Homosexualité innée ou acquise docx 12-10-2014

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Homosexualité innée ou acquise ? Un chercheur relance le débat Le Monde | 04.02.2010 à 21h40 • Mis à jour le 05.02.2010 à 14h19 L'homosexualité est-elle innée ou acquise ? Cette question fait l'objet de vifs débats entre scientifiques et psychanalystes et anime encore certains forums de la communauté homosexuelle. Des chercheurs de l'Université de Liège pensent avoir tranché la question. L'homosexualité serait génétique et ne pourrait donc en aucun cas relever d'un choix ou d'une déviance psychologique, affirme le chercheur Jacques Balthazart à l'occasion de la parution de son livre Biologie de l'homosexualité. On naît homosexuel, on ne choisit pas de l'être. "Une partie des facteurs de l'homosexualité est génétique, c'est la partie que l'on connaît le moins bien", a-t-il expliqué. "On a beaucoup plus de données sur la partie hormonale de ces facteurs. Il y a enfin une partie immunologique, une réaction immunitaire développée par la mère contre l'embryon de sexe mâle" qui affecterait les préférences sexuelles, soutient-il. La thèse du caractère biologique de l'homosexualité n'est pas nouvelle. Elle a d'abord été élaborée aux Etats-Unis avant d'être exportée en Europe . Au terme d'une vaste étude, le professeur Jacques Balthazart synthétise dans cet ouvrage qui se veut grand public l'état actuel des recherches et de ses

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Homosexualité innée ou acquise ? Un chercheur relance le débatLe Monde | 04.02.2010 à 21h40 • Mis à jour le 05.02.2010 à 14h19

L'homosexualité est-elle innée ou acquise ? Cette question fait l'objet de vifs débats entre scientifiques et psychanalystes et anime encore certains forums de la communauté homosexuelle. Des chercheurs de l'Université de Liège pensent avoir tranché la question. L'homosexualité serait génétique et ne pourrait donc en aucun cas relever d'un choix ou d'une déviance psychologique, affirme le chercheur Jacques Balthazart à l'occasion de la parution de son livre Biologie de l'homosexualité. On naît homosexuel, on ne choisit pas de l'être."Une partie des facteurs de l'homosexualité est génétique, c'est la partie que l'on connaît le moins bien", a-t-il expliqué. "On a beaucoup plus de données sur la partie hormonale de ces facteurs. Il y a enfin une partie immunologique, une réaction immunitaire développée par la mère contre l'embryon de sexe mâle" qui affecterait les préférences sexuelles, soutient-il.

La thèse du caractère biologique de l'homosexualité n'est pas nouvelle. Elle a d'abord été élaborée aux Etats-Unis avant d'être exportée en Europe. Au terme d'une vaste étude, le professeur Jacques Balthazart synthétise dans cet ouvrage qui se veut grand public l'état actuel des recherches et de ses

propres conclusions pour affirmer que la thèse de l'homosexualité innée est scientifiquement la plus plausible.

Dans un entretien accordé jeudi à la RTBF, il explique que l'homosexualité est provoquée par une interaction entre des facteurs génétiques et hormonaux dans l'embryon. Plusieurs études suggèrent en effet qu'un stress très important subi par la mère durant la grossesse pourrait déséquilibrer la machine hormonale de l'embryon et influencer durablement son orientation sexuelle, explique-t-il (écouter l'interview complète).

Selon ces études, les homosexuels auraient été exposés durant leur vie embryonnaire à des concentrations atypiques d'hormones, trop d'androgènes pour la femme et pas assez pour l'homme. "Chez l'animal, il est d'ailleurs possible de modifier expérimentalement les taux d'hormones auxquels sont exposés les embryons. Soit on peut rajouter, lors d'une phase précise du développement, de la testostérone dans les embryons femelles, soit on peut bloquer l'action de la testostérone dans les embryons mâles. Et à l'âge adulte on retrouvera des caractéristiques comportementales du sexe opposé bien que les structures morphologiques et génitales de l'animal n'aient pas été modifiées", explique la RTBF.

Plus étonnant, de telles modifications du comportement pourraient être provoquées artificiellement après la naissance."En plus de ces effets lents bien connus, des changements rapides de la concentration en œstrogènes dans le cerveau sont suivis après quelques minutes seulement de modifications parallèles de l'expression du comportement sexuel chez la souris mâle", explique le Centre de neurobiologie cellulaire et moléculaire, qui se fait l'écho d'un article publié par l'équipe de Jacques Balthazart dans The Journal of Neuroscience.

LA LIGNE DU VATICAN

Selon Jacques Balthazart, cet ouvrage sur l'origine biologique de l'homosexualité est de nature à favoriser l'acceptation de l'homosexualité. "Si l'homosexualité n'est pas un vice ou une perversion, affirme-t-il, et quelque part même pas un choix, il n'y a aucune raison de persécuter les homosexuels". Spécialiste en neuro-endocrinologie du comportement, le chercheur reconnaît vouloir s'attaquer aux thèses selon lesquelles l'homosexualité est due à des raisons psychanalytiques.

Le Vatican est sur cette ligne. "On ne naît pas homosexuel, mais on le devient. Pour différentes raisons, des questions d'éducation, parce qu'on n'a pas développé sa propre identité au cours de l'adolescence", a ainsi affirmé en décembre le cardinal Javier Lozano Barragan, ancien ministre dela santé du pape.

A travers son ouvrage, Jacques Balthazart veut s'adresser au grand public. "Il était temps de rééquilibrer la balance. En dépassant le conflit stupide inné/acquis ou nature/environnement. Car tout est interaction entre les deux.Sur une base scientifique, je voulais aussi démonter les croyances selon lesquelles l'homosexualité serait une maladie, une perversion, une déviance", soutient-il.

Pour certains bloggeurs homosexuels, ce livre est une heureuse nouvelle : "Il va de soi que ce livre bat totalement en brèche les propos pseudo-scientifiques du futur primat de Belgique qui appuye sa vision de l'homosexualité, une anormalité dans le développement de la personne, sur la théorie freudienne. Sa parution vient donc bien à point nommé !" estime ainsi Gay Kosmopol, un site d'information sur les questions gay qui fait réagir plusieurs scientifiques à la thèse du professeur Balthazart.

Homosexualité : des scientifiques veulent l'expliquer par l'épigénétiqueLe HuffPost  | Par Stanislas Kraland

Publication: 13/12/2012 11h07 CET Mis à jour: 13/12/2012 12h34 CET

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SCIENCE - L'homosexualité est-elle innée ou acquise? La sciencea envie de savoir car l'homosexualité lui pose problème. Pas d'un point de vue moral, évidemment, mais d'un point de vue scientifique et théorique. Parmi les nombreuses théories qui pourraient expliquer l'origine de l'homosexualité, celle d'un gène de l'homosexualité n'a encore jamais été prouvée. Et si tel était le cas, cela poserait problème à la théorie de l'évolution puisqu'un tel gène aurait dû disparaître du fait dela sélection naturelle.

Dans une étude publiée dans le dernier numéro de The Quarterly Review of Biology, William Rice, de l'Université de Californie et Urban Friberg, de l'Université suédoise d'Uppsala, estiment quel'homosexualité pourrait s'expliquer par un phénomène bien connu de tous les généticiens, l'épigénétique.

Cette nouvelle théorie fait appel aux gènes, tout en contournant le problème posé par la sélection naturelle. Elle pourrait aussi expliquer plusieurs observations faites dans le passé, selon lesquelles l'homosexualité semble être plus

fréquente dans certaines familles que dans d'autres, affirment ces chercheurs.

Épigéné-quoi?

L'épigénétique, c'est la manière dont nos gènes sont activés oupas.

Cela varie d'un individu à l'autre, d'un âge à un autre, d'un type de cellule à un autre. Alors si l'ADN contient notre code génétique, avec l'épigénétique, on passe un niveau au dessus puisque la manière dont nos gènes sont interprétés par nos cellules (l'épigénétique) varie, elle aussi, d'un individu à unautre, d'un sexe à un autre.

Les gènes sont donc déterminés par la lecture qu'en fait l'organisme, par ce que ces chercheurs appellent des "epi-mark", en Français on dirait epi-marqueurs. Appelons-les tout simplement des marqueurs.

Certains de ces marqueurs sont spécifiques à un sexe et sont produits très tôt, dès le développement du fœtus. Pour ces chercheurs, tout se jouerait au niveau de ces marqueurs à un moment précis, le développement du foetus. Explications.

Différenciation des sexe et transmission des caractères

Dans le ventre de la mère, le fœtus peut être exposé à d'importantes variations d'hormones androgènes, ces hormones qui provoquent l'apparition et le développement des caractères sexuels masculins.

Si les fœtus masculins produisent leur propre testostérone à partir de huit semaines et sont plutôt surexposés aux androgènes, il arrive que ce ne soit pas le cas et qu'ils soit sous-exposés à ces hormones androgènes.

De la même manière, des fœtus féminins se trouvent parfois surexposés aux hormones androgènes, alors qu'ils ne le devraient pas, sans pour autant développer chez elles des caractères masculins.

Or, si cela n'est pas le cas, c'est bien parce que très tôt, dès les premières étapes du développement cellulaire du fœtus,

des marqueurs épigénétiques interviennent pour les protéger de ces éventuelles irrégularités. C'est ce qui va permettre au fœtus féminin de devenir une petite fille, et au masculin d'aboutir à un petit garçon.

À cette étape de la vie, les marqueurs hérités des parents disparaissent, mais il arrive que le hasard omette d'en effacercertains. Un phénomène qui, selon ces chercheurs, a déjà été observé dans plusieurs études.

Tout se jouerait à ce moment précis, lors du renouvellement desmarqueurs épigénétique du fœtus. Selon les chercheurs, le fait qu'un futur petit garçon hérite accidentellement de marqueurs de sa mère, ou la petite fille de son père, modifie la réactionde celui-là ou de celle-ci face aux androgènes.

Ainsi, la petite fille développera certains traits masculins, et le petit garçon, certains traits féminins. Quant à savoir comment cela pourrait déterminer l'orientation sexuelle, on ne le sait pas. D'autres facteurs comme le développement du cerveau seraient impliqués.

Modèle mathématique

Pour l'un des co-auteurs de l'étude, Sergey Gavrilet, directeurà l'Institut National de recherche mathématique et biologique (NIMBioS), "la transmission de marqueurs sexuellement opposés entre les générations est le mécanisme évolutionnaire le plus plausible pour expliquer l'homosexualité humaine."

Au-delà de la théorie, qu'est-ce qui leur fait dire ça? Rappelons-le, les chercheurs n'ont pas de preuve à proprement parler. Ce n'est qu'une théorie.

Mais à l'aide d'un modèle mathématique basé sur nos connaissances actuelles, ils ont reproduit l'évolution humaine.Ce modèle mathématique a donc été paramétré pour prendre en compte les connaissances les plus récentes en matière de régulation de l'expression des gènes, mais aussi les facteurs du développement sexuel notamment liés aux androgènes.

Ils ont ainsi pu comprendre comment ces facteurs supposés de l'homosexualité pourrait résister à la sélection naturelle. Ces

marqueurs, propres à un sexe et qui s'expriment dans un autre, sont aussi aussi ceux qui déterminent la capacité de résistancedu parent. C'est aussi ceux qui échappent rarement à l'effacement, lorsqu'ils sont transmis d'une génération à une autre. De quoi expliquer la résistance de cette nouvelle génération lorsqu'ils lui sont transmis.

Alors, théorie fumeuse, ou pas? "Non", répond Ariane Giacobino,médecin généticienne, agrégée à la Faculté de Médecine de l’Université de Genève, et blogueuse au HuffPost . "Cela n’est qu’un modèle proposé, sur les connaissances mathématiques et biologiques, donc ils n’ont rien mesuré ou analysé épigénétiquement, mais c’est une hypothèse qui bien que compliquée et cherchant une 'justification biologique' utilise des arguments qui ne sont pas extravagants," conclut-elle.

Si cette théorie devait être validée, cela ferait-il de l'homosexualité l'expression de facteurs uniquement épigénétiques? Ce serait aller un peu vite en besogne. Psychologie, sciences sociales, psychanalyse et neurosciences semblent aussi avoir leur mot à dire.

Cerveau&Psycho N°15 - mai - juin 2006 | Réagir à cet article

Comportement

L'homosexualité est-elle un choix ?

Il existerait un continuum des préférencessexuelles, allant des personnes totalementhétérosexuelles à celles qui sont totalement homosexuelles. Pour les autres,tout dépendrait du poids des gènes et de la pression sociale. Robert Epstein

Cerveau & Psycho

L'auteurRobert Epstein ancien rédacteur en chef de la revue Psychology today, est directeur emeritus du Centre Cambridge d'études comportementales, à Concord, dans le Massachusetts.

Du même auteur- Bons baisers de Russie - Trouver l'@me soeur sur Internet ?

Par un beau samedi matin d'été, Matt Avery et sa femme Sheila préparent le petit-déjeuner à leurs deux fils, âgés de cinq et huit ans. Ayant terminé, ils prennent leurs serviettes, leurs masques et leurs palmes et toute la famille monte en voiture pour aller passer l'après-midi à la piscine. « Le week-end, c'est pour la famille » souligne Matt. Ils sont mariés depuis 11 ans. Un mariage heureux, sans nuages. « Elle est mon âme sœur », dit Matt. « Je ne changeraisma vie pour rien au monde. » Pourtant, certains sexologues disent que la vie de Matt repose sur une illusion – qu'il est impossible qu'il soit un mari et un père attentionné. Pourquoi ? Parce qu'avantson mariage, Matt était gay.

D'après une association américaine nommée National Gay and Lesbian Task Force, les gays ne choisissent pas leur orientation sexuelle. Si un homme ou une femme est né gay ou lesbienne, il ou elle le sera toujours. Et comme Matt a été homosexuel pendant la majeure partie de sa vie de jeune adulte (entre 17 et 24 ans), il doit l'être encore. Ce serait seulement sous la pression d'une société homophobe – une société qui n'aime pas et rejette les gays – que Matt est rentré dans le rang. Les activistes gays adoptent cette interprétation, en partie parce que des résultats d'enquêtes révèlent que les gens ont plus de sympathie pour les gays dès lors qu'ils pensent que les orientations sexuelles sont immuables.

Un épisode a contribué à renforcer cette conception aux États-Unis. En août 2004, le gouverneur du New Jersey, James McGreevey annonçait sa démission lors d'une conférence de presse. Alors que sa ravissante épouse était à ses côtés, il révéla qu'une plainte pour harcèlement sexuel allait être déposée contre lui par un autre homme. Pour bien des spectateurs de cette scène, cette annonce confirmait le fait qu'il avait toujours été gay et que ses deux mariages et ses deux enfants n'étaient qu'une façade trompeuse.

Ce point de vue est-il défendable ? La préférence sexuelle est-elle une donnée naturelle et inscrite dans le marbre de la personnalité, ou bien est-elle susceptible de changer, de même que l'individu ? Débat sulfureux, tant les conservateurs religieux américains affirment de leur côté que l'homosexualitéest entièrement une question de choix... Imaginons un instant de mettre entre parenthèses les prises de position idéologiqueset d'écouter ce que les études scientifiques ont à nous apprendre sur ce sujet. En la matière, il s'avère que l'orientation sexuelle n'est presque jamais une question de tout ou rien, de tout blanc ou tout noir. Il existerait au contraire un continuum des préférences sexuelles allant de la pure homosexualité jusqu'à la pure hétérosexualité : les gènes et l'environnement déterminent la position de chacun sur cette échelle.

Qui peut réfléchir librement et sans présupposés à l'homosexualité? Notre société reste imprégnée de références bibliques implicites qui proscrivent les pratiques homosexuelles depuis des temps immémoriaux. L'enseignement médical et scientifique n'échappe pas à la règle: jusque dans les années 1970, l'homosexualité restait pour la plupart des psychologues un trouble psychologique ou une sorte de maladie. Dans l'édition de 1968 du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (le DSM), outil de référence des thérapeutes, l'homosexualité paraissait au chapitre des déviances sexuelles, comme caractérisée par des intérêts...

L'homosexualité est-elle un choix ?

Il existerait un continuum des préférencessexuelles, allant des personnes totalementhétérosexuelles à celles qui sont totalement homosexuelles. Pour les autres,tout dépendrait du poids des gènes et de la pression sociale. Robert Epstein

Cerveau & Psycho

L'auteurRobert Epstein ancien rédacteur en chef de la revue Psychology today, est directeur emeritus du Centre Cambridge d'études comportementales, à Concord, dans le Massachusetts.

Du même auteur- Bons baisers de Russie - Trouver l'@me soeur sur Internet ?

Par un beau samedi matin d'été, Matt Avery et sa femme Sheila préparent le petit-déjeuner à leurs deux fils, âgés de cinq et huit ans. Ayant terminé, ils prennent leurs serviettes, leurs masques et leurs palmes et toute la famille monte en voiture pour aller passer l'après-midi à la piscine. « Le week-end, c'est pour la famille » souligne Matt. Ils sont mariés depuis 11 ans. Un mariage heureux, sans nuages. « Elle est mon âme sœur », dit Matt. « Je ne changeraisma vie pour rien au monde. » Pourtant, certains sexologues disent que la vie de Matt repose sur une illusion – qu'il est impossible

qu'il soit un mari et un père attentionné. Pourquoi ? Parce qu'avantson mariage, Matt était gay.

D'après une association américaine nommée National Gay and Lesbian Task Force, les gays ne choisissent pas leur orientation sexuelle. Si un homme ou une femme est né gay ou lesbienne, il ou elle le sera toujours. Et comme Matt a été homosexuel pendant la majeure partie de sa vie de jeune adulte (entre 17 et 24 ans), il doit l'être encore. Ce serait seulement sous la pression d'une société homophobe – une société qui n'aime pas et rejette les gays – que Matt est rentré dans le rang. Les activistes gays adoptent cette interprétation, en partie parce que des résultats d'enquêtes révèlent que les gens ont plus de sympathie pour les gays dès lors qu'ils pensent que les orientations sexuelles sont immuables.

Un épisode a contribué à renforcer cette conception aux États-Unis. En août 2004, le gouverneur du New Jersey, James McGreevey annonçait sa démission lors d'une conférence de presse. Alors que sa ravissante épouse était à ses côtés, il révéla qu'une plainte pour harcèlement sexuel allait être déposée contre lui par un autre homme. Pour bien des spectateurs de cette scène, cette annonce confirmait le fait qu'il avait toujours été gay et que ses deux mariages et ses deux enfants n'étaient qu'une façade trompeuse.

Ce point de vue est-il défendable ? La préférence sexuelle est-elle une donnée naturelle et inscrite dans le marbre de la personnalité, ou bien est-elle susceptible de changer, de même que l'individu ? Débat sulfureux, tant les conservateurs religieux américains affirment de leur côté que l'homosexualitéest entièrement une question de choix... Imaginons un instant de mettre entre parenthèses les prises de position idéologiqueset d'écouter ce que les études scientifiques ont à nous apprendre sur ce sujet. En la matière, il s'avère que l'orientation sexuelle n'est presque jamais une question de tout ou rien, de tout blanc ou tout noir. Il existerait au contraire un continuum des préférences sexuelles allant de la pure homosexualité jusqu'à la pure hétérosexualité : les gènes et l'environnement déterminent la position de chacun sur cette échelle.

Qui peut réfléchir librement et sans présupposés à l'homosexualité? Notre société reste imprégnée de références bibliques implicites qui proscrivent les pratiques homosexuelles depuis des temps immémoriaux. L'enseignement médical et scientifique n'échappe pas à la règle: jusque dans les années 1970, l'homosexualité restait pour la plupart des psychologues un trouble psychologique ou une sorte de maladie. Dans l'édition de 1968 du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (le DSM), outil de référence des thérapeutes, l'homosexualité paraissait au chapitre des déviances sexuelles, comme caractérisée par des intérêts...

Cerveau&Psycho N°31 - janvier - février 2009 | Réagir à cet article

Article de fond

Neurobiologie

Le concept de cerveau homosexuel est-il scientifiquement fondé ?

Selon la neurobiologiste Catherine Vidal, les études récemment publiées sur les différences cérébrales entre homosexuels et hétérosexuels ne satisfont pas toutes les exigences de rigueur scientifique. L'idée même d'un fondement cérébral de l'orientation sexuelle serait peu plausible.

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L'auteurCatherine VIDAL est neurobiologiste et directrice de recherche à l'Institut Pasteur.

Cerveau & Psycho : Devant les résultats d'études récentes qui établiraient des différences de structure dans le cerveau d'homosexuels et d'hétérosexuels, peut-on aujourd'hui envisagerque l'orientation sexuelle soit en partie déterminée par notre constitution biologique ?

Catherine Vidal : S'il s'agissait d'une donnée scientifique irréfutable, il le faudrait bien. Le problème est que je ne suis pas si certaine de ce dernier point. À mon sens, les études parues récemment sur cette question ne satisfont pas l'exigence de sérieux tellement indispensable lorsqu'on aborde des thèmes touchant à la sensibilité des gens, à leur vie privée, et à l'idéologie sociale de façon générale. Les donnéeslivrées par ces expériences sont extrêmement fragmentaires, elles livrent des indications à prendre avec la plus grande précaution. Tout au plus peut-on les considérer comme des éléments de réflexion, qui ne sauraient fournir matière à une conclusion généralisable, et donc scientifique. En l'état, elles ne me semblent pas suffisamment étayées pour que l'on conclue à l'existence d'un éventuel « cerveau homosexuel » ou «cerveau hétérosexuel ».

C&P : Pourtant, l'imagerie cérébrale utilise des méthodes de pointe et les équipes concernées sont de niveau international...

Catherine Vidal : Là n'est pas la question. La question fondamentale, c'est que pour établir une loi générale sur le fait qu'il existe un fondement biologique et cérébral à l'homosexualité, il faut procéder à partir de vastes échantillons de personnes, de plusieurs centaines de personnes.Or ces études publiées en Suède ont réuni des groupes de 20 à 25 personnes, ce qui est largement insuffisant pour qu'on en tire une conclusion générale. Que l'on s'entende bien : il est normal, pour ce type d'étude, de procéder sur des échantillons restreints de personnes. Cela est dû à la technique utilisée, l'imagerie par résonance nucléaire et l'imagerie par émission

de positons. Ces méthodes sont coûteuses en temps et en argent,il est très difficile pour un laboratoire de mobiliser des budgets pour les réaliser, ce qui impose d'étudier quelques dizaines de volontaires tout au plus. Mais, en conséquence, lesrésultats de telles études sont nécessairement partiels : pour aboutir à une observation généralisable ayant vertu de preuve scientifique, il faut que plusieurs études de ce type soient réalisées dans des conditions comparables, et que leurs résultats soient rassemblés afin que l'on puisse voir si, oui ou non, de manière statistique sur un grand nombre de sujets testés, le résultat est confirmé.

C&P : Pensez-vous que si l'on réalisait d'autres études de ce type, les résultats seraient différents ?

Catherine Vidal : C'est probable, car la même difficulté a été rencontrée lorsqu'on a voulu montrer des différences entre le cerveau des hommes et celui des femmes. Il y a quelques années,certains groupes de recherche ont publié des études montrant que les hommes activaient leur hémisphère gauche dans un test de langage, alors que les femmes activaient les deux hémisphères. Mais lorsqu'on a commencé à comparer ces résultatsavec ceux d'études analogues réalisées dans d'autres laboratoires, on a constaté que ce type d'observation n'était généralement pas reproduit, et qu'en prenant en compte toutes les données, il n'existait pas de différence générale d'activation des aires du langage entre les hommes et les femmes. Dès lors, il faut être prudent quand on veut comparer les cerveaux d'homosexuels et d'hétérosexuels.

C&P : Les études seraient donc trop rares pour conclure sur d'éventuelles différences cérébrales liées à l'orientation sexuelle ?

Catherine Vidal : Oui, et il y a à cela plusieurs raisons. La première, c'est que les équipes de recherche travaillant sur cethème sont rares. Si vous observez attentivement la situation dans ce domaine de recherche, vous verrez que ce sont toujours les mêmes laboratoires qui publient des études sur cette question, et qui détiennent le monopole. Je pense que cela intéresse assez peu de scientifiques, car il est généralement plus justifié de se concentrer sur des problématiques d'utilitépublique, par exemple la compréhension de la maladie

d'Alzheimer, ou de Parkinson. Dépenser beaucoup d'argent pour savoir s'il y a un peu plus de substance grise ici ou là quand on aime les hommes ou les femmes n'est peut-être pas le plus important aujourd'hui. Mais il faut mentionner un autre phénomène plus déterminant : le fait qu'un scientifique découvrant une absence de différence cérébrale entre deux « catégories » de personnes ne publie pas ses résultats, car l'usage est de publier des résultats positifs et non des résultats négatifs. Il les laisse au fond de son tiroir parce qu'ils seront difficiles à publier. C'est ce que les Américainsappellent l'effet drawer file, qu'on pourrait traduire par « fond de tiroir ». Du même coup, on n'est guère tenu informé des études qui montreraient éventuellement une absence de différence statistique entre les cerveaux des personnes, qu'il s'agisse des hommes, des femmes, des homo- ou des hétérosexuels.

C&P : Les revues scientifiques de renommée internationale qui publient de tels articles ne sont-elles pas à même de discernerces biais ?

Catherine Vidal : En général, si. Mais il faut savoir que pour certaines d'entre elles (notamment, celle qui a publié cette étude suédoise sur le « cerveau homosexuel »), il existe des éditeurs de sensibilités diverses, qui peuvent influer favorablement sur la publication d'un article si le résultat leur semble intéressant, ou aller dans le sens de leurs opinions, qu'elles soient scientifiques ou idéologiques. Ce n'est pas blâmable en soi, mais cela permet de comprendre qu'unarticle ne représente pas une vérité scientifique par le simplefait qu'il est publié.

C&P : Pensez-vous que les recherches sur les fondements biologiques de l'orientation sexuelle soient hors de propos ?

Catherine Vidal : Sur la question de leur utilisation à des fins idéologiques, il est difficile de se prononcer. Une chose est certaine : tout le monde s'accorde aujourd'hui pour dire qu'il n'y a pas de fatalité ou de déterminisme biologique de l'orientation sexuelle. Même si un jour on découvrait sérieusement qu'il y a des différences d'ordre anatomique - ce dont je doute - cela ne voudrait pas dire que l'orientation sexuelle d'une personne est inscrite dans le marbre dès sa

naissance, car on sait que les caractères anatomiques et le fonctionnement du cerveau sont largement influencés par le parcours de vie et les expériences que nous faisons ; en effet,le cerveau possède des propriétés de plasticité qui font qu'il se construit en fonction de l'histoire propre à chacun. Donc lefait de voir des différences entre les cerveaux ne permet pas d'affirmer qu'il s'agisse de différences innées. À ce propos, l'allégation selon laquelle certaines caractéristiques anatomiques, tel le degré de symétrie du cerveau étudié dans cet article, soient indépendantes de l'environnement, n'est pasprouvée.

C&P : En tout cas, il n'y a pas forcément lieu de penser que cetype de recherches soit sous-tendu par une idéologie homophobe ?

Catherine Vidal : Non. On sait que depuis les années 1990, il ya eu une forte demande de « résultats scientifiques » sur l'homosexualité de la part des communautés gay aux États-Unis ;pour certains homosexuels, il s'agissait d'accéder au statut deminorité qui ouvre un certain nombre de droits, pour d'autres, de répondre par l'argument « de nature » au discours de certains conservateurs religieux les accusant de déviance. Je crois surtout que le danger est de donner une vision fausse de l'humain. Lorsqu'on sort du monde des neurones pour aborder celui de la réalité psychologique et sociologique, on s'aperçoit que l'orientation sexuelle est influencée par une multitude de facteurs liés à l'enfance, la famille, le type de société où l'on vit. La psychologie montre que chacun a en soi un mélange d'attirance homosexuelle et hétérosexuelle, et que c'est bien souvent le milieu social qui oriente les comportements dans un sens ou dans l'autre. On peut penser que l'homosexualité est aujourd'hui plus représentée dans la population qu'elle ne l'était il y a un siècle, parce que le contexte social a évolué et permet à cette potentialité humainede s'exprimer.

C&P : Cela n'exclut pas que, dans la société de nos grands-parents, des personnes aient pu naître avec une prédisposition à l'homosexualité, mais que celle-ci ait été refoulée par le contexte social.

Catherine Vidal : Cela ne l'exclut pas, mais cela ne le démontre pas. Et lorsqu'on prétend apporter une preuve scientifique d'aspects aussi personnels que la vie sexuelle desgens, il faut être certain de ce qu'on avance. Pour ma part, jeprends le pari que, comme pour le cerveau des hommes et des femmes, lorsque l'on disposera un jour d'un nombre suffisant d'études du même type que celle dont nous parlons, on s'apercevra en réunissant toutes leurs données, qu'il n'y a pasplus de différence entre le cerveau d'un homosexuel et celui d'un hétérosexuel, qu'entre les cerveaux de tous les individus,quels que soient leur sexe ou leur orientation sexuelle.

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L'homosexualité est-elle biologique ?

Par Invité de BibliObs

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Publié le 28-12-2013 à 16h37Mis à jour le 30-12-2013 à 11h01

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Selon le chercheur belge Jacques Balthazart, on ne devient pas homosexuel, on le naît. EntretienDes couples de lesbiennes à Mexico City, en juillet 2013 (Sipa)

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Le site BoOks.fr

La plupart des ouvrages disponibles en français présentent l’homosexualité comme la résultante d’une enfance ou d’un environnement particulier voire d’un choix, et ce, au mépris des données scientifiques. Tous les livres sauf un, celui de Jacques Balthazart, à la tête du Groupe de recherches en neuroendocrinologie du comportement à l’université de Liège. Pour lui l’homosexualité a une composante biologique importante. Nos confrères de «BoOks» l’ont rencontré. A lire aussi dans leur numéro de décembre.

BoOks «Biologie de l’homosexualité», c’est un titre plutôt hardi, non?

Jacques Balthazart Pour le public français oui, et c’est justement ce public que je vise. Parce que les Anglo-Saxons sont beaucoup plus avertis à cet égard. Non qu’on ne trouve parmi eux nombre d’opposants à l’idée d’une composante biologique de l’homosexualité. Mais les avis sont partagés, il y a débat, tandis qu’en France, et dans les pays latins, c’est l’anathème.

La plupart des livres parus encore récemment en français présentent l’homosexualité comme la résultante d’une enfance contrariée, d’un environnement particulier, ou d’un choix, et gomment ou nient les données scientifiques disponibles. Je précise que ce qui m’intéresse, ce n’est pas l’homosexualité entant que telle, mais de comprendre comment une caractéristique comportementale assez sophistiquée peut être éventuellement déterminée par des facteurs biologiques. Je me pose tout autantde questions sur mon hétérosexualité que sur l’homosexualité.

Mais vous travaillez plutôt sur l’animal ?

Oui, j’étudie depuis plus de trente-cinq ans les mécanismes hormonaux et nerveux qui contrôlent les comportements dits instinctifs. Je travaille particulièrement sur les différences entre les mâles et les femelles. Les disparités sexuelles sont dans une grande mesure le résultat des effets des hormones pendant la vie embryonnaire ou les premiers stades du développement après la naissance. Y compris sur le plan comportemental. On sait cela depuis un demi-siècle: les hormones sexuelles ont, dans la période périnatale, un effet organisateur; elles modifient la structure du cerveau et ses connexions. Concernant le comportement sexuel, on a identifié des sites bien précis du cerveau profond dont le rôle est déterminant. Ainsi l’implantation de testostérone dans l’aire préoptique d’un mâle adulte castré suffit à rétablir un comportement sexuel actif.

Le cerveau peut-il être considéré comme un organe sexuel?

Il faut bien comprendre que l’action des hormones sexuelles très tôt dans la vie est irréversible. Elle est associée à une période critique: l’effet organisateur ne peut se produire que dans une fenêtre de temps bien précise qui correspond à un stade de développement du système nerveux.

Chez le mâle, animal ou humain, les effets organisateurs de la testostérone sont dits «génétiques indirects». Il y a sur le chromosome Y un gène, SRY, qui induit la formation des testicules. Ceux-ci fabriquent la testostérone pendant la vie embryonnaire et c’est cette hormone qui va produire les caractéristiques masculines, tant morphologiques (pénis et scrotum) que comportementales.

En l’absence de testostérone ou de récepteurs de la testostérone, cela donne des structures génitales et comportementales femelles, même si l’individu est génétiquementde sexe masculin. Depuis une dizaine d’années, on pense qu’il existe en outre des effets génétiques directs, qui agissent indépendamment de la testostérone ; mais le sujet est encore austade de la recherche.

Quel rapport y a-t-il entre la détermination du sexe et l’homosexualité?

On s’est rendu compte, ces dix dernières années, que ces mécanismes hormonaux de différenciation concernent aussi le choix du partenaire chez l’animal. On sait fabriquer des rats et des furets mâles qui deviennent homosexuels ou bisexuels à tendance homosexuelle. Soit en manipulant les conditions hormonales pendant la vie périnatale, soit en manipulant l’airepréoptique à l’âge adulte.

Quels indices avons-nous que ce déterminisme hormonal existerait aussi chez l’homme?

Il y a d’abord un argument de fond, qui est la continuité évolutive des espèces. L’aire préoptique existe chez l’homme comme chez tous les mammifères, les oiseaux, les reptiles, les amphibiens et les poissons. Le rétablissement d’un comportementsexuel chez le mâle castré en lui implantant de la testostéronedans cette aire a été réalisé chez toutes les espèces d’oiseauxet de mammifères que l’on a étudiées. Chez l’ensemble des tétrapodes, dont l’homme fait partie, cette aire préoptique estextrêmement semblable; elle contient les mêmes neurones produisant les mêmes neurotransmetteurs et connectés aux mêmes aires du cerveau.

Le fait que l’on puisse manipuler l’orientation sexuelle d’animaux de notre famille, les mammifères, en intervenant sur l’aire préoptique, est un argument clé, parce que l’orientationsexuelle est un caractère sexuellement différencié qui joue un rôle crucial dans le succès reproductif d’une espèce. Je vois mal, comme certains le disent, que dans l’évolution de la lignée humaine ce contrôle aurait pu se perdre au profit de l’éducation, beaucoup plus labile et aléatoire. Ni même au profit du cortex, qui est certes beaucoup plus développé chez nous mais n’a pas pris le contrôle de nos pulsions les plus instinctives.

Jacques Balthazart, chercheur en en neuroendocrinologie du comportement, est

notamment l'auteur de "Biologie de l'homosexualité", Ed. Mardaga, 304 p., 29 euros.(DR)

Y a-t-il des arguments plus concrets ?

Il en existe beaucoup. Pour commencer, on voit dans notre espèce une série d’accidents génétiques et hormonaux dont on peut tirer des enseignements. Le problème le mieux étudié est l’hyperplasie congénitale des surrénales (HCS). En raison d’un gène muté, la production de cortisol est interrompue et les glandes surrénales se mettent à produire des stéroïdes qui ont une action androgénique. Cela aboutit à la naissance de petitesfilles aux structures génitales plus ou moins masculinisées.

Il y en a même que l’on ne peut pas distinguer de petits garçons à la naissance, mais aujourd’hui elles sont toujours détectées. Si leurs structures génitales sont jugées trop ambivalentes, on les corrige par la chirurgie et, pour leur éviter des problèmes métaboliques graves, elles devront prendredu cortisol toute leur vie.

Or, quand ces petites filles grandissent, on constate qu’elles ont en moyenne des jeux beaucoup plus agressifs que les autres,préfèrent le foot à la poupée. Ce sont des garçons manqués. Plus tard elles choisissent fréquemment des carrières professionnelles typiquement associées aux hommes (ingénieurs, etc.). Et l’on constate chez elles une augmentation de l’incidence de l’homosexualité. Entre 15-20% et 35%, selon les études, alors que le taux habituel de l’homosexualité féminine est inférieur à 15%.

C’est un indice, mais cela ne fait pas une grosse différence…

Non, et en en effet la discussion est vive. On a pu évoquer unehésitation à s’engager dans une relation hétérosexuelle, en raison d’une dévalorisation de l’image de soi et aux difficultés des relations avec pénétration parce que les structures génitales corrigées par chirurgie ne seraient pas optimales.

Mais l’idée de l’influence prénatale de la testostérone est confortée par une constatation: le taux d’incidence de l’orientation homosexuelle est corrélé à la sévérité du problème hormonal. Plus la maladie est sérieuse, plus l’incidence est grande. À quoi l’on peut certes objecter qu’il s’agit d’études faites a posteriori. Il ne s’agit pas d’expériences contrôlées.

En résumé, il me paraît difficile de nier qu’il existe une incidence hormonale, mais elle ne suffit pas à expliquer l’orientation sexuelle. C’est habituel. Dans toute étude liant le biologique au comportemental, on observe une variance importante, montrant que le facteur étudié n’est pas seul en cause. Il contribue seulement à expliquer une partie du phénomène. C’est une notion difficile à faire passer auprès d’un large public, qui préfère que ce soit blanc ou noir. De fait, aucune maladie chez l’homme n’inverse totalement l’orientation sexuelle.

De quelles autres catégories d’indice disposons-nous ?

Nous avons observé dans les populations homosexuelles des caractères sexuellement différenciés dont on sait que, chez l’animal, ils se développent sous l’influence de la

testostérone embryonnaire. Mon exemple préféré est celui des émissions dites otoacoustiques (EOA).

On a découvert que l’oreille interne, en plus de sa fonction auditive, émet des sons sous forme de clics à peine audibles. Or les femmes, dès l’enfance, en produisent plus que les hommeset en plus grande amplitude. C’est vrai aussi des femelles chezd’autres mammifères. On pense que la faiblesse des EOA chez lesmâles est le résultat de l’exposition aux androgènes pendant lavie fœtale et ceci a été clairement démontré chez diverses espèces animales.

Un indice probant vient d’études sur l’hyène. Dans cette espèce, les femelles sont fortement masculinisées par les androgènes in utero et immédiatement après la naissance, au point que leurs structures génitales sont à première vue semblables à celles des mâles. Le clitoris est tellement hypertrophié qu’on le prend pour un pénis. Et, dans cette espèce, l’amplitude des EOA n’est pas plus grande chez les femelles que chez les mâles ; elle est même légèrement inférieure.

De plus, si on traite une mère en gestation avec des antiandrogènes, les petits présentent une amplitude des EOA supérieure à la normale. Le même résultat s’observe chez le mouton. Or on a découvert que les femmes lesbiennes ou bisexuelles ont des EOA masculinisés, suggérant qu’elles ont été exposées à une concentration anormalement élevée de testostérone pendant leur vie embryonnaire. C’est également le cas des femmes qui ont vécu in utero avec un frère jumeau et ont donc été potentiellement exposées à un taux légèrement plusélevé de testostérone.

Indépendamment de ces effets hormonaux, peut-on invoquer une composante héréditaire de l’homosexualité ?

C’est en effet une autre catégorie d’indices. J’évoquais tout àl’heure la possibilité d’effets génétiques directs. Il est clair, indiscutable, que l’homosexualité est en partie transmise. Les études sur les vrais jumeaux indiquent une fortehéritabilité de la variance dans l’orientation sexuelle, de l’ordre de 30% à 60%. On sait aussi qu’un homme homosexuel a plus de chances de compter des hommes homosexuels parmi ses

ascendants du côté maternel. Cela suggère une transmission par voie matriarcale. Trois études indépendantes indiquent l’existence d’une liaison entre la transmission de l’homosexualité masculine et des marqueurs situés sur une région bien précise du chromosome X.

Les différences cérébrales souvent évoquées entre le cerveau humain hétérosexuel et homosexuel sont-elles avérées ?

Le problème est que les études sont très difficiles à réaliser.Les différences observées, par exemple dans l’aire préoptique, concernent des structures trop petites pour être vues par imagerie médicale. Mais leur petitesse ne nous dit rien de leurfonctionnalité. Pour en donner une idée, un noyau de 1 mm3 peutcontenir 10 000 neurones, qui peuvent avoir chacun mille connexions, ce qui donne dix millions de connexions. Cela permet de faire un circuit logique d’une belle complexité.

Je conclus des études réalisées qu’il existe sans doute des différences statistiquement significatives de densité ou de volume neuronal pour certains noyaux. Mais, là encore, ce que l’on trouve, c’est une différence à la moyenne. Il y a des recouvrements. C’est un élément d’explication, sans plus.

Finalement, toutes ces données ne fournissent que des indices de nature statistique ?

C’est indéniable, mais mises bout à bout elles forment un faisceau d’arguments en faveur d’une influence biologique forte. Quelle est son importance réelle? Explique-t-elle 50% dela variance? 80%? À ce jour, personne ne peut le dire. Mais le contester relève du déni.

Si la composante biologique est forte, comment peut-on l’expliquer, du point devue de la théorie de l’évolution ?

Il existe plusieurs hypothèses. Le vrai sujet est l’homosexualité exclusive. Comment expliquer que l’évolution, qui vise à maximiser la reproduction, ait permis son apparitionet sa persistance ? Il faut d’abord observer que ce n’est pas le propre de l’homme. Il existe au moins une espèce chez qui elle existe de manière incontestée: le mouton des montagnes Rocheuses. On en voit qui montent avec vigueur un bélier,

ignorant totalement la brebis en chaleur à côté. Il faut donc admettre qu’il y a un avantage caché associé.

L’hypothèse la plus en vogue est celle d’une hypersexualité desfemmes appariées. Une étude récente montre que les mères, les grands-mères, les tantes ou cousines d’hommes homosexuels ont plus d’enfants que celles des hétérosexuels. Une autre hypothèse est que les homosexuels, dans les conditions difficiles de notre histoire évolutive, ont aidé leurs parents proches à assurer la survie de leurs enfants. Dans les deux hypothèses, la sélection favorise les gènes qui prédisposent à l’homosexualité.

Y a-t-il tout de même des arguments permettant de penser que l’homosexualitéest une construction culturelle ?

La thèse la plus répandue vient de la psychanalyse, pour laquelle l’homosexualité serait, pour simplifier, le résultat d’un complexe d’Œdipe non résolu. Il y a aussi les constructivistes, pour qui l’orientation sexuelle résulte d’uneinfluence du milieu.

Ces théories se heurtent à deux problèmes principaux. Le premier est qu’il n’y a pas d’études quantitatives montrant unerelation entre l’histoire psychologique de l’enfant ou le type d’environnement dans lequel il a été élevé et son orientation sexuelle ultérieure. Le second, a contrario, est la quantité d’exemples montrant l’absence de ce type d’influence. On parle souvent du père absent. Mais il y a des millions de mères célibataires et l’absence du père n’induit aucune augmentation de l’incidence de l’homosexualité.

Il y a aussi des sociétés traditionnelles, en Malaisie ou en Micronésie par exemple, où les relations homosexuelles sont imposées aux adolescents avant le mariage. Là non plus, on ne constate pas d’incidence particulière de l’homosexualité à l’âge adulte. Pas plus que chez les garçons ayant eu des pratiques homosexuelles pendant l’adolescence du temps où l’école n’était pas mixte. En réalité, la fréquence de l’homosexualité est à peu près constante dans toutes les sociétés et, pour autant qu’on puisse en juger, à toutes les époques.

Propos recueillis par Olivier Postel-Vinay

» Théorie du genre: Judith Butler répond à ses détracteurs

» Le site de "BoOks"

Mercredi 12 décembre 2012 | Mise en ligne à 12h13 | Commentaires (27)

Nouvelle hypothèse en «biologiede l’homosexualité»Dans la grande bibliothèque de la biologie, la rayon où l’on range les hypothèses expliquant l’homosexualité commence à êtrepas mal rempli. C’est bien normal, remarquez, puisque c’est uneépine dans le pied de la théorie de l’évolution : d’un côté, divers signes suggèrent une origine génétique (des études ont démontré que ça «court dans la famille», comme on dit, et d’autres concluent que les jumeaux identiques ont plus de chances d’avoir la même orientation sexuelle que les non-identiques, par exemple) ; mais d’un autre côté, un gène, que l’on a d’ailleurs jamais identifié jusqu’ici, qui écarterait ses porteurs de la reproduction serait rapidement éliminé par la sélection naturelle — or l’homosexualité n’a évidemment pas disparu à l’époque des hommes des cavernes.

Voilà qu’une étude rendue publique hier propose, essentiellement, de couper la poire en deux : l’homosexualité ne serait pas «génétique» à proprement parler, mais plutôt épigénétique. Malgré leur grande importance, en effet, les gènes ne déterminent pas tout ce que nous sommes : encore faut-il qu’ils s’expriment, ou qu’il s’«activent», si l’on préfère — unprocessus complexe nommé épigénétique. Ainsi, le génome est protégé et empaqueté dans une sorte de gaine, la chromatine, faite de matériel génétique et de protéines, et cette gaine peut influencer quels gènes s’exprimeront, et quand.

Dans le dernier numéro de la Quaterly Review of Biology, trois chercheurs — William Rice (Université de Californie), Urban Friberg (Université Uppsala, Suède), et Sergey Gavrilets (Université du Tennessee) — suggèrent que ce sont des facteurs

épigénétiques qui seraient à l’origine de l’homosexualité, plusprécisément des facteurs qui, avant la naissance, rendent les fœtus plus ou moins sensibles à l’effet d’hormones androgènes, comme la testostérone.

Comme les fœtus masculin commencent à produire leur propre testostérone vers l’âge de huit semaines, ils sont en moyenne plus exposés aux androgènes avant la naissance que les fœtus féminins, mais ceux-ci le sont aussi, parfois autant et même plus que la moyenne masculine. Le degré d’exposition est lié à différentes étapes du développement des fœtus et de la différenciation entre les sexes : par exemple, les garçons qui ont été «sous-exposés» à la testostérone pendant la grossesse, parce que eux-mêmes ou leur mère n’en produisaient pas assez, courent un risque accru de faire de la cryptorchidie — c’est-à-dire que leurs gonades ne descendent pas dans les testicules, mais restent dans le bas-ventre.

Toutefois, notent les auteurs, la corrélation est loin d’être parfaite, et il se trouve beaucoup de cas de fœtus-filles surexposés à la testostérone et de fœtus-garçons sousexposés qui ne présentent aucun problème de développement. L’explication, notent-ils, tient à des facteurs épigénétiques, qui «protègent» les premières contre un surplus d’androgènes, et rendent les seconds plus sensibles à l’effet des androgènes (donc les protègent contre une sous-exposition). Ces «épimarqueurs», comme M. Rice et al. les appellent, diffèrent selon le sexe du fœtus, apparaissent dès les premières divisions cellulaires, et tous les épimarqueurs des parents sont alors effacés. Enfin, tous, ou presque : «des études sur lasouris et sur l’homme démontrent clairement que la transmissiond’épimarqueurs d’une génération à l’autre survient à des taux non-négligeables», écrivent-ils.

Or si le père, par exemple, transmet à sa fille les épimarqueurs qui le rendaient plus sensible aux androgènes lorsqu’il était encore en gestation, ladite fille sera elle-même plus «vulnérable» aux androgènes pendant la grossesse. Il se pourrait, arguent les auteurs, que cela la masculinise jusqu’à un certain point — ou que cela féminise un fils qui aurait hérité des épimarqueurs qui protégeaient sa mère des androgènes —, et que si cela se produit à une certaine étape dudéveloppement du cerveau (qu’il resterait à élucider), alors

cela pourrait expliquer l’homosexualité. Notons à cet égard qu’une étude a trouvé que l’homosexualité des femmes était corrélée à un indicateur d’exposition fœtale aux androgène — mais c’était pas mal moins clair pour l’homosexualité masculine, voir ici.

Cela ne reste, soulignons-le, qu’une hypothèse, qui vient s’ajouter à une longue liste allant de la psychologie pure (être élevés par une mère dominante rendrait les garçons gays, a-t-on déjà entendu) à la génétique pure (une théorie en vogue explique l’homosexualité par le fait que les enfants humains demandent un énorme investissement de la part des parents, et que certains posséderaient et transmettraient un «gène de l’homosexualité» pour que leurs enfants homosexuels puissent aider leurs frères et sœurs).

Mais, en plus du fait que l’article a été bien accueilli par lacommunauté scientifique jusqu’ici — à ce que j’ai pu voir, du moins —, j’aimerais insisté sur une dernière chose : la fréquence de l’homosexualité. Comme le soulignent les trois auteurs, elle est de quelques pourcents, ce qui peut a priori apparaître élevé. Mais, poursuivent-ils, il existe plusieurs autres cas connus de «dissonance gonades-trait causés par l’exposition fœtale aux androgènes» qui surviennent à des fréquences comparables : la cryptorchidie survient chez 2 à 9 %des garçons ; les «comportements transgenres» sont observés chez 3,2 % des petits garçons et 5,2 % des petites filles ; 6 %des femmes ont un pilosité «masculine», sans que l’explication soit hormonale ; etc. Cela ne prouve rien, bien sûr, mais cela signifie que cette nouvelle hypothèse pourrait expliquer cet aspect-là aussi.

Et puis comme toute théorie qui vient d’être formulée, il faudra laisser le temps au processus de critique/modification par les pairs de faire son œuvre. On verra dans quelques annéessi cette avenue d’explication survit à l’écosystème scientifique…

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Publié dans la catégorie Biologie | 27 commentaires | Permalien

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colas_gill

12 décembre 201213h00

Toutes les orientations sexuelles se valent. Je me sens insulté par cette étude.

Contrairement à l’«hypothèse de la gardienne», qui donne une fonction à l’homosexualité, cette nouvelle étude la relègue effectivement au rang de conséquence-de-quelque-chose-qui-ne-s’est-pas-produit-normalement. Mais jecrois que pour se sentir insulté, il faut interpréter cette étude dans un sens que ses auteurs ne lui donnent pas. Je n’ai senti nulle part dans leur article, en tout cas, que leur explication venait avec une condamnation.JFC

guiguibob

12 décembre 201213h20

Ca me fait penser a la série que fait PZ Myers sur son blogue Pharyngula dernierement pour critiquer la psychologie évolutive. Le hasard permet souvent a certaines combinaison d’entrer dans le génome qui n’ont pas toujours un bénéfice, si le désaventage n’est pas suffisant pour nuire profondément.

Comme vous dites on verra dans plusieures années quelle conclusion résiste le mieux aux tentatives de démontrer qu’elles sont fausses. Pour l’instant mieux vaut réserver sont jugement.

observateur_tiers

12 décembre 201213h51

@ colas_gill

Il semble que l’objectif de l’étude ait été de trouver descauses de la diversité des orientations sexuelles. Pas de faire un jugement de valeurs sur cette diversité. Je suis peut-être idéaliste mais ce n’est pas le rôle d’une étude scientifique que de poser des jugements de valeurs. La prétention de la science est de laisser les faits tracer les conclusions. L’interprétation des scientifiques se fait en vertu de ce qu’ils perçoivent des données, pas de l’explication morale qu’ils veulent leur donner.

Si vous répondez à cet article en disant que “toutes les orientations sexuelles se valent”, vous posez vous-même unjugement de valeurs. Elles se “valent” dans quel sens? Au sens de “l’humain est ce qu’il est” et “il a le droit de vivre tel qu’il est”? Si c’est ce que vous voulez dire, alors je suis tout à fait d’accord et je ne vois aucunement en quoi l’étude et le billet de M. Cliche s’y opposent.

Si ce qui vous agace, c’est le lien entre la théorie de l’évolution et la reproduction, hélas, vous ne manquerez pas d’être insulté si vous accordez un tant soit peu de temps à la biologie dans votre vie. L’évolution biologiqueet la préservation d’une espèce sexuée demandent une reproduction entre partenaires de sexes opposés. C’est unecruelle réalité peut-être, mais c’est la réalité quand même.

Je dirais même plus : cette réalité n’a rien de cruel en elle-même. Elle ne le devient que dans un contexte, une société où l’homosexualité est socialement stigmatisée — et quand on se fait harceler sur son orientation sexuelle depuis la cours d’école jusqu’à la retraite, la Nature apparaît effectivement bien cruelle. Mais en dehors d’un tel contexte, l’homosexualité n’est comme vous le dites rien d’autre qu’une «variation de plus sur le thème de l’humanité». Les uns ont les yeux bleus, les autres ont les yeux bruns. Les uns sont hétéros, les autres, homos.JFC

jeffypop

12 décembre 201213h57

Donc pas de lien avec le fait de porter des ballerines roses (voir mère blogue). Il y en a qui vont être déçu.

honorable

12 décembre 201214h21

Attention: seuls ceux qui n’ont pas de valeurs sont libresde jugements de valeurs. Attention aux jugements tous azimuts comme “touts les orientations sexuelles se valent”. J’aurais une petite gène, par exemple, envers, disons, la pédophilie, la zoophilie ou la nécrophilie. Quevoulez-vous: j’ai des valeurs, et je ne m’en cacherai pas…

La pédophilie, la zoophilie et la nécrophilie sont des déviances, pas de simples orientations. J’ai des valeurs, moi aussi.JFC

honorable

12 décembre 201214h54

La frontière entre orientation et déviance sexuelle est variable, selon les valeurs de chacun. La déviance des unsdevient l’orientations d’un autre, selon l’endroit où on trace la ligne de démarcation. Les déviances d’une époque peuvent se transformer en orientations, et vice-versa… Disons qu’il y a des orientations sexuelles qui sont plus garantes d’un futur à long terme pour l’humanité… Il ne devrait pas être déviant de le dire…

cjulie

12 décembre 201215h06

@honorable

Dans les trois exemples que vous nommez, un des partenaires n’est pas consentant. C’est une énorme différence. Et c’est ce qui fait que ce sont des déviances, contrairement à l’homosexualité.

guiguibob

12 décembre 201215h07

@honorable

La raison que la pedophilie, zoophile ou necrophilie sont problématique c’est que ce sont des comportement qui font des victimes. On s’accorde j’epere pour dire que les morts, les enfants ou les animaux ne peuvent donner leur consentement a un acte sexuel. Donc la phrase devrait êtretoutes les orientations sexuelles entre partenaire consentant se valent, sauf que j’aurais cru que c’était évident et assumé par défaut.

kelvinator

12 décembre 201215h46

Malgré qu’une étude scientifique soit objective, nous avons toujours tendance à la percevoir selon nos valeurs, ce qui peut causer de profond malentendus, comme on peut le remarquer dans les commentaires. Le développement fulgurant dans le domaine génétique nous pousseras à peut-être finalement éclaircir ce mystère.

Tout le monde a des valeurs, il est inconcevable qu’une personne n’ait pas de valeur. Sauf bien sur si nos valeursnous poussent à déclarer nul les valeurs des autres.

honorable

12 décembre 201216h06

Avoir des relations sexuelles homosexuelles avec 150 partenaires différents par année (tous consentants; excellents transmetteurs de SIDA, en passant), c’est une orientation ou une déviance? Je fais juste dire que la démarcation est parfois floue et que j’en ai assez de voirdes personnes de bonne foi se faire rétorquer “vous faite un jugement de valeurs”, comme si c’était synonyme de “vous venez de vous rouler dans la boue”. (J’ai déjà entendu Réjean Thomas le faire.)

Les valeurs varient d’un individu à l’autre. On ne doit pas jeter nécessairement l’anathème sur quiconque pense que l’homosexualité est moins normale que l’hétérosexualité, ou que se servir exclusivement de poupées gonflables ou de la main gauche est moins normale que la position du missionnaire… Notez que dans les 3 orientations mentionnées il y a consentement et aucune victime.

Un individu devrait être capable de penser que la gourmandise est moins normale que la modération et que donc ces 2 attitudes ne se valent pas. De même, un individu devrait être capable de penser que l’homosexualité est moins normale que l’homosexualité et que donc ces 2 orientations ne se valent pas. Tout en demeurant ouvert, ami et compréhensif envers les gourmandset les homosexuels.

En somme, même quand il n’y a pas de victimes, il n’est pas vrai que “tout se vaut” sous prétexte que “c’est plus fort que moi”.

PS: la démarcation entre homosexualité et pédophilie est facile à faire, comme plusieurs l’ont indiqué. Cependant, pour ce qui est de la nécrophilie, certains pourraient invoquer qu’il n’y a pas vraiment de victime! Malgré

l’absence de victime au sens classique du terme, je persévère à me garder une petite gêne…

cimequaire

12 décembre 201216h15

Les recherches en épigénétique ouvre une voie de réconciliation extraordinaire en santé mentale : la voie de la réconciliation entre les tenants de la neuropsychiatrie et les tenants du psycho-social .Comme Michael Meaney, Ph.D., et Gustavo Turecki, M.D., Ph.D., chercheurs de l’Institut Douglas, l’ont prouvé de façon spectaculaire ces dernières années: non seulement l’environnement a une influence sur la santé mentale et physique, il peut modifier le fonctionnement des gènes dont on hérite à la naissance. Comme si ces derniers étaient contrôlés par une série d’interrupteurs. Et que lanourriture qu’on avale, l’air qu’on respire ou même les câlins que l’on reçoit avaient le pouvoir d’activer ces interrupteurs.

Michael Meaney et son équipe sont allés beaucoup plus loinque ça: ils ont traqué l’empreinte des soins maternels jusque dans le cerveau des jeunes rats. C’est que le léchage influence l’activité d’un gène qui prémunit les rats contre le stress. Ce gène, NRC31, produit une protéine qui contribue à diminuer la concentration d’hormones de stress dans l’organisme. Encore faut-il activer une portion bien précise de ce gène, grâce à un interrupteur épigénétique. L’analyse des cerveaux de rats n’ayant pas reçu une ration suffisante de léchage l’a démontré : l’interrupteur lié au gène NRC31 était défectueux dans les neurones de l’hippocampe des rats. Conséquence: même en l’absence d’éléments perturbateurs, ils vivent dans un état de stress constant.Du rat à l’humain, des mécanismes semblables.

ps : non je ne considère pas l’homosexualité comme une maladie mentale

observateur_tiers

12 décembre 201216h52

Ouf, il semble que mon utilisation de l’expression “jugement de valeurs” ait eu des répercussions non souhaitées.

J’ai utilisé ce terme en réponse à l’utilisation du verbe “valoir” par colas_gill. C’était maladroit de ma part parce que je ne voulais pas du tout faire référence au système moral des valeurs. Je voulais faire référence au verbe “valoir” et c’est très précisément pour ça que je demandais à colas_gill de préciser sa pensée : les orientations se “valent” en quoi? Pour moi elles n’ont pasà “valoir” quoi que ce soit, elles sont ce qu’elles sont. La “valeur” qu’elles prennent au sens de la reproduction et donc de la préservation de l’espèce, c’est une autre question, et ça a quand même beaucoup à voir avec l’interpération sociale, comme le mentionnait M. Cliche. Je ne voulais pas supposer non plus que colas_gill avait telle ou telle valeur morale dans son analyse.

Donc, désolé si j’ai mal formulé mes propos. J’ai utilisé “jugement de valeurs” à un degré autre que celui auquel onl’utilise habituellement. C’est ben de valeur mais j’ai été très maladroit! (Désolé pour le jeu de mots facile.)

Aucun besoin d’excuses. Vraiment !JFC

colas_gill

12 décembre 201218h25

Je me questionne. Si la schizophrénie est dû à un gêne `defect` et qu’on appelle ça une maladie pourquoi n’appellerons pas l’homosexualité une maladie s’il s’agit d’un gène défectueux? C’est en cela que cette étude me

choque. Qui dit que celui qui fait L’amour avec sa chèvre n’a pas un gène défect donc une maladie. Qui détermine quela maladie est acceptée au niveau du jugement de valeurs? Y’a t-il des maladies plus acceptable que d’autres. Des gènes plus défecteusement acceptable que d’autres?

lecteur_curieux

12 décembre 201219h44

L’attirance sexuelle et les traits de caractères ce sont duex choses différentes.

Un garçon féminin ou plutôt andrpgyne peut très bien être très hétérosexuel et la même chose pour la fille tpmboy ougarçonne… Pas attirée par les femmes du tout…

La femme masculine hétérosexuelle pourrait être attirée vers un homme très, très masculin.Alors que l’homme jugé plus androgyne lui aussi attiré vers les femmes féminines, douces et délicates.

Et l’exposition à la testostérone pourrait pas être un indicateur de l’appétit sexuel plutôt que de l’orientation? Les hommes le sont plus que les femmes et ont donc un plus grand appétit ou goût pour la chose, en moyenne.

legada

12 décembre 201221h27

@ colas_gill

On peut se poser cette question.

Il y a une variation naturelle de la couleur des cheveux, des yeux, de peau, etc… On ne les considère pas comme une maladie.

Par contre être schizophrène est très dérangeant pour une personne. Il n’y a pas un défilé de la fierté schizophrène. On peut nommer cela une maladie

Aujourd’hui dans notre société pour beaucoup de gens l’homosexualité n’est pas une maladie alors que pour certains c’est une maladie et pour d’autre c’est pire. Alors on est dans le jugement de valeur.

Ce qui compte dans notre société, c’est que légalement elle est accepté malgré que certain ne l’accepte pas encore.

lacliquedehull

12 décembre 201222h12

Il y a quand même une part culturelle dans la définition de l’homosexualité. Dans les temps des Romains et des Grecs, quand les relations homosexuelles étaient acceptéeset célébrées, les hommes couchaient avec leurs épouses pour la reproduction, avec des prostituées pour le plaisiret avec des hommes pour l’esthétisme. Des philosophes vantaient les relations avec des hommes, tout en étant mariés. Est-ce que l’homosexualité existait à l’époque, ausens où on l’entend aujourd’hui?

dcsavard

12 décembre 201222h36

@colas_gill,

vous répondez à vos propres question. Défectuosité et acceptabilité sont deux choses différentes. Que l’on accepte ou pas qu’un malade est malade, ça change quoi?

Depuis la nuit des temps que les hommes pratiquent la ségrégation, c’est leur façon d’assurer leur sécurité dansl’homogénéité du troupeau. Oui, c’est tribal comme

comportement, c’est notre côté animal. La ségrégation sexuelle n’est qu’un des aspects. La ségrégation politique, religieuse, raciale en sont d’autres. Même les handicapés qui sont éminemment défectueux d’un point de vue biologique la subisse.

Et oui, il y a des défectuosités plus acceptables que d’autres semble-t-il puisque nous avons crû bon d’enchasser dans notre constitution une protection pour ledroit de religion, de sexe, d’orientation sexuelle, d’handicap et de race.

Maintenant, il semble que votre problème c’est la déclaration d’une chose comme étant anormale ou défectueuse. C’est quoi une norme? Si 90% de la populationa un comportement A, ceux qui n’ont pas le comportement A sont considérés hors norme, donc anormaux. Et il peut y avoir des causes biologiques, comme pour un handicap. Maisen bout de ligne, cela ne veut pas dire que discriminer est acceptable. L’acceptabilité est définie par la loi. Pas par la science.

observateur_tiers

12 décembre 201223h04

@ colas_gill

Je ne pense pas que l’étude veuille vraiment associer l’homosexualité à un “défaut” de quelque sorte que ce soit. Ou en tout cas si c’était le cas, moi aussi ça me fâcherait.

Une expression différente de certains gènes (ou marqueurs)ne veut pas dire qu’il s’agit d’une maladie. Je ne suis pas un expert en la question, mais à mon avis, on considère un état comme étant une maladie de par ses conséquences, pas par ses causes. Si une personne présenteun comportement schizophrénique, on dira qu’elle souffre d’une pathologie mentale. Mais l’époque où l’homosexualitéétait considérée comme une maladie est heureusement

révolue dans bien des endroits du monde (pas partout, hélas).

walt68

13 décembre 201206h38

@honorable,

Si, ici, on condamne la pédophilie, c’est que notre société, appuyée par des études, a condamné cette pratique. Il n’y a pas si longtemps, un adulte pouvait marier un fille de 14 ans… et dans plusieurs endroits dansle monde, la pratique de la pédophilie n’est pas encore criminelle.

Quant à l’homosexualité, je me demande : Est-ce que l’homoparentalité peut avoir des conséquences sur le développement du fétus et de l’enfant ?########

En lisant les commentaires, je me dis que les questions d’orientation sexuelle n’est vraiment pas simple et que les chercheurs ont encore beaucoup de pain sur la planche avant de les solutionner.

walt68

13 décembre 201206h42

@lecteurcurieux,

Prenez garde de ne pas baser vos convictions sur des lieuxcommuns.

mononke

13 décembre 201212h45

C’est presque devenu une obsession de trouver ”LE” Gène qui expliquerait tout … sans entrer dans un débat de valeur qui est très personnel et particulier aux croyance de chacun le fait de rechercher un gène qui expliquerait un comportement X quel qu’il soit permet de se déresponsabiliser du comportement en question … ha! Youppiy on trouvé le gène ”DE”( obésité ou autre …) c’est génétique c’est donc une maladie… on y peut rien c’est pu de ma faute … Hé Woila !

Tendance ne signifie pas comportement qui sont pour la plupart appris … et le role des gènes ( individuellement )n’apparait pas aussi clair , un peu comme quand on cherchait la zone ou le neurone du cerveau responsable ”DE”… plus on avance et moins y a un neurone ni une zone responsable ”DE” …

Si y peuvent finir par trouver le gène du ”Blogophile” …qu’on arrête de filler cheap quand on ose dire qu’on est pas d’accord…. ”Blogophile” orientation dans la lecture oudéviance dans l’expression?

lecteur_curieux

13 décembre 201216h32

@walt68

Sujet trop complexe pour avoir des convictions. Et difficile de ne pas sortir parfois quelques lieux communs dans la discussion. Je pense que c’est du cas par cas.

http://archives.lesoir.be/la-difference-de-taille-entre-l-index-et-l-annulaire-pe_t-20000420-Z0J487.html

Les homosexuels mâles sont-ils hypermasculins ou plus féminins que les hommes hétérosexuels ? Ou les deux à la fois ? Ou c’est au cas par cas ?

Quelles sont les différences à faire entre l’identité sexuelle, le genre, l’orientation, l’attirance et l’appétit sexuels ?

dcsavard

13 décembre 201216h59

Chose certaine, nous ne devons certainement pas censurer la science pour rendre le discours scientifique conforme au discours politique. Ce serait retourner à l’époque soviétique où l’URSS interdisait à ses scientifiques d’étudier la mécanique quantique sous prétexte qu’il s’agissait d’une théorie bourgeoise et capitaliste.

La science doit être libre de ce genre de fadaises.

walt68

13 décembre 201217h57

@lecteur_curieux,

En tout cas, le sujet a le mérite d’être inépuisable et defournir de la matière pour les chercheurs et les écrivainsde tout acabit probablement jusqu’à la fin des temps…

bronxy

13 décembre 201219h56

Ouais… tu parles d’un maudit taponnage! Vivre et laisser vivre me convient mieux.

lecteur_curieux

13 décembre 201223h35

Avez-vous vu cette histoire du poisson qui a des rapports homosexuels pour montrer ce dont il est capable de faire aux femelles ?

http://www.lapresse.ca/sciences/201212/11/01-4602809-un-poisson-se-fait-homosexuel-pour-attirer-les-femelles.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B9_sciences_1817902_accueil_POS4

walt68

14 décembre 201208h12

@bronxy,

«Vivre et laisser», ne croyez-vous pas que ce slogan en est un pour paresseux ? La compréhension du phénomène n’est-elle pas le meilleur moyen pour :

1- Que les homosexuels s’acceptent et s’épanouissent ?

2- Que la masse d’hétérosexuels acceptent qu’il y ait sûrement au moins un membre de leurs familles qui souffrent en silence et qui a besoin d’être soutenu.

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Et si l'homosexualité avait une origine génétique ? 8 21.02.2014 - 17:55

Bonjour. Quelques lectures sur internet où la vie des idées court plus vite.

 

Les psychologues qui s’intéressent à la question, ont remarqué depuis longtemps la forte proportion d’homosexuels au sein des mêmes familles. Le chercheur américain Dean Hamer a établi sur un échantillon assez représentatif que plus de 10 % des frères d’un garçon gay connaissaient la même évolution sexuelle. Cetteproportion est plus élevée encore chez les jumeaux, où elle estde l’ordre de 40 à 50 % des cas. On sait aussi depuis longtempsqu’un homme homosexuel a souvent des ascendants de même orientation du côté maternel ; d’où l’hypothèse d’une transmission génétique par voie matriarcale. Cela fait longtemps que la piste d’une origine génétique de l’homosexualité est explorée. En Belgique, le neurobiologiste Jacques Balthazart défend la thèse d’une interaction entre des facteurs génétiques et hormonaux pendant la vie embryonnaire, les hormones sexuelles exerçant alors, dans le développement dufœtus, un rôle organisateur, susceptible d’être perturbé.

Hé bien il semble qu’on avance sur la voie de l’identification des chromosomes impliqués dans l’orientation sexuelle. Une étude présentée devant l’Association américaine pour l’avancement de la science à Chicago, la semaine dernière, prétend avoir identifié le gêne de l’homosexualité. Ou plutôt une région du chromosome X, appelée Xq28, susceptible de provoquer l’homosexualité. Bien sûr, la génétique n’explique pas à 100 % l’orientation sexuelle d’un individu, qui est un choix de la personne. D’autres facteurs entrent en jeu. Il n’y a pas de déterminisme biologique absolu. Mais l’origine innée de cette tendance devrait contribuer à renverser les préjugés qui en ont fait, durant des siècles, une déviance qu’on pourrait traiter, une sorte de maladie susceptible d’être combattue et « guérie ». Quant à la vieille idée psychanalytique selon laquelle l’homosexualité proviendrait d’un complexe d’Œdipe mal résolu, elle a volé en éclats depuis longtemps.  

Or, comme le fait remarquer l’essayiste Nick Cohen, la découverte du « gène gay », si elle se confirme, va ébranler les divers cléricalismes, aux yeux desquels l’homosexualité demeure une perversion. Nos gènes ne sont-ils pas des « dons deDieu » ? Notre Créateur nous aurait donc voulu homo ou hétérosexuel… ? Mais cette victoire des partisans de l’inné surl’acquis devrait ébranler aussi, sur l’autre bord, les partisans de la « construction sociale ». S’il s’avère qu’on

naît bel et bien homosexuel et non pas qu’on le devient par libre choix, comment continuer à prétendre qu’on « ne naît pas femme (ou homme), mais qu’on le devient » ?

 

Il n’y a pas que les cléricaux et les partisans de la théorie du genre qui risquent de se trouver bousculés par l’hypothèse d’une origine génétique de l’homosexualité. Du côté de la biologie évolutionniste, on risque d’éprouver aussi un certain malaise. Si, par définition, les homosexuels des deux sexes tendent à se reproduire moins fréquemment que les hétérosexuels, comment expliquer qu’ils n’aient pas disparu ? En persistant en proportion constante à travers les âges, ils semblent avoir, en effet, infligé un sérieux démenti à la théorie darwinienne de la sélection sexuelle. Le spécialiste canadien des neurosciences Paul Vasey soulève cette question depuis quelques temps. Il tente d’y répondre par une hypothèse qu’il a joliment baptisée de l’aide au nid (helper in the nest). Les homosexuels compenseraient leur absence de propension pour les activités reproductrices par une disposition supérieure pour les tâches éducatives.

 

Tous les liens sur le site de La vie des idées. Et au plaisir de vous retrouver lundi aux Matins !

Le débat sur l’homosexualité : sciences humaines et position de l’ÉgliseNoël Simard, D.Th.

 

Noël Simard est professeur de théologie morale et d’éthique et directeur du Centre d’éthique à l’Université Saint-Paul d’Ottawa.

L’homosexualité est un sujet fort débattu aujourd’hui et nombreux en sont les signes: mariage de couples homosexuels, fin de la clandestinité, mouvement gay qui continue de revendiquer la

reconnaissance des droits des personnes homosexuelles, adoption d’enfants par des couples homosexuels, etc. La réflexion sur l’homosexualité s’est radicalement modifiée ces dernières années et celas’explique en grande partie par les découvertes des sciences humaines etpar l’évolution des moeurs qui a permis à de nombreuses personnes homosexuelles de faire connaître leur condition psycho-sexuelle et affective sans être rejetées comme auparavant. Il est de plus en plus fréquent d’entendre dire que l’homosexualité représente une simple variation de la sexualité tout à fait équivalente en droit à l’hétérosexualité. Quel jugement peut-on porter sur cette réalité?

Aujourd’hui, plusieurs catholiques ont de la difficulté à comprendre le statut éthique et théologique de l’homosexualité. Alors que nous traversons un moment critique de transition et de développement, l’enseignement de l’Église sur la sexualité – et encore davantage sur l’homosexualité – paraît figé et dépassé. Si nous voulons approfondir l’éclairage de la foi chrétienne sur la sexualité, il nous faut à la fois nous tourner vers l’Écriture, la Tradition et l’enseignement officiel de l’Église et nous mettre à l’écoute de la recherche scientifique et des sciences humaines. Dans ce dialogue foi et raison ilfaut un échange et une interpellation mutuelle.

1. Ce que nous disent aujourd’hui les sciences humaines sur l’homosexualité

Avant de nous demander ce que les sciences humaines nous offrent comme savoir et lumière, il faut se rappeler que toute théorie ou observation faite dans chaque discipline est dans une certaine mesure évaluative ou incomplète. Il n’y a pas de formule infaillible qui garantisse une certitude absolue. Cependant il faut prendre au sérieux la perspective évolutive dans l’analyse de la sexualité humaine[i], ce qui ne résout pas pour autant toutes les complexités et les questions sur la sexualité.

Par exemple, la biologie évolutive et la psychologie mettent l’accent sur les interactions de l’espèce avec les conditions existantes de l’environnement. D’un point de vue évolutif, la transition démographiqueà de petites familles dans les sociétés occidentales s’expliquerait et manifesterait une adaptation de la réponse procréatrice à un environnement changeant.  L’évolution de la biologie reproductrice humaine a augmenté le caractère unitif de la sexualité, détachant ainsi le lien entre procréation et expression sexuelle. Dans cette optique, ungroupe humain n’a pas besoin de toujours augmenter sa population, mais atoujours besoin d’augmenter les liens d’amour, d’affection, de soutien social mutuel. Et encore: dans une perspective évolutive, les questions de l’identité sexuelle, de la différenciation des sexes et de l’orientation sexuelle sont plus complexes et doivent être considérées en tenant compte des complexités des processus de développement et des

possibilités de variations. La sexualité humaine comporte différentes composantes: génétique, hormonale, corporelle morphologique, psychologique, sociale; il est question d’orientation, de performance, de reproduction, de rôles, d’érotisme, d’amour, etc. Ainsi choisit-on librement son orientation sexuelle? L’orientation sexuelle peut-elle être renversée par ce qu’on appelle les thérapies « réparatrices »?  Peut-on écarter ces affirmations de choix et de possibilité de changement d’orientation? Ne peut-on pas les interpréter comme une évidence de la large variation dans les orientations sexuelles? Les chercheurs parlent de plus en plus d’homosexualités au pluriel plutôt que de l’homosexualité au singulier.

Au plan des sciences humaines, les opinions des chercheurs et spécialistes sont partagées. Certains [ii] affirment que l’homosexualité(foncière) est anormative et continue d’être une dysfonction dans l’orientation normale de l’instinct sexuel de même que dans le développement psycho-affectif. Selon eux, l’instinct sexuel pousse vers l’hétérosexualité et confirment cette affirmation la dimension procréatrice de la sexualité ainsi que les recherches philosophiques quidécrivent l’être en considérant sa capacité de relation et son altérité:la personne de sexe différent constitue l’autre par excellence. D’autresauteurs, s’inspirant des thèses de psychanalystes néo-freudiens américains[iii], associent l’homosexualité à un « trouble de l’identité sexuelle », une « démasculinisation » occasionnée par la rigidité du père face au rôle sexuel. Or, selon eux, il n’y a que deux identités sexuelles, celles de l’homme et de la femme; et une multitude d’orientations sexuelles, dont l’orientation homosexuelle. Dans cette ligne de pensée, le sexologue Jules Bureau[iv] affirme que l’homosexualité résulte d’un conflit d’identité sexuelle et que les couples gays ne peuvent créer de véritables liens d’intimité, et ce, en raison du caractère fusionnel de leur relation qui repose sur la recherche du même, du semblable; cela va à l’encontre de l’altérité.

D’autres reconnaissent que l’homosexualité, pas plus que l’hétérosexualité, ne signifie pas nécessairement un défaut d’adaptationpsychologique[v]. D’autres, au contraire, s’interrogent sur le statut del’homosexualité et s’orientent vers une révision de la pensée sur ce sujet.  Nous allons nous limiter à trois questions principales que ces chercheurs[vi] se posent: les causes de l’homosexualité, la nature des relations intimes entre personnes homosexuelles et l’impact de l’homoparentalité sur le développement de l’enfant.

L’étiologie ou causes de l’homosexualité

Peut-on établir les causes de l’homosexualité? Poser cette question c’est déjà, pour plusieurs, insinuer que l’homosexualité fait problème. S’interroge-t-on sur les causes de l’hétérosexualité? Essayer d’établir la cause de l’homosexualité, n’est-ce pas chercher à porter un jugement

social, politique ou éthique? Ne serait-ce pas là une perspective basée sur des valeurs? Ainsi derrière l’explication génétique, n’y-a-t-il pas l’idée implicite que si c’est génétique, ce n’est pas un choix, et dès lors, le comportement homosexuel n’est pas à blâmer! Il semble maintenant bien établi qu’il n’y pas vraiment une « caus » unique de l’homosexualité. Il est préférable de parler de facteurs qui contribuentà la naissance et au développement de cette réalité, car les origines denotre orientation sexuelle – qu’elle soit hétérosexuelle ou homosexuelle– s’enracinent profondément dans nos premières expériences et reflètent une convergence de plusieurs circonstances biologiques, psychologiques et sociologiques. Même en inventoriant soigneusement les données des sciences humaines, il est difficile d’analyser les causes de l’homosexualité. La question que l’on doit se poser, c’est davantage celle-ci :comment l’orientation sexuelle se développe-t-elle? Plusieurs théories ont été proposées pour expliquer le développement de l’orientation homosexuelle. On peut les regrouper en théories génétiques, hormonales, neuro-anatomiques et environnementales.

L’évidence que la génétique est présente dans le développement de l’orientation sexuelle est aujourd’hui forte. De nombreuses études sur la famille, sur des jumeaux identiques, sur l’adoption et sur la génétique moléculaire – on parle même du gène XQ28 comme lieu de la basegénétique de l’orientation sexuelle – ont montré que la génétique joue un rôle déterminant dans l’orientation sexuelle masculine. Cependant ce n’est pas le seul facteur. Il faut une interaction avec d’autres facteurs inconnus – biologiques ou environnementaux. Jusqu’à quel point la génétique joue un rôle et comment détermine-t-on une orientation sexuelle : voilà des questions qui demandent plus de recherche. Quant à la théorie hormonale, le niveau hormonal déterminerait le niveau d’intérêt pour le sexe mais non le type de personne avec qui on désire avoir une relation sexuelle. Les recherches faites sur des hommes homosexuels décédés (principalement du sida) ont fait miroiter pour un temps la théorie neuro-anatomique mais cette idée que l’orientation serait déterminée par une structure spécifique du cerveau n’est pas concluante. Les théories environnementales qui regroupent les théories psycho-analytiques, socio-environnementales et expérientielles sont bienconnues. Ainsi, la perspective psychoanalytique (qui origine de Freud) suggère que l’homosexualité masculine découlerait d’un développement psycho-sexuel dû à une mère dominatrice et à un père soumis.  Les théories socio-environnementales proposent comme facteurs un cadre familial pertubé ou les difficultés à appprendre son rôle social propre.Encore là les facteurs environnementaux jouent un rôle mais ce qui resteà déterminer, c’est quel facteur et jusqu’à quel point.

Quelles conclusions peut-on tirer de ces recherches sur les « causes »? Il est clair que les recherches ont des conséquences sur les attitudes des professionnels. Par exemple, les psychologues, et même les experts en psychanalyse, endossent de plus en plus la théorie de l’hérédité

génétique comme premier agent causal. D’autres contestent ces recherchesmais certains les favorisent pour promouvoir et défendre les droits des personnes homosexuelles.

Enfin, selon certains, les chercheurs ont des partis-pris et veulent favoriser leur profession. Ainsi, si l’homosexualité est un défaut ou une dysfonction, les recherches serviront à développer des traitements pour prévenir l’homosexualité ou la réorienter.

Les relations intimes entre personnes homosexuelles

Beaucoup de stéréotypes circulent à propos des relations intimes chez les personnes homosexuelles : elles sont incapables de relations durables (opinion peut-être encouragée par l’étalage de la promiscuité sexuelle dans la communauté homosexuelle); leurs relations sont dysfonctionnelles et malheureuses; les homosexuels adoptent les rôles différentiels que l’on retrouve dans les couples hétérosexuels. De nombreuses études descriptives et comparatives défont ces stéréotypes : elles montrent que les couples homosexuels peuvent durer et peuvent avoir des relations satisfaisantes et épanouies. Bien sûr, d’autres chercheurs critiquent ces recherches qui seraient fondées sur un échantillonnage limité et peu révélateur. Une question demeure problématique: celle de l’exclusivité sexuelle qui serait moins fréquente chez les gais que chez les hétérosexuels et les lesbiennes. Ainsi donc, l’homosexualité n’est pas incompatible avec une santé psychologique ou avec la capacité d’établir des relations aimantes et fidèles.

Impact de la parentalité homosexuelle sur le développement de l’enfant

On évalue à 8 millions le nombre d’enfants aux États-Unis qui vivent avec une mère lesbienne ou un père homosexuel. Il faut ajouter que la majorité ont eu ces enfants dans une relation hétérosexuelle précédente.Plusieurs ont eu recours à l’adoption, à l’insémination artificielle, à la maternité de substitution ou encore au placement familial. Nous pouvons nous poser deux questions principales: est-ce que les personnes gaies et lesbiennes peuvent être parents, et est-ce que les parents homosexuels ont une influence marquante sur le développement sexuel de l’enfant?

Les recherches des sciences comportementales et humaines démontreraient qu’il n’y a pas de différence marquée au niveau de l’identité sexuelle ou de l’adaptation psycho-sociale entre les enfants de parents hétérosexuels et les enfants de parents homosexuels. Il n’y aurait pas non plus de différence significative dans l’attraction sexuelle ou l’orientation sexuelle déclarée d’adultes issus de parents gais ou de parents hétérosexuels. Ces recherches américaines sont cependant contestées et les raisons apportées sont qu’elles manquent de

crédibilité scientifique (nombre de questionnaires restreint, très jeunes enfants concernés, réponses aux questionnaires faites par les parents, sélection biaisée, etc.). De telles recherches ne feraient que confirmer l’instrumentalisation de l’enfant à laquelle la démarche d’homoparentalité peut conduire. Les enfants porteraient la responsabilité de valider les choix sexuels des parents[vii].

Les personnes homosexuelles seraient donc tout aussi capables d’être parents que les personnes hétérosexuelles. Les recherches démontreraientque même un seul parent suffit. Ce serait une question non pas tant de capacité que de l’établissement d’une relation affective solide. L’essentiel, dit-on, c’est que l’enfant se sache né d’un homme et d’une femme, issu de deux corps sexués différenciés. L’orientation sexuelle deses parents éducateurs serait de moindre importance. A cela certains répondent que « l’enfant n’est pas seulement en relation avec deux individus disjoints, mais avec leur relation elle-même, avec leur lien »[viii]., et que l’enfant a droit à avoir un père et une mère, filiation qui est primordiale dans la construction psychique d’un enfant.

2. La pensée officielle de l’Église sur l’homosexualité

La sexualité reste encore un point d’achoppement pour la crédibilité de l’Église. Peut-elle s’en désintéresser pour se consacrer davantage aux défis sociaux de lutte contre la pauvreté et de la justice? Tout en mettant plus d’emphase sur son enseignement social, l’Église doit continuer de parler d’éthique sexuelle, car la sexualité demeure l’un des enjeux humains les plus importants. De la même façon, l’Église se doit de se pencher sur la réalité de l’homosexualité.

Et force est de reconnaître l’insistance de l’Église à aborder cette question par la grande quantité de documents produits sur le sujet (21 documents produits entre 1977 et 2002)[ix]. Même si le discours ecclésial officiel sur l’homosexualité semble inchangé depuis le début du christianisme, même si son approche théologique et anthropologique setrouve décalée par rapport aux données psychologiques et sociales qui ont beaucoup évolué, on peut noter une évolution au plan pastoral.

Son discours est plus nuancé que les moyens de communication le présentent souvent. Il est difficile de présenter cet enseignement en quelques lignes et de faire les nuances qui s’imposent. Mais je crois que l’on peut déduire ces affirmations constantes :

Il y a réaffirmation de cette conviction au sujet de la signification dela sexualité à partir de la Bible, de la Tradition et de l’expérience chrétienne: dans une perspective personnaliste et une compréhension pluspsycho-sociale de la sexualité et non seulement biologique, on affirme que la sexualité est un bien ordonné à l’accomplissement de soi et à la

procréation, que les hommes et les femmes ont des rôles complémentaires et que la différence des sexes est centrale.

En distinguant entre la personne homosexuelle et le fait de l’homosexualité, la pensée morale catholique nous rappelle que la personne n’est pas qu’homosexuelle. Elle a d’autres dimensions, elle estriche de dons et de capacités qui peuvent se traduire dans des engagements profonds et humains très enrichissants pour la société et pour l’individu lui-même. Il faut donc éviter de juger les personnes homosexuelles à partir de la seule composante sexuelle ou de les enfermer dans une catégorie méprisante ou caricaturale. Quelle que soit son orientation sexuelle, toute personne est aimée de Dieu et a un avenir en Dieu. Le plan salvifique de Jésus Christ s’applique, et sinon davantage, à la personne qui vit des difficultés dans l’intégration de sa sexualité. L’appel demeure accessible au sein même des limites affectives et relationnelles. La personne homosexuelle doit et espère trouver accueil et soutien dans la communauté chrétienne. Elle attend des autres membres une attitude qui la reconnaisse dans sa dignité d’enfant de Dieu. Elle attend de l’Église qu’elle lui annonce l’amour inconditionnel de Dieu.

L’enseignement officiel fait une distinction entre l’homosexualité foncière ou structurelle et l’homosexualité périphérique. D’après Persona Humana, certaines observations d’ordre psychologique ont amené àdistinguer entre des tendances homosexuelles transitoires et non incurables et d’autres qui seraient définitives ou constitutives, et jugées incurables. Cependant Persona Humana n’admet pas qu’une fois que cette distinction est admise on en vienne à prétendre que les actes homosexuels sont justifiés dans le cadre d’une sincère communion de vie et d’amour analogue au mariage. En aucun cas, ajoute le document romain,on ne peut accepter ces actes en leur donnant une justification morale du fait qu’ils « seraient estimés conformes à la condition de ces personnes ». Comme l’affirment tous les documents romains, les actes homosexuels demeurent intrinsèquement mauvais et ne peuvent en aucun casrecevoir d’approbation. Cependant  Persona Humana ne parle pas de désordre à propos de la tendance homosexuelle. Cela a soulevé un questionnement chez beaucoup de fidèles: comment comprendre qu’il n’est pas mauvais ou même bon d’avoir une orientation homosexuelle et ne pas être justifié de poser un acte homosexuel? Pour dissiper ce malentendu, la Lettre aux Évêques sur la pastorale des personnes homosexuelles (1986) va rappeler : « Cependant, dans la discussion qui suivit la publication de cette Déclaration (Persona Humana), la condition homosexuelle a donné lieu à des interprétations excessivement bienveillantes, certaines allant jusqu’à la qualifier d’indifférente ou même de bonne. Il importe de préciser au contraire que, bien qu’elle ne soit pas en elle-même un péché, l’inclination particulière de la personne homosexuelle constitue néanmoins une tendance, plus ou moins forte, vers un comportement intrinsèquement mauvais du point de vue

moral. C’est la raison pour laquelle l’inclination elle-même doit être considérée comme objectivement désordonnée. » Et cette Lettre d’ajouter aussitôt : « Aussi ceux qui se trouvent dans cette condition devraient-ils faire l’objet d’une sollicitude pastorale particulière, afin qu’ils ne soient pas enclins à croire que l’actualisation de cette tendance dans les relations homosexuelles est une option moralement acceptable. »

Les actes homosexuels sont considérés comme intrinsèquement mauvais parce qu’ils sont contraires à la finalité procréatrice de l’acte conjugal, ne peuvent prendre place à l’intérieur du mariage considéré comme l’union d’un homme et d’une femme, et parce qu’ils attaquent l’unité de base de la société, la famille. Il y a finalement une déficience dans le potentiel pour la complémentarité entre partenaires.

Le mariage homosexuel est ontologiquement impossible. La fidélité peut être possible mais la fécondité physique en vue de la procréation est impossible, de même qu’aucun degré de personnalité ou de différence physique entre individus de même sexe ne peut offrir la même possibilitéd’épanouissement au plan de la complémentarité.

Enfin ce n’est pas toute discrimination qui est injuste. Tout en rappelant que les personnes homosexuelles doivent être accueillies avec respect, compassion et tendresse, et que tout geste de discrimination injuste à leur égard doit être évité et combattu, le Magistère officiel de l’Église affirme que l’on ne peut « inclure l’orientation homosexuelle parmi les considérations sur la base desquelles il est illégal de discriminer »; on ne peut la comparer, en matière de non-discrimination, à la race, à l’origine ethnique ou au genre. Quand les droits de certains individus homosexuels entrent en conflit avec les droits collectifs ou menacent le bien commun, un traitement différentielbasé sur l’orientation sexuelle peut être moralement requis. Ainsi les lois protégeant le mariage hétérosexuel peuvent être considérées comme une discrimination juste et nécessaire pour protéger l’institution du mariage et de la famille.

3- D’autres opinions théologiques

Au-delà de ces documents et de réactions qui ont pu apparaître blessantes et inappropriées, des pasteurs ont cherché à accompagner des personnes homosexuelles chrétiennes avec discernement, compassion et discrétion. Des théologiens ont cherché à proposer un message dont le langage soit audible aux chrétiens et chrétiennes de notre temps. Ils ont cherché à répondre à des questions épineuses telles que : Que dire àceux et celles qui sont engagées dans une vie de couple? Est-il possiblede tenir un autre langage que le compromis entre une attitude d’accueil et une condamnation des actes homosexuels? Peut-on donner aux actes homosexuels une qualification morale autre qu’« intrinsèquement désordonnés » ?  Que faire de cette capacité d’aimer qui est orientée

vers une personne de même sexe? Comment développer une anthropologie chrétienne qui tienne compte des découvertes des sciences humaines et qui prenne davantage en considération la diversité des homosexualités?

Certains théologiens ont tenté de juger les actes homosexuels autrement que sous l’angle de la loi naturelle ou de la formule d’intrinsèquement mauvais; ils voulaient ainsi répondre aux requêtes d’homosexuels chrétiens déchirés intérieurement et incapables de correspondre à l’idéal d’abstinence proposé par l’Église. Étant donné la limite de l’article, je ne présenterai que le point de vue de deux théologiens et d’une théologienne américains: Charles Curran, Philip Keane, et Lisa Sowle Cahill. Je présenterai leur pensée telle qu’ils l’ont exprimée dans les années quatre-vingt.

Ces trois théologiens n’ont pas affirmé que l’activité homosexuelle dansun style de vie homosexuel est une alternative moralement neutre au mariage et à la vie de famille, ou que l’acte homosexuel devrait être considéré comme moralement neutre ou acte indifférent. Ils ne nient pas l’idéal d’une relation exclusive et permanente de l’amour hétérosexuel procréateur. En reconnaissant que certaines personnes homosexuelles ne peuvent être réorientées vers l’hétérosexualité et ne font pas l’expérience d’un appel au célibat, ces théologiens proposent que, sous certaines circonstances, c’est-à-dire dans le cadre d’une relation mutuelle aimante et durable, les actes homosexuels ne sont pas nécessairement mauvais; au contraire ils peuvent être moralement justifiés et acceptables.

Charles A. Curran[x] appuie sa position sur ce qu’il appelle une théoriedu compromis. Dans un monde idéal, l’activité homosexuelle serait mauvaise. Mais dans la situation d’un monde marqué par le péché, ce qui est l’état du monde actuel, l’acte homosexuel peut être acceptable, du moins dans le cadre d’une union stable et amoureuse. La raison en est que les actes homosexuels d’une personne foncièrement homosexuelle sont enracinés dans sa structure psychique homosexuelle. Et la structure psychique d’une personne homosexuelle foncière est un des effets du péché du monde.

Pour Philip S. Keane[xi], les actes homosexuels dans le cadre d’une union stable et aimante ne sont pas un mal moral objectif mais un mal pré-moral. Le mal pré-moral implique un manque d’ouverture à la procréation et à la complémentarité qui sont présentes dans le mariage hétérosexuel. Ce mal pré-moral ne devient pas mal moral dans le cadre d’une relation d’amour et de fidélité car l’acte homosexuel est accomplidans une relation responsable et contient le bien proportionné de contribuer à la croissance et à l’accomplissement des partenaires.

Lisa Sowle Cahill[xii], quant à elle, utilise l’argument de l’exception à la règle. La norme ou règle demeure l’activité sexuelle responsable

advenant dans le cadre d’une relation hétérosexuelle d’amour et d’engagement ouverte aux enfants. Cependant certaines circonstances peuvent apporter une exception à la règle. Le mariage hétérosexuel est le contexte normatif pour les actes sexuels pour les chrétiens. Mais il est possible de juger les actes sexuels dans d’autres contextes considérés comme non normatifs mais objectivement justifiables dans des situations exceptionnelles. Et le cadre d’une union amoureuse et stable de personnes foncièrement homosexuelles peut être considéré comme une situation exceptionnelle.

Tenant une position beaucoup plus radicale, le théologien et philosophe John J. Macneil[xiii] , un ancien jésuite expulsé de sa congrégation en 1987, rejette la notion que l’hétérosexualité est normative. Il se base en cela sur les sciences humaines qui considèrent la personne humaine dans l’optique d’une liberté créatrice de soi et non comme une essence statique. Selon lui, les relations homosexuelles (avec engagement) sont potentiellement bonnes et les mêmes règles devraient s’appliquer tant aux actes homosexuels qu’aux actes hétérosexuels. Ce qui est immoral, c’est l’acte irresponsable, qui exploite et détruit le bien de chaque partenaire. Car c’est l’amour qui est la norme de la sexualité, non la procréation.

Conclusion

Que peut-on tirer comme conclusions de ce court survol de l’apport des sciences humaines et de la position officielle de l’Église dans le débatsur l’homosexualité?

Si l’Église doit, plus que jamais, être à l’écoute des découvertes des sciences humaines et en tenir vraiment compte dans son enseignement sur l’homosexualité, elle doit garder tout autant un esprit critique et inviter les personnes homosexuelles à découvrir dans son recours à une longue Tradition et à la Parole de Dieu ce qui est à la fois source d’épanouissement et appel au dépassement.

Un des enjeux importants auxquels fait face le discours officiel se situe davantage au niveau du langage, du ton et de la formulation. Il nesert à rien de commencer par des interdictions qui rebutent les fidèles et masquent le souci d’accueil de la personne homosexuelle. Il faut éviter de stigmatiser l’orientation affective et sexuelle de qui que ce soit. A ce titre, le message pastoral des évêques des États-unis aux parents d’enfants homosexuels est fort inspirant et respectueux de la condition homosexuelle. « Notre message porte, écrivent les évêques américains, sur l’acceptation de vous-mêmes, sur votre foi et vos valeurs, sur vos questions et sur tous vos combats actuels; il porte surla reconnaissance de l’amour de votre enfant comme don de Dieu et la reconnaissance de la vérité de la Révélation »[xiv].

On ne peut que saluer l’évolution positive qui s’est faite dans les dernières décennies dans les mentalités et les attitudes à l’égard des personnes homosexuelles. La reconnaissance des valeurs dont leurs projets de vie ou de couple sont porteurs – valeurs de l’estime de soi, de l’entraide, du respect d’autrui, de la tendresse et de la fidélité,  par exemple – a rendu la vie des personnes homosexuelles non seulement moins insupportable mais aussi plus agréable. Cependant il est difficilede contourner, dans la tradition judéo-chrétienne et l’anthropologie qu’elle comporte, l’affirmation de l’asymétrie constitutive qui existe entre l’hétérosexualité et l’homosexualité. Il faut reconnaître que « lecouple homosexuel n’entretient pas, par définition, la même relation quele couple hétérosexuel à la symbolique fondamentale qui constitue la sexualité humaine »[xv], à savoir la différenciation sexuelle et l’altérité irréductible qu’elle désigne.

Les personnes homosexuelles ne peuvent esquiver la question que leur pose le fait conjugal et parental constitutif de l’humanité. Comme le souligne Müller, « le langage de l’asymétrie n’implique pas une disqualification éthique de l’homosexualité comme orientation et comme comportement. Il la soumet seulement à l’évaluation critique d’une normeanthropologique incontournable, par rapport à laquelle l’homosexualité nous apparaît effectivement comme une dérogation, et en ce sens, comme anormative »[xvi].  Mais cela soulève la question du rapport de l’altérité à la conjugalité, et à toute conjugalité. Comme l’écrit si bien Soeur Véronique Margron, « tout couple est invité à se demander dans quelle mesure sa relation d’amour sème de la confusion ou crée de l’unité, à l’intérieur ou à l’extérieur du couple. Il est des couples hétérosexuels qui ne respectent guère ce rapport à l’altérité, tels ceuxqui se construisent sur trop de ressemblances entre le conjoint et le père ou la mère, ou bien ceux où les parents entretiennent des relationsd’objet avec leurs enfants...En ce qui concerne l’homosexualité, l’enjeuest de relier ce travail de l’altérité à la différence fondamentale des sexes. Qu’est-ce qui va permettre, dans un amour de personnes homosexuelles – où donc la ressemblance de fait est présente – de faire droit au travail d’altérité? »[xvii]

Parler du rapport à l’altérité nous ramène au coeur de l’éthique dont laquestion commune et universelle est celle de la juste relation à autrui et de l’humanisation des personnes. Au-delà de la différence des sexes ou de l’orientation sexuelle, il s’agit de faire advenir le sujet dans son ouverture aux autres et à l’Autre, dans ses relations avec tous les autres sujets humains. Toute personne, qu’elle soit homosexuelle ou non,est confrontée à l’exigence éthique de la réalisation de soi dans l’ouverture à l’autre et dans la recherche du Sens. Cela présuppose une éthique qui prend en réelle considération la personne concrète, avec sesvaleurs, ses plans de vie, ses espoirs et aussi ses réelles capacités. Cette éthique n’écarte pas le problème de l’articulation entre les principes et les actes.  Mais elle essaie de tenir compte à la fois des

situations marquées par le manque et l’imperfection de la condition humaine, de l’appel au dépassement et de la réalisation plénière de soi.Il s’agit en d’autres mots d’une éthique qui maintient en tension le souhaitable humain intégral et l’effectivement possible, laissant l’espace pour un cheminement et une croissance. Et dans ce travail, l’être humain n’est pas laissé à lui-même. Il peut compter sur la lumière et la force de l’Esprit.

 

 

[i] On lira avec intérêt l’article de Sidney CALLAHAN, «Homosexuality, Moral Theology, and Scientific Evidence», in Patricia Beattie JUNG, with Joseph Andrew CORAY, Editors, Sexual Diversity and Catholicism - Toward the Development of Moral Theology, Collegeville, Minnesota: The Liturgical Press, 2001, p. 201-215.

[ii]Voir Anatralla, Tony, Le sexe oublié, Flammarion, 1990. Et aussi dumême auteur: Non à la société dépressive, Paris, Flammarion, 1993.

[iii] Consulter les textes de Jacques CLOUTIER, «Le changement d’orientation sexuelle chez l’homosexuel masculin», Revue québécoise de psychologie, vol.3, n.2., 1982, p.2-12; Jacques CLOUTIER et Suzanne RENAUD,«Relation au père, identité et homosexualité», Revue québécoise de psychologie,vol 16, n. 3, 1995

[iv] Jules BUREAU, «L’intimité et l’identité sexuelle: une approche existentielle», Revue sexologique, vol. 3, n. 1, 1995, p.17.

[v] Cf. Th. R. CLARK, The American Journal of Psychoanalysis, n. 35, p. 163-168 ( 1975), cité dans THÉVENOT, Xavier, Homosexualités masculines et morale chrétienne, Cerf, Paris, 1985, p. 36. On lira à profit le chapitre VI du livre de Thévenot, chapitre qui porte sur l’étiologie de l’homosexualité, sur ses désignations et ses répercussions.

[vi] Pour cette partie, nous nous inspirons grandement de l’article de Isiaah CRAWFORD and Brian D. ZAMBONI, «Informing the Debateon Homosexuality: The Behavioral Sciences and the Church», in JUNG AND CORAY, Sexual Diversity and Catholicism, p. 216-251

[vii]Dénonciation faite par Caroline Éliacheff dans Famille chrétienne,no.1503, 4-10 novembre 2006, p. 27

[viii]Voir Dossier La revendication d’homoparentalité, Famille

chrétienne, no 1503 - du 4 au 10 novembre 2006, p.26.

[ix] La pensée officielle de l’Église sur l’homosexualité est exprimée principalement dans les documents suivants: «Déclaration sur certaines questions d’éthique sexuelle» ( Persona humana), Congrégation pour la Doctrine de la foi, 29 décembre 1975; «Orientations éducatives sur l’amour humain» Congrégation pour l’éducation catholique, 1 novembre1983;«Lettre aux évêques sur la pastorale des personnes homosexuelles», Congrégation pour la Doctrine de la foi, 1 octobre 1986; Le Catéchisme de l’Église catholique, promulgué par Jean Paul II en 1992, texte français publié le 8 décembre 1992; «Vérité et signification de la sexualité humaine», Conseil pontifical pour la famille, 8 décembre 1995;«Au sujet des propositions de loi sur la non-discrimination des personnes homosexuelles», Congrégation pour la Doctrine de la foi, 23 juillet 1992. 

[x]Cf. Charles A. CURRAN, Critical Concerns in Moral Theology, Notre Dame: University of Notre Dame Press, 1984. On retrouve aussi la pensée de Curran dans deux autres livres: Catholic Moral Theology in Dialogue, Notre Dame: University of Notre Dame Press, 1976, p. 184-219 et Transition and Tradition in Moral Theology , Notre Dame: University of Notre Dame Press, 1979, p. 59-80

[xi] Cf. Philip S. KEANE, Sexual Morality: A Catholic Perspective, New York/Ramsey/Toronto: Paulist Press, 1977, p. 85-90

[xii] Lisa SOWLE CAHILL, «Moral Methodology: A Case Study», in Robert NUGENT (ed), A Challenge to Love Gay And Lesbian Catholics in the Church, New York: Crossroad, 1983, p. 78-92

[xiii] John J. MACNEIL, The Church and the Homosexual, 3ième édition, Revisée et augmentée, Boston: Beacon Press, 1988

[xiv] «Always our Children» «Ils sont toujours nos enfants», Conférence américaine des évêques catholiques, 10 septembre 1997, En français dans La Documentation catholique, 16 novembre 1997, n. 2170.

[xv] Denis MULLER, «L’éthique homosexuelle: un défi à l’éthique chrétienne traditionnelle», in Guy LAPOINTE et Réjean BISAILLON, (sous la direction de), Nouveau regard sur l’homosexualité Questions d’éthique, Editions Fides, 1997, p. 30

[xvi]Denis MÜLLER, «L’éthique homosexuelle: un défi à l’éthique chrétienne traditionnelle», p.32

[xvii]Véronique MARGRON, «Le discours magistériel demeure cohérent», in Claire LESEGRETAIN, Les chrétiens et l’homosexualité, L’enquête, Presses de la renaissance, Paris, 2004, p. 170.

 

 

Psychanalyse et homosexualité :réflexions sur le désir pervers, l'injure et la fonction paternelle

en mode Zen

Sortir du mode Zen

Élisabeth Roudinesco

Publié dans

Cliniques méditerranéennes2002/1 (no 65) Éditeur

ERES

Page 7-34

Entretien avec François Pommier1

François Pommier : Élisabeth Roudinesco vous couvrez le champ de plusieurs disciplines, vous êtes historienne et psychanalyste.Comme vous le dites, notamment dans votre dernier ouvrage, vous vous situez entre la philosophie, la science des textes et l’histoire. Vous êtes chargée de cours à l’École pratique des hautes études et auteur de plusieurs ouvrages publiés chez

Fayard, parmi lesquels Histoire de la psychanalyse en France (2 volumes), Pourquoi la psychanalyse ?, Dictionnaire de la psychanalyse (avec Michel Plon), sans parler de votre tout récent ouvrage De quoi demain… Dialogue, dans lequel vous dialoguez avec Jacques Derrida sur la psychanalyse et son avenir, sur l’antisémitisme, sur la famille que vous appelez « désordonnée ».

2

Vous considérez qu’à partir du moment où une réalité prend corps, la psychanalyse, comme toute autre discipline, dites-vous, devrait la penser, l’interpréter et la prendre en comptesans la condamner par avance. Vous dites cela à propos du problème très spécifique des enfants de couples homosexuels. Mais vous prenez parti également à propos de l’homosexualité en général et des psychanalystes homosexuels en particulier. Freud a concilié une conception structurale de l’homosexualitéavec les données anthropologiques. L’un de ses grands combats a été en effet de dégager l’homosexualité des notions de tare et de péché, d’en faire un choix sexuel comme un autre. Il ne la regardait pas moins comme un drame et semble ne l’avoir fait sortir de la maladie que pour la situer dans le cadre destragédies. Peut-on alors considérer, comme vous le faites, queFreud s’inscrit dans la longue lignée des défenseurs des homosexuels ? Ce sera ma première question.

3

Élisabeth Roudinesco : J’ai toujours considéré que Freud était un émancipateur de l’homme en général et des femmes en particulier. Certes, il ne pouvait imaginer ce que serait le destin des hommes et des femmes au xxie siècle. Mais, dans les réunions de la Société psychologique du mercredi, qui se tenaient à son domicile au début du siècle, Freud réprouvait par exemple la misogynie de certains de ses disciples. Ainsi, dans une conférence de 1907 consacrée à la question des « femmes médecins », on trouve des prises de positions extravagantes. Fritz Wittels déclare par exemple qu’une femme qui veut devenir médecin, et donc exercer un métier semblable à ceux des hommes, cherche en réalité à sortir de sa condition« naturelle ». Elle risque alors de se nuire à elle-même :

elle est forcément « hystérique », névrosée et jamais on ne devrait l’autoriser à poursuivre des études. La femme, selon lui, est destinée exclusivement à procréer. En outre, si une femme devient psychiatre, toujours selon Wittels, elle ne saura jamais comprendre la psychologie des hommes. À cela, Paul Federn oppose l’idée que les femmes ont parfaitement le droit de travailler mais il dit aussitôt qu’une femme médecin ne devrait pas être autorisée à palper les organes génitaux d’un homme. La discussion est passionnante car elle montre à quel point les premiers disciples de Freud sont divisés sur laquestion de l’émancipation des femmes et combien ils sont naïfs.

4

Quant à Freud, il est résolument moderne. Après avoir reprochéà Wittels son manque de galanterie, il affirme que la civilisation a chargé la femme d’un fardeau plus lourd que celui des hommes (la reproduction) et tout en restant persuadéque les femmes ne peuvent pas égaler les hommes dans la sublimation de la sexualité – et donc dans la créativité – il dénonce, dans la misogynie des hommes, une attitude infantile [2]   Les Premiers psychanalystes. Minutes de la Société... [2] . Notons qu’il changera d’avis sur la possibilité de sublimation des femmes et ne cessera ensuite d’admirer des femmes exceptionnelles, aussi bien par leur talent intellectuel (Lou Andreas-Salomé) que par leur vertu « virile » (Marie Bonaparte).

5

S’agissant de l’homosexualité, Freud adopte une attitude identique. Il franchit un grand pas en refusant de classer celle-ci parmi les « tares » ou les « anomalies » de la sexualité, comme le faisaient les sexologues de son temps. Il ne considère pas que les homosexuels commettent des « actes contre nature ». Il refuse toute forme de stigmatisation fondée sur la notion de « dégénérescence ». En d’autres termes, il ne sépare pas les homosexuels des autres êtres humains et considère que chaque sujet peut être porteur de ce choix, du fait de l’existence en chacun de nous d’une bisexualité psychique. À certains moments, Freud n’exclut pas

l’existence d’une prédisposition organique dans la genèse de l’homosexualité, bien qu’il reste persuadé que pour un homme, comme pour une femme, le fait d’être élevé par des femmes favorise l’homosexualité. Autrement dit, si l’homme au sens freudien est marqué par la tragédie du désir, l’homosexuel n’est autre, au regard de ce tragique humain en général, qu’unsujet plus tragique encore que ne l’est le névrosé ordinaire, puisque son choix sexuel le met au ban de la société bourgeoise. Son seul recours est alors de devenir un créateur afin d’assumer le drame qui est le sien. On trouve cette position dans l’ouvrage que Freud consacre à Léonard de Vinci [3]   Sigmund Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle... [3] . Et c’est dans ce livre de 1910 qu’il renonce à utiliser le mot « inverti », au profit du terme d’homosexualité.

6

Freud ne classe pas l’homosexualité en tant que telle dans la catégorie des perversions sexuelles et il condamne toutes les formes de discriminations qui pèsent sur les homosexuels de son temps. À cet égard, il universalise la catégorie de la perversion et ne la réserve pas aux homosexuels, bien que les homosexuels soient souvent à ses yeux des pervers. Elle est partagée par les deux sexes puisqu’elle ne se résume pas à uneperversion sexuelle. L’universalisme freudien est donc beaucoup plus progressiste que le différencialisme des sexologues et des psychiatres de la fin du xixe siècle qui traitent les homosexuels comme des « anormaux » ou comme des malades mentaux, reconduisant ainsi la catégorie chrétienne dusodomite, maudit parmi les maudits, et coupable de tous les péchés [4]   Voir aussi   : Sandor Ferenczi, «   États sexuels intermédiaires   »,... [4] .

7

L’homosexuel freudien est un sujet civilisé, un sujet dont la civilisation a besoin puisqu’il est en quelque sorte l’incarnation du sublime. Freud rejoint ici une certaine conception grecque de l’homosexualité. En ce sens, il est un émancipateur. Mais il est bien évident qu’il ne peut pas imaginer qu’un jour les homosexuels voudront se « normaliser »au point de ne plus refouler leur désir d’enfant et de se

projeter dans le modèle d’un familialisme bourgeois autrefois honni et rejeté. On peut d’ailleurs faire l’hypothèse que Freud renoncerait aujourd’hui à de nombreuses thèses qu’il avait adoptées, notamment celle selon laquelle le fait d’être élevée par des femmes favoriserait pour les enfants un choix homosexuel. L’expérience montre que ce n’est pas le cas et Freud, toujours très attaché à une certaine conception de l’expérience (non expérimentale), aurait pris en compte les expériences actuelles des couples homosexuels qui élèvent des enfants.

8

En 1920, à propos d’une jeune fille viennoise [5]   «   Sur la psychogenèse d’un cas d’homosexualité féminine   »... [5] qu’il a eue en traitement parce qu’elle aimait une femme et que ses parents voulaient obliger à se marier, Freud donne sa définition canonique de l’homosexualité qui récuse toutes les thèses sexologiques sur l’« état intermédiaire », le « troisième sexe » ou « l’âme féminine dans un corps d’homme ». À ses yeux, elle est la conséquence de la bisexualité humaine et elle existe à l’état latent chez tous les hétérosexuels. Quand elle devient un choix d’objet exclusif, elle a pour origine chez la fille une fixation infantile à la mère et une déception à l’égard du père. Dans ce texte, Freud apporte un éclairage clinique à cette questionen montrant qu’il est vain de chercher à « guérir » un sujet de son homosexualité quand celle-ci est installée et que la cure psychanalytique ne doit en aucun cas être menée avec un tel objectif.

9

Un an plus tard, dans Psychologie de masses et analyse du moi [6]Sigmund Freud, Psychologie des masses et analyse du... [6] , il donne une définition plus claire de l’homosexualité masculine : elle survient après la puberté quand s’est produit, durant l’enfance, un lien intense entre le fils et samère. Au lieu de renoncer à elle, celui-ci s’identifie à elle,se transforme en elle et recherche des objets susceptibles de remplacer son moi et qu’il puisse aimer comme il a été aimé desa mère. Enfin, dans une lettre du 9 avril 1935 adressée à une

femme américaine dont le fils est homosexuel, et qui s’en plaint, il écrit : « L’homosexualité n’est évidement pas un avantage, mais il n’y a là rien dont on doive avoir honte, ce n’est ni un vice, ni un avilissement et on ne saurait la qualifier de maladie ; nous la considérons comme une variationde la fonction sexuelle, provoquée par un arrêt du développement sexuel. Plusieurs individus hautement respectables, des temps anciens et modernes, ont été homosexuels et parmi eux on trouve quelques-uns des plus grands hommes (Platon, Michel-Ange, Léonard de Vinci, etc.). C’est une grande injustice de persécuter l’homosexualité commeun crime et c’est aussi une cruauté. Si vous ne me croyez pas,lisez les livres d’Havelock Ellis [7]   Sigmund Freud, Correspondance, 1873-1939 (Londres,... [7] . » Il ajoute encore qu’il est vain de vouloir transformer un homosexuel en hétérosexuel.

10

Dans l’histoire du mouvement psychanalytique, c’est Ernest Freud d’un côté et Anna Freud de l’autre qui furent, contrairement à Freud, les tenants d’une attitude régressive àl’égard de l’homosexualité.

11

On peut bien entendu se demander pourquoi la fille de Freud a pris ainsi une position contraire à celle de son père en replaçant l’homosexualité dans la catégorie des maladies mentales, au point d’ailleurs d’affirmer qu’une cure analytique bien menée devait aboutir à guérir l’homosexuel de son homosexualité. Anna a été accusée elle-même d’homosexualité en raison de son statut de femme célibataire n’ayant jamais connu de relation charnelle avec un homme et recherchant avant tout des amitiés féminines. Il y a donc danssa condamnation de l’homosexualité une sorte de « haine de soi », un rejet de ce dont peut-être elle se sent coupable.

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Comme dans de nombreuses familles de la société bourgeoise du xixe siècle, Anna a occupé la place de la « vieille fille », de

la fille à laquelle est dévolu le rôle de prendre en charge non seulement le père mais l’héritage patriarcal : elle a été une réplique d’Antigone. Freud a été avec elle terriblement passionné et interdicteur. Il l’a jalousement gardée pour lui,éloignant d’elle tous les disciples qui auraient voulu la courtiser et Jones notamment. Il a même tenu à analyser sa fille (en 1921-1922), ce qui a été ressenti par ses disciples comme une incroyable transgression, comme une appropriation denature œdipienne.

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Mais, en même temps, il l’a poussée à assumer le destin moderne d’une femme intellectuelle. Anna a fait des études et elle a réussi à s’imposer dans le mouvement psychanalytique comme un véritable chef d’école. Elle a été l’une des pionnières de la psychanalyse des enfants et elle donné naissance à un courant qui porte son nom : l’annafreudisme. Dans le Dictionnaire de la psychanalyse, ce courant est recensé au même titre que le kleinisme (Melanie Klein). Anna Freud est une « fille au père », en quelque sorte, gardienne de l’héritage et de la tradition, et donc forcément conservatriceen matière de mœurs sexuelles. Elle a été une orthodoxe de la doctrine. Cela dit, il y a eu entre son père et elle une histoire d’amour fou digne des tragédies antiques.

14

FP : 1921, c’est justement la date où, sous l’influence de Jones, dont vous parliez à l’instant, et contre l’avis de Freud, les homosexuels sont bannis de l’exercice de la psychanalyse.

15

ER : À partir de décembre 1921 et pendant un mois, la questiondivise en effet les membres du fameux Comité qui dirigent secrètement l’International Psychoanalytical Association (ipa). Les Viennois se montrent beaucoup plus tolérants que les Berlinois. Soutenus par Karl Abraham, ces derniers considèrent en effet que les homosexuels sont incapables d’être psychanalystes, puisque l’analyse ne les « guérit » pas

de leur « inversion ». Appuyé par Freud, Otto Rank s’oppose aux Berlinois. Il déclare que les homosexuels doivent pouvoir accéder normalement au métier de psychanalyste selon leur compétence : « Nous ne pouvons écarter de telles personnes sans autre raison valable, tout comme nous ne pouvons accepterqu’ils soient poursuivis par la loi. » Il rappelle d’ailleurs qu’il existe différents types d’homosexualité et qu’il faut examiner chaque cas particulier. Jones refuse de prendre en compte cette position. Il appuie les Berlinois, et déclare qu’aux yeux du monde l’homosexualité « est un crime répugnant : si l’un de nos membres le commettait, il nous attirerait un grave discrédit ». À cette date, l’homosexualitéest donc bannie de l’empire freudien, par une règle non écrite, au point d’être de nouveau considérée comme une « tare ».

16

Au fil des années et pendant plus de cinquante ans, sous l’influence grandissante des sociétés psychanalytiques nord-américaines l’ipa renforce son arsenal répressif. Après s’êtredétournée des positions freudiennes pour l’accès des homosexuels à la psychanalyse didactique, elle n’hésitera pas,toujours en sens contraire de la clinique freudienne, à qualifier les homosexuels de pervers sexuels et à les juger tantôt inaptes au traitement psychanalytique, tantôt guérissables à condition que la cure ait pour objet de les orienter vers l’hétérosexualité.

17

FP : Est-ce que cette décision a été prise sous l’influence d’Anna Freud ?

18

ER : Non, de Jones.

19

FP : De Jones, mais Anna Freud est intervenue également dans cette décision ?

20

ER : Anna Freud intervient plus tard. Et, pour les raisons queje viens d’évoquer, elle joue un rôle majeur dans le détournement des thèses de son père en militant contre toute possibilité d’accès de l’analyse didactique aux homosexuels. Soutenu par Jones et par l’ensemble des sociétés nord-américaines de l’ipa, elle eut dans ce domaine une influence considérable qui ne fut pas contrebalancée par le courant kleinien pourtant plus libéral mais pour lequel l’homosexualité (latente ou accomplie), était surtout envisagée, dans sa version féminine, comme une identification à un pénis sadique et, dans sa version masculine, comme un trouble schizoïde de la personnalité ou comme un moyen de faire face à une paranoïa excessive. Par la suite, elle fut assimilée à une pathologie dite borderline, ce qui permettait de la dissoudre tout en continuant à classer les patients homosexuels dans une catégorie de malades atteints de troublesgravement pathologiques et de nature en tout cas psychotique.

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Dans sa pratique, Anna Freud eut toujours pour objectif de transformer ses patients homosexuels en bons pères de famille hétérosexuels, d’où un désastre clinique. En 1956, elle encouragea la journaliste Nancy Procter-Gregg à ne pas citer dans The Observer la fameuse lettre de son père de 1935 : « Il ya plusieurs raisons à cela dont l’une est qu’aujourd’hui nous pouvons soigner beaucoup plus d’homosexuels qu’on ne le croyait possible au début. L’autre raison est que les lecteurspourraient voir là une confirmation du fait que tout ce que peut faire l’analyse est de convaincre les patients que leurs défauts ou ”immoralités” ne sont pas graves et qu’ils devraient les accepter avec joie [8]   Élisabeth Young-Bruehl, Anna Freud (New York, 1988),... [8] . »

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Quant à Jones, son attitude répressive s’explique de plusieursmanières. Lui-même avait été accusé de pédophilie en Grande-Bretagne, dans une Angleterre victorienne et puritaine, tout simplement parce qu’il parlait de sexualité aux enfants dont il s’occupait dans un hôpital. Émigré ensuite au Canada, il

fut dénoncé par des ligues puritaines parce qu’il vivait en concubinage avec Loe Kann. Il faut comprendre ce que furent les débuts de la psychanalyse pour les premiers freudiens accusés sans cesse de vouloir corrompre la société par leurs théories sexuelles.

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Désireux de normaliser l’ipa et de la débarrasser de ses praticiens les plus « déviants » (psychotiques et pervers, notamment), Jones, qui était lui-même un séducteur de femmes (contrairement à Freud), pensait que le mouvement psychanalytique devait former des cliniciens « impeccables », des cliniciens que nul ne pourrait attaquer pour des pratiquessexuelles dites « déviantes ». On peut dire que Jones agissaitainsi contre lui-même dans son désir de normalisation, de mêmequ’Anna Freud luttait contre son désir coupable en instaurant des règles répressives contre les homosexuels. Il est intéressant de noter que Freud, ce grand découvreur de la sexualité, ne fut ni un libertin ni un transgressif. Il n’avait pas de relations sexuelles avec ses patientes et on nelui connaît aucune maîtresse. En conséquence, il fut plus libéral en matière de sexualité. Il n’avait pas à se défendre contre lui-même. Son point aveugle en ce domaine concerne sa fille à laquelle il portait un amour immodéré au point, comme je l’ai dit, d’être jaloux de tous les amants qu’elle aurait pu avoir.

24

Notons pourtant que la British Psychoanalytical Society (bps),fondée par Jones en 1919, avait dans ses rangs des cliniciens peu conformistes. Ainsi James Strachey, l’illustre traducteur de Freud, frère du fameux Lytton Strachey, était un homosexuelavoué. Il pratiquait la psychanalyse au sein de la société avant d’épouser Alix Strachey dont il tomba amoureux parce qu’elle ressemblait à un « garçon mélancolique ».

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C’est de nos jours seulement que la fameuse règle non écrite instaurée par le Comité secret en 1921 a été progressivement

« effacée » (et non pas abolie), au fur et à mesure des luttes du mouvement gay américain et surtout des outing de certains psychanalystes d’outre-Atlantique, membres de l’ipa, qui ont commencé à se déclarer ouvertement homosexuels, notamment au Congrès international de Barcelone de 1997. Ce fut le cas de Ralph Roughton, didacticien de la Société psychanalytique de Cleveland, membre de la puissante American Psychoanalytic Association (APsaA) affiliée à l’ipa. Dans un exposé retentissant, il a retracé la lutte menée par les analystes homosexuels américains qui ont fini par se faire reconnaître par l’ipa tout en élaborant les conditions d’une approche clinique capable de rendre compte de l’existence « indéniable de femmes et d’hommes homosexuels sains et matures. [9]   Ralph Roughton, «   Psychanalyste et homosexuel   ?   »,... [9]  »

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Pour la première fois enfin, et tout en s’appuyant à la fois sur les travaux de Freud et sur ceux du grand Robert Stoller, psychanalyste californien spécialiste des perversions et du transsexualisme, des psychanalystes, eux-mêmes homosexuels, ont démontré, à partir de cas concrets, que l’homosexualité était un choix sexuel, une orientation sexuelle, qui ne devaiten aucun cas être qualifiée, en tant que telle, de pathologie.

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Autrement dit, cette thèse permettait de renouer avec l’universalisme freudien selon lequel un homosexuel est un sujet à part entière qui peut présenter par ailleurs des troubles névrotiques, psychotiques, pervers ou borderline, au même titre que n’importe quel autre individu hétérosexuel. Il s’agissait donc là de sortir définitivement l’homosexualité duregistre de la pathologie ou des perversions sexuelles, tellesque le fétichisme, le sadisme, le transvestisme ou la pédophilie etc. : « Connaître l’orientation sexuelle d’une personne, écrit Roughton, ne nous dit rien sur sa santé ou sa maturité psychologique, ni sur son caractère, ses conflits intérieurs ou son intégrité. Un patient homosexuel borderline aura davantage en commun avec un patient hétérosexuel borderline qu’avec un individu homosexuel psychologiquement sain. »

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Il faut saluer le courage de ces psychanalystes. Leur combat n’est d’ailleurs pas achevé. Ils ont réussi, non pas à éradiquer l’homophobie présente dans l’ipa, mais à changer sa stratégie répressive. Aujourd’hui, plus personne dans l’ipa n’ose s’avouer publiquement homophobe. Certes, la haine contrel’homosexualité persiste avec la même violence. Elle prend cependant un visage différent de celle d’autrefois. Elle s’énonce sous la forme d’une dénégation, un peu comme l’antisémitisme des sociétés démocratiques d’aujourd’hui [10]Voir à ce sujet   : Jacques Derrida et Élisabeth Roudinesco,... [10]  : « Non je ne suis pas hostile aux homosexuels, disent les psychanalystes homophobes de l’ipa. Oui je condamne l’homophobie, mais quand même, on ne peut pas accepter que despsychanalystes homosexuels soient des militants de la cause gay. » C’est ainsi que s’exprime le psychanalyste français Gilbert Diatkine dans sa réponse à Roughton quand il dénonce l’attitude « prosélyte militante [11]   Gilbert Diatkine, «   Identification d’un patient   »,... [11]  » de celui-ci, au nom d’une prétendue neutralité de la psychanalyse. On trouve la même argumentation dénégative chez César Botella [12]César Botella, «   L’homosexualité(s)   : Vissitudes du... [12] , un autre psychanalyste français qui n’hésite pas à déclarer que le militantisme serait un « déni du drame personnel de l’homosexuel », étant entendu que celui-ci serait atteint d’une « pathologie narcissique » que la psychanalyse ne peut en aucun cas résoudre. Pourquoi donc des psychanalystes persécutés n’auraient-ils pas le droit de militer ? En quoi lefait d’être un militant serait le signe d’une déficience de l’éthique psychanalytique ? Par ailleurs, si la psychanalyse ne peut pas résoudre la question de l’homosexualité, comme le souligne Botella, elle peut en tout cas traiter certaines pathologies narcissiques qui ne sont pas spécifiques à l’homosexualité.

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On retrouve encore la même argumentation chez Simone Korff-Sausse dans un article où elle explique que l’union homosexuelle, concrétisée par le Pacs, n’est que « la traduction sur le plan juridique de ce que le clonage promet

dans le domaine de la biologie. Pacs et clones : la logique dumême [13]   Libération du 7 juillet 1999. [13]  ». Ne pouvant s’opposer à la loi française, Simone Korf-Sausse se réclame dela psychanalyse pour traiter les homosexuels de clones – c’est-à-dire d’individus atteints de troubles narcissiques – et donc incapables de respecter la différence anatomique des sexes. Au-delà du caractère injurieux de l’article, ce qui estintéressant, c’est que l’auteur avoue sa défaite face au progrès de la société en matière de clonage et d’avancée juridique. Et du coup, loin de triompher, elle annonce la victoire d’une sorte d’apocalypse que seule la psychanalyse pourrait contenir. Certes, dit-elle en substance, je ne suis pas homophobe et je n’interdis pas aux homosexuels de s’unir, puisqu’ils ont la loi pour eux. Mais je prédis à la société occidentale les pires catastrophes, une plongée dans le monstrueux qui consisterait à faire du couple homosexuel une nouvelle norme sociale applicable aux hétérosexuels : « Il ne s’agit pas d’être pour ou contre le Pacs, ni pour ou contre leclonage. Ils se feront de toute façon, car ils sont inscrits dans la logique évolutive de notre société. »

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Ici apparaît la faiblesse de l’argumentation dénégative. Aprèsavoir dit qu’on ne peut pas être contre le progrès, l’auteur « hallucine » une réalité qui n’existe pas : elle « imagine » une inversion des normes conforme à ses hantises. On voit ici fort bien que le discours pathologique n’est pas tenu par les militants de la cause homosexuelle mais par la représentante d’une société psychanalytique (la Société psychanalytique de Paris) qui brandit une prétendue « norme » de la psychanalyse pour défendre le contraire de la norme. Cela prouve bien que les pires turpitudes et les discours les plus pathologiques émanent toujours des comportements les plus apparemment « normaux ».

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La nouvelle homophobie de l’ipa se caractérise donc, par rapport aux thèses anciennes, de n’avoir aucun fondement théorique et d’être affective et pathologique. On voit donc bien l’utilité des combats du mouvement gay : celui-ci a rendu

« honteuse » l’expression publique de l’homophobie. Cela n’estpas étonnant et c’est pourquoi sont indispensables toutes les lois qui suppriment les discriminations. Elles obligent les homophobes à employer des artifices et c’est un progrès.

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FP : Regardez ce qui vient de se passer dans la Société suissede psychanalyse (affiliée à l’ipa). Dans la revue Médecine et hygiène, consacrée à la « sexologie clinique », Nicos Nicolaïdis, membre didacticien de la ssp, a déclaré que « l’homosexualité abolit la différence des sexes et des générations et qu’étant donné son complexe d’Œdipe inachevé, l’homosexuel a une pulsionalité forte qui lui fait courir le risque de violence et de criminalité [14]   Nicos Nicolaïdis, «   L’homosexualité et la question... [14]  ». Le président de cette société, Juan Manzano, lui a répondu dans le journal Le Temps en condamnant ses propos mais en considérant néanmoins que (je le cite) : « L’homosexualité est une question très sensible difficile à traiter en dehors d’un contexte scientifique. » Que pensez-vous de ce qu’il fait passer là ?

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ER : Ici, le raisonnement ne repose pas sur une dénégation préalable. Cela tient au fait qu’en Suisse, les lois sont plusrépressives qu’en France et le Pacs n’existe pas.

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En conséquence, les arguments homophobes ne s’avancent pas masqués comme chez nous. Ils sont directs. Cependant, les propos de ce psychanalyste ont été publiés après le congrès deBarcelone qui a contraint l’ipa a ouvrir un débat sur l’homosexualité. En conséquence, ils ont été condamnées par leprésident de la ssp, Juan Manzano. Dans un entretien au journal Le Temps, ce dernier a affirmé aussi (je cite) que les déclarations de Nicolaïdis n’engageaient que lui-même. Puis ila ajouté que la ssp ne pratiquait aucune discrimination. À la question de la journaliste faisant état d’un cas récent de discrimination à l’encontre d’un psychanalyste homosexuel, dont la candidature avait été refusée, il a répondu : « Je

n’étais pas président et je ne peux pas me prononcer. Mais si les choses se sont passées ainsi, un tel cas ne se reproduirait pas aujourd’hui de cette manière-là. » Autrement dit, l’outrance verbale d’un de ses membres a conduit la ssp àmettre en cause publiquement la fameuse règle non écrite de 1921 [15]   Le Temps, 2 mai 2001. [15] .

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Il faudrait demander à Daniel Widlöcher, actuel président de l’ipa, ce qu’il pense de cela et comment il voit l’avenir.

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FP : Je lui ai écrit mais il n’a pas répondu. J’aimerais maintenant que l’on aborde la position de Jacques Lacan. Dès 1945-1946, il effectue un changement radical de perspective.

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ER : Oui. Dans l’immédiate après-guerre, les sociétés américaines sont devenues de plus en plus répressives et ont obéit aux principes de la psychiatrie qui classait l’homosexualité dans la catégorie des maladies mentales. Quantà l’école anglaise, qu’elle fut d’inspiration kleinienne ou annafreudienne, son attitude envers les homosexuels a été terrible. Chez les kleiniens, l’homosexualité fut assimilée, comme je viens de le souligner, à un trouble schizoïde, à un « moyen » de faire face à une paranoïa et donc, de toute façon, à une perversion de type sadique ou masochiste. À la limite, l’homosexualité n’existe pas pour les kleiniens. Elle est une variante d’un état psychotique mortifère et destructeur. Aussi ne figure-t-elle toujours pas dans les dictionnaires de la pensée kleinienne [16]   Voir à ce sujet   : Robert D. Hinshelwood, Dictionnaire... [16] , ce qui revient àmaintenir les homosexuels dans la catégorie des « déviants », des malades, et donc à leur interdire l’accès au métier de psychanalyste.

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À cette époque, en France, on obéissait aux règles de l’ipa et

les homosexuels étaient bannis de la formation didactique. En tant que patients, ils étaient considérés comme des malades devant être rééduqués pour devenir hétérosexuels. Dans ce contexte, les homosexuels désireux de faire une analyse ont fui les divans de l’ipa, sauf si une « perversion » particulière les conduisait à haïr leur propre homosexualité au point de vouloir l’éradiquer. Les autres, appartenant souvent à un milieu intellectuel ou artistique, préférèrent des divans moins répressifs. Nombre d’entre eux se retrouvèrent en analyse chez Lacan qui ne chercha jamais à lestransformer en hétérosexuels [17]   Voir Élisabeth Roudinesco, Jacques Lacan. Esquisse... [17] .

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Non seulement Lacan prit en analyse des homosexuels sans jamais prétendre les rééduquer ni les empêcher de devenir psychanalystes s’ils le souhaitaient, mais, quand il fonda l’École freudienne de Paris (efp) en 1964, il accepta le principe même de leur intégration, en tant qu’analystes de l’école (ae) ou analystes membres de l’école (ame). J’ai moi-même été membre de l’efp et je peux affirmer qu’il existait à cet égard une formidable tolérance, même si, bien entendu, de nombreux psychanalystes détestaient les homosexuels. L’homophobie « privé » et personnelle est une chose, l’instauration de règles discriminatoires en est une autre. C’est bien parce que cette tolérance existait que des homosexuels, qui n’auraient eu aucun avenir dans les sociétés de l’ipa, affluèrent vers l’efp. J’ai évoqué dans mon Histoire de la psychanalyse l’itinéraire de Robert Lander qui est resté dans toutes les mémoires. Quant à François Peraldi, installé à Montréal, il fut accueilli beaucoup mieux par les lacaniens que par les autres freudiens, alors qu’il avait effectué son analyse au sein de la spp [18]   Élisabeth Roudinesco, Histoire de la psychanalyse en... [18] .

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Cela dit, Lacan n’avait pas la même conception que Freud de l’homosexualité. À ses yeux en effet, elle n’est en rien une orientation sexuelle. Personnage hautement transgressif, Lacanétait marqué par la lecture des œuvres de Sade et par son

contact avec Georges Bataille. Sa fascination pour l’homosexualité grecque le portait d’une part à faire de la figure du pervers l’incarnation de la plus haute intellectualité – fût-elle maudite – et de l’autre à regarder toute forme d’amour – voire de désir – comme quelque chose de pervers. De même que Lacan « psychotise » la clinique des névroses, de même il a tendance à voir de la perversion dans toutes les manifestations de l’amour. C’est dans ce contexte qu’il fait de l’homosexualité, en tant que telle, une perversion etnon pas une orientation sexuelle. Si l’on veut comprendre comment Lacan réintroduit l’homosexualité dans la catégorie, non pas des perversions sexuelles, mais d’une structure perverse, il faut poser ce préalable. Il ne rétablit jamais l’ancien dispositif de la sexologie, de la psychiatrie ou de la théorie de la dégénérescence. Au fond, il n’est pas éloignéde ce que seront plus tard les positions de Michel Foucault oude Gilles Deleuze. L’un et l’autre, ne l’oublions pas, valorisèrent la perversion, en tant qu’elle serait, à leur yeux, un moyen de contester radicalement l’ordre social bourgeois caractérisé par la famille œdipienne, héritée de Freud.

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Mais il existe une différence fondamentale entre Lacan et Foucault : le premier fait de la perversion une structure universelle de la personnalité, dont l’homosexuel serait la plus pure incarnation, alors que le second privilégie l’étude des pratiques concrètes de la sexualité perverse sans se soucier de les enfermer dans une structure ou une catégorie particulière [19]   Michel Foucault, Le Souci de soi, Paris, Gallimard,... [19] . Pour Lacan, l’homosexuel est un pervers sublime de la civilisation, pour Foucault il est un personnagequi doit échapper, par une pratique subversive ou inventive, àl’étiquette infâme que lui a fait endosser le discours normatif. On voit bien en quoi la position de Lacan est radicalement différente de celle des cliniciens homophobes de l’ipa. Lacan lie l’homosexualité (féminine et masculine) à la perversion mais il refuse toute attitude discriminatoire.

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C’est pourquoi, dans son discours, la reconnaissance de l’homosexualité en tant que perversion ne conduit ni à une intolérance ni à l’instauration de règles ségrégatives. J’ajouterais d’ailleurs que Lacan, pour les mêmes raisons, ne condamne pas les homophobes. D’une manière générale, sa tolérance envers les comportements considérés comme les plus « déviants », les plus injurieux, les plus virulents, est parfois difficile à comprendre. Sans doute est-elle la conséquence de la violence qu’il portait en lui. On ne dira jamais assez combien il fut un maître transgressif, sensible àtoutes les manifestations les plus exacerbées de la folie, de la mystique, de la jouissance, lucide sur toutes les turpitudes humaines. Parce qu’il fait de l’homosexualité une perversion, Lacan considère que les homosexuels ne sont pas « guérissables ». Il distingue l’homosexualité féminine, qu’iltire vers l’hystérie et la rivalité sexuelle, de l’homosexualité masculine, dans laquelle il repère l’un des fondements du lien social. Dans son séminaire sur Les Formations de l’inconscient, il déclare que si l’homosexuel tient tant à sa position d’homosexuel, c’est que pour lui la mère fait loi à la place du père, ou plutôt elle « fait loi au père ». Lacan reprend ici la thématique freudienne de l’Œdipe inversé [20]On sait que, pour Freud, le complexe d’Œdipe est la... [20] mais il la systématise dans le cadre de l’invention de sa propre topique (imaginaire, symbolique, réel) [21]   Jacques Lacan, Le Séminaire, livre V, 1957-1958, Les... [21] .

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FP : Bref, Lacan ferait de la perversion une sorte de prototype de la sexualité. Mais alors, vous pensez qu’on ne peut pas interpréter comme un discours homophobe son commentaire sur Le Banquet de Platon dans lequel il parle à ce propos d’une « assemblée de vieilles tantes ».

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ER : Ce passage du séminaire sur le transfert a fait couler beaucoup d’encre [22]   «   J’ai parlé incidemment, à propos de ce banquet, d’assemblée... [22] . Avant d’entrer dans le détail, je répondrai que Lacan, dès 1953, fait de l’amour homosexuel le prototype de l’amour et que, comme l’amour

homosexuel est à ses yeux une perversion, il y a forcément pour lui une disposition perverse dans l’amour en général, ce qu’il exprime par cette maxime inoubliable : « L’amour, c’est donner ce qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas. » Plus encore, le « désir pervers » qui, selon lui, caractérise l’homosexualité – mais ne s’épuise pas en elle – ne se soutient que d’une « captation inépuisable du désir de l’autre[23]   Jacques Lacan, Le Séminaire I, 1953-1954, Les écrits... [23]  ». Pour bien montrer que le désir pervers caractérise autant l’homosexualité que l’hétérosexualité, Lacan commente l’œuvre de Proust : « Souvenez-vous de la prodigieuse analyse de l’homosexualité qui se développe chez Proust dans le mythe d’Albertine. Peu importe que ce personnage soit féminin – la structure de la relation est éminemment homosexuelle [24]Ibid., p.   247. [24] . »

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C’est dans cette optique qu’il faut lire le commentaire de Lacan sur le Banquet. Il compare la place faite à l’homosexualité en Grèce à celle occupée par l’amour courtois dans la société médiévale. L’une et l’autre auraient une fonction de sublimation permettant de perpétuer l’idéal d’un maître au sein d’une société sans cesse menacée par les ravages de la névrose. Autrement dit, l’amour courtois place la femme dans une position équivalente à celle que l’amour homosexuel grec attribue au maître. En conséquence, le désir pervers, présent dans ces deux formes d’amour où se joignent la sublimation et la sexualité charnelle, est désigné comme hautement favorable à l’art, à la création et à l’invention deformes nouvelles du lien social. Et Lacan de déplorer que cet amour-là n’existe plus dans l’homosexualité des années cinquante « où les lycéens sont acnéiques et crétinisés par l’éducation qu’ils reçoivent ».

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J’ai tenu à rappeler cette conception lacanienne de l’homosexualité afin de répondre ici aux accusations d’homophobie qui ont été proférées et auxquelles vous faites allusion à propos de la phrase sur les « vieilles tantes ». Ces accusations émanent de Michel Tort d’une part, de Didier

Eribon de l’autre [25]   Michel Tort, «   Homophobies psychanalytiques   », Le Monde,... [25] . Les positions défendues par ces deux auteurs sont fondées sur une analyse des textes et elles ont le mérite de proposer un véritable débat. Tort tente de « sauver » Freud de toute imputation d’homophobie pour mieux accabler Lacan, alors qu’Eribon fustige l’ensemble de la théorie psychanalytique pour opposer à la notion freudienne d’inconscient « psychique » et à celle lacanienne de « symbolique » la conception d’un inconscient « socialement construit », inspirée des thèses de Pierre Bourdieu et des travaux américains sur le gender. Eribon est unami et je partage bon nombre de ses critiques à l’encontre despsychanalystes, mais pas toutes.

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Je ne crois pas, pour ma part, que l’on puisse traiter Lacan d’homophobe sous prétexte de quelques phrases injurieuses contre les « tantes ». Lacan manie l’injure contre tout le monde. Dans ses séminaires, il ne cesse d’insulter ses adversaires, de maudire son grand-père, de traiter de « crétins » ceux qui ne lui plaisent pas. Dans ses lettres privées, c’est pire encore. Et quand il complimente quelqu’un,l’injure est souvent présente. Ainsi quand il qualifie positivement Melanie Klein de « tripière géniale », il s’agit d’une injure d’autant plus erronée d’ailleurs que Melanie Klein ne fut en rien une tripière. On pourrait multiplier les exemples. Le vocabulaire de la haine est présent dans le discours de Lacan. Eribon aurait dû analyser l’injure chez Lacan avec la même finesse qu’il le fait dans son précédent livre à propos notamment de l’injure homophobe proférée par les homosexuels eux-mêmes [26]   Didier Eribon, Réflexions sur la question gay, Paris,... [26] .

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Lacan n’est pas non plus homophobe quand il fait de l’amour homosexuel une perversion et du désir pervers la quintessence de l’amour sublimée. Dans son discours, le terme « perversion » n’est pas utilisée de façon dégradante ou péjorative. Comme Freud, Lacan maintient ce mot en le vidant de tout contenu infamant. Et chez lui, plus que chez Freud, la

perversion est valorisée. À cet égard, comme je l’ai dit, il est plus l’héritier de Sade et le contemporain de Bataille quele continuateur de la doctrine freudienne. Sauf à vouloir évacuer la perversion des caractéristiques de la passion humaine, je ne vois pas comment on peut faire de Lacan le suppôt d’un discours homophobe. Son regard sur l’homosexualités’apparente à celui de Proust qui fait de l’homosexuel un personnage sublime et maudit, un pervers de la civilisation.

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Je sais bien qu’aujourd’hui certains adeptes de la normalisation considèrent que Proust serait un homophobe, hanté par la haine de soi. D’autres révisent toute la littérature du passé pour y déceler des traces d’homophobie. Et il les trouvent ! Dans Shakeaspeare, dans Balzac, dans Genet et chez de nombreux grands écrivains. Elles vont souventde pair avec une judéophobie et une misogynie. Et alors ? Toute analyse de texte, digne de ce nom, se doit d’éviter un tel réductionnisme. Or, Eribon et Michel Tort adoptent une position, réductrice, dénonciatrice, semblable parfois au discours homophobe qu’ils combattent. Ils oublient simplement d’être justes, honnêtes et objectifs avec le texte de Lacan.

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Ils omettent par exemple de dire que Lacan a été concrètement, et dans sa pratique de la cure et des institutions psychanalytiques, un émancipateur et un homme de progrès : je répète qu’il a été le premier à autoriser les homosexuels à devenir psychanalystes, sans la moindre discrimination. Quant à sa conception de l’homosexualité, elle ne mérite pas tant d’opprobre. Certes, elle exclut l’idée que l’homosexuel puissevouloir se « normaliser », au point d’imiter les formes les plus bourgeoises, et donc les plus névrotiques des structures de la parenté. Mais elle a le mérite de rendre hommage à cetteplace occupée par le personnage de l’homosexuel dans la société occidentale : un personnage maudit et sublime. Il est probable que Lacan aurait trouvé navrant que les homosexuels d’aujourd’hui ne veuillent plus de cette place et fassent le choix de ressembler ainsi à ceux qui n’avaient cessé de les persécuter depuis la nuit des temps. Mais jamais il n’aurait

adopté, dans les circonstances actuelles, ce discours homophobe que j’ai dénoncé plus haut. Je crois en revanche qu’il aurait été interpellé, comme nous le sommes tous, par ledésir de normalisation qui s’exprime aujourd’hui chez les homosexuels.

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FP : Que pensez-vous de la haine catholique de la perversion dont parle Michel Tort à propos de Lacan ?

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ER : L’argumentation de Tort – reprise d’ailleurs par d’Eribon– ne se limite pas à cette accusation d’homophobie. Elle prétend lui trouver un fondement théorique et anthropologique.Aussi les deux auteurs font-ils de la conception lacanienne dela famille, telle qu’on la trouve énoncée dans Les Complexes familiaux (1938) [27]   Jacques Lacan, «   Les complexes familiaux   » (1938, 1985),... [27] , une sorte de théologie fanatique, sortie tout droit de l’intégrisme catholique, et visant à empêcher les homosexuels d’accéder à des droits élémentaires : Pacs, adoption, etc. Mais pire encore, selon Michel Tort, Lacan se serait rendu coupable de sympathie anticipée envers le gouvernement de Vichy. Car la thèse de la névrose familiale et du déclin du patriarcat ne serait, je cite, que « l’étiologie du symptôme social dans les années trente, qui prendra toute son importance idéologique pendant la période de Vichy avec le personnage du maréchal – qui devait être suivi du général (sic) [28]   Michel Tort, «   Homophobies psychanalytiques   », dans... [28]  ».

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Au-delà de cette comparaison absurde, qui tend à mettre dans le même sac deux figures radicalement antagonistes de « pères de la nation » – (Pétain et de Gaulle, un traître et un héros)–, on reste stupéfait de lire de telles contre-vérités.

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Dans mon livre sur Lacan, j’avais remarqué que celui-ci avait

été le premier, avant les spécialistes de l’histoire de Vienne(Carl Schorske et Jacques Le Rider), à être frappé du fait quela psychanalyse était née du déclin en occident de la famille patriarcale. Face à ce déclin, symbolisé à Vienne par l’agoniede la monarchie des Habsbourg, Freud prit acte d’une forme nouvelle de subjectivité en comparant l’homme du xxe siècle à Œdipe et Hamlet, c’est-à-dire à l’acteur solitaire d’un drame de la conscience, condamné à rejouer en permanence la scène d’un meurtre originel afin de dénouer les fils de sa généalogie.

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Notons que si la psychanalyse attribue au père une place centrale dans cette configuration, ce n’est pas pour revendiquer la posture caricaturale d’un chef de horde criminel et tyrannique – comme le feront les régimes fascisteset le nazisme – mais pour revaloriser symboliquement une paternité défaite, toujours en quête d’elle-même.

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Chez Freud, le père est une figure fragilisée par la montée enpuissance de l’émancipation des femmes et c’est bien de cette tradition que se réclame Lacan. Par sa théorie dite du Nom-du-Père, il situe, en 1953, la position symbolique de la paternité au cœur de la constellation familiale. Loin d’être un suppôt de l’intégrisme, attaché à un patriarcat de pacotille, et loin de faire de la fonction symbolique du père une « essence », Lacan se veut un penseur des Lumières détachéde sa culture catholique mais capable de l’intégrer à sa démarche, comme Freud le fit avec sa judéité. C’est d’ailleurspour cette raison qu’il empruntera à Lévi-Strauss la notion defonction symbolique (du père, de la paternité) en précisant son intention de ne jamais l’assimiler à une instance nominaliste ou essentialiste.

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Cela dit, il y a chez Lacan une référence constante à la théologie chrétienne. Mais, faire de lui un représentant orthodoxe et rigoureux de l’église catholique romaine, revient

à oublier qu’il fut athée, nietzschéen, spinoziste, hégélien puis structuraliste, et qu’il se désigna lui-même, dans sa jeunesse comme un « antéchrist ». Son « catholicisme » baroqueet flamboyant, teinté de haine sacrée, était plus proche de celui d’un Salvador Dali ou d’un Luis Buñuel que des préceptesdes bons pères. Et même si la notion de Nom-du-Père fut directement empruntée à la théologie, elle eut aussi pour fondement les catégories modernes de l’anthropologie issues deDurkheim, de Mauss et de Lévi-Strauss. À cet égard, il n’y a aucune confusion chez Lacan, contrairement à ce que prétend Michel Tort [29]   Michel Tort, «   De la différence…   », op. cit., p.   2... [29] , entre une loi anthropologique (l’interditde l’inceste) et une structure familiale « paternaliste ».

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De même, il n’y a pas de contradiction de principe entre le modèle œdipien élaboré par Freud (et repris par ses successeurs) et le mouvement d’émancipation des homosexuels amorcé à la fin du xixe siècle avec le déclin du patriarcat. Sile père a été progressivement dépossédé en occident de ses fonctions autoritaires traditionnelles, la famille n’en demeure pas moins aujourd’hui, comme en 1938, une entité indestructible. Qu’elle soit « naturelle », « recomposée », « monoparentale » ou « homoparentale », elle est bien à l’image de cette tragédie œdipienne réinventée par Freud. À condition de ne pas faire de l’Œdipe un simple « complexe ». La famille sert de creuset autant à l’affirmation d’une normalité sociale et symbolique qu’au surgissement des plus grandes pulsions criminelles ou qu’à l’épanouissement des transgressions et de toutes les pathologies conscientes et inconscientes liées à la construction de la subjectivité humaine.

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On ne voit donc pas en quoi la théorie lacanienne, qui se réclame de cette conception de la famille, pourrait ressemblerde près ou de loin à une quelconque prise de position homophobe comparable à celle de Tony Anatralla, prêtre psychanalyste, conseiller du cardinal Lustiger, qui s’est faitrécemment le champion, comme Simone Korff-Sausse, d’une

croisade inquisitoriale contre les homosexuels, qualifiés d’« adeptes d’une génitalité infantile [30]   Tony Anatrella, «   A propos d’une folie   », Le Monde... [30] . »

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Pour faire de Lacan un représentant du catholicisme le plus réactionnaire, Michel Tort prend appui sur une lettre que celui-ci a écrit à son frère Marc-François Lacan, moine dans l’ordre des bénédictins, en septembre 1953, juste après la rédaction de son fameux « Discours de Rome [31]   «   Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse   »,... [31] ». Michel Tort n’a pas lu cette lettre, dont je suis la seule aujourd’hui à détenir la copie et dont j’ai en effet évoqué lecontenu à deux reprises : dans le deuxième volume de mon Histoire de la psychanalyse en France (1986) et dans mon livre sur Lacanen 1993 : « On comprend le ton déjà néo-testamentaire du célèbre “Discours de Rome” de 1953, écrit Tort, en direction du Saint-Siège pour obtenir une audience du Saint-Père [32]Michel Tort, «   De la différence…   », op. cit., p.   2... [32] . »

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J’ai raconté dans quel contexte Lacan avait demandé à son frère d’intervenir auprès de Pie XII pour obtenir une audience. À cette date, très exalté par sa « reconquête » du mouvement psychanalytique, Lacan veut rencontrer le Pape. Maisil adresse aussi son « Discours » à Lucien Bonnafé pour qu’il le transmette à Maurice Thorez. Enfin, il envoie sa conférenceà des personnalités importantes du champ intellectuel de l’époque. Autrement dit, et c’est ce que j’explique, il veut faire de ce « Discours », prononcé à Rome, ville hautement symbolique, un événement, au sens politique du terme. Et il sait qu’à cette date, il a de nombreux élèves catholiques parmi les Jésuites [33]   Le plus célèbre fut le père Louis Beirnaert, dont j’ai... [33] qui sont en train de s’ouvrir à la psychanalyse, de même que les communistes émergent du glacis stalinien.

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Face au pouvoir médical, représenté par la spp et face à

Daniel Lagache qui incarne, à la sfp, l’entrée de la psychanalyse à l’Université, Lacan fait appel à deux autres grandes institutions d’avenir pour la psychanalyse : le Parti communiste français et l’Église. Rien de plus normal. Il ne s’agit donc pas d’une tentative de rapprocher la psychanalyse du catholicisme, ou de se convertir à la foi, mais d’une volonté de faire venir à lui les Chrétiens et, pourquoi pas, le Papeou les plus hautes autorités de l’Église. Lacan n’hésitait devant rien pour séduire les grands de ce monde. Il tentera aussi, plus tard, de rencontrer Mao Zedong après avoir fait plusieurs fois le voyage de Fribourg pour converser avec Heidegger. Chaque fois, il s’agit de « se faire reconnaître » et de démontrer que « sa doctrine peut éclairer le monde ». Enaucun cas, Lacan ne cherchait à s’inféoder à un discours, à une institution. Au contraire, il veut chaque fois amener à lui les autres.

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Le Pape n’accordera aucune audience à Lacan qui, dépité, ira se promener avec Serge Leclaire dans les jardins de Castel Gandolfo. Le quiproquo vient du fait que Marc-François Lacan ainterprété cette lettre comme un retour de son frère à la foi.Quand il me l’a donnée à lire, il a tenté de me convaincre qu’il s’agissait de cela. Et j’ai eu beau lui dire que Lacan œuvrait dans le même sens avec le Parti communiste français, cela n’a servi à rien. Quant à la lettre, elle est rédigée avec habileté, puisqu’il s’agit pour Lacan de faire croire à son frère qu’il a rejoint la foi chrétienne et d’obtenir de lui l’audience souhaitée : « J’ai fondé, dit-il, avec Lagache,une nouvelle société entraînant avec nous la majorité des élèves […] Tout cela est très tonifiant pour moi, car enfin jevais pouvoir faire l’enseignement que je veux. Pour l’instant,le nœud est à Rome où je vais donner un rapport sur le langagede la psychanalyse dans toute son ampleur. Je crois que cela aura quelque effet. Mes élèves les plus sages et les plus autorisés me demandent d’obtenir une audience du Saint-Père. Je dois dire que je suis assez porté à le faire et que ce n’est pas sans un profond intérêt pour l’avenir de la psychanalyse dans l’Église que j’irai porter au père commun mon hommage. Crois-tu que tu puisses faire quelque chose pour cela ? »

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Dans une autre lettre un peu antérieure (non datée) de 1953, Lacan écrit : « Ma position vis-à-vis de la religion est d’uneimportance considérable dans le moment dont j’ai commencé à teparler. Il y a des religieux parmi mes élèves et j’aurai à entrer sans aucun doute en relation avec l’Église dans les années qui vont suivre sur des problèmes à propos de quoi les plus hautes autorités voudront voir clair pour prendre parti. Qu’il me suffise de te dire que c’est à Rome, qu’en septembre,je ferai le rapport de notre congrès de cette année et que ce n’est pas par hasard qu’il a pour sujet le rôle du langage (entends logos) dans la psychanalyse. »

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À la suite de nos discussions et de nos échanges épistolaires,qui ont commencé en mars 1983 et se sont prolongés pendant dixans, Marc-François a admis que son frère n’était pas « chrétien », mais que « toute son œuvre était animée par une recherche de la transcendance ». De là à faire de Lacan un adepte des papistes et, pire encore, de Maurras, de l’Action française, voire de Vichy (Tort), il y a un abîme.

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En 1917-1918, au collège Stanislas, Lacan fut l’élève de Jean Baruzi, à l’époque où celui-ci rédigeait sa thèse de doctorat sur Jean de la Croix. J’ai montré que cet enseignement, associé à la découverte précoce de l’œuvre de Spinoza, avait eu pour effet d’opérer dans l’itinéraire de Lacan une transition entre le catholicisme dévot de sa famille et un catholicisme érudit et aristocratique pouvant servir d’instrument critique dans l’appréhension de la religion. C’est dans la même perspective qu’il faut situer la fascination qu’éprouva Lacan entre 1923 et 1924 pour Charles Maurras, au moment même où il fréquentait le groupe surréaliste et la Librairie d’Adrienne Monnier. À cette époque, au cours d’une grave crise mélancolique, il rejeta encore plus violemment toutes les valeurs chrétiennes dans lesquelles il avait été élevé. Sans adhérer le moins du monde aux idées maurrassiennes, il voulut à toute force rencontrer Maurras (comme plus tard le Pape ou Mao) prétendant s’engager

dans le royalisme. À l’évidence, il admirait la langue de Maurras et un certain radicalisme monarchique qui l’éloignait encore de son milieu [34]   Voir Jacques Lacan, Esquisse, op. cit., p.   31-32. [34] .

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Pour faire de lui un maurrassien, et relire ainsi a contrario le texte de 1938 sur Les Complexes familiaux, et afin d’y retrouver laprésence des thèses de l’Action française, Eribon s’appuie sur unelettre de 1924 envoyée à Maurras par la femme de Léon Daudet [35]   Lettre de Marthe Allard, dans Cher Maître… Lettres... [35] : « Un jeune homme, ami de Maxime, qui s’appelle Jacques Lacan (23 ans, étudiant en médecine, pressé je pense, comme tant d’autres, par la nécessité de gagner sa vie), me demande depuis plusieurs semaines d’avoir une entrevue avec vous […] Il est récemment conquis à nos idées, et pense naturellement que son adhésion a une grande importance et qu’il pourra fairebeaucoup […] Pourriez-vous le recevoir cinq minutes ? Je lui ai dit de vous écrire. Quand vous l’aurez vu, vous le connaîtrez et n’aurez plus qu’à lui répondre oralement : cela vous fera gagner du temps. Il me paraît cultivé, intelligent, mais encore une fois assez présomptueux. Cependant, je pense qu’il peut servir notre cause sacrée […] À bientôt, cher ami, et je vous en prie, n’accordez à ce petit Lacan qu’une courte entrevue, il ne vaut pas plus. »

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Cette lettre manifeste l’hésitation de Madame Daudet. Elle ne sait pas dire si Lacan peut être ou non utile à la « cause sacrée », mais ce qui me frappe, c’est qu’elle affirme que Lacan « ne vaut pas plus que quelques minutes ». Lacan, dont la parole était interminable et les demandes illimitées, fut souvent contraint à la modération par ses interlocuteurs – « àjuste quelques minutes » – alors qu’il en demandait plus et sejugeait « indispensable ». Comment ne pas voir dans cette attitude si fréquente à son égard – on pense à Ernest Jones [36]   Au congrès de l’ipa de Marienbad en 1936, Jones coupa... [36] – la réponse à la manière dont il vivait sa relation au temps, et dont il construisit ensuite la durée de ses séances ?

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Toujours est-il que Lacan ne fut nullement maurrassien. Tout son itinéraire ultérieur le prouve. Et d’ailleurs, au moment de sa publication, le texte sur la famille, dont Eribon et Tort font le fer de lance du combat réactionnaire de Lacan en faveur de la famille patriarcale chrétienne et autoritaire, fut commentée en un sens rigoureusement inverse par Lucien Fevbre d’une part, et surtout par Édouard Pichon, psychanalyste et grammairien, maurrassien, et membre de l’Actionfrançaise [37]   Notons que Pichon eut pour caractéristique d’être à... [37] . Ce dernier reprocha à Lacan son hégélianisme, son absence de considération pour la morale catholique et enfin sa conception beaucoup trop anthropologique et moderniste de la famille patriarcale. En bref, il déplorait que celui dont il reconnaissait le génie sefût écarté du droit chemin de la civilisation chrétienne, et bien française, au profit d’une adhésion à la Kultur allemande [38]   Edouard Pichon, «   La famille devant Monsieur Lacan   »,... [38] . De fait, dans cet article de l’Encyclopédie française, Lacanne conservait de Maurras que deux thèses, très peu « maurrassiennes » : l’une héritée du positivisme comtien, pour lequel la société se divise en familles et non pas en individus, l’autre empruntée à Aristote et concernant l’identité sociale du sujet [39]   Voir   : Bertrand Ogilvie, Lacan, le sujet, Paris, puf,... [39] .

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FP : Pour en revenir à ce qui se passe aujourd’hui concernant les rapports qu’entretiennent la psychanalyse et l’homosexualité, je vais vous poser une question en trois volets. Qu’est-ce qu’on peut penser du fait que l’homosexualité fasse l’objet de tant de débats dans les institutions psychanalytiques ? Comment se fait-il que l’homosexualité soit à ce point source d’angoisse qu’une tellediscrimination s’opère dans le milieu analytique, comme si rien n’avait changé depuis quatre-vingts ans ? Qu’est-ce qui fut si violent dans la décision de l’ipa d’autrefois pour que cela ce soit maintenu jusqu’à aujourd’hui ? Peut-on considérerque l’homophobie existe au sein des écoles de psychanalyse ?

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ER : Pour répondre à vos trois questions, je dirai simplement que les institutions psychanalytiques et ses membres réagissent exactement « comme tout le monde ». La volonté des homosexuels à s’intégrer aux normes de la famille a fait émerger partout une nouvelle forme d’homophobie « par dénégation », comme je l’ai dit. L’ennui, c’est que les psychanalystes homophobes prétendent parler au nom de la psychanalyse, au nom de Freud ou au nom de Lacan, alors qu’ilsne font qu’exprimer leur opinion de citoyen. D’où les critiques qui leur sont adressées et qui, bien entendu, nous obligent à réfléchir sérieusement à l’avenir et à la capacité de la psychanalyse à prendre en compte les transformations de la famille occidentale. J’ai posé ce problème dans mon discours d’ouverture des États généraux de la psychanalyse en juillet 2000. Il me paraît donc normal que tous les groupes soient mobilisés autour de cette question.

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FP : J’ai constaté, à l’écoute de plusieurs membres de différentes écoles de psychanalyse auxquels j’ai demandé la rédaction d’un texte pour ce numéro de Cliniques Méditerranéennes sur « Les homosexualités aujourd’hui » que, dans la plupart des écoles, semble-t-il, il n’existe pas de position commune sur la question de l’homosexualité. On parle volontiers de personnalités très différentes parmi les homosexuels. Certainsanalystes préfèrent tout de même éviter le sujet de l’homosexualité gay ou génitale, pour parler plutôt d’homosexualité psychique. Ainsi Thierry Bokanovski parle-t-ild’« homosexualité primaire », d’« Œdipe inversé » ou « structurant », ou de type « inversif ». D’autres psychanalystes adoptent des positions plus tranchées, comme par exemple Charles Melman dans l’Encyclopédie Universalis [40]Article «   Homosexualité   », rédigé en 1976 et repris... [40] , et ceci tant vis-à-vis de l’homosexualité masculine – je passesur les particularités cliniques et les détails de son article– que de l’homosexualité féminine qui ne serait pas, non plus,exempte de perversion. C’est ce qu’il dit en 1990. Dans le texte publié dans ce présent numéro, Charles Melman écrit qu’il semble considérer aujourd’hui que si l’homosexualité

masculine constitue bien une perversion, l’homosexualité féminine, en revanche, n’en serait pas une, dans la mesure où elle n’existerait pas. Ce serait une « hystérie aboutie », dit-il. Je voudrais savoir ce que vous pensez de tout cela.

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ER : Toutes ces « théorisations » me semblent être, une fois de plus, l’expression d’une homophobie qui s’avance masquée. Pourquoi ne pas appeler un chat un chat ? Nous savons bien quel’homosexualité « psychique » existe ou que l’homosexualité latente est présente chez les hétérosexuels. Nous pouvons également, comme l’a fait Lacan, supposer que l’homosexualité féminine serait plus « hystérique » que la masculine. Encore que… Nous n’en savons rien ! Et Lacan n’a jamais dit, comme Melman, que « l’homosexualité féminine n’existe pas ».

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En réalité, au-delà des interrogations cliniques de ce genre, ce n’est pas la définition de l’homosexualité ou des homosexualités, qui obsède aujourd’hui la communauté psychanalytique, c’est son « réel » (au sens lacanien) d’une part et sa réalité sociale de l’autre. Ce qui la dérange, ce qui la perturbe, ce qui la rend parfois paranoïaque, violente,injurieuse, c’est que des homosexuels pratiquants, c’est-à-dire des couples du même sexe ayant des relations charnelles, veuillent se comporter comme des névrosés ordinaires : avoir des enfants et vivre en famille, obtenir des droits, etc. Celasemble inacceptable pour les psychanalystes homophobes. Ils redoutent en quelque sorte qu’un acte sexuel d’une nature différente que le coït entre un homme et une femme, ne vienne se substituer à la scène primitive, à leur scène primitive freudienne. Ils craignent qu’à la scène primitive fondée sur la différence anatomique des sexes ne vienne se substituer un réel étranger et presque « monstrueux ». Comme si cette différence anatomique risquait d’être effacée ou de disparaître sous le poids d’une prétendue « homogénéisation » des sexes. Quel curieux fantasme ! Elle n’est pas prête d’êtreabolie cette différence sexuelle et les autres différences ne risquent pas de la recouvrir.

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Mais fort heureusement, tous les psychanalystes ne sont pas homophobes et nombre d’entre eux sont d’ores et déjà capables d’écouter autrement la parole de ces nouveaux homosexuels qui apportent le désordre dans la communauté freudienne, du fait de leur désir de norme et non pas de leur désir pervers. Je suis du reste frappée de voir que cette communauté tolère mieux les psychanalystes psychotiques ou pervers hétérosexuelsque les psychanalystes homosexuels « ordinaires » (« névrotisés »), ne présentant aucune pathologie particulière. Cela montre bien qu’il existe au sein de la communauté freudienne un désir de conserver l’idée que l’homosexualité serait, en elle-même, l’essence de la perversion.

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Il faudra bien un jour accepter la nouvelle réalité, puisqu’elle existe et que, d’ici quelques temps, des lois seront votées qui rendront légal le désir de normalisation deshomosexuels. Cette réalité, il faut donc la penser et la prendre en compte sans avoir peur de réviser de fond en comblenos catégories psychanalytiques. Il faut même prendre parti enfaveur des homosexuels contre toutes les discriminations qui les accablent. Si la psychanalyse veut rester freudienne, elledoit poursuivre la mission civilisatrice et émancipatrice dontelle était porteuse à son origine.

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À cet égard, je pense que la conception lacanienne de l’homosexualité ne convient pas à l’analyse des homosexualitésd’aujourd’hui, puisque l’homosexuel en tant qu’il incarnerait la race maudite du pervers sublime est en voie de disparition.Les homosexuels contemporains ne peuvent plus être classés globalement dans la catégorie des pervers. De même, l’homosexualité névrotisée d’aujourd’hui n’est pas, en tant que telle, une perversion : ni une perversion sexuelle, ni une perversion au sens structural. En revanche, ce qui reste de lathéorie lacanienne, c’est l’idée, magistrale à mes yeux, qu’ilexisterait dans l’amour en général une composante, voire une structure de nature perverse, une structure « homosexuelle

sublimée » commune aux homosexuels et aux hétérosexuels. Et sila thèse lacanienne de l’existence nécessaire d’un réel irréductible à la norme est exacte – il y a fort à parier que le personnage du pervers sublime et maudit se maintiendra dansnotre société sous de nouvelles formes.

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Nous devons donc être vigilants face au déferlement de la violence homophobe des psychanalystes. En ce qui concerne l’œuvre de Lacan, nous sommes dans une période d’héritage. Il faut faire un choix et ne pas ressasser de façon interminable les bons mots du maître. Or, celui-ci a laissé en héritage à quelques-uns de ces disciples – minoritaires fort heureusement– d’une part un goût prononcé pour l’injure, de l’autre une lecture dogmatique de sa théorie du Nom-du-Père et de la fonction symbolique qui mérite bien les critiques que lui adressent Tort et Eribon. Plus que Freud, Lacan a suscité, voire favorisé, une lecture régressive de son œuvre. J’ai eu l’occasion d’expliquer pourquoi ailleurs.

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Charles Melman et Jean-Pierre Winter qui, au nom du lacanisme et de la psychanalyse, se sont lancés dans une véritable croisade médiatique contre les homosexuels, se servent en effet de la conception lacanienne de la paternité symbolique pour prétendre restaurer la figure perdue du père autoritaire,laquelle serait, à leurs yeux, menacée par le nouvel ordre homosexuel.

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Cette attitude ne fait que reproduire une terreur conservatrice et hostile à l’idée même de « progrès », semblable à celle qui avait envahi la société viennoise de la fin du xixe siècle. On en trouve la trace dans les textes d’Otto Weininger et de Bachofen mais jamais dans ceux de Freud. Ces auteurs, d’un conservatisme étrange et nihiliste, redoutaient une féminisation généralisée de la société, consécutive à l’émancipation des femmes. Et bien aujourd’hui, les lacaniens homophobes, rejoignant d’ailleurs leurs

collègues de l’ipa, sont les victimes d’une terreur équivalente. Ils ont une peur bleue qu’une sorte d’apocalypse vienne ravager l’ensemble de la société pour l’« homosexualiser », pour « l’homogénéiser ».

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Aussi expriment-ils leur terreur sous forme d’insultes en se réclamant plutôt d’un patriarcat autoritaire de type « mosaïque » que d’un paternalisme chrétien. Ainsi Winter a-t-il revendiqué l’ordre d’un judaïsme caricatural pour stigmatiser les femmes homosexuelles ayant adopté des enfants.Elle seraient, a-t-il dit en substance, les représentantes d’un christianisme maternaliste puisque, telle la Vierge Marie, elles auraient commis la faute d’enfanter une descendance sans aucun coït hétérosexuel [41]   L’accusation a été proférée, en ma présence, le 2 février... [41] . Des « Chrétiennes » en quelque sorte : ici l’injure anti-chrétienne est de même nature que l’insulte judéophobe. Elle suppose que la fonction paternelle « juive » serait en mesure de restaurer la véritable « Loi du Père » psychanalytique, face à un paternalisme chrétien décadent. Dans la même perspective, Winter a accusé les couples homosexuels de vouloir fabriquer des « enfants symboliquement modifiés [42]Jean-Pierre Winter, «   Gare aux enfants symboliquement... [42] ».

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De son côté, Charles Melman a prononcé des anathèmes contre Martine Gross en accusant les parents homosexuels d’être des adeptes d’une sorte de narcissisme primaire dont serait excluetoute relation véritable à autrui. Les enfants de ces couples seraient à ses yeux, je cite, des « jouets en peluche, destinés à satisfaire le narcissisme de leurs parents ». Impossible dans ces conditions, a-t-il ajouté, qu’un tel projet soit « honorable ». Quant à la définition melmanienne de la famille dite « normale », elle est bien étrange : « J’entends par famille normale ce qui permet à l’enfant d’affronter les vraies difficultés. » Quand on sait que Lacan montrait en 1938 que les pires turpitudes et les plus grandes anomalies surgissaient toujours dans les familles apparemment

les plus normales, on mesure ici ce qui sépare le maître de ses adeptes homophobes. Oserais-je dire qu’à mes yeux, ils sont le déshonneur du lacanisme et de la psychanalyse ?

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J’ajouterais que j’ai moi-même été traitée par Melman, après la publication de mon Histoire… (en 1986), de « renifleuse des pieds de Lacan », attendant que « sa queue frétille contre moi », puis d’organisatrice de « psychopride » après avoir pris, en juillet 2000, la défense des couples homosexuels [43]Charles Melman s’est exprimé ainsi en face de Martine... [43] .

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La position la plus grave est celle prise par Pierre Legendre.Elle est injurieuse mais ne mobilise pas d’argumentation dénégative. Dans la mesure où l’auteur est un penseur important, ayant publié de nombreux ouvrages savants sur la filiation, sa responsabilité me paraît plus lourde que celle des autres. Hanté, lui aussi, par la terreur d’une décadence, ou d’une « désymbolisation » de l’occident, ou d’« une escalade de l’obscurantisme », il soutient que le désir de normalisation des homosexuels relèverait d’un hédonisme illimité, d’un refus de tout interdit et de tout tabou.

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Pourquoi les homosexuels seraient-ils responsables de cet hédonisme qui existe partout dans les sociétés dites « postmodernes » et que l’on peut en effet critiquer ? Et pourquoi désigner cet hédonisme comme un héritage du nazisme, alors que ce courant philosophique existe depuis la Grèce archaïque ? Ici Pierre Legendre dérape et sa terreur est pour le moins paranoïaque : « Pensez aux initiatives prises par leshomosexuels, dit-il. Le petit épisode du Pacs est révélateur de ce que l’État se désaisit de ses fonctions de garant de la raison. Freud avait montré l’omniprésence du désir homosexuel comme effet de la bisexualité psychique […]. Instituer l’homosexualité avec un statut familial, c’est mettre le principe démocratique au service du fantasme. C’est fatal,

dans la mesure où le droit, fondé sur le principe généalogique, laisse la place à une logique hédoniste, héritière du nazisme [44]   Pierre Legendre, entretien avec Antoine Spire, Le Monde... [44] . »

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Franchement, je ne vois pas en quoi le désir de normalisation des homosexuels mettrait en péril le principe démocratique. Que celui-ci soit fondé sur l’existence de la différence des sexes, et donc sur le mariage hétérosexuel, c’est certain. Mais justement, dans la mesure où l’homosexualité actuelle s’yréfère comme à un modèle, elle ne risque pas de mettre en péril la démocratie. Bien au contraire, elle réclame davantagede démocratie. Jusqu’à présent d’ailleurs – et l’actualité vient d’en donner un exemple éclatant – ce qui interdit la démocratie, ce sont les formes barbares et autoritaires d’un patriarcat archaïque. Sur ce point, les analyses de Freud sur la horde primitive et celles de Lacan sur la famille se rejoignent. Pour le moment, la seule apocalypse qui semble menacer la société occidentale – et l’islam lui-même – est celle de l’islamisme radical et terroriste. Or, je remarque que les menaces islamistes sont proférées par des barbus polygames et barbares qui entravent le corps des femmes et lancent des injures contre les homosexuels, jugés responsablesd’un abaissement des valeurs viriles de Dieu le père.

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Et puis tout de même, l’homosexualité n’est pas assimilable aux mœurs sadiques ou « hédonistes » des guerriers de la sa oude la ss. Les homosexuels, en tant que « race inférieure et dégénérée » ont été exterminés dans les camps de la mort, marqués comme les Juifs et les Tsiganes du sceau de l’infamie.Aujourd’hui, ils sont assassinés en Arabie saoudite et martyrisés en Égypte sans que l’on entende la moindre protestation de la communauté psychanalytique.

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FP : Quelques mots, si vous le voulez bien, à propos des psychanalystes homosexuels. À la fin d’un entretien que vous

avez donné à la revue Ex aequo en avril 1999 [45]   Vision progressive de l’homosexualité   », entretien... [45] , vous dites qu’un analyste homosexuel ne doit pas exhiber sa propre sexualité pour la simple raison que la règle veut que le patient ne connaisse pas la vie privée de son analyste. Que pensez-vous de cette idée et de la constitution de réseaux de psychanalystes homosexuels ?

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ER : Je pense qu’il faut appliquer, dans la cure, des règles universelles. Nous savons que les patients, dans le transfert,connaissent rapidement la nature des choix sexuels de leurs analystes. Mais il faut maintenir l’interdit actuel qui veut que l’analyste ne donne aucune information à l’analysant sur sa « vie privée ». Les analystes homosexuels doivent aussi éviter le principe du « ghetto » et prendre en cure aussi biendes homosexuels que des hétérosexuels. Si un patient dit à sonanalyste qu’il sait ou qu’il pense que celui-ci est homosexuel, et que cela est vrai, l’analyste ne doit pas, à mon sens, niercette réalité. Mais pour autant, il n’a pas à étaler ses choixsexuels. La non-réponse à ce type de demande peut être, de facto, une réponse en forme d’interprétation.

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De nombreuses questions devront être soulevées à l’avenir, du fait de la transformation de l’homosexualité dans nos sociétés. Par exemple, comment procédera un analyste confrontédans une cure d’enfant à des signes évidents d’homosexualité précoce ? Devra-t-il faire en sorte que l’enfant évolue vers un autre choix sexuel ? Je pense que oui s’il s’agit d’un enfant prépubère, soumis à une fétichisation de la part de sa mère par exemple. Mais comment l’analyste pourra-t-il agir de la sorte, dans un monde où l’homosexualité sera reconnue commeune sexualité ordinaire et non plus comme une pathologie ? Quelles seront alors les frontières entre la norme et la pathologie ?

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Paris, novembre 2001.

Notes [*]

Élisabeth Roudinesco, psychanalyste, historienne, ephe, université de Paris VII, 89 avenue Denfert-Rochereau, 75014 Paris.

[1]

La transcription de cet entretien a été réalisée par Éliane Pons.

[2]

Les Premiers psychanalystes. Minutes de la Société psychanalytique de Vienne, vol. 1, 1906-1908, Paris, Gallimard, 1976.

[3]

Sigmund Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle (1905), Paris, Gallimard ; Un Souvenir d’enfance de Léonard de Vinci (1910), Paris, Gallimard, 1987.

[4]

Voir aussi : Sandor Ferenczi, « États sexuels intermédiaires », (1905), dans Les Écrits de Budapest, Paris, epel, 1994, p. 243-256 ; « L’homoérotisme : nosologie de l’homosexualité masculine », dans Psychanalyse II. Œuvres complètes 1913-1919, Paris, Payot, 1970, p. 117-130.

[5]

« Sur la psychogenèse d’un cas d’homosexualité féminine » (1920), OC, XV, Paris, puf, 1996, p. 233-263.

[6]

Sigmund Freud, Psychologie des masses et analyse du moi, OC, XVI, Paris,puf, 1991, p. 1-85.

[7]

Sigmund Freud, Correspondance, 1873-1939 (Londres, 1960), Paris,Gallimard, 1966.

[8]

Élisabeth Young-Bruehl, Anna Freud (New York, 1988), Paris, Payot, 1991.

[9]

Ralph Roughton, « Psychanalyste et homosexuel ? », Revue françaisede psychanalyse, 4, 1999, t. LXIII, p. 1281.

[10]

Voir à ce sujet : Jacques Derrida et Élisabeth Roudinesco, De quoi demain… Dialogue, Paris, Fayard, 2001.

[11]

Gilbert Diatkine, « Identification d’un patient », Revue françaisede psychanalyse, op. cit., p. 1306.

[12]

César Botella, « L’homosexualité(s) : Vissitudes du narcissisme », Revue française de psychanalyse, op. cit., p. 1317.

[13]

Libération du 7 juillet 1999.

[14]

Nicos Nicolaïdis, « L’homosexualité et la question de la différence », Médecine et hygiène, 2339, 21 mars 2001.

[15]

Le Temps, 2 mai 2001.

[16]

Voir à ce sujet : Robert D. Hinshelwood, Dictionnaire de la pensée kleinienne (Londres, 1989), Paris, puf, 2000.

[17]

Voir Élisabeth Roudinesco, Jacques Lacan. Esquisse d’une vie, histoire d’un système de pensée, Paris, Fayard, 1993.

[18]

Élisabeth Roudinesco, Histoire de la psychanalyse en France, vol. 2 (1986), Paris Fayard, 1994. Et, avec Michel Plon, Dictionnaire de la psychanalyse, op. cit.

[19]

Michel Foucault, Le Souci de soi, Paris, Gallimard, 1984 ; Les Anormaux, Paris, Gallimard/Le Seuil, 1999 ; L’Herméneutique du sujet, ibid., 2001.

[20]

On sait que, pour Freud, le complexe d’Œdipe est la représentation inconsciente par laquelle s’exprime le désir sexuel ou amoureux de l’enfant pour le parent du sexe opposé et son hostilité pour le parent du même sexe. Cette représentation peut s’inverser et exprimer l’amour pour le parent du même sexe et la haine à l’encontre du parent du sexeopposé. Chez Freud, l’homosexualité dérive souvent de l’Œdipe inversé, mais l’Œdipe inversé ne donne pas lieu forcément à une orientation de type homosexuel.

[21]

Jacques Lacan, Le Séminaire, livre V, 1957-1958, Les Formations de l’inconscient, Paris, Le Seuil, 1998, p. 207-212.

[22]

« J’ai parlé incidemment, à propos de ce banquet, d’assemblée de vieilles tantes, étant donné qu’ils ne sont pas tous de la première fraîcheur, mais toute de même, ils ne sont pas sans être d’un certain format », Le Séminaire, livre VIII. Le Transfert,

1960-1961, Paris, Le Seuil, 2001, nouvelle édition revue et corrigée, p. 163.

[23]

Jacques Lacan, Le Séminaire I, 1953-1954, Les écrits techniques de Freud, Paris, Le Seuil, 1975, p. 247.

[24]

Ibid., p. 247.

[25]

Michel Tort, « Homophobies psychanalytiques », Le Monde, 15 octobre 1999 ; « Quelques conséquences de la différence “psychanalytique” des sexes », Les Temps modernes, 609, juin-juillet-août 2000. Didier Eribon, Une morale du minoritaire. Variations sur un thème de Jean Genet, Paris, Fayard, 2001. Notamment les chapitres consacrés à « l’homophobie » de Lacan et ceux intitulés « Pour en finir avec Jacques Lacan ».

[26]

Didier Eribon, Réflexions sur la question gay, Paris, Fayard, 1999.

[27]

Jacques Lacan, « Les complexes familiaux » (1938, 1985), repris dans Autres écrits, Paris, Le Seuil, 2001. Publié en 1938 dans L’Encyclopédie française.

[28]

Michel Tort, « Homophobies psychanalytiques », dans Le Monde, op.cit. ; ce passage n’est pas repris dans l’article des Temps modernes.

[29]

Michel Tort, « De la différence… », op. cit., p. 213.

[30]

Tony Anatrella, « A propos d’une folie », Le Monde du 26 juin 1999.

[31]

« Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse », Écrits, Paris, Le Seuil, 1966.

[32]

Michel Tort, « De la différence… », op. cit., p. 202.

[33]

Le plus célèbre fut le père Louis Beirnaert, dont j’ai retracél’itinéraire.

[34]

Voir Jacques Lacan, Esquisse, op. cit., p. 31-32.

[35]

Lettre de Marthe Allard, dans Cher Maître… Lettres à Charles Maurras, texte établi par Pierre Henri Deschodt, Paris, Bartillat, 1995, p. 602 ; Didier Eribon, Une morale du minoritaire, op. cit., p. 265.

[36]

Au congrès de l’ipa de Marienbad en 1936, Jones coupa la parole à Lacan au bout de dix minutes. J’ai analysé cette question du temps dans Jacques Lacan. Esquisse…, op. cit.

[37]

Notons que Pichon eut pour caractéristique d’être à la fois freudien, maurrassien et dreyfusard. Voir, Histoire de la psychanalyse en France, vol. 1, op. cit.

[38]

Edouard Pichon, « La famille devant Monsieur Lacan », rééd., dans Cahiers Confrontation, 3, 1980.

[39]

Voir : Bertrand Ogilvie, Lacan, le sujet, Paris, puf, 1987.

[40]

Article « Homosexualité », rédigé en 1976 et repris depuis sans modifications.

[41]

L’accusation a été proférée, en ma présence, le 2 février 2000, lors d’une émission de France culture (La suite dans les idées),réunissant notamment Geneviève Delaisi et Martine Gross, présidente de l’Association des parents gays et lesbiens (apgl).

[42]

Jean-Pierre Winter, « Gare aux enfants symboliquement modifiés », Le Monde des débats, mars 2000.

[43]

Charles Melman s’est exprimé ainsi en face de Martine Gross, lors de l’émission Planète de juin 2001 et à rtl le 21 juin 2001. Voir aussi à mon propos, « Hyacinthe Hirsch », Le Discours psychanalytique, 5759, 1986, p. 64, et « Lacan a-t-il fait acte ? », dans La Célibataire, automne-hiver 2000, p. 9. Sur l’homoparentalité, voir Stéphane Nadaud, L’homoparentalité : une nouvelle chance pour la famille ?, Paris, Fayard, 2002.

[44]

Pierre Legendre, entretien avec Antoine Spire, Le Monde du 23 octobre 2001.

[45]

Vision progressive de l’homosexualité », entretien avec Eric

Lamien, Ex aequo, 27, avril 1999.

amedi 7 septembre 2013Ne pas confondre homosexualité et homosexualisme

Le militant gay Peter Tatchell : l'homosexualité au service de la

révolution gauchiste

   Il ne faut pas confondre l'homosexualité (état de celui qui est attiré par des gens du même sexe que lui) avec l'idéologie gay. 

   On peut dire que, sur ce blog, nous l'avons dit, re-dit, et répété. C'est même notre idée-maîtresse, notre refrain et notre principe fondamental. 

   Aussi, nous sommes heureux de relayer une étude fondamentale qui va tout à fait dans le même sens : elle est signée Hilary White, et elle a été traduite en français par Jeanne Smits. Ce qu'elle nomme "homosexualisme", c'est tout simplement ce que nous nommons, quant à nous "mouvement gay", "idéologie gay" ou "lobby gay".

   En voici quelques extraits essentiels : 

   On m’a demandé récemment ce qu’est l’« homosexualisme ». C’est un

terme que j’ai commencé à utiliser dans mes articles à propos de cesquestions il y a quelques années, lorsqu’il est devenu évident que nous avions à faire non à un groupe de personnes, mais à une idéologie spécifique dont les tenants sont souvent des personnes quine sont pas homosexuelles. (...)

   Peter Tatchell est un homosexualiste britannique de premier plan : cela signifie qu’il est un promoteur une idéologie politique et sociale spécifique qu’il veut voir adoptée en Grande-Bretagne et ailleurs. Il est également un homme homosexuel : cela veut dire qu’il ressent une attraction sexuelle vis-à-vis d’autres hommes, unecondition dont l’origine fait encore débat parmi les médecins, les psychiatres et les généticiens. Les deux choses ne sont pas identiques. C’est un fait qui tend à échapper à bien des gens qui lisent ou qui écrivent à propos des guerres culturelles, spécialement dans leur manifestation actuelle qui semble s’être focalisée totalement sur l’homosexualité. Tous les homosexuels ne sont pas des homosexualistes, et tous les homosexualistes ne sont pas des homosexuels.

   Le reste de l'étude (à lire ici) prouve méthodiquement que le mouvement gay (ou mouvement 'homosexualiste") est un mouvement révolutionnaire d'origine marxiste, qui vise ni plus ni moins à détruire la famille. Les homosexuels, là dedans, sont à la fois un prétexte et une masse de manoeuvre (j'hésite ici entre l'expression léniniste : des "idiots utiles", et la formule napoléonienne : "de la chair à canon"...). Bref, ils sont manipulés et instrumentalisés à des fins qui ne sont certainement pas leur propre bonheur.

   Notons, en conclusion, cette fine remarque qui explique comment et pourquoi l'idéologie gay (ou "homosexualiste") tend à se transformer en totalitarisme : 

     Le problème principal de la version homosexualiste du rêve marxiste est qu’il faut obtenir que tout le monde soit d’accord. Et je dis bien : tout le monde. Les théoriciens marxistes ont toujours su qu’une utopie ne fonctionne vraiment que si personne n’a le droit d’avancer une quelconque objection. Tout le monde doit être d’accord, aucune dissension ne peut être tolérée au risque de faire

éclater la logique en bulle de savon de l’entreprise.

  Or cette unanimité sera difficile à obtenir, tant l'idéologie a dumal à être mise en pratique : 

   Pour ceux qui essaient de la mettre concrètement en pratique, cependant, il devient vite évident que les êtres humains ne sont tout simplement pas faits pour fonctionner de cette manière, et que le fait de baser la culture tout entière sur cette proposition, comme nous le faisons depuis les années 1960, entraînera un état maussade de chaos émotionnel et social, une misère, une solitude, une pauvreté et un égoïsme tels que le monde n’en avait jamais vus.

   L'idéologie gay s'écroulera donc, c'est certain (comme s'est écroulé l'URSS). Mais après avoir gâché combien de millions de vies ?

vendredi 9 août 2013Bien distinguer "homo" et "gay"

On croit trop souventque les mots  

"homo" et "gay" sontéquivalents.

    On n'explique jamais suffisamment...

    Je reçois encore, de droite ou de gauche, des questions ou des objections au sujet de la distinction entre "homo" et "gay".

    - Pour les uns, cette distinction n'a aucun fondement : être

"gay", ce serait ni plus ni moins être homosexuel.

    - Pour un autre (le cher Philippe Arino, qui a des intuitions géniales, mais aussi des déductions logiques parfois très déconcertantes), la formule "Homo pas gay" serait l'aveu à peine déguisé de je ne sais quelles sombres pratiques inavouables.

   Calmez-vous tous : je ré-explique !       Dans ce blog :

        - Le terme "homo" désigne toute personne ayant des tendanceshomosexuelles (quels que soient le jugement qu'elle porte sur ces tendances, la façon dont elle les satisfait ou les combat, etc.) . Le mot est donc pris en son sens le plus général.

        - Le terme "gay", en revanche, est réservé à une catégorie spéciale d'homos : ceux qui revendiquent socialement et politiquement leur homosexualité comme quelque chose de positif, louable, normal et naturel, devant, par conséquent, être reconnu, défendu, promu et entretenu par les autorités publiques. On peut, parmi eux, sous-distinguer diverses nuances de gay : depuis les extrémistes d'Act up, coutumiers des agressions violentes (contre les prêtres ou les associations d'aide aux handicapés), jusqu'aux gays modérés de Xavier Bongibault (Gays pour la vie), qui demandent l'abolition de la loi Taubira.

     Autrement dit : le terme homo désigne une tendance psychologique et sentimentale, tandis que le mot gay renvoie à une idéologie politique.

    Sans être obligatoire ni universel (nous ne prétendons pas être l'Académie française), cet usage de distinguer les mots "homo" et "gay" n'est pas une particularité du blog "Homo pas gay". Evidemment, le grand public, entraîné par les média (eux-mêmes tirés par le lobby gay), considère souvent ces deux mots comme synonymes. Mais laissons un instant les disputes de mots, et regardons le réel. Il est indéniable que, dans la vie réelle, il y a des individus qui ont simplement des tendances ou des pratiques homosexuelles, mais pas plus : ils ne théorisent pas leur homosexualité et ne militent pas

pour qu'elle soit encouragée par la société. Et puis, il y a les idéologues et les activistes. Pour distinguer ces catégories de personnes, on pourrait certainement trouver d'autres mots que "homos" et "gays" (on pourrait parler, par exemple, d'homosexuels et d'homosexualistes). Mais il se trouve que :

   1) historiquement, le mot "homosexuel" a toujours été un mot neutre (n'impliquant ni approbation ni  condamnation des tendances qu'il désigne) ; il semble donc bien indiqué pour désigner simplement, de façon très générale, toute personne ayant ces tendances ;

   2) en revanche, le mot "gay" est un terme militant, inventé et promu par des activistes homosexuels voulant présenter l'homosexualité comme une réalité positive, la promouvoir, lui obtenir des droits politiques et l'illustrer par une culture spéciale (la fameuse "culture gay" : mélange de publicité commerciale, de militantisme politique et de pornographie); ce termeest donc parfaitement indiqué pour désigner cette idéologie.

   Maintenant, si des lecteurs ont d'autres idées et veulent me proposer des mots qui exprimeraient cette distinction de façon plus compréhensible, je reste ouvert à toute suggestion...

Les causes de l’homosexualité Après avoir décrit et analysé ce qu’est l’homosexualité, puis les besoins et le vécu d’une personne vivant dans l’homosexualité, nous abordons maintenant la partie la plus délicate de la question que pose l’homosexualité : arriver à endéfinir les causes probables, et déterminer si l’on peut volontairement évoluer et changer.

Les causes sont multiples, complexes, peuvent entrer en interaction, et diffèrent selon les individus. On ne peut pas résumer l’homosexualité à une ou plusieurs raisons principales,même si dans certains cas des raisons se recoupent et semblent être communes à beaucoup. D’autre part, il semble qu’il n’y aitpas une seule homosexualité, mais des homosexualités.

Un nombre important de personnes – dont beaucoup ayant une préférence homosexuelle – seraient même d’accord pour ne pas tenter d’expliquer les causes du tout, et pour dire que l’homosexualité est simplement une autre forme normale de la sexualité. Et d’ailleurs, affirment-ils, pourquoi expliquer l’homosexualité, puisque l’on n’a pas cherché réellement à expliquer l’hétérosexualité ? Personnellement je ne me rattachepas à leur école de pensée : certes, beaucoup de choses sont sinaturelles dans la vie qu’elles ne nécessitent pas vraiment uneremise en question et une interrogation, cependant cela ne veutpas dire que l’on ne puisse pas ou que l’on ne doive pas les analyser et les expliquer.

Nous l’avons déjà dit, il est important de ne pas considérer l’homosexualité sous le regard exclusif et unique de la sexualité, car de même que pour l’hétérosexualité, l’attirance envers les personnes du même sexe n’est pas avant tout une question de sexualité, mais surtout une question d’affectivité, de sentimentalité, de recherche de sécurité. Certaines personnes ayant une préférence homosexuelle le prouvent d’ailleurs par leur absence de relations sexuelles, ou alors une sexualité peuactive. Il serait ainsi plus juste de parler « d’homophilie » et de parler « d’hétérophilie » – ce qui aurait le mérite de nepas opposer étroitement une hétérosexualité moyen de procréation et une homosexualité non procréatrice.

Nous allons essayer de cerner les différentes raisons qui peuvent mener à l’homosexualité, étant entendu que chaque personne reste unique et différente, et que ce qui suit représentera une synthèse des différentes recherches et propositions déjà établies sur le sujet.

Les dysfonctionnements du foyer familialLes dysfonctionnements du foyer familial peuvent peser parfois très lourd dans la balance[1]. Mais bien plus précisément, ce qui va jouer un rôle essentiel de l’orientation affective et sexuelle, ce sont les « modèles masculins et féminins » prochesde l’enfant.

Est-ce que les modèles masculins du père, des éducateurs, des pasteurs d’églises, des hommes influents entourant un garçon lui auront réellement donné envie de développer ses attributs

masculins ? lui auront-ils également donné la sécurisation dansson genre ? lui auront-ils appris à apprécier et à respecter les richesses extraordinaires du monde des femmes et de la complétude hétérosexuelle ? Des propos comme « Mon père : c’était et c’est toujours un « tocard » , absent, inconsistant,ne s’intéressant à moi que négativement, se moquant de mes centres d’intérêt qui ne sont pas les siens » nous révèlent très souvent des personnes à préférence homosexuelle.

Est-ce que les modèles féminins de la mère, des éducatrices, des femmes influentes entourant un garçon lui auront donné envie d’être en paix avec le féminin en lui, et le féminin autour de lui ? Est-ce que cela lui aura donné aussi envie de développer ses attributs masculins ? est-ce que cela lui aura apporté une sécurisation dans son genre et avec le genre complémentaire ? ou au contraire des peurs, des angoisses, des doutes ? et là aussi est-ce que ces relations féminines procheslui auront révélé les richesses extraordinaires du monde des femmes et de la complétude hétérosexuelle ?

Ces questions fondamentales sont à poser exactement de la même façon pour les filles… Un certain nombre de femmes à préférencehomosexuelle disent avoir subi un ou plusieurs abus traumatisants, les ayant déconnectées de la recherche de la complétude hétérosexuelle (abus d’autorité – y compris dans noséglises chrétiennes – abus affectifs, émotionnels, voire sexuels).

J’ai pu écouter Tony Anatrella, psychanalyste et spécialiste enpsychiatrie sociale, prêtre, et il affirme ceci :

« On observe souvent, dans le cas de sujets qui ne vivent pas dans la continuité de leur identité sexuelle, une identification à une image idéale de l’autre sexe et un rejet d’une image du parent du même sexe, accablé de tous les maux. De nombreux homosexuels souffrent d’un déficit dans la capacité de relation inconsciente avec le parent de même sexe qui conduit à une ambivalence, une mise à distance de ce parent et une recherche de partenaire de même sexe érotisé. Dans un certain type d’homosexualité masculine, on observe que les hommes veulent être l’homme idéal que le père n’a jamais été, et dans le cas de l’homosexualité féminine, le besoin de se réparer par rapport à la mère et la fuite d’une relation : ne pas désirer un homme pour ne pas détruire l’éventualité d’une relation positive à la mère. »

Un grand nombre de personnes vivant dans l’homosexualité affirment avoir eu un père[2] effacé, distant, peu énergique etpeu présent dans leur vie d’enfant. Elles ont été déçues dans leur attente affective, et inconsciemment n’ont pas pu se confronter et s’identifier à leur père, image de l’homme. Par la force des choses, l’allié de leur adolescence est donc devenu leur mère, qui a été quelquefois – et souvent en compensation – accaparante, dominatrice, surprotectrice et étouffante avec eux, dans un désir de soutien.

Freud, dans son étude sur Léonard de Vinci, explique ainsi la cause de l’homosexualité :

« Un très fort attachement érotique à une femme, le plus souvent à la mère, attachement suscité, favorisé par la tendresse exagérée de la mère elle-même, renforcé ensuite par l’effacement du père de l’existence de l’enfant ».

Selon Bieber, 69% des homosexuels ont une mère hyper-affective.La plupart d’entre eux la décrivent comme séductrice ou castratrice[3]. Les docteurs Gerard van den Aardweg (1987), Marmor (1980), Freud (1910, 1922), Siegelman (1974), Westwood (1960), Schofield (1965), Thomson (1973) et Kronemeyer (1980) ont observé que les hommes homosexuels ont un attachement anormal à la mère. Dans de tels cas, ces hommes s’identifierontplus tard de façon exagérée à la mère et se désidentifieront dupère.

« On entend parler d’enfants qui, pas une seule fois au cours de leur enfance, n’ont eu leur père à eux pendant une journée entière ou même une demi-journée. Cela me semble terrible. Je dirais que c’est la responsabilité de la mère que d’envoyer le père et la fille, ou le père et le fils, se promener de temps en temps ensemble pour faire une expédition. Ce geste sera toujours apprécié par ceux qu’il concerne et certaines de ces expériences seront considérées comme un trésor durant une vie entière. »[4]

A cause d’un manque de proximité du père, – et ce à tous les niveaux, physique, intellectuel, émotionnel, affectif -, l’homme est devenu dans la vie des futurs « homosexuels » masculins, le personnage lointain et mystérieux qu’il leur restait à découvrir, tandis que la femme, elle, est devenue « celle que je connais bien, mon alliée, celle avec qui je suis déjà en unité », l’image du sacré, de la mère, de la personne à qui ilne faut surtout pas toucher, mais qu’il faut respecter et honorer sans jamais aller plus loin.

Ceci pourrait expliquer au tout début la fixation de leur attirance émotionnelle exclusivement envers un ami du même sexe, pour trouver d’abord écoute, affection, sécurité – le complément de ce qu’ils n’ont pas reçu de leur père – puis la focalisation de leur vie sentimentale d’abord, et par la suite sexuelle, sur l’homme, à un âge où elle devrait normalement se fixer sur le genre féminin.

Fait marquant : la personne très attirée par l’homosexualité éprouve le besoin psychique de se réaliser dans et au travers d’un autre homme, de devenir lui – ce qui est le signe d’une identification non encore réalisée – d’où parfois un phénomène de dépendance et parfois même de codépendance[5]. Son partenaire devient comme le prolongement de lui-même. Ce n’est pas le cas dans une relation hétérosexuelle équilibrée, où certes le désir de fusion, de possession de l’autre sont aussi présents, mais envers un partenaire qui est foncièrement différent et donc complémentaire.

« Notre identité ne peut s’acquérir que par la différentiation et même l’opposition. Elle suppose une communion avec la différence. Et non la fusion dans la ressemblance. »[6]

« Il est généralement admis que des relations familiales médiocres, où l’enfant n’a que très peu ou aucun contact affectif sain avec l’un ou deux de ses parents, favoriserait d’une façon significative le risque pour qu’il devienne homosexuel. Dans ce cas, la plupart commencent par éprouver des pensées homoérotiques au début ouaprès la puberté. »[7]

« Ce qui donne à l’enfant son identité, c’est la relation qu’il noue à l’intérieur d’un couple parental où le jeu de la complémentarité se fait normalement… L’homosexuel est quelqu’un qui continue à chercher son identité en miroir, parce qu’il lui a manquéune référence pour affronter la différence. Chaque fois que le couple parental a des problèmes relationnels graves qui mettent en cause leur complémentarité indispensable, – où l’homme et la femme sont chacun à leur place -, l’enfant en fait les frais »[8]

Les différentes formes d’homosexualité

Il existe différentes formes d’homosexualité, dont certaines ne signifient pas que l’on soit homosexuel si l’on en vient à passer à l’acte. D’autre part, le vécu homosexuel n’est pas le même si l’on se situe dans une grande ville comme Paris, en province ou même à la campagne ; pas le même selon l’âge, la catégorie socioprofessionnelle, la culture ou la religion à laquelle on appartient.

La bisexualitéLa bisexualité est le fait de personnes qui ont habituellement une relation sexuelle aussi bien avec un homme qu’avec une femme. Elle est plus étendue qu’elle ne le laisse paraître, et parfois même à la mode dans certains milieux. Elle est pratiquée par des hommes mariés la plupart du temps.

De nombreux pharaons affichaient leur bisexualité ouvertement, et souvent les reines d’Egypte étaient bisexuelles. La plus réputée demeurant Néfertiti, femme d’Akhenaton, et belle-mère de Toutankhamon. Néfertiti se plaisait à recevoir dans ses appartements ses plus fidèles servantes pour des nuits entièresen compagnie de ses nombreux amants.

L’homosexualité accidentelleL’homosexualité accidentelle survient durant l’enfance ou l’adolescence, parce que le jeune se laisse entraîner par les pratiques de ses copains : il n’a pas de désir homosexuel réel mais entre quand même en scène. Il peut assumer assez bien ce qui lui arrive, ou au contraire en ressortir traumatisé, et dans ce cas il aura besoin d’être écouté et rassuré sous forme d’entretiens.

L’homosexualité subie et forcéePlus grave est l’homosexualité subie et forcée sous forme d’attouchements sexuels, brimades et humiliations sexuelles, ouviols. Elle aura obligatoirement besoin d’être reconnue et traitée sous forme psychothérapique. Elle laisse souvent des traces psychiques et physiques difficilement supportables et qui demeurent actives dans le temps. Comme dans le cas d’une hétérosexualité subie et forcée, il va sans dire que les

auteurs de tels faits doivent être interpellés, sanctionnés parla justice et pris en charge psychologiquement afin de prévenirles phénomènes de récidive.

L’homosexualité passagèreL’homosexualité passagère est celle qui est pratiquée volontairement par certains adolescents à une période de leur vie où ils se cherchent et où ils goûtent à tout. Ils traversent des périodes de test, de rébellion sexuelle et morale face aux normes. Cette sorte d’homosexualité ne constitue qu’une expérience transitoire qui ne devrait laisser que peu de traces.

Un garçon peut vouloir faire secrètement un essai avec un autregarçon, simplement pour se comparer à lui, voir s’il est aussi masculin et viril que lui, et si tout fonctionne bien : il s’agit alors pour lui d’apaiser ses angoisses et son insécurité, de trouver réponse à des questions qu’il se pose, mais pas véritablement d’entrer dans un style de vie homosexuel.

L’homosexualité passagère peut également être le fait pour un adulte de goûter à cette forme de sexualité par esprit de curiosité, par désir de multiplier les expériences, par provocation ou simplement par perversité malsaine, ou encore pour compenser une déception ou un stress passager dans un vécuhétérosexuel, ou enfin par influence face à la pression des groupes de pression homosexuels.

L’homosexualité de circonstanceL’homosexualité de circonstance est liée à une promiscuité exclusivement masculine et au manque de femmes : internat, colonie de vacances, armée, marine, séjour en prison – dans unecellule où s’entassent souvent plusieurs jeunes hommes sur une superficie totale de 9 m² -. Une autre forme de sexualité étantrendue impossible, des rapports homosexuels « de circonstance »peuvent avoir lieu, plus ou moins choisis. Quand les femmes redeviennent plus accessibles, ces pratiques diminuent. La difficulté toutefois, pour une personne qui passe par là, c’estque le temps puisse favoriser l’installation définitive de

cette forme de sexualité, et la rende indispensable par la suite.

 

« L’attirance pour le même sexe est liée à la vie collective entre garçons ou entre filles: ainsi les jeunes qui sont ou qui ont été pensionnaires, ceux qui vivent en foyer sont plus souvent attirés par le même sexe que la moyenne. »[1]

 

Dans cette homosexualité de circonstance, je dois aussi classerla prostitution homosexuelle, liée soit à la pauvreté – ce qui est le cas dans certains pays sous-développés -, soit au désespoir, soit au choix d’en faire une activité lucrative d’une manière temporaire.

L’homosexualité refouléeL’homosexualité refoulée est intériorisée et comprimée volontairement par un individu tel un ressort. Elle n’est pas regardée en face et intégrée mais inhibée, ce qui constitue unedifférence majeure. Elle est présente chez celui qui, pour différentes raisons, n’a pas voulu l’extérioriser à cause d’angoisses, d’un déni, de la honte, de références morales ou spirituelles, de peurs pour sa réputation, sa famille, etc.

L’homosexualité refoulée peut parfois mettre une personne en danger, car il suffit de circonstances soudaines pour que celle-ci ressorte et explose : une épreuve accablante, un deuil, une déception relationnelle, des problèmes sexuels avec le partenaire du sexe opposé, une attirance très forte et imprévue envers un collègue de travail pratiquant l’homo ou la bisexualité.

De même que l’hétérosexualité refoulée, l’homosexualité refoulée et comprimée sur des décennies peut être à l’origine de viols ou d’attouchements sexuels subits, ainsi que d’un goûtimmodéré pour la pornographie compulsive. Une alternative possible : arriver à parler fréquemment à une personne de confiance, en abordant le sujet, en l’intégrant et en le gérant, et faire une psychothérapie le cas échéant.

L’homosexualité structurelleL’homosexualité structurelle est celle qui a toujours existé chez une personne depuis sa plus tendre enfance. Certains pensent qu’elle serait génétique, d’autres qu’elle serait le fait d’une étape psychologique manquée durant la première enfance : mauvaise identification du genre, de l’identité sexuelle, blocage de la personnalité au stade narcissique etc. Nous aborderons le sujet un peu plus loin dans ce livre.

L’homosexualité réactionnelleL’homosexualité réactionnelle se produit après un facteur déclenchant : déception sentimentale avec une personne du sexe opposé – épreuve émotionnelle difficile – désir de découvrir une autre sexualité – besoin subit de l’affection d’une personne du même sexe – phase dépressive suivie d’une régression affective ou sexuelle… Elle ne s’installe pas définitivement, mais doit être prise au sérieux.

Enfin, signalons aussi des cas d’homosexualité occasionnelle dans les milieux snobs ou « branchés », pour qui ce genre de relation représente un plus, un « must », car cela fait bien, et constitue la découverte de nouveaux plaisirs charnels avec des sensations rares.

 

[1] Résultats d’une enquête au sujet de l’homosexualité des jeunes, réalisée par B. Lhomond du CNRS de Lyon avec une équipe de recherche. L’enquête en fait, concernait le comportement sexuel des jeunes de 15 à 18 ans.

Cette page est un court extrait adapté du livre de Philippe Auzenet "PARLER DE L’HOMOSEXUALITÉ" (Editions du Jubilé – Le Sarment) que l’on peut commander depuis ce site. Attention le texte fait l’objet d’un Copyright : droit d’auteur… toute reproduction est soumise à l’autorisation de l’éditeur.

Ce qu’est réellement l’homosexualité « A l’heure où naît un jour nouveau, je rentre retrouver mon lot de solitude. Comme un pauvre clown malheureux de lassitude. Je me couche mais ne dors pas, pense à mes amours sans joie, si dérisoires, à ce garçon beau comme un dieu qui, sans rien faire, a mis le feu à ma mémoire. Ma bouche n’osera jamais lui avouer mon doux secret, mon tendre drame…»

Charles Aznavour, dans la chanson «Je suis un homo, comme ils disent»

On en parle souvent très mal, de l’homosexualité : c’est un sujet qui dans l’imagerie populaire inspire régulièrement la moquerie, est plutôt synonyme de manque de virilité chez les hommes, de tare, de honte, de maladie mentale, de débauche, voire d’ignominie et d’infamie. Sujet qui reste bien souvent tabou, ou alors on en parle volontiers pour rire, plaisanter etamuser la galerie. Avec de nombreux dérapages, offenses, humiliations et mépris dans des propos tels que : « pédé, tapette, tante, tantouse, tarlouse, fif [1], fiotte, tapiole, mademoiselle, femmelette, t’es de la jaquette ? ».

Il est rare que l’on aborde le sujet avec sérieux : il le mérite pourtant. La moquerie et l’offense constituent le lit del’homophobie. Cela explique combien beaucoup de personnes pratiquent l’homosexualité dans la dissimulation et l’anonymat…Ils mettent ainsi en place des stratégies d’apparence et de façade hétérosexuelles auprès de leurs proches. Et ceci aura pour effet de décupler les effets de division et d’éclatement de leur être – qui est l’un des aspects les plus marquants des modes de vie homosexuels.

L’homosexualité : une attirance sentimentale puis sexuelle

Certaines personnes découvrent un jour qu’elles éprouvent une forte attirance sentimentale, amoureuse et sexuelle, de préférence ou exclusivement pour les personnes de leur sexe et passent à l’acte : on dit qu’elles sont « homosexuelles ».

Le processus se déroule globalement ainsi :

homo-affectivité –> homo-sentimentalité –> homo-sensualité –> homo-sexualité

Toutefois, comme l’hétérosexualité, l’homosexualité ne se réduit pas à un simple comportement sexuel mais elle implique un ensemble d’attitudes, de valeurs et de préférences dont la seule véritable justification se trouve dans les rapports affectifs et sentimentaux.

Le psychiatre américain J. Marmor suggérait la définition suivante, qui semble assez appropriée :

Peut être considérée comme homosexuelle une personne qui, durant sa vie adulte :

manifeste une préférence pour des personnes de son propre sexe est érotiquement (sexuellement) attirée par ces personnes a habituellement (mais pas nécessairement) des relations sexuelles avec une ou

plusieurs de ces personnes

L’échelle de KinseyDans les années 1940, le Dr Alfred Kinsey [2] et toute une équipe de chercheurs entreprirent une très vaste enquête sur lasexualité en Amérique du Nord, avec des questions abordant la sexualité de façon franche, directe et efficace, puisque ces chercheurs purent ainsi établir la fameuse « Echelle de Kinsey ». Bien que l’enquête de Kinsey fut ensuite contestée à cause de sa manière d’échantillonner la population interrogée, cette échelle est encore valable de nos jours puisqu’elle a été confirmée par de nombreuses autres études.

Il s’agissait d’une échelle sur laquelle se répartissent les individus : à l’une des extrémités ceux et celles qui sont exclusivement homosexuels ; à l’autre extrémité, ceux et cellesqui sont exclusivement hétérosexuels. Et entre ces deux extrémités prendraient place ceux et celles qui sont un peu

homosexuels et un peu hétérosexuels, donc bisexuels selon des proportions diverses.

D’où la graduation suivante :

<–1———-2———-3———-4———-5———-6———-7–>hétérosexualité bi-sexualité homosexualité

1 – Entièrement hétérosexuel(le)2 – Prédominance hétérosexuelle, occasionnellement homosexuel(le)3 – Prédominance hétérosexuelle, avec un «passé» homosexuel bien distinct4 – Hétérosexuel(le) et homosexuel(le), d’une manière égale5 – Prédominance homosexuelle, avec un «passé» hétérosexuel bien distinct6 – Prédominance homosexuelle, occasionnellement hétérosexuel(le)7 – Entièrement homosexuel(le)

D’après cette échelle de Kinsey, l’on peut avec raison introduire l’idée qu’il convient mieux de parler des hétérosexualités et des homosexualités au pluriel, sachant également qu’ils ne se résument pas à la seule sexualité, mais aussi à des affects, des sensibilités, des créativités particulières.

« En plus d’une hétérosexualité manifeste, une quantité très importante d’homosexualité latente ou inconsciente peut être trouvée chez des gens normaux » (Freud)

Fliess développa l’idée que la bisexualité biologique se prolonge chez l’être humain en une bisexualité psychique de base, et que l’enjeu du développement psychique sera le bon fonctionnement ou non du refoulement des caractères de l’autre sexe.

Le terme « homosexuel » est assez récent et date de la fin du 19ème siècle [3]. De nos jours, l’habitude que nous avons prisede l’employer nous incite à trouver naturelle la distinction des personnes en deux groupes, en fonction de leur sexualité : celles qui ont des rapports avec des personnes du même sexe, etcelles qui en ont avec des personnes de l’autre sexe. Ainsi,

l’on dira « Regarde, c’est Fabien qui arrive, tu sais ce jeune homosexuel dont je t’avais parlé hier… ».

Dans l’AntiquitéMais cette distinction était inconnue dans l’Antiquité où les individus étaient parfois spontanément bisexuels, avec des préférences individuelles plus ou moins prononcées. Ils se différenciaient sur d’autres critères que la sexualité.

Il n’est pas question ici de faire l’apologie de l’homosexualité, mais de décrire ici d’une manière simple son histoire depuis l’antiquité jusqu’à nos jours.

L’histoire nous rapporte qu’Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C. – Roi de Macédoine) eut pour compagnes des centaines de femmes, et seulement deux hommes, mais qu’il n’a été amoureux, passionnément et pour longtemps, que d’un seul de ces deux hommes. Cicéron (106 – 43 av. J.-C. – avocat, homme politique et orateur romain) avait une femme, mais lui préférait les charmes de son jeune esclave, qui était son secrétaire favori !Néron (37-68 ap. J.-C., empereur romain), fit châtrer l’un de ses esclaves avant de le prendre publiquement pour épouse.

Le poète romain Catulle (1er siècle av. J.-C.), épris du beau Juventius, écrivait : « Si sur tes yeux doux comme le miel, Juventius, on me laissait mettre sans relâche mes baisers, j’enmettrais jusqu’à trois cent mille sans me sentir jamais rassasié. »

En Egypte, les pharaons disposaient d’un harem de beaux jeunes hommes. Au Japon, les samouraïs ne cachaient pas leurs relations homosexuelles.

Une erreur courante consiste dans le fait que la Grèce antique soit souvent assimilée au berceau et au paradis de l’homosexualité. D’ailleurs, les structures sociales et les lois en vigueur à Athènes réprouvaient ce que nous appelons aujourd’hui « l’homosexualité ». L’amour entre hommes était considéré comme avilissant et indigne. Entre adultes, les relations homosexuelles étaient inconcevables, et les efféminés(pathici) étaient l’objet de railleries et de mépris.

Par contre, ce qui était autorisé, et même encouragé, c’était la relation entre un homme mûr et un adolescent, ce que nous appelons de nos jours la « pédérastie », et qui est actuellement formellement condamnée avec raison par la loi. Erigé au rang d’institution, le rapport entre l’amant adulte – l’érastre, un homme qui ne dépassait jamais quarante ans -, et l’aimé mineur, – l’éromène, un jeune à peine pubère -, constituait pour ce dernier un rite de passage à l’âge viril. Même si les liaisons n’étaient parfois pas dénuées de passion, elles avaient surtout valeur éducative… : l’homme mûr prenait sous son aile un adolescent et le formait à la vie sociale et politique, tout en entretenant des rapports sexuels avec lui [4], sans que la notion de plaisir prenne le dessus sur les autres valeurs formatrices de la relation. Le mineur était prisen charge par le majeur dès ses 12 ans, jusqu’à l’apparition dela première barbe, vers l’âge de 18 ans.

Les philosophes grecs Platon (427-347 av. J.-C.) et Socrate (470-399 av. J.-C.), le général et consul romain Jules César (100-44 av. J.-C.), surnommé « l’homme de toutes les femmes et la femme de tous les hommes », l’empereur chinois Wu (140-87 av. J.-C.) étaient considérés comme homosexuels. En France, Henri III, Roi de France (1551-1589), était très critiqué pour ses goûts efféminés et les faveurs qu’il accordait à ses « mignons ». Le compositeur russe Tchaïkovski (1840-1893) se suicida vraisemblablement à cause du problème posé par son homosexualité. Rimbaud et Verlaine, Aragon, Colette, Proust, Genet, Jean Cocteau et Jean Marais, Gide et Pasolini, Michel-Ange, Léonard de Vinci étaient homosexuels.

Dans son « Livre Blanc », paru anonymement en 1928, Jean Cocteau justifie ses penchants :

« Au plus loin que je remonte et même à l’âge où l’esprit n’influence pas encore les sens, je trouve des traces de mon amour des garçons. J’ai toujours aimé le sexe fort, que je trouve légitime d’appeler le beau sexe. Mes malheurs sont venusd’une société qui condamne le rare comme un crime et nous oblige à réformer nos penchants. »

Michel-Ange, enflammé par la passion amoureuse, était fasciné par la beauté du corps des hommes jeunes, mais aussi par la beauté du divin. Il écrivit ceci en 1532 :

« Hélas ! Hélas ! Quand je repense au temps passé, je ne trouvepas un seul jour qui ait été à moi. Les faux espoirs, les vainsdésirs, – maintenant je le reconnais – m’ont tenu en péril, loin de la vérité, pleurant, aimant, brûlant et soupirant, car aucune passion mortelle ne me fut étrangère. Le temps fugitif m’a enfin manqué, mais s’il se prolongeait, je ne serais pas encore las. » [5]

Pour Serge Gainsbourg, l’un de ses plus beaux souvenirs «d’amour», dit-il, lui est venu d’un garçon ; et de confier, à brûle pourpoint :

« J’ai eu des périodes d’homosexualité. Dans ma vie, ma plus belle déclaration d’amour est venue d’un homme. J’avais trente ans, je commençais dans un cabaret de m…. Pendant un mois, un garçon est venu. Il me fixait. Un beau garçon. C’était assez éprouvant. Un jour il m’a parlé : « Est-ce qu’on peut faire quelques pas ensemble ? » J’ai dit oui. Et là, en marchant, il m’a fait une déclaration d’amour. La plus belle que j’ai jamaisentendue. Sublime, et le mot est encore trop faible. Il avait tout compris en moi. Je l’ai emmené, on a fait l’amour. »[6]

[1] fif : terme péjoratif utilisé pour désigner les homosexuels au Québec.[2] http://homoedu.free.fr[3] Le terme « homosexualité » a été forgé par un médecin hongrois, le Dr Benkert, en 1869. Homo, en grec, signifie « le même », « semblable », tandis qu’hétéro signifie « différent », « dissemblable».[4] Avec pénétration de l’adolescent[5] in « Michel-Ange, le tourment et la gloire » – Simone Hills – Editions du Sarment – 1997[6] in : B.A.B.A. Homosexualité – Ph. Randa – Ed. Pardès – p. 76

Cette page est un court extrait adapté du livre de Philippe Auzenet « PARLER DE L’HOMOSEXUALITÉ » (Editions du Jubilé – Le Sarment) que l’on peut commander depuis ce site. Attention le texte fait l’objet d’un Copyright : droit d’auteur… toute reproduction est soumise à l’autorisation de l’éditeur.

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NTRODUCTION

Nous commençons la première d’une série d’articles visant à donner une vue d’ensemble de l’homosexualité afin de contribuer à une meilleure compréhension de ce problème pour les individus et l’Eglise. D’autres articles seront intitulés:

Peut-on espérer pour une guérison? Que voulez-vous dire par le changement?L’Eglise et l’homosexualitéJ’aime quelqu’un qui est gai. Que dois-je faire?

L’homosexualité, C’est Quoi?

Il n’y a pas une définition précise, toute inclusive pour l’homosexualité. Il est peut-être plus facile de vous dire ce que l’homosexualité n’est pas.Ce n’est pas un défait génétique, un déséquilibre d’hormones,une maladie mentale, ou le résultat d’être possédé par un démon.

L’homosexualité veut dire que des hommes sont attirés sexuellement et émotionnellement par d’autres hommes, et que des femmes sont attirées sexuellement et émotionnellement par d’autres femmes. On l’appelle aussi l’attirance au même sexe.

Pourquoi est-ce que des personnes ressentent cette attirance au même sexe? L’homosexualité est acquise à travers toute une combinaison complexe de facteurs d’influence et de choix personnels. Beaucoup de personnes attiréesau même sexe disent avoir un sens d’être « différent » à partir d’un très jeune âge, et donc sont convaincues qu’elles sont « nées gaies ». Quelques fois, les médias ou les magazines ont donné l’impression que les scientifiques en ont trouvé la preuve génétique. Jusqu’à présent, il n’existe pas de preuves valides. Mais la perception d’être différent est unfacteur.

Il y a ceux qui pensent que certaines personnes sont gaies par leurs propres choix. Ce n’est pas le cas pour la plupart des personnes gaies. Elles ne se sont pas réveillées un bon matin, se disant que « Bon, je n’ai pas eu d’attirance envers le même sexe jusqu’à ce point, mais dorénavant jepense que je vais être gaie. » On ne peut pas changer d’orientation aussi facilement qu’on allume et éteint une lumière. Il va de soit que nous avonstoujours le choix en ce qui concerne nos décisions, que nous soyons homosexuels ou non. Nous choisissons d’obéir à nos émotions et désirs et dequelle manière. Le fait que nous ressentons certains désirs ne nécessite pas que nous y cédions. De même, ceux qui ressentent de l’attirance au même

sexe peuvent choisir de s’identifier en tant que personnes « gaies » ou « lesbiennes ».

Un autre facteur à considérer est ce qui s’est passé dans leur vie. Certains ont peut-être été blessés émotionnellement et cela a un effet sur ce qu’ils pensent d’eux-mêmes. Ils ont peut-être été victimes d'abus sexuelou bien ils ont connu une rupture avec un ou les deux parents (après avoir passé bien du temps avec ceux qui veulent quitter l'homosexualité, nous constatons que beaucoup d'entre eux ont connu une ou plusieurs de ces expériences. Précisons que ceux qui ont connu l’abus sexuel ou qui ont eu un rapport difficile avec un des parents ne seront pas tous nécessairement attirés par d’autres personnes du même sexe. De même, ceux qui sont d’une orientation homosexuelle n’ont pas tous connu l’abus sexuel). Au cours des années, selon l’aide ou le manque d’aide qu’ils ont reçus afin de naviguer à travers les moments pénibles qu’ils ont connu, et selon les choix qu’ils ont faits, ces individus ont commencé à avoir de l’attirance pour ceux du même sexe.

Il semble y avoir en général un nombre d’éléments différents qui font une différence dans la vie de certaines personnes. Parmi d'autres :

Les éléments qui sont là à notre naissance (par exemple, notre personnalité ou notre prédisposition génétique)

S'il y a d'autres expériences négatives considérables dans notre enfance (par exemple, l'abus sexuel ou le rejet par ceux qui nous entourent)

Si notre situation de famille était bonne ou mauvaise S'il y avait de l'aide disponible, et quel genre d'aide, pour une

jeune personne faisant face à ces difficultés ? Le genre d'éducation morale reçu par un enfant Les choix que la personne a faits face à ses désirs et ses émotions Si les rôles de femmes et d'hommes sont définis ou confus selon notre

culture particulière

Vous ne trouverez pas deux personnes qui prennent l’identité et le style devie homosexuelle pour les mêmes raisons. L’une peut avoir connu une situation familiale difficile alors que l’autre provient peut-être d’un milieu « idéal » entourée d’amour et de discipline. Les parents peuvent avoir une influence sur le choix de leurs enfants vers l’homosexualité, mais ils ne sont pas complètement responsables pour de tels choix.

L’homosexuel n’est pas simplement une victime de circonstances. Ses choix personnels ont beaucoup avoir avec son acheminement vers l’homosexualité. Cependant, l’interaction entre les facteurs influents et les choix personnels est si compliquée et si différente pour chaque individu, à tel point que Dieu seul peut distinguer dans sa compréhension et son amour comment défaire et recommencer le processus.

On ne trouve pas le même niveau d’engagement pour chaque personne homosexuelle. Une personne homosexuelle peut se trouver à n’importe quel point dans ces catégories.

LA FANTAISIE LE COMPORTEMENT L’IDENTITÉ LE STYLE DE VIE

L’homosexualité commence au niveau DU COMPORTEMENT ou de LA FANTAISIE. Un enfant peut avoir une expérience sexuelle homosexuelle à un très jeune âge,ou il n’aura peut-être pas de relations homosexuelles de nouveau que bien plus tard dans sa vie. (Cette expérimentation ne veut pas dire nécessairement que l’enfant deviendra homosexuel. La grande majorité des gens ne vont pas au-delà de ce stage d’expérimentation ; au contraire, ils deviennent hétérosexuels). D’autres deviennent conscients de leur attraction homosexuelle à un certain âge. Ils ne prendront peut-être jamaisles pas nécessaires pour combler ces attirances ou ces fantaisies.

Pour certaines personnes, la fantaisie et le comportement homosexuels peuvent les mener à un niveau D’IDENTITÉ. C’est à ce point que la personne commence à s’identifier en tant que gaie ou homosexuelle. Cette personne base déjà sa personnalité (son sens propre) sur l’homosexualité, même si elle ne s’est jamais engagée dans une relation sexuelle. Certains restent àce niveau d’identité. C’est le niveau le plus déterminant et le plus destructif.

Certains individus continuent le parcours jusqu’à adopter LE STYLE DE VIE. C’est ici que la personne (qui se considère déjà homosexuelle) commence à s’engager au sein d’une subculture homosexuelle qui devient un réseau de soutien. La personne s’entoure d’amis homosexuels, fréquente les bars ou les boîtes de nuit pour gais, etc. Dans cet environnement bien établi, la personne se sent bien moins isolée. Elle a le sens d’appartenir.

Lorsque vous rencontrez quelqu’un qui se dit homosexuel, souvenez-vous de ces catégories. Il peut se trouver à n’importe quel point. Demandez-lui ce qu’il veut dire lorsqu’il parle de son homosexualité. Veut-il dire que son sens d’être est basé sur l’homosexualité ? Est-ce qu’il trouve son soutien au sein d’un groupe pour homosexuels ? Vous agirez envers cette personne selon l’endroit où elle se trouve sur ce chemin.

Qu’est-ce que Dieu pense de l’homosexualité ? Dieu considère que l’activitésexuelle avec une personne du même sexe est contre sa volonté. (Voir Lévitiques 18 :22, Lév. 20 :13, Romains 1 :26-27, 1 Corinthiens 6 :9-11, 1 Timothée 1 :9-10). Le Seigneur Jésus Christ a très clairement précisé qu’une personne est coupable du même péché, qu’elle soit engagée dans le domaine de la fantaisie ou du comportement. Bien que l’homosexualité est visiblement contre la volonté de Dieu, il est de même très clair que Dieu ne juge pas l’homosexualité plus sévèrement que l’adultère, le vol, l’ivresse, l’égoïsme, le mensonge et la tricherie et Il réagit de la même façon envers ces choses.(Voir 1 Corinthiens 6 :9-11).

Nous devrions préciser comment Dieu agit envers ceux qui luttent avec l’homosexualité. Jésus Christ était lui-même une réflexion de la volonté deDieu lorsqu’il se trouvait face à face avec ceux qui commettaient des

péchés sexuels. Il offrait sa miséricorde et son pardon, au lieu d’une condamnation et du rejet. Il offrait également l’espoir, une vie libre de l’esclavage au péché sexuel. Il a aussi précisé qu’il est nécessaire de se repentir, d’être pardonné et de grandir dans sa foi. Christ peut interveniret il le fera dans son amour abondant et tout puissant. La personne homosexuelle n’est pas condamnée à l’homosexualité pour toujours. Comme tout autre pécheur, cet individu peut devenir une nouvelle créature et ainsi commencer une nouvelle vie avec Dieu. En fait, la Bible nous dit trèsclairement que l’église à Corinthe incorporait ceux qui avaient été homosexuels et qui ne l’étaient plus. (Voir 1 Corinthiens 6 :9-11). L’amouret la grâce de Dieu sont bien plus puissants que notre péché. Dieu produirales changements nécessaires dans la vie de la personne qui demeure en sa présence.

Lorsqu’il s’agit d’une personne en difficulté avec l’homosexualité, il nousfaut réaliser que nous avons affaire avec bien plus qu’un comportement particulier contraire à la loi de Dieu. Nous nous trouvons face à face avecune personne entière. Les gens s’engagent dans d’autres genres de péchés. L’homosexuel est une personne qui ressent des besoins très profonds (le besoin de se rapprocher de Dieu, interaction avec d’autres personnes, le désir d’aimer et d’être aimé en retour) qui ne sont pas comblés. Il y a peut-être des blessures personnelles qui ne sont pas résolues. On devrait considérer ces aspects de leur vie.

Cet article touche brièvement sur bien d’autres problèmes. Dans les articles qui suivent, nous allons jeter un regard plus approfondi sur la manière avec laquelle Dieu intervient dans la vie des personnes. Nous allons considérer comment agir envers une personne homosexuelle et quel rôle joue l’église à l’égard de l’homosexualité.

Droits réservés 2002, Exodus Alliance Globale. Basé sur un article

provenant avec permission de New Direction fo1.2 - Ce quele domaine scientifique et psychologique on apportés à la compréhension et à l'acceptationKertbeny:

C'est le 6 mai 1868 que les mots "homosexualité" et "hétérosexualité" apparaissent pour la première fois dans une lettre du psychiatre et sexologue hongrois Kertbeny adressé à Karl Heinrich Ulrich. En 1869, dans une lettre ouverte au ministre prussien de la justice qui fait l'apologie d'une dépénalisation de l'homosexualité, Kertbeny utilise le terme demanière publique pour la première fois.L'homosexualité révèle toujours du péché, mais à partir de ce moment, le phénomène est considéré aussi comme une maladie. Leshomosexuels furent donc connotés comme des « malades sexuels » .L'homosexualité fut vite perçue comme une menace par certains, menace pour la reproduction, la religion, la société..Il s'agissait d'une menace contre laquelle il fallait à tout pris lutter.

Richard Von Krafft-Ebing:

En 1886,Richard Von Krafft-Ebing un psychiatre allemand profondément catholique publie un ouvrage en latin traitant de l'homosexualité : Pyschopatia Sexualis. L'ouvrage considère l'homosexualité comme une forme de dégénérescence. C'est une des premières fois que l'on présente l'homosexualité sous l'angle médical. Il définit l'homosexualité comme "une tare névro-psychopathologique" ou un "stigmate fonctionnel de dégénérescence". Il place donc clairement l'homosexualité dans les maladies mentales. Pour lui, la seule fonction de la sexualité est la fonction reproductrice. Ce livre va avoir une influence capitale sur le monde de la psychiatrie, en décrétantce qui est sain et normal et ce qui est déviant en matière de sexualité. Krafft-Ebing influencera Freud bien que Freud se retournera contre lui plus tard.Krafft-Ebing affirmera dans un autre ouvrage que "de tels dégénérés n'ont pas le droit à l'existence dans une société bourgeoise réglée (...) Ils mettent grandement la société en danger, et ce tout au long de leur existence. La science médicale n'a pas trouvé le moyen de guérir ces victimes d'une tare organique. Ils doivent être écarté absolument, bien qu'il ne faille pas les considérer comme des criminels - ce sont des malheureux qui méritent la pitié."

 

Magnus Hirschfeld (1868-1935) un neurologue juif allemand fut l'un des premiers investigateurs du premier mouvement de libération homosexuelle d'Allemagne.Il s'engage contre les discriminations dont sont victimes les homosexuels en publiant des ouvrages sous un pseudonyme.Le 14 mai 1897 il fonde le Comité Scientifique Humanitaire (CSH), le premier groupe sociopolitique organisé pour lutter contre les discriminations qui frappent les homosexuels. Il lança donc une pétition avec trois objectifs. D'abord abolir leparagraphe175 ( c'était un paragraphe du code pénal allemand qui condamnait l'homosexualité masculine). A travers sa pétition il voulait aussi expliquer au grand public le caractère de l'homosexualité et enfin il voulait intéresser leshomosexuels eux-mêmes à la lutte pour leurs droits.Le 13 janvier 1898 il y eu un débat sur la pétition du CSH maiselle fut finalement rejetée par la majorité.En 1903, Magnus Hirschfeld publie une étude sur des étudiants

et des ouvriers allemands dans laquelle il établit que 2,2% des6611 hommes interrogés sont homosexuels, ce qui à l'échelle nationale, revenait à dire que plus de 1,2 million d'Allemands étaient homosexuels. On le poursuivit en justice, mais il bénéficia d'un non-lieu en raison du caractère scientifique de son étude.Malgré quelques revers, l'activité de Hirschfeld s'avère de plus en plus payante. Son Comité Scientifique Humanitaire fait des adeptes au niveau international. Des dizaines de discours publics sont tenus dans toutes les villes allemandes d'importance. Les récoltes de signatures se succèdent pour faire pression sur les membres du Reichstag et faire tomber le paragraphe 175. Rien qu'en 1904, Hirschfeld envoie sa pétition à tous les médecins d‘Allemagne, soit 30 000 personnes. Seuls 2000 d'entre eux répondent favorablement.

 Sigmund Freud:

En 1905, Sigmund Freud publie Les Trois essais sur la théorie sexuelle. Dans ce livre, Freud présente trois essais qui concernent la manière dont l'Homme explique sa sexualité, de par les aberrations sexuelles, la sexualité infantile, et les métamorphoses de la puberté. Ce livre rend Freud impopulaire dans les milieux conservateurs bien qu' il ai contribué a sa renommé. Pour Freud, le désir du mâle de rejoindre la femelle

explique l'amour hétérosexuel chaste. Le reste n'est que déviance et inversion.Pour Freud l'homosexualité n'est quelque chose de criminel et de condamnable. Ce n'est plus un péché ou une dépravation qui mérite la punition, mais une infirmité ou un déficit sexuel qu'il faut tolérer, voir guérir. L'homosexuel est considéré comme un primitif, un attardé de la vie sexuelle, qui a échoué dans un développement harmonieux de sa sexualité.Les théories de Freud font de nombreux adeptes et beaucoup reconnaissent leurs idées dans celles de Freud. Sandor Ferenczi:

En 1907, Sandor Ferenczi découvre les travaux de Freud et est fasciné. Il publie des articles sur les livres de Freud, il y affirme que l'homosexualité est "une névrose étroitement apparenté à l'impuissance: les deux ont en commun la fuite devant la femme" avant de conclure que "la responsabilité de l'homosexualité incombe au refoulement de l'hétérosexualité". Enfin, en 1932, dans sa Présentation abrégée de la psychanalyse, Ferenczi classe l'homosexualité parmi les "perversions sexuelles les plus fréquentes".__________________________________________________________________________________________________________________________________________

 

Nous avons vu que depuis longtemps l'homosexualité fut perçue comme un péché, voir même comme une maladie. C'est pourquoi de nombreux penseurs ou philosophes se sont demandé si l'homosexualité était naturelle ou si elle résultait du vécu del'individu. En psychanalyse, l'homosexualité est considérée comme un symptôme : elle est une construction inconsciente de la personne homosexuelle. Elle résulte d'un choix involontaire de sa part pour vivre sa sexualité. Freud a donné une première approche de l'homosexualité. Selon lui :- Pour la fille, l'homosexualité résulte d'une fixation infantile à la mère et d'une déception a l'égard du père.- Pour le garçon, l'homosexualité survient après la puberté, quand s'est instauré durant l'enfance un lien intense entre le fils et sa mère. Au lieu de renoncer à elle, celui-ci s'identifie à elle, se transforme en elle et cherche un homme qui puisse le représenter et qu'il puisse aimer comme il a été aimé par sa mère.Freud considérait que l'homosexualité était un arrêt du développement sexuel. Un peu plus tard, Lacan et d'autres ont affiné les observations et théories de Freud. A présent, on ne parle plus d'homosexualité mais des homosexualités. En effet, l'homosexualité peut résulter de différents mécanismes inconscients.Différents modes d'homosexualité :1er mode de formation de l'homosexualité (Complexe d'Oedipe) :Un préalable : Il y a deux modes d'une relation à l'autre :- l'amour envers l'autre- l'identification à l'autre C'est soit l'amour, soit l'identification, mais jamais l'un et l'autre en même temps. Celui qu'on aime, à celui-là on ne s'identifie pas.Le complexe d'Oedipe (vers 3 à 6 ans) :Dans le développement normal d'un enfant, garçon ou fille, au départ, il y a une identification première au père, l'objet d'amour étant la mère. L'enfant aime la mère du même type d'amour que celui du père pour la mère : il la désire et veut être aimé d'elle comme elle aime le père. Le garçon, lors du complexe d'Oedipe, entre en rivalité avec lepère pour aimer la mère. C'est l'identification secondaire au père. Mais, par peur de la castration, il finit par renoncer à cette rivalité et accepte de diriger son amour vers quelqu'un

d'autre, de sexe féminin, appartenant à sa génération. Pour la fille, l'amour premier pour la mère se transforme en haine pour elle : la mère ne lui a pas donné de pénis. Elle l'afaite manquante. Alors, elle s'identifie à sa mère et se met à aimer le père qui, lui, a un pénis ; elle veut obtenir de lui un "pénis de substitution" (= un enfant). Mais le père refusantd'épouser sa fille, la fille sort du complexe d'Oedipe en acceptant de diriger son amour vers un homme de sa génération.Dans le 1er mode de formation de l'homosexualité :Il n'y a pas de passage par le complexe d'Oedipe mais il y a uncomplexe d'Oedipe inversé : - Pour le garçon, l'identification primaire au père se transforme en amour pour le père (il y a donc identification à la mère, c'est-à-dire qu'on est dans le même type d'amour pour le père que celui de la mère pour le père). Le garçon cherche àse faire aimer du père comme la mère est aimée du père. - Pour la fille, l'identification primaire au père se maintient. Il y a donc un mode d'amour pour la mère qui est semblable au mode d'amour du père par rapport à la mère. L'identification secondaire est donc aussi sur le père. Que ce soit pour l'Oedipe ou pour l'Oedipe inversé, la sortie du complexe dépendra de la façon dont le père jouera ou non un rôle de séparateur. S'il ne joue pas ce rôle, le sujet, garçon ou fille, n'aura pas à se "déplacer".2ème mode d'homosexualité :Lorsque l'enfant prend conscience de la différence des sexes, dans ce type d'homosexualité, il n'arrive pas à admettre l'absence de sexe masculin chez la mère. Il est dans le refus par rapport à cela : il refuse d'admettre cette réalité. En conséquence, le sujet masculin devenu adulte choisira par exemple d'avoir des relations sexuelles avec un autre homme, mais un homme qui sera porteur de l'image maternelle; lui-même aura un comportement sexuel sur un mode féminin. Ce deuxième mode peut conduire au transsexualisme.

3ème mode d'homosexualité :L'homosexuel cherche, dans l'amour donné à un homme plus jeune que lui, le prototype de l'amour qui lui a été donné ou refusé par sa propre mère quand il était garçon. Il aime ses partenaires comme sa mère l'a aimé, lui ; d'où le choix de partenaires plus jeunes, ce qui peut conduire à la pédophilie.

Martin Seligman:

Mais Seligman (anthropologue britannique) a trouvé une explication biologique pour l'homosexualité. Il a découvert qu'entre le deuxième et le quatrième mois du développement du foetus, un processus hormonal détermine la formation d'organes sexuels féminins ou masculins. Les recherches semblent être d'accord pour indiquer qu'à ce moment, les hormones auraient aussi un effet sur la différentiation du cerveau mâle et femelle. L'action d'hormones virilisantes sur l'hypothalamus serait nécessaire pour aboutir à des comportements et des attitudes mâles. Il existe une aire au centre de l'hypothalamusantérieur qui est associée au comportement sexuel et dont les tissus sont plus fournis chez l'homme que chez la femme. Les hétérosexuels auraient deux fois plus de ce tissus que les homosexuels (hommes) qui en auraient une quantité égale à celledes femmes. Les études qui comparent les caractères sexuels chez les jumeaux et les frères d'âge différent confirment l'existence d'un facteur génétique et d'un facteur hormonal au cours du développement de l'embryon .

 

Pendant bien longtemps l'homosexualité a été perçut comme un vis ou un péché, de nombreux ouvrages furent publiés dessus. Pour de nombreuse personnes l'homosexualité fut perçut comme une tare psychologique pour certains ou sexuelle pour d'autre elle était classée par certain dans les maladies mentales. Maisd'autres ont pensés qu'il s'agissait d'une pathologie qui pouvait être soignée alors certains ont cherchés comment l'homosexualité pour survenir chez l'homme, si elle était innéeou si elle résultait du vécu de l'individu. Freud développé plusieurs théories sur la question ( dont le complexe d'Œdipe) dans ces théories c'est le rôle des parents qui est important

car inconsciemment ils influence la sexualité de leurs enfants en créant une complicité avec eux. Mais d'autres ont trouvés une raison biologique à l'homosexualité comme Seligman qui a trouvé que le développement de l'enfant pendant la grossesse peut influencer sa sexualité en fonction d'un processus hormonal. L'homosexualité n'est donc pas une maladie mentale nisexuelle c'est juste une orientation sexuelle qui est déterminépar les expérience socials de la personne et des facteurs plus ou moins biologiques.

 

 

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r Life Min1.1 - L'homosexualité dans le monde artistiqueAujourd'hui, l'homosexualité n'est plus un tabou, notamment dans le monde des arts, le monde culturel. En effet le monde des arts du XXIe siècle consacre à l'homosexualité une grance place, ce depuis la liberté d'expression car bien évidemment lacensure faisait ravage dans le passé. Sous toute les formes, l'homosexualité est présente dans les œuvres et créations des artistes. Ces œuvres justement sont à la fois représentatives d'une meilleur tolérance aujourd'hui mais elles en sont aussi les acteurs. En effet pour certaines, elles ont une influence importante, elles peuvent toucher tout les publics (nous allonsvoire ci-dessous que les enfants sont aussi sensibiliser à l'homosexualité) et ainsi toucher toute les mentalités.

Voici plusieurs exemples illustrant la diversité des oeuvres etcréations du XXIe siècle portant sur l'homosexualité:

 

Le film: "La pédale douce"

Adrien Aymar qui est un homosexuel qui se cache, est convié à un diner d'affaire très important chez son patron. Afin de faire bonne impression devant cette homme marié depuis

longtemps et aux air bourgeois, Adrien va demander à son amie Eva qui tient un bar homosexuel.

 

Ce film sortit en 1996 montre avec drôlerie que les homosexuelsne sont pas différent des hétérosexuels, qu'ils partagent les mêmes sentiments.

 

Titeuf: "Le guide du zizi sexuel"

L'homosexualité est un phénomène de société aujourd'hui expliqué, même aux enfants. On trouve par exemple une page consacrée à l'explication de l'homosexualité dans « Titeuf, le guide du zizi sexuel », guide de la sexualité expliquée aux enfants.

 

"Tendre banlieue"

Dans la série « tendre banlieue », un ouvrage traite de l'homosexualité des jeunes. De nombreux magazines contiennent des informations à ce sujet, ce qui a pour but premier la compréhension et la tolérance à l'égard de ces gens.

Charles Aznavour: "Comme ils disent !"

Il existe aussi de nombreux autres poèmes, films et chansons traitant ce sujet, comme le titre « Comme ils disent !» de Charles Aznavour:" Comme ils disent ! "

J'habite seul avec mamanDans un très vieil appartementRue SarasateJ'ai pour me tenir compagnieUne tortue deux canarisEt une chattePour laisser maman reposerTrès souvent je fais le marchéEt la cuisineJe range, je lave, j'essuie,A l'occasion je pique aussiA la machine

Le travail ne me fait pas peurJe suis un peu décorateurUn peu stylisteMais mon vrai métier c'est la nuit.Que je l'exerce en travesti :Je suis artisteJai un numéro très spécialQui finit en nu intégralAprès strip-teaseEt dans la salle je vois queLes mâles n'en croient pas leurs yeux.Je suis un homme, oh !Comme ils disent

Vers les trois heures du matinOn va manger entre copainsDe tous les sexesDans un quelconque bar-tabacEt là on s'en donne à cœur joieEt sans complexeOn déballe des véritésSur des gens qu'on a dans le nezOn les lapideMais on fait ça avec humourEnrobé dans des calemboursMouillés d'acideOn rencontre des attardésQui pour épater leurs tabléesMarchent et ondulentSingeant ce qu'ils croient être nousEt se couvrent, les pauvres fousDe ridiculeÇa gesticule et parle fortÇa joue les divas, les ténorsDe la bêtiseMoi les lazzi, les quolibetsMe laissent froid puisque c'est vrai.Je suis un homme, oh !Comme ils disent

A l'heure où naît un jour nouveauJe rentre retrouver mon lotDe solitude

J'ôte mes cils et mes cheveuxComme un pauvre clown malheureuxDe lassitudeJe me couche mais ne dors pasJe pense à mes amours sans joieSi dérisoiresA ce garçon beau comme un DieuQui sans rien faire a mis le feuA ma mémoireMa bouche n'osera jamaisLui avouer mon doux secretMon tendre drameCar l'objet de tous mes tourmentsPasse le plus clair de son tempsAu lit des femmesNul n'a le droit en véritéDe me blâmer de me jugerEt je préciseQue c'est bien la nature quiEst seule responsable siJe suis un homme, oh !Comme ils disent

 

- Champ lexical de l'art est présent

- Champ lexical de la liberté sexuelle aussi

 

Cette chanson de Charles Aznavour est écrite en 1973, époque durant laquelle la tolérance de l'homosexualité n'était pas très développée. L'auteur cherche à dénoncer dans cet œuvre le regard des autres sur les homosexuels. Le titre « Comme ils disent ! » souligne l'importance que peut avoir le jugement d'autrui sur un être « différent ». Le point d'exclamation témoigne de la révolte de l'auteur en regard des discriminations dont font l'objet les homosexuels.

 

Une marque: Dolce & Gabbana

En 1980, la société Dolce & Gabbana voit le jour. Elle est le fruit du travail de Domenico Dolce et Stephano Gabbana, un couple homosexuel d'origine italienne. En 1985, la société devient une marque et connaît un franc succès dans le monde entier, pour devenir par la suite une ligne de produits de luxe. Certaines publicités de la marque témoignent de l'orientation sexuelle des deux collaborateurs, qui n'hésitent pas à montrer des couples homosexuels dans leurs campagnes de publicité, au même titre que des couples hétérosexuels. Voici une vidéo compilant plusieurs publicités "Dolce & Gabbana" à caractère homosexuel:

 

(compile de plusieurs publicités à caractères homosexuel par lamarque "Dolce & Gabbana")

 

Ces diférents exemple illustre bien le fait qu'aujourd'hui, l'homosexualité n'est plus un tabou. Les diférentes oeuvres du XXIe siècle permettent, grace à la liberté d'expression et doncl'absence de censure, de véhiculer différents messages quant à l'homosexualité. Par exemple des messages contestataire envers

l'homophobie(Charles Aznavour: "Comme ils disent !"), préparer l'entrée en société chez les enfants en leur expliquant ce phénomène de société (Titeuf: "Le guide du zizi sexuel") ou pour véhiculer un message de tolérance ("La pédale douce"). La culture, les oeuvres ainsi que le mondes des arts permettent une influence positive, un appel à la tolérance, à l'ouverture d'esprit. 

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istries. 1.3 - Une mobilisation de soutient, d'aide et de lutte contre l'homophobieComme presque tout, chaque fait à un événement. Pour rester ciblé sur notre sujet et en prenant les aides, les associationsou encore les manifestations, nous verrons que l'homosexualité est aujourd'hui la raison de certaines pensées. C'est pourquoi il existe des groupes de personnes qui ont formé des associations comme ADHEOS ou GAY PRIDE. Celles-ci permettent desoutenir et d'aider les personnes concernées, mais aussi de défendre la cause en parant les préjugés de certains homophobesqui nuiraient à la vie de personnes homosexuelles. Elles peuvent aussi être des sites de rencontres pour trouver un partenaires tout comme il existe des sites de rencontre pour hétérosexuels.

Maintenant, venons en à l'histoire de ces associations. Commentsont-elles apparues ?

=> L'origine des Gay Prides est tout d'abord liée à une simple émeute qui s'est déroulée dans la nuit du au 28 juin 1969 suiteà une intervention de police New-yorkaise dans les bars gays deGreenwich Village. Un peu plus tard lorsque la police intervient dans le Stonewall Inn (établissement fréquenté par des gays et tenu par la mafia), les personnes présentes se rebellent et des passants quelconques se joignent à eux. Les forces de l'ordre devront se barricader dans ce bars en attendant des renforts du fait d'un grand nombre d'opposants. Un an plus tard, en 1970, des personnes gays de New York organisent une marche pour commémorer cet incident. Cette manifestation est la première Gay Pride.

(Vu du ciel d'une marche de la Gay Pride)

En France, la première marche de la Gay Pride a eu lieu en mai 1971. C'est une manifestation qui met en avant l'égalité et la liberté pour toutes les orientations sexuelles, qu'elles soientgays, bisexuelles, hétérosexuelles, lesbiennes... Si l'on traduit mot à mot l'expression « Gay Pride », celui revient à dire en français, « Fierté Gay ». C'est de la traduction que vient le nom de « Marche des Fiertés ». Ce qui peut être surprenant, c'est que ces marches sont ouvertes à tout le monde, qu'importe l'orientation sexuelle. Les homosexuels y participent pour défendre leur cause, et les hétérosexuels y

participent pour revendiquer la liberté sexuelle et l'égalité des droits de chacun. Le 25 juin 1977 est organisée à Paris la première marche homosexuelle, toutefois, c'est le 4 avril 1981 qu'a lieu la première marche importante car elle a regroupé près de dix mille manifestants dont François Mitterrand. Il s'engagera a y participer l'année suivante, ce qui est un pointpositif pour cette association de la Gay Pride. En 2006, le défilé de Paris a rassemblé un total de sept cents mille personnes manifestantes ce qui montre l'amplitude de cette manifestation créée par une association quasiment quarante ans auparavant.Pour compléter ceci, nous allons voir que la Gay Pride a un symbole. Pour toutes les manifestations, la Gay Pride utilise un drapeau multicolore utilisé la première fois lors de la première Gay Pride de San Francisco en 1978. Ce drapeau est le symbole de la communauté gay. Il se compose de 6 couleurs dont le rouge, le orange, le jaune, le vert, l'indigo et le violet, chacune représentant quelque chose de différent.Cette manifestation se déroule tous les ans dans chaque grande ville autour du mois de juin (de mars à juillet), et tout ça ensouvenir des émeutes de Stonewall en 1969.(affiche de la Gay Pride 2009)

De plus, ces associations permettent parfois d'obtenir des victoires pour leur cause. Par exemple, le tribunal de Lyon à condamné deux hommes pour avoir battu deux homosexuels en les insultant. Mais c'est suite à la pression des associations homosexuelles que le tribunal a retenu un caractère homophobe de par la violence verbale adressée à ces deux gays. De ce fait, l'association considère ceci comme étant une victoire pour leur cause car un fait à été reconnu grâce à son insistance.D'autre part, toutes ces associations, dont ces deux citées caril en existe plusieurs, nous nous apercevons que le phénomène de l'homosexualité est de mieux en mieux accepté et les années soixante-dix on beaucoup favorisé cette acceptation grâce aux mouvements créés comme après mai 1962. Les homosexuels se sont battus à travers des associations pour démontrer aux autres qu'ils ont autant de droit que quiconque et que leur orientation sexuelle ne doit pas faire sujet de discrimination.

 

2.1 - Un rejet et une persécution dans la sociétéRejet et persécution

De tout temps, l'homosexualité est un fait qui n'a pas plus à un très grand nombre de personnes, et ce à cause d'une orientation sexuelle différente de la majorité des autres êtreshumains. L'homosexualité à toujours été considéré comme un faitétant contre nature, aujourd'hui les esprits s'ouvrent et l'acceptation de cette orientation sexuelle progresse.

Le rejet de l'homosexualité, autrement appelé homophobie, est connu depuis bien longtemps. Au temps de l'Egypte ancienne, L'homosexualité n'était pas interdite par les Egyptiens, mais elle n'était pas considérée comme bien ou à recommander. Vers le dix-septième et dix-huitième siècle, les gens disaient que les homosexuels étaient des êtres possédés par un mauvais esprit. Entre le Moyen-Age et le dix-neuvième siècle, cet acte était appelé la sodomie. On considérait que c'était un crime contre l'ordre de la nature. Les homosexuels avaient aussi droit à la condamnation à mort ou la prison à vie, la plupart du temps ils étaient brûlés. Pendant la seconde guerre mondiale, les nazis faisaient porter aux homosexuels un triangle rose (Rosa Winkel) sur le côté gauche de leur veste, tout comme les juifs avaient des étoiles jaunes. C'était un bon prétexte selon les nazis pour les éliminer puisqu'ils ont fait parti des victimes du génocide. A cette époque là, ils sont considérés comme moins que rien et c'est pourquoi ils sont sujets à des expériences médicales dansles camps. Pour les nazis, castrer les homosexuels les rééduquerai et cela ferait cesser l'homosexualité.

Ce n'est qu'à partir de 1969, après les manifestations de Mai 1968, que l'homosexualité n'est plus puni par la loi en France.Peu à peu, l'homosexualité parvient à gagner un peu plus de reconnaissance dans les esprits, vient alors une meilleur tolérance.

(manifestation homosexuel lors d'une manifestation en 1968)

. Malheureusement, encore aujourd'hui dans certains pays, les actes homosexuels sont la cause de la peine de mort. Huit pays revendiquent toujours cette orientation sexuelle :

- Pakistan- Arabie Saoudite- Yémen- Iran- Nigeria- Afghanistan- Soudan- Mauritanie

 

Pour donner quelques exemples de condamnation : En 2002, trois hommes sont décapités en Arabie Saoudite et au Nigeria, deux hommes sont condamnés à êtres lapidés après avoir été reconnus coupables d'actes homosexuels. Pour finir, en 2005, deux jeunessont pendus pour avoir été homosexuels.

(Deux jeunes homosexuels subissant la peine de mort par pendaison en Afghanistan)

De nos jours en France, malgré l'évolution certaine de l'acceptation de l'homosexualité, beaucoup de personnes homosexuelles sont victimes d'agressions verbales ou physiques,parfois violentes. Des témoignages récents prouvent que ces personnes sont mal intégrées dans la société et sont persécutées par de quelconques individus dans la vie de tous les jours. A cause de ces faits quotidiens, des homosexuels vivent mal leur position sexuelle et leur vie peut être dégradée. C'est un fait tellement pointilleux que les gays ont du mal à annoncer à leur entourage qu'il sont ainsi alors que normalement tout est sans problème ou quasiment dans la sociétéd'aujourd'hui. Ils ont peur qu'on leur reproche quelque chose, qu'on les délaisse ou bien peut-être qu'on se moque d'eux. Pour la comparaison, nous avons trouvé que les homosexuels sontcomme les gauchers, ils sont plus rares que les hétérosexuels tout comme les gauchers sont plus rares que les droitiers. C'est pourquoi quand on en voit un, on est surpris, il y a un certain mouvement de choque et de rejet.

Pour conclure cette partie, nous avons vu que les homosexuels ont toujours été et sont toujours persécutés, quelque soit les raisons ou les époques. Parfois le simple prétexte d'être différent a été choisi par certains comme les nazis pour se permettre une exécution. Cette orientation sexuelle est d'abordconsidérée comme un fait contre nature, ensuite immoral. Malgrél'évolution de l'acceptation, la vie d'homosexuelle reste très perturbée.

 

 La non reconnaissance de l'homosexualité dans le monde religieux 

Le point de vue des religions sur l'homosexualité est très largement négatif. Les homosexuels ont longtemps été persécutés par les autorités religieuses et le sont parfois encore, ils choisissent donc la dissimulation, le combat associatif ou la fuite. La religion reste un

obstacle a l'homosexualité car dans aucune d'elles elle n'est acceptée car elle reste péché.

La religion catholique s'oppose fortement à l'homosexualité carles homosexuels détournent la sexualité et de ce fait il vont àl'encontre de ce que Dieu a crée pour des fins reproductrices. Les récits religieux sont formels et on peut lire dans le Lévitique : « Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous deux une chose abominable; ils seront punis de mort : leur sang retombera sur eux ». Les homosexuels sont rejetés ils ne seront pas accepté au paradis pour avoir été homosexuels, la considération que l'église a pour eux est la même que pour des bandits ou des meurtriers, onle voit bien dans l'Ancien testament : « ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux, ni les ravisseurs, n'hériteront le royaume deDieu ».Et pourtant les récits bibliques ne sont tant opposés que ça à l'homosexualité car le Christ était assez ouvert aux péchés sexuels puisque dans aucun passage il critique l'homosexualité. Ce sont en faite les autorités religieuses quifont une sélection dans les textes pour sanctionner ce qu'ellesconsidèrent comme nuisible.

Selon l'islam, l'homosexualité est un péché contre ce qui fut établi par Allah. Dans l'islam, l'homosexualité est perçue plusmal encore que dans les autres religions. Dans le christianisme, Dieu permet la conversion des homosexuels en hétérosexuels alors que la seule issu présentée pour les homosexuels dans les textes coraniques est la mort. Mahomet a dit « Lorsque vous trouvez deux hommes accomplissant le péché de Loth, mettez-les à mort, l'actif comme le passif ». Pire encore, depuis février 2008 une vague d'homophobie touche le Sénégal, hommes politiques, associations islamistes, ou encore des imams mènent une bataille homophobe pour lutter contre « ladégradation des mœurs et le non-respect des valeurs religieuses».Des personnes présentes à un mariage homosexuel se font même arrêtées par les autorités sénégalaises et sont gardées en détention quatre jours.

Dans le judaïsme l'homosexualité est interdite elle est condamnée dans deux passages de la Torah:-"Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une

femme. C'est une abomination."-"L'homme qui couche avec un homme comme on couche avec une femme : c'est une abomination qu'ils ont tous deux commise, ilsdevront mourir, leur sang retombera sur eux."Bien que ces deux passage interdisent les pratiquent homosexuels,les sentiments ne sont pas condamnés

Cependant l'homosexualité n'est pas présente que dans les grandes religions elle est aussi présente dans les sectes. De nombreuse sectes apparaissent motivées pas des idées homophobes. Certaines commettent des actes homophobes et d'autres utilisent leurs site Internet pour prôner leurs idées.Une secte américaine homophobe crée une rubrique sur son site Internet "La Suède: un pays de sodomie, de bestialité et d'inceste" dans laquelle elle publie des textes à caractère homophobes. Derrière ce site se cache un pasteur, Après le tsunami 2004, la secte du pasteur s'était déjà félicitée des plus 500 suédois mort dans le tsunami. La secte américaine y voyait une punition divine contre suède pour avoircondamné le pasteur Åke Green à la prison, pour avoir soutenu des propos homophobes lors d'un sermon.

 

Depuis toujours la religion est un obstacle à l'homosexualité car dans toute religions elle est considéré comme péché et contre nature. Elle est perçut comme un non respect de Dieu, comme un non respect à ce qu'il a crée car les homosexuels détourne sa création. La religion inspire à un model, un père une mère et des enfants, les deux parents sont complémentaires ils représentent tout deux un model du sexe opposé pour l'enfant. Et en ayant des rapport avec d'autres hommes les homosexuels brisent l'image que la religion a de la famille. Lareligion a un impact sur la façon de pensée des gens car les pratiquant croient profondément aux textes religieux, en sélectionnant les passage dans les écrit les autorités religieuses peuvent ainsi garder une emprise sur la façon de penser des gens sur certains sujets. Du fait de l'autorité manipulatrice de la religion les pratiquants rejettent l'homosexualité plus fortement ce qui peut emmener jusqu'à des actes homophobes ou simplement une discrimination.

 

Le regard de notre société de nos joursAu cous de la première moitié de l'année, 1.512 incidents violents de nature discriminatoire ont été enregistrés. Dans 150 cas, ils visaient des homosexuels. C'est la première fois que les délits avec violence (verbale ou physique) envers les homosexuels sont enregistrés de manière séparée parles forces de l'ordre tant leur nombre a augmenté en si peu de temps.

.En 2008, le CECLR (Centre pour l'Egalité des chances de lutte contre le Racisme) a ainsi ouvert 92 dossiers relatifs à des cas de discriminations fondés sur l'orientation sexuelle. Parmiceux-ci, 23 concernaient des troubles du "vivre ensemble" (ex: injures, agressions physiques, etc.), 7 des refus d'accès à desbiens ou des services, 27 des propos homophobes repris dans divers médias (dont sur internet), 16 des cas de discriminationau travail, et 3 des différences de traitement dans le secteur de l'enseignement.

.En France, les actes homophobes ne sont pas recensés en tant que tels par les autorités, mais l'association SOS-Homophobie, qui a ouvert en 1994 une ligne d'écoute, dresse tous les ans unétat des lieux. En 2006, elle a recueilli 1 332 témoignages, soit une augmentation de 10 % par rapport à 2005. Le nombre d'agressions physiques - trois par semaine - est, lui aussi, ennette augmentation (17 % par rapport à 2005). « La haine enversles homosexuels reste bien vivace en France ». Selon une étude commandée par la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité , 40 % des homosexuels disentavoir été victimes d'actes ou de propos homophobes sur leur lieu de travail. 

.Dans certains cas , l'homophobie a conduit à des meurtres, quela victime soit soupçonnée d'homosexualité à tort ou à raison. Les agressions homophobes ont même été institutionnalisées sousle régime nazi. Il est difficile de savoir combien de victimes homosexuelles furent déportées et assassinées entre 1933 et 1945 par ce régime mais les travaux sur bases des condamnations« légales » suggèrent 10 000 victimes, ainsi que 10 000 déportés homosexuels

.Le meurtre qu'il soit légalisé dans le cas de la peine de mortou non n'est pas la violence la plus répandue. Il faut compter au titre des violences dues à l'homophobie surtout les passagesà tabac, voies de fait, insultes, etc. D'autre part, l'injure homophobe est, en France, très commune, bien que souvent démotivée : des expressions comme pédé, tapette ou encore enculé sont fréquentes. Elles ne servent cependant pas nécessairement à injurier une personne soupçonnée d'homosexualité, et sont parfois même employées par des personnes elles-mêmes homosexuelles. Mais il arrive aussi que dans certain cas, les homosexuels soit comparés à des pédophiles, ce qui n'a bien évidament aucun rapport. Nous pouvons donc dire que dans notre société il existe encore un grand nombre de réticences envers les homosexuels

. L'homophobie au travail concerne 15% des appels reçus par l'association SOS Homophobie. Une proportion stable par rapport à 2007. "Les sanctions et les discriminations représentent 38% des causes d'appels et de courriels, quasimentau même niveau que les insultes (40%). Comme les années précédentes, toutes les régions, tous les secteurs d'activités,toutes les catégories socioprofessionnelles sont concernés par les actes homophobes au travail", souligne l'association dans son rapport 2009. Les agressions dont sont victimes les homosexuels sur leur lieude travail sont essentiellement verbales. "Soit cette parole vise directement la personne, soit elle est indirecte et peut refléter dans l'entreprise un climat d'homophobie, tout aussi invivable pour celles et ceux qui en sont victimes". De simples paroles sans conséquences ? Loin de là. L'association SOS Homophobie souligne l'impact sur la santé dessalariés victimes. "La répétition des propos, des injures, des brimades, des moqueries, des actes malveillants et des coups bas use le moral des victimes. A la fin, elles craquent tant sur le plan psychologique que physique".Etre homosexuel au travail peut se payer très cher. "Quand l'entreprise punit, elle n'hésite pas à utiliser les sanctions les plus graves à savoir le licenciement, voire le licenciementpour faute grave", dénonce le rapport. La rupture du contrat de travail est "toujours habillée et masquée sous les formes habituelles de l'insuffisance professionnelle, de l'exécution fautive du contrat de travail,

des actes malveillants, de la mésentente ou de l'incompatibilité d'humeur, de la faute, voire de harcèlement sexuel."L'homophobie peut également conduire à la placardisassions. C'est le cas pour Pierre qui travaille dans la fonction publique. "Toute ma carrière on m'a accusé de ne servir à rien et d'être PD. Actuellement, je suis dans un placard, sans avoireu la moindre promotion depuis 20 ans bien que j'aie réussi le concours de rédacteur en 1993. Actuellement, on ne se gêne pas pour me montrer de manière très ostentatoire que je ne sers à rien. J'ai 55 ans. Pas le moindre travail donné à part faire des copies et répondre au téléphone. J'en ai marre, j'en ai marre de prendre des médicaments, de me faire mettre en arrêt maladie, d'aller voir un psy. Je n'ai plus que l'horizon de la retraite pour m'en sortir."

. De nos jours l'homosexualité n'est plus condamnable par la loi. Car avant les lois justifiaient le fait que les homosexuels soient torturés, tués, brûlés etc. ...De plus de nos jours même dans le monde politique les individusne sont plus jugés par leur sexualité, par exemple, Bertrand DELANOË, le maire de Paris est homosexuel et n'est pas pour autant rejeter par ses électeurs. L'homosexualité est donc de plus en plus acceptée, mais cela n'empêche pas certaines discriminations dans les droits des individus. La devise de la France est liberté, égalité, fraternité mais où sont l'égalité et la liberté quand l'on nous prive du droit d'être nous même.Cette devise ne prendra un sens que lorsque les discriminationsdues à l'orientation sexuelle prendront fin. Nous avons vu l'histoire de l'homosexualité, des témoignages, des inégalités du à l'homophobie de certains individus. Mais que deviendront les homosexuels dans plusieurs années auront-ils enfin ce qu'ils méritent vivre normalement comme un couple hétérosexuels, vivront-ils dans une société qui n'aura plus peur de la différence ?

(Réalisé par IFOP et publié dan le quotidien « le monde » du 22juin1996)

1) 19962) 20043) 20124) 2020.D'après se tableau on peut constater que entre 1996 et 2020 ily a une forte diminution des personnes choquées (trais bleu) soit une diminution de près de 35%. A l'inverse on peut constater une forte augmentation des personnes non choquées (trais rouge) soit une augmentation de près de 43%.

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L homosexualité, c'est une sexualité comme une autre (opinionen %)

 

(Tableau crée par inserm)

D'après se graphique, on peut constater que plus les personnes vieillissent et moins ils considèrent que l'homosexualité c'estune sexualité comme une autre. Avec une différence de 38% entre18 ans et 69 ans pour les hommes, et 23% entre 18 ans et 69 anspour les femmes. De plus on peux constater que les hommes considère plus l homosexualité comme une sexualité comme les autre avec 53% pour les femmes et 74% pour les hommes. Soit unedifférence de 21%.

Le domaine juridiqueAu début des années 1960, en France, l'homosexualité est toujours pénalisée et très mal considérée. Suite à une discussion à l'Assemblée nationale sur l'alcoolisme et la prostitution, le député de la Moselle Paul Mirguet fait adopterun sous-amendement qui classe l'homosexualité parmi les fléaux sociaux. 

. Les événements de mai 1968 marquent le début de la révolutionsexuelle et des revendications homosexuels.Le FHAR ( Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire) naît à la suite de l'émission radio de Ménie interrompue par une manifestation spontanée et les homosexuels envahissent la

tribune en criant:" Liberté ! " Ils critiquent tous les discours d'autorité, en particulier ceux qui ont pour objet de contrôler le désir et lasexualité. Comme leurs homologues américains, les homosexuels français en ont assez de la honte et sortent du ghetto imposé par la société. Ils emploient l'arme de l'humour. Un slogan d'alors résume bien cette idée : "A bas l'homosexualité de papa". 

. En 1971, le tout nouveau mouvement homosexuel décide de participer au défilé syndical du 1er mai sous le slogan "Prolétaires de tous les pays, caressez-vous !". Rapidement, les homosexuelles supportent mal un FHAR où les hommes sont majoritaires, dont les réunions finissent souvent en orgie sexuelle et se détournent de la définition d'un projet politique. C'est à cette période que les Gouines Rouges, nouvelle tendancedu Mouvement de libération des femmes, voient le jour.

. Le 27 juillet 1982 sur une proposition de ministre de la Justice, Robert Badinter, l'Assemblée Nationale  vote la dépénalisation de l'homosexualité. Avec l'abrogation de l'article 332-1 du code pénal, l'homosexualité n'est plus considérée comme un délit. Elle sera retirée de la liste des maladies mentales de l OMS. (Organisation Mondiale de la Santé)neuf ans plus tard, en 1991

. Aujourd' hui de nombreux événement festif permette l acceptation de l homosexualité comme la gay pride a paris qui reste l'événement le plus connue en France . C'est à partir de 1971 qu'un mouvement homosexuel visible se constitue en France.En mars, les homos, femmes et hommes, interrompent l'enregistrement de l'émission de Menie Grégoire sur RTL, consacrée à « L'homosexualité, ce douloureux problème ». Le FHAR (Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire) est créé dans la foulée. En mai, les homos s'invitent au défilé des syndicats ; ce sera le germe des futurs défilés de la GayPride.Jusqu'en 1978, les homos participent chaque année au défilé du 1er mai. Le 25 juin 1977 est organisée à Paris la première manifestation homosexuelle indépendante, de la place de la République à la place des Fêtes, en réaction à l'appel d'Anita Bryant, « tuer un homosexuel pour l'amour du Christ ». Il y a à

nouveau des manifestations en 1979 et en 1980 à l'appel du CUARH (Comité d'Urgence Anti-Répression Homosexuelle), contre « les discriminations anti-homosexuelles ».De nouveau, le 4 avril 1981, 10.000 personnes manifestent à l'appel du CUARH, etle candidat à l'élection présidentielle François Mitterrand s'engage, quelques jours après cette manifestation, à dépénaliser l'homosexualité. Le Président François Mitterrand honorera cet engagement l'année suivante.Depuis, une marche est organisée chaque année en juin à Paris.Mais il peut aussi y avoir des événements sportifs comme les gay games qui sont organisés tous les quatre ans dans une villedifférente. Mais  le but n'est pas de battre des records sportifs, mais de se rassembler pour attirer l'attention sur les droits des homos dans le monde. Dans ce but, Paris a mis lepaquet : 14.000 sportifs sont attendus, et pas moins de 500.000spectateurs ! Car il s'agit d'être à la hauteur de l'institution. De nombreux sportif très connue y seront comme Matthew Mitcham  qui est l'un des sportifs ouvertement gays lesplus reconnus de notre époque à seulement 21 ans, est un formidable modèle, en particulier pour les jeunes.Déplus, l'homosexualité au cinéma et très présente aujourd'hui.Il consiste à montrer au cinéma des situations où l'homosexualité, sous toutes ses formes, est présente et non dissimulée. Longtemps quasi inexistante ou censurée, c'est une thématique qui ne s'est développée vraiment au cinéma qu'à partir des années 1960, marquées par les mœurs. Plus qu'en littérature peut-être, l'homosexualité a eu au cinéma une fonction marquée de revendication. Cela tient au fait que ce moyen d'expression s'est développé dans cette période de libération des mœurs, mais aussi peut-être à ce que les images permettent de toucher plus directement le public.

 

ConclusionL'homosexualité est un grand débat qui aujourd'hui encore est loin d'être finit. En effet il nous reste du passé une certainenon acceptation de ce phénomène, qui au yeux de la société apparait encore comme très marginal. Les mentalités Française

sont encore encrées dans une moral chrétienne qui est toujours très présente et qui considère ce choix comme contre-nature. Bien que l'homosexualité ne soit plus condamnable par la loi française, ce n'est pas pour autant qu'elle est sur le même pied d'égalité que l'hétérosexualité, les couples homosexuels sont privés du mariage et de l'adoption. Il est impossible de dire qu'un l'acceptation est total aujourd'hui si l'amour entredeux même sexe n'est pas considéré comme l'amour entre deux sexes opposés. Cependant, les homosexuels ont sut s'affirmer aujourd'hui et font preuve d'une grande solidarité autour de ce phénomène, notamment symbolisé par des évènement comme la Gay Pride, des associations telle que LGBT, qui lutte contre l'homophobie et pour une acceptation total, ou même les bars et quartiers gays.L'homosexualité connait aujourd'hui une grande liberté par rapport au passé. Aujourd'hui la censure est abolit, les médiasplus nombreux, les artistes sont libres de s'exprimer, ce qui laisse supposer que notre société se tourne petit à petit vers une plus grande tolérance, bien qu'il faudra faire fasse à de nombreuses et importante entrave. L'acceptation de l'homosexualité est un combat d'hier, d'aujourd'hui et de demain.

 

 

 "tout ce qui est ne peut être ni contre nature ni hors nature"

                                                              Jean-jacques Rousseau.

Un roman où tous les personnages importants sont des femmes etoù les liens, qui retiennent l'attention, sont ceux entrefemmes.

 

Anna est au centre du récit, image de d'une nouvelle conscienceféminine : elle voit et garde les yeux grand ouverts afin detrouver la force d'avancer dans la lucidité d'un futur sanssoleil ?

 

Anna est entourée de femmes attentives, maladroites peut-être,mais retenues par le lien d'une absence : l'homme, furtif,médiocre, fugueur, son corps quelquefois qu'il donne,vulnérable dans son vieux rêve de virilité.

 

Deux femmes, deux mères : Raymondeet Guislaine, amies d'enfance, lesdeux faces de la maternité ou dumoins les deux tentatives pourtenter d'être mère quand les fillesleur jettent à la face les questionsoubliées.

 

Les femelles sorties de leurventre : Michelle (13 ans, pianiste,la musique la sauvera-t-elle ?),Liliane, lesbienne, qui construitdes certitudes dans sa marginalité,Anna enfin, droguée, et son lentvoyage, seule, parallèle à cesautres enfants perdus, étendue surles plages où se cherchent les mains des nomades de l'acide(Tommy, Manon, Rita...).

 

Marie-Claire Blais donne un beau roman, sans fracas àl'écriture troublée, infinie : d'immenses phrases pourapprocher au plus près de la dérive.

 

■ Editions du Boréal, 2011, ISBN : 978-2890523753

 

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Publié dans : LIVRES - Par Jean-Yves

L'absence, Jean-Denis Bredin Il y a des vies bâclées, comme celle de ClaudeHartmann. Pourtant, il avait tout pour réussir. Elèvesurdoué, il rafle l'agrégation et se retrouve à latête d'une grande maison d'édition. Avec cela,beaucoup de charme, de multiples amantes. Bref,

toutes les raisons d'être heureux.

 

Claude Hartman n'a aucun goût pour la vie. Il n'éprouve, pourles écrivains qu'il édite, qu'un mépris profond et se méprisetout autant de faire un métier dans lequel il ne croit pas.Même cynisme en matière amoureuse.

 

La clef de cette absence au monde, ilfaut la rechercher dans une mèredespotique, et adorable malgré tout.On ne sait pas si c'est par dépit,par défi ou tout simplement par amourqu'un jour, Claude part à Venise avecsa mère malade, gravement atteinted'un cancer.

 

Là, dans les hôtels les plus luxueux,il ne ménage ni le champagne, ni lespromenades, ni les conversationsétourdissantes de drôlerie dont il ale secret, il fera de ses derniersinstants une fête ininterrompue.

 

Le livre bascule peu à peu dans le délire, la folie et la mort.

 

Ecrit d'une manière désenchantée et incisive, ce roman estgénérateur d'un profond malaise : bouleversant.

 

■ Editions Gallimard, 1986, ISBN : 2070707555

 

Du même auteur : Un coupable

 

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Le retable, Vincenzo Consolo Le retable est un petit roman construit en abîme, quitient du roman-feuilleton et de la quête du Graal.

 

Moinillon de son métier, le jeune Isidoro s'éprend d'une beauténommée Rosalia : cet amour opère un tel ravage dans son cœurqu'il en vient tout d'abord à commettre des vols pour lasubmerger de cadeaux, puis à s'enfuir en jetant son froc auxorties de son couvent, où d'ailleurs ses forfaits ont étédécouverts.

 

Mais un désespoir sans recours s'empare de lui quand ilconstate que sa belle Rosalia, au mépris de toutes les

promesses qu'elle avait pu faire, s'est enfuie sans laisserd'adresse.

 

Un hasard met sur sa route un peintrevirtuose qui, lui aussi, cherche à oublierun amour impossible et s'embarque pour unlong périple dans un navire : Isidoro estengagé comme marin et l'aventure commence.

 

Les deux voyageurs iront de rencontre enrencontre, de péril en émerveillement,affrontant des brigands sans scrupule parlesquels ils seront entièrement dépouillés,mais rencontrant également des êtres d'unesagesse exquise.

 

Difficile de donner un aperçu exact de ce récit-promenade, decette croisade mélancolique en forme de méditation : tout lecharme de ce petit roman est dans cet alliage exubérant dutrivial et du précieux, dans cette culture de l'excès soustoutes ses formes, le sublime côtoyant le sordide et la plusbasse luxure s'abouchant avec l'amour de l'art.

 

■ Le Promeneur, 1988, ISBN : 2876530600

 

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Conflits de famille, Alison Lurie

Ce roman aborde les ravages au sein d'une famille,quand la quarantaine ébranle les convictions ducouple et que les enfants prennent leur envol,pendant que la guerre du Vietnam (l'histoire sedéroule dans les années 60/70) fissure gravement

l'optimisme américain.

 

Cette guerre culpabilise la nouvelle génération. Et c'est ausside culpabilité dont il est question quand Erica se rend comptequ'il ne suffit pas de respecter les règles du bonheur pour quel'intelligence puisse sauvegarder la famille des pièges de laliberté sexuelle.

 

Brian, son époux, a un coup de sangpour une très jeune étudiante. Sonépouse ne parvient pas à concilier sapropre autonomie et le respect decelle de son mari qu'elle s'impose aunom des nouveaux codes.

 

Adultère, dérives sont au rendez-vouspendant que s'activent les féministeset les homosexuels militants, que lesjeunes appliquent à la lettre – dansle plus violent égoïsme – les dogmesque leurs parents leur ont inculqué,faute de les appliquer eux-mêmes.

 

« Conflits de famille » est un beau récit aux personnagesattachants. Humour terrible et analyses subtiles donnent untableau étonnant de cette société d'intellectuels qui veulentrefaire le monde mais sont les premières victimes, dans leurvie privée, des idéaux qu'ils prônent sans en avoir vérifié lesdégâts intimes.

 

 

■ Éditions Rivages, 1991, ISBN : 2869304684

 

Du même auteur : Des gens comme les autres - Les amours d'Emily Turner - Lavérité sur Lorin Jones

 

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Une femme si sage, Jocelyne d'Agostino Ils ont quarante ans. Une enfance jamais éteinte. Ilsse rencontrent par hasard : elle, bourgeoise morte àla vie, lui, pédé de toutes les impasses. Ilss'aiment : histoire d'une ultime passion.

 

Noël et Nelly vivent à quarante ans un amour imprévisible : «Tu es toi et dans toi je suis moi. Je suis moi et dans moi tu es toi. Il n'y a plus deparents, plus d'enfants, ni de différence de genre : tu es ma mère, je suis tonfils, je suis ta mère, tu es ma fille, tu es mon père, tu es mon fils ; je suis ta fille.Je suis ta montagne escaladée, tu es mes frondaisons englouties. La neige salieredevient blanche. Tu me tisses. Je te dénoue. »

 

Ces quelques phrases expriment magnifiquement que l'amour n'estpas celui des codes où l'homme est le mâle et la femme lafemelle. Elles montrent aussi, sans grand bruit, que le désird'amour est porté depuis toujours, sans cesse remis en

circulation après avoir été quémandé auprès de la mère, du pèreet de tous ceux-là, hommes ou femmes rencontrés.

 

Noël et Nelly s'engloutissent dans la chambre bleue où ilsdécouvrent d'autres saveurs que celle de se rassurerhomme/femme.

 

Nelly attendait l'appel quil'arracherait au quotidien devenumortel tandis que Noël en sesouvenant de son enfance prolétaire,sans respiration (une mère étenduesur le sol de la cuisine, usée parles grossesses où l'enfant éponge lesang entre les cuisses de cette femmequ'il faut d'abord aimer) rêvait desortir de cet enfer de la misère,aller vers la différence commelumière possible d'un ailleurs.

 

Et dans la chambre bleue, dans lesbras de Nelly, plus tendre quel'ancienne mère, aux cuisses douces et sauvées, l'enfant-homme-pédé regagne peu à peu une forme de paradis que quarante ans detrépidations lui ont escamoté.

 

De cette passion sans issue pour qu'elle soit exemplaire, lafemme reçoit l'immense part d'être femme pour un homme quiaccepte d'être fragile, un homme fort en somme, intelligentaussi, aventurier de l'existence.

 

Rencontre bénéfique entre deux mondes, deux éducations, deuxsolitudes en mémoire d'une même enfance retrouvée : ces

meurtrissures au seuil de la vie peuvent-elles créer une femmesi sage et un pédé si fou ?

 

■ Editions Denoël, 1985, ISBN : 220723178X

 

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La romanesque, Georges-Michel Sarotte Les textes de Tennessee Williams regorgentd'interprétations souterraines qui alertent l'univershomosexuel masculin.

 

Stanley Kowalski le trop excitant beau-frère de Blanche Duboisd'« Un tramway nommé désir » de Tennessee Williams, hantel'imaginaire des gays, surtout depuis, qu'il a pris le visageboudeur et la musculature de Marlon Brando jeune.

 

Georges-Michel Sarotte imagine, dans ce roman, la vie deBlanche Dubois, après qu'elle a quitté sa sœur, pour êtreemmenée à l'asile. Il réussit le pari romanesque – et son titreest déjà toute une jouissance – de faire revivre l’enfance deBlanche en contrepoint de son présent à l'asile, d'élucider lesombres de sa vie de désordre sexuel après la mort de son pèreet de révéler les monstruosités de ses amours passées maisaussi d'introduire un personnage d'homosexuel, Franck Rigault,double de Blanche sinon sa réincarnation.

 

« La romanesque » est un surprenantroman qui autorise le lecteur àretrouver ses images clandestines quandil ne les crée pas à partir d'indicesfurtifs, comme Sarotte le fait à partirde ceux abandonnés par TennesseeWilliams.

 

Ces jeux étranges de miroirs revêtentle puits sans fond des quêtes sexuelles: élèves déniaisés par Blanche, jeunesmilitaires partenaires d'une sexualitéégarée, inceste, mari pédé aimé dupère.

 

Lentement le lecteur prend conscience que les souvenirs deBlanche, évanescente et si féminine peuvent être la projectiond'une violence masquée, l'évocation d'une femme fatale ratée,conventionnelle et sauvage, perdue dans un monde où les amoursrêvées éloignent trop fort la réalité d'une vie possible.

 

■ Editions Grasset, 1988, ISBN: 2246401518 

 

Du même auteur : Un été américain

 

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Personne, Jerzy Andrzejewski Rentré à Ithaque, Ulysse est confronté à l'ennui dela vie domestique entre une Pénélope décatie et unTélémaque patibulaire qu'il n'a jamais aimés, et quile lui rendent bien.

 

Il repart. Las ! Les dieux ont à cœur de doter les mythes defins tragiques bien édifiantes. Rien à faire : le héros-modèlen'a plus à perpétrer d'exploit que celui de vivre en vraimortel.

 

L'épreuve ultime, après les sortilègesd'antan, sera celle du sentiment de l'inanité de toute gloire :il n'affrontera maintenant que les contingences de la conditiond'homme et, avec elles, le désenchantement qu'il y a, aprèsavoir joué les légendes, à n'être plus personne à force deressembler à tout le monde.

 

On comprend que l'Odyssée puisse se réduire à l'histoire d'unrencart sans cesse différé : Ulysse, en fait, n'est qu'unfuyard.

 

Andrzejewski lui adjoint Néomon, un bel éphèbe épris de lui, etle montre éludant même la solution dernière, l'amour : assumerde n'être qu'un homme, de n'être personne, jusqu'à se livrer àl'aimé et ne plus faire qu'un avec – héroïsme de la fusionsentimentale.

 

Un conte philosophique drôle, grave, sensuel et profond.

 

■ traduit du polonais par Georges Lisowski, éditions Maren Sell, 1990, ISBN: 2876040379

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Le surmâle, Alfred Jarry (1902) Sous-titré par l'auteur « roman moderne »… dérisionde ceux qui savent qu'ils touchent aux lieux sacrésde l'homme : la sexualité et l'amour.

 

Le surmâle, c'est André Marcueil qui est doué par la natured'un organe viril inépuisable.

 

La clé du roman est donnée par la première phrase : « L'amourest un acte sans importance, puisqu'on peut le faire indéfiniment. »

 

Il est vrai que cette simple hypothèse est riche d'un infini dedéductions. Qu'en est-il de l'émotion, de la tendresse, dudésir, de la jouissance, de la signification de l'autre et dece rapport à autrui appelé amour, si la question ne se poseplus des limites et des défaillances de la virilité ?

 

Le surmâle est un superbe récit.

 

Et quel sens de la révolte, àl'intérieur même de la fiction, unevéritable « révolution » comme lesouligne le texte d'Annie Le Brun quidonne toute sa dimension au roman, enpostface : « Comme c'est petit un éléphant !»

 

Cet « indéfini » tant prometteur quiexalte le héros est justement mis endemeure de baisser les armes : « Seule,cette conscience de la fin de l'amour et de celle d'une criminalité sexuelle, quien serait au plus profond de nous la continuelle tentation, peut casser lacircularité du désir à laquelle n'échappe, en fin de compte, aucune des grandestraditions érotiques occidentales, quand bien même l'accès à une autredimension en serait le but proclamé. »

 

Un roman suivi d'un essai qui explorent ce qui intéressel'homme : son désir d'éternité.

 

■ Le surmâle d'Alfred Jarry suivi de « Comme c'est petit un éléphant ! »d'Annie Le Brun, éditions Ramsay/J.-J. Pauvert, 1990, ISBN : 2859568174

 

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De si braves garçons, Patrick Modiano Le fil secret qui unit ces nouvelles, c'est la boîteà bachot cosmopolite où, au fond d'un parc, desjeunes gens rêvaient à l'avenir en écoutant lestrains dans la nuit. Vingt ans après, cette jeunessedorée a pris un coup de vieux, et le narrateur,Patrick recense cette déroute collective… tout un

cortège de vieux sportifs, de parasites en éternel blazer, degigolos blasés, de gosses de riches encanaillés du côté de lagare du Nord.

 

Encombrés de mères trop belles, de pères mystérieux, lescollégiens de Modiano sont des enfants seuls, de Michel Karvé,qui fuit l'avenue Victor-Hugo, à Christian Portier, perdu dansson rez-de-chaussée.

 

« Nous buvions chacun à notre tour en écoutant la musique, et les ombres despassants, projetées contre le mur par un lampadaire de l'avenue, nousfrôlaient. »

 

Dans son univers de faux noms et defausses vies, la folie de Mc Fowlessemble la seule issue pourtransformer le rêve en réalité.

 

Il y a ce garçon surnommé Johnny, à cause de sa ressemblanceavec Weissmuller, pris dans une rafle au métro Trocadéro.

 

Le mystère du style de Modiano est dans cette acuité : laprécision des sensations cernant au plus près l'évanescence desêtres, à coup de petites phrases minutieuses et vagues.

 

Quel lien peut-il unir ces collégiens rêveurs ?

 

Dès le départ, une même nostalgie les accable de tristessesubite, de désir de fuite devant la nuit, alors qu'il n'y apersonne à haïr. Le seul trésor de Michel Karvé est un magazinedaté du mois de sa naissance, juillet dix-neuf cent quarante-cinq, avec une publicité de porto « Retour aux jours heureux ».

 

■ Editions Gallimard, 1982, ISBN : 2070236471

 

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Effets spéciaux, Max Perry Un film, en cours de tournage, dans les rues de NewYork est au centre d'une controverse. Ce films'appellera « Gay Street » et son metteur en scèneest un des plus respectés de sa génération. Quelleest la raison de la controverse ? C'est que ce film

est l'histoire d'un homme, tueur psychopathe et… homosexuel.

 

L'assassin sera un avocat prospère, apparemment hétérosexuel,dont le sombre secret est qu'il aime se faire faire des chosessadiques par de jeunes hommes. Quand un de ces garçons meurtinopinément dans sa maison, victime d'un régime insalubre dedrogue et d'alcool, l'avocat doit se débarrasser du corps. Ilrecrute l'aide d'un autre de ses jeunes amis qu'il tue aussi,pour s'assurer qu'il ne parlera pas. Ayant tâté du meurtre, ily prend goût…

 

L'important et très militant milieu homosexuel de New Yorkpense que la thématique de ce film portera préjudice à sacampagne pour l'égalité des droits devant la loi.

 

Pendant le tournage, un des acteurs, Tom Egan, est réellementassassiné. Le lieutenant Joseph Sparks démarre son enquête avecun gros paquet de préjugés, d'autant que peu de tempsauparavant, il a chassé son fils, Joe Junior, pour avoir ditêtre homosexuel :

 

« Il a été surpris, quand l'émission a commencé, de voir à quel point Tom Eganressemble à Joe Junior. Joe Junior ne zozote pas et ne se promène pas enagitant une main molle. Il ne pouffe pas et il n'ondule pas des hanches. Il neporte pas de vêtements extravagants… » (pp. 43/44)

 

La recherche du meurtrier, que lahiérarchie policière et municipalesitue chez les pédés, amène lelieutenant Sparks à rencontrer,côtoyer des homos militants ou vivanten couple et même à sympathiser.

 

Parallèle à celle de l'enquête, l'évolution de Sparks, bien querapide, n'est pas trop caricaturale :

 

« — Si j'étais sur l'affaire, reprend Sparks, je penserais qu'il y a de forteschances qu'un pédé l'ait tué, une pédale qui tenait vraiment à ce que ce film nesoit pas tourné, une tante qui... » (p. 56) « Sparks se rend compte que c'est lapremière conversation polie qu'il ait jamais eue avec quelqu'un qu'il savaithomosexuel. Il a eu des conversations avec des homosexuels – des hommestraînant autour des toilettes publiques, des hommes habillés en femmes, deshommes à la voix venimeuse – mais elles ont toujours été coléreuses car lesinterlocuteurs ne voulaient pas se parler… » (p. 77)

 

Le Haut-Commissaire McNeil trouve en Arthur Brennan un suspectidéal : il aurait tué le jeune acteur afin d'arrêterdéfinitivement le tournage du film qui aurait contribué – selonlui – à perpétuer l'homophobie.

 

Le lieutenant Sparks est relevé de son commandement parce qu'ilrefuse de céder aux pressions pour accepter les prétendus aveuxde Brennan.

 

Les élus de New York craignent, dans cette affaire, desconséquences sur le choix de la ville pour la Conventionnationale démocrate, mais aussi sur leur avenir politique etsur la visite prochaine de la reine Elizabeth d'Angleterre. Ilssouhaitent donc un dénouement rapide qui n’arrivera paspuisqu'un assistant du Maire est retrouvé mort…

 

Il n'y a que le producteur qui se frotte les mains : unepublicité pareille, ça ne peut pas s'acheter.

 

Malgré son évincement, Sparks poursuit, en coulisses, sonenquête.

 

Les militants homosexuels de ce roman défendent unehomosexualité propre, rangée, digne. Ainsi, les dragueurs sont-ils évoqués avec un petit grincement de plume :

 

« — Je [Stephen Foner, journaliste au Village Voice] vous téléphone pour vousdire que si vous tournez ce film, vous ferez beaucoup de tort au mouvementgay. Vous perpétuerez l'image des homosexuels dragueurs, violents, malades,des gens incapables d'amour et d'émotion ordinaires.

— Stephen, une grande partie du film sera pratiquement un documentaire surla vie gay dans le Village. Je ne vois pas comment je pourrais être accusé deperpétuer un stéréotype.

— Pourquoi ne pas montrer une histoire d'amour homosexuelle ? Un garçonrencontre un garçon, perd le garçon, séduit le garçon ?

Lynch éclata de rire. » (p. 19)

 

Le metteur en scène, Ted Lynch, souhaite montrer que laviolence physique de son film n'est qu'une métaphore d'uneviolence émotionnelle provoquée, dans la société gay réelle,par les turpitudes des gays.

 

L'ambiance générale du livre est plutôt tonique et incitenéanmoins plus au « coming out » qu'au repli sur soi.

 

■ Editions Gallimard/Série noire, 1981, ISBN : 2070488489

 

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    Le Contrat Universel : au-delà du « mariage gay »

 

 

Lionel Labosse

 

 

[...] les mots possèdent ce prodigieux pouvoir de rapprocher et deconfronter ce qui, sans eux, resterait épars dans le temps des horloges et

l'espace mesurable. Claude Simon, Album d’un amateur, Editions Remagen-Rolandseck, 1988, p. 31

 

 

 

Lire c'est aller à la rencontre de quelque chose qui va exister. Italo Calvino, Si par une nuit d'hiver un voyageur

 

 

 

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"Qui sommes-nous, qu’est chacun de nous sinon une combinaisond’expériences, d’informations, de lectures, de rêveries ? Chaque vie est

une encyclopédie, une bibliothèque, un inventaire d’objets, unéchantillonnage de styles, où tout peut se mêler et se réorganiser de

toutes les manières possibles." (Italo Calvino, Leçons américaines)

 

 

 

« Tu ne sauras jamais les efforts qu'il nous a fallu faire pour nousintéresser à là vie ; mais maintenant qu'elle nous intéresse, ce sera comme

toute chose - passionnément. » André Gide, Les Nourritures terrestres (1897)

 

 

 

« Je crois aussi qu'on ne meurt pas avant d'en avoir secrètement,tenacement le désir. »

Tony Duvert

 

 

www.altersexualite.com Le site de Lionel Labosse. Un regard altersexuel sur le monde.

 

Hexagone Gay

 

 

 

 

 

La Madeleine dans l’Alambic

C’est ainsi par exemple que l’on envoie les enfants à l’école, non pas dansl’intention qu’ils y apprennent quelque chose, mais afin qu’ils s’habituentà demeurer tranquillement assis et à observer ce qu’on leur ordonne, en

sorte que par la suite ils pensent ne pas mettre réellement et sur le champleurs idées à exécution.

KANT, Réflexions sur l’éducation

 

 

 

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