Nouvelles données pour la compréhension des séries dites "au bateau"

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bulletin de la société Française de numismatique 56 es Journées numismatiques de bavay 68e année — n° 6 — juin 2013 Journées numismatiques bavay 31 mai - 1 er Juin 2013

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bulletin de la société Française de numismatique56es Journées numismatiques de bavay

68e année — n° 6 — juin 2013

Journées numismatiquesbavay

31 mai - 1er Juin 2013

illustration de la couverture :méreau du salut de saint-Pierre de valenciennes, un jeton de présence.Droit : sans légende, armes de la ville de valenciennes, écu ovale couronné, théo-

riquement de gueules au lion d’or armé et lampassé d’azur encadré par deux cygnes,le tout dans un grènetis linéaire

revers : en quatre lignes, saLvt / De saint / Pierre / 1733, grènetis linéaire.métal, fonte de bronze de couleur jaune.Diamètre 22 mm.Poids de l'exemplaire 6,59 g

BULLETIN DE LA SOCIÉTÉBULLETIN DE LA SOCIÉTÉ

FRANÇAISE DE NUMISMATIQUEFRANÇAISE DE NUMISMATIQUE

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Publication de la société Française de numismatique

68e année — n° 6 juin 2013

soMMaire

études et travaux

Parisot-siLLon (Charlotte) — nouvelles données pour la compréhension des séries dites « au bateau » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .122

PiLon (Fabien), CLotuCHe (raphaël) — Circulation et thésaurisation monétaires à Famars (nord). L’apport des fouilles récentes de La Rhonelle et du Technopôle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .129

Crinon (Pierre) — état du monnayage carolingien de Pierrepont (c. de marle, arr. de Laon, aisne) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .140

DHénin (michel) et sCHiesser (Philippe) — une obole inédite de Cambrai du Xe siècle, tentative d'attribution. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .145

Crinon (Pierre) et Prot (richard) — monnaies inédites de Walincourt etd’élincourt en Cambrésis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .147

bomPaire (marc) et LebaiLLy (émilie) — sur l'origine et le sens des « pilewilles » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .154

CHarLet (Christian), CLairanD (arnaud) et Jambu (Jérôme) — À l’origine de l’écu « de Flandre » : du projet aux premières émissions lilloises (juillet 1685-janvier 1686) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .157

CHarLet (Christian) et CHarLet (olivier) — Les différents de la monnaie de Lille en 1686 : double L (LL) et L couronné . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .167

CHarLet (Christian) — La fraction des monnaies du trésor de valenciennesacquise par le Cabinet des médailles en 1951 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .172

Garnier (Jean-Pierre) — Ledit méreau du salut de saint-Pierre de valenciennes, un jeton de présence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .179

Jambu (Jérôme) — Le jeton des officiers la monnaie de Lille . . . . . . . . . . . . .182arnouLD (Cécile) — Jules vannérus et la reine brunehaut : les recherches

toponymiques d’un numismate . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .190

sociétéCompte rendu des séances des 31 mai et 1er juin 2013 . . . . . . . . . . . . . . . . .193Cours de numismatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .197

Parisot-siLLon (Charlotte) (1) — nouvelles données pour la compréhension desséries dites « au bateau ».

Les séries constituées de quarts de statère présentant le type « au bateau » sontconnues depuis les écrits de Joachim Lelewel à la fin du XiXe siècle, mais sont restéesassez obscures à cause du faible nombre d’exemplaires et de provenances connus, ainsique d’une typologie à l’interprétation difficile (2). en 1977, simone scheers proposela première étude complète des quarts de statère « au bateau » (3). en 1996, grâce auxnouvelles données archéologiques et à la découverte de nouveaux exemplaires, Louis-Pol Delestrée présente un nouveau classement typologique, qu’il affine avec un articleparu en 2011 (4). Ce classement typologique paraît être le plus cohérent à la vue desdernières données disponibles : Louis-Pol Delestrée met ainsi en évidence trois sériesdifférentes constituées de quarts de statère présentant le type « au bateau ».

La série i, qu’il nomme « série au bateau et au pseudo casque », présente deux classestypologiques distinctes. Les monnaies de la première classe (planche i, 1) sont deforme concave et sont unifaces, ne présentant aucun type au droit. Le type du revers,difficile à décrire, a donné son nom à cette série : par commodité, le motif principalest usuellement décrit comme un casque de type corinthien. il est entouré de plusieurstraits verticaux. La seconde classe est de type biface (Planche i, 2). alors que l’onretrouve le « pseudo casque » au revers, on observe au droit le type « au bateau » quiest composé d’un croissant surmonté de deux objets oblongs verticaux. bien queLouis-Pol Delestrée ait choisi de présenter le type uniface en classe 1 et le type bifaceen classe 2, il apparaît vraisemblablement que le type biface est antérieur au type uni-face : certains exemplaires, dont le type de droit est réduit à quelques traces, illustrenten effet la transition entre les types biface et uniface. si les provenances attestées pourcette série sont encore assez rares, il est nécessaire de souligner que les exemplairesconnus proviennent essentiellement du sanctuaire de Digeon (somme) et se retrouventdans la somme et l’oise (carte). La série ii, « au bateau / arbre et ligne brisée », cor-respond à la série 13 de simone scheers et se subdivise en quatre classes typolo-giques.

À celles-ci, il faut peut-être ajouter une série prototypique, définie par Louis-PolDelestrée, qui serait actuellement représentée par cinq exemplaires (planche i, 3) (5).

1. Doctorante en histoire avec une bourse de la région Centre, sous la direction de bernardGratuze, stephan Fichtl et le co-encadrement de sylvia nieto-Pelletier  ; iramat, Centreernest-babelon, umr 5060, Cnrs-université orléans ; [email protected]

2. J. LeLeWeL, Types gaulois ou celtiques, atlas, bruxelles, 1840, pl. iii-iv et iX ; a. HermanD,« numismatique gallo-belge ou histoire monéaire des atrébates, des morins et des nationsgallo-belges en général », Revue belge de numismatique, 20, 1864, p. 199-201 ; a. bLan-CHet, Traité des monnaies gauloises, Paris, 1905, p. 343-344 et 348.

3. s. sCHeers, Traité de numismatique celtique, La Gaule Belgique, Paris, 1977, p. 297-308.4. L.-P. DeLestrée, « L’ensemble des quarts de statère dits «au bateau» en Gaule belgique »,

RN 1996, p. 29-50 ; L.-P. DeLestrée et F. soutumier, « La mystérieuse série des quarts«au bateau» : un nouvel éclairage sur son origine », CahNum, 188, 2011, p. 11-14.

5. L.-P. DeLestrée et F. soutumier, ibid.

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études et travaux

ils présentent au droit un profil frustre à gauche qui repose sur une barre horizontale,ainsi qu’une chevelure ; au revers, on croit deviner le reste d’un cheval. Pour Louis-Pol Delestrée, c’est l’incompréhension de ce type par un graveur qui a mené à la typo-logie de la classe 1 de la série ii « au bateau ». D’un point de vue métrologique, cesmonnaies ont un poids moyen de 1,86 g (± 0,12). elles sont principalement attestéesdans l’aube, ce qui paraît éloigné de l’aire de circulation principale des quarts « aubateau » ; toutefois les provenances ne sont pas encore assez nombreuses pour pro-poser une interprétation fiable de la circulation. La première classe (planche i, 4) dela série ii est la plus abondante et la mieux connue. au droit, le type « au bateau »,c’est-à-dire le motif en croissant surmonté de deux objets oblongs, est entouré par ungrènetis en étoiles. au revers, on observe une ligne horizontale brisée, au-dessus unobjet en forme d’arbre, dessous un croissant et la même forme en arbre.

Le même type est représenté au revers de la classe 2 (planche i, 5), qui présenteun droit dépourvu de type. La classe 3 (planche i, 6) est aussi uniface et présente unevariante du revers de la classe 2. on retrouve la ligne brisée mais l’objet en forme d’arbredevient le motif central. Le reste du flan est orné d’un globule centré. La classe 4 pré-sente une évolution du revers orné de la classe 3. Le type de droit se résume à un motifgéométrique, dont la composition varie. on en recense six différents : un annelet cen-tré (planche i, 7) ; trois annelets centrés et disposés en triangle  (planche i, 8) ; deuxannelets liés par un ovale (planche i, 9) ; le signe ; deux « r » superposés ; une rosace.D’un point de vue métrologique, les exemplaires de la classe 1 ont un poids moyende 1,46 g (± 0,11), les monnaies de la classe 2 de 1,43 g (± 0,13), les exemplaires dela classe 3 de 1,35 g (± 0,06) et les monnaies de la classe 4 de 1,28 g (± 0,06). ainsi,la typologie et, dans une certaine mesure, la métrologie suggèrent une chronologie rela-tive entre les différentes classes : la classe 1, biface, aurait été frappée avant la classe

Carte 1 : Carte de répartition des quarts de statère « au bateau ».

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2, uniface ; les classes 3 et 4, présentant des variantes du revers de la classe 2, auraientété émises par la suite. L’aire de circulation des exemplaires de cette série est assez éten-due, couvrant les territoires attribués aux Ambiani et aux Morini dans le nord duBelgium, ainsi que le sud de la bretagne insulaire (carte).

La série iii, « au bateau et au profil à gauche », correspond à la série 14 du clas-sement de simone scheers, et ne comprend jusqu’à aujourd’hui qu’une seule classetypologique (planche i, 10). au droit, on identifie le type « au bateau ». au revers, onobserve une tête à gauche très simplifiée. La circulation de cette série est assez disperséeet on retrouve quelques exemplaires en bretagne insulaire (carte).

Dans le cadre d’une thèse portant sur l’or monnayé en Gaule du nord, 47 exem-plaires des séries présentant le type « au bateau », issus des collections du Cabinet desmédailles de Paris et de la bibliothèque royale de bruxelles, ont été analysés par La-iCP-ms au sein du Centre ernest-babelon du laboratoire iramat à orléans (6) (fig. 1).La série i semble présenter une composition élémentaire plutôt homogène, bien queseulement cinq exemplaires aient été analysés (quatre exemplaires de la classe 1, unexemplaire de la classe 2). ils présentent une composition moyenne de 47,6 % d’or,de 38 % d’argent et de 14,2 % de cuivre. ainsi, la série i constitue un groupe cohé-rent du point de vue typologique, métrologique et analytique.

6. L’auteur remercie vivement messieurs François de Callataÿ, Johan van Heesch, michelamandry et Dominique Hollard pour avoir permis l’accès aux médailliers et l’analyse des mon-naies dans le cadre de cette étude.

Fig. 1 : Diagramme ternaire présentant les compositions élémentaires des quarts de statère « au bateau ».

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La série ii ne présente pas la même homogénéité en matière de composition élé-mentaire, ce qui nous enjoint à détailler les résultats classe par classe. La classe 1constitue l’ensemble pour lequel les résultats d’analyse obtenus au terme de cesrecherches sont les plus représentatifs. elle fait apparaître une évolution du titre due àl’ajout d’argent et de cuivre à l’alliage : les teneurs en or varient ainsi de 78,2 % à 55,6 %d’or. Le seul exemplaire de la classe 2 qu’il nous a été possible d’analyser s’insère dansce même groupe de composition, avec une composition de 60,4 % d’or, de 30,8 %d’argent et de 8,7 % de cuivre.

L’étude analytique de la classe 3 a porté sur onze exemplaires, dont la composi-tion moyenne s’établit à 52,2 % d’or, 32,1 % d’argent et 15,5 % de cuivre. quatre mon-naies de la classe 4 ont pu être analysées, ce qui est probablement peu représentatifde cet ensemble, étant donnée sa variété typologique. La composition moyenne de cesquatre exemplaires s’élève à 52 % d’or, 25,6 % d’argent et 22,2 % de cuivre. Lesclasses 3 et 4 de la série ii paraissent ainsi témoigner de nouvelles pratiques dans laconstitution de l’alliage. alors que le titre en or des classes 1 et 2 fait l’objet d’une réduc-tion progressive, celui des classes 3 et 4 semble se stabiliser autour de 52 % d’or. enrevanche, les teneurs en argent et en cuivre varient. enfin l’étude analytique de lasérie iii, qui a porté sur quatre exemplaires, révèle une composition hétérogène : le titrevarie ainsi de 73,9 % à 60,8 % d’or. en l’absence d’autres résultats, aucune conclu-sion ne peut donc être formulée à cet instant.

en dehors de la série prototypique, la circulation de l’ensemble des quarts de sta-tère « au bateau » semble s’étendre aux territoires attribués aux Ambiani, aux Moriniet au sud de la bretagne insulaire. Cette aire de distribution assez vaste ne permet pasde déterminer un pouvoir émetteur particulier. Cependant, le site de Digeon (somme)semble centraliser un grand nombre d’exemplaires de classes et séries différentes. Dece fait, Louis-Pol Delestrée a posé la question du rôle de ce sanctuaire dans la productionet la diffusion des quarts de statère « au bateau » (7). Le site de Digeon se constitued’un ensemble cultuel comportant plusieurs structures et ayant une chronologie allantde la fin de l’âge du Fer à la période mérovingienne. Ces structures, connues depuislongtemps, ont été fouillées entre 1983 et 1988 et ont fourni des milliers de mon-naies. Parmi celles-ci, on trouve des quarts de statère « au bateau » provenant des sériesi et ii ; mentionnons également que des exemplaires de ces deux séries se retrouventconjointement au sein d’un même dépôt. malheureusement, à cause des perturbationssubies par les structures, peu de contextes clos ont pu être déterminés pour les trou-vailles monétaires. Louis-Pol Delestrée formule l’hypothèse d’un atelier monétaireplacé à proximité du sanctuaire de Digeon, ou même au sein de celui-ci, ce qui expli-querait que ce site soit le point de départ de la circulation des exemplaires des quarts« au bateau », qui suivent ensuite la côte pour se retrouver en bretagne insulaire. Ledépôt mis au jour sur ce site a fourni de précieuses informations pour la chronologiede ces émissions. il a été retrouvé dans un contexte contemporain de la guerre des Gauleset contenait un quart de statère de la série i classe 2, un exemplaire de la série iiclasse 1, vingt-six monnaies de la série ii classe 2, ainsi qu’un statère uniface classe v(8). on peut alors supposer que la série i, ainsi que les deux premières classes de lasérie ii ont été frappées avant les années 50 avant notre ère. Les monnaies retrouvéessur les sites de vendeuil-Caply (oise) et de bois l’abbé (somme) dans des niveaux julio-

7. L.-P. DeLestrée, Monnayages et peuples gaulois du Nord-Ouest, Paris, 1996, p. 88-96.8. s. sCHeers, Traité de numismatique celtique, La Gaule Belgique, Paris, 1977, p. 338.

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claudiens confirment une circulation tardive des quarts de statère « au bateau ». ainsi,Louis-Pol Delestrée considère que la frappe des différentes séries s’étend des années50 jusqu’à 40 avant notre ère (9).

Deux dépôts découverts récemment sur le site du Racquet, à sin-le-noble (nord),dans la périphérie de Douai, peuvent apporter de nouvelles données concernant les séries« au bateau » (10). Ce site est localisé sur le territoire qu’on attribue au ier siècle avant

9. L.-P. DeLestrée, « L’ensemble des quarts de statère dits «au bateau» en Gaule belgique »,RN 1996, p. 29-50.

10. L’auteur tient à remercier Luc bernard, directeur du service archéologique de la Communautéde commune du Douaisis et marie Lebrun, responsable d’opération sur le site du Racquet,pour avoir permis l’étude et l’analyse des dépôts mis au jour à sin-le-noble.

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Planche i (éch. x2)

11. s. sCHeers, Traité de numismatique celtique, La Gaule Belgique, Paris, 1977, p. 336.

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notre ère aux Atrebati. Les dépôts ont été découverts dans la partie supérieure du rem-plissage d’un fossé formant un enclos quadrangulaire de 40 mètres de côté. Plusieursautres éléments ont aussi été mis au jour dans ce même fossé : deux inhumations, dela céramique et des pesons. Les deux dépôts ont été découverts à une trentaine de cen-timètres l’un de l’autre, ce qui n’implique pas nécessairement qu’ils aient été enfouissimultanément. Le premier dépôt est constitué d’un torque doré sur âme en fer, de 7 sta-tères unifaces de la classe ii (11) et de 4 quarts de statère « au bateau » de la série ii classe 1.Ce dépôt semble avoir été heurté anciennement par une charrue, ce qui expliquerait l’en-dommagement du torque et de la céramique. on ignore donc s’il est complet : on peutenvisager que le statère uniface de même type et l’anneau, pesant 6,16 g, mis au jourdans le même périmètre mais de manière isolée, faisaient originellement partie dumême dépôt, mais rien ne permet de l’affirmer. en revanche, l’intégrité du second dépôta été préservée, puisque les monnaies sont conservées entre deux tessons de poterie dif-férents. il est composé de 10 statères unifaces de la classe ii et de 7 quarts de statère « aubateau » de la série ii classe i. La mise en scène des deux dépôts entreposés entre deuxtessons de céramiques, ainsi que le contexte archéologique du site nous permettent desupposer qu’il s’agit de deux dépôts votifs.

Le contenu des deux dépôts a pu faire l’objet d’analyses élémentaires (fig. 2). Lesstatères et les quarts de statère du premier dépôt offrent des compositions éclatées : lesteneurs en or varient en fonction de celles de l’argent tandis que les valeurs de cuivrerestent stables. Les compositions sont pour les statères d’une moyenne de 60 % d’or,

Fig. 2 : Diagramme ternaire présentant les compositions élémentaires des monnaies et dutorque des dépôts de sin-le-noble.

de 31 % d’argent et de 9 % de cuivre et le titre varie de 66 % à 54,2 %. Le torque estcomposé de deux parties différentes : une tôle en or qui recouvre une âme en fer etqui compose le collier en lui-même, et deux anneaux en or qui forment les tamponsdu torque. un seul de ces tampons a été analysé, l’état d’endommagement de l’autretampon ne permettant pas de le manipuler. on constate que la composition des deuxéléments du torque s’inscrit dans le même ordre de composition que les monnaies. ence qui concerne le second dépôt, on remarque que les compositions des statères sontregroupées autour d’une composition moyenne de 63,5% d’or, de 28% d’argent et de8,2% de cuivre. Les quarts de statère présentent une composition homogène avec untitre situé entre 61 % et 58 % et des teneurs en argent de 29 % à 33,7 %. on remarqueque l’anneau en or trouvé en-dehors des dépôts offre une composition similaire auxstatères unifaces et aux quarts de statère « au bateau » auxquels il est associé.

Les données analytiques des quarts de statère « au bateau » contenus dans ces deuxdépôts s’intègrent parfaitement parmi les résultats obtenus auparavant, confirmantl’emploi d’un alliage altéré par l’ajout d’argent et de cuivre (fig. 3).

L’approche pluridisciplinaire présentée dans cet article, alliant étude typologiqueet analyses élémentaires, apporte un nouvel éclairage sur certains aspects des sériesdites « au bateau ». elle révèle les choix de politique monétaire des pouvoirs émetteursconcernés qui, dans le cas de la série ii, se manifestent plus particulièrement par despratiques spécifiques de contrôle de l’alliage monnayé : dans un premier temps (classes

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Fig. 3 : Diagramme ternaire présentant les compositions élémentaires des quarts de statère « au bateau » de la bibliothèque nationale de France,

de la bibliothèque royale de belgique et des dépôts de sin-le-noble.

1-2), on observe une diminution progressive du titre des monnaies, obtenue par l’ajoutd’argent et de cuivre ; par la suite (classe 3-4), la proportion d’or employée dans la consti-tution de l’alliage semble se stabiliser autour de 52 %, tandis que les autres métaux sontdosés de manière plus aléatoire. toutefois les hypothèses avancées dans cet article nepourront être validées que par l’analyse d’un plus grand nombre d’exemplaires afin d’ob-tenir un panel le plus représentatif possible de ces émissions.

Les dépôts mis au jour à sin-le-noble, associant des quarts de statère « au bateau »et des statères unifaces, invitent à reconsidérer la question des liens entre ces deuxémissions. on peut en effet envisager que les séries de quarts de statère « au bateau »constituent une fraction des statères unifaces : cette idée, présente dans la littérature demanière récurrente (12), s’appuie sur des évolutions typologiques comparables ainsi quesur des aires de circulation semblables. sans apporter une réponse définitive, l’analyseélémentaire des dépôts, qui a permis de mettre en évidence des compositions similairesentre les exemplaires des différentes séries, conforte un peu plus cette hypothèse.

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12. P. LeCLerCq, « statères unifaces et quarts de statère «au bateau» », BSFN, 32, 1977 ; L.-P.DeLestrée, « L’ensemble des quarts de statère dits «au bateau» en Gaule belgique », RN 1996,p. 29-50.