ISSUE CONCERNING FOREST CERTIFICATION IN THE RURAL DOMAIN IN CÔTE D'IVOIRE

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Publié le: 2013-06-10

PROBLEMATIQUE DE LA CERTIFICATION FORESTIERE DANS LE DOMAINE RURAL EN COTE D’IVOIRE

ISSUE CONCERNING FOREST CERTIFICATION IN THE RURAL DOMAIN IN CÔTE D'IVOIRE

Auteurs :Wandan Eboua Narcisse, AMAN Baka Lambert, KOUADIO Bob,BEUGRE Eric, NTAYE Kouassi André

Catégorie : Environnement > Environnement

ScienceLib Editions Mersenne : Volume 5 , N ° 130609ISSN 2111-4706

www.sciencelib.fr

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PROBLEMATIQUE DE LA CERTIFICATION FORESTIERE DANS LE DOMAINE

RURAL EN COTE D’IVOIRE

ISSUE CONCERNING FOREST CERTIFICATION IN THE RURAL DOMAIN IN

CÔTE D'IVOIRE

1Wandan Eboua Narcisse, 2AMAN Baka Lambert, 1KOUADIO Bob, 3BEUGRE Eric,

4NTAYE Kouassi André

1Département Eaux, Forêts et Environnement, INP-HB BP 1313 Yamoussoukro, Côte

D’Ivoire 2Direction Régionale des Eaux et Forêts, Odienné, Côte d’Ivoire 3Direction Régionale des Eaux et Forêts, Abidjan, Côte d’Ivoire 3Direction Régionale des Eaux et Forêts, Korhogo, Côte d’Ivoire

M ail : wandaneb@ yahoo.fr

RESUME La certification forestière qui est présentée comme un instrument incitatif de la gestion durable

s’inscrit dans la même logique de disparité des capacités et moyens des acteurs à la mettre en œuvre.

Cependant, toutes ces catégories d’acteurs disposent des moyens d’actions inégaux qui font que leurs

capacités d’actions par rapport à la mise en œuvre de la gestion forestière durable soient et produisent

des résultats différents en termes de durabilité. Dans cette étude, les normes de certification élaborées

par la Côte d’Ivoire et calquées sur le référentiel du FSC, ont été appliquées à un périmètre

d’exploitation forestière (PEF). Les résultats ont révélé que sur les 185 indicateurs de gestion durable

utilisés, 177 sont apparus applicables aux PEF dont seulement 20% sont en conformité avec ces

critères. Ces résultats indiquent que la démarche vers la gestion durable des forêts du domaine rural

ivoirien reste encore problématique. L’analyse a montré que l’environnement sociologique et le cadre

politico-légal constituaient des handicaps sérieux à la GDF. Pour cela, il convient de mettre à jour la

politique forestière, associer et accompagner les acteurs dans la GDF. Relativement à la certification

forestière, Il importe de faire la prospection d’autres organismes certificateurs comme ISO 14001,

dont les normes de GDF sont moins contraignantes. Toutefois, aller à la CF devrait dépendre du coût

d’opportunité lié à la perte d’une fraction de marché plus importante que celui de l’écocertification.

Le seul véritable objectif et la priorité, restent l’aménagement durable des PEF, et c’est à sa mise en

œuvre qu’il faut consacrer d’abord l’énergie et les moyens disponibles ou à rechercher

Mots clés: certification, gestion durable, forêt, FSC

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ABSTRACT

Forest certification presented as an incentive instrument for sustainable management of

forests is part of the logic of disparate capabilities and capacities of actors for its

implementation. However, all the categories of actors have unequal means of actions so that

their capacity for action in relation to the implementation of sustainable forest management,

produce different results in terms of sustainability. In this study, certification standards

developed by the Ivory Coast and adapted from the principles of the FSC were applied to a

logging perimeter (PEF). The results showed that of the 185 indicators of sustainability, 177

appeared applicable to PEF among which only 20% are in compliance with these criteria.

These results indicated that the implementation of sustainable management of Ivorian rural

forests remains problematic. The analysis showed that the sociological and political

environment and legal framework constitute serious handicaps to sustainable forest

management. To achieve that, there should be an update of forest policy and supporting

measures for the actors. Besides that, others certifying bodies such as ISO 14001 with less

restrictive standards should be investigated. However, adopting forest certification depends

on the opportunity cost of losing a fraction of a larger market compared to certification. The

only real goal and priority for the actors remain the sustainable management of logging

perimeters. Therefore, only energy and resources available or to seek must be devoted to the

implementation of this goal.

Keywords: certification, sustainable management, forest FSC

INTRODUCTION

Face à la dégradation sans cesse continue du couvert forestier, des rapports ont été publiés sur

l’état des forêts en 1980, 1990 et 2000 par la FAO. Lors de la Conférence sur le

«Développement et l’Environnement» de Rio de Janeiro en 1992, deux textes ont été rédigés

concernant directement les forêts: le Chapitre 11 de l’Agenda 21, et la Déclaration des

principes forestiers (ONU, 1993 ; OAB/OIBT, 2006). Il s’agit de faire en sorte que les forêts

soient gérées de façon à permette d’atteindre un ou plusieurs objectifs de gestion clairement

définis au vu de la production d’un flux continu de produits et de services désirés sans

réduction excessive de ses valeurs propres et de la productivité future, et sans effets

indésirables indus sur l’environnement social et physique (INDUFOR, 2002).

Mais, face aux résultats peu reluisants enregistrés, les ONG écologistes ont proposé un

boycott des bois tropicaux au début des années 90. En réponse à cette préoccupation, la

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certification forestière (CF) est apparue comme une alternative constructive, permettant

d’apporter un avantage commercial aux bois en provenance des forêts gérées de façon

durable (BOUVARD, 1998).

La certification volontaire de la gestion forestière durable consiste en la délivrance, par un

organisme indépendant, d’un certificat garantissant le respect d’un certain nombre de critères

de gestion des ressources naturelles d’où sont issus les produits commercialisés. Ces derniers

peuvent ensuite être identifiés par les consommateurs grâce à un étiquetage spécifique,

donnant une visibilité à la certification. Cet instrument repose donc sur l’information. Il

consiste à donner aux consommateurs un élément de comparaison des produits en plus du

prix, de la performance et d’autres caractéristiques, tout en procurant aux fabricants de

produits certifiés un avantage réel par rapport à leurs concurrents (Guenneau, 2001)

La certification forestière représente donc pour les consommateurs des produits bois une

garantie que ceux-ci proviennent des forêts gérées durablement et des systèmes de production

durables. Pour les gestionnaires ou propriétaires des espaces forestiers et les transformateurs

du bois, elle représente une marque de reconnaissance de la gestion des forêts et de la

production/transformation du bois dans des conditions de durabilité (économique, sociale et

écologique), et un visa d’accès au marché international des produits bois certifiés. Et les

organisations environnementalistes et promotrices de la gestion durable quant à elles, y

trouvent une satisfaction morale d’impulsion de dynamiques de gestion forestière

économiquement viable, socialement équitable et écologiquement responsable.

La Côte d’Ivoire, pays producteur et exportateur de bois tropicaux, a ratifié en novembre

1994 la convention de RIO (Anonyme, 2008). Elle a mis en place un groupe national de

travail (GNT) qui a élaboré des normes de gestion durable des forêts basées sur le référentiel

de l’Organisation Africaine de Bois (OAB) et de l’Organisation Internationale des Bois

Tropicaux (OIBT). En outre, avec l’initiative de Côte-d’Ivoire Normalisation (CODINORM),

le comité technique 23 (CT 23) a élaboré des normes de certification suivant le référentiel du

Forest Stewardship Council (FSC), l’un des organismes certificateurs (CODINORM, 2009).

En Côte d’Ivoire, le domaine forestier a été divisé en deux catégories dont le domaine

forestier permanent de l’état (20%) et le domaine forestier rural (80%). Les forêts du domaine

rural ont été subdivisées, suite à la réforme de l’exploitation forestière intervenue en 1994, en

périmètres d’exploitation forestière (PEF) attribués à des exploitants forestiers.

Ces PEF devraient être gérées durablement et leur certification forestière est à envisager mais

face aux exigences de la certification et des coûts importants que sa mise en œuvre implique,

et aux difficultés (techniques, financières etc.) auxquelles font ou doivent faire face les

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attributaires, il y a lieu de s’interroger sur les possibilités de mise en œuvre du processus de

certification de ces forêts.

Les exploitants forestiers propriétaires ou futures propriétaires des forêts du domaine rural

peuvent-ils mettre en œuvre le processus de certification ? Disposent-ils des capacités

(financières et techniques) pouvant conduire à la gestion durable de leurs concessions

forestières et des produits qui en sont issus ? Dans quelle(s) mesure(s) ces exploitants

peuvent-ils arriver à la certification? Y a-t-il d’autres outils concourant à la gestion durable

des forêts du domaine rural relativement plus accessibles à ces exploitants?

La recherche des réponses à ces questions est l’objet de cette étude dont l’intérêt est

d’apporter des éléments d’éclairage pour les autorités de l’administration forestière et les

exploitants forestiers qui veulent s’engager dans des actions allant dans le sens de la

promotion ou de la mise en œuvre de la certification des forêts du domaine rural en Côte

d’Ivoire.

METHODOLOGIE

Localisation de l’étude - L’étude s’appuie sur le PEF n°37750 qui est attribué à la société

« Scierie et Papeterie du N’zi » (SPN). Cette société est installée dans la ville de Dimbokro à

240 kms d’Abidjan capitale économique de la Côte-d’Ivoire. La SPN est une Société à

responsabilité limitée créée vers 1930 spécialisée dans le sciage de débités, de frises et de

coursons. L’approvisionnement de l’usine en bois, se fait à partir de périmètres d’exploitation

forestière (PEF) dont le PEF 37750 (figure 1) qui fait l’objet de cette évaluation. Ce PEF

vaste de 45.611 hectares, est attribué depuis 2005 à la SPN. Il est localisé dans le département

de Daoukro, dans le Centre-Est de la Côte d’Ivoire (figure 1),

Le PEF se trouve dans une zone de transition entre la forêt et la savane et est essentiellement

constituée de forêts secondaires et de savanes arborées, riches en biodiversité végétale. Le

PEF et ses environs sont peuplés essentiellement des populations autochtones Baoulé qui

cohabitent avec des allochtones et des allogènes originaires de la sous-région. L’activité

principale des populations, est l’agriculture.

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Figure 1 : Localisation du Périmètre d’exploitation 37750 faisant l’objet de l’évaluation pour

la certification FSC

Enquête

Echantillonnage. Les acteurs clés identifiés sont les populations provenant de six villages et

trois campements dans et autour du PEF, des employés chargés de l’exploitation

(concessionnaire) et des agents de l’Administration forestière (Direction régionale,

Cantonnement) et des autres administrations.

Concernant les populations locales, les villages ont été choisis de manière aléatoire à raison

de deux villages sur chacun des trois axes routiers qui délimitent le périmètre 37750. Les trois

campements ont été choisis en tenant compte de leur accessibilité et des antécédents des

populations avec l’exploitation forestière. Les personnes qui ont participé aux enquêtes sont :

les chefs, les notables, les responsables des associations de jeunes, des responsables de suivi

des activités d’exploitation forestière, certaines personnes vivant à l’intérieur et des riveraines

du PEF.

Au niveau du concessionnaire, les personnes concernées ont été le gestionnaire du PEF, le

chef de chantier d’exploitation et des ouvriers choisis au hasard en fonction de leur

disponibilité.

Au niveau de l’Administration, ce sont le personnel de l’Administration forestière (Direction

régionale, Cantonnement) et des autres administrations telles que la Direction départementale

de l’Agriculture, de la Production Animale et des ressources halieutiques et la CNPS de

Yamoussoukro.

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Conception de la grille d’entretien. Le choix de ces différents types d’acteurs permet une

triangulation de l’information. La forme des questions est adaptée à l’information que l’on

veut obtenir. Pour évaluer l’état des principes, critères et indicateurs (PCI) du FSC, les

questions fermées ont été préférées, donnant lieu à un entretien directif à semi-directif.

Tandis que pour apprécier le sentiment des personnes vis à vis du PEF, il a été adopté des

questions plutôt ouvertes, les entretiens étant donc non-directifs à semi-directifs (Mary et al.,

1999 ; Sibelet, 2007 ; Berthier, 2006).

Le choix des questions s’est orienté en fonction des référentiels FSC disponibles car les

réponses ont pour but de permettre une évaluation de la gestion en fonction des PCI du FSC.

Le FSC est une organisation associative, internationale, indépendante, non gouvernementale

à but non lucratif dont le premier but est d’encourager de manière constructive les initiatives

de gestion forestière visibles et crédibles par un label apposé sur les produits issus de forêts

certifiées. Le FSC dispose de 10 Principes (FSC, 2007) mais dans le cadre de cette étude,

nous avons utilisé en particulier 8 principes (1-2 et 4-9) ; les principes 3 et 10 n’étant pas

adaptés aux forêts du domaine rural.

Les questions ont été regroupées par grands thèmes, et non selon les principes du FSC, pour

une meilleure logique de l’entretien. Lorsqu’un indicateur est intégralement mis en œuvre,

nous parlons de conformité. Dans le cas contraire, il s’agit d’une non-conformité. De même

nous relevions les indicateurs qui nous sont apparus non applicables dans les PEF.

Entretiens

Des informations ont été recueillies à partir d’entretiens directs avec le chef chantier de

l’exploitation, le concessionnaire, certains travailleurs et les populations Les jours de

rencontre étaient les vendredis (jours sacrés, de repos pour les populations locales) et quand

cela a été possible, les autres jours de la semaine sauf le dimanche.

Visites de terrain

Des visites de terrain ont concerné des sites répertoriés lors des échanges avec les différents

interlocuteurs et qui demandaient à être vérifiés sur le terrain ou sur des sites non ciblées mais

qui pouvaient présenter un intérêt pour l’étude.

Pour le diagnostic de la chaîne de traçabilité complexe, nous avons suivi le circuit des bois

dans toutes les phases de l’exploitation (abattage, débardage, marquage des souches et des

grumes, chargement, remplissage des documents). Nous avons également visité les parcs à

grumes et les sociétés INPROBOIS et SPN où est transformé le bois prélevé dans le

périmètre.

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RESULTATS ET DISCUSSION

Evaluation de l’applicabilité des principes, critères et indicateurs (PC&I) au PEF

Les 8 principes utilisés dans le cadre de l’évaluation FSC totalisent 43 critères et 185

indicateurs. A l’issu de l’évaluation, nous avons identifié 8 indicateurs qui sont non

applicables et 177 indicateurs applicables aux PEF. Des 177 indicateurs applicables au PEF,

nous avons noté 36 conformités (20%) contre 141 non-conformités (80%). Le tableau 2 est

un récapitulatif des résultats de cette évaluation.

Figure 1 : Etat des indicateurs pour chaque principe du FSC, dans le PEF évalué.

NA, Non applicable ; C, conforme ; NC, non conforme

Le tableau 2 présente les principales non-conformités constatées dans l’utilisation des

principes du FSC pour l’évaluation en vue de la certification du PEF. Pour chaque non-

conformité, des recommandations ont été proposées.

Contraintes à la gestion durable du PEF relevées au cours de l’étude

Manque d’une volonté politique affirmée de l’administration forestière ־

Nous avons observé qu’il y a un décalage entre le discours politique et les actes posés par

l’administration. Au niveau de l’aménagement du territoire, rien n’a été fait alors que cela

devrait permettre l’identification des zones à vocation forestière du domaine rural afin de

faciliter leur reboisement et/ou la préservation des aires encore suffisamment couvertes de

forêts.

0,0

20,0

40,0

60,0

80,0

100,0

1 2 4 5 6 7 8 9

Principes du FSC

NA C NC

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Tableau 2 : Principales non conformités constatées pour chaque principe du FSC

Non conformité Recommandations Principe 1 : Conformité avec les principes du FSC et avec les lois

Incompatibilité majeures entre les lois régissant la gestion des PEF et le FSC concernant : La conversion des terres forestières vers ־

d’autres usages du sol (agriculture par exemple)

L’attribution des PEF et les lois régissant ־

Adapter le referentiel aux cas des PEF en ־autorisant la conversion des secteurs clairement definis des PEF

Connaissance des lois regissant les PEF, des traités internationaux ratifiés par la Côte d’Ivoire

Adapter le referentiel au cas particulier ־des PEF

Introduire des formations juridiques et ־sensibiliser sur les espèces protégées.

Principe 2 : Sécurité des droits fonciers, droits d’usage et responsabilité Droits d’usage sur les ressources forestières des communautés locales reconnus et pris en compte par le droit forestier mais non applicable

- Mettre en place un mécanisme de consultation des populations pour l’attribution des PEF

- Mettre en place des mécanismes appropriés pour résoudre les conflits

Principe 3 : droit des peuples autochtones Ne s’applique pas ici

Principe 4 : Bien-être économique et social des travailleurs et des populations locales Conditions de sécurité des travailleurs pas toujours respectées

Formation et sensibilisation

Principe 5 : Biens et services de la forêt Inexistence ou inconsistence des budgets previsionnels (peu de détails,calculs non explicites)

Réaliser un veritable « business plan », étudier les marchés. Accompagnement, formation

Transformation locale pas trop poussée, mauvaise qualité des produits

- Investir dans le matériel de transformation - Accompagnement, formation

Focalisation sur le marché du bois d’oeuvre - Prospection des marchés des PFNL - Formation (notament des femmes)

Gestion des rebus d’exploitation médiocre - Valorisation des tiges (charbon, bois de chauffe) de la sciure comme fertilisant, combustible

- formation Manque de preuves attestant d’une gestion durable du PEF

- relevées de régéneration dans les trouées, taux de dégats, répartition des sémenciers

- marquage des tiges d’avenir, souches des arbres abattus

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Tableau 2 : Principales non conformités constatées pour chaque principe du FSC (Suite)

Non conformité Recommandations - Principe6 : Fonction écologiques et diversité biologique

Protection de l’environnement nulle (zones de conservation non établies, pas de mesures spéciales pour les espèces protégées, déversement de lubrifiants et carburant, pas d’étude d’impact)

- adapter le referentiel aux cas particuliers des PEF, en général très dégradés

Régéneration des forêts par les réboisements très insuffisant

- sensibiliser les population à l’acceptation des reboisement dans les terroirs

- Amener les concessionnaires à reboiser effectivement et cela dans les terroirs où l’exploitation a eu lieu effectivement

- Definir de manière claire l’appartenance des reboisements effectués afin que les propriétaire puissent les entretenir

Principe 7 : Plan d’aménagement Inexistence de plan d’aménagement - Exiger un plan d’aménagement ne serait-ce

que sommaire Inexistence de plan de gestion - Amenner les concessionnaires à établir des

plans de gestion Principe 8 : Suivi et évaluation

Pas de suivi de l’exploitation - Adapter le referentiel aux moyens techniques et financiers des opérateurs

- Mettre en place un système de suivi qui implique les agents des Eaux et Forêts

Marquage non suffisant et non durable - Achat de peinture - Prise en compte des coordonnées

géographiques

De même, le projet d’immatriculation des terres qui devrait aboutir à la délimitation des

terroirs villageois dans la perspective de la délivrance de titre foncier aux propriétaires

terriens semble problématique. Seul 1 à 2% des 23 à 25 millions d’hectares de terres dans le

domaine rural bénéficie d’un titre foncier alors que le droit réel des populations sur la terre ne

peut s’exercer dans ce domaine protégé que s’ils sont détenteurs de titres fonciers. Il y a en

plus de cela une ambigüité sur la propriété de l’arbre dans le domaine rural ; le droit foncier

reconnaît un certain droit de mise en culture du domaine rural, au propriétaire terrien, à

travers la destruction totale de la végétation qui s’y trouve, pourtant le Code forestier positif

s’oppose sur le même espace, à la coupe des espèces végétales protégées et n’autorise la

coupe de ces espèces qu’aux exploitants forestiers.

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Une contribution insuffisante de la société civile, et des partenaires au développement ־

Au niveau des communautés et des populations locales, il faut noter une faiblesse des moyens

d’action et un manque de structuration et d’organisation; une insuffisance dans le

fonctionnement des structures de concertation que sont les comités de suivi des PEF, et peu

d’entente entre les autorités administratives, les autorités politiques, les ONG et les

populations locales. Ceci est due à une insuffisance de communication, de campagne de

sensibilisation et de vulgarisation auprès des acteurs et paysans dans le domaine rural sur les

nouveaux concepts de GDF, sur les techniques de stabilisation et d’amélioration des cultures

agricoles, sur les activités alternatives à la chasse et aux menaces pesant sur les forêts. Les

communautés rurales ne sont que faiblement impliquées et ont ainsi peu de prise de

conscience dans la préservation des ressources naturelles, ce qui explique la permanence des

feux de brousse incontrôlés et la persistance des défrichements.

Très peu d’ONG ont une action efficace sur le terrain concernant les problèmes

environnementaux ; leurs connaissances sont souvent limitées dans le domaine d’action et

l’envergure de leurs activités est limitée uniquement à la sensibilisation.

- Contrôle approximatif de l’exploitation forestière et indélicatesse des agents de

l’Administration forestière

La continuation avérée de l’exploitation forestière conduite de façon minière dans ce qui

reste des forêts naturelles dans le domaine rural, accentue la pénurie de matière première.

Comme le processus d’attribution d’un PEF ne requiert pas non plus la réalisation d’un

inventaire forestier et sa soumission par le concessionnaire et approbation par les autorités

administratives (MINEEF), des données précises sur la surface forestière dans un PEF et

surtout l’état de la forêt, la dynamique de son peuplement, et la disponibilité actuelle et future

des essences commerciales, n’existe pas. Il est donc impossible d’avoir des statistiques sur le

potentiel d’approvisionnement en grumes de chacun des PEF ce qui ne permet pas d’établir

des normes efficaces pour le contrôle de leur exploitation. En outre, à cause du manque

criard de moyens, l’Administration forestière ne réussit pas assurer le contrôle de

l’exploitation forestière ce qui favorise une surexploitation continue des ressources forestières

et la non application stricte des cahiers des charges liées aux actes de gestion forestière et

dans les contrats de fermage; les prélèvements incontrôlés et croissants par des acteurs

mobiles en forêt pour alimenter un marché informel de sciage.

Il est à relever aussi que lorsque des violations de la règlementation en vigueur sont détectées,

la corruption empêche que les mesures et sanctions appropriées soient prises à l’encontre des

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contrevenants. De même, les ressources issues des pénalités n’ont jamais servi à

l’administration forestière mais à des individus.

La dégradation alarmante des forêts naturelles du domaine rural ־

La capacité de transformation des ressources ligneuses est aujourd’hui de loin supérieure au

niveau à considérer actuellement comme celui de production durable de grumes des forêts

naturelles et plantations. Cela étant la résultante d’une exploitation minière du domaine rural

et de l’option de reboisement compensatoire (environ 8.000 ha par an) sur le même espace

(Anonyme, 2008).

L’agriculture itinérante sur brûlis continue d’être la pratique la plus utilisée dans le domaine

rural. Il se pose donc la problématique du cercle vicieux agriculture-déforestation et

exploitation forestière sur le même PEF et la pérennité du couvert forestier. Par ailleurs,

l’expansion des cultures de rente telles que l’hévéa et le palmier à huile amplifient les conflits

liés à la possession de la terre.

Tableau 2 : différentes taxes d’exploitation forestière

Taxes Montant ($)/unité PEF n°37750

taxe d'attribution 0,04/ha 1684,10

taxe de surface 0,08/ha 3508.54

taxe de renouvellement 0,12/ha 5613,66

Taxe d'abattage vente locale 1,922 1922

Taxe d'abattage vente export 3,850 19250

Taxes d'intérêt général (TIG) ,.070 700

Total 32 678,30 Source: Contrôle des produits forestiers, contrôle des industries du bois (KOUAME, 2006)

- Nombreuses taxes non incitatives

Les taxes et charges auxquelles les opérateurs doivent faire face sont résumées dans le

tableau 2. En considérant la superficie du périmètre qui fait 45.611ha et une production de

8000 m3 de grume, l’ensemble des taxes correspond à environ 32678.30 Euros. En plus de

cela, on peut ajouter à ces taxes d’autres redevances telles que les contributions au

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développement rural (CDR), les sommes versées aux propriétaires terriens avant toute coupe

de bois et les taxes de stationnement payées aux municipalités, qui sont variables et payables

après négociation avec les entités concernées. Ces taxes sont ressenties par les opérateurs

comme des handicaps, surtout comme une charge trop élevée compte tenu de la pauvreté en

ressources ligneuses des PEF. Les paysans eux-mêmes, voient rarement la partie des taxes

qui leur revient de droit, ce qui oblige les exploitants à payer encore une compensation au

paysan lors de l’exploitation.

Difficultés pour les opérateurs économiques de s’engager vers la GDF ־

La forte dégradation des forêts naturelles en Côte-d’Ivoire et les disponibilités limitées des

bois de plantation n’offre que peu de perspective pour un approvisionnement en matière

première de qualité et de quantité suffisantes à long terme. Cette pénurie et la hausse des

coûts de production et transformation de grumes aggravées par la hausse des prix du

carburant, font augmenter les prix des grumes et des produits transformés sur le marché

national. Tout cela fait que le secteur bois est caractérisé par des acteurs qui ont en général de

sérieuses difficultés structurelles et qui ont un manque de moyens financier pour faire face à

la concurrence internationale. Ainsi, à l’exception de quelques sociétés qui font partie des

groupes industriels étrangers, peu de partenaires ont des possibilités et des moyens suffisants

pour s’engager sérieusement dans les projets pour la mise en œuvre des plans d’aménagement

durables ou de reboisement dans le domaine rural encore moins de s’engager à supporter des

coûts supplémentaire d’audits pour une certification forestière. En effet, l’analyse

économique de 61 plans d’aménagement des forêts classées - reconnues plus riches en

biodiversités et en essences exploitables - élaborés par la SODEFOR a montré que seules les

forêts où existent des gisements importants en plantations artificielles et singulièrement du

teck étaient économiquement rentables (SODEFOR, 1998). L’on peut comprendre alors, la

problématique des trouver des opérateurs capables de consentir de gros investissement

pendant au moins 35 ans pour espérer une probable exploitation d’une essence à croissance

rapide qu’est le Teck qui n’est du reste pas encore utilisés dans les industries locales.

L’échec des reboisements dans le domaine rural ־

Le résultat des reboisements dans le domaine rural depuis leur début de réalisation en 1996

(exigé par la reforme forestière de 1994) est décevant. De 1996 à 2007, 75.892 ha ont été

reboisés dont 57.525 ha dans le domaine rural alors que sur la même période, il a été extrait

environs 25 millions m3 de bois d’œuvre dont 80 à 90% dans le domaine rural (Anonyme

2008). Il n’y a non plus pas de données fiables sur l’état actuel des 57.525 ha de plantation

réalisées dans le domaine rurale dont probablement une forte partie n’existe plus, à cause

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d’un manque de suivi, des défrichements et des feux de brousse. Cet effort important réalisé

par les opérateurs privés n’a donc donné que des maigres résultats.

Il convient également de noter que la réalisation de reboisement à grande échelle par les

industriels du bois ou autre particuliers, qui est indispensable pour reconstituer le potentiel

forestier dans le domaine rural, n’est pas envisageable tant que les contraintes de base

relatives à la question foncière ne seront pas levées. C’est pour cette raison que nombreux

sont les industriels qui préfèrent actuellement remplir leurs obligations en reboisant dans les

forêts classées ou qui s’engagent dans des activités de reboisement et/ou gestion des parcelles

de forêt naturelles dans leur PEF par des baux emphytéotiques sur les terres des personnes en

instance de posséder ou munies de titres fonciers.

- Contraintes relatives au commerce du bois

Il manque un vrai marché de grumes de plantation et de grumes de petit diamètre issus des

éclaircies lors des travaux sylvicoles au niveau du pays, et qui peut offrir de la matière

première, à des quantités et à des prix établis sur la libre concurrence et sur des règles de la

gestion durable. En plus, le faible niveau de développement des artisans dans le secteur bois

est un autre désavantage qui limite les possibilités du marché à mieux valoriser tous les

produits de la production forestière.

Contrainte liée au coût de la certification forestière ־

La certification est généralement présentée comme une démarche coûteuse, mais il n’existe

pas d’informations explicites sur son coût estimatif réel pour les forêts tropicales dont les

écosystèmes sont plus complexes et peu connus. D’après SMOUTS (2001) le coût de revient

de la certification dans les pays en développement se situe entre 0,2 à 1,70 $ par hectare ou

1,20 $ par mètre cube de bois certifiés. Soit un coût moyen de 0,95 $ à l’ha.

En appliquant ce coût au PEF 37750, qui fait l’objet de cette étude pour la mise en œuvre de

la certification forestière, le coût estimatif de la certification de cette forêt de 45 611ha serait

de 21 163 504 FCFA. A ce coût, devrait s’ajouter le coût des audits de contrôle qui ont lieu

chaque année jusqu’à la fin de la validité du certificat qui est de 5 ans. Le coût de l’audit de

contrôle est en principe inférieur à celui de l’audit initial. Doivent également s’ajouter à ces

coûts, ceux du pré-audit de certification (exigé par le FSC et pratiqué par presque toutes les

sociétés d’exploitation forestière engagées dans le processus de certification forestière) et de

mise en œuvre des exigences de certification.

Toutefois, que le coût de revient de la certification soit de 0,80 $/ha ou plus, il est évident

que la certification a un coût financier, qu’il faut que toute entreprise s’y engageant soit

assurée au préalable de vendre du bois issu d’une forêt certifiée. C’est par ailleurs un coût

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dont l’on n’est pas sûr de la valeur ajoutée mais qui permet néanmoins de maintenir un

marché exigeant, d’explorer ou d’accéder à de nouveaux marchés, d’avoir une conscience

"verte" et d’inscrire la gestion forestière dans la transparence et dans une dynamique de

durabilité.

Capacités financières du concessionnaire à mettre en œuvre la certification de sa forêt

Ce qui pose problème ; c’est la viabilité économique d’une démarche de certification portant

sur une superficie de 45 000 ha dont l’exploitation est parcellisée à des petites superficies

(1 000 ha). En effet, la certification de la gestion durable concerne tout le PEF et non une

partie exploitée par l’industriel. Mais son financement est assuré par les revenus issus de

l’exploitation de cette partie sur une durée de 1 à 6 ans. Durée qui est inférieure ou égale à

celle d’un certificat de bonne gestion. Or le temps pour l’exploitant de préparer et de mettre

en œuvre des opérations et mécanismes pour la certification et celui de la durée du certificat

est largement supérieur à celui de l’exploitation d’un bloc. Est-il rentable et nécessaire de se

lancer dans un processus de certification dont le coût doit être assuré par le 1/6 ou le 1/30 de

la superficie concernée et dont le temps d’opérationnalité pourrait être supérieur à la durée du

titre d’exploitation ? De toute évidence, la réponse serait négative.

La certification implique un coût dont l’importance peut aller du simple au double selon que

l’on maîtrise la démarche et les opérations de mise en œuvre ou non. Pour le cas du PEF

37750, comme tous les autres périmètres, il est clair que la certification est un sujet nouveau

dont la préparation et la mise en œuvre impliquent d’importants coûts financiers pouvant

atteindre le double du coût de revient normal de la certification d’une plantation gérée par des

professionnels comme celles de la SODEFOR qui gère le patrimoine forestier de l’état. Ceci

d’autant plus que le concessionnaire n’étant pas professionnel de l’exploitation forestière,

devrait mettre en place un cadre et des mécanismes permanents pour une gestion durable

pouvant déboucher sur la certification.

Toutefois, il est possible que le concessionnaire malgré ses importants revenus forestiers, ne

veuille pas ou ne puisse pas être capable de supporter financièrement seul le coût de la

certification. Soit parce que, la certification a un coût non maîtrisé dont la prise en charge

demande à être planifiée sur un budget destiné à des réalisations autres que la certification

En Côte d’Ivoire, trois entités interviennent dans l’exploitation/transformation du bois. Il

s’agit des exploitants, des industriels et des groupements/sociétés civiles. La plupart des

industriels disposent de PEF mais ils peuvent être fournis par des exploitants. Les

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groupements exploitent en général les PEF qui leur ont été concédés en partenariat avec les

industriels.

En tenant compte de cette nomenclature, la question de la prise en charge des coûts se posera

différemment. Dans le cas d’un exploitant attributaire du PEF, est-ce lui seul qui assurera les

charges liées à la certification? Si oui pour quel intérêt étant donné que ce n’est pas lui qui

vend le bois aux acheteurs/consommateurs exigeant ou non les produits certifiés? A-t-il des

moyens financiers et des compétences techniques pour le faire? Est-ce les deux parties, à

savoir l’exploitant et l’industriel client. Si oui, pour quel intérêt et quelle sera la

responsabilité de chacune des parties. Dans le cas de l’industriel, la superficie exploitée et la

durée de son titre d’exploitation lui permettent-ils financièrement de le faire et d’avoir une

marge bénéficiaire? Concernant le partenariat groupement/industriel, les groupements ayant

des moyens très limités, l’industriel accepterait-il d’assumer lui seul la démarche ? Pour quel

objectif ?

En tenant compte de toutes ces considérations, 3 options de prise en charge des coûts de mise

en œuvre de la certification des PEF exploitées sont possibles.

Option 1 : L’exploitant supporte seule le coût de la certification ־

En réalité, l’exploitation du PEF est faite par un exploitant forestier qui verse des royalties à

l’état sur la base d’un prix fixe par mètre cube de bois exploité et qui exporte le bois brut

(grume) et transformé ; ce prix est fonction de la qualité du bois.

Supporter seul le coût de mise en œuvre de la certification signifie pour le détenteur du

permis qu’il devra préalablement engager des dépenses pour répondre aux exigences sociales,

environnementales et économiques de la certification. Mais pour quel intérêt le ferait-il

puisqu’il paie des royalties par volume de bois exploité et qui ne demande pas du bois

certifié? Bien plus, l’exploitant pourra-t-il débourser de l’argent qu’il n’a pas encore, étant

donné que la mise en place d’une bonne partie des exigences de la certification précède le

paiement des royalties par le concessionnaire, pour financer la certification dont il ne

comprend pas et ne voit pas l’importance, et ne maîtrise pas la démarche ? Sachant que la

certification est déterminée par le marché - donc de la demande et des opportunités - et que le

concessionnaire de PEF n’y voit pas d’intérêt immédiat, il est peu certain que celui-ci s’y

lance étant donné que le transformateur n’exige pas du bois certifié. Mais si les industriels qui

leur achètent le bois recevaient de la part de leurs clients des exigences de bois certifié, les

exploitants ne pourraient plus exploiter du bois issu de forêts non certifiées. Ils devront par

conséquent, soit rompre le contrat avec les industriels, soit se lancer dans le processus de

certification et trouver un arrangement avec les industriels.

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- Option 2 : L’industriel et l’exploitant supportent le coût de mise en œuvre de la

certification

C’est l’option la plus intéressante si l’industriel et l’exploitant s’engageaient dans le

processus de certification, soit parce que le premier est tenu de fournir du bois certifié à ses

clients et que l’autre est aussi obligée de satisfaire la demande de l’industriel, ou simplement

par une volonté délibérée. Ainsi, le PEF faisant objet d’un plan d’aménagement serait

certifiée et le bois qui en est issu labellisé. Ce qui permettrait d’un côté, que les retombées de

la gestion durable sur le plan social et écologique et éventuellement économique profitent à

tous les partenaires et sa forêt. Et de l’autre côté, que l’industriel jouissant d’une conscience

verte maintienne sa clientèle et puisse éventuellement accéder à de nouveaux marchés de bois

certifiés et peut-être à une plus-value. Cette option permet aux deux parties de mutualiser les

coûts et les moyens nécessaires pour mettre en place une dynamique de gestion forestière

durable certifiable.

L’industriel peut facilement disposer de moyens financiers et mobiliser des compétences

techniques dans la mise en œuvre du plan d’aménagement et de la gestion forestière durable,

et du système de suivi de l’impact social et environnemental de l’exploitation forestière. Le

concessionnaire quant à lui, a son plan d’aménagement qui permet d’appliquer la certification

forestière dans le cadre d’une exploitation qui est un titre d’exploitation sans plan

d’aménagement et donc a priori non certifiable s’il est pris singulièrement. Il dispose

également de moyens financiers dont une partie pourrait être mise à disposition pour la

certification forestière.

Option 3 : l’industriel supporte seul le coût de mise en œuvre de la certification ־

Logiquement, c’est l’usinier industriel qui est le premier concerné par la certification car c’est

lui qui est directement en contact avec le marché et qui fait la demande du bois certifié ou

non. Il devrait à cet effet, prendre en charge le coût de la certification si ses clients le lui

exigent ou s’il a des opportunités de vente du bois certifié.

Capacités techniques du concessionnaire à mettre en œuvre la certification de sa forêt

Il est ici question de voir si le concessionnaire (exploitant, industriel, groupement) dispose de

compétences et moyens techniques pour mettre en œuvre le processus de certification

forestière. Autrement dit, qu’une ou ces trois catégorie (s) d’acteurs peuvent techniquement

mettre en œuvre et suivre la mise en œuvre du plan d’aménagement (PA), et mettre en place

une dynamique de gestion forestière satisfaisant les exigences sociales, environnementales et

économiques (mise en place du système de traçabilité et des mécanismes de suivi de ce

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système) pouvant conduire à la certification. Et d’autre part à voir dans quelle (s) mesure (s)

cette dynamique pourrait être mise en place et suivie.

La plupart des concessionnaires ivoiriens, ne possèdent pas ou possèdent très peu de moyens

et compétences techniques nécessaires pour mettre en œuvre et suivre la mise en œuvre des

PA et pour répondre aux exigences sociales, environnementales et économiques de la

certification forestière.

Ainsi, s’ils devraient prendre seule en charge cette mise en œuvre, ils auraient beaucoup de

mal à y arriver. Et Quand bien même ils opteraient pour la rechercher d’une expertise à

l’extérieur, il leur faudra mettre en jeu assez de moyens financiers pour y parvenir. Ce qui

rendrait la démarche de certification encore plus coûteuse et de ce fait, difficilement

réalisable surtout pour les exploitants et les groupements dont l’enjeu pour la certification

reste moins important que pour l’exploitant usinier qui est en relation plus ou moins directe

avec le marché.

Quelques concessionnaires industriels, de par leur professionnalisme, disposent en principe

d’un certain nombre de compétences et moyens techniques leur permettant de mettre en

œuvre et de suivre le plan d’aménagement, et d’entamer une démarche de certification

pouvant répondre, au moins en partie, aux exigences sociales, environnementales et

économiques de la certification.

Toutefois, malgré cet avantage comparatif en termes de compétences et moyens techniques

dont dispose à priori l’industriel forestier, il devra pour plus d’efficacité faire appel à

l’expertise extérieure qui implique des coûts financiers qu’il ne voudra certainement pas

assurer seul dans une logique d’exploitation limitée.

CONCLUSION

La marche vers la gestion durable des forêts et la certification forestière des PEF ivoiriens

reste problématique. En effet, les résultats de l’étude que nous avons effectuée dans le PEF

37750, qui présente à peu de différences près, les mêmes caractéristiques et subi les mêmes

traitements dans la gestion que les autres PEF , a révélé les difficultés actuelles de respect des

normes de GDF. En effet, sur 177 indicateurs des normes nationales de GDF applicables

PEF, seulement 36 soit 20% sont en conformités avec la gestion

Au-delà du fait qu’il serait souhaitable de réviser les PCIV actuels de gestion durable pour les

adapter entièrement au PEF afin de rendre plus applicables les normes de gestion durable à

ces PEF, il convient de constater que plusieurs contraintes ont été relevées. Il s’agit du

manque de volonté politique de l’administration forestière, d’une contribution insuffisante de

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la société civile et des partenaires au développement à la démarche de gestion durable des

forêts, du contrôle approximatif de l’exploitation forestière et de l’indélicatesse des agents de

l’Administration forestière, de la dégradation alarmante des forêts naturelles du domaine

rural, des nombreuses taxes non incitatives, des contraintes relatives au commerce du bois, et

des contrainte liée aux exigences de la certification forestière.

En somme, de l’analyse de la faisabilité de la certification du PEF sur le plan financier et

technique, il ressort clairement qu’il est plus probable d’arriver à la certification de cet PEF et

certainement à d’autres dans le cadre d’une mutualisation des moyens financiers et

techniques entre certains concessionnaires et des industriels. La certification forestière a des

exigences qui tiennent très peu de la volonté des acteurs et des capacités techniques pour

satisfaire à ces exigences. Mais ces exigences nécessitent plutôt des moyens conséquents

pour assurer les coûts de mise en œuvre effective de la certification.

Toutefois, malgré les contraintes rencontrées par les concessionnaires pour mettre en œuvre

la certification forestière, il ne faut pas perdre de vue la réalité suivant laquelle le marché

international et européen en particulier qui consomme plus de la moitié des produits bois

issus de la Côte d’Ivoire, tend à se fermer pour ceux de ces produits qui ne seront pas certifiés

ou ne justifieront pas d’une origine légale.

Il s’offre deux alternatives ; à savoir la vente des produits bois non certifiés mais justifiant

d’une attestation de légalité sur le marché européen et probablement sur d’autres marchés

dans l’avenir ou la prospection d’autres organismes certificateurs comme ISO 14001, dont les

normes de certification sont moins contraignantes à respecter?

Il importe néanmoins de noter que les pays tropicaux qui ont plus de surfaces forestières

certifiées (le Costa Rica, le Guatemala, la Bolivie, et le Zimbabwe…) se caractérisent en fait

par des marchés captifs, dont une fraction importante a décidé de stopper très rapidement

l’importation de produits non certifiés (RODA, 2001). Pour ces pays, le coût d’opportunité lié

à la perte de cette fraction de marché est plus important que celui de l’écocertification. C’est

pourquoi il faut à tout prix éviter l’amalgame certification-aménagement (BOUVARD,

1998). Le seul véritable objectif et la priorité, restent l’aménagement durable des forêts, et

c’est à sa mise en œuvre qu’il faut consacrer d’abord l’énergie et les moyens disponibles ou à

rechercher.

Bien que la certification entraîne d’importants coûts directs et indirects, elle présente

néanmoins certains avantages tels qu’une meilleure relation de l’entreprise certifiée avec les

parties prenantes, des avantages de marché (ventes potentiellement supérieures), etc. Si les

marchés financiers reconnaissent l’importance stratégique de la certification, ils accorderont

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probablement une valeur financière supérieure pour les entreprises certifiées. La question

principale est de savoir si le marché accorde une « prime verte » pour les entreprises ayant

adopté une telle initiative normative. La réforme de 1994 demande une transformation plus

poussée mais si les produits issus de ces transformations sont destinés au marché local,

peuvent-ils bénéficier d’une prime verte ?

Au-delà, nous pensons qu’il est nécessaire de prévoir des mécanismes, alliant à la fois les

pouvoirs publics et les organismes de certification privés afin de s'assurer que la certification

dans le domaine forestier puisse remplir les objectifs du développement durable, plutôt que

d'être utilisée comme arme économique par les acteurs du Nord. Il s’agira alors pour

l’administration forestière ivoirienne et les concessionnaires de s’engager au développement

économique, tout en améliorant la qualité de la vie des travailleurs et de leurs familles, ainsi

que de la communauté locale et de l’ensemble de la société ivoirienne.

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