Vernus Act Fod Milan

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egitto dai faraoni agli arabi atti del convegno egitto: amministrazione, economia, società, cultura dai faraoni agli arabi égypte: administration, économie, société, culture des pharaons aux arabes milano, università degli studi, 7-9 gennaio 2013 a cura di silvia bussi PISA · ROMA FABRIZIO SERRA EDITORE MMXIII

Transcript of Vernus Act Fod Milan

egittodai faraoni agli arabi

a t t i d e l c o n v e g n o

e g i t t o : a m m i n i s t r a z i o n e , e c o n o m i a ,

s o c i e t à , c u l t u r a d a i f a r a o n i a g l i a r a b i

é g y p t e : a d m i n i s t r a t i o n , é c o n o m i e ,

s o c i é t é , c u l t u r e d e s p h a r a o n s a u x a r a b e s

m i l a n o , u n i v e r s i t à d e g l i s t u d i , 7 - 9 g e n n a i o 2 0 1 3

a cura dis ilvia buss i

PISA · ROMA

FABRIZIO SERRA EDITOREMMXIII

Pubblicato con il contributo prin 2009 e del Dipartimento di Studi letterari, filologicie linguistici dell'Università degli Studi di Milano.

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SOMMARIO

Silvia Bussi, Premessa 9

Patrizia Piacentini, Introduzione alla giornata dedicata all’Egitto faraonico e copto 11Silvia Bussi, Introduzione alle giornate ellenistica, romana e tardoantica 13Edda Bresciani, Presentazione 15Pascal Vernus, L’acte fondamental du pouvoir dans l’Égypte pharaonique : l’‘ordre royal’ (oudj-nesou) 21Patrizia Piacentini, Beginning, Continuity and Transformations of the Egyptian Administration in the iiith Millennium bc  : the Scribal Titles 37Stephen Quirke, Fragment Epistemology ? Profiling the Society and Economy of Late Middle Kingdom Lahun 47Christian Orsenigo, « Venite a me, voi che desiderate vedere Amon ! » : Amenhotep figlio di Hapu negli Archivi di Egittologia dell’Università degli Studi di Milano 59Willy Clarysse, The Use of Demotic in the Ptolemaic Administration 69Anne-Emanuelle Veïsse, L’expression de l’identité dans les pétitions d’époque ptolémaïque. Étude préliminaire 81Katelijn Vandorpe, A Happiness Index for Antiquity ? Hellenistic Egypt as a Case-Study 91Gilles Gorre, Sylvie Honigman, Kings, Taxes and High Priests : Compar- ing the Ptolemaic and Seleukid Policies 105Silvia Bussi, Fiscalità e templi nell’Egitto tolemaico 121Chatarine Lorber, The Grand Mutation : Ptolemaic Bronze Currency in the Second Century b.c. 135Bernard Legras, Autour du papyrus dit de Cléopâtre : les prostagmata lagides et les interactions romano-égyptiennes 159Luigi Gallo, Aspetti demografici dell’Egitto greco-romano 173Barbara Anagnostou-Canas, Les prêtres de Bacchias face à l’administration romaine 183Kai Ruffing, The Trade with India and the Problem of Agency in the Economy of the Roman Empire 199Maria Federica Petraccia, Il ruolo dell’esercito in occasione dello scisma donatista e il trattato contro i Donatisti di Optatus Milevitanus 211Tito Orlandi, La copticità dell’Egitto copto 229Marco Di Branco, Alla conquista del passato : la storia dell’antico Egitto vista dagli Arabi 241Daniele Foraboschi, Conclusioni 251

Recapiti dei collaboratori del volume 259

Titos Flavios Demetrios (Ipswick Museum).

L’ACTE FONDAMENTAL DU POUVOIR DANS L’éGYPTE PHARAONIQUE : L’‘ORDRE ROYAL’ (OUDj-nESOU)

Pascal Vernus

Dans notre monde contemporain, ‘pharaon’, à côté de sons sens originel, est quelquefois utilisé, non sans goguenardise, pour qualifier celui qui en quel-

que domaine, détient un pouvoir quasi illimité.à observer le fonctionnement de la société de l’égypte ancienne, on ne jugera

pas imméritée cette extension métaphorique. En témoigne l’acte fondamental du pouvoir exécutif, appelé en égyptien oudj-nesou, littéralement ‘commandement/ordre du roi’. Le terme est souvent traduit ‘décret royal’, ‘royal decree’, ‘köni-gliches Dekret/Erlass’, dans la tradition égyptologique, traductions à la rigueur acceptables si on a bien conscience qu’elles sont tout à fait conventionnelles. 1 Car il faut se garder soigneusement de transposer dans l’acte égyptien ce qu’impli-que la notion de ‘décret’ dans la terminologie juridique moderne, comme l’ont fait, hélas, bien des historiens du droit. Beaucoup, en effet, ont voulu interpréter l’oudj-nesou comme une disposition de droit particulière s’opposant aux disposi-tions de portée générale que sont les lois (hepou). Pour ne prendre qu’un exemple, J. Pirenne 2 donnait à oudj-nesou la valeur d’arrêtés administratifs ou à caractère exécu-tif. Or, la réalité est tout autre.

En effet, ce que recouvre l’égyptien oudj-nesou dépasse très largement ce que re-couvre ‘décret’ dans notre droit. Pour bien s’en convaincre, voici trois cas d’énon-cés provenant du pharaon et qualifiés de oudj :

Est appelé oudj-nesou une simple lettre du pharaon Izézi (ve Dynastie, environ 2377-2350 av. J-C.) pour exprimer sa gratitude à un courtisan qui avait su déployer à son intention des flagorneries particulièrement bien tournées :

[1]. Ordre royal au (...) directeur des scribes des actes Rêshepses.Ma Majesté a vu cette très belle lettre-ci que tu m’as fait apporter dans le palais en ce

beau jour-ci où on réjouit le coeur de Izézi, vraiment, vraiment, avec ce qu’il aime, vrai-ment, vraiment.

Ma Majesté a aimé voir cette tienne lettre-ci plus que tout. Tu es assurément connais-seur de ce qu’aime Ma Majesté plus que tout. Ton dire m’est plaisant plus que tout. Ma majesté sait que tu aimes dire tout ce qu’aime Ma Majesté.

O Rêshepses, je dis à ton bénéfice un million de fois : ‘Celui qu’aime son maître ; agréa-ble à son maître ; gardien de secret de son maître !’

1 B. Gunn, The Stela of Apries at Mitrahina, « asae », 27 (1927), p. 234 ; H. G. Fischer, The Orientation of Hieroglyphs Part 1. Reversals (« Egyptian Studies », ii), New York, 1977, p. 59 ; H. M. Hays, wd : The Context of Command in the Old Kingdom, « gm », 176 (2000), pp. 63-76.

2 J. Pirenne, selon A. Théodoridès, à propos de la loi dans l’Égypte pharaonique, « rida », 14 (1967), p. 120.

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Si je me suis rendu compte que Rê m’aime, c’est parce qu’il t’a donné à moi. Aussi vrai que vit Izézi éternellement, voudrais-tu exprimer ton voeu quel qu’il soit à Ma Majesté dans une lettre de toi, immédiatement en ce jour-ci afin que Ma Majesté le fasse réaliser immédiatement ?”.

Est appelé oudj-nesou un ordre par lequel Toutankhamon charge un haut fonction-naire de lever une taxe sur tout le pays pour assurer l’offrande-divine, c’est-à-dire l’approvisionnement en biens et denrées requis par les pratiques cultuelles :

[2]. En ce jour, commandement de Sa Majesté, chargeant le flabellifère à la droite du roi, le scribe royal, le directeur de la Maison-Blanche 3 Maya de lever une taxe sur le pays tout entier et d’établir l’offrande-divine de toutes les divinités depuis éléphantine jusqu’à Smabehedet. 4

Est appelé oudj (‘ordre’) le récit que le pharaon Piânkhi (xxve dynastie, 747-716 avant J.-C.) est censé faire de ses campagnes militaires devant ses fidèles :

[3]. Ordre qu’énonce Ma Majesté : Prêtez l’oreille à quelque chose de ce que j’ai fait (en allant) au-delà des devanciers. 5

Voilà donc trois exemples illustrant la large étendue de ce qui est du domaine de l’‘ordre royal’. Il désigne une lettre de remerciement destinée à un particulier, et dont le contenu proprement normatif est ténu, c’est le moins qu’on puisse dire, puisqu’il se réduit à l’invitation à exprimer un souhait de récompense [1].

En revanche, portée générale et teneur normative et exécutive évidente, quand l’‘ordre royal’ désigne un acte instituant une imposition sur tout le pays et dont le produit est affecté à tous les temples [2].

Portée générale, visée normative, mais incidence exécutive restreinte quand l’‘ordre’ catégorise un récit par lequel le pharaon donne l’interprétation doctri-nale des événements politiques qui ont agité l’égypte [3].

On est bien loin de l’acception technique du terme ‘décret’ dans notre droit ! On peut penser à ‘rescrit royal’, ‘édit royal’, ‘ordonnance royale’, mais ces ter-mes véhiculent des connotations anachroniques. Le plus simple est de s’en tenir à ‘commandement royal’ ou ‘ordre royal’.

Fondement idéologique de l’‘ordre royal’

Pour comprendre la vraie nature de l’‘ordre royal’, il faut en définir les fonde-ments idéologiques.

La capacité de donner un ordre (oudj), c’est-à-dire de faire advenir une réalité par sa seule énonciation grâce à une parole douée d’une vertu créatrice (Hou),

3 Département gérant les biens de consommation.4 Ville la plus septentrionale à l’époque, dans le nord-est du Delta en bordure du littoral d’alors (dif-Ville la plus septentrionale à l’époque, dans le nord-est du Delta en bordure du littoral d’alors (dif-

férent du littoral actuel) ; correspondant au site actuel de Tell el-Balamoun.5 A. El Hawary, Wortschöpfung Die Memphitische Theologie und die Siegesstele des Pije -zwei Zeugen kul-

tureller Repräsentation in der 25. Dynastie (« Orbis Biblicus et Orientalis », 243), Fribourg & Göttingen, 2010, p. 217 ; J. Assmann, Die Piye (Pianchi)Stele : Erzählung als Medium politischer Repräsentation, dans H. Roeder (éd.), Die Erzählen in fruhen Hochkulturen i. Der Fall Ägypten (« Ägyptologie und Kulturwissenschaft », 1), Munich, 2009, p. 236.

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donc, performativement pour reprendre une notion de la philosophie analytique qui a fait florès, est le propre du démiurge qui l’utilisée pour créer le monde :

[4]. Le ciel, les deux pays, le monde souterrain sont établis grâce à tes ordres. 6

Il ne suffit pas créer le monde, encore faut-il le maintenir en bon fonctionnement dans la durée qui lui est impartie, puisque l’eschatologie prévoit que l’‘éternité’ double – linéaire et cyclique – qui le constitue aura paradoxalement une fin. 7 En attendant, notre démiurge a du temps devant lui, et ce temps n’est rien de moins que l’histoire, 8 c’est-à-dire, selon la doctrine, une succession d’événements pro-duits par ses ordres :

[5]. Ce qui se produit c’est ce qu’ordonne (oudj) le dieu. 9

Cela dit, un changement s’est opéré depuis les premiers temps du monde. Alors, le démiurge solaire régnait directement sur terre. Mais, selon un mythe, 10 il finit par se lasser d’avoir à mater sans cesse une humanité trop indocile. Il décida de monter aux cieux pour superviser de plus haut la bonne marche de la création, et de n’exercer désormais qu’indirectement son gouvernement d’ici-bas. Pour l’as-surer à sa place, il créa la fonction de pharaon, confiée à un être humain après que quelques dieux et demi-dieux eurent assuré la transition. 11

[6]. S’il (= le démiurge) m’a (moi le pharaon) mis au monde, c’est pour faire ce qui doit être fait pour lui, 12 pour faire advenir ce qu’il a ordonné de faire. 13

Chaque pharaon est donc censé être le vicaire du démiurge, ce statut ayant son expression symbolique dans l’affirmation de sa filiation divine, formulée dans le mythe de la théogamie. 14 En tant que vicaire, il a reçu de lui une délégation

6 N. De G. Davies, The Temple of Hibis in El Khargheh Oasis. Part iii : the Decoration (« mma Expedition », 17), New York, 1953, pl. 7, jambage gauche de la porte.

7 J. Assmann, Königsdogma und Heilswartung : Politische und kultische Chaosbeschreibungen in ägyptischen Texte, dans D. Hellholm (éd.), Apocalypticism in the Mediterranean World and the near East, 1983.

8 Sur cette conception de l’histoire, voir P. Vernus, Les jachères du démiurge et la souveraineté du pharaon. Concept d’empire et latences de la création, « RdE », 62 (2011), pp. 175-197.

9 Enseignement de Ptahhotep, P 116, voir P. Vernus, Sagesses de l’Égypte pharaonique, 2e édition, Actes Sud Arles, 2010, p. 115.

10 « Livre de la vache du ciel », voir fondamentalement E. Hornung, Der ägyptische Mythos von der Him-melskuh. Eine Ätiologie des Unvollkommenen (« obo », 46), Fribourg et Göttingen, 1983.

11 U. Luft, Beiträge zur Historisierung der Götterwelt und der Mythenschreibung (« Studia Aegyptiaca », iv), Budapest, 1978.

12 Je ne veux pas discuter ici la forme grammaticale qui est un participe passif prospectif ; voir L. Zon-hoven, Studies on the sdm.t=f Verb Form in Classical Egyptian, Proefschrift Rijksuniversiteit, Groningen, 1997, p. 97, n. 4.

13 Projet d’édification d’un temple à Héliopolis, présenté par Sésostris I, PBerlin 3029, i, 5-6 (« Berlinleath-erroll ») ; la bibliographie est très fournie ; voir B. Hofmann, Die Königsnovelle « Strukturalanalyse am Einzel-werk » (« äat », 62), Wiesbaden, 2004, pp. 58-73 ; et en dernier lieu R. Gundlach, The Berlin Leatherroll (PBer-lin 3029), dans R. Gundlach, K. Space (édd.), 5. Symposium zur ägyptischen Königsideologie. Palace and Temple, Cambridge, july, 16th-17th, 2007 (R. Gundlach, D. Kreikenbom, M. Schade-Busch (édd.), Königtum, Staat und Gesellschaft fruher Hochkulturen (Beiträge zur altägyptichen Königsideologie), Wiesbaden, 2011, pp. 103-114.

14 Le dieu est censé prendre la forme du pharaon régnant et s’unir à la reine pour engendrer le pharaon qui lui succédera, voir H. Brunner, Die Geburt des Gottkönigs. Studien zur Überlieferung eines altägyptischen Mythos (« Äg. Abh. », 10), 2., erganzte Auflage, Wiesbaden, 1986.

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d’autorité qui comporte la capacité de créer performativement par la parole créa-trice (Hou) :

[7]. Hou est ta parole. 15[8]. Qui énonce (= le pharaon) et cela se produit comme ce qui sort de la bouche de

Rê. 16

Le pharaon a donc la capacité d’émettre des ordres (oudj) doués de vertu perfor-mative. Mais cette capacité n’est pas liée à la personne proprement humaine du pharaon. Il n’est que le vecteur de la volonté divine et c’est elle qui se manifeste, en dernière instance, derrière ses actes de pouvoir, et qui leur confère leur aucto-ritas :

[9]. Une autre action parfaite m’était (moi = le pharaon) venue à l’esprit sur l’ordre du dieu. 17

[10]. Je (= le pharaon) veux vous faire savoir de ce que ce qui m’a été ordonné, je (l’)ai appris auprès de mon père (= le dieu). 18

[11]. écoutez cette parole-ci qu’a énoncée-en-tant-qu’ordre Amon-Rê, maître du Trône des deux pays au roi du sud et du nord Menkhéperrê. 19

Autrement dit le fondement de l’autorité politique du pharaon est la volonté di-vine. Cela posé, évitons les naïvetés : toutes les paroles du pharaon ne sont pas nécessairement investies de cette autorité. C’est lui-même qui fait la distinction et indique que ce qu’il va dire a le statut d’‘ordre’ de plein droit :

[12]. Le pharaon lui-même : énoncer avec-le-statut (litt. : en tant que) d’ordre. 20

En fait, la parole du pharaon n’acquiert la vertu propre à la parole performative que dans la mesure où il se sent sous l’influence de l’inspiration divine. On peut faire la comparaison, grosso modo et mutatis mutandis, avec le dogme catholique de l’infaillibilité du Pape.

Comment l’inspiration divine suscite l’‘ordre’ du pharaon

La volonté divine que relaie l’‘ordre’ du pharaon se manifeste à lui sous diverses formes. Dans des cas particuliers, elle révèle à travers des signes ominaux. Il peut s’agir d’un prodige publique. 21 Par exemple, au cours d’une expédition dans les

15 PBerlin 3029, ii, 1 (Berlin Leatherroll), voir ci-dessus. La correction « Hou est <dans> ta bouche », adoptée par la majorité des traducteurs, est superflue.

16 Naos cgc 70021, côté gauche, base, l. 1.17 K. A. Kitchen, Ramesside Inscriptions Historical and Biographical, i, Oxford, 1979, p. 66, 13.18 K. Sethe, Urkunden der 18. Dynastie Historisch-biographische Urkunden (« Urkunden des ägyptischen

Altertums »), Leipzig, 1930, pp. 16-17.19 K. Sethe, Urkunden der 18. Dynastie, cit., p. 565, 12, cf. p. 566, 13.20 Décret d’Horemheb, l. 12, voir J.-M. Kruchten, Le décret d’Horemheb. Traduction, commentaire épi-

graphique, philologique et institutionnel (Université Libre de Bruxelles, Faculté de Philosophie et Lettres, lxxxii), Bruxelles, 1981, p. 21.

21 Sur le problème de la communication divine à travers l’oracle, soit sollicité, soit non sollicité, voir P. Vernus, La grande mutation idéologique du nouvel Empire : une nouvelle théorie du pouvoir politique. Du démiurge

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carrières du désert oriental, une gazelle mit bas sur une pierre, indiquant ainsi le monolithe le plus approprié à faire un couvercle pour le sarcophage royal. Il arrive que la manifestation de la volonté du dieu se fasse plus intime ; ainsi, quand il envoie au pharaon des rêves pour lui faire savoir la conduite à tenir. 22 Le dieu signifie aussi sa volonté lors de consultations privées dans le secret du sanctuaire. Le plus souvent, le dieu opère en n’importe quel lieu par des pulsions irrésistibles à l’intérieur du ‘cœur’ du pharaon, siège, comme on sait, des facultés intellectuel-les, en même temps que réceptacle de l’inspiration. 23

Il arrive que l’inspiration divine soit sollicitée par le pharaon, lorsqu’il doit af-fronter un problème difficile. Voici Séthy I confronté à la trop forte mortalité du personnel envoyé dans le désert. Il interroge le dieu :

[13]. Or donc, le dieu le guida pour réaliser la demande de celui à qui il avait marqué pré-dilection. On donna ordre aux carriers de creuser une citerne dans ces montagnes afin de réconforter celui qui était épuisé et de rafraîchir le moral de celui qui était brûlé par la chaleur. 24

Il arrive même qu’un ordre du roi soit énoncé en réponse à une pétition présentée par un de ses sujets :

[14]. Ordre de Ma Majesté : qu’on mette à exécution la pétition de N attendu que le roi en personne a été sollicité par une pétition. 25

Propriétés de l’‘ordre royal’

Un ordre royal se suffit à lui-même et comporte intrinsèquement sa propre justi-fication. Point de nécessité a priori de se référer à une législation préexistante. Sa portée est universelle et peut concerner n’importe quel élément du monde terres-tre. Parce qu’il reflète la volonté divine, l’‘ordre royal’ est porteur d’une autorité irrévocable, il ne peut être transgressé ni aboli :

[15]. Ce que tu (= le pharaon) as décidé ne peut être défait. 26[16]. La transgression de ce que j’ai (= le pharaon) ordonné ne peut se produire. 27

face à sa création, « bseg », 19 (1995), pp. 69-95 ; I. Shirun-Grumach, Offenbarung, Orakel und Königsnovelle (« äat », 24), Wiesbaden, 1993.

22 P. Vernus, Traum, dans W. Helck, Eb. Otto (édd.), Lexikon der Ägyptologie 6, Wiesbaden, 1986, col. 745-749.

23 Là encore, la bibliographie est abondante ; je me limiterais à M. I. Toro Rueda, Das Herz in der ägyp-tischen Literatur des zweiten jahrtausends v. Chr. Untersuchungen zu Idiomatik und Metaphorik von Ausdrucken mit jb und Hatj (Dissertation zur Erlangung des Doktorgrad an der Philosophischen, Fakultät der Georg-August-Universität Göttingen), Göttingen, 2003.

24 Inscription de Séthy I à Kanais à l’entrée du Ouâdi Mia, voir K. A. Kitchen, Ramesside Inscriptions, i, cit., p. 66, 8-11.

25 Inscription de Senmout à Karnak l. 2 ; voir W. Helck, Historisch-biographische Texte der 2. Zwischenzeit und neue Texte der18. Dynastie (Kleine Ägyptische Texte), Wiesbaden, 1975, p. 122.

26 W. Helck, Urkunden der 18. Dynastie Texte der Hefte 17-19 (Urkunden des ägyptischen Altertums), Berlin, 1984, p. 1386, l. 13.

27 Inscription d’Hatshepsout au Spéos Artémidos, l. 41, voir A.H. Gardiner, Davies’s Copy of the geat Speos Artemidos Inscription, « jea », 32 (1946), pp. 43-56 ; J. Allen, The Speos Artemidos Inscription of Hatshepsut, « bes », 16 (2002), pp. 1-17.

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Un ordre royal est imprescriptible et illimité dans le temps.

[17]. Il (= le pharaon) a établi de ordres d’éternité. 28

Bien entendu, l’inévitable évolution peut mettre en cause l’irrévocabilité et l’im-prescriptibilité que proclame l’idéologie. Mais, seul un autre ordre royal peut théoriquement restreindre la portée d’un précédent, voire l’abroger. Ainsi :

[18]. Même s’il est dit selon ces ordres-là (= ordres royaux préexistants) de ne mettre en oeuvre aucune exemption dans les villes passibles d’exemptions dans cette région sud, il n’est pas question que Ma Majesté permette qu’aucune personne du temple de Min dans le nome de Coptos fasse du transport, du terrassement, ou quelque tâche corvéa-ble qui est faite habituellement dans cette région sud. 29

L’‘ordre royal’ est investi d’une double vertu coercitive : il pose une décision obli-gatoire et implique un châtiment inéluctable pour celui qui tenterait de s’y oppo-ser.

Ce châtiment peut être défini par des stipulations propres à l’acte : 30

[19]. Quant à toute personne dont on aura constaté qu’il a enlevé une pierre de cette mon-tagne-ci, qu’il soit puni pour cela par la mutilation d’un membre. 31

[20]. Quant à toute personne qui transgressera ce présent ordre et qui détachera (de sa tâche) un berger du Château Men-maât-rê-est-heureux-dans-Abydos par réquisition ou par (déplacement) d’un district à un autre, à l’occasion de quelque tâche, si le berger dit : “Quand Untel m’a détaché (de ma tâche), une perte advint dans mon troupeau consistant en une tête, ou deux têtes, ou trois têtes, ou quatre têtes”, qu’on applique la loi contre lui en lui infligeant deux cents coups de bâton, et qu’on lui reprenne la tête de bétail du Château Men-maât-rê-est-heureux-dans-Abydos qui a été volée à la propor-tion de 100 pour un ». 32

Ce châtiment peut être assuré non seulement par les institutions humaines, mais aussi par les mécanismes supra-humains qui règlent la marche du monde et se manifestent occasionnellement par des interventions divines ponctuelles. 33 D’où,

28 Turin Inv Suppl. 1310 l. x+9, voir J. Vandier, Une inscription historique de la Première Période Intermédi-aire, dans H. B. Rosen (éd.), Studies in Egyptology and Linguistics in Honour of H. j. Polotsky, Jerusalem, 1964, pl. i.

29 Ordre Coptos b § xi, voir H. Goedicke, Königliche Dokumente aus dem Alten Reich (« äa », 14), Wies-baden 1967, p. 88 et fig. 8. Ce que je traduis « dans les villes passibles d’exemption » n’a guère été interprété de manière plausible antérieurement. Pour la référence à la forclusion de mesures valables sous un phara-on antérieur, voir l’ordre royal d’Horemheb l. 27-31, à propos d’une taxe perçue sous Thoutmosis III.

30 Voir fondamentalement D. Lorton, The Treatment of Criminals in Ancient Egypt through the new King-dom, « jesho », 20 (1997), pp. 53-64 ; R. Müller-Wollermann, Vergehen und Strafen Zur Sanktionierung abwe-ichenden Verhaltens im Alten Ägypten (« Probleme des Ägyptologie », 21), Leyde, 2004.

31 M. Burchardt, Ein Erlass des Königs necht-har-ehbet, « zäs », 44 (1907), pp. 55-58.32 Ordre de Séthy I à Nauri, K. A. Kitchen, Ramesside Inscriptions, i, cit., p. 55 ; voir aussi ci-dessous [27].33 Sur ce problème dans la civilisation pharaonique, voir J. Assmann, When justice Fails : jurisdiction

and Imprecation in Ancient Egypt and the near East, « jea », 78 (1992), pp. 149-62, et, dans une perspective plus générale H. Barta, R. Rollinger, M. Lang (édd.), Recht und Religion - Menschliche und göttliche Gerechtigkeits-Vorstellungen in den antiken Welten (« Philippika, Marburger altertums-kundliche Abhandlungen », 24), Wies- baden, 2008.

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par exemple, les menaces d’intervention divine contre ceux qui viendraient à transgresser les dispositions de l’‘ordre royal’ : 34

[21]. Quant au général qui viendra après moi (= le pharaon) et qui trouvera la fondation tombée en destruction ainsi que les servants et les servantes qui produisent à destination de mon ensemble-de-revenus et qui en détachera du personnel pour le placer dans quel-que affaire de Pharaon Vie, Intégrité, Santé, ainsi que dans toute occupation qui lui appartient en propre, et un autre qui les léserait et qui ne les protégerait pas, il sera dans la réprobation d’Amon, maître du trône des deux pays qui préside à son Harem. Il ne les laissera pas profiter de la fonction de scribe royal de l’armée qu’ils ont reçue de moi. Il le placera dans la flamme du roi, le jour où il se met en colère. Celle-qui-est-à-son-front (= l’uréus) crachera la flamme à leurs fronts, de sorte que seront anéanties leurs chairs, qu’elle dévorera leurs corps, qu’ils deviendront comme Apophis le jour du Début-de-l’année. Ils feront naufrage dans le Grand-Vert si bien qu’il ensevelira leurs cadavre. Ils ne recevront pas la dignité des justifiés. Ils n’avaleront pas les galettes des défunts. On ne leur fera pas de libation d’eau provenant de l’orée du fleuve. Leurs fils ne seront pas mis à leur place. Leurs femmes seront violées sous leurs regards ; etc... 35

On observera que dans ce texte, certains des châtiments mis en oeuvre par le dieu Amon sont confiés au pharaon contemporain de l’éventuel transgresseur (« Il le placera dans la flamme du roi » 36). Autrement dit, le dieu est censée garantir l’acte d’un pharaon en assurant le châtiment inhérent à son non respect par la mobilisa-tion d’un de ses successeurs.

L’‘ordre royal’ : une source de la loi

L’‘ordre royal’ est donc la manifestation d’un pouvoir absolu puisqu’il n’a d’autre légitimation que de s’originer dans la volonté divine. Grâce à sa capacité d’émet-tre des ‘ordres royaux’, pourvus d’une autorité suprême parce qu’ils émanent en dernière instance de l’autorité suprême de la création, le pharaon est le seul pou-voir législatif : il est la manifestation terrestre du droit. Les ‘ordres royaux’ sont donc une source de la législation et constituent la Loi, 37 avec l’ensemble des direc-tives, règles, normes et coutumes dont le pharaon est, par ailleurs, le garant.

34 K. Nordh, Aspects of Ancient Egyptian Curses and Blessings. Conceptual Background and Transmision (« Boreas. Uppsala Studies in Ancient Mediterranean and Near Eastern Civilizations », 26), Uppsala, 1966 ; S. Morschauser, Threat-Formulae in Ancient Egypt. A Study of the History, Structure and Use of Threats and Curses in Ancient Egypt, Baltimore, 1991.

35 ‘Ordre’ apocryphe pour la fondation d’Amenhotep fils de Hâpou : K. Jansen-Winkeln, Inschriften des Spätzeit Teil i : Die 21. Dynastie, Wiesbaden, 2007, pp. 167-169.

36 Dans d’autres menaces du même genre, on parle du « roi de son (= le transgresseur) temps ».37 Le problème de la loi dans l’égypte pharaonique a suscité une très abondante bibliographie que je ne

puis donner ici, faute de place. Voici quelques indications : A. Théodoridès, A propos de la loi dans l’égypte pharaonique, « rida », 14 (1967), pp. 102-152 ; Id., The Concept of Law in Ancient Egypt, dans J. R. Harris (éd.), The Legacy of Egypt, Oxford, 1972, pp. 291-322 ; H. Goedicke, Befehl, Theorie des, dans W. Helck, Eb. Otto (édd.), Lexikon der Ägyptologie, i, Wiesbaden, 1974, col. 678-79 ; J.-M. Kruchten, Le décret d’Horemheb, cit., pp. 219-21, 311 ; E. Martin-Pardey, Templedekret, dans W. Helck, Eb. Otto (édd.), Lexikon der Ägyptologie, 6, Wiesbaden, 1986, col. 379-86 ; P. Vernus, Les décrets royaux (wd-nsw) : L’énoncé d’auctoritas comme genre, dans S. Schosske (éd.), Akten des Vierten Internationalen Ägyptologen Kongress Munchen 1985 (« sak », Beihefte 4), Munich, 1990, pp. 239-246 ; J. M. Kruchten, Law dans R. B. Redford (éd.), The Oxford Encyclopedia of Ancient Egypt, Volume 2, Oxford, 2001, pp. 277-282.

pascal vernus28

Promulgation de l’‘ordre royal’

En principe, l’‘ordre royal’ est promulgué à travers son énonciation orale par le roi ‘en personne’, selon l’expression consacrée, le plus souvent à l’occasion d’une cérémonie solennelle en présence des hauts dignitaires et des courtisans auxquels il a enjoint d’écouter. 38 Cette proclamation solennelle reflète évidemment son statut de parole créatrice. Et, l’assistance le corrobore par sa réaction :

[22]. Qu’elle est parfaite, cette parole qui nous (= la cour) a été énoncée ... une formule du dieu lui-même, comme Rê à l’origine. 39

Une fois énoncée, l’ordre est alors fixé par écrit par le scribe du roi ou tout autre fonctionnaire habilité à ce faire, quelquefois par le roi lui-même. L’acte originel est muni d’un apparat diplomatique codifié, destiné à l’authentifier, avec les mar-ques caractéristiques suivantes :

– Date et mention du pharaon avec son nom d’Horus sur le serekh, la façade du palais symbole de l’autorité terrestre. 40

– Identification de l’acte en tant qu’ ‘ordre royal’ par le terme oudj nesou.– Graphie du terme oudj nesou standardisée et hautement sophistiquée impli-

quant des jeux complexes sur l’orientation des signes : 41

et (lecture de droite à gauche).

Ces jeux, d’une part, visent à signifier la position éminente du roi en antéposant le groupe de signe qui écrit son nom, et, d’autre part, à suggérer un face à face entre les signes écrivant ‘ordre’, et les hiéroglyphes désignant ceux qui sont concernés par cet ordre.

– à certaines époques on précise par la formule :

[23]. Ordre délivré en tant que manifestation du pouvoir/dans la majesté du palais en ce jour.

– Quand il s’agit d’une lettre personnelle on utilise la formule[24]. Si cet ordre du roi t’a été apporté, c’est pour te faire savoir que ...

– Désignation des personnes et des institutions concernées.– Teneur de l’ordre royal en général sous la formule « Ma Majesté à ordon-

né ... »

38 P. Vernus, L’écriture du pouvoir dans l’Égypte pharaonique Du normatif au performatif, dans A. Bres-son, A.-M. Cocula, Ch. Pébarthe (éds.), L ‘Écriture publique du pouvoir (« Ausonius études », 10), Bordeaux, 2005, pp. 123-142 ; J. Quack, Pharao und Hofstatt, Palast und Temple : Entscheidungfindung, Öffentlichkeit und Entscheidungsveröffentlichung im Alten Ägypten, dans Chr. Kuhn (éd.), Politischen Kommunikation und öffentliche Meinung in der antiken Welt, Stuttgart, 2012, pp. 277-295.

39 K. Sethe, Urkunden der 18. Dynastie, cit., p. 165, l. 9-14.40 P. Vernus, naissance des hiéroglyphes et affirmation iconique du pouvoir : l’emblème du palais dans la genèse

de l’écriture, dans P. Vernus (éd.), Les premières cités et la naissance de l’écriture, Actes du Colloque du 26 sep-tembre 2009, Musée archéologique de Nice-Cemenelum, Arles, 2011, pp. 27-58.

41 H. G. Fischer, The Orientation of Hieroglyphs Part 1. Reversals (« Egyptian Studies », ii), New York, The Metropolitan Museum, 1977, pp. 57-61.

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– à l’Ancien Empire, la teneur de l’ordre, quand il est complexe, peut être orga-nisé par un dispositif graphique raffiné, jouant sur les ressources de la tabulation, c’est-à-dire tout à la fois sur l’accolade et la mise en facteur commun 42 et sur les effet de la disposition en lignes et de la disposition en colonnes. Ce dispositif par-ticipe de l’apparat diplomatique.

– La dernière opération qui authentifie l’ordre royal est l’apposition du sceau, avec la formule « scellé en présence du roi en personne ».

Versions sur supports maniables des ‘ordres royaux’

Aucun ‘ordre royal’ ne nous est parvenu sous sa version originelle de référence, telle qu’elle devait être conservée dans les archives. En revanche, nous possédons des versions secondaires.

Ce sont, des copies administratives, comme cette lettre de Ramsès XI au gouverneur de Koush, c’est-à-dire la Nubie et la partie du Soudan annexée par l’égypte. 43 On observera, que si recours est fait à une tachygraphie (tracé cursif des hiéroglyphes au dépens de la figurativité, mais au profit de la rapidité), ce n’est pas la tachygraphie ordinaire des documents de la pratique. Il s’agit d’une écriture de chancellerie qui vise à se distinguer du tout-venant par un soin et un certain maniérisme, marqué, entre autres, par l’étirement en hauteur des signes. 44

Les copies administratives pouvaient être collées avec d’autres pour constituer un dossier, 45 ou encore copiées dans un rouleau comportant d’autres documents administratifs. D’autres servaient de pièces justificatives pour qui de droit.

On s’attend à ce que ces copies aient été traitées avec des marques de respect. Dans le célèbre Roman de Sinohé, lorsque est lu au héros l’‘ordre royal’ le concer-nant, il marque sa profonde révérence pour le document :

[25]. Dès qu’il (l’ordre du roi) me fut lu, je me mis à plat-ventre, je touchai le sol, je le dé-roulai sur ma poitrine. 46

Un décret de nomination est remis à son bénéficiaire dans un étui cylindrique. C’est dans le même genre de contenant qu’est représenté l’‘ordre royal’ de Séthy I

42 H. Goedicke, Diplomatical Studies in the Old Kingdom, « jarce », 3 (1964), pp. 31-41 ; W. Helck, Altägyp-tischen Aktenurkunden des 3. und 2. jahrtausend (« mäs », 31), Munich, 1974.

43 PTurin 1896, A. El-Mohsen Bakir, Egyptian Epistolography from the Eighteenth to the Twenty-First Dy-nasty (« BdE », 48), Le Caire, 1952, pl. xxxi. Traduction dans E. Wente, Letters from Ancient Egypt (« sbl. Writings from the Ancient World », 1), Atlanta, 1990, p. 39, n° 39.

44 Pour l’écriture de chancellerie, voir P. Vernus, Littérature’, ‘littéraire’ et supports d’écriture : Contribu-tion à une théorie de la littérature dans l’Égypte pharaonique, « edal », 2 (2010/2011), p. 50 et n. 86.

45 W. Helck, Ein Briefsammlung aus der Verwaltung des Amun Tempels, « jarce », 6 (1967), pp.135-151 ; P. Posener-Krieger, Décrets envoyés au temple funéraire de Rêneferef, dans Mélanges Gamal Eddin Mokhtar (« BdE », 97/2), Le Caire, 1985, vol. ii, pp. 195-210.

46 Les aventures de Sinohé b 200-201 ; excellente présentation et analyse de l’oeuvre dans R. A. Parkin-son, Poetry and Culture in Middle Kingdom Egypt. A Dark Side to Perfection, London & New York, 2002, pp. 159-168.

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en faveur du domaine d’Osiris à Abydos dans une scène où l’acte juridique prend place dans l’échange rituel entre le pharaon et la divinité. 47

Versions sur supports monumentaux des ‘ordres royaux’

Beaucoup d’‘ordres royaux’ nous sont connus par des versions ‘monumentales’, c’est-à-dire sur des supports conçus pour être pérennes, le plus souvent en pierre. On distinguera deux cas :

1. ‘Ordres royaux’ sur des monuments ou dans des lieux pouvant être considé-rés comme publics.

2. ‘Ordres royaux’ sur des monuments privés.

‘Ordres royaux’ sur des monuments publics

Dans les versions publiques des ‘ordres royaux’, on distinguera celles qui se bor-nent à reproduire l’acte originel. Ainsi les ‘ordres royaux’ de l’Ancien Empire, provenant de temples ou de sanctuaires provinciaux, 48 et qui sont des copies de la version de référence, avec sa diplomatique. Elles sont fixées sur pierre pour publi-cité, dans la mesure où une clause de l’acte en stipulait l’affichage :

[26]. Qu’une pièce administrative comportant cet ordre soit apportée afin qu’il soit mis sur une stèle de grès (variante : de calcaire) près des propylées du temple de Min à Coptos dans le nom des Deux-dieux, afin que puissent voir les employés de ce nome. 49

Toutefois, dès la vie dynastie, il arrive qu’on ajoute un commentaire extérieur au libellé original, comme dans cet ordre promulgué par Pépy I pour protéger la chapelle de sa mère. 50

C’est le précurseur d’un autre type de versions monumentales d’‘ordres royaux’, type qui va se développer jusqu’à la fin de l’époque pharaonique. Dans ce type, l’acte original peut être présent de diverses manières, allant de la reproduction fidèle d’une large partie – par exemple l’ordre de Séthy I appelé ‘décret de Nauri’ – à la simple mention de son objet, par exemple l’ordre de Toutankhamon évoqué en [2].

Quelle que soit la manière dont il est évoqué, cet acte est inséré dans un apparat visant, d’une part, à en rendre compte à travers la doctrine de la fonction pharao-nique, et visant, d’autre part, à présenter dans ce cadre une image flatteuse du pharaon qui l’avait promulgué. Revenons à l’ordre de Séthy I (‘décret de Nauri’ ; un extrait [20]). Il n’a :

[27]. no other purpose than that of proclaiming the absolute independance of the temple’s Nubian possessions, both human and otherwise ; and this purpose carried with it the

47 S. Cauville, La charte d’immunité d’Abydos, « jarce », 45 (2009), pp. 397-401.48 édition de base : H. Goedicke, Königliche Dokumente, cit.49 Ordre de Coptos b, l. 33-35 (voir aussi Coptos c and d), cf. A. Théodoridès, Une charte d’immunité

d’Ancien Empire, « rida », 29 (1982), pp. 73-118.50 Ordre de Coptos a, cf. H. Goedicke, Königliche Dokumente, cit., p. 43.

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necessity of specifying some of the ways in which that independance might be infrin-ged, and the penalties which awaited those guilty of such infringment. 51

Mais aussi détaillées que soient les différentes stipulations de l’acte tel que les mentionne la version, loin de se suffire à elles-mêmes, elles ne font sens qu’à l’intérieur d’un apparat idéologique très développé, marqué non seulement par les scènes rituelles du cintre, mais aussi par un très long préambule, fort élaboré, de manière quasi ‘littéraire’, et qui chante les louanges de Séthy I et des relations mutuelles d’amour entre lui et les divinités.

Autre exemple illustratif de version monumentale où l’apparat idéologique en-robe l’acte exécutif : l’ordre de Nectanébo I (xxxe dynastie, 378-360 avant J.-C.), re-latif à la taxation des biens et denrées produits par les Grecs. Par un caprice bien-veillant du hasard, à la version découverte dans la ville de Naukratis, 52 concédée aux Grecs, s’est ajoutée récemment une nouvelle version stèle sortie de la mer, là où s’était effondrée le port douanier de Thonis, non loin d’Alexandrie. 53 Le cintre comporte une scène double montrant le pharaon effectuant un rite au bénéfice de Neith, la divinité dont le temple est bénéficiaire de l’acte. Le texte principal com-porte un panégyrique très sophistiqué du pharaon et de la politique qu’il mène. Suit le rappel des circonstances cérémonielles dans lesquelles le pharaon a été amené à promulguer l’acte, puis, sa substance, résumée en quelques lignes.

[28]. Que soit donné un dixième d’or, d’argent, de bois, de bois débité, de toute chose qui provient du Grand-Vert de-ceux-autour-des-cuvettes (= la Méditerranée des Grecs), de tout bien qu’on comptabilise pour affectation au domaine du roi dans le ville qui s’appelle Honé (= Thonis), ainsi qu’un dixième de l’or, de l’argent, de toutes choses qui sont produites dans Per-meryt, appelé Naukratis, sur la rive de Ânou, qu’on comp-tabilise pour affectation au domaine du roi pour affectation à l’offrande divine de ma mère Neith jusqu’à la fin de l’éternité, en plus de ce qui existait auparavant ; et qu’on en tire de quoi assurer une part de boeuf, une oie engraissée, cinq mesures de vin en tant qu’offrande fixe chaque jour. Ce qui en sera compté sera pour affectation au trésor de ma mère Neith, du fait qu’elle est la maîtresse du Grand-Vert (= la Méditerranée) et que c’est elle qui assure son approvisionnement.

En conclusion, le pharaon donne sens à cette mesure à travers le topos de la soli-darité intergénérationnelle :

[29]. Ma Majesté a ordonné de sauvegarder la divine offrande de ma mère Neith, de confir-mer toute chose qu’avait faite les devanciers afin que ce que j’ai fait soit confirmé par ceux qui viendront à l’existence dans l’infinité des années.

Quant à la clause d’affichage dans les deux villes, il l’avait auparavant infléchie à son bénéfice :

[30]. – (version de Thonis) Qu’on établisse ceci sur la présente stèle à l’embouchure du

51 A. H. Gardiner, Some Reflections on the nauri Decree, « jea » 38 (1952), p. 32.52 D’où l’appellation courante dans l’égyptologie de ‘stèle de Naucratis’.53 édition fondamentale, désormais : A.-S. Von Bomhard, The Decree of Saïs Under Water Archaeology in

the Canopic Region in Egypt (« Oxford Center for Maritime Archaeology Monograph », 7), Oxford, 2012.

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Grand-Vert de Ceux-qui-sont-autour-de-leurs-cuvettes (= les Grecs), dans la ville dont le nom est La-Honé-de-Saïs.

– (version de Naukratis) Qu’on établisse ceci sur la présente stèle de manière qu’elle se trouve placée à Naukratis sur la rive de Ânou.

– (texte commun) Alors on se rappellera ma perfection jusqu’à l’achèvement de l’éternité-cyclique.

Ces deux splendides stèles de granite noir de 1,95 mètres de haut sur 0, 80 mètres de large, soigneusement gravées en beaux hiéroglyphes, illustrent la recherche de l’ostentatoire et du spectaculaire dans l’affichage. Par ailleurs, la version de Kar-nak de l’‘ordre royal’ d’Horemheb – appelé ‘décret d’Horemheb’ dans l’égyptolo-gie, avait cinq mètres de haut, trois mètres de large. Quant au ‘décret de Nauri’ de Séthy I, c’était une stèle 2, 80 mètres de haut, et 1, 56 mètre de large, ménagée au tiers d’une des deux éminences rocheuses dominant le cours du Nil. 54

Donc, bien des ‘ordres royaux’ ne sont connus qu’à travers des versions à fin avant tout idéologique, et auto gratifiante pour les pharaons qui les ont com-manditées. Leur utilisation exige précaution et sens critique affiné de la part des historiens du droit. 55

‘ordres royaux’ sur les monuments des particuliers

Il en va de même pour les versions d’‘ordre royal’ sur les monuments des parti-culiers, stèles, statues, parois des pièces de la tombe ouvertes au public. En effet, le prestige attaché à ces actes était tel qu’ils n’hésitaient pas y faire allusion par-fois même à reproduire intégralement (voir [1]) un ‘ordre royal’ qui avait été fort gratifiant pour eux : nomination à des fonctions, missions prestigieuses, donation par le roi de tombe ou de parties de tombes, ou encore autorisation de placer un monument dans une enceinte consacrée, service de culte institué à leur bénéfice, accès aux offrandes d’un sanctuaire. Le fait s’inscrit dans une pratique générale qui pousse les particuliers à insérer dans leur apparat monumental les documents juridiques ou judiciaires qu’ils considéraient comme méritant d’entrer dans leurs ‘self-presentation’, c’est-à-dire l’image d’eux-mêmes qu’ils entendaient construire pour leurs contemporains et pour la postérité. Là encore, de la finesse s’impose aux historiens du droit. 56

objets des ‘ordres royaux’

La portée des ‘ordres royaux’ s’étend très largement. Ils peuvent concerner une catégorie particulière de population, l’ensemble du personnel détenteur ou mê-

54 Fr. Ll. Griffith, The Abydos Decree of Seti at nauri, « jea », 13 (1937), pp. 193-206 ; voir ci-dessus [20], [27].

55 Une prise de conscience insuffisante de ce fait peut conduire à des excès ; voir, par exemple S. Allam, Der Steuer-Erlass des Königs Haremhab, « zäs », 127 (2000), p. 110 et n. 46.

56 Par exemple, ne sont pas exemptes de quelque naïveté les interprétation de S. Allam, new Light on the katagraphé and its Pharaonic Background, dans T. Gagos (éd.), Proceedings of the 25th International Congress of Papyrology (Ann Arbor, july 29-August 4, 2007), Ann Arbor ,2010, pp. 13-19.

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me le pays tout entier (voir [2]). Par ailleurs, il arrive qu’ils ne touchent qu’un individu.

– Un ‘ordre royal’ peut viser une particulier et concerner sa nomination à une fonction ou sa destitution d’une fonction. Il peut imposer une mission précise : des travaux dans un temple ; une expédition hors de la vallée. Il peut exprimer des fé-licitations et assurer des récompense, ou, inversement, formuler une réprimande à un haut fonctionnaire pour une gestion maladroite.

– Les stèles dites ‘de donation’ sont des ‘ordres royaux’ établissant un dispositif régularisé entre un particulier et un temple ou une fondation.

– Un ‘ordre royal’ peut concerner les domaines d’activités qui ressortissent à l’état central : ouverture d’une carrière ; creusement d’un canal ; ordre à l’armée de faire une course dans le désert ; établissement du protocole du nouveau pharaon ; récit légitimant une guerre ([3]) ; etc.

– Un ‘ordre royal’ peut concerner une institution particulière : inventaire et net-toyage de temples ; restauration de parties endommagées ou tombées en ruines ; extensions ; constructions nouvelles. Il peut imposer l’organisation ou la ré or-ganisation de l’‘offrande-divine’ d’un temple ou d’un culte en levant des taxes spéciales (voir, entre autres, [2], [28]).

La protection du clergé et, par delà, du personnel de fondations ou d’institu-tions est un thème très souvent mentionné dans les ‘ordres royaux’ qui nous sont parvenus. Exemple :

[31]. (‘ordre royal’) pour organiser la corporation des porteurs d’Amon, de Mout, de Chon-sou-à-Thèbes-dont l’apaisement-est-bon, et des dieux et des déesses du Sud et du Nord, des ‘pères-divins’, des ‘prêtres-purs’ et des ‘prêtres-ritualistes’ pour empêcher qu’un bakchich soit exigé d’eux par tout ‘prophète’ ....

Voir aussi, entre autres, [18], [20], [21].Pour la protection des biens matériels en parallèle à la protection du personnel,

voir [27].

La catégorie des ‘ordres royaux’ visant à préserver le personnel et le bien de certaines institutions, et à leur conférer ainsi une large autonomie par rapport à l’état, a été l’objet d’attention particulière de la part des historiens du droit qui les ont qualifiés de ‘décrets d’immunité’. Ils suscitent évidemment bien des rapprochements avec des pratiques juridi-ques attestées en d’autres lieux et en d’autres temps. S’ils sont particulièrement bien repré-sentés dans la documentation de l’égypte pharaonique, c’est parce qu’ils illustrent deux problèmes aigus, au demeurant corrélés, de l’état pharaonique : d’une part, les empiète-ments d’un des multiples services composant l’état central sur un autre ou sur les temples et les fondations mémorielles, et, d’autre part, en retour, la forte pression des revendica-tions autonomistes de ces fondations et de ces temples. En conséquence, un grand effort était fait pour donner une large publicité à des ‘ordres royaux’ visant à protéger de tels empiètements, où à favoriser par des privilèges telle institution, d’autant plus qu’elle pe-sait économiquement et politiquement. Dès lors, s’imposaient des éditions monumenta-les susceptibles de résister aux outrages du temps, et affichant de manière ostensible, voir ostentatoire, la politique du pharaon, souvent non sans arrière-pensée de propagande.

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l’‘ordre royal’ comme forme textuelle prestigieuse passible de transposition

Dans la civilisation pharaonique, l’‘ordre royal’ était investi d’un tel prestige qu’il n’a pas manqué d’être détourné de son statut originel.

D’abord, il a été utilisé comme forme textuelle dans le faux sacerdotal, destiné à légitimer un état de fait en le faisant remonter à une décision prise par un pha-raon prestigieux du passé et censée avoir été exprimée à travers un ‘ordre royal’, en réalité fictif. Ainsi, l’‘ordre royal’ pour la protection de la fondation funéraire d’Amenhotep fils de Hâpou, attribué de manière apocryphe au pharaon Amen-hotep III (1391-1353 avant J.-C.), mais composé au début de la Troisième Période Intermédiaire (vers 1069 avant J.-C.). 57 Ainsi, la stèle de la famine, qui commé-more l’établissement par le pharaon Djoser (2617-2599 avant J.-C.) des droits du domaine du dieu Khnoum sur le Dodékaschoene, ce qui correspond à un état de fait pertinent deux millénaires et demi après ! 58

De plus, en raison de la force d’autorité qu’il véhicule, l’‘ordre royal’ a été utilisé dans les croyances religieuses en tant que forme textuelle garantissant l’aucto-ritas d’une composition religieuse. Depuis le Moyen Empire et encore à l’épo-que Gréco-romaine, les mythes, la magie et surtout les croyances funéraires ont largement mis cette forme à leur service. Il n’entre pas dans les limites de cette contribution d’entrer plus avant dans les détails. Simplement, on retiendra cette transposition significative des jeux de rôle propres à l’acte : un ‘ordre royal’ est censé être promulgué par Amon-Rê à l’intention de certaines divinités, et trans-pose dans le monde des dieux le cérémoniel requis théoriquement pour l’énon-ciation de l’acte :

[32]. Un ‘ordre royal’ du dieu en ces termes :“O tous ces grands dieux, silence, silence (quatre fois). écoutez la voix d’Amon-Rê,

maître-trône-des-deux-pays …”. 59

les ‘décrets’ ptolémaïques ne sont pas des ‘ordres royaux’

Un caveat s’impose : on distinguera soigneusement les ‘ordres royaux’ (oudj nesou) de l’époque pharaonique des ‘décrets’ – psephigmata – de l’époque ptolémaïque, dont l’un d’eux, le ‘décret de Memphis’, est connu – entre autres versions – par la célèbre Pierre de Rosette. 60 Assurément, c’est la Pierre de Rosette qui a ouvert l’accès à l’écriture et à la langue de la civilisation pharaonique. Mais, paradoxale-

57 Voir ci-dessus [21].58 édition encore utilisée : P. Barguet, La stèle de la Famine à Séhel (« BdE », 24), Le Caire, 1953.59 En dernier lieu : S. Töpfer, M. Müller-Roth, Das Ende der Totenbuchtradition und der Übergang zum

Buch vom Atmen Die Totenbucher des Monthemhat (PTubingen 2012) und der Tanedjemet (PLouvre n 3085) (« Han-dschriften des Altägyptischen Totenbuches », 13), Wiesbaden, 2011, p. 64.

60 D. Valbelle, J. Leclant, Le décret de Memphis : Colloque de la Fondation Singer-Polignac à l’occasion de la célébration du bicentenaire de la découverte de la Pierre de Rosette, Paris, 1999.

l’‘ordre royal’ 35

ment, le document dont elle est le support est un acte synodal, procédant d’une pratique juridique qui n’appartient guère en propre à ladite civilisation pharaoni-que. 61

Bibliographie fondamentale

A. David, Syntactic and Lexico-Semantic Aspects of the Legal Register in Ramesside Royal De-crees (« gof iv. Reihe Ägypten », 38), Wiesbaden, 2006.

H. Goedicke, Königliche Dokumente aus dem Alten Reich (« äa », 14), Wiesbaden, 1967.H. Goedicke, Befehl, Theorie des, dans W. Helck, Eb. Otto (edd.), Lexikon der Ägyptologie, i,

Wiesbaden, 1974, col. 678-679.H. M. Hays, wd : The Context of Command in the Old Kingdom, « gm », 176 (2000), pp. 63-76.W. Helck, Altägyptischen Aktenurkunden des 3. und 2. jahrtausend (« mäs », 31), Munich,

1974.J.-M. Kruchten, Le décret d’Horemheb. Traduction, commentaire épigraphique, philologique et

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E. Martin-Pardey, Tempeldekrete, dans W. Helck, Eb. Otto (edd.), Lexikon der Ägyptologie, 6, Wiesbaden, 1986, col. 379-386.

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61 W. Huss, Die in ptolemaïscher Zeit verfassten Synodal Dekrete der ägyptischen Priester, « zpe », 88 (1991), pp. 198-208 ; D. Von Recklinghausen, Deux décrets synodaux de Ptolémée V à Philae, « égypte, Afrique & Orient », 61 (2011), pp. 43-55.

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