La gouvernance des ressources en eau dans les pays en développement : enjeux nationaux et globaux
Les enjeux du pilotage des performances pour les managers logisitique
Transcript of Les enjeux du pilotage des performances pour les managers logisitique
1
Les enjeux du Pilotage des Performances pour les Managers Logistique
Claude FIORE
Adib BENSALEM
Dans « La logistique : Une approche innovante des organisations » sous la direction de
Nathalie Fabbe-Costes et Gilles Paché, Publications de l'Université de Provence (2013)
Résumé :
Le thème de cet article consiste à interroger les systèmes d’évaluation de la performance, qui
n’ont cessé d’évoluer en passant de modèles monocritères basés sur le coût à des modèles de
gestion multicritères tentant de cerner toutes les facettes de la performance logistique. Quelle
que soit la méthode utilisée, la notion de risque apparaît notamment dans le cas d’un décalage
entre la stratégie et l’opérationnel logistique, susceptible de se traduire par une rupture de flux
d’une Supply Chain et n’est pas pris en compte par ces modèles. Nous proposons donc
d’ouvrir un champ de recherche sur le pilotage des performances consistant à analyser les
articulations entre le top et le middle management.
Abstract :
The aim of this article is to investigate supply chain performance measurement systems,
which are constantly evolving from monocriterion models based on cost to multicreteria
models attempting to grasp all the complexity of performance. Our investigation sheds light
on the gap between supply chain strategy and operational implementation; particularly on the
aspect of risk management, which can cause supply chain breakdown and is not taken into
account by the models reviewed. We thus suggest opening a field of research on the piloting
of the performances consisting in analyzing the joints between the top and the middle
management.
2
1. Les modèles d’évaluation des performances logistiques.
1.1 Evolution des modèles d’évaluation de la performance
Pour mieux comprendre les systèmes d’évaluation de la performance utilisés actuellement,
revenons brièvement sur leur évolution. Le pilotage par la performance dans l’entreprise
ancre ses origines dans les années 1920 lorsque D.Brown (1924) et A.Sloan créent plusieurs
outils de contrôle financier inconnus jusqu’alors : le contrôle de gestion est né. Des outils
d’optimisation mathématiques (recherche opérationnelle) voient le jour par la suite dans les
années 1940. L’informatique des années 1970 va contribuer à généraliser le contrôle
budgétaire à toutes les fonctions de l’entreprise et l’on voit se développer le début du pilotage
par la performance. Dans les années 1980, un pilotage des coûts axé sur les activités devient
alors essentiel pour certaines entreprises, c’est l’Activity Based Costing (ABC). Puis, dans les
années 1990, Kaplan et Norton proposent un outil de gestion multicritères (Balanced Score
Card) autour de quatre dimensions : finances, clients, processus, et apprentissage. Le modèle
SCOR fait son apparition en 1997. Il s’agit d’un modèle de référence qui fixe les standards et
bonnes pratiques de gestion de la chaine logistique. La figure 1 illustre le chronogramme de
cette évolution (Lauras, 2004). Les systèmes d’évaluation de la performance n’ont donc cessé
d’évoluer en passant de modèles monocritères basés sur le coût à des modèles de gestion
multicritères tentant de cerner toutes les facettes de la performance logistique devant mener à
la consécration ultime, le profit.
Figure 1 : Les évolutions des systèmes d’évaluation des performances
Source : d’après Lauras (2004), p. 117.
Nous focaliserons notre réflexion sur les évolutions récentes du pilotage de la performance
logistique et plus généralement supply chain.
3
1.2 Les modèles récents d’évaluation de la performance logistique
La construction d’un système d’évaluation de la performance logistique est en réalité peu
évidente. La littérature sur le sujet est riche et les publications sont produites à un rythme
relativement constant depuis plusieurs décennies, voire croissant depuis une dizaine d’année.
Tableau 1 : nombre de publications par an sur les performances logistiques
Source : d’après Cuthbertson et Piotrowicz (2011), p. 583.
Alors que Gunasekaran et al. (2004) critique l’utilisation d’un nombre excessif d’indicateurs
dans les modèles de pilotage de la performance logistique, Beamon (1999) met en garde
contre l’utilisation simpliste d’un seul type d’indicateurs comme il est souvent le cas dans les
modèles centrés sur la mesure du coût logistique.
Les indicateurs, dans un bon système d’évaluation de la performance, doivent être
sélectionnés avec soin selon les objectifs stratégiques de l’organisation, ensuite il s’agit de
choisir les bons outils de mesure, décider de la fréquence de leur mise à jour et celle de la
remise en question du nombre et du choix des indicateurs (Beamon, 1999). Selon
Gunasekaran et al. (2004), les indicateurs à utiliser dans la mesure et l’amélioration de la
performance logistique sont ceux capables de saisir l’essence de la performance
organisationnelle. Pour une efficacité optimale, ce système de performance devrait représenter
un équilibre entre indicateurs financiers et non-financiers qui doivent constamment être liés
aux niveaux stratégiques, tactiques et opérationnels de prise de décision. L’autre difficulté
réside dans la délimitation du champ de l’étude. Lorsqu’il s’agit de mesurer la performance
supply chain, où débute la mesure et où s’arrête-t-elle ? Devrait-elle inclure une ou plusieurs
organisations ? Une ou plusieurs lignes de produits ? Beamon (1996) présente les
caractéristiques d’un système d’évaluation de la performance efficace. Selon lui, un système
efficace est inclusif (mesure tous les aspects pertinents), universel (permet la comparaison
sous différentes conditions), mesurable (les données sont facilement mesurables) et cohérent
(indicateurs compatibles avec les objectifs stratégiques de l’organisation).
Alors que Neely et al. (1995) classent les indicateurs utilisés dans les systèmes d’évaluation
de la performance supply chain en quatre catégories - qualité, délai, flexibilité et coût -,
d’autres auteurs proposent d’autres grilles de lecture.
4
Otto et Kotzab (2003) soutiennent que la performance supply chain peut être mesurée selon
deux approches différentes. La première consiste à calculer le profit généré par l’activité
opérationnelle étudiée. La seconde se réfère à des objectifs préétablis. L’approche par le profit
est très complexe à mettre en œuvre. Comment isoler le profit engendré par un projet alors
que plusieurs actions sont en cours d’exécution avec des effets différents ? Bien qu’elle soit la
plus souhaitable, cette approche est techniquement et financièrement difficilement réalisable.
Otto et Kotzab (2003) portent donc leur attention plutôt sur l’approche par objectif. En
somme, le Supply Chain Management (SCM) apporte de la valeur lorsque les objectifs sont
atteints. Certes, cette approche présente des inconvénients non négligeables tels que la
difficulté de définir des objectifs atteignables mais rentables pour l’entreprise, ou encore les
situations conflictuelles entre des objectifs contradictoires émanants de fonctions différentes.
Cependant, l’approche par objectif a le mérite d’être plus accessible aux managers ayant
l’habitude de commencer leurs projets par l’identification d’objectifs SMART (Spécifiques,
Mesurables, Atteignables, Réalistes, et Temporels). Otto et Kotzab proposent donc un modèle
de performance logistique en 6 thèmes inspirés des travaux d’Otto (2002) : Dynamique des
Systèmes, Recherche Opérationnelle et Technologie de l’Information et Communication,
Logistique, Marketing, Organisation et Stratégie.
Tableau 2 : Les modèles de performances logistique et Supply Chain
Thème Indicateurs de performance
Dynamique des Systèmes
1. Utilisation de la capacité
2. Niveau de stock cumulé le long de la supply chain
3. Ruptures de stock chez le consommateur final
4. Délai de transmission de la commande
5. Délai d’adaptation aux changements de la
demande
6. Nombre de commandes « fantômes » ou annulées
Recherche Opérationnelle et
Technologie de l’Information et
Communication
1. Coût logistique par unité
2. Niveau de service
3. Délai de livraison
Logistique
1. Intégration, le nombre d’interfaces dans le
traitement d’une commande
2. Délais des processus
3. Délai du cycle de commande
4. Niveau de stock
5. Flexibilité
Marketing
1. Satisfaction client
2. Coûts de distribution par unité
3. Part de marché
4. Coûts de service du canal de distribution
Organisation et Stratégie 1. Coûts de transaction
2. Délai de réseautage
5
3. Flexibilité
4. Densité des relations
Source : Traduit et adapté d’après Otto et Kotzab (2003).
Gunasekaran et al. (2004) recommande un système qui met l’accent sur trois types
d’indicateurs : Ressource, Produit, et Flexibilité. L’objectif des indicateurs Ressource est
l’atteinte d’un niveau d’efficience opérationnelle élevé. Ils sont constitués des niveaux de
stock, des besoins en main d’œuvre, de l’utilisation d’équipement et d’énergie, et du coût. Les
indicateurs Produit ont pour but une satisfaction client élevée. Ils sont donc représentés par la
réactivité aux demandes des clients, la qualité et les volumes produits. Et enfin, les indicateurs
Flexibilité ont pour objectif la capacité à s’adapter rapidement aux changements de la
demande. Slack (1991) identifie deux aspects à la flexibilité, l’étendue et la réaction.
L’étendue décrit jusqu’à quel point on peut apporter des changements et la réaction montre la
facilité avec laquelle on peut changer ce qui est prévu, et ce au niveau des dimensions de
volume, de la date de livraison, de la nature du produit, et de la mise sur le marché d’un
nouveau produit.
Cette évolution des systèmes d’évaluation des performances vers une approche multicritères
démontre la complexité croissante dans l’organisation des entreprises. Quelle que soit la
méthode utilisée, la notion de risque apparaît notamment dans le cas d’un décalage entre la
stratégie et l’opérationnel logistique, susceptible de se traduire par une rupture de flux, une
altération dans l’organisation et le fonctionnement d’une Supply Chain (Lavastre, Spalanzani,
2010).
Or, nous constatons qu’aucun des modèles d’évaluation de la performance décrits n’intègre la
gestion des risques inhérents au contexte logistique. Pourtant, plusieurs chercheurs
interpellent la communauté scientifique sur cet aspect. Christopher et Lee (2004) soulignent le
développement croissant des risques dans la chaine logistique et l’impératif de construction
d’un collectif d’indicateurs et de mesures permettant d’évaluer, de renseigner et d’influencer
les décisions stratégiques et opérationnelles des entreprises. Chen et Paulradj (2004)
concèdent également que le besoin est pressant en matière d’évaluation du risque en supply
chain management. Les travaux récents de Simangunsong (2011), qui recensent dans la
littérature les sources et stratégies de gestion du risque en supply chain management,
démontrent que ce domaine n’est pas encore stabilisé et que le besoin d’un modèle
d’évaluation global de la performance supply chain prenant en compte la gestion du risque est
d’actualité.
Il est donc vital de repenser l’évaluation des performances par un questionnement sur les
interactions entre les dirigeants et les managers logistiques.
6
2. De l’évaluation au pilotage des performances logistiques : une nouvelle posture des
managers intermédiaires.
La littérature portant sur la gestion des risques en Supply Chain, montre que l’évaluation des
risques ne constitue qu’une étape transitoire, il est ensuite nécessaire de passer au
management de ces risques, puis au déploiement d’une stratégie collaborative de gestion des
risques au sein des différentes parties prenantes (Cf. le tableau 3).
Tableau 3 : Modèle de management des risques
Source : Traduit d’après Harland et al. (2003).
Sachant que les risques constituent des altérations au fonctionnement des organisations
logistiques, des ruptures dans les flux d’informations et de marchandises, il devient alors vital
de déployer des dispositifs d’amélioration continue tout au long d’une supply chain ou d’une
chaîne logistique afin de maîtriser, de réduire ces dysfonctionnements.
Comment identifier ces leviers d’actions en matière d’amélioration continue, si ce n’est par un
dialogue permanent entre les dirigeants de supply chain et les managers logistiques ? Car,
l’amélioration continue ne peut être effective sans une mobilisation de l’ensemble des parties
prenantes à tous les échelons hiérarchiques.
L’environnement économique des entreprises et les nouvelles formes de concurrence ont
fortement réduit le degré d’anticipation et augmenté le besoin de réactivité des organisations.
Aussi, assiste-t-on depuis une trentaine d’années à un mouvement important de restructuration
organisationnelle des entreprises. Afin de répondre à une évolution toujours plus rapide de la
demande des clients, les entreprises cherchent à mettre en place des structures plus souples
aux formes « modulaires », intégrées (Schilling et Steensma, 2001). Aussi, les chaînes
logistiques doivent être à la fois souples et agiles (Fabbe-Costes, 2007), réactives et intégrées.
Ces changements continus conduisent à rechercher de nouvelles cohérences dans la conduite
7
d’une entreprise, de nouvelles formes de gouvernance, au cœur desquelles on identifie une
participation accrue des middle managers (MM) au pilotage stratégique. Le MM est de plus
en plus présenté comme un véritable acteur de la stratégie, ou du moins comme un acteur clé
devant contribuer à la mise en œuvre de la stratégie (Balogun et Johnson, 2004, Wooldridge
et al., 2008). Parmi l’ensemble de ses missions, le MM doit contribuer à la création de valeur
et piloter la performance de son ou de ses équipes. Il devient ainsi porteur de la mise en œuvre
de la stratégie dans l’opérationnel logistique. Si la vitesse de conception et de déploiement des
initiatives stratégiques devient le critère majeur de la conduite d’une entreprise, quelles
capacités d’action les managers intermédiaires doivent-ils mettre en œuvre?
Le MM se doit de contribuer activement au pilotage de la performance de la chaîne logistique.
Cette performance repose sur deux facteurs importants qui peuvent apparaître comme
contradictoires.
Tout d’abord, l’efficacité clients exige un pilotage transverse entre acteurs de la Supply
Chain, notamment par le biais de processus collaboratifs (CPFR, GPA, Flow Casting…). Le
MM logisticien va alors jouer un rôle d’interface entre acteurs de la supply chain (Fulconis et
Paché, 2005), et résoudre en toute autonomie, quantités de dysfonctionnements liés aux aléas
des pilotages de flux (problèmes techniques, commandes aléatoires des clients, management
des hommes…).
Par ailleurs, les exigences de rentabilité de chaque entreprise de la chaîne nécessitent un
renforcement des liens hiérarchiques. Par conséquent, les tâches de reporting prennent le pas
sur celles de pilotage dans les activités logistiques.
Cette ambivalence entre autonomie et contrôle n’est pas nouvelle dans les théories des
organisations, ce qui est nouveau c’est les conditions dans lesquelles elles s’exercent ; des
temps de plus en plus réduits, dans des contextes inter-organisationnels, qui mettent les MM
dans des postures particulièrement difficiles à tenir (voir par exemple Camman et Livolsi,
2007, à propos des Managers intermédiaires dans le contexte des prestataires de services
logistiques). Il semble alors indispensable de s’interroger sur le rôle et la place de ces acteurs
dans le contexte logistique. Plus généralement, Besson et Mahieu (2008) soulignent la
nécessaire redéfinition de l’engagement du manager intermédiaire dans le processus
stratégique, en tant « qu’acteur pivot des organisations post-bureaucratiques ». Dans ce
nouveau contexte organisationnel qui place la valeur au cœur des préoccupations de la
performance, il a pour rôle de déceler, évaluer et mettre en œuvre des opportunités de création
de valeur en jouant simultanément sur le double registre de la création d’offre et de
l’économie des ressources (Besson et Mahieu, 2008).
Ce qui constitue le cœur des performances logistiques telle que l’explicite la figure 2.
8
Figure 2 : Définition des performances logistiques
Source : Elaboration personnelle.
Une performance est la capacité à atteindre des objectifs fixés en termes d’efficacité (capacité
à atteindre les objectifs fixés), d’efficience (degré d’atteinte des objectifs fixés à moindre
coût) et d’effectivité (répartition de la valeur créée en fonction des contributions respectives
de chaque acteur). Elle doit être destinée à satisfaire les clients, mais aussi les autres parties
prenantes d’une entreprise, les salariés et les fournisseurs.
En conséquence, arbitrer en permanence entre les trois composantes d’une performance
logistique exige une coordination des managers et des dirigeants pour l’ensemble des parties
prenantes d’une chaîne ou d’une supply chain. C’est ce que l’on appelle le pilotage des
performances, qui consiste à assurer le lien entre la présentation des objectifs de résultat, et la
définition des actions qui sont nécessaires à leur réalisation et sur lesquelles porte le pilotage
(Fiore, 2005). Les leviers d’action (paramètres d’amélioration des dysfonctionnements) font
le lien entre les objectifs stratégiques et les performances opérationnelles. Ils rendent
crédibles ces performances opérationnelles vis-à-vis de la hiérarchie, qui les valide, et du
personnel dont ils permettent la mobilisation.
Ce qui induit un rôle nouveau des middle managers logistiques, car les directions
d’entreprises demandent une double compétence aux managers intermédiaires :
D’une part, Une aptitude à entretenir une relation directe avec le marché (clients, parties
prenantes d’une chaîne logistique ou supply chain), un rôle de « marginal sécant » (Payaud,
2003 et Dietrich, 2009) : il doit développer une compétence à porter la stratégie de
l’entreprise auprès de ses collaborateurs. D’autres part, une capacité à entretenir une forte
relation avec ses collaborateurs, un rôle de « manager de proximité » (Payaud, 2003 et
Dietrich, 2009) : il doit cultiver une compétence de management d’un service ou d’une équipe
en tant qu’acteur du changement opérationnel.
9
Un manager intermédiaire doit donc assumer trois grandes catégories de rôles :
Technique (en lien avec un métier opérationnel) ; il contribue ainsi à l’amélioration logistique
en termes de qualité et de productivité.
Relationnel (il s’agit d’animer des équipes, de répondre à leurs interrogations, de faire le lien
avec les directions, les clients et les fournisseurs) ; il doit alors identifier les inducteurs de
performances et élaborer son tableau de bord en concertation avec ses collaborateurs.
Gestionnaire (garant des ressources) ; il participe au reporting et à l’analyse de gestion.
Ces rôles prennent leur sens dans ce que l’on qualifiera de posture managériale du MM ;
"Parler de posture, signifie que ces managers sont acteurs de leur propre transformation et
de celle des finalités de l’organisation. C’est aussi parler d’un positionnement et des systèmes
de relations qui lui donnent sens, selon les contextes. " (Besson et Mahieu, 2008). Nous
l’avons évoqué, les organisations appartenant à une même chaîne logistique doivent, pour être
plus réactives, mettre en œuvre des démarches collaboratives. Les MM logistiques ont la
possibilité de prendre part à ces nouvelles formes organisationnelles. Cela repose sur
l’évolution de la façon dont ils incarnent leur métier. Le tableau 4 présente les principales
évolutions en termes de compétences et de périmètre d’actions des MM logisticiens selon si la
posture des MM est traditionnelle ou moderne. Il permet d’identifier les facteurs clivant
assurant l’émergence d’un véritable pilotage des performances logistiques au moyen d’une
nouvelle posture des middle managers
Tableau 4 : Evolution de la posture des Middle Managers logistiques
Posture traditionnelle des MM Posture moderne des MM
Contexte
d’apprentissage
Organisations fonctionnant dans
des environnements
relativement certains et stables
Organisations fonctionnant
dans des environnements
incertains, volatiles
Pilotage des
performances
Maîtrise et optimisation des
coûts logistiques
Piloter les risques, les
inducteurs de croissance
(valeur) et de coûts
Compétences
managériales
Manager une équipe
opérationnelle en fonction
d’objectifs de coûts et de qualité
Traduire les objectifs
stratégiques en performances
opérationnelles et les piloter
Compétences en termes
de management
Transactionnelles, centrées sur
la maintenance des
performances (qualité et coûts)
Transformationnelles
centrées sur la vision du
changement et l’adhésion des
collaborateurs
Périmètre de
management
Les différentes tâches d’une
opération logistique
Processus collaboratif entre
acteurs d’une supply chain
Source : élaboration personnelle
10
Chacun des middle managers logistiques devient force de propositions et contribue, à son
niveau, à l’amélioration continue de la performance, à impulser une dynamique de progrès
permanent dans les organisations, sous fond de réduction des gaspillages et de superflu. Il doit
traduire les objectifs stratégiques en performances opérationnelles au moyen de
l’identification des inducteurs de croissance et de coûts permettant d’arbitrer entre les niveaux
d’efficacité et d’efficience, et intégrer dans cet effort la dimension essentielle de gestion des
risques logistiques.
Mais, comment impulser cette dynamique de progrès sans un profond changement dans les
méthodes de management ? C’est pourquoi les approches transactionnelles s’intéressent aux
échanges qui s’inscrivent dans une logique de transaction entre le manager et le subalterne.
Un leader transactionnel s’intéresse aux moyens de maintenir et d’améliorer le niveau ainsi
que la qualité de la performance de ses subordonnées. Cette approche tranche avec l’approche
transformationnelle où le leadership est définit comme « un processus qui provoque un
engagement mutuel du leader et du subordonné » (Burns, 1978). L’engagement conjoint du
leader et du subordonné repose sur une adhésion commune à une vision et à des valeurs
partagées avec le leader (Burns, 1978).
Aussi, est-il nécessaire de faire évoluer les MM, vers une nouvelle posture managériale
consistant en :
Savoir traduire les objectifs stratégiques en cibles opérationnelles.
Mettre en mouvement les collaborateurs
Piloter les changements opérationnels.
Conclusion
Le passage de l’évaluation au pilotage des performances logistiques requiert un certain
nombre de conditions, que nous avons tenté de présenter dans cet article :
Redonner des marges de manœuvre aux middle managers afin qu’ils deviennent acteurs des
dynamiques de progrès.
Axer leurs efforts sur l’efficacité clients tout en assurant une certaine équité dans la répartition
de la valeur ajoutée (efficience).
Mettre en place une véritable stratégie collaborative au sein d’une supply chain tournant le
dos à des pratiques de prédation en termes de création de valeur.
Ces conditions constituent la frontière en deçà de laquelle il ne saurait y avoir de véritable
pilotage des performances logistiques, mais uniquement des performances locales en
contradiction entre-elles.
11
Bibliographie
Balogun, J. et Johnson, G. (2004), « Organizational restructuring and middle manager
sensemaking », Academy of Management Journal, Vol. 4, n°47, pp. 523-549.
Beamon, B.M. (1996), « Performance measures in supply chain management' », Proceedings
of the 1996 Conference on Agile and Intelligent Manufacturing Systems, Rensselaer
Polytechnic Institute, Troy, New York, NY, 2-3 October.
Beamon, B.M. (1999), « Measuring supply chain performance », International Journal of
Operations & Production Management, Vol. 19, n° 3, pp. 275-292.
Besson, P. et Mahieu C. (2008), « Fabriquer des stratèges ordinaires : caractérisation d’une
posture managériale émergente », Revue Management & Avenir, Vol. 2, n° 16, pp. 66-85.
Brown, D. (1924), « Pricing Policy in Relation to Financial Control », Management and
Administration, Février, pp. 195–8; Mars, pp. 283–6; Avril, pp. 417–22
Burns, J.M. (1978), Leadership, Harper & Row, New York.
Camman, C. et Livolsi, L. (2007), « Enjeux et difficultés de la gestion des cadres
intermédiaires chez les prestataires de services logistiques », Logistique & Management, Vol.
15, n°2, pp. 43-54..
Chen, I.J. et Paulradj, A. (2004), “Towards a theory of supply chain management: the
constructs and measurements”, Journal of Operations Management, Vol. 22, n° 2, pp. 119–
150.
Christopher, M. et Lee, H. (2004), “Mitigating supply chain risk through improved
confidence”, International Journal of Physical Distribution & Logistics Management, Vol.
35, n° 4, pp. 388-96.
Cuthbertson R. et Piotrowicz W. (2011), “Performance measurement systems in supply
chains: A framework for contextual analysis”, International Journal of Productivity and
Performance Management, Vol. 60, n° 6, pp. 583-602.
Dietrich A. (2009), « Le manager intermédiaire ou la GRH mise en scène », Revue
Management & Avenir, Vol. 1, n° 21, pp. 196-206.
Fabbe-Costes, N. (2007), « La gestion des chaînes logistiques multi-acteurs : les dimensions
organisationnelles d'une gestion lean et agile », Iin : La gestion des chaînes logistiques multi-
acteurs : perspectives stratégiques, Presses Universitaires de Grenoble, Grenoble, Chapitre 1,
pp.19-43 2007.
Fiore, C. (2005), Le Pilotage de l’offre de valeur, Pearson.
12
Fulconis, F. et Paché, G. (2005), « Piloter des entreprises virtuelles. Quel rôle pour les
prestataires de services logistiques ? », Revue Française de Gestion, Vol. 31, n°156, pp. 167-
186.
Gunasekaran, A., Patel, C., Ronald, E., &et McGaughey, R. (2004), « A framework for
supply chain performance measurement », International, Journal of Production Economics,
Vol. 87, n° 3, pp. 333–348.
Kaplan, R.S. andet Norton, D.P. (1992), « The balanced scorecard – measures that drive
performance », Harvard Business Review, Vol. 70, No.n° 1, pp. 71-9.
Lauras M. (2004), Méthodes de diagnostic et d’évaluation de performance pour la gestion de
chaînes logistiques, Thèse de doctorat en Sciences de Gestion, l’Institut National
Polytechnique de Toulouse, Juillet.
Lavastre, O. et Spalanzani, A. (2010), « Comment gérer les risques liés à la chaîne
logistique ? Une réponse par les pratiques de SCRM », 19ème
conférence AIMS., Luxembourg.
Neely, A., Gregory, M. and Platts, K. (1995), « Performance measurement system design »,
International Journal of Operations & Production Management, Vol. 15, n° 4, pp. 80-116.
Otto, A. (2002), Management und Controlling von Supply Chains. Ein Modell auf der Basis
der Netzwerktheorie. Deutscher Universitatsverlag, Wiesbaden.
Otto, A. et Kotzab, H. (2003), « Does supply chain management really pay–- six perspectives
to measure the performance of managing a supply chain », European Journal of Operational
Research, Vol. 144, n° 2, pp. 306-20.
Payaud, M. (2003), « Le middle manager dans la formation de la stratégie : repère théorique
et précision empirique », 12ème
conférence AIMS., Tunis (Tunisie).
Schilling, M. A. and Steensma, H. K. (2001), « The use of modular organizational forms : An
industry-level analysis », Academy of Management Journal, vol. 44, n°6, pp.1149-1169.
Simangunsong, E, Hendry, L et Stevenson, M (2011), Supply Chain Uncertainty: A Review
and Theoretical Foundation for Future Research, The Department of Management Science,
Lancaster University, Working Paper.
Slack, N. (1991), The Manufacturing Advantage, Mercury Books, London.
Wooldridge, B., Schmid, T. and Floyd, S. (2008), « The Middle Management Perspective on
Strategy Process: Contributions, Synthesis, and Future Research », Journal of Management,
Vol. 34, n°6, pp. 1190-1221.