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Département des Langues Étrangères

Sémio

Deuxième année Master

Université Kasdi Merbah Ouargla

Faculté des Lettres et des Langues

Département des Langues Étrangères

Division de Français

Sémiologie de l’image

COURS

Deuxième année Master

(Sciences du langage)

Enseignante : Dr. Dalila Abadi

de l’image

Deuxième année Master

: Dr. Dalila Abadi

Table des matières

1- SEMIOLOGIE OU SEMIOTIQUE ?

1-1- Définition

2- SEMIOLOGIE ET SIGNE

2-1- Qu’est-ce qu’un signe ?

2-1-1- Le signe selon F .de Saussure

2-1-2- Le signe selon Hjelmslev

2-1-3- Le signe selon C. S. Peirce

2-2- Classification de signes

2-2-1- Catégorie de symbole

2-2-2- Catégorie d’indice

2-2-3- Catégorie d’icône

2-3-Le degré d’iconicité selon A. Moles

3-SEMIOLOGIE DE L’IMAGE

3-1-Rappel : qu’est ce qu’une image ?

3-2-L’image et la sémiologie : quel(s) rapport(s)

3-3Lesdifférents types d’images

3-3-1-Typologie d’images et quelques définitions

3-4- Des images pédagogiques

3-5- Image et représentation du réel

4- IMAGE : ENTRE CONSTRUCTION ET LECTURE-ANALYSE

4- 1-L'image comme un objet

5- Les aspects morphologiques de L’IMAGE

6-L'image comme un signe

7-L'image-communication

8-L'image et le texte : quel(s) rapport(s) ?

9-Lire une image

9-1-Comment lire une photographie?

9-2Modèle d'analyse d’une image et application

Bibliographie et Sitographie

Objectifs :

• Saisir les fondements théoriques de la sémiologie pour comprendre en quoi celle-

ci pourrait nous être utile pour appréhender la spécificité de l'image ;

• Saisir le rôle de la sémiologie pour aborder l’image sous l'angle de la signification.

• saisir le signe selon ses différentes fonctionnalités ;

• saisir l’image comme signe;

• Connaitre les différents usages de l’image ;

• Approcher les différents types d’image.

• Comprendre la construction d’une image ;

• Lire une image ;

• Saisir les rapports qui peuvent s’établir entre deux messages : linguistique et

iconique sur une image.

1-SEMIOLOGIE OU SEMIOTIQUE ?

1-1- Définition

En sciences humaines, la sémiotique est une discipline relativement récente en

comparaison avec la philosophie ou les sciences dites «dures ». Ses origines

remontent à l'Antiquité grecque.

La sémiotique s’est développée dès 1867-68, à partir des travaux du philosophe,

logicien et épistémologue américain Charles Sanders Peirce (1839 –1914). Selon

lui, la sémiotique est l’autre nom de la logique : « La doctrine quasi nécessaire

ou formelle des signes. »

La sémiologie s’est développée en Europe à l’instigation du linguiste et

philologue Suisse Ferdinand de Saussure (1857-1913) aux alentours de 1908-09.

Selon son expression « C’est une science qui étudie la vie des signes au sein de

la vie sociale ; elle formerait une partie de la psychologie sociale.».

La sémiotique (ou sémiologie) est, pour faire bref, la discipline qui étudie les

signes et/ou la signification (processus de la production du sens).

Mais attention

Le terme "sémiotique" comme celui de "sémiologie" ne sont pas pour autant

des synonymes, Joly Martine, dans son œuvre « Introduction à l'analyse de

l'image » a largement fait la démonstration et a précisé que:

« Le premier (sémiotique) d'origine américain, est le terme

canonique qui désigne la sémiotique comme philosophie des

langages. L'usage du second (sémiologie), d'origine

européenne, est plutôt compris comme l'étude de langages

particuliers (image, gestuelle, théâtre, etc.) »1 .

A retenir :

Sémiotique Sémiologie

• d’origine américaine ;

• prend en charge l’étude de

tous les signes y compris le

signe linguistique ;

• privilégie l’étude des signes en

situation ;

• d'origine européenne ;

• prend en charge l’étude des

signes ayant un aspect

particuliers, non linguistiques ;

• privilégie l’étude des signes

organisés en systèmes ;

1 M. Joly, Introduction à l'analyse de l'image, Editions Nathan, Paris, 1993, p.22.

• sa paternité revient à Charles

Sanders Peirce (1839 –1914) ;

• Ses auteurs les plus connus

sont:

Thomas Sebeok, , Gérard Deledalle,

David Savan, Eliseo Veron, Claudine

Tiercelin, etc

• sa paternité revient à

Ferdinand de Saussure (1857-

1913) ;

• Ses auteurs les plus connus

sont:

Roman Jakobson, Louis Hjelmslev,

Roland Barthes, Umberto Eco,

Algirdas Julien Greimas (fondateur de

l’Ecole de Paris).

NB :

Relativement à l’enseignement de ce module, nous conservons « sémiotique »

et « sémiologie » comme étant synonyme.

2- SEMIOLOGIE ET SIGNE

2-1- Qu’est-ce qu’un signe ?

« Un signe a une matérialité que l'on perçoit avec l'un ou plusieurs de nos

perceptions (langage articulé, cri, musique, bruit), le sentir (odeurs diverses:

parfum, fumée), On peut le voir (un objet, une couleur, un geste), l'entendre le

toucher, ou encore le goûter.

Cette chose que l'on perçoit tient lieu de quelque chose d'autre : c'est la

particularité essentielle du signe : être là, pour désigner ou signaler autre

chose d'absent, concret ou abstrait2 ».

Le signe se reconnaît de plusieurs manières. Il existe des définitions

fonctionnelles. Ainsi, la définition la plus générale, et l'une des plus anciennes,

fait du signe ce qui est mis à la place de quelque chose d'autre.

Il existe aussi des définitions qui reposent sur la présence des éléments

constitutifs du signe, lesquels varient d'une théorie à l'autre.

D'un point de vue général, un signe est l'indice d'une chose ou d'un

phénomène qu'il exprime de manière plus ou moins explicite.

Mais d’ordre général, on peut dire qu’un signe est un objet porteur d’une

signification. Par exemple, un feu rouge signifie que l’on doit s’arrêter.

2-1-1-Le signe selon F .de Saussure :

Saussure commence par définir le signe comme une «entité psychique à deux

faces» qui «unit un concept et une image acoustique».

Le signe se décompose en signifiant, la partie perceptible du signe (par

exemple, les lettres v-a-i-s-s-e-a-u) et signifié, la partie intelligible du signe.

2 M. Joly, Introduction à l'analyse de l'image, Editions Nathan, Paris, 1993, p.25.

Le signifiant et le signifié sont indissociables : ils ne peuvent pas être séparés.

Le signifiant est une association de lettres formant des sons. C’est, en quelque

sorte, le contenant.

Le signifié est le sens, la définition du signe. C’est le contenu.

Le mot chien est un signe parce que c’est une forme composée de lettres (le c,

le h, le i, etc.) et parce qu’il est doté d’une signification (un animal domestiqué

par l’homme).

En somme, un signe est une association de lettres pourvue d’une signification.

Raison pour laquelle ce modèle de signe est dit dyadique, puisqu'il comprend

deux éléments

2-1-2-Le signe selon Hjelmslev :

Dans son principal ouvrage, Prolégomènes à une théorie du langage(1646),

Hjelmslev propose une approche influencée par la logique formelle (qui vise à

donner une description abstraite des systèmes sémiotiques)

Il calque le modèle de F. de Saussure en distinguant, sur le plan de

l'expression (le signifiant) et du contenu (le signifié), la forme—ce qui

structure—et la substance—ce qui est structuré.

En d’autres termes :

La forme de l'expression correspond aux règles phonologiques propres à

chaque langue. La forme du contenu correspond aux règles selon lesquelles

la réalité perçue est découpée en unités de sens

La substance de l'expression correspond aux phonèmes effectifs qui résultent

de ces paramètres. La substance du contenu est constituée par ces unités .Ce

modèle de signe est dit tétradique.

2-1-3-Le signe selon C. S. Peirce

Le signe selon Peirce est constitué par la relation de trois composantes que l'on

peut rapprocher du modèle triadique.

Pour CH. S. Peirce, un signe est « quelque chose tenant lieu de quelque chose

pour quelqu'un, sous quelque rapport, ou à quelque titre »3. Cette définition

peircienne met en évidence la relation qu'entretient le signe avec ses trois

pôles: interprétant, représentamen et objet (c'est-à-dire un référent au sens

strict, fixé, sans lequel le signe n'existerait pas).

Pour comprendre ce modèle, nous illustrons avec l’exemple4 médical suivant

pris de N. Houser, en voici :

1. un patient se présente chez le médecin avec de la fièvre et la gorge

enflammée, symptômes qui constituent le signe (ou représentamen).

2. Le médecin, connaissant un certain nombre de maladies qui provoquent ces

symptômes, formule d'emblée un diagnostic: par ex., «c'est un rhume». Le

rhume (maladie la plus facilement associée à ces symptômes) constitue l'objet

immédiat, alors que le diagnostic lui-même constitue l’interprétant immédiat.

3. Le médecin donne alors une ordonnance («reposez-vous et buvez

beaucoup») et un pronostic («Ça ira beaucoup mieux dans trois jours»), qui

constituent l'interprétant dynamique. Dans ce cas, l'objet dynamique serait la

maladie qui a véritablement causé les symptômes—qu'il s'agisse de celle

diagnostiquée par le médecin ou d'une autre présentant les mêmes

symptômes—tandis que l’interprétant final serait le diagnostic correct.

2-2-Classification de signes

3CH. S. Peirce in M. Joly, Ibid. 4 L’exemple est cité par Charles Bally / LaP@ge de Guy,//www9 .georgetown.edu/faculty/spielmag/citation.htm

Plusieurs classifications de signes ont été proposées, mais nous retiendrons

que celle élaborée par CH. S. Peirce parce qu’elle peut nous être utile pour

connaitre le fonctionnement de l'image perçue comme signe.

Sachant, d’emblé, que cette classification dépendent du type de relation qui

s'établie entre le « signifiant » et le « référent » et non le signifié.

Alors, Peirce envisage trois grandes catégories de signes à savoir : le symbole,

l'indice, et l’icône.

2-2-1-Catégorie de symbole :(fonctionne par convention)

« Le symbole entretient avec ce qu'il représente une relation arbitraire,

conventionnelle. Entrent dans cette catégorie les symboles au sens usuel du

terme tels que les anneaux olympiques, différents drapeaux »5 .

Cela veut dire que le signe linguistique est selon la conception peircienne un

symbole dans la mesure où le langage verbal est conçu comme « système de

signes conventionnels ».

2-2-2-Catégorie d'indice :(contigüe de faits)

« L'indice est un signe qui entretient un lien physique avec l'objet qu'il

indique; c'est le cas lorsqu'un doigt est pointé sur un objet, lorsqu'une

girouette indique la direction du vent, ou une fumée la présence du feu »6.

Sous la catégorie d'indice, Peirce a regroupé les signes qui entretiennent une

relation de « contiguïté physique » avec ce qu'ils représentent. Tel est le

fameux exemple de la fumé pour le feu ou encore les nuages pour la pluie.

2-2-3-Catégorie d 'icône :(similitude)

5 U. Eco, Le signe, Labor, Bruxelles, 1988, p.31. 6 Ibid, p.75.

« Correspond à la classe de signes dont le signifiant entre en relation

d'analogie avec ce qu'il représente, c'est à dire, avec son référent : un dessin

figuratif, une image de synthèse représentant un arbre ou une maison sont des

icônes dans la mesure où ils "ressemblent" à un arbre ou à une maison »7 .

De ce fait, l’image est classée sous cette catégorie du fait qu’il y ait un rapport

d’analogie entre le signifiant et le référent.

Remarque :

Peirce explique que la ressemblance n'est pas forcement que visuelle. Exemple

l « 'enregistrement » ou « l'imitation » du galop d'un cheval est aussi icône.

2-3-Le degré d’iconicité selon A. Moles:

Le degré d’iconicité est la valeur iconale: « la quantité de réalisme, d’imagerie

immédiate contenue dans la représentation ».

On peut dresser une «échelle d’iconicité» qui souligne le rapport analogique

qui existe entre un type d’image (signifiant) et son référent. Il y en a 12

niveaux :

Premier niveau: Iconicité maximale (l’objet lui-même). Exemple la photo

d’identité.

Dernier niveau: Iconicité nulle (description en mots normalisés). Exemple la

métaphore.

7 M .Joly, op, cit, p. 27.

C'est-à-dire :

ICONICITE MAXIMUM

- PHOTOS

- SCHEMAS

- GRAPHIQUES

- TABLEAUX

- LANGAGE VERBAL

- LANGAGE MATHÉMATIQUE

ARBITRAIRE MAXIMUM

3-SEMIOTIQUE DE L’IMAGE

3-1-Rappel : qu’est ce qu’une image ?

Plusieurs significations et définitions recouvrent le terme image :

Platon:« J'appelle images d'abord les ombres ensuite les reflets qu'on voit dans

les eaux, ou à la surface des corps opaques, polis et brillants et toutes les

représentations de ce genre » 8 Dans ce cas, l’image est un objet second par

rapport à un autre qu'elle représente.

Pour Michel Tardy9 l'image entretient un rapport avec le réel du monde ou

d’imaginaire.

8 Platon in M. Joly, op, cit, p.8 9 M, Tardy, Image et pédagogie, in Revue Média, n° 7, Paris, Novembre 1969.

D'après le dictionnaire historique de la langue française, le Robert, "image" est

une modification linguistique de la forme imagine, empruntée au latin

imaginéin accusatif d’imago image ce qui ressemble, ce qui est de la

représentation10 .

L'usage contemporain du mot renvoie le plus souvent à l'image médiatique et

est devenu synonyme de télévision et de publicité.

Un autre emploi à signaler celui de l'image de la femme (par exemple) dans les

romans de Mohamed Dib, ou encore l’image de la guerre chez tel ou tel

cinéaste.

Le terme est employé pour désigner les activités psychiques, par exemple, les

représentations mentales, le rêve.

Dans la langue, nous utiliserons le principe de la métaphore qui consiste à

remplacer un mot par un autre en raison de leur rapport analogique ou de

comparaison.

L’image est employée dans le secteur scientifique (astronomie, mathématique,

médecine, informatique, biologie … etc.)

A retenir :

• On voit donc, avec ces quelques exemples, que divers emplois du terme

image renvoient à un sens commun : la représentation visuelle.

• L’image est quelque chose qui ressemble à quelque chose d’autre.

3-2-L’image et la sémiologie : quel(s) rapport(s) ?

Une image est un ensemble de signes distribués dans un espace clôturé. Ces

signes sont déterminés sur la base d'une sélection au moyen de jugements 10 Voir le Robert, Dictionnaire historique de la langue française, 1993, pp.996 -997.

perceptuels visuels. Les relations qu'ils entretiennent résultent de leurs

qualités propres et/ou sont de nature topologique. La méthodologie générale

peircienne s'applique à l'image comme au texte ou à un mélange des deux.

Une image est toujours donnée comme un tout, par construction ou par

convention, ayant une signification globale.

Une image est en réalité un ensemble de signe qu’il convient d’interpréter.

3-3-Les différents types d’image :

Il est important de connaître la typologie des images afin de mieux en

maîtriser la compréhension.

Une image peut être fixe (peinture, photographie…) ou animé (vidéos,

cinéma…). Elle peut être créée par des moyens graphiques.

3-3-1-Typologie d’images et quelques définitions :

� Image : reproduction exacte ou analogique (établie par l’imagination)

d’un être, d’une chose.

� Tableau : œuvre picturale exécutée sur un support rigide et autonome.

� Dessin : représentation ou suggestion des objets sur une surface à l’aide

de moyens graphiques.

� Croquis : esquisse rapide (le plus souvent au crayon ou à la plume).

� Ébauche : première forme, encore imparfaite donnée à une œuvre

picturale.

� Esquisse : première forme d’un dessin. Servant de guide à l’artiste lors

de l’exécution définitive.

� Graphique : technique de représentation par des lignes joignant des

points caractéristiques.

� Hologramme : image en relief obtenue par interférence de rayons laser.

� Schéma : figure donnant une représentation simplifiée, fonctionnelle

d’un objet.

� Photographie : image obtenue par l’action de la lumière sur une surface

sensible.

� Reflet : image obtenue par le changement de direction des ondes

lumineuses rencontrant un corps interposé.

� Art : expression d’un idéal esthétique au travers des créations humaines

(architecture, peinture, musique, danse, cinéma, sculpture,

photographie, la télévision, la bande dessinée).

3-4- Des images pédagogiques :

Il existe différents types d’images utilisées à des fins pédagogiques :

3-4-1- La photographie

De toutes les représentations (présentées sur un support papier) la photo est la

plus ressemblante. Cependant, une trop grande ressemblance ne facilite pas

toujours la reconnaissance de l'objet représenté. Trop de détails par exemple,

peuvent nuire à l'identification d’une forme générale.

3-4- 2-Les schémas

Nous regroupons dans cette catégorie les dessins, les croquis et les schémas.

Ces derniers Les uns et les autres sont le résultat d'un processus de

schématisation. Ils sont une figuration

simplifiée, fonctionnelle et modélisante du réel.

3-4-3- Les graphiques

Les graphiques sont des représentations essentiellement conventionnelles de

phénomènes quantitatifs.

3-4-4- Les tableaux

Ils présentent des données chiffrées ou verbales dans une forme visuelle qui en

rend la lecture facile.

3-5- Image et représentation du réel

Quel que soit le degré de sa ressemblance avec le réel, l’image reste une

représentation de ce dernier.

-Les images dites figurative représentent un élément du réel auquel elle

ressemble par imitation.

-Les images dites abstraites n’ont pas de rapport immédiat avec des objets du

réel directement reconnaissables.

-Une photographie est une image qui semble reproduire la réalité, pourtant

elle n’est qu’une représentation.

4- Image : entre construction et lecture-analyse

Comment lire l'image ? A l'aide de quels mots parler de ce langage iconique ?

Pour répondre à ces questions, nous sommes dans l’obligation de ré-approcher

les multiples constituants de l'image.

En effet pour décoder des informations et les interpréter, le cerveau humain

utilise deux de deux types de lectures

fondamentales (analogique ou digitale) déterminant ainsi la manière de

percevoir les signes :

• La lecture analogique : décode les éléments d'une façon immédiate,

globale (hémisphère droit)

• La lecture digitale : décode les éléments les uns après les autres, de

manière analytique, progressive (, hémisphère gauche).

De plus, l’image (langage iconique), comme le texte (langage verbal), offre

deux types de significations: les dénotations et les connotations.

-Les significations dénotées sont répertoriées dans les dictionnaires et sont

pratiquement communes à tous les utilisateurs de la même langue.

Exemple :

La plage : endroit plat et bas d'un rivage où les vagues déferlent, et qui est

constitué de débris minéraux plus ou moins fins (limon, sable, galets).

- Les significations connotées, elles font écho en notre imaginaire et réveillent

des notions qui dépendent du contexte, qui sont fondées sur des références

culturelles ou qui relèvent de l'histoire personnelle de chacun.

Exemple :

Le mot "plage" peut évoquer le salut (pour un naufragé), les vacances, le soleil,

l'amour, les bonnes affaires (un marchand ambulant), une plaine de jeux...

Remarque : l’image peut être perçue comme : un objet, un signe, une

communication. En d’autres termes : elle peut représenter un objet, une

personne, elle peut aussi connoter des concepts. Et cela de manière très souple

car il est rare qu'une image impose un sens unique (polysémie).

4- 1-L'image comme un objet

Une image comme un objet, permet d'en décrire la géométrie.

Le cadre

L'image inscrit le réel dans un cadre plus ou moins souligné rectangulaire,

carré, losangé, ovale, circulaire. Lorsque le cadre est souligné, on parle de

bordure.

Exercices d’application :

Exercice n°1

Retrouvez l(es)’histoire (s)possible(s)

Image 1 : une infirmière ouvre la porte de la chambre

Image 2 : elle s’approche du malade qui est dans le lit

Image 3 : elle l’installe dans un fauteuil

Image 4 : elle l’emmène

Chaque dessinateur a illustré à sa façon, et cela donne trois histoires très

différentes, racontant une ambiance différente. Rien que par le jeu du cadrage,

on se retrouve avec trois histoires …

N°1

N°2

N°3

Pour chaque histoire :

1 –nommer quel est le cadrage utilisé pour chaque case

(par exemple plan américain, contre plongée, angle de vue, etc.)

2 –décrire et qualifier l’ambiance que vous ressentez pour chaque histoire,

comment vous l’interprétez.

3 –expliquer en quoi, à votre avis, le cadrage a contribué à créer cette

ambiance.

Exercice n° 2

Recadrer une image réduit le champ de l'image. Souvent réalisé dans un but

esthétique de composition, le recadrage, parfois appelé rognage, peut

fortement modifier la signification de l'image.

Ce procédé est parfois utilisé par la presse ou la propagande politique pour

modifier le sens de l'image et manipuler l'opinion. Il convient de rester vigilant

!

Regardez par exemple cet homme : que fait-il ? Il a marqué un panier au

basket ? Il danse car Il vient de gagner au loto ?.....

Regardez l'image avant son recadrage :

Exercice n°3

Observez cette page de publicité (ci-dessous) et répondez aux questions :

1) Qui communique ? (= quelle marque)

2) Décrivez la première photo : Que voit-on ?

3) Comparez maintenant la 1ère et la 2è photo : qu'ont-elles de différent ?

Qu'ont-elles en commun ?

4) Comment peut-on passer d'une photo à l'autre ? Tracez sur la photo n°1 le

cadre correspondant à la photo n°2.

5) Analysez, pour chacune des deux photos, ce que nous comprenons du

personnage : qui est-il, que fait-il ?

6) Que nous vend exactement cette publicité ?

Les lignes de fuite

Dans la perspective classique, elles peuvent être tracées dans l'image ou

virtuellement reconstituées en prolongeant les segments ou les directions

indiquées. Elles déterminent le point de fuite, même s'il se situe hors de

l'espace de représentation. L'espace sera ainsi ouvert ou fermé.

Les axes et structures

Les lignes verticales, horizontales, courbes, droites, brisées, spirales,

constituent des formes. Leur tracé est précis, net ou flou.

Les masses

Des surfaces sont définies par les contours des formes en fonction des couleurs

et du rapport des ombres et de la lumière. Le dessin est dit figuratif (quand il

s'attache à représenter des objets ou des personnes), non

figuratif ou abstrait dans le cas contraire.

D'autres mots permettent d'identifier les couleurs et leurs relations : nuances,

dégradés, contrastes. Noir et blanc, camaïeu (peinture où l'on n'emploie

qu'une couleur avec des tons différents), polychromie, évoquent le nombre de

couleurs utilisées. Les nuances : variations de tonalité, claires ou foncées.

Couleurs que l'on peut aussi différencier : Couleurs primaires ou secondaires,

Couleurs chaudes ou froides11.

NB/ Les couleurs

11 Nous ferons référence à CADET Christiane, CHARLES René & GALUS Jean-Luc, La

communication par l'image, Repères pratiques Nathan, Paris, 1990.

Il existe une symbolique des couleurs (et aussi des formes : tels que le carré, le

rectangle ….), que l’on peut utiliser à des fins expressives, à titre illustratif,

nous citons :

• Blanc : vie, naissance, pureté, vertu, silence ;

• Jaune : joie, stimulation (mais aussi vanité, gène, maladie) ;

• Orange : expansion, attention, stimulation ;

• Rouge : fougue, excitation, passion, exubérance, danger, agressivité ;

• Vert : détente, espérance, destin, hasard, jeunesse, nature ;

• Violet : mystère, richesse (mais aussi malaise, trouble) ;

• Bleu : calme, sérieux, spiritualité, fraicheur, hygiène ;

• Noir : austérité, pouvoir, menace, ténèbres, mélancolie, mort.

Exercices d’application (et consolidation)

Exercice n° 1

Q1 : Quelle est la couleur complémentaire du rouge ?

a vert

b jaune

c orange

Q2 : Qu’appelle-t-on une couleur chaude ?

a le jaune

b les couleurs claires

c les couleurs entre le jaune et le rouge

Q3 : Combien y a t'il de couleurs primaires ?

a 7

b 9

c 3

Q4 : Quelle est la couleur complémentaire de l'orange

a le bleu

b le jaune

c le vert

Q5 : Où trouve-t-on une couleur complémentaire d'une autre sur le cercle

chromatique ?

a juste à coté

b diamétralement à son opposé

c elle n'y est pas

Q6 : Qu’obtient-on en mélangeant trois couleurs primaires ?

a du gris

b du noir

c du marron

Q7 : Quel est le complémentaire du violet?

a le rouge

b le vert

c le jaune

Q8 : Que signifie la valeur d'une couleur ?

a caractérise son degré de clarté ou d'obscurité.

b son prix

c son efficacité

Q9 : Comment dégrade-t-on une couleur pour la rendre plus claire ?

a en y ajoutant du blanc

b en y ajoutant du jaune

c en y ajoutant du noir

Q10 : Comment rabat-on une couleur pour la rendre plus foncée ?

a en y ajoutant du bleu

b en y ajoutant du noir

c en y ajoutant du blanc

Q11 : Comment obtient-on une couleur rompue ?

a en y ajoutant du rouge

b en y ajoutant du noir

c en y ajoutant sa complémentaire

Q12 : Quel est le contraste maximum entre deux couleurs ?

a entre le bleu et vert

b entre deux complémentaires.

c entre le jaune et l'orange

Q13: Quelles couleurs marquent le plus fort contraste du clair-obscur ?

a Le rouge et le bleu

b le blanc et le noir

c le violet et le vert

Q14 : À partir de quel mélange à part égal crée-t-on un Gris Neutre ?

a du blanc et du noir

b du rouge et du vert

c du violet et du jaune

Q15 : À partir de quel mélange crée-t-on un Gris Coloré ?

a du noir et du blanc

b du vert de l'orange et du violet

c des trois couleurs primaires

Q16 : Comment se nomme la reproduction imprimée en deux couleurs ?

a monochromie

b dualomanie

c bichromie

Q17 : Comment appelle-t-on la capacité d'un corps à s'opposer à la

transmission des rayons lumineux ?

a l'opacité

b l'antiluminosité

c la noireté

Q18 : Qu’appelle-t-on une harmonie ?

a un ensemble de couleur réunies selon une loi commune

b un couple de couleurs complémentaires

c la différence entre deux couleurs

Q19 : Qu’appelle-t-on un camaïeu ?

a une harmonie de couleurs claires

b l’ensemble des valeurs d’une couleur

c un contraste de couleurs

Q20 : Comment appelle-t-on une harmonie de couleur claires ?

a une gamme de couleurs vives

b une gamme de couleurs pastels

c une gamme de couleurs contrastées

Exercice n°2

Créez des harmonies colorées à la gouache. Pour chacune d’entre elle,

indiquez pour quels types de vêtements ces harmonies colorées seraient

adaptées selon vous (circonstances, saison, clientèle, tendance…)

Gamme de couleurs rabattues :

………………………………………………………………………………………………………………………

……………..

………………………………………………………………………………………………………………………

………………..

………………………………………………………………………………………………………………………

………………..

Gamme de couleurs pastels :

………………………………………………………………………………………………………………………

………………..

………………………………………………………………………………………………………………………

………………..

………………………………………………………………………………………………………………………

………………..

Gamme de couleurs chaudes :

…………………………………………………………………………………………………………………

………………..

5- Les aspects morphologiques de L’IMAGE

L'image se présente dans une échelle des plans :

5-1- Ensemble : Le plan d'ensemble cadre le décor et les personnages dans leur

environnement global.

5-2- Moyen : Le plan moyen (ou plan en pieds) cadre le personnage en entier.

Ce plan donne un rôle à tout le corps, en évacuant le contexte dans lequel

évolue le personnage.

5-3- Américain : Le plan américain prend le personnage à mi-cuisses : son

nom vient du fait qu'il a été beaucoup utilisé dans les westerns.

5-4- Rapproché : Le plan rapproché cadre le personnage à la taille ou à la

poitrine.

Le regard du spectateur est de plus en centré sur le personnage mais le

spectateur n'entre pas dans son intimité.

5-5- Gros plan : Ce plan attire l'attention du spectateur sur un visage, une

expression, un objet particulier. L'image envahit le regard.

5-6- Très gros plan (insert): est un très gros plan qui capte un détail. Ce

détail est exagérément grossi : on insiste donc sur son importance. C’est le plan

dramatique par excellence.

Récapitulation :

Echelle des plans12

12 Source internet

L'image se présente selon un certain point de vue :

Frontal : c'est à dire de face. La vue de face a une fonction de contact. Elle

donne l'impression que le personnage représenté s'adresse directement à la

personne qui regarde la photo.

Plongée : Ce type de prise de vue crée un effet d'écrasement du sujet. Elle

permet de souligner la fragilité d'un personnage, de donner une impression de

solitude et de détresse, de créer une tension ou d'amplifier la grandeur d'un

lieu.

Contre-plongée : Cet angle est fréquemment utilisé pour magnifier, glorifier

le sujet observé, qui domine l'observateur. Cela rend le personnage plus

imposant.

Elle offre, en outre, une certaine profondeur de champ .

La profondeur de champ est la distance entre le premier et le dernier plan net

d'une image

(Avant-plan, Second plan, Arrière-plan ….).

Un hors-champ, espace non représenté mais susceptible d'entretenir une

relation avec le visible, le champ.

6-L'image comme un signe

L’image est un signe complexe qui peut obtenir trois types de signifiants. Elle

renvoie le regardant à la réalité qu'elle signifie :

Un signifiant figuratif ou iconique

On peut généralement décrire le contenu d’une image, de ce qu’elle

représente.

Un signifiant plastique

Une image contient, outre ce qu’elle représente, un ensemble de signifiants

souvent mêlés les uns aux autres : formes, couleurs, traits, matières… auxquels

on peut associer un signifié souvent difficilement traduisible par des mots.

Un signifiant symbolique

Le symbole et l’allégorie font correspondre une idée abstraite, un concept, à

un objet concret ou à sa représentation par une image. Les images contiennent

ainsi souvent plus ou constitue en entier des signifiants symboliques. Ces

symboles peuvent prendre différents aspects. Pour les formes, par exemple, en

voici :

Principes d'assemblages de plusieurs éléments

Exercice

Cet exercice est à réaliser sur une page Word, à l'aide de la boîte à outils

dessin.

En utilisant seulement les trois formes simples suivantes

En faisant varier le nombre, la taille et surtout la disposition de ces éléments,

créez des compositions expressives.

a) Utilisez au moins une des formes pour exprimer les idées suivantes :

Stabilité – légèreté - dynamisme – équilibre instable

b) Utilisez toutes les formes pour réaliser les organisations suivantes :

Centré – ascendant – symétrique – divergent

c) Utilisez les formes à volonté pour exprimer les sentiments suivants :

Solitude – joie – colère – sérénité

Remarque 1/ La Symbolique des formes

Voici pour les chiffres quelques fondamentaux des particularités des formes.

La droite horizontale : Elle représente notre plan terrestre, "plat" par son

horizon et sa stabilité apparente. C'est une structure d'accueil de notre matière

dont elle est le symbole.

La droite verticale : Elle représente l'Esprit Divin. Elle est une descente de ce

"qui est en haut" en reliant le supérieur et l'inférieur. Ce qui est debout, à

l'image de l'humain, est ce qui est doué d'esprit, d'intelligence, étant le lien

entre le monde divin et les mondes inférieurs. Regardez la symbolique de

l'arbre, ce pilier vertical qui est dans les traditions le lien entre le ciel et la terre

et vénéré comme tel.

La diagonale : Elle désigne un mouvement, qui est une progression ou une

ascension selon le sens du tracé. Ce mouvement peut être un mouvement

temporel ou une capacité d'action, de faire.

La demi-sphère : Matrice.

Le demi carré : Ce carré que l'on devine, c'est son coté cartésien, "carré", et

pourtant tronqué de moitié car il lui manque son autre moitié.

Le cercle : Il représente un tout fini, complet et parfait, autonome, et

pourtant cerné par sa propre limite. Il contient son propre espace, c'est un

contenant et un contenu.

Remarque 2 /La Symbolique des formes géométriques

Les symboles ont plusieurs sens (parfois même contraires), parce que ‘ils

changent de sens selon les cultures, parce que le sens d'un symbole n'est

jamais indépendant des symboles qui l'entourent (le carré comme symbole

change de sens selon qu'il est confronté au cercle ou au rectangle). En voici

quelques exemples :

• Carré : l'imperfection du monde terrestre, la matérialité.

• Cercle : la perfection, l'absolu, l'infini, le divin.

• Losange : la vie, le passage, l'échange.

• Triangle : la sainte trinité, l'unité.

A retenir :

Les aspects sémiotiques de l'image concernent les codes sociaux, les

connotations, les références culturelles et symboliques, la rhétorique des

signes.

Repérage des codes sociaux

Toute image a été réalisée dans certaines conditions socio-économiques, elle

en porte les traces.

Exploration des connotations

Polysémique , l'image offre, au delà du sens dénoté, un vaste champ

de connotations qui dépendent, d'une part du lecteur, de son expérience, de sa

culture, de sa pratique sociale, de son inconscient, de son imaginaire.

Références culturelles et symboliques

Il s'agit de reconnaître les codes propres à une culture : codes techniques et

ornementaux du corps (vêtement,...) et de l'espace (architecture,...); les codes

symboliques …..

De ce fait, pour lire une image, il faut prendre en considération:-

l’identification du sujet, - la situation dans le temps - le contexte historique,

le socio-économique, le culturel, la biographique,…

7-L'image-communication

Le support est peut-être ce qui se voit le moins et ce qui compte le plus. (R.

DEBRAY)

Objet et signe, l'image ne prend son sens que par l'œil d'un regardant. Entre

eux une relation particulière s'établit.

On peut donc, devant chaque image, s'interroger sur la façon dont elle

interpelle le regardant.

8-L'image et le texte : quel(s) rapport(s) ?

Enfin l'on peut s'interroger sur la relation entre l'image et le texte

(titre, légende,...) qui exerce

• tantôt une fonction d'ancrage lorsqu'il impose parmi la masse de

significations possibles, un sens unique de lecture;

• tantôt une fonction de relais lorsqu'il apporte ce que l'image ne dit pas.

• Parfois le texte est décalé par rapport à l'image, il acquiert à ce moment

une valeur poétique et incite le lecteur à un effort d'imagination tel est

l’exemple de ("Ceci n'est pas une pipe " Magritte).

Remarque

� La fonction d'ancrage selon R. Barthes : « […] le message

linguistique guide non plus l’identification, mais l’interprétation, il

constitue une sorte d’étau qui empêche les sens connotés de

proliférer soit vers des régions trop individuelles (c’est à dire qu’il

limite le pouvoir projectif de l’image), soit vers des valeurs

dysphoriques ; […]. Le texte dirige le lecteur entre les signifiés de

l’image, lui en fait éviter certains et en recevoir d’autres »13 .

� La fonction de relais selon R. Barthes : « […] plus rare (du

moins en ce qui concerne l’image fixe) ; on la trouve souvent

surtout dans les dessins humoristiques et les B D. Ici, la parole (le

plus souvent un morceau de dialogue) et l’image sont dans un

rapport de complémentaire »14.

Remarque15

13 R. Barthes, Rhétorique de l’image, Communication, N°4, Seuil, 1964, pp.43-44. 14 R. Barthes, op, cit, P.45. 15 Les exemples sont extrait de l’Internet

En rapprochant une image d'une autre image, on suggère une nouvelle

interprétation. De même une légende peut influencer le sens perçu de l'image.

Ci dessus, l'homme qui déguste son camembert est perçu très

différemment selon le contexte dans lequel cette photo est employée.

Ci dessus, dramatisation ou non du départ en vacances

9-Lire une image

Rappel

Analyser un objet, une image, nécessite tout d’abord de faire l’inventaire le

plus objectivement possible de ses composants, sans jamais l’interpréter. C’est

ce qu’on appelle la dénotation.

Analyser un objet, une image, c’est également l’interpréter, chercher ses

références, l’impression qu’il donne, ses significations possibles. C’est ce que

l’on appelle la connotation.

Aucune interprétation ne doit être donnée sans s’appuyer sur une dénotation

précise.

I - Analyser une image nécessite d’abord de faire l’inventaire le plus

objectivement possible des composants de cette image sans l’interpréter : c’est

ce qu’on appelle la dénotation.

Pour faire une dénotation la plus objective possible, imaginez que vous

décriviez par téléphone une image à quelqu’un qui ne la voit pas : il doit

pouvoir l’imaginer précisément.

Présentez le sujet : origine et destination de l’image (magazine, affiche,

illustration...)

Décrivez le sujet : personnages, objets, décors (en général et dans le détail de

ces éléments)

Analysez les différents composants plastiques en mettant en évidence les effets

de contrastes et de dominantes de toutes sortes :

Composition et organisation de la page :

Format à la française, à l’italienne... cadrage, plan général, plan américain, gros

plan ... angle de vue... premier plan, arrière plan ...

Ligne(s) de force horizontale, verticale ascendante ou descendante, oblique,

triangulaire, en spirale convergente ou divergente...point fort

Hiérarchie des éléments qui composent la page, pleins/vide, fond/formes...

Symétrie, perspective, rythmes...

Graphisme :

Ligne souple, anguleuse, orthogonale...

Trait haché, hésitant, affirmé, gestuel, rigoureux, rectiligne...

Formes souples, rigides, fermées ouvertes, mouvementées, éclatées...rectangle,

carré, cercle, triangle, cube, sphère, pyramide...

Volumes et valeurs : espace, profondeur, ombre, lumière, clair/obscur,

noir/blanc...

Couleurs : primaires, secondaires, chaudes, froides, complémentaires, vives,

toniques, lumineuses, ternes, pastels, rabattues...

Matières : aplat, dégradé... surface et effet moucheté, granité, froissé, rugueux,

lisse, brillant, métallique...

- Typographie :

Centrée, justifiée, ferrée, en habillage....

Expressive, fine, grasse, lourde....

II - Analyser une image, c’est ensuite interpréter et donner du sens à ce qui

n’est que dénoté : c’est ce qu’on appelle la connotation.

Toute connotation doit s'appuyer sur un ou plusieurs éléments dénotés.

Indiquez l’annonceur et la cible (le public visé, le destinataire) du

message publicitaire.

Interpréter une image, c’est chercher ses significations possibles, qui sont

multiples. Ces significations dérivent les unes des autres, sont d’abord

immédiates puis s’entraînent et s’enchaînent, de plus en plus subtiles.

Essayez de vous mettre à la place du photographe ou du publicitaire qui a

conçu l’image.

Recherchez des références dans différents domaines.

Donnez votre interprétation en vous appuyant sur une description précise.

Vous pouvez utiliser les mots suivants :

(Élément dénoté) .... symbolise ...

exemple : signifie

la forme souple ... suggère

le personnage isolé ... donne l’impression que

la dominante de bleu ... exprime un sentiment de

le graphisme anguleux ... fait référence à

le rythme saccadé .... rappelle

le thème de l’eau ... évoque

l’équilibre de noir et blanc ... produit l’effet de

la typographie employée ... accentue l’effet de

l’importance du texte ... minimise l’effet de

Dans une image publicitaire par exemple, le texte est en relation avec le visuel

par le contenu de son message mais aussi par sa composition et l’expressivité

de son graphisme. Le rapport texte / image doit lui aussi être connoté.

Mettez en évidence la manière de communiquer : construire une image

s’apparente à construire une image ou un discours. Les procédés employés

pour communiquer, persuader, convaincre ou impliquer le destinataire sont

comparables.

Faites la différence entre ce qui est dit ou montré et ce qui est suggéré.

Vous pouvez ainsi rencontrer des messages qui utilisent des figures de style :

La polysémie (plusieurs sens)

La redondance (répétition de formes ou de mots)

La métonymie (fragments d’un corps ou d’un objet, notre imagination

reconstitue le tout)

L’ellipse (suppression d’un élément ou d’un moment de l’action, l’imagination

reconstitue les faits)

La litote (ou fausse modestie, dire moins pour faire entendre plus)

La métaphore (substitution par analogie d’un objet ou d’une idée par un autre)

L’allégorie (représentation imaginée d’une idée, d’un sentiment)

9-1-Comment lire une photographie?(à titre indicatif)

Etape 1: Impression générale

Quelques termes qui qualifient ce que l'on ressent à la vue de l'image.

Etape 2: Procédés techniques: analyse et description

- la composition (sujet, détails, cadrage, point-de-vue, netteté, flou)

- les lignes principales

- les formes

- les couleurs, les nuances

- la lumière (contrastes, jeux de lumière)

- la matière (effets de texture)

Etape 3: Contexte culturel

- identification du sujet,

- situation dans le temps

- contexte historique, socio-économique, culturel, biographique,…

Etape 4: Effets recherchés

- Quelle est l'atmosphère? Comment est-elle rendue?

- Quels sont les rapports entre la lumière et le sujet, entre le cadrage et le

sujet,…?

- Y a-t-il un rythme, un mouvement? Comment s'exprime-t-il?

Etape 5: Interprétation et jugement

- Quel est le message de l'image?

- Y a-t-il adéquation entre le message et l'impression générale?

- Pensez-vous que le photographe a atteint son but?

- Y a-t-il une unité dans l'image?

9-2- Modèle d'analyse16 d’une image et application...

L'Image qui a choqué le monde

Photo des quelques uns des 158 prisonniers du camp de détention américain X-

Ray,

implanté sur la base militaire de Guantanamo Bay, à Cuba.

Identifier l’œuvre:

Image d'art, photo de presse, publicité... (Fiche signalétique)

Nature de l’œuvre : type (photo de presse, dessin/caricature, publicité...),

support et titre.

16 Stéphanie Dansereau, professeure, Éducation à l'image et aux médias, UQAM [email protected]

Il s'agit d'une photo numérique de presse sur page écran, prise par Shane T.

McCoy, U.S. Navy REUTERS, le 11 janvier 2002; son titre est L'image qui a

choqué le monde.

Contexte (où se trouve-t-elle) et époque : nom, date et lieu du canal de

diffusion

Magazine, journal, mur (affiche), écran télé (mise en scène réaliste, fictive...),

écran de cinéma

cette image, ainsi que l'article lié, ont été diffusés sur la page web

intitulée:Actualités, sur le site Internet Yahoo- France, mardi le 22 janvier 2002

(http://fr.news.yahoo.com/).

Le sujet abordé (résumé du contenu) et thèmes

détenus agenouillés, pieds et poings liés, portant bâillons, casques et masques,

dans l'attente, surveillés par des militaires dans un espace dénudé et grillagé,

entouré de barbelés.

thèmes : domination, rapports dominé/dominant.

Légende complémentaire sous la photo de presse

L'image de ces détenus agenouillés pieds et poings liés, portant bâillons,

casques antibruit et masques aveuglant, dans l'attente de leur transfert vers les

cellules, a soulevé une vague d'indignation à travers le monde. Le secrétaire

américain a démenti tout mauvais traitement de ces hommes.

Première exploitation

Effet produit : choc, malaise, peur, colère

L'image est choquante par différents procédés: la couleur rouge des uniformes

accroche tout d'abord notre œil ; les accessoires qui caractérisent l'état

d'asservissement des détenus et le dépouillement du décor accentuent l'effet

de malaise, d'injustice.

Problèmes de compréhension du message

Y a t-il un texte/légende/slogan pour compléter le message ?

L'image est réaliste, riche en significations mais polysémique. La légende qui

accompagne l'image aide à réduire cette polysémie de la photo et la

contextualiser. Sans la légende, nous ne pouvons pas savoir où l'action se

passe, à quelle époque et la problématique soulevée. L'ancrage linguistique

complète l'information transmise par la photo et donne des repères sur

certains éléments narratifs dans l'image: les sujets impliqués et le contexte

carcéral.

Le taux d'iconicité du sujet de l'information* est élevé, car l'image permet aux

lecteurs de reconnaître, d'identifier puis de comprendre ce qui se passe pour

ces prisonniers et le rapport de force inéquitable.

A. Aspects extérieurs

La construction ou itinéraire de lecture: lecture horizontale (statique/paysage),

verticale (dynamique/portrait)

Les lignes obliques dominent la photo.

La lecture de la photo se fait en suivant un parcours en Z (le titre, l'image et la

légende).

Le cadrage: l’échelle du plan: gros plan, plan moyen, plan général, plan

d'ensemble .... L’angle de vision: normal (hauteur des yeux), plongée (du haut

vers le bas= effet d'écrasement), contre plongée (du bas vers le haut=effet de

puissance) ; l'éclairage : jour, nuit, pénombre... effets techniques (avant plan

clair et arrière plan flou), trucages (grossissement d'un objet, disproportion

de...)

L'image est cadrée à la verticale et les éléments qui la composent sont

organisés en trois paliers: le grillage en avant-plan, hors foyer, les personnages

en deuxième plan et le décor en troisième plan (géographie des lieux et du

temps).

Le photographe est placé à gauche par rapport à la scène photographiée;

l'angle de prise de vue est en légère plongée, ce qui produit un certain effet

d'écrasement des sujets, surtout ceux en état d'infériorité, accroupis.

B. Analyse de la mise en œuvre

Les références culturelles

La photo est réaliste et objective, elle a une fonction notionnelle et c'est une

photo de reportage.

L'image permet de faire une première référence à des soldats américains à

cause de leur uniforme typique (couleur kaki simulant les sous-bois) . Les

barbelés et clôture renvoient à la réalité carcérale des prisons.

L'expression des sentiments

Ces images des détenus immobilisés à genoux, avec les pieds et les poings liés,

portant des casques antibruits et des masques, suggèrent à la fois le danger et

l'humiliation.

La photo étonne le spectateur et l'émeut par la mise en situation inattendue et

le rapport de force démesuré.

Le dit (ce qui est montré) et le non-dit (ce qui est suggéré)

Le format de la clôture à l'avant-plan crée l'effet d'une loupe à travers laquelle

le spectateur/lecteur regarde, examine, découvre une réalité ...

La photo joue le rôle de preuve, elle est descriptive : elle montre d’abord un

environnement clos par un grillage dans un lieu désertiques ; elle va aussi

témoigner de conditions de vie de sujets détenus par des militaires.

Procédés

Les procédés d’expression, la rhétorique visuelle

Y a-t-il un effet recherché : métaphore, analogie, contraste ou opposition pour

faire réfléchir, provoquer, comprendre des liens ...?

L'effet d'opposition est bien mis en évidence par le rouge qui contraste avec le

gris et avec les zones d'éclairage entre l'avant- plan sombre et l'arrière plan

clair. Les couleurs très saturées des uniformes des détenus sont en contraste

aussi avec celles des soldats. Un procédé stylistique d'antithèse met en valeur

ce rapport de force entre dominés et dominants (les gens debout VS les gens

accroupis).

Le grillage hors foyer au premier plan a une valeur métonymique, suggérant la

prison (la partie pour le tout).

Les outils

Choix d'une technique particulière, d'un procédé graphique ou de couleurs, de

textures pour favoriser cette rhétorique ou symbolique...?

Le photographe a dû faire cette photo avec un téléobjectif : le foyer s'est

fait sur l'arrière-plan, donnant ainsi une bonne profondeur de champ à

l'image tout en créant un flou en avant-plan. Peu d'effets sont observables car

le but de la photo est de témoigner d'une réalité et non d'être esthétique.

Contextualiser si possible

A. Analyse du contexte dans lequel l’œuvre a été élaborée

Contexte historique: voir plus haut

Contexte artistique

Contexte biographique (auteur si connu ou origine du diffuseur)

B. Recherches savantes dans le cas de certaines images artistiques ou

politiques

Genèse de l’œuvre : La réception de l’œuvre : diffusion grand public ou non

Pour conclure

Que pouvez-vous dire à partir des différents paramètres relevés et impressions

dégagées ?

La photo ici est à la fois descriptive (informe sur une situation) et symbolique

(joue sur les codes gestuels, chromatique et rhétorique entre militaires et

prisonniers). L'action photographiée semble avoir été saisie sur le vif, pas de

trucages techniques et veut attester ainsi de l'authenticité de l'événement. Le

grand public ainsi que les organisations de défense des droits de l'homme sont

les destinataires visés. Enfin, l'image, par sa sobriété et sa légende, montre sans

artifices une situation d'humiliation inacceptable en démocratie, ce qui vient

confirmer le rôle émotif que peut jouer une image qui informe certes, mais qui

cherche aussi à faire réagir, à susciter la réflexion et éventuellement

l’engagement.

En fin

Bien que constitué de signes souvent continus (difficiles à segmenter), l’image

se prête toutefois, comme le langage verbal, aux tests de permutation ou de

présence/absence. Une couleur a été choisie plutôt qu’une autre (vert plutôt

que rouge), une forme a été préférée à une autre (rond plutôt que carré). Cette

sélection (ou permutation) est porteuse de sens. D la même manière, la

présence ou l’absence de certains éléments peuvent être interprété de

différentes façons.

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