La fortune du De urinis de Maurus de Salerne et ses volgarizzamenti inédits

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MEFRM – 122/2 – 2010, p. 261-278. ——————— Laurence Moulinier-Brogi, Université Lumière-Lyon 2 – ClhAM (UMR 5648) [email protected] 1. Faith Wallis retrace une rapide biographie de Maurus dans T. Glick, S. J. Livesey, F. Wallis (dir.), Medieval science, tech- nology, and medicine. An encyclopedia, New-York–Londres, 2005, p. 334-335. 2. Sur Aristote à Salerne, voir notamment D. Jacquart, Aristote- lian Thought in Salerno, dans P. Dronke (éd.), A history of twelfth century western philosophy , Cambridge, 1988, p. 407-428 et Ead., Médecine et philosophie naturelle à Salerne au XII e siècle, dans P. Delogu et P. Peduto (dir.), Salerno nel XII secolo. Istituzioni, società, cultura, Atti del convegno internazionale, Salerne, 2004, p. 399-407, p. 402. On peut voir aussi P. Morpurgo, Il capitolo sugli elementi di Mauro Salernitano : elementa e elementata, dans Atti del Convegno su Aristotelismo e Platonismo nel Mezzogiorno d’Italia (secc. XIV-XVI), Palermo, 1987, Palerme, 1989, p. 211-228, et Id., L’utilizzazione dell’A- ristotele latino nella ‘Schola Salernitana’, dans Rencontres de cultures dans la philosophie médiévale, Traductions et traducteurs de l’Antiquité tardive au XIV e siècle, dans J. Hamesse et M. Fattori (dir.), Louvain-la-Neuve–Cassino, 1990, p. 273- 300. 3. A. Birkenmajer, Le rôle joué par les médecins et les naturalistes dans la réception d’Aristote aux XII e et XIII e siècles, Varsovie, 1930, p. 5. Sur les textes accessibles à Salerne dans la deuxième moitié du XII e siècle, voir l’aggiornamento de D. Jacquart, Médecine et philosophie naturelle à Salerne au XII e siècle, cit. La fortune du De Vrinis de Maurus de Salerne et ses volgarizzamenti inédits Laurence MOULINIER-BROGI Le médecin Maurus de Salerne (v. 1130-1214) est un auteur important pour l’histoire culturelle de l’Occident médiéval. Figure emblématique de la renaissance intellectuelle qui caractérisa la ville de Salerne et sa supposée «école» au XII e siècle, il y étudia entre 1150 et 1160 avant d’y enseigner de 1165 à 1200 environ, et a laissé différents écrits qui intéressent aujourd’hui tant les historiens de la philosophie que ceux de la médecine 1 . Son œuvre médicale se signale notamment par la place qu’y tient la sémiologie, à savoir l’art de lire les signes de la santé du corps, dans le sang et surtout dans les urines : Maurus est de fait un pionnier de ce qu’on appellera plus tard uroscopie, une discipline héri- tière de Byzance appelée à une notable diffusion dans l’Occident médiéval à partir du XII e siècle. Mais ses traités de médecine souffrent encore d’une relative dispersion dans les éditions, et d’éclairages insuffisants sur leur histoire et leur réception. Après avoir rappelé la richesse des écrits et de la pensée de Maurus en général, on s’atta- chera ici à son traité sur les urines, De urinis, dont le corpus manuscrit n’a encore jamais été inven- torié, et dont l’identification récente de témoins vernaculaires nous invite aussi à évaluer le devenir hors des milieux savants strictement latinophones. Comme celle de son contemporain Urso, bien que dans une moindre mesure, l’œuvre de Maurus donne à voir précocement le lien entre médecine arabo-galénique et physique aristotéli- cienne 2 . Aleksandr Birkenmajer voyait ainsi dans les dissertations de Maurus sur la matière et sur les éléments, qui occupent de longues pages dans son traité sur les urines, une occasion de faire montre de ses connaissances proprement philosophiques, et non plus seulement médicales, en particulier d’œuvres d’Aristote telles le De generatione et corruptione ou la Physique, qu’il aurait pu aborder dans leurs traductions gréco-latines à peu près dans le même temps qu’Urso 3 . Certes, c’est surtout ce dernier qui se rendit célèbre pour ses travaux sur la commixtio des éléments et sur les couleurs dans lesquels il se réclamait d’Aristote, mais comme l’a souligné Morris Saffron, l’emploi de termes comme universalis, particularis, accidentialis, potentialis, actualis, potentia, forma, prouve que Maurus aussi était frotté de philosophie aristotéli-

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MEFRM – 122/2 – 2010, p. 261-278.

——————— Laurence Moulinier-Brogi, Université Lumière-Lyon 2 – ClhAM (UMR 5648) [email protected]

1. Faith Wallis retrace une rapide biographie de Maurus dansT. Glick, S. J. Livesey, F. Wallis (dir.), Medieval science, tech-nology, and medicine. An encyclopedia, New-York–Londres,2005, p. 334-335.

2. Sur Aristote à Salerne, voir notamment D. Jacquart, Aristote-lian Thought in Salerno, dans P. Dronke (éd.), A history oftwelfth century western philosophy, Cambridge, 1988,p. 407-428 et Ead., Médecine et philosophie naturelle à Salerneau XIIe siècle, dans P. Delogu et P. Peduto (dir.), Salerno nel XIIsecolo. Istituzioni, società, cultura, Atti del convegno internazionale,Salerne, 2004, p. 399-407, p. 402. On peut voir aussiP. Morpurgo, Il capitolo sugli elementi di Mauro Salernitano :elementa e elementata, dans Atti del Convegno su Aristotelismo

e Platonismo nel Mezzogiorno d’Italia (secc. XIV-XVI), Palermo,1987, Palerme, 1989, p. 211-228, et Id., L’utilizzazione dell’A-ristotele latino nella ‘Schola Salernitana’, dans Rencontres decultures dans la philosophie médiévale, Traductions et traducteursde l’Antiquité tardive au XIVe siècle, dans J. Hamesse etM. Fattori (dir.), Louvain-la-Neuve–Cassino, 1990, p. 273-300.

3. A. Birkenmajer, Le rôle joué par les médecins et les naturalistesdans la réception d’Aristote aux XIIe et XIIIe siècles, Varsovie,1930, p. 5. Sur les textes accessibles à Salerne dans ladeuxième moitié du XIIe siècle, voir l’aggiornamento deD. Jacquart, Médecine et philosophie naturelle à Salerne au XIIe

siècle, cit.

La fortune du De Vrinis de Maurusde Salerne et ses volgarizzamenti inédits

Laurence MOULINIER-BROGI

Le médecin Maurus de Salerne (v. 1130-1214)est un auteur important pour l’histoire culturellede l’Occident médiéval. Figure emblématique de larenaissance intellectuelle qui caractérisa la ville deSalerne et sa supposée «école» au XIIe siècle, il yétudia entre 1150 et 1160 avant d’y enseigner de1165 à 1200 environ, et a laissé différents écrits quiintéressent aujourd’hui tant les historiens de laphilosophie que ceux de la médecine1. Son œuvremédicale se signale notamment par la place qu’ytient la sémiologie, à savoir l’art de lire les signes dela santé du corps, dans le sang et surtout dans lesurines : Maurus est de fait un pionnier de ce qu’onappellera plus tard uroscopie, une discipline héri-tière de Byzance appelée à une notable diffusiondans l’Occident médiéval à partir du XIIe siècle.Mais ses traités de médecine souffrent encored’une relative dispersion dans les éditions, etd’éclairages insuffisants sur leur histoire et leurréception. Après avoir rappelé la richesse des écritset de la pensée de Maurus en général, on s’atta-chera ici à son traité sur les urines, De urinis, dontle corpus manuscrit n’a encore jamais été inven-torié, et dont l’identification récente de témoins

vernaculaires nous invite aussi à évaluer le devenirhors des milieux savants strictement latinophones.

Comme celle de son contemporain Urso, bienque dans une moindre mesure, l’œuvre deMaurus donne à voir précocement le lien entremédecine arabo-galénique et physique aristotéli-cienne2. Aleksandr Birkenmajer voyait ainsi dansles dissertations de Maurus sur la matière et sur leséléments, qui occupent de longues pages dans sontraité sur les urines, une occasion de faire montrede ses connaissances proprement philosophiques,et non plus seulement médicales, en particulierd’œuvres d’Aristote telles le De generatione etcorruptione ou la Physique, qu’il aurait pu aborderdans leurs traductions gréco-latines à peu prèsdans le même temps qu’Urso3. Certes, c’est surtoutce dernier qui se rendit célèbre pour ses travauxsur la commixtio des éléments et sur les couleursdans lesquels il se réclamait d’Aristote, maiscomme l’a souligné Morris Saffron, l’emploi determes comme universalis, particularis, accidentialis,potentialis, actualis, potentia, forma, prouve queMaurus aussi était frotté de philosophie aristotéli-

La fortune du De Vrinis de Maurus de Salerne et ses volgarizzamenti inédits262 Laurence MOULINIER-BROGI

4. Voir A. Birkenmajer, Le rôle joué par les médecins et les natura-listes dans la réception d’Aristote..., p. 4, et M. H. Saffron,Maurus of Salerno : Twelfth century optimus physicus with hisCommentary on the Prognostics of Hippocrates, dans Transactionsof the American Philosophical Society, n. s., 62, 1972, p. 12-13.

5. Voir récemment à ce sujet Ch. De Miramon, Réception et oublide l’Ethica vetus : Salerne et Bologne (1150-1180), dansB. d’Alteroche, F. Demoulin-Auzary, O. Descamps etF. Roumy (dir.), Mélanges en l’honneur d’Anne Lefebvre-Teil-lard, Paris, 2009, p. 727-746 que l’auteur soit ici remercié dem’avoir communiqué son article.

6. Voir entre autres D. Jacquart, «Theorica» et «practica» dansl’enseignement de la médecine à Salerne au XIIe siècle, dansO. Weijers (éd.), Vocabulaire des écoles et des méthodes d’ensei-gnement au Moyen Âge, Turnhout, 1992, p. 102-110.

7. Commentarium super Tabulas Salerni, éd. S. De Renzi, V, p. 269.8. Non enim quoslibet operatores practicos appellamus nisi theoricae

intellectus praecedat, cité par D. Jacquart, Le médecin dansl’Occident médiéval, dans L. Callebat (dir.), Histoire du médecin,Paris, 1999, p. 65.

9. Voir P. O. Kristeller, Bartholomaeus, Musandinus and Maurus ofSalerno and other early commentators of the Articella, with atentative list of texts and manuscripts, dans Italia medievale eumanistica, 19, 1976, p. 57-87.

10. Voir D. Jacquart, Introduction, dans La Collectio salernitana diSalvatore De Renzi, éd. D. Jacquart et A. Paravicini Bagliani,Florence, 2008, p. VII-XVII, p. X-XII. Irene Caiazzo prépareune édition du commentaire de Maurus à l’Isagoge quicomblera une lacune.

cienne4. Même s’il n’est pas exclu qu’il ait puisédes connaissances dans le commentaire à l’IsagogeJohannitii de son contemporain Archimatheus, quicitait et utilisait abondamment Aristote, l’œuvrede Maurus est de toute façon un précieux témoinde la première réception en Occident de certainsécrits aristotéliciens.

Maurus laissa notamment un commentaire àl’Ars medicine, appelée plus tard l’Articella, unecollection de textes associés depuis 1100 environ etvoués à former le socle de l’enseignement de lamédecine au Moyen Age et au delà : l’IsagogeIohannitii, c’est-à-dire de Hunain ibn Ishâq (IXe s.après J.-C.) traduite par Constantin l’Africain auXIe siècle; les Aphorismes et Prognostics d’Hippo-crate; le De urinis de Théophile; le De pulsibus dePhilaret; et à partir du milieu du XIIe siècle, l’Arsmedica (ou Tegni) de Galien, traduit pour sa partdeux fois au cours de ce siècle, la première à partirdu grec et l’autre, par Gérard de Crémone, d’aprèsun original arabe.

Le médecin Barthélemy de Salerne, pionnierpar sa volonté d’intégrer de nouveaux textes aris-totéliciens au schéma jusqu’alors en vigueur àSalerne, avait joué un rôle clé dans la constitutionde l’Articella comme manuel scolaire, et été lepremier à la commenter dans son ensemble;Maurus poursuivit donc la tradition exégétiqueinaugurée par Barthélemy5, et se signala aussi parsa réflexion sur la nature de l’art médical et de sapratique.

L’articulation entre les deux aspects, théoriqueet pratique, de la médecine suscita de nombreusesréflexions, et à travers les commentaires à l’Arti-cella, en particulier à l’Isagoge, les maîtres salerni-tains de la seconde moitié du XIIe siècle tâchèrent

d’apporter une réponse à la question de la place dela médecine dans l’ensemble du savoir humain ens’appuyant sur une division de la philosophie entrois branches : «éthique», «logique» et «théo-rique». La médecine dépendait de cette theorica etse scindait à son tour en pratique et théorie,chacune étant considérée comme une science,c’est-à-dire une discipline fondée sur la réflexionet le raisonnement. Selon Barthélemy de Salerne,par exemple, la théorie était la science des causes,et la pratique la science des signes; il ne pouvait yavoir de pratique sans théorie préalable6, et l’onconnaît la formule fameuse de Bernardus Provin-cialis : «Omnis practicus est theoricus, sed non conver-titur»7. Quant à Maurus, il précisait : «nousn’appelons pas practici, praticiens, n’importe quelsopérateurs, si l’intelligence de la théorie nepréexiste pas à leur pratique»8.

Le ms. latin 18499 de la BNF contient tous lescommentaires de Maurus à l’Articella, et si sonimportance a été mise en relief par l’article pion-nier de Paul Oscar Kristeller9, cet aspect del’œuvre de Maurus (de même que celle d’unBartholomaeus, comme l’a fait remarquerDanielle Jacquart), est encore relativement sous-estimé, bien qu’il soit mieux loti que d’autres :Maurus est en effet l’un des rares auteurs dontcertains commentaires à l’Articella ont fait l’objetde publications depuis la parution de la CollectioSalernitana de Salvatore De Renzi au milieu duXIXe siècle10. Il convient en outre de rappelerqu’on connaît aussi des témoins partiels de cecommentaire de Maurus. Le ms. Nürnberg,Germanisches Nationalmuseum, no 15584, uncodex du XIVe siècle (ca. a. 1300), contient ainsi,fols 1r-2vb, l’Isagoge de Johannitius, avec un

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11. Cf. L. Thorndike et P. Kibre, A catalogue of incipits of MedievalScientific Writings in Latin, Cambridge (Mass.), rééd. 1963,col. 333 [abrégé dorénavant en TK]; P. O. Kristeller, Iteritalicum : a finding list of uncatalogued or incompletely cataloguedhumanistic manuscripts of the Renaissance in Italian and otherlibraries, VI, p. 534a, et «Early commentators...». Le manus-crit ne contient que 8 folios; cf. Die Handschriften des germa-nischen Nationalmuseums Nürnberg, IIr Band, Die lateinischenmittelalterlichen Handschriften, erster Teil, beschr. H. Hilg,Wiesbaden, 1983, p. 106-107.

12. Voir P. O. Kristeller, Bartholomaeus, Musandinus and Maurus ofSalerno... cit., p. 79.

13. TK, col. 333.14. TK, col. 333; voir aussi P. O. Kristeller, Bartholomaeus,

Musandinus and Maurus... cit. et A. Maier, Codices Burghe-sienses, Vaticano, 1952, p. 249.

15. TK, col. 323. Texte édité par De Renzi, Collectio salernitana,

Naples, 1856, IV, p. 513-557. Voir Tabula codicum manu scrip-torum praeter graecos et orientales in Bibliotheca Palatina Vindo-bonensi asservatorum, II, cod. 2001-3500, Vienne, 1868, p. 69.

16. Maurus, Regulae urinarum, éd. S. De Renzi, Collectio salerni-tana, III, Naples, 1854, p. 2-51.

17. Voir Maurus, In Hippocratis aphorismos commentarium, éd.S. De Renzi, Collectio salernitana, IV, Naples, 1856,p. 513-557.

18. Texte publié à Lyon en 1515 dans les Opera Ysaac,fol. 156r-203r; pour une édition plus récente, voir J. Peine,Die Harnschrift des Isaac Judeus, Leipzig, 1919, et Liberurinarum, éd. et trad. E. Fontana, Il libro delle urine di Isaccol’Ebreo tradotto dall’arabo in latino da Costantino Africano, Pise,1966, p. 143-239.

19. Comparer The Prose Salernitan Questions, éd. B. Lawn,Londres, 1979, N 37, p. 301-302, et Maurus, Regulaeurinarum, dans l’ordre p. 39, 31, 7 et 39.

commentaire marginal et fragmentaire de Maurus(Inc. «Cum omnis sciencia doctrinalis humane deser-viat utilitati...»)11; le ms. Paris, BnF, lat. 6956, unms. du XIVe siècle cité sous la cote erronée de«6959» par Kristeller12 renferme entre les folios 3aet 40a un commentaire de Maurus à l’Isagoge deJohannitius (Expositio Petri Ispani in Isagogas Joan-nitii); le ms. Bruges, 474, un témoin du XIIIe siècle,conserve aux fols 116ra-139v des Glosule superJohannitium de Maurus (Inc. «Cum quelibet doctrinavel scientia humane utilitati serviat...»)13, et on lestrouve aussi dans le ms. Venezia, BibliotecaMarciana, fondo antico 321 (XIV, 12), aux fols.180-187v, et dans le ms. Vaticano, Borghese 196,fols 1r-16v14. Quant au ms. n. a. l. 481 de la BnF, ilcontient pour sa part, au fol. 10r, un fragment ducommentaire de Maurus aux Prognostica d’Hippo-crate, de même que les mss latins 7102 (fol. 96v)et 7040 (fol. IIra) de la même bibliothèque. Enfin,des Glosulae aphorismorum Hippocratis de Maurus sedonnent à lire dans le codex Wien, ÖsterreichischeNationalbibliothek, 2410, fol. 49ff : Inc. : «Cumomne corpus animatum...» Expl. «per abstinenciamconservatur»15.

Les maîtres salernitains du XIIe siècle furent lespremiers à pouvoir enrichir l’expérience hippocra-tique de connaissances puisées dans des textesnouvellement traduits, et Maurus laissa aussi uneabondante œuvre médicale stricto sensu : on luiattribue une Anatomia, une Phlebotomia, uneDoctrina equorum, et surtout, un corpus d’écritsrelatifs à l’uroscopie, cette branche de la sémio-logie médicale appelée à un fort développementen Occident à partir du XIIe siècle. S’y rattachentun traité De febribus, transmis par deux mss; unePractica conservée dans deux mss.; des Regulae

urinarum, également appelées De urinis, conser-vées dans de nombreux témoins et éditées parS. De Renzi16; des Urinae abbreviatae conservéesdans au moins trois manuscrits; et un De syntoma-tibus urinarum dont on connaît pour l’instant deuxtémoins, les mss. Vatican, BAV, Pal. Lat. 1253 etErfurt, Wissenschaftliche Bibliothek, Amplon.Quarto 182. Soulignons enfin, pour mettre enrelief l’importance de la science des urines dans lesystème de pensée de Maurus, qu’il a composé uncommentaire sur Théophile, et un autre aux Apho-rismes d’Hippocrate parlant beaucoup des urines17.

Maurus passe ainsi pour un maître fondateurde l’uroscopie en Occident, et on relèvera à cetégard que ses Regulae urinarum constituent la prin-cipale référence des fameuses Questions salernitainessur le sujet : sur 13 questions relatives à l’urine,Maurus est la source de 11 d’entre elles, supplan-tant de loin Isaac Judaeus (Isaac Israeli) et son Deurinis traduit par Constantin l’Africain18, pourtanttrès souvent cité par les maîtres salernitains du XIIe

siècle. Maurus est par exemple la principale auto-rité sur laquelle s’appuie la réponse à la question«Pourquoi la couleur livide se produit-elle dansl’urine, et pourquoi dans sa partie supérieureplutôt que dans sa partie inférieure?»19.

Maurus donnait de fait des indications pour unexamen du fluide plus complet que ses homo-logues : il fut le premier à prendre en compte, outrela couleur et les sédiments, la couche d’urine oùs’étaient déposés ces derniers, et reliait chacune deces quatre couches à une partie du corps, une urinetrouble dans la première couche indiquant unemaladie de la tête, dans la seconde couche, uneaffection du cœur ou des poumons, etc.

Il avait par ailleurs développé une théorie de la

La fortune du De Vrinis de Maurus de Salerne et ses volgarizzamenti inédits264 Laurence MOULINIER-BROGI

20. Mag. Johannis Platearii Salernitani Regulae urinarum, éd. S. DeRenzi, dans Collectio salernitana, IV, p. 409-412, p. 410 : urinavero rufa vel subrufa, mediocriter spissa, superius obumbrata, infe-rius clarior, cotidianam significat de flegmate salso, cuius accessioest inter nonam et vesperas; comparer avec Maurus, Regulaeurinarum..., p. 15 : Predictis sinthomatibus quotidie ab nonahora diei in antea debet infestari, primo rigore deinde calore, queaccessio durat ad plus usque ad mediam noctem.

21. Voir J. Jouanna, K.-D. Fischer, Chronobiologie dans la méde-cine tardive. La variation quotidienne des quatre humeurs :nouveaux témoignages grecs et latins, dans Galenos : Rivista difilologia dei testi medici antichi, 1, 2007, p. 175-186.

22. Le Passionarius de Gariopontus est cité dans les Regulaeurinarum, éd. S. De Renzi, p. 30 et 38. Voir aussi Maurus, InHippocratis aphorismos commentarium... cit.

23. A nona noctis donec sit tertia lucis / Est dominans sanguis donec sexidem sequentibus horis / Est dominans colera donec sit nona dies /Post niger humor adest donec sit tertia noctis / Post hoc flecma, donecsit nona quietis, cité par C. O’Boyle, The art of medicine. Medicalteaching at the University of Paris, 1250-1400, Leyde, 1998,p. 258; ce sont des vers du Flos medicinae scholae Salerni dont ilexiste deux versions (v. 1723-1732 et 1733-1738). Voir aussi àce sujet M. H. Saffron, Maurus of Salerno... cit., p. 156.

24. Voir Ch. Burnett et D. Jacquart, A catalogue of Renaissanceeditions and manuscripts of the Pantegni, dans Ch. Burnett etD. Jacquart (éd.), Constantine the African and !Alı IbnAl-!Abbas Al-Magusı. The Pantegni and Related Texts, Leiden,1994, p. 316-351, p. 324, no. 24, et R. Nares, A Catalogue ofthe Harleian Manuscripts, Londres, 1808-1812, vol. II, p. 171.

25. Voir récemment I. Caiazzo, Un inedito commento sulla IsagogeIohannitii conservato a Parigi, dans D. Jacquart et A. Paravi-cini Bagliani (dir.), La scuola medica salernitana. Gli autori e itesti, Salerne, 2004, Florence, 2007, p. 93-124, et Ch. deMiramon, Innocent III, Huguccio de Ferrare et Hubert de Piro-vano. Droit canonique, théologie et philosophie à Bologne dans lesannées 1180, dans W. P. Müller et M. E. Sommar (dir.),Medieval Church Law and the origins of the Western legal tradi-tion, a tribute to Kenneth Pennington, Washington D.C., 2006,p. 320-346.

26. Ainsi dans le ms. London, British Library, Sloane 3124, uncodex des XIVe-XVe siècles qui contient, aux fols 331v-354v,un Tractatus... de sterilitate virorum atque mulierum et de impedi-mento conceptionis eorum et de cura et regimine predictorum et oùil est dit : et tractatus iste editus est et compilatus a magistroMauro Salernitano philozopho.

variation diurne des humeurs qui associait des péri-odes de six heures à chacune des quatre humeurs :selon lui, la bile était dominante, entre la 3e et la 9e

heure de l’après-midi, la mélancolie (ou bile noire)entre la 9e heure de l’après-midi et la 3e du matin, leflegme entre la 3e et la 9e heure du matin, ladernière tranche horaire correspondant à unepériode de domination du sang. Ce découpage de lajournée, cet orarium devait permettre de déter-miner le meilleur moment pour administrerpurges, médications ou saignées, et une tellethéorie semblait originale à Morris Saffron, bienque l’on relève un arrière-plan très proche dans lesRegulae urinarum de Platearius, dont Maurus avaitété l’étudiant20, et que des travaux récents aient faitla lumière sur une série de textes de la médecinetardive, c’est-à-dire postérieure à Galien, ayant encommun d’associer la variation quotidienne deshumeurs dans le corps aux heures du jour et de lanuit21.

Les maitres salernitains du XIIe siècle se sont àl’évidence beaucoup inspirés les uns les autres, etoutre Archimathaeus ou Platearius, on repèrel’influence de Gariopontus, par exemple, dans lesRegulae urinarum comme dans le Commentaire auxAphorismes de Maurus22. Quoi qu’il en soit, il étaitapparemment fréquent que les étudiants en méde-cine, lorsqu’ils parvenaient au passage où Johanni-tius présente les différentes humeurs, écrivent lesvers suivants, qui résumaient la théorie de Maurussur les variations diurnes des humeurs :

de la neuvième heure de la nuit jusqu’à la troisième

du jour domine le sang, / lors des six heures qui

suivent domine la bile jusqu’à la neuvième heure du

jour, / puis l’humeur noire domine jusqu’à la troi-

sième heure de la nuit, / et après cela le flegme,

jusqu’à la neuvième heure du repos23.

Significativement aussi, dans un manuscritaujourd’hui incomplet de la première moitié duXIIIe siècle d’origine anglaise, le Harley 1676, quine renferme plus que le Pantegni traduit parConstantin l’Africain mais contenait précédem-ment, d’après une table des matières du XVe siècleau fol. 1v, les commentaires à l’Ars medicine deBarthélemy et la Practica de ce même médecin, ontrouvait : super Iohannicio, super liber pronosticorum,super libro amphorismorum, super tec. G. (Tegni deGalien), et super urinas Mauri (c’est moi quisouligne) avant super pulsum Filareti24. Autant direque Maurus remplaçait Théophile dans cette Arsmedicine, encore constituée de cinq textes commedans les mss. Auxerre, BM, 240 (olim 203), ouBamberg, Staatsbibliothek, Msc. Med. 3 (L.III.11),mais dont la présence de Maurus en lieu et placede Théophile fait toute la singularité.

Maurus était donc tenu pour une autorité dèsle dernier quart du XIIe siècle, non seulement àSalerne mais par exemple aussi à Bologne où lefutur Innocent III en particulier aurait connu sonCommentaire sur l’Isagoge25; assurément tenupour philosophe26, il fut appelé «second Galien

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27. Voir le Paris, BnF, lat. 8654B, un ms. du XIVe s. où, aux fols26r-28v, la formule Liber secundi Galieni Salernitani de flebo-tomia présente la Flebotomia de Maurus.

28. Cité par M. Steinschneider, Donnolo. Pharmakologische Frag-mente aus dem X. Jahrhundert, nebst Beiträgen zur Literatur derSalernitaner, hauptsächlich nach handschriftlichen hebraischenQuellen, dans Archiv für pathologische Anatomie und Physiologieund für Klinische Medizin, publié par Rudolf Ludwig KarlVirchow, Volume 40, 1868, p. 80-124, p. 93 (il s’agit desinterpolations au Pseudo-Asaph dans le ms. Oppenheim1645 d’Oxford).

29. Nunc mea completo respira, Musa, labore / Stringe rotam, cursumcohibe, compesce fluenta, / Claude Musandini torrentes fluminisundas; / Non ultra aequivoci gazas praelata Salerni / Sparge, necUrsonis apices, nec dogmata Mauri, trad. C. Vieillard, L’urologieet les médecins urologues dans la médecine ancienne. Gilles deCorbeil, sa vie, ses œuvres, son poème des urines, Paris, 1903,p. 300.

30. Cité par F. Wallis, Maurus of Salerno, dans Medieval science,technology and medicine..., p. 335.

31. Mortuum fectus (sic), scilicet animal quod in matrice mulierumSalernitanorum et Apuleorum reperitur, quod est mirabile audireet quasi stuporem in mente humana inducit, expellit cum suco poribibita tyriaca. Nam hoc est valde mirabile de isto animali, de quopro certo affirmant sapientes salernitani scilicet Alexander, magisterMaurus et multi alii sapientes, quod mulieres ille que pariunt filiossunt obstetrices parate cum baculis in manibus tenentes (cité parL. Thorndike, The Herbal of Rufinus, University of ChicagoPress, 1946, p. 316-317).

32. Aegidius Corboliensis, De urinis carmen, Padoue, 1483 etPadoue, Mathaeus Cerdonis de Windischgrätz, 1484; Deurinis et pulsibus carmina, Venise, 1494; Salamanque, 1496;Lyon, 1500; Venise, 1500?

33. Par exemple dans les mss. London, British Library, Royal, 12D XII, f. 56, Paris, BnF, lat. 6963, fol. 13vb, ou Paris, BnF, lat.7121, fol. 12v-13r.

34. Voir M. Steinschneider, Donnolo..., p. 96.35. Voir ainsi les mss. London, British Library, Royal, 12.E.VIII,

f. 231v : Expl. sedimentum non est secundum naturam; Nürn-berg, Stadtbibliothek, Cent. VI, 9, fol. 64r : Expl. Dixi ergoeam masculum concepisse et ita fuit; Oxford, Bodleian, Library,Digby 79, fol. 26r : Expl. si in sene bona sic de singulis intel-ligenda; Paris, BnF, lat. 6963, fol. 13vb : Expl. ...ut in vitiosplenis; Paris, BnF, lat. 10237, fol. 83va, Expl. Que fit cumvomitu et inflatione. Cura. Patienti sic est subveniendum ut labo-ranti vicio splenis. Expliciunt regule Mauri de urinis; Roma,Biblioteca Vallicelliana, B 61 fol. 118v : Expl. unius apparetcitrina vel subcitrina si fuerit humor calidus. Voir enfin les mss.Wien, Österreichische Nationalbibliothek, 2519, fol. 54v(Expl. Fiat syrus (sic) quo paciens utatur cum aqua decoctionisanisi), et Vaticano, Vat. lat. 4485, fol. 13v, Expl. diamarga-riton. Diathos? diacimino. Et hec de urinis sufficiant.

36. Comme dans le ms. London, British Library, Sloane 342,XIIIe-XIVe s., où au De urinis attribué à Maurus dont onreconnaît l’incipit (fols 136r-139v), succède, fols 139v-145r,un De febribus compositis prêté au même auteur et commen-çant par Post tractatum febrium simplicium...

37. Cf. TK, col. 394.

salernitain»27, et un manuscrit hébreu du Pseudo-Asaph qui transmet une recette d’électuaire deMaurus l’appelle même «Christ de Salerne»28. À lacharnière entre XIIe et XIIIe siècle, Gilles deCorbeil, qui avait notamment rapporté de Salerneles théories d’Isaac Israeli telles que l’enseignaientMaurus et d’autres, fut à la fois son élève et sonzélateur : il le portait aux nues en le qualifantd’optimus physicus, et disait avoir repris sa doctrine,les dogmata Mauri, dans son De laudibus et virtutibuscompositorum medicaminum29. Vincent de Beauvaisle cite plus qu’aucun autre auteur salernitain,comme un parangon de cette médecine, dans sonSpeculum maius30, et à la fin du XIIIe siècle, entre1287 et 1300, Maurus est toujours compté parmiles «savants salernitains» par Rufinus, un person-nage originaire d’Italie du Nord qui étudia les artslibéraux à Naples et à Bologne et dont l’œuvredépend étroitement de différentes sources salerni-taines : dans sa notice consacrée à la tyriaca, ilévoque ainsi Maurus comme l’un des «savants deSalerne»31.

Mais Gilles de Corbeil lui fit-il de l’ombre? À lafin du Moyen Age, c’est le thuriféraire qui accédaaux honneurs des presses32, et non le maître. Son

œuvre avait pourtant été copiée sans discontinuerentre XIIe et XVe siècle, y compris un texte aussicourt que les Pillule magistri Mauri33, dont ontrouve même des traductions en hébreu34.

Nous nous concentrerons ici sur ses Regulaeurinarum, dont la tradition manuscrite reste malconnue et qui soulèvent encore diverses inter-rogations, malgré l’existence d’une édition prin-ceps donnée par Salvatore De Renzi et fondéesur le manuscrit Plut. 73, 33 de la BibliotecaLaurenziana de Florence. Les contours del’œuvre, tout d’abord, sont mal définis : on luiconnaît des explicits variables35, et l’on peut sedemander si le Tractatus de febribus indépendantdans certains manuscrits fait partie du De urinisou non36.

Le traité sur les urines, en outre, est parfois missous le nom de Ferrarius ou confondu avec lesécrits de Platearius ou de Gautier Agilon, commedans le ms. London, British Library, Royal,12.D.XIII, où figure, entre les folios 215r et 218r37,un Compendium de urinis commençant par Deurinarum scientia tractaturi earumdem scientiam subcompendio dicamus dont les spécialistes sedemandent s’il faut le prêter à Platearius ou

La fortune du De Vrinis de Maurus de Salerne et ses volgarizzamenti inédits266 Laurence MOULINIER-BROGI

38. Cf. TK, col. 1611. Voir aussi G. F. Warner, K. P. Gilson, Cata-logue of Western Manuscripts in the Old Royal and King’s Collec-tion in the British Museum, II, Londres, 1921, p. 46-47 :Johannes ou Matthaeus?; même texte que dans Sloane3541, f. 1, et Sloane 420, f. 59, mais épilogue en moins; detoute façon, un texte différent de celui édité par De Renzi,IV, p. 409.

39. Karlsruhe, Badische Landesbibliothek, 5, XVe s. (a. 1476) :fol. 18ra-25vb, Maurus, de urinis? Voir TK, col. 719; G. Keil,Die urognostische Praxis in vor-und frühsalernitanischer Zeit,Fribourg, 1970, p. 136ss.

40. Voir Tabula codicum manu scriptorum praeter graecos et orientalesin Bibliotheca Palatina Vindobonensi asservatorum, I, cod.1-2000, Vienne, 1864, p. 14, et de Renzi, IV, p. 409-412.

41. Voir P. O. Kristeller, Iter Italicum... cit., II, p. 227-229.42. P. O. Kristeller, Iter italicum... cit., VI, p. 359a et L. Schuba,

Die medizinischen Handschriften der Codices Palatini in der Vati-kanischen Bibliothek, Wiesbaden, 1981, p. 268-271.

43. Comparer par exemple le fol. 13v et les pages 50-51 de l’édi-tion De Renzi : due quarum sunt curabiles, leucoflantia etanasarca, et due incurabiles, tinpanites et asclites. Patienti ab ipso

principio sic est subveniendum : mane ieiunus accipiat oximelfactum de radicibus sparagi, et busci, apii, feniculi et petroselini.Utatur patiens dieta calida et humida et postea accipiat benedictamcum decoctione saxifrage et milii solatri. Item sepe accipiat pillulas depaulino factas II vel quatuor. Accipe folia sambuci et ebuli et extrahesuccum, misce cum oleo rosarum et fac epitham? circa pectinem etumbilicum et ventrem et circa partes posteriores. Postea accipe illasherbas et fac cataplasma circa easdem partes et multum confert. Itemalia cura teste G. potissima : accipe caput arietis et aufer cornua etincide in 4 vel in 2 partes et omnes concavitates imple foliis lauri itaquod tangat cerebrum, et posite in furno calido, et dimitte unde?decoquatur. Postea extrahe et proice ossa, et per triduum? ciba illumex illo capite et ultra modum confert. Utatur patiens electuariisconfortativis ad digestionem pliris, arconticon?, diamargariton,dianthos, diaciminon, et hec de urinis sufficiant.

44. Voir R. Buerschaper, Ein bisher unbekannntes Aderlasstraktatdes Salernitaner Arztes Maurus, Leipzig, 1919 (Diss.). La Flebo-tomia attribuée à Maurus est étudiée en détails parF. Lenhardt, Blutschau. Untersuchungen zur Entwicklung derHämatoskopie, Würzbourg, 1986.

Maurus38. Dans un manuscrit aujourd’hui à Karls-ruhe, par ailleurs, on peut penser lire l’œuvre deMaurus, mais l’incipit en est différent; la rubriquedonne pour titre Tractatus specialis de urinis, et letexte commence par ces mots : Postulastis a mecarissime sepissime de negocio urinarum tractatumcomponere qui vestre petitioni satisfaciens sinemultarum precum instancia longe antea composuissemnisi emulorum caninis dentibus quos invidie laborexcruciat nostrum opus corrodi ut detractaritimuissem.... Ce n’est qu’ensuite qu’on reconnaît leDe urinis de Ferrarius : In tractatu urinarum priusvideamus quid sit urina, ut ait Theophilus est cola-mentum sanguinis et Ysaac dicit sangwinis et aliorumhumorum. Idem tamen sentit uterque. Nam Theophilusper sangwinem intelligit massam sanguineam in quasunt quatuor... 39. Les mss. Wien, ÖsterreichischeNationalbibliothek, 96 (fols. 20v-22v) et 5305(fols. 21v-22v) contiennent pour leur part desRegulae urinarum commençant par Cum de urinisagere debe<a>mus videndum est... qu’il faut sansdoute rendre à Platearius, plutôt qu’à Mauruscomme le faisait De Renzi40. Quant au ms. Digby79 d’Oxford, Platearius et Maurus s’y suivent, cequi explique que les auteurs de catalogues aienthésité, attribuant à «Maurus ou Platearius Junior»le premier texte, et vouant le second à l’ano-nymat.

L’existence d’un «Mauricius» auteur d’untraité sur les urines attesté au Moyen Âge, parexemple dans le catalogue du prieuré Saint-Martinde Douvres établi en 1389, vient compliquer encore

un peu la donne : l’item 355 était un volumerassemblant de très nombreux textes, pour laplupart d’origine salernitaine, dont, en 26e posi-tion, à partir du fol. 204, des Vrine Mauriciicommençant par Circa vrine inspeccionem. La proxi-mité des prénoms explique que dans la liste qu’ilétablit de ses propres manuscrits, sa Checklist ofMedieval and Renaissance Manuscripts, Brian Lawn aitcru reconnaître le De urinis de Maurus dansl’ancien ms. Helmingham Hall 57, désormais no 22de sa propre bibliothèque, et renfermant fols 11-19un texte s’ouvrant sur Circa urinarum inspectionem41.Quant au ms. Vaticano, Pal. Lat. 1243, un recueildu XVe siècle rassemblant plusieurs écrits relatifs àl’uroscopie, dont certain attribués à Jordanus deTurre ou à «Christanus», P. O. Kristeller y voit untémoin du De urinis de Maurus, ce que démentl’analyse détaillée de Ludwig Schuba42.

Les Urines de Maurus furent également abré-gées, comme l’atteste l’existence de Flores dans lems. Paris, Bnf, lat. 6988, ou d’Urine abbreviate, parexemple dans le Wolfenbüttel, Landesbibliothek3101, attachées à son nom. Mais parfois l’abrège-ment n’est pas signalé, comme dans le ms. Vati-cano, Vat. lat. 4485, et en l’occurrence, seule unecomparaison entre les folios 1-13 du codex et l’édi-tion qu’on connaît des Regulae urinarum révèle aposteriori l’entreprise du ou des abréviateursanonymes43.

Enfin, elles circulèrent soit avec d’autres écritsdu maître, sa Flebotomia44, son Anatomia comme

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45. Ed. par W. L. H. Ploss, Anatomia Mauri, Leipzig, Dissertation,1921. Voir aussi à ce sujet G. W. Corner, Anatomical texts of theearlier Middle Ages. A study in the transmission of culture,Washington, 1927.

46. Texte identifié comme Maurus, De urinis, dans TK, col. 1271.47. Le codex contenait notamment : fols. 112r-120v, Liber de

febribus; fols. 121r-127v, Iohannes Afflacius, de febribus eturinis; 127v, Iohannes Afflacius, Liber urinarum; 129r, Defebribus ; 140r-140v, De urinis (Inc. «Sciendum est quodurina...»); fols. 143r-156r, Comm. Platearius, Circa instans;f. 162r, De oleis conficiendis ; 165r-167r, Modus medendi ;167r-168r, De urinis et earundem significationibus; 171r-174r,Liber Alexandri de agnoscendis febribus ex pulsibus et urinis;174r-v, De urinis (Inc. «Sciendum est quod urina . . .»);175r-177r, Demonstratio anatomica corporis animalis; 177r-179r,De aquis medicinalibus et earum differentiis; 179r, De nominibusherbarum, specierum, et morborum; 184r-v, Archimatheus, Deadventu medici ad egrotum; 184r-187v, Archimatheus, Liber decorporibus purgandis; 188r, Urso, De saporibus; 188r, De cliste-ribus; 188v-189r, De suppositoriis, de siringis, de pessariis;189r-191r, De siropis; 191v-196r, Jean de Saint-Paul, Liber desimplicium medicinarum virtutibus; 197r-199v, Liber de confec-tione medicinarum; 200v-201v, Urso, De qualitatibus et eorumeffectibus; fols. 201va-202ra, Urso, De qualitatum effectibus acci-

dentalibus; 202r, Jean de Saint-Paul, Flores dietarum (fragm.);fols. 203r-206r, Liber de pulsibus. Voir entre autres sur cecodex manquant et son contenu : A. Henschel, Die salernita-nische Handschrift, dans Janus, 1, 1846, p. 41-84; A. Kadner,Ein Liber de urinis des Breslauer Codex Salernitanus, Diss.,Leipzig, 1919; K. Sudhoff, Die Salernitaner Handschrift inBreslau (Ein Corpus medicinae Salerni), dans Archiv fürGeschichte der Medizin, 12, 1920, p. 101-148, p. 191; et récem-ment C. Mews, Manuscripts in Polish libraries copied before 1200and the expansion of latin Christendom in the eleventh and twelfthcenturies, dans Scriptorium, 56, fasc. 1, 2002, p. 80-118, p. 116.

48. Sur la réappréciation de l’origine du manuscrit, qu’on alongtemps tenu pour originaire de Salerne, voir M. Green,Rethinking the Manuscript Basis of Salvatore De Renzi’s Collectiosalernitana : the corpus of medical writings in the ‘long’ twelfthcentury, dans La Collectio salernitana di Salvatore De Renzi...cit., p. 17-60, notamment p. 32, 39 et 58.

49. Sur l’origine septentrionale (France du Nord et Angleterre)des plus anciens témoins manuscrits du corpus salernitain,voir M. Green, Rethinking the manuscript basis of Salvatore DeRenzi’s... cit., p. 31.

50. E. Pellegrin, La bibliothèque des Visconti et des Sforza, ducs deMilan au XVe siècle, Paris, 1995, p. 256.

dans le ms. 535 du Wellcome Institute45, voire uneChirurgia qui lui est attribuée dans le codexCesena, Biblioteca Malatestiana, S.I.9 (fols.57r-84r), soit avec des textes sur le même sujet,soit encore dans des codices à dominante «salerni-taine» : ainsi le Gaddi 201, qui renferme le De cibiset potibus preparandis in acutis egritudinibus deMusandinus, des Flores diaetarum, les Tabulae deSalernus, la Practica brevis de Platerarius et leCompendium de Salernus; le München, BayerischeStaatsbibliothek, clm 13124, où, après une Rogeripractica, on trouve f. 195, un Compendium de uriniset aegritudinibus per eas significatis secundum Maurumet Rogerum46; le ms. 912 du Trinity College deCambridge; le Paris, BnF, lat. 7118, un manuscritdes XIIe-XIIIe siècle d’origine italienne; et bien sûr,le fameux manuscrit de Breslau (aujourd’huiWroclaw, Bibl. Uniwersytecka, M 130247) disparudepuis 1945, un codex composé en France duNord à la fin du XIIe siècle qui contenait toute unesérie de textes représentatifs de l’«École médicale»qui fleurissait alors à Salerne48.

On a donc jugé nécessaire de tâcher d’établirun premier répertoire, ni exhaustif ni définitif, detémoins transmettant avec certitude le De urinis,avant de se pencher sur la circulation de l’œuvrelatine mais aussi sur les témoignages de son succèsen langues vernaculaires.

Commençons par balayer rapidement lagéographie et la chronologie de sa diffusion enlatin. On constate qu’il fut copié pendant trois

siècles, et à l’échelle de toute l’Europe : outre laFrance, l’Angleterre se distingue par la précocitéde ses copies, comme l’a souligné Monica Green49,mais l’Empire, comme l’ont montré les travaux deGundolf Keil, et l’Italie ne sont pas en reste. En cequi concerne cette dernière aire géographique, onpeut y rattacher le ms. Bergamo, MA 300, d’ori-gine lombarde, et les mss. Erfurt, Amplon 4o 182 etAmplon 4o 207, London, Wellcome Institute 535,Oxford, Digby 79 et New College 171, Paris, BnFlat. 6963 et 7118, ou encore Sevilla, Bibliotecacapitular 5-5-21, et Wien, ÖNB, 2523.

On connaît par ailleurs la fortune de quel-ques-uns de ces témoins, comme pour l’actuel ms.Bnf, lat. 6963 : ce ms. du XIIIe s. de 40 folios d’ori-gine italienne est fort probablement celui quiapparaît dans le premier inventaire de la biblio-thèque des ducs de Milan, la Consignatio librorumde 1426, sous le no 826 : Liber unus super urinisparvi voluminis copertus carta pauci valoris. Incipit intextu : quoniam de urinarum scientia sumus tractaturi.Et finitur : et gratias beate Marie amen50.

Après les Regulae urinarum et les Pillule magistriMauri (f. 13v), on y trouve actuellement : aux fols14v-23v le Modus medendi Cophonis, puis uncommentaire anonyme sur le De regimine acutorumd’Hippocrate intitulé Rationes super libro de regimineacutorum (24-28), un Tractatus de passionibuspuerorum de Rhazès (28v-29), et un texteanonyme commençant par Formarum quedamprime quedam secunde sunt. Vient ensuite un

La fortune du De Vrinis de Maurus de Salerne et ses volgarizzamenti inédits268 Laurence MOULINIER-BROGI

51. M. H. Jullien de Pommerol, La bibliothèque de Boniface VIII,dans D. Nebbiai et G. Lombardi (dir.), Livres, lecteurs et biblio-thèques de l’Italie médiévale (IXe-XVe siècles.) Sources, textes etusage, Paris, 2001 (Documents, études, répertoires, 64; Histoiredes bibliothèques médiévales, 13), p. 501.

52. Cf. A. Maier, Codices Burghesienses, Vaticano, 1952, p. 267.53. Voir P. Glorieux, Aux origines de la Sorbonne, I. Robert de Sorbon,

Paris, 1966, p. 243 et J. Agrimi, Les Quaestiones de sensu attri-buées à Albert de Saxe. Quelques remarques sur les rapports entre

philosophie naturelle et médecine chez Buridan, Oresme et Albert,dans J. Biard (éd.), Itinéraires d’Albert de Saxe : Paris-Vienne auXIVe siècle, Paris, 1991, p. 193-204, p. 204.

54. Voir P. Glorieux, Aux origines de la Sorbonne, I... cit., p. 289.55. Voir L. Delisle, Cabinet des manuscrits, Paris, 1874, t. 2, p. 520-

535; R. H. Rouse, Manuscripts belonging to Richard de Four-nival, dans Revue d’histoire des textes, 3, 1973, p. 253-269.

56. Voir M. R. James, The ancient libraries of Canterbury and Dover,Cambridge, 1903, p. 338-344.

commentaire au De pulsibus de Gilles de Corbeil(fols 34-40), dont le copiste se fait connaître dansla souscription : Ego Prandinus de Novaria filiusquondam magistri Gregorii de sancto Iacobo hoc opusscripsit (sic), in civitate Mutine anno currente MCCL etVII in mense Martii. L’explicit mentionné dansl’inventaire de 1426 se trouvant au folio 33v, ilfaut supposer que le cahier 34-41 copié à Modènea été ajouté par la suite. Au fol. 33v, un ex librisconfirme en tout cas sa provenance milanaise : isteliber est Anrici Veteris de Mediolano – nom qui appa-raît dans le ms. lat. 6429, qui provient de Pavie.

On sait aussi que l’actuel codex S.I.9 de Cesenaétait la possession d’un médecin, Niccolò II Masini(1533-1602) qui en fit don, avec onze autres codices,à la Biblioteca Malatestiana en 1587, commel’atteste une mention fol. IIr : Volumen hoc magistriMauri regulas urinarum Nicolai Antidotarium Hippo-cratis que secreta continens a pervetusta maiorum suorumbibliotheca submovit Nicolaus Masinus IIs phisicushuicque elargitus fuit anno salutis MDLXXXVII.

Maurus fit aussi partie de la bibliothèque despapes si l’on en croit l’inventaire, daté de 1339, de labibliothèque dite de Boniface VIII : on n’ydénombre qu’une dizaine de livres de médecine etMaurus y figure sous la cote «Be 71»51. Était-cel’actuel ms. Vaticano, Borghesianus 212? D’aprèsAnnelise Maier, ce dernier figurait sous le numéro1499 dans le premier inventaire de la bibliothèquepontificale d’Avignon dressé par Urbain V en 136952.

On a aussi des traces de la fortune de l’uro-scopie de Maurus en milieu universitaire : un Libermagistri Mauri de urinis figurait vers 1310 dansl’inventaire sommaire de la grande librairie de laSorbonne, parmi les «libri venerabilis collegiipauperum magistrorum de libraria communi»53, et l’onretrouve le nom de Maurus (mais pas son incipit)dans le répertoire méthodique de la grande librairiede la Sorbonne contemporain ou à peu près ducatalogue de 1338, dans une liste de titres non pasclassés méthodiquement comme les autres, maisrangés avec d’autres ouvrages de médecine :

Liber simplicium medicinarum Johannis de Sancto Paulo,

inc. «Cogitanti mihi de simplicium medicinarum».

Liber magistri Mauri de urinis, «Cum de urinis agere

debeamus».

Anathomia Galieni, «In Tegni Galienus testatur».

Item multa nobilia contra diversas infirmitates, «Ad

menstrua provocanda».

Item de diversis herbis et virtutibus earum secundum

ordinem alphabeti «aloe».

Postille super Leviticum54.

Enfin, on est parfois renseigné sur certainstémoins ayant disparu entretemps. Vers 1250, leDe urinis est ainsi attesté dans la Biblionomia deRichard de Fournival :

144 Abubecry Arrazis filii Zacharie libellus intro-ductorius in artem medicinam. Item Johannitii liberintroductorius in Teigny Galieny. Phylareti liber depulsibus. Item Theophyli liber de urinis. Item Mauriliber de eisdem. Item versus Egidii de eisdem. ItemAbubecri. Liber de calculo. Item Jacobi Alkindii liber degradibus. Item Nicholay liber antidotarius, et ejusdemliber hermeneumatum, id est synonimorum, et libellusantiballomenon, id est quid pro quo. Item liber tabu-larum Salerni de simplici medicina, et ejusdem libercompendii. Item Cophonis liber de simplici medicina. Inuno volumine cujus signum est littera E55.

À Canterbury, l’abbaye bénédictine de St.Augustin possédait à la fin du XIIIe siècle, d’aprèsle catalogue établi par le moine Walter de St.George (fl. 1286), sous le numéro 1235, un codexcontenant :

1. Practica Ricardi et

2. ornatus faciei eiusdem et

3. vrine eiusdem et

4. Anothomia eiusdem

5. Tractatus de Sirupis

6. alius Tractatus mauri de vrinis

7. Trotula maior

8. et alia in quaterno; secund folio in practica : cipio

rubia56.

269

57. Le ms. contenait : 1. Maurus de urinis in quaterno; 2. Iohannesyspalensis de conseruanda sanitate; 3. Libellus de uirtutibusaquile; 4. Libellus super noticia oculi; 5. Sururgicum; 6. Liberelementorum rolandini; 7. Summa hugonis de mylbourne superantidotarium paruum; 8. Exposiciones antidotarij secundumconstantinus; 9. Antibalemenon galieni; 10. Tractatus de urinissecundum res contra naturam; 11. Practica rogerini; 12. Liberesculapij; 13. De uirtutibus membrorum animalium; 14. Libersecretorum ypocratis; 15. Ypocras de conseruacione sanitatis; 16.Constantinus de litargia; 17. Liber secretorum galieni; 18.Girardus de pronosticis in acutis egritudinibus; 19. Comentumrogeri super antidotarium nicholai; 20. Liber de lapidibus preciosiset uirtutibus lapidum magis necessariorum; 21. Summa tractule[sic] de cura sue sexus; 22. Liber glisteriorum rogeri; 23. Arsconfectionum in apostolicon et aliorum electuariorum et ungen-torum. [sic]; 24. Ars kalendarij secundum hypericium; 25.Sermones patrum; 26. Liber oculorum constantini; 27. Constan-tinus de lepra et apostomatibus; 28. Liber in gallico de diuersitatemorborum. Sur ce ms. voir R. M. Wilson, The medieval libraryof Titchfield Abbey, Leeds, 1940 (Proceedings of the Leeds Philo-sophical and Literary Society, Literary and Historical Section, 5/3),p. 150-177, p. 151 et tout récemment M. Green, Makingwomen’s medicine masculine. The rise of male authority in pre-modern gynaecology, Oxford, 2009, p. 78 et 328. Le ms. conte-nait la Summa super antidotarium parvum de Hugues de

Milbourne, dont on ne connaît plus aujourd’hui qu’untémoin, le ms. London, BL, add. 8092. Cf. C. H. Talbot andE. A. Hammond, The medical practitioners in medieval England,Londres, 1965, p. 94.

58. «Amploniana manuscripta, Bücherverzeichnis von 1412»;cf. W. Schum, Beschreibendes Verzeichnis der AmplonianischenHandschriften-Sammlung zu Erfurt, Berlin, 1887, p. 829.

59. Voir G. Keil, Der Kurze Harntraktat des Breslauer Codex Salerni-tanus, Diss., Bonn, 1969, et Die urognostische Praxis in vor-undfrühsalernitanischer Zeit, cit.; A. Kadner, Ein Liber de urinisdes Breslauer Codex Salernitanus, cit.

60. F. Lenhardt, Maurus, dans Die deutsche Literatur des MittelaltersVerfasserlexikon, 3, Berlin/ New York, 1981, col. 201-203,col. 202. Sur ce phénomène, voir par exemple A. Vernet, Lestraductions latines d’œuvres vernaculaires au Moyen Âge, dansG. Contamine (éd.), Traduction et traducteurs au Moyen Âge,Paris, 1989, p. 225-241.

61. Voir S. Bisson, Le témoin gênant. Une version latine du Régimedu corps d’Aldebrandin de Sienne, dans Médiévales, 42, 2002,p. 117-130, p. 119.

62. Par exemple dans le codex London, British Library, Harl. 3772,XIVe s., fol. 14v-20, Incipit liber mariscaltie quem fecit magisterMaurus. Inc. : «Cum illustris R. pitavie (?) superius». Des. :«Explicit tractatus magistri Mauri de curatione equorum» (cf.P. O. Kristeller, Iter italicum... cit., IV, Alia itinera II, p. 176a).

À l’abbaye prémontrée de Titchfield, selon lecatalogue dressé vers 1400 et recensant 224volumes correspondant à 1000 œuvres différentesenviron, le ms. MS .K. IX., fort de près de 30œuvres, s’ouvrait sur un Maurus de urinis inquaterno57.

Enfin, en 1412, le fameux médecin collection-neur Amplonius Rating de Berka possédait appa-remment lui aussi un exemplaire du De urinis,d’après la description d’un des codices de sa biblio-thèque qui ne correspond à aucun manuscritconnu de nous en l’état actuel de nos informa-tions :

De medicina. Isti sunt libri quos ego Amplonius habeo in

arte medicina.

81. Item anathomia Galieni

Liber Egidii de pulsibus

Dietarium sanitatis

Tractatus de epidemia

Questio bona de anima intellectiva

Alia anatomia Galieni

Antiquum vocabolarium difficilium dictionum artis medi-

cine

Alie interpretationes dictionum artis

Liber de urinis Egidii

Commentum prolixum super eodem bonum

Versus Mauri de urinis et aliis multis bene notabiles

Aliud eciam bonum opus theoricum in medicina simul et

praticum58.

Mais peut-être Gilles de Corbeil et Maurussont-ils ici confondus, ce dernier n’ayant pas écritde vers.

Le traité De urinis fut donc copié pendant troissiècles, et le corpus rassemblé donne à voir unesorte de pic au XIVe siècle. Mais s’il fut moins copiéau siècle suivant, du moins deux voies s’offraient-elles désormais à sa survie : en latin et en languevernaculaire. Voyons donc à présent la postéritédu De urinis dans d’autres langues, qui n’a étéétudiée que pour l’espace germanophone, notam-ment par Gundolf Keil et ses disciples, dans lalignée des travaux d’Albert Kadner59 : il en ressortque Maurus fut le principal vecteur de la sciencedes urines en terres d’Empire, où il fut très tôtl’objet d’abréviations, de traductions et mêmed’une intéressante réversion en latin60, selon unprocessus attesté pour d’autres œuvres envulgaire, telles le Livre de physique d’Aldebrandinde Sienne, à qui une traduction permettait l’aug-mentation du nombre de lecteurs potentiels, lelatin se présentant alors comme une langue devulgarisation scientifique61. Par ailleurs, nombre desœuvres de Maurus furent traduites en hébreu,mais cette histoire dépasse pour l’heure noscompétences. Nous nous attacherons donc à sapostérité en italien, encore terra incognita, alorsqu’on sait par exemple qu’un des écrits qui lui estattribué, un traité d’art vétérinaire connu commeDoctrina equorum ou Liber mariscalcie62, fut traduit

La fortune du De Vrinis de Maurus de Salerne et ses volgarizzamenti inédits270 Laurence MOULINIER-BROGI

63. P. O. Kristeller, Iter italicum..., V, p. 219b; voir E. Tunis, EarlyWestern Manuscripts in the National Library of Medicine. A shorttitle-list, Bethesda (Maryland), 1989, p. 6.

64. On me permettra de renvoyer à ce sujet à L. Moulinier-Brogi, La science des urines de Maurus et les Sinthomatamagistri Mauri inédits, dans D. Jacquart et A. ParaviciniBagliani (dir.), La Scuola Medica Salernitana. Gli autori e itesti... cit., p. 261-281, et Ead., L’uroscopie en vulgaire dansl’Occident médiéval : un tour d’horizon, dans M. Goyens, P. DeLeemans, A. Smet et Louvain (dir.), Science translated. Latinand vernacular translations of scientific treatises in medievalEurope, 2008, p. 221-241.

65. Voir M. S. Elsheikh, Medicina e farmacologia nei manoscrittidella Biblioteca Riccardiana di Firenze, Rome, 1990, p. 51. Rienà ce sujet dans S. Morpurgo, I manoscritti della BibliotecaRiccardiana di Firenze, manoscritti italiani, I, Rome, 1900, quis’en tient aux codici 1002-1700. Quant au catalogue demanuscrits datés, il part du no 3235 (Indici e cataloghi, XXII, Imanoscritti della Biblioteca Riccardiana di Firenze [dal Ricc. 3235al 3421], a cura di M. Prunai Falciani, Rome, 1996).

66. Voir aussi le ms. d’origine vénitienne Bergamo, BibliotecaCivica A. Mai, MA 400, du XVe siècle, qui contient aux fols56r-65v, Michiel Scoto, Tratado de le urine; cf. J. Agrimi,Tecnica e scienza nella cultura medievale. Inventario dei manos-critti relativi alla scienza e alla tecnica medievale (sec. XI-XV).Biblioteche di Lombardia, Florence, 1976, p. 21.

67. Sur les traductions du Thesaurus pauperum de Pierred’Espagne en italien, dont celle qui fut longtemps attribuéeau notaire florentin Zucchero Bencivenni, voir S. Rapisarda,I volgarizzamenti italiani del Thesaurus pauperum, dansA. Engelbert, M. Pierrard, L. Rosier et D. Van Raemdonck(dir.), Actes du XXIIe Congrès International de Linguistique etPhilologie Romanes, Bruxelles, 1998, Tübingen, 2000. Voir aussiR. Librandi et R., Piro (dir.), Lo scaffale della biblioteca scienti-fica in volgare (secoli XIII-XVI), Atti del Convegno, Matera, 2004,Florence, 2006.

68. A. De Mortara, Catalogo dei manoscritti italiani che sotto la deno-minazione di codici Canonicani italici... cit., Oxford, 1864,p. 217.

dans cette langue; c’est ce qu’atteste le ms. no 72 dela National Library of Medicine de Bethesda (Mary-land), un codex du XVIe siècle où cet écrit fait suiteà une traduction de Végèce, Arte della medicina dellebestie63. Et en ce qui concerne son De urinis, dont jeconnaissais jusqu’alors trois versions italiennesinédites64, l’identification d’un nouveau témoinm’a incitée à faire le point sur cette question.

Le ms. Firenze, Biblioteca Riccardiana, 2170[N.IV.5], un codex en papier du XVe siècle,renferme un Dell’orina attribué à Maurus, fols.1r-14r, commençant ainsi : «Nel principio he? noidiremo e tracteremo della scienza delle orine efebri et prima e che cossa sia orina e in che modosia...». Il se termine par «Explicit opus maestriMauri ... deo gratias amen», et est suivi de diffé-rents textes anonymes (Regole da osservarsi inciascun mese dell’anno, Impiastri, Trattato di medicina,Trattato delle virtù delle erbe...); un Dell’orinaanonyme figure aux fols 155r-159r65, et le codexprend fin sur des Ricette varie, fols. 160r-165v.

Le ms. Firenze, BN, XV 27 Magliabechianodate aussi du XVe siècle et a pour sa part unegrande unité thématique puisqu’il contient troistraités d’uroscopie en vulgaire : non seulementune traduction des Regulae urinarum de Maurusmais aussi celle d’un De urinis attribué à Jean deParme (Libro delle orine, fols. 36-37) ainsi que celled’un De urinis attribué à Michel Scot (Sulle orine,fols. 37v-45)66, dont on trouve l’orginal latin parexemple dans le ms. Vaticano, B.A.V., Pal. Lat.1245, aux fols. 58vb-59vb. La traduction du Deurinis de Maurus occupe les fols. 1-35v et s’ouvresur les mots : «Incipit liber magistri Mauri de urinis

vulgharizatus in vulgare ad laudem et honorem Domininostri Jhesu Christi amen...»; elle prend fin en cestermes : «explicit opus Magistri Mauri de urinis».

Quant au ms. Roma, Accademia nazionale deiLincei, 43 B 28, il date vraisemblablement de lamême époque et rassemble, dans l’ordre, un volga-rissazamento du Thesaurus pauperum de PetrusHispanus, fols Ir – CVIv (Somma della medicina...nominata Tesoro dei Poveri)67, les Regole dell’orine deMaurus, fols CVIIIr-CXXXIXva, et un Delle infer-mità attribué à Jean Damascène, fols. CLXIIIr-CCVv (explicit liber magistri Johannis de Amassein).Le volgarizzamento du De urinis de Maurus y a pourexplicit : «Explicit cure et regule urinarum et aliarumcurarum maximarum magistri Mauri, et Deo gratias».

Enfin, le ms. Oxford, Bodleian Library, Canon.Ital. 220, récemment repéré, est un codex duXVe s. originaire de Florence : on y trouve, auxfols 1-44v, un Della scienza delle orine attribué à«Mauro», s’ouvrant sur «Et percio che noidobbiamo trattare della scientia delle orine ec.», etfinissant par «onde perdono la loro bellezza etchiarezza»; les folios 44v-50 contiennent pourleur part des «Ricette» prêtées à Maurus68.S’ensuivent des recettes diverses, fols 51-56, puiscommence fol. 57 un «libro di ricette» débutantainsi : «Ricetta del maestro Dino di Firenze. Se tufussi per cagione di caldo ec.» et s’achevant par«et urine secondo la dispositione del corpo».

En l’état actuel de nos connaissances, on peutdire qu’il s’agit non pas de quatre témoins d’unemême version, mais de traductions différentes,comme le met en évidence la différence de leursincipits. Et si l’on ignore tout des auteurs de ces

271

69. Un exemple parmi une foule d’autres est fourni par l’histoirede l’Ospedale Santa Maria della Scala à Sienne qui, à l’occa-sion d’une pestilence en 1399 voit pour la première fois lespestiférés confiés aux soins d’un médecin et d’un apothicaire,avec un salaire supérieur au nom de la «grande fadigha»,«per gli molti infermi che ci a» (voir G. Piccinni, L. Travaini,Il Libro del Pellegrino (Siena 1382-1446). Affari, uomini, monetenell’Ospedale di Santa Maria della Scala, Naples, 2003, p. 43).

70. Sur cette question impossible à traiter ici, qu’on mepermette de renvoyer à L. Moulinier-Brogi, Médecins etapothicaires dans l’Italie médiévale. Quelques aspects de leurs rela-tions, dans F. Collard et E. Samama (éds.), Pharmacopoles etapothicaires. Les «pharmaciens» de l’Antiquité au Grand Siècle,Paris, 2006, p. 119-134, et Un flacon en point de mire. La sciencedes urines, un enjeu culturel dans la société médiévale (XIIIe-XVe s.), dans Annales, 2010, 1, p. 11-37.

71. Cf. Statuto inedito dell’Arte degli speziali di Pisa nel secolo XV, éd.P. Vigo, Bologne, 1885 p. 3, Prohemio : «Gli uomini dell’arteed università delli speziali della città, borghi, sobborghi,contado e distretto di Pisa... elessono e deputarono treuomini, cioè Miliano di Giovanni di Ser Carlo ed Antone diGiovanni del Torto, et Aghustino di Nicholai di Philippo,speziali e cittadini pisani, eletti statuiti e ordinati dalli spetta-bili consoli e consiglieri di detta arte...».

72. Voir C. U. Faye et W. H. Bond, Supplement to the census ofmedieval and renaissance manuscripts in the United States andCanada, New-York, 1962, p. 95 : «Written in Italy, 28 July1464, by Carolus palle Guadi for Francesco de Forestis dellaForesta», ou encore B. L. Ullman, Petrarch manuscripts in theUnited States, Padoue, 1964, p. 51 : «Petrarch, Canzoniere(fols. 1r-), Trionfi (fols.-181r). Parchment., Italy (written byCarolus Palle Guadi for Franciscus de Forestis della Foresta)».

traductions, quelques indications sur leurs copisteset les circonstances de leur travail permettent enrevanche d’envisager qui furent les utilisateurs deces textes.

Dans le ms. Magliabechiano, une note margi-nale au fol. 45v précise que le recueil fut compilépar un apothicaire, «Agostino di Niccolò di Filippospeziale», le 8 avril 1481. Ce métier eut plus d’unpoint de contact avec l’activité exercée par lesmédecins, et en Italie en particulier, des associa-tions entre médecins et apothicaires n’étaient pasrares; non seulement ils eurent des entreprisescommunes, et parfois aussi, les apothicairesjouèrent le rôle des médecins, par temps depeste69, mais pas seulement : des documents diversattestent que certains d’entre eux s’approprièrentdes lectures a priori destinées aux médecins, etmême le geste éminemment médical que consti-tuait l’examen des urines70. On peut citer dans cetordre d’idées l’actuel ms. Paris, BnF, lat. 7118, unms. d’origine italienne composé entre XIIe et XIIIe

siècle qui contient au moins deux traités d’uro-scopie, les Regule urinarum de Maurus, fol. 17a-24aet une Summa urinarum anonyme, attribuéeailleurs à Johannes Salernitanus, fol. 67vb-68vb;or il appartint à un apothicaire, si l’on en croit l’exlibris porté sur le feuillet de garde de tête, auverso : «Cest livre a Pierre Lanceleme, appoticairedemourant a Paris aux halles au chapeau rouge,qui le trouvera sy le rapporte au lion rouge en larue Martanville a Rouen et il aura bon vin.Lancelme».

Il s’avère qu’Agostino di Niccolò di Filippo,intéressé par l’uroscopie de Maurus en vulgaire, alaissé d’autres traces, notamment dans les Statutsdes apothicaires de Pise de 1497 : c’est de fait l’un

des trois hommes du métier («speziali et cittadinidi Pisa») mandatés par les consuls et conseillers del’arte degli speziali di Pisa, pour confirmer, corrigeret compléter les statuts de l’Art en 1496-9771. Maisles renseignements sont plus nombreux encoresur le copiste de la dernière version mise au jourdans le manuscrit d’Oxford, qui se présente ainsi,au fol. 44 :

Ego Carolus palle guidonis domini francisci della

foresta hunc librum transcripsi anni diii Mc quadra-

gesimo octuagesimo qto et die tredecesimo mensis

settembris uigilia sancte crucis ora uespertina, finis.

Laus deo. Amen.

El sopra detto libro o facto a petitione di Bartolomeo

di Fruosino di Saggio, barbiere del popolo di sancto

donato in auana, abitante al presente alluogo suo

alle graticchie in decto popolo. Secci fusi manca-

mento nessuno apongalo al tempo o alla copia

perche lo fatto in eta danni settanta sei et mesi et di,

et sono presto acorreggiere ogni mancamento per

me facto a ogni sua volonta. Et priego yhu xpo bene-

detto che ladoperi lù lungo tempo con sanita dell’a-

nima et del corpo et per salute del proximo. lodato

sìa yhu xpo. Am.

Celui qui achève cette transcription en 1448,Carolus Palle Guidi (ou Guadi), né en 1408 etmort après 1484, est connu pour avoir copiéd’autres œuvres en italien, dont celles dePétrarque : le ms. Marston MS 261 de l’universitéde Yale contient ainsi les Trionfi et le Canzoniereachevés par ses soins le 28 juillet 1464 pour Fran-cisco della Foresta, comme l’atteste le colophonf. 181v, «Ego Carolus Palle Guidi domino Francisco deForestis (della Foresta) hunc librum transcripsi, lausDeo72». Carlo di Palla Guidi copia au moins cinq

La fortune du De Vrinis de Maurus de Salerne et ses volgarizzamenti inédits272 Laurence MOULINIER-BROGI

73. A. de la Mare, New research on humanistic scribes in Florence,dans Miniatura fiorentina del Rinascimento, 1450-1520 : unprimo censimento, éd. A. Garzelli, Florence, 1985, p. 393-600,p. 491, n. 12. Voir par exemple C. Frati et A. Segarizzi, Cata-logo dei codici Marciani italiani, Venise, 1911, p. 243.

74. Voir M. S. Elsheikh, Medicina e farmacologia nei manoscrittidella Biblioteca Riccardiana di Firenze, cit., p. 125. Sur cepersonnage, voir Piero Umbertino da Brescia, Ricette per gliocchi. Conoscimento de’ sogni. Trattato sull’orina. Morsi di cani eloro conosciemento, éd. M. S. Elsheikh, Florence, 1993 etrécemment G. Federici Vescovini, Su alcune versioni scienti-fiche in volgare italiano tra XIII e XIV secolo, dans N. Bray etL. Sturlese (dir.), Filosofia in volgare nel Medioevo, Louvain-la-Neuve, 2003, p. 407-418, p. 413-414.

75. Les mss. Bologna, Bibl. dell’Istituto Ortopedico Rizzoli; Paris,n.a., fonds italien 934, et Firenze, Biblioteca Laurenziana,

Gaddi 54, (cités par G. Federici Vescovini, Su alcune versioniscientifiche in volgare italiano tra XIII e XIV secolo... cit., p. 413).On y ajoutera les mss. Firenze, Biblioteca Riccardiana 2145et 2154 recensés par M. S. Elsheikh, Medicina e famacologia...cit., p. 125.

76. Cf. K. Sudhoff, Ein chirurgisches Manual des Jean Pitard,Wundarztes König Philipps des Schönen von Frankreich, dansSudhoffsArchiv, 2, 1908, p. 189-278.

77. Ms. VIII. C. 94, fol. 4-90r : «Al nome de la sancta et indi-vidua Trinitade... io voio che sia chiamato Thesauro deipoveri. F. 90r Complido è questo libro... scrito per mi fraBartolamio Biancho da Veneexia (!) de l’ordene de s.Augustino a onore de maistro Nicho Sabain barbier daChi[o]gia, a di VIo setembrio MCCCCXLVIIII» (voir C. Cenci,OFM, Manoscritti francescani della Biblioteca Nazionale diNapoli, Rome, 1971, II, p. 826, notice 457).

autres manuscrits pour Francesco della Foresta –Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana, Plut.XLI, 22 (1463); Strozz. XXXII (1449); Firenze,Biblioteca Nazionale Centrale, Magliab., CL. VII,104 (1461) et Palat. 27 (1457); Venezia, BibliotecaMarciana, It. V, 10 (1449)73 –, et neuf autres entre1468 et 1484.

Dans le manuscrit d’Oxford, Carolus Palle ditdonc avoir copié la traduction italienne du Deurinis de Maurus à la demande d’un barbier,Bartolomeo di Fruosino di Saggio, dont il nousindique avec précision le lieu d’exercice et la rési-dence, et l’on peut rapprocher ces données desenseignements à tirer d’autres volgarizzamenti.

Le ms. Firenze, Bibl. Ricc. 2167, par exemple,contient notamment un «Dell’orina», fols.40v-44r, et un «Della ipostasi e sedemi», fols.44v-45r74; ce ms. du XIVe siècle est associé au nomde «Pietro da Brescia», citoyen de Lucques, unpersonnage qui se révèle assez bien documentéaprès enquête. Un autre codex, le C. 1.2651 dufonds Conventi Soppressi de la Biblioteca Nazio-nale de Florence contient ainsi aux fols 4-82v unetraduction en italien de la Chirurgie de Guillaumede Salicet dotée d’un prologue daté de 1361, danslequel se présente celui qui s’est chargé du volga-rizzamento : «Maestro Piero, cerusico de Brescia»dit avoir composé un Tesoro pour son fils Urbano; àle lire, la traduction fut achevée en 1365 etl’œuvre toute entière était terminée en 1386. Plusintéressant encore, il s’étend sur les raisons quil’ont poussé à cette entreprise et le public qu’ilvisait : «io maestro Piero, cerusico, cittadino diLucca et filio quondam Ubertino quondam messerPiero Cavaliere degli Insalabocchi da Magiano da

Brescia, si cominciai affare e ordinare questo libroper volgare estratto di grammatica, si come iopossa trovare per tutti libri fisichi et cerusichi [...]e per appagare e insegnare a miey figliuoli o disce-poli e ogn’altre persone ygnoranti imperoche dime rimanesse alcuna memoria buona [...] è cosiannome mio questo mio libro Tesoro del maestroPiero».

Ce chirurgien destinait donc à ses fils, à sesdisciples et aux ignorants ce Tesoro dont onconnaît plusieurs témoins75, et fruit d’une entre-prise qui rapproche notre Lucquois de l’anonymeauteur, au début du XIVe siècle, d’un «livre dutresor de chirurgie en français», partiellementédité par Karl Sudhoff76. La mise en italien detextes sur les urines dans le Riccardiano 2167 parles soins de Pietro da Brescia participe ainsid’une entreprise plus vaste visant à mettre à laportée de sa descendance et de toutes lespersonnes sans formation des livres de médecineet de chirurgie, et constitue donc un exemplesupplémentaire nous invitant à repenser le rôledes chirurgiens en tant qu’interface entre deuxlangues et deux niveaux de culture, ou plutôt àpousser l’enquête : tel manuscrit aujourd’hui àNaples ne contient-il pas par exemple unetraduction du Thesaurus pauperum de PetrusHispanus copiée explicitement par un Augustinen 1448 en l’honneur d’un barbier de Chioggia,Nicho Sabain?77.

Ainsi, au XVe siècle, et sans doute dès le XIVe

siècle, alors qu’il revêt encore pour la médecinesavante un intérêt que reflète le nombre detémoins datés de cette époque, le De urinis deMaurus suscite aussi celui de praticiens de santé

273

non gradués, non universitaires, qu’il s’agisse desapothicaires ou des opérateurs manuels que sontchirurgiens et barbiers. Le témoignage dumanuscrit d’Oxford apporte donc sa modestepierre à l’édifice de notre connaissance de latransmission du savoir au sein du monde despraticiens, et la leçon à tirer de cet exempleexcède le seul cadre de la postérité de Maurus deSalerne. En des temps où la science des uriness’était amplement diffusée et imposée comme

une des principales méthodes de diagnostic et depronostic, d’autres traités d’uroscopie furent alorségalement mis en vulgaire à l’intention de nondiplômés, soit que ces derniers voulussentsimplement assouvir une curiosité en complétantleur connaissance de cette branche de la sémio-logie, soit qu’ils eussent besoin d’en maîtriser lesfondements théoriques pour se substituer aumédecin dans un examen qui a priori lui étaitpourtant réservé.

Laurence MOULINIER-BROGI

La fortune du De Vrinis de Maurus de Salerne et ses volgarizzamenti inédits274 Laurence

1. Voir A. Rzihacek-Bedo, Medizinische Wissenschaftspflege imBenediktinerkloster Admont bis 1500, Oldenbourg, 2005, p. 124.

2. P. O. Kristeller, Iter italicum... cit., V, p. 49b.3. Cité par J. Agrimi, Tecnica e scienza nella cultura medievale....,

XII, 14, p. 10. Cf. I manoscritti datati della Biblioteca civica «AngeloMai» e delle altre biblioteche di Bergamo, éd. F. Lo Monaco,Florence, 2003 (Manoscritti datati d’Italia, 6), scheda 47.

4. TK, col. 1271.5. TK, col. 1271. Cf. The Western manuscripts in the Library of

Trinity College, Cambridge, A descriptive catalogue byM. R. James, vol. II, Cambridge, 1901, p. 324.

6. TK, col. 1271. Voir G. M. Muccioli, Catalogus codicum manus-criptorum Malatestianae Bibliothecae fratrum minorum conven-tualium, Cesena, 1784, tomo II, p. 12-13; Cesena. BibliotecaMalatestiana, a cura di D. Frioli, in Catalogo di manoscritti filo-sofici nelle biblioteche italiane. IV. Cesena, Fabriano, Firenze, Grot-taferrata, Parma, éd. G. Avarucci ... [et al.], Florence 1982,p. 1-190, p. 111-113, n. 66.

7. Cf. A. Maier, Codices Burghesienses, Florence, cit., p. 266-267.8. P. O. Kristeller, Iter italicum... cit., VI, p. 357a.9. TK, col. 1271. Il s’agit d’une version plus brève que les

Regulae urinarum éditées par De Renzi, cf. L Schuba, Diemedizinischen Handschriften der Codices Palatini. . . cit.,p. 122-124.

10. Le manuscrit n’est pas décrit par L. Schuba, Die medizinischenHandschriften der Codices Palatini... cit.

11. Cf. Florio, Inventarium manuscriptorum latinorum BibliothecaeVaticanae, Vatican, 1613, 5, p. 289-90.

12. P. O. Kristeller, Iter italicum... cit., III, Alia itinera, Australia toGermany, p. 193a. A. Kadner, Ein Liber de urinis... cit., p. 48,cite aussi «Dublin, Trin. Coll. 367, comme contenant unTractatus de urinis, sans doute celui de Maurus».

13. Titre donné par W. Schum, Beschreibendes Verzeichnis derAmplonianischen Handschriften-Sammlung zu Erfurt, cit.,p. 207.

14. TK, col. 1066.

Annexe

LES MANUSCRITS DU DE URINIS.

UN PREMIER ÉTAT DES LIEUX

Admont, Stiftsbibliothek, cod. Lat. 496, XIVe s. (vendu

avant la 2e guerre mondiale, et n’ayant pas réapparu

depuis), fols. 37r-39v, Maurus, De urinis. Inc. :

«Quoniam de urinarum scientia tracturi»1.

Basel, Universitätsbibliothek, D 1. 11, XIVe s.2

Bergamo, Biblioteca Civica A. Mai, MA 300 (ex Delta

IV.21), XVe s., Lombardie, fols. 74v-94r : «Quoniam

de urinarum scientia». Expl. : «splenis. Explicit liber

urinarum. Laus Deo»3.

Bruxelles, Bibliothèque Royale, 8486-8491, XIIIe s. : fols.

1-15rb, Maurus, De urinis. Inc. : «Quoniam de

urinarum scientia tractaturi sumus»4

Cambridge, Trinity College, 912 (R.XIV.40), XIIe et début

XIIIe s., origine inconnue : fol. 263-286 (début

XIIIe), Urina magistri Mauri. Inc. : «Quoniam de

urinarum scientia dicturi(tractaturi) sumus». Expl.

«intensionem in urina»5.

Cesena, Biblioteca Malatestiana, S.I.9, XIVe s : fols.

33ra-52ra, Magister Maurus Salernitanus, De urinis.

Rub. «Incipiunt regule urinarum magistri Mauri». Inc.

«Quoniam de urinarum scientia tractaturi sumus primo

videndum est». Expl. «cui eodem modo est subveniendum

ut in vicio splenis. Expliciunt regule magistri Mauri»6.

Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana,

Borghes. Lat. 212, XIVe s. : f. 1r-8v, 199r-204v, Mauri

Salernitani Tractatus de urinis. Inc. : «Quoniam de

urinarum scientia tractaturi sumus». Expl. «catulus

noviter natus s<c>issus per»; fol. 199r, «medium vel

gallus vetus», Expl. «dantur pacienti in potu omni mane

et multum prodest»7.

Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Pal.

Lat. 1165, XIIIe-XIVe s. : fols 94vb-96ra, Maurus, De

phlebotomia8. Inc. : «Propositum quidem presentis negotii

est breviter percurrere... et hec de flebotomia sufficiant».

Fols. 96rb-103vb, Magister Maurus, De urinis, Inc. :

«Quoniam de urinarum scientia tractaturi sumus»9.

Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Pal.

Lat. 1363, XIIe-XVe s., Allemagne-France-Italie : fols

155va-157va, Maurus, De phlebotomia, Inc. «Incipit

tractatus quidam de flebotomia. Propositum quidem mei

negotii est breviter inquirere... In primis ergo nota quod

minucio alia fit per metathentesim»; fols. 250ra-253v,

De urinis («Incipiunt regule Magistri Mauri de urinis»),

et 255ra-258ra10 («Expliciunt urine et urinarum regule

Magistri Mauri»), après un blanc fol. 254r-v.

Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat.

lat. 4485, mi-XIIIe s. (France)11 : 1. fol. 1r-13v,

anonym. <Maurus>, De urinis [abrégé]. Inc. :

«Quoniam de vrinarum scientia». Expl. «diamargariton.

Diathos? diacimino. Et hec de urinis sufficiant».

Dublin, Trinity College, D 1. 23, XIVe-XVe s.12.

Erfurt, Wissenschaftliche Allgemeinbibliothek, Amplon.

2o 303, XIVe s. (1328-1341), copié à Montpellier par

un Allemand : fols 60-61v, anonyme, De urinis-De

quatuor humoribus, Inc. : «Quoniam de urinarum

scientia» Expl. «operantur et sic mors inducitur»; fols.

61v-62r, anon., De diversitate febrium tam simplicium

quam compositarum13, Inc. : «Post tractatum febrium

simplicium...»14. Expl. «radix man(dragore). Hic deficit

aliquid de libro».

275

15. D’après W. Schum, Beschreibendes Verzeichnis..., p. 438, quisuggère que le ms. serait arrivé en Allemagne par la Francedu Sud.

16. TK, col. 948. W. Schum, Beschreibendes Verzeichnis... cit.,p. 438-439.

17. Schum donne : «Ende : preservatur a frigidis morbis – quodsubsistit. Expl.».

18. TK, col. 394.19. Schum, Beschreibendes Verzeichnis... cit., p. 465.20. D’après Kadner, Ein Liber de urinis... cit., p. 45.21. Sur ce ms. voir entre autres E. Antonucci, Miscellanea medica,

in Diaita : le regole della salute nei manoscritti della BibliotecaMedicea Laurenziana, éd. D. Lippi, Florence, 2010, p. 60-61,et M. Pasca, La trattatistica del XII secolo, dans M. Pasca (éd.),La Scuola medica Salernitana : storia, immagini, manoscrittidall’XI al XIII secolo, Naples, 1988, p. 68-87, p. 69, n. 5, et 86.

22. Traité anonyme selon TK, col. 390.23. M. Pasca, La scuola medica salernitana..., p. 97. Voir aussi

F. Lenhardt, Blutschau. Untersuchungen zur Entwicklung derHämatoskopie, cit., p. 13.

24. TK, col. 1271/9. Voir W. Neuhauser, D. Mairhofer,M. Rossini et C. Schretter, Katalog der Handschriften der

Universitätsbibliothek Innsbruck, Cod. 401-500 Vienne, 2008(Veröffentlichungen der Kommission für Schrift – und Buchwesendes Mittelalters, Reihe II, Bd. 4/5), p. 578-583.

25. Voir H. Menhardt, Handschriftenverzeichnis der KärntnerBibliotheken, Vienne, 1927, p. 83-183.

26. Cité par A. Kadner, Ein Liber de urinis..., p. 45, et dans Ch.Burnett et D. Jacquart (dir.), Constantine the African and AliIbn Al-Abbas Al-Magusi, cit., p. 323 : le ms. contient Pantegni,fol. 1r-145r (Inc. «Cum totius pater scientie generalitas»); Rasis,Liber Almansoris, I ; Ioh. Damascenus, Aphorismi ; HalyRodoan, Commentum super Tegni Galieni; Vita brevis GerardiCremonensis.

27. TK, col. 394.28. Voir G. F. Warner et K. P. Gilson, Catalogue of western manus-

cripts in the Old Royal and King’s Collection in the BritishMuseum, II, Londres, 1921, p. 19-22, et M. Nicoud, Les régimesde santé au Moyen Âge, Rome, 2007, p. 840-841.

29. TK, col. 1611.30. Cf. G. F. Warner, J. P. Gilson, Catalogue of western manus-

cripts... II, p. 52 : fol. 232b, «Warnerus de Orston scripsithanc literam» et fol. 231b, voir cette note du XVe s. :«Francis Dingley his booke».

Erfurt, Wissenschaftliche Allgemeinbibliothek, Amplon.

4o 182, mi-XIIIe s., origine italienne15 : fols. 170rv;

200v, 201v, 269-270v, Maurus, De symptomatibus

urinarum. Inc. : «Notandum in principio quod urine in

principio egritudinis....»16. Expl. «in muliere fluxum

menstruorum aliquotiens apparet»17. Fols. 285-289 :

Maurus, De urinis. Inc. : «De urinarum scientia tracta-

turi earum notitiam...»18

Erfurt, Wissenschaftliche Allgemeinbibliothek, Amplon.

4o 207, XIVe s., Europe du Sud : fols. 75v-91, Mauri

magistri tractatus De urinis, Inc. : «Quoniam de

urinarum scientia dicturi sumus, primo videndum».

Expl. «si mediam medietas, si vero totum, non minuetur.

Expl. Regule mag. Mauri»19. «Explicit liber urinarum

Ysahac», biffé20.

Firenze, Biblioteca Laurenziana, Gaddi 201, XIIIe s.,

Italie : fol. 6-28, Maurus, Regulae urinarum. Inc.

«Quoniam de urinarum scientia tractaturi sumus,

videndum est primo...»21. Expl. «patienti sic est subve-

niendum, ut laboranti vitio splenis».

Firenze, Biblioteca Laurenziana, Plut. 73, 33, XIIIe s. :

fol. 1-16v, Tractatus de urinis. Inc. : «Quoniam de

urinarum scientia tractaturi sumus, ideo videndum est,

quid sit orina». Expl. : «Mulieres etiam Salernitanae

implent ollam ex succo plantaginis et ipsum decoquunt

usque ad medium, et ex eo dant in potu». Fols.

59-76v, Maurus, Liber de febribus. Inc. : «De signis,

causis et curis aegritudinum particulariter tractaturi...».

Expl. : «fiat ad modum unguenti, quo ungatur spina

dorsi» (mutilo)22. Fols. 77-80, Maurus, De Flebo-

tomia. Inc. : «Presentis negocii propositum est breviter

pertractare»23. Expl. : «in ipso vase quasi creta repe-

ritur» (mutilo).

Innsbruck, Universitäts – und Landesbibliothek Tirol,

Cod. 489, Allemagne du Sud ou Tyrol, fin XIIIe s. :

fols. 39v-54r, Maurus Salernitanus, Regulae

urinarum. Inc. : «Quoniam de urinarum scientia tracta-

turi sumus, videndum est, quid sit urina et qualiter gene-

retur et quot sint urinarum colores, quot earundem»24.

Klagenfurt, Universitätsbibliothek, Cart.-Hs. 167, XVe s. :

fols. 93b-123b, Anon., Urina (maxime secundum

Isaac). Inc. : «Quoniam de urinarum scientia tractaturi

sumus»25.

Leipzig, Universitätsbibliothek, 1148, XIVe s. : fols. 159r-

163v26.

London, British Library, Additional 16385, XIIIe s. : fols.

121v-129, Ferrarius (?), Regule urinarie, Inc. : «De

urinis tractaturi videamus quid sit urina...»27.

London, British Library, Additional 22636, XIIIe-XIVe s. :

5o / f. 61-78, Tractatus de morbis judicandis per urinas,

mutilus in initio; 6o / f. 79, Tractatus de pulsibus; 7o /

Tractatulus de urinis, f. 85 b; 8o / f. 88, «Liber Anti-

dotarium. M[agister] Maurus».

London, British Library, Royal mss, 12.B.XXV, XVe s. :

fols 9-16, Incipiunt «vrine m. Mauri abreuiate», Inc.

«Urina pall. vel subpal. ka. glauc»28.

London, British Library, Royal, 12.D.XIII, XIVe s. :

Maurus ou Platearius Junior, De urinis. Inc. : «De

urinarum scientiam tractaturi earumdem scientiam sub

compendio dicamus»29.

London, British Library, Royal, 12.E.VIII, XIIIe s., origine

anglaise?30 : fols. 221v-231v, Anon., De urinis, Inc. :

La fortune du De Vrinis de Maurus de Salerne et ses volgarizzamenti inédits276 Laurence

31. Cf. G. F. Warner et J. P. Gilson, Catalogue of western manus-cripts... cit., p. 52 : «not the work of like initium printed byde Renzi, III, p. 5».

32. TK, col. 1271.33. TK, col. 1066.34. TK, col. 394. Voir aussi M. Nicoud, Les régimes de santé au

Moyen Age... cit., p. 848, qui l’attribue à Platearius.35. Anonyme selon TK, col. 1609, et selon M. Nicoud, qui y voit

un De humoribus et de signis mortis (Les régimes de santé auMoyen Âge... cit., p. 850).

36. P. O. Kristeller, Iter italicum... cit., IV, Alia itinera II, GreatBritain to Spain, p. 220a.

37. Cf. TK, col. 1277.38. Cf. M. Wierschin, Handschriften der Ratbücherei Lüneburg, I,

Miscellanea und Historica, Wiesbaden, 1969, p. 85-87.39. P. O. Kristeller, Iter italicum... cit., IV, Alia itinera II, p. 523b.

Voir Inventario de manuscritos de la Biblioteca Nacional de

Madrid, 5, Madrid, 1959, p. 341-342.40. TK, col. 1271, et Catalogue général des manuscrits des biblio-

thèques publiques des départements, tome Ier, Paris, 1849,p. 467.

41. Texte identifié comme Maurus, De urinis, dans TK, col. 1271.42. P. O. Kristeller, Iter italicum... cit., I, p. 434.43. I. Neske, Die Handschriften der StadtBibliothek Nürnberg, Bd.

IV, Die lateinischen mittelalterlichen Handschriften, Varia, Wies-baden, 1997, p. 162-163.

44. I. Neske, ibidem, p. 182, qui note à propos du De urinis :«Text gegenüber Renzi leicht gekürzt, am Ende Zuordnungder Temperamente und der Farben des Urins». Cf. TK,col. 1271. Les fols. 1-53 datent des XIIIe et XIVe s. : les fols.54-83 des XIVe et XVe s.; les fols. 84-105 du XVe s.

45. TK, col. 394.46. TK, col. 291.

«Quoniam de urinarum tractaturi sumus scientia, que

earum sit notitia...». Expl. : «sedimentum non est

secundum naturam»31.

London, British Library, Sloane 342, XIIIe s. : fols.

136r-139v, Maurus, De urinis. Inc. : «Quoniam de

urinarum scientia tractaturi sumus»32; fols. 139v-145r,

Maurus, De febribus compositis. Inc. : «Post tractatum

febrium simplicium...»33.

London, British Library, Sloane 420, XIVe s., origine

anglaise : fols. 59r-68r, Maurus ou Platearius Junior,

Summa de urinis. Inc. : «De urinarum scientia tractaturi

earum notitiam...»34.

London, British Library, Sloane 568, fin XIVe s. : fols.

215va-217rb, Urinae abbreviatae... Inc. : «Urina

pallida vel subpallida...»35

London, Library of the Wellcome Institute, 535, début

XIVe s., origine italienne probable : Maurus, Regulae

urinarum (abrégé), fols. 52-58v, Inc. «Incipiunt regole

mauri de urina // Quoniam de urinarum scientia tracta-

turi sumus». Expl. : «sed totum exibitum nil valet ut/ipse

testatur»; Maurus, Anatomia (incomplète)36, fols.

58v-59, Inc. «Quoniam humani corporis noticia ex

parcium cognitione consurgat». Expl. «et digeritur et

dealbescit donec videtur in carne testi/culorum»37.

London, Library of the Wellcome Institute, 561, XIVe s. :

Maurus, Regulae de urina, fols. 1-8, Inc. «Incipiunt

Regulae Urinales Magistri Mauri. Quoniam de urinarum

scientia». Expl. «Expliciunt regule urinarum magistri

Mauri de alba».

Lüneburg, Ratbücherei, ms. Misc. D 4o 53, début XIIIe s.,

Basse-Allemagne : fols. 59v-68r, Tractatus magistrj

maurj de urinis. Inc. : «Quoniam de urinarum scientia

tractaturi sumus». Expl. : « . . . habeamus insigniter

lesionem»38.

Madrid, Biblioteca Nacional, no 1921 (olim L 14), fin

XIIIe-début XIVe s. : fols. 170-180v, Urine Mauri (Inc.

«Quoniam de urinarum scientia tractaturi sumus». Expl.

«et egritudinem longam et discritam, Amen»)39.

Montpellier, Bibliothèque de l’École de médecine, 472,

XIVe s. : 3o / fols 83-99, Regulae urinarum Mauri

Salernitani. Inc. : «Quoniam de urinarum scientia

tractaturi sumus»40.

München, Bayerische Staatsbibliothek, lat. monacensis

13124, XIVe s. : fols. 195, Compendium de urinis et

aegritudinibus per eas significatis secundum Maurum et

Rogerum41.

Napoli, Biblioteca Nazionale, XV F 91, XVe siècle (pas de

foliotation) : Regulae urinarum magistri Mauri (Saler-

nitani). Inc. : «Quoniam de urinarum sciencia tractaturi

sumus...»42.

Nürnberg, Stadtbibliothek, Cent. VI, 9, XIIIe s., origine

inconnue : fols. 58r-64r, Maurus Salernitanus, De

urinis (Inc. «Quoniam de urinarum sciencia tractaturi

sumus...». Expl. «Dixi ergo eam masculum concepisse et

ita fuit»)43.

Nürnberg, Stadtbibliothek, Cent. VI, 49, XIIIe, XIVe et

XVe s., origine non précisée : 54ra-75ra, Maurus, De

urinis (Inc. «Quoniam de urinarum sciencia tractaturi

sumus...». Expl. «Si est durus et cogitator et mestus id est

melancolicus»)44.

Oxford, Bodleian Library, Digby 79, début XIIIe s., Italie :

fols. 18r-26r, Maurus ou Platearius Junior, De urinis.

Inc. : «De urinarum scientia tractaturi earum noti-

tiam. . .». Expl. : «resolutiones crinoides : albe

membrorum signant resolutionem... si in sene bona sic de

singulis intelligenda»45. Fol. 26v-34 : Regulae

urinarum, Inc. «Cum de urinis agere debe<a>mus

videndum est...»46. Fols. 31r : «a nobis et a magistris

nostris maxime a johanne plateario sum exsecutus».

Oxford, Magdalen College, lat. 173, début XIVe s., Angle-

277

47. Ce n’est pas là l’incipit du De Flebotomia de Maurus; voirR. Buerschaper, Ein bisher unbekannntes Aderlasstraktat... cit.

48. Cité dans Regulae urinarum magistri Mauri, éd. S. De Renzi,p. 2, note 1. Voir à ce sujet E. Pellegrin, La bibliothèque desVisconti et des Sforza, cit., p. 256.

49. Voir S. de Renzi, Storia documentata della scuola medica diSalerno, 2a edizione, Naples, 1857, p. 333; TK, col. 1271.

50. Le ms. contient aussi fol. 67vb, une Summa urinarumcommençant ainsi : Sciendum est quod urina duarum verumproprie est significativa et attribuée ici à Johannes Salernitanus(cf. fol. 68v : Hoc de tractatu Johannis Salernitani phisici melan-colici dicta suficiant) alors qu’on a vu plus haut qu’AlbertKadner attribuait ce texte à Maurus.

51. TK, col. 394.52. P. O. Kristeller, Iter italicum... cit., II, p. 128.53. Quem tractatus ego Iohannes de Mediolano emi a magistro Christo-

foro Georgij de Florencia et composui in 2o anno mee lectureBononie mcccXLIII die XXI Iulij.

54. P. O. Kristeller, Iter italicum... cit., IV, Alia itinera II, p. 618b.Complété par J. F. Saez Guillen et P. Jimenez de CisnerosVencela, Catalogo de manuscritos de la Biblioteca Colombina deSevilla, Séville, 2002, p. 273-277.

55. P. O. Kristeller, Iter italicum... cit., IV, p. 645a.56. TK, col. 1271.57. TK, col. 1271. Voir Tabula codicum manu scriptorum praeter

graecos et orientales in Bibliotheca Palatina Vindobonensi asserva-torum, vol. II, cod. 2001-3500, cit., p. 89.

58. Le catalogue relève que folia inter tegumenta et folia numeratacontinent fragmenta libri censuum monasterii seu parochiaeitalicae.

59. TK, col. 1271. Voir Tabula codicum manu scriptorum praetergraecos et orientales in Bibliotheca Palatina Vindobonensi asserva-torum, vol. IV, cod. 5001-6500, cit., p. 92.

60. TK, col. 1271.61. P. O. Kristeller, Iter italicum... cit., VI, p. 441a; TK, col. 1272.

terre : 4o. Maurus, De urinis. Inc. : «De urinarum

scientia tractantes videamus quid sit urina».

Oxford, New College, 171, XIIIe s. (première moitié),

Italie ou Sud de la France : 7o / Maurus, De phlebo-

tomia. Inc. : «Flebotomia cerebrum temperat et ideo

memoriam prebet et mentem sincerat»47; 10o anonym.,

De urinis. Inc. : «In tractatu, primo videndum quid sit

urina».

Paris, BnF, lat. 6963, XIIIe s., Italie : fols. 1a-13vb, De

urinis : «Incipiunt urine magistri Mauri»; Inc. :

«Quoniam de urinarum scientia sumus tractaturi

videndum est quod sit urina...». Expl. « ... ut in vitio

splenis»; fol. 13vb, Pillule magistri Mauri probate.

«Explicit liber urinarum et pill. Magistri Mauri»48.

Paris, BnF, lat. 6964, XIVe s. : fols 130r-134v, Vrine Mauri.

Inc. : «Quoniam de urinarum scientia tractaturi

sumus»49.

Paris, BnF, lat. 6988, XIVe s. : fols. 106b-106vb, Maurus,

Flores urinarum (De urinis [extracta]). Inc. :

«Quoniam de urinarum sciencia sumus tractaturi que

earum sit notitia subtili consideratione...». Expl. «urina

pregnantis que quatuor menses habet serena et vim cole-

ricam habet et ypostasis est alba et inferius est grossa.

Expliciunt flores urinarum».

Paris, BnF, lat. 7118, XIIe-XIIIe s., Italie : fols. 17a-24a,

Maurus, Regule urinarum. Inc. : «De urinis tractaturi

videamus quid sit urina et quot in ejus collectione et

inspectione attendantur et quot modis alteretur et que

utilitas ex eis comparetur...». Expl. : «Omnis urina

subcitrina usque ad rubram in substantia te (?) longo

tempore precedente erraticam vel quartanam significat»50.

Paris, BnF, lat. 10237, XIIIe s. : fols. 67b-83va, Regule

magistri Mauri de urinis. Inc. : «Quibus (!) de

urinarum scientia tractaturi sumus...». Expl. «Que fit

cum vomitu et inflatione. Cura. Patienti sic est subve-

niendum ut laboranti vicio seplenis. Expliciunt regule

Mauri de urinis».

Roma, Biblioteca Angelica, 1339, fin XIIIe s. : fols. 47-49,

Maurus ou Platearius Junior, De urinis. Inc. : «De

urinarum scientia tractaturi earum notitiam...»51.

Roma, Biblioteca Vallicelliana, B 61 (misc. variae aetatis) :

Regulae magistri Mauri, fols. 91r-118v (mutil.). Inc.

«Quoniam de urinarum scientia tractaturi sumus...».

Expl. : «unius apparet citrina vel subcitrina si fuerit

humor calidus»52.

Sevilla, Biblioteca capitular y colombina, 5-5-21, XIVe s.,

origine italienne (Florence et Bologne, f. 198v53) :

fols. 168-182, Incipiunt Regulae [urinarum] magistri

Mauri (Inc. «Quoniam de urinarum sumus scientia trac-

taturi»)54.

Toledo, Archivo y Biblioteca capitolares, cod. 98,3,

XIVe s. : fols. 118-124, Regulae Mauri de urinis55.

Wien, Österreichische Nationalbibliothek, 2519, XIVe s. :

fols. 1v-54v, Regule Magni Mauri. Inc. «Quoniam de

urinarum scientia tracturi sumus videndum est56». Expl.

«Fiat syrus (sic) quo paciens utatur cum aqua decoctionis

anisi»57.

Wien, Österreichische Nationalbibliothek, 2523, milieu

du XIIIe s., Italie?58 : fols. 1r-15v, Tractatus de urinis.

Inc. : «Quoniam de urinarum scientia tractaturi...».

Expl. «Mox evellit. Probatum est»59.

Wien, Österreichische Nationalbibliothek, 5300, XVe s. :

fols. 71v-103r, Maurus Magnus, De urinarum scientia.

Inc. : «Quoniam de urinarum scientia dicturi sumus»60.

Wiener Neustadt, Stiftsbibliothek Neukloster, B.3.Pg,

XVe s. : fols. 47-55, Maurus, De urinis? («Incipit prac-

tici [sic] magistri Mauri»). Inc. : «Quoniam denique

scientiam tractaturi sumus»61.

La fortune du De Vrinis de Maurus de Salerne et ses volgarizzamenti inédits278 Laurence

62. TK, col. 1609.63. TK, col. 394.

Wolfenbüttel, Herzog August Landesbibliothek, 3101,

XIVe s. : fols. 126-128, Maurus, Vrinae abbreviatae...

Inc. : «Urina pallida vel subpallida...»62.

Wroclaw, Bibl. Uniwersytecka, M 1302, fin XIIe s. (1160-

1170), France du Nord : fols. 156r-174v, Maurus, De

urinis. Inc. : «De urinis tractaturi quid sit urina, quot

modis consideretur, quot in eius collectione et inspectione

attendantur...»63.