L’inquisition romande et son personnel. Une étude prosopographique

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Inquisition et sorcellerie en Suisse rornande , Le registre Ac z9 des Archiues Cantonales Vaudoises (, +l 8-t 528) Tëxtes réunis par Martíne Ostorero et Kathrín Utz Tiemp en collaboratíon øvec Georg Modestín Lausanne 2oo7

Transcript of L’inquisition romande et son personnel. Une étude prosopographique

Inquisition et sorcellerieen Suisse rornande

, Le registre Ac z9 des ArchiuesCantonales Vaudoises (, +l 8-t 528)

Tëxtes réunis parMartíne Ostorero et Kathrín Utz Tiemp

en collaboratíon øvec

Georg Modestín

Lausanne 2oo7

UINQUISITION ROMANDEET SON PERSONNEL.

UNE Éruon PRosopocRapHreun

Georg Modestin

INTRODUCTION*

Rep ères hi stor íographi ques

Partant du constat que <derrière I'institution de I'inquisitionse cachent des personnes ancrées dans un vécu culturel èt intel-19.-*rl, doté-es d'expériences propres, et que l'activité inquisito-riale dépend largement des persõnnes qui la mènenÞ, ÀTartineOstorero a reffacê, en zooz de façon exèmplaire le parcours def inquisiteur franciscain Ponce Feugeyron, burant leì trois pre-mières décennies du XVe siècle, celui-ci dêploya une a*ivirécouvrant le Sud-Est de la France, d'rkignon au duché de Savoie.Martine Ostorero conclut son article en posant à titre d'h¡ro-thèse que Feugeyron <serait alors le grand orchestrâteur de i in-quisition [...] dans les années clés de la lutte conrre les hérésieset le début de la formation de f imaginaire du sabbaor. Rete-nons de ces citations f intérêt fondamental d'une approche bio-graphique, voire_ prosopographique - puisqu'elle

-iapplique à

-to-ut yn g-rogpe d'individus apparrenanr au même rúlièu - pou,l'étude de f inquisition médiévale. Ce*e approche s,iniposed'autant plus si I'on tienr compre du fait qu'à l'époque méãié-vale, l'inquisition n'était pas encore cet organe fortement cen-tralisé que sera à partir de 1478, après des d?buts conrestés,l,in-quisition espagnole ou encore sa consæur romaine nouvelle-ment- fondée err r,4z.Iloficium ínquísitionís médiêval n'était pasune institution mais une fonction ou une charge, conférée-augré des_ circonstances et des besoins par le pape, un évêque ouun supérieur de I'ordre. De ce fait, l'office ãef inquisiterir avaitun car¿ctère fortement personnalisé.

Le rayon d'activité des inquisiteurs dont il est question ici, àsavoir la Suisse romande, était, il faut l'avouer, bien plus réduitque celui de Ponce Feugeyron. La genèse de leur ressort a étéretracée en rggz par Bernard Andenmâtten et Kathrin Utz

o Nous remercions Clémence Thévenaz Modestin de sa relecrure de ces pages.r. OsroRlno, altinéraire d'un inquisiceur gâté>, sp. p. ro3 et rr6.

3r8 INQUTSITÍON ET S ORCELLERIE

Tremp 2, de sorte qu'il nous suffit de reprendre brièvementquelques-uns de leurs résultats: la région envisagée, c'est-à-direles parties actuellement suisses des diocèses de Lausanne, Genèveet Sion, appartenâit depuis rz67 au moins à un large ressortinquisitorial, englobant, outre les trois diocèses (romands>, celuide Besançon ainsi que les diocèses lorrains de Toul, Metz etVer-dun.Tous faisaient partie des terres d'Empire, mais étaient ratte-chés à la province dominicaine de France. C'est alors aux Frèresprêcheurs que l'inquisition en Suisse romande avait êtê confiée,contrairement aux possessions savoyardes dans les diocèses deLyon, Belley, Grenoble, Maurienne, Tarentaise, Aoste et Nice, oùI'inquisition était exercée - du moins au XVe siècle qui nousintéresse ici - par les Frères mineursS. Les franciscains étaientd'ailleurs aussi chargés de l'office de f inquisition dans la plusgrande partie du Dauphiné limitropþsa. Quant au ressort<dominicain>> de tz67 - ressort que les Prêcheurs étaient prêts à

défendre contre d'éventuels empiétements franciscains J -, ilapparaît dans la documentation de façon épisodique jusqu'auxannêes r42o, pour se résurner par 7a suite - en ce qui nousconcerne - aux seuls diocèses de Lausanne, Genève et Sion.

z. Voir ANDENMAf'TEN et tJtz TRsNrp, <f)e I'hérésie à la sorcellerieo.3. Voir UcINET, nFrère Bêrard Trémey>, p. z8z. Sur I'activité inquisitoriale

des Frères mineurs dans les possessions savoyardes aux XVe--XVIe siècles, voiraussi JaRnlN, <La sorcellerie en Bresse et en Bugey>, p. 2oo, 2o2, zo8, zo9 et zt3;Z,qNoru, rDeux procès de l'inquisition>,p. r68-t77 et 229-27t (documents II etIII), ainsi que - sans rêfêrences d'e¡chives - Brnror¡s et GrR¡oR¡, La strego-neria,p. z8-33 (liste d'inquisiteurs). Les procès instruits en t4t7-t4t9 en Léven-tine par des autorités séculières livrent un point de comparaison; voir Scr¡atz-llai'Nx, Verdonenile Bäume.

4. Voir Panavy, De la chrétienté rcmaíne,livres III-IV, passiø.¡. Dans la bulle du 3 fêvrier r4r8, par laquelle le pape MartinV þ4t7-t4r)

confi¡ma les dispositions d',\lexandreV du 3o août r4o9 en faveur de I'inquisi-teur franciscain Ponce Feugeyron, le diocèse de Genève est englobê dans le(terrâin de chasse> conûé au &anciscain. Est-ce que <MartinV tente de grigno-ter le ressort inquisicorial attribuê aux dominicains>, comme I'a soupçonnêMartine Ostorero (Eao., <Itinéraire d'un inquisiteur gâté>, p. rro)? Ou biens'agit-il d'une e¡reur, Genève s'êtant glissée par inadvertance dans la longueliste de diocèses échus à Ponce? Quoi qu'il en soit, selon le provincial domini-cain de France qui protesta auprès du pape, l'inquisiteur franciscain aurait essayéd'étendre son office dans le diocèse de Genève pour y procéder au moins depair avec I'inquisiteur dominicain, nommé comme il se doit par le provincial.Pour désamorcer le conflit, MartinV publia alors le 6 novembre r4¡g une nou-velle bulle, dans laquelle il défendit à Ponce d'exercer l'office d'inquisition dansle diocèse de Genève, cassant (tous les actes, procès et sentencesD que le fran-ciscain aurait pu instruire ou promulguer entre-temps; à ce sujet voir RIport,Bullarium, vol. z, p. 566-¡69.

L' IN QU T S IT I ON ROM,4NDE 3Í9

Cette inquisition <romande> ne semble cependant pas avoir étéactive avant la deuxième moitiê du XIVe siècle6, de sorte queI'on est amené à attribuer la persécution des vaudois morts surle bûcher en rzSo dans la châtellenie savoyarde des Clées, dans

I'extrême nord-ouest du canton de V¿ud actuel, à des domini-cains bisontinsT.

Si l'importance d'études biographiques pour l'approche def inquisition est indéniable, il n'y a que peu d'inquisiteurs à enavoir bénéficié. En ce qui concerne notre région au sens large,englobant, à côté de la Suisse romande, êgalement la Savoie, seulsles inquisiteurs Bérard Trémey OF}v{- þ979), Ulric de TorrentéOP þ992) et Ponce Feugeyron OFM (zooz)8 ont joui d'un <trai-tement individuel>. À ces trois inquisiteurs il convient d'ajouterle juriste lausannois Pierre Creschon, <main droite> de f inquisi-teur Raymond de Rue et à certains égards organisateur de lachasse aux sorciers dans l'évêché de Lausanne au tournant des

années r46o9.Dans ce sens, le présent recueil prosopographiqueveut combler une lacune, même si ses ambitions sont plusmodestes: dans les notices biographiques, établies d'après lemodèle éprouvé del'Heluetia Sacra,l'accent a été mis sur le rôledes personnes respectives dans la persécution des sorciers et sor-cières. Ont par contre été négligés d'autres champs d'activités,qui ont toutefois été signalés là où d'autres travaux existent à ce

sujet. Nous avons pu nous baser sur une historiographie déjàriche, en premier lieu des travaux sur les dominicains lausannois,dont étaient issus la majorité des inquisiteurs actiß au XVe siècledans les diocèses de Lausanne, Genève et Sion.

Ernest Chavannes, dont le nom reste indissociablement lié à

son travail de classement, effectué en 1883-1884, aa sein des

archives anciennes de la ville de Lausannero, publia en r88¡ etr88z deux séries d'extraits tirés des manuaux du conseil de Lau-sannerr. La deuxième sêrie est assortie de brèves notices histo-riques sur le couvent franciscain de Saint-François et le couvent

6. ANDENMATT¡¡¡ et lJr.zTnrlar, <De I'hérésie à la sorcelleriel,p.Tq-7r.7. Voir à ce sujet C. TsÉv¡N¡z MoprsrrN et G. MoDesrlN, <Le supplice des

vaudois aux Clées en ¡z8o d'après le témoignage d'une source comptablesavoyarde>, Revue suisse d'histoire relígíeuse et culturelle, 99 þoo),p.239-249.

L Voir Ucrx¡t, <Frère BérardTrémey>; ANDENMATTTN et Urz TnEMP, (DeI'hérésie à la sorcellerie>, et Osr'on.eno, nltinéraire d'un inquisiteur gâtéo.

9. Voir MoDÊsrIN, <Ein treuer Diener seiner Herren>.¡o. Voir à ce sujet Couuz,Histoirc des Archùtes de laVille de Lausanne,p.73-75.rr. La première série couvre les années r383-r¡rr, la seconde les années

tSrz-t1,36. Elles ont paru dans les volumes 35 et 36 de la première série des

MDR (CHrvaNNEs, Entrditr des manuaux, Lausanne, l88r-r882).

320 INQU¡SITION E T S OR C ELLERIE

dominicain de la Madeleine 12. Chacune de ces notices contientune liste des dirigeants de la communauté respective, gardiensdans le premier cas, prieurs ¡3 dans le second. Notons que parmiles prieurs, seul Henri Chouvet est mentionné comme inquisi-tew þ449). Quant à la notice elle-rnême, elle reste muette ausujet de I'inquisition. C'est le mérite de Maxime Reymond, à latête des Archives cantonales vaudoises de r9r y à ry42r4, d'avoirpour ainsi dire fondé les recherches sur cet ofüce dans le diocèsede Lausanne, grâce à l'exploitation du registre Ac z9 dans deuxarticles parus en r9o8 et r9o9 dans les Archives suisses des tradi-tions çtogtulaíresrI. C'est probablement par la conjonction de sonintérêt pour I'inquisition avec celui pour le clergé lausannois- en rgrz parut son livre Les dignitaires de l'Eglise Notre-Dame deLausanne jusqu'en rt36 -, que Reymond se tourna par la suitevers l'histoire du couvent de la Madeleine, à laquelle il consacraen r9r7 et r9r8 deux articles dans la Reuue d'histoire ecclésiastiquesuisset6. Le premier de ses articles comprend un chapitre intitulé<L'inquisiteur de la foi>, dans lequel l'auteur puise une nouvellefois dans le registre Ac z9 et fournit une liste d'inquisiteurs et device-inquisiteurs r7; cette liste est augmentée par rapport à celleque Reymond avait incluse quelques années auparavant dans sesDignitaires de l'Eglise Notre-Dame de Lausanne, où il avait traitél'inquisiteur parmi les <nouveaux auxiliaires de l'évêqueD r8.

Le rôle effectif des inquisiteurs de la Madeieine dans la per-sécution des sorciers et sorcières à travers le diocèse de Lausannes'est clarifìé au gré de l'élaboration d'une série de mémoiressoutenus à l'(Jniversité de Lausanne et publiés dans les Cahierslausannois d'histoíre médiévølets - répondant à un intérêt qui au

¡2. La notice concernant le couvent de Saint-François se trouve dans Cna-vANNrs, Extraits des manuaux (MDR I/3Q, p. r78-r8r; celle, plus longue,concernent le couvent de la Madeleine íbid., p. r8r-r9o.

13. Pour des listes de prieurs antérieures à ceile de Chavannes, voir HS,lY/5,p.439.

14. Pour une appréciation circonstariciêe de l'æuvre de Maxime Reymond,voir G. Courr^z, <Deux personnalirés de la ¡echerche hisrorique disparaissaientil y a cinquante ans: Eugène Mottaz et Maxime Reymond>, RHV, rc9, (zoor),p. t89-2o4, icí p. r97-2o4.

15. Rlvtvtowo, <,La sorcellerie au Pays deVaud au XVe siècle> (r9o8), er <Casde sorcellerie en pays fribourgeois au quinzième siècle> (r9o9).

16. REvMoND, rl-e couvent> (t9t7), et rla chronique> (r9r8).r7. RrvtvloNo, <Le couvenr> (tStù,p.269-278;lisre d'inquisiteurs p. 2Zo.¡8. ReyMoNp, Les dignitaires, p. 8t-9¡; liste d'inquisiteurs p. 9r.19. Voir les ouvrages de Martine Osrorero þ99), Eva Maier (1996), Lau-

rence Pfìster þ997) er. Georg Modesrin (t99fi dans la bibliographie de ce

¿,INQUISÍTTON ROMINDE 32r

début, il est vrai, avait êtê titillé par un ouvrage pionnier d'An-dreas Blauert þ989)zo.En ce qui concerne le diocèse de Genève,sillonné jusqu'à la fin du XVe siècle par des vice-inquisiteursgenevois sous I'autorité de I'inquisiteur de la Madeleine, l'étudefondatrice de Louis Binz sur le début des persécutions dans cediocèse (tssù2t a êtê suivie par un article d'Isabelle Jeger, se

coricentrant sur la ville de Genève et sa région (zooz)22. Depuis,deux mémoires ont jeté une nouvelle lumière sur d'autres scènesde procès dans le diocèse: Carine Dunand s'est penchée sur larépression à Chamonix (Haute-Savoie) de la fin des années r45oà la première moitié des années t46oz3, tandis que Sophie Simons'est intéressée au mandement épiscopal de Peney à l'extrême findu XVe siècle et en rr3o2+.

Dans le diocèse de Sion, les inquisiteurs de la Madeleine nesemblent pas être arrivés à prendre pied au-delà des possessionssavoyardes et de celles de l'abbaye de Saint-Maurice dans le Bas-Valais; ils s'éclipsent complètement après la conquête de cetterégion en r47t-r476 par l'évêque de Sion'Walter Supersaxo

þ457-1482) et les dizains du Haut-Valais- Les connaissances frag-mentaires sur les activités des Frères prêcheurs lausannois dans leBas-Valais bénéfìcieront sans doute grandement des résultatsobtenus par Chantal Ammann-Doubliezzf .

(Jne première vue d'ensemble sur I'activité de I'inquisicionlausannoise, dépassant les limites diocésaines, a été proposée parEva Maier, Martine Ostorero et Kathrin [Jtz Tremp en 199726,suivie par une deuxième, préparêe par nos propres soins en2oor27. Quant aux biographies d'inquisiteurs individuels, cer-taines bases remontent aux dépouillements de Sven Stelling-

volume. La première en date de ces monographies, celle de Pierre-Han ChoÊ{at þ959),traite des procès tardiß (t524-t5z9), instruits sans le concours de I'in-quisition lausannoise. Pour plus de détaiis, nous renvoyons à I'introduction duprésent volume. Le mémoire neuchâtelois d'Isabelle Terrier sur la répressiondans le comté de Neuchâtel, intitulé Le tuuail de l'inquisiteur. Prccès de sorcellerie

à Neuchâtel au XVe siècle (zoot), est resté inédit.zo. Bl¿u¡nl, Frühe Hexenverfolgungen.z¡. BlNz, <Les débuts de la chasse aux sorcières>.zz. Jncrn, <Répressionn.23. DuNaNo, La so¡celleie.24. SttvtoN, rSi je le ueux, il mouna!>.z¡, AtvtltaNN-Doueltrz, <Chareeressa rcl chareurs>, à paraître, ainsi que son

édition et commentâire du procès contreJaquette Pelorinaz (r4¡9) dans le pré-sent volume.

26. Ma¡¡n, OsroR¡Ro et U'tz TnsMp, trl-e pouvoir de I'inquisitiono.27. Moorsrts, <Un inquisiteur pour trois diocèses>.

322 ÍNQUISTTTON ET S ORCELLERIE

Michaud aux Archives généralices des dominicains à Rome,dont les résultats ont été publiés en tg3g:. dans notre contexte, ilfaut citer dix-neuß notices, s'échelonnant entre t47, et rtrj, etqui portent majoritairement sur la nomination et la révocationd'inquisiteurs par les maîtres-généraux28. (Jn autre pas impor-tant e êté franchi par la parufion du volume IVl¡ de l'HelvetiaSacra en tggg, coîsacré à l'histoire des dominicains et domini-caines en Suisse: parmi les prieurs des couvent de Lausanne et deGenève, dont les biographies ont étê êtablies par BernardAndenmatten dans le premier, Catherine Santschi dans le secondcas, se trouvent de nombreux inquisiteurs ou vice-inquisíteursz9.

Les personnes retenues

En tête de notre répertoire biographique figurent tous lesinquisiteurs et vice-inquisiteurs attestés dans les trois diocèsesromands depuis le dernier quart du XIVe siècle jusqu'à la veillede la Réforme. Llordre de classement est chronologique, ce quis'applique à toutes les catégories de personnes reteriues. En règlegénérale, nous nous sommes limités à des attestations nominales,sans prendre en considérafion les mentions et allusions à desinquisiteurs (anonymesD. Llun des résultats de notre travail estd'avoir établi la liste la plus complète d'inquisiteurs actiß enSuisse romande jusqu'à ce jour. Son élaboration a bênéûcié descontributions de nos prédécesseurs; nous sommes particulière-ment tributaires de la liste présentée en 1997 par Eva Maier,Martine Ostorero et Kathrin lJtz Tremp, qui a considêrablementfacilité notre tâche 3o.

Les inquisiteurs et vice-inquisiteurs sont suivis par les procu-reurs de la foi, véritables accusateurs, dont la mission consistait àrassembler des témoignages à charge et qui, pendant les procès,pressaient souvent les juges de procéder à la torture. Le cas

échéant, ils dressaient une liste d'articles d'accusation auxquelsles prévenus êtaient forcés de répondre. Environ la moitié desprocureurs recensés appartenaient à l'ordre des Frères prêcheurs,mais seuls trois de ces procureurs dominicains sont égalementattestés .comme (vice-)inquisiteurs: c'est le cas de Pierre Pascua

28. STELLING-MICHAUD, <Les Frères-Prêcheurs>, p. ,9-62, nos r-r9.29. HS, lY/1,p.377-389 (Genève) et $9-4tt (Lausanne).

3o. Voir M¡un, Osronrno et Utz TnEup, <Le pouvoir de I'inquisitiono,p. 217-258.

L'INQUTSITION ROMANDE 323

Victor Massenet et Hugues Alexii. I- office de procureur de la foin'êtait donc pas, contrairement à ce que l'on pourrait penser, unpas obligé vers celui d'inquisiteur.Au contraire:Victor Massenetest le seul frère dont la carrière ait suivi les étapes <logiques> deprocureur de la foi (t+¡g), vice-inquisiteur (146r) puis inquisi-teur (r462-1476)3t. La désignation de Pierre Pascua et d'HuguesAlexii comme procureurs semble par contre avant tout due auxcontingences du moment: Pascua apparaît en effet tantôt commeprocureur de la foi (1457, t46r, 1477), tantôt comme vice-inqui-siteur (r4¡7, 1477); quant au frère genevois Hugues Alexii, ilexerça en t487 I'oftìce de vice-inquisiteur, attant de servir commeprocurêur en r4g7-r499.Visiblement, d'autres expériences, quiseront détaillées plus bas, étaient requises pour accéder à ladignité d'inquisiteur.

Parmi les procureurs de la foi qui n'appartenaient pas à l'ordredominicain, il faut distinguer les membres du clergé - le plussouvent des chapelains, occasionnellement un curê - de certainslaïcs attestês dans cette fonction, pour autant que les données à

disposition permettent une sêparation nette, le terme clericus

êtant ambigu. IJétat religieux n'était donc pas indispensablepour être habilité à défendre la foi au sein d'un tribunal ecclé-siastique. Une solide expérience juridique pouvait être jugéesuffìsante, comme le montre I'exemple de maître Gérard du Plaît

$46r), utilisé en parallèle coûrme procureur épiscopal, ou dunotaire lausannois Jean Vuilliez þ+ZÐ - sous réserve d'unehomonymie de ce dernier avec un dominicain lausannois.

Dans la troisième catégorie sont rassemblées les biographiesdes représentants épiscopaux, qui se partâgeaient avec les inqui-siteurs la présidence des procès, formant ainsi à deux cette courbicéphale qu'était - du moins en principe - le tribunal d'inqui-sition depuis le concile deVienne en r3rz12. Pour ne pas faireéclater le cadre du présent volume, centré sur le registre Ac 29,nous nous limitons aux vicaires de l'évêque de Lausanne, merÌ-tionnant toutefois dans la mesure du possible au fil des autres

3r. Pour les détails et les réfê¡ences, nous renvoyons dêsormais aux biogra-phies respectives.

32. Voir à ce sujet par exemple Ytodt, Bullai¡e, p. XKI-XXV. Notons que leprincipe évoqué n'était pas toujours respecté. Dans les terres du comte de Neu-ðhâtel par exemple, relevant pourtant du diocèse de Lausanne, les affaires ins-truites à la {in du XVe siècle suivaient leur cours sans que personne parmi les

présents ne soit désigné comme représentant de i'êvêque. En 1439 Pâr contre,le dominicain Ulric de Tor¡enté avait porté la <double câsquetteD d'inquisiteuret de vicaire épiscopal; voir T¡RRI¡R, Le travaíl de l'inquisiteur, passím.

324¡NQUIS¡?'Í ON ET S ORCELLERIE

biographies les représentants des évêques de Genève et de Sion.La ð,êlêgation au tribunal d'inquisition d'un vicaire épiscopalsemble, du moins à Lausanne, avoir constitué un choix de cir-constance. On discerne cependant quelques <spêcialistes>, à

savoir l'official de Vevey Léopard de Bosco et le juriste PierreCreschon, vicaires délégués de l'évêque Georges de Saluces, etBaptiste d'Aycard, official et vicaire gênêral de Benoît de Mont-ferrand. Relevons qr'en 1479, Benoît de Montferrand assista à

deux reprises en personne à des interrogatoires, à I'instar del'évêque d'Aoste,Antoine dePrez $444-146$, qui avait fait demême en 146133, et de Barthélemy Chuet, administrateur del'évêché de Lausanne $469-1472), en 1469.

Le dernier groupe de personnes présentées dans ce volumesont les notaires, à qui nous devons les procès-verbaux des inter-rogatoires. Loin d'être simplement ce (personnel subalterne>dans lequel ils ont jadis étê reléguês par Jean-MarieVidals4, lesnotaires façonnaient par leur travail de traduction, de formula-tion et de mise en écrit les actes de procès, documents de travailauxquels avaient recours les juges et les procureurs pour con-fondre les accusés ou collationner des noms de prétendus com-plices3i. Parmi ces notaires, on trouve des spécialistes, de véri-tables acteurs de I'inquisition, tel le Lausannois Claude Burritazqui, ayant mis sur papier les procès de la chasse de 1448, fut dé-puté dix-sept ans plus tard comme com¡nissaire à Châtel-Saint-Denis afin de mener à bien I'enquête préliminaire contre unesuspecte. La contrepartie d'une trop grande intimité avec I'in-quisition était le risque de se trouver impliquê dans ses scan-dales. Ainsi, Claude de Pont, également un Lausannois, qui avait

33. BrntortN et GERBoRI, La stregoneria, p. 64. Pendant l'épiscopat d'An-toine de Prez, qui, avant son ¿vènement àAoste en 1444, avait étó successive-ment chanoine, official et vicaire génêral à Lausanne (HS, 1/a, p. z3z-zy),eurent lieu toute une série de procès, instruits pour la plupart par I'inquisiteurfranciscain BérardTrémey @rnrouN et GnRBoRE, La stregoneia, p. z8-3r).Auvu de la synchronicitê des événements - et le diocèse d'Aoste et celui de Lau-sanne éprouvèrent en effet des chasses vers la fin des années r44o et au tournentdes années 146o -, on s'interroge sur les contacts entre les évêques Antoine dePrez et Georges de Saluces, lui-même êvêque d'Aoste avent son transfert à Lau-sanne en I44o,

34. YIDAL, Bullaire, p. XXXVI-XXXVIL3¡. À ce sujet, voir MoDESTIN, <Text als Repressionsinstrument>. Le rôle des

notaires au sein du tribunal d'inquisition a étê d'ailleurs exploré par MartineOstorero et Georg Modestin dans leur cont¡ibution au colloque

^international<Le notaire, entre métier et espace public en Europe (Moyen Age - Tempsmodernes)r, Aix-en-Provence, z8-3o septembre zoo6.

r¡NQUrSlï/ON ROMINDE t2t

levê la copie des aveux d'un suspect en t449, puis suivi assidû-ment comme témoin deux procès en 14¡8 et r46t, se vit accuséde <fausseté)) avec un inquisiteur et un châtelain dans une affairequi éclata efl t47a.

N'ont étê retenus ici que les notaires documentés dans leregistre Ac z9.I-intégrarion de tous les scribes ayant servi I'in-quisition aurait nécessité d'importants dépouillements d'archivesen Valais, à Genève et en Haute-Savoie, ce qui n'a pas pu êtreeffectué dans le cadre de ce travail. Pour la même raison, nousavons renor¡cé à retenir les représentants du bras séculier concer-nés par des enquêtes et procès dans leurs fiefs, même si l'on nepeut assez souligner à quel point l'inquisition dépendait du bon-vouloir et du concours de ces pouvoirs.

l<épaisseur> des notices biographiques que nous proposonsest fort inégale: si même dans les vies des dominicains lausannoisdu XVe siècle, l'exercice de la charge d'inquisiteur n'était qu'unephase parmi d'autres, ce constat s'applique à plus forte raisonencore aux personnes des autres catégories, qu'elles soient pro-cureurs de la foi, vicaires épiscopaux ou notaires. 11 était doncillusoire de vouloir établir des biographies exhaustives, couvranttous les aspect d'une vie. Ceci est particulièrement vrai pour lesnotaires retenus: dans leur cas, nous nous concentrons sur des

sources inquisitoriales.

Parcours indíuiduels

Dans son célèbre Directorium Inquisitorum, rêdigê à ,tvignonautour de t376,le dominicain Nicolas Eymerich (vers r3zo-1399), ancien inquisiteur gên&al de Catalogne, Aragon,Valenceet Majorque, exige que I'inquisiteur soit <honnête dans sonmaintien, d'une prudence extrême, d'une fermeté persévérante,d'une érudition catholique parfaite et pleine de vertus>36. Qu'enest-il des nos inquisiteurs romands?

À l'"id" du taËl.ao qui suitlz, on se rend compte qu'une <éru-dition catholique parfaite>, pour reprendre les mots d'Eymerich,était en effet un élément constitutif de leur profil: la plupart des

inquisiteurs étaient détenteurs d'un grade universitaire, gênêra-lement en théologie. Seul Victor Massenet semble avoir été uncanoniste. Conformément à leur formation, toute une série

36. Nicolas EYMERIcH, Le Manuel des ínquísiteurs,p, t8937. VoirTableau ro.

326 INQU¡STÎTON ET SORCELLERTE

d'inquisiteurs exerçaient la charge de lecteur¡8, avant d'accêderà l'office d'inquisiteur. Relevons dans ce contexte les noms deFrançois de Moudon, Humbert Franconis (cité en parallèlecomme lecteur et comme inquisiteur), Raymond de Rue etFrançois Granet. Ulric de Torrenté est un cas à part: prieur de laMadeleine en r41g, il est attesté entre Í423 et r44z corr:meinquisiteur. Au cours des années t43o, il pourrait avoir estiménécessaire de parfaire sa formation3g. Ce n'est erì effet qu'à par-tir de r438 qu'il porte le titre de maître,puis celui de professeurde théologie, et c'est également en r438 qu'il est attesté à Lau-sânne comme lecteur.

lJn autre pessage vers I'office d'inquisiteur êtait le priorat: c'estle cas de Jean des Clées, Ulric de Torrenté, Henri Chouvet, Ray-mond de Rue (ancien lecteur et procureur de son couvent),Claude Rup, Thomas Goga, Antoine Penneti, Jean Muserii etEtienne de Genthod. Chez certains d'entre eux, l'expérienced'un priorat était combinée avec ce1le de la charge de vice-inqui-siteur, véritable et seul <apprentissage> du <métieo d'inquisiteur.f)epuis I'apparition du premier vice-inquisiteur dans notrerégion en 1448 - Henri Chouvet -, cette dernière constituait eneffet la voie royale par laquelle les inquisiteurs accédaient à leurofiìce, une voie qui n'excluait d'ailleurs pas le passage par lescharges de lecteur et de prieur. Au contraire: Henri Chouvetavait êtê prieur G+ll), avant d'être nommé vice-inquisiteur(r++8) et inquisiteur (t449-r45o). On observe un cursus sem-blabie chez François Granet, qui fut lecteur Q466), ensuite vice-inquisiteur (r48r) et inquisitew (1484-1494). Quant à VictorMassenet, il occupa la charge de procureur de la foi (r4¡9), avantde devenir vice-inquisiteur (146r) et inquisiteur $462-t476).Parmi les vice-inquisiteurs n'ayant jamais exercê I'office d'inqui-

38. Précisons qu'il pourrait y avoir eu plus d'anciens lecteurs parmi lesinquisiteurs que nous n'en avons recensê. Cela est dû au fait que les lecteurs,comme I'a souligné Bernhard Neidiger à propos du couvent de Bâle, nesignaient que rarement des actes au nom de leur couvent (HS, IVl¡, p.ryò.Cette remarque est confirmêe par les listes des lecteurs à Lausanne (HS, IVl¡,p. +t6-4jg) et à Genève (íbid., p. t8g-lSo) qui, comparées à celles des prieursrespectiß, sont beaucoup plus lacunaires.Aussi, le titre de professeur de théolo-gie dont certains inquisiteurs étaient parés pourrait être un signe que son Por-teur était (ou avait êté) lecteur; voir J. Prrrnsowx, Kaiserlkher Gesandter uùlKuríenbischoJ Andreas Jamometíc am HoJ Papst Sixtus' IV þ478-ra8t). Aufsehlüssedus neuen Quellen, Hannover zoo4 (MGH Studien und Texte, 3t), P. 14 et n. 23.

39. Cette hypothèse a êtê formulée par ANoElruarrEN et uTz Tnrue, <De

l'hérésie à la sorcellerie>,p.9j.

siteur, on compte également deux lecteurs et deux prieurs: ils'agit de Damien Berruerii (lecteur en r4t3-r4t4, vice-inquisi-teur en 1465,:,.484 et ry97),Etienne Huguenod (lecteur en t474,vice-inquisiteur en 1477), Piene Pascua (prieur à plusieursreprises à partir de r4¡o, vice-inquisiteur en 1457 et t477) etFrançois Fossaud (prieur en t493-t4g4,vice-inquisiteur en 1498).

Le modèle esquissé ici, apparemment si logique, qui couronneun long parcours personnel par l'oftìce de vice-inquisiteur, voired'inquisiteur, ne s'applique pas pour autant à tous les frères:Claude Rup, par exemple, dominicain genevois, est attesté en146z comme vice-inquisiteur, six ans avant d'être prieur de soncouvent. Thomas Goga - vice-inquisiteur þ 469-1 47 o), prieur ducouvent gegevois de Plainpalais (r47) et inquisiteut -þ477-ry82) - et Étienne de Genthod en sont d'autres exemples. Cedernier, vice-inquisiteur en r¡oz, devint prieur de la maisongenevoise l'année suivant. Ce n'est que beaucoup plus tard, etri527, qa'on le trouve comme inquisiteur dans le diocèse de

Genèvé. Il n'existe donc pas de parcours unique pour parvenir à

la responsabilité d'inquisiteur. Il apparaît par contre clairementque lès futurs inquisiteurs avaient fait leurs preuves dans d'autrescharges, avant de se voir confìer leur oftìce. En ce qui concerneles lendemains de leur activité inquisitoriale, I'affectation quileur était le plus souvent réservée était celle de prieur. R¿res

sont les cas où les anciens inquisiteurs ont <gradê>, que ce soit à

I'intérieur de leur ordre ou sur le plan diocésain. Avec AntoinePenneti, on recense un maître provincial de la province domini-caine de France (r+gl-tto3) - mais il avait êtê un inquisiteurtrès éphémère (1486). I1 faut donc s'en tenir aux exemples de

Raymbnd de Rue, êvêque titulaire d'Acre en Galilée et êvêquesufiragant de Lausanne þ4$-1468), et de Claude Rup, évêquetitulaiie de Claudiopolis en Turquie et évêque suffragant de

Genève þ476-149)+o.lJn volet de la formation d'inquisiteur n'a pas encore êtê exa-

miné: la prêdication, tâche constitutive de I'fficium inquisitíonis.

L'¡NQ U¡S¡TION ROM,4 NDË 327

4o. Au sujet des évêques suffragants issus des ordres mendiants, Hans-Joa-chim Schmidt a noté sur la base de I'exemple de Trèves qu'ils étaient prisés pourleur formation approfondie et leur manque d'ambitions politiques (r[So] schie-nen Personen a,tJ d"t Bettelorden in den Augen der Erzbischöfe besonders

geeignet, in das Amt eines'Weihbischoß berufen zu werden, war bei ihnen dochã- ãh.rt"t die Gewäh¡ gegeben, dass sie keine selbständige, mit ihrem erzbi-schöflichen Herrn konkurrierende Machtpolitik betrieben>); voir Io-, Bettelor-

den in Tiier. Wi*samkeit und Umfeld im hohen und späten Mittelalter, Trier 1986

(Trierer Historische Forschungen, Io), p. r8¡-t86.

328

Ce dernier comprenait tant la persuasion, c'est-à-dire la prédi-cation envers les hêrétiques, que la coercition et - finalement -la catéchèse: lors de la proclamation d'une sentence, I'inquisiteurdétaillait les crimes du condamné devant la population pour jus-tifier la peine et mettre en garde d'éventuels imitateurs4r. Grâceà un acte conservé, nous voyons ainsi à l'æuvre Thomas Goga,alors vice-inquisiteur, le 13 mai t469 sur la place publiquedevant le prieuré de Saint-Sulpice, exposant <à la manière desprêcheurs> les crimes d'un prévenu4z.

Parmi les inquisiteurs romands, nombreux sont ceux à quiI'on connaît un passé de prêdicateurs, que ce soit avant ou aprèsleur accès àl'oficium. La première mention de Raymond de RuecoÍlme inquisiteur remonte par exemple à l'année r45r, alorsqu'il prêche pendant la semaine sainte àYverdon. Huit ans plustard, un <enquisitour de la foy>, sans doute Raymond, prêchapendant deux jours à Rances, au nord d'Orbe. L'inquisiteur avaitprévu de se présenter à Orbe même, mais y renonça suite auxinjonctions des gouverneurs de la ville. Nous ignorons les rai-sons exactes pour lesquelles ces derniers avaient empêchê cetteprédication, mais elles sont probablement en rapport avec la per-sécution de sorciers en cours dans la régionar. Toujours est-ilque le frère Damien Berruerii, lecteur du couvent lausannois, nesemble pas avoir rencontré de résistances quand il avait prêché àOrbe pendant, la semaine de I'Ascension r454, ni lorsqu'il s'yreprésenta en janvier 1462. Berruerii, un futur více-inquisiteur,était d'ailleurs un orateur prisé: dans une lettre adressée le 14janvier r455/56 par le curé de Fribourg au prieur Raymond deRue, dans laquelle il lui demandait de bien vouloir députer unfrère en vue de la prédication du Carême dans la ville, onapprend en effet que frère Damien avair prêché à Fribourg peuauparavant. La population avait été satisfaite de lui et l'aurait, s'ildevait se représenter, <bien en gré>.

Damien Berruerii était donc un spécialiste de la parole, toutcomme aussi Thomas Goga, François Granet et Etienne de Gen-thod. Le premier est attesté erL Í477 et r48o comme predicatorgeneralis, cumulant cette charge avec celle d'inquisiteur. Le dos-sier de François Granet comme prédicateur est particulièrement

4r. Voir à ce sujet entre autres Urz Tn¡up, <'Mémoire' de la sorcière>, etEao., <Predigt und Inquisitionr.

42. Pour cet exemple, voir dans le présent volume Mopssr¡N, <La remise aubras sêculieo.

43. Voir suprap.156.

INQT/ÍS¡7-ION ET S ORC E LLERI E

TTNQUI.S¡T¡ON ROMANDE 329

êto{fê, car on sait qu'il prêcha en t463 et t461 à Estavayer-le-Lac, puis en 1466 à Orbe. En r49r, sept ans après sa premièreattestation comme inquisiteur, Granet se fit accorder par lemaître-général de l'ordre la permission de prêcher où il le vou-lait. Quant à Etienne de Genthod, vice-inquisiteur en ria2 etinquisiteur erl rSz7,i1 s'insurgea eî rrz3 en tant que prédicateurordinaire devant le conseil de Genève contre un ermite deSaint-Augustin susceptible de violer I'alternance habituelleentre dominicains et franciscains pour prêcher le Carême.

Si I'on revient aux qualités requises de nos inquisiteurs ro-mands, on constate qu'avant leur avènement, ils avaient faitpreuve de leur facultés inteliectuelles et organisationnelles com-me prêcheurs, lecteurs ou prieurs, sans parler de l'apprentissage<sur le tas) que constituait la charge de vice-inguisiteur. Mais parqui étaient-ils désignés?

La bulle du 6 juillet rz67,par laquelle le ressort initial de septdiocèses (outre les diocèses de Lausanne, Genève et Sion aussi

ceux de Besançon, Toul, Metz et Verdun) était confié par Clê-ment IV (t265-r268) aux Prêcheurs, fut suivie, deux jours plustard, d'une autre bulle, enjoignant au prieur provincial de Francede nommer trois frères de sa province pour exercer I'ofiìce d'in-quisition++. Par la suite, ces dispositions furent confirmées parNicolas IV en r29o4t. Si nous rappelons ce îait, c'est parce quec'esl sur la confirmation de Nicolas IV que se basa le provincialde France pour protester en r4r8-t4r9 contre ce qu'il percevaitcomme une irruption de l'inquisiteur franciscain Ponce Feugey-ron dans le diocèse de Genève, chasse gardée des Prêcheursa6.En 1424, ce fut au tour du frère lausannois Ulric de Torrentê,nommé - comme il se doit - par le provincial, de rappeler lepouvoir du dit provincial de nommer et de révoquer des inqui-siteurs. Mais Ulric aspirait à plus: dans une suppiique datée dur 8 mars t4z4,il pria MartinV, entre autres, de lui accorder le pri-

44. AlonNuarre¡¡ et Urz TREMP, <De I'hérésie à la sorcellerieÐ, p.7r-72,renvoyant à B. BaRslcH¡ (éd.), Les actes pontifcaux oríginaux des Archives natío-nales ile Parß.Tome II: rz6r-tjo4, Cité duVatican 1978 (Index actorum romeno-rum pontiûcum ab Innocentio III ad MartinumV electum, vol. z),p' 154-rt5,n" r43t-r432-

45, ANonNuatrBN et Urz Tnevp, <De I'hérésie à la sorcellerier>,P.72,rcr\-voyant à E.LaNcr.ols (êd.),Les registres de Nicolds lVRecueil des bulles de cepape

publiées ou analysées d'ayès les manusaits originaux des Archiues ilu Vatican,Parisr886 (Bibliothèque des Ecoles françaises d'Athènes et de Rome, ze série, vol' r),p,463,n" 2778-2779 þ29o, juin z6-27).

46. Yoír suprd A. t.

33c.TNQUTS¡TION ET SORCELLERTE

vilège que personne, à part le pape, ne puisse le démettre de sonoffice <sans cause légitime> 47. Cette requête, d'ailleurs acceptêe lemême jour, s'explique peut-être par les circonstances dans les-quelles le prédécesseur d'lJlric, le frère genevois Jean Brucelli (ouGrutelli), dont aucune activité inquisitoriale n'est connue, avaitétê démis de sa fonction par le provincial:la réponse de MartinV mentionne en effet <certaines causes, jadis exprimées>+8.

Le privilège accordê à Ulric deTorrenté en l424 pourrait avoirincité la papauté, du moins à moyen terme, à un changement depratique: à partir des années t47o se multiplient les attestationsd'inquisiteurs nommés ou suspendus soit directement par le pape

- Claude Rup (1472), Thomas Goga (1479) et François Granet

þ+St) -, soit par le maître-génêral de I'ordre dominicain: ClaudeRup (r476),Thomas Goga (r48r), François Granet $486 et 1487),Antoine Penneti (ra86) et François Palmier $5q)+t. Quant auxvice-inquisiteurs, ils étaient probablement désignés par les inqui-siteurs eux-mêmes, même si leur titulature cornporte parfois lamention <par autorité apostolique> Io.

47. iidition de la supplique dans ANp¡Nrøart¡N et Urz TR¡tvtp, <De I'hérê-sie à la sorcellerie>, p. to6-to7,no t.

48. Rtnou, Bullarium, vol. z, p. 644, n" rS8 (t424, r,l,erc t8): quod dílectus filíusftater Antoníus Coste, prior proúncíalis in Francía dicti ordínis [...] dilectun flìumJohannem Brucelli,fratrem domus Gebennenþís) dkti ordink [...], ex eertis causis, tuncexpressk, ab eodem inquisitionis fficío uígore dícti prívilegii amouit.

49. Pour les réfêrences, nous renvoyons aux biographies ci-dessous. DéjàFrançois de Moudon et Humbert Franconis, prédécesseurs d'Ulric deTorrenté,sont connus comme inquisiteurs par autorité apostolique. Cele ne signiûecependant pas forcément qu'ils aient été nommés directement par le pape:comme nous I'avons vu, le pontiG avait en etret délégué son autorité au pro-vincial, pour que celui-ci désigne les inquisiteurs.

¡o. Nicolas Eymerich stipule à ce sujet dans son Manuel iles inquisíteurs: <Entant que délégué pontiûcal, ['inquisiteur] peut subdélóguer ses pouvoirs, (p.tgr).Conformément à cette assertion, nous n'avons repéré au cours de notredépouillement du Bullarium Ordinis Futnm P¡aedicatorum que de très raresnominations pontificales de vice-inquisiteurs.

L'TNQUIS¡T¡ON ROMANDE 33r

Thbleau to: Les charges exercées par les inquisiteurs avant et après leuraccès à celle d'inquisiteur

¡r. Saufindication contraire,les charges de terminaríus,procureur,lecteurouprieur se rapportent au couvent dominicain de Lausanne.

Nom et gradeacadémique

Charges avant l'accès àcelle d'inquisiteur

Charge d'inquisiteur Charges après l'accès àcelle d'inquisiteur

François de Moudon 46o terminarius lr; avant1364 lecteur à Orlêans,Besançon et Lyon

1375 inquisiteur (maîaeet professeur dethéologie)

lecteur à Lausannejusqu'en r39r

Humbert Franconis 1399 lecteur r398-r4o4 inquisiteur(1399 maîrre enthéologie)

Jean des Clées r398-t399 prieur r4r7 lnqulslteur

Ulric de Torrenté r4r9 Pneur t423-t442 inquisiteur(dès 1438 maître etprofesseur de théologie)

1438 lecteur;t439-r444 pneur

Pierre d'Aulnay r446-1448 inquisiteur(1447 profeseur dethéologie)

Henri Chouvet r+33

7448Pneur;vice-inquisiteur

r449-14jo inquisiteur r45o-r45r prieur

Raymond de Rue r44o lecteur; r44t-1444procureur du couvent;t446-r447 pneut

r41r-r462 inquisiteur(r4¡9 proGsseur dethéologie)

1456 prieur; 146r évêquetitulaire d'Acre (Galilée) ;

t4f-r468 êvèquesuftagant de Lausanne

Victor Massenet r4t9 procureur de la foiþachelier en droitcanon); 146r vice-inqui-siteur

r46z-t476 inquisiteur(r47¡ maître)

466 prieur

Claude Rup 146z vice-inquisiteur(146o maître etprofesseur de théologie);1468 prieur à Genève;r47z inquisiteur dans lediocèse de Genève

1476 inquisiteur dans les

diocèses de Genève etLausanne

476 êvèque titr¡laire deClaudiopolis ffurquie),évêque sufÊagant deGenève jusqu'en r49¡

Thomas Goga t 469- r 47 o vic e-inquisi-tevr; r47T prieur à

Genève

t477-r482 inquisiteur(1479 professeur dethéologie)

François Granet 1466 lecteur; r48r viceinquisiteur (r48r docteur,r48z professeur dethéologie)

r484-t494 inquisiteur

Antoine Penneti 1485 prieur à Genève r486 inquisiteur (maîrreen thêologie)

1488 prieur à Genève;r 493-t ro3 provincial dela province dominicainede France

Jean Muserii r49r, rtoo-rto2 Prreurà Genève

r¡oz inquisiteur dans lediocèse de Genève

11o6 prieur à Genève(maître en théologie)

François Palmier t to3-rto4 mqulsrteurdans les diocèses deLausanne et Sion

Éd"t tr" de Genthod À partir de ry94procureur du couventgenevors; rto2 vlce-inquisiteur; r to3-r to4,r5r4-r5r8 prieur à

Genève (r¡o3 maîtrqr¡16 professeur dethéologie)

rtle

z7 inquisiteur dansdiocèse de Genève

332¡NQU/SITION ET S ORCELLERIE

Les uicaires épiscopaux

Les vicaires épiscopaux, deuxième <tête> de cette institutionbicéphale qu'était le tribunal d'inquisition, n'ont pas retenu lamême attention que les inquisiteurslz. Ils représentaient leursévêques, dont certains étaient personnellement impliqués dans larépression de la sorcellerie. A Lausanne, c'est le cas de Georgesde Saluces þ44o-t46r) et de Benoît de Montferrand (t+26-r49r). Georges de Saluces, ancien évêque d'Aoste þ43-r44o)pendant l'épiscopat duquel avaient eu lieu une série de procès,fut après son transfert à Lausanne à I'origine de deux autreschasses: une première en 1448 dans la région de Vevey, uneseconde entre r458 et 146r dans les possessions périphériques del'évêché¡¡. Quant au règne de Benoît de Montferrand, il futponctué par une nouvelle chasse au tournant des années r48ol+.Le rôle catalyseur de ces deux évêques se compare avec celui de

¡2. Voir par exemple Ytotit, Bullaíre, p. XXIV-XXV (,Des magistrats épis-copaux, nous avons peu de chose à di¡e. Notons seulement ceux qui paraissentavoir pris le plus à cceur leur rôle de gardiens de I'orthodoxie>).

¡3. En ce qui concerne la chasse de 1448,voir Osro¡.¡no, Folâtreri pour cellede t4g8-r4û, voir Moo¡stIN, Le dídble, ainsi que ID., <Des Bischoß letzteTage>.

¡4. Pour la chasse du tournant des années r48o, voir MAIER, Tiente ans;en cequi concerne la situation à Lausanne, nous ¡envoyons à Moo¡srIN, <Contrôleria mémoirer, et dans le présent volume à Moo¡su¡¡ et THÉvENAZ MoDEsrtN,<'Ad comburendum dictum cadaver'>.

l'évêgue de Sion'Walter Supersaxo (r457-r482), <pénétré de sondevoii de lutter contre l'hérésie en tant que chef temporel etspirituel>ll. Antoine de Prez, ancien dignitaire de I'Eglise de

i"or"nr.i6 et évêque d'Aoste $444-1464), fut un autre évêque-inquisiteur. Entre 1446 et t449, il se fit représenter dans son dio-cèse par le canoniste Guy.Bollieti, au début des années l'46o parl'archidiacre Baudouin I'Ecuyer (Scutffiri) qui auparavant avaitfait ses preuves comme procureur de la foi¡2.

De tè1s spécialistes se rencontrent aussi dans le diocèse de

Lausanne, à iavoir Léopard de Bosco, official de Vevey, mandatéen r.447 par Georges de Saluces pour procéder de pair avec f in-quisiteur Henri Chouvet contre des hérétiques. I1 trouva un suc-C"rs.ut en la personne du juriste lausannois Pierre Creschon, unlaic, qui mit en æuvre la chasse des annêes t458-t46r dans les

posseisions êpiscopales. Uhomme de confiance de Benoît de

Montferrand était Baptiste d'Aycard, official et vicaire gênêral,qui s'imposa pendant les procès instruits à la fin des années r47odans le château épiscopal d'Ouchy au détriment du vice-inqui-siteur dominicain.

Dans les antres cas, les évêques se faisaient représenter par leur<personnel ordinaire>, que ce soit leur (ancien) official (Aymonde Taninges, Jean des Colonnes, Jean André) ou leur vicairegênêral (Humbert Megeva, Girard Odet). Parfois, il s'agissait deãommissaires nommés ad hoc comme Pierre Berthodi, curé de

Châtel-Saint-Denis, en 1465, etJean de Furno, ofüciai deVevey,

en r479.lJne vacance épiscopale n'enrayait par ailleurs pas l'ap-pareil inquisitorial: en l'absence d'un évêque, la direction des

àff"ires incombait à des chanoines, qui nommaient un représen-tant pour assister aux procès. Citons pour exemple le notaire

Jean ãu Foug de la paroisse de Saint-Gervais en Faucigny, délê-gué du chapitre cathêdral de Genève en t4r9¡8, ou le chapelainEgidius Petri, docteur en droit, uicarius in hac çtarte da chapitrecathédral de Lausanne en t469. De tel1es nominations restaientcependant éphémères. Retenons que les évêques chez qui on

TINQUISIï¡ON ROMI4NDE 333

¡¡. En ce qui concerne la persécution de la sorcellerie par'Walter Supersaxo

etJoit de Silenen, resté ûdèle à la politique de son prédécesseur, voir Ch. et H.-R. A¡vr¡nr¡NN, <(Jn procès de sorcellerie devant Jost de Silenen>, ainsi queAlt¡vtaNN-DounLtgz, ales chasses aux sorciers enValais > (le passage cité est tiréde cet article, p. r34).

¡6. Voir ici n. 33.57. Yoir BrqrotIN et G¡F.eoRr, La stteSoneÌia,p' z8'3t,83-84 el 96-97.

¡8. Voir DUNAND, La sorcellerie.

334 TNQUTS¡T/ON ET S ORCELLERIE

peut distinguer un penchânt particulier pour la persécution dessorciers et sorcières s'appuyaient le plus souvent sur des spécia-listes triés sur le volet.

Organi s ati o n t erri torí al e

Comme nous l'avons vu au débur de cette introduction, lesdiocèses dits romands de Lausanne, Genève (ce dernier englobantla Haute-Savoie) et Sion étaient pendant à peu près un siècle etdemi compris dans un vaste ressort inguisitorial, qui comprenaitégalement les trois diocèses lorrains deToul, Metz etVerdun ainsique celui de Besançon. Ce n'est qu'au cours des années r4za queI'inquisiteur Ulric de Torrenté, issu du couvent lausannois de laMadeleine, passa à une titulature réduite aux trois diocèsesromands, <signe parmi d'autres d'une activité accrue et régulièrede l'institutionD t9. LJn autre indice est le fait même qu'il est pos-sible de dresser à partir de t423, date de la première mentiond'Ulric de Torrenté comrne inquisiteur, une liste quasi continued'inquisiteurs romands jusqu'à la fin du XVe siècle6o. Cetteséquence est d'autant plus remarquable qu'elle ne repose suraucune source sérielle, telle des comptes ou des manuaux deconseil, mais sur une multitude d'attestations de tous genres.

Les mêmes documents nous permettent âussi de reconstruireI'organisation territoriale de f inquisition romande, à savoir lamanière dont elle s'articulait dans cet ensemble de trois dio-cèses6t. La répression n'était en effet pas homogène: elle ressem-blait plus à une série d'incursions, dont la fréquence, la durée etI'efücacitê dépendaient entre autres facteurs de la disponibilitéde juges habilités à mener des enquêtes ainsi que de la volontédes seigneurs ou des autorités locales. Pendant la plus grandepartie de la période qui nous intéresse, le point de dêpart de cesincursions était le couvent dominicain de Lausanne, ce quiassure la pérennité aux mots deJean-MarieVidal, qui avait écriteî r9r3 que l'<inquisiteur [de <la Suisse de langue française>]rêside à Lausanner>6,. La série des inquisiteurs <lausannois>

59. AxorNltarrsN et Urz TR¡¡r¿p, <De I'hêrésie à la sorcelleriel, p.7 j.6o. VoirTableau r¡.6r. Le passage suivant est notamment inspirê par MalrR, Osron¡no et.Utz

Truue, <Le pouvoir de f inquísitionr, et de MopesrlN, <lJn inquisiteur pourtrois diocèses>, sans vouloir reprendre tous les points qui y sont abordés.

6 2. V IDAL, Bullaire, p. XY.

L'TNQU¡SITION ROM,4 ND,E 33'

remonte au dernier quart du XIVe siècle, une tradition qui a puétablir le couvent de la Madeleine (fondê en n34) commecentre de l'inquisition romande au détriment de celui de Genève(fondé en tz63),sans que les raisons de ce <privilège> ne soientélucidées6¡. La liste des inquisiteurs affiliés au couvent de laMadeleine se poursuit de façon quasi ininterrompue jusqu'audébut de I'année 1476, date de la dernière attestation connue deVictor Massenet comme inquisiteur de Lausanne. Après uninterlude aussi court que mouvementé en étê t476 qui vit ledominicain genevois Claude Rup en tant qu'inquisiteur dans les

diocèses de Genève et de Lausanne à la tête de l'office, les aÊfaires reprirent un cours plus rêgulier sous Thomas Goga (tqZfr48z), un autre frère genevois.

Le couvent de Plainpalais avait-il fini par supplanter celui dela Madeleine comme base de recrutement d'inquisiteurs? Nousignorons ce qui a motivé la promotion de deux Prêcheurs gene-vòis à l'oficiurn inquisitionis, d'autant plus que la géographie de larépression, dans la mesure où elle est connue, ne justifìe pas untel changement. Celui-ci s'explique probablement de façon plussimple: en r477,Thomas Goga était seul parmi les anciens vice-inquisiteurs de son prédécesseurVictor Massenet à ne pas avoirencouru des problèmes dans I'exercice de sa charge' Le succes-seur de Goga fut François Granet (t484-t494), à nouveau unfrère lausannois, qui à son tour avait êtê vice-inquisiteur sous

Goga (r48r). La fin du siècle sera marquée, nous le verrons, patla séparation d'une inquisition proprement <genevoise> de I'oÊfice jusqu'alors commun, avant que les bouleversements de laRéforme ne sonnent le glas de f inquisition tant à Genève qu'àLausanne. En ce qui concerne le diocèse de Sion, c'étaient sans

doute les aspirations politiques de l'évêque 'W'alter Supersaxo,

<chef spirituel qui conçoit son rôle comme celui de l'inquisiteurpour i'imposer comme seigneur suprême>6+, qui après se

èonquête du Bas*Valais en :'475-:^476 avaíent déjà barré l'accès à

la région aux inquisiteurs dominicains. Comme le successeur de'Walter Supersaxo, Jost de Silenen (t482-r496), mena une poli-tique semblable65,l'inquisition dominicaine ne reprit plus pieddans le diocèse de Sion.

63. Le troisième couvent dominicein de Suisse romande, celui de Coppet,date seuiement de t49o.

6a. Ch- et H.-R. Atr¿¡r¡aNN, <Un procès de sorcellerie devant Jost de Sile-nenD, p. 92.

6t. Ch. et H.-R. AMMANN, <lJn procès de sorcellerie devant Jost de Sile-nenD, p. 98-roo.

ß6 TNQU¡S¡?ION ET S O R C ELLERTE

Ijhistoire de l'inquisition romande est celle d'une ramifica-tion croissante. Ulric de Torrentê (t423-r442) est à notre con-naissance le seul inquisiteur à avoir exercé sa charge dans les troisdiocèses de son ressort. Son successeur Pierre d'Aulnay (t++6-1448) semble avoir concentré ses efforts sur le diocèse de Lau-sanne, avec une incursion dans celui de Genève en 1446, lors-qu'il remit au bras sécuiier un sujet du prieur bénédictin de Tal-loires en Haute-Savoie. Pierre d'Aulnay paraît avoir étê le pre-mier inquisiteur à avoir fait appel à un vice-inquisiteur, sonconfrère Henri Chouvet, qui s'initia au <métier> sous sa direc-tion lors de la chasse de 1448 dans la région deVevey.I-activitêpropre de Chouver þ449-t45o) se concentra sur le Bas-Valais,où il fut relayê dans la deuxième moitié des années r4to par sonsuccesseur Raymond de Rue $45vr462). Ce dernier dêputa en455 le frère genevois Pierre Ginod sur les bords du lac d'An-necy, où la répression frappa une nouvelle fois les terres duprieuré de Talloires. Trois ans plus tard, on retrouve Ginod enHaute-Savoie, cette fois-ci à Chamonix, où il procéda enautomne 14¡8 et au printemps 1459 contre plusieurs individus.Ensuite, il se dirigea, en traversânt probablement les Alpes, versleValais, où il s'occupa de trois femmes détenues par le châtelainsavoyard de Martigny 66.

Entre-temps, Raymond de Rue avait lui-même instruit en14¡8 dans le château épiscopal d'Ouchy un cas qui s'insère dansla première phase d'une chasse aux sorciers dans les seigneuriespériphériques de l'évêché de Lausanne. Quant à la secondevague de procès, se déroulant également à Ouchy en ocrobre146r, Raymond de Rue y paraît en retrait, se faisant représentersoit par le vicaire épiscopal Pierre Creschon, soit par son confrèreVictor Massenet. Crêé évêque titulaire d'Acre le 6 novembre146r, Raymond présenta Massenet comme son successeur devantle chapitre cathédral de Lausanne Ie z7 janvier 146z-

Attesté à Bagnes, possession de l'abbaye de Saint-Maurice, le5 llaai 146z lorsqu'il dêclara hérétique le noble François de laTour qui avait déjà subi une purgation canonique eî t4r7 devantRaymond de Rue, Victor Massenet se faisait le plus souventreprésenter comme inquisiteur, que ce soit à nouveau à Chamo-nix (t462), à Châtel-Saint-Denis F+6¡), dans les rerres duprieuré de Saint-Sulpice à l'ouest de Lausanne (r+6g) ou au châ-

66. Le procès d'une de ces femmes,Jaquette Pelorinaz, e êtê conservé avec1es procès-verbaux <lausannoisu dans le volume Ac zg.Voir son édition établiepar Chantal Ammann-Doubliez dans le prêsent volume.

L'¡NQU¡S¡?'ION ROMANDE 337

teau d'Ouchy þ469-147o). Le cas de Chamonix est révélateur deI'organisation territoriale de l'inquisition: I'enquête avaít êtêconfìée au frère genevois Claude Rup, qui prolongeait ainsi lasérie des vice-inquisiteurs issus du couvent de Plainpalais etmandatés pour instruire des affaires dans le diocèse de Genève.Après Pieåe Ginod et Claude Rup, Étienne Huguenod - pour-tant lecteur à Lausanne en 1474, mais transféré à Genève aumoment de s'occuper d'une affaire sur le bord du lac d'Annecyen 1477 - et Hugues Alexii, chargé d'un procès à Rolle dans lediocèse de Genève en l,487, continuèrerìt la liste. Dans ce sens, ilest licite de parler du couvent de Plainpalais comme d'une suc-cursale lausannoise.

C'est sous Thomas Goga que l'<appareil inquisitorial> attei-gnit sa plus grande extension, avec non moins de six vice-inqui-siteurs instruisant des cas à Ouchy (t477 et 479),Yt7lard-Cha-bod en Haute-Savoie (1477), au Châtelard dans la paroisse deMontreux et aux Clêes (r48o), dans les terres du comte de Neu-châtel (r48r), à Oron (ra8z) et à Evian en Haute-Savoie (r483).Parmi les vicaires inquisitoriaux recrutés à cette époque, il fautdistinguer les frères dõnt f implication dans les affaires de sorcel-lerie devait rester épisodique - Claude Ypolitano (dont onignore même s'il était vraiment dominicain) et André Ligeti -des frères (expertsD cornme Pierre Pascua, employé tantôt cornrneprocureur de la foi (t4t7, r46r, r477), tantôt coulme vice-inqui-siteur (r4¡7, 1477),Jean Blanchet et François Granet. Blanchetest attesté entre le ry et, le tg avrll r48o au Châteiard, où il ins-truisit un cas avant de retourner temporairement à Lausanne.Après le z3 mai, il se rendit au château des Clées pour procédercontre un individu qui avait été dénoncé au cours d'un procèsdont les actes sont perdus.Toujours en r48o, on retrouYe Blan-chet au Châtelard, où il présida à partir du 6 novembre le tribu-nal appelé à statuer sur le sort d'une suspecte. Pendant le procès,il s'absenta momentanément, occupé p$ <certaines autresaffaires> ayant trait à son <offìce>. Après cette année chargée,Blanchet rêapparaît dans un contexte inquisitorial en avril 1482,

quand il instruisit un procès à Oron, avant d'assister le mêmemois à la tentative d'une purgation canonique de la part d'unnotable veveysan6T. En octobre de I'année suivante, il p-rocéda

finalement à Evian contre un sujet du seigneur de Coudrée en

67. La source lacunaire ne permet pas de trancher si cette tentative fut cou-ronnée de succès; voir M¡¡¡n, Tiente dns, p. 389-39o.

338INQUISITf ON ET S ORCELLERIE

Haute-Savoie68. Ensuite, la trace de ce vice-inquisiteur zélé se

perd.Le troisième (expertD que nous avons évoqué est François Gra-

net, représentant de Thomas Goga dans les possessions du comtede Neuchâtel en r48r. Granet sera le successeur de Goga conlmeinquisiteur à partir de 1484 et restera en charge pendant unedizaine d'années. Sa dernière attestation coûrme inquisiteur tra-hit les déboires dans lesquels il devait se trouver alors: le ¡6 marsr494,le maître-gênêral de I'ordre sornma Granet, alors <inquisi-teur de Lausanne>>, sous peine d'excommunication et de suspen-sion de son offìce inquisitorial, de s'arranger avec les frères ducouvent genevois au sujet de r4z florins laissés par feu le frère

Jean Blanchet, sans doute le vice-inquisiteur dont nous avonsparlé et qui était mort entre-temps. Après un laps de temps dequâtre ans, à savoir le ro juin 1498,le maître-général ordonna à

Granet de tenir ses promesses - cette fois-ci envers le couvent deLausanne - <au sujet de l'inquisition> (de inquísitione), sans quel'on n'apprenne ce qui a pu motiver cet ordre.Toujours est-il queGranet ne porte plus le titre d'inquisiteur à ce moment-là.

Son successeur fut François Palmier, nommé le z juillet r¡o3comme inquisiteur dans les cités et diocèses de Lausanne et deSion. Son ressort s'était passablement amoindri depuis les tempsde Victor Massenet: la perle du Bas-Valaís en r475-1476 par lepouvoir savoyard, qui - contrairement à l'évêque de Sion - avaitdélibérément coopéré avec f inquisition dominicaine, avait sous-traít à cette dernière (sa)) part du diocèse de Sion. En plus, f ins-titution d'un inquisiteur <proprement genevois> en la personnedeJean Muserii, qualifiê le 8 septembre r¡oz de prior et inquisí-tor Gebenensis, avait consommé une scission - peut-être annon-cée - du ressort initial.Jusqu'à la fìn du XVe siècle,la répressiondans le diocèse de Genève êtait confiée régulièrement à un vice-inquisiteur choisi parmi les frères du couvent de Plainpalais, pro-cédant au nom d'un inquisiteur issu, quant à lui, le plus souventde la Madeleine (Raymond de Rue,Victor Massenet, François

68. Le procès d'Évian, qui dura une semaine à partir du 7 octobre 1483, eutlieu après la dernière attestâtion de Thomas Goga comme inquisiteur (avrilr48z). Dans les actes du procès d'Evian,Jean Blanchet est intitulé <vice-inqui-siteur général>, sans indication d'un inquisiteur préposé (BPU Genève, ms. lat.63 [anciennecoteSenebierp-t92et suiv.],fol.2r.).C'estpeut-êteunindicequela charge d'inquisiteur était vacante à ce moment-là. Malheureusement, le nomdu <seigneur inquisiteur> qui prêcha le Carême à Estavayer-le-Lac en r483 n'estpâs connu; voirJÄcct, Untersuchungen zum Klerus,p. 43o.

¿'INQU¡SIT¡ON ROMI4NDE 339

Granet). Dans les années r4g7-r49g, peu avânt la séparation pourainsi dire formelle qui se réalisera avec la nomination de JeanMuserii et François Palmier à la tête de <leurs> inquisitions res-pectives, on observe dans chacun des deux diocèses concernésun <vice-inquisiteur gênêralr> à l'æuvre: dans le diocèse deGenève, ce íut Jean Guynod, qui instruisit en t4g7 et :-499 troisprocès contre des ressortissants du mandement épiscopal dePeney6l; dans celui de Lausanne, ce fut François Fossaud, quiprésida en 1498 le tribunal d'inquisition à Dommartin, une sei-gneurie appartenant au chapitre cathédralzo. Un élément curieux:si Guynod est cité avec la titulature de vice-inquisiteur soit dansla cité et le diocèse de Genève, soit dans le diocèse de Genèveseul, celle de Fossaud comporte l'ensemble des trois diocèsesromands! Peut-être un signe que la rêpartition en deux ressortsn'était pas encore réalisée à ce moment-là, même si elle devaitêtre imminente, compte tenu de l¿ nomination de Jean Guynodà Genève. Dans ce sens, l'apparition quasi simultanée de ces

deux vice-inquisiteurs pourrait avoir préfiguré la séparationdevenue effective peu de temps après. On peut même se deman-der si l'installation de deux vice-inquisiteurs généraux <députéspar l'autorité apostolique> n'était pas censée préparer cette sépa-ration, à un moment où la charge d'inquisiteur titulaire - d'aprèsles sources disponibles - était v^canteTr-

La division du ressort initial (ou de ce qui en restait après la(perteD du Bas-Valais) était irréversible. C'est du moins ce quesuggère la nomination simultanée d'un vice-inquisiteur propreau diocèse de Genève. Dans cette fonction, on trouve le frèreÉtienne de Genthod, qui remit au bras sêculier le ro septembrerto2 une ressortissante des terres de I'abbaye d'Abondance(Haute-Savoie). Linquisiteur en charge devait êtreJean Museriiqui, nous l'avons vu, est attesté le 8 septembre r¡oz commeinquisiteur de Genève. I1 disposait donc de son propre <appareil>,ce qui lui permettait de vaquer à d'autres occupations: ce 8 sep-tembre r¡oz, Muserii, un ancien prieur de Plainpalais, obtint eneffet du maître-général la permission de suivre la cour de René,bâtard de Savoie. Etienne de Genthod devint par ailleurs à sontour inquisiteuq même s'il n'est attesté coÍrme tel qu'en r¡27.

69. Les sources en question ont été éditées et analysées dans SitøoN, <'Sijele ueux, il mourra!'>.

7o. Les procès de Domma¡tin font I'objet de Prtstnn, L'enfer sur terre.

7r. Ces remarques rejoignent celles que nous âvons faites.au sujet de l'appa-rition deJean Blanchet comme <vice-inquisiteur généraln à Evian en 1483 (voirsupra n.68).

340rNQUrSr¡ON ËT S OR CË¿LERIE

Cet intervalle important pourrait s'expliquer pâr un état dessources plus lacunaire après le tournant du XVIe siècle, et peut-être aussi par un certain relâchement de l'activité inquisitoriale- du moins dominicaine - dans les deux diocèses concernés72.À L"nr"ttt., des problèmes propres au couvent de la Madeleinen'étaient probablement pas êtrangers au déclin de l'inquisitionexercée par les frères: citons les cas de François Granet et deFrançois Fossaud, tous deux une fois ou I'autre aux prises avecl'hiérarchie de l'ordrezl. Les procès qui eurent lieu en Ír24 etr¡28 à Dommartin ne furent plus instruits par un Frère prê-cheur, mais par François Cabaret, un chanoine régulier de Saint-Maire attesté en 15z6 comme sous-prieur, à qui le chapitrecathêdral corrune seigneur du lieu avait confiê la direction desinterrogatoires, tout en se rêservant le jugementTa. Quant à lasentence interlocutoire prononcée en r5z9 dans des circons-tances non entièrement élucidées par François Fossaud contreun homme suspect d'hérésie, elle fut désavouée par le conseil etle rière-conseil de Lausanne, qui décidèrerit que cet homme nedevait pas être torturé, mais remis en liberté, ce qui fut commu-niqué à l'évêque.

En ce qui concerne les Prêcheurs genevois, ils étaient êtran-gers à l'enquête menée en rt3o auprès de la population du man-dat êpiscopal de Peney pour dénicher des hérétiques. Cetteenquête avait êtê prêpaÉe par une monition sans doutepublique du frère François de Saint-Martin, <vicaire pour lesaffaires en matière de foi dans la cité et le diocèse de Genève>,qui avait reçu son mandat de l'évêque, et fut mise par écrit parle notaire Jean Butin, qui s'intitulait lui-même (procureur de lafoír>zs. En novembre tt34, alors que le couvent dominicain étaitdéjà sous tutelle des conseils de Genève76, ce fut le dominicain

72. Soulevons toutefois 1e problème que la documentation à dispositionconstitue seulement la pointe visible de la persécution de la sorcellerie. Pourune estimation plus juste du nombre des victimes de la répression, il faudraitdépouilller systématiquement les comptes des châtellenies relevant de la maisonde Savoie ou d'aut¡es seigneurs dens notre région, à la ¡echerche d'échutes oude frais de justice.Voir à ce sujet ia conclusion du prêsent volume, p. 5r¡-5r8.

73. En ce qui concerne la mise en garde adressée le z¡ février r5r3 par lemaître général au prieur et aux Íìères lausannois de ne pas gêner leur inquisi-teur dans son ofûce et de lui restituer ses affaires, nous sornmes plus enclins à yvoir le reflet d'une tentative d'obstruer une enquête disciplinaire interne aucouvent qu'une affaire de foi; voir Sr¡ru¡¡c-M¡cH,ruD, (Les Frères-Prêcheurs>,p.6z,no ry.

74. Au sujet de ces procès, voir Csorr¡r, La sorcellerie.

75. Au sujet de cette enquête, voir Sttvlor.¡, 'Si je le veux, il mourra!'.76. Yoir HS, lY / 5, p. 366-369, sp. p. 367.

¿,INQUIS¡T¡ON ROMINDE 34r

annécien Amêdée Lambert, <inquisiteur de la dépravation héré-tique dans tout le duché de Savoie>, qui procêda de concert avec

le juge séculier concernê contre trois ressorfissantes de la sei-gneurie deYiryzz. Peu de temps après, la Réforme mit fin auxcommunautés des Prêcheurs de Genève et de Lausanne.

Tableau t t: Les inquisiteurs et uice-ínquisiteurs actfs dans les diocèses

de Lausanne (U, Genève (C) et Sion (S). Les noms desfrères ffiliésau couvent genevois de Plairytaløis sont en italique.

77. C.Duvlrt et E. DuoolN, oP¡ocès de sorciers à Viry, baiiliage de Ternier,de r534 à r¡48>, Bulletìn de l'Institut natíonal genetoís, z4 þ882),P.299-t1r,sp'P.t26-344.

Années Inquisiteurs Activitê Vice-inquisiteurs Acrivité

,375 François de Moudon 1375 Fribourg (L)

r398-t4o4 ffumbert Franconis 1399 Fribourg (L)

r4r7 Jean des Clées r4r7 Fribourg (L)

1423-r442 Lllric de Torrenté r423-t424 Lausanne (L) -r4z8 dêbut des persécu-tions sur les terres del'abbaye de Saint-Mauri-ce (S) - t4z9-r43oFri-bourg (L) - r43o Genè-ve (G) - 1438 l)ommartinet Lausanne (L) - t+SgNeuchâtel (Q

r446-t448 Pierre d'.Aulnay r446Terres du prieuré def alloires, Haute-Savoie(G) - raaS Tþrres del'abbaye de Romainmô-tier, La Tour-de-Peilz,Champvent (L)

Flenri Chouvet 1448 LaTour-dePeilz (L)

t449-t4to Henri Chouvet 1449 Oucþ &) - t++sConthey (S) - t45o peut-êrreTroistorrents (S)

r45r-r462 Raymond de Rue t456-r458 Terres del'abbaye de Saint-Mauri-ce (S) - r4¡8 Ouchy (L)

Piene Ginod

Pier¡e Pascua

r4¡5 Terres duprieuré de lalloires,Haute Savoie (G) -t418-r459 Chamonix,Haute-Savoie (G) -ra¡9 Martigny (S)

14¡7 Bag-nes (S)

342¡NQU¡SÍ?ION ET S ORCELLERIE

78. Rup est cité le rz juin ¡4Zz comme inquisiteur dans le diocèse deGenève; HS, IVl¡, p. 38r.

Pierre BorelliVictor Massenet

r4¡8 Ouchy (L)146r Ouchy (L)

t46z-t476 Victor Massenet t46zTerres de I'abbayede Saint-Maurice (S)

Clauile Rup

Damien Berruerii

Thomas Coga

Brioletus Ribodi

146z Chamonix,Haute-Savoie (G) -r47z Genève (ò)'781465 Châtel-Saint-Denis (L)1469Terres duprieurê de Saint-Suþce (L) - t469-r470r474

Ouchy (L)Conthey (S)

r476 Cløuile Rup 1476 peut-êtreLausanne (l)

r477-r482 Thomas Goga Pierre Pascua etClaudeYpolitanoEtienne Huguenoil

André LigetiJean Blanchet

François Granet

477 Ouchy (L)

r477Villard-Chabod,Haute-Savoie (G)

47e Oachy (L)r48o Le Châtelardet Les Clées (L) -r48z Oron (L) -1483 Evian (G)r48r Terres du comtede Neuchâtel (L)

r484-t494 François Granet

ra87 Rolle (G)

Damien Berruerii

Hugues Alexíi

1484 Attalens (L)ra87 Ouchy (?) (Q1487 Rolle (G)

t486 Antoine Penneti

Inquisition ilans le diocèse de Lausanne Inqußition dans le díoeèse ile Cenèue

f4g8 François Fossaud, wice-inquisiteurgénéral> dans les diocèses de Lausanne,Genève (!) et Sion

r497-r499 Jean Cuynoil, <vice-inquisiteur général>dans le diocèse de Genève

rro3-I to4

François Palmier, inquisiteur dans lesdiocèses de Lausanne et Sion

tt02 Jean Muserü, inquisiteur dans le diocèsede Genève; son vice-inquisiteur étaitÊtìenne de Genthoil þ5oz)

ft29 François Fossaud r527 Étienne de Genthod,inqaísiteur dans lediocèse de Genève

UINQUISITION ROMI4NDE 343

Envíronnement p olitíque

Plus on travaille sur I'inquisition, plus on se rend compte deI'importance primordiale du contexte politique de la répression.I1 faudrait en effet déterminer pour chaque procès les circons-tances ayant permis, voire favorisé ou déclenché l'éclosion d'uneaffafue de sorcellerie et son instruction par un tribunal. Les pagesqui suivent ne se veulent donc pas exhaustives. I1 s'agit simple-ment d'une tentative d'avant-propos pour une histoire politiquede la répression de la sorcellerie en Suisse romande à l'époquemédiévale, qui, quant à elle, attend encore d'ètre ê,critels.

Les théories visant à êtablir une relation de cause à effet entrel'émergence de l'État-nation et la centralisation du pouvoir quis'ensuit avec la flambée du nombre de procès à l'époque mo-derne ont été contredites pour de bonnes raisonsSo. 11 semble aucontraire que c'est plutôt I'absence d'un pouvoir central fort, enmesure d'imposer une procédure uniformisée et de corriger lesexactions des instances locales, qui air contribué à multiplier lesbûchers: un état de fait dans lequel on reconnaît la situation enSuisse romande, evec sa géographie seigneuriale éclatée. Maiscela n'explique pas tout. Robin Briggs a constaté dans un articledes plus lucides que des problèmes complexes tels que la sorcel-lerie n'ont probablement jamais de causes simples ou clairementidentifiables; et de poursuivre que la théorie du chaos serait lemodèle le plus approprié pour en rendre comptesr. D'un autrecôté, le même auteur note qu'une raison pour étudier tout demême la répression de la sorcellerie est la nouvelle lumièrequ'elle jette sur d'autres sujets8z, dont - ajoutons-nous - lasituation politique à un moment donné.

79. Nous renonçons à donner ici une liste de travaux <précurseurs>, câr unepisce politique se dessine à travers la quasi-totaiité des travaux publiés sur la sor-cellerie en Suisse romande à l'époque mêdíévale. Sur la question en génêral,voir les différentes contributions dans Hexeruerfolgung und Herrschaftspraxß.

8o. Voir à ce sujet B. P. LEvAcK, <State-building and witch hunting in earþmodern Europer, dans Wítchuaft ín eaþ modern Europe. Studies in cuhurc and belief,

éd. parJ. Bannv, M. lIEsreR et G. RosrRTs, Cambridge ry98 (1996),p.96-tr5.8¡, Btlccs, <'Many reasons why'r, p. ¡3 (<,Although it may not be capable of

formal expression, I suspect there is an explanatory law which dictates thatcomplex problems of this rype never have simple or precisely identifiablecauses. [...] Once we start aggregating, the variables multiply so fast that chaostheory with its petterns of unpredictabíliry is the scientifìc model which bestfits the case>).

82. BnIccs, t'Many reasons why'>, p. 5o.

344 INQUIS/TION ET S ORCELLË,RIË,

Le détenteur du pouvoir, que ce soit un seigneur ecclésias-tique ou séculier, se faisait représenter lors d'un procès par unchâtelain ou un vice-châtelain. Cela s'explique par deux raisonscomplémentaires: d'un côté, le seigneur exerçait ainsi un regardsur ce qui passait dans l'intimité de la salle du tribunalsr; deI'autre, c'êtait lui qui incarnait par le truchement de ses officiersle bras séculier, auquel les accusés étaient livrés en cas decondamnation. Pour les malheureux qui devaient de cette façonêtre remis au bras séculie¡ le supplice recommençait, même si ledeuxième procès, séculier cette fois-ci, auquel ils étaient astreintsdevant le tribunal de leur seigneur était plus court que le précé-dent, se réduisant souvent à une seconde sentence34. On com-prend dès lors pourquoi la bonne collaboration entre i'inquisi-tion dominicaine et épiscopale d'une part, le pouvoir locald'autre part, êtait, primordiale pour assurer le <bon> déroulementd'un procès, eui se tenait en règle générale sur les terres du sei-gneur à qui incombaient les droits de juridiction. Les jugesecclêsiastiques par contre étaient astreints à des voyages quis'avéraient parfois assez longs pour se rendre sur place. IJinqui-sition romande était donc un organe itinérant qui ne s'établissaitque pour la durée d'un, voire plusieurs procès à un endroitdonné, souvent le château du seigneur, où étaient égalementdétenus les sorciers prêsumés.

La proximité du château d'Ouchy avec Lausanne - <siège> def inquisiteur seulement dans le sens que la plupart des inquisi-teurs sont issus du couvent dominicain de la ville - ne doit pasnous induire en erreur. Ouchy était un châte¿u épiscopal. S'il aabrité des procès, ce n'est pas parce que I'inquisition s'y serait enquelque sorte êtablie, mais parce que l'évêque de Lausanne avaitfait valoir dans les affaires en question ses droits en tant que sei-gneur temporel. Énoqoorrs à cè sujet les procès de 14¡8 åt 46r,dirigés contre des ressortissants des possessions périphériques del'évêque8l. (Jn autre cas est celui deJaquerte, veurre deJunod deClause, de Vufflens-la-Vil1e, dont le procès fut amorcê à Ouchyle ¡o décembrc t46g. C'est seulement après une analyse desdépendances seigneuriales que se dessine une réponse à la ques-

83. Voir à ce sujet MoDEsrIN, <Contrôler la mémoiren.84. Voir dans le présent volume MoDEsrIN, <La remise au bras séculier>.8¡. Voir à ce sujet MoDESTIN, Le díable. Les intérêts de l'évêque de Lausanne

dans les trois procès de la chasse du tournant des années t48o instruits à Ouchy(les actes sont édités dans Ma¡rR, Tiente ans) ne sont pas entièrement êlucidés;voir Urz TnBvp et Mop¡st¡¡¡, rGerichtsnutzung von 'oben' und von 'unten'op. rt2-1t:,, ainsi que Mopssrr¡.r, nUn inquisiteur pour trois diocèsesr, n. ¡r.

L'TNQUTSITION ROMANDE 34t

tion de savoir pourquoi Jaquette wait êté transférée dans le châ-teau épiscopaltd. I est par ailleurs significatif que le châteaud'Ouchy comme lieu de détention et de jugement ait souventdonné lieu à des controverses. Dans le contexte de tensions entrel'évêque et ses sujets, surtout lausannois, qui s'exacerbèrent sousl'épiscopat de Benoît de Montferrand (t476-r49t),le châteauépiscopal apparaissait comÍre symbole de la puissance, voire del'arbitraire de i'évêque, qui y tenait des gens captiß en violationdes franchises lausannoises 87.

Plus qu'un acte administratif, le fait de rendre la justice étaitau Moyen Age, pour citer Paolo Gallone, <le signe le plus mani-feste de la souveraineté>88. Empiéter sur les droits d'autrui signi-fiait contester cette souveraineté. Le cas de Dommartin est unexemple parlant pour illustrer ce principe: la seigneurie, située à

quelque quinze kilomètres au nord-est de Lausanne, était unechâtellenie du chapitre cathédral de Lausanne, qui y exerçaitI'omnimode juridiction. Les relations entre le chapitre, désirant<se soustraire à la juridiction de l'évêque>, er ce dernier, (enten-dant de son côté maintenir son autorité sur la cathédrale> 81,

étaient par moments des plus tendues. La pierre d'achoppementétait double: l'étendue de la juridiction épiscopale sur le chapitreet ses sujets ainsi que le droit de visite contesté à l'évêquelo.<L histoire ecclésiastique de Lausanne est en effet marquée>, écritDanielle Anex-Cabanis, <par une longue suite de querelles plusou moins violentes, vidées par des sentences arbitrales, à chaquefois proclamées définitives et constemment remises en ques-tion>9¡. La chasse aux sorciers et sorcières n'échappe pas à cemécanisme, au contraire: elle accentuait les différends. A Dom-martin, déjà frappé par Ia rêpression exercée en r438 par I'inqui-

86. Voir dans le présent volume UrzTnnrvrr, daquette de Clause þ469),:unemarâtre mal aimée>.

87. À ce sujet, voir inJra Moonsrtx et TnÉv¡w¡z MoDEsrIN, <'Ad combu-rendum dicrum cadaver'>.

88. GALLoNE, Oryanísation judiciøire, p.32. Dans Ie contexte de la répressionde la sorcellerie, voir aussi Volttr¿sR, <Hexenprozesse und Hochgerichteo,p. 479-48o et n. r8: <Der unbestrittene Besitz von hoherJurisdiktion und ihreAusübung bildeten die wichtigsten Fakcoren beimAusbau der Landeshoheit>.

89. Garroxe, Organisatíon judiciaire, p. 67.

9o. Sur les aléas de la lutte entre l'évêque et le chapitre, voir Dupn.¡2, Lacathédrule de Lausanne, p. 326-y7; GarroN¡, Organisation judicíøhe, p. 67-69 etAN¡x-C¡n¡N¡s, <Rapports entre l'évêque et le chapitre de Notre-Dame deLausanne>.

9r. A¡tnx-CaaANIs, (Rapports entre l'évêque et le chapitre de Notre-Damede Lausanne>, p.9B.

346/NQU/SITION ET S O RC ELLE RI E

siteur (Jlric de Torrenté, quant à lui encadré par lejuge du cha-pitre et un procureur de la foi recruté parmi le clergé de lacathêdralegz, un nouveau tribunal ecclésiastique s'installa enr498. Uinquisiteur, en I'occurrence le vice-inquisiteur FrançoisFossaud, êtaít tiralllê entre le chapitre, seigneur temporel du lieu,soucieux de ses droits, et l'êvêque qui réclamait pour lui la juri-diction en cas d'hérésieg¡. Nous ne pouvons pas revenir ici surl'enchevêtrement institutionnel à I'arrière-plan de ces procès.Notons cependant que la manière dont ils furent instruits ainsique l'enquête menée peu de temps auparavant par le chapitrepour débusquer des hérêtiques cachés dans ses terres consti-tuaient autant de <poinres> contre l'évêque, par lesquelles le cha-pitre s'afnirmait comme seigneur temporel e/ spirituel. En r5z4encore,Jean Costable, châtelain de Dommartin et juge séculierdu chapitre, dut comparaître devant le dernier évêque de Lau-sanne, Sébastien de Montfalcon (t5ry-r536), pour avoir engagédes poursuites contre plusieurs sorciers et sorcières94 - ce qui nel'empêcha par ailleurs pas de poursuivre sa besogne, assisté parun chanoine régulier de Saint-Maire, François Cabareti, que lechapitre avait lui-même recruté comme <inquisiteuo.

Loin d'être de simples <bruits de fond>, des conflits juridic-tionnels étaient susceptibles d'attiser la répression lorsqu'un sei-gneur recourait à des procès afin de consolider des droits mena-cés. Nous soupçonnons l'évêque Georges de Saluces - qui avaitdéjà été à I'origine d'une chasse en 1448 - d'avoir utilisé cemoyen en r46t:. on observe en effet une étrange corncidencetemporelle entre la persécution dans la seigneurie épiscopale deLa Roche et des velléités expansionnistes de la ville de Fribourgdans la région concernée9t. Les Fribourgeois eux-mêmes sem-blent d'ailleurs s'être servis de procès entre 1438 et r44z poursouligner leurs prétentions sur des possessions qui leur échap-paienl momentanêment96. I)ans de nombreux cas, I'utilisation- consciente ou non97 - d'un procès de sorcellerie à des fins

92. ANolNv,ttr¡¡¡ et urz Tn¡¡r¿p, <De I'hérêsie à la so¡cellerie>,p.92-9j.93. Voir Pnsrrn, L'enfer sur terrc,p. r47-tq9; Urz Tn-Eiran et MooEsTrN, <un

'laissez-passer'pour l'inquisiteurD, p. 78-87, et, iz¡fra MonnnoD, <La sentence'neuchâteloise'o.

94. Cuorrar, La sorcellerie, p. r4¡-r48 et zo8-z¡r (édition de la lettre testi-moniale relatant cette comparution).

9t. TIoDESTIN, <Des Bischoß letzte Tage>.

96. A. ce sujet, voir MoDEsrIN, <Der Teufel in der Landscha{r>, p. 83-94.97. Sur la question épineuse de savoir dans quelle mesure cette utilisation

était consciente ou inconsciente, voir VoLTMER, <Hexenprozesse und Hochge-richter, p.486-488.

ri¡NQUrs¡TTON ROMANDE 347

politiques ne se laisse pas directement prouver: nous sofitmesréduits à rassembler des indices, le plus souvent des coïncidencestemporelles (suspectesD. Rares sont les exemples où un tel <non-dio est ouvertement exprimé, même si ce n'est que rétrospecti-vement: ainsi, dans le litige opposant en 146z devant le bailli deVaud Louis Bonivard, un noble savoyard, et la ville de Fribourg,Bonivard fonda ses prétentions sur la seigneurie disputée de Châ-tel-Saint-Denis entre autres sur le fait que ses châtelains y avaientjadis exercé la hautejuridiction en faisant brûler des hérériquesls.En sortant du cadre romand, on pourrait également évoquer lecas de la Léventine, touchée dans les années r4fl-r4t9 par unevague de procès, qui a été mise en râpport avec des tensions entreles (Jranais et le duc de Milan pour la maîtrise de la Léventine.Dans ce contexte, les procès apparaissent cornme une tentative dela part d'une juridiction inGrieure, celle du tribunal de la vallée,d'a.ffi.rmer son autonomie pâr rapport au seigneur potentielgg. La<haute politique> n'était pourtant pas la seule sphère où la sorcel-lerie pouvait être exploitée: qu'il s'agisse de punir des <assassins>

ou <séditieuxr ou de se débarrasser d'un particulier à l'aide d'ungrocèsroo,l'accusafion de sorcellerie se prêtait à des fins diverses.Etant improuvable sauf par des aveux extorqués par diversesmesures de coercition, el1e était aussi infalsifiable.

11 va de soi que notre approche ne rend pas compte de toutela complexité du problème, la persécution de sorciers et sorcièresétant un phénomène aux multiples variables et aux causalitésincertaines. Il ne s'agit pas non plus de nier l'existence de peursréelles qui ont pu être à I'origine d'accusations et de procès. Despeurs de ce genre étaient cependant beaucoup plus répandues etplus fréquentes que les procès ayant effectivement eu lieuror.Pour mettre en marche la machine répressive, il fallait donc uneconvergence de circonstances particulières.

98. Voir à ce sujet Moorstll't, <Wozu braucht man Hexen?D, p. rr2-r14.99, Cette interprétation a été développée dans ScHtrzMaNN, Verilorrende

Bäutne, p. 283-297, sp. p, 29t (nDie Prozesse e¡scheinen [,..] als Versuch einerperipheren Gerichtsbarkeit, im Gerangel verschiedener grösserer Mächte umKompetenzen eine eigenständige Rolle zu spielen und damit Unabhängigkeitzu beweisen>).

roo. Voir à ce sujet UTz TR¡Mr et Moorsuru, <Gerichtsnutzung von'oben'und von runten'D.

ror. Rappelons à ce sujet les mots de Robin Briggs: swe need to remindourselves constantly that there was a virtually endless supply ofready-made sus-pects, of whom only a small proportion were t¡ied and convicted>; Io., r'Manyreâsons why'o, p. tt.

INQUISITEIIRS ET VI CE-INQUISITEURS

Listes précédentes d'inquisiteurs : REylvloND, Les dignìtaíre s, p. 9 r ;ID., <Le couvenþ), p. 27o - MÁ,IER, OstoRrno et Utz TREup,<Le pouvoir de l'inquisition>, p. 257-258.

François de Moudon OP. Inquisiteut ryTt. Il est attestépour la première fois comme termìnarius du couvent lausannoisà Romont le z9 septembre t36or. Quatre ans plus tard, le z5 mairy64,Irmêðée VI, comte de Savoie, adressa à Urbain Y $362-ry7o) une supplique en sa faveur, priant le pape d'accorder à

François le poste de lecteur des sentences au studiurn de Paris oudans une autre école parisienne pour I'année t366; par la suite,le comte sòllicitait Urbain de promouvoir le dominicain aumagistère en théologie au terme de sa lectura. La supplique per-met de cerner les diftrentes étapes de la carrière intellectuellede François: suite à de <longues> êtudes, entre âutres at studíumparisien, il aurait rempli I'ofüce de lecteur des sentences et dephilosophie morale à Orléans, puis celui de lecteur à Besançonet à Lyon 2. En r37 5 , portant les titres de magístet et de professeurde théologie, il est attesté pour la première et aussi dernière foisconìme inquisiteur par I'autoritê apostolique: il avait procêdécontre dix-huit ou dix-neuf béguines âppartenant à la maisondite du Libre Esprit (domus eís Franches) à Fribourg3. Les femrnesavaient cependant été défendues par le franciscain Henri Ratz,qualifié de jurisperitus, qui aveit fait appel au Saint-Siège. Sesdémarches furent couronnées de succès, car François, dont laqualité d'inquisiteur fut à cette occasion contestée (hereticae pra-uitatìs - ut asseruít - ìnquísitot), dut consentir le r ¡ novembre dansla cathêdrale de Lausanne à un compromis (compromíssio) imposéper un commissaire épiscopal, entérinant I'abandon de l'en-quête+. Après cet êchec, le premier inquisiteur connu en Suisseromande resta au couvent lausannois comme lecteur; il apparaîtdans cette fonction pour la dernière fois le 3o juillet r39tt.

t . HS, lY / 5, p. 425.z. B. ANprNu¡trEN, <Les stuilía des ordres mendiants à Lausanne (XIIIe-

XVIe siècles)r, dans Ecole et uie intellectuelle à Lausanne au Moyen-Age, textesréunis par A. Pan¡v¡cINI Bacriarsr, Lausanne 1987 (Etudes et documents pour

3to ¡NQUISITION E7 S OR CE¿LER¡Ë

servir à I'histoi¡e de I'Université de Lausanne, rz),p.73-93, sp. p. 8z (reproduc-tion de la supplique p. 83. Celle-ci est publiée dans Chartularium UniuersítatísPaisiensis, vol. 3, éd. l{. DnuIrl¡ et E. CHÂTTLAIN, Paris r894, p. rrz).

3. Au sujet de cette maison, voir HS, lX/ z, p. 3j4-336, sp. p. 134.4. AnorxuarrnN et lJrz TR¡ptp, <De I'hérésie à la sorcellerieÐ, p. 74-7t,

ainsi qu'lJrz Tnrun, <Ist Glaubenssache Frauensache?>, p. rt-2o et a9-¡o (édi-tion d'une copie de l'acte, I'original étant introuvable).

1. HS,IY/ 5, p. 4¡6 (pour des attestations en t377 et 1386, voir p. 432,n.69).

ÉIurnbert Franconis OP. Inquisiteur r398-r4o4. Maître enthéologie, Humbert Franconis est attesté au couvent lausannoisentre rj66 et r4a4. Il était probablement un parent du donzelNicolet Franconis de Lausanne qui testa en t378, faisant appel àlui com¡ne têmoinr. En r398, r1,gg et r4o4, Humbert portait letitre d'inquisiteur2; en ,.j9g, il était lecteur3. En tant qu'inquisi-teur, il instruisit notamment le premier procès contre les vaudoisde Fribourg en t3g9. Le zB novembre, l'évêque de LausanneGuillaume de Menthonay þ394-t4o6) le désigna à cette tâchequ'il accomplit avec Guillaume deVufflens, gardien des francis-cains de Lausanne4, et I'official Aymon de Taninges. Très tôtcependant, l'enquête s'enlisa, ne serait-ce que par le refus desautorités bernoises, qui avaient pourtant elles-mêmes déclenchéI'affaire en transmettant à leurs homologues fribourgeois uneliste de suspects, de communiquer à I'inquisiteur les actes duprocès qui venait de se terminer à Berne. Face au silence desprévenus, Franconis dut se résoudre à abandonner la cause et à

absoudre l'ensemble des accusés le z3 décembre t3995.

r. Gnnuauo, Documents,t. 6 (t375-t4oz),p. ,43-r++,n" ,t7t (1378 [sept. 3]).z. IJrz Tnrur, Quellen, p. ¡8¡-¡86, n. r.t' SS'rY/5,P' a56'4. A son sujet, voir HS,Y/r,p. 395.¡. Pour le procès de 1399, voir K. Urz Tn.¡vtp, <Der Freiburger'Waldenser-

prozess vorl r39g und seine bernischeVorgeschichte>, FC,68 $99r), p. ¡7-85, etEto., Quellen,p.tgj-244 et p. 58¡-635 pour l'édition des sou¡ces respectives.

Jean des Clées (de Cletìs) OP. Inquisiteur r4r7. En 1398-t399,lean des Clées, qui était le filleul et héritier universel d'unchapelain d'Estavayer, est attesté comme prieur des dominicainslausannoisr. 11 réapparaît dans le contexte de la visite des églisesdans le diocèse de Lausanne de 1416-1 4t7: le lundi z5 janvierr4t7,tn prédicateur ayant prêché <des choses sentant I'hérésie>révoqua ses erreurs à Fribourg devant Jean des Clées, qualifié à

cette occasion d'inquisitor hereticorum, et \e frère mineur Pierre

L' T N QU I S IT I ON ROM,{NDE 3tr

maître en thêologie et êvêque de Squillace (Italie, Calabre)2. Leprotocole de la visite laisse entendre que cette rétractation avaitété le résultat d'une procédure particulière, dont les détails nesont cependant pas connus3. (Jne incertitude subsiste égalementsur I'identité des visiteu¡s4, ce qui ne permet pas de déterminerplus précisément la part de Jean des Clées dans le déroulementde cette inspection.

t. HS,IY/1,p.446.z. A son sujet, voir HS,l/a,p.199-2oo.3. La uisite des ëglises du diocèse de Ldusdnne en t4t6-r4r7, Lausanne rgzr

(MDR, ll/rt),p. r45.4. La uisíte ìles êglíses du diocèse de Lausanne en r4t6-14t7, p. II-III.

Illric de Torrenté OP. Inquisiteur T.4zt-r442. C'est l'inqui-siteur le plus zêlé de la première moitié du XVe siècle, et c'estavec lui que l'office de I'inquisition s'institutionnalise en Suisseromande. Ulric est cité une première fois en 1419 comme prieurdu couvent de Lausanner. Quatre ans plus tard, il fut impliquédans I'affaire Nicolas Serrurier, un frère augustin originaire deTournai dont les prédications anticléricales avaient été jugéeshérétiques2. À la fin de l'année 1423, Serrurier fut arrêté à Lau-sanne. MartinY (r4r7-r4jr) insista sur la nécessité de punir leprédicateur, et le rd rrraß r4z4 il adressa une lettre à Ulric,qua-lifìé alors d'inquisiteur dans les diocèses de Besançon, Lausanneet d'autres non précisés, dans laquelle il réitère ses injonctionsprécédentes. Uissue de l'affaire n'est pas connue, mais l'action del'inquisiteur pourrait s'être heurtée aux réticences de l'évêque,dont le pape regretta f inertieS. C'est sans doute pour gagnerune plus grande liberté d'action ("t [...] liberìus fficium suumgtossit exercere) que l'inquisiteur présenta deux jours plus tard, ler8 mars, une supplique à MartinV dans laquelle il priait le papede faire confirmer sa nomination d'inquisiteur dans les diocèsesde Besançon, Genève, Lausanne, Sion,Toul, Metz etVerdun parle provincial dominicain de France. En même temps, il demandaau pape de ne pas pouvoir être revoqué de son office par un tiers(c'est-à-dire par le provincial) sans cause légitime reconnue parune instance judiciaire (quod ab huiusmodi fficio per alíum quamper Romanum pontificem non sine causa legittima cognita nequeatamoveri), d'avoir le droit de prêcher en temps d'interdit et de dis-poser d'un confrère comme assistant4. La réponse du pape, quiaccordait à Ulric tout ce que ce dernier avait souhaité, est datéedu même jourl.

3t2 ¡NQU/S¡TION ET S OR CE¿¿ERIE

Quelques années plus tard, Ulric de Torrenté changea de cible:à partir de 1428, alors inquisiteur dans les diocèses de Sion, Lau-sanne et Genève, il procéda dans les territoires soumis à I'abbé deSaint-Maurice et au pouvoir savoyard contre des <rebellesD queI'on est tenté, à la lumière des événements contemporains dans leValais épiscopal, d'identifier comme auteurs de maléfices6. L'an-née suivante, I'inquisiteur se rendit à Fribourg où il instruisit- accompagnê d'un représentant épiscopal, Jean des Colonnes,d'un confrère, Guillaume de Vufflens OP7, de même que dedélégués de la ville - ce qui apparaît rétrospectivement commeun prélude rural au grand procès contre les vaudois fribourgeoisde r43o. Contrairement à ce qui devait se passer à ce moment-là, les inculpés de r4z9 êtaíent originaires de la campagne; s'ilsétaient accusés de <vaudoisie>, le crime de sorcellerie se dessineen fìligrane dans les sourcesS. En r43o par contre, les prévenus,habitant la ville, étaient dans leur immense majoritê indubita-blement des vaudois dans le sens <hérétiqueD9. Leur procès fut,colnme celui de I'année précédente, instruit par Ulric de Tor-renté. Celui-ci était à nouveau entouré deJean des Colonnes, deGuillaume de Vufflens, d'autres ecclésiastiques ro, ainsi que denombreux laïcs (qui semblent avoir surveillé le développementde l'affaire pour freiner éventuellement I'ardeur des jugesrr).

Immédiatement après le procès de Fribourg qui se termina le3o juin r43o, IJlric deTorrentê se rendit à Genève, où il concou-rut avec son confrère Raphaël de Cardona12 aux attaques contrele bênédictin Baptiste de Mantoue, dont les prédications furentqualifiées d'hérétiquesrS. Ensuite, les traces de l'activité d'Ulricse font plus rares jusqu'en r438, un laps de temps dont l'inquisi-teur profita peut-être pour fréquenter une université, comme lesuggèrent les titres de magister et de professor qu'(Jlric porta parla suite14. En r438, il instruisit, accompagné du chanoine Phili-bert de Ruppe, licencié en droit, juge et commissaire du cha-pitre de Lausanneri, et du prêtre Pierre Raveneti, procureur dela foi, un procès dans la châtellenie de Dommartin, possession duchapitre cathédral de Lausanne. L'accusé, un homme taillable duchapitre du nom de Pierre de la Púlaz finit par être condamnéà mort le z3 juillet pour avoir prêté hommage au diable,lui avoiroffert de la chair d'enfants qu'il a lui-même mangée et avoirprovoqué grêles et tempêtes, ce qui revient à dire qu'il auraitappartenu à la nouvelle secte des <sorciers> 16. lJne semaine plustard seulement, on retrouve Ulric à Lausanne où, dans sa proprecarnera au couvent des Prêcheurs, il fit abjurer un certain Aymo-net Maugetaz d'Épesses, dont le père avait déjà été brûlé, ét qui

L'INQU¡S¡TION ROMANDE 3t3

s'était présenté spontanément devant I'inquisiteur pour avouerses <péchés>17.Liannêe suivante, I'inquisiteur officia à Neuchâ-tel, où, le zo juin ry39, il condamna deux hommes, Jaquet douPlain et Enchimandus le Masseller, à être abandonnés au brasséculier comme hérétiques obstinés et impénitents. LJlric, quali-fìé d'inquisiteur dans les diocèses de Lausanne, Genève et Sionet d'autres non spécifiés, représentait êgalement à cette occasionl'évêqueJean de Prangins en tant que vicairerS.

Quelques mois plus tard, en aoû;t 1439,lJlric est attesté commeprieur du couvent lausannois, charge qu'il semble avoir rempliejusqu'en 1444, après avoir étê lecteur en r438t9. Enûe le zznovembre r44o et le rer avril t44t,il se livra à une lutte contre levice-châtelain savoyard deVevey-La-Tour-de-Peilz qui refu sait defaire transférer une suspecte à Lausanne2o. Ulric entretenait debons rapports avec FélixV qui lui concéda la facsltê de possêderen com,mende un bénéûce ecciésiastique séculier en t44o2t,avant de lui assigner la commendq de l'hôpital de Cully en t443,bénéfìce auquel Ulric ne put cependânt pas accéder à cause del'opposition des recteurs laïques, soutenus par la populationlocale2z. Dans un acte de r44z,Ukic de Torrenté porte à la foisles titres de uicarius generalís de FélíxV, d'inquisiteur de la dépra-vation hérétique et de prieur du couvent de Lausanne23. I1 estmort entre le r9 décembre 1444 et le zr novembre r44t24.

r. HS, IVl¡, p. 447.Yoir également K. Urz TREMI, art.Torrenté, Ulric de(d.-r444/r44), dans Encyclopedía oJWitchcraJt, vol. 4, p. ttz6-rrz7.

z. Nous n'enfrerons pas dans les détails de cette affaire qui dépasse notrerégion et s'êtend sur plusieurs annêes. En effet, Nicolas Serrurier avait êtêarrêté dans sa ville natale en t4t6 dêjà et condamné deux ans plus tard par leconcile de Constance; voir ANoTnUATTEN et Utz Tnrur, <De I'hérésie à lasorcellerie>, p. 76, n. zz.Yoir aussi J.-D. MoR-ERoD, <Les meurtres du ¡ mars r4z4à Lausanne: une terreur 'cabochienne' dirigée contre la communauté juive?>,Mémoirc Vive, 5 þ996), p. 4t-tr, sp. 46-47.

3. ÀNorNtraarrsN et lJtz f'nB¡r¿p, <De l'hêrésie à la sorcellerieÐ, p. 76-77.4. Edition de la supplique dans ANoTNM¡{TTEN et Vrz Tn¡¡vlp, <De I'héré-

sie à la sorcellerie>, p. to6-ro7,no r.¡. RIeorr, Bullarium,vol. 2,p.644, no r ¡8. La raison pour laquelle Ulric avait

souhaité que ce soit le pape seul qui puisse le révoquer y apparaît de façon par-ticulièrement explicite: il est en effet dit que la nomination et la révocationd'inquisiteurs dans les diocèses cités était à la discrétion entière du provincialde France (pro solo nuto suo). Ulric de Torrentê avait succédé à un autre inqui-siteur, au sujet duquel la réponse du pape nous apprend qu'il s'agissait du f¡èregenevois Jean Brucelli (la supplique donne comme nom Jean Grutelli sans âutrespécifìcation). On ignore malheureusement si et dans quels diocèses ce dernieravait exercé son oftice.

6. ANDENMATTTN et lJtz Tn¡¡¡p, <De I'hérésie à la sorcellerie>, p. 78-82, etPavor, <Agnès, François, Jean et les autreo, p. 72 et 98, n. z9 (rêfêrences d'ar-

3t4 ¡NQU/S¡TION ET S ORCELLERTE

chives). Pour les événemenrs contemporains dans le Valais ópiscopal, voirA¡vt¡vt¡NN-DovBLtÊz, <La première chasse aux sorcie¡s enValais þ4zt--rq6?)>,dans L'ímaginaíre du sabbat, p. 6l-g8.Chantal Ammann-Doubliez (Sion) åstd'ailleurs en train de constiruer un dossier de sources inédites concernant lapremière moitié du XVe siècle, qui apportera des précisions sur l'activité d,Ul-ric de Torrenté.

. 7. À,son sujet, voir HS,IY/5,p.448-449 er 456;urzTnnn¿p, euellen,passim(voir index, p. 78r), ainsi que Ëao., rPredigt und Inquisirion>, p. ztz, r.t¡,,ìg-ruet zzl-zz6.F,n 1429, Guillaume deVufflens avait prêchê à Fribourg en faveur deI'existence du purgatoire; en t4j7, il y retourna pour proclamðr la sentencecontre I'hêrétique Richard de Maggenberg. Ses séjours dãns la ville éraienr pro-bablement plus fréquents, car d'après .rt" sonr"è de t4¡9 il avair éré engagégomine co-adjuteur de l'église paroissiale, remplaçant le curé qui s,êtait absenré.Guillaume resta à Fribou¡g jusqu'en t445, chãngeant r"-po.ãi."-enr son afû-liation en faveur de I'ordre de Saint-Jean de Jérusalem qüi, contrairement auxPrêcheurs, possédait une maison à Fribourg. Puis il retournâ âu couvent domi-nicain de Lausanne. En 14¡3 et r4j4, il prêcha à plusieurs reprises à Estavayer-le-Lac (|Äcct, (Jntersuchungen zum Klerus,p. az).lt esr att"rié le zz septeábre1469 aux côtês de Jean Rufiì, p¡ocureur du couvent, et de Victor Mrs.o"t,inquisiteur, dans une aflaire d'arriérés de cens (AVL, ponce¡ Sainte-Marie-Madeleine,4r), avanr de disparaître des sources après 1474;HS,ly/y,p. a49.

8. ANDENMATTrN et ttrz Tn¡up, <De I'hérésie à la sorcellerie>, p. gz-g4, etUrz Tnrvp, <Ist Glaubenssache Frauensache?>, p. z8-3o. IJ origine deì prévenuset la chronologie des événements laissent deviner l'arrière-plan de ce <prélude>,à savoir la volontó de la ville de Fribourg d'asseoir son pouvoirjudiciaire dansce¡tains territoires convoités. Dans ce cas, f inquisiteur aurair sèrvi, probable-ment à son insu, les intérêts de la ville; voir MoossrrN, <Der Teufel in ãer Land-schaft>, p. 8¡-81.

. -9. Pour trois exceptions plus ou moins nettes que nous ne voulons pas spê-

cifìer ici, voir Ar.rorNrvl¡rT¡N er (JTz TREMp, <De I'hêrésie à la soràlerier,p.88-9r.

¡o. Citons le maître Bertrând Borgonyon, dominicain deTarascon, qui avaitdéjà prêché à Fribourg en r4z7 et qui arriva à Fribourg le rz mars ri3o, soitune dizaine de jours âvanr le débur du procès. Par la suite, il délivra goar"ttr.-six sermons en huir semaines. Au début du mois d'avril, il prêcha à Romont, enjuin à Romont et à Esraveyer-le-Lac Q|oot, (Jntersuchungen zum Klerus, p. 4zger $4); voir à son sujet Urz TRxNlp, <Predigr und Inquisitionr,p. zr4-izr etzz3. Ret-enons également les noms de Guy Flamochetti Op, prieur de Cham-béry et futur maître général (ANoENMATTÉN er UTzTn¡¡urp,ìDe i'hérésie à lasorcellerier, p.86-87, etW. TscHAcHER, Der Formicarius des Johanøes Níder vonr4j7/j8. Studíen zu denAnfängen der europäischen Hexenverfolgungen im Spätmitte-laher, Aachen 2ooo, p. 688 [index]), et d'Henri ChouveC Op, iutur in{uisiteur(voir infra sa propre biographie).

¡¡. ANpeNv¡rrEN et Urz Tn¡up, <De I'hêrésie à la sorcellerier, p. g4-,g2,ainsi qu'Urz f'nsÌvtp, Quellen,p.to6-rzS. En ce qui concerne le rôle des asses-seurs laïques dans ce procès, voir aussi UTz TREMP et MoDËsrIN, <lJn .laissez-

passer' pour I'inquisiteuo, p. 73-74._ rz. Raphaël de Cardona esr par âilleurs âttesré en t423 et. 1424 comme pré-

dicateu¡ à Fribourg, sans que le contenu de ses sermons ne soit connu "vec

i.r-titude; voir Urz TF.¡¡\4p, <Predigt und Inquisition>, p. 212-2t3 et zzz-223.

r3. Au- sujet de cette affaire, voir L. B¡Nz, <Les prédications 'hérétiques' deBaptiste de Mantoue à Genève, en r43oD, d¿ns Pour une Histoire euàlitatiue.Etudes olertes à Suen Stelling-Michaud, Genève r97t,p. r5-34, ainsi que F. Mo-

¿, ¡NQ U¡S¡TÍ ON ROMáND.E 3tt

R-ENZoNI âvec la collaboration d'L JEGnx, Le púdícatew et l'¡nquisiteur. Les ûibu-lations de Baptiste de Mantoue à Cenèæ,Lyon zoo6.

14. Pour les ,années r43o-r43 8, voir A¡¡oex¡vr¡rreN er Urz Tn sllp, <De l'hé-rêsie à la sorcellerieo, p.92-93.

r¡. A son sujet, voír Reyuot¡p, Les dígnítaires, p.43r (sous rde Roche>).Selon ces données, Philibert de Ruppe est attesté comme chanoine depuis r437et mo¡t Peu âvânt r4t6.

16. Voir ÂNDENMATTEN et Urz TREMe, (De I'hérêsie à la sorcellerie",p. gt-94;êdítion de la sentence relatant I'affaire p, rro-rr3, no 3.

17. Yoír OsroRxRo, <Le procès d'Aymonet Maugetaz d'Epesses, en r438>,dans D imaginaíte du sabbat, p. 339-3t j.

¡8. Axp¡uivr¿trEN et lJrz Tn¡up, <De I'hêrésie à la sorcellerie>, p. gt-ggiêdition des deux sentences p. rr4-rr8, no 4a-4b.

. 19. HS, lY / 5, p. 447 et 416.zo. Voir à ce sujet infra p. 433-46.zr. ANoENI¡¡trEN et Urz TREMe, (De I'hérésie à la sorcellerieD, p. r r8-r 19,

no 5 (édition de l'acte).zz. ANosNÀ4¡trEN et lJrz Tn¡up, <De l'hérésie à la sorcellerie), p. rot.23. ANDËNMATTEN et lJrz Tnaun, aDe I'hêrésie à la sorcellerie), p. ro4, sp.

n. Io2.24. IIS,IY/ 5,p. 448.

Pierre d'Aulnay (ile Alneto) OP. Inquisiteur t446-r448. Pierred'Aulnay fit son apparition comme inquisiteur dans les diocèsesde Sion, Lausanne et Genève en 1446 sur les bords du lac d'An-necy, dans les possessions du prieuré bénédictin deTalloires (dép.Haute-Savoie, F). Il y représentait également, en tant que vicairein facto fidei spécialement délégué par le Saint-Siège apostolique,le siège épiscopal de Genève, qui depuis 1444 êtait tenu parAmédée de Savoie-FélixVr. Il instruisit le procès d'un certainAntoine de la Charrière, ressortissant du village de Romagny dela paroisse de Talloires, qui avait été dénoncê par de prétenduscomplices.,A,u terme de I'enquête, Pierre Clavelli, lieutenant dujuge dans les terres et la juridiction du prieuré, remit l'accusé leg août au châtelain d'Annecy pour le faire brûler2. Lannée sui-vante, le z9 juin 1447,I'êvèque de Lausanne Georges de Salucesadjoignit à Pierre d'Aulnay, qualifié de sacre pagine professor,levicaire épiscopal Léopard de Bosco, alors ofticial de Veveys.Entre les dates du 6 août 1447 et du z6 fêvrier t448,1es comptesdu bailli d'Orbe, seigneurie appartenant à la famille de Chalon,enregistrent les frais pour les déplacements à Orbe d'un inquisi-teur, d'un vicaire êpiscopal et d'un procureur de la foi, chargésdu procès contre le clerc Aymonet Tissotet - trois hommes qu'ilest dès lors tentant d'identifier avec Pierre d'Aulnay, Lêopard deBosco et Pierre Rondinel. Il est probable que ce procès n'ait êtêqu'un maillon dans une chasse qui frappa le Nord vaudois dans

les années ry47-t4484. Le ro mars 1448 - date soumise à cautioncoÍrme le montre I'attestation suivante à La Tour-de-Peilz -,Pierre d'Aulnay est mentionnê comme inquisiteur délégué dansles terres de l'abbaye clunisienne de Romainmôtier où il sembleavoir mené une enquête secrète, dont les détails ne sont cepen-dant pas connus !. Le 9 mars, il prit la relève de son vicaire HenriChouvet OP, qui avait ouvert six jours auparavant (lorsquePierre d'Aulnay était probablement encore occupé dans lesterres de Romainmôtier) un premier procès dans le château deLa Tour-de-PetJz6. Par la suite, d'Aulnay présida encore deuxprocès à La Tour-de-Peilz, secondé - comme dans le premiercas - par Léopard de BoscoT. Immédiatement après la conclu-sion du dernier de ces trois procès, c'est-à-dire le z3 mars, Pierred'Aulnay dut se rendre au château de Champvent, où il procédaà partir du 3 avril 1448, toujours avec Léopard de Bosco, contrePierre Chavaz,un ressortissant de la seigneurie. Sous le regard duseigneur du lieu,Jean deVergy, Pierre Chavaz fut condamné à laprison perpétuelle8. La suite de la carrière de Pierre d'Aulnayn'est pas connue.

r. Au sujec de l'épiscopat de FélixV, voir.FlS, l/3,p. roz-to3.z. PttItIerE, Notice hisîorique,p.64-65 eÍ,9t-9j, noVII (édition de la sen-

tence). Il se peut que ce soit à ce momenr que le prieur deTalloires,Amé deCharansonna¡ ait ressenti négativement le fait de devoir faire appel à un autrepouvoir pour faire exécuter une sentence capitale.Toujou¡s est-il que deux ansplus tard seulement, le même prieur acquit pour le prix de deux cents ducetonsd'or de Louis, duc de Savoie, le droit de faire punir du dernier supplice sur sesterres et de faire ériger à certe fin des fourches paribulaires; ibid., p.63 et t15,no 6¡. Le procès de 1446 est résumé chez Brr.¡2, <Les débuts de la chasse aux sor-cières>, p. t76-t77.

3. Osronrno, Folâtrer,p. z8r-z8z (êdition du mandat). Selon Maxime Rey-mond, qui ne cite cependant pas sâ source, Georges de Saluces aurait averti I'of-ficial deVevey - probablement Léopard de Bosco - en 1446 déjà qu'il lui enver-rait le frère Pierre d'Aulna¡ professeur et inquisiteur, pour enquêter au sujer deI'hérésie dans la région (RevuoNu, <Le couvenr>, p.z7o).

4. Osronrno, Folâtrer, p.44 er p. t79-r8o et. sup,ld p.9o-92.t. OsroRERo, Folâ*er,p. r94.6. OsroRERo, Folâfter,p. zr4; édition du procès, ibid.,p. t94-215.7. Osronnno, Folâtrer,p.46-277 (édition des acres des deux procès).8. Voir l'êdition du procès de Pierre Chevaz dans le présenr volume.

316 ¡NQUTS¡]"ION E7' S OR CE¿LER¡E

ÍIenri Chouvet OP. Vice-inquisiteur 1448, inquisiteurr449-r4to. Les expériences inquisitoriales d'Henri Chouvetremontent au procès contre les vaudois de Fribourg, instruit parson confrère Ulric deTorrenté en r43o,même si sa participationne semble pas avoir excédé deux jours. Il se peut que Chouvet

L'INQUTSITION ROMANDE317

y ait offtciê en tant que procureur de la foi, sans toutefois êtrenommê cornme telr. Trois ans plus tard, il fut prieur à Lau-sanne2. En mars 1448, on le retrouve au service de I'inquisition,lorsqu'il instruisit en tant que vicegereøs de I'inquisiteur Pierred'Aulnay, de concert avec le vicaire épiscopal Léopard de Bosco,le début d'un procès de sorcellerie à LaTour-de-Peilz3.IJannêesuivante, le z4 septembrc r449, Chouvet se présenta, cette fois-cicomme inquisiteur, devant le conseil de la Ville infêrieure deLausanne et demanda aux prieurs et conseillers de nommerquatre assesseurs pour l'<assister> (ad assistendum cum ípso),Lors-qu'il procéderait à quelque interrogatoire dans le château épis-copal d'Ouchya. Qs cas se produisit peu après, les 3 et 4novembre t449, qaand Chouvet, accompagné à des momentsdivers par Antoine Gappet, I'official Jean André et Léopard deBosco, recueillit à Ouchy les aveux de Pierre Antoinel.Le t4octobre 1449, soî nom est mentionné dans le Valais savoyard, à

Plan-Conthey, où le chanoine sêdunois GirardValiiez et le curêde Conthey Amódée Mottierd, en tant que vicaires de l'évêqueGuillaume de Rarogne et de f inquisiteur Henri Chouvet,condamnèrent au bras séculier un lombard de Nendaz et sa

sceurT. Par la suite, en r4¡o, il imposa de concert avec Jean deLeyserio, offìcial de Sion8, une pénitence publique à Pierre deCampis de la paroisse de Troistorrents, qui avait été poursuivi parUlric de Torrenté en novembre r4z8 et était à nouveau incarcêréen raison de la rumeur qui s'était élevée à son sujet; la source enquestion menfionne également Jean de Alesino, confrère lausan-nois d'Henri Chouvet, corrune procureur de la fois. Dans unecontroverse impliquant un legs, Chouvet est citê le z7 juilletr45o à la fois comme inquisiteur et prieur, cumulant les deuxtitres. Encore attesté en tant que prieur le 18 octobre r4¡r, ilmourut après le rr juin \46zta.

t. Utz Tn¡tr¿p, Quellen,p. rrz,z. HS,IY/5,p.449.3. Osronrno, Folâtrer,p. t94-214 (édirion des actes).

4. MoorsrrN, <Contrôler la mémoire>, p. J7t176 et 38o-38r.¡. Voir l'édition du procès de Pierre Antoine dans le présent volume.6. En ce qui concerne GirardValliez et Amédée Motcier, voir HS,l/ 5, p. 3o9-

31ô.7. Voir BERTRAND, (NotesD, p. r¡8-r¡9 (sans références). Lacte en question

a êté retrouvé par Chantal Ammann-Doubliez, à qui nous devons ces précisions.8. A son sujet, voir HS,I/5,p.347 et +t6-4t7.9. Nos remerciements vont à Chantal Ammann-Doubliez qui nous a fourni

ces informations.ro. HS, lY / S,p. ++g.Il se peut qu'Henri Chouvet ait prêché leVendredi saint

t46z (avril 16) à Orbe, où il est question d'un f¡ère Henri (Bannrv, <Orbe>,

3t8 /NQUISIT¡ON ËT SOR CËL¿ERTË

p. 37r). Chouvet doír âvoir prêvu sa rombe assez tôr. Dans son resrament daté du¡er fêvrier 14¡r, I'apothicaire Christophe Gilliz, originaire du diocèse de Turinmais résidant à Lausanne, élur en efnet sépulture <dans la tombe du frère l{enriChouvet, dans le cloître du couvent des frères Prêcheurs>; voir L. L¡v¡Ncny,Ecríte sa mort, décite sd uie.Testafttenß de ldics lausannois (r4oo-r4¡o), Lausannezoo3 (CLHM, 12), p. tr4. Nous remercions Martine Ostorero de nous avoircommuniqué cette référence.

Rayrnônd de Rue (ile Rota) OP. Inquisiteur 14¡r-462. Sil'obituaire du couvent lausannois perpétue la mémoire de sonancien ,prieur comme heresum extirltator validissímus, cet élogedevait honorer autant I'organisateur de f inquisition qo. sõttagent. En effet, I'activiré inquisitoriale propre de Raymond deRue semble s'être concentrée sur le Bas-Valais, tandis qu'il se fai-sait le plus souvent remplacer par des vice-inquisiteurs dans lePays deVaud et en Haute-Savoie. Raymond de Rue est attesté àLausanne en r44a en tant que lecteur; en r44t et t444,il fut pro-cureur de son couvent¡.I)ans la seconde moitié del'annêe f446,on le trouve pour la première fois comme prieurz (un secondpriorat peut être situé en r456t). Cinq ans plus rard,le frère Ray-mo¡rd est qualifié d'inquisiteur de la foi à I'occasion de sa prédi-cation durant la semaine sainte àYverdon en r45t4. Pourtant, onne le verra à l'æuvre coûr-me inquisiteur que quelques annéesplus tard. Entre-temps, le dominicain fut au Jervice d'HenriEsperlin, êlu comme évêque de Sion par le chapitre cathédral lezz janvíer.r45r, mais contesté par Guillaume-Hugues d'Estaing,qui avait été nommé par Nicolas V $447-t455). Raymond deRue et l'officialJean de Leyserio furent chargés le z7 juillet 452par Henri Esperlin des négociations avec son rival à Rome, unemission couronnée de succès. Le rr septembre 1454, Raymondoffrit à la chambre apostolique au nom du nouvel évêque deuxmille florins d'or comme servitium communeJ.

En ce qui concerne son acfivité inquisitoriale, on doit attendrele début de I'année 1456 poar le voir agir: bien que le nom deI'inquisiteur en charge ne soit pas précisê, ce fut probablementRaymond qui, en janvier-février de cette année, instruisit avecun vicaire épiscopal un cas à Grandson, pointe de I'iceberg au-dessous duquel on devine une vague de répression qui frappa leNord vaudois dans la deuxième moitié des années t{5o6.À È n"de la même année 1456, Raymond de Rue est a*esté commeinguisiteur dans la seigneurie de Bagnes, possession de l'abbayede Saint-Maurice, où il procéda, en novembre et décembie,contre Antoinette, femme de Martin de Terra. Avec lui ceuvrè-

¿,INQU¡S¡TION ROMANDE 3t9

rent le chanoine Pierre Cochard en qualité de vicaire del'évêque sédunois Henri Esperlin - le même CochardT devaitintervenir en r4j9 à Martigny aux côtés du vice-inquisiteurPierre Ginod OP -, et le curé de Bagnes, Jean d'Allinges, com-me procureur de la foi8. En juin et juillet r4yT,kaymond deRue présida, à nouveau à Bagnes, le procès contre Agnès, femmede Jean Crittin (Cristini). Dans 1es actes de ce procès sont men-tionnés trois autres cas instruits par le même inquisiteur, dont lesactes se sont perdus: il s'agit de Jeannette Petiar, de Laurence,veuve de Mermet Girod, qui avait comparu le r¡ novembret416, et. de Perrette, veuve de Michel Mestraux, qui s'était trou-vêe devant Raymond le 9 rrrai r4j79. Quant au procès contreAgnès Crittin elle-même, il avait êtê ptêcêdê le 9 mai par uneenquêre préalable totalisant les dépositions de vingt-six témoinsà charge. Il se déroula dans la maison de I'abbaye de Saint-Mau-rice à Bagnes et s'étendit de I'incarcération d'Agnès à la fin dumois de juin jusqu'à la fin juillet, lorsque cette dernière fut brû-lée to. Raymond de Rue était entouré par son cónfrère PierrePascua, procureur de la foi, et du vicaire épiscopalJean de Son-naytt. Pendant son procès, Agnès avait mentionnê le nom deFrançois de la Tour, seigneur de Montagnier, ce qui obligea cedernier à entreprendre une purgation canonique le r9 septembre1457 d,evant, Raymond de Rue et le chanoine Léonard Prepo-siti rz, vicaire de l'évêque Walter Supersaxo þ4y7-r482) r3, - toutcomme un certain François Fusay devait le faire devant Ray-mond en présence de Michel Bernardi, abbé de Sainc-Maurice,en 1458 ra. Malgré cette démonstration publique, François de laTour ne parvint pas à dissiper les soupçons et sera remis au brasséculier en t46z par le successeur de Raymond de Rue,VictorMassenet.

De retour dans le diocèse de Lausanne, Raymond instruisit leprocès contre Pierre dou Chanoz, eui se déroula dans le châteauépiscopal d'Ouchy du 6 au z6 avril r4¡8. Il y fut assisté par sonconfrère Pierre Borelli, qui le remplaça pendant trois séances, etle juriste Pierre Creschon, vicaire in spiritualibøs de l'évêqueGeorges de Saluces¡f. Pour I'instant, c'est le dernier cas connudont Raymond s'occupa en personne. Cela ne signifie cepen-dant pas l'assoupissement de I'activité inquisitoriale dans les dio-cèses de Lausanne, Genève et Sion, qui formaient sa circons-cription. Au contraire, à la fin des années r41o, la répressionsemble s'être diversifiée, avec des vice-inquisiteurs agissant enson nom à différents endroits: à Chamonix (dép. Haute-Savoie,F) dans le diocèse de Genève, ce fut le frère Pierre Ginod du

36o¡NQUISÍ T/ON ËT S OR CE¿¿ËRTE

couvent genevois de Plainpalais qui le remplaça en r4¡8 et 1459,et que I'on retrouve par la suite en r45g à Martigny, dans le dio-cèse de Sion16. En ce qui concerne le diocèse de Lausanne, lesprocès y reprirent à la fin de l'année 146r, sous la direction duvicaire épiscopal Pierre Creschon et du vice-inquisiteur VictorMassenet, que Raymond présentera le z7 janvier t46z au cha-pitre cathédral de Lausanne comme son successeurrT.

Raymond de Rue, qui portait le titre de sacre theologie profes-sorr8, est cité comme administrateur de l'église deVerceil (Pié-mont) en t4rg, et fut créé évêque titulaire d'Acre en Galilée le6 novembre r46tr9. Sous les épiscopats de Guillaume deVaraxþ462-1466) et de Jean Michel þ466-ra68), Raymond exerça lafonction d'évêque suffragant (attesté comme tel en 1463-1465 et1466, ensuite comme vicesgerens in sçiritualibus en t468)2o. Il estmort avant le 19 juillet 1469, après avoir légué ses biens eu cou-vent lausannois en r46t. L obituaire mentionne qu'il fitconstruire dans l'église conventuelle une chapelle en l'honneurde saint Pierre Marryr, le saint inquisiteur2r.

r. HS,IY/5, p.4tr, n. 17 et p. +to.z. La première attestation de Raymond de Rue coÍrme prieur lausannois

nous provient des comptes des uésoriers de la ville de Fribourg (rfrere Remont,priour dou couvent de la Madelena de Lausanne>); voir Urz TREMe, rPredigtund Inquisítion>,p. zz6,n.66.ll était toujours prieur le ¡ février t447;voir HS,lY/5,p.45o.

3. Pour les attestations de ce second priorat, voir Urz Tn¡ptp, <Predigt undInquisition>, p. z3t-232 (ódition d'une le¡tre du curê de Fribourg priant leprieur Raymond de Rue de députer un confrère dans cette ville afin d'assurerla prêdication pendant le Carême, 1455/56,janvier r4), ainsi que HS, IV,/5,p. 45o (t456/ 57, mars rz).

4. DÉeroN, Yreúon, p. 268. Llauteur y souligne le montant élevé de I'hono-raire payé par le syndic au prédicareur, signe qu'il s'agissait d'un <ecclésiastiquede marque>. Ce dernier semble avoir poursuivi son activité de prêdicateur occa-sionnellement, car en r4¡9, <l'enquisitour de la foy> (sans doute Raymond deRue) prêcha pendant deuxjours, à savoir lors de la ßte de la translation de saintBenoît et le lendemain, à Rances, à 4 km au nord d'Orbe. Le choix du lieu deprédication était le fruit de négociations préalables: Raymond avait prévu deprêcher à Orbe même, mais (pour amour de la villeo il y renonça suite auxinjonctions des gouverneurs de la ville, dont les motiß sont probablement à

chercher dans la persécution de sorciers en cours dans la région.Voir Bannrv,nOrbe>, p. 37r-372 (référence due à Martine Ostorero), et srytra p. 11,6.

5. HS,l/5,p. zr3.6. Voir supra p. t54-r56.7. A son sujet, voir HS,l/5,p,3o9.8. Actes du procès conservés aux AASM, non cotés. Renseignements ¿ima-

blement fournis par Chantal Ammann-Doubliez.9. Renseignements aimablement fournis par Chantal Ammann-Doubliez.

Voir aussi Pavor, <Agnès, François,Jean et les autresD, p.72 et 98,n. 29.

L'INQUTSITION ROMANDE 36t

ro. AASM, non coté.Voir Pavor, <Agnès, François,Jean et les âutres), p. 74-88. lJn autre cas, celui de Guillemette, femme de Jean Riche, qui était égale-

ment en procès en juillet 1457, doit probablement aussi être attribué à Ray-mond d: Rue; voir ibid., p.72.

rr. A son sujet, voir HS, I/¡, p. 3Io.rr. À ron sujet, voir HS,l/5, p.3ro. Ën 1484, il recueillit à Sion avec le

ch¿ntre ,{ndré de Silenen les aveux de Peter Eschiller; voir Ch. et H'-R-AMMÂNN, <IJn procès de sorcellerie devant Jost de Silenen>, P' 7o4 et Passím'

r3. Pavor, <Agnès, François,Jean et les âutresD, P.89-92. En ce qui concernecette purgation canonique, l'aureure se base sur Bfnrn¡No, <Notes>, p. r59't6o,qui, sãns lndiquer sa source, I'avait située erl r4ig, année de la donation parFrançois de la Tour de tous ses droits seigneuriaux dans la vallée de Bagnes à

Pierre de Neuvecelle d'Aigle, peut-être pour les mettre à I'abri d'une éventuelleconfiscation. r\u sujet de cette donation et du litige qui s'ensuivit entre Pierrede Neuvecelle et I'abbé de Saint-Maurice, bónéficiaire de l'échute des biens de

François de la Tour, voir eussi Auvt¡NN-DovBLrEz, <Autour des bûcherso,p. tt2-3r5. Selon une communication de Chantal Ammann-Doubliez du z8 juinzoo¡, l'acte attestant de la purgation canonique de François de laTour est' poursa pârt, introuvable aux AASM.

r4, Pavor, <r\gnès, François,Jean et les autres), p.72 et 98,n. z9 (références

d'archives).r 5. Moonsux, Le ilíable, p. 186-z13 (édition des actes du procè$.¡6. Pour les références, voir la biographie de Pierre Ginod. Pour le cas de

Chamonix fin r4¡8, voir aussi la biographie deVictor Massenet, n.4.t7. IIS, l/ 4, p. zo3, n. 3.r8. MoDEsrIN, Le díable, p. 326.r9. I{S, lY/5,p.45o.zo. HS, l/4,p. zoz-2o3.zr. HS, lY/5,p.45o.

Pierre Ginod OP. Inquisiteur ou vice-inquisiteur 14¡¡,vice-inquisiteur r4t8-r4r9. Ginod, frère du couvent genevoisde Plainpalais, apparaît pour la première fois dans les terres duprieuré de Talloires sur les bords du lac d'Annecy, où, en sa qu1-lité de (vice*?)inquisiteur dans le diocèse de Genève, il auraitcondamné deux hommes pour hérésie en r4it r. Le rerjuillet del'annêe suivante, il est attestê à Genève coÍlme prieur, portant legrade de maître en thêologie2.Par la suite, il remplaça l'inquisi-teur lausannois Raymond de Rue en tant que Yice-inquisiteurdans les trois diocèses romands, même si son rayon d'actionsemble s'être limité aux diocèses de Genève et de Sion. En r4¡8,on le retrouve en effet, qualifié cette fois-ci de professeur de

théologie, à Chamonix, seigneurie relevant du prieuré bénédic-tin du même nom, où il procéda confre quatre femmes, dontdeux furent remises au bras sêculier et condamnêes à mort le eo

novembre par les prud'hommes du lieu selon la coutume en

usagel. Le procédé se répéta Quelques mois plus tard: le rer mars

36t ¡NQU¡STTION ET SORCELLERTE

14t9, une autre femme fut jugée hérétique par Ginod, accompa-gné cette fois-ci par le notaire Jean du Foug (de Fago) de Saint-Gervais dans le Faucigny en tant que député du chapitre cathê-dral pendant la vacance du siège épiscopal de Genève, et remiseau bras séculier. Le z avril, elle fut, elle aussi, condamnêe à mortpar les prud'hommes de Chamonix4. (Jn suspect, Jean Corteysde Chamonix, réussit par contre à organiser sa dêfense, en nom-mant entre autres mesures des procureurs et en engageant ses

biens pour sa défense. Le 5 mars t4j9,il fut néanmoins transférépar le vice-châtelain du prieuré de Chamonix à Genève, dont lesiège épiscopal êtait toujours vacant. Ce transfert se fit en raisond'un mandat de Ginod et de l'ofiìcial de Genève,Jean Brochutl,sans que son arrière-plan ne soit entièrement élucidé. Il ne portapas préjudice à Corteys qui semble avoir êtê relâché à Chamo-nix le t6 avrilí. Peu après, Pierre Ginod fìt son apparition dansle diocèse de Sion, où il procéda contre trois femmes qui furentiondamnées pour hérésie après avoir été détenues à Martignypar le châtelain savoyard du 4 avril au 9/ro rrrai t4tg7. Les actesd'un de ces trois procès, celui contre Jaquette Pelorinaz de laparoisse de Martigny (z¡ avril-ro mai), ont été conservés: on yconstate que Ginod, accompagné de son confrèreVictor Masse-net comme procureur de la foi, était investi pour I'occasiond'une double autorité, étant à la fois lieutenant (ocumtenens) deI'inquisiteur Raymond de Rue et uicegerens de l'êvêque de Sion,Walter Supersaxo. La concession de l'autorité épiscopale necomprenait cependant pas la sentence définitive (usque ad senten-cium dffinitivam exclusive) qae se réservait l'évêque. Ce dernierdéputa son vicaire Pierre Cochard le ¡ mai à Martigny pour faireratifier par I'accusée ce qu'elle avait dit auparavant au vice-inquisiteur. Cinq jours plus tard, probablement le temps qu'ilfallut à Cochard pour se concerter avec son êvêque, Jaquettecomparut devant <les sieurs vicaires>, sans doute Ginod etCochard, pour écouter la sentence définitive 8. Par la suite, PierreGinod disparaît des sources jusqu'en r49¡, lorsqu'il est cité, sousréserve d'un cas d'homonymie, comme député à l'administrationet la direction de l'hôpital des pestiférés de Genèves.

¡. La sentence semble malheureusement perdue. PHILIIPE, Notke hístoríque,p. 67, se base sur I'inventaire des chartes du prieuré de ryzo,voir p. ry7, no 71(reproduction de la notice).

z. HS,IY/5,p.38o-38r.3. DuwRruo, La sorcelîerie (édition de la sentence contre Guiga Balmat et

Rolette Duc). Le cas des deux autres femmes, Jeannette, femme d'AymonetCharrerat, et Françoise, veuve de Jean Paviocti, ne nous est connu que pâr unecession de biens par Pierre Ginod en faveur du prieur de Chamonix. Le 7

$tdécembre r4¡8, Ginod céda en effet au prieur un tiers de tous les biens de

quatre femmes <rassemblées> à Chamonix pour crime d'hérésie, parmi elles les

deux condamnées à être brûlées le zo novembre précédent. Edition de la ces-

sion dans Le Ttrieuré de Chamoníx. Documents, vol. z, p. r8r-r8z' no ¡t4'4. DuN¡No, La sorcelle¡íe (édition des documents resPectifs)'

5. À sot sujet,voir HS,l/3,p.zo9.6. DuNaNp, La sorcellerie (êdition des documents respectifs).

7. Voir suptdp-t9z-t97,Ãnnexe zb. Il se peut que Ginod ait également,ins-truit les p.oãès ðotrtt" deux Gmmes, détenues par le châtelain savoyard d'En-ffemont ãu zo novembre 1458 au 14 avril 1459, date de leur condamnation et

de leur exécution; Dtmuls, <Documents>, p. r9z,no ztz.8. Voir l'édition et le commentaire de ce procès dans le présent volume.

9. HS, IVl¡, p. 38r'

Pierre Pascua (alias Centlivres) OP. Vicaire de l'inquisi-tear r4S7,vice-inquisiteur 1477.Pierre Pascua est cité com-me frèré du couveni lausannois dès le 2 riirai r447r.En t449,ilest attesté comme procureur du couvent; en r4to, cette chargefut doublée de celle de prieur. Par la suite, i1 (est omniprésentdans la documentation durant toute la seconde moitié du XVes., occupant tantôt la charge de prieur, tantôt celle de procureur'parfois les deux simultanément>. Ainsi, on le trouve commeprieur en r4tr-r413, r4i9, 1461, t467-r474 et' l'487-r^492- Enr5zt, il est encore cité comme procureur2' Dans un contexteinquisitorial, il accompagna en t4t7 à titre de vicaire l'inquisi-teur Raymond de Rue à Bagnes, où il intervint comme procu-reur de la foi dans le procès contreAgnès Crittin (Crístini)3-Pas-cua remplit la mêmè fonction en t46r dans les procès contreGuillaume Girod et Jeannette Anyo, instruits à Ouchy+- On leretrouve comme procureur de la foi à Ouchy lors de ladeuxième séance du procès contre Jaquet de Panissère le 4 sep-tembre 1477, où il ofhciait parallèlemení tamquam Procuratlrorthodose fidei et vices gerens de l'inquisiteur Thomas Goga. Touten gardant cette dernière charge, í1 semble avoir êtê en retraitp"t irppott à I'offi.cial Baptiste d'Aycard dans la direction de I'aÊiaire. Le couple Baptiste d'Aycard et Pierre Pascua instruisit éga-lement le procès contre Jordane de Baulmes, dont la premièrephase dès ivant le 9 septembre t477 se chevaucha avec la fin duprocès Panissère le r9 septembref .

r. HS,IY/5, p.4tr et n.¡. Pour cette raison, l'identiûcation proposée dans

MooesuN, Le liabte, p. 326, du dominicain Pier¡e Pascua avec le chapelainhomonyme Pierre de Þascuis, qui avait assisté comme témoin à une séance du

procès tontre Jaquet Durier le 4 mars 1448 (Osronl*o, Folâtret, p. r98), doitêtre revue,

L' lN QU I S lT I ON ROMz4 NDE

16+ INQU¡S¡TION ET SORCELLERIE

z. HS,IY/ 5, p.4¡r-45z.Au sujet de la longévité de Pascua, voi;, ibid,, p. 452,n.20.

3. Pavot, <Agnès, François,Jean er les aurres), p.74-88, sp. p. Zt er 82.4. MooesttN, Le diable, p. 326.¡. Mamn, Tiente ans,p.2go-33t (édition des actes du procès contreJaquet de

Panissère) et 334-36r (édition des acres du procès contreJordane de Baulmes).

Pierre Borelli OP. Vicaire général de Raymond de Rue1458. Ce dominicain remplace l'inquisiteur Raymond de Ruependant trois séances du procès de Pierre dou Chanoz à Ouchyen avril r4t8'. il est peut-être à ídentifier avec le frère PierreBoczel, attesté en r438 comme procureur de la Madeleine2.

r. Moorsttl, Le diable,p.3z3.z. AVL, Poncer, Sainte-Marie-Madeleine, z5 $çS,septembre 3, octobre 23,

novembre 6). Il ne faut pas confondre Pierre Boczel âvec son confrère homo-nyme Antoine Boccel, prieur de la Madeleine þ462-1463);voir IIS,lY/ 5,p. 452.

Victor Massenet (Maceneti, Maczoneti) alias de MonteOP- Vice-inquisiteur 146r, inquisiteur r46z-t476). La pre-mière expérience inquisitoriale de ce dominicain lausannoispourrait remonter à t4jg,lorsqu'il remplit la fonction de procu-reur de la foi dans trois procès à Martigny, au cours desquels ilest cité en tant qae jurísperitus et bachelier in decretis r. Deux ansplus tard, il remplaça I'inquisiteur Raymond de Rue commeuicegerens lors du procès contre Guillaume Girod et probable-ment aussi dans celui contre Jeannette Anyo, qui se déroulèrentles deux du début octobre au début novembre t46t dans le châ-teau épiscopal d'Ouchy2. Massenet semble alors avoir fait sespreuves, car il fut présenté peu de remps après, le z7 janvier r462,par Raymond de Rue au chapitre cathédral de Lausanne commeson successeur3. En tant que tel, il se fit représenter le z9 avrll146z à Chamonix dans le diocèse de Genève par le frère gene-vois Claude Rup, qui y condamna en son nom huit personnes,toutes remises au bras séculier4. Si Massenet ne se déplaça pas enpersonne à Chamonix, c'est peut-être parce qu'il était occupéailleurs à ce moment-là:le 1 llrrai 1462, on le trouve en effet dansle diocèse de Sion, à Bagnes, où il déclara hérétique, relaps e[parjure noble François de la Tour, qui fut condamné à être brûlévif le même jour. Massenet était accompagnê à cette occasionpar le chanoine Léonard Prepositi, qui devait bien connaître lecas, puisque c'était devant l'inquisiteur Raymond de Rue et lui-même que François de la Tour avair déjà subi une purgation

L'¡NQ U/S¡TÍ ON ROMI4NDE 36t

canonique en r4r7 sans réussir à dissiper les soupçons qutpesaient sur lui¡. Deux ans plus tard, le z¡ août 1464, Massenetdemanda de concert avec l'êvêque de Sion'W'alter Supersaxo à

JeanTavelli, co-seigneur de Granges et de Bex, d'arrêter BerthodRichier alias Mestrat d'Ayent, qui, diffamê pour hérésie, s'étaitenfui à Bex6.Au début de I'année suivante, f inquisition redevintactive dans le diocèse de Lausanne, à Châtel-Saint-Denis, où se

déroula entre le rr janvier et le 4 fêvrier 1465 (n.s-) le procèscontre Perrissone Gappit, instruit au nom de Massenet parDamien Berruerii OP7. En 1466, Massenet fut prieur du cou-vent lausannoisS. Comme son prédécesseur Raymond de Rue,Victor Massenet est attestê au service <diplomatique> del'évêque de Sion: dans le difiérend opposant ce dernier à Ro-dolphe Asperlin, 1'évêqueWalter Supersaxo le présenta le 6 mars1469 à Amédée IX, duc de Savoie, comme son porte-parole9.Sans doute occupé par d'autres tâches, peut-être diplomatiques,Massenet se fìt représenter en mLai 469 pâr son confrère ThomasGoga pour instruire le procès d'un homme à Saint-Sulpice(distr. Morges,VD), procès qui se termina le r3 mai par la remiseau bras séculier de l'accusê ro. Sept mois plus tard, le même Gogaprésida à la place de Massenet - qui, quant à lui, est entre-tempscité à côté de Jean Ruffì OP, procureur de la Madeleine, commesacrefidei catholice inquisitor dans une affaire d'arriérés de cens rr -dans le château d'Ouchy le procès contreJaquette de Clause, quis'ouvrit le ro décemb.re pour s'arrêter, semble-t-il sans résultat,le r8 janvier t47o12. A la fin de la même année r47o,vn inqui-siteur dont le nom n'est pas connu, mais qui pourrait avoir êtéMassenet, semble avoir extorqué à une femme les noms d'unetrentaine de suspects.Avant de mourir sur le bûcher à Palêzieux,elle dênonça les pressions subies, notamment de la part de l'in-quisiteur. Comme lesdits suspects faisaient partie des maiores

patrie,les BonnesVilles protestèrent contre la tenue de ce procèsdevant l'administrateur de l'évêché, Barthélemy Chuet. Citésdevant Chuet, I'inquisiteur, mais aussi le notaire qui était à sonservice, Claude de Pont, durent reconnaître qu'ils avaient été<mal avisés> dans cette affaire¡¡. Il se peut que cette expérienceait incité Massenet (s'il s'agit bel et bien de lui) à la prudence:le 17 octobre 1474 il s'adressa en effet de Genève à son vicaireBridoletus Ribodi, entre-temps révoqué,lui enjoignant de libé-rer de la prison du château de Conthey deux personnes dont laculpabilité n'avait pas pu être établier+. (Jne année plus tard,ler¡ décembre r47 j, <maîtreVictor)), portant cette fois-ci la titula-ture réduite d'inquisiteur de Lausanne, fut mandaté avec son

366ÍNQU¡S¡TION ET S ORCELLERIE

confrère genevois Claude Rup par le maître génêral pour exa-miner le cas du dominicain genevois Amédée Macri, suspecté des'être paré à tort du grade de maître; par la suite, Massenet devaitcependant excommunier Rup, qui fut privé de I'ofiìce d'inqui-siteur le r6 janvier t476ts. Le nom deVictor Massenet se trouvefinalement dans un accord conclu le 3o mai t48z aa sujet desbiens de Jeannette Bullietaz, jadis condamnée par I'inquisiteur,probablement à Conthey, pour crime d'hérésie, sans que la datede cette affaire ne soit connue16.

r. Yoir supra p. r7o.z. Moo¡st¡¡.r, Le díable,p.2t4-2tt et 2tz-27, (édition des actes de ces procès).

3. HS, ll 4, p. zo3, î. 3.4, laîfeíre de Chamonix pose un problème d'identiûcation. I/inquisiteur au

nom duquel les cas furent instruits y est en fait eppelê fraterVíctor ile Monte, søcre

theologie professor, heretice prauitatis ín Cebennensí, Lausannensí et Seduttensi ciuitati-bus et dyocesibus ínquísítor (DuNano, La sorcellerie) Nous partons de I'hypothèseque ceVictor de Monte doit être assimlé àVictor Massenet, étant donné qu'ils'agit ici de la seule mention sûre d'un Viccor de Monte, et que tout ce quenous sevons à son sujet s'insè¡e parfaitement dans la biographie de Massenet.L'unique attestation connue deVictor de Monte antérieure à la nomination deVictor Massenet en t46z comme inquisiteur est problêmatique: d'après 1'êditionde J.-À. Bonnefoy, ce serait au nom deVictor de Monte que, le zo novembrer4¡8, le vice-inquisiteur Pie¡re Ginod aurait remis Guiga Balmat et RoletteDuc au bras séculier (voir Le prieuú de Chamonix, Documents, vol. z, p. t78-t79,no rt3, repris partiellement dans H¡NseN, Quellen,p.473-474,n" fit). Or I'ori-ginal de la sentence, conservé aux Archives départementales de la Haute Savoieà Annecy sous 1¿ cote.Archives communales de Chamonix antérieures à r79o,série FF¡, no 5, présente une surprise: toute la marge droite de I'acte a êté cou-pée et substituée par une bande verticale où le texte mânquant a êté rajoutê parune main moderne, qui cite comme inquisiteur non pasVictor de Monte maisRaymond de Rue (voir la réédition de la sentence dans DUN¡¡¡o, La sorcellerie,annexe r). Si I'on doit dès lors se résigner à ignorer quel nom se trouvait à I'ori-gine sur la sentence, un indice suggère que c'était plutôt Raymond de Rue queVictor de Monte. C'est en eft'et au nom de Raymond de Rue que le mêmePierre Ginod céda au prieur de Chamonix le 7 décembre r4¡8, à savoirquelquesjours seulement après la proclamation du verdict cité,le tiers des biensconfisquês à quatre femmes. Or parmi elles on retrouve les noms de Guiga Bal-mât et Rolette Duc (voir Le priewé de Chamoníx. Documents, vol. z, p. r8r-r8e,no r t4). Il est improbable que Ginod ait changé de supérieur dans ce court lapsde temps eu cours de la même affaire.

¡. Pavor, <Agnès, François,Jean et les autres>, p.8g-gz, et AMMANN-Dou-BLIEZ, (Autour des bûchers>,p.3r3.11 n'est pas exclu que François de laTour aitóté pris dans une chasse. Dans la même période comptable t46z-t463,1e châte-lain savoyard d'Entremont saisit en effet les biens de plusieurs <hérétiques>, dontprécisêment François (voir Dunuts, <Documentsr, p. t9z, no zr3).

6. Kar¡rn u¡trËR., <Regístrilm>, p. 2j7, no tz7.7. MoursrtN, Le diable, p. 324. Pour la rectification de la date, voir Moprs-

TItt, <'Wozu braucht man Flexen?>, p. t2o-r21,n.43.8. HS,IY/5,p.453.

UINQUTSITTON ROMANDE j67

g. KALBERMATTEI, (RegistrumD, p. 26t-262, no r t J. Pour I'affaire en question(rAsperlinhandel'r), voir ibi d., p. r. 3\ - | 3 2.

rã. Voir dans le présent volume MoorsrIN, tl-a remise au bras sêculiern.¡¡. AVL, Poncer, Sainte-Marie-Medeleine, 4t (t46g, septembre 22).

¡2. Voir l'édition du procès de Jaquette de Clause dans le prêsent volume'Relevons la prêsence à deux séances de ce procès d'a clericus Jean Massenet(Maceneti), qui ótait probablement un Parent de I'inquisiteur.

r 3. Parlamento Sabaud o, v ol. t z, P. i7 o-t7 2, nos 68 47'68 48.r4. Karnnnvarree,kRegístrum>, p. r5o-r¡r, no 14.

r¡. SrnrtNc-MIcHAUD, tl-es F¡ères Prêcheurs>, P. rg-6o, nos r-2.16. AEV, Fonds Joseph de Lavallaz, P r¡7. Nous remercions Chantal

Ammann-Doubliez de nous avoir rransmis I'analyse du document tirée de I'in-venteire.

Claude Rup OP.Vice-inquisitear 1462, inquisiteur t'472 et476. Frère ãu couvent genevois de Plainpalais, Claude RFp yest attesté dès 146o comlne maître et professeur des Saintes Ecri-tures, exerçant la charge de prieur en 1468r. Sa première expé-rience inquisitoriale pourrait remonter aa tz avril 145 8 lorsqu'ilassista à une séance d'un procès tenu à Ouchyz. Quatre ans plustard, il renouvela cette expérience, cette fois-ci en tant que vice-inquisiteur pourVictor Massenet, inquisiteur dans les diocèses de

Genève, Lausanne et Sion: c'est dans son diocèse d'origine, à

Chamonix, que le z9 avrll 146z Rup condamna comme hêrê-tiques quatre hommes et quatre femmes du mandement de Cha-monix, qui furent remis au bras séculier et exécutés au nom des

prud'hommes de Chamonix3. Le rz juin r47z,il est cité c9ryTeinquisiteur génêral dans Ie diocèse de Genève4; c'est probable-mánt en tant que tel qu'il est chargé le r¡ décembrc 1475 parlemaître gên&al Leonardus Mansueti, de pair avec I'inquisiteurlausannoisVictor Massenet, de l'enquête contre un confrère sus-pecté de s'être indûment paré du grade de maître' Un mois pluslard,le r6 janvier r476,Flup fut cependant déclaré inapte à l'oÊfice d'inquisiteur et privé de sa charge par le même maître géné-ral, ceci ãprès avoir été excommunié par Massenet, sans que les

raisons dJ ce renversement ne soient connues. Tout ce que l'onsait, c'est que Rup devait comparaître devant Victor dans les

deux moisl. Or au cours de la même arLnêe, Claude Rup est à

nouveau attesté comme procureur de son ordre et inquisiteurdans les diocèses de Genève et de Lausanne: le rc jaillet 476,Jean Ulermi, bourgeois de Lausanne, lui reprocha en effet de

I'avoir accusé sans fondement de divination et d'autres crimescontre la foi, de I'avoir emprisonné et torturé jusqu'à ce qu'ilavoue être un hérétique et dénonce à tort plusieurs bons catho-

liques du même crime. Dans une supplique,Jean pria le pape, enl'occurrence Sixte IV (t47r-r48$, de désigner des prélãtJpourprêter oreille à ses griefs et pour le protéger, lui et ses biens,contre I'inquisition. Le pape donna suite à cette supplique, dési-gnant à ce sujet l'archèvêque de Besançon et l'évêque de Bel-ley6. Malheureusement, la suite de I'affafue nous échappe. Onretrouve Claude Rup sans précision de sa fonction le r r sep-tembre t477 à Ouchy, lorsqu'il assisra à une séance du procèscontre Jaquet de Panissère, au moment précis où le détenu enta-mait ses aveux. Ce qui est intéressant de constater, c'est que Rupest cité à cette occasion avant le vicaire inquisitorial ClaudeYpolitano formellement en charge, donü ce fut la première et, ànotre connaissance, dernière apparition dans un tel contextez, etqui avait donc probablement besoin d'être épaulê par un homrneexpérimenté. Nonobstant les problèmes que Rup avait encourusdans I'ofÍìce d'inquisiteur, Jean-Louis de Savoie, adminisrrateurde l'évêché de Genève þ46o-t482),le fir nommer par Sixre IVévêque titulaire de Claudiopolis en Cilicie (aujourdthui ville deMut enTurquie) et lui confêra avànt le ro avril 476 la fonctiond'évêque auxiliaire de Genève: n'ayant lui-même pas reçu lesordres sacrés, Jean-Louis de Savoie eut en particulier recours àRup pour consacrer à nouveau les couvents, églises et chapellesdétruits et profanés par f irruption de l'hérésie er des pillagès liêsaux guerres de BourgogneS. Claude Rup conserva cette chargejusqu'en t491, annêe de sa mort, qui survint entre le z3 sep-tembre et le rer octobre. En tant qu'évêque suffragant, il effei-tua en t48t-r482 une visite pasrorale du diocèse de Genève9.deux ans plus tard, il visita l^'église paroissiale de Rougemonidans le diocèse de Lausanne ro, dont il était l'évêque auxiliaire encette année¡¡.

368 lNQU¡Sf TION ÊT S O RC ELLERIE

r. l/S, IVl5,p.38r.z. Mooestrx, Le diable,p.33z.3. DuNaNo, Ld sorcelleie (édition de la senrence).4. HS, l/ 3, p. r2t, n. r 5, et lY / S, p. 38r (citant la même source). D'après des

regestes contenus dans le bullaire dominicain du f¡è¡e Thomas Ripoll, ClaudeRup (<Claudius Rufi>) avait été révoquê par Sixte IV le z9 janvier i47z commeinquisiteur de Lausanne pour être institué le jour même sous le nom de <Vic-tor Ruû, þrobablement une contamination avecVictor Massenet) comme celuide Genève; voir RIporr, Bullarium, vol. 3, p. 487, nos ro-rr.

¡. Sulr,tnc-MicHAUD, <Les Frères Prêcheurs>, p. t9, no r, et p. ¡9-6o, no z.6. 'WIRZ,

Regesten zur Schuteizergeschíchte, vol.4, p. 98-99,no 248. Notons queSixte IV François de la Rovère, était I'oncle de l'évêque de LausanneJulien dela Rovère Q47z-t476), et pourrait donc avoir éré mis au couranr de ltaffaire. I1faut cependant admettre que Julien de la Rovère ne résida jamais à Lausanne(HS,l/+,p.t43-r44) et qu'il résigna le díocèse le r¡ juillet 1476,soit cinqjours

r¡NQUTS/?'¡ON ROMANDE l6g

seulement après I'enregistrement de la réponse à la supplique de Jean Ulermi;voir Wtnz, Regesten zur Schweizergeschíchte,voi.4, p. 9g,no 249.

7. Matrn, Tiente ans,p.3o4.8. WIRZ, Regesten zur Schweizergeschichte, vol' 4, p. 93-94, ao 47, et HS,l/ 3,

p. rz4.La nomination de Rup comme évêque titulaire de Claudiopolis ne se fitpas du jour au lendemain: il en avait déjà été question le z9 avril r473; le rr jan-iier 1476 Rup fut pourvu de son diocèse,etle zg avril 1476 Sixte IV assigna à

i'évêque <éluo une rente annuelle de deux cents livres tournois sur les revenus<du sceau de la mense épiscopaler; voir Rlpolt, Bullarium, vol' 3, p. 6ll-61+.

9. HS,l/3,P. tz4-rzt.ro. La uísíte des églises, vol. r, p.4o,¡¡. HS, l/4,p. zo3-2o4.

Damien Berruerii OP.Vice-inquisiteur r46t, 1484 et 487.Damien Berruerii est attesté comme lecteur du couvent de Lau-sanne en r.4t3 et r4r4r.Il prêcha à Orbe pendant la semaine de

l'Ascension Í4r42i à peu près à la même époque, il prêcha aussi

à Fribourg: dans une lettre adressée le r4 janvier r4tt/ t6 asprieur lausannois Raymond de Rue, le curé de la ville le pria debien vouloir désigner un frère de son couvent pour venir prê-cher le Carême. A défaut d'un autre prédicateur, les Fribour-geois seraient contents d'accueillir à nouveau frère Damienl.Tout porte donc à penser que Damien Berruerii était un prédi-cateui qui savait séduire son public: on le rencontre en effet ànouveau à Orbe en janvier 1462, où il prêcha pendant quatrejours du dimanche au mercredi avant la Saint-Sébastien4. Par lasuite, il réapparaît en 1465 comme vicaire deVictor Massenet à

Châtel-Saint-Denis:le rr janvier :'461 (tt.s.) y eut lieu l'enquêteprêalable contre Perrissone Gappit, effectuée par le notaire lau-iannois Claude Burritaz au nom de Berruerii et d'HumbertMegeva, vicaire génêral de l'évêque Guillaume de Varax; le z3janvier débuta le procès sous la présidence de Berruerii lui-même. Pour la proclamation du verdict le 4 février, ce derniers'associa le curé du lieu, Pierre Berthodi, comme représentantépiscopal. Au moment où le procès avait failli s'enliser en coursde route face à la résistance de l'accusée, Berrueúi avait êtê

assistê par le notaire Jean Brune!, qui avait plus d'expérience enla matièreI. On retrouvera Berruerii en 1484 dans la seigneuriesavoyarde d'Attalens, où il procéda à partir le zr février (n.s.) enla qualitê de viceínquisitor generalis de François Granet, inquisiteuret représentant épiscopal, contre Jean Gallot' un ressortissantlocal.Au terme du procès, le prévenu fut assigné pour le 6 matsafin d'entendre la sentence, qui au vu de la gravité des accusa-

tions ne pouvait être que la peine de mort6. Le 9 juillet t487,lefrère Damien est toujours désigné comme vice-inquisiteur, lors-

370 ¡NQUIS¡]"Í ON ET S ORCELLERIE

qu'il se fit interpeller par le conseiller lausannois Antoine Gel-lin, qui lui reprocha au nom des syndics de la ville d'avoir faitarrêter et détenir un homme de la paroisse de Saint-Saphorin(distr. Lavaux, VD) en violation des franchises er liberréi de laCité et la terre de Lausanne. Probablement pris à f improviste,Berruerii aurait alors répondu que i'évêque Benoît de Montfer-rand Q476-t49r) luí avait forcé la main dans ceme affaireT.

r. lIS, iVl¡, p.456,et B¡ns¡y, rOrbe>, p. lzo.z. BaR¡sv, oOrbe>, p. 37o.3. Utz Tn¡np, <Predigt und Inquisition>,p.23\-z3z (édition de la lecre).4. Bansnv, <Orbe>, p.37o-37r.5. Mooesttw, Le diable,p.2761t7 (édition des acres du procès). Les actes y

sont mal datés, car le procès eut lieu en 1465 et non pas en t464. Pour la data-tion ¡ectiûée, voir Moosst¡N, <'Wozu braúcht man Hexen?>, p. r2o-r2:., n. 4J.

6. MAtnR, Tiente ans,p.364t8t (êdition des aces du procès).7. Voir Cuorrat, La sorcellerie, p. l¡2, et ACV, C VI f 53.

Thomas Goga OP.Vice-inquisiteur r469-t4To,inquisiteurt477-r482. Thomas Goga apparaît pour la première fois dans uncontexte inquisitorial, lorsque - épaulé par le représentant duchapitre cathédral Egidius Perri - il procéda en ranr que vice-inquisiteur deVictor Massenet contre un sujet du prieur béné-dictin de Saint-Sulpice (distr. Morges,VD), remis 7e r3 rcrrai 1469au bras sêculierr. Entre le ¡o décembre 1469 et le ¡8 janvierr47o,1l interrogea en la même qualitéJaquette de Clause dans lechâteau épiscopal d'Ouchyz. Il fêta son jubilé au couvenr dePlainpalais de Genève en r.4743. Trois ans plus tard, on leretrouve au même couvent comme pfieur4. C'est également en1477 que se situe son entrée en scène comme inquisiteur géné-ral dans les trois diocèses romands, cumulant les chargès deprieur et d'inquisiteurJ. En tant que tel, il se fit souvent reprê-senter: dans le procès contre Jaquet de Panissère qui eut lieu àOuchy à partir dt z6 août r477,il députa à cete fin ses confrèresPierre Pascua et Claude Ypolitano, se rêservant toutefois lesdeux dernières séances avec la conclusion du procès les r7 et 19septembre, auxquelles il assista personnellement6- Le procèscontre Jordane de Baulmes, qui eur lieu à Ouchy en parallèleavec celui de Jaquet de Panissère à partir du 9 septembre, futentièrement dirigé par l'oftìcial Baptiste d'Aycard - qui avaitdéjà assuré la co-présidence de l'affaire Panissère - et Pierre Pas-cua pro parte reverendi patris fratris Thome Gogatí2. Quant au pro-cès qui débuta le même 9 seprembre t477 dans le château deClaude de Beaufort, seigneur deVillard-Chabod dans le diocèse

L'¡NQUISIT¡ON ROMANDE 37f

de Genève, en Haute-Savoie, contre Antoinette, femme de JeanRose deVillard-Chabod, il se déroula sous la direction du domi-.¿nicain genevois Etienne Huguenod. Les actes nous apprennentque i'inquisiteur - c'est-à-dire Goga, d'ailleurs qualiûé de predí-catot generalis - avait en amont du procès tenu des (sermonsgénéraux> (sermones generales), dans lesquels il avait exhorté les<hérétiques> à se confesser en fixant pour ceci un délai (canonicetermínum temporis)8. Le 6 juillet r4Tg,Thorrras Goga, alors quali-fié de professeur de théologie, fut nommé, semble-t-il, par lepape Sixte lY þ47vr484) comme inquisiteur dans la provinceecclésiastique de Vienne en Dauphiné (Isère), dont dépendaitentre autres le diocèse de Genèves. Le procès de Claude Bochet,qui eut lieu à Ouchy entre le 3 et le r7 novembre 1479, sedéroula entièrement sous l'emprise épiscopale, ce qui s'expliquepeut-être par sa dimension politique ¡o: les séances furent diri-gées par l'évêque Benoît de Montferrand en personne, ou sesvicaires Jean de Furno et Baptiste d'Aycard. Ce n'est que pourla conclusion du procès que Thomas Goga se fit représenter le16 novembre par son confrère André Ligeti. Le lendemain, leprocureur de la foi et l'accusé ratifièrent la conclusion et deman-dèrent le jugement devant Girard Odet et Baptiste d'Aycard,auxquels s'était finalement associé pour cette occasion ThomasGoga'r. Lors des deux procès tenus dans le château du Châte-lard (distr. Vevey, VD) en avril et novembre r48o, Goga se fitreprésenter par son confrèreJean Blanchet12. Le 4 octobre r48r,Goga, alors assigné au couvent de Genève, fut confirmé commeinquisiteur dans les diocèses de Lausanne, Genève et Sion par lemaître gênêral de I'ordre¡3. Il confia toutefois la direction d'unesérie d'affaires qui se déroulèrent entre le début octobre er ledébut décembre de cette année dans les rerres du comte deNeuchâtel à François Granet, qui devait être son successeur14. I1se peut que Goga ait êtê absorbé pendant ce temps par un pro-cès à Romont, qui se solda par la mort sur le bûcher d'un cer-tain Pierre Guibaudtl. Quant au procès qui se déroula en avrilr48z dans le château d'Oron,Thomas Goga s'était là encore faitreprésenter par Jean Blanchet r6.

r. Yoir infra MoDEsrIN, <La remise au bras séculier>.z. Voir l'édition du procès de Jaquette de Clause dans le présent volume.3. SruuNc-MIcH.{uD, <Les Frè¡es Prêcheurs>, p. 6o, n. r. Depuis t4z6,les

jubilaires, qui avait droit à certaines exemptions du régime, devaienr avoirappartenu cinquante ans à I'ordre - dans ce cas Goga y serait entré en r4z4 -,ou avoir recruté six novices, ce qui semble plus probable ici (Constitutíones,ileclarationes et ordinatíones capítulorum generalium SOP..., Rome 1862, p. 244.Nous remercions le père Bernard Hodel OP de nous avoir communiqué cette

372INQU¡SI?-¡ON ET S ORC E LLE RTE

référence [courriel du 17 septembre zoo¡]). Notons qu'un confrère du nomd'.{nselme Goga, vraisemblablement un pârent de Thomas, est également attestéà Genève, où il était lecteur en r48r; HS, IV/¡, p. 389.

4. LavaNcHv, <Sabbats ou synagogues>,p.424, et HS, IVl¡, p. 382 (Goga est

à nouveau cité au couvent genevois comme <simple> frère, quoiqu'en deuxièmeposition sur vingt-quatre, le 4 décembre 1478).

¡. Dans une notice des registres généraux de l'ordre du 16 novembrc 1477,

on apprend que Thomas Goga devait ¡ecevoir à la requête des conventuelsgenevois une dérogation a posteríori lui permetcant d'exercer à la fois se tâched'inquisiteur <laus¿nnois> et celle de prieur au cas où il serait élu (si eligeretur inpriorcm dicti coutentus Gebennensís); HaNseN, Quellen, p. 488, n. r.

6. MAIER, TienÍe ans,p.324-3t1.7. MaIrn, Tiente øns,p.336.8. LAVANcHY, <sabbats ou synagogues >, p. 424 (où il faut sans doute lrre pre-

dicatorem generulen) et 425-4z6.Thomas Goga est encore attesté en r48o commesacre theologie generalis predicator dans les diocèses de Lausanne, Genève et Sion(MAIER, Tiente ans, p. 224).

9. RIrorr, Bullaríum, vol.3, p. j77,no t4 (têfêrence due à Martine Osto-rero). Cette bulle pose toutefois problème, car il y est question de partes Alema'úe, ce qui suggère que le scribe evait confondu Vienne en Dauphinê avec

Vienne en Autriche, d'autant plus que I'inquisiteur nouvellement nommé étaitcensê procéder contre des hussites. En ce qui concerne le ressort inquisitorialdeVienne en Dauphiné, voir Vtoat, Bullaire, p. IV-VII.

ro. Voir M,\IER, Tiente afls, P. S2-t7, et UTz TREMP et MoDESTIN, tGerichts-nutzung von'oben' und von'unten'>, P. rr2-rri.

rr. MaIrn, Tiente ans,p. 198.¡2. Malsn., Tiente ans,p.2o2-22r,224-2tt (édition des actes de ces deux pro-

cès).r3. StnrtNG-MIcH,{irD, <Les Frères Prêcheursn, p.6o,no 3.r4. Tenxnn , Le trauail de l'inquísiteur,p. r8-23, 56-fi;68-73 et 76-83 (édition

des actes des procès).r¡. JÄccI, Untersuchungen zum Klerus,p. z33,f,.9. Le nom de I'inquisiteur en

question n'est cependant pas donné, ce qui laisse ouverte la possibilíté queGoga se soit une fois de plus fait remplacer.

r6. MAIER, Tiente aøs, p.258-28¡ (édition des actes du procès).

Bridoletus Ribodi.Vicaire deVictor Massenet r474. Ce frèredont I'origine reste pour f instant incoruiue procéda le 3 février1474,pevt-ètre à Bagnes, contre Guillaume de Ponte alias de Fry,qui échappa cependant à une condamriation r . Le r 7 octobre de lamême année,Victor Massenet le somma dans une lettre êcrite à

Genève de relâcher de la prison du château de Conthey AntoineLucelet et Nicole, femme d'Antoine Bois d'Hérémence, car les

accusations portées contre eux ne s'étaient pas confirmées. Mas-senet reprocha à Ribodi d'avoir fait arrêter ces personnes sans

preuve suffi.sante (sine sfficientia),l:ui imposant le silence perpétueldans cette affafue cofiIme dans toutes les autres touchant l'ofiìced'inquisition. Massenet lui rappela en outre qu'il n'était plus sonvicaire, ayant ê.tê. révoquê <depuis longtemps>2.

L'INQUISTTION ROMANDE 373

r. P^Yor, (Agnès, François, Jean et les eutresD, P. 72 et 98, n. z9 (références

d'archives).¿. K¡r¡¡n¡r,t¡r'rul-,qRegistrümD, p. Ito-rtr, to 14 (Scitís, quod iliu est, quod vos

rcuoeauí. Nec estis uicaúus meus, caueatis, ne falcem ín alienam messem ponatis).

Étienne ÉIuguenod OP.Vice-inquisiteur r4Z7- Ce domini-cain est attesté en r.474 comme lecteur à Lausanner. Par la suite,il dut changer de couvent, car le 9 septembre t477, il est citécomme frère du couvent de Plainpalais à Genève. Ce jour-làdébuta le procès contre Antoinette, femme de Jean Rose deVil-lard-Chabod dans la paroisse de Saint-Jorioz sur le bord du lacd'Annecy. Il se déroula dans le château de Claude de Beaufort(Betîofortl,seigneur deVillard-Chabod, et fut dirigé par ÉtienneHuguenod en qualité de uice ínquisitor generalis, jud.ex et commis-

saius in hac gtørte de Thomas Goga. Le procès s'étira jusqu'au z¡octobre, date de sa conclusion, mais la sentence n'a pas été

conservêe. Au fil des séances, deux procureurs de la foi intervin-rent, à savoir François Farodi et le chapelain,Claude Galliardiz.

Quatre ans après le procès, le zo juin r48r, Etienne Huguenodfut libéré de sa charge de prieur de Genève et envoyé commeétudiant <d'honneur> à Paris3.

t. HS,IY/¡,p.457.z. L,rvaxcHv, <Sabbats ou synagogues>,p.424-44o (êdition des actes du pro-

cès, reprise dans HaNsEN, Quellen,p.487-499,to 4r).3. SrerriNc-MIcHAUD, <Les Frères Prêcheurs>, P. 64, no 39 (Fr Stephanus

Huguenodi habuít litteras sue gratiose absolutionis a príoratu conver,tus Gebenensis et

astlgnatw Parisius pto studente honork). Dans HS, IVl¡, Huguenod manque dans

la liste des prieurs de Genève.

Claude Ypolitano. Vícøríus ín hac ytaúe d'e Thomas Goga477. La seule apparition de ce personnage, dont nous ignoronstout pour l'instant, dans un contexte inquisitorial date du r r

septembre 1477, lorcqa'il représenta à Ouchy pour la duréed'une séance I'inquisiteur Thomas Goga en tant que tticarius inhac ytarte dans le procès contÍe Jaquet de Panissère. A cette occa-sion, il fut citê en deuxième position après Claude Rup, ancieninquisiteur, qui assista également à cette séance, apparemmentsans commission. Ce fait trahit le peu de poids qu'Ypolitanodevait avoir dans cette affaire, d'autant plus que ce fut I'ofiìcialBaptiste d'Aycard qui interrogea l'accusét.

r. Maren, Tiente ans,P.3o4-3at.

374 /NQUÍS¡T¡ON ET SORCELLERIE

Andró Ligeti OP. Vicaire de Thomas Goga 479. Le únovembre t479, ce frère représenta Thomas Goga lors de laconclusion du procès contre Claude Bochet à Ouchyr.Il se peutqu'il soit encore attesté au couvent lausannois le 3o juillet l4-88t.

r. MaIrn, Tiente dns,p. 196-198.z. RtvrvloNo, <La chroniquo, p. 39, n" 4r (sous le nom de Lieget); f infor-

mation est cependanr invériûable (HS, lV / S, p, 4t 2, n. r 5). On peut se åeman-der s'il est à identifier avec le frère ,{ndré OP qui prêcha à Rõmont pendantdeux années consécurives à l'occasion du Carême- 1468 et 1469; voii JÄccl,Untersrchungen zum Klerus,p. 434.

Jean Blanchet OP.Vice-inquisiteur r48o-r483. Dans un acecitê par Maxime Reymond,Jean Blanchet apparaît en t466 dansle couvent lausannois parmi les frères uþiêtres célébrant lamesse> r.Le 17 avril r48o, il ouvrit en qualité de vice-inquisiteurdans les diocèses de Lausanne et de Sion et comme vicafte in hacparte de l'évêque Benoît de Montferrand le procès contre JeanPoesiouz qui avait lieu dans le château du Châtelard (distr.Vevey,VD). Les actes s'arrêtent deux jours plus tard, avant la conclu-sion formelle2. Un mois plus tard, le 4 ror:eii r48o, Blanchetadressa depuis Lausanne une lettre à Jean Pellis, vice-châtelaindes Clées, et lui ordonna sous peine d'excommunication etd'une amende de faire arrêter deux individus, dont I'un, ÉdenneAubert du Lieu (distr LaVallée,VD), arait êtê dénoncé au coursdu procès, aujourd'hui perdu, d'une certaine Fíllietaz. Jean pel-lis exécuta cet ordre et transféra Aubert dans le chãteau desClées, où Blanchet procéda contre lui <pendant un certain temps>(ubi praefatus vice-inquisitor contra eum alíquandiu prfoc]essiÐi: Ãla fin de la même année, nous retrouvons Blanchei iu Châte-lard, lorsqu'il procéda à partir du 6 novembre contre JeannetteBarattier. La sentence finale, dans laquelle Blanchet remettaitl'accusée au bras séculier, date du z4 novembre r48o. Au coursdu procès, le vice-inquisiteur dut s'absenter momentanément,(occupé)-, comme les actes nous renseignent, <par certainesautreJaffaires concernant son dit office> (ãcu7tatus i...1 certis alíisnegotäs concernentibus dictum suum fficium)a. Pendant cette absence,qui se situe entre le 15 et le z4 novembre,Jeannette Barattier futinterrogée le ¡6 novembre par le châtelain du Châtelard, Fran-çois de La Paleirel, qui en rendit compte à Blanchet dans unelettre testimoniale6. Deux ans plus tard, en r48z,Jean Blanchetinstruisit le procès contre Antoine de Vernex, dêtenu dans lechâteau d'Oron. Comme au Châtelard, il représenta en tant que

L'TNQUISITION ROMANDE 37t

vice-inquisiteur Thomas Goga, inquisiteur dans les diocèses deLausanne, Genève et Sion. Si le ressort de Blanchet comprenaiten r48o les deux diocèses de Lausanne et de Sion, il se résumaiten r48z à celui de Lausanne. La première séance du procèsVer-nex eut lieu le ry avúl;la procédure prit fin après le z4 du mêmemois, lorsque Blanchet remit l'accusê au bras séculier7. Le z7avril, il reçut avec l'ofãcial Baptiste d'Aycard 1a visite d'un bour-geois notable deVevey, Pierre Grivel8, aîftrrnant tvoir êtê injus-tement accusé d'hérésie par plusieurs personnes des deux sexes.

Pour soutenir sa cause, il s'était entouré de compurgatores,dontlenotaire Claude Burritazg. À la fin de I'année 1483, Blanchet se

trouvait, alors qualifiê de vice-inquisiteur dans les trois diocèses

romands, à Évian, dans le diocèse de Genève. Le 7 octobre, ilouvrit dans le château d'Évian le procès contre Mermet Rossierde la paroisse de Chevenoz, ressortissant de la seigneurie deCoudrée (Haute-Savoie, F). Les séances se succédèrent pendantune semaine, sous les yeux d'Henri de Strata, vidomne d'Evian,et de Jacques de Cresto, procureur du duc de Savoie en Chablais(ducalís procurator Chablaysii), avant que le procureur de la foi,ledominicain Vuinetus Barberius, ne demande sa conclusionro.

Jean Blanchet mourut avant le 16 mars r4g4; à cette date-ci, lemaître gênênl de l'ordre demanda à l'inquisiteur François Gra-net de s'arranger avec les frères du couvent de Genève au sujetdes r4z florins lêgués par feu le frèreJean Blanchetrr.

¡. RevÀ4oNp, <La chronique>,p.37,rf 37.z. MRIrn, Tiente ans,p. zo2-22t (édition des actes du procès).

3. L'arrestation d'Édenne Aubert par le vice-châtelain savoyard des Cléessuscira les protestations de l'abbé prémontré du Lac de Joux, Jean Pollen, quisentait ses droits de juridiction lésés. Le bailli deVaud, à savoirJean de Mon-chabot (1478-r48r), et le procureur deVaud lui donnèrent raison, suite à quoi levice-châtelain des Clées remit le suspect le gjuin r48o àJean de Lanfrey, métralde I'abbaye du Lac de Joux. Or I'inquisition avait été prévenue de ce qui allaitse passe! car au moment même du transfert d'Aubert, le dominicain VuinetusBaiberius en qualité de procureur de la foi le fit arrêter et inca¡cérer par leditmétral dans la prison de I'abbaye. lJne notice nous apprend qu'Aubert mourutdans cette prison après que 1'<inquisiteur> (Thomas Goga lui-même ou JeanBlanchet) avait initié son procès; voir F. o¡ GtNclNs-L¡-S t*xr., Annales de I'ab-baye du Lac-de-Joux depuis safonildtion jusqu'à sa suppression en r¡j6, Lausanner84z (MDR, l/r),p. 1oo-3o3, no LIII.

4. MaIrn, Tiente ans, p. z5o.

¡. En tant que châtelain du lieu, le noble François de La Paleire de laparoisse de Saint-Saphorin (distr. Lavaux,VD) avait déjà assistê au procès et exé-cutê, le r4 novembre r48o, la sentence interlocutoire, c'est-à-dire la tortu¡e.Aumoment de rendre compte au vice-inquisiteur de la séance du r6 novembre, ilse présenta comme notaire public par I'autoritê impériale et juré des cours duduc de Savoie et de I'ofiìcial de Lausanne (Malrn, Tiente ans, p. z¡o).Voir à son

376

sujet également ibíd.,p.42o, et PouDRET, Coutunes et coututtieß, vol. r, p.62,n. 47r, où il est attestê corune coutumier en 1492.

6. MAITR, Tierte ans,p.224-2j, (ódition des acres du procès).Z. {latln, Tiente ans, p. 258-285 (édirion des acres du procès).8. A son sujet, voir Marnn, Tiente aøs,p. 4o9.9. MaIEn, Tiente ans,p.38919o (édition d'une copie de I'acte).Voir aussi la

biographie consacrêe dans le présent volume à Claude Burritaz, p, 4o3.ro. BPU Genève, ms. lat. 63 (ancienne cote Senebier p. ¡92 et suiv.).rr. Sr¡ruNc-MtcHAUD, <Les Frères Prêcheurs>, p. 6r, no rr.

François Granet OP. Vice-inquisiteur r48r, inquisiteurÍ484-1494. François Granet cornmença sa carrière comme pré-dicateur: il est attesté en tant que tel en novembre 1463 à Esta-vayer-1e-Lac, où il prêcha pendant une semaine, Deux ans plustard, il y prêcha à nouveau - avec sixjours d'interruption seule-ment - du z mars au t avril 146 jr. üannée suivante, en t466, onle retrouve dans la même fonction du z3 février au 6 mars àOrbe, où il est qualifié de lecteur du couvent lausannoisz. Enr49r encore, le maître gên&al lui accorda la permission de prê-cher <partoutD et de s'associer un disciple (quatre dans I'espaced'une année)1. Qualifìé de doceur en rhéologie, il fit sa pre-mière apparition connue comme membre d'un tribunal d'inqui-sition à la fin de I'année r48r,lorsqu'il représentaThomas GãgaOP en tant que qemplâçant et vicaire>4 dans les terres du comtede Neuchâtel: du 2Z novembre au t décembre, il conduisit -d'abord au château de Boudry ensuite à Neuchâ¡el - uneenquête gên&ale eu cours de laquelle dix-sept personnes témoi-gnèrent de la mauvaise réputation de certaines de leurs connais-sancest. En parallèle, le tribunal d'inquisition instruisit sous laprésidence de Granet - qui était accompagné par son confèreJean Gay - une série de cas: entre le 6 et le rz octobre eurentlieu cinq séances de procès contre Jehanneret Regnal; du zz aaz¡ octobre, ce fut le tour de Pierre Croschard de se retrouverdevant ses juges; entre le 2Z novembre et le rer décembre, le tri-bunal s'occupa de Rolet Croschetd. Au début de l'annêe sui-vânte, le ro janvier l,482, I'avoyer et le conseil de Berne adres-sèrent une lettre à Granet, appelé à cette occasion professeur dethéologie: Granet, dont la lettre loue <la dévotion dans I'extir-pation et l'éradication de l'hérésie> sans toutefois préciser safonction, s'était tourné vers les autorités bernoises pour une rai-son inconnue, mais se fit renvoyer per les mêmes à leurs <frèresfribourgeois), qui, d'après la teneur de la lettre, devaient être avi-sés sous peu7. Deux ans plus tard, au début de 1484, Granet estenfin attesté comme inquisiteur dans les diocèses de Lausanne

¡NQU¡S/?¡ON ET S ORCELLERIE,

L' I N QU I STTT ON ROM,4NDE377

Genève et Sion, doublant cette charge de celle de vicaire gênê-ral ín hac parte deJean Balistarii (Johannes Armbruster), adminis-trateur de l'évêché de LausanneS: lors du procès contre JeanGallot de la paroisse de Corsier, eui se déroula entre le zr févrieret le 6 mars 1484 (n.s.) dans le château d'Attalens, il se fit pour-tant représenter per son confrère Damien Berrueriig. Après unpremier passage, toutefois hypothétique, dans le diocèse deGenève en r48¡ ro, Granet présida personnellement à partir dur¡ avril x487 la première moitié du procès contre Gervais Tap-paz, détena au château de Rolle (diocèse de Genève), avant decéder sa place le z mai pour les trois dernières séances au vice-inquisiteur Hugues Alexii, dominicain genevois rr.

La particípation de Granet à ce procès n'allait pas de soi, carsa position comme inquisiteur était ébranlée: le 4 juillet t486,ilavait en effet êtê privé de son oftìce sous peine d'excommuni-cation par le maître gênêral - sans que l'on ne connaisse les rai-sons de cette mesure - er remplacé par son confrère genevoisAntoine Penneti. IJne année après sa suspension, le ro juin 1487,Granet fut cependant reconduit dans son office12. Le 3 octobrer49o, 17 était, à l'occasion de sa <renomination> coÍlme vicairedes dominicaines d'Estavayer, toujours qualifiê d'<inquisiteur ducouvent de Lausanne>tJ. Par la suite, il dut gagner dans des cir-constances non élucidées le couvent d'Annecy, sans toutefoisperdre son ofüce d'<inquisiteur de la foi de Lausanne> (inquisitorfidei Lausanensis), car le chapitre gênêrat du Mans le transféra,désigné comme tel, le zr mai r49r à nouveau au couvent lau-sannois de la Madeleine 14. lJne semaine plus tard, le z9 rnai,Granet reçut la licence de prêcher où il le désiraitrl. La nomi-nation de Granet par le pape InnocentVIIL þ484-r4gz) commeinquisiteur dans la ville et le diocèse de Genève ainsi que dansles régions environnantes la même année 14g116 doit sans douteêtre vue comme faisant partie de la <réhabilitation> du domini-cain. Or trois ans après, celui-ci connut de nouveaux déboires:le 16 mars t494,le maître gênê.ral lui enjoignit sous peine d'ex-communication et de suspension de son office d'inquisiteur depayer aux prêcheurs genevois ou de s'arranger avec eux au sujetdes r4z florins légués par feu son confrèreJean Blanchet, qui estsans doute à identifier avec le vice-inquisiteur du même nom. Lero juin r4g8,François Granet ful à nouveau menacé d'excom-munication s'il ne tenait pas ses promesses envers le couvent deLausanne <au sujet de I'inquisition> (de inquisitione)r7, une attes-tation qui ne permet pas d'affirmer qu'à ce moment-là, Granetexerçait toujours I'oftice d'inquisiteurrS. D'après I'obituaire du

378

couvent de Lausanne, où il est qualifié de doctor et inquisítor, Gta-net mourut entre le z9 juín rto3 et le 7 juillet t5ttr9.

r. JÄccI, lJntersuchungen zum Klerus,p. a3o (il faut lire sans doute <Granectirau lieu de <Graverti>). Il pourrait y avoir un repPort entre ces longs séjours de

G¡anet à Esravayer et le fait que ce dernier ait rempli la charge de vicaire(<aumônier>) des dominicaines de la ville: le 3 octobre r49o, 1l fut en effetieconduit dans cette fonction (de nouo ¡nstituitur uìeaius monasterií Staviací),qu'1la,ait par consêquent déjà remplie par le passé; voir SteruNc-M¡cttlup, <Les

Frèrei Prêcheurs>, p. 6o, no 7. Au sujet de l'encadrement pastoral des domini-caines d'Estavayer, voir également HS, IVl¡, p. 662-663-

z. B¡n¡Bv, <Orbe>, p. 37r. Dans la liste des lecteu¡s lausannois publiée dans

HS,IY/5, il est cité sans date (p. +¡8). Chez RnvtvtoNo, cl-a chroniqueù,P.37,no 37,i|apparaît sous la même annêe t466 comme ûère. Selon le même auteur,Granet, alòrs maître en théologie, aurait occupé la charge de prieur le 3o juillet1488 (Io., <La chronique), p. 38, no 4r), une information qui s'est avêrée invéri-fiable (HS, lV/1,p.452,n. t).

3. Srarrtwc-MIcHAUD, <Les Frères Prêcheurs>, p. 6r, no ro.

4. François Granet est citê comme tel au début du procès contre Pierre Cro-schard (Trnn Inx, Le tnvail ile l'íxquisiteur,p. 68). Dans les autres sources établieslors de la même chasse, le notaire ne prit pas soin de préciser la fonction exactede Granet, mais se contentâ de I'appellation <inquisiteuo, omettant le plus sou-vent même le nom de I'inquisiteur (en fait vice-inquisiteur).

¡. Trn*.mn , Le travail de l'irqukíteur, p. t8-4, (édition des actes).

6. Trnn¡nn, Le trdvail de l'ínquisíteur, p. ¡6-61;68-73 et 76-83 (édition des

actes des procès). Les actes du procès contre Jehanneret Regnal posent pro-blème, car ils débutent par la quatrième monition.'Ious les actes sont conservésen français. lJne notice à la ûn du procès Regnal révèle cependant que son ori-ginal avait été en latin, avant que les procès-verbâux ne fussent traduits enlãngue vulgaire le ¿6 octobre r48r - soit deux semaines après sa conclusion -p"iGran"t lui-même (ibid., p,6z), probablement pour servir aux ofüciers du

ðomte de Neuchâtel. Semblent également faire partie du corpus des sourcesproduites pâr cette vague de persécution les aveux non datés, rédigés en fran-çais, qrr'.tn certain Rolin Bourguignon fit devant un inquisiteur non identifìé;voir ibid., p.48-tr (êdition des aveux).

7. AXB,A III r7o (Lateinisches Missivenbuch B), fol.479v, Nous remercionsClêmence Thévenaz Modestin de nous avoir signalé ce document'

8. Lévêque Benoît de Montferrand lui avait amodiê les revenus de l'évêchéevent le 19 mars 1483. Entre 1483 et r48t, Armbruster fut vicaire gênéral; voirTREMn-UTz, <Die Chorherren>, p. t7-r9; HS, l/ 3, p. t78; HS, l/ 4, p. 242-243;HS, l/ 5, p. 4t8-4t9t HS, ll/ z,p. t57-r18, et HS,lll/ z, P. 4t7-4t8'

9. Marcn, Tiente ans,p.t6411,8, (édition des actes du procès).¡o. À défaut d'actes originaux conservós, nous renvoyons à une notice dans

I'inventaire des chartes du prieuré de Talloires de r7zo, selon laquelle unhomme avait êtê <condamné pour le crime d'hérêsie sur le raPPort de l'inqui-siteup, par ailleurs non nommê, en r48¡ (ou plus tôt) à Faverges (Haute-Savoie); voir PH¡r,lpp¡, Notice hßtoique,p. 17r, no r4t.

rr. BPU Genève, ms. lat.63 (ancienne cote Senebier p. r98 et suiv.)'Voiraussi Jrcnn-, <Répressionn, p. rz8.

rz. StBttiNG-MIcnRup, <Les Frères Prêcheurso, p.6o, nos 4-6.13. Pour la réfêrence, voir supru n. r.r4. Srnurtc-MicHAUD, <Les Frères Prêcheurso, p. 6o, no 8.

¡NQU¡SITION ET S ORCELLERIE

L'INQUTSTTTON ROMANDE 379

rt. Pour la référence, voir supra n. 3. C'est à la même occasion que semblentavoir étê approuvêes une donation et la fondation d'un anniversaire par Granet;voir St¡tuxc-Mrcr¡¡up, <Les Frères Prêcheurs>, p. 6r, no 9'

¡6. R¡polr, Bullarium, vol.4, p. 6,no t6.r7. StrtLtNc-MlcHAUD, tl-es Frères Prêcheu¡sr, p.6r, no rr-r:.r8. Nous sommes à cet égard plus prudent que Laurence Pfister (voir Eao.,

L'enJer,p. r37-t38, r4o), d'autant plus que Granet n'est pas,ment¡onné commeinqúisitèurãu côurs des quatre prãcès qui eurent lieu à la fin de I'année 1498 à

Dommartin.19. Sætuwc-M¡cn¡up, <Les Frè¡es Prêcheursn, p' 7o' Comme l'état des

sources ne pefmet pas d'a{firmer que Granet est décêdé en ofÏìce, nous rejetonsla date de i¡ort avancée par Laurence Pûster (<tavant le zjuillet r5o3>) qui se

base sur la date de la nomination de François Palmier comme inquisiteur; voirPFIsTER, I) enfer, p. t 38.

Antoine Penneti OP. Inquisiteur 1486. Prieur du couventgenevois de Plainpalais en r48t, ce maître de théologie est

ãommé par le maître général le 4 juillet 1486 inquisiteur dans les

diocèses de Lausanne, Genève et Sion afin de remplacer FrançoisGranet. Pour la durée de son office' Penneti fut assigné au cou-vent de Lausanne (fit filius natiuus conveiltus Lausannensis durunte

officio) r, où il ne semble cependant Pas être resté longtemps' car

lê ro juin de I'année suivante, Granet fut confirmé dans son

ancienne fonction. En 1488, Penneti fut une nouvelle fois prieurdu couvent genevois, mais son priorat paraît avoir été troublé parson désir de quitter le couvent. Il fut provincial de France de

r4% à r5o3 etreçut,le zojanvier rto6,l'autorisation de rester à

h côur áu duc de Savoie2. Il pourrait être I'auteur d'un Ofnìcedu Saint Suaire composé vers r¡o4-r¡r33.

¡. Sr¡r,r,¡¡¡ç-MIcHAUD, <Les Frères Prêcheurs>, p. 6o, no ¡.z. Sr¡rr¡Nc-MicHAuD, <Les Frè¡es Prêcheurs>, p-6o,n.3.3. HS,IY / I, p. 382.

ÍIugues Alexii ou Alesii OP.Vice-inquisiteur général 4-87.frère du couvent genevois de Plainpalais, Hugues Alexii, alors

qualifiê de <vice-inquisiteur général dans la cité et le diocèse de

Õenève,>, releva le z mai 1487 I'inquisiteur François Granet de laprésidence du procès contre GervaisTapp3z alJ château de Rolle.Árlexii mena cè procès, qui avait débuté le rr avril, à sa conclu-sion en trois sêaãces, le 2 et le 4 mair.Le z4 juin 493, il est citéparmi des dominicains genevois figurant comme témoins lorsã'un appel devant Claude Rup OP, évêque titulaire de Claudio-polis et évêque suffragant de Genève, contre la nomination d'un

380 ¡NQU¡S¡T¡ON ET SORCELLERIE

official <forain> à Annecy2. Quelques années plus tard, Alexiiintervint comme procureur de la foi dans trois procès instruirsen 1497 et t499 par son confrèreJean Guynod contre deux fem-mes et un homme du mandement de Peney, possession desévêques de Genève3.

r. BPU Genève, ms, lat. 63 (ancienne core Senebier p. r98 et suiv.), fol. 6v etss.Voir aussi JTGER, <r(þp¡s55ion>, p. rz8.

z. Reghtres ilu Conseil de Cenèue, vol. ¡, Genève t9r4,p. t2t.3. Ces procès font I'objet de l'étude de SluoN, <Sí je le ueux, il mourra!>.

Jean Guynod OP. Více-inquisiteur gênêral r497-t499. Cedocteur en théologie du couvent genevois de Plainpalais étaitmandaté comme <vice-inquisiteur général par l'autorité aposto-lique dans la cítê et le diocèse de Genève> pour insrruire le pro-cès contre Rolette deThufo, qui débuta le z¡ novembre r49j aachâteau de Peney, possession des évêques de Genève (les actess'arrêtent le r¡ décembre). Deux ans plus tard, ce fut le tourd'Etienne de Tupho et de Peronette Verneye de comparaîtredevantJean Guyàod. Les degx procès s'ouvrirentle zjjuillett49g.Sí les actes du procès d'Étienne s'arrêtent le 3o juillet, ceuxde la procédure contre Peronette enregistrent le jugement parailleurs clément prononcê par Guynod le r r août: lãccusée futbannie pour deux ans du diocèse de Genève et condamnée à unpèlerinage; en outre, elle devait s'acquitter des frais occasionnéspas sa détention¡. En ce qui concerne les représentants del'évêque Philippe de Savoie (t495-r5o9) dans ces affaires, il semblequ'en t497, cette charge ait été occupée par Philibert deBonnâ2, uicarius fidei, quí, appelé par Jean Guynod à I'assisterdans le procès conrre Rolette de Thufo ou à lui céder ses pou-voirs, choisit la seconde solution le rz décembre. En t499, lereprésentant êpiscopal était Pierre Gruer3, qui ne prit pas lui nonplus de part active aux procès, cêdant formellemént lè z8 juilletses pouvoirs à Guynod, y compris la senrence définitive.

- ¡. Les actes des trois procès sont édités et analysés dans Sl¡vros, <Sije le ueux,iI mourralt. La question de savoir si I'on peut identifierJean Guynod avec lefrèreJean de Grunyoris, nommé par InnocentVIII le ro juillet r49o inquisiteurdans le diocèse de Besançon et les régions avoisinantès, reste ouveite; voirRIror,r, Bullarium, vol.4, p. 6,no 13.

z. En 1498, il est d'ailleurs artesté comme vicaire général; voir à son sujetH S, I / 3, p. t7 9- r8o, et Tn ¡¡r¿p-tIt z, <Dte Chorherren>, p. ro3- r o4.

3. Voir à son sujet HS,l/3,p. r7|-ryg et ztt.

I: IN QU I S TTI ON ROM/{NDE 38r

François Fossaud OP.Vice-inquisiteur gén&al t498, t1,29.François Fossaud est attesté dès 1474 comme frère du couventlausannois de la Madeleine, dont il assura la direction commeprieur eî r49j-r494r. Portant 1e titre de vice-inquisiteur <géné-ral> dans les citês et diocèses de Lausanne, Genève et Sion, il ins-truisit entre le z¡ octobre et le 3 décembre 1498 quatre procèsde sorcellerie à Dommartin, possession du chapitre cathêdral deLausanne2. Dans sa fonction d'inquisiteur, Fossaud se trouvait à

Dommartin au cæur d'un conflit entre l'êvêque de Lausanne,Aymon de Montfalcon (r49r-r 1ry), qru;í se prêvalait de la pré-éminence épiscopale en matière d'hérésie, et le chapitre cathé-dral en tant que seigneur temporel de Domma¡¡in3. Quant à

Fossaud, il dut négocier le cadre des procès sur place avec le cha-noine Laurent Curvillion, procureur gênêral du chapitre4, aunom duquel trois des accusés, qui étaient des sujets du chapitre,étaient jugés f. Par la suite, François Fossaud connut des déboiresau sein de son ordre, sans que nous n'en connaissions les causes:

cité parmi les frères de son couvent le z7 octobte t1oz6, il fut lez8 novembre sommé avec son confrère François Palmier de se

présenter avant Noël devant le maître général Vincent Bandello(r5or-r¡o6), alors de passage à Lausanne, afin de rendre compted'une affaire dont on ne sait pas davantageT. Quatre jours plustard, il était parmi trois frères (dont Palmier) chassés du couventde la Madeleine; ils devaient trouver refuge 1à où des personnesbienveillantes seraient prêtes à les accueillir. De plus, Fossaud etPalmier ne devaient pas être réassignés au couvent de Lausannesans l'autorisation du maître gênéral8. Après ce coup de ton-neïre, Fossaud quitta l'ordre et se fit admettre au prieuré béné-dictin de Lutry (distr. Lavaux,VD)1. Sa trace se perd ensuite jus-qu'en r5z9;le 3r octobre de cette année, le conseil et le rière-conseil de laVille de Lausanne stipulèrent qu'un certain HenriAlbi, suspect d'hérésie, contre qui frère François Fossaud avaitprononcé une sentence interlocutoire, ne devait pas être torturé,mais remis en liberté, ce qui devait être communiqué à l'évêqueSébastien de Montfalcon (r¡17-1536)10. Fossaud avait doncrepris à un moment donnê une activité inquisitoriale, sans quel'on ne puisse en déduire automatiquement qu'il avait réintégréI'ordre dominicainlr.

r. HS, IVl;, p. 4t3-4t4. Notons que c'est sous François Fossaud, prieur, qu'aété fondue en \4g1 la seule cloche du couvent de la Madeleine qui subsiste

encore. Après avoir êté montée eî tt+, dans le beffroi de l'église Saint-Fran-

çois, elle fut transportêe lors de I'harmonisation des cloches de la ville en 1897

à la Cathédrale. Pour I'inscription de cette cloche, qui mentionne François Fos-

382 INQU¡S¡Ï¡ON ET S ORCELLERIE

saud, voir Cn¡v¡NN¡s, Etüraíts des manuaux ilu eonseíl de Lausanne, p. r9o; pourses emplacements successif!, voir M. GnaNo3raw, Les monuments d'a¡t et d'hß-toirc du canton de Vauil.Tome l, La ville de Lausanne,Bàle t961 (Les monumentsd'art et d'histoire de la Suisse, tr), p. 244.

z. Ces procès sont I'objet de l'étude de Prrsrnx, L'enJer.

3. Au sujet de ce conflit, voir Urz Tn¡¡vlp et Moo¡sT¡N, <IJn 'laissez-passer'pour I'inquisiteur>, p. 78-8o.

4. ll est cité dans cette fonction dans Pptsr¡n, Xenfer,p. zTT,annexe no r.Voir aussi R¡vmo¡¡o, Les dignítahes, p. 3o6 (sous <Cornillono).

5.Yoit inJra MoRnRoD, <La sentence 'neuchâteloise' des procès de Dom-martin (1498)>. C'est d'ailleurs à Jean-Daniel Morerod que nous avonsemprunté I'idée que Fossaud devait <négocierr les procès avec Curvillion.

6. R-EvMoND, <La chronique,>,p.39, no 45 (sans réfËrence précise).7. Srerrtruc-MlcH¡tuD, <Les Frères Prêcheurs>, p. 6r, no r ¡. Pour ce qui suit,

voir aussi PpIsrrn, L'enfetp. t4t-t428. STELLING-MIcHAUD, <Les Frères Prêcheursr, p.6r,no t6.9. SrnrtNc-MIcHAUD, rl,es Frères Prêcheurs>, p.7o (il apparaîr en rânr que

(trânsfi¡ge) dans I'obituaire du couvent de la Madeleine, même si lors de la¡édaction du passage en question en rtrr, il était encore en vie).

¡o. CH¡vaN¡Es, Exttdits des manuaux du eonseil de Lausanne, p. 98-roo.rr. HS, lY / 5, p. 4t+, n. 6.

Jean Muserií ou Musnerii OP. Inquisitear rloz. Maître enthéologie, ce dominicain genevois est attesté dans les annéesr49r, rjoo-rto2 et rto6 comme prieur du couvent de Plainpa-laisr. Le 8 septembre rto2, Muserii, alors qualifiê de prior etinquisitor Gebenensís - sans que nous ne sachions dans quellemesure il exerçait cette dernière charge -, fut autorisê par lemaître génêraI à suivre la cour de Renê, bàtard de Savoie, à se

confesser en dehors de l'ordre et à se faire absoudre trois fois parannée <de tout>>2.

r. HS, IVl¡, p. 384.z. Sr¡uI¡¡c-MIcHAUD, <Les F¡ères Prêcheurs>, p. 6r, no r3.

Éti"nn. de Genthod ou de Gento OP. Vice-inquisiteurr toz, inquisiteur t 1z7 . iitienne de Genthod, frère genãvois issud'une famille nobler, fut envoyé par une décision du maîtregênleral datée du z3 janvier 1483 comme étudiant en théologieau couvent de Paris 2. C'est peut-être lui qui, appelê alorsÉtienne de Genève, reçut le r6 mars ryg4 la.peimission d'expo-ser les Sentences au Palais apostolique en vue de l'obtention dugrade de meître3. Par la suite, on le rencontre comme procureurde son couvent d'origine: la première fois le 7 dêcembre t494,lorsque le maître général abrogea son pouvoir þrocura) de faire

UINQUÍSTTTON ROMANDE ¡81

citer devant un juge externe à l'ordre ses confrères dominicainsde Coppeta; ensuite régulièrement entre t49g et t1o6l. Le ¡oseptembre r5oz,il remit au bras séculier en tant que vice-inqui-siteur une ressortissante des terres de l'abbave d'Abondance(Haute-Savoie, F) 6. Le 8 février de I'année suivante, Étienne deGenthod est une première fois attestê comme prieur du couventde Plainpalais, charge qu'il remplit jusqu'en rto4 et à nouveauentre rtr4 et r¡r8. Le 8 fêvrier r5o3, il porte pour la premièrefois le titre de maître, le ¡ octobre 1516 celui de professeur enthéologie. En t523,Étienne de Genthod était prédìcateur ordi-naire;le r3 février, il protesta devant le conseil de Genève contreun ermite de Saint-Augustin qui avait l'intention de prêcher leprochain Carême, violant ainsi I'alternânce traditionnelle entredominicains et franciscains. En 1524, 1l était peut-être une nou-velle,fois prieurT.Après un silence des documents de vingt-cinqans, Etienne de Genthod est à nouveau actif dans la lutte contreI'hérésie en t tzT: le 13 avril de cette année, il remit à Genèvemême, en tant qu'inquisiteur dans la cité et le diocèse deGenève, une accusée au bras séculier, portant par ailleurs à cetteoccasion le titre de docteur en thêologies.La denière âttestationde ce frère date du z juin rrzge.

r . HS, lY / 5, p. 384.z. Srrr,u¡lc-MIcHAUD, <Les Frères Prêcheursr, p.64,no 4t.3. SmruNc-MIcH,\uD, <Les Frères Prêcheurs>, p. 64, no 44. Cette identi{ìca-

tion a été proposée par Sven Stelling-Michaud et reprise par Catherine Sant-schi dans HS,IY/ S, p. 38a.

4. SrrlrtNc-MIcHAUD, rl-es Frères Prêcheurs>, p.69,no 72.5. HS,IY/5,p.384.6. MrRcIËR, <Uabbaye et la vallée d'Abondancer,p.3¡8-36o,no zS.

7. HS, IY / ¡,,p. 384-38t.8. A.EG, Procès criminels, rère série, no 227,sp. fol. ¡ et 9 (sentence de I'in-

quisiteur); édition partielle des sources dans H¡NsrN, Quellen,p. 5t3-1t5,rf 69.

Voir aussi Jrcnn, <Répression>>, p. rz8-t29.e. HS,IY/5,p.381.

François Palmier OP" Inquisiteur r¡o3-r5o4. François Pal-mier serait attesté le z7 octobre rto2 parmi les frères du couventlausannoisr. Le z8 novembre suivant, il fut assigné, à I'instar de

son confrère François Fossaud, à comparaître devant le maîtregênêral alors à Lausanne. Tout comme Fossaud, il fut le z

décembre chassé du couvent de la Madeleine, qu'il ne devaitréintégrer qu'avec l'autorisation du maître gên&al. Le lende-main déjà, le maître gênêral, arcivê entre temps à Genève, l'assi-gna au couvent de Poligny en Franche-Comté (dép.Jura, F), avec

384 TNQU¡STTION ET S O RC ELLERT E

la permission toutefois de rester dans les (termes)) (territoiredévolu à un couvent donné pour éviter des rivalités enrre les diÊfêrentes maisons) de la Madeleine jusqu'au z fêvrier et d'y récu-pérer ses <affaires>. un nouveau revirement eut lieu le z juilletrto3: contrairement à François Fossaud qui s'était fait admettreau prieuré bénédictin de Lutry (distr. Lavaux,VD), Palmier avaitalors regagné le couvent dominicain de Lausanne et fut nommêce jour-là par le maître gênêral inquisiteur dans les cités et dio-cèses de Lausanne et Sion2. lannêe suivante, en rto4, il sembleavoir participé comme vice-inquisiteur (!) à la recherche d'hérê-tiques à Lausanne3. Il mourut avant le 7 juillet r5rr, I'obituairede la Madeleine le qualiûant de pater et inquisitor4.

r. RtytvtoNo, <La chroniqueù,p. 19, no 45 (sans référence précise).z. SrBnt¡¡c-MIcHAUD, <Les Frères Prêcheurs>, p. 6r, no 14, t6-t7, et p. 62,

no ¡8.3. RrvuoNo, <Le couveno, p.277-278. Maxime Reymond cite Palmier à

côté d'Amblard Blanc comme vice-inquisiteurs pour la période entre rto4 etr ¡ r r (Io., (Le couvent', p. z7o). Or Amblard Blanc est attestê dans I'obituaire dela Madeleine comme procureur; d'après la même source, il est mort - commePalmier - avânt le 7 juillet r¡rr (Srwrtxc-M¡c¡raup, rl-es Frères P¡êcheursr,p. 7o), tandis que Reymond avence sans référence coÍìme date de sa mort le 9juillet r¡o4; voir Rsv&1oNo, <La chronique>, p. 39, no 4¡.

4. Stnuruc-MlcH,quD, <Les Frères Prêcheurs>, p. 7o.

François Cabareti. Inquisiteur rt24 et r¡28. Ce chanoinerégulier de Saint-Maire à Lausanne dirigea en novembre r5z4 à

Dommartin le procès contre JeannetteVincent, sujette du cha-pitre cathédral de Lausanne, à qui appartenait la châtellenie deDommartin. C'est le chapitre qui avait mandaté Cabareti pourprésider au procès (comme un inquisiteur>> (teluti inquísìtor).Lemandat de Cabareti semble d'ailleurs s'être limité à f interroga-tion de la suspecte, car aucun jugement de sa part n'a. êtêconservé, le verdict émanant de la cour séculière du châtelain deDommartin, noble Jean Costabler, qui condamna Jeannette à

mort le rz novembre2. Il est fort probable que le chapitre avaitfait appel à un <inquisiteurD pour protéger son châtelain: ce der-nier avait êtê cttê le z3 octobre précédent devant l'évêqueSébastien de Montfalcon (r¡r7-r536), qui lui reprochait d'avoirusurpé l'office d'inquisition en détenant comme prisonnière

- entre autres personnes - une dênommêe <Vincentaz>r. Caba-reti se distingue parmi les autres chanoines de Saint-Maire par lefait que, quatre ans auparav¿nt, il avait êtê parmi les ecclêsias-tiques choisis par le chapitre pour participer au grand pardon de

I:INQUISITION ROMINDE 38t

Notre-Dame de Lausanne de r¡zo, s¿ns que sa fonction exactene soit connue4. En r1z6,il était sous-prieur de Saint-Maire I (leprieur étant depuis I'incorporation du prieuré à l'évêché en

i3961'êvèque lui-même). Deux ans plus tard, à la fìn septembrer¡z8,le chapitre fit une nouvelle fois appel à ce religieux pourprêsider des procès à Dommartin, celui contre Margot Rolier etèelui contre Françoise Gilliéron. f)ans les deux cas, le jugementfut rendu par la cour du châtelain de Dommartin, sans qu'u9eseritence ne soit conservée de la part du chanoine lausannois6.

t. À son sujet voir Cr¡ormr, La sorcellerie,p. t75-t76-z. Cr¡orr¡r, La sorcelleríe,p.t7-6, (édition des actes du procès)'

3. Cuorrar, La sorcellerie,p.64-67 et zo8-z¡¡ (édition de I'acte)-

4. DueRaz, La cathédrale de Løusanne,p.35g.

¡. Cnorrar, La sorcelleie,p.6l.å. Cr¡orr¡r, La sorcellerie,þ. fr-ee et rrr-rr4 (édition des actes des procès).

Aymon Cerjat OP. 1439. Aymon Cerjat figure comme témoinsur I'acte attestant l'abjuration d'Aymonet Maugetaz devantUlric de Torrenté à Lausanne en 1438r. Üannêe suivante, ilâccompagna son confrère en tant que procureur de la foi à Neu-châtel, où ce dernier procéda contre deux sorciers2.

Jean des Colonnes (de Colutnpnís) it. r43o. Clerc du diocèseãe Maurienne, parent du commissaire épiscopal du même nom,iI fifi procuratoi seu ltromotor fdei catholics lors de la deuxièmephase du procès contre les vaudois de Fribourgr.

t. U'rzTREMP, Quellen, p. ro9-rro.

PROCUREURS DE LA FOI

Pierre Raveneti. 1438. Ce prêtre et chapelain de la cathédralede Lausanne fut délégué par lè prévôt et le chapitre cathédral de

même que par I'inquisiteur Ulric de Torrenté comme procureurde la foi dans le procès contre Pierre de la Prêlaz alias Mugne-rii, homme tailla6le du chapitre, tenu à Dommartinr.

r. ANpBNuatrsN et Urz Tnrun, <De I'hérésie à la sorceilerie>, p. y; êdi-tion de la sentence relatant I'affaire, ibídem,p. rro-rr3, no 3.

386fNQU/Sf T¡ON ET S ORCELLERIE

r. OsroRERo, <Le procès d'Aymonet Maugetaz d'Épesses, en 1438>, dansL' imagínaíre du sabbat, p. 34o.

z. ANpENtvt¡ttEN et utz Tnrur, <De I'hérêsie à la sorcellerieÐ,p.97.

Pierre Rondinel OP. 1448. Ce dominicair¡ est attesté commefrère au couvent lausannois e\ r444r. Lors des trois procès ins-truits à LaTour-de-Peilz en mars 1448, il officia aux côtês de ses

confrères Henri Chouvet et Pierre d'Aulnay comme procuÍeurde la foiz, dressant notemment une liste de quinze articles surlesquels l'un des accusés,Jaquet Durier, fut interrogé3. QuandI'inquisiteur Pierre d'Aulnay et le vicaire épiscopal Léopard deBosco se retrouvèrent à Champvent en avril, quelques jours seu-lement après avoir conclu le dernier cas à La Tour-de-Peilz, pourprocéder contre Pierre Chevaz, Pierre Rondinel apparaît dansleur sillage. Comme il est cité dans les actes en alternance avecun procureur de la foi non nommé, il est plus que vraisemblableque ce soit à nouveau lui qui ait rempli cet ofÍice4. En r4¡o, onle trouve dans une affaire impliquant également son confrèreRaymond de Rue: un certain Pierre Testaz de Poliez-le-Grand(distr. Echallens, VD) fut en effet sommé par I'official de Lau-sanne de payer à Raymond quatre livres et un muid de fromentpour s'être porté garant pour Pierre Rondinelr.

r. REYMoND, <La chronique>,p.3t,îo 29.z. Ostonnno, Folâtrer,p.tg4-277 (édition des actes respectifs).3. Osronrno, Folâtret,p. z16-z19 (édition de la liste).4. Voir l'édition du procès de Pierre Chattaz dans le présent volume.t. ACV CVI f, no 46 (t45o, novembre r4).

Pierre Crostel. 1449. Ce Lausannois est attesté en l'429 commenotaire à la cour épiscopale de Lausanner. En 449, il est citécomme procureur de la foi, lorsque, le 4 novembre de cetteannêe, Pierre Antoine demanda que ses aveux soient lus en sa

présence de même qu'en celle de Léopard de Bosco2. Neuf ansplus tard, en 14¡8,Pierre Crostel appanît parmi les conseillers del'évêque Georges de Saluces. Ce n'est qu'en 146r qu'on leretrouve dans un contexte inquisitorial: le z3 octobre, il suivitcomme témoin I'ouverture du procès contre Jeannette Anyo à

Ouchy. Pierre Crostel testa en t463, êlisant sépulture dans lecloître de la cathédrale de LausanneS.

r. Moorsrts, Le díable,p. 334.z. Yoir supra p. rz4,3. MootsrtN, Le diable,p.3j4-t3t

¿,¡NQU¡S/T¡ON ROMANDE :,87

Jean de Alesino OP. r4¡o. Ce dominicain lausannois est men-tionnê à côté de I'inquisiteur Henri Chouvet dans une affaireimpliquant en r4to Pierre de Campis de la paroisse de Troistor-rents (VS), qui, après avoir déjà été poursuivi par Ulric de Tor-rentê en r4z8, avaít suscité de nouvelles rumeurs r.

r. Renseignements aimablement fournis par Chantal Ammann-Doubliez.

Jean d'Allinges. 456. irla fin de I'année 1456,Jean d'Allinges,curé de Bagnes, fut appelé à servir sous la présidence de l'inqui-siteur Raymond de Rue OP cornme procureur de la foi à

Bagnes dans le procès contreAntoinette de laTerrar.

r. Actes du procès conservés auxAASM, non cotés. Renseignements aima-blement fournis par Chantal Ammann-Doubliez.

Pierre Pascua (alias Centlivres) OP. t4S7, t46t, t477. PierrePascua ofiìcia en tant que procureur de la foi à côté de Ray-mond de Rue OP à Bagnes en r4i7, puis aux côtés de PierreCreschon etVictor Massenet OP à Ouchy lors des procès contreGuillaume Girod et Jeannette Anyo en t4û.En 477,11inter-vint dans la même fonction au cours d'une séance du procès

contre Jaquet de Panissère r.

¡. Voir I'entrée principale consacrée au vice-inquisiteur Pierre Pascua,

p. 36t-364.

Victor Massenet OP. r4¡9. Il accompagna le vice-inquisiteurPierre Ginod en r4r9 à Martigny, où il offìcia conune procureurde la foi dans trois procès. Lors du procès contre Jaquette Pelo-rínaz,íl présida seul la première séance du z6 avril, au cours de

laquelle il prononça la deuxième monition canoniquer.

¡. Voir I'entrée principale consacrée à I'inguisiteurVíctor Massenet,P. 363-367 -

Gérard du Plait (ile Placíto). 46r.Il remplaça le dominicainPierre Pascua co¡nme procureur de la foi lors d'une séance duprocès contre Guillaume Girod, le 13 octobrc r46t1'

r. Voir I'entrée principale consacrée âu procureur épiscopal Gérard du Plaît,

P. 398'

388¡NQU¡SIT¡ON ET S ORCELLERTE

Jean Ruffi OP. 1465. Procureur du couvent lausannois en 1469,il y est attesté jusqu'en 496.II accompagna au début de l'année1465 (n.s.) le vice-inquisiteur Damien Berruerii à Châtel-Saint-Denis, où ce dernier procéda contre Perrissone Gappit. Il se peutque RufTi ait alors rempli I'office de procureur de la foi (quin'est pas nommé dans les actes) r. Le 6 juin t474,le maître gêné-ral Martial Auribelli confirma les privilèges et grâces qui luiavaient été conférés2. Sept ans plus tard, Jean Ruffi assista auprocès contre Rolet Croschet se déroulant au château de Bou-dry entre le z7 novembre et le ¡er décembre r48r sous la direc-tion du vice-inquisiteur François Granet3. Il avait peut-être étéprévu pour ce procès comme procureur de la foi, sans toutefoisintervenir ou sans gue son intervention ne soit notée.

r. Moorsrrr.i, Le iliable,p.33z.z. StwuNc-MIcHAUD, <Les F¡ères Prêcheurs>, p. 65, no 48.3. Tennren, Le tauail de l'ínqußiteur,p.76-83 (édition des actes du procès).

Mermet Nicod. 477. Lprès avoir pris la relève de Pierre Pas-cua OP comme procureur de la foi, le chapelain Mermet Nicoddemanda le rz septembre 1477 l'application de la torture contreJaquet de Panissère, qui était détenu à Ouchyr. Nicod était fami-lier avec son cas, car il avait lui-même consigné le procès-verbalde la séance du ro septembre, contenant la sentence interlocu-toire2. I1 assistera à la suite du procès coûlme témoinl. Dans leprocès contre Jordane de Baulmes qui se déroula en partie enparallèle avec celui contre Jaquet de Panissère, Nicod, investi à

nouveau de la fonction de procureur de la foi, demanda le 13

septembre 477 la torture contre I'accusée4. Par la suite, il figureparmi les témoins f . En 1482, il fut installê chenoine du chapitrecathédral de Lausanne. Pendant la vacance du siège épiscopalaprès la mort de Benoît de Montferrand le 7 rnai t49t, Nicodfigurait parmi les syndics de l'Église de Laüsanné. I- annéed'après, il était encore en vie6.

¡. M¡Irn , Tiente ans, p. 3o8.z. Matrn, Tiente ans,p.2981o3.3. Matrn , Tiente ans, p. 3t6 et pøssim.

4. Matrn, Tiente ans,p.34o.¡. Matrn, Tiente ans,passim.6. RrvuoNo, Les dignítahes,p.4oo.

I¡NQUISTT¡ON ROMIND,E 389

François Farodi. 477. Le rt septembre 1477, François Farodidemanda en tant que procureur de la foi la sentence interlocu-toire contre Antoinette, fernme de Jean Rose, dont le procès futinstruit en septembre et octobre 1477 alr château deVillard-Cha-bod sur le bord du lac d'Annecy par le vice-inquisiteur ÉtienneHuguenodr.

r. LavaNcHv, <Sabbats ou synagoguesù,p.428.

Claude Galliardi. 477. Après âvoir suivi comme témoin leprocès contre Antoinette, femme de Jean Rose de Villard-Cha-Lod, qui eut lieu sous la direction du vice-inquisiteur ÉtienneHuguenod en septembre et octobrc 1477 sur le bord du lacd'Annecy,le chapelain Claude Galliardi se présenta le z¡ octobrerevêtu de la charge de procureur de la foi et demandala conclu-sion du cas¡.

r. LlvawcHv, <Sabbats ou synagogues', p. 44o et pasím.

Rolín. 479. Le chapelain Rolin, procureur de la foi, demanda le8 novembre r47g à Ouchy la sentence interlocutoire contreClaude Bochet. Par la suite, il s'éclipsa et fut remplacé pour laconclusion du procès parJeanVuilliezr.ll se peut que ce Rolin soità identifier avec le clerc François Rolin que Louis, duc de Savoie,nomma le 4 septembre r4tr en vertu d'un indult (privilège) deNicolasV au premier bénéfice vacant du chapitre de Lausanne2.

¡. Marrn, Tiente ans,p.4z4.z. RtvtvtoNo, Les dígnítaíres, p. 433.

JeanVuilliez- Í479. Le 16 novembre r479,le procureur de la foiJean Vuilliez, dont ce fut l'unique manifestation dans cetteaffaíre, renonça au procès contre Claude Bochet et demanda sa

conclusionr. Uidentification de Vuilliez est incertaine, car ontrouve deux hommes de ce nom à Lausanne: un dominicain,attesté comme frère lausannois entre r4rt et t466, qui avaitassisté à une séance d'un procès en r4¡82, et un notaire lausan-nois homonyme, juré à la cour de l'ofïìcial de Lausanne3. Cenotaire est peut-être à identifier avec le syndic de la Ville infé-rieure povr r479-r48o, un des artisans de I'union de la Cité etde laVille infërieure de Lausanne en r48r4.

390 ¡NQU¡SITÍ ON ET S O RC E LLERIE

r. MAirR, Tierte ans,p. r98.z. Mop¡strN, Le diable,p.333.3, Yoft inJra MoDESTIN et TFrÉvENAz MoDEsrIN, <'Ad comburendum'o,

P. 48o'4. Voir la notice biographique qui lui est consacrêe dans Tt¡Évsx¡z MooEs-

TIN, Ur maiage cofiesté,p.288-289.

V(u)inetus Barberius or¡ Barberii OP. r48o, 1483. Sans

doute mandatê par le vice-inquisiteur Jean Blanchet, le frèreVuinetus Barberius, alors procureur de la foi, fìt arrêter un sus-pect le 9 juin r48o par le métral de l'abbaye du Lac de Jouxr.Trois ans plus tard, en octobre r483, il accompagnaJeanBlanchetà Évian, où il demanda, au terme d'une semaine d'interroga-toires, la conclusion du procès contre un ressortissant de la sei-gneurie de Coudrée (Haute-Savoie, F) z.

r. Ën ce qui concerne cette affaire, voir la biographie consacrêe à I'inquisi-teurJean Blanchet, p. 37t,î.3. Chez REyMoNÐ, Les ilignítaires, p.9r, Barberiusapparaît sous la même année r48o comme inquisiteur de la foi en tant queVin-cent Barbey (sans référence).

z. BPU Genève, ms. lat.63 (ancienne cote Senebier p. ry2 et suiv.), fol. ¡r-tv.

Jean Colin. r48o. <Honorabler>Jean Colin était procureur de lafoi dans le procès qui eut lieu en novembre r48o au château duChâtelard contre Jeannette Barattier, une paroissienne de Mon-treux. Le t4 novembre, il demanda la sentence interlocutoire;après la première application de la torture, Colin exigea la tor-ture urie nouvelle fois le lendemainr.

r. Malrn, Tiente ans,p. z4o et, 246. l,)identifrcation de Jean Colin avec unchanoine lausannois (ibíd., p.4or) repose sur une erreur, car le chanoine enquestion s'appelait Pierre; voir R¡v¡vtowp, Les dígnitøires,p. 24g et 299.

Jean Gay OP. r48r. Ce dominicain assista en r48r à deux pro-cès contre des ressortissants duVal-de-Travers, à savoirJehanne-ret Regnal, dont le cas fut conclu le ¡e octobre au château duVal-de-Travers, et Pierre Croschard, dont le procès se termina lez¡ octobre dans la tour des prisons de Neuchâtel ¡. Les deux pro-cès furent dirigés par le vice-inquisteur François Granet quis'était associé son confrère Jean Gay. Si celui-ci est identifiêcomme procureur de la foi seulement dans le deuxième procès,

¿,INQU/STTION ROMANDE 39r

il pourrait bien avoir exercê cette charge dans les deux cas, d'au-tant plus que les actes tels qu'ils sont conservés ne sont manifes-tement pas complets2.Jean Gay aurait étê sacristain du couventlausannóis en r488 t.Le 9 octobre r49o,1l fut instituê en tant que

confesseur des dominicaines d'Estavayer+. Le ro iain ry97 lemaître gênêraI lui ordonna sous peine d'excommunication de

p"y.r uñ. certaine somme d'argent au nom d'un confrère défunt'ão**" il avait promis de le fairet.Toujours citê comme frère ducouvent de Lauìanne le z7 octobre t5oz6, il est mort avaît le 7juillet r5t17.

¡. Tennrcr, Le trauail de l'ínquísiteur,P'56-61 et 68-73 (édition des actes des

deux procès).z. Les actes commencent le 6 octob¡e dans le premier cas' et le zz octobre

dans le deuxième. Il en ressort cependant qu'à ces moments-là, les deux procès

êtaient déjà en cours. Létat des sources ne perme! guère de faire, à I'instar d'Isa-belle Terrier, des hypothèses quânt au rôle du procureur dans ces procès (voirEto., Le trauail de l'inquísiteur, P. ro4).

3. Rrvuowo, ul-a chronique), P. 38, no 4r; information cependant invêri-fìable (HS, lV/5,p.452,n. r).

4. SreruNc-MIcHÂuD, <Les Frères Prêcheurs>, p.7o, no 8o.

5. SrEu,tNc-MIcHAUD, <Les Frères Prêcheurs>, p.67,no 62.

à. R¡v¡r¿oNp, <La chroniqueD,P.39, no 45 (sans référence précise).

7. SrnntNc-MicHAUD, <Les Frères Prêcheurs>, P- 70, rL' t.

Étíenne Ginod. 1482. Ce <vénérable frère>, dont I'apparte-nance à un ordre n'a pas étê prêcisée dans les actes' exerça lâfonction de procureur de la foi lors du procès contre Antoine de

Vernex, tenu en avÅl t48z à Oron. Il demanda Le zo avúl la sen-tence interlocutoire contre I'accusé; lorsque ce dernier se

rêtracta deux jours plus tard, le procureur de la foi répondit enréclamant à nouveau la torturer.

r. MAIER, Tiente ans,p.266 et z7z.

Jean Domeni.487.Le z6 avril 1487,<êgrège> þgregius yílleanbomenit réclama en sa fonction de procureur de la foi la tor-ture contre Gervais Tappaz, détenu au château de Rolle. Le pro-cès avait commencé le r r avril sous la présidence de I'inquisiteurFrançois Granet OP, pour se terminer le 4 mai lorsque le procu-reur de la foi - probablement Domeni, mais sans que son nomsoit précisé - demanda sa conclusion au vice-inquisiteur HuguesAlexii OP, qui avait pris la place de Granetz.

392 INQU¡SITION ET S ORCELLERIE

r. 11 pourrait s'agir d'un ancêtre de <discreo Étienne Domeni, <filz d'égrègeJaquer, de Reigner (Haute-Savoie, F), qui fut reçu à la bourgeoisie de Genèvele ¡6 mars r¡48; voirA. L. CovELLE (êd.), Le livre des bourgeoís ile l'aneíenne úpu-blique de Genèue publié d'après les regìstres oficíels, Genève 1897.

z. BPU Genève, ms. lat. 63 (ancienne cote Senebier p. r98 et suiv.), fol. zv etSr.Voir aussi JrcER, (Répressionr, p. rz8.

ÍIugues Alexii OP. 1497 et l4g9. Le dominicain genevoisHugues Alexii est attesté comme procureur de la foi lors de troisprocès instruits par son confrère Jean Guynod contre deux fem-mes et un homme originaires du mandement épiscopal de Peneyen r4g7 et f4ggt.

¡. Voir I'entrêe principale consacrée au vice-inquisiteur Hugues Alexii,p.379-380.

Jean Butin. rt3o. Se qualifiant lui-même alternativement de(procureur de la foi et secrêtaire)) et de (notaire et commissaire>,le notaire genevois Jean Butin consigna les actes d'une enquêtemenée entre le 4 et le 9 mars r¡3o dans le mandement épiscopalde Peney, au cours de laquelle soixante-dix têmoins furententendus, dénonçant vingl-deux individus suspects¡. Butin, quiavait auperavant exercé de nombreuses charges publiques2, avaitêgalement mis par écrit les actes des trois procès ayant eu lieusous la présidence de Jean Guynod OP au château de Peney ent497 et 499.8n r1oz,1l accompagna le vice-inquisiteur Etiennede Genthod OP dans les terres de I'abbaye d'Abondance(Haute-Savoie, F), où il rédigea les actes d'un procès contre uneressortissante du lieu3.

¡. Les actes de cette enquête sont édités et analysés dans SwroN, <Si je Ieteux, íl mourra!t. Elle est le rêsultat d'une exhortation publique à la dênoncia-tion de la part du frère François (de) Saint-Martin, vicaire délégué en marièrede foi dans la cité et le diocèse de Genève.

z. Voir la notice biographique qui lui est consacrée dans Sirvro¡¡, oSi je leveux, íI mouna!>.

j. MERcTER, nLabbaye et la vallée d'Abondance>, p, jt8, no 2t.

¿,INQU¡SÍT¡ON ROMINDË 393

Aymon de Taninges. Ofücial ry99- Ce licencié ès lois et clerc

du diocèse de Geãève est attestê corrrme ofücial de Lausanne

entre 1394 et r4o2r. Mandaté par l'évêque Guillaume de Men-thonay-pour procéder avec ltinquisiteur Humbert Franconis

contré lãs vaudois de Fribourg en Í399, il semble effectivementavoir pris pert à l'enquête, à f exception toutefois de la procla-matioir de-la sentencã définitive où son absence a êtê notêe2'

REPRÉSENTANTS DE TÉVÊQUE DE LAUSANNE

r . HS,ll 4, p. z6o.z. Voir UTz TR¡MP, Quellen, sp. p.63o, n. rrz

Jean des Colonnes (ile Columpnìs)- Conmíssøtíus r429-t43o'jean des Colonnes était licencié ès décrets et chanoine de Saint-jean-de-Maurienne. À L"ot"tn., il est attesté entre r4r8 et t427-.o**"

official, en t4z8 comme chanoine. En 1424, il comptaparmi les vicaires in spiritualibøs de l'évêque Guillaume de Chal-Îant. Ce dernier le députa eî 1429 et en r43o comme commissa-

rius à Frlbourg pour aìsister Ulric de Torrenté dans son enquête

contre des vaudois de la campagne et de la ville. Après l'arrivéequelque peu retardée de ce dãrnier à Fribourg en r43o,Jean des

öolottttei dut lui céder la prééminence au sein du tribunal''Jeanmourut peu après, avan¡ le rer mars 14322-

t. \JrzTnrlte, Quellen, passim (voir index, P. 7t8).z. HS,l/4,p. z6t-262.

Llopard de Bosco. Ptocurator r44o-r44r' aícaúus ín hdc patte

ry+ì-tq+g. En tant que procureur de l'évêque Georges-- de

S"lu..r, Lêopard de Bosco puboux) soutint l'inquisiteur Ulricde Torrenté-qui de la fin septembre r44o au début,du mois

d'avril r44r llttta contre le vice-châtelain savoyard deVevey-La-Tour-de-Peilz pour lui faire transférer une suspecte à I'ausanne r'

Receveur génêral (recegttor generalis) de Georges de Saluces en

14432, il é-tait offìciaf du décanat de Vevey e,t secre.tarius de

l'èvêque quand il fut mandat'ê par ce dernier le z9 jain 447poor'proiéder avec I'inquisiteur Pierre d'Aulnay contre des

irérétiquest. Peu après, entt. le z6 aottt 1447 et le z6 f'evrier

394 ¡NQUISIT/ON ET SOR CË¿¿ERIE

1448, 1l pourrait avoir instruit avec d'Aulnay à Orbe le procèscontre le clerc Aymonet Tissotet, pointe visible de ce qui sembleavoir étê toute une chasse dans le Nord vaudoisa. Si dans ce casnous en sommes réduits à des conjectures quant à la composi-tion du tribunal, les affaires suivantes sont mieux documentées:en mars r449,Lêopard de Bosco présida au château de LaTour-de-Peilz avec le vice-inquisiteur Henri Chouvet et l'inquisiteurPierre d'Aulnay trois procèsi; en avril de la même année, il fitde même à Champvent où, toujours avec Pierre d'Aulnay, il ins-truisit le procès confre Pierre Chavaz, aboutissant à une abjura-tion doublêe d'une condamnation à la prison perpétuelle6. Le 4novembre t449, Píerce ,\ntoine, dont les aveux avaient étêrecueillis à Ouchy par I'inquisiteur Henri Chouvet, demandaque sa confession soit lue en présence de Léopard de Bosco etde Pierre Crostel, procureur de la foi, coûune il avait demandéque ses dépositions de la veille soient répétées devant I'ofiìcialJean A.ndré. Nous ignorons la raison de cette requête, à moinsque le prévenu n'ait voulu s'assurer que ses aveux ne fussentaltérés par I'inquisitesrT. Par la suite, Léopard de Bosco estattesté comme altarista à Vevey et curé non résident de Saint-Saphorin à I'occasion de la visite du diocèse de Lausanne ent4r38; de plus, il est qualifié après son décès d'ancien curé deVineta (probablementVillette, distr. Lavaux,VD) dans le diocèsede Lausanne et coffimensalis (bênêficiaire d'une allocation envivres) de Calixte III (r4¡¡-r4¡8)r. Nommé chanoine au cha-pitre cathédral de Lausanne en r4¡8,iIfut maître de la fabriqueen 1468-147r ro. Il est mort avant le z8 novembre t47tÍr.

¡. Voir à ce sujet infro p. +rg.z. Ostontno, Folâtrer,p. 4t, n. 47.3. OsroR-ERo, Folâner,p. z9t-z9z (édition du mandat).4. Osronrno, Folâtrer, p. 44 er p. ry9-úo, ainsi que supr6 p. 94-9t.¡. Osroneno, Folâfier,p. 194-277 (édition des acres respectiß).6. Voir l'édition du procès de Pierre Chavaz dans le présent volume.7. Voir l'édition du procès de Pierre Arrtoine dans le prêsent volume.8. Lø vkite des églßes, vol. z, p. 429, no 3o8, et p. 48-49, no jrj.9. Wtn z, Regesten zw Schweízergeschichte, vol. 4, p. 8, no zt.¡o. Les dernières indications se basenr sur R¡vrr¡oNo,Ixs ilignitaíres,p. 3t51t6.rr. 'Wtnz, Regesten zut Schweizetgeschichte, vol.4, p. 8,no zz.

Antoine Gappet. ludex 1449. Qualifìés de <juges> (judices),Antoine Gappet et l'inquisiteur Henri Chouvet recueillirent le3 novembre 1449 dans le château d'Ouchy la première partie desconfessions de Pierre Antoiner. Gappet, dont c'est la seule attes-

L'¡NQU¡S¡TION ROMINDË 39t

tation connue dans un contexte inquisitorial, est peut-être à

identifier avec le juge du chapitre du même nom cité en t44o2.Nos réserves se justifient par le fait qu'au XVe siècle, deux cha-noines nommés Antoine Gappet sont attesrês au sein du chapitrecathédral de Lausanne, dont les carrières présentent des analo-gies. Ainsi, pour les années entre t41,g et 1447 la séparations'avère délicate¡. Le juge mentionné en 1449 dans les actes duprocès ¿\ntoine est probablement le <second> Antoine Gappet,licencié ès décrets dès avant le z4 octobrc 14484. Lors de laséance du 3 novembre 1449, il semble avoir représentê l'évêqueGeorges de Saluces, qui, deux aîs aupatavant, I'avait mandatépour assister l'évêque auxiliaire Etienne Plovier dans une visitedu diocèse de Lausanne, dont aucun procès-verbal n'est cepen-dant conservé¡.Antoine Gappet était curé de Montreux (t+¡3-467) et deVilleneuve (à partir de t467), où il fìt la commanded'un obituaireó.La suite de sa carrière devait le conduire auxcharges d'un des quatre syndics de l'Église de Lausanne pendantla vacance du siège êpiscopal $46t), d'ofTìcial (146r/1462, t464,ry76) et de vicaire gênêral de Benoît de Montfernnd, $476)7.

¡. Voir l'édition du procès de Pierre Antoine dans le présent volume.z. Rtvltowo, Les dignitaires, p. 34o.3. Voir .FrS, l/ 4, p. 266,n. z, beaucoup plus prudent à ce sujet que RrvuoNo,

Les ilígütaírcs, p. j3g-t4o.4. HS,l/a,p.266,n. r.S. Yoft La yisite des églises,vol. r, p.38-39; au sujet de Plovier, HS,l/4,p. zot.6. Voir.A. B¡ssEccER, Une paroísse raconte ses mo¡ts. L'obituaire de I'église Saint-

Paul àVílleneuue (XIW-XVe siècles),Lausanne zooj (CLHM, 33), sp. p. rr-14.7. HS,l/a,p.239-24o et 266-267.

Pierre Creschon. Vícañus ín spñrítualíbus 4181' Itrocuratotuícañus ín hac paúe t46r. Ce juriste originaire du diocèse deLausanne est attesté pour la première fois en 1456 à Avignon,lorsqu'il y fut promu bachelier in utroque jure (à partir de r46t,il porta également le grade de licencié dans les deux droits). Le7 avril r4¡8, on le retrouve comme vicaire in spíritualibus del'évêque Georges de Saluces à Ouchy, où il présida, à côté deI'inquisiteur Raymond de Rue, pendant cinq séances (sur dix) leprocès contre Pierre dou Chanoz.Lors des procès contre Guil-laume Girod etJeannetteAnyo, se déroulant également à Ouchyentre le dêbut octobre et le début novembre 146r,il ceuvra, entant que procureur et vicaire in hac parte de Georges de Saluces,avecVictor Massenet, alors uicegereøs de Raymond de Rue. Cettecollaboration avec f inquisition dominicaine était si étroite que

396 /NQUISITION ÊT S O RCE II¿ERI E

Creschon remplit lui-même, dans certaines séances, la fonctionde vicaire de Raymond de Rue. Dans un contexte non inquisi-torial, Creschon est attesté à partir du r4 décembre 14¡8 commeprocurator phíscalis (ín spiritualibus) de 1'évêque. Après la mort deGeorges de Saluces le 4 ou ¡ novembre 146r, Creschon disparutde la cour épiscopale (une apparition en tant que procurator phis-calis en 1467 resta épisodique et doit sans doute être attribuêe àla vacance du siège épiscopal), pour refaire surface en 146zcorrlrne juge et commissaire à la cour du vicariat impérial deLausanne. Par la suite, il fut impliqué dans les affaires touchant laville de Lausanne, dont il fut bourgeois et conseiller $468-147o).11 est mort avant le 4 mars r472r.

¡. Pou¡ l'édition des actes des procès, présidés en partie par Creschon, voirMoo¡suN, Le diøble, p. t86-zt3 (dou Chanoz), zr4-2tt (Girod) et 2t2-z7t(,\nyo). En ce qui concerne la biographie de ce juriste lausannois, voir l'étudebiographique que nous lui avons consacrée: MoDEsrIN, <Ein treue¡ Diener sei-ner Flerren>. Contr¿irement à ce que nous y avons affi¡mé, Creschon est encoreattesté au début de I'annêe r47o comme membre du conseil de la Ville infé-rieure de Lausanne (AVL, Chavannes D zr8, Comptes pour l'année t469-r47o,fol. z¡r-z¡v): le zz janvier r47o, il faisait par exemple partie d'une dêlégation duconseil chargée de trouver une solution aux diffêrends entre la communauté delaVille inférieure et le chanoine Humbert Megeva, qu'il connaissait probable-ment grâce à son passé à la cour épiscopale (réfétence due à Clémence Théve-naz Modestin).

Jean André. Vícaríus ín sgtírítualíbas t46t. Cet homme origi-naire du diocèse de Thérouanne portait le grade de licenciê ès

décrets et celui de bachelier ès lois (dès 1469). I1 aurait été ofü-cial de la cour d'Aoste dès avant r44o. Chanoine d'Aoste (t++o)et de Lausanne (t456)t, il était un homme de confiance deGeorges de Saluces, évêque d'Aoste $4;3-t44o) puis de Lau-sanne (r44o-t46r). A Lausanne, il exerça la charge d'offrcial dèsavant le 13 juillet 1446 - date de sa nomination comme vicairegênêral - et jusqu'à la fin de l'épiscopat de Georges en t46r2.Comme vicaire gênéral,il fut au service des évêques Georges deSaluces fusqu'en 146o) et Jean Michel (t467-r468). Pendant lavacance épiscopale de la première moitié de I'année t469 - lediocèse de Lausanne fut administré depuis le z9 juillet 1469 jus-qu'en l 472 px Barthélemy Chuet -, André réunit en sa per-sonne les dignités de syndic de la mense épiscopale, su.ccentor

(conseiller) ecclesie Lausannensis, ainsi que de vicaire gênêral inspiritualibus et commissaire spécialement député in hac parte (le zjuin t46fi. Par la suite, il assista I'administrateur BarthélemyChuet et mourut peu avant le rz novembrc 14733. Dans un

¿'INQUÍSI'ï-¡ON ROMI4NDE 397

contexte inquisitorial, on rencontre Jean André une premièrefois en t439 dans le diocèse d'Aoste: il prit part en tant quereprésentant de l'évêque au procès contre Barthélemy Bertacade Fénis, instruit par Pierre Gillaren comme dêléguê du célèbreinquisiteur Ponce Feugeyron OFM. Le z6 aottt, il se rendit ainsidans la prison de Fénis où était dêtenu I'accusé, pour I'admo-nester ei lui donner un délai de trois jours pour se réconcilieravec l'Église. Un conflit de juridiction èntre Pierre Roverey, sei-gneur de Fênis, et I'inquisiteur compliqua la suite du procès, quiie prolongea outre mesure. Le 7 janvier r44o, Pierre Gillaren et

Jean André reprirent enfin les interrogatoires, qui aboutirent ler8 à la ratifìcation, point par point, par I'accusé de ses aveuxantérieurs4. Soulignons en ce qui concerne le diocèse de Lau-sanne que, selon son acte de nomination au vicariat général dur3 juilèt 1446,Andrê était expressément habilité par Georges de

Sàluces à enquérir sur (toutes espèces d'accusations et de délits,et aussi du crime d'hérésie>i. Pourtant, l'hérésie ne semble pas

avoir été par la suite au centre de ses intérêts. Certes, André se

trouva le 4 novembre 1449, lors de la conGssion de PierreAntoine, au château épiscopal d'Ouchy, mais c'êtait à lademande expresse du prévenu, craignant peut-être que ses motsne fussent altérés, que I'ofücial se rendit ce jour-là à Ouchy pourprendre connaissance de ses dépositions6. Ce n'est qu'en 146r

que Jean André présida en tant que vicaire in spiritualibus de

Geoig.s de Saluces, aux côtés de Pierre Creschon, une séance duprocès contre Guillaume Girod à OuchyT. Lors du procès contrejaquette de Clause, toujours à Ouchy,André assista à la séance du1z-décembre t46g, sans que sa fonction ne füt spécifiée. Il faisaitprobablemenr partie de l'escorte, composée de plusieurs cha-noines, de l'administrateur Barthélemy Chuet, qui ce même rzdécembre interrogea personnellement I'accusée 8.

r, HS,l/4,p- 265 et n. z-3.11 était encore chanoine d'Aoste le 3 novembre

r4¡8; voir Caspar'Wtnz (hg.), Bullen unil B¡eæn aus italienischet Archiven ttt6'16z3,Basel rgoz (Quellen zur Schweizer Geschichte, zt),p.73,no 74.

1. nS,lt+, p. z65.En tant qu'official, il reprêsenta par exemple avant le romars 1456 le parti épiscopal dans la dispute autour de I'emplacement prêcis du

gibet nsavoyaid> de Prêvonloup (G. Moorsr¡N, <''Wodurch ein hitziger'W-ort-lechsel entbtannte'. Der Streii um den Standort des Galgens von Prêvonloupund seine herrschaítssymbolische Bedeutung [r4¡6]>, FG,79 fzoozf,P.tT-7o)'

3. HS,l/4,p.4t etn. S,P.z65'a. BenrollÑ et G¡n¡o*r, La stregoneia, P' t9 er 38-4o- Au sujet de I'inqui-

siteur Ponce Feugeyron, voir Ostol¡no, tltiné¡aire d'un inquisiteur gâté>. --

t. Rrv¡r¡oNp, Les dígnitaíres,69-72, sp. p. 7o (ici sous la date du rd juillet1446)-'

ø. Voir l'édition du procès de Pierre Antoine dans le présent volume.

398 INQU¡S/TÍON ET S ORCELLERTE

Z. MoDEsrIN, Le ilíable,p.3zz.8. Voir l'êdition du procès deJaquewe de Clause dans le présenr volume.

Gérard du Plaît (ile Placíto). Prccurøtor 146r. Maître Gérarddu Plaît intervint à deux reprises dans le procès contre GuillaumeGirod à Ouchy lorsqu'il remplaça, le rz et le r3 octobre t46t,leprocureur épiscopal Pierre Creschon. Le 13 octobre, il exerçaégalement la fonction de procureur de la foi þrcJatus magisterGirardus de Placito ltrocurøtor fidei ac eciam çtrocurøtorio noníne quosrytra prefati domini nostri Lausannensis epßcopi). Par la suite, ilassista à une ou deux séances du procès contre Jeannette Anyo,qui s'enchaînait avec celui contre Guillaume Girod. Gérard duPlaît était marié à la nièce du notaire lausannois Pierre Crostel¡.

r. Moorsrrr.i, Le díable,p. 24t et 325126.

Flumbert Megeva. Vicaire g6n&al 146¡. Megeva, clerc duchæur, prêta serment au chapitre cathédral de Lausanne en aoûtt4zzr.En r439,il est attesté comme curé de la paroisse de Saint-Laurent de Lausanne. On le trouve ensuite corrrme maître de lafabrique entre t44t et 1443. L évêque Guillaume deVarax $462-r466) le créa son vicaire général, office qu'il exerça pendant toutl'épiscopat de Guillaume. C'est en cette qualité qu'il mandata,de concert avec le vice-inquisiteur Damien Berruãrii, le notairelausannois Claude Burritaz pour effectuer l'enquête préliminaireque ce dernier mena le r r janvier 146¡ (n.s.) contre PerrissoneGappit à Châtel-Saint-Denis2. Humbert Megeva mourut le ¡6ov 17 septembre t474 oa r47r.

¡. En ce qui concerne la carrière ecclésiastique d'Humbert Megeva, voirHS, l/ 4, p. 235-236.

z. Moors.rrN, Le díable,p. 325.

Pierre Berthodi. Vícaúus ìn hac paúe t465. Pierre Berthodiest attesté entre . 1448 et t47t comrne curé de Châtel-Saint-Denis, résidant effectivement dans sa paroisse. Au cours du pro-cès contre sa paroissienne Perrissone Gappit, auquel il assistad'abord comme simple témoin, il fut élevé le 4 fêwier ry65(n.s.) à la dignité de vicaire in hac parte, aftn de représenterl'évêque Guillaume de Varax lors de la remise de l'accusée aubras séculier par le vice-inquisiteur Damien Berruerii OP¡.

r. MootslrrN, Le diable,p.3z3.

L'TNQUISffiON ROMINDE 399

Egidius Petri. Vìcañus ín hac parte dt chapitre cathédral469. Pendant la vacance du siège épiscopal de Lausanne entrela mort de Jean Michel (le z8 décembre 1468) et la dêsignationde Barthélemy Chuet comme administrateur (le z9 juillet t469)r,c'est le chapitre cathédral qui députa le prêtre Egidius Petri,docteur en droit canon, pour le représenter lors du procès contreun sujet du prieur bénédictin de Saint-Sulpice (distr. Morges,VD). Le 13 mai t469,le vicaire du chapitre et le vice-inquisiteurThomas Goga OP remirent I'accusé au bras séculier2. EgidiusPetri est attesté à Lausanne en 14 j, déjà comme docteur en droitet chapelainl.

¡. Voi¡ HS,1/a,p. r42-t43.z. Voir ínfra p. 446 et 45t.3. Durnaz, La cdthéilrale ile Lausanne,p. 323.

Barthélerny Chuet. Administrateur de l'évêchê: q6g. Ori-ginaire du Dauphiné, Barthélemy Chuet était bachelier en droitcanon. Dès r4¡3, il était chanoine de Lausanne, dès r4¡4 cha-noine de Genève. De 1464 à 1469, il fut évêque auxiliaire deGenèver. Suite à la mort de l'évêque Jean Michel, Chuet futdésigné par le pape Paul II þ464-t47r) le z9 juillet 1469 commeadministrateur de l'évêché de Lausanne et se prêsenta au cha-pitre le 4 septembre2. Son administration fut marquée par unconflit avec le duc de Savoie. Sa révocation fut annoncée auchapitre de Lausanne le r¡ avrtlr4Tz.Il testa en rtoo et décédale rz juillet r¡or.Il fut enseveli dans la chapelle Saint-Barthé-lemy, fondée par lui dans 1a cathédrale de Nice, dont il avait êtêévêque depuis 14623. Le rz décembre r469, peu après son arri-vée à Lausanne, il interrogea avec l'inquisiteur Thomas Goga

Jaquette de Clause, qui était détenue à Ouchya. On retrouveChuet dans un contexte inquisitorial à la fìn de l'annêe t47o,lorsque les Bonnes Villes se plaignirent devant lui contre f in-quisiteur (peut-être Victor Massenet), accusé d'avoir indûmentextorquê à une femme, brûlée par la suite, les noms d'une tren-taine de maiores gtatrìe comme hérétiques. I- inquisiteur, le châte-lain de Bercher et le notaire Claude de Pont, tous mis en cause,

finirent par reconnaître qu'ils avaient mal agi dans ce cas, car ilsauraient été r,mal avisés>J.

r. HS,l/3,p. t2t-t22.z. HS,l/4, p. r4J et n. 4.3. HS,l/3,p. tzr.4. Voir l'êdition du procès

S. Parlamento Sabaudo, vol.de Jaquette de Clause dans le présent volume.t 2, p. 37o- 37 2, nos 68 47-68 48.

400 ¡NQU¡SITION ET S O RCE LLERT E

Baptiste d'Aycard (ile Aycarilís).Vicaire génáral ín syñtítua-líbus 477, vicaire génóral ín hac parte 1479. Attesté une pre-mière fois comme ofÏìcial de Lausanne eî t474, ce docteur èsdécrets était originaire du diocèse de Gênest.En t47r,il fut ins-titué curé de la paroisse de Saint-Laurent à Lausanne. Jugécomme êtant <de grande valeur, mais très autoritaire>2, il devintun familier de l'évêque Benoît de Montferrand þ476-14gr),sous l'épiscopat duquel il remplit les charges d'official (t+lZ-r49r) et de vicaire génêral (r+ZZ-t+7g et r48t-r48ù.Le 7 ian-vier r478,i1 se présenta devant le conseil de laVille inférieure deLausanne suite à des plaintes qui s'étaient élevées contre lui dela part des nobles et citoyens de Lausanne, parce qu'il avait exa-miné des personnes suspectes d'hérésie sans convoquer desreprésentants de la ville pour y assister comme témoins3. Cereproche paraît justifié dans la mesure où les procès contreJaquet de Panissère etJordane de Baulmes, qui s'êtaient déroulésdu z6 août au 13 novembre 1477 au château épiscopal d'Ouchyavaient en effet eu lieu à l'exclusion des envoyés lausannois4.L image change pour le procès contre Claude Bochet ennovembre t479, observé par des assesseurs issus du conseil de laVi1let. Même si les deux procès de l'année 1477 êtaient dirigésde pair par Baptiste d'Aycard et un représentant de l'inquisiteur,le plus souvent Pierre Pascua OP, c'est l'ofTìcial qui, pour autantque les actes permettent d'en juger, semble avoir tenu les rênes.

Quant au procès Bochet de r479,Baptiste d'Aycard partageait sa

direction avec l'évêque Benoît de Montferrand lui-même etl'ofïicial deVevey,Jean de Furno. Deux ans plus tard, Baptiste futau centre d'une polêmique avec les bourgeois de Lausanne àcause de l'<affaire Jean Huguet>, ce dernier êtant décêdé dans lechâteau d'Ouchy après une longue détention, assortie de la tor-ture6. Cela n'empêcha toutefois pas Pierre Grivel, bourgeois deVevey, de se présenÍer le z7 avril r48z devant Baptiste d'Aycardet le vice-inquisiteur Jean Blanchet OP, pour se laver du soup-çon d'hérésíe7.Le rer juillet de la même année, Baptiste d'Ay-card débouta les protestations de l'abbé de Montheron sur lesterres duquel il avait fait arrêter un hom¡ne, déclarant que laconnaissance du crime d'hêrésie revenait à 1'évêque et à I'inqui-siteurS. Les tensions latentes entre Baptiste et les Lausannoisêclatèrent une nouvelle fois l'année suivante, puisque le manualdu conseil de laVille rapporte sous la date du z7 novembre 1483que <le sieur Baptiste d'Aycard, official de Lausanne, est odieuxà de nombreuses personnes et au conseil tout entier>. Ilsaccueillirent donc favorablement la proposition de Jean Balista-

¿,.TNQU¡SITIO N RO M A N DE 40r

rii $ohannes Armbruster), administrateur de l'évêché (t+8¡-l48i), de le remplâcer - une initiative restêe sans suiteg. Sousl'épiscopar de Benoît de Montferrand, Baptiste d'Aycard accêdaaux dignitês de chanoine honoraire du collège de chanoinessêculiers de Saint-Vincent nouvellement crêê à Berne (r485) ro etchanoine du chapitre cathédral de Lausanne (r48¡). Le succes-seur de Benoît de Montferrand, Aymon de Monrfalcon (r49r-rtry),le nomma vicaire gênêral en 1499 et lui confia I'ofücialateî rto7, deux charges qu'il remplit jusqu'à sa mort de la peste le8 août r¡r9. C'est en qualité de vicaire gênê.ral que Baptisted'Aycard assista comrne témoin le z4 mars r5o3 à la suppliqueadressée par une délégation du conseil de Lausanne à l'évêquede faire relâcher <lesdits Pascho> de Saint-Saphorin (distr.Lavaux,VD), détenus <en violation des libertês et franchít.t,rtt.

¡. Sans autre indication, les données sur la vie de Baptiste d'r{ycard sonttirées de HS, l/a,p.24o et 269-27t, remplaçant notemment R¡vtvtoNp, Lesilígnitahes, p. 26 4-26 5.

z. Maxime REvMoND, rl-e développement de I'organisation municipale à

Lausanne>, MSHDB, + (tglù, p. 78-tt9; ¡ (¡f¡8), p. 7t-9g.Ici citê d'après lapublication à part, Dijon, 1939, p. 3r.

3. MooesrIx, <Contrôler la mémoirer, p.376-377 et 38r-382.4. Malrn, Tiente ans,p.z9o-33r et. ß416r (édition des actes des procès).

t. MAIER, Trente øns, p. 176-199 (édition des ¿ctes du procès). En ce quiconcerne I'identité des assesseurs, voir MopBstlN, rContrôler la mémoireo,p. 3ZZ-378, 384-38t et 386-388.

6. Voir infra MoonsrtN et TnÉvsN¡z Moorsr¡Ñ, <',{d comburendum'>.7. MAIER, Tiente ans,p.389-j9o.8. BLAsER, Les oficìers, p. roo, ainsi que CHorrar, La sorcellerie,p.ri3-rr4.9. ÀVL, Chavannes D 3,p.44t (information aimablement communiquée par

Clémence Thévenaz Modestin).ro. Voir TREMp-UTZ, <Die Chorherren), p. ro3.r¡. Cgorrat, La sorcellerie, p. 2zo-22r..

Benoît de Montferrand. Évêque de Lausanne 1479. Trans-fêré sur le siège épiscopal de Lausanne le r¡ juillet r476,Benoîtde Montferrand prêta le serment des évêques de Lausanne le 3

avril r477. Son épiscopat, qui dura jusqu'en r4gr,fut marqué pardes luttes incessantes contre ses sujets lausannoisr. Il assista enpersonne à deux séances du procès contre Claude Bochet de laparoisse de Blonay, à I'ouverture, datant probablement du 3

novembre t47g, et à la proclamation de la sentence interlocu-toire, le 8 novembre2. A cette dernière occasion, l'évêque inter-rogea lui-même l'accusé. L intérêt de Benoît pour ce cas pour-rait s'expliquer par une affaire politique sous-jacente, à savoirune possible révolte contre Georges ler, seigneur de B1onay3.

402 /NQUIS¡TION ET S OR CË¿¿ER/E

r. HS,l/4,p. t44-t46.2. MArrR, Tiente ans,p.416.,, MAIER, Tiente ans, p. ,2-r7, ainsi que Urz TREMI er MoDEsrrN,

rGerichtsnutzung von 'oben'und von 'unten'D, p, ¡ r2-rrJ.

Jean de Furno. Vícaúus ín hac gtaúe sabstítutus sTtecíalíteritegmtatus 1479. Iean de Furno (Dufour) est attesté en r4tjcomme curé non-résident de Combremont-le-Grand (distr.Payerne,VD) et fondateur de I'autel de la BienheureuseViergeet de Saint-Thêodule dans l'église paroissiale de Montreuxr. Iln'est pas exclu qu'à ce moment-là, il ait également desservi laparoisse de Montreux pour le chanoine Antoine Geppet, curênon-résident2.lean de Furno resta curé de Combremont jus-qu'en r48r; zvant t475/t476 et en r48r, il est eussi attestécornme oftìcial du décanat deVeveyr. En tant que tel, il interro-gea à Ouchy comme <vicaire substitué en cette affaire> à I'offì-cial de Lausanne, Baptiste d'Aycard, les 4 et 1 novernbrc 1479,Claude Bochet de la paroisse de Blonay+.Le ry avril r48o,JeanPoesiouz de Clarens dans la paroisse de Montreux, alors détenuau château du Châtelard, déposa qu'il avait avoué à un momentnon précisé, mais à situer avant les guerres de Bourgogne (c'est-à-dire avant 1475/1476) son apparteriarice à une secte, et ceci à

son propre père et à l'official deVevey, qui était en même tempscuré de Combremont (donc à Jean de Furno). Par la suite, lepère de Jean se serait rendu à Rome pour ramener une lettred'absolution à son fils, que celui-ci aurait perdue dans les aléasdes guerres de Bourgogne qui avaient frappê la région de finoctobre r47t à fìn juillet t4765.

t. La uisìte des églises, vol. z, p. 288, no zrz, et p. 4r8, no 3o4.z. La uísite iles églìses, vol. z, p. 4t7,no 3o4. Notre réserve est due au fait que

le fondateur de I'autel et curé de Combremont est distingué dans le protocolede la visite des églises de 1453 du vicaire montreusien par l'êpithète senior.

3. D'après REvMoND, Les dignitaires,p. S¡,Jean du Four aurait êté official deVevey entre t478 et r48r. Les informations recueillies dans le procès contreJeanPoesiouz (r48o) perme*ent cependant d'élargir cette fourchette (voir ci-dessous).

4. Matrn, Tiente ans,p.4o1.¡. Marcn, Tiente ans,p.2o4-2o9.

Girard Odet.Vicaire général r+tg.,tttesté comme chanoinelausannois depuis 1464, doyen deValère en t464 et r46yr, ê7:u

maître de la fabrique à Lausanne en 146r, Girard Odet futvicaire gênêral de Benoît de Montferrand en r479-t48t2. En

¿'ÍNQUISnON ROMANDE 403

tant que tel, il assista à la fin du procès contre Claude Bochet le17 novembre 1479 dans le cimetière de la cathédrale de Lau-sannet. Il est mort en t487.

¡. Cette charge ne doit pas être confondue avec celle de doyen deValère à Sion(voir HS, I/5,p. 17r-373). Lofiìce lausannois remonte à une fondarion de la partåe Girard d'Ó-","hanire de l'Égfise de Lausanne mort en ttt2,et tire sans dóuteson nom du fait que Girard avait également étó doyen deValère à Sion;sur cettefondation, voir Dunnaz, La cdthédrøle de Lausønne,p. z49-2tt.

z. HS, ll 4, p. 24o-24t.3. Matrn, Tiente ans,p.4zo.

NOTAIRES

Pe(trus) de Corto. r438. Il consigna la confession et l'abjura-tion d'Aymonet Maugetaz devant Ulric de Torrenté à Lausannele 3ojuillet t4j8,.

r. Yoír supra p. zT,tableau 3.

Claude Burtitaz. t448, cotlrîníssañus 1461.Le notaire ClaudeBtrrítaz, bourgeois de Lausanne, consigna les trois procèsconservés de la chasse aux sorciers dans la région de Vevey enmars 1448r, de même que celui contre Pierre Chavaz à Champ-vent, qui débuta le 3 avril2.Treize ans plus tard, il assista commetêmoin en octobre 146r à deux séances du procès contreGuillaume Girod à Ouchy. En tant que commissarius rnandaté parle vicaire gênêral Humbert Megeva et le vice-inquisiteurDamien Berruerii, il mena, le rr janvier t465 (n.s.), I'enquêtepréalable contre Perrissone Gappit à Châtel-Saint-Denis, aucours de laquelle il interrogea trois témoins et I'accusée3.Aprèsun deuxième laps de temps de dix-sept ans, on retrouve Burri-taz dans un contexte inquisitorial le z7 avñl r48z: ce jour-là, ilfigure parmi les compurgatores de Pierre Grivel, bourgeois deVevey, qui chercha à se laver du soupçon d'hérésie devant I'offi-cial Baptiste d'Aycard et le vice-inquisiteurJean Blanchet4.

r. Osronrto, Folâtrer, p. 288. Sa main n'est cependant pas la seule que I'ondistingue dans les actes, voir íbíd.,p.1o.

z. Voir supn p.7z-7j.j. MoDEsrIN, Le diable,p.334 et 276-299 (êdition de I'enquête).4. Marcn, Tiente dlts,p. 389-90 (édition d'une copie de I'acte).

404 INQUIS/T/ON ET S ORCELLERIE

Claude de Pont. 1449, r47o. Ce notaire lausannois leva lacopie, seule pièce conservée, des aveux auxquels Pierre Antoines'était livré à Ouchy les 3 et 4 novembre r449r. Lors des procèscontre Pierre dou Chanoz en r458 et Guillaume Girod ei 146r,les deux également tenus à Ouchy, Claude de Pont fut untémoin assidu, qui assista les deux fois à toute une série d'inter-rogatoiies2. Le 13 décembre t46g, 17 <récidiva> en assistant àOuchy à une séance du procès contre Jaquette de Clause¡. Uan-née suivante, on le retrouve coÍtme clericus inquisìtoris impliquédans un scandale qui fit grand bruit: à la fin de r47o,on. f.*m.incarcêtêe à Bercher avait accusé sous la torture une trentainedes maiores patríe.Avant sa mort sur ie bûcher à Palézieux, elledêclara avoir agi sous la pression de l'inquisiteur, non nommé(peut-êtreVictor Massenet), er du châtelain de Bercher. Ilaffaíremobilisa les Bonnes Villes qui proresrèrenr devanr BarthélemyChuet, administrateur de l'évêché de Lausanne, contre la <faus-setê>> (falsitas) de l'inquisiteur, du chârelain de Bercher et deClaude de Pont, qui, quant à eux, finirent par concéder qu'ilsavaient été <mal avisés> dans ce cas4. Claude de Pont était égale-ment engagé dans l'administration de laVille inférieure de Lau-sarine: depuis 1464,il était chargé de la tenue des procès-verbauxdu Conseil. En 468 ou 1469, il dressa un inventaire, conservépartiellement, des archives de laVille infêrieuref .

r. Yoir supn p. r3z.z. MonestrN, Le diable,p.337.3. Yoft supra p. z4r.4. Parlamento Sabaudo,vol. rz, p.37o-372,nos 6847-6848.¡. Couraz, Histoþe des Archiues de la Ville de Lausanne, p. 9.

Soctens. 14¡8. Ce notaire consigna le procès contre Pierre douChanoz, qui se tint du 6 au z6 avril 1458 à Ouchyr. Il esr pro-bablement à identifier avec un des deux Pierre Soctens2 aftèstésà Lausanne,l'un établi à la Cité,I'aurre dans laVille inférieure (àmoins que celui de la Cité n'ait simplemenr changé de domi-cile). C'est sans doute le premier qui exerça en 1474-1475 lafonction de secrétaire du Conseil de la communauté de h Cité.Il représenta la Cité lors des négociations autour de l'union dela Cité et de laVille infìirieure dans les années r48o-r48r. Le zosept€mbre r48r, Pierre Socrens fut élu avec d'autres pour assis-ter à l'examen des personnes torturées3.

¡. MoÞ¡srrN, Le iliable, p. 328.z. Nous pensons pouvoir exclure une identification avec le clerc Jean Soc-

r¡NQU¡S¡T¡ON ROMáNDE 40t

tens, car un Lausannois de ce nom demande en t4t9 devant le bailli de Lau-sanne un coadjuteur en ¡aison de son âge et de son infirmité; voir PoUDRET,Coutumes et coutømiers, vol. 2, p. t6r,n,3o5.

3. Voir la notice biographique dans TuÉvE¡lAz MoDEsrIN, Un maríageeontesté, p. 286-287.

François Bossetí. 14t9. S'intitulant lui-même <scribe de I'in-quisition> (scriba inquisicionis), François Bosseti consígna les actesdu procès contreJaquette Pélorinaz qwi se déroula du z5 avril auro mai r4jg ta château de Martignyr.

r. Voir l'édition de ce procès dans le présent volume.

Étienne de Cresto. 146r, peut-être 1477 et ry79. En 146r,Édenne de Cresto consigna le procès .otrir. Jeannêtte Anyo à

Ouchyr. lJne vingtaine d'années plus tard, à partir de 1483, il estattesté comme membre du clergé lausannois, députê par ses pairspour assister aux délibêrations du conseil de la Ville unifiée deLausanne2. (Jn notaire signant ses actes par <De Cresto>, dont onignore s'il est identique avec Etienne, était par ailleurs actif dansun contexte inquisitorial en 1477 lorsqu'il signa la moitié, voirela plus grande partie des procès contreJaquet de Panissère etJor-dane de Baulmes, également tenus à Ouchy. Deux ans plus tard,il y mit sur papier le procès contre Claude Bochet¡. Signalonsque le scribe à l'æuvre en 1477-1479 pourrait aussi avoir étê leclerc Pierre de Cresto, bourgeois de Lausanne, connu cornmeprocureur fiscal de Benoît de Montferrand en r48t-r4824-

r. MoDËsrIN, Le díab\e,p. 128.z. TnÉv¡Naz Moors'nN, Un mariage contesté, p. r86 et n. z.

3. MaIrn, Tiente ans,p.4oz.4. Voir infra p. 478, n. tt.

Jean Colotnb. 461. Jean Colomb, notaire à Châtel-Saint-Denis, y consigna les z3 et z4 janvier 1465 (n.s.) les premièresséances du procès contre Perrissone Gappit, avant d'être rem-placê par le notaire Jean Brunet, plus expérimentê en matière desorcellerie r.

r. MoDesr¡N, Le diable,p.3z7-328.

406

Jean Brunet. 461.Jean Brunet, clerc de la cour de l'official deVevey et bourgeois de LaTour-de-Peilz, ne se contenta pas d'as-sister en tant gue témoin aux procès veveysans de 1448, maiscomparut personnellement comme témoin à charge contre unesuspecte, Catherine Quicquat, pour l'accuser d'hérésier. Onretrouve Brunet dans un contexte inquisitorial plusieurs annéesplus tard à Châtel-Sainr-f)enis, où il reprit le 3o janvier 465(n.s.) la tenue des actes du procès contre Perrissone Gappit. Orson rôle ne semble pas s'être résumê à la tâche de notaire, car ilavait probablement été mandaté pour <dépanner> le vice-inqui-siteur Damien Berruerii OB alors inexpérimentê, face au refusde I'accusée de <coopérer> dans l'enguêtet.

r. Ostontno, Folâtrer,p. zrz (où il apparaît co¡nme clerc de la cour de I'oÊficial deVevey),46-49 (déposition deJean Brunet) et 289.

z. Mooesrtx, Le díable,p.67 et 3z7.

I{umbert de Gerdil. ry69, 1484. En 1448,le notaire Humbertde Gerdil de Corseaux (distr.Vevey,VD) assista à deux procès desorcellerie à La Tour-de-Peilz, dont celui coritre Pierre Munierde la paroisse de Corsier-sur-Vevey, qui était par ailleurs aussisuivi par Guillaume de Gerdil; ce dernier, sans doute apparentéà Humbert, était également notaire; en plus, il êtait châtelain deCorsierr. Cinq ans plus tard, le procès-verbal de la visite deséglises du diocèse de Lausanne atteste qu'Humbert possédait ledroit de patronage de l'autel dédié à saint Nicolas dans l'égliseparoissiale de Corsier, jadis fondé par feu le presbytre Nicod deGerdil de Corseaux2. En 1469, F{urr';.bert de Gerdil authentifiaI'acte, Édígê (par un autre notaire idoiner>, ettestant la remise aubras séculier le 13 mai de Pierre Tercaz de Saint-Saphorin-sur-Morges (distr. Morges, VD). C'est grâce à cet acte que l'onapprend qu'Humbert était <notaire public,juré des cours du ducde Savoie>3. En outre, il est attesté à Lausanne comme avocât4.En 1483, il est qualifié dans le testament de sa femme Margue-rite comme étant <gravement malade, mais sain d'espriDt. I1semble néanmoins avoir apposé sa signature sur les actes (quiavaient été rédigés par Rodolphe Macri) du procès de Jean Gal-lot de la paroisse de Corsier, tenu en février-mars 1484 (t.r.)6.

¡. OsroR¡no, Folâter,p. z9o.z. La uisite iles églßes,vo[. z,p.4r4.3. Voir ínfra p. 457.4. Garronr, Orgaøisatíonjudkíaire,p. ¡¡8 et ¡z¡.t.ACV A.a 7/tz, no t566 (copie de l'époque bernoise). Information

recueillie pour nous par Clémence Thévenaz Modestin.6. MAIER, Tieøte ans,p.363.

^INQUTS/TION ET S ORCELI.E RIE

¿'INQUISnON ROMINDE407

Jean de Fonte. ry77. Ce notaire consigna le z6 août et le 4 sep-tembre q77 à Ouchy les deux premières monitions du procèscontre Jaquet de Panissère r.

r. M,urR, Tìente ans,p.287.

Delayens. 477.11mit sur papier la troisième monition du pro-cès Panissère le 9 septembre t477 à Ouchy de même que deuxparagraphes du procès contre Jordane de Baulmes, dont le pro-cès-verbal de la deuxième monition qui eut également lieu le 9septembrer. On peut probablement f identiûer evec André De-layens, clerc du diocèse d'Amiens et chapelain de la cathédralede Lausanne (t464).En 1479,le chapitre lui refusa un canonicatdevenu vacânt. Curé deVionnaz dans le diocèse de Sion, il étaitencore en vie trente ans plus tard2.

r. Marcn, Tiente øns,p.287 et 43.z. RrvuoNo, Les dignitaires, p. 37o.

Merrnet Nicod. 477. Le ro septembre 1477, Mermet Nicodétablit le procès-verbal de la quatrième monirion du procèscontre Jaquet de Panissère à Ouchy auquel il prenait par ailleursune part active comme procureur de la foir.

r. Yoir supra p. 388.

Guillaume Danielis. r48o. On doit à ce notaire et bourgeoisde Lausanne les actes du procès contreJean Poesiouz, instruit enavril r48o au château du Châtelardr. G(uillaume) Danielis com-parut en automne r48r de façon réitérée devant la cour du baillide Lausanne, tant comme plaignant (actor) qtue comme défendeur(reus),. Pendant les tractations autour de I'union de la Cité et dela Ville inférieure de Lausanne, il servit dans les années r48o-r48z comme envoyé lausannois auprès de l'empereur et du ducde Savoie¡.

r. MAIER, Tïente ans,p. 4o3.z. Ga¿LoN¡, Organísation judiiaire, p. z9¡ (index).3. TtrÉvnNaz Moorsr¡N, Un mariage contesté,p. 4t-46, tt3 et rj7

Jean de l.[anto. r48o. Ce notaire consigna la plus grande par-tie du procès contreJeannette Barattier, tenu en novembre r48o

408 TNQU¡SITION ET S ORCELLERIE

au château du Châtelard¡. Six ans plus tard, il signa, alors quali-fié de <notaire genevois, juré de la cour de l'oftìcial de Lau-sanneD, un acte de vente2. I1 était probablement un parent dubourgeois lausannois Pierre de Nanto, un des témoins du procèsde Claude Bochet en t4793.

¡. Ma¡rn, Tiente ans,p.4t9.z. AVL, Poncer, Sainte-Marie-Madeleine, 46 (t486/87, février z.z).

3. Au sujet de Pierre de Nanto, voir Moo¡srrw, <Contrôler la mémoire>,p.388.

Pierre Maior. r48o. Se qualifìant lui-même de notaire, PierreMaior recopia la sentence finale contre Jeannette Barattier, pro-mulguée publiquement, le z4 novembre r48o devant le châteaudu Châtelard, dans les actes du procès. La question se pose s'ilpeut être identifié avec le donzel du même nom qui avait assistéen tant que témoin à une séance du procès contreJean Poesiouzen avril de la même année, êgalement au Châtelard, de mêmequ'à deux séances du procès Barattier¡.

r. Matrn, Tiente øns, p. 4l4-415. Jean-François Poudret cire en effet desexemples de notaires vaudois qui, nsuprême consécration>, accédè¡ent à lanoblesse; voir PoUDRET, Coutumes et coutumíers,vol. r,p. zz¡,-226.Évoquons aussile cas de François Bouvier, dont la carrière étonnante a êté récemment décriteparViviane voN K¡sNEr., Hístoire pdftimoniale et mémoirefamiliale. L'inuentaire des

archives ile laJanille Bouvier (r445),Lausanne zoo3 (CLHM, y),p. 17-29.

Geotges Brunet. 1482. Le notaire Georges Brunet mit sur papierles actes du procès contreAntoine deVernex, qui eut lieu en ivrilr48z dans le château d'Oronr. Les sources disponibles r¡e nouspermettent pas de trancher la question de savoir s'il était apparentéau notaireJean Brunet, au service de I'inquisition en 146¡.

¡. M¿l¡n, Trente ans,p.3g8.

Rodolphe Macri. 1484. C'est à Rodolphe Macri, bourgeois deCorsier, que l'on fìt appel du zt fêvrier au 6 mars 1484 (n.s.)pour consigner le procès contre Jean Gallot, gui êtait lui mêmeoriginaire de la paroisse de Corsier. Ce procès se déroulait auchâteau d'Attalens (distr. Veveyse, FR), situé à quelgue quarrekilomètres au nord de Corsier, qui faisait partie du mandementd'Attalens. Le choix de Macri nous amène à penser que Damien

L¡NQ{/¡SITÍON ROMANDË 409

Berruerii OP, le vice-inquisiteur en charge, voulait s'assurer lesservices d'une personne familière avec le milieu d'origine deI'accusé; d'autant plus que Macri se disait <scribe de I'office def inquisition de la sainte foi, sur demande (de mandato) du véné-rable religieux frère Damien Berrueri...>, précision plutôt inha-bituelle dans les actes de procès de notre cõrpusr. Nótons que lenotaire Humbert de Gerdil apposa sa signature à la fin des actes,mesure qui pourrait s'être avérée nécessaire par le fait queRodolphe Macri n'était peut-être assermenté par aucune cour.

r. MaIEn, Tiente ans, p. 363, 364-365

André Thovacin. 1498. André Thovacin du mandement de<BeauforÞ (probablement Beaufort-sur-Doron, dép. Savoie, F)dans le diocèse de Tarentaise êtait, selon ses propres indications,clerc et notaire public par l'autorirê impérialet. Il consigna lesquatre procès ayant eu lieu entre fin octobre et début décembret498 à Domrnartin, possession du chapitre cathédral de Lau-sanne2. Le 14 novembre et le 3 décembre, il apposa sa signaturesur deux lettres testimoniales émanant des chanoines et liées auxprocès en cours, qu'il avait, occupé par d'<autres affaire.s>, fait<écrire et lever> par un autre nofaire (son <coadjuteur>) 3. A la findu XVe et dans la première décennie du XVIe siècle, il fut com-missaire aux extentes du chapitre de Lausanne, surtout rièreEssertines-sur-Yverdon (châtellenie capitulaire) +.

r. PFISTER, u"enfer,p.278 et z8o.z. Les actes de ces quatre procès ont êtê édités et étudiés dans Prrsrrn, üe4;Êr.3. Prtsrnn , Ilenfer, p. 277-28o, annexes, nos r-u.4. ACV Fk ry;Ff z6; Fm zbis; Ff 5zo1'Ff 287; FfzT (rère partie); Ff z9;Fe 7;

Fn zo3;Ff 37;Fk z11'Ff 391' Fg 44; Fk z¡ bis; Fg 46 (informations tirées des inven-taires).

L. Assacti. 1524. ll mit sur papier le procès contre ClaudeRolier devantJacob Tribollet, bailli bernois d'Orbe et châtelaind'Echallens, qui se termina par une condamnation à mort le ¡eroctobre tt24r.

¡. CHor¡ar, La sorceîletíe,p.24.

Richardus. rt24. Ce notaire public signa les lettres testimo-niales relatant la comparution du châtelain de Dommartin,Jean

4ro ¡NQUISIT/ON E?' S OR CE¿¿ERIE

Costable, devant l'évêque Sébastien de Montfalcon (t5ry-t1¡6),lors de laquelle l'évêque lui reprocha de s'arroger indûment I'oÊfìce d'inquisition. Ces lettres testimoniales en date du z3 octobreont été conservées avec les actes des procès tenus à Dommartin r.

r. Cuorrat, La sorcelleríe, p. zo8-zrr.

Jo(hannes) Mermodi. t¡24. En novembte rr24,il consigna àDommartin le procès contreJeannetteVincent, qui était présidépour le compte du chapitre cathédral de Lausanne par FrançoisCabaretir.Au début des années r¡3o, il était au service du cha-pitre comme com¡nissaire aux extentes rière Essertines-sur-Yverdon, une châtellenie capitulairez. Après la conquête ber-noise du Pays deVaud, il æuvra pour LL.EE. de Berne3 de mêmeque pour Louise de Glérens et Pierre et Henri de Dortans4.

r. CHormr, La sorcellerie, p. g et û.z. ACV Fk r9; Ff 5zr et Fk 3z (informations cirées des inventaires).3. ACV Fj rr (informations tirées des inventaires).4. ACV Fk 46r; Fk 496-497, Fk 44o (informarions rirées des inventaires).Au

sujet de Louise de Glérens ainsi que de Pierre et Henri de Dortans, voir suprap. z7z, n. rz6.

De Mediavilla. rrzt. Le notaire ((...tus)) de Mediavilla dressa leprocès-verbal du procès contre le voleur et assassin présumé JeanMassot deVillars-Tiercelin dans la seigneurie de Dommartin, quicomparut le zo et le z7 juin r5z¡ devant la cour séculière de Dom-maftin sous la présidence du châtelain Jean Costable. I1 ne s'agitpas d'une affaue de sorcellerie, mais d'un procès criminel, ayantcependant parta;gê le destin archivistique des procès de sorcellerieconservés à Lausannne, dont certains lui sont contemporainsr.

¡. Voir l'édition de ce procès dans 1e présenr volume. Le scribe en charge n'apas pu être identifìé, mais on trouve d'autres notâi¡es portant ce nom, qui pour-raient être de la même famille; voír supra p. z73,rt. 132.

Aymo de Bane. r¡28. Les actes des procès contre MargotRolier et Françoise Gilliéron, qui eurent lieu en septembre r5z8à Dommartin sous la présidence de François Cabareti, sont de samainr.

r. Cuormt, La sorcellerie, p. 8¡, 86, rt4 eE tr7.

rfNeUrs¡1,¡O]V ROMANDE 4rr

Benolt de la Plac e (ite Plathea). tlzl. Dans les années r5zo,Benoît de la Place était au service du chapitre carhédral de Lau-sanne comme commissaire aux extentes rière la seigneurie deDommartin¡. Le rer octobre 1528, iI y dressa f inventaire desbiens de Margot Rolier, brûlée com.me sorcière le z8 septembreprécédentz.

r. ACV Ff 47-5o; Fn 6z (informations rirées des inventaires).z. CIIoFFAT, Lø sorcelleile,p.86-88 (édition de cet inve¡taire des biens).