L'analyse des formes des paysages. Panorama des recompositions scientifiques opérées par...

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L'analyse des formes des paysages. Panorama des recompositions scientifiques opérées par l'archéogéographie dans le domaine de la morphologie des paysages Magali Watteaux Région d'Osaka, Japon. ENSA-V, Versailles, 29/11/2012

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L'analyse des formes des paysages.

Panorama des recompositions scientifiques opérées par l'archéogéographie dans le

domaine de la morphologie des paysages

Magali Watteaux

Région d'Osaka, Japon.

ENSA-V, Versailles, 29/11/2012

Archéogéographie = l’étude de l'espace des sociétés du passé et de ses dynamiques, dans toutes ses dimensions. Espace rural ET urbain. Buts = contribuer à la reconstitution de l’histoire périodisée des formes et à la connaissance des dynamiques de long terme qui constituent les héritages.

étude des dynamiques de l’écoumène = étude des transformations de l’espace géographique en écoumène (terre habitée, aménagée, vécue, exploitée, etc.) (Augustin Berque).

• 1re étape : l’archéomorphologie des paysages (fin 70’s-80’s) les formes des paysages portent des héritages complexes

• 2nde étape : la multiplication des fouilles de parcellaires grâce au développement de l’archéologie préventive (90’s) preuves archéologiques de la transmission complexe des formes

Historiographie succincte

1. Préambule : construction d’une discipline

Collaboration archéologie/géoarchéologie/

morphologie

1. Préambule : construction d’une discipline

Définition = l’étude de l'espace des sociétés du passé et de ses dynamiques, dans toutes ses dimensions. Espace rural ET urbain. Buts = contribuer à la reconstitution de l’histoire périodisée des formes et à la connaissance des dynamiques de long terme qui constituent les héritages.

étude des dynamiques de l’écoumène = étude des transformations de l’espace géographique en écoumène (terre habitée, aménagée, vécue, exploitée, etc.) (Augustin Berque).

• 1re étape : l’archéomorphologie des paysages (fin 70’s-80’s) les formes des paysages portent des héritages complexes

• 2nde étape : la multiplication des fouilles de parcellaires grâce au développement de l’archéologie préventive (90’s) preuves archéologiques de la transmission complexe des formes

• 3e étape : théorisation des fondations de l’archéogéographie (2000’s)

Historiographie succincte

N°167-168, 2003 N°175-176, 2005

2003 : naissance de l’ « archéogéographie »

2008 : deux synthèses

Archéologie désigne : - le milieu professionnel d’origine de nombre d’archéogéographes - l’intérêt pour la durée historique = la compréhension des héritages, des transmissions et des bifurcations - le recours constant à l’archéologie du savoir = réinterrogation des objets installés par l’histoire et la géographie d’antan, afin de les recomposer

Géographie désigne : - l’intérêt pour la surface de la terre = les formes - l’intérêt pour la nature originale des dynamiques qui s’y jouent - l’intérêt pour le lent déchiffrage de leur complexité historique Mais cette géographie affirme que la lecture des formes repose sur la compréhension des héritages. En effet, lorsque les sociétés anciennes ont aménagé, elles l’ont fait pour longtemps.

Histoire des trames parcellaires, des réseaux routiers et du réseau d’habitat

La voirie et l’habitat à partir de la carte d’État-Major

Formes parcellaires principales (source : mission aérienne IGN de 1950)

Trace matérielle = résultat d’une action concrète réalisée à un moment donné et localisée en x, y, z. Elle est associée à une fonction lorsqu'elle est active puis peut passer à l’état de ruine et de trace fossile.

Forme en plan = une forme géométrique délimitée en x et y et représentée en plan. Tout modelé possède une emprise au sol mais certaines formes en plan peuvent ne s'inscrire que dans le foncier.

Distinction entre trace matérielle, modelé et forme en plan

Modelé = la forme extérieure d'un objet, son volume, inscrite en 3D. Niveau de perception immédiat.

Principe méthodologique de base : la forme guide le relevé, non les modelés

2. Recomposition et définition de nouveaux objets de recherche

a/ Constat de départ :

Malgré l’accumulation des nouvelles données, les objets, récits et cadres interprétatifs traditionnels ne changent pas. Résistance des « grands objets » de la géographie historique et de l’histoire.

b/ Réponse des archéogéographes :

Décomposition des objets « installés » et aujourd’hui en crise :

- la planification antique (GC et FF)

- les formes agraires protohistoriques (GC)

- la modélisation des formes agraires médiévales : bocage/openfield/Méditerranée (CL, MW), forme radio-concentrique (GC, MW)

- les territoires antiques et médiévaux : le domaine royal (MPB), la cité antique (GC, FF, MCL), la paroisse et seigneurie médiévale, etc.

- la morphologie des espaces irrigués historiques de Méditerranée (RGV)

L’archéogéographie passe obligatoirement par une archéologie du savoir.

Recomposition : définition de nouveaux objets et paradigmes

● La forme radio-concentrique : considérée comme la morphologie typique du 2nd Moyen Âge. lecture monoscalaire : terroir, paroisse et seigneurie.

● La forme radio-quadrillée : fusion d’un réseau routier radial à grande échelle et de trames parcellaires « quadrillées » à petite échelle :

Les réseaux de formations

Des structures morphologiques évoluant sur un mode auto-organisé

Région de Beaugency (Loire et Loir-et-Cher). S. Robert.

Beaugency (Loiret) © S. Robert

Sud-Vendée. Source : Watteaux 2009

Sénonais (Seine-et-Marne). Source : Marchand 2000

Les corridors hydro-parcellaires : association d’éléments anthropiques et naturels en fonction du rapport à l’eau.

Châteaugiron (Ille-et-Vilaine) © M. Watteaux

Sorigny (Indre-et-Loire) © C. Pinoteau

Sud-Vendée © M. Watteaux

Les réseaux physiques réguliers ou régularités organiques

Analyse de R. Gonzales Villaescusa.

La huerta de Murcie dans les environs de Era Alta (Espagne). © R. Gonzales Villaescusa

Les formes hybrides Les « villages-rûs »

Les Maillys (Côte-d’Or). © M. Foucault

Les corridors « fluviaires »

Tours. Source : Noizet 2007

Exemple de la partition bocage/openfield

• Du point de vue morphologique, la distinction entre bocage et openfield n’est pas pleinement opératoire.

• L’organisation des formes agraires transcende cette opposition des modelés.

Exemple de la grande trame « rouge » entre

plaine et bocage. PLAINE DE LUÇON

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La planification agraire arpentée médiévale Romagne. © G. Chouquer

Alentejo. © M. Watteaux

Gascogne, Lavigne 2002

Vénétie, Brigand 2010

Murcie. © C. Lavigne

Modélisation des formes agraires planifiées médiévales : dessin en bandes parallèles droites ou sinueuses, qui ne recouvrent pas

nécessairement tout le finage d’un village ou d’un bourg . = rupture fréquente avec le mode antique de planification.

Chisenbury, Wiltshire, GB (Chouquer)

Villafranca di Verona, Italie (R. Brigand)

Beinberg, Allemagne Marciac, Gers (C. Lavigne)

La construction dans la durée des centuriations romaines

Région de Padoue (Italie). Capture Google Earth

La construction dans la durée des centuriations romaines

Brigand 2010

Cittadella [Brigand 2010] : la période médiévale s’insère dans la centuriation antique et contribue de ce fait à l’ancrer

Comparaison entre deux cartes italiennes sur la région de Carpi par compilation qui révèle une orthogonalisation en cours des formes.

Plusieurs processus explicatifs :

- la création de lignes planimétriques isoclines ou au même emplacement que des limites antiques

- la rigidification de lignes planimétriques d'origine antique ondulantes

- la transformation de la hiérarchie des lignes planimétriques qui fait passer le seuil de la représentation cartographique

Dépassement de la collecte de tronçons ponctuels et

lacunaires au profit d’une approche par réseau.

Renouvellement de l’étude des routes et

chemins

Source : Robert 2003 Source : Vion 1989

Analyse des réseaux routiers selon une perspective diachronique et multiscalaire

Source : Watteaux 2009

Les réseaux de réseaux (de droits sociofonciers)

© M.-P. Buscail

Les réseaux de réseaux (de droits sociofonciers)

© Lavigne 2005

© Chouquer 2007

Le corpus des gromatici veteres

400 pages produites à la fin du Ier et au IIe apr. (époques flavienne et ulpienne) et dont une partie du corpus court jusqu’au tout début du VIe apr.

Corpus constitué par un groupe de spécialistes (« experts ») en réponse à des désordres politiques et administratifs conjoncturels : nécessité de reconstituer les archives cadastrales et de mettre de l’ordre après deux ans de guerres civiles en 68-70.

= Entreprise de révision fiscale qui impose de reconnaître des situations antérieures et qui ont été bouleversées par les crises

Ne pas chercher dans ces textes un modèle de la centuriation.

L’imbrication des centuriations n’apparaît plus comme une curiosité née des spéculations de morphologues imaginatifs mais comme l’objet même de l’enquête de révision flavienne et ulpienne.

Source : Chouquer et Favory 2001

Relecture du rapport entre les limitations romaines et les territoires

La fabrique urbaine

Des modèles d'organisation parcellaire

Tours © Noizet 2007

Attention : « modèle d’organisation parcellaire » ≠ « plan organisé préétabli ». La ville est un impensé = produit de l’interaction permanente des activités sociales et de la matérialité de son espace.

St-Julien : témoin de la durabilité des conséquences de l’utilisation agricole de

ces terres.

Châteauneuf : modèle d’organisation

caractéristique des espaces commerçants et artisanaux.

Le cloître St-Martin : structures liées à la

construction du castrum au Xe + zone résidentielle

aristocratique de l’époque moderne.

Le secteur de Brazza à Bordeaux : commande d’une étude archéogéographique par la ville

Source : Lavigne 2011

Relecture des formes urbaines à l’aune des flux routiers. L’exemple de Pontoise

Source : Robert 2003

- Ville haute sur l’axe Paris/Dieppe ; ville basse sur l’axe Paris/Rouen/Oise un certain éclatement de la ville mise en cohérence par construction de remparts. - Le mur d’enceinte oppose un modelé fort, contraignant le flux par ses portes et contribue à constituer de nouvelles centralités (faubourgs) construction d’une nouvelle enceinte.

les opérations d’urbanisme projetées par les pouvoirs communaux peuvent être lues comme l’aménagement et la gestion de ces flux traversant la ville plutôt que comme la projection sur le sol de plans esthétiques.

Le rôle des acteurs sociaux articulation logique de projet et auto-organisation

Source : Robert 2003

La déstabilisation actuelle du "système-ville" est fortement liée au développement des activités industrielles et commerciales hors de son territoire

+ refus de la première gare ferroviaire sur l'axe Oise.

http://alpage.tge-adonis.fr/index.php/fr/

http://websig.univ-lr.fr/alpage_public/flash/

Google : « alpage paris »

L’histoire des formes n’est pas une histoire linéaire. Elle fait se succéder des épisodes de création et d’autres d’organisation des formes.

Dans la genèse des formes rurales et urbaines en

Europe occidentale, la période « Âge du Fer / époque romaine » forme une phase majeure d’émergence qui ne semble pas avoir eu d’équivalent ensuite. La plupart des trames et les réseaux paysagers sont d’origine antique.

3. Vers une nouvelle histoire des formes

Vallées des Tilles et de l’Ouche

Le plus vaste parcellaire protohistorique connu en France. Au moins deux phases pré-romaines, dont une planification en bandes.

Un héritage gaulois fréquent et important

Evreux-Longbuisson

Une occupation débutant au Néolitique, mais une formation de la planimétrie au second Âge du Fer et à l’époque romaine.

Guérande

Une occupation et des transformations incessantes allant de la fin du premier Âge du fer au IIe-IIIe s. apr. J.-C.

Villeneuve-d’Ascq

Une occupation allant de La Tène moyenne au IIIe s. apr. J.-C., avec au moins trois phases identifiées.

Bologne-Casteldebole

Trois phases antiques, dont deux phases romaines dans une région aujourd’hui marquée par la monotonie de la centuriation.

Casale Scoppa

Plusieurs phases antiques mises en évidence par un cliché de 1945 dans la plaine des Pouilles.

Tor-di-Mezzavia di Frascati

Une géométrie agraire inscrite depuis l’époque archaïque (premier Âge du Fer).

b/ Le maintien de la forme en plan malgré les transformations du modelé et de la fonction :

LES EXPLICATIONS TRADTIONNELLES DE LA TRANSMISSION

a/ Le maintien intégral des structures et des formes :

= Même emprise et même modelé observation directe : datation botanique des haies, datation à partir de la hauteur des crêtes de labour, etc.

Relecture des processus de transmission des formes

Florence

Conservation du tracé de l'enceinte du XIVe dans le parcellaire de Tours (unité 1).

Distinction de deux niveaux : la forme en plan (2D) et le modelé (3D).

Source : Noizet 2004

c/Les modalités de transmission en plan des formes :

"loi de persistance du plan" de Pierre Lavedan (Qu'est-ce que l'urbanisme?, 1926) :

La transmission par la mémoire humaine et le l ien matériel :

- Mémoire : "le geste spontané du propriétaire est de rebâtir sa demeure où elle était (…) laissées à elles-mêmes, les villes se reconstruisent naturellement sur leur ancien plan"

- Lien matériel : "dans beaucoup de cas les maisons, pour peu qu’il en ait subsisté quelques restes, sont ensuite relevées à la même place"

Importance du foncier qui enregistre les structures disparues :

Arles

P. Pinon : "le foncier enregistre les tracés des structures matérielles disparues ou enfouies et peut ensuite monter avec le sol" (Caesarodunum, Mélanges R. Chevalier, 1994)

Source : Robert 2003a

- Maintien de certaines mesures par la répétition d'une unité de mesure (ex : la superficie labourable en un temps donné ou avec telle quantité de semences).

La transmission par le juridique et le rôle des pouvoirs publics :

La sphère ethnique et culturelle comme principe générateur de formes.

L'argument technique et économique :

- Adaptation à la pente pour la gestion des eaux de ruissellement et l'érosion. Cf. idée du "bon sens paysan".

- Adaptation de la forme du champ à l'outillage technique et au type d'économie choisie.

Cela suppose le maintien des pouvoirs publics...ce qui n'est pas envisageable pour expliquer la transmission de formes antiques.

B. Gauthiez : "Le facteur déterminant leur persistance tient principalement à l'exercice du contrôle de la puissance publique, quelle qu'elle soit, sur un espace de son ressort, face à d'éventuels empiètements privés" (RAP, n°16, 1999)

L'urbanisation des quartiers périphériques des grandes villes aux XIXe et XXe à partir du parcellaire agraire.

PARIS 14e

entre 1750 et 1846.

Cohérence de ce système technico-éco-juridique inertie importante des formes (explication fondamentale de la résilience des formes).

Source : Robert 2003a

histoire discontinue des formes en fonction des périodes historiques académiques.

d/ Des explications fondées sur une conception linéaire du temps :

"Montée" d'une forme originelle dans un continuum chronologique = temporalité linéaire.

Cette transmission serait entrecoupée de ruptures correspondant à des transformations sociales et économiques importantes ("invasions barbares", guerres, "révolution de l'an Mil").

Contradiction entre le point de vue des médiévistes (héritage médiéval du paysage actuel) et des antiquisants (pérennité des formes antiques).

La centuriation de Sextantio-Ambrussum autour de Lunel-Viel (Hérault).

NOUVELLES LECTURES ARCHEOGEOGRAPHIQUES

a/ De nombreux cas de transmission des formes…

Source : Favory et al. 1994

Vert-Saint-Denis (Seine-et-Marne)

Sandrine Robert

Source : Robert 1996

Le Teilleul et le Louvaquint sur la commune de Montours (Ille-et-Vilaine) fouillés par I. Catteddu.

Source : Lavigne 2003

b/ Des cas de transformation des formes = TAPHOCHRONIE

Le bocage armoricain : discordance entre les formes antiques et les formes représentées sur le cadastre napoléonien (anisoclinie et anisotopie).

Source : Gautier et al.

1996

c/…mais selon des modalités dynamiques et complexes

La coupe de Pierrelatte : transmission de la forme en plan au-delà des modifications du modelé et des hiatus sédimentaires (UCHRONIE).

Source : Berger et Jung 1996

La coupe de Pierrelatte en plan 5 dimensions à restituer : latitude

longitude profondeur

hauteur dynamique

Source : Chouquer 2003

Transformission = transformation +

transmission. Permet de décrire la double

action de transformation dans le temps des réalités

géographiques et de transmission de certains caractères de ces réalités

donnant l’impression d’une pérennité de la forme.

La déviation de Marines :

reprise partielle de l'ancien chemin de Traverse composant

l'itinéraire Paris-Dieppe.

Source : Robert 2003a

Des cas de persistance des formes sans traces :

la centuriation B d’Orange est morphologiquement bien conservée dans le paysage actuel mais seulement 23% des axes perceptibles archéologiquement.

sur les 237 ha sondés sur l'emprise de Toyota-Onnaing (Nord), le réseau parcellaire le plus prégnant morphologiquement n’a pas été perçu.

Problème de la taphonomie des vestiges et de la complexité des processus spatiaux.

Cf. G. Chouquer 2007 = Quels scénarios pour l’histoire

du paysage ? Orientations de recherche pour l’archéogéographie, Coimbra-Porto, CEAUCP, 2007.

Toutes les époques ne produisent pas des formes, des

matérialités et des représentations à la même hauteur et en continu. L’histoire des formes articule de façon discontinue quatre plans : héritage, émergence, organisation et représentation.

4. Définition de 4 plans interactifs et discontinus

La diversité initiale

Plusieurs orientations dans la phase d’émergence des éléments fondateurs de l’urbanisme bisontin.

© Chouquer

L’organisation composite

Dès l’Antiquité se forme un plan composite sur la base d’une simplification et d’une sélection entre les trames présentes. C’est la

phase d’organisation consciente et cohérente de l’urbanisme, sur la base des héritages.

© Chouquer

L’auto-organisation dans la durée

Le passage de ce plan antique composite au plan actuel est une évolution de longue durée qui se fait par une auto-organisation : toutes les

interventions dans la morphologie de la ville conduisent à renforcer et à cimenter une forme qui devient le plan canonique de Besançon.

© Chouquer

La représentation spéculaire du passé

Les chercheurs, sur la base d’une représentation spéculaire, cherchent le plan programmatique antique. Celui-ci entre régulièrement en contradiction

avec la réalité antique mise au jour par l’archéologie préventive.

© Chouquer

Un schéma nouveau

1. une phase d’émergence antique au sens large du terme antique.

2. une phase de transformission et d’auto-organisation de la forme résiliente, de l’Antiquité à nos jours, pendant laquelle la forme survivante se construit au travers des multiples interventions (planifiées ou non) mais qui ne remettent pas en cause la forme globale, et contribuent plutôt à la schématiser.

3. une phase de représentation spéculaire, propre aux « savants » modernes, qui interprète le passé par la forme survivante.

Représentation spéculaire : un effet de la Modernité

La modernité a engagé un rapport spéculaire avec le passé, c’est-à-dire une façon très particulière d’agir vis-à-vis des héritages. Nous devons apprendre à dégager la façon dont la modernité a défini des objets types censés représenter le passé tout entier, au détriment de la diversité et de la spécificité des lieux et des formes.

= archéologie du savoir

Nouveau régime d’historicité fondé sur la discontinuité

• Admettre ces plans, c’est proposer un nouveau régime d’historicité, et repenser complètement le rapport aux documents.

• Un enjeu nouveau est de penser la discontinuité non

seulement à l’intérieur d’un même plan documentaire, mais entre les plans eux-mêmes. Cela veut dire qu’il y a des phases plus productrices de formes, d’autres plus productrices d’actes de la pratique, d’autres plus rédactrices de textes commentateurs, d’autres plus productrices de formes de résilience, etc., et que ces phases doivent être articulées.