SHORT STORIES – NOUVELLES – POÉSIES (Deuxième Volume)

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1/0 ANNUNZIO COULARDEAU JACQUES COULARDEAU SHORT STORIES – NOUVELLES – POÉSIES (Deuxième Volume) Il y a dans tout ce fatras qui couvre plus de quinze années, bien des choses qui vont de pair avec lui et moi, avec AC qui se dit Hal et moi JC qui se croit le frère aîné de Jésus. C’est un parcours, une recherche, un délire qui explique et sous-tend sans la moindre limite ni ambiguïté ou même réticence la recherche scientifique, la pratique pédagogique et la fureur journalistique. Le critique des Festivals de La Chaise Dieu a usé de la même plume que l’auteur ou les auteurs de chacune de ces pièces. Il y a derrière tous ces textes une histoire, une impasse, une souffrance, un désir, un cri et parfois simplement le coup de feu sur la voie ferrée de Biloxi au Mississippi qui donna voix à une frustration qui ne sera jamais assouvie. Il y a derrière chaque pavé qui casse une vitre la rage qui le lance et la bêtise à laquelle il est destiné. On trouve facilement le lanceur de pierre et autrefois on l’aurait envoyé à Cayenne, ou plus loin encore on l’aurait passé à la roue, un supplice délicieux qui fut supprimé par l’industrialisation de la peine de mort par la Révolution Française et la guillotine. On trouve plus difficilement la bêtise à laquelle le pavé est destiné, et si on la trouve il est encore plus hasardeux de lui donner visage humain. Quelque part nous avons toujours des pavés, des lanceurs potentiels ou réels, mais nous n’avons plus nulle part ni la guillotine, ni la roue, et les séjours dans les prisons françaises, avec isolation et viol en alternance (SIDA à la clé de voute de ces internements), n’ont rien de comparable à mourir au soleil sur une roue à trois mètres du sol, les jambes, les cuisses, les avant-bras, les bras, le sternum, les côtes et pour bonne mesure les clavicules brisées à coups de barre de fer. La barbarie humaine a perdu une bataille là et la civilisation en a gagné une. On est passé de la civilisation féodale à la civilisation républicaine, certains diraient de l’économie de marché qui n’aime plus le sang versé à la face du monde et la douleur publique, qui aime qu’on les cache à jamais derrière les sept voiles de Salomé et les écrans télé. C’est à cela que je dédie ces nouvelles, ces poèmes, ces cris qui montent du plus profond de l’enfer de Dante jusqu’au plus récent cas de violence gratuite contre autrui, comme ces enfants entre douze et quinze ans qui tuent d’autres enfants du même âge ou parfois un peu à peine plus âgés. Jacques COULARDEAU

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ANNUNZIO COULARDEAUJACQUES COULARDEAU

SHORT STORIES – NOUVELLES – POÉSIES(Deuxième Volume)

Il y a dans tout ce fatras qui couvre plus de quinze années, bien des chosesqui vont de pair avec lui et moi, avec AC qui se dit Hal et moi JC qui se croit le frèreaîné de Jésus.

C’est un parcours, une recherche, un délire qui explique et sous-tend sans lamoindre limite ni ambiguïté ou même réticence la recherche scientifique, la pratiquepédagogique et la fureur journalistique. Le critique des Festivals de La Chaise Dieua usé de la même plume que l’auteur ou les auteurs de chacune de ces pièces.

Il y a derrière tous ces textes une histoire, une impasse, une souffrance, undésir, un cri et parfois simplement le coup de feu sur la voie ferrée de Biloxi auMississippi qui donna voix à une frustration qui ne sera jamais assouvie.

Il y a derrière chaque pavé qui casse une vitre la rage qui le lance et la bêtiseà laquelle il est destiné. On trouve facilement le lanceur de pierre et autrefois onl’aurait envoyé à Cayenne, ou plus loin encore on l’aurait passé à la roue, unsupplice délicieux qui fut supprimé par l’industrialisation de la peine de mort par laRévolution Française et la guillotine. On trouve plus difficilement la bêtise à laquellele pavé est destiné, et si on la trouve il est encore plus hasardeux de lui donnervisage humain.

Quelque part nous avons toujours des pavés, des lanceurs potentiels ouréels, mais nous n’avons plus nulle part ni la guillotine, ni la roue, et les séjoursdans les prisons françaises, avec isolation et viol en alternance (SIDA à la clé devoute de ces internements), n’ont rien de comparable à mourir au soleil sur uneroue à trois mètres du sol, les jambes, les cuisses, les avant-bras, les bras, lesternum, les côtes et pour bonne mesure les clavicules brisées à coups de barre defer. La barbarie humaine a perdu une bataille là et la civilisation en a gagné une. Onest passé de la civilisation féodale à la civilisation républicaine, certains diraient del’économie de marché qui n’aime plus le sang versé à la face du monde et ladouleur publique, qui aime qu’on les cache à jamais derrière les sept voiles deSalomé et les écrans télé.

C’est à cela que je dédie ces nouvelles, ces poèmes, ces cris qui montent duplus profond de l’enfer de Dante jusqu’au plus récent cas de violence gratuitecontre autrui, comme ces enfants entre douze et quinze ans qui tuent d’autresenfants du même âge ou parfois un peu à peine plus âgés.

Jacques COULARDEAU

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TABLE DES MATIÈRES

. . . / . . .7- LA VENDETTA DU VENT DE T…8- LES TROIS MAMPIRES9- ONE HAPPY MORNING10- LA RACLETTE11- JE SUIS TOUTE VERMOULUE12- LE DIABLE EST AU FOND DE NOS BOURSES ou COMMENT TIRER LE DIABLE PAR LA QUEUE

MON FILS N’EST PAS UN BALAI DE GENÊTSLE PONT DU DIABLELE DIABLE ET LES TROIS DIABLESSESLE DIABLE EN TRANSEFIFI SANS TIFS LE VAMPIRE DE ROUBAIX SUR TRICHON

. . . TO BE CONTINUED . . .

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LA VENDETTA DU VENT DE T…

Il faisait sombre hier soir à T… . J’avais apprécié un bon repas dans quelquerestaurant sans grande importance, et je l’avais arrosé avec une bière belge sombre et àla cerise puis une bouteille de Côtes du Forez au point d’en avoir l’esprit un peu ondulantet parcouru de vaguelettes doucement tendres et chaudes. Et le café corsé, que j’ai arroséd’un petit alcool de prune, n’a pas désembrumé mon cerveau et a au contraire levé unvent si fort et si régulier sous mon crâne que j’ai été pris d’un peu de panique car celasentait la colère, la colère de quelque pater noster qui soudain m’en voulait d’avoir joui dela bonne chère et d’avoir oublié la règle que mon père avait édicté il y a si longtemps, quel’on doit tout tenter, mais que l’on ne doit faire ce tout qu’avec modération. J’avais oublié lamodération. Il n’en reste pas moins que quand je suis sorti dans la rue, je n’ai pas reconnules trottoirs ni les maisons, et que le vent qui soufflait il y a encore un instant entre lesmurs de mon crâne et maintenant s’engouffrait entre les murs de la ville s’est plutôt mis encolère, comme le pater noster dont je parlais il y aun instant, et m’a dit d’un tonpéremptoire :

« Mon pauvre Michel, n’est pas archange qui veut. Et ma colère sera sansrémission. »

Et j’ai fermé les yeux pour mieux entendre cette colère. Mal m’en a pris car jedisparus complètement dans les tourbillons de ce vent qui me bousculait et me tournicotaitsans le moindre répit. Et mes yeux clos voyaient comme une vision catastrophique etapocalyptique.

Le vent s’est fâché hier soir, peut-être contre moi, mais on ne sait jamais vraimentavec le vent contre qui il peut bien en avoir. Il a soufflé dans les rues de T... et il a peignéles tuiles à rebrousse-poil.

« Sais-tu, mon pauvre Michel, que tu tombes mal avec ton ivresse de fête solitaire,car l’homme au chapeau noir a décidé d’empêcher le vent de souffler à T... . A décidé dem’empêcher de souffler à T… . Tu t’imagines un peu ce que je vais faire ? Non ? Eh bienregarde, et tu vas apprendre une bonne leçon de choses. »

« Mais qui est l’homme au chapeau noir ? » que j’osai demander.

« Je n’ai plus rien à te dire. Regarde et apprends bien ce que tu peux tirer de cespectacle ! » qu’il m’a répondu le vent, et tout ne fut plus qu’un simple spectacle, dans matête pour sûr, mais n’était-ce pas aussi dans la réalité ? Je ne le saurai probablementjamais car je m’affalai à ce moment là sur un banc public et … me suis-je endormi ? Peut-être. Et pourtant cette vision avait le goût de plus qu’une simple vision, peut-être un criprémonitoire du fond de l’âme du temps.

L’homme au chapeau noir ! L’homme au chapeau noir ! C’est un homme bien blancsous toutes les coutures, ou presque. Le cheveu blanc et gris et la moustache en brosse à

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reluire poivre et sel. C’est un homme bien blanc, l’homme au chapeau noir, sous tous lesangles d’attaque, ou presque. Il porte toujours des chemises bien blanches mais descravates bien sombres. On dit même qu’il porte des sous-vêtements bien blancs mais deschaussettes bien sombres. Mais on dit beaucoup de choses sur lui, qu’il a l’âme bienblanche pour certains, ou plutôt rose pour d’autres, mais aussi bien noire pour d’autresencore. Mais on sait qu’en hiver il porte toujours des costumes bien sombres, et en été,plutôt clairs pour faire fête au soleil.

Mais ce qui est, ou était, car on ne sait plus vraiment s’il existe encore, le plusintéressant chez cet homme au chapeau noir, c’est qu’il a ou qu’il avait le pouvoir. Tousles gens à l’âme bien blanche avaient voté pour lui à T... et il gouvernait tous les gens deT... pour le seul bien de tous les gens à l’âme bien blanche. Bien sûr pas du tout pour lebien des gens dont l’âme n’était pas bien blanche, ceux dont l’âme est plutôt un peubronzée, sombre, ou simplement sale, salie par le vent du désert, de l’océan ou des terreslointaines où ils ont voyagé, parce qu’ils viennent de loin et qu’ils ont du marcherlongtemps pour venir à T... . Et partout où ils sont passés, le vent a soufflé dans leurscheveux et dans leurs oreilles, et leur a tanné la peau qui est devenue sombre, parfois trèssombre, ou simplement sale de tous les embruns et de toute la poussière que le vent leura appliqués au visage, aux mains et à toutes leurs chairs visibles que ce vent mordait àpleine dents pour les inciter à marcher, à rester éveillés, à continuer leur route vers T..., laville de leurs rêves tranchants comme un fil de couteau et superbes comme une abeille ausoleil.

Ah ! combien l’homme au chapeau noir de T..., il n’aime pas les hommes qui ontl’âme un peu moins blanche que lui ou même pas blanche du tout. Et comme les hommesqui viennent de loin ont été noircis et apportés par le vent, l’homme au chapeau noir, entoute logique, a décidé de fermer T... au vent, de déclarer T... zone interdite au vent,d’imposer un détour au vent et ainsi à tous les hommes sombres qu’il amène.

Aussi le vent s’est fâché hier soir, peut-être contre moi, mais on ne sait jamaisvraiment avec le vent, contre qui il peut bien en avoir. Il a soufflé dans les rues de T... et ila peigné les tuiles à rebrousse-poil et il les a faites voler dans les rues. Il a soufflé dans lescheminées et il a fait refouler les poêles. Et il a répété, comme si je n’avais pas entendu lapremière fois : « Sais-tu, mon pauvre Michel, que tu tombes mal avec ton ivresse de fêtesolitaire, car l’homme au chapeau noir a décidé d’empêcher le vent de souffler à T... . Adécidé de m’empêcher de souffler à T… . Tu t’imagines un peu ce que je vais faire ?Non ? Eh bien regarde, et tu vas apprendre une bonne leçon de choses. »

C’est que l’homme au chapeau noir avait commencé à construire un grand mur depierres blanches autour de T..., un mur si haut, si haut, que le vent ne pourrait plus passeret serait obligé de faire un détour. Et tout en haut du mur il avait mis des créneaux, et auxquatre coins du mur, il avait mis des tours. Et tout en haut des tours il avait mis descréneaux à nouveau, et des gardes, des vigiles, armés de pistolets, de révolvers, de vingt-deux long rifles et de bazookas avec l’ordre d’effrayer le vent et de le repousser loin deT..., avec tous les hommes sombres qu’il transporte, de le tuer ce vent, s’il le fallait, et

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avec lui tous ceux qu’il transporte, s’il le fallait, et ne le fallait-il pas vraiment ?

L’homme au chapeau noir était un homme rusé. Il savait qu’il faudrait bien faireattention aux portes, car il y a quatre portes pour entrer et sortir de T.... Une pour les busremplis de gens à l’âme bien blanche. Une pour les train remplis de gens à l’âme bienblanche. Une pour les voitures remplies de gens à l’âme bien blanche. Une pour lespiétons qui sont tous des gens à l’âme bien blanche. Du moins pour entrer, car quand onest entré on peut difficilement ressortir. Par contre les gens qui n’ont pas l’âme bienblanche ont eux le droit de sortir, mais s’ils sortent, comme ils n’ont pas le droit de rentrer,ils ne peuvent plus revenir chez eux.

Et l’homme au chapeau noir met une pièce d’argent dans un tronc à chaquehomme à l’âme pas bien blanche qui sort de T... . C’est le sou de l’homme au chapeaunoir, le sou qui servira plus tard à mettre des clous sur les portes de la ville pour les rendreeffrayantes.

Mais voilà, l’homme au chapeau noir vient de rencontrer les durs pépins de laréalité dans les pommes goldens du marchand de fruits. Pensez-donc ! C’est un hommedont l’âme n’est pas bien blanche et il vend des pommes goldens à tout le monde, les bienblancs bien sûr, mais aussi les pas bien blancs car ce sont tous des hommes comme lesautres et après tout il aime tout le monde, et lui, il s’en moque des décisions de l’hommeau chapeau noir de T... . Et c’est tant mieux, car ce marchand de fruits est le seul à T... àvendre des fruits. Alors les hommes à l’âme bien blanche auraient un sérieux problèmeavec lui qui n’a pas l’âme des plus blanche, s’ils étaient comme l’homme au chapeau noirde T... .

Je disais donc que l’homme au chapeau noir venait de rencontrer les durs pépinsde la réalité. Pensez-donc ! Le vent entre par les quatre portes et on ne peut pas l’arrêter.En passant il souffle la casquette du douanier, relève la jupe de l’hôtesse, fait voler tousles papiers sur le bureau du douanier-chef, et même hier, ou avant-hier, enfin un de cesjours passés, il a volé la passeport t…nois d’un homme bien blanc, il l’a envolé dans larue, il l’a survolé au-dessus de la D…, la rivière locale. Et plouf ! il l’a balancé dans la flottesale, car il faut le dire, dans la D… de T... la flotte n’est pas bien blanche, elle est mêmeplutôt bien sale.

Alors l’homme au chapeau noir de T... a réuni le Conseil Municipal et il a proposédes mesures strictes. Il a proposé de fermer les portes et d’interdire les entrées et lessorties. Deux ou trois conseillers se sont alors réveillés – car ils dormaient tous quandl’homme au chapeau noir parlait – et ont haussé les sourcils, qu’ils ont d’ailleurs épais. Ilsont ouvert la bouche, et alors l’homme au chapeau noir leur a dit :

« Surtout ne parlez pas ! Le vent est interdit à T... et quand vous parlez c’est un vraicourant d’air incessant, un ouragan à ne pas mettre le nez dehors. »

Ces deux ou trois conseillers étaient de l’opposition. Depuis ils ne le sont plus car

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ils se sont tus pour ne pas faire de vent. Ils n’ont donc pas soufflé un seul mot. L’hommeau chapeau noir en a profité pour les faire désélire par des élections béton et il a muré lesquatre portes de T... de ses propres mains, qu’il a propres certes, mais c’est une façon deparler, car ses mains n’ont jamais touché le ciment, encore moins le béton, sauf quand onen met dans les urnes des élections, et c’est pour ça qu’elles sont propres, ces mains, cesurnes ou ces élections au choix, car après tout ce n’est qu’un subalterne qui touche lebéton au nom et en place de l’homme au chapeau noir.

Adieu veau, vache, cochon, couvée, le temps des veaux maigres, des vachesdécharnées, des cochons squelettiques et des couvées qui n’ont plus que la peau sur lesos a commencé.

Et quels veaux maigres !Quelles vaches décharnées !Quels cochons squelettiques !Quelles couvées qui n’ont plus que la peau sur les os ou le sos sous la peau !

Plus de lait, même pour les bébés, au bout de deux semaines.

Plus de fruits ou de légumes la semaine suivante. L’homme au chapeau noir venaitd’expulser manu militari le seul vendeur de fruits et de légumes de T... car il n’avait pasl’âme assez blanche et l’homme au chapeau noir l’a accusé de trafiquer ses fruits et seslégumes pour les rendre dangereusement dormitifs et ainsi d’endormir la conscience desgens à l’âme bien blanche de T..., au point qu’ils en oublient leur devoir de blancheur.

Plus de conserves la quatrième semaine.

Et le pain manqua la cinquième semaine, d’une part parce qu’il n’y avait plus defarine blanche, et d’autre part parce que l’on brûla toutes les farines grises, sombres, pasblanchies à la javel pour faire du pain bien blanc.

Il fallait voir le spectacle à T... . Un véritable opéra lyrique, liturgique et sacré. Leshommes à l’âme bien blanche arrachaient les fleurs et les arbres de toutes les places pourse nourrir. Vous auriez du les voir faire bouillir le tronc des chênes pour en faire de lapurée. Puis ils se mirent à manger les chiens et les chats, sans distinction de race ou decouleur, du plus petit au plus grand, du plus poilu au moins velu, du plus blanc au plusnoir, et en plus même le perroquet – qui n‘est ni un chat ni un chien – de MmeBlanchetaille passa à la casserole, les plumes y compris et les viscères de même. Et enfinles rats et les souris, ou du moins ceux qui étaient encore là car ils avaient su échapperaux chiens et aux chats et qu’ils n’avaient pas encore fui à toutes jambes la ville affaméede T... où l’on ne trouve plus le moindre petit vermisseai ou grain de mil. On vit même unou deux hommes dont l’âme blanchissait à vue d’œil, devenait comme traslucide, bientôtinvisible, brouter l’herbe comme des vaches, car ils aspiraient – murmuraient ceux quin’osaient pas encore se réduire à cela – ainsi pouvoir donner du lait.

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Je ne vous dit pas la panique dans une ville où comme dans beaucoup d’autresendroits il n’y a que deux catégories d’hommes en dernière annalyse, ceux qui niquent etceux qui paniquent, et là, la deuxième catégorie commençait à l’emporter largement sur lapremière ! Et tout le broutage de ceux qui croyaient à la transmutation de l’herbe en lait nese fit qu’en vain – oh ! comme le souvenir du vin blanc, du vin rouge et du vin rosé étaitdoux à l’esprit de ceux qui étaient encore dans la ville de T…, car le vin avait disparu il y abien longtemps, entre les fruits et les conserves – car seules les vaches peuventtransformer l’herbe verte en lait bien blanc. Cela est bien connu de tous, quelle que soitlze couleur de leur âme.

Mais le malheur suprême arriva la sixième semaine. En effet, les gens avaient sifaim que quand ils ouvraient la bouche, ils se mettaient à roter. D’abord un ou deux, lesplus affamés, puis des dizaines, des centaines, des milliers de gens rotèrent et rotèrentencore et rotèrent à nouveau. Ce fut un fameux bruit – que personne jamais n’osa appelerconcert, oratorio ou même passion – et une bien désagréable odeur. Et pourtant pas uneâme ne s’en offusqua. C’est vrai que les âmes de T… n’avaient plus grand loisir des’offusquer de quoi que ce soit. Mais le pire fut quand tous les rots accumulés devinrentun grand vent qui balaya les rues de T... et alla secouer les portes fermées de la ville, sifort que celles-ci tombèrent et aussitôt tous les gens à l’âme bien blanche encore deboutet valides se ruèrent au dehors pour trouver de quoi manger.

Et quand ils revinrent, ils allèrent à l’Hôtel de Ville pour signifier à l’homme auchapeau noir qu’ils ne voulaient plus que l’on ferme les portes. Mais ils ne trouvèrent quele chapeau noir sur la table car le vent, profitant de l’ouverture des portes, était revenu etavait emporté l’homme sans son chapeau noir et l’avait balancé dans la D… . Voilà ce qu’illui en a coûté du fait que les gens affamés ouvrirent les portes de la ville de leurs rotsretentissants.

Et comme l’homme au chapeau noir n’avait pas son chapeau noir, il ne savait plusnager. Alors il s’est noyé. Et on ne retrouva jamais ce pauvre homme au chapeau noirdorénavant sans chapeau noir, même si la rivière se couvrit pendant une semained’innombrables poissons crevés, empoisonnés dirent les mauvaises langues, carmaintenant que les âmes, blanches ou pas, avaient reconquis le goût de l’extérieur, leslangues se délièrent et on ne put plus jamais les arrêter. Elles doivent parler encore, etc’est ce que la rumeur publique semble bien m’indiquer dans une note en bas de page.

Les habitants de T... se mirent alors à détruire le mur autour de la ville et plusjamais la ville ne fut interdite au vent et aux gens un peu sombres d’âme. Il suffit de fairede nouvelles élections pour désigner un nouveau Maire et un nouveau Conseil Municipal.Pas un seul homme, pas une seule femme, pas un seul enfant, bien blancs d’âme oumoins blancs d’âme n’oublia de voter, et ce fut la première fois que les moins blancsd’âme votèrent, et tous indifféremment de leur blancheur d’âme votèrent pour ceux quis’engagèrent à ne jamais plus refermer la ville au vent. Le service du vent est un servicedivin ! Quand le vent est tiré il faut le boire ! Qu’importe le vent pourvu qu’on ait l’ivresse !

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Et un rayon se soleil se glissa entre les frondaisons de deux arbres et tomba surmes paupières allourdies et allanguies du sommeil de l’ivresse sur mon banc public.J’ouvris alors une de mes paupières, pas les deux, on ne sait jamais. Il faut toujoursgarder une paupière pour la soif ! Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ! Et toutsemblait normal à cet paupière levée dans le soleil matinal. J’ouvris alors la deuxièmepaupière et, une fois n’est pas commune, les deux oersiennes de la vision oculaire semirent d’accord sur la réalité ambiante, la journée sembla parfaitement normale à cettedeuxième paupière, comme à la première. Il ne leur restait plus qu’à convaincre les yeuxet mes deux cerveaux gauche et droit que je pouvais me lever et que, d’un pied titubantquelque peu, je pouvais rentrer chez moi.

J’avais du avoir un rêve et rien d’autre. Mais même si rève qui roule n’amasse pasmousse, il n’est pas de rêve sans fumée ! C’est que peut-être après tout c’était quelquepart, d’une certaine façon, probablement vrai ou vraisemblablement probable, ou toutsimplement plausible que cela soit vrai pour certains esprits qu’on dira … contournés ?Oui, définitivement cont…nois ! Le conte avait tourné au tournoi.

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LES TROIS MAMPIRES

Il était une fois, il y a très longtemps, mille neuf cent quatre vingt quatorze ansexactement, un petit enfant venait de naître à Béthlé-Hem près de Roubaix entreHempenpont et Forest sur Marque.

La naissance avait eu lieu dans une crèche toute simple entre un champ debetteraves et un champ de houblon car toutes les maternités étaient débordées et de toutefaçon les parents étaient des SDF, des Sans Domicile Fixe, des vagabonds qui n'avaientaucune couverture sociale.

Le Père Joseph rayonnait de joie, la joie d'un jeune père, et il avait fumé un cigaresans moustache. La mère Marie jubilait en silence dans son petit coin car pendant unesemaine Joseph avait accepté de faire la vaisselle sans discuter. Certes ils n'avaient pasvu de bergers car dans ce bas coin du monde les moutons sont rares, ou du moins lesanimaux que l'on appelle moutons. Quant aux hommes du même nom, ils étaient tous àce moment là sur la Grand Place de Roubaix en train d'arvéter les illuminations laser. Etque je t'arvète l'un et que tu m'arvète l'autre et qu'il s'arvète l'un l'autre et que nous nousarvétons les uns les autres en bons chrétiens, etc, jusqu'au bout de la conjugaison.

Mais ils avaient eu la visite d'un betteravier qui avait le béguin des petits bébés etlui avait apporté du sucre bien sûr; et celle d'un houblonnier qui aimait les crèches depuisseptante cinq avant Jésus Christ, ou à peu près, et qui n'aimait pas les bières danslesquelles on mettait les victimes de la Mort Subite.

Ils avaient eu aussi la visite d'un vendeur de moules qui récupérait les écailles oules coquilles pour en faire des chapelets dûment bénis en sainteté par le curé de SaintMartin qui était pour encourager les petits métiers. Ils avaient aussi eu celle d'un friteur quiavait apporté quelques cornets de bonnes sœurs de terre dorées à point pour lacompagnie, et enfin, la visite d'un vendeur d'os et acheteur de peaux de lapins et devieilles berlouffes qui d'habitude officiait à Wattrelos, mais pour une fois avait décidé defaire une excursion à l'autre bout du monde. Celui-ci avait d'ailleurs apporté quelqueséchantillons de sa marchandise, un manteau en peau de biqu' pour Baron fortuné et dessouliers en peau de vac' pour vaches à roulette, hirondelles, cognes et autres types depandores et de flics.

La fête battait son plein depuis six jours et déjà l'on annonçait qu'il allait falloirrentrer chez soi car les crèches ce n'est quand même pas fait pour les bébés et il y avaitune sorte de vache dans l'étable d'à côté qui voulait elle aussi mettre bas son veau et ledorloter dans de la paille fraîche. Et pourtant l'étoile était toujours là entre les deux lignesde peupliers qui bordaient la route qui menait à la crèche. Et on ne savait pas pourquoi,même si les marchands de galette s'impatientaient en disant que quelque chose devaitarriver pour qu'ils puissent faire leur beurre en vendant leurs galettes à la frangipane auxgogos qui commençaient déjà à dessaouler de tous leurs réveillons.

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Peut-être qu'après tout la rumeur des artisans boulangers était vraie. peut être qued'autres voyageurs allaient venir. Mais lesquels? La Voix du Nord n'avait rien annoncé,même dans sa rubrique horoscopique de dernière page. Etrange non? Car la Voix duNord n'hésite que rarement devant le moindre ragot.Mais pire encore, Nord Eclair était resté quant à lui muet comme une carpe alors mêmequ'il n'hésitait pas à faire de grands articles dès qu'un chien écrasé était annoncé ou qu'unconseiller municipal se foulait le tarse et se démettait le pouce en signant des chèquesbien sûr tous sans provisions, s'entend sans leurs provisions, puisque dans tout conseilmunicipal qui se respecte ce sont les citoyens qui assurent les provisions des chèquesque seuls les Conseillers peuvent signer. Et nous ne parlerons pas du Maire. Diligence etConstance ont toujours été les deux mamelles de Roubaix.

Et la dernière nuit du congé maternité arrivait. Alors, Joseph et Marie décidèrent dese reposer et de remercier tous les visiteurs en les priant de se retirer dans l'antichambrede la crèche, une petite salle où l'on entreprosait le foin du bœuf entre deux pierres et leson de l'âne dans un carton.

Et la nuit commença.

Vers minuit cependant quelque chose arriva. On entendit le pas calme de troischameaux qui approchaient sur la route. Les trois chameaux s'arrêtèrent et on entenditdescendre trois personnes qui chantaient:

Ce matin j'ai rencontré le trainUn TGV qui allait bon trainDe trois grands rois qui partaient en voyageCe matin j'ai rencontré le trainUn TGV qui allait bon trainDe trois grands rois qui étaient en chemin.

Joseph s'exclama: "Les Rois Mages. enfin. Nous allons avoir de la galette."

Et Marie rétorqua: "De la galette? Tu ne penses qu'à ça. Ils apportent l'or, l'encenset la myrrhe."

Et l'on entendit la porte extérieure s'ouvrir, tous les visiteurs se prosterner ets'écrier: "Dieu soit loué, ils sont arrivés."

L'histoire était donc finie. Ou du moins vous risquez de le croire. Eh bien, pas dutout. L'histoire ne fait que commencer. La vraie et véridique histoire des trois rois mages,Gaspar, Melchior et Balthazar, le blanc, le gris et le noir, dans un ordre ou dans l'autre,l'or, l'encens et la myrrhe, dans le bon sens ou à contre sens de tout bon sens.

Gaspar entra dans l'antichambre et se saisit du marchand de berlouffes d'une maingauche autoritaire et un peu violente. Que n'accepte-t-on pas des rois. Puis de la maindroite il lui écarta le col de son pardessus doublé en peau de lapin.

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"Mon dieu, qu'il a une belle carotide!"

Et il plongea tel un lapin sur une carotte, la misère sur les pauvres, les puces surles chiens et les morpions sur les putes, et il plongea ses deux dents canines qu'il avaiteffilées, et il se mit à boire le bon lait rouge de la vache humaine.

"Un vrai délice!" s'écria-t-il.

Et il revit en pensée, comme il en avait le pouvoir, tandis que le cœur du berlouffeurralentissait, toute la vie de ce pauvre homme dont il ne connaissait même pas le nom, sidu moins il en avait un autre que vendeur d'os et de peau de lapin. D'abord l'enfance dansune courée roubaisienne de la rue de l'Epeule. Une grande impression de froid, surtoutquand il fallait le soir, l'hiver, dans le noir aller à la fontaine chercher de l'eau, ou pireencore aller aux cabinets tout au fond de la cour. Puis la jeunesse au lycée professionnel,et la petite Françoise qui hurlait dans l'impasse du Trichon quand il la viola, sans mêmedire merci. Et ensuite l'usine du boulevard, l'usine château des Motte. Mais là toutchangeait tout à coup. Ce vendeur de berlouffes devenait riche, personne n'avait jamaissu comment, mais les recoins de son âme se révélait à Gaspar avec chaque gorgée desang. Et ce Gaspar débusqua dans l'âme de ce pauvre hère le souvenir de l'or dénichédans un grenier de vieille, rue de Saint Amand. Et la vieille était allongée au sol de sachambre, la tête fracassée. Voilà comment on fait richesse en faisant ripaille des vieux quine connaissent pas les caisses d'épargne. Gaspar eut honte de ce criminel dont il buvaitle sang et il l'acheva d'une dernière gorgée et jeta le corps flasque qui le dégoûtait contrele mur qui dégoulinait d'humidité.

Pendant ce temps, Melchior s'était approché du vendeur de moules rapiat quirécupérait les coquilles et les écailles pour ses chapelets. Celui-ci le regarda de deux yeuxexorbités. Mais rien n'y fit. Melchior lui saisit la tête, tordit la nuque et tourna d'un coupsec. Le cou craqua. Il était mort. Mais Melchior en toute hâte lui arracha le dessus ducrâne de ses doigts d'acier et se gorgea de la cervelle encore chaude avec une petitecuillière en argent qu'il avait tirée de sa poche révolver. Et les petites penséesquotidiennes du vendeur de chapelets lui montèrent dans la tête.

"Tiens encore un gogo qui va m'acheter un chapelet comme si un collier de moulespouvait donner le paradis."

"Oh la belle minette qui dit des prières pour se trouver un bel amant à grandequeue qu'elle puisse déguster d'une langue vorace."

"Et cette vieille qui continue à se donner du plaisir de ses deux mains depuis l'âgede douze ans et qui hurle à l'idée d'un homme."

"Et ce petit garçon qui a l'air si sage et qui a déjà les doigts dans sa braguette. Et ilachète un chapelet pour l'enfourner dans la tirelire de sa voisine et la faire pleurer de

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plaisir quand il le retirera coquille par coquille."

"Oh, et ce vieux professeur qui ne rêve qu'à étrangler ses élèves avec un chapeletislamique pour mieux les violer par derrière au moment du dernier sursaut de vie."

"Tous des pervers ces hommes religieux."

"Et mieux vaut ne pas parler du curé du coin."

Quand ainsi Melchior eut enrichi sa bibliothèque mentale de si beaux volumes, ilrejeta la coque de ce vendeur de moules et de chapelets au sol un peu boueux, car ilpleuvait.

Balthazar, lui, avait jeté son dévolu sur le vendeur de frites qui lui offrit un cornetpour l'arrêter. Mais rien n'y fit. Balthazar le prit par les pieds, lui arracha son pantalon, etd'un geste brutal le fendit en deux jusqu'à la tête. Puis il farfouilla dans les chairs pourtrouver le coeur qui battait encore et le dévora d'une seule goulée et il fut surpris par despensées aussi propres qu'une lessive faite à l'Omo qui lave plus blanc car la saleté s'enva.

"Ce pauvre mioche a faim. Tiens mon petit garçon, prends ces quelques frites et nedis pas merci. C'est ma mission ici bas d'aider les pauvres gens."

"Et ce vieux qui n'arrive même pas à marcher. Tenez, prenez quelques frites pour laroute."

"Et encore celle-la avec son accoutrement de bohémienne et son bébé qui braille.Donnez lui donc une frite à sucer, ça le calmera pendant quelque temps."

"Oh, et ce beau petit bourgeois de charcutier dont le ventre est si gros qu'il ne sevoit plus pisser depuis vingt ans. 'Pour vous ce sera vingt francs.' C'est bien d'arnaquer ungros richard qui ne sait même plus la valeur des choses."

Et le cœur descendit dans l'estomac de Balthazar et cessa de penser. Le corps enmorceaux fut rejeté contre la porte et Balthazar se lécha les babines qu'il avaitparfaitement lisses et roses, comme les lèvres d'un bébé.

Et ils entrèrent dans la crèche. Ce fut la panique. Joseph se cachait derrière lebœuf et hurlait:

"Arrière, créatures de Satan. Laissez-les vivre, les enfants de Dieu."

Marie était derrière l'âne et n'osait même pas dire le moindre mot. Elle espérait bienque les oreilles de l'âne allaient la dissimuler - comme si un âne avait quelque chose à voiravec un mulet - aux envies voraces des Rois Mages. C'est alors qu'elle pensa au petit

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Jésus et se dit:

"Qu'il se démerde. Il est le fils de Dieu."

Et celui-ci dormait calmement dans sa paille fraîche, une main dans la bouche etl'autre entre les jambes.

Gaspar s'assit près de la crèche et joua - non, non, il ne jouit pas, il joua - avec lebébé.

Melchior alla vers le bœuf et hésita entre l'animal et Joseph qui était une autre bête.

Balthazar se dirigea vers l'âne - qui n'était pas un mulet - , l'écarta et se saisit deMarie dont il souleva le voile et s'écria:

"Oh, une vierge, quelle beauté infernale."

Mais Gaspar dit d'une voix suave, car il savait parler, le vampire:

"Pas tout de suite. Mieux vaut commencer par l'enfant."

Et c'est alors que le miracle se produisit. Le petit Jésus se réveilla et dit d'une voixdivine:

"Bonjour, les Rois Mages, vous avez bien tardé. Je commençais à m'ennuyer.Qu'est-ce qui vous a retenus? Un embouteillage de chameaux ou un contrôle d'identitépour étrangers irréguliers?"

"Ni l'un ni l'autre", dit Melchior. "Simplement nous avons pris notre temps et nousavons visité quelques cabarets pour goûter vos bières belges et taquiner un peu lesserveuses et les garçons de café."

"Ceci étant, merci d'être venus", rétorqua Jésus. "Nous allons jouer la fin de la nuitaux dés si vous le voulez bien. Et à toi l'honneur Melchior. Si tu fais 421 tu as le boeuf,431 tu as Joseph, 441 tu as les deux et 451 tu n'as rien. Toutes les autres solutions medonnent un gage et tu n'as que trois coups possibles."

Melchior fit d'abord 422 et il dut faire le moulin à vent pendant cinq minutes, d'abordavec les bras et ensuite avec les jambes. Puis il rejeta les deux 2 et il fit 432. Il dut alorsfaire le cochon kasher pendant deux minutes. Il réussit pas mal, mais il eut des problèmesavec la queue en tirebouchon. Dur dur le tirebouchon. Puis il rejeta le 3 et le 2 et tira legros lot: il fit 427. Perdu. Trop bête. Le bœuf avait sauvé sa queue et Joseph ses couilles.Trop bête pour Melchior, mais le pied pour les victimes sauvées qui se congratulèrentd'une embrassade. Joseph pourra faire des croix toute sa vie et le boeuf tirer une charruejusqu'à l'âge des tracteurs. Et Melchior dut souffler sur une marmite d'eau pour la chauffer

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et y préparer un bon bouillon Knorr à la poule au pot.

Et le petit Jésus de s'adresser à Balthazar.

"Allez, Balthazar, c'est l'heure de la chute du voile. Si tu fais 333 tu as le droit del'embrasser. Si tu fais 666 tu fais tête-bèche à l'envers. Si tu fais 222 tu t'en vas la queuebien serrée entre tes jambes velues après t'être fait mettre par l'âne."

"Eh", protesta Balthazar, "ce dernier gain n'est pas un vrai gain. Je n'en ai point lebéguin, ni n'en veux le sel, le poivre ni le sucre."

"Eh bien", répliqua Jésus, "essaie de bien jouer. Mais tu as tort. Cet âne a l'air d'enavoir fait des choses et d'avoir une belle expérience avec les bonnes soeurs et les petitsmoinillons."

Et le jeu commença. J'irai vite dans cet épisode. Balthazar fit d'abord 333 et ilembrassa la belle Marie qui s'en pâma de plaisir. Puis il fit 666 et la Marie lui bouffa lescouilles et lui pompa le reste si bien qu'il s'en pâma à son tour. Puis il tira 222 et il se payal'âne, ou plutôt l'âne se paya Balthazar, et il y est encore. Il n'a jamais plus pu se retirer carl'âne avait un vit à crampons. Ce pauvre Balthazar se fit en quelque sorte harponner.

Jésus, lui, prenait son pied, car il était déjà un grand voyeur, et il avait quelquesvisions de miracles et des rêves de multiplication des seins. Et la Marie allait pouvoirmaintenant se consacrer à son travail de mère de Dieu, ou du moins de celle du fils deDieu. Elle avait dans le palais et sur la langue comme un souvenir qui allait lui durer toutela vie.

Et Jésus s'adressa alors à Gaspar qui était à côté de lui.

"Mon cher Gaspar, tout l'or du monde ne te sauvera pas de ton châtiment. Tu asosé convoiter le fils de Dieu. Tu finiras en enfer. Ainsi soit-il."

Et Gaspar se mit à griller, rissoler, mijoter, flamber sur place. Grillade bordelaiseaux sarments. Ailes de poulet rissolées à l'huile d'olive. Vieux lapin mijoté aux pruneaux.Et omelette norvégienne flambée au whisky irlandais.

Et bientôt il ne resta à la brique du sol qu'un beau petit tas de côtelettes àl'échalotte, cet oignon qui nous vient d'Ascalon, ce dont tous les chiens rêvent un jour caril n'y a pas plus heureux qu'un chien qui lécha Lotte.

Et c'est ainsi que Jésus se lança dans les affaires et ouvrit un restaurant exotiquesur la Grand Place de Roubaix. Son menu fétiche était:

Soupe Mel'Knorrà la cervelle de moule.

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Côtelette Gasparienneà l'échalotte épicuriennepour pique-assietteet picoreusessur un canapé d'osties

grilléesrissoléesmijotéeset flambéesau choix

Charlotte Balthazar à l'Alsacienneau jus de berlouffe pour le goûtavec petits éclats d'os en garnituresur peau de lapin pour servir bien chaud.

Et tous les visiteurs du Centre des Archives du Monde du travail venaient à cerestaurant pour bien se souvenir des Rois Mages qui vinrent un jour à Bethlé-Hem près deRoubaix, Gaspar le vampire buveur de sang, Melchior le mort vivant mangeur de cervelleet Balthazar le Freddy cauchemardesque bouffeur de coeur frais. Et le petit Jésus, devenugrand, resta le meilleur joueur de dés de tous les temps, car il a toujours joué avec desdés pipés, surtout qu'il a toujours préféré la pipe au cigare.

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ONE HAPPY MORNING

Before waking up I was dreaming, not a dream mind you but a nightmare. My housewas playing open house without my permission because all the locks had been brokenand the doors could not close. Strangers were roaming from one room to the other. Thebasement was visited and systematically being looted. I was there in the middle of thishavoc unable to do anything to stop it, not even to dial for the police or any other securityforces. I was helpless and frozen in the middle of the big riot that this raiding of my housemeant and represented. I was on the verge of yelling, though I could not because I hadlost my voice in this crisis. When I woke up, a ray of sun was filtering through the shuttersof the bedroom window and falling on my forehead and face. I did not waste timewondering what this could mean. I got up and checked all my windows and doors. Theywere all securely locked. It had been a nightmare and nothing else, even if in the deepestlayers of my mind I was believing that no dream, no nightmare was innocent and that itannounced some drastic event. But what? I could not say. After all I was not a head shrink.

I went to the kitchen and got some breakfast ready with a large cup of coffee. Thatput me back into the mood of a new day. I was ready to go out and do whatever I had todo. So I went to my front door, and to my utter surprise, that front door of mine was wideopen. I had checked it some half an hour before and it had been locked. So what was theproblem today? Was my dream becoming true? Probably not, because there seemed tobe no stranger in the house. I quickly checked the various floors, including the basement.No one. So what was the business with this front door that got unlocked and open all byitself? I could not tell. I reopened it and I stepped outside. As soon as I was in the street Iknew something was wrong, severely wrong because I could not hear one single sound,not even the birds in the gardens. I did not tell you that I am living in a small village in themountains and there is always a sound of some kind that can be heard at any minute ofthe day or night. Today nothing, not one single little small noise. Something was wrong.

I looked around and the street was deserted. Nothing special because it is in fact anarrow back alley and practically no one ever takes it. So I locked my door and went downthis small street to the main one, and there the same deserted spectacle. No one to beseen, nothing to be heard, total emptiness. I went on though and started to notice somestrange elements. The shutters of Mrs Davidson, who is an early riser, were closed. Thedog of Mrs Ericson was not outside her door, like everyday and every morning in all theyears I have known her. Further on the bakery’s shade was down in its window though itwas at least eight thirty. That reminded me that I had not checked the time. I looked for mywatch on my left wrist where it normally is and I had forgotten to put it on. Something waswrong with me if I forgot such habitual actions. But what? Further on I came to the highwaythat crosses the village and it was still the same spectacle of desolation and emptiness. Itis then, and only then that I started being afraid, feeling some deep fear of something I didnot even know. But something had happened during the night and I could not tell what itwas. I did not know.

When I arrived on the main square, I decided to sit on the bench next to the busstop and wait for things to come back to normal. The butcher’s shades were drawn in hiswindow. The grocery store was closed. The tobacconist and newsagent was not inbusiness today, though it was Wednesday and all the papers normally arrived in the village

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around six in the morning. I checked the clock on the tower of the church and it showed sixo’clock, but I had not heard it ring, and six was definitely wrong. It must be later than that.So, what was the matter with the village today. It looked as if it had been evacuated duringthe night. But an evacuation that concerned even all the natural noises of a village, all thebirds, dogs, animals, insects even I guess. A tragic situation that required some thinkingand I was more afraid than anything else to be able to think clearly. So I dropped the taskand just stayed seated on the bench waiting for some event to come up and explain thisstrange situation.

I had not been sitting on this bench for more than ten minutes when I finally sawsomeone coming along the sidewalk of the highway, dragging his feet, because he was anold man, dressed in an old coat and some kind of shapeless hat. He was smoking a pipe.At least I noticed that much about him. His looks were not that surprising, just out of placebecause they corresponded to no one in particular. A stranger, nothing else, a driftermaybe. But I guessed that he might be able to give me some explanation. I was going tocall for him when I saw him coming to the bench. So I waited. He sat down and went onsmoking his pipe which surrounded him with some kind of sweet smoke smelling likehoney. I said hello and waited for him to answer. But he did not. He went on with hispuffing smoke and said nothing. That seemed to me even stranger than all the restbecause in our villages everyone greets everyone else, known or unknown. But one moresurprising thing in the picture was not to surprise me. So I sat peacefully waiting for him totell me anything, to ask any question. He gave me plenty of time to think about thesituation.

And he finally did say something, after about ten minutes of silence.« Hello, young man. What are you waiting for? »« Well, I am waiting for the village to wake up. »« Wake up it won’t. »« How do you know? »« I know. »« But why am I the only living being in these dead surroundings and why are your

here ? »« Never ask two questions at the same time. I am inclined to forgetting the second

when I answer the first. »« So, why am I the only living being in this dead surroundings? »« Who says you’re living? »« What do you mean? Am I dead? »« No you’re not. But you’re not alive either. You are in-between. »« What do you mean in-between? »« I had to talk to you without any witnesses. So I had to take you into a time when

the village was no longer alive, when it was empty. We are just five minutes after time.Just five minutes mind you, though time must seem to be frozen to you. If you behaveproperly, you might be able to get back into the main stream of time. »

« You sound like some character in the Twilight Zone. Are you the devil orsomething of the kind? »

« Be reassured. I am not the devil. I am you, yourself and yours. Don’t youremember your dream? »

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« Of course I do. My house open to any roaming looter and visitor. My housepillaged and desecrated, emptied of all its contents. I do remember it. »

« Have you wondered what the meaning was? »« I am not a headshrink and I know nothing about dreams. »« It was a sign that your life was going to be dilapidated if you did not react in your

present situation. »That did make me think. My present situation. Nothing special, just a little bit

dramatic. I examined the evidence of my present situation. My wife had been killed in aroad accident a week ago. My son had left home to live his life with some harsh wordsabout his necessary freedom. I was alone in the house and in life. I had been on a week« vacation » for the burial and the necessary adjustments. I was supposed to go back towork on the following day. That was my situation. My wife killed by a drunk driver. My sonstolen away by this unplanned death. I was at the end of a rope, of a path that led only to abig abysmal chasm. I did not know what was going to happen. And now this supernaturalsituation. I was back in time five minutes. I was confronted with a crazy baboon that waspretending he was me and was telling me about my life and announcing me he had to talkto me. I did not say a word but the man seemed to hear my thoughts.

« An abysmal chasm. That’s what you feel. Your house has been raped just likeyour life by one event that was unforeseen, for you. Unluckily that event had been in a wayprogrammed a long time before and it is some kind of hurdle for you have to climb over. »

« I am touched by your concern, mister. But I think I can face that reality all bymyself. »

« You can? Vanity of vanities. You can’t even keep your house secure in yourdreams. You have to face your situation and think it over. »

« But who are you to tell me all that? »« Let’s say I am fate on the road of life. I never meddle with events, normally. But

there are some cases where I have to intervene and sort out pieces in a shattered life. Youare one of my favorite cases at the moment. »

« What makes me so special? »« Your potential, boy. Your potential. »« But what am I in life? An Internet programmer that can be replaced in five

seconds. I can disappear and yet the world will go on turning around the sun. »« Oh, yes, of course, the world will go on because, as you know, the show must go

on. But you have an assignment in this world and you have no right to evade it, even if youhave been caressing the idea of opening your house to the looting riot of pillaging thieves.You have been caressing the idea of forgetting your assignment and dropping out in a wayor another. »

« That is totally false. It is a lie. »« Do you call me a liar? Vain little worm in the hand of fate, that is to say in my

hand. I can crush you like a slug along the way and you dare call me a liar? Were you notcaressing the idea of dropping everything and retiring in some kind of desert where youcould lick your wounds like a wounded dog, or rather cultivate your sorrow? Tell me if thatis not true. »

Of course he was right. I had envisaged the possibility to close up shop and go on atrip somewhere where I could be alone with myself. And suddenly I realised that I was

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alone with myself, but in the past of things. Did I have the intention of leaving this life? Iquickly examined my mind and I had to reckon it was so. I had envisaged the possibility tostep out of life.

« So this encounter is like a sample of suicide? »« Not so much a sample as a real experience for you to think it over. Do you really

want to step into the past of time and disappear for the real world, or do you want to copewith the real world and real life? »

« But my life is finished in a way. »« Vanity again. You have a task on your agenda and you are the only one to be able

to do it. »« What task, for God’s sake? »« You can swear as much as you like. God does not mind it at all. You have a task,

yes. You have to build some kind of temple for your dead wife and for your departedson. A temple where you would create a completely new universe on the basis of yourrecollections of these two beings that have left you. If you drop out, they will be abandonedto roam for ever and ever, your wife on this side of life, behind time, and your son on theother side of life, in time. Who can build this sacred place where your wife will find arecollection of life, of her life, her memory in a word ? Who can build this sacred placewhere your son will one day come back to remember his youth and his mother ? You haveno right to drop out. You have the responsibility to erect this mental temple for both of yourlosses. And that can only be done in real life. »

« But I don’t understand. »« Who cares about you understanding. You’ve been an eternal rebel in life and yet

you only know orders. You cannot understand what is as plain as plain can be. You haveto make up your mind for this task, and you beg me to give you an order, and what’s morecalling it understanding. The conversation has come to its end, anyway. In an instant youwill be back in time and you will have to consider your options. What I have done is just tobring them to your mind in a different perspective from your suicidal desire. So now go onback to time and decide for yourself. The interview is finished. »

The old man got up, still puffing on his pipe, walked away the way he had come andI was alone again in the dead village. He told me I was supposed to go back into time, buthe did not tell me how. So, I got up and walked back to my house. I reopened the door anddecided to let it unlocked. Don’t ask me why, I don’t know. I went to the kitchen and for thefirst time I found out that the clock was not ticking there. I picked up the telephone in theliving room and found out there was no dialing tone. I went around in the house and foundout that all the clocks, that on the hifi, that on the computer, that on my desk, that on theVCR, that in the bedroom and of course that in the kitchen, all of them were stopped at thevery same time: six o’clock a.m. It was fine and dandy to be told that I had to go back intotime, real time. But I was locked in old time, dead time and I did not see what I could do.So I went back to the kitchen and got a cup of coffee ready. I drank it. I smoked acigarette. I sat on the couch in the living room. I turned on the radio that carried onlystatics. I turned on the TV that gave me a screen of snow. Everything was dead. So I mustbe dead and I did not know the way to go back. What could I do?

At this moment I realized that I was trying to go back into time, to get away from thisdead time. I was surprised by this desire or decision and frightened by my impotence. I

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was in a way dead and I wanted to go back to life. And I did not know the way.But a fact came back to my consciousness. If I had been able to prepare coffee,

which was already made in the electric coffee-maker, it’s because I had been able to warmit up in the microwave oven. So this world was not completely dead. Some juice,electricity, was still running. There still was some life in this dead situation. Same thing withthe radio that was not dead since it gave statics, or the TV since it gave snow.Communication was dead, like the telephone, like the radio or TV that did not bring anyprograms, but that’s all. At this very moment I realized that there was some one or somepeople in the house, though I could not see them. I could hear some mumbling, thoughnothing was clear. Strangely enough I felt myself being moved around, strangely enough Ifelt myself being transported somewhere though I did not know where. I felt myself beingtransported outside the house, into some kind of vehicle and strangely enough I heard thedoor being locked behind me. I abandoned myself to that feeling, the feeling of beingtransported, moved around, though I did not know what it was. I was still seeing my house.I was still inside and roaming around, and yet I was being transported somewhere else. Idecided to lie down on my bed and go to sleep. Sleep is the repairman of all cloggedhuman plumbing. As I was going to sleep, falling into sleep I had a quick vision of thevillage bustling with activity. I had a vision of the old man and I heard him say:

« You see, James, I know your name. It is not easy to evade one’s responsibilitiesand one’s life. »

« But, God damn it, who are you? What’s your name? »« Why ask two questions at the same time? My name would tell you nothing. »And I delved into sleep for an unknown period of time, then came back to some

fuzzy consciousness that brought me some sensations of being transported again andbeing put down on some couch of some type, and I got away again into some cloudysleep, though when I was on the very verge of losing awakened consciousness I heardsome ticking. I could not place it and recognize it, but something was ticking next to me.And I dived into a sea of dreamless sleep.

I woke up a long time later. At least I thought it was a long time later. I opened myeyes and the first thing I saw was the old man, sitting next to me. I was in a bed, Iassumed my bed. And the old man was sitting on a chair, holding my hand. It was the firsttime there was some physical contact between him and me. But my vision became shadyand fuzzy. And little by little the old man changed and his features became some familiarfeatures, some familiar face. Little by little, every time I opened my eyes because I closedthem regularly to go back to sleep, the face became more and more familiar and little bylittle, over an unknown period of time, I recognized Paul, my son, sitting next to me andholding my hand. I still heard the ticking sound but it was now a lot more complex,complicated. There seemed to be many sounds, all entangled into some ticking thatresembled some heart beat. I started too to see what was around me. It was not my room,my house, but some kind of white universe. What was Paul doing here in this whiteuniverse? Where was I? A lady came in and mumbled to Paul something I nearly did notunderstand. Some words though floated over the indistinct mumbling. « … coming …back… must … patient … some time … » And she went away. I went back to sleep.

When I woke up again, this time things were clear. I recognized the room I was inas being some hospital room, you know, this standardized universe that we have visited

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many times without really looking at it, because we come to visit a patient. But the detailsare recorded and I recognized these details. Paul was still in the room, but standing by thewindow and looking outside.

« What are you doing here, Paul? » I asked.He turned around and smiled. That must have been the first time he smiled at me

without any irony or sarcasm in his features or eyes. I saw in his eyes both tiredness andsome joy.

« You’re at last back. What got into your head to do what you did? »The point is that I did not know what I had done. I did not know why I was in this

hospital room. I did not know why Paul was here with me.« What exactly has happened ? What have I done? » I asked in some kind of slurpy

voice.« I came back this morning to pick up a guitar that I hadn’t taken along and I found

you in your bed in some kind of strange sleep with some vomit all over you. I called thedoctor who came at once and had you transported here. They told me that you hadtried… »

« Don’t say it, » I said briskly and curtly.It came back to me in a flash. I had tried to … I couldn’t say it even in my mind. The

old man of the village square was trying then to explain me that what I had done was bothdoomed to fail and absurd. I nearly went back to sleep, escaped this realization into somesleep, some evasion. But sleep I could not. So I faced Paul instead.

« You were not supposed to come back. »« I’m sorry but I had this strange desire to have this guitar around five in the

morning and I decided to get it at once. I felt some urgency to do it and I did it. I kind ofheard a voice waking me up and telling me: « Go home, you have something to do there.Go get the guitar you have been missing for a week and do what else you have to do. » Inmy waking up slumber I heard myself asking: « What do I have to do? » And the voiceanswered: « I can’t tell you. I am allowed to tell you only one thing. You hurry up and dowhat you have to do. » I ran all the way home and found you. What in hell did you have inmind when you did what you did? Don’t you know that I need you still? Don’t you think thedeath of Mary-Ann was enough for one day, one week, one month, one year ? »

At this moment a nurse came in, all dressed in white and gently told Paul:« You better not speak too much with him. He still has to recover and that will take a

few more hours or even a few days. »And I started thinking about what I had done. And I saw myself preparing the pills,

crushing them into a powder that I put in a big spoon, a heaping spoon mind you, and thenI swallowed this powder with some orange juice, and I added some alcohol behind, torinse it down and activate the effect. And then I saw myself going upstairs to the bedroom,lying doing on the bed and falling slowly into unconsciousness without any pain, exceptmaybe the pain of departing this world without saying goodbye to anyone. And I startedthinking about the old man who had called himself fate, and I realized he was part of mydream, and at this moment I closed my eyes to think deeper about my leaving without anywarning for Paul or other friends, and I started to wonder why I had done it, what made medo it, why I did not stop it once it was started, and the old man was there, in my mind thistime, and he said:

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« Well, welcome home, welcome back to time. It is not that easy to stop the clock oflife, and there is always some kind of fate that disturbs our most determined decisions inthat field. I can disappear for good. My mission has been fulfilled. »

And he did disappear. I remembered in my mind what he had told me on the benchabout building a temple for the memory of the departed one and for the comfort of thesurviving one. I was back into my responsibilities. And deep inside me I heard a voice, anunknown and unidentifiable voice saying:

« Life is a long road and no one has the right to fall behind time. We must follow thestream, the movement, the flow of time and take whatever it brings us with the strength ofa wild beast that has to conquer its territory against all hostile elements. »

I must have slept again for an unknown period of time because when I reopened myeyes the hospital room and Paul had disappeared and I was in my bed, in my bedroom, inmy house again. The sun was filtering through the shutters and falling next to my head. Ichecked the time on the alarm-clock and it said six a.m. I looked around myself and Iwondered what the meaning of all this was. Was it a dream, a premonition, a visit fromanother world? And just then the alarm-clock rang. A new day was starting and I had thebitter taste of reality in my mouth and throat. I wanted to cry. I wanted to shout. And I couldneither. Life was back and with it the pain of the losses of this week that was coming to anend and the new week that was starting, even if it was wednesday. Mary-Ann had gone onher road beyond life and Paul had left, swearing he was not going to come back soon. Iwas alone, all all alone on my road to … what could it be? Bliss or doom? Salvation ordamnation? Had I really considered coming to a final solution? I could not remember anymore. I only had in mind the strange dream I had had, because I assumed it all was adream, and I shivered slightly in the cold of the april morning.

Yet I wanted to make sure. So I got up. I went to Paul’s den and there, sure enough,the guitar he had come to take in my dream was missing. But all the clocks were ticking,the telephone had a dialing tone, the radio was bringing news, the TV was broadcastingsome cartoons, the door were all locked, and I had to get ready for a new day.

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LA RACLETTE

Elle s'approcha de lui, une main caressant ses longs cheveux roux et l'autre frôlantdoucement ses seins, et lui déclara exclamativement:

"Tu me plais. Tu as une jolie gueule et un beau nez retroussé. Je ne connais paston nom. Mais cela ne fait rien. La seule chose qui compte c'est si tu as la queue aussiretroussée que le nez."

Il se retourna partiellement et lui fit demi-face. Il la regarda de la tête aux pieds puisremonta et s'accrocha à ses cuisses moulées fermes et rondes dans un jersey vert pâle.Et il répondit d'un ton un quart sec, un quart doux, un quart chat en colère, un quart chatteen chaleur:

"Mon nom est Marc. Et ma queue, soit ne regarde que moi, soit n'attend que tesdoigts brûlants. A toi de choisir."

Et il écarta les jambes et se campa ferme sur ses pieds. Sa queue semblait prendrevie et se gonfler un peu dans son jean trop ample pour que quoi que ce soit s'y moule.

Elle hésita. Elle se racla la gorge. Elle avait saisi le ton du petit jeune post-adolescent qui l'intéressait depuis un quart d'heure, depuis qu'il était apparu et venus'appuyer contre le tronc du tilleul dans son square préféré.

Elle regarda autour d'elle et constata qu'il y avait pas mal de monde.

Elle hésita encore et répondit:

"C'est de moi que ça dépend, donc. Mais je suis prête à me pendre à tes couilles, sielles sont encore vierges."

"Un peu dur fillette. Je regrette, mais elles ne sont plus vierges, car elles ont déjàservi. Mais d'une certaine façon, elles sont toujours vierges depuis la dernière fois, etcomme c'était mon poing ça ne compte pas. Et la fois d'avant c'était un garçon, alors ça necompte pas non plus. Mais je regrette, la semaine dernière c'était une brune grassouillettequi m'a fait minou, m'a fait remplir sa chatte de jus de fruit et m'a enfilé trois ou quatredoigts dans le cul pour le ramonner de sa merde. Alors, tu prends ou tu laisses?"

Et elle prit. Elle s'avança, colla sa cuisse gauche sur sa cuisse droite, un peu en ar-rière, juste sous la fesse qu'il avait bien pleine, et elle passa sa main gauche sur sa nuqueet l'attira à sa bouche, et sa main droite sur son sexe qui se dressait à vue d'oeil, commesi on pouvait voir. Elle lui pinça les couilles et il sursauta d'un brin de douleur. Il avait lescouilles toujours si pleines qu'elles en étaient douloureuses. Et il ne put se retenir. Il lachaune petite, toute petite, enfin presque petite jouissance dans son slip, qu'il avait en cotongris.

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Elle sentit l'éjaculation et lui mordit la langue. Il tressailla et lui fit de même tandisque sa main gauche montait sous sa jupe pour découvrir... qu'elle était nue. Tout pouvaitaller très vite. Mais il y avait trop de monde ici et il lui proposa sa piaule qui était à peine àcinq minutes. Elle n'accepta même pas. Elle le lacha et le suivit.

Ils sortirent du square, traversèrent l'avenue, entrèrent dans la première maison enface, montèrent deux étages. Il ouvrit une porte et ils se retrouvèrent dans le noir absolud'une chambre qui sentait le tabac et la bière. Elle avala sa salive et tenta de l'attraper. Ils'écarta et alluma la lumière.

Un immense matelas couvrait l'essentiel du sol. Il ouvrit la fenêtre mais pas lesvolets. Deux portes sur la gauche devaient mener à la cuisine et à la salle de bain. Il seretrouna et lui dit en se caressant le sexe:

"Alors, je ne sais pas encore qui, tu prends ou tu laisses?"

Elle s'attendait à une attaque directe, mais elle préférait être maître du jeu et il lafrustrait. Il commençait à enlever ses chaussures quand elle remarqua une immensephoto de ce Marc au mur, nu en train de se masturber. Son sperme jaillissait et son ventreétait déjà souillé. Elle lui ordonna:

"Non, ne te déshabilles pas!"

"Quoi? Tu veux baiser, ou tu es là pour la frime?"

"Je veux te déshabiller", dit-elle timide.

Il s'arrêta et elle prit le relais. Elle enleva les chaussures et les chaussettes, qu'ilavait trouées. Puis elle lui enleva la chemise en prenant son temps. Elle saisit des deuxmains l'encolure du T-shirt et le fendit et l'arracha d'une grande torsion. Il soupira, mais detoute évidence, il aimait. Elle lui retira la ceinture de cuir, l'empoigna de la main droite et luicingla les épaules deux fois. Il hurla:

"T'es folle, ou sado?"

"Les deux. Et tu vas aimer."

Elle laissa tomber la ceinture et fourragea dans son petit sac pour en tirer un, belOpinel qu'elle ouvrit et elle attaqua la jambe gauche du jean qui se fendit jusqu'à l'aine.Puis elle s'occupa de la jambe droite de la même façon. Elle caressa et malaxa sesgenoux et ses mollets, puis ses cuisses en travaillant surtout la partie arrière. Enfin elle sedécida et ouvrit la braguette. Le jean tomba au sol. Il était en slip gris, devant elle, et ilbandait.

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Elle le fit se retourner et lui caressa le dos. Elle passa ses deux mains dans le slipet lui malaxa les fesses. Il allait jouir et lui murmura:

"Je vais jouir. C'est dommage."

Elle le regarda et lui expliqua:

"Pas du tout, car j'aime le sperme dans les slips. Ne crains rien je vais le sucer."

Elle baissa le slip, juste pour découvrir les fesses tandis qu'il y crachait son spermepour la deuxième fois. Elle le fit se pencher en avant et lui exécuta le plus beau pétale derose qu'il avait jamais eu. Elle était plus salope que le plus cochon de tous ses pédésd'amis. Elle mordait les poils et tirait comme une folle. Il avait l'anus qui lui brûlait, maiselle en arracha quelques uns et il soupira. Il commençait à prendre du plaisir à cemalmenage, mais cette fois tout dans la tête.

Elle glissa un doigt dans le trou du cul, puis deux, puis trois.

"Tu vois pourquoi je ne suis pas jalouse du mec qui t'a enculé, il y a combien? Deuxjours?"

Le quatrième doigt entra et le pouce suivit. Ca bloquait un peu, mais il savait cequ'elle voulait. Alors il poussa et son trou du cul s'ouvrit. Elle pénétra et réouvrit les doigtsdans le fourreau chaud. Elle malaxa et il ne savait plus quoi dire. Sa queue était molle. Sajouissance était dans son crâne. Il poussa encore et elle hurla de plaisir quand sa merdelui coula autour du poignet, une merde brune mais bien molle et dont l'odeur humait bon leromarin.

Il tomba à genoux. Puis il se retourna en jetant les jambes en l'air. Elle avait enfin àportée de dents son slip tout mouillé de sperme et elle se mit à mâchouiller les tâcheshumides. Et elle referma le poing et commença à lui défoncer le cul à grands coups,sortant, réentrant, poussant toujours plus loin. Puis de sa main libre elle récupéra soncouteau et d'un coup sec trancha les deux côtés du slip et elle l'enleva avec les dents. Sabite molle gisait sur son ventre. Ses couilles pâles, mais très velues, brinquebalaient au-dessus de son poignet souillé de merde.

Elle ouvrit la main et la referma sur une poignée de cette merde et elle l'extirpa deson cul. Puis elle commença à étaler cette matière brune sur tous ses poils pubères,comme si c'était une lotion capillaire ou une mousse à raser.

Quand elle eut bien badigeonné son bas ventre, elle repris son couteau. Il hurla.Elle le regarda et lui dit:

"Je vais te raser."

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Et elle le rasa au couteau Opinel sans la moindre écorchure. Il n'avait plus un poilau ventre mais simplement une espèce de couleur brune.

Elle poussa sur ses jambes et le plia en deux, jusqu'à ce qu'il eût le sexe au bordde ses lèvres.

"Suce-toi et jouis dans ta bouche."

Il ne put qu'obéir et il commença. A sa surprise, il redevint très dur. Pendant cetemps, elle avait repris sa ceinture et elle lui fouetta les fesses qu'il avait tendres. Il suçaplus fort et elle continua. Jusqu'à ce qu'il soit au bord de la... jouissance.

"Garde bien ton sperme dans ta bouche, Marc," lui dit-elle.

Il le fit. Elle lui détendit les jambes et lui prit la bouche de ses lèvres. Il lui donna sonsperme qui avait une douce saveur de merde et elle l'avala.

Puis elle se leva et liu annonça:

"Tu vois, je suis lesbienne. Il est hors de question que tu poses tes lèvres, tesdoigts ou ta queue sur mon sexe. Mais j'aime les hommes. Alors si tu veux, tu peuxtoujours me joindre au 20 44 69 72. J'ai un répondeur. Les mecs qui me connaissent ontdu cul, et après que je sois passée ils ne sont plus qu'un grand cul béant qui enredemande."

Elle lui jeta sa ceinture dans la figure et elle partit sans oublier de passer à la sallede bain, la première porte en définitive, pour se laver les mains.

Il se leva d'un bond, décrocha le téléphone, appela son ami Eric et lui raconta sonaventure. Celui-ci lui proposa de venir. Il accepta et l'attendit au lit, dans les draps souillésde sa propre merde. Eric resta toute la nuit. Ils n'en finirent pas de faire l'amour, en despositions toutes plus hirsutes les unes que les autres, et sans capotes anglaises, car ilss'aimaient de façon exclusive et pratiquaient l'amour propre dans toutes les autresoccasions exceptionnelles.

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JE SUIS TOUTE VERMOULUE

"J'ai l'âme vermoulue, fourbue, biscornue!" se dit-elle en souriant dans son miroir.Et ce n'était pas la belle-mère de Blanche Neige. Elle n'avait pas encore mis sesprothèses et elle accentua son sourire pour voir ses douces gencives roses dépassergentiment de ses lèvres pâles et grises.

"Et pourtant je les aime plutôt jeunes, meubles, couleuvres!" se murmura-t-elle àvoix basse en chuintant un peu les sons. C'est qu'elle n'avait pas encore mis son dentier.Elle le repécha dans le verre à droite de son savon rose qui sentait bon le chèvrefeuille.

"Maintenant je peux vous prendre à pleine gueule, à pleine bouche, à pleinelangue!" dit-elle enfin à voix haute comme si elle s'adressait à deux cents potaches réunisdans la cour du lycée. C'est que maintenant elle avait mis ses mâchoires en plastique etqu'elle pouvait mordre d'une dent féroce.

Et sa journée avait commencé, toute de gris perle et de bleu ciel vêtue. Elle seprécipita dans sa petite cuisine proprette et se versa un grand café de sa cafetièreélectrique noire comme un songe d'été dans une âme diabolique. Une tartine beurrée etune orange lui donnèrent l'énergie de sa journée qui allait encore une fois lui faire froiddans le dos.

"Que ne suis-je restée petite prof d'anglais! Au moins on pouvait ronronner et selaisser aller à quelque songe ennuité!" La date au tableau, la vérification des cahiers etdes livres, l'appel sempiternel, les questions sans enthousiasme et les réponses sans lamoindre raison. Rêver de prétérite quand on ne songe qu'au week-end à venir. Reluquerces petits gamins qui n'hésitent devant aucune potacherie, même si elle sent l'eucalyptuset qu'elle vous donne la tête légère."Il faudra un jour que j'essaie cette fumée brune, aumoins pour ne pas mourir idiote!" Et elle passa en revue ses tristes services de proviseur.

Huit heures. Traverser le grand hall sans regarder les petits garçons et sans laissercroire qu'on ne les regarde pas. Ne rien dire. Pas un mot. Pas une syllabe. Rien sinonpasser entre les groupes qui s'écartent comme la Mer Rouge devant Moïse. La terrepromise est de l'autre côté de ce hall encombré. Elle pousse une porte et elle est dans lesas de sécurité de son antre bureautique dont elle referme la porte derrière elle. Ecouterles messages sur le répondeur. s'asseoir et regarder par la fenêtre les retardataires quiarrivent, sans d'ailleurs se presser. Encore des "Réveil tardif" et des "Bus" et des "Verglas"et autres excuses inacceptables mais qu'elle laissait accepter comme autant de gages à latranquillité de sa journée. L'art de l'art dans cette mélopée scolaire c'est de se donner dutravail fictif pour ne pas avoir à serrer les mains et à dire bonjour à tous ces enseignantsqui croient que le proviseur est comme l'ange gardien de la maison, alors qu'il n'est quel'ange déchu de quelque enfer hivernal et froid. L'enfer n'est pas peuplé de flammes, maisbien plus de frimas et de neige. Elle n'était que la Princesse des Glaces en proie auxmanoeuvres de la Grand Mère du Diable qui avait un jour décidé de la marier à quelqueroi de Sicile. Elle en avait comme un Etna qui lui pêtait dans la poitrine. Elle frémit à cette

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idée et elle se laisse aller à la crainte de ne jamais plus revoir le soleil de la Méditerranée.Et si on lui brûlait son mas de Provence qu'elle avait eu tant de mal à payer.

Neuf heures. Les secrétaires arrivaient. Bouillonnantes et lasses de la reprisequotidienne de papivorie bureaucratique. Elle aura vu son adjointe en cours de route et luiaura passé quelques consignes d'une voix ferme, comme assurée, alors qu'elle se prenddéjà la tête à son agenda trop plein et pourtant vide de tout intérêt. Avant de se mettre àcette lassante besogne de téléphone et de courrier, laissons la faire un petit tour dans lescouloirs pendant que les élèves sont tous sagement assis dans leurs salles et leursclasses à ne rien faire pour la plupart et à s'assoupir pour les autres. Le gnangnanpédagogique quotidien et routinier. Et aujourd'hui elle tombe sur un brave étudiant qui estplus en retard que d'habitude. Il n'a même pas de billet. Les profs acceptent n'importequoi. Elle lui passe un savon, qui n'est en rien au chèvrefeuille, plutôt du savon noircomme le noir qu'elle broie dans son esprit obscurci, bien qu'elle préfèrerait lui passer lamain dans les cheveux, et elle le laisse aller vaquer à ses activités déglinguées.

Dix heures. La récréation. Surtout ne pas sortir de son antre d'araignée. Et elle doitaffronter ce prof d'anglais chiant qui ne sait que venir lui demander des faveurs. Certes ilsait son métier et le fait plus que bien. Mais quel clown! Quelle jocrisse! L'autre jour n'est-ilpas allé mettre une gifle à ce petit con de Monteverdi qu'il a saisi en train de pétrir lesseins d'une fille qui d'ailleurs n'en demandait pas moins. Qu'est-ce qu'on en a à frire deces conneries. Après tout c'est de leur âge et qu'on me laisse croupir dans ma solitudecalme. Aujourd'hui il veut organiser une séance de téléphonie pour ses pauvres petitsélèves. Il veut une ligne intérieure installée en clean dans une salle isolée. Il veut pervertirle calme et abrutir la paresse pour se divertir et créer une situation didactiqueincontournable. Billevisées que tout cela. Les élèves ne méritent même pas qu'on fasseun écart pour les éviter.

Onze heures. enfin ma pause. Je vais gentiment chercher ma bouteille de lait et mabaguette de pain. Je peux enfin m'évader de ce camp de concentration et aller bavarderavec les petites gens de la rue. Parfois d'un coup de voiture elle va jusqu'à la grandesurface et elle se paie un quart d'heure de café crème dans un petit bistrot qu'elle connaît.Le garçon est charmant et il lui fait aisément la causette entre deux clients. Il a de beauxyeux et des formes, les bonnes, intéresssantes?

Midi. L'heure de la pause repas. On la fait douce et agréable. Aujourd'hui despaupiettes à la flamande qu'elle se prépare avec plaisir et soin arrosées d'une bonnegueuse profonde et amère comme elle les aime en cuisine. Surtout ne pas manger auréfectoire. C'est tout juste assez bon pour les gogos qui ne peuvent pas faire mieux. Unbon coup de rouge avec le repas et l'après-midi s'éclaire d'un rayon de soleil lumineux auciel gris du plat pays.

Et l'après-midi on s'assoupit, on oublie, on se laisse aller à la rêverie. On pense aupetit garçon de dimanche dernier. Il était si gentil. Si propre sur lui. Si prêt à tous lesplaisirs. Ces doigts en frétillent au souvenir des boutons de sa chemise qui couvrait une

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poitrine si lisse qu'un patineur aurait pu y glisser sur une musique liquoreuse, et de ceuxde sa braguette qu'il avait tendue et ferme comme une poire juteuse pour la soif ou uncoing graneleux pour la gelée qu'elle aime tant étendre à sa tartine du soir. Mais c'est qu'ilfaut aller assez loin pour ces aventures. La Belgique est tout près heureusement. Et lesBelges ne sont pas bégueules, loin de là. Elle se passe le film de la soirée dans sa têtemais ne projette rien à la feuille mentale de ce rapport de gendarmerie branché à la tabled'écoute des partenaires sociaux de l'école, comme dirait quelque ministre.

Cinq heures. L'heure des braves. Rentrer chez soi. S'avachir dans le sofa. Allumerla télé. Regarder quelque film. Se laisser aller à l'assoupissement, l'abrutissement dequelques Guignols de l'Info qui pérorent au petit écran. Et la journée est finie. Presquefinie. Il ne reste plus qu'à ingurgiter le grand verre de liquide doré qui nous vient de l'autrecôté de l'Atlantique carambolé. Ce bourbon acéré jette quelques flammes dans cette âmevermoulue et elle s'imagine sur le Titanic, cinq minutes avant qu'il ne coule. Ca, ce seraitune aventure, une vraie aventure, une aventure dont on ne revient pas.

La lune perce mollement entre deux nuages sombres et une étoile s'insinue entreles draps de la nuit. Une étoile qui se frotte au satin nocturne et qui luit de plus en plus fortet explose comme un cri de panique dans un traquenard de bandits. Ah! si les banditspouvaient être là! Ah si leurs mains pouvaient être fortes, dures, calleuses et brutales! Ahsi elle pouvait les sentir passer au plus profond de son hypothalamus en formed'hippocampe tout gluant d'hippomane ne serait-ce qu'un instant pour laisser venir lesommeil alourdi et allangui de l'oubli au fin fond de la nuit.

Mon dieu! Que j'ai peur de toutes ces marques de virilité intempestives dont nousassaillent la société et la jeunesse d'aujourd'hui. Pourquoi les enfants ne s'habillent-ils pluscomme autrefois? Ils arborent des jeans déglingués et déchirés qui ne moulent rien maisvous titillent au plus profond de la tripe, des chemises ouvertes sur des poitrines qu'onirradie de mille regard pervers, des casquettes de baseball qui ne sont que desprovocations contre l'ennui qui doit régner en maître dans une vie bien réglée. On seprend de regretter le bon vieux temps où tous les élèves portaient une blouse grise, desculottes courtes et des bérêts noirs. Alignés deux par deux dans les cours venteuses, ilsne suggéraient rien qui ne soit une boue sombre prise à un chemin vide et creux commeun lit de carmélite. "Allez! demain je mettrai du jaune ou du rouge!" dit-elle d'une voixcassée et bredouillante alors qu'elle laisse choir ses quenottes en céramique dans le verresale à la droite de son savon rose qui sentait bon le chèvrefeuille. A la droite du père trônele fils crucifiée dans une allure provocante à une croix où il arbore sa nudité comme uneprovocation sortie de la nuit des temps.

"Serais-je devenue chrétienne?" se demande-t-elle en silence. Et elle se répète saphrase fétiche au fond de son cerveau qui n'a jamais réussi à formuler la moindrecoprolalie. "J'ai l'âme vermoulue, fourbue, biscornue!" Et elle s'endort dans le satin soyeuxqui glisse à ses jambes comme la patte rugueuse et velue de quelque loup-garouadministratif.

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LE DIABLE EST AU FOND DE NOS BOURSESou

COMMENT TIRER LE DIABLE PAR LA QUEUE

MON FILS N’EST PAS UN BALAI DE GENÊTS

« Mes chers frères, l’histoire que je vais vous raconter ce soir, je la tiens de ma mère,mais je l’ai souvent entendue dans la bouche des paysans de La Chaise-Dieu. Ilssemblent l’aimer particulièrement.

« C’est l’histoire d’un pauvre homme du côté de Saint-Sauveur-la-Sagne qui s’était louépour peigner du chanvre. C’est que son année n’avait pas été bonne. Il avait fait un peusec et les récoltes n’avaient pas donné grand chose dans ses champs de rocaille. Or ildevait payer sa dîme et ses impôts. Il décida donc de quitter sa maison, sa femme et sonfils et d’aller dans la plaine d’Ambert pour peigner du chanvre pendant les trois ou quatremois de l’hiver.

« Il était donc descendu à Arlanc et avait rejoint une vaste bâtisse où il se retrouvait avecune dizaine d’hommes qui avaient du faire le même choix.

« Il y a des années avec et des années sans, et cette année-là était une année sans.

« Un matin qu’il travaillait d’arrache-pied, car plus il peignait de chanvre plus il était payé, ilvit arriver un homme élégant qui entra dans la salle et vint directement à lui et lui dit d’unton à la fois aimable et assuré de la réponse :

« -- Vends-moi ce qui, en ce moment, est derrière la porte de ta maison à Saint-Sauveur-la-Sagne. Je t’en donnerai vingt pièces d’argent.

« Le pauvre homme n’en revenait pas et ses oreilles sonnaient déjà de l’argent promis.Derrière la porte d’une maison il n’y a, il ne peut y avoir qu’une chose, un balai de genêts,le balai dont on nettoie le sol et que l’on remet toujours derrière la porte quand on en a fini.Aussi répondit-il :

« -- Aucun problème. Ce sera avec plaisir que je te vendrai ce qu’il y a derrière la porte dema maison. Mais je ne suis pas chez moi, alors comment pourras-tu le récupérer ?

« -- Aucun problème. Je te paie maintenant et je te donne rendez-vous dimanche en huitchez toi pour prendre livraison de ce que j’ai acheté.

« Ils se serrèrent la main, noueuse pour le pauvre homme, et douce pour l’hommeélégant. Et puis l’homme élégant partit et le pauvre homme n’y pensa plus de toute lajournée.

« Mais le soir venu, il commença à se poser des problèmes, des questions, trouvant ce

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marché trop malhonnête d’une certaine façon pour être vrai ou simplement honnête. Ilavait peur de perdre son âme s’il acceptait ainsi de vendre un balai qui vaut deux souspour vingt pièces d’argent. Il dormit peu et le lendemain matin il chercha un gamin avantd’aller peigner le chanvre et il l’envoya chez lui pour demander à sa femme qu’est-ce qu’ilpouvait bien y avoir derrière la porte la veille au matin.

« Le gamin alla rapidement à Saint-Sauveur-la-Sagne et revint tout aussi vite avec laréponse.

« -- Ta femme m’a dit qu’hier matin elle avait mis ton fils derrière la porte en punition.

« Le sang du pauvre homme ne fit qu’un tour, et il ne pouvait pas quitter son travail. Alorsil renvoya le gamin chez lui à Saint-Sauveur-la-Sagne avec l’histoire de son aventure. Legamin sourit quand il entendit les détails, mais le pauvre homme lui ne souriait pas, car ilse doutait bien qu’il y avait un coup absolument fourré derrière tout cela.

« Le dimanche suivant il monta chez lui et arriva de très bonne heure pour préparer laréception de l’étranger qui avait ainsi, à son insu, acheté son propre fils. Il alerta le curé duvillage qui vint avec de l’eau bénite, des hosties et son étole. Et il manda aussi le parrainde l’enfant et le grand-père. Ils étaient donc quatre pour recevoir l’étranger qui arriva àneuf heures tapantes au cadran solaire de l’église.

« Il ne fut pas surpris du comité d’accueil et leur déclara :

« -- Rassurez-vous, je ne vais pas emmener l’enfant. Il viendra à moi quand le momentsera mûr. Mais maintenant que j’en ai pris livraison pour la date qui se révèlera le jourvenu, je vous salue bien, messieurs.

« Tout le monde comprit alors que cet étranger n’était autre que le diable et que l’enfantétait donc possédé par ce démon. La preuve leur en vint par le charivari qui s’installa dansla maison où absolument tout ce qui n’était pas planté dans le sol volait de droite et degauche. Une ombre épaisse comme une nuit sans lune, et même pire encore, s’abattitdans la maison, traversée de temps en temps d’éclairs rouges et brûlants. Le feu du diableétait dans la maison.

« L’enfant tomba à terre inerte et ne put plus dire un mot ni bouger un membre.

« La maison était possédée et l’enfant était démoné.

« Le curé prit alors les choses en main et il commença par purifier la maison, ce qui futfacile. Un peu d’eau bénite dans les quatre coins et deux ou trois hosties là où il fallait, unedans le cantou, une dans le lit armoire et une sur la table sous le cruchon à eau. Et toutredevint calme dans la maison.

« Mais pour l’enfant, ce fut une autre histoire. Quand le curé commença à réciter ses

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prières et ses invocations de dédémonisation en aspergeant l’enfant d’eau bénite et en luiglissant une Ostie dans la bouche, l’enfant fut pris de convulsions violentes. Il vomit, il serelâcha par tous les bouts et ne fut plus qu’un ballot puant qui tremblait nerveusement etétait parcouru de spasmes.

« Alors le curé fit se mettre à genoux les trois hommes avec lui, chacun prenant un brasou une jambe et mettant l’enfant en croix. Le curé récita deux Ave et trois Pater et ilattendit une minute. « Retro Satanas ! » L’enfant était toujours la proie du sortilègediabolique. Alors le curé reprit deux Ave et trois Pater. « Retro Satanas ! » Et la situations’améliora. Tout le monde attendit encore une minute et le curé reprit deux Ave et troisPater, mais cette fois suivi par les trois autres hommes et par la mère qui les avait rejoints.L’enfant enfin se détendit, ouvrit les yeux et demanda :

« -- Que m’est-il arrivé donc ? Où étais-je qu’il faisait si noir et si sombre ?

« -- Pas grand chose en vérité, dit le curé. Le diable venait de t’acheter et t’avait emmenédans son antre obscur. Nous avons renvoyé le Satan à ses fourneaux infernaux.Maintenant tu ne risques plus rien. Tu as été dédémonisé.

« La mère prit l’enfant dans ses bras, tout puant qu’il était. Son père l’embrassa toutautant. Sa mère ensuite l’emmena dehors pour le laver et l’habiller de propre. Et un quartd’heure plus tard il rentra, brillant comme un sou neuf, pour le plus grand plaisir de sonpère, de son parrain et de son grand-père. Le curé, quant à lui, récita des remerciementsà la Vierge Marie et à son fils Jésus.

« C’est ainsi, mes chers frères, que le diable nous prend au dépourvu en nous faisantcroire que c’est nous qui lui jouons un tour alors qu’il nous en joue un bien plus grandencore que ce que nous pouvons imaginer sur le moment. Il est bon de prendre une nuitde repos pour réfléchir et se faire une idée du danger qui nous menace.

« Gardons-nous des apparences, et surtout des gains trop faciles. »

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LE PONT DU DIABLE

« C’est l’histoire de deux jeunes puceau et pucelle qui s’aimaient d’amour tendre,enfin tendre, façon de parler, bien dur et pénétrant pour le puceau, le Jean, et bien lustréet glissant pour la pucelle, la Jeannette.

« Mais entre eux il y avait un obstacle infranchissable. Pas un mur qui couperait lamaison de l’un de la maison de l’autre, pas une ceinture de chasteté qui fermerait toutepénétration non autorisée ou surveillée, ni même une interdiction de leurs parents qui nese souciaient pas le moins du monde de la virginité de l’une comme du pucelage del’autre. Simplement une rivière que rien ne permettait de traverser, ni pont, ni passeur, nigué. Et en plus ce puceau et cette pucelle ne savaient pas nager. Ils étaient donccondamnés à rester, lui puceau et elle pucelle.

« Le Jean sur la rive droite se morfond de voir la Jeannette sur la rive gauche, et nil’un ni l’autre ne voyaient de solution à leurs envies bien lustrées et bavantes.

« Le Jean était assis sous un fayard, bien droit et dressé dans les airs, et laJeannette était assise sous un saule, pleurant à chaudes larmes de toutes ses branchesallanguies. Ils se regardent droit dans les yeux qu’ils n’avaient ni peureux ni timides. LaJeannette retrousse peu à peu ses jupes jusqu’à plus que mi-cuisse, et le Jean repoussepouce à pouce sa culotte jusqu’aux genoux.

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« La vue d’une grotte sombre et profonde fascine le Jean. La vue d’un sapin fier etdressé comme Artaban hypnotise la Jeannette.

« Mais l’amour par dessus l’eau demande du doigté sans apporter le moindreéchange de chaleur charnelle.

« Le Jean s’époumonne du poing, variant des cinq doigts gauches aux cinq doigtsdroits, tandis que la Jeannette s’essouffle de l’index passant du gauche au droit et mêmeparfois les joignant tous les deux sans vergogne. Mais ce n’est pas vraiment de l’amourqui ne se fait qu’avec les doigts des deux mains. Et en plus on leur avait dit que celarendait sourd, même si pour l’instant ils sont plus saoûls de jouissance sous l’emprise deleurs phalanges. Quand pourront-ils jamais traverser l’eau pour planter le sapin dans lagrotte, pour passer d’un simple doigté à une enfilade de plaisir.

« Un jour la Jeannette rencontre un bel homme d’un certain âge. Elle ne le connaîtpas, mais comme elle n’a pas froid aux yeux, elle se laisse un peu caresser et lui raconteses émois et ses désirs. Et elle conlut sa péroraison :

« Je donnerais bien mon âme au diable pour traverser cette sacrée rivière. »

« Quand pourront-ils donc jamais traverser l’eau pour joindre le sapin à la grotte,pour passer d’un simple doigté à une enfilade de plaisir.

« Un autre jour, qui devait être le même, le Jean rencontre une belle femme d’uncertain âge. Il ne la connaît pas mais il se laisse gentiment trifouiller un peu partout et luiraconte ses envies et ses espoirs. Et il conclut à son tour sa péroraison :

« Je donnerais bien mon âme au diable pour traverser cette sacrée rivière. »

« Quand pourront-ils donc jamais traverser l’eau pour joindre le sapin à la grotte,pour passer d’un simple doigté à une enfilade de plaisir.

« D’une pierre deux coups, se dit le diablen car c’était bien lui, qui faitimmédiatement signer à l’un comme à l’autre la promesse que le premier vivant quitraversera le pont quand, lui, le diable, l’aura construit, en moins de vingt-quatre heures,que le premier vivant donc qui traversera le pont sera sien. Il y a bien sûr anguille sousroche.

« En moins de vingt-quatre heures le pont est construit, en fait en à peine vingt-troisheures et vint-sept minutes, sans compter les trente-six secondes. Et vient minuit, l’heuredu crime, c’est le cas de le dire, car le Jean et la Jeannette sont tous deux biendéterminés à n’être que le second vivant à traverser le pont. Il y a de plus en plus anguillesous roche.

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« Le moment fatidique venu, le diable, mi femme mi homme, se tient au milieu dupont et attend ses proies, la partie homme vers la Jeannette et la rive gauche, et la partiefemme vers le Jean et la rive droite. Et dans l’ombre de cette nuit de pleine lune il voit leJean s’approcher sur la rive droite et la Jeannette sur la rive gauche. Il se régale déjà deschairs fraîches de la Jeannette et des chairs croustillantes du Jean, car il a bien l’intentionde les arrêter au milieu du pont et de les prendre tous les deux, par devant et par derrière,par en haut et par en bas. Le diable n’est pas très regardant sur ces questions et il saitbien que la jouissance est bien plus importante que le flacon ou la burette.

« Le Jean s’arrête au pied droit du pont et lance sur le tablier montant un truc à poilqui se trémousse comme un sac de puces. La Jeannette s’arrête, elle, au pied gauche dupont et lance à son tour sur le tablier montant un machin sans poil qui se tortille comme unsac de poux.

« Et le truc à poil qui se trémousse regarde le machin sans poil qui se tortille, et letruc à poil qui se trémousse se met à courir vers le machin sans poil qui se tortille et qui semet à ramper vers le truc à poil qui se trémousse. Et venus face à face, nez à nez, le trucà poil qui se trémousse, et qui n’est qu’un rat, regarde le machin sans poil qui se tortille, etqui n’est qu’une vipère. Le Jean a envoyé un rat à poil espérant qu’une chatte viendra leprendre, et la Jeannette a envoyé une vipère sans poil espérant qu’un serpent plus juteuxviendra s’y engouffrer. Le rat à poil s’immobilise et ses yeux se mettent à tourner commedes toupies. La vipère sans poil ouvre la gueule et le rat à poil disparaît entre lesmâchoires de la vipère sans poil. Qui est pris qui croyait prendre. Mais le plus pris n’estpas celui qu’on pense.

« Le diable a vu cela et a compris qu’il s’était fait baiser de haute main et de fièrequeue. Pour toute proie il n'eut qu'une vipère sans poil qui venait d’avaler un rat à poil.Faute de grives on se contente de merles, et de toute façon ces raisins puceau commepucelle étaient un peu trop verts pour le tempérament rouge sanguin de ce diable à moitiéhomme et à moitié femme. Et il est même pris du remord qu’il eût éprouvé s’il avait abîméun peu ces tendres innocents prêts parfois à tout pour une simple jouissance.

« C‘est alors que le Jean a couru jusqu’à la Jeannette et que la jeannette a courujusqu’au Jean. Elle est tombée à la renverse les jambes en l’air et le Jean lui a sautédessus et d’un seul élan le serpent raide dans la culotte de Jean a pénétré la gueuleouverte de la Jeannette sans culotte ni protection.

« Et c’est ainsi que le Jean a fait à la Jeannette et la Jeannette a fait au Jean pleinde petits enfants sous l’arche du Pont du Diable, tandis que le diable, lui, n’a pu se taperque les chairs froides d’une vipère sans poil et les poils raides d’un rat à poil à moitiédigéré par les sucs intestinaux de la vipère sans poil. Rien bien sûr pour satisfaire sesenvies de sang de puceau et de chair de pucelle.

« Aussi les enfants, n’allez jamais sous les Ponts du Diable, où qu’ils soient, carune bête à deux dos vous y attend pour vous prendre entre l’étau de ses bras et l’étrille de

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ses cuisses. »

LE DIABLE ET LES TROIS DIABLESSES

« Le diable s’ennuyait ce soir-là dans son Enfer étouffant.

« Il s’ennuyait au point d’avoir glissé sa main dans sa culotte brûlante et de jouer deson flûtiau sans bec des cinq doigts de son poing. Mais il avait depuis longtemps perdu legoût de ces plaisirs évanescents et pour lui un poil trop innocents.

« Alors, ce soir-là, dans son sabbat orgiaque, il regardait les diablesses avec un œilqui coulait de luxure, une langue qui perlait de bave et des mains qui lui démangeaientd’envies pénétrantes.

« Il se cura deux dents de ses ongles noirs mais rien n’y fit. Il ne pensait qu’à sesdiablesses.

« Il appela son homme à tout faire qui déjà ouvrait la bouche et tirait la langue pourjouer avec la pipette du maître. Le diable d’emblée lui scella les lèvres et lui intima l’ordred’aller chercher trois diablesses qui lui plaisaient particulièrement et de les amener dansson salon-boudoir-baisoir privé. Et il s’éclipsa en un clin de paupière.

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« Les trois diablesses étaient déjà nues comme des sirènes, mais sans la moindrequeue de poisson, et elles chantaient des chansons dignes des pires auberges les plusmalsaines.

« Je te tiens, tu me tiensPar la queue du diableEt devant et derrièreLe premier de nous deux qui suinteraS’enfoncera dans ma cramouilleLe premier de nous deux qui juteraS’empalera sur ma quenouille. »

« Le diable fondit en larmes de plaisir, jeta ses oripeaux de velours rouge et noir etbondit dans le cercle vicieux de ces trois femelles au plus fort de leur rut.

« La première s’occupa de sa bouche qu’elle emplit de tous ses jus sacrés-salés.

« La deuxième s’occupa de sa queue velue, celle du derrière, qu’elle tortilla d’unemain tout en s’enfonçant de l’autre dans le fondement diabolique.

« La troisième se contenta du serpent biscornu de l’entre-cuisse et du bas-ventrequ’elle engouffra en haut et en bas jusqu’à ce que le flot débordant en explose en fuséesde pleine lune.

« Et c’est ainsi que ce soir-là le diable repeupla la planète infernale de mille enfantstous plus monstrueux et lubriques les uns que les autres.

« De sa bouche sortirent des araignées à tête de grenouille qui tissaient des toilesen forme de nénuphars dans lesquels elles prenaient les pécheurs sachant pécher sanscanne à pèche.

«  De son fondement sortirent des rats à tête de pigeons et à queue d’éléphant quise mirent aussitôt à roucouler et à procréer des générations futures encore plusbiscornues, à poil et à plume mêlés. Et à ce miroir qui n’était pas aux alouettes mais bienplus dangereux encore se prenaient les saints ratés pour qui les vessies sont deslanternes et les fesses des ânes des feux de la Saint Jean.

« De son bas-ventre sortirent des petits diablotins minuscules qui allèrent titillerl’utérus de nos trois sorcières qui pondirent des œufs gros commes des châtaignes d’oùissirent des enfants sans bras ni jambes, avec deux têtes ou parfois trois sur deux ou troispaires d’épaules. Et en plus ces résidus de fausses couches sorcelliques parlaient desmots aussi incohérents que farfelus.

« Une fille sur une routeC’est une figue sur un arbre

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Un garçon dans un champC’est un oignon dans un sillon. 

« Cueillez, cueillezFigues et oignonsEt dégustez-lesA belle dent. »

« Et tous les puceaux du monde de se jeter sur leurs sœurs les pucelles et deforniquer comme des plantes grasses assoiffées.

« Si cela ne fait pas de bienCela ne peut pas faire de malEt il en sortira toujoursQuelques idées sanguinolentesDe plaisir ou de crime. »

« Et tous les soudards bravards et tous les saoülards bavards se précipitent sur toutce qui bouge, et ils sautent dans la première fontaine d’eau claire que leurs invocations dudiable transforment en vin rouge qui tache et arrache la gorge.

« Vive Satan Vive BelzébuthLe diable est notre roiSans le chaudron des confituresQui mûrissent entre nos jambes. »

« Et cette fois même les culs-de-jatte se lancent à l’assaut des jupons d’e dentellenoire des femmes mariées qui ont le diable dans la tête et se tortillent du panier à crotte lelong des ruelles du village.

« Alleluiah !Le sucre nous enivreLe sel nous saoûleMais le plaisir nous transporteAu fin fond de nos entraillesQui grouillent et gargouillentDes visiteurs de la nuit. »

« Et c’est ainsi que le diable nous colonise et nous tyrannise, en jouant sur lescouches les plus profondes et les plus jouisseuses de nos organes et appendicesintérieurs et extérieurs. Ce sont souvent les plus beaux fruits qui ne sont que desimmondices pourris. Gardez-vous de tout ce qui vous chatouille là où ça fait le plus plaisir.Même si se faire chatouiller là où ça vous gratouille peut vous aider à passer la nuit. »

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LE DIABLE EN TRANSE

Moi, le grand MacabouMarabout CaribouMacabé ScarabéeMacabi le ZombieMacaba Branle-basMoi, le grand MacabouJe suis un clown d’enferMacaba Branle-basMacabi le ZombieMacabé ScarabéeMacabou Caribou

Les gens froids de sangLes sans cous ni dentsM’appellent Satan

Tout couvert de poilsRoux noirs verts bleus blancs

D’entre les deux fessesJusque sur la tête

D’entre les deux cuisses

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Jusque sur la faceJ’arbore deux cornesQui crachent le feu

Je porte une fourcheQui crache le sang

Les gens froids de sangLes sans cous ni dentsPossédés du diableM’appellent Satan

Moi, le grand MacabouMarabout CaribouMacabé ScarabéeMacabi le ZombieMacaba Branle-basMoi, le grand MacabouJe suis un clown d’enferMacaba Branle-basMacabi le ZombieMacabé ScarabéeMacabou Caribou

Les hommes perversVice dans le versPréfèr’ Lucifer

Vêtu de veloursRoux noir bleu blanc vert

Je te les caresseDe mots excitants

En-dessous des boursesEt leur vit se tend

Envie de violerDe la chair qui craque

Envie de baiserDe la chair qui bave

Les hommes perversVice dans le versDiable vert au corpsPréfèr’ Lucifer

Moi, le grand MacabouMarabout CaribouMacabé ScarabéeMacabi le ZombieMacaba Branle-bas

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Moi, le grand MacabouJe suis un clown d’enferMacaba Branle-basMacabi le ZombieMacabé ScarabéeMacabou Caribou

Les femmes lubriquesLes têtons en feuAnonn’ Belzébuth

Nu dans le satinRoux noir vert blanc bleu

Je cligne du glandHoche de la verge

Les cuisses s’écartentLes lèvres s’entrouvrent

La bouche est voraceLa langue est locace

La gorge engloutitMa liqueur de feu

Les femmes lubriquesLes têtons en feuDu diable la queueAnonn’ Belzébuth

Moi, le grand MacabouMarabout CaribouMacabé ScarabéeMacabi le ZombieMacaba Branle-basMoi, le grand MacabouJe suis un clown d’enferMacaba Branle-basMacabi le ZombieMacabé ScarabéeMacabou Caribou

Les petits poètesRimaill’ leurs pouèt pouètMéphistophelès

Un chapeau à plumeUn pourpoint en soie

La plume dans le culLa soie dans la raie

D’un doigt ils caressent

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Du poing ils pâtinentCe qui leur sert d’âmeQui leur sert d’esprit

Leur grand vit vitalBourses boursoufflées

Les petits poètesRimaill’ leurs pouèt pouètDe leur trou du culMéphistophelès

Moi, le grand MacabouMarabout CaribouMacabé ScarabéeMacabi le ZombieMacaba Branle-basMoi, le grand MacabouJe suis un clown d’enferMacaba Branle-basMacabi le ZombieMacabé ScarabéeMacabou Caribou

Les grands des salonsLe sourire en longAdor’ Asmodée

Plutôt à la modeJamais démodé

Je suis PrésidentOu Premier Ministre

Je suis chancelierJe règne à Bercy

J’aime l’opéraGuerrier et pompier

La grande musiqueSacrée et sucrée

Les grands des salonsLe sourire en longLes dents qui détroussentAdor’ Asmodée

Moi, le grand MacabouMarabout CaribouMacabé ScarabéeMacabi le ZombieMacaba Branle-bas

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Moi, le grand MacabouJe suis un clown d’enferMacaba Branle-basMacabi le ZombieMacabé ScarabéeMacabou Caribou

On n’en finit jamaisDes mille facettesDu diable encorné

Je le tiens tiens tiensPar la queue du diable

Tu le tiens tiens tiensLa queue embrochée

Le premier des deuxQui en jouira

Pourra se payerLe diable à son corps

Con-sentant le sucreVit-vifiant le miel

On n’en finit jamaisDes mille facettesPar devant derrièreDu diable encorné

Et moi,Le grand MacabouMoi quiSuis un clown d’enferJe le dis tout netIl vaut mieux jouirDiable dans la peauQue pourrir croupirLe bon Dieu aux trousses

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FIFI SANS TIFS LE VAMPIRE DE ROUBAIX SUR TRICHON

SCENE UN: LA DANSE DU VAMPIRE (Gaie et joyeuse)Le Baron: Je suis Fifi sans Tifs

Je viole les filles et les garçonsJe suis Fifi sans TifsJe donne des glaces et des bonbons.Et un je l'allonge par terre.Et deux j'arrache son cach' pipette.Et trois je lui fais son affaire.Et quatre je range mon révolver.

Sucez, sucez, sucez-moi ce bon sang de fille vierge et encore pucelle! Avec le sang vientle pucelage comme une friandise mystique.Ah! belle fille bien déchirée, tu es morte maintenant, mais j'ai pris mon pied. Ah! quelplaisir que le bruit des mille mouches qui grouillent sur ta chair et te dévorent, quibourdonnent et ronronnent du bruit doux de leurs ailes.Ah! belle fille bien achevée, combien je plane dans mon nirvana, dans ce plaisir qui m'estsi rare, ce doux plaisir de fin d'amour, d'amour rassasié du sang si fluide et si moëlleux quis'égoutte d'un corps jeune et beau fraîchement torturé.

La Cuvette: Mais le danger est plus près qu'il ne le croit.

SCENE DEUX: LA RENCONTRE AVEC LE SCATOPHAGE ROYAL (Confrontationviolente et très animée qui peut commencer comme une entrée de vaudeville)Le Baron: Mais... Mais... Mais quel est ce bruit, ce ronflement, ce vrombrissementanormal? Quel est l'intrus qui m'envahit mon plaisir? Serait-ce ce que je crois? Serait-cece que je crains?Le Scatophage: Oui, c'est bien ce que tu crains. Je suis ton ennemi juré. J'ai réussi àpénétrer dans ton antre et je vais maintenant t'envahir, te vaincre, te réduire à néant.

Le Baron: Non! Le Scatophage Royal. Comment es-tu entré? Par où, par quel interstice?

Le Scatophage: Par la porte comme toi, avec toi, derrière toi. Par la porte pour te damner,aveuglé que tu étais par ton plaisir à venir.

Le Baron: Mais que veux-tu? Sale bousier. Que peux-tu contre moi, contre le Maître de lanuit, contre le Baron-Vampire Ascaride Ténia Dendrocéla?

Le Scatophage: Tout. Dis-moi un peu ce que ton père t'avait enseigné.

Le Baron: Il m'avait dit que le bousier, le Scatophage Royal était mon pire ennemi, qu'ilétait le seul à pouvoir me détruire. Mais je n'y ai jamais cru. Pourquoi donc croire à detelles sornettes? Il m'avait dit qu'il y avait une protection efficace...

Le Scatophage: Et tu l'as oubliée, ou tu n'y as pas cru, dans ta vanité extrème. Il t'avait

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bien dit que tu devais tous les soirs quand la nuit tombe, quand minuit s'approche, que tudevais manger un petit quelque chose qui te protègerait contre moi...

Le Baron: Oui, certes, mais j'en ai horreur. Je n'oserais même pas en dire le nom. Celame donne mauvaise haleine. Je ne plais plus aux petites filles et aux petits garçons. Non,je ne peux pas manger ça.

Le Scatophage: Mais encore, Dis moi un peu ce que c'est. Va jusqu'au bout de tapensée. Crache le nom de cette petite chose qui te protègerait. Ca vient en grappes, engrosses têtes rondes faites de dizaines de gousses...

Le Baron: Non, ne prononce pas ce mot. Rien que le mot me donne un haut le coeur, medonne des aigreurs d'estomac. Dis pilipili, harissa, oignon, échalotte, tout ce que tu veux,mais pas ça.

Le Scatophage: Tu as peur d'un mot, et tu te dis le Maître de la nuit. Tu as peur de cepetit mot de trois lettres qui aurait pu te sauver. L'ail, Monsieur le Baron, l'ail salutaire,Ascaride Ténia Dendrocéla.

Le Baron: Ah! j'ai mal! Je souffre! Arrête l'horreur de cette torture!

SCENE TROIS: LES CONSEILS DU PERE (Recueillement et contrition, tant dans laposition de Fifi que dans le ton)Le Scatophage: Ton père, il t'avait dit, souviens-toi:

"Les vampires ne risquent rien.'Les hommes ne leur font pas peur."Les nègres en soutanes disent"Qu'un crucifix ou un peu d'ail"Peuvent nous chasser, nous détruire."Les mecs un peu plus scientifiques"Prétendent qu'un long pieu de frène"Un peu avant que la nuit vienne"Peut nous clouer à tout jamais"Au sombre fond de notre tombe.

"C'est faux!"Les vampires ne risquent rien"Les hommes ne leur font pas peur."

Rappelle-toi, sale Baron, la suite de cette leçon.

Le Baron: Horreur et Calamation!"Les vampires ne risquent rien."Les hommes ne leur font pas peur."Leur seul ennemi immortel"C'est le Scatophage Royal"Dont les jeunes larves grouillantes

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"Peuvent en un seul tour de dents"Nous bouffer comme une saucisse."Mais c'est qu'il y a un secret."Aussi vieux que les pharaons!"Aussi vieux que misère humaine!"Une gousse d'ail au goût fort"Fondante et juteuse à la langue"A l'aube sombre de la nuit"Et le Scatophage Royal"Ne peut plus rien quant à nous nuire"De toute la nuit toute entière."

Le Scatophage: Et qu'as-tu fait de ce bon conseil? Qu'as-tu fait du conseil de ton père?

SCENE QUATRE: LA FUITE (Tentative désordonnée de se précipiter vers l'escalier)Le Baron: Je n'y peux rien, je n'aime pas le goût de l'ail et j'ai peur de ces gousses enforme de larmes. Je n'aime pas l'haleine qu'il me donne. Je ne veux pas des aigreurs qu'ilm'amène. Je ne sens plus le goût du sang et je ne sens plus la douceur de la chair.

Le Scatophage: Eh bien, il te faudra payer le prix.

Le Baron: Quel prix?

Le Scatophage: Tamort, bien sûr. Regarde le corps qui grouille de mes larves. Regardeles tomber dans la cuvette en plastique jaune où elles frétillent dans le sang. Regarde lessauter au rebord lisse sur le carreau gris sale de ta belle cave. Regarde les approcher.

Le Baron: Non, jamais, plutôt fuir. J'ai du Flytox dans ma cuisine. Du Raid anti-bestioles.J'y vais, j'y cours, j'y vole, et je reviens vous tuer tous.

(il se précipite vers l'escalier)

Le Scatophage: Quelle sottise! Regarde mes belles larves faire la course sur le carreau àqui sera la première sur les marches. Regarde les déjà bloquer la porte d'un cordonvorace. Tu ne peux plus t'enfuir.

Le Baron: Mais alors je meurs. Mais alors je vais mourir.Le Scatophage: C'est exact, Monsieur le Baron Ascaride Ténia Dendrocéla. Il ne te resteplus que le choix de la marche. La deuxième où la troisième. Je vois déjà ma larvepremière née s'approcher de ton escarpin.

Le Baron: Non, non, jamais, plutôt mourir!

SCENE CINQ: LA GRANDE BOUFFE (L'animation vient des larves et du vidage deFifi sur les marches de l'escalier)Le Scatophage: Mais justement tu vas mourir. Regarde le petit trou sur ton soulier. Et

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voilà déjà un pied de parti. Au suivant de ces deux pieds. Voilà une affaire ficelée. Allez,jolies larves rassasiées, laissez la place aux suivantes.

Le Baron: Mais cela fait très mal, de mourir ainsi, bouffé par les pieds.

Le Scatophage: Et tes jambes fléchissent, tes belles jambes velues ne sont plus? Tonpantalon s'affaisse comme une loque inutile.

Le Baron: Ciel, elles s'attaquent à mes organes. Enfer et damnation, elles m'arrachent lesattributs les plus beaux de ma virilité. Je ne suis plus un homme. (Changement de voix)Je ne suis plus qu'un castrat. Finir castré par un scatophage royal, un sale bousier,comme si je n'étais qu'un tas de crottin au chemin de la vie.

Le Scatophage: Mais c'est bien ce que tu es. Tu n'es plus un homme. Tu chevrottes de tavoix de fausset. Tu n'es plus qu'un reste de corps. Ton tronc a déjà fondu aux mandibulesde mes petites filles et de mes petits garçons. Déjà elles approchent du coeur et de lacarotide.

Le Baron: Non, pas le coeur! Non, pas le coeur! Si! Hélas! Elles m'ont eu le coeur et ellesse sont prises à l'aorte comme des voitures folles à une autoroute. Les voilà maintenantqui remontent vers ma tête divine.

Le Scatophage: Divine, ta tête! Laisse-moi rire. La bouffe des bousiers n'est que la bouseaux fossés du chemin creux de la forêt. Et d'un coup de canine elles te boufferont lementon, puis les joues, puis le nez, puis les yeux...

SCENE SIX: LA DERNIERE PENSEE DU BARON (Ton nostalgique du regret de ladéfaite)Le Baron: (réduit à une tête) Arrête une seconde, ô Scatophage Royal triomphateur, uneseconde que je pense ma dernière pensée.

Le Scatophage: Ok, petit enfoiré de vampire imprudent. Pense là ta dernière pensée.

Le Baron: Je veux me recueillir sur ma belle jeunesse, ma longue vie et mon passéglorieux. je veux me redire ma chanson si douce:

Je suis Fifi sans TifsJe viole les filles et les garçonsJe suis Fifi sans TifsJe donne des glaces et des bonbons.Et un je l'allonge par terre.Et deux j'arrache son cach' pipette.Et trois je lui fais son affaire.Et quatre je range mon révolver.

Merci de ce répit. J'ai l'âme en ordre. Je peux mourir.

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Le Scatophage: A l'assaut final, mes beaux enfants. La fin est arrivée.

SCENE SEPT: EPILOGUE (Le ton doit être à la fois ironique et inquiétant comme sinous avions là une parodie des fins à la Hitchcock)La Cuvette: Et le crâne disparait. Et le bruit des mâchoires s'arrête et le ScatophageRoyal tombe de côté, perché qu'il est sur la tête du cadavre de la fille torturée. Et leslarves vont toutes se mettre en cocons pour se transmuter en beaux bousiers noirsluisants.Et le silence retombe sur la cave. Le corps ne goutte plus. La mort a triomphé.Si, à tout hasard, vous vous demandez qui je suis, ne cherchez pas très loin. Je suis lacuvette de plastique jaune. Rien ne peut m'attaquer. Je ne suis pas biodégradable, moi.Je survis à toutes les catastrophes. Demain, je serai sur un évier en train de rincer de lasalade, ou dans la chambre d'un bébé avec l'eau chaude et savonneuse de son bain.Qu'importe le sang, la salade ou le bébé, pourvu qu'on ait la cuvette en plastique quiconvient.

(Rideau)