L'émergence du maïs dans la consommation alimentaire des ménages urbains au Nord-Cameroun

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Économie rurale Numéro 318-319 (juillet-octobre 2010) Varia ............................................................................................................................................................................................................................................................................................... Éric Joël Fofiri Nzossié, Joseph-Pierre Ndamè, Ludovic Temple, Sandrine Dury, Robert Ndjouenkeu et Michel Simeu Kamdem L’émergence du maïs dans la consommation alimentaire des ménages urbains au Nord-Cameroun ............................................................................................................................................................................................................................................................................................... Avertissement Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de l'éditeur. Les œuvres figurant sur ce site peuvent être consultées et reproduites sur un support papier ou numérique sous réserve qu'elles soient strictement réservées à un usage soit personnel, soit scientifique ou pédagogique excluant toute exploitation commerciale. La reproduction devra obligatoirement mentionner l'éditeur, le nom de la revue, l'auteur et la référence du document. Toute autre reproduction est interdite sauf accord préalable de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Revues.org est un portail de revues en sciences humaines et sociales développé par le CLEO, Centre pour l'édition électronique ouverte (CNRS, EHESS, UP, UAPV). ............................................................................................................................................................................................................................................................................................... Référence électronique Éric Joël Fofiri Nzossié, Joseph-Pierre Ndamè, Ludovic Temple, Sandrine Dury, Robert Ndjouenkeuet Michel Simeu Kamdem, « L’émergence du maïs dans la consommation alimentaire des ménages urbains au Nord- Cameroun », Économie rurale [En ligne], 318-319 | juillet-octobre 2010, mis en ligne le 01 octobre 2012. URL : http://economierurale.revues.org/index2769.html DOI : en cours d'attribution Éditeur : Société Française d'Économie rurale http://economierurale.revues.org http://www.revues.org Document accessible en ligne à l'adresse suivante : http://economierurale.revues.org/index2769.html Ce document est le fac-similé de l'édition papier. Cet article a été téléchargé sur le portail Cairn (http://www.cairn.info). Distribution électronique Cairn pour Société Française d'Économie rurale et pour Revues.org (Centre pour l'édition électronique ouverte) © Tous droits réservés

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Économie ruraleNuméro 318-319  (juillet-octobre 2010)Varia

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Éric Joël Fofiri Nzossié, Joseph-Pierre Ndamè, Ludovic Temple, SandrineDury, Robert Ndjouenkeu et Michel Simeu Kamdem

L’émergence du maïs dans laconsommation alimentaire desménages urbains au Nord-Cameroun...............................................................................................................................................................................................................................................................................................

AvertissementLe contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive del'éditeur.Les œuvres figurant sur ce site peuvent être consultées et reproduites sur un support papier ou numérique sousréserve qu'elles soient strictement réservées à un usage soit personnel, soit scientifique ou pédagogique excluanttoute exploitation commerciale. La reproduction devra obligatoirement mentionner l'éditeur, le nom de la revue,l'auteur et la référence du document.Toute autre reproduction est interdite sauf accord préalable de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législationen vigueur en France.

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Référence électroniqueÉric Joël Fofiri Nzossié, Joseph-Pierre Ndamè, Ludovic Temple, Sandrine Dury, Robert Ndjouenkeu et MichelSimeu Kamdem, « L’émergence du maïs dans la consommation alimentaire des ménages urbains au Nord-Cameroun »,  Économie rurale [En ligne], 318-319 | juillet-octobre 2010, mis en ligne le 01 octobre 2012. URL :http://economierurale.revues.org/index2769.htmlDOI : en cours d'attribution

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ÉCONOMIE RURALE 318-319/JUILLET-SEPTEMBRE 2010 • 65

Introduction

La structure de la consommation alimen-taire dans les villes du Nord-Came-

roun à partir de l’enquête budget consom-mation des ménages de 1996 révélait lepoids des céréales d’importation : riz, blé etpâtes alimentaires (56 % du budget consacrépar les ménages urbains aux céréales), desmil/sorgho (34,3 %) et la position margi-nale du maïs, 2,7 % (Dury et al., 2000). Cesrésultats confirmaient ceux obtenus unedizaine d’années plus tôt (Requier-Desjar-dins, 1993) dans la ville de Garoua. Depuisles années 1990, le maïs a bénéficié denombreuses innovations et connu une phased’expansion malgré les variations interan-nuelles dues aux aléas climatiques1. De 1990à 20062, la production nord-camerounaiseest passée respectivement de 57 000 tonnesà 457 000 tonnes en 16 ans. Celle-ci constitueactuellement 37 % de la production totale demaïs à l’échelle nationale. Selon les ratiosmobilisables (Fusillier, 1993 ; Muller, 2004 ;CEDC, PRRVL/MINADER, 2004 ; bureaud’études Progress SARL, Minader, Union

européenne, CAON-FED, 2008), 70 % decette production seraient autoconsommés.Bien que ces indices varient d’une localité àl’autre selon les habitudes alimentaires domi-nantes, le taux de croissance annuelle de laproduction céréalière (4,2 %) correspondsensiblement au taux de croissance annuel dela population dans la région (4,5 %). D’où defaibles excédents commercialisables enre-gistrés dans les zones de production. Lesmarchés urbains régionaux constituent apriori les principaux points d’acheminementde la production commercialisée. Cette études’interroge sur les évolutions récentes de laconsommation alimentaire dans les villesdu Nord-Cameroun. Son objectif est decomprendre en quoi les déterminants de laconsommation urbaine créent des opportu-nités de diversification des revenus et destrajectoires d’innovation en milieu rural. Lesdynamiques alimentaires des villes étant iciposées comme un élément de gouvernancedes systèmes de production qui comme dansd’autres situations, répondraient favorable-ment à ces sollicitations (Bricas, 1993 ;Hatcheu, 2003).

Nous proposons de tester l’hypothèsestructurante selon laquelle l’évolution de laconsommation de maïs est liée à sa dispo-nibilité et à la multiplicité des formes deproduits qui s’intègrent plus facilement dansles habitudes alimentaires des divers groupesethnolinguistiques.

L’émergence du maïs dans la consommationalimentaire des ménages urbains au Nord-CamerounÉric-Joël FOFIRI NZOSSIÉ, Joseph-Pierre NDAMÈ • Faculté des arts, lettres et sciences humaines(FALSH), Université de Ngaoundéré (Cameroun), [email protected], [email protected]

Ludovic TEMPLE, Sandrine DURY • UMR Marchés, organisations, institutions et stratégies d’acteurs(MOISA), Cirad-Montpellier (France), [email protected], [email protected]

Robert NDJOUENKEU • École nationale supérieure des sciences agro-industrielles (ENSAI), Universitéde Ngaoundéré (Cameroun), [email protected]

Michel SIMEU KAMDEM • Institut national de cartographie, Yaoundé (Cameroun),[email protected]

1. Notamment en 1997, 2000-2002 et 2004.2. Les statistiques officielles les plus récentes sontde 2006 (ministère de l’Agriculture et du Déve-loppement Rural (2009). Annuaire des statistiquesdu secteur agricole Campagne 2006-2007, n°15,111 p.)

La méthodologie mobilise un diagnosticdes systèmes de consommation alimentairedans les trois principales villes du Nord-Cameroun : Ngaoundéré, Garoua et Maroua.Le choix du ménage comme échelle d’ob-servation se justifie par la possibilité dereconstituer les évolutions relatives à laconsommation alimentaire (produitsconsommés, formes, coûts, fréquences...)sur le moyen terme (un à cinq ans)3. Nousn’avons pas pris en compte la consommationhors ménage qui fait l’objet de donnéesdisparates et difficiles à reconstituer.

Les données ont été collectées au moyend’un questionnaire adressé à 550 ménages endeux passages [périodes de soudure (juin-septembre) et de récolte (octobre-février)].Bien que l’étude soit centrée sur la consom-mation du maïs, nous cherchons à cernerplusieurs éléments permettant de situer saplace dans la consommation des basesalimentaires en milieu urbain. Ces élémentsportent sur :– les produits consommés au cours du

dernier mois qui a précédé nos enquêtes :le choix de l’échelle mensuelle s’expliqueici par la maîtrise de la gestion de laconsommation par les ménagères, quipeuvent ainsi reconstituer l’évolution de laconsommation sur plusieurs mois ;

– l’origine des aliments consommés : troisorigines ont été identifiées et retenues à lasuite d’une pré-enquête : l’achat qui sefait sur les marchés urbains, périurbains degros et ruraux de production ; ou directe-ment chez le producteur ; la productionurbaine ou rurale pour les ménagesinvestis dans l’agriculture ; les dons desfamilles et amis.

Cette démarche a déjà été appliquée pardivers auteurs pour étudier la consommationalimentaire de nombreuses villes africaines(Bricas, op. cit. ; Requier-Desjardins, op.cit. ; Abraao, 1994 ; Dury et al., op. cit. ;Leporrier, 2002 ; Diawara et al., 2002).

Les ménages enquêtés4 ont été choisis defaçon raisonnée sur la base de deux groupesde variables :– les variables de caractérisation des

ménages : • de type social : groupe ethnolinguistique ;• de type culturel : religion ;• de type économique : revenus, habitat.

– les variables de caractérisation de laconsommation :• de type qualitatif : produits consommés(mil/sorgho, riz, maïs...) ;• de type quantitatif : nombre de repas parjour, quantité consommée par mois,nombre de jours par mois, taille duménage...Les affinités ethniques et religieuses, de

même que les catégories socioprofession-nelles déterminent l’occupation de l’espaceurbain au Nord-Cameroun (Bassoro etMohammadou, 1980 ; Simeu Kamdem,1985), d’où le choix du quartier commeunité d’enquête. Ce qui conduit à adopter unéchantillonnage par grappe. Simeu Kamdem(1985, 2004), Seignobos et Iyébi-Mandjeck(2000) ont établi une typologie des quartiersdes villes du Nord-Cameroun : quartiersmusulmans et chrétiens d’une part, rési-dentiel et populaire d’autre part. Cette typo-logie a orienté notre choix des ménages enfonction des différentes variables de carac-térisation retenues plus haut.

L’échantillonnage des ménages s’est faiten deux étapes : un choix raisonné de sixquartiers par ville en fonction des caracté-

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Population urbaine et consommation de maïs au Cameroun

3. Le ménage est l’ensemble de personnes (ayant unlien de sang, de mariage ou non), vivant dans lamême unité d’habitation, prenant le plus souventleurs repas en commun, subvenant en commun auxdépenses courantes et reconnaissant généralementl’autorité d’une seule personne comme chef deménage (Dury et al., op. cit.).

4. Ces enquêtes ont été réalisées dans le cadre duProjet Prasac/Ardesac (Pôle régional de rechercheappliquée au développement des savanes d’AfriqueCentrale), institution spécialisée de la CEMAC quiassure la coordination des activités de recherchedans la sous région (www.prasac-cemac.org).

ristiques socioéconomiques, soit 18 quartiersenquêtés, et un choix aléatoire d’une unitéd’habitations au dixième. 90 % des quartiersabritent les populations à revenu moyen etbas. La troisième enquête camerounaiseauprès des ménages (ECAM 3) réalisée en2007 a montré qu’à l’échelle nationale, leNord-Cameroun représente la région oùl’incidence de la pauvreté a le plus augmentéces dix dernières années avec moins de269 443 FCFA (410,763 euros) par équi-valent adulte et par an (Institut national dela statistique, 2008). Le phénomène s’ob-serve aussi bien dans les campagnes quedans les villes où les professions libérales(travailleurs compte propre) largement orga-nisées autour du secteur informel, absor-bent plus de 40 % des actifs occupés (INS,2005).

L’ensemble des variables retenuescontribue à l’analyse et à la compréhensionde la dynamique alimentaire urbaine.

L’enquête principale a été réalisée entrejuillet et août 2007 sur un échantillon de 450ménages répartis dans les trois villes ; cesmois correspondent à la période de soudurealimentaire dans la zone soudano-sahélienne(nord et extrême-nord), c’est-à-dire lapériode où du point de vue de la saisonna-lité des productions locales, les problèmesde sécurité alimentaire sont les plus intensespour les populations concernées et où lesprix des produits alimentaires sont les plusélevés. Une enquête complémentaire a étéréalisée en janvier 2008 à Garoua et Maroua5

sur un échantillon réduit de 100 ménages. Cemois correspond à la période des récoltes etde plus grande abondance de disponibilitésalimentaires sur les marchés urbains. L’en-quête visait à saisir la dynamique deconsommation sur l’année [périodes de

soudure (juin-septembre) et d’abondance(octobre-mai)].

Les données obtenues ont subi un doubletraitement : – un traitement manuel qui a porté sur la

taxonomie des questions ouvertes afin depermettre leur interprétation ;

– un traitement informatique sur une saisieà plat des questions fermées préalable-ment codifiées dans un tableur Excel,suivie d’une analyse à l’aide du logicielXLSTAT.

Résultats et discussion1. Croissance démographique urbaine etdemande alimentaire L’urbanisation a précédé la colonisationdans le Nord-Cameroun en relation avecl’organisation politique des états musul-mans et le développement des réseauxd’échanges sous régionaux soudano-sahé-liens entre le Nigeria, le Cameroun et leTchad (Gondolo, 1978 ; Roupsard, 1987 ;Simeu Kamdem, 2004). Cette urbanisations’est cependant accélérée de manière remar-quable depuis près d’une trentaine d’an-nées (1980-2008), grâce à un ensemble dephénomènes convergents : essor des activitésindustrielles6, désenclavement du nord duCameroun par l’amélioration des infra-structures de communication qui le relient ausud du pays, développement des villes admi-nistratives créées pour un meilleur contrôlepolitique du territoire national, récurrencedes crises socio politiques au Tchad et enRépublique Centrafricaine qui ont généré unafflux de réfugiés dans la région. Le tauxd’urbanisation qui était de 17 % en 1960, estpassé à 41 % en 1990. Il se situe aujourd’huiautour de 50 %. Le taux de croissanceurbaine quant à lui est passé de 5,7 % entre

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5. Garoua et Maroua sont les principales villes de lazone soudano-sahélienne qui souffrent le plus deseffets de la soudure alimentaire, et où s’apprécieraitle mieux la dynamique alimentaire sur l’année.Elles regroupent à elles seules 40 % de la popula-tion urbaine nord-camerounaise.

6. Les réalisations industrielles du Cameroun sep-tentrional avaient pour principal objectif d’opérerune première transformation des productions agri-coles et pastorales, le plus souvent en préalable àl’exportation (Roupsard, op. cit.).

1960 et 1970, à 6,4 % entre 1980 et 1990(Ndame et Briltey, 2004). En 1987, leszones rurales abritaient encore2 403 131 habitants, soit 75 % de la popu-lation régionale, contre 779 914 habitants(25 %) dans les villes. On estimait à près de1 700 000 le nombre de citadins en 2004(INS, 2004), et les projections montrent que

cette population est appelée à croître davan-tage, avec un taux de croissance moyen de5 % par an.

Cette croissance est surtout soutenue parles principaux centres urbains, chefs-lieuxdes régions : Ngaoundéré, Garoua et Marouaqui concentrent plus de 50 % des citadins(figure 1, tableau 1).

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Population urbaine et consommation de maïs au Cameroun

Figure 1. Les métropoles du Nord-Cameroun

Tableau 1. Évolution de la population des principales villes du Nord-Cameroun (1960-2006)

Villes 1960 1970 1980 1990 2000 2006

Garoua 12 000 34 000 87 000 178 000 215 000 35 9000

Maroua 14 000 38 000 85 000 147 000 195 000 320 000

Ngaoundéré 11 000 24 000 51 000 95 000 120 000 186 000

Total 37 000 96 000 223 000 420 000 530 000 901 000

Source : Description du peuplement de l’Afrique de l’Ouest, commentaire de la base de données.(1994 ; Minpat, 2000 et estimation).

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Elle génère des villes cosmopolites et accé-lère des mouvements migratoires. L’impor-tance relative des groupes ethnolinguistiquesdépend principalement de la proximitégéographique entre les lieux de départs etles villes d’accueils d’une part, des activitésdominantes d’autre part. En théorie, cettediversité devrait façonner les habitudesalimentaires dans une région culturellementmarquée par la consommation desmil/sorgho. En effet, les mil/sorgho onttoujours constitué la nourriture de base despopulations du Nord-Cameroun (Favier,1968). Ils ont donné lieu à un champ lexicalespécifique dans plusieurs groupes ethnolin-guistiques (Tourneux, 2002 ; Raimond,2002), mettant en exergue les pratiques cultu-rales et l’art culinaire. Des travaux (Requier-Desjardins, op. cit. ; Dury et al., op. cit. ) ontmontré l’importance de ces céréales dans lesvilles de la région. Ces villes représententaujourd’hui un important marché de consom-mation à l’échelle régionale.

2. Le maïs dans l’alimentation urbaine Pour situer la place du maïs dans l’alimen-tation des ménages urbains, nous analysonsles dynamiques alimentaires des ménages.Pour cela nous avons enregistré lesfréquences journalières de consommationde chaque produit durant le mois qui aprécédé notre passage. Nous n’avons paspris en compte les produits carnés (viande,poisson) et les boissons. Il se dégage denos enquêtes les constats suivants :

Un attachement des ménages au modèlealimentaire céréalierLes données mobilisées confirment la prépon-dérance du modèle alimentaire de la régionbasé sur les céréales. Ainsi 90 % des ménagesinterrogés consacrent au moins 60 % de leurbudget alimentaire à la consommation descéréales, pour 10 % seulement sur des choixculinaires concernant les racines, tuberculeset féculents. L’analyse des groupes deproduits révèle cependant de profondes dispa-rités. Dans le groupe des céréales, le riz repré-

sente 39 % du budget consacré aux basesalimentaires à l’échelle régionale, suivi dumaïs (36 %), des mil/sorgho (17 %) et despâtes alimentaires (8 %).

Le riz se consomme en moyenne un joursur deux. Sa consommation est plus impor-tante à Ngaoundéré et Garoua qu’à Maroua.Une explication porte sur l’impact probabledes importations qui transitent par l’Ada-maoua et le Nord. Cette céréale est la plusconsommée dans des ménages à revenumensuel moyen, et de taille relativementimportante (7-15 personnes).

Le maïs comme le riz se caractérise par ladiversité de ses formes de consommation(épis frais bouilli ou grillé, couscous, bouilliede maïs, sanga7), l’une ou l’autre pouvantêtre consommée par tous les groupes ethno-linguistiques du pays. L’importance de sapart budgétaire dans le groupe des céréalespourrait s’expliquer par cette diversité.

La proportion des mil/sorgho enregistréeà la suite de nos enquêtes ne recoupe pas lesrésultats constatés dans la strate « Nord semi-urbain » (34,3 %) en 2000 (Dury et al., op.cit.) Les différences méthodologiques entreles deux enquêtes n’autorisent pas des conclu-sions rapides. En effet, la méthodologieadoptée pour la réalisation de la premièreenquête camerounaise auprès des ménages(ECAM 1) avait regroupé dans la « strateNord semi-urbain », l’ensemble des villesmoyennes (au moins 50 000 habitants en1996), qui présentaient sur le plan écono-mique un profil associant les activités agri-coles et non agricoles (Dury et al., 2000).Cette approche reprise lors de la deuxièmeenquête Camerounaise (ECAM 2) en 2001,présenterait le risque de généralisation desmodèles de consommation existants auxvilles principales plus diversifiées du point devue démographique, et secondaires, celles-ci

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7. Le sanga est un mets très apprécié des populationsdu sud du Cameroun, obtenu à partir du mélange degrains de maïs frais et de légumes feuilles. Il se pré-pare non salé, laissant la latitude au consomma-teur d’ajouter du sucre à sa convenance.

étant pour la plupart bâties autour d’un noyauadministratif « ruralisées »8, où la populationdominante a pour base alimentaire lesmil/sorgho. On pourrait alors comprendre laforte proportion de ces céréales enregistréedans la « strate Nord semi-urbain » en 1996.

Les mil/sorgho restent encore l’aliment debase des ménages originaires des régions del’Extrême-Nord et du Nord mais égalementdes tchadiens, nigérians et centrafricainsqui ont migré au Nord-Cameroun. Les résul-tats obtenus montrent une profonde régres-sion de l’aire de consommation urbaine surun gradient sud-nord. 60 % de ménagesconsommateurs résident à Maroua, 25 % àNgaoundéré et 15 % à Garoua. Cette distri-bution spatiale montre une concentrationde la consommation autour des bassins deproduction (Extrême-Nord et Nord). Ellefavorise l’organisation de circuits courts decommercialisation des mil/sorgho, rédui-sant les multiples fonctions d’intermédiationobservées dans les filières céréalières, etqui contribuent à la hausse des prix au détail.

L’existence des circuits courts crée undouble avantage : d’une part, une amélio-ration du revenu paysan par la vente directeaux consommateurs et une plus grandeaccessibilité des produits en termes de prix.D’autre part, la proximité des bassins deproduction des zones de consommation faci-lite un approvisionnement direct desménages dans leur village d’origine, cesderniers pouvant prélever sur leurs propresrécoltes, recevoir en dons ou acheter surles marchés ruraux de production. De fait,les stratégies d’approvisionnement de proxi-mité, voire de redistribution ou de stockage

de précaution tendent à limiter les surplusexportables vers les grandes villes, pourprotéger les conditions de réalisation de lasécurité alimentaire dans les zones rurales.La gestion des risques à la production setraduit par une sorte de « trappe à liqui-dité » qui se concrétise par le stockage desmil/sorgho.

L’analyse montre au-delà de la variable« origine géographique » que la consom-mation du mil et du sorgho est fortementcorrélée au revenu du ménage. Plus de 60 %des ménages qui en consomment ont unrevenu mensuel compris entre 25 000 et100 000 FCFA, la moyenne se situant autourde 45 000 FCFA9. La taille du ménage a parcontre une influence peu significative ;moins de 50 % des ménages concernéscomptent plus de 10 personnes.

Les racines, tubercules et féculents(manioc, patate, igname, plantain) restentdes produits de consommation marginale,probablement à cause du faible intérêt despopulations majoritairement originaires duNord-Cameroun. À l’instar de ce groupe, lemanioc est la racine la plus consommée. Ilest surtout transformé en cossettes pour êtrepréparé sous forme de boule par des popu-lations originaires de l’Adamaoua (Gbaya,Mboum, Dii). En général, les populations duSud-Cameroun sont, comme le soulignaitdéjà Requier-Desjardins (op. cit.) les seulesà choisir comme base de manière prédomi-nante les tubercules et les racines.

La consommation du plantain reste cultu-rellement connotée et souffre surtout de sonprix élevé à Ngaoundéré, Garoua et Maroua.Le niveau élevé de ces prix trouve une expli-cation dans l’éloignement des centres deproduction situés dans la partie méridio-

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Population urbaine et consommation de maïs au Cameroun

8. Au Cameroun, on considère comme ville toutelocalité abritant le chef lieu d’une unité adminis-trative (arrondissement, département, région), etdisposant des infrastructures sociales de base (lycée,structure hospitalière, services de gendarmerie...). Denombreuses localités rurales ont ainsi acquis le sta-tut de ville, sans pour autant qu’aux plans démo-graphique et économique, elles connaissent desmutations susceptibles d’entraîner une réelle dyna-mique des comportements alimentaires.

9. Près de 70 % des actifs occupés dans les villes duNord-Cameroun tirent leurs revenus du secteurinformel (transport par moto-taxi, vente au détail desproduits alimentaires, vente des médicaments derue...). Ce secteur se caractérise par un faible niveaude revenu (25 000 - 70 000 FCFA) qui tire lamoyenne vers le bas, autour de 45 000 FCFA, leSMIG étant de 28 000 FCFA.

nale du pays (Temple et Bikoï, 1998). Cettesituation amène très régulièrement les gros-sistes à acheminer plus de 60 % des produitssur le marché de Kousseri, frontalier auTchad, au détriment d’autres centres urbains.Les fréquences de consommation des basesalimentaires varient profondément d’unproduit à un autre (figure 2).

Le riz a été le produit le plus consomméau cours du mois de juillet qui a précédé nosenquêtes en période de soudure (en moyenneune préparation tous les deux jours), suivi dumaïs (une préparation tous les trois jours) etdes mil/sorgho. Le riz apparaît comme unecéréale « transculturelle », consommée sousforme de boule par les ménages originairesde l’Extrême-Nord et du Nord, et sous formegrain par d’autres ménages. Dans lesménages où prédomine la consommationdes mil/sorgho, les fréquences enregistréessont supérieures à 20 préparations par mois.

Les enquêtes complémentaires réaliséesen janvier 2008, période de récoltes et parconséquent de plus grande disponibilité detous les types de céréales, ont révéléquelques changements structurels dans laconsommation, qui, sans être particulière-ment significatifs à l’échelle régionale, four-nissent tout de même de nouvelles basesd’hypothèses lorsqu’on prend en compteles variables de caractérisation des ménages

de type social (groupe ethnolinguistique)et économique (revenu). La part budgétairedes mil/sorgho a augmenté en moyenne de20 % dans les ménages originaires de l’ex-trême-nord, du Tchad, du Nigeria et de laRépublique Centrafricaine au détriment dumaïs plus consommé en période de soudure,et de 6 % dans ceux du nord. Au plan spatial,cette augmentation se localise principale-ment dans la ville de Maroua. L’augmenta-tion dans les ménages sud-camerounais ainsique ceux du Nord et de l’Adamaoua porteessentiellement sur le maïs. Elle est de 10 %en moyenne.

Un constat se dégage de cette situation.Les mil/sorgho connaissent inévitablementune baisse du niveau de consommation enpériode de soudure contrairement au maïs etdavantage au riz plus stable sur les deuxpériodes. Pour les sud-camerounais de plusen plus représentatifs dans la populationurbaine de la région, le maïs se substitue auxmacabo, manioc et plantain qui sont lesbases traditionnelles de leur alimentation.Nos résultats poseraient ainsi pour hypo-thèse que la croissance des villes se traduitpar une substitution progressive du maïsaux céréales plus anciennes localement quisont principalement consommées dans leszones rurales. Cette tendance a été observéeau Burkina Faso (Diawara et al., op. cit.) où

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Robert NDJOUENKEU, Michel SIMEU KAMDEM

Figure 2. Fréquences de consommation des bases alimentaires dans les ménages urbains du Nord-Cameroun

Source : Enquêtes ARDESAC-PRASAC, Programme 3.3 (août 2007)

0%

20%

40%

60%

80%

100%

Fréquencesde consommation

Proportion (%)

Non conso

mm

ateu

rs

2 pré

p./mois

ou jam

ais

2-7 p

rép./m

ois

7-15

pré

p./mois

plus d

e 20 p

rép./m

ois

Riz TubersulesMil/sorgho Maïs

les céréales sont au cœur de l’alimentation.Le maïs dans les grands centres urbainscomme Ouagadougou et Bobo Dioulasso, asupplanté le mil et le sorgho pour la prépa-ration de certains mets, en l’occurrence le tô,

boule de couscous. Les raisons de cettesubstitution sont liées à la faible disponibi-lité des mil/sorgho, face à l’accroissement dela demande, mais surtout à la diversité desformes d’utilisation dont bénéficie le maïs.Au Mali on observe également depuis lesannées 1980 une extension de la productionde maïs en relation avec le développementde la culture cotonnière (Soumaré et al.,2004) au détriment des mil/sorgho. Pourtantle maïs pose en effet des problèmes écolo-giques dans les espaces soudano-sahéliensdu fait de ses exigences en eau et de l’ac-centuation de l’instabilité climatique. Si cescontraintes limitent son développement dansl’Extrême-Nord de plus en plus affectée parles changements climatiques, en revanche leNord-Cameroun mieux approvisionné enressources hydriques produit près de 35 %de la production céréalière régionale(Minader, 2009a).

Le maïs : une céréale de consommationsaisonnière dans les villes ?Le maïs se consomme sous plusieurs formes :épis bouilli ou grillé, sanga, bouillie, beignetet « couscous » (ou « boule » de farine cuiteà l’eau). La consommation en frais restelimitée à la période de maturité (environ unmois) qui précède le séchage en champ. Lamise en valeur de nombreuses zones maré-cageuses urbaines, permet d’approvisionnerplus régulièrement les villes. Si la formebouillie ou grillée n’a pas de frontière cultu-relle, le sanga (mélange de grains de maïs fraiset de légumes feuilles), est un mets trèsapprécié des ressortissants de la région duCentre. Il est consommé par 8 % de ménagesde notre échantillon.

La consommation de la bouillie préparéeà base de maïs fait partie des habitudesalimentaires (Tourneux, op. cit.) et seconsomme tout au long de l’année au nord

comme au sud. Les fréquences de prépara-tion dans les ménages sont néanmoinsfaibles (un jour sur cinq), l’achat étant privi-légié pour le petit déjeuner. Elles connaissentpar contre une hausse significative dans lesménages de religion musulmane, pendant lejeûne de Ramadan qui dure un mois dansl’année. La bouillie représente en cettepériode l’aliment d’entrée.

Le « couscous » (ou la boule) est la formela plus consommée : 79 % de ménages ontconsommé le « couscous » de maïs au coursdu mois qui a précédé nos premièresenquêtes, et 70 % de cette proportion l’ontpréparé au moins un jour sur deux. L’ana-lyse montre toutefois que cette utilisation dumaïs est fortement corrélée à l’originegéographique. La boule est l’aliment debase des ressortissants de l’Extrême-Nord,du Nord, de l’Adamaoua et de l’Ouest. Enoutre elle s’accommode bien des ménagesqui ont une taille importante (plus de septpersonnes).

Dans plusieurs ménages, sa consomma-tion obéit davantage au goût des chefs deménages qui sont en général les hommes. Enrevanche les autres membres du ménage(femmes, enfants) expriment leurs préfé-rences pour le riz et le plantain. Les mobi-lités de travail participeraient à ces change-ments dans les habitudes alimentaires,notamment pour les ménages nord-came-rounais ayant résidé plus de 10 ans hors deleur région d’origine. La consommation desmil/sorgho est par contre très faiblementadoptée par les ménages originaires du suddu pays et résidant dans le nord, quelle quesoit la durée de migration.

La consommation alimentaire urbaine setrouve ainsi polarisée respectivement autourdu riz produit importé, du maïs produit« nouveau » et des mil/sorgho produitsancien. Si l’importance de la consomma-tion du riz peut paraître justifiée par la rela-tive stabilité de son prix par rapport auxautres céréales, l’émergence du maïs audétriment des mil/sorgho suscite le besoin decomprendre dans quelles conditions celle-ci

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Population urbaine et consommation de maïs au Cameroun

s’opère. L’augmentation des fréquences deconsommation du maïs dans les villes duNord-Cameroun constatée dans nos enquêtesest assez significative en 10 ans. Les expli-cations d’une telle émergence se révèlent parl’analyse des disponibilités annuelles desbases alimentaires régionales (mil/sorgho,riz, maïs), à travers le calendrier agricole(tableau 2).

Outre la production de contre saison quiporte sur le muskuwaari (variété particulière desorgho) cultivé sur les terres argileuses(septembre-mars), celle des céréales deconsommation courante s’étend globalementde mai à octobre, avec de légers décalagesd’une région à l’autre10. C’est pendant cettepériode que les problèmes de sécurité alimen-taire se posent avec acuité dans le Nord-Came-roun, du fait de la pénurie des mil/sorgho,base alimentaire en zone rurale. Au-delà del’importance du poids de ces céréales dansl’alimentation régionale, cette pénurie s’ex-plique par deux séries de facteurs :• Les mil/sorgho constituent la matière

première de base dans la fabrication de labière traditionnelle (bilbil) qui a une fortevaleur sociale dans la région. La fabrica-tion et la commercialisation du bilbil long-temps confinées dans les campagnes, se

sont fortement développées dans les villesdepuis 20 ans, en relation avec les mouve-ments migratoires. Seignobos (op. cit.) aidentifié dans la seule ville de Maroua entre1 100 et 1 200 brasseuses de bière de mil.« La recherche du meilleur sorgho resteune préoccupation première des brasseuses.Il ne faut pas utiliser de [mauvais mil]. Il fautun sorgho sec et pas trop fraîchementrécolté ». L’utilisation des mil/sorgho dansle brassage de la bière traditionnelle atoujours suscité de vives inquiétudes, tant dela part des pouvoirs publics que des acteursde développement. « L’Administration colo-niale s’est très tôt émue des méfaits de labière de mil sur les indigènes, et le jugementqu’elle portait sur eux en termes [d’impré-voyance] reposait en partie sur le[gaspillage] du mil pour des brassages debière jugés excessifs. » (Seignobos, op. cit.).La consommation alimentaire de cescéréales autant dans les campagnes que dansles villes, souffrirait donc de cet autre usagetout aussi exigent du point de vue de laqualité. Cette sollicitation des grains pour lebrassage de la bière11 concerne aussi bien la

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10. Ces décalages s’expliquent par les variations plu-viométriques au Nord-Cameroun : en moyenne1 500 mm/an dans l’Adamaoua, 1 000-900 mmdans le Nord et 900-500 mm dans l’Extrême-Nord.

11. La bière de mil/sorgho est néanmoins une formed’aliment et constitue un apport nutritionnel trèssignificatif pour les consommateurs. Le problèmeque ce type de transformation pose concerne laconcurrence entre cette affectation (pour les adulteset les hommes en particulier) et une affectationvers les enfants et les femmes sous forme debouillies ou de boule.

Tableau 2. Calendrier agricole des principales graines alimentaires au Nord-CamerounSpéculations janv. fév. mars avril mai juin juil. août sept. oct. nov. déc. Sorgho Ss Ent. cult. Récolte Pépinière Repiquage Ent. cult.

EN et NSorgho Sp Semis Semis Ent. cult. Récolte Récolte

Mil Semis Ent. cult. Récolte Récolte Maïs Semis Semis Ent. cult. Récolte

Ad Maïs Semis Semis Ent. cult. Récolte Récolte Récolte Récolte EN et N

Riz pluvialRepiquage Ent. cult. Récolte

Ad Semis Semis Semis Ent cult Récolte Récolte Récolte Récolte

EN et NArachide Semis Ent. cult. Récolte

Niébé Semis Ent. cult. Récolte

Sorgho Ss = saison sèche Extrême-Nord (EN) et Nord (N) Adamaoua (Ad)Sorgho Sp = saison pluvieuse Ent. Cult. = Entretien des cultures

Source : IRAD (2002). Rapport de synthèse du diagnostic discontinu de base (Extrême-Nord, Nord et Adamaoua)

production de saison de pluie que celle decontre saison (muskuwaari) qui, contribue aurenforcement de l’offre en mil/sorghopendant la période de soudure (juin-septembre). Contrairement aux mil/sorgho,le maïs est très faiblement utilisé pour lafabrication de la bière traditionnelle, ce quiconsoliderait sa disponibilité sur le marchélocal en période de soudure. Bien qu’il fassede plus en plus l’objet de sollicitations pourl’alimentation animale, les importationspeuvent encore compenser la demandeindustrielle sud-camerounaise.

• Les dysfonctionnements de la filièresemencière affectent particulièrement lesmil/sorgho et le riz par rapport au maïs.Les niveaux de prélèvement des semencessur les récoltes de mil/sorgho en l’occur-rence restent significatifs dans certaineslocalités12, malgré l’appui à la productionet à la vulgarisation des semences amélio-rées par un certain nombre de projets etprogrammes13. Les agriculteurs utilisentprès de 10 % de leurs stocks de mil/sorghopour les semences, contrairement au maïs,dont la production des semences amélio-rées est plus importante depuis près decinq ans. Ainsi par exemple, entre 2005 et2007, l’approvisionnement extérieur ensemences certifiées dans le Nord-Came-roun a été de 545 tonnes en sorgho,912 tonnes en riz et 3 431 tonnes en maïs(PARFAR, 2008). En outre, les perturba-tions pluviométriques observées dans larégion de l’Extrême-Nord, bassin de

production des mil/sorgho, obligent deplus en plus les paysans à reprendre lesemis (MINADER/DESA, 2009b). Sur leplan de la qualité, l’utilisation dessemences « tout venant » par les produc-teurs impacte sur le rendement. La produc-tion de semences locales qui a été désta-bilisée depuis la fermeture du Projetsemencier Nord en 1993 n’a pas vraimentété relancée malgré divers appuis ins t i -tutionnels et financiers (Banque africainede développement, FAO, ONG nationaleset internationales, Confessions reli-gieuses...). L’offre en semences amélioréesde céréales locales est insuffisante pourassurer l’emblavement d’une superficiemoyenne annuelle en mil/sorgho de240 000 ha (MINADER, 2009a). Ces deux séries de facteurs peuvent expli-

quer la faible disponibilité des mil/sorgho etpar conséquent la baisse de la part budgétaireet des fréquences de consommation lors denos enquêtes au mois d’août, période desoudure, par rapport au maïs et au riz quipeuvent être plus facilement approvisionnéspar les marchés nationaux et internationaux.Le Nord-Cameroun importe par ailleurs peude maïs. A l’échelle nationale ces importa-tions sont selon les statistiques de la FAO14

assez instables et plutôt mineures(13 000 tonnes en 2000 ; 5 200 tonnes en2003 ; 12 000 tonnes en 2005 et7 000 tonnes en 2006), et surtout destinéesà l’industrie de provenderie. En ce quiconcerne le riz, le Nord-Cameroun est leprincipal bassin de production de cettecéréale qui se fait notamment dans lesaménagements hydro-rizicoles de la Sociétéd’expansion et de modernisation de la rizi-culture de Yagoua (SEMRY) depuis 1952(Engola Oyep, 1991). En 2006, la produc-tion nord-camerounaise de riz était de41 000 tonnes, soit 83 % de la productionnationale (64 000 tonnes) (MINADER,2009a). À cette production locale il faut

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Population urbaine et consommation de maïs au Cameroun

12. Dans la partie sahélienne du Cameroun (régionde l’Extrême-Nord et sud du Nord), les perturbationspluviométriques particulièrement significatives cesdix dernières années obligent de plus en plus les pay-sans à semer plusieurs fois au cours d’une mêmecampagne agricole.13. Le Programme d’amélioration du revenu familialrural dans les régions septentrionales du Cameroun(PARFAR) financé par la Banque africaine du déve-loppement (BAD) est le principal intervenant enmilieu rural. Il comprend une composante semencièrechargée d’appuyer les opérateurs privés dans la miseen place d’une filière semencière régionale. 14. http://faostat.fao.org/

ajouter les importations qui renforcent ladisponibilité en riz dans la région15. Laproduction locale est principalementexportée vers le Tchad et le Nigeria et appro-visionne peu les villes nord-camerounaises.Elle est perçue comme de mauvaise qualitépar les consommateurs urbains camerou-nais (taux élevé de brisure, forte absorp-tion en eau...). Ainsi le maïs produit loca-lement et le riz majoritairement importé,jouent un rôle important dans la diminu-tion de l’insécurité alimentaire en période desoudure dans les villes du Nord-Cameroun.Si la filière riz importé fait l’objet d’uncontrôle strict d’une minorité de groscommerçants locaux, celle de maïs impliqueune diversité d’acteurs au pouvoir finan-cier moyen et faible dont les producteurs, quiparticipent ainsi au ravitaillement des villes.Le maïs en tant que culture introduite joueun rôle stratégique dans la réduction de lasoudure alimentaire certes, mais l’augmen-tation de sa consommation en période derécolte (octobre-mars) montre qu’elle nesaurait être considérée comme une céréaleréservée à la consommation saisonnière.

3. Quel marché urbain pour le maïs ?L’achat : principal mode d’acquisitiondu maïsL’acquisition des grains s’organise autour detrois modes suivant la nature du produit :l’achat, l’autoconsommation et le don. Pourle maïs frais l’achat représente 64 % desmodes d’acquisition, la récolte 20 % et ledon 16 %. Le maïs grain est obtenu à 75 %par achat, tandis que 13 % proviennent duvillage d’origine du chef de ménage et/ou deson (ses) conjoint (s), 8 % sont issus de laproduction urbaine et 4 % sont reçus endon. La farine de maïs est entièrementachetée sur le marché urbain. La farine de

maïs est transformée de manière artisanalealors que celle de transformation indus-trielle assurée par la seule agro-industrieMaïseries du Cameroun (MAISCAM)installée à Ngaoundéré depuis 1982, restepeu connue des consommateurs de Garouaet Maroua.

La diversité des modes d’approvisionne-ment en maïs frais et en grain s’explique parle développement de l’agriculture urbainequi, à Ngaoundéré et Garoua porte surtoutsur le maïs, contrairement à Maroua oùprédominent les mil/sorgho. Cette agricul-ture se développe sur des espaces réduits (enmoyenne 1/4 ha), et ne permet pas d’as-surer une production de masse pour uneconsommation annuelle. C’est ce qui justifiela prédominance de l’achat dans l’approvi-sionnement du maïs grain. Tout commepour les mil/sorgho, de nombreux ménagesgardent encore de solides liens avec leurvillage d’origine et y reçoivent directement,ou s’y ravitaillent à diverses occasions.

Dans le cas de l’achat, il se fait sur lesmarchés dits officiels (60 %), les marchés dequartier ou de proximité (25 %) et les marchéspériurbains de gros (15 %). Les trois villesdisposent chacune d’un réseau de marchéspériurbains hebdomadaires rotatifs.

Les freins à la consommation urbaine du maïs L’enquête révèle un certain nombre de diffi-cultés auxquelles font face les consomma-teurs urbains de maïs. En l’occurrence l’in-suffisance du nombre de moulins de maïs etles coûts jugés élevés des prestations. Cetteinsuffisance d’équipements de transforma-tion se traduit par de longues files d’attentedevant les meuniers. On assiste à uneconcentration spatiale des moulins dans lesnoyaux urbains au détriment des quartierspériphériques de plus en plus étalés etdensément peuplés. Cette situation s’ob-serve avec acuité à Garoua et dans unemoindre mesure à Maroua. Ces deux villesont connu au cours des dix dernières annéesune dynamique d’extension spatiale impor-

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15. Le Cameroun importe certaines années plus de500 000 tonnes de riz. La distribution spatiale de cesimportations à l’échelle nationale reste difficile, enraison de la grande diversité des intervenants dansla filière.

tante. Un diagnostic mené auprès de 20 trans-

formateurs dans la ville de Garoua révèleque les coûts élevés des prestations s’ex-pliquent par l’augmentation des charges defonctionnement (énergie électrique ouhydrocarbures, services de maintenance,rémunération du meunier…). Il faut cepen-dant souligner la vétusté de nombreuxmoulins dont la moyenne d’âge est de 10ans, ce qui contraint les meuniers à unedouble mouture des grains pour réduire lagranulométrie des farines de maïs, entraînantdes surcoûts de consommation d’énergie.

Face à ces difficultés, les consommateursde maïs optent (35 %) pour l’achat desfarines de transformation artisanale venduesau détail sur le marché, ou se rabattent surle riz, la patate et le manioc (racines ettubercule) les plus disponibles au cours del’année et les plus accessibles en termes deprix, contrairement à l’igname et à la bananeplantain.

La figure 3 souligne par ailleurs encomparant les écarts types sur les séries de

prix des différents produits, la forte insta-bilité des coûts des mil/sorgho sur lesmarchés urbains au cours de l’année d’unepart, et d’une année à l’autre d’autre part encomparant avec celles des céréales« nouvelles » que sont respectivement lemaïs et le riz. La tendance à l’augmentationla valeur du riz depuis 2007 interpelle quantà son incidence sur la sécurité alimentairerégionale urbaine et sur la connaissance desrelations de substitutions entre céréales dansle système alimentaire des productionsurbaines du Nord-Cameroun auquel leprésent travail apporte sa contribution.

Conclusion

L’analyse de l’évolution de la consomma-tion alimentaire urbaine au Nord-Camerounconfirme la prépondérance du modèle basésur les céréales, en même temps qu’ellerévèle des formes d’adaptation des ménagesorientées par les disponibilités alimentairessur les marchés locaux. La part budgétairedes spéculations locales (mil/sorgho et maïs)

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Population urbaine et consommation de maïs au Cameroun

Figure 3. Instabilité du prix des céréales sur les marchés de Garoua (nord-Cameroun, 1993-2007)

Source : DSCN/INS, 2009

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Prix Fcfa/kg

Petit mil+sorgho. Écart type 64Maïs sec. Écart type 44

Riz importé. Écart type 38Riz Local. Écart type 35

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varie selon la période de soudure ou d’abon-dance. Les céréales anciennes (mil/sorgho)qui connaissent une forte saisonnalité deleur disponibilité en raison notamment d’uncertain nombre de contraintes d’usage(semences, transformation en bière) sontpénalisées en comparaison de céréales« nouvelles » (maïs, riz) qui peuvent êtreimportées du marché international (riz) soitbénéficient d’investissements institution-nels importants (maïs). Le riz a ainsi intégréles habitudes alimentaires des populationsurbaines des zones soudano-sahéliennes. Ilest devenu le premier aliment en période desoudure, suivi du maïs qui a connu unecroissance remarquable sur 16 ans. Leurplus grande disponibilité tout au long del’année par rapport aux mil/sorgho basealimentaire de la région, la diversité de leursformes de consommation favorisent parailleurs leur adoption par les populationsurbaines.

Or les périodes de soudure sont souventdes périodes d’insécurité alimentaire fortedans des zones où l’accès aux ressourceshydriques est de plus en plus instable. Laplupart des alertes alimentaires que connaitle Cameroun et qui conduisent leProgramme alimentaire mondial (PAM) àintervenir dans ce pays se localisent dans lesrégions du nord du pays (extrême-nord,nord). Si le riz et le maïs ont un rôle impor-tant croissant pour la diminution de l’insé-

curité alimentaire saisonnière du Nord-Cameroun, ils participent aussi à la stabilitéde l’offre céréalière globale tout au long del’année. Nos travaux ne permettent cepen-dant pas de quantifier la contribution de laproduction locale par rapport aux importa-tions dans l’approvisionnement des villes.Les constats réalisés interrogent en revanchela durabilité des trajectoires actuelles dusystème alimentaire des productions duNord-Cameroun. En effet, le riz étant prin-cipalement importé, la réalisation de la sécu-rité alimentaire en période de soudure est deplus en plus tributaire du marché interna-tional. En ce qui concerne le maïs des inter-rogations demeurent sur sa capacité àconfirmer le rôle de « pilier futur » de lasécurité alimentaire des populations de lazone soudano-sahélienne, du fait desnombreuses sollicitations dont il fait l’objetau niveau de l’alimentation animale16, voiredes usages non alimentaires (énergie). ❢

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16. Le maïs représente plus de 60 % des ingré-dients dans l’industrie de la provenderie ; il rentredavantage dans l’alimentation bovine suite auxfluctuations du prix des tourteaux de coton. Le prixd’un sac de tourteau de coton de 45-50 kg est com-pris entre 4 000 et 5 000 FCFA d’octobre à avril, et7 000 à 9 000 FCFA de mars à septembre. D’où lerecours au maïs dont le prix d’un sac de 100 kgéquivaut sensiblement à celui d’un sac de tourteaude 50 kg.

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