L'Organization des structures profondes du socle à l'Ouest de la Faille Porto-Tomar-Badajoz: Apport...

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Comun. Servo Geol. Portugal, 1981 , t. 67, fasc. 1, p. 57-63 L'organisation des structures profondes du socle a l'Ouest de la faille Porto -Tomar - Badajoz: Apport des données géophysiques (1) Par J. P. LEFORT *, J. ALVEIRINHO DIAS **, J. H. MONTEIRO ** & A. RIB EIRO ** Palavras-chave: Portugal, Geofísica, Estrutura, Précâmbrico. eésumé: L'étude des données géophysiques réunies au Service Géologique du Portugal, ains i que la réinterprétation de données déjà publiées nous a permis de proposer une esquisse struct ur ale du socle situ é à 1' Ouest de la faille Porto- Tomar-Badajoz . Deux domain es ont été reconnus: 1'un comprend 1'Estremadure et le Douro, 1'autre 1'Alentejo et 1'Algarve; ces deux domaines ont probablement un socle profond i dentique (Précambrien?). Celui localisé au Sud serait recouvert d'une série paléozolq ue beaucoup plus puissante que cel ui localisé au Nord; ce dernier pourrait ne pas avoir été affecté par les chevauchements qui caractérisent la zone Sud-Port ugaise. Les deux domain es ont, en tous cas, réagit différemment lors de l'ouverture de l' Atlantique Nord pu isque leur socle présente des pe nt es générales qui s' inversent de part et d'autre d'une li gne Tomar-Setúbal. Resumo: A análise dos dados geofísicos existentes nos Serviços Geológicos de Portugal, assim como a reinterpretação dos dados publicados, permitiu-nos estabelecer um esboço estr utur al do soco situado a Oeste da falha Porto-Tornar-Badajoz. Foram reconhecidos dois domínios : um compreende a Estremadura e o Douro; outro o Alentejo e o Algarve. Estes dois domínios têm provavelmente um soco profundo idêntico (Pré-câmbrico?), estando o domínio Sul coberto por série paleozóica bastante mais espessa do que o qu e se loc aliza a Norte. Este poderá não ter sido afectado pelos cavalgamentos que caracterizam a zona Sul-Portuguesa. Os dois domínios referidos comportaram-se de modo diferente aquando da abertura do Atlânt ico Norte pois que o soco apresenta pendores gerais que se invertem de um lado e de outro da linha Tomar-Setúbal. L'examen des données magnétiques (UCHUPI et alo 1976, carte provisoire du champ magnétique total du pl ateau continent al portugais, 1979), gr avimétriques (carte gravimétrique du Portugal, 1958) et sismiques (MUSELLEC 1974, MOUGENOT 1976, SOUSA MOREIRA 1977) dépubliées joint à l' étude des documents géophysiques d' origine pé- troliere ou miniere réunis au Service Géologique du Portugal, nous ont permis de proposer une carte des structures profondes du soele localisé entre la faille Port o-Tornar-Badaj oz et l'isobathe - 200 metres. À terre, nous avons disposé d'une couverture géophysique complete depuis la latitude de Port o jusqu'à celle de Lisbonne; plus au Sui , la disper- sion important e des données magnétiques nous a obligé à restreindre notre interprétation à la gra- vimétrie. C'est la raison pour laquelle les zones profondes de 1'AIgarve et de 1'Alentejo n' ont pas édécr it es en détail. En mer, com pt e-t e nu de la raret é des infor- mati ons au Sud des iles Berlengas, nous nous som- (I) Trabalho elaborado no âmbito do Projecto 1.1.5 - Reconhecimento Geológico e Inventariação dos Recursos Minerais da Margem Continental Portuguesa. * Centre Armoricain d'Étude Structurale des Socles, CNRS. Laboratoire de Géodynamique. Université de Rennes I. Campus de Beaulieu 35042 Rennes Cédex, France. * * Serviços Geológicos de Portugal, Rua da Academia das Ciências, 19-2.°, 1200 Lisboa Portugal.

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Comun. Servo Geol. Portugal, 1981, t. 67, fasc. 1, p. 57-63

L'organisation des structures profondes du socle a l'Ouest de la faille Porto - Tomar - Badajoz:

Apport des données géophysiques (1)

Par

J. P. LEFORT *, J. ALVEIRINHO DIAS **, J. H. MONTEIRO ** & A. RIBEIRO **

Palavras-chave: Portugal, Geofísica, Estrutura, Précâmbrico.

eésumé: L'étude des données géophysiques réunies au Service Géologique du Portugal, ainsi que la réinterprétation de données déjà publiées nous a permis de proposer une esquisse structurale du socle situ é à 1'Ouest de la faille Porto-Tomar-Badajoz. Deux domaines ont été reconnus: 1'un comprend 1'Estremadure et le Douro, 1'autre 1'Alentejo et 1'Algarve; ces deux domaines ont probablement un socle profond identique (Précambrien?). Celui localisé au Sud serait recouvert d'une série paléozolque beaucoup plus puissante que celui localisé au Nord; ce dernier pourrait ne pas avoir été affecté par les chevauchements qui caractérisent la zone Sud-Portugaise. Les deux domaines ont, en tous cas, réagit différemment lors de l'ouverture de l' Atlantique Nord pu isque leur socle présente des pentes générales qui s' inversent de part et d'autre d'une ligne Tomar-Setúbal.

Resumo: A análise dos dados geofísicos existentes nos Serviços Geológicos de Portugal, assim como a reinterpretação dos dados já publicados, permitiu-nos estabelecer um esboço estrutural do soco situado a Oeste da falha Porto-Tornar-Badajoz. Foram reconhecidos dois domínios : um compreende a Estremadura e o Douro; outro o Alentejo e o Algarve. Estes dois domínios têm provavelmente um soco profundo idêntico (Pré-câmbrico?), estando o domínio Sul coberto por série paleozóica bastante mais espessa do que o que se localiza a Norte. Este poderá não ter sido afectado pelos cavalgamentos que caracterizam a zona Sul-Portuguesa.

Os dois domínios referidos comportaram-se de modo diferente aquando da abertura do Atlântico Norte pois que o soco apresenta pendores gerais que se invertem de um lado e de outro da linha Tomar-Setúbal.

L 'examen des données magnétiques (UCHUPI et alo 1976, carte provisoire du champ magnétique total du plateau continental portugais, 1979), gravimétriques (carte gravimétrique du Portugal, 1958) et sismiques (MUSELLEC 1974, MOUGENOT 1976, SOUSA MOREIRA 1977) déjà publiées joint à l' étude des documents géophysiques d' origine pé-troliere ou miniere réunis au Service Géologique du Portugal, nous ont permis de proposer une carte des structures profondes du soele localisé entre la faille Porto-Tornar-Badajoz et l'isobathe - 200 metres.

À t erre, nous avons disposé d'une couverture géophysique complete depuis la latitude de Porto jusqu'à celle de Lisbonne; plus au Sui , la disper-

sion importante des données magnétiques nous a obligé à restreindre notre interprétation à la gra-vimétrie. C'est la raison pour laquelle les zones profondes de 1'AIgarve et de 1'Alentejo n'ont pas été décrites en détail.

En mer, com pt e-te nu de la rareté des infor-mations au Sud des iles Berlengas, nous nous som-

(I) Trabalho elaborado no âmbito do Projecto 1.1.5 - Reconhecimento Geológico e Inventariação dos Recursos Minerais da Margem Continental Portuguesa.

* Centre Armoricain d'Étude Structurale des Socles, CNRS. Laboratoire de Géodynamique. Université de Rennes I. Campus de Beaulieu 35042 Rennes Cédex, France.

* * Serviços Geológicos de Portugal, Rua da Academia das Ciências, 19-2.°, 1200 Lisboa Portugal.

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mes surtout appuyés SUl" le magnétisme, tant marin qu'aéroporté. Cette dispersion des données est à l' origine de l'hétérogénéité de notre interprétation.

Nous avons enfin consulté le résultat des fora-ges entrepris sur la marge, en Estremadure et dans le Douro, particulierement lorsque ceux-ci attei-gnaient le socle, afin d'asseoir autant que faire se pouvait nos interprétations géophysiques sur des faits géologiques .

r. LES GRANDS DOMAINES STRUCTURAUX

La zone étudiée montre l'existence de deux grands domaines structuraux délimités par des failles majeures, qui affectent le socle et remobi-lisent parfois la couverture secondaire et tcrtiaire surimcombante.

a) Le domaine septentrional inclu les reglOns de l'Estremadure et du Douro, ainsi que la marge continentale entre 41° 30N et 38°N; cette unité est caractérisée par un approfondissement général du socle vers le large et une forte irrégularité du toit du socle magnétique, celui-ci montrant par endroits des variations verticales de plus de 5000 metres en que1ques kilometres.

- L'unité septentrionale est séparée du socle de la meseta ibérique par l'accident Porto-Tomar (PEREIRA & alo 1979) qui recoupe localement le linéament de Cordoue (BLACHERE & alo 1977); le tracé que nous avons adopté ici a étérepris d'apres la carte tectonique du Portugal (1972). Cette zone de cisaillement montre sur toute sa longueur un fort gradient horizontal qui atteint, par endroit, 21 eõtvõs, elle a pu être prolongée vers le N ord grâce au magnétisme aéroporté. Sur la marge continentale, l'accident de Porto est souligné par une forte anomalie orientée N 130°-140°, qui, apres une nouvelle inflexion rejoint de flanc oriental du Bassin interne des Bancs de Galice (AUXIETRE & DUNAND 1978); l'accident de Porto relaye alors une cassure sub--méridienne reconnue par sismique reflexiono

- La limite méridionale de l'unité septen-trionale est plus ténue, notamment parce qu'elle est recouverte par endroit d'une importante épaisseur de sédiments rapportés au Tertiaire supérieur et au Quartenaire. II s'agit d'un accident courbe que l'on peut suivre grâce à des inflexions discontinues des isogames et des isogales; au Nord de Setúbal, cet accident limite le petit bassin oblong du Tage inférieur, orienté au Nord-Est, et comblé de sédiments secondaires et terti-aires. La forte pente de l' éponte orientale du bassin et le resserrement des isopaques des séries tertiaires reconnues par forage, suggere que l'accident courbe a joué en faille normale lors du remplissage du Bassill. Des arguments de t errain montrent en outre qu'il a rejoué en décro-chement senestre lors de la compression du miocene supérieur et qu'il limite le chainon de l'Arrábida. Les prolongements submergés de la faille courbe ont été reconnus grâce au magné-tisme et à la morphologie sous-marine. Les obser-vations géophysiques ne permettent pas de pré-ciser l'époque à laquelle est apparu cet accident,t on peut tout au plus supposer qu'il s'es déve-loppé postérieurement à la structuration de la zone de Ossa-Morena qu'il recoupe; iI pourrait donc dater du Carbo nifere comme l'accident de Tomar qu'il relaye.

La forme arquée que décrivent les failles bor-dieres du domaine septentrional pourrait résul-t er du chevauchement de ce bloc sur les ter-rains situés plus à l'Est (RIBEIRO & alo 1979) .

b) Le domaine méridional (ou zone sud-por-tugaise) a été étudié avec moins de détails, d'une part parce que les informations géophysiques y sont plus rares, mais aussi parce que le socle y affleure sur de grandes surfaces. Le contact avec le domaine septentriollal se fait par l'intermédiaire de la faille courbe décrite plus haut; sa limite nord-orientale correspond probablement au tracé initial de l'accident Badajoz-Cordoue; elle est nettement marquée en gravimétrie par une réorientation des isanomales.

II. LES STRUCTURES INTERNES, PROPRES ACHAQUE DOMAINE

a) Les structures N 30° du domaine septen-trional

Le domaine septentrional est caractérisé par une suite de «rides» associées à des anomalies magnétiques et gravimétriques positives, alter-nant ave c des «bassins» responsables d'anomalies magnétiques et gravimétriques négatives. Cette alternance est parfaitement claire sur le plateau continental, elle est seulement perturbée au niveau de la pente par un important effet de bord et sur la marge par quelques remontées diapiriques légeres (MUSELLEC 1974). Ces remontées sont pro-bablement à l'origine de la structure qui, au large de Figueira da Foz, montre une ride magnétique négative superposée à un haut gravimétrique (ce demier résultant du contraste provoqué par les diapirs légers qui l'encadrent).

À terre, les axes des Bassins ne sont que peu perturbés par les diapirs qui sont surtout loca-lisés entre Peniche et Figueira da Foz (ZBYSZE-WSKI & alo 1971); l'axe du Bassin Lusitanien est aisément visible en gravimétrie, bien que légere-ment déplacé à cause du déficite de masse créé par la mer toute proche. Le bassin tertiaire du Bas Tage est quant à lui peu marqué sur les mêmes cartes, il a été localisé à l'aide de profils de sis-mique réflexion; les séries qui comblent ces deux bassins sont bien connues grâce aux nombreux for ages effectués dans la région. Toutes ces struc-tures sont interrompues par la faiUe de Porto, ce qui démontre à la fois l'antériorité des directions N300 et leur remobilisation au «Mésozoique»; et au «Cénozoique»; mais on ne sait si la torsion de la ride la plus occidentale située au large du Douro, est tributaire des jeux carboniferes sénestres (PEREIRA & alo 1979) reconnus le long de la faille de Porto-Tomar, ou s'il s'agit d'une conséquence de l'hypothétique chevauchement vers l'Est évo-qué plus haut.

Les informations livrées par les profils de sismique réfraction effectués sur la marge, sont trop peu détaillées pour que l'on puisse reconnaitre avec précision la nature pétrographique des ter-rains appartenant au socle. On peut tout au plus

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suggérer qu'en RA. (ou V = 5660 m/s) le socle est constitué de paléozoique et qu'en RC et RD (ou V est respectivement de 6070 et 6000 m /s) il s'agit de terrains métamorphiques ou plutoniques peu rapides; il n'existe de fait aucune relation directe entre les classes des vitesses mesurées et la dis-tribution des rides et des bassins. 11 est d'ailleurs probable que la ride magnétique localisée sous le tir RA., soit à relier à une structure plus profonde que l'horizon atteint par la sismique réfraction (profondeur du socle magnétique 2500 m; pro-fondeur du socle sismique = 1000 m).

On sait en outre qu'en RB. le socle n'a pas été atteint; et qu'en RC. situé au niveau d'un bassin, le socle sismique (qui est à - 3890 m) est à moindre profondeur que le socle magnétique (calculé à - 5500m).

Les mesures eftectuées en RD. pres d'une zone caractérisée par ses nombreuses hautes fré-quences magnétiques, sont les seules qui suggerent que socle sismique et socle magnétique calculé pourraient être proches (environ - 2300 m). 11 n'est toutefois pas certain, compte-tenu de la ressemblance de la signature magnétique existant, entre cette zone, et celle ou affleurnt les basaltes Eocenes de Lisbonne, que le socle antémésozoique ait été atteint: il se pourrait que les tirs de sismique réfraction aient en réalité intercepté une coulée basaltique.

11 apparait ainsi: a) que les rides géophysiques ont pour origine des structures vraisemblablement plus profondes que le toit du socle antemeso-zoique, b) que ces structures sont caractérisées par des vitesses sismiques supérieures à 6.0 km/s. Ceci n'est pas sans rappeler ce qui a été observé sur le plateau sud armoricain et sur le Grand Bane de Terre-Neuve (LEFORT & HAWORTH, 1979) , ou des rides positives en magnétisme et en gravimétrie, de vitesses comprises entre 6.3 et 6.6 km/s, sépa-rent des bassins paléozoiques profonds. On sait en outre, que dans ces deux régions, les bassins méso-zoiques et cénozoiques reconnus par sismique réflexion se superposent souvent aux bassins paléozoiques (JANSA & WADE, 1975; LEFORT, 1975; LEFORT & HAWORTH, 1979), de teUe façon, qu'en plan, les bassins récents paraissent encadrés par des «rides», géophysiques; ce dispositif structural

ressemble beaucoup à celui qui a été reconnu au Portugal.

L'analogie avec les structures cartographiées Outre-Atlantique serait parfaite s'il était possible de démontrer que les rides portugaises sont aussi constituées de matériel d'âge Protérozoique supé-rieur; peut-être faut-il voir dans le Précambrien situé au Nord-Nord-Est d'Aveira, juste dans le prolongement de la ride de Figueira da Foz, un argument dans ce senso

b) Les chevauchements du domaine méridio-nal (zone Sud-Portugaise)

La zone Sud-Portugaise est caractérisée par une série de chevauchements courbes vers le Sud--Ouest, qui affectent également les séries épimé-tamorphiques du Dévonien supérieur et du Car-bonifere. En gravimétrie, ces chevauchements sont caractérisés par des gradients horizontaux importants, des inflexions régulieres des isano-males transversales, ou une brusque réorientation des courbes isogames; c'est à partir de ces criteres que la carte des chevauchements a été complétée. Il convient toutefois de préciser que si le phéno-mfne a été reconnu avec certitude, la localisation des chevauchements par gravimétrie n'est pas tres précise en plano Le chevauchement le plus important et le plus continu est celui qui limite au SE la Zone de l'Ossa-Morena et qui affecte le complexe gabbra-dioritique de Beja; ce dernier, bien marqué par une anomalie gravimét rique posi-tive a pu être suivi vers le Nord, sous la couverture mio-pliocene, mais aussi sous le soele cristallin et cristallophyllien situé à l 'Ouest d 'Évora, sous lequel i1 paralt s'enfoncer; ses prolongements au nord de la latitude de Lisbonne sont tres incer-tains.

Aucune de ces structures ne paralt traverser la faille courbe qui limite le domaine septentrional, soit parce qu'elles en sont effectivement absentes, soit parce que le soele y est trap profond pour qu'on puisse les reconnaltre.

c) La ride de Portimão

Cette ride peut aisément être SUlVle sur le plateau continental, grâce au magnétisme et à la

gravimétrie (ROBERTS, 1970), elle est, comme les rides du domaine septentrional, caractérisée par une anomalie positive en magnétisme et en gra-vimétrie et paralt s'enfoncer sous la zone sud Portugaise; cette impression est corroborée par les données sédimentologiques (RIBEIRO & alo 1979), qui indiquent qu'au Carbonifere inférieur l'avant-pays était situé au Sud-Ouest du Cap Saint-Vincent . Le schéma selon lequel il y aurait enfouissement progressif d'un soele ancien et rapide sous une zone à chevauchements multiples, localement percée d'intrusions gabbro-dioritiques récentes, est aussi en accord avec les résultats de la sismique réfraction profonde (MUELLER & al., 1973; SOUSA MOREIRA & al., 1977) . On sait en effet que dans cette région, la partie supérieure de la croute est constituée de schistes crist allins de vitesse égale à 5.3 km/s., et que ces terrains reposent sur un soele dont les célérités sont tou-jours supérieures à 6 km/s.

Il faut cependant remarquer que les vitesses rapides, peuvent avoir des significations fort différentes, selon les endroits; ainsi, les vitesses de 6,2 et 6,4 km/s, mesurées respectivement à 5 et 9 km de profondeur pres du complexe de Sines peuvent raisonnablement être attribuées aux syé-nites et aux gabbros qui affleurent pres de cette ville; tandis que celles égales à 6,55 km/s, mesu-rées sous 10 kilometres de schistes cristallins au Nord de Fuzeta, dans le prolongement de la ride de Portimão, pourraient correspondre au matériel qui constitue cette ride. L'existence d 'une deu-xieme ride, d'orientation identique, à caracteres géophysiques proches, au large de la Baie de Cadix (ROBERTS, 1970), nous conforte dans l'idée, qu'il existe peut-être, sous la zone sud portugaise, un soele profond structuré selon des directions N 50° identique à celui du domaine septentrional.

III. LES STRUCTURES «RÉCENTES»

a) La fracturation tardi-hercynienne

Cette fracturation qui 'est à l 'origine de nom-breux canons sur la marge ouest ibérique (BOILLOT & alo 1974) est bien visible en magnétisme et en gravimétrie, elle est commune aux deux domaines et s'exprime particulierement sous forme de failles

orientées N500/N60o. Vers le nord, les fractures N50o/N60o tronçonnent nettement les rides et les bassins décrits plus haut, en provoquant le plus souvent des décrochements dextres (RIBEIRO & alo 1979) ; vers le sud, par contre, la rareté des marqueurs géophysiques ne permet pas de recon-naitre le sens des cisaillements; seuls quelques décrochements senestres mineurs ont pu être cartographiés, notamment ceux situés au Sud-Est de Tomar.

La réactivation de ces fractures lors de l'ou-verture de l'atlantique nord est à l'origine du horst des Farilhoes et des Berlengas (MUSELLEC, 1974). Mais ce n 'est probablement que parce qu'il y a eu intersection entre ce horst et une ride de soele (localisée par magnétisme) que le granite aff1eure aujourd'hui en cet endroit.

II serait toutefois imprudent de considérer que l'ensemble de la ride des Farilhões est nécessai-rement constitué de matériaux identiques à ceux qui affleurent: d 'une part, parce que l'on sait que la source des rides magnétiques est souvent plus profonde que le toit du soele anté-mésozolque, mais aussi parce qu'ailleurs en Péninsule Ibérique, des rides de soele ont contrôlé la mi se en place des plutons granitiques (carte géologique du Nord--Ouest de la péninsule ibérique, 1967; LEFORT, 1979).

b) Les coulées basaltiques

Les coulées localisées à terre, dans la région de Lisbonne, sont caractérisées en magnétisme par de hautes fréquences, ce qui traduit à la fois leurs fortes susceptibilités et leur faible profondeur. C'est à partir de ce cri tere que l'aire d 'affleurement des basaltes a été circonscrite; dans cette région les courtes longueurs d' ondes masq uen t les struc-tures magnétiques plus profondes.

IV. LE PROBLEME DE L' ANOMALIE DE CAP DA ROCA

La démarche que l'on vient de développer pour localiser les basaltes éocenes n'est pas utili-sable pour interpréter l'anomalie magnétique qui passe par le Cap da Roca, puisque celle-ci n'est pas caractérisée par de hautes fréquences. Cette ano-

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malie oblongue, et orientée N1l5°, semble d'ail-leurs séparer en deux la zone ou ont été circonscrits les basaltes éocenes, pu is s'élargit régulierement vers l'Ouest ou elle suit un temps l'isobathe -2000 metres; vers l'Est elle se prolonge par un fort gradient horizontal rectiligne orienté lui aussi N1l5° qui se superpose au cours au Rio Sado.

La structure soulignée par ces anomalies (re-présentée en hachures sur la figure 1) est donc la seule qui traverse la faille séparant la zone 1 (Estremadure et Douro) de la zone 2 (Alentejo et Algarve); au niveau de cette cassure, l'anomalie magnétique montre un léger décrochement dextre qui atteint tout au plus 10 kilometres de rejet horizontal. II faut donc admettre que le segment Porto-Tomar, caractérisé par un décrochement dextre de 100 kilometres (PEREIRA & alo 1979) , n'est pas l'exacte équivalent de la faille Tomar--Setúbal.

L' origine de cette structure magnétique est inconnue, encore qu'à petite échelle celle-ci se raccorde vers l'Ouest à la suture Acadienne de Terre-Neuve (LEFORT 1980), et vers l'Est aux affleurements basiques de Beja (ANDRADE 1979) et d'Aracena (BARD 1977).

V. CONCLUSION

Bien que le toit du soele ouest poftugais appa-misse différent au N ord et au Sud, iI semble exister des ressemblances entre ces deux régions, notam-ment au niveau de leu r structuration profonde. S'il en est bien ainsi la séparation que nous avons proposée pourrait être artificielle et ne reposer que sur une différence d'information; iI n'existerait plus alors qu'une seule opposition nette entre les deux domaines: celle de leur comportement diffé-rent lors de l'ouverture de l'Atlantique nord Le soele septentrional a en effet, et probable ment à cause d'une couverture paléozolque peu épaisse, été fortement remobilisé lors de cette ouverture, tandis que le soele méridional, pour des raisons probablement inverses n'a que faiblement rejoué; c'est peut-être en fin de compte aussi la raison pour laquelle les structures profondes pré-sentent de nos jours une pente générale qui s'in-verse à la latitude de Lisbonne.

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Manuscrit déPosé en Mars I98I.

A: Aveiro; Bj: Beja; Bg: Berlingues; C. S. V.: Cap Saint-Vincent; E: Évora; Fe: Fuzeta; Ff: Figueira da Foz; Fi: Farilhões; P: Porto; Pm: Portimão;

Sa: Santarém; Se: Setúbal; Si: Sines; To: Tomar; Tv: Torres Vedras.

I: Domaine septentrional; II: Domaine méridional; 1: Axe des isopaques du bassin tertiaire (à terre); 2: Axe gravimétrique du Bassin Lusitanien; 3: Axes gravimétriques négatifs; 4: Axes gravimétriques positifs; 5: Axe magnétique négatif; 6: Axe magnétique positif; 7: Socle des Berlingues et des Farilhões; 8: Précambrien affleurant; 9: Diapirs reconnus par forage ou sismique réflexion; 10: Granite affleurant; 11 : Forage ayant atteint un granite; 12: Forage ayant atteint le Précambrien ou le Paléozolque (les chiffres indiquent la profondeur à laquelle le soele a été atteint); 13: Dragage; 14: Chevauchements connus (à terre); 15: Chevauchements reconnus par gra-

. vimétrie (à terre); 16: Chevauchements supposés à l'aide de la:gravimétrie (à terre); 17: Faille reconnue"par sismique reflexion (en mer); 18: Failles reconnues par gravimétrie (à terre); 19: Trait morphologique (en mer); 20: Failles reconnues par magnétisme; 21: Bordure

. orientale du Bassin Tertiaire (isopaque - 500 mêtres); 22: Tirs de sismique refraction; 23: Zone de hautes fréquences en magnetisme; 24: Anomalie de Ca,p da Roca.

63

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