VEGETATIVE PROPAGATION OF ARGAN TREE, ARGANIA SPINOSA IN MOROCCO: THE JOHN GOELET PROJECT...

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Photo 1. Arganeraie de montagne dégradée dans le secteur d’Argana. Photo O. Monteuuis. Ronald Bellefontaine 1 Abderrahim Ferradous 2 Mohamed Alifriqui 3 Olivier Monteuuis 4 1 Cirad Upr Génétique forestière F-34398 Montpellier France 2 Centre Régional de Recherche Forestière 4000 Marrakech Maroc 3 Université Caddi Ayyad Faculté des Sciences Semlalia Laboratoire d’écologie et d’environnement 4000 Marrakech Maroc 4 Cirad Umr Dap 1098 F-34398 Montpellier France Multiplication végétative de l’arganier, Argania spinosa, au Maroc : le projet John Goelet BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2010, N° 304 (2) 47 MULTIPLICATION D’ ARGANIA SPINOSA / LE POINT SUR…

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Photo 1.Arganeraie de montagne dégradée dans le secteur d’Argana.Photo O. Monteuuis.

Ronald Bellefontaine1

Abderrahim Ferradous2

Mohamed Alifriqui3

Olivier Monteuuis4

1 CiradUpr Génétique forestièreF-34398 MontpellierFrance

2 Centre Régional de Recherche Forestière4000 MarrakechMaroc

3 Université Caddi AyyadFaculté des Sciences SemlaliaLaboratoire d’écologie et d’environnement4000 MarrakechMaroc

4 CiradUmr Dap 1098F-34398 MontpellierFrance

Multiplication végétativede l’arganier, Argania spinosa,

au Maroc : le projet John Goelet

B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 1 0 , N ° 3 0 4 ( 2 ) 47MULTIPLICATION D’ARGANIA SPINOSA / LE POINT SUR…

RÉSUMÉ

MULTIPLICATION VÉGÉTATIVE DE L’ARGANIER, ARGANIA SPINOSA,AU MAROC : LE PROJET JOHN GOELET

L’arganier est un arbre à usages multiplesde grand intérêt socio-économique pourle Sud-Ouest marocain. Il est utilisé pourl’alimentation des hommes et du bétail,en médecine, en cosmétique, tout en per-mettant de lutter contre la désertificationet l’érosion en produisant du bois à di-verses finalités. Les peuplements naturels,en constante diminution depuis le XIXe

siècle, sont menacés par diverses pressionsanthropiques, de plus en plus fortes, ré-duisant les capacités de régénération na-turelle de l’espèce. Dans ce contexte, leCirad a été sollicité en 2006 afin d’œuvrerconcrètement à la réhabilitation de l’ar-ganeraie, sous la forme d’un projet financépour une durée de trois ans. Le but de ceprojet est d’améliorer, par la rechercheappliquée, la qualité de l’arganeraie à tra-vers la production d’arganiers de qualitésupérieure issus d’individus sélectionnés.Ceux-ci seront multipliés en masse aumoyen des techniques de clonage les plusadaptées, en tirant profit pour les sélectionsde la grande variabilité existant entre lesplants issus de graines, pour produiredes populations clonales plus homogènes.Après deux ans de collaboration avec leCentre Régional de Recherche Forestièrede Marrakech et l’Université de Marrakech,plus d’un millier de boutures de jeunesarganiers ont pu être produites dans lecadre d’essais de mise au point de latechnique de bouturage de l’espèce. Cematériel sera utilisé comme pieds-mèresexpérimentaux et pour des tests de com-portement au champ, en comparaison àdes semis traditionnels. Par ailleurs, surles quatorze têtes de clones sélectionnéespar les populations locales, huit ont puêtre mobilisées pour amorcer la propa-gation en masse par bouturage, avant lestests au champ. Les techniques de multi-plication végétative développées pourrontégalement être mises à profit pour la pro-duction en quantité de plants à partir dessemis issus des fruits récoltés sur lestêtes de clones précitées, présumées dequalité supérieure.

Mots-clés: Argania spinosa, arganeraie,amélioration, clone, greffage, bouturage,sélection, agroforesterie.

ABSTRACT

VEGETATIVE PROPAGATION OF ARGANTREE, ARGANIA SPINOSA IN MOROCCO:THE JOHN GOELET PROJECT

Argan tree is a multipurpose arborescentspecies of great socio-economical interestfor south-west Morocco. It is utilized for nu-trition of people and livestock, as well asin medicine and in cosmetics. It protectsagainst desertification and erosion whileproducing wood for various end-uses. Thenatural stands, in constant reduction sincethe 19th century, are more and more threat-ened by anthropomorphic pressures, ham-pering the natural regeneration of thespecies. Given this situation, Cirad wasasked in 2006 to take part in a practicalproject, that was to be financially supportedfor 3 years, with a view to restoring argantree natural stands. The goal of this projectis to improve, through applied research ap-proaches, the quality of the current argantree stands. Taking advantage of the varia-tion within the species, superior mothertrees (plus trees) will be selected. Theselatter will be mass propagated using themost suitable cloning techniques to pro-duce ultimately better adapted and morehomogeneous clonal populations. After 2years of close collaboration with the CentreRégional de Recherches Forestières de Mar-rakech and the Université de Marrakech,on testing different rooting conditions, onethousand rooted cuttings have been pro-duced from juvenile argan tree seedlings.This material will be used as experimentalstock plants and for field tests, in compar-ison with traditional seedlings. In addition,out of the 14 plus trees selected by the lo-cal people to be mass clonally produced,8 have already been successfully mobilizedin an ex situ clone bank for initiating theirmass clonal propagation by rooted cut-tings, prior to field testing and identificationof superior clones for plantation establish-ment. The vegetative propagation tech-niques developed can also be used forlarge scale production of rooted cuttingsfrom the seedlings derived from the fruitscollected from the plus-trees, presumablyof superior quality.

Keywords: Argania spinosa, argan treestands, clone, improvement, grafting,propagation by cuttings, selection, agro-forestry.

RESUMEN

MULTIPLICACIÓN VEGETATIVA DEL ARGÁN, ARGANIA SPINOSA,EN MARRUECOS: EL PROYECTO JOHN GOELET

El argán es un árbol multipropósito degran interés socioeconómico para el sud-oeste marroquí. Se utiliza para la alimen-tación de los hombres y el ganado, en lamedicina y la cosmética, al tiempo quepermite luchar contra la desertificación yla erosión produciendo madera para dis-tintos usos. Las masas naturales, en cons-tante disminución desde el s. XIX, estánamenazadas por diversas presiones an-trópicas, cada vez más fuertes, que reducenla capacidad de regeneración natural dela especie. En este contexto, se solicitó en2006 la intervención del CIRAD para trabajarespecíficamente en la rehabilitación delarganal a través de un proyecto financiadopor un período de tiempo de tres años. Elobjetivo de este proyecto es mejorar, me-diante la investigación aplicada, la calidaddel arganal a través de la producción dearganes de calidad superior resultandode individuos seleccionados. Éstos se mul-tiplicarán masivamente mediante las téc-nicas de clonación más adaptadas, sacandoprovecho para las selecciones de la granvariabilidad existente entre las plantas re-sultantes de semillas para lograr producirpoblaciones clonales más homogéneas.Tras dos años de colaboración con el CentreRégional de Recherche Forestière de Ma-rrakech y la Universidad de Marrakech, sepudieron producir más de mil estacas dearganes jóvenes en los ensayos de puestaa punto de la técnica de estaquillado dela especie. Este material se utilizará comoplantas madre experimentales y para laspruebas de comportamiento en campo,comparándolo con los materiales tradicio-nales. Por otra parte, de las 14 cabezasde clones seleccionadas por las poblacioneslocales, se pudieron movilizar 8 para em-pezar la propagación en masa por esta-quillado, antes de las pruebas en campo.Las técnicas de multiplicación vegetativadesarrolladas también podrán aprovecharsepara la producción cuantitativa de plantasa partir de semillas procedentes de frutoscosechados en las cabezas de clones antesmencionadas y que se supone que son decalidad superior.

Palabras clave: Argania spinosa, arganal,mejora, clon, injerto, estaquillado, selec-ción, agroforestería.

R. Bellefontaine, A. Ferradous,M. Alifriqui, O. Monteuuis

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FOCUS / PROPAGATION OF ARGANIA SPINOSA

Introduction

La gestion raisonnée de l’eau devient une préoccupationmajeure à l’échelle planétaire et les cultures économes en eaususcitent un intérêt croissant. Les zones arides et semi-aridessont plus particulièrement concernées. Cette situation a incitéle Maroc à instaurer un « Plan Maroc Vert 2008 » visant à rem-placer l’agriculture extensive traditionnelle par des cultures àmeilleur rendement et plus économes en eau dans lesditeszones (Ministère de l’Agriculture et des Pêches maritimes,2008). L’accent est mis sur l’agroforesterie en mélange avecdes espèces arborescentes à forte valeur ajoutée telles quel’olivier (Olea europaea L.) et l’arganier (Argania spinosaL. Skeels). Cette dernière connaît un intérêt croissant depuisquelques années en raison notamment d’un engouement in-ternational pour l’huile d’argan, au point d’initier un projet sursa multiplication végétative, présenté dans cet article.

L’arganier et la situation de l’arganeraie au Maroc

L’arganier, seul représentant de la famille des Sapota-cées en Afrique du Nord, est une espèce arborescente endé-mique du Sud-Ouest marocain, du bord de mer à 1  600-1 700 mètres d’altitude sur les versants sud du Haut Atlasoccidental et sur l’Anti-Atlas (Alifriqui, 2004). Des peuple-ments relictuels existent aussi dans le Rif (Boudy, 1950  ;M’Hirit et al., 1998). Les arganiers sont des arbres épineuxpour leur grande majorité, à troncs tortueux pouvant atteindre8 à 10 m de haut, avec une longévité de 300 à 350 ans(Boudy, 1950). Une propension naturelle à rejeter de soucheet à produire dans certaines situations des marcottes, voirede rares drageons (photos 1, 2, 3 et 4), incitent à penser quecertains génotypes ont pu se perpétuer depuis bien pluslongtemps. La cime plus ou moins grande et étalée peut pré-senter un port en parasol, plus rarement pleureur. Les feuillesalternes, simples ou regroupées sous forme de rosettes, sontpersistantes et ne tombent qu’en cas de sécheresse pronon-cée. Les fruits (photos 5) ont un noyau très dur qui contientles amandes (encore appelées localement «  amandons  »)d’où est extraite l’huile d’argan.

La forte variabilité phénotypique observée reflète lagrande diversité génétique de l’espèce (Ferradous et al.,1997) qui lui permet de résister à des conditions écologiquestrès contraignantes, notamment du point de vue de la séche-resse du sol. Cette essence thermophile et xérophile exige unclimat doux, sans grande amplitude thermique, mais avec undegré hygrométrique relativement élevé qui caractérise la fa-çade atlantique du Sud-Ouest marocain (Alifriqui, 2004).

L’arganier est un arbre à usages multiples, et par làmême de grand intérêt socio-économique pour le Sud-Ouestmarocain. Il est utilisé pour l’alimentation des hommes (huile)et du bétail (feuilles, fleurs, pulpe du fruit, tourteau), en cos-métique (fruits, huile, feuilles vertes), et il permet de luttercontre la désertification et l’érosion tout en produisant dubois à diverses fins.

B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 1 0 , N ° 3 0 4 ( 2 ) 49MULTIPLICATION D’ARGANIA SPINOSA / LE POINT SUR…

Photos 3.Détails de marcottes naturelles plus jeunes montrant lesracines adventives développées au contact du sol (flèches).Photo O. Monteuuis.

Photo 2.Vieil arganier illustrant la propension naturelle à marcotter à partir de branches maîtresses basses.Photo O. Monteuuis.

L’arganeraie est un écosystème dans lequel l’arganieroccupe une place prépondérante. Elle constitue en superficiel’une des principales formations forestières du Maroc, cou-vrant, selon les sources, de 700  000 (Boudy, 1950) à828 000 hectares (M’Hirit et al., 1998), voire 870 000 ha(Kenny, 2007), principalement localisés dans un triangle géo-graphique limité sommairement au nord par Safi, à l’ouestpar les massifs du Haut Atlas et le Djebel Sirroua et au sud parune ligne longeant l’Oued Noua au sud de Guelmim (figure 1).L’arganeraie de plaine, avec une densité moyenne de 100souches à l’hectare, représente environ 10 à 15 % de lasuperficie totale couverte par l’arganier, le reste correspon-dant à l’arganeraie de montagne dont la densité peutatteindre 700 à 800 souches par hectare et qui monte jusqu’àune altitude de 1 400 m (M’Hirit et al., 1998). L’arganeraiede plaine, surtout, est de plus en plus altérée par les pres-sions anthropiques liées à l’essor démographique, ce quiincite certains spécialistes à préférer la distinction entre l’ar-ganeraie-verger et l’arganeraie-forêt (Alifriqui, 2004).

L’arganeraie-verger, avec une densité moyenne de 100souches par hectare, se rencontre généralement dans leszones de plaine, peu accidentées, fortement mises à profitpour l’agriculture, la céréaliculture plus spécialement (photo6), et l’élevage responsable de surpâturage par le cheptellocal, majoritairement représenté par les chèvres.

L’arganeraie-forêt subsiste dans les parties non culti-vables du littoral atlantique (Essaouira, Agadir, Guelmim) etsur les contreforts montagneux au relief plus accidenté. Cespeuplements, dont la densité peut atteindre 500 souchespar hectare, conservent une diversité infraspécifique plusélevée que l’arganeraie-verger.

Depuis le XIXe siècle, l’arganeraie subit une régressionde plus en plus préoccupante sous les effets conjugués deplusieurs facteurs.

Ainsi, l’intensification de la production de charbon du-rant les années 1917-1924 pour l’approvisionnement desgrands centres urbains de Marrakech, Safi et Casablanca aconduit à la destruction de 200 000 ha. Quelques annéesplus tard, pour les besoins de la Seconde Guerre Mondiale,40  000 ha supplémentaires ont été exploités (Alifriqui,

2004). Depuis lors, l’exploitation des arganiers comme sourcede bois de feu ou de service perdure, même parfois à partirde sujets vivants, en toute illégalité.

L’intensification de la céréaliculture, la mise en eaudes périmètres irrigués du Souss et du Massa notamment,ainsi que l’introduction du maraîchage ont très fortementaccentué les défriches, surtout en zones de plaine, plus ac-cessibles et exploitables.

La surexploitation régulière du sous-bois des argane-raies, notamment des plantes accompagnatrices fixatricesd’azote, dont des Papillionacées, a entraîné une perte defertilité des sols. Les pratiques aratoires « en plein » d’uneagriculture en pleine expansion et les chèvres détruisent lesrares germinations spontanées.

L’élevage caprin prédomine dans la région de l’argane-raie et les chèvres, de plus en plus nombreuses, ont la facultéde grimper dans les houppiers des arganiers pour brouterentre autres les jeunes pousses tendres et les fleurs (photo7), le cas échéant aidées par les bergers (El Aich et al., 2005).Elles peuvent être relayées par les troupeaux de dromadairesen provenance du Sud.

La diminution de l’arganeraie s’est accélérée avec lacroissance démographique, l’expansion des villes et des ter-rains constructibles. L’exploitation des ressources halieu-tiques et le développement des sites touristiques de la zonelittorale, surtout dans la périphérie d’Agadir, ont égalementcontribué à la disparition de nombreux espaces à arganiers.

Depuis plusieurs années, l’engouement croissant àl’échelle internationale pour l’huile d’argan à des fins alimen-taires, cosmétiques ou médicinales a entraîné, sous l’emprisede mouvements coopératifs et associatifs locaux, une très forteaugmentation des récoltes de fruits. Ceux-ci sont pratiquementtous ramassés et il n’en subsiste donc au bout du compte quetrès peu susceptibles d’assurer la régénération naturelle desarganiers, phénomène rare au demeurant (M’Hirit et al., 1998).

Enfin, la diminution constante des pluies depuis plu-sieurs années dans la zone de l’arganeraie, comme dans bonnombre d’autres régions du globe, contribue au dépérisse-ment des arganiers en réduisant leur capacité à se régénérernaturellement par graines (photo 8).

Photos 4Certains individus peuvent émettre des drageons (flèches) à partir de racines mises à nu notamment.Photo O. Monteuuis.

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FOCUS / PROPAGATION OF ARGANIA SPINOSA

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Photos 5.Rameaux d’arganier portant des fruits d’où sont extraits les amandons (a) et fruits d’arganier de la variété Tablouht (b).Photos O. Monteuuis (a), R. Bellefontaine (b).

Photo 6.Exemple d’arganeraie-verger avec culture de céréale (blédans le cas présent) entre les rares arganiers subsistant.Photo R. Bellefontaine.

Photo 7.Broutage des arganiers par les chèvres.Photo A. Galiana.

Figure 1.Carte de l’aire de répartition de l’arganier dans le Sud-Ouestmarocain (M’Hirit et al., 1998).

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Réhabilitation de l’arganeraie

La réhabilitation de l’arganeraie se justifie donc par rap-port à des fins écologiques, notamment pour contrer la dé-sertification, économiques et socioculturelles évidentes. Ac-tuellement, les opérations de reboisement et de protectionde l’arganier se heurtent à une opposition quasi systématiquede la part des populations qui n’acceptent pas facilement lanécessité des mises en défens d’une dizaine d’années, voireplus, qui accompagnent ces opérations. Les essais de plan-tations débutés il y a une trentaine d’années sous l’égide dela recherche forestière et des services forestiers (Platteborze,1977) se sont soldés pour la plupart par des échecs (M’Hiritet al., 1998 ; Ferradous, 2008). Jusqu’en 2002-2003, la ré-génération de l’arganeraie de plaine s’est faite à une cadencetrop lente pour compenser les pertes annuelles estimées enmoyenne à 600 ha (El Yousfi, 1988). Le bilan reste donctrès largement déficitaire. Plus récemment, les techniquesde semis en pépinière et de plantation ont été quelque peuaméliorées (Alouani, 2003 ; Alouani, Bani-Aameur, 2004 ;Nouaim, 2005 ; Ferradous, 2010), mais de sérieuses la-cunes persistent.

Entre Tiznit et Tafraoute, dans le secteur de Tifadine, ca-ractérisé par une pluviométrie inférieure à 200 millimètrespar an, des semis issus de graines non sélectionnées (« toutvenant ») sont produits dans des pépinières administrativeslocales en repiquant les jeunes germinations réalisées enplanches dans des sacs de polyéthylène de 25 centimètresde haut, remplis de terre superficielle, technique quelque peuobsolète. Après 5 à 6 mois d’éducation-élevage au minimum,ces plants de 15 à 20 cm de haut sont plantés au champ ennovembre-décembre, parfois en février-mars pour les annéesplus sèches. Mais trop souvent un « chignon » racinaire induitpar les conteneurs en polyéthylène condamne leur avenir àplus ou moins longue échéance (Falconnet et al., 2007). Ladensité est généralement de 200 individus par hectare (7 mpar 7 m). Les trous de plantation, de 60 à 70 cm de profondeuren moyenne, sont réalisés mécaniquement, à l’aide d’un trac-

teur équipé d’un godet, ou manuellement le plus souvent. Leplant débarrassé de son sachet est placé au sein d’une cuvettedestinée à récolter le maximum d’eau de pluie, et dont lebord sud est plus haut de façon à protéger partiellement lejeune arganier du vent. Les plants sont arrosés deux à troisfois entre février et juin lors de la première année suivant laplantation, à raison de 10 litres par plant et par arrosage.Dans ce secteur de Tifadine, plus de 300 ha ont été ainsi re-boisés depuis 2002. Le taux de reprise à un an est de 98 %(photos 9). Il chute légèrement après la première année, maisen mai 2008 il était encore de l’ordre de 70 à 80 % pour laplupart des parcelles. Les arganiers âgés de 4 à 5 ans attei-gnaient alors en moyenne 0,8 à 1,2 m de haut et le plus granddépassait 2 m (Bouiche, 2008).

D’autres périmètres de replantation d’arganiers « toutvenant » ont été réalisés sur plusieurs centaines d’hectaresentre 2002 et 2008 (tableau I) dans les provinces dépendant

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FOCUS / PROPAGATION OF ARGANIA SPINOSA

Photo 8.Rare cas de régénération naturelle à Tifadine, dans la régionde Tiznit, sous environ 175 mm de pluies par an.Photo R. Bellefontaine.

Photos 9.Réhabilitation de l’arganeraie de plaine par plantation de semis en cuvette dans le secteur de Tifadine.Photos O. Monteuuis (a), R. Bellefontaine (b).

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des Directions régionales desEaux et Forêts du Sud-Ouest etdu Haut Atlas, avec des résultatsvariables et globalement infé-rieurs à ceux obtenus pour lesecteur précité de Tifadine (se-lon un certain nombre d’obser-vations des auteurs et de tech-niciens des Eaux et Forêts). Lestechniques de pépinière, notam-ment du point de vue des conte-neurs et substrats utilisés, ainsique les phases d’éducation-éle-vage destinées à bien préparerles plants au transfert au champdans des conditions bien pluséprouvantes qu’en pépinière,devraient être améliorées. Demême, les arrosages effectuésindividuellement et de façon ré-pétée pour chaque arganier nou-vellement planté favorisent net-tement la reprise.

Le Plan d’action duHCEFLCD1 de décembre 2007mais surtout le tout récent « PlanMaroc Vert » présenté le 23 avril2008 insistent sur la stratégieagricole et les nouvelles directives à adopter pour lutter contrela désertification (Ministère de l’Agriculture et des PêchesMaritimes, 2008). Une restructuration profonde de l’écono-mie agricole a été lancée début 2008. Ainsi, les cultures quirapportent peu, au premier rang desquelles figurent notam-ment les céréales avec 2 000 dirhams, soit environ 180 eurospar hectare et par an, encore prépondérantes bien que trèssensibles aux aléas de la sécheresse, doivent être remplacéespar des cultures à revenu moins aléatoire. Les espèces àgrande valeur ajoutée comme l’arganier sont judicieusementpréconisées pour les régions arides.

Présentation du projet

Dans ce contexte, le Cirad2 a été sollicité en 2006 parMonsieur John Goelet afin d’œuvrer concrètement, sous laforme d’un projet financé pour une durée de trois ans, à laréhabilitation de l’arganeraie, avec ses effets bénéfiques tantau plan écologique, qu’économique et socioculturel.

Objectifs et mise en place du projet

Le but du projet financé par Monsieur John Goelet estd’améliorer, par la recherche appliquée, la qualité de l’arga-neraie à travers la production d’arganiers de qualité supérieureissus de têtes de clone (« arbres plus »), sélectionnées, âgéeset multipliées en masse au moyen des techniques de clonageles plus adaptées. À l’instar de nombreuses espèces et variétésfruitières, plus spécifiquement l’olivier dans le contexte local,le clonage de l’arganier peut se concevoir pour tirer profit dela grande variabilité existant entre les plants issus de graines,tout en produisant des populations clonales plus homogènes.

Les principaux bénéficiaires doivent être les populationslocales vivant de l’arganeraie sous ses diverses formes, maissurtout de la production d’huile d’argan à forte valeur ajoutée.Les plantations résultantes contribueront à rajeunir et à ré-habiliter l’arganeraie, tout en luttant contre la désertification,au profit de l’ensemble des habitants.

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Photo 10.Les installations de bouturage du Centre régional de recherches forestières de Marrakech.Photo O. Monteuuis.

Tableau I.Superficies reboisées en arganier dans la zone de la DREF-SO*.

Années Campagnes 2002-2003 2003-2004 2004-2005 2005-2006 2006-2007 2007-2008 Total antérieures

Superficies (ha) 233 150 230 500 984 378 2 505 4 980

* Données de la Direction régionale des eaux et forêts du Sud-Ouest (Dref-SO).

1 Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification.2 Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement.

Concrètement, la réalisation de ce projet repose sur lechoix des partenaires et acteurs marocains, principaux concer-nés, sur la sélection des têtes de clone et la mise au pointdes itinéraires techniques les plus adaptés aux objectifs.

L’Université de Marrakech et l’AAMHNM3 sont chargéesdu choix des terrains et des terroirs où sont sélectionnéesles têtes de clone par les populations locales.

Le CRRFM4 a signé une convention avec l’Université afinde bénéficier des compétences disponibles dans le cadre dela mise en œuvre de projets communs. Par ailleurs, le CRRFMprésente un certain nombre d’atouts justifiant son choixcomme partenaire privilégié pour mettre en œuvre ce projet :spécificité, culture et compétences forestières, localisationpas trop éloignée des arganeraies naturelles en dépit deconditions climatiques bien différentes, motivation des res-ponsables bien introduits au sein des communautés vivantde l’arganier et de ses produits dérivés. Le CRRFM disposeen outre de terrains, locaux, main-d’œuvre, moyens de com-munication ainsi que de l’approvisionnement permanent eneau et électricité avec des débits suffisants pouvant être misà profit pour le projet.

La première tâche a été de conseiller et doter ce centredes équipements nécessaires au bouturage de l’arganier,pouvant aussi être utilisés pour d’autres espèces. Il s’agit entout premier lieu d’installations de brumisation ou «  mistsystem » de qualité. Le CRRFM a pu bénéficier rapidementd’installations de bouturage très satisfaisantes, avec un mistsystem diffusant, grâce à des automatismes programmables,de très fines gouttelettes d’eau qui restent quelque tempsen suspension dans l’air. Cette qualité de l’aspersion permetd’augmenter les pulvérisations tant en durée qu’en fré-quence, sans risquer des excès d’eau préjudiciables au substrat de bouturage. Ce système a été installé sous uneombrière à 60 % d’ombrage. Les boutures sont placées enbarquettes garnies de substrat de bouturage directementsous ce mist, ou protégées par un tunnel plastique refroidi

par le même mist (photo 10). Les programmateurs permettentde maintenir l’humidité relative requise en fonction desphases d’enracinement et de sevrage des boutures.

Le bouturage semble être en effet la technique la plusadaptée pour produire en quantité et à moindre coût desplants clonés à grande échelle, même s’il peut être nécessaired’avoir recours à des techniques alternatives telles que legreffage et le marcottage aérien en aval pour mobiliser et ra-jeunir les têtes de clone sélectionnées âgées (Monteuuis,1985, 1993 ; Bellefontaine, 2005 ; Saya et al., 2008). Il im-porte malgré tout de tester dès que possible le comportement« au champ » de plants produits par bouturage par compa-raison à des semis, en tenant compte des différences fonda-mentales d’appareil racinaire entre les deux origines, de typeadventif pour les boutures contrairement aux semis.

La sélection des têtes de clone pour la production indus-trielle de plants d’arganiers clonés de qualité supérieure re-quiert un certain nombre de préalables. Il convient notammentde déterminer quels critères de sélection doivent être privilé-giés, parmi plusieurs qui viennent tout naturellement à l’esprit : ▪ rusticité et adaptabilité suffisantes des génotypes sélectionnéscomme têtes de clone, donc à terme des clones produits ;▪ vigueur végétative assurant une croissance rapide durantles premières années du plant de façon à réduire la durée demise en défens ;▪ précocité d’entrée en fructification ;▪ haute productivité annuelle en fruits, en tenant compte des va-riations possibles en fonction des années pour un même pied ;▪ caractéristiques des fruits, noix, amandes et feuilles sus-ceptibles d’optimiser leur utilisation pour l’homme et éven-tuellement le bétail, certains arganiers produisant des noixavec une coque qui se casse plus facilement, ce qui facilitele concassage (Kaaya, 1998) ;▪bons rendements en huile produite, en l’absence d’informationsà ce jour quant à l’influence du génotype sur sa qualité.

L’idéal serait bien entendu de sélectionner comme têtesde clone les individus satisfaisant au mieux à l’ensemble deces critères. Depuis quelques années, le principal attrait financierpour les populations locales reste la production d’huile d’argan,de grande valeur alimentaire et prisée également en cosmétique.En cohérence avec l’esprit et la finalité du projet, l’avis des ex-ploitants a été privilégié quant au choix des meilleurs arganiersà cloner au sein de deux terroirs assez distants. Cette sélections’est faite d’abord sur treize têtes de clone dans les régionsd’Argana et de Smimou, en concertation avec les populationslocales, sur la base initiale de la facilité de concassage manuel,des rendements en amandes et de la qualité de l’huile.

La région d’Argana est située à moins de 100 kilomètres(km) au nord d’Agadir (figure 1). Du point de vue forestier, elleest gérée par le SPEF5 de Taroudant, qui dépend de la DREF6

du Sud-Ouest, dont le siège est situé à Agadir. Dans ce secteur,huit têtes de clone ont été sélectionnées dans des terrainsprivés sur la base de critères tels que la facilité de concassagedes noix, le nombre d’amandes par fruit ou encore la qualité

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FOCUS / PROPAGATION OF ARGANIA SPINOSA

Photo 11.Les rejets de base constituent un matériel prédestinépour le bouturage.Photo R. Bellefontaine.

3 Association des Amis du Muséum d’Histoire Naturelle de Marrakech.4 Centre Régional de Recherche Forestière de Marrakech.5 Service provincial des eaux et forêts de Taroudant.6 Direction Régionale des Raux et Forêts.

fourragère des fruits. Ces « arbres plus » ont la particularité deprésenter de gros fruits les années suffisamment pluvieuses,avec une coque qui se casse aisément. Cette variété d’arganier,localement appelée « amrag » en berbère, est beaucoup plusprisée que la variété « adrdour » qui produit des noix à coquebeaucoup plus difficile à casser et qui est délaissée lors desannées très productives. Faute d’« amrag », les récoltants lesplus démunis se rabattent sur les « adrdour ». Chacune deshuit têtes de clone sélectionnées a été identifiée par un numérode 1 à 8 peint en rouge sur deux faces du tronc, photographiéet scrupuleusement localisé sur une carte avec les relevés dela position géographique à l’aide d’un appareil Gps (GlobalPositioning System). Des récoltes de pousses destinées à lamultiplication végétative ont été effectuées à plusieurs repriseset périodes de l’année sur chacun de ces arganiers sélection-nés, préférentiellement dans la partie basale (photo 11), laplus accessible et présumée la plus apte au bouturage (Mon-teuuis, 1985, 1998). Les fruits encore présents sur certainesde ces têtes de clone ont également été récoltés. L’identité etl’origine de ces matériels ont été scrupuleusement notées lorsdes récoltes, avant acheminement dans les plus brefs délaisau CRRFM à des fins de multiplication.

Le second peuplement naturel d’arganiers retenu est situéà 45 km au sud d’Essaouira, dans la région de Smimou (SPEFd’Essaouira, voir figure 1). La présence de plusieurs variétésqui intéressent très directement les femmes chargées du concas-sage des noix, mais aussi les populations propriétaires de ca-prins, a été repérée. En plus des variétés qui se cassent facile-ment, appelées ici « tamrkhout », il existe des variétés précoces,« tamnzout », qui produisent des fruits bien avant les autres,au moment où l’offre est faible, pour un meilleur prix de ventede l’huile. La variété à coque très dure ou « tamaghlout » est iciaussi la moins prisée. Un arganier « tamrkhout » porte un secondnom, « tablouht », quand il présente la particularité de fournirdes fruits dont la chair (l’épicarpe et le mésocarpe) peut se dé-tacher aisément, une fois séchée, en un ou deux morceaux etêtre conservée plus d’un an (photos 5). Contrairement à la plu-part des fruits dont la chair sèche se fissure, puis se désagrègerapidement en petits morceaux et qui ne peut donc être récoltée,ces « tablouht » peuvent générer des réserves alimentaires pourle bétail en cas de disette.

Des rameaux et des fruits ont été récoltés selon la mêmeprocédure sur cinq nouvelles têtes de clone de ce secondsite, identifiées et numérotées de 9 à 13, toutes de la variété« tamrkhout » et de type précoce « tamnzout » pour les nu-méros 10 et 11, et « tablouht » pour la tête de clone n° 13.

Une dernière tête de clone, n° 14, a été sélectionnéebeaucoup plus récemment (début 2009) au sud d’Agadir, carprésentant une vigueur et une productivité en noix remarquablesavec deux fructifications par an. En sus d’être « remontant »,cet arganier est inerme et produit des noix à coque fine, quise cassent aisément pour extraire de grosses amandes.

Il nous a paru judicieux de limiter notre projet à ces 14têtes de clone, effectif largement suffisant pour étudier sé-rieusement les capacités au clonage de l’arganier dans lecadre expérimental fixé.

État d’avancement après deux années

et perspectives

Dès que les installations de pépinière et plus particu-lièrement le mist system ont été opérationnels, des jeunessemis non sélectionnés d’arganier ont été utilisés pour défi-nir les meilleures conditions de bouturage, encoreméconnues pour cette espèce. Les paramètres étudiés ontété classiquement : les substrats de bouturage, les traite-ments auxiniques exogènes (« hormones ») de la base desboutures, les ambiances de bouturage, à savoir sous confi-nement ou en plein air sous ombrière, et les effetssaisonniers. Ces derniers, trop souvent sous-estimés (Mon-teuuis, 1985  ; Teklehaimanot et al., 2004), sontsusceptibles d’influencer très fortement l’aptitude au boutu-rage du matériel végétal au moment de la récolte à partir dela tête de clone ou du pied-mère, puis tout au long de laphase d’enracinement dans les conditions du CRRFM.

De nombreux essais ont été répétés depuis décembre2007 de façon à optimiser les conditions de bouturage, dumoins en ce qui concerne les facteurs exogènes précités,sans sous-estimer leurs interactions. Ces essais ont portésur les semis « tout venant » évoqués précédemment, dis-ponibles au sein du CRRFM, mais aussi sur l’ensemble des14 têtes de clone sélectionnées in situ. Ils ont permis, à l’is-sue des deux premières années, de dresser le bilan suivant : ▪ sur un total de 2 490 boutures de semis «  tout venant »mises en place pour tester les différentes modalités de bou-turage, 1 467 ont pu être enracinées et 1 020 sevrées, ce quicorrespond à des taux moyens d’enracinement et de sevragede 58,9  % et de 69,5  % respectivement, et un taux deréussite global de 41 % (photo 12) ; c’est la première foisque des boutures d’arganier, actuellement en phase d’éle-vage-éducation au CRRFM, sont produites en si grand nombre ;

B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 1 0 , N ° 3 0 4 ( 2 ) 55MULTIPLICATION D’ARGANIA SPINOSA / LE POINT SUR…

Photo 12.Boutures enracinées de jeunes plants d’arganier.Photo A. Ferradous.

▪ le matériel plus âgé prélevé sur les individus plusieurs foiscentenaires sélectionnés s’est montré, sans surprise (Mon-teuuis, 1985, 1993), beaucoup moins réactif (tableau II), etle greffage a été pratiqué conjointement au bouturage pourchacune des 12 récoltes effectuées jusqu’alors. La technique« en tête » a été préférée (photos 13), parfois couplée à latechnique « en lanière », encore appelée « en placage », defaçon à économiser les porte-greffes de semis (Champagnat,1980 ; Monteuuis, 1985 ; Hartmann et al., 1997).

L’inventaire réalisé en septembre 2009 dénombrait,tous prélèvements et clones confondus, 3 064 bouturesmises à enraciner et 1 091 greffes effectuées depuis le débutdu projet. La faible réactivité au bouturage constatéeconfirme pour l’arganier, comme pour la plupart des espècesarborescentes, que l’aptitude à néoformer des racinesadventives décroît considérablement avec l’âge des sujets(Monteuuis, 1985, 1993  ; Saya et al., 2008). En ce qui

concerne le greffage, à l’instar d’autres espèces, une faibleaptitude spécifique au type de greffe pratiqué, voire au gref-fage plus généralement, peut être la cause de ces résultatsjusqu’à présent décevants (Monteuuis, 1995). Les écarts cli-matiques très contrastés (spécialement en hiver) entreMarrakech et les sites d’origine peuvent entraîner des incom-patibilités physiologiques entre l’activité des porte-greffes etcelle des greffons (Champagnat, 1980 ; Hartmann et al.,1997), difficiles à déterminer de visu. Par ailleurs, les typesde pousses utilisables comme greffons varient considérable-ment d’une tête de clone à une autre, de même que l’activitéphysiologique de ces pousses au sein d’un même arbre.Ainsi, l’écussonnage, déjà tenté avec succès mais sur unéchantillon trop restreint à ce jour pour être significatif, a puêtre pratiqué à plus grande échelle seulement lors de la der-nière récolte, à partir du seul individu présentant lesprédispositions requises pour ce type particulier de greffe(photos 13).

Tableau II.Inventaire en septembre 2009 des clones d’arganier sélectionnés âgés.

Clones 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14

Nombre de 183 186 234 120 217 41 119 246 377 306 342 307 317 69boutures effectuées

Nombre de 0 0 0 0 2 0 0 1 0 2 0 2 4 29boutures réussies

Nombre de 77 72 72 72 72 77 77 72 92 97 97 92 97 25greffes effectuées

Nombre de 0 1 1 2 2 0 1 2 1 5 0 1 0 0greffes réussies

Effectif encore en vie 0 0 1 2 4 0 0 2 0 6 0 1 1 19en septembre 2009

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FOCUS / PROPAGATION OF ARGANIA SPINOSA

Photos 13.Mobilisation de génotypes sélectionnés âgés par greffage en écusson avant et après ligature (a et b), et en fente terminale (c).Photo O. Monteuuis.

a b c

Par ailleurs, des pertes par-fois sérieuses, notamment du-rant la saison chaude, sont à dé-plorer à l’issue du rempotage,après un sevrage réussi, don-nant lieu à l’inventaire détaillédans le tableau II, toutes saisonsconfondues.

Des effets clonaux semblentse dégager, au profit notammentdu dernier clone sélectionnésous le numéro 14. D’ores etdéjà, nous disposons en pépi-nière de huit génotypes issus destrois zones de sélection in situ.Les efforts pour mobiliser lestêtes de clone récalcitrantes sepoursuivent, en envisageant lerecours à d’autres techniques demobilisation telles que le marcot-tage aérien (Monteuuis, 1985 ;Hartmann et al., 1997 ; Meunieret al., 2008  ; photos 14), alorsque des premières boutures plusréactives sont récoltées à partirdes pieds-mères des clones 4, 5,10 et 14, déjà mobilisés.

Les boutures de semis«  tout venant » réussies serontutilisées à deux fins (figure 2) :▪ pieds-mères gérés de façon in-tensive en conteneurs hors-solafin d’acquérir le savoir- fairenécessaire pour bouturer avecla meilleure efficience possibleles premières boutures ou greffesréussies à partir des clones sé-lectionnés, conformément auxpratiques ayant fait leurs preuvessur de nombreuses autres es-pèces arborescentes (Monteuuis,1985, 1993 ; SAYA et al., 2008) ;▪ plantations en tests comparatifsavec des semis « tout venant »,de même développement ou âge,de façon à observer le compor-tement au champ de ces pre-mières boutures d’arganier, ence qui concerne la stabilité, laconformité de croissance tant ra-cinaire qu’aérienne, la producti-vité en fruits, etc. Autant d’infor-mations inconnues jusqu’à pré-sent et pourtant déterminantespour l’avenir commercial des bou-tures clonées d’arganier.

Photos 14.Marcotte aérienne juste après la mise en place afin de mobiliser un sujet « Plus » âgé (a) et quelques mois plus tard avec l’apparition des premières racines (b, flèche).Photos O. Monteuuis (a) et A. Ferradous (b).

B O I S E T F O R Ê T S D E S T R O P I Q U E S , 2 0 1 0 , N ° 3 0 4 ( 2 ) 57MULTIPLICATION D’ARGANIA SPINOSA / LE POINT SUR…

Production de materiel amélioré pour les populations locales et les reboisements

Mise au point de la technique de bouturage et validation au champ

Semis juvéniles « tout venant »

Boutures

Mise au point de la technique de bouturage

Tests clonaux

Boutures clonées

Pied mères rajeunis

Têtes de clones sélectionnéesâgées par les populations

Clones de production

Vergers à graines

Graines améliorées pour reboisements

Tests comparatifs de comportement au champ

boutures versus semis

Mobilisation des génotypes sélectionnés

Descendances de semis

Pousses végétatives(ramets)

Tests de descendances

Figure 2.Récapitulatif des différentes composantes du projet.

a b

Les premiers représentants clonaux obtenus par greffageou bouturage des 14 têtes de clone sélectionnées (photos 15)seront eux exclusivement destinés à un usage de pieds-mèresgérés le plus judicieusement possible, en tirant enseignementde l’expérience acquise sur les boutures de semis « tout venant »et sur d’autres espèces (Monteuuis, 1993 ; Saya et al., 2008).Le but est de parvenir le plus rapidement possible au rajeunis-sement physiologique requis pour obtenir des taux d’enracine-ment des boutures compatibles avec une production industrielle.À cette fin, le bouturage en cascade paraît être préconisé (Mon-teuuis, 1993 ; Saya et al., 2008), en s’affranchissant le plus tôtpossible des pieds-mères obtenus par greffage, en raison desrisques de bouturer les pousses illégitimes issues des porte-greffes de semis non sélectionnés (et non du greffon).

Les premières boutures rajeunies obtenues seront four-nies aux propriétaires des têtes de clone, bien légitimement,pour observation, avant de considérer les modalités d’unediffusion commerciale à plus grande échelle si nécessaireou d’un verger à graines (figure 2).

L’intérêt des semis issus des fruits récoltés sur les têtesde clone sélectionnées se justifie à plusieurs titres :▪ mise en place sur le terrain selon des dispositifs appropriéspour estimer le déterminisme génétique (héritabilité) des ca-ractères les plus prisés chez l’arganier  ; ces essais pourrontensuite être convertis en vergers à graines destinés à produireen grandes quantités des semis d’arganier de qualité supérieurepour les reboisements, en tirant profit de la bonne faculté degermination de l’espèce (Alouani, 2003 ; Nouaim, 2005) ;▪ production de pieds-mères juvéniles pour comparer le com-portement au bouturage et au champ des boutures produites àpartir de ces derniers et des arbres-mères sélectionnés âgésétroitement apparentés, donc en minimisant les biais d’ordregénétique. Ces pieds-mères pourront être utilisés pour la pro-duction de boutures clonées ou en mélange (« bulk »), de façonà pallier l’insuffisance éventuelle de semis de la même originepour les plantations de rapport. Ce matériel peut permettreégalement d’approfondir les connaissances quant à l’héritabilitédes caractères de l’arganier, également méconnue.

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FOCUS / PROPAGATION OF ARGANIA SPINOSA

Photos 15.Greffe en tête réussie (détail du point de greffe indiqué par la flèche dans l’encadré) d’une têtede clone âgée destinée à servir de pied-mère pour commencer le bouturage « en cascade ».Photos O. Monteuuis.

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GRANJON L., DUPLANTIER J.-M.,QUESSEVEUR E., 2009. LES RONGEURS DE L’AFRIQUESAHÉLO-SOUDANIENNE. FRANCE, IRD, 215 P.

Ravageurs des cultures et des stocksalimentaires, réservoirs de maladies del’homme et du bétail, les rongeurs sontaussi une composante majeure de labiodiversité. Or aucun ouvrage de syn-thèse récent ne leur a été consacrépour l’Afrique sahélo-soudanienne, oùils sont omniprésents. Basé principale-ment sur les collectes et étudesmenées depuis plus de trente ans parl’Institut de recherche pour le dévelop-pement et le Muséum national d’his-toire naturelle, cet ouvrage fait le pointsur les 66 espèces de rongeurs pré-sentes dans six pays caractéristiquesde cette zone : la Mauritanie, le Séné-gal, le Mali, le Burkina Faso, le Niger etle Tchad. Après une présentation géné-rale de la zone géographique étudiée,l’ouvrage traite de la biogéographie etde l’écologie des espèces, de leurimplication dans les problèmes desanté humaine, des dégâts causés auxcultures et aux stocks, ainsi que de leursystématique évolutive. Pour chacunedes espèces, une fiche compile lesinformations disponibles dans lesrubriques suivantes : taxonomie, des-cription, écologie, reproduction etabondance, biométrie, distribution. Desclés de détermination au niveaufamille/sous-famille, puis genre/espècesont intercalées et illustrées par desdessins. En intégrant les révisions sys-tématiques fondées sur la caryologie etles analyses Adn, les auteurs apportentdes informations à la fois complètes etactualisées pour chaque espèce de cegroupe d’intérêt majeur en Afrique. Desphotographies originales et une biblio-graphie de plus de 500 référencescomplètent l’ouvrage. IRD Éditions, 32, avenue Henri-Varagnat, 93143 Bondy Cedex, France.www.ird.frAdapté du résumé de l’éditeur.

VÉZIA F., PACCALET Y., 2009.SÉNÉGAL : SINE-SALOUM LAFORÊT DE L’OCÉAN. FRANCE,ÉDITIONS DE LA MARTINIÈRE, 188 P.

Le Sine-Saloum est un lieu hybride,ni terre ni mer, un continent improba-ble où la végétation et l’eau sont enosmose directe, comme affranchiesdu poids inutile de la roche, de l’hu-mus et du sable. Rien n’est achevédans ce delta et surtout pas la nature.Tout évoque l’aube des temps, le sur-gissement de la vie, le chaos d’unecréation si parfaite qu’elle ne pourradurer longtemps dans cet état, sub-tile, indéterminée, fragilement pas-sive.Éditions de La Martinière, 2, rue Christine, 75006 Paris, France.www.editionsdelamartiniere.frAdapté du résumé de l’éditeur.

WACHTER S. (DIR.), 2009.DICTIONNAIRE DEL’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE :ÉTAT DES LIEUX ET PROSPECTIVE.FRANCE, BELIN, 317 P.

Ce dictionnaire, à la fois classique etoriginal, mesure les défis de l’amé-nagement à l’horizon 2030. Il inter-roge surtout les mots de l’aménage-ment du point de vue des politiquesqui sont menées et des défis qui seprésentent pour le futur. L’angleprospectif concerne les dynamiquesterritoriales, mais plus encore, à tra-vers elles, les politiques d’aménage-ment.Éditions Belin, 8, rue Férou, 75278 Paris Cedex 06, France.www.editions-belin.comAdapté du résumé de l’éditeur.

MÉLARD F. (DIR.), 2008. ÉCOLOGISATION : OBJETS ETCONCEPTS INTERMÉDIAIRES. BELGIQUE, PIE-PETER LANG, 214 P.

Les questions environnementalescontemporaines sont éminemmentcomplexes et réticulaires. La manièreprivilégiée de les aborder consiste às’intéresser aux moyens matériels etconceptuels employés par les acteurseux-mêmes (gestionnaires, experts,riverains, etc.) pour diagnostiquer,pour se coordonner et pour agir. Nousverrons ainsi comment des cartes(d’épandage ou d’un réseau écolo-gique), des schémas (d’aménagementd’un site classé), des fiches projets(d’une politique de conservation de lanature), un tableau (de mise en cor-respondance des pratiques deconsommation et de leurs impactssur l’environnement), un diagramme(dans le milieu de la production dubœuf bio) ou encore des concepts (declassement de zones humides ou degestion d’un lac) sont autant derepères à la fois pour la descriptionpar l’observateur de ce qui est enconstruction dans le travail de concer-tation, mais surtout pour l’actionmême des acteurs engagés. Nous lesappellerons, avec d’autres, des objetset concepts intermédiaires. Ces enti-tés techniques – quelquefois ésoté-riques – suivies dans leurs élabora-tions ou dans leur détournement ren-seignent sur des représentations desmilieux et des ressources naturels etsur leurs transformations et peuventêtre de véritables médiatrices dansl’émergence de dynamiques collec-tives originales. Elles constituent le fild’Ariane par lequel l’environnemententre en société.PIE Peter Lang, 1 avenue Maurice, 1050 Bruxelles, Belgique.www.peterlang.comAdapté du résumé de l’éditeur.

JAKOBSEN T., FOGARTY M. J.,MEGREY B. A., MOKSNESS E. (EDS),2009. FISH REPRODUCTIVEBIOLOGY: IMPLICATIONS FORASSESSMENT AND MANAGEMENT. UNITED KINGDOM, WILEY-BLACKWELL, IX-429 P.

The overall goal of this book is to givea picture of the present use of infor-mation on fish reproductive biology inassessment and management and itspotential for improving managementof these resources. Compiled by aninternational team of authors, eachan expert in their field, this excep-tional volume is divided into threemajor sections: 1) Biology, populationdynamics, and recruitment; 2) Infor-mation critical to successful assess-ment and management; 3) Incorpora-tion of reproductive biology andrecruitment considerations into man-agement advice and strategies.Including over 100 diagrams, thisbook is essential reading for all fish-eries scientists.John Wiley and Sons, The Atrium, Southern Gate, Chichester, West Sussex PO19 8SQ, United Kingdom.www.wiley.comAdapted from the publisher’s sum-mary.

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