Tempête de sable

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Abdelhak KARIM TEMPETE DE SABLE 1

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Abdelhak KARIM

TEMPETE DE SABLE

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Octobre 2015

Dédicace Mes remerciements vont aux personnes qui m'ont apporté leur aide etqui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de ce travail et ce livre qui relate une histoire vraie et des évènements réels …

Je dédie ce livre à la mémoire de ma mère décédée il y a quelques mois… je prie dieu pour qu’elle repose en paix et je ne trouve pasde mots pour exprimer mes sentiments pour la personne qui m’avait donné le meilleur de ce qu’une mère peut donner à son fils unique …

A mon père, mon maitre durant mes premiers pas dans ma vie de garçonet d’homme … pour mon enfance, il était toujours là à accomplir pleinement sa mission et son devoir de père…il était mon protecteur et mon idole à moi …

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Son apport était déterminant pour l’apprentissage des premières notions de logistique portuaire.

Les mots me manquent pour exprimer ma profonde reconnaissance à ma petite famille dont l'amour, la patience et le sacrifice marquent bien ce travail.

Je tiens à remercier spécialement la personne qui avait partagé avecmoi près de 40 années de passion, souffrance , et courage pour le soutien à la famille …

Je dédie ce livre à tous mes enfants et j’espère que chacun d’eux pourra être fier de son père …

Je ne peux pas oublier Mlle Megan KAPPEL en particulier et  MonsieurCourtney HARMS de la maison DORRANCE PUBLISHING Pittsburgh USA pour leur soutien inconditionnel, l’encouragement, générosité en temps et grande patience dont ils ont fait preuve malgré ma lenteurdans la réponse au courrier de relance et de rappels…et même si mes moyens n’avaient pas permis cette publication chez eux.

Enfin, mes sincères remerciements à tous mes amis qui m'ont soutenu et encouragé pour la réalisation de ce travail.

. Abdelhak KARIM

Avant-proposEcrire est une ancienne habitude que j’avais prise depuis l’école primaire. J’écrivais en arabe ou en français des essais, des rapports et même des poèmes à titre de fantaisie d’expression…

Mes premières publications d’articles en arabe datent de 1981 et c’était sur le journal AL BAYANE connu pour sa tendance progressiste (PPS) . Je n’étais pas un sympathisant du parti…mais mon meilleur ami – à l’époque - était rédacteur en chef de

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la page « Cinéma & Société » …nous étions tous deux étudiants àl’Institut (ISCAE) …

J’avais aussi écrit quelques articles pour des revues spécialisées … mais je rédigeais surtout de bons rapports de missions, des introductions pour présenter des budgets ou des résultats d’exploitation et des études sur l’environnement économique et social du secteur de la profession… Mes travaux et rapports étaient appréciés de tout le monde …mais ce n’étaitpas pour m’encourager à écrire une histoire ou un livre.

Mais , écrire en anglais mon premier livre , était une réalisation inimaginable et presque impossible pour moi… mais par un heureux concours de circonstances , j’avais connu la maison de publication Dorrance Publishing Company-Pittsburgh et mes échanges avec Mlle Megan KAPPEL et Mr Courtney HARMS m’ont encouragé à franchir le pas et commencer à écrire mon histoire en anglais , d’abord , sous le titre de «  SANDSTORM »(Tempête de sable) dont l’objet est repris en versions française et arabe sans en être une traduction directe.

Traduire textuellement le livre n’aurait pas donné de la valeur et de l’importance à mon message et cette œuvre modeste.

Si je peux être excellent écrivain en arabe , construire une œuvre et maitriser les mécanismes de dissertation et de discours ,écrire un livre était pour moi une entreprise effrayante même en arabe alors que je me débrouille juste assezbien en langue française…mais écrire un ouvrage en anglais n’était même pas pensable pour moi …bien que pratiquant souventl’anglais (shipping) pour mes rapports et correspondance avec agents et partenaires étrangers utilisant directement le clavier de la machine « Telex » pour la gestion et l’exploitation des navires de commerce …

Mais voilà ,enfin, qu’après deux années d’hésitation malgré les relances et les messages répétitifs de Mlle Megan KAPPEL dela maison d’édition américaine Dorrance Publishing Company … jedécide d’écrire mon propre histoire réelle sous le titre de « SANDSTORM » pour parler de mon expérience , d’évènements à caractère international et de faits exprimés aussi en arabe et en français… pour une réalisation en trois langues .

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. Abdelhak KARIM

Une passion pour le port et des transports…

Il ne s’agit pas de ma biographie car je ne suis pas encore « personne publique » ou le citoyen digne de cette prétention …mais

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pour l’objet de ce livre qui retrace, fidèlement, une expérience exceptionnellement unique qui mérite d’être partagée pour ceux qui s’intéressent de près à la Libye.

En fait , il y a une relation étroite entre mon apprentissage d’enfance auprès de mon père – professionnel des transports en commun - , mon éducation et valeurs acquises pour pouvoir réussir honnêtement sa vie sans jamais permettre à quelqu’un de nous piétiner sans réplique et réaction de notre part .

C‘est pour cette raison-là que je dois rendre hommage à l’homme qui m’avait permis d’avoir cette passion pour les ports , les transportset la logistique en général…

En compagnie de mon père en 1968

Mon père, mon idole et mon idéal est l’homme qui m’avait appris àfaire mes premiers pas dans le secteur des ports et des transports

routiers et maritimes …

A la fin des années 40 , il était déjà actif au port de Casablanca avec un permis de conduire « Poids lourds » qui pouvait lui offrir un bon travail , honnête et bon travailleur , son employeur l’avait aidé à réaliser son rêve de devenir chauffeur de semi-remorque et gagner assez d’argent pour vivre correctement …

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Mon père connaissait l’histoire de Casablanca et avait découvert sonport pendant les années de développement de sa construction, ils connaissait de noms et suivait les nouvelles des hommes d’affaires de l’époque, des familles d’investisseurs marocains et des investisseurs – opérateurs économiques européens (français, espagnols , portugais ou italiens).

Cet archive d’informations et données allait m’être utile, plus tard, pour comprendre l’environnement, l’histoire économique de la région et l’évolution des structures de transport et moyens logistiques.

Cet apprentissage à travers l’expérience de mon père avait marqué ledébut de ma vie professionnelle et explique bien mon choix de carrière et mon engouement pour les transports internationaux et maritimes qui constituent l’environnement de l’aventure développée dans cet ouvrage.

En 1950 , mon père conduisait déjà des engins de poids lourds au sein de la société des Transports Bouchard située en face de la société MANORBOIS qui existe toujours au même endroit sur l’avenue Pasteur . Situé à 300 mètres du siège et du garage à camions, le port de Casablanca était le principal centre et lieu d’activité de la société Bouchard.

Mon père effectuait quotidiennement ses navettes de camion (voyages)entre le port de Casablanca et une usine de traitement de grumes de bois importés d’Abidjan , San Pedro ou du Gabon pour être défrichés dans les bassins COMAMUSSI à Sidi Larbi près de l’Oued El Maleh (région de Ben Slimane)…

Le bois des grumes servait à confectionner des caissons pour l’emballage des fruits et légumes à l’exportation sur l’Europe …

Il transportait aussi une autre qualité de grumes importées du Gabonet de la Côte d’Ivoire destinées à une autre usine de industrielle pour la fabrication des panneaux de contreplaques.

Durant mes premières années à l’école , je pouvais déjà à partir de l’âge de 9 ans , accompagner mon père à son lieu de travail … durantles vacances scolaires et profiter de visites régulières du Port deCasablanca , assister à des opérations de chargement ou déchargement, accompagner mon père durant le voyage routinier de camion et parcourir l’itinéraire d’une belle route…en se régalant d’offrandes de boissons , de confiserie et de sandwiches .

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Le Port de Casablanca des années 50

La première leçon que j’avais retenu de mon père était la ponctualité dans les rendez-vous et surtout d’être à l’heure …ou mieux encore ,d’être avant l’heure de travail autour du lieu de la société sur l’avenue Emile Zola à prendre son petit-déjeuner ou un café avant de rejoindre son camion…

Pour l’accompagner je devais rester calme sans turbulences, écouter et observer attentivement le déroulement des évènements et des opérations de chargement au port et déchargement chez les clients.

J’avais beaucoup de respect pour mon père pour ses conseils et son assistance qui avaient marqué mon démarrage de carrière en Transports maritimes et exploitation portuaire sur les quais du portet à bord des navires …

Il restera inoubliable pour moi et pour mes enfants …

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Principale place de Casablanca en 1969

Une carrière dans les Transportsmaritimes

Navire mixte

Après avoir décroché mon diplôme à l’Institut Supérieur de Commerce et d’Administration des Entreprises – Casablanca -ISCAE ; ma vie professionnelle devait commencer après de courtes vacances afin d’être parmi les premiers diplômés à décrocher un poste faute d’abondance d’emplois…

Seulement, voilà, j’ai été engagé à travailler 8 années pour le Ministère du Commerce et de l’Industrie qui me payait un petit supplément de bourse durant la période de mes quatre années d’étudesà l’ISCAE …

Diplôme en main, j’ai contacté le Ministère pour y rencontrer le Directeur du Commerce Extérieur qui m’informa du manque de postes disponibles et de me confirmer que j’étais libre de passer mes deux années de service civil là ou je pouvais trouver une disponibilité.

C’était déjà une bonne nouvelle que d’être libéré de l’engagement avec le ministère, mais, après une discussion plaisante et forte intéressante avec le Directeur du Commerce Extérieur, l’homme décida

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de m’aider par un mot de recommandation à l’adresse de la Direction de la Marine Marchande – DMM -qui dépendait de son ministère et de sa Direction.

Avant de quitter les lieux, le Directeur du Commerce Extérieur me conseilla de passer, d’abord, voir la Compagnie Marocaine de Navigation –COMANAV et me donna un autre billet d’introduction pourme combler de bonheur et me marquer par sa gentillesse.

La COMANAV était, en fait, le principal armateur national avec 34 navires et 800 employés sédentaire en plus du personnel naviguant (marins) et dépendait du même Ministère bien qu’elle était une société semi-publique dirigée comme une affaire privée.

La Direction de la Marine Marchande n’avait pas de problèmes à me trouver un poste au sein de leurs services, mais j’avais commencé par visiter la COMANAV d’abord comme proposé par le Directeur du Commerce Extérieur…

1980Redécouvrir le port de Casablanca

Déjà en 1970, le port de Casablanca est l’un des plus importants ports de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique du Nord assurant 85% de l’activité de transport maritime du Maroc. De par sa position stratégique et sa proximité des ports européens d’Espagne , de France et d’Italie …le port de Casablanca était la principale voie des échanges du pays pour les années 70-80 alors que le port de Tanger s’était spécialisé dans l’activité de transport maritime de passagers , voitures et véhicules devant traverser pour l’Espagne etl’Europe ou passer en sens inverse …

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La Compagnie Marocaine de Navigation en 1980

En 1980 , Le siège de la COMANAV venait d’être inauguré et domiciliéau sein d’un building prestigieux de 12 niveaux (8 étages) , bien gardé à l’entrée par toute une équipe de sécurité assurant un contrôle rigoureux à la réception .

La chance avait joué au moment de mon passage et par un extraordinaire concours de circonstances, l’accès au bâtiment était libre de toute surveillance …

Mon arrivée avait coïncidé avec une grande bagarre sur le Boulevard juste devant la porte de la COMANAV …et comme les membres de la sécurité et de la réception étaient distraits à regarder ailleurs … la voie était libre devant moi et J’en ai profité pour me faire un chemin et se retrouver dans l’ascenseur qui mène directement à la Direction Générale au 8ème étage …

Pour combler mon bonheur, même la secrétaire de monsieur le Président n’était pas à sa place… et, c’est le vice-président en

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personne (de passage dans les couloirs) qui allait me recevoir avec un sourire et gentillesse pour me demander s’il pouvait m’aider …

Très vite, je me suis présenté convenablement avec mon dossier et mon mot d’introduction du Directeur du Commerce Extérieur du Ministère …et j’ai pu obtenir satisfaction immédiatement et repartir avec ma lettre d’affectation comme dans un beau rêve…

C’est ainsi que ma carrière professionnelle avait commencé dans le secteur économique stratégique des services de Transports internationaux en général et maritimes en particulier.

Un porte-conteneur COMANAV

La COMANAV venait juste de lancer un programme de recrutement de jeunes cadres qui devaient subir, immédiatement, une formation complémentaire d’une année partagée entre la théorie et les stages d’apprentissage des principes et techniques du management des affaires de transport international et maritime (Shipping). Les cours théoriques étaient dispensés en une demi-journée et l’apprentissage pratique pour le restant de la journée.

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Un recrutement de groupe de jeunes diplômés pour assurer la relève…

Il y avait un groupe de 17 personnes dont cinq (5) lauréats de l’Institut Supérieur de Commerce et d‘Administration des Entreprisesde Casablanca , un (1) lauréat de l’Université Allemande de MANHEIMqui était Mr Pascal Mohamed HILOUT de nationalité française, trois diplômés (3) de Paris-Dauphine ,un (1) diplômé de l’Institut des Etudes Maritimes de Londres , deux lauréats (2) d’une Ecole de Logistique de Marseille , cinq (5) lauréates des Facultés marocainesde l’économie et même un (1) docteur en Marketing des élections …

C’était pour moi une véritable opportunité de carrière et une formation précieuse qui devait me placer rapidement sur une scène internationale très intéressante et bien instructive de savoir-fairefort exceptionnel…

Notre formation était rapide et pratique car il s’agissait de théoriser une pratique et un travail au quotidien par une élite de Docteurs, experts professionnels, Commandants en long court et autres intervenants-professeurs marocains et étrangers …

Parallèlement à la formation, on était déjà au travail avec un coaching assuré par des responsables qui nous préparaient pour l’exercice effectif de fonctions commerciales ou d’exploitation ;

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Je dois préciser que l’opération recrutement-formation de jeunes cadres pour la relève était une décision importante et judicieuse dela Direction Générale de la COMANAV que tous le secteur applaudissait et suivait avec grand intérêt.

La compagnie exploitait une flotte d’une valeur globale de près de 300 millions de dollars à l’époque hors fonds de roulement alors queson fonds de commerce constitué de droits sur lignes maritimes portant sur le Maroc était évalué à plus de 500 millions de dollars US…

La COMANAV était dirigée par une équipe de professionnels dont des navigants ou officiers de la Marine Marchande ayant choisi de travailler à terre pour des raisons personnelles et familiales ; et des lauréats d’Universités, de Facultés et de grandes écoles recrutés, souvent, sans expérience ou connaissances en exploitation de navires de commerce.

Les navigants ou officiers de la Marine Marchande « sédentarisés ou affectés à des tâches de bureaux » devaient – en principe – suivre des cours de recyclage pour se convertir à la gestion et au management des affaires de transports maritimes , d’activité portuaires et d’autres types de transports .

Une fois, au sein de la Compagnie Marocaine de Navigation, je devaisfaire équipe avec mon ami et ancien camarade de classe (ISCAE) Mr Lahcen plutôt spécialisé lui en gestion financière, alors que j’avais opté – de mon côté – pour le Marketing. Notre première performance était concrète et déterminante dans le diagnostic et l’analyse pour préparer une importante révision du système de paie des navigants… on avait , à nos deux , entamé le traitement de « piles » de documents de paie pour établir un bon rapport d’analysedes journaux individuels de paie , de tableaux de bord et de rapports mettant en lumière des irrégularités et un vrai désordre dans le traitement des salaires de marins en dépit de l’application informatisée…

Ayant donné satisfaction pour notre première contribution, la Direction Générale nous avait rapidement affectés à des postes de responsabilité immédiate …

La chance allait encore être de mon côté , et je fus nommé à la Direction Exploitation et Commercial sous l’autorité d’un grand

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maitre du « shipping » non pas seulement au Maroc …mais sur le plan régional , Mr Mahmoud BENJELLOUN est le premier marocain capitaine au long court ou « first class captain » avec un passé de navigation éloquent au sein de la compagnie TRANSATLANTIQUE (France)doublé d’une expérience confirmée en gestion des transports maritimes avec statut d’expert assermenté – près des Tribunaux - ennavigation et transport maritime … Mr Mahmoud est actuellement Président en exercice de l’association des experts maritimes au Maroc.

Mr Mahmoud BENJELLOUN était aussi un grand meneur d’homme qui détestait les collaborateurs qu’il appelait « Bras cassés » alors qu’il était très correct et bon « coach » pour les plus méritants des cadres et employés…

Très vite , je me suis intégré au système pour être rapproché de Mr Mahmoud et gagner des déplacements en sa compagnie pour assister à des appels d’offres d’achat et transport de blé à Rabat …occasion pour rencontrer des personnalités du monde du secteur céréalier comme les Directeurs de FINAGRAIN , CARGILL , DREYFUS , SOMAGRAIN, CONTINENTAL et autres opérateurs qui participaient à ces appels d’offres pouvant durer jusqu’à 72 heures d’affilée …

J’assistais aussi à des réunions et j’étais invité aux repas d’affaires avec les partenaires Européens, américains , arabes ou africains .

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Tout en étant opérationnel avec de plus en plus de responsabilités et missions que me confiait Mr Mahmoud, j’ai continué à bénéficierde la formation en méthodes de gestion des affaires du « Shipping » et transports, ce qui me donnait d’avantage d’outils de gestion avecl’acquisition – sur terrain – de pratiques et expérience précieuses.

Les cours intensifiés étaient axés sur une approche pragmatique -on parlait de « théoriser la pratique » - tout en insistant sur la gestion commerciale et le Marketing des affaires de transport maritime ou « shipping » et des autres transports internationaux et activités annexes comme la gestion portuaire, le Transit / dédouanement de marchandise et gestion des stocks et des entrepôts.

Bien que considérés comme stagiaires encore, les nouveaux recrus apprenaient très vite et contribuaient déjà à la gestion courante avec un apport non négligeable, on avait même été conviés à critiquer les méthodes de gestion et souligner certaines négligencesqui occasionnaient des pertes et dépenses inutiles…

Dans la COMANAV des années 80 , le fait d’être parrainé par Mr Mahmoud Directeur Exploitation/Commercial était déjà un soutien important pour la suite de ma carrière professionnelle qui était à ses débuts …

Fort du l’appui de Mr Mahmoud , j’avais déjà commencé à prendre un peu de pouvoir en donnant des instructions à caractère commercial aux commandants de navires , aux agents maritimes locaux et étrangers (Européens , africains et arabes) et aux partenaires prestataires de services de manutention portuaire ou de services rendus aux navires ou à la clientèle.

La concertation était de rigueur…et je bénéficiais toujours du coaching du Directeur et de l’assistance d’anciens cadres en soumettant tous mes messages d’instructions aux réunions de

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coordination, de préparation et de suivi des affaires courantes. Nous étions bien conscients que les décisions de programmation de navires, de ravitaillement ou de chargement –déchargement dans les ports étrangers (ou même au Maroc) ou toutes autres décisions se traduisent automatiquement par des dépenses, des transferts de débours d’escales ou des engagements de dépenses (fonds de roulement) et étaient souvent lourdes de conséquences.

La Direction tournait à une vitesse infernale et personne n’avait ledroit de « traîner le pied » de crainte d’être éjecté sur le champ et sorti du jeu et de l’équipe ou mis à la disposition de la Direction Administrative et Ressources Humaines …

Après le décès d’un contrôleur de gestion dépendant de la Direction Générale et le mouvement qui s’en ait suivi dans la hiérarchie …j’aiété proposé pour cumuler aussi le poste de « Contrôleur de Gestion »pour la fonction Exploitation et Commercial , assurer la préparation des budgets , établir et assurer le suivi des tableaux de bord , présenter trimestriellement les résultats consolidés des centres de profits qui étaient essentiellement les « lignes maritimes » et certains services annexes.

Les présentations de résultats ou de budgets étaient toujours des épreuves à haut risque d’éjection…surtout qu’il s’agissait de siégerà des réunions périodiques chez le Président et parfois au Ministèreou à la Direction de la Marine Marchande …s’agissant de réunions à caractère national sérieux et officiel …

Plus mes patrons étaient satisfaits de mon rendement, mon sérieux, ma disponibilité et mon abnégation …plus j’accumulais des fonctions suite à des démissions, licenciements ou transfert de responsabilité…mais toujours à titre intérimaire …

Je participais aussi avec le groupe des jeunes recrus, à la constitution de l’équipe Marketing avec la proposition d’une vraie stratégie et vrai plan Marketing adapté pour le métier et l’activité de la compagnie …

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Je rédigeais aussi toute la correspondance en arabe, français et anglais (maritime) en comité réduit autour du Directeur Exploitationet Commercial.

Mr Mahmoud n’était pas la seule personne qui m’avait assisté et soutenu pour mes responsabilités quotidiennes …la Direction Exploitation –Commercial regroupait de bons cadres de l’exploitation maritime chacun dans sa spécialité et range ( espace géographique de navigation) et j’étais comblé sur le plan formationde pointe , coaching de rêve et assistance de qualité pour devenir un manager autonome en shipping et pouvoir conduire une ligne ou une affaire de transport maritime …

Ayant fait équipe avec mon maître-manager à plusieurs reprises ,j’étais enfin devenu habitué au protocole , langage , éducation culinaire et même à la culture des vins et boissons …voirà la bonne tenue et discussion en repas d’affaires grâce à Mr Mahmoud .

L’attention particulière et le soutien de mon Directeur m’avaient donné une grande confiance et étaient pour moi une motivation supplémentaire pour donner d’avantage de moi-même et pouvoir mériterd’autres responsabilités qui m’étaient confiées au fur et à mesure avec un concours de circonstances favorable.

Je pouvais enfin être fonctionnel sur le terrain en toute confiance et autonomie …

La période de deux années de service civil était nécessaire pour lesnouveaux lauréats afin d’intégrer une administration ou une structure publique ou semi-publique …on avait compris aussi que c’était une alternative au service militaire pour les personnes éligibles pour le devoir national (ancienne situation) .

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Mon service civil à moi s’était bien déroulé dans des conditions satisfaisantes pour la suite de ma carrière …

Mon intégration fut confirmée avec l’obtention du poste de Chef de Ligne maritime pour la zone Ouest-Afrique, Maghreb et Moyen Orient.

J’étais aussi chargé d’une autre responsabilité qui me faisait honneur en assurant le suivi de l’Approvisionnement des Provinces Sahariennes par voie maritime …avec des réunions à hauts niveaux à Rabat.

En attendant , la nomination d’un contrôleur de gestion pour la Direction Exploitation /Commercial j’avais gardé – assez longtemps –cet intérim en cumulant aussi le suivi des dossiers de coopération mixte Maroco-Arabe et Maroco-Africaine avec des réunions au Ministère du Commerce ,de l’Industrie et de La Marine Marchande et Pêches (ancienne appellation) avec un contact permanent avec la Direction de la Marine Marchande …

Pendant, ce temps-là, j’avais à conduire des opérations bien spéciales que je n’oublierais jamais…

Parmi ces opérations conduites de manière efficace et professionnelle, ce transport de 101 des plus beaux étalons sélectionnés et dressés pour être les chevaux de la garde présidentielle guinéenne.

Il fallait trouver un navire-écurie et veiller surtout à éviter les accidents à, l’embarquement et au débarquement de l’autre côté parce

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que le déroulement de l’opération était suivi par le Président de laRépublique de Guinée (Conakry) en personne...

L’opération s’était déroulée correctement et sans problèmes à la satisfaction générale…mais j’ai dû me déplacer à Conakry pour superviser aussi le débarquement.

D’autres opérations avaient suivis nécessitant beaucoup d’attention au port d’embarquement -Casablanca - et des déplacements pour précéder l’arrivée des navires et superviser les opérations de débarquement surtout en Mauritanie , Guinée Conakry ,Arabie Saoudite, Jordanie et Libye puisqu’on ne pouvait pas compter sur les services des agents locaux dont le souci était d’encaisser les fraisd’escale sans trop d’assistance…

En raison des difficultés rencontrés dans la plupart des ports d’Afrique de l’Ouest et du Moyen-Orient , je devais me déplacer assez souvent pour superviser les opérations commerciales ( manutention) aux ports , faire le point du matériel , s’assurer dubon contact avec les clients , faire le point quotidiennement avec l’agent maritime local et ramener les comptes d’escales après avoir établi une bonne communication et développer des relations de collaboration idéales.

Parfaire la communication était la clé des problèmes en Afrique et Moyen-Orient

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Mission en compagnie d’une délégationofficielle en Egypte

Parmi les missions inoubliables que j’avais effectué en Moyen –Orient, ce voyage officiel en Mai 1988 en Egypte -Le Caire en compagnie d’une délégation officielle de plusieurs ministres pour les réunions de la commission mixte Maroco-Egyptienne.

En principe , pour les déplacements de délégation officielle dans lecadre des commissions mixtes de coopération avec les partenaires du Maroc , la composition de la délégation suit l’importance et le rangdu pays en question … ainsi , le niveau de représentation est toujours relevé au niveau le plus important pour des pays comme les Etats-Unis , la France , L’Espagne et autres pays importants alors

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qu’une délégation à destination pour les pays d’Afrique de l’Ouest ,de Lybie (alors pays ennemi pour le Maroc) , la Jordanie et autres petits Etats comprendrait plutôt des techniciens comme un chef de ligne maritime par exemple à l’exception des visites officielles de Chefs d’Etat.

Pour cette mission d’Egypte de 1988 , il y avait un problème de prise en charge de certaines dépenses à régler, comme les frais de l’Hôtel Sheraton Héliopolis et l’argent de poche pour certaines personnalités « VIP »

La Compagnie que je représentais était l’unique partie qui pouvait régler ce genre de problèmes et se dépanner le financement de dépenses sous forme de prises en charge supportées par l’agent maritime local… puisque des navires de la compagnie assuraient uneactivité de passages réguliers du Canal de Suez pour desservir les ports d’Arabie Saoudite et de la Jordanie et payaient parfois jusqu’à 200.000 à 300.000 US Dollars par mois à l’agent de passage …

Et c’est ainsi que j’étais sollicité par mes patrons à assister au mieux le groupe avec toutes les précautions de confidentialité et sans charges au niveau des comptes d’escales (respect de la réglementation des autorités de change oblige)

Le problème fut réglé comme je l’avais imaginé …par la compréhensionde l’agent égyptien local et sans charge sur comptes d’escales de nos navires.

Ma mission accomplie, je ne me souciais pas de toute reconnaissance de la part de mes « VIP » traités au Caire comme des princes !

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Sheraton Heliopolis –Cairo

En 1987 , J’ai encore accompagné , à La Valette , l’ambassadeur du Maroc à Rome et Malte Mr Yahia BENSLIMANE pour une mission officielle touchant aussi à la coopération en construction navale etaffaires maritimes .C’était aussi mon premier voyage sous couvert d’un ordre de mission « officiel » signé par le Premier Ministre pour se réunir avec le Ministre des Affaires Etrangères Maltais Mr Vincent TABONE … Un représentant du Ministère des Pêches et de la Marine Marchande , Mr RAFIKI , était aussi du voyage et nous avions séjourné à l’Hôtel PHOENICIA à La Valette (cf photo ci-dessous).

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l’Hôtel PHOENICIA à La Valette -Malte

Deux autres visites à Conakry en 1984 , m’avaient permis d’accompagner encore un Représentant particulier de S.M pour les pays de l’Afrique de l’Ouest Mr Rafik El Haddaoui (alors Directeur de la Coopération et chargé de l’AGUIMCO –Agence Guinéenne Marocainede coopération-) . La visite coïncidait avec le transport maritime et la livraison d’un don du Maroc à la guinée sous ma supervision etresponsabilité personnelle ; l’opération était l’occasion de partager les locaux de la villa d’hôtes face à l’Hôtel Indépendance avec le diplomate marocain .

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Hôtel Indépendance – Conakry Guinée

J’ai cité Toutes ces missions et responsabilités pour expliquer les raisons de mon comportement naturel en citoyen responsable face à lamafia tentaculaire des services secrets libyens…et ce n’est pas par hasard si j’ai résisté aux offres matérielles des serviteurs du régime de Mouammar KADHAFI .

Je suis obligé d’apporter cette précision avec expériences justifiées pour répondre à plusieurs de mes amis qui s’étonnaient deme voir rater la chance de ma vie pour être immensément riche …et j’espère que mon message est suffisamment claire…

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J’étais devenu un vrai Sindibad des pays de la côte ouest africaine et du Moyen-Orient etMaghreb

Je voyageais beaucoup pour les besoins de suivi des navires de la ligne …et surtout pour éviter les situations de « black out » et de blocage des informations que les agents des ports de côte ouest africaine , de la Libye et parfois de certains pays du Moyen-Orient ne communiquaient pas en temps opportun.

Je voyageais aussi pour les travaux des commissions mixtes de coopération …sans pour autant lâcher l’exploitation et la gestion des lignes maritimes..

J’étais très souvent en Tunisie pour le compte de la ligne maritime commune maghrébine exploitée en commun avec la Compagnie Tunisienne de Navigation , en Egypte , en Arabie Saoudite , en Jordanie , en Mauritanie ,en pays d’Afrique de l’Ouest et surtout en LIBYE…

Missions en Libye 1983-1997

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La Libye et le peuple LibyenGéographie : Le pays est couvert à 90% par le désert du Sahara maisle sous-sol est très riche en ressources pétrolières…avec une position géographique stratégique au Centre-Nord de l’Afrique et du monde arabe et face à l’Europe méditerranéenne avec une façade de choix sur la mer méditerranée.

Jusqu’en 1980 , Le pays comptait une population totale d’environ4.500.000 habitants devenue 07 millions actuellement pour un aussi

large et riche pays .

Histoire *   : Très ancienne civilisation qui remonte au peuplement duNéolithique soit près de 8000 ans A.J.C avec d’abord les

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carthaginois qui installèrent par les marchands de TYRE (actuel Liban) des comptoirs commerciaux sur les ports de la rive méditerranéenne…leur activité et commerce étaient couverts par des traités avec la population locale …

* voir le lien : http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Libye

Au 5ème siècle avant J.C des colons phéniciens issus d’une forte civilisation vont étendre le contrôle des pays de l’Afrique du Nord à la Libye plus connue jadis par les trois villes de TRIPOLIS, SABRATA et LIBDAH (ex-Liptis Magna) .l’an 630 avant J.C les grecquescolonisèrent le Nord du pays et fondèrent CYRENE avec d’autres villes construites et développées… l’an 525 avant J.C les perses à l’Ouest et les égyptiens à l’Est vont partager le contrôle du Nord du pays pendant plus de deux siècles jusqu’à l’avenue du Roi Plolémée I …

La Cyrénaïque et les Grecs de LibyePtolémée Ier envoya Magas à Cyrène. Il devint le gouverneur de la Cyrénaïque pour le compte du roi. Cette région de l’actuelle Libye fut hellénisée dès le VIIIe siècle avant notre ère. Les dirigeants des cités se soumirent aux Perses puis à Alexandre le Grand. A la mort de ce dernier, la Cyrénaïque fut donnée à l’un des généraux du conquérant, Ophellas.

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Temple de Zeus à Cyrène

Après la chute de Carthagène , les romains prirent le contrôle du pays aux limites de Fezzan , puis les Byzantins et les musulmans se sont succédé pour la domination de la Libye…

Ceci est une pensée pour le pays qui avait bien vécu sous plusieurs cultures comme le prouvent toutes ces vestiges et sites archéologiques à Sabrata , Tripoli , Syrte et ailleurs …longtemps fermés aux visiteurs non-libyens et partiellement détruits par l’aviation de Kadhafi lors de la dernière guerre civile …

Durant l'Antiquité grecque, puis romaine, le terme de « Libye » est utilisé pour désigner toute l'Afrique du Nord jusqu'à l'ouest de l'Égypte : le terme « Libyens » désigne quant à lui un ensemble de peuples nord-africains, dont les ancêtres des Berbères.

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L'appellation Libye est réintroduite au XX e siècle par l'Italie 1912-1927 , qui reprend le terme antique pour nommer les territoires de Libye italienne après leur conquête. Les trois parties traditionnelles du pays sont la Tripolitaine, le Fezzan et la Cyrénaïque.

Le 21 Novembre 1949 , l’assemblée des Nations Unies avait voté une résolution instituant l’indépendance de la Libye à partir du premier Janvier 1952. C’est le Roi Idris Senoussi qui a représenté la Libye lors des négociations avec les Nations Unies et de déclarer la Libye pays Independent le 24 Décembre 1951 sous le nom de Royaume Uni de Libye en tant que monarchie constitutionnelle héréditaire sous le règne du Roi IDRISS SENOUSSI .

Le Roi Idriss SENOUSSI

En 1959 , la découverte d’importants gisements de pétrole dont les revenues de vente sur un marché demandeur , allaient changer le paysle plus pauvre du monde en un Etat extrêmement riche .

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COUP D’ETAT FATALMais , Ce 1er Septembre 1969, un groupe d’officiers de l’armée libyenne conduit par un tout jeune officier nommé  Mouammar Kadhafi  font un coup d'état contre le Roi Idris Senoussi et déclarent donc la Révolution Libyenne…plongeant le pays dans l’incertitude totale quant à l’avenir et la prospérité de son peuple, l’identité et les choix politique de son dirigeant et la stabilitéet le bon voisinage qui avaient toujours marqué ce beau pays et son peuple si paisible , accueillant et bien généreux …

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Le pays qui devait « théoriquement » enregistré le deuxième meilleurPIB par tête d’habitant pour un pays arabe , allait offrir que misère à la majorité du peuple privilégiant juste une élite censée protéger un régime des plus totalitaires du monde entier…

Famille libyenne en misère

Mon aventure en LybieL’étrange sensation que j’avais eu depuis ma première visite en 1982à Tripoli était semblable à ce frisson de calme qui précède toujoursla tempête … on pouvait ,déjà , déceler tous les signes d’un « BIG BANG » qui s’annonce ou d’un volcan qui s’active au plus profond et émet ce genre de gaz et fumées révélateurs d’une grande éruption quine tardera pas à s’inviter …

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La raison était …cet état de déception général que je pouvais lire dans les yeux des gens …même ceux qui commencent une discussion par chanter l’admiration des bienfaits du système libyen « unique » …et de la révolution verte pour un pays à 90% de superficie déserte … etle fameux projet du « Grand fleuve » (Annaher Al Âadim ) ou le rêve de faire couler les eaux du Nil ( !!) importées de l’Egypte ou du Soudan jusqu’au Nord-Ouest libyen … rêve qui semblait exprimer en caricature désolante de l’esprit de l’homme aux commandes du pays …l’homme qui , à force de vouloir changer le monde entier , ignora totalement son propre pays …la Lybie et son peuple de modestes et paisibles citoyens.

TTTT

Ma première visite en Lybie

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En 1982 , je devais me déplacer pour la première fois en Libye , pays tout à fait hostile au Maroc et aux marocains …et que toute personne sage voudrait éviter de visiter sous n’importe quel prétexte…

Les rapports étaient tendus entre les deux chefs d’Etats le Roi Hassan II et Mouammar KADHAFI et les deux pays n’avaient pas de bonnes relations …

Mais , des opérateurs économiques se sont présentés pour exporter des quantités importantes d’articles de confection suite à un important marché obtenu en Lybie …et la COMANAV devait envoyer un navire propre M/S ANWAL au port de Tripoli pour répondre à la demande des exportateurs …sans que personne , presque , ne soit au courant des formalités , uses et coutumes du port …des cadences de travail et du coût réel de l’escale .

A la COMANAV , on ne connaissait rien de la Libye …à part une visitebien éclaire de notre Directeur Commercial Mr SEBTI qu’il avait effectué juste pour établir un contact de confiance tout en restant assez sceptique sur la décision d’envoyer un de nos navires …un Roll-on Roll-off ou navire-garage de 3000 T ou 200 conteneurs de capacité.

Réunis pour prendre une décision finale et préparer notre aventure ,certains de mes collègues laissaient échapper des sourires stupides et étaient amusés de me voir décidé à partir en Libye …ils avaient l’impression que notre compagnie était entrain de se lancer droit dans une dangereuse aventure …certains faisaient mine de désolation…d’autre me demandaient déjà mes consignes pour me remplacer en cas de non-retour ( !!) …..Pour moi, aventurier de tempérament, j’avais accepté le défi ou plutôt je pouvais que « sauter sur l’occasion » de partir finalement pour une vraie mission hors Maroc .

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Lors de ma première visite en 1982 en Libye (photo prise clandestinement par moncaméra personnelle )

Pour mon premier voyage professionnel à l’étranger , j’étais bien enthousiaste et content à tel point que j’avais fait le plein de petits cadeaux (gandouras , babouches , et articles d’artisanat locale ) sous l’effet d’une sorte d’intuition et dans le but de motiver les agents qui pouvaient me faciliter la mission …

J’avais pris soin de demander des informations à tous les amis ayantvisité la Lybie pour avoir une première idée sur le pays et me prévenir de tout malentendu ou mauvaise fortune par méconnaissance de détails sur la mentalité, les habitudes et les coutumes des libyennes…

Produits de l’artisanat marocain

J’ai essayé d’avoir les bonnes adresses à Tripoli pour tout besoin …mais j’ai été étonné de constater que les marocains ( en période de

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début des années 80) ignoraient presque tout de la Libye ou ayant des idées fausses sur le pays et le peuple…

Mon vol avait transité par l’aéroport Leonardo da Vinci de Rome. et l’avion devait atterrir au moment du coucher de soleil à l’Aéroportde Tripoli …par un mois de Ramadan en plus … et j’étais en jeun malgré la possibilité pour un musulman de rompre le ramadan en cas de long voyage …

Hall de l’Aéroport de Tripoli détruit complètement par des milices en conflit.

Aéroport de Tripoli presque totalement détruit lors de la révolution de 2011 et après

Pour ma première visite à Tripoli et à mon arrivée à l’aéroport de la capitale libyenne , j’ai été étonné par l’édifice très moderne del’aéroport , les constructions et équipements de pointe déployés et mis au service des passagers et des visiteurs …l’Aéroport ne manquait ni d’espace , ni de moyens sophistiqués …

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Mais le plus étonnant aussi était aussi ce « laisser-aller » flagrant et l’accueil parfois insultant de la part d’un personnel qui semble venir d’une autre planète avec un niveau d’éducation trèsbas et une présentation laissant à désirer …

Des boutiques et des espaces de restauration, librairie, et bureaux de services tout le temps fermés, un service ignorant le client et un calme glacial …pour un portail d’accueil …

Arrivant en plein Ramadan, au moment de la rupture du jeun « IFTAR »…il n’y avait que quelques policiers et hommes de mains africains (pour les bagages) pour nous accueillir dans une ambiance froide au milieu de gardes avec ou sans uniformes …mais kalachnikov en mains ou sur l’épaule… à nous regarder comme des forcenés …

Il n’y avait rien d’écrit sur les formalités ou les choses à déclarer , mais je prenais toujours le soin de demander des précisions avec des réponses difficilement arrachées aux officiels …

Pour le formulaire de change et la déclaration de devises …les libyens n’aimaient pas le dollar américain …n’aimaient pas l’écriture en latin …les cravates au cou ( !!) … et surtout ils détestaient la discussion d’un ordre ou la réplique à toute insulte …Il fallait observer , noter et surtout ne pas réagir en territoire et environnement hostiles….

Les formalités terminées , je pouvais enfin respirer et sortir en tirant ma valise vers le grand hall désert et sans vie et activité cherchant en vain une cafétéria ou un restaurant pour mon « IFTAR » …

Complètement déçu je demandais à un pakistanais derrière un comptoirvide …si je pouvais boire de l’eau puisque je suis resté à jeun …

Rupture du jeun (Ramadan)

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Ma surprise était de taille, lorsque le pakistanais m’invita à l’intérieur au milieu d’autres pakistanais et asiatiques « musulmans » qui rompaient le jeun…bien accueilli, je n’ai manqué de rien et avec tous les soins de générosité …

Les libyens sont très accueillants en général et très serviables aussi , mais sans avoir établit au préalable des relations et des amitiés , il ne fallait pas s’attendre à un accueil à l’aéroport malgré mes télex(s) de notification à l’agence maritime désignée pour m’assister à l’Aéroport et me conduire à bon port (Hôtel)…

J’ai pris le temps de découvrir les services de taxis à la sortie etl’ambiance autour de l’aéroport, la route qui mène à la ville , lesvisages et l’ambiance générale et peu commune dans un environnement

pas très accueillant (officiellement) pour un marocain .

J’ai été très agréablement surpris de voir toute cette infrastructure et constructions aux normes européennes …Aéroport moderne , autoroutes très vastes et d’une qualité de matériaux et finition exceptionnelle …un grand effort aussi pour réaliser des buildings d’Hôtels et autres administrations , Supermarchés à étageset hôpitaux était visiblement agréable à constater en plus de la beauté du centre ville , de la corniche et d’artères très spacieux autour de la ville , du port et du centre de la ville de Tripoli avec une imposante et bien célèbre PLACE VERTE ou Assaha Alkhadra (appellation de l’époque Kadhafi) …

Mais la déception s’affiche tout de suite au vue de l’état général du parc automobiles , taxis et autres véhicules sauf pour les véhicules militaires présents partout d’ailleurs …à part le centre de la ville construite par les italiens , il n’y a pas de trottoirs …mais juste des accotements et abords avec des amas de sable fin accumulés partout devant les maisons et les commerces …et j’avais constaté que les libyens étaient peu attentionnés pour la qualité de

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leurs habits et semblaient vivre avec … « âadi » ou « normal » comme disent les habitants en désignant ce genre de laisser-aller… !!

Les panneaux pour afficher les portraits de l’idole Kadhafi sont partout…sans que la population s’en rende compte que la personne idolée ramassait les milliards des richesses du pays en laissant le pays presque en état de siège « décrété intérieurement » pour se libérer des grappins de l’impérialisme ….. !!

Panneaux omniprésents de portraits de Kadhafi

Les prestations de services étaient, partout, à la limite du ridicule …

Sur quelques collines artificiellement élevées et même sur quelques bâtiments surélevés …des batteries anti-aériennes étaient bien visibles …puisque le pays se sentait toujours visé par « l’impérialisme » comme le répétait le leader MOUAMMAR ou ALKAYED dans ses discours interminables à l’image de Fidel CASTRO …

Le plus étonnant était cette mobilisation général de la populationactive et des enfants avec cette politique très dangereuse de

« ACHAAB AL MOUSSALLAH » c'est-à-dire « Le peuple armé » ou tout lemonde presque a accès à un fusil kalachnikov après un entrainement àl’école , au travail ou à la caserne …le pire est que l’instructionmilitaire est incorporé – avec uniformes – au programme des écoles

de petits enfants …

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Faisant croire à son peuple que la Libye est visée par l’impérialisme et que toutes les forceset populations libyennes doivent être et restés en état d’alerte permanante

Enfance ratée et graves conséquences en vue…

Durant les années 70 et 80 , l’instruction militaire est incorporée au programme des écoles…primaires de Libye

Et le destin a voulu que ce soit cette génération-là qui prendrait les armes contre « ALKAYED » pour mettre fin à presque 40 années d’humiliation de tout un peuple au nom de principes progressistes périmés et des idées ne servant qu’à engraisser la famille et l’élite de Kadhafi …

Déjà en 1983 , j’avais pris le risque de confier à un responsable libyen que l’idée d’armer le peuple de cette manière-là …et surtout ces enfants innocents aurait des conséquences dramatiques pour le régime d’abord et pour la société libyenne qui souffrira pendant desannées de cette folle décision et politique d’armer tout le peuple

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et de l’habituer au langage des armes tellement ancré dans l’espritsde ces enfants-là … !

Mon ami, qui est décédé durant la guerre civile de 2011, s’était contenté d’un sourire incriminant tout en me pardonnant la brève ingérence à la limite de l’acceptable …

Mais, Il fallait voir ces petits enfants scander à la place des chansons pour enfants d’écoles :

“LEESH ELKHOOF - LEESH ELKHOOF – DABBABA WEE KALASHNIKOV “!!

Veut dire : Pourquoi avoir peur alors que nous possédons les chars et Kalachnikovs !!

Tout ce qu’il y a de cruel pour toute une génération perdue en conséquence …

Partout dans les administrations, hôtels , Ports , Compagnie et fabriques de jeunes libyens armés dit « ALLIJANES ATTAWRIYYAS » ou Comités Révolutionnaires brandissaient des armes automatiques comme s’il s’agissait d’un jouet ou d’un briquet pour allumer sa cigarette….et pouvaient descendre n’importe quel personne sous prétexte de simple doute sur ses sentiments envers Kadhafi et sa JAMAHIRIYYA LIBYENNE …

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Les très dangereuses Milices ou « Brigades » Révolutionnaires de KADHAFI

A titre d’anecdote, j’avais visité la ville de Benghazi en 1983 et àl’Aéroport j’attendais mon chauffeur et je voulais faire ma prière …on m’indiqua avec gentillesse un hangar qui devait servir de mosquée…ma surprise était de taille quand je réalisais qu’il s’agissait en fait d’un dépôt d’armes individuelles de tout genre…tellement cetteculture du peuple armé était bien vraie et prise à la légère déjà audébut des années 80…

Arrivé à l’hôtel Foundok Al Kabir , réputé meilleur Hôtel de la place et recevait même très souvent des chefs d’Etats et des délégations officielles …

Le Grand Hôtel – Tripoli (actuellement)

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A la réception, s’il était normal de demander un paiement à l’avance, en devises changées sur place …l’accueil ne l’était pas etle service est souvent médiocre …mais tout cela n’était rien à côté de ces visites et fouilles de sécurité avec parfois des questions ridicules , des remarques insupportables ou confiscation de revues ou tout objet qui n’est pas au goût des visiteurs …comme contenir ledrapeau américain … !

Il faut préciser que critiquer ou insulter le Président américain Reagan , Thatcher pour la Grande Bretagne , la France et Israël étaient le menu principal des « discours » de Kadhafi et des manifestations régulières de milliers de libyens un peu trop fiers de posséder un arsenal militaire qu’il croyait suffisant pour affronter n’importe laquelle des armées du monde …

Avant la frappe américaine du 14 Avril 1986 , il était interdit de prononcer les noms Reagan , Thatcher et plusieurs autres personnagesennemis du peuple libyen (selon les dirigeants) et de remplacer leurnoms par des titres et noms insultant même au journaux télévisés officiels…

Je me rappelle de cette scène horrible de la place verte , ou des milliers de manifestants défilaient avec un âne sur lequel avaient marqué le nom de REAGAN …à la fin la manifestation , la foule attaque à coups de couteaux et sabres le pauvre animal pour le déchiqueter complètement !! la scène était transmise en direct sur TV …comme cette scène de pendaison à la Faculté de Tripoli d’un étudiant (ne partageant pas le soutien à Kadhafi) et un pro-Kadhafi qui saute sur le corps pendu comme pour vouloir arracher la tête au reste du corps…

C’est dire combien il était risqué de débarquer en LIBYE de KADHAFI à cet époque des débuts des années 80 en étant citoyen de pays ennemi …comme le Maroc de Hassan II.

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Accueil de Mouammar KADHAFI au Maroc avant que le colonel ne se convertisse en premier ennemide Hassan II

Mais comme je devais me concentrer sur l’objet de ma mission , je passais outre mes problèmes de room-service et manque de serviettes et draps propres pour aller droit au but et visiter enfin L’Agence maritime afin de préparer l’escale du navire et l’opération de débarquement au port de TRIPOLI…

Un beau port de Tripoli -Libye

En arrivant au siège de la compagnie étatique censée être notre agence de consignation maritime et assistance locale , j’étais tout simplement ignoré pour un bon bout de temps avant d’être reçu par unsimple employé après avoir bu une dizaine de tasse de thé servi à laronde par un responsable du service cafétéria.

Après discussion et un repas à l’extérieur, je devais passer au geste de politesse et sortir un petit cadeau pour mon interlocuteuren lui demandant de me présenter aux autres membres de la Direction pour remettre aussi des souvenirs …

Le geste avait bien fonctionné et même bien plus que prévu … car abstraction faite de mes petits cadeaux , les libyens se sont montrés plus généreux , intelligents bien que paresseux et surtout très professionnels pour me faciliter ma tâche …

Le premier responsable à m’avoir bien reçu était Mr Omar BOURGUIGUA ancien Directeur Général de l’agence GERMA SHIPPING ou AMINE LAJNA

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ACHAABIYYA comme désigné en Libye (une sorte de nomination temporaire à la ronde ) …

En libye , il ne faut pas se fier aux nominations qui n’ont pas beaucoup de signification et pour être bien servi , il faut rechercher dans chaque structure et organisation les hommes-clés et les vrais responsables et professionnels en charge du fonctionnementde l’Administration ou l société…

L’un de ces responsables opérationnels et professionnels confirmés est Mr Omar BOURGUIGUA qui m’avait confié toutes les informations utiles , structure GERMA SHIPPING , Historique , personnes à contacter et beaucoup de conseils et astuces pour bien communiquer avec un libyen…et surtout ce qu’il fallait éviter de faire ou dire en Libye …

Et , c’est grâce à Mr Bourguigua et un autre ami opérant dans les services portuaires que ma première mission était une réussite totale à la satisfaction de mes patrons de la COMANAV…qui se plaisaient à m’appeler Monsieur « Libye » …

Une vue de l’avant-port de tripoli et de la belle corniche

Je fus aussi agréablement étonné de rencontrer des professionnels etcadres qui m’avaient honoré de leur qualification, niveau linguistique (plusieurs langues) et professionnel, leur réponses précises, leur modestie et disponibilité …

J’ai une pensée pour mon ami le gentlemen Mr Housni ELBEY , la sympathie de Mr Mostafa OMRAN , la générosité de Mr Fawzi ALJADAA etbeaucoup d’autres amis que j’espère qu’il sont encore vivants en Libye d’aujourd’hui…

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Et , Il y avait bien sûr cette « tête pensante » du shipping libyen , Mr Fatah Ibrahim El Fituri qui avait son bureau au PIREE (PIRAEUS)en Grèce pour diriger toute cette activité de consignation maritime et affrètement …et surtout pour recevoir les transferts de devises en Grèce pour les navires qui escalent à Tripoli et tous les ports de la Libye occidentale …soit un chiffre d’affaire en devises entre 100 et 150 millions de dollars d’activité et de mouvement de façade…

De l’avis de tous ces professionnels , le système libyen de l’époquetournait à la catastrophe et beaucoup d’intrus arrivant directement des services de sécurité libyennes «Allijanes Attawriyya » ou comités révolutionnaires souvent membres de la famille ou cousins de Kadhafi …

Ces responsables qui étaient parachutés partout arrivaient à semer la pagaille dans presque tous les secteurs d’activité …

Réalité étonnante…La grogne était presque générale et tout le monde critiquait Kadhafi(même ceux qui profitaient de son système) et plus je visitais de régions et plus je discutais avec les gens je ressentais que le régime de Kadhafi n’était pas à l’abri d’un « BIG BANG » politique et d’une révolution qui devait éclater à tout moment…

En fait , j’essayais toujours de ne pas aborder de sujets politiques, ne jamais critiquer le régime …surtout que ma mission était purement professionnelle et que les libyens me traitaient d’une façon exceptionnelle .

Les missions se succédèrent et je passais d’une performance à une autre tout on gagnant des amitiés importantes et un pouvoir indirecten Libye .

Parmi les réalisations exceptionnelles que j’avais réussi en Lybie ,il y a ce transfert qui était inespéré et que l’on n’attendait pas …en faveur de la COMANAV et qui s’élevait à 2.500.000,00 US dollars en compensation des retards de détention de nos conteneurs en Libye que jamais GERMA SHIPPING n’avait payé auparavant…

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Libyens en quête de visa pour le Maroc… Les libyens qui étaient fascinés par le Maroc bien que beaucoup parmi étaient attirés par l’alcool et les joies de la vie pour lesquels ils dépensaient des fortunes provenant de leurs dotations en dollars que le régime distribuait généreusement et bêtement à l’époque.

Mais les libyens devaient obtenir un visa pour entrer au Maroc et étaient obligés de se faire impérativement inviter par une Compagnie, une Administration ou une association marocaine .

Cette situation-là devait aussi m’aider à consolider mes rapports privilégiés avec les libyens en leurs offrant l’opportunité d’avoir rapidement des visas d’entrée au pays.

A titre d’anecdote…, pendant la période du blocus imposé à la Libye et l’interdiction d’importer tout produit américain ,le « Chewing Gum » apprécié par les filles libyennes est devenu « denrée rare » très demandée par les libyens ;

Et… offrir un petit paquet de cinq tirettes de chewing gum  pouvait faire des miracles…

Mais , le plus dramatique des conséquences , à la fois de la mauvaise gouverne du pays et de l’embargo onusien (décrété par l’ONU) était de voir les grands supermarchés et magasins de distribution souvent vides assiégés de milliers de libyens pour acheter en masse des produits que les navires n’avaient pas fini de

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débarquer …parfois c’est les chaussures , parfois le beurre , les habits ou encore des consommables industriels…

Une population faisant la queue devant les centrales d’achats ou les administrations était uneimage du quotidien libyen

C’est dire combien le peuple libyen avait souffert alors que le paysétait très riche en fait … car j’ai souvent vu des images de libyensqui vendaient leur affaires personnelles en souk du centre ( derrière la fameuse place verte) pour nourrir leur enfants…contrairement à ce qu’affichait les panneaux de propagande et les médias locaux ( de KADHAFI) .

Importation massive de « Dynamite decarrière »

Pour le projet du grand fleuve

La Libye a importé pendant quelques années des quantités énormes de dynamite ( dite de

carrière)

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Parmi les cargaisons que nous avions transporté pour la Lybie , il yavait ce marché de dynamite de carrière que la société marocaine CADEX était arrivée à en décrocher quelques commandes parmi une quantité effrayante que la Jamahiriya (Lybie) importait de Grèce , d’Italie , du Maroc et bien d’autres pays exportateurs.

Le pays devait importer à cette époque-là plus de 6000 tonnes par année ! … les opérations que j’avais conduite pour notre clientmarocain portait sur deux cargaisons successives de 800 tonnes chargés en conteneurs 20’ sur notre navire M/S ANWAL au départ de Casablanca et 650 tonnes par M/S Vinland Saga au départ de Casablanca …et le destinataire n’était autre que l’armée libyenne avec remise des documents (que j’avais remis personnellement) à la Direction dite «ASSILAA AL AMNIYA » qui veut dire matériaux de sécurité.

Mais beaucoup de cargaisons de ce genre partaient d’Europe à l’époque des travaux de construction du fameux grand fleuve qui n’a servi à rien …

Mais jusqu’en 1997 , le bureau de Germa Shipping de Piraeus/Grèce (ony reviendra plus loin) affrétait toujours des navires pour transporter d’Italie et de Grèce des quantités importantes de dynamite…ce qui était parmi les éléments de dispute pour manque de avec GERMA SHIPPING devenu par la suite mon partenaire et mon employeur aussi .

Le régime «   révolutionnaire   » était au service de la famille KADHAFI

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Mouammar KADHAFI prétendait qu’il était le père de la 3ème théorie économique universelleaprès le capitalisme , le communisme / socialisme , c’était le livre vert !

Depuis l’arrivée de Mouamar El KADHAFI au pouvoir ce 1er Septembre noir de 1969 …le pays est replié sur lui-même , fermé totalement au monde dur le plan informations sur la société et les performances del’économie et des évènements locaux …comme si la nation est plongée volontairement dans une obscurité totale qui éclipsera tout son rayonnement et tout rôle positif de la Libye dans la région et son environnement international (sauf pour y mettre une main noire commeen Irlande ou en Afrique ) , ce qui va peser lourdement sur le plan des échanges culturels, la publication des informations sur l’histoire du pays et les ambitions de tout un peuple.

Toute information concernant la richesse et les revenus du pétrole devient « secret d’Etat » ainsi que toutes les données sur la population , l’économie , la comptabilité générale et les comptes dupays …la Libye devient un véritable mystère et « zone obscure » de cette partie du monde malgré la richesse de la culture libyenne …

La Libye est un beau pays avec des potentialités touristiques et économiques indiscutables. Sa population ( surtout à l’intérieur du pays) est très accueillante et d’une générosité exemplaire … mais le système KADHAFI voulait étouffer tout développement et modernisation ( ouverture sur le monde extérieur) de crainte de principes et d’idées « impérialistes » comme Mouammar KADHAFI et sesserviteurs se plaisaient de dire…

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Images de la vie paisible d’avant l’ère Kadhafi

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Il était une fois à Zouila…

Ce passage-là , est dédié à la mémoire de mon ami MOUBAREK , le plus gentil de mes amis libyens décédés d’un accident de la route peu de temps après ma visite à Zouila…

Le Guide de la révolution Mouammar KADHAFI et son clan, n’avaient pas seulement spolié les revenus pétroliers du pays, mais ils allaient commettre une erreur fatale à l’environnement et aux réserves (nappes phréatiques) en eau potable qui assuraient la survie à la moitié de sa population vivant au désert.

Pour l’histoire et pour les générations futures , voici les détails de ce qu’on peut appeler : Crime environnemental (ou crime contre l'environnement ou crime écologique)

L’espace concerné est surtout la région de FEZZANE et son environnement.

Cette vaste région de FEZZANE représente , à elle seule , le tiers de la superficie de la Libye …

Une des Oasis de la région de Fezzane (avant le projet)

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J’avais quitté la COMANAV en Janvier 1991 pour être nommé DirecteurGénéral de la Sté CASAMAR armateur d’un navire de 1500 T et y établir une filiale « Commerce International » avec comme objet principal l’exportation sur la Libye et la participation à ses appels d’offre et marchés importants grâce aux soutien d’amis libyens.

En 1992 , j’ai été invité à Zouila par mon ami M’BAREK – décédé peu après ma visite –

Zouila est une localité à plus de 800 km au sud de Tripoli sur l’axeSEBHA dans la région de Fezzan peuplée dans sa majorité d’une population d’origine africaine et de couleur … et ce qui m’avait marqué ,d’abord , est cette générosité , gentillesse et disponibilité extraordinaires et sans limite de cette population paisible , fière de sa culture et se contentant du minimum pour vivre dans un environnement de desert et dans des conditions peu généreuses …

Le barbecue, à la libyenne , fait partie des coutumes de générosité de ce peuple afro-arabe

Pour le dîner , mes amis avaient tout prévu pour aller égorger un mouton et faire un barbecue sur les dunes avoisinant la localité …etj’ai apprécié la logistique déployée avec habilité et esprit d’équipe œuvrant dans la joie et le bonheur …

A titre d’anecdote , après avoir bu assez d’eau minérale locale , jedevais me soulager la vessie un peu plus loin …et on m’indiqua

l’arrière dune et exactement le lieu ou on avait égorgé le mouton etenterrer les abats …pendant que je me dissimulais derrière un Amatde sable …de maigres chiens s’approchaient du lieu d’enterrement desabats …et je m’amusais à faire signe des doigts pour attirer leurs

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attention…en fait , ce n’étaient pas des chiens …mais des loups dudésert !! …la population arrivait à vivre aussi avec ces loups quiattaquaient parfois leur cheptel …mais sans danger pour l’homme …

Loups du désert

En faisant un mini-Safari dans les alentours , mon ami M’BAREK et mon excellent guide me confia un secret en m’apprenant une techniquepour faire monter de l’eau potable pure…Mon étonnement était extrême lorsque mon ami avait juste à trouver le bon endroit et creuser quelques 50 cm pour arriver à du sable humide et laisser apparaître de l’eau pure qui s’installait tranquillement dans le trou …mais d’une pureté exceptionnelle …

j’étais impressionné par la générosité d’un environnement pourtant hostile d’apparence …Mr M’BAREK m’avait expliqué que l’eau est accessible à des profondeurs allant entre 50 et 80 mètres avec une nappe phréatique souterraine très importante et surtout exploitée sagement à l’époque (cf. carte ci-dessous avec nappes phréatiques en marron claire).

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Belle oasis du désert libyen comme il n’en existe plus…

Aussi , les palmeraies autour des peuplements parsemés dans cette région désertique du Fezzan étaient bien organisées et entretenues avec une identification remarquable des propriétés ou chacun reconnaît ses propres palmiers parmi des centaines qui se ressemblent !! …

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Oasis et palmiers du FEZZAN avant le projet du grand fleuve

Mais un projet fou et criminel allait affecter cet écosystème parfait et bouleverser la vie de toute une population paisible ….sachant que la région regroupe des tribus liées par une relation de parenté et cousinage au chef de l’Etat comme les OULAD SLIMAN , OUARFALLAS , MGARHAS , KEDADFAS (tribu Kadhafi) et autres tribus …

Le Colonel Mouammar KADHAFI s’était déclaré « GUIDE SUPREME » pour son peuple avec un arsenal de théories , idées et principes consignés dans son « LIVRE VERT » avec une propagande et des structures budgétivores de milliards de dollars pour accompagner cette théorie mystérieuse qui semblait devenir « Obsession » pour lefou aux commandes de ce pays …

La politique et l’esprit Kadhafien s’articulait sur Trois idées principales :

1. Vaincre cette hantise de pénurie d’eau, et le guide devait trouver la solution-miracle et une idée de « génie » pour pouvoir satisfaire aux besoins en eau potable ( voir d’irrigation) pour un pays dont 90% de la

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superficie est désertique , région dite «  désert mort » qui n’avait connu de pluies que deux fois en une période de 10 années !.2. Convaincre son peuple que la Libye est « visée » par

l’impérialisme et que le pays est en danger permanentnécessitant une mobilisation générale et permanente armes

en mains …avec un effort d’armement effréné !!.

3. Garder la mainmise sur le pays avec des brigades et groupes militarisés sans avoir une armée réellement structurée et organisée (sa bête noire) et faire gouverner le pays par des proches et des cousins même ignorants. !!

C’est ainsi que le grand projet de « GRAND FLEUVE artificiel » ou ANNAHER AL ÂADIM était présenté le 03 Octobre 1983 comme une idée salvatrice du génie-prodige Mouammar KADHAFI !. Et pour ce faire , la mobilisation est générale pour creuser d’un bout du pays à l’autre et mobiliser tous les moyens pour l’alimenter de sources sûres pour oublier la pénurie d’eau …Le 28 Août 1984 , le guide de la révolution donne le lancement aux travaux qui débutent dans la région de ASSARIR ville de JALOU avec la perspective de creuser 279 d’énormes puits pour pomper dans les réserves locales avant de fairedrainer les eaux de fleuves africaines et principalement le Nil… !!

En 2002 , Panapress soulignait dans un article special , cette frénesie de KADHAFI à vouloir à tout prix des eaux du Nil…alors , ilne cessait de multiplier les visites en Afrique …

Later on , on 2002 ,Panapress to report again : Libya Seeks to Join Nile Basin Group

Nairobi- Kenya (PANA) -- Libya's Minister for Water Resources, Abdul Majid Alquood, on Thursday delivered a special message from Libyan leader Col. Moammar Kadhafi to President Daniel arap Moi in Nairobi. An official statement said Kenyan Foreign Affairs and International Cooperation Minister Marsden Madoka met and held consultations with the Libyan minister after he delivered the message.    The statement quoted Alquood as saying the message was in connection to Tripoli's intention to join the Nile Basin Authority, which groups 10 riparian countries.    "Libya wishes to play a proactive role in the Nile Initiative against the background of its experience in facilitating Libya's Great Man-made River, whose target is to harness one billion cubic metres of water annually," he said.    Madoka said the idea would be explored by the Nile Basin member states. 

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   "Integration is a prime goal of the African Union and ways of harnessing resources, for the benefit of the African people requires to be consolidated," the statement quoted Madoka as saying.    States constituting the Nile Basin Authority are Burundi, Democratic Republic of Congo, Egypt, Eritrea, Ethiopia, Kenya, Rwanda, Sudan, Tanzania and Uganda. These countries signed an agreement in November 1999 on ways of exploiting and developing theNile basin for their mutual benefit.    This was based on the Nile Basin Initiative, launched in February 1999 under the auspices of the World Bank, as a regional partnership within which the countries agreed to pursue common and long-term development of its waters.

03 octobre 2002 12:30:00

La Libye était annoncée d’ores et déjà ,par les medias de propagandeKADHAFI, comme le nouveau « Eden » et paradis sur terre avec son fleuve artificiel dont la longueur de la canalisation était estimée à 4000 km pour un budget de 27 milliards de dollars augmenté ensuiteà 35 milliards de dollars ….pour un pays dont le revenu pétrolier pouvait dépasser facilement les 50 milliards de dollars.

Seulement, les études réalisées par de respectables bureaux d’étudesne donnaient pas longue vie au projet s’il doit compter uniquement sur le pompage des eaux des réserves locales des KOFRA – ASSARIR – FEZZAN – HASSNAOUA – GHADAMES et HAGHBOUB ultérieurement …la sonnette d’alarme était tirée avec idée sur la catastrophe écologique ou l’effet inverse à Moyen terme .

L’Echec d’importation des eaux du Nil …

Dans la perspective de pouvoir bénéficier des eaux du Nil au départ du Soudan , le Colonel libyen tente une vraie parade nuptiale auprèsdu président soudanais…

Le rapprochement du Colonel Mouammar KADHAFI avec le régime du Président Omar AL BASHIR du Soudan , la coopération fraternelle chantée jusqu’au clonage du système des « Comités Populaires » made in Libye , les gestes de générosité de KADHAFI et ses milliards de dollars promis au Soudan …n’ont pas réussi à atteindre le but et obtenir le droit de pomper les eaux du Nil …pour la simple raison que le Soudan n’est pas le seul pays à gérer les eaux du Nil* …

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*Le Nil long de 6 671 kilomètres, est le 2ème plus long fleuve du monde après l’Amazone. Son bassin versant couvre près de 3 millions de kilomètres carrés, soit une superficie égale au dixième de tout le continent africain. Il est formé par la confluence, à Khartoum, du Nil Bleu et du Nil Blanc. Le Nil Blanc prend sa source dans le lac Victoria, un immense réservoir d’eau douce de 69.485 kilomètres carrés …mais , c’est le NIL Bleu.

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NIL : Fleuves et ramifications

Mouammar KADHAFI , mis devant la réalité amère, tente l’impossible avec des rapprochements ( l’un après l’autre) douteux avec les autres Présidents du Soudan et d’Egypte. Question qui restait en suspens et qui en disait long sur cette folie des grandeurs…

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Deuxième tentative d’obtenir les eaux du Nil auprès de l’Egypte : Mission impossible 2

Et puis , au tour de l’Egypte et son Président Housni MOUBARAK de subir la même « Parade nuptiale » et de vivre le même scénario à quelques détails près….avec à chaque fois un gaspillage de milliardsde dollars sans arriver au but…

Il faut dire aussi que le Président égyptien était plus malin , sachant bien qu’il lui était impossible de permettre le pompage des eaux du Nil , il avait quand-même jouer de promesses ( d’étude avec les pays concernés) pour soutirer le maximum de profit d’un guide dela révolution follement engagé pour réaliser son rêve de « ANNAHER EL AADIM » ou grand fleuve.

C’est ainsi que Kadhafi « isolé » et « déçu » par son voisinage immédiat, allait se contenter des eaux des réserves locales ( nappe phréatiques de ressources non renouvelables) pour continuer la réalisation du projet en partie à travers et la mise en service par étapes : JDABIA 1989 – SIRTE 1991 – TRIPOLI 1996 – GHARIANE 2007 .Mais le résultat était catastrophique sur tous les plans avec

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les difficultés logistiques , la rouille des grosses pompes danoisesqui avaient souffert d’attaque par le chlore utilisé pour la purification des eaux et la baisse continuelle du niveau des réserves non-renouvelables en eaux . Le projet avait aussi entrainé la négligence des stations de dessalement d’eau de mer qui permettaient de résoudre (en partie) le problème des besoins en eaux.

La décision et la réalisation du projet du Grand Fleuve de Mouammar KADHAFI était une décision grave avec des conséquences dramatiques pour le peuple de la région désertique du FEZZANE au Sud-est libyen et El Kofra en particulier …zone réputée par ses eaux minérales naturelles d’une qualité unique.

Le Guide Suprême décide ,alors, de pomper les eaux des réserves et nappe phréatique de la région ce qui ne tarda pas de provoquer une baisse alarmante du niveau d’eau passant d’une disponibilité de 100 mètres de la surface à plus de 600 m de profondeur au coût de nouveaux investissements en pompes que la population (pauvre) n’en possédait pas les moyens …

le résultat était dramatique pour les oasis , la palmeraie et des populations qui devait déménager …

Libya avait investi près de $20 billion pour construire la rivière qui devait impressionner le people libyen et lui promettre un paradis vert en plein desert …

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Carte du projet dont les 3 premières phases ont été réalisées (mais arrêtées) et les puits deprise d’eaux sont désignées par le signe « lll » 

Mouammar KADHAFI essayait de se rattraper en vain en proposant à sescousins des villas clés en main sur les bords de SIRTE …mais les tribus ont refusé et avaient même menacés de prendre les armes contre le Guide de la révolution « Verte »…

Beaucoup de libyens pensaient réellement et à haute voix lorsqu’ils pouvaient le faire , que le pouvoir KADHAFI est une sorte de grosse tempête de sable qui ravageait le pays provoquant lapidation , destruction et affectant sérieusement l’avenir de deuxgénérations pour un peuple qui avait tous les moyens de vivre au moins au niveau des pays du Golf …

Mouammar KADHAFI ou Le « Guide Suprême » était aussi un fanatique des traditions et coutumes tribales des populations nomades du désert et se plaisait de recevoir ses invités de VIP sous des tentes ( symbole tribal de la famille) et leur offrir du lait de chamelle… coutume qu’il a toujours essayé d’imposer aux pays occidentaux ( comme la France) lors de ces visites officielles …

Le guide devait perdre énormément de temps à réunir sous ses tentes des tribus rivales pour régler des problèmes et calmer des disputes en marginalisant complètement les structures étatiques …

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le Colonel KADHAFI bien heureux de recevoir invités et collaborateurs sous ses tentes

Seïf el Islam KadhafiLa malédiction de son projet de succession au pouvoir

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Le détail qui allait provoquer la colère du peuple et ternir encore l’image et faire chuter la popularité de Mouammar El Kadhafi était bien sa décision de faire hériter le pouvoir à son fils Seif-El Islam et d’entériner sa mainmise sur les revenus du pétrole en cumulant aussi la responsabilité totale du système de répression desopposants …

Tout le monde se rappelle des dernières tentatives du fils du colonel Kadhafi, Seif-El Islam de reprendre le contrôle de la situation, après les défaites cuisantes devant les rebelles, en arrachant d’un « douteux » Conseil suprême des tribus libyennes réuni dans le sud de la Libye une nomination en tant que représentant légal .De nombreux chefs y ont longtemps été opposés etsa nomination se négociait (deux années avant la révolte de 2011) dans les coulisses du Conseil.

Réunion de chefs de tribus libyennes

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Ma dernière mission avant le départde chez la COMANAV

Le Car-ferry M/V Marrakech de la COMANAV

Pour les festivités de ce 1er Septembre 1989 , le Roi Hassan II devait se rendre par bateau à Tripoli pour participer à l’évènement national Libyen ...

Le Roi Hassan II à bord du navire C/F Marrakech

J’étais en congé , lorsque la Direction m’avait appelé en urgence pour me rendre en Libye en faisant équipe avec mon ami le CommandantCHAHBAR pour une mission très spéciale …

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On m’informa par la suite d’un besoin urgent d’une passerelle de débarquement pour la visite royale et de services particuliers que je devais discuter avec les services de sécurité et du protocole royal déjà partis sur place …

Le premier problème à régler d’urgence était de changer le poste affecté à l’escale du Car-ferry qui avait l’obligation d’ouvrir sa rampe arrière (porte garage) sur le quai en angle droit.

Les autorités portuaires n’avaient pas bien coordonné l’escale et l’angle d’accostage avec la COMANAV et le service Car-ferry ne dépendait pas de mon exploitation et personne ne m’avait consulté pour conseil … Alors , le manque de coordination avait occasionné l’affectation d’un poste d’accostage avec un angle à 70° ce qui signifie « blocage et impasse » …

En présence du Commandant du port Mr Mohamed EL MILADI , un libyen très professionnel en gestion portuaire , de représentants marocainsde l’Ambassade et de la sécurité royale et de mon ami le CDT CHAHBAR, l’angle avait été enfin corrigé à l’aide d’une construction métallique construite sur des poutrelles d’acier immergées et guidées par des plongeurs de la gendarmerie maritime .

Il restait ,donc, le problème majeur de la passerelle que je devais régler à tout prix …

En Libye , j’avais lié amitiés avec le Président de la compagnie maritime nationale libyenne la GNMTC , monsieur Miloud Said LAHRACH …personne serviable et très efficace qui a intervenu auprès de la LYBIAN AIRLINES pour mettre à notre disposition une passerelle automobile d’un BOEING 747 …et on ne pouvait pas espérer meilleure solution avec juste une construction à souder pour rallonger la portée.

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Une passerelle de la BOEING 747 adaptée de justesse pour le navire Marrakech

Outre, l’honneur d’avoir servi durant l’escale du bateau de Sa Majesté Hassan II , j’avais gagné en relationnel en me faisant distingué encore une fois …sans reconnaissance de la part de mon employeur la COMANAV (aucun geste de remerciement ) et c’était l’unedes raisons principales de mon départ de la COMANAV le premier Janvier 1991 …

Mais si au niveau de la COMANAV , ma performance n’était pas considérée à sa juste valeur …mon image de marque devenait exemplaire parmi mes amis libyens de GERMA SHIPPING TRIPOLI (agent local COMANAV) qui allaient devenir mes patrons et partenaires pour encore sept années de collaboration …

Triste fin de service chez mon premier employeur…

Après avoir quitté la COMANAV sur une décision motivée par une accumulation de déceptions après le départ du Mr Mahmoud BENJELLOUN de la Direction Exploitation et Commercial et la baisse d’efficacité dans la gestion globale de l’exploitation … mes performances personnelles et ma réputation m’avaient disposé à prendre le poste de Directeur Général administrateur dans une autre compagnie maritime …de moindre dimension …

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Nouvelle responsabilité chez CASAMAR..

CASAMAR était une société Maroco-Belge de transport maritime avec unnavire propre de 1500 T de capacité …mais l’unité était trop vieille pour être rentable et la société accumulait des résultats déficitaires …

Pour moi , l’offre d’une situation intéressante dans un secteur qui m’est très familier méritait l’aventure , puisque j’y prends entièrement la responsabilité en tant que Directeur Général Administrateur avec une participation au capital social de 10% …bien

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que le portefeuille « clients » était presque à reconstituer car l’ancien dirigeant avait – volontairement – transférer l’essentiel de l’activité à une autre société nouvellement créée .

J’ai décidé alors de continuer à collaborer avec le partenaire Belge, Mr Marc … trop déçu par ces associés marocains qui l’ont trahi en fin de compte…

La première mission urgente pour redresser la situation était de « se débarrasser » du navire-fardeau le M/S MOULOUYA que Marc voulait liquider pour renflouer la trésorerie de la société …En fait, le Belge voulait couvrir le produit de la vente en devises et tirer la valeur de ses parts …sauf que le coup était « légalement » pénalisé par l’Office des Changes et le prix de la vente devait êtretransférer au Maroc.

Finalement , Marc avait réussi à vendre le navire M/S Melouiya …la seule unité immatriculée par la compagnie auprès des services de la Marine Marchande locale pour bénéficier du « Statut d’armateur » quidonne le droit d’affréter des navires à tout moment …

C’est pour cette raison , que la compagnie devait remplacer le navire dans un délai maximum de six (06) mois pour garder son statutet titre d’armateur national …mais la société et les partenaires manquaient de moyens financiers et de fonds …les banques ne suivrontjamais ( trésorerie catastrophique) …

Alors…une opportunité-surprise s’était offerte à moi à travers les amis libyens et le soutien insistant d’un grand homme d’affaires marocain …Mr FETTOUH alias EL HAJ.

En fait , EL HAJ était chargé de mon contact – par les services de renseignements Libyens …en occurrence un très mystérieux Ibrahim F.F( I.F.F) dont la présentation est ci-dessous détaillée – et un exceptionnel concours de circonstances devait converger l’attention des libyens sur notre compagnie et sur ma personne.

Intérêt Pour la compagnie , il était fort opportun de proposer un navire de substitution de l’unité vendue avec des caractéristiques identiques , de performances idéalement meilleures, de construction plus récente et avec une formule de cession-investissement très attractive … ! mais il y avait bien sûr une raison à cette offre-cadeau…

Sur le plan personnel , mes performances professionnelles ont beaucoup intéressés les services libyens et particulièrement mes

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missions sans faute et l’opération d’escale au port de Tripoli du navire C/F Marrakech avec SM Hassan II à bord , l’opération du transport des cargaisons de Dynamite de carrière exportées du Maroc vers la Libye …cargaisons de 500 à 800 tonnes destinées aux militaires de SILAA AL AMNIYA ( Provisions militaires) et , surtout , les témoignages de grandes figures du transport maritime et services portuaires libyens à mon égard …

Un rendez-vous est vite pris avec Mr I.F.F un des imminents professionnel du monde arabe en transports maritimes et représentantdu gouvernement Libyen en Grèce- Piraeus pour contrôler , diriger etopérer avec transferts en devises convergeant vers ses comptes pour les produits et services de transports ou activité portuaire sur lesports Libyens …il s’agissait d’un revenu annuel de près de 200 millions de dollars …pour une société maritime dépendante de MAKTAB AL-ITTISSAL AL KHARIJI (Affaires Etrangères) et contrôlée par ALLIJAN ATTAWRIYYA (Brigades révolutionnaires ) ou services de renseignements Libyen .

Dans la gueule du Loup

ALLIJANE ATTAWRIYYA

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ou Brigades Révolutionnaires

Les brigades révolutionnaires d’ALLIJAN ATTAWRIYA représentaient la force de frappe et le pouvoir central du régime tant à l’intérieur (allijan attawriya) qu’à l’extérieur (Maktab al ittissal al khariji)…avec tous les pouvoirs regroupés aux mains de SEIF-AL ISLAM- fils du « Guide de la révolution » MOUAMMAR AL KADHAFI.

Entourés d’hommes de mains « fidèlement engagés » et impitoyables face à toute menace pour le régime , ce cœur du régime était centralisé à BAB AL AZIZIYA – quartier général et siège effectif du pouvoir.

Cette « Elite » ou poignée à la tête du pouvoir , dont MOHAMED AL MAJDOUB – SAAD ISMAEL parmi d’autres …était derrière toutes les mannes de contrôle du pouvoir dans tous les sens imaginaires …à titre d’exemple…

ALLIJAN ATTAWRYA pouvait agir à travers Des professionnels de l’activité portuaire et maritime comme GERMA SHIPPING et ses bureaux en Grèce et dans d’autres pays avec près de 200 millions de dollars de revenues en devises ou encore à travers BREGA PETROLEUM et sa filiale OUM AL JAWABY – Bureau de Londres qui manipulent des centaines de millions de dollars sous couverture d’achats de consommables pour l’industrie pétrolière…contrats de vente del’urée ou encore l’exportation de produits métallurgiques produits à Misurata …autant de flexibilité pour financer discrètement toute activité terroriste et mobiliser des complicités sur beaucoup de pays à l’étranger …la Libye utilisait aussi tous les bureauxde la LYBIAN AIRLINES dont les Directeurs dépendaient directement de ALLIJAN ATTAWRIYA.

La LYBIAN AIRLINES était l’une des plus importantes compagnies aériennes au monde

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En tant que professionnel des transports maritimes ou Shipping , moncontact principal était axé sur l’agent général local GERMA SHIPPING& STEVEDORING Cny –Tripoli qui était «  curieusement » rattaché à MAKTAB AL ITTISSAL AL KHARIJI ( sorte de Ministère des Affaires Etrangères) et dirigé par un « Amin Allajna Achaabiya » ou tout simplement « P.D.G » dépendant exclusivement de ALLIJAN ATTAWRIYYA (Mohamed EL MAJDOUB).

GERMA SHIPPING était en fait un agent de consignation portuaire et opérateur maritime représentant plus de 1200 lignes de transport « obligées » de transférer à l’avance les débours d’escales ou fret vers GERMA SHIPPING PIRAEUS (Grèce) dont le patron est Mr Ibrahim.F.F l’artisan du contact et de la proposition du navire dontj’étais la cible….

Mais la proposition de Mr Ibrahim.F.F n’était pas un « cadeau du ciel » et le navire proposé faisait l’objet de surveillance et de radiations successives d’un pavillon à l’autre dont celui de MALTE était la dernière inscription « temporaire ».

Pourquoi alors , le navire était un « fardeau » indésirable pour le régime et ses agents ??

Durant les années 80 , Mr. I.F.F était chargé par le régime KADDAFI d’une mission urgente et confidentielle d’acquisition de cinq (05) navires de seconde-main de type RO-RO (roulier ou navire garage) et de type classique « conventionnel » pour but de briser l’embargo ou le blocus imposé à l’IRAK par l’ONU au régime de Saddam Hussein …Les navires en question (commandés depuis LE PIREE par notre ami I.F.F) étaient arrêtés et saisis autour du canal et avant d’arriver à AQABA (port jordanien de débarquement des cargaisons destinées à l’Irak) …mais l’un des navire , le M/S Bafina de 1500 tonnes de capacité avait une autre mission…de débarquement d’armement destiné aux combattants palestiniens…opération qui avait bien eu lieu d’après le Mossad…

Mr I.F.F expliquait , des années après l’incident , qu’il était trainé pendant longtemps devant les tribunaux grecs et interrogé par les services d’enquêtes concernés avant d’être innocenté selon ses propres dires…

Pour cette raison, le dit navire était stationné en attente à Tripoli alors que Mr I.F.F tentait de l’inscrire sous un autre pavillon pour le dégager de chez les autorités de Malte qui le pressaient de radier le navire.

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Navire du même type et capacité du M/S Bafina

L’offre de Mr I.F.F était une réelle opportunité pour tout opérateur qui rêve de monter une affaire de transport maritime avec un partenaire qui amène son navire comme apport en nature…mais connaissant bien les libyens et leur mentalité de “non-conformiste” avec une réputation de volte-face à répétition dans les partenariats , business et « deals » ; je me suis fais un plan d’approche pouvant me protéger au maximum de ce genre d’aléas…puisque c’est moi qui était sollicité pour « régler » des problèmes au partenaire et pas tout à fait l’inverse …

En considération de la situation financière désastreuse de la compagnie dont je viens juste d’en prendre commande , je me suis mis d’accord avec mon interlocuteur pour établir une nouvelle société à 50-50 % entre nous avec l’acquisition “EN BONNE ET DUE FORME” du navire avec facilité de paiement par traites mensuelles en respectant les normes de contrôle des changes , de la Marine Marchande et des cahiers de charges debureaux de classement ;Ce fût chose faite , et MEDNAV fût établie comme société de droit marocain armateur de navire de commerce avec comme associés , Mr I.F.F en tant que personne physique et moi-même.Les principes suivant devaient être respectés :- MEDNAV est une SARL de droit marocain avec seulement des « personnes physiques » comme associés et jamais de personnes morales ou partie étatique.- MEDNAV est l’unique acquéreur du navire et l’unique manager ou gérant-responsable des mouvements, dossiers, armement et exploitation du navire.

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- MEDNAV étant une compagnie de droit marocain, aucun naviguant libyen ne sera embarqué à bord et toute opération de mouvement d’équipage est sujette au contrôle strict des services marocains de la Marine Marchande.-La reconstitution des dossiers de mise sous-pavillon marocain et de classification était désormais ma responsabilité personnelle.

L’accord avait été établi avec le concours et l’assistance d’amis des services de la Marine Marchande afin de se prémunir contre tous aléas de comportement de la part de l’associé.

Mais un problème majeur devait nous faire changer de procédure.

Une fois MEDNAV créée avec l’accord et la bénédiction de mes patrons qui m’autorisentà prendre participation à titre personnel dans cette affaire-là, Le dossier de mise sous pavillon marocain était déposé chez les autorités de la Marine Marchande qui m’avaient plutôt conseillé de faire acquérir le navire par la société CASAMAR qui vient de céder son vieux navire et dont je suis le Directeur Général … ce qui correspondra à une opération de substitution de matériel et donc , plus de facilité et de rapidité de traitement du dossier …

Cette idée-là était rejetée par les actionnaires de CASAMAR dont l’associé belge pour (disaient-ils) le risque énorme d’association avec un libyen ! Ils proposent alors de me donner « plein pouvoirs » pour négocier la vente pure et simple de la société ( qui ne vaut pas un dirham symbolique en fait) et de continuer la procédure de remplacement du navire …avec « mes amis libyens » !!

A ma grande surprise, les libyens sautent sur l’occasion (pour eux) et rachètent ma compagnie à 400.000 Dollars US …faisant le bonheur des anciens associés avec quitus fiscal et administratif comme « cerise sur le gâteau » !

Evidement , je devais retourner vers Mr I.F.F pour renégocier les termes de notre accord puisque le projet MEDNAV tombe à l’eau dans les nouvelles conditions…mais , j’étais rassuré du fait que j’étais le seul à pouvoir «  reconstituer » le dossier du navire M/S Bafina avec un ballet incessant de va-et-vient entre services de la Marine Marchande de Malte , bureau du Pirée (Grèce) , Tripoli et bureaux d’avocats et experts pour mener à bout cette délicate mise-à-jour du dossier et changement de statut , nomet management du navire-problème....J’étais aussi soutenu par mes employeurs et associés qui m’avaient mandaté pour négocier la cession de leurs parts sans jamais espérer recevoir les 400.000 Dollars US comme prix de rachat…Mais au moment des négociations, les Libyens avaient d’ores et déjà instruit le navire M/S Bafina et son commandant ( un indou de nationalité) de se diriger sur Casablanca …sans me prévenir ( ?!) Le commandant qui avait reçu les coordonnées de notre société , avait établi un contact – via St Lys radio – et comme le navire était sous-surveillance internationale ,

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j’ai eu droit aux visites de la gendarmerie maritime et des services de sécurité locaux pour expliquer ou justifier la nature de notre relation avec le fameux navire…qui était refoulé en fin de compte pour retourner au port de Tripoli en attendant la régularisation du dossier et le changement du pavillon et du nom surtout .

Le navire devait rester à quai en attente de nouveaux certificats de navigation et papiers…

J’ai surtout défendu le fait que la mise sous-pavillon marocain ( c.à.d. le mettre sous drapeau marocain) était la solution idéale pour tout le monde …avec un équipage et un commandant marocains et une gestion marocaine respectant les normes et la réglementation des transports internationaux … mais ma responsabilité personnelle était engagé à toute épreuve …autrement , le risque était gros .

Se voir emprisonner pour un détail près …n’était pas exclu pour moi…

Après tout ce que j’ai souffert à cause du maudit navire , et avant de finaliser les formalités entre Casablanca , Tripoli , Le Pirée (Grèce) et La Valette (Malta) ; j’étais en droit de demander une compensation légitime pour tous ces maux de tête en plus de s’être exposer à la surveillance des services de sécurité locaux et internationaux…fort heureusement que mon activité était purement professionnelle avec un historique claire et net de grabuges…J’ai aussi pris la précaution de ne jamais recevoir de sommes d’argent , virements ou tout autre avantage matériel de chez Mr I.F.F ou n’importe lequel des libyens …ce qui aurait été un fondement de complicité avec un service de renseignement étranger…grave de conséquence .

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Toutes les lumières des services de sécurité devaient être braquées sur l’opération …

Mr I.F.F était un professionnel expert en transactions qui touchent les transports maritimes et l’activité portuaires … et aussi un homme d’affaires très rusé …reconnaissant le bénéfice pour GERMA SHIPPING & STEVEDORING de pouvoir enterrer l’affaire M/S Bafina par un effort professionnellement correct ; Il commença par m’offrir les 10% de parts sociaux avec la valeur du navire incluse ( capital réévalué)… en marquant mon appréciation et remerciements à mon interlocuteur pour sa “compréhension” , j’avais précisé quand-même qu’avoir 10% ou 100% des parts d’une société encore déficitaire …et qui aura la charge de payer des traites pour le prix du navire…ne m’intéresse guère …et ne peut justifier mon engagement dans cette aventure …et donc loin de remplacer la position des 50% de parts dans la société MEDNAV légalement créée pour domicilier le navire M/S Bafina avec deux associés à 50-50 des parts…Mr I.F.F …et moi.Il fallait aussi protester énergiquement contre l’envoi fortuite du navire sur le port de Casablanca sans avoir demandé mon avis…ce qui a faillit me coûter ma liberté et ma réputation aussi…car en fait, le navire était considéré comme une véritable bombe flottante pour le régime libyen qui n’avait pas besoin d’ennuis supplémentaires à cetteépoque-là…

En expliquant à Mr I.F.F la grande différence entre« Devenir associé dans une société « vierge » et propriétaire d’un navire à 50% »…Et, « Etre employé (même Directeur-Administrateur à 10% des parts) d’une société ayant accumulé un déficit global deux fois plus important que la valeur du navire » ;J’avais mis, alors, le doigt sur le « cœur » du problème : la valeur du navire qui était très surestimée sur les documents de cession qui devaient servir de base à l’acquisition…et c’est à partir de là, que j’avais eu l’idée de demander une « Reconnaissance de dette » sur la valeur déclarée du navire…signée par son propriétaire légal.Je savais qu’un tel document – gardé précieusement dans mon coffre – devait me servirun jour au cas où nos amis libyens voudront jouer encore à la volte face …

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La solution proposée était donc acceptée par Mr I.F.F qui m’envoya à Le Pirée (Grèce) chercher cette reconnaissance et les documents administratifs composant le dossier du navire avec une « procuration » pour aller chercher le certificat de radiationdu pavillon maltais de chez le cabinet d’avocat FENECK & FENECK à VALETTA –MALTE .Un fait assez étrange avait marqué mon passage à L a Valette (Malte) …et c’était le premier signe de détresse des autorités libyennes et leur désarroi face au problème dunavire M/S Bafina et son dossier épineux à tel point que ma mission était suivi par les plus hauts responsables de renseignements libyens qui avaient chargé Mr I.F.F d’œuvrer pour une solution rapide et me faciliter la tâche au maximum…et comme je n’étais pas au courant des dessous du problème , j’ai été surpris d’être pris en charge àmon arrivée à l’Aéroport de La Valette par l’Ambassade libyenne (dite Maktab achaabi)représentée par deux éléments dont un certain Mr Joumaa qui m’avait invité à dîner avec tous les soins en me proposant le meilleur Hôtel et l’argent en cas de besoin …Je me suis excusé en remerciant Mr Joumaa (avec grande politesse) puisque j’avais déjà réservé au PHOENICIA HOTEL et j’avais ma propre dotation en devises pour la mission qui consistait à récupérer le certificat de radiation et autres documents de chez l’avocat FENECK & FENECK (cabinet très connu de la place).Les libyens étaient en fait très présents à Malte par l’activité des services secrets ( Allijan Attawriya par Maktab Al Ittissal Al Khariji) et Malte avait connu plusieurs interventions de la main forte de KADHAFI et ses zbirs auteurs d’assassinats de plusieurs personnalités dont Fathi ACHAKAKI .Je connaissais bien les lieux , puisque j’y avait effectué des visites de travail à l’occasion d’une opération de transbordement de marchandises d’un navire en panne vers un autre affrété…c’était en Septembre 1988 , notre aimable agent local Mrs RONASONS INTERNATIONAL ltd Malta m’avait même offert un e formation et uncertificat en « INTERNATIONAL SHIPPING & OFFSHORE OIL SUPPLY CONFERENCE » sponsorisé par BRITISH AIRWAYS … Malgré tout , je devais toujours prier dieu pour que le navire M/S BAFINA ne change de nom et de pavillon une fois tous les problèmes réglés  …mais cette probabilité était écartée pour le proche avenir malgré la facilité d’une telle opération pour les puissantset dangereux services de renseignements libyens.Il faut dire aussi que ni les autorités marocaines , ni moi-même étions du genre à laisser-faire pareille acrobatie … Le pavillon marocain n’étant pas un pavillon de complaisance comme celui du Libéria , Bahamas , St Vincent , Trinidad & Tobago ou autres.

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La mise sous-pavillion marocain rendait le navire bien suivi et géré au jour-le-jour…

J’estime aussi que la chance avait joué en ma faveur lorsque Mr I.F.F avait surestimé lavaleur de son navire à 2,500,000 US Dollar au lieu d’une réelle valeur à 1,200,000 US Dollar au maximum .Nous avions convenu alors que la reconnaissance de dette serait de 30% de la valeur etle montant finalement inscrit était de 850.000 dollars US…document bien signé par le capitaine Georges BANATINAIKOS au Pirée.

Deal ! comme disent les anglo-saxons …

Je devais ensuite compléter mon parcours vers Malte , Tripoli et retour sur Le Pirée (Grèce) avant d’aller finaliser auprès des services marocains de la Direction de la Marine Marchande et appeler en fin de course le navire pour un “DRYDOCKING” ou mise en chantier de réparation et préparation aux différentes inspections de rigueur avant l’autorisation au pavillon marocain sous un nom nouveau…AL BAHRI (le marin )…

Je garde toujours avec grande fierté tout le dossier et les justificatifs de l’opération de « Remise-à-flot » de ce navire…car en fait j’avais eu beaucoup de mal à y arriver et s’acquitter d’une mission qui n’était pas la mienne ( n’étant pas officier de navigation) si ce n’était l’aide et l’assistance de mes amis commandants. Il y avait beaucoup de tâches à faire car tout le dossier était à refaire :

- Obtenir tous les plans du navire et vérifier la conformité.- Etablir les inventaires des pièces de rechange et consommables (en fait , il

fallait reconstituer les stocks)- Mettre à jour les documents du navire, l’historique des réparations et arrêts

techniques.- Reconstituer un dossier Assurances et P& I Club pour la protection du navire.- Faire installer un nouveau système satellitaire de navigation.

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- Faire Installer un séparateur mazouteux à bord pour la conformité avec les normes anti-pollution.

- Remettre en parfaite état la machine principale et les générateur selon la note du capitaine.

- Faire installer (construction) une chambre froide additionnelle en prévision des voyages longue durée pour des destinations connues par les pénuries de consommables périssables.

- Gestion rationnelle du dossier des navigants (officiers et marins) avec des profils qualifiés et vigilants surtout qu’il serait difficile de faire remplacer un membre défaillant de l’équipage avec toute les difficultés de visas à obtenir pour les ports européens .

Visiter “BAB EL AZIZIA”Ou La taverne à KADHAFI !

BAB EL AZIZIA vu aérienne

Abstraction faite de mon accord “spécial” avec Mr I.F.F et l’obtention du précieux document que j’ai gardé soigneusement en lieu sûr …je n’avais pas encore mesuré l’ampleur et la valeur du service rendu aux autorités libyennes en régularisant le

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dossier du navire M/S Bafina devenu « pavillon marocain » et dénommé M/S Al Bahri avec Casablanca – Maroc comme port d’attache , la Marine Marchande comme tuteur administratif et CASAMAR comme armateur-propriétaire et exploitant de droit…Je n’étais pas du tout conscient de la réputation que je m’étais fait auprès des services libyens les plus influents…surtout que Mr I.F.F prenait toujours la précaution de « minimiser » tout mon travail de fourmie réalisé avec amour de la profession et engagement motivé par le défi que je m’étais lancé d’arriver à bout de cette histoire….Mr I.F.F insistait surtout sur le côté “professionnel” de l’opération tout en appréciant mon engagement et mes performances…mais j’avoue aussi que j’étais en face d’un géant du « SHIPPING » (business & transports maritimes et activités portuaires ) qui m’avait beaucoup facilité la tâche et qui m’avait défendu à tout moment contre AMIN ALLAJNA ACHAABIYYA ( soit le Président Directeur) de Germa Shipping & Stevedoring qui ne comprenait absolument rien en transports maritimes et ports et voulait avant tout m’écarter des décisions importantes de l’affaire….

Avec l’exploitation effective du navire et ses premiers voyages en Méditerranée axés sur les ports libyens , les cargaisons de produits dangereux systématiquement chargées d’Italie , de Grèce ou autre ports de Mer Noire , la mainmise sur le fret (revenu du transport) par le fameux bureau de Grèce – dont le patron n’est autre que I.F.F alors que la totalité des recettes devait être transférée au Maroc… et surtout ce balai de « visiteurs » libyens venus passer des moments de joie au Maroc …ma positiondevenait de plus en plus délicate vis-à-vis de mon environnement local , des autorités qui avaient continuer à suivre de près les mouvements des libyens et ma carrière devenait de facto menacée …

C’est à la suite de mes confrontations répétées avec Mr NASSER (Président GERMA) et mes menaces faire retirer le navire du pavillon marocain avec un solide dossier à l’appui pour prouver le non-respect des termes de notre accord de gestion et la débauche de l’exploitation vers des tendances dangereuses… ; que les autorités libyennes avaient arranger de me recevoir à …Tripoli et plus exactement à BAB Al AZIZIA fief de Mouammar KADHAFI et sa bande dirigée par le fils aîné SEIF-AL-ISLAM KADHAFI …

J’ai été , donc , invite et conduit aux Quartiers BAB AL AZIZIA avoisinant la zone BAB BEN GHASHIR pour y accéder par le portail qui s’impose à près de 300 mètres sur la droite en quittant la zone Ben GHASHIR …BAB AL AZIZIA est une gigantesque forteresse protégée par une muraille de 06 mètres de hauteur , super-équipée en systèmes de défenses , de surveillance et d’artillerie lourde de pointe …il faut dire que le site regroupe Quartiers Généraux , Trésorerie et sièges de toutes les structures de sécurité et défense , le quartier familial avec ces villas qui regroupent presque toute la famille et proches et les vastes espaces et jardins dans lesquelles KADHAFI aimait recevoir ses invités (sous tentes ) ou provoquerdes réunions avec les chefs des forces fidèles.

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Une fois à l’intérieur , j’étais conduit vers un building d’environ 3000 m2 de 04 étages qui se trouvait au bout d’environ 300 à 400 mètres de l’entrée principale en suivant en direction droite le mur de clôture…

Image satellite du complexe de Bab Al-Azizia (caverne KADHAFI) à Tripoli (Lybie)

Une fois à l’intérieur à Bab Al Azizia , au siège de MAKTAB ALLIJAN ATTAWRIYYA ( Comités ou brigades révolutionnaires) , j’ai été présenté à un certain Mr. SAAD ISMAILsuppose être le bras-droit à un autre important patron dans cette hiérarchie Mr MHAMMED EL MAJDOUB qui était – en fait – le vrai patron de cette mystérieuse compagnie GERMA Shipping & Stevedoring Cny à façades de services portuaires et de transports maritimes et activités annexes …qui était devenue – par conséquent – le principal actionnaire (90%) de sa filiale marocaine CASAMAR dont j’étais …le serviteur .

Mr NASSER (Amin Allajna Achaabiyya) ou Président de GERMA SHIPPING Cny Tripoli était soumis à l’autorité de Mr MAJDOUB …ou Mr Saad SMAIL que j’ai rencontré à BAB EL AZIZIA .

L’occasion était bonne pour expliquer , sans gêne , mon problème avec les partenaires libyens , mon plan d’action et ma façon de gérer qui se trouvent perturbés ou bloqués par des comportements qui n’ont rien à voir avec la mission et l’activité de la société ; et d’ajouter mon sentiment d’humiliation en tant que professionnel d’avoir à recevoir ou à payer des loyers de séjour pour des invités VIP venus à Casablanca pour des parties de plaisirs et de joie ( tourisme de prostitution ) .

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J’en avais tellement marre du comportement des libyens et leur “Je m’en foutisme” quej’ai protesté de toutes mes forces …en oubliant que j’étais à l’intérieur de la Taverne dudiable et que je pouvais ne pas y ressortir vivant !! , mais protestation était enveloppé d’arguments logiques et raisonnables que mon interlocuteur avait , heureusement compris …A dire , par exemple , que l’irresponsabilité du comportement de nos invités engageait de facto ma responsabilité en tant que Directeur de la Compagnie supposée les recevoir…surtout si c’est cette même compagnie qui paie le loyer des appartements et signe l’engagement de « bonne conduite » aux propriétaires voulant éviter de voir leur propriétés transformées en…bordels.

Et de demander à mon interlocuteur ce que serait son comportement, en tant que Directeur Général , de recevoir une prostituée qu’un invité (VIP) a envoyé se faire payerde ses services …chez la compagnie qui appartient à l’Etat libyen .. ?!

Mr Saad Ismail , ayant été , largement compréhensif et sensible à mapeine , avait offert sa protection , assistance à tout évènement et une stricte séparation entre l’activité professionnelle de CASAMAR et la «politesse » de réception des invités libyens au Maroc , qu’unresponsable libyen devait s’en assurer à son propre compte et responsabilité ( charge aux autorités de compétence de lui trouver moyen de compensation) …et sur ce point , j’étais enfin soulagé de cet affront insupportable .

Pour l’exploitation du navire et l’impératif de transférer les recettes ou fret sur le Maroc selon la Loi de changes marocaine, Mr Saad Ismail m’envoya régler ces problèmes d’exploitation et de la sécurité du navire avec le fameux Mr I.F.F seul patron de l’activitélogistique maritime et portuaire, chose normale puisqu’il en était presque l’unique professionnel et expert (au sein de la structure).

Mr Saad Ismail me confirma aussi l’engagement en financement et soutien illimité de son autorité pour tous mes projets futurs…et d’ajouter que même pour mes projets personnels, la porte est ouverteet que je n’avais qu’à demander …( ??!)

Pour moi , la vigilance devait être de vigueur , puisqu’il m’était vivement déconseillé de céder au jeu « connu » des services de renseignements libyens …et j’ai même décliné l’offre d’argent en brandissant ma dotation « légale » en devises obtenue pour les fins de la dite visite …J’ai même eu droit à la visite de l’étage ( j’en ai vu qu’un seul…) qui contenait des palettes de piles de paquets debillets de banque pour les principales devises (hors monnaie locale)

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… et je n’ai jamais imaginer pouvoir être en face de pareilles quantités d’argent empilées dans des cellules à barreaux identiques à celles des prisons les plus surveillés…

Palettes de paquets de devises

Mr Saad Ismail devait tester mon attitude en m’envoyant (avec un de ses Zbirs) visiter l’étage-trésor de la taverne de KADHAFI …et de m’inviter à exprimer mes besoins … soit, une vraie tentative de recrutement …ou d’appel à complicité.

J’ai usé de toute mon intelligence , affaiblie par moments par une peur bleue d’avoir osé l’aventure d’être à BAB EL AZIZIA , et j’ai fait appel à tous les termes de politesse pour éviter l’argent des autorités en prétextant que mes amis libyens faisaient déjà l’essentiel en m’invitant à tous les coups et en payant tous mes achats et services…..

Durant ma visite au 3ème étage du dit quartier général (Q.G) , j’avais bien croisée un groupe d’activistes d’origine saharienne dont les libyens surnommaient “SAKIAT AL HAMRA” venus recevoir devises et billets d’avion pour aller assister à une importante manifestation internationale …C’est dire, et ça n’a jamais été un secret, que le régime KADHAFI appuyait tant de mouvements séparatistes et révolutionnaires en toute sortes d’aides (argent – billets d’avion – armes et autre soutien).

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LE POUVOIR DE L’ARGENT LIBYEN ET LA FOLIE DESGRANDEURS…

Lors de mon passage et visite à BAB AL AZIZIYA et cette réunion de mise au point avec Mr Saad Ismail de Maktab ALLIJAN ATTAWRIYA , j’avais propose de diversifier l’activité de la société CASAMAR en activant sa filiale de commerce international que j’avais moi-même établi pour faire de l’import-export …les libyens avaient adopté l’idée mais en injectant un gros capital pour développer des affaires viables que je pourrais étudier et proposer.Les libyens avançaient des montants de transferts très importants qu’il voulaient mettre, d’abord dans un compte en devises au nom de GERMA SHIPPING & Stevedoring

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cny …mais ces opérations étaient dictées par le blocus des Nations Unis imposé à la Libye qui cherchait à placer ses capitaux un peu partout … Les opérations de transferts semblaient imminentes et urgentes que j’avais pris rendez-vous avec mes amis de la Société Générale des Banques (Maroc) pour faire ouvrir un compte en devises comme demandé par mes partenaires libyens …mais les banquiers croyaient sincèrement à une farce qui méritait d’aller prendre un café à côté… surtout que j’avais parlé de 25 millions de dollars au total ! Ce n’est qu’après les premières notifications de transferts provenant de la banque Suisse que les responsables de la banque marocaine avaient accouru me demandant une réunion urgente avec la Direction Générale au siège même … !

En apportant à la banquet un dépôt de 25 millions de dollars , je deviens tout à coup VIP…de choix !

Je me rappelle encore la tête qu’avait fait un proche ami travaillant à la Société Générale des Banques comme responsable des opérations à l’étranger …en se moquant de moi pour avoir avancer un chiffre de 25 millions de dollars …et pourtant , cette même personne avait été récompensée d’une promotion de rêve …puisque considérée comme ayant été mon premier contact pour l’opération historique … !

Et pourtant , je n’ai pas cessé d’expliquer à ces mêmes banquiers qu’il s’agissait de montants pas très important dans l’échelle des transferts et placements que la Libye effectuait à l’époque à coups de Milliards de dollars en faveur de pays comme la Jordanie ( 07 milliards) , la Tunisie ( 03 milliards) , Bahreïn , Emirats et Hong Kong par exemple … mais je comprenais aussi la taille des transactions que nos banquiers avaient l’habitude d’opérer …sinon , ils devaient se référer absolument à la société mère en France ( cas de la Société Générale des Banques de l’époque je veux dire).

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Les banquiers restaient aussi sur leur garde en demandant aussi l’autorisation de procéder à de telles opération en période de blocus impose par l’ONU …le risque était d’actualité bien que la banque centrale avait finalement autorisé le jeu.

L’autre visage du pouvoir libyen

Le régime KADHAFI était à l’origine de plusieurs conflits armés en Afrique et attentats au Moyen Orient

D’abord , les libyens de GERMA SHIPPING COMPANY TRIPOLI m’avaient notifié la nomination officielle deMr ALI HMID BASHIR comme représentant du groupe au Maroc pour s’occuper en exclusivité de la filiale MID MED MARKETING que j’avais créée auparavant au sein du groupe marocain CASAMAR …et le capital mis à la disposition de Mr Ali Hmid est annoncé (dans un premier temps) à 25 millions de dollars … sans se soucier du dossier administratif de cette filiale établie initialement avec un capital de 100.000 DH ( ou 12.000 $) avec une partie des parts encore détenue par ma famille et moi-même…ce qui était extrêmement dangereux pour ma famille et moi …puisqu’il s’agit d’association avec une société libyenne dépendante de MAKTAB AL ITTISSAL AL

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KHARIJI ( affaires étrangères) qui lui dépend de la tentaculaire ALLIJAN ATTAWRIYYA dirigé à partir de BAB AL AZIZIYA …J’ai tout de suite émis les réserves de droit en notifiant ma décision de me retirer ( et ma famille) de la dite affaire …avant tout changement et sans indemnités même … !En fait , le scénario pensé par les libyens était d’utiliser MID MED MARKETING pour soumettre des offres pour les appels d’offres d’approvisionnement des marchés libyensen différents produits à exporter à partir du Maroc , soit une bonne idée puisque le tout puissant système d’ALLIJAN ATTAWRIYYA était capable d’orienter toutes les commandes et ordres enveloppes à coups de millions de dollars) vers MID MED MARKETING.Le « hic » dans l’affaire était de faire bénéficier les libyens installés ou en visite au Maroc et les « amis » marocains du régime de « récompenses «  et «  cadeaux » d’affaires et revenus pour services rendus à l’Etat Libyen…Germa Shipping & Stevedoring Company n’avait même pas l’intention de toucher au dépôts en devises des 25 millions de dollars ( sinon plus) puisque la société Mid Med Marketing recevra des lettres de crédit « L/C » confirmées , avalisées , irrévocables et transférables que Mr Ali Hmid devait transmettre aux vrais fournisseurs contre une grosse commission …Je dois avouer et témoigner en toute sincérité que Mr Ali Hmid , vrai gentleman et ami intime à KADHAFI en personne ( ex-membre de la cellule de la première révolution) n’était pas l’homme qu’il fallait pour les services de renseignements libyens pour faire des étincelles sur le front « Maroc » …l’homme voulait le poste juste pour passer de joyeux moments et gaspiller des fortunes pour le plaisir en toute tranquillité…c’était un homme aisé et avait dépensé plus de 400.000 $ de ses propres moyens en une année…avant de penser aux commissions faciles.L’homme était d’une générosité étonnante (envers ses copines et les domestiques) et détestait la pagaille et les scandales qui accompagnaient l’arrivée des invités libyens et contestait aussi la manière à KADHAFI de gérer le pays …

Mr ALI HMID BASHIR mourut quelques années après de suite de cirrhose de foie à cause de sa manière d’user de consommation de whisky…

Mr Ali Hmid s’était offert un large appartement en plein quartier résidentiel ou ilcomptait passer des moments de plaisir avec sa famille ( parfois) ou avec l’une de sescompagnies…mais l’arrivée des visiteurs libyens (VIP) bouleversait souvent ses projets

et le rendait assez triste …

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Genre de loisirs prefers par la majorité des libyens visitant le Maroc…

En réalité , mon ami libyen Ali m’avait dispensé , définitivement , d’avoir à côtoyer ce genre de « VIP » assez spéciaux et j’en remercie dieu !...mais mes peines véritables avec mes partenaires libyens ne faisaient que commencer à ma grande déception et désarroi …

Pour ne se limiter qu’aux incidents graves se rapportant à la gestion professionnelle des affaires du navire , des transports maritimes et des affaires commerciales et projets, je vais en citer les plus marquants ;Depuis ma visite à BAB EL AZIZIA à Tripoli, beaucoup de choses avaient changé en Libye…et des instructions fermes étaient données pour placer les fonds libyens (dépôts bancaires ou projets) un peu partout suite à la pression du blocus imposé et les risques de saisie de comptes de l’Etat libyen chez les banques occidentales.

Une délégation importante était arrivée au Maroc pour trouver des projets d’investissement viables et « sûrs » , mais le problème majeur était la contrainte du « temps » puisque les libyens étaient tellement pressés pour obtenir des projets prêts à être lancés …qu’ils faisaient peur aux interlocuteurs parmi l’élite des industriels et hommes d’affaires qu’il m’a été possible de faire rencontrer .

J’avais conduit la délégation libyenne chez les professionnels du textile, chez les industriels de l’Agroalimentaire, chez les opérateurs de services et d’autres industries de la place ; et la réponse était presque identique un peu partout.D’abord, il y avait ce problème de temps de préparation valable pour toute proposition ; ensuite, on faisait comprendre aux libyens que les industriels du pays n’avaient pas de problème de financement pour les projets viables, sûrs et garantis de rentabilité comme le souhaitent nos amis…des projets pareils ( s’ils existent seraient automatiquement suivis et portés par les financiers de la place ou par un consortium local ou international si le dossier le mérite.L’apport que les libyens pouvaient miroiter face aux industriels marocains devait être surtout : LES MARCHES puisque la Libye était réputée organiser des « Mega-appels d’offres » évalués à des millions de dollars.

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Mais avant de citer les incidents graves dont l’accumulation ayant provoqué la fin de ma collaboration avec mes amis libyens , je me permets de raconter une de mes aventures avec mes « invités VIP » que je voulais traiter de la manière la plus correcte en leur présentant le pays et ses potentialités comme on l’avait toujours fait avec d’autres investisseurs étrangers venus découvrir le Maroc et en étudier les possibilités d’affaires …

J’avais reçu une importante délégation libyenne qui comportait entre autres VIP , un certain Brahim Ali cousin à Kadhafi chargé du projet du fameux GRAND FLEUVE , il y avait aussi Mr SALEH G chef de la garde présidentielle de KADHAFI , un diplomate de rang important et le président de Germa Shipping & Stevedoring ( mon patron hiérarchique ) ; comme à mon habitude , j’avais préparé tout un programme de visites de villes et régions importantes pour mieux préparer les dossiers d’investissement puisque la délégation était venu étudier la possibilité de placement de l’argent à KADHAFI. J’avais senti que mes invités étaient un peu gênés et tout en appréciant la nature des lieux visités et la beauté des lieux visités ils ne semblaient pas être intéressés par mon programme et voulais surtout s’enfermer en lieu sûr avec des filles et un bon stock de whisky et bières …mais à travers mon « speech » de présentation et mes réponses à toutes leurs questions, j’étais trop sérieux pour les accompagner durant leur séjour au pays…A part les quelques moments de discussion d’affaires de gestion courante , les libyens n’étaient jamais sérieux pour développer des affaires au Maroc.

Le premier incident   : Abandon irresponsable d’une affaire capitale Avant même l’arrivée de la délégation libyenne, j’avais présenté un bon projet de menuiserie aluminium que l’on pouvait monter sur le Maroc ( marché très porteur) avec le Groupe belge METALCHIMEX-ALIPLAST . Les belges demandaient d’abord - à titre d’essai – la réalisation d’importations pour constituer un stock tampon de « Profilés » et de « Quincaillerie d’accompagnement » toute assistance de lancement de l’activité ( dont la formation des techniciens) était assuré par le fournisseurs belge .Il y avait une possibilité, à moyen terme, de démonter une usine METALCHIMEX pour l’installer au Maroc bien que les libyens ne s’intéressaient qu’aux commissions que les belges « se devaient de remettre » selon leur logique à eux ...

Un contrat avait été préparé pour la signature pour un programme global de 05 millions de dollars d’importations de profiles et accessoires…

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A Bruxelles – 1994 -durant le montage du projet METALCHIMEX – ALIPLAST

Au moment de la réalisation des chargements, le banquier qui gardait les 25 millions de dollars pour les libyens avait commis l’énorme bêtise de souffler au Président de GERMA SHIPPING & Stevedoring company …de ne tenter qu’une opération d’importation pour tester le marché ! ( ?) Par malchance, la première cargaison à 160.000 $ était composée d’accessoires qui devaient attendre les profilés pour servir de garnitures…et sans profilés correspondantes, aucun client ne pouvait faire commande !Entre un Président presque illettré et un banquier malin (ignorant en matière de menuiserie aluminium) dont le seul souci était de garder le précieux dépôt de 25 millions de dollars …l’affaire était bloquée et tout l’effort de construction du projet était parti en fumée.Le groupe METALCHIMEX-ALIPLAST avait perdu 120.000 dollars dépensés lors d’une Foire de bâtiment qui avait servi de présentation de nos produits et programme.

Usine de Profilés Aluminium

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Quincailleries

Un deuxième incident: En 1994, alors que la société Mid Med Marketing commençait déjà à obtenir les ordres et les L/C pour faire exporter des quantités de produits marocains sur la Libye , je devais conduire la réalisation de tous les contrats et suivre la logistique de l’exportation et la documentation ( puisque Mr Ali Hmid ne pouvait en aucun cas assurer un telle mission) .Nous avons reçu des ordres pour approvisionner les marchés de Libye en « Détergeant OMO » dont la commande était placée auprès de LEVER Maroc (AETCO LEVER à l’époque) pour un montant global de plus de cinq (05) millions de dollars à exporter en conteneurs dont le prix de transport et l’opération logistique étaient judicieusement préparés en coordination avec la Direction commerciale des Fournisseurs AETCO LEVER…la confiance régnait et la communication était au meilleur des niveaux puisque le Directeur commercial et son supérieur étaient d’anciens camarades des classes à l’Institut Supérieur de Commerce et d’Administration des Entreprises de Casablanca (ISCAE) et que le Président feu MOUMNI était un gendre à un autre ancien de l’ISCAE (ami intime).

Mais un fait incroyable allait intervenir …tout ce qu’il y a de drôle ! …

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La marchandise était fin prête et les conteneurs remplis , les navires fixés pour les dates de chargement respectant de justesse l’impératif planche pour les Fournisseurs pour pouvoir remettre le dossier et se faire payer .Comme d’habitude , les L/C déjà ouverts avaient pris du temps pour être confirmés parla banque …et présentant , donc , un risque que le producteur ( filiale de multinationale ) ne pouvait prendre …Les libyens qui disposent de 25 millions de dollars en banque avaient refusé de garantir pour deux jours prétextant que le compte GERMA SHIPPING est un compte de l’Etat libyen que personne n’est autorisé à toucher !!

Devant ce cirque et le risque de voir toute l’opération bloquée avec des conséquences désastreuses, il n’y avait qu’une seule solution à « haut risque » pour ma personne: DONNER UN CHEQUE DE GARANTIE DE 5 MILLIONS DE DOLLARS

Evidement, je n’avais même pas un dollar sur mon compte ! et dieu merci, que le Directeur Financier avait accepté de mettre le chèque dans le dossier étant certain queles L/C allaient être confirmés …

Et au moment ou vous lisez ce passage, mon chèque ( qui n’a plus de valeur ) doit être toujours dans les archives de LEVER MAROC …car je n’ai jamais eu l’envie d’aller le réclamer…tellement c’était trop fort pour moi pour y penser …

3 ème incident   : Un autre abandon grave d’un projet de transport

Parmi les projets que j’avais développé, défendu et présenté à plus d’un investisseur età la Direction de la Marine Marchande , une ligne de transport maritime de passagers :Casablanca / Tripoli / Napoli / Casablanca J’avais choisi la rotation la plus rentable puisqu’elle permettait de bénéficier de la librecirculation vers la Libye pour afficher le plein au départ de Casablanca , une fois à Tripoli le navire fait encore son plein de passagers , les libyens voyagent beaucoup sur l’Italie ( sans problème de visa à l’époque) et beaucoup de marocains vivant en Italie

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préfèrent utiliser le bateau à partir des ports italiens pour une question de bagages et voitures accompagnés.Les libyens de GERMA SHIPPING qui avaient aimé l’idée adoptèrent le projet et décident d’acheter la paquebot C/F PRINCESS de chez un armateur italien.

J’ai été alors chargé , en tant que Directeur du projet ,de recruter le personnel hôtelier parmi les professionnels marocains et de les débaucher de chez les grands Hôtels , préparer leurs papiers et livrets maritime avec les services de la Direction de la MarineMarchande sur la base de contrats annuels pour le personnel suivant :

Equipage pont et personnel hôtelier

4- Assistant serveur : Assistant waiter 6- Serveur : Waiter 

2- Maître d’hôtel : Maitre’D1- Directeur de salle : Restaurant manager

1- Directeur de l’hébergement :Chief housekeeper1- Directeur restauration et hébergement : Hotel director

4- Serveur au bar : Bar waiter2- Barman : Bar tender 3- Commis : Commis chef

2- 1/2 chef de partie : 1/2 chef de partie2- Chef de partie : Chef de partie

2- Sous-chef : Sous chef2- Chef cuisinier : Cook Chef

1- Chef exécutif : Executive chef3- Femme de chambre : Housekeeper

1- Gouvernante générale : Chief housekeeper2- Réceptionniste : Receptionnist/Guest Service Host/Hostess

Avec option de recrutements suivants

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- Service (postes mixtes) : barman, « food and beverage » intendant….- Cuisine (postes plutôt masculins) : pâtissier, boucher, boulanger …- Hôtellerie (plutôt féminin) : hôtesse, stewardess, lingère

-Je devais aussi faire confectionner jeux d’uniformes et badges chez les meilleurs fournisseurs pour les envoyer à Tripoli pour le jour « J » annoncé en grande pompe avec un premier départ de la Libye…A ma grande surprise, une dispute de dernière minute sur une question de « commission » demandé par le négociateur libyen ( !!) , l’armateur italien a renoncé à vendre son bateau qui est retourné en Italie .

Ne réalisant jamais la portée de leurs décisions catastrophiques, les libyens voulaient faire travailler l’équipe déjà sur place dans des Hôtels de deuxième choix… !!??J’ai rappelé tout le personnel pour négocier une solution et régler six mois de salaires et primes afin d’atténuer leur colère et celle des autorités de compétence.

4 ème incident   : L’Appartement de tous les ennuis La société avait loué un bel appartement de 240 m2 dans un quartier résidentiel de Casablanca réputé très calme …et Mr Ali Hmid devait s’y installé avec sa famille comme annoncé au moment de sa nomination…Le contrat de location ayant été signé par la société CASAMAR , il va de soi que le responsable qui devait répondre de tout problème devant les autorités était le Directeur Général de la société .Mr Ali Hmid , bien que respectueux du voisinage recevait souvent une de ses connaissance (petite amie) et parfois des invités libyens qu’il tenait en respect tant qu’il pouvait….Une fois , Ali retourné en Libye pour avoir perdu son grand frère et obligé de veiller lui-même sur toute la famille , GERMA SHIPPING Company voulait réserver le lieu aux invités « VIP libyens » qui séjournaient au Maroc… ce qui revient à transformer l’appartement en lieu de prostitution et de débauche …il suffit de citer un fait inédit , soit un record digne d’être porté sur le « Guinness book »…Les invités libyens avaient cette habitude de s’enfermer dans le dit appartement , appeler un épicier du coin pour s’approvisionner en «  stock » de bouteilles de whisky entre autres besoins…et en une semaine de séjour de trois personnes on avait compter87 bouteilles CHIVAS de consommées !! …

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Faire du tourisme à la libyenne …

Pour éviter le pire , j’ai pris cette décision de vider les lieux et remettre les clés au propriétaire …et c’était un message bien claire aux amis libyens afin d’appeler au respect de l’image de marque de la société et de s’inquiéter plutôt de la gestion du navire, des transports et des marchés ou affaires à développer .

Le dernier incident et la décision de rupture totale… Après avoir mis le navire M/S Bafina devenu M/S AL Bahri sous pavillon marocain , l’unité était exploitée entre les ports libyens de Tripoli , Misurata , Benghazi et Zouara et les ports de la Méditerranée CHIOGGIA et autre port secondaires d’Italie , Pirée et autres ports grecs ou autres ports du voisinage. Le comportement des libyens , et celui de Mr I.F.F et son capitaine grec Georges Banatinakos et même le comportant de nos interlocuteurs de Tripoli étaient devenus insupportables en ne respectant pas les décisions et les instructions de l’armateur légal « CASAMAR Casablanca » …la gestion commerciale et la programmation étaient exclusivement une affaire du bureau GERMA SHIPPING du Pirée (Grèce) alors que nous avons gardé le contrôle de la gestion des équipages 100% marocains.Considérant toujours que le navire est libyen (appartenant à l’Etat libyen) malgré son statut réel…nos amis avaient toujours refusé de transférer les recettes sur le Maroc et nous faisaient souffrir au bout de chaque mois pour ne permettre à la banque de payerque les frais du bureau… !!La situation devenait dangereuse et impliquait ma responsabilité pénale quant au rapatriement des devises afin d’éviter toute charge de détournement illicite de recettes …Et pour couronner le tout , les libyens commençaient à affecter le navire à tous les transports de produits dangereux au départ de l’Italie devant l’inquiétude du commandant craignant l’esprit aventurier des donneurs d’ordre Libyens et surtout ces fixations répétées pour le transport de cargaisons spéciales comme la dynamite de

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carrière , portes blindées et autres chargements non spécifiés à destination de la Libye...

Mon dernier voyage en Libye avant la confrontation

Je voudrais préciser, à l’occasion , les circonstances particulières de mon dernier séjourà Tripoli alors que les relations étaient assez tendues et que la rupture était une question de temps.Je résidais à l’Hôtel AL MAHARI en face du port …et je devais terminer ma semaine de visite, lorsqu’un ami libyen de la réception de l’Hôtel , est venu me sortir de nuit par la porte de service – sans mes bagages – pour me mettre dans un Taxi qui fila droit vers les frontières tunisiennes pour me mettre hors de danger.

Je ne me suis jamais senti en danger durant mes séjours répétés en Libye…mais pour mon dernier voyage , la situation était différente et je crois avoir eu beaucoup de chance pour être toujours en vie !

LA RUPTURE TOTALECe qui devait arriver arriva…

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A partir du moment ou j’avais eu cette certitude et conviction qu’il n’y avait plus rien à partager avec mes partenaires libyens devenus de plus en plus dangereux et incontrôlables pour composer avec ensemble pour un avenir d’affaires saines , viables et suivant un développement stratégique honorable ; je ne voulais pas être comme l’âne de Buridan et rester à ne pas savoir quelle décision prendre…De leur côté , mes partenaires avaient déjà entamer une démarche pour me faire dégoûter au maximum et négocier mon départ définitif…mais c’était sous-estimer mon brin d’intelligence défensive et mes relations à l’international et parmi eux des Avocats ou encore mon ami Raf ,ancien commandant d’élite et opérateur logistique de la place d’Anvers qui m’avait toujours soutenu et conseillé afin de m’éviter toute décision hâtive contre des ennemis très puissants , dangereux et bien riches pour pouvoir se frayer des chemins partout .

J’ai procédé alors par une double action en justice donnant droit aux saisies conservatoires :

1 - Il était alors temps d’utiliser , à titre de recours personnel , le fameux document de reconnaissance de dette signé par Mr I.F.F pour le montant de 850.000 dollars US pour mettre la main sur le navire Al Bahri (ex-Bafina) et le saisir puisqu’il n’était pas payé d’un dollar …et restait toujours un bien du propriétaire vendeur la société «  BAFINA SHIPPING – Piraeus ».Pour saisir le navire , j’ai profité du weekend pour demander via St Lys radio le commandant en escale à Chioggia (Italie) et l’instruire de mettre le cap sur le port de Casablanca avec sa cargaison à bord afin de couvrir aussi le fret en faveur de CASAMAR .

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2 – J’ai agit en tant que Directeur de la société CASAMAR pour saisir les 25 millions de dollars sur le compte de GERMA SHIPPING & STEVEDORING chez la Société Générale des Banques (Casablanca – Maroc) pour demander le transfert de la totalité du fret perçu par GERMA SHIPPING à titre d’opérateur disposant …avec le total soutien de droit de l’Office des changes et de la loi marocaine sur le rapatriement des devises d’exploitation…Je savais que les libyens pouvaient nommer un autre Directeur Général et lui donner pouvoirs pour annuler la dernière saisie …mais il fallait donner une vraie leçon à ces hors-la-loi libyens qui piétinaient toutes les réglementations sur leur parcours …

Honnêtement, je n’aurais jamais réussi , dans un temps record , les dites actions en justice et opérations de saisie sans mon Avocat et voisin ( ami d’enfance aussi) qui était connu pour ses performances somme toutes « Pas tout à fait réglementaires » …et ce même Avocat qui allait me jouer un sale tour par abus de confiance  !

Mon avocat et ami d’enfance avait demander , à l’avance , les frais à payer pour enregistrer la procédure de poursuite et saisie de comptes et biens…et il s’agissait d’un pourcentage à payer en fonction du montant à recouvrir, comme le montant était de 850.000 dollars , je devais verser une grosse somme alors que je n’avais pasde moyens …

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Ma famille s’est arrangée, en catastrophe, pour mettre en vente un appartement (non habité) appartenant à mon feu père qui m’était d’unsoutien sans limite…

La procédure n’avait pas pris beaucoup de temps , et le 30 Avril 1994 , le tribunal de Première instance de Casablanca avait émis sonverdict par ordre de paiement en ma faveur de 850.000 dollars ( soitl’équivalent en monnaie locale) et l’ordre devint exécutoire après les huit jours de délai d’appel puisque l’autre partie ne s’était pas manifestée…

A l’arrivée du navire dans les eaux territoriales du Maroc, j’avais déjà mon outil de saisie en bonne et due forme et le navire fut arrêté et saisie au port de Kenitra au Nord de Casablanca …il faut souligner cette attitude irresponsable des autorités du port de Casablanca qui avaient refusé de recevoir le navire …alors que le port de Casablanca était , justement , son port d’attache !

Les comptes de GERMA SHIPPING & STEVEDORING étaient aussi saisies chez la Société Générale de Banques pour la totalité des dépôts…soitl’équivalent de 25 millions de dollars …quoi de mieux pour donner une belle «  gifle » aux libyens et secouer la Direction Générale dela Société Générales des Banques.

Les deux actions de saisie avaient eu un effet de bombe auprès des autorités libyennes qui avaient fait intervenir leur ambassade à Rabat et tous leurs amis et relations, auprès vde la Direction générale de la Banque plus soucieuse de garder le précieux dépôt de 25 millions et auprès des autorités marocaines qui ne pouvaient pas rater le suivi de très près de cette situation bien embarrassante pour tout le monde.

Toutes les administrations marocaines concernées étaient en alerte et suivaient de près les évènements …et surtout la Direction de la Marchande qui expliquait aux avocats adverses et aux services de l’ambassade de Libye ( maktab chaabi allybi) que notre action en justice est bien proprement légale et justifiée …

Le camp Libyen qui menaçait d’un procès international pour crime de piraterie maritime contre le capitaine du navire et moi ( donneur d’ordre) regrouper avocats , sympathisants pour cause d’intérêts d’affaires , diplomates libyens et surtout certains de mes anciens ennemis qui servaient de « guides » et pourvoyeurs d’informations sur ma personne et ma vie privée.

L’Hôtel SHERATON Casablanca avait abrité une délégation d’officiels libyens dépêchés sur place pour libérer le navire qui transportait

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une cargaison spéciale de portes blindées et matériel chargé depuisun port italien à destination de Tripoli avant que le navire ne soitdétourné pour être saisi à Kenitra .

Lorsque le régime libyen voulait me poursuivre pour piraterie internationale !

L’Hôtel SHERATON Casablanca servait, donc, de « Q.G » pour les réunions et rencontres entre libyens et leurs « ZBIRS » …et des navettes entre Casablanca et Kenitra ( 150 km de distance) pour aller négocier avec le Capitaine du navire resté solidaire et fidèleà sa réputation et aux principes fondamentaux de la navigation .

Les libyens auront tout essayer ( argent et menaces) pour trouver une issue à la situation catastrophique qu’ils avaient occasionné eux-mêmes en ignorant lois et conventions .

Au niveau de la banque , et pour être agréables aux libyens de crainte de les perdre comme clients de choix , le Directeur de la banque décida d’annuler un crédit de consommation personnel pour

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insuffisance de garantie …et de pratiquer une saisie sur ma petite ferme ( 7000 m2) en usant d’un tour de passe-passe documentaire digne d’être cité en exemple de brigandage des banquiers des temps de Samuel Bernard ( cf-Wikipédia) ...Mr EL GHALI Directeur de cette agence de la Société Générale des Banques du centre de Casablanca était tout près de prendre sa retraite et devait se comporter « sagement » (selon lui) pour profiter au maximum de ces derniers jours de banquier et surtout éviter tout risque d’impayés chez la clientèle …tout cela est bien normal ! . J’étais un client porteur de plusieurs casquettes chez cette Agence-là est ma signature uniquevalait pour mon compte personnel , celui de CASAMAR qui vivotait grâce à des déblocages au compte-goutte avec présentation d’effets ou titres d’encaissement , MID MED MARKETING société active à l’Export ou encore cette petite société de négoce et distribution deparfums ( partenariat avec un ami libanais) ;

Un jour , à l’occasion de demande de petites facilités pour CASAMAR dont j’étais le Directeur Général , Mr EL GHALI me faisait signer à blanc un « BON à ORDRE » sans indication aucune du motif et de la destination de l’opération …et avec ma seule signature à retenir…et le document était oublié dans un dossier « CASAMAR » jusqu’à ce que le plus intelligent des banquiers le manipule pour y mettre dessus de sa main le montant total d’un emprunt personnel gonflé d’intérêtsbancaires pour effet d’ordre de paiement immédiat (non honoré) à faire valoir devant le tribunal pour annuler un crédit personnel et aller saisir une petite parcelle à poules & chèvres pour le grand plaisir de mes adversaires libyens …

Banquier heureux

C’est ce même banquier qui était à l’origine de l’abandon d’une affaire d’importation avec option de transfert d’usine de quincaillerie aluminium au Maroc , et c’est ce même banquier qui me portait en triomphe pour avoir amener un dépôt de 25 millions de dollars pour sa petite Agence pour faire le bonheur et la joie de tout un monde (promotions de carrière) …

Pour le beau côté de l’histoire ( des années après le départ de Mr EL GHALI) , j’avais fait pousser les échéances successives de vente

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aux enchères -au tribunal- de ma petite ferme jusque l’avoir bien vendu pour se mettre à table avec le service juridique de la banque pour apurer les comptes et soulager ma peine.

Et , j’en garde avec fierté tous les dossiers de cette aventure et injustice dont je faisais cruellement l’objet durant des années…

Pour la suite des évènements ayant suivi la saisie de l’argent des libyens déposé chez la Société Générale des Banques, soit le dépôt de 25 millions de dollars, l’affaire avait fait vibrer le siège de la banque et les interventions de tout bord avaient permis d’avoir la mainlevée avec l’assistance de mon Avocat Me MOSTAFA et libérer les comptes.

Le déblocage de la saisie sur les dépôts devait se faire automatiquement avec le changement du Directeur Général et le désistement que ce dernier devait déposer auprès du Tribunal de première instance de Casablanca pour ANNULER le recours contre GERMASHIPPING & STEVEDORING Cny la compagnie libyenne , organe rattaché aux affaires étrangères libyennes et coiffé par les services de renseignements de KADHAFI …et qui était bien redevable à notre société marocaine CASAMAR d’importantes sommes d’argent en devises pour le fret produit de l’exploitation du navire M/S AL BAHRI (ex-BAFINA).

Mais c’est vrai que …la suite de cette histoire ne me concernait plus …

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Après toutes les tentatives de corruption du capitaine du navire M/S ALBAHRI saisi au port de Kenitra , après toutes les menaces , interventions et démonstration de force inutiles…les libyens menaçaient de boycotter les achats à partir du Maroc et faisait pression sur certains hommes d’affaires exportateurs sur les marchés de Libye afin de me convaincre d’abandonner mes recours ( alors que j’avais un ordre du tribunal en main) .

La pression commençait à se faire sentir aussi auprès du Tribunal et les contacts n’avaient pas cessé avec mon Avocat pour trouver un terrain d’entente …sans pour autant abandonner les menaces à mon égard …

Mais je n’avais pas fait attention à la déclaration de mon propre avocat qui voulait me faire comprendre qu’il devait toucher au moins 50% du montant à encaisser considérant qu’il en était le principal auteur et réalisateur… et je prenais ses déclarations pour une blague qui rappelle nos souvenirs d’enfance…

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Coûteux, avocat

Plus l’arrestation du navire au port de Kénitra se prolongeait , plus les pressions et menaces grandissaient avec des acteurs nouveaux et des intervenants de tout bord dont certains de mes amis …et on arriva aux gros moyens et à l’argent libyen qui commençait à se faire du chemin dans les coulisses du tribunal et de me faire sentir undanger certain …

Ma seule garantie était le fait réel que j’étais le maître à jouer malgré tout bien que mon avocat insistait pour lui laisser tout le pouvoir en se retranchant derrière lui …mais contre la moitié de tout ce que je pouvais ramasser comme indemnités ( et non gains ) …Cette fois-ci , il était claire et net que mon avocat visait « gros » avec risque de se retourner vers la partie adverse qui mobilisait tous les moyens pour obtenir sa complicité…mes adversaires étaient prêts à lui payer plus que je n’en demandais à condition de me mettre à genoux …ou de mieux en…prison !!

Un concours de circonstances m’avait permis d’établir un contact avec une grande personnalité qui devait être mon parapluie auprès des tribunaux afin de parer à toute tentative de corruption car ce scenario paraissait imminent …

Evidement , cette protection n’était pas un service gratuit , mais avait servi à me déstresser en me mettant confortablement à table avec mes adversaires , puis avec uncomité d’avocats supervisé par le bâtonnier lui-même et présidé par son adjoint pour arriver à un compromis …mais cette procédure ne semblait pas plaire à mon avocat qui commençait déjà à se faire difficile à contacter …

En fin de compte , la pression était beaucoup plus tournée vers moi que vers les adversaires disposés à me verser le montant des indemnités à convenir …

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Avant de négocier les détails du montant et des dispositions de séparation totale à prendre ; nous nous sommes mis sur un accord de principe sur la base du montant de la reconnaissance de dette qui avait été signée avant le blanchiment du navire M/S BAFINA étant entendu que le but d’avoir obtenu le document de la dette était de garantir un partenariat qui avait pour objet l’exploitation du navire …car le risque était de voir les libyens retirer le navire en le mettant sous un autre pavillon ou drapeau de Bahamas , Libéria , Singapour ou tout autre pavillon de complaisance.

En aucun cas , je n’avais projeté de s’enrichir avec la dite reconnaissance de dette.

Ceci-dit ,et les libyens qui n’avaient jamais douté de mon honnêteté sans jamais regretter d’avoir essayer de me tirer vers les bas-fonds des entreprises de la tentaculaire nébuleuse d’ALLIJAN ATTAWRIYA , voulaient payer pour une valeur globalecomprenant mes parts , mes services et indemnités pour obtenir la levée des saisies .

Il faut dire que j’ai été obligé d’accepter de recevoir un montant final équivalent à 250.000 dollars pour règlement de tout compte et un chèque était remis à mon avocat selon les uses et coutumes pratiqués à cette époque –là …

Je devais recevoir mon argent 48 heurs après déduction des frais du cabinet ( honoraires et débours) .

Risque imprévisible

Imprévisible retournement de situation et trahisonde mon avocat et ami d’enfance…

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Mon Avocat et ami , Me Mostafa , était très introduit auprès des tribunaux et services administratifs , très expéditif et efficace lorsqu’il s’agit d’affaires urgentes …et c’est pour cette raison que les amis du voisinage m’avaient conseillé de passer par son cabinet tout en restant vigilant quant aux honoraires excessifs qu’il fallait préciser parécrit ; mais le côté sombre de sa réputation était son habitude à reverser difficilement les indemnités et les dommages aux clients…mais je n’avais jamais pensé que Mostafa pouvait me faire chose pareille …

Me Mostafa , avait tout simplement reçu le chèque du montant équivalent à 250.000 $ en refusant de me remettre l’argent et les documents du dossier (dont le justificatif du paiement des frais couverts par la vente de notre appartement) prétextant que je devais me soumettre aux conditions notifiées par une lettre de l’avocat adverse qui n’est autre que l’ami intime à Me Mostafa*.

Et mon cher avocat de remettre directement à mes adversaires (contre gros bakchich) clés de bureaux , clés du coffre-fort contenant documents personnels et carnets de chèques en plus des désistements pour les recours …et profitant de cette situation et du blocage de paiement , l’avocat des libyens contre-attaque par une série de chèques sans provisions qui m’avaient coûté le temps et l’argent pour les annuler et éviter de justesse la prison …

Eh oui ! la prison …alors que mon propre avocat et ami se fait la belle vie avec mon argent et après avoir fait grâce aux libyens de 850.000 – 250.000 = 600.000 $ une semaine auparavant pour débloquer une situation catastrophique à leur Etat…

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Finalement , l’argent des libyens avait bien raison de la « toque » d’un ’avocat…corrompu !

*Après des années d’escroquerie à la « TOQUE » Me Mostafa avait fait l’objet de scandales médiatisés ayant retenti dernièrement.

Intervention et services « payés » pour libérer mon argent et « récompenser »les avocats…

Devant la situation impossible dans laquelle j’avais été entrainé – par trahison et abus de confiance - , j’ai d’abord désigné un autre avocat , Me AZIZ ancien camarade de classe de Lycée et ancien avocat de notre société CASAMAR …mais les services du nouveau avocat étaient soutenus par l’intervention d’une imposante personnalité qui avait obligé Me Mostafa à me rendre une partie de l’argent encaissé …déduction faite des honoraires (30%) du cabinet ce qui allait me laisser la moitié de la somme initialement versée par les libyens déduction faite des honoraires du nouveau avocat et des services de « parrainage » à la sicilienne …

Me AZIZ m’avait accompagné (1996) pour me mettre en relation avec un Cabinet d’avocat à Bruxelles afin de faire confectionner un contrat-type pour des représentations commerciales …et étais plus digne de confiance …

Mon nouveau avocat allait m’accompagner longtemps encore pour m’aider à faire faceaux multiples attaques en justice à caractère dissuasif accompagnées de campagnes de diffamation , de dénigrement , de rumeurs et injures dont je faisais l’objet d’une manière effrénée et irresponsable…il faut dire que les responsables libyens n’étaient pas prêts d’oublier la « gifle » et étaient près à payer gros pour me voir aux bas-fonds de la misère et en prison …

Généralement dans les pays sous-développés et dans un pays comme le Maroc… , le pouvoir de l’argent fait encore des victimes et la corruption ou « bakchich » sont des moyens souvent utilisés pour « conditionner » le traitement des dossiers en justice , obtenir gain de cause par détournement de la vérité ou allègement des charges et orienter de manière significative la marche des procès.

Mes adversaires libyens avaient un serviteur de choix pour ce genre de mission … Mr FETTOUH alias EL HAJ qui n’était autre que le fameux homme d’affaires qui était à l’origine de ma rencontre avec le libyen Mr Ibrahim F.F de GERMA SHIPPING & STEVEDORING – bureau du PIRAEUS (Grèce) pour me proposer le navire M/S Bafina …

Mr FETTOUH - homme bien illettré - avait reçu un mandat spécial des autorités libyennes pour les représenter devant la justice marocain en opposition à ma personneet pour me créer le maximum de problèmes…

L’homme avait des raisons évidentes pour « servir » les autorités libyennes de la sorte ,la première raison était le rapport familial…puisqu’il était marié à une libyenne de la famille de Mr I.F.F et la deuxième raison est qu’il était bien avantagé pour remporter plusieurs appels d’offre pour l’approvisionnement en graines et légumineuses pour des

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milliers de tonnes et des marchés de millions de dollars et charger – régulièrement - des conteneurs et des navires entiers au départ du Maroc , du Chili , d’Italie , de Turquie et bien d’autres ports d’exportation …il y avait donc de gros intérêts en jeu .

Bateau Vraquiers pour transport de divers

J’ai alors souffert pour près de 12 années consécutives de multiples harcèlements et menaces de tout genre et tout bord , de campagnes de dénigrement et atteinte à ma réputation , de blocage de recrutement et emploi auprès d’industriels et hommes d’affaires surtout pour le secteur des transports maritimes et internationaux, mes problèmes avec mon banquier avait pris le courant de la justice (saisie de bien , menaces de vente aux enchères de ma ferme et mes affaires personnelles et voiture) ou encore des convocations d’intimidation comme ce gros bonnet chargé de « Renseignements Généraux (R.G) » à la Préfecture de Casablanca qui me menaça de « me trainer , ma famille et moi , dans la boue…si je continue à « déranger » les investisseurs libyens !!? » , et c’était claire que Haj FETTOUH y était l’instigateur à coups de bakchich…

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Un combat non équilibré

Oubliant mon geste de renonciation à 600.000 $ sur le montant du paiement ordonné par le Tribunal pour ne recevoir en fin de compte que les 250.000 $ diminués de moitié (frais et services) ; les libyens et leur « Zbir » Haj FETTOUH allaient encore commettre une erreur «  grave » qui allait relancer de plus beau et plus spectaculaire notre conflit.

Manipulant, frauduleusement, un mes chèques retrouvé dans mon ancien coffre-fort de Direction , Haj FETTOUH allait réussir à utiliser le document (sans que la police ou les services du tribunal me convoquent pour l’explication assez simple en fait) pour m’inscrire sur la liste des « Recherchés pour affaires pénales et crimes » et me faire arrêter à la première occasion possible …et lors d’une demande de certificat de résidence au commissariat de proximité , j’ai été conduit aux arrêts pour y passer 36 Heures avant d’être libérer par le juge pour absence de preuves !

De crainte d’avoir à souffrir encore et encore de ce jeu de mafias et d’intervention « sucrée » de mon bourreau de Haj FETTOUH* , n’ayant plus confiance en notre système judiciaire corrompu et pourri aux os , et comme je ne disposait plus de moyens pour me faire protéger en me payant (à mon tour) une protection … je me suis mis à préparer mes dossiers de contre-attaque et à consulter tous mes amis étrangers qui pouvaient m’être utiles.

* Le mandataire des autorités libyennes, Haj FETTOUH qui devait continuer à me rendre la vie difficile mourut peu de temps après à Paris ( en pleine réunion d’affaires) par suite de crise cardiaque .

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Quand le recours en justice –légalisé à coups de bakchich- devient un moyen d’intimidation…

Finalement , il fallait remonter le dossier de conflit au niveau international et frapper la porte à l’Ambassade américaine après avoir essayer le contact d’autres ambassades européennes afin de porter très haut mon histoire et mes peines face à la mafia tentaculaire des services de renseignements libyens qui étaient arrivés – malheureusement – à me menacer de tous les dangers possibles chez moi et dans mon pays…

Par contre , mes amis étrangers avaient préparé le terrain pour me soutenir comme il fallait…en présentant mon cas et dossier par téléphone , aux diplomates américains etproposer de me recevoir à l’Ambassade à Rabat après avoir fixé une rencontre à l’HôtelHILTON annulée en cours de route pour une question de sécurité…

Rechercher de la solidarité au niveau international était la seule issue …

Grande panique devant l’Ambassade

La valise mystérieuse

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J’ai été vraiment « à bout de nerfs » en me préparant à la rencontre avec les américains , je voulais avoir avec moi tous mes dossiers et preuves que j’ai rangés avecsoins et ordre dans un « Trolley » à 04 roues de couleur vert militaire sans avoir idée dece que cela peut provoquer comme panique devant chez une ambassade américaine…! Mon trolley de type Unicorn (cabin seize 36 x 70 cm) était prêt et tous les dossiers dedans étaient importants pour moi …Après avoir été prié de garer ma voiture plus loin de l’ambassade sur le Boulevard Marrakech de Rabat – Hassan , une voiture type FIAT Uno du Groupe4 ( société de sécurité privée) devait me prendre pour me déposer à l’entrée de l’ambassade . l’agent de sécurité de Groupe4 qui pensait que « ma valise » annoncé comme bagage à main était une « Attaché case » était surpris de la taille de mon Trolley et devait en avertir la sécurité de l’ambassade pour se préparer à l’accueil …mais à l’arrivée et à ma descente de la voiture avec mon Trolley , tous les corps de sécurité autour de l’ambassade ( équipes de sécurité marocaine ) et à la porte de l’entrée ( sécurité américaine et groupe4 étaient en alerte et prêts à faire utilisation d’armes de feu… !!

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Grande panique devant l’ambassade et tous les scenarios étaient possibles…

Fort heureusement pour moi que j’étais juste devant la porte de l’ambassade pour êtreenfin « entraîné » à l’intérieur de la prestigieuse villa qui abritait les services de l’ambassade américaine.Une fois à l’intérieur, j’ai fait l’objet d’une minutieuse fouille de sécurité et ma valise était passée aux rayons en m’interdisant son ouverture ( !!) …j’ai même été accompagné de deux gardes de sécurité américains « armés » en uniformes officiels (une femme de couleur et un blond colosse rappelant le SCHWARZEGGER de Hollywood)…mes deux « anges » surveillants ne regardaient que le Trolley en me sommant de ne pas l’ouvrir tant que je suis à l’intérieur ( !!?)Peu importe , le contenu de mes dossiers est bien en tête et je pouvais faire confiance à mes qualités de communication et d’improvisation pour exposer et convaincre durant les 03 heures d’entretien qui m’avaient permis de bien faire étalage de mon problème et combat face à un ennemi et une mafia trop forts pour le simple citoyen que j’étais…Un officiel de la sécurité marocaine, appelé de la Direction centrale de Rabat après mon accord, s’était joint à la fin de notre réunion …et je n’oublierai jamais son regard méprisant à mon égard et ses yeux d’horreur qui me visaient sans apprécier mon calme serein imperturbable …En ce mois de Juillet 2002 , alors que je me trouvait en réunion au sein de l’ambassade américaine , la diplomatie américaine était active en médiation entre le Maroc et l’Espagne pour faire dépasser l’incident de l’ilot Leila (Persil) , ce petit rocher à 200 mètres à peine en face des côtes marocaines du Nord ; Mr Colin POWELL en personne s’était déplacé pour calmer les esprits après que les espagnols avaient fait prisonniers quelques militaires marocains débarqués sur l’ilot à la poursuite de clandestins …

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Traduction de l’article ci-dessous transcrit The Guardian, Thursday 18 July 2002-

Benaissa & Palacio

La crise de l'îlot Perejil

la Gendarmerie royale marocaine prend possession de l'îlot Perejil, territoire espagnol inhabité au large de Ceuta. Le 14 juillet 2002,

Ana Palacio Ministre des Affaires Etrangères d’Espagne refuse l'idée d'une intervention armée, affirmant que la force, « on sait toujours

quand elle commence, jamais quand elle finit » et défendant la voie diplomatique. Deux jours plus tard, elle rappelle l'ambassadeur

espagnol en poste à Rabat, puis un groupe de la Légion espagnole, appuyé par les forces spéciales, prend possession de l'îlot le 17

juillet 2002. Grâce à la médiation des États-Unis conduite par Mr Collin POWELL , les troupes espagnoles se retirent dès le 20 juillet et

un accord est signé entre Palacio et son homologue marocain, Mohamed Benaïssa, le surlendemain, garantissant le retour au status

quo ante bellum.

The confrontation between Spain and Morocco over the islet of Perejil entered a new and dangerous phase yesterday after elite Spanish assault troops retook the barren rock, capturing six Moroccan soldiers who were immediately returned to their country.

The dawn assault was carried out by special forces, who stormed the tiny island without firing a shot. The Spanish defence minister, Federico Trillo, said his government had accepted, before ordering the operation, that both sides might suffer casualties.

Last night Morocco said the Spanish assault amounted to "a declaration of war". A spokesman for KingMohammed VI accused Spain of wanting to "turn a political problem into a military conflict". Moroccodemanded an immediate withdrawal of Spanish troops

c’est dire que malgré les circonstances d’urgence qui caractérisaient les moments de ma visite , mon dossier avait bien été pris au sérieux et je me suis réuni successivement avec trois diplomates dont le dernier était bien le «  Regional Officer » qui m’avait même accompagné en fin de visite jusqu’au lieu de parking de ma voiture pour m’assurer que je devais être tranquille à présent et loin de tout danger ou dérangement… Le diplomate américain qui marchait en ma compagnie vers mon véhicule avait ,en fait, voulu transmettre un message que les caméras de surveillance ne pouvaient rater… Ainsi , tout le monde savait que mon dossier était désormais connu et suivi ( si besoin ) par une ambassade étrangère que personne ne pouvait corrompre s’agissant d’un cas de droits de l’homme …mais d’un dossier qui pouvait toucher à la sécurité et àla paix de la région.

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Enfin , je dois souligner au passage que lors de mes discussions à l’ambassade américaine , j’avais répondu par le sourire d’un « NON » qui me dispensait de toute autre insulte du genre et qui mettait mes interlocuteurs plus à l’aise et plus disposés à m’entendre jusqu’au bout …

Aussi , je n’avais pas à ouvrir mes dossiers pour justifier mes propos …mon exposé des faits et de l’historique des évènements était tellement précis et suffisamment convaincant… j’avais aussi répondu avec sincérité à toutes les questions pour des détails techniques que je ne pouvait pas inventer …

Un détail important avait retenu mon attention … à ma grande surprise j’avais comprisd’un diplomate que le régime libyen et le colonel KADHAFI auraient déjà , à l’époque ,fait des concessions qui devaient satisfaire les américains à relâcher de la pression sur eux.

Ma mission accomplie , je devais quitter les lieu rassuré , réconforté et libéré de mon stress étant certain que les choses allaient changer pour me permettre de continuer tranquillement mon train de vie et s’occuper de ma petite famille.

J’ai du quitter Rabat pour rentrer chez moi et baisser le rideau sur la fin de cette aventure et ce calvaire libyen dont je m’étais débarrassé à jamais …

Un vieux adage français disait :« les hasards sont si pointus qu’il ne faut pas s’asseoir dessus… »

Plus tard, en ce 05 Avril 2006 , on me mettant en place ( 1ère classe) sur le train-navette Rabat-Casablanca de 11:00 , un gentlemen américain était venu juste en face de moi …et nous allions partager les 50 minutes du trajet en discutant d’un intéressant sujet socio-économique de la région …C’était , carte de visite présentée , le Premier Secrétaire de l’Ambassade américaine (“First secretary” officer of the USA Embassy) pour juste le nommer par son prénom MrDonald parlait aussi français et un dialecte arabe ( libanais ) …il était très intéressé par mon expérience , attentif aux détails que je développais en discussion à propos desproblèmes du Moyen-Orient / Maghreb… L’homme posait calmement ses questions à propos des mentalités , comportement , croyances et appartenances politiques des peuples de la région et restais à l’écoute de mon opinion somme toute personnelle . Ensuite , j’avais été invité à deux reprises comme un vrai ami …et correspondre avec ce monsieur Donald avant qu’il ne disparaisse sans laisser de traces…même son e-mail officiel lié à son poste ne répondait plus…alors, j’ai gardé sa carte de visite pour ne pas oublier que mon recours auprès de l’ambassade américaine n’avait pas été inutile …abstraction faite du « phénomène » Mr Donald qui n’était en fait qu’une sorte d’étoile filante sans vœux de ma part .

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Après avoir essayé de lancer une affaire de services à Londres et réalisé une expositionde tableaux de peinture marocaine à la galerie SEPTENTRION (Fondation PROVOST) à Roubaix , je suis revenu à la case départ pour reprendre le courant normal de mon activité professionnelle.

Galerie SEPTENTRION - Roubaix

Mais ma vie avait complètement changé depuis, j’ai eu beaucoup de mal à me trouver une occupation et un emploi dans le secteur des Transports maritimes car mes ennemis avaient fait circuler trop de rumeurs, d’autant plus, que l’industrie des transports maritimes et services annexes avait été en crise… des armateurs avaient vendu leurs navires ou diminuer d’activité ou avait vendu leurs compagnies, comme ce fut le cas pour la COMANAV vendue au groupe français CMA-CGM.Après avoir essayer d’autres occupations dans les autres transports internationaux (TIR) et dans les services de dédouanement (Transit) je me suis résigné aux quelques occasions de conseil ou de la formation en logistique des transports.

Mon histoire avec la Libye devait en rester là, et ma vie devait continuer tant bien que mal à reprendre des morceaux de puzzle à recoller.

Mais pour mes amis libyens, tout allait changer…et le compte à rebours avait déjà commencé…

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La main du destinou

Le “PAY BACK TIME”

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Rebelles brandissant le nouveau drapeau libyen après la chute de Mouammar KADHAFI -2011

Avant le déclenchement des évènements du « Printemps arabe » en Libye , les libyens de GERMA SHIPPING & STEVEDORING company ( facette d’ALLIJAN ATTAWRIYA et Maktab Al Ittissal Al Khariji ou Affaires Etrangères libyennes) avait continué leur activité en récompensant Mr Haj FETTOUH et une Directrice de leur marocaine recrutéepar ce dernier pour me remplacer et développer surtout les affaires commerciales avecle Maroc …et très vite, cette nouvelle responsable bien conciliante et bonne collaboratrice, allait devenir très riche avec ses commissions sur des affaires d’importation de blé pour des minoteries locales qui réexportaient ensuite la farine surla Libye ou certains pays d’Afrique …et c’est Haj Fettouh qui supervisait et contrôlait les opérations …Mais ce dernier allait mourir peu après en pleine réunion à Paris des suites d’un arrêt cardiaque laissant derrière lui des affaires en suspens ( navires de céréales en route , dossiers de recouvrement non apurés et beaucoup de négociations non achevées) sans personne pour prendre la relève...et sa société devait arrêter d’activité .certains d’autres personnes qui animaient le fameux dossier de litiges avaient eu « la chance » de périr avant le déclenchement des évènements en Février 2011 et surtout avant la chute du régime en Octobre 2011.Le reste des dirigeants d’Allijan Attawriya et autres brigades de mort commandées parle fils à Mouammar KADHAFI , Seif-Al Islam étaient soit arrêtés ou tués , soit en fuite au Sud du pays ou réfugiés à l’étranger .

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Les rebelles étaient bien armés et avaient la gâchette facile au vue de tout ancien responsable , dirigeant ou employé ,de l’ancien régime .

Par correction et respect à l’être humain , je me refuse de commenter ou utiliser les images horribles de la mort de Mouammar KADHAFI et l’un de ses fils ou encore ces images de détention humiliante de Seif-Al Islam (fils aîné) de son frère Assaadi et de plusieurs anciens ministres , conseillers ou têtes des services de renseignements , de sécurité ou des forces de l’ancien régime déchu condamnés tous à la peine capitale dans l’attente de leur exécution …

Avant ce Février 2011 , date de déclenchement de la révolution , personne n’aurait cru à cette fin tragique du régime du « tout puissant » guide de la révolution MOUAMMAR ABOU MINIAR AL-KADHAFI .

L’année 2011 restera inoubliable pour les libyens etle monde arabe

En Tunisie ,d’abord , le Président BEN ALI est obligé le 14 Janvier 2011 de fuir le pays accompagné de sa femme Leila TRABELSI dont les multiples scandales de sa famille

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avaient précipité la révolte et la colère des tunisiens. Ben Ali était resté au pouvoir plus de 26 ans.

Ensuite vient le tour d’un autre Président qui avait dirigé l’Egypte pendant 30 années , le Président Housni MOUBAREK est obligé de démissionner le 11 Février 2011 après avoir voulu se faire succéder par son fils aîné Gamal Housni MOUBAREK

En Février 2011 , La contestation  débute aussi en Irak  et s'inscrit dans un contexte d'agitation dans les pays arabes. Comme en Tunisie ou encore en Égypte, les manifestants demandent plus de libertés et de démocratie, ainsi qu'un meilleur respect des droits de l'homme. Le bilan est plus meurtrier. On compte au moins 5 morts et environ 90 blessés sérieux suite au mouvement de protestation.

En Mars 2011 , la guerre civile éclate en Syrie et le Président Bashar Al-Assad continue à ce jour de lutter contre les révolutionnaires et les guerriers de l’Etat Islamique même après avoir perdu plus de la moitié de la surface de son territoire et occasionné plus de 300.000 morts , 600.000 blessés et des millions de réfugiés qui fuient encore le pays en flammes et ruines.

En juin 2011 , le Président du Yemen Ali Abdallah SALEH est blessé au sein même deson palais présidentiel par une roquette alors qu’il faisait sa prière en groupe . Il estpoussé à la démission en Février 2012 après sa période de convalescence en ArabieSaoudite pays auquel il est opposé aux côtés des HOUTTIS en pleine guerre fratricideau Yemen .

En Juin 2011 , la Cour Pénale Internationale qui avait émis un mandat d’arrêt contre lePrésident Omar AL-BASHIR de la République du Soudan a failli l’arrêter alors qu’il setrouvait en visite officielle en Chine (les chinois avaient négligé la demande de la diteCour) .. mais en Juillet 2011 , le Soudan du Sud – appuyé par la communauté

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internationale à l’exception des arabo-musulmans – avait fait sécession de laRépublique du Soudan qui est de facto divisée en deux.

Enfin , en Octobre 2011 Mouammar Abou Miniar AL-KADHAFI est fait prisonnier ,lynché sauvagement par les rebelles qui le tuent de la manière la plus cruelle …mettant ainsi fin à son régime ayant duré plus de 42 années …

BAB EL AZIZIA fut envahi , dévasté tout feu tout flamme et cendres ,pillé et effacé même de l’histoire de la Libye .

BAB EL AZIZIA en ruines et cendres…

D’après le blog financier Celebrity Networth , Mouammar Kadhafi serait le huitièmehomme le plus riche de tous les temps avec une fortune éstimée à fin 2010 à

200 milliards de dollars (189 milliards d’euros)

Kadhafi a dirigé la Libye pendant près de 42 ans. Mort en 2011, il était un des hommes les plus riches au monde. Sa fortune, provenant de l’extraction du pétrole et du gaz, il aurait sorti ces milliards de dollars durant les trente années précédant sa chute . L’administration américaine a découvert que le régime libyen possédait près de 27

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milliards d’euros sur des comptes et des investissements aux États-Unis ; ils ont depuis été gelés. En Europe, près de 22 milliards d’euros ont été saisis par les gouvernements français, italien, britannique et allemand. Kadhafi investissait dans des entreprises comme Total, Alsthom, Fiat, dans les secteurs des médias (Financial Time) ou du sport (7,5% de la Juventus). En France, il possédait, par exemple, le bâtiment parisien qui abrite la Fnac des Ternes dans le 17ème arrondissement de Paris.

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