Le regard cartographique, les nouvelles cartographies des frontières, et les responsabilités du...

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GÉOESTHÉTIQUE GÉOESTHÉTIQUE G G E E H H E E Giovanna Zapperi Giovanna Zapperi n n Narrations cartographiques Narrations cartographiques c c s s p. 29 p. 29 p. 29 p. 29 p p Beatriz Preciado Beatriz Preciado P P Cartographies queer Cartographies queer h h p. 99 p. 99 9 9 Franco Farinelli Franco Farinelli a a La production spatiale La production spatiale d d e e de la société de la société de la société de la société e e p. 111 p. 111 INTRODUCTION INTRODUCTION Kantuta Quirós et Aliocha Imhoff Kantuta Quirós et Aliocha Imhoff a a Glissements de terrain Glissements de terrain s s r r p. 7 p. 7 p. 7 p. 7 Bertrand Westphal Bertrand Westphal e e Carte paradoxale Carte paradoxale Carte paradoxale Carte paradoxale d d d d d d du mythe méditerranéen. du mythe méditerranéen. d d t t Mona Hatoum Mona Hatoum t t p. 89 p. 89 Guillermo Gómez-Peña Guillermo Gómez-Peña m m A New World Border A New World Border w w p. 67 p. 67 Pedro Lasch Pedro Lasch Huit manières de lire une carte Huit manières de lire une carte Huit manières de lire une carte Huit manières de lire une carte n n n n n n n n n n n n Déclarations modulaires tirées de la série Déclarations modulaires tirées de la série m m e e LATINO/A AMERICA LATINO/A AMERICA T T C C p. 83 p. 83 Sandro Mezzadra, Brett Neilson Sandro Mezzadra, Brett Neilson o o Fabrica Mundi : Fabrica Mundi : i i Dessiner des frontières Dessiner des frontières s s t t et produire le monde et produire le monde t t on on p. 55 p. 55 p. 55 p. 55 Kantuta Quirós et Aliocha Imhoff Kantuta Quirós et Aliocha Imhoff e e Entretien avec Jennifer González Entretien avec Jennifer González n n e e e e p. 73 p. 73 7 7 John Pickles, Sebastian Cobarrubias John Pickles, Sebastian Cobarrubias s s r r et Maribel Casas Cortes et Maribel Casas Cortes a a s s Le regard cartographique, Le regard cartographique, a a q q les nouvelles cartographies les nouvelles cartographies v v ph ph des frontières, et les responsabilités des frontières, et les responsabilités e e n n du cartographe du cartographe du cartographe du cartographe u u p. 37 p. 37 Thomas DaCosta Kaufmann Thomas DaCosta Kaufmann s s a a La géographie de l’art : La géographie de l’art : o o r r historiographie, questions, historiographie, questions, g g o o et perspectives et perspectives et perspectives et perspectives p. 145 p. 145 Piotr Piotrowski Piotr Piotrowski P P Du tournant spatial Du tournant spatial n n ou une histoire ou une histoire e e horizontale de l’art horizontale de l’art t t p. 123 p. 123 p p Joaquín Barriendos Joaquín Barriendos a a Un cosmopolitisme Un cosmopolitisme p p esthétique ? esthétique ? q q p. 157 p. 157 5 5 Cuauhtémoc Medina Cuauhtémoc Medina a a n n Sud, sud, sud, sud Sud, sud, sud, sud Sud, sud, sud, sud Sud, sud, sud, sud u u d d p. 119 p. 119 PORTFOLIO PORTFOLIO Estefanía Peñafiel Loaiza Estefanía Peñafiel Loaiza f f a a Méridiens et parallèles Méridiens et parallèles d d è è p. 164 p. 164 p. 164 p. 164 Avec les œuvres de : Francis Alÿs, Gloria Anzaldúa, Arnoldo di Arnoldi, Anna Artaker, DavidAvalos, Avec les œuvres de : Francis Alÿs, Gloria Anzaldúa, Arnoldo di Arnoldi, Anna Artaker, DavidAvalos, l l a a A A d d n n A A Marcos Avila Forero, Ricardo Basbaum, Berger&Berger, Border ArtWorkshop/Tallerde Arte Fronterizo, Marcos Avila Forero, Ricardo Basbaum, Berger&Berger, Border ArtWorkshop/Tallerde Arte Fronterizo, s s a a r r d d / o o Bureau d’études, Luis Camnitzer, La Cimade, LasComadres, Fernand Deligny, Michael Druks, Bureau d’études, Luis Camnitzer, La Cimade, LasComadres, Fernand Deligny, Michael Druks, Bureau d’études, Luis Camnitzer, La Cimade, Las Comadres, Fernand Deligny, Michael Druks, Bureau d’études, Luis Camnitzer, La Cimade, Las Comadres, Fernand Deligny, Michael Druks, r r i i C C a a el el ru ru Clodagh Emoe, Claire Fontaine, Jérémy Garniaux, Guillermo Gómez-Peña, Hackitectura, Clodagh Emoe, Claire Fontaine, Jérémy Garniaux, Guillermo Gómez-Peña, Hackitectura, C C l l é é u u P P a a ErikaHarrsch, Mona Hatoum, Emily Hicks, Louis Hock, Henry Holiday & Lewis Caroll, ErikaHarrsch, Mona Hatoum, Emily Hicks, Louis Hock, Henry Holiday & Lewis Caroll, E E o o i i H H d d l l BouchraKhalili, Moshekwa Langa, Pedro Lasch, AndréMesquita&Red Conceptualismos del Sur, BouchraKhalili, Moshekwa Langa, Pedro Lasch, AndréMesquita&Red Conceptualismos del Sur, h h e e r r M M o o d d Pepón Osorio, Estefania Peñafiel Loaiza, Lia Perjovschi, Alejandra Riera, Batoul Shimi, Roberto Sifuentes, Pepón Osorio, Estefania Peñafiel Loaiza, Lia Perjovschi, Alejandra Riera, Batoul Shimi, Roberto Sifuentes, P P a a n n i i Elizabeth Sisco, SociétéRéaliste,Fiona Tan, AdrianaVarejão,FredWilson,Horacio Zabala. Elizabeth Sisco, SociétéRéaliste,Fiona Tan, AdrianaVarejão,FredWilson,Horacio Zabala. l l o o o o V V so so al al Sous la direction de Kantuta Quirós et Aliocha Imhoff Sous la direction de Kantuta Quirós et Aliocha Imhoff u u de de ó ó m m Sous la direction de Sous la direction de e e Kantuta Quirós et Aliocha Imhoff Kantuta Quirós et Aliocha Imhoff Q Q h h GÉO- GÉO- GÉO- GÉO- G G G G G G O O O O O O esth esth - p p - ESTHÉTIQUE ESTHÉTIQUE ESTHÉTIQUE ESTHÉTIQUE E E E E T T T T H H H H T T Q Q E E GÉO- GÉO- ESTH G G G G E O O T C A H I I E E R I L L U U S S T R É P . P . P 1 7 2 8 C A H I E R I I L L L U S T R R É P . P . P 1 3 3 1 3 4 150 150 × 220 mm 220 mm 176 p. 176 p. 22 22 ISBN 978-2-917855-48-5 ISBN 978-2-917855-48-5 2 2 À la croisée de courants théoriques tels que la géographie critique et postmoderne, les pensées postcoloniales et décoloniales, Géoesthétique revient sur le tournant spatial de l’art, et s’intéresse à la figure de l’artiste en géographe, en enquêteur investissant les champs disciplinaires de la géographie et de la cartographie comme terrains d’investigation épistémologique. L’ouvrage mobilise une analyse « géocritique » étudiant les représentations de l’espace dans les œuvres elles-mêmes, ainsi que celle, indissociable, d’une spatialisation de l’histoire de l’art et du langage curatorial, des contextes spatiaux dans lesquels les œuvres sont produites, circulent et sont valorisées (histoire horizontale de l’art, géohistoire de l’art, pensées de la mondialisation et du décentrement). Constitué de contributions originales et de traductions de textes importants produits ces vingt dernières années, Géoesthétique se veut un livre manifeste, rassemblant écrits de géographes, de théoriciens et d’historiens de l’art, d’artistes et commissaires d’exposition. 9 782917 855485 9 782917 855485 9 9

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Giovanna ZapperiGiovanna ZapperiGiovanna ZapperiGiovanna ZapperiNarrations cartographiquesNarrations cartographiquesNarrations cartographiquesNarrations cartographiquesNarrations cartographiquesNarrations cartographiques

p. 29p. 29p. 29p. 29p. 29p. 29

Beatriz PreciadoBeatriz PreciadoBeatriz PreciadoBeatriz PreciadoCartographies queerCartographies queerCartographies queerCartographies queer

p. 99p. 99p. 99p. 99Franco FarinelliFranco FarinelliFranco FarinelliFranco Farinelli

La production spatiale La production spatiale La production spatiale La production spatiale La production spatiale La production spatiale de la sociétéde la sociétéde la sociétéde la sociétéde la sociétéde la société

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INTRODUCTIONINTRODUCTION

Kantuta Quirós et Aliocha ImhoffKantuta Quirós et Aliocha ImhoffKantuta Quirós et Aliocha ImhoffKantuta Quirós et Aliocha ImhoffKantuta Quirós et Aliocha ImhoffKantuta Quirós et Aliocha ImhoffGlissements de terrainGlissements de terrainGlissements de terrainGlissements de terrainGlissements de terrainGlissements de terrain

p. 7p. 7p. 7p. 7

Bertrand WestphalBertrand WestphalBertrand WestphalBertrand WestphalCarte paradoxale Carte paradoxale Carte paradoxale Carte paradoxale Carte paradoxale Carte paradoxale Carte paradoxale Carte paradoxale Carte paradoxale Carte paradoxale

du mythe méditerranéen. du mythe méditerranéen. du mythe méditerranéen. du mythe méditerranéen. du mythe méditerranéen. du mythe méditerranéen. Mona HatoumMona HatoumMona HatoumMona Hatoum

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Guillermo Gómez-PeñaGuillermo Gómez-PeñaGuillermo Gómez-PeñaGuillermo Gómez-PeñaA New World BorderA New World BorderA New World BorderA New World Border

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Pedro LaschPedro LaschHuit manières de lire une carteHuit manières de lire une carteHuit manières de lire une carteHuit manières de lire une carteHuit manières de lire une carteHuit manières de lire une carteHuit manières de lire une carteHuit manières de lire une carteHuit manières de lire une carteHuit manières de lire une carteHuit manières de lire une carteHuit manières de lire une carteHuit manières de lire une carteHuit manières de lire une carteHuit manières de lire une carteHuit manières de lire une carte

Déclarations modulaires tirées de la série Déclarations modulaires tirées de la série Déclarations modulaires tirées de la série Déclarations modulaires tirées de la série Déclarations modulaires tirées de la série Déclarations modulaires tirées de la série LATINO/A AMERICA LATINO/A AMERICA LATINO/A AMERICA LATINO/A AMERICA LATINO/A AMERICA LATINO/A AMERICA

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Sandro Mezzadra, Brett NeilsonSandro Mezzadra, Brett NeilsonSandro Mezzadra, Brett NeilsonSandro Mezzadra, Brett NeilsonSandro Mezzadra, Brett NeilsonSandro Mezzadra, Brett NeilsonFabrica Mundi : Fabrica Mundi : Fabrica Mundi : Fabrica Mundi :

Dessiner des frontières Dessiner des frontières Dessiner des frontières Dessiner des frontières Dessiner des frontières Dessiner des frontières et produire le monde et produire le monde et produire le monde et produire le monde et produire le monde et produire le monde

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Kantuta Quirós et Aliocha ImhoffKantuta Quirós et Aliocha ImhoffKantuta Quirós et Aliocha ImhoffKantuta Quirós et Aliocha ImhoffEntretien avec Jennifer GonzálezEntretien avec Jennifer GonzálezEntretien avec Jennifer GonzálezEntretien avec Jennifer GonzálezEntretien avec Jennifer GonzálezEntretien avec Jennifer GonzálezEntretien avec Jennifer GonzálezEntretien avec Jennifer González

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John Pickles, Sebastian Cobarrubias John Pickles, Sebastian Cobarrubias John Pickles, Sebastian Cobarrubias John Pickles, Sebastian Cobarrubias John Pickles, Sebastian Cobarrubias John Pickles, Sebastian Cobarrubias et Maribel Casas Corteset Maribel Casas Corteset Maribel Casas Corteset Maribel Casas Corteset Maribel Casas Corteset Maribel Casas Cortes

Le regard cartographique, Le regard cartographique, Le regard cartographique, Le regard cartographique, Le regard cartographique, Le regard cartographique, les nouvelles cartographies les nouvelles cartographies les nouvelles cartographies les nouvelles cartographies les nouvelles cartographies les nouvelles cartographies

des frontières, et les responsabilités des frontières, et les responsabilités des frontières, et les responsabilités des frontières, et les responsabilités des frontières, et les responsabilités des frontières, et les responsabilités du cartographedu cartographedu cartographedu cartographedu cartographedu cartographe

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Thomas DaCosta KaufmannThomas DaCosta KaufmannThomas DaCosta KaufmannThomas DaCosta KaufmannThomas DaCosta KaufmannThomas DaCosta KaufmannLa géographie de l’art : La géographie de l’art : La géographie de l’art : La géographie de l’art : La géographie de l’art : La géographie de l’art :

historiographie, questions, historiographie, questions, historiographie, questions, historiographie, questions, historiographie, questions, historiographie, questions, et perspectiveset perspectiveset perspectiveset perspectiveset perspectiveset perspectives

p. 145p. 145

Piotr PiotrowskiPiotr PiotrowskiPiotr PiotrowskiPiotr PiotrowskiDu tournant spatial Du tournant spatial Du tournant spatial Du tournant spatial

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p. 123p. 123p. 123p. 123

Joaquín Barriendos Joaquín Barriendos Joaquín Barriendos Joaquín Barriendos Un cosmopolitisme Un cosmopolitisme Un cosmopolitisme Un cosmopolitisme

esthétique ? esthétique ? esthétique ? esthétique ? p. 157p. 157p. 157p. 157

Cuauhtémoc MedinaCuauhtémoc MedinaCuauhtémoc MedinaCuauhtémoc MedinaCuauhtémoc MedinaCuauhtémoc MedinaSud, sud, sud, sudSud, sud, sud, sudSud, sud, sud, sudSud, sud, sud, sudSud, sud, sud, sudSud, sud, sud, sudSud, sud, sud, sudSud, sud, sud, sud

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PORTFOLIOPORTFOLIO

Estefanía Peñafi el Loaiza Estefanía Peñafi el Loaiza Estefanía Peñafi el Loaiza Estefanía Peñafi el Loaiza Estefanía Peñafi el Loaiza Estefanía Peñafi el Loaiza Méridiens et parallèlesMéridiens et parallèlesMéridiens et parallèlesMéridiens et parallèlesMéridiens et parallèlesMéridiens et parallèles

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Avec les œuvres de : Francis Alÿs, Gloria Anzaldúa, Arnoldo di Arnoldi, Anna Artaker, David!Avalos,Avec les œuvres de : Francis Alÿs, Gloria Anzaldúa, Arnoldo di Arnoldi, Anna Artaker, David!Avalos,Avec les œuvres de : Francis Alÿs, Gloria Anzaldúa, Arnoldo di Arnoldi, Anna Artaker, DavidAvec les œuvres de : Francis Alÿs, Gloria Anzaldúa, Arnoldo di Arnoldi, Anna Artaker, DavidAvec les œuvres de : Francis Alÿs, Gloria Anzaldúa, Arnoldo di Arnoldi, Anna Artaker, DavidAvec les œuvres de : Francis Alÿs, Gloria Anzaldúa, Arnoldo di Arnoldi, Anna Artaker, DavidAvec les œuvres de : Francis Alÿs, Gloria Anzaldúa, Arnoldo di Arnoldi, Anna Artaker, DavidAvec les œuvres de : Francis Alÿs, Gloria Anzaldúa, Arnoldo di Arnoldi, Anna Artaker, DavidAvec les œuvres de : Francis Alÿs, Gloria Anzaldúa, Arnoldo di Arnoldi, Anna Artaker, DavidAvec les œuvres de : Francis Alÿs, Gloria Anzaldúa, Arnoldo di Arnoldi, Anna Artaker, DavidAvec les œuvres de : Francis Alÿs, Gloria Anzaldúa, Arnoldo di Arnoldi, Anna Artaker, DavidAvec les œuvres de : Francis Alÿs, Gloria Anzaldúa, Arnoldo di Arnoldi, Anna Artaker, David Avalos,Avalos,Marcos Avila Forero, Ricardo Basbaum, Berger&Berger, Border!Art!Workshop!/!Taller!de Arte Fronterizo, Marcos Avila Forero, Ricardo Basbaum, Berger&Berger, Border!Art!Workshop!/!Taller!de Arte Fronterizo, Marcos Avila Forero, Ricardo Basbaum, Berger&Berger, BorderMarcos Avila Forero, Ricardo Basbaum, Berger&Berger, BorderMarcos Avila Forero, Ricardo Basbaum, Berger&Berger, BorderMarcos Avila Forero, Ricardo Basbaum, Berger&Berger, BorderMarcos Avila Forero, Ricardo Basbaum, Berger&Berger, BorderMarcos Avila Forero, Ricardo Basbaum, Berger&Berger, BorderMarcos Avila Forero, Ricardo Basbaum, Berger&Berger, BorderMarcos Avila Forero, Ricardo Basbaum, Berger&Berger, Border // de Arte Fronterizo, de Arte Fronterizo,

Bureau d’études, Luis Camnitzer, La Cimade, Las!Comadres, Fernand Deligny, Michael Druks, Bureau d’études, Luis Camnitzer, La Cimade, Las!Comadres, Fernand Deligny, Michael Druks, Bureau d’études, Luis Camnitzer, La Cimade, Las Comadres, Fernand Deligny, Michael Druks, Bureau d’études, Luis Camnitzer, La Cimade, Las Comadres, Fernand Deligny, Michael Druks, Bureau d’études, Luis Camnitzer, La Cimade, LasBureau d’études, Luis Camnitzer, La Cimade, LasBureau d’études, Luis Camnitzer, La Cimade, LasBureau d’études, Luis Camnitzer, La Cimade, LasBureau d’études, Luis Camnitzer, La Cimade, LasBureau d’études, Luis Camnitzer, La Cimade, Las Comadres, Fernand Deligny, Michael Druks, Comadres, Fernand Deligny, Michael Druks, Comadres, Fernand Deligny, Michael Druks, Comadres, Fernand Deligny, Michael Druks, Comadres, Fernand Deligny, Michael Druks, Comadres, Fernand Deligny, Michael Druks, Clodagh Emoe, Claire Fontaine, Jérémy Garniaux, Guillermo Gómez-Peña, Hackitectura, Clodagh Emoe, Claire Fontaine, Jérémy Garniaux, Guillermo Gómez-Peña, Hackitectura, Clodagh Emoe, Claire Fontaine, Jérémy Garniaux, Guillermo Gómez-Peña, Hackitectura, Clodagh Emoe, Claire Fontaine, Jérémy Garniaux, Guillermo Gómez-Peña, Hackitectura, Clodagh Emoe, Claire Fontaine, Jérémy Garniaux, Guillermo Gómez-Peña, Hackitectura, Clodagh Emoe, Claire Fontaine, Jérémy Garniaux, Guillermo Gómez-Peña, Hackitectura, Clodagh Emoe, Claire Fontaine, Jérémy Garniaux, Guillermo Gómez-Peña, Hackitectura, Clodagh Emoe, Claire Fontaine, Jérémy Garniaux, Guillermo Gómez-Peña, Hackitectura, Clodagh Emoe, Claire Fontaine, Jérémy Garniaux, Guillermo Gómez-Peña, Hackitectura, Clodagh Emoe, Claire Fontaine, Jérémy Garniaux, Guillermo Gómez-Peña, Hackitectura, Clodagh Emoe, Claire Fontaine, Jérémy Garniaux, Guillermo Gómez-Peña, Hackitectura, Clodagh Emoe, Claire Fontaine, Jérémy Garniaux, Guillermo Gómez-Peña, Hackitectura, Clodagh Emoe, Claire Fontaine, Jérémy Garniaux, Guillermo Gómez-Peña, Hackitectura, Clodagh Emoe, Claire Fontaine, Jérémy Garniaux, Guillermo Gómez-Peña, Hackitectura, Erika!Harrsch, Mona Hatoum, Emily Hicks, Louis Hock, Henry Holiday & Lewis Caroll, Erika!Harrsch, Mona Hatoum, Emily Hicks, Louis Hock, Henry Holiday & Lewis Caroll, ErikaErika Harrsch, Mona Hatoum, Emily Hicks, Louis Hock, Henry Holiday & Lewis Caroll, Harrsch, Mona Hatoum, Emily Hicks, Louis Hock, Henry Holiday & Lewis Caroll, Harrsch, Mona Hatoum, Emily Hicks, Louis Hock, Henry Holiday & Lewis Caroll, Harrsch, Mona Hatoum, Emily Hicks, Louis Hock, Henry Holiday & Lewis Caroll, Harrsch, Mona Hatoum, Emily Hicks, Louis Hock, Henry Holiday & Lewis Caroll, Harrsch, Mona Hatoum, Emily Hicks, Louis Hock, Henry Holiday & Lewis Caroll, Harrsch, Mona Hatoum, Emily Hicks, Louis Hock, Henry Holiday & Lewis Caroll, Harrsch, Mona Hatoum, Emily Hicks, Louis Hock, Henry Holiday & Lewis Caroll, Harrsch, Mona Hatoum, Emily Hicks, Louis Hock, Henry Holiday & Lewis Caroll, Harrsch, Mona Hatoum, Emily Hicks, Louis Hock, Henry Holiday & Lewis Caroll,

Bouchra!Khalili, Moshekwa Langa, Pedro Lasch, André!Mesquita!&!Red Conceptualismos del Sur, Bouchra!Khalili, Moshekwa Langa, Pedro Lasch, André!Mesquita!&!Red Conceptualismos del Sur, BouchraBouchra Khalili, Moshekwa Langa, Pedro Lasch, AndréKhalili, Moshekwa Langa, Pedro Lasch, AndréKhalili, Moshekwa Langa, Pedro Lasch, AndréKhalili, Moshekwa Langa, Pedro Lasch, André MesquitaMesquita Red Conceptualismos del Sur, Red Conceptualismos del Sur, Red Conceptualismos del Sur, Red Conceptualismos del Sur, Pepón Osorio, Estefania Peñafi el Loaiza, Lia!Perjovschi, Alejandra Riera, Batoul Shimi, Roberto!Sifuentes, Pepón Osorio, Estefania Peñafi el Loaiza, Lia!Perjovschi, Alejandra Riera, Batoul Shimi, Roberto!Sifuentes, Pepón Osorio, Estefania Peñafi el Loaiza, LiaPepón Osorio, Estefania Peñafi el Loaiza, LiaPepón Osorio, Estefania Peñafi el Loaiza, LiaPepón Osorio, Estefania Peñafi el Loaiza, LiaPepón Osorio, Estefania Peñafi el Loaiza, LiaPepón Osorio, Estefania Peñafi el Loaiza, Lia Perjovschi, Alejandra Riera, Batoul Shimi, RobertoPerjovschi, Alejandra Riera, Batoul Shimi, RobertoPerjovschi, Alejandra Riera, Batoul Shimi, RobertoPerjovschi, Alejandra Riera, Batoul Shimi, Roberto Sifuentes, Sifuentes,

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À la croisée de courants théoriques tels que la géographie critique et postmoderne, les pensées postcoloniales et décoloniales, Géoesthétique revient sur le tournant spatial de l’art, et s’intéresse à la figure de l’artiste en géographe, en enquêteur investissant les champs disciplinaires de la géographie et de la cartographie comme terrains d’investigation épistémologique. L’ouvrage mobilise une analyse « géocritique » étudiant les représentations de l’espace dans les œuvres elles-mêmes, ainsi que celle, indissociable, d’une spatialisation de l’histoire de l’art et du langage curatorial, des contextes spatiaux dans lesquels les œuvres sont produites, circulent et sont valorisées (histoire horizontale de l’art, géohistoire de l’art, pensées de la mondialisation et du décentrement).

Constitué de contributions originales et de traductions de textes importants produits ces vingt dernières années, Géoesthétique se veut un livre manifeste, rassemblant écrits de géographes, de théoriciens et d’historiens de l’art, d’artistes et commissaires d’exposition.

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37Géoesthétique

Faire la carte, et pas le calque. Si la carte s’oppose au calque, c’est qu’elle est tout entière tournée vers une expérimentation en prise sur le réel. (…) La carte ne reproduit pas un inconscient fermé sur lui-même, elle le construit. (…) La carte est!ouverte, elle est connectable dans toutes ses dimensions, démontable, renversable, susceptible de recevoir constamment des!modifications. Elle peut être déchirée, renversée, s’adapter à des montages de!toute nature, être mise en chantier par un individu, un groupe, une formation sociale. On peut la dessiner sur un mur, la concevoir comme une œuvre d’art, la!construire comme une action politique ou comme une méditation. (…) Une carte a des entrées multiples, contrairement au!calque qui revient toujours « au même ». Une carte est affaire de performance, tandis que le calque renvoie toujours à!une « compétence » prétendue. Deleuze et Guattari (1980), p. 20

À la question de savoir « combien de cartes (…) [il] faudrait pour épuiser un espace social, pour en coder et décoder tous les contenus », Henri Lefebvre répond ainsi :

Il n’est pas sûr qu’on puisse les dénombrer. Au contraire : le non-dénombrable s’introduit ici, une sorte d’infini actuel comme dans un tableau de Mondrian.

Ce!ne sont pas seulement les codes (légendes, conventions d’écriture et de!lecture) qui changent, mais les objets et!objectifs, les échelles. Lefebvre!(1974),!p.!103

Loin d’être un reflet passif du monde, l’activité cartographique propose de nouvelles façons de voir (et d’être), instaurant des limites qui ins-crivent une différence, créent une identité, et for-ment une frontière qui « géo-code » les mondes social et naturel (Pickles 2004 ; Olson 2007). En somme, la cartographie produit l’espace.

Mais comment les cartes produisent l’espace, voilà un sujet de controverses abondantes. Denis Wood a longtemps aimé dire « la cartographie est morte ! Vive la création de cartes ! » 2 (par exemple, Wood 2003). La tension entre cette « cartographie » « royale » ou « d’État », capitali-sée, institutionnalisée, et totalisante, et les pos-sibilités plus ouvertes que la création de cartes comme une pratique sociale engagée, critique, activiste ou nomadique a depuis longtemps nourri notre intérêt pour cette dernière et pour ce que, dans A History of Spaces, l’un d’entre nous a appelé « les vies sociales des cartes ». Les cartes ont en effet une existence sociale captivante (et souvent dissimulée ou négligée) et l’un des plus grands défis de la cartographie critique et des études cartographiques est d’insuffler de nou-velles vies dans notre manière de créer, lire et utiliser les cartes, de les comprendre dans les

Le regard cartographique, les nouvelles cartographies des frontières,

et les responsabilités du cartographe 1John Pickles, Sebastian Cobarrubias

et Maribel Casas Cortes

1 Cet article reprend des thèmes déjà explorés et développés de manière plus étendue dans John Pickles, A History of Spaces : Cartographic Reason, Mapping and the Geo-Coded World, Londres et New York, Routledge, 2004; dans Sebastian Cobarrubias et John Pickles, « Spacing Movements: mapping practice, global justice and social activism », in The Spatial Turn: Interdisciplinary Perspectives, Londres et New York, Routledge, 2009, pp. 36-58; Sebastian Cobarrubias, Mapping Machines: Activist Cartographies of the Border and Labor Lands of Europe, thèse de doctorat, University of North Carolina, 2009 et John Pickles et Tim Stallmann, « Cartography and social theory », in Cartography in the Twentieth Century: Volume Six of « The History of Cartography », Mark Monmonier dir., à paraître en 2013. Les recherches sur lesquelles il s’appuie ont été financées par une bourse de la National Science Foundation (Nº BCS-1023543).

2 Les auteurs jouent sur la différence lexicale entre cartography et mapping, ce dernier terme désignant l’activité de création de la carte plutôt qu’une discipline institutionnalisée. [ndt]

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qui pouvait, à la fois, rendre visible la logique du capitalisme et fournir aux individus les outils nécessaires pour créer des alternatives (Jameson 1991, p. 54). L’exposition Atlas critique tenue en 2012 au Parc Saint Léger prolongea ce sentiment, tandis que ses organisateurs soulignaient l’im-portance de plus en plus centrale de la contre-cartographie pour la pratique politique. Ils affirment que l’exposition « utilise de manière privilégiée géographies radicales, dérives, topo-graphies financières et cartographies imagi-natives comme autant d’outils alternatifs de production de savoirs, de récits et de réalités » (http://www.lepeuplequimanque.org/atlas-cri-tique). C’est là une « cartographie nouvelle » orientée vers la production de machines dia-grammatiques ou abstraites qui « ne fonctionne pas pour!représenter même!quelque chose de réel, mais! construisant! un! réel! à venir, une! nouveau type de réalité » (Deleuze et Guattari 1980, p. 177).

C’est la reconnaissance de cette « condition » et de la commercialisation croissante de la carto-graphie, l’usage politique étendu et la pénétra-tion accrue de telles cartes au sein des commu-nautés de couleur à la fin des années 1960 et dans les années 1970 qui encouragea Bill Bunge et ses partenaires à former les Geographical Expeditions à Détroit et Toronto. À travers ces dernières, Bunge appelait à un renouvellement de pratiques géographiques et cartographiques anciennes, mises au service non pas du pouvoir étatique, mais des intérêts de communautés défavorisées. Les cartes furent les moyens tech-niques qui permirent de démontrer les injustices sociales des armes nucléaires ou de la ségréga-tion urbaine et de la dégradation des centres-villes, et elles amorcèrent un mouvement qui a depuis profondément influencé la cartographie critique. Ses forces expéditionnaires urbaines s’adressèrent ainsi directement à l’inégalité, à la ségrégation, et à la violence. Ces réseaux de cher-cheurs travaillèrent avec les communautés pour identifier leurs problèmes et déployer les com-pétences cartographiques à des fins socialement productives. En quelques années à peine de ces cartographies expéditionnaires de Bunge dans le centre-ville de Détroit, les centaines de cartes de redécoupage scolaire, les atlas décrivant la

menace des rats, des bris de verre et des voi-tures sur les enfants, les cartes des villes de la faim, de la pauvreté et de l’opulence excessive contenues dans Chicago, le travail accompli avec la communauté Fitzgerald de Détroit, et le Nucler War Atlas ont tous démontré les nouvelles pos-sibilités radicales d’une cartographie populaire dont l’objectif n’est autre qu’une politique de la démocratie participative (Bunge 1971, 1988).

Depuis la cartographie expéditionnaire de Bunge aux temps du mouvement des Droits Civiques, les changements qui ont affecté la collecte, la représentation et la diffusion des données spa-tiales ont créé encore plus de possibilités pour de nouvelles cartographies et de nouveaux usages et usagers des cartes à travers tout le champ social. Inversement, les géographies postcolo-niales contemporaines de l’Europe ont mis en lumière la nécessité d’une nouvelle ontologie et d’une cartographie attentive à la production his-torique de l’espace et au développement inégal dont nous avons hérité. En réponse à ces évolu-tions, des activistes des mouvements sociaux, des cartographes « militants », « radicaux », « pirates » ou « autonomistes » ont employé des pratiques cartographiques innovantes pour analyser l’ex-pansion des infrastructures de pouvoir, articuler de nouveaux modes de vie, et mettre à l’essai de nouvelles stratégies d’organisation 3.

Brian Holmes est l’une des figures majeures qui ont influencé les réseaux de cartographes radicaux. Ses multiples publications, projets, et actions ont donné une formulation théorique et pratique aux possibilités que la cartographie offre aux activistes pour analyser les infras-tructures économiques globales et mobiliser de nouvelles formes de carto-politique. En ce sens, Holmes (2004a, 2004b) cherche à approfondir le projet de Jameson d’une cartographie cogni-tive globale à travers le poststructuralisme de Tally (1996) et Bartolovitch (1996) et le nouveau matérialisme de Gilles Deleuze, Félix Guattari et Michel Foucault (Holmes 2004b).

Ces nouvelles cartographies se situent entre les cartes dominantes et les cartes protesta-taires, là où « chaque cartographie réussie aide

3 Pour un compte-rendu réfléchi de ces potentiels politiques nourris par la pratique cartographique, voir l’article du collectif 3C, (Counter-Cartographies Collective), auquel ont participé les auteurs : Counter Cartographies Collective, Craig Dalton et Liz Mason-Deese, « Counter (Mapping) Actions: Mapping as Militant Research », in ACME: An International E-Journal for Critical Geographies, vol. 11, Nº 3, 2012, pp. 439-466.

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termes de ces vies qu’elles vivent et de les utili-ser pour rendre possible des manières de vivre dans le monde différemment (Pickles 2006, voir aussi Farinelli, Olsson et Reichert 1994 ; Crampton 2004 ; Cosgrove 2007).

Bien entendu, reconnaître que les cartes créent les mondes qu’elles prétendent représenter ne suffit pas à nous renseigner sur les types de mondes que chaque carte produit en réalité. L’une des raisons de la domination constante des institutions cartographiques d’État tient à leur capacité à multiplier les tracés qu’elles pro-duisent quand, littéralement, elles imposent un ordre au monde. La répétition d’une ligne parti-culière ou d’un tracé s’effectue en « durcissant » et en réinscrivant telle ou telle territorialisation ou réalité spatiale particulières. Une telle « car-tographie a donné aux gouvernants un appareil administratif, des instruments de domination ainsi que des moyens conceptuels leur permet-tant de comprendre et de gouverner le monde » (Livingstone 2003, p. 163). Comme l’ont si claire-ment démontré Thongchai Winichakul (1998) et Benedict Anderson (1991, p. 249), les cartes ont, de fait, construit des pays dans lesquels « l’in-visible espace territorial! fermé » de l’État est le produit d’imaginaires spatiaux entièrement antithétiques et aux assises plus traditionnelles. « À travers les séquences de cartes agencées dans l’ordre chronologique … vit le jour une sorte de récit politico-biographique qui avait parfois une très grande profondeur historique » fut créé par les États, comme l’État colonial britannique (Anderson 1996, p. 178).

Plus récemment, Denis Cosgrove (2007, p.!168) a avancé qu’en étendant les capacités du corps humain les cartes opèrent comme des méca-nismes de pouvoir humain, altérant la conscience sociale de l’espace et les possibilités d’y agir. Ces pratiques de création de cartes prêtent atten-tion aux effets des lignes que nous traçons et aux conséquences des limites que nous inscri-vons, ce que Gunnar Olsson appelle la « Raison Cartographique » une entreprise productive de projection, d’inscription, et de création.

Brian Holmes (2004a, p. 1) annonce qu’!« il faut que des cartes radicalement inventives (…) redé-couvrent et partagent les potentiels créateurs d’espace d’une imagination révolutionnaire. » Pour l’artiste de performance kanarinka (2005, p. 25), le monde « n’a pas besoin de représentations

du tout, il a besoin de nouveaux rapports et de nouveaux usages ; en d’autres termes, il a besoin de nouveaux événements, inventions, actions, activités, expériences, interventions, infiltra-tions… ». De même, dans Mapping Machines, Cobarrubias voit dans les cartographies des mou-vements sociaux cette impulsion non-représen-tationnelle mais créative qui pousse à reconfigu-rer les territoires, créer des rapports et rompre la conception essentialiste de l’espace. Analysant les cartes activistes, telles que les stratégies deleuziennes tentant de « changer les points en vecteurs », il suggère que ces expériences de créa-tion de cartes sont à la fois les meneurs et les combattants d’un vaste « combat de cartogra-phies » qui s’amplifie de jour en jour (2009).

Cet article retrace l’essor de ces nouvelles carto-graphies s’accordant avec la théorie de Lefebvre sur les fonctionnements divers et multiples des cartes selon la perspective adoptée, le codage auquel elles se plient, les usages qu’elles servent, et, tout particulièrement, leurs auteurs et leurs objectifs. Il envisage la manière dont les contre-cartographies et les pratiques de créa-tion de cartes de mouvement sont aujourd’hui déployées pour inventer des cartes alterna-tives des espaces, frontières et territoires euro-péens et pour intervenir dans la production de nouvelles architectures spatiales à travers les-quelles les frontières d’État contemporaines et les mécanismes de répression se trouvent exter-nalisés au-delà de la « bordure » de l’Europe. Concurremment, il retravaille la géopolitique schmittienne divisée entre amis et ennemis et fondée sur la mise en avant des différences de part et d’autre des frontières étatiques, pour éla-borer des géographies relationnelles qui sou-lignent les points communs et la responsabilité historique que nous avons à l’égard de ceux qui franchissent les frontières.

Mouvements, cartes, et la production de la frontière européenne

Pour Frederic Jameson (1991), la « condition postmoderne » et l’effondrement de l’ordre euro-centrique au milieu du ""e! siècle a produit une diversité radicale qui masque aussi le pouvoir et l’oppression derrière la complexité et la dis-jonction. La politique nouvelle exigée par cette conjoncture devait produire des « cartes cogni-tives » pour une action politique efficace et une vie réfléchie. Il s’agissait d’une carto-politique

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en 1998 5, l’émergence de vastes mouvements de résistance globale, et leur reconnaissance accrue, ces expériences cartographiques se répandirent et projetèrent le Bureau d’études au-delà de la dynamique galeries-musées vers une circulation plus ouverte (Holmes 2003, p. 3).

Les cartes de Bureau d’études peuvent être vues comme des « instruments de cognition » (Holmes 2003) « répondant » à la nécessité sou-lignée par Jameson d’une cartographie glo-bale cognitive des échelles et des structures d’un système insaisissable dans sa globalité (selon Jameson) pour les individus qui y cir-culent. En même temps, ces cartographies per-mettent non seulement la navigation, mais pour Bureau d’études, elles rendent aussi possible une réappropriation :

Un savoir autonome peut être constitué à!travers l’analyse du fonctionnement de!machines complexes… la déconstruction des machines complexes et leur recons-truction « décolonisée » peuvent s’appliquer à divers types d’objets… De même que l’on déconstruit un programme, on peut déconstruire le fonctionnement interne d’un gouvernement ou d’une administration, d’une entreprise ou d’un groupe industriel ou financier. À!partir de!cette déconstruction, qui implique une!identification précise des principes opérateurs d’une administration donnée, ou des liens et réseaux entre différentes administrations, lobbies, secteurs d’activités, etc., on peut définir des modes d’action ou d’intervention (Bureau d’études / Université Tangente 2002, p. 3).

Les cartes montrent des réseaux denses d’ac-teurs institutionnels dans les économies régio-nales et globales, et sont censées fonctionner comme des instruments de choc qui incitent à la conversation et à l’analyse (Voir Bureau d’études, Gouverner par les réseaux [http://bureau-detudes.org/wp-content/uploads/2010/01/gover-ning-by-network.pdf]) 6. Elles ont circulé dans des contextes comme le Forum Social Européen, des contre-sommets dirigés contre des institu-tions internationales majeures, les camps No Borders contre la sanction des migrations, et dans le cadre d’autres mouvements (voir http://bureaudetudes.org). Le groupe a produit plus d’une douzaine de cartes d’importance majeure, ainsi que des textes, qui ont été utilisés dans un grand nombre de contextes différents par divers groupes de résistance globale et des mouve-ments anticapitalistes (voir Kuda 2004) 7.

Le cadre de la série des « Normes européennes de production mondiale » est particulièrement instructif : absent du paysage local, invisible à l’œil nu, un labyrinthe de lois et de normes donne une forme concrète à notre existence. L’Union Européenne tente de produire le monde dans lequel nous vivons. Les instruments qu’elle emploie sont des normes : des normes indus-trielles, des modèles territoriaux, des principes idéologiques, des critères de vérité. Ces derniers deviennent la seconde nature d’une volonté chaque jour amplifiée et accélérée de changer cette vaste région humaine pleine d’imprévisible en un terrain de jeu pour le capitalisme. Des ser-vices sophistiqués se sont désormais dévelop-pés pour guider les grandes entreprises à travers une jungle d’agences administratives que leurs propres lobbies ont permis de créer, véritables écrans de fumée qui servent à dissimuler et à

5 Voir le site du People’s Global Action pour plus d’information : http://www.nadir.org/nadir/initiativ/agp/mayday1.htm

6 Cartes de Bureau d’études (sélection) : Source: http://utangente.free.fr/anewpages/cartes.html « World Government » – http://bureaudetudes.org/wp-content/uploads/2010/01/wordlgov2005.pdf « Que se Vayan Todos » – http://utangente.free.fr/2003/quesebayan.pdf « Infowar/Psychic war » – http://bureaudetudes.org/wp-content/uploads/2010/01/Worldmedia2003.pdf « Media Industrial Complex » – http://bureaudetudes.org/wp-content/uploads/2010/01/mediaIndustrialComplex2002.pdf « Media Skills » – http://bureaudetudes.org/wp-content/uploads/2010/01/medias_skill2004.pdf « Financial Industrial Complex » – http://bureaudetudes.org/wp-content/uploads/2010/01/FinancialIndustrialComplex.pdf « Petropolitics » – http://bureaudetudes.org/wp-content/uploads/2010/01/PETROLEUM2007.pdf

7 Bureau d’études a également contribué à la constitution d’Université tangente (UT), une sorte d’espace de ressources et d’échanges gratuit en ligne servant à la réflexion critique et à la recherche concernant les transformations globales, l’activisme radical, et la subjectivité politique. Cette dernière a à son tour inspiré d’autres projets autonomes s’intéressant aux pratiques spatiales et à la cartographie (http://www.edu-factory.org/mappa.html).

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au final à créer le monde qu’elle prétend repré-senter », mais elle doit le faire en organisant l’in-formation afin de montrer l’économie globale de manière innovante (Holmes 2004b, p. 2). Il est besoin ici de cartes inventives qui dépassent les idées reçues et d’ordres qui dépassent la représentation « pour découvrir et partager les potentiels créateurs d’espace d’une imagination révolutionnaire » (Holmes 2004a, p. 1). Holmes compare deux types de cartes critiques. Le pre-mier est caractérisé par « la représentation géo-graphique des réseaux de pouvoir – une carte dont toute l’intention est d’identifier et de mesurer les forces en jeu » (Holmes 2004b, p. 7). Ce type de carte a des frontières et des acteurs fixes, et la dynamique de leurs relations est assez claire. La seconde forme de carte est « le schéma d’un réseau indéterminé, qui ouvre un champ de possibilité ou de stratégies potentielles » (Holmes 2004b, p. 7). La carte ne désigne pas une « grille statique » fixée dans l’espace mais plutôt une matrice productive qui interagit avec une myriade d’« humains-points » et d’espaces.

De ce point de vue, « nous pouvons envisager les cartes des flux globaux et les schémas de pou-voirs au sens deleuzien … non pas simplement comme des « grilles stratégiques » mais plutôt comme des « matrices productives » traversées de part et d’autres de tensions multiples. Les réseaux visualisés sont indéterminés, ouverts à un champ de possibilités ou de stratégies poten-tielles » (Holmes 2004b, p. 7). C’est à présent sur des exemples de ces matrices productives et l’enchevêtrement de tensions qu’elles génèrent que nous devons nous pencher. Ce faisant nous montrons également que la cartographie for-melle des institutions gérant les frontières et les migrants en Europe, et spécifiquement dans la zone méditerranéenne européenne, semblent apprendre et s’inspirer de la cartographie cri-tique de ces cartes de réseaux. Nombreux sont ceux qui appellent à une refonte de cartes euro-péennes (par exemple NoLager 2000) ainsi qu’à une cartographie des conséquences des poli-tiques d’immigration de l’Union Européenne, telle que l’atlas annuel des migrations Migreurope. Ailleurs, nous avons participé à des traitements cartographiques de la frontière comme Mig Map

et Anarkitektur (voir Casas et Cobarrubias 2007). Dans cet article, nous analysons en détail trois cartographies récentes de l’Europe dans les-quelles ces objectifs et ces tensions sont particu-lièrement évidents : Bureau d’études, Hackitectura, et des cartes retraçant l’itinéraire de migrants élaborées en ce moment par des groupes de sou-tien aux migrants.

Bureau d’études – cartographie de l’Europe libérale

Le projet cartographique de Bureau d’études a commencé autour de 1998 avec une collection d’art politique appelée « les archives du capi-talisme ». Les archives se formèrent à partir d’un engagement de Bureau d’études avec des mouvements de chômeurs et de squatteurs, et incluaient des cartes et des organigrammes des réseaux économiques et des individus puis-sants dans la région de Strasbourg, présentées comme une forme d’art public / politique. Après plusieurs autres projets collectifs en France, le groupe s’interrogea sur la manière dont il pour-rait briser le circuit typique de l’art entre gale-ries et musées. En coordination avec d’autres artistes, le groupe fonda le « Syndicat potentiel » qui devait traiter du chômage, de l’emploi pré-caire et des travailleurs de la culture. Les deux groupes (Bureau d’études et Syndicat potentiel) étaient intimement liés à d’autres groupes acti-vistes, et entretiennent des liens très forts avec les mouvements de squatteurs à travers l’Eu-rope occidentale (Holmes 2003, pp. 1-2). L’un des objectifs centraux de ces groupes était la production de « contre-savoirs autonomes » qui devaient fournir un cadre théorique aux discours et pratiques d’une économie du « gratuit » (biens, services, etc.) (voir le Manifeste de l’Université Tangente 2002, ainsi que Hommes 2003, Graeber 2002, http://www.revuedumauss.com/) 4.

Les réflexions sur la nature changeante de l’éco-nomie et la nécessité de mieux comprendre les nouvelles formes de solidarités entre les corpo-rations internationales et les États, ont mené ces groupes à user régulièrement de la repré-sentation cartographique. Plus particulière-ment après le premier « jour d’action globale »

4 Ces efforts ont donné naissance à d’autres collectifs qui ont employé la cartographie comme une forme d’intervention et ont même contribué à créer, par ricochet, une série de séminaires politiques analysant les changements géo-économiques et géo-politiques à travers la pratique et la métaphore de la!cartographie. Ces séminaires impliquent régulièrement des chercheurs universitaires, comme c’est le!cas pour la série de séminaires Continental Drift à New York (http://www.16beavergroup.org/drift/).

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Bureau d’études, Autonomie et luttes, http://bureaudetudes.org/2012/03/08/autonomies-et-luttes/

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projets de création de logiciels libres de carto-graphie à l’usage des pirates informatiques et des activistes comme Mapomatrix, Car Tac et Meipi (voir http://meipi.org/user/hackitectura).

Hackitectura – Supprimer les frontières de la forteresse Europe

Hackitectura est un autre collectif de cartogra-phie critique, basé principalement à Séville en Espagne, quoiqu’il travaille de manière régu-lière avec un réseau s’étendant à travers toute l’Andalousie et une partie du nord du Maroc. Il prit forme en 2004, à l’intersection de plu-sieurs projets préexistants (mobilisations, cartes, textes, sites internet) et a depuis toujours été actif. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un réseau de pirates informatiques, d’artistes, d’architectes et d’autres activistes de la région (voir hackitectura.net). Hackitectura se situe au cœur de plusieurs nébuleuses complexes d’acti-visme social dans la région, comprenant notam-ment des projets de médias et de technologies

indépendants, des organisations de défense des droits des migrants, et des efforts d’organisation collective autour des marchés d’emploi flexible 8. Les premiers projets cartographiques du collec-tif ressemblaient à des plans de rue, bien que leur objectif fût de rendre compte de la diversité des actions et événements de contestation lors d’une des plus grandes manifestations anti-glo-balisation. Plusieurs groupes individuels pou-vaient organiser leurs actions sur un document partagé qui pouvait ensuite être utilisé comme source d’information dans les centres de conver-gence de manifestations ou être réimprimé pour être distribué parmi les participants. Après ces premiers efforts consistant à montrer où les manifestations se déroulaient, Hackitecture s’est ensuite concentré sur les moyens de tra-duire les débats sur les effets de la « globalisa-tion » à l’échelle d’une ville. À Séville, à la veille d’un grand sommet de l’Union Européenne et de manifestations concomitantes en 2002, un pro-jet de cartographie collaborative fut mis en place avec diverses organisations communautaires

8 Hackitectura entretient aussi une relation complexe avec les espaces académiques et artistiques institutionnels. Les membres individuels du collectif travaillent parfois comme professeurs ou consultants en design, et les projets collectifs d’Hackitectura se déroulent souvent en proximité avec l’université et le grand studio.

TABLEAU 1 : CHRONIQUES DE GUERRE DE BUREAU D’ÉTUDES

Pôle 1 – pôle technologique et militaire : entreprises de télécommunications et d’armement, services secrets, États, think tanks, réseaux policiers, sectes, réseaux câblés, satellites, universités.

Pôle 2 – pôle de contrôle sur les flux financiers : banques, fonds de pensions publics et privés, multinationales, corps de gouvernance d’élite, compagnies d’investissements, lobbies, États, réseaux mafieux, zones financières offshore, organisations publiques internationales.

Pôle 3 – pôle de contrôle de la communication et de l’information, ou plus généralement, de la production industrielle d’appâts : multinationales des médias, ministères de la culture et de la communication, journaux et magazines, télévision, radio, maisons d’édition et entreprises de biens de consommation, films publicitaires, mode et habillement, supermarchés, magasins, centres commerciaux, complexes de cinémas, sectes, sociétés secrètes, groupes d’auteurs, services de conseil et d’expertise.

Pôle 4 – pôle de contrôle sur la production et l’optimisation productive de l’existence : multinationales, universités, start-up, entreprises de biotechnologie, cabinets de gestion des brevets et des droits d’exploitation.

Pôle 5 – pôle de contrôle de l’accès aux ressources naturelles de la planète, en particulier l’eau et le pétrole : États, grandes compagnies pétrolières, multinationales, lobbies, organisations internationales, réseaux mafieux, Françafrique, cartels, oléoducs.

Source : adapté de Bureau d’études http://bureaudetudes.org/

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faire avancer leurs propres intérêts. (« European Norms of World Production » http://bureau-detudes.org/wp-content/uploads/2010/01/EuropeENG.pdf)

Ces cartes très polémiques représentent un nombre impressionnant d’institutions, d’ac-teurs, de personnalités, d’organisations, et de mouvements. Normes européennes se divise en trois parties. Un côté de la carte est consacré au « Complexe normopathique (européen) » avec une série d’institutions de l’Union européenne et des États-nations, de grandes entreprises, de lobbies, de think tanks, de personnalités, d’ini-tiatives politiques, d’agences de régulation, de systèmes juridiques, de forces policières, et un large ensemble de lois et de normes qui facilitent son expansion. Des liens sont tracés entre les dif-férents éléments pour créer une sorte de carte du réseau des pouvoirs d’entreprise, d’État, et de régulation. Une partie de la deuxième couche de la carte est consacrée à « la société civile orga-nisée » et comprend les ONG, les comités de l’Union européenne sur la société civile, et des plateformes politiques indépendantes de l’in-dustrie qui sont rattachées par des liens mul-tiples et complexes avec l’État-nation, l’Union européenne, et l’industrie (en particulier par le biais de groupes secondaires comme les groupes de travail, les think tanks, etc.). La dernière couche de la carte, « Autonomie et luttes » (Voir Bureau d’études, Autonomie et luttes [p. 42-43]), comprend un grand nombre d’activités de mou-vements sociaux. Les mouvements sont délibé-rément représentés avec des contours poreux, si bien que leurs préoccupations et engagements déteignent les uns sur les autres : « anti-prison », « abolition de l’État », « réappropriation des biens et services publics », « centres de recherche hété-rodoxes », etc.

Pour Bureau d’études, la production de la nou-velle Europe s’effectue justement dans l’interac-tion de ces trois assemblages stratifiés d’insti-tutions et d’acteurs. Bureau d’études développe une cartographie d’assemblage, partant d’un point (loi, institution, ou grande entreprise) et regroupant les connexions et les réseaux de manière à replacer des lois, institutions, grandes entreprises dans un cadre plus large. Ainsi, la carte localise et matérialise les abstractions que sont l’ « Union Européenne » et l’!« Europe » en les incarnant dans des institutions et lois spé-cifiques et intégrées dans des réseaux. Bureau

d’études les considère comme des « pôles de la réorganisation de la chaîne de production ter-restre » (voir Tableau 1).

Les cartes qui en résultent constituent à la fois des instruments concrets pour développer des tactiques spécifiques et une forme de critique idéologique qui déstabilise des institutions en apparence solides et autonomes. Les institutions dont la « solidité » dépend entièrement de leur existence dans un réseau de relations qui pro-duit une « Europe » particulière sont dénatura-lisées. Au lieu d’être vue comme un ensemble hiérarchisé de dispositifs de savoir et de pou-voir, cette nouvelle Europe est à présent repré-sentée comme une articulation et un entrelacs complexe d’acteurs et d’institutions contingents.

Normes européennes de production mondiale a sur-tout été utilisé comme ressource pédagogique pour les ateliers de teach-in. D’ordinaire, il a pour effet immédiat d’impressionner l’assis-tance par sa complexité vertigineuse et de sus-citer l’admiration devant sa complexité visuelle et sa portée institutionnelle. Cette expérience de vertige est exploitée pour stimuler la discussion des usages et effets potentiels de la carte, pour comprendre à quel point les institutions de la nouvelle Europe sont concrètes et contingentes, pour identifier les nombreux points où cette « Europe » est vulnérable et à combien de niveaux elle forme littéralement un ensemble artifi-ciel. Elle a certainement produit un dialogue plus direct sur ce qu’est l’Union Européenne et comment la remettre en question, et a permis de diffuser le concept de cartographie comme moyen de mettre en évidence le pouvoir et les luttes collectives. (voir par exemple Schengen.com http://bureaudetudes.org/wp-content/uploads/2010/01/schengen.pdf)

Le débat sur le potentiel de la contre-cartogra-phie amena Bureau d’études à collaborer avec d’autres collectifs pour développer des géné-rateurs de cartes en ligne qui visent une car-tographie plus participative et permettront à divers groupes et campagnes d’y intégrer leurs données. Avec Fadaiat 2005, par exemple, un ras-semblement ayant pour objectif de repenser les communications entre activistes de terrain en Espagne du sud et dans le nord du Maroc, l’ate-lier sur les « Cartographies tactiques » a pu lancer différents projets : le projet Mapping Contemporary Capitalism du magazine MUTE, et plusieurs

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Hackitectura, Cartographies du Détroit de Gibraltar, http://mcs.hackitectura.net/show_image.php?id=593

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chronologiquement. La carte ne mentionne pas les moyens de transport, le temps passé à chaque étape (qu’il s’agisse de jours, de semaines, de mois ou d’années) ni le statut légal du migrant à chaque endroit. Chacun des segments de cet itinéraire est un complexe de divers moyens de transport, de niveaux de léga-lité, de formes de convivialité et de soutien, et de degrés de risque.

D’autres tentatives de constituer une cartogra-phie précise des situations complexes liées aux iti-néraires des migrants sont apparues récemment, comme par exemple une série d’ateliers de car-tographie organisés par un groupe de migrants sans-papiers à Saragosse en Espagne, ou encore les cartes du voyage transsaharien de Mahmoud dans Dema k Xabaar (Voir L’Odyssée invisible de Mahmoud, Dem! Ak! Xabaar, partir et raconter. Récit!d’un clandestin africain en route vers l’Europe, de!Mahmoud Traoré & Bruno Le!Dantec [p. 50]). Ces deux expériences tentent de souligner pré-cisément les différents moyens de transport employés dans ce parcours, le temps passé (ou perdu) à divers points de ce parcours (parfois des années), l’argent dépensé, la peur éprouvée ou les mauvais traitements subis, les amitiés et les solidarités forgées sur la route, etc.

Cette appropriation du parcours des migrants, cette cartographie des itinéraires comme forme de contre-cartographie peut se lire comme une forme distincte d’appropriation critique des technologies de cartographie et des instruments de surveillance et de gestion des fl ux de migrants. Elle peut se lire comme le récit d’une lutte : les contre-cartographies de Bureau d’études et de

Hackitectura participent d’une tentative de se réapproprier et de redéfinir les pratiques car-tographiques en les éloignant d’une forme éta-tique fondée sur l’appropriation du territoire. Des expériences comme I-Map peuvent se com-prendre comme la mise en pratique des leçons de la contre-cartographie à travers des cartes non-statiques qui tentent cependant de retracer le mouvement des corps et de codifier le terri-toire (ici, de codifi er une frontière mobile). Les itinéraires que nous décrivons ici servent de réponse provocatrice aux volontés de cartogra-phier les itinéraires migratoires fl exibles. Ils sont souvent créés directement par les groupes de migrants et témoignent d’une conscience accrue des dilemmes de la représentation visuelle de ce qui est souvent considéré comme « clandestin », mais aussi de la façon dont cette visualisation opère dans une société hyper visuelle et saturée d’informations.

À ces exemples très littéraux de cartes d’itiné-raires constituées par divers collectifs basés dans divers pays, il serait utile d’ajouter, dans la même catégorie, de nouvelles expériences qui jouent avec la réappropriation des techno-logies de surveillance. C’est le cas par exemple de Watch the Med, qui appartient à la plateforme Boats4People née des luttes pour les droits des migrants qui ont suivi le printemps arabe de 2011, et en particulier les révoltes tunisiennes 10. Watch the Med tente de mettre en œuvre une car-tographie « en temps réel » des itinéraires des migrants dans l’espoir de dénoncer les irrégu-larités dans le contrôle policier des traversées maritimes des migrants, en particulier les cas où l’État ou d’autres acteurs refusent ou négligent de se plier à l’obligation de secours humani-taire et de considérer les demandes d’asile. Il s’agit de projets similaires à Policing the Police qui ravivent les débats d’artistes expérimentaux sur le « panoptique participatif ». Ces cartographies d’itinéraires, en particulier ceux qui s’établissent en temps réel, lancent un pari audacieux, défi ant les institutions qui prétendent que la fi nalité de la politique qui entoure les migrations irrégu-lières ou informelles est d’acquérir la capacité de cartographier ou identifier les parcours de migrants (voir Pezzani et Heller 2013).

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afi n de tenter de représenter les effets de la glo-balisation sur la ville 9. Ce projet s’appuyait sur des cadres conceptuels zapatistes, tirés en parti-culier de communiqués tels que le « Seven Loose Pieces of the Global Jigsaw Puzzle » (Marcos 1997) et « Fourth World War » (Marcos 1999). Dans ce cas précis, la carte appartient à un projet collectif de révision de la ville.

Le succès de ces efforts conduisit à des pro-jets qui cherchaient à remettre en question les conceptions spatiales historiques et officielles de la frontière Europe-Afrique ou Nord-Sud entre l’Espagne et le Maroc. Alors que les luttes pour les droits des immigrants et contre le tra-vail précaire émergeaient à travers tout le pays, l’un des points les plus visibles de leur articu-lation était cette frontière et cette dernière, en retour, rendait plus urgente encore la néces-sité de mobiliser des logiques et imaginations spatiales alternatives. La création et l’usage de cartographies alternatives de la frontière devint l’une des stratégies employées pour amorcer la refonte conceptuelle du terrain du « régime de la frontière ». Pour mettre en œuvre ces nouvelles cartographies, Hackitectura prit part à un réseau d’activistes entre l’Espagne du Sud et le Nord du Maroc. Ensemble, ils ten-tèrent de repenser les espaces de la frontière et d’imaginer les manières dont une cartogra-phie relationnelle de fl ux et de réseaux pourrait dépasser les géographies de l’altérité et de la dif-férence, en se concentrant au contraire sur les riches et multiples façons dont la région fron-talière constitue un réseau local dense. Au lieu de s’arrêter aux cartes qui délimitent l’Europe, Hackitectura entreprit de renouveler la repré-sentation de la frontière en la montrant comme un ensemble de pratiques, institutions et tech-niques entremêlées dans l’espace : les échanges de corps et de biens, les communications et espaces de diffusion télévisée transnationaux et transfrontaliers, les structures de surveil-lance intégrée, les lignes de fret, et les échanges atmosphériques et océaniques d’énergie et de matière. Ces réseaux donnèrent forme à de nou-velles conceptions des transformations éco-nomiques et des flux globaux, ainsi qu’à des manières innovantes d’envisager l’action com-munautaire à la frontière (Voir Hackitectura, Cartographies du Détroit de Gibraltar [p. 46-47]).

Au lieu d’accepter la frontière comme une entité fi xe séparant un « nous » d’un « eux », contenant les corps et les mouvements, la carte se penche sur les réseaux complexes de flux qui consti-tuent la région de la « frontière » : flux de capi-taux, de policiers, centres de détention (« géo-graphies de l’empire ») ainsi que les réseaux unissant les mouvements, les migrants et les nouvelles technologies (« géographies de la mul-titude »). À ceux-ci Hackitecture a ajouté de nou-veaux espaces d’interaction, comme par exemple ceux que les télécommunications déploient à travers la région du détroit et qui facilitent des réseaux encore plus denses de contact et de coor-dination de part et d’autre de la frontière. En résulte une carte qui ne reproduit pas la fron-tière comme un espace de séparation, mais suit les fl ux à travers la Méditerranée afi n d’articuler une vision de la frontière comme espace vivant de création, habité et traversé. La « Méditerranée solide » de l’Europe et de l’Afrique du Nord n’est plus représentée comme une frontière naturelle. Mais comme un espace vécu de continuités et de liens historiques (Perez de Lama 2003).

Les frontières et les itinéraires de migrants

Si le regard cartographique a contribué à conso-lider le binarisme statique entre amis et ennemis de part et d’autre des barrières nationales et de l’espace Schengen, ces nouvelles cartographies offrent les outils pour identifi er les axes, conver-gences, et réseaux de pouvoir et pour réinventer des géographies relationnelles faites de localités, de liens, et d’héritages partagés. Comme le projet d’Hackitectura, il s’agit d’une cartographie res-ponsable, attentive aux « géométries de pouvoir » relationnelles qui relient les uns et les autres ici et là, ceux qui sont à l’intérieur de l’Europe avec ceux qui sont au-dehors et sur la frontière. Il s’agit d’une déconstruction fondamentale de la frontière comme ligne, bordure ou mur, et d’une vision présentant les institutions gérant la fron-tière et les fl ux de migrants sous la forme de sys-tèmes et de réseaux.

L’image ci-contre reproduit l’une de ces cartes produites par le réseau de défense des droits des migrants Migreurop et montrant les itiné-raires d’un migrant issu de Conakry en Guinée. Les étapes de son chemin sont numérotées

9 Voir aussi l’événement Plug + Play organisé par Hackitecture :http://www.hackitectura.net/osfavelados/athens_web/plug_play_athens.html

De Conakry à Dakar : un exemple d’itinéraire de migrant en AfriqueSource : Migreurop 2011

De Conakry à Dakar : un exemple d’itinéraire de migrant en AfriqueSource : Migreurop 2011

10 Pour une description de ces projets, voir https://watchthemed.crowdmap.com/ et http://www.boats4people.org/index.php/en/

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contemporains. Les nouveaux cartographes sont avant tout des expérimentateurs, prêts à construire des installations et des événements et à les laisser s’éloigner, dériver, ou être détruits sans laisser de traces. Leur politique est avant tout une politique d’espoir.

Développer des cartes et des cartographies peut aussi signifi er développer des méthodologies collectives d’émancipation. Les!cartes peuvent mener à l’insertion, à!l’immersion, à l’échange, à des conversations, à plusieurs niveaux de!sociabilité, au développement d’outils géopolitiques, elles peuvent être des cartes intimes, produites par des enfants, des!jeunes, des immigrants, des femmes, des communautés locales, etc. Comment développer la cartographie tactique collective dans un groupe ? Où se situe la!limite entre travail individuel et activisme ? Où trouver les possibilités techniques pour développer des cartes décentralisées, construites selon le point de vue de plusieurs groupes différents ? (http://www.euromovements.info/english/news3.html).

C’est peut-être justement l’impulsion à l’ori-gine de l’articulation des mouvements sociaux, de l’art, et des nouvelles cartographies, dans laquelle les représentations ne doivent pas être défi nies « comme le refus de l’objet mercantilisé et du système spécialisé de l’art, mais comme une signalétique active dirigée vers le monde extérieur, conçue comme un vaste champ de pra-tiques expérimentales d’intimité, d’expression et de collaboration – en réalité, de transforma-tion de la réalité sociale » (Holmes 2003).

La route de ces cartographies est semée d’em-bûches. Holmes, en particulier, en souligne les dangers :

« Résister n’est plus être contre, mais singulariser » écrit Suely Rolnik dans!ses réfl exions sur les signifi cations changeantes de la pratique artistique depuis le Grand refus des années 1960. « Tout acte de résistance est un acte de création et non un acte de négation » [10]… Le grand rééquilibrage théorique des trois décennies passées, de la négation critique à la valeur d’usage et à l’affi rmation subversive,

a!ouvert les pratiques « progressistes » à!toute forme de condescendance et!de!complicité. Malgré!les procédés autopoétiques qu’une !installation comme USE [Uncertain States of!Europe] met brillamment en évidence, la planète entière – le Vaisseau Terre – est en proie à!une résurgence de!l’autorité répressive, dans le cadre parfaitement lisible de!l’économie globale capitaliste. (Holmes 2002)

En effet, l’exploration de contre-cartographies inventives et productives, comme les cartogra-phies d’État avant elles, s’appuient souvent sur des logiques, des technologies, et des sources d’information identiques à celles que les ins-titutions officielles et les politiques étatiques développent aujourd’hui pour relier une bio-politique des migrations à une carto-politique de l’externalisation des frontières. Le medium n’est certainement pas le message, et tous les usagers de la contre-cartographie doivent rester conscients de la nature dialectique et ouverte de ces pratiques, particulièrement dans la conjonc-ture actuelle d’une action étatique étendue.

Traduit de l’anglais par Hélène Valance.

J. Pickles, S. Cobarrubias et M. Casas Cortes

Conclusion

À travers la cartographie, Bureau d’études, Fadaiat, Hackitectura, kanarinka, 3Cs et Brian Holmes tentent de mettre en évidence la façon dont les réseaux de pouvoir et de décision sont minés de l’intérieur par leur propres struc-tures complexes et surdéterminées. Chacun de ces projets voit dans les réseaux complexes de pouvoir des lignes de fuite qui s’organisent d’elles-mêmes, et de réelles possibilités pour des organisations sociales et économiques alterna-tives. Ce faisant, chacun approfondit les consé-quences du matérialisme deleuzien pour les pratiques des mouvements sociaux. Ensemble, ils voient dans des champs disciplinaires tra-ditionnels tels que la cartographie de nouvelles possibilités épistémologiques et politiques afi n de produire de nouveaux sujets et de nouveaux rapports, déstabilisant ainsi l’hégémonie à tra-vers les pratiques matérielles d’une production culturelle nouvelle.

Deleuze lui-même n’a pas seulement forgé le terme de « nouvelle cartographie » pour décrire Foucault, mais il a également poussé la généa-logie du pouvoir de Foucault vers un cadre plus contemporain dans lequel il décrivait lui aussi une sorte de « société de contrôle » dystopique.

Il s’agissait d’une société dans laquelle :

Nous sommes dans une crise généralisée de tous les milieux d’enfermement, prison, hôpital, usine, école, famille. La famille est un « intérieur », en crise comme tout autre intérieur, scolaire, professionnel, etc. Les!ministres compétents n’ont cessé d’annoncer des réformes supposées nécessaires. Réformer l’école, réformer l’industrie, l’hôpital, l’armée, la prison ; mais chacun sait que ces institutions sont fi nies, à plus ou moins longue échéance. Il!s’agit seulement de gérer leur agonie et!d’occuper les gens, jusqu’à l’installation de nouvelles forces qui frappent à la porte. Ce sont les sociétés de contrôle!qui sont en!train de remplacer les sociétés disciplinaires. « Contrôle », c’est le nom que Burroughs propose pour désigner le!nouveau monstre, et que Foucault reconnaît comme notre proche avenir... Il!n’y a pas lieu de craindre ou d’espérer, mais de chercher de nouvelles armes. (Deleuze 1990)

La nouvelle cartographie s’oriente justement vers cette recherche d’armes nouvelles à l’in-térieur des mouvements sociaux européens

L’Odyssée invisible de Mahmoud, Dem Ak Xabaar, partir et raconter. Récit d’un clandestin africain en route vers l’Europe de Mahmoud Traoré & Bruno Le Dantec,

Éditions Lignes, 2012. Carte par Jérémy Garniaux – mapper.fr.

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