“Une revue ‘sans rédacteurs’ : Avalanche, New York, 1970-1976”

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levue des revues Avalanche New York La Revue théâtrale Jean Paulhan et la résurrection de La Nouvelle Revue française revue franco-marocaine Maghreb GustaveLe Bon et l'usage des N°29

Transcript of “Une revue ‘sans rédacteurs’ : Avalanche, New York, 1970-1976”

levue des revues Avalanche

New York

La Revue théâtrale

Jean Paulhan et la résurrection de

La Nouvelle Revue française

revue franco-marocaine Maghreb

GustaveLe Bon et l'usage des

N ° 2 9

Sylvie Mokhtari

Une revue « sans rédacteurs » : Avalanche New York, 1970-1976

« Avalanche n'emploie pas de rédacteurs ^ » Cette phrase, certes laconique et quelque peu surprenante,

répond néanmoins avec exactitude à une des questions de l'enquête sur les revues d'art contemporain

dirigée en 1976 par Richard Cork pour Studio International^. Le résultat de cette enquête publiée

dans le magazine londonien reste aujourd'hui encore une source de première main pour qui

s'intéresse aux revues des années 1960 et 1970. Elle pose les jalons d'une étude d'envergure

internationale sur les revues d'art à un moment, en 1976, où beaucoup de revues d'avant-garde

déposent leur bilan, et où le débat critique stagne.

Ce numéro de Studio International sur les revues d'art accompagne l'actualité d'une exposition

importante The Art Press : Two Centuries ofArt Magazines (Londres : Albert & Victoria Muséum,

8 avril-26 septembre 1976). Historique par son envergure, cette manifestation trouve un

prolongement plus contemporain et prospectif dans les pages de Studio International. A l'époque de

cette enquête et au moment de l'exposition, la revue américaine Avalanche publie son treizième et

dernier numéro.

1. « A Survey of Contemporary Art Magazines : Avalanche », Studio International {LonAKs), vol. 192, n° 983, septembre-octobre 1976, pp. 157-158 [trad. de l'auteur].

2. « A Survey of Contemporary Art Magazines », Studio International (Londres), vol. 192, n° 983, septembre-octobre 1976, pp. 145-186.

Les prédécesseurs

Si la revue Avalanche avait publié des éditoriaux et ainsi

décrit ses objectifs, elle aurait énoncé le programme d'une

information diffusée avec mais aussi par les artistes, contre les

notions conventionnelles de l'art, contre les classifications et

contre l'écriture sur l'art produite par les seules instances de la

critique. L'époque, celle des années 1969-1975, est à la prise de

parole spontanée, à une responsabilité intellectuelle et à une liberté

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d'action que les artistes américains soutenus p^i Avalanche ont su retenir de l'expérience des avant-gardes

précédentes (autour de Dan Flavin, Donald Judd, Sol LeWitt ou encore Ad Reinhardt). Comment ne

pas citer à ce titre le nom déterminant pour Avalanche de Robert Morris dont les œuvres et les textes (voir

ceux publiés de 1966 à 1968 dans le magazine américain Artforum) ont influencé les débuts de la revue.

N'ayant rien à voir avec la forme avant-gardiste du « manifeste », ces écrits d'artistes véhiculent une

approche de l'information et de la réflexion sur l'art qui ne laissent par indifférentes les revues américaines

des années i960, qu'il s'agisse des revues de petite diffusion comme Aspen (New York, 1965-1971), Art

Now (New York, 1969-1972), ou des magazines de plus grande diffusion comme Artforum (San

Francisco, 1962-...). Parallèlement aux magazines les plus influents de l'époque - Studio International

(Londres, 1893-1988 Art in America i^mYoïk, m?,-..), Arts Magazine (New York, 1926-1992 ?),

Arts Review (Londres, 1949-...) et Art International (Zurich, 1956-1984 ?) - , Artforum s'intéresse aux

tendances de l'actualité la plus novatrice, et suit l'émergence des nouvelles générations d'artistes (Warhol,

Stella, Judd, Hesse, Nauman, Heizer, Kosuth...). Le magazine sait aussi se montrer proche des artistes

dont il parle, en les invitant à collaborer ponctuellement à la réalisation de certains numéros. On

comprend l'influence qu'il put avoir sur la jeune génération des critiques et des artistes des années 1970.

Artforum a ouvert la voie à Avalanche mais aussi à Flash Art (Rome, 1967-...) ou à Artpress (Paris,

1972-...). Willoughby Sharp, fondateur et directeur (^Avalanche, y fera entre autres ses premières armes.

AvdïmchQ : Une revue « faite [d']art »

Dans le premier numéro (ïAvalanche\y Sharp publie un ensemble de notes : « Body

Works : A Pre-critical, non Définitive Survey of Very Récent Works Using Body or Parts Thereof ». Ce

texte, préparatoire et porteur d'un travail à poursuivre, est la seule véritable contribution écrite, sous

une forme rédigée par l'auteur dans sa revue.

Conjointement à ce texte, W Sharp réalise une vidéo réunissant Terry Fox, Vito Acconci, Keith

Sonnier, Bruce Nauman, Dennis Oppenheim et William Wegman. La vidéo Body Works est diffusée le

18 octobre 1970 dans un bar (le Breen's Bar) parallèlement à une exposition montée en collaboration

avec le musée d'art contemporain de San Francisco. W Sharp y inscrit les artistes qui retiennent son

adhésion dans la lignée de Marcel Duchamp ou d'Yves Klein plus que dans une histoire du geste

héroïque initié par Jackson Pollock. Ce texte, mis en forme dans

, . , „ Avalanche autour des œuvres reproduites en vis-à-vis, traduit la 1. Périodicité trimestrielle. ^ Tirage moyen de 4 000 exemplaires. position critique de W. Sharp qui, à partir d'un bilan descriptif et

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ARiromiM

Artforum, volume V, n° 8,

avril 1967.

sélectif d'actions ayant trait au corps de l'artiste, transmet une information diversement exploitable,

issue d'une observation pragmatique et de la connaissance précise du contenu des œuvres.

Plus qu'une appréciation critique sur l'art dont elle se fait le porte-parole. Avalanche est de facto

pensée comme une revue « faite [d'jart ». Elle entreprend un travail d'information sur les artistes et avec

eux. Le choix d'une telle position éditoriale, point de vue très ouvert quant au traitement de

r« information sur l'art », prend tout son sens au regard d'expositions contemporaines comme

Information réalisée par Kynaston L. McShine et présentée au Muséum of Modem Art de New York

pendant l'été 1970, quelques mois seulement avant le lancement ôi Avalanche. L'exposition réunit un

ensemble d'artistes minimalistes et conceptuels proches des choix de la jeune revue américaine. La

publication qui l'accompagne est conçue comme un objet complémentaire à l'exposition, et non

comme un catalogue classique. Des pages confiées aux artistes de l'exposition donnent au catalogue le

caractère d'un support original et non redondant à la manifestation. Des documents extraits de la presse

assurent un lien avec l'actualité et inscrivent les œuvres dans le présent qui est le leur.

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Le degré zéro de la critique

Si Information précise le sens des œuvres choisies dans l'exposition en les resituant dans leur

environnement immédiat (culturel, philosophique mais aussi médiatique), la manifestation et le

catalogue qui l'accompagne prolongent une réflexion très contemporaine, elle aussi, sur les médias et

les premiers temps forts d'une théorie de l'information illustrée par de nombreuses citations ou

références aux écrits de Marshall McLuhan. Déjà en 1967, la revue d'artistes new-yorkaise Aspen

consacra un numéro aux recherches déterminantes de McLuhan sur les médias et publia la traduction

américaine d'un texte de Roland Barthes sur la disparition de l'auteur \

Ces initiatives caractérisent une pensée dominante des années 1960, de plus en plus réceptive

à la place occupée par les médias dans l'environnement social et artistique, mais aussi de plus en plus

consciente du dépassement des notions traditionnelles d'« auteur » et d'« originalité » par une

« nouvelle critique » (incarnée ici par R. Barthes et Susan Sontag) plus subjective et ouverte à d'autres

champs du savoir. Sensible à de tels changements, Aspen a laissé la possibilité à des artistes pop (dont

Andy Warhol), fluxus (dont John Cage ou La Monte Young) et conceptuels (dont Mel Bochner et

Dan Graham) d'intervenir directement dans la revue, sans intermédiaire.

A titre d'exemples et parmi les artistes proches ^Avalanche, Sol LeWitt y publia Sériai Project

N°l (1966), Dan Graham y proposa entre autres la pièce Schéma for a Set of Pages, et Robert Morris

y difflisa la copie d'un extrait de son film From Site^. Ces pièces écrites (articles, œuvres multiples,

planches, cahiers...), visuelles (films) et parfois sonores (disques) constituent autant de matériaux

laissés à la libre consultation des lecteurs, réunis dans des boîtes 1. Roland Barthes, « The Death of the Author»,yli/)e« (New York), n° 5-6, de fotmats différents. Il est intéressant de noter qu'en 1967 automne-hiverl967,np [texte paru en ^J^^-^-^ COUSacrer UU UUmérO doublc à Stéphane français sous le titre : « La Mort de l'auteur », Mîwfeitf (Paris), n°V, 1968, Mallarmé. Qui mieux que Mallarmé incarne l'hypertrophie du p.l4]. Ce texte est le premier de trois essais ^-^^^^^^ modeme que ressentent de nombreux acteurs de la reunis dans la « Section 3 » a Aspen. Les ^ deux autres auteurs invités à compléter le scèue artistique des années 1960 ? Son approche critique des arts dossier sont respectivement George Kubler i i i - / - • \ • j ' / H T f c I j n • f et de la littérature reioint la ronction d un art reriexil et critique, (avec « Style and Représentation or ^ ' HistoricalTime ») et Susan Sontag (pour celui des années 1960-1970 (voit par exemple les écrits de Dan « The Aesthetics of Silence »). \ \

Graham a ce sujet). 2. Ces trois exemples sont extraits du numéro r» • • • i • • A double confié à Brian O'Doherty (« guest « VvemicT magazine en ttois dimcusious », Aspen, aussi sous-editor-designer »), David Dulton et Lynn ^[^^^ « tevue mise en boîte » (« The Magazine in a Box ») Letterman (« guest art direaors ») en 1967, i D et consacré à Stéphane Mallarmé. V o i r c e s s c r a ses activités pendant 1 été 1971 (au numéro 10), un an (New York), n° 5-6, automne-hiver 1967. ^près les débuts (ïAvalanche.

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Un « artiste en résidence »

En ces années post-soixante-huitardes où la hiérarchie généralement admise entre les tenants

d'une pensée écrite sur l'art (les critiques) et ceux de la pratique de l'art (les artistes) est remise en cause,

artistes-écrivains ou critiques-« performers »..., chacun trace un itinéraire personnel et donne forme à

un engagement qui bien évidemment évolue dans le temps. Dans Avalanche, Willoughby Sharp « se

met en scène », s'attribue un rôle (celui de « grand manitou de la scène artistique ' ») et montre sa

préférence pour l'entretien comme mode de communication et comme introduction immédiate aux

artistes qu'il suivra. Les nombreux entretiens retranscrits dms Avalanche, les expositions et les rencontres

publiques organisées autour de la revue, l'impHcation progressive

de W. Sharp comme « vidéo-performer » aux côtés des artistes, se

présentent comme autant de casquettes possibles à la fonction du

critique d'art qui, dans ce cas, ne se veut absolument pas distancié

ni « passif » face aux œuvres. Les expériences de W. Sharp visant

une non-différenciation de ses fonctions sont une réponse à un

contexte intellectuel et artistique américain et européen ouvert à

ce type d'expériences. D'autres revues en auront fourni des

exemples différents, à chaque fois en lien avec un contexte

1. De 1970 à 1973, des portraits de W. Sharp trouvaient leur place parmi les pages publicitaires des premiers numéros

de la revue. Il se définit alors comme le « grand manitou de la scène artistique » [ The mighty Mogul ofthe Art Scène, cf. le n° 7 Avalanche, hiver-décembre 1973].

A cette époque, W. Sharp réalise lui-même des vidéos-performances diffusées en public, dont The Famous Dog Show

présentée à Minneapolis au Collège of Art and Design en 1973 n'est qu'un exemple.

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spécifique et avec la création d'un regroupement d'individus à l'origine de formulations différentes. En

quatre ans, W. Sharp élargit sa position de directeur de la publication à celle plus ouverte « d'artiste en

résidence » dans les pages di Avalanche. A partir du numéro 9 (mai 1974), la revue quitte parallèlement

son format emprunté au magazine pour une formule comparable à celle du newspaper

L'entretien avec les artistes

Plus que n'importe quelle autre revue d'avant-garde de l'époque, et quoiqu'il en soit avec brio.

Avalanche privilégie le mode de l'entretien avec les artistes. Les premières années, entre 1970 et 1973,

sont les plus radicales. Les enthousiasmes y sont sans nuance, et les initiatives multiples. Le travail

critique de W. Sharp dans d'autres revues américaines, avant le lancement ^Avalanche et

simultanément, exprime cette adhésion sans retenue pour la parole de l'artiste que l'on peut lire dans

les entretiens qu'il a réalisés avec Joseph Beuys, Bruce Nauman ou Terry Fox..., John Coplans ou Keith

Sonnier... publiés en 1970-71 àms Arts Magazine tt Artforum.

Aucune contribution strictement rédactionnelle n'est donc à signaler pour la réalisation

Avalanche. A sa place, les noms des artistes côtoient ceux du responsable de la revue et de sa rédactrice

en chef, Eisa Béar. Le programme de la revue n'en est que plus explicite : Avalanche livrera un matériel

inédit issu de documents sonores et/ou visuels en lien avec une exposition importante, ou une rencontre

dans un contexte choisi. Faire de l'information sur l'art, sous toutes ses formes possibles, et notamment

sous la forme de l'entretien, devient par ailleurs un modèle qui se généralise dès la fin des années 1960.

Toutes publications, quelque soit leur aspect, deviennent la possibilité (pour les artistes en particulier)

de communiquer, d'exprimer leurs idées sur l'art et de préciser la destination de leur travail. La pratique

conceptuelle d'un art critique et de la performance encourage plus généralement la production de

discours annexes aux œuvres. Avalanche n'en est qu'un des supports de diffiision.

Avalanche obéit au traitement concentrique d'une information abordée sous différents angles

d'attaque dans un même numéro ou d'une livraison à l'autre. Chaque nouvel entretien, chaque

documentation visuelle proposée apportent ainsi dans l'un ou l'autre numéro un éclairage nouveau,

enrichi par la confrontation avec d'autres œuvres et d'autres artistes. Inviter Robert Smithson, Dennis

Oppenheim ou Vito Acconci dans un sommaire orienté vers l'Earth Art, puis vers le Body Art, facilite un

décloisonnement entre toutes ces pratiques, et encourage une 1. Cinq numéros paraissent réflcxion coutinuc sur l'actuaUté. Lorientatiou thématique sous ce format, entre mai 1974 (n° 9) et l'été 1976 (n° 13). suggérée dans chacun des numéros donne ainsi l'illusion d'une

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approche éphémère, mais néanmoins cohérente de l'actualité. Contrairement à de nombreuses autres

revues de l'époque, qui comme VH101 (Paris-Zurich, 1970-1972), Kunsforum (Mainz, 1973-...) ou

Der Ldwe (Berne, 1974-1976) marquent une préférence pour une organisation thématique de leur

sommaire, les responsables d'Avalanche n'ont jamais explicitement énoncé en couverture ou dans les

sommaires le dième fédérateur de chacun des numéros. Celui-ci se déduit de la place réservée à Cari

André, Jan Dibbets, Richard Long, Robert Morris, Michael Heizer, Dennis Oppenheim et Robert

Smithson dans le premier nimiéro (automne 1970) principalement consacré à la pratique de l'Earth Art ;

de celle laissée à Jackie Winsor, Sol LeWitt, Stanley Brouwn, Hanne Darboven ou Lawrence Weiner dans

le numéro quatre (printemps 1972) sur r7\rt conceptuel ; ou enfin de celle laissée à General Idea, Lowell

Darling, Edward Ruscha et William Wegman dans le numéro sept (hiver 1972-printemps 1973) autour

de l'humour. La souplesse offerte par une thématique non explicitement définie permet, à chaque nouvelle

livraison dAvalanche, une lecture plurielle et non figée de l'ensemble de ces pratiques. Laissant

volontairement la parole aux artistes, avec les écarts que permet la discussion et avec l'énergie qui s'en

dégage, les entretiens représentent un espace de réflexion ouvert aux remarques spontanées, à l'anecdote

et aux commentaires les plus directs. Les entretiens dévoilent le contenu de l'œuvre et de la pensée des

artistes interrogés ; ils donnent des clefs de compréhension parfois contredites par l'un et l'autre

interlocuteur dans un même numéro dAvalanche. Libre au lecteur de bâtir sa propre interprétation des

démarches ainsi livrées !

Dans un même élan, l'entretien individualise l'artiste et son travail. Il l'accompagne et aide à la

présentation de son œuvre. Il lui donne une voix et, dans Avalanche, souvent un visage. L'entretien

donne l'illusion d'une proximité avec l'artiste et d'une communication plus spontanée quAvaknche

tente de rendre toujours plus authentique à chaque numéro. On connaît par ailleurs l'importance de la

parole, de l'enseignement oral dans la pratique de nombreux artistes des années 1960-1970, dont

Joseph Beuys reste un exemple marquant'.

La figure de Tartiste

Parallèlement et contrairement airx revues d'art qui choisissent couramment la reproduction d'une

œuvre en couverture, Avalanche préfère la formule du portrait d'artiste pour « donner corps » au

contenu qu'elle propose. Tel un magazine culturel de grande diffusion, Avaknche affiche des artistes « vedettes » dont les l . Beuys a publié près d'une trentaine

a entretiens et de prises de paroles visages prêtent leurs traits au contenu des numéros qu'ils publiques, entre 1961 et 1970.

LA REVUE DES REVUES N° 29 9

incarnent'. Dans une revue attachée aux pratiques d'un art de l'action, ces portraits sont l'occasion de

valoriser la « figure de l'artiste » et de rendre hommage aux artistes. C'est ainsi que Joseph Beuys

bénéficie d'une première couverture dans une revue d'art américaine grâce 2i Avalanche en 1972. Ces

portraits procèdent à une mise en avant symbolique de la personnalité de l'artiste, qui trouve sa

réalisation la plus aboutie dans le numéro monographique consacré à Vito Acconci à l'automne 1972

(n° 6). Avec ce sixième numéro. Avalanche joue à nouveau avec les limites éditoriales d'une revue d'art

classique. Elle s'aventure dans la conception d'un numéro réunissant les avantages d'un authentique

catalogue monographique (pourvu d'un catalogue raisonné des œuvres, d'un index, d'une bio­

bibliographie, etc.). Faut-il y lire une réaction à un contexte institutionnel qui n'a pas encore reconnu

la richesse d'un travail pourtant déjà sanctionné par plus de soixante-dix pièces (sous la forme

d'activities, de performances, de films, de vidéos et d'enregistrements sonores) ? Difficile de ne pas

répondre par l'affirmative. Il reste que ce numéro, qui demeure encore aujourd'hui une source de

première main sur le travail de V. Acconci, est à lui seul une entreprise éditoriale très réussie.

Impact de Image

L'idée d'une proximité avec l'artiste et d'un accès immédiat à l'œuvre est complétée par un très

grand nombre d'illustrations que la revue, grâce au concours de photographes qu'elle sollicite

régulièrement, soumet, tel un reportage documentaire, en complément des entretiens publiés. W. Sharp

réussit en vrai « communicateur » à importer dans la revue des techniques inhabituelles pour les revues

d'art traditionnelles, qui s'avèrent très efficaces dans un tel contexte éditorial. Aucune revue d'art au

même moment ne s'est montrée capable de reproduire un reportage aussi direct, aussi pertinent, et aussi

complet sur l'art le plus novateur. Ces images « muettes » et leur composition quasi-cinématographique

soulignent les moments clés des œuvres et de leur déroulement

dans le temps. Le montage visuel essaye de rendre « l'énergie en

acte », le processus mis en œuvre, à partir d'une image ou d'une

série de prises de vue qui suggèrent un avant et un après. Quoi de

plus direct que la composition d'images sur Joseph Beuys

installant Fettecke (n° 1) pour inscrire une action dans le temps,

pour rendre l'immédiateté de cette action que l'artiste nous invite

à lire dans l'observation de ses gestes, dans la symbolique des

matériaux qu'il choisit et dans leur occupation de l'espace ?

1. Voir surtout les couvertures des numéros 1 à 8 Avalanche diffusant les visages de Joseph Beuys (n° 1, automne 1970), de Bruce Nauman (n° 2, hiver 1971), de Barry Le Va (n° 3, automne 1971), Lawrence Weiner (n° 4, printemps 1972), de Yvonne Rainer (n° 5, été 1972), de Vito Acconci (n° 6, automne 1972), de Man Ray / William Wegman (n° 7, hiver 1972-printemps 1973) et de Robert Smithson (n° 8, été-automne 1973).

ans rédacteurs » : Avalanche, New York, 1970-1976

définition, méthode, usage

par Sylvie Mokhtari^

par Yves Chevrefils Desbioiies

par Gérard-Den

t la résurrection de La Nouvelle Revue française, 1953 par Martyn Cornick i par Gilles ^ ^ JBj

e franco-marocaine contre le protectorat, 1932-1936

et le monde des revues au tournant du siècle par Benoît Marpeau

C H R O N I Q U E S Parcours de Théodor Balmoral— Le site revues.org : une fédération de revues de sciences humaines et sociales sur internet — Autour de XAnnuaire de TAfrique du Nord : le Maghreb en revues — Deux colloques sur les revues

L E C T U R E — N O U V E L L E S R E V U E S

Prix: 100 F (15,24 € ) ISSN : 0980-2797 ISBN : 2-907702-25-4

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