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Profils Motivationnels au Travail 1
Profils motivationnels et ajustement au travail :
Vers une approche intra-individuelle de la motivation
Motivational profiles and work adjustment:
Toward an intra-individual approach of motivation
Nicolas GILLET
Laboratoire de Psychologie Appliquée
Université de Reims Champagne-Ardenne
57, rue Pierre Taittinger
51096 Reims Cedex - France
Adresse électronique : [email protected]
Sophie BERJOT
Laboratoire de Psychologie Appliquée
Université de Reims Champagne-Ardenne
Emmanuel PATY
Laboratoire de Psychologie Appliquée
Université de Reims Champagne-Ardenne
25 Août 2009
Remerciements : nous tenons à remercier pour leur participation à cette étude Gweanel
Germain et Stella Flandre, et pour son accueil et sa collaboration, Mr Romary Sertelet,
directeur de l’usine.
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Résumé
Cette étude a pour objectif d’identifier les profils motivationnels des salariés d’une entreprise
privée puis d’analyser comment ces individus se différencient sur des variables d’ajustement
organisationnel telles que le stress perçu, la performance au travail et l’implication
organisationnelle. Une analyse en cluster a permis de mettre en évidence trois profils
motivationnels reflétant différents niveaux de motivation autodéterminée et de motivation
contrôlée, différemment reliés aux variables organisationnelles. Le profil motivationnel le
plus autodéterminé (caractérisé par des niveaux élevés de motivation autodéterminée, des
niveaux modérés de motivation contrôlée et des niveaux faibles d’amotivation) est associé à
des conséquences généralement plus positives que les deux autres profils motivationnels
(moins autodéterminés). Ces résultats sont en accord avec les postulats de la théorie de
l’autodétermination (Deci & Ryan, 1985) et suggèrent que l’analyse en cluster est une
technique particulièrement intéressante pour étudier et mieux comprendre la motivation des
salariés envers leur activité professionnelle.
Mots-clés : Motivation, Travail, Analyse en Cluster, Théorie de l’Autodétermination
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Abstract
The goal of the present research was to identify individuals’ motivational profiles in a private
organization and investigate whether these workers differed on some work outcomes such as
perceived stress, performance and organizational commitment. A cluster analysis showed
three different motivational profiles which were linked differently to the organizational
variables studied. The most self-determined motivational profile (characterized by high levels
of autonomous motivation, moderate levels of controlled motivation and low levels of
amotivation) was generally associated with more positive consequences than the two others.
Overall, these findings are in accordance with tenets of self-determination theory (Deci &
Ryan, 1985) and suggest that cluster analysis is useful for studying and understanding
workers’ motivation.
Key Words: Motivation, Work, Cluster Analysis, Self-Determination Theory
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Profils motivationnels et ajustement au travail :
Vers une approche intra-individuelle de la motivation au travail
Comprendre la motivation au travail et analyser les conséquences plus ou moins
favorables qui y sont associées constitue une préoccupation majeure pour les chercheurs tant
la motivation des employés est un élément essentiel à la réussite et au bon fonctionnement des
entreprises (Blais, Brière, Lachance, Riddle, & Vallerand, 1993 ; Thill, 1991). Au cours des
vingt dernières années, de nombreuses études ont montré que la théorie de
l’autodétermination (Deci & Ryan, 1985, 1991 ; Ryan & Deci, 2000) était particulièrement
utile et intéressante pour analyser la motivation des individus dans de nombreux contextes tels
que l’éducation, le sport, l’exercice physique, la politique ou les relations interpersonnelles
(voir Deci & Ryan, 2008, pour une revue). Gagné et Deci (2005) ont également montré que ce
paradigme théorique était en mesure d’expliquer les processus motivationnels dans les
organisations. Néanmoins, en 2005, ces auteurs estimaient que des recherches additionnelles
devaient être conduites afin de confirmer que la théorie de l’autodétermination était une
approche théorique particulièrement à même d’expliquer la motivation au travail. Les
recherches s’appuyant sur la théorie de l’autodétermination dans le domaine du travail ont été
très prolifiques depuis quelques années (e.g., Dysvik & Kuvaas, 2008 ; Lam & Gurland,
2008 ; Millette & Gagné, 2008 ; Roca & Gagné, 2008 ; Van den Broeck, Vansteenkiste, De
Witte, & Lens, 2008 ; Vansteenkiste, Neyrinck, Niemiec, Soenens, De Witte, & Van der
Broeck, 2007) et cette approche est à l’heure actuelle considérée comme étant un cadre
théorique majeur pour étudier et comprendre la motivation au travail (Meyer & Gagné, 2008 ;
Van der Broeck, Vansteenkiste, & De Witte, 2008).
La popularité croissante de la théorie de l’autodétermination dans le monde du travail
s’explique par le fait que, dans la conception théorique de Deci et Ryan (2000), la motivation
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est un concept multidimensionnel. Premièrement, ces auteurs considèrent qu’il ne faut pas
uniquement se limiter à l’intensité de la motivation pour comprendre les comportements
manifestés au travail. Deuxièmement, ils estiment que la dichotomie entre la motivation
intrinsèque et la motivation extrinsèque proposée dans les études antérieures (e.g., Deci, 1971
; Lepper, Greene, & Nisbett, 1973) est trop restrictive. Deci et Ryan (1985) ont ainsi proposé
un cadre théorique dans lequel la motivation des individus peut prendre différentes formes.
Cette approche multidimensionnelle de la motivation est particulièrement importante et
intéressante dans la mesure où elle permet d’expliquer de nombreux comportements
individuels dans le domaine du travail (Gagné & Deci, 2005).
En s’appuyant sur ce paradigme théorique, des études récentes dans les contextes
éducatif (e.g., Boiché, Sarrazin, Grouzet, Pelletier, & Chanal, 2008; Ratelle, Guay, Vallerand,
Larose, & Senécal, 2007) et sportif (e.g., Gillet, Berjot, & Paty, sous presse ; Gillet,
Vallerand, & Rosnet, sous presse) ont également montré qu’il était intéressant d’identifier la
combinaison des différentes formes de motivation chez un même individu afin d’analyser
l’influence de la motivation sur la performance. Cette approche intra-individuelle permet
d’analyser précisément la motivation des salariés en identifiant clairement les différentes
formes de motivation qui les caractérisent. Cependant, peu d’études (e.g., Muñoz-Doyague,
González-Álvarez, & Nieto, 2008) se sont appuyées sur cette méthode pour analyser la
motivation des individus dans le domaine du travail. La présente recherche a donc un double
objectif. Le premier est d’identifier les profils motivationnels des salariés d’une entreprise
privée en considérant les différentes formes de régulation comportementale proposées par la
théorie de l’autodétermination (Deci & Ryan, 1985). Le second est d’analyser l’influence de
ces profils motivationnels sur trois variables essentielles dans le contexte du travail : le stress
perçu, la performance et l’implication organisationnelle.
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La théorie de l’autodétermination distingue la motivation autodéterminée (ou
autonome), la motivation non autodéterminée (ou contrôlée), et l’amotivation (i.e., absence de
motivation). La motivation autodéterminée suppose que l’individu se sent complètement libre
de ses choix, alors que la motivation contrôlée implique que ses actions sont influencées et
guidées par des pressions extérieures (Deci & Ryan, 1985). Ainsi, la théorie de
l’autodétermination considère qu’il existe différentes formes de régulations comportementales
plus ou moins autodéterminées. La motivation intrinsèque est conceptualisée comme la
motivation la plus autodéterminée. Un individu est intrinsèquement motivé lorsqu’il s’investit
dans une activité parce qu’il la trouve intéressante et qu’il ressent du plaisir et de la
satisfaction à la pratiquer. A l’inverse, la motivation extrinsèque implique que la satisfaction
ne provient pas de l’activité en elle-même mais plutôt de facteurs externes liés à l’engagement
dans celle-ci (e.g., récompenses financières). Néanmoins, la motivation extrinsèque ne doit
pas être uniquement considérée comme une motivation non autodéterminée dans la mesure où
des individus peuvent être extrinsèquement motivés et se sentir autonomes (Deci & Ryan,
2008). Ainsi, Deci et Ryan (1985) ont postulé l’existence de quatre formes de motivation
extrinsèque : la régulation externe, la régulation introjectée, la régulation identifiée, et la
régulation intégrée.
La régulation externe représente la forme de motivation extrinsèque la moins
autodéterminée. Dans ce cas, les comportements individuels sont initiés et guidés par des
contingences externes. L’individu manifestant une telle régulation comportementale agit avec
l’intention d’obtenir quelque chose ou d’éviter des conséquences désagréables (e.g., « Je fais
des efforts au travail car je risque de perdre des avantages si je n’en fais pas assez »). Un
individu est motivé par régulation introjectée lorsqu’il réalise une activité pour satisfaire les
attentes d’autrui ou pour éviter de culpabiliser. L’activité est alors considérée comme un
moyen d’être accepté, compris ou valorisé par les autres (e.g., « Je fais des efforts au travail
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parce qu’il est de mon devoir vis-à-vis de mon employeur d’en faire »). La régulation
identifiée fait référence à un investissement dans une activité pas nécessairement intéressante
mais qui permet néanmoins d’atteindre des objectifs fortement valorisés par l’individu (e.g.,
« Je fais des efforts au travail parce que ça a une signification personnelle pour moi »).
Finalement, dans le cas de la régulation intégrée, l’individu a le sentiment que son
comportement est en accord avec ses valeurs personnelles et son identité (e.g., « Je fais des
efforts au travail parce que cette activité professionnelle représente bien qui je suis
fondamentalement »).
Selon Deci et Ryan (1985), les différentes formes de régulation comportementale
décrites précédemment peuvent être représentées sur un continuum d’autodétermination aux
extrémités duquel se trouvent l’amotivation (i.e., absence de motivation) et la motivation
intrinsèque (i.e., la motivation la plus autodéterminée). Entre l’amotivation et la motivation
intrinsèque, se situent les différentes formes de motivation extrinsèque non autodéterminée
(i.e., régulations externe et introjectée) et autodéterminée (i.e., régulations identifiée et
intégrée). La théorie de l’autodétermination suggère également que la motivation
autodéterminée devrait être associée à des conséquences positives (e.g., implication,
performance, persistance, bien-être), alors que l’amotivation et la motivation contrôlée
devraient conduire à des conséquences négatives (e.g., stress perçu, burnout, distraction). De
nombreuses recherches ont confirmé ces postulats théoriques dans des domaines tels que
l’éducation (voir Reeve, 2002) et le sport (voir Vallerand, 2007a, 2007b). Dans le contexte du
travail, quelques études (e.g., Blais et al., 1993 ; Lam & Gurland, 2008 ; Otis & Pelletier,
2005 ; Richer, Blanchard, & Vallerand, 2002) ont également soutenu ces propositions
formulées par Deci et Ryan (1985).
Richer et ses collaborateurs (2002) ont par exemple mené une étude visant à analyser
l’influence de la motivation des salariés sur l’épuisement émotionnel, la satisfaction au travail
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et les intentions de changer d’activité professionnelle. 490 salariés canadiens (181 femmes et
309 hommes) âgés en moyenne de 38.92 ans et travaillant aussi bien dans le secteur privé
(53%) que dans le secteur public (37%), ont participé à cette recherche. Les résultats ont
révélé que la motivation autodéterminée prédisait négativement l’épuisement émotionnel et
positivement la satisfaction au travail. En retour, l’épuisement émotionnel et la satisfaction au
travail avaient respectivement une influence positive et négative sur les intentions de changer
d’emploi. Dans le même sens, Blais et ses collaborateurs (1993) ont également mis en
évidence des corrélations positives entre l’amotivation au travail et divers indices négatifs de
qualité de vie tels que le burnout, l’impuissance au travail, les intentions de changer de travail,
les problèmes de santé physique et la détresse psychologique. A l’inverse, la motivation
autodéterminée (i.e., motivation intrinsèque et régulation identifiée) était corrélée
négativement à ces différentes variables et positivement à la satisfaction au travail.
Dans les recherches antérieures ayant analysé les relations entre la motivation des
individus au travail et les conséquences auxquelles elle pouvait conduire, les chercheurs ont
eu recours à l’une de ces deux stratégies : (1) étudier l’impact de chaque forme de motivation
(e.g., régulation externe) indépendamment ou (2) utiliser l’indice d’autodétermination
(Grolnick & Ryan, 1987 ; Otis & Pelletier, 2005) afin de regrouper les différentes formes de
motivation en un seul indice reflétant le niveau relatif de motivation autodéterminée1. Si ces
deux manières de procéder ont montré leur valeur prédictive sur le terrain, chacune d’elles
possède néanmoins un certain de nombre de limites. Ainsi, la première stratégie est limitée
car elle peut, par exemple, permettre de mettre en évidence une relation positive entre la
motivation intrinsèque et la performance, sans savoir si les individus présentant des niveaux
élevés de motivation intrinsèque sont également caractérisés par des niveaux élevés de
régulation externe ou d’amotivation. Or, les différentes formes de motivation proposées par
Deci et Ryan (1985) peuvent être modérément corrélées et un individu peut s’engager dans
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une activité professionnelle pour différents motifs, aussi bien intrinsèques qu’extrinsèques. Il
a en ce sens été montré que des individus pouvaient être caractérisés par des niveaux
similaires de motivations intrinsèque (M = 4.84) et extrinsèque (M = 4.75 ; Richer &
Vallerand, 1995). En outre, Boiché et ses collaborateurs (2008) ont montré qu’un individu
pouvait être aussi bien intrinsèquement qu’extrinsèquement motivé dès lors que les niveaux
de motivation restaient modérés (i.e., scores compris entre 3 et 4 sur une échelle en 7 points).
Quant à la seconde, même si l’indice d’autodétermination est un indicateur global de
la motivation autodéterminée d’un individu, elle présente toutefois l’inconvénient de ne pas
permettre l’analyse des conséquences affectives, cognitives et comportementales associées à
chaque forme de motivation. Bien que cet indice soit utile pour réduire le nombre de variables
motivationnelles dans certaines analyses, il ne permet pas non plus d’identifier la
combinaison et la répartition des différentes formes de motivation chez un même individu
(Ratelle et al., 2007). Par exemple, deux salariés peuvent avoir un score identique sur l’indice
d’autodétermination et ne pas du tout présenter le même profil motivationnel. En effet, le
premier peut être caractérisé par des niveaux élevés de motivations autodéterminée et
contrôlée, alors que le second peut présenter des niveaux faibles sur ces deux dimensions.
Finalement, cet indice suggère qu’il n’existe théoriquement qu’un seul profil motivationnel
(i.e., niveau élevé de motivation autodéterminée et niveau faible de motivation contrôlée)
supposé conduire aux conséquences les plus positives. Or, Vallerand (1997) estime qu’il
serait réducteur, dans un contexte tel que le travail, de considérer que les individus sont
uniquement caractérisés par un seul profil motivationnel. En effet, il est parfaitement
envisageable que les individus puissent présenter d’autres profils motivationnels (e.g.,
niveaux élevés de motivations autodéterminée et contrôlée), eux aussi susceptibles d’être
associés à des conséquences positives. Un moyen de concilier les avantages des deux
stratégies tout en minimisant leurs inconvénients est à notre sens d’avoir recours à une
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approche intra-individuelle. En prenant en compte à la fois les différentes formes de
motivation et leur combinaison chez un même individu, cette méthode permet d’analyser les
aspects quantitatif et qualitatif de la motivation. Ainsi permet-elle d’identifier différents
profils motivationnels qui peuvent ensuite être mis en relation avec des variables
organisationnelles comme le stress perçu, la performance et l’implication. Plus
spécifiquement, si nous mettons en évidence qu’un profil motivationnel caractérisé par des
niveaux élevés de motivations autodéterminée et contrôlée peut conduire à des conséquences
aussi positives qu’un profil motivationnel autodéterminé (i.e., niveaux élevés de motivation
autodéterminée et niveaux faibles de motivation contrôlée), nous pourrons discuter des
propositions théoriques de Deci et Ryan (1985) selon lesquels la motivation contrôlée est
constamment associée à des conséquences négatives.
Bien que de nombreuses recherches se soient appuyées sur la théorie de
l’autodétermination pour étudier les profils motivationnels des individus dans des domaines
tels que l’éducation (e.g., Boiché et al., 2008; Ratelle et al., 2007), le sport (e.g., Gillet,
Berjot, & Paty, sous presse ; Gillet, Vallerand, & Rosnet, sous presse ; McNeill & Wang,
2005 ; Vlachopolous, Karageorghis, & Terry, 2000) ou l’exercice physique (e.g., Matsumoto
& Takenaka, 2004; Wang & Biddle, 2001), aucune étude à notre connaissance ne s’est
intéressée à l’identification des profils motivationnels dans le contexte du travail. Ceci est
quelque peu surprenant dans la mesure où de nombreux auteurs (e.g., Ntoumanis, 2002 ;
Pintrich, 2003) considèrent qu’une analyse intra-personnelle de la motivation des individus
permet de mieux comprendre les processus motivationnels en étudiant notamment les
relations entre les différentes formes de régulation comportementale. Une méthode
particulièrement utile pour identifier les profils motivationnels des individus est l’analyse en
cluster. Cette analyse statistique permet d’identifier des groupes d’individus partageant des
caractéristiques motivationnelles communes. Ainsi, les chercheurs peuvent analyser les
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différences entre les profils mis en évidence plutôt que d’étudier les différences
interindividuelles (Hair, Anderson, Tatham, & Black, 1998).
Dans une étude récente dans le domaine de l’éducation, Boiché et ses collaborateurs
(2008) ont eu recours à l’analyse en cluster pour identifier la combinaison des différentes
formes de motivation proposées par Deci et Ryan (1985), et analyser les relations entre les
différents profils motivationnels et la performance scolaire. La première étude (N = 215) a
permis de mettre en évidence trois profils motivationnels distincts : (1) un profil « autonome »
caractérisé par des niveaux élevés de motivation autodéterminée (i.e., motivation intrinsèque
et régulation identifiée), des niveaux modérés de régulation introjectée, et des niveaux faibles
de régulation externe et d’amotivation ; (2) un profil « modéré » caractérisé par des niveaux
modérés sur l’ensemble des formes de motivation ; et (3) un profil « non autonome »
caractérisé par des niveaux faibles de motivation autodéterminée et de régulation introjectée
ainsi que des niveaux relativement élevés de régulation externe et d’amotivation. Les résultats
de cette première étude ont également révélé que les élèves du premier cluster (i.e., profil
« autonome ») obtenaient les meilleures performances en éducation physique, suivis par ceux
des deuxième et troisième groupes. Les résultats de la seconde étude (N = 210) ont confirmé
ceux obtenus initialement. Ces résultats particulièrement intéressants sont complètement en
accord avec les propositions théoriques de Deci et Ryan (1985). Néanmoins, comme nous
l’avons mentionné précédemment, de tels travaux scientifiques doivent encore, à l’heure
actuelle, être répliqués dans le domaine du travail.
En s’appuyant sur la théorie de l’autodétermination (Deci & Ryan, 1985), le premier
objectif de la présente étude est d’identifier les profils motivationnels des salariés d’une
entreprise française spécialisée dans les produits et alliages en cuivre. Ainsi, les variables
motivationnelles ont été, dans un premier temps, soumises à une analyse en cluster
hiérarchique puis à une seconde analyse en cluster non hiérarchique avec la méthode des k-
Profils Motivationnels au Travail 12
moyennes (Gore, 2000). Cette approche intra-personnelle est particulièrement intéressante
dans la mesure où elle offre la possibilité de déterminer le nombre d’individus caractérisés par
différents profils motivationnels alors que les analyses de corrélation ou de régression ne le
permettent pas (Ratelle et al., 2007). En outre, contrairement à une approche inter-individuelle
dans laquelle les différents types de motivation sont analysés de façon indépendante, l’analyse
en cluster permet d’étudier la combinaison des différentes formes de motivation chez un
même individu et ainsi, de comprendre la complexité des processus motivationnels. En accord
avec les études antérieures ayant eu recours à l’analyse en cluster (e.g., Boiché et al., 2008),
nous nous attendions à voir apparaître trois profils motivationnels : (1) un profil motivationnel
caractérisé par des niveaux élevés de motivation autodéterminée et des niveaux faibles de
motivation contrôlée, (2) un profil motivationnel caractérisé par des niveaux modérés de
motivation autodéterminée et contrôlée, et (3) un profil motivationnel caractérisé par des
niveaux faibles de motivation autodéterminée et des niveaux modérés à élevés de motivation
contrôlée.
Le second objectif de cette recherche était de montrer que le stress perçu, la
performance et l’implication organisationnelle des individus pouvaient varier en fonction des
profils motivationnels identifiés. Des études antérieures dans les domaines du sport (e.g.,
Ullrich-French & Smith, 2006) et de l’éducation (e.g., Baker, 2004) ont montré que plus les
étudiants étaient intrinsèquement motivés, moins ils percevaient de stress, alors que
l’amotivation était associée à des niveaux élevés de stress perçu. Des recherches ont
également mis en évidence des relations positives entre la motivation intrinsèque et la
performance au travail (e.g., Kuvaas, 2006a, 2006b), et d’autres ont montré que la motivation
autodéterminée était positivement reliée à la l’implication affective (e.g., Ganesan & Weitz,
1996 ; Karatepe & Uludag, 2007). En accord avec les postulats de la théorie de
l’autodétermination (Deci & Ryan, 1985) et l’ensemble des travaux scientifiques mentionnés
Profils Motivationnels au Travail 13
ci-dessus, nous avons posé l’hypothèse que le profil motivationnel le plus autodéterminé
serait associé aux niveaux les plus élevés de performance, d’implication affective et
d’implication calculée ainsi qu’au niveau le plus faible de stress perçu. A l’inverse, le profil
motivationnel caractérisé par les niveaux les plus faibles de motivation autodéterminée
devrait conduire aux conséquences les plus négatives.
Méthode
Participants et Procédure
2/3 des salariés d’une entreprise privée française spécialisée dans les tubes en cuivre
ont été aléatoirement sélectionnés pour prendre part à cette recherche. Ainsi, 181 hommes (M
= 45,44 ans ; ET = 8,78) ont participé à cette étude. Cet échantillon comprenait 157 ouvriers
(86,7%), 13 agents de maîtrise (7,2%) et 11 techniciens (6,1%) avec une ancienneté dans
l’entreprise de 24,31 ans (ET = 11,05). L’enquête effectuée dans cette usine faisait partie
d’une première phase d’un audit externe commandé par le directeur de l’usine2 mais présenté
aux salariés comme une étude sur leurs conditions de travail. Après une période d’observation
de 3 semaines, deux assistants de recherche, en stage au sein de l’entreprise, ont distribué
différents questionnaires aux salariés. Les participants ont complété ces questionnaires au
cours de leur temps de travail au sein de l’entreprise. Il leur a été assuré qu’il n’y avait ni
bonnes ni mauvaises réponses, et que les données collectées resteraient confidentielles et ne
serviraient qu’à des fins de recherche. Il leur a aussi été précisé que les résultats leur seraient
présentés dans une période de 3 mois maximum.
Mesures
Motivation au travail. La motivation des salariés a été mesurée à l’aide de 32 items
(présentés en annexe) issus de la version révisée de l’Échelle de Motivation au Travail (Gagné
& Forest, 2008). En se référant à une échelle de Likert en 7 points s’étendant de (1) « pas du
tout » à (7) « exactement », les participants devaient indiquer pour chacun des énoncés, le
Profils Motivationnels au Travail 14
degré auquel ceux-ci correspondaient aux raisons pour lesquelles ils font ou feraient des
efforts au travail. Ainsi, tous les énoncés étaient précédés de la question : « Pourquoi faites-
vous ou feriez-vous des efforts au travail ? » Ce questionnaire permet de mesurer la
motivation intrinsèque (e.g., « Parce que j’aime vraiment ce travail » ; 4 items ; α = .79), la
régulation intégrée (e.g., « Parce que ce travail me permet de répondre à d’autres valeurs qui
sont importantes pour moi dans la vie » ; 4 items ; α = .75), la régulation identifiée (e.g.,
« Parce que, personnellement, je considère qu’il est important de faire des efforts dans ce
travail » ; 4 items ; α = .72), la régulation introjectée (e.g., « Parce qu’il est de mon devoir
vis-à-vis mon employeur de faire des efforts au travail » ; 6 items ; α = .73), la régulation
externe (e.g., « Parce que certains (ex., employeur, superviseur, …) ne me récompenseront
financièrement que si je fais assez d’efforts au travail » ; 10 items ; α = .81) et l’amotivation
(e.g., « Je n’en fais pas parce que j’ai vraiment l’impression de perdre mon temps à faire ce
travail » ; 4 items ; α = .74). L’indice d’autodétermination (α = .88) a également été calculé
selon la formule présentée précédemment.
Stress perçu. L’Échelle de Stress Perçu (la PSS’ 14 de Cohen, Kamarck, &
Mermelstein, 1983, traduite en français par Bruchon-Schweitzer, 2002) a été utilisée pour
évaluer les perceptions de stress des individus (α = .71). Les questions posées concernaient les
sensations et pensées ressenties pendant les deux semaines qui précédaient la passation du
questionnaire. Les salariés devaient se positionner sur une échelle de Likert en 5 points
s’étendant de (1) « jamais » à (5) « très souvent ». Bien que l’alpha de Cronbach (1951) pour
notre échantillon soit légèrement inférieur à ceux obtenus dans d’autres études récentes
(Berjot & Girault-Lidvan, sous presse ; Cousson-Gélie, Irachabal, & Bruchon-Schweitzer,
2005), la validité et la fiabilité de questionnaire sont satisfaisantes (Bruchon-Schweitzer,
2002).
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Implication organisationnelle. Nous avons utilisé la version française de l’Échelle
d’Implication Organisationnelle (Allen & Meyer, 1996 ; Belghiti-Mahut & Briole, 2004) pour
mesurer trois dimensions de l’implication organisationnelle : implication affective,
implication calculée et implication normative. La composante affective (8 items ; α = .82) fait
référence à l’attachement émotionnel à l’organisation ; la composante calculée (6 items ; α =
.70) représente les coûts pouvant être associés au fait de quitter l’organisation ; enfin, la
composante normative (3 items ; α = .50) illustre la notion de devoir moral vis-à-vis de
l’organisation. L’implication organisationnelle, et en particulier l’implication affective, sont
généralement liées à une bonne performance dans l’entreprise et à une plus grande motivation
(Meyer, Paunonen, Gellatly, Goffin, & Jackson, 1989). La structure tridimensionnelle de cette
version française de l’échelle d’Allen et Meyer (1996) comprenant 18 items a été confirmée
par Belghiti-Mahut et Briole (2004). Néanmoins, ces auteurs ont montré que la cohérence
interne de l’implication normative était peu satisfaisante (α = .63). A la lumière de ces
résultats et de la faible cohérence interne de cette sous-échelle dans notre échantillon, nous
avons décidé de ne pas prendre en considération cette dimension dans la présente étude.
Performance. La performance individuelle au travail a été évaluée à l’aide de trois
items (i.e., « Je suis efficace dans mon travail », « Je travaille rapidement », « Je travaille
avec précision et qualité »). Pour chacune des propositions, les participants devaient indiquer
s’ils étaient « pas du tout d’accord », « un peu d’accord », « moyennement d’accord », « assez
d’accord », ou « tout à fait d’accord ». L’alpha de Cronbach (1951) de cette sous-échelle est
égal à .84, attestant d’une cohérence interne satisfaisante (Nunally, 1978).
Résultats
Analyses Préliminaires
L’analyse des corrélations entre les différentes variables motivationnelles soutient la
présence d’un continuum d’autodétermination (Deci & Ryan, 1985) s’étendant de
Profils Motivationnels au Travail 16
l’amotivation à la motivation intrinsèque. En effet, les sous-échelles adjacentes sur le
continuum démontrent les corrélations positives les plus élevées, alors que les sous-échelles
les plus éloignées montrent les corrélations négatives les plus élevées (voir Tableau 1). Par
exemple, la motivation intrinsèque est plus positivement corrélée avec la régulation intégrée
(r = .75) qu’avec les autres formes de motivation. En outre, la motivation intrinsèque est plus
négativement corrélée avec l’amotivation (r = -.11) qu’avec les autres sous-échelles. Ces
résultats, en accord avec la théorie de l’autodétermination, confirment la validité de construit
de l’Échelle de Motivation au Travail (Gagné & Forest, 2008). Il est important de préciser que
les corrélations entre les variables motivationnelles étaient comprises entre -.11 et .75, ce qui
implique qu’il n’y aura pas de problème de multicollinéarité dans les analyses en cluster dans
la mesure où seules les corrélations supérieures à .90 suggèrent que les variables présentent
une forte collinéarité (Hair et al., 1998). Des analyses préliminaires ont également montré
qu’une observation se trouvait à plus de trois écarts-types en-dessous de la moyenne. Etant
donné que l’analyse en cluster est sensible aux valeurs extrêmes, cette observation a été
retirée pour conserver un échantillon définitif de 180 salariés. Dans la présente recherche, les
scores de motivation n’ont pas été standardisés puisque que toutes les variables
motivationnelles étaient mesurées sur une échelle de Likert en 7 points (Hair et al., 1998).
Les corrélations présentées dans le Tableau 1 montrent également que toutes les
formes de motivation ne sont pas significativement reliées aux conséquences évaluées dans
cette étude (i.e., stress perçu, implication affective, implication calculée et performance). Par
exemple, la régulation externe n’est reliée significativement à aucune des conséquences et
l’amotivation à une seule (i.e., implication affective). A l’inverse, la régulation intégrée est
significativement associée à toutes les conséquences évaluées dans cette recherche. Il est
également important de mentionner que la motivation autodéterminée (mesurée à partir de
l’indice d’autodétermination) est positivement corrélée à la performance (r = .15, p < .05) et à
Profils Motivationnels au Travail 17
l’implication affective (r = .49, p < .001). En revanche, elle est négativement corrélée au
stress perçu (r = -.23, p < .01) et non significativement corrélée à l’implication calculée (r =
.07, p = .36). Il semble donc que certaines variables motivationnelles soient plus importantes
que d’autres dans la prédiction du stress perçu, de l’implication organisationnelle et de la
performance des salariés. Les analyses suivantes nous permettront de confirmer ou non ces
résultats préliminaires.
Analyse en Cluster
Afin d’identifier des groupes d’individus présentant les mêmes caractéristiques
motivationnelles, nous avons conduit une analyse en cluster hiérarchique avec la méthode de
Ward et le carré de la distance euclidienne comme mesure de la distance entre les salariés sur
les dimensions considérées. L’examen du dendogramme et du coefficient d’agglomération
indiquait qu’un découpage en trois groupes était le plus approprié. Ensuite, une analyse en
cluster non hiérarchique avec la méthode des k-moyennes a été menée afin de confirmer la
solution à trois clusters (Hair et al., 1998). Les groupes mis en évidence lors de cette seconde
analyse étaient similaires à ceux obtenus avec l’analyse hiérarchique, confirmant ainsi la
composition des clusters initialement identifiés. Les moyennes et écarts-types des variables
motivationnelles pour chacun des trois groupes sont présentés dans le Tableau 2, alors que la
Figure 1 est une représentation graphique des trois profils motivationnels.
Afin d’analyser les caractéristiques motivationnelles de chaque groupe, une analyse de
variance multivariée (MANOVA) à un facteur a été conduite avec le cluster en tant que
variable indépendante à trois modalités et les six variables motivationnelles comme variables
dépendantes. Les résultats ont montré des différences significatives entre les trois groupes
[F(12, 344) = 30.70, p < .001]. Les résultats univariés ont ensuite montré que les trois
groupes se distinguaient sur la motivation intrinsèque [F(2, 177) = 91.39, p < .001], la
régulation intégrée [F(2, 177) = 127.97, p < .001], la régulation identifiée [F(2, 177) = 75.48,
Profils Motivationnels au Travail 18
p < .001], la régulation introjectée [F(2, 177) = 75.98, p < .001], la régulation externe [F(2,
177) = 22.15, p < .001] et l’amotivation [F(2, 177) = 5.56, p < .01]. Des tests post-hoc de
Newman-Keuls ont ensuite été utilisés pour comparer les moyennes obtenues par chaque
cluster sur chacune des variables dépendantes. Dans l’ensemble, les résultats confirment la
distinction entre les trois groupes (voir le Tableau 2 pour l’ensemble des différences
significatives entre les trois clusters).
Les moyennes obtenues par chaque cluster nous ont permis de donner un nom à
chaque groupe. Ainsi, le premier cluster labellisé « Profil Motivationnel Faible » regroupait
55 individus (31% de l’échantillon). Ce groupe comprenait des salariés dont le profil
motivationnel était caractérisé par des niveaux faibles à modérés sur l’ensemble des variables
motivationnelles et des niveaux faibles d’amotivation. Le second cluster était composé de 42
individus (23% de l’échantillon) affichant à la fois des scores modérés à élevés de motivation
autonome (i.e., motivation intrinsèque, régulation intégrée et régulation identifiée) et de
motivation contrôlée (i.e., régulation introjectée et régulation externe), ainsi que des scores
faibles d’amotivation. Ce second groupe a été nommé « Profil Motivationnel Modéré ».
Enfin, le troisième cluster « Profil Motivationnel Autodéterminé » représentait 46% de
l’échantillon (83 individus). Les salariés de ce groupe présentaient des scores élevés de
motivation autodéterminée, des scores modérés de motivation contrôlée, et des scores faibles
d’amotivation3.
Plusieurs ANOVAs associées à des tests post-hoc de Newman-Keuls ont ensuite été
menées pour analyser les différences entre les trois clusters au niveau de l’implication
affective, de l’implication calculée, du stress perçu et de la performance individuelle (voir
Tableau 2). La première analyse a montré qu’il existait des différences significatives entre les
trois groupes concernant l’implication affective [F(2, 177) = 13.93, p < .001]. Plus
spécifiquement, les résultats ont montré que les individus du « Profil Motivationnel
Profils Motivationnels au Travail 19
Autodéterminé » présentaient les scores d’implication affective les plus élevés, suivis par
ceux du « Profil Motivationnel Modéré » et ceux du « Profil Motivationnel Faible ». Ensuite,
les résultats de l’ANOVA avec l’implication calculée comme variable dépendante ont
également révélé un effet significatif [F(2, 175) = 3.31, p < .05]. Les tests post-hoc ont
montré que les salariés du « Profil Motivationnel Faible » obtenaient des scores d’implication
calculée plus faibles que ceux du « Profil Motivationnel Autodéterminé » et du « Profil
Motivationnel Modéré » (pas de différences significatives entre ces deux derniers groupes).
Finalement, deux ANOVAs ont été conduites avec le stress perçu et la performance comme
variables dépendantes. Les résultats ont mis en évidence des différences significatives entre
les trois clusters aussi bien pour le stress perçu [F(2, 177) = 4.48, p < .05] que pour la
performance [F(2, 176) = 3.64, p < .05]. Plus précisément, les salariés du cluster 1 (« Profil
Motivationnel Faible ») et du cluster 2 (« Profil Motivationnel Modéré ») se percevaient plus
stressés et obtenaient de moins bonnes performances que ceux du cluster 3 (« Profil
Motivationnel Autodéterminé »), alors que les différences entre les clusters 1 et 2 n’étaient
pas significatives.
Discussion
L’objectif de cette recherche était d’identifier les profils motivationnels des salariés
d’une entreprise privée française à l’aide d’une analyse en cluster, puis d’analyser les
relations entre ces profils et trois conséquences de la motivation : le stress perçu, la
performance au travail et l’implication organisationnelle. Nous avons identifié trois profils
motivationnels distincts : (1) un profil motivationnel caractérisé par des niveaux faibles à
modérés de motivation autodéterminée (i.e., motivation intrinsèque, régulation intégrée et
régulation identifiée) et de motivation contrôlée (i.e., régulation introjectée et régulation
externe), ainsi que des niveaux faibles d’amotivation (i.e., « Profil Motivationnel Faible ») ;
(2) un profil motivationnel caractérisé par des niveaux modérés à élevés de motivation
Profils Motivationnels au Travail 20
autodéterminée et de motivation contrôlée, ainsi que des niveaux faibles d’amotivation (i.e.,
« Profil Motivationnel Modéré ») ; et (3) un profil motivationnel caractérisé par des niveaux
élevés de motivation autodéterminée, des niveaux modérés de motivation contrôlée, et des
niveaux faibles d’amotivation (i.e., « Profil Motivationnel Autodéterminé »).
L’ensemble de ces résultats suggère que les salariés présentent des niveaux modérés à
élevés de motivation autodéterminée envers leur activité professionnelle. En outre, près de
50% des salariés étaient caractérisés par le profil motivationnel le plus autodéterminé. Ceci
peut s’expliquer par la politique très familiale du dirigeant envers ses salariés et l’ancienneté
du personnel (une grande majorité des salariés travaillent dans l’entreprise depuis au moins 20
ans). Il est également important de préciser que l’analyse en cluster n’a pas permis d’identifier
un profil motivationnel caractérisé par des niveaux faibles de motivation autodéterminée et
des niveaux élevés de régulation externe et d’amotivation. Des recherches antérieures dans le
domaine de l’éducation (e.g., Boiché et al., 2008 ; Ntoumanis, 2002) ont mis en évidence un
tel profil et ont montré que celui-ci était associé à l’ennui et à de mauvaises performances
scolaires. Par conséquent, les résultats obtenus dans la présente étude sont assez positifs pour
l’entreprise dans la mesure où des niveaux faibles de motivation autodéterminée et des
niveaux élevés de motivation contrôlée sont également associés à des conséquences négatives
dans le domaine du travail (voir Gagné & Deci, 2005).
Conformément à nos hypothèses, les résultats obtenus dans cette étude ont également
permis de montrer que le profil motivationnel caractérisé par les niveaux les plus faibles de
motivation autodéterminée (i.e., « Profil Motivationnel Faible ») présentait des scores plus
élevés de stress perçu et obtenait de moins bonnes performances que le profil motivationnel le
plus autodéterminé (i.e., « Profil Motivationnel Autodéterminé »). Les salariés caractérisés
par le « Profil Motivationnel Faible » étaient également associés aux scores d’implication
affective et calculée les plus faibles, alors que ceux caractérisés par le « Profil Motivationnel
Profils Motivationnels au Travail 21
Autodéterminé » présentaient les scores d’implication affective les plus élevés. Ces résultats
sont en accord avec les recherches ayant étudié l’influence de la motivation sur le stress perçu
(e.g., Ullrich-French & Smith, 2006 ; Baker, 2004), la performance au travail (e.g., Kuvaas,
2006a, 2006b) et l’implication affective (e.g., Ganesan & Weitz, 1996 ; Karatepe & Uludag,
2007). Plus généralement, nos résultats confirment les propositions théoriques de Deci et
Ryan (1985) puisqu’ils suggèrent que des niveaux élevés de motivation autodéterminée
conduisent aux conséquences les plus positives.
Il est néanmoins important de préciser que les individus caractérisés par le « Profil
Motivationnel Modéré » et le « Profil Motivationnel Autodéterminé » présentaient des scores
comparables d’implication calculée, alors que ces salariés n’étaient pas caractérisés par les
mêmes niveaux de motivation. En effet, même si ces deux groupes de salariés étaient
caractérisés par des niveaux similaires de motivation contrôlée, les individus avec un « Profil
Motivationnel Modéré » présentaient des niveaux plus faibles de motivation autodéterminée
que ceux avec un « Profil Motivationnel Autodéterminé ». Contrairement aux propositions de
Deci et Ryan (1985), ces résultats indiquent qu’un profil motivationnel caractérisé par des
niveaux modérés à élevés de motivation contrôlée peut être associé à des conséquences
positives (e.g., implication calculée), à condition que celui-ci soit également caractérisé par
des niveaux relativement élevés de motivation autodéterminée. Il se peut que la motivation
autodéterminée joue un rôle protecteur face à la motivation contrôlée (Ratelle et al., 2007) via
l’attachement affectif. Il a en effet été montré que la motivation intrinsèque augmentait
l’implication affective et la satisfaction au travail des salariés envers leur organisation (Eby,
Freeman, Rush, & Lance, 1999). Ceci est cohérent avec nos résultats qui montrent que même
si ces deux profils obtiennent des scores élevés et comparables d’implication calculée, le
« Profil Motivationnel Autodéterminé » présente des scores d’implication affective plus
élevés et des scores de stress moins importants que le « Profil Motivationnel Modéré ». Ceci
Profils Motivationnels au Travail 22
est probablement dû, comme le montre l’analyse des corrélations, non pas à un rôle néfaste de
la motivation contrôlée, qui, comme nous pourrions le croire, réduirait l’implication affective,
mais bien à un rôle bénéfique de la motivation autodéterminée.
Les résultats de cette étude ont également mis en évidence que les clusters pouvaient
se différencier sur certaines conséquences mais pas sur d’autres. Par exemple, le « Profil
Motivationnel Faible » et le « Profil Motivationnel Modéré » obtenaient des scores similaires
de stress perçu et de performance, alors que ces deux profils se différenciaient
significativement sur l’implication affective et l’implication calculée. De la même façon, il
n’y avait pas de différences significatives entre le « Profil Motivationnel Modéré » et le
« Profil Motivationnel Autodéterminé » au niveau de l’implication calculée, alors que pour
toutes les autres variables mesurées dans cette étude, le « Profil Motivationnel
Autodéterminé » conduisait aux conséquences les plus positives. Bien que notre étude
suggère que la motivation contrôlée pourrait être positivement reliée à certaines conséquences
(e.g., l’implication calculée) dès lors que le salarié présenterait également des niveaux élevés
de motivation autodéterminée, des recherches futures devront prendre en considération
d’autres conséquences affectives, cognitives et comportementales afin de confirmer cette
hypothèse dans le domaine du travail.
Contrairement à certaines études dans le domaine du travail ayant montré que la
motivation autodéterminée pouvait à elle seule prédire certaines conséquences
professionnelles (e.g., Otis & Pelletier, 2005 ; Richer et al., 2002), les résultats obtenus dans
cette recherche soulignent qu’il est important de prendre en compte la combinaison des
différents types de motivation chez un individu pour mieux comprendre comment les
différentes formes de motivation proposées par la théorie de l’autodétermination (Deci &
Ryan, 1985) sont intégrées par les salariés. En effet, il apparaît clairement au regard des
résultats présentés dans cette étude qu’une approche intra-individuelle permet une analyse
Profils Motivationnels au Travail 23
beaucoup plus intéressante de la motivation au travail comparativement à une perspective
inter-individuelle s’appuyant par exemple sur l’indice d’autodétermination et/ou des analyses
de corrélation. Plusieurs explications peuvent être proposées pour justifier ces propos.
Premièrement, une approche intra-individuelle permet d’identifier la combinaison des
différents types de motivation dans un groupe d’individus présentant les mêmes
caractéristiques motivationnelles, alors que les analyses de corrélation ou de régression ne le
permettent pas. Deuxièmement, les interprétations issues de l’analyse en cluster sont plus
précises puisque celle-ci a permis de mettre en évidence trois profils motivationnels alors que
l’indice d’autodétermination se limite à un seul (i.e., niveaux élevés de motivation
autodéterminée et niveaux faibles de motivation contrôlée). En outre, les résultats de cette
étude ont montré que le « Profil Motivationnel Modéré » et le « Profil Motivationnel Faible »
ne conduisaient pas aux mêmes niveaux d’implication affective et calculée, alors que ces deux
clusters étaient caractérisés par des scores similaires sur l’indice d’autodétermination. Ces
résultats suggèrent qu’il est donc préférable d’avoir recours à une analyse en cluster plutôt
que de se limiter à l’indice d’autodétermination pour analyser précisément les conséquences
de la motivation au travail. Finalement, en se limitant à des corrélations entre les différentes
formes de motivation et les conséquences mesurées dans cette recherche, nous aurions pu
conclure que la motivation intrinsèque n’avait aucune influence sur l’implication calculée et
la performance ou bien encore que la régulation externe n’était significativement reliée à
aucune conséquence. Une nouvelle fois, les résultats présentés précédemment illustrent bien à
quel point ces conclusions n’auraient été que partielles.
Bien que cette étude nous fournisse des informations importantes sur les profils
motivationnels des salariés d’une entreprise privée française, certaines limites doivent être
mentionnées. Premièrement, les possibilités d’interprétation de la causalité des relations mises
en évidence dans cette recherche sont limitées puisque l’intégralité des données a été collectée
Profils Motivationnels au Travail 24
au même moment. Ainsi, l’utilisation de protocoles longitudinaux et expérimentaux devrait
permettre d’analyser plus précisément la direction de causalité entre les différentes variables
étudiées. La seconde limite concerne l’évaluation de la performance au travail. En effet, nous
avons demandé aux salariés participant à l’étude d’évaluer eux-mêmes leur performance
individuelle, plutôt que d’avoir recours à une évaluation de la performance s’appuyant sur des
critères objectifs. Nous estimons qu’il aurait été préférable de s’appuyer sur des indices
objectifs et externes de performance, l’évaluation personnelle de la performance étant par
nature subjective. Par exemple, il pourrait être judicieux dans des études ultérieures de
demander aux supérieurs hiérarchiques d’évaluer la performance individuelle de leurs
employés selon des critères préalablement établis (e.g., productivité, efficacité) ou, mieux
encore, de s’appuyer sur des données internes à l’entreprise (e.g., chiffre d’affaires du
collaborateur, nombre de contrats signés avec des clients par le salarié). Troisièmement, nos
résultats ont été obtenus avec un échantillon d’hommes travaillant dans une entreprise privée
française spécialisée dans les tubes en cuivre. D’autres études devront être menées afin de
répliquer ces résultats avec des hommes et des femmes travaillant dans d’autres entreprises
(privées ou publiques) ou dans d’autres secteurs d’activité. Finalement, il est important de
souligner que le nombre de participants à cette étude n’était pas très conséquent (n = 181). Par
conséquent, des recherches futures devront regrouper des échantillons plus importants afin de
généraliser les résultats obtenus.
Même si cette étude présente des limites dues aux contingences de terrain et nécessite
d’être répliquée avec d’autres échantillons, elle est néanmoins la première à avoir eu recours à
l’analyse en cluster dans le but d’identifier les profils motivationnels des individus dans le
domaine du travail. Cette recherche nous a donné des informations importantes sur les
différents profils motivationnels des salariés d’une entreprise privée française ainsi que sur les
conséquences qui y sont associées. Les résultats obtenus ont ainsi des applications pratiques
Profils Motivationnels au Travail 25
dans le milieu du travail. En montrant que les niveaux les plus élevés de motivation
autodéterminée (quelque soit le niveau de motivation contrôlée) étaient associés aux
conséquences les plus positives, la présente recherche met en évidence la nécessité de
favoriser le développement et le renforcement des formes de motivation autodéterminée (i.e.,
motivation intrinsèque, régulation intégrée et régulation identifiée) dans les organisations.
D’un point de vue pratique, ces résultats soulignent deux éléments essentiels. Premièrement,
les superviseurs doivent essayer de renforcer la motivation intrinsèque des employés puisque
les travailleurs qui sont intrinsèquement motivés sont plus à même de prendre du plaisir et de
ressentir de la satisfaction à réaliser les tâches relatives à leur emploi. Deuxièmement, les
superviseurs ont tout intérêt à favoriser l’internalisation de la motivation extrinsèque afin que
celle-ci devienne autodéterminée puisque la motivation extrinsèque autodéterminée (i.e.,
régulations intégrée et identifiée) est associée à des conséquences positives (e.g., qualité de
vie et satisfaction au travail). Pour ce faire, les superviseurs doivent essayer d’adopter un style
interpersonnel favorisant l’autonomie (Deci & Ryan, 1987)4. Par exemple, ils doivent
reconnaître et prendre en considération la perspective des employés et éviter d’avoir recours
aux menaces ou de donner des ordres de façon autoritaire.
En résumé, cette étude confirme qu’il est important d’analyser la motivation des
salariés en ayant recours à une approche intra-individuelle. En outre, cette recherche est en
accord avec les propositions de la théorie de l’autodétermination concernant l’influence
positive de la motivation autodéterminée sur des variables telles que la performance au travail
et l’implication organisationnelle. Néanmoins, la généralisation des résultats obtenus dans
cette étude nécessite des travaux scientifiques complémentaires dans d’autres entreprises et
d’autres secteurs d’activité.
Profils Motivationnels au Travail 26
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Profils Motivationnels au Travail 32
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Profils Motivationnels au Travail 33
Note de bas de page
1. Dans le calcul de cet indice, des coefficients sont assignés aux différentes formes de
motivation en fonction de leur placement sur le continuum d’autodétermination
proposé par Deci et Ryan (1985). Ainsi, la motivation intrinsèque, la régulation
intégrée et la régulation identifiée sont respectivement assignées des coefficients + 3,
+ 2 et + 1 car elles reflètent les plus hauts niveaux d’autodétermination. Ensuite, la
régulation introjectée et la régulation externe sont respectivement assignées du
coefficient - 1 et - 2. Finalement, comme l’amotivation reflète l’absence de motivation
autodéterminée, elle est assignée du coefficient - 3.
2. Pré-test pour la mise en place d’un outil de travail sur les valeurs de l’entreprise. Il n’y
a donc pas eu d’intervention durant cette phase. Précisons aussi qu’aucun événement
particulier n’est intervenu récemment dans cette entreprise et que l’audit réalisé
concernait un projet mené par le dirigeant sur les valeurs de l’entreprise.
3. Une ANOVA a montré des différences significatives entre les 3 clusters au niveau de
l’indice d’autodétermination [F(2, 177) = 66.30, p < .001]. Les tests post-hoc de
Newman Keuls ont révélé que le « Profil Motivationnel Autodéterminé » était
caractérisé par des scores plus élevés (M = 18.90) que les « Profil Motivationnel
Modéré » (M = 7.22) et « Profil Motivationnel Faible » (M = 8.81). Aucune différence
significative n’a été mise en évidence entre ces deux derniers profils.
4. Le lecteur intéressé par une description exhaustive des comportements caractérisant
un style interpersonnel favorisant l’autonomie est encouragé à consulter les
contributions d’Edmunds, Ntoumanis et Duda (2007), Mageau et Vallerand (2003),
ainsi que Reeve (2002).
Profils Motivationnels au Travail 34
Annexe
Liste des 32 items utilisés pour mesurer la motivation au travail (Gagné & Forest, 2008)
Pourquoi faîtes-vous ou feriez-vous des efforts au travail?
1. Parce que ce que je fais dans ce travail a beaucoup de sens pour moi.
2. Parce que certains (ex., supérieur, collègues, famille, clients, ...) me mettent de la pression
pour que je le fasse.
3. Parce que ce travail représente bien qui je suis fondamentalement.
4. Parce que j’aime vraiment ce travail.
5. Parce que je dois me prouver à moi-même que j’en suis capable.
6. Parce que, personnellement, je considère qu’il est important de faire des efforts dans ce
travail.
7. Je n’en fais pas parce que j’ai vraiment l’impression de perdre mon temps à faire ce travail.
8. Parce que ce travail reflète qui je suis.
9. Parce que quelque chose en moi me force à m’investir au travail.
10. Parce que certains (ex., employeur, superviseur, …) ne me récompenseront
financièrement que si je fais assez d’efforts au travail.
11. Pour éviter d’être critiqué par certains (ex., supérieur, collègues, famille, clients, ...).
12. Parce qu’autrement, je me sentirai coupable.
13. Honnêtement, je fais peu d’efforts dans ce travail.
14. Pour les moments de plaisir que ce travail m’apporte.
15. Pour répondre aux attentes de certains (ex., supérieur, collègues, famille, clients, ...).
16. Parce que je risque de perdre des avantages monétaires si je ne fais pas assez d’efforts au
travail.
17. Parce que ce travail me permet d’atteindre mes objectifs de vie.
18. Honnêtement, je fais le strict minimum dans ce travail.
Profils Motivationnels au Travail 35
19. Parce que faire des efforts dans ce travail concorde avec mes valeurs personnelles.
20. Parce que certains (ex., supérieur, collègues, famille, clients, ...) m’obligent à le faire.
21. Parce que j’ai du plaisir à faire ce travail.
22. Parce que certains (ex., employeur, superviseur, …) m’ont promis des opportunités de
progression ou de promotion si je fais assez d’efforts au travail.
23. Parce qu’il est de mon devoir vis-à-vis mon employeur de faire des efforts au travail.
24. Parce que ce travail me permet de répondre à d’autres valeurs qui sont importantes pour
moi dans la vie.
25. Parce que ce travail correspond bien à mes intérêts.
26. Pour obtenir l’approbation de certains (ex., supérieur, collègues, famille, clients, ...).
27. Parce que, plus je fais d’efforts au travail, plus je me sens digne.
28. Parce que faire des efforts dans ce travail a une signification personnelle pour moi.
29. Honnêtement, j’investis peu d’énergie dans ce travail.
30. Parce qu’autrement, j’aurai honte de moi.
31. Parce que certains (ex., employeur, superviseur, …) menacent de me congédier si je ne
fais pas assez d’efforts au travail.
32. Pour éviter de décevoir certains (ex., supérieur, collègues, famille, clients, ...).
Codification
Motivation intrinsèque : Items 4, 14, 21, 25
Régulation intégrée : Items 3, 8, 17, 24
Régulation identifiée : Items 1, 6, 19, 28
Régulation introjectée : Items 5, 9, 12, 23, 27, 30
Régulation externe : Items 2, 10, 11, 15, 16, 20, 22, 26, 31, 32
Amotivation : Items 7, 13, 18, 29
Profils Motivationnels au Travail 36
Tableau 1
Corrélations Entre les Variables de l’Étude
Variables 1 2 3 4 5 6 7 8 9.
1. Motivation intrinsèque
2. Régulation intégrée .75**
3. Régulation identifiée .64** .65**
4. Régulation introjectée .51** .52** .66**
5. Régulation externe .23* .20* .27** .55**
6. Amotivation -.11 -.10 -.29** -.11 .19*
7. Stress perçu -.20* -.21* -.18* -.15 .02 .14
8. Performance .14 .18* .29** .22* .06 -.13 -.19*
9. Implication affective .45** .44** .47** .29** -.02 -.21* -.24* .18*
10. Implication calculée .12 .20* .13 .11 .11 .12 -.02 .13 .35**
Note. * p < .05, ** p < .001
Profils Motivationnels au Travail 37
Tableau 2
Statistiques Descriptives pour les Trois Clusters
Cluster
Cluster 1 “Profil Motivationnel
Faible” (n = 55)
Cluster 2 “Profil Motivationnel
Modéré” (n = 42)
Cluster 3 “Profil Motivationnel
Autodéterminé” (n = 83)
1. Motivation intrinsèque 3.45a 4.21b 5.72c
2. Régulation intégrée 3.43a 4.15b 5.88c
3. Régulation identifiée 4.33a 5.32b 6.25c
4. Régulation introjectée 3.32a 4.98b 5.35c
5. Régulation externe 2.16a 3.60b 3.08c
6. Amotivation 1.70a 2.28b 1.58a
7. Stress perçu 2.54a 2.62a 2.39b
8. Performance 4.31a 4.34a 4.51b
9. Implication affective 4.97a 5.51b 6.00c
10. Implication calculée 4.32a 4.93b 4.75b
Note. Pour chaque variable, les moyennes avec des indices différents indiquent une différence significative à p < .05.
Profils Motivationnels au Travail 38
Figure 1
Profils Motivationnels des Salariés
MI RINTE RID RINTRO REX AMO
Motivations
1
2
3
4
5
6
7
Scor
es m
oyen
s
Cluster 1 "Profil Motivationnel Faible"Cluster 2 "Profil Motivationnel Modéré"Cluster 3 "Profil Motivationnel Autodéterminé"
Note. MI = Motivation Intrinsèque ; RINTE = Régulation Intégrée ; RID = Régulation
Identifiée ; RINTRO = Régulation Introjectée ; REX = Régulation Externe ; AMO =
Amotivation