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PSYCHOPATHOLOGIE DE L ENFANCE ET DE L ADOLESCENCE / CHILDHOOD AND ADOLESCENCE PSYCHOPATHOLOGY Services déducation préscolaire et comportements agressifs : un rôle de prévention pour les familles vulnérables Pre-school education services and aggressive behaviour: a preventive role in vulnerable families S.M. Côté · J.-B. Pingault · M. Boivin · C. Japel · D.S. Nagin · Q. Xu · M. Zoccolillo · M. Junger · R.E. Tremblay © Springer-Verlag France 2010 Résumé Contexte : La violence physique est un important problème de santé et de société. De nombreuses études mon- trent que des indices socio-économiques tels que la pauvreté et le faible niveau de scolarité des parents sont associés à un risque accru de difficultés dajustement social chez les enfants, dont les problèmes de violence. Cette étude a fait lhypothèse que les services déducation préscolaire (SEP) pouvaient contribuer à prévenir lapparition des problèmes dagression physique (AP) chez les enfants de familles vulné- rables, et ce, en fonction de lâge à lentrée dans ces services. Méthodologie : Identification denfants qui présentaient une trajectoire dAP élevée entre 17 et 60 mois parmi un échantillon représentatif denfants nés au Québec (n = 1 691). Les chercheurs ont pris en considération le niveau de scolarité des mères et lâge dinitiation des SEP et vérifié leur association avec lappartenance au groupe dAP tout en contrôlant plusieurs autres caractéristiques familiales associées aux SEP et à lAP. Résultats : Les enfants dont la mère avait un faible niveau de scolarité (cest-à-dire quils ne sont pas titulaires dun diplôme détudes secondaires) étaient moins susceptibles de recevoir des SEP que les autres. Ceux qui en ont reçu avaient des risques considérablement plus faibles de suivre une trajectoire dAP élevée. Les résultats de régressions mul- tiples et logistiques indiquent que les SEP réduisent le risque dAP élevée, surtout si lenfant commence à les recevoir avant lâge de neuf mois (d = 0,62 ; s = 0,24 ; IC 95 % : 1,09 à 0,16 ; rapport de cotes = 0,20 ; IC 95 % : 0,050,9). Les enfants dont la mère avait obtenu un diplôme détudes secondaires étaient moins à risque dAP élevée. Dans leurs cas, les SEP ne représentaient pas un facteur de protection supplémentaire. Interprétation : Les SEP destinés aux enfants dont la mère est peu scolarisée pourraient considérablement diminuer le risque dAP chronique, surtout sils sont dispensés tôt après la naissance. Comme les enfants les plus susceptibles de bénéficier des SEP sont les moins susceptibles den recevoir, il faut mettre en place des mesures spéciales pour favoriser ce type de services à destination des familles à risque élevé. Mots clés Scolarisation de la mère · Agression physique · Soins non maternels · Petite enfance S.M. Côté (*) · J.-B. Pingault · Q. Xu · R.E. Tremblay Université de Montréal, 3050, rue Édouard-Montpetit, Montréal, Québec, H3T 1J7, Canada e-mail : [email protected] S.M. Côté Laboratoire international pour la santé mentale de lenfant et de ladolescent, Université de Montréal et INSERM 669 Maison de Solenn, 97, boulevard de Port-Royal, F-75679 Paris cedex 14, France M. Boivin Université Laval, 2325, rue de luniversité, Québec, Québec, G1V 0A6, Canada D.S. Nagin Carnegie Melon University, 5000, Forbes Avenue, Pittsburgh, PA 15213, USA C. Japel Université du Québec à Montréal, case postale 8888, succursale centre-ville, Montréal, Québec, H3C 3P8 Canada M. Zoccolillo McGill University, 845, Sherbrooke Street West. Montreal, Quebec, Canada H3A 2T5 M. Junger Utrecht University, Postbus 80125, 3508 TC Utrecht, Bestuursgebouw, Heidelberglaan 8, 3584 CS Utrecht, Nederland Cet article est adapté de larticle des mêmes auteurs publié dans Archives of general psychiatry ,davril 2007. Psychiatr. Sci. Hum. Neurosci. (2010) 8:77-87 DOI 10.1007/s11836-010-0131-1

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PSYCHOPATHOLOGIE DE L’ENFANCE ET DE L’ADOLESCENCE / CHILDHOOD AND ADOLESCENCEPSYCHOPATHOLOGY

Services d’éducation préscolaire et comportements agressifs :un rôle de prévention pour les familles vulnérables

Pre-school education services and aggressive behaviour:a preventive role in vulnerable families

S.M. Côté · J.-B. Pingault · M. Boivin · C. Japel · D.S. Nagin · Q. Xu · M. Zoccolillo ·M. Junger · R.E. Tremblay

© Springer-Verlag France 2010

Résumé Contexte : La violence physique est un importantproblème de santé et de société. De nombreuses études mon-trent que des indices socio-économiques tels que la pauvreté etle faible niveau de scolarité des parents sont associés à unrisque accru de difficultés d’ajustement social chez lesenfants, dont les problèmes de violence. Cette étude a faitl’hypothèse que les services d’éducation préscolaire (SEP)

pouvaient contribuer à prévenir l’apparition des problèmesd’agression physique (AP) chez les enfants de familles vulné-rables, et ce, en fonction de l’âge à l’entrée dans ces services.Méthodologie : Identification d’enfants qui présentaientune trajectoire d’AP élevée entre 17 et 60 mois parmiun échantillon représentatif d’enfants nés au Québec(n = 1 691). Les chercheurs ont pris en considération le niveaude scolarité des mères et l’âge d’initiation des SEP et vérifiéleur association avec l’appartenance au groupe d’AP touten contrôlant plusieurs autres caractéristiques familialesassociées aux SEP et à l’AP.Résultats : Les enfants dont la mère avait un faible niveau descolarité (c’est-à-dire qu’ils ne sont pas titulaires d’undiplôme d’études secondaires) étaient moins susceptiblesde recevoir des SEP que les autres. Ceux qui en ont reçuavaient des risques considérablement plus faibles de suivreune trajectoire d’AP élevée. Les résultats de régressions mul-tiples et logistiques indiquent que les SEP réduisent le risqued’AP élevée, surtout si l’enfant commence à les recevoiravant l’âge de neuf mois (d = –0,62 ; s = 0,24 ; IC 95 % :– 1,09 à – 0,16 ; rapport de cotes = 0,20 ; IC 95 % :0,05–0,9). Les enfants dont la mère avait obtenu un diplômed’études secondaires étaient moins à risque d’AP élevée.Dans leurs cas, les SEP ne représentaient pas un facteur deprotection supplémentaire.Interprétation : Les SEP destinés aux enfants dont la mèreest peu scolarisée pourraient considérablement diminuer lerisque d’AP chronique, surtout s’ils sont dispensés tôtaprès la naissance. Comme les enfants les plus susceptiblesde bénéficier des SEP sont les moins susceptibles d’enrecevoir, il faut mettre en place des mesures spéciales pourfavoriser ce type de services à destination des familles àrisque élevé.

Mots clés Scolarisation de la mère · Agression physique ·Soins non maternels · Petite enfance

S.M. Côté (*) · J.-B. Pingault · Q. Xu · R.E. TremblayUniversité de Montréal, 3050, rue Édouard-Montpetit, Montréal,Québec, H3T 1J7, Canadae-mail : [email protected]

S.M. CôtéLaboratoire international pour la santé mentale de l’enfantet de l’adolescent, Université de Montréal et INSERM 669Maison de Solenn, 97, boulevard de Port-Royal,F-75679 Paris cedex 14, France

M. BoivinUniversité Laval, 2325, rue de l’université, Québec,Québec, G1V 0A6, Canada

D.S. NaginCarnegie Melon University, 5000, Forbes Avenue, Pittsburgh,PA 15213, USA

C. JapelUniversité du Québec à Montréal, case postale 8888,succursale centre-ville, Montréal, Québec, H3C 3P8 Canada

M. ZoccolilloMcGill University, 845, Sherbrooke Street West. Montreal,Quebec, Canada H3A 2T5

M. JungerUtrecht University, Postbus 80125, 3508 TC Utrecht,Bestuursgebouw, Heidelberglaan 8, 3584 CS Utrecht, Nederland

Cet article est adapté de l’article des mêmes auteurs publié dansArchives of general psychiatry, d’avril 2007.

Psychiatr. Sci. Hum. Neurosci. (2010) 8:77-87DOI 10.1007/s11836-010-0131-1

Abstract Context: Physical violence is a significant problemin health terms and for society as a whole. Many studies haveshown that socio-economic indicators such as poverty andpoor parental educational attainment are associated with anincreased risk of difficulties in social adjustment of the child.The hypothesis of this study was that the pre-school educa-tional services (PES) could help to prevent the developmentof physical aggression (PA) in the children of vulnerablefamilies, and that this would depend on the age at whichthe child first had access to the service.Methods: Identification of children presenting with a patternof increased PA between 17 and 60 months of age, takenfrom a representative sample of children born in Quebec(N = 1691). We took into consideration the educationallevel of the mother and the age at which the child started toreceive PES. We examined the association of these factorswith the PA group to which the child belonged, whilecontrolling against several other family characteristicswhich are associated with PES and PA.Results: The children of mothers with a low level of educa-tional attainment (no secondary school qualification) wereless likely to have received PES than the others. Thosewho had received such attention had a considerably reducedrisk of displaying a behaviour pattern of increased PA. Theresults of multiple logistic regression analysis revealed thatthe PES reduced the risk of high PA, especially if the childwas exposed to the service before the age of 9 months(d = –0.62; SD = 0.24; 95% CI: –1.09 to –0.16; oddsratio = 0.20; 95% CI: 0.05–0.9). Children whose mothershad obtained a secondary school diploma were at reducedrisk of high PA. For them, the PES did not represent anadditional protective factor.Interpretation: PES directed towards children of poorly edu-cated mothers might reduce considerably the risk of chronicphysical aggression, especially if initiated soon after birth. Asthose children who are most likely to benefit from PES are theleast likely to receive it, it is necessary to put special measuresin place to direct this sort of service towards at risk families.

Keywords Mother’s educational attainment · Physicalaggression · Non-maternal care · Early Childhood

Introduction

Bien que la majorité des individus apprenne tôt dans l’en-fance à respecter les normes sociales et à satisfaire sesbesoins sans agresser les autres, une minorité d’individussemble ne jamais l’apprendre. Ce petit groupe pourrait repré-senter les 5–6 % de la population qui commettent plus de50 % des crimes dans une société [19]. Il est généralementreconnu qu’un groupe d’individus (environ 5 % de la popu-lation) suit une trajectoire persistante de comportements

antisociaux [29,30,32,39]. L’appartenance à cette trajectoires’avère lourde de conséquences personnelles, familiales,économiques et sociales tout au long du développement[41,42,49].

La fréquence élevée d’agressions physiques (AP) estl’élément central des troubles sévères de la conduite [2] ets’avère liée à une vaste gamme de problèmes sociaux, men-taux et relatifs à la santé physique [24,25,27]. L’origine desproblèmes d’AP remonte à la petite enfance. Les études ontspécifiquement montré que les caractéristiques maternelles,surtout le faible niveau de scolarité de la mère, font partie desmeilleures variables explicatives d’AP élevée entre le débutde l’enfance et l’adolescence [13,32,33,36,50].

Des études expérimentales sur les services d’éducationpréscolaire (SEP) pour les jeunes enfants vivant dans desfamilles à risque ont démontré le rôle protecteur de ces ser-vices. Par exemple, des études classiques telles que celles duAbecedarian ou du Perry Preschool Program ont montré deseffets protecteurs robustes et à très long terme des SEPofferts à de jeunes enfants de familles vulnérables (c’est-à-dire : mères peu scolarisées, vivant dans la pauvreté etisolées). Ces effets sont bien documentés et attribuables ausoutien attentionné et stimulant offert aux enfants partici-pants. Cependant, on ne sait pas si les effets de ces program-mes expérimentaux conçus pour être de la meilleure qualitépossible sont comparables aux effets des SEP à l’échelle dela population générale, souvent de moindre qualité [51]. LesSEP sont fournis par une personne choisie pour s’occuper del’enfant, généralement durant la journée alors que la mèretravaille. Ils comprennent plusieurs types de garde de jour(en milieu familial ou dans un centre).

L’objectif de cette étude était de vérifier avec un échantil-lon représentatif, si les SEP pouvaient prévenir l’apparitiondes problèmes d’AP pendant l’enfance et si l’ampleur del’effet variait selon le moment auquel l’enfant commençaità recevoir ce type de services.

De nos jours, la plupart des enfants vivant dans des socié-tés industrialisées reçoivent des SEP [37,46]. Cependant, lesenfants dont les mères ont un niveau de scolarité plus faiblereçoivent généralement moins ces services, parce que leurmère est moins susceptible de travailler [6,37]. Ces enfantspeuvent être aussi davantage exposés à une grande variété derisques à la maison : négligence [15,21], faibles niveaux destimulation [21] et pauvreté [26]. Ainsi, ces enfants sontexposés à des risques plus élevés d’AP que ceux dont lamère est plus scolarisée parce qu’ils sont plus susceptiblesde passer du temps à domicile, dans un milieu à risque.

En conséquence, au niveau le plus élémentaire, le SEPest un facteur de protection puisqu’il permet de réduirel’exposition aux risques familiaux. Dans ce contexte, l’effetprotecteur devrait être plus prononcé si les expériences deSEP débutent tôt dans la vie de l’enfant : il serait soustraità davantage de risque, sans compter que son cerveau et son

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répertoire de comportements sont plus malléables en bas âge[45]. Dans une étude récente, les chercheurs ont découvertque les SEP dispensés pendant la première année de la vie del’enfant étaient liés à un meilleur langage réceptif à quatreans chez les enfants dont le statut socio-économique (SSE)est faible [20]. Cependant, les chercheurs n’ont pas vérifié àquel point l’âge d’entrée en SEP était lié à l’AP à long termechez les enfants à risque élevé.

Pour examiner adéquatement le rôle des SEP dans unéchantillon basé sur la population, il faut tenir compte dedeux questions importantes. Premièrement, le lien entre lesSEP et l’AP peut varier selon le statut, à risque ou non, de lafamille de l’enfant. Les risques familiaux enmatière d’AP sontle faible niveau de scolarité maternelle, un revenu insuffisant,la psychopathologie parentale et certaines pratiques parentales[13,32,33,36,50]. Alors que les SEP sont liés à de meilleursrésultats chez les enfants à risque élevé [6,9,11,43], ils sontparfois liés à de moins bons résultats chez les enfants qui nevivent pas dans des familles à risque élevé [3,35], surtout sices services commencent pendant la petite enfance [17]. Eneffet, chez ces enfants, les SEP peuvent être de moins bonnequalité que les soins qu’ils recevraient à la maison.

Deuxièmement, la « sélection sociale » des enfants rece-vant des SEP peut entraîner une confusion du lien entre lesSEP et les problèmes d’AP. Si les enfants dont la mère estpeu scolarisée sont moins susceptibles de recevoir des SEPque les autres [6], mais plus susceptibles d’en profiter [6], àl’échelle de la population, ces services ne diminueront pasles disparités des problèmes d’AP entre les enfants de mèrepeu scolarisées et ceux dont la mère l’est davantage [22].

Dans cette étude, nous avons utilisé un échantillon repré-sentatif de nouveau-nés suivis au cours des cinq premièresannées de vie afin de vérifier les hypothèses suivantes :

• les jeunes enfants dont les mères sont peu scolarisées (pasde diplôme d’études secondaires) bénéficient davantagedes SEP que ceux de mères plus scolarisées ;

• les effets protecteurs sont supérieurs si les enfants reçoi-vent des SEP avant neuf mois.

Le niveau de scolarité de la mère a servi de variableindiquant le statut de risque de l’enfant parce qu’il s’agitde la variable explicative la plus solide et la plus fiable del’AP à travers les études [34,13,33,36,38,50] et parce qu’elleprésente une valeur pratique dans le contexte de la prestationde services.

Méthodologie

Sujets

Un échantillon représentatif composé de 1 759 nourrissonsnés au Québec (Canada) en 1997–1998 a été constitué à

partir des registres de naissance. Les chercheurs ont suivices enfants tous les ans entre l’âge de 5 et de 60 mois. Desentretiens à domicile avec les mères ont eu lieu tous les anspour obtenir des informations sur la famille, les caractéristi-ques et les comportements des parents et des enfants. Tousles participants ont donné leur consentement écrit. Les comi-tés d’éthique de l’institut de la statistique du Québec ainsique ceux des trois universités participant à l’étude ontapprouvé chacune des cueillettes de données. Les chercheursont mené des analyses multivariées sur les 1 691 enfants(96,13 %) pour lesquels ils disposaient de données complè-tes. Toutes les analyses ont été pondérées pour assurer lareprésentation de l’échantillon. Le Tableau 1 décrit les carac-téristiques démographiques de l’échantillon.

Mesures

Variable dépendante : AP à 17, 30, 42, 54 et 60 mois

Nous avons demandé aux mères d’évaluer la manifestationde l’AP chez leur enfant en se basant sur l’échelle suivante :jamais (0), parfois (1) ou souvent (2). Les éléments utilisésdans les études antérieures sur l’AP chez les enfants d’âgepréscolaire [6,13,34,36] étaient : les coups, les morsures, lescoups de pied, les bagarres et l’intimidation. Les résultatsallaient de 0 à 6. Nous avons mesuré la cohérence internedes évaluations des mères concernant l’AP au fil du temps(17–60 mois) (alpha = 0,83) parce que la variable dépen-dante comprenait la totalité des cinq évaluations de l’AP.

Variables explicatives

Le codage de chaque variable est indiqué entre parenthèses.

La variable des SEP permet de distinguer les enfants quiont commencé à recevoir ces soins à différents momentsentre l’âge de 3 et de 31 mois. Les seuils relatifs à l’âgeont été établis en se basant sur l’âge des enfants aux diffé-rents moments de collecte des données : avant neuf moispour le temps 1 (tranche d’âge de 3–8 mois) ; avant20 mois pour le temps 2 (tranche d’âge de 16–19 mois) ;avant 32 mois pour le temps 3 (tranche d’âge de 27–31 mois). La plupart des enfants recevaient des SEP enmilieu familial à l’extérieur de leur maison, dispensés soitpar des personnes non apparentées (40,7 %) ou par desmembres de la famille (30,9 %). Quinze pour cent recevaientdes SEP dans des centres. Les autres (13,6 %) recevaientdes SEP dans divers autres milieux. Nous avons calculé lavariable du « nombre moyen d’heures de SEP » qui reflètele nombre moyen d’heures de SEP reçues pendant toutela période préscolaire.

L’éducation maternelle a été traitée comme une variabledichotomique indiquant que la mère avait un diplômed’études secondaires (0) ou n’en avait pas (1).

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Identification des variables de contrôle(facteurs de sélection sociale)

Nous avons examiné quatre catégories de variables poten-tielles de contrôle. Nous avons sélectionné comme variablesde contrôle celles qui étaient associées :

• aux SEP ;

• aux variables dépendantes.

Nous avons catégorisé certaines variables pour refléterle meilleur seuil de risque.

Caractéristiques et comportements maternels

L’âge de la mère a été codé selon que cette dernière avait21 ans ou moins à la naissance de l’enfant ciblé (0) ou plusde 21 ans (1). Le fait d’avoir moins de 21 ans s’est avéré êtreun indicateur valable de risque dans la population québé-coise [50].

Un questionnaire destiné aux mères a permis d’évaluer lescomportements maternels antisociaux avant la fin du secon-daire. Les mères devaient indiquer si elles avaient manifestéplus de cinq comportements antisociaux (par exemple, avoirparticipé à plus d’une bagarre qu’elles avaient provoquée ;avoir volé plus d’une fois) [53]. Nous avons utilisé une addi-tion des comportements dans les analyses.

La dépression maternelle a été évaluée grâce à une sec-tion sur la dépression au cours de la vie tirée de la DiagnosticInterview Schedule (DIS) [38,40]. Nous avons distingué lesmères ayant rapporté avoir connu, au moins, un épisode dedépression majeure au cours de leur vie (1) de celles qui n’enavaient pas eu (0). Nous avons également considéré le nom-bre maximum de boissons consommées en une seule occa-sion (lors de la première évaluation) en tant que variable deconfusion éventuelle.

Enfin, le travail maternel indiquait si la mère travaillaitou étudiait (0) ou non (1) lors de l’évaluation initiale.

Caractéristiques de l’enfant

Le sexe de l’enfant a été codé ainsi : 0 pour les filles et 1 pourles garçons.

Le tempérament de l’enfant a été évalué par les mèresd’après sept éléments de l’échelle des tempéraments difficilesdu questionnaire des caractéristiques de l’enfant (ICQ) [4].Chaque élément allait de 1 à 7 (par exemple, combien defois l’enfant a été difficile à calmer ou à apaiser ; difficile ;facilement contrarié, etc.). Le coefficient de cohérence interne(α) était de 0,84. L’origine ethnique de l’enfant a été codéeainsi : caucasien (0), autre (1). L’information sur la naissancede l’enfant a été obtenue dans les dossiers d’hôpital et codéeainsi : prématuré (1) si l’enfant était né avant la 37e semaine de

Tableau 1 Caractéristiques démographiques des participants

Nombre = 1 691 Pourcentage

Sexe

Filles 844 49,9

Garçons 847 50,1

Âge maternel (naissance de l’enfant concerné)

21 ans ou moins 194 11,5

Plus de 21 ans 1 497 88,5

Scolarité maternelle

Pas de diplôme d’études secondaires 296 17,5

Diplôme d’études secondaires 1 395 82,5

Situation de famille

Mariés ou conjoints de fait 1 551 91,7

Parents séparés, divorcés ou veufs 65 3,8

Mère toujours célibataire 75 4,4

Revenu familial

Inférieur à 30 000 $ 543 32,1

30 000–60 000 $ 674 39,8

Supérieur à 60 000 $ 474 28,0

Type de soins dispensés à l’enfant

Jamais en service de garde (avant l’entrée à l’école) 111 6,6

Services de garde débutant avant l’âge de neuf mois 234 13,8

Services de garde débutant après l’âge de neuf mois 1 346 79,6

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gestation ou à terme (0) s’il était né après. Le faible poids à lanaissance a été coté ainsi : oui (1) si le nourrisson pesait2 500 g oumoins ; non (0) s’il pesait davantage. L’informationsur la santé de l’enfant a été obtenue à partir d’un question-naire destiné à la mère sur lequel elle devait indiquer si sonenfant était en bonne santé (0) à la naissance ou en mauvaisesanté (1).

Données démographiques familiales,cinq mois après la naissance

L’institut de la statistique du Québec a calculé une variablereflétant le revenu suffisant (0) ou non (1) du ménage en sefondant sur le revenu familial, le nombre de personnes dansle ménage et la zone de résidence de la famille (urbaine oururale, densité de population). La situation familiale a étécodée en se fondant sur le fait que les parents étaient mariésou vivaient ensemble (0) ; étaient séparés, divorcés ou veufs(1) ; la mère avait toujours été célibataire (2). Le nombred’enfants dans la famille a été codé en fonction de laprésence (1) ou l’absence (0) de frères et sœurs.

Processus familiaux, cinq mois après la naissance

Nous avons évalué le fonctionnement familial à l’aide d’uneéchelle comportant huit éléments mesurant le degré de fonc-tionnement de la famille (par exemple : il y a beaucoupd’animosité dans notre famille ; α = 0,97) [7], les valeursélevées indiquant un plus grand dysfonctionnement familial.

Pratiques parentales : les mères ont rempli un question-naire sur leurs comportements parentaux (PACOTIS) [5].Elles ont répondu sur une échelle variant de 0 (pas du toutce que je pense ni ce que j’ai fait) à 10 (exactement ce que jepense ou ce que j’ai fait). Quatre dimensions reflétaient laqualité des interactions des mères avec leur nourrisson decinq mois : autoefficacité ; impact parental ; pratiques paren-tales coercitives ; surprotection. Les coefficients de cohérenceinterne (α) étaient respectivement de 0,70 ; 0,69 ; 0,62 et 0,58.

Analyses

Les chercheurs ont procédé aux analyses en trois étapes :

• détermination d’une trajectoire anormalement élevéed’AP ;

• détermination des variables qui pourraient entraîner uneconfusion relative à l’association entre les SEP et l’AP ;

• vérification du rôle modérateur des SEP.

Détermination d’une trajectoireanormalement élevée d’AP

À la suite d’études antérieures [13,6,34,36], nous avonsidentifié des regroupements d’individus suivant des

trajectoires développementales distinctes à l’aide d’unmodèle semi-paramétrique mixte décrit dans l’article deNagin [8,31]. La sélection du modèle est fondée sur le critèred’information bayesien (BIC). Nous avons comparé desmodèles comprenant entre un et six groupes et avons choisicelui qui minimisait le BIC. La procédure a abouti à deuxrésultats :

• la probabilité d’appartenir à la catégorie d’AP élevée, quiest une mesure continue allant de 0 à 1 ;

• l’appartenance réelle à cette trajectoire dérivée de l’attri-bution à la trajectoire d’AP élevée (codée 1) ou à une autretrajectoire (codée 0).

Identification des facteurs de confusion

Nous avons testé les associations bivariées entre plusieursvariables de risque concernant les familles et les enfants :

• l’âge des enfants au moment de l’entrée dans un SEP ;

• la probabilité d’appartenir à la trajectoire d’AP élevée, etnous avons tenu compte de l’effet des variables associéesà la fois aux SEP et à l’AP (variables de contrôle).

Vérification du rôle modérateur des SEP

Nous avons procédé à des analyses de régressions multiplesavec comme variable dépendante la probabilité d’appartenirà une trajectoire d’AP élevée. Les variables explicatives ontété introduites par étape dans l’ordre suivant :

• les variables de confusion identifiées ;

• les effets principaux de la scolarité maternelle et des SEP ;

• l’interaction entre le moment où les SEP ont été dispenséset la scolarité maternelle.

Différents seuils ont été examinés concernant la variablede l’âge d’entrée en SEP. Nous avons testé le même modèleen utilisant une régression logistique pour laquelle lavariable dépendante était l’appartenance à la trajectoired’AP élevée.

Résultats

Identification d’une trajectoired’AP anormalement élevée

Le meilleur modèle de trajectoire comprenait trois groupes.Dix-sept pour cent des enfants appartenaient à la trajectoired’AP élevée. Ces enfants étaient atypiques parce qu’ilsreprésentaient un petit groupe manifestant des niveaux clai-rement élevés d’AP pendant la petite enfance (entre 17 et60 mois). La Figure 1 illustre le modèle de trajectoire.

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Détermination des facteurs de confusion(ou variables de contrôle)

Cinq des facteurs de confusion potentiels présentaient unlien significatif à la fois avec les SEP et l’AP :

• la présence de frères et sœurs ;• le revenu insuffisant ;

• la dépression maternelle ;

• le travail maternel ;

• le statut familial.

Nous avons donc contrôlé ces variables dans les analyses.Le Tableau 2 présente les liens entre les SEP, la trajectoired’AP élevée et les variables de confusion éventuelles.

Rôle modérateur des SEP

Le Tableau 3 présente les résultats des analyses de régressionexaminant le lien entre les SEP, la scolarité maternelle etl’AP. Le fait de considérer les variables de confusion àl’étape 1 a révélé des associations significatives pour toutesles variables. L’étape 2 a permis de découvrir l’effet princi-pal significatif de la scolarité maternelle, mais pas desSEP. L’étape 3 a révélé une interaction significative entrele moment où les SEP étaient dispensés (avant neuf moiset neuf mois ou plus) et la scolarité maternelle. La Figure 2illustre cette interaction. Toutes les analyses postérieures uti-lisaient le seuil « avant neuf mois » plutôt que celui de « àneuf mois ou après ».

Les analyses de suivi ont permis de vérifier les différencesentre les groupes d’interaction. Le calcul des tailles des effets« d » de Cohen est fondé sur l’équation suivante [12] :

d = (XSEP – XSM)/S combiné. Avec écart type : S combiné= √([(nSEP

–1)(sSEP2) + (nSM

–1)(sSM2)]/(nSEP+nSM

–2)) et SM =soins maternels.

Les « d » négatifs indiquent que les SEP sont liés à uneprobabilité « plus faible » d’AP élevée. Ces analyses révè-lent trois principaux résultats. Premièrement, le risque demanifester une AP élevée était significativement « plusfaible » chez les enfants dont la mère était peu scolarisées’ils avaient reçu des SEP avant l’âge de neuf mois(n = 39 ; m = 0,14 ; s = 0,31) ou après neuf mois(n = 221 ; m = 0,23 ; s = 0,36) en comparaison avec ceuxqui n’en avaient jamais reçu (d = –0,62 ; s = 0,24 ; 95 % IC :–1,09 à –0,16) [12].

Deuxièmement, les enfants dont la mère détenait undiplôme d’études secondaires n’étaient pas plus à risqued’AP s’ils recevaient des SEP, que ces services aient débutéavant qu’ils aient neuf mois (n = 196 ;m = 0,18 ; s = 0,30) ouà neuf mois ou plus (n = 1125 ;m = 0,17 ; s = 0,31) comparésà ceux qui n’en avaient jamais reçu (n = 75 ; m = 0,15 ;s = 0,30).

Nous avons testé le même modèle en utilisant commerésultat une régression logistique et l’appartenance à une tra-jectoire d’AP élevée (comparée aux deux autres trajectoiresréunies) et nous avons obtenu des résultats similaires. Ainsi,les enfants de mère peu scolarisée qui recevaient des SEPavant l’âge de neuf mois étaient moins susceptibles d’appar-tenir à la trajectoire d’AP élevée (rapport de cotes = 0,20 ; IC95 % : 0,05 à 0,9), comparés aux enfants qui n’avaientjamais reçu ces services. Les enfants de mère peu scolariséequi avaient reçu des SEP à neuf mois ou plus étaient aussimoins susceptibles d’appartenir à la trajectoire d’AP élevéeque ceux qui n’en avaient jamais reçu (rapport decotes = 0,36 ; IC 95 % : 0,13 à 1,04), mais l’effet étaitd’une importance marginale (p = 0,06).

Analyses et résultats supplémentaires

Nous avons mené des analyses supplémentaires pour vérifiersi le nombre d’heures de SEP pouvait expliquer les résultats.Le fait d’introduire une variable reflétant le nombre moyend’heures en SEP n’a pas modifié le modèle. La variable n’estpas incluse dans le modèle final (Tableau 3), parce qu’ellen’a pas de lien significatif avec la variable dépendante(b = 0,05, s = 1,85, p = 0,065). Nous avons aussi effectuédes analyses supplémentaires pour vérifier si les enfantsappartenant à la trajectoire élevée bénéficiant des SEP dis-pensés tôt étaient redirigés vers la trajectoire moyenne ouencore vers la trajectoire basse. Pour ce faire, nous avonstesté le même modèle en contrastant différentes trajectoires.Nous avons trouvé le même effet d’interaction dans lemodèle comparant l’appartenance à la trajectoire élevée età la trajectoire moyenne, mais pas dans le modèle opposantles trajectoires élevée et faible. Ce résultat indique que lesenfants de la trajectoire élevée qui bénéficient des SEP tôtont été déviés vers la trajectoire moyenne (mais pas vers la

Fig. 1 Trajectoires d’agression physique entre 17 et 60 mois

(n = 1 758)

82 Psychiatr. Sci. Hum. Neurosci. (2010) 8:77-87

Tableau 2 Associations bivariées entre les variables potentielles de confusion, les trajectoires d’agression physique et le moment où

débutent les services d’éducation préscolaire (SEP) [n = 1 691 sauf indication contraire]

Début des SEP

Probabilité de

trajectoire AP élevée

Jamais Après neuf mois À neuf mois ou

avant

Moyenne (s) 6,6 %

(n = 111)

79,6 %

(n = 1 346)

13,9 %

(n = 234)

n (%) p n (%) p

Sexe

Filles 0,13 (0,27) *** 49,5 (55) 50,1 (674) 49,1 (115) 0,96

Garçons 0,23 (0,36) 50,5 (56) 49,9 (672) 50,9 (119)

Ethnicité (n = 1 677)

Non caucasien 0,18 (0,32) 0,73 30,0 (33) 31,6 (422) 33,0 (76) 0,84

Caucasien 0,18 (0,32) 70,0 (77) 68,4 (915) 67,0 (154) 0,58

État de santé de l’enfant à

la naissance

Mauvais 0,38 (0,45) 0 0,7 (9) 0,4 (1)

Bon 0,18 (0,32) * 100 (111) 99,3 (1 336) 99,6 (233)

Naissance prématurée

Oui 0,18 (0,34) 0,96 7,2 (8) 5,8 (78) 7,3 (17) 0,60

Non 0,18 (0,32) 92,8 (103) 94,2 (1 268) 92,7 (217)

Faible poids à la naissance

Oui 0,15 (0,27) 0,49 6,3 (7) 3,0 (41) 6,0 (14) <,05

Non 0,17 (0,31) 93,7 (104) 97,0 (1 305) 13,5 (220)

Scolarité maternelle

Pas de diplôme d’ES 0,23 (0,36) * 32,4 (36) 16,4 (221) 16,6 (39) ***

Diplôme d’ES 0,17 (0,31) 67,6 (75) 83,6 (1 124) 83,4 (196)

Âge à la grossesse

21 ans ou moins 0,17 (0,31) 0,47 8,1 (9) 10,8 (146) 16,7 (39) *

22 ans ou plus 0,18 (0,32) 91,9 (102) 89,2 (1 200) 83,3 (195)

Dépression maternelle

Oui 0,23 (0,35) *** 30,6 (34) 22,0 (296) 17,9 (42) *

Non 0,17 (0,31) 69,4 (77) 78,0 (1 050) 82,1 (192)

Travail de la mère avant

neuf mois

Oui 0,16 (0,30) *** 25,2 (28) 70,7 (952) 98,3 (230) ***

Non 0,23 (0,35) 74,8 (83) 29,3 (394) 1,7 (4)

Présence de fratrie

Oui 0,25 (0,36) *** 79,3 (88) 56,4 (759) 53,4 (125)

Non 0,09 (0,23) 20,7 (23) 43,6 (587) 46,6 (109) ***

Revenu insuffisant

Non 0,16 (0,30) ** 50,5 (56) 74,7 (1 006) 77,4 (181) ***

Oui 0,22 (0,35) 49,5 (55) 25,3 (340) 22,6 (53)

Situation de famille

Mère toujours célibataire 0,10 (0,23) * 9,9 (11) 3,6 (49) 6,4 (15) *

Parents séparés, divorcés ou veufs 0,23 (0,37) 3,6 (4) 4,1 (55) 2,6 (6)

Parents mariés ou conjoints de fait 0,18 (0,32) 86,5 (96) 92,3 (1 242) 91,0 (213)

r m (écart-type)

Problèmes de conduite maternellea

(n = 1 639)

0,09 *** 0,72 (0,78) 0,84 (0,95) 0,77 (0,97) 0,26

Consommation d’alcool de la mèreb 0,08 ** 0,79 (2,10) 0,93 (2,76) 1,3 (2,83) 0,08

Psychiatr. Sci. Hum. Neurosci. (2010) 8:77-87 83

trajectoire faible). Enfin, nous avons testé les interactionstriples entre les variables explicatives en utilisant une procé-dure de régression par élimination des termes non significa-tifs. Aucune des interactions triples ne s’est révéléesignificative.

Discussion

Les objectifs de l’étude étaient de vérifier si les SEP pou-vaient prévenir les problèmes d’AP pendant la petite enfanceà l’échelle de la population et si le rôle protecteur dépendait

Début des SEP

Probabilité de

trajectoire AP élevée

Jamais Après neuf mois À neuf mois ou

avant

Tempérament difficile 0,03 0,10 2,53 (1,55) 2,75 (1,65) 2,58 (1,47) 0,16

Âge auquel l’allaitement a cessé (mois) –0,04 0,10 4,33 (5,39) 4,12 (4,74) 3,05 (4,06) *

Dysfonctionnement familial

(n = 1 678)

0,10 *** 1,93 (1,41) 1,76 (1,45) 1,63 (1,51) 0,19

Pratiques parentales coercitives

(n = 1 636)

0,04 0,08 1,07 (1,37) 1,08 (1,47) 1,11 (1,50) 0,95

Autoefficacité parentale (n = 1 634) –0,09 *** 8,93 (1,26) 8,75 (1,14) 8,77 (1,11) 0,35

Perception de l’impact parental

(n = 1 646)

–0,01 0,77 7,82 (2,49) 8,25 (1,99) 8,62 (1,68) *

Surprotection parentale (n = 1 652) –0,04 0,16 6,05 (2,33) 5,53 (2,43) 4,74 (2,27) ***

a avant la fin des études secondaires.b nombre maximum de consommations lors d’une occasion au temps 1 (cinq mois).

*p < 0,05 ; **p < 0,001 ; ***p < 0,0001.

Tableau 3 Régression pas à pas prédisant l’agression physique à partir de l’éducation maternelle et des services d’éducation

préscolaire (n = 1691)

Modèle 1 Modèle 2 Modèle 3

B ETa β B ET β B ET β

Etape 1 : variables de contrôle (R2aj=0.077)

Présence de fratrie 0.158*** 0.015 0.246 0.158*** 0.015 0.246 0.158*** 0.015 0.245

Dépression maternelle 0.059** 0.018 0.076 0.059** 0.018 0.077 0.056* 0.018 0.073

Revenu insuffisant 0.062** 0.018 0.086 0.052* 0.019 0.073 0.053* 0.019 0.073

Situation de familleb 0.057 0.029 0.050 0.067* 0.030 0.058 0.069* 0.030 0.059

Etape 2 : effets principaux (R2aj=0.080)

Faible Scolarité maternellec 0.048* 0.021 0.057 0.187* 0.063 0.223

SEP avant 9 moisd 0.016 0.036 0.018 0.070 0.042 0.077

SEP à ou après 9 mois 0.016 0.031 0.020 0.062 0.037 0.078

Etape 3 : Interaction (R2aj=0.083)

SEP avant 9 mois X faible

scolarité maternelle

-0.198* 0.082 -0.093

SEP à ou après 9 mois X

faible scolarité maternelle

-0.147* 0.066 -0.155

a Erreur type.b Situation de famille codée : 0 = mariés ou vivant ensemble ; 1 = séparés ou n’ayant jamais vécu ensemble.c La mère n’est pas titulaire d’un diplôme d’éducation secondaire.d Age d’entrée en services d’éducation préscolaire (SEP) : 0 = jamais en SEP ; 1 = SEP avant 9 mois ; 2 = SEP à ou après 9 mois ;*** p = 0.0001** p = 0.001*p = 0.05

84 Psychiatr. Sci. Hum. Neurosci. (2010) 8:77-87

de l’âge auquel l’enfant commençait à recevoir ces services.Nous avons trouvé que les SEP réduisaient le risque desuivre une trajectoire d’AP atypiquement élevée chez lesenfants dont la mère avait un faible niveau de scolarité. Lataille de l’effet était grande, si les SEP commençaient à êtredispensés avant l’âge de neuf mois (d = –0,62), et modérées’ils commençaient après cet âge (d = –0,37). Nous n’avonspas trouvé de lien entre les SEP et une augmentation durisque d’AP chez les enfants de mère titulaire d’un diplômed’études secondaires, même si les services commençaientavant l’âge de neuf mois. Nous avons obtenu les mêmesrésultats en utilisant des régressions multiples et logistiques,ce qui indique un effet protecteur des SEP, surtout lorsqu’ilscommencent à être dispensés avant neuf mois (rapport decotes pour la régression logistique = 0,2 ; IC = 0,5–0,9).

Les résultats concernant l’effet protecteur des SEP sontconformes aux études expérimentales qui montrent uneréduction des problèmes de comportement chez les enfantsde mères peu scolarisées recevant des SEP de grande qualité[9,44]. L’une de ces études expérimentales [44] a, en effet,montré une diminution impressionnante des comportementsantisociaux à l’adolescence et au début de l’âge adulte, maisn’a pas étayé les effets sur le développement précoce del’AP, comme le fait la présente étude. Les résultats sontaussi conformes à ceux des études corrélationnelles antérieu-res montrant un effet protecteur pour les enfants vivant dansdes familles à risque élevé [43,53], ainsi qu’à ceux des étu-des sur l’adoption. Ces dernières montrent que l’adoptiond’enfants issus de familles à risque élevé (faible SSE) pardes familles à risque faible (SSE élevé) peut avoir des effetsbénéfiques sur le fonctionnement cognitif [10] et la crimina-lité [18]. Cependant, notre étude est la première à utiliser unéchantillon représentatif et à montrer que les SEP débutanttôt dans la vie et disponibles à grande échelle dans la com-munauté ont un effet protecteur important sur le développe-ment des problèmes d’AP à long terme.

L’étude reproduit aussi les résultats antérieurs montrantque les caractéristiques familiales sont généralement des

déterminants plus forts des problèmes d’AP que les SEP[6,13,34,36]. Cependant, nos résultats montrent que lesSEP peuvent faire une différence importante dans la viedes enfants dont la mère est peu scolarisée. Comme cesenfants sont moins susceptibles que ceux dont la mère estplus scolarisée de recevoir des SEP, il convient de porterune attention particulière à la prestation de ces services àceux qui en ont le plus besoin.

Les différences liées au moment où les SEP sont dispensésconstituent une découverte importante. Les bienfaits des SEPétaient plus importants pour les enfants dont la mère est peuscolarisée s’ils commençaient à recevoir ces services avantneuf mois. En effet, les résultats des régressions logistiqueset les analyses de régressions multiples convergent et montrentque les SEP peuvent presque doubler les effets bénéfiques s’ilsdébutent tôt. Aumoins deux hypothèses peuvent expliquer cetimpact positif. Premièrement, les enfants de mère peu scolari-sée qui reçoivent ces services tôt sont susceptibles d’êtremoins exposés aux risques familiaux (corrélés avec le faibleniveau de scolarité) que les autres pendant une période impor-tante sur le plan développemental. Cette diminution de l’expo-sition peut être protectrice en soi. Deuxièmement, les enfantsvivant dans un environnement familial à risque élevé et quireçoivent des SEP tôt peuvent être exposés à des soins et àdes expériences d’apprentissage précoce de meilleure qualitéque ce qu’ils recevraient à la maison. Cependant, il est impor-tant de souligner que les mères peu scolarisées forment ungroupe hétérogène, certaines cumulant plusieurs facteurs derisque, mais d’autres étant en mesure d’offrir un environne-ment de bonne qualité à leurs enfants. De futures études pour-raient tenter d’identifier les mères faiblement scolarisées quiseraient susceptibles de profiter davantage que d’autres desSEP. La meilleure méthode consisterait à procéder à des essaisrandomisés afin d’éclaircir les processus entraînant l’effetprotecteur des SEP précoces [9,28]. Le mécanisme proximalpeut être lié à la possibilité de vivre des interactions socialespositives avec des pairs du même âge au moment où la fré-quence de l’agressivité physique suit une pente ascendante[1,48], mais cela peut aussi être dû à la qualité globale dessoins dispensés par les adultes, notamment la stimulationcognitive et le développement du langage [16,47].

Cette étude présente plusieurs forces :

• un grand échantillon représentatif d’une population où lesfacteurs de risque de problèmes d’AP ressemblent à ceuxdes études antérieures [6,23,34,36] ;

• des évaluations annuelles depuis la petite enfance jusqu’àla scolarisation ;

• des évaluations fiables et valides des caractéristiquesde l’enfant et de la famille.

Cependant, il convient de souligner certaines limites :

• premièrement, il s’agit de faire preuve de prudence quantà la généralisation des résultats aux populations où la

Fig. 2 Interaction entre l’éducation maternelle et l’âge d’entrée en

services d’éducation préscolaire (SEP) et association entre la trajec-

toire élevée d’agressivité physique (n = 1 691)

Psychiatr. Sci. Hum. Neurosci. (2010) 8:77-87 85

fréquence d’utilisation des SEP diffère considérablementet lorsque la qualité des services peut être moindre. Leniveau moyen de qualité des SEP offerts à la populationde cette étude est le même que celui de plusieurs autrespays industrialisés (c’est-à-dire : les États-Unis, l’Alle-magne, le Portugal et l’Espagne) [14,22] ;

• deuxièmement, les collectes de données annuelles n’ontpas permis d’obtenir des informations plus précises surle moment où les SEP ont commencé. Il faudrait fairedes études expérimentales qui testent l’impact des SEPcommençant à être offerts à des âges différents afin d’étu-dier plus précisément l’effet du moment auquel ces servi-ces sont dispensés ;

• troisièmement, bien que nous ayons soigneusement tenucompte des facteurs de confusion, l’étude demeure denature corrélationnelle et limite ainsi la possibilité d’infé-rences causales. Ainsi, certains problèmes non mesurésdans notre étude (par exemple : un abus sévère d’alcoolou d’autres drogues et la violence conjugale) peuvent êtreliés aux résultats [52]. Cependant, il ne faut pas oublierque les résultats sont conformes à ceux des études expé-rimentales et les enrichissent en apportant une perspectivepopulationnelle ;

• quatrièmement, nous nous sommes appuyés sur les mèrespour évaluer les caractéristiques des enfants et de lafamille. La période couverte par cette étude (entre 5 et60 mois), combinée au type d’échantillon (important etreprésentatif) fait en sorte qu’il est difficile de s’appuyersur d’autres sources d’information que les parents. Il seraitégalement difficile de se fier au personnel des SEP,puisque tous les enfants ne reçoivent pas ces services.Cependant, les résultats des analyses de trajectoire et desfacteurs de risque montrent clairement qu’ils correspon-dent à la plupart des études sur les problèmes d’APprécoce [23,36] ;

• enfin, pratiquement toutes les mères (98,7 %) qui utili-saient les SEP avant que leur enfant ne soit âgé de neufmois travaillaient. Ainsi, il n’a pas été possible, à partirde notre échantillon, de départager les bienfaits liés auxSEP de ceux liés au travail de la mère et aux compétencesmaternelles qui y sont corrélées. Il s’agit d’un problèmeimportant auquel les prochaines études devront s’attaquer.En résumé, nos résultats indiquent que la prestation de SEPaux enfants dont la mère a un faible niveau de scolaritépourrait considérablement réduire le risque de suivre unetrajectoire élevée d’AP et que l’impact protecteur est plusimportant si les enfants commencent à recevoir ces servi-ces avant l’âge de neuf mois. Comme les enfants les plussusceptibles de bénéficier des SEP sont les moins suscepti-bles de recevoir ces services, les programmes universelscomprenant la prestation de SEP devraient inclure desmesures spéciales encourageant l’utilisation de ces serviceschez les familles à risque élevé.

Remerciements Cette recherche est financée par le minis-tère de la Santé et des Services sociaux du Québec, par leFond québécois de la recherche sur la société et la culture(FQRSC), par le Conseil de recherche en sciences humainesdu Canada, par les Instituts de recherche en santé du Canada(IRSC), par le centre de recherches du centre hospitalier uni-versitaire Sainte-Justine et par l’université de Montréal.Nous remercions l’institut de la statistique du Québec et lepersonnel du groupe de recherche sur l’inadaptation psycho-sociale chez l’enfant pour la collecte et le traitement desdonnées. Cet article a été produit lors du premier mandatde l’auteur comme titulaire de la chaire de recherche Bellevan Zuylen à l’université d’Utrecht aux Pays-Bas.Q. Xu a effectué les analyses statistiques sous la direction

de S.M. Côté et D.S. Nagin.

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