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Madame Claudia Antonetti Agraioi et agrioi. Montagnards et bergers : un prototype diachronique de sauvagerie In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 13, 1987. pp. 199-236. Citer ce document / Cite this document : Antonetti Claudia. Agraioi et agrioi. Montagnards et bergers : un prototype diachronique de sauvagerie. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 13, 1987. pp. 199-236. doi : 10.3406/dha.1987.1757 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1987_num_13_1_1757

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Madame Claudia Antonetti

Agraioi et agrioi. Montagnards et bergers : un prototypediachronique de sauvagerieIn: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 13, 1987. pp. 199-236.

Citer ce document / Cite this document :

Antonetti Claudia. Agraioi et agrioi. Montagnards et bergers : un prototype diachronique de sauvagerie. In: Dialogues d'histoireancienne. Vol. 13, 1987. pp. 199-236.

doi : 10.3406/dha.1987.1757

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1987_num_13_1_1757

DHA 13 1987 199-236

AGRAIOI ET AGRIOI

Montagnards et bergers : un prototype diachronique de sauvagerie *

Claudia ANTONETTI Institut d'Histoire ancienne Université de Padoue (Italie)

I. AGRAIOI. Le historique.

grec agros. Histoire. Géographie

"La montagne est bien cela : une fabrique d'hommes à l'usage d'autrui ; sa vie diffusée, prodiguée nourrit l'histoire entière de la mer. Peut-être même Га-t-elle fabriquée, cette histoire, à ses origines ; car la vie montagnarde semble bien avoir été la première vie de la Méditerranée dont la civilisation, tout comme celle du Proche Orient et de l'Asie centrale, recouvre et dissimule mal des assises pastorales, qui évoquent un monde primitif de chasseurs et d'éleveurs, une vie de transhumance et de nomadisme avec, de-ci, de-là, quelques cultures hâtives sur brûlis. Vie liée aux hauts pays, très tôt aménagés par les hommes (1)".

Les tribus indo-européennes qui envahirent l'Hellade vivaient d'abord de l'élevage des troupeaux et de la pratique de la chasse. Ce trait se reflète dans la structure et l'histoire du vocabulaire, comme l'indique, entre autres, une étude de P. Chantraine sur quelques dérivés du verbe ago, notamment agros, et sur le vocabulaire grec de la chasse (2).

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Le terme indo-européen *agro- désignait la campagne en friche, un terrain de parcours, le champ en jachère où l'on mène les bêtes. Cette même valeur sémantique se trouve confirmée dans le grec agros par ses emplois qui l'opposent à la "ville" et à la "maison", en tant qu'"espace libre", où l'on ne cultive pas. Agros est, comme agele, un vieux terme du vocabulaire pastoral, dont la signification précise tend à s'effacer, probablement dès l'époque homérique (3). Par un développement secondaire, l'importante famille des dérivés ďagros (cf. agroteros, agrios ) s'est trouvée en contact avec ceux ďagra - ternie ancien, mais qui ne s'insère pas dans le vocabulaire indo-européen de la chasse - et elle en a été influencée (4). Un certain nombre de termes participent de la contamination entre agros et agra , tels agrotes et surtout agreus, qui se rapporte nettement à la notion d'"attraper un gibier", sauf dans le cas de l'épithète d'Apollon, où "Agreus peut évoquer la famille ďagros (5)". A ce propos P. Chan traîne donne l'exemple de l'Apollon Agraios de Mégare, (6), connu par le témoignage de Pausanias (7).

Il paraît donc clair qu'il faut considérer Agraios de la même manière qu' Agreus et que celui-ci est une épithète qui "se situe dans un milieu rustique de bergers (8)", comme le démontre le type particulier des dieux ou héros qu'elle qualifie : Aristée, Apollon, Hermès, Pan, envisagés tous comme pasteurs (9).

Ce que je n'ai pas vu apparaître, dans ces études, c'est la mention des Agraioi, le seul peuple grec qui, à ma connaissance, ait manifesté, dans son propre ethnique, l'ensemble des caractères ruraux, propres au monde des bergers et des chasseurs qu'indique le croisement entre les dérivés ďagros et ďagra . L'existence d'un nom de peuple qui, à l'origine, devait s'identifier avec "l'homme de Vagros, berger transhumant, presque nomade - car dans Vagros on ne réside pas, on se déplace constamment - (10)" est du plus haut intérêt historique et anthropologique (11).

Mais, face à ce portrait, quelle est la position des Agréens historiques ? Si leur nom évoque tant de suggestions, leur histoire est décevante : il s'agit d'un petit ethnos , généralement considéré comme étolien, situé au N/O de l'Etolie, à la frontière avec les Acarnaniens, Amphilochiens et Athamaniens. Ils vivaient sur un territoire peu étendu, qui devait comprendre la rive droite de l'Achéloos un peu au N de Stratos (12) et la zone entre ce fleuve et l'Inachos, jusqu'à l'arrière-pays de l'acarnanienne Limnée

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(mod. : Amphilochie) et d'Argos d'Amphilochie (13). On ne connaîtrait presque rien de ce peuple, si Thucydide

n'y avait fait quelques allusions dans les livres III et IV, qui décrivent l'offensive d'Eurylochos en Amphilochie en 426 (14) et les campagnes successives de Démosthène à Naupacte et en Acarnanie (15). A part la localisation générale du pays des Agréens, les autres informations qu'on tire du récit de Thucydide sont très pauvres : ils avaient un roi {basileus ), appelé Salynthios (16), qui jouait apparemment un rôle politiquement autonome, face aux Etoliens et aux Acarnaniens, dans ces événements de la Guerre du Péloponnèse. Il passa de l'alliance philo-athénienne avec les Acarnaniens à l'alliance avec les Lacédémoniens, changement qui lui valut une expédition de représailles athénienne et, après, la participation forcée à la campagne béotienne, avec le débarquement ruineux à Sicyone (17).

Les Agréens, indépendants au Ve siècle, paraissent, au cours du IIIe, faire partie du koinon étolien, au sein duquel ils jouissent d'une certaine autonomie, comme le démontre le texte de l'alliance entre Etoliens et Acarnaniens de 263/2 (18), où les Agréens sont directement concernés par le partage des enclaves du Pras et de la Demphis avec leurs voisins acarnaniens de Stratos(19).

C'est peut-être en vertu de l'annexion de l'Agraïde (ou Agraia ) à l'Etolie, dont on ne connaît pas la date précise, que Strabon (20) et Etienne de Byzance (21) citent les Agréens comme etoliens, et comme étolienne la коте d'Ephyre, qui se trouvait dans leur territoire. Cette Ephyre, dont quelqu'un a voulu nier l'existence (22) et qui n'a jamais été localisée, est le seul toponyme connu pour le pays des Agréens, si l'on excepte Pras et Demphis, les territoires contestés dans le différend frontalier avec les Acarnaniens, et le Mt. Thyamos, qui se trouvait à la limite méridionale du pays (23). Il permettait de contourner vers ГЕ l'étroit défilé de Limnée par une ligne de crête reliée au Makrinoros (24).

L'importance de l'Agraïde était donc celle, éminemment stratégique, de posséder cette voie de crête, qui pouvait mettre en communication la région d'Ambracie et d'Amphilochie avec la plaine centrale étolo-acarnanienne. En même temps, elle contrôlait le tronçon de Chalkiopouli à Triklinon de la voie continentale qui reliait l'Amphilochie à la vallée du Spercbeios. Les Agréens détenaient le gué sur l'Inachos et peut-être celui sur l'Achéloos de ce chemin difficile, plus important au point de vue commercial

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que militaire (25).

La région des Agréens, en effet, qui n'est pas très élevée, relie la haute montagne avec la mer (l'intérieur étolien avec le golfe d'Ambracie), en coupant les courbes de niveau dans le sens E/0. En même temps, elle fait communiquer la montagne (Mt. du Valtos) avec la plaine étolo-acarnanienne, en suivant les bassins de drainage des fleuves (Inachos, Achéloos) dans le sens N/S. Il s'agit donc d'une zone de passage pour les migrations préhistoriques, qui suivaient plutôt les lignes de crête du relief (26), aussi bien que pour les invasions - migrations historiques, surtout dans le cas de déplacement de grandes masses de population, qui cherchaient à suivre les bassins de drainage des fleuves, au lieu de les couper (27).

Cependant, le passage dans l'Agraïde n'était pas du tout facile : même si le pays n'est pas des plus hauts, c'est un véritable labyrinthe de sommets, qui arrêtent la vue et bloquent le transit avec l'abondance de la végétation. Il correspond au coeur de la région appelée en grec moderne "Valtos", devenue fameuse pour les légendes et les chansons populaires célébrant l'âpreté du pays, la rudesse et la fierté de ses habitants, leur amour pour la liberté. C'est le même portrait qui se dégage des récits des voyageurs des siècles passés, quand ils arrivaient, au prix de grandes difficultés, à traverser la contrée (28).

A part donc l'importance stratégique de l'Agraïde, sa position géographique même en indique la nature particulière de "voie de passage" : elle était précisément un lieu de parcours pour les troupeaux. Si l'on songe à la liaison de la plaine étolienne avec les pâturages d'été dans les contreforts méridionaux de la chaîne du Pinde, on s'aperçoit qu'elle était contrôlée, de ГЕ à ГО, par les Eurytaniens, les Apérantiens et les Agréens : les territoires de ces peuples montagnards sont tous disposés avec l'orientation N/S, de façon à couper les courbes de niveau et à permettre la communication entre le haut et le bas du pays (29). Dans le cas des Agréens, en plus, leur localisation très proche de la mer (golfe d'Ambracie), permettait aussi un passage E/O, et non seulement N/S. Cette situation les rendait indispensables pour tout passage de peuples et de troupeaux vers l'Acarnanie, plus encore que vers l'Etolie. Si la voie de l'Agraïde était barrée, les bergers qui hivernaient dans les terrains alluviaux de l'embouchure de l 'Achéloos, ou dans les pacages de la côte S du Golfe d'Ambracie, ne pouvaient pas gagner les pâturages

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estivaux, avec, pour conséquence, la perte de leur bétail. De plus, le fait que le Valtos soit riche de toute sorte de végétation, du maquis à la forêt, en fait aussi un stationnement privilégié du "déplacement par étapes", que l'on constate chez les bergers de Roumélie, avant de gagner les hauts pâturages (30).

L'Agraïde était donc la "plaque tournante" de la région, soit pour la transhumance "inverse", la plus ancienne de la Méditerranée (31), soit pour certains déplacements, de courte distance, des gens de la plaine vers les pâturages d'en haut (32).

Les renseignements que j'ai recueillis auprès des habitants de la côte N de l'Acarnanie, dans la région de Vonitza, témoignent encore de nos jours de l'hivernage de troupeaux provenant du Valtos, ce qui rend fort probable l'existence du phénomène dans l'Antiquité. Pour cette époque, en effet, le témoignage de la numismatique paraît confirmer le tableau qu'on vient de brosser : la plupart des trésors de monnaies d'Etolie et d'Acarnanie dont on connaît avec certitude la provenance, se situent entre Agrinion et Stratos (33) ; au N de ces deux villes commencent les premières hauteurs du Valtos méridional, avec ses parcours de transhumance, mais aussi, le cas échéant, de refuge. Un trésor de monnaies acarnaniennes, en particulier, paraît avoir été retrouvé en deux lieux différents, une moitié à Matsouki, dans le Valtos méridional, l'autre moitié à Gourgouvli, près de Drymos, sur la côte acarnanienne de l'ancienne Thyrreion (34) : voilà une confirmation de l'usage du parcours O/E en cas de danger.

J'ai insisté sur le rapport Acarnanie - Valtos, moins évident et plus important pour l'histoire locale, parce que les effets de la transhumance inverse, du Nord de la Grèce à la plaine autour de Stratos, sont généralement bien connus, peut-être en raison de leur survivance jusqu'à nos jours (35).

Les campements d'hiver des bergers valaques dans la plaine entre Stratos et Agrinion, particulièrement en correspondance avec les gués de l'Achéloos, étaient une des caractéristiques du paysage de la région, appelée aussi "Petite Valaquie", pendant les cinq ou six derniers siècles (36), La zone atteinte pendant l'hiver par les Valaques était essentiellement la plaine étolo-acarnanienne, surtout le fertile kampos acarnanien, jusqu'à l'embouchure de l'Achéloos. On les retrouvait aussi dans une région intérieure de l'Etolie orientale, à ГЕ de Thermos {Apokouro septentrional) et au N de Naupacte jusqu'au Pinde méridional étolien, zone qui

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était appelée Kato - Vlachia (37). Dans une de ces dernières contrées de montagne au nom caractéristique, Vlachovouna ("montagnes des Valaques"), on peut raisonnablement penser à l'installation d'un ancien ethnos étolien, dont on ne connaît malheureusement pas le nom, vivant de l'élevage (38). On connaît aussi l'existence de certains villages de Valaques, Vlachochoria , dans l'Eurytanie {mod. ) occidentale, à la frontière avec l'Etolie septentrionale (anc. : Apérantie) et, également, dans le Valtos (39).

On a remarqué de forts éléments albanais dans la langue et les coutumes des Valaques acarnaniens, qui sont, au contraire, selon l'hypothèse la plus répandue, un peuple originaire de la Dacie parlant une langue dérivée du latin (40). Cette caractéristique a fait songer à une participation valaque aux migrations albanaises qui aboutirent à la conquête de l'Acarnanie et de l'Etolie entre 1358 et 1378, avec la constitution d'un Royaume albanais, qui prit dans ces régions la place du Despotat d'Epire pour la période 1360 - 1400, peu avant la capitulation devant les Turcs (1479-1821) (41).

De notre point de vue, cependant, l'histoire des migrations et des invasions des peuples sédentaires, comme les Albanais, est moins importante que celle des peuples nomades ou semi-nomades. Quant aux premiers, on pourrait citer, dans notre région, entre le VIIIe et le XIVe siècle, les invasions des Bulgares, des Slaves et des Serbes, sans parler des Normands et des Vénitiens (42). Parmi ces couches différentes, la seconde paraît avoir été particulièrement importante, puisqu'en Etolie et en Acarnanie on compte un nombre élevé de toponymes slaves (43), qui plaident en faveur d'un contrôle très poussé des zones qui permettent à la fois la transhumance et l'accumulation de denrées alimentaires, puisque les Slaves étaient à l'origine des semi-nomades (44).

Quant aux populations tout à fait nomades, à part les Valaques, on ne connaît en Grèce que les Sarakatsanes, qui sont censés être les descendants des bergers grecs du Pinde septentrional, menant une existence de transhumance nomade dès le début de l'époque byzantine (45). Ils auraient été chassés de leurs terres, au XIIe siècle au plus tard, par les migrations des Valaques, qui leur interdirent l'accès aux pâturages plus élevés du Pinde, les meilleurs, qu'ils détenaient auparavant. Les Sarakatsanes établirent alors leurs séjours estivaux dans les montagnes à ГЕ et à ГО du Pinde (Mt. Othrys, Parnassos,

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plateau de Zagori, Mt. Olytsika, Tsoumerka, hauteurs entre Arta et l'Achéloos (46). Leurs pâturages d'hiver s'étendaient, en Epire, de la côté N du golfe d'Ambracie à la mer Ionienne, jusqu'à l'embouchure de l'Achéron (47). Mais il y en avait aussi en Acarnanie, toujours le long du cours inférieur de l'Achéloos, même s'ils étaient beaucoup moins nombreux que les Valaques. L'été ils gagnaient les montagnes de l'Agrapha, ou, à ГО, les sommets plus hauts des Mt. du Valtos (Gavrorou) : c'est précisément dans le Valtos qu'ils avaient quelques villages de cabanes (Kalyvia ) (48).

La différence dans la qualité des pacages utilisés par les Valaques et les Sarakatsanes entraîna une différenciation dans l'élevage de ces deux communautés : les Sarakatsanes avaient beaucoup plus de chèvres que les Valaques, riches plutôt en moutons. Peut-être en raison de cette spécificité, chez les Sarakatsanes, c'étaient les femmes qui faisaient paître les chèvres et les hommes les moutons. Chez les Valaques, au contraire, les femmes s'adonnaient à l'artisanat, surtout du tissage, les hommes à l'élevage (49).

Or, ces deux peuples occupaient, pendant l'été, avec les différences qu'on a remarquées, des pâturages bien distincts de l'Agrapha, qui correspondait à peu près à l'Athamanie antique. Comme les Athamaniens étaient limitrophes des Agréens et que leurs territoires étaient en quelque sorte complémentaires, chaque indice intéressant les premiers est par conséquent important aussi pour les seconds. Pour les Athamaniens, en effet, on dispose d'un renseignement antique, attestant que chez eux les femmes se consacraient à l'agriculture, les hommes à l'élevage (50).

Cette situation ne reflète ni les assises sociales des Sarakatsanes, ni exactement celles des Valaques. Quant à l'Agraïde, avec ses maquis et ses forêts, elle était en réalité apte à

l'élevage des chèvres plus que des brebis, même dans des "étapes intermédiaires" de la transhmance. Ce qui rappellerait la société

sarakatsane plutôt que la valaque, compte tenu aussi de la tradition plus ancienne de la première dans le pastoralisme grec. Mais il ne faut pas oublier que l'expulsion des Sarakatsanes hors des pâturages plus élevés et plus riches par les Valaques - si ce conflit fut réel (51) - aura sûrement comporté un changement dans les moyens de production (v. types d'élevage), avec des conséquences importantes sur la vie sociale et la division du travail (v. entre les sexes). Comme, malheureusement, on ne connaît pas les assises originaires de leur société, on ne peut que

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tirer de telles coïncidences de géographie historique : on n'a qu'à regretter l'absence d'indications sur ces populations montagnardes, d'autant plus que leur origine pourrait remonter à la fin de l'Antiquité ou au tout début de l'époque byzantine.

II. AGRAIOI. Eléments balkaniques.

Les éléments jusqu'ici considérés paraissent justifier pleinement l'ancienne dénomination des Agréens, habitants d'une région - par excellence - de parcours et vivant de l'élevage et de la chasse, dans un milieu de rusticité aisément perceptible par un citadin.

On a des raisons de croire, toutefois, que le nom des Agréens provient du siège pré- ou proto-historique de ce peuple, étant donné que les toponymes Thyamos, semblable au Thyamis épirote, et Ephyre paraissent être pré-helléniques (52), donc non homogènes avec l'ethnique indo-européen. Il faut aussi remarquer ce doublet intéressant avec des toponymes épirotes, particulièrement thesprotes.

Quant à la racine ďAgraioi (53), il faut souligner qu'il existe, dans la région étolienne, un groupement de noms apparentés : Agrinion, ville acarnanienne et ensuite étolienne ; Agrios , roi mythique de Pleuron, frère d'Oinée ; Agremones, toponyme étolien selon Hésychius (54). En dehors de l'Etolie, c'est surtout dans la région balkanique centrale qu'on retrouve des noms semblables (55) : Agron, roi de la tribu illyrienne des Ardiéens (56) ; Agrianes, peuple péonien du Haut Strymon (57) ; Agriancs, hydronyme de la Thrace orientale (58).

Après l'attribution du péonien à l'iliyrien, puis au thrace, on commence de nos jours à considérer le groupe des langues phrygiennes - parmi lesquelles le péonien et le brygien - comme beaucoup plus proche du macédonien et du grec que du Thrace (59). On voit prendre forme une troisième couche ethnique, qui n'est ni illyrienne, ni thrace (60) et dont le péonien (avec les Agrianes ) ferait partie. A cette branche il semble qu'il faille attribuer aussi l'onomastique de la famille régnante des Ardiéens, surtout le nom de Pleuratos, (61 ) qui apparaît formé sur le même radical que Pleuron, importante ville étolienne.

De toute façon, comme les correspondants indo-européens du grec agros sont bien connus (62), on doit supposer un correspondant péonien, d'où sortirait Agrianes, ou/et un autre illyrien, pour Agron et pour le messapien agra- {agrathos T)

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(63). A l'analyse historique, en revanche, ne peut pas échapper la

coïncidence de la présence d'ethniques semblabes en Péonie et en Etolie, qu'on pourrait imaginer issus d'une même souche, à travers un procédé de "bourgeonnement tribal" typique des Indo-européens (64).

Mais il y a un autre élément ethnique, présent en Acarnanie, qui peut se référer à la Péonie : il s'agit des Derieis, une communauté installée autour de Stratos au moins dès la seconde moitié du IVe s. (65). Dans son expédition de 314 contre l'Etolie, Cassandre conseille aux Acarnaniens, qui avaient en cours une guerre de frontière avec leurs voisins, de se réfugier dans leurs villes fortifiées, pour mieux se défendre (66). Les Derieis se rassemblèrent avec d'autres à Agrinion, d'où ils furent chassés et massacrés par les Etoliens, qui s'emparèrent de la ville (67). Le théâtre de ces événements se situe juste au S du pays des Agréens et il paraît que les Derieis habitaient la plaine de Stratos, tout en convoitant celle d'Agrinion. Je me suis occupée ailleurs de la délimitation de la plaine entre Stratos et Agrinion : il s'agit d'une entité géographique qu'on avait du mal à délimiter politiquement (68).

Ce qui importe ici, c'est de mentionner une tribu péonienne de Derrones (69), à confronter avec d'autres noms de peuples de l'aire balkanique qui pourraient se référer au même radical onomastique : les Derriopes (70), qu'A. Mayer a identifiés aux Derrioi du Conventus Salonitanus (71), et les DersaioilDerraioi, qui seraient des Péoniens ou des Edoniens (72). On pourrait ajouter à cette liste le toponyme thrace Deris (73) et l'épiclèse Derenos ou Derainos de l'Apollon d'Abdère (74). Dans le Conventus Naronitanus on compte les ethniques Deretini, dalmate, ttDerini, pannonien, peut-être identifiables (75), tandis que les inscriptions messapiennes font connaître les cognomina Deirretis et Dirrihi (76). Les parallèles indo-européens du grec

dere renvoient au sens de "cou", "crinière", "croupe de montagne" (77), images qui correspondent bien tant au terrain

accidenté des Balkans centraux qu'à celui de l'Agraïde et expliqueraient leur grande diffusion.

Pour finir, l'on pourrait aussi songer au nom du lac péonien Prasias (78) pour Pras, le toponyme du terroir disputé par les Agréens et les gens de Stratos, s'il a à voir avec la racine de prason (79). Mais sa morphologie {pras, prantos ) (80) oppose quelques objections à cette hypothèse.

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Les rapports du matériel onomastique de la région centrale étolo-acarnanienne et de l'Agraïde avec les Balkans centraux, en particulier avec l'ïllyrie et la Péonie, sont - je crois - hors de question. A cela il faut ajouter le témoignage de l'archéologie, qui offre les mêmes indices pour tout le deuxième millénaire (81).

Un passage de Pausanias, en outre, nous apprend la course qu'Endymion fit disputer à Olympie à ses trois fils, Péon, Epeios et Etolos, pour désigner son successeur, Epeios, qui fut vainqueur, obtint le trône de son père. Etolos resta avec kù, mais Péon, furieux d'avoir perdu, s'en alla le plus loin possible, dans la région au-delà de l'Axios, qui prit son nom, 3a Péonie (82), Ce lien ancien entre Etoliens et Péoniens, qui, dans le récit de Pausanias, prend une forme mythique complexe, est d'habitude sous-estimé par la critique (83). Je crois qu'il doit maintenant être reconsidéré, à la lumière de ce qu'on vient de dire.

La présence d'une couche illyrienne dans la formation de l'Etolie historique avait été signalée déjà par G. Klaffenbach (84). Maintenant je crois qu'on peut la restreindre, géographiquement, à l'Agraïde et à la zone de frontière étolo-acarnanienne, chronologiquement, aux migrations du IIe millénaire, au plus tard une génération après la Guerre de Troie (85), Au point de vue ethnique, je ne trancherai pas, en faveur soit de l'illyrien, soit du péonien, vu les difficultés objectives que ce choix comporte, dans l'état actuel de la documentation. Je pense qu'il vaudrait mieux, pour l'instant, parler d'une composante "balkanique", ce qui est assurément plus correct, et aussi plus utile pour reconnaître les assises sociales induites par cette affirmation.

Si en effet l'indo-européen *agro- a eu en illyrien (ou péonien), comme c'est logique de le penser, la même valeur qu'à l'origine le grec agros , une réalité des "hommes de Yagros ", bien plus vaste que celle des Etoliens du Ve siècle, s'ouvre à nos yeux. Dans les Balkans la vie pastorale est la base indéniable de la société, sans aucune exception (86).

On voit émerger ici la caractéristique structurale de l'histoire des Agréens/Valtini : le rapport particulier qu'ils ont toujours gardé avec les peuples des Balkans, à cause d'une origine peut-être commune, de la similitude des modes de vie (assises pastorales de leur société) et enfin des contacts répétés dus aux migrations et aux mouvements de la grande transhumance.

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A l'égard des autres Grecs, quelle pouvait être la considération dont ils jouissaient, par rapport à ce système de valeurs ?

III. AGRAIOI/AGRIOI. Un prototype diachronique de sauvagerie.

L'origine génétique ne jouait en Grèce classique qu'un rôle très limité, par rapport à la langue (grecque ou non) et aux prérogatives de la vie politique et sociale de la. polis qu'il fallait posséder pour jouir de la considération sociale.

De ce point de vue, le fait même d'appartenir à une organisation étatique autre que la polis, comme une monarchie ou un Etat fédéral, était aberrant (87). Nul doute donc que nos Agréens auront été largement concernés par le jugement de barbarie que Thucydide donne des Etoliens et de toute la Grèce de l'Ouest, même s'ils ne sont pas explicitement mentionnés (88). On peut aussi tranquillement leur attribuer tous les préjugés dont les Etoliens étaient victimes (89).

Puisque la signification primitive ďagros a, on Га vu, évolué depuis le temps d'Homère (90), comment ne pas penser que, par ex., à l'époque classique, le nom des Agraioi rappelait, outre les images de "chasseurs", "campagnards", celles de "sauvages", par analogie avec agrioi ? D'autant plus que agrioi correspondait, au point de vue moral, donc idéologique dans les qualifications des historiens anciens, aux populations ďagrotai et de boskoi (91). Il est clair aujourd'hui que la "sauvagerie" (agriosyne ) est une composante constante du portrait des peuples

montagnards, qu'ils soient des ennemis à soumettre, comme les "brigands" dans l'Asie achéménide ou hellénistique (92), ou

qu'ils soient des Grecs, comme dans notre cas : l'opposition qui existe, se fait avec les gens de la plaine, laboureurs, pacifiques,

paysans (93). Les habitants de la montagne sont, par définition, "sauvages" et "barbares", "belliqueux" (polemikoi, machimoi ) et "brigands" (lestai ) (94); ils en arrivent à enfreindre les lois

humaines et divines (anomoi et anosioi ) (95). Le topos sur la barbarie des Etoliens, et des Agréens en

particulier, se maintient jusqu'à l'époque hellénistique et romaine: l'historiographie ancienne est à ce propos très cohérente. Polybe, dans un discours de Philippe V à Flamininus, situe "la plupart des Etoliens, en dehors de la grécité"; en particulier, "les régions

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habitées par les A gréens, par les Apodotes et par les Amphilochiens ne sont pas la Grèce (96)". Tite-Live fait écho à Polybe avec presque les mêmes mots, sauf l'éclat de rire de Flamininus à la sortie du roi de Macédoine (97).

11 n'est pas possible de faire ici "un inventaire systématique de toutes les formes normalisées du discours sur barbares et brigands"

étoliens, "dans leur articulation avec des séries de variantes (98)", comme effectivement il le faudrait : j'irais au-delà de la signification sémantique particulière ď Agraioilagrioi et de leur rôle historique à l'intérieur de l'Etolie et de la Grèce occidentale (99).

Ce qu'il importe de souligner encore, à propos de agrioi, c'est la reprise du topos de sauvagerie, de rudesse de vie et de coutumes, de caractère belliqueux, qui coïncide avec l'émergeance dans la région du Valtos des bandes de Klephtes ("brigands"), fleurissant du début à la fin de l'occupation turque de la Grèce centrale (1447-1821).

L'augmentation imposante du brigandage dans la Méditerranée du XVe et du XVIe siècle, qui attira l'attention de F. Braudel (100), reflète sûrement un déclin impressionnant des conditions de vie des paysans qui tend à devenir endémique dans des périodes de crise économique et d'appauvrissement (101). La Grèce n'échappe évidemment pas à ce tableau général, mais il y a des indices intéressants, dans les institutions destinées à combattre le brigandage pendant la domination turque, qui peuvent nous éclairer à propos des traditions précédentes (102).

On attribue généralement au Sultan Mourat II (1421-1451) l'introduction dans l'Empire ottoman des armatolikia, corps militaires destinés à réprimer le brigandage, qui étaient recrutés d'ordinaire parmi les habitants des régions à sauvegarder, souvent parmi les brigands eux-mêmes (103). En Grèce, les armatoles étaient des Grecs, sauf au XVIIIe s. (104) : ils étaient presque toujours des klephtes enrégimentés et payés par les Turcs, qui leur concédaient aussi l'exemption des impôts. Ils devaient assurer la protection des villes et des villages, assurer la viabilité des routes, surveiller les défilés. Mais, le plus souvent, les armatoles s'unissaient aux klephtes dans leurs entreprises et l'échange des rôles était très fréquent : la confusion qu'on faisait couramment dans l'emploi des deux termes en constitue la preuve (105).

L'histoire du brigandage grec est encore à écrire ; on sait très peu de choses, par exemple, sur l'origine des armatoles et les

DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 211

hypothèses des historiens ne sont pas univoques (106). Il paraît certain, cependant, que les Turcs reprirent des institutions byzantines. Selon certains, il faut remonter jusqu'aux akrites, gardiens des sommets, des défilés (kleisourai = turc derven ), des frontières, des régions périphériques de l'Empire byzantin (107), qui luttaient contre les apélates ("hors-la-loi", étym. : "voleurs de bétails"), parmi lesquels ils étaient recrutés (108). Selon d'autres, l'institution aurait des modèles encore plus anciens, arrivant jusqu'aux orophylakes de l'époque romaine et même pécédente (109).

On sait que, pendant la période byzantine, l'Etolie était administrée par des kleisourarchai : comme le nom l'indique, ils étaient semblables, dans leurs fonctions, aux akrites et peut-être aussi aux armatoles (110). Une enquête, même rapide, sur la diffusion des armatoles en Grèce rend facilement compte des zones de concentration plus fortes du brigandage. Même à ce propos, il n'y a pas d'unanimité parmi les historiens, car le phénomène n'a pas été suffisamment étudié et il a changé avec les époques. Toutefois, il ressort clairement qu'il y eut toujours un grand nombre d'armatoles en Macédoine occidentale, en Thessalie et Béotie, en Epire et en Grèce occidentale (111). On connaît les noms des districts que les bandes d'armatoles devaient surveiller : ils n'avaient pas le droit de les quitter. Dans la zone correspondant à peu près à l'Etolie et à l'Acarnanie anciennes, on peut compter les armatolikia suivants : Vlochos (région d'Agrinion, appelée à l'époque Vrachori ); Xiromeros (Acarnanie occidentale) ; Zygos (région d'Angelokastron, anc. : Arsinoé, Etolie méridionale); Venetikon (région de Naup'dctQ);Lidoriki (région de l'ancienne Callipolis, Etolie orientale) (112). Il s'agit d'un nombre élevé, par rapport aux autres régions de la Grèce.

Quant au Valtos, qu'on décrit toujours, avec l'Agrapha et le Xiromeros, comme le véritable berceau des klephtes, on n'y connaît aucun corps d'armatoles. C'était un lieu idéal pour la guerre de maquis et pour le refuge des fugitifs, surtout des bergers et des paysans qui n'avaient pas abandonné le pays, à l'arrivée des Turcs, auxquels ils ne voulaient pas se soumettre (113). L'Agrapha et le Xiromeros avaient leurs armatoles, souvent constitués par des régiments de Valtini, mais non pas le Valtos, au moins à ce qu'il paraît. En effet, la seule source écrite concernant la période de la domination turque dans la région mentionne un défi des Valtini à l'égard des Turcs : la prise en otage du responsable local de la justice civile (kadi ) (114). On ne

2 1 2 CLAUDIA ANTONETTI

connaît pas non plus exactement les limites de la circonscription (kaza) du Valtos, probablement semblables a celles d'aujourd'hui, ni sa capitale, peut-être Karvasara {mod. : Amphilochie).

Tous les indices laissent à penser à une existence pratiquement autonome des Valtini à l'égard de la Grande Porte, à une autonomie si dangereuse pour les Turcs, qu'elle les aurait même empêchés d'y instaurer un corps ďarmatoles, au contraire des régions limitrophes.

En conclusion, dans cette région étolienne, on peut constater une permanence historique de r'exclusion" (115) face au pouvoir structuré des Etats supranationaux et despotiques comme l'Empire ottoman, l'Empire byzantin et - on serait amené à penser aussi - comme l'Empire romain.

Il n'y a pas, en revanche, faute peut-être de documentation, de traces d'une pratique d'assimilation de cette société à celle des pouvoirs centralisés. Cette circonstance "révèle une relative indépendance de ces sociétés à l'égard des modes de production dominants (1 16)".

Quant à l'Antiquité grecque, il me semble qu'il n'y avait pas d'exclusion : les Agréons apparaissent parfaitement insérés dans le koinon étolien, et même avant, à l'époque de leur indépendance, ils étaient complémentaires des communautés voisines. S'il y avait une exclusion, c'était une exclusion idéologique, née au sein de la polis, ou, pour mieux dire, de la Polis par excellence, Athènes, avec les inévitables répercussions sur Rome. Cette exclusion, d'ailleurs, impliquait une grande partie du monde grec ancien et pas seulement les Agréens ou les Etoliens.

Il faudrait donc ramener à de justes proportions le concept de "brigandage endémique" (117), qui, logiquement, n'a pas de sens, quand il n'y a pas d'"exclusion" (Antiquité grecque), et qui est difficile à imaginer, quand il y a "exclusion" sans possibilité d'"assimilation" (époque turque).

Il faudrait plutôt se poser différemment les termes de la question et reconnaître que "ces sociétés représentent probablement une forme typique, une voie spécifique de l'évolution historique (118)".

En définitive, il me semble que la catégorie du "brigandage" n'est pas satisfaisante pour donner raison aux assises sociales qu'on a entrevues, ni pour motiver la recherche historique : je me

DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 213

demande si elle ne devrait pas plutôt être éliminée.

IV - RESUME

Le nom d'un peuple peu connu de la Grèce occidentale, les Agraioi, présente les caractéristiques des dérivés du gr. agros qui ont subi des contaminations avec la famille de agra : il signifierait les "campagnards", les "chasseurs", à situer dans "un milieu rustique de bergers", comme l'indique clairement Yind.-eur. *agro-, qui désignait "le terrain de parcours, où l'on mène les bêtes " et qui était un terme technique du vocabulaire pastoral.

L'histoire des Agréens est obscure. On sait seulement qu'au Ve s. ils étaient indépendants, avec un roi, qui disparaît par la suite : au IIIe s. ils font partie du koinon étolien.

L'importance de leur territoire {mod. : Valtos), situé au N/O de l'Etolie, à la frontière avec Acarnaniens, Amphilochiens et Athamaniens, était éminemment stratégique : ils gardaient la ligne de crête du Mt. Thyamos qui permettait de contourner le défilé de Limnée. En plus, leur pays reliait l'intérieur étolien à la mer (E/O) et les montagnes à la plaine étolo-acarnanienne (N/S). Les Agréens étaient importants surtout parce qu'ils détenaient des chemins de passage pour les troupeaux, en particulier en provenance de l'Acarnanie. La grande transhumance ("inverse") provenant des Balkans et de la Grèce du Nord a toujours parcouru le pays des Agréens pour rejoindre les pâturages d'hiver de la plaine de l'Achéloos, comme l'ont fait pendant les six derniers siècles les Valaques, bergers aroumaines. Les Sarakatsanes aussi, d'autres bergers nomades grecs, faisaient la même chose, alors qu'ils avaient leurs pacages d'été en Agrapha et dans les Mts. du Valtos septentrional.

Au point de vue linguistique, l'ethnique des Agraioi apparaît être apparenté à des noms illyriens et péoniens. On peut faire la même observation pour l'ethnique des Derieîs, une communauté acarnanienne installée au S des Agréens : l'étymologie du nom se rattache à des formes ind.-eur. indiquant "la croupe des montagnes" , qui, avec le support de l'archéologie, permettrait de penser à des migrations proto-historiques, arrivées en Etolie centrale en provenance des Balkans.

A l'égard des autres Grecs, surtout des Athéniens, les Agréens jouissaient d'une réputation de barbarie et de sauvagerie,

214 CLAUDIA ANT0NETT1

tout comme les Etoliens et les Grecs occidentaux. Ce topos se maintient jusqu'à l'époque romaine et connaît une singulière reprise dans un tout autre contexte : c'est pendant la domination turque et grâce à la floraison des bandes de klephtes ("brigands") que les armatoles, recrutés parmi ces mêmes montagnards par les Turcs, étaient chargés de combattre. Le nombre des armatoles en Etolie et Acarnanie était très élevé et témoigne de la diffusion du brigandage dans ces régions. Dans le Valtos, cependant, qui est considéré comme un berceau de klephtes, on ne connaît jusqu'à présent aucun régiment d'armatoles. Il semble que le pays soit demeuré pratiquement indépendant à l'égard de l'Empire ottoman.

En conclusion, l'Agraïde/Valtos paraît marquée par une permanence historique de T'exclusion" : exclusion idéologique de la part de la Grèce des poleis dans l'Antiquité, exclusion économique et sociale, de la part des grands empires centralisés, sans tentatives d'assimilation.

DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 215

NOTES

* Cet article développe certains aspects de la problématique concernant Les Etoliens du Nord : "barbarie" d'un peuple grec, que j'ai présentée au cours d'un séminaire à la Faculté des Lettres de Besançon en 1987, sur l'invitation de M. Pierre Lévêquc. Qu'il trouve ici l'expression de ma reconnaissance.

1. BRAUDEL, I, p. 46. 2. CHANTRAINE, III, p. 31. Cf. BENVENISTE, p. 13-31, 351-354.

Sous un profil anthropologique général, O. LONGO a remarqué que dans le monde grec ancien doit être exclue une association fonctionnelle chasse/élevage, comme on la retrouve dans le portrait du Cyclope d'Eurypide : p. 216-218. ARISTOTE accepte les rapports élevage/brigandage ou agriculture/chasse : l'opposition entre bios pastoral et bios de la chasse apparaît claire (PoL, 1256 b, 4-5 ; cf. LONGO, ibid. ).

3. CHANTRAINE, III, p. 33-36. 4. Ibid., p. 40-63. 5. Ibid., p. 62. 6. Ibid. 7. 1,41, 3. 8. PERPILLOU, p. 193-194. 9. Cf., sur les "Douze Dieux" Agrioi ou Agreis en Lycie, Bull, ép.,

66, 427 ; 68, 509 ; 72, 450 et ROBERT, III. Sur l'Artcmis Agraia, v. CHANTRAINE, II, p. 2-3. Sur Agrios, épithète du cavalier thrace, v. Bull, ép., 1922, p. 433.

10. FRONTISI-DUCROUX, p. 35. 11. Pour AUTRAN, p. 85, n. 6, l'explication du groupe de noms, tels

Agraioi, Agrai, Agrius, Agrinius, etc., par le grec agros = "champ" ne s'imposerait aucunement. Cependant, il "légitime le rapprochement des homologues,... suggéré en outre par le parallélisme asiano-Etrusque". Il va de soi que la considération de ce problème, après les études de Chantraine, a été radicalement changée, agros n'étant plus simplement le "champ" : cf. DELG, s.v. et les n. 3 - 6. MAYER encore (II, p. 3) rattache le groupe de dérivés d'*agra-s à Yind. -eur. *agro-s, apparemment sans tenir compte de ces apports nouveaux.

12. THUC, II, 102, 2. 13. L'étude fondamentale sur la topographie de l'Amphilochie et de

l'Agraïde est celle de HAMMOND, I. Cf. aussi HAMMOND, II, p. 238-248. Pour une mise au point des problèmes de topographie historique concernant les Agréens, v. ANTONETTI, I. Cf. CARTE I.

2 1 6 CLAUDIA ANTONETTI

14. Ill, 106, 2-3 ; 111, 4 ; 113, 1 ; 114, 2. 15.IV, 77, 2. 16. "Salynlhios", roi en Acarnanic (sic !) ..., paraît avoir conserve un

nom de type prč-hcllčnique" : AUTRAN, (SAL-), p. 573. 17. THUC, III, 106, 2 ; IV, 77, 2; 101, 3. 18. V., en dernier, CABANES, I, p. 184-186 et ANTONETTI, I.

L'union des Agrécns au koinon se serait effectuée bien avant 314 et peu après le début de la Guerre du Péloponnèse, selon COSTANZI (p. 346), qui n'apporte cependant aucune justification à son affirmation. D'ordinaire on préfère penser à la période entre 338 et 314, en particulier en 322 ou en 321 : v. une mise à jour de la question dans FUNKE, p. 29 et n. 89. Le "terminus post quem" de 338 est vraisemblable et même probable, si la restitution du nom des Agrécns est exacte à la 1. 10 de la liste des peuples qui ont souscrit la Paix de Corinthe avec Philippe II (SCHMITT, III, 403 b ; cf. G. KLAFFENBACH, /G, IX, 12, 1, p. XII, 84-88, selon qui la restitution est "tout à fait sûre") : ils devaient donc être indépendants des Etoliens. Quant au "terminus post quem" de 314, tous les auteurs de réfèrent à l'épisode de la conquête élolienne de la ville d'Agrinion : DIOD., XIX, 67, 3 - 68, 1. Cf. n. 66-68. Mais c'est le rapprochement entre le peuple des Agréens et la ville d'Agrinion, censée être leur capitale, qui leur fait conclure à une conquête étolienne de l'Agraïde : cela, en fait, n'est nullement prouvé. L'argument linguistique n'est pas décisif non plus : cf. n. 53 et 54.

19. Pour les problèmes topographiques, v. MEYER. Aucun parallèle linguistique ne nous est de quelque secours pour Demphis (-idos ), qui n'est pas mentionnée dans les dictionnaires.

20. VIII, 3,5 ; X, 2, 1,5 ; 3,6. 21. Agraioi et Ephyra , s.v. 22. V. DEROY. Mais l'étymologic d'Ephyre que cet auteur donne, en

liaison avec celle de zephos et zephyros , n'a pas été accueillie par le DELG, s.vv. Sur Ephyre de Thesprotie et les autres villes homonymes, cf. LEPORE, p. 10-14, 23-24, 41-42, 93 et RESTELLI, p. 81-82, 92-97, 102-104.

23. THUC, III, 106, 3. 24. HAMMOND, I, p. 133-134 ; IV, p. 25-27. 25. HAMMOND, IV, p. 31-32. Cf. CARTE II. 26. Cette théorie a clé particulièrement développée par CATALDI. 27. HAMMOND, IV, p. 70-73. C'est pour cette raison que les

envahisseurs provenant du N de la Grèce choisissaient, si possible, la voie à ГО du Pinde, où le relief et les fleuves sont disposés parallèlement à la côté (NNO-SSE) : p. 71.

28. V. HEUZEY, p. 228-229, 243-259, 307-317. Cf. CARTE III. 29. Sur ces populations, v. ANTONETTI, I. Cf. CARTE IV.

DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 217

30. GEORGOUDI, p. 175-176. 31. BRAUDEL, I, p. 79. 32. GEORGOUDI, p. 156. 33. THOMPSON, n° 37 (Agrinion), n° 173 (Dokimion), n° 271

(Agrinion), n° 251 (Stratus). 34. Ibid., n° 312 (Matsouki). Le premier lot de monnaies fut remis au

Musée Numismatique d'Athènes en 1959, le second en 1960 (références : Mme. M. Oikonomidis).

35. Pour la bibl., v. ANTONETTI, II, n. 82. Pour la méthodologie, v. infra, n. 102.

36. HAMMOND, IV, p. 43. cf. CARTE V. 37. PH1LIPPSON-KIRSTEN, p. 598, 620. 38. BOMMELJE1 p. 45-46. Cf. ANTONETTI, II. 39. PHILIPPSON-KIRSTEN, p. 597. 40. HAMMOND, IV, p. 45. Une des objections fondamentales qui a

été faite à cette théorie est la difficulté de concevoir comment une population à l'origine sédentaire peut être devenue nomade.

41. Ibid., p. 57-61. Il paraît, cependant, que les Valaqucs avaient entretenu de bons rapports avec le Dcspotat d'Epire pendant le Moyen Age (p. 39). Sur l'histoire du Dcspoiat d'Epire (1267-1479), cf. NICOL.

42. Ibid., p. 63-68. Cf. PHILIPPSON-KIRSTEN, p. 591-600. Pour les invasions depuis la fin de l'Empire romain jusqu'au VIIIe s., v. LEMERLE et CHRYSOS, p. 37-80.

43. HAMMOND, IV, p. 66 : les toponymes slaves sont 98. 44. Ibid. 45. Ibid., p. 46-50. Dans mon texte, je me réfère presque toujours aux

conclusions de HAMMOND, IV, d'une part, parce qu'il analyse de manière critique les ouvrages classiques sur les nomades grecs (v. notamment ceux de Wcigand, Wacc, Thompson et Kcramopoullos pour les Valaques ; ceux de Hocg, Hadzimichalis et Campbell sur les Sarakatsanes), d'autre part, parce qu'il établit des comparaisons - à mon avis - correctes avec les situations historiques de l'Antiquité.

46. Ibid., p. 48-49. 47. Cf. aussi l'excellente étude de DAKARIS, p. 15-17. 48. PHILIPPSON-KIRSTEN, p. 412. 49. HAMMOND, IV, p. 48. 50. HERAKLEIDES, Pol., 53. Cf. CABANES, I, p. 193. V. aussi n.

102. 51. Cf. n. 49. 52. AUTRAN, p. 252-255. LEPORE, p. 92-93. Cf. n. 16 et 22. 53. LEPORE, p. 103, n. 168, rangeait les Agraioi parmi les

ethniques ayant une suffixe illyrien (-aios ) et un radical presque sûrement

218 CLAUDIA ANTONETTI

grec. Mais AUTRAN, p. 455, et CHANTRAINE, I, p. 46-49, ne soulèvent aucune objection à propos du caractère grec du suffixe -aios . MAYER considérait encore les Agrcens comme une ethnie non grecque, à l'intérieur de l'Etolie, et Agrinion comme leur ville principale (I, s. vv.). V., pour une critique de cette vieille théorie, déjà COSTANZI, p. 343-346. Cf. n. 18. L'ethnique régulier de la ville est Agrinieus, mais l'on trouve aussi un cas à'Agrinian : G. DITTENBERGER, Syll3., 610, 1. 81.

54. Pour tous ces noms, v. AUTRAN, p. 85, 480-481. Les noms d'Agrinion et des Agrčens ont à la base une etymologie commune, mais il n'y a pas une véritable dépendance entre eux, comme il n'y en a pas entre les noms d'Agrinion et celui des Agrianes : COSTANZI, p. 346.

55. Ibid., p. 481, l'auteur penche plutôt pour une orientation vers l'Asie Mineure côtière et vers l'Etruric" qui sont onymiquement solidaires". Dans son jugement n'interviennent évidemment pas des considérations historiques, qui pourraient mieux suggérer une origine balkanique, liée aux migrations des peuples phrygiens, pour ce groupe de noms d'Asie Mineure (cf. infra , n. 59, 60).

56. PAPAZOGLOU, I, p. 158. 57. STEPH. BYZ., Agriai , s. v. Cf. DANOV, II, p. 105-106 : les

Agrianes subirent une influence thrace forte, au point d'être pris pour des Thraccs déjà par les Grecs du Ve s. Cependant, ils n'étaient pas des Thraccs, à l'origine. Cf. ROBERT, IV, où la notion de "Thraces" et de "Péonicns" apparaît fluctuante. Cf. n. 54.

58. SONTHEIMER. Selon DETSCHEW, l'hydronyme Agrianes (s.v.) serait à considérer plus correctement comme Argianes.

59. PAPAZOGLOU, I, p. 155-156. 60. Ibid. , p. 169 ; à l'intérieur de celles-ci les rapports d'origine entre

Dardanicns, Bryges, Péoniens et Edonicns ne sont pas encore clairs. 61. Ibid., p. 163-164. 62. CHANTRAINE, III, p. 33 : latin, védique, gothique, arménien. 63. Agrathos ? : DE SIMONE, n° 279 (= WHATMOUGH, II, 499 =

PARLANGELI, 16, 23). 64. FERRI, p. 34. 65. Entre 330 et 311, datation de la liste des théarodoques de Ncmce,

dans laquelle figure la mention en Derioi pour la section acarnanienne, à la huitième place. Il s'agit de la première attestation de cet ethnos : v. CABANES, III, p. 346-347, 351 et ANTONETTI, I.

66. DIOD., XIX, 67, 3 - 4. 67. Ibid., 68, 1. Ci. n. 18. 68. ANTONETTI, I. 69. DETSCHEW, s.v. Cf. DANOV, I, col. 410 et II, p. 154 ;

HAMMOND, V, p. 75-76.

DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 219

70. HAMMOND, III, p. 69-71. 71. I, s. vv., selon le témoignage de PTOL., II, 16, 8. V. aussi

PATSCH, I (Dereteni ). Mais cf. Deuripos, région péonienne : MAYER, ibid, et RESTELLI, p. 217-218.

72. DANOV, II, p. 111. Cf. DETSCHEW, Darsioi, s.v. 73. OBERHUMMER. 74. L'épiclèse du dieu est Derenos dans PINDARE {Рае., II, 4) et

Derainos dans LYCOPHRON (440). On sait par les scholiastes que cette épiclèse est due à un toponyme d'Abdcrc : cf. KALLERIS, I, p. 148 et n. 3.

75. MAYER, I, s. vv. Cf. PATSCH, I, II et n. 71. 76. Deirretis : DE SIMONE, n° 192, 3, 1. 17 (= WHATMOUGH, II,

436 b = PARLANGELI, 5. 21). Dirrihi : DE SIMONE, n° 78 (= WHATMOUGH, II, 422 = PARLANGELI, 7. 214). Pour Whatmough et Parlangeli, ibid., il se traiterait d'ethniques indiquant le toponyme d'origine, probablement en rapport avec la ville de Monopoli (anc. : Diriam ) : ils suivent l'hypothèse de RIBEZZO, p. 21-22, 56, qui parle aussi de "gentilices". Selon UNTERMANN, p. 199, les cognomina messapiens deirretis et dirrihi devraient dériver d'un prcnoml, tel *dirras, -aihi.

77. DEGL, s.v. Cf. CHANTRAINE, I, p. 280 (derris ). Sur l'Apollon Deiradiotes d'Argos, appelé d'après le toponyme Deiras (= "joug de montagne" ) selon PAUS., II, 24, 1, cf. PAPACHATZIS, II, p. 175-178 et MUSTI-TORELLI, p. 271-272, 290-292.

78. DANOV, II, p. 169, 230. 79. AUTRAN, p. 394-395, qui dresse un inventaire des mots issus de

cette racine, penche pour une souche asianique, même s'il ne l'affirme pas expressément. P. Chantrainc, DELG, v. s., préfère penser à des emprunts parallèles pour le grec prason et le latin porrum ("poireau"), plutôt qu'à une dérivation commune de l'indo-européen. Signalons, en passant, l'importance de la culture maraîchère dans la Grèce post-homérique, perceptible aussi dans l'abondance des toponymes qui s'y réfèrent: cf. GRINTESCU-PIATKOWSKI, pp. 25-28.

80. Elle est morphologiquement apparentée à Zas, Zanos ("an older Zeus") : cf. l'exposition de COOK, II, p. 351, n. 2. V. aussi n. 18 et 19.

81. Cf. ANTONETTI, III (mise au point surtout pour la région de Thermos).

82. PAUS., V, 1, 4 - 5. Mais il existe une autre généalogie mythique de Péon : II aurait été le fils d'Hella, fille d'Athamas et de Poséidon. Péon et ses deux frères, Edon et Almops, seraient donc la souche des peuples phrygiens, thraecs et macédoniens, en contact direct avec les Epirotes et les Dolopes. V. le développement de cette interprétation du mythe dans RESTELLI, p. 61-62, 73, 149, 247.

83. Cf. SCHACHERMEYR, p. 185. A propos du mythe d'Endymion

220 CLAUDIA ANTONETTI

et de la suggeneia entre Héraclécns du Latmos et Etolicns, v. ROBERT, I. 84. KLAFFENBACH, p. 191, n. 1. Cf. aussi ANTONETTI, III. 85. Cette chronologie résulte de l'expédition mythique d'Alcméon et de

Diomède en Etolie et en Acarnanie, pendant laquelle le premier fonda Argos d'Amphilochic. On pourrait seulement se demander si ces épisodes eurent lieu une génération avant, ou après, la Guerre de Troie, vu que les sources diffèrent à ce propos : v. l'analyse de PRINZ, p. 183-187.

86. Pour les Balkans centraux, v. PAPAZOGLOU, IJ, p. 474-483. Pour la Thracc, v. les contributions de BRICE, KOLEVA et VAKARELSKI. Pour la Dalmatic, v. SASEL. Pour l'Illyrie et l'Epire, v. CABANES, I, p. 190-197 ; II, p. 327-337. Cf. n. 47.

87. CABANES, II, p. 324-326. 88. I, 5, 3 - 6, 2; cf. III, 94, 5. 89. Les Etoliens représentent "an Hellenic instance" de barbarie, à

l'intérieur d'une situation de "disintegration of civilizations" : TOYNBEE, p. 47. Cf. BRIANT, p. 276. Pour la "réactivation du champ clos Hellenes kai Barbaroi ", reinterprete par 1c "champ Rhomaioi - Barbaroi ", dans les "présupposés" de Strabon à propos des Gaulois, v. la belle étude de CLAVEL-LEVEQUE, I, particulièrement p. 84-85.

90. Cf. n. 3. 91. CLAVEL-LEVEQUE, I, p. 85-87 ; H, p. 260-262. 92. BRIANT, p. 168-170. 93. Ibid. 94. Ibid. Sur l'interdépendance entre monde pastoral et banditisme en

Grèce, v. DAMIANAKOS. 95. Cf. TURATO, p. 16-25, 49. 96. XVIII, 5, 8. Sur l'attitude de Polybc à l'égard des problèmes

d'hellcnisation, v. MOMIGLIANO, p. 28-29, 36-37. 97. XXXII, 34, 4. Cf. BRISCOE, p. 235-236. 98. CLAVEL-LEVEQUE, II, p. 260. 99. Je me propose de définir le problème de la "barbarie" éloliennc

dans une autre étude. 100. BRAUDEL, II, p. 75-94. 101.HOBSBAWN, p. 17. 102. Le rapprochement que l'on fait dans cette étude entre institutions

et situations historiques d'époques si différentes ne doit pas être pris au sens de la croyance à un modèle "méta-historique" de "berger/sauvageAuigand", d'un "Hirtcnkriegcr" éternel (sur lequel v. l'idéologie de l'ouvrage de PHILIPPSON-KIRSTEN), mais plutôt, selon la définition de HAMMOND, IV, p. 49 : "The link between the two sets of institutions and ideas is to be found not in any continuous tradition, but in the common back-ground of a particular way of life and the interplay of man and his environnement in this

DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 221

part of the southern Balkans". 103. SPHYROERAS, p.147-154 ;VAKALOPOULOS, I, p. 264-268;

II, p. 364-391. 104. SPHYROERAS, p. 149. 105. Ibid., p. 151-152. Sur la variété des fonctions sociales et la

multiplicité des liens qui unissent le banditisme au reste de la société grecque, v. DAMIANAKOS.

106. Ibid., p. 147-148. VAKALOPOULOS, I, p. 267-268. 107. SPHYROERAS, p. 147-148, qui suit principalement la théorie

de D. Zakythinos. Les akrites en effet jouent un rôle important dans la formation de l'épopée byzantine. La légende du plus fameux d'entre eux, Digénis Akritas, possède un fond historique, qui peut "se localiser sur l'Euphrate, aux environs de Samosate et dater de la courte période où Byzance, après la Reconquête, réussit à tenir contre les Musulmans ses frontières cuphratcsicnncs (930-1071)" : GREGOIRE, p. 6. Digénis Akritas, "homme à la double race, gardien de la frontière", est un héros appartenant "à l'espèce des borderland fighters ; son rôle "correspond exactement à la situation de certains irréguliers ou outlaws du Xe siècle, qui avaient su se tailler, aux environs de la mouvante frontière entre Byzance et le Califat, un domaine plus ou moins autonome qu'ils étaient prêts à défendre contre l'empereur byzantin aussi bien que contre les Arabes (ibid. )".

108. SPHYROERAS, p. 147- 148. Mais les apélates sont aussi un corps militaire léger de coureurs, des gardiens des forteresses : AHRWEILER, p. 244-245. Dans toutes ces institutions, l'on vérifie un intéressant cas d'échange soit sémantique, soit des rôles sociaux, qui plaide en faveur d'une assimilation très poussée de tous les marginaux : cf. DIGARD, p. 269-270 et n. 27 (pour l'Empire byzantin et les nomades). Quand au moins l'inventaire des termes désignant le même phénomène sera complet, on pourra instituer quelques intéressants parallèles. Cf. p. ex. les tzacones, longtemps considérés seulement comme une population montagnarde de la Laconic : ils auraient été, à l'origine, une catégorie de soldats appauvris qui servaient comme gardes de forts, en Asie Mineure d'abord, et à partir du IXe s. dans le Péloponnèse. Cf., en propos, la belle étude de KARATZAS.

109. VAKALOPOULOS, I, p. 267-268, qui accepte la théorie de A. Kcramopoullos. Sur les orophylakes, "gardes des montagnes", à ne pas confondre avec les horophylakes, "gardes des frontières", et les brigands en Asie Mineure hellénistique, v. les importantes observations de Robert, II, p. 101-109.

110. GEG, II, p. 902. Le mot kleisoura, outre la signification de "défilé", "gué", en avait une autre, technique : il s'agissait de la plus petite circonscription administrative de l'Empire byzantin. Cf. DIMITRAKOU, VIII, s.v.

222 CLAUDIA ANTONETTI

111. Cf. n. 103. 112. JANNOPOULOS cile les annatolikia de Vlochos (p. 89),

Xiromeros (p. 87) et Zygos (p. 80). SPHYROERAS connaît ceux de Venetikon, Lidoriki et Xiromeros (p. 150 ) : ainsi VAKALOPOULOS, I,p. 374, pour le XVIe siècle. Cf. CARTE VI. A cette carte il faudrait donc rajouter deux armatolikia, Vlochos et Zygos, pour l'époque entre le XVIe et le début du XIXe s. A l'époque de la Guerre d'Indépendance grecque (1821) on connaît en tout quatre corps d'armatolcs pour l'Epire, l'Etolie et l'Acarnanie (VAKALOPOULOS, I, p. 380). Sur la conclusion de la Guerre d'Indépendance en Grèce occidentale, v. l'ouvrage de DONT AS.

113. JANNOPOULOS, p. 88. 1 14. Ibid. HEUZEY, p. 249-260, rapporte les légendes relatives à

l'occupation turque du Valtos et les rapports des Valtini avec les régions limitrophes, comme armatolcs d'abord, et rebelii après, sorte de milice de volontaires qui remplaça les armatolcs (p. 255).

115. V. les concepts d'"cxclusion" et d"'assimilation" sociales, développés par DIGARD, particulièrement p. 270-271.

П6./Ш.,р. 270. 117. V. n. 100, 101. 118. DIGARD, p. 271.

DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 223

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CARTE I. Les antiquités de la région du Vallos, d'après HAMMOND, II, p. 238, Map. 10.

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232 CLAUDIA ANTONETTI

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CARTE II. Les principales voies de communications de la région étolienne, d'après HAMMOND, IV, p. 12, Map. 6.

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234 CLAUDIA ANTONETTI

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DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 235

\*P/ . FDurki ,> Vlakholivadhi » Grevena

Konitsa <\ (ZÀGORI

'... Summer pastures . camps and sometimes villages . Modern national frontier

SCALE 1 2.500.000

CARTE V. Zones de la Grèce occupées par les Valaques vers 1912, d'après HAMMOND, IV, p. 44, Map. 9.

236 CLAUDIA ANTONETTI

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