 202 av. J.-C.), un grand convoi romain de 200 « transports » et 30 galères, commandé par Cn. Octavius, partit de Sicile vers l’Afrique ; il fut surpris par une bourrasque du sud-ouest qui le dispersa 40 ; les galères purent gagner le Cap d’Apollon (en luttant, à force de rames, la proue contre le vent !) ; quant aux transports, la plupart furent jetés sur l’îlot d’Aegimure (Zembra : Jamour el kebir). Cette flotte suivait bien sûr l’itinéraire Carthage-Sicile, passant par l’archipel des Aegimures, où elle chercha vainement refuge. Ainsi, la plus grande des deux îles constituait, outre une escale pour les navires de toutes sortes, un refuge idéal en cas de tempête, d’où que vienne le vent41. On peut aussi admettre que ce rôle d’échelle de la navigation se reflète dans une autre indication fournie par le Bellum Africanum de César, où il est question d’une trirème capturée par la marine de Scipion devant l’île d’Aegimure42.

Mais l’importance de l’île de Jamour el kebir résidait surtout en son rôle stratégique, dû à sa position géographique exceptionnelle, reconnaissable du premier coup d’œil sur une carte. Zembra devait occuper une place remarquable dans le formidable système défensif et, sûrement aussi, de « transmission », établi par Carthage sur la côte africaine, notamment aux abords du Golfe de Tunis (Carthage)43. L’archéologie a suivi ce système défensif, du Ras-Zebib44 jusqu’à Kélibia45, en passant par Ras Sidi Ali el Mekki, Ras-Fartas46 et Ras-Drek47. Ce n’est pas sans raison, semble t-il, que Carthage ait aménagé au Jamour el Kebir (Zembra) un port (commercial et militaire ?) et, vraisemblablement aussi, un petit arsenal pour des réparations d’urgence, qu’elle ait mis en place un système de surveillance judicieux,48 dont un véritable «poste d’observation et de transmission», installé sur un piton (s’agit-il d’une de ces «Tours d’Hannibal» ?)49. Ces aménagements faisaient de cette île un pôle stratégique de premier ordre, de la thalassocratie carthaginoise. N’oublions pas surtout que son rôle d’observation était doublé d’un autre rôle, non moins important, celui de relais de transmission entre Carthage et le chapelet de forteresses militaires, qui surveillaient au nord et au sud, les abords du Golfe de Tunis.

Une brève indication de Zonoras50 viendrait à l’appui de cette thèse : en 149 av. J.-C., de retour en Italie, le consul romain Marius Censorinus s’arrête sur l’île Aegimure qu’il occupe.

37 Gsell 1921-1928, T. III, p. 96, note 1 ; Florus I, 18, 30-32. Gsell (S.), ne retrouvant nulle part ailleurs cette indication, suppose qu’elle est “fort suspecte”.

38 Desanges 1980, p. 445-446.39 Tite-Live, XXX, 24, 5-9.40 Un autre convoi de 100 transports et de 20 vaisseaux de guerre, dirigé par le prêteur P. Cornelius Lentulus, passa

de Sardaigne en Afrique sans encombre.41 En se servant de Jamour el kebir, île montagneuse, comme d’un paravent ; ce que fait la navigation du golfe de

Tunis et du Cap Bon depuis toujours, et encore aujourd’hui.42 Gsell 1921-1928, T. VIII, p. 86-87.43 De Bizerte à Kélibia (Aspis) : Fantar 1993, T. II, p. 113-116 : «Dans le cadre de toute une stratégie, elle fortifia la

façade africaine soumise à ce danger latent» ; voir encore Barreca 1983, p. 40 « ...un organico sistema fortificato costiero ((del quale certo dovranno trovarsi anche gli anelli di congiunzione)), concepito e realizzato da Cartagine nel V sec. a difesa del suo confine marritimo settentrionale... » ; Gharbi 1990, p. 187-198.

44 Cintas 1963-1964, p. 160 ; Chelbi 1987, p. 71-73. Fantar - Ciasca 1973, p. 215-217 ; Fantar 1993, T. II, p. 115.45 Barreca 1983, p. 29-38 ; Gharbi 1990, p. 187-198.46 Barreca 1983, p. 13-15.47 Barreca 1983, p. 17-28.48 A Zembra, le quadrillage complexe et rigoureux de la surveillance et de la transmission, permet de mesurer

l’ingéniosité de ce système, mis en place par les stratèges carthaginois.49 Bellum Africanum, XXXVII, 14 ; Pline, Hist. Nat., II, 181 et XXV, 169 ; voir à ce sujet : Fantar 1993, p. 113 «elles

devaient servir également aux signaux d’alarme et à la transmission de messages par le feu et la fumée».50 Zonoras, IX, 27, p. 464, b.

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S. Gsell s’étonnant de l’occupation de ce «rocher», n’y voyait pas un «grand exploit»51. Mais nous savons aujourd’hui, grâce au dossier archéologique, que par cet acte gratuit et dérisoire en apparence, ce consul s’attaquait en fait à l’une des pièces maîtresses du système d’observation et de «transmission» carthaginois, en Méditerranée centrale. En occupant ce «rocher», Rome cherchait à «aveugler» Carthage.

Ce rôle de sentinelle semble être réapparu plus tard, dans la deuxième moitié du Ve siècle de l’ère chrétienne lorsque, dans le cadre du conflit qui les opposa aux Byzantins, les Vandales installèrent à Missua (Misouas), l’actuelle Sidi Daoud du Cap Bon, une importante base navale52. Or l’archipel des Aegimures se trouve juste en face du port de cette ville, dont il surveille parfaitement l’accès. La base navale de Missua devait faire face au péril byzantin, et à la pression qu’il exerçait par voie de mer, à partir de la Sicile. Cette situation a sans doute prévalu très tôt, peu de temps après la défaite de la flotte byzantine (en 468), conduite par Basiliscus à Ras Adar, devant Genséric premier Roi Vandale53. Ainsi, doit-on conjecturer que les Aegimures constituaient aussi, à l’époque vandale (n’oublions pas les vestiges datant de cette époque, retrouvés en divers points de l’archipel), le point névralgique du système de surveillance garantissant la sécurité de la capitale vandale : Carthage, et sa base navale installée au Cap Bon. D’ailleurs, en 532, les Byzantins occupent Missua (certainement aussi les Aegimures), puis déploient leur flotte sur le flanc occidental du Cap Bon, entre Ras Fartas et Ras Adar, mettant en place un blocus économique et militaire implacable, qui provoquera l’asphyxie de l’Etat vandale confiné à Carthage, et hâtera sa disparition en 533.

On peut admettre aussi que ce rôle stratégique s’est maintenu pendant le haut Moyen âge arabo-islamique, d’autant que Missua devient à cette époque la capitale administrative du Cap Bon, sous le nom de Nubia. El Idrissi souligne le fait que les deux Jamours (Aegimures) servaient de refuge aux navires en cas de tempête54. Les restes d’une épave arabo-musulmane, probablement aghlabide ( ?), ont été retrouvés dans une sorte de cimetière marin, près d’un rocher de Zembra appelé «la Cathédrale». Ce navire chargé d’amphores (à huile ?) s’était écrasé contre ce rocher alors qu’il cherchait à s’abriter au port de l’île.

Une particularité des îles : leur isolement a souvent été mis à profit pour exiler ou reléguer les proscrits : ce fut le cas des Kerkenna où de célèbres bannis (Marius en 88 av. J.-C. et Sempronius Gracchus en 29 ap. J.-C.) y avaient été déportés55. L’insularité a aussi favorisé l’installation de lieux de retraite et de culte56. L’exil de l’évêque Victor de Tunnuna (Proconsulaire) à Zembra, en 555, a-t-il quelque rapport avec les ruines de la petite église du VIe siècle ou, mieux encore, avec ces vastes ruines (d’un monastère ?) découverts à Zembretta ? Cela n’est pas impossible car, grâce à des données fort semblables, il a été possible de retrouver sur les îles Kneiss, un monastère qui fut attribué à Fulgence de Ruspe (monastère que nous plaçons plutôt à Roumadia, l’un des plus grands îlots des Kerkennah, où nous avons retrouvé un grand Monument à deux absides, flanqué d’une grande citerne d’eau à enduit hydrofuge)57.

Enfin, à une époque bien plus ancienne, l’une des Aegimures (la plus grande ?) fut peut-être aussi une « île-sanctuaire » ; n’avait-on pas situé sur une île proche de la métropole punique un Penébaal qui aurait été «un centre religieux important, le berceau du principal culte

51 Gsell 1921-1928, T. III, p. 357-358.52 Procope, II, 14, 40 et p. 257, note 11.53 Procope, I, 6, 10-24.54 «Ces deux Jamour sont deux montagnes qui se dressent en mer, auprès desquelles les navires jettent l›ancre quand

les vents tournent» El Idrissi, Kitab nuzhatou el muchtak, traduction de Hadj Sadok, Edition Publisud, p. 152, (paragr. 154).

55 Gsell 1921-1928, T. VII, p. 276 à 278 et notes (d’après Plutarque, Marius, 40) ; Appien, Bell. Civ., I, 62 ; Tite-Live, Epit. 1.LXXVII ; etc... Tacite, Annales, I, 53 et IV, 13.

56 Aux Kerkenna, sur l’îlot de Romadiya, saint Fulgence de Ruspae avait fait construire un monastère sur l›îlot de Chilmi, où il s’est retiré peu de temps avant sa mort : Vita Fulgentii, chap. XXVIII (nous croyons savoir où se trouvent les ruines de ce monastère) ; voir à ce sujet : Louis 1961-1963, p. 24 ; Trousset, Slim, Paskoff, Oueslati 1992, p. 225.

57 Trousset, Slim, Paskoff, Oueslati 1992.

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de Carthage ?»58. À ce propos, S. Gsell fait remarquer que «les Italiens appelaient les Aegimures Arae [...] et que selon Deutéro-Servius [...], les prêtres de Carthage avaient coutume d’y accomplir des cérémonies»59.

À cet aspect relatif au « religieux » et au « sacré », un élément assez mystérieux pourrait être évoqué : des caniveaux recouverts de petites dalles de grès placées en bâtière, découverts sur une hauteur, à l’arrière de la maison du gardien, auprès de structures écroulées, restent jusqu’à ce jour illisibles et indatables. Aussi constituent-elles une véritable énigme qu’il conviendrait d’élucider. Ces caniveaux ménagés selon un plan orthogonal : un caniveau central d’où partent latéralement d’autres conduites perpendiculaires du même type, sans destination précise, ont été suivis sur plus de 100m (fig. 26, fig. 27) . L’ensemble de ces éléments : caniveaux et massifs de structures écroulées, s’ils restent encore non identifiés, nous orienteraient-ils, notamment par leur isolement et leur emplacement, vers une fonction religieuse ? Un sanctuaire ? Une source sacrée60 ?

58 Gsell 1921-1928, T. IV, p. 245-246. Une île appelée Prosôpon, d’après le Léxique d’Etienne de Byzance (edit. Meineke, p. 537).

59 Gsell 1921-1928, T. IV, p. 245-246 ; Virgile, Eneide, 109; Pline l‘Ancien, V, 42 ; Deutéro-Servius, In Aeneid., I, 108.

60 Un sanctuaire de l’eau, comprenant des « drains » qui servaient à canaliser et diriger l’eau vers des pozzi, a été identifié à Carthage : Chelbi 2006, p. 28.

Fig. 26 : Caniveaux du «Monument hydraulique» (sanctuaire ?).

Fig. 27 : Vestiges du «Monument hydraulique» (sanctuaire ?).

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Coupe stratigraphique de la falaise : zone de «la pourpre» (légende)

Avertissement : la couche 1 est distante de moins de 2 mètres de la mer. Les niveaux inférieurs à cette strate, situés au-dessous du niveau de l’eau, n’ont pas été atteints. En l’absence de moyens permettant d’évacuer l’eau, il nous fut impossible de les explorer correctement.

US 1 (n° 10 sur la photo) : Couche noire (d’incendie ?), datable du Ier tiers du IIIe siècle av. J.-C., remaniant un matériel plus ancien du Ve s. et (probablement aussi du VIe s. av. J.-C.)

US 2A (n° 9 sur la photo) : Couche de remblai mis en place dans la 2ème moitié du IIIe

siècle av. J.C. US 2B (n° 8 invisible sur la photo) : Structures puniques détruites (au cours de la 2ème

guerre punique ?).US 3 (n° 7 sur la photo : Couche argilo-sableuse contenant les indices d’une industrie

de la pourpre. (1ère moitié du IIe s. av. J.-C. ) US 4 : Couche de nivellement de la première moitié du Ier siècle av. J.-C.US 5 : Remblai argileux.US 6 : Fosse. US 7 : Fondation d’un monument (période romaine).US 8 : Murs d’un monument (période romaine).US 9 : Remblai sous la chaufferie.US 10 : Chaufferie (industrie du garum ?) : période romaine (IVe s.).US 11 : Décombres de la chaufferie (époque tardive : vandale ?).US 12 : Couche d’abandon.US 13 : Couche végétale.

Matériel de l’US 3 de la coupe stratigraphique de la falaise (datant les indices de la pourpre) :

1- fragment de bord d’un bol à vernis noir. Pâte beige clair tirant au rose, assez dure, finement grenue. Vernis très noir à l’extérieur, vire au marron vers le bas et sur la surface interne ; il est solide mais craquelé. Fabrication latiale. 1er tiers du IIIe s. av. J.-C.

2- fragment d’une coupelle 21/25 A (Lamboglia) (usé). Pâte rose orangé, très fine, poudreuse. Beau vernis noir mal conservé, luisant et lisse. Production attique (cf. F. Chelbi, Céramique à vernis noir de Carthage, Tunis 1992, n° 165). Dernier quart du Ve s. av. J.-C.

3- Bord de marmite punique. Pâte rouge brique, finement grenue ; inclusions de gros grains de silice. D’époque hellénistique.

4- Bord d’une amphore punique du type T-5.2.3.1. Ramon61. Production carthaginoise. Pâte rougeâtre, finement grenue, épiderme beige rosé. Dernier quart du IIIe s. et 1er tiers du IIe s. av. J.-C.

5- Fond d’une amphore punique du type T-5.2.3.1. Ramon. Production carthaginoise. Pâte rosâtre, finement grenue ; engobe beige. Dernier quart du IIIe s. et 1er tiers du IIe s. av. J.-C.

6- Fragment de bord d’une amphore punique, de fabrication carthaginoise, du type T-7.4.3.1. Ramon (Cintas 312-313). 1ère moitié du IIe s. av. J.-C.

61 Ramon 1995, p. 197 et suiv., Fig. 164 et suiv.

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Matériel céramique de l’US 1 de la coupe stratigraphique de la falaise :1- Fragment de bord d’amphore punique, du type T- 1.4.2.1. Ramon62. Fabrication

carthaginoise. VIe s.-début du Ve s. av. J.-C. 2- Fragment de bord d’amphore punique, du type T- 1.4.4.1. (?) Ramon63. Fabrication

carthaginoise. Ce type couvre l’ensemble du Ve s. av. J.-C.3- Epaulement d’amphore carénée4- Section d’anse.5- Fragment de bord d’une amphore punique, du type T- 1.3.2.5. Ramon64. Fabrication

carthaginoise ou sicilienne occidentale ? Ce type couvre l’ensemble du Ve s. av. J.-C.6- Fragment de bord d’une amphore punique, du type T- 1.4.4.1. Ramon65. Fabrication

carthaginoise. Ce type couvre l’ensemble du Ve s. av. J.-C.7- Fragment de bord d’une amphore punique, du type T- 1.4.4.1. (?) Ramon66.

Fabrication carthaginoise. Ce type couvre l’ensemble du Ve s. av. J.-C.8- Fragment de bord d’un plat de poisson attique datable de la fin du IVe s. ou du 1er tiers

du 3e s. av. J.-C. (voir supra : F. Chelbi, Céramique à vernis noir de Carthage, Tunis 1992, plats à poissons attiques, pp. 31-32).

9- Peson de filet de pêche ( ?) fragmentaire, en terre cuite.

Matériel de surface provenant de la nécropole de « Dar Asfour » :1- Fragment de bord d’une amphore punique, du type 5-2.3.1 Ramon. Pâte rose, poudreuse,

bien épurée. Fabrication carthaginois. Dernier quart du IIIe s.-1er tiers du IIe s. av. J.-C.2- Fragment de bord d’amphore gréco-italique Dressel 1A (de transition). Pâte

rose, grenue, présence de mica noir. Semblable aux amphores Dressel 1A de l’îlot Barthélémy (Saint Raphael). Ier s. av. J.-C.

3- Fragment de bord d’une amphore punique, du type T- 7.4.3.1. Ramon67. Production carthaginoise. 1ère moitié du IIe s.

4- Fragment de bord d’une amphore « Early Amphora type IV de J. W. Hayes68, p. 110 et p. 112. Production locale. Se retrouve à Carthage dans les strates du Ier s. av. J.-C.

5- Pied d’une coupe ou d’un bol ( ?). Pâte beige tirant au jaune-vert, dure, contenant des granules de roche de l’île. 1er s . ap. J .-C. ?

Matériel de surface provenant de la zone des fortifications de « Onk Jmel » :1- Fragment de bord d’une amphore gréco-italique type GR- ITA b d3. Pâte ocre rouge,

surface beige rosé, où se remarquent de petites inclusions noires. Ce type de bord est proche des amphores gréco-italiques « intermédiaires » ex. : amphores de l’épave de Bon Porté 2 (Saint Tropez) ou celles de l’épave de la « Pointe Moussure » (Saint Tropez)69. Datation probable 120-100 av. J.-C.

2- Fragment de bord d’une amphore du type T- 5.2.3.1. de Ramon70. Pâte rose, assez bien épurée, dure, finement grenue. Fabrication carthaginoise ou régionale. Dernier quart du IIIe s.-1er tiers du IIe s. av. J.-C.

3- Fragment amorphe (de panse) d’une amphore punique cylindrique (non dessiné).

62 Ramon 1995, p. 174, Fig. 149.63 Ramon 1995, p. 175-176, Fig. 151.64 Ramon 1995, p. 173, Fig. 149.65 Ramon 1995, p. 175-176, Fig. 151.66 Ramon 1995, p. 175-176, Fig. 151.67 Ramon, 1995, p. 210-211, Fig.177.68 Hayes, 1976, p. 47 et suiv.69 Sciallano – Sybella 1991.70 Ramon 1995, p. 197 et suiv., Fig. 164 et suiv.

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