Le Châtelperronien du niveau SIII base d’Isturitz (Saint-Martin-d’Arberoue, Pyrénées...

11
Bulletin de la Société préhistorique française 2010, tome 107, n o 3, p. 453-463 François BACHELLERIE et Christian NORMAND Le Châtelperronien du niveau SIII base d’Isturitz (Saint-Martin-d’Arberoue, Pyrénées-Atlantiques) : mythe ou réalité ? Résumé La reprise récente des fouilles à Isturitz par l’un d’entre nous (Ch. N.) n’a pas permis d’identifier l’occupation châtelperronienne (niveau SIII base) décrite par R. et S. de Saint-Périer lors de leurs travaux sur ce site, attribution chronoculturelle qui, par ailleurs, fut parfois contredite. Face à ce constat, une révision critique du matériel lithique issu du niveau SIII base (fouilles Saint-Périer) s’imposait. Nous proposons ici de réexaminer l’attribution culturelle de cet assemblage, à la lumière de nos connaissances sur le Châtelperronien et des premières données issues des fouilles récentes de la cavité. Abstract The recent resumption of excavations at Isturitz by one of us (Ch. N.) did not identify the Chatelperronian occupation (SIII base level) described by R. and S. de Saint-Perier in their work on this site. This chrono-cultural attribution was, moreover, sometimes disputed. Faced with this, a critical review of the lithic material from SIII base level (Saint-Perier excavations) was necessary. We propose here to reconsider the cultural attribution of the assemblage, in the light of our knowledge regarding the Chatelperronian and the first data obtained from the recent excavations in the cave. A typo- technological diagnosis allowed the fact that the assemblage does not comprises any element formally attributable to the Chatelperronian to be highlighted. It consists of two cultural components that can be attributed to the Mousterian and, probably, the Aurignacian. The observation of the surface condition, and the nature of the sediments still visible on the arte- facts, allows the mixture of these components within the same level to be confirmed, probably due to the action of run-off, associated with factors linked to the excavation conditions. INTRODUCTION Surplombant la vallée de l’Arberoue, la grotte d’Isturitz (Saint-Martin-d’Arberoue, Pyrénées- Atlantiques) est située dans la zone de passage entre la plaine aquitaine, la corniche basco-cantabrique et la vallée de l’Èbre. Cette position stratégique, asso- ciée aux dimensions exceptionnelles de la cavité, pourrait expliquer son intense fréquentation au cours du Paléolithique supérieur. L’une de ces occupations nous intéresse plus particulièrement ici, car son attri- bution chronoculturelle reste discutée. Il s’agit du niveau SIII base, provenant d’une petite zone de la

Transcript of Le Châtelperronien du niveau SIII base d’Isturitz (Saint-Martin-d’Arberoue, Pyrénées...

Bulletin de la Société préhistorique française 2010, tome 107, no 3, p. 453-463

François BACHELLERIE et Christian NORMAND

Le Châtelperronien du niveau SIII base d’Isturitz (Saint-Martin-d’Arberoue, Pyrénées-Atlantiques) : mythe ou réalité ?

RésuméLa reprise récente des fouilles à Isturitz par l’un d’entre nous (Ch. N.)

n’a pas permis d’identifier l’occupation châtelperronienne (niveau SIII base) décrite par R. et S. de Saint-Périer lors de leurs travaux sur ce site, attribution chronoculturelle qui, par ailleurs, fut parfois contredite. Face à ce constat, une révision critique du matériel lithique issu du niveau SIII base (fouilles Saint-Périer) s’imposait. Nous proposons ici de réexaminer l’attribution culturelle de cet assemblage, à la lumière de nos connaissances sur le Châtelperronien et des premières données issues des fouilles récentes de la cavité.

AbstractThe recent resumption of excavations at Isturitz by one of us (Ch. N.)

did not identify the Chatelperronian occupation (SIII base level) described by R. and S. de Saint-Perier in their work on this site. This chrono-cultural attribution was, moreover, sometimes disputed. Faced with this, a critical review of the lithic material from SIII base level (Saint-Perier excavations) was necessary. We propose here to reconsider the cultural attribution of the assemblage, in the light of our knowledge regarding the Chatelperronian and the first data obtained from the recent excavations in the cave. A typo-technological diagnosis allowed the fact that the assemblage does not comprises any element formally attributable to the Chatelperronian to be highlighted. It consists of two cultural components that can be attributed to the Mousterian and, probably, the Aurignacian. The observation of the surface condition, and the nature of the sediments still visible on the arte-facts, allows the mixture of these components within the same level to be confirmed, probably due to the action of run-off, associated with factors linked to the excavation conditions.

INTRODUCTION

Surplombant la vallée de l’Arberoue, la grotte d’Isturitz (Saint-Martin-d’Arberoue, Pyrénées-Atlantiques) est située dans la zone de passage entre la plaine aquitaine, la corniche basco-cantabrique et

la vallée de l’Èbre. Cette position stratégique, asso-ciée aux dimensions exceptionnelles de la cavité, pourrait expliquer son intense fréquentation au cours du Paléolithique supérieur. L’une de ces occupations nous intéresse plus particulièrement ici, car son attri-bution chronoculturelle reste discutée. Il s’agit du niveau SIII base, provenant d’une petite zone de la

454 François BACHELLERIE et Christian NORMAND

Bulletin de la Société préhistorique française 2010, tome 107, no 3, p. 453-463

salle de Saint-Martin, qui constitue l’unique ensemble de la cavité attribué, par R. et S. de Saint-Périer, au Châtelperronien.

Au cœur de la transition entre le Paléolithique moyen et le Paléolithique supérieur, le Châtelperronien occupe, pour le Sud-Ouest de la France et le Nord de l’Espagne, une situation privilégiée dans le débat sur la disparition de l’homme de Néandertal (Pelegrin et Soressi, 2007, pour une synthèse). Toutefois, celui-ci n’est connu que par un nombre relativement restreint de sites, dont certains présentent des niveaux archéologiques claire-ment mélangés, par exemple au Piage (Bordes, 2002) ou à la grotte de Châtelperron (Zilhão et al., 2006). La faiblesse de cette documentation contribue dès lors à alimenter les débats sur le statut de ce technocomplexe : résultat de l’acculturation des derniers Néandertaliens par l’homme moderne pour les uns (Demars et Hublin, 1989 ; Mellars, 2004) ou développement indépendant des premiers vers le Paléolithique supérieur pour les autres (Pelegrin, 1995 ; d’Errico et al., 1998).

Grâce à l’importance donnée depuis une vingtaine d’années à l’étude de la formation des sites archéo-logiques (Texier, 2000), il apparaît désormais néces-saire de préciser la validité des ensembles de vestiges en amont de toute analyse archéologique stricto sensu. La présente étude rentre dans cette dynamique et pro-pose de réexaminer la série du niveau SIII base, à la lumière des fouilles menées par l’un d’entre nous (Ch. N.) dans la cavité d’Isturitz. Cette approche, qui intègre les résultats de l’ensemble des analyses récentes menées sur les séries châtelperroniennes, permet d’en-visager une révision critique des séries fouillées an-ciennement sur ce site.

HISTOIRE D’UNE INTERPRÉTATION

La reprise des fouilles d’Isturitz par R. et S. de Saint-Périer, entre 1928 et 1959, a permis d’affiner la stratigraphie observée par E. Passemard lors de ses travaux effectués entre 1912 et 1923. Ainsi, dans la salle de Saint-Martin, par exemple, le niveau A attribué par E. Passemard à un Aurignacien typique a été sub-divisé par les Saint-Périer en deux niveaux : SIII et SIII base.

Si le niveau SIII reste pour eux attribuable à un Aurignacien typique, ils remarquent cependant qu’à sa base, cette « couche devenait, sur 15 à 20 cm de hauteur, progressivement plus claire, en même temps qu’elle s’appauvrissait notablement. En outre, les rares outils en silex [qu’ils recueillaient] à ce niveau offraient des caractères assez différents des précédents pour qu’il [leur] ait paru nécessaire de les en séparer » (Saint-Périer et Saint-Périer, 1952, p. 224).

Ce nouveau niveau SIII base n’est alors pas direc-tement attribué au Châtelperronien du fait de « l’ab-sence de pointes typiques » (op. cit., p. 224). Toutefois, cet assemblage présente « des lames minces, étroites, à fine retouche marginale et des grattoirs massifs, à côté de réminiscences moustériennes telles que des pointes épaisses […] et des racloirs » (Saint-Périer,

1952, p. 224) (fig. 1). R. et S. de Saint-Périer défi-nissent alors cette industrie comme « un faciès pyré-néen de l’Aurignacien inférieur ou du Châtelperronien » (op. cit., p. 226).

Cette hypothèse va être consolidée par une analyse palynologique réalisée en 1957 par Arl. Leroi-Gourhan qui rapproche les résultats obtenus pour le niveau SIII base d’Isturitz de ceux de la couche IX, châtel-perronienne, de la grotte du Renne à Arcy-sur-Cure (Leroi-Gourhan, 1959). Elle cite également dans son étude une communication orale de S. de Saint-Périer affirmant : « Depuis la publication, j’ai trouvé trois vraies pointes de Châtelperron » (op. cit., 1959, p. 620).

Cependant, quelques années plus tard, la comtesse de Saint-Périer va, à la lumière des nouvelles décou-vertes concernant le Châtelperronien, notamment à Arcy-sur-Cure (Leroi-Gourhan et Leroi-Gourhan, 1965) et à Gatzarria (Laplace, 1966), reconsidérer l’attribution du niveau SIII base d’Isturitz : « Nous en avons conclu, effectuant cette fouille il y a quinze ans, que nous étions en présence d’un niveau non typi-quement châtelperronien, en l’absence de la pointe classique, mais d’un faciès du Châtelperronien. Aujourd’hui, nous en jugeons différemment […]. Nous y voyons, bien plutôt qu’un faciès de Châtelperron, un niveau pré-aurignacien typique, d’abord par sa place et son aspect physique, mais surtout par le style de la plupart de ces pièces […] » (Saint-Périer, 1965, p. 320).

Dès lors, l’idée d’une occupation châtelperronienne dans ce petit secteur de la salle Saint-Martin semble écartée, comme l’indique par exemple C. Chauchat dans sa thèse (1968). Pourtant, la littérature scientifique continue parfois à mentionner ce site comme possédant des traces d’occupation châtelperronienne (voir carte in Pelegrin et Soressi, 2007, dernière synthèse en date). I. Barandiarán, se basant en partie sur les premières indications de S. de Saint-Périer, va même jusqu’à présenter que le niveau SIII base d’Isturitz possède « différentes pièces de tradition moustérienne, quelques burins et couteaux à dos et trois pointes typiques de Châtelperron » (Barandiarán, 1982, p. 16) (fig. 1, nos 2 et 4). Au contraire, X. Esparza San Juan rejette cette idée et, dans sa thèse, attribue le matériel de SIII base au Proto-aurignacien, reprenant ainsi la rectification faite en 1965 par S. de Saint-Périer (Esparza San Juan, 1995, p. 91-98).

Compte tenu de cette divergence d’interprétation concernant l’attribution chronoculturelle du niveau SIII base et, dans le cadre de la reprise des fouilles à Isturitz par Ch. Normand, un nouvel examen de cette série lithique semblait s’imposer.

OBJECTIF ET MÉTHODE

L’objectif est de caractériser au mieux l’assemblage, afin de confirmer, ou non, son attribution au Châtel-perronien. La démarche d’étude adoptée a été, dans un premier temps, de rechercher au sein de la série des éléments caractéristiques du Châtelperronien ; avant de

Le Châtelperronien du niveau SIII base d’Isturitz (Saint-Martin-d’Arberoue, Pyrénées-Atlantiques) : mythe ou réalité ? 455

Bulletin de la Société préhistorique française 2010, tome 107, no 3, p. 453-463

tenter, dans un second temps, de mettre en évidence les différentes composantes typotechnologiques cons-tituant cet assemblage.

D’après les études récentes menées sur le Châtel-perronien (Pelegrin, 1995 ; Connet, 2002 ; Bachellerie et al., 2007), il apparaît que la production lithique est

quasi exclusivement orientée vers l’obtention, à la pierre tendre, de lames plutôt larges (1,5 à 3 cm) et assez courtes (4 à 8 cm), de profil rectiligne, princi-palement dévolues à la fabrication de pointes de Châtelperron (pièces à dos courbe et à pointe plutôt déjetée). Ces supports laminaires sont obtenus au

Fig. 1 – Isturitz, SIII base. Lames et pointes de types divers (nos 1, 2, 4, 5, 13 et 15), racloirs et grattoirs massifs (nos 10, 11 et 12), grattoir Tarté (n° 9), burins (nos 7 et 8), d’après R. et S. de Saint-Périer (1952). Les pièces nos 2 et 4 ont été reproduites par I. Barandiáran en argument de l’attribution du niveau SIII base au Châtelperronien (Barandiáran, 1982, fig. 2).Fig. 1 – Isturitz, SIII base level. Various type of blades and points (1, 2, 4, 5, 13 and 15), sidescrapers and endscrapers (10, 11 and 12), Tarté endscraper (9), burin (7 and 8), after R. & S. de Saint-Périer (1952). Items 2 and 4 were reproduced by I. Barandiáran to support the attribution of SIII base level to the Chatelperronian (Barandiáran 1982, fig. 2).

456 François BACHELLERIE et Christian NORMAND

Bulletin de la Société préhistorique française 2010, tome 107, no 3, p. 453-463

moyen d’un schéma de débitage semi-tournant non convergent. Celui-ci peut être réalisé sur bloc ou sur tranche et face inférieure d’éclat. Les autres outils (grattoirs, troncatures, rares burins) sont généralement confectionnés à partir de sous-produits de cette chaîne opératoire.

Depuis sa définition par H. Breuil, le Châtelperronien est également caractérisé par « la fréquence de types moustériens ayant survécu » : racloirs, denticulés, enco-ches, production Levallois et rares bifaces (Breuil, 1911, p. 75). Leur proportion est variable selon les séries.

Certains ensembles présentent effectivement une proportion marquée de ces « souvenirs moustériens » (Rigaud, 1996). Ainsi, les niveaux de la Roche à Pier-rot, à Saint-Césaire, livrent un outillage composé à 40 % de racloirs et à 19 % de denticulés (Lévêque, 1993, p. 26). Par ailleurs, dans certaines séries, des types d’outils particuliers sont à noter. C’est le cas notamment du « petit racloir châtelperronien » de la grotte du Renne à Arcy-sur-Cure, défini par A. Leroi-Gourhan (1968).

Cette variabilité dans la proportion des « souvenirs moustériens » au sein des ensembles châtelperroniens deviendra dès lors, pour certains préhistoriens, un argu-ment documentant l’existence d’une évolution interne des premières phases du Châtelperronien (Laplace, 1966) depuis divers faciès du Moustérien.

Par ailleurs, les séries qui, jusqu’à présent, ont fait l’objet d’une révision critique présentent une propor-tion de racloirs, d’encoches et de denticulés bien infé-rieure et entrant dans la variabilité connue pour le reste du Paléolithique supérieur (moins de 10 % de l’outil-lage) (Sonneville-Bordes, 1960). En outre, ces outils sont réalisés sur des sous-produits du débitage lami-naire et ne sont jamais associés à des concepts de dé-bitage retrouvés en contexte moustérien (Levallois, Discoïde stricto sensu ou Quina).

Ces caractères n’étant pas systématiques et la ques-tion de la signification de leur présence faisant débat (réelle association culturelle ou mélanges avec des niveaux moustériens sous-jacents), ils ne seront donc pas retenus, à eux seuls, comme marqueurs de ce technocomplexe. Dans le cadre d’un diagnostic, nous rechercherons alors les pièces plus caractéristiques du Châtelperronien telles que les :- nucléus à deux plans de frappe opposés avec obten-

tion de produits laminaires rectilignes ;- nucléus sur tranche et face inférieure d’éclat ;- supports laminaires de profil rectiligne présentant des

enlèvements opposés ;- pièces à dos abrupt et/ou marginal ;- grattoirs sur éclats de fort gabarit ;- stigmates de percussion directe à la pierre dure et

tendre pour les supports laminaires (Pelegrin, 2010).

Notons toutefois que ces observations ne peuvent être que partiellement réalisées ici, compte tenu du fait que les Saint-Périer ont opéré une forte sélection en ne conservant quasiment que l’outillage retouché (Nor-mand et Turq, 2005).

Si plusieurs composantes sont individualisées, nous tenterons d’en cerner la nature puis l’origine : mélange ou réelle association chronoculturelle ? La forte sélec-tion des vestiges effectuée lors de la fouille, associée à l’absence de cotation des pièces dans l’espace, ne permet pas la réalisation de projections spatiales et limite donc l’intérêt stratigraphique des remontages. Nous utiliserons alors des critères d’ordre taphono-mique qui seront :- l’observation de l’état de fraîcheur des vestiges ;- l’observation de la nature du sédiment encaissant

encore visible sur les artefacts.

ANALYSE DE L’ASSEMBLAGE LITHIQUE DU NIVEAU SIII BASE

Diagnostic typotechnologique

La série lithique du niveau SIII base est constituée de 136 pièces.

D’après les critères présentés auparavant, nous avons pu observer :- qu’aucun outil ne peut être attribué formellement au

Châtelperronien. Les deux pièces présentées par I. Barandiáran (fig. 1, nos 2 et 4) comme pointes de Châtelperron ne rentrent pas, selon nous, dans la définition typologique de cet outil. En effet, la pre-mière ne présente pas de dos abrupt mais une re-touche écailleuse envahissante. Pour la seconde, si l’on considère que son bord droit présente un dos, son autre bord n’est pas brut mais possède au contraire une retouche écailleuse également envahis-sante. Nous les caractérisons donc plus volontiers de racloirs que de châtelperrons ;

- que la totalité des supports laminaires a été détachée au percuteur tendre organique. Cette technique est également observée sur l’ensemble des plans de frappe des nucléus. Aucun stigmate caractéristique de la pierre tendre (Pelegrin, 2000) n’a été remarqué dans la série ;

- que les nucléus présentent des surfaces de débitage convergentes ;

- que deux nucléus sont sur tranche d’éclats (fig. 2, n° 5). Néanmoins, si ce schéma de production est attesté au Châtelperronien, il ne nous paraît pas suf-fisamment diagnostique ici, car il se retrouve égale-ment dans l’Aurignacien archaïque (Bon, 2002 ; Bordes, 2002 ; Normand et Turq, 2005 ; Normand, 2006 ; Eizenberg, 2006) ;

- qu’aucun autre élément caractéristique du Châtel-perronien n’a été remarqué.

Ces observations nous permettent ainsi de confirmer que le niveau SIII base d’Isturitz ne contient aucun élément attribuable sans conteste au Châtelperronien. De plus l’idée, exposée au moment de la fouille par R. et S. de Saint-Périer, qu’il puisse s’agir d’un faciès régional particulier du Châtelperronien ne nous semble pas va-lide. En effet, les récentes études tendent à montrer que la variabilité, tant diachronique que synchronique, de ce

Le Châtelperronien du niveau SIII base d’Isturitz (Saint-Martin-d’Arberoue, Pyrénées-Atlantiques) : mythe ou réalité ? 457

Bulletin de la Société préhistorique française 2010, tome 107, no 3, p. 453-463

technocomplexe est faible (Pelegrin, 1995 ; Connet, 2002 ; Bachellerie et al., 2007 ; Scandiuizzi, 2008 ; Rous-sel et Soressi, 2010). En outre, l’analyse typotechno-logique du niveau 3bm du Basté (Saint-Pierre-d’Irube, Pyrénées-Atlantiques) (Chauchat, 1968 ; Chauchat et Thibault, 1968) menée actuellement (thèse en cours

F. Bachellerie) montre qu’il s’insère parfaitement dans cette variabilité et met donc à mal l’idée d’un faciès châtelperronien particulier dans les Pyrénées.

Si le niveau SIII base n’est pas châtelperronien, il reste désormais à savoir de quoi il se compose. D’après l’inventaire typotechnologique de l’assemblage

Fig. 2 – Isturitz, SIII base. Éléments attribués au Paléolithique supérieur (n° 1 : lame retouchée et appointée en silex d’Audignon ; n° 2 : grattoir sur lame en silex d’Audignon ; n° 3 : petite lame en silex du Flysch ; n° 4 : nucléus prismatique en silex du Flysch ; n° 5 : nucléus sur tranche d’éclat en silex des « calcaires de Bidache » (dessins F.B.).Fig. 2 – Isturitz, SIII base level. Elements attributed to the Upper Palaeolithic (1: retouched and pointed blade, Audignon flint; 2: endscraper, Audignon flint; 3: small blade, Flysch flint; 4: prismatic core, Flysch flint; 5: core on flake, «calcaires de Bidache» flint (drawings F.B.).

458 François BACHELLERIE et Christian NORMAND

Bulletin de la Société préhistorique française 2010, tome 107, no 3, p. 453-463

(tabl. 1), deux composantes semblent se distinguer : l’une attribuable au Moustérien, l’autre au Paléolithique supérieur (fig. 2). Cette dernière paraît fortement auri-gnacienne. Toutefois certains artefacts, peu diagnos-tiques, peuvent se retrouver dans des technocomplexes

plus récents. La composante moustérienne, quant à elle, est représentée par divers types de racloirs réalisés sur des éclats issus d’un schéma de production discoïde. Ces indices, à eux seuls, ne nous permettent pas d’être plus précis quant à l’attribution culturelle de cette composante. Enfin, au sein de la série SIII base, un nombre important de vestiges ne sont pas diagnostiques et ont donc été notés par prudence comme indétermi-nés. Lors de ces analyses, seuls les éléments chrono-culturellement attribuables ont été pris en compte, afin d’augmenter la pertinence des résultats.

Analyse de la provenance des matières premières utilisées

Les éléments de la série attribués au Paléolithique moyen sont produits sur des matières exclusivement locales (tabl. 2). Le silex du Flysch (73,9%) paraît avoir été majoritairement utilisé. Le matériau le plus lointain, le silex de type Salies-de-Béarn (17,4 %) (environ 35 km depuis Isturitz) reste néanmoins considéré comme un silex sublocal (Normand, 2006 ; Tarriño et Normand, 2006).

Tabl. 1 – Isturitz, SIII base. Inventaire typotechnologique et proposition d’attribution chronoculturelle de l’industrie lithique.Tabl. 1 – Isturitz, SIII base level. Typo-technological inventory and proposal for a chrono-cultural attribution of the lithic industry.

Détermination typo-technologique Effectif

Proposition d’attribution chronoculturelle Paléolithique Paléolithique Indéterminé moyen supérieurGrattoir sur lame 4 4 Grattoir double sur lame aurignacienne 1 1 Grattoir sur lame retouchée 9 9 Grattoir sur lame aurignacienne 3 3 Grattoir circulaire 1 1 Grattoir caréné 4 4 Lame à troncature droite 2 2 Lame retouchée 16 16 Lame aurignacienne 2 2 Pièce esquillée sur fragment de lame 3 3 Racloir 17 17 Racloir double 3 3 Racloir double convergent 2 2 Racloir sur face plane 1 1 Éclat allongé retouché 3 3Éclat retouché 8 8Fragment d’outil ? 1 1Nucléus prismatique 10 10 Nucléus sur tranche 2 2 Fragment de nucléus ? 1 1Débris 11 11Éclat 18 18Éclat allongé 6 6Lame 4 4 Lame de flanc 2 2 Tablette de ravivage 2 2 Total 136 23 65 48 % 100 16,91 47,79 35,29

Tabl. 2 – Isturitz, SIII base. Décompte des matières premières observées au sein des éléments attribués au Paléolithique moyen.Tabl. 2 – Isturitz, SIII base level. Breakdown of raw materials observed in the items attributed to the Middle Palaeolithic.

Matières premières Détermination Effectif typo-technologique

Racloir 17 12 1 3 1Racloir double 3 3 Racloir double convergent 2 1 1 Racloir sur face plane 1 1 Total 23 17 1 4 1 % par variété 100 73,9 4,3 17,4 4,3 de matière première

Flys

ch

Ihol

dy

Sal

ies

Ind

éter

min

é

Le Châtelperronien du niveau SIII base d’Isturitz (Saint-Martin-d’Arberoue, Pyrénées-Atlantiques) : mythe ou réalité ? 459

Bulletin de la Société préhistorique française 2010, tome 107, no 3, p. 453-463

La variété des matières premières déterminées au sein des éléments attribués au Paléolithique supérieur est plus importante (tabl. 3). En effet, à côté des mêmes matières locales que précédemment, nous observons une forte présence de matériaux allochtones importés, notamment de Chalosse : silex de type Audignon (en-viron 80 km) et Tercis (environ 40 km). En effet, si le silex du Flysch semble toujours le plus utilisé (48 %), le silex de type Audignon est bien représenté (17 %). Notons également la présence probable de deux varié-tés de silex du sud des Pyrénées que l’on ne retrouve pas dans les éléments attribués au Paléolithique moyen : le silex de Treviño (1,5 %) (commune au sud de Vitoria en Alava à environ 180 km d’Isturitz) et le silex

d’Urbasa (4,6 %) (sierra au nord d’Estella en Navarre, à environ 130 km d’Isturitz).

Même s’il faut prendre en compte le biais important lié à la sélection des vestiges durant la fouille, l’analyse des matières premières permet de mettre en évidence une différence d’exploitation entre les deux compo-santes chronoculturelles individualisées (fig. 3). Ainsi, les éléments attribués au Paléolithique moyen pro-viennent d’un approvisionnement local, alors que ceux rapportables au Paléolithique supérieur dénotent un territoire d’exploitation beaucoup plus large. Ces comportements économiques différenciés entre le Paléo-lithique moyen et supérieur sont largement confirmés dans l’ensemble de l’Aquitaine (Demars, 1994 ;

Tabl. 3 – Isturitz, SIII base. Décompte des matières premières observées au sein des éléments attribués au Paléolithique supérieur.Tabl. 3 – Isturitz, SIII base level. Breakdown of raw materials observed in the items attributed to the Upper Palaeolithic.

Matières premières Locales Allochtones Indéter. Détermination Effectif typo-technologique

Grattoir sur lame 4 2 1 1Grattoir double sur lame aurignacienne 1 1 Grattoir sur lame retouchée 9 3 1 2 1 1 1Grattoir sur lame aurignacienne 3 2 1 Grattoir circulaire 1 1 Grattoir caréné 4 3 1 Lame à troncature droite 2 1 1 Lame retouchée 16 7 1 1 1 3 1 1 1Lame aurignacienne 2 1 1 Pièce esquillée sur fragment de lame 3 1 1 1 Nucléus prismatique 10 4 1 1 1 2 1Nucléus sur tranche 2 2 Lame 4 3 1 Lame de flanc 2 2 Tablette de ravivage 2 1 1 Total 65 31 2 1 2 2 2 11 3 1 3 3 4 % par variété de matière première 100 48 3,1 1,5 3,1 3,1 3,1 17 4,6 1,5 4,6 4,6 6,2

Flys

ch

Fly

sch

?

Ihol

dy

Sal

ies

Sal

ies

?

Terc

is ?

Aud

igno

n

Aud

igno

n ?

Trev

iño

?

Urb

asa

?

Terc

is o

u S

alie

s

Ind

éter

min

é

Fig. 3 – Isturitz, SIII base. Répartition de la provenance des matières premières observées au sein des éléments attribués au Paléolithique moyen et au Paléolithique supérieur.Fig. 3 – Isturitz, SIII base level. Distribution of sources of raw materials observed within the elements attributed to the Middle Palaeolithic and the Upper Palaeolithic.

460 François BACHELLERIE et Christian NORMAND

Bulletin de la Société préhistorique française 2010, tome 107, no 3, p. 453-463

Geneste, 1985 ; Turq, 2000). Ils tendent ainsi à confir-mer l’individualisation de deux composantes au sein du niveau SIII base. Cependant, ces données ne nous permettent pas de discuter la validité de leur associa-tion au sein de l’assemblage. Rien ne nous permet d’exclure, en théorie, l’idée qu’un même groupe hu-main puisse, par exemple, utiliser des schémas de productions et des matériaux différents, afin de répon-dre à des sphères fonctionnelles distinctes. Face à cette impasse, il est nécessaire d’utiliser des outils d’analyse d’ordre taphonomique afin de tester l’association de ces deux composantes.

Observation des états de surface des vestiges lithiques

L’observation de l’état de surface des vestiges permet de mettre en évidence un degré d’altération

différent entre les deux composantes déterminées (tabl. 4, fig. 4). En effet, les éléments attribués au Paléolithique supérieur présentent en grande majorité un état de surface « frais » ou « assez frais », même si de rares pièces paraissent lustrées et légèrement concassées. Notons également qu’un objet est complè-tement désilicifié.

Au contraire, les éléments attribués au Paléolithique moyen présentent des états de surface plus altérés. Les traces de lustre sont plus fréquentes et couramment associées à des indices de concassage. Cependant, quelques pièces présentent tout de même un aspect de surface « assez frais » à « frais ».

L’examen de l’état de fraîcheur de ces pièces mon-tre des degrés de conservation différenciés selon les composantes distinguées. Cette observation, sans être déterminante à elle seule, plaide néanmoins pour un probable mélange de ces pièces, plutôt que pour une réelle association culturelle.

Tabl. 4 – Isturitz, SIII base. Décompte des différents types d’état de surface des pièces lithiques, selon leur attribution chronoculturelle.Tabl. 4 – Isturitz, SIII base level. Breakdown of the different types of surface of the lithic items, according to their chrono-cultural attribution.

Fig. 4 – Isturitz, SIII base. Répartition des états de surface des pièces lithiques, selon leur attribution chronoculturelle.Fig. 4 – Isturitz, SIII base level. Distribution of surface conditions of the lithic items, according to their chronocultural attribution.

Le Châtelperronien du niveau SIII base d’Isturitz (Saint-Martin-d’Arberoue, Pyrénées-Atlantiques) : mythe ou réalité ? 461

Bulletin de la Société préhistorique française 2010, tome 107, no 3, p. 453-463

Observation des sédiments encaissants encore visibles sur les vestiges

L’observation du sédiment encore visible sur les vestiges met en évidence que les deux composantes isolées semblent provenir d’ensembles sédimentologi-ques distincts (tabl. 5, fig. 5). En effet, les éléments attribués au Paléolithique moyen portent en très grosse majorité des traces de limons argileux jaunes, alors que ceux attribués au Paléolithique supérieur livrent un sédiment argilo-limoneux brun à rouge foncé. Ces observations coïncident d’ailleurs avec la description du niveau par R. et S. de Saint-Périer : « [Cette] couche devenait, sur 15 à 20 cm de hauteur, progressivement plus claire » (Saint-Périer et Saint-Périer, 1952, p. 224). Elles paraissent confirmer, en outre, que les deux composantes individualisées n’ont pas été enfouies au même moment et qu’elles ne peuvent donc pas être considérées comme contemporaines.

Les observations taphonomiques réalisées sur la série lithique tendent ainsi à montrer que l’existence de deux composantes techniques au sein du même niveau SIII base n’est probablement pas le résultat

d’une association culturelle, mais plutôt le fruit d’un mélange dont l’origine reste à définir.

L’APPORT DES NOUVELLES FOUILLES À LA COMPRÉHENSION

DES DONNÉES ANCIENNES

Au simple regard de l’assemblage lithique, la dis-tinction notée entre les états de surface et la nature des sédiments observable sur les pièces pourrait laisser penser que nous ne sommes pas ici dans un cas de mélange ancien, mais probablement à l’interface entre les niveaux SIII (Aurignacien typique) et SIV (Mous-térien typique) de R. et S. de Saint-Périer. Suivant cette hypothèse, une mauvaise lecture stratigraphique par les fouilleurs aurait alors conduit à l’individualisation d’un niveau archéologique, SIII base, inexistant en réalité.

Cependant, la présence, dans l’ensemble attribué au Paléolithique supérieur, de pièces à différents stades d’altération (fig. 4) semble montrer que la situation est sûrement plus complexe qu’elle n’y paraît par la simple étude du matériel lithique. Dans ce cas de figure, les données issues des fouilles récentes (Normand et al., 2005) devraient nous permettre, par l’identification des différents processus naturels en action lors de la for-mation du site, de mieux appréhender le degré de perturbation du niveau SIII base.

Les fouilles actuelles ont permis de mettre en rela-tion SIII avec C 4d1/C 4III, clairement rapportable à l’Aurignacien archaïque, et SIV avec C 5, dont l’attri-bution culturelle reste à préciser. Nous avons vu que des phénomènes naturels, en particulier des ruisselle-ments liés à des gouttières issues des voûtes, avaient localement perturbé la mise en place des dépôts à l’interface de ces couches (Texier, 1997 ; Texier et Lenoble, 2005). Cela est particulièrement visible, en pleine zone fouillée par les Saint-Périer, dans une coupe laissée là car située sous un pilier stalagmitique, dont la présence témoigne à l’évidence d’égouttements qui ont dû affecter les couches à certains moments. Lors de la phase de diagnostic entre 1996 et 1998, nous avons pu y observer que la partie inférieure de C 4d1

Tabl. 5 – Isturitz, SIII base. Décompte des différentes natures de sédiment encore visibles sur la surface des pièces lithiques.Tabl. 5 – Isturitz, SIII base level. Breakdown of the different types of sediment still visible on the surface of lithic items.

Fig. 5 – Isturitz, SIII base. Répartition des différentes natures de sédiment encore visibles sur la surface des pièces lithiques.Fig. 5 – Isturitz, SIII base level. Distribution of different types of sediment still visible on the surface of lithic items.

462 François BACHELLERIE et Christian NORMAND

Bulletin de la Société préhistorique française 2010, tome 107, no 3, p. 453-463

(SIII) se chargeait de marbrures jaune-orangé – en fait du sédiment venu de C 5 (SIV) – de plus en plus nom-breuses à l’approche de cette couche, ce qui rappelle assez bien la description de SIII base par R. et S. de Saint-Périer (cf. supra). En outre, dans cette partie de la coupe, nous avons repéré un racloir de type semi-Quina au milieu de quelques objets visiblement auri-gnaciens (un nucléus pyramidal, quelques lames minces…).

Aussi, en nous basant sur ces différentes données, l’association de matériels disparates dans la série SIII base pourrait s’expliquer par l’individualisation en tant que couche archéologique homogène de ce qui semble apparaître désormais comme une perturbation naturelle, même s’il est cependant possible que des facteurs liés aux conditions des fouilles se soient ajoutés à ces pro-blèmes stratigraphiques.

CONCLUSION

Le niveau SIII base d’Isturitz, déterminé à la fouille comme un faciès particulier du Châtelperronien, mais finalement reconsidéré par la comtesse de Saint-Périer comme pré-aurignacien, est encore parfois mentionné comme possédant des indices d’occupation châtel-perronienne. Notre réexamen de la série lithique mon-tre qu’il ne peut en aucun cas être attribué à ce techno-complexe, pas plus qu’à une phase ancienne de l’Aurignacien. Au final, cette série est composée de deux ensembles, bien distincts, pouvant être caractéri-sés de Moustérien pour le premier et plus largement de

Paléolithique supérieur pour le second (même s’il possède une forte composante aurignacienne). La re-connaissance, lors des fouilles anciennes, d’un niveau archéologique homogène (SIII base), inexistant en réalité, pourrait alors s’expliquer par la présence de redistributions verticales de sédiments et de vestiges sous l’effet du ruissellement, associées à des conditions de fouilles contraignantes.

Ce résultat confirme les observations réalisées au cours des fouilles actuelles : il n’y a aucun indice d’occupation châtelperronienne dans ce secteur de la salle Saint-Martin. Ce technocomplexe n’est donc pas encore documenté dans la cavité d’Isturitz.

La démarche de cette étude est avant tout métho-dologique. Elle confirme que l’utilisation d’outils d’analyse d’ordre taphonomique permet la révision critique d’assemblages lithiques, même fouillés an-ciennement. Cette constatation incite évidemment, dans la continuité des travaux de J.M. Maillo Fernan-dez (2007) sur les sites châtelperroniens de la pénin-sule Ibérique 1, à étendre cette révision critique à l’ensemble des séries anciennement rapportées au Châtelperronien, afin de confirmer, ou non, leur attri-bution culturelle, mais également la valeur donnée à la présence de « souvenirs moustériens » dans ces assemblages. Car il paraît peu probable qu’Isturitz soit un exemple isolé.

NOTE

(1) C’est donc pour souligner la continuité entre son travail et le nôtre que le titre de cet article fait écho au sien.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

BACHELLERIE F., BORDES J.-G., MORALA A., PELEGRIN J. (2007) – Étude typo-technologique de remontages lithiques de Canaule II, site de plein air en Bergeracois (Creysse, Dordogne), Paléo, n° 19, p. 259-280.

BARANDIARÁN I. (1982) – Aurignacien et Périgordien au Pays basque, Aurignacien, Périgordien, Gravettien et cultures dérivées, Actes des réunions de la 10e commission de l’UISPP, ERAUL, 13, fascicule II, université de Liège, p. 15-29.

BON F. (2002) – L’Aurignacien entre mer et océan. Réflexion sur l’unité des phases anciennes de l’Aurignacien dans le Sud de la France, Mémoire 39, éd. Société préhistorique française, Paris, 253 p.

BORDES J.-G. (2002) – Les interstratifications Châtelperronien/Aurignacien du Roc-de-Combe et du Piage (Lot, France) : analyse taphonomique des industries lithiques, implications archéologiques, thèse de doctorat de l’université de Bordeaux I, 365 p.

BREUIL H. (1911) – Études de morphologie, II. L’industrie de la grotte de Châtelperron (Allier) et autres gisements similaires, Revue de l’école d’anthropologie, p. 29-40 et p. 66-76.

CHAUCHAT C. (1968) – Le Paléolithique supérieur de la région de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), thèse de 3e cycle de l’université de Bordeaux I, 2 vol., 191 p.

CHAUCHAT C., THIBAULT C. (1968) – La station de plein air du Basté à Saint-Pierre-d’Irube (Basses-Pyrénées) : géologie, étude archéo-logique préliminaire, Bulletin de la Société préhistorique française, t. 65, p. 295-318.

CONNET N. (2002) – Le Châtelperronien : réflexions sur l’unité techno-économique de l’industrie lithique. L’apport de l’analyse diachroni-que des industries lithiques des couches châtelperroniennes de la grotte du Renne à Arcy-sur-Cure (Yonne), thèse de doctorat de l’uni-versité de Lille I, 685 p.

DEMARS P.-Y. (1994) – L’économie du silex au Paléolithique supérieur dans le Nord de l’Aquitaine, thèse de doctorat de l’université de Bordeaux I, 2 vol., 819 p.

DEMARS P.-Y., HUBLIN J.-J. (1989) – La transition Néandertaliens/hommes de type moderne en Europe occidentale : aspects paléonto-logiques et culturels, in B. Vandermeersch dir., L’homme de Néander-tal, vol. 7 : L’extinction, Actes du colloque international de Liège, ERAUL, 34, université de Liège, p. 23-37.

D’ERRICO F., ZILHÃO J., BAFFIER D., JULIEN M., PELEGRIN J. (1998) – Neanderthal acculturation in Western Europe. A critical review of the evidence and its interpretation, Current Anthropology, 39, p. 1-44.

EIZENBERG L. (2006) – Le rôle de l’Aurignacien archaïque dans les phases initiales du Paléolithique supérieur, mémoire de master 2 de l’université de Toulouse – Le Mirail, 101 p.

ESPARZA SAN JUAN X. (1995) – La Cueva Isturitz : su yacimiento y sus relaciones con la Cornisa cantabrica durante el Paleolitico supe-rior, tesis de la Universidad de Madrid, 309 p.

GENESTE J.-M. (1985) – Analyse lithique d’industries moustériennes du Périgord : une approche technologique du comportement des groupe humains au Paléolithique moyen, thèse de doctorat de l’uni-versité de Bordeaux I, 2 vol., 572 p.

Le Châtelperronien du niveau SIII base d’Isturitz (Saint-Martin-d’Arberoue, Pyrénées-Atlantiques) : mythe ou réalité ? 463

Bulletin de la Société préhistorique française 2010, tome 107, no 3, p. 453-463

LAPLACE G. (1966) – Les niveaux castelperroniens, proto-aurignaciens et aurignaciens de la grotte de Gatzarria à Suhare en Pays basque, Quartär, 17, p. 117-140.

LEROI-GOURHAN A. (1968) – Le petit racloir châtelperronien, La préhistoire : problèmes et tendances, éd. CNRS, Paris, p. 275-282.

LEROI-GOURHAN Arl. (1959) – Résultats de l’analyse pollinique de la grotte d’Isturitz, Bulletin de la Société préhistorique française, t. 56, p. 619-624.

LEROI-GOURHAN A., LEROI-GOURHAN Arl. (1965) – Chronologie des grottes d’Arcy-sur-Cure (Yonne), Gallia Préhistoire, VII, p. 1-64.

LÉVÊQUE F. (1993) – The Castelperronian industry of Saint-Césaire: The upper level, in F. Lévêque dir., Context of a late Neandertal: implications of multidiciplinarity research for the transition to Upper Paleolithique adaptations at Saint-Césaire, Charente-Maritime, France, Monographs in World Archaeology, n° 16, éd. Prehistory Press, Madison, p. 25-35.

MAILLO-FERNANDEZ J.-M. (2007) – Le Châtelperronien en Espagne : mythes et réalités. Une approche technologique, in J. Évin dir., Un siècle de construction du discours scientifique en Préhistoire, Actes du XXVIe Congrès préhistorique de France, Avignon, 21-24 septembre 2004, t. III, éd. Société préhistorique française, p. 95-103.

MELLARS P. (2004) – Neanderthals and the modern human colonization of Europe, Nature, t. 432, p. 461-465.

NORMAND C. (2006) – Nouvelles données sur l’Aurignacien de la grotte d’Isturitz (communes d’Isturitz et de Saint-Martin-d’Arberoue, Pyrénées-Atlantiques) : l’industrie lithique de la salle de Saint-Martin (recherches 2000-2002), in F. Bon, J.M. Maillo Fernandez et D. Ortega Cobos dir., Autour des concepts de Protoaurignacien, d’Aurignacien initial et ancien. Unité et variabilité des comportements techniques des premiers groupes d’hommes modernes dans le Sud de la France et le Nord de l’Espagne, Actes de la table-ronde de Toulouse, 27 fév.-1er mars 2003, Espacio, Tiempo y Forma, Serie I, Prehistoria y Arqueología, t. 15, éd. UNED, Madrid, p. 145-174.

NORMAND C., A. de BEAUNE S., CHAVIGNEAUD M., COSTAMA-GNO S., DIOT M.-F., DOUAT M., GOUTAS N., HENRY-GAMBIER D., LABARGE A., LAROULANDIE V., LAUGA M., LENOBLE A., O’FARRELL M., PÉTILLON J.-M., RENDU W., RIOS GARAIZAR J., SCHWAB C., SIMONET A., SZMIDT C., TEXIER J.-P., WHITE R. (2005) – Grotte d’Isturitz ; Salle de Saint-Martin (commune de Saint-Martin-d’Arberoue), rapport final de fouilles programmées tri-annuelles années 2003-2005 et projet de recherche 2006-2008, SRA Aquitaine, Bordeaux, 136 p.

NORMAND C., TURQ A. (2005) – L’Aurignacien de la grotte d’Isturitz (France) : la production lamellaire dans la salle de Saint-Marin, in F. Lebrun-Ricalens et al. dir., Productions lamellaires attribuées à l’Aurignacien : chaînes opératoires et perspectives technoculturelles, Actes du XIVe congrès de l’UISPP, Luxembourg, ArchéoLogiques 1, Musée national d’histoire et d’art, Luxembourg, p. 375-394.

PELEGRIN J. (1995) – Technologie lithique : le Châtelperronien de Roc-de-Combe (Lot) et de la Côte (Dordogne), Cahiers du Quater-naire, n° 20, éd. CNRS, 297 p.

PELEGRIN J. (2000) – Les techniques de débitage laminaire au Tardi-glaciaire : critères de diagnose et quelques réflexions, in B. Valentin, P. Bodu, M. Christensen (dir.), L’Europe centrale et septentrionale au Tardiglaciaire, Acte de la table ronde de Nemours, 1997, Mémoires du musée de Préhistoire d’Île de France, n° 7, éd. APRAIF, Nemours, p. 73-85.

PELEGRIN J. (à paraître) – Sur les débitages laminaires du Paléolithique supérieur, in F. Delpech et J. Jaubert dir., François Bordes, Actes du 134e congrès du CTHS, Bordeaux, avril 2009, éd. CTHS.

PELEGRIN J., SORESSI M. (2007) – Le Châtelperronien et ses rapports avec le Moustérien, in B. Vandermeersch et B. Maureille, Les Néan-dertaliens. Biologie et cultures, éd. CTHS, Paris, p. 284-296.

RIGAUD J.- Ph. (1996) – L’émergence du Paléolithique supérieur en Europe occidentale. Le rôle du Castelperronien, in O. Bar-Yosef,

L. Cavallo-Sforza, R. March et M. Piperno dir., The Lower and Middle Palaeolithic, Actes des colloques IX et X de l’UISPP, Forli 1996, Abaco, Forli, p. 219-223.

ROUSSEL M., SORESSI M. (2010) –La Grande Roche de la Plématie à Quinçay (Vienne) : l’évolution du Châtelperronien revisitée, in J. Buisson-Catil et J. Primault dir., Préhistoire entre Vienne et Cha-rente, hommes et sociétés du paléolithique, Mémoire 38, Association des publications chauvinoises, Chauvigny, p. 203-219.

SAINT-PÉRIER R. et SAINT-PÉRIER S. de (1952) – La Grotte d’Istu-ritz. III : Les Solutréens, les Aurignaciens et les Moustériens, Archives de l’IPH, éd. Masson, Paris, 124 p.

SAINT-PÉRIER S. de (1965) – Réflexions sur le Paléolithique supérieur d’Isturitz, in E. Ripoll E. dir., Miscelánea en homenaje al Abate Henri Breuil, Diputación Provincial de Barcelona, Instituto de Prehistoria y Arqueología, Barcelone, t. II, p. 319-326.

SCANDIUIZZI R. (2008) – Les Tambourets (Couladère, Haute-Garonne) : un gisement châtelperronien de plein air, au seuil des Petites Pyrénées, mémoire de master 2 de l’université Toulouse – Le Mirail, 131 p.

SONNEVILLE-BORDES D. de (1960) – Le Paléolithique supérieur en Périgord, imprimerie Delmas, Bordeaux, 2 vol., 580 p.

TARRIÑO A., NORMAND C. (2006) – Procedencia de los restos líticos en el Auriñaciense antiguo (C4B1) de Isturitz (Pyrénées-Atlantiques, Francia), in F. Bon, J.M. Maillo Fernandez et D. Ortega Cobos dir., Autour des concepts de Protoaurignacien, d’Aurignacien initial et ancien. Unité et variabilité des comportements techniques des pre-miers groupes d’hommes modernes dans le Sud de la France et le Nord de l’Espagne, Actes de la table-ronde de Toulouse, 27 fév.-1er mars 2003, Espacio, Tiempo y Forma, Serie I, Prehistoria y Arqueología, t. 15, éd. UNED, Madrid,, p. 135-144.

TEXIER J.-P. (1997) – Rapport sur l’étude géologique du site d’Isturitz, in A. Turq, C. Normand et J.-P. Texier dir., Complexe archéologique de la colline de Gaztelu (Isturitz – Oxocelhaya – Erberua), rapport de fouille, SRA Aquitaine, Bordeaux, 15 p.

TEXIER J.-P. (2000) – À propos des processus de formation des sites préhistoriques, Paléo, n° 12, p. 379-386.

TEXIER J.-P., LENOBLE A. (2005) – Isturitz. Rapport sur les travaux géologiques, étude complémentaire n° 17, 12 p., in C. Normand et al., Grotte d’Isturitz ; salle de Saint-Martin (commune de Saint-Martin-d’Arberoue), rapport final de fouilles programmées tri-annuelles 2003-2005 et projet de recherche 2006-2008, SRA Aqui-taine, Bordeaux, 136 p.

TURQ A. (2000) – Paléolithique inférieur et moyen entre Dordogne et Lot, Paléo, supplément n° 2, 456 p.

ZILHÃO J., D’ERRICO F., BORDES J.-G., LENOBLE A., TEXIER J.-P., RIGAUD J.-Ph. (2006) – Analysis of Aurignacien interstratification at the Châtelperronian-type site and implications for the behavioral modernity of Neandertals, PNAS, vol. 103, n° 33, p. 12643-12648.

François BACHELLERIEUniversité Bordeaux 1PACEA – UMR 5199

Institut de préhistoire et de géologie du Quaternaire – Bâtiment B18

F-33405 Talence [email protected]

Christian NORMANDSRA Aquitaine – CCE

54, rue Francis-Jammes, 64240 HasparrenTRACES – UMR 5608 Toulouse-Le Mirail

[email protected]