Recherche et Applications en Marketing INTRODUCTION

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Recherche et Applications en Marketing, vol. 25, n° 4/2010 L’impact de la pression temporelle sur le traitement des informations Jeanne Lallement Maître de conférences IUT TC La Rochelle Centre de recherche LR MOS – CEREGE L’auteur remercie le laboratoire de recherche CERMAT de l’Université de Tours qui a financé le programme informatique nécessaire à la métho- dologie développée. Elle adresse également ses remerciements à Jean-Louis Chandon et aux quatre lecteurs anonymes pour la richesse, la pré- cision et la qualité de leurs remarques. Elle peut être contactée à l’adresse électronique suivante : [email protected] RÉSUMÉ L’objectif principal de cette recherche est d’étudier les effets de la pression temporelle sur le traitement des informations. Pour rendre compte du processus de décision en situation de temps contraint, une expérimentation a été réalisée par la méthode informatisée des tables d’informations auprès de 521 consommateurs d’ordinateurs portables. Il en ressort que l’intensité de la pression temporelle a une influence non linéaire sur la vitesse de traitement des informations, induit une sélection des attri- buts les plus importants, et ne modifie que légèrement la méthode de recherche d’information adoptée par le consommateur. Le traitement de la pression temporelle en trois niveaux (nulle, modérée, forte) conforte l’idée d’un processus adaptatif non linéaire entre la pression temporelle et les variables dépendantes. Mots clés : Pression temporelle, comportement du consommateur, temps, traitement des informations.

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Recherche et Applications en Marketing, vol. 25, n° 4/2010

L’impact de la pression temporelle sur le traitement des informations

Jeanne Lallement

Maître de conférencesIUT TC La Rochelle

Centre de recherche LR MOS – CEREGE

L’auteur remercie le laboratoire de recherche CERMAT de l’Université de Tours qui a financé le programme informatique nécessaire à la métho-dologie développée. Elle adresse également ses remerciements à Jean-Louis Chandon et aux quatre lecteurs anonymes pour la richesse, la pré-cision et la qualité de leurs remarques. Elle peut être contactée à l’adresse électronique suivante : [email protected]

RÉSUMÉ

L’objectif principal de cette recherche est d’étudier les effets de la pression temporelle sur le traitement des informations.Pour rendre compte du processus de décision en situation de temps contraint, une expérimentation a été réalisée par laméthode informatisée des tables d’informations auprès de 521 consommateurs d’ordinateurs portables. Il en ressort que l’intensitéde la pression temporelle a une influence non linéaire sur la vitesse de traitement des informations, induit une sélection des attri-buts les plus importants, et ne modifie que légèrement la méthode de recherche d’information adoptée par le consommateur. Letraitement de la pression temporelle en trois niveaux (nulle, modérée, forte) conforte l’idée d’un processus adaptatif nonlinéaire entre la pression temporelle et les variables dépendantes.

Mots clés : Pression temporelle, comportement du consommateur, temps, traitement des informations.

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INTRODUCTION

La pression temporelle est une réalité sociale. 24 %des Français sont décrits par Sécodip comme des « chrono victimes »1. Souvent « dépassés par lesévénements, ils culpabilisent de ne réussir à gérerleur temps ». Les « chrono actifs », débordant d’obli-gations familiales, professionnelles ou sociales repré-sentent 15 % des individus sondés. Leurs préoccupa-tions majeures sont de concilier au mieux lesdifférentes activités composant leur « budget temps ». Les années 2000 sont marquées par « l’accé-lération du temps ». L’urbanisation et l’industrialisa-tion sont à l’origine d’une conscience accrue d’unmanque de temps. À la ressource temporelle finie (24 heures par jour) s’ajoutent de nombreuses obliga-tions (manger, dormir, travailler). Dans ce contexte,cette recherche traite des conséquences de ce senti-ment de manque de temps sur le comportement detraitement des informations.

En marketing, de trop rares recherches ont étudiél’influence du temps contraint sur les étapes cogni-tives du traitement de l’information. Les auteursreconnaissent les formidables capacités d’adaptationdes consommateurs à la pression temporelle. Unconsensus théorique se dégage, considérant troiseffets majeurs de la pression temporelle sur le traite-ment des informations. La pression temporelleentraîne : 1) une accélération de la vitesse de traite-ment de chaque information, 2) une sélection des élé-ments d’informations considérés, 3) un changementde la stratégie décisionnelle pour s’adapter à lacontrainte temporelle. En dépit de cette convergence,des questions subsistent sur les modalités d’adapta-tion de ces mécanismes par le consommateur enfonction de l’intensité de cette pression temporelle.La vitesse de traitement est-elle fonction de l’inten-sité de la pression temporelle exercée ? Sur quels cri-tères la sélection se réalise-t-elle ? Quels liens cestrois mécanismes entretiennent-ils entre eux ?Récemment, des recherches ont suggéré de classer lapression temporelle selon trois niveaux (sans pres-

sion temporelle, pression modérée et pression forte),remplaçant alors l’ancienne distinction, avec ou sanspression temporelle (Suri et Monroe, 2003 ; Chien-Huang et Pei-Hsun, 2005). Tel est l’objectif de cetteétude, grâce à une application originale de laméthode des tables d’information, permettantd’éclairer le caractère linéaire ou non de la pressiontemporelle dans les mécanismes d’accélération et desélection.

Au-delà des enjeux théoriques liés à la prise dedécision, l’étude des effets de la pression temporelleouvre trois perspectives importantes sur le planméthodologique, conceptuel et managérial. Toutd’abord, cette recherche propose une méthodologieoriginale, mise en place à partir d’une adaptationinformatisée et en ligne de la méthode des tablesd’information, qui permet d’interroger un échantillonconséquent de consommateurs. En second lieu, lesétudes antérieures n’ont pas approfondi les consé-quences liées à l’intensité de la pression temporelle.Or, l’examen de son intensité permet de renouveler etd’approfondir les connaissances sur les effets de lapression temporelle. Enfin, le troisième apport vise àsouligner l’importance pour les distributeurs deconsidérer précisément la contrainte temporelle desconsommateurs afin de proposer une réponse adap-tée.

La pression temporelle est une question d’actualitéqui soulève des questions théoriques fondamentales.Les recherches sur le sujet restent imprécises. Un desbuts de cet article est de circonscrire le concept depression temporelle et ses conséquences sur le traite-ment des informations. Cet objectif nous permettraalors d’atteindre deux autres buts : 1) dresser uninventaire des recherches et des expérimentationsassistées par ordinateur s’intéressant à la pressiontemporelle 2) proposer une adaptation informatiséedes tables d’information ouvrant de nouvelles pers-pectives théoriques et méthodologiques.

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1. Six profils de consommateurs selon leur rapport au temps,Étude Secodip, mai 2005.

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FONDEMENTS CONCEPTUELS ET HYPOTHÈSES

La pression temporelle : définitions

On retrouve dans la plupart des médias populairesdes thèmes autour de l’accélération de notre mode devie, la civilisation de l’urgence ou encore larecherche de gain de temps à tout prix. Depuis trenteans, le manque de temps disponible est également unthème omniprésent dans la presse managériale etacadémique, avec des développements d’inspirationéconomique centrés sur le temps de travail etd’autres plus sociologiques reliant ce phénomène auxvariables socio-économiques explicatives (la famille, legenre, la profession, l’éducation). Les recherches ensciences humaines centrées sur la pression tempo-relle, essentiellement anglo-saxonnes, témoignent depar la terminologie utilisée de la richesse du conceptmais aussi de son manque de consensus. Les termesemployés s’organisent autour de deux notions : unmanque de temps objectif (déficit de temps, manquede temps, rareté du temps, famine temporelle, tempscontraint2) et le sentiment qui l’accompagne (tempsaccéléré, temps rapide, urgence, accélération dutemps3). Le terme de pression temporelle choisi danscette recherche se justifie par cette double approche.

Concevoir la pression temporelle à partir dutemps quantitatif, mesurable et divisible, permetd’expliciter la notion. Dans l’approche d’origine éco-nomique (Linder, 1970 ; Voss et Blackwell, 1975), letemps est segmenté selon les occupations humaines(travail, activités obligatoires et loisirs). La pressiontemporelle correspond alors à un temps discrétion-naire insuffisant, contraint par une ressource natu-relle finie. Pour les chercheurs, traiter de la pressiontemporelle revient à reconnaître l’incongruence tem-porelle expérimentée par les individus (Hendrix etMartin, 1981 ; Mantel et Kellaris, 2003; Sullivan,2008). Il s’agit d’un problème d’allocation de temps,selon l’expression des sociologues (Feldman etHornik, 1981 ; Cotte et Ratneshwar, 1998 ; Reeves et

Szafran, 1996), qui s’exprime à tous les stages duprocessus de décision (Nickols et Fox, 1983 ; Berry,1979 ; Okada et Hoch, 2004 ; Herrington et Capella,1995), qui peut être objectivement mesuré (Hornik,1984 ; Hendrix, 1984 ; Park, Iyer et Smith, 1989 ;Robinson et Nicosia, 1991 ; Marmorstein, 1992 ;Kellaris et Mantel, 1994) et peut même être contrôlé(Kolodinsky, 1990 ; Nelmapius et alii, 2005).

Parallèlement, les termes utilisés soulignent l’as-pect expérientiel et affectif de la pression temporelle,qui ne saurait se réduire à une simple cognition(Hawes, 1980 ; Bergadaà, 1988 ; Kaufman et Lane,1990). Il s’agit d’une expérience individuelle, appré-ciée subjectivement par chacun. Les travaux sur lestemps d’attente s’inscrivent dans cette thématique de lasubjectivité dans le jugement temporel (Zakay,2005). L’expérience de la durée est hautement dépen-dante du contexte dans lequel il prend place, descaractéristiques du participant et de ses activités(Hornik, 1993 ; Kang, Herr et Page, 2003 ; Leclerc,Schmitt et Dubé, 1995 ; Comm et Palachek, 1984 ;Hui, Tse et Zhou, 2006 ; Durrande-Moreau, 1994).Dans les travaux d’inspiration psychologique, letemps s’étudie sous l’angle de son appréhension parles consciences individuelles (Bergson, 1922). Laconception individuelle du temps, l’orientation tem-porelle4 correspond alors à une force motivationnellequi influence le comportement du consommateur(Urien, 1994; Bergadaà, 1989, 1988 ; Valette-Florence et alii, 2001 ; Usunier et Valette-Florence,2007 ; Urien, 2007) et le choix de sa formule d’achat(Cotte et Ligas, 2003; Bouder-Pailler, 2003 ;Bergadaà et Coraux, 2004 ; Bergadaà, 2005). Dèslors, la pression temporelle est appréciée différem-ment selon l’orientation temporelle et le caractèremono ou polychrone5 des individus (Koiso-Kanttila,2005). En outre, Bergadaà (2007), en proposantquatre types de « temps-cadres » structurant du com-portement humain, identifie deux dimensions tempo-relles particulièrement en lien avec un sentiment depression temporelle chronique : le « temps présent

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2. Time deficit, time poverty, time scarcity, time famine, timesqueeze.3. Speed up time, fast time, urgency, accelerated pace of life.

4. Bergadaà (1989) définit l’orientation temporelle comme la pré-disposition de l’individu à se visualiser dans une des trois zonestemporelles (passé, présent, futur).5. Le style monochrone désigne les individus qui traitent les infor-mations de façon séquentielle. Par opposition, les polychrones sesingularisent par leur capacité à réaliser plusieurs tâches en mêmetemps (Hall, 1959).

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fragmenté », où l’urgence devient le modèle de réfé-rence absolue, et le « temps rythmé » qui conciliel’urgence et le temps choisi.

Deux notions conceptuelles différentes sont pré-cisément regroupées sous le terme de pression tem-porelle. De façon quotidienne, le temps peut exercerune force qui contraint les individus à agir demanière prompte, c’est le « temps présent fragmenté »présenté précédemment (Bergadaà, 2007) que l’onpourrait rapprocher de la pression temporelle chro-nique mesurée dans certains travaux (Aho, 2007 ;Rizkalla, 1989 ; Ackerman et Gross, 2003). Paropposition à l’essence perpétuelle de cette contraintetemporelle (Kim et Kim, 2008 ; Szollos, 2009), lesujet de recherche porte sur la pression temporellesituationnelle qui s’exerce de façon ponctuelle.L’origine de la contrainte temporelle permet de clari-fier la notion (Wright et Weitz, 1977). Darpy (1999)propose une classification des échéances selon unaxe éluctable/inéluctable, soulignant l’intensité de lapression et les possibilités de procrastination duconsommateur. D’autres recherches classent leséchéances en fonction de leur origine, distinguant leséchéances internes, choisies par l’individu, descauses externes et notamment « sociétales » suggé-rées par l’environnement (Miyazaki, 1993 ; Gross,1994 ; Aggarwal et Vaidyanathan, 2003 ; Abendroth etDiehl, 2006 ; Brannon et Brock, 2001 ; Ariely etWertenbroch, 2002). À l’instar de la plupart des tra-vaux en marketing consacrés à l’influence de la pres-sion temporelle sur le processus de décision, le choix aété fait d’utiliser le terme de pression temporelle6. Il nes’agit ni de l’urgence, supposant une action dans laprécipitation (Riveline, 1991 ; Aubert, 2003 ;Usunier, 1995), ni du fait « d’être pressé », où laforme passive suggère une action involontaire, subie etun sentiment négatif, mais bien de l’appréciationindividuelle d’avoir ponctuellement un temps insuffi-sant pour réaliser une tâche. Quelle que soit l’originede l’échéance, celle-ci limite les capacités de l’individuà considérer entièrement les informations pourprendre sa décision de façon optimale (Park, Iyer etSmith, 1989 ; Schellinck, 1983 ; Pieters, Warlop etHartog, 1997 ; Dhar et Nowlis, 1999 ; Suri etMonroe, 2003).

Les conséquences de la pression temporelle sur le traitement des informations

La plupart des recherches sur les effets de la pres-sion temporelle s’inscrivent dans un courant cognitif etanalysent les conséquences de la contrainte tempo-relle sur le processus rationnel de traitement desinformations. Cette recherche propose de préciserselon l’intensité de la pression temporelle les troismécanismes de coping, mis en avant par Miller(1960) : l’accélération du rythme décisionnel, lasélection des informations et la modification de laméthode qui permet d’examiner les informations.

Le premier mécanisme développé par l’individupour faire face à la contrainte temporelle est un chan-gement d’intensité dans la vitesse de traitement del’information. Ce processus est nommé l’accéléra-tion. L’individu tente de répondre à la contrainte tem-porelle en traitant un nombre identique d’informa-tions, mais avec une vitesse supérieure. De nombreuxauteurs ont fait état de ce processus d’accélération dutraitement de l’information (Maule, Hockey etBdzola, 2000 ; Bettman, Luce et Payne, 1998 ;Payne, Bettman et Johnson, 1988). Avec le deuxièmemécanisme, l’individu ne traite plus qu’une partie del’information disponible, ce qui lui simplifie la déci-sion. La revue de littérature identifie deux stratégiesdifférentes. Certains (Edland, 1993 ; Kerstholt, 1994 ;Payne, Bettman et Johnson, 1988) mettent l’accentsur un processus de choix conscient de certains attri-buts par le consommateur. Ils utilisent alors le terme desélection. D’autres font l’hypothèse d’un mécanismemoins conscient, qui donne plus d’importance auxinformations négatives (Wright et Weitz, 1977). Leterme employé est alors celui de filtrage, ou filtra-tion, selon l’intérêt porté au processus ou au résultat.Les consommateurs veulent éviter les mauvaisesoptions et l’approche des résultats du choix rend lesmenaces plus saillantes (Jewel, 2003).

Le troisième mécanisme d’adaptation à la pres-sion temporelle décrit un changement de règle déci-sionnelle. Lorsque la tâche décisionnelle se com-plique et que la modification de l’intensité de la règlede décision ne suffit plus, les individus peuvent chan-ger de méthode d’examen des informations. Deuxchangements de stratégie de décision sont le plussouvent décrits : le passage d’un mode compensa-toire à un mode non compensatoire et la stratégied’évitement. Selon Bettman, Luce et Payne (1998),

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6. Time pressure.

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plus la pression temporelle est forte et plus les indivi-dus adoptent des règles de décision fondées surl’examen comparatif des attributs (« les stratégiesintra-attributs ») au détriment de règles décision-nelles comparant deux à deux des alternatives com-plètes (« les stratégies intra-alternatives »). En effet,lorsque le temps est insuffisant pour un examenexhaustif des informations (où tous les attributs sontévalués), alors les individus passent d’une stratégiefondée sur la profondeur (détaillant les offres) à unestratégie plus simple reposant sur la largeur (les attri-buts). Jacoby et alii (1994) précisent que les straté-gies intra-attributs diminuent la sensation d’incerti-tude des consommateurs de façon significative.D’autre part, il existe de nombreuses situationsréelles où le consommateur peut différer son choix.La décision de non-choix et le report du choix,l’ajournement, font l’objet d’un courant de recherchecroissant (Chien-Huang et Pei-Hsun, 2005 ; Arts,2000 ; Dhar et Nowlis, 1999 ; Darpy, 1999 ; Dhar,1997 ; Greenleaf et Lehmann, 1995). En synthèse deces travaux, il apparaît que la difficulté issue d’unepression temporelle grandissante peut favoriserl’ajournement et que cet effet est contingent de l’at-tractivité de la décision et du type de décision (Dhar etNowlis, 1999). Le Tableau 1 propose une synthèsedes recherches consacrées à ces trois effets de lapression temporelle sur le processus de décision. Lesrépercussions de la pression temporelle sur l’accéléra-tion et la sélection sont vérifiées dans la majeure partiedes recherches. En revanche, l’action de la pressionsur le changement de stratégie décisionnel est pluscontroversée.

Impact de l’intensité de la pression temporelle sur le traitement des informations

Au-delà de ce consensus apparent, des interroga-tions subsistent dans la littérature sur le rôle que jouel’intensité de la pression temporelle sur les modalitésd’applications de ces trois mécanismes (Weenig etMaarleveld, 2002 ; Maule, Hockey et Bdzola, 2000).Ainsi, si le principe d’accélération est vérifié dansune vingtaine de recherches répertoriées, deux tra-vaux le contredisent. Les résultats de Weenig etMaarleveld (2002) témoignent d’un contexte particu-lier, où la pression temporelle suscite un examen pluslong de chaque information donnée. Concrètement,

leurs sujets, soumis à un stress temporel, passent 7 secondes en moyenne sur chaque caractéristique del’offre, là où les consommateurs sans contrainte detemps ne restent que 5 secondes. Selon les auteurs,leurs résultats sont en lien avec la complexité de latâche, et l’accélération n’est possible que dans uncontexte particulier de faible activité cognitive, avecdes tâches simples. Dans cette même lignée, Topi,Valacich et Hoffer (2005) montrent que dans unesituation de tâche complexe, le processus d’accéléra-tion ne se vérifie plus. Avec un examen approfondides études antérieures, on se rend compte que l’im-pact de la pression temporelle n’a été testé que pour unseul degré d’intensité de pression, et uniquementdans un contexte de tâche simple, variant sur unnombre restreint d’attributs. En s’attachant à détaillerles conséquences de l’intensité de la pression tempo-relle sur l’accélération, cette recherche postule l’exis-tence d’effets non linéaires. Lorsque la pression tem-porelle est modérée, le consommateur peutaugmenter sa vitesse de traitement de chaque infor-mation pour répondre à sa contrainte temporelle,c’est l’accélération. Par contre, en situation de fortecontrainte temporelle, là où la complexité est accrue, laforte activité cognitive déployée empêche l’accéléra-tion. Le consommateur réduit alors sa vitessemoyenne de traitement de chaque attribut.

H1 : Les consommateurs passent plus de tempssur chaque élément d’information lorsque lapression temporelle est modérée que lorsquecelle-ci est nulle ou forte.7

Pour prendre sa décision, le consommateur dis-pose de nombreuses informations, correspondant auxdifférentes offres. Chacune de ces options se caracté-rise par un ensemble d’attributs, tels que la marque, leprix, les caractéristiques techniques. La deuxièmehypothèse propose de vérifier le principe selon lequelles individus sous pression temporelle utilisent glo-balement moins d’informations pour prendre leurdécision, et que cette sélection s’opère de façon gra-duelle sur le nombre global d’informations dispo-nibles (H2a), mais aussi sur le nombre d’attributs(H2b) et le nombre d’offres (H2c) considérés.

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7. L’hypothèse H1 et les suivantes nécessitent de suivre les recom-mandations méthodologiques de Suri et Monroe (2003) qui sug-gèrent une manipulation de différents niveaux d’intensité de lapression temporelle. Cette particularité méthodologique seraéclairée ultérieurement.

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H2 : Plus la pression temporelle est forte, plus a)le nombre global d’informations examinéesdiminue ; b) le nombre d’attributs examinéspar le consommateur diminue ; c) le nombred’offres examinées par le consommateurdiminue.

L’hypothèse H3 propose de préciser la manièredont s’opère la sélection. Deux écoles s’opposent.Edland et Svenson (1993), à la suite d’une synthèsedes études empiriques réalisées, concluent qu’ilexiste une relation linéaire entre l’importance desattributs et le niveau d’attention. Ainsi, les attributsles moins importants aux yeux du consommateur « disparaissent » en premier dans l’examen des infor-mations. En revanche, les caractéristiques les plusimportantes de l’offre paraissent plus robustes face à lapression. Même si la pression temporelle est forte,ces déterminants de l’offre restent prioritairementétudiés par le consommateur. Pour Weenig etMaarleveld (2002), par contre, la sélectivité s’opèresurtout aux dépens des attributs modérés. Face à ladifficulté de certaines tâches, l’individu peut négligerles attributs de faible importance. Cependant, la pres-sion temporelle entraîne une concentration desefforts sur les informations vitales. Dès lors, l’aug-mentation de l’intensité de la pression temporelledécrit une relation curviligne, où l’effet de la sélectivités’exerce de façon plus forte sur les attributs d’impor-tance moyenne que sur ceux de forte ou de faibleimportance. Dans leurs travaux (Weenig etMaarleveld, 2002), les attributs modérés sont plussévèrement « touchés » par la pression temporelle.Pourtant les auteurs justifient assez peu théorique-ment ces résultats. Dès lors l’hypothèse H3, enaccord avec les premiers travaux mentionnés (Edlandet Svenson, 1993), suppose que la sélection s’opèrede façon logique, en accordant plus d’importance auxattributs vitaux.

H3 : Plus la pression temporelle est forte, plus leprocessus de sélection s’exerce sur les attri-buts considérés d’importance faible comparésaux attributs de moyenne et de forte impor-tance.

Les règles de décisions non compensatoires sontparticulièrement adaptées au contexte de pressiontemporelle. Pour mesurer le passage à une stratégieen largeur plutôt qu’en profondeur, Payne (1976)propose de comparer, dans la succession des infor-

mations consultées par le consommateur, le nombrede transitions entre deux attributs de la même offreavec le nombre total de transitions entre deux mêmesattributs pour des offres différentes. Le score, appelé « score de Payne »8, indique s’il est négatif une pré-dominance de recherche intra-attributs ou, s’il estpositif, un plus grand nombre de règles décision-nelles reposant sur une comparaison approfondie desoffres. L’hypothèse H4 suppose que la pression tem-porelle suscite une baisse des stratégies comparantdes options entre elles et, inversement, une augmenta-tion des règles décisionnelles non compensatoires detype intra-attributs.

H4 : Plus la pression temporelle est forte, plus laproportion de stratégies fondées sur descomparaisons d’attributs augmente, plus laproportion de stratégies fondées sur descomparaisons des offres complètes baisse.

Selon les auteurs, les trois mécanismes ci-dessus –l’accélération, la sélection et le changement de règledécisionnelle – sont décrits comme additifs, compen-satoires ou complémentaires. Ben-Zur et Breznitz(1981) supposent une accumulation des différentesréactions à la pression temporelle. Bettman, Luce etPayne (1998) fondent leur théorie sur un systèmehiérarchique, lié à l’intensité de la pression tempo-relle, mais ne le testent pas. Maule, Hockey etBdzola (2000) supposent un mécanisme de compen-sation entre les processus d’accélération et de sélec-tion, en fonction du style cognitif des individus. Iln’y a pas de consensus sur le sujet. Dès lors, l’hypo-thèse H5, à l’instar des travaux les plus récents deMaule, Hockey et Bdzola (2000), suppose que l’ac-célération et la sélection sont deux mécanismes sub-stituables. Le consommateur peut adapter sa stratégiedécisionnelle par des effets d’accélération ou desélection, et les deux mécanismes se compensent.

H5 : Dans un contexte de pression temporelle,une forte accélération est associée à uneplus faible sélection, et inversement, unefaible accélération correspond à une fortesélection.

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8. Son mode de calcul est explicité page 11.

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Des travaux récents (Chien-Huang et Pei-Hsun,2005) supposent l’existence d’une stratégie décision-nelle « confuse » lorsque la pression temporelle estforte. Il n’existe pas, à ce jour, de travaux vérifiantl’effet d’une forte pression temporelle sur ces change-ments de règles décisionnelles. Seul le passage d’unmode décisionnel en profondeur à un mode en lar-geur, centré sur les attributs, a été mesuré dans desrecherches antérieures. Or, le sujet peut égalementdévelopper une stratégie moins rationnelle, plus « aléatoire ». La stratégie décisionnelle « aléatoire »est définie dans cet article par une recherche d’infor-mation qui n’est pas fondée sur un ordre logique. Paropposition avec les stratégies intra-attributs ou intra-alternatives qui utilisent des informations directe-ment comparables deux à deux, la stratégie décision-nelle confuse est décrite par une consultationd’informations dans un ordre aléatoire (deux infor-mations sans lien direct entre elles). L’hypothèse H6propose de vérifier l’effet de l’intensité de la pressiontemporelle sur le choix de ce mode décisionnel.

H6 : Plus la pression temporelle est forte, plus lenombre de stratégies décisionnelles aléa-toires, fondées sur la consultation d’infor-mations deux à deux sans lien entre elles,augmente.

MÉTHODOLOGIE

Les études traitant des effets de la pression tempo-relle ont majoritairement adopté des approches expé-rimentales et notamment la méthode des tables d’in-formation. Celle-ci, connue sous le nom d’IDB(Information Display Board) aux États-Unis, a étédéveloppée par Jacoby en 1978 puis popularisée enFrance par Dubois (1984). Elle permet de com-prendre la façon dont le consommateur utilise ettraite l’information pour aboutir à un choix final.Bien que la méthode des tables d’information soitreprise dans de nombreux ouvrages faisant réfé-rence9, il n’existe que peu d’applications.

Intérêts de la méthode informatisée des tables d’information

L’intérêt de l’utilisation de l’IDB pour cetterecherche est double. En premier lieu, elle répondaux objectifs assignés à cette recherche, puisqu’ils’agit d’une des rares méthodes permettant d’appré-hender la nature dynamique du processus décision-nel, avec, de surcroît, une manipulation précise de lavariable temps et une procédure strictement identiquepour tous les sujets. En second lieu, compte tenu despossibilités offertes par les nouvelles technologies, laversion informatique de la procédure offre des nou-velles possibilités facilitant sa mise en œuvre et letraitement des données. Très récemment, les travaux dePetr et Hess-Miglioretti (2010) ont montré la robus-tesse de la méthode auto-administrée sur Internet. Laméthode des tables d’information obéit à une procé-dure simple. On présente au consommateur un cer-tain nombre d’informations et on analyse la façondont celui-ci les utilise. Concrètement, le sujet estsoumis à un tableau à double entrée : en ligne figurentles différentes offres ; en colonne, celles-ci sontdécrites par des attributs. Le tableau 2 présente lesmodalités d’application choisies dans les trop raresrecherches utilisant la méthode.

Variables dépendantes

De façon opérationnelle, les variables cognitivescollectées dans ces différentes recherches sont assezsimilaires (Dhar et Nowlis, 1999 ; Dhar, Nowlis etSherman, 2000 ; Chu et Spires, 2001 ; Weenig etMaarleveld, 2002 ; Petr et Hess-Miglioretti, 2010).Quatre types de données sont nécessaires pourdécrire le processus cognitif suivi par le consomma-teur : la quantité d’informations (le nombre d’infor-mations utilisées), exprimée en valeur absolue et enpourcentage du nombre total ; la nature de l’informa-tion (le prix, les caractéristiques techniques, esthé-tiques...), avec des moyennes calculées sur chaqueattribut et le mode d’acquisition des informations,distinguant les stratégies intra-alternatives et intra-attributs et la séquence de traitement. En plus de cesvariables génériques (présentées au Tableau 3) ontété calculés deux scores permettant de décrire lechangement de règle décisionnel : le score de Payne

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9. Evrard Y., Pras B. et Roux E. (1993), Market : Études etrecherches en marketing, Paris, Nathan, pp. 137-140 ; Des Garets V.(1999), Études et recherches commerciales, Paris, Economica.

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(1976) et le score de Transi, spécialement créé pourcette recherche.

Le score de Payne (1976) calcule le degré relatifd’acquisition des informations par attributs par rap-port aux stratégies d’acquisition fondées sur les alter-natives. Seules les transitions sur un axe orthogonalsont prises en compte. Son mode de calcul est le sui-vant. Pour chaque participant, le nombre total detransitions intra-attributs est soustrait du nombre totalde transitions intra-alternatives, et le tout est divisépar la somme des deux modes de transitions. Savaleur varie entre –1 et +1. Ce score est insuffisantpour valider l’hypothèse H5 qui suppose un lienentre l’intensité de la pression temporelle et le déve-loppement de stratégies décisionnelles confuses. Eneffet, celui-ci ne prend en considération que les transi-tions effectuées sur les deux axes ; or, le consomma-teur peut également consulter successivement desinformations sans lien direct entre elles. En prenantexemple sur la formule de Payne, le score de Transi(de transitions « aléatoires ») a été créé.Contrairement au premier, celui-ci intègre les transi-tions « en diagonale ». Une valeur négative traduitune plus forte proportion de transitions en diagonale, etdonc plus de stratégies aléatoires que de stratégiesfondées sur des comparaisons directes (d’attributs oud’alternatives). Comme pour le score de Payne, lavaleur du score est comprise entre –1 et + 1. Le modede calcul des deux scores est repris dans le tableau 3.

Concernant la mesure de la pression temporelle,il apparaît qu’elle est souvent mesurée par un outilsimple, composé d’un seul item sur lequel aucunconsensus ne se dégage. Compte tenu du rôle centralde cette variable dans le cadre conceptuel développé,cette recherche préconise l’utilisation de trois itemscomplémentaires. L’objectif de l’outil de mesure dela pression temporelle est double : il doit apprécierl’intensité du sentiment et envisager les trois fonc-tions assignées au concept, considéré comme unantécédent, une manifestation ou une conséquence.À la suite de Weenig et Maarleveld (2002) quirecommandent deux items, le Tableau 5 présente lestrois items utilisés, leur mode de mesure ainsi quel’apport visé par chacun des items.

Plan expérimental

Le plan expérimental de cette recherche reposesur une affectation au hasard du sujet à un des troisgroupes : le groupe de contrôle « sans pression tem-porelle » ; le groupe expérimental « pression tempo-relle modérée » et le groupe expérimental « pressiontemporelle forte ». Trois scénarios semblables, quidiffèrent seulement dans leurs perspectives tempo-relles, ont été construits. La situation d’achat estidentique et, à l’instar de toutes les recherches expéri-mentales sur le sujet, la pression temporelle est princi-palement induite par la présence d’un temps restreintpour le traitement des informations. L’échéanceimposée est double, à la fois externe et situationnelle(« vous partez dans deux jours »), mais égalementinterne et choisie par le sujet (« vous devez vous déci-der aujourd’hui »). Le calcul du temps disponible detraitement des informations laissé aux sujets est unpoint délicat. Dhar et ses collègues (Dhar et Nowlis,1999 ; Dhar, Nowlis et Sherman, 2000) fixent cetemps arbitrairement en fonction du nombre de pro-duits étudiés : 15 secondes par catégorie de produit àexaminer. D’autres préfèrent prendre pour base decalcul d’un temps moyen, auprès d’un échantillon decontrôle, qu’ils réduisent de 25 %, 50 % ou 75 % (Chu et Spires, 2001 ; Weenig et Maarleveld,2002). C’est cette dernière méthode qui a été appli-quée, à la suite d’un pré-test caractérisé par un tempsmoyen de 135 secondes (écart type : 85 secondes,minimum 13 secondes, maximum 329 secondes).Les trois conditions expérimentales sont présentéesdans le Tableau 5.

Opérationnalisation de la méthode

L’opérationnalisation de la méthode a supposé laconstruction d’un programme informatique spéci-fique. Il existe bien, aux États-Unis, des logicielsprêts à l’emploi nommés « Deal Search » (Schurr etBrucks, 1991), mais ceux-ci requièrent des connais-sances avancées dans la programmation informatiqueet sont peu adaptables aux objectifs précis assignés àcette recherche10. Le choix s’est alors porté sur la

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10. On peut noter qu’il existe, depuis peu, une application Webgratuite proposant des possibilités de réaliser des tables d’informa-tion en ligne (Petr et Hess-Miglioretti, 2010).

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création d’un programme informatique spécifiqueassistée par une micro-entreprise spécialisée dans lessites Internet.11

La mise en œuvre de la méthode a nécessité plu-sieurs étapes. Le choix de l’ordinateur portable pourcette recherche se justifie par plusieurs raisons. Enpremier, un focus group a montré que l’ordinateurportable peut correspondre à un achat en situation depression temporelle. En second, l’achat d’un ordina-teur portable a l’avantage d’être réalisé par des

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Tableau 4. – Mesure de la pression temporelle

Tableau 5. – Présentation du plan expérimental

11. L’auteur tient à remercier le laboratoire de recherche CER-MAT de l’Université de Tours qui a financé le programme informa-tique nécessaire à cette procédure.

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hommes et femmes de tout âge et catégories socio-professionnelles. Troisième raison : la diversité et lavitesse de renouvellement des offres sont telles queles consommateurs doivent obligatoirement se ren-seigner avant d’acheter. Enfin, les consommateurssont habitués à une présentation de l’offre sous formenumérique avec un format proche de celui utilisédans la méthode développée12.

Trois pré-tests successifs, réalisés en laboratoires,ont été nécessaires pour tester le programme, valider laprocédure et la compréhension des intitulés des attri-buts, préciser les temps nécessaires et épurer leséchelles. Un quatrième pré-test a permis de faire untest en blanc de la procédure et de son envoi parInternet. À la suite de ceux-ci, les choix suivants ontété opérés. Le programme informatique a permisd’affecter à chaque participant un des trois scénariosau hasard. Les places des attributs dans la matrice ontété choisies de façon aléatoire et celles-ci sont restéesidentiques pour tous les participants. L’adresseInternet hébergeant le site a été envoyée à une cen-taine de sujets qui, à leur tour, l’ont transférée versd’autres individus. En trois semaines, 580 réponsesont été collectées. Une relecture des données a abouti àl’élimination de certains questionnaires fantaisistesou incomplets. Finalement, l’échantillon final com-porte 521 répondants, avec des caractéristiquessocio-économiques proches des acheteurs d’ordina-teur (45,8 % de femmes ; 44 % de cadres, 35 %d’employés et 35 % d’étudiants). Cette base a permisde réaliser les tests des hypothèses par le biais d’ana-lyses de la variance et de régressions simples et mul-tiples.

RÉSULTATS

Validation de la procédure expérimentale

Pour percevoir si les trois situations sont appré-hendées comme plus ou moins « pressantes », cinqanalyses de la variance ont été réalisées. L’objectif deces analyses est de vérifier qu’il existe un lien decausalité entre une variable explicative (le tempscontraint, variable nominale en trois niveaux) et lescinq variables dépendantes témoins de la réussite de lamanipulation, composées des trois variables dépen-dantes (PT01, PT02 et PT03) qui mesurent en septpoints l’intensité de la pression temporelle, du scorefactoriel (FACTPTS) obtenu par le regroupement deces trois items et présenté comme un outil de mesuresimple, unidimensionnel et fiable de la pression tem-porelle, et de la variable dépendante métrique(Tpstot) qui rapporte le temps total passé à l’examende la matrice. Les analyses de variance confirmentque les deux scénarios avec pression (modérée etforte) induisent un sentiment de pression temporelleplus fort que le scénario sans contrainte de temps.Les valeurs du test F sont significatives (Tableau 6).Comme attendu, les consommateurs dans les deuxsituations de pression temporelle expriment un plusfort sentiment de pression temporelle que ceux quisont sans contrainte. En moyenne, les consomma-teurs sans pression temporelle utilisent trois fois plusde temps (168 secondes en moyenne) que ceux quisont dans une situation de temps fortement contraint(54 secondes). En outre, la situation « pression tempo-relle forte » engendre un sentiment de plus forteintensité que celle avec une « pression temporellemodérée ».

Validation de l’accélération avec un effet de seuil

L’intensité de la pression temporelle a des effetscomplexes sur le temps moyen passé sur chaqueinformation. Un premier examen des statistiques des-criptives semble valider le principe d’accélérationdécrit dans les recherches antérieures (Tableau 7).Ainsi, la mise en commun des deux plans expérimen-taux, permettant de créer un variable binaire – avec

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12. En 2008, 78 % des consommateurs interrogés ont consultéInternet avant d’effectuer un achat, avec une préférence pour lesguides d’achat des distributeurs, des sites spécialisés, et des avisd’internautes (Étude de la Fédération du e-commerce et de lavente à distance).

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ou sans pression temporelle – indique que le tempsmoyen passé sur chaque information est réduit ensituation de temps contraint (de 6,8 à 5,3 secondes).Pourtant, il apparaît que le temps moyen passé surchaque élément d’information est plus long pour unepression temporelle forte (5,9 secondes) que pourune pression temporelle modérée (4,7 secondes) !

Une comparaison des moyennes a priori permetde préciser l’effet de l’intensité de la pression tempo-relle sur l’accélération. En appliquant des coeffi-cients de contrastes permettant de comparer deux àdeux chaque situation (Tableau 8), on constate que leprincipe d’accélération est vérifié globalement, dans lecas où la comparaison s’effectue entre un scénario

« avec » et « sans pression temporelle » et que la dif-férence entre la pression modérée et la pression forteest également significative. Lorsque la pression tem-porelle s’intensifie, le temps moyen croît. Enrevanche, il n’y a pas de différence significative dutemps moyen passé sur chaque information entre uneexpérience menée avec un temps non contraint et untemps fortement contraint. H1 est vérifiée. Si cesrésultats confirment, en cohérence avec les tra-vaux passés, le principe d’accélération, ils démon-trent également, de façon inédite, que l’accéléra-tion n’est pas un processus linéaire. La pressiontemporelle décrit sur l’accélération une courbe avecun effet de seuil lié à son intensité.

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Tableau 6. – Analyse de la variance testant l’effet de la manipulation expérimentale sur le sentiment de pression temporelle

Tableau 7. – Moyennes et écarts types du temps moyen passé sur chaque information en fonction du scénario proposé

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Validation d’un processus sélectif linéaire

L’hypothèse H2 propose de vérifier l’effet de l’in-tensité de la pression temporelle sur le nombre d’in-formations consultées (H2a), le nombre d’attributspris en compte (H2b) et le nombre d’alternativesconsultées (H2c). Les statistiques descriptives indi-quent que le nombre d’éléments pris en comptebaisse de façon significative et que le principe desélection est un mécanisme qui touche plus sévère-ment les attributs que les marques (Tableau 9).Globalement les sujets, dans un contexte de pressiontemporelle forte, consultent 40 % d’informations enmoins par comparaison avec ceux qui subissent unefaible pression, et l’écart est de 60 % avec ceux quisont sans contrainte temporelle. L’analyse de lavariance, complétée du test des contrastes a priori,

révèle une différence des moyennes significativeentre les trois scénarios. H2a est validée, plus letemps du consommateur pour faire son choix estcontraint, et plus sa sélection est globalementimportante. De la même façon, les analyses devariances testant l’effet de la pression temporelle sur labaisse du nombre de marques examinées (5,6 sansPT, 5,5 avec PT modérée, 5,1 avec PT forte) et d’attri-buts (4,9 sans PT, 4,2 avec PT modérée, 3,5 avec PTforte) sont significatives. En condition de forte pres-sion, l’ensemble de considération des consomma-teurs est réduit d’une marque et de trois des six attri-buts. Les tests a priori effectués par la méthode descontrastes indiquent que le sujet sélectionne de façongraduelle selon l’intensité de la pression temporelleles marques et les attributs qu’il prend en considéra-tion. Les hypothèses H2b et H2c sont validées.

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Tableau 8. – Test des contrastes sur le temps moyen passé sur chaque information

Tableau 9. – Analyse de la variance testant l’effet de la pression temporelle sur la sélection

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En suivant le protocole proposé par Weenig etMaarleveld (2002), l’hypothèse H3 est testée à l’aidedu ratio de sélectivité, obtenu en rapportant lenombre de fréquentations de la colonne en situation depression temporelle au nombre de fréquentationssans contrainte temporelle. Une comparaison desmoyennes a été ensuite effectuée entre les deuxéchantillons indépendants (avec et sans pression) àl’aide d’un test t de Student. Le Tableau 10 montreque la consultation des informations baisse significati-vement pour tous les attributs proposés, les deuxattributs les moins affectés par la pression temporellesont les attributs considérés comme les plus impor-tants : la marque et le prix (leur baisse de consultationrespective n’est que de 30 % et 40 %) ; la plus fortediminution de fréquentation de la colonne concerneles attributs considérés comme les moins importants :les modèles, leurs photos et les coloris disponibles(la baisse est de 60 %). L’hypothèse H3 est validée.La sélection est un processus linéaire par rapport àl’importance relative accordée aux informations.

Principe de changement de la règle décisionnelle

Contrairement à ce qui était supposé, le score dePayne reste au même niveau (proche de –0,4) etnégatif, quelle que soit l’intensité de la pression tem-porelle. Ceci signifie que la stratégie choisie par les

individus est majoritairement intra-attributs, indépen-damment de l’intensité de la pression. Les sujets exa-minent beaucoup plus les informations deux à deuxsur la base des mêmes caractéristiques que sur desalternatives complètes. Les résultats de l’analyse dela variance confirment cet effet non significatif(Tableau 11). L’hypothèse H4 n’est pas validée.Quelle que soit l’intensité de la pression, leconsommateur préfère une stratégie décisionnellede type intra-attributs à une stratégie décision-nelle intra-alternative.

L’hypothèse H5 a pour objectif de tester la com-pensation entre les mécanismes d’accélération et lasélection. Compte tenu de la nature de ces deuxvariables, il a d’abord été procédé à une analyse descorrélations. La matrice fournit une première indica-tion de la relation entre l’accélération et la sélection,puisque la corrélation est significative, de signe négatifavec r = –0,452 (p < 0,01). Cette corrélation étantinférieure au seuil généralement admis de 0,70, il aété procédé à une analyse de régression entre letemps moyen passé sur chaque pièce d’informationet le nombre de cellules consultées. Les indicateurs(Tableau 12) confirment l’existence d’un processuscomplémentaire. Le coefficient de régression linéairesignificatif est négatif, ce qui traduit que plus letemps moyen par élément d’information est long,plus la sélection est importante. En d’autres termes,l’accélération et la sélection sont en sens opposé, ce

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Tableau 10. – Ratios de sélectivité sur les différents attributs

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sont des mécanismes qui se compensent.L’hypothèse H5 est validée. En situation de tempscontraint, l’accélération et la sélection sont desméthodes exclusives plutôt qu’additives. Cetterégression explique 53 % de la variance. Enrevanche, sans contrainte temporelle, il n’y a pas derelation entre le nombre d’informations consultées et ladurée passée sur chacune d’entre elles.

L’hypothèse H6 suppose que plus la pressiontemporelle est forte, plus la stratégie du consommateurest confuse. Sur ce score de Transi, pour lequel iln’existe pas de comparaisons dans les travaux anté-rieurs, les moyennes sont positives et proches de 0,5,ce qui indique que les transitions orthogonales sonttrois fois plus importantes que les transitions diago-nales. Autrement dit, les consommateurs procèdent

généralement de façon « logique et rationnelle », encomparant deux à deux des informations proches.Cependant, la diminution de la moyenne est significa-tive, comme le confirment les résultats de l’analysede la variance (Tableau 13). Le score est de 0,66 sanscontrainte de temps contre 0,44 en situation de fortepression temporelle. Plus le temps est contraint,moins le processus adopté par le consommateur estorthogonal : l’hypothèse H6 est validée. Si la pres-sion temporelle suscite un mode d’examen moinslogique que dans un contexte sans tempscontraint, ces résultats réfutent le principe destratégie d’examen confuse. Celle-ci reste rigou-reuse, même en situation de forte pression tempo-relle.

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Tableau 11. – Analyse de la variance testant l’effet de la pression temporelle sur le score de Payne

Tableau 12. – Régression simple entre l’accélération et la sélection

Tableau 13. – Analyse de la variance testant l’effet de la pression temporelle sur le score de Transi

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APPORTS, IMPLICATIONS MANAGÉRIALES,LIMITES

Apports

Les premiers résultats de cette recherche véri-fient, sur un échantillon et dans un contexte franco-phone, des résultats issus de travaux antérieurs.Ainsi, il apparaît que le consommateur sélectionneles informations qu’il souhaite traiter. On retrouveces résultats dans les travaux de Beach (1993) qui amontré que, face à des choix complexes, les consom-mateurs s’adaptent en se « cachant » les informationsqui ne respectent pas un seuil minimal d’acceptation.Les auteurs (Benson et Beach, 1996) décrivent unethéorie, appelée « théorie des images », considérantla façon dont les sujets font un premier examenvisuel des contenus. Selon celle-ci, les consomma-teurs testent la compatibilité d’une option avec leursattentes par un système de « passage au crible ».Cette expression désigne un processus mental,adopté par les sujets, où les décisions, normalementnon dichotomiques, sont réduites à un processus derejet/acceptation, nécessitant moins d’efforts. Letableau d’information est « passé au crible », et lechoix est « dichotomisé », simplifié. Ce processusde sélection est logique par rapport aux prioritésdu sujet. En situation de contrainte temporelle, leconsommateur passe de 6 marques considérées à 5,et ne garde que 3 ou 4 attributs essentiels en ignorantceux qui sont inférieurs au seuil d’acceptation. Lescaractéristiques mineures de l’offre sont les pre-mières ignorées. En outre, le consommateurs’adapte à la pression par l’accélération OU lasélection ; les deux mécanismes sont substituables.Deux explications peuvent être proposées. La pre-mière repose sur le style cognitif des individus.Ceux-ci manifestent une préférence stable pour unmode ou l’autre, en fonction de leurs caractéristiquesindividuelles. La seconde réside dans l’intensité de lapression temporelle. Lorsque l’accélération devientun processus d’adaptation insuffisant face à unecontrainte temporelle plus forte, la sélection est uneréponse plus adaptée.

Parallèlement, des nouveaux apports sont à souli-gner. Ainsi, si le principe d’accélération s’observe defaçon générale en situation de pression temporelle

par rapport à une situation sans pression, un examenplus minutieux révèle l’existence d’un seuil, au-delà duquel s’observe un phénomène de décéléra-tion. Le processus d’examen des informations estplus long lorsque la pression temporelle est forte quelorsque celle-ci est modérée. On peut supposer, dansune optique de rationalisation du temps disponible,que le sujet accorde une plus grande attention àchaque élément d’information. La décélérationserait-elle un mode cognitif d’adaptation plus qualita-tif en situation de choix complexe ? En outre, l’exa-men des informations observées dans cetterecherche est toujours de type intra-attributs, et lereste, quelles que soient les modifications de la mani-pulation. La pression temporelle n’entraîne pas dechangement de la règle décisionnelle. Cette stabilité duprocessus peut être expliquée par la nature de latâche. Lorsque celle-ci est complexe, l’examen com-paratif des attributs est plus adapté. Finalement, laméthode de recherche d’information est logique, etne se dégrade que légèrement lorsque la pressions’intensifie. Contrairement à ce qu’avançaient les tra-vaux de Chien-Huang et Pei-Hsun (2005), leconsommateur n’adopte pas une « stratégie décision-nelle confuse ». La décélération, la sélection stricte etlinéaire des attributs selon l’intensité de la pression, larègle décisionnelle adoptée sont autant de preuvesd’une stratégie décisionnelle rigoureuse et raisonnée.Les deux tableaux suivants synthétisent les confirma-tions et les apports de cette recherche sur les méca-nismes d’accélération et de sélection (Tableau 14)ainsi que sur les changements de stratégie décision-nelle (Tableau 15).

Sur un plan méthodologique, ces résultats rappel-lent la nécessité de manipuler précisément la variabletemporelle. Seul un plan d’expérience précis, com-portant différents degrés d’intensité de pression, peutpermettre d’observer des résultats contrastés (Suri etMonroe, 2003). L’utilisation de deux intensités decontrainte temporelle souligne l’existence de rela-tions curvilignes. Là où les travaux précédents pro-posaient de différencier les comportements « avec » et« sans pression temporelle », les résultats de cetterecherche ajoutent des relations liées à l’intensité de lapression temporelle. L’état de l’art a montré lemanque de consensus de nombreux points théoriquesprécis. Il semblerait logique de croire que ces résultatscontradictoires passés s’expliquent en partie par lamanipulation expérimentale d’un seul degré de pres-

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sion temporelle et la non-maîtrise de l’intensité decelle-ci.

Implications managériales

Les occasions suscitant une expérience de pres-sion temporelle situationnelle sont nombreuses. Demultiples échéances sociétales, les pannes des appa-reils électroménagers, les offres attractives et éphé-mères des distributeurs en ligne font qu’un grandnombre d’achats qui devraient « normalement » rele-ver d’un processus extensif, long et rigoureux, sontréalisés sous une contrainte de temps impérative. Lesrésultats de cette recherche suggèrent deux typesd’implications managériales, pour le commerce dedétail et le e-commerce. Dans un premier temps, il

paraît judicieux de conseiller aux responsables demagasin de puiser dans les innovations du commerceélectronique pour répondre aux exigences d’accéléra-tion et de sélection des consommateurs. Trois sug-gestions peuvent être plus particulièrement formulées :mettre en avant de façon explicite, au sein de l’offrecomplète, une sélection de produits fondamentauxpour aider la sélection par les consommateurs ; propo-ser une signalétique catégorisant les offres selon lesattributs communs, et ceci afin de favoriser l’accéléra-tion par le processus de « passage au crible » ; déve-lopper dans les points de vente des outils comparatifs àl’image des comparateurs disponibles sur la plupartdes sites Internet. Concernant le commerce électro-nique, les recommandations sont différentes carceux-ci ont pris conscience, depuis longtemps, durapport au temps exacerbé des internautes. Les sites dedéstockage, comme vente-privee.com, mais aussi les

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Tableau 14. – Synthèse des hypothèses sur la sélection et l’accélération

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e-distributeurs comme la fnac.com ou rue-du-com-merce.com ont compris l’intérêt qu’ils avaient à « presser le consommateur ». Si l’effet de la limitationde la durée de l’offre est bénéfique sur l’incitation àl’achat, cette recherche suggère l’existence d’un effetnon linéaire lié à l’intensité de la pression tempo-relle. La pression temporelle modérée n’a pas lesmêmes effets qu’une pression temporelle forte, et ilest souhaitable que les marques testent précisémentles durées à la disposition des internautes avant des’engager sur cette voie de la contrainte de temps.

Limites

Cette version informatisée de la méthode destables d’information offre de nombreux avantages,dont les principaux pour notre questionnement rési-dent dans le maniement très précis de la variabletemporelle et la présence d’une procédure identiquepour tous les individus. Néanmoins, l’application duprotocole a nécessité des choix qui présentent deslimites. Ainsi, la matrice proposée aux sujets étaittoujours identique, avec les attributs en colonne, lesoffres complètes en ligne, et, contrairement auxrecommandations de Dubois (1984), l’ordre à l’inté-rieur des lignes et colonnes n’a pas subi de rotationsystématique. Si ces éléments induisent une bonnevalidité interne, on peut se demander si une présenta-tion différente, avec les offres en colonne ou les

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Tableau 15. – Synthèse des hypothèses sur le changement de la stratégie décisionnelle

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marques dans un autre ordre, aurait donné les mêmesrésultats. On peut supposer un biais lié à l’habitudede lecture. Autre limite : pour des raisons de durée del’expérience, il n’a pas été possible de faire un essai àblanc de la méthode ni de débriefing post-expérimentalmême si les pré-tests en laboratoire ont montré larapide adaptation des individus à la matrice. La validitéexterne est également questionnable. Dans un soucide réalisme, la recherche d’information proposéecomportait un nombre important d’attributs et demarques. L’expérimentation testée propose alors unchoix complexe, où il n’est pas possible de mémorisertoutes les informations disponibles. On peut dès lorss’interroger sur le risque de surinformation (informa-tion overlead) et ses conséquences. Notamment, larelation curviligne observée entre l’intensité de lapression temporelle et la vitesse de traitement desattributs est peut-être en lien avec les capacitéscognitives limitées identifiées dans le paradigme desurcharge d’information. Cette limite mériterait deplus amples recherches avec un autre produit testéreposant sur un nombre restreint d’attributs. Enoutre, on peut regretter de ne pas avoir pris encompte des variables explicatives potentielles,notamment le risque perçu et l’implication. Lemanque de temps pèse sur la perception du risque,qu’il soit sur les attributs ou exprimé sur le choixfinal (Volle, 1995). Dès lors, des investigations com-plémentaires seraient nécessaires pour mieux appré-hender les influences conjuguées de la pression tem-porelle, de l’implication et du risque perçu dans lasélection de certains attributs (hypothèse 3).

CONCLUSION

Cette recherche contribue à une meilleure com-préhension des effets de la pression temporelle sur letraitement des informations. D’un côté, un mode detraitement rationnel et logique, caractérisé par un pro-cessus de sélection rigoureux, est observé. De l’autre,des effets de seuils entre l’intensité de la pressiontemporelle et la vitesse de traitement des informationssoulignent l’importance de la prise en compte de cette

intensité. Le choix a été fait d’examiner ici l’influencede l’intensité de la pression temporelle en comparantdes conditions expérimentales sur des individus diffé-rents. Toujours dans le domaine des conséquences de lapression temporelle, d’autres voies de recherche pour-raient être empruntées. Il serait intéressant, parexemple, de connaître les effets des variations intra-conditions. Comment s’organise individuellementl’accélération au fil du temps qui s’écoule ? Ouencore comment la sélection est-elle influencée ? Est-cepar la récence de la dernière information ou davan-tage par l’effet de primauté ?

Plus généralement, l’impact d’Internet et de tousses développements suggère de revisiter le thème de lapression temporelle. De nombreux sociologues s’ac-cordent pour reconnaître que l’expérience majeure denotre société contemporaine est l’accélération, fruitd’une accélération technique permise par les nou-velles technologies, d’une accélération sociale et del’accélération des rythmes de vie (Rosa, 2010). C’estdans ce contexte où « tout devient plus rapide » qu’ilconvient d’examiner les conséquences de la pressiontemporelle sur la prise de décision. Le Web, sa puis-sance, sa vitesse et son immédiateté, a des consé-quences considérables sur les processus de décisionsimpliqués dans tous les domaines, qu’ils soient mar-chands ou non. On peut alors citer tous les achats debiens et de services en ligne, mais aussi les servicesculturels comme la musique et les films, directementdisponibles et téléchargeables sur Internet.

Enfin, cette recherche plaide pour un renouveauméthodologique. Le thème de l’influence de la pres-sion temporelle sur le traitement des informations anécessité d’utiliser une méthode appropriée, objec-tive et affranchie des nombreux biais classiques iden-tifiés dans les méthodes classiques. Avec les tablesd’information, il n’y a ni biais de mesure verbale,peu de risques de biais de rationalisation ou deconformisme social et pas de biais de verbalisation.Pour certains, la recherche en comportement duconsommateur devrait évoluer vers une neurosciencedu consommateur (Roullet et Droulers, 2008). Sansaller jusqu’à l’utilisation des méthodes complexes ettrès spécifiques utilisées en neuro-imagerie et per-mettant une mesure exacte de l’activité cérébrale, laméthode des tables d’information nous propose unepremière solution technique, simple et peu coûteuse,éclairant de l’intérieur les séquences du parcours dedécision des consommateurs.

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