Rousska Roma - Rencontre internationale à Alger - 2008

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“Rousska roma” : traduction littéraire dans son contexte Elena Mishura (Institut de la linguistique de l’Académie des sciences de la Russie) Session « Traduction et mondialisation » Diversité des langues et politique linguistique en Russie La diversité est un trait caractéristique de toute nature vivante, y compris des langues et cultures de l’humanité. Selon des différentes considérations, le nombre des langues du monde oscille entre 6 et 10 milles. Cette imprécision vient du fait qu’il reste encore des langues à étudier et à découvrir. De ces 6 à 10 milles langues on en dénombre 5 000 qui sont parlées par moins de 100 mille natifs, et 3 000 par moins de 10 mille personnes, jusqu’à découvrir que 1 500 langues sont parlées par moins d’un millier ce qui revient à faire des langues menacées (Дьячков). Des critères différents sont utilisés pour définir le degré de la proximité d’une langue vivante à une langue morte. Mais le fait reste alarmant : la mondialisation fait disparaître chaque année une vingtaine de langues mineures. Les questions se posent : à quoi sert cette diversité linguistique ? Ne serait-il pas plus raisonnable de limiter la quantité des langues à six langues principales de l’ONU ? Les réponses seraient négatives. Cette restriction aurait pour conséquence une appauvrissement des cultures de l’humanité et limiterait les voies de la connaissance. Chaque langue reflète une vision du monde dans ce qu’elle a de plus singulier et unique (selon l’hypothèse de Sapir - Whorf), sa disparition entraine avec elle la mort d’une voie de pensée, prolongeant irrémédiablement dans le silence tout un plan de la culture humaine et sa mémoire. « Un gitan va jamais comprendre un autre gitan sans la langue tsigane. Parce qu’il y a des questions et des réponses qu’on peut pas poser ni donner en russe, il prennent tout un

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“Rousska roma” : traduction littéraire dans soncontexteElena Mishura (Institut de la linguistique de l’Académie des sciences de la Russie)Session « Traduction et mondialisation »

Diversité des langues et politique linguistiqueen Russie

La diversité est un trait caractéristique de toute nature vivante, y compris des langues et cultures de l’humanité. Selondes différentes considérations, le nombre des langues du monde oscille entre 6 et 10 milles. Cette imprécision vient du fait qu’il reste encore des langues à étudier et à découvrir.

De ces 6 à 10 milles langues on en dénombre 5 000 qui sont parlées par moins de 100 mille natifs, et 3 000 par moins de 10 mille personnes, jusqu’à découvrir que 1 500 langues sontparlées par moins d’un millier ce qui revient à faire des langues menacées (Дьячков).

Des critères différents sont utilisés pour définir le degré de la proximité d’une langue vivante à une langue morte. Mais le fait reste alarmant : la mondialisation fait disparaître chaque année une vingtaine de langues mineures.

Les questions se posent : à quoi sert cette diversité linguistique ? Ne serait-il pas plus raisonnable de limiter la quantité des langues à six langues principales de l’ONU ? Les réponses seraient négatives. Cette restriction aurait pour conséquence une appauvrissement des cultures de l’humanité et limiterait les voies de la connaissance. Chaque langue reflète une vision du monde dans ce qu’elle a de plus singulier et unique (selon l’hypothèse de Sapir - Whorf), sa disparition entraine avec elle la mort d’une voie de pensée, prolongeant irrémédiablement dans le silence tout un plan de la culture humaine et sa mémoire.

« Un gitan va jamais comprendre un autre gitan sans la langue tsigane. Parce qu’il y a des questions et des réponses qu’on peut pas poser ni donner en russe, il prennent tout un

autre sens »1. Un proverbe est connu : « la vérité ne se dit qu’en romanés ».

Pour la préservation des langues minoritaire un nombre de mesures compensatoires devient indispensable, sans lesquelles la survivance de ces langues est mise en jeu.

 Ces mesures :- élaboration de la norme, de l’écriture, de règles de

grammaire, modernisation du vocabulaire ;- introduction dans l’enseignement secondaire ;- édition des livres en cette langue ;- promotion dans les médias (presse, radio,

télévision) ;- utilisation de cette langue dans l’administration et

des services populairesLa nécessité de la préservation de langues minoritaires

(n’étant pas des langues premières du pays et n’effectuant pas toutes les fonctions communicatives dans une société) est accepté actuellement dans la communauté européenne et confirmé dans la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.

Le document principal définissant la politique linguistique de la Russie est la loi « Sur les langues des ethnies de la Fédération de Russie » («О языках народов Российской Федерации») adoptée en 1991. C’est le premier document dans l’histoire de la Russie constatant que « les langues des ethnies de la Fédération de Russie sont le bien de la nation russe. Les langues sont protégées par l’état. L’état sur tout le territoire de la FR contribue au  développement deslangues nationales, du bilinguisme et multilinguisme ».

La loi précise « le droit à l’enseignement secondaire en langue maternelle et au choix de la langue de l’enseignement dans les limites des possibilités, fournies par le système de l’enseignement » et « l’enseignement des langues régionales esteffectué selon la législation de la région ». Ainsi, à

1 « Цыган с цыганом без языка цыганского друг друга не поймут. Потому чтоесть такие вопросы и ответы - на русском языке их не задать и их неответить, смысл совсем уже другой. Так что для цыгана, мне кажется,цыганская речь - это необходимо ». Donc, la romanipé (la loi tsigane) esten relation de contingence avec la langue, le romanès (Григорьева).

l’échelle régionale il est possible que l’enseignement d’une langue soit délaissé ou minimisé sous prétexte de la « manque des moyens ».

 

Tsiganes en Russie

Selon le recensement du 2002 la population tsigane en Russie compte 182 000 habitants, ce chiffre est certainement sous-évalué2. L’estimation réelle compterait entre le double etle triple de ce chiffre.

La plupart des tsiganes russes parlent l’un ou l’autre dialecte du romanès et le russe, cela est un trait caractéristique de la communauté gitane en Russie, puisque la plupart des tsiganes du monde ont adopté la langue du pays où ils vivent et oublié leur langue d’origine.

Bien que la proportion de la population tsigane en Russie soit bien inférieure par rapport aux certains pays de l’Europe centrale, les gitans bénéficient un rapport particulier avec les russes. On entend souvent dire que la Russie est le seul pays où on avait toujours aimé les gitans.

En Allemagne, Bulgarie, Slovakie et d’autres pays de l’Europe de l’Est la littérature populaire montre une attitude de peur et de rejet des nomades, les chansons populaires avertissent qu’il faut éviter les gitans et s’en méfier. En Russie on voit tout le contraire : les paysans collaborent avec

2 О положении цыган в России // ПРИЛОЖЕНИЕ к альтернативному докладу НПО«Об исполнении Российской Федерацией Рамочной конвенции о защитенациональных меньшинств». ФЕВРАЛЬ 2006 Г.

les gitans, les hébergent pendant l’hiver, laissent leurs filles se marier avec les gitans et partir с табором (avec les gitans en roulotte) (Бессонов-1).

 Une preuve linguistique de cette attitude se montre : le mot цыган (n. gitan / tsigane / rrom), цыганский (adj. gitan / tsigane / romanès [langue]) ne porte aucune nuance péjorative et n’a pas de synonymes stylistiques, à la différence de nombreuses langues européennes : gitan vs tsigane/rom, Gypsy vsRomany, Zigeuner vs Rom etc.

Cette attitude a considérablement changé après la chute ducommunisme avec l'instauration de la liberté de la parole qui laissait tout passer, y compris les remarques quasi fascistes sur les gitans en tant que « race impure » (Язык мой), le "langage de la haine" largement pratiqué dans la presse écrite et orale depuis ces 15 ans (http://xeno.sova-center.ru/). Heureusement, en ce moment la communauté gitane russe entre en interaction avec des communautés tsiganes de l'Europe et la bonne image des gitans qu'ils ont eu en Russie il y a 100 ans et l'image neutre d'il y a 20 ans a toutes les chances d'être restaurée.

Littérature tsiganeLa littérature tsigane voit sa naissance dans les années

20 du XXe siècle au sein du nouvel état soviétique. Après la Révolution d’Octobre les autorités commencent à

travailler sur l’intégration des populations tsiganes dans la « nouvelle vie » et dans la jeune culture soviétique.

Au milieu des années 20 dans le cadre de la « ligne générale » de la politique linguistique de l’état, la campagne intensive sur l’élaboration de la nouvelle écriture commence sous la direction de M.V.Serguiyevski et avec la participation de N.Doudarova et N.Pankov.

La base dialectale choisie par ces linguistes pour former une nouvelle langue littéraire est северно-русский диалект(dialecte nord-russe) du groupe balte : ce dialecte n’est parléque par un nombre limité de natifs et reste difficilement compréhensible au tsiganes d’autres groupes ethniques étant profondément influencé par la phonétique, la morphologie, le syntaxe et le lexique du russe, rend cette décision très

discutable. Le choix de cette base définira aussi l’usage de l’alphabet cyrillique, la phonétique étant pour les deux langues très similaire.

C’est à partir du 1927 que voit le jour la littérature tsigane : scolaire, politique, les belles lettres. Dans la période 1927-1938 environ 300 livres en tsigane sont publiés. La plus grande partie sont des ouvrages politiques, traductionsdes discours de Staline, des journalistes soviétiques etc, des articles socio-politiques écrits par les gitans et pour les gitans (N. Pankov, M. Bezlyudskiy), un grand nombre de manuels et de livres de lecture pour les écoliers (N. Pankov, A. Germano, T. V. Ventsel).

Des ouvrages de la grande littérature classique voient le jour et bon nombre d'écoliers peuvent lire en tsigane des grands auteur russe et étrangers (Pouchkine, Tolstoy, Korolenko, Gorky, Mérimé), en littérature enfantine (A. Barto).Sur trois cents livres en langue tsigane trente sont des œuvresoriginales écrits en tsigane. 

Le développement intensif de la littérature tsigane dans l’URSS a été brusquement interrompu en 1938. Ce fait est lié auchangement de la « ligne générale » de l’état. Faisant l'inverse d'un programme lancé la fin des années 20 et au débutdes années 30 quand la politique était orienté vers l’insertiondes groupes ethniques très différentes qui composaient le pays dans la construction du socialisme, à partir du 1938 les petites langues perdent leur importance pour l’affaire commune et deviennent interdites dans l’enseignement et édition devant une russification du pays.

Du 1938 au 1959 aucune œuvre tsigane ne fut publiée. Marginalisée, la littérature tsigane ne connaitra pas

l'essor qu'elle devrait atteindre. Sans soutien officiel et développement culturel son apparition n'aura été que brève et artificielle, sans retour à ses origines et faisant partie plutôt de la littérature multinationale de l'Union Soviétique, que de la littérature particulièrement tsigane.

1938 reste la date où l'idée d'une littérature tsigane à l'échelle nationale se finit. Elle retourne peu à peu 20 ans après parmi les natifs et le petit nombre d’écrivains indépendants dont la plupart des auteurs font des traductions

littéraires et scientifiques, enthousiastes de leur langue maternelle et propriétaire de sa survie.

Actuellement la littérature tsigane en Russie comporte : (1) la poésie et la prose en romanès (Satkevich,

Chevchenko, Leksa, Sinitsyn, Tsvetkov) souvent suivies d’une traduction en russe ou en ukrainien (Adam, Zeykan, Navrotskiy) ;

(2) des traductions des classiques autant russes queétrangers (en tsigane : Pouchkine, Lermontov, Mickiewicz, Verlaine, Shakespeare, Kiepling) ;

(3) écriture et traduction des articles académiques sur les gitans (i.e. Shapoval, Roussakov), parfois publiés en tsigane ;

(4) films (i.e. Roma isy roma. « Beg », 2004).Une des particularités de ces traducteurs c’est qu’ils

sont rarement d’origine gitane et qu’ils, en plus d’être traducteurs, sont écrivains (Pankov, Druts), ethnographes (Belougin, Makhotina) et artistes (Bessonov), historiens (Cherenkov, Kalinin), linguistes (Roussakov, Chapoval), juristes (Reshetnikov).

Etant donné que bon nombre d’œuvres classiques sont traduits par des traducteurs russes simultanément en plusieurs dialectes du romanès, donc la contribution des tsiganologues russes dans la diffusion et illustration de la langue des gitans est précieuse pour toute la communauté gitane dans le monde.

Dans l’époque d’après guerre poètes et écrivains tsiganes n’étaient pas autorisés à publier leur œuvres en langue originale, mais seulement en russe, ce qui les obligeait de lestraduire en russe pour pouvoir les mettre au jour (Pantchenko-Romano, Satkevitch, Kazimirenko, Sinitsyn).

Même les ouvrages ethnographiques (Druts, Gessler) contenant apriori des données du folklore, des chants et contespopulaires, évitaient l’utilisation du romanès même pour des raisons stylistiques.

Le plus grand traducteur en langue tsigane en Russie actuelle est Viktor Chapoval, linguiste, spécialiste en traduction de la poésie, ses traductions des grands poètes (Shakespeare, Mickiewicz, Nekrasov, Shevtchenko, Yesenine), despsaumes en romanès sont régulièrement mises sur son site internet. En 2008 il a publié le « Manuel de la langue gitane »(Учебник цыганского языка), le premier manuel de cette langue depuis 1900 (Istomin-Patkanov). A la différence des tendances du début du XXe siècle, Chapoval est orienté à décrire la langue parlée, quoi qu’elle soit pleine d’empruntes du russe, d’inévitables faits de code-switching et code-mixing. Ce manuel est adressé en même temps aux tsiganes qui veulent apprendre à lireet écrire en leur langue qu’ils parlent déjà, aussi bien qu’auxlinguistes et au grand public.

Les traductions en littérature moderne tsigane en Russie ne se limite pas à la poésie. Le travail de la traduction des Evangiles (couche littéraire perdue dans un état athée) en dialectes tsiganes en Russie et dans d'autres républiques de l'ex-URSS est en cours. En 1990 V.Kalinine a commencé la traduction du Nouveau Testament en dialecte biélorusse-lithuanien (groupe dialectale balte).

Les dernières années de sa vie Nikolay Satkevich, fameux écrivain tsigane (1917 – 1991), furent dédié à la traduction del'Evangile selon Saint Jean en dialecte nord-russe

Tsiganologue connu, linguiste et ethnographe Alexandre Belugin (Leksa Manush, en tsigane) a traduit le poème épique "Ramayana" du sanskrit en tsigane.

Le tsigane ukrainien, poète, interprète et professeur de la musique Mihail Kazimirenko a fait des traductions uniques enlangue tsigane de certaines oeuvres de Taras Shevchenko (son expérience étant continuée par V.Chapoval).

Le chanteur Dzhura Mahotin de Tver est connu par ses traductions de Garcia Lorca et V. Mayakovski en tsigane. V.Kalinine a traduit en anglais quelques unes de ses poèmes, qui ont fait partie du recueil anglophone de la poésie des tsiganes du monde “Roads of the Rome”, publié en Angleterre en 1998. Le recueil s’ouvre avec le poème de Leksa Manush "Les chemins des bohémiens”.

En 1999-2000 V.Kalinine et K.Rudevich ont rédigé et publiéla traduction de l'Évangile de Saint-Luke, fait dix ans en

arrière en dialecte letton par le civilisateur de la culture tsigane Janis Nejlands (1919 – 1991).

En 2003 M.Burlutsky dans la coopération avec E.Marchuk ontproduit la traduction de l'Evangile selon Saint-Jean en dialecte serve.

En 2005 Voldemar Kalinine a publié son recueil de poésie en tsigane « Romane sune » (Rêves tsiganes) accompagné des traductions en biélorusse et allemand. Dans la maison d'éditionallemande GBV ont paru ses traductions des Évangile selon Saint-Matthieu, selon Saint-Jean. L'Évangile selon Saint-Matthieu a été également rédigée en écriture latin, pour les tsiganes de la Lituanie.

La littérature tsigane produite de l'URSS et de la Russie n’a jamais été sujet de l'étude scientifique, les traductions –encore moins.

Dans les années 30 l'apparition des nouveaux livres était accompagnée par des articles purement informatiques. Un articleplus détaillé a été publié par E.Sholok en 1941 dans l'almanach« Amitié des peuples », mais manquant toujours d’analyse critique. De la littérature qui est apparue dans les années ultérieures il faut mentionner l'essai de L.N.Tcherenkov « La littérature tsigane », publié dans l’ « Encyclopédie Littéraire” en 1975 et les biographies de A.Germano, I.Rom-Lebedeva et N.Pankova écrites par E.Sholok dans la même édition. En dehors de la Russie la littérature tsigane de l'union Soviétique était abordée du point de vue plutôt linguistique dans l’article de Marcel Courthiade « L’internationale » en Romani » en 1990.

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