Tout est bon dans le Breton

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Humour ethnique et vieilles ficelles 1 TOUT EST BON DANS LE BRETON Ronan Le Coadic Université Européenne de Bretagne Université Rennes 2, CRBC, EA 4451, F-35000 Rennes, France RÉSUMÉ Depuis les années 1990 un humour d’autodérision se développe à profusion en Bretagne sur divers supports (textiles et cartes postales, notamment). Il a pour caractéristiques d’être généralisant, d’une part, et mû par des buts lucratifs, d’autre part. Se présentant volontiers comme novateur, il ne fait, cependant, pour l’essentiel, qu’exploiter une veine ancienne. Son succès commercial s’explique par le contexte global et local dans lequel il s’exprime. Mots-clefs : Bretagne, humour ethnique, stéréotypes, identité, sociologie. SUMMARY Since the 1990s, various media (textiles, postcards, etc.) have been featuring the growing and all-encompassing trend of self-deprecating humor in Brittany. Such humor is on the one hand characterised by its generalisations and motivated by profit, on the other. While it claims to be innovative, in fact it essentially taps into an old seam. Its commercial success is due to the global and local context in which it is expressed. Keywords : Brittany, ethnic humor, stereotypes, identity, sociology. Ronan Le Coadic Université Rennes 2 Bureau L-212 Place du Recteur Henri Le Moal CS 24307 35043 Rennes Cedex ronan.lecoadic@univ-rennes2.fr hal-00731788, version 1 - 13 Sep 2012 Manuscrit auteur, publié dans "Ethnologie Française 42, 4 (2012) 697-709" DOI : 10.3917/ethn.124.0697

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Humour ethnique et vieilles ficelles 1

TOUT EST BON DANS LE BRETON

Ronan Le Coadic Université Européenne de Bretagne Université Rennes 2, CRBC, EA 4451, F-35000 Rennes, France

RÉSUMÉ Depuis les années 1990 un humour d’autodérision se développe à profusion en Bretagne sur divers supports (textiles et cartes postales, notamment). Il a pour caractéristiques d’être généralisant, d’une part, et mû par des buts lucratifs, d’autre part. Se présentant volontiers comme novateur, il ne fait, cependant, pour l’essentiel, qu’exploiter une veine ancienne. Son succès commercial s’explique par le contexte global et local dans lequel il s’exprime.

Mots-clefs : Bretagne, humour ethnique, stéréotypes, identité, sociologie.

SUMMARY Since the 1990s, various media (textiles, postcards, etc.) have been featuring the growing and all-encompassing trend of self-deprecating humor in Brittany. Such humor is on the one hand characterised by its generalisations and motivated by profit, on the other. While it claims to be innovative, in fact it essentially taps into an old seam. Its commercial success is due to the global and local context in which it is expressed.

Keywords : Brittany, ethnic humor, stereotypes, identity, sociology.

Ronan Le Coadic Université Rennes 2 Bureau L-212 Place du Recteur Henri Le Moal CS 24307 35043 Rennes Cedex [email protected]

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Manuscrit auteur, publié dans "Ethnologie Française 42, 4 (2012) 697-709" DOI : 10.3917/ethn.124.0697

Introduction

Un phénomène massif Depuis la fin des années 1990, un humour d’autodérision se répand largement en Bretagne sur des vêtements ou des cartes postales. Il ne s’agit pas d’une spécificité bretonne : des entreprises spécialisées en humour régional existent ailleurs, notamment au Pays basque, dans le Nord ou en Normandie. La Bretagne présente toutefois deux particularités : la précocité de ses entreprises spécialisées, d’une part, et, surtout, la surabondance de sa production. Plusieurs sociétés bretonnes se sont, en effet, lancées sur ce créneau dès les années 1990 et, depuis lors, la réussite des uns1 ayant attisé l’appétit des autres, le marché paraît proche de la saturation. En tout cas, le circuit de distribution de ces entreprises est si efficace qu’il est impossible d’échapper totalement à cet humour en Bretagne aujourd’hui.

Un humour « ethnique »

Un humour généralisant L’« humour ethnique » consiste à émettre des plaisanteries associant certains comportements ou particularités à tous les membres d’un groupe humain ; l’ethnicité est entendue au sens large :

Race, religion, nationalité, et même origine régionale sont autant de cibles pour les « plaisanteries ethniques » (Greenberg 1972)2.

L’étude de ce type d’humour a été essentiellement développée par des chercheurs anglo-saxons . Pour notre part, nous avons étudié les représentations humoristiques illustrées des Bretons vendues depuis la fin des années 1990. Nous avons, pour ce faire, constitué un échantillon de 400 motifs humoristiques commerciaux émis par seize entreprises ou concepteurs différents3.

Les stupides et les rusés Selon Christie Davies, l’un des spécialistes du genre, les plaisanteries ethniques à travers le monde peuvent être réparties en deux

catégories : celles qui portent sur les groupes « stupides » et celles qui concernent les groupes « rusés ». Les premiers, ineptes, insouciants et téméraires, vivent dans la promiscuité et la saleté et sont alcooliques ; les seconds sont retors, calculateurs et cupides [Davies 1990 et 2001, notamment]. Cette thèse radicalement binaire a fait l’objet de critiques académiques, soulignant que tel ou tel type d’humour ethnique n’entrait pas dans les catégories précitées (Laineste 2005). Force nous est, cependant, d’admettre que le propos vaut pour les Bretons.

Un filon Les représentations critiques des Bretons ne constituent pas un genre récent. Dès le haut Moyen Âge, en effet, ils faisaient l’objet de jugements défavorables de la part des chroniqueurs [Riché, 1992]. Ces représentations étaient, toutefois, dénuées d’humour. C’est à partir du bas Moyen Âge que l’on commence à rire des Bretons dans des farces. Notamment, dans une pièce de théâtre burlesque du treizième siècle, le Privilège aux Bretons, qui se moque des Bretons immigrés à Paris [Cassard, 1984]. Le même type de raillerie se rencontre également à l’époque moderne [Le Menn, 1984].

On ne peut toutefois vraiment parler d’humour (avec la finesse que ce mot évoque) qu’à partir du XIXe siècle ; notamment chez Balzac [Balzac, 1972], Hugo [Hugo, 1979] ou Flaubert [Flaubert, 1989]4, qui contribuent largement à figer les stéréotypes de la Bretagne. Par ailleurs, c’est à partir des années 1880 que l’image de la Bretagne devient dérisoire [Bertho, 1980] et c’est également de la fin du XIXe siècle à l’entre-deux-guerres que l’humour ethnique relatif aux Bretons atteint son apogée. Il s’exprime par divers canaux : paralittérature, presse populaire illustrée [Dantec, 2001] et chanson populaire. Citons, en particulier, Bécassine, la petite bonne bretonne ignorante et maladroite, dont les aventures publiées dans la Semaine de Suzette firent la joie des jeunes filles de bonne famille [Couderc, 2000].

C’est dans ce filon que l’humour ethnique contemporain s’inscrit : il prolonge les

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représentations anciennes, se complaît dans les stéréotypes et innove peu. Tableau 1 : Composition de l’échantillon étudié

Concepteurs Effectif Fréquence

À l’aise Breizh 38 9,5

Bap Collection 3 ,8

Bigoud’ up 38 9,5

Breizh Family 10 2,5

Breizh punishers 17 4,3

Bzh Ti shirt 11 2,8

Celtitudes 5 1,3

Cœurs de Breizh 44 11,0

Kanabeach 15 3,8

Mam’ Goudig 58 14,5

Momo le Homard 17 4,3

Oc’h oc’h ! 49 12,3

Paria Révolution 69 17,3

Philippe Luguy 6 1,5

Rasta Breizh 6 1,5

Tatoutex 1 ,3

Entreprises non identifiées 4 1,0

Total commerce (17) 391 98,2

44 = BZH 5 1,3

Cidrerie Loïc Raison 1 ,3

Éleveurs de porcs bretons 1 ,3

Hénaff 2 ,5

Total communication (4) 9 2,4

Total général 400 100,0

Tableau 2 : Occurrence des attributs et décors

Attributs et décors Effectif

Fréquence

Attributs de bretonnité Tenue folklorique (dont coiffe

bigoudène : 137) 278 69,5 %

Symboles (drapeau, BZH, triskell, hermine) 59 14,8 %

Architecture (menhir, calvaire, église) 23 5,8 %

Gastronomie 20 5,0 %

Instruments de musique 15 3,8 %

Mots bretons ou noms ou prénoms « typiques » 12 3,0 %

Mobilier 3 0,8 %

Total attributs de bretonnité 410 96,8 %

Attributs maritimes

0,0 %

Tenue de marin 34 8,5 %

Faune ou flore maritimes 32 8,0 %

Mer 24 6,0 %

Balisage maritime 17 4,3 %

Navires 11 2,8 %

Sports aquatiques 7 1,8 %

Total attributs maritimes 101 25,3 %

Attributs agricoles ou ruraux

0,0 %

Animaux de la ferme (dont porcs : 21) 32 8,0 %

Végétaux 20 5,0 %

Outils ou engins agricoles 9 2,3 %

Animaux sauvages 1 0,3 %

Total attributs agricoles ou ruraux 62 15,5 %

Attributs liés à l’alcool

0,0 %

Total attributs liés à l’alcool 47 11,8 %

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Tableau 3 : Occurrence des thèmes

Thèmes Effectif

Fréquence

Alcool 52 13,0 %

Climat 42 10,5 %

Érotisme 34 8,5 %

Combativité et entêtement 21 5,3 %

Environnement 14 3,5 %

Identité 12 3,0 %

Territoire 10 2,5 %

Séparatisme 9 2,3 %

Cannabis 8 2,0 %

Religion 4 1,0 %

Archaïsme 2 0,5 %

Diaspora bretonne 2 0,5 %

Agriculture 1 0,3 %

Total 211 52,8 %

Des représentations anciennes Au haut Moyen Âge, les chroniqueurs mettaient l’accent sur les coutumes vestimentaires étranges des Bretons, leur penchant pour l’ivresse, leur langage incompréhensible et leur mauvais caractère [Riché, 1992]. Or, il s’avère que ces caractéristiques sont particulièrement mises en avant aujourd’hui par l’humour commercial.

Un accoutrement singulier

Figure 1 : L’autocollant ci-dessus a été vendu à plus d’un million deux cent mille exemplaires [À l’aise Breizh, n.d.]

L’identifiant que les humoristes contemporains utilisent, de loin, le plus systématiquement pour représenter les Bretons est la tenue et, en tout premier lieu, la coiffe bigoudène, qui apparaît dans 34,25 % des motifs collectés. Aucune autre coiffe n’est représentée ; en revanche, sont très présents : les sabots de bois, le chapeau rond, le costume traditionnel et le béret. Au total, ces attributs — qui ne correspondent à aucune pratique sociale au XXIe siècle — sont utilisés à 278 reprises. Les humoristes prolongent là une tendance ancienne : régulièrement, en effet, à partir du VIe siècle, l’originalité vestimentaire bretonne avait été soulignée par les observateurs [Riché, 1992 : 111 et 114]. Certes, les attributs vestimentaires des Bretons du Moyen Âge n’avaient rien à voir avec la coiffe bigoudène mais la tendance à identifier les Bretons par leurs vêtements est fort ancienne, de même que celle qui consiste à souligner leur propension à l’ivresse.

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Un penchant pour l’ivresse

Figure 2 : À l’aise Breizh

Créée en 1996, cette entreprise possède son propre atelier de sérigraphie, quinze boutiques et deux restaurants, dispose de deux cents revendeurs et génère un chiffre

d’affaires de 7 millions d’euros [Créac'h, 2011].

Le thème principal de l’humour contemporain est la consommation d’alcool. Il ressort sur 13 % des motifs étudiés et est présent chez presque tous les concepteurs. Les Bretons sont systématiquement présentés comme de gros buveurs. Voilà, là encore, une représentation très anciennement attestée puisque Grégoire de Tours soulignait déjà que les Bretons « aiment le vin jusqu’à l’excès », Ermold le noir (IXe siècle) écrivait que le roi breton Morvan avait l’habitude de boire « de grands pots pleins de boissons » et Guillaume de Poitiers (XIe siècle) signalait l’ivresse comme le vice national des Bretons [Riché, 1992 : 111, 113 et 114]. Cette réputation est constamment restée attachée aux Bretons et se retrouve même chez Rabelais [Le Menn, 1984 : 127]. Ces Bretons ivrognes s’expriment, en outre, dans un singulier idiome.

Une langue particulière

Figure 3 : Paria Révolution

Créée fin 2005, cette entreprise de textile compte une boutique et cinquante points de vente et ses cartes postales sont diffusées par les éditions Jack (Louannec, 22)

L’humour contemporain identifie souvent les Bretons en employant des mots (souvent les mêmes, parfois estropiés), des prénoms ou des patronymes à consonance bretonne, (comme « Lagadec », ci-dessus). Ce procédé est attesté dès le XIIIe siècle, l’auteur du Privilège aux Bretons s’étant ainsi « complu à jouer avec le “baragouin” en multipliant les noms qui font breton » [Cassard, 1984 : 93]5. L’artifice demeure régulièrement employé, notamment dans la Belle Plaideuse de Boisrobert (1655), où l’imitation des sons du breton provoque un effet comique [Garapon, 1957 : 191-192]. Les humoristes bretons contemporains, toutefois, ne cherchent pas à ridiculiser les locuteurs du breton mais simplement à apporter une touche de pittoresque. En est-il de même en ce qui concerne le caractère breton ?

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Un mauvais caractère

Figure 4 : Paria Révolution

Autre particularité attestée depuis le haut Moyen Âge, le « mauvais caractère » des Bretons est une notion évolutive. À chaque fois que, dans le passé, les Bretons se sont trouvés en conflit avec la France, ils ont été décrits comme des brutes par leurs adversaires. C’est le cas dès le IXe siècle sous la plume d’Ermold le Noir [Fleuriot, 1987 : 106], au XIe siècle chez Guillaume de Poitiers [Delumeau et al., 1971 : 93-94], au XIVe siècle chez Jean Froissart [Cassard, 2004 : 243], etc. Quant aux chouans bretons, Balzac les considère « plus pauvres de combinaisons intellectuelles que ne le sont les Mohicans et les Peaux Rouges de l’Amérique septentrionale, mais aussi grands, aussi rusés, aussi durs qu’eux » [Balzac, 1972 : 39]. Bref, « le génie de la Bretagne est un génie d’une indomptable résistance et d’une opposition intrépide, opiniâtre, aveugle ». [Michelet 1967 : 20]. L’humour contemporain prolonge cette représentation sur un mode mineur : il dépeint les Bretons comme rebelles et susceptibles, des caractéristiques qui peuvent être mises en relation avec l’acharnement des Bretons à défendre leur identité.

Une identité marquée

Figure 5 : Paria Révolution

« Ne nous étonnons pas que cette race celtique, la plus obstinée de l’ancien monde, ait fait quelques efforts dans les derniers temps pour prolonger encore sa nationalité », écrivait Michelet ; « elle l’a défendue de même au Moyen Âge » [Michelet, 1967 : 32]. En effet, dès cette époque, les Bretons semblent s’être évertués à promouvoir leur identité, et c’est même ce thème qui constitue le ressort comique essentiel du Privilège aux Bretons : le roi de France leur ayant jadis accordé le monopole de la coupe du genêt afin de fabriquer des balais et le pape leur ayant confié le monopole de la cure des fosses d’aisance — ce qui en dit long sur les métiers qu’ils exercent —, ils se ridiculisent à vouloir faire confirmer ces privilèges dérisoires [Cassard, 1984]. Dans l’humour actuel, ce thème de l’identité se décline de trois façons : soit pour mettre en avant une origine bretonne (comme dans le motif ci-dessus), soit pour évoquer le militantisme culturel ou politique soit, enfin, afin de souligner l’ouverture de la société bretonne. Une ouverture qui peut se retrouver dans la musique.

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Une musique pittoresque

Figure 4 : Mam’Goudig

Créée au début des années 2000 par Jean-Paul David, Mam’Goudig est un personnage très largement diffusé sous forme de t-shirts, bandes dessinées et produits

dérivés en tout genre

Après avoir joui d’une bonne réputation au Moyen Âge, la musique bretonne a été moquée à partir de l’époque moderne. C’est ainsi que Regnard décrit dans Le Bal (1695) un musicien breton qui joue « une musique enragée » et chante « sur un diable de ton » [Le Menn, 1984 : 130]. Les chanteuses bretonnes paraissent même à Ambroise Paré, « coasser comme grenouilles lorsqu’elles sont en amour » [Trévédy, n.d. : 16-17]. Aujourd’hui, l’humour commercial breton ne se moque pas de la musique bretonne mais ne lui accorde pas, non plus, une place majeure, alors qu’elle constitue le cœur de la renaissance bretonne. Elle ne joue qu’un rôle décoratif, simplement présente par le truchement d’instruments supposés typiques, comme les cornemuses écossaises représentées ci-dessus, et confondues (à tort) avec des binious. Voici qui nous amène aux stéréotypes.

Des stéréotypes C’est au XIXe siècle que les stéréotypes bretons se figent [Bertho, 1980]. Beaucoup sont issus des représentations des siècles antérieurs ; d’autres, cependant, font alors leur apparition. Il s’agit notamment de la maritimité, de la ruralité, du climat et de la gastronomie.

La Bretagne, c’est la mer

Figure 7 : Mam’Goudig

La France découvre les paysages maritimes de Bretagne au XIXe siècle : ses côtes déchiquetées fascinent :

Là, les deux ennemis sont face à face : la terre et la mer, l’homme et la nature […]. La nature est atroce, l’homme est atroce, ils semblent fait pour s’entendre. [Michelet, 1967 : 24].

Les paysages maritimes tourmentés de Bretagne représentent alors un sujet d’inspiration pour les peintres et écrivains romantiques. En revanche, aujourd’hui, si la mer est également très présente dans l’humour commercial, il s’agit d’une mer calme qui ne constitue qu’un décor auquel viennent s’ajouter, sans crainte de saturation, d’autres signes de maritimité : éléments vestimentaires (vareuse, ciré jaune ou casquette de marin), faune et flore maritimes, phares et balises et enfin quelques bateaux. En contraste avec ce milieu maritime, mais selon les mêmes procédés, les humoristes contemporains plantent également un décor rural et paysan.

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Des ploucs

Figure 8 : Bigoud’ Up

Storyboardeur pour le cinéma et la publicité jusqu’en 2006, Thierry Fagot a créé Bigoud’ Up, un personnage de Bigoudène sexy qu’il diffuse sur cartes postales,

calendriers, agendas, mugs ou autocollants dans les supermarchés, librairies, etc.

Le caractère rural de la Bretagne est suggéré dans l’humour commercial contemporain par la représentation fréquente d’animaux de la ferme, et tout particulièrement de porcs. Pourquoi ? Sans doute en partie en raison du contexte de pollution par les nitrates ; cependant, ceci s’inscrit également dans le prolongement d’un humour ancien. Dès le XIVe siècle, en effet, les Bretons étaient comparés à des pourceaux [Saint-André, 2005 : v. 300 et sqq.]. Toutefois, c’est surtout au XIXe et au début du XXe siècle que cette parenté a été soulignée [Le Coadic, 2003 : 117-118]. Selon Victor Hugo, par exemple, les maisons de Fougères étaient d’« affreux bouges où les cochons vivent pêle-mêle avec les Bretons… il faut avouer que les cochons sont bien sales » [Hugo 1909 - II : 52]. Dans l’humour commercial contemporain, cependant, la ruralité n’est pas seulement évoquée par la représentation de porcs ou d’autres animaux de la ferme, mais également par des tracteurs et par divers végétaux, en particulier l’artichaut et le chou-fleur, ce qui nous amène à la gastronomie.

Des mangeurs de galettes

Figure 9 : Oc’h oc’h !

Les éditions normandes Le Goubey ont chargé le dessinateur Sylvain Bichicchi de concevoir des collections de cartes postales spécialisées en clichés régionaux. Oc’h oc’h ! (du nom du cri du cochon en breton) en est la version bretonne

L’humour contemporain joue avec les éléments de gastronomie bretonne les plus connus des vacanciers : le beurre, le kouign-amann, le pâté, l’andouille, le far et, surtout, les crêpes et les galettes de sarrasin. Le goût des Bretons pour ces dernières a été souligné au XIXe siècle par des auteurs qui, tel Flaubert, ne paraissaient pas tentés par l’aventure gustative…

Le paysan breton […] va retrouver sa galette de sarrasin et sa jatte de bouillie de maïs cuite depuis huit jours dont il se nourrit toute l’année, à côté des porcs qui rôdent sous la table et de la vache qui rumine là sur son fumier, dans un coin de la même pièce [Flaubert, 1989 : 197-198].

Hugo pensait d’ailleurs que seuls des palais bretons pouvaient apprécier les galettes :

Il s’assit tranquillement sur le bord du chemin, tira de son sarrau quelques morceaux d’une mince et noire galette de sarrasin, repas national dont les tristes délices ne peuvent être comprises que des Bretons, et se mit à manger avec une indifférence stupide [Hugo, 1979 : 250].

L’avenir lui a donné tort : les galettes sont très prisées des touristes qui, en revanche, n’apprécient pas toujours le climat breton.

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Il pleut toujours en Bretagne

Figure 11 : Philippe Luguy

Guy-Philippe Liéron, alias Philippe Luguy, est un dessinateur de bandes dessinées qui a conçu une série de cartes postales relatives au climat breton diffusées par les

éditions Jos (Chateaulin, 29)

Le climat constitue le thème le plus traité par l’humour commercial contemporain après l’ivrognerie. Sont évoqués, par ordre décroissant : la pluie, le froid, la grisaille, le soleil, la houle, la tempête, le vent et le tonnerre. En résumé, la Bretagne est présentée comme un pays froid et humide. Là encore, il ne s’agit pas d’un thème nouveau : il est développé tout au long du XIXe siècle et donne lieu à de savoureuses corrélations entre climat et comportement. Un préfet en fait la cause du penchant des Bretons pour l’ivresse :

L’homme, engourdi sous un ciel humide, cherche dans [l’]ivresse les sensations du plaisir. [Borie, n.d. : 12].

Pour tel autre auteur, ce climat humide « concourt à composer le physique du Breton de molécules extrêmement dures » [Baudouin de Maisonblanche, 1809 : 353]. Selon Taine, en revanche, il contribue à façonner ces « figures amaigries, pâles, mystiques et idiotes » qu’il a rencontrées en Bretagne [Taine, 1897 : 274]. Tandis que pour Maupassant, en Bretagne, « la superstition flotte encore, comme les brouillards » [Maupassant 1980 : 113]. Ainsi, la majorité des thèmes traités par l’humour commercial contemporain proviennent-ils de représentations anciennes ou de stéréotypes figés au XIXe siècle. Leurs auteurs, d’ailleurs, ne s’en cachent pas :

Ce qui marche le mieux, c’est les stéréotypes standardisés : il faut qu’ils puissent parler aussi bien aux locaux qu’aux gens qui viennent en vacances [Calvarin, 2011].

Cependant, l’humour contemporain n’apporte-t-il pas également quelques nouveautés ?

Un renouvellement limité Les thèmes nouveaux que l’humour commercial contemporain apporte sont au nombre de quatre : l’érotisme, l’environnement, le cannabis et le surf.

L’érotisme

Figure 12 : Bigoud’ Up

Le principal thème nouveau de l’humour contemporain (il apparaît trente-quatre fois) est l’érotisme, entendu au sens large. Globalement, les auteurs cherchent à amuser en associant des attributs de bretonnité (coiffe bigoudène, hermine ou menhir) à des scènes évocatrices, voire, pour certains, à des allusions salaces : c’est donc qu’il existe à leurs yeux une rupture entre bretonnité et érotisme. Celle-ci n’est pas aussi insurmontable que le dégoût que Balzac pouvait exprimer envers une Bretonne :

La Bretonne […] était si grotesquement vêtue d’une peau de bique usée, que sans une robe de toile jaune et sale, marque distinctive de son sexe, Hulot n’aurait su à quel sexe la paysanne appartenait […] [Balzac, 1972 : 391].

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Elle est néanmoins conçue comme suffisante pour susciter le sourire. Sourit-on de même des questions d’environnement ?

L’environnement

Figure 13 : Oc’h oc’h !

La préoccupation environnementale étant apparue en Europe dans les années 1970, il va de soi qu’elle ne pouvait être présente dans les évocations humoristiques des Bretons datant du XIXe siècle ou d’avant. En revanche, on peut s’étonner de la modestie de sa présence dans les représentations commerciales contemporaines, alors qu’elle constitue l’un des soucis majeurs des Bretons [Le Coadic, 2004 : 18-29] : elle n’arrive, en effet, qu’en cinquième position, après la consommation d’alcool, le climat, l’érotisme et le mauvais caractère. En outre, on constate que ce sont les marées noires qui sont le plus souvent représentées. Le nucléaire, malgré les célèbres événements de Plogoff, n’est jamais évoqué. Quant aux algues vertes, un seul motif y fait explicitement allusion. Des algues nocives, qu’il serait imprudent d’absorber…

La consommation de cannabis

Figure 14 : Rasta Breizh

Rasta Breizh est une marque de textiles distribuée notamment sur internet par Celtitudes (Saint-Nolff, 56)

La consommation de cannabis figure parmi les thèmes nouveaux que l’humour commercial breton a introduit dès ses débuts. Cependant, la façon dont ce thème est traité diffère de ce que l’on rencontre par ailleurs, notamment pour l’érotisme : on ne représente pas de Bigoudènes en coiffe en train de fumer du haschich comme on en dépeint parfois dans des postures suggestives. La rupture humoristique se situe, cette fois, dans le contraste entre générations : ce sont toujours des jeunes qu’on voit le joint aux lèvres, mais dans un décor breton, comme ci-dessus. Cette représentation humoristique correspond à une réalité sociologique : la Bretagne est la région où la consommation de cannabis à dix-sept ans est, de loin, la plus élevée de France (avec un écart à la moyenne nationale de plus de 10 %) et l’usage régulier de cannabis est en Bretagne le plus élevé d’Europe6. Fumeurs de cannabis, les jeunes Bretons sont-ils également des adeptes de la « glisse » ?

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Le surf

Figure 15 : Mam’ Goudig

Le surf constitue le dernier élément nouveau que l’humour commercial contemporain a introduit dans la représentation des Bretons, et ceci correspond également à une réalité sociologique : après être restée relativement marginale pendant une vingtaine d’années, cette activité s’est, en effet, beaucoup développée dans la péninsule à partir de la décennie 1990, au cours de laquelle l’humour commercial s’est déployé. Souvent, dans les motifs humoristiques, le surf ne constitue qu’un élément du décor. En revanche, quand la pratique est montrée, c’est généralement en juxtaposant des éléménts incongrus pour rendre la scène cocasse comme dans le motif ci-dessus, où une femme qui porte la coiffe bigoudène pratique le surf sur une planche à repasser.

Conclusion Il ressort de l’analyse que l’humour contemporain recourt généralement à de vieilles ficelles pour représenter la Bretagne et les Bretons : la plupart de ses ressorts sont, en effet, d’origine ancienne, voire très ancienne, puisque plusieurs d’entre eux remontent au Moyen Âge. Tout n’est cependant pas répétition dans cet humour : il comporte une part de nouveauté, qu’il convient de mettre en relation avec son contexte afin de pouvoir en dégager le sens.

Une part de nouveauté L’humour que nous étudions se distingue de celui des siècles passés à trois égards : par ses

émetteurs, ses canaux et, pour partie, sa thématique. La première caractéristique de l’humour étudié est d’être, pour l’essentiel7, un humour d’autodérision émis en Bretagne par des Bretons. Ceci ne signifie pas que l’humour exogène relatif aux Bretons a disparu : il continue à s’exprimer sous la forme de blagues8, de sketches9, ou de plaisanteries parfois diffusées sur les ondes10 et mériterait une étude spécifique. La seconde caractéristique de l’humour que nous étudions est d’être un produit commercial. Il s’agit d’une importante singularité, notamment parce qu’elle se traduit en termes de rentabilité : pour bien se vendre, l’humour commercial doit être compris du plus grand nombre. Contrairement au XIXe et au début du XXe siècle, l’humour étudié ne s’exprime pas par la littérature ou la paralittérature mais, pour l’essentiel, par des illustrations imprimées sur des textiles ou des cartes postales. Précisons que, pour être massif, il n’est pas pour autant exclusif d’autres formes d’humour breton. Les blasons populaires, en premier lieu, constituent un humour endogène ancien qui se maintient quelque peu11 et, surtout, se renouvelle. Désormais, en effet, ils dénigrent exclusivement deux cibles : les Bigoudens et les Léonards, également accusés d’avarice et victimes de plaisanteries proches de celles qui se racontent à propos des Juifs ou des Écossais. (Cf. [Burlot, n.d.] ; [Kerarlin n.d.]). L’humour d’autodérision, en second lieu, s’exprime par d’autres canaux que les produits commerciaux : il peut revêtir les formes de la parodie12, du déguisement13, de la farce 14 ou du sketch15, notamment. Toutefois, pour en rester à l’humour d’autodérision commercial, il comporte une part de nouveauté thématique. L’originalité thématique de l’humour étudié consiste moins dans les quelques thèmes nouveaux qu’il introduit (érotisme, environnement, cannabis et surf) que dans les thèmes anciens qu’il écarte. Remarquons, en premier lieu, que l’humour endogène breton est totalement absent de cette

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production commerciale, qu’il s’agisse des plaisanteries anti-françaises de l’époque moderne [Le Menn, 1984 : 9-10] ou des blasons populaires que nous venons d’évoquer. En second lieu, on constate la disparition de trois dimensions fondamentales de l’humour exogène relatif à la Bretagne : la pauvreté, la saleté et la stupidité. Ces trois éléments constituaient le cœur de l’humour relatif à la Bretagne au XIXe et au début du XXe siècle, les autres éléments y étant corrélés. À présent, il ne reste plus que les éléments annexes. Comment l’expliquer ?

Un contexte L’analyse sociologique de l’humour repose sur sa mise en contexte :

Les peuples qui constituent la cible de plaisanteries relatives à la bêtise vivent généralement à la périphérie arriérée d’une société donnée et sont (ou ont été dans le passé) des immigrants non qualifiés dans les nouveaux centres industriels. [Davies, 1990 : 314 – 315].

Les données contextuelles qui furent à la source des plaisanteries émises à propos des Bretons au cours des siècles passés se sont dissipées : la Bretagne n’est plus pauvre, les Bretons n’émigrent plus et le péril breton a disparu. La Bretagne est aujourd’hui la région la moins touchée de France par la pauvreté [Le Coadic, 2010 : 361] et son taux de chômage est inférieur à la moyenne française [Le Coadic, 2010 :362]. On riait des Bretons émigrés depuis le Moyen Âge et cette source d’inspiration était devenue majeure à partir de la fin du XIXe siècle, quand l’émigration bretonne s’était faite massive. Or, désormais, le solde migratoire de la Bretagne est positif. En outre, le niveau d’études des jeunes Bretons qui migrent vers la région parisienne est à présent nettement supérieur à la moyenne nationale : ils cherchent des postes à responsabilité (et non plus, comme leurs parents ou grands-parents, des emplois non qualifiés). La situation sociale a donc radicalement changé ; de plus, le contexte politique est très différent de celui des siècles passés. Au Moyen Âge, le duché de Bretagne était politiquement rétif et ses dirigeants affirmaient

leur relative indépendance par tous les moyens dont ils disposaient [Kerhervé, 1987]. D’où des représentations défavorables aux Bretons, les dépeignant comme agressifs. Au XIXe siècle, l’image des Bretons était à nouveau porteuse de périls : elle était, en effet, presque systématiquement associée à la chouannerie. À tort, d’ailleurs, car seule une partie de la Bretagne avait pris le parti de la contre-révolution. Toujours est-il que la représentation des Bretons faisait d’une instrumentalisation politique [Bertho 1980 : 51]. Puis, au XXe siècle, une nouvelle menace apparut : des velléités séparatistes s’exprimèrent à plusieurs reprises, s’accompagnant parfois d’un recours à la violence. Le XXIe siècle, en revanche, débute dans le calme : aucun acte de violence politique n’a été constaté en Bretagne depuis l’an 2000. Ce contexte étant posé, quelle signification peut-on déceler à l’humour contemporain ?

Décryptage La disparition des thématiques de la pauvreté, de la saleté et de la stupidité dans l’humour que nous étudions est permise par le contexte contemporain que nous venons de décrire. Elle signifie que cet humour est, si l’on peut dire, « déminé » : ce qui, dans les plaisanteries du début du XXe siècle, pouvait blesser les Bretons a désormais disparu. Dans ces conditions, pourquoi ne pas rire ? D’autant que la tension politique également est tombée. Les personnes qui ont fait l’histoire de Bretagne, en s’érigeant parfois contre le pouvoir français, sont totalement absentes de l’humour commercial contemporain16. Quant au séparatisme, il ne pèse plus sur les débats :

Au milieu des années 1990, à chaque fois qu’on parlait de la Bretagne, on parlait politique, et on parlait d’indépendance. […] Maintenant, c’est beaucoup plus tranquille, on peut parler plus facilement de la culture bretonne. […] Il y a moins de jugements durs. […] Ça a libéré la parole [Créac'h, 2011].

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Figure 17 : Paria Révolution

Dans ces circonstances, pour l’humour contemporain, les grenades bretonnes ne sont plus que des artichauts : les tensions sont, là encore, désamorcées… Les Bretons n’étant plus ni misérables ni menaçants, il est d’autant plus facile de rire de leurs signes extérieurs que ceux-ci relèvent davantage de la symbolique que de la pratique sociale. C’est pourquoi l’humour breton d’autodérision est aujourd’hui sursaturé en symboles et stéréotypes. Il peut donc être interprété, au pire, en termes d’abréaction — surtout dans ses manifestations les plus excessives et non commerciales (les Bretons qui se coiffent de rouleaux de papier hygiénique pour se déguiser en Bigoudènes, par exemple, ou les vidéos triviales sur Internet) — et, dans le cas qui nous occupe, en termes de désamorçage : il pourrait s’agir, face à une tension intra-psychique, d’une « manœuvre tactique de désarmement » [Juni and Katz 2001 : 120]. Le but serait de ne plus dépenser d’énergie à réfléchir à son identité (ne plus « se prendre la tête ») mais d’être dorénavant détendus, « à l’aise Breizh », selon le nom de la marque célèbre.

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1 À l’aise Breizh génère un chiffre d’affaires de 7 millions d’euros [Créac'h, 2011]. 2 Traduit de l’anglais par nos soins. 3 À l’aise Breizh, Bap Collection, Bigoud’ up, Breizh Family, Breizh punishers, Bzh Ti shirt, Celtitudes, Cœurs de Breizh, Kanabeach, Mam’ Goudig, Momo le Homard, Oc’h oc’h !, Paria Révolution, Philippe Luguy, Rasta Breizh, Tatoutex. 4 Voir à ce sujet [Le Coadic, 1998 : 113–118]. 5 Le mot baragouin, attesté en français dès 1391 avec le sens d’« étranger, barbare » (selon le Trésor de la langue française), pourrait provenir des termes bretons bara (« pain ») et gwin (« vin »), fréquemment entendus mais incompris des francophones. 6 François Beck, « Les jeunes Bretons recherchent l’ivresse », interview par Yannick Guérin dans Ouest-France du 7 juillet 2005, page 6. 7 Seule l’entreprise Oc’h oc’h ! est sise hors de Bretagne (dans le Calvados). 8 On trouve, par exemple, quelques blagues sur les Bretons dans [Petiot Cortes, 2006]. 9 Cf. [Berroyer, 2006]. 10 Cf. [Houllier-Guibert, 2011]. 11 Un ouvrage a été consacré récemment aux formes traditionnelles de cet humour, collectées en milieux ruraux populaires [Giraudon, 2006]. 12 Voir, par exemple, la parodie d’article encyclopédique sur les Bretons : [Désencyclopédie, n.d.]. 13 Le déguisement en Bigoudène, en particulier, en se couvrant le chef de papier toilette ou d’ustensiles divers. Voir, par exemple : [La Bigoudène parodiée, n.d.]. 14 On trouve sur YouTube des vidéos d’autodérision bretonnes assez triviales, telle : [Michel, 2008]. 15 Cf. [Marie Guerzaille, n.d.]. 16 Anne de Bretagne mise à part, mais son rôle est ambivalent.

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