La doctrine du sacrifice dans les Brâhmanas / par Sylvain Lévi,...

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La doctrine du sacrifice dansles Brâhmanas / par Sylvain

Lévi,...

Lévi, Sylvain (1863-1935). La doctrine du sacrifice dans lesBrâhmanas / par Sylvain Lévi,.... 1898.

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BIBLIOTHÈQUE

DE LECOLE

DES HAUTES ÉTUDES

/ SpXKNCKS RKLIGXKUSKS

ONZIEME VOLUME

LA DOCTRINE DU SACRIFICE

DANS

LES BRÂHMANAS

LE i»Uï*EX-VELAV

IMPftt.VERIE RÉGI* MARCIItêSOU

LA DOCTRINE DU SACRIFICE

DANS

LES BRAHMANAS

PAR

%g%ySYLVAIN LÊVI

MRECmil-At»J015T A l/ÉCOLE DÉS HAITES ÊItt'IS

(Section des s<icnce» religieux.)

PARISERNEST LEROUX, ÉDITEUR

28, HLK BONAPAUTE

1808

A MON ÉLÈVE, MON COLLÈGUE

ET MON AMI

I\L LOUIS FINOT

AVANT-PROPOS

Formé des leçons que j'ai professées au cours de l'an-née 1 $96-1897, rédigé à la veille d'un long voyage, im-primé en mon absence, le présent livre n'a pas eu lebénéfice d'une lente maturationni d'une révisionsuprême.Pressé par les circonstances, j'ai dû choisir entre unabandon définitif et une publication hâtive ; après leslongs et pénibles efforts que j'avais dépensés à recueillir

ces matériaux, je me suis laissé aller à croire que d'au-tres pourraient tirer profit de la besogne faite; le suf-frage, trop indulgent peut-être, de quelques amis m'adécidé. Le dévouement souvent éprouvé et toujours prêtde M. Finola assuré la correction matérielle de l'ouvrage ;M. Foucher, à peine revenu de l'Inde, a bien voulu leseconder. La multitude des textes cités en transcriptiondit assez tout ce que je dois de reconnaissanceà ces deuxcollaborateurs. Je remercie également la section desSciences Religieuses qui a si libéralement admis dans saBibliothèque un travail né en dehors d'elle.

Saigon, 6 avril 1898.

ABRÉVIATIONS

Ait. — ÂUareya-Brahmana,éd. Aufrecht; Bonn, 1879(cité paradhyâyas et khamlas).

Çat. — Çatapatlia-Brahmana,éâ.Vfcbcr;Berlin, 1855.Gop. — Gopatha-Brahniana, éd. Rajendralala Mitra;

Calcutta, 1872 (Bibliothcca Indica).Jaim. — Jaiminlya-Brâhmana. Fragments édités par

Ilans (Ertct, âans Journal of t/te American' Oriental Society, XV, 233-251 et XVIII,1548.

Kâlh. — Kathaka. Fiagmcnts édités par Weber dansIndiscltfiStudien, III, 451-479.

Kaus. — KautUatii-Brùhmana, éd. B. Lindncr; Jcna,1887.

Maitr. — Maitrdt/ani-Samhilfi, éd. Leopold von Schroe-der; Leipzig, 18814886.

Sat.lv. — Saddmça* brafanana. Prapâthaka I. Éd.Klemni; Giitcrsloh, 1894.

Sâmavidli. *— Sâmùvidltûna-Brâlwtanâ, éd. BurncII; Lon-don, 1873.

Tailt. B. — Taittirtya+Bràfonana,éd. Rajendralala Mitra ;Calcutta, 1855-1890 (Bibliothcca Indica).

Tailt. S. — Taittirîya*Sam/iitd, éd. Weber, Indische Stu~: </i*»,XIetXIL

Td. — TOndi/a-Maho-lh-ûhmana, éd. AnamlacandraVedantavagîça; Calcutla. I8G9-1874 (Bi-bliothcca Indica).

INTRODUCTION

La science occidentale désigne trop, souvent sous le nomde » religion védique » les systèmes d'interprétation fondés

soit sur les hymnes du Rg-Vcda, soit sur l'ensemble deshymnes védiques. L'orthodoxie brahmanique donne au nomdes Vcdas Une extension plus large : « Lès Maniras et lesBrâhmanas composent le Yeda ». Les Mantras sont en géné-ral les formules qui accompagnent les rites; les hymnesentrent dans cette catégorie et en forment la plus grandepartie. « Tout ce qui ne se classe pas sous la rubrique desMantras est Brahmana ». Le nom seul dés Brâhmanas enindique le caractère essentiel ; ils traitent du Ùrdlmian, de lascience sacrée. Les commentateurs reconnaissent deux sortesde Brâhmanas; les uns sont des prescriptions (vid/ii); lesautres sont des explications (arthavâda). Leur patience labo-rieuse s'est exercée à dresser un catalogue des matières. LesBrâhmanas enseignent l'origine des pratiques (Itettt), l'éty*motogiedes mots (nirvacana), la critique des actes condam-nables (nindd)f l'éloge des qualités (vraçamsâ), les questionsdouteuses (sanïçayà), les prescriptions à suivre (vidJii), lesdifférences de pratiques (parakrti), les usages d'autrefois(pUrâkatpa) et les particularités de circonstance (viçejâiM-dhâfànakafpand). La liste n'épuise pas tous les sujets

4 INTIiOIMXTIÔN

traités; mais clic en montre à la fois la variété elle carac-tère commun. Les Brâhmanas sont les observations des doc-

teurs versés dans la science sacrée [brahmavàdino vadanti).Les textes de la littérature védique permettent de suivre parétapes l'évolution des Brâhmanas : les écoles du Yajur-VcdaNoir ont conservé dans un seul recueil les Mantras et lesBrâhmanas ; destinées aux prêtres qui étaient chargés desmanipulations rituelles, leurs compilations prennent pourbase les rites; sans s'imposer un ordre logique, sans adopter

un cadre uniforme, volontiers sinueuses et fantaisistes enleur allure, elles choisissent un certain nombre de sacrificesessentiels ou typiques, indiquent les formules à connaître,puis en marquent la raison d'être ou l'applicationpratique;Le Brahmana fait corps avec la Samhitâ» chaque groupe deformules traîne à sa suite les remarques indispensables. LeYajur-Vcda Blanc, au contraire, a dégagé les Brâhmanas dela Samhitâ; il a rassemblé d'une part toutes les formules,d'autre part toute l'exégèse; mais les deux éléments qu'il aisolés n'en continuent pas moins de se correspondre réguliè-rement. Le Brahmana suit le plan de la Samhitâ et respectescrupuleusement l'ordre même des vers. Les Brâhmanas duHg-Veda et du Sâma-Ycda n'avaient pas besoin de se plier

aux mêmes exigences ; les rôles du récitant et dit chantre, sicompliqués qu'ils fussent, ne leur imposaient pas la mêmeinitiative et la même connaissance des détails ; sans resterétrangères à la pratique rituelle, leurs Sainhilâs en avaientcependant tenu peu de compte lorsqu'elles s'étaient consti-tuées. Obligés par leur nature môme de se fonder sur lerituel, les Brâhmanas du Bg-Vcda cl du Sama-Vcda s'affran-chissent résolument du plan de leurs Samhitàs respectives etsuivent leurs voies propres. Les Brâhmanas conquirent ainsi

IMitODL'CTION O

leur autonomie et formèrent une classe spéciale d'ouvrages.Les écoles qui avaient fondu en une seule compilation lesformules et l'exégèse traditionnelle profitèrent du type nou-veau qui s'était créé pour/réparer leurs lacunes ou leursomissions : l'école du Taitliriya-Veda compléta sa Samhitâdéjà close par l'addition d'un Brahmana indépendant. Tels

que nous les avons reçus, les Brâhmanas en général portentencore les traces manifestes de leur formation graduelle. LeÇalapatha-Brâhmana comprend au total quatorze livres; lesneuf premiers (sauf une exception naturelle au début del'ouvrage) sont strictement parallèles à la Samhitâ; les cinqderniers s'en détachent ou n'y reviennent que par intervalles,et substituent à une exposition continue des reprises, desrécapitulations et des spéculations mystiques; ils semblentévidemment former un groupe à part, et de fait, le livre XIIporte comme titre particulier Mad/iyama, le central ; dési-gnation injustifiable, si on ne considère pas le livre X

comme le début d'une compilation spéciale, qui s'achève aulivre XIV. Dans le groupcLIX, les cinq premiers livres sedistinguent nettement des quatre autres : Yajnavalkva estcité comme l'autorité par excellence dans les premiers; Çân-dilya occupe la même place dans les derniers. Si on étudieles variations d'une des formules caractéristiques qui tra-versent le Brahmana entier (lutte des dieux cl des Asuras,

par exemple), ta classification des divergences donne desrésultats identiques. Cependant le compilateur de l'oeuvredéfinitive à su lui donner une apparence d'unité en semantçà et là des renvois qui rappellent les questions déjà traitées

ou qui annoncent des développements ultérieurs.La critiqueperspicace de M. Weber s'est exercée avec le même succès

sur l'Aitarcya-Brâhmana : les seize derniers adhyâyas de

6 INTRODUCTION.

l'ouvrage portent clairement la marque d'une origine secon-daire. Les recueils du Yajur-VedaNoir décèlent avec, nettetéles remaniements qu'ils ont subis : le KAthaka est divisé encinq parties ; les trois premières portent, hpeinedissimulées

sous des altérations phonétiques, les désignations de «, ini-tiale » (ifftimikd),

<< moyenne »>(madhyamikà)t «finale »

iprimikâ). Sur les quatre sections de la Mailrâvanî Samhitâ, laseconde est appelée « centrale » (madfiyama), tandis que laquatrième a pour titre : « Le supplément » [khifa). Le travailde remaniement apparaît plus clairement encore dans leKausitaki-Brâhmana, qui met en oeuvre les matériaux del'Aitareya, et surtout dans le Gopatha-Brâhmana, qui pilleouvertement le Çatapatha, l'Aitareya, la Mailrâyani et sansdoute d'autres recueils encore.

t«'i la chronologie interne des Biâhiiianas se laisse rétablir

avec assez de vraisemblance, les dates positives échappententièrement aux recherches. Les résultats fondés sur l'exa-

men des données astronomiques n'offrent qu'une certitudeillusoire et réfléchissent en fin de compte des préjugésir avoués ou inconscients; les noms de lieux et de per-sonnes, si curieux qu'ils puissent être, ne suffisent pas àfaire l'histoire. Le plus sûr est de s'arrêter à une chro-nologie relative : les Brâhmanas suivent les hymnes et pré-cédent le bouddhisme; la langue, le lexique, les idées, lesfaits tendent à la même conclusion. Quel est l'intervallequi sépare ces trois étapes? L'imagination est libre del'étendre ou de la restreindre à son choix. Il nous suAit desavoir — et sur ce point les opinions sont unanimes — queparmi tous les monuments de la littérature indienne, lesBrâhmanas sont les plus voisins des hymnes védiques.Proches ou lointains, les docteurs des Brâhmanas sont les

INTRODUCTION 7

seuls successeurs authentiques des poètes inspirés ; si cor-rompu qu'on veuille le supposer, leur système religieux serattache par une tradition continue aux auteurs des hymnes.Mais l'opinion commune en Occident a tracé entre les deuxprovinces de la littérature védique une ligne de démarcationsi profonde que par prudence je me suis interdit de la fran-chir. Comme tant d'autres ont fait pour les hymnes, j'aitenté de prendre les Brâhmanas isolément et d'en dresser uninventaire doctrinal. J'ai limité mes recherches aux textesou aux fragments publiés; le nombre en est assez considé-rable, le caractère assez varié pour dispenser de recourir' àl'inédit. La nature des Brâhmanas, telle que je l'ai sommai-rement indiquée, déterminait la méthode à suivre. Les Brâh-

manas ne consistent point en un exposé didactique, moinsencore en un exposé systématique; issus des conversationset des controverses sacerdotales, recueillis à travers lesécoles et les confréries, lés Brâhmanas sont des collections

anonymes d'opinions individuelles, d'aphorismcs indépen-dants et de libres propos greffés sur l'explication des rites. Ilparaît téméraire à l'abord de prétendre réunir en un corpsde doctrine des formules éparcés et sans lieu avoué. Mais

pour peu qu'on compare les Brâhmanas, on est frappé deleur unité fondamentale : un trésor commun d'aphorismcs,de sentences, d'anecdotes, de légendes circulait dans lesclans sacerdotaux, revêtu par la tradition d'une autoritécanonique; chacune des grandes écoles qui l'avaient adoptél'avait par une altération inconsciente accommodé à songénie propre, brutal chez les adeptes du Yajur-Vcda Noir,artistique et subtil chez ceux du Yajur-VcdaBlanc, épris demerveilleux chez ceux du Sâma Veda, harmonieux et aflînéchez ceux du Bg-Veda; maïs partout l'original unique appa-

8 lSTKORt<ÏTI0X

mit vigoureusement sous les retouches. Une concordancedes Brâhmanas est un des outils indispensables à la philo*logie védique, cl l'ébauche que j'ai tracée démontre la faci-lité do l'entreprise. Pour donner au* documents que j'ai mis

en oeuvre leur Valeur réelle, j'ai du nVetforcer de multiplierles témoignages ; si l'accord porto sur des textes qui n'appar-tiennent pas au même Veda, quel qu'en soit le nombre, ladoctrine énoncée a le droit d'être considérée comme la doc*

trine oUiciclle du brahmanisme; si les passages parallèles

ne se rencontrent qu'à l'intérieur d'un seul Veda, quel quosoit le nombre des écoles, la doctrine no vaut que pour coseul Veda; enfin, si les concordances font entièrementdéfaut, la portée du texte doit rester indéterminée. Pouréviter d'introduire dans l'exposé une surcharge encom-brante, je me suis toujours contenté de traduire un seul destextes cités en concordance; mais j'ai cru nécessaire do

reproduire intégralement les originaux : j'assure ainsi aulecteur un contrôle rapide, et qui sans ce secours risqueraitsouvent d'être impraticable ; mais surtout je crois metlroainsi entre les mains des travailleurs futurs les matériauxd'une étude que j'aurais aimé à pousser plus loin : à com-parer en détail lés épisodes ou les développements communsà plusieurs Brâhmanas, H serait aisé de mettre en relief lestraits caractéristiques de chaque recueil : méthode de trans-mission, grammaire, lexique, inspiration, système; la forteindividualité de tous ces vieux textes sortirait de la brumeépaisse où l'indifférence les confond.

La composition des Brâhmanas semble d'avance réduireà une collection de curiosités sans suite un recueil do pas-sages découpés à travers les textes, sans respect du dévelop-pement qui les encadre. La surprise est singulière, dès qu'on

ISTK0DICTI0S SI

les rapproche. Un système de théologie net, logique, harmo-

nieux se dégage spontanément des matériaux rassemblés etles coordonne; s'il no fait point honneur au sentiment reingieux du brahmanisme, il atteste du moins son habileténaturelle aux spéculations. La morale n> pas li-ouvé de placedans co système : le sacrifice.qui règU les rapports del'homme avec les divinités est une opération mécanique quiagit par son énergie intime; caché au sein de la nature, il nes'en dégage que sous l'action magique du prêtre. Les dieuxinquiets et malveillants se voient obligés de capituler, vain-

cus et soumis par la force même qui leur a donné la gran-deur. En dépit d'eux le sacrifiant s'élève jusqu'au mondecéleste cl s'y assure pour l'avenir une place définitive :l'homme se fait surhumain.Mais, si le gain est considérable,la partie est délicate à jouer : la force du sacrifice une foisdéchaînée agit en aveugle ; qui ne sait pas la dompter estbrisé par elle, cl la jalousie des dieux aux aguets se chargevolontiers de compléter l'oeuvre; experts en rites, ils s'em-pressent de mettre à profit les erreurs pour défendre leurspositions menacées. Les défenseurs de la Bible aryenne, quiont l'heureux privilège de goûter la fraîcheur et la naïvetédes hymnes, sont libres d'imaginer une longue et profondedécadence du sentiment religieux entre les poètes et lesdocteurs de là religion védique; d'autres se refuseront àadmettre une évolution aussi surprenante des croyances cldes doctrines, qui fait succéder un stage de grossière bar-barie à une période de délicatesse exquise. En fait il estdifficile de concevoir rien de plus brutal et de plus matériel

que la théologie des Brâhmanas; les notions que l'usage alentement affinées et qu'il a revêtues d'un aspect moral, sur-prennent par leur réalisme sauvage. Le sacrifice est une opé-

10 INTRODUCTION

ration magique; l'initiation qui régénère est une reproduc^tien fidèle de la conception, do la gestation et de l'enfanté*ment; la foi n'est que la confiance dans la vertu des rites;le passage au ciel est une ascension par étages; le bien estl'exactitude rituelle. Une religion aussi grossière suppose unpeuple do demi-sauvages; mais les sorciers, lés magiciens

ou les chamanes dé ces tribus oni su analyser'leursystème,

en démonter lès pièces, en étudier lé jeu, en observer lesprincipes, en fixer les lois : ils sont les véritables pères de laphilosophie hindoue. Ils n'ont pas seulement façonné etassoupli l'instrument des conquêtes métaphysiques; ils ontaussi solidement établi les assises des philosophies classi-

ques. La tradition a raison de rattacher directement auxBrâhmanas les Upanisads; un développement naturel a tirédes uns les autres. Le brahman des Brâhmanas est le brah-

man dus Upanisads; la science sacrée est identique avec sonobjet, le sacrifice, et le sacrifice est l'unique réalité; il est àla fois le créateur et la création; tous les phénomènes del'univers en sont le simple reflet et lui empruntent leur sem-blant d'existence. Ce n'est point une vaine fantaisie quientraine les docteurs des Brâhmanas à proclamer sans cessel'identité des éléments du rite cl des parties do l'univers : lessyllabes du métro représentent les saisons; les détails dufoyer représentent les organes du corps humain ; le nombredesoblations représente les mois; d'ailleurs les mêmes termes

se combinent en des équations diverses, et d'identité enidentité le nombre aboutit à former en résumé une équationunique. La formule « Adorez la réalité sous le nom deBrahman » (Çal. 10, 6, 3, I) exprime aussi bien l'esprit desBrâhmanas que l'esprit des Upanisads. Les spéculations surle sacrifice n'ont pas seulement amené le génie hindou à

INTRODUCTION IIreconnaître comme un dogme fondamental l'existence d'unêtre unique; elles l'ont initié peut-être à l'idée des transmi-grations, Les Brâhmanas ignorent la multiplicité des exis-tences successives de l'homme; l'idée d'une mort répétéen'y parait que pour former un contraste avec la vie infiniedes habitants du ciel. Mais l'éternité du sacrifice se répartit

en périodes infiniment nombreuses; qui l'offre le tue, etchaque mort le ressuscite. Le Mâle suprême, l'Homme parexcellence (Pimisa) meurt et renaît sans cesse ; le cercle de

ses transmigrations répond h la définition célèbre : le centre

en est partout, la circonférence nulle part. La destinée duMâle devait aboutir aisément à passer pour le type idéalde l'existence humaine. Le sacrifice a fait l'homme à sonimage.

Devanciers des grandes hérésies comme des grands sys-tèmes orthodoxes, les Brâhmanasles préparent et les annon-cent également ; par eux les lacunes se comblent et la con-tinuité des phénomènes religieux apparaît. Si le bouddhismeet le jainismc sont une réaction contre la sécheresse desdoctrines sacerdotales, l'un et l'autre leur empruntent unepart de leurs matériaux. Le « voyant » qui découvre parla seule force de son intelligence, sans l'aide des dieux etsouvent contre leur gré, le rite ou la formule qui assurele succès, est le précurseur immédiat des Buddhas cl desJinas qui découvrent, par une intuition directe et par uiicillumination spontanée, la voie du salut. Ce n'est point

un hasard si les vocables consacrés ftarhat et de buddhafigurent déjà dans les Brâhmanas; les dogmes mêmes queces mots symbolisent y résident aussi en germe et déjàtout près d'éclore. Le brahmanisme des Brâhmanas est sibien le père du bouddhisme qu'il lui a légué une regret-

12 INTRODUCTION

table hérédité : le retour h Rudra-Çiva, la récitation ma-chinalo des mantras, le formalisme absurde ou révoltant

des fautras sont les rechutes chrçmquesoCise traduit uneincontestable filiation.

LE DIEU SACRIFICE, PRAJÀPATI

Entre toute? loidivinités des Brâhmanas, le dieu par excel-lence est Prajâpati, le « seigneurdes créatures ». il est l'êtreprimordial ; h l'origine,rien dans l'univers n'existait que lui '.Certains récits, divergents en apparence, rapportent cepen-dant la naissance du dieu et sa filiation. Tantôt il est lacréation secondaire des rsis : « A l'origine, le non-être étaitl'univers. Si on dit : Qu'était-ce que le non-êlre? C'était lesrsis; c'était eux à l'origine le non-être. Si on dit : Qu'était-ceque ces rsis? c'était les souilles. Parce que, avant tout ce quiest, en ayant eu le désir, ils s'épuisèrent à peiner et à semortifier, ils sont les rsis..... Enflammés, ils émirent septmâles séparément. Ils dirent : Tant que. nous serons ainsi,nous ne pourrons pas procréer; des sept mâles faisons unseul mâle. Des sept mâles ils firent un seul mâle. Dans larégion au-dessus du nombril il,s en ramassèrent deux; audessous, deux; un fut le côté, un le côté, un le point d'appui.Puis la noblesse et le suc de ces sept mâles, ils les concen-trèrent tout en haut : ce fut la tête..... Ce mâle devint Prajâ-pati *. » Tantôt l'esprit, issu du non-être, l'émet à son tour :

1. fa/. 2, 2, », I : Prajâpatir ha va idam agra eka evâsà.— Ib. 7, 5, 2, C :

Prajàpatir Ta idam agra âsïd eka eva. — Ait. 10,1, 5 : Prajâpalir va idameka ev5graàsa.— Td. 16,1,1 : Prajàpatir va idam eka âslt. — Mailr. 1,8, 4 :Prajâpalir va eka &|1I, id. 4, 2,3.

2. Çal. 6, 1,1,1-5 : asad va idam agra âsït. lad àhuh kini lad asad âsïd ityrsayo vâva le 'gre *sad âsit. lad âbuh ke ta rsaya iti prânâ râ rsayas te yatpuràsniat sarvasmâdidamicebantah çramenà tapasarisams tasmâd rsayah....ta iddbàh saplà nânâ purusân asrjanla. té 'bruvan : nâ va ittbam »anlahraksyamah prajaoayilum imânt sapla puru§ân ckam purusam karavàmeli.

14 !,V D0CTP1NF. PU SACRIFICE p^NS **S IBÂnHANAS

if Au commencement, en vérité, cet univers était le néant;le ciel n'existait pas, ni la terre, ni l'atmosphère.Lo non-êtroqui seul était se fit alors esprit, disant t Je veux être! Ils'échauffa; comme il s'échauffait, la fumée en naquit. Ils'échauffa encore, et comme il s'échauffait, le feu en naquit.Il s'échauffaencore, et comme il s'échaullau, la lumière ennaquit. 11 s'échauffa encore,cl comme il s'échauffait, le rayon-nement en naquit. Il s'échauffa encore, et comme il s'échauf-fait, les rayons en naquirent. Il s'échauffa encore, et commeil s'échauffait, les météores en naquirent. Alors lo ciel étaitcomme on confusion. Il fendit la vessie, et co fut l'océan...Puis le daçahotar fut émis à la suite; le daçaholar, c'est Pra-jâpati.....,.,, Du non-être l'esprit fut émis, l'esprit émit Pra*jâpati, Prajâpati émit les êtres '. » Tantôt il est sorti du seindes eaux, éclos dans un oeuf d'or : u Au commencement,envérité, il n'yavait quo les eaux; joui était fluide. Elles curentun désir : Comment pourrions-nous procréer? Elles pei-nèrent, s'échauffèrent(pratiquèrent des austérités), et commeelles s'échauffaient, un oeuf d'or naquit. C'était l'année (leTemps) qui venait de naître. Cet oeuf d'or flotta çà et là autantque dure l'espace d'une année. Ensuite,dans l'année, un'mâlése forma: ce fut Prajâpati'. »Lé Gopatha, qui viso exclusï-

ta étant sapta purufân ekam purusam akurvan. yad ûrdhvamnabbes tau dvausamaubjan yad avàn nibhes tau dvau paksah purufah paksah purusah pra-ti${haika aslt. alba yaitesâm sapiâoâm purusanâm çrih, yo rasa aslt tamûrdhvam samudaubams lad asya çîro 'bhavat..... sa eva purusah Prajâpalirabhavat. '„""

1. Tailt. B. 2, 2,9,1-10 ; idani va agre naiva kimcanâslt. na dyaur aslt. n'a\ti ?b»Tî» nântarikiam. lad osad eva san mano kuruta syûin Ui. lad atapyala.tastuâttapanaddhûmo 'jâyala. lad bhûyo'tapyata.lasiuâttapanadagnirajâyatn.tad bhûyo 'tapyata. tasmât tapanâj jyotir ajâyata. tad bhûyo 'tapyata. tasmfttnpanâd arcir njâyala. tad bhûyo 'tapyata. tasuiàt tapanan marlcayo 'jâyanla.'tad bhûyo 'tapyata. tasniat tapanad udârà ajayanta. lad bhûyo'tapyata. ladabbram iva samahânyala. tad vastim abhinat. sa samudro 'bba\ai..... laddaçahofanv asrjyata. Prajâpalir vai dafahotâ...., asato 'dhi mano '«rjj-ata.manah Prajâpatim ast-jala. Prajâpatih praj&asrjata. J ;:':^'*/

2. Çal lï, 1, 6, 1 ; âpo ba va idâm agre salilam évasa, là akïmayahlakatham nu prajàyemablti là açrâmyams tâs lapo 'tàpyanla lasu tapas tapya-uiânâsu biranmayam ândam sambabhûvâjâlo ha tarbi samratsara âsa lad idambiranmayam ândam yâvat samvatsarasyavêla Uval paryaplavata.talah sam-valsare purusah samabhaval. ta Prajûpalih. " s

|# PIEU SACRIFICE, PRAJAPATI 15

vemcnt à glorifier les Atharvanas,confond à dessein Prajâ-pati avec Atharvanet lui donne pour père Brahma '. D'après10 Sûma-vidhâna, Brahma et le Brahman apparurent avantPrajâpati : « A l'origine, en vérité, il n'y avait que le Brah-man; comme le suc de sa vigueur surabondait, il devintBrahma. Brahma médita en silence avec l'esprit; son espritdevint Prajâpati*, » Lo désaccordapparent de ces textes n'em-pèche pas d'y reconnaîtreune réelle unité; la même concep-tion s'y exprime sous des aspects divers ; Prajâpati est lesacrifice; les deux termes sont identiques, et les Brâhmanasunanimesne se lassent pasde le répéter*. Le sacrifice, commePrajâpati, est antérieur à tous les êtres, puisqu'ils ne sau-raient subsister sans lui; il naît aussi des souilles ou de l'es-prit, car il est spirituel en son essence, et la filiation sereprésente aussi bien comme une simple équivalence :

« Prajâpati est l'esprit » ou « Prajâpati est comme l'esprit * ».11 est encore le fils des Eaux, car les Eaux sont le principede la pureté rituelle ; ou du Brahman, la formule sacrée, carle rite ne se sépare point de la liturgie. Prajâpati est l'uncomme l'autre : « Prajâpati a pour membres les hymnes;Prajâpati est celui qui sacrifie '• »; « Prajâpati, c'est toutes

I. Gop. I, I, 4 ; tad Atbarvibhavat... tam Atbarvânam Brahm&bravit Pra-jâpate prajâh *r$fvà pâlayasveti. tad yad abravit Prajâpate prajâh sr*lvâpâlayasveti tasmât Prajâpalir abhavat Atharvâ vai Prajâpatih.

Î.Swnacidh. 1,1-3 : brahma ha va idam agra âslt. lasya tejoraso lyari-cyata. sa Brahma sauubbavat sa tû*nlm inanasâdhyâyat.tasva yan mana âsïtsa Prajâpalirabhavat.— Cf. Çal. 11,2,'3,1.

3. Voy. p. ex., Çal. 1,1, 4,4 : sa val yajfia eva Prajâpatih. — Mailr. 3,6t 5 ;yajfio vai Prajâpatih. — Ail. 7, 7, 2 : Prajâpalir yajfiah. — Gop. 2, 2, 18 :Prajâpalir vai yajnah.

Une autre divinité représente aussi le sacrifice. (Test Visnu. Çal. 1,1,2,13 :z "Vismir yajnah. De même Mailr. I, 4, 14; Tailt. B. 1, 2, 5,1; Td. 9, 7, 10;

Ait. 3,4, 4. La légendedu nain aux trois pas, incorporée plus tard dans lesavatars classiques de Visnu, est déjà attachée au nom de ce dieu daus lesBrâhmanas (voy. Muir, IV, p. 122); mais l'avatar du sanglier,apparu pour reti-rer la terre de l'Océan, y est attribué à Prajâpati (voy. Muir, IV, 27 sq.}. L'équi-valence fondamentale des deux personnages a permis de transporter sansviolence la même légende de l'un à l'autre.

A. Sâmaeidh. I, 1,4 : mano ht Prajâpatih. — Tailt. S. 2,5, II, 5 : mana ivahi Prajâpatih.

5. '-AU..1,8,2 : Prajâpatcrva etâny angâni yae cbanddmsye$a u eva Praji-palir yo yajate. "

16 |.| DOCTRINE m SACmnCRPANS LES HallIMASAS

les formulessacrées ' », Souvent Prajâpati est confondu avecl'année, c'est-à-dire avec lo Temps, car, l'année est sonimage 1; commeil est l'année, il est le mâle; car, toutcomme l'année, le mâle qui sacrifie donne au sacrifice samesure'.

Prajâpati, selon qu'on considère te sacrifice dans ses ma*niféstations ou dans son essence, est « défini et indéfini àla fois », ou seulement «indéfini * » s il est, sous le mêmepoint de vue, « limité et illimité » à la fois, ou seulement

« illimité *. » De même encore, il est soit « un * », soit com-posé de parties : tantôt il est formé par la combinaison dessept maies créés parles rsisT; tantôt, et c'est le cas le plusfréquent, il est fait do dix-sept éléments *; on entend par BT

tantôl les dix-sept syllabes des formules régulières qui ac-compagnent l'offrande, tantôt les dix-sept organes du mâle,tantôt le total des mois et des saisons qui forment l'année \

1. Çal. 7,3,1,42 ; sarvani u brahma Prajâpatih,2. AU. 7, 7, 2 ; samraUarah Prajâpatih. — Çal, I, 2, 5, 13 : samvalsaro

yajnah Prajâpatih. — /*., Il, I, 6, 13 : sa aiksata Prajâpatih. imam va àtuia-nah praUroâm asfkfi yal «amvatsaram iti tasmâd âhuh Prajâpatih samvat-sara iti. — Kart*. 6, 15 : sa esa Prajâpalir eva samvatsarah, '

m3. Çal. 10,2,1.2 : puruso vai yajfia* tenedam sarvam mitai». — Tailt. S. 5,2, S, l : yajûena vai purusah sammilah (Voy. inf. Sacrifice).— On trouveaussiPrajâpati sporadiquement identifié avec Mftyu, Çal. 10, 4,3,3 ; avec Savitar,th., 12, 3,5,1 City ekc); avec Cindramas, ib., 6,1, 3,16; avec Mahat deva,ib., ib.

4. Çal. 7,2, 4, 30 : niruktaç eâniruklae ca. — Çal. 1,1. I, 13 : anirukto hiPrajâpatih. De même Mailr. 3,9,6; AU. 29,4,18; Td. 7,8,3.

5. Çal. 7,2,4,30 : parimitae câparimitaç ca. — Gop. 2,1, 7 : aparimito vaiPrajâpatih.

6. Mailr. I, 8,4 : eko hi Prajâpatih.7. Çal. 6,1,1, 1-5 (Voy. sup.). — Çal. 10,2,3,18 : saptavidbo vS agre Pra-

jâpalir asrjvata. Cf. t'6.10,2, 2,1.8. Çal. 1,5, 2, 17; sapladaço vai Prajâpatih. De même Ail. 1,1, U; Gop.

2,1, 19; Tailt. S. I, fi. Il, 1 ; Mailr. t, 11,6.9. Les cinq formules sont : O çrâvaya. Astu crausat. Vaja. Ye yajâuiahe.

Vausat. Çal. 1, 5,2,17; Tailt. S. I, 6, H, l; cf. Kau*. 16, \. ~- Les organessont : bras, jambes, téte.âtmin, voix, et les dix souffles. Mailr. I, II, G. —Çal. 10,4,1,17 donne une autre analyse : lonian (poil) + tuae (peau) + a*rg(sang) -f medas (graisse) -t- mâmsa (chair) + snâvan (niuscle) + asthi (os)+ majjâ (moelle) font 16 syllabes, et le souffle (prâna) complète le chiffrede 17. — L'année a 12 mois et 5 saisons : Çal. 8, 4, I, II; AU. 1,1,14. —frajâpali est désigné comme tir. composé de 24 (calùrvimçâ),Gop.i, 1,26.

LE mm SACRIFICE, PHlJ-iPATI 17

Une des appellations les plus fréquentes de Prajâpatiexprime à merveille sa nature « indéfinie » : on le désigne

par le pronom interrogatif ka « qui? ». — « Prajâpati, c'estqui *? » Une légende explique l'origine de ce nom. « Vrlratué, Indra triomphant parla ainsi à Prajâpati : Je veux êtrece que tu es, je veux être grand! Prajâpati lui dit : Et moi,alors, je serai qui ? — Tu seras, répondit-il, ce que lu as dit.Et Prajâpati reçut le nom do Qui? ', » —* « Prajâpati est enor; il s'est façonné finalement une forme en or' >»; autre-ment dit, il est devenu immortel, car, « l'or, c'est l'immorta-lité \ » Mais tout d'abord il était mortel, comme les autresdieux : « De Prajâpati une moitié était mortelle, une moi-tié immortelle; comme il était en partie mortel, il eut peurde la mort... il avait cinq éléments du corps mortels ; poil,

peau, chair, os, moelle; les éléments immortels, c'étaient :esprit, parole, souffle, vue, ouïe 5. » Les dieux par le rite l'af-franchirent de la mort.

1. Ta. 7,8,3 ï Ko hi Prajâpatih. — Ait. 12,10,1 : ko vai nima Prajâpatih.— Tailt. S. 1,7,6, 6: Prajâpalir vai kah. - II. Çal. 4, 5,6,4.

2. Ait. 12,10,1 ; Indro vai Vrtram halvâ sarvâ vijitir vijitrâbravït Prajâpatimaham etad asâni yat tvam abam mahân asânili. sa Prajâpalir abravfd athako 'ham iti, yad evaitad avoca ity abravit. lato vai Ko nâma Prajâpalir abha-vat. — Le récit du Taittirlya Brahmana motive autrement le dialogue. « Pra-jâpati émit ludra commele dernier-né dt* dieux, et l'envoya régner sur lesdieux en souverain. Us dieux dirent : Qui es-tu ? nous valons mieux que toi.Indra rapportaà Prajâpati le propos des dieux. Or Prajâpati avait en ce temps-là la splendeur qui est dans le soleil. Il lui dit : Donne-la moi, et alors jeserai le souverain de ces dieux. — Et si je te la donne, répondit-il, alors jeaérai qui?— Tu seras ce que tu dis, Prajâpati se nomme Ka. • Tailt. B. 2,2,10,1-2: Prajâpalir Indram asrjatânujâvaram devânâm. tam prâbinot. oarebi.etesâm devânâm adhipatir cdblti. tam devâ abruvan. kas tvam a», vayamvai tvacchreyâinfah sma iti. so'bravit. kas tvam asi vayam vai tvacebreyâm-sah sma iti ma devâ avocann iti. atha va idam tarhi Prâjâpatau bara âsit,yad asminnâdiiye. tad enam abravit. etan me prayaceba. athâbam etefâm

._

devânâm adhipatir bhavlsyàmïli. ko *ham syâm ity abravit. état pradâyeti.étal s}à ity abravil, yad elad bravisili. Ko ha vai nâma Prajâpatih.

3. Çal. 10, 1, 4,9 : rûpam eva tal Prajâpalir hiranmayam antata âtmano'kuruta... tasmâd âhur biranmayah Prajâpalir iti.

4. Mailr. 2, 2, 2 : amrtam vai" hiranyam. — De même Çal. 3, 8, 2, 27 :amrtam âyur hiranyam. — Ail. 7. 4,6 : amrlam hiranyam.

5. Çal. 10,1, 3, 2-7 : ardhameva martyam âsld ardbain amrtamtad yad asyamarlyam âsit tena mrtyor abibhel..... tad etâ va asya tah panca martyâslanva âsani loma tvaii luâmsam aslhi uiajjâthailâ aûtrlâ mano vâk prân.içcaksuh croirai».

18 M DOCTKINE PI! SACKUlCr. DANS LES PKÀlUimS

Un seul sentiment entraîne Prajâpati à créer: « le désird'une progéniture, le besoin de se multiplier 1. » L'acte decréation est en général exprimé par le verbesarj « émettre »,employé à la voix moyenne % parfois aussi par le verbenir*ma « construire », également h la voix moyenne'. Le plussouvent Prajâpati émet directement de son corps, membre àmembre, organe à organe, les catégories diverses de créa-tures. « Prajâpati eut le désir de procréer; de son visage ilforma le Irivrt; la divinité Agni fut émise à la suite, lemètre gàyatrt, le sâman rathamtara, le brahmane parmi leshommes, le bouc parmi les animaux ; de sa poitrine, de sesbras il forma lo pafteadaça...... de sa taille lesapladaça......de ses pieds l'ckaviinça* », respectivement suivis d'une série"de créations correspondantes en ordre hiérarchique. « Satète fut le ciel, sa poitrine l'atmosphère, sa taille l'océan,ses pieds la terre ; c'est lui qui émit tout ce qui est dansl'univers s. » — « Son oeil gauche enfla, il en tomba desgouttes; ce sont elles qui font la pluie ; il en tomba vingt etune ; le vent les disperse de là-bas pour le bien-êlre des créa-tures. Sa pupille tomba, cl ce fut le grain d'orge '. » Il émit

1. Çal. 6, 1, 1, 8 : Prajâpalir akâmayata bhùyânt syâni prajâyeyeU. —Taill. B. 2,2,9,5 ; Prajâpalir akâmayata prajâyeyeU.— ld. Tailt. S. 7, t, 1,4.— Td. 6, 5,1 : Prajâpalirakâmayatababu syàni prajâyeyeU. —AU. 10, 1, 5 ;so 'kâniayata prajâyeya bhûyân syâm iti.

2. Voir les exemples cités ci-dessous.3. Çal. 7, 3. 2, 6. — Tailt. S. 7, I, 1, 4 [Td. 6,1, 6 dans le développement

parallèle emploie tarj.) — Tailt. B. 2,1, 7, 4. — Gop. 1,2,16.4. Taill. S. 7, I, 1, 4 : Prajâpalir akâmayata prajâyeyeU sa mukhatas tri- *

vrtam niramimita, tam Agnir devatânv asrjyatagâyatrl ebando ralbamtaraiiisâma brâhmano manusyânâmajah paçunâm....... uraso bâhubhyâm panca-daram niramimita inadhyatah saptadaçam niramimita patta ekavin»-ram — Cf. récit parallèle. Td. 6,1, 6-12 : so 'kûmayata yajftam srjeyetisa mukhalaeva trivrtam asrjata tam gâyatrl chando 'nv asrjyatâgnirdévala. ^brâhutino manufyo vasanla rluh sa urasta eva bâhubhyâm pancadaçam'nsrjata sa madhyala eva prajananât saptadaçam asrjata... sa patla evapràlislhâyâekavimeam asrjata...

5. Sdinacidh. 1,1,5: tasya dyauh cira âsïd uro 'nlariksammadbyani sam-udrah prthivi pâdau sa va idam viçvam bhûtam asrjala. *

,t6. Mailr. 4, 6, 3 : tasya vai Prajâpaleh savyaiiî caksur açv&yat tato ye-slokâ avâpadyanla taïr idam var.faly ekavjmçatir vai te 'vapedus tân vâyuramuto visrjali prajânâm klplyai tasya yâ kanlnikâ parâpatat sa yavo bhaval.— Cf. Toitt. S. 6, 4, IÔ, 5 : Prajâpater ak«y aèvayat Lit parâpatat lad vi-

LE PIEU SACBUrlCE, PfUJÂPATI 19

« de ses souilles supérieurs les dieux, des inférieurs les créa-tures mortelles » », « de sa personne Aditya..* », « dosessouilles les bêtes, de son esprit l'homme, de son oeil le che-val, do su respiration la vache, de son ouïe la brebis, de saparole la chèvre \ » Parfois, de même qu'il est sorti d'unoeuf, il fait éclore la création d'un oeuf; ainsi, après deux

kankalam prâvieat tad vikankale nâramata M yavam prâvieat tad yave'raniati,

L'oeil enflé de Prajâpati est un thème familier aux Brâhmanas; une élymo-logie fantaisiste (ai-rayat, il enfla — açta, le cheval) rattache à cet épisodel'origine .lu cheval. Voy. Çal, 13,3,1, I ; Tailt. S, 5,3,12,1 ; Taill. 0. 1,1,5,4; TVf, 21, 4, 2. L'origine des espèces auimales, végétales, minérales et desphénomènes météorologiques sert fréquemment de thèmeà l'imagination desBrâhmanas. Il ne sera pas inutiled'en donner, en guise de spécimen,un aperçutrès incomplet.

Voir, par exemple, la naissance du porc-épïc, de la vache, des serpentsdundubha, svaja, andbâhi, des vers ganffipada produits par la flèche deKrçànu, Ait. 13, 2, 3 ; des animaux noirs et blancs, buffles, chameaux,ânes, etc., par le sperme de Prajâpati, ib. 13,10, l sqq.; du bouc, du mou-ton, du bélier, du taureau, du cheval, du mulet, de l'âne, du faucon, etc.,par Indra enivré de soma, Çal. 12, 7, 1,2-9 ; des fauves, par les tètes deYiçvarûpa, ib. 5, 5, 4, 2 sqq.; de lane, par les cendres, ib. 4, 5, I, 9; debétes nombreuses, par Prajâpati épuisé, ib. 3, 2, 3, 9; 3,2, 4,1-15; du bé-lier, par le sperme de Prajâpati, ib, 6, 2,2t 6; du cheval, par le sacrifice, AU.Il, 11, 3; par l'oeil enflé de Prajâpati, Çal. 13, 3,1, 1; Taill. B. I, I, 5, 4;Taill. S. 5,3,12,1 ; par les eaux, Çal, S, I, 4, 5; de l'éléphant, par l'embryond'Aditi, Çal. 3, I, 3, 4; des grenouilles, par les gouttes d'eau, ib. 9,1, 2, 21;du sanglier, par un pot de beurre fondu, ib. 5, 4,3, id; de la tortue, par lasève vitale des trois mondes, ib. 7, 5,1, 1 ;

de plantes nombreuses (godbuma,kuvala, upavâkâ,badara, etc.}, par Indraenivré de soma, Çal. 12,7,1,2-9; de nombreux arbres, parPrajâpati enflé, ib.13, 4, 4,6 sqq. ; de l'udunibara, de l'acvatlha,du plakfa, par l'ûrj, le tejas, leyaças, Ait. 35, 6, t sq. ; du darbha, par les eaux écumantes, Çal. 7,2, 3, 2;Tailt. B. 3,2, 5, I ; de la dûrvâ, par les cheveux de Prajâpati, Çal. 7, 4,2, 12;du kâràiuarya, par le tejas de Prajâpati, ib. 7, 4,1, 37; du pundarika, par ladiksâ et le tapas, Taill. B. I, 8,2,1 ; du nyagrodha, par les coupés a soma desdieux, .4 il. 35, 4, 3; du palâça, par une plume de la Gâyatrl, Ça1.1,7,1,1; del'udumbara, par l'ûrj, Ait. 21,5, 4; 35,6,1 ; Tailt. B. 1, 1, 3,10;

de l'argent, par les larmes, Tailt. S. 1,5,12; de l'or, par la semenced'Agni,Çal. 2,1,1,5 ; 3,9,4,1 ; Tailt. B. 1,1,3, 8 ; du sel, par le suc du ciel et de la

:::~ terre, Çal.2,1, 1, 6 ; cf. Tailt. B. 1, 1, 3,2 ;dé la n.ût, pour consolerVaml, Mailr. 1,5,12; des saisons, en relation avec

les organes des sens, Çal. 8, t, I, 8; 2,2; 5; 8; du luth (vinâ), pour séduireVâc, ib. 3, 2, 4, 6.

Plusieurs des passages mentionnés ici sont cités dans la suitede ce travail.i.Çat. 10, 1,3, I.2. Taitt. B. 2, 1, 7,4. Àdityam âtmano nirainiiiiîta. — Cf. ib. 1,7, I, 4 :

devalâ âtmano niramimita.3. Çal. 7, 5, 2, 6 (niramimita?.

âO LA POCTBINE PI" *4CBI«CK PANS LES »R*tlM4X4$

essais manques, il se demande par quel moyen tenter uneautre création. « Alors sa vigueur se développa en dehorsdo lui et devint un oeuf; il le partagea, il le nourrit, des créa-tures en naquirent ', » Ou bien encore, désireux do procréer,« il entra dans les eaux avec la triple science. Un oeuf sedéveloppa. II le caressa en disant : Qu'il soit! qu'il se multi-plie ! et le brahmane en naquit * ». Pour continuer l'oeuvrede création, Prajâpati renouvelle lo même gesto en l'accom-pagnant de formules variées : « Qu'il grossisse, qu'il so mul-tiplie ï — Apporte la gloire ! — Apporte la semonce!»

L'oeuvre do création est aussi représentée comme un ac-couplement. « Par Agni, Prajâpati s'accoupla avec la terre.,,parYâyu, il s'accoupla avec l'atmosphère... parÂditya, ils'accoupla avec le ciel... par l'esprit, il s'accoupla avec laparolo3. » Mais, père des créatures, Prajâpati ne peut s'ac-coupler sans commettre un inceste. Les Brâhmanas se plai-sent à raconter le crime de leur dieu avec leur indifférencecoulumière : « Prajâpati, dit l'un, voulut posséder sa proprefille, — que ce soit Dyaus ou bien Usas (le ciel ou l'aurore).

— Je veux m'accoupler avec elle, se dit-il, et il la posséda.Les dieux tinrent cela pour une faute : C'est lui, se dirent-ils,qui traite ainsi sa fille, notre soeur. Les dieux dirent au dieuqui règne sur les bestiaux : En vérité, il commet une trans-gression, lui qui traite ainsi sa fille, notre soeur; transperce-le. Rudra le visa et le transperça; la moitié de sa semencetomba Quand le courroux des dieux se dissipa, ils gué-rirent Prajâpati et lui arrachèrent le dard '. » Les détails

1. Tailt. B. 1,6, 2, 4 : tasya eusma Andam bhOtani niravartata. tad vyu-daharat. tad aposayat. tat prâjâyata.

2. Çal. 6, 1, 1, 10 : so 'kâmayata. âbhyo Mbhyo *dhi prajâyeyeU so 'nayâIrayyâ vidyayâ sahâpah prâviçat fata ândam samavartata tad abbyauireadastv ity astu bhûyo *slv ity eva tad abravit lato brahmaiva pratbâmaiuasrjyata. — Ib. 6, 1, 2, I... pusyalu bhûyo *stv iti. — 3... yaço bibrblli.'"„'—

4... rcto bibrhlti.3. Çal. G, 1,2,1 : so'gninâ prthivïm mithunam samabhavat. — 3 : sa vâyu-

nântariksam mithunam samabhavat. — 4 : sa âdilyena divani mithunamsamabhavat. — G : sa inanasâ vàcam mithunam samabhavat.

4. Ça1.1,7, 4,1-4 : Prajâpalir ha vai svâm duhilaram abhidadhyau.divanivosasani va milhuny enayâ syâm iti tant sanibabhûva. tad vai devânâm âga

1,6 PIEU SACHiriCE, WAIAPATI 21

varient d'un texte à l'autre; la fille de Prajâpati, parexemple,se transforme en biche pour échapper à la passion coupablede son père; il se change aussitôt en cerf. Le Kausitaki, quise distingue souvent par une tendance morale, n'ose passupprimer l'inceste traditionnel, mais le transporte de Prajâ-pati à ses fils : « Prajâpati; désirant une progéniture, pra-tiqua des austérités brûlantes ; comme il s'échauffait, cinq ennaquirent : Agni, Yâyu, Àdilya, Candramas et Usas la cin-quième. Il leur dit ; Vous aussi, échauffez-vous d'austérités.Ils firent l'initiationau sacrifice, et comme ils avaient fait lacérémonie, qu'ilsétaient échauffés, Usas, la fill' de Prajâpati,prit la forme d'une Apsaras et se présenta devant eux. Leuresprit s'envola du même coup vers elle. Ils répandirent dela semence. Ils allèrent vers Prajâpati leur père et lui dirent :Nous avons répandu de la semence, que ce ne soit pas perdu.Prajâpati fit une coupe d'or et y versa la semence '. »

Prajâpati, le sacrifice, a naturellement comme auxiliaire

âsa. ya iltbam svâui duhitaram asmâkara svasârani karotiti. te ba devâ ûeuh.yo 'yam devah paéûnâm iste 'tisamdhani va ayain carali ya ittham svàniduhitaram asmâkam svasârani karoti vidhyemam iti tam Rudro 'bhyâyatyavivyâdha tasya sâmi retah pracaskanda....... lesâni yadâ devânâm krodbovyaid atha Prajâpatim abbisajyamstasya tam ralyam nirakrnlan. —Cf. 6,1,3, 8 : tâni ca bhûtâni bhûtânâni ca pâlih sauivatsara Usas! reto 'sincan. —AU. 13, 9 : Prajâpalir vai svâm duhitaram abhyadhyâyad, divam ity anyaâhur Usasani ity anye. lâm rçyo bhûtvà rohilani bbûtâm abhyait. lani devâapaçyann. akrtam vai Prajâpatih karotiti te tam aieban ya enam ârisyalyclam anyonyasmin nâvindan. — Ils créent Rudra. — tant devâ abruvannayant vai Prajâpalir akrtam aksr imani vidbyeti. sa tathety abravit..... tamabhyâyatyâvidhyatsa viddha ûrdhva udaprapatat.....tad va idam Prajâpateretah siktamadhâvat tat saro 'bhavat—U en naît toutes sortes d'êtres.V, p. 19(note sur les originesdes êtres). — Mailr. 4,2,12 : Prajâpalirvai svâm duhi-taram abhyakâmayatosasanisa robid abhavat tâm rçyo bbûtvâdbyait tasmâapavratam acbadayat tam àyatayâbbiparyâvartatatasmâd va abibhet tamabhyâyatyâvidhyat.. lato yat prathamani retah parâpatat tad agninâparyainddha. — Td. 8, 2, 10: Prajâpalir Ûsasam adhyait svâm duhitaramtasya retah parâpatat tad asyâm nyasicyata lad açrlnât.

1. Kau*. 6,1 : Prajâpatih prâjâtikâmas tapo 'tapyata tasmât taptât pancâ-jâyantâgnir vâyur âdityaç candramâ nsâh pancami tân abravid yûyam apitapyadhvam iti te 'dikfanta tân diksitâms tepânân usâh Prâjâpatyâpsarorû-pam krlvâ purastât pratyudait tasyâm esâm manah samapatat te reto "sïfk-canta te Prajâpatini pitararo elyâbruvan reto va asicâmabâ idam no mâmuyâbhûd iti sa Prajâpalir hiranraayam camasam akarot tasmin retah sama*-sinent.

22 LA POCThINE PU SACRIFICE PANS LES FUAllMANAS

Vâc, la parole, comme le rite est inséparable de la formule.Parfois il s'accouple avec elle. « Prajâpati était l'univers;Vâc était sa seconde; il s'accoupla avec elle, elle conçut,elle se sépara de lui, elle émit les créatures, puis elle rentraen Prajâpati '. » Parfois, il s'agit d'une simple collaboration :

c Prajâpati désira se multiplier et procréer; il contemplaen silence avec l'esprit; ce qui était en son esprit devint lebfhat (sâman}. 11 considéra: Voici que je porte en moi unembryon, je veux le procréer par Vâc ; il émit Vâc *. »

« Prajâpati à l'origine était l'univers. Il voulut procréer, semultiplier. Il pratiqua des austérités, il retint Vâc (la voix);au bout d'un an, il parla douze fois;... il prononça cetteformule et tous les êtres furent émis ensuite *. « C'est de lavoix, leur séjour, que Prajâpati émit les eaux; car Vâc est àlui; elle fut émise et elle remplit l'univers*. » Au lieu de Vâcindéfinie, des formules précises sont parfois, les agents dela création : « Au bout d'un an Prajâpati voulut parler ; ildit brôh, et la terre fut, il dit bhmah et l'espace fut, il ditsvaft et le ciel fut *. » Les connaissances grammaticales desIlrâhmanas trouvent une heureuse occasion de se manifesterà propos du verbe créateur. Les trois mondes correspondentpar leur origine avec les trois catégories de sons : voyelles,consonnes, spirante : « Prajâpati était à lui seul tout l'uni-vers ; Vâc était à lui, Vâc était sa seconde. Il considéra :

1. Kâth. 12, 5; 27, 1 (Ind. Slud., IX, 417) : Prajâpatir ta idam âsit tasya vâgdviliyâsit tâm mithunani samabhavat sa garbharn adhatta aâsmâd npâkrâmalsemâh prajâ asrjata sa Prajâpatini eva punsh prâviçat.

2. Td. 7, 6, 1-3 : Prajâpatir akâmayata bahu syâm prajâyeyeU sa tûsnîniroanasâdbyâyat tasya yan manasy âsit tad brhat samabhavat. sa âdldhitagarbho vai me '.vain anlar hitas tam vâeâ prajanayâ iti. sa vâcarii vyasrjala.

3. Ait. 10, 1, 5 : Prajâpatir va idam eka evâgra âsa. so 'kâmayata prajâyeyabhtiyân syâm iti. sa tapo 'tapyata sa vâcam ayachat sa samvatsarasya parastâdvyâharad dvâdacakrlvah... elâm vâv.i tâm nivîdam vyâharat tâm sarvânibhiitâny anv asrjyanta. — Cf. Çal. Il, 1,6, 3 : Sa aamvatsare vyâjihïrsat.

4. Çal. 6,1,1,9 Î so "po 'sfjata vâca eva lokâd. vâg evâsya sâsrjyata sedamsarvam âpnot.

5. Çal. U, I, C, 3 : sa samvatsare vyâjihîriat. sa bhûr iti vyâharat seyantprthîvy abhavad bhuva iti tnd idam nntarik;am abhavat svar iti sâsau dyaurabhavat.

LE DIEU SACIUFICE, PHaJAPATI 2-{

Celte Vâc, je veux l'émettre;, elle ira se transformant àl'infini en toute chose. II émit Vâc, elle alla se transfor-mant en toute chose ; elle qui était tout en haut, elle se déve-loppa comme se développe la goutte d'eau. Prajâpafi encoupa le liers : a, ce fut la terre... Il en coupa le tiers : ka etce fut l'atmosphère;... il lança en haut le tiers : ho cl ce futle ciel... Il sépara en trois Vâc qui était une seule syllabe 1. »

Prajâpati, en mal de création, recourt encore au tapas-,Téclat brûlant qui rayonne d'un corps mortifié par l'ascé-tisme, comme le pralâpa se dégage de la personne royalequ'il irradie *; souvent il combine avec le « lapas », le crama,l'effort laborieux à pratiquer toutes les observances pres-crites. Expert aux rites, il sait les employer chacun à leuroeuvre propre; à l'aide du vaiçvadcva il émet les créatures ;à l'aide du daçaholar il se multiplie; à laide de Falirâlra ilprocrée le jour et la nuit *. Pris dans leur ensemble, les riteset les formules sont la matrice d'où il a émis les créatures v.

Même la contemplation interne du sacrifice, quand Prajâpatise replie sur lui-même, est assez forte pour créer *.

Le sacrifice qui a atteint son objet est épuisé: Prajâpati,son oeuvre faite, tombe en pièces; le secours des dieux*,sacrificateurs célestes, est indispensable pour le recomposer.« Quand Prajâpati eut émis les créatures, ses membres se

I. Td. 20, 14, 2 : Prajâpatir va idam eka âsit tasya vâg eva svam âsïd vâgdvitïyâ sa aik§atemâm eva vâcam visrjâ iyain va idam sarvam vihhavantyefyatiti sa vâcam vyasrjala sedam sarvam vibhavanty ait aordhvodâlanodyrtthâpâm dhârâ samtalairam tasyâ eti trtîyam achinat tad bhiïmir abhavat...keti trtîyam achinat tad anfariksamabhavat... ho iti ttliyam tirdhvam udâsyaltad dyaur abhaval. — 5 : Prajâpalir va idam efcâksarâm vâcam satîni tredhâvyakarot. — La pJaee à part assignée au ha concorde avec Iagencement desÇiva-sûlras qui classent ha tour â tour dans la série d<?s consonnes et dansune série spéciale.

1 Cf. aup... Taill. B. 2, 2, <i, 1 :... Çat. U, I. 6, 1 ;... Kam. G, I :... Ait. 10,1.3. ' '

3. Taill. B. I, C, 2, 1 : vaiçvadevehâ vai Prajâpatih prajâ asrjata. — M. Çal.2, 5, 2, I. — Maitr. I, % 3 : sa daeahotârarn yajnaûi âttr.ânam vya»ihntta. —Td. i, ït 4: sa etam atirâlram apacyal tam âfiarit tenîhorâtrë prâjanayat.

4. Maitr. 4, t, 4 : brahman» vai yoneh Prajâpatih prajâ asrjata.3. Td. 7, G, I : sa lûsnîni manasâdhyâyat tasya yan nianâsy âsit tad brhat

samabhavat. — Mailr. t, 2, 1 t sa manasâtuîânnm adhyàyat so 'ntafvân•hhavvit.

21 LA 00CTH1NE PU SACRIFICE PANS LES BRÂHMANAS

détachèrent '. » — « Quand il eut émis les créatures et par-couru toute la carrière, il se détacha en morceaux... Quandil fut tombé en pièces, le souflle sortit du milieu, et, le soufflesorti, les dieux le quittèrent. H dit à Agni : Recompose-moi J. » — « Quand il cul émis les créatures, Prajâpati tomba

en pièces. N'étant plus rien qu'un coeur, il gisait. Il poussaun cri : Ah! ma vie! Les eaux l'entendirent; avec ï'agni-hotra elles vinrent à son secours; elles lui rapportèrent letronc *. » Agni, Vâyu, Âditya, Candramas lui rapportentensuite les quatre membres, et les paçus lui rapportent lepoil, la peau, les os, la moelle. « Prajâpati, quand il eutémis les êtres, gisait épuisé. Les dieux rassemblèrent le sucet la vigueur des êtres et s'en servirent pour le guérir *. »Prajâpati, du reste, ne s'y trompe pas; après chaque actede création, il se sent « vidé. » — « Quand il eut émis tousles êtres, Prajâpati pensa qu'il était vidé; il eut peur de lamort 8. »

Le sacrifice est une opération difficile, et qui, pour réussir,n'admet pas l'omission d'un seul élément. Plus d'une foisl'oeuvre de création entreprise par Prajâpati échoue faute ducomplément nécessaire. « Quand Prajâpati émît les créa-turcs, il les émit inanimées; il les flaira avec le cri rituel hin

1. Ça1.1,6,3,35: Prajâpalerha vai prajâh sasrjânasyaparvânivisasramsuh.2. Çal. 6, t, 2, 12 : sa prajâh srslvâ sarvam âji'm itvâ vyasraiiisala... tasmâd

visrastât prâno madhyata udakrâmat tasminn enam utkrânfe devâ ajahuh.so 'gniiu abravit. tvam ma samdfachîti. — Cf. ib. 7,1, 2,1; 7, 4, 2, 11-13; 7,5, 1,16-20; 8, 2, 3, 9; 9,1,1,6.

3. Tailt. B. 2, 3, 6, 1 : Prajâpatih prajâh srstvâ vyasramsala. sa hrdayambhûto 'çayat. âtman hâ3 iiy ahvayat. âpah prâlyaçrnvan. ta agnihotrenaivayajnakratunopaparyâvartanla. tâh kunsindham upauhan. — Cf. le sâmannommé Prajâpaler hrdayam, Td. 5,4,4; Tailt. S. 7, 5,8,1; Çal. 9,1, 2, 40.

4. Taill. B. 1,2, 6,1 : Prajâtih prajâh srslvâ vrtto'çayat. tam devâ bhûtâ-nânt rasam tejo sambhiiyatenainam abhi?ajyan. —

Ct'. Gop. 2,4,12 : fat srsjvâvyojjvarayat. te hocur devâ mlâno'yampitâ mayobhûh punir imam sàmïryol-thâpayàmeti.

5. Çal. 10, 4,2,2 : sa sarvâni bhûtâni srstvî riricâna iva mené sa inrtyorbibhayâm cakâra.— De même, Tailt.S. I, 7, 3, 2 ; Prajâpatir dcvebhyo yâjfiânvyâdiçatsa riricâno "manyata.— Tailt. B. 1,1,10,1 : Prajâpatihprajâ nsrjala.sa riricâno "manyata. *—

Mailr. 1, 6,12 : sa prajâh sr.?tvâ riricâno 'manyata. —Tff. 9, 6, 7 : sa dugdho riricâno 'manyata.

LE PIEU SACRIFICE, PRAJÂPATI 25

et les créatures respirèrent '. » — « Les créatures émisesmouraient de faim ; il leur donna la nourriture par le sâmansaubhara qui a pour prélude firj v la subsistance », et alorselles brillèrent *. » — « Prajâpati émit les créatures; ellesétaient sans distinction, sans conscience ct se mangeaiententre elles; Prajâpati s'en désola; il vit le rite (des ckona-pancâçad-ràtrïs) et alors il organisa le monde : les vachesfurent vaches; les chevaux, chevaux; les hommes, hommes ;les bêtes, bêtes V » Le sacrifice est une oeuvre si redoutable,

que les créatures inquiètes s'en éloignent fréquemment.

« Prajâpati émit les créatures. Émises, elles s'en allèrent ense détournant de lui. Il va nous manger, se disaient-ellescITrayécs. Il leur dit : Revenez vers moi; je vous mangeraide telle sorte que, une fois mangées, vous vous multiplierezen progéniture '. » — « Les créatures émises se détour-nèrent de Prajâpati; il éleva une clarté pour elles ; voyant laclarté, les créatures revinrent vers lui \ » Sa souveraineté,

1. Gop. 2, 3, 9 : Prajâpatir vai yat prajâ asrjata ta vai tinta asrjata. (âbihkârenaivâbhyajighrat. tâh prajâ açvasan.

2. Td. 8, 8,14 : prajâh srsjâ âçanâyams tâbhyah saubharenorg ity annamprâyacchat tato vai tâh samaindbanta. — Même motif Td. 6, 7, 19 : Prajâpatihpaçûn asrjata te'smât srs(âaçanâyanto'pâkrâmamstebbyah prasLirain annamprâyacchat ta enani upâvarlanta.*Cf. Kdth. 31,10. — Çal. 2, 5,1,3 : so 'rcarn-chrâmyan PrajâpatirIksâm cakre. kathamnu me prajâh srslâh parâbhavantitisa hailad eva dadarçânaçanatayâ vai me prajâh parâbhavantiti sa âtmanaevâgre stanayoh paya âpyâyayâm cakre.

3. Td. 21, 11, 2 : Prajâpatih prajâ asrjata ta avidhrtâ asanjânânâ anyo-nyam âdains tena Prajâpalir âcocat sa etâ apaçyal tato va idam vyavartatagâvogâvo 'bhavann açvâ açvâh purusah purusâ mrga mrgâh.

4. Td. 21, 2, 1 : Prajâpatih prajâ asrjata là astnât srslâh parâcya âyannalsyali na iti bibhyatyah so*bravid upa mâvartadhvamtalhâ vai vo 'tsyâmiyathâdyamânâ bhûyasyah prajani?yatha iti. — Cf. Taill. S. 2, 4, 4, I : Pra-jâpatih prajâ asrjata ta asm.it sr.jf.ih parâclrâyan.(â yatrâvasan lato garmudud atis|hat. ta brhaspatiç cânvâvâit'âm...., tatô vai Prajâpatim prajâ upâvar-lanta. — Gop. 2, 5,9 : Prajâpatir vai yat prajâ asrjata ta vai tâs ta asrjata. tâh

.srsjâh parâcya evâsan nopâvarlanta.

\ 5. 7aî/f. B. 1,1,5,4 : Prajâpatih prajâ asrjata. ta asmât srslâh paracir âyan.•

(tâbhyo jyotir udagrhnât. tam jyolih paçyantih prajâ abhisaiuâvartantâ.—{iqf4 .l/«ri/r\ 1, 6, 6'": Prajâpatih prajâ asrjata ta andhe lamastmâml lokân

anuvyanaçyant. so "çoeat so 'tapyata tato 'gnïr asrjyata. tam agnim srsfamadho nyadadhât tam yâ asmiml loka âsams ta abhisamâvartanta... yâ titla-rasmimt loka âsams ta abhisamâvartanta. — AU. 13,12, 2 : Prajâpatih prajâasrjata. tâh srslâh parâcya evâyan na vyâvartanla. ta agninâ paryagaéhat tangnim dpâvartanta.

26 LA OOCTIUNE PU SACRIFICE PANS LES BRÂHMANAS

contestée, ne s'impose que par la manifestation de sa puis-sance. « Prajâpati émit les créatures; elles se refusaient àreconnaître sa suprématie; il exprima te suc de l'espace etdes créatures ct en fit une guirlande qu'il s'attacha; alors lescréatures s'accordèrent à reconnaîtresa suprématie*. »

Pour se maintenir et pour atteindre à ses fins, Prajâpatile Sacrifice a bien des luttes à soutenir. Il lui faut d'aborddiscipliner Agni, son auxiliaire redoutable. « Il fit naîtreAgni de sa bouche et alors Agni se tourna vers lui labouche grande ouverte. Prajâpati eut si peur que sa propregrandeur Sortit de lui 11 chercha en lui-même une of-frande..... rofframlÀ,plyl à Agni ct Agni s'écarta*. » Illui faut dé armer ceux tics dieux qu'une rancune personnellerend hostiles à son oeuvre. « Les Maruts tuèrent les créaturesde Prajâpati, disant : Elles ne nous implorent pas (dans leurssacrifices). Prajâpati vit alors cette offrande aux Maruts; ill'offrit»., pour sauver les créaturesde leurs coups*. » D'autresdieux sont do nature malveillants au sacrifice; ainsi Varunasaisit les créatures de Prajâpati et les afflige de maladiescruelles; Prajâpati, pour les racheter, invente un rite nou-veau *. Mais l'adversaire le plus acharné do Prajâpati, c'estMrlyu Pâpman ; la Morf, qui est le Mal, ne se laisse pasvaincre volontiers par le Sacrifice. «Prajâpati portait tousles êtres en son sein ; comme ils étaient en son sein, la Mortqui est le Mal les saisissait. Il dit aux dieux : Avec vous jeveux arracher tous ces êtres à la Mort qui est te Mal Kl

1. Td. 16, 4, 1-3 : Prajâpatih prajâ asrjala là asmai çraislhyâya nâtisthantasa âsâm diçâm prajânâm ca*rasant prabrhya srajant kttvâ pratyamuticatalato 'srnai prajâh çraîslhyâyâlislhanla.

2. Çal. it, à, 4,1-6 : sô'gnim eva mukhâj janayâm cakre athainam agnïrvyâllenopaparyâvarlata.tasya bhïtasya svo mahimâpacakrâma.... sa âlmanncvâhutim îsc... sa hatnam abbirâdhayâm cakâra... tata cvâgnih parânparyâvavarta. — Cf. Taill. If. I, I, 3, Il : Prajâpatir agnîm asrjata. sVbibhetpra ma dhaksyaliti. tam çamyâçamayat. — et ib. I, l, 5, 7.

3. Tailt. B. 1,6,2, 2-3 : tâh prajâ jâlâ Maruto'gttnan.asmân api na prâyu-ksnfeti. sa étant Prajâpatir mârutam saptakapâlam apaçyal. tam niravapat...prajânâm aghâtâva. — Cf. Çal. 2, 5*, 1,12-13.

I. Çal. 2, 5, 2,*l-3: Kau*. 5, 3; Tailt. B. I, 6, 4; Taill. S. t, 8, 3; Mailr. t,Irt, 10: Gof), 2,1, 21. Voy. les textes ci-dessous (chap. de Varuna).

LE PIEU SACRIFICE, PRAJÂPATI 2T

il arracha tous les êtres à la Mort qui est le Mal '. » « Pra-jâpati était né pour vivre mille ans. Comme on regarderaitl'autre rive d'un fleuve, il regardait ainsi l'autre bord de savie. Il alla adorant, peinant, désirant une progéniture * ».« Il pratiqua des austérités brûlantes pendant un millierd'années par désir de rejeter la Mort... La millième année,il se purifia tout entier 3. » « Il se délivra de la Mort qui estle Mal *. »

Prajâpati le Sacrifice est le père des dieux el des Asuras ;les uns ct les autres sont Prâjâpalyas. « Prajâpati a émisles dieux et lc3 Asuras 5. » C'est lui qui a réparti*entre euxles sacrifices ct les hymnes *, comme il a/du reste, assignéà tous les êtres leurs moyens d'existence. «Les êtres vin-rent respectueusement trouver Prajâpati ; les êtres, ce sontles créatures : Dispose, lui dirent-ils, comment nous pourronsvivre. Les dieux portant le cordon du sacrifice, fléchissantle genou droit, s'approchèrent. Il leur dit : Le sacrifice estvotre nourriture; à vous l'immortalité,à vous la force vitale;le soleil sera votre clarté. Puis les Pitaras s'approchèrent,avec le cordon du sacrifice sur l'épaule droite, en fléchissantle genou gauche. Il leur dit : Chaque mois vous aurez de lanourriture ; à vous l'offrande funéraire,à vous d'être prompts

1. Çal. 8, 4, 2, 1-2 : sarvâni bhûtâni garbhy abhavat lâny asya garbha etasanli pâpmâ nirivur agrhi.iât. sa devân abravit, yusmâbhii/sahcmâni sarvânibhûtâni pâpmano mrtyo sprnavânfti..... sarcâni bhûtâni pâpmano mrtyorasprnot.

2. Çql. Il, 1, 6, 6 : sa sahasrâyur jajne. sa yathâ nadyai pâraiii fiarëpaçyedevam svaayâyusah parant parâcakhyau. so 'rcan chrâmyame cacâra prajâ-kâmah.

3. ç'at. 10, 4, 4, 1-3 : sa tapo 'tapyata sabasram samvalsarân pâpmânamvijihâsan.... sa sahasralame samvatsare sarv-o 'tvapavata. — Cf. ib. 8, t. 3.'I; 8, 4, 4, 2; 8, 5,1,6.

4. Çal. 8, 5, 2, 1 : Prajâpatih pâpmano mrtyor muklvâ... — Cf. Gop. 2, 3.12 : Prajâpatir.t ha vai yajnant* tanvànam bahijpavamânaeva Mrtyum Mrtyu-pâçena pralyupâkrâmata.

5. Tailt. S. 3, 3, 7,1 : Prajâpalir devâsuvân asrjata. — Tailt. B. I, 4, I. I :ubhaye va ete Prajâpaler adhy asrjyanta devâe eâsurâe ca. — Td. 18, I, 1 :devâç ca va asurâç. ca Prajâpaler dv.iyâh putrâ asan.

6. Ait. 12, 2, t r Prajâpatir vai yajnam chandâmsi. devebhyo bhâgadheyânivyabhajal. — Çal. 13, 2, I, I Ï Prajâpatir devebtivo vajfiân vvâdiçat. — id.Tailt. S. I» tf 3. 2.

28 LA POCTRINE PU SACRIFICE PANS LES BIIÂII3IANAS

comme la pensée; la lune sera votre clarté.Puis les hommes,vêtus ct prosternés, s'approchèrent. 11 leur dit : Soir ctmalin vous mangerez; à vous la progéniture, à vous lamort ; le feu sera voire clarté. Puis les bêtes s'approchèrent;il leur accorda de manger à leur fantaisie en disant : Auhasard de la rencontre, soit en temps, soit hors de temps,mangez... Puis les Asuras s'approchèrent, dit-on. Il leurdonna les ténèbres et la tromperie'. »

Père des dieux, il est aussi, sous un autre point de vue,leur fils. « Il est père et fils : en tant qu'il a émis Agni, ilest le père d'Agni ; en tant qu'Agni l'a recomposé, Agni estson père; en tant qu'il a émis les dieux, il est le père desdieux; en tant que les dieux l'ont recomposé, les dieux sontses pères. Ils sont à la fois le pore et le fils, Prajâpati etAgni, Agni et Prajâpati, Prajâpati et les dieux, les dieux etPrajâpati '. »

Prajâpati, qui est le sacrifice même, est naturellementl'origine du sacrifice. « Il a émis le sacrifice 3 ». Il est aussile sacrifiant, ct le plus scrupuleux des sacrifiants. « Prajâ-pati pratiquait des austérités brûlantes ;... il s'essuya lefront, ct ce fut du beurre fondu. Il le tendit vers le feu ctfut pris d'un scrupule : Dois-je l'offrir? ne dois-je pas l'offrir?

1. Çal. 2, 4, 2,1-5 : Prajâpatim vai bbûtâny upâstdan. prajâ vai bhûtâni.vi no dhehi yathâ jivâmeti tato devâ yajnopavîtino bhûtvâ daksinam jânvâcyopâsïdams tân abravid yajfio vo 'nnani amrtatvam va ûrg vah sûfyo vojyôlir iti. athainam pitarah prïcinâvîtinah savyam jânv âcyopâsïdams tânabravîn mâsi mâsi vo Vanam svadhâ vo manojavo vac candramâ vojyotiriti. athaincqi manusyâh prâvrtâ upasfham krtvopâsidams tân abravit Jâyamprâtar vo 'çanam prajâ vo nirtyur vo 'gnirvo jyotir iti. athainam paçavaupâaldan. tebhyah svaisam eva cakâra yadaiva yilyam kadâ ca labhâdhvaiyadi kâle yady anâkâte 'thaivâçnâthcti.... atha hainam çaçvad apy asttrâ upa-aedur ity âhuh. tcbhyas tamaç ca mâyâm ca pradadâu.*

2. Çal. 6,1,2,26-27 : sa esa pifâ putrah. yad eso 'gnim asrjata tenaiso 'gnehpitâ yad etam agnih samadâdhât tenaitâsyâgnih pitâ yadefa devân asrjatatenaiâa devânâm pitâ yad etam devâh samadadhus tenaîlasya devâh pitarah.ubhayam haitad bhavati. pitâ ca putraç ca Prajâpatiç câgniç câgniç ca Pra-jâpatiç ca Prajâpatiç ta devâç ca devâç ca Prajâpatiç ca. -

3. AU. 31, I, 1 : Prajâpatir yajfiam asrjata. — id. Tailt. B. I, 7, 1, 4. —>Kauf. 6, 15 : Prajâpatir ha yajfiam sasrjc"

— Tailt. S. 3,3, 7, 1 t Prajâpatirdevâsurân asrjata tadanu yojfio "s'rjyatâ..— Mailr. 1, 6f 9 : Prajâpatir yajfiânnsrj.tfa... tân "u!î»mîmif.i.

LE PIEL SACRIFICE, PRA1ÂPATI 29

se dit-il..... Vâc lui dit : OfTrc-lc. Il dit : Qui es-tu? —LaVoix, qui est à toi, dit-elle. Il fit l'offrande avec le mot :Svâhâ! (Celle qui est à moi l'a dit) '. »

Puisqu'il est le sacrifice, Prajâpati est la première des vic-times, comme il est le premier des sacrifiants. Il faut qu'ils'immole pour permettre aux dieux d'accomplir les ritessauveurs. « Prajâpati se donne lui-même aux dieux enguise de sacrifice *. »— « Prajâpali se donne lui-môme auxdieux. Le sacrifice était bien à eux, car le sacrifice est lanourriture des dieux. Quand il se fut donné lui-même auxdieux, il émit une image de lui-même, qui est le sacrifice;par le sacrifice il se racheta lui-même des dieux *. »

Il a aussi te premier recueilli le fruit du sacrifice, car il estmonté le premier au ciel. « Quand il eut émis les créa-turcs, il s'éleva en haut, il s'en alla dans ce monde où celui-là(le soleil) brille ; car il n'y avait pas encore là d'autre que luiqui fût digne du sacrifice *. »

Maître des créatures, maître des mondes, Prajâpati ras-semble en lui le nom el la forme. « Prajâpali émit les créa-tures; émises, elles étaient en confusion. H les pénétra avecla forme. C'est pourquoi on dit : Prajâpali, c'est la forme. Il

1. Tailt. B. 2,1,2,1-3 : sa tapo 'tapyata sa rarâlâd ndamrsja. tad ghrtamabhavat... tad agnau prâgrhnât. tad vyacikitsat. juhavânt3 ma hausâlmiti... tant vâg abhyavadaj juhudhiti. so "bravît. kas tvam asili. svaiva te vâgity abravit. ao'juhol svâheti. —Mailr. 1, S, 1 : sa lad eva nâvictlat Prajâ-patir yad ahosyat tam svâ vâg abhyavadaj juhudhiti sa ila cvonmrjyâjuhotsvâhâ iti svâ hy enam vâg abhyavadat. — Çal. 2, 2,4, 6 : aa vyacikitsàj juha-vâni3 ma hatisâ3m iti tant svo mahimâbhyiivâda juhudhiti sa Prajâpatirvîdâm cakâta svo vai ma mahitnâheti sa svâhely evâjuhot. — Pour d'autresscrupules du même genre, cf. Gop. 1, 2, 18: 1, 2, 24.

2. Td. 7, 2, 1 : Prajâpalirdevcbhya âtminam yajfiam krtvâ prâyacchat.3. Çal. 11, 1, 8, 2-1 : tebhyah Prajâpatir âtmânant pradadau yajno baifâm

àsa yajfio hi devânâm annam. sa devebhya âtmânnm prddâya. athaitamâtmanah pratimâm asrjata yad yajfiam.... sa etena yajnena devebhya âlmâ-nam nirakrînîla.

4. Çal. 10,2, 2,1 : sa prajâh sr$tvordhvatidakrâmatsa etam lokam agachadyatraifa clal lapati no ha tarhy anya cta?mâd atra yajniyaâsa. — L'Aitareya17, I, I, nomme une fille de Prajâpati, Sùryâ sàvilri, qui est marine àSoma; le Taitt. B. 2, 3, 10, I l'appelle Silâ Sâvilri el raconte l'histoire deaes amours avec Soma. La Taill. S. 2,3, 5, 1 et la Mailr. 2, 2, 7 développentcette légende.

30 LA DOCTRINE DU SACII1FICE PANS LES BIIÂIIMANAS

les pénétra par le nom. C'est pourquoi on dit ; Prajâpati,c'est le nom '. » Le Çatapafha enseigne la même formule, maisil y substitue à Prajâpati son équivalent exact, le Brahman,rite ct liturgie à la fois. « Au commencementétait le Brah-man. Il émit tes dieux..... Et il s'en alla là-bas, là-bas.Étant allé là-bas, là-bas, il considéra : Comment pourrais-jcpénétrer ces mondes-là? Alors il les pénétra par ces deux, laforme et le nom. Tout ce qui a un nom, c'est lui qui est cenom ; ct même ce qui n'a pas de nom, ce qu'on connaît parla forme comme une forme, il est cette forme; il est toutjuste autant que la forme cl le nom... De ces deux il y en aune qui l'emporte sur l'autre, c'est la forme ; car cela mêmequi est un nom est précisémentune forme..... L'esprit, c'estla forme, car par l'esprit on connaît : Ceci est une forme;...la Voix, c'est le nom ; car par la voix on saisit le nom *. »

La même thèse est présentée dans un autre épisode sousune forme dramatique. « L'esprit et la voix se disputaientle premier rang. Kt l'esprit ct la voix prétendaient chacunl'emporter. Or l'esprit dit : Je vaux mieux: que loi, car lu nedis rien sans que je l'aie saisi ; tu ne fais que m'imiter ct mesuivre ; certainement je vaux mieux que toi. Et alors la voixdit : Je vaux mieux que toi, car ce que tu sais, c'est moi quil'exprime, qui te communique. Ils portèrent le débat devantPrajâpati. Prajâpati décida en faveur de l'esprit : L'esprit,dit-il, vaut mieux que toi, car tu ne fais que l'imiter et lesuivre3. » 11 semble qu'on saisit en germe, dans celte courte

t. Taill. B. 2, 2, 7, 1 : Prajâpatih prajâ asrjata. tâh srs{âh samaskriyanta.ta rûpena prâvient, tasmâd âhuh. rûpam vai Prajâpalir iti. ta nâmnâ prâ-viçat. tasmâd âhuh. nâma vai Prajâpatir Hi.

2. Çal. 11,2. 3,1-6 : brahma va idam agra âsit. tad devân asrjata....atha brabmaiva parârdham ogaehat. tat parârdham gatvaik.«ata katham nvimâm lokân pralyaveyâiu ili lad dvâbhyâm eva pratyavaïd rûpena caivanâtmc': ca sa yasya kàsya ci nâmâsti tan nâma yasyo api nâma nâsti yadveda rûperiedam rûpam iti tad rûpam etâvad va idam yâvad rûpam caivanâma ca.... tayor anyataraj jyâyo rûpam eva yad dhy api nâma rûpam evalai.... mano vai rûpam manasâ hi vededam rûpam ili.... vâg va! nâma vâcâhi nâma grhnâti.

3. Çal. î, 4, 5,8-11 : mauasaç caiva vâcae ca. ahambhadra uditam manaeca ha vai v.ik câhambhadra ndâte. (ad dha mana uvâca. aham eva ivachreyo

LE PIEU SACIUFICE, PRAJÂPATI 'il

scène, la dispute entre les organes si familière aux Upani-sads 'cl réduite en Occident par le génie romain à l'apologuefameux des Membres et de l'Estomac.

Si Prajâpati assigne le premier rang à l'esprit — n'ou-blions pas que Prajâpati lui-même est l'esprit — la voix,Vâc, n'eu occupe pas moins une haute situation. Elle est la

« propre voix » de Prajâpati ; elle intervient quand Prajâpatihésite, pris de scrupules rituels 3 ; elle l'éclairé quand il estaffaibli. « Prajâpati émit les créatures; il s'évanouit; Vâclui éleva une lumière. Il dit : Qui est-ce donc qui m'a élevéune lumière. C'est la Voix qui est à toi, dil-cllc *. » Sa puis-sance la fait désirer des dieux et des Asuras; pour s'enassurer la possession, les dieux ne reculent pas devant lesmoyens de séduction les plus vulgaires. « Los dieux et lesAsuras, également issus de Prajâpati, eurent l'héritage dePrajâpali leur père les dieux curent le sacrifice, Yajfia,les Asuras curent la voix, Vâc Les dieux dirent à Yajfia :Vâc est femme ; intcrpcllc-la et elle t'invitera certainement.Ou bien spontanément il considéra : Vâc est femme ; je vaisl'interpeller ct elle m'invitera. Il l'interpella. Mais elle deloin ne lui montra d'abord qu'indifférence. Et c'est pourquoiune femme interpellée ps»* »?n homme ne lui montre d'abordqu'indifférence. 11 dit : De loin clic ne m'a témoigné qu'in-dilfércnce. Ils lui dirent : Interpelle-la, maître, cl elle tinvi-

'smi na vai maya tvam kim canânabhigatarrt vadasi sa yan marna tvamkrtânukarânuvartmâsy aharn eva Ivachreyo "stnili. atha ha vâg uvâca. ahameva tvachreyasy asmi yad vai Ivani velthâhatn tad vijfiapayâmy ahamsamjnapayâmiti. te Prajâpaltni pralipraçnam eyatuh. sa Prajâpatir nianasaevâuûvâca mana eva Ivachreyo manaso vai tva'm ki-tânukarûnuvarlmâs!.

—Tailt. S. 2, 5, II, 4 : vak ca tnanaç cârtiyetâm aham devebhyo havyanivahâmiti vâg abravjd aham devcbhya iti manas tau Prajâpatim praenamailâm. so 'bravît Prajâpalir dâtir eva tvam manaso 'si yad «Ihi manasâdhyâyali tad vâcâ vadatiti. — Mailr. 4, 6. i : vâk ca tn-tnaç câvadetâmaham çreyân asmy aham çreyân asmiti tau Prajâpatim praçnam ailâm savâg abravîn naiva maya kim.canânabhyudilam kriyatâ ity ailta mano 'bra-vîn naiva maya kim canânahhigalani kriyatâ iti sa man.tse "nvabra?"!.

1. Par ex. Brhaddranyaka-Up. 6, 2. 7-14.2. Voy. sup.'{r<ri7/. B. 2f t, 2t t-3: Mailr. I, 8, I ; Çal. 2, %.. 4, 6>3. Td. 16, 2, I : Prajâpatih prajâ asrjata so "tamyat tasmai vâg jyotir

udagihnâl so 'hravil ko me 'ynm jyotir udagrahid iti svaiva te vâg ity abravit.

32 LA POCTniNE OU SACRIITCE PANS LES BRÂIINANAS

tera certainement. Il l'interpella. Elle ne lui parla que d'ungeste de tète. Et c'est pourquoi une femme interpellée parun homme ne lui parle que d'un geste de tête. II dit : Ellene m'a parlé que d'un geste de tête. Ils dirent : Interpelle-la,maître, et elle t'invitera certainement. II l'interpella, et ellel'invita à venir près d'elle. Et c'est pourquoi une femmeinvite en fin de compte un homme à venir près d'elle. 11 dit :Elle m'a invité à venir près d'elle. Les dieux considérèrent :Vâc est femme. Qu'elle n'aille pas l'entraîner de son côté!Parle-lui en ces ternies : Je reste ici, viens vers moi — puis,quand elle sera venue, annonce-le nous. Donc comme ilrestait en place, elle vin: vers lui. Et c'est pourquoi, quandun homme reste en bonne place, la femme vient vers lui. Illeur annonça son arrivée : Elle est arrivée, dit-il. Ainsi lesdieux la détachèrent des Asuras •„ »

Acquise aux dieux, Vâc leur procure de nouvelles con-quêtes. Le Gandharva Viçvàvasu avait dérobé le Soma queconvoitaient les dieux. « Les dieux dirent : Les Gandharvasont la passion des femmes ; envoyons-leur Vâc ; elle nousreviendra avec Soma. Ils leur envoyèrent Vâc, elle leurrevint avec Soma. Les Gandharvas allèrent à sa suite ctdirent : A vous Soma, à nous Vâc ! Les dieux dirent : Bon !

mais si elle vient à nous, ne l'entraînez pas de force! Invi-tons-Iadc part et d'autre. Ils l'invitèrent de part ct d'autre.

1. Çal. 3, 2, I, 18-23 i devâç ca va asurâç cobhaye Prâjâpalyâh Prajâpatehpitur dâyam upeyur... yajfiam eva tad devâ upâyan vâcam asurâh..... tedevâ yajfiam abruvan. yosâ va iyam vâg upamantrayasva hvayi^yate vaitveli... tâm upâmanlrayatasa hâsmà ârakâd ivaivâgra âsûyat tasmâd u alrïpumsopamanlritârakâd ivaivâgre 'sûyati sa hovâcârakâd iva vai ma âsûyîditi. te hoeuh. upaiva bhagavo inantrayasva hvayisyate vai tveli lâm upâ-^mantrayafa sa hâsmai nipalâçam ivovâda tasmâd u alrî pumaopamanlritânipalâçam ivaiva vadati sa hovâca nipalâçam iva vai tne 'vâdïd" ili. te hoeuh.upaiva bhagavo inantrayasva hvayisyate* val tveli tâm upâmanlrayata sahaiuam juhuve taamâd u alri pumâmaam hvayata evottamamsa hovâcâhvatavai meti. te devâ îksâm cakrire. yosâ va iyam vâg yad enam na yuvilehiivama tislhantam abhyehili brûhi tâm tu na âgatârn pratiprabrûlâdili aâ hai-nam lad eva lîslhanlam abhyeyâya tasmâd u strî pumâïnsam aamskrtc tis-lhantam abhyaiti làni haibhya âgalam pratiprovâceyani va âgâd iti. lânidevâ asurebhyo 'nlarâyan. — Cf. $ade. I, I, 8. Dans Tépisode correspondantTaill. S. 6, 1, 3, 6 et Mailr. 3, 6,8 substituentDaksïnâ â Vâc.

LE DIEU SACRIFICE. PBAJÂPATI 33

Les Gandharvas lui récitèrent les Védas : Voilà ce que noussavons, ce que nous savons ! Et les dieux ayant émis le luthjouèrent de la musique et chantèrent : Voilà comme nous lechanterons ! Voilà comme nous t'amuserons ! Elle se tournavers les dieux et vint à eux. Mais comme elle était venuevers eux à la légère, préférant à la récitation et à la décla-mation des hymnes la danse et le chant, pour cette raisonles femmes aujourd'hui encore ne sont que frivolité... C'estpourquoi, qui danse et qui chante, les femmes s'en épren-nent follement '. »

Comme tous les éléments du sacrifice, Vâc est dangereuseautant que bienfaisante. Une simple maladresse risque dedéchaîner d'effroyables calamités. Les Angiras ont préféréSûrya à Vâc comme leur salaire sacerdotal. « Vâc s'irritacontre eux : A quel titre vaut-il mieux que moi, pour le rece-voir et me refuser. Elle s'éloigna d'eux et se tint dans l'in-tervalle entre les dieux et les Asuras qui luttaient. Elle setransformaen lionne ct s'avança triomphalement. Les dieux

1. Çal. 3, 2, 4, 3-6 : te hoeuh. yositkâtnâ vai gandharvâ vâcam evaibhyahprahinavâma sa nah saha somenâgamisyatîtitebhyovâcamprâhinvant sainânïsaha somenâgachat. te gandharvâ anvâgatyâbruvan. somo yusmâkam vâgevâsmâkam iti tatheti devâ abruvann iho ced âgân mainâm abhîsaheva naislavihvayâmahâ iti tâm vyahvayanta. lasyai gandharvâ vedân eva procira itivai vayam vïdmeti vayam vîdmeti. atha devâ vînâm eva srsfvâ vâdayanlonigâyanlo nisedur iti vai te vayam gâsyâroa iti tvâ pramodayîsyâmahaitisadevân upâvavarta sa vai sa tan niogham t;pavavaria yâ stuvadbhyah çamsad-bhyo nrttant gïtam upâvavarta tasmâd apy etarhi moghasamhîtâ evayosâh... tasmâd ya eva nrtyati yo gâyati tasminn evaitâ nimiçlatamâ iva. —Taill. S. 6, 1,6, 5 : te devâ abruvant slrikâmâ vai gandharvâ striyâ niskri-nâmeti te vâcam slriyam ekahâyanîni krtvâ tayâ nirakrînant. sa rohid rûpamkrtvâ gandharvebhyah; apakramyâtisthat.... te devâ abruvann apa yustnadakramîn nâsmân upâvartale vihvayâmahâ iti brahma gandharvâ avadannagâyan devâh sa devân gâyata upâvartata tasmâd gâyantam striyah kâ-mayanlc. — Mailr. 3, 7,3 : le devâ abruvantslrikâmâ vai gandharvâ vâcameva sanibhrlya yathâ yosid anapakseyalameva tayâ niskrînâmeti te 'bru-van vihvayâmahâ iti tâm vyahvayantagâthâmdevâ agâyan brahma gandharvâavadant si devân upâvartata.... tasmâd gavant striyàh priyah. — A'.t. 5,1,1 :sa vâg abravit slrikâmâ vai gandharvâ mayaiva striyâ bhiltayâ panadhvamiti. ncti devâ abruvan katbani vayam tvad rie syâmeti. aâbravît krînîtaivayarhi vâva vo mayârtho bhavitâ tàrhy eva vo ham punar âgantismiti.tatheti. tayâ mahânagnyâ bhûtayâ somam râjânam akrïnan... punar hi satân âgachat.

34 LA POCTRIKË PU SACRIFICE PANS LES BHÂUMANAS

la sollicitèrent, et aussi les Asuras. Agni était lé messagerdes dieux, Tasura-raksasa Saharaksas était le messager desAsuras '. » Elle conclut alors un pacte avec les dieux.

Une autrefois elle déserte les dieux, et pour leur échapperrecourt à de nouvelles métamorphoses. « Vâc déserta lesdieux; elle entra dans les eaux; les dieux la leur redeman-dèrent. Que nous en rcvicndra-t-il? dirent-elles. — Ce quevous voudrez, dirent-ils. Elles dirent : toutes les impuretésque les hommes introduiront en nous, n'ayons pas de con-tact avec elles ! Repoussée, elle alla plus loin. Elle entradans les arbres. Les dieux la leur redemandèrent. Ils ne larendirent pas. Ils les maudirent : Que votre bois même soitla foudre qui vous abatte. C'est pourquoi on abat les arbresavec leur propre bois comme foudre, car ils sont mauditsdes dieux. Les arbres distribuèrent Vâc en quatre cachettes :le tambour, le luth, l'essieu, l'arc. C'est pourquoi la voix laplus parlante, la voix la plus charmante est la voix desarbres; car c'est elle qui était la voix des dieux 3. »

L'analyse exacte du langage est le plus sûr des préserva-tifs contre les dangers d'erreur inhérents à la formule.Avantles hommes, les dieux y ont déjà pourvu : « La voix n'avait

1. Çal. 3, 5, I, 21 : tebhyo ha Vâk cukrodha. kena mad esa çreyân ban-dli unâ3 kenâ3 yad etam pratyagrahîsla na mâm iti sa haîbhyo 'pacakrainasobhayân antarena devâsurânt samyattânt simht bhûlvâdadânâ cacâra tâmupaiva devâ amantrayantopâsurâ agnir eva devânâm dûla âsa sahâraksa ityasuraraksasam asurânâm. — Vâc est identifiée ensuite avec l'utlara-vedi. Lesépisodes parallèles Tailt. S. 6,2, 7, I et Mailr. 3,8, S substituent directementuttara-vedi à Vâc.

2. Td. 6, 5,10-13 : vâg vai devebhyo 'pâkrâmat sâpah prâviçat tâm devâhpunar ayâcams td abruvan yat punar dadyâuia kim n'as latati syâd ili yatkâmayadhva ity abruvams ta abruvan yad evâsmâsu inanusyâ* a'pûtam pra-vcçayâms tenâsamsrslà asâmeti.... sa punar hatâlyakrâmat sa vanaspatînprâviçat tân devâh punar ayâcams tâm na punar adadus tân açapan svenavah kiskunà vajrena vrçcân iti tasmâd vanaspatin svena kiskunâ vajrenavrçcanti devaçaptà «d. tâm vanaspatayaç caturdhà vâcam vinyadailhur dun-dubhau vïnàyâm okse tûnave tasmâd esâ vadisthaisâ valgulamà vâg yâvanaspatïnâm devânâm hy esâ vâg âsit. — Cf. Tailt. S. 6, I, 4,1 : vâg vaidevebhyo 'pâkrâmad yajnâyâtislhamânâ sa vanaspatin prâviçat saisâ vâgvanaspatisu vadati yâ dundubhâû yâ tûnave yâ vînâyâm. — Mailr. 3, 6, 8 :vâg vai srstà caturdhà vyabhavat lato yâ atyarieyâtasa vanaspatin prâviçatsaisâ yâk?e yâ dundubhau yâ tûnave yâ vînâyâm — ct cf. ib. 2, 5, 9 : yâsurlvâg avadat eemâm pràviçad yodajayal sa vanaspatin.

LE PIEU SACRIFICE, PRAJÂPATI 35

qu'une façon de parler, car elle était indistincte. Indra dit :Donnez-moi une part de Soma ct je vous rendrai la paroledistincte. A l'aide de la parole il rendit la paroledistincte '. »La parole humaine, qui est distincte, n'est que le quart deVâc au total : « Il y a un quart de Vâc qui est distinct,c'est le parler des hommes. Il y a un quart de Vâc qui estindistinct, c'est le parler des bestiaux; il y a un quart deVâc qui est indistinct, c'est le parler des oiseaux; il y a unquart de Vâc qui est indistinct, c'est le parler des insectes *. »C'est au pays des prêtres savants, dans le Kuru-Pancâla, quele parler sonne le mieuxa, « c'est dans la contrée du Nordque Vâc est le mieux reconnue, ct c'est au nord qu'on vapour apprendre la langue, et qui vient de là on l'écoutedocilement* ». Les barbares, au contraire, parlent un parlerdémoniaque. « Les dieux détachèrent Vâc des Asuras.....et les Asuras, dépouillés de Vâc, disant he 'laeot lie 'lavafylfurent complètement perdus. Tel était le parler qu'ils par-laient, énigmatique. C'est le mleccha (barbare). Donc qu'unbrahmane ne parle pas mleccha, car c'est le parler desAsuras s. »

1. Mailr. 4, 5, 8 : sa vai vâg ekadhâvadad yâvad avyâvrttâstt sa Indro'bravin mahyam atrâpi somam grhnïlâham vaetâtn vâcam vyâvartayisyâmîtisa va vâcaiva vacant vyâvartayat. — Tailt. S. 6, 4, 7, 3 : vâg vai parâcyavyâkrtâvadal te devâ Indrani abruvann imâm no vâcam vyâkurv iti... lâmIndro madhyato 'vakramya vyàkarot tasmâd iyam vyâkrtavâg udyate. — Cf.Çal. 4,1, 3,12 : niruktam eva vâg vadet.

2. Çal. 4, 1, 3, 16 : tad état turîyam vâco niruktam yan manusvâ vadantyathaitat turîyam vâco'niruktam yat paçavo vadanty alhaitat turïjam vâco'niruktam yad vayâmsivadanty athailat turîyam vâco 'niruktam yad idamksudram sarîsrpam vadati.

3. Çat. 3,-2,3, 15 : tasmâd atrottarâhi vâg vadati kurupaficâlalrâ.4. Kauj. 7, 6 : tasmâd udîcyâm diçi prajnâtatarâ vâg udyata udanca u eva

yanli vâcam çiksitum yo va tata âgachati tasya va çuçrûsânte.5. Çat. 3, 2, I, 23-24 : tâm devâh. asurebhyo 'nla'râyan te 'surâ âlta-

vacaao he 'lavo he 'lava iti vadanlah parâbabhûvuh. taIrailâm âpi vâcamûduh. upajijfiâsyâmsa mlecchas tasmân nabràhmano'mtecchedasuryâhaisâvâk.

II

LE SACRIFICE ET LES DIEUX

Deux ordres supérieurs de créatures ont été émis parPrajâpati : les Devas et les Asuras '. Le droit d'aînesse estindécis entre les deux groupes * ; la primogéniture est assi-gnée tantôt aux uns, tantôt aux autres. Le mode de nais-sance marque, il est vrai, une différence de dignité : lesdieux sont produits par la bouche même de Prajâpati ; lesAsuras sont issus de ses organes inférieurs '. Mais ils ontcependant des titres égaux à l'héritage paternel qu'ils sopartagent par moitié *. Par malheur, le sacrifice est un bienindivisible, et les deux partis le convoitent avec une égaleardeur *. Les Asuras l'emportent en vigueur corporelle *,

mais le sacrifice est affaire de science, et les Asuras serontvaincus.

1. Çal. 1,2,4,8 : devâç ca va asurdç ca, ubhaye Pràjâpatyàh.— Taill. S. 3,3, 7,1 : PrajâpaUr devâsurân asrjata. — TaUt. B. I, 4, 1, 1 : ubhaye va etePrajâpaleradhy asrjyanta deviç eâsurâe ca.

2. Mailr. 4,2,1 : tasya va asur evâjlval tenisurin asrjata... (puiscréationdes Pilaras) : tasmai pitfnt sasrjiniyadivibharattenadevân asrjata.—Tailt.B. S, 3,8,1-3 : tasyâsur evâjlvaL tenasuoasurân asrjata... so 'surin srslva...manusyin asrjata... tasmai manusyint sasrjânàya" diva devatrâbhavat. tad«nu devânasrjata. —Kau*. 6,15 : PrajâpaUr ha... reto 'sijatadevinmanusyin•surin.

3. Çat. Il, 1,6,7-8 : sa isyenairadevin asrjata... atha yo 'yam avàii prà-nah, tenâsurân asrjata. — TaUt. B. 2, 2,9,5 : sa tapo 'tapyata. so 'ntarvânabhavat.sa jaghanâd asurinasrjata... si mukhâddevin asrjata.

4. Çal. I, 7, 2, 22 : dévie, ca vi «suri; ca, ubhaye Prijipatyàh Prajâpalebpilurdiyam upeyuh. — Id. ib. 9. 5,1,12.

5. Çat. I, 5,3, 2 : devis ca vi asuriç ca, ubhaye Prâjâpatyâh pasprdbiraetasmin yajfie Prajâpatau pitari. - "

6. Td. 18, I, I : te 'suri bhûyimso baliyinisa âsan kanlyimso devâh. —Tailt. S. 5,3, 11, l : kanlyimsodevi âsan bhûy&niso 'suràb. — AU. 4,6, I :te vi asurah... yatbaujiyimsobaliyinisa evam.

LE SACRIFICE ET LES PIEUX 37

Le nombre des dieux est indéterminé. Yajnavalkya,interrogé par Vidagdha Çâkalya, en compte tour h tour3.303, 33, 2, i 1/2, I ; mais te dialogue, commun à deuxBrâhmanas, est surtoutconforme à l'esprit des Upanisads : ila même été répété littéralementdans une des plus célèbres '.Le nombre des dieux est constant : « Autant de dieux àl'origine, autant maintenant '. » Les dieux sont corporels :Indra a trois corps * ; Agni en a plusieurs * ; les dieux pourproduire Rudra combinent leurs corps les plus effrayants» ;ailleurs ils les déposent comme garantie du serment qu'ilsont prêté *. Enchaînés à leur corps, ils ne disposent pas del'ubiquité et ne peuvent répondre simultanément à l'appelde plusieurs suppliants. « Jamadagni et les rsis offraienten même temps le soma; alors Jamadagni vit le sâmanvihavya; Indra se tourna vers lui ?. » — « Kutsa et Luçainvoquaient chacun de leur côté Indra; Indra se tourna versKutsa ; Kutsa l'attacha avec une centaine de lanières auxtesticules. Luça apostropha Indra : Délie-toi, quitte Kutsa,viens ici. Comment, tel que tu es, resterait-on tranquille-ment attaché par les testicules? Indra coupa les liens ets'enfuit. Kutsa vit alors ce sâman, il s'en servit pour célé-brer Indra et Indra se tourna vers lui '. » Leur corps, pour

1. Çat. Il, S, 3, 1-11; Jaim. 2, 76-77 (J. A. 0. S. XV [1&2J, 238-840}. —Brhad-àrawakopanUad3, 9,1-10 (=» Çat. 14, S, 9\ Sur la quesUon : Quel estlé dieuun? le Çat. lî, 6, 3 répond : prâna; l'Upanisad, brahma. Le Jaim. estplus près du Çat. que de YUp.; il supprime le 1 1/2.

2. Td. 6, 9,16 : yivanta evàgre devis tâvanta fdinlm.3. Tailt. S. 2,4,2,1 : [Indro 'bravïtj tisro ma unis tanuvo viryivatïh.4. AU. Il, 4,2 ; agner vi élis tanvah.5. Ait. 13, 9,1 : lesim yâ eva ghoratamis lanva isams ti ekadbi sam-

abharan.6. Çat. 3, 4, 2, 5; Ait. 4, 7, 4; Taill. S. 6, 2, 2,1 ; Mailr. 3, 7, 10 (T. les

textes cités inf. Tinunaplra).7. Td. 9, 4,14 : Jamadagueç ca vi rsfnim ca somau sarnstutivistâm tata

elaj Jamadagnirvihavyam apaçyat tam Indra upâvartata. — Cf. Tailt. S. 3, I,7,3 : Viçvàniitra-JamàdagnlVasifthenâspardhetâm sa etaj Jamadagnir viha-vyam apaçyat tena vai sa Yasisthasyendriyamvïryam avrnkta.

8. Td. 9, 2,22 : Kutsaçca Luçaç cendram vyahvayetâm sa Indrah Kutsamupâvartata tant çatena virdbribbir indayor abadhnât tant Luço 'bhyavadatpramucyasva pari Kutsâd ihâgahi kim u Ivâvân indayorbaddha isiti iti tâhsamehidya prâdravat sa état Kutsah sâmâpacyat tenainam anvavadat sa

38 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRÂHMANAS

se soutenir, a besoin du sacrifice; il est leur nourriture \Cependant ils échappent aux sens *. Leur principo de vie,c'est le sacrifice ' ou c'est la triple science ou est enseigné lesacrifice *; c'est aussi la béatitude parfaite *, Leur intelli-gencesupérieure se plaîtà ce qui dépasse les sens * ; les dieux

upâvartata. — Le Jaimlniya,qui rapporte U même histoire, y introduit uneconception nouvelle qui atteste révolution des idées religieuses : Indra,sollicité à la fois par les deux prêtres, sarrete enlre eux et leur dit : Prenezchacun une partie de mol ; che* l'unde vous je boirai avec nia personne,eue*l'autre avec nia grandeur. Ils prirent une part chacun ; Kutsa obtint lapersonne, Luça ta grandeur. La personne et la grandeur sont les deuxpersonnes d'Indra. Le fragment conservé du Câtyâyana est trop incompletpour nous apprendre si ce texte admettait aussi le dédoubleront d'Indra.Jaimin.l. 1,2|$ (J. A. 0. S., 1897,32): Knlsaç ca Lucae cendrantvyahvayetâm.sa Kutsisyâhavain igacchat. tain ratena vàrdrïbhir indayor abàdhnit. tantLuço bhyavadat svavrjam hi Ivâm aham Indra çuçravânânudamvr$abb*radkratodanani pra munrasva part Kutsad ibâgahi kim u tvàvin muskayorbaddha bat* iti. lis sarvàs samtupya Luçam abhiprâdravat. tam Kutsa Indrasutefo somesv ity anvâhvayat. tam abhyâvartata. tant Luça Indri hoyi baveboyîti. liv antarâtisthat. tâv abravid amçam âharetam àtiuanâ vim anyata-rasya pêsy&nti mahimnânyatarâsyeti. tatheti. tir amçam aharetâm. itminainanyatara udajayan mahïmànamanyatarah. âtmânam Kutsa ndajayan mahï-roinaai Lueah. itmanânyatarasyipiban mahimnânyatnrasyn.ilmani Kulsa-syâpiban roahimnâ Lucasya. ubhau ha viva tasya tir atmânau yad itmi caniahimàca.

1. Çal.8,1,2,10 : yajnau devinantannam. — Ib. 1,2, 5,24 : itah pradânâddhi devâ upajîvanti. — Tailt. S. 3,2,9,7 : itah pradâoam devâ upajivanli.—Cf. Mailr. I, 6,13 : itah pradânât tu yajfiam upajivifyanti [devâh].

2. Çal. 3,1, 3, 25 : paroksantvai devàb.3. Çal. 8, 6, 1,10 : yajna u devânâm fttmâ. — Ib. 14, 3, 2, 1 : sarvesim

devânâm itmiyajnah.4. Çal. 10, 4,2,21 :* trayyâm eva vidyâyâm sarvesim devinant itmi.5. Çal. 10, 3,5,13 : ânandâtmâno haiva sarvedevâh.

r6. La pensée familièreaux Bràhmauajaffecte dans chacund'eux une formulepropre.Çal.: parokfakamihi devâh 6,1,1,2;7,4,2,12;9,1,1,2; 10,6,2,2;14, 1, I, 3. — Ait. : paroksapriyi Li devih 13, 9, 6; 14, 5, 2; 33, 4, 4. —Taill. B. paroksapriyâ hi devih 1, 5, 9, 2; 2, 3, 11, 4. — Gop. paroksapriyiiva hi devâ bhavanti pratyaksadvisah 1,1,1 ; I, 2,21; 1, 3, 19; I, 4,21. Laformule sert en général à introduire desjeux de mots en guise d'explication :maghavant^makhavant; çatarudriya=çântarudriya; diksi—dhik<i; angi-ras=anga-rasa; mânu$a=mailu|a. Userait injuste de dénoncer comme despuérilités ou des facéties sacerdotales tus espèces de calembours étymolo-giques. En appliquant leur ingénioiité à l'analyse de la langue, tes grammai-riens des écoles brahmaniques éprouvèrent sans doute une surprise déjàscientifiqueà observer quelle légère nuance de son permet de distingue; dansl'expression deux idées toutes différentes. Convaincus pair leur systèmereligieuxde la puissancedu Verbe, ils crurent avoir découvert un instrumentd'action sans rival; maîtres de modifier les sons, ils se crurent maîtres demodifier les choses à leur gré.

LE SACRIFICE ET LES WEIIX 39

sont la vérité, tandis que les hommes sont l'erreur *; lesdieux sont faits de vérité *i Prajâpati a fait les dieux devérité, les Asuras d'erreur *. « Ce pacte, tes dieux aujour-d'hui encore né le transgressent pas. Que seraient-ils, eneffet, s'ils le transgressaient : alors ils diraient une paroleinexacte ! Or il n'y a qu'une seule observance que les dieuxpratiquent Î la vérité. Et c'est pourquoi leur victoire estdéfinitive V» Il ne faudrait point, au reste, se méprendresur la valeur des mots. La vérité, au regard des Brâhmanas,n'est pas une notion morale : l'histoire des dieux abonde enfraudes et en déloyautés. U faut entendre la vérité au sensétroit du rituel ; c'est l'exactitude dans les pratiques et lesformules du sacrifice. Si la vérité assure le triomphe définitifdes dieux, ce n'est pas par le prestige de la vertu, maispar la vertu des prestiges magiques qui sont le sacrifice.Celte vérité, du reste, n'est pas inhérente à la nature di-vine; les dieux l'ont acquise, ainsi que tous leurs avantages,au cours des temps et de haute lutte. « Les dieux et lesAsuras, les uns et les autres issus de Prajâpati, entrèrenten possession de l'héritage de Prajâpati leurpère ; cet héri-tage, c'était Vâc (la parole), la vérité et Terreur, vérité eterreurà la fois. Or, les uns et les autres disaient la vérité, lesuns et les autres disaient l'erreur. Comme leur langage étaitpareil, ils étaient pareils. Les dieux rejetèrent l'erreur etn'admirent que la vérité; les Asuras rejetèrent la vérité etn'admirent que l'erreur. Alors la Vérité qui était chez lesAsuras considéra : Les .dieux assurément rejettent l'erreurct n'admettent que la vérité. Allons, il faut que j'aille chezeux. Et elle passa aux dieux. Et l'Erreur qui était chez les

1. Çat. 1,1, 2,17 : satyam devâ anrtam manusyâh. — Id. 3,9, 4,1; 3,3,2,2.

2. AU. I, 6, 6 : satyasanthiti vai devih. — Kau*. 2, 8 : salyamayi udevâh.

3. Mailr. 1,9,3 : satyena devân asrjatânrtenâsurân.4. Çat. 3, 4, 2,8 : tad deviapy etarhi nâtikrâmanU ke hi syur yad alikrâm-

eyur anrtam hi vadeyur ekam ha vai devi vratam caranti satyam eva tasmâdesâm jilam anapajayyam.

40 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRAHMANAS

dieux considéra ; LesAsuras assurément rejettent la vérité etn'admettent que l'erreur. Allons, il faut que j'aille chez eux.Et elle passa aux Asuras. Les dieux disaient toute la vérité,les Asuras disaient toute l'erreur. Les dieux ne disant abso~lument que la vérité s'affaiblirent et s'appauvrirent ; ct c'estpourquoi celui qui dit uniquement et toujours la vérité vas'affaiblissant et s'appauvrissant. Mais, à la On, il existe plei-nement, et à la fin les dieux existèrent pleinement. Et lesAsuras ne disant absolument que l'erreur se développaientcomme le sel et s'enrichissaient, et c'est pourquoi celui quidit uniquement ct toujours l'erreur se développe comme lesel et s'enrichit ; mais, à la fin, il perd tout, ct les Asurasperdirent tout.La vérité, c'est la triple science. Les dieuxdirent ; Faisons un sacrifice et développons la vérité. Ilsoffrirent la diksantyïl. Les Asuras s'en aperçurent: Voici queles dieux font un sacrifice ct développent la vérité. Allez!nous allons y. prendre ce qui nous en revient \ » Les dieuxessaient alors une autre offrande ; les Asuras reviennent & lacharge. Huit fois l'incident se renouvelle ; enfin « les dieuxcomplétèrent le sacrifice ; comme ils l'avaient complété, ilsobtinrent la vérité tout entière ; par suite les Asuras furentabattus. Les dieux furent, les Asuras perdirent tout ».

1. Çal. 9,5,1,12-27 : dévie cisuriç cobhaye Prijipatyih Prajâpateh piturdâyam upeyur vâcam eva sàlyinrte satyam caivânrtam ca ta ubbaya evasatyam avadann ubhaye 'nrlam te ha sadreani vadantabïndrçi evasuh . tédevi utsrjyânrtam, satyamanvâlebbire'suri u botsrjya satyam anrtamanvâ-lebbire. tad dhedam salyam iksâm cakre, yad asuresv âsa devi vi uUrjyinr-tant satyam anvaiapsata hanta tad ayinlti tad devin âjagâma. anrtam uheksam câkre, yad devesv âsâsuri ri utsrjya satyam anrtam anvaiapsatahanta tad ayinlti tad asurân âjagâma. te devih sarvam satyam avadant sar-vam asuri anrtam te devi isakti satyani vadanta aisivlratari ivisurànidhya-tari iva Usmâd u baitad ya isakU satyani vadaty aisâviratara ivaiva bhâvatyanidhyatara iva sa ba tv evântato bbavali devi hy evânlalo l>havan. athahisurih, isakly anrtamvadanta Osa iva pipisur idhyi ivâsus tasmâd u baitadya isak'lyanrtant vadatyusa ivaiva pisyaly ilhya iva bbavati pari ba tr evân-tato bhavaU pari hy asuri abbavan. tad yat tat satyam, Irayï '*ç vidyi. tedeviabruvan yajfiam krtvedam satyam tanavâmahâ iti. te diksaniyam niravapan.tad u hâsuri anububudhîre yajfiam vai krtvâ tad devih satyam ùnvate prêtatad iharisyimoyadasmâkamtatreti .*. tat san'asthipayanyat samas-thipayams tat sarvam satyam ipnuvanis tato 'suri apapupruvire tato devâabhavanparisurih.

IE SACRIFICE ET LES DIEUX il

Les dieux sont gloire et beauté ' ; mais ils ne doivent pasà leur nature ce privilège. C'est par le sacrifice qu'ils sontdevenus tels *, Ils sont devenus lumineux en repoussantentièrement le mai\ Ils ne sont pas davantage immortelsdo naissance. « Comme sont les hommes, ainsi les dieuxétaient h l'origine. Us eurent un désir ; rejetons le manque,le mal, la mort et allons à l'assemblée divine K » Ils firentles rites et « ils rejetèrent le manque, le mal, la mort ; ilsallèrent h l'assemblée divine ». —* « Les dieux, à l'origine,étaient mortels ; c'est quand ils furent remplis par le brah-man (la science sacrée) qu'ils devinrent immortels *. » Lapeur de la mort hante les dieux et dirige la plupart de leursactes. « Les dieux eurent peur de la mort qui est la fin, quiest l'année, qui est Prajâpati. Pourvu qu'avec les jours et lesnuits elle n'aille pas conduire notre vie à sa fin ! Ils firentdes sacrifices et ils n'obtinrent pas l'immortalité. Ils firentd'autres rites..... et ils n'obtinrent pas l'immortalité. Ilsallèrent adorant, peinant, désireux de gagner l'immorta-lité '. » Prajâpati enseigne alors aux dieux les rites néces-saires. « Ainsi firent lus dieux, ct ils devinrent immortels. »Le secours de Prajâpati, autrement dit le recours au sacri-fice, est la ressource ordinaire des dieux. « Ayant tué les

1. Çal. 2,1, 4,9 : çrlr devih... yaco devâh. — Ib. 3,4, 2, S : tasmâd [devâ]yacaeva.

2. Td. 7, 5, 6 : devi vai yaçaskâmâh saltram isata. — Tailt. S. 2, 3, 3, 1 :devi vai sallram isata yaçaskâmâh. — Çat. Il, I, 1, 3 : ta isata. çriyamgacchema yacah syitnânnâdâhsyâmeU.

3. Çat. 2,1, 4,9 : apahatapâpminodevih. — Ait. 19, 3,3 : diveva hy apaha-tapipntinab.

4. TaUt. "?. 7, 4, 2, t : yathi vai manusyà evani devi agra ?.?an te kâmay-antâvartim pâpminam nirtyuui apabatya daivïm samsadam gachemetitenâyajantatato vai te 'varlimpipminam uirtyumapabatyadaivïm samsadamagaenan.

5. Çal. Il, 2,3, 6 : martyâ ba va agre devi âsuh. sa yadaiva te brahmana-pur athâmrtâ àsuh.

6. Çal. 10, 4, 3, 3-8 : te devih, etasmid anlakân mrtyoh samvatsarât Prajà-pater bibhayâmcakruryad vai no'yamahorâtrâbhyâiû âyuso 'ntam nagachediti. taetân yajûakratûmstenire....etairyajnakratubbiryàjamânâ nâmrtatvamânaçire... te'rcantae çrimyantaç ceruh, amrtatvam avarurotsamânâs*tân haPrajâpatir uvâca te ha tathà devâ ûpadadhus talo devâ amrtâ àsuh.

48 LA DOCTRlStî DU SACaiFIOS PAKS LES PH*H3tA^AS

Asuras, les dieux eurent peurdo la mort ; ils coururent versPrajâpati; Prajâpati sacrifia pour eux et les dieux par-vinrent à l'immortalité *. » Les hymnes so substituentnatu-relleracnt à Prajâpati dans ce rôle. « Ayant tué les Asuras,les dieux eurent peur do la mort; ils virent les hymnes, ilsy pénétrèrent; ils s'en servirent pour se couvrir K: » Yama,d'autre part, peut remplacer Mrtyu, car « Yama, c'est lamort'. « Les dieux et Yama luttaient en ce monde ; Yamaenleva aux dieux leur force virile... Les dieux pensèrent :Yama est devenu ce que nous sommes. Ils coururent versPrajâpati *". » Prajâpati celle fois encore les instruit et leurprocure le triomphe.

La poursuite de l'immortalité met les dieux aux prises avecles Asuras, « Les dieux et les Asuras, les uns et les autresissus de Prajâpati, étaient en rivalité; les uns et les autres,ils étaient sans vie personnelle, car ils étaient mortels, et quin'a pas de vie personnelle est mortel. Entre eux tous, Agniseul était immortel; et c'était de lui, l'immortel, qu'ilsvivaient les uns et les autres. Or, quiconque d'entre eux étaittué, celui-là reprenait vie. Par suite les dieux demeurèrentàla fin les plus chétifs. Ils allèrent adorant, peinant : Ah! sinous pouvions triompher des Asuras, nos rivaux, qui sontmortels! Ils virent alors cetto immortalité, rétablissementrituel du feu... Ils l'établirenten eux dans leur for intérieur,et quand ils l'eurent établi en eux, dans leur for intérieur, ils

1. Mailr. 2, 2,2 : devi asurân hatvi mrtyor abibhayus tedevih Prajâpatimevopâdbâvams tân vâetayâ Prajâpatirayâjayat tato devi amrtatvam agachan.— Tailt. S. 2, 3, 2, t : devi vai mrtyor abibhayus te Prajâpatim upâdhâvantebhya etâni... niravapat tayaivaisvamrtam adadhât. — Td. 24, 19,2 : de» Vha vai mrtyor abibhayus te* Prajâpatim*upâdhâvams tebhya etena... am;.a-tvam priyacchat. " 1:

2. Mailr. 3, 4,7 : devi asurân halri mrtyor abibhayus te ehandimsyapa-çyams tâni prâvîçanu tebhyo yad yad achadayat tenâtmânam acbidayanta.— Cf.».4,6,9.

3. Mailr. 2,5,6 : mrlyur vai yamah.4. TaUt. S. 2,1,4, 3* : devâç ca vai yamaç câsmïn lokê 'spardhantasa yamo

devânâm indriyam viryam ayuvata... te devâ amanyanta yamovi idam abhûdyad vayam sma iti te Prajâpatim upâdhâvan. — Mailr. 2,5,3 : dévie ca vaipitaraç casmiml loka âsams tad yat kim ca devânâm svam âsit tad yamo'yuvata te devâ Prajâpatim evopâdhâvan.

LU SACRIFICE ET LES P1ECX 43

devinrent immortels, ils devinrent invincibles et triom-phèrent de !«!**!rôl»x*sujets» la défaite et mortels*. » LesAsuras pourtant avaient la partie belle; outre la supérioritédu nombre, ils avaient un droit de propriété antérieur. « Lesdieux et les Asuras étaienten lutte; en ce temps-là, l'immor-talité* était chez les Asuras, en Çusrja Dânava; Çusna la por-tait en sa bouche ; ceux des dieux qui étaient frappés à mortl'étaient bien, mais ceux des Asuras qui étaient ainsi frappés,Çusna souillait sur eux et ils respiraient. Indra observa :L'immortalité est chez les Asuras, en Çusna Dânava. Il sechangea en boule de miel et se mit sur le chemin ; Çusnaouvrit la bouche pour l'avaler. Indra se changea en faucon etlui arracha l'ambroisie de la bouche*. »

La t nquete de l'amrla n'est qu'un épisode isolé d'unelongue histoire. Les dieux ne se sont élevés qu'à fcrce debatailles et de victoires rituelles à la souveraineté du monde,et leurexemple estbien fait pour inspirerconfianceau fidèle.Aux prises avec des adversaires plus robustes ils ont dûgagner pied à pied tout le domaine où ils régnent en maîtresincontestés. Le récit de ces combats remplit les Brâhmanas,et ici encore, ici surtout, chacun semble s'être appliqué, depropos délibéré,à se créer une formule propre. Ces formulesse classent en deux grandes catégories : l'une est caractért-

1. Çat. 2, 2,2,8-11 : dévieca vi asurâe ca, ubhaye Prâjâpalyàh'pasprdhireta ubhaya evinitmana isur niartyi hy âsur anâtmâ hi martyas tesûbhayesuniartyesv agnir evimrta âsa tant ha smobhaye 'înrtam upajivanti sa ram basmaisim ghnanti fad'dna sma vai sa bhavati. tato devih, tanlyimsa iva pari-çiçisirete Ycantae çrâmyantac cerur utasurânt sapatnân martyïn abhibha-vemeti ta etad amrtam* agnyâdheyam dadreuh athainam devih, antaritmann idadhata ta imam amrtam antarâtmann idhiyimrtî bhutvislaryibhutvi staryint sapatnân martyân abhyabhavan.

2. Kâlh. 37,14 (lad. Stud. 3, 466) : dêvâç ca vi asurlç ca samyyattââsannasuresu tarhy amrtam islchusne dânave tachusna evântarasye bibhar yândevânâm aghnams tad eva te 'bbavan yân asurinim tin Chusno 'mrten^bhi-vyànït te saminan sa indro 'ved asure^u vi amrtani Çusne dânava iti samadhvaslhili bhutvi prapathe 'çayat tâm Çusnô 'bhivyidadât tasyondraccyeno bhûtvâsyâdanirtan niramathnât.— Cf. Td.lî,5,23*: devic ca va asurâecispardbantayam devânâm agbnan na sa samabhavad yam asurânâm sam sa'bhavat te devâs tapo 'tapyanta... tato yam devânâm aghnan sam so "bhavadyam asurinim na samabhavat.

44 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRAHMANAS

sée par remploi du mot « rivalité » (spardh) ; l'autre, du mot« conflit * (mipyot) ; la différence des temps employés h mar-quer l'action introduit des subdivisions dans chacun deces deux groupes'.

Des théologiens ont nié en principe toutes les préten-dues batailles entre les dieux et les Asuras; le sacrifice, à lesen croire, aurait par sa seule force ruiné les Asuras. « Prajâ-pati émit les Asuras... A peine il les avait émis qu'il y eutcomme des ténèbres. 11 comprit : Certainement j'ai émis lemal, puisque, ceux-ci étant émis, il y a eu comme desténèbres. Et alors il les transperça avec le mal; et ainsi ilsfurent ruinés. C'est pourquoi l'on dit : toutes les affaires desdieux et des Asuras qui sont rapportées soit dans l'exégèse,soit dans les épisodes, tout cela n'est pas. Car c'est Prajâpatiqui les a transpercés avec le mal et c'est ainsi qu'ils ont été

t. Le Çat. emploie le parfait de « spardh • dans les cinq premiers livres,l'imparfait dans (es livres 6-10, sansaucuneexception;dans les livre* suivantsles deux formulesse rencontrent : dévie ca vi asuriç ca, ubhaye Prajâpatyâhpasprdhire t,2,4, 8; I, 2,5,1; 2, 2,2,8; 2,4, 3, 2; 3, 4,4, 3; 3, $, 1,8;4,2,4, II; 5, 1,1,1 — et II, 1, 8,1 ; —deviçca... aspardbanta6,6,2, Il ; 6,6, 3,2; 7, 4,2, 33; 9, 2,3,8- et II, 5,9, 3; 13.8, 1,5.

La formuledu Td. est : deviç ca vi asurâç câspardbanla, p. ex. 8,3,1; 12,3,14; 12,5,23; 21,13,2 (t1,5,8 : dev&suri aspardbanta}.

Le Mailr. préfère la formule : deviç ca vi asurâç câspardhanta, p. ex. I, 4,II; 1, 9,8; I, II, 9; 2,1, il; 2, 3,2; 2, 5, 3;2, 5, 9; 3,10,5; 3,10, 6; 4,2,3.— et par exception : deviç ca vi asurâç ea samayatanta 4, 3, 4; dévie ca...samyalli isan I, 6,10.

La Tailt. S. emploie presque exclusivement: devàsuràh samyalliâsan 1,5,1, 1; 2,2, il,5; 2,3,7,1; 2,4,2, I; 2,4,3, l; 5,3, II, I; 5, 4,1, t; 5,4,6,2;6,2, 2,1 ; 6, 3,10, 5. — et sporadiquement : devisuri,.. aspardbanta2,1, 3,1 ; 2, 6,1,3.Cf. aussi : deviç cayamaçea... aspardbanta 2,1,4,4.

Le Taill. B. n'emploie que : devàsuràh saniyatti isan 1,1,6,1; 1, 7,1,2;1,5.9,1; 1,8, 3. 3.

Le Kâth. fait usage de la formule : deviç ca vi asurâç ca samyyatti isandans l'épisode rapporté plus haut (l*d. St. 3,466= 37,14).

LMif. à peu près constamment : devisuri vai... samayatanta3,3, 5; 4, 6,I ; 10,4, I ; 22,6, l ; — mais : devisuri vai... samyetire 37,6, 1.

Le Kaus. présente une fois : devisuri vai... samyalliisuh 1,2.Le Sad*. a côte â côte : devisuri ha samyalli isan 1,1,24; et : deviç ca vi

asuriç ca... aspardhanta6, 2.Le caractère composite Au Gop. se décèle à ce seul point de vue : deviç c*

ha vi asuriç câspardhanta I, 2,19; 2,1, 7. — deviç ca ha vi asuriç ca sant-gramant samayatanta 1,3, 5; — deviçca ha vi frsayaç ca] asuraihsamyattàisan 2,2,7.

LE SACRIFICE ET LES DIEUX 45

ruinés '. » Mais celtedoctrine n'a pas prévalu, et le Çatapathaqui l'énonce ne s'est pas soucié de s'y conformer.

Quand la guerre éclate, les chances semblentêtre en faveurdes Asuras. Ils sont les plus robustes, et ils disposent desmêmes moyens rituels. « Les dieux ct les Asuras allaient,faisant exactement de mémo dans le sacrifice; ce que lesdieux faisaient, les Asuras le faisaient aussi. Et il n'y avait nivainqueurs ni vaincus *. » Mais les dieux, plus favorisés etplus pieux sans doute, ne tardent pas à prendre l'avance.Entre tous les épisodes de celle singulière épopée rituelle,ou les héros sont des prêtres et les armes des sacrifices,le plus développé et le plus caractéristique est sans contreditla conquête des upasads. Les upasads sont des offrandes debeurre clarifié adressées à Agni, Soma et Visnu, qui font par-lie de certaines cérémonies; mais leur nom signifie aussi« le siège d'une place forte ». Le double sens de ce motle désignait pour servir de confluent aux deux courants dela légende divine. « Les dieux et les Asuras étaient enconflit pour la possession de ces mondes-ci. Or les Asurasfirent de ces mondes là-bas des forteresses, comme étant lesplus vigoureux et les plus robustes. Ils firent de celle-là (laterre) une forteresse en fer, de l'atmosphère une en argent,du ciel une en or. C'est ainsi qu'ils firent de ces mondes-làdes forteresses. Les dieux dirent : Yoilà que les Asuras ontfait de ces mondes-là des forteresses, faisons en revanchedes. forteresses de ces mondes-là. Bon, dirent-ils. Ils firentde celle-ci l'abri (sadas}, de l'atmosphère l'autel du feu

1. Çat. Il, 1,6,8-9 : tenisuràa asrjata tasmai sasrjànàya tamaivâsaso 'veL pâpmânam ri asrksi yasmai me sasrjiniya lama ivàbhûd iti tarastala eva pàpuianividb; ît te tala eva paribbavams tasmâd ihur naitad astiyad daivàsuram yad idam anvikhyine tvad udyata itihâse tvat tato hy evatin Prajâpatih pipmanividhyat te tala eva parâbhavann iU.

2. MaUr. 1* 9, 8 : deviç ca vi asuriç câspardhanta te vai samâvad evayajne kurvini âyaa yad evadevâ akurvatatad asuri akurvafate na vyâvrtainagaenan. — ld. ib. 2, 5, 3. — Id. Gop. 2,2, II. — Taill. S. 1,7,3,3 : devi vaiyad yajfie kurvala tad asuri akurvata. — ld. ib. 3,2, 2, 2. — ld. Tailt. B. I,5,6, |. — Ail. 9, 7, 1 : devi vai yad yajfie kurvams tad asuri akurvams tesamivadvlryi evisan na vyivarlanta. — Cf. ib. 15,5,1 ; 16,5,1.

16 là DOCTR1XB DU SACRIFICE DAXS LES BRÂHMANAS

(âgnidhra), du ciel les deux chars à Soma (havirdhâma).C'estainsi qu'ils firent à leur lourde ces mondesdàdes forteresses.Les dieux dirent : "Recourons aux upasads, car par l'upasad ontriomphe d'une grande citadelle, Bon, dirent-ils. Avec lapremièreupasadqu'ils employèrent, ils les repoussèrentde comonde-ci ; avec la seconde, de l'atmosphère ; avec la troi-sième, du ciel. C'est ainsi qu'ils les chassèrent de ces mondes.l»cs Asuras repoussés de ces mondes, se retirèrent dans lessaisons '. » Par les trois upasads les dieux les chassent dessaisons, puis dusmois, puis desdemi-mois, puis du jour et dela nuit. La gradation des conquêtes divines dans ce récit est

I. AU. 4, 6 : devisurâ vi esu lokesu samayatanta te vi asuri irain evalokàn puro 'kurvala yathaujiyamso bâtîyimsa evam te vi ayasmayim eve-mânt akurvata rajatàm antariksam harinim divani te tatheuiàml lokàn puro'kurvata te devi abruvan puro vi ime 'suri imâml lokàn akrala pura iniàiullokàn pratikaravimahi iti tatheti te sada evisyih pratyakurvatâgnldbramantarikfâd dhavirdhâne divas te tathemàml lokàn purah pratyakurvata. tedevi abruvann upasads upiyimopasadâ vai mahàpuram jayantiti tatheUte yàm eva prathamâni upasadam upàyams tayaivainân asmâl lokid anu-danta yânt dvitïyâm tayântarikfid yàm trtiyâin tayâ divas tânis lathaibhyolokebhyo 'nudanta. — Kau*. 8, 8 : upasâdo suri esu lokesu puro 'kurva-tiyasmayîm asmin rajatâmântariksaloke harinimhado divi cakrirete devâh...pancadaçena vajrenaibhyo lokebhyo 'surin anudanta. — Gop. 2, 2,7 : deviçca ha vi rsayaç câsuraih samyalli isan. tesim asurinim iniïh purah pra-tyabhijiti isann ayasmayl prtbivi rajatàntarikfam banni dyauh. te devihsarngbâtani samghàtam parijâyanta. te vidur anâyatanà hi rai smas tasmâtparijayâmahi iti. élis tâh purah pratyakurvatabavirdhinanidiva ignldhramantariksit sadah prthivyàh. te'devi abruvann upasadam upàyinia upasadivai niahâpuram jayantiti. ta ebhyo lokebhyo niragbnann ekayàmusniàllokidekayantariksàd ekayi prthivyàh. tasmâdihur upasadi vai niahâpuram jayan-titi. — Mailr. 3, S, 1 : asurinim viesu lokesu pura isann ayasmayy asmimlloke rajatintarikse harinl divi te devih samstâmbbam samstâmbbampari-jayantàniyafani hy âsams ta eti pratipuro 'niinvata havirdhinam divyàgnTdhram antarikse sadah prthivyâin te rbruvann upasfdàmopasadâ vaimahàpuram jayantiti ta upâsldan... tin ebhyo lokebhyah prânudanta. —Tailt. 8, 6, 2, 3,1 : tesim asurinim tisrah pura âsann ayasmayy avamàtharajatàtha; harinl ti devi jetant niçaknuvan li upasadairijigifan tasmid ihuryae caivani veda yaç ca nopasadi vai mahàpuram jayantiti1.... sa |Rudrah]tisrah puro bfcittvaibhyo lokebhyo 'surân prinudata.— Çat. 3, 4,4,3-5 : deviçca vi asuriç C», ubhaye Prijâpalyâh paspnlhire tato 'suri esu lokesu puraçcakrire 'yasmayim evismint loke rajatim antarikse narinîm divi.* tad vaidevâ asprnvata. fa etàbhir upasadbhir upisidams tad yadLupâsIdams lasmidupasado nâma te purah prâbhindann imam lokàn pràjayams tasmid ihurupasadi puram jayantiti yad abopisate tenemâm mànuslm purant jayanU.etâbhirvai devi upasadbhih purah prâbbindan. — Td. 12, 3, 14 : deviç ca viasurâç câspardhanta te devâ asurânint paurumadgena puro 'majjayan.

ILE SACRIFICE ET LES PIEIX . 47

conforme à l'ordre usuel; l'ordre inverse, lorsqu'il se pré-sente, est une exception accidentelle *, Le premier effort desdieux tend à conquérirune place. « Les dieux ct les Asurasétaient en rivalité; les Asuras avaient une place, les dieuxn'avaient pas do place ; ces mondes étaient la place des Asu-ras; à chaque rencontre les dieux étaient totalement vaincus,car ils n'avaient pas de place *. » Maîtres d'une place, ils netardent pas à s'emparer de la terre. « La terre était auxAsuras; les dieux dirent : Celte terre, donnez-nous en. Ilsrépliquèrent ; Faites votre choix. Alors les Vasus con-quirent l'Est, les Rudras le Sud, le Â< ityas l'Ouest, lesMaruls le Nord, et les dieux gagnèrent ûu t la terre qui étaitaux Asuras 3. » Parfois l'intervention merveilleused'un dieudécide le succès. « La terre était d'abord aux Asuras ; autantqu'on en voit quand on est assis, autant en avaient les dieux.Les dieux dirent : Ayons-en. nous aussi. — Combien vousen donnerons-nous?— Autant que cette femelle de chacalen fait trois fois le tour, donnez-nous en autant. — Indrase métamorphosa en femelle de chacal et fit trois fois le tourde la terre, ct ils gagnèrent la terre * » L'avatar classique de

i. Çal. I, 9, 3, Il : apasaranato ba vi agre devi jayanto 'j&yan. divanievàgre 'thedani antarikfaui atheto 'napasaranàt sapatnâaanudanta.

2. Mailr. 3,10,5 : devâç ca vi asurâç cispardhantàyatanavanto 'suri isannanayatani devi une loki asurinâui iyatanam âsams"te devâh samstâmbbamsamstambbaniparijayantànàyatanâ hy isan.

3. Mailr. 4, 1,10 : asurinim vi iyam prthivy âsit te devi abruvan datta no'syàh prthivyà iU te vai svayam brûdhvani iti tato vai Vasavah prâcim dicauiudajayan Rudridaksinàm âdityih praticim Marutà udiclm tatô vai devi iuiâmasurinim avindanta. — Taill. B. 3,2,9, 6-7 : asurinim vi iyam agra âsit.yivad aslnah paripaçyati,tivad devânâm. te devi abruvan.astv eva no 'syàniapiti. kyam no disyalheti. yâvat svayam parigrfanitheti. te Vasavas tvetidaksinatah paryagrbnan, Rudrâs tveli paççit, Adityâs tvetyuttaratah. '.e

- gnini princo jayan, Vasubhir daksini, Rudraih pratyancah, Âdilyair ûdan-cah. — Cf. note suivante.

4. TaUt. S. 6, 2, 4, 3-4 : asurinim vi iyam agra âsïd yâvad âsinah pari-paçyaU tivad devânâm te devi abruvann astv eva no 'svâm apiti kiyad vodisyima iti yivad iyam salâvrkl trih parikrâmati tâvan no dalteti sa indrahsalavrkf rûpani krtvemàm trih sarvâtah paryakrâmat tad imâm avindanta*.

— Mailr. 3, 8, 3 : asurinim vi iyam agra isld yâvan nisadya parâpaçy-mstad devânâm te devih salivrkini abruvan yivad iyam trih samantam paryetitad asniàkani iti si vi imâm trih samantam paryait tad vai devi imâmavindanta.

48 LA DOCTRINE PU SACRIFICE DANS LES BRÂHMANAS

Yisnu tranformé en nain pour reprendre lo monde aux Asu-ras figure déjà dans les Brâhmanas, mais si les grandeslignes du récit sont identiques de part et d'autre, l'esprit estbien différent. Lo Yi§nu des Purânas est un sauveur quo lajustice et la pitié font descendre du ciel sur la terre; le Visnudes Brâhmanas est simplement le sacrifice aveugle etbrutal.« Les dieux amenèrentVisnu métamorphoséen nain : Autantil couvre en trois pas, dirent-ils, autantà nous! Or il couvritd'abord d'un pas ceci, puis ceci, puis cela, et les dieuxgagnèrent tout ceci *. » Mais la conquête, une fois faite, abesoin d'être « consolidée » : « Les dieux et les Asuras, issusde Prajâpati les uns ct les autres, étaient en rivalité. Orla terre était vacillante; comme il fait d'une feuille de lotus,le vent l'agitait : elle allait tantôt près des dieux, tantôt prèsdes Asuras. Comme elle venait près des dieux, ils dirent :Allons, consolidonscette terre pour en faire un point d'ap-pui; une fois affermie et stable, établissons-y les feux, etnous empêcherons nos rivaux d'en avoir une part. Commeon tendrait une peau avec des coins, ils la consolidèrentpour en faire un point d'appui... ct ils exclurent du partageleurs rivaux *. »

De la terre conquise, la guerre est transportée dans l'air.« Les dieux ct les Asuras, issus de Prajâpati les uns et lesautres, étaient en rivalité pour les régionsde l'air. Les dieux

1. Mailr. 3,8,3 : visnum vai devi inayan vimanam krtvi yivad ayant trirvikraniatetad asmàkam iti sa vi idam evâgre vyakraniatàthedaui athâdas tadvai devi idam samavindanta. — Çat. I, 2, 5,1-7 : deviç ca vi asuriç ca,ubhaye Prijàpatyih pasprdhire tato devi anuvyam ivisuratha hisuri menire'sniàkamevedatii khalu bhuvanam te (devih) yajfiam eva visnum puras-krtyeyuh. te hoeuh. anu no 'svâm prthivyâm ibhajatâstveva no 'py asyinibhâga iti te hisuri asûyanta ïvocur yivad evaisa visnur abbieete tivad vodadma iti. vimano ha vîsnur asa..... tenemim sarvam prlhivîm samavin-danta.

2. Çat. 2,1,1,8-10 : deviç ca vi asurâç cobhayePrijàpatyih pasprdhiresiheyani prthivyaleliyad yathâ puskaraparnainevani tâm ha sma vàlah sam-vahati sopaivadevânjagàmopâsurânt si yatra deviit upàjagàma. lad dhoeuh.hantemim pratisthim drmhàmabai tasyàm dhruviyim açithUiyim agniâdadhiinahai toto *syai sapatnân nirbhaksyàma iti. tad yathâ çankubhiçcarmavihanyit.evam imâm pratisthim paryabrmbanta..... tato *syai sapatninnirabhajan.

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I.E SACRIFICE ET LES DIEtJX 49

enlevèrent aux Asuras les régions de l'air % » — « La bataillese livra d'ebord à l'est : les Asuras y furent victorieux; puisau sud, et les Asuras furent victorieux; puis à l'ouest, et lesAsuras furent victorieux; puis au nord, et les Asuras furentvictorieux; puis au nord-est, et les dieux ne furent pas vain*eus : c'est la région invincible*. » Naturellement, il faut lesconsolider. « Comme les dieux allaient au monde céleste,les régions de l'air se relâchèrent; ils les consolidèrentparun rite \ »

Pour continuer l'ascension, les dieux cherchent à s'orien»ter. Leur ignorance les inquiète ' et risque de les arrêterau cours de leurs victoires. « Les cinq régions étaientbrouillées ; par ces cinq divinités, ils les reconnurent : parPathyâ Svasti ils reconnurent la région du nord parAgni la région de l'est.... par Soma la région du sud...par Savitar la région de l'ouest... par Aditi la région d'enhaut *. »

1. Çat. 9,3,3, 8 : devic câsuriç cobbaye Prâjâpatyi diksv aspardhanta tedeviasurànâm diço 'vrnjata.

2. AU. 3,* 3, 5 : 'devisuri vi esu lokesu samayatanta ta etasyim prieyâmdiçyayalaata finis tato 'suri ajayams te daksinasyiuidiçy ayatanta tirns tato'suri ajayams te pratîcyim ajayams ta udicyàm ajayams ta udicyàmprieyim diçy ayatanta te tato na paràjayanla saisi dig aparijiti. —Cf. ib.37, 6,1 : devisuri vi esu lokesu samyelire la etasyim prieyimdiçi yetiretàros tato'suriajayams te daksinasyim..... te praticyàm ta udicyàm.....ta etasminn avântaradeçe yetire ya esa prin udan te ha tato jigyuh.

3. Mailr. 3, 2, 3 : devih svarg?.m lokam ayants te diçi àkramanfa ta'avliyanta ti etàbfcir adrmhan. — Td. 8, 8, 13 : devânâm vai svargantlokam yanlàm diço 'vliyanta tâh raubhareno ity udastabhnuvarastato vai taadrmhanta tatah pratyatistban.

A. Td. 5,7, Il : devi vai svargant lokam yanto 'jfiânid abibhayuh.5. Çat. 3,2, 3, 14-19 : diço rougdbi isan pafica. ti etibhir eva pancabhir

devatâbbih prijanan. udlclm eva diçani Pathyayi Svastyi prâjànanprâcmi eva diçam Agnini prâjànan... daksinim eva diçani Somena prâjà-nan... praticlm eva diçam Savitri prâjànan... ûrdhvam eva diçam Adityiprâjànan. — Taill. S. 6, I, 5, 1-2 : devi vai devayajanam adhyavasàya diçona prâjànan te 'nyo'njam upâdhâvan tvayi prajànâma tvayeti te 'dilyâmsamadbriyanta... PaUiyim SvasUm ayajan priclm eva tayâ diçam prijânannAgninidaksini Somena praticlm SavitrodlcTmAdityordhvàm.— Mailr. 3,7,1 : aklplam vi idam àsld diço vi imi na prijinams tad devi anyo'nyasminnaichàms tan nâvindams te devi Aditim abruvams tvayi mukbenemi diçahprajinimeti tato' vi imi diçah prâjànan...'—Ait. 2, 1, 34: yajfio vaidevebbya udakrâmat te devi na kimcaniçaknuvan kartum na prijànam? te

00 LA DOCTIll.VE DU SACRIFICE DANS LES BBÀIIMAXAS

Le dernier étage est atteint; l'ascension s'achève, triom-phale, en plein ciel '.Les résistances,se sont évanouies; plusd'adversaires pour barrer, la route. Mais Agni s'élance lepremier et « ferme la porte du monde céleste, car Agni esten vérité le souverain du monde Céleste. Les Vasus arri-vèrent les premiers; ils lui dirent : Tu nous devances, fais-nous de la place. — Si vous ne me célébrez pas, répondit-il,je ne vous laisserai pas passer; célébrez-moi. — Bon, dirent-ils. Ils le célébrèrent, ct célébré il les laissa passer, et ilsallèrent à la place qui leur convenait*. » Puis les Rudrasarrivent, puis les Adityas, puis les Yiçve-devas, et chaque foisle même incident se renouvelle suivi du même pacte.

Ce n'est pas assez d'avoirconquis les trois mondes de hautelutte. Les dieux ont à livrer sans cesse aux Asuras jalouxde nouveaux combats. Tantôt « les Asuras s'enfoncent dansla nuit que le regard des dieux ne perce pas, et les dieux neréussissent pas à vaincre les ténèbres démoniaques* » avantde découvrir le rite approprié. En vain, « Indra les inter-pelle : Allons, qui va venir avec moi poursuivre et disperser

bruvann Aditim tvayemam yajfiam prajânâmeli... atho [Aditih] etam varamavrnila mayaivâ prâcïni diçani prajânâthâgninâ daksinint Somena pralicïmSavilrodiclm iti. — Kâus. 7,6 : devâh svargant lokam abhïprayàya diço naprajajnus tân Agnîr uvâca mahyamekâm âjyâhutini juhutaLu.ni ckâm diçamprajnâsyâmiti sa prâctm diçam prâjânat. Puis de même Soma pour lesud, Savitar pour l'ouest, Pathyî Svasti pour le nord, Aditi pour la régiond'en haut.

1. Formules diverses : devâh svargam lokam âyan Mailr. 3,8, 5; Tailt. S:6, 3, 10, 2 (suvar»} ; Td. 2,6,2 : Ait.3, 6,36. — devâh svargam lokam ajayanAU. 7,36. — devâh svargam lokam ârohan Td. 8,9,15. — devâ divam upo-dakrâman Çat. 1, 7,3, 1. -t devâh svargam lokam samâçnuvata Çat. 3,9, 3,10. — devâ ctasmin nâke svarge loke 'sîdan Cet. 8, 6, 1,10.

2. AU. 14,4 : devâ va asurair vijigyânâ ûrdhvâh svargant lokam âyan so'gnirdivisprgudaerayata sa svargasya lokasyadVâfamavmodAgnir vai svar-gasya tokasyâdbipatis tant Vasavah prathami âgachanis ta enam abruvannati no rjasy àkàeani nah kurv iti sa nâstuto 'tisraksyâ ity abravit slula numeli tatheti tam te trivrtâ stomenâstuvamstân stuto 'tyàrjata le yathâlokamagachan.

3. Td.9, 1,1 : devi va ukthâny abhijitya râtrim nâçaknuvannabhijetum te'surin râtrim tamah pravis(ân nânuvyapaçyams ta eva tam:.. pragâtham apa-çyan... jyotïjânupaçyanto 'nustubhâ vajrena*râtrer niraghnan. — Tailt. S.1,5, 9,2-3 : ahar devânâm âsïd ràlrir asurârtâni te 'suri yad devânâmvittantvedyam âsit tena saha râtrim praviçante devâ hfni amanyanta te 'pa'çyan...

LE SACRIFICE ET LES DIEUX 51

les Asuras et la nuit? Il ne trouve pas de compagnon entreles dieux, car ils avaient peur de la nuit, des ténèbres, de lamort '. » Tantôt les deux partis se disputent le soleil * ; tantôt,en héritiers avides, ils prétendent sans respect d'Un partageéquitable aux deux moitiés de la lune. « Les dieux et lesAsuras, issus de Prajâpati les uns et les autres, entrèrentenpossession de l'héritage de Prajâpati leur père, à savoir lesdeux demi-lunes; la demi-lune croissante, les dieux l'ob-tinrent; la demi-lune décroissante, les Asuras l'obtinrent.Les dieux eurent un désir : Comment pourrions-nous gagnerla part des Asuras? Ils allèrent, adorant, peinant. Ils virentles rites de la nouvelle lune et de la pleine lune, ils lescélébrèrent et ils gagnèrent la part qui était aux Asuras \ »L'année, qui exprime la durée, provoque également unelutte. « Les dieux ct les Asuras étaient en conflit; ils sedisputaient l'année. Les dieux se servirent des sacrificesqui se font tous les quatre mois. Par le Vaiçvadcva, ilsgagnèrent quatre mois sous le commandement d'Indra: ilsleur firent (comme on fait aux vaincus) courber et tournerla tète; par les Varunapraghâsas, ils en gagnèrent quatreautres sous le commandementde Varans par les Sâka-medhas, quatre autres sous le commandement de Soma.La subsistance qui était dans l'année, ils la gagnèrent. Lesdieux furent, ct les Asuras tombèrent \ » Le bétail est, une

1. AU. 16,5,1 f'ahar vai devâ açrayanta râtrim asurôs te samâv?Jvïryâevâ-san na vyâvartanta so bravïd Indrah kaç câfaam cemân ilo 'surân râtrim anvavesyâva iti sa devesu na pratyavindadabibhayû râftes temaso mrfyoh.

2. Td. 5, 5,15 : deviç ca va.asurâç càdilye vyâyachantas tam devâ abbya-jayams tato devâ abhavan parâsurâh".

3. Çal. 1,7, 2, 22-24 : devâe ca vi asuriç ca, ubhaye Prâjâpatyâh Prajâpa-teh piturdàyam upcyur etâv evârdhamâsàû ya evâpûryate tant devâ upâyanyo 'paksiyatc tam asurâh. te devi akâmayanta. katbani *nv imam apisâtnvrnjimahi yo *jam asurânâm iti te' reantah çrâmyantâe cerus ta étanthaviryajfiam dàdrçur yad dareapûrnamasan tâb'hyâm ayâjanta tâbbyâmi;lvattam api samavrfijala.

4. Tailt. B. I, 5,6,3-4 : devàsuràh sarnyattâ âsan. te satnvatsare vyâya-cchanta. tândevâç câturmâsyaïrevâbhipràyufijali. vaievadevena caturo maso'vrfijatendrarâjânih. tâfi chirsam r\ eâvartayanta pari ca varunapragbâsaiçcaturo maso 'vrfijata Varunarâjà'niU.tâfi chïrsam ni sâkamedhaïç caluro

52 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BOAlIMANAS

autre fois, l'enjeu de la lulle *. Les créatures entraînéesdans cette colossale querelle vont au gré de leurs préfé-rences vers les dieux ou les Asuras. « Les dieux et lesAsuras, issus de Prajâpati les uns et les autres, étaient enrivalité. Tous les arbres prirent le parti des Asuras ; seull'udumbarane déserta pas les dieux. Vainqueurs des Asuras,les dieux leurprirent les arbres 2. » — « Comme ils étaient enrivalité, toutes les plantes désertèrent les dieux; seule l'orgerçsla fidèle. Les dieux triomphèrentct avec l'orge ils reprirentà leurs rivaux les autres plantes\ » — « Les saisons, mécon-tentesdes dieux, passèrent aux Asuras, les cousins malveil-lants cl ennemis des dieux. Et elles les firent alors pros-pérer ainsi, comme on le rapporte : tandis que les premierslabourent et sèment, derrière eux on moissonne et on bat legrain; et même sans labourage les plantes venaient à matu-rité *. » Les dieux inquiets envoient alors Agni conclure lapaix avec les saisons. Le mètre sacré entre tous, la gâyatrl,hésite quelque temps entre les deux camps : « Les dieuxct les Asuras étaient en conflit ; la gâyatrl leur prit lavigueur, la force, l'énergie, la progéniture, les troupeaux, ctavec eux elle se tint à l'écart. Ils pensèrent : ceux vers quielle se tournera, ceux-là seront tout. Et ils l'invitèrent depart ct d'autre. Les dieux dirent : Viçvakarman ! les Asurasdirent : DàLîii î ct elle ne se décida pas entre eux. Mais lesdieux dirent la bonne formule, et ils gagnèrent aux Asuras

maso "vrnjata Somarâjânah. tââ chîrsaqt ni..... yâ samvatsara upajivâsit.tâm esàttt avrfijata. tato devâ abhavan parâsurih.

1. Td. 13,6, 7 : devâj câsarâç ca samadadhâta yalare nah samjayâmstesâm nah paçavo 'sân iti Is devi asurân.... samajayan. — Mailr.,3,2, 6:etayà vai devâ asurânàm vâatam paçun avrnjata.

2. Çal. 6, 6, 3, 2 : deviç câsurâç cobtiaye Prâjâpalyâ aspardbanta te hasarvaeva vanaspalayo '*urân abhyupeyurudumbaro haiva devân ni jahau tedevi asurân jilvâ tesaut vanaspatin avrnjata.

3. Çal. 3,6,1,8-9 : deviç ca vi asurâç ca, ubhaye Prâjâpatyâh pasprdhiretato dcvbhyah sarvâevausadhayatyur yavi haivainhyo neyuh. lad val devâaspruvata. ta ctaih sarvâh sapainànâmosadhtrayuvata.

.„*

4. Çal. 1, 6, 1, 1-8 : ta rtavo devesv ajânatsv asurân upâvartanlàpriyàndevânâm dvisato bhrâtrvyân. te haitâm edhatum edhàm cakrire. yàm esâmetâm anuernvanti krsante ha smaiva purve vapanto yanti lunanto 'parerarnantah çaçvad dhaibhyo 'krsfapacyà evausadhayah pecîre.

LÉ SACRIFICE ET LES DIEUX 53

leur force, leur vigueur, leur énergie, leur progéniture,leurs troupeaux '. »

Le récit des victoires divines permet de dresser le cata-logue des moyens de parvenirau point de vue des Brâhma-nas. Souvent c'est l'intervention de Prajâpati, spontanée ousollicitée, qui tire les dieux d'embarras. Asuras et dieux sedisputent ses faveurs : « Les dieux et les Asuras, issus dePrajâpati les uns ct les autres, étaient en rivalité pour »usacrifice qui est Prajâpati, leur père. C'est à nous qu'il sera,disaient les uns. C'est à nous qu'il sera, disaient les autres*. »La prédilection de Prajâpati pour les dieux n'est jamaisexpliquée par les textes; il est, comme le sacrifice qu'ilreprésente, indifférent à la morale; ses actes ne procèdentque du désir. « Les dieux et les Asuras étaient en ce monde.Prajâpati eut un désir : Je veux chasser les Asuras * ! »11 est si peu sensible aux mérites propres des deux adver-saires qu'il est incapable de les distinguer sous leur formevéritable : « Les uns et les autres furent émis de Prajâpali,et les dieux et les Asuras. Il ne les distinguait pas assez

1. Taill. S. 2, 4,3, I : devàsuràh samyattâ âsan tesâm gâyatry ojo batamindriyam vîryam prajâni paçûnt samgrhyâdàyâpakramyâtisthatte 'manyantayatarân va iyam upâvartsyati ta idâni bhavisyantiti tâm vyahvayantaviçva-karmann iti devi dàbktly asurâh si nânyatarâmçcanopâvartatate devâ étadyajurapaçyan... iU vâva devââsurânâm ojobaîa'm indriyam vîryam prajâmpaçun avrnjata. — Mailr. 2, 1,11: devâe câsurâç câspardhanta tân gâyatrîsarvam annam parigrhyàntarâlisthat te Vidur yatârân va iyam upâvartsyatita idam bhavisyantiti tasyâni va ubhaya aichanta tâm nâmnopaipsan dâbhi.ity asuri àhvayan viçvakarman. ity devâh sa nânyatarâmçcanopâvartatatâmdevâ etena yajusâvrfijata... tad annâdyam aw*njala. — Çal. I, 4, 1, 31 :devâeca va asurâç cobhaye Prâjâpatyâh pasprdhiretâmt spardhamânângâya-try antarâ taslhaû yâ vai si gâyatry âsïd iyam vai sa prthivîyam haiva tadantari tasthau ta ubhayaeva vidantcakruryatarân vai na iyam upâvartsyatite bhavisyanti paretare bhavisyantiti tâm ubhaya evopamanfrayàm cakrire*gnîr eva devânâm dûta âsa Saharaksâ ity asuraraksasam asurânâm sâgnimevânupreyâya.

2. Çat. Il, 5, 9, 3 : devâe ca ha va asurâç ca, ubhaye Prâjâpatyâ aspar-dbanta taetasminneva yajfie Prajâpatâvasparilhantâsmâkamayant syâdasmâkam ayant syâd iti. —

ib. 1,5, 3, 2 : devâç ca va asurâç ca. ubhaye Prâjâpa-tyâh pasprdhira ctasmin yajfie Prajâpalau pitari sarnvat*are 'smàkam ayanibhavisyaty asmâkam bhavisyatiti.— Cf. ib. t, 9. 2. 34: t, 2,1, It.

3. Mailr. I, 10, 5 : devâç ca va asurâç câsminil loka âsant sa Prajâpatirakâmayataprâsurânnudeya... iti>

54 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRÂHMANAS

pour reconnaître : voici les uns, voici les autres. Il fit alorsdes dieux des tiges de soma *. » En général, c'est sur lademande des dieux qu'il intervient : « Ces dieux coururentvers Prajâpali * »,,et, grâce à lui, le sacrifice qui s'est enfuirevient, la pluie qui s'y refusait,donne la nourriture, lesvoies qiii mènent au ciel s'ouvrent, la mort est, écartée.

;!

Les dieux ont également recours, pour réussir, à ces exer-cices pénibles qu'on désigne, dans la langue religieuse, sousle nom de « fatigue » (crama) et qui s'associent d'ordinaire,soit à l'ascétisme (tapas), soit à l'adoration (arc*). « Par lapeine (crama), en vérité, les dieux ont conquis ce qu'ilsavaient à conquérir '. » Ainsi les dieux sont le type idéal deces « çramanas » que l'exaltation religieuse fit surgir danstoutes les grandes églises de l'Inde, parmi les brahmanesorthodoxes comme chez les Bouddhistes et les Jainas.

Le sacrifice est, par excellence, le moyen de vaincre.« C'est par le sacrifice que les dieux ont réussi dans toutesleurs entreprises '. » — «Tout ce que les dieuxfont, c'est parla récitation chantéequ'ils le font; la récitation chantée, c'estle sacrifice; c'est par le sacrifice qu'ils le font \ » — « C'est

1. Taill. B. I, 4, 1,1 : ubhaye va ete Prajâpaler adhy asrjyanta. deviçcâsurâç ca. tân na vyajânat. îme *nya ime 'nya iti. sa devân âmçtin akarot.

2. Tailt. S.3,3,7,1 : so 'surânanu yajfio 'pâkrâmad yajfiam chandâmsitedevâamanyantâmiva idam abhûvanyad vayam sma iti te PrajâpatimUpâdhâvantso 'bravît Prajâpatih... sa chandasânt vîryam àdâya lad ebhyah prâyachat.— Mailr. 2,4, 8 : vrstir vai devebhyo 'nnâdyam apâkrâmat tata idam sarvamaçusyal te devâh Prajâpatimevopâdhâvams tân va etayâ Prajâpatir ayâjayat...— Sâman. 1,1,* 15 : te devâh Prajâpatim upâdhâvan te bruvan katham nuvayam svargam lokam iyâmeti tebhya etân yajfiakratûn prâyacebat...' taihsvargam lokam âyan. — Taill. S. 2, 3, 2,1 : devâ vai mrtyor abibhayus téPrajâpatim upâdhâvan... tayaivaîsv amrtam adadhât. — Cf. aussi Td. 8,3,1 : devâe câsurâç caisu lokesv aspardbantate devâh Prajâpatimupâdhâvamstebhya état sâmâ prâyachat.

3. Çal. I, 6,2,3 : çramena ha sma vai tad devâ jayanti yad esâm jayyamOsa. — Cf. Ait. 7, 3, 6 : devâ vai yajfuna çramena tapasâhutibhihsvargamlokam ajayan. — Çal. 1,7,2,24 : te [devâh]'rcantah çrâmyantaç ceruh. Cf.ib. 1,2,5,18.

4. Çal. 2, 4, 3, 3 : yajfiena ha sma vai tad devâh katpayante yad esâm kal-pam âsa.

5. Çat. 8, 4, 3, 2 : yad u ha kim ca devait kurvate slomenaiva tat kurvateyajfio vai stomo yajfienaiva tat kurvate.

LE SACRIFICE ET LES DIEUX 55

par le sacrifice que les dieux sont allés au monde céleste '. ».

— « C'est en sacrifiantavec tous les hymnes que les dieuxontconquis le monde céleste *. » Mais il faut savoir se servir decette arme précieuse. « C'est par la perfection du sacrificeque les dieux sont allés au monde céleste ; c'est par les dé-fauts du sacrifice que les Asuras ont été vaincus *. » Ledéfautcapital des Asuras, en matière de rituel, c'est l'orgueil indi-viduel; chacun se fait une trop haute idée de sa puissance;et « l'orgueil ouvre la porte à la rainev ». Les dieux, plusmodestes et plus sages, s'honorent les uns les autres. « Lesdieux ct les Asuras... étaient en rivalité. Alors les Asu-ras, par orgueil, se dirent : En qui pourrions-nous doncfaire nos oblations? Et ils allèrent faisant leurs oblationsdans leur propre bouche. Et les dieux allèrent faisant leursoblations chacun dans la bouche d'un autre. Et Prajâpati sedonna à eux\ » Les procédés des Asuras donnent l'exemple àéviter comme les procédés des dieux donnent l'exemple àsuivre. Les Asuras, en construisant l autel, placent la briqueavec la marqueen-dessous * ; dans les préliminaires du sacri-fice, ils se rasent d'abord les cheveux, puis la barbe, puis

1. Çat. 1,7,3, I : yajfienavai devâ divam upodakrâman. — Taill. & 1, 7,t, 3 : sarvena vai yajfiena devâh suvargam lokam âyan. — AU. 3, 5, 36 :yajfiena vai tad devâ yajfiam ayajanta... te svargam lokam âyan.

2. Ail. 2, 3, 6 : sarvair vai chandobhir istvâ devâh svargam lokam ajayan.— Çat. 3, 9, 3, 10 : chandobhir hi devâh svargam lokam sauiienuvata. —Mailr. 3,2, 3 : chandobhir val devâh svargam lokam âyan.— Cf. Td. 7, 4, 2 :devâ vai chandâmsy abruvan yusmâbhih svargam lokam ayâmeti.

3. TaUt. S. 1, 6, 10, 2 t yajfiasya vai samrddhéna devâh suvargam lokamâyan yajfiasya vyrddhenâsurânparâbhâvayan.

4. Çal. 5,1, 1, î : lasmân nâtimanyeta parâbhavasyaby élan mukham yadalimfmah. — ld. t*. Il, I, 8, 1.

5. Çat. 5,1, 1,1-2 : devâe ca va asurâçca, ubhaye Prâjâpalyâh pasprdhiretato "suri atimânenaiva kasmin nu vayam juhuyâmeti svesvevâsyesu juhva-tac cerus te 'limânenaiva parâbabhtivus tasmânnâti......... atha devâh, anyo'nyasminn eva juhvataç cerus tebhyah Prajâpatir âtmânam pradadau. *—répété to. Il, .1, 8,1-2. — Cf. Gop. 2,1, 7 : devâç ca ha va asurâç câspar-dhanta te devâh Prajâpatim evâbhyayajanta.ânyo'nyasyâsyesvasurâ ajuha-vuh. te devâ clam odanatu apaeyan.... tam bbâgam pacyan Prajâpatir devânupâvartata.

6. Mailr. 3.2, 7: ubhaye va étant upâdadhalà devâç ca vaasurâç coparislâl-laksmânam devâ upâdadhatâdhastâllaksmânam asuras tato devâ abhàvanparâsurâh.

56 LA DOCTRINE Dl SACRIFICE DANS LES BfiAllMANAS

les aisselles ' ; au sacrifice, ils offrent une victime blanche,aux cornes ferrées, née d'une mère blanche *, ct toutes ceserreurs consomment leur perlé. Les deux partis poursuiventd'ailleurs le succès avec une égale férocité. « Aditi étaitchez les dieux, Kustâ chez les Asuras. Les dieux pensèrent :Si nous remportons,nous abattrons la tête de Kustâ. Si nousl'emportons, pensèrent les Asuras, nous abattrons la têted'Aditi. Lesdieux remportèrentet ils luiabattirent la tête3.»De part et d'autre, les prêtres se valent ; mais les dieux sansscrupules gagnent à leurs intérêts les prêtres de leurs adver-saires. « Brhaspati était le prêtre des dieux; Çanda etMarka, des Asuras. Les dieux avaient pour eux la sciencesacrée; les Asuras avaient pour eux la science sacrée. Niles uns ni les autres ne pouvaient l'emporter. Les dieuxgagnèrent à leur cause Çanda et Marka ' » ; ils conclurent unpacte « et les dieux furent ct les Asuras perdirent tout ». —« Uçanas Kâvya était le prêtre des Asuras, les dieux legagnèrentà leurcauses. »

Impuissants à triompher par le sacrifice, les Asuras ontrecours à la magie, «t Comme les dieux avaient passé par

1. TaUt. B. 1,5, 6,1 : devâ vai yad yajfie 'kurvala tad asurà akurvata. te'suri ûrdhvam prsl.hebhyonâpaçyan. te keeân agre Vapanfa. alha çmaçrûni.athopapaksau. ta'tas te 'vâfica âyan. parâbhavan.

2. Mailr. 2, 6,9 ï devâçca va asurâç câspardhantate 'bruvan brahmanino'smïn vijayethâm ity arunas tûparaçcaitreyo devânâmâsïn cyeto 'yaherngah.çyaineyo 'surânâm te 'suri utkrodino 'carann arâdo 'smâkaiit tûparo 'misâmiti tau vai sâmalabhetâm tasya devâh ksurapcviçiro 'kurvams tasyântarâçrnge çiro vyavadhâyavisvaficam vyarujat.

."3. Mailr. 4,2, 3 ï devâçca Va asurâç câspardbantâdilîrdevesv âsit kustâsu-resu le devâ amanyanta yady abttijesyâmah kustâyâh cira âhanisyâmâ itiya'dy abhijesyâmâ ity asurâ amanyantâdityâh çirâ âhànisyâmâ iti tant devâabhijityâghnata.

4. Taill. S. 6, 4,10,1 : brhaspatir devânâm purohita àsîe chandâmarkâvasurânâm brahmanvanto devâ âsan brahmanvanto 'surâs te 'nyonyamnâçaknurann abhibhavitum te devâh çandâmarkâv upâmanlrayanta.... tatodevi abhavan parâsuràh. — Cf. AU. 12,'6, 2 : brhaspatipurohitâ vai devâajayan. — Td. 6, 7, t ": brhaspatir vai devânâm udagâyat tant raksâmsyajighâmsan. — Gop. 2, 2,15 : atha brhaspatir ângiraso devinant brahmàsilsa..... upary upary asurânâm brahmânam aveksata tata esâm adhahçtrâfcrahinâpatat lato yajfias tato *surà iU.

5. Td. 7, 5, 20 : uçanâ vai kâvyo 'suràoâm purohita âsit tant devâ upâ-tmnlrayantat

LE SACRIFICE ET LES DIEEX 57

les cérémoniespréliminaires, les Asuras prirent leur formeet sous ce déguisement cherchèrentà les frapper. Les dieuxse lancèrent des injures et se rassemblèrent : C'est toi qui asvoulu me fairecela?C'est toi qui as voulu me frapper1. »Maisles Asuras n'osèrent s'attaquer à Agni, leur destructeur,etAgni lira d'erreur les dieux. Une autre fois, « ils enduisirentd'un poison, comme par magie, les plantes dont les hommeset les bêles se nourrissent : Si nous arrivions ainsi, sedisaient-ils, à l'emportersUr les dieux! Les hommes ne man-geaient plus, les bêtes ne broutaient plus. L'inanition avaitpresque fait périr les créatures * ». Une fois de plus, le sacri-fice sauva tes dieux. La faim, que les Asuras ont déchaînéecontre les dieux, se retourne contre eux-mêmes *.

Les dieux, d'autre part, n'hésitent pas devant un men-songe, s'il assure la victoire. « Les dieux et les Asuras étaienten conflit; les dieux mirent en réserve la vérité de la paroleet ils triomphèrent des Asuras par le mensonge *. » Liguésavec les hommes et les Pitaras contre une coalition des Asu-ras, des Raksas ct des Picàcas,« les dieux gagnèrent lesRaksas à leur cause. Les Raksas dirent : Choisissons unavantage. Si nous triomphons des Asuras, part â deux! Alorsles dieux vainquirent les Asuras. Ayant vaincu les Asuras,ils repoussèrent les Raksas. Les Raksas leur dirent: Vousavez fait un mensongeet ils les enveloppèrent5. » Indifférent

1. Çat. 3,4,3, 6 : devânâm u ba sma dikfitânâm, yah samiddhâro va svâ-dhyâyam va visrjate tam ha smetarasyaivetaram rOpenetarasyet&iMmasura-raksasâni jighàmsanti te ha pâpam vadanta upasameyur iti vai tuant tvamacikirsir itimâjighâmsiriti.

2. Çat. 2, 4, 3,2-3 : tato "surâ ubhayir osadhir yâç ca manusyâ upajivantiyâe ca paçavah krtyayeva tvad viseneva pralilipur ûtaivam cid devân abhi-bhàveineti tato na manusyâ âçur na pacava âliliçire ta hemâh prajâ anâça-kena not parâbabhûvuh..... te hocur hantedam âsâm apajighâmsâmeti kenetiyajûenaivetî.

3. Tailt. B. 1,6,7, 2 : devâh... isfvàçitâ abhavan.... tebhyo 'aurâh ksudhampràhinvan. si devesu lokam âviltvâsurân punar agachat.

4. Tailt B. 1,8, 3, 3 : devàsuràh samyattâ âsan. te devâ açvinoh pûsanvâeah satyani samnidhàya, anrtenâsurân abhyabhavan.

5. Tailt. S. 2, 4, 1,1: devâ manusyâh pitaras te nyata âsann asurâraksâmsi piçâcâs le 'nyatas fesâm devânâm uta yad alpam lohitam akurvantad rakfâmsi râtribhir asubhnàn tant subdhân mVtân abbi vyauchat te devâ

58 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRAHMANAS

au mensonge commis, le rite bien fait assure encore celte'fois la victoire des dieux. >»>-'a»<•. ••'; <;

Les pacifiques auteurs des Brâhmanas ne se représententpas volontiers lesdieux et leurs adversaires comme des guer-riers à la manière humaine. Ilest intéressant de noter, mômed'aprèsun témoignage isolé, que « les dieux combattent surdes chars, tandis que lés Asuras restent dans leurs murs ' ».Les bâtons et les arcs, lorsqu'ils paraissent dans cetteépopéelaissent bien vite la place à d'autres armes plus sûres. « Le^,dieux et les Asuras... étaient en rivalité. Avec les bâtons etlès arcs, la victoire restait indécise.La victoireétant indécise,ils dirent : Allons! décidons la victoire à la parole, à lascience sacrée! Si l'un dit une parole, ct que l'autre norépond pas par un mot qui fait la paire, il aura perdu, et lesautresgagneronttout. Bon, dirent les dieux. Les dieux direntà Indra : Parle! Indra dit : Un à moi! Les autres dirent :Une à nous! Ils trouvèrent ainsi à faire la paire, car un etune font la paire. Deux (deau) à moi ! dit Indra. Deux (dee)à nous, dirent les autres. Ils trouvèrentainsi à faire la paire,car deau eldve font ta paire. Trois [trayait) à moi! dit Indra.Trois (tisrah) à nous, dirent les autres; ils trouvèrent ainsi àfaire là paire, car trayait et tisrah font la paire. Quatre (càlCfi-rah) à moi, dit Indra. Quatre (catasrah) à nous, dirent lesautres. Ils trouvèrent ainsi à faire la paire, car catvârah ctcatasrah font la paire. Cinq (paiica) à moi, dit Indra. El lesautres ne trouvèrent pas à faire la paire, car il n'y a pas depaire au-delà. Panca et paiica, c'est deux fois la même chosecl alors les Asuras perdirent tout, les dieux gagnèrent toutaux Asuras *. »

avidur yo vai no 'yam mriyate raksâmsi va imam ghnantiti te raksâmsyupâmanfrayantâtâny abruvan varani vfnâmahaiyat. asurân jayâma tan nahsahâsad iti tato vai devâ asurân ajayante 'surâfi jitvà raksâmsy apânudantâtâni raksâmsy anrtam akarteti samantam devân paryaviçanV '

1. Çat. 6, 8, M t devâç câsurâç cobfaâye Prâjâpatyâ aspardbanta te devâçcakrattt acarafi châtain asurâh.

2. Çat. 1,5, 4.6-11 : devâç*ca va asurâç ca, ubhaye Prâjâpatyâ pasprdhirete dantjair dhanurbhirna vyajayanla te hy avijayamânà ûcur hanta vâcy evâ

,, LE SACRIFICE ET LES DIEUX 59

Malgré leurs défaites répétées, les Asuras ne se tiennentpas volontierspourbattus. « Chaque fois que les dieux avaientremporté la victoire, les Asuras recommençaient les hosti-lités contre eux '. » La guerre même ne va pas sans alterna-:tivcs. « Les dieux et les Asuras étaient en conflit; les.Asurasvainquirent les dieux et les dieux vaincus furentasservis auxAsuras ; leur vigueur, leur force, les abandonna *. » Desadversaires si vigoureux et si obstinés inspirent aux dieux,même après la victoire, une crainte qui les hante. « Les dieuxavaient peur d'être assaillis par les Asuras et les Raksas :Si lesRaksas destructeursallaient nous attaquer d'enbas 3 ! »Pendant que les dieux montent au ciel, les Asuras et lesRaksas les poursuiventpour les arrêter 1 ; les dieux inquietsplacent Agni en tête, enqueue et sur les flancs; couverts par

brahman vijigîsâmahaisa yo no vâcam vyâhrtâm mitbunena nânnnikrâmâtsa sarvam parâjayâiâ atha sarvam ilare jayâ'n iti tatheti devâ abruvams tedevâ Indram abruvan vyâbareU. sa Indro i»ravit. eko roamety athâsmâkameketilare bruvanis tad u tan mithunam evâvindan tnithunamhy ekae caikâca. dvau mametindro 'bravit. athâsmâkamdve ilitare bruvanis tad u.dvàu ca dve ca. trayo mametîndro "bravit. athâsmâkam fora itîtire..........trayaç ca tisraç ca. catvâro mametindro 'bravit. athâsmâkam catasra itî-tare.. catvâraç ca catasraç ea. pafica mametîndro bravit. tata itare mi-thunamnâvindannohy ata ûrdhvam mithunam asti pafica panceti hy evaitadubhayani bhavati tato 'surâh sarvam parâjayanta sarvasmâd devâ asurânajayan. — Td. 21,13, 2 : devâç ca va asurâç câspardhanta te na vyajayantate bruvan vâco mithunena vijayâmahai yatare no vâco mithunani na prati-vindàms te parâbhavân iti te devâ eka ity abruvann ekefy asurâ vâco mithu-nam pratyavindan dvâv iti devâ abruvan dve ity asurâ vâco mithunampratyavindams traya iti devâ abruvams tisra ity asurâ vâco mithunam pra-lyavindamç catvâra iU devâ abruvams catasra ity asurâ vâco mithunampratyavindan panceti devâ abruvan nâsurâ avindams tato devâ abhavaitparâsurâh,

1. Çal.'l, 2,4, 8 : te ha sma yad devâ asurân jayanti tato ha smaîvainânpunar upottisthanU.

2. Tailt. S. 2, 3, 7, 1 : devâscrâh samyalli âsan tân devân asurâ ajayante devâh pârâjigyânâ asurânâm vaiçyam upâyan tebhya indriyam vîryamapàkrâmat. — Mailr. 2,3, 7 : devâ asurânâm vèçatvam upâyan.*— Cf. il. 3,10,6 : devâç ca va asurâç câspardhanta tesâm va indriyâni vïryâny api-krâman,

3. Çat. 1,2,1,61 devâ ha vai yajfiam tanvânâs te 'surûraksasebhya âsangâdbibhayâm cakrur nen no 'dhastân ni?Ira raksâmsv upottisthin itï.

— ld. ib.U I, 2, 3? 3, 9, 4, 6; 7,3, 2, 7 ; 10,2, 5,* 1. — Cf. ib. 7, 4,1, ïi : devâ âtmânamupadhâyâbibhayur yad vai na imam iha raksâmsi nâslrâ na hanyur iti.

4. Ait. 21,1,5: devâ vai svargant lokam âyâms tân asurarâksâmsy anva-vârayanta. ''.''*"

60. LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRÂHMANAS

ce gardien invincible, ils atteignent le ciel '. Toujours incer-tainsdu succès, lesdieux prudentsmultiplient lés précautionsavant la bataille. « Sur le point de livrer combat, les dieuxdirent : Allons, ôlons dé cette terre l'emplacement propreaux sacrifices et que la mort n'atteint pas, cl déposons-le surla lune.- Si les Asuras vainqueurs nous chassent d'ici, nouspourrons, en adorant ct en peinant, arriver ainsi à prendrenotre revanche. Ils ôtèrent donc de la terre l'emplacementpropre au sacrifice que la mort n'atteint pas et ils le dépo-sèrent sur la lune; et c'est là le noir qu'onvoit sur la luné '. »— «Les dieux et les Asuras étaient en conflit. Les dieux enpartant à la bataille laissèrent leurs corps éclatants endépôt

-dans Agni et Soma. S'ils triomphentde nous, se disaient-ils,ceci du moins nous restera3. » Une autre fois, c'est leursbiensqu'ils mettent en dépôt pour s'assurerune réserve en cas dedéfaite '. Entrés au ciel, ils craignentencore d'y être attaquéset dressent des barrières. « Les dieux disposèrentaux extré-mités les régions de l'espace, pour empêcher les Asuras deles suivre * »; « ils mirent le soleil qui est là-bas comme unemuraille pour empêcher les Asuras de reparaître * ». Là

1. Çat.l, 6, 1,11-12 : te svargam lokam yantah. asuraraksasebhyaâsangâdbibhayâmcakrus te 'gnïm puraslâd akurvata raksohanamraksasâtn apahan-târam agnini madhyalo 'kurvala.... agnini paçcâd akurvata.... evant sarvalo'gnibhir gupyamânâh svargam lokam sauiâçnuvata.

2. Çal. i, 2, 5, 18*: devâ ha vai samgràraarti sanmidhâsyantas te hocurhanta yad asyai prthivyi anâmrtam devayajanam tac candramasi nîdadhâ-mahai sa yadi na ito 'suri jayeyus tala evircantâh çrimyantah punar abhi-bhavemetisa yad asyai prthivyi anâmrtamdevayajanam âsit lac candramasinyadadhata tad etae candramasi krsn'am. —Cf. AU. 19,5, 7: etad vi iyamamusyàm devayajanam adadhâd yad etae candramasi krsnam iva. — TaUt. B.1,1, 3, 3 : yad asyâ yajniyam âsit, tad amusyàm adadhit. tad adaç candra-masi krsnam.

3. TaUt. B. 1,3,1,1 î devàsuràh samyattàâsan. te devi vijayam upayantah,agnîsotnayos tejasvinfs lanûh sâmnyadadhata. idam u no ôhavisyati, yadino jesyantili.

4. Tailt. S. 1, B, 1,1 : devàsuràh samyattà âsan te devâ vijayam upayanlo*gnau vâmam vasu samnyadadhatedamu no bhavisyati yadi no jesyantili.—ld. ïïtîtt.».'i»l,6, I."

5. Mailr. 3,8, 5 t ato vai devâ asurân tnanari vinudya svargam lokamayants ta eti devatà [diçah] antato 'dadhatâsurânàmananvagbhâvàya.

6. Mailr. 3, 8,4 : devâ asurân pranudya svargam lokam âyann athaîbhyo'mum Adityam paridhint paryadadhur apunaràbbâvâyat

LE SACRIFICE ET LES DIEUX 61

précaution n'était pas superflue. Les Asurasessayèrent à leurtour d'escalader le ciel, comme les Géants qui entassèrentPélion sur Ossa. Lacomparaison des deux légendes suffit àmettre en plein jour la divergence des épopées divines dansl'Inde et dans la Grèce. « Les Asuras construisirent l'autelqu'on appelle Rauhini. Par ce moyen, se disaient-ils, nousferons l'ascension de ce monde là-bas. Indra observa : S'ilsarrivent à édifier leur autel, ils nous surpasseront. Il vint ense donnant pour un brahmane et mit une brique à la cons-truction. U leur dit : Allons, laissez-moi poser celle-ci. Oui,dirent-ils. Il la posa. Il s'en fallait de peu que leur autel nefût édifié; alors il dit : Je veux reprendre cellequi esta moi.Il alla la prendre et la retira; quand elle fut retirée, l'autels'écroula, ct avec l'autel écroulé les Asuras s'écroulèrent. Ilfit de ces briques des carreaux de foudre et leur coupa latête '. » D'après un autre récit, « les Asuras furent changésen araignées, mais deux s'envolèrent en haut ct ils devinrentles chiens du ciel ».

L'histoire de quelques clans divins donne plus de reliefàla physionomie des dieux étudiés en collectivité. Je me bor-

1. Çat. 2,1,2,13-17 : devâç ca va asurâç cobhaye Prâjâpalyâh pasprdhire faubhayaevâmurn lokam samiruruksintcakrur divam eva tato 'suri rauhinîmity agnini cikyïre 'nenâmunt lokam samàroksyàma iU. Indro ha va iksâmcakre. imam ced vi ime cinvate tala eva no bhibhavantîti sa bràhmano bni-vina ekeslakàm prabadhyeyâya. sa hovâca. hantâham imâm apy upadadhiiti tatheti tâm upâdbatta tesâm alpekâd evâgnir asameita isa. atha hovâca.anv i aham tâm dâsye yâ mameheti tâm abhipadyâbabarha tasyâm âbr-dhâyâm agnïr vyavaçaçâdàgnervyavaçâdam anv asurâ vyavaçeduh sa là eves-(akâ vajrân krtvâ grivâh pracieheda. — Mailr. 1, 6, 9 : kâlakâfijâ va asurâistakà acinvalâ divam àfoksyàmà iti tân Indro bràhmano bruvàna upait sae'tàm is(akim apy upâdhattâprathamà iva divam àkramantâthasa tâm àbrhatte 'suràh pâpîyâmso bhavanto 'pâbhramçanta yâ utlamâ âstâm tau Yamacvâabhavatàm ye 'dbare ta ûrnâvâbhayah. — Kâlh, 8, 1 [fnd. St., 3, 465) : kâla-kâfijâ vai nàmâsurâ âsams ta islakà acinvalâlad indra isfakâmapy upâdhattâtesâm tnithunau divam âkrametint tatas tâm avrhat te 'vâkïryanla ti etaudivyau çvinau. — Taill. B. I, I, 2, 4-6 : kâlakâfijâ vai nàmâsurâ âsan. tesuvargâya lokiyâgnimacinvalâ. purusa islakâm upâdadhât purusa islakâm.sa indro bràhmano bruvàna islakâm upâdhattâ.esâ me citrâ nâmeU. te suvar*galokam âprârohan. sa indra isjakâm avrhat. te 'vâkïryanla. ye' vikîryanta,ta Ornanàbhayo 'bhavan. dvâv udapatatàm. tau divyau çvânàv abhavatàm.

62 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRÂHMANAS

nerai à passer en revue lés plus anciens de ces clans enqui s'est opérée là première manifestation des conditionsdivines.;'' ..:; *r:-:\:-'.-: '.;.* '-:'••:'. /r- '-*-'*

Les Sâdhyas sont les plus antiques de tous; le recul destemps a si fort estompé leurs traits individuels qu'Us subsis-tent seulement d'une vie générique. « Les Sâdhyas étaientdes dieux avant les dieux ' »; eux aussi, « ils désirèrentmonter au ciel* », et c'est par le sacrifice qu'ils y parvinrent.Venus avant le reste de là création, « ils ne purent offrir aufeu que le feu, car il n'y avait encore rien d'autreà offrir* ».Tout dieux, qu'ils sont, ils ont comme les Asuras, péché parorgueil; « ils se sont estimés au-dessus du sacrifice ' ». Lemondequ'ils habitent est situé par delà lé monde des dieux *.

Us sont désignés comme les « divins gardiens des plagescélestes * » avec des dieux énigmatiques : les Àpyas. les.Anvàdhyas et avec les Maruts. Un Brahmanade date tardiveles présente comme recourant à Indra pour les tirer depeine : « Les dieux Sâdhyas tenaient une session de sacri-fices; il leur vint de la gravclle dans les yeux. Us allèrentrespectueusement trouver Indra : Comment se fait-il qu'ilvient de la gravelle aux yeux de ceux que tu connais? (Illeur présenta une préparation rituelle), ils la regardèrent ct

1. Td. 2-7,8,2 : sâdhyâ vai nâma devebhyo devâ pûrva âsan. — Cf. Kûth. 23,8; 26,7.

2. TaUt. S. 7,2,1 : sâdhyâ vai devâh suvargakâmâ etam sadrâtramapaeyantam âharan teniyàjanta tato vai te suvargaitt lokam âyan. — Td. 8, 3, 5 isâdhyâ vai nâma devâ âsams te... mâdhyandinena savanena saha svargamlokam âyan.—Cf. i*., 8, 4,9: 25,8, 2. '

3. Tailt. S. 6, 3, 5 I i sâdhyâ vai devâ asmîn loka âsan nânyat kinicanamisât te 'gnirn evâgnaye medhâyâlabhantana hy anyad âlambhyàm avindan.— Mailr. 3,9, 5 : sâdhyâ vai devâ âsann alha vai farhi nânyâhutir âsit tedevâ agnini mathitvâgnâ ajuhavuh. — Ait. 3,5, 38 : chandàmsi vai sâdhyâ ~devâs te'gre'gninâgnîmayajantate svargam lokam âyan.

4. Tailt. S. 6, 3, 4, 8 : sâdhyâ vai devâ yajâam aty amanyanta tân yajfionâsprçat tân yad yajfiasyâliriklam âsit lad aspfçat. — Mailr. S, 9,41 ye vaidevâh sâdhyâ yajfiamatyamanyanta.

5. Çat. 3, 7, 1, 23 : tena pitrtokam jayaty atha... manusyalokam jayatyatha... devalokam jayaty alha..'. sâdhyâ iti devis lésant lokam jayati'. — Cf.Knth. 26,4.

6. Çal. 13,4, 2,16 : ...devâ âçâpâlâh ...cte daivâ âpyâh sâdhyâ anvâdhyâmarulah.

LE SACRIFICE ET LES DIEUX 63

y virent clair '. » Maisdans un autre Brahmana, de beaucoupplus ancien, c'est la mère môme d'Indra, Adili, qui offreaux Sâdhyas ses hommages,et c'est à leur protection qu'elledoit la naissancede ses fils, les Àdityas *. t

(Les Sâdhyas finissent par être entièrement oubliés et lesÂdityas sont alors représentés comme les plus anciens desdieux avec les Atîgiras. « Il y avait au commencementdeux classes d'êtres, les Âdityas ct les Arigïras 3. » A la diffé-rencedes Sâdhyas, les Âdityas ct les Angiras ont une histoire,les circonstances même de leur naissance sont connues. Lalégende sur l'origine des Âdityas est commune à tous lesBrâhmanas du Yajur-vcda. « Aditi désirait une progéniture;elle lit cuire de la bouillie et elle en mangea le reste; Dhàtaret Aryaman lui naquirent. Elle en fit cuire une seconde fois,elle en mangea le reste; Mitra et Varuna lui naquirent. Elleen fit cuire encore une fois, elle en mangea le reste; Araçact Bhaga lui naquirent. Elleen fit cuire encore une fois; elleconsidéra : En mangeant le reste, il me naît des fils deuxpar deux; sans doute le profit sera encore plus grand si jemange la première. Elle en mangea la première, puis fitl'offrande; les deux enfants qui étaient en son sein dirent :Nous deux nous serons comme les Âdityas. Les Âdityascherchèrent quelqu'un pour les extirper ct les abattre. Amçaet Bhaga les extirpèrent ct les abattirent. Mais Indra s'élevaaussitôt dans les hauteurs en respirant largement ; pourl'autre, ce fut un oeuf mort qui tomba; c'est ce Mârlânda àqui sont ces créatures humaines. Et Adili courut vers lesÂdityas : Faites-le moi vivre, qu'il ne soit pas en vain sortide moi. lis dirent : Alors qu'il nous parle, qu'il n'ait pas

L Sadvi 1, 7, 2 : sâdhyânâm vai devânâm sabrant âsînânânt çarkarâ àksasujajfiire. te hendram upâniseduh katham nu tesâm çarkarâ aksasu jâyeranyâms tvam vidyâ iti. tebhya état saum'ye carau cyâsam âjyam prâyacchahfetd avaksantate pripaçyan.

2. Tailt. S. 6, S, 6,1 i Aditih pulrakâmâ sâdhyebhyodevebhyo brahmaujamapacat etc.. (V. inL).

3. Çat. 3, 5, 1,13 : dvayyo ha va idam agre prajâ âsuh. âdityâç caivângi-rasaçca.

6i LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRÂHMANAS

d'orgueil vis-à-vis de nous. C'est le Vivasvant, fils d'Aditi,de qui sont Manu Vaivasvata et Yama ». »

L'origine des Angiras est plus obscure; à défaut de tradi-tions précises, on sollicite l'étymologie toujours complai-,santé. Épris d'une passion incestueuse pour sa fille, Prajâpatilaisse échapper sa semence qui forme un étang; les dieuxéchauffent la nappe liquide : la première cuisson donne nais-sance au soleil, la seconde à Bhrgu; « à la troisième cuissonles Âdityas en naquirent, cl les charbons (aAgâra) devinrentles Angiras* ». Ou bien encore Angiras, leur éponyme, estproduit par l'exsudation(anga-rasa) de Varuna échauffé parles pieuses mortifications*.

1. Mailr. 1, 6, 12 : Aditir vai prajâkâmaudanam apacat sonçistam âçnâttasyâ Dhâtâ câryamâ câjâyetâm sâparam apacat sonçistamâçnât tasyâ Mitraçca Varunaçcâjâyetâm sâparam.....Amçaçca Bhagaçcâjâyetâmsâparam apa-cat saikfatofiçistam me 'enatyâ dvau d'vau jâyete itô nûnam me çreyah syâdyat purastâd açnlyâmiti sa purastid açitvopâharatta àntar eva garbhah santâavadatâm idam bhavisyàvo yad âdityâ iti tayor âdityà nirhantàram nichantsta Amçaç ca Bhagaç ca nirahatâm... sa va Indra ûrdhva eva prânamam uda-çrayâtà îttrtam itaram ândam avâpadyatasâ vâva Mârtândo yasyememanu-syâh prajâ*. sa va Aditir âdityân upâdhâvad astv eva ma idam ma ma idammoghe parâpaptad iti te "bruvann athaiso 'smàkam eva bravâtai na no 'tima-nyitâ iti sa vâva Vivasvân âdityo yasya Manue ca VaivasvatoYamaç ea. —Taitt. S. 6, 5,6,1-2 : Adilih putrakâmà sâdhyébhyo devebhyo brahmauda-nam apacat tasyâ ucchesanamadadus tat prâçnât sa reto 'dhatla tasyai cat-vâra âdityâ ajâyanta sa dvitïyam apacat sâmanyatocchcsanânma ime jfiatayad agre prâçisyâmito me vasîyâmso janisyanta iti sâgre prâçnât sa reto'dhatta tasyai vyrddham ândam ajàyata sâdilyebhya eva. Irtiyam apacadbhogâya ma idam çrântam astv iti te 'bruvan varam vrnâmahai... tato Vivas-vân âdityo 'jâyaïa tasya va ïyant prajâ yan manusyâh. — Taill. B. 1,1, 9,1-3 : Aditih putrakâmà. sâdhyébhyodevebhyo brahmaudanam apacat. tasyâucchesanamadaduh.tatprâçnâtsa reto 'dhatla. tasyai Dhâtâ câryamâ câjâye-tâm. si dvillyamapacat lasyâncchesanam...Mitraç ca Varunaçcâjâyetâm. siIrtiyam apacat. tasyâ ucchesanam... Àmçaç ca Bhagaç câjâyetâm. sa catur-tnam apacat. tasyâ ucchesanam... Indrâç ca Vivasvâmç câjâyetâm.— Çat. 3,I, 3,3-4 : askiu ha vai ptïlrâ Aditeh. yâms tv etad devâ âdityâ ity icaksatesapta haiva le'vikrlam hâslamamjanayâm eakâraMârtândam samdegho hai-vâsa yâvân evordtivas lâvâms tiryan purûsasaminita ily ti haika âhuh. ta uhaita ueuh. devâ âdityâ yad asmân anvajani ma tad amuyeva bhûd dhante-mam vika'ravâmeti tint vicakmr yathâyani puru|o vikrtas tasya yâni mâm-sàni samkrtyâ samnyâsus tato bastf samabhavat... yam u ha tad vicakruhsaVivasvà'n âdityas iasyemâh prajâh. — Gop. 1,2,15 : Aditir vai prajâkâmauda-nam apacat tata ucehislam âçnât sa garbham adhàtta (ata âdityà ajâyanta.

2. ^4îf. 13, 10,11 atha yat Irtiyam adîded iva ta âdityâ abhavan ye ngârââsams te 'ngiraso bhavan.

i. Gop. 1,1,7: tasya [Varunasya] çrântasya taptasya samtaptasya sarve-

LE SACRIFICE ET LES DIEUX 63

Aussitôt nés ct mis en présence, chacun des deux clansn'a qu'un souci: évincer les concurrents et s'assurer par lesacrifice la possession du ciel. Les scrupules de sentimentseraient hors de propos; le succès est aux plus habiles. « LesÂdityas el les AAgiras étaient en rivalité, à qui aurait lemonde céleste. C'est nous qui irons les premiers, — C'estnous. Or les Angiras virent les premiers le pressurage dulendemain pour le monde céleste. Us dépêchèrentAgni(Agniest un des Angiras) : Va, annonce aux Âdityas que demainnous pressons le soma pour le monde céleste. Quand ilsvirent Agni, les Âdityas virent le pressurage du jour mêmepour le monde céleste. U alla vers eux cl leur dit : Nous vousinformonsque demain nous pressons le soma pour le mondecéleste. Us lui dirent : El nous, nous t'informonsque nouspressons le soma aujourd'hui même pour le monde céleste.Tu nous serviras de prêtre pour arriver au monde céleste. —Bien, dit-il, ct après ce dialogue il retourna vers les Angiras.Ils dirent : Les as-tu informés?— Je les ai informés, dit-il,cl à leur tour ils m'ont invité. — Et tu ne t'es pas engagéavec eux? — Je me suis engagé, dit-il.... Les Angirasdurentainsi sacrifierpour les Âdityas '. » Agni, en bon prêtre, avait

bhyo 'ngebhyo raso ksarat so 'ngaraso 'bhavat tam va etam angarasamsantam angirâ ity âcaksate.

I. Ait. 30, 8-9 : âdityâçca ha va angirasae ca svarge loke 'spardhanta vayampûrva esyâmo vayam iti le hângirasah pûrve çvahsutyâm svargtsya lokasyadadrçus te 'gnim prajighyur ahgirasûrn va eico "'goih parehy âdityebhyahçvahsutyâm svargtsya lokasya prabrûhïti te hâdityâ agnini eva drstvâsadyahsutyâm sv&rgasya lokasya dadrçus tân etyâbravîe chvahsutyâm'vahsvargasya lokasya prabrûtnâ iti* le hoeùr atha vayâm lubhyai» sâdyahsulyânisvargasya lokasya prabrûmas tvayaiva vayam hotrâ svargam lokam esyâmaiti sa talhety uktvâ pratyuktah punar âjagâiiia. te hoeuh prâvocâSh ili prâ-vocam iti hovâcâtho me pratiprâvocann ili no hi na pratyajnasthâ3h itiprati va ajnâsam ili hovâca..... le hâdityân angiraso 'yâjayan. — Kam. 30,66 : âdityâç ca ha va angirasaç câspardhanta vayam pûrve svargam kkaniesyâma ityâdinâ vayam angîrasas te ngirasa âdityebhyah prajïghyuh çvah-sutyâ no yâjayata na iti tesâni hâgnïr dûta âsa ta âdityâ' ûour athâsmâkamadyasutyâ te?âni nas tvam eva holâsi brhaspatir brahmâyâsya udgâtâ ghoraangiraso 'dhvaryur iti tân ha pralyâcacaksïre..... tala u hâdityâh svar lyuh.— Çat. 3, S, I, 13-17 : angirasah pûrve yajfiam samabharams" te yajftamsanibhrtyocur agnini imâm nah çvahsutyâm âdityebhyah prabrûhy anena noyajfiena"yâjayateti.te hâdityâ ûcuh.upajânila yathâsmâtt evâhgïraso yâjayân

66 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRÂHMANAS

obéi à la règlequi prescrit d'acccpfcr toujoursune demandedeservices, si elle vient d'une personne qualifiée. Grâce à l'heu-reuse inspiration du hasard, les Âdityas arrivèrent les pre-miers au ciel; les Angiras ne les suivirentque péniblement 1.

Il leur fallut soixante ans pour rejoindre les concurrentsqui les avaient devancés *. C'est ainsi que « les Âdityas

se sont élevés d'ici et sont allés au monde céleste; ils ontprospéré dans ce monde-ci et prospéré dans ce monde-là 9 ».La fortune, du reste, ne les à pas portés à la bienveillance;ils s'appliquent avec un soin jaloux à fermer les portes dumonde bienheureux qu'ils ont conquis. « Ce sont eux quigardent les chemins par où on va chez les dieux; ils écartent,ct repoussent ceux qui veulent y passer \ »

na vayam angirasa ili. te hoeuh. na va anyena yajfiâd apakramanatn astyanlarâm eva sutyânt dhriyâtnahâ iti te yajfiam samjahrus te yajfiam sam-bbrlyocuh çvahsutyâm vai tvam asmabhyam agne prâvoeo 'tha vayam adya-sutyâm eva lubhyam prabrûmo 'hgîrobhyaç ca tesânt nas tvam hotâsiti. tenyani eva pratiprajighyuh. angiraso 'cha te hâpy angiraso 'gnaye 'nvàgalyacukrudhur iva katham nu no dûtaç caran na pratyâdrthâ iti. sa hovâc%,anindyâ vai mâvrsata so >ïndyair vrlo nâçakam apakramilum iU taetena sadyahkriyâhgirasaâdityânayâjayan. — Td. 16, 13, I : âdityâçcângi-rasaç câdiksanta te svarge loke 'spardhanla te 'ngirasa âdityebhyah çvahsu-tyâm prâbruvants ta âdityâ etam apaeyams tant sadyah parikriyâyâsyamudgâlâramvrtvâ tenaslutvâ svargam lokam âyann ahîyantângirasah.— Gop.2,6, 14 : âdityâç ca ha va angirasaç ca svarge loke 'spardhanla vayam pûrvesvar esyâmo vayam pûrva iti te hângirasah çvahsutyâm dadrçus te hâgnimûouh parehy âdityebhyah çvahsutyâm prabrûh'iti. atbâdityâ adyasutyâmdadrçus te hâgnim ûcur'âdyas'utyârn asmâkam tesâm nas tvam holâsi...upemas tvâm iti. sa ctyâgnïr uvâcâthâdityâ adyasutyâm ïksanlé kani vohotâram avocan mâhvayante yusmâkam vayam iti te hângirasaç cukrudhurma tvam gamo nu vayam iti neti hâgniruvâcânindyâ vai mâhvayante kilbisanihi tad yo 'nindyasya havan na iti.... tân hâdityàn angiraso yâjayâm cakruh.

1. Çat. 12, 2, 2,10-11 : ta âdilyâb, câlurbhi stomaiç caturbhih prsthair laghu-bhih sâmabhih svargam lokam abhyaptavanta anvafica ivâhgîrasah sar-vai'sfomaih sârvaih pr^lhair gurubhih sâmabhih svargant lokam asprçan. '—Iteproduit. 'Gop. I, 4, 23. — Mailr. 3,4, 2 : dvyultarena val slomcnâdityâhsvargam lokam âyamç caturuttarenângirasih.

2. Ait. 19,3, 5 : te hâdityâh pûrve svargam lokam jagmuh paecevângïrasahsa?lyâm va varsesu.' 3?Màitr. 4, 3, t : âdityâ va ita uttamâh svargant lokam âyan.... âdityâ vaastniml loka rddhâ âdityâ amusmin. — Td. 21, 2, 2 reproduit la même for-mule.'— Tailt. S. 1, 5, 4 : âdityâ va asmal lokâd ainutii lokam âyan te'musmim loke vyalrsyanta.... ta ârdhnuvan te suvargam lokam âyan.

4. Maitr. 1,6,12 : "clc vai devayânân patho gopayanti yad âdilyâs ta iyaksa-mânani pratinudante. — Tailt. B. 1, I, 9,8 : âdityâ va lia uttamâh svargamlokam âyan. te va ito yantini pratinudante.

LE SACRIFICE ET LES DIEUX 67

Les Âdityas pour leur sacrifice n'ont pas demandé deconseils et n'en ont pas reçu. Les Angiras, moins habiles,sont fréquemmentarrêtés par leur ignorance. « Les Angirastenaient une session rituelle; ils désiraient avec une ardeurimpatiente le monde céleste, mais ils ne connaissaient pasle chemin qui conduit jusqu'aux dieux. Un d'entre eux, Ka-lyâna l'Àiïgirasa, s'en alla réfléchissant vers les hauteurs. Ilarriva près du Gandharvâ Ûrnâyu qui se balançaitparmi desApsaras; or, toutes celles qu'il indiquait en pensant : je vou-drais avoir celle-ci, elles devenaient amoureuses de lui. Illui dit: lié! Kalyâna! vous désirez avec une ardeur impa-tiente le monde céleste, mais vous ne connaissez pas lechemin qui conduitjusqu'aux dieux. Voici une mélodie quimène au ciel. Si vous la chantez, vous arriverez au mondecéleste; mais ne dis pas que c'est toi-même qui l'as trouvée.Kalyâna s'en alla; il dit : Nous désirons avec une ardeurimpatiente le monde céleste, mais nous ne connaissons pasle chemin qui conduit jusqu'aux dieux. Voici une mélodiequi mène au ciel; si nous la chantons nous arriverons aumonde céleste. — Qui te l'a dit?—C'est moi qui l'ai trouvée.Us la chantèrent ct ils allèrent au monde céleste; maisKalyâna resta en arrière, car il avait dit un mensonge '. »Lorsque Manu partage son bien entre ses fils sans réserverde part à Nâbhanedi.stha, il lui indique une compensation àchercher près des Angiras. « Les Angiras tiennent uneséance rituelle pour aller au ciel ; chaque fois qu'ils arriventau sixième jour, ils font une erreur; apprends-leur à réciterces deux hymnes le sixième jour, ct en partant au ciel ils

1. Td. 12, II, 10-11 : angiraso vai satram âsata l-->âtn âptah sprtah svargoloka âsit panthânam tu devayânam na prâjânams tesâm Kalyâna Angiraso'dhyâyam udavrajansa Crnâyuni gandharvam âpsarasâm uiadhye pronkhay.v-mânain upait sa îyâm ili yàm yâm âbhyadiçatsainant akâmayata tam abhya-vadât Kalyânâ3 ity âpto vai vah sprtat* svargo lokah panthânam tu devayâ-nam na prajântthedam sâma svargyan tena sluiva svargam lokam e$yathama tu voco *ham adarçam Iti. sa ait Kalyânah so 'bravîd âpfo vai nah sprtahsvargo lokah panthânam tu devayânam na prajânima idant «âim svargyanilena stutvà svargam lokam e»yima iti kas te "vocad ity aham evâdarçam ititena stutvà svargant lokam âyann ahiyata Kaly.mo 'nrtâm hi so 'vadat.

68 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRÂHMANAS

te donneront le millier (devaches) qui sert à leur sacrifice ". »Nâbhanedistha suit l'avis de son père : «U leur récita cesdeux hymnes le sixième jour, et alors ils connurent le sacri-fice, ils connurent le monde céleste. »

L'ignorance des Angiras les expose aussi aux attaqués desêtres malfaisants,qui n'approchent point des Âdityas. « Tan-dis que les Angiras allaient au ciel, les Raksas les poursui-virent *. » Une autre fois, les Pitaras empoisonnèrent lesherbes que les Angiras faisaient pousser pour la vache dusacrifice, ct les Angiras durent conclure un pacte avec eux *.

L'organisation des clans divins en société disciplinée cthiérarchique s'est poursuivie lentement, sous la poussée desbesoins. « A l'origine, toutes les divinités étaient égales...Agni n'avait pas l'éclat, Indra n'avait pas ta force, Sûryan'avait pas la splendeur '. »

Égaux d'origine, ils reven-diquent chacun leurs droits avec une âpreté impétueuse.« L'offrandeest adressée à une divinité qu'on spécifie ; fautede spécifier, on en fait une offrande commune à tous les dieuxet on provoque entre eux une querelles. » Les rites surtout,par les avantages qu'ils assurent, déchaînentune concurrence

1. Ait. 22, 9,3-1. angiraso va ime svargâya lokâya satram âsate te sachantsajlham cvâhar âgatya muhyanti tân ete sûkte saslhe 'hani çamsaya tesâmyatsahasram satraparivesanam tat te svar yanto dâsyantiti tân ete sûktesaslhe liany açamsayat tato vaï te pra yajfiam ajânan pra svargam lokam.— Taill. S. 3,1, 9, 4-6 : angirasa ime satram âsate te suvargam lokam naprajânânti tebhya idam brâhmanam brûhi le suvargam lokam yanto ya esâmpaçavas tâtns te dâsyantiti tad ebhyo 'bravit te suvargam ïokam yanto yaesâm paçava âsan tân asma adaduh.

2. Td. 8, 9,5 : angirasâh svargam lokam yato raksâmsyanvasacanta.3. Taill. B. 2,1,1,1 : angiraso vai satram âsata. tesâm prçnir gharmadhug

âsit. sa jirsenâjivat. te 'bruvan. kasmai nu satram âsmahe. ye 'syâ osadhîrna janayâma iti. te divo vrstim asrjanta. yâvantah stokâ avâpâdyanta,tâva-tîr osadhayo 'jâyanta. ta j'âtâh pitaro viscnâlimpân. tâsâm jagdhvâ rusyatyait. te 'bruvan. ka idam ittham akar iti. vayam bhâgadhayam icchamânà itipitaro 'bruvan.

4. Çal. 4,5,4, l-t : sarve ha vai devâh, agre sadrçâ âsuh... no ha va idamagre 'gnau varca âsa, yad idam asmin varcah...no ha va idam agra Indra ojaâsa, yad idam asminn ojah... no ha va idam agre Sûrye bhrâja âsa, yad idamasmin bhrâjah. — Tailt. S. 6,6, 8, 2 : devatâ vai sarvâh sadrçîr âsan ta navyâvrlam agachan.

5. Çal 1,1, 4, 21 : âdîslani va ctad devatâyai hâvir bhavaty athaid vaieva-devam karoti yad âha dcv'ebhyah cundhadhvam iti tat samadam karoti.

LE SACRIFICE ET LES DIEUX 69

d'appétits féroces. « Mitra ct Varuna virent la mélodie Vâ-madevya; ils dirent : C'est nous deux qui l'avons trouvée;elle est à nous; ne nous la réclamez pas. Prajâpati dit alors :C'est de moi qu'elle est née, elle est à moi. Alors Agni dit :Elle est née après moi, c'est à moi qu'elle est. Indra dit :Elle est au meilleur, et je suis le meilleur entre vous; doncelle est à moi. Les Viçvc-devas dirent : Nous présidons à toutce qui naît des eaux; elle est à nous. Prajâpati dit alors :Ayons-la tous ensemble, nous en vivrons tous '. » La méfiancect la mauvaise foi règlent les rapports entre les dieux; laforcé brutale a pour contre-poids la perfidie. Etrangère auxidées morales, l'oeuvre rituelle est le champ clos où toutesles mauvaises passions se heurtent. « Les dieux tenaient unesession rituelle : Agni, Indra, Soma, Makha, Visnu, tous lesdieux, sauf les Açvins. Us avaient choisi le Kuruksetracomme l'emplacement du sacrifice. Us tenaient leur sessionen se disant : Allons à fa fortune; soyons la grandeur; ayonsà manger à planté !... Us dirent : Le premier qui arrivera auterme du sacrifice à force de peine, de mortification, de con-fiance, de sacrifice, d'oblalions, il sera à notre tête, mais quele profit soit en commun. — Bon l dirent-ils. Visnu y arrivale premier; il passa à la tête des dieux... Mais Visnu ne putmodérer sa gloire... il prit un arc ct trois flèches et s'enalla à l'écart; il demeura alors la tête appuyée sur le bout del'arc. Les dieux n'osaient pas l'attaquer; ils se campèrenttout alentour. Les fourmis alors (c'est les fourmis appeléesupadlkâs) dirent : A qui mangera sa corde d'arc, que don-ncrez-vous?Nous lui donnerons à manger à planté; mêmeen plein désert il trouvera de l'eau; il aura toute nourriture.— Bon, dirent-elles. Elles s'approchèrent à la dérobée et

I. Td. ï, 8, 2 : Milrâvarunau paryapaçyatâm... tâv abrûtâm idam avïdâve-dani nau mâbbyartbidhvam iti tat Prajâpatir abravîn mad va etad adby ajanimarna va etad iti tad Agnîr abravîn infini va anv ajani marna va etad iti tadIndro 'bravîe chreslhasthâ va etad aham vah çreslho 'smi marna va etad ititad Viçvedevâ abruvann asmaddevatyant va*etad yad adbhyo "dhï satnabhûdasmâkant va etad iti fat Prajâpalir*abravit sarvesâm na idam astu sarvaidam upajivâmcti.

70 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BKÀIIMANAS

dévorèrent la corde; la corde coupée, les bouts de l'arc sedétendantcoupèrent la tête de Visnu. Elle tomba en faisantghni '. » Déloyauté d'une part, lâcheté de l'autre; la moralen'a rien à faire dans le monde des dieux. Et l'histoire divineest remplie de pareils traits. Un dieu ne s'engagejamais sansvioler la convention dès qu'il y trouve son profit : « Les dieuxtenaient une session rituelle dans le Kuruksetra. Agni,Soma, Indra se dirent : N'importe qui de nous atteindra lagloire, nous l'aurons en commun ! Or, entre eux, Soma futle premier à l'atteindre ; ils accoururent tous vers lui... Somadésira la garder pour lui ; il s'en alla dans la montagneV»Agni, dès qu'il a reçu en dépôt le trésor précieux des dieux,cherche à se l'approprier ct s'enfuit *. Indra n'hésite pas à

1. Çat. 14, I, 1, 1-10 : devâ ha vai sallram nisedhuh. Agnir îndrah SomoMakho Vîsnur Viçve devâ anyatraivâçvibhyâm.tesâm'Kuruksetramdevaya-janam âsa... ta âsata. çriyam gachema yaçah syâmânnâdâh syâmeti... lehoeuh. yo nah çramena tapasâ çraddhayâ yajncnâhulibhir yajfiasyodrcampûrvo 'vagachât sa nah çrestho 'sal lad u nah sarvesâm saheti tatheti,' ladVisnuh prathamah prâ'pa. sa devânâm çreslho' 'bhavat..'.. tad dhedam yaçoVisnur na çaçâka samyantum...sa tisrdhanvam âdâyâpacakrâma.sa dhanur-ârtnyâ cira upastabhya tasthau lani devâ anabhidfsnuvantah samantamparinyaviçanta. là ha vanuya ûeuh. imâ vai vamryo yad upapadikâ. yo *syajyâm apyadyâtkim asmai prayaehebty annâdyam asmai prayachemâpidhan-vann apo 'dhigachet tathâsmai sarvam annâdyam prayachemeti tatheti.tasyopaparâsrlya, jyâm apijaksus tasyâm chinnâyâm dhanurârtnyau visphu-rantyau Visnoh çïrah pracîchidatuh. tad gfarhh iti papâta. — Mailr. i, 5,9 :devâ vai sattram âsata Kurukse3lre 'gnir Makho Vâyur Indras le 'bruvanyatamo nah prathama rdhnivat tant nah saheti tesâm vai Makha ârdhnottant ny akâmayata tam' na samasrjata tâd. asya prâsâhâditsanta sa ita evatisro 'janayatetô dhanuh... sa pratidhâyâpâkrâmat tant nâbbyâdhrsituvat sadhanvârtim praliskabhyâlislhat sa Indro vamrîr abravid ttâm jyâm apya-tyeti ta abruvann abhimrtâyàm va asyâmna çaksyâmojivifum bbâgo no 'slviti so 'bravîd rasam evâsyâ Upajivâtheti... là vai jyâm apyâdams tasya dhan-vârtir udayya çiro 'chinai. — Td. t, 5,6 : devâ vai yaçaskâmâh satram âsalâ-gnir Indro Vâyur Makhas te'bruvan yan no yaça rechât tan nah sihâsad ititesâm Makham yaça ârechat tad âdâyâpâkrâmat' lad asya prâsatiâditsantàtant paryayatanta svadhanuh rratblhabhyâlisthat tasya dhanurârlnir ûrdbâpatitvâ çiro'chinât.

2. Maitr.2,1, 4 : devâ vai satram âsata Kuruksc3tre*gnihSomâ Indras tebruvan yatamam nah prathamamyaça rehât tant nah saheti tesâm vai Somamyaça ârchat tam abhisamagachanta...tad vai Somo nyakâmayatasa girim «gâ-chât. — TaUt. S. 2,3, 3, 1 : devâ vai sallram âsata rddhiparimitàiit yaçaskâ-mâs lésant Somam râjânam yaça ârchat sa girim udait.

3. Tailt. S. 1,3, 1, I : tâd Agnir ny akâmayata tenâpâkrâmat. — Cf. Mailr.1,6,10; Tailt. B. I, I, 6,1 ; 1,3, ï, I.

LE SACRIFICE ET LES DIEUX 71

frapper iVamuci, dès qu'il a trouvé un moyen d'éluder sonserment '. En pareille compagnie, la crainte du voisin est leprincipe de la sagesse. « Le proverbe dit : Chacun chez soi,c'est le système des dieuxa. »

La loi n'existe pas; qui tiendrait compte de ses vaincsprescriptions? L'épreuve de la course résout toutes les diffi-cultés et supprime les lentes formalités de la justice, et lesplus habiles savent fort bien s'accommoder d'un procédé enapparence si brutal. « Les dieux ne s'entendaient pas à quiboirait le premier du soma : Je veux boire le premier! Jeveux boire le premier! Us en avaient tous envie. Enfin, ilstombèrent d'accord : Allons ! faisons une course ! Le vain-queur sera le premier à boire du soma. — Bon, dirent-ils. Usfirent la course ; comme ils couraient ct qu'ils étaient lancés,Vâyu prit la tête; Indra venait ensuite, puis Mitra et Varuna,puis les Açvîns. Indra observa Vâyu : Il va gagner, se dit-il.Il s'élança derrière lui : Part à deux, si nous gagnons. —Non, répondit-il, je veux gagner seul. — Un liers pour moi,ct nous gagnerons tous deux. —Non, dit-il encore, je veuxgagner seul. — Un quart pour moi, ct nous gagnerons tousdeux. — Soit, dit Vâyu. U lui céda un quart... Indra et Vâyugagnèrent ensemble, puis Mitra et Varuna ensemble, puis lesdeux Açvins \ » L'enjeu change, la scène est la même : « Lesdieux n'étaient pas d'accord : C'est à moi! c'est à moi!disaient-ils. Us se mirent d'accord : Eh bien ! jouons-le à lacourse! qui gagnera l'aura. Ils prirent pour point de départle feu, pour but le soleil. Or, comme ils couraient et qu'ilsétaient lancés, Agni prit la tète. Les Açvins venaient derrière;ils lui dirent : Écarte-toi, c'est nous deux qui gagnerons. —Bon, dit-il, mais nous aurons le profit ensemble. — C'est

1. V. inf...2. AU. 22, 4,2 : tt* vai devâ anyonyasya grhe vasante... ilv âhuh. Repro-

duit Gop. 2, 6, 10.3. AU. 9, I, 1-3 i devâ vai somasya râjfio 'grapeye na samapâdayann aham

prathamah pibeyam aham prathamah pibeyam ity cvàkâtnayanta te sampâ-dayanto 'bruvan hantâjim ayâma sa yo na ujjeiyati sa prathamah somasyapâsyatiti tatheti ta fijint ayus tesâm âjim yatâm abhi;rçi.în.îmVâyuV mukham

72 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRÂHMANAS

dit ". » Usas, puis Indra renoncent à la course sous les mêmesconditions. « Les Açvins gagnèrent... Agni avait couru surun char à mules; il leur brûla le ventre en les poussant enavant; c'est pourquoi les mules n'ont pas de portées. Usasavait couru avec des vaches rouges; c'est pourquoi il y a unelumière rouge à l'arrivée de l'aurore : c'est la forme d'Usas.Indraavait couru avec des chevaux à son char; c'est pourquoile cheval a le hennissement haut ct sonore : c'est la formedu ksatra, car le cheval est à Indra. Les Açvins gagnèrentavec des ânes à leur char... c'est pourquoi l'âne a sa vitesseépuisée; il est vidé; encore maintenant il est le moinsrapide entre les bêtes de somme. » A qui sera le sacrifice ' ?A qui le vâjapeya ct la souverainetéqu'il confère 3 ? A qui

prathamah pratyapadyatâthendro'tha Mitrâvarunâvathâçvinau. so 'ved IndroVâyum ud vai jayatiti tam anuparâpatat saha nâv athojjayâveti sa netyabravîd aham evojjeçyâmîti trtîyam me 'thojjayâvetineti haivâbravïd ahamevojjesyàmîti turûyam me 'thojjayâveti tatheti tam turîye 'tyârjata tausahaivendravâyà udajayatâm saha Mitrâvarunâu satiâçvinau.

1. Ait. t?, 1,4-3, 4 : tasmin [sahasrc] devâ na samâjanata mamedam astumamedam astv iti te samjânânâ abruvann âjim asyâyâmahai sa yo naujjesyati tasyedara bhavisyatiti te 'gner evâdhi grhapater âdilyam kâslhâmakurvata tâsâm vai devalânâm âjim dhâvanlinâm abhisrslânâm Agnirmukham prathamah pralyapadyala tâm Açvinâv anvâgachatâm tam abrûfâmapodihy âvâm va idam jesyâva iti sa tat'hety abravit tasya vai mamehâpyastv iti talbeti....... Açvinau hi tad udajayatâm Açvinâv âçnuvâtâm..... açva-larîrithenâgnirâjim adhâval tâsâm prâjamânoyonim akûjayat tasmât ta navijâymte gobfair arunair Usa âjim adhâval tasmâd usasy âgatâyâm arunamivai'.a prabhâty Usaso rûpam açvaratbenendraâjim adhâval tasmât sa uccair-ghosa upabdimân ksatrasya rûpam aindro hi sa gardabbarathenâçvinâvuda-jayatâm tasmât sa srtajavo dugdhadohah sarvesâm ctarhi vâhanânâmanâçisUiah. —Td. 9,1,35-36 : tasmin[sahasre] na samarâdhayamstesûryamkâslhâm krtvâjim adhâvan. tesâm Açvinau prathamâvadhâvatâm tàv anva-vadân saha'no 'stv itt tâv abrûtâm kim nati tatah syâd iti yat kâmayethetyabruvan.

2. Çat. 5,1, I, 2-4 : tebhyah Prajâpatir âtmânânt pradadau..... le hoeuh.kasya na idam bhavisyatiti te marna mametyeva na sampâdayâm cakrus tehâsampâdyocur âjim evâsminn ajâmahai sa yo na ujjesyati tasya na idambhavisyatiti tatheti tasminn âjim âjanta. sa Brbaspatih.....Savitrprasûla uda-jayat. — id. ib. 2, 4,3,4-5. — Td. 1,2, 1-2 i Prajâpatir dcvebhya âtmânântprâyachat le nyonyasmâ agrâya nâtislhanla tân abravîd âjim asminn iteti t'aâjim âyan... sa Indro Ved Agnir va idam agra ujjesyatiti so bravîd yalaronâv idam agra ujjayât tan nau saheti so 'gnir agra udajayad atha Mitrâva-runâv athendrah.

3. Mailr. 1, 11', 5 : tasmin va ayatanta tasminn âjim ayus tam Brhaspatirudajayat. — TaUt. B. 1,3,2,1-2 : le. anyonyasmai nâlislhanta. aham anena

LE SACRIFICE ET LES DIEUX 73

seront les plantes '? Toujours l'idée d'une course est saluéeavec enthousiasme pour trancher entre les prétentionsrivales.

La sociétédivine se transformecomme la société humaine.La nécessité de lutter contre des ennemis communs amortitles jalousies ct fait accepter une commune discipline. Lecontrat social s'ébauche. « Les dieux curent peur : A lafaveur de nos discordes, les Asuras vont paraître. Ils se dis-tribuèrent en plusieurs groupes pour entrer en campagne etdélibérèrent ; Agni marchait avec les Vasus, Indra avec lesRudras, Varuna avec les Âdityas, Brhaspati avec les Viçve-devas.Ainsi distribués pour entrer en campagne, ils tinrentconseil : Allons, nos corps sont ce que nous avons de pluscher; mettons-les en gage dans la maison du roi Varuna; siun d'entre nous manque à l'engagement, si un d'entre nousessaie de troubler l'ordre, qu'il perde ses droits sur sondépôt ! — Oui, c'est cela ! — Us mirent en gage leurs corpsdans la maison du roi Varuna *. »

L'organisation sociale des dieux commence par une fédé-

yajâ iti. te "bruvan. âjim asya dhâvâmeti. tasminn âjim adhâvan. tant Brhas-patir udajayat.

1. Mailr. 4,3,2 : devâ osadhïsupakvâsv âjim ayuh sa Indro 'ved Agnir vâve-mâh pralhama ujjesyatiti so 'bravîd yataro nau pûrva ujjayet tan nau sahetita Âgnir udajayat lad Indro "nûdajayat. — Tailt. B. 1, 6, i, 10 : devâ osa-dhïsv âjim ayuh. ta Indrâgni udajayatâm.

2. Ait. 4,1, 4-5 : te devâ abibbayur asmâkam vipremânam anv idam asurââbhavisyantiti te. vyutkramyâmantrayantâgnir Vasubbir udakrâmad IndroRudrair Varuna Àdityair BrhaspatirViçvairdevair te tathâ vyutkran'yâman-trayanta te 'bruvan hanta yâ eva na imâh priyatamâs tanvas ta asya Varu-nasya râjfio grhe samnidadhâmahai tâbhir' eva nah sa na samgachâtai yo naetad atikrâmâ'd ya âlutobhayisâd iti tatheti te Varunasya râjfio grhe tanûhsamnyadadhata.— Çat. 3, 4, 2, 4-5 : te hoeuh. hantedam tathâ karavâmahaïyathâ na idam âpradivamevâjaryam asad iti. te devâh, justâs tanuh priyânidhâmâni sârdham samavadadire te bocur etena nah sa nânâsad elem visvanyo na etad atikrâmâd iti kasyopadrasfur iti tanûnaptur eva çàkvarasycti.—Tailt. S. 6,2,2,1-2:te 'manyântâsurebhyova idam bhràtrvyebhyoradhyâmoyan mitho vipriyâh smo yâ na imâh priyâs tanuvas tâh samavadyâmahaitàbhyah sa nirrchâ'd yab, na^t prathâmo 'nyo 'nyasmai d'ruhyâd iti. — Re-produit Gop. 2," 2, 2. —" Mailr. 3, 1, 10 : le va aSnyonyasyébhidrohâd abi-bhayus tesânt yâh priyâs ta3nvâ âsams tâh samavâdyarns tâh samavâmrçan.yo nas tan napâd yo no '3nyonyasmai druhyâd ita eva sa* nirrehât. iti teyadâ samâvâmrçams tato devâ abhavan parâsurâh.

74 LA DOCTRINE DU SACRinCE DANS LES BRÂHMANAS

ration de clans, commandés chacun par un chef ; mais lesrivalités de groupes ne tardent pas à se manifester, la guerrecivile éclate chez les dieux. « Us se prirent de querelle;ils se divisèrent en quatre partis, qui se refusaient l'obéis-sance : Agni avec les Vasus, Soma avec les Rudras, Varunaavec les Âdityas, Indra avec les Marais*. » Les Asuras tou-jours aux aguets pour saisir l'occasion favorable, se croientdéjà sûrs de la revanche. Les dieux comprennent alors que« sans un roi la guerre n'est pas possible * », et ils confientl'autoritéà un chefunique. « Comme ils étaient en discorde,les Asuras et les Raksas se mirent à les poursuivre. Lesdieux le comprirent : voici que nous empirons; les Asuras etles Raksas sont à notre poursuite; nous servons les intérêtsde nos ennemis. Allons, mettons-nous d'accord et obéissonsà l'autorité d'un seul. Us reconnurent Indra comme leurchef 3. » Mais une fois le danger passé, la dignité royale perdsa raison d'être et le chef rentre dans le rang. Le litre etl'autorité de roi passent avec les circonstances d'un dieu àl'autre, u Les dieux dirent : Qui sera notre roi, qui marcheraà notre tète pour combattre? Agni dit : Je serai votre roi,

1. Çal. 3,4, 2,1 : tant samad avindat te caturdhà vyadravann anyo 'nya-sya çriyâ atisjhamânâ Agnir Vasubhih Somo Rudrair Varuna Àdityair IndroMarudbhir Brhaspatir Viçvair devair ity u haika âhur ete ba tv eva te Viçvedevâ yc te catûrdbâ vyadfavân (critique de Taill. S. 6, 2, 2, I). — Mailr. 3, T,10 : devâ aSnyonyasya çraislhyc tfcthamânâç caturdhà vyudakrâmann AgnirVasubhih Somo Rudrair Indro Marudbhir Varuna Âdityaih. — Taill. S. 6,2,2, 1 : devàsuràh samyattà âsan te devâ mitho vipriyâ âsan te 'nyo 'nyasmaijyaisthyâyâtisthamânâh paficadhâvyakrâmann Agnir Vasubhih Somo RudrairIndro Marudbhir Varuna Àdityair Brhaspatir Viçvair devaih. — ib. 2,2, 11, 5le passage est reproduit, mais : • caturdhà vyakrâman » est substituéà « pafi-cadhâ vyakrâman * et la mention « brhaspatir viçvair devaih » est suppri-mée en conséquence.— Gop. 2,2, 21 paficadhâvaî'devâ vyudakrâman (mêmedivision que TaUt. S. 6, 2, 2,1).

2. TaUt. B.l,5,9,i:tc devâ ûeuh. nârâjakasyayuddham astiti. — Ail.3,3,6 : te devâ abruvann arâjatayâ vai no jayanti râjânam karavàmahâiti.

3. Çat. 3,4,2, 1-2 : lân vidrutân asuraraksasânya'nuvyaveyuh. le 'viduh.pâpîyâmso vai bhavâmo 'suraraksasâni vai no* nuvyavâgur dvîçadbhyo vairadhyânio hanta samjânâmahâ ekasya çriyai tïsthâmahâ iti ta Indrasya çriyâalijUianta. — Taill. S. 2,4, 2,1 : devàsuràh samyattà âsan te devâ abruvanyo no vîryavattamas tam ami samîrabhâmahî iti ta Indram abruvan tvamvai no vîryavattamo 'si tvâm anu samârabhâmahâ ili.

LE SACRIFICE ET LES DIEU 75

je marcherai à votre tête. Avec Agni pour roi, avec Agni

en tête, les dieux furent vainqueurs'. » La guerre recom-mence, ct les dieux de nouveau cherchent un chef : Varunas'offre et les mène à la victoire ; puis, c'est le tour d'Indra.Une autre fois « ils prennent pour roi Soma, ct avec Somapour roi, ils conquièrent les régions de l'espace 3 ». Instruitspar l'expérience, les dieux accomplissent un dernier pro-grès ; d'un consentement unanime, ils choisissent un sou-verain définitif. Indra, proclaméroi des dieux, est sacré dansune cérémonie solennelle, avec le déploiement de pompequi convient à sa majesté. « Les dieux en compagnie de Pra-jâpati dirent : C'est lui le plus vigoureux des dieux, leplus fort, le plus résistant, le meilleur, le plus énergique;sacrons-le roi. Us lui fabriquèrent un trône avec les mélo-dies rituelles, et il y prit place en prononçant les saintesformules. Les Viçvc-devas remplirent l'office de hérautsct proclamèrent tous ses titres de souveraineté : samrâj,bhoja, svarâj, virâj, râjan, paramesthin. Prajâpati versa surlui l'eau du sacre ; les Vasus l'assistèrent à l'est, les Rudrasau Sud, les Adityas à l'ouest, les Viçvc-devas au nord, lesSâdhyas ct les Âptyas au centre, les Maruts et les Angirasau zénith *. » De crise en crise, de progrès en progrès,le monde divin s'est définitivement constitué. Indra s'estassis sur le trône du ciel, comme les rois sont assis sur

1. Çal. 2,6,4,2-4 : te hoeuh. kena râjfiâ kenânïkenayotsyâma iU sa bâgniruvâca maya râjfiâ mayânikeneti te 'gninâ ràjfiâgninânïkenacaturo mâsahprâjayan... te hoeuh. kênaiva râjfiâ.....sa ha Varuna uvâca... te hoeuh kenaivarâjfiâ... sa hendra uvâca

2. Ait. 3, 3, 6 : te Somam râjânam akurvams te Somena râjfiâ sarvâ diço'jayan.

3. Ait. 33, 1-3 : athâta aindro mahâbhisekas te devâ abruvan saprajâpatikâayant vai devânâm ojïslho balislhah sahiçthah sattamah pârayisnutamaimamevâbhisificâmahâ iti... tasmâ clâm* âsandïm samabharan... sa etâm âsandimàrohat... tam Viçve devâ abhyudakroçan.... tam abhyutkru*tam Prajâpatirabhiseksyann etayarcâbhyamantrayatâ... athainam "prâeyânt dïçï Vasavodevâh... abhyasjfican.... — Tailt. B. 2,2,10, 3-6 : tato va Indro devânâm adhi-patir* abhavat... ayant va idam paramo 'bbûd iti... tint devâh samantamparyaviçan. Vasavah purastât. Rudrâ dakstnâlah. Àdityàh paçeât. Viçvedevâuttaratah. Angirasah pralyaficam. Sâdhyâh'paràficam.

76 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRÂHMANAS

le trône de la terre; mais au-dessus de lui plane encore,imperceptible en sa mystérieuse essence, le sacrifice; etprès des rois, inviolables en leur dédaigneuse indépen-dance, les brahmanes continuent à dominer les hiérarchieshumaines.

III

LE MÉCANISME DU SACRIFICE

Le sacrifice est une combinaison savante et compliquéed'actes rituels ct de paroles sacrées, ou plutôt il est la puis-sance impalpable et irrésistible qui se dégage de leur rap-prochement, comme le fluide électrique naît des élémentsmis en contact. On l'incarne à volonté dans Prajâpati oudans Visnu f, ou dans le fidèle qui offre le sacrifice *, oubien à la fois dans le sacrifiant et dans les prêtres qu'ilemploie ' ; en fait, il est répandu partout; il réside à l'étatlatent dans tout ce qui est ', car « tout ce qui est participeau sacrifice 8 », mais « comme les dieux, il échappe auxsens * ». Le sacrifice est aussi identique à l'homme, car tousles actes du sacrifice sont rigoureusement individuels, et lesdétails du rite rappellent à dessein le lien d'identité quiunit l'individu, le mâle au sacrifice. « Le sacrifice, c'estl'homme. Le sacrifice est l'homme, car c'est l'homme quil'offre; et chaque fois qu'il est offert, le sacrifice a la taillede l'homme. Ainsi, le sacrifice est l'homme \ » Et la fan-

- 1. V. sup., p. 15.2. Çal. 14, 2,2, 4 : yajfio vai yajamânah.3. Çat. 9, 5, 2,16 : âtmâ vai yajfiasya yajamâno 'hgâny rtvijah. — Cf. AU.

9, 8, 5 : rtviji hi sarvo yajfiah pralis'hito yajfie yajamânah.4. Çal.'n, 3, 2,1 :sarvesâm va esa bhûtânânt, sarveçàni devânâm âtmâ yad

yajfiah.5. Çal. 3,6, 2, 26 : yad idam kim caivam u tat sarvam yajfia âbhaktam.6. Çat. 3, I, 3, 25: paroksam vai devâh paroksam yajfiah.1. Çat. 1,3,2, t : puruso vai yajfiah. purusas tena yajfio yad enam purusas

tanuta esa vai tâyamâno yâvân eva purusas tâvân vidhïyate tasmât purusoyajfiah. "- id. ib. 3,5, 3,1. — et cf. ib. 10. 2,1,2 : puruso vai yajfias tenedam

78 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES HHUIMANAS

taisie de l'exégète brahmanique poursuit sa démonstrationen établissant une série de rapports entre les organes del'homme et les éléments du sacrifice : tantôt la tète est lechar à soma; la bouche, le fou àhavanîya; lo sommet ducrâne, le poteau; le ventre, le hangar; les pieds, les deuxfeux * ; tantôt les multiples cuillers à libation correspondentaux membres, au tronc ct au souffle *.

Le Çatapatha connaît la division classiquo des sacrificesen cinq grandes catégories. « Il y a cinq grands sacrifices; cesont là les grandes sessions rituelles : sacrifice aux êtres,sacrifice aux hommes, sacrifice aux Pères, sacrifice auxdieux, sacrifice au brahman. Tous les jours, on offre auxêtres la pitance; c'est le sacrifice aux êtres. Tous les jourson donno l'aumône, y compris le vase d'eau; c'est lesacrifice aux hommes. Tous les jours on fait les offrandesfunéraires, y compris le vase d'eau; c'est lo sacrifice auxPères. Tous les jours, on fait les offrandes aux dioux, y com-pris le bois à brûler; c'est le sacrifice aux dieux. Et le sacri-fice au brahman? Lo sacrifice au brahman, c'est l'étudesacrée *. » Mais l'exaltation enthousiaste du sacrifice aubrahman, qui conclut cette énumération, atteste une orien-tation nouvelle de la pensée, étrangère ou plutôt contraireaux Hràhmanas. La doctrine, d'accord avec la composition,s'achemine vers t'Upanisad qui clôt le Çatapatha. L'espritdes Upanisads s'exprime plus nettement encoro dans uneautre classification des sacrifices. « On dit : qui vaut lemieux? celui qui sacrifie au soi (ftlman)? celui qui sacrifie

sarvam «nitam. — Taill. S. 5, 2, 5,1 : purusamàtrena vimimUe yajfiena vaipurusah sammito yajfiaparusaivainam vimimlte yavân purusa ûrdhvibahustavân bhavati.

1. Çat. 3, 5, 3, 2-C.2. Çal. I, 3, 2, 2-3.3. Çat. 11,5, 6, 1-3 : paficaiva mahSyajfifih. tûny eva mahâsatlrâni bhûla-

yojfio manusyayajfiah pilryajfiodevayajfio brahmayajfia iti. ohar ahar bhûte»bhyo bâtim haret. talha'itaiit bhùtayajfiain samâpnoty ahar ahar dadyâdodapâtrât talhaitam manusyayajfiam samâpnoty ahar ahah svadhàkuryâdodapâtràt talhaitam pitryajfiam samâpnotyahar ahah svâhâkuryàdn kâs(bâttalhainam deva yajnani samûpnoU. atha brahmayojnah. svàdhyàyo vai brah-mayajuah.

LE MÉCANISME DU SACRIFICE 79

aux dieux? Il faut répondre ; c'est celui qui sacrifie au soi,Celui qui sacrifie au soi, c'est celui qui sait ainsi : Par ceci,tel membre do moi est purifié; par ceci, tel membre demoi est mis on place. Comme un serpent se débarnsse desa peau morte, ainsi il se débarrasse de ce corps mortel quiest le mal; fait do je, fait de yajus, fait de sâman, faitd'oblations, il prend possession du monde céleste. Et celuiqui sacrifie aux dieux, c'est celui qui sait ainsi : Aux dieuxje sacrifie ceci ; aux dieux j'offre ceci, Commo un p/re qui *porterait le tribut à un meilleur, ou comme un vatçya quiporterait le tribut à un roi, tel il est, et il ne conquiert pasune place aussi grande que l'autre '. »

Les prétendues élymologies où les Brâhmanas so com-plaisent, sans en ôlro les dupes, ont un avantage sur lesélymologies correctes ; elles traduisent clairement l'idée quis'attache au mot en question. L'explication du mot yajna« sacrifice » est, sous ço point de vue, particulièrement heu-reuse. « Pourquoi ce nom de yajna? En vérité, on le tuequand on fait le pressurage (du soma) ; quand on le fait,alors on l'engendre; il naît en s'étendanl; il naît en mou-vement (yaït~ja)\ do là son nom; yan-ja est la même chosequo yajfia *. » Le caractère essentiel du sacrifice est, en effet,

sa continuité; on no fait pas lo sacrifice, on Yc'tend commeon (end la trame d'une étoffe; subtile ct comme prompteà s'évaporer dès qu'on cesse de la surveiller, la force dusacrifice exige une attention constante des prêtres. Lamoindre interruption est fatale. Aussi que de précautions

1. Çat. Il, 2,6,13-14 : tad âhuh. âtmayâjl çrcyâ3n devayàjtt ity atmayâjWba brûyât sa ha va âtmayâjl yo vededam me 'nenângain samskriyata idarnme 'nenâîigam upadhiyata iti sa yalbâhis Ivaco nirmucyêtaivam asurân inar-lyâcharlràt pâpmano nirmucyate sa liimayo yajurmayah sâuiamay.» ûhuti-mayah svargam lokam abhisambhavali. atha ha sa devayâjl yo veda. devânevâha'm idam yajc devant samarpayâmiti sa yathâ çreyase pâplyân balinthared vjiçyo va ràjfie baliin hared evam sa sa ha na tâvantaiii lokam jayatiyâvantain itarah.

2. Çat. 3, 9, 4, 23 : atha yasmâd yajfio nâma. ghnanti va enam etad yadobhlsunvanti tad yad enain tanvate tad enani janayanti sa tàyaui&no jâyatesa yan jâyate tasmâd yanjo yanjo ha vai nâmaitad yad yajna iti.

80 LA DOCTRINE DU SACRIFICE PANS LES BHÂIIMANAS

pour que le sacrifice soit « continu et ininterrompu * » lC'est ainsi que la récitation du matin, par exemple, doitêtre énoncée en pleine nuit, afin d'éviter qu'une autrevoix vienne à la devancer *. « II faut empêcher le sacrificedo se défaire, Ainsi, dans la vie courante, on fait des noeuds

aux deux bouts de la corde pour l'empêcher de se défairo;do môme, on fait des noeuds aux deux bouts du sacrifice

pour l'empêcher de so défairo '. »Étroitement lié à l'individu et aux circonstances, le sacri-

fice no bi survit que dans ses résultats; considéré en lui-menu il mourt tout entier. Ainsi les feux consacrés, allumésen vue u un sacrifice déterminé, perdent leur caractère sacréà la fin de ce sacrifice *. Célébrer un sacrifice, c'est doncl'engendrer et lo tuer, « En vérité, on tue le sacrifice quand

on l'étend; quand on presse le soma, on le tue; quand onimmole et qu'on découpe la victtaio, on la tue; avec lepilon et le mortier, avec les deux pierres à moudre, ontue l'oblation *. » ltien de surprenant, dès lors, si le sacrifice,inquiet, cherche à s'enfuir. « Lo sacrifice a la nature dugibier (et le commentaire explique fort bien : ils sont tousdeux portés à s'enfuir) ; si on marche en se dissimulant, si

1. Ait. 2,5,8: tâvalaivayajnah samlalo 'vyavachinno bhavali.2. AU. 7, 5. II.3. Ail. 2, 5, 13-14 : yajftasyâprasramsâya lad yathaivàda iti ha iroaha

tejanyâ ubhayato 'ntayor aprasraiiisâya frmau nahyatyevam evaiUd yajfias-yobhayato 'ntayor aprasraiiisâya barsau nahyati.

4. Apaslamba, paribhâsa-sûtras, sûlra 15T.5. Çat. 2, 2, 2,1 : ghnanli va etad yajfiam. yad enaro tanvate yan nv eva

râjânam abhisunvnnti tat tain ghnanli yat pacum sainjnapayanti vîçâsati tattam ghnanty ulûkhalwnusalâbhyuiudr»adupalâbhvâm haviryajnani ghnanli.— Répété ib. 4, 3, /,, I; 11, 1, 2, I. — Et cî, sup. Çat. 3, 9, 4, 23. —Gop. 2, 3, 9 : tad vadhyata va etad yajfio yad dbavlnisi pacyante yat somahsûyate yat paçur ulabhyale. — Cf. Ait. 4,1,1 sqq. « Le sacrifice s'éloigna desdieux ; je ne veux pas être votre nourriture, dil-il. — Non, dirent les dieux,tu seras notre nourriture. Les dieux le tuèrent; mais une fois mis en piècesil ne leur suffit pas. Les dieux dirent alors : Ainsi mis en pièces il ne noussuffira pas; recomposons-le.Bien, dirent-ils. Et ils le recomposèrent » : yajfiovai devcbhya udakrâman na vo 'ham annam bhavisyâmi neti devâ abruvannannam eva no bhavisyasiti tam devâ vimethire sa haibhyo vihrto na praba-bhûva te hocur devâ na vai na ilihom vihrto 'lam bhaviayati hanta yajfiamsambharâmcU tatheti tain sainjabhruh. — Reproduit Gop. 2, 2, 6.

LE MÉCANISME DU SACRIFICE •81

on retient la voix, c'est pour lo tranquilliser, pour éviter del'effrayer V »

La vio du sacrifice est donc une série infinie do morts et.de naissances, son oeuvre aussi forme un cercle sans fin.

« H est nhujyu, lo mangeur, car il se nourrit do tout ce quiest * », mais il est aussi lo principe universel de vie. « Toutce qui est, tous les dieux ont un seul principe de vie : losacrifice \ » — « On fait une libation dans le feu : c'est uneoffrande qu'on fait aux dieux, et c'est de là que les dieuxsubsistent; puis on consomme dans la lente : c'est uneoffrandequ'on fait aux hommes, ct c'est do là que les hommessubsistent; on poso les coupes à soma sur les deux chars àsoma : c'est une offrande qu'on fait aux Pères, et c'est do làquo les Pères subsistent *. » Tout ce qui est est intéressé ausacrifice, tous les êtres communient, pour ainsi dire, en lui.

« Les créatures qui ne participent pas au sacrifice perdenttout; mais celles qui n'ont pas tout perdu, celles-là parti-cipent au sacrifice : à la suite des hommes les bestiaux, à lasuite des dieux les oiseaux, les plantes, les arbres, tout ce quiexiste; ainsi l'univers entier participe au sacrifice. Les dieuxet les hommes d'une part, les Pères de l'autre, y buvaientensemble autrefois ; le sacrifice est leur commun banquet ;jadis, on les voyait quand ils venaient au banquet ; aujour-d'hui, ils y assistent encore, mais invisibles ', »

1. Td. 6,7,10 : tsaranta iva sarpanti mrgadharmà vai yajfio yajfiasyarânlyâapratrâsâya.— il : vacant yacchanti yajfiam eva lad yacchanli yad vyavava-deyur yajfiani nirbrûyuh.

2. Çat. 9,4,1, H : yajfio vai bhujyur yajfio hi sarvâni bhûtâni bhunakti.3. Çat. 14,3,2,1 : sarvesàni va esa bhûtânâm,sarvesâm devânâm âlmâ yad

yajfiah.4. Çat. 3, 6, 2, 25 : sa yad agnau juhoti tad devesu juhoti tasmâd devâh

santy atha yat sadasi bhaksayanti tan manusyesu juhoti tasmân manusyâhsanly alha yad dbavirdhânayor nâràçamsâh sldanti tat pitfçu juhoti tasmâtpitarah santi.

5. Çal. 3, C, 2, 26 : yâ vai prajâ yajfie 'nanvàbbaktâh parâbhûtâ vai taevam evaitad yâ imâh prajâ aparâbhûtâs ta yajfia âbhajati nnnusyân anupaçavo devân anu vayâmsy osadhayo.vanaspatayo yad idam kim caivam utat sarvam yajfiaàbhaktam te ha smaita ubhaye devamanusyàhpitarah sam-pibante saijâ sampà te ba sma dreyamanâ eva pura sanipibanta ulâitarbyadreyam&nàh.

82 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRAHMANAS

Comme il est le Heu oit convergo l'univers, le sacrifico meten contact la terro et le ciel. Les dieux ne sauraient lo négli*

gcr, car » il est leur principe de vio » », « il esl leur nour-riture * ». «« « Les dieux subsistent de ce qu'on leur offre ici-bas, commeles hommes subsistentdes dons qui leur viennentdu monda célosto '. » — « Lo sacrifice esl le char qui amèneles dieux *. » L'appétit toujours en éveil, les dieux guettentavec impatience l'heure du sacrifico; ils n'attendent pasmême l'offrande pour accourir, Ils ne lisent pas dans lo coeurdo l'homme ses intentions, mais du moins « ils connaissentles intentions do l'hommes » par uno série d'intermédiaires.

« L'homme prend uno décision avec son coeur; do là, elle

passe au souille, du souffle au vent, et lo vent communique

aux dieux comment est le coeur de l'homme •. » Aussitôt,

« les dieux arrivent dans la maison du sacrifiant en mémotemps quo les prêtres, car les brahmanes sont aussi desdieux 7 ». Encore faut-il quo le sacrifiant appartienne àune caste qualifiée. « Les dieux n'entrent pas en relationsavec n'importe qui, mais seulement avec un brahmane, unràjanya ou un vaicya ; ceux-là seuls sont aptes au sacrifice\ »Leur présence réelle dans la maison oblige naturellementle sacrifiant à un devoir do politesse, qui est le jeûne. «

Asà-i.Iha Sàvavasa disait : Les dieux connaissent le coeur de

1. Çal. S, 6, I, 10 : yajfia u devânâm âtmâ. — id, ib. 9,3, 2, 7. Cf. ib. 14,3,2,1, cité plus haut.

2. Çat. 8, I, 2, 10 : yajfia u devânâm annam.3. Tailt. S. 3, 2, 9, 7 : ilahpradânaiu devâ upajivanti... amutahpradânam

manusyâ upajivanti. — Çat. 1, 2,5, 21 : itahpradânûddlii devâ upajivanti.4. Ail. 10,5, 1 : devaratho va esa yad yajfiah.5. Çat. 1,1,1,7: mano ha vai devâ manu*yà$yàjâu\nli.

— id. ib. 2,1, 4,1 ;2,4, 1,11; 3, 4, 2, 6.

6. Çat. 3, S 2, 6-7 ; manasâ samkalpayati tat prânam apipadyate prânovûtani vâto devcbhya âcaslc yathâ purusasya manah. tasmâd etad rsnûbhya-nùktam. manasâ samkalpayati tad vilain apigachâti. vâto devcbhya âcaslcyathâ purusa te manâ iti.

7. Mailr. 1, 4, 6 : dvayâ vai devâ yajamânasya grham ôgachanti somapâanye'somapâanyc hutâdo 'nye'hulâdo,'nyaete vai devâ ahutâdo yadbràh-manâh.— Reproduit Gop. %, i, 6.

S. Çat. 3,1,1, 10 : na vai devâh sarveneva samvadantc bràhiuancnavaivarâjanyena va vaiçyena vft te hi yajniyûh.

LE MÉCANISME DU SACRIFICE 83

l'homme; donc ils savent que tel ou tel entreprend uneoeuvre rituelle, Demain, so disent-ils, il va nous faire unsacrifice. Et alors tous les dieux arrivent dans sa maison; ilss'installent (upa*vaij dans su maison; de là, le nom du jeûne(npavamtha). Or co serait uno inconvenance si un hommemangeait lo premier, quand d'autres personnes chez lui n'ontpas encore à manger. Que serait-ce donc s'il mangeait lopremier avant que les dieux aient à manger *? »

Mais tous ces dieux arrivent avec des prétentions rivales ;le grand art du sacrifice, c'est de leur imposer une disciplinehiérarchique. « Toutes les divinités entourent le prêtre aumoment où il va prendre l'offrande : C'est pour moi qu'il vala prendre! — C'est pour moi! En désignant la divinité, ilévite de provoquer uno querelle entre les dieux réunis *. »Le profit, ainsi réduit, serait médiocre; mais voici l'avantage

1, Çat. I, t, 1, 7 : tad u hâsâtlhah Sâvayaso 'n&eanam eva vratam menémano bavai devâ inanusyasyCijânantita enam etad"vratam upayantam viduhprâtar no yaksyata iti te *sya viçve devâ grhân âgachanlite 'sya grhesupava-sanli sa upavasathah. tan nv cvânavaklptam, yo manusyesv' anaçnatsu '

pûrvo Vniyad alha kim u yo devesv anaenatsu pûrvo 'çnlyât. — répété ib. 2,I, 4, 1-2. — Yâjfiavalkya, il est vrai, enseigne un moyen de manger sansmanqueraux égards dus aux hôtes divins. « Qu'on mange des aliments qui,manges, no sont pas (tenus pour) mangés. Tout ce qui ne sert pas à faire desoffrandes, on peut en manger sans devancer les dieux. Il n'y a qu'à mangerce qui vient dans les forêt» » (Çat. 1, 1, I, 9). Inversement, lorsque le sacri-fiant a passé par les cérémonies préliminaires et qu'il est devenu un dieu, ildoit manger la mémo nourriture que les dieux, c'est-à-diredes aliments cuits{Çat. 3,2,2,10).— Le jeûne n'est pas seulement une politesse à l'égard desdieux; c'est un coup porté aux Asuras, et au plus redoutable de tous, Vrtra,car « le ventre est Vrtra » îudaram vai Vrlrah Tailt. S. 2, 4,12,6; cf. Çat. t,6, 3, 17 : yad aayâsuryant âsa tenemâh prajâ udarenâvidhyat):'« lorsqu'onentre dans le jeune pour le sacrifice de la pleine lune, il ne faut pas être abso-lument repu; car par le jeûne on comprime le ventre, qui est Asurya... 0commence â jeûner dès le jour même en se disant : C'est aujourd'hui mêmeque je veux abattre Vrtra » {Çal. I, 6, 3, 31-34 : na salrâ suinta iva syâttene-dttmudaram asuryani vliuâti... sa vai sampraty evopavaset. samprati Vrtrambanânili). La notion du jeûne va ainsi en s'épurant et en se moralisant; à lafin du Çatapatha, révolution est accomplie : « En vérité, l'abstention de nour-riture,c'est l'ascétisme complet; et c'est pourquoi il ne faut pas manger pen-dant le jeûne

M(Çal. 9,5, I, 7 : etad vai sarvam tapo yad anâçakas tasmâd

upavasathenâçniyât).2. Çat. t, I, 2, 18 : sarvâha vaidevatâ adhvaryum havir grahïsyantamupà-

tisihantc mania nâma grahlsyali marna nâma grahisyatïli tâbhya evoilât sahasatibbyo'samadam karoti.

84 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES Bll \UNANAS

réel : « Si on indique la divinité pour qui l'offrande est prise,toutes les divinités pour qui l'offrande est prise considèrentalors comme une dette de remplir le désir en vue duquel ona pris l'offrande V » «—' « Si les dieux mangent, ne fût-coqu'une seule fois, la nourriture qu'on leur offre, on devientalors immortel *. »

Il ne faut pas moins que la force interne du sacrifice etles exigencesde la faim pour triompher des répugnances etdo l'égoîsmo qui éloignent dos hommes les dieux. « Jadis,les dieux et les hommes vivaient ensemblo dans le monde.Tout ce que les hommes n'avaient pas, ils lo demandaientalors auxdieux : Nous n'avons pas ceci! donnez-nous le ! Lesdieux prirent en haine toutes ces douandes, ct ils dispa-rurent *. » — « Les ljtbhus (quoique passés au ciel) sentaientl'homme; les dieux furent dégoûtés do leur odeur ct s'écar-tèrent d'eux *. »

Instruits par expérience de la puissance du sacrifice quiles a élevés au ciel, les dieux s'évertuent à le dissimuleraux hommes. « C'est par lo sacrifico quo les dieux ontconquis cette conquête qui est leur conquête. Ils se direntalors : Comment faire pour rendre cette ascension impos-sible aux hommes? Ils sucèrent le suc du sacrifice commeferaient des abeilles pour sucer le miel, el quand ils eurentainsi tiré tout le lait du sacrifice, ils prirent le poteau dusacrifice, ils s'en servirent pour effacer la traco du sacrifico

— ils le retournèrent la pointe en bas (Ait.) — ct ils dis-parurent 5. » Ils avaient compté sans l'adresse des rsis ; les

1. Çal. 1,1,2,19 : yad v eva devatâyâ âdiçati. yâvattbhyoha vai devalàbhyohaviinsi grhyanta rnam u haiva tas tena manyante yad asmai tam kâmamsamardhayeyuryat kâmyâ grhuâli.

2. Kaus. 2, S : yasya u ha vâpi devâh sakrd açnanti tala eva so 'inrtnh.3. Çat.2, 3, 4,4 : ubhaye ha va idam agre sahâsur devâç ca manusyâç ca

lad yad dha sma manusyânâmna bhavati tad dha ima devân yâcanta idam vaino nâstidam no 'stv iti te lasyà eva yâcfiâyai dvesena devâs tirobhûtâh. —Cf. ib.'i, 1,1,8: tira iva vai devâ manusycbhyah.

4. Ait. 13, 6,4 : tebhyo vai devâ apaivâblbhatsantamanusyagandbâl.5. Çat. 1, 6,2,1 : yajfiena vai devâh. imâm jitiiu jigyur yaisâm iyam jitis

te hoeuh kathant na idam manusyair anabhyârohyaiit syâd iti te yajfiasya

IE MÉCANISME pV SACRIFICE 85

rsis découvriront .U ruse. Par une mesure do prudence ana*ioguo, et sans plus de succès, « les dieux arrivés au ciel parle sacrifico d'une victime, coupèrent la tête de la victime eten firent couler la substance rituelle, se disant : Si leshommes allaient nous suivre *! » Affranchis de la mort parle sacrifice, les dieux s'empressent do conclure un pacte avecla mort au détriment des autres créatures. « La Mort dit auxdieux : Alors tous les hommes vont, par le même moyen,devenir immortels, et alors quelle part est-ce que j'aurai?Les dieux dirent : Que personne après nous ne devienneimmortel avec son corps! Tu prendras lo corps comme tapart, et alors, dépouillé du corps, on deviendra immortel *! »

Puisque lo sacrifice est lo secret de la fortune des dieux, laloi du sacrifice est d'imiter les dieux. « Lo sacrifice subsiste

encore aujourd'hui tel que les dieux l'ont accompli *. » —« Ainsi ont fait les dieux; ainsi font les hommes*. » Onfait exactement ce que les dieux ont fait, en se disant :Puisque les dieux l'ont fait, il faut que je lo fasse 5. Do ce

rasant dhltvâ yalhâ madhu madhukrto nïr dhayeyur viduhya yajfiam yûpenayopayitvâ tiro 'bhavan.— Reproduit, mais un peu écourlê, ib. 3, 1,4, 3; 3,2,2, 2; U. 28.— Taill. S. 6,3, 4,7 : yajfiena vai «levait suvargam tokam âyanto 'manyanta manusyâ n« 'nvâbbavi^yantîti te yûpena yopayitvâ suvarganilokam âyan. — Reproduit presque littéralement ib. 6, 5, 3, 1. — Mailr.3,9. 4 :yajfiena vai devâh svargain lokam ayants te 'nianyantànena vai no 'nye lokamanvàroksyantili tâm yûpcnâyopayan.— AU,§, t, l : yajfiena vai devâ ûrdhvâlisvargam lokam fiyàms te 'b'bhayurimaninodrs|vâ manusyâçca rsayaç cânu-prajfiâsyanliti laqi vai yûpenaivâyopayan... Um avâcïnâgram himilyordhvàudâyan.

1. Taill. S. 6,3,10,2 : paçunâ vai devâh suvargani lokam âyan te 'manyantamanusyâ no 'nvàbhavisyantili tasya çiraç chittvâ medham prâksarayan. —Mailr. 3,10, 2 : devâ a3nyonyasmai paçum âlabham svargam lokam âyaiiis teïnanyantânenavai no 'nye lokam anvàroksyantili tasya medham plâksârayan.

2. Çal. 10, 4, 3,9 : sa mrtyur devân abravit. itlham eva sarve manusyâainrtâ bhavisyanly atha ko mahyani bhâgo bhavisyaliti te hocur nâto "parahkaçcana saha çarïrcnâmrto "sad yadaiva tvam etam bbâgam harâsâ athavyâvrtya çarlrenâniito 'sâd iti.

3. Çal. 1,5,3, 23 : eso 'py etarhi tathaivayajnah samtisthate yathaivainamdevâh samasthâpayan,

4. Tailt. B. 1, 3, 9, 4 : ili devâ akurvata. ity u vai manusyâh kurvate.5: Çal. 8, 5,1, 7 : tad va état kriyale, yad devâ akurvan.... yat tv état

karoti yad devâ akurvams tat karavânlti. — De même ib. 7, 2,1, 4; 7, 3, 2,6; 7, 5,23; 9, 2, 3, 4. — ib. 2,6,13 : devâ akurvann iti nv evaisa état karoti.— id.i&.2,6,2, 2.

86 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRAHMANAS

principe découle uno conséquence nécessaire ; le sacrificeétant uno oetivro divine et ayant pour objet do transformerl'homme en dieu, tout co qui est proprement humain lui estcontraire Imiter les dieux, c'est du même coup sortir desconditions humaines, «;Tout ce qui est humain est contraireau succès du sacrifice ; on so dit : Je no veux rien faire docontraire au succès dans le sacrifice '. » C'est en vertu do coprincipe, quo le prêtre doit présenter au sacrifiant, pendantles cérémonies préliminaires, la nourriture du jeûne qui estle lait « en laissant passer, l'heure ordinaire; le lait tiré losoir, il lo lui présente après minuit ; le lait tiré le matin, ille lui présento après midi ; c'est pour établir une distinction;il dislingue ainsi co qui est divin de ce qui est humain *. »De môme quand on laboure le terrain de l'autel àhavaniya,« on attelle d'abord la hôte de droite, et ensuite la bèto degauche; telle est la pratique chez les dieux; c'est l'inversechez les hommes ' ». « Il no faut pas fairo un gâteau troplarge ; on lo ferait à la modo humaine si on lo faisait largo * » ;

« il faut en couj>er justo assez ; si on en coupait un grosmorceau, on ferait à la modo humaine 5. » Dans les céré-monies préliminaires, « on coupo d'abord les ongles, ctd'abord ceux de la main droite; dans l'usage humain, oncommence par la main gaucho ; et chez les dieux,c'est commeil est prescrit. On les coupo d'abord aux pouces; dans l'usagehumain, on commence par le petit doigt, et chez les dieux,c'est comme il est prescrit. On passe d'abord le peigne dansle favori de droite ; dans l'usage humain on commence par

1. Çal. 1,2,2, 9 : vyrddham vji lad yajfiasya yan mânusam ned vyrddhamyajfie karavântli. — Répété ib. 1,7, 2,9; 3, ,2, 2,15; 3,3, 4,3t.

2. Çat. 3, 2, 2, 16 : atiniya mânusam liâlain sâyamdugdham apararâtreprâtardugdhaui aparâhne vyâkrlyâ eva daivani caivaitan luânusaiu ca vya-karoli.

3. Çat. 7, 2, 2. 6 : sa daksinam cvâgrc yunakti. atha savyam evam deva-trctaratbâ înânuse.

4. Çat. I, 2, 2, 9 : tant na satrâ prthum kuryât. mânusam ha kuryâdyatprthum kuryât.

5. Çat. 1,7, 2,9 : sa vai yûvanmâtram ivaivavadyct. mânusam ha kuryâdyan maliad avadyct.

LE MÉCANISME DU SACRIFICE 87

le favori do gauche ; et chez les dieux, c'est comme il estprescrit * », « On met do l'onguent d'abord sur l'oeil droit;clans l'usage humain on commence par l'oeil gauche; et chezles dieux, c'est comme il est prescrit *. » L'opposition est siforte entro le monde humain et le monde divin, quo « nonpour les dieux, c'est oui pour les hommes * ».

A faire comme les dieux, on doit parvenir comme eux auciel. En effet, « lo sacrifice n'a qu'un point d'appui solide,qu'un seul séjour : lo monde céleste * », « Lo sacrifice est unsûr bateau de passage5»; « te sacrifico, en son ensemble,c'est la nef qui mène au ciel 8, » La comparaison semble sifrappante, que les Brâhmanas se plaisent à la développer :

« En vérité, l'oblation journalière au feu, c'est la nef quimène au ciel; de cette nef qui mèno au ciel, le feu âhava-nîyaet lo fou gârhapatya sont les deux flancs; el lo pilote,c'est celui qui fait les oblations de lait. Or, quand il sedéplace vers l'est, il pousse alors sa nef vers l'est, dans ladirection du ciel; avec sa nef il gagne le monde céleste. Eny montant du nord, elle lo mène jusque dans lo mondecéleste ; mais si on y arrive du sud et qu'on y reste, c'estcomme un passager qui arriverait quand la nef a pris lelargo; il resterait à terre, et il serait en dehors do la nefT. »

1. Çat. 3, t, 2, 4-5 : sa vai nakhâny evagre nikrntate. dakfinasyaivâgresavyasya va agre mânuse "thaivam devalrângusthayor evagre kaniçthikayorva agre mânuse 'thaivam devatrâ. sa daksinam evâgre godânaiu vitfirayati.savyani va agro mânuse'thaivam devatrâ.

2. Çal. 3, I, 3, 14 : sa daksinâm evâgrû ânakli. savyani va agre mânuse'thaivam devatrâ. — TaUt. $'. 6, I, t, 5 : daksinam pûrvam ânkle savyanihi pûrvam manusyâ âûjate na ni dhâvate ntva hi manusyâ dhâvante... pari-initam ftïikte 'pariuiilain hi manusyââftjate satûlayaiikle'patûlayâhi manusyâAfijate vyâvrtlyai. — Mailr. 3, 6, 3 ; Islkayâiikle çala3lyâ hi manusyâ âfijatesatûlayâhkte 'patûlayâ hi manusyâ âfijate daksinam pûrvam ânkl* savyanihi pûrvam manusyâ âfijate Iriranyat trir onyad ànktê 'parimitam hi manusyââfijate,

3. Ait. 3, 5,19 : yad vai devanân» neti tad esâm (manusyânSm) om iti. —Répété, mais adouci par ira, 6,2, 15.4. Çal. 8, 7,4, 6 : ekâ hy eva yajfiasya pralisthâikam nidhanam svarga eva

lokah.5. AU. 3, 2, 29 : yajfio vai sutarmânauh.6. Çat. 4,2, 5, 10 : sarva eva yajfio nauh svargyâ.7. Çat. 2, 3,3, 15-16 : naur ba va csâ svargyâ, yad agniholranilasyâ ctasyai

88 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES RRAUMANAS

«™ « Comme on s'embarquerait pour aller sur la mer, ainsis'embarquentceux qui tiennentuno session rituelled'un an oudo douzo jours ; mais comme on monte sur un vaisseau bienmuni quand on veut arrivera l'autre bord, ainsi on montesur ces hymnes ',»-—« En vérité, les deux mélodies dubrhat et du ralhamtara, sont les deux nefs qui font traverserlo sacrifice,,, il no faut pas les abandonner toutes les deuxà la fois; si on les abandonnait toutes les deux à la fois, ceserait comme un bateau qui a rompu ses amarres et quiflotterait alors voguant do rivo en rive; on voguerait ainsido rivo en rivo si on les abandonnait toutes les deux à lafois •, »

Lo mécanisme du sacrifico est clairement représenté parle rito du dûrohana, « l'ascension difficile », II so résume endeux périodes, l'une ascendante, l'autre descendante. Il s'agitd'élever d'abord le sacrifiant au mondo céleste; mais la terrea ses charmes, ct le sacrifiant ne demande pas à la quittertrop tôt. Assuré do l'immortalité à venir par la premièreopération, il reprend par la seconde opération sa place entreles vivants. « Après l'invocation, on fait l'ascension dudûrohana; lo dûrohana, c'est le monde céleste. On récited'abord en faisant uno pause à chaquo quart do vers; onarrive ainsi à ce mondo-ci. Puis on récite en faisant unopauso à chaquo demi-vors; on arrive ainsi à l'atmosphère.

nâvah svargyiyâ ahavanlyaç caiva gârhapalyac ca nauiuamleatbalsa nâvâjoyat kçlrahotâ, sa yat prân upodttfli. tad enâni prâctui abhyajati svargantlokam abhi tayâ svargant lokam sainaçnute tasyâ utlarata ftrohanam sainanisvargam" lokain samâpayaty atha yo d&kfinata etyasle yathâ pratlrnâyâinagachet sa vihiyeta sa tata eva bahirdhâ syâd ©vam tat.

1. Ait. 29, 5, 10 : tad yathâ samudram praplaverann evam haiva te prapla-vante ye samvalsaram va dvâdaçâhani vâsate tad yathâ sairâvatlm n&vampârakâmâh samâroheyur evaut evaitâs trisfubhah samârohanti.

2. Ait. 17,7, 1-4 : cte^vat"yajftasya nâvau sampârinyau yad brhadratham-tare... lo ubhe na saniavasrjye ya ubhe samavasrjeyur yathaiva chinnâ naûrbandhanât tlram tirant rchanttplavetaivam eva te satrinas liram tlram rchau-tah plavcran ya ubhe samavasrjeyuh.— Cf. aussi ib. 27,3, 6 : l& va etàhsvargasya lokasya nâvah sampârinyah — et Çat. 4, 2, 5,10 : naur ha va c$asvargyâ. yad babispavamauamlasyà rtvija eva sphyâç caritr&ç ca svargasyalokasya s&mp&ran&h.

LE MÉCANISME DU SACRIFICE 89

Puis on récite en faisant uno pause après les trois-quarlsduvers; on arrive atasi au monde là^bas, Puis on récite lo versd'une seule traite; on prend pied ainsi solidement dans losoleil qui brille là-haut. On fait alors l'inverse do la montée,comme quelqu'un qui prendrait en main une branche; onrécite en faisant une pause après les trois-quarls du vers, cton prend pied ainsi solidement dans lo monde là-bas. Puison récito en faisant une pause à chaque demi-vers, et onprend pied dans l'atmosphère. Puis on récito en faisant unepause à chaquo quart de vers et on prend pied ici-bas. Ainsile sacrifiant qui est arrivé au monde céleste prend pied soli-dement en co monde-ci. Mais si on veut un seul monde, lomonde céleste, le prêtre no doit faire quo le rite d'ascension.On conquiert alors lo monde céleste, mais on n'a plus long-temps à demeurer en ce monde-ci '. »

Un autre rite traduit avec uno égale clarté la même con-ception ; le nom même en est étrangement expressif. Onl'appelle : les pas do Visnu, et, d'après la doctrine unanimedes Brâhmanas, Visnu est le sacrifice. « On fait alors les pasde Visnu. Celui qui sacrifie satisfait les dieux parce sacri-fice... ayant satisfait les dieux, il est admis dans leur com-pagnie. Admis dans leur compagnie, il marche en avantpour les rejoindre.... Il s'élèvo ainsi jusqu'à ces mondes etil s'y établit, il y prend pied solidement. Il faut ensuite qu'ils'en retourne et redescende.... ainsi il conquiert d'abordvictorieusement le ciel en laissant l'issue ouverte; puis ilfait do même pour l'atmosphère; puis, comme il ne laisse

3. Ait, 18,7 ; âhflya dûrohanam rohali svargo vai loko dûrohanam.,.. sapacchah prathamani rohatimani t'ai lokam âpnoty athârdharcaço 'ntariksamâpnoly atha tripadyâmum tal lokam âpnoty atha kevalyâ tad ctasmin prati-tislhati ya esa tapati Iripadyâ pralyavarohati yathâ râkhâm dhârayamânastad amusmiml loke pralitislhaly ardbarcaço 'ntariksc paccho 'smin.il loka.aptvaiva tat svargam lokam yajamânâ asmiml loke pralttifUianty atha yackakâmâli syuh svargakâm&h .parâneam eva tefânt rohet. te jayeyur baivasvargam lofcant na tv cvâsmiml loke jyog iva vaseyuh. — Td. 5, 5, 4-5 :chandobhir orohati svargam eva lokam atoh&li. chandobhir upavarohatyasmin loke pratitislhati.— Td. 1$, 10,10 ; yathâ çâkhayfthçâkhamalambhamupàvarobed evam etenemam lokam up&varobalipratislbâyai.

90 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES RKAUMANAS

pas d'issuo pour sortir d'ici-bas, il repoussedéfinitivement sesrivaux*. »

La combinaison dos vers, dans la liturgie, correspond auxnécessités do ço voyage h la fois mystique et réel, « Avecneuf vers, le prêtre maitrâvaruna transporto le sacrifiant deco monde jusqu'au monde do l'atmosphère; avec dix vers,du mondo do l'atmosphère jusqu'au monde là-bas, avecneuf vers do ce mondo là-has jusqu'au monde céleste. Envérité, ceux-là no peuvent pas transporter lo sacrifiant jus-qu'au monde céleslo qui récitent les vers sept par sept '. » *—« Ou dispose les hymnes par série. Tout comme ici-bas onvoyage par relais en prenant chaque fois des chevaux ou des

-boeufs qui soient moins fatigués, do même ou va au ciel parrelais en prenant chaquo fois des mètres nouveaux qui soientmoins fatigués 3. »

Cotto puissance prodigieuse du sacrifico no s'épuise pas;elle est éternelle, « Tous les jours lo sacrifice est étendu;tous les jours il est au complet ; tous les jours il associe losacrifiant à la vie du monde céleste; tous les jours, par losacrifico, le sacrifiant va au ciel \ » Mais entre le sacrifice etle sacrifiant il faut, pour communiquer la forco ascension-nelle, une sorte de transmission; c'est la daksinâ, le salairepayé aux prêtres. « Lo sacrifico qu'il offre se dirige vers lemonde des dieux; à la suite va la daksinâ qu'il donne; puis

1. Çal. 1,9, 3, 8-11 Î atha visnukramon kramate. devân va esa prTnSti ynyajale.... sa devân prltva tesv apitvl bhavati tesv apitvl bhûtvà tân evabhi-prakrâuiati.... tad evam imâml lokânt satnâruhyathaitâm gatim elânt pra-tiflhâni gachati parastât tv evarvâîi kramela.... esa etad apasaranata cvâgrejayaitjayatidivamcvâgre 'thânlariksamatheto 'napasaranâtsapatnân nudale.

2. Ait. 2$, I, 10-12 : navabbirva etam maitrâvaruno'smâl lokâd antariksa-lokam abhi pravahati daçabhir antariksalokâd nmum lokam abhi navabbiramusmâl lokôt svargam lokam abhi na ha vai te yajamânain svargam lokamabhi voijhuni arhanti yc saptasaplânvâhuh.

3. Ait. 19, 5,4 : chandâinsy eva vyùhati. tad yathâdo 'çvair vânadudbhirvànyair anyair açrànlatarair açrântatarair upavimokani yanty evam evaitacchandobhir anyair anyair açrànlatarair açrànlatarairupavimokani svargamlokam yanti yac chandamsi vyûhati.

4. Çat. 9,4,4,15 : ahar ahar va esa yajfias tâyate 'har ahah sanitisjhate 'harahar enant svargasya lokasya gatyai yunkte 'har ahar enena svargam lokamgachati.

LE MÉCANISME DU SACRIFICE 9t

so tenant à la daksinâ le sacrifiant *, » L'action de la daksinâno s'exerce pas seulement sur lo sacrifiant ; le sacrifice mêmeen éprouve l'efficacité ; c'est à la daksinâ qu'il doit de ressus-citer après chaquo mise h mort. «Le sacrifice mis à mortn'allait plus; les dieux lo réconfortèrent {dafa) par tes dak-sinàs; de là leur nom *. » La question des daksinàs est traitéedans les llràhmanas avec l'ampleur qu'elle comportait auregard des prêtres. L'or, les vaches, les vêtements, tes che-

vaux sont les quatre espèces de paiements reconnus 3, Lavaleur est proportionnée à l'importance du sacrifice; unsacrifico de soma veut une daksinâ d'au moins cent vaches ';lo triràlracn exige mille 5; et la répartition doit être con-forme à des prescriptions minutieuses S Malheur à qui pré-tend s'en dispenser! « Les Àplyas passent leur péché à quisacrifie un sacrifico sans daksinàs 7 », et lo péché des Àplyasn'est point léger à porter : ce sont eux qui sont responsablesdu crime commis par Indra lorsqu'il mit à mort Viçvarûpaaux trois têtes, lo fils do Tvaslar *.

L'ascension du sacrifiant au ciel, telle qu'elle est exposéedans les Brâhmanas, n'est pas uno vaine fantaisie de l'ima-gination sacerdotale; elle est en rapport logique avec lesystème des mondes enseigné dans ces vieux textes. Il y atrois mondes : la terre, l'atmosphère ou les régions de l'air,ct le ciel où résident tes dieux. Fidèles à un caractère fon-damental de l'esprit hindou, les llràhmanas réservent à l'in-connaissable sa part. « Par delà ces trois mondes, y ena-t-il un quatrième ou non? C'est incertain 9. » Chacun des

1. Çat. 1,9, 3, l : so 'syaifa yajfio devalokam evâbhipraiti tadanûci daksinâyâm dadâli saili daksinam anvârabliya yajamânah. — Répété ib. 4, 3, 4, 6.

2. Çat. 2, 2, 2, 2 :si esa yajfio hato na dadakse. tam devâ daksinâbltir

adaksayams tad yad enam daksinâbhir adaksayams tasmâd daksinâ nâma.3. Çat. 4, 3, 4, 7.4. Çal. 4, 3, 4, 3.5. Çal. 4, 5, 8, 1.6. Çat. 4, 3, 4 : toute la section.7. Çat. I, 2, 3,4 : fiplya u ha tasmin mrjate yo 'daksinena havisâ yajate.8. Çat. 1, 2, 3, 2-3.9. Çat. 1,2,1,12 : anaddhâ vai tad yad imâml lokân ati caturlhaiu asti va

na va.- Répété 16. 1,2, 4, 21 ; ct cf. 1, 2, 4, 12.

92 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRAUMANAS

mondes repose sur une base solide. « Iliranyadan Baidadisait : Le ciel est fondé sur l'atmosphère, l'atmosphère surla terre, la (erre sur les eaux, les eaux sur la vérité, la véritésur la science sacrée, la science sacrée sur l'ascétisme '. »Mais les mondes ne sont pas ainsi inébranlables de nature.« Les mondes étaient sans solidité, sans stabilité. Prajâpaticonsidéra : Comment faire pour que ces mondes soientsolides ct stables?Avec les montagnes et les fleuves il conso-lida la terre; avec les oiseaux et les rayons, l'atmosphère;avec les nuages ct les étoiles, le ciel '. » Avant d'être distinctscomme ils le sont aujourd'hui, les mondes se confondaientpresque. « Les mondes étaient tout près l'un de l'autre; onpouvait toucher le ciel en levant les mains. Les dieux curentun désir : Comment faire pour que ces mondes soient plus aularge, pour que nous ayons plus d'espace? Ils prononcèrenttrois syllabes : vt-ta-ye « pour l'expansion », ct les mondess'éloignèrent et les dieux curent plus d'espace \ » Aupara-vant même, l'union était plus intime encore. « Les deuxmondes étaient ensemble; ils se séparèrent; il cessa de pleu-voir, il cessa de faire chaud; les créatures ne s'entendaientplus. Les dieux rapprochèrent les deux mondes; en se rap-prochant, ils contractèrent ce mariage divinv. » Aujourd'hui,

« les deux mondes ne se touchent plus que par les bords 5 ».

1. AU. II, 6, 4 : lad u ha smâha Iliranyadan Baida... dyaur antarikse prâ-tislhilàntariksatn prthivyâm prlhivy àpsv âpah salve satyam brahmanibrahma tapasi.

2. Çat. Il, 8, i, 1 : ime lokâ àdhruvâ apralisthitâ âsuh. sa ha Prajâpatiriksâm cakre katham nv ime lokâ dhruvâh pratisjfhitâh syûr ili sa ebhiç caivaparvàtair nadibhiç cemâm adrmhad va'yobhiç ea marïcibhiç cânlariksamjïmûtaîç ca naksatraiç ca divam.

3. Çat. 1,4,1,22-33 : samantikam iva ha va ime 'gre lokâ âsur ity unmrçyâhaiva dyaur âsa. te devâ akâmayanta. katham nu na ime lokâ vitarâm syuhkatham na idam varïya iva syâd ili tân etair eva Iribhir aksarair vyanayanvitaya iti la ime vidûram lokâs lato devebhyo variyo' bhavat.

4. Ait. 19, 5, 5 : imau vai lokau sahâstâm tau vyaitâm nâvarsan na sama-tapat te paficajanâ na samajânata tau devâh samanayants tau sàmyantâvetam devavivâham vyavahetâm. — Td. 7,10, 1 | imau vai lokau sahâstâmtau viyantâv abrûtâm vivâham vivahâvahai sahahâv astv iti. — Td. 9,1,9Ime vai lokâh sahâsan.

5. Çal. 3,2,1,2 : sambaddhântâv iva hïmau lokau.

LK MÉCANISME DU SACRIFICE 93

: Là configuration générale du monde varie d'école à école.L'une enseigne que « l'univers a les mêmes dimensions enhauteur qu'en largeur ' »; l'autre que « les mondes lesplus élevés sont les plus larges, les plus bas sont les plusétroits'* ». Mais peu importe : l'essentiel est de monter auciel comme font les oiseaux '; car «si ce monde ici-basest bon, le monde là-bas est encore meilleur * ». Le che-min à parcourir est long « si long qu'on arrive difficile-ment au bouts ». « II faut six mois pour y aller, six mois

pour en revenir *. » Ailleurs, la distance est réduite à lahauteur totale de mille vaches posées l'une sur l'autre ".Mais les deux évaluations ne sont, à vrai dire, qu'un jeud'esprit pour prouver l'efficacitéde deux sacrifices spéciaux.Un autre passage du même Brahmana compte quarante-quatre jours de voyage â cheval pour aller d'ici au ciel \tandis qu'un autre Brahmana estime la distance à millejournées de voyage à cheval *. Les écoles brahmaniques nos'étaient pas souciées de fixer avec précision la longueurduchemin.

Le véritable voyage au ciel ne s'accomplit qu'après lamort; l'homme y monte alors jouir de l'immortalité que lesacrifice lui assure. On peut se demander « par quel enchaî-nement de causes el d'effets le sacrifiant triomphe d'unemort répétée "» ; mais le fait positif demeure : « Celui-là

1. Td. 13,6,3 : yâvanta ime lokâ ûrdhvâs tâvantas tîryancah.2. 'Ait. 4,8, 6 : paro varîyamso va ime lokâ arvâg amhiyâmsah.3. Ta*. 5,1,10 : paksâbhyâm vai yajamâno vayo brûtvâ svargam lokr.m eli.

— ib. 5,3, 5 : çâkuna iva vai yajamâno vayo bhûtvâ svargam lakam eti.4. Ait. 3, 2, 3 : ayant vâva loko bhadras tasmâd asâv eva I kah creyân.5. Td. 9,4, 16 : dusprâpa iva vai parah panthâ.6. Td. 4, 6,17 : sadbhir ito tnàsair adhvânam yanli sadbhih punar âyanti.

'7. Td. 16,8, 6 : yâvad vai sahasram gava ûltarâdfaarâ ity abus lâvad asmâtlokât svargatoka iti. — ib. 21, 1,9 : tad yâvad itah sahasrasya gaur gavipratislhiti tâvad asmâl lokâd asau lokah,

8. Td. 25, 10, 16 : çatuçcafvârirnçâd âçvinâni sarasvatyâ vinaçanât ptaksahprâsravanas tâvad itah svargo lokah sarasvalisammîtenâdhvanâsvargalokamyanli.

9. Ait. 7, 7,8 : sahasrâçvineva itati svargo lokah.10. Çal. 10, 1, 4,14 : tad âhuh. kim tad agnau kriyate yena yajamânah

punarmrlyum apajayati.

94 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRÂHMANAS

qui sait ainsi chasse victorieusement la mort répétée, il vaà une vie entière "„ » Le bénéfice s'étend même aux trou-peaux comme aux Pères du sacrifiant *. Mais, à ne considé-

rer que la personne, le profil est double ; il porto à la fois surla vie présente ct la vie à venir. « L'immortalité pourl'homme, c'est de vivre une vie entière cl d'être heureux\ »La vie entière, c'est « une existence que les jours et lesnuits n'épuisent pas avant la vieillesse * ». La définitionadmet plus de précision encore. « Celui-là qui vit cent ansou plus, celuidà atteint l'immortalité 8 » ; — « cent ans, c'estl'immortalité, l'infini, l'illimité '. » Entre la durée de la vieterrestre ct la durée de la vie céleste s'établit une relationfixe : <c

Ceux qui meurent au-dessous de vingt ans sontdésignés pour les jours ct les nuits comme leur monde

propre ; ceux qui meurentau-dessus de vingt ans, au-dessousde quarante, le sont pour les demi-mois ; ceux qui meurentau-dessus de quarante, au-dessous de soixante, le sont pourles mois ; ceux qui meurent au-dessus de soixante, au-des-

sous de quatre-vingts, le sont pour les saisons; ceux quimeurent au-dessus de quatre-vingts, au-dessous de cent, lesont pour l'année ; ceux qui vivent cent ans ou plus attei-gnent l'immortalité '. » La relation établie se fonde peut-être

1. Çat. 10, 2, 6, 19 i apa pùnarmrlyum jayati sarvam âyur eli ya evamveda. — id. ib. 10, 6, I, 4; II, 4, 3, 20. — cf. 10, 5, I, 4 : ya enam ataûrdhvam cinute sa pùnarmrlyum apajayaU. — 11, 5, 6, 9 : ati ho vai pùnar-mrlyum mucyate.

2. Çal. 12,9,3, Il : apa hâ vai paçûnâm pùnarmrlyumjayati nâsmâd yajfiovyavachidyaleya evam veda. — ib. 12 : âpa ha vai pitrnâm

3. Td, 21,19, 2 : etad vâva inanusyasyâmrlalvam yat sarvam âyur eti va-siyân bhavati.

4. Çal. 10, 4, 3, I : sa yo baitam mrlyum samvataaram veda na hâsyâisapurâ jaraso 'horâtrâbhyâm âyuh ksincii sarvam haivâyur eli.

5. Çal. 10, 2, 6, 8 : ya eva çatani varsâni yô va bhûyâmsi jïvati sa hai-vaitad amrtam âpnoti.

6. Çal. 10, 1, s. 4 : tad dhailad yâvachatam samvatsarâs tâvad amrlanianantam âparyanlam.

7. Çat. 10, 2, 6, 8 : tad ye 'rvâgvimçesu varsesti prayanti. ahorâtresu telokesu sajyante 'tha ye parovimçesv âr'vâkcatvâ'rimçesv ardhamâsesu te 'tha>c paraçcatvâriniçcav arvâksas'(esu mâsesu te *thâ ye parab?as{esv arvâga-çitesv rtusu le 'tha ye paro 'çitcsv arvâkçatesu samvatsare te 'tha ya evaçatam varkâni yo va bhûyâmsi jïvati sa haivaitad amrtam âpnoti.

LE MÉCANISME DU SACRIFICE 95

sur la valeur nutritive des sacrifices accomplis, car noustrouvons indiquée, d'autre part, une sorte de coefficient denutrition posthume affectée à divers sacrifices. « Si on aoffert l'oblation quotidienne au feu, dans l'autre monde onmange le soir et le matin; telle est la valeur nutritive atta-chée à ce sacrifice. Si on a offert les sacrifices de la nouvellelune el de la pleine lune, on mango tous les demi-mois; tousles quatre mois, si on a offert les sacrifices des quatre mois;tous le? six mois, si on a offert une victime animale ; tous lesans, si on a offert un sacrifice de soma; si on a élevé unautel du feu en briques, on mange à volonté tous les centans ou non '. » Le besoin de manger est naturellement enrapport inverse avec la vigueur vitale, car « la faim, c'est lamort ' ». Le sacrifice est donc l'immortalité, parce qu'il estl'ambroisie, la nourriture d'immortalité. Le breuvage d'im-mortalité que les dieux ct les Asuras cherchent au sein desflots et qu'ils se disputent avec frénésie dans les légendesépiques est l'ami la, la nourriture d'immortalitéque le sacri-fice fait sortir des eaux rituelles, car « les eaux, c'est l'im-mortalité 3 » ou bien encore « l'immortalité, c'est le soma »,le breuvage du sacrifico *.

A l'immortalité, qui est la vie à perpétuité dans le ciel,s'oppose « la mort répétée » (punaMnrtyu). La mort répétéen'évoque pas chez les auteurs des Brâhmanas l'idée de latransmigration qui semble s'y associer fatalement dans lessystèmes philosophiques. La « mort répétée » n'est rienqu'une « seconde mort » ; c'est l'horizon entrouvert sur cesprofondeurs vertigineuses que l'Inde se plaît encore à con-templer dans une sorte de délicieuse épouvante; mats la vuedes Brâhmanas, moins curieuse ou moins affinée, ne porte

1. Çat. 10, 1, 5, 4 : sâyamprâlar ha va amusmint loke 'gniholrahud açnâtitâvalt ha tasmin yajfia ûrg ardhamâse 'rdhamâsedârçapûrnamâsayâji calursucaturstt niâsesu câturmâsyayâji saisu sajsu pâçubândhayâjî samvatsare sam-vatsare somayâji çate çate samvalsaresv agnicit kâmam açnâli kâtnani na.

2. Çdt. 10, 6, 5, I : açanâyâ hi tnrlyuh.3. Mailr.4,1,9 : âpovâ amrtam.'

• - Gop. 2,1, 2 : amrtam âpah,4. Çat. 9, 5, t, 8 : tad yat lad amrtam somah sa.

96 LA Docrr ;>K m SACRIFICE DANS LES BRÂHMANAS

pas si loin. Les morts se divisent en deux catégories : lesimmortels, qui ne mourront plus ; les autres, qui mourrontencore. La perspective, même ainsi limitée, suffit au con-traste ; pour le rendre plus intense, il suflit de redoubler lemot « encore », ct du même coup l'expression cl l'idées'étendentdans l'indéfini.Le procédé est facile; les exemplespourtant en sont rare», si rares que j'en ai relevé un seul/« Ceux qui savent ainsi ou ceux qui font celte cérémonie,étant morts ils renaissent ; en renaissant ils naissent pourl'immortalité. Et ceux qui ne savent pas ainsi ou qui nefont pas cette cérémonie, étant morts, ils renaissent ct de-viennent encore ct encore la pâture de la mort '. »

Le mort, qui a gagné par le sacrifice l'immortalité, aban-donne d'abord sa dépouille corporelle, qu'un pacte divin nelui permet pas d'emporter *, puis il entreprend l'ascensiondu ciel. La route n'est pas sans difficultés; le mort doit êtreen garde à la fois contre les erreurs de direction et contreles obstacles dangereux. « Le chemin conduit soit chez lesdieux, soit chez les Pères. Or, des deux côtés, il y a deuxcrêtes de flammes qui se dressent brûlantes ; elles brûlentcelui que leurs brûlures doivent arrêter, mais elles laissent

passer celui qui a le droit de passer 3. » La troupe des dieuxÂdityassurveilleaussi lesavenues du ciel. « Ceux qui gardentles voies qui mènent chez les dieux, c'est les Âdityas; celuiqui veut y arriver, ils le repoussent *. » Mais la vraie bar-rière du ciel, c'est le soleil quicsti'Àdilya par excellence.

« Celui-là qui brille là-haut, il est la Mort ; or comme il estla Mort, les créatures qui sont au-dessous de lui meurent;

1. Çal. 10,4, 3,10 : te ya evam etad viduh. ya vailat karma kurvate mrlvâpunah sambhavanti te sambhavantaevâmrlalvam abhi sambhavanty athâ yaevam* na vidur ye vailat karma na kurvate mrlvâ punah sambhavanti taclasyaivânnam punah punar bhavanli. — Cf. inf., p. 97, note I.

2. Voy. sup., p. 85.3. Çal. I. 9, 3,2 : sa esa dcvayâno va pitrjâno va pan'.hâh. lad ubhayato

'gnieikhc sâmosantyau lislhatah prati tam osato yah pratyusyo 'ty u tamsrjete yo 'tisrjyah.'4. Mailr. 1.6,12 ; ete vai dcvayânân patho gopâyanli yad âdityas ta iyak-

samânam pratinudante. —

LE MÉCANISME DU SACRIFICE 97

celles qui sont au-dessus sont les dieux, ct c'est pourquoi ilssont immortels. Et si, par fantaisie, it prend à son lever lesouffle vital d'une personne, el'e meurt; ct celui qui va aumonde de là-bas sans avoir échappéau soleil qui est la mort,alors — comme en ce monde on ne tient aucun compte d'unhomme enchaîné ct qu'on le fait mourir quand on le veut—de même, en ce monde là-bas, le soleil le fait mourir encoreelencore *, »

Les dieux, on le comprend, n'ont pas ménagé leur peinepour s'assurer un si précieux défenseur. C'est eux qui l'onttransporté de la terre jusque dans les hauteurs, « Au com-mencement le soleil était ici-bas; les dieux l'ont transportéd'ici-bas au monde qui est là-haut ', » Le soleil fut prisd'abord d'une sorte de nostalgie. « Passé dans le monde là-bas, il désira retourner vers ce monde-ci ; arrivé dans cemonde-ci, il eut peur de la mort, car ce monde-ci est pourainsi dire associé à la mort. Il chanta des hymnes en l'hon-neur d'Agni ; Agni le lit remonterau monde céleste 3. » Pourprévenir le retour de pareilles velléités, qui compromet-taient leur sécurité, les dieux ont multiplié les précautions.« Les dieux ont eu peur que le soleil vînt à passer au-delàdu ciel; ils l'ont consolidé avec les hymnes, pour le fairetenir. Les dieux ont eu peur que le soleil vint à passer endeçà du ciel et ils l'ont retenu en haut avec des tresses de

1. Çat. 2,3, 3, 7-8 : tad va esa eva mrtyuh, ya esa tapai!, tad yad esa evamrtyus tasmâd yâ etasmâd arvâcyah pràjâs f'â mriyante 'tha yâh parâeyâs tedevâs tasmâd u te 'mrtâh. sa asya kâmayate. tasya prânam âdâyodeti saniriyale sa yo haitani mrtyuni anatimucyâthâmum lokam eti yathâ haivà-m>i;mini loke na samyatàm âdriyeta yadâ yadaivâ kâmayate 'tha mârayatyevam u haivâmusmimloke punah punareva pramârayati.

2. Mailr. i, 9,3 : iha va asâ â'ditya âsit tam ito'dhy amum lokam aharan.— ib. 2, 2, 2 : iha va asâ âdityâ âsit tam âbhyâm parigrhyoparlstâd âsântprajânâm nyadadhuh. — Çat. 4,2, 5, 9 : atra ha va asâv agra âdityâ â$a tamftavah parigrhyaivâtâ ûrdhvâh svargam lokam upodakrâman. — Td. 4, 5,3:devâ âdityànt svargam lokam*apârayan.

— ib. 6, 7, 21 : alra va asâv âdityàâsit tant devâ bahispaVamânena svargam lokamaharan.

98 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES RRAUMANAS

rayons '. » Les rayons du soleil, étant la voie du ciel, seconfondent avec les morts qui les suivent. « Les rayons decelui qui brille là-haut, ce sont les hommes pieux; ct lalumière qui brille par delà, c'est ou.Prajâpati ou le mondecéleste *. » Puisque la trace des justes est lumineuse, on lareconnaît aussi dans les étoiles. « Les hommes pieux quivont au ciel, les luminaires sont leur clarté'. »

Si le mort ne prend pas la route des dieux, il suit alors lavoie des Pères. Les Pères sont des morts, mais des mortsdemeurés mortels; ils n'ont pas rejeté le mal *. Leurséjour est mystérieux; « ils vivent dans le troisième mondeà partir d'icis ». Ils sont incorporels ; ce sont des esprits *.Placés entre les dieux ct les hommes, ils correspondentlogiquement, dans le système d'équivalents des Brâhmanas,tantôt aux saisons 7 qui sont le degré intermédiaire entrel'année, symbole du temps ct de la vie divine, et le jour,symbole de l'existence éphémère ct de la vie humaine;tantôt aux régions de l'air ' situées entre la terre des hommeselle ciel de? dieux. La nature originelle des Pères est maldéfinie. Parfois ils sont représentés comme issus de Prajâ-

1. Tailt. B. 1, 2, 4,2 : devâ va âdityasya suvargasya lokasya, parâco 'tipà-dâd abibhayuh. tac chandobhir adfmhan dhrtyai. devâ va âdityasya suvar-gasya lokasya*, avflco 'tipâdâd abibhayuh.tant paficabhi raçmibhir udavayan.— Td. 4,5,9-11 : devâ va âdityasya svargâl lokâd avapâdâd abibhayus tamctaih stomaih paficadaçair adrmhan... tasya parâclnâlipâdâd abibhayus tantsarvaih stomâih paryâri'san.

— AU. 18,4, 6 : tasya vai devâ âdityasyasvargâllokâd avapâtâd* abibhayus tam paramaih svargair lokair avastât pralyutta-bhnuvan... tasya parâco 'tipâtâd abibhayus tam paramaih svargair lokaihparastât pralya'stabhnuvan.

— ib. 18, 5, 3 : tasya vai devâ âdityasya svargâliokâd avapâtâdabibhayus tam paficabhi raçmibhir udavayan.

2. Çat. 1, 9,3, 10 : (ya esa lapati) tasyâ ye racmayas te sukrto 'tha yatparant bhâh Prajâpatir va sa svargo va lokah.

3. Çat. 6,' 5, 4, 8 : ye hi janâh punyakrtah svargam lokam yanti tesâmetâni jyotimsi [naksatrâni].

4. Çat. 2,1,3,4 : anapahatapâpmânah pitarah... martyâh pitarah — Répétéi*. 2,1,4,9.

5. Tailt. B, I, 3,10,5: Irtïyevâ ito loke pitarah. — id. ib. 1,8, 6, 6.6. Td. 6, 9, 19-20 : indava iva hi pitarah. màna iva (Comm. manasâ hi

kevalam srjyante na caksurvisayâbhavanti âto mana ivety ucyate. i07. Çal. 2,6, I, 32 : flavo vai pitarah. — Taill. B. 1, 3, 10, 3 : rtavah khaluvai devâh pitarah.

8. Çal. 2, 6, 1,11: avântaradiço vai pitarab.

LE MÉCANISME OU SACRIFICE *9&

pati dès la création, après les Asuras, mais avant les dieux.

« Après avoir émis les Asuras, Prajâpati sentit qu'il étaitpère; il créa alors les Pères; de là vient leur nom '. »Parfois les Pères sont des dieux morts et rappelés ensuite àla vie. « Les dieux tuèrent Vrtra ct remportèrent ainsi leursuprême victoire; ceux d'entre eux qui avaient été frappésà mort dans le combat, ils les rappelèrent à la vie par lesacrifice; ils furent les Pères 9. » Nés ou aines des dieux, lesPères paraissent en hostilité perpétuelle avec eux. « Lesdieux et les Pères étaient en ce monde ; tout ce que les dieuxpossédaienten propre, Yama (le chefdes Pères) le leur déro-bait 3. » L'intervention de Prajâpati tire d'affaire les dieux.Ailleurs, le sacrifice déserte les dieux pour suivre les Pères,et les dieux sont obligés de consentir à un partage \ Al'égard des hommes, les Pères se comportent en êtres supé-rieurs. Quand on offre aux Pères la boulette funéraire, ondoit détourner le visage; autrement les Pères, par dignité,ne viendraientpas la manger 5 : aujourd'hui encore, les gensde hautrang ne se laissent pas voir pendant leur repas. Il estprudent de les ménager, car leur malveillance s'excite aisé-ment, et leur colère est redoutable. « Si les Pères viennentau sacrifice, ou ils prennent un mâle ou ils en donnent un.On coupe, à leur intention, les frange i du vêtement, car lesPères ont comme part ce qu'ils enlèvent; on donne ainsileur par/ aux Pères. Dans l'âge avancé (après cinquanteans), on coupe à leur intention le poil, car on est alors plusprès des Pères *. » Le Çatapatha rassemble dans Un abrégé

I. Mailr. 4, t, 2 : so 'surân sjsjva pitevâmanyata tena pitfn asrjata tatpilfnâni pitrtvam. — id. Taill. B. 2, 3, 8,2, sauf: tadanu pitfn. asrjata.

.,2. Çat. 2, 6,1,1 : mahâhavisâ ha vai devâ Vrtrant jaghnuh. teno evà vya-

jayanta yeyam esâm vijitis tâm atha yân evaiçâm tasmint samgrâme'ghnamstân pitryajfiena sàmairayanta pitaro vai ta âsan.

%. Mailr. 2, 5, 3 : devâç ca vai pilarac casmiml loka âsams tad yat klmcadevânâm svaui âsîl tad Yamo'vu'ata.

4. Taill. B. I, 3,10, 1 : pitfn yajfio 'nvagacchat. tam devâh punar ayâcanta.lain ebhyo na punar adaduh.' 5. Taill. B. I, 3, 10, 6 : parâft âvartate. hrïkâ hi pitarah (Comin. : pitfnâmlajjâçttâtvât. loke 'pi hi bhufijânâh pnbhavo nânyair vïksyante).

fj, Taill. B. I, 3, 10, 7 : virant vai va pilarah prayanto haranli. virant va

400 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRÂHMANAS

lumineux tous les motifs qui justifient les rites en l'honneurdes Pères. « Si on fait ce rite, c'est pour éviter qu'ils(les Pères) viennent vous tuer quelqu'un ; c'est encore parcequ'on se dit : les dieux l'ont fait, il faut le faire, et qu'onleur donne ainsi la part que les dieux leur ont régulière-ment concédée; c'est comme un acte de bienveillance pourceux que les dieux ont rappelés à la vio; c'est pour éleverses propres Pères à un monde meilleur; c'est pour réparerles pertes ct les dommages qu'on encourt par ses écarts deconduite. Voilà les raisons de ce sacrifice ". »

Avant la bifurcation où le mort reçoit sa destination défi-nitive, il subit une épreuve qui rappelle l'ordalie de la pesée,reconnue et réglementée par les codes, et qui en est sansdoute inspirée. « On met dans la balance, dans l'autremonde;quoi qui l'emporte, on le suit, le bien ou le mal *. » Mais lestermes de morale ne doivent jamais faire illusion dans lesBrâhmanas. Les auteurs de ces compilations sacerdotales novoient ct ne mesurent les faits que sous l'angle rituel. L'actebon est l'acte conforme aux prescriptions du culte; l'actemauvais est l'acte qui transgresse ces prescriptions. Une cu-rieuse légende d'eschatologie, commune à deux Brâhmanas,traduit clairement l'idée qui s'attache à ces deux termes etillustre par des exemples pittoresques, la nature des peines etdes récompenses après la mort *. — « Bhrgu, fils de Varuna,

dadati. daçâfi chinatti. ti&ranabhâgàhi pitarah. pitfn eva niravadayate. ullaraâyusi loma chindita. pitfnâm hy clarhi nediyah.

1. Çat. 2, 6, 1,3 : athà yad esa ctena yajate, tan nâha nv evaitasya tathâkam cana ghnantitidevâ akurvanniti nv evaisaelat karoti yam a caivaibhyddevâ bhâgam akâlpayams tam il caivaibhya esa etad bhâgam karoti yân ucaiva devâh samairayanta tân u caivaitâd avali svân u caivaitat pitftitchrcyàmsam lokam uponnayati yad u caivâsyâlrâtmano'caranena hanyate vamîyatcva lad il caivâsyaitenàpunar âpyàyale tasmâd va esa êténà yajate.

2. Çat. II, 2,7, 33 : tulayâm ha va amusmim loka âdàdhâti yatarad yams-yati tad anvesyati :iâdhu vàsâdhu va.

3. Jaim. I, 41-41 (OtRtrx, Extraits, J. A. 0. S. xv, 231-33, donne le texteaccompagnéd'une traduction anglaise).— Stéme épisode Çat. 11,6,1 (traduc-tion allemandede WEBER,lad. Streifert, t, 24). — le ne crois pas utilede repro-duire ici le texte de ces deux longs récits; maïs il ne sera pas superflu d'enmarquer les principales différences. Dans le Çat. Varuna envoie simplementBhrgu en voyage pour le guérir de son orgueil. Bhrgu visite successivement

LE MÉCANISME DU SACRIFICE 101

étudiait la science sacrée. Il crut être au-dessus de son père,au-dessus des dieux, au-dessus des autres brahmanes quiétudient la science sacrée. Or Varuna considéra : Mon fils neconnaît rien, H faut que je l'instruise. II lui saisit les souffles;il tomba inanimé. Étant inanimé, il alla dans le monde loin-tain; il arriva dans l'autre monde. Un homme dévorait unautre homme qu'il avait coupé en tronçons. II dit : Oh ! est-ce possible? Qu'est-ce que cela? On lui dit : Interroge tonpère Varuna, il te lo dira. En second lieu, il arriva vers unhomme qui en mangeait un autre, lequel poussait des crisd'appel. Il dit : Oh! est-ce possible? Qu'est-ce que cela?On lui dit : Interroge ton père Varuna, il te le dira. En troi-sième lieu, il arriva vers un homme qui en mangeait unautre, lequel gardait le silence et ne soufflait mot. Il dit :Oh! est-ce possible? Qu'est-ce que cela? On lui dit : Inter-roge ton père Varuna, il te le dira. En quatrième lieu, ilarriva vers deux femmes qui gardaient un grand trésor. Ildit : Oh! est-ce possible? Qu'est-ce que cela? On lui dit :Interroge ton père Varuna, il te le dira. En cinquième lieu,il arriva à une rivière de sang et une rivière de beurre quicoulaient parallèlement. La rivière de sang, un homme noir,tout nu, armé d'une massue, la gardait. La rivière de beurre,des hommes d'or avec des coupes d'or y puisaient tous leursdésirs. H dit : Oh! est-ce possible? Qu'est-ce que cela? Onlui dit : Interroge ton père Varuna, il te le dira. En sixièmelieu, il arriva à cinq rivières fleuries de lotusbleus et de lotusblancs où coulaient des flots de miel; et là, des danses, deschants, des luths qui résonnaient, des troupes d'Apsaras,un parfum délicieux, un grand bruit. Il dit : Oh! est-cepossible? Qu'est-ce que cela? On lui dit : Interroge ton père

les quatre points cardinaux et Une des régions intermédiaires; il ne voit quecinq tableauxau lieu des six du Jaim. Les deux rivières de sang et dé beurréet les cinq rivières paradisiaques font défaut dans le Çat. ; l'homme noir yest transporté de l'épisode des deux rivières à l'épisode des deux femmes.Mais te premier tableau du Jaim. est dédoublé dans te Çal. Bhrgu y rencontred'abord des hommes qui hachent (samvraçcam) puis des hommes qui coupent(samkarlam}. Les deux recensions sont donc bien indépendantes.

102 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRÂHMANAS

Varuna, il te lo dira. Il s'en retourna de là. Il arriva près de

son pèro Varuna, qui lui dit : Te voilà venu* mon fils? —Mo voilà venu, mon père. -r-.

Tu as vu, mon fils? — J'ai yu,mon père. »> -~ Bhrgu rapporte alo^lt ;

Varuça les spec-tacles dont il a été le témoin, et Varuna lui en donne l'expli-cation : «Qu'as-tu vu mon fils,?— Un homme en dévorait

un autre qu'il avait coupé en tronçons. — Bien, dit-il. Ceux-là qui, dans ce monde, sans oiïrir l'oblalion quotidienne aufeu, sans savoir ainsi, coupent en tronçons des arbres et lesmettentau feu, alors,dans l'autre monde, les arbres prennentla forme humaine ct les mangent à leur tour. — Comment

y échapper?— Si on met au feu le bois à brûler conformé-ment au rite, on y échappe, on est libéré, » L'interpréta-tion se poursuit dans le même esprit, toujours accompa-gnée d'une sanction rituelle. Le second couple rencontrépar Bhrgu, montre la revanche des animaux sur les hommesqui les ont tués pour s'en nourrir, sans pratiquer le ritenécessaire, Le troisième couple est la revanche des plantesconsommées avec la même négligence. Les deux femmessont la Çraddhâ et l'Açraddhâ. La rivière de sang est lesang répandu d'un brahmane; l'homme noir est le Cour-

roux. La rivière de beurre est formée par les eaux rituelles.Enfin les cinq rivières sont les mondes de Varuna. La con-clusion est d'une brutalité expressive : « Celui qui sachantainsi offre l'oblalion quotidienne au feu, dans l'autre mondeles arbres ne le mangent pas en prenant la forme humaine,ni les animaux, ni le riz ct l'orge; ses sacrifices et sesoeuvres pies ne vont pas à la çraddhâ et àTaçraddhâ; ilécarte la rivière de sang, il gagne la rivière de beurre. »

Si le pacte desdieuxavec la mort interdit aucorps humainl'accès du monde céleste, les promessesdu sacrifice risquentde demeurer illusoires. L'effort est dépensé en pure perte.Le sacrifiant, tiraillé simultanémentpar la force ascension*nelle et par la pesanteur, est exposé à demeurer comme leTriçaiïkudes légendes, entre ciel et terre. Mais la dlksâ inter-vient. La dlksâ est un ensemble de cérémonies préliminaires

LE MÉCANISME DU SACRIFICE 103

qui sert à déifier la créature humaine.. « En vérité, celui-làse dirige vers les dieux qui fait la dlksâ; il devient uno' désdivinités '. »—« Le séjour humain estséparédu séjour divin;la cérémonie transporte le sacrifiant hors du monde humain;il s'en va de ce monde, celui qui fait la dlksâ*. » Le procédéconsiste à fabriquer uncorps nouveau à l'usage du sacrifiant;presque toutes les pratiques sont des symboles de conceptionetde naissance. Au cours de la cérémonie, « on se couvre latête. C'est qu'en effet celui qui fait la dlksâ devient un em-bryon; or les embryons sont couverts par les deux membranesdé l'amnion et du chorion; ct c'est pourquoi on se couvre làtète ' ». Plus tard, «on se découvre la tête; C'est qu'en effet,celui.qui fait la dlksâ devient un embryon; les embryonssont recouverts parles deux membranes de l'amnion ct duchorion; or, voilà qu'il est mis au monde, ct c'est pourquoiil se découvre '. » On passe une ceinture de chanvre par-dessous le vêtement. « En effet, l'amnion est par-dessous lechorion; c'est pourquoi la ceinture esl par-dessous le vêle-ment. Tout comme Prajâpali, devenu embryon, naquit do cesacrifice, ainsi devenu embryon il nait de ce sacrifice *. » On

i.Çat. 3,1, 1, 8 : devân va esa upâvartate yo diksaie sa devalânâm ekobhavali. — ib. 3,1,4, t : udgrbhnitc va eso "smâl lokâd devalokam abhi yodiksate. — Mailr. 3, 6, 1 : de'vatâm evopaiti yo diksaie. — L'interprétationpseudo-étymologiquede la dïksâ est obscure. — Çat. 3. 2, 2,30 : sa vai dhik-sate. vâce hi dhïksale yajnâya hi dhiksate yajfio hi vâg dhiksito ha vainâmaitad yad diksita iti. — Gop. I, 3,19 : kasyasvid dhetor dïksita ity âcak-sate çresthâm dhiyarn ksiyalili tant va étant dhiksitam santam diksitam ityâcaksate.

2. Mailr. 3, 6, i : antarhito vai daivât ksayân mânusah ksayo mânusàdevainam ksayâd antardadhaty alho raksasâm ànanvâyâyalti va e3so 'smâllokâd yo diksate. — Tailt. S. 6,1, t : antarhito hi devatoko manusyalokânnâsmâl lokât svetavyàm ivety âhuh ko hi tad veda yady amusmint loke stiva nà veli diksv atikàçân karoti.

3. Çat.3, 2,1,16 : atha prornute. garbho va esa bhavali yodiksate prâvrtâvai garbhâutbenevajârâyuneva tasmâd vai prornute, — TaUt. 5. 6, I, 3, 2 :garbho va esa yad dïksita ulbam vâsah prornute tasmât. garbhâh prâvrtâjâyante. — Et cf. inf. Ait. 1,3,1. ".

4. Çat. 3, 3,3, 12 r athâlrâpornulc.garbho va esa bhavali yo diksate prâv-rtâ vai garbhâ ulbeneva jârâyuneva tam atrâjijan'âta tasmâd aporaùte.

5. Çat. 3,2, I, Il : antarani va ulbam jarâyuno bhavali tasmâd csânlarâvâsaso bhavati sa yathaivâtah Prajâpatirajâyatagarbho bhûtvaitasmâdyajnâdevam evaiso 'to jâyate garbho bhûtvaitasmâdyâjfiât.

104 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES l BRÂHMANAS

élève un hangar particulier pour le sacrifiant qui fait ladlksâ ; on lui passe une peau d'antilope noire. « Le hangar,c'est sa matrice; la peau d'antilope noire, c'est le chorion ;le vêtement, c'est l'amnion; la ceinture, c'est le cordon ombi-lical : celui qui fail la dlksâ est un embryon '. » Si on sedéplace à certains moments, la raison est encore la même.«Le feu est la matrice du sacrifice; celui qui fait la dlksâ,est l'embryon. Or l'embryon circule à l'intérieur de la ma-trice. Comme le sacrifiant tantôt se déplace et tantôt seretourne, pour celte raison les embryons tantôt se déplacentet tantôt se retournent 2. » On tient les poings fermés. « Ildevient, en effet, un embryon, celui qui fait la dlksâ; c'estpourquoi on tient les poings fermés, car les embryons,tiennent les poings fermés \ » Il ne faut pas se gratteravecun bout de bois ou avec l'ongle. « Il devient, en effet, unembryon, celui qui fait la dlksâ; si on grattait un embryonavec un bout de bois ou avec l'ongle, on provoquerait uneexpulsion mortelle '. » Un des Brâhmanas rassemble dansun exposé concis les principaux actes de la dlksâ avec leurinterprétation. « Les prêtres transformenten embryon celuià qui ils donnent la dlksâ. Ils l'aspergent avec de l'eau;l'eau, c'est la semence virile; ils lui donnent ainsi la dlksâen lui donnant la semence virile. Ils lui frottent les yeuxd'onguent; l'onguent c'est la vigueur pour les yeux; ils luidonnent ainsi la dlksâ en lui donnant la vigueur. Ils le fontentrer dans lo hangar spécial; le hangar spécial, c'est lamatrice de qui fait la dlksâ; ils le font entrer ainsi dans lamatrice qui lui convient. Ils le recouvrent d'un vêtement; le

1. Mailr. 3, 6,1: yonir vai diksitasya diksitavimitam jarâyu krsnâjînamulbam diksilavâso nâbhir mckhalâ garbhodiksitah.

2. Çat. 3, 1. 3, 28 : agnir vai yonir yajfiasya "garbho diksito 'ntarena vaiyonîm garbhâh samcarali sa yat sa tatraijati tvat pari tvad âvartate tasmâdime garbhâ cjanti tvat pari tvad avariante.

3. Çat. 3,2, t, 6 : garbho va esa bhavati yo diksate... tasmin nyaknâhguliriva bhavaU nyaknàngulâya iva hi garbhâh.

4. Çal. 3,2,1, 31 : garbho va esa bhavati yo diksate yo vai garbhasya kaf>Ihcna ta nakhena va kanduyed apâsyan mrityet.

LE MÉCANISME DU SACRIFICE 105

vêtement, c'est l'amnion pour qui fait la dlksâ; ils le recou-vrent ainsi de l'amnion. On met par dessus une peau d'an-tilope noire; le chorion est, en effet, pardessus l'amnion; onle recouvre ainsi du chorion. Il a les poings fermés; en effet,l'embryon a les poings fermés tant qu'il est dans le sein;l'enfant a les poings fermés quand il naît... Il dépouille lapeau d'antilope pour entrer dans le bain ; c'est pourquoi lesembryonsviennentau monde dépouillés du chorion. Il gardeson vêtement pour y entrer, et c'est pourquoi l'enfant naîtavec l'amnion sur lui ". » Grâce à ces pratiques le sacrifiantse trouve en possession de deux corps : l'un matériel etmortel, l'autre rituel ct immortel. Le premier est destiné àservir de victime. « Celui-là qui fait la dlksâ sacrifie sapersonne en guise de victime à tous les dieux * »; « celui-làqui a fait la dlksâ est immolé comme victime rituelle partous les dieux 3 »; « celui-là qui fait la dlksâ devient unenourriture offerte aux dieux '. » Le sacrifiant, naturellement,se rachète ensuite par un autre rite; mais pour présenterson corps comme une oblation acceptable aux dieux, il doitse défaire des impuretés qui le souillent. C'est ainsi que« il rase ses cheveux et sa barbe; il rogne ses ongles, carles cheveux et la barbe, c'est de la peau morte, impropre àl'offrande; il rejette donc la peau morte qui est impropre àl'offrande, et devenu digne du sacrifice, il possède en lui tapureté rituelles ».

1. AU. 1,3: punar va etam rlvijo garbham kurvanlî yam diksayanty adbhirabhisîncanti reto va âpah sarêtasam evainam tat krlvâ diksayanti... afijanlyenam tejo va etad aksyo'r yad anjanam satéjasam evainam tat krtvâ diksa-yanti... diksitavimitam prapâdayanti yonir va csâ diksitasya yad diksitavi-mitam yonint evainam tat svâm prapâdayanti.... vâsasâ prornuvanty ulbamva etad diksitasya yad vâsa ulbenaivainant tat prornuvanli krsnâjinam utla-ram bhavaly uttaram va ulbâj jarâyu jarâyunaivainam tat prornuvanli mustikurute musli vai krtvâ garbho 'nlah çete musti krlvâ kumâro jâyate.

2. Ail. 6, 3, 9 : sârvâbhyo va esa devalâbhya âtmânam âlabhate yo diksate,3. Ait. 6, 9, 6 : sarvâbhir va esa devatâbhir àlabdho bhavati yo diksito

bhavali.4. Çal. ,1, 3, 4, 21 : sa faàvir va esa bhavati yo diksate.5. Taill, S. 6, 1, t, 2 : keçaçmaçru vapate nakhâiii nikrnlale tnrtâ va esâ

Ivag amcdhyâ yat keçaçmaçru mrtâm eva tvacam amedhyâm apabatya yaj-

100 LA DOCTRINE PU SACRIFICE PANS LES PRAllMAXAS

Transformé par la vertu rituelle, le corps acquiert unepuissanco surhumaine, car le sacrifico est en lui. « Far ladlksâ, lo corps tout entier a une auréole do flammes ', » -~« Et si on doit retenir sa parole, c'est que la parole est losacrifico, et qu'on porto alors le sacrifico en soi. Et dans lo

cas où il parlerait, alors qu'il doit retenir sa parole, le sacri-fice s'échapperait et se détournerait do lui \ » La forceainsi acquise a uno action brutalo et fatale comme toutesles forces du sacrifice ; elle foudroie tout ce qui la heurte.« Celui qui fait la dtksa, sa part do mal est divisée en trois :si on mange do sa nourriture, on en prend un tiers; si ondit du mal de lui, on en prend un tiers; si des fourmis lomordent, elles en prennent un tiers *. »

En somme, la dlksâ est une seconde naissance, uno régé-nération qui fait de l'homme un dieu. « L'homme ne naît

fiiyo bhûtvâ medham upaiti. — Le Td, 4,9,2i a une explication analogue decette pratique : • on se rase le sommet de la télé; on enlève ainsi de soi lemal en se disant : Ainsi allégés puissions-nousallerau monde céleste. » çikbâanupravapante pâpniânam eva tad apaghnate. lagblyàmsah svargant lokamayâmeti. — Le Çal. 3, 6, 3, 14-11 rapporte des opinions divergentessur lavaleurde cette pratique. « Le soleilet le feu ont la face partout*, l'homme n'ala face que d'un côté; en se rasant la tête il a lui aussi la face partout, etil a comme le soleil et le feu de la nourriture à manger à planté, si sachantainsi il se rase la tête. Donc il faut se raser la tête. MaisAsuridisait là-dessus;Quel rapport avec la face, s'il »e rase même tous les poils? S'il fait le sacrificetrois fois l'an, c'est alors seulement qu'il a partout la face, qu'il a toujoursà manger ê planté. Donc qu'on ne se soucie pas de se raser la tète, disait-il.— Atbâyam anyatomukhahpunifah. sa état sarvatoroukho bhavaU yat pari-vartayate sa evam evânnado bhavati yathaitàv etad ya èvani vidvân parivar-tayate tasmâd vai parivartayela. lad u hovâcasurih. kiin nu taira mukbasyayad api sarvâny eva lomàni vapeta yad vai trih samv&tsarasya yajate tenaivasarvatomukhastenânnadas tasntân nâdriyeta parivartayitum Hi.

i. Taill. S. 7,4,9,1 : abhûrdhataeva diksâbbirâtmânam(Connu, svaçariramabbita eva sarvato jvalayanty eva).

2. Çal. 3, â, 1, 3$ : atha yad vâcam yachali. vâg vai yajfio yajfiam evaitadâtman dhatte 'tha yad vâeamyamo vyàharali, tasmâd u haisa visrsjo yajnahparân âvartate. — Tailt. S. 6,1,4, 3: yat purâ naksatrebhyovâcam visrjedyajfiam vichindyât. —Mailr. 3, 6, 8 : vâcam yachali yajfiam va etad gachatiyad vacant visrjed yajfiam visrjet.

3. Mailr. 3,6,1 : tredhâ va* etasya pâpmânant vibbajante yo diksate yo'syânnam alti sa Irtiyam yo 'syâçlilam kirtayati sa trtîyam yâ cnâm pipi-likâ daçanti tâs Irtiyam. — Td. 5, 6,10 : yo vai diksitânâm pâpantkirtayatiIrtiyam esâm amçam pâpmano haranty annâdas trtîyam pipllik&s Irtiyam.— Gop. 1,3, 19 : lasya ye 'nnarn adanti te 'sya pâpmânant adanti. athâsya yenâma grhnanti le 'sya nâmnah pâpmânam apaghnate.

LE MÉCANISME PU SACRIFICE 107

qu'en partie; c'est par le sacrifico qu'il est véritablementmis

au monde ». » Les cérémonies funéraires, qui causent l'as-cension définitive au ciel, peuvent être considérées au mêmetitre que la dlksâ comme une des phases de la génération,

« En vérité, l'homme naît trois fois ; d'abord, il naît de sonpère et de sa mère ; puis, quand il sacrifie, co que le sacrificefait de lui, c'esl sa seconde naissance ; enfin, quand il meurtet qu'on lo dépose dans le feu, quand il naît de là, c'est satroisième naissance. Et ©'est pourquoiil est dit que l'hommenaît trois fois 1, »

L'idée de la génération par le rite, admise dans la théorieet dans la pratique, no pouvait manquer de développer parcontre-coup la reproduction réelle ou symbolique des fonc-tions sexuelles. Les Brâhmanas ouvrent la voie aux pieusesobscénités des Tantras, Si, dans le cours d'une récitation,le prêtre sépare les deux premiers quarts du vers, et rap-proche étroitement les deux autres, c'est que la femme écarteles cuisses et que l'homme les serre dans l'accouplement;le prêtre représente ainsi l'accouplement, afin que le sacri-fico donne une postérité nombreuse\ La récitation à voixbasse par le hotar est une émission de semence; l'adhva-

ryu, quand le hotar lui adresse l'appel sacramentel, se metà quatre pattes et détourne le visage; c'est que les quadru-pèdes se tournent le dos pour émettre la semence*. Puis,i'àdhvaryu so redresse ct fait face au hotar ; c'est que lesbipèdes se mettent face, à face pour émettre la semence. U

I. Mailr. 3, $, 1 Ï âjâto (on peut lire aussi : ajâto • non-né »} vai purusahsa vai yajnentiva jâyate.* 27 Çat. Il, g, l, l : trir ba vai puruso jâyate. élan nv eva roâtuc câdbi pituçclgre jâyate 'tha yam yajfia upanamati sa yad yajate lad dvitiyam jâyate 'thayatra mriyate yalrainam agnâv abbyâdadhati sa yat tatati sambbavati tattrtiyant jâyate tasmât trih purusojâyata ity âhuh.

3. AU. 10, 3, 2-4 : prathame pade viharati tannât stry ûrrt vihârati sama-syaty ullare pade tasmât pumân ûriï samasyati tan mithunam mithunam evalad ukthamukhe karoti prajâtyai.

4. AU. 10,6,1-6: hotrjapam jâpati retas lat sificati.... parâficarrt caluspadyasTnam abhyâbvayatetâsuiât'parâficobhûtvâ ealuspâdoretah sificanti samyahd'ipâd bhavati tasmât samyafico bhûtvâ dvipâdo retah sificanti.

108 lA DOCTRINE Dl' SACRIFICE DANS LES RUAIIMANAS

serait aisé de multiplier les exemptes* ; mais il est superflud'insister. Il convient pourtant do rappeler aussi le ritobrutal qui termine la session rituelle d'un an ; pour réinté*

grer dans lo sacrifiant la force virile qu'une année de con-tinence a fait fuir, un homme et une femme s'accouplentà l'intérieur du terrain consacré *.

Un rapport intime de nature lie h la dlksâ la çraddhâ, « Laçraddhâ c'est la forme de la dlksâ * »; — « c'est avec laçraddhâque les dieux ont fabriqué la dlksâ \ » Une légendemerveilleuse qui tranche violemment sur la physionomieneutre et grise du Kausîtaki-Brâhmana,rapproché les deuxternies pour aboutir à une exaltation do la çraddhâ. «Par-lons maintenant do la dlksâ à IaKcein. Or, Keçin Dàrbhyaavait fait la diksâ et il était assis. Un oiseau d'or vint verslui en volant et lui dit : Tu n'as pas la dlksâ ; moi, je con-nais la dlksâ, veux-tu quo je te l'enseigne? — Quand lesacrifico est fait une fois pour toutes, j'ai peur que ses effets

ne soient pas durables. Sais-tu comment on assure la duréedu sacrifice fait une fois pour toutes? alors dis-le moi. 11 luidit : Je veux bien. Et ils se mirent à causer. Or, c'était lui,ou bien Ula Vàrsnivrddha, ou bien Itan Kâvya ou encoreÇikhandin Yâjuascna ou n'importe quel autre. » Et l'oi-seau expose le rite à sa façon. Mais Kausttakin dit : « 11 nofaut pas faire ces oblations (dont parlait l'oiseau) ; car coseraient des oblations qu'on offrirait en trop..... C'est laçraddhâ qui est la durée à l'infini du sacrifice fait une fois

t. Cf. p. ex. AU. 10, 1; 13, 11; 28, i, 4-3; 30, 1, 1. —Çat, I, I, i,20-21..'.

2. Taill. S. 7,5,9, \\ Kàth. 31, 5. Us Çrauta-sûlras de Çânkbâyan% dé-crivent le rite, mais ajoutent : « c'est là une chose de l'ancien temps, passéed'usage; on nedoit pas le faire » (tad état purânam utsannam na kâryam).—Cf. Ind. St. X, 125.

3. Çat. 12, 8, î, 4 : elad dtksâyai rûpam yachraddbâ. —. id. ib. 14, 6,9,22.

4. Çat. 12,1, 2,1 : çraddhaya vai devâh. diksim niramimita. — Ct. Gop.1,4, T : çraddbâyâ vai devâ diksaniyân niramimita, — Ib. I, 5,24 : manlsinodiksitâh çraddadhânâ hotâro guptâ abhivabanti yajfiam.... as|âoaç1 dikfitldikfilânâui yajfie palnl çraddadhânenayuklâ.

|.E MÉCANISME DU SACRIFICE 109

pour toutes; si on sacrifie en ayant la çraddhâ, le sacrificequ'on a fait n'est jamais perdu\

*>

La çraddhâ, c'est laconfiance» Mais à qui s'adresse laconfiance qui assure do si beaux fruits au sacrifiant? L'in-terprétation des llràhmanas ne permet pas d'hésiter sur lecredo du vrai fidèle, La çraddhâ est fréquemment associéeau satya, qui est l'exactitude V « En ce temps-là, rien n'était,dit Yâjnavalkyaà Janaka; l'exactitude fut offerte en libationdans la confiance '• » — « On a confiance dans un témoinqui dit : J'ai vu, parce que l'oeil est l'exactitude *,» —« Confiance et exactitude; c'est là lo plus beau couple *. »Exactitude et confiance sont si proches quelles so confon-dent aisément. Un serment prêté de bonne foi est un ser-ment qu'on dit « avec confiance * ». L'eau est la confianceT,comme elle est l'exactitude. La confiance s'adresse si peuaux dieux qu'ils l'accordent ou la refusent eux-mêmescomme font les hommes, « Celui-là qui otfro un sacrificesans s'attacher d'abord fermement à la confiance, son sacri-fice n'inspire pas de confiance. Si on offre un sacrifice ens'ottachant d'abord fermentent à la confiance, les dieux et

i. Kaus. 7,4 : atbâlah kaiçinidlksâ- Keçl ha Dârbhyo diksito nifasâda. tantha hïrenmayah çakuna âpatyovâeàdiksito va asi dikfâm aharp veda Uni tebravâni. sakrd ayaje tasya ksayâd bibhemi sakrdislasyâbo tvam âkfi'timvittba lâm tvsm mahyaro iti. sa ba tatbely uvâca tau ha samproeâte. sa hasa âsolo râ Vâr*nivrddba llan va Kâvyah Çikhandi vi Vàjnaieno yo va s»âsa sa sa âsa. (tad u sntâba Kaufitakir na hotavyâ atiriktâ âhulayahsyuryad dhûyeran ; sic Weber Ind. St. 2,30S; aliter Lindner éd.) atha khaiuçraddbaiva sakrdiffcuyâksitih sa yah çraddadbâno yajsde tasyestani naksiyate.

2. AU. 32,9, 4 : çraddhâ patnl satyam yajamânahçraddhâ satyam ity utla-ntant mithunam. — Çal. 11,3, I, I : teja eva çraddhâ satyam âjyam. — ib.12,1,3,23 ; tad esâm satyena tapasâ çraddhayâ yajfienâhutibbir avaruddhambhavali.ïZÎÇat. Il, 3, 1,4 : na va iha larhl kimcanâsld atbaitad ahûyataivasatyani

Çi.iddhâyâm.4. Ait. 1,6, 11: sayady adaroam ity âhâtfaâsya çrad dadhati.— Çal. I,,3,

1,27 : ya eva brûyâd aham adarçam iti tasmâ eva çraddadhyàma. —Mailr.3, 6,3 : satyam rai caksur neva vâee çrad dadbâti.

5. Ait. 32,9,4 : çraddhâ satyam ity ultamam mithunam.6. Ait. 39,1,3 : sa brùyât saha çraddhayâ.7. Mailr. 1,4,10 : âpo vai çraddhâ.- id. ib. 4,1, 4.- Taill. S. I, 6,8,1 :

çraddhâ vi fipah. — Cf. la note ci-dessous,et le chap. sur Varuna.

ttO LA DOCTRINK DU SACHIFICE PANS LES WtaUMANAS

les hommes à la foisont confiancedans ce sacrifice *, » C'estdonc au sacrifice qne la confiance s'adresse; mais ce n'estpas au sacrifice seul ; te prêtre aussi en a sa pari. La con-fiance dans l'opération veut la confiance dans l'opérateur,

u Yatsaprt Dhâlandanan'obtenait pas pour lui la confiance;il exerça des austérités brûlantes; il vit la mélodieYâtsapra?

il obtint pour lui la confiance *, » — « Les rsis insultaientYatsapri llhâlandana et l'appelaient : Imposteurl H vitl'hymne,et par là il écarta victorieusement leurs insultes *. »Du moment où Yatsaprt a justifié par l'inventiond'une pièceliturgique sa connaissance du sacrifice, la confiance qu'onlui refusait vient spontanément h lui. Lo dieu qui est leprêtre des dieux,. Brhaspati, a besoin lui aussi d'inspirer laconfiance pour exercer ses fondions, « Brhaspati eut undésir : Quo les dieux aient confianceen moi l que je devienneleur prêtre I II trouva le rite qui assure les fonctions sacer-dotales, les dieux eurent confiance en lut ; il devint leurprêtre Y» Les vaches même, qui participent au sacrifice

comme toutes les créatures, ont reconnu, par expérience, leprix de la confiance. « Les vaches tenaient une session ri-tuelle; elles n'avaient pas do cornes cl désiraient en avoir.Il y en eut qui restèrent dix mois en session, ct descornés alors leur naquirent. Elles dirent : Nous avons réussi.Levons la session ! nous avons obtenu ce que nous désirionsobtenir par notre session. Mais il y en eut qui dirent (c'était

1. Tailt. S. 1,6,8,1 : yo vai çraddhâm anârabbya yajfiena yajate nâsyes-Jâya çrad dadbate,,. çraddhâm evârabbya yajfiena yajala ubhaye'sya deva-manusyâ istâya çrad dadbate. — Mailr. 4, i, 4 : yo vai çraddhâm anâlabbyayajatenâsya devamanusyâi?|âya çrad dadbati... çraddhâmevâlabhyayajate...çrad dhâsya devâh cran manusyâ if{âya dadbate.— Cf. i6,1, 4, 10 : çrad-dhâm âlabbya yajate na pâpiyân bhavati.

2. Td. 12, 11, 25 : Yalsaprir Bbâlandanah çraddhâm nâvindata sa tapo'tapyata sa etad vàtsapram apacyat va çraddhâm avindata.

3. Mailr. 3,2,2: Vatsapriyamvai Bhâlandanamrsayo 'dhyavadanstenaitisa état sûktamapacyat tenâdhivâdam apâjavat. — Cf. Tailt..S. 5,2,1,6; Çat.6,7,4,1.

• •- ••'

-'"-;. . .:;. :/ .' ;.-:4. Taill. S. : 7, 4, 1,1 : Brhaspatir akâmayata cran me devâ dadhîrait

gacheyam purodhâm iti sa clam calurvimçatiratram apacyat tam ahàraltenâyajata tato vai tasmai çrad devâ adadhatâgacbatpurodhâm.

LE MÉCANISME DU SACHIHCK * litsoit la moitié, soit un nombre indéterminé) : Tenons doncsession pendant les deux mois qui restent pour faire douse ;à la fin de l'année, nous lèverons la session! au douzièmemois, il leur pojusWâcs cornes, par l'effet de la confiance oupar lo manque do confiance. C'est là les vaches qui sontsans comes, Elles ont réussi les unes et les autres ; les unesont eu des cornes ; les autres ont eu la vigueur dénutri-tion *. » Le cas méritait d'arrêter des théologiens. Les pre-mières confiantes dans le résultat acquis du sacrifice, ter-minent la session dès que le résultat accompli se montre ;mais si les autres ont poursuivi les rites, faut-il les taxer deconfiance ou de méfiance? Sans doute, encouragées par lesuce" s, elles ont prolongé la session rituelle avec l'espoird'en tirer des fruits plus considérables ; et elles y ont réussi,puisqu'elles ont la nourriture à planté; mais, du mémocoup, elles ont perdu le bénéfice dont elles ne se conten-taient pas; leurs cornes sont restées embryonnaires. Lavéritable confiance s'exprime dans ies paroles du sage etfameux roi Janamejaya Puriksita. « Voici ce que disait, enhomme qui sait, Janamejaya Pâriksita : Pour moi qui saisainsi, des prêtres qui savent ainsi font le sacrifice, et c'est

1. Tailt. S. 7,5,2,1-2 : gâvo va état sallramâsatâçrngâh salïh çrngâni sisa-santis tâsâm daça misa nifannâ âsann atha crngâny ajâyanta là abruvannarâtsmottisUtâmâva tam kâmant arulsmahi yena kâmenanyasadâmeti tâsâmu tvâ abruvann ardhâ va yâvatir vâsamahâ evemau dvâdaçau m&sau sam-vatsaram sampâdyotlislhâmeti. tâsâm, dvâdaee mâsi çrngâni prâvartantaçraddhayâ vâçraddbayâva ta imâ y** iûparà ubhayyovâva ta ârdbnuvan yâçca crngâny asanvan yâç corjam avârundbata. —ib. 7, 5, t. 1 : gâvo va étatsattram âsatâçrngâh satih çrngâni no jâyantâ iti kâmena tâsâm daça mâsânisannâ âsann atba çrngâny'ajâyanta tad udatislhann arâtsmety atha yâsâmnâjayanta tâh sanivatsaramâptvodatifthann arâtsmeti yâsâmcâjây&nta yâsâmca na ta ubbayir udatislhann arâtsmeti. — Td. 4,1,1-2 : gâvo va état satramâsata tâsâm daeasu màhsu crngâny ajâyanta ta abruvann aràlsmotlisttiâ-moparâ no 'jfiateli ta udatislban. tâsâm tv evâbruvann âsâmabâ evemaudvâdaçau uiâsau sanivatsaram âpayâmêli tâsâm dvâdaçasu wâhsu çrngâniprâvartanta tâh sarvam annâdyam âpnuvams là etâs tûparâh. — AU. 18, 3,2-3 : gâvo vai satram âsata çapbân chrngâni sisâsatyas tâsâm daçame mâsiçaphâh crngâny ajâyanta ta abruvan yasmai kâniâyâdiksâmahy àpâma tamultislhâmeli ta yâ udatisthams ta etâh çrnginyo 'tha yàh samâpayisyâmahsamvatsaram ity âsata tâsâm açraddhayâ çrngâni prâvartanta ta etâs lûparâûrjam t» asunvan.

112 LA P0CTWNIÎ.PU SACRIFICE DANS LES PRAUMANAS

pourquoi je triomphe d'une armée d'invasion? je triompheavec une orméo d'invasion; ni traits livins, ni traits hu-mains ne m'atteignent; je vivrai une vie pleine, je seraimaître de la terre entière \ » Savoir ainsi, connaître à lafois la pratique et la théorie, c'est la clef du succès et leprincipe de la confiance. « Comme est roblalion du dévêtqui a confiance,.,., ainsi est l'oblalion de celui qui saitainsi *. » Il n'est guère dé section dans les Brâhmanas qui nepermette et ne réserve les fruits du rite à Yevawvid* celuiqui saitainsi ». Faute do savoir ainsi, on s'expose à de cruelsmécomptes qui ébranlent injustement la confiance. «Al'origine, quand on sacrifiait, on touchait h ce moment-làl'autel ct les oblations ; ceux qui sacrifiaient empiraient, etceux qui ne sacrifiaientpas prospéraient. Alors l'absence deconfiance pénétra dans les hommes. Ceux qui sacrifient,disaient-ils, empirent, et ceux qui ne sacrifient pas pros-pèrent 1. Et alors roblalion n'alla plus d'ici-bas chez lesdieux; or, les dieux vivent do ce qui leur esl donné ici-bas.Les dieux dirent h Brhaspali l'Angirasa : L'absence de con-fiance a pénétré dans les hommes ; indique-leur le procédédu sacrifice. Brhaspali l'Angirasa alla vers eux et leur dit :comment se fait-il que vous ne sacrifiez pas? Ils dirent ; Etquel désir nous pousserait à sacrifier? Ceux qui sacrifientempirent et ceux qui ne sacrifientpas prospèrent, Brhaspalil'Angirasaleur dit : Vous avez touché au cours du rite l'au-tel ci- les oblations ; c'est pourquoi vous avez empiré. Sacri-fiez sans les toucher, et alors vous prospérerez *. »

1. Ait. 37, 7,9 : elad dha sma vai tad vidvân âha Janamejayah Pâriksitaevamvidani hi vai mâm evamvido yâjayanti tasmâd dham jcyâniy abhllvarlmsenâni jayâmy abhitvaryâ senayâ na ma divyâ na mânujya içava rchanlyesyâmi sarvam âyuhi serrabhûmir bhavisyantiti.

2. Kaus. 2, S : tad yathâ na vai çraddhâdevasya satyavâdinas tapasvinohutam bbavaty evam haivâsya hutam bhavati ya evant vidvân. — Cf. aussiinf.

.

---".3. Çat. I, 2, 5, 24 : sa ye hâgra tjire. te ha smâvemarçam yajante te

pâplyâmsa âsur atha ye nejire te çrcyâmsa âsus tato 'çraddhâ roanusyànvîveda ye yajante pâplyâmsas le bhavanU ya u na yajanteçreyàmsas te bba-VantiU tata ils devân havir na jagâmetah pradânâd dbi devâ upajivanti. te

MB MÉCANISME DU SACUIFICB 113

Vn des facteurs essentiels de la confiance, c'est la convic-tion indispensable au sacrifiant qu'il doit, par une déviationsingulière de la causalité, recueillir les fruitsdes rites accom-plis par les prêlres à son service, U faut donc se garder detoute pratique maladroite qui irait à rencontre de cette con-viction. Ainsi, dans le sacrifice dts demi-lunaisons, la règleprescrit d'abaisser les regards vers le beurre de l'offrande.Certains entendaient que cette règle visait le sacrifiant lui-même. « Mais là-dessus Yàjnavalkya disait : Alors pourquoiles sacrifiants ne sont-ils pas toul simplement leurs propresprêtres? pourquoi no récitent-ils pas eux-mêmes les formulesquand des rites de bien plus haute conséquence sont à faire?Comment arriveront-ils à avoir la confiance, celle confianceque toutes les bénédictions appelées par les prêtres dans lesacrifice sont exclusivement pour lo sacrifiant '? »

Ébranlercelte confiance, c'est ruiner par la base une doctrine quipose comme dogme : « Aux dieux le sacrifice, au sacrifiantla bénédiction * !» La confiance est nécessaire à ce point que,sans elle, le sacrifice est stérile, au moins pour le sacrifiant;c'est un fils de Brhaspali, Çamyu, qui recueille, en vertud'un pacte, les fruits des sacrifices perdus. « Çamyu Bârhas-patya dit aux dieux : Si on offre un sacrifice sans y êtreengagé par un brahmane, sans avoir de confiance, les béné-dictions de ce sacrifice seront mon lot '. »

Loin de s'adresser aux dieux comme un hommage, la

ha d'ef^â ûeuh. Brbaspalim Àiigirasam açraddhâ vai manusyân avidat febhyovidhehïsyajnaiu iti sa hetyovâca Brhaspatir Âhgirasah kathâ na yajadhva itite hoeuij* ikimkâmyâ yajemahi ye*yajante pâplyâmsas te bhavanti ya u nayajante çrè^âmsas te bhavantiti. sa hovâca Brhaspatir Ângiraiah.. *.. ava-inarçam acùrifla tasmât pâplyâmso 'bhûla tcnânavamarçam yajadhvam tathâ

'çreyâmso bhaVi^yalheti.1. Çat. I, 3, iV 26 : lad u hovâca Yâjfiavalkyah kalham nu na svayam

adhvaryavo bhav&WL katham svayam nânvâhur yatra bhùyasya ivâçîsahk rivante katham n\ £»âm alraiva çraddhâ bhavatiti yâni vai kâm ca yajfiarlvija âçifnm âçâsate jSajamânasyaiva.

2. Çat. 2, 3, 4, 5 : yaj\\\0 vai devânâm âçîr yajamânasya.3. Tailt. S. 2, 6, 10, l : *,vad evâbrâhmanoktoVraddadhâno yajâtai sa me

yajfiasyâçir isad ili.

114 L% POCTfUNB *>** SACftU/ICB PANS L£S PRAUMANAS

confiance élimine les dieux et prend leur place ". Lo person-nage « qui a pour divinité la confiance » (çraddhâdeva)*paraît à côté du satya~vâdin * qui prononce les parolesexactes * ». De très grands saints portent comme un titred'honneurcelte épithète assez désobligeante aux dieux. Alriqui, par la puissance des rites et des formules, a triomphéde l'Asura Svarbhânuet rendu la lumière aux dieux éperdus,Atri est çraddhâdeva; son dieu, c'est la confiance. Qu'unedifficulté se présente ; il n'ira point demander aux dieux unsecours douteux; lo sacrifico est un moyen d'actionplusdirectet plus sûr. Un échec n'ébranle pas sa confiance; il n'accuseque son ignorance et cherche des rites mieux appropriés.« Atri avait pour divinité la confiance; commo il faisait losacrifice, les quatre vigueurs no lui venaient pas : énergie,force, éclat brahmanique, plénitude de nourriture. » Il vitalors les offrandesconvenables; il les présenta, il s'en servit

1. Çraddhâ est quelquefois personnifiée. Elle est fille de Sûrya, Çat. 13, 7,3, Il : elle est appelée Çraddhâ la déesse Gop. I, 4, 8. Dans son voyage auxenfers, Bhrgu voit Çraddhâ et Açraddhâ réunies, qui gardent ensemble ungrand trésor. Çraddhâ, dans la Version du Çatopalha, lui apparaît commeune femme charmante (kalyâni) ; Açraddhâ, comme une femme plus char-mante encore (atikalyâni). te Çat. omet d'expliquer celle différence tout àl'avantage d'Açraddhâ. Le Jaiminlya dit simplement • deux femmes », maisil rapprocheclairement le çraddadbânade l'evanivid. • Ceux qui n'offrent pasl'oblalion journalière au feu el qui font des sacrifices sans savoir ainsi, sansavoir confiance, leurs sacrifices vont & Açraddhâ; s'ils ont confiance, leurssacrifices vont â Çraddhâ (ye va asmin loke 'gnihotram ajubvato naivamvido'çraddadhânâ yajante lad açraddhâm gacchati yac chraddadhânâs tac chrad-dbâm. Jaim. |, 42-44}. Peut-être convient-il de traduire* kalyânl » par « pros-père • ; Açraddhâserait plus prospère,plus riche que Çraddhâ, le nombre dessacrifices qui vont à elle, en vertu du texte du Jaiminlya,étant plus consi-dérable.

2. Itolb, dans le Dictionnairede Pétersbourg,donne une autre explication.• Ccst, dit-il, un composéâ la façon de Bharadvâja etc... et le sens est : «wi-fiant dans les dieux, croyant (gollverlraucnd,glâubig). La prétendue analo-gie avec les composés du type Bharadvâjaest inacceptable; ces composés ontpour premier terme une forme verbale qui régit le second terme. Mais lepremier élément du composé çraddhâ-deca est un substantif et n'admet pasde régime direct. Le commentaire de la Tailt. S. 7, 1, 8, 2 donne l'analyseexacte et l'interprétation correcte de ce mot : çraddhâ devo yasyâsau yathâdevatâyâm âdaras tathâ çraddhàyâni. Çraddhâdeva est un composé possessifqui signifie : ayant pour dieu la confiance : c'est rendre à la confiance lesmêmes hommages qu'à une divinité. •

3. Kau*. 2, 8 : craddhâdevasya salyavâdinah.... Voy. supra.

m MÉRA.MSMB DU SACHIHd: i 15

dans lo sacrifice cl il acquit successivement les quatrevigueurs qui s'étaient dérobées1, Le type idéaldu çraddbâdeva,dans les HrAhmanas, est précisément l'ancêtre de la racehumaine, le modelé des sacrifiants, Manu *. Le lien qui unitManu h la confiance est s? intime et si fort, que le souvenirs'en est perpétué à travers la littérature : le BhàgavataPuràna désigne Çraddhà comme l'épouse de Manu *. LesHrAhmanas traduisent la môme idée sous une autre forme;le personnage féminin qu'ils associent h la légende de Manuest Jdâ, Ida, dans la langue du rituel, est une offrandesolennelle qui consiste en quatre produits dérivés du lait ;beurre, petit-lait, crème sure, fromage mou; mais l'of-frande est si simple et ses effets sont si merveilleux, qu'ellemérite d'être considérée comme le symbole parfait de laconfiance. « L'idû, c'est la çraddlut*.

»>L'identité des deux

termes une fois posée permettait de les substituer à volontél'un à l'autre. L'histoire de Manu traduit en action ladoctrine de la confiance.Le célèbre épisode dudéluge n'y estintroduit que pour glorifier la vertu de l'idâ; seule et sansautre secours,elle rendà Manu une postéritéet des troupeaux,après le cataclysmequi a submergé toutes les créatures.

« Un matin, on apporta à Manu de l'eau pour ses ablutions,tout comme on apporte maintenant l'eau pour l'ablution desmains. Or, comme il se lavait ainsi, un poisson lui vint dansles mains. Et le poisson lui adressa ces paroles : Garde-moi,je le sauverai. — De quoi me sauveras-tu? — Un déluge vaanéantir toutes les créatures; c'est de ce déluge que je tesauverai. — Qucdois-jc faire pour te garder? Le poisson luidit : Tant que nous sommes tout petits, noussommesexposés

1. Tailt. S. 7, I, 8, 2 : Atrîni çraddbâdevani yajamânani calvûri vîryânînopânamau leja indriyaui brâhiuavarcasam annâdyam sa elâmç raturaçcaluslomant soniân apaçyat tan âharat tair ayajata téja eva prathimenâ-Tarunddbendriyamdrillyena brâhiuavarcasam trtiycnânnâdyani catortbcna.

2. Çat. I, I, 4,15; Taitt. D. 3, 2,5, 9; Kàth. 3, 30, l; Maitr. 4f* lt 6. Voy. lestextes cités p. 120-121.

3. Dhâg.P. 9,1, 11,4.4. Çal. Il, 2,1,20 : çraddhedâ. sa yo ba vai çraddhedeli vedava ba end-

dhâm runddbe' tho yal kini râ çraddhayft jayyam sarvam haiva taj jayati.

116 h\ POCTBISE pp SACRIHCI: DANS I.ES BJUHJUNAS

à bien desdangers, et puis tu saisque les poissons se mangentcuire eux. Garde-moi d'abord dans un pot ; puis, quand jeserai trop grandi tu creuseras une fosse et tu m'y garderas;puis, quand je serai devenu trop grand, tu mo transporterasà la mer; a ce moment-làje n'aurai plus de risques à courir.(Or ce poisson était un jbasa, et c'est l'espèce qui atteint laplus grande taille,) En l'année tant et tant, un déluge vien-dra; préparc une nef et ne mo perds pas de vue. Et quand ledéluge couvrira le monde, embarque-toi dans la nef et jo tesauverai. Manu garda le poisson, puis il le transporta dansla mer; quand le nombre d'années prédit fut écoulé. Manuprépara une nef et so tint en observation. Quand le délugoarriva, il montadans la nef. Le poisson s'approcha; il lui fixa'à la corne la cordeà halcr la nef; il arriva ainsi à la montagnedu nord. Il lui dit alors ; Voila que je t'ai sauvé; fixe ta nef aun arbre; mais prends garde que tu ne sois pas coupé parl'eau pendant que tu es sur la montagne. Au fur et a mesureque l'eau se retirera, lu descendras. Au fur et à mesure ildescendit.La montagnedu nord s'appelleencore : la Descentede Manu. Or le déluge emporta toutes les créatures cl Manuresta seul ici-bas. Il alla, adorant, peinant, désirant une pos-térité. Il fit alors un sacrifice du genre paka: il offrit dansl'eau du beurre clarifié, du petit-lait, de la c^eme cl du fro-mage mou. En un an, une femme en naquit; elle était toutereluisante quand elle en sortit; elle laissait du beurre clarifiésur la trace de ses pas. Mitra et Varuna la rencontrèrent. Ilslui dirent : A qui es-tu? — Je suis la fille de Manu. — Disque lu es à nous. — Non, dit-elle, je suisà qui m'a engendrée.Ils voulurent en avoir une part. Elle ne promit ni oui ni noncl elle passa outre. Elle arriva vers Manu. Manu lui dit : Aqui es-tu? — Je suis ta fille. — Comment, bienheureuse, es-tu ma fille?— Les offrandesque tu as offertes dans les eaux :beurre, petit-lait, crème, fromage, voilà de quoi tu m'as faitnaître. Je suis la bénédiction. Emploie-moi dans le sacrifice.Si tu m'emploies dans le sacrifice, tu te multiplieras en pos-térité et en troupeaux. Toute bénédiction que tu appelleras

1.6 M&AKIHfB »P SACRIFICE 11T

par moi se réalisera pleine et entière. Il s'en servit donc aumilieu du sacrifice. Par elle il alla, adorant» peinant, dési-reux d'une postérité; par elle il procréa cclto postérité quiest la postérité de Manu; toute bénédiction qu'il appela parelle se réalisa pleine cl entière '. »

La confiance dans les vertus propres de l'offrande ne dis-pense pas seulement Manu de recourir a la protection desdieux; elle lui assure des avantages que les dieux mêmesn'ont pas obtenus du sacrifice, « L'Ida de Manu s'entendait àéclairer le sacrifice. Elloouït dire : Les Asuras établissent lefeu rituel. Elle y alla. Ils établirent d'abord le feu âhavanlya,puis te fcû gârhapatya, puis le feu anvâhârya-pacana. Elledit : Leur fortune est ailée en arrière ; après un temps de pros-

1. Çat. 1,8, I, MO ; Mature ba val pràlah, avanegyam udakam àjahruryalhedam pânibhyâin «vanejanayâbarantyevam tasyâvanenijanasyamatsyahpânl âpede. sa hâsmai tâçan» nvâda. bibhrbi m.ï pârayisyâmi tveti kasmânma parayisyasUy augha in».ïh sarvâh prajà nirvodba tatas trâ pârayitàsmttikatham te bhrlîr fti. sa bovâca. yâvad vai ksullakâ biiavâmo bahvï vai na»làvan naîtra bhavatyuta ntatsyaeva uiaUyam gilati kumbnyâmroâgrc bibha*ràsi sa yada tara ativardba atha karfûm khâtvà tasyâm nia bîbharisi sa yadatara ativardba atha ma samudram abhyavabarâsi tarhi va atinâstro bbavitâs-rolli. raevad dha jhasa àsa. sa M jyestham vardhate'Ihetilhlni saniàïn tadaugha oganta tan nia navam upakatpyopasasaisa augha ultbite navam âpa-dyâsai tatas tvi parayilasiniti Jam evam bhùlva sainudra.ii abhyavajahâra. sayalithlm tatsamâm r-aridideça laliibîm sam$m nâvaui upakalpyopasamcakresa augba uttbite navam âpede tain sa roatsya upanyâpupluve tasya çrngenavah paçam pratîmunioea tenaitani uttaram girim nlidudrâva. sa bovâca,aplparam vai tvi vrkse navam pratibadbnîàva iam tu tva ma girau santaniudakam antaçehattsld yâvad udakam samavâyàt tâvat tâvad anvavasarpasitisa ha tavat tâvaJ evanvavasasarpalad apy etad uttarasyagirer Manoravasar-panam ityaugho ba tah sarvah prajâ niruvâhalhehaManurevaikah pariciçise,so 'rcbanichramyamç cacâra prajâkâmah. tatrapi pâkayajnenejê sa gbrtarndadbi mastv àmiksam ity apsu jûhuvâni cakàratalah samvatsareyosît samba-bhûva sa ba pibdainanerodeyayatasyai ba sma ghrtanipade samtistbate layâMilravarunau samjagniate. Iam hoeatuh kâsîli. Manor dnhïlety âvâyor brû-sveli nety bovaea ya era tnâtn ajtjanala tasyaivabam asmlti tasyâm apitvamIsate tad va jajftau tad va nà jajnavati tv eveyaya sa .Manum âjagâina..lâniha Manur urâca kasili. lava dubiteti katham bbagavati marna dubiteti yâamùr apsr ahulir ahausîrghrtanidadbi mastv amiksam tato mainajljanathâhsaçlr asmi tàm ma yajne 'vâkaipaya yajne ced vai mavakalpaytsyasibaîiuhprajayà parubhir bhavisyasi yam amuya kàm câçîsamâçàsisyase sa te sarvasaniardhisyata ili tant élan inadhye yajnasyâvakalpayat... tayârcbamchram-yamç cacâra prajakamab. tayematn prajatim prajajne yeya'm Manob pra-jâtir yâm v t-nayâ kamcaçîfim âçasla sasmai sarvà samârdbyala, — Ilimporte d'observer que le rfeitdu déluge ne se retrouve dans aucundes autresBrabmanas connus jusqu'ici.

118 h* pommm m -SACRIFICE;m$$ &m PH.IIIH.%K.%S>

périté ils perdront lout... Elleouït ilire ; Lesdieux établissentle feu rituel. Elle y alla, Ils établirent d'abord Jo fcw atmVhàryapacana, puis le feu gàrhapalya» puis le feu âhavqnîya.Elle dit ; Leur fortune est allée en avant ; ils prospéreront etils iront au monde céleste; niais ils n'auront pas de fils.,. EtIda dit a Manu ; Je vais établir le feu pour toi de telle sorteque tu auras de la progéniture en postérité et en troupeaux,tant mâles que femelles, et tu seras affermi en ce monde, ettu conquerras le monde céleste *. » Et Iija lui enseigne alorsle détail des rites.

Uniquement préoccupé des effets du sacrifice, Manulémoigno la même indifférence aux dieux et aux Asuras; lesuns et les autres ne sont, a son regard, que des agents effi-

caces pour metlre en branle le tout-puissant mécanisme.Avec un égal et imperturbable sang-froid, il cède aux sacri-

1. Taitt. B. 1,1,4,4-1 : Ida vai maoavi yajfianukaçinyâslt. sâçrnot. asurâagnim âdadhala iti, tad agacbat. la abavaniyamagra âdadhala, atba garha-patyam, aihânvâbâryapacanam. sàbravit. pratlcy esâni çrïr agât, bhadrabhûivâ para bhavi&yanliti... sâçrnot. deva agnim àdadhata iti, tad agacbat.te 'nvâhàryapacanam agra àdadhata, atha gârbapalyam, athâhavaulyai».sàbravit. prâcy esâm çrïr agât. bbadrâ bhûivâ suvargam lokam esyànli.prajâiii tu na vclsyanla ili... sabravid Ida Manum. tathâ va abam lavâgnimâdhâsyâiui, yathâ pra prajayâ paeubhir mithunair janisyasc. praty asmimtloke stbâsyasi. abhi suvargam lokam jcsyasïli. -~WaUr, i, 6, 13 : Manurvai prajakàuio 'gtiUu âdbâsyaiiiânodevatiyai devatâyâ ajuhot lato MUrâva-runayor âhutyâ papbar vyudatislbat tasyâ ghrtani padoraksaratsa Milrâva-runâ ait ta abrûtâm âhutyâ vai tvam âvayor ajanisthâ Manostvai tvaui asi IamparehiU sa Manum ait so'bravid asura va ime punyamanyâ agnim âdadhatetân parehiti sa paraUt te 'muni agrà âdadbatâthemamathemam sa punar aitlâm aprcbat kîm abhyagann ili sabravid amum cvàgrâ âdhisatàthemamalbc-mam iti so 'bravil sakrd vâvâsuràh çriyo'nlam aguh para la bhavjsyantitiso 'bravid deva va ime punyamanyâ agnim âdadhate tan pareblli sa parait taimam agra adadhalatbamum alhemam sa punar ait làm aprcbat kim abhya-gann ili sabravid imam evâgrâ ûdhisalâthâmumatbemam iti so 'bravit sakrdvâva dcvàh sarvena sâkam svargamlokamsamâruksann ilah pradanât tuyajnarn upajlvisyantiti so 'bravid rsayo va ime punyamanyâ agnimâdadhalc tân pàrehlti sa parait ta imam'agrâ âdadhatàthcmahi athamuni sapunar ait tâm aprchat kim abhyagann iti sabravid imam evâgrâ âdhifatàthe-mam athamuni iti so 'bravid aham vâvâgnyâdheyahi vidâmcakàrasarve$ù vacsu lokesv rsayah pralyaslbur ïlï.— Kàth. 8, 4 \lnd. S/. 3, 463) : Ida vaimanââslt,,.. sedaiva Manor âdadhâtsàbravit talhâ le'gnim adhàsySmi yathâmanûsyâ devân upaprajanisyanla iti sa gârbapalyam agrà âoadhâd athauda-napaeanam athâhavanlyam.— Cf. Taitt. S. 1, 7, 1,3: pâkayajnena Manurarrâutyat sedâ Manum upâvartala tâm dcvàsurâvyahvayanta pratlclm dcvàhparadai asurûh sa devân upâvartata. '

1$ XKCvNISM*. py SACRIFICE f 19

ficateurs divins ou démoniaques ses ustensiles, son taureau,son épouse mèmQ et jusqu'à ses hôtes, confiant dans la néces^site du résultat espéré, « Manu avait des vases; s'ils étalentchoqués, tous les Asuras qui entendaient le choc cessaientd'exister ce jour-là. Or, il y avait alors parmi les Asuras deuxbrahmanes, Trsla et Varutri ; ils dirent à l'un et l'autre :Guérissez-nous de ce mal. L'un et l'autre dirent : Manu, lues un sacrifiant; ton dieu, c'est la confiance. Donne-nouscesvases, Il les leur donna; ils les anéantirent au moyen dufeu. Un taureau lécha les flammes, la voix entra en lui.S'il mugissait, tous les Asuras qui entendaient son mugis-sementcessaient d'existercejour-là, Trsla et Varutri dirent :Manu, tu es un sacrifiant ; ton dieu, c'est la confiance ; nousallons sacrifierce taureau pour toi. Ils sacrifièrent le taureaupour lui.,.,, la voix passa dans la femme de Manu ; si elleparlait, tous les Asuras qui l'entendaient, cessaient d'existerce jour-là. Trsla et Yarulri dirent : Manu, tu es un sacrifiant;ton dieu, c'est la confiance ; nous allons sacrifier ta femme

pour toi. Ils l'aspergèrent d'eau, la menèrent autour du feu,préparèrent du bois et du gazon, Indra observa : Ces deuxfourbes d'Asuras privent Manu de son épouse. Indra se don-nant pour un brahmane, s'approcha et dit : Manu, lu es unsacrifiant; ton dieu, c'est la donfiançè; je veux sacrifier

pour toi. — Qui es-tu?~ Un brahmane. A quoi bon deman-der le père d'un brahmane ou sa mère? Si on peut trouveren lui la science sacrée, c'est là son père, c'est là son aïeul.

— Quelle sera l'oftjpande? — Cesdeux brahmanes. -~ Suis-je le maître de ces deux brahmanes?— Tu es leur maître ;qui offre l'hospitalité est maître de ses hôtes. Il s'avançapour détruire le second autel. Us y apportaient du bois etdu gazon; ils lui dirent : Que fais-tu là? — Je vais sacrifier

pour Manu. «^ Avec quoi? — Avec vous. Us connurentalorsque c'était Indra; ils jetèrent bas le bois et le gazon et sesauvèrent... Manu dit à Indra : Achève mon sacrifice, quemon sacrifice ne soit pas dispersé. Il lui dit : Ce que tu dési-rais en la sacrifiant, lu l'auras ; mais laisse là celte femme.

120 LA DOCTRISE DU SACHII'ICE DANS IBS BIlAilMAXAS

El il laissa aller sa femme '. » Une des recensions de cerécit laisse le sacrifice se consommer sans un mot de cri-tique ou d'excuse. Manu est vraiment le héros de la çraddhà;

t. Mailr. 4, 8, l : Manor vai pâlrâny âsams tesâm samâhanyamânânâmyâvanto 'surâ upâçriivams tâvanlas lad ahar nâbhàvann atha va clan larhyasiirânâm brâhmaiiâ âstâni Tr.*lâvarulrî ta ahruvainc cikilsatai» nâ ili làabrïitâm Mano yajvâ vai eraildhâdcvo 'sïmâtii naû pâlrâni dehiti tâni vaâbhyâm adadât tânyagninâ samaksâpayatâmtan jvâlân r&ib'bah samalet tainsa nienir anvapadyala lasya ruvato yâvanto 'surâ upâçmvains tâvanlas ladahar nâbhavams là abrûtâm Mano yajvâ vai çraddhâdcvo 'sy anena Ivar&ibhcna yâjayâveti tena va cnain ayâjayatâni lasya çronim anavat tâmsuparna tidamathnât sa manâdyâ upastham âpadyala sa inenir anvapadyalatasyâ vadantyâ yâvanto 'surâ upâçriivams tâvanlas lad ahar nâbhavams làabrûtâm Mano yajvâ vai çraddhâdcvo 'sy anayâ tvâ palnyâ yâjayâveti tâm{.roksya paryagnim krtvedhmâbarhir achailâm sa Indro 'ved ime vai le asu-ramâye Manum palnyâ vyardhayatâ iti tam Indro brâhinano bruvana upaitso 'bravln Mano yajvâ vai çraddhâdcvo 'si yâjayâni tvâ katamas tvam asibrâhmanah, kim brâhwanasya pitaram kim u prehasi mâtaram (cruIam eedastiiiu vedyam sa pitâ sa pilâmahah|| kenety âbhyâm brâhuianâbhyâmitîçc'linni brâhmanayor itiçifa hity abravîd atithipatir vâvâUlhïnâui istâ iti sadvitîyâm vedim uddhantuui upâpadyala ta idîimâbàrbir bibbralâ ailâni taabrûtâm kim idam karoaUîmam Manuni yâjayisyâtnïlikeneli yuvâbhyiîm itita avitlâm Indro vâvcli (au nyâsycdhmâbarhih palâyetâm tau yad odhâva-lâni parastâd evendrab pralyait. lati vrçaç caivâsaç câbhavatâm tad vrçasyacaivâsasya ca janma sa Manur Indram abravîl sain me yajnam sthâpayâ mame yajno vikrsto *bhûd iti so 'bravid yalklina cfâm âlabdhâh sa le kâmahs.-imrdhyatâm athotsrjeli tâm va tuiasrj.il. — lb. 4, I, 6 : Manor vai çraddbâ-devasya yajamânasyâsuraghni vâg yajnayudhâni pravislâsît lasyâ vadantyâyâvanto 'surâ upâçrnvanis tâvanlas tad ahar nâbhavan".

— Kâffi. 2, 30, 1

{Inrt. St. S, 461) : Manor vai kapâlâny âsams lair yâvafo yâvato 'surân abhyu-pâdadhât te parâbhavann atha tarhi Trfthâvarutri ââtâm asurabrahmau lâvasurâ abruvanu imâni §a{ kâpâlâni yâcclâm iti tau prâtaritvânâvabhiprâpa-ilyclAin vfiyavc *gne vâyava Indreli kimkâmau stba ity abravid imâni naufcapâlâni dehîti tany âbhyâm adadât lâny aranyâm parâhitya samapims|Amtan Manor gâvo 'bhyatbthanta lâni r*âbhah samalél lasya ruvalo yâvanto'stirâ upâçmvams le parâbhavanis tau prâtaritvânâv — ut sup. — abravidanena tvâ r.«abhena yâjayâveti lat palnîm yajur vadantîm pralyapadyntatasyâ dyâm vâg ati*!hat tasya vadantyâ yâvanto'surâ upâçrnvams te pârâ-bhavan lau prâtaritvânâv — ul sup. — abravid anâyâ tvâ patniyâyâjayâveti sa paryagnikftâsld athendro 'câyan manv&nT çrnddhâdevamTrtthâvarutrï asurabrahmau jâyayft vyardhayalâm ili sa âgaehat so 'bravidâbhyâm tvâ yâjayâniti nely abravin na va aham anayor ïça ity atithipatirvâvâtilher îça ity abravil lâv nsmai prâyaehat sa prativeço vedini kurvannâsla lâv nprchalâru ko *sili brâbinana iti katamo brâhntana iti. kit» brâhma-nasya pitaram — ut sup. — sa pitâmahah. lâv aviltânt îmtro vft ili lau prâ-patalâm layor yâh prokfanfr âpa âsanis lâbhir anuvisrjya çîrsc aehinat tauvrsaç ca yavâfaç eâbhavatâm Mm paryagnikrlâm'udâsfjattayârdhnof.— Çat. I, I, 4, U*t1 : Manor ha va rsabha risa.'tasminii asuraglmï sapa-Inaghnî vâk praviçtâsa lasya ha sina çvasathâd ravathâd âitirarak^asânimpiyamânâni yanli le bâsurâb satmldire pâpam vala no 'yam r$abhah sacate

IX MÉCANISME DU SACRIFICE 121

il a la folie du sacrifice comme les saints du bouddhisme ontla folie du dévouement. Sa virtuosité sans rivale en cet artdélicat lui vaut une autorité incontestée sur les questions decasuistique rituelle ; il n'est pas d'erreur» si grave et si péril-leuse soîl-cllc, qu'il ne sache réparer par l'expiation appro-priée. « Tout ce que Manu a dit est un remède !. » Quandles changements sociaux substituèrent la loi au rite, l'auto-rité conférée à Manu se maintint', mais elle changea denature. Manu passa pour le type du législateur, et lesapho*rismes de droit ou de morale pratique se recommandèrentde son nom *.

La confiance dans le sacrifice ne se recommande pas seu-lement d'un nom respecté; elle s'impose par la force desmiracles. Innombrables sont les personnages, humains oudivins, qui ont éprouvé les heureux effets des rites et desformules. « Akùpâraétaitde la raced'Aûgiras; comme la peaudu lézard ainsi était sa peau. Indra la purifia par la mélodiedu trih-sâman et la rendit couleur du soleil V» — « Devâtithi

avec son fils errait affamé; il trouva dans la forêt des fruitsd'urvàru; il s'approcha respectueusement d'eux avec une

katham nv imam dabhnuyâmc-li Kilâtâkutî iti hâsurabrabmâv âsaluh. tauhocatuh. çraddhâdevo vai Manur âvam nu vedâveli lau hâgatyocatur Manoyâjayâva tveli kenety anena r.?abhcneli tatheti tasyâtabdbaaya sa vâg apaca-krâma, sa Manor evà jâyânt manâvim pravïveça. tasyai hâ snia yalra vadan-tyai çrnvanti lato ha smaivasuraraksasâni mrdyamânâni yan'â te hâsurâhsamûdira Ho vai nah pâpiyah saeale bhûyo Iii mânusî vâg vadatiti Kilâtâkulihaivocaluf; çraddhâdcvo vai Manur âvam no eva vedâveli tau hâgatyocaturMano yâjayâva tveli kenety anayaiva jâyayeti talheti lasyâ âîabdbâyaï sa vâgapacakrâma. sa yajnam eva yajhapâtrâni pravïveça. tato haînâni na çckalurnirhantum. — Taitt. S. 6, 6, 6,1 ; Indrafi patinyâManum ayâjayat tâm parya-gnikrlâm udasrjat tayâ Manur ârdhnot. — Taitt. II. 3, 2, »,

9*: Manob çrad-dhâdevasya yajamânasydsnfaghnl vâg yajfiâyudhefu praviflâsit. te 'surâyâvanto yajnàyudhSnâni udvâdalâui irpâçrnvan te parâbhavan.

I. Taitt. S. 2, 2f 10, 2 : yad vai kini'ca Manur avadal tad bheçajam. —SfaUi: 2, t, 5 : Manur vai yat kim câvadat lad bhesajani evàvadat. — Kâtji.II. 5 : Manur vai yat kim câvadat tad bhîsajamâsïi.

2.I.a transition se marque d.'jâ dans certains épisodes de3 Brâtimanas,telsque l'histoire de N'âbhanedîslha, Taitt. .S". 3, I, 9, 4-6; et, Mdilr. It 3, 8.

3. Td. 9, 2, Il : AkOpârângirasy âsit tasyâ yathâ godhâyâs Ivag evam Ivagâsîl tâm etena trihsâmnendral.i pûlvâ 'sftryàfvacasam âkarot. — Cf. ÔBrtel,i. A. O, S. isor», p. M (Lvgendc analogued'Apalâ d'après \eJaim. I, 220).

122 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRÂUMAKAS

mélodie rituelle; ils se transformèrent aussitôt pour lui envaches tachetées 1 ». —-« ÇyAvaçva Ârvanânasa tenait unesession rituelle; on le transporta dans le désert; il vil unemélodie rituelle; par elle il répandit hvpluie *. » — « Sârya-seni Çauceya cul un désir : Que j'aie des troupeaux ! Il offritalors le pancaratra, il fit ce sacrifice, et il eut un millier detôles de bétail'. » Mats pour obtenir ces résultats merveilleuxil faut ou le don de vision spontanée que les saints d'autre-fois possédaient, ou la connaissanceexacte des prescriptionstraditionnelles. Employer un rite à des fins qui ne lui sontpas strictement propres, c'est peine perdue. « Si on désiretel objet, on tient une session rituelle ; si on en désire unautre, on fait un sacrifice; on n'obtient pas par une sessionrituelle tout ce que peut donner un sacrifice ; on n'obtientpas par un sacrifice tout ce que peut donner une sessionrituelle v. » Le grand art, c'est de connaître les lois mysté-rieuses de causalité qui régissent les phénomènes du sacri-fice. « Kausltaki disait : Limités sont les fruits des cérémo-nies où on emploie un nombre limité de formules ; illimitéssont les fruits des cérémonies où on emploie un nombreillimité de formules; l'esprit c'est Yillimité; Prajâpati estl'esprit... on gagne donc le limité par le limité, l'illimité parl'illimité 1. » — Grâce à certaines précautions spéciales, « si lesacrificea quelque chose d'incomplet, il donne de la postérité

au sacrifiant; s'il a quelque chose de trop, il lui donne dubétail ; s'il a quelque chose de morcelé, il lui donne de la

1. Ta. 9,2,19 : Devâtithih saputro 'çanâyamç carann aranyaurvârûny avîn-dat tânyetenasâmnopâsîdatjtâasmai gâvab prçnayo bhûlvodâtislhan.

2. Td. 8, S, 9 : Çyâvâçvam Ârvanânasam satlrim âsînam dhanvodavahan saétat sâmâpaçyattena v'rsliiu asfjata.

3. Taitt. S. î, I, 10, i : Sârvascnih Çauceyo'kâmayala paçumânt syâm ili saclam paficarâtramâharat lenâyajata ta'o vai sa sahasram p'açûnprâpnot.

4. Td. 22, 3, 2 : anyasmat vai kâmâya sallram anyasmai yajno ca latsaltrenâpnoti yasmaï kam yajno na tad yajncnâpnoli yasmai kani sallram.- Id. ïo. 22, 10, 2.

5. Haut. 26,3 : atha ha smâha Kausitakih parimitaphalâniva etâni karmâniyesu parimtto manlraganah prayujyate 'thâparimilaphalâni yesv aparîmilomantraganah prayujyate mano va etad yad aparimilani l'rajâpatir vaiutanah.....'uiitam ha vai mitena jayaty amitam amilena.

LE MÉCANISME DU SACRIFICE (23

fortune; s'il est parfait, il lui donne le ciel '. » Ainsi onpourra tirer profit même des lacunes ou des erreurs;, siredoutables cependant; car, en thèse générale, « s'il y a unacte de trop dans le sacrifice, il se produit quelque chose detrop dans la personne du sacrifiant; si le sacrifice est inter-rompu avant sa fin, le sacrifiant devient un mcurl-de-faim * ».La cérémonie n'exerce pas en bloc son efficacité; tous lesélémentsqui y concourent ont leur fonction propre et leureffet déterminé; les combinaisons doivent donc varier avecl'objet qu'on recherche. La conclusion de l'hymne changesuivant qu'on désire de la postérité, des troupeaux, l'éclatbrahmanique 3; les vers à réciter se modifient de même VLe poteau où la victime est attachée est fait en bois de kha-dira, si on veut le ciel ; en bois de bilva, si on veut de lanourriture h planté et une santé florissante ; en bois depalàça, si on veut l'éclat brahmanique % La récitation com-prend cent vers, si on vise à la longévité; trois cent soixante

vers si on vise au sacrifice; sept cent vingt vers, si on viseà la progéniture et au bétail; huit cents vers, si on sacrifie

sans l'avis d'un brahmane ou si on est diffamé et atteintd'une tache; mille vers, si on vise au ciel *. La prononciationde la très sainte syllabe ont s'accommodeaux diverses fins dusacrifice\ L'introductionau chant se transforme,selon qu'onveut commander à un village, avoir des enfants, obtenir dela pluie, etc.ê.

Dans ce dédale de prescriptions minutieuses, l'erreur est

1. Çat. Il, 4,4,8 : yad vai yajnasya nyfmam prajananamasya Itd atha yadatiriktam paçavyam asya tad atha yat satnkasufcam çriyâ asya tad atha yatsampannam svargyaut asya lat.

2. îtaitr. I, 4, Il : yatra vai yajnasyâtiriklam krîyale lad yajamânasyâti-riktam âtman jâyate yad anâplam vi yajnae cbîdyate ksodhuko yajamânobbavali.

3. Ait. Il, 5, I sqq.4.-AU. 8, 2, Il sq.5. AU. 6, 1,5 sqq.6. AU. î»1, 1-8.t. Kauj. 11,5: çuddhah pranavah syâl prajâkâmânâm inakârâi!ah prati-

sthâkâtnânâm..8. frf. 6, 9, 1-19.

124 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BBAHMAXAS

aisée et les conséquences en sont terribles. Le danger estpartout qui guette le sacrifiant. « Il ne faut pas regarder lebassin à feu quand il est vide ; il faut se dire : Je ne veuxpas le regarder tandis qu'il est vide. Si ôiï le regardait tandisqu'il est vide, il vous dévorerait *. » La pente du terrain n'estpas moins menaçante que les ustensiles. « Le terrain dusacrifice doit aller en se relevant vers le sud ; car c'est là lecôté des Pères, et si le terrain s'inclinait vers le sud, lesacrifiant s'en irait bien vite dans le monde qui est là-bas '. »Le mot môme, pris isolément, aune puissance et une effica-cité propres. Ainsi, à propos de la formule tjirâ girâ cadaksase (dans la mélodie yajnâyajnîya), le sage KuçâmbaSvâyava Làtavya observait la fâcheuse consonance du mot« girâ » avec le verbe « gir » avaler. « N'est-ce pas, disait-il,

un monstre effroyable installé sur le chemindu sacrifice pourvous avaler? » Et il recommandait prudemment de substi-tuer à ce dissyllabe inquiétant, grâce à une simple élision, leterme béni d' « ira » qui évoque la satiété et le bicn-elrc *.

Moins qu'un mot, un humble accent mal placé risque dedéchaîner les plus terribles calamités sur le sacrifiant. Tvas-tar, furieux contre Indra qui lui a tué son fils Viçvarûpa,offre le sonia sans réserver à Indra sa part accoutumée. Dudroit du plus fort, Indra prend le vase et boit. Tvaslar, aucomble de la colère, recueille le reste de la liqueur et pro-nonce celte simple incantation : Indmçatrur vard/iasva,

» Indra-çatru, grandis! » Mais, égaré par la douleur cl lahaine, il accentue mal le composé « indra-çatru ». Il croyaitdire : « indra-çâtru », ennemi d'Indra; il prononce « indra-çatru », (ayant) Indra pour ennemi. « Parce qu'il avait dit :îndraçairttr mrd/tasva, pour celte raison Indra triomphade Vrtra (qui était né de l'incantation) et le mil à mort. S'il

1. Çat. 1, 1, I, 40 : tâm ni riktâm avcksela. ned riktâm avck?â iti yadriktâm avckscta grasela hâinam.

2. Çat. 3, 1,1, 2 : tlaksinatnh pralyucf.ritam iva syâd csâ vai dite pilfnân.1sa yad daksinâpravanam syât ksipre ha yajamâno 'muni lokam iyâl.

3. Td. 8,6, 8-10.

LE MÉCANISME DU SACRIFICE 125

avait dit correctement : Ennemi d'Indra, grandis ! certaine-ment Vrtra aurait triomphé d'Indra et l'aurait mis à mort 1. »Le sort cl la vie môme du plus puissant des dieux n'ont tenuqu'à un accent! L'erreur commise profile celte fois auxdieux; une autre fois, ils ont appris à leurs dépens une desrègles du sacrifice. « Quandces dieux étendirent le sacrifice,iW présentèrent d'abord la première portion détachée àSavitar; elle lui coupa les mains; ils lui mirent des mainsd'or, et de là vient qu'on l'appelle Savitar aux mains d'or.Us la présentèrent à Bhaga; elle lui détruisit les yeux ; de làvient qu l'appelle Bhaga l'aveugle. Us la présentèrent àPùsan; cl1 lui cassa les dents; de là vient qu'on l'appellePûsan l'édenlé, le mangeurde bouillie. Indra est le plus fortet le plus puissant des dieux ; présentez-la lui donc, se dirent-ils, et ils la lui présentèrent. Il l'apaisa par la formulerituelle *. » 11 a suffi d'un prêtre maladroit pour ruiner de

1. Çat. I, C, 3, 10 : alha yad abravid indraçatrur vardhasveli. tasmâd u hai-nam Indra eva jaghânâthayad dha çaçvad avaksyad Indra^ya çatrur var-dhasveli çaçvad u ha sa evendramahanisyat. — Taitt. S. 2, 5,2,1 : yad abra-vït svâhéndraçalrur vardhasveli tasmâd asya Indrah çatrur abbavat.

2. Kau*. 6, 13-14 : yalra ha tad devâ yajnam atanvata lat Savïire prâçï-tram parijahrus tasya pâni praeiccheda tasmai hiranmayau pratidadhus tas-mâd dhîranyapânîr iti stutas tad Bhagâya parijahrus tasyâksînî nirjaghânatasmâd âhur andho Bhaga ili lai Prisne parijahrus tasya dantân parovâpa tas-mâd âhur adantakah Pusa karambhabbâga iti te devâ ûeuh. Indro vai devânâmojistho balislhas tasmâ enat pariharateti tat tasmai parijahrus lat sa brah-manâ çamayâm cakâra. — Çat. 1,1, 4,6-8 : le hoeuh. Bhagâyainad daksinalaâslnâya parihàfala tad Bhagah prâçisyati lad yathâhutam evam bbavisyatititad Bbagâya daksiçalaâsinâyaparyâjahrus lad Bhago 'veksâni cakre tasyâk-sini nirdadâha ta'then nûnam lad âsa tasmâd âhur andho Bhaga iti. te hoeuh.no nv evâtrâçamatPûsna enat pariharateti tat Pusne paryâjahrus tat Pûsâprâcya tasya dato nirjaghâna tathen nûnam tad âsa tasmâd âhur adantakahPiîseti... te hoeuh. no nv evâtrâçamad Brhaspalaya enat pariharateti ladBrhaspataye paryâjahmh sa Brhaspatih Savilâram eva prasavâyopâdhâval.

_— Taitt. S. 2, 6, 8,3: lâsyâviddhamnih akrntan... tat Pûsne pary aharan.tat Pûsâ prâcyadato'runat (asmât Pûsâ prapiflabhâgo"dantako hi. tain devâabruvan vï va ayam ârdby aprâçitriyo va ayàin abhûd iti tad Brhaspalayeparyaharan so 'bibhed Brhaspatir ittham vâva sya ârtim ârisyatith sa etammantramapaçyat. — Gop. 2,1, 2 : tad Bbagâya paryaharan... lasya caksuhparâpalat tasmâd âhur andho vai Bhaga iti... tat Savilre paryaharams latpratyagrhnât tasya pâni pracicheda tasmai biranyamayau pratyadadhus tas-mâd hirânyapânïr iti stutas tat Pûane paryaharams tat prâçnât tasya danlâbparopyanta tasmâd âhur adantakah Pusa pistabhâjanaiti tad Idhmâyâhgiras-âya paryaharams lai prâçnât tasya çîro v-yapatat Iam yajna evâkalpayal sa

12G LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRÀIIMANAS

grandes nations. « Yâsistha le Sâlyahavya demanda h Dcvà-bhaga : Quand tu faisais des sacrifices pour les Srnjayas quisacrifiaient tant, faisais-tu porter le sacrifice sur «yajna»(dans la formule : yajne yajnam gâcha yajnapalim gâcha)ou sur « yajfiapati »? Il répondit : Sur « yajfiapati ». —Alors, répliqua-t-il, les Srnjayas se sont écartés de l'exacti-tude rituelle et ils ont perdu tout. Il fallait faire porter lesacrifice sur « yajna » pour préserver le sacrifiant de laruine '. » Des exemplesmémorablesavertissent les novateurset les rappellent au respect des traditions consacrées. « Bhâi-laveya se servit du mètre anuslubh pour l'invitation prélimi-naire, du mètre tristubh pour la formule de l'offrande. Jeles combine à mon profit tous les deux, se disait-il. Or iltomba de char et en tombant il se cassa le bras. 11 réfléchit :C'est parce que j'ai fait ainsi que l'accident m'est survenu;c'est, pensa-t-il,quej'ai agi à contre-sensdans le sacrifice *. »Certains prétendaient remplacer, dans la construction del'autel en briques, les tètes réellesdes victimes prescrites pardes tôles de rencontre. « C'est ainsi qu'on fit pour ÀsàdhiSauçromateya; et il mourut bientôt ensuite *. » Sa mortexpia, comme de juste, la faute des prêtres qu'il employait ;bons ou mauvais, les fruits du sacrifice reviennent au sacri-

esa Idhraah samidho ha purâtanas lad Barhaya Âhgirasâya paryaharams latprâçnât tasyâhgaparvâni vyasrarnsanta tam yajna evâkalpayat tad cladBarhih prastaro hi purâtanas Lad Brhaspalaya Ahgirasâya paryaharan so'bibhed Brhaspatir ittham va mârtim* ârisyatiti sa etani mantram apaçyat.tad u ha cka âhur [référence à Kam. v. sup.j Indrâya paryaharams te devâabruvann Indro vai devânâm ojiçlhô balisthas tasmâetat pariharateti tat tas-mai paryaharams tad brahmanâ çamayâmcakâra.

1. Taitt. S. 6, 6,2, 2: Vâsistho ha Sâtyabavyo Dcvabhâgam ppprecha yatSrnjayân bahuyâjino'yïyajo yajne. yajnam pratyatislhipâ3 yajnapatâ3v itisa hovâca yajnapalâv iti satyàd vai Srnjayâh parâbabhûvurili hovâca yajfievàva yajfiah pratiâthâpyaâsid yajamânasyâparâbhâvâyeti. —Cf. Mailr.2,4,5 : elena vai Sriijayâ ayajanla te çriyo 'ntam agachams tasmân nâtibahuyastavyam.

2. Çat. 1, 7, 3, 19: tad u ha Bhâllaveyah. anustubham anuvâkyâm cakretrislubham yâjyâmctad abhayam parigrhnâmiti sa rathât papâla sa palilvabâhum api çaçre sa parimamrçe yat kim akaram tasmâd idam fipad ili sahaitad eva mené yad viloma yajfie 'karavam ili.

3. Çat. 6,2, I, 31 : tad u ba tathâsâdhch Sauçromaleyasyopadadhuhsa baksipra eva lalo mainâra.

LE MECANISME DU SACRIFICE 427

fiant. « Si le prêtre passe un mot de l'invocation, c'est untrou fait au sacrifice; et le sacrifiant par suite empire... S'ilintervertit deux mots de l'invocation, il affole le sacrifice etle sacrifiant est alors affolé *. » — « Si le poteau est fait detelle sorte, le sacrifiait s'en va dans l'autre monde avantsontemps '. »—« Si le feu a été installé sans un appel aux divi-nités spéciales, le sacrifiant est détaché des dieux, il empire;s'il a été installé avec un appel aux divinités spéciales, lesacrifiant n'est pas détaché des dieux et sa prospérité s'ac-croît *. »

Il faut, à n'en pas douter, une imperturbable confiance aufidèle pour le décider à affronter tant de risques ; il ne suffit

pas d'admettre comme un dogme la toute-puissance des riteset des formules ; il est nécessaire de se livrer pieds et poingsliés en quelque sorte à des prêtres qui, par une erreur ou parune négligence, peuvent attirer la ruine ou la mort. Le choixde prêtres instruits et expérimentés ne supprime pas sansdoute ces risques formidables, mais il les atténue; la sciencedu prêtre est une assurance contre les fautes involontaires.Itcsle encore un danger, et le plus terrible de tous. Le prêtrequi tient en ses mains la fortune et la vie du fidèle ne scra-t-il pas tenté d'en abuser? La gravité du péril imposait uneprécaution. Avant de commencer le sacrifice, le sacrifiant etles prêtres qu'il emploie s'enchaînent mutuellement par unserment solennel ; de part et d'autre ils s'engagent à ne pointse faire de mal ; e'est là la cérémonie du tànûnaptra, dontles dieux ont autrefois donné le premier exemple *. Mais le

1. AU. Il, 11, 6 : yan nividah padam atîyâd yajBasya lac chidram kuryâdyajnasya vai chidram sravad yâjamâno 'nu pâpiyân bhavati... yan nividahpade vipariharen inohayed yajnam mugdho yajamânah syât.

2. Çat, II, 1, 3, 2 : sa yo ha tâdrçam yûpam kurute purâ hâyuso 'munilokam eU.

3. Taitt. IL I, 1, 4,8 : yasya va ayathâdevatani agnir Sdhiyata â devatâ-bhyo vrçcyate. pâpiyân bhavati. yasya yalhâdevalam na dcvatâbhya âvrecyalevasîyân bhavati. — ld. Taitt. S. 5, î, 1,1 (pour l'agnicayana).

4. Ait, 4,1, 1 s tasmâdâhur na salânfinapfrinedrogdhavyam iti. — Taitt. S.6, 2,2,1 : tasmâd yah satânûnaptrinâm pralhamo druhyati sa ârtim ârebati.— Mailt. 3,1, 10 : idanlm te'nyonyasmai na drubyanli lasmât satânûnap-

128 LA DOCTRINE DE SACRIFICE DANS LES DltAllMANAS

serment prêté ne semble pas embarrasser les consciencessacerdotales : les lîrAhmanas enseignent avec leur indiffé-

rence coutumière une multitude de procédés malfaisants àl'usage des prêtres employés au sacrifice. « Le récitant peut-il se préoccuper en bien ou en mal du sacrifiant qui rem-ploie? C'est ainsi que la question se pose. A ce moment durite, il peut faire de lui ce qu'il veut. Si son désir est : Jeveux le priver de son souffle vital, il n'a qu'à passer un versou un mot dans la récitation vâyavya. Si son désir est : Jeveux le priver de la respiration et de l'expiration, il fait demême dans la récitation aindra-vàyava '. » Le procédé estanalogue s'il veut le priver de la vue, de l'ouïe, de la virilité,des membres, de la parole, de la personne entière. « Si le"récitant a ce désir : Je veux priver le sacrifiantde la souve-raineté, il n'a qu'à placer l'hymne au milieu de l'invitation.S'il a ce désir : Je veux le priver de son peuple, il n'a qu'àmettre l'invitation au milieu de l'hymne *. » — « Si le prêtreemploie à l'upasad des mètres différents, il fait venir desexcroissances tuberculeuses au sacrifiant; il est maître de luifaire venir des maladies 3. » Les Brahmanas posent fréquem-ment, comme une éventualité toute naturelle, le cas où leprêtre a des sentiments de haine pour le sacrifiant. « S'il haitle sacrifiant, le chanlre anéantit ses troupeaux en soufflantdessus par ce rite, tout comme avec un soufflet tourné l'ori-fice en bas on disperse (la cendre, etc.), eh soufflaut

Irine na drogdhavai yad druhyet priyâyai tanvai drubyet. — Çat. 3, 4, 2,9 :yeno ba samabhyaveyân nâsmai druhyed idam hy âhur na satânûnaptrinedrogdhavyam ili. — Sur le lântlnapfra des dieux, v. sup. p. 13.

1. Ait. 11,3,2 sqq. : kimsa yajamânasya pâpahhadrauiâdriyeteti ha sruâhayo *sya hotâ syâd ityatraivainâm yathâ kâmayeta tathâ kuryâd yam kâmayetaprânenainani vyardhayânîlivâyavyam asya Iubdham çamsed rcam va padamvâtîyât tenaiva ,'tal Iubdham yam kâmayeta prânâpânâbhyâni enam vyar-dhayânity aindravâyavaui asya Iubdham çamscL etc.. — De même ib.«M,8.

2. Ail. 10,1,2 Ï yam kâmayeta ksatreQainam vyardhayânîli madhya cta-syai nividah sûfclam çàmset... yam kâmayelaviçainam vyardbayâniti madbyaetasya sûktasya nividam çamset.

3. Ait. 4, 8,13 t yad vicîiandasah kuryâd grivâsu lad gandam dadfiyâdïçvaro gtâvo janitoh.

LE MÉCANISME DU SACRIFICE 129

dessus '. » — « S'il hait le sacrifiant, le récitant doit penserà lui au moment de prononcer l'exclamation « vasat! »;il place alors sur lui cette foudre qui est l'exclamation« vasat M » — « S'il hait le sacrifiant, le manoeuvre doitpenser à lui en sa pensée à ce momentdu sacrifice \ » — « Sile sacrifiant veut le ciel, le manoeuvre doit répandre lagraisse dans le feu en la lançant dans l'air; car la graisse,c'est le sacrifiant, et il fait aller ainsi le sacrifiant au ciel ;mais s'il le hait, il la répand en la renversant ; alors le sacri-fiant empire *. »

Le sacrifice a donc tous les caractères d'une opérationmagique, indépendante des divinités, efficace par sa seuleénergie et susceptible de produire le mal comme le bien. Ilne se distingue guère de la magie proprement dite que parson caractère régulier et obligatoire; il est facile de l'accom-moder à des fins diverses, mais il existe et s'impose indé-pendamment des circonstances. C'est là la seule ligne dedémarcation un peu nette qu'on puisse tracer entre les deuxdomaines ; en fait, ils se pénètrent si intimement que lamême catégorie d'ouvrages traite l'une et l'autre matière.Le SâniavidhânaBrâhmana est un véritable manuel d'incan-tations et de sorcellerie ; l'Adbhuta Brâhmana, qui forme unesection du Sadviinça Brâhmana, a le même caractère. LesBrahmanas du sacrifice ne dédaignent pas non plus d'indi-quer à l'occasion de véritables recettes de sorcier étrangèresaux rites proprement dits. « Si on veut assurer la victoire àl'armée, il faut s'écarter du campement, couper un brind'herbe aux deux bouts et le lancer vers l'armée ennemie endisant : Prasaha, qui te voit ? Et alors, comme la bru prise

1. Td. 2, 13, 2 : yam dvifyât lasya kuryâd yathâvâcînavilayâ bhastrayâpradhûnuyâdevamyajamânasya paçûnpradhûnoti. —Cf.i6.6,5,15;6,6,2;5,

2. Ait. Il, 6, 1 : yam dviçyât Iam dhyâycd vasatkarisya/ns lasminn evaIam vajram âsthâpayati. — Cf. ib. Il, î, 3.

3. Mailr. 1, 6, 3 i yam dvisyât tarhi manasâ dhyâyet. — ib. 2, 5, 8 ; 3,1, 9.4. Mail?, Ir 4, 12 : îirdhvam âghâram âghârayet svargakâmasyayajamâfto

va Sghâro yajamânam eva svargam lokam gamayati yam dvi»yât tasyanyaficam âghârayet pâpiyân bhavati. — Cf. ib. 2, 2, 5 : iti yam «Msyât. —Pour les textes analogues du Kâth. v. Ind. St. X, 50 s<p|.

130 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRAHMANAS

de honte disparaît devant son beau-père, ainsi l'arméeopposée disparaît, dissipée, quand un qui sait ainsi, ayantcoupé un brin d'herbe aux deux bouts, le lance vers l'arméeennemie en disant : Prâsahâ, qui te voit "?» Le sacrificemodèle est le sacrifice de Prajâpati : « Prajâpati donna sapersonne aux dieux; en vérité, le sacrifice leur appartenaitcar le sacrifice est la nourriture des dieux. Quand il eutdonné aux dieux sa personne, il émit alors de lui une imagede sa personne, et ce fut le sacrifice... Par le sacrifice ilracheta des dieux sa personne. Et quand on entreprend unecérémonie, tout comme Prajâpati a donne sa personne auxdieux, de même, exactement, on donne sa personne auxdieux. Et quand on étend le sacrifice, par le sacrifice on'rachète des dieux sa personne, tout comme Prajâpati a ra-cheté la sienne 1. » Les deux temps de l'opération corres-pondent aux deux mouvements du sacrifiant : ascension auciel et retour sur la terre. Le sacrifiant monte au ciel pour

1. Ait. 12, 11, ? : tad yâsya kâme senâ jayet tasyâ ardhât tisthams trnamubhayatah parichidyetarâm senâtn abhy asyel prâsahe kas tvâ paçyafiti tadyathaivàdah smisa çvnçurâl tajjamânâ niïiyamânaily evam eva' sa senâbhajyamânâ niliyamânaiti jatraivam vidvâms trnam ubhayatah parichidye-tarâm senâm abhy asyati prâsahe kas tvâ paçyatiti. — Dans la lutte entreles dieux et les Asuras, les Asuras enfouissent des • valagas * et pensentainsi s'assurer la victoi.v. D'après le commentaire de la Taitt. S., les * vala-gas » sont des os, des ongles, des poils, de ta poussière des pieds, etc., fixésdans un vieux morceau d'étoffe usé et qu'on enfouit dans le sol pour fairemourir un adversaire. Çat. 3, 5,4, 2*3 : tato 'surâ eau tokesu krtyâm valagânnicakhnur ulaivam aid devân abhibhavemeti.tad vai devâ asprnvatâ. tactaihkrtyâm valagân udakhananyadâ vai krtyâm utkhananti sâlasâ moghâ bhavati*.(Ôr, quand on déterre ces valagas, on rend leur efficacité magique paralyséeet stérile}. — Taitt. S. 6, 2, 11, 1 : asurâ vai niryanto devânâm prânesuvatagân nyakhanan tân bâhumâlre 'nvavindan. — Maitr. 3, 8, 8 est presqueidentique. — Voy. encore par exemple Çat. 3,9, 4, Il (lorsqu'on frappeà mortSoma, on pense à son ennemi; à défaut d'un ennemi on vise en pensée unbrin d'herbe); ib. 1, 4, 3, 11-22(moyens de rétorquer les malédictions);Maitr. 4, 5,1 (procédé pour rendre une femme amoureuse); Taitt. S. 6, 4,4, 3 (id.).

2. Çat. Il, I, 8, 2-5 : tebhyah Prajâpatir âtmânam pradadau yajno haisâmâsa yajno hi devânâm annani sa devcbhya âtmânam pradâya, athaitamâlmanah pralimâm asrjata yad yajnam... sa ctena yajnena devcbhya âtmâ-nam nirakrinita sa yad vratam upâiti yathaiva lat Prajâpatir devcbhya âtmâ-nam prâyachad evam evaisa etad devcbhya âtmânam prayachali. atha yadyajham tanute yajncnaivaîlad devcbhya âtmânam niskrînite yathaiva (alPrajâpatirnirakrinilaivam.

LE MÉCANISME DU SACRIFICE 131

s'assurer un corps divin et immortel; en retour, il fait aban-don aux dieux de son corps humain et périssable. Puis, saplace marquée et retenue au ciel, il aspire à redescendre etrachète le corps qu'il avait sacrifié. La notion d'une detteet d'un rachat mystiques est familière aux Brahmanas.«L'homme, aussitôt qu'il naît, naît en personne comme unedette due à la mort ; quand il sacrifie, il rachète sa personneà la mort \ » — « Tout être en naissant naît comme unedette duc aux dieux, aux saints, aux Pères, aux hommes. Sion sacrifie, c'est que c'est là une dette due de naissance auxdieux; c'est pour eux qu'on le fait, quand on leur sacrifie,quand on leur offre des libations. Et si on récite les textessacrés, c'est que c'est là une dette due de naissance auxsaints; c'est pour eux qu'on le fait, et qui récite les textessaints est appelé « le gardien du trésor des saints ». Et si ondésire de la progéniture, c'est que c'est là une dette duc denaissance aux Pères ; c'est pour eux qu'on le fait, que leurprogéniture soit continue et ininterrompue. Et si on donnel'hospitalité, c'est que c'est là une dette due de naissance auxhommes; c'est pour eux qu'on le fait quand on leur donnel'hospitalité, quand on leur donne à manger. Celui qui faittout cela a fail tout ce qu'il a à faire ; il a tout atteint, toutconquis. Et parce qu'il est de naissance une dette due auxdieux, il le3 satisfait en ceci qu'il sacrifie 3.

>>Les cérémonies

préliminaires qui munissent le sacrifiant d'un corps divin,

1. Çat. 3, 6, 2,16 : rnam ha vaï puruso jâyamâna eva tnrlyor âlmanâjâyale sa yad yajate yathaiva tat suparnï dcvebhya âtmânam nirakrïnitaivamevaisa élan tnrlyor âtmânam niskrinlté.

2. Çat. 1,7,2,1-6 : rnam ha vâi jâyate yo 'sti. sa jâyamâna eva devcbhyarsibhyah pilrbhyo mânusyebhyah. sa yad eva yajeta, tena devcbhya rnamjâyate lad dhyebhya elat karoti yad enân yajale yad ebhyo juhoti. athâ yadcvânubruvila. tena rMbhya rnam jâyate tad dhy ebhya elat karoly rsînâmnidhigopa ili hy anûcânam â'huh. atha yad eva prajâm icheta. tenapitrbhyarnam jâyate tad dhy evaitat karoti yad esâm samtatâvyavachinnâ prajâbhavati, atha yad eva vâsayela. tena manu?yebhya rnam jâyate tad dhyebhya elat karoti yad enân vâsayate yad cbhyo "nnam dadâfi sa ya etânisarvâni karoti sa kftakarmâ tasya sarvam âptam sarvam jitam. sa yenadevcbhya rnam jiyaie» tad cnâms tad avadayale yad yajate. — Taitt. S. 6,3,10, S : jâyàniâno vai brahmanas Irbhir rnavâ jâyate brahinacaryenarsibhyo

132 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRAHMANAS

grâce à la régénération rituelle, sont formellement pré-sentées comme le sacrifice et le rachat de l'individu. « Ilsacrifie comme victime sa personne à toutes lés divinités,celui-làqui passe parla dlkça 1. »w«En vérité,il est sacrifié,comme victime par toutes les divinités, celui-là qui a reçu ladiksâ. Et c'est pourquoi il est dit : on ne doit pas manger lanourritured'un individueh état dediksâ... mais par l'offrandedes tripes (de la viclime égorgée) on délivre le sacrifiant detoutes les divinités, et c'est pourquoi il est dit : on peut enmanger après l'offrande des tripes, car alors le sacrifiant estvraiment en existence\ » Les diverses catégories d'offrandessont une sorte de rançon. « Si on offre un animal commevictime, c'est pour racheterainsi sa personne, un mâle pourun mâle ; car la victime est un animal mâle, et le sacrifiantest un mâle V» — « Si on est depuis longtemps malade ilfaut offrir dubrouet à Soma et à ïludra ; quand on est depuislongtemps malade, c'est que le suc vital va à Soma et lecorps à Àgni ; donc on tacheté à Soma le suc vital, à Agnile corps et, quand on serait expirant, on est aussitôt tout envie '. »

Mais toutes les prétendues rançons ne sont que des subter-

yajnena devebbyah prajayâ pitrbhyae?a va anrno yah pulri yajvâbrahmacâ-rivâsi. — Le Taitt. B. 1, 6, 5, 5 dit : devân rnam niravadâya, anrnâ grhànupapraili; — mais le passage correspondant de la Maitr. \, 10, Il porte toutdifféremment : anrtam eva niravadâya rtam satyam upaili.

1. Ait. 6,3, 9 : s'arvâbhyova esa devatâbhya âtmânam àlabhafe yo diksate.2. Ait. 6,9,6 : sarvâbhir va esâ devatâbhir âlabdho bhavati yo dïksito bha-

vati tasmâd âhur na dïksitasyâçnïyâd iti.... vapâyai yajati sarvâbhya eva taddcvatâbhyoyajamânam pranmneatitasmâd âhuracitavyamvapâyâmhutâyâmyajamâno hi sa tarhi bhavatili. — Kau$, 10, 3 i tad u va âhur havir havir vaâtmaniskrayanam haviso havisa eva sa tarhi nâçnlyâd va âtmahiskrayanamili. — Çat. 3,3,4,21 : sa havir va csa bhavati yo diksate... tat paçunâtmânamniskrinite.

3. Çat. Il, 1,1,3 : sa yat paoubandhena yajate, âtmânam evailan nbkrînilevîrena virant viro hi paçur vîro yajamânah. — Taitt. S. 6, I, U, 6 ; yadagnifomiyampaçum âlabhala âtmaniskrayana evâsya sa tâstnât lasya nâcyampurusâniçkrayana iva hi.

4. taitt. S. 2,2, 10,4 : somâraudrâni caruni nirvapej jyog âraayâvi Somamva ctasya raso gachaly Agnim çarirarn yasya jyog âmayati Somâd evâsyarasam niskrinâty Agneh çarîramula yadi itâsur bhavati jîvaty eva. — Maitr.2,1, 6 Î [sautnâraudrani carum] âmayâvinam yâjayed figneyo vai pramîlah

LE MÉCANISME DU SACRIFICE 133

fugcs. Le seul sacrifice authentique serait le suicide. LesBrahmanas ignorent le suicide, peut-être de propos délibéré;une forme si brutale du sacrifice rompait violemment avecces rites minutieux que les Brahmanas se plaisent à exposer.Il n'est pas interdit toutefois de croire que le suicide reli-gieux, par inanition, par noyade, par écrasement, reconnuet pratiqué dans l'Inde à toutes les époques, a eu ses adepteset ses fervents dans la période des Brahmanas. Ces vieuxtextes conservent d'ailleurs le souvenir positif et formeld'une pratique non moins sauvage, immédiatement voisinedu sacrifice-suicide : le sacrifice humain. L'hommese rachètepar l'homme. Le sacrifice humain est consciencieusementenseigné et réglementé dans les traités du rituel. L'hommeestla victime par excellence. « Agni, pour échapper à Pra-jâpati qui veut le sacrifier, entre dans les cinq victimes quisont : l'homme, le cheval, la vache, la brebis, te bouc. Pra-jâpati les voit et dit : Comme brille le feu allumé, ainsibrille leur oeil ; comme d'Agni sort la fumée, ainsi un soufflechaud sort d'eux ; comme Agni consume ce qu'on y dépose,de môme ils dévorent; comme la cendre d'Agni tombe, ainsitombe leur ordure. Tous, ils sont Agni '. » Dans la construc-tion si laborieuse de l'autel en briques, on immole te" cinqvictimes. « Ou sacrifie l'homme le premier ; car l'homme estle premier entre les animaux; puis le cheval, car le chevalvient après l'homme ; puis la vache, car la vache vient aprèsle cheval; puis la brebis, car la brebis vient après la vache;puis le bouc, car le bouc vient après la brebis. Ainsi on les

saumyo jivann ubhayala evainam nihkrïnâti payo vai purusah paya etasyâ-mayati payasaivâsyapayonihkrïnâti. — Cf. aussi Taitt. S. 2/2, 10, 4 : sau-mâraudram caruin nirvaped abhicarant saumyo val devatayâ purusa eiaRudro yad Agnih svâyâ evainam devatâyai niskriya lludrâyâpi dadbâti taj*gârtim ârchali. '

i.Çat.6, 2, I, 2 : sa elân pafica paçûn apaçyat. purusam acvam gâmavim ajam yad apaçyat tasmâd ele paçavah. sa elân pafica paçûn prâ-viçat yathâ va agnih samiddho dîpyata evam c§âm caksur dîpyaleyathâgner dhuma udayala evam csâm ûsmodayatc yathûgnir abhyéhitanidahaly evam bapsati yathâgner bhasma sidaty evam esâm purisam sidattmeta agnih.

{%\LA PQCTBIMÎ DU SACRIFICE DASS LES BRAHMANAS

sacrifie ensuivant l'ordre de dignité *. » Le souvenir dudernier sacrifice où les cinq victimes avaient été régulière*ment égorgées survivait encore au temps des Brahmanas;quoique forcés par le malheur des temps d'admettre destempéraments, ils n'en proposent pas moins le rite exactcomme l'idéal à viser. Il y en avait qui fabriquaient des tètesen or ou en argile pour remplacer les tôles des victimesprescrites. * Il ne faut pas faire ainsi. Il faut sacrifier lescinq victimes autantqu'onle peut. Prajâpati a été le premierà les sacrifier, Çyâparoa Sâyakâyana a élé le dernier; dansl'intervalle on lésa toujours sacrifiées toutes; mais mainte-nant on ne sacrifie plus que les deux boucs pour Prajâpatiet pourYâyu \ » La légendede Çunahçepaest un monumenttrop important de cette pratique cruelle pour que j'hésite àen reproduire ici les passages essentiels, si connu que soitl'épisode 3. « Uariçcandra le Yaidhasa était un fils de roi dela race d'iksvâku. Il avait cent femmes; elles ne lui don-nèrent pas de fils. Parvata et Nârada vinrent à demeurerdans sa maison; il interrogea Nârada... Nârada lui dit ;Recours à Yaruiu» le roi et dis-lui : Qu'un fils me naisseet je te le sacrifierai. Bien, dit-il. Il adressa sa demande àVaruna le roi : Qu'un fils me naisse et je le le sacrifierai.Bien, dit-il. Et un fils lui naquit, du nom de Rohita. Il luidit : Un fils t'est né, sacrifie-le moi. Il dit : Quand le bétaila passé dix jours, alors il est propre au sacrifice. Qu'il aitdix jours passés, et je te le sacrifie. Bien, dit-il. Or, il passadix jours. Il lui dit : Il a passé dix jours, sacrifie-le moi.Il dit : Quand le bétail a des dents, alors il est propreau sacrifice. Que les dents lui poussent, et je te le sacrifie.

1. Çat. G, 2, 1,1S : purujam prathamam âlabbate. puruso hi pratbamahparùnâm athâevampurusam hyanv aevo *tha gâm açvamhi anu gaur athâviingâiii hy anv avïr albâjam avini hy anv ajas tad enân yathâpûrvani yatbâ-çrestham âlabhate.* 2. Çat. 6,2,1, 39 : na talhâ kuryât..... sa elân eva pafica paçûn âlabhctayâvad asya vaeah syât tân haitân Prajâpatih pralhama âlebhe ÇyâparnahSâyakâyano 'ntamo 'tha ha smailân evântarenâlabhante 'thaitarhlmau dvàvcvâtabhyete prâjâpalyaç ca vâyavyac ca.

3. Ait. 33, l-t.

LE MÉCANISME DP SACRIFICE 135

Bien, dit-il. Les dents lui poussèrent. Il lui dit : Les dentslui ont poussé, sacrifie-le moi. Il dit : Quand le bétail ales dents qui tombent,alors il est propre au sacrifice. Que

ses dents lui tombent, et je te le sacrifie. Bien, dit-il. Sesdents lui tombèrent. Il lui dit : Ses dents lui sont tom-bées, sacrifie-le moi. Il dit : Quand le bétail a les dent? quirepoussent, alors il est propre au sacrifice. Que ses dentslui repoussent, et je te le sacrifie. Bien, dit-il. Ses dents luirepoussèrent. Il lui dit : Ses dents lui ont repoussé, sacrifie-le moi. U dit : Quand le Ksalriya est en état de porter les

armes, alors il est propre au sacrifice. Qu'il soit en état deporter les armes, et je te le sacrifie. Bien, dit-il. Il se trouvaen état de porter les armes. Il lui dit : Voici qu'il est enétat de porter les armes, sacrifie-le moi. Bien, dit-il, et ils'adressa à son fils : Mon enfant, c'est lui qui t'a donné àmoi,, il faut que je te sacrifie à lui. — Non, dit-il, et prenantson arc il s'en alla dans la forêt, et pendant un an il cir-cula dans la forêt. Et alors Varuna saisit le descendantd'iksvâku, et le ventre lui grossit. Robita l'ouït dire, etil revint de la forêt vers les hommes. Indra se présentadevant lui sous la forme d'un brahmane et lui dit : Lafatigue de la marche donne toutes sortes d'avantages; voilà

ce qu'on dit, Rohita ; qui reste assis entre les hommesest unméchant ; Indra est l'ami du marcheur. Marche. Marche,m'a dit le brahmane, se dit-il, et il circula encore un andans la forêt. (Cinq fois il revient, et cinq fois Indra luiapparaît et le presse de rentrer dans les bois.) Une sixième-année il circula dans la forêt. Il rencontra dans la forêtAjtgarta Sauyavasi, le saint, qui mourait de faim. Le saintavait trois fils : Çunahpucha, Çunahçcpa, Çunolângùla. Illui dit : Saint, je te donne un cent, pour me racheter moi-même par un d'entre eux. 11 mil à part son fils aine et dit :Pas celui-là. Pas celui-là, dit la mère en prenant le plusjeune. Ils tombèrent d'accord sur le fils cadet Çunahccpa.11 donna un cent, prit avec lui le jeune homme cl s'en allavers les hommes. Il alla vers son père et lui dit : Mon père,

136 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LKS BRAHMANE

je vais me racheter moi-même par eoïuMS», Il s'adressa àVaruna le roi ; Je veux te sacrifier celui-ci. Bien, «lit-il ^

un brahmane est plus qu'un ksatriya. Ainsi parla Varuna,Il lui indiqua le râjasûya comme le sacrifice a accomplir*Dans le rite de i'abhisecantya, il prit l'homme comme lavictime à sacrifier..... On ne trouvait personne pour l'alfa?cher au poteau du sacrifice. Ajîgarta Sauyavasi dit alors ;Donnez-moi encore un cent, et je rattacherai au poteau.On lui donna encore un cent» et il l'attacha au poteau. Lesrites préliminaires faits, on ne trouva personne pour regor-ger, Ajigarla Sauyavast dit alors : Donnez-moi encore uncent, et je l'égorgcrai. On lui donna encore un cent, et déjàil allait aiguisant le glaive. Alors Çunahçepa considéra :On va m'égorgcr comme si je n'étais pas un être humain.Il faut que je recoure aux dieux. (Il adresse alors une requêtesuppliante à toute la série des dieux.) A chaque vers qu'ildisait, ses liens se dénouaient et le ventre du descendantd'iksvâku diminuait. Quand le dernier vers fut dit, ses liensse dénouèrent et le descendant d'iksvâku fut guéri. »

La vertu rituelle a heureusement émigré dans le cours destemps. « Les dieux, à l'origine, immolèrent un hommecomme victime; quand il fut immolé, la vertu rituelle qu'ilavait le déserta; elle entra dans le cheval; ils immolèrent uncheval; quand il fut immolé, la vertu rituelle qu'il avait ledéserta; elle entra dans la vache; ils immolèrent une vache;quand elle fut immolée, la vertu rituelle qu'elle avait ladéserta et entra dans la brebis; ils immolèrentune brebis;quand elle fut immolée, la vertu rituelle qu'elle avait ladéserta et passa dans le bouc \ » Sans insister sur les rites

1. Çat. I, 2, 3, 6: purusani ha vai devâh, agre paçum àlebhire lasyàla-bdbasya medho 'pacakrâina so 'çvani praviveea te 'çvarn âlabhanla tasyâla-btlhasya medho 'pacakrâma sa gâm pravïveça te gâm âlabhanla te gâmâlabh*..... so *vini pravïveça te *vim âlabh*..... so 'jam pravïveça.— Maitr.3,10,3 : purusanivai devâ medhSyâlabhanla lasya medho 'pâkrâmatso 'çvampràviçat te'çvani âlabhanla tasya medho 'pâkrâmat sa gâm pràviçat te gâmâlabh...... so *vïm pràviçat te *vïm âlabh*..... so 'jam pràviçat. — AU. 6,8,1 rpurusani vai devâh paçum âlabhanla tasmâd âlabdhân niedha udàkrâmal so'çvam pràviçat tasmâd açvo medhyo 'bhavad athainam ulkrânlamedham

LE MÉCAMSMK DU SACRIFICE 137

qui exigent l'une ou l'autre de ces victimes, il convientcependant de rappeler ici que le sacrifice du cheval (açvame-dha) est une des plus grandes cérémonies du rituel brahma-nique, et que l'Inde historiqueen offre encore des exemples.De toutes les victimes animales, la plus fréquemment em-ployée est le bouc. « C'est dans le bouc que la vertu rituellea demeuré le plus longtemps, et c'est pourquoi le bouc est lavictime la plus usuelle '. » Ce n'élait qu'un jeu pour lesdocteurs brahmaniques d'établir, à l'aide du système deséquivalents,l'identité du boucavec toutes les autres victimes.« Si on immole cette victime, c'est que dans cette victime ily a le caractère extérieur de toutes les autres victimes : lebouc est sans cornes, barbu; c'est le caractère extérieur del'homme, car l'homme est sans cornes, barbu; il est sanscorne et avec une crinière, c'est le caractère extérieur ducheval, car le cheval est sans cornes et a une crinière; il ales quatre sabots fendus, c'est le caractère extérieur de lavache, car la vache a les quatre sabots fendus; il a les mêmessabols que la brebis, il a donc le caractère extérieur de labrebis; c'est un bouc, il a donc le caractère extérieur dubouc. Donc, quand on l'immole, toutes les victimes setrouvent immolées par là *. » Mais la répugnanceà verser letang qui marque si profondément le génie hindou se mani-feste aussi dès cette période encore à demi-sauvage. « Ilsimmolèrent le bouc. Quand il fut immolé, la vertu rituelle

atyûrjanta sa kimpuruso 'bhavat te 'çvam âlabhanla so 'çvâd âlabdhâd uda-kràinat sa gâm pràviçat tasmâd gaur medhyo 'bhavat athainam utkrâulame-dham atyûrjanta sa gauramrgo 'bhavat te gâm âlabhanla sa gor âlabdhàdndakrâmat so 'vim pràviçat tasmâd avir medhyo *bbavad athainam utkrânta-medbam atyârjanta sa gavaya abbavat te 'vim âlabbanta so 'ver âlabdhâd

- ndakrâmat so'jam pràviçat tasmâd ajo medhyo 'bbavaJ athainam utkrànta-medham atyârjanta sa ustro bhavat.

l.Ait. S, 8 : so 'je jyoktamâm ivâraniat tasmâd csa etefâm paçûnâmprayu-ktatauio yad ajah.

2. Çat. 6, 2, 2', 15 : yad v evaitam paçum âlabhate. elasmin ha paçausarvesâm paçûnâm rûpam yat tûparo lapsudi tat purusasya rûpam tûpârohi lapsudi puruso yat tûparah kesaravàms tad açvasya rûpam tûparo hi kesa-ravân açvo yad asîâçaphas tad go rûpam astâçapho hi gaur atha yad asyâverïva çaphâs tad eva rûpam y? 5 ajas tad ajasya tad yad etam âlabhate tenahaivâsyaite sarve paçava âtatHikâ bhavanti.

138 LA P0CTRIXB m SACRIFICE DANS LES PRAHMAXAS

qu'il avait entra dans la terre ; ils creusèrent pour la cher'cher, et ils la trouvèrent : c*élait le met l'orge. Et c'estpourquoi aujourd'hui encore, on se les procure en creusantla terre; or, autant il y avait de force dans toutes ces victimesimmolées, autant de force a l'offrande de celui-là qui saitainsi 1. »

Ainsi, de l'aveu même des Brahmanas, le cours du tempsmodifie et transforme les rites du sacrifice *. Par une singu-larité notable, l'Inde, qui n'a pas d'histoire,sait l'histoire durituel. Le nom de Çyâparna Sâyakàyana, qui fut le dernier àconstruire l'autel suivant les règles primitives, s'est perpétuéà travers les âges '. La transmission du sacrifice dâksâyaoaest connue en détail. « Prajâpati fut le premier à offrir cesacrifice, par désir d'une postérité : Je veux, se dit-il, memultiplieren progéniture, en troupeaux, arriver à la gran-deur, être l'éclat, manger à planté. Or son nom est Daksa;comme il fut le premier à offrir ce sacrifice, on l'appelle lesacrifice dâksâyana... Après lui, Pralidarça Çvaikna offrit

ce sacrifice; ceux qui étaientses rivaux, il était pour eux l'au-torité décisive... Suplan Sârnjaya vint vers lui pour être sonnovice... il offrit ce sacrifice... après lui Dcvabhâga Çraularsaoffritce sacrifice; il fut le prêtredomestique à la foisdesKuruset des Srnjayas.... après lui Daksa Pàrvali offrit ce sacrifice;

1. Çat. 1, 2, 3, T : sa imâm prthïvlm pravïveça. tam khananta ivànvisusIam avindams lâv îmau vrîhiyavàu tasmâd apy ctàv elarhï khananta ivaivâ-nuvindanll sa yàvadviryavad dha va asyaite sarve paçava âlabdhâh syustâvadvlryavad dhàsya havir eva bhavati ya evam elad veda. — Maitr. 3,10,2 : te 'jam âlabhanla tasya medho 'pâkrâmat sa yavam pràviçat teyavamàlabhanta tasya medho 'pâkrâmat sa vrîhim pràviçat te vrihirn âlabhanla. —AU. 6,8 : te 'jam âlabhanla so'jâd âlabdbâd ndakrâmat sa nroâm pràviçattasmâd iyam medbyâbhavad athainam ulkrântamedham atyârjanta sa çara-bho 'bhavat la eta utkrànlamedhà amedhyà paçavas tasmâd eh sam nàçnlyâttam asyâm anvagacbanso 'nugalo vrlhir abbavat.

2. L'abandon d'un rite anciensuffit à expliquer {Maitr. 1,6,8} rabaissementde la suprématie sacerdotale. • Il doit renouveler cette offrande et personnealors ne dominerasur lui; au temps où jadis les brahmanes l'offraient, en cetemps-là personne ne leur commandait; au jour présent* ils ne l'offrentplus, et c'est pourquoi le premier venu leur commande • : elad bhûyo havyamupâgânno 'syânya Içe yarhi va elani purà brâhmana niravapams larhy esàmna kaçcanaiça na hi va etam idânlin nirvapanty athaisâm sarva Içe.

3. Çat. 6,2,1,39 : Yoy. sup. p. 13t.

LE MÉCANISME PC SACRIFICE 139

c'est de lui que sont issus les Daksâyanas d'aujourd'hui quiont pour ainsi dire obtenu la dignité royale '. » La croyanceà l'efficacité du sacrifice, pris dans son ensemble, est sansdoute un dogme; mais les détails laissent un champ libre àla discussion. Il va sans dire que l'interprétationmystiquedes rites varie avec les individus : Janaka et Yâjftavalkyadiscutent longuement sur l'interprétation de l'offrande jour-nalière au feu * ; ailleurs, six brahmanes, en désaccord surl'essence de Yaiçvânaraqu'ils co.t-idèrcnt comme la terre,l'eau, l'espace, etc., vont porter le débat devant AcvapatiKaikeya et lui demander une sentence *. Mais le rite lui-même est parfois mis en question. Une prescription formelleenjoint d'offrir une libation à deux Asuras, Çanda et Marka.« Yàjnavalkya disait là-dessus : Est-ce que nous ne devrionspas faire cette libation aux divinités, car elle est un signe devictoire. Mais il ne faisait là qu'une réflexion théorique, et ilne l'appliquait pas en pratique *. » La même réserve pru-dente accompagne ailleurs une discussion analogue. « Onpeut, dit-on, réduire-les cinq libations à une seule... mais

1. Çat. 2,4, 4, t-6 : Prajâpatirha va etenâgre yajneneje. prajàkâmobahuhprajayâ paçubbih syàni çriyani gacheyam yaçah syâm annàdah syâni iti. savai Dakso nâma/tadyad enenà so 'gre 'yajala tasmâddàksâyanâyajûonània...teno ha tata Ije Pratïdareah Çvaiknah sa ye tâm praty âsus tesâm vivacanamivâsa.... tam âjagâma. SuplîlSârnjayo brahmacaryam...sa etena yajneneje....teno ha tata Ije. Devabbàgah Çraularsahsa ubbayesâmKurûnâm ca Srnjayâ-nûni ca purohila âsa..... teno ha tata Ije. Dakfah Pàrvatis ta ime 'py etarhiDâkfàyanàrâjyam ivaiva prâptâh. — Cf. encore p. ex. Ait. 35,8,7 : tam evamclam bhakfamprovâca RâmoMârgaveyoMçvamtaràyaSaufadmanàya...etamu haiva provâca Turah Kâvaseyo JanamejayàyâPâriksitâyaitam u h?âvapro-catuh Parvatanâradaû Somakâya Sâhadevyâya Sahadevàya Sârâjayàya Ba-bhraveDaivàvrdhâyaBhîmâyaVaidarbhâyaXagnajiteGândbârâyaitamuhaivaprovacâgnihSânaçrutâyàrimdamâyaKratuvideJânakayaetam u haiva provâcaVasisthah Sudâse Paijavanâya.

'" 2. Çat. Il, 6, 2,1 sqq. (Voy. Muir I, 426).3. Çat. 10,6,1,1. —Voy. aussi, par exemple, l'histoire d'I'ddâlaka Âruni,

Çat. Il, 4, 1,1 sqq. et Gop. I, 3, 6-10.4. Çat. 4, 2, I, 7 : api hovâca Yâjnavalkyah. no svid devatâbhya eva

grhnlyâmâ3 vijiUrûpam iva hldam tad vai sa tan mîmâmsâm eva cakre nettu cakâra. — L'Ait. G, 7, 5, discute également ce délicat problème de l'of-frande aux Raksas. Les uns pensaient que les Raksas n'ont rien à faire avecle sacrifice; les autres répondaientqu'il était coupable et surtout dangereuxde les priver de leur dû. La conclusion de VAit., c'est qu'il faut faire l'invo-cation, mais à voix basse.

HO LA POCTRIXK 1iV SACRinCK PASS LBS BRAHMANAS

e'cst là simple réflexion théorique; en fait, on les offre toutesles cinq '. » Mais il arrive souvent aussi aux écoles brahma-niques d'êtreen désaccord sur la forme mêmeditrito« Souventl'exposé fort consciencieux d'un procédé rituel s'itcjiève parune condamnationexpresse. « Une faut pas faire ainsi *» ; «ilne faut pas en tenircompte * ». Ites polémiques des docteurssacerdotaux retentissent en échos violents dans les Brâhma*nas. Un prêtre de l'école Caraka critiquait le procédé deYâjûavalkya. « Il a roanqué au soufltte, le souffle lui man-quera ». » Et Yâjûavalkya, considérant ses bras, dit ; « Cesdeux bras sont grisonnants; la parole du brahmane, qu'enest-il advenu? » Prâgabi, Paingya, Aruni, Çvetakctu ensei-gnaient des procédés divergents pour réparer l'erreurrituelle, si le sacrifice péchait par excès; Daivodâsi Prâtàr-dana posa la question à la session rituelle des Naimisiyas,mais il n eut pas de réponse. Alikayu Yâcaspata, qui étaitleur brahmane, répondit : Je ne sais; je vais interroger lemaître des anciens, le sthavira Jâtukarnya. Mais le procédéde Jâtukarnya est à son tour critiqué par Kausîtakî s. Lerédacteur du Çatapatha rejette les théories de Tandya etd'Âktâksya sur la disposition des briques de l'autel '. JivalaCailaki condamne comme insuffisantes la récitation et 1 in-terprétation que Takçan recommandait pour une formulede l'oblation journalière au feu 7* Gauçla critique de mêmela forme de récitation proposée par Bulila Âçvalarâçvi etBulila, convaincu d'erreur, se soumet \

1. Çat. 3, 1, 4, 22 : tad âhuh. etâm eraikâm juhuyât..... anv aivaitaducyate [texte Kànva : saisà rolmàmsaiva] sarvâs tv eva hûyanle.

2. Çat. 3, 2, 3, 22 : tad n tathâ na kuryàt {ib. pass.).3. Çai. 3,8,2,25 ; na tad Sdriyeta. {ib. pass.)—

AU. 1,4 : tad tan nàdrtyam{ib. pass.)

4. Çat. 3,8,2,24-23 : tad u ha Yàjnavalkyamcarakâdbvaryuranuvyâjahâ-raivani kurvantam prânam va ayani anlaragâd adhvaryuhprânaenamhâsya-titi. sa ha sma baba anvaveksyûba.imau palitau bâhû kva sviil bràhmanasyavaco babhûveli.— Cf. aussi Çat. I, 3,1,26 (sup. p. 113). -5. Kau*. 26, 4-5.

6. Çat'. 6,1, 2, 24-23 :etad aha tayor vaco 'nyà hy evàtah sthitih.1. Çat. 2, 3,1,31-35.8. Ail. 30,4, 7. — Reproduit Gop. 2,6, 9.

LK 5IÉCAMSMK DU àACHIHCE 141

la variété des usages et leurs prétentions rivales netiennent point à l'incertitudeou à la confusiond'une traditiontrop ancienne ; elles sont inhérentes à la nature même de larévélation. Les brahmanes n'ont pas reçu en une seule foisd'un seul dieu ou d'un seul prophète toute la révélation, Letotal des formules et des procédés qui constituent le sacrificeest indéfini ; l'expérience ou un heureux hasard en a fait con-naître graduellement un certain nombre aux dieux. « Lesdieux virent les sacrifices un à un \ » Il suffit de rappeler lesinnombrables épisodes de la lutte engagée entre les dieux etles Asuras, et l'inévitable conclusionqui chante comme uneritournelle ; Alors les dieux virent le rite, et ils furent, ici lesAsuras furent perdus. La découverte du nouveau rite ofst ledewex machina qui dénoue les situations les plus difficiles.Les Brahmanas ne se soucient pas de justifier en droit liessuccès des dieux; leur victoire est un fait, et les raisorosimportent peu. La nature divine, en toutcas, ne marquépoint1

d'affinité particulière avec le sacrifice; une foule de récitscontent la fuite du sacrifice qui veut échapper aux dieux.Poursedissimuler, il prend la forme tantôt de Visnu *, tantôt

\. Maitr. 1, 11, 3 : devâ vai nânà yajfiânapaçyan..... devà vai nânâ yajâânàbarann imam aham imam tvam ili. — Taitt. Br. 1, 3,2, t : devà vai yatbâ-dàrçaui yajnân âharanta. yo *gniftomam. ya ukthyam. yo rtirâtraui.

2. Taitt. 6, 2,4,2 : yajno devebhyo niîàyata Vîsnû rûpam krtvà sa prthïvimpràviçat tant devâ bastant sauirabhyaicban tam Indra upary upary atyakrà-mat so 'bravït ko mâyaui upary upary atyakranild ity aham durge hantelyatha kas tvam ity aham durgàd àharteti so 'bravid durge vai hantâvocathâvaràho 'yam vàmamosah. saptânâm girînâm parastâd vittam vedyara asurà-nàm bibbarti tam jahi yadi durge bantàsiti sa darbhapunjilam udvrhya saplagirîn bhittvà tam ahant so 'bravid durgàd va âbartàvocathâ etam àhareti tantebhyo yajnaeva yajnam âharat.— d. Maitr. 3, 8,3 : abhyardho vai devebhyoyajnaâsit tenâvîdurihava sa ihavetyasti yajna iti tv avidus tena vai samsrs-ïim aichams tam praifauiaiebams tara nàvindams tam vayàmsy upary uparinâtyayatams tam Indra upary upary alyakrâinât tani acâyat so *ved acikedvai metï so "bravït ko *sâ ity aham durge hantely atha kas tvam asïty ahamdurgàd àharteti so T>ravld durge vai hantâvocathâayani varâhaâmuknaeka-vimçalyàh puràm pare Vmamayinâin tasmïnn àfurànâm vasu.vàinaui antastam jahlti tasyendro drûmbhûlyâbhyàyalyafu.astâd bhittvà hrdayam prà-vrçcat so 'bravid durgàd va âbartàvocathâ etam ubareti tam vai Viseurâitarad yajno vai Viseur yajno vai lad yajnamasurebhyo 'dhyâharad yajnenavai tad yajnam devâ asurânâm avindanta.

143 IA 00CTB1S« m SACRiriCB:'IUS$ I£S BBAllMAXAS

de Suparua \ tantôt d'un cheval % tantôt d'une antilopenoire *. Les dieuxéperdus ne le décident à revenir qu'à forcede rites et de prières *. Avant de connaître la pratiqueexactedu rite qui s'est révélé, les dieux ontJtjasserpar un appren-tissage qui leur coule parfois cher; faute de savoir Vyprendre, Bhaga a perdu les yeux, Pùsan les dents, Sayiteurles mains. Réduits à leurs seules ressources, le* dieux mseraient même pas toujours capables de « voir » le rîto néces-*saire; il leur faut, à l'occasion, attendre ou demander lesecours de ces saints personnages qui ne sont pas des dieux,qui ne sont pas des hommes, qui se rencontrent parmi toutesles catégories de créatures et qu'on appelle les « rsis ». « Lesdieux à Sarvacaru tenaient une session rituelle; ils n'arrï*vaient pas à chasser loin d'eux le mal, Arbuda Kâdraveya,qui était un rçî «nlre les serpents cl qui composa des for»mules liturgiques, leur dit : Il y a une offrande que vousn'avez pas faite ; je veux la faire pour vous et vous chasserezloin de vous le mal. — Bien, dirent-ils. Tous les midis ilsortait de sa demeure, venait vers eux et célébrait les pierresà presser la soma... Or le soma les enivrait. Ils dirent : Lereptile regarde noire soma, bandons-lui les yeux. — Bien,dirent-ils. Ht ils lui bandèrent les yeux... Le soma les enivraencore. Ils dirent : Il chante les pierres à presser avec uneformule qui est la sienne; allons, mélangeons sa formule

1. Td. 14,3,10 : yajno rai devebhyo 'pâkrâmat sa suparnarQpanikrlvâcarattam devâ etaih sâmabhir àrabbanta.

2. Çat, 3, 4, 1,17 : yajno ha devebhyo 'pacakrâma so *çvo bhùlvà parânâvavarta tasya devâ anubâya vâlân abhipedus tân fllulupus tân àlupya sâr-dbani samnyâsuh.— 7<f. S, 7, 18 : yajno vai devebhyo *çvo bhatvàpâkrâmattâm devâh prastarenàramayan.

3. Çat. 1,1,4, 1 : yajno ha devebhyo 'pacakrâma sa krsno bhulvà cacâratasya deva anuvidya tvacamevavacbâyàjahruh.

4. AU. II, 9, 1 : yajno vai devcbhyandakrâmat tam praisaih praisamaieban.... tam purorugbhih prârocayan... tam vcdyàm anvavindan. —ib. 1,2, t : yajno vai devebhya ùdakrâmat tam istibhih praisam aichan. — ib. 2,2,1$ : yajno vai devebhyandakrâmat te devâ na kim canâçaknuvan karlum naprâjânan.— Çat. 1,5,2, 6 : yajno ba devebhyo 'pacakrâma. tam devâ anva-uianlrayantâ nah crnûpa na avartasveti so 'stu talbety eva devân upâvarlatatenopavrttenadêvâ'ayajantatenesjvaitadabbavan yad idamdevait.

I£ MÉCANISME DC MCJUTICB |$3

avec d'autres vers. — Bien, dirent-ils, et le soma ne lesenivra plus et ils chassèrent loin d'eux le péché '. »

Les rsis sont les vrais héros de la révélation ; la fonctionde « voir » est si intimement inhérente à leur nature, que lesétymologistes indiens, plus préoccupés du sens que de laphonétique, ont prétendu établirun rapport entre leur nomet la racine drç « voir ». Les Brahmanas onl une autre expli^cation : on les appelle « r§is» parce qu'ilsont été les premiersà peiner et a s'échauffer à l'origine des choses '. Les rsisoccupent le même rang que les dieux, cl ils le doivent auxmêmes pratiques. « C'est par le sacrifice que les dieux ontremporté tous leurs succès, et aussi les rsis \ » Mais s'ils onteu recours aux mêmes moyens, ils ne les ont pas employéssimultanément.Les rsis sontvenusen général après lesdieux,en même temps que les homme?; sans celle heureuse ren-contre, les hommes n'auraient jamais connu les rites queleur dissimulait l'égotsme jaloux des dieux. La clairvoyancedes rsis a su retrouverce que les dieux avaient découvert.« Les dieux, en sacrifiant, en peinant, en s'échauffant, enfaisantdes oblalions, ont conquis le mondecéleste. Quand ilscurent offert les entrailles, le monde céleste s'ouvrit pour

1. Ait. 26, 1,1 : devâ ha vai Sarvacarau sattram nifedus te ha pâpmânamnâpajaghnire tin hovàcârbudah Kâdraveyah sarpâisir mantrakrd ekà vai vohotràkrtà tâm vo 'ham karavàny atha pâpmânam"apabanisyadhva iti te hatathely ilcus tesâm ha sma sa madhyamdine madbyamdina evopodâsarpadgràvno TmïslauU...... tân ha ràjâ madayâm eakàra te hoenr àçïviso vai noràjânam aveksate hanlâsyosçlsenàkfyâvapinabyànieti tathetl tasya hosnUe-nâksyâvapinahyuh... tân ha ràjâ madayâm eva eakàra te hoeuh svena vai nomantrena gràvno 'bhislautlti hantàsyànyàbhir rgbbir mantram âprçacâmetitatheti... tato hainàn na madayâm eakàra... te lia pâpmânam apajaghnire. —Faut. 29,1 : atha yatra ha tat Sarvacaraudevà yajnam atanvala tân bârbndahKàdraveyo madbyamdina upodàsrpyovâcaikà vai va îyam hotrà na kriyatègràvaslotriyà tâm vô 'ham karavànyupa ma hvayadhvaru iU te ba tatbetyûcus tam hopajuhvire sa clâ gràvaslotriyà abhirupaapaçyat..... sa va usnïsy-apinaddbâkso 'bhituslâva.

2. Çat. 6, 1, I, I : te yat puràsmât sarrasmàd idam icbantah rramenatapasàrifams t»n&f rsayah.

3. Çal. 2,4,3,3 : yâjnenâ ba sma vai tad devà kalpayanleyad efâm kal-pam âsa rsayaç ca. — Cf. ib. 1,6,2,3 : çramena ha sma vai tad devà jayanUyad esâni jayyam âsa rsayaç ca. —Ait. 29, 3, Il : clair va âvapanair devâhsvargam lokam ajayannetair rsayah. — ib. 29,4, 2 : etena vai sûklenadevâhsvargam lokam ajayann etena'rsayah.

Ml M POCTBIXB 011 SACRiriCi: DANS ILS BRAUMANAS

eux; après l'offrande des entrailles, sans se préoccuperd'autres actes rituels, ils s'élevèrent au monde céleste, Kt lesrsis et les hommes vinrent ensuite au terrain où les dieuxavaient fait leur sacrifice : Nous allons, se disaient-ils, cher-cher quelque chose du sacrifice pour savoir. Ils circulèrenttout à l'entouret trouvèrent la victime vidée d'entrailles; ilsconnurent que les entrailles valent la victime entière *. »Quand les dieux eurent offert le sacrifice, ils cherchèrent àen faire disparaître les (races pour fermer le chemin du ciel.« Mais les rsis le connurent et ils décidèrent d'aller a larecherche. Ils circulèrent, adorant, peinant. Kt alors ou bienles dieux leur en donnèrent l'idée, ouils se décidèrent sponta-nément : Allons, dirent-ils; nous arriverons bien au pointd'où les dieux sont partis pour jouir du ciel... Kt le sacrificeleur apparut, ils rémirent, ils retendirent V »—* « Prajâpatiémit le sacrifice ; une fois émis, les dieux s'en servirent poursacrifier ; par ce sacrifice ils obtinrent tous leurs désirs. Ilsen cachèrent une moitié, les praisas et les nigadas. Les rsisoffrirent ensuite un second sacrifice; ils connurent : Envérité, nous sacrifions avec un sacrifice incomplet et nousn'obtenons pas tous les désirs. Ils peinèrent; ils virent lespraisas et les nigadas ; ils offrirent le sacrifice avec les praisaset les nigadas et ils eurent tous leurs désirs '. »

1. Ait. 7,3, 6 : devâ vai yajnena çramena tapasâhulibhih svargam lokamajayams lésant vapàyâin eva hutàyàm svargo lokâh pràkhyàyala te vapâmeva hutvànadrtyetaràni karmâny ùrdhvâh svargam* lokam ayants lato vaimanusyâç ca r§ayaç ca devànâni yajnavâstv abhyàyan yajnasya kimeidesisyâmah prajnàtyâ iti te 'bhitâh paricaranta ait pacum eva nirànlranirayânam te 'vidur iyân vava kila pacur yàvatï vapeti.

2. Çat. I, S, 2, l-t ; lad va rslnànianuçrutam âsa.... tam anvestuin dadbrirete 'rcantah eràmyantaç ceruh.... tebhyo devâvaiva prarocayâmcakruhsvayamvaiva dadhrireprêta tad esyânioyatodevâh svargani lokam samâçnuvateti....tataebhyoyajnah pràrocata Iamasrjanta tam atanvala. —Cf. to. 1,9, I, 25.Taitt. S. 6, 3,4, 7 : tam rsayoyûpenairànuprâjânan.— Ait. 6, f, I : lato vaittianusyàç ta rsayae ca devânâm yajnavâstv abhyàyan yajnasya kimeidemyàmah prajnàtyâ iti te vai yrtpani evâvindann avâctnâgram ninnitani te'vidur anena vai devâ yajnam ayûyupann iti tam ulkhâyordhvam nyatuïn-vams lato vai te pra yajnamajànan pra svargam lokam.

3. Kau*. 23,1 : Prajâpatir ba yajnam sasrje tena ha srstena devà Ijire tenahesfvâ sarvân kâmàn âpus tasya hetarârdhyam upanidâdhur ya ete praisâc

m MÉCASISSIE DU SACRIIICF. 445

Les dieux ne traitent pas cependant les rsisen concurrents;ils leur rendent volontiers service, « Le rsi Yiçvaraauas élu*diait les textes sacrés; un Raksas le saisit; Indra observa:Un Raksas a saisi le rsi. Il dit au rsi ; Rsi, qui est-ce donc?Le Raksas dit au rsi : Bis que c'est Slhunu. — C'est Slhânu,dil.il. — Eh bien ! frappe-leavec ceci, et il lui remit une tigede roseau en guise de foudre. Le rsi s'en servit pour fendrela tête du Raksas ', » La bienveillance des dieux se mêle dedéférence. « Les dieux faisaient le partage de la sciencesacrée; Nodhas Kâkslvata arriva; ils dirent : Unr#l est venuvers nous; donnons-lui la science sacrée, et ils lui donnèrentune mélodie rituelle \ » Les dieux ont reconnu et proclamél'éminente dignité des rsis. « Çiçu Ângirasa était, entre lesauteurs de formules sacrées, un auteurde formules sacrées.Il salua les Pères du nom de « mes fils ï » Les Pères dirent :Tu manques au devoir, toi qui nous salues du nom de « fils »,nous les Pères. Il dit : En vérité, c'est moi qui suis le père,moi qui suis un auteur de formules sacrées. Ils portèrent laquestion devant les dieux. Les dieux dirent ; En vérité, c'estlui qui est le père, puisqu'ilest un auteurde formules sacrées.C'est ainsi qu'il l'emporta'. »

Entre les rsjs et les dieux, les goûts, les traditions defamille, les servicesreçus ou rendus nouent des amitiés per-sonnelles. « Les Yaikhânasas étaient les rsis aimés d'Indra ;

ca nigadâç càthelarenayajnenarsayaIjire te havirjajnurasàrvenavai yajnenayajàmahe ha vai sarvân kâmân âpnuma iti te ha çremus ta etân praisânic canigadàmeca dadfçns tena ba sapraifenasanigadenefgvâsarvân kâmân âpuh.

1. Td. 15, S, 20 : Vievamanasam va rsiin adhyàyam udvrajitam rakso"grimât tam Indro 'râyad rsïm vai rakso ;grahiJ ili tâm abhyavadad rse kastvaisa ili Slhànnr iti brûhiti rakso 'bravït sa Sthânur ity abravit tasmai vaetena praharely asmâ isîkâm vajrani prayacchann abravit tenâsya slmànamabhïnat.

2. Td. 7, 19, 10 : devà vai brahma vyabhajanta tân Nodbàh Kâkslvataâgacchat te 'bruvaan rsîrna âgams tasmai brahma dadâmeUtasmâ elat sâmaprâyacchan.

.3. Td. 13, 3, 21 : Çiçur va Ângiraso mantrakrtâm mantrakrd âslt sa pitfnpulrakâ ity âmanlrayata tam pitaro bruvann aJhamnmkarofi yo nah pitfnsalah pulrakâ ity âuiantrayasa iti so 'bravid ahani vâva pitâsmi yo man-trakrd asmlti te devesv aprechanta ta devà abruvann esa vâva pitâ yo man-trakrd iti tad vai sa udajayat.

t|6 14 POCTBISE m SACRIFICE DANS US BKÂIlilANAS

Rahasyu Devamalimlun les fit mourir a Slunimarana. Lesdieux lui dirent : Où sont tes munis? Indra les chercha, ilne les trouva pas; il, passa au tamis tous ces mondes ; il lestrouva à Munimarana; il les ressuscita V » Indra est celtefois le bienfaiteur ; ailleurs, il est l'obligé, « Upagu Sauçra»vasa élait le prêtre de Kutsa Aurava. Kutsa prononça ceserment : Si quelqu'un fait un sacrifice à Indra... 1 Indra vintIrouver Suçravas et lui dit : Fais-moi un sacrifice, j'ai bienfaim. Il lui fit un sacrifice. Indra s'en alla, le gâteau dusacrifice dans la main, trouver Kutsa et lui dit : On m'afait un sacrifice. A quoi t'a servi ton serment? -r- Qui l'afait un sacrifice? —Suçravas. Alors Kulsa Aurava, avec du

....bois d'udumbara, coupa la tête a Upagu Sauçravasa, tandisqu'il chantait le chant rituel. Suçravas dit à Indra : C'est acause de toi que ceci m'est arrivé. Indra se servit d'une mé-lodie pour le ressusciter V » Le miracle d'Indra ne fait quepayer le service rendu. Dans la lutte impitoyable qui sepoursuit sans trêve entre les dieux et les Asuras, l'interven-tion des rsis a souvent décidé la victoire. Atri a rendu auxdieux la lumière dérobée parSvarbhânu. « Les dieux s'étaientinstallés dans l'agnistoma, les Asuras dans les ukthas; ilsétaient de force égale; la bataille restait indécise. Parmi lesrsis, Bharadvâja vit que les Asuras s'étaient installés dansles iiklhas. Et personne de ceux-ci ne les voit, se dit-il. Ilappela Agni. Agni se dresse et dit : Que veut me dire cegrand maigre à cheveux blancs? Bharadvâja était grand,maigre, et il avait les cheveux blancs. 11 dit : Voici que les

1. Td. 14, 4, 7 : Vaikhânasâ va rsaya Indrasya priyà âsams tân RabasyurDevamalimluh Munimarane 'niârayat te devâ abruvan kva ta rsayo* bhùvanniU tân praisam aïchat tân nâvindat sa imânil lokân ekadhàrenâpunât tânMunimaraneî'vindattân elena sàmnâ samairayat.

2. Td. 14, 6,8 : Upagur vai Sauçravasah Kutsasyauravasyapurohila àsît saKutsah paryaçapad va Indram yajâtà iti sa Indrah. Suçravasam upetyàbravldyajasva mâçânàyâmi va iti tam ayajata sa Indrah purodâçahaslah Kutsamupetyàbravldayaksata ma kva tepariçaptam abhût kas tvâyasfeliSuçravà itisa Kutsa Aurava Ùpagoh Sauçravasyodgâyata audumbaryà çiro 'chinât saSuçravà Indrani abravit fvattanâd vai medam Idrgupâgàd iti tametena sàmnâsamairavat.

LK M^AMSMP PU SACRIIIC»: t i7

Asuras sont installés dans les uklhas et personne de.vousne les voit. Agni se changea en cheval et s'élança contreeux '. » Les dieux n'éprouvent pas de honte à solliciter unsecours si précieux. « Les dieux cl les Asuras étaient enlutte; entre les deux camps Golama peinait. Indra alla verslui et lui dit : Que ta seigneurie nous, serve d'espion ici £ —Non, je ne le veux pas. — Alore laisse-moi prendre laforme pour circuler. — Comme tu voudras *, » Comme ilsdemandent aux rsis, en cas de besoin, le sacrifice qui les faitsubsister, les dieux leur demandentaussi avec la même défé-rence le mètre ou l'hymnequi leur plaît. « Vasistha trouvale mètre virâj. Indra en eut envie. Il dit : Rsi, tu connais lavirâj, dis-la moi. Vasislha dit : Qu'est-cequi m'en reviendra?

— Je te dirai l'expiation des fautes du sacrifice entier...Le rsi dit à Indra la virâj ; Voici la virâj ! Et Indra dit au rsil'expiationdes fautes rituelles .*. »

Si les rsis sont les amis des dieux, ils ne sont point leursprotégés ; les deux puissances peuvent traiter d'égal à égal,car elles disposentdes mêmes moyens. « Les rsis ne voyaientpas Indra face à face. Vasistha eut un désir : Comment fairepour que je voie Indra face à face? Il vit cette invocation,et alors il vit Indra face à face. Indra lui dit : Je vais te direla science rituelle, de sorte que les générations des 11haratast'auront pour prêtre; mais ne me révèle pas aux autresrsis. 11 lui dit alors ce rite, et les générations des Bharatas

1. AU. 15, S, 1-7 : agnistomamvai devâ açrayantoklbâny asuras té samâvad-vlryâ evàsan na vyàvartanta tân Bharadvâja rslnàm apaçyad ime va asuràukthesu çritâs tànefâm na kaçcana paçyatiti sô 'gnini udahvayat... so 'gnïrupoJliâtnann abravit kim svid eva niahyam krço dirgbah palito vakfyatitiBbaradvâjo ha vai krço dirghah palila âsa so" bravid ime* va asurà ukthesuçritâs tân vo na kaçcana paçyatili tân Agnir açvo bhûtvâbhyatyadravat.

. .2. Sade. 1,1, 21*: devâsurà ha saniyattâ âsams tân antarena-Gotaroahçaçrânià tam Indra upetyovâcebano bbavânt spaçae ca,ralvitl nàbam utsahàity'athâbam bhavato rûpena caràniti yathâ manyasaiti.

3. Çat. 1*2, 6, 1,33-W ; Vasislho ba virâjsfli vidâm cakâra tâm hendro Tbhi-dadhyau. sa hovâca. rse vir^am bavai vettha tâni me brûbîti sa hovâca kinimarna tatah syâd iti "sarvasyu

•:<* te yajnasya prâyaçcittimbrûyâm rûpam catvâ darçayayeti... tato haitâm rstr Indràya viràjam uvàca. iyam vai virâd iti...atha haitâm Indra r$aye,'prâyâçciltimuvâca.

148 LA DOCTRINE DC SACRIFICE DANS LES BRAHMANAS

curent pour prêtre Vasistha '. » Impuissant à lutter contrela force supérieure qui le contraint à paraître, Indra n'a pasd'autre ressource que d'acheter la discrétion du rsi.

Indépendants des dieux, les rsis découvrent les rites oules formules par une intuition directe; ils les « voient »,comme font les dieux. « Vasistha, qui avait perdu tous sesfils, eut un désir : Je voudrais obtenir de la postérité! je vou-drais dominer sur les Saudâsas! Il vit alors le rite ekasmân-napancâça, il s'en servit pour offrir le sacrifice ; il obtint dela postérité, il domina sur les Saudâsas3. » — u AstâdainslraVairûpa vieillissait sans fils, sans progéniture dans savieillesse, il vil ces deux mélodies rituelles. Il eut peurquelles restassent sans emploi. Il dit alors : Que celui-làprospère, qui chantera mes mélodies dans le sacrifice! * »

— « YuktâçvaÂiigirasaavait échangé deux enfants nouveau-nés; la formule l'abandonna. Il fit des mortifications brû-lantes, il v i la mélodie qui porte son nom, et la formulerevint en lui *. » — « Sindhuksid était un rsi de familleroyale; il resta longtemps détrôné; il vit la mélodie quiporte son nom; il s'en saisit; il fut alors fermement éla-

1. Td. 15, 5, 24 : rsayo va Indrani pratyaksam napacyan sa VasblhoItâmayatakatham Indrani pratyaksampaçyeyam iti sa etam nibavamapaçyatlato vai sa Indrain pratyaksam apaçyat sa eham abravid brâhmanani tevaksyâmi yathâ tvatpurohitâbharatâh prajanisyante 'thamânyèbhyarsibhyoma pravoca iti tastnâ etân stomabhâgân abravit tato vai vasisthapurohitâbharatâh prâjàyanta. — Taitt. S. 3,5, 2 : rsayo va Indram pratyaksamnapa-cyan tam Vasisthah pratyaksamapaçyat so bravid brâhmanani te vaksyâmiyathâ tvâlpurohitâ'h prajâh prajanisyante Iha metarebhya rsi'bhyo ma pra-voca ili tasmâ étant*stomabhâgân abravit. — À'd/A. 37,17 (fn'd. St. 3, 478} id.,mais insère : so' bibhed itarebhyo ma rsibhyah pravaksyatiti. — Gop.2,2,11.

2. Taitt. S. 7, 4, 7,1 : Vasis^ho halaputro "kâmayala vindeya prajâm abhiSaudâsân bhaveyam iti sa etam ekasminnapaneâcam apaçyat tam âhara*tenâyajata tato vai so 'vindata prajâm abhi Saudâsân abhavat. — Cf. Td. 4,7,3} 8, 2,4 : Vasis'ho vaelad dhataputrahsâmâpaçyat.

3. Td. 8, 9, 21 : Àstâdamstro VairOpô 'putro 'prajâ ajïryat sa imâml lokânvicicebidivân amanyata saélejarasi sâmani apaçyat tayor aprayegâdabibhetso 'bravid rdhnavad yo me sâmabtiyâm stavâtâ iti.

4. Td. Il, 8, 8 : Yuklâçvo va Angirasah çiçû jâtau viparyaharat tasmânmantro 'pâkrâmat sa tapo lapyala sa elad yauktaçvam apaçyat tant mantraupâvarlata.

LE MÉCANISME DD SACRIFICE 149

bli '. » En des cas fort rares, le rite ou la formule s'offrespontanément et vient chercher en quelque sorte les yeuxdu rsi. « La mélodie (vâravanttya) se montra à Keçin Dâl-bhya ; elle lui dit : Ce n'est pas des chanteurs, ceux qui mechantent; qu'ils ne se servent pas de moi pour chanter! —Comment donc faut-il te chanter, o vénérable! — Il fautme chantonner ; c'est en chantonnant, pour ainsi dire, qu'onme chante *. » Mais la vision brutale et irréfléchie ne suffit

pas; l'intelligence a son rôle dans la découverte des élémentsdu sacrifice. « Kanva vit la mélodie sans le prélude; il man-quait d'une base stable. Il entendit un chat qui éternuait enfaisant : as! Il vit que c'était là le prélude et il eut une basestablea. »

Si la netteté et la promptitude de la vision ne laissent pasde doute au rsi sur la valeur de sa découverte, elle doit pour-tant subir une épreuve publique avant d'être universellementadmise. L'épreuve, c'est le miracle, ou tout au moins lesuccès. La force incomparable du sacrificedoit triompherdesdifficultés même les plus désespérées. « Les Praiyamedhasconnaissaient tous la science sacrée de la même manière,mais ils ne s'accordaient pas sur l'oblation journalière aufeu. Un d'eux en faisait trois, un autre deux, un autre uneseule. On demanda à celui qui faisait trois fois l'oblation : Aqui as-tu fait l'oblation? Il répondit : En trois, à Agni, àPrajâpati, à Soma. On demanda alors à celui qui faisaitdeux fois l'oblation : A qui as-tu fait l'oblation?Il répondit :En deux, à Agni cl à Prajâpati le soir, à Sùrya cl à Prajâpatile matin. On demanda alors à celui qui faisait une foisl'oblation : A qui fais-tu l'oblation? Il répondit : En une

1. Td. 12,12,6 : Sindhuksid vai râjanyarsïr jyog aparuddhaç caransa étatsaindhuksitamapaçyat so 'vâgacchatpratyatisthat. — Même histoire à proposde Dirghaçravas râjanyarsi ib. la, 3,25.

2. Td. 13, 10,8 : Keçine va elad Dâlbhyâyasâmâvir abhavat tad enam abra-vid agâtâro ma gâyanti ma mayodgâsisur iU katham ta âgâ bhagavann ityabravid âgeyam evâsmy âgàyann iva gâyet.

3. Td. 9, 2, 2 : Kanvo va elat sauta fte ntdhanani apaçyat sa na pralyalis-that sa vrsadamçasyà? iti ksuvata upâçrnot sa tad evanîdhanamapaçyat tatovai sa pralyati?that.

150 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRAHMANAS

fois, à Prajâpati. Celui qui faisait deux fois l'oblation parmieux réussit; les deux autres firent ensuite comme lui '. » Le

jC succès est le caractère distinctif de la science brahmaniqueà tel point qu'il dispense, en cas de contestation, le brahmanede toute autre épreuve. « Les rsis tenaient une sessionrituelle-sur la Sarasvati. Ils écartèrent Kavasa A ilûça dusoma : C'est le fils d'une esclave, c'est un vaurien, ce n'estpas un brahmane.Comment a-t-il reçu la diksâ parmi nous?Ils le transportèrent au dehors, en un lieu sans eau : Qu'ence lieu la soifie tue, qu'il ne boive pas l'eau de la Sarasvati.Transporté au dehors, en un lieu sans eau, tourmenté parla soif, il vit l'aponaptrlya..... Par là il gagna les eaux; leseaux s'élevèrent à sa suite; la Sarasvati accourut pour l'en-tourer de toutes parts. C'est pourquoi on appelle encoreaujourd'hui ce lieu du nom de Parisâraka, parce que laSarasvati y entoura {parisar) le rsi de toutes parts. Les rsisdirent : Les dieux l'ont reconnu, appelons-le à nous. Bien,dirent-ils. Ils l'appelèrent à eux ; l'ayant appelé à eux, ilspratiquèrent l'aponaptrlya *. » — « Valsa et Mcdhâtithi

1. Maitr. 1,8,7 : Praiyamedhâ vai sarve saha brahmâvidus te 'gnihotre nasamarâdhayams tesâm trir eko juhod dvir ekah sakrd ekas tesâm yas trirajuhot tam aprehan kasmai tvam ahausir iti so 'bravït tredhâ va idam

- Agnaye Prajâpataye Sûryâyety atha yo dvir ajuhot tam aprehan kasmai*vid dvedhâ va idam Agnayeca Prajâpatayeca sâyamSuryâya ca Prajâpatayeca prâtar ity atha yah sakrd ajuhot tam apr» ...*vld ekadhâ va idam Prajâpa-taya eveti tesâm yo dvir ajuhot sa ârdhnôt tasyetare sâjâtyam u'pâyan.

—Kâth. 6,6, 8 (tnd. St. 3,411) : Praiyamedhâ vai ttâma brâhmana âsams te sar-vam avidus tat sahaiva vidus te 'gnihotraevana samarâdhayamstesâm sakrdeko 'gnihotram ajuhod dvir ekas trir ekas tesâm yah sakrd ajuhot tam ifarâvaprehatâm kasmai tvam juhosîty ckadbaivedâm Prajâpatir ity abravit Prajâ-pataya evâham juhomiti te?âtn yo dvir aj» (ut sup.) tesâm yas trir aj» {ut sup.)tesâm yo dvirajuhot sa ârdbnotsa bhûyislba abhavat prajayâlitarau criyakra-inai tasya prajâm itarayoh praje sajâtatva'm upaitâm.— Gop. 1,3,15 i Priya-medbâ ha vai Bharadvâja yajftavido manyamânâs le ha sma na kamcanavedavidam upayanli te sarvam avidus te sabaivâvidus te 'gniholram eva nasamavâdayanla tesâm ekah sakrd agnihotram ajuhod dvir ekas trir ekastesâm yah sakrd agnihotram ajuhot tam itarâv aprehatâm kasmai tvamjuhosîty ekadhâ va idam sarvam Prajâpalih Prajâpatayaevâham sâyam juho-miti Prajâpataye prâtar iti tesâm yo dvîr'aj* tesâm yo dvir ajuhot saârdbnod bhûyistho 'bhavat prajayâ cetarau çriyâ cetarâvatyakrâmat tasya baprajâm ilarayoh*praje sajàlatvam upeyâtâm.

2. Ait. 3, 1,1-3 : rsayo vai Sarasvalyâm satram âsata le Kavasam Ailfminsomâd anayandâsy'âh putrah kilavo 'brâhmanah katham no ntadhye *diksi§-

LE MÉCANISME DU SACRIFICE 151

étaient tous les deux de la famille de Kanva. Mcdbâtithi criaà Valsa : Tu n es pas un brahmane, tu es le fils d'une çûdrâ !

Il dit : Entrons tous les deux dans le feu avec l'exactituderituelle, voir qui de nous a le plus de connaissance brahma-nique. Valsay entra avec sa formule, Medhâtithi avec lasienne. Le feu ne brûla pas le poil de Valsa '. » — « Rrme-dhï». et Paruchepa tenaient des propos sur la science brahma-nique : Faisons naître du feu dans ce bois humide, voir quia le plus de connaissance brahmanique. Nrmcdha prononçaune formule, il fit naître de la fumée ; Paruchepa prononçaune formule, il fit naître du feu. Rsi, lui dit-il, puisque nousavons la même science, comment se fait-il que tu as faitnaître du feu, et pas moi? — C'est, dit-il, que je connais lacoloration des formules de l'allumage. Le nom du beurrefondu qui y est énoncé, c'est leur coloration *. » La supério-rité de l'homme se réduit, en fin de compte, à la supérioritéde la recette.

leti tam bahir dhanvodavah-innatrainam pïpâsâ hanlu Sarasvalyâ udakamma pâd iti salahirdhanvodûlbah pipâsayâ vitta elad aponaptrïyamapaçyat...tenâpâm priyam dhâmopâgacbat tam âpo 'nûdâyams Iam Sarasvati satnan-tam paryadhâvât tasmâd dhâpy etarhi Parisàrakain ity âcaksate yad enamSarasvati satuantam parisasâra te va ffayo 'bruvan vidur va imani devâupemam hvayâmahâ iti tatheti tam upâhvayanla tam upahûyaitad aponap-trïyam akurvata. — Kau*. 12, 3 : mâdhyamâh Sarasvalyâm satram âsata taddhâpi Kavaso madhye nisasâda tant heina upodur dâsyâ vai tvam putro "si navayam tvayâ saha bhaksayisyâmaiti sa ha kruddhah pradravant Sarasvalimetena sûklena tuslâva tam heyani anveyâya tata u heme nirâgâ iva inenirelâm hânvâvrtyocur r»c namas te *slu ma no himsïs tvam vai nah çre?|ho *si

yam tveyam anvetfti tant hajâapayâm cakrus tasya ha krodham Vininyuh.

-- Cf. Td. 8,5,9 : Çyâvâçvam Arvanânasamsattram âstnani dhanvod&vahansaelat sâmâpaeyala tena vrslim asrjata.

1. Td.il, G, 6: Vatsae ca Medhâtithiç ca Kânvâv âstâm tam Vatsam Medhâ-tilhir âkroçad abrâhmano 'si çûdrâpûtra iti so 'bravid rtenâgnirn vyayâvayalaro no brahmiyân iti vâlsenâ Vatso vyain maidhâtithenaMeilhâtithis tasya

"îôma ca nausal.2. Taitt. S. 2,5, 8, 3 : Xrmedhaç ca Paruchepaç ca brahmavâdyam avade-

lâm asmin dârâv ardre 'gnim jaiiayâva yataro nau brahmiyân iti N'rmedho"bhyavadalsadhûtuautajanayal Paruchepo 'bbyavadat so 'gnim ajanayad rsaity'abravit, yat samâvad vidva kalhâ tvam agnim ajijano nâham iti* sâmi-dbcntnâm evâham varnani vedety abravid yad ghrtavat padam anûeyale saâsâm varnah.

IV

LE SJ&RMC& ET LA MORALELE DIEU VARUNA

Il n'entre pas dans mon dessein de tracer la physionomiedes nombreux personnages qui peuplent le panthéon desBrahmanas. Je me suis contenté d'indiquer les traits com-muns qui caractérisent la famille divine dans ses rapportsavec le sacrifice, et celte seule ébauche a pu déjà mettre enrelief la superbe indifférence morale des dieux ou plutôt dela théologie brahmanique. Il est équitable de contrôler uneimpression si défavorable par l'élude d'une divinité qui passeen général pour incarner les plus nobles conceptions de lamorale védique : Varuna. Varuna est fréquemment associé

avec Mitra; leurs deux noms accolés résonnent dans lesinvocations comme une sorte de raison sociale. Les docteursbrahmaniques ne pouvaient pas se refuser à la tentation d'in-terpréter ce couple par d'autres couples égalementfamiliers.Mitra et Varunasont, au hasard des rencontres, l'intelligenceet la volonté, la décision et l'acte *, la lune décroissante etla lune croissante *. L'écart de ces interprétations en dé-montre la fantaisie. Varuna est désigné comme te ksatra,l'essencede la caste royale * ; sous ce point de vue il se con-fond avec Indra, le héros guerrier du ciel \ Comme Indra, ilporte le titre de roi : « Varuna, en vérité, est le roi des

1. Çat.l, 1,4,1.2. Çat. 2,*, 4,18.3. Çat. 2,5,2. 3t : ksatram vai Varunah. — Ib. 4, 1,4, t.4. Gop. 2,1,22 : Indro vai Varunah.

LE DIEU VARUNA 153

dieux »; comme Indra il a reçu l'onction du sacre. « Or,Varuna ayant été sacré roi, sa force, sa virilité le déserta *. »Le rite du râjasûya n'est autre que le rite du sacre em-ployé jadis par Varuna. « Varuna s'en est servi, et c'estpourquoi l'on s'en sert 5. » Naturellement, c'est aux ritesqu'il doit sa dignité royale. « Varuna, désirant la royauté,établit le feu sacré ; il parvint à la royauté ; c'est pourquoil'ignorant comme le savant disent, en parlant de lui : Varunale roi '. » A la différence de tant d'autres dieux abstraits,vagues, impalpables, Varuna a une figure très nette. « Blanc,chauve, tout mouillé, les yeux jaunes... c'est l'aspect deVaruna *. » Mais l'attribut par excellencede Varuna, c'est leilacs; l'étymologie traditionnelle, à tort ou à raison, expliquele nom du dieu par son engin. « Il est Varuna, parce qu'ilenlace dans ses noeuds les méchants *. » Quelle que soitl'exactitude de ce rapprochement, le fait positif demeure :

« La corde est à Varuna '. » Et c'est pourquoi, dans le coursdu sacrifice, lorsqu'on ceint d'une corde la femme du sacri-fiant, « on passe des plantes entre la corde et le corps ; par cemoyen-là, la corde qui est à Varuna ne fait pas de mal à lafemme... Mais qu'on se garde de faire un noeud; le noeudest à Varuna; Varuna prendrait la femme si on faisait un

1. Maitr. 1, G, Il : Varuno vai devânâm râjâ. — Ib. 2,2, 1.2. Çat. 5, 4, 3, 2 : Varunâd dha va âbhisisicânât, indriyani vîryani apa-

cakrâma.3. Çat. 5, 4, 3, 2 : varunasavo va esa yad râjasûyam iti Varuno Tcarod iti

tv evaisa elat karoti.4. Çat. 2, 2, 3,1 : Varuno hainad râjyakâma âdadhe. sa râjyatn agacchat

tasmâd yac ca veda yaç ca na Varuno râjely cvâhuh.5. Çat. 13, 3, 5, 5 : çuklasya khalater vtktidhasya pingâksasyamârdhani

juhoty elad vai Varunasya râpaui. — td. Taitt. B. 3. 9,15,3.G. Sâyanâ, eomm. sur le Itgveda I, SO, 3 : vrnoti pâpakrtah svaklyaih pâçair

âvrnoti. — Cf. Bergaigne, lietigion védique, III, III : « Cette fonction deVaruna est peut-être, en effet, cette sur laquelle les poètes védiques insistentle plus souvent, et l'attribut en est resté attaché à la représentationplastiquede Varuna dans la mythologie brahmanique, ator» qu'il \itait descendu durang de Providence vengeresseà celui d'un simple dieu des eaux. Varuna est,en effet, toujours figuré avec une corde à la main. » — Reste à savoir slls'agit réellement d'uneévolution chronologique du personnage.

7. Çat. 1,3,1, Il : varunyâ rajjuh.

154 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRAHMANAS

noeud ' ». Avec ses cordes et ses noeuds, Varuna inspire unecrainte légitime, car « Varuna est l'auteur de la souf-france * »: quiconque sort de l'état normal est possédé parVaruna. « Qui est pris par le mal, en vérité, c'est Varuna qui

-le prend avec son noeud varunien 3. » — « Si on souffre dedyspepsie, c'est qu'on est pris par Varuna... Si on aspire àla fortune, c'esî• qu'on est pns par Varuna... Si on désire unvillage, c'est qu'on est pris par Varuna *. » Sa malveillanceaux aguets cherche naturellement à se satisfaire dans lesacrifice : « Quand on sacrifie, tout ce qui est bien sacrifié,c'est Mitra qui le prend; mais tout ce qui est mal sacrifié,c'est Varuna qui le prend $. » Ainsi, « si on fait l'oblationdans le feu âhavanlya, on fait prendre le sacrifiant par lenoeud de Varuna » ; d'ailleurs, en tout état de cause, Varunane perd pas sa victime; « si on fait régulièrement l'oblationdans le feu daksina, on fait prendre le rival du sacrifiant parle noeud de Varuna *. » Le sacrifiant et la divinité se trouventtous les deux satisfaits par cette combinaison ingénieuse.Puisque Varuna est l'ennemi des fautes rituelles, on peutdire qu'il est le protecteur du sacrifice bien fait; Visnu, aucontraire, qui est le sacrifice incarné, est alors, sous ce pointde vue, le protecteur du sacrifice mal fait, puisque l'oncompte sur lui pour réparer les erreurs 7. Sous deux as-

1. Çat. i, 3, 1, 14-16 : tad osadhîr evaitad antardadhâti tatho hainâui esâvarunyâ rajjtir na htnasti..... sa vai na granthim kuryât. varunyo vaigran-thir Varunoha palnlm grhnlyâd yad granthim kuryât. — La prohibition visesans douté le Taitt. B. 3,3, 3,4 qui prescrit de faire un noeud(granthimgra-thnâti) comme un symbole de toute bénédiction.

2. Çat. 5, 5, 4,31 ï Varuno va ârpayità.3. Taitt. S. 2,3,13,21 Varuna enam varunapâçena grhnâti yah pâpmatià

grhito bhavati. — Çat. 12, 1, 2, 1T : Varuno va clam grhnâti yah pâpmanâgrhito bhavati.

4. Maitr. 2,3,1 : varunagrhito va esa ya âmayâvi... var* yo bhûlikâmah...var* yo grâmakâmah. etc..'.

5. Çat. 4,5,1,6 : yad va ijânasya svislam bhavati Mitro Vya tad grhnâtiyad v asya duristam bhavati Varuno *syâ"lad grhnâti. — Td. 15, 2,4 i yad vaïyajnasya duristam ta<l Varuno grhnâti. —

Cf.'Taitt. B. 1, 6, 5, S : varuna-gfhltam vi elad yajnasya yad yajusà grhitasyâliricyatelusâç ca nigkâsae ca.

'G. Taitt. B. 1, 6,5, 4 : yad âhavânlye juhuyâd yajamânam varunapâçenagrâhayet. daksinâgnau juhoti. bhrâtrvyam eva varunapâçena grâhayali.

Î.Ait. 32,4,5-0 : Visnur vai yajnasya duristam pâti Varunah svislam.

LE DIEU VARUNA 135

pects en apparence contradictoires, la fonction du dieu restela même. « Le soma, quand il est vendu, devient alorsvarunien ' »; la puissante liqueur qui opère l'enchantementrituel, dès qu'elle est un article de commerce, perd son éner-gie bienfaisante et n'est plus qu'une eau dangereuse. PuisqueVaruna altère ainsi l'action du soma, c'est à lui qu'on doits'adresser pour rendre au soma sa forcé ; le dieu seul peutneutraliser sa propre influence : « L'Asuri pirghajihvt avaitléché le soma que leà dieux avaient pressé le matin ; le somales enivra; les dieux cherchaient ; ils dirent à Mitra et Va-runa : Arrangez-nous le 3. » Le couple, comme toujours, aeconsent à intervenirque contre la promesse d'une récom-pense.

Avec ses lacets et ses noeuds toujours prêts à saisir lesméchants, Varuna était désigné pour présider aux châti-ments dans l'autre monde. C'est lui qui, pour corriger l'ou-trecuidance de son fils Bhrgu, déroule sous ses yeux le spec-tacle des peines infernales \ Entre tous les dieux, il possèdele privilège exclusif (de concert avec son inséparable Mitra)d'avoir un prêtre qui lui est spécialement consacré : le mai-trâvaruna. II a aussi sa victime propre, qui est le bouc *,

et son oITrandre propre : les grains d'orge. « Varuna frottaviolemment l'oeil au roi Soma, il en fut enflé; de là naquitle cheval... des larmes en jaillirent; de là naquit le graind'orge; et c'est pourquoi l'on dit : Le grain d'orge est àVaruna 5.

>»Sous un pareil patronage, l'orge ne pouvait

manquerd'être funeste. « Les créatures une fois émisas rnan-

1. Çat. 3,3,4,25 : varunyo hy efa elarhi bhavati yat somah krîtah.2. AU. S, 4, 10 : asurî vai Dîrghajihvi devânâm prâtahsavanam avalet tad

vyamâdyat te devâh prâjijnâsanta te Mitrâvarunâv abruvan yuvam idamniskurutam ili.

3. Voy. Sttp. p. 100 sqq. t4. Çat. 2,5,2,16 : e$a vai pratyak^ani Varunasyapaçur yan mesah.5. Çat. 4, 2, 1, lt : Varuno ha vai Somasya râjfio 'bhîvâksi pratipipesa tad

açvayat tato evah satnabhavat...... tasyâçru prâskandat tato yavah sama-bhavat tasmâd âhur varunyo vava iti. — Cf. ib. 2,5, 2,1 : varunyo ha va agreyavah. — Maitr. i, 10, 12 : varuno vaï yavo varunadevatyah. — Dans Taitt.S. 6, 4,10, 5 et Maitr. 4, 6, 3, le grain d'orge natt de l'oeil enflé de Prajâpati.Cf. pour un récit analogue, sup. p. 18.

156 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRAHMANAS

gèrent les grains d'orge de Varuna, car l'orge au début étaità Varuna..... Varuna les prit; une fois prises par Varuna,elles enflèrent; pour aspirer ou pour respirer, elles restaientcouchées ou assises. Prajâpati se servit de l'offrande appeléela nourriture de Varuna pour les guérir ; et ainsi, les créa-tures qui lui étaient nées et celles aussi qui n'étaient pasnées, il les délivra les unes et les autres du noeud de Varuna,et il lui lit naître des créatures sans mal, sans péché 1. »Une autre rédaction du même récit transforme Varuna enjusticier ; s'il châtie les créatures, c'est qu'elles ont manquéà leur père Prajâpati. C'est qu'en effet, « quand une fauteest commise, Varuna vous prend * ». Il s'agit ici en particu-lier des fautes commises contre l'exactitude. Quand les dieuxs'engagent par le serment du tânûnaptra à se prêter uneassistance mutuelle, c'est dans la maison de Varuna qu'ilsmettent en dépôt leurs gages \ Le rite appelé la nourriturede Varuna associe à cette divinité le plus ancien exemplede la confession dans l'Inde. « A ce moment, le prêtre setourne vers la femme du sacrifiantet avant de l'amener il luidit : Avec qui cours lu? Car une femme fait un acte duressort de Varuna si, appartenant à un homme, elle courtavec un autre; pour éviter qu'elle fasse l'oblation avec unepiqûre au coeur, il lui pose cette question. Un péché énoncédevient moindre, car il devient alors l'exactitude ; c'est pour-quoi il lui pose la question. Et si elle n'avoue pas, c'est du

1. Çat. 2, 5, 2, 1-3 : prajâh srsfâ Varunasya yavân jaksur varunyo ha vaagre yavas tad yan nv eva Varunasya yavân prâdams tasmâd varunàpraghâsânâma. ta Varuno jagrâha. ta varunagrbitâh paridirnâ anatyaç ca prânatyaç caçieyire ca niseduç ca ta etena hâvisâ Prajâpatir abhisajyat. tad yâe cai-vâsya prajâ jâtâ âsan yâç câjâtâs ta ubhayïr varunapâçât prâmuncat taasyânamivâakilbisâh prajâ pràjâyala. — Gop. 2,1,21 : vaïçVadevena vai Pra-jâpatih prajâ asrjala fâh srstà aprasûtâ Varunasyayavân*jaksuh.ta Varunovarunapâçaih pratyabàdhnât.*.... tenestvâ (Prajâpatih) Varunam aprinât saprito Varuno varunapâçebhyah sarvasmât pâpmanah* prajâh prâmuncat. —Maitr. 1,10,10 : ta vaieVadevcna sr*tàs tasmims tarunimani Varuno 'grhnâttad âhur ati vai tâh Prajâpatim àcarams là aticarantirVarunenâgrâhayattasmàt pitâ nâticaritâvâ iti.

2. Taitt. S. 1,7, 2,6 : onrlc khalu kriyamàne Varuno grhnâti.3. Voy. sup. p. 13.

LE DIEU VARUXA I5Î

malheur pour ses parents *. » Le rachat du péché par l'aveuse présente ici sous des couleurs singulières; mais il fautque l'explication cadre avec l'ensemble du système. Si Va-

1. Çat. 2, 5, 2, 20 : atha pratipraslhâtâ pratiparaiti. sa palnim udànesyanprebati kena carasîli varunyam va elat stri karoti yad anyasya saly anyenacaraly atho nen me "ntahçâlyâ juhavad ili tasmât prehati nïruktam va enahkanîyo bhavati satyam hî bhavati tasmâd v eva prehati sa yan na pratijânîtajnâti'bhyo hàsyai tad ahitam syât. — Taitt. B.i,G, 5, 2: patnîm vâcayatimedhyàiii evainam karoti. atbo tapa evainam upa ca nayati. yaj jâram nabrûyât priyam jnâtini rundhyât. asau me jâra iti nirdiçet. nirdieyaivaînanivarnnapâçena grâhayati.

-La "brutalité de la question ainsi poséeà l'épouseau cours du rite marque

moins le dérèglement réel des moeurs féminines que la haine du prêtrecontre la femme. Sans doute le rituel donne, comme le modèle de la vedi, lecorps d'une femmebien faite s'élargïssantparderrière, amincie au milieu,et large en avant » {Çat. 1, 2, 5, 5, 16 : paceâd variyasî madhye santhvaritâpunah purastâd urvî; et cf. ib. 3, 5. 1, 11); sans doute il proclame que « tafemme est la moitié de l'homme; c'e„t pourquoi il n*a pas de progéniture tantqu'il ne prend pas femme; car il est complet alors seulement qu'il prendfemme » {Çat. 5, 2,1,10 : ardho ha va csa àtmano yaj jâyà tasmâd yâvajjâyâm na vindate naiva tâvat prajâyate sarvo hi tâvad bhavati yadaivajâyâmvindate). Mais si c'est une moitié indispensable,elle n'en est queplus dange-reuse : « La femme,e'est la mort » {Maitr. I, 10. 16 : nirrlir hi stri). « II y atrois choses qui sontde la mort : les dés, les femmes, le sommeil {ib. 3,6, 3 :trayâ vai nirrtâ aksâh striyah svapnah). * L'exactitude, la réalité, e'est lesacrifice; l'inexactitude, c'est la femme * {ib. i, 10, Il : rtam vai satyamyajno 'nrlam stri). Si • sa voix sonneplus tendre dans la nuit • {Kâth. 30,1 :tasmât strl naktam candralaram vadati), e'est qu' • elle chercheà savoirdeson époux, et qu'elle cherche à savoir pendant la nuit. Les dieux voulant êtreinformésd Indra, dirent : Sa femme chérie, sa favorite, e'est Prâsahâ;cher-chons à le savoir par elle. Bien, dirent-ils. Ils cherchèrent à savoir parelle. Elle leurdit : Demain matin, je vous le dirai » {Ait. 12, II, 1 : te devâabruvann iyam va Indrasya prïyâ jâyà vâvâtâ Prâsahâ nâmâsyâm evec-châmahà iti tatheti tasyâm aichanta sa enân abravit prâtar vah pralivaktâs-mili tasmât striyah patyâv ichante tasmâd u slry anurâtram patyâviebate}. Trois invitations, adressées d'un ton aimable, triomphent de lafemme même la plus réservée {Çat. 3, 2,1, 18-23; voy, sup. p. ?i-32). Leurgoût frivole s'éprend de qui chante et qui danse {Çat.3, 2» 4, 3-6: Taitt. S. G,1,6, 5; MaUr.3, î, 3; voy. sup. p. 33}-Comme associée de Ifaommeelle a unepart dans le sacrifice; mais * elle en est la moitié postérieure» {Çat. I, 3,1,12 : jaghanârdhovaesa yajnasya yat patni}, et pour l'introduire dans le rite,il faut une purificationpréalable. - La partie de l'épouse qui est au-dessousdu nombril est impure... on la cache donc avec un lien

•>[ib. 13 : asti vai

patnyà amedhyam yad avâcînam nâbheh... tad avâsyâ etad yoktrenântarda-dhàti}. Elle ne'saûrâiten aucun cas l'emporter sur le mâle. * Si des femmesmarchenten nombreusecompagnie» et qu'etles aientparmi elles un mâle, fût-ilun petitenfant, c'est lui qui marche le premier, et elles vont à sa suite (Çat.i,3,1,0 : yady api bahvya iva striyahsârdhamyantiyaeva tîsvapikumârakaiva pumân bhavati sa eva taira prathamaetyanûcya itarâh). • Avec le beurrefondu pour foudre, les dieux ont frappé tes épouses, ils lés ont déviritisêes ;ainsi frappéeset dévïrilisées, elles sont devenues incapablesd'être leurs propres

158 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRAHMANAS

runa est tout prêt a saisir la femme qui trompe son époux,c'est qu'elle fait mentir le rile; tandis qu'elle appartient parle rite à l'un, elle appartienten fait à l'autre. L'aveu rétablitles faits; il ne répare pas moralement la faute, il la fait dis-paraître, en effet, puisque l'acte et la parole sont dès lorsconformes. « Elle fait une inexactitude, la femme qui appar-tenant à son époux par achat court ensuite avec d'autres;donc, laissant à l'inexactitude sa part, elle rentre dans laréalité et l'exactitude ». »

Varuna est, dansla mythologie classique, le dieu des eaux.Les Brahmanas lui attribuent déjà la même fonction. « Va-runa est dans les eaux * ; » •— a les plantes sont à Mitra, leseaux sont à Varuna * ; » — « en vérité, elles sont manifeste-ment à Varuna, les eaux *. » Ce qui entre dans les eauxs'absorbe en lui. « Quand le soleil pénètre dans l'eau, ildevient Varuna * » ; nous voyons de même la nouvellelunepasser dans les eaux et les plantes et s'y transformer enSoma*. C'est comme la divinitédes eaux queVarunas'opposeà Soma; le liquide de soma, privé des propriétésqui le carac-térisent, n'est plus que le liquide de Varuna. « Varuna estl'océan V» Le rapport qui unit Varuna avec les eaux peuts'exprimer par le lien conjugal : « Les eaux étaient les

maltressesoud'êtremaltressesd'une part d'héritage; il frappe donc les épousesavec ce beurre comme foudre; ainsi il les dévirilise; frappées et déviriliséeselles sont incapables d'être leurs propres maîtresses ou d'être mattresssed'une part d'héritage • {Çat. 4, 4, 2,13 : etena vai devâ vajrenâjyenâghnanneva palnîr niraksnuvams làhalâ niraslà nâtmanae canaicata na dàyasyacanai-çata latho evaisa etena vajrenâjyena hanly eva patnïr niraksnoti ta halâniraslâ nàtmanaç caneçale na dâyasya canecate).— Cf. Taitt. S. 6, S, 8, 2 :tasmât striyonirindriyâ adàyadirapi pâpât putiisaupastilaram vadanti, « ellesvalent moins, â ce qu'on dit, qu'un homme même méchant *. Aussi • onabandonne une fille qui vient de naître, mais non pas un garçon » {MaUr. 4,G, 4 t siriyam jâlâmparâsyantina pumâmsam).

1. Maitr. ï, 10, tl : anrtam va esâ karoti yâ patyuh krîtâ saly alhânyaïçearaty anrtam eva niravadâya satyam rtam upaiti yaii mithuyâ pratibrûyàt.

2. Taiti. B. 1, G, 5, G î apsu vai Varunah.3. Taitt. S. 2, I, 9,2 ï mailrïr va osadhâyo vàninïr âpah.4. Maitr. 2,5, 6 : etâ vai pratyaksam vàninïryad âpah.*5. k'auj. 18, i) r sa va e?o 'pah praviçya Varuno bhavati.6. Çat. I, 6,4,5. Voy. inf. p.'lftMÎO.ï. Maitr. 4, 7, 8 : samudro vai Varunah.

LE DIEU VARUNA 159

épouses de Varuna; Agni désira les posséder, il s'unit àelles 1 », et c'est ainsi que l'alchimie rituelle explique l'ori-gine de l'or. Les détails du rite traduisent clairement larelation des eaux avec l'énergie propre de Varuna. « Si, dansdes eaux courantes, il y en a qui demeurent stagnantes, c'estque Varuna les a prises; le bain est varunien, il sert à déli-vrer de Varuna En le faisant descendre dans l'eau, il faitréciter au sacrifiant : Hommage à Varuna! il est abattu, lelien de Varuna! et ainsi il le délivre de tout lien de Varuna,de toutce qui est varunien *. »

Dieu deseaux et dieu de l'exactitude, Varuna semble réunirles traits d'une divinité naturaliste et d'une divinité morale.En fait, il n'est ni l'une ni l'autre. Les deux faces apparentesdu dieu ne sont que le dédoublement illusoire d'une physio-nomie unique. Les eaux et l'exactitude sont des notions quicoïncident dans la doctrine des Brahmanas. Les eaux l'em-portent en ancienneté sur tout le reste de la création. « Aucommencement, l'univers n'était que de l'eau, rien que duliquide 3. » Comme elles ont précédé tout, elles serventd'appui à tout. « C'est sur les eaux que les mondes s'ap-puient * ; » dans ce rôle, elles se rapprochent étroitement dela réalité. « UiranyadanBàida disait : Le ciel est appuyé surl'atmosphère, l'atmosphèresur la terre, la terre sur les eaux,les eaux sur la réalité, la réalité sur la science sacrée 5. »Base primordiale de la création qu'elles supportent (d/tar),

I. Taitt. S. 5, 5,4,1 : âpo Varunasya palnaya âsan ta Agnir âbhya<îhyâyaltâh samabhavat. — Taitt. B. 1,1,3,8 reproduitce passage et conclut : tasyaretah parâpatat tad dhiranyam abhavat.

2.'Çat. 4, 4, 5, 10-11 :etâ va apâm varunagrhïtâ yâh syandamânânâm nasyandante varunyo va avabhrtho nirvarunatîyaî... tam apo 'vakramayanvâcayati. naino Varunâyâbhisfhito Varunasya pâça iti tad enam sarvasmâdvarunapâçât sarvasmâd varunyât pramuncati. — Cf. ib. 2, 5, 2, 46 : avabhr-tham yanii varunyamclan nirvarunatâyai.

3. Çat. Il, 1, G, i : âpo ha va idam agre satilam evâsa. — Taitt. S. 5, 6,4,2 : âpo va idam agre salilam âsït. — Çat. 7, 4,1, G : apa eva tasya sarvasyâ-gram akurvams tasmâd yadaivâpo yanty athedam sarvam jâyate yad idamkim ca.

4. Çat. G, 7,1, 17: apsu hîme tokâh pratisthitâh.5. Ait. Il, 6,4 : dyaur antarikse pratisthitântarikfam prthivyâm prtbivy

apsvâpah satye satyam brahmani brahma tapasi.

160 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRAHMANAS

les eaux réalisent matériellementla loi (d/tarma) qui est, envertu de son nom même, la base universelle. « Les eaux,c'est la loi; et c'est pourquoi, quand les eaux viennent dansce monde, tout y va selon la loi; mais, quand les pluiesmanquent, alors le plus fort dépouille le plus faible; car leseaux c'est la loi '. » Elles confinent de si près avec la réalitéque la distinction s'efface.» La réalité, c'est exactement lamême chose que lès eaux; car les eaux, c'est la réalité ; etc'est pourquoi, là par où vont les eaux, on dit que la réalitése manifeste 3. » Puisque le sacrifice est la réalité unique etsuprême, les eaux peuventen représenter soit la substance,soit les éléments. « Les eaux, c'est l'immortalité 3; » — « les

eaux c'est lotîtes les divinités * ; » — a les eaux c'est la con-fiance dans le sacrifice $; » — « les eaux, c'est le sacrifice '. »La pureté du sacrifice réside en elles. » Au commencementd'une pratique, on se rince avec de l'eau. En voici la raison.L'homme n'a pas la pureté rituelle, en ce qu'il dit desparoles inexactes; c'est pourquoi il se corrompt.Les eaux onten elles la pureté rituelle. Il se dit : Je veux avoir la puretérituelle pour commencer la pratique. Les eaux sont le moyende purifier. Il se dit : Je veux être purifié par un moyen depurifier pour commencer la pratique. Et voilà pourquoi onse rince avec de l'eau '. » La prescription du bain se justifiepar les mêmes raisons et dans les mêmes termes. L'énergie

1. Çat. Il, 1, G, 21 : dharmo va âpas tasmâd yademamlokamâpa ôgachatitisarvam evedam yalhâdharmam bhavaty atha yadâvrsfirbhavati baliyân evatarby abaliyasaâdatte dharmo hy âpah.

2. Çat. 7, 4,1,6 : lad yat tat satyam âpa eva tad âpo hi vai satyam tasmâdyenâpo yanti tat satyasya rûpam ity àhuh.— Maitr. 4, 1,4: âpah satyam.

3. Maitr. 4, 1,9: âpo va amrtam. — Gop. 2, 1,3 : amrtam âpah.4. Taitt. S. 2, 6,8,3 : âpo vai sarvà devaiàh.5. Maitr. 1,4,10 : âpo vai çraddbâ. — id. ib. 4, I, 4; Taitt. S. 1,6,8, i.G. Maitr.3, G, 2 : âpo hi yajnab. — id. ib. 3,6,9; 4,1, 4.7. Çat. i, 1,1,1: lad yad apa ùpaspreati. amedhyo vai puruso yad anrtam

vadati tenapûtir antarato medhyâ va"âpo medhyo bhûivâ vratam upâyânitipavitram va âpah pavitraputovratam upâyâniti tasmâd va apa upaspreali.—Taitt. S. G, I, 1, 3 : apo 'cnàty antarata eva medhyo bhavati. — ib. 7 : yâ evamedhyâ yajfiiyâ sadevâ âpas tàbhirevainam pavayati. — Çat. 3, 1,2,10 : id.mais * snâti » au lieu de « apa upasprçali,» et « mednyo bhûivâ diksâ iti *au lieu de « vratam upâyâniti ».

LE DIEU VAREXA 161

des eaux est si grande que le bain suffit pour conférer ladiksâ, pour opérer la transmutation surnaturelle du sacri-fiant '. C'est qu'en effet « les dieux, avant de monter au ciel,ont fait passer dans les eaux la diksâ *». Aussi leur puretééchappe à toute souillure. Jadis, elles ont conclu un pacteavec les dieux. « Les eaux dirent : Tout ce que les hommespourront faire entrer d'impuren nous, nous n'en serons pascontaminées * ». Elles sont la sève même du sacrifice. « Or,quand fut coupée la tête du sacrifice, la sève qui en sortitcourut s'enfoncer dans les eaux ; c'est encore avec la mêmesève que les eaux coulent *. » Le darbha, qui est l'herbepure par excellence, doit ce privilège à la présence latentedes eaux. « Indra tua Vrtra au-dessus des eaux; ce qu'il yavait en elles de sacrificial, de rituellementpur en sortit ; ilen naquit ces herbes mêmes ; le darbha, c'est la force mêmedes eaux, ce n'est que de l'eau sèche 5. » La vertu du sacrificequi réside dans leur sein leur communique une puissancefoudroyante. « Les eaux, c'est la foudre; et c'est pourquoi làoù elles passent elles font un creux; là où elles demeurent,elles consument'. » — « L'eau, c'est la foudre cl c'estpourquoi là où elle passe, clic détruit le mal..... El c'est

1. Taitt. S. 6, 1, I, 2 : ap3U snâti sâksâd eva dïksâtapasî avarunddbe. —Maitr. 3, G, 2 : yadapsu snâti tâm eva diksâm âlabhate.2. Maitr. 3, 6, 2 : apsu diksâm praveeayitvâdevâh svargam lokam âyan. —Taitt. S. G, i, l, 2 : angîrasah suvargam lokam yanto 'psu dïksâtapasî prâve-

çayan. — Taitt. B. 1,8, 2,1 : id. et ajoute : tat pundarïkam abbavat.3. Td. G, 5, 10 : yad evâsmâsu manusyâ apâtam praveçayâmstenâsamsrstà

âsàmeti.4. Çat. 3, 9,2,1 : yalra vai yajnasya eiro 'chïdyala tasya raso drutvâpah

praviveçâ tenaivaitadrasenâpah syandanfe. — Td. 7. 8, I : apo va rtvyaniârchat [rlvyam = rtvijah krâtusambândhi prajananasâmartbyam.Comm.f.

3. Maitr. 3,6, 3 : Indro vai Vrtram apsv adhy ahams tâsâm yad yajniyam-medhyam âsit lad ndakrâmat ta ïiiiâ osadhayo bbavams tâsâm va elat tejoyad darbha etâ vai çuskâ âpah. —Taitt. S. G, I, I, 7:Indro Vrtram ahanso *po bhy amriyata tâsâm yan tnedhyam yajniyam sadevam âsit' tad apoda-krâmat te darbha abhavan. — id. Taitt. B. 3, 2,5. I. — Çat. 7, 2,3,2 : yâvai Vrtrâd bibhatsamânââpo dhânva drbhyantyaudâyamste darbhaabhavan.—

îft.'l, !, 3, 5 : tam Indro jaghâna. sa'httah pûtih sarvala evâpo prasusrâvasarvata iva hy ayam samudras tasmâd u* haikâ âpo bibbatsâncàkrîre taupary upary atipàpruvire ta ime darbhâs ta haitâ anâpâyitâ âpah.

G. Çat. 1» 1, I, 17 : vajro va âpo vajro hi va âpas tasmâd yênattâ yanlinimnam kurvanti yatropatistbante nirdahantî. — id. ib. 3.1,2. 6.

162 LA DOCTRINE DE SACRIFICE DANS LES BRAHMANAS

pourquoi lorsqu'il pleut on doit sortir sans se couvrir; onse dit : Que celte foudre me détruise le mal ' ! » On ne maniepas sans dangerune pareille arme. « Celui-là qui apporte leseaux (dans le rite) soulève la foudre; mais celui qui soulèvela foudre sans avoir une assiette stable ne peut pas la sou-lever, cl elle le détruit totalement*. » —« Donc on apaisecette foudre en prononçant la formule : Que les eaux ici mesoient propices, les déesses! Et alors la foudre qu'elles sont,étantapaisée, ne fait pas de mal au sacrifiant 3. » Leur verturituelle les rend particulièrement redoutables aux démons.« Les eaux sont des tueuses de Raksas ; les Raksas ne tra-versent pas les eaux; cites servent à détruire les Raksas '; »

— « lés eaux sont une foudre pour détruire les Raksas s. »Comme elles sont une arme d'attaque contre les ennemis,elles sont aussi une arme de défense personnelle. « On prenddes eaux courantes pour se garder; tout ce qui est, sansexception, même le vent, prend du repos; mais elles, ellesn'en prennent pas *. » Leur malfaisancc s'associe donc logi-quement à la bienfaisance. « Les eaux sont bienfaisantes ' »,puisqu'elles écartent le danger si on sait les manier. Une deleurs fonctions essentielles est d'écarter le danger ou lemal provoqué par un acte contraire aux rites, « Les eaux,c'est l'apaisement *. » — cf

Si le holar ou l'adhvaryu ou le

1. Çat. 7, 5. 2, 41 : vajro va âpah... tasmâd yenâpo yanly apaiva tairapâpmânam ghnanti tasmâd varsaty aprâvrto vrajed ayant me vajrahpâpmânam apahanad ili.

2. Çat. 1,1,1,18 : vajram va cfa udyachati yd *pah pranayali yo va apra-tlftbilo vajram udyachati lîainam çaknoty vdyantum sam hainam çrnati.

3. Çat. », 1,2,6 : : lat lad etam évaitad vajram çamayati tatho hainam esavajrah ç.întona binasti tasmâd âhemâ âpah çam u me sanlu devir ili.

t. Maitr. 4, I, 3 : âpo vai raksoghntr âpo raksâmsi na taranti raksasâmapahatyai.

5. Maitr. 4,1, 4 : raksasâm apahalyâ âpo vajrah.6. Çat. 3,9, 2, 5 : gopitbâya va elà [âpah syand'amânâh] grhyante. sarvam

va idam anyad ilayâli yad'idam kim câpi yo *yam pavate"'Ihaitâ eva ne^lavanti, — ib. 16 : ytiptyni va etâh parihriyante athaitâh samantam pa-lyangyante nâsjrâ raksâmsy apaghnatyah.

7. Çnt. 3, 9, 4,16 : civâ hy âpah.8. Maitr. 4,5, 4 : âpah çânlih. — ib. 2,1, 5 : âpo vai çânlih. — Çat. 1,9, 3,

2 : çânlir âpafi. — Ait. 32,4.2 *: cânlir va âpah.

LE DIEU VARl'N'A 163

brahman ou l'agntdhra ou le sacrifiant en personne n'a pasréussi une partie quelconque du sacrifice, la réussite en estacquise au moyen des eaux '. » — « S'il y a, dans le sacrifice,quoi que ce soit qui.reste en souffrance ou sans apaisement,l'eau en est en tout cas l'apaisement; c'est avec les eaux enguise d'apaisement qu'on l'apaise *. » — « Quand on creusela terre, on fail un acte de brutalité; on répand de l'eau pourapaiser \ » — u Lorsqu'onsacre le roi, on lui fail réciter laformule appelée l'apaisement des eaux : Regardez-moid'unoeil propice, vous, les eaux; d'un corps propice louchez moncorps ; j'invoque tous les Agnis qui résident dans les eaux ;mettez en moi votre éclat, votre force, votre énergie ! pourque les eaux n'étant pas apaisées n'enlèvent pas ta virilité decelui qui est consacré '. »

L'écart apparent entre les deux domaines de Varuna, les

eaux rituelles et la vérité, s'évanouit, si on analyse d'autrepart la nolion du salija. Le satya est ce qui possède l'exis-tence, le réel ; la vérité n'en est qu'une espèce. « La terre

1. Çat. 1,1, I, 15 : yad v evâsyâlra holà vâdhvaryur va brahma vâgnl-dhro va svayani va yajamâno nâbhyâpayati lad evâsyaitena sarvam aplanibhavati [yad apah pranayati].

2. Çat. 12, 4,1, 5 : yad vai yajnasyarislam yad açântamâpo vai tasya sar-vasya çântir adbhïr evainat lacbântyâçamayati.

3. Taitt. S. 2.6, 5,2 : krâram iva va'état karoti yat khanaty âpo ni nayatiçântyai. — Id. ib, G, 2,10, 3. — Çat. 3,3,1, 7 : athâpa upaninayati. yalra vaasyai khananlah krûrikurvanly apâghnanti çântir âpas tad adbhih çântyâçamayati. — Taitt. B. 1,1,3, 1 : apo 'voksati çântyai. — Cf. Ait. Û, '$, 2 :tad âhur yasyâgnihotram adhiçritam skandati* va visyandate va k-; tairaprâyaçcittir iti tad adbhir upaninayee chânly.ii çântir va* âpah.

4. Ait. 37,2. 9 : athainam abhiseksyann apâm çântim vâcâyati çivena macaksusâ paçyatâpah çivayà tanvopaspjvata tvacamïne sarvân agnîn'apsusadohuvé vo mayi vafco batam ojo nidhatteti naitasyâbhisicânasyâçântàâpoviryam nirhanann iti. — « Il y a trois sortes d'eaux': du ciel, dé la' terre, del'océan » {Maitr. 3, 6, 3 : Irayïr va âpo divyâh pârlhivâh samudriyàh}. —• Quand il' fait jour, la nuit entre dans les eaux ; c'est pourquoi tes eaux sontcuivrées le jour; quand il fait nuit, le jour entre dans les eaux, c'est pour-quoi les eaux sont claires ta nuit » {Taitt. S. 6, 4,2, 4 : yad vai divâ bba*vaty apo râtrih praviçali tasmât tâmrâ âpo divâ dadrçre yan naktam bhavatyapo *bah praviçali lasmâe candrâ âpo naktam dadrçre. — Maitr. 4,5,1 : apovai râtrir divâbhûte praviçali tasmâd âpo divâ krsnâ apo 'har naktam tasmâdapo naktam çuklâhj. — 1^ nom mystérieux des" eaux est âdhâvâh {Taitt. S.3F 3, 4,1 : elad va apâm nâmadheyain guhyam yad âdhâvâh}.

164 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRAHMANAS

est fondée sur la réalité; c'est pourquoi elle est la réalité,car elle est le plus sûr des mondes \ » — « L'or est laréalité *, » il est le seul vrai métal, et à ce titre il est aussil'immortalité 3, la seulevie réelle ;tandis que le « plomb estl'inexactitude* », car il n'est pas un métal véritable, n'étantni fer ni or, et n'en ayant que les apparencess. Préoccupésexclusivement du sacrifice,-les docteurs, des Brahmanas nese souciaient pas de chercher ailleurs la réalité. Si « lecouple par excellence, c'est la confiance dans le sacrificeunie à la réalité * », il est clair que la réalité ici est lapratiqueexacte du sacrifice; et, défait, la confiance est repré-sentée par l'épouse du sacrifiant, tandis que le sacrifiantlui-même représenté la réalité. D'ailleurs, il est dit plusnettement encore. « L'exactitude, la réalité, c'est le sacri-fice ' » ; — « la réalité n'est pas autre chose que la triplescience ' » ou les trois Vedas du sacrifice. — « La réalitéde la parole, c'est la science sacrée ; les syllabessacro-saintes(bhûh, bhuvah, svah), c'est la réalité •; » — « les syllabessacro-saintes, c'est la science sacrée, c'est la réalité, c'estl'exactitude ". » — « Le nom de la réalité, c'est : sciencesacrée ". » C'est ainsi, sans aucun doute, que l'entendaitlliranyadan Baida, lorsqu'il donnait pour assise « aux eauxla réalité, à la réalité la science sacrée " ». Les peines infer-

1. Çat. 7, 4,1, 8 : iyam satye pratisthitâ tasmâd v iyam satyam iyam hyevaisâm lokânâm addhâlâmâm.

2. Maitr. 4,3, I : salyam vai hiranyam. — Id. Çat. 6,7,1,1.3. Maitr. 2,2,2 : amrtam vai hiranyam. — Id. ib. 4,6,6 ; Çat. 3,8, 2, 27 ; 3,

36; 5,2,1, 20: ^iï. 7,4,5.4. Maitr. 2,4, 2 : anrtam vai sisam.5. çat. 5, t, 2, II; l,'l, Î0.G. Ait. 32, 9, 4 : satyam yajamânah çraddhâ palnl tad ity ultamam mai-

thunam.7. Maitr. i, 10, Il : rtam vai salyam yajftah.8. Çat. 9, 5,1,18 : tad yat tat satyam, trayî sa vidyâ.». Çat. 2, I, 4,10 : vàcah satyam eva brahma ta va etàh satyam eva vyâfar-

tayo bhavanti.10. Maitr. I, 8, 5 : [bhûr bhuvah svar elad vadetj brahmaîtat satyam etad

rtam elat.11. Çat. 10, G, 3,1 : satyam brahmely upâsilâ.12. Ait. Il, G, 4 : âpah salve satyam brahmani (cf. sup. p. 159%

LE DIEU VARUNA 165

nales, telles que Varuna les fait voir à Bhrgu, sont desti-nées aux coupables qui ont péché contre cette réalité; touteselles ont pour objet d'expier des oblations mal faites. Maisla réalité, à la considérer d'un point de vue moins transcen-dantal, peut être simplement le fait positif. « La réalité,c'est la vue, car la réalité et la vue ne font qu'un. C'estpourquoi si deux personnes aujourd'hui se présentent etdisent : Moi je l'ai vu. — Moi je l'ai entendu, on donnecréance à celui qui dit : Je l'ai vu '. » La réalité n'admet pasde compromis. « Il y a deux choses, il n'y en a pas trois :la réalité d'une part, l'inexactitude de l'autre *. » L'une estla part des dieux ; l'autre, des hommes : « La réalité, c'estles dieux ; l'inexactitude, c'est les hommes 3 ; » — "la voiedes dieux, c'est la voie de l'exactitude '. » — « Que seraientles dieux, s'ils commettaient une transgression? Alors ilsdiraient une chose inexacte ; or les dieux n'accomplissentqu'une seule pratique : la réalité, et c'est pourquoi leurconquête est indestructible 5. » -— « Si on dit oui, et qu'onpense non, c'est une parole démoniaque que les dieuxn'aiment pas*. » Les dieux ne s'en parjurent pas moins àl'occasion, et même sans scrupules, assurés d'avance que laréalité rituelle rachètera aisément la violation de ta parole

1. Çat. I, 3, I, 27 : salyam vai caksuh salyam hi vai caksus tasmâd yadidânim dvau vivadaniânâv eyàlâm aham adarçam aham acrausam iti va evabniyâd aham adarçam iti tasinà eva çraddadbyâma. —

Taitt. B. t, I, 4.1-2 :anrtam vai vâcâ vadaty anrlam manasâ dhyâyati, caksur vai satyam.adrâgity âha. adarçam iti. tat satyam. — Maitr. 3, G, 3 : satyam vai caksur nevavàce çraddadhâli. — Ait. I, G, G : elad dha vai manusyesu satyam nihitaniyae eàksus tasmâd âcaksânâmâhur adrâg iti sa yady adarçam ity âhâthâsyaçraddadhâli yady u vai svayam paçyati na bahûnàm canânyésâm çraddadhati.

2. Çat. I, I, I, 4 : dvayam va idam na Iflïvam asti, satvam caivânrtam râ.- Id. ib. I, I, 2, 17; 3,3,2,2; 3,9, 4, l.' X Çat. 1,1,1,4: salyam eva devà anrlam manitsyàh.— -1*7.1, 6,6 : salya-sarnhità vai devâ anrlasamhilâ manusyâh.

4. Çat. 4, 3, 4, 16 : yo vai devânâm paihaili sa rtasya pathaiti.5. Çat. 3, 4,2, 8 : ke hi syur yad atikrâtneyur anrlam hi vadeyur ekam ba

vai devâ vratam caranti satyam eva tasmâd esâni jitam anapajayyam lasmâdyaçah. ~ Ib. I, I, I, 5 : sa vai satyam eva vadet. ctad vai devà vratam carantiyat satyam tasmât le yaçah.

G. AU. G, 5.9 : v«m hy ânyamanâ vâcam vadatv asurvâ vai sa vâg adeva-jus{à. — Id. ib. 9, 4,5. * '

166 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BBÀtlMANAS

donnée '. Cependant, comme la véracité des paroles est unedes formes de la réalité, le respect de la vérité est une despratiques recommandées au sacrifiant ; elle le dégage dumonde humain et l'élève au-dessus de ses semblables, aurang des dieux; la réalité des paroles prononcées garantitpar une sorte d'attraction la réalité des récompenses pro-mises aux rites. Mais en même temps, comme poursoulignerd'un nouveau trait l'indifférence morale de là doctrine, laprescription qui enjoint de dire lu vérité est slricteirentlimitée à la durée du rite; le rituel fournit la formule quidélie le sacrifiant de son obligation à la fin de la cérémonie.

« Avant d'entreprendre une pratique, on dit : Voici quemaintenant je passe de l'inexactitude à la réalité. Par cetteformule on passe des hommes chez les dieux... Puis, lapratique achevée, on se délie en disant : Voici maintenantque je suis ce que je suis. C'est qu'en effet, lorsqu'on entre-prend une pratique, on devient pour ainsi dire étranger àl'humanité. Or, il ne serait pas convenable de dire : Voici

que je passe maintenant de la réalité à l'inexactitude. Maispourtant, comme on redevient un être humain, on se déliede son observance en disant : Voici que maintenant je suisce que je suis 2. » Toutefois, il est un rite journalier qui parson retour quotidien implique aussi la pratique constante dela réalité. « Celui qui entretient les feux sacrés ne doit pasdire de chose inexacte... car son feu est établi sur la réa-lité '. » — « La vraie pratique de l'établissement du feusacré, c'est la réalité ; celui-là qui dit la réalité, comme sion arrosait le feu allumé avec du beurre, ainsi il le faitresplendir ; son éclat va toujours grandissant ; de jour en

i. Taitt. s. 2, 4, I, 2.2. Çat. I, I, I, 4*6 : vratam upaisyann idam aham anrtât salyam upaimiti

tan manusyebhyo devân upaiti allia samsthite visrjate. idam aham yaevâsmi so 'smity amânusa iva va elad bhavati yad vratam upaiti na hi tadavakatpate yad briîyàd idam aham satyâd anrtam upaimiti lad u khalu punarmânuso bhavati tasmâd idam aham ya evâsmi so 'smity evam vratam visrjeta.— Répété, depuis * atha samsthilé visrjate », ib. 1,9, 3, 23.

3. Tailt. B. 1, I, 4, 1-2 : âhitâgnir nânrtam vadet.... salve hy asyâgnirâhilah.

LE DIEU VARUNA 167

jour sa fortune s'accroît; et celui-là qui dit des chosesinexactes, comme on arroserait d'eau le feu allumé ainsi ill'affaiblit; son état va toujours diminuant; de jour en jouril empire. Donc on ne doit dire que la réalité '. » Mais laprescription n'est pas facile à observer. » Quel est l'hommecapable de dire toujours la réalité *? » Les plus sages ontreculé devant la gravité de cette obligation : « Les parentsd'Aruna Aupaveçï lui dirent : Te voilà âgé, établis les feuxsacrés. 11 dit : Alors dites-moi de garder le silence; car, unefois les feux établis, on ne doit rien dire d'inexact; or,quand on parle, il est impossible de ne rien dire d'inexact *. »

Le caractère de Varuna ne doit donc pas faire illusion ;si parfois il apparaît comme le gardien de la morale, c'estsimplement en vertu de sa nature rituelle. Il est l'esprit deseaux du sacrifice, des eaux bienfaisantes et des eaux venge-resses, des eaux qui apaisent et des eaux qui frappent, deseaux où la puissance magique des rites se réalise; divinitéchatouilleuse, mal commode, peu maniable, prompte à seretourner contre qui la manie, dangereuseà heurter, dange-reuse à invoquer. Un nom si périlleux, susceptible par saseule énergie de déchaîner tant de maux, appelait un pallia-tif. Comme le farouche Rudra, évocateur des larmes \ areçu des noms de propiliation et de paix pour annuler l'effetde ses noms sauvages et violents et s'est dédoublé en Rudra-

I. Çat. 2, 2, 2,19 : tasya va ctasyâgnyâdheyasyasalyam evopaeârah sa yahsatyam vadati yathàgnimsamiddbam tâm ghrtenâbhistneedevam hainam sauddipâyati lasya bhiîyo bhoya eva lejo bhavati çvah çvah çreyân bhavatyalha yo 'nrlam vadati yathàgnim samiddham tam udakenâbhisincedevamhainam sa jâsayati tasya kaniyah kanïya eva lejo bhavatiçvah çvah pâpiyânbhavati t&miàd*u satyam eva vadet.

t. AU. 1,6,6: rtam vâvadfksa satyam diksâ tasmâd diksitena salyam evavaditavyam alho khaïv âhuh ko 'rhali manusyah sarvam satyam vaditum.

3. Çat. % 2, 2, 20 : lad u hâpy Arunani Aupaveçïm jnâtayà fleuh. sthavirova asy agni àdhalsvcti sa hovâca te maitad brùtha vâeamyama evâidhi na vaâhitàgninânrtam vaditavyam na vadati jâtu nânrtam vadet tàvat satyam evo-pâcara ili.

4. Taitt. S. 1,5, I» I : yad arodst tad Rudrasya rudratvam. — Çat. 9,1,1,6 :tad yad rudilâl samabhavat tasmâd Itudrah. — ib. 6, I, 3, 8 : yad arodittasmâd Itudrah.

168 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BRAHMANAS

Civa ', Varuna a été associé à Mitra, divinité très vague,mais qui n'avait pas besoin d'être précisée davantage, carson nom suffisait. Mitra, c'est « l'ami ». Quand les dieuxengagent la lutte contre le plus redoutable de leurs adver-saires, Vrtra (dont le nom semble être apparenté d'origineavec Varuna), ils pressent Mitra de frapper à son tour ledémon; « mais il refusa : Non, dit-il; je suis l'ami uni-versel ». Les menaces des dieux le font pourtant céder à lalongue ; mais dès le coup porté, un cri de réprobation s'élève :

« Lui qui est l'ami, il a fait du mal M » Quand le mondesortit du chaos, « c'est Mitra qui créa le jour cl Varuna quicréa la nuit * ». « Le jour est de Mitra, la nuit est deVaruna\ » C'est ainsi que le rôle amical de Milra le reliedirectement au Mithra iranien, au Milhra solaire, tandisque les ténèbres et les terreurs de la nuit attestent la mal-veillance des oeuvresde Varuna *.

1. Maitr. 4, 2, 12 : te va asya nâmanï çive çânle..... tad va asyaitenâmanlkrûre açànte. — Çat. 1, 7, 3, 8 : tâny asyâçântâny evetarâni nâtnâny agnirity eva çânlatamah. — Ait. 13,10, 6 : rudriya prajâbhir iti brùyân na rudraity etasyaivanâmnah parihrtyai.

2. Çat. 4,1,4,8 : Vrlro vâi soma âsit tam yatra devâ aghnams Iam Mitramabruvams tvam api hâmsili sa nacakame sarvasya va aham mitramasmi namitram sann amitro bhavisyâmiti tant vai tvâ yajnâd anlar esyâma ity ahamapi hanmlti hovâca tasmât paçavo 'pâkrâman mitram sann amitro 'bhûd iU.

— Maitr. 4,5, 8 : devâ vai Vrtram ajighâmsan sa Mitro 'bravin milro 'hamasmi nâham hanisyâmiti te 'bruvan jaby eva tasmât paçavo 'pâkrâmanmitrah satin adruba iti. — Taitt. S. G, 4, 8,1 : Mitram devâ abruvan somamrâjâna'ni hanâmeti so 'bravin nâham sarvasya va aham mitram asmili tamabruvan hanâmaiveti tasmât paçavo 'pâkrâman mitrah san krûram akar iti.

3. Taitt. S. G, 4, S, 3 : na va idam divâ na naktam âsid avyâvrtlam le devàMilrâvarunâvabruvannidam no vivàsayatam iti... Mitro harajanayad Varunorâlrim.

4. Taitt. B. I, 7,10,1 : maitram va ahar vâruni râlrih.3. Soma semble Taire exactement pendant à Varuna dans le règne végétal,

tomme Varuna,il est roi; le nom seul de raja sert fréquemmentà le désigner.fk>mme Varuna. Sonia semble se présenter sous un double aspect : tantôt laplante divinisée, tantôt la lune. Les deux aspects ici encore se ramènent àl'unité, t Soma est la tune, et il est ta nourriture des dieux » {Çat. I, G, 4,5 :eça vai somo râjâ devânâm annam yac candramâh; id ib. Il, l, 3,3; 4,4; 5,3^

— Taitt. B. 1, 4, 10,7 : somo vai candramâh; id. Maitr. 2, I, 5. — Ait.32, 10, 5: elad vai devasomam yac candramâh); il se confond ainsi avec lesacrifice,qui est par excellence la nourriture des dieux. La plante du somaproprementdite ne se distingue pas par essence des autresplantes : « Commeles autres plantes, - nsi était (e soma; il pratiqua des austérités éclatantes,

LE DIEU VARUNA 169

il vit la mélodie du soma, et par là il arriva à la royauté, à la suzeraineté »(Td. Il, 3, 9 : yaibâ va anyà osadhaya evam soma âsit sa tapo 'tapyata sa étatsomasàmàpaçyal tena râjyam âdhipatyam agacchat}; et les plantes sont denature démoniaque;à l'origine, elles se sont élevées contre Prajâpati qui estle sacrifice.• Prajâpati était l'univers à l'origine;les plantes l'escaladèrent,carles plantes en vérité sont démoniaques ; elles essayèrent de monterplus hautque lui, et lui, il ne pouvait monterau-dessus d'elles. Il souffrit, il se consuma;alors le feu fut émis ; à peine émis, la vigueurdes plantes passa en lui » {Maitr.1, G, 3 : Prajâpatir va idam agra âsit tam vîrudho' bhyarohann asu3ryo va etàyad osadbayas ta atitistighisann atistigbisam nâçakno! so 'çocat so 'tapyatatato 'gnirasrjyata tam agnim srstam virudhâm tejô 'gachat). Puiique Soma estune plante, il n'est pas surprenantde le voirconfonduavecte plus redoutabledes démons, Vrtra. - En vérité, Soma était Vrtra» [Çat. 3,4, 3, 13 : Vrtro vaisoma âsit; id. ib. 3,9,4, 2; 4, 1,4,8: 4, 2, 5,15); de même la lune, puisqu'elleest identiqueà Soma.

«*La lune c'est Vrtra » {Çat. I, 6, 4, 13 : esa Vrtro yac

candramâh) ; « Indraa fait la lune avec'la partie de Vrtra qui était imprégnéede soma » {Çat. 1,6,4,13 : tasya [Vrfrasya] yat saumyam nyaktaci âsa tam can-dramasameakàra).

L'identité est si complète que, dans certains récits, au cours de la lutfeengagée entre les dieux et les démons, le nom de Soma-rêja alterne avec lenom de Vrtra. Le Çalapalha, 4, I, 3, 1*14 raconte qu'après avoir lancé lafoudresur Vrtra, Indra eut peur de l'avoir manqué et se cacha, et personnedes dieux n'osait aller voir si le coup avait porté. La Taillirîye-Samhilâ,G, 4,7,3 et la Mailrâyanl-Samhilâsubstituent dans le même épisode Soma-râja àVrtra. D'autre part, « Vrtra esl le ventre » {Taitt. S. 2, 4, 12 : udaram vaiVrtrah; cf. Çat. I, 6, 3, 22 : alha yad asyâsuryam âsa tenemâh prajâ udare-nâvidhyât tasmâd âhur Vrtra eva tarhy annâda âsid Vrtra etarbiti), e*est-â-dire la nourrituregrossière et impure opposée à la nourriture sublimée dusacrifice. Avant d'être, par la puissance des formules, le suc magique auxénergies incomparables, le jus du soma n'est qu'une boisson humaine, im-puissante ou malfaisante. Avant de s'en servir, tes dieux lui firent subir unepurification préalable qui te rendit propre à l'oblation (Çat. 4, I, 2, 4 : yatravai Somah svani purohitam Brhaspalim jijyau tasmai punar dadau tena sam-çaçâma tâsmin punar dadusy âsaivâtiçistameno yad in nûnam brahma jyâ-nâyâbhidadhyau. tam devâh pavitrenâpâvayan. sa medhyah pûto devânâmhavir abhavat). Le soma n'est donc pas de nature identique* à la tune ; il ledevient par transfusion, à époque fixe.

Le Çalapalha, discutant le moment précis oh doit commencer le jeûne,s'exprime ainsi : * Il y en a qui commencent à prendre les aliments de jeûne(le lait) quand la lune est encore visible. Demain, se disent-Us, elle ne selèvera pas; or elle esl la nourriture inépuisable des dieux ; nous leur en don-nerons donc. C'est la vraie richesse quand, avant de finir ses premières pro-visions, on en a d'autres prèles; on a de la nourritureen abondance. Mais,avec ce procédé, on n'offre pas du soma ; on n'offre que du lait : car le roi Somaest (à-bas (dans la lune). Et si les vaches mangent de l'herbe qui est simple-ment de l'herbe, boivent de l'eau qui esl simplement de l'eau, on n'en tire rienque du simple lait » {Çat. I, G, 4, 14-16 : lad dhaike. drs|vopavasanti çvonodetcly ado haiva devânâm aviksinam annam bhavati vayam itâ upapra-dâsyàma iti tad dhi samrddham yad aksïna eva pûrvasmintï aune thâparamannam âgachati sa ha bahvanna eva bhavaly asomayâji tu k?ïrayâjy adohaiva somo râjà bhavati. atha yathaiva purâ. kevalir osadhir açnanti kevalirapah pibanti tâh kevâlam eva payo duhre). Si on attend au contraire la com-plété disparition de l'astre, le phénomène souhaité se produit : « Le roi

170 LA DOCTRINE DU SACRIFICE DANS LES BHA IIMANAS

Soma, nourriture des dieux,qui est la lune, dans la nuit où elle ne se montreni à l'est ni à l'ouest, vient en ce monde-ci et passe dans les plantes et dansles eaux. Or c'est le biendes dieux,c'est leur nourriture •{Çat. 1,6,4,5 :csavai somo ràjâ devânâm annam yac candramâh sa yafraisa etâtn ràtrim napuraslân na paçcâd dadrçe tad imam lokam âgachati sa ihâivâpaç causadhiçca praviçali sa vai devânâm vasv annam hy esâm. — Cf. ib. 11,1, 5,3 : can-dramâ vai somo devânâmannam..... so 'parapakse'paosadhih praviçali). Lesoma une fois apte auxopérations rituelles n'en est pas moins prêt à laisserreparaître sa nature démoniaque; le traitement qu'on lui fait subir montreassez la terreurqu'il inspire. « En réalité, on tue Soma quand on le presse *(ghnanti va état somamyad abhisunvanti {Taitt. S. G, G, 1,1; Maitr. 4, 7, 2;Çat. 3, 9,4,2; 4,3,4, \;Àit.\3,8, 2) ; c'est ainsi, nous l'avons vu, qu'on tuele sacrifice quand on l'offre.

Mais il faut détourner la colèredu dieu qu'on veut mettreà mort; un mar-ché simulé pare au danger. Avant d'employer te soma, le préIre remet lestiges sacrées à un personnage de basse classe qui les lui vend alors à prixd'or. • Qui vend te soma est un méchant • (AU. 3,1,2 : somavikrayi... pâpah) ;il est te traître et c'est sur lui que doit retomber le courroux du dieu et lechâtiment du meurtre. Encore a-t-on bien soin de colorer aux yeux du dieule meurtre projeté. « Quand on achète le soma, on l'achète pour régner surles hymnes, pourdominer sur les hymnes. En réalité, on tue le soma quandon le presse; et alors on lui dit : Je t'achète pour régnersur les hymnes, pourdominersur tes hymnes, et non pas te mettreà mort * {Çat. 3,3,2, 6. : ckamva esa krîyamâno bhikrîyate chandasâm eva râjyâya chandasâmsâmrâjyâyaghnanti va enam ctad yad abhisunvanti tam elad âha chandasâm eva tvârâjyâya krinâmt chandasâm sâmrâjyâya na badhâyeli). La magie brahma-nique a trouvé un expédient ingénieux pour ménager le dieu aux dépens del'adversaire. « [Quandon est sur le pointde frapper le soma avec le pressoir}on doit viser en sa pensée son ennemi en disant : Cesl & lui que je donne lecoup,ce n'est pasâ toi. Car si on tue un brahmane, qui est unêtre humain,onencourt te blâme: qu'est-ce donc, si on le frappe, lui? car Soma est dieu eton le tue quand on le pressé. Ainsi, grâceà ce procédé, on le lue et il en sort,et il ressuscite, et il n'y a pas de péché. Et si on n'a pas d'ennemi,on n'a qu'àviser en sa pensée un brin d'herbe, et alors il n'y a pas de péché » {Çat. 3,9,4,17 : yam dvisyât tant manasâdhyâyedamusmâahani praharâmi na tubbyamiti yo nv éventantmânusam brâhmanam hanti tant nv eva pariealcsate Iha kimya etam devo hi somo ghnanti va enam elad yad abhisunvanti tam etenaghnanti tathâta udeti falhâ samjivati tathânenasyam bhavatiyady u nadvisyâdapi trnam eva manasâ dhyàyat lathoanenasyambhavati).

Pour introduire le soma sur le terrain sacré, on lui rend les honneursroyaux; on l'installe sur un char conduit par le prêtre subrahmanyà ettraîné par deux boeufs; » s'ils sont noirs, ou seulement un des deux, alorson aura de la pluie » {Çat. 3, 3, 4, U : tau yadi krsnàu syâtâm anyafarova krsnas taira vïdyâd varsjçyaty ai*amah parjanyô vrstimân bhavi$yalîti).On offre en son honneur te sacrifice qui fête les hôtes de distinction. • Pour-quoi l'appelle-1-on sacrifice de l'hôte?Cest que le soma achetéarrive commeun hôte; or, quand un roi ou un brahmane arrive, on cuit pour lui un grandhrrnf ou un grand boue; et lui e'est l'oblation humaine aux dieux; on faitainsi pour lui le sacrifice de l'hôte * {Çat. 3, 4,1, 2 : atha yasmâd âlithyantttàma. atithir va esa etasyâgachati yat somah kritas lastnâ elad yathâ râjncva brâhmanâya va mahoksam va mahâjam va paeet tad aha mânusam havirdevânâm evam asmâ âtithyam karoti; — cf. Taitt. S. G, 2, I ; AU. 3, 4). * Onl'élève sur un pavois que supportentquatre personnes; deux: personnessup'

LE DIEU VARUNA 171

portent le pavois pour un roi qui est un être humain;il en faut donc quatrepour lui qui règne sur l'univers tout entier • (Ça/. 3, 3, 4, 26 : atha catvârorâjâsandlm âdadate. dvau va asmai mânusâya ràjna àdadâte athaitàm catvâroyo 'sya sakrt sarvasyesle). Et c'est ainsi que le roi Somas'achemineà traversles honneurs vers la mort qui l'attend.

INDEX

Ainça. 93.AkûpârâÂngtrasi. 121.Agni. Rapportsavec Prajâpati, 18,

21, 24, 26, 28; lumière deshommes, 28; envoyé des dieuxà Vâc, 34; a plusieurscorps, 37;seul immortel à l'origine, 42;conquérant du ciel, 49-50 ; dé-joue les sortilèges des Asuras,57; envoyé des Angiras aux Âdi-tyas, 65; sans éclat à l'origine,68 ; rival des dieux, 69-72 ; chefdes Vasus, 73-71; roi des dieux,74-75; attaque les Asuras sousforme d'un cheval, 147; époux

" des Eaux, 159; = Rudra, 132,168; incarné dans les cinq vic-times, 133.

agnhloma. 146.AAgiras. 33, 63-68, 75,161.AjîgartaSauyacati. 135.Alri. 146. (Référence omise : Td.

6,6,8.)Athanan. 15.Aditi. 49,56, 63.atiflo. 39, 40,57, 67, 156-158.Antaka. II.annâdya, un des quatre vïryâni,

115.Anvâdhyai. 62

antâhâryapacana (feu). 117, 118.Apata. 121.aponaptriya. 150.Apsaras. 67,101.abhhecanhja. 136.amrta. 43,95.Aruna Aupateçi. 167.Arluda Kâdrateya. 142.Aryaman. 63.AUkayu Vâcaspata. 140.aeraddhâ. 102, 114.AçtapaliKaikeya. 139.aetamtdha. 137.Açvins. 69, 71, 72.A$tâdat!\>tra Vatrûpa. 148.asat. 14.Asuras. Fils de Prajâpati, 27, 53 ;

ténébreux, 28, 44,50; disputentVâc aux dieux, 31-35; différencesentre eux et les dieux, 36 ; ontpour attribut Terreur, 39-40;mortels, 42-43 ; guerres avec lesdieux,42-61,74,146-147;erreursrituelles, 55, 56, 117; magie,56-57; Manu et les Asuras, 119;oblation aux Asuras, 139.

aturî. 155.amrya. 169.

-Âkuli. 121.Àktâk$ya. 140.

174 INDEX

ûtman (d'Indra). 38.âtmayûjin. 79.Âditya. Filsde Prajâpati,19,21,24.

Voy. SOLEIL.I

Âdilyas. Arrivée au ciel, 50; nais-sance, 63; rivalité avec les An-giras, 65-66; prennent part auxguerres des dieux, 73-74 ; — ausacre d'Indra, 75 ; gardiens du-ciel, 66, 96.

ûdhâcâs, nom mystiquedes Eaux.163.

Snanda. 38.Apas, Eaux. Élément primordial,

14, 159; créatrices et créaturesde Prajâpati, 15,22; les Eaux etVâc, 22, £4; = amrta, 95, 160;= çraddhâ, 109, 160; les Eauxet Varuna, 158; mères de l'or,159; base du monde, 159; =dharma, salya, sarvâ devatâh,yajna, 160; pureté, 34,160,161;=darbha, vajra, çânti, 161-163.

Âptyas. 75, 91.Âpyas. 62.ûyatana. 46.Âruni. 140.ûçïs. 113.Âsâdha Sûvayasa. 82.Âtâdhi Sauçromateya.126.âhatanïya (feu). 86, 87,117,118.Ikitâktt. 134.l(anKâvya.iÙè.Ida. 115-118.lâhmaAtigirata. 125.Indra. Indra et Prajâpati, 17; créa-

teur d'espèces animales et végé-tales, 19; ses trois corps, 37; In-dra, Kutsa et l.uça, 37-38; sesmétamorphoses : faucon,pour laconquêtede l'amrla, 43; — cha-cal, pour la conquête de la terre,47; — brahmane, pour la des-

truction de l'aulel des Asuras,61 ; chefdes dieux,50,51 ; guéritles yeux des Sâdhyas, 62; nais-sance, 63; sans ojas à l'origine,

-68 ; concurrent des dieux,69-72;chefdes Rudras, 73; — des Ma-rais, 74; roi des dieux, 74-76;meurlrier de Viçvarûpa,91,124 ;IndraetManu, 119; purifieAkû-pârâ, 121; Indra elTvastar,124;apaise le prâçilra, 125; Indra etRohita (légende de Çunahçepa),

.135; rapportsavec les rsis : Viç-vamanas,lesVaikhâhasas,Suçra-vas, Gotama, Vasisjha, 145-148;Indra et Prâsahâ, 157 ; meurtrede Vrtra, 17,161,169.

indriya. 115,153,158(striyonirin-driyâh).

ukthas. 146.udumbara.52.Upagu Sauçratasa. 146.vpatasalha. 83.upasads. 45.Via Vârsnitfddha. 108.Uçanas Kûiya. 56.Usas. 20, 21, 72.Urnâyu. 67.fna. 131.rla. 157.ytvya. 161.Bbhus. 84.rsis. 13,84,131 (fsïnâm nidhigopa),

142-151.evamtid. 112.ojas. 163.aindramyaia. 128.Ka. 17.Kanta. 149,151.Kalyâna Angirasa. 67.Katasa Ailûsa. 150.Kilàta. 121.Kutsa. 37-38.

INDEX 173

Kurvksetra. 69-70.Kurupaneâta. 35.Kurus. 138.Kmtâ. 56.krlyâ. 57.Krçâmi. 19.knna, antilope noire, forme du sa-

crifice, 142.Kccin Dârbhya. 108; — Dâlbliya,

149.Kamitaki. 108,122, 110.ksalra. 72,152.ksalrîga. 135.Gandhanas. 32-33, 67.gathha. 22, 103-105.gâyatrh 52.gûrhapatya (feu), 87, 117, 118.Golama. 147.Gauçla. 140.Candramas. 16, 21, 24.Caraka. 140.CaiMi. 140.ehandâmsi. 15.Janaka. 139.Janamejaya Pâriksita. 111.Jamadagni. 37.Jâtukarnya. 140.jA«f.ja. 116.Taftfait. 140.

ta/MK. 23.Tântjya, 140.lânûnaptra. 37,73, 127.Tfs?<i. 119.feja*. 115.Irihsâman. 121.Tçojftfir. 91, 124.Ita%tf. « Prajâpati, 138; — Pâr-

vati, ibid.ffaibtnâ. 32, 90,91.cfare/bt. 161.daçdhotar. 14.dâkfiyam (sacrifice), 138; Dâk-

§âyanas, 139.

ÀîMt. 52.t/«y<ï. 158.d%î. 102-108,161.Dîrghaçraeas. 149.dûrohana. 88-89.Devabhâga Çraulana. 138.devayajna. 78.i/era*. Émis par Prajâpati, 19; fils

et pères du même, 27, 28; émispar le Brahman, 30; conquêtede Vâc, 31-35; origine, 36; nom-bre, 37; corporels, 37; supra-sensibles, 38; vérité, 39, 165;immortalité,41-43 ; luttes contreles Asuras, 43 sqq.; moyens devictoire : protection de Prajâ-pati, 53; T- ascétisme, 54; —sacrifice, 54-57 ; — mensonge,57-58; — bataille, pari, 58;défaîtes, 59-61; premiers dieux:Sâdhyas, Âdityas, Angiras, 61-68; rivalité des dieux, 68-74;fourberie, 69-71; établissementde la monarchie, 74-76 ; partici-pation au sacrifice, 81-84; com-ment ils connaissent le coeur del'homme,82; hostilesà l'homme,84-85; pacte avec la Mort, 85;oppositionde l'humain et du di-vin, 86-87; les dieuxet le soleil,97; dieux morts devenus Pères,99; fautesdans le sacrifice, 118,125; dette envers tes dieux,131 ; difficultés qu'ils rencon-trent dans le sacrifice, 141-142;dieux et r§is, 142-148.

ùetâttlki. 121.bateodiisi t'ndardiiM. HO.Ùyam. 20.dharma. 160.Ùhûtar. 63.Xamuci. 71.S'âlÂanedîftha.67,121.

170 INDEX

nâman* 30,SâiaJa. |3|.nigadm* 144.nidhana. 149,niY/fa, m'r/fi, 157,iïftmdhQ, |5I. '

A'otfAas K«%îtaf<i. 145.jiaimifîym. 140.paficaiâlta. iti,PathyûSmsti. 49.Parisâraka, 150,parucAejM!, 151,P«irt«ifa, 134.jparfda. 160,pâkayajiia, 117,J)(*J}»)<M, 11,

l«îça, arme de•Varuna. 153, *

Pitaras. Moyens d'existence, 27;alliés des dieux, 57; empoison-nent les herbes des Angiras,68; participation au sacrifice,81, 94; origine, nature, rapportsavec les dieux et les hommes,98-100; le midi, leur région,124; Çicn Âûsirasaet ses Pères,145.

Piçâea$, 57.pumtmftyu. 93-95,

pwiua. 13, 16,77,Ptïsan. 125.Pamgya. 140.Pi-ajûpati. Origine, nature, 13-16 ;= yajiia, brahman, chandas,samvalsara, purusa, mrtyu, sa-vitar, candramas, inahat deva,15, 16, 41; = Ka, 17; citation,18 sqq. ; inceste, 20 ; Prajâpaticl Vâc, 21-23; épuisement, 23-24 ; adversaires, 26-27; père desdieux et de- Asuras; 27-28, 36;auteur du sacrifice, 28; victime,29; monte le premier au ciel,29; = nom et forme, 29-30;

enseigne aux dieux les rites del'immortalité, 4142? ennemides Asuras, 44,53,54; se donneaux dieux, 55, -™ el se rachètepar le sacrifice, 130; sacre In*dra, 75;

==? manas, |22« premiersacrificateur, 134, 138; ou luisacrifie le bouc, 134; délivre lescréatures du nom<! de Varuna,«56.

pramva, 123.Pratîdarea Çvaikna. 138,Ptûgahl 140,jprtliui, 13, 17.Prâsahâ, 129, 157.Priyamedhâ Bharadrâjâs. 150,Praiyamedhâ*. 119,praifas, t44,Barhi AàgifQsa, 120.hala. 163,Butito Açmtarâçii, 140.bfhal (sâman). 88.BrhaspaU.m, 73, MO, 112, 125.Brahman. Rapports avec Prajâ-

pati, 15, 16, 23,120;« nâma-lûpa, 30; crée les dieux, 30;leur donne l'immortalité, 41,

— et la victoire, 58; neutralisela force dangereusedu sacrifice,125; distribué par les dieux,145; base du monde, 159; sssalya, 164.

brahmayajiïa. 78.brahmararcas. 115.brahmarûdya. 151,Brahma. 15.brâhmana. 3-12,148.brùh Ihmah star. 22.Bhaga. 63, 125.Bharadvâja. 146.Bharatas. 147.Bhâllartya. 126.Bhujyu. 81.

INDCX mbhiitayajfia. 78,tthiyu, 64,100-102,163,Makha. 69.Madhyauuh, 151.

i/ui)i'i>. H, 15, 17, 30 (Manas elVue),

Jfcfiiu. 61,67, 115-121.mantia, 3.mantiakft. 145.M'inil*. 26, 7 V, 73.Marka. 50, 139,Mahân dt'vah, 16,mahiman. 38.iHâj/fî. 28,Jf/fm, 134, 168. Milra-Vaiuna:63,

69, 71, 116,153.mithtma, 59,tnftH<î*H&i, 139,Mimùnarana,146,JJifj/u,

==»Prajâpati, 16, 41 ; == An-

laka, sariivalsara,41 ; = Varna,42; pacte avec les dieux, 83;Mrtyu Pauma», 20-27,

mcdha.H'i, I MO.

MedhûUthi. 130-151.medhyâ. 160-161.maitrâraruna. 155.mltciha. 33,yijiiQ. Séduit Vâc, 31-32; élyroo-

logie, 79; devâtiâin âlmâ, 82;distingué du salira, 122. Voy,SACRUICK.

yajnâyajnhja (sântaii). 124.yajùiya.Hi, 161.yathndetalam. 127,Varna. 42, 61, 99.ijaeâsa. 120.

j/«ç(/.<, 41.Yâjùaralkya, 5, 37, 109, 113, 139,

HO.Yuktâçea Âi'ujinm. 118.flânas. Alliés de* dieux, 57 : enne-

mis desAngiras, 68 ;—dos dieux,

74; offrande anv ltak>as, 139 ;détiuîts paries l'aux, 162,

mthoinUra (sâinanK HH.

liahasyu Ikmuialiûduù, l|6.ivjanyii. 82,rajâuiya, 153,Bttdrti. 20, 37, 167, Hudias : i»0,

73-75.râpa. 30,(toAi'ta. 131,imibihi. Cl.hka, Voy, MOXIIKS,

luea. 37-3$.txyVa.OI, 129, m, 161,162.VatM. 150-131.Vatsaprt Bhâlandana, 110,l'artf«a, llo-stile aux créatures, 2<î;

chef des dieux, 51, «5; nais-sance, 63; père d'Aûgiras 64;découvre le sâuiau vâmadevya,69; concurrent des dieux, 71;dépositaire dos corps des dieux,73; l'hefdes Adityav, "«l; Varunaet lllirgu, 100-102; —etllariçcaii-dra, 134; — ksatr», Indra, 152;roi, 152-153; aspect physique,153; la corde son attribut, 133;auteiude tout mal, 154; dieu dol'exactitude rituelle, 154-133;dieu des châtiments infernaux,155;offrandes propres à Varuna,155-156; dieu des eaux, 138-16$.

varùnapraghâsas. 51, 136.Varutri. 119,

rarcas. 163.valagat. 130,Vashtha. 37, 147, 148.Vasus. 50, 73-73.-Vile. Vâc cl Prajâpati, 17, 22-23,

29; ssiiaman, 30; Vâc el Manas,30-31 ; Vâc et les dieuv, 31-34,39 ; ses éléments, 33 ; =s yajtïa,106.

478 1SPKX

vâjapeya. 12.vâimutrvya (sânian), 69,vâyavya. 128,Vûyu, 21, 24, 71,134,vâravantïya(sâman), 149.Vasistha Sâtyahavya. 126.Yidagdha Çâkalya, 37,virâj. 141.Yhmvant, 64.Yiçrakarnum, 52,1Ï<T<JM»<IH<Ï», 143,Viçrarùpa, 19,91, 121,lïft-diiitfra. 37,Yiçvâvasu, 32,IVftToVrtf*. 50, 69, 73, 75.Yhuu, —yajna, 15, 89, 141; nain,

4S; décapité, 69; protecteur dusacrifice mal fait, 154; vïsiui-kraniàs, 89.

vihavya (sâman), 3Î,rirya. 153, 193; calvâri vîryâni,

115.vhiâ. 19, 34,Vrtra. Tué par Indra, U ; — par

les dieux, 99; créé par Tvasfar,124; origine du darbha, 161;

r-r udara, 83, 169,

Vf»a, vfça. 120.Yaikhânasas. 145.raîçya. 82,vaiçvadeva (sacrifice), 51, 136.Vaiçtânara. 139.vyahrtayas. 164.Çvula. 56, 139.Çamyu Bârhaspatya. 113,Çâijdihja, 5.râiiif. 163.Çlkhamtin Yâjfiasena. 108.Çiçu Àûgirasa. 145.Çunahpuchù. 135.Çunahçepa. 134-136.Çwwlânguta.lW.Çuwa IMnava. 43.

Çyâparqa Sâyakâyana.134,138,Çaâvûçva AnanânasQ, 122, 151,çraddhû, 102, 108109, 114't15;

eraddhâdeva, 114,120.crama. 23,54,çrh 41.Çvetakelti. 140.MMvatsara, Voy, Axxi-P,«affra. 122,

sgtya, 39, 57 (vâcali salyam), 109,157, 159, 163; satyavâdin, 114,

Sarasvati. 150,Sanaearu, 142.Savitar. 16, 49, 123,Saharakm*. 34.Sâkamedha$, 51,Sâdhyas, 62, 63, 75,aimait, 145, 146,Sârvasmi Çaueeya, 122,Sindhuktit. 148,Stiparna, 142.SMJ>/<ÏH Sârnjaya. 138.SïM &it//ri. 29.Siliiya. 68,S*«y<î Sâvitrl, 29,Sriijaya*. 126, 138.Sowia. Kpoux de SOryâ ou SUS

Sâvitrl, 29; enlevé par Vâc auxliandharvas, 32; chef des dieux,31 ; tient un sattra avec lesdieux, 69; atteint le premier lagloire, 70; chef des Rudras, 74;roi des dieux, 75; enivre lesdieux, 142; son oeil enflé pro-duit le cheval, 155; sacrifice,168-171.

somasâman. 169.Saudâsas. 148.$toma. 54.stomabhâgâs. 149.sthavira. 140, 167.Sthânu. 145.Svarbhânu. 146. Voy. Atri.

IXDTX 179

Svâyava l&tavua. 124.UciiiçKinditi Yaidha&i. 134.IHranyadan Baida, 92, 139, 164,

ACCOUPLEMENT. Forme de la créa-tion, 20, 22; — dans le rite,107-108,

ALPHABET, 23.AMBROISIE, Voy. amrta.ANE. 19, 72,ANIMAUX. Origine, 19; châtiment

du meurtre non rituel des ani-maux, 102,

ANNÉE. 14,16,51,94,98,ARAIGNÉES. 61.ARBRES. Origine, 19; donnent asile

a Vâc, 34; partisans des Asuras,52 ; vengeancedes arbre» coupésnon rituellement, 102,

ARGENT, 19.ARMES. 58.ATMOSPHÈRE. |8,AUTEL. 55,86, 113, 140,

AVATAR. 47-48.BAIN. 160-161,

BALANCE. 100.BÉLIER. 19.BÉTAIL. Disputé entre les dieux et

les Asuras, 52.BOUC 19, 134, 137, 155,

BRAHMANE. Création, 18; dieux(ahulâdo devâh), 82 ; ce qui faitle brahmane, 119, 150, 151;

.cause de leur abaissement, 138;respect du brahmane, 170.

BREBIS. 19, 133, 136-137.

BUFFLE. 19.

CASTES. 82.CHACAL. Métamorphosed'Indra, 47.CHAMEAU. 19.

CHAT. 149.

CHEVAL, 19, 72, (42,133; sacrifice'du cheval, 137,

MIi:\v.E, 19,

CHIENS CÉLESTES.6|,CIEL. Této de Prajâpati, 18; con-

quête du ciel par les dieux, 45,46, 49-50, 53, 59 ; — par lesAdityas et les Angiras, 63-67 ;les dieux en cachent la route,84-83; ascension du sacrifiantau ciel, 87-93; voyage du moi!au ciel, 93 sqq., 130,

CONFESSION, 136,CONFIANCE, Voy, çraddhâ,CORPS, Kléinciits mortels el im-

mortels, 17; corps des dieux,37, 60, 73; rapports entre lesparties du corps et du sacrifice,77-78; corps de râlmayajiu, 79;corps nouveau formé par ladiksâ, 103-106.

COURSES des dieux, 71-73.CRÉATION. 18 SipJ.DÉLICE. 115-117.l»És, 137.

DIEUX. Voy, lierai,EAUX, Voy. Apai.ÉLÉPHANT. 19.

EMBRYON. Voy. qarhha.ERREUR, Voy, anrtti.

{

ESCHATOLOGIE. 100,ÉTÏMOLOCIES, 38,

EXACTITUDE, Voy. mtya.FAIM. 57, 95.FAUCON. 19.

FEMME, 157.

riLLEs (abandon des). 138,

FEU (épreuve du). 151.FOURMIS. 69, 100.GÉNÉRATION RITUELLE. 103-108.«IREN'Ol'ILLEï. 19.

HOMME, Né de l'esprit de Prajâpati,19 ; sacrifice aux hommes, 78 ;

180 INDES

rapports de l'homme avec lesdieux, 84 ï ses usages contrairesà ceux des dieux, 86; une descinq victimes, 133 sqq.

HÔTES, 119,170,IMMORTALITÉ. Immortalité de Pra-

jâpati, 17, 27; -^ des dieux,41-43; —- d'Agni, 42; commentou devient immortel, 84; lecorps exclu de l'immortalité,85; relation de l'immortalité

* avec la vie terrestre, 94 ; le sa-crifice donne l'immortalité, 95.

INCESTE, 20-21, 64,JEUNE, 82-83, 169,

UNOAGE. 33,LOTUS, 161.

LUNE, 28, 51, 60, 158, 169,

n VOIE. 56-57, 129-130, 170.MAL. sssmort. -i(>,

MALADIE. Comment on la guérit,132.

MAI-E. Voy, purusa,MENSONGE. Voy. anrta.MOIS. 94,MONDES. Conquête des mondes par

les dieux, 45-50; système desinondes, 01-93, 139; le mondedes Pères, 98.

MORT. Mort répétée, 93; peines etrécompenses après la mort,100-102. Voy. Mrtyu.

MULE, 19, 72.NAISSANCES (Irois). 107.

NUIT, origine. 19.OCÉAN. 14, 18,

uur. 14, 19-20.OR. 17, 19, 139, 164.OROALIES. Pesée, 100; feu, 131,

ORGE. 18, 52, 138, 153-156.PÈRES. Voy. pitaras.PLANTES. 19, 73, 102, 158, 169.PLUIE. 18. 162.

PLOMB, 164<

POISSON. 1(5-1(6,pORC-ÉPie, (9,RACHAT, 130(32,REPAS. 99.RI/. (38,ROIS. 74-76.

SACRIFICE, Kmis par Prajâpati, 28;nourriture des dieux,* 29, 38,82; séduit Vac, 31-32 ; disputéentre les dieux et les Asu-ras, 37; — Prajâpati, Visçu,yajamana, rtvijas, purufa, 73;les cinq sacrifices, 78; il esllue, 81 ; — et ressuscité par ladaksina, 91 ; principe universelde vie, 81; qui peut sacrifier,82 ; dissimulé par les dieux,84; imiter les dieux, 85-86;mène au ciel, 87 sqq.; valeurnutritive, 95 ; rapport entre lescérémonies et les fruits du sa-crifice, 122 sqq., 149; opérationmagique, 129; rançon, 130sqq.;sacrifice humain, 133 ; victimes,133-138; divergences sur lesrites, 138-140, 149; fuite dusacrifice, 141, sacrifice des rsis,144.

SAISONS, 19. 46, 52,94, 98.SANGLIER. 15, 19.

SEL. 19.

*ERPENT*. 19, 79.SOLEIL. Clarté des dieux, 27 ; rem-

part des dieux, 60; disputéentreles dieux et les Asuras, 51 ; nais-sance, 64; but de la course desdieux, 71 ; = mort, 96-98; hésiteentre la terre et le ciel, 97 ; de-vient Varuna, 158.

SOMMEIL. 157..SOUFFLES. 13, 15, 19.

SUICIDE. 133.

INPRX 181

TAUREAU, 19,TÉNÈBRES, 28, 44,50,TERRE. Pied-» de Piajapati, (8, Voy.

MONDES,

TORTUE. 19.

VACHE. Origine, 19; une des cinqvictimes, 133 sqq, ; vaches rouges«l'Usas, 72î'vache* cornues cisans cornes, MO-III.

CORRECTIONS

P. 5,1. 20, Vajnavalkya, lire Yâjôavalkya.p, 6,1. 27, ou la restreindre, » ou le restreindre,P. 7,1. 21, sans lieu avoué, • sans lien avoué.P. 20,1. 7, le brahmane, » le brahman.P. 25,1. 7, paiicàçad-râlrïs, » •râiris.p, 29,1.7-S, Prajâpati se donue, » sa donna,p. 37,1. I, Vajnavalkya, » Yâjûavalkya,p, 40,1. 1, havirdhâma, « havirdbâna.P. 50, |. Il, Aaityas, - Adityas.P. 62,1, U, tout dieux, qu'ils sont, supprimer la virgule.p. 63,1, 16, Ainça, » Amça,P. 79,1. 9, comme un père, » comme un pire.P. 80, n. 4, parihhàsa, » paribhasa.P. 106,1. 10, dlksa, * dlksfl.ibid., n. I, abhûrdhata, » abhindhala.

P. III, I. 4, il leur poussa des cornes, » les cornes leur tombèrent.ibid., I. 17, leurs cornes sont restées em-

bryonnaires, * leurs cornes sont tombées.P. 112,1. 9, permette, » promette.P. 132,1. 4, dlksa, » diksâ,P. U%, I. 18, Sindhuksid, « Sindliuksit.

TABLE DES MATIÈRES

l'âge*.AVANT-PROPOS..,,,..,.,,,, ....t.,..,,....,,...,...,..,.,..,,,... 1

ABRÉVIATIONS,..,.,. ,., ,,.,.,..., ...,,, I

INTRODUCTION., ,.,,,, ,....,.., , 3

(. |,e dieu Sacrifice, Prajâpati...,.,

13

11, l,esacrifice et les dieux ,,,.,..,,.,..,..,.. ,,,,.,,.. 30

III. I.e mécanisme du sacrifice, ,,,,,,.,.,.,, ,....,., 71

IV, Le sacrifice el la morale : le dieu Varuna. ,......., «... 132

1* Puy. — Imprimerie U. MARCHESSOI',boulevard Carnot. î3.