JUSTIN MARTYR, Dialogue avec Tryphon (Dialogue with Trypho), éd. critique : vol. I, Introduction,...

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à Zarie

REMERCIEMENTS

Cet ouvrage est la version définitive d’une thèse de doctorat en languesanciennes soutenue à l’Université de Caen, le 17 décembre 1999. Sapublication aurait été impossible sans le concours de tous ceux qui, dèsl’origine, m’ont accompagné, conseillé et soutenu dans cette entreprise.

C’est au Professeur Jean-Marie Mathieu que revient l’initiative de cetteédition : lorsque je lui soumis, il y a plus de dix ans, mon projet d’une étudeen relation avec la controverse judéo-chrétienne, il me signala l’existence duDialogue de Justin, important par la taille et le contenu, souvent édité, maisjamais de façon critique. Le Professeur Jean-Marie Mathieu a depuis lorsdirigé mes travaux avec une exigence et une disponibilité pour lesquelles j’aiplaisir à lui exprimer ici ma reconnaissance.

Dans la perspective de recherches sur les controverses religieuses, et plusparticulièrement sur celle qui oppose christianisme et judaïsme, une éditiondu Dialogue occupait tout naturellement la première place : le Dialogue de Jasonet Papiscus – dont Justin s’est peut-être inspiré – étant aujourd’hui perdu, leDialogue avec Tryphon demeure le plus ancien écrit de ce type qui nous soitparvenu. Par le contexte historique qui l’a vu naître, les sujets qui y sontabordés et les questions qu’il pose, ce texte offre une source commune –directe ou indirecte – à tous les écrits de même nature, et un premier cadrepour leur interprétation : même si la dimension diachronique et lesparticularités propres à chaque tradition ne doivent jamais être négligées – icicomme ailleurs –, la littérature de controverse semble bien constituer ungenre à part, avec sa propre cohérence littéraire et historique. Pour desraisons complexes qui sont autant d’éléments d’analyse, cette littérature n’apas reçu l’attention qu’elle mérite.

Outre l’enrichissement méthodologique et culturel qu’elle a occasionné,cette recherche fut vécue comme une expérience intellectuelle dont leprincipal enseignement demeure décisif : plutôt déconcertante lors d’un

premier contact, la pensée qui s’exprime dans le Dialogue se révèleextrêmement rigoureuse, souvent originale, parfois même séduisante, si l’onse rend accessible à son cheminement propre en s’affranchissant, pour mieuxen adopter le cours, de tout préjugé. Fragile équilibre entre empathie etdistance critique.

Le Dialogue avec Tryphon étant une œuvre complexe, le conseil de tous ceuxque j’ai sollicités ou qui m’ont spontanément prêté leur concours fut aussiprécieux qu’indispensable. J’exprime ici ma profonde gratitude aux membresdu jury de thèse qui m’ont tous suggéré, oralement et par écrit, selonl’éclairage de leurs spécialités respectives, les corrections qu’appelait cetravail : Monique Alexandre, Professeur à l’Université de Paris-Sorbonne,Paris IV (Présidente du Jury) ; Mireille Hadas-Lebel, Professeur à l’Universitéde Paris-Sorbonne, Paris IV ; Jean-Marie Mathieu, Professeur à l’Universitéde Caen (Directeur de thèse) ; Bernard Pouderon, Professeur à l’Universitéde Tours ; Jean Schneider, Professeur à l’Université de Caen.

Plusieurs études, qui complètent cette édition, ont été adressées à desrevues scientifiques (voir l’Index bibliographique). La teneur de ces travaux apu être perfectionnée grâce à ceux qui en ont effectué la lecture critique. Jeremercie ces derniers pour leurs remarques et leurs suggestions qui furenttoujours vivement appréciées.

Je dois au regretté Charles Touati, puis à Jean-Christophe Attias,Directeurs d’études à l’École Pratique des Hautes Études, l’initiation à uneapproche scientifique des écrits rabbiniques sans laquelle les références àcette littérature que comporte le Dialogue n’auraient pu être prises en compte.Qu’ils soient remerciés pour leur enseignement.

La bibliographie utilisée pour cette édition n’aurait pu être réunie sans leconcours de madame Chantal Bouchoux, responsable du prêt-inter àl’Université de Caen, qui s’est toujours efforcée avec efficacité, avecopiniâtreté parfois, de me procurer les articles et les ouvrages nécessaires àcette étude. Le travail d’édition proprement dit – en particulier la vérificationdes indices – a été grandement favorisé par les admirables ressources de labibliothèque de l’École Normale Supérieure, de la Bibliothèque byzantine, etde l’Institut d’Études Sémitiques du Collège de France, ainsi que par l’accueilde leurs responsables.

Membre de l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes depuisdécembre 2000, j’ai trouvé dans ce nouveau cadre professionnel un

environnement particulièrement favorable à l’achèvement d’un tel travail : larichesse de la bibliothèque, la compétence et la disponibilité de sesresponsables, l’érudition de mes collègues – souvent sollicités – et leuraffabilité ont constitué une aide précieuse dans cette phase de rédaction et demise en forme définitives. Que soient tout particulièrement remerciés pourleurs encouragements et leurs conseils bienveillants monsieur JacquesDalarun, Directeur de l’I. R. H. T., monsieur Paul Géhin, responsable de laSection grecque, et madame Colette Sirat, responsable de la Sectionhébraïque à laquelle j’appartiens désormais.

Le Professeur Charles Munier, de l’Université de Strasbourg, arecommandé cette édition du Dialogue pour une publication aux Éditionsuniversitaires de Fribourg. Je lui suis reconnaissant de cette initiative, et de lacordialité manifestée à l’occasion de nos fréquents échanges épistolaires surl’œuvre de Justin.

Le Professeur Otto Wermelinger, qui a accepté d’éditer ce travail, en suitl’achèvement depuis plus de deux ans. Je lui exprime ici ma profondegratitude pour son amitié bienveillante et sa lecture scrupuleuse des dernièresépreuves. Cette lecture fut effectuée en collaboration avec Jean-MichelRoessli, que je remercie également. Les opérations de mise en forme n’ont puêtre réalisées que grâce aux conseils toujours précis de monsieur CorradoLuvisotto.

Ce travail aurait-il été achevé – aurait-il même été entrepris ? – sans lesoutien de celle qui en a accompagné chaque étape, et à qui le livre est dédié ?

Paris, le 4 juin 2003

SOMMAIRE GENERAL

Volume I

INTRODUCTION....................................................................1-182

TEXTE ET TRADUCTION................................................ 183-564

Volume II

NOTES DE LA TRADUCTION ......................................... 567-918

APPENDICES .................................................................. 919-1016

INDICES ........................................................................ 1017-1124

VOLUME I(Sommaire)

Justin et son oeuvre.............................................................................................. 1-6

Manuscrits, éditions et traductions du Dialogue.............................................. 7-16

Plan .....................................................................................................................17-48(Liste des intertitres ...............................................................................................42-48)

Lacune ................................................................................................................49-72

Judaïsme(s).......................................................................................................73-108(Bibliographie........................................................................................................73-104)(Liste des données............................................................................................. 105-108)

Exégèse ..........................................................................................................109-128(Bibliographie..................................................................................................... 127-128)

Destinataires ..................................................................................................129-166

Principes de l’édition....................................................................................167-173

Problèmes textuels et difficultés de traduction........................................174-176

Sigles et abréviations utilisés dans l’apparat critique ...............................177-178

Ouvrages cités dans l’apparat critique .......................................................179-180

Signes diacritiques................................................................................................ 181

TEXTE ET TRADUCTION.............................................................................183-564

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INTRODUCTION : JUSTIN ET SON ŒUVRE

Silences d'une tradition

Bien qu'il soit, parmi les Apologistes du IIe siècle1 , « celui dont nousconnaissons le mieux la vie et les œuvres »2 , Justin demeure un personnageassez mystérieux, et aujourd'hui encore, ses écrits suscitent la controverse.

Les informations dont nous disposons sur sa biographie sont autant dequestions non résolues3 : fils de Priscus, petit-fils de Baccheius, il est né àFlavia Neapolis (antique Sichem), colonie de Syrie-Palestine fondée en 72 parVespasien4 . Mais à quelle date5 ? Toute sa famille était-elle d'originepaïenne ? Que signifient exactement les expressions ajpo; tou' gevnou" tou'ejmou', levgw de; tw'n Samarevwn6 et ejn tw'/ ejmw'/ e[qnei7 que l'Apologiste utilisepour se présenter ? Font-elles référence au lieu de sa naissance, ou aussi à sesorigines ? Il n'était pas circoncis8 , et ignorait vraisemblablement

1 Quadratus, Aristide, Ariston de Pella, Miltiade, Apollinaire d'Hiérapolis, Tatien Athénagore,Théophile d'Antioche, Méliton de Sarde, (Épître à Diognète, Hermias). Sur l’ensemble de cesauteurs et des travaux qui leur ont été consacrés, voir A. WARTELLE, Bibliographie de Saint Justinet des Apologistes grecs (1494-1994), Éditions F. Lanore, Paris 2001.2 G. BARDY, art. « Justin », DThC VIII, col. 2228.3 L'essentiel de ces informations, invariablement répétées, provient des écrits de Justin(Dialogue, Apologie), et des Actes de son martyre, texte dont il existe plusieurs recensions(références bibliographiques pour les problèmes critiques le concernant in : U. NEYMEHR, Diechristlichen Lehrer im zweiten Jahrhundert : Ihre Lehrtätigen, ihr Selbstverständnis und ihre Geschichte,Leyde, E. J. Brill, 1989, n. 97, p. 21). Sur la biographie de Justin, voir en dernier lieuB. BAGATTI, « San Giustino nella sua patria », Augustinianum 19 (1979), p. 319-331 etA. G. HAMMAN, « Essai de chronologie de la vie et des œuvres de Justin », Augustinianum 35(1995), p. 231-239.4 I Apol. 1, 1.5 L'entretien avec Tryphon mentionne à deux reprises une récente guerre de Judée, qui est,selon toute vraisemblance, celle de Bar Kokhba (132-135) : Dial. 1, 3 (to;n nu'n genovmenon

povlemon) ; 9, 3 (tou' kata; th;n jIoudaivan genomevnou polevmou). Justin ayant alors déjà unecertaine expérience (cf. Dial 1 s.), on peut penser qu'il était né dans les dernières années dupremier siècle, ou les premières du deuxième siècle.6 Dial. 120, 6.7 II Apol. 15, 1.8 Dial. 28, 2 ; cf. 29, 1.3 ; 92, 4.

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INTRODUCTION : JUSTIN ET SON ŒUVRE

l'hébreu9 ; sa connaissance du judaïsme post-biblique est discutable, mais ilest incontestablement informé de certaines exégèses rabbiniques, et saméthode rappelle singulièrement, parfois, celle de ses adversaires…10

D'après le chapitre II du Dialogue, il aurait fréquenté successivement plusieursécoles philosophiques. Mais quelle est, dans ce récit, la part de convention, etdans quelle mesure Justin était-il familier de la culture grecque11 ? Saconversion a peut-être coïncidé avec la guerre de Judée (132-135), et il estfort possible qu'elle ait été favorisée alors par l'attitude courageuse dechrétiens persécutés12 , mais on n'en connaît pas non plus la date ; elle estsituée « en un lieu peu éloigné de la mer »13 : s'agit-il des environs deCésarée ? d'Éphèse ? ou d'une autre cité ? Qui est ce Vieillard qui la lui ainspirée14 ? Où le baptême eut-il lieu ?

Une fois converti, Justin continua de porter le manteau de philosophe15 :quelle signification accorder à ce détail pour les rapports entre christianismeet philosophie dans son œuvre ? Il ne fut sans doute pas prêtre16 : fut-ilmarié17 ? On sait qu'il effectua plusieurs voyages entre Rome et laPalestine18 : on en ignore toutefois les dates précises19 , et les motivations. Il

9 Dans le Dialogue, Justin s'appuie toujours sur le texte grec des Écritures, et certaines de sesétymologies sont discutables (cf. Dial. 103, 5* : Satanas ; 125, 3* : Israël). Mais ces observationsne signifient pas nécessairement qu'il ignorait tout de la langue hébraïque.10 Cf. ci-dessous, pp. 81-83 (Judaïsme) et 109-128 (Exégèse).11 Sur ces questions, voir les notes des premiers chapitres. L'analyse stylistique du Dialoguemontre que Justin possédait, en dépit de ses protestations (Dial. 29, 2 ; 58, 1) et de certainescritiques, une incontestable maîtrise des outils rhétoriques. Cette question a fait l’objet d’uneétude à paraître aux Recherches augustiniennes (2004).12 Cf. I Apol. 31, 6 ; II Apol. 12, 1.13 Dial. 3, 1.14 Cf. Dial. 3, 1* s.15 Cf. Dial. 1, 2 ; 9, 2 ; EUSEBE, Hist. eccl., IV, 11, 8 ; JEROME, De vir. ill., 23.16 Malgré une conjecture de TILLEMONT, Mémoires, t. II, p. 355 s.17 Cf. Dial. 110, 3 : « Et nous cultivons la piété, la justice, l’amour de nos semblables, la foi,l'espérance qui vient du Père lui-même par le crucifié, chacun étant assis dessous sa propre vigne,je veux dire jouissant de son unique et légitime femme ».18 Cf. Act. mart., 3, 3 : « C'est la seconde fois que je m'installe à Rome ». Les derniers instantsdu Dialogue (142, 1-3) évoquent peut être l'un de ces voyages.19 A. G. HAMMAN propose la chronologie suivante : premier séjour à Rome (vers 132 / 140-150) ; retour en Samarie (151-155) ; second séjour à Rome (155 ou 156 à 165 ou 166). Le

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INTRODUCTION : JUSTIN ET SON ŒUVRE

se présente lui-même comme investi d’une mission, et il semble avoir acquisune grande expérience des débats20 : mais avec qui ? rabbins ? juifs de languegrecque et peu versés dans leur tradition ? gnostiques ? païens ? judéo-chrétiens ? Ses dernières années furent consacrées à l'enseignement de ladoctrine chrétienne, dans une école fondée à Rome21 : quelles en étaient lesméthodes22 ? On sait qu'il mourut martyr de sa foi, dénoncé par Crescens,philosophe cynique qui enviait sa notoriété23 . Mais les dates du procès et dumartyre restent encore mal déterminées24 .

premier voyage à Rome peut s'expliquer par l'attirance que la capitale de l'empire exerçait surtoutes ses populations ; mais il n'est pas prouvé que le retour en Samarie ait été motivé par leprojet d'une confrontation entre christianisme et judaïsme devant aboutir à la rédaction duDialogue (art. cit., p. 235). La situation du Dialogue à Éphèse, d'après EUSEBE, Hist eccl., IV, 18, 6(Kai; diavlogon de; pro;" jIoudaivou" sunevtaxen, o}n ejpi; th'" jEfesivwn povlew" pro;" Truvfwna tw'n

tovte JEbraivwn ejpisthmovtaton pepoivhtai), n'a jamais été formellement démontrée. On aencore pensé à Corinthe, Naplouse, ou Césarée. Sur cette question, voir G. ARCHAMBAULT,Justin. Dialogue avec Tryphon, Introduction, p. LXVIII-LXIX ; N. HYLDAHL, Philosophie undChristentum. Eine Interpretation der Einleitung zum Dialog Justins [Acta Theologica Danica, 9],Copenhague-Munksgaard 1966, pp. 91-92 ; 97-98 ; R. S. MACLENNAN, « Justin, an ApologeticEssay : the Dialogue with Trypho a Jew (c. 160 C.E) », in : Four Early Christian Texts on Jews andJudaism… Essays in Honor of Marvin Fox, éd. J. Neusner, Atlanta 1989, chap. II, p. 49-88 (enparticulier les p. 54-84 : « Cities as Text »).20 Cf. Dial. 38, 2 ; 50, 1 ; 58, 1 ; 64, 2 ; 65, 2 ; 68, 9 ; 82, 3 ; 125, 1. EUSEBE, Hist. eccl., IV, 11, 8.21 Cf. Act. mart., 2, 3. D'après le même texte (3, 3), il aurait fixé son séjour « près des Thermesde Timiotinos ». Mais ce passage est corrompu.22 La longue exégèse du Ps. 23 (Dial. 97, 3-106, 2) conserve peut-être une trace de cetenseignement. Le tour très didactique qu'il prend alors rappelle la présentation des prophétiesmessianiques que l'on trouve dans l'Apologie (chap. 32 s.). Mais ailleurs dans le Dialogue, Justinse montre très elliptique, et adopte parfois un cheminement qui rappelle celui de Socrate (68, 3s.). On peut donc supposer que son activité prédicatrice prenait des formes diverses enfonction des publics auxquels il s'adressait.23 Cf. II Apol. 3, 1-2 ; EUSEBE, Hist. eccl., IV, 16, 7 ; TATIEN, Or. ad Graec., 19.24 On sait toutefois, d'après les Actes du martyre (2, 1 s.), qu'ils eurent lieu alors que JuniusRusticus était préfet de Rome (163-167), sous le règne de Marc-Aurèle. La Chronique pascale(PG XCII, 629) donne la date de 165 après Jésus-Christ. Depuis la réforme liturgique de 1971,l'Église latine célèbre la fête de saint Justin le 1er juin (et non plus le 14 avril), comme l'Églisegrecque.

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INTRODUCTION : JUSTIN ET SON ŒUVRE

Personne ne remet plus en cause aujourd'hui l'authenticité du Dialogue avecTryphon25 , mais celle du De resurrectione est discutée26 . Certains écrits sontperdus, d'autres probablement apocryphes27 , ce qui rend malaisées ladatation de ceux qui nous restent et l'interprétation de leur finalité.

Parmi les œuvres reconnues, le Dialogue avec Tryphon n'est pas celle quisuscite le moins d'interrogations : ses sources, ses destinataires, son mode decomposition, et la lacune supposée au chap. 74 sont encore discutés. Pourchacun de ces problèmes, la présente édition offre quelques éléments deréponse, mais le champ des recherches demeure étendu.

L'intérêt porté à l'œuvre de Justin, et à sa personne, procède en grandepartie de ces incertitudes. A travers elles, un ensemble de questionsessentielles pour la connaissance de l'histoire ancienne, mais aussi toujoursactuelles, demeurent posées : quels rapports le christianisme naissant

25 ARCHAMBAULT, op. cit., p. 82, donne quelques références anciennes. Voir égalementA. Luckyn WILLIAMS, Justin Martyr. The Dialogue with Trypho. Translation, Introduction and Notes[Translations of Christian Literature, series I, Greek Texts], Londres 1930, Introduction,p. XI-XIII, et la note mise ici en Dial. 78, 10*.26 Voir en dernier lieu A WARTELLE, « Saint Justin : De la résurrection », Bulletin de l'AssociationGuillaume Budé, 1993/1, p. 66-82 (traduction française, commentaires) ; texte grec et traductionlatine : PG VI (1857), 1571-1592 ; Alberto D’ANNA, Pseudo-Giustino Sulla resurrezione. Discorsocristiano del II secolo, Brescia, Editrice Morcelliana, 2001 (édition critique des fragments suivied’une étude d’ensemble sur le texte et son auteur) ; M. HEIMGARTNER, PseudoJustin – Über dieAuferstehung (Text und Studie) [Patristische Texte und Studien, 54], Berlin – New York, Walterde Gruyter, 2001 (texte, traduction, commentaire). Si l’authenticité du De resurrectione n’est pasmise en doute par A. WARTELLE (art. cit., p. 70), elle est en revanche contestée par MartinHeimgartner et Alberto d’Anna qui attribuent respectivement ce texte à Athénagore ou à undisciple de Justin. L’étude stylistique annoncée ci-dessus (note 11) conforte la thèse de ceuxqui récusent l’attribution de ce texte à Justin. Sur l'authenticité du De resurrectione, voir encoreB. POUDERON, « Le contexte polémique du De Resurrectione attribué à Justin : destinataires etadversaires », StudPatr 31 (1997), p. 143-166 (bibliographie). L'Apologie a fait l’objet deplusieurs éditions récentes : A. WARTELLE, Saint Justin, Apologies. Introduction, texte critique,traduction, commentaire et index [Études Augustiniennes], Paris 1987 ; Ch. MUNIER, Saint Justin.Apologie pour les chrétiens, Édition et traduction [Paradosis XXXIX], Fribourg 1995 ; M.MARKOVICH, Apologiae pro Christianis Iustini Martyris [Patristische texte und Studien, 38], Berlin-New York 1994.27 Liste et description sommaire de ces écrits in : A. WARTELLE, op. cit., p. 24-28.

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INTRODUCTION : JUSTIN ET SON ŒUVRE

entretenait-il avec ses origines28 et son environnement ? Quelle partaccordait-il dans la Révélation aux formes rationnelles de la pensée ?Comment son avenir était-il envisagé ? Plus encore que l'Apologie, ou le Deresurrectione, le Dialogue pose de telles questions : la variété des sujetsabordés29 , et l'éventail des publics potentiellement concernés30 font de cetteœuvre unique (et de son auteur) le foyer où s'affrontent et se rencontrentparfois tous les courants de pensée contemporains. Sa forme particulière estsans doute à l'image de ce foisonnement.

En dépit de son importance, le Dialogue avec Tryphon demeure une œuvremal connue. Certaines ambiguïtés (tendances subordinatianistes, croyance auMillénaire) expliquent peut-être, à date ancienne, cette relative désaffection31 .Plus récemment, les lecteurs ont été maintes fois découragés par sonapparence volumineuse et peu structurée. Une tradition habituée à d'autrescanons n'y reconnaissait pas la marque de l'esprit grec sur la penséechrétienne.

L'intérêt de cette œuvre, et sa modernité, proviennent précisément de cequi, en elle, a pu déconcerter : devenu familier des formes éclatées, le lecteurd'aujourd'hui devrait y retrouver une vision du monde affranchie de l'erreurqui consiste à penser que l'ordre seul fait sens ; la longueur du Dialogueproscrit l'impatience, et ses nombreux « détours » préservent de l'illusion queson message est simple. Il faudrait, pour bien le lire, accepter de s'y perdre.

28 Plusieurs thèmes devenus fondamentaux par la suite dans la controverse entre juifs etchrétiens apparaissent dans le Dialogue pour la première fois : caducité de la Loi, virginité deMarie, Messianité de Jésus, querelle sur le texte scripturaire authentique et sur soninterprétation, substitution ou « verus Israel », etc. Chez Justin comme chez ses successeurs,certains versets (Gen. 49, 10 ; Deut. 21, 23 ; Is. 7, 14 ; Jér. 31, 31, etc.), ou certains textes (Ps. 21,109 et surtout Isaïe), occupent une place essentielle.29 Voir l’Index analytique.30 Voir ci-dessous, p. 129-166.31 La pauvreté de la tradition manuscrite (cf. ci-dessous p. 167), et la rareté des citations tiréesdu Dialogue chez les auteurs anciens en sont le signe. Sur la vie, l'œuvre, et l'activité de Justin,les informations contenues dans la littérature des premiers siècles semblent être, pourl'essentiel, constituées d'une série d'emprunts (analyse des textes in : G. ARCHAMBAULT, op. cit.,p. XXXIII-LXVII).

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INTRODUCTION : JUSTIN ET SON ŒUVRE

Les éditions anciennes, qui n'offrent aucun repère, signifient bien cetteexigence. Faciliter, par différents outils (titres courants, intertitres, indices),l'accès à une telle œuvre, c'est peut-être contribuer à mieux la faire connaître.Mais l'entreprise est équivoque si en rendant le texte disponible pour lelecteur, elle évite au lecteur de l'être pour le texte.

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INTRODUCTION : MANUSCRITS, EDITIONS ET TRADUCTIONS

Manuscrits

A Parisinus gr. 450, a.D. 1363 exaratus, fol. 50r-193r

B Musaei Britannici ... codicis primi apographon (British Library) Ms.Loan 36/13 [olim Claromontanus 82], a.D. 1541 exaratus p. 77-302.

Éditions, Traductions1

ESTIENNE, Robert Imprimeur du Roi, Tou' aJgivou jIoustivnou filosovfou kai;mavrturo" ... Pro;" Truvfwna jIoudai'on diavlogo", Paris, 1551.Dialogue, p. 32-128 (« Locorum qui ... aliter legendi videnturadnotationes », p. 312 s.) (Reproduction, avec quelques corrections, du Ms. A, récemmentacquis à la Bibliothèque Royale de Fontainebleau)

De Maumont, Jan Les œuvres de Justin mises de grec en françois, Paris, ImprimerieMichel de Vascosan, 1554, 1559, (Dialogue, p. 43-139) (Traduction française du texte d'Estienne, très « littéraire »)

PERION, Joachim Beati Iustini philosophi et martyris opera omnia quae adhuc inveniripotuerunt, id est quae ex regia Galliae bibliotheca prodierunt,Ioachino Perionio, Benedicto Cormoeraceno, Paris, JacquesDupuys, 1554, 1574 (Colon. Agripp.), 1581 (Venet.), 1618(Colon.), etc. (Dialogue, p. 1-104) (Première traduction latine, avec commentaires, du texte d'Estienne)

1 Sources principales pour les éditions et les traductions anciennes : MARAN, « Praefatio » inMIGNE, PG VI, col. 9-17 ; OTTO, 1876, « Prolegomena », p. XXXIII-LXIII ; ARCHAMBAULT,« Introduction », p. V-XI ; A. WARTELLE, Bibliographie de Saint Justin…, 2001, passim. Lestravaux dont les auteurs sont indiqués en petites capitales sont ceux qui ont contribué àl'établissement du texte et au progrès de ses commentaires. Il est parfois difficile de distingueréditions et traductions : aussi ont-elles été réunies dans ce classement chronologique.

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INTRODUCTION : MANUSCRITS, EDITIONS ET TRADUCTIONS

Gelenius, Sigismond Divi Justini philosophi ac martyris opera non ita pridem graece editanuper vero latine reddita, interprete Sigismundo Gelenio, Bâle,1555 ; 1565, 1575. (Dialogue, p. 34-144) (Nouvelle traduction latine du texte d'Estienne)

LANGE, Johann Iustini ... Operum quae exstant omnium per Ioannem LangumSilesium a Graeco in Latinum sermonem versorum ... tomiIII. per Ambrosium et Aurelium Frobenios fratres, Bâle,1565, 1575 (Paris), 1593 (Heidelberg = éd. Sylburg), 1615 &1630 (Paris, Morel), 1677 in : Maxima Bibliotheca Patrum,Lyon, t. II, pars. 2. (sans les commentaires), 1686 (Cologne),etc. (Dialogue, pp. 3-26 : préface, et 27-279 : texte) (Nouvelle traduction latine, avec commentaires et indices)

SYLBURG, Friedrich S. Iustini philosophi et martyris, Opera quae undequaque inveniripotuerunt ... Opera Friderici Sylburgii Veter., exTypographeio Hieronymi Commelini, Heidelberg 1593,1615 et 1636 (Paris, Morel). (Dialogue, p. 167-291 ; notes,p. 414-24) (Première édition gréco-latine : réimpression du texte grec deR. Estienne, avec la version de Lange. Retouches, corrections, notescritiques et conjectures, indices)

Morel= Federic Morelle jeune

Sancti Iustini Philosophi Martyris Opera, Paris 1615 ; 16362

(= S. Cramoisy, Tou en agiois patros emon Ioustinou sozomenasancti Ioustini Opera, item Athenagorae, Theophili, Tatiani etHermiae, tractatus aliquot, Paris, C. Morellum et S. Cramoisy).(Dialogue, p. 217-371) (Réédition, pour le Dialogue, de l'édition de Sylburg, texte grec etversion latine de Lange corrigés)

Kortholt, Christian In Iustinum Martyrem ... Commentarius, Cologne 1675, 1686. (Nouvelle réédition de l'édition d'Heidelberg, réputée très fautive)

JEBB, Samuel S. Iustini, Philosophi et Martyris, cum Tryphone Iudaeo Dialogus,Londres 1719, p. 1-404. (La première des deux éditions séparées du Dialogue : texted'Estienne ; traduction latine de Lange, abondamment corrigée, etnotes de Sylburg, pour l'essentiel)

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INTRODUCTION : MANUSCRITS, EDITIONS ET TRADUCTIONS

THIRLBY, Styan Iustini ... Apologiae duae et Dialogus cum Tryphone Iudaeo,Richard Sare, Londres 1722 (Dialogue, p. 136-438) (Texte d'Estienne, avec notes abondantes, nombreuses conjectures etcorrections ; emprunts fréquents, mais pas toujours explicites, auxtravaux des prédécesseurs. Commentaires aux p. 444 s. Versionlatine de Lange)

MARAN,Dom Prudent (Mar.)

S. P. N. Iustini philosophi et martyris opera quae exstant omnia,Paris, Ch. Osmont, 1742, 1747 (Venise). (Dialogue, p. 99-232) (Édition publiée par Dom Maran, moine bénédictin de Saint-Maur.Bien supérieure à toutes les précédentes. Texte de Morel, mais richesannotations, corrections et conjectures souvent pertinentes. Traductionlatine remaniée. Dissertation en tête de l'ouvrage. Première utilisationdu Ms. B, communiqué par les Jésuites du collège de Clermont, etpremière division du texte en chapitres)

Brown, Henry Justin Martyr's Dialogue with Trypho the Jew, Rivington 1755, 2vol. 8°, Cantabrig. 1846. (Dissertation préliminaire, traduction anglaise « littérale et fidèle »2 ,notes, courte analyse)

Galland, André Bibliotheca graeco-latina veterum Patrum antiquorumque Scriptorumecclesiasticorum, Venise 1765 (Dialogue, p. 461-594) (Reproduction, à peine modifiée, de l'édition de Maran)

Prileszky, IohannesBaptista

S. Iustini Phil. et Mart. acta et scripta suo ordine digesta etannotationibus historico-theologicis illustrata, Cassov. 1765 4°(Dialogue, p. 261-458) (Reproduction du texte latin de Maran)

Rössler, ChristianFriedrich

Bibliothek der Kirchen-Väter in Uebersetzungen und Auszügen, t. I.Lips. 1776 8°, p. 101 s. (Extraits de l'Apologie et du Dialogue en traduction allemande)

Oberthuer, Franz Opera Patrum graecorum, Würzburg 1777-79 (Dialogue : vol. II,p. 1-363) (Reproduction de l'édition de Maran, sans les notes)

2 A. WARTELLE, op. cit., p. 135.

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INTRODUCTION : MANUSCRITS, EDITIONS ET TRADUCTIONS

Méthode= R. P. MikhailAlekseevitchSmirnov

Christomathia, ili vibrannija mesta iz svatago muschenika i filosofaJustina = Chrestomathie, ou passages choisis de saint Justin,Philosophe & Martyr, Moscoviae 1783 (Dialogue, chap. 2-8,p. 96-132) (Traduction russe qu'Otto présente comme très défectueuse)

Irinee (Irenaeus)= I. A.Klementievsky

Svatago mutschenika Justina filosofa Rasgovor s. TryfonomJudeaninom, o istinje Christianskago zakona, pisanij k. M. Pompeju,preloschens ellinogretscheskago na rossijskij jasyk, IrineemArchiepiskopom Tverskim i Kaschinskim = Dialogue de SaintJustin, Philosophe & Martyr, avec le juif Tryphon,Sanktpeterburge 1797, Moskow 1836, 1843. (Traduction russe – ou plus exactement dans une langue proche duvieux slavon –, d’après le grec ancien)

Galliccioli, GiovanniBattista, abbé

S. Giustino Martire tradotto con alcune riflessioni, Venezia 1799, 2vol. 8° (Traduction italienne)

von Brunn, Nikolaus Justins des Märtyrers, eines christlichen Philosophen aus dem Anfangdes zweiten Jahrhunderts, Gespräch von der Wahrheit undGöttlichkeit der christlichen Religion mit dem Juden Tryphon. Ausdem Griechischen übersetzt und mit einer Vorrede nebst dem LebenJustins begleitet, Basel 1822 8° (Traduction allemande établie d'après l'édition de Kortholt etla version luthérienne des Écritures)

Caillau A. B.-Guillon M. N. S.

Collectio selecta SS. ecclesiae Patrum etc., Lipsiae, Parisiis -Bruxellis, 1829, 8° p. 159-476 ; Mediolani 1830, 8° (Dialogue,p. 127-380) (Reproduction de la traduction de Maran, pour certaines œuvresattribuées à Justin, dont le Dialogue)

Hornemann, ClausFree

Scripta genuina graeca Patrum Apostolicorum eorumque qui abhorum aetate recentes fuerunt edita a Cl. Fr. Horneman, Havniae,1829 (Publication des 33 premiers chapitres du Dialogue, dépourvuede toute valeur selon Otto3 )

3 CAC, I3, p. LI, note.

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INTRODUCTION : MANUSCRITS, EDITIONS ET TRADUCTIONS

Waitzmann, JohannGeorg

Sammtliche Werke der Kirchen-Väter. Aus dem Urtexte [curanteI. G. Waizmann ] in das Teutsche übersetzt, Kempten 1830 8° (Traduction allemande, établie d'après le texte de Maran. Auteuranonyme)

Ziegler, GregorThomas

Die sämmtliche Werke der Kirchen-Väter. Aus dem Urtexte indas Deutsche überzetzt. Mit einer Vorrede von GregorThomas Ziegler, Kempten 1831. (Dialogue, t. II)

Genoude, AntoineEugène de

Pères de l'Église traduits en français, Paris 1837 (Dialogue : t. II,p. 1-195) (Traduction établie d'après l'édition de Maran)

OTTO, Johann KarlTheodor Eques von

Justini Philosophi et Martyris Dialogus cum Tryphone Judaeo,[Corpus Apologetarum Christianorum Saeculi II], Pars II, t. I,Vol. II, Iéna, 1843 (Dialogue, p. 1-463), 1848 (Dialogue, p. 1-469), 1877 (Dialogue, p. 1-499), et 1969 (Wiesbaden :reproduction anastatique de l'édition de 1877) (L'édition de 1842 fut établie d'après une nouvelle collation du ms.450, de Paris, confiée à C. B. Hase, alors conservateur de laBibliothèque royale4 . Dans celle de 1877, Otto put utiliser,essentiellement pour des citations scripturaires, quelques variantes −collationnées à son intention par le Révérent David Davies d'Evesham– du ms. B qui se trouvait alors dans la Bibliotheca Phillippica, àMiddlehill, près de Broadway, en Angleterre. La traduction latine debase est celle de Maran, parfois corrigée. Notes abondantes. Ottos’attribue parfois des corrections empruntées à certains de sesprédécesseurs)

TROLLOPE, William S. Iustini, philosophi et Martyris, cum Tryphone Iudaeo Dialogus.Edited by Rev. William Trollope. Cambridge-London,1846-1847, 1849 (De peu de valeur5 )

Migne, Jacques-Paul PG VI, Paris, 1857, col. 469-800 (Reproduction de l'édition deMaran. Leçons tacitement empruntées à Otto)

4 OTTO, CAC I, 1, Proleg., p. XXIII, et HASE, Journal des Savants, 1852, p. 628-630.5 M. MARCOVICH, Introduction, p. 7.

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INTRODUCTION : MANUSCRITS, EDITIONS ET TRADUCTIONS

Davie, G. J A Library of the Fathers of the Holy Catholic Church, anterior to theDivision of the East and West. Translated by Membres of theEnglish Church, vol. 40 : The Works now extant of St. Justin theMartyr, translated, with Notes and Indices, Oxford 1861, 8°(Dialogue, p. 70-243) (Traduction anglaise. Notes rares)

Preobrajensky, P. Pamjatniki drevnej Christianskoj pismennosti v russkomperevode = Les monuments de l’ancienne littérature chrétienne entraduction russe, Tom. III, Moskow 1862, 1892 (Dialogue,p. 141-380) (Traduction russe, soigneusement établie d'après l'édition d'Otto ;notes critiques et exégétiques)

Reith, George -Dods, Marcus, alii

Ante-Nicene Christian Library : Translations of the Writings of theFathers down to A. D. 325. Edited by the Rev. Alexander Roberts,D. D. and James Donaldson, L.L. D., vol II, Justin Martyr andAthenagoras, Edinburg, T. § T. Clark, 1868 = The Writings ofJustin Martyr (p. 1-370) and Athenagoras (p. 371-456). Translatedby the Rev. Marcus Dods, A. M., Rev. George Reith, A. M., andRev. B. P. Pratten, Edinburg, T. § T. Clark 8°, 1868 = 19692

American Reprint of the Edinburgh Edition, revised andchronologically arranged with brief prefaces and occasional notes, byA. Cleveland Coxe, W. M. B. Eerdmans PublishingCompany, Grand Rapids, Michigan, (Dialogue, vol. II, p. 194-270, trad. G. Reith) (Traduction établie d'après les éditions de Trollope et Otto. Notesrarissimes, mais présence d’intertitres utilisés pour la présente édition)

ARCHAMBAULT,Georges

Justin, Dialogue avec Tryphon. Texte grec, traduction française,introduction, notes et index [H. Hemmer et P. Lejay,Textes et Documents pour l'étude historique duchristianisme]. Tomes I-II, Paris (Librairie Alphonse Picardet fils), 1909, pp. 362 et 396. (D'après une nouvelle collation du ms. A, celle du ms. B ayant étéconsidérée comme inutile. Première division des chapitres enparagraphes, adoptée depuis dans toutes les éditions et traductions6 )

6 Cf. A. HARNACK, Collation de A effectuée, selon son auteur, en septembre 1887, surl'édition d'OTTO, et publiée en Appendice (p. 93-96) de « Judentum und Christentum inJustins Dialog mit Trypho » [TU 39, 1], 1913. HARNACK considère que les lecturesd'ARCHAMBAULT ont généralement confirmé les siennes.

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INTRODUCTION : MANUSCRITS, EDITIONS ET TRADUCTIONS

GOODSPEED, EdgarJohnson

Die ältesten Apologeten. Texte mit kurzen Einleitungen,herausgegeben von Edgar J. Goodspeed, Göttingen, 1914(Dialogue, p. 90-265) ; 1950 (New York), 1984 (Göttingen)

(Collation minutieuse de A, « respecté même au prix du sens »7 )

Haeuser, Philipp Ph. Haeuser, Des heiligen Philosophen und Märtyrers Justinus« Dialog mit dem Juden Tryphon ». Pseudo-Justinus, « Mahnrede andie Hellenen », Aus dem Griechischen übersetzt und mit einerEinleitung versehen, [Bibl. der Kirchenväter, 33. Bd.],Kempten Kösel, München, 1917 (Dialogue, pp. I-XXIII & 1-231) (Traduction rarement mentionnée, et considérée par ceux quil'évoquent, comme peu rigoureuse)

Lisiecki, Arcadius Justinus Martyr, Apologja. Dialog z źydem Tryfonem, Poznań1926 (Introduction, traduction polonaise à partir du grec, commentaires)

Giordani, Igino San Giustino Martire. Le Apologie e brani scelti del « Dialogo conTrifone », introd. e trad., Firenze, Edit. Fiorent., 1929

WILLIAMS, ArthurLukyn

Justin Martyr, The Dialogue with Trypho. Translation, Introduction,and Notes, London – New York – Toronto, 1930[Translations of Christian Literature, Series, 1 : GreekTexts] (Traduction souvent proche de celle d'Archambault. Notes sur lejudaïsme mieux documentées que dans les éditions et les traductionsprécédentes, mais intentions apologétiques et missionnaires nondissimulées8 )

Thieme, Karl Kirche und Synagogue. Zwei urchristliche Dokumente zu einemheutigen Hauptproblem, Olten (Swizerland), 1945 (Extraits de l'Épître de Barnabé et du Dialogue avec Tryphon, entraduction allemande, avec notes)

7 M. MARCOVICH, Introduction, p. 7.8 Introduction, p. VIII.

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INTRODUCTION : MANUSCRITS, EDITIONS ET TRADUCTIONS

Ruiz Bueno, Daniel Padres Apologistas Griegos (s. II). Introducción, texto griego, versiónespañola y notas [Biblioteca de Autores Cristianos, 116],Madrid 1954 (Dialogue, p. 300-548) (Texte grec d'Archambault.Introduction. Traduction espagnole sans annotations)

Anonyme IOUSTINOS, Bibliotheke Ellenon Pateron kai EkklesiastikonSuggrapheion, Athenes, Ekdosis tes apostolikes diakonias tesekklesias tes Elladas, 2 vol., 1955 (Dialogue, vol. II, p. 209-338) (Texte grec d'Archambault)

Hamman, AdalbertGautier

La philosophie passe au Christ. L'œuvre de Justin. Textes intégraux,Paris, Ed. de Paris [Coll. « Ichtus », 3], 1958, 1982 (Traduction généralement conforme à celle d'Archambault, notes)

Hanson, RichardPatrick Crossland

Selections from Justin Martyr's Dialogue with Trypho, London –New York 1963

Ristow, Helmut Die Apologeten. Ausgewählt und übersetzt von H. Ristow,Berlin 1963. (Texte de l’éd. d’Otto, trad. allemande des deux Apologies et duDialogue avec Tryphon)

HYLDAHL, Niels Philosophie und Christentum, Eine interpretation der Einleitung zumDialogs Justins [Acta Theologica Danica, 9], Kopenhagen,1966 (Traduction commentée du Prologue : chap. 1-9)

van WINDEN,Jacobus C. M.

An Early Christian Philosopher : Justin Martyr's Dialogue withTrypho, Chapters One to nine [Philosophia patrum, 1], Leiden(E. J. Brill), 1971, 19762

(Traduction commentée du Prologue. Critique des interprétations etdes conclusions de Hyldahl)

Chrestos, Panagiotis K.

jIoustivnou. jApologive" A! - B!, Lovgo" peri; jAnastavsew",Diavlogo" pro;" Truvfwna. Eijsagwghv, keivmeno, metavfrashuJpo; P. CRHSTOS, Thessalonique 1985(Traduction en grec moderne)

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INTRODUCTION : MANUSCRITS, EDITIONS ET TRADUCTIONS

VISONA, Giuseppe S. Giustino, Dialogo con Trifone. Introduzione, traduzione e note diGiuseppe Visonà, Milano (Edizioni Paoline), 1988 (Traduction italienne, s'appuyant sur le texte grec de Goodspeed, etcertaines versions en langue moderne. Les notes et commentairestiennent compte des travaux les plus importants publiés jusqu'alors surJustin)

Robillard, Edmond Justin, l'itinéraire philosophique [Recherches, NS, 23],Bellarmin, Cerf, Montréal-Paris, 1989 (Traduction commentée du Prologue : chap. 1-9)

Dubois, Jean Daniel- Gauché, Élisabeth- Hamman, AdalbertGautier- Barthélemy,Dominique

Justin Martyr, Œuvres complètes. Grande Apologie, Dialogue avecTryphon, Requête, Traité de la Résurrection. Introduction parJ. D. Dubois ; traductions de G. Archambault etL. Pautigny, revues et mises à jour par É. Gauché ; « Notesur la chronologie et les œuvres de Justin » parA. G. Hamman ; « Justin et le texte de la Bible » parD. Barthélemy [coll. « Bibliothèque », Migne], Paris 1994(Dialogue, p. 99-315)

MARCOVICH,Miroslav

Iustini Martyris Dialogus cum Tryphone, ed. by MiroslavMarcovich, Walter de Gruyter, Berlin-New York, 1997 (Nouvelle édition du texte grec, mentionnant les principales variantesdes éditions antérieures. Apparat scripturaire détaillé. Conjectures etcorrections très nombreuses, souvent inspirées par Sylburg et Thirlby.Seul le ms. A est pris en compte dans l'apparat critique. Notessuccinctes renvoyant à des passages parallèles chez Justin ou d'autresauteurs, et à certaines références bibliographiques récentes)

Une traduction de Justin en finnois par Matti Myllykoski, avec lacollaboration de Outi Lehtipuu doit paraître en 2004, sous le titresuivant : Justinos Marttyyrin kirjoitukset, toim. Matti Myllykosky,WSOY, Helsinki, 2004.

17

INTRODUCTION : PLAN

PLAN

I - UNE TRADITION PEU ELOGIEUSE

La littérature consacrée à Justin foisonne de jugements réservés sur sonaptitude à composer. Ces critiques sont parfois assorties de considérationsbienveillantes sur les qualités humaines de l'Apologiste, mais les faiblessesreprochées à l'écrivain, loin d'être ainsi pondérées, n'en paraissent que plusregrettables.

Déjà perceptible chez Photius1 , mais à propos du style, ce jugement seretrouve chez Tillemont, dans un passage souvent cité : « Il faut quelquefoisfaire attention pour entendre la suite de son discours. Car, comme depuis sonbaptême il avait plus étudié la vie de Moïse et d'Élie, selon les expressions desaint Basile, que les préceptes d'Isocrate et de Démosthène, il ne prend pastant garde lorsqu'il a commencé un argument de le pousser jusqu'au bout : ilse détourne assez souvent ; et il ne faut quelquefois qu'un mot qu'il aura miscomme en passant pour lui faire faire une digression d'une page ou deux :ensuite de quoy il revient à son premier raisonnement sans en avertir lelecteur qui en peut aisément avoir perdu la mémoire2 . »

1 [Esti de; filosofiva" me;n oJ ajnh;r th'" te kaq! hJma'" kai; mavlistav ge th'" quvraqen eij" a[kron

ajnhgmevno", polumaqiva/ te kai; iJstoriw'n perirreovmeno" plouvtw/ : rJhtorikai'" de; tevcnai" oujk

e[sce spoudh;n ejpicrw'sai to; e[mfuton aujtou' th'" filosofiva" kavllo". Dio; kai; oiJ lovgoi aujtou'

a[llw" o[nte" dunatoi; kai; to; ejpisthmoniko;n diaswvzonte", tw'n ejkei'qen oujk eijsi;n ajpostavzonte"

hJdusmavtwn, oujde; tw'/ ejpagwgw'/ kai; qelkthrivw/ tou;" pollou;" tw'n ajkroatw'n ejfelkovmenoi.

« L'auteur a atteint le plus haut degré dans la connaissance de notre philosophie et surtout dela philosophie profane ; il déborde d'érudition et de connaissances historiques ; quant auxartifices de la rhétorique, il n'a pas eu le souci d'en orner la beauté naturelle de sa philosophie.C'est pourquoi ses écrits, qui par ailleurs ont de la puissance et se maintiennent dans le langagescientifique, ne distillent aucun des agréments empruntés à cet art et ne retiennent pas lamasse des lecteurs par leur attrait et leur charme. » (trad. R. HENRY, Photius, Bibliothèque, 125,Paris, Belles Lettres, 1991, t. II, p. 97). L’étude stylistique annoncée ci-dessus (n. 11, p. 2)devrait rendre justice, sur ce point, à l'auteur du Dialogue : rhétorique et exégèse y entretiennentdes liens étroits, et l'expression n'est pas toujours dénuée de recherche.2 Mémoires, t. II, p. 406-407.

18

INTRODUCTION : PLAN

Archambault s'exprime en des termes plus péremptoires encore : « Justin, àn'en pas douter, ne sait pas composer. Peut-être a-t-il esquissé un plan avantd'écrire, mais sa pensée est toujours prête à suivre toutes les idées qui seprésentent, et il les suit en effet dans des digressions parfois trèsenchevêtrées. Cela dans le Dialogue comme dans les Apologies. Et si la causerieà bâtons rompus est mieux à sa place dans un ouvrage dialogué que dans undiscours adressé aux empereurs, on ne doit pas trop cependant en féliciterJustin, puisque chez lui c'est beaucoup plus impuissance qu'intention d'art3 ».

L’analyse de certains passages conduit P. Prigent à des conclusionssimilaires : « Nous avons là un exemple très limité et donc très clair desméthodes de composition de notre apologète : souvent incapable dediscipliner sa plume et de lui imposer de courir sur un sujet déterminé jusqu'àla fin du développement, il commence vaillamment l'exposition du thème,puis se laisse entraîner par des associations d'idées, enfin, conscient de n'avoirpas mené son dessein primitif à bonne fin, il reprend le thème premier etl'achève non sans être amené à se répéter souvent. Cette habitude decomposition est, à mon avis, la clé qui ouvre les portes de l'analyse critiquetextuelle du Dialogue4 . »

3 A. PUECH exprimera la même conviction à propos de l'Apologie : « L'esprit de Justin n'a niune très grande vigueur ni beaucoup de finesse. Sa dialectique est lâche et son argumentation ades procédés surprenants pour les modernes… Il n'a aucune prétention à être un écrivain.C'est bien inutilement qu'on s'est évertué à rechercher dans sa grande Apologie l'influence dela rhétorique classique et une conformité générale du plan avec les préceptes qui s'enseignaientdans les écoles. » (Histoire de la littérature grecque chrétienne depuis les origines jusqu'à la fin du IVe siècle,t. II, 1928, p. 142). Sur la structure littéraire de cette œuvre, voir en dernier lieu la mise aupoint de Ch. MUNIER, L'Apologie de saint Justin Philosophe et Martyr [« Paradosis » XXXIX],Fribourg 1994, p. 29-40.4 Justin et l'Ancien Testament. L'argumentation scripturaire du traité de Justin contre toutes les hérésiescomme source principale du Dialogue avec Tryphon et de la Première Apologie [coll. Études bibliques],Paris, Gabalda, 1964 (19662), n. 1, p. 211. P. PRIGENT explique l'apparent désordre du Dialoguepar des emprunts constants au Syntagme perdu. M. MARCOVICH élargit cette explication àl'ensemble des sources utilisées par Justin : « My point, however, is this. In his Dialogue, Justinis building a huge mosaic or quilt consisting of many commonplaces. Now, in making aselection of such commonplaces from his sources he sometimes so quickly jumps from onetopic to another that the reader is at a loss to grasp the relevance and follow the argument.Add to this procedure of sugkavttusi" the fact that Justin's trains of thought is disorganised,repetitious and occasionally rambling, to the extent that his long sentences run a course which

19

INTRODUCTION : PLAN

Plus récemment, A. G. Hamman reprenait à son compte cetteappréciation :

Justin n'est pas un littérateur. « Il écrit rudement , écrit Duchesne,dans une langue incorrecte ». Le philosophe ne se soucie que de ladoctrine. Son plan est lâche, la marche de son développement,entravée par des digressions et des retours en arrière. L'homme nousémeut plus par la rectitude de son âme que par l'art de sa dialectiqueou de sa composition5 .

Tout en déplorant à son tour un certain désordre, A. Wartelle6 se montrecependant plus nuancé dans son introduction à l'Apologie : « Il serait vain devouloir trouver dans les Apologies de saint Justin un plan rigoureux, commes'il s'agissait d'ouvrages composés selon les règles les plus rigides de larhétorique. En face de toute œuvre ancienne, s'impose un effort deperspective historique : Justin n'avait pas lu le Discours de la Méthode. Eût-il pule faire qu'il faudrait encore l'aborder avec objectivité, et ne pas le juger enfonction de ce qu'un autre aurait pu écrire à sa place. Sa pensée n'est ni aussifloue, ni sa dialectique aussi lâche qu'on l'a parfois dit. Les Apologies, œuvresde circonstance, sans prétendre offrir des modèles de composition, se laissentcependant analyser7 ».

II - TENTATIVES DE RECONSTITUTION

Ces appréciations demeurent relativement concordantes : on excuse, aumieux, la maladresse de Justin, mais il paraît acquis que ses œuvres sont malconstruites. Conviction que consacrent, dans l'édition d'Archambault, lesnombreuses « digressions » signalées en guise de titres courants.

meanders worse that the Mississippi River. No wonder then that during the centuries theDialogue has puzzled both scholars and scribes. » (Iustini Martyris Dialogus cum Tryphone[Patristische Texte und Studien, 47], W. de Gruyter, Berlin - New York 1997, Préface, p. VII).5 Les Pères de l'Église, Desclée de Brouwer, 1977, p. 35-36.6 « Mais l'auteur suit son plan avec une grande liberté et oublie parfois son schéma, comme s'ilse laissait entraîner, par son désir de persuader, à des redites, des digressions, desinterventions. » : Saint Justin, Apologies. Introduction, texte critique, traduction, commentaire et index[Études Augustiniennes], Paris 1987, p. 35.7 Ibid.

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INTRODUCTION : PLAN

On convient toutefois que le Dialogue comporte de grandes unités : les neufpremiers chapitres sont unanimement tenus pour un prologue8 , mais pourtout ce qui suit le détail des reconstitutions9 diffère :

OTTO10 BONWETSCH11 ARCHAMBAULT12

1-9 : Prologue10-47 : l'ancienne Loi47-108 : la christologie109-142 : la vocation des païens.

1-9 : Prologue10-30 : l'ancienne Loi31-108 : la christologie109-142 : la vocation des païens.

1-10 : Prologue11-39 : ancienne et nouvelleAlliance40-42 : ?43-108 : la préexistence du Christ109-142 : le vrai peuple de Dieu.

WILLIAMS13 SAGNARD14 MARCOVICH15

1-9 : prologue10-47 : Abrogation de la Loi,nouvelle Alliance48-108 : Jésus est le Messie promis109-136 : les chrétiens sont levéritable Israël137-142 : épilogue.

1-9 : prologue10-29 : caducité de la Loi ancienneet proclamation de la nouvelleAlliance30-108 : Le Christ, fils de Dieu109-141 : Le « peuple nouveau »constitué par le Christ ressuscité142 : conclusion.

(1-9 : prologue)10-47 : Christ, Loi et Alliancenouvelles48-108 : Preuves de la messianitéde Jésus109-142 : Les chrétiens sont leNouvel Israël.

8 Sur les rapport entre ce prologue et le reste de l'œuvre, voir ci-dessous pp. 38-40 (Plan) et134-135 (Destinataires).9 Nous ne donnons ici que les principales divisions. Chacune des ces reconstitutions proposeen outre un schéma de détail correspondant aux différentes unités.10 CAC, I3, p. LXXXV-XC. Il est suivi par O. BARDENHEWER, Geschichte der altkirchlichenLiteratur, Fribourg 1902-1903, t. I, p. 211.11 Realencyklopädie für protestantische Theologie und Kirche, de Hauck, art. « Justin », t. IX, Leipzig1891, p. 645.12 Tables des matières : vol. I, p. 361-362 ; vol. II, p. 395-396.13 Introduction au Dialogue, p. XXXV s.14 « Y a-t-il un plan du Dialogue avec Tryphon ? », in : Mélanges J. de Ghellinck 1 [MuseumLessianum, Section historique, 13], Gembloux, J. Duculot, 1951, p. 171-182.15 Op. cit., p. 23-61.

21

INTRODUCTION : PLAN

W. Bousset16 a le premier montré que Justin pouvait avoir utilisé, pourconstituer le Dialogue, de petits traités antérieurs empruntés à d'autres oucomposés par lui-même. Cette théorie a été reprise par P. Prigent qui en a faitle fondement de sa thèse : l'unité du Dialogue devrait être recherchée dans leSyntagme contre toutes les hérésies, aujourd'hui perdu, que Justin utiliseraitconstamment en procédant par associations d'idées pour en articuler, danscette nouvelle structure, les éléments repris. Le P. Sagnard avait auparavantmis en évidence l'importance des citations scripturaires dans la trame del'œuvre. Mais P. Prigent ne s'attarde pas sur cette hypothèse qu'il considèrecomme peu convaincante17 .

Les « digressions » et les « répétitions » signalées dans la plupart desanalyses auraient pour effet de rendre malaisée, sinon impossible, larestitution d'un plan définitif. Dès qu'ils abordent le détail des différentesparties qu'ils discernent dans l'œuvre, tous les commentateurs font preuve deréserve et de perplexité :

Sur le passage de la première unité à la seconde, Archambault nous fait partdes ses hésitations : « On pourrait avec autant de raison voir la deuxièmepartie annoncée et commencée au chapitre 43. Depuis le chapitre 30 jusqu'auchapitre 48, on ne saurait à la vérité dire quel est le sujet exact de laconversation entre Tryphon et Justin, s'ils parlent des observances juives oude la génération du Christ ». F. M.-M. Sagnard croit distinguer, pour sa part,dans le chap. 35 (sur les hérésies) « un intermède qui vise à animer et à varierle Dialogue, tout en apportant des précisions indispensables »18 ; ou encore,dans les chap. 63-85 un « tout présenté de façon assez confuse maismarquant tout de même une progression réelle dans l'exposé »19 . P. Prigentdistingue quant à lui « de nombreux retours sur des thèmes et des argumentssemblables. Parfois, précise-t-il, il s'agit de véritables doublets, parfois aucontraire les passages parallèles se complètent et s'éclairent l'un par l'autrecomme si Justin avait utilisé en deux fois ce qui, à l'origine, ne formait qu'unseul morceau »20 .

16 Jüdisch-christlicher Schulbetrieb in Alexandria und Rom. Literarische Untersuchungen zu Philo undClemens von Alexandreia, Justin und Irenaeus, Göttingen, Vandenhoek und Ruprecht, 1915,p. 282-308.17 Op. cit., p. 16-17.18 Art. cit., p. 178.19 Ibid., p. 180.20 Op. cit., p. 10-11.

22

INTRODUCTION : PLAN

Ces incertitudes pour le détail de l'œuvre se retrouvent inévitablement dansla formulation des conclusions d'ensemble. Celle du P. Sagnard, qui évoquepar ailleurs, à propos du Dialogue, la « composition du vitrail »21 , est émailléede concessions : « Sans doute les trois parties du triptyque sont intimementliées et se superposent parfois dans une même perspective. [...] Sans douteles citations dont Justin fait un usage si abondant mêlent-elles parfois cestrois aspects complémentaires… [...] Sans doute aussi, il faut bien enconvenir, l'art de l'écrivain n'a pas été à la hauteur de l'immense valeur devérité et de vie qui lui était confiée : l'abondance des matériaux divins aquelque peu écrasé l'homme »22 . Celle de P. Prigent est plus prudente encore,mais également critique : « On me dira que ce n'est pas là un plan, mais uneanalyse du Dialogue. Je l'accorde bien volontiers, persuadé que si le plan del'ouvrage est si difficile à discerner avec précision, c'est qu'il s'expliqueseulement dans l'hypothèse d'une constante utilisation du Syntagma. Tout cequ'on peut faire c'est de déterminer dans le Dialogue, des sections danslesquelles Justin s'inspire de chapitres de son traité antérieur. » [...] « On nepeut donc pas parler en termes propres d'un plan du Dialogue. Justin amanifestement pris occasion et prétexte du genre littéraire de l'ouvrageprojeté pour s'autoriser à cette rédaction lâche qui utilise la matière duSyntagma d'une manière non systématique et dont le principe dominant estl'association d'idées23 . »

Pour rendre compte de l'absence de composition, le P. Sagnard invoquedonc une explication de nature théologique, et P. Prigent un ouvrageextérieur dont le contenu exact reste à déterminer24 . Il n'est pas surprenant

21 Art. cit., p. 174.22 Ibid., p. 181-182.23 Op. cit., p. 331.24 Analyse critique des conclusions de P. PRIGENT in : O. SKARSAUNE, The Proof from Prophecy.A Study in Justin Martyr's Proof-text Tradition. Text-type, Provenance, Theological Profile [NT Suppl.56], Leiden, Brill, 1987, p. 2-6. Voir encore Th. STYLIANOPOULOS, Justin Martyr and the MosaicLaw [SBL Dissertation series 20], Missoula, M.T., Society of Biblical Literature and ScholarsPress, 1975, n. 34, p. 23, qui cite P. AUDE, RB 72 (1965), p. 471 (« Mais qu'est-ce qui nous ditque le Syntagma était mieux composé ? »), et résume ainsi les remarques de R. M. GRANT, JBL84 (1965), p. 443 : « Methodologically Prigent's hypothesis assumes that Justin proceededfrom order (Syntagma) to less order (Apology), and finally to relative chaos (Dialogue) ». PourP. NAUTIN (auquel O. SKARSAUNE donne en partie raison), c’est dans un traité de polémiqueaujourd’hui perdu qu’aurait puisé Justin : « Le dialogue perdu entre Jason et Papiskus : source

23

INTRODUCTION : PLAN

que de telles prémisses mènent à des conclusions rappelant singulièrement lescritiques rapportées ci-dessus. Bien que négligée par P. Prigent, l'intuition duP. Sagnard (rôle prédominant des citations) était fondée, car elle permet demettre en évidence un principe de composition demeuré jusqu'alors ignoré etconfirmé à chaque instant dans l'œuvre25 . Il n'est pas exclu, d'autre part, queJustin ait effectivement utilisé, dans le Dialogue, des éléments du Syntagmeperdu. Mais aucune de ces deux explications n'est totalement satisfaisante carl'une et l'autre font intervenir, pour élucider une question qui ressortit avanttout à la critique interne, des causes extérieures ayant pour caractéristiquecommune d'être invérifiables.

On peut concevoir, sans doute, que Justin n'ait pas eu le don decomposition. Mais pourquoi maintenir, dans une œuvre rédigée avec le recul dutemps et destinée à convaincre, une telle désorganisation et autant de redites ?Curieuse faiblesse chez un auteur qui sait faire preuve d'une extrêmeconcision26 et se dit animé par le souci constant de conduire son public auxvérités chrétiennes. Singulière incurie, qui abandonnerait ces précieusesvérités aux inconséquences et aux insuffisances d'un discours humain négligé,alors que son auteur répète sans cesse que les enseignements du Christ nesont précisément pas des « enseignements humains ». N'est-il pas préférabled'envisager, pour le Dialogue, l'hypothèse d'une composition délibérémentchoisie, en adoptant, pour tenter d'en appréhender l'unité, la même démarcheque son auteur, et en se montrant attentif à ce que lui-même nous en dit ?

Les indices sont nombreux, en effet, qui attestent dans l'œuvre le souci decohérence de son auteur, et la continuité de son propos. La structure qu'ilsdessinent se trouve du reste confirmée par certaines déclarations qui nelaissent guère de doute sur ses intentions.

commune de Justin, Irénée et Tertullien », Annuaire EPHE, Ve section (1967-1968), p. 162-167. Mais dans le « faisceau de concordances » (p. 166) que fait apparaître cette étude, laquestion du plan n’est évoquée que de façon très indirecte.25 Voir ci-dessous, pp. 26 (§ 9), 30 (§ 8), et 31 (§ 10).26 Voir ci-dessous, p. 31 (§ 10). Plusieurs remarques prouvent que Justin sait éviter desurcharger son propos : « Mais ce que nous venons de passer en revue me semble suffisantpour le moment. Je poursuis donc, et reprends l'ordre de mon propos. » (42, 4) ; « ... aumoyen de ces interrogations je m'efforcerai de mener rapidement la discussion à son terme. » ;« ... je vais encore ajouter une chose à ce que j'ai dit, et je terminerai. » (137, 4).

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INTRODUCTION : PLAN

Parmi ces indices, nous étudierons tour à tour ceux qui sont explicitementdonnés par Justin, ceux qui émanent des propos de Tryphon, puis tous ceuxqui demeurent implicites, mais contribuent indiscutablement − et à l'encontrede toute une tradition critique − à faire ressortir une méthode rigoureusemise au service d'un projet précis. Nous nous efforcerons ensuite de restituerles différentes étapes de ce projet à partir de cet ensemble d'indices, et à lalumière des enseignements que fournit l'analyse comparée des interventionsattribuées aux deux interlocuteurs.

III - INDICATIONS EXPLICITES

A. Justin

1) Le Dialogue est présenté par son auteur comme une « démonstration » : leverbe ajpodeiknuvnai et le mot ajpovdeixi" offrent respectivement, dans cetteœuvre, 106 et 25 occurrences réparties sur l'ensemble du texte. Cetteomniprésence de termes empruntés au vocabulaire de la didactique27 (et de lacatéchèse doctrinale28 ) est en soi un premier indice de la rationalité desdiscours tenus.

2) Lorsque le verbe ajpodeiknuvnai est utilisé par Justin et Tryphon, àl'impératif, au futur, au passé ou au présent29 , ces différents emploisdéterminent avec précision − et sans aucune erreur30 − le détail de questionsqui doivent être abordées, l'ont déjà été, ou sont en cours de traitement(même emploi pour shmaivnein31 ).

3) Avec ce verbe ou d'autres expressions analogues, Justin annonce àplusieurs reprises des développements ultérieurs auxquels correspondent

27 Sur le vocabulaire de la vie intellectuelle chez Justin, voir M. HOFFMANN, « Der Dialog beiden christlichen Schriftstelleren der ersten vier Jahrhunderte », Berlin, Akademie-Verlag, 1966[TU 96], n. 1, p. 26 et R. JOLY, Christianisme et philosophie, p. 94-95. Ce que la rhétoriquemoderne nomme « composition » est étroitement lié à l'argumentation. La dispositio antiqueadmet l'ordo naturalis aussi bien que l'ordo artificialis.28 Cf. J. DANIELOU, Théologie du Judéo-christianisme : Histoire des doctrines chrétiennes avant Nicée I,Tournai, Desclée & Cie, 1958, 19912, p. 410-411.29 Impératif : 8 occ. ; passé : 41 occ. ; futur : 9 occ. ; présent 13 occ.30 Voir ci-dessous, § 3-9.31 Cf. Dial. 80, 2 ; 85, 6.

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toujours, dans ce qui suit, un ou plusieurs passages plus ou moins éloignés decette promesse32 .

4) Avec ce même verbe, ou d'autres expressions, Justin mentionnefréquemment des considérations antérieures qui − à l'exception de ce quisemble avoir disparu dans la lacune33 − existent toutes effectivement dans cequi précède.

5) Justin signale aussi, en plusieurs endroits, que la citation qui va suivre −diversement justifiée − a déjà été donnée34 . Lorsque cette répétition estconsidérée comme superflue, il sait s'en dispenser, et le préciser sansambiguïté35 ; lorsqu'une citation ne figure pas dans ce qui précède, il s'ensouvient aussi parfaitement36 . L'importance des répétitions dans l'activitémissionnaire est soulignée en 85, 5*.

6) Si Tryphon paraît faire fi de points d'accord antérieurs, Justin n'hésite pasà le lui reprocher et à reprendre, au besoin, la même démonstration,rappelant ainsi sa nécessité pour la suite de l'entretien37 .

7) Il arrive parfois que Justin diffère sa réponse, et propose d'aborder, avantde revenir sur la question posée, un sujet plus urgent38 . Cette démarche esttoujours explicite, justifiée dans le détail, et admise par Tryphon qui enperçoit le sens ; la promesse de réponse, quelquefois rappelée39 , est toujourstenue. Lorsqu'un détour est jugé inutile, Justin sait parfaitement s'enabstenir40 , exprimant ainsi, a contrario, le bien fondé de ceux qu'il entreprend.Il n'est pas rare que l'Apologiste signale explicitement, par ailleurs, qu'il« retourne à son propos »41 , soulignant ainsi, par delà les apparentesdigressions, la constance de sa démarche.

32 Voir ci-dessous (t. II, p. 921-941) le tableau synoptique des interventions.33 Voir aux p. 49-72 le développement de l'Introduction qui est consacré à cette question.34 Dial. 41, 2 ; 51, 2 ; 56, 12.14.18 ; 63, 2.4 ; 64, 3.5.7 ; 78, 6 ; 79, 4 ; (80, 2) ; 83, 4 ; 85, 4.6 ;104, 1 ; 129, 1 ; 137, 3.35 Dial. 56, 18 ; 78, 6 ; 126, 5 ; 128, 1.36 Dial. 69, 4 ; 130, 1.37 Dial. 67, 4.7.11 ; cf. 68, 2.4 ; 137, 4.38 Dial. 36, 2 ; 39, 8 ; 50, 2 ; 57, 4 ; 68, 4.9 ; 72, 2 ; 77, 2.39 Dial. 68, 8 ; 71, 3.40 Dial. 24, 1. Le mot parevkbasi" (« digression ») n'est utilisé qu'une fois dans le Dialogue (32,5).41 Dial. 39, 8 ; 42, 4 ; 66, 1 ; 116, 1.

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INTRODUCTION : PLAN

8) Il arrive aussi que Justin anticipe à la fois sur une démonstration et surses conséquences potentielles : « Si je démontre … j'aurai également montréque… » ; « Même si je ne démontrais pas que… j'aurais montré que… »42 . Ily a là une autre preuve de sa capacité à s'appuyer sur ce qui est acquis pourenvisager, avec son interlocuteur, les prolongements virtuels de l'entretien.

9) A plusieurs reprises enfin, Justin oppose à une question de Tryphon laréponse suivante : « C'est déjà démontré par les Écritures que j'ai citées »43 .Les preuves correspondant à chacune de ses propositions sont donc,suggère-t-il ainsi, contenues en germe dans les [longues] citationsscripturaires, avant même d'avoir donné lieu à des développementsspécifiques. Cette réponse constitue à la fois l'affirmation d'un principeexégétique (les Écritures contiennent leur propre explication44 ), et uneindication de méthode : les textes présentés dans un premier temps commeillustration d'une vérité, et parfois commentés, juste après, d'un autre pointde vue45 , ne voient pas leur sens épuisé par cette présentation et par cecommentaire. Ils sont également porteurs de données qui les rendentsusceptibles d'autres lectures. Si Tryphon savait écouter, répond alors Justin,il prendrait en compte l'ensemble de leur message, et non seulement lecontenu qui justifie dans un premier temps leur utilisation : certainesexplications deviendraient alors inutiles. Le contenu théologique du Dialogueest donc déjà tout entier dans les citations, et l'entretien ne fait quedécomposer en un discours analytique, ce qui, dans la Parole divine, seprésente comme une vérité indivisible.

B. Tryphon

Comme son interlocuteur, Tryphon manifeste une conscience permanente duprogrès de l'entretien. Plusieurs indications, parfois analogues à celles quedonne Justin, l'attestent clairement :

1) C'est à sa demande, généralement, que Justin aborde les différents sujetsqui structurent l'entretien. Ces requêtes ne sont jamais inutilement répétitives.

42 Dial. 48, 2.3 ; 68, 7.43 Dial. 39, 8 ; 56, 12.14 ; 63, 2 ; 64, 3.5.7.44 Voir ci-dessous, p. 118-119.45 Voir ci-dessous, p. 119-120.

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INTRODUCTION : PLAN

2) Lorsque Justin a délibérément choisi de différer une réponse, Tryphonne manque jamais de lui rappeler, après cette « digression », la question restéeen suspens46 .

3) Il arrive que l'interruption soit due à Tryphon lui-même47 . Elle est, làaussi, toujours acceptée par Justin qui en perçoit la nécessité dans le contexteimmédiat comme dans l'ensemble du débat en cours. Pour convaincrel'interlocuteur, il convient en effet de prendre en compte aussi ses proprespriorités. Dans l'hypothèse d'un dialogue entièrement fictif, ces interruptionsapparaissent d'autant plus délibérées qu'elles ne peuvent être imputées auxaléas caractérisant toute discussion libre.

4) Comme Justin, Tryphon rappelle fréquemment des propos antérieurs(questions, objections, réponses)48 . Certaines de ces interventions seprésentent à l'évidence comme une somme de ce qui précède, favorisantl'ouverture à des questions non encore traitées49 . Elles ont donc un rôle detransition. Leur contenu correspond toujours effectivement à des questionsdéjà traitées et à d'autres qui le seront par la suite. D'autres interventions ontun caractère programmatique évident50 .

5) Les interruptions ou les répétitions de Justin recueillent l'assentiment deTryphon, car elles sont toujours justifiées51 . Cet accord manifeste à la fois,chez ce dernier, le souvenir de ce qui a été dit et une perception exacte de ladémarche commune.

6) Tryphon oppose aux propos de Justin diverses objections qui fontréférence à des propos anciens aussi bien que récents52 . Dans le premier cas,

46 Dial. 55, 1 ; 56, 16 (« autre Dieu ») ; 65, 7 ; 77, 1 ; (préexistence du Verbe et naissancevirginale).47 45, 1 (Loi et Salut) ; 71, 4 (Écritures mutilées) ; 79, 1 (chute des anges) ; 80, 1 (Jérusalemrebâtie).48 Dial. 28, 1 (circoncision) ; 46, 2 (sacrifices à Jérusalem seulement) ; 48, 1 (Loi et salut) ; 57,3 (Messie souffrant) ; 74, 1 (mutilations d'Écritures) ; 89, 1 (nom de Jésus) ; 90, 2 (langageprophétique).49 Dial. 36, 1* ; 39, 7* ; 46, 1* ; 48, 1* ; 60, 3*.50 Dial. 39, 7 ; 50, 1 ; 55, 3 ; 57, 3 ; 63, 1 ; 94, 4 (compagnons de Tryphon).51 Dial. 57, 4 ; 59, 1 ; 123, 8.52 Dial. 27, 1 (sabbat) ; 32, 1 (Messie glorieux) ; 35, 1 (idolothytes) ; 46, 3 (circoncision) ; 47, 2(Loi et Salut) ; 49, 1 (onction du Messie) ; 49, 6 (transmission de l'Esprit) ; 51, 1 (exégèse d'uneprophétie) ; chap. 56 (théophanies) ; 57, 1 (nourriture des anges) ; 60, 1 (théophanie dubuisson ardent) ; 64, 1 (Messie et nations) ; 65, 1 (Messie glorieux) ; 68, 5 (génération duMessie) ; 89, 2 (malédiction de la Croix).

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INTRODUCTION : PLAN

il s'agit toujours de relever une contradiction entre deux conclusions partiellesqui ne se trouvent pas nécessairement réunies dans le cours de ladémonstration53 . De tels rapprochements sont eux aussi la preuve d'uneconstante vigilance. Tryphon rappelle d'ailleurs parfois que lui-même et sescompagnons gardent en mémoire ce qui vient d'être démontré54 .

On peut s'interroger sur l'attribution à Tryphon de certaines répliquesexprimant des croyances parfois contradictoires ou faisant état deconcessions peu vraisemblables de sa part55 . Mais l'ensemble des questionsabordées à sa demande au cours de l'entretien demeure cohérent, quelle quesoit l'authenticité des affirmations qui les accompagnent parfois. Lorsqu'unedémonstration antérieure paraît « oubliée », cela est toujours signalé parJustin et admis par Tryphon56 .

IV - INDICATIONS IMPLICITES

Aux remarques explicites témoignant d'une maîtrise commune de l'entretiens'ajoutent un certain nombre d'indices qui contribuent à conforterl'impression d'un discours structuré :

1) Les mêmes termes (oJdov", ejpigenevsqai, oJ Cristo;" tou' qeou',eujdaimonivva), qui correspondent au véritable enjeu du débat, figurent dans sonintroduction et dans les ultimes propos57 .

2) Plusieurs développements attribués à Justin sont introduits par laconjonction ou\n. Toujours fondés, ces enchaînements soulignent lacontinuité de son propos58 .

53 Dial. 32, 1 (Messie glorieux et malédiction de la Croix) ; 67, 2 (Loi inutile et Jésus circoncis) ;87, 2 (baptême du Christ et Messie préexistant).54 Dial. 28, 1 (circoncision) ; 55, 1 (transmission de l'Esprit).55 Voir ci-dessous, p. 84-87.56 Dial. 68, 1.2.4 ; 123, 7 ; cf. 87, 1.57 Cf. Dial. 8, 4*.58 Commentaire paraphrastique succédant immédiatement à une citation : Dial. 10, 4 ; 11, 4 ;14, 1 ; 17, 3 ; 22, 11 ; 28, 3 ; 35, 4 ; 39, 5 ; 52, 3 ; 56, 8 ; 78, 2.8 ; 80, 2 ; 81, 3 ; 82, 4 ; 83, 3 ;100, 2.3 ; 122, 2.6 ; 125, 2 ; 135, 3. Commentaire paraphrastique associé à la conclusion d'unraisonnement : 39, 2 ; 92, 4 ; 93, 3 ; 106, 4 ; 112, 5 ; 113, 7 ; 123, 6.9 ; 136, 1 ; 139, 4. Poursuited'un raisonnement : 56, 12.15.17.19 ; 68, 7 ; 69, 1 ; 75, 4 ; 127, 3. Conclusion partielle,générale, ou reprise d'un raisonnement antérieur : 15, 1.7 ; 16, 3 ; 18, 2 ; 19, 5.6 ; 29, 3 ; 32, 3 ;36, 5 ; 40, 1 ; 43, 1.3 ; 49, 7 ; 60, 5 ; 64, 3 ; 87, 5 ; 88, 8 ; 92, 1 ; 94, 5 ; 95, 2 ; 103, 2 ; 111, 2.4 ;

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INTRODUCTION : PLAN

3) Certaines interventions de sa part doivent être lues comme unerécapitulation de ce qui précède : elles délimitent ainsi les unités constitutivesde la démarche d'ensemble59 .

4) D'autres interventions ont un caractère programmatique : Justinannonce, généralement avant une citation, le détail de commentairesultérieurs60 .

5) Toutes les « digressions » que ne motive pas une remarque explicite sontexplicables par une référence au contexte immédiat et justifiées dans lecontexte plus large du sujet traité : lorsque Tryphon (ou Justin) paraîtintroduire arbitrairement une question nouvelle, c'est toujours en s'appuyant− clairement ou par allusion − sur une remarque antérieure, des analogieslexicales, ou un verset du texte précédemment cité61 . Le développementauquel cette apparente rupture donne lieu s'intègre alors parfaitement dansl'ensemble où il se trouve situé, et contribue à son unité. Ces « interruptions »ne sont donc pas aléatoires ou explicables par l'insertion artificielle deconsidérations extérieures à l'œuvre (P. Prigent).

6) Certaines remarques de Justin, parfois très éloignées de ce qui les motive,doivent être comprises comme des réponses implicites à des questions oudes objections de son interlocuteur, dont elles reprennent parfois laformulation. Il est vraisemblable que ce dernier les interprète ainsi62 . Au delàde l'échange explicite, il semble qu'une certaine complicité s'établisse entre lesdeux interlocuteurs, et donc entre Justin et son lecteur.

114, 4 ; 117, 1 ; 119, 6 ; 121, 4 ; 122, 1 ; 125, 3 ; 127, 4 ; 134, 1 ; 137, 2 ; 138, 1.2. Introductiond'un texte scripturaire contribuant à la démonstration en cours : 50, 3 ; 58, 4 ; 78, 4 ; 132, 2.59 Dial. 42, 4* (valeur typologique des prescriptions du rituel) ; 75, 4* (titres christologiques) ;76, 2* (naissance virginale) ; 83, 1* (textes appliqués à Ézéchias ou Salomon) ; 92, 1*(circoncision spirituelle) ; 113, 4* (théophanies, Josué, Incarnation) ; 126, 1* (titreschristologiques et articles de la foi chrétienne) ; 127, 1 ?* (Dieu transcendant) ; 134, 6*(Christ : « Jacob » et « Israël ») ; 140, 4* (rétribution individuelle).60 Cf. Dial. 98, 1* ; 106, 1.4 ; 107, 1.61 Cf. 16, 3* ; 17, 3* ; 19, 2*.6* ; 20, 4* ; 22, 1*.11 ; 23, 1 ; 24, 2* ; 28, 4* ; 31, 1* ; 33, 2* ; 35,1* ; 43, 6* ; 45, 3* ; 46, 1* ; 48, 1* .3* ; 49, 2* ; 52, 1* ; 64, 4*.8* ; 65, 4* ; 67, 2* ; 71, 1* ; 76,3* .7 ; 80, 1* ; 82, 1* ; 87, 1* ; 89, 1* ; 109, 1* ; 111, 1* ; 113, 6* ; 114, 2* ; 115, 1* ; 122, 6* ;123, 5* ; 124, 3*.62 Cf. Dial. 8, 2* (philosophie) ; 11, 2* (Loi et salut) ; 12, 2* (mépris de l'Alliance) ; 12, 3*(piété) ; 16, 2* (circoncision donnée « en signe ») ; 23, 4* (circoncision, appartenance à Israël,et Salut) ; 33, 3* (crucifixion) ; 38, 1* (blasphème) ; 54, 2* ( nature du Messie) ; 56, 5*

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INTRODUCTION : PLAN

7) Plusieurs thèmes parcourent l'ensemble du Dialogue63 . Même lorsqueJustin paraît admettre qu'il se répète, il ne le fait jamais tout à fait, maisreprend, sous un angle différent, et généralement avec plus de précision cequi demeurait antérieurement elliptique ou incomplet64 . Certains articles de lafoi chrétienne, qui peuvent heurter la foi de Tryphon, sont ainsi abordés defaçon très progressive65 . Pour être menée à bien, l'ajpovdeixi" nécessiteégalement, à chaque étape, l'adhésion de celui à qui on la destine.

8) Les longues citations, situées pour la plupart au début du Dialogue, sejustifient toutes par la reprise, à un moment ou un autre de l'entretien, deleurs différentes composantes66 . Justin accorde aux textes scripturaires unevaleur de preuve intrinsèque, préexistante à tout commentaire67 ; il leurreconnaît également une fonction didactique parce que les vérités dont ilssont porteurs sont interdépendantes et doivent être toutes prises en compte,sans oublier l'ensemble dans lequel elle se trouvent originellement insérées.Le Dialogue n'est de ce point de vue, qu'une longue exégèse des textes cités.Lorsqu'une citation est jugée inutile, Justin sait s'en abstenir68 .

9) Le commentaire qui suit immédiatement ces citations est souventconstitué d'une paraphrase mêlant diverses sources et, à travers elles, le rappelde thèmes déjà abordés à l'annonce implicite de développements ultérieurs69 .Cette technique demeure discrète (les éditions n'en rendent pas compte),mais la fréquence de son utilisation comme la coïncidence des contenus avec

théophanie de Mambré) ; 65, 7* (gloire divine) ; 69, 7 (Loi et résurrection) ; 74, 3*(interprétation du Ps. 95) ; 82, 4* (exégèses « artificieuses »). Tryphon lui aussi sait faire usagede ces réponses indirectes : 27, 1* (Loi et justification) ; 17, 2* (blasphèmes).63 Messie souffrant ; Nom de Jésus ; Salut ; ogdoade ; dons de l'Esprit ; nature et générationdu Verbe (pour le détail des références, voir l'Index analytique).64 Cf. Dial. 71, 1* ; 83, 1* ; 113, 1* ; 118, 4* ; 126, 1* ; 127, 5*.65 Cf. Dial. 33, 2* (Christ « Grand prêtre ») ; 34, 2* (divinité du Christ) ; 38, 1* (Incarnation etnaissance virginale) ; 48, 1* (préexistence, Incarnation, divinité du Christ).66 Voir le détail des notes insérées dans ces citations.67 Cf. Dial. 39, 8* ; 46, 4 ; 56, 12.14 ; 63, 2* ; 64, 3.5.7 ; 68, 3.9 ; 75, 4.68 Cf. Dial. 42, 2 ; 56, 18 ; 126, 5 ; 128, 1.69 Cf. Dial. 12, 3* ; 17, 3* ; 21, 1* ; 24, 3* ; 26, 1* ; 28, 3* ; 29, 1* ; 32, 3* ; 36, 5* ; 39, 5* ; 40,1*.4* ; 43, 3* ; 56, 23* ; 63, 5* ; 69, 6* ; 74, 3* ; lacune* ; 85, 4*.7* ; 102, 5* ; 105, 3* ; 110, 2* ;116, 3*.

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INTRODUCTION : PLAN

ce qui précède et ce qui suit en prouvent le caractère délibéré. Sans le direclairement − surtout lorsqu'il aborde des sujets délicats − Justin anticipe70 .

10) Certaines citations sont présentées comme un supplément de preuve71 .On peut alors s'interroger sur leur nécessité. Or, dans tous les cas, il s'avèreque ces citations, tout en contribuant effectivement à illustrer le débat encours, sont également porteuses d'éléments − non commentés dans unpremier temps − qui deviendront essentiels par la suite, et plusparticulièrement dans les derniers chapitres. Ici encore, Justin ne surchargepas inutilement son discours mais dispose intentionnellement, et avec uneclaire conscience de ce qu'ils promettent, les jalons nécessaires à sadémonstration.

11) Certaines parties de l'entretien prennent la forme d'une argumentationtrès serrée72 . La remarque vaut aussi pour le détail de plusieurs passages,fortement structurés par différents outils rhétoriques (parallélismes,chiasmes, balancements, répétitions, synonymies…)73 . Il est donc inexactd'affirmer que Justin « ne sait pas composer ». Même en retenant l'hypothèsede développements antérieurs repris dans le Dialogue, on s'expliquerait malqu'un même auteur puisse, dans une même œuvre, et avec le recul du temps,manifester simultanément tant de rigueur et tant de faiblesse.

L'analyse de détail des interventions attribuées à Tryphon et Justin rendmanifeste leur cohérence, et le rôle structurant qu'elles jouent dans l'œuvre :en dépit de certaines apparences confortées par l'accumulation des jugementsnégatifs, Justin ne se perd pas en constantes digressions, mais adopte, avecson interlocuteur, une démarche consciente et délibérée. C'est donc enprenant appui sur les indications données dans le texte, et non en

70 Il le fait aussi à travers de nombreuses remarques qui jalonnent l'entretien et contribuent àsa structuration : 10, 4* (Loi) ; 11, 1* (« autre Dieu ») ; 11, 4* (Is. 51, 4 + Gen. 49, 10) ; 11, 5*(« race israélite véritable ») ; 12, 3* (Is. 1, 16) ; 13, 1* (id.) ; 13, 4* (a[nqrwpo") ; 14, 1* (baptêmede pénitence) ; 19, 4* (Gen. 19) ; 19, 5* (Os. 1, 9-10) ; 24, 2* (Josué) ; 24, 4* (Verus Israel) ; 29,1* (Mal. 1, 11 ; titres christologiques) ; 32, 1* (Messie glorieux) ; 33, 2* (Christ « Grandprêtre ») ; 34, 2* (« ange » ; « pierre ») ; 35, 1* (hérésies) ; 36, 4* (Ps. 23) ; 38, 1* (proskunhtov") ;39, 6* (péché originel).71 Dial. 14, 3 ; 36, 2 ; 57, 4 ; 59, 1 ; 61, 1 ; 130, 3 ; 132, 1.72 P. ex. les chap. 56 ; 67 ; 68.73 Voir, en particulier, Dial. 7, 2-3* ; 17, 1* ; 28, 2* ; 33, 2* ; 42, 3* ; 45, 3* ; 49, 7* ; 52, 3* ; 62,4* ; 87, 5* ; 89, 3* ; 95, 4* ; 116, 3* ; 123, 1* ; 131, 3*.

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INTRODUCTION : PLAN

faisant intervenir des critères extérieurs, que l'on peut espérer reconstituercette démarche.

L'analyse d'ensemble confirmera le caractère structuré du propos, enmettant en évidence la continuité des préoccupations exprimées par les deuxinterlocuteurs, et leur complémentarité.

Le tableau donné en appendice (t. II, p. 921-941), et sur lequel s'appuientles considérations qui vont suivre, comporte un relevé exhaustif desinterventions de Tryphon (ou de ses compagnons), et, parmi celles qui sontattribuées à Justin, de tout ce qui fait référence à des éléments du discoursantérieurs, en cours, ou ultérieurs. Ces interventions étant parfois assezlongues, elles sont ici réduites à leur nature (question, objection, rappel, etc.)et à leur contenu essentiel. Leur analyse ne donne pas tout le détail desquestions abordées, puisque ce qui les introduit est parfois implicite, mais elleoffre des données précieuses pour l'appréhension des grands ensembles quistructurent l'œuvre.

V - UN AUTHENTIQUE DIALOGUE

Abstraction faite des premiers moments de l'entretien, sur lesquels nousreviendrons en conclusion, les interventions de Tryphon portent sur lesgrandes questions suivantes : Loi et Salut ; identité et nature du Messie ; existenced'un « autre Dieu » ; paradoxes de la foi chrétienne (préexistence, Incarnation,génération ineffable et naissance virginale) ; malédiction de la Croix ; prétentiondes chrétiens à être Israël.

Au sein de ces grandes unités, il arrive que Tryphon provoque des ruptures,mais c'est toujours en réaction à une remarque (ou une citation) de Justin. Sila question mérite d'être traitée immédiatement (par exemple celle des judéo-chrétiens dans l'ensemble consacré à la Loi, ou encore celle de l'onction duMessie entre la précédente et les développements christologiques),l'interruption est retenue par Justin. Dans le cas contraire (par exemple lanaissance virginale prématurément abordée par Tryphon à plusieurs reprises),Justin diffère sa réponse jusqu'au moment ou elle peut effectivement êtredonnée en prenant appui sur tout ce qui précède. Les motifs secondairesintroduits par Tryphon − mais inspirés par Justin − sont ainsi retenus oureportés selon leur utilité dans le(s) contexte(s) où ils sont évoqués :prescriptions alimentaires, héritage, idolothytes, transmission de l'Esprit, paradoxeschristologiques, judéo-chrétiens, rôle d'Élie, repas des anges, gloire du Christ,

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mutilations d'Écritures, chute des anges, Millénaire à Jérusalem. Tous sontdirectement liés à ce contexte74 , mais seuls certains d'entre eux sont traitéssans délai. Les deux interlocuteurs s'accordent sur cette méthode qui satisfaità la fois les préoccupations de Tryphon et le dessein de Justin.

Les interventions de Justin dessinent elles aussi de grands ensembles : Loinon nécessaire au Salut, Christ « Loi nouvelle » et « Alliance nouvelle » ; Messianité deJésus ; existence d'un « autre Dieu » ; paradoxes christologiques ; « malédiction » de laCroix ; Verus Israel.

Les motifs secondaires (hérésies, Parousie, Jean le Baptiste ; Millénaire, serpentd'airain, fuite en Égypte, commentaire du Ps. 21, titres christologiques, Jésus Grand prêtreà Babylone, etc.) sont tous liés, ici encore, au contexte immédiat dans lequel ilsfigurent.

Les rappels incessants ont une fonction multiple : signaler que certaineschoses sont déjà implicitement démontrées ; récapituler un ensemble dedonnées acquises ; s'assurer que Tryphon garde bien en mémoire ces acquisantérieurs et accepte toujours de les prendre en considération ; procéder,dans le cas contraire, à une nouvelle démonstration ; montrer que ces acquissont lourds de conséquences dans différents contextes ; souligner ainsil'interpénétration des aspects divers du message que contiennent lesÉcritures.

Dans la seconde partie du Dialogue − où Tryphon devient fort discret − toutce qui avait été débattu le jour précédent est récapitulé à l'intention desnouveaux interlocuteurs, mais aussi abordé dans une autre perspective etinséré dans de nouveaux développements. Il ne s'agit jamais, en fait, devéritables répétitions75 mais d'une somme de rappels qui mènent à laconclusion générale en associant et en rassemblant − pour les compléter parfois− les fragments de vérité précédemment acquis. Réels ou fictifs, lescompagnons de Tryphon n'ont donc pas pour fonction de justifier d'inutilesredites, mais au contraire de contribuer, par les récapitulations auxquelles leurprésence donne lieu, à accélérer, en le confortant, le processus menant àl'ultime affirmation : par leur foi au Christ, Grand prêtre crucifié et vainqueur dudémon (« Israël »), les chrétiens sont enfants de Dieu, peuple de prêtres et véritableIsraël.

La coïncidence entre les préoccupations exprimées par Tryphon et lessujets abordés par Justin est frappante. Leur parallélisme sur l'ensemble de

74 Voir le détail des notes correspondant aux différents passages.75 Voir le détail des notes ad. loc.

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INTRODUCTION : PLAN

l'œuvre prouve qu'en dépit des ruptures et des « digressions », tous deuxadoptent bien un même cheminement. Cette complémentarité renforcel'impression de cohérence déjà sensible à travers l'analyse détaillée de leursinterventions respectives.

Mais on pourrait penser qu'elle est artificielle, Justin attribuant à uninterlocuteur purement fictif des remarques qui servent en réalité sa propredémonstration. Il n'en est rien : les interventions de Tryphon correspondent,en effet, précisément à ce qui caractérise ou heurte la foi juive (respect de la Loi,unité de Dieu, attente du Messie « homme d'entre les hommes », malédiction de la croix,mission d'Israël) et celles de Justin aux articles fondamentaux de la foichrétienne (Christ « Alliance nouvelle », Loi non nécessaire au Salut ; Messianité deJésus ; sa nature divine et humaine ; victoire sur la Croix ; peuple des chrétiens véritableIsraël). Leur complémentarité s'explique donc par leur radicale contradiction.

Une dernière observation vient confirmer la vraisemblance des ensemblesainsi distingués : dans les premiers instants de l'entretien (8, 3-11, 5)76 ,Tryphon énumère les griefs adressés aux chrétiens, et Justin les élémentsessentiels de sa foi. Ces considérations, réparties sur quelques passages,méritent d'être réunies. Elles présentent en effet une double caractéristique :leurs éléments respectifs sont parfaitement parallèles ; ils correspondent parailleurs exactement à la structure de l'œuvre que semble dessiner l'analyse desinterventions :

TRYPHON JUSTIN

Discours trompeurs (8, 3)

* Abandon de Dieu (8, 3)

* Espoir en un homme (8, 3)

** Nécessité de la circoncision, et du respect de laLoi (8, 4) ; non respect par les chrétiens (10, 3)

Messie non encore venu, rôle précurseur d'Élie (8,4)

* « Notre foi en ce qui n'est selon vous qu'opinionerronée » (10, 1)

* Pas d'autre Dieu pour les chrétiens (11, 1)

* Respect de la Loi non nécessaire, « Alliancenouvelle » (11, 2-3).

* Les œuvres de Jésus prouvent qu'il est le Messie(11, 4)

76 Voir le tableau ci-dessous.

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INTRODUCTION : PLAN

TRYPHON JUSTIN

* Non respect de la Loi (10, 3)

* Espoir en un homme crucifié (10, 3)

* Circoncision nécessaire pour l'appartenance àIsraël (10, 3)

* Christ crucifié (11, 4.5)

* « Race israélite véritable » ( 11, 5)

La dissociation des deux propositions présentées par Tryphon à propos duMessie des chrétiens peut paraître, à première vue, répétitive ou maladroite :« ...tu abandonnes Dieu pour placer ton espoir en un homme » (8, 3) ; « ...vousplaciez vos espoirs en un homme crucifié » (10, 4). La suite du débat montre aucontraire qu'elle est intentionnelle : les questions ayant trait à la nature duMessie et à sa crucifixion donneront lieu, en effet, à des développementssuccessifs mais distincts. Jusque dans les moindres détails, Justin manifeste larigueur de sa démarche.

Par ces interventions programmatiques, Justin et Tryphon indiquent tousles deux, au début du débat, leurs préoccupations respectives et leurcommune démarche. Ils le confirment explicitement, dans ces premierschapitres, par des remarques qui méritent, elles aussi, d'être mises en regard :

TRYPHON : « Si tu peux te défendre à ce sujet, et démontrercomment, même sans observer la loi, vous pouvez concevoir unequelconque espérance, nous t'écouterons bien volontiers, et nouspourrions ensuite, selon la même méthode, examiner ensemble les autrespoints. » (10, 4)

JUSTIN : « Car la race israélite véritable, spirituelle, celle de Juda, deJacob, d'Isaac et d'Abraham, lequel dans l'incirconcision, à cause de safoi, reçut de Dieu témoignage, fut béni, et appelé père de nombreusesnations, c'est nous qui, par ce Christ crucifié, avons été conduits àDieu, comme le démontrera la suite de notre entretien. » (11, 5)

C'est dans l'ensemble de ces propositions concordantes, confirmées par lasuite, qu'il convient de chercher le « plan » du Dialogue. L'hypothèse d'un

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INTRODUCTION : PLAN

débat fictif ne ferait que renforcer cette conviction, puisque Justinannoncerait alors doublement le plan de son discours.

VI - CONCLUSIONS

Au terme de cette analyse, il apparaît que les réserves sur l'aptitude de Justin à« composer » sont injustifiées. Leur caractère récurrent et leur antiquité neprouvent en rien leur légitimité. Lorsqu'ils sont motivés − ce qui est rarementle cas − ces jugements se fondent sur des normes esthétiques et logiquesdont il reste à montrer qu'elles s'appliquent à Justin77 .

Parmi les commentateurs, seuls ceux qui sont partis de l'œuvre elle-même(W. Bousset, F. M.-M. Sagnard), et non de critères préexistants ou de sourcesextérieures ont obtenu quelque résultat sur la question du plan. Les autresaboutissent invariablement à des conclusions embarrassées ou explicitementnégatives.

L'hypothèse d'un discours aléatoire ne résiste pas à l'examen. Trop d'indicesprouvent en effet que les chapitres consacrés à l'entretien de Justin etTryphon sont bien, dans la forme où ils nous ont été transmis, le fruit d'unedémarche délibérée. Celle-ci est constituée par les réponses offertes àquelques grandes questions, sur lesquelles viennent se greffer les motifssecondaires qui contribuent à leur résolution :

* Loi et Salut : Christ, « Loi nouvelle » et « Alliance nouvelle »* Messianité de Jésus : Messie souffrant, transmission de l'Esprit* Existence d'un « autre Dieu »

77 Certaines remarques d'Henri-Irénée MARROU, à propos de saint Augustin, pourraientaisément s'appliquer à l'auteur du Dialogue, pourvu, du moins, qu'on veuille bien lire cetteœuvre comme elle fut écrite : « Reprocher au rhéteur Augustin ‘de ne pas savoir composer’,c'est prétendre que Braque ou Picasso n'étaient pas capables de dessiner une guitare selon leslois de la perspective. » [...] « Saint Augustin procède comme un habile musicien qui faitentendre délicatement, mezza voce, confiée à une voix secondaire et exécutée par un instrumentdiscret, l'esquisse d'un thème qui va bientôt faire l'objet d'un développement principal. l'auteurn'y prend pas garde, mais quand ce thème réapparaît, éclate au premier plan, loin d'en êtresurpris, nous nous apercevons que nous le connaissons déjà, nous le reconnaissons… » (SaintAugustin et la fin de la culture antique. « Retractatio », Paris 1949, pp. 665 ; 667).

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* Paradoxes christologiques* Malédiction de la Croix* Véritable Israël.

Ces grandes unités correspondent,- au détail des interventions de Tryphon et de Justin- à l'organisation d'ensemble de ces interventions- aux principes essentiels de la foi juive- aux principaux articles de la foi chrétienne- aux déclarations préliminaires de Tryphon- aux déclarations préliminaires de Justin.

Les questions sont évidemment liées, parfois entremêlées par anticipation,d'où l'impossibilité de délimiter toujours avec précision le passage de l'une àl'autre78 : Ainsi l'affirmation d'une « Loi nouvelle » entraîne l'interrogation surun « autre Dieu » ; la transmission de l'Esprit (baptême du Christ) appelle lesconsidérations sur les paradoxes christologiques (nature humaine et divine duChrist) ; la malédiction de la Croix est l'un de ces paradoxes, etc.79 . Il est parailleurs évident qu'elles se présentent selon système de correspondances quirappelle certaines structures rencontrées dans le détail :la malédiction de la Croix pose à la fois un problème juridique (Loi) etthéologique (nature du Messie, Salut). La réponse apportée complètesimultanément les considérations préliminaires sur la Loi, et celles qui onttrait à l'identité du Messie ; les développements sur le véritable Israël (fin duDialogue) font écho aux premiers chapitres de l'entretien, mais aussi à ceux quiprécèdent immédiatement (les chrétiens sont le véritable Israël parce que LeChrist est lui-même, sur la Croix, vainqueur du démon − Isra-ël) ; l'offrandeeucharistique (fin de l'entretien) s'oppose à celles de la Loi (début del'entretien), mais elle est également le signe du sacrifice consenti sur la Croix.De telles correspondances pourraient être multipliées à l'infini, car ellesstructurent l'ensemble et le détail de l'œuvre. C'est en elles − et déjà dans lesÉcritures − que réside la véritable cohérence décomposée dans le Dialogue.On comprend que Justin ait hésité à dissocier trop clairement des aspects dela Révélation si intimement liés.

*

78 Voir cependant, ci-dessous, la liste des intertitres (p. 42-48), et sa présentation (p. 41).79 Pour le détail de ces transitions, voir les notes ad loc.

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Quelle place attribuer au prologue dans une telle organisation ? Cettequestion a donné lieu a de nombreuses hypothèses80 qui présentent presquetoujours un inconvénient majeur : à ce prologue, diversement délimité, ellesaccordent de manière explicite ou implicite une importance essentielle, audétriment de ce qui suit (la plus grande partie du texte pourtant !). Cephénomène s’explique évidemment par la situation de passages dont le rôleapparaît déterminant pour l’ensemble du texte. Mais il semble avoir étéaccentué par le contraste remarquable entre une « introduction » où l’onretrouve des contenus et des structures connus par ailleurs dans la littératuregrecque, et un « dialogue » dont la teneur et la méthode posent problème aupoint que l’on hésite à s’y aventurer… Aussi les premiers chapitres ont-ils faitl’objet, jusqu’à une période récente, de commentaires suivis asseznombreux81 tandis que le reste de l’œuvre n’est toujours abordé que de façonpartielle ou sporadique.

Les commentateurs s’appuient donc sur une tradition critique déséquilibrée.La signification accordée au prologue se trouve souvent appliquée à tout letexte sans qu’on juge nécessaire d’éprouver la validité d’une telle méthode.L’attention se focalise parfois sur le passage du prologue à ce qui lui succède :où situer la transition ? Comment la restituer ? La réponse apportée à cesquestions ne prend généralement en compte que le contexte immédiat du lieuretenu pour la transition, et, lorsque le champ d’investigation est élargi, c’estle plus souvent à tout ce qui précède, mais dans tous les cas de manièrepartielle ou très globale à ce qui suit.

En l’absence d’une analyse détaillée pour les chapitres consacrés àl’entretien de Justin avec Tryphon, c’est donc le prologue qui détermine plusou moins explicitement, chez les commentateurs, le sens accordé àl’ensemble du texte. C’est presque uniquement dans ce prologue, et non dansl’ensemble du texte, qu’on cherche les éléments susceptibles d’expliquer safonction.

L’étude structurelle proposée ci-dessus et celle des destinataires de l’œuvre82

suggèrent une autre approche :Selon ces analyses, la question du Salut est apparue essentielle dans le

Dialogue. C’est elle qui sous-tend le débat entre Justin et Tryphon83 ; c’est elle

80 Cf. ci-dessous, p. 149-152.81 Voir les analyses utilisées dans les notes accompagnant la traduction du prologue, et unesynthèse de ces travaux in S. SANCHEZ., Justin, Apologiste chrétien, Paris, Gabalda, 2000.82 Cf. ci-dessous, p. 129-166.

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INTRODUCTION : PLAN

aussi qui motive explicitement sa mise en forme84 . Or le prologue introduitla même thématique à travers une réflexion dont l’importance n’a pas étésuffisamment relevée, bien qu’elle occupe l’essentiel des premiers chapitres :la nature de l’âme, son immortalité, et son accessibilité à un jugement divin.Si l’on admet cette lecture, ce n’est donc pas, comme on l’écrit généralement,sur « la philosophie » (et ses rapports avec la foi chrétienne) que porte ceprologue, mais plus précisément sur son aptitude à proposer une conceptionjuste de l’homme, de sa capacité à connaître Dieu, et de son devenir au-delàde la mort. C’est cette perspective qui justifie l’opposition entre philosopheset Prophètes (Dial. 7, 1) : seuls ces derniers délivrent sur de telles questionsun message authentique et fiable, car celui-ci est d’origine divine et nonhumaine.

A l’affirmation philosophique d’un jugement divin dissociant l’âme deshommes pieux et celle des méchants (Dial. 5, 3), appelant les unes à la vieéternelle et les autres au châtiment (Dial. 5, 3 ; 5, 5) font écho, dansl’ensemble du Dialogue, des considérations récurrentes (et insuffisammentprises en compte elles aussi) qui correspondent à une même préoccupation :affirmation du libre arbitre* ; espérance de l’héritage* ; évocation dujugement* individuel et eschatologique ; urgence de la conversion*85 . Ces

83 Cf. ci-dessus, p. 34 s. Ce thème du Salut encadre le débat, ce qui est un autre signe de safonction essentielle : cf. Dial. 8, 2 : « Si donc tu as, toi aussi, quelque souci de toi-même, si tuprétends au Salut et si tu as foi en Dieu, il est pour toi possible… en ayant reconnu le Christde Dieu, et une fois achevée ton initiation, d’accéder au bonheur. » (Justin) ; Dial. 8, 3 : « Tantque tu demeurais en cette sorte de philosophie, tu pouvais, en menant une vie irréprochable,conserver l’espoir d’une meilleure destinée. Mais si tu abandonnes Dieu pour placer ton espoiren un homme, quelle sorte de Salut te reste-t-il ? « (Tryphon) ; « Donc, si tu veux bienm’écouter ... fais-toi tout d’abord circoncire, puis observe, comme cela est prescrit par la Loi,le sabbat, les fêtes et les néoménies de Dieu, accomplis, en un mot, tout ce qui est écrit dans laLoi. Alors, très certainement, tu obtiendras de Dieu miséricorde. » (Tryphon) ; « Ce qui nousembarrasse le plus, c’est plutôt que ... vous placiez vos espoirs en un homme crucifié, etespériez néanmoins, sans en observer les commandements, obtenir quelque bien de Dieu. »(Tryphon) ; Dial. 142, 2 : « ... je vous exhorte à livrer ce suprême combat pour votre propreSalut, en ayant soin de préférer à vos didascales le Christ du Dieu tout-puissant. » (Justin) ; « Iln’est pas de meilleure prière que je puisse faire pour vous, mes amis, que de vous voirreconnaître que c’est par cette voie-là qu’à tout homme est donné de trouver le bonheur, etcroire sans réserve, vous aussi comme nous, que c’est à nous qu’appartient le Christ de Dieu. »(Justin).84 Cf. ci-dessous, p. 155-157.85 Sur tous ces thèmes, abondamment développés, et souvent entremêlés, voir l’Indexanalytique.

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considérations doivent être lues comme autant d’indices permettantd’appréhender ce qui motive l’activité missionnaire de Justin tout en unissantet en structurant sa mise en forme par écrit. Selon une telle lecture, le Dialogueavec Tryphon serait avant tout une réflexion philosophique puis exégétique surla question du Salut historiquement inscrite dans la perspective imminented’une seconde parousie. Adressée avant tout aux juifs86 , puisque selon Justinceux-ci, plus que les nations, rejettent l’enseignement du Christ, cetteentreprise de conversion serait, à travers Tryphon87 – personnage égalementattaché à la raison (Dial. 1, 2-3) et à sa tradition (Dial. 8, 4 ; 10, 3-4) –, et ceuxqui l’accompagnent88 , destinée à toute l’humanité.

*La démarche adoptée dans le Dialogue tente donc de concilier plusieursexigences complémentaires et contradictoires à la fois : offrir à l'interlocuteurun exposé construit tout en répondant aux objections ponctuelles que cediscours entraîne ; satisfaire le désir de rationalité de cet interlocuteur sansdénaturer pour autant un message délivré, à l'origine, dans une forme depensée essentiellement analogique ; respecter l'unité des Écritures et enmême temps l'aspect nécessairement analytique de tout discours humain ;transmettre dans le langage des hommes ce qui n'est précisément pas« enseignement humain ». La configuration apparemment désagrégée duDialogue correspond à cette tension multiple.

C'est précisément pour avoir été « à la hauteur de l'immense valeur de véritéet de vie qui lui était confiée » (Sagnard) et non pour s'en être montréindigne, que Justin n'a pas cru bon de réduire le message dont il était porteurà un discours satisfaisant pour la raison. Ce qui fut trop souvent considérécomme une faiblesse est au contraire la marque d'un esprit respectueux deson environnement culturel, de sa formation composite89 , et d'une vérité quiéchappe à tout art en exigeant pourtant d'être communiquée.

86 Voir ci-dessous, p. 156 s..87 Personnage composite : voir ci-dessous, p. 92-98.88 Voir ci-dessous, p. 135-138.89 Constatations qui ne sont évidemment pas sans conséquences pour la question fortdébattue des destinataires de l'œuvre (cf. Introduction : p. 129-166).

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Par sa nature même le contenu du Dialogue semble résister à touteprésentation synoptique. Plusieurs essais ont été effectués en ce sens pour laprésente édition : ils se sont toujours avérés arbitraires ou peu satisfaisantscar dans cette œuvre les enchaînements de détail, comme la compositiond’ensemble, se fondent non pas sur une progression rationnelle mais sur unsystème très complexe d’échos et d’analogies qu’il faut sans doute interprétercomme un appel à une lecture non linéaire.

Les subdivisions en chapitres introduites par Maran et adoptées par la suitedans toutes les éditions n’ont reçu de titres que dans la collection Ante-NiceneChristian Library (1868 ; 19692)1 . Ces titres sont très souvent imprécis,réducteurs, ou trop peu distincts les uns des autres2 , ce qui traduitvraisemblablement la perplexité de leur auteur.

Ces subdivisions ont été conservées dans la présente édition, mais àchacune d’entre elles est attribué un titre qu’on a voulu aussi représentatifque possible de son contenu et de la place qu’elle occupe dans la démarched’ensemble. Les citations scripturaires y sont évoquées chaque fois que leurlongueur apparaît déterminante pour la constitution du chapitre et pour sonarticulation avec ce qui précède ou ce qui suit.

A défaut d’un impossible plan synoptique, la liste des intertitres présentéeci-dessous devrait donner au lecteur une vision d’ensemble de l’œuvre et unecertaine représentation des étapes qui la structurent. Mais on ne sauraitoublier que cette construction correspond à une intervention récente dans latransmission du texte, et n’a donc qu’une valeur indicative. Si elle présente unintérêt pratique indéniable pour le lecteur moderne, elle ne doit en aucunemanière être confondue avec la démarche originale qui est adoptée dans leDialogue.

1 Voir ci-dessus, p. 12.2 Par ex. chap. XXXVI : He proves that Christ is called Lord of hosts et chap. XXXVII : The same isproved from other Psalms ; chap. XLI : The oblation of fine flour was a figure of the Eucharist (aucunemention de la circoncision, et du « huitième jour », également évoqués dans ce chapitre) ;chap. XXVIII : True righteousness is obtained by Christ et chap. XXX : Christians possess the truerighteousness.

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INTRODUCTION : PLAN

Liste des intertitres

Chap. I : Prologue. Rencontre avec Tryphon.Chap. II : Justin retrace son itinéraire philosophique.Chap. III : Justin évoque sa rencontre avec le Vieillard. Quel est le véritable objet de laphilosophie ?Chap. IV : L’âme peut-elle « voir Dieu » ?Chap. V : L’âme n’est pas par nature immortelle.Chap. VI : L’âme participe à la vie tant que Dieu veut qu’elle vive.Chap. VII : La connaissance de la vérité ne peut être tirée que des Prophètes.Chap. VIII : Départ du Vieillard. Conversion de Justin. Reproches de Tryphon aux chrétiens.Chap. IX : Début de l’entretien dans le stade central du Xyste.Chap. X : Tryphon ne reproche aux chrétiens que leur refus d’observer la Loi.Chap. XI : Le Christ, « Loi éternelle », met un terme à la « Loi de l’Horeb ». Les chrétiens sontla « race israélite véritable ».Chap. XII : Les juifs ont mal compris la Loi de Moïse et violent la « Loi éternelle ».Chap. XIII : La rémission des péchés ne peut être obtenue que par le sang du Christ. Témoignaged’Isaïe.Chap. XIV : Bain rituel et baptême ; azymes et « nouveau levain ». Prophétie d’Isaïe sur leNouveau Législateur.Chap. XV : Le « véritable jeûne de Dieu » : Prophétie d’Isaïe.Chap. XVI : La circoncision fut donnée « en signe » pour ceux qui ont « tué le Juste », etpersécutent ses disciples.Chap. XVII : Les juifs ont envoyé par toute la terre des émissaires chargés de répandre la calomniessur les chrétiens. Prophétie d’Isaïe.Chap. XVIII : Les chrétiens observeraient les prescriptions de la Loi s’ils ne connaissaient pas leursens véritable.Chap. XIX : Avant Abraham, les Justes étaient incirconcis. Depuis Moïse, c’est à cause de sestendances idolâtres que le peuple est soumis à la Loi.Chap. XX : Les prescriptions alimentaires, consécutives au péché du veau d’or, étaient destinées àpréserver le peuple de l’idolâtrie.Chap. XXI : C’est à cause des péchés du peuple que fut institué le sabbat. Témoignage d’Ézéchiel.Chap. XXII : Les offrandes furent prescrites à cause des injustices du peuple et de son idolâtrie.Témoignages d’Amos, de Jérémie et de David.Chap. XXIII : Le même Dieu a prescrit ces diverses ordonnances, et il les annule par le Christ.Sabbat et circoncision ne sont pas œuvres de justice.Chap. XXIV : Seul le sang de la circoncision véritable dispense le Salut et fait entrer les nationsdans l’héritage d’Abraham. Témoignages de David, de Jérémie et d’Isaïe.Chap. XXV : Erreur des juifs qui prétendent être « enfants d’Abraham ». Témoignage d’Isaïe.

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INTRODUCTION : PLAN

Chap. XXVI : L’héritage sur la « montagne sainte » est réservé à ceux qui, parmi les juifs et lesnations, se seront repentis. Témoignages d’Isaïe.Chap. XXVII : Lorsqu’Isaïe célèbre le sabbat prescrit par l’intermédiaire de Moïse, c’est à causedes péchés du peuple. L’institution était provisoire.Chap. XXVIII : Urgence de la conversion. Seule la circoncision véritable, destinée à tous, permetd’accéder au Salut. Témoignages de Jérémie, Malachie, et David.Chap. XXIX : Universalité de la circoncision et du baptême véritables. Incompréhension juive desProphéties et de la Loi.Chap. XXX : Éternité de la justice divine et puissance rédemptrice de la Passion : le Psaume 18.Chap. XXXI : Passion rédemptrice et Parousie « glorieuse ». Prophétie de Daniel.Chap. XXXII : Christ « sans honneur et sans gloire » d’Isaïe et Messie « glorieux » de Daniel. LePsaume 109, prophétie de l’Ascension et des deux parousies. Les temps eschatologiques.Chap. XXXIII : Le Psaume 109 n’est pas dit d’Ézéchias, mais du Christ, « Prêtre éternel » desincirconcis.Chap. XXXIV : Le Psaume 71 n’est pas dit de Salomon, coupable d’idolâtrie, mais du Christ,« roi » éternel et universel.Chap. XXXV : Les hérésies, prédites par le Christ, confirment son message et la foi des chrétiensauthentiques.Chap. XXXVI : Le Psaume 23 n’est pas dit de Salomon, mais du Christ et de son Ascension.Chap. XXXVII : Les Psaumes 46 et 98 se rapportent au Christ.Chap. XXXVIII : Le Psaume 44 se rapporte au Christ.Chap. XXXIX : Si le jugement divin est retardé, c’est à cause de ceux qui « abandonnent la voie del’erreur » et reçoivent les dons de l’Esprit.Chap. XL : La Passion du Christ était annoncée par le « mystère » de l’agneau pascal, et ses deuxparousies par l’offrande des deux boucs.Chap. XLI : L’Eucharistie était annoncée par l’offrande de farine. Témoignage de Malachie. Lacirconcision au huitième jour annonçait la Résurrection.Chap. XLII : Les clochettes suspendues à la robe du Grand prêtre symbolisaient les douze apôtressuspendus à la puissance du Christ.Chap. XLIII : Conclusion sur la Loi. Mystère de la naissance virginale : prophétie d’Isaïe.Chap. XLIV : C’est en reconnaissant le Christ que les juifs accéderont au Salut. Témoignagesd’Ézéchiel et d’Isaïe.Chap. XLV : Les Justes ayant vécu avant la Loi instituée par Moïse sont-ils appelés à larésurrection ?Chap. XLVI : Peut-on être sauvé en continuant à observer la Loi ?Chap. XLVII : On peut être sauvé en continuant à observer la Loi, pourvu qu’on n’en impose pasla pratique aux Gentils qui se convertissent.Chap. XLVIII : Le Christ n’est pas seulement « homme d’entre les hommes ». Il est aussi Dieu.Chap. XLIX : La première parousie fut annoncée par Jean, la seconde par Élie. Transmission del’Esprit prophétique.

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INTRODUCTION : PLAN

Chap. L : Jean, Précurseur du Christ : prophétie d’Isaïe.Chap. LI : Jean était bien le Précurseur. Il n’y eut plus, après lui, de prophète en IsraëlChap. LII : La disparition, en Israël, des prophètes et des rois était annoncée dans la bénédictionde Juda.Chap. LIII : La bénédiction de Juda et la prophétie de Zacharie annonçaient l’entrée du Christ àJérusalem, et la conversion des nations.Chap. LIV : La bénédiction de Juda est une prophétie de la Passion, de la Rédemption, et de lanaissance virginale.Chap. LV : Tryphon rappelle à Justin qu’il doit prouver l’existence d’un « autre Dieu ».Chap. LVI : L’« autre Dieu » est apparu à Abraham, en compagnie de deux anges.Chap. LVII : Objection sur le « pain des anges ».Chap. LVIII : L’« autre Dieu » s’est manifesté dans les visions de Jacob.Chap. LIX : L’« autre Dieu » est apparu à Moïse. Il est distinct du Père.Chap. LX : Le Buisson ardent (suite).Chap. LXI : La « puissance » engendrée par le Père était évoquée dans les Proverbes.Chap. LXII : La « puissance » engendrée par le Père était évoquée dans la Genèse, et dans d’autrestextes encore, où elle porte différents noms.Chap. LXIII : Question de Tryphon sur la naissance virginale, la mort et la Résurrection duChrist. Témoignages d’Isaïe et de David.Chap. LXIV : L’« autre Dieu » est aussi celui des juifs. Témoignages de David.Chap. LXV : Dieu déclare en Isaïe qu’il « ne donne à nul autre sa gloire ». Explication dupassage par Justin.Chap. LXVI : La naissance virginale (suite). Prophétie d’Isaïe.Chap. LXVII : Pour Tryphon, la naissance virginale est aussi absurde que le mythe de Persée.Il vaudrait mieux affirmer que Jésus, « homme d’entre les hommes », fut élu pour son observance dela Loi. Rappels de Justin à propos de la Loi.Chap. LXVIII : Les enseignements du Christ ne sont pas des « enseignements humains ».La Prophétie d’Isaïe est bien dite du Christ, et non de Salomon.Chap. LXIX : Les fables mythologiques sur Dionysos ou Héraklès ne sont qu’une contrefaçondiabolique de prophéties annonçant la naissance virginale, les miracles de Jésus, sa Passion et saRésurrection.Chap. LXX : Les mystères de Mithra sont une imitation diabolique de Prophéties relatives à lanaissance du Christ, et à l’Eucharistie.Chap. LXXI : La traduction d’Is. 7, 14 par les LXX est rejetée par les juifs, qui ont faitdisparaître de l’Écriture certaines prophéties proclamant clairement la mise en Croix du Christ etsa divinité.Chap. LXXII : Exemples de passages mutilés : Esdras et Jérémie.Chap. LXXIII : Les mots « du haut du bois » ont été retranchés du Psaume 95.Chap. LXXIV : Le Psaume 95 n’est pas dit du Père, mais du Salut par la Croix.

* Lacune *

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INTRODUCTION : PLAN

Chap. LXXV : « Jésus » et « ange » sont des noms divins. Témoignage tiré de l’Exode.Chap. LXXVI : D’autres prophéties attestent la nature humaine et divine du Christ, ainsi que samission rédemptrice.Chap. LXXVII : La prophétie d’Is. 8, 4 ne s’applique pas à Ézéchias, mais au Christ, visité parles mages au lieu de sa naissance.Chap. LXXVIII : La visite des mages d’Arabie était annoncée par Isaïe en signe que les puissancesdémoniaques seraient soumises au Christ dès sa naissance.Chap. LXXIX : La révolte des anges est attestée en plusieurs endroits des Écritures.Chap. LXXX : Opinion de Justin sur la résurrection et sur le Millénaire. Hérésies chrétiennes.Chap. LXXXI : Prophéties sur le Millénaire tirées d’Isaïe et de l’Apocalypse.Chap. LXXXII : L’apparition des hérésies et la permanence des charismes prophétiques attestent lavérité du message de Jésus. Les exégèses juives sont erronées et blasphématoires.Chap. LXXXIII : Le Psaume 109 n’est pas dit d’Ézéchias, mais du Christ.Chap. LXXXIV : La Prophétie d’Is. 7, 14 ne peut s’appliquer qu’au Christ, même si les juifs enrejettent la traduction par les LXX.Chap. LXXXV : Le Psaume 23 ne s’applique ni à Ézéchias ni à Salomon, mais au Christ. Lesrépétitions de Justin sont nécessaires à l’œuvre de conversion.Chap. LXXXVI : Figures du « bois de la Croix » contenues dans les Écritures.Chap. LXXXVII : Comment celui qui reçut au baptême les puissances de l’Esprit Esprit pouvait-ilêtre aussi un Dieu préexistant ?Chap. LXXXVIII : Si les puissances de l’esprit sont venues sur lui, ce n’est pas qu’il en ait étédépourvu, mais parce qu’en lui elles se sont « reposées », pour être dispensées à ceux qui en sontdignes.Chap. LXXXIX : Le Christ « souffrant » annoncé dans les Écritures peut-il être celui qui a subi la« malédiction » de la Croix ?Chap. XC : Moïse lui-même a donné, lors du combat contre Amalek, le premier « signe » de laCroix.Chap. XCI : Moïse a annoncé le « mystère » de la Croix dans la bénédiction de Joseph et par le« signe » du serpent d’airain.Chap. XCII : Les Écritures ne paraissent contradictoires qu’à ceux qui n’ont point reçu la grâce deles comprendre.Chap. XCIII : C’est une même justice que Dieu enseigne en tout temps et à tous les hommes.Elle est comprise dans deux préceptes du Christ, que les juifs ne respectent pas.Chap. XCIV : Le serpent d’airain, prescrit par Dieu à Moïse, ne contredisait pas l’interdiction desimages.Chap. XCV : La « malédiction » de la Croix sauve ceux qui sont maudits, c’est-à-dire toutel’humanité, puisqu’est « maudit » quiconque n’a pas respecté l’ensemble de la Loi.Chap. XCVI : C’est par les juifs, et non par Dieu, que sont « maudits » le Christ et les chrétiens.Chap. XCVII : Autres prophéties de la Croix tirées des Psaumes et d’Isaïe.Chap. XCVIII : Le Psaume 21, prophétie de la Passion.

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INTRODUCTION : PLAN

Chap. XCIX : Psaume 21-2-3 : la Passion assumée.Chap. C : Psaume 21, 4 : Résurrection et Rédemption par le Fils de Dieu incarné. Eve et Marie.Chap. CI : Psaume 21, 5-9 : humiliation du Christ sur la Croix, et Rédemption.Chap. CII : Psaume 21, 10-16 : accomplissement de la volonté divine en diverses circonstances dela vie du Christ.Chap. CIII : Psaume 21,12-16 : arrestation du Christ au Mont des Oliviers, silence opposé à sesjuges.Chap. CIV : Psaume 21,16-19 : condamnation du Christ, crucifixion, partage de ses vêtements.Chap. CV : Psaume 21, 20-22 : mort sur la Croix et Salut des âmes.Chap. CVI : Psaume 21, 23-24 : Le Christ, « Jacob », « Israël », « Astre » et « Levant ».Chap. CVII : Le « signe » de Jonas, prophétie de la Résurrection.Chap. CVIII : Le « signe » de Jonas non compris par les juifs : après la Résurrection, loin de fairepénitence, ils ont envoyé par toute la terre des émissaires chargés de répandre la calomnie sur leschrétiens.Chap. CIX : Les nations ont entendu le Verbe qui, de Jérusalem, était proclamé par les Apôtres.Prophétie de Michée.Chap. CX : La prophétie de Michée ne s’est qu’en partie réalisée par la conversion des nations. Lereste s’accomplira lors de la seconde parousie.Chap. CXI : Les deux parousies et le double sens de la crucifixion étaient annoncés par le symboledes deux boucs, l’attitude de Moïse lors du combat contre Amalek, le sang de la Pâque à la sortied’Égypte, et le cordeau d’écarlate confié à Raab.Chap. CXII : Seule l’interprétation chrétienne d’épisodes tels que celui du serpent d’airain permetde résoudre leur apparente contradiction avec la Loi. Les didascales n’ont qu’une lecture « terre-à-terre » des Écritures.Chap. CXIII : Le changement de nom d’Ausès en Josué (Jésus) est plus chargé de signification quel’ajout d’une lettre aux noms d’Abram ou de Sara. Josué, figure du Christ. Sens véritable de lacirconcision pratiquée au Jourdain.Chap. CXIV : Quelques règles pour comprendre le langage prophétique. La seconde circoncision« avec des couteaux de pierre ».Chap. CXV : Josué (Jésus), fils de Navé, et « Jésus le Grand prêtre » selon la Prophétie deZacharie. L’exégèse juive ne s’attache qu’à des détails.Chap. CXVI : La prophétie de Zacharie s’applique au Christ, « Grand prêtre » et à ceux qu’il arachetés par son sacrifice.Chap. CXVII : Seul le sacrifice eucharistique, qui commémore celui du Christ, est agréé par Dieu.Il est universel, comme Malachie l’avait prophétisé. La prière juive, qui s’est substituée auxsacrifices du Temple, n’est pratiquée que dans la Diaspora.Chap. CXVIII : Exhortation à la repentance.Chap. CXIX : Les chrétiens sont le « peuple saint » annoncé par les Prophètes, et la « nationnombreuse » promise à Abraham.

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INTRODUCTION : PLAN

Chap. CXX : La promesse d’une descendance universelle à été faite aussi à Isaac et Jacob, de qui leChrist descend par Marie. C’est au Christ que s’appliquent la bénédiction de Juda et le symbole dumartyre d’Isaïe. La double descendance constituée des nations et des juifs convertis au Christ.Chap. CXXI : La foi universelle en Jésus « lumière des nations » atteste qu’il est le Christ.Chap. CXXII : La « lumière des nations » n’est pas la Loi, adoptée par les prosélytes, mais leChrist dont les nations sont l’« héritage ».Chap. CXXIII : L’interprétation juive de l’expression « lumière des nations » est absurde.Les chrétiens sont, par le Christ, le véritable Israël.Chap. CXXIV : Les chrétiens sont « enfants de Dieu » et « fils du très-Haut ».Chap. CXXV : Signification du nom d’« Israël ». Par le Christ-Jacob, les chrétiens sont « l’Israëlbéni ».Chap. CXXVI : Le Verbe, Fils de Dieu, a reçu diverses dénominations dans l’Écriture, C’est luiqui s’est manifesté à Abraham, Jacob, et Moïse et qui est évoqué ailleurs.Chap. CXXVII : Autres versets bibliques s’appliquant au Verbe, et non au Père, puisque celui-cine saurait être ni vu ni circonscrit.Chap. CXXVIII : Rappel de passages antérieurement cités. Le Verbe n’est pas une puissanceproduite par segmentation, mais une personne divine engendrée par la volonté du Père,et numériquement distincte de lui.Chap. CXXIX : Preuves scripturaires que le Verbe est numériquement distinct du Père, et engendrépar lui de toute éternité.Chap. CXXX : L’Israël véritable est constitué des nations appelées par le Christ et de ceux qui,parmi les juifs, auront cru en lui. Témoignage du Deutéronome.Chap. CXXXI : La foi des nations est plus forte que celle des juifs pour qui Dieu fit bien desmiracles.Chap. CXXXII : Ingratitude de ceux qui ont répondu à ces bienfaits, parfois annonciateurs duChrist, par le péché d’idolâtrie.Chap. CXXXIII : La malédiction des juifs non-repentis était annoncée par Isaïe. En dépit de leursviolences contre le Christ et ses disciples, les chrétiens prient pour eux, comme cela leur a été prescrit.Chap. CXXXIV : Les mariages de Jacob n’étaient pas une incitation à la polygamie, mais unefigure du Christ et de son Église.Chap. CXXXV : C’est dans le Christ, « roi », « Jacob », et « Israël » qu’espèrent les nations.Les chrétiens sont la « véritable race israélite ». Témoignages d’Isaïe.Chap. CXXXVI : En refusant le Christ, c’est Celui qui l’a envoyé que les juifs rejettent.Chap. CXXXVII : Exhortation à la pénitence. Le second jour touche à sa fin.Chap. CXXXVIII : Noé, le Déluge et l’arche sont des figures du Christ, du baptême et de laCroix. Témoignage d’Isaïe.Chap. CXXXIX : Les bénédictions et les malédictions prononcées par Noé annonçaient lapossession de Canaan par les descendances de Sem et de Japhet, et l’appel du Christ à un héritageéternel.

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INTRODUCTION : PLAN

Chap. CXL : Tous les hommes sont libres et cohéritiers dans le Christ. La véritable descendanced’Abraham n’est point celle qu’enseignent les didascales. Témoignages d’Isaïe, de Jérémie, et deJésus.Chap. CXLI : Comme les anges, les hommes disposent du libre arbitre : ils sont responsables deleurs actes et appelés à la pénitence. Exemple de David.Chap. CXLII : Adieux de Tryphon et de Justin, qui s’apprête à prendre la mer. Ultime appel à lapénitence.

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INTRODUCTION : LACUNE

LACUNE

(Dial. 74, 3-4)

I – ETAT DE LA QUESTION

En Dial. 74, 31 , Justin commente le Psaume 95 − cité en 73, 3-4 − pourrépondre à une interrogation de Tryphon (74, 1) sur le Christ « souffrant ».On se trouve alors jeté, sans transition apparente, et après une phraseinachevée, dans une citation du Deutéronome (31, 16-18) qui porte surl'infidélité d'Israël, et dont la première phrase est elle-même incomplète.

Les manuscrits ne présentent, à cet endroit, aucune trace de rupture. Dansson editio princeps, R. Estienne en reproduit le texte sans paraître remarquerune éventuelle lacune2 .

Depuis les premières traductions, et surtout depuis Lange, on s'accorde surl'existence de cette lacune, mais certains la considèrent comme restreinte(Périon, Maran, Otto), tandis que d'autres la jugent assez étendue (Lange,Sylburg, Jebb, Thirlby, Galland, Archambault3 , Williams4 , Visonà5 ).

Considérant que cette lacune est limitée à quelques mots, Maran6 utilisel'argumentation suivante :

1 Folio 128 v° A = p. 197 B.2 Le texte qui nous est parvenu semble comporter d'autres lacunes, mais elles sont, dans tousles cas, limitées, et il s'agit généralement de citations scripturaires abrégées : Prologue ? ; 30, 1*(Ps. 18) ; 56, 2* (Gen. 18, 3-19, 26) ; 59, 2* (Exod. 2, 24-3, 15) ; 67, 5* (Jésus circoncis) ; 127,2 ? (Dieu transcendant) ; 135, 1* ? (Is. 43).3 Introduction, p. LXIX-LXXXI.4 Introduction, p. XVII-XIX.5 Note 1, p. 249.6 Ad loc. : « Vix tria aut quattuor verba desunt ».

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INTRODUCTION : LACUNE

1) Justin et Tryphon sont ici dans une digression, le véritable sujet du débat,abandonné en 71, 3-4 et repris seulement au chap. 77, étant actuellement lanaissance virginale (Is. 7, 14).

2) Le chap. 76 aurait pour fonction de prouver que le Christ règne « duhaut du bois » (Ps. 95, 10), d'où sa conclusion avec des prophéties sur sa mortet sa Résurrection.

3) Le thème de la Terre promise est commun aux passages du Deutéronomeet de l'Exode cités aux chap. 74-75. Le texte de l'Exode se rapporte à Jésus,c'est-à-dire à son humiliation et à sa grandeur comme homme de chair. D'oùla citation de Dan. 7, 13 (« comme un Fils d'homme ») en 76, 1.

Maran propose alors la correction suivante :

JW" kai; dia; < th'" gh'" eij" h}n e[fh eijsavxein tou;" patevra" uJmw'n,faivnetai : e[fh de; ou{tw" : (Deut. 31, 16) Ou{to" oJ lao;" ejkporneuvsei ojpivswqew'n ajllotrivwn > th'" gh'", eij" h}n... = « comme cela est égalementmanifeste à travers [la terre dans laquelle il a dit qu'il ferait entrer vos pères.Voici comment il a parlé : (Deut. 31, 16)Ce peuple se prostituera après des dieuxétrangers] du pays dans lequel il est introduit etc. »

La disparition des quelques mots qu'il tente de reconstituer s'expliqueraitainsi par la répétition de th'" gh'". Cette hypothèse, à laquelle Otto adhère,« n'est pas évidemment absurde »7 , mais elle apparaît un peu artificielle etdénuée de fondements véritables. Elle a en outre le grave défaut de passersous silence toutes les remarques, contenues dans la « seconde partie » duDialogue, qui semblent renvoyer à des passages perdus8 .

Cette série d'allusions a été étudiée pour la première fois par Th. Zahn9 ,dont Archambault10 reprend le détail sans rien y ajouter d'essentiel. Elles

7 ARCHAMBAULT, p. LXXI.8 Pour MARAN, ces références sans aboutissement s'expliqueraient par un défaut de mémoireou l'habileté de Justin qui réparerait ainsi des oublis antérieurs : « Nequaquam in librariosculpa rejicienda, sed laudanda potius scriptoris diligentia, qui res in prima parte vel de industriaomissas, vel memoria elapsas, apte in secunda commemoret. » Dans sa tentative dereconstitution du texte perdu, P. PRIGENT (Justin et l'Ancien Testament, p. 193-194) ignore luiaussi ces rappels. Seuls manqueraient une typologie du bois, et une interprétation de Deut. 28,66.9 « Studien zu Justinus Martyr », ZKG 8 (1885), p. 37-45.10 Introduction, p. LXXII s.

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INTRODUCTION : LACUNE

sont de deux sortes : indications sur la structure de l'œuvre ; renvois à desdéveloppements antérieurs.

a) Indications relatives à la structure de l'œuvre :

La division du Dialogue en deux parties est attestée par une citation, tirée dela seconde moitié de notre Dialogue (82, 3), qui figure dans les Sacra parallelade Jean Damascène (Fr. 102, Holl = Dial. 82, 16-17), et s'y trouve introduiteen ces termes : ejk tou' pro;" Truvfwna b! lovgou (« du second discours contreTryphon »). La « seconde partie » commençait donc avant ce chap. 82, et plusprécisément dans la lacune, avant 74, 4, puisqu'une telle division n'apparaîtnulle part dans ce qui nous reste de l'œuvre. Cette division est confirmée parune série de notations, généralement situées après la lacune :

* 56, 16 : « le jour s'avance ».* 78, 6 : reprise d'une citation d'Is. 33, 13, déjà donnée en 70, 2-3, « pour ceuxqui sont venus aujourd'hui avec vous ».* 85, 4 : annonce d'un nouveau rappel (Ps. 148, 1) « pour ceux qui n'étaientpas avec nous hier ».* 85, 6 : intervention de Mnaséas, « l'un de ceux qui s'étaient joints à eux lesecond jour », qui approuve les répétitions de Justin.* 92, 5 : même expression qu'en 78, 6.* 94, 4 : intervention du « second de ceux qui étaient venus le deuxièmejour ».* 118, 4 : expression comparable à celle de 78, 6.* 122, 4 : exclamations, comme au théâtre, de « quelques-uns parmi ceux quiétaient venus le second jour ».* 137, 4 : « le jour touche à sa fin ».

La division en deux journées correspondant aux deux parties signalées parJean Damascène est donc indiscutable. La fin de la première journée et ledébut de la seconde étaient selon toute vraisemblance situées dans le texteperdu.

b) Renvois à des développements antérieurs :

* 67, 5 : Jésus circoncis.* 79, 1 : chute des anges

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INTRODUCTION : LACUNE

* 79, 4 : chute du diable et des anges (Zach. 3, 1-2 et Job. 1, 6 ; 2, 1)* 80, 1-3 : Millénaire, divergences entre chrétiens sur ce point* 85, 6 : existence des anges (Ps. 148, 1-2)* 105, 4 : survivance des âmes, pythonisse d'Endor (III Rois 28, 7)* 123, 7 : verus Israel* 142, 1 : allusion de Tryphon à un prochain embarquement de Justin.* 80, 4-5 : résurrection de la chair et millénaire à Jérusalem (Éz. 37, 7-8 ; 40 s. ?)* 115, 3 : Jésus, Grand prêtre à Babylone (Zach. 3)* 118, 2 : Christ Prêtre éternel du Temple nouveau (Éz. 44-46)* 128, 4 : existence des anges.La première référence est antérieure à la lacune. Elle correspond peut-être àune authentique disparition − difficile à localiser − mais elle peut aussis'expliquer par l'utilisation d'un document antérieur (voir la note ad loc.).Celles qui suivent correspondent à des rappels explicites ne renvoyant à riende connu.

Bien qu'elles ne figurent pas dans les analyses de Zahn et Archambault, lesquatre dernières doivent être ajoutées à cette liste : pour 115, 3,l'interprétation du passage retenue dans les traductions est défectueuse (voirla note ad loc.) ; pour 128, 4 Archambault renvoie à 85, 4 en oubliant designaler que juste après (85, 6) figure, sur le même sujet, l'une des allusions àun passage perdu ; en 80, 5 et 118, 2, la référence est implicite, maisdifficilement compréhensible sans envisager une citation antérieure. Onconstate d'autre part que ces deux passages renvoient à la même prophétie, etque son contenu correspond exactement à celui des autres rappels.

Il faut donc considérer, si l'on prend en compte aussi ces quatre dernièresréférences, que la seconde partie du Dialogue comporte deux allusions à undéveloppement sur l'existence des anges (79, 1 ; 128, 4), deux à une citationde Zacharie 3 (79, 4 ; 115, 3), et deux au Millénaire (80, 1-3 ; 80, 5). Onobserve par ailleurs que certaines des références retenues par Zahn etArchambault sont groupées dans les chap. 79 et 80, comme si les thèmesauxquels elles renvoient étaient liés. C'est ce que confirmera la suite de cetteétude.

Différentes hypothèses ont été proposées pour trouver dans ce qui nousreste du Dialogue l'aboutissement des références auxquelles rien necorrespond explicitement : ainsi, pour 79, 1 (chute des anges), Maran renvoieà 78, 9-10 ; pour 80, 2 (Millénaire), Archambault (p. LXXIII) juge « inutile desupposer avec Zahn qu'il y avait eu précédemment description détaillée du

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INTRODUCTION : LACUNE

millénaire hiérosolymitain », et il renvoie, comme Otto, à Dial. 25, 1 ; 35, 8 ;40, 4 ; 45, 4 ; 49, 2 ; 51, 211 . Aucune de ces hypothèses n'est véritablementsatisfaisante, car les passages proposés n'ont qu'un rapport très indirect avecle sujet qu'elles sont censées illustrer.

Il existe toutefois un exemple contraire d'allusion pour laquelle aucunecommentateur ne trouve de référence alors que celle-ci pourrait être situéedans ce qui précède. Il s'agit de 79, 1* qui renvoie peut-être à 76, 3 dont laterminologie est similaire (voir la note ad loc.). Mais cette référence possiblen'exclut pas l'existence, dans la lacune, d'un développement plus large, sur lachute des anges, dont plusieurs détails confortent par ailleurs l'hypothèse(voir ci-dessous, p. 63-64).

*A l'exception de celles qui viennent d'être énumérées, toutes les allusions deJustin, dans le Dialogue, à des propos antérieurs se rapportent à des passagesqui existent effectivement dans notre texte actuel12 . On est donc en droit deconsidérer, contre Maran, que cette règle s'applique aussi aux rappels qui necorrespondent à rien de connu. On observe d'autre part que seul le premierde ces rappels isolés est antérieur à la lacune supposée. Il est donc permis depenser que ce qui correspond à tous les autres doit être cherché dans cettelacune.

G. Otranto13 reproche à Archambault une propension excessive à résoudreles problèmes posés par le Dialogue en invoquant la lacune ou la« maladresse » littéraire de Justin. Mais il conclut comme lui à l'impossibilitéde reconstituer le contenu de cette lacune, étant donné le caractère peurigoureux de la démarche qui paraît adoptée dans l'œuvre :

Ce serait une tentative vaine, pensons-nous, que d'essayer avec cesquelques données de retrouver la suite de la discussion dans cepassage disparu. La logique de Justin défie toute reconstitution, et

11 ARCHAMBAULT admet néanmoins qu'un commentaire de Ps. 95, 8-10 a pu se perdre dans lalacune, et il concède qu'il n'est nulle part question, dans les références proposées, dedivergences entre les chrétiens à propos du Millénaire.12 Pour le détail, voir Introduction pp. 24 (§ 2), 25 (§ 4-6), 26 (§ 9), 27 (§ 4 ; 6).13 Esegesi biblica e storia in Giustino (Dial. 63-8) [Quaderni di « Vetera Christianorum », 14],Istituto di Letteratura cristiana antica, Università di Bari, 1979, p. 164.

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INTRODUCTION : LACUNE

nous avons déjà indiqué, autant qu'il était possible, ce que l'on pouvaitsupposer à ce sujet14 .

Même en supposant, comme nous le verrons, que la partie perduedu Dialogue ait été assez étendue, il est difficile d'émettre unequelconque hypothèse sur son contenu. Les seuls éléments surlesquels on peut prendre appui sont les propos qui précèdent ousuivent la lacune. Étant donnée la nature de l'œuvre, tout autredémarche ne peut conduire qu'à des résultats extrêmementaléatoires15 .

II – HYPOTHESES DE RECHERCHE

Ces conclusions négatives procèdent du jugement selon lequel le Dialogueserait écrit − volontairement ou par faiblesse − sans véritable structure. Lestrès nombreuses références justifiées à des développements antérieurs oupostérieurs prouvent au contraire que Justin adopte une démarche délibéréedont il demeure en permanence conscient, en dépit des apparentesdigressions. Mais le mode de raisonnement qui préside à la compositiond'ensemble du Dialogue comme à ses enchaînements de détail ne correspondà rien de ce qu'on trouve généralement chez les auteurs chrétienscontemporains et ultérieurs. D'où l'embarras des commentateurs, et lesappréciations négatives qui se sont invariablement transmises à propos decette œuvre.

Plutôt que d'évaluer le Dialogue avec des critères extérieurs à sonesthétique, et de chercher à le comprendre à travers des schémas qui luisont étrangers, il est préférable de se laisser guider par Justin lui-même enadoptant, pour la lacune comme pour le reste de l'œuvre, le mode deraisonnement qui est le sien. Cette approche fournit des résultats qui enconfirment le bien fondé.

14 ARCHAMBAULT, p. LXXXI.15 G. OTRANTO, op. cit., p. 164 : « Pur supponendo, come vedremo, che la parte perduta delDialogo sia piuttosto ampia, è difficile ippotizzare qualcosa sul suo contenuto. Gli unicielementi sui quali basarsi sono le parole che precedono e seguono la lacuna. Ogni altrotentativo, considerata la natura dell'opera, non può che risultare estremamente aleatorio. »

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INTRODUCTION : LACUNE

Trois principes président à l'organisation du Dialogue :

1) Tout développement fait référence à une source scripturaire explicite,généralement antérieure16 ;

2) Même s'il donne lieu ponctuellement à des considérations qui neconcernent que lui, un verset − ou un ensemble de versets − doit toujoursêtre situé dans son contexte d'origine : on y trouve en effet des références àd'autres thèmes qui apportent un éclairage particulier au sujet traité, etsurtout qui justifient, dans les commentaires, l'association de motifsapparemment très éloignés les uns des autres.

3) C'est donc dans les citations que réside souvent l'unité permettantd'expliquer les transitions apparemment arbitraires et les « digressions »reprochées à Justin17 .

Ces principes peuvent s'appliquer à la lacune − y compris le fragment quis'y trouvait sans doute18 − comme au reste de l'œuvre. Dans l'étude qui suit,nous prendrons donc en considération, pour chaque verset ou groupementde versets explicitement ou implicitement utilisés dans ce fragment et dansles rappels sans aboutissement de la « seconde partie », l'ensemble du texte dontils sont extraits. Si les règles énumérées ci-dessus s'appliquent bien aussi à lalacune, nous devrions retrouver, dans ces textes, les éléments perdus. Cetteméthode s'avère fructueuse.

III – TEXTES AUXQUELS RENVOIE LE DEBUT DE LA LACUNE

Le texte de la « première partie » s'interrompt au moment où Justincommente le Psaume 95, invoqué pour répondre à l'interrogation deTryphon sur le Christ « souffrant » (74, 1). Il n'est pas exact que le passagequi nous reste s'applique uniquement aux versets 1-3, comme l'affirmentArchambault19 , ou G. Otranto20 , en laissant entendre que ce qui manqueimmédiatement après devait être constitué par la suite de ce commentaire.

16 D'où les « interminables citations » si souvent décriées.17 Sur cette méthode, voir Introduction : Plan, p. 30-31 ; Exégèse, pp.110-111 ; 118-122.18 Voir ci-dessous. Dans la présente édition, ce fragment a été inséré à la place qui sembleavoir été la sienne à l'origine.19 Introduction, p. LXIX.20 Op. cit., p. 169.

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INTRODUCTION : LACUNE

En réalité, ce commentaire prend en compte l'ensemble du psaume (versets1.2.4.5.10) que Justin interprète, selon la méthode qui lui est familière, enreprenant ses principaux éléments dans un ordre différent, et en faisantintervenir, pour éclairer cette interprétation, un autre psaume (46) déjà cité luiaussi21 . C'est pour n'avoir pas vu que le passage était composé ainsi que lescommentateurs en ont réduit le contenu aux trois premiers versets duPsaume 95, et la portée au thème du Messie « souffrant ».

Comme pour l'ensemble du débat en cours (chap. 72 s.) les thèmesdirecteurs de ce commentaire, sont certes la Passion, mais aussi laRésurrection, l'élévation (Ascension), le Salut et le Règne universel du Christ.C'est pour les illustrer tous que Justin invoque (73, 1) puis cite in extenso (73,3-4) le Ps. 95. Ces différentes composantes de la christologie sont en effetpour lui intimement liées, et communes à toutes les citations présentées (72,1 s.) comme exemples de mutilations des Écritures pratiquées par les juifs. Laquestion de Tryphon portait uniquement sur la Passion (paqhtov" : 74, 1). Laréponse de Justin a pour fonction de montrer que celle-ci est indissociable duSalut et de la Résurrection. Il l'exprime d'ailleurs clairement, à deux reprises,dans sa présentation du psaume : « Ce seul crucifié dont l'Esprit Saint dit aussi,dans le même psaume, qu'il est sauvé et qu'il est ressuscité… » (73, 2) ; « ...lemystère de ce Salut − j'entends la souffrance du Christ par lequel il les a sauvés »(74, 3). Le rapprochement insistant entre le Salut (swthvrion), et le mystère(musthvrion) de la Croix (staurwqh'nai) est une autre expression de cetteaffinité. Et si le Psaume 46 est convoqué pour le commentaire du Psaume 95,c'est parce qu'il partage avec lui un certain nombre de similitudes quipermettent la fusion de leurs thématiques respectives. Ce qui manque à la finde 74, 3 devrait donc illustrer l'ensemble de cette christologie, et nonsimplement l'un de ses aspects (Passion).

Aucun des commentateurs n'observe d'autre part que la formule wJ" kai;dia;, par laquelle ce passage s'interrompt brusquement n'est pasexceptionnelle dans le Dialogue : de telles formules introduisent toujours uneréférence scripturaire allant dans le même sens que ce qui vient d'être dit, etoffrant, avec ce qui précède, des similitudes lexicales et thématiques22 . Si l'onapplique ici cette règle, le texte qui convient le mieux à la thématiqued'ensemble telle qu'elle est définie ci-dessus est Is. 52, 10-54, 6, intégralementcité en 13, 2-9.

21 Partiellement, en 37, 1. Pour le commentaire de ce passage, voir la note ad loc.22 Cf. Dial. 25, 1 ; 36, 5 ; 82, 3 etc.

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INTRODUCTION : LACUNE

Plusieurs indices permettent d'envisager cette solution :

1) Ce texte d'Isaïe est introduit alors23 par une formule similaire (wJ" aujto;"JHsai>va" e[fh). On retrouve cette même formule, introduisant un versetemprunté au même texte (Is. 53, 7), dans un passage qui précède de peu 74,3, et appartient au même ensemble : wJ" kai; dia; tou' JHsai>vou proefhteuvqh(72, 3).

2) Comme le Ps. 95, Is. 52, 10 s. comporte des allusions aux thèmes duSalut et de la Rédemption (52, 10 etc.), de l'élévation (52, 10.13*), de laPassion (53, 1 s.), et du règne universel (52, 10.14.15).

3) Conformément à la méthode généralement adoptée par Justin, presquetous les éléments de la longue citation d'Is. 52-54 sont repris et commentésultérieurement24 , à l'exception, précisément, de ceux qui nous intéressent ici :Is. 52, 10-13 (Dial. 13, 2) et 54, 1-3 (Dial. 13, 8).

4) On rencontre à la fin de ce texte (Dial. 13, 8), deux termes essentielspour la compréhension du fragment situé dans la lacune : plavtunon ; ta;scoinivsmata (Is. 54, 2 : 13, 8). Ces termes, qui s'insèrent dans une thématiqued'ensemble cohérente, lui ont incontestablement été empruntés25 .

L'ensemble de ces observations invite à considérer comme trèsvraisemblable la disparition d'une citation plus ou moins importante d'Is. 52-54 au début de la lacune.

IV – TEXTES AUXQUELS RENVOIE LE FRAGMENT

Ce fragment a été édité et traduit par le cardinal Mercati26 qui conclut à sonauthenticité et le situe au début de la seconde partie du Dialogue, ens'appuyant essentiellement sur des similitudes thématiques avec cette secondepartie (défection d'Israël, héritage des nations), mais sans

23 Dial. 13, 1.24 Voir les renvois en notes dans le chapitre où ce texte se trouve cité.25 Voir ci-dessous, p. 60-61.26 « Un frammento nuovo del Dialogo di san Giustino », in : « Note bibliche » : Biblica 22(1941), p. 354-362. Nouvelle édition critique par M. MARCOVICH, 1997, p. 315-316. L'éditionprinceps de ce fragment caténique du Dialogue date de 1700 (Grabe), mais d'après unmanuscrit tardif (fin du XVe s.) et qui abrège plus.

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INTRODUCTION : LACUNE

procéder toutefois à une analyse détaillée de son contenu. G. Otranto27 citelui aussi ce passage − sans s'attarder davantage sur sa teneur − dans la versionéditée par le cardinal Mercati dont il reprend les conclusions.

Ce fragment offre pourtant une riche illustration de la méthode exégétiquepropre à Justin (ce qui constitue un critère d'authenticité), et de précieusesindications pour la solution du problème posé par la lacune. Ici encore, c'esten adoptant le raisonnement analogique de son auteur qu'on peut espérer enrestituer la cohérence, et peut être la localisation28 .

Ce passage est présenté comme une scholie du Ps. 2 (scovlia tou' b!yalmou'), et plus particulièrement du verset 3 (diarrhvxwmen tou;" desmou;"aujtw'n) que Justin commente à l'aide d'un verset de Jérémie (2, 19) comportantune expression similaire (dievrrhxa" tou;' desmouv" sou). Le Psaume 2, citéselon toute vraisemblance dans le passage qui précède le fragment, est absentde ce qui nous reste du Dialogue. Mais il est donné in extenso dans l'Apologie(I, 40, 11-19). Il est alors inséré dans un ensemble de textes prophétiques queJustin introduit en ces termes :

En outre, il sera fort à propos, croyons-nous, de mentionner icid'autres prophéties du même David, où vous pourrez apprendrequelles règles de vie l'Esprit prophétique propose aux hommes ;comment il indique la complicité du roi des Juifs Hérode, des Juifseux-mêmes et de Pilate, votre procurateur en Judée, avec ses soldats,contre le Christ ; que des hommes de toute race devaient croire en lui,que Dieu l'appelle son Fils et déclare qu'il lui soumet tous sesennemis ; comment les démons, autant qu'ils en ont les moyens,s'efforcent d'échapper au pouvoir de Dieu, le père et le maître del'univers, et à celui du Christ lui-même, et que Dieu appelle tous leshommes au repentir avant que vienne le Jour du jugement. (trad.A. Wartelle).

Cette entrée en matière offre un résumé exact du contenu des prophétiescitées ensuite : chacun de ses éléments correspond en effet à une partie deverset, un verset, ou un ensemble de versets :

27 Op. cit., p. 165.28 ARCHAMBAULT faisait preuve, à son sujet, d'une excessive prudence : « Mais si rien nes'oppose à ce que ce morceau ait fait partie du Dialogue ...on ne saurait fournir la preuvepositive qu'il lui a de fait appartenu. » (p. XXXIX).

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INTRODUCTION : LACUNE

« Quelles règles de vie… » Ps. 1 (I Apol. 40, 8-10)"« la complicité du roi des Juifs Hérode,des Juifs eux-mêmes et de Pilate, votreprocurateur en Judée… »

Ps. 2, 2 (I Apol. 40, 11)

« oiJ basilei'" th'" gh'" »« que des hommes de toute racedevaient croire en lui »

Ps. 2, 8 (I Apol. 40, 15)

« que Dieu l'appelle son Fils… » Ps. 2, 7 (I Apol. 40, 14)«...et déclare qu'il lui soumet tous sesennemis »

Ps. 2, 8-9 (I Apol. 40, 15)

« comment les démons ...s'efforcentd'échapper au pouvoir de Dieu ...et àcelui du Christ lui-même »

Ps. 2, 2 (I Apol. 40, 11)

« oiJ a[rconte" ...kata; tou' kurivvou kai;

kata; tou' cristou' aujtou'... »« et que Dieu appelle tous les hommesau repentir. »

Ps. 2, 11-12 (I Apol. 40, 17-19)

Le rapprochement est, dans la plupart des cas, explicite ou évident, ce quiautorise à rechercher dans ce même ensemble, les autres éléments annoncés.Il apparaît ainsi que les démons correspondent aux a[rconte"29 du v. 2, et lacomplicité d'Hérode, des juifs et de Pilate aux basilei'" th'" gh'" du mêmeverset.

C'est vraisemblablement à une interprétation similaire du Psaume 2 quefont référence les premiers mots du fragment : fanero;n ouj peri; ejqnw'najllofuvlwn ajlla; peri; tou' jIsrahvl. L'expression ejqnw'n ajllofuvlwn rappellee[qnh et laoiv du verset 1. On note toutefois une variante, que justifie sansdoute la différence des destinataires : dans l'Apologie, juifs et païens, avec leursdirigeants, sont associés dans la persécution du Christ ; il semble ici quel'application des premiers versets du psaume soit réservée aux juifs. Cetteexclusivité est fondée sur un rapprochement avec Jér. 2, 19, indiscutablementadressé à Israël, et présentant la même expression (dievrrhxa" tou;" desmouv"sou).

On remarque par ailleurs que le Ps. 95 et le Ps. 2, présents juste avant lalacune pour le premier, et sans doute juste avant le fragment pour le second,sont également associés dans le passage de l'Apologie qui vient d'être évoqué(40-41). Cette coïncidence n'est peut être pas fortuite. Il est possible que les

29 Sens confirmé par d'autres occurrences du mot dans le Dialogue (cf. 124, 2-3).

60

INTRODUCTION : LACUNE

deux textes aient fait partie d'un même ensemble attesté par l'Apologie, etconstitutif de ce qui s'est perdu dans la lacune.

Un détail supplémentaire pourrait venir conforter cette hypothèse : Dans laseconde partie du Dialogue (79, 1.4), Tryphon fait référence à undéveloppement − perdu ? − sur la chute des anges. Or ce thème estégalement annoncé, en I Apol. 40, 7 dans la présentation du Psaume 2reproduite ci-dessus, et il correspond selon toute vraisemblance au verset 2(voir texte et tableau). On peut, là encore, imaginer que ce verset était pris encompte ou utilisé comme base, dans le développement disparu.

*La composition du fragment − mal restituée là où il se trouve édité et traduit− est elle aussi riche d'enseignements :

Si Justin interprète les nations (e[qnoi, laoiv) de Ps. 2, 1 − précédemment citésans doute − en relation aux juifs c'est parce que le verset 3 du même psaumecomporte les expressions diarrhvxwmen tou;" desmou;" aujtw'n kai;ajporrivywmen ajf! hJmw'n to;n zugo;n aujtw'n que l'on retrouve, inversées, etcette fois explicitement adressées à Israël, dans le verset de Jér. 2, 20 qu'il citejuste après : sunevtriya" to;n zugovn sou, kai; dievrrhxa" tou;" desmouv" sou.Ces deux expressions sont ensuite expliquées par un rapprochement avec Is.5, 18. Le glissement s'effectue alors entre les motifs du lien (desmovn,sunevdhsan), et du cordeau (scoinivw/), ce qui permet un nouveaurapprochement entre les deux textes précédemment cités (Ps. 2, 3 ; Jér. 2, 19),et d'autres versets (Is. 5, 18 ; Ps. 21, 17 ; Is. 3, 9). L'ensemble ainsi constituéparaît signifier qu'en rompant les liens de la divine crainte (dievrrhson to;n tou'qei>kou' fovbou desmo;n), les juifs se sont enchaînés au long cordeau de leurs péchés(ejpispwvmenoi wJ" scoinivw/ makrw'/ ta;" aJmartiva"), au point de finir par lier lesmains et les pieds (sunevdhsan cei'ra" kai; povda") du Christ crucifié. Cettecontinuité thématique a pour effet de présenter le supplice infligé au Christcomme inscrit « dans le droit fil » des péchés antérieurs. Or, par un paradoxechargé de signification théologique, ce sont précisément les liens utilisés pourla Passion, et transformés par elle en cordeaux (scoiniva), qui vont servir àlibérer « ceux par lesquels il fut lié » (prw'ton oi|" ejdesmeuvqh), puis tous ceuxdes nations.

La fin du fragment est « liée » à ce qui précède par la même thématiquemaintenant prolongée à travers l'image reprise du cordeau (scoiniva) utilisé icicomme instrument de mesure de l'espace étendu (tw'n platunomevnwn

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INTRODUCTION : LACUNE

scoinismavtwn) à l'ensemble des nations (e[qnh) dont le Rédempteur a hérité(klhronomiva) par sa Passion..

Le raisonnement très elliptique de tout ce passage repose donc sur desassociations lexicales favorisant des glissements thématiques qui peuvent sedécomposer ainsi :

- Ps. 2, 3 (diarrhvxwmen ...desmou;" ...zugo;n) → Jér. 2, 19 (sunevtriya" ...zugovn...dievrrhxa" ...desmouv")- Jér 2, 19 (zugovn ...desmouv") → Is. 5, 18 (scoinivw/)- Is. 5, 18 (scoinivw/) → Ps. 21, 17 + Is. 3, 9 (sunevdhsan)- Ps. 21, 17 + Is. 3, 9 (sunevdhsan) → Ps. 15, 6a (scoiniva)- Ps. 15, 6a (scoiniva ...tw'n krativstwn) → 15, 6b (klhronomiva ...krativsth)⇒ scoiniva → klhronomiva- Ps. 15, 6a (scoiniva) → Is. 54, 2 (scoinivsmata)- Ps. 15, 6b (klhronomiva) → Is. 54, 3 (klhronomhvsei)30

- Is. 54, 2 (ta; scoinivsmata) → Is. 54, 3 (e[qnh klhronomhvsei)⇒ scoiniva → scoinivsmata = e[qnw'n klhronomiva31 .

Tant par sa méthode que par son contenu ce développement est tout à faitcaractéristique de l'herméneutique que Justin utilise en plusieurs endroits duDialogue. Les similitudes avec l'exégèse midrashique sont évidentes32 .

*Les textes invoqués dans ce fragment ne sont cités que de façon trèsfragmentaire, le plus souvent par allusion. Si l'on applique ici la règleobservée dans tout le reste du Dialogue, il convient de prendre en compte

30 La référence à Is. 54, qui apparaît très vraisemblable à travers l'utilisation du mot − assezrare − scoinivsmata, est confirmée par une autre similitude entre le texte d'Isaïe et lecommentaire de Justin : au participe tw'n platunwmevnwn (Justin) correspond, chez Isaïe, leverbe plavtunon (54, 2). Même si elle demeure implicite, cette référence est donc certaine. Orce passage d'Isaïe était précisément l'un de ceux dont on soupçonnait la disparition au débutde la lacune.31 Cp. METHODE, Banquet, X, 6, 276 : oiJ peri; to; scoivnisma th'" klhronomiva" ejpiklhqevnte"(éd. H. Musurillo - V. H. Debidour : SC 95, p. 300) ; GREGOIRE DE NAZIANCE, Orat., 42, 9 :jEn oi|" ejste kai; uJmei'" ...scoivnisma kurivou to; kravtiston (PG XXXVI, 469 B). Textes cités parM. MARCOVICH, p. 316.32 Voir Introduction (Exégèse), p. 121-122. Il n'est pas exclu que de tels regroupementss'appuient également sur des recueils de Testimonia.

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INTRODUCTION : LACUNE

non seulement ces passages mais aussi tout le contexte dont ils sont tirés.Parmi les textes en question, certains ont déjà été cités dans la première partiedu Dialogue − Jér. 2 (19, 2) ; Is. 5 (Dial. 17, 2) ; Is. 54 (Dial. 13, 8) − ou leseront ultérieurement : Ps. 21 (Dial. 98 s.). Nous nous intéresserons doncplus particulièrement à ceux qui n'apparaissent jamais dans ce qui nous restede l'œuvre, et dont on peut soupçonner la disparition dans la lacune. Iciencore, cette méthode offre des résultats qui en justifient l'adoption : LePsaume 2, dont seuls les versets 1, 3 et 8 paraissent utilisés dans lecommentaire du fragment comporte également la mention d'un thèmeévoqué dans la seconde partie du Dialogue, et renvoyant à desdéveloppements disparus : le rassemblement universel des nations, sur laMontagne sainte, c'est-à-dire le Millénaire :

(Ps. 2, 6)Pour moi, j'ai été par lui sacré roi, sur Sion, sa montagne sainte,(7)pour publier l'ordonnance du Seigneur. Le Seigneur m'a dit : Tu es monfils, aujourd'hui je t'ai engendré. (8)Demande-moi, et je te donnerai lesnations pour héritage, et pour possession les extrémités de la terre33 .

Le verset 7 de ce psaume est par ailleurs évoqué à plusieurs reprises dans laseconde partie, sans référence au contexte. Or Justin cite toujours in extensoou en grande partie les textes qu'il commente ensuite en différents endroits.Ces deux observations rendent donc très vraisemblable l'hypothèse d'unecitation partielle ou totale de ce psaume dans la lacune, et plus précisémentdans ce qui précède le fragment.

A la fin du fragment, Justin cite Ps. 15, 6 de façon très allusive, comme si cepsaume demeurait dans la mémoire des interlocuteurs pour avoir été, luiaussi, précédemment cité, plus largement ou dans son ensemble. Si l'onprend en considération l'intégralité de ce psaume, on constate qu'il comportelui aussi la mention d'un thème contenu en germe avant la lacune (72, 4),rappelé en seconde partie (105, 4), et ne renvoyant à rien de précis dans cequi nous reste du Dialogue : les âmes livrées au séjour des morts. (Ps. 15, 10)Car tu ne livreras pas mon âme au séjour des morts. On peut donc supposer que ledéveloppement auquel fait allusion le rappel de Tryphon concernait ce verset,ou s'appuyait sur lui, et que le Psaume 15 était lui aussi cité dans ce quiprécède.

33 Texte traduit d'après la version des LXX.

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INTRODUCTION : LACUNE

V – TEXTE AUQUEL RENVOIE LA FIN DE LA LACUNE

La lacune s'interrompt avec une citation de Deut 31. Le thème directeur estalors, comme dans le début du fragment, la défection d'Israël. Mais ce quiprécède dans le texte du Deutéronome comporte également une référence àJosué, successeur de Moïse. La citation de ces versets est d'autant plusvraisemblable que le commentaire proposé juste après par Justin (75, 1),porte sur le nom de Josué-Jésus, et semble faire référence à desconsidérations sur ce point.

VI – TEXTES AUXQUELS RENVOIENT LES RAPPELS DE LA SECONDE PARTIE

La seconde partie du Dialogue comporte plusieurs passages renvoyant à desconsidérations perdues. Les questions traitées portent alors sur les thèmessuivants : existence et chute des anges (79, 1 ; 85, 6 ; 128, 4) ; opposition dudiable à Josué le Grand prêtre à Babylone (79, 4 ; 115, 3) ; résurrection de lachair (80, 4-5), Millénaire à Jérusalem (80, 1.5) ; divergences entre chrétienssur ce point (79, 2.4-80, 1-5) ; verus Israel (123, 7). L'analyse de ces différentspassages appelle les remarques suivantes :

a) On observe que l'essentiel de ces rappels se trouve groupé dans les chap. 79-80, ce qui laisse entendre qu'ils renvoient à un ensemble commun.

b) Plusieurs de ces passages − situés ou non dans cet ensemble queconstituent les chap. 79-80 − renvoient par une citation partielle, par allusion,ou par une mention explicite de leur auteur aux mêmes prophéties d'Ézéchiel(37-46) et de Zacharie (1-3)34 . Or la « seconde partie » du Dialogue comporteaussi, par ailleurs, un certain nombre de remarques dont le sens apparaît plusclairement si on suppose ces prophéties déjà citées : 118, 2* (cf. Éz. 44-46) ;126, 1 (Éz. 40, 3.4.5) ; 136, 2 (Éz. 36, 12) ; 137, 2 (Zach. 2, 8) ; 83, 3* (Zach. 2,16 et 3, 2).

c) Le développement de 79, 4 se présente comme un rappel de sourcesscripturaires illustrant la chute des anges et de leur chef. Parmi les textesinvoqués, seul le dernier correspond, dans ce qui précède, à une citationcontenue dans ce qui nous reste du Dialogue. Or le verset rappelé est alors tirédu Ps. 95, justement celui qui est commenté au moment ou intervient la

34 Dial. 79, 4 et 115, 3 (Zach. 3) ; Dial. 80, 1 (Zach. 1, 16 ?) ; Dial. 80, 5 (Éz. 37, 7-8 ; 40) ;Dial. 123, 6-7 (Éz. 36).

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INTRODUCTION : LACUNE

lacune. Les autres textes rappelés dans ce même passage (Zach. 3, 1 ; Job. 1, 6 ;2, 1 ; Gen. 3, 1-6 ; Nombr. 12, 7) sont absents de tout le reste de l'œuvre, ycompris avant la lacune. On peut simplement trouver une allusion à deux desépisodes évoqués (faute du serpent, et magiciens d'Égypte) en 39, 6 et 46, 3.Il est probable que les textes, ici rappelés − ou tout au moins certains d'entreeux −, ont déjà été cité antérieurement, c'est-à-dire dans la lacune. Pour Zach.3, cette supposition est confirmée par un rappel explicite en 115, 3*.

d) En Dial. 80, 5, Justin ne donne directement aucune source maismentionne explicitement Isaïe et Ézéchiel comme auteurs de prophéties surla résurrection et le Millénaire à Jérusalem. Isaïe est ensuite cité et commenté(chap. 81), mais le texte d'Ézéchiel auquel semblent faire référence plusieurséléments de ce passage n'apparaît nulle part dans ce qui nous reste duDialogue. Il y a là une raison supplémentaire d'en supposer une citation dans lalacune.

e) En 123, 6, Justin laisse entendre, en s'appuyant sur Éz. 36, 12, que leschrétiens sont le véritable Israël. Ces propos sont immédiatement suivisd'une remarque indignée de Tryphon (123, 7) et d'une réponse de Justinassurant avoir déjà « abondamment parlé de ces choses », alors que cetteaffirmation ne correspond à rien de précis dans ce qui nous reste duDialogue35 . C'est manifestement à ce même texte d'Ézéchiel que Tryphonréagit ici, et c'est sans doute sur lui que s'appuyait Justin pour ces« abondantes » considérations sur le véritable Israël.

L'ensemble de ces observations permet de penser que figuraienteffectivement dans la lacune des développements sur la chute des anges, larésurrection, le Millénaire, et le véritable Israël, et que ces développements,introduits par le Ps. 95, utilisaient comme principales références scripturairesZach. 1-3 et Éz. 36-46, auxquels renvoient de très fréquentes allusionsexplicites ou implicites.

Une fois encore, l'hypothèse est confirmée par le contenu d'ensemble deces deux prophéties : on y retrouve en effet, autour des passages qui sontcités seulement de façon fragmentaire ou allusive par Justin, les principauxthèmes qui viennent d'être énumérés :

35 Voir la note ad loc.

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INTRODUCTION : LACUNE

- Chute des anges : Zach. 3, 1 s.- Résurrection de la chair : Éz. 37, 3-1436

- Défection et rétablissement d'Israël : Éz. 36 s. (passim) ;- Restauration de Jérusalem : Éz. 36, 10.33-35 ; 40 s. ; Zach. 1, 16 ; 2, 2.12 ; 3,2 etc.- Rassemblement des nations : Éz. 36, 24.37-38 ; Zach. 2, 4.11 etc.

Un détail supplémentaire vient dissiper les derniers doutes : on retrouve,dans ces deux textes, un même motif, essentiel pour le fragment, et nécessaire àla compréhension de sa très elliptique cohérence. Le chapitre 2 de Zacharies'ouvre ainsi :

« Je levai les yeux et je regardai, et voici, il y avait un homme, tenantdans la main un cordeau (scoinivon) 37 pour mesurer. Je demandai : Oùvas-tu ? Et il me dit : Je vais mesurer Jérusalem pour voir de quelle largeuret de quelle longueur elle doit être. Et voici, l'ange qui parlait avec mois'avança, et un autre ange vint à sa rencontre. Il lui dit : Cours, parle à cejeune homme, et dis : Jérusalem sera une ville ouverte, à cause de lamultitude d'hommes et de bêtes qui seront au milieu d'elle. »

Au verset 3 du chapitre 40 d'Ézéchiel, consacré lui aussi à la restaurationde Jérusalem, on trouve les indications suivantes :

« Il me conduisit là et voici, il y avait un homme dont l'aspect étaitcomme l'aspect étincelant de l'airain ; il avait dans la main un cordeau(spartivon)38 de lin, ainsi qu'une canne à mesurer, et il se tenait à laporte… »

Ce détail du cordeau, commun aux deux textes dont on a bien des raisons desoupçonner la disparition dans la lacune, n'est évidemment pas fortuit : c'estle motif de la corde et du lien qui permet d'assembler les différentesthématiques qui précèdent la lacune, tissent le réseau sémantique dufragment, et sont rappelées dans la seconde partie ; c'est à travers lui que l'onpeut reconstituer l'enchaînement des citations effectives ou soupçonnées :

36 Texte présenté comme prophétie de la résurrection en I Apol. 52, 3-5. Si Justin aeffectivement parlé de ce sujet dans le Dialogue, c'est très vraisemblablement à ce texte qu'ilfaisait référence.37 Même motif en Zach. 1, 16 (cité par allusion en 80, 1) Le texte des LXX porte alors mevtron,mais on peut supposer que celui de Justin avait scoinivon.38 Il n'est pas impossible que dans le texte utilisé par Justin (Testimonia ?) le mot scoinivon aitété substitué ici à spartivon.

66

INTRODUCTION : LACUNE

* Passion :Ps. 21, 17 ; Is. 3, 9 (sunevdhsan cei'ra" kai; povda" stauroumevnou cristou') 39 .* Héritage du Christ :Ps. 15, 6a (scoiniva gavr moiv fhsin ejpevpeson tw'n krativstwn...)40 .* Vocation des nations :Is. 54, 2.3 (hJ nu'n ejx ejqnw'n tw'n platunomevnwn scoinismavtwn klh'si")41 .* Chute des anges :Ps. 2, 3 (diarrhvxwmen tou;" desmou;" aujtw'n)42 .* Millénaire à Jérusalem :Zach. 1, 16 (kai; [scoinivon] ejktaqhvsetai ejpi; JIerousalhvm e[ti)43

Zach. 2, 1 (kai; ijdou; ajnh;r kai; ejn th'/ ceiri; aujtou' scoinivon...) 44 .Éz. 40, 3 (kai; ejn th'/ ceiri; aujtou' h\n spartivon oijkodovmwn...)45 .* Défection d'Israël :Jér. 2, 19 : (kai; dievrrhxa" tou;" desmouv" sou) 46 .Is. 5, 18 : (ejpismwvmenoi wJ" scoinivw/ makrw'/ ta;" aJmartiva")47 .

VII – RESULTATS D’ENSEMBLE

A ce stade de la recherche, il apparaît donc que tous les textes auxquelsrenvoient ce qui précède la lacune, le fragment, et les rappels sansaboutissement de la seconde partie sont unis par des thématiques communes.

Ces thématiques correspondent exactement au contenu desdéveloppements dont on suspecte la disparition. Le tableau suivant détailleces similitudes :

39 Fragment. Sur le verbe sundei'n dans la citation d'Isaïe, voir la note en 137, 3*.40 Fragment.41 Fragment ; début de la lacune ?42 Fragment ; passage précédant le fragment ?43 Lacune ?44 Lacune ? ; cf. Dial. 115.116.45 Lacune ?46 Fragment.47 Fragment ; cf. Dial. 17, 2 et 133, 4.

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INTRODUCTION : LACUNE

Is.52-54

Is.5, 18

Ps.2

Ps.15

Ps.148

III R28

Zach1-3

Éz.36 s.

Deut.31

Passion (passim) Zach.3, 3

Anges,diable

Ps.2, (2).3

Ps.148, 1-

2

Zach.3, 1

Âmes (Ps.15, 10)

III,28, 7

Jésus-Josué Zach.3, 1 s.

(Deut.31, 7.14)

Jérusalem,millénaire

Zach.(1, 16 ;2,.4.12)3, 2.

(Éz.36, 10.33-35 ;40 s.)

Résurrectionde la chair

(Éz.37, 3-14)

Liens, corde,cordeau

(Is.54, 2)

Is.5, 18

Ps.15, 6

(Zach.1, 16 ;2, 2)

(Éz.40, 3)

Deut.31,

(7).16

Défectiond'Israël

Ps.2, 1

(Ps.15, 4)

(Zach.2, 11-12)

(Deut.31,

7.13)

Héritagedes

nations

(Is.52, 10 ;53, 11 ;54, 2)

Ps.2, 8

Ps.15, (5)-6

(Éz.36, 24.37-38)

Les références indiquées entre parenthèses correspondent à des passages − déjà cités ou non− dont on suppose la disparition dans la lacune. Les autres figurent dans le fragment ou sontexplicitement présentés dans la seconde partie comme ayant été déjà cités.

68

INTRODUCTION : LACUNE

Présenté de façon synoptique, ce réseau de correspondances pourrait alorsêtre schématisé ainsi :

Les traits continus indiquent une citation ou une référence explicite à une citationantérieure, les traits discontinus une référence implicite ou vraisemblable.

69

INTRODUCTION : LACUNE

Ce schéma montre,1) que l'interruption de Dial. 74, 3, le fragment, et les allusions de la

seconde partie renvoient aux mêmes textes ;2) que le renvoi à ces textes ou à leur utilisation est toujours au moins une fois

explicite (dans le fragment ou dans la seconde partie du Dialogue). Les renvoisqui demeurent vraisemblables mais hypothétiques dans l'un de ces deuxensembles, sont toujours au moins une fois explicites dans l'autre48 . Lasituation du fragment dans la lacune se trouve ainsi confirmée.

3) que le contenu commun à ces divers textes correspond exactement audétail des rappels qui, dans la seconde partie du Dialogue, ne pouvaient êtrerapportés à aucun passage connu.

Toutes ces observations sont concordantes. Elles permettent donc depenser que ce qui a disparu dans la lacune était constitué d'unitéscorrespondant à ces différents textes, articulées grâce aux thèmes que cestextes ont en commun, et unies par le motif du lien ou du cordeau.

VIII – ESSAI DE RECONSTITUTION

L'ordre des citations − et donc celui des développements − reste en partieindéterminé car les « digressions » ou les retours sur un verset (ou unpassage) d'un texte précédemment cité in extenso ne sont pas rares dans leDialogue. On sait toutefois,

1) qu'Is. 52-54, s'il est retenu, se situe au début de la lacune ;2) que le Psaume 2 devait précéder immédiatement le fragment présenté

comme son commentaire ;3) que Deut. 31 se trouvait immédiatement avant la fin de la lacune ;4) que les éléments dont la répétition est justifiée, dans la seconde partie,

par la venue de nouveaux auditeurs « le second jour » étaient tous situésavant la fin de la première journée. Cela s'applique donc aussi aux rappels

48 Ceux qui portent sur Ézéchiel ont été présentés avec un trait discontinu car la secondepartie du Dialogue ne comporte aucun renvoi indiscutablement explicite à ce texte. Mais leprophète est nommé dans trois des passages renvoyant à des thèmes vraisemblablement traitésdans la lacune (80, 5 ; 118, 2 ; 126, 1), et la référence à sa prophétie est évidente en 123, 6-7.

70

INTRODUCTION : LACUNE

qui ne correspondent à rien de connu, et aux textes dans lesquels cesthématiques sont centrales : Millénaire (Zacharie ; Ézéchiel) ; existence desanges (Ps. 148) ; et peut-être également aux passages consacrés à la survie desâmes (Ps. 15).

On peut aussi penser,5) que Ps. 15 et I Sam. 28, 7 n'étaient pas très éloignés l'un de l'autre,

puisque ces deux textes se réfèrent aux âmes. Il faudrait donc placer aussi ladeuxième de ces références avant la fin de la première journée.

6) que les développements sur la survie des âmes n'étaient pas très éloignésdu début de la lacune, puisque le thème du Salut lié à la Passion est communà plusieurs des citations qui précèdent cette lacune, et apparaît en particulierdans le texte attribué à Jérémie (72, 4) : (Jér. ? ; cf. I Petr. 4, 6)Le Seigneur Dieu,saint Israël, s'est souvenu de ses morts, qui se sont endormis dans la terre du tombeau, et ilest descendu vers eux pour leur annoncer la bonne nouvelle de son Salut.

7) que les citations d'Ézéchiel et de Zacharie, unies par une mêmethématique du Millénaire, étaient proches l'une de l'autre.

8) que Zach. 3 et Deut 31 étaient associés par leur commune mention deJésus-Josué, figure du Christ.

9) que le Ps. 2, qui précédait sans doute immédiatement le fragment était liéà Deut. 31, incomplètement cité au début de la « seconde partie », puisque cesdeux textes, ainsi que le commentaire du premier (fragment) ont en communle thème de la défection d'Israël.

10) que le fragment, avec la citation qui le précédait (Ps. 2) était situé dans laseconde journée, et peu avant la fin de la lacune puisque ses deuxthématiques principales (défection d'Israël, vocation des nations)correspondent à la fois au contenu essentiel de Deut. 31, incomplètement citéen 74, 4, et aux derniers chapitres du Dialogue. Les derniers mots du fragmentse présentent à l'évidence comme une annonce de ces derniers chapitres.

On voit ainsi se dessiner quelques ensembles cohérents autour de thèmesconcordants, entre lesquels il est aisé d'imaginer des transitions :

* Passion et Résurrection, Salut des âmes (Ps. 95 + Is. 52-54 + Ps. 15 + III Rois, 28, 7)* Existence et chute des anges (Ps. 2 + Ps. 148 + Zach. 3)

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INTRODUCTION : LACUNE

* Résurrection de la chair et Millénaire à Jérusalem (Éz. 36.37.40 + Zach. 1-2)* Josué le Grand prêtre et Josué conducteur du peuple (Zach. 3 ; Deut. 31)* Héritage des nations, défection d'Israël (Is. 52-54 + Ps. 2 et 15 + Zach. 2-3 + Éz. 36 + Deut. 31)49 .

La Passion sur la Croix, et la Résurrection du Christ, entraînent le Salut desâmes des vivants et des morts, par la victoire sur les anges mauvais, et sur lediable. Elles anticipent sur la résurrection de la chair et le rassemblement universel duMillénaire, dans Jérusalem rebâtie, pour les justes de toutes les nations.

C'est, nous l'avons vu, le thème du lien et du cordeau, central dans lefragment, qui constituait vraisemblablement le « fil directeur » de cesdifférentes thématiques. Mais c'est surtout dans la figure du Christ,Rédempteur, Grand prêtre et nouveau Josué, rassembleur, à Jérusalem, des nations,son héritage et véritable Israël, que cet ensemble trouve sa véritable unité. Cesconsidérations correspondent tout à fait aux préoccupations christologiquesqui prédominent dans la « seconde partie » du Dialogue50 , et à la perspectiveuniversaliste qui unira les chapitres de conclusion. Elles pourraient doncconstituer une parfaite transition, conforme à la méthode de Justin, entre cesdeux ensembles.

IX – CONCLUSION

Une reconstitution intégrale de la lacune demeure impossible, car la logiqueassociative du Dialogue résiste à toute systématisation exhaustive. On peutcependant imaginer avec une certaine précision le contenu de cette lacune, àcondition d'adopter, dans cette entreprise, la démarche de Justin. Lesconclusions auxquelles mène cette méthode présentent plusieurscaractéristiques permettant de les considérer comme très vraisemblables :

49 La reconstitution proposée par O. SKARSAUNE, The Proof from Prophecy…, Leyde 1987,p. 213-215 (d'après Ps. 95 et Deut 31 = début et fin de la lacune) n'évoque que desdéveloppements sur l'angélologie, le Millénaire, et le nom de Jésus.50 Voir Introduction (Plan), p. 32-35.

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INTRODUCTION : LACUNE

− L'analyse de détail des trois passages qui jalonnent cette lacune (74, 3 ;fragment ; 74, 4) donne des résultats concordants (textes et développementsperdus) ;− Ces résultats correspondent exactement aux rappels sans aboutissement dela « seconde partie » ;− Dans le détail du fragment comme dans l'ensemble reconstitué pour lalacune, la logique des enchaînements est toujours conforme à celle qu'onobserve ailleurs dans le Dialogue ;− Les résultats obtenus ne présentent entre eux aucune contradiction ;− L'ensemble reconstitué s'intègre parfaitement à la progression de l'œuvretelle qu'elle est définie par l'étude de son plan.

Il est évidemment fort difficile d’évaluer la longueur d’un texte perdu. Maisplusieurs éléments permettent d’envisager ici une lacune importante : 1) lespassages scripturaires invoqués sont assez longs et nombreux. Il est probablequ’ils étaient cités in extenso avant d’être expliqués, conformément à laméthode adoptée dans le reste de l’œuvre ; 2) comme ailleurs, leur exégèsedevait être proportionnée à leur richesse théologique : il paraît exclu queJustin se soit contenté de les citer et/ou de les commenter brièvement ; 3) siles questions liées à leur contenu étaient bien abordées dans le passagedisparu, elles occupaient, dans l’économie du Dialogue, une place essentielle,et comme d’autres questions d’importance comparable (Loi, Messianité deJésus, théophanies bibliques, malédiction de la Croix, verus Israel), elles nepouvaient donner lieu qu’à de longs développements. Si l’on prend encompte l’ensemble de ces observations, le texte perdu pourrait correspondreà un quart de l’œuvre environ.

Rien ne permet actuellement de considérer comme définitive unereconstruction que seule la découverte d'un manuscrit ignoré pourrait venirconfirmer. Mais la critique du Dialogue devrait désormais prendre en compte,au moins par hypothèse, des contenus auxquels conduisent tant d'indicesconcordants. Il n'est pas exclu en effet que les éléments dont on suppose ladisparition contribuent à la compréhension de l'œuvre et de la pensée qui s'ytrouve exposée.

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INTRODUCTION : JUDAISME(S)

JUDAISME(S)

I − INTRODUCTION

Dans les ouvrages qui traitent du judaïsme ancien − et plus particulièrementdu IIe siècle −, il n'est pas rare que le Dialogue avec Tryphon1 figure parmi lesréférences permettant d'attester une réalité historique, une croyance, uneexégèse, ou une pratique religieuse2 . Il arrive même que Justin soit leprécieux témoin d'une donnée que ne confirment pas toujours d'autressources3 . Les affirmations de l'Apologiste sont accueillies, parfois, avecd'autant plus de bienveillance que notre connaissance du judaïsme autre querabbinique est plus limitée pour cette époque. L'origine samaritaine de Justin(Dial. 120, 6 ; cf. I Apol. 1 ; II Apol. 15, 1) et palestinienne de Tryphon (Dial.1, 3 ; cf. 9, 3), ainsi que leur commune fréquentation du monde grec (Dial. 1,2.3) ont pu contribuer à renforcer le crédit accordé à leurs assertions. Ce qui,dans le Dialogue, ne correspond à rien de connu par ailleurs a parfois donnélieu à des tentatives de reconstitution fondées sur l'a priori d'un témoignagesûr, en l'absence de preuve du contraire.

1 Bibliographie, et liste exhaustive des données que contiennent, à propos du judaïsme, leDialogue et l'Apologie, ci-dessous pp. 101-104 et 105-108.2 Voir, par exemple, M. J. LAGRANGE, Le messianisme chez les Juifs, Paris, J. Gabalda et Cie, 1909,pp. 212. ; 217-218 ; 223 ; 241 ; 245 ; George F. MOORE, Judaism in the First three Centuries of theChristian Era, Cambridge 1927, vol. I, pp. 91 ; 366 ; II, p. 360 ; J. KLAUSNER, The Messianic Ideain Israel, Londres 1954, pp. 56-57 ; 407 ; 456 ; 464 ; 466 ; 485-6 ; 520 ; S. MOWINCKEL, He thatCometh, transl. by G. W. Anderson, Basil Blackwell, Oxford 1959, pp. 286 ; 299 ; 304 s. ; 328 ;D. ROKEAH, Jews, Pagans and Christians in Conflict, Jérusalem-Leyde, The Magness Press, TheHebrew University-E. J. Brill, 1982, p. 61 s. ; G. ALON, The Jews in their Land in the TalmudicAge, transl. & edit. by Gershon Levi, Jérusalem, The Magness Press, 1980 and 1984, vol. II,pp. 200 ; 289 s. ; 299 ; 305 ; 559 ; 560 ; 617 ; 618 ; 629 ; 643 ; M. HADAS-LEBEL, Jérusalem contreRome, Paris, Cerf, 1990, p. 175 (décrets de représailles d'Hadrien).3 Onction du Messie par Élie (cf. MOORE, p. 360 ; KLAUSNER, p. 456) ; Messie de naturedivine (KLAUSNER, p. 466), ou souffrant (LAGRANGE, p. 245) ; application de certainesprophéties à Ézéchias (KLAUSNER, 464). Sur les croyances messianiques attribuées à Tryphonet ceux qu'il représente, voir Dial. 8, 4* et ci-dessous p. 84-87.

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Les commentateurs se montrent aussi, parfois, plus réservés. La part defiction attribuée à cette œuvre, et la réponse apportée à la question de sesdestinataires4 , déterminent en grande partie le crédit qu'on lui accorde.

Fiction et vérité ne sont peut être pas les catégories les mieux appropriéespour l'examen du Dialogue, et l'appréciation de sa valeur comme témoignagehistorique. Justin lit l'Écriture et pense la réalité selon d'autres schémas qui engouvernent la perception et la restitution. Sa vision du monde estessentiellement théologique, et une analyse critique de ses affirmations doitprendre en compte cette priorité. Il faut adopter son regard pour mieux voirce qu'il montre.

II − BIBLIOGRAPHIE

Les études parues sur le judaïsme dans l'œuvre de Justin, depuis plus d'unsiècle, sont nombreuses et variées. Elles portent sur des réalités historiquesou cultuelles, des problèmes textuels ou exégétiques, certaines croyances,l'argumentation polémique, les relations judéo-chrétiennes, le personnage deTryphon, et, indirectement, la question des destinataires de l'œuvre.

Certains s'attachent à expliciter les allusions qu'aucune source ne paraîtconfirmer, en particulier dans les domaines exégétique et cultuel. D'autrestentent de mesurer la validité du témoignage de Justin sur son époque. Laperspective sociologique a inspiré, parfois, ces travaux. D'autres enfinproposent un choix de motifs exégétiques ou polémiques mis en parallèleavec les indications que procurent les sources talmudiques ou midrashiques.Quelques synthèses jalonnent l'histoire de ces travaux5 , mais celles-ci sont deplus en plus rares, toujours partielles, parfois répétitives. Les études de détailintervenues antérieurement sur telle ou telle question n'y sont pas toujoursprises en compte, et les conclusions ne s'appuient pas dans tous les cas surune consultation directe des textes invoqués.

On assiste, en particulier depuis quelques décennies, à une fragmentationdes travaux. Les questions abordées y reçoivent un éclairage plus précis,

4 Voir ci-dessous p. 129-166.5 H. GRAETZ, A. GOLDFAHN, A. HARNACK, L. W. BARNARD, W. A. SHOTWELL, Ph. SIGAL,H. SCHRECKENBERG. L'étude de HARNACK est la plus large, mais elle est aujourd'hui dépasséeet reprend, pour l'essentiel, les observations de GOLDFAHN.

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renouvelé par une lecture plus critique des sources, mais la variété desconclusions sur la valeur qu'il convient d'accorder au témoignage de Justin setrouve renforcée par le morcellement des perspectives.

C'est généralement à partir de sources extérieures au Dialogue (juives ouchrétiennes) qu'on a cherché à confirmer ou invalider les assertions de sonauteur. La méthode s'avère souvent fructueuse. Mais ses résultats sont limitéspar le caractère hypothétique de certains rapprochements, et les problèmesde datation que pose toute référence à la littérature rabbinique6 . Pour évaluerle témoignage de Justin sur le monde juif de son temps, peut-être convient-ilde prendre en compte aussi les données que procure la critique interne. Lerapport que le Dialogue entretient avec l'univers dont il est contemporaindépend, dans une proportion non négligeable, de la finalité qui préside à saconception et à sa mise en forme. L'authenticité de cette œuvre ne saurait semesurer à la seule conformité qu'elle présente avec ce que l'on sait ducontexte qui l'a vue naître, mais aussi à la cohérence de son contenu avec ledessein de son auteur. La « vérité » du Dialogue est religieuse et littéraireautant qu'historique. L'étude de détail montre en effet que ce qui, dans cetteœuvre, pose problème au regard de l'histoire s'insère toujours parfaitementdans l'économie thématique et spirituelle qui constitue, pour Justin, lavéritable référence de son discours. Lorsque l'Apologiste évoque le judaïsmede son temps, c'est invariablement le christianisme qui est au centre de sespréoccupations. Cette particularité doit être prise en compte si l'on veutapprécier, autant que faire se peut, la validité de ses déclarations. Justin est letémoin d'une Parole avant d'être celui d'une époque.

III − LOI ET CULTE

Dans le Dialogue, Justin évoque certaines prescriptions de la Loi et plusieurspratiques cultuelles. L'observation des caractéristiques communes à leurprésentation permet de mieux comprendre selon quels critères elles ontsélectionnées et interprétées.

6 Sur l'évolution méthodologique des travaux prenant en compte ces sources, voir JudithR. BASKIN, « Bibliography of « Rabbinic-Patristic Exegetical Contacts », in : W. S. Green (éd.),Approach to Ancient Judaïsm 5 (1985), p. 53-80. Les travaux de J. NEUSNER sur Aphraate (voirnote suivante) ont grandement contribué à réfréner la « parallélomania » que dénonçait SamuelSANDMEL (JBL 81, 1962, p. 1-13).

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La référence biblique est constante7 . Certaines de ces réalités (arched'Alliance, fêtes) ne sont mentionnées qu'à travers le texte scripturaire.Ailleurs, la référence est explicite (bain rituel, sabbat, circoncision,prescriptions alimentaires, Temple), ou implicite (agneau pascal, boucs dujeûne, châle de prière, Grand prêtre, lois de pureté), mais elle demeureomniprésente. Toutes les pratiques religieuses énumérées dans le Dialogueévoquent un judaïsme antérieur à la destruction du Temple. Et si certainesd'entre elles sont présentées comme encore en vigueur (sabbat,[circoncision]8 , bain rituel ou lois de pureté), aucune ne correspond à desprescriptions prenant plus particulièrement en compte la situation nouvelleengendrée par les défaites contre Rome. A l'exception d'une allusion fortimprécise à la lecture du texte scripturaire (55, 3*), d'une exégèse autorisant lasubstitution des prières aux sacrifices (117, 4*)9 , et de certaines particularitésqui peuvent être interprétées comme des samaritanismes10 , le Dialogue n'offreaucun élément permettant de situer dans un espace et un temps autres quebibliques les aspects du culte ou de la Loi qui y sont mentionnés11 . On a puécrire que Justin considérait le judaïsme de son temps comme unesurvivance12 . Une pareille conviction a nécessairement pour effet d'occulterce qui ne la conforte pas.

7 J. NEUSNER, Aphraat and Judaism. The Christian-Jewish Argument in Fourth-Century Iran [StudiaPost-biblica, 19], Leyde, Brill, 1971, p. 148, observe le même phénomène chez Aphraate : « Itis difficult to point to a single belief or practice referred to by Aphraat which did not derivedirectly and simply from Scripture. It is not merely that Aphraat did not allude to an oraltradition, to rabbis, or to other marks of the presence of Pharisaic-Rabbinic Judaism.Everything he did say points to a single phenomenon, and that is, a Judaism based uponcanonical Scriptures and little else ».8 Cf. Dial. 46, 2*.9 Cette exégèse correspond à une tendance attestée dans des sources antérieures à ladestruction du Temple, et Justin ne l'intègre pas dans les chapitres consacrés à la caducité de laLoi.10 Voir ci-dessous p. 77.11 Parmi les pratiques religieuses évoquées par Justin, certaines ont disparu avec l'autonomiepolitique, d'autres subsistent encore, mais le texte qui en donne le détail (46, 2*) est peu sûr.L'argumentation fondée sur la périodicité de la Loi n'en est toutefois pas altérée, ce qui prouvele caractère accessoire de ces observations.12 « The Judaism which persists, Justin maintains, is an anachronism, a fossil, a distorsion oftrue Judaism, which lives on in true authenticity in the Christian Church. » : Ben-ZionBOKSER, JQR 64/2 (oct. 1973), p. 99.

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La Loi orale est singulièrement absente de la définition du judaïsme −pourtant attribuée à Tryphon − qui sert de point de départ à la discussion13 .Exception faite de deux références très polémiques à des questions d'exégèse(112, 4*), l'enseignement des rabbins (didascales) est réduit, dans le Dialogue, àson contenu théologique, c'est-à-dire à ce qui fait précisément l'objet de lacontroverse. Ses aspects pratiques (halakhah), pourtant essentiels, sontignorés ou passés sous silence. Justin ne semble intéressé que par ce qui estde nature à nourrir son discours, et la curiosité dont il fait preuve n'excèdepas les limites définies par ses intentions. Les seuls exemples de précisionsconcrètes, et parfois « pittoresques » qui ont l'apparence de l'actualité −nouveau levain après les azymes (14, 3*) ; agneau pascal mis en croix (40,3*) ; « franges de pourpre » (46, 5*) − présentent trois caractéristiquescommunes qui invitent à s'interroger sur leur authenticité : elles necorrespondent exactement à aucun texte scripturaire ; leur explication par despratiques samaritaines n'est pas définitive ; leur parfaite intégration à lasymbolique chrétienne est en revanche incontestable. Sans aller jusqu'à nier laréalité de telles observations, on peut se demander dans quelle mesure lespréoccupations apologétiques n'en ont pas altéré ou même induit laperception14 . La formulation parfois très elliptique des symbolismes attachésà ces différents motifs permet en effet de penser qu'ils étaient assez répandusou anciens pour rendre superflues certaines précisions. Il n'est pas exclu queJustin se soit inspiré, en pareil cas, de sources teintées de christianisme oùune vérité spirituelle se serait progressivement substituée aux données del'observation personnelle et directe.

Les allusions à la Loi se présentent toujours, chez Justin, sous une formeséquentielle, ou dans des ensembles constitués autour d'une mêmethématique. Le groupe que constituent « sabbat, fêtes et néoménies » (8, 4*),est d'origine scripturaire, mais pourrait bien avoir été constitutif deTestimonia anti-cultuels15 : c'est la Loi toute entière qui paraît abolie à

13 Cf. 8, 4*. La Loi orale n'est évoquée qu'une seule fois, de façon très générale, et dans uncontexte où il est conseillé de s'en départir : «…Interrogez toujours, et méprisez la tradition devos didascales (katafronou'nte" th'" paradovsew" tw'n uJmetevrwn didaskavlwn), car ils sontconvaincus par l'Esprit Saint de ne pouvoir comprendre ce qui procède de Dieu, mais des'attacher plutôt à l'enseignement de leurs propres idées. » (38, 2).14 Même phénomène à propos d'un détail (clochettes de la robe du Grand prêtre) portant surune réalité antérieure à la destruction du Temple (cf. Dial. 42, 1*).15 Cf. W. HORBURY, « Jewish-Christian Relations… », p. 324. On le retrouve chez BARNABE,Ép., 2, 4-6.

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travers l'énumération de ces trois prescriptions. Aux chapitres 20 s. et 40 s.,circoncision, sacrifices, prescriptions alimentaires, Temple, sabbat, agneaupascal, boucs du jeûne, offrande de farine, robe du Grand prêtre, phylactèreset franges de pourpre sont expliqués par une même cause (infidélité dupeuple juif), et inscrits dans une même dualité typologique (préfiguration duChrist, de sa vie terrestre et de ses enseignements). Justin utiliseprobablement ici des unités dont la composition est antérieure au Dialogue16 .Les aspects de la Loi alors énumérés n'ont en effet jamais de réalité propre.Le cadre où ils se trouvent insérés préexiste à leur évocation, et lasignification unique qui leur est affectée estompe ce que chacun pourraitavoir de spécifique. Dans la pensée de Justin, prescriptions de la Loi etpratiques du culte (ensemble et détail) sont considérées comme provisoires.Elles n'existent que pour trouver leur terme dans une rupture historique ets'abolir en un processus de substitution révélateur de leur véritable finalité.

Cette structure qui confère sens et existence aux réalités cultuellesmentionnées dans le Dialogue se subdivise, dans le détail, en un ensembled'antithèses dont l'omniprésence est une autre preuve de la priorité accordéeà la perspective chrétienne : l'universel y est en permanence opposé au localou au particulier, le nouveau à l'ancien, l'ogdoade à l'hebdomade, l'éternel auprovisoire, le réel à l'illusoire, le spirituel au matériel, la vérité à l'erreur…Parmi les éléments de la Loi qui figurent dans le Dialogue, aucun n'échappe àces dualités fondamentales qui semblent elles aussi déterminer touteévocation particulière. La Loi n'est pour Justin qu'une ombre dont il perçoitles contours à travers l'écran de ses convictions.

IV − REALITES HISTORIQUES, GEOGRAPHIQUES ET RELIGIEUSES

Ces remarques concernant le culte et la Loi s'appliquent également, dans leDialogue et l'Apologie, à toute évocation de la réalité historique et de sesmanifestations.

La plupart des notations historiques sont entachées, chez Justin,d'imprécisions ou d'invraisemblances : David aurait vécu 1500 ans avantJésus (I Apol. 42, 3) ; Ptolémée Philadelphe (285-246) et Hérode le Grand

16 Cf. O. SKARSAUNE, The Proof from Prophecy, pp. 168-169 ; 179 ; 295 s.

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(40-4) sont présentés comme contemporains (I Apol. 31, 2)17 ; les datessituant la succession des prophètes depuis Moïse (I Apol. 31, 8) sontévidemment très approximatives ; la coïncidence entre la venue du Christ etle règne d'Hérode est évoquée à travers des formules peu rigoureuses (Dial.52, 3*) ; Hérode est présenté comme le successeur d'Archélaüs (Dial. 103, 4) ;les sectes juives énumérées en Dial. 80, 4 semblent appartenir à des époquestrès différentes18 ; les persécutions et les calomnies imputées aux juifs sontrapportées avec une confusion spatiale et temporelle qui jette parfois le doutesur leur actualité19 ; dans l'Apologie (I, 31, 6) comme dans le Dialogue (1, 3), larévolte de Bar Kokhba est rappelée à l'aide d'un même adverbe (nu'n) d'autantplus largement commenté dans la littérature qu'il est plus imprécis20 . Cesinexactitudes, qui ne se limitent pas chez l'Apologiste au domainehistorique21 , sont trop nombreuses pour être considérées commenégligeables ou tout à fait fortuites.

Même imprécision sur le plan lexical et géographique : les mutilationsd'Écritures, reprochées aux juifs et ignorées de Tryphon, sont décrites avecdes termes aussi divers que vagues (Dial. 71, 2*) ; les persécutions, inspiréespar les didascales, prennent des formes variées dont l'expression apparaîtsouvent bien stéréotypée22 ; les autorités religieuses juives sont désignéesavec des titres souvent interchangeables, parfois anachroniques, où l'on auraitpeine à discerner une quelconque répartition des rôles23 ; les termes gevno",laov" et e[qno", avec ceux qu'ils désignent, s'entremêlent de façonindifférenciée24 ; l'étendue de la diaspora juive est présentée commerestreinte, alors que des sources plus anciennes contredisent une telleaffirmation (Dial. 117, 4*).

17 Le texte est peut-être corrompu : il faudrait lire jOrwvdhn (roi des Parthes) au lieu de JHrwvdh/.Cf. W. SCHMID, « Ein rätselhafter Anachronismus bei Justin Martyr », Historisches Jahrbuch 77(1958), p. 358-361.18 Cf. Ph. BOBICHON, REAug 48/1 (2002), p. 3-22 (en particulier les pp. 12-21).19 Cf. Ph. BOBICHON, REJ 162/3-4 (juillet-décembre 2003), p. 413-429.20 Voir par exemple A. WARTELLE, Saint Justin. Apologies, p. 269.21 Otto, Introduction, p. LXX-LXXI, dresse un catalogue d'erreurs − avérées ou supposées −que contiendraient, dans les domaines étymologique, scripturaire, cultuel, philosophique,mythologique et historique, le Dialogue et l'Apologie.22 Voir l’article mentionné ci-dessus, note 19.23 Voir l’article mentionné ci-dessus, note 18.24 Voir ci-dessous Appendice 11, p. 971-976.

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Ces approximations se résolvent dans une même cohérence : il s'agit moins,pour Justin, de restituer une succession précise de faits ou une réalitéobjective, que de mettre en relief ruptures et correspondances qui jalonnentle processus de Rédemption. Ce qui nous semble inexact ou erroné ne l'estque relativement à une conception de l'Histoire qui lui est étrangère.

Aussi la référence scripturaire est-elle, là encore, permanente :implicitement (à travers le lexique) ou explicitement (par l'association avecune prophétie), tout moment de l'histoire − juive ou chrétienne − estconsidéré comme une Parole en acte. D'où l'insistance sur le rapportconstant entre « Écritures et faits » dans la démonstration25 : tous lesévénements de la vie du Christ étaient préfigurés dans le texte scripturaire ; lerègne d'Hérode n'existe que comme accomplissement de la prophétieannonçant la fin des prophètes en Israël (52, 3*) ; les défaites contre Rome etla destruction du lieu de culte attestent et consacrent la caducité de la Loi (40,2*) ; la pratique de la circoncision s'achève lorsque celle-ci devient signed'exclusion (16, 2*) ; les persécutions26 (53, 5), comme les hérésies (35, 2* ;cf. 82, 1), correspondent aux prophéties de Jésus, et offrent une preuvesupplémentaire de sa messianité.

Les données historiques rapportées dans le Dialogue et l'Apologie sontgénéralement pensées selon une structure antinomique où le peuple juif joue,pour celui des chrétiens, un rôle de faire valoir : le courage de ces derniersdevant le martyre a pour effet de souligner, par contraste, la faiblesseattribuée aux didascales juifs (39, 5-6* ; 44, 1*) ; l'amour du prochain est laréponse offerte aux calomnies et aux persécutions (18, 3* ; 93, 3-4 ; 96, 2-3*) ; l'impuissance des Pharisiens devant la parole de Jésus (102, 5) estactualisée par celle des didascales qui ne savent que répondre lorsqu'ils sont« confrontés à un chrétien tenace » (93, 5) ; les exorcismes juifs ne sontmentionnés que pour mettre en évidence la plus grande efficacité de ceuxque pratiquent les chrétiens (85, 3*) ; la prière universelle s'oppose auxsacrifices de la Loi (22, 9*) et à l'universel blasphème imputé aux juifs (117,3*) ; la diaspora juive n'est limitée à certaines contrées que pour mieux faireapparaître la diffusion universelle du christianisme (117, 4*). Dans cette séried'antithèses, c'est le jeu des contrastes qui tient lieu de vérité.

25 Cf. Dial. 23, 4*.26 Le lexique utilisé pour les évoquer est à l'évidence d'inspiration scripturaire (voir l’étudeannoncée ci-dessus, note 19).

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V − EXEGESES

Sur le plan exégétique, Justin paraît incontestablement mieux informé quedans les domaines historique et cultuel.

Le Dialogue offre un éventail assez large de références directes ou indirectes,allusives ou explicites à l'interprétation juive de versets bibliques, et auxcroyances qui y sont parfois associées. Ces exégèses sont généralementattribuées au groupe assez indifférencié que constituent, avec Tryphon, ceuxqu'il est censé représenter, ainsi que leurs didascales. Mais c'est par Justin lui-même qu'elles sont le plus souvent rapportées, pour être réfutées. Il arrivetoutefois qu'elles soient transmises à travers les interrogations, lesconcessions, et les objections de Tryphon.

Les analogies constatées avec d'autres sources sont nombreuses. Il n'est pasrare que certaines opinions et certaines interprétations évoquées dans leDialogue soient attestées dans la littérature rabbinique, chez Philon, dans lestextes apocryphes, et même dans les manuscrits de Qumran27 . Référencesdifficilement dissociables, puisqu'en ce domaine, Justin ne donne jamais sessources. Il semble que son information soit d'origine composite : textes,commentaires, écrit(s) à fonction polémique, débats exégétiques, etc. Mais saméconnaissance probable de l'hébreu et de l'araméen exclut tout rapportdirect avec une pensée formulée dans ces langues, et encore transmise àl'époque de façon orale. L'influence de Philon est plus vraisemblable car elleparaît s'exprimer non seulement à travers certaines analogies conceptuelles,mais aussi dans des similitudes lexicales difficilement explicables par unesimple coïncidence28 . Cette influence n'a cependant jamais pu êtreformellement démontrée. Elle n'est peut-être qu'indirecte29 .

27 Liste de ces versets en fin de développement.28 La plus frappante (eujcai; kai; eujcaristivai) figure en Dial. 117, 2*.29 Elle paraît surtout sensible dans les domaines exégétique et théologique, mais cela ne suffitjamais à expliquer tout ce qui caractérise la pensée et la méthode de Justin. D. BOURGEOIS, LaSagesse des anciens dans le mystère du Verbe. Évangile et Philosophie chez saint Justin philosophe et martyr[Coll. « Croire & Savoir »], Paris, Téqui, 1981, 19832, p. 53-60, a montré que l'Apologiste usaitavec une certaine liberté d'outils herméneutiques qui ne doivent pas nécessairement êtreattribués à Philon. Sur le plan théologique, c'est E. GOODENOUGH, The Theology of JustinMartyr, qui a défendu avec le plus de fermeté l'influence du philosophe. Mais ses conclusionsont été longuement réfutées par L. W. BARNARD, Justin Martyr, chap. VII (« The Logos »), et lacritique récente ne fait plus sienne une telle thèse (voir par exemple E. F. OSBORN, Justin

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Il est étrange que les allusions explicites de Justin aux exégèses juives soientconfirmées, le plus souvent, par des sources (rabbiniques) auxquelles il n'avaitpas accès, alors que les références à la pensée judéo-hellénistique,d'expression grecque, demeurent chez lui toujours très implicites… On peutsupposer, pour expliquer ce phénomène, que certaines exégèses étaient assezrépandues à l'époque pour pouvoir être connues de ceux qui ignoraientl'hébreu, ou bien que les débats de Justin − avec des Tannaïm ? − avaient lieuen grec30 .

Le Dialogue évoque à plusieurs reprises ces débats, et ce de façon assezprécise pour que leur réalité ne puisse être mise en doute31 . L'activité

Martyr, 1973, p. 97). Certains aspects de la terminologie utilisée par Justin peuvent aussi avoirété empruntés au Nouveau Testament. « Il est sûr, écrit D. BOURGEOIS, op. cit., p. 124, queJustin a lu Philon. Mais le problème est de voir comment tantôt il le rejette [...] et tantôt ilutilise des thèmes ou des expressions philoniennes en leur donnant une nouvelle significationqui découle de sa foi chrétienne ». Sur cette question, voir en dernier lieu : David T. RUNIA,Philo in Early Christian Literature : a Survey, Assen-Minneapolis 1993, p. 97-105, bibliographie.30 E. R. GOODENOUGH envisage une autre hypothèse : Justin aurait utilisé une (des) source(s)écrite(s), de nature polémique : « But it seems much more likely that Justin had hisinformation from some written source or sources which he was using. » (The Theology…,p. 95) ; de même un peu plus loin : « We have ample evidence that written disputes with theJews and diatribes against them were in existence long before Justin's time, and the Dialogue ofJustin seems a compilation of material from such documents, one of which might well havebeen a written account of the teachings of the Jewish Rabbis by a converted Rabbi, orpossibly a Rabbinical anti-christian tract. It may be that it was because Justin used sources ofdifferent kinds that his completed portrait Tryphon, and his arguments against him, are acomposite of Palestinian and Hellenistic elements. » (ibid., p. 96). En l'absence de preuvesirréfutables, cette explication demeure hypothétique. Elle est toutefois très vraisemblable, etelle permettrait de comprendre les « erreurs » ou les anachronismes qui foisonnent dansl'argumentation de Justin. Sur le statut de la langue et de la culture grecques d'après les sourcesrabbiniques correspondant à la période de domination romaine, voir Y. BERGMAN, « Les sagesde Palestine et la culture gréco-romaine » (hébr.), Mélanges Klausner, Tel Aviv 1937, p. 146-151 ;S. LIEBERMAN, Greek in Jewish Palestine, New-York 1942, passim ; E. SCHÜRER, The History of theJewish People in the Age of Jesus Christ (New English Version), Edimbourg 1979, t. II, p. 52-80 ;G. MUSSIES, « Greek in Palestine and Diaspora », The Jewish People in the First Century, t. II,chap. 22, Assen 1976 ; M. HADAS-LEBEL, Jérusalem contre Rome, Paris 1990, p. 249-255.31 Cf. Dial. 50, 1*.

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apologétique de Justin s'inscrit dans la perspective d'une seconde parousieimminente32 qui rend très improbable l'hypothèse d'un entretien purementfictif, et sans véritable enjeu. Même si le Dialogue, tel qu'il nous est parvenu,est le résultat d'une mise en forme littéraire, la controverse qu'il restitue nepeut être regardée comme une pure construction. Les références à l'exégèserabbinique que confirment des sources midrashiques et talmudiques y sonttrop nombreuses pour pouvoir être considérées comme imaginaires ouinspirées par les conventions de la polémique.

Certaines affinités de l'herméneutique pratiquée par Justin avec celle de lalittérature rabbinique attestent par ailleurs une expérience indéniable de lacontroverse empruntant à ceux qu'elle vise techniques et méthodes33 . C'estgénéralement sur l'analyse de ses déclarations dans le domaine exégétique ques'appuient ceux qui concluent à une bonne connaissance du judaïsme parl'auteur du Dialogue34 .

La validité de ces déclarations n'est certes pas toujours confirmée, etcertaines d'entre elles posent problème35 . Mais l'absence de sources écritesparvenues jusqu'à nous ne signifie pas nécessairement que de tellesaffirmations sont erronées. Ce que Justin nous transmet est de l'ordre de lacroyance autant que de la « doctrine ». Dans la turbulence intellectuelle etreligieuse du IIe siècle, existait-il une pensée qui fît autorité ? Ne suffisait-ilpas à l'Apologiste d'avoir eu connaissance d'une opinion pour la considérercomme « représentative », surtout si elle était de nature à étayer sondiscours ?

Le témoignage de Justin sur l'exégèse juive de son temps se nourrit donc,selon toute apparence, d'une information éclectique et sélective à la fois. Ilfaut l'accueillir avec la confiance et les réserves qu'appellent deuxcaractéristiques aussi contradictoires.

32 Cf. Dial. 28, 2* ; 38, 2*.33 Voir ci-dessous (Exégèse), pp. 114-115 ; 117-118 ; 123.34 Voir ci-dessous p. 99.35 Cf. Dial. 8, 4* et ci-dessous p. 84-87 (concessions de Tryphon à propos du Messie) ; 32, 1*(sur Dan. 7, 13) ; 110, 1* (sur Mich. 4, 1-7) ; 114, 3* (anthropomorphismes). Voir égalementPh. BOBICHON, « Salomon et Ézéchias dans l’exégèse juive des prophéties royales etmessianiques selon Justin Martyr et les sources rabbiniques », Revue d’Études juives du Nord :Tsafon 44 (automne 2002 - hiver 2003), p. 149-165.

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VI - MESSIANISME

Les croyances messianiques juives dont il est fait état dans le Dialogue sontattribuées à l'ensemble du peuple juif, à Tryphon (et ses compagnons), ouaux rabbins (didascales), sans qu'il soit toujours possible de dissocier cesdifférents interlocuteurs. Elles sont, dans la plupart des cas, exprimées parTryphon, et exceptionnellement par Justin. Cela pourrait constituer un critèred'authenticité − les références à des croyances juives étant généralementrapportées par Justin dans le Dialogue, et non par celui qui est censéreprésenter le point de vue juif − mais le crédit qu'il faut accorder à cetensemble d'affirmations dépend de l'idée que l'on se fait de la fonction deTryphon, et de sa représentativité. Lorsqu'elles sont attribuées à ce dernier,ces croyances prennent des formes variées (affirmations, interrogations,objections, ou concessions), en sorte que ce qui est dans un premier tempsnié devient assez souvent, par la suite, le fondement admis dedémonstrations ultérieures. Le point de vue qui se dessine ainsi n'est pasdénué de contradictions :

Le Messie est attendu par tout le peuple (89, 1) ; il n'est pas encore venu(110, 1) ; il doit demeurer inconnu avant qu'Élie l'ait oint ou manifesté (8, 4 ;49, 1-2 ; cf. 110, 1) ; il sera « homme d'entre les hommes » (48, 1* ; 49, 1* ;67, 2 ; cf. 68, 5*), respectueux de la Loi (48, 1 ; cf. 49, 1 ; 67, 2.5*) ; sapréexistence est tantôt niée (38, 1 ; 48, 1 ; chap. 56 et 60 ; 87, 1-2), tantôtadmise (63, 1 ; 77, 1) ; il est exclu qu'il soit de nature divine (38, 1* ; 48, 1),mais les titres de Dieu, adorable, et Seigneur lui sont concédés (64, 1 ; 68, 4.9*),de même que ceux de pierre, roi, et prêtre éternel (36, 1) ; sa « générationineffable » est considérée comme acceptable (55, 1) ou difficilementadmissible (68, 5) ; la naissance virginale (67, 2 ; cf. 68, 1), ainsi quel'Incarnation (38, 1 ; 48, 1 ; 68, 1), et l'Ascension (38, 1) sont rejetées commeincroyables ou blasphématoires ; les deux parousies sont refusées (38, 1), puisconcédées (36, 1 ; 39, 7 ; 49, 2) ; les Écritures annoncent un Messie« souffrant » (36, 1 ; 39, 7 ; 68, 9 ; 89, 2 ; 90, 1), mais il ne saurait s'agir del'infamie de la Croix (10, 3* ; 38, 1 ; 89, 2 ; 90, 1) ; ce Messie doit exercer unrègne glorieux (32, 1* ; 39, 7* ; 110, 1) ; l'idée que la gloire divine puisse êtrepartagée est toutefois repoussée dans un premier temps (65, 1), avant d'êtreadmise (65, 7).

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Parmi ces croyances, certaines sont attestées dans les sources juivespouvant être considérées comme contemporaines de Justin (Messie caché36

ou encore attendu, [Messie souffrant], rôle d'Élie37 , royaume).

36 Cette croyance se subdivise en deux possibilités : ou bien le Messie n'est pas encore venu,ou bien il se trouve déjà parmi les hommes, mais en demeure provisoirement ignoré. Pour êtrereconnu, il doit recevoir l'onction d'Élie, et manifester à tous sa dignité. Elle est attestée dansdivers textes : le Nouveau Testament, où elle paraît avoir été assez répandue chez lescontemporains de Jésus (Jn. 7, 27 ; cf. Mc. 13, 21 et Matth. 24, 23.26) ; dans l'Apocalypse d'Ezra(IV Esdr., 13, 52 : trad. P. GEOLTRAIN, La Bible. Écrits intertestamentaires, Gallimard, 1987,p. 1459) ; la littérature rabbinique, où il est précisé parfois que le Messie caché demeure àRome, parmi les lépreux, dans le nord, dans le Paradis ou dans le ciel (Midrash Tehilim surPs. 21, 1 : 89a ; TB Sanh. 98a, etc.). Dans le Targum sur Mich. 4, 8, on affirme que c'est à causedes péchés d'Israël qu'il ne se manifeste pas. Selon une autre légende, il serait né le jour de ladestruction du Temple, et n'aurait été reconnu que par Élie, avant de disparaître… L’ensemblede ces textes a été analysé par H. GRESSMANN, Der Messias [Forschungen zur Religion undLiteratur des Alten und neuen Testaments 43], Göttingen 1929, p. 449-460 ; STRACK-BILLERBECK, II, pp. 339-340 ; 488-489 ; III, p. 315 ; IV, p. 766 ; E. SJÖBERG, Der verborgeneMenschensohn in den Evangelien, Lund 1955, pp. 73-75 ; 80-90 ; 247-254 et passim ; ID., « Justin alsZeuge vom Glauben an den verborgenen un den Leidenden Messias im Judentum », in : N. A.Dahl et A. S. Kapelrud (éd.), Interpretationes ad Vetus Testamentum pertinente, Sigmundo Mowinckelseptuagenario missae, Oslo 1955, p. 173-183 ; S. MOWINCKEL, He that Cometh, Oxford 1959,p. 305-320. Dans tous les textes rabbiniques, la croyance en un Messie caché est simplementprésentée comme une possibilité, et ces textes sont tardifs : la plupart d'entre euxcorrespondent à la période de transition entre les Tannaïm et les Amoraïm (fin du IIe s.). Pourle milieu du IIe siècle, l'unique source dont disposent les chercheurs − qui s'y réfèrent tous −est donc le Dialogue avec Tryphon… Comme le fait remarquer E. SJÖBERG (Der verborgeneMenschensohn, p. 82 ; « Justin als Zeuge… », p. 174-175), si les propos attribués à Tryphondoivent être généralement accueillis avec prudence, celui-ci peut être considéré comme dignede foi : Justin ne le mentionne qu'en passant ; il ne s'y attarde pas et, contrairement à lacroyance en un Messie souffrant − abondamment développée par la suite (cf. Dial. 13, 4.7* ;34, 2* ; 36, 1* ; 68, 9 ; 97, 4*) − il n'en fait aucun usage pour sa démonstration. Il pourraitdonc s'agir d'un authentique souvenir de ces débats dont il affirme avoir une certaineexpérience (cf. Dial. 50, 1 ; cf. 57, 4 ; 64, 2 ; 65, 2).37 Cette conviction repose sur I Rois 19, 16 (Élie oint Jéhu comme roi d’Israël et Éliséecomme prophète) ; II Rois, 2, 15 (Élie transmet son esprit à Élisée) ; Mal. 4, 4 (retour d’Élieavant le Jugement ; cf. Mal. 3, 1) ; Sir. 48, 8 s. (onction des rois). Le NT y fait plusieurs foisréférence, attestant ainsi sa vivacité à l'époque de Jésus (Matth. 11, 14 ; 17, 10.12-13 ; Mc. 9, 11-13 ; Lc. 1, 17). D'après la Mishna (Ed., 8, 7), Élie doit procéder au recensement d'Israël. Mais lelien avec la venue du Messie n'est alors qu'indirect, et la Mishna ne s'attarde guère sur la figuredu prophète. Ce lien est plus étroitement établi, avec beaucoup de détails, dans des sourcestardives, où Élie apparaît non seulement comme précurseur, mais aussi comme partenaireactif du Messie Les données concernant le rôle eschatologique de ce personnage ont étérassemblées et commentées par M. J. LAGRANGE, Le Messianisme chez les Juifs, Paris 1909,

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D'autres (parousies, préexistence, génération ineffable, divinité) sont trèsdiscutables ou tout à fait invraisemblables, parce qu’incompatibles avecl’enseignement de ces mêmes sources. Le détail en a été analysé récemmentpar plusieurs commentateurs qui se sont attachés à vérifier l’authenticité detelles affirmations par une analyse interne du Dialogue et une confrontationavec les textes rabbiniques38 .

p. 210-213 ; J. BONSIRVEN, Le Judaïsme palestinien au temps de Jésus, 2 vol., 19352, p. 357-359 ;Textes rabbiniques des deux premiers siècles chrétiens, pour servir à l'intelligence du Nouveau Testament,Rome 1955, passim ; STRACK-BILLERBECK, Kommentar IV, 2, p. 797 s. ; E. SCHÜRER, The Historyof the Jewish People in the Age of Jesus-Christ, revised and edited by G. Vermes, F. Millar andM. Black, vol. II, Édimbourg, T. & T. Clark, 1979, p. 515-516 ; George F. MOORE, Judaism inthe First Centuries of the Christian Era, Cambridge 1927, vol. II, pp. 272 ; 357-360 ; 384 ;J. KLAUSNER, The Messianic Idea in Israel, Londres 1954, p. 451-457 ; S. MOWINCKEL, He thatCometh, Oxford 1959, p. 298 s. Pour une collection exhaustive des textes consacrés à Élie dansla littérature juive, voir M. FRIEDMANN, Introduction au Sefer Eliahu, Vienne 1902, p. 2-44 etY. M. GUTMANN, Elijah the Prophet in the Legends of Israël (hébr.), He-‘Atid, ed. S. I. Horowitz,V, p. 14-46 ; ID, Key to the Talmud (hébr.), III, 17-56, item « Eliahu ». Références données parJ. KLAUSNER, op. cit., n. 2, p. 451. E. SCHÜRER (op. cit., p. 516) présente la fonction deprécurseur accordée à Élie comme « très occasionnelle », et, dans toutes les études évoquéesci-dessus, la remarque de Tryphon constitue la principale référence permettant d'en attester lacroyance à l'époque de Justin. Pour J. KLAUSNER (op. cit., p. 456), ce serait même la plusancienne. En réaction, sans doute, à l'excessive vénération qu'accordent à ce personnage lechristianisme et les mouvements apocalyptiques, on note plutôt, dans la littérature tannaïtique,une certaine tendance à limiter le rôle d'Élie, en particulier à la résolution de problèmeshalakhiques (il y conserve néanmoins une image positive : cf. Art. « Elijah », EJ VI, col. 632-642). Il est donc probable que Justin prolonge ici − comme souvent ? − les débatsévangéliques plus qu'il ne témoigne d'une conviction largement répandue dans le judaïsme deson temps. Dans le Dialogue, la question s'inscrit toujours dans un contexte néotestamentaire(Esprit prophétique, Jean, baptême du Christ) et une perspective chrétienne, sansqu'intervienne aucune précision susceptible d'en confirmer l'actualité. L'évocation d'Élie, dansles premiers chapitres du Dialogue paraît avoir pour principale fonction de préparer etd'annoncer les développements ultérieurs sur la transmission de l'Esprit, et le rôle de Jean-Baptiste. Son utilité pour l'économie de l'œuvre est plus facile à prouver que son exactitudehistorique, même s'il n'est pas exclu qu'une telle croyance ait survécu pendant la périodetannaïtique.38 E. SJÖBERG, « Justin als Zeuge vom Glauben an den verborgenen un den LeidendenMessias im Judentum », 1955, p. 173-183 ; A. J. B. HIGGINS, « Jewish Messianic Belief inJustin Martyr's Dialogue with Trypho », NT 9 (1967), p. 298-305 ; St. HEID, « FrühjüdischeMessianologie in Justins Dialog », JBTh 8 (1993), p. 219-238.

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Leurs conclusions sont singulièrement apparentées :

Das seine Darstellung in dieser Hinsicht literarische Fiktionund nicht das Ergebnis wirklicher Gespräche mit dem Juden ist,unterliegt keinem Zweifel. Darum kann man diesen Antwortender Gegner keine Erkenntnis über die Ansichten des damaligenJudentums entnehmen. Als Zeuge für den Glauben an denleidenden Messias im Judentum sollte Justin ausschneiden.(E. Sjöberg, art. cit., p. 180)

The messianic ideas expressed by Trypho bristle withinconsistencies which no amount of ingenuity can resolve into aharmonious picture. This is due to the ill-matched combinationof genuinely Jewish beliefs and of Christian doctrines whichJustin has put into Trypho's mouth for apologetic purposes.(A. J. B. Higgins, art. cit., p. 305)

St. Heid ne conclut pas, mais pense pour sa part que Justin attribuefréquemment aux juifs des croyances qui sont en fait judéo-chrétiennes :

Möglicherweise überträgt Justin ursprunglichejudenchristliche Polemik gegen die messianischenAnschauungen der Großkirche auf seine jüdischenGesprächspartner oder übernimmt jüdisch-judenchristlicheKontroversen. (op. cit., p. 221)

Dans le Dialogue, les interventions de Tryphon se présentent souvent commedes transitions, où sont énumérés les articles de la foi chrétienne (Syntagme ?)considérés comme acquis et ceux dont la vérité reste à établir39 . Même siTryphon ne se convertit pas à la fin de l'entretien, et manifeste une certainerésistance aux affirmations de son interlocuteur, il serait périlleux deconsidérer comme également représentatives les opinions qu'il professe dansces transitions et aux différents moments du débat : ses positions yapparaissent, en effet, aussi évolutives que celles de Justin demeurentinébranlables.

39 Dial. 36, 1 ; 38, 1 ; 39, 7 ; 55, 1 ; 63, 1 ; 64, 1 ; 65, 7 ; 67, 2 ; 68, 1.4 ; 77, 1 ; 90, 1. Pour ledétail de ces interventions, voir ci-dessous, Appendice 1, p. 921-941.

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VII − JUIFS ET CHRETIENS, JUDEO-CHRETIENS

Dans le Dialogue, l'évocation des juifs prend la forme d'un catalogue degriefs d'où toute nuance paraît exclue40 . Cette longue liste de reprochesprésente elle aussi un certain nombre de caractéristiques qui permettent d'enévaluer la signification et la finalité. Comme pour d'autres aspects dujudaïsme dans l'œuvre de Justin, la référence scripturaire est presqueomniprésente. Explicite ou implicite, partielle ou étendue, elle justifie, ensoulignant leur origine divine, des accusations dont l'Apologiste ne serait icique le porte-parole. Lorsque les reproches sont de nature religieuse −déficiences à l'égard de Dieu et de sa Loi, persécution du Juste −, Justins'écarte rarement de ce que transmet l'Écriture (A.T. et N.T.). Lorsqu'il estquestion de débats exégétiques, en revanche, on quitte le terrain desgénéralités pour une critique plus personnelle. Le lexique se départit alors detoute référence, pour devenir plus agressif et plus circonstancié. Savéhémence confine parfois à l'injure41 . On peut voir là l'expression d'undépit résultant d'expériences malheureuses − peut être même d'échecs − dansl'exercice de l'activité missionnaire (Tryphon ne se convertit pas).

40 jAdikiva (19, 5* ; cf. 46, 5*) ; ajqeovth" (92, 4) ; ajlovgisto" gnwvmh (93, 4) ; aJmartiva (95, 4) ;ajnohtiva (36, 2*) ; ajpeiriva (125, 1) ; ajpistiva (27, 4* ; cf. 24, 4) ; ajsevbeia (46, 5*) ; ajsqeneiva th'/gnwvmh/ (44, 1*) ; ajsofiva (38, 2*) ; ajsunesiva (20, 4*) ; ajcaristiva (19, 5*) ; ajcrhstiva (130, 3*) ;blavsfhma, bebhvlwsi" (17, 2*.3*) ; dovlo" (14, 2) ; eijdwlolatreiva (19, 6*) ; drimei'" kai;

panou'rgoi (123, 4) ; kakiva (12, 2*) ; moiceiva (107, 2) ; ponhriva (30, 1*) ; porneiva (132, 1 ; cf.134, 1 et 141, 4) ; sklhrokardiva (18, 2* ; 25, 2* ; cf. 15, 7* ; 92, 4* et 123, 4*) ; tuvflwsi" (27,4*) ; uJpomonhv, ejpivtasi" (27, 4) ; fqovno" (125, 1) ; filautiva (68, 8 ; cf. 102, 6) ; cwleiva (27, 4*) ;yucikh; novso" (30, 1) ; Reproches auxquels doivent être ajoutées les nombreuses allusions à lapersécution du Juste, ainsi que les critiques incessantes de l'enseignement rabbinique.41 Justin fait à ses interlocuteurs les reproches suivants : malice ou raillerie : geloiavzonte" h]ejpitwqavzonte" (67, 3) ; absence de droiture et d'amour de la vérité : Oujk ojrqw'" mevntoi oujde;

filalhvqw" poiei'" (67, 4*) ; goût pour la chicane et la querelle : filevrida", filerivstou",

fileristei'n (64, 2 ; 67, 11 ; 118, 1) ; filoneikou'nte" (117, 2) ; contestation des points d'accordantérieurs (68, 2.4) ; mauvaise foi : yeuvdesqe (117, 4) ; goût de la contradiction (64, 3 ; cf. 65,2) ; fausse idée de la piété (12, 3 ; 14, 2) ; tendance à se tromper soi-même (102, 7*) ; auto-justification (44, 1*) ; auto-exaltation (112, 5) ; refus du repentir (12, 2*) ; mutilation desÉcritures (71, 2*). En s'appuyant ou non sur des références scripturaires, il compare lesdidascales et leurs disciples à des taureaux et des veaux (103, 2), des chiens (104, 1), et même desmouches (115, 5).

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Les griefs de nature religieuse se présentent, dans la plupart des cas, sous laforme de doublets, de séquences ou de séries42 . L'influence du style bibliqueest parfois directe, puisque les commentaires reproduisent alors la structuredes sources dont ils s'inspirent43 . Ces parallélismes et ces accumulations fontapparaître comme équivalents ou difficilement dissociables les manquementsainsi rapprochés en une même formule.

Il arrive aussi que plusieurs sources se trouvent réunies44 , et l'on a pusoupçonner alors l'utilisation de catalogues de vices déjà constitués à partird'éléments scripturaires. Dans certains cas toutefois, ces amalgames peuventaussi bien être attribués à Justin lui-même : ils résument, dans leur contexte,un ensemble d'attitudes considérées comme liées et égalementrépréhensibles. Dans l'esprit de Justin, en effet, les différentes fautesreprochées au peuple juif, ne sont que divers avatars d'une même infidélité45 ,et d'une constante propension au péché. Elles sont unies dans un rapportchronologique et analogique qui détermine et manifeste leurinterdépendance. Les passages sont nombreux où se trouvent associés, dansune même perspective, des événements passés et récents dont les affinitéssont ainsi suggérées46 . L' « oubli de Dieu » explique à la fois l'abandon de la

42 Parallélismes : 18, 2 (dia; ta;" ajnomiva" uJmw'n kai; th;n sklhrokardivan) ; 27, 2 (dia; to;

sklhrokavrdion uJmw'n kai; ajcavriston eij" aujto;n) ; 46, 5 (mhvte ajdikei'n mhvte ajsebei'n) ; 92, 6(ajsunevtou" kai; filauvtou") ; 93, 4 (kai; eijdwlolavtrai ...kai; fonei'" tw'n dikaivwn) ; 123, 4 (lao;"mwro;" kai; sklhrokavrdio") ; 134, 1 (toi'" ajsunevtoi" kai; tufloi'" didaskavloi" uJmw'n ; tavlane"kai; ajnovhtoi). Accumulations : 92, 4 (eijdwlolatrou'nte" kai; ajmnhmonou'nte" tou' qeou' ajsebei'"kai; a[qeoi) ; 95, 4 (ajdivkwn kai; aJmartwlw'n kai; mevcri" o{lou sklhrokardivwn kai; ajsunevtwn) ; 102,6 (pote; me;n moscopoihvsante", ajei; de; ajcavristoi kai; fonei'" tw'n dikaivwn kai; tetufwmevnoi dia;to; gevno") ; 130, 3 (gevno" a[crhston kai; ajpeiqe;" kai; a[piston). Gradation : 27, 4 (dia; th;n ejntouvtoi" uJpomonhvn, ma'llon de; ejpivtasin) ; cf. 73, 6. Même phénomène à propos des péchésattribués aux nations : 93, 1 (moiceiva ...kai; porneiva kai; ajndrofoniva kai; o{sa a[lla toiau'ta) ;95, 1 (kai; eijdwlolatrou'nta kai; paidofqorou'nta kai; ta; a[lla kaka; ejrgazovmena) ; 110, 3 (oiJpolevmou kai; ajllhlofoniva" kai; pavsh" kakiva" memestwmevnoi).43 Par exemple Is. 57, 3 : uiJoi; a[nomoi, spevrma moicw'n kai; tevkna povrnh" (16, 5), ou encore Is.5, 21 : Oujai; oiJ sunetoi; ejn eJautoi'" kai; ejnwvpion aujtw'n ejpisthvmone" (133, 4).44 Cf. 12, 2 ; 27, 2-4* ; 73, 6 ; 123, 2-4.45 Cf. 21, 1 (« Vos injustices et celles de vos pères »). Voir encore l’article mentionné ci-dessus, note 19 p. 79.46 Persécution des prophètes, du Juste, et de ses disciples (16, 4*) ; crucifixion de Jésus etpersécution de ses disciples (17, 1) ; rejet de l'Alliance et refus du repentir (12, 2) ; veau d'or,sacrifices d'enfants, mutilations d'Écritures (73, 6) ; idolâtrie, meurtre des justes, et du Christ

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Loi et le rejet du Christ, puisque celui-ci est la Loi nouvelle.L'incompréhension des Écritures entraîne elle aussi le rejet de Jésus, nonreconnu comme Messie, et ultérieurement la persécution de ses disciples ; lamutilation de textes scripturaires, « plus grave encore que l'idolâtrie »(cf. Dial. 73, 6), vise à faire disparaître ce qui pourrait infirmer l'enseignementdes didascales en confortant celui du Christ.

Les adverbes de temps47 , souvent proches par le sens, ont alors pourfonction de souligner cette pérennité d'attitude, tout en justifiant lesdifférentes étapes du don de la Loi, et les événements qui jalonnent, jusqu'àune époque récente, l'histoire du peuple juif : pour Justin, la périodisation dudon de la Loi et l'histoire des infidélités d'Israël s'inscrivent dans unprocessus parallèle que parachèvent le rejet du Christ et l'anéantissementsimultané des espérances juives. La permanence des péchés d'Israël appelle etfavorise sa destitution progressive comme peuple de Dieu. Dans cetteéconomie, causes et conséquences, Providence divine et péchés d'Israëlparaissent indissociables.

L'image des juifs est liée à celle des chrétiens par un rapport d'antithèseunivoque et définitif : Justin oppose constamment les uns et les autres sur leplan intellectuel, moral et religieux48 , sans prendre en compte aucune

(93, 4) ; veau d'or, ingratitude, meurtre du Juste, orgueil (102, 6) ; série d'ingratitudes (chap.131-133) qui culminent dans le sacrifice d'enfants et la mort du Christ (133, 1). Justin admet,certes, que l'accusation d'idolâtrie n'est plus d'actualité (136, 3), mais c'est pour mieuxreprocher à ses interlocuteur un rejet du Christ considéré comme aussi condamnable. Cedouble rapprochement entre le sacrifice de « ses propres enfants » et la crucifixion n'est sansdoute pas fortuit.47 jAeiv (39, 1 ; 68, 1 ; 92, 4 ; 102, 6 bis ; 131, 4) ; ajdialeivptw" (133, 6) ; e[ti (12, 2 ; 53, 2 ; 133,1.6) ; kai; nu'n (16, 4) ; mevcri nu'n (93, 4 ; 134, 1) ; pavntote (93, 4). Cf. 26, 1 (diwvxante" kai;diwvkonte") ; 120, 4 (bebhlou'te ...kai; bebhlou'sqai ...ejxergavzesqe) ; 114, 4 (sklhrokavrdioimevnete).48 Cf. Dial. 26, 1 et 109, 1 (repentir / refus de conversion) ; 27, 4* (aveuglement / illuminationpar le Christ, Loi nouvelle) ; 32, 5 ; 39, 5 ; 78, 10 ; 112, 3-4 (langage prophétique compris avecla grâce / exégèses dérisoires, enseignements humains) ; 41, 3 et 117, 3* (glorificationuniverselle du nom de Dieu / blasphème universel) ; 46, 6-7 (idolâtrie / martyre entraîné parle refus d'idolâtrer) ; 39, 5-6 (martyre / peur des persécutions) ; 82, 4 (désintéressement etcrainte de Dieu / vénalité et attachement à la vie) ; 93, 3-4 (amour de Dieu et du prochain /absence d'amour, idolâtrie, meutre) ; 96, 2-3 ; 108, 3 et 133, 6 (persécutions / prière pour lesennemis) ; 110, 3 et 134, 1 (monogamie / polygamie) ; 118, 3 (intelligence et piété) ; 119, 6 et131, 3 (foi / absence de foi) ; 130, 3* (crhstoiv / a[crhstoi).

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particularité susceptible d'atténuer son propos. Il est à cet égard significatifque juifs et chrétiens soient toujours désignés, dans le Dialogue, par destournures très générales dont la répétition renforce l'anonymat49 .A l'exception des deux interlocuteurs − et ce dans une certaine mesureseulement50 − personne n'émerge de cette indifférenciation qui renforce lescontrastes en faisant fi de toute nuance. Justin ne semble jamais avoirrencontré un rabbin dont l'enseignement fût digne de considération, un juifrefusant de reconnaître la messianité de Jésus et néanmoins pourvu d'unequelconque vertu, un chrétien sans courage à l'approche du martyre… Ilparaît ignorer qu'à la même époque, certains payaient de leur vie leurattachement à la Loi51 . Dans le Dialogue avec Tryphon, individus et peuples,réduits à leur fonction, semblent devoir perdre en vraisemblance ce qu'ilsgagnent en signification. Quel crédit historique accorder à un discours − denature essentiellement apologétique ou missionnaire − qui occulte si aisémentce qui pourrait le nuancer ou l'invalider ?

*Sur les judéo-chrétiens, Justin ne s’attarde guère dans le Dialogue : il faut yvoir une preuve que, parmi les publics potentiellement visés, ces derniers nesont pas au centre de ses préoccupations52 .

Au chapitre 47, la question du judéo-christianisme se présente commeune transition naturelle entre les développements consacrés à la Loi et ceuxqui portent sur la messianité de Jésus. C’est dans ce cadre seulement qu’elleparaît mériter examen, aussi les deux interlocuteurs l’évoquent-ils comme

49 Justin désigne ses interlocuteurs − et ceux qu'il représentent − par le pronom uJmei'" (trèsnombreuses occurrences). On trouve aussi fréquemment l'adjectif uJmevtero", les expressions oJlao;" uJmw'n, oJ uJmevtero" laov", to; gevno" uJmw'n, to; uJmevteron gevno", et à deux reprises seulementla tournure to; e[qno" uJmw'n (56, 10 ; 130, 4). Tryphon utilise, mais plus rarement, les mêmesexpressions. BARNABE emploie les pronoms « eux » et « nous ».50 Voir ci-dessous.51 Sur ces persécutions, et le détail très controversé des pratiques interdites par Hadrien, voirL. W. BARNARD, « Hadrian and Judaism », Journal of Religious History 5 (1969), p. 285-298 ;M. D. HERR, « Persecutions and Martyrdom in the Hadrian Days », Scripta Hierosolymitana 22(1972), p. 85-125 ; M. HADAS-LEBEL, op. cit., p. 160-182.52 Voir ci-dessous, p. 129-166 (Destinataires).

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une parenthèse dans leur démarche commune : à l’inverse d’autres sujets, celui-ci ne sera plus jamais abordé par la suite. Justin semble considérer le judéo-christianisme comme une réalité provisoire, explicable par la « faiblesse dejugement » (to; ajsqene;" th'" gnwvmh")53 de ceux qui demeurent attachés à laLoi alors que les circonstances historiques, rendant impossibles certainscommandements, en attestent la caducité. Dans la perspective qui est lasienne, cette réalité ne pose problème que si elle est encouragée par uneforme de prosélytisme (47, 2.3), si elle exclut la vie commune avec leschrétiens (47, 2), ou conduit certains d’entre eux à nier la messianité de Jésus(47, 4). Autrement dit, le judéo-christianisme n’est condamnable que s’il estappelé à se perpétuer ou à se développer au détriment de la foi chrétienne.Justin ne semble guère redouter une telle éventualité. Dans le cas contraire,manifesterait-il, à l’égard des judéo-chrétiens cette tolérance qui de sonpropre aveu n’est pas commune à tous ceux qui partagent sa foi ? Et lacritique des judéo-chrétiens ne serait-elle pas, dans le Dialogue, au moins aussivirulente que celle des juifs qui nient la messianité de Jésus en demeurant –ou parce qu’ils demeurent – attachés à la Loi ?54

VIII − TRYPHON

Personne ne souscrirait plus, aujourd'hui, au jugement de G. Bardy qui voyaiten Tryphon un authentique représentant du judaïsme rabbinique55 . Lesincompatibilités avec ce que nous savons de Rabbi Tarfon rendent par

53 Dial. 47, 2.54 Il est remarquable, à cet égard, que le chapitre consacré aux judéo-chrétiens s’achève parune évocation de la question du Salut pour ceux qui, jusqu’à leur mort sont demeurés attachésà la Loi sans jamais reconnaître la messianité de Jésus. C’est bien aux juifs que s’adresse enpriorité le Dialogue comme l’attestent les déclarations explicites et les affirmations récurrentesde Justin (voir ci-dessous, p. 155-156).55 « Le personnage de Tryphon est bien le type du juif classique ; son exégèse est celle qui aprévalu dans les écoles rabbiniques. Nous sommes loin, avec lui, du judaïsme large et tolérantdont Philon d'Alexandrie est le modèle le plus achevé. » (art. « Justin », DTHC VIII, col.2237). G. BARDY semble oublier que Tryphon présente bien des traits − dont une certainetolérance − qui l'apparentent au judaïsme hellénistique. Le concept de « juif classique » paraîten outre plus conforme à certains préjugés qu'à une quelconque réalité historique.

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ailleurs peu vraisemblable une assimilation que certains56 , influencés par lespropos d'Eusèbe57 , avaient dans un premier temps suggérée, sans l'étayerjamais par une argumentation rigoureuse58 .

56 Par exemple Th. ZAHN, « Studien zu Justinus Martyr », ZKG 8 (1885), p. 61-65. Listesd'auteurs admettant ou contestant cette identification in N. HYLDAHL, StudTheol. 10 (1956),p. 78-79 ; A. J. B. HIGGINS, NT 9, 1967, n. 1, p. 298. Le nom porté par l'interlocuteur deJustin a donné lieu à de nombreuses interprétations : cf. N. HYLDAHL, art. cit., p. 79-80 ;G. F. WILLEMS, « Le juif Tryphon et rabbi Tarfon », Bijdragen 50 (1989), p. 278. Aucune de ceshypothèses n'est véritablement convaincante. Les recherches archéologiques montrent que cenom, comme celui de Mnaséas (Dial. 85, 6) était assez répandu parmi les juifs de la Diaspora(cf. P. M. FRAZER - E. MATTHEWS, Lexicon of Greek Personal Names, II, « Attica », 1987, pp. 315et 435-436).57 « Kai; diavlogon de; pro;" jIoudaivou" sunevtaxen, o}n ejpi; th'" jEfesivwn povlew" pro;" Truvfwna

tw'n tovte JEbraivwn ejpisthmovtaton pepoivhtai. » (Hist. eccl., IV, 18, 6). Selon les traductions,l'adjectif ejpisthmovtaton est rendu par un superlatif relatif ou absolu.58 Voir à ce sujet les travaux de N. HYLDAHL (1956), et Gérard F. WILLEMS (1989) cités ci-dessus. Certaines données sont conciliables : tous deux sont « hébreux de la circoncision »,connaissent le grec, sont présentés comme des personnages éminents, et présentent des pointsde vue similaires sur certaines questions (purifications, reconstruction du Temple). On neconnaît pas le point de vue de R. Tarfon sur le prosélytisme, et rien n'interdit de penser que,comme Tryphon, il ait lu les Evangiles, pour en combattre le message. Tryphon, à l'issue duDialogue, ne se convertit pas. Mais d'autres excluent toute assimilation. 1) Tryphon est curieuxde philosophie. Aucune source n'évoque des contacts de R. Tarfon avec les païens et leurculture. 2) Tryphon voyage en dehors d'Eretz-Israël ; Aucun texte ne nous signale R. Tarfon −qui considère le fait de sortir de la terre d'Israël comme une impureté − en dehors de son pays.3) Tryphon est un réfugié juif ; R. Tarfon ne peut avoir fui la révolte de Bar-Kochba puisqu'illa soutenait, comme R. Aqiva, considérait la « sanctification du nom » comme un moyend'obtenir la « royauté en Israël », et mourut probablement en martyr dans les persécutionsd'Hadrien. 4) R. Tarfon a officié au Temple de Jérusalem, au plus tard en 69 ; Il aurait alors eu83 ans lors de l'entretien avec Justin ; rien, chez l'interlocuteur de Justin, ne laisse supposerqu'il était aussi âgé. 5) Tryphon se montre avide d'entendre le philosophe chrétien, et le quittecomme un ami (philos) ; pour R. Tarfon, un pagano-chrétien est sans doute égal à un païen, etdoit être évité. Quant au Dieu des chrétiens, il le considère comme une idole. 6) Tryphontrouve les préceptes évangéliques « impossibles à réaliser » ; R. Tarfon s'est toujours comportécomme un véritable hassid. 7) Tryphon apparaît dans le Dialogue comme un homme affable etcourtois ; R. Tarfon, au contraire, manifeste un caractère impulsif. 8) Tryphon n'est pasrabbin ; R. Tarfon le fut, et exerça même les fonctions de nasi ad interim, vers 115. 9).R. Tarfon est un cohen ; rien ne permet de le supposer pour Tryphon. 11) Tryphon connaît la

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L'identité de Tryphon paraît étroitement liée à sa fonction dans le Dialogue.Il n'est certainement pas un rabbin puisque son interlocuteur ne le désignejamais comme tel, et puisque lui-même se distingue − ou est distingué parJustin − des didascales si souvent évoqués au cours de l'entretien59 .

Ses opinions et ses concessions sont trop souvent en contradiction avec ceque nous savons du judaïsme de l'époque pour qu'il soit possible de leuraccorder un crédit sans réserve (plusieurs auteurs font d'ailleurs remarquerque les données concernant le judaïsme dans le Dialogue sont fournies le plussouvent par Justin et non par celui qui, en théorie du moins, serait le mieuxplacé pour nous les délivrer). L'analyse de détail des interventions deTryphon montre enfin que ce qui peut incontestablement être attribué à uninterlocuteur juif y est réduit à la défense de quelques articlesfondamentaux60 dont la principale fonction paraît être de contribuer à mettreen évidence ce qui, dans la foi chrétienne, les prolonge en s'y substituant.

On a parfois invoqué certaines notations assez réalistes pour affirmer queTryphon n'était pas une pure fiction. Il s'avère toutefois que ces indicationspeuvent toutes être rapportées à des conventions littéraires lorsqu'elles onttrait à la mise en scène de l'entretien61 , et aux nécessités apologétiqueslorsqu'elles concernent sa teneur. Tryphon se définit comme « hébreu de lacirconcision » (1, 3) : c'est cette identité, et surtout ce qui la détermine queJustin va déconstruire dans le Dialogue ; Tryphon a fui la guerre de Judée (1,3 ; cf. 9, 3) : les défaites contre Rome, avec leurs conséquences nationales etreligieuses, constituent, pour Justin, l'ultime preuve de la caducité de la Loi etde l'inanité des espérances juives ; Tryphon séjourne en Grèce (1, 2.3),

mythologie grecque ; R. Tarfon n'y fait jamais allusion. 12) L'un des compagnons de Tryphonse nomme Mnaséas ; Aucun personnage de ce nom (Manassé) n'est présenté comme unproche de R. Tarfon. 13) Tryphon croit en un « Messie souffrant » ; R. Tarfon ne parle jamaisexpressis verbis du Messie. Trop d'obstacles insurmontables s'opposent donc à l'identificationdes deux personnages. Le processus haggadique de cristallisation qui aurait présidé àl'affirmation selon laquelle Tryphon était le personnage « le plus important de son époque » aété étudié par Yitzhak HEINEMANN, Darkhey haggadah (hébr.), Jérusalem 1954, p. 27-31.59 Cf. Dial. 9, 1 ; 38, 1 ; 43, 8 ; 48, 2 ; 62, 2 ; 68, 7 ; 71, 1 ; 83, 1 ; 110, 1 ; 112, 2.4 ; 114, 3 ; 117,4 ; 134, 1 ; 137, 2 ;140, 2 ; 142, 2.60 Voir ci-dessus pp. 32 ; 34-35 (Plan).61 Voir Dial. 1 s.

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connaît la mythologie (67, 2), et ne cache pas son goût pour la philosophie (1,3 ; 8, 3). Il ne s'interdit pas non plus, contrairement aux recommandationsprêtées aux didascales, de fréquenter les Chrétiens (38, 1), et de lire leurstextes (10, 2 ; 18, 1) : Justin, voyageur lui aussi, est à la fois de culturepaïenne, philosophe, et chrétien ; Tryphon, comme Justin, fonde sonargumentation sur le texte scripturaire (32, 2 ; 56, 16), mais comme Justin, ilsemble ignorer l'hébreu (cf. 103, 5 ; 125, 3) : le texte grec servira de base audébat exégétique ; Tryphon fait preuve de courtoisie, de finesse, et d'affabilité(1, 1.6 ; 2, 6 ; 118, 5 ; 123, 8 ; 142, 3), de patience (87, 1 ; 142, 1), de curiositéet d'ouverture d'esprit (10, 3 ; 57, 4 ; 87, 1 ; 142, 1), de fermeté dans sesinterventions (9, 2 ; 10, 4 ; 25, 6 ; 38, 1 ; 45, 1 ; 48, 1 ; 64, 1 ; 68, 2 ; 73, 5 ;123, 7), d'ironie quelquefois (10, 2 ; 58, 2 ; 65, 1). Mais il peut se montreraussi mal disposé (79, 1), ou incohérent (67, 4.7 ; cf. 123, 7). Ces attitudes nesont-elles pas toutes également nécessaires au dessein contradictoire de soninterlocuteur62 ?Les qualificatifs et les périphrases tendant à présenter Tryphon comme uninstrument mis au service des objectifs de Justin foisonnent dans lalittérature. Formules souvent identiques63 . Certains commentateursaccordent une part d'historicité ou d'authenticité à ce personnage, en faisantremarquer qu'il sait parfois faire preuve de conviction et de subtilité64 , et

62 Les compagnons de Tryphon n'ont qu'un rôle secondaire : voir ci-dessous p. 135-138(Destinataires), et Index analytique : « Tryphon ».63 A « straw man » (E. R. GOODENOUGH, op. cit., p. 92 ; S. DENNING-BOLLE, BJRL 69, 1987,p. 505 ; H. REMUS, « Justin Martyr's Argument with Judaism », 1986, p. 74 ; G. F. MOORE,HThR 14, 1921, p. 198 ; J. NILSON, ThSt 38, 1977, p. 540 ; Ben-Zion BOKSER (art. cit., p. 98) ;« Un personnage tout à fait inconsistant » (D. CERBELAUD, RSPhTh 81/2, 1997, p. 205) ; « atool » (A. B. HULEN, JBL 51, 1932, p. 63 ; E. R. GOODENOUGH, loc. cit.) ; « beschränkt undunwissend » (M. FRIEDLÄNDER, Patristische und Talmudische Studien, Vienne 1878, p. 136) ;« kläglich und hilflos » (M. HOFFMANN, TU 96, 1966, p. 12) ; « ignorant of [his] own oraltradition » (M. HIRSHMAN, JQR 83, 1993, p. 372) ; « an imaginary foil » (MartinD. GOODMANN, Mission and Conversion, Oxford 1994, p. 142). Parmi d’autres, Judith M. LIEU

adopte un point de vue plus nuancé : « Trypho has too much flesh and blood to be a strawman ; Justin must have known and debated with Jews ; but the details are ‘far from carefulrecord’ of the two day session. » (Image and Reality : The Jews in the World of the Christians in theSecond Century, Édimbourg 1996, p. 104).64 C'est ce que s'efforce de démontrer C. TRAKATELLIS, qui conclut ainsi son analyse dupersonnage : « Trypho is an alert and earnest thinker and debater who defends his theses withan uncompromising adherence to what he believes to be the truth, and with unshaken

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qu'il ne se convertit pas à la fin du débat, ce qui le distingue de tous ceux quilui sont apparentés dans la littérature de polémique. Les aspectsconventionnels du personnage seraient dus à sa mise en forme littéraire.

Tryphon a-t-il vraiment existé ? La question, au fond, présente peud'intérêt65 . Réel ou fictif, il est un personnage complexe, comme la réalité −plus particulièrement celle de son époque − dans laquelle il s'inscrit, etcomme l'œuvre où il joue l'un des rôles principaux. La part d'historicité qu'ilconvient de lui accorder réside peut-être, paradoxalement, dans la multiplicitéparfois contradictoire de ses composantes66 . Il est indéniable que celles-cicontribuent à justifier et structurer − un peu artificiellement peut-être − lediscours de Justin67 , mais aucune d'entre elles n'est tout à fait incompatibleavec ce qu'aurait pu penser ou croire, à cette époque, un Juif de la diaspora,originaire de Palestine, attaché à sa tradition et néanmoins curieux de la

faithfulness to the Mosaic Law. At the same time, he demonstrates a spirit of freedom andwisdom which leads him to accept particular aspects well documented by his opponent. »(HThR 79, 1986, p. 295).65 « Il importe peu, écrit avec raison ARCHAMBAULT, de savoir si Tryphon est le didascalefameux que semble croire EUSEBE, le célèbre rabbi Tarfon du temps d'Akiba ; si la rencontredu Vieillard qui révèle à Justin la vérité chrétienne eut lieu dans les circonstances sidramatiques dont parle Justin. Ce qui est clair, et c'est là l'important, c'est que Justin résume,dans ce Dialogue, tous les problèmes de vie religieuse débattus entre Juifs (plutôt Juifshellénistes) et Chrétiens du IIe siècle. » (Dialogue avec Tryphon, Introduction, p. XCIII-XCV).66 GOLDFAHN (MGWJ 22, 1873, p. 54) et d'autres, font remarquer que le nom de Tryphonpeut être rapporté au verbe qruvptein (briser). A travers son interlocuteur, Justin s'adresserait àun judaïsme affaibli par les défaites contre Rome, disloqué en diverses tendances, etnéanmoins toujours attaché à ses traditions : « Justin bezeichnet also seine Schrift als : Dialogmit dem gebrochenen und dennoch großthuenden Judenthum ».67 Plusieurs commentateurs soulignent l'équilibre de cette figure et la complémentarité de sesprincipales caractéristiques dans le cadre défini par les intentions de Justin : « Un Trifonetroppo intransigente avrebbe frustrato il suo scopo, un troppo compaciente non avrebberoscosso alcuna credibilità presso gli ebrei e neppure presso i Cristiani. Da tale angolazioneegli appare un personaggio pazientemente costruito. » (G. OTRANTO, Esegesi biblica e Storia,1979, p. 239) ; « Justin a voulu que son interlocuteur fût tel et ce n'était pas non plus, bienévidemment pour lui donner une supériorité sur lui-même. [...] Il n'a pas poussé le contrastejusqu'à la dernière naïveté : il a prêté à Tryphon des objections réelles, des objectionsfondamentales, et il a eu le bon sens de ne pas le convertir à la fin du Dialogue. » (R. JOLY,Christianisme et Philosophie, 1973, p. 159-160).

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culture grecque, tenté peut-être par le judéo-christianisme, et s'interrogeant, àla lumière des événements, sur le bien fondé des espérances de son peuple.

Tel qu'il apparaît dans le Dialogue, Tryphon emprunte chacun de ses traits àun ensemble de doutes et de convictions qu'il n'est jamais totalementinvraisemblable de prêter, dans les mêmes circonstances, à ceux quipartageaient la même expérience. Ses différentes facettes correspondent àune variété de tendances, de références et d'aspirations, dont on peutsupposer qu'elles étaient toutes plus ou moins présentes en chaque juifcontemporain de Justin68 . L'auteur du Dialogue ne fait que réunir en un seulpersonnage, ce que la réalité offrait de façon diffuse.

Tryphon est une synthèse69 : à travers lui, c'est la pluralité des judaïsmes deson temps que Justin cherche à atteindre et à représenter. On peut

68 C'est l'avis de nombreux commentateurs qui utilisent, pour l'exprimer, des formulessimilaires, où le degré d'hellénisation du personnage, et son rapport au christianisme, sontdiversement appréciés : « Trypho selbst gehört nicht zu den gegen die Heiden völligabgeschlossenen Juden » (A. HARNACK, TU 39/1, 1913, p. 60) ; « Un Juif à tendanceshellénistes » (ARCHAMBAULT, loc. cit., p. XCIV) ; « Un giudeo a tendenze ellenistiche »(G. GIORDANO, Asprenas 10, 1963, p. 158) ; « Ein bescheidener Student der griechischenPhilosophie » (N. HYLDAHL, art. cit., p. 86) ; « Un réfugié juif inconnu, plutôt assimilé, quis'intéresse à la culture hellénistique » (G. F. WILLEMS, art. cit., p. 289) ; « Throughout theDialogue, he appears as an enlightened Jew, imbued with hellenistic culture ...a man ofeducation and a philosopher. » (S. KRAUSS, JQR 5, 1893, p. 124) ; « Tryphon et plus encore leJuif de Celse représentent une nuance très hellénisée de judaïsme. » (M. SIMON, Verus Israel,p. 208) ; « Der Trypho des Dialogs ist abgesehen von seiner Selbsteinführung in c. 1 ein völlighellenisierter Jude. » (Th. ZAHN, ZKG 8, 1885, p. 56) ; « Un lettré juif qui avait pris sesdistances par rapport à ses congénères rigoristes engagés dans leur guerre contre Rome, et qui,réfugié à Éphèse, continuait de professer un judaïsme libéral » (E. ROBILLARD, Justin :l'itinéraire philosophique, 1989, p. 23) ; « Tryphon und seine Genossen sind griechischeDiasporajuden, die, weit näher als dem pharisäischen Judentum dem nazaräischenChristentum stehen » (M. FREIMANN, MGWJ 19, 1911, p. 579) ; « Trypho is the kind of Jewwhich a Gentile proselyte was most likely to become » (J. NILSON, art. cit., p. 541).69 Autre constatation exprimée, dans la littérature, à travers des formules apparentées :« Trypho represents a mediating Judaism, perhaps with Palestinian roots, which cannot bestrictly classified » (L. W. BARNARD, Justin Martyr, his Life and Thought, Cambridge, Univ. Press.,1967, p. 42) ; « One can not be certain about the 'kind' of Judaism Trypho represented » [...]« It is possible that in the Dialogue, Trypho represents an eclectic Judaism that is, a Judaismwhich Justin put together from his encounters with various forms of Judaism and his‘Samaritan’ view of it » (R. S. MACLENNAN, « Justin, an Apologetic Essay… », 1989, pp. 53 et

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s'interroger sur la pertinence et l'efficacité d'une telle construction. Elle a lemérite de la cohérence intellectuelle et spirituelle : dans l'imminence de laseconde Parousie et la perspective du Jugement qui fondent son activitémissionnaire et littéraire, Justin se soucie moins d'exactitude historique,culturelle ou sociologique, que d'un Salut universel dont il souhaite quepersonne ne demeure exclu.

IX− VALEUR DU TEMOIGNAGE DE JUSTIN

Justin peut-il être considéré comme un bon témoin du judaïsme de sontemps ?

Les avis sur cette question sont partagés, et l'éventail des jugements estassez large pour intégrer des conclusions singulièrement contradictoires70 .

63) ; « Justin's Trypho seems to me typical of Diaspora Judaism, not primarily because of thespecific points of Hellenism or legalism thet he expresses, but because his Judaism is such amixture of elements from hellenistic and halachic traditions » (E. R. GOODENOUGH, JewishSymbols, I, 53, n. 117).70 « Justin, − soviel ist sicher − hat nicht nur mit vielen Juden, sondern auch mitGesetzlehrern häufig verkehrt. Dafür bürgt einmal seine ziemlich genaue Kenntniss derjüdischen Auslegung, dann auch seine, den Gesetzlehrern entlehnte, im Dialog vielfach zuTage tretende Methode des Deutelns. » (M. FRIEDLÄNDER, art. cit., 1878, p. 137) ; « Es ist einsehr bedeutendes Material, welches wir für die Kenntniss des Judentums (und desJudenchristentums) und seines Verhältnisses zum Christentums um das J. 160 aus dem Dialoggewonnen haben. » (A. HARNACK, op. cit., 1913, p. 90) ; « Yet, after making all possibleallowance for the existence and importance of these 'errors', we must grant that Justin had atleast a good working knowledge of post-biblical Judaism, a knowledge superior to that ofmost polemical writers against the Jews, and infinitely greater than that of the majority of everlearned clergy to-day. » (A. L. WILLIAMS, Justin Martyr. The Dialogue with Trypho, 1930,p. XXXIV) ; « Justin kennt das zeitgenössische Judentum auf Grund seiner palästinensischenHerkunft und tatsächlich durchgefochtener Streitgespräche so gut vie kein Vertreter derHeidenkirche bis Origenes. » (L. GOPPELT, Christentum und Judentum im ersten und zweitenJahrhundert, 1954, p. 289) ; « Justin's astonishing wide knowledge of contemporary Judaism »(W. H. C. FREND, « The Old Testament in the Age of the Greek Apologists », SJTh 26, 1973,p. 139) ; « The Dialogue does exhibit a very wide knowledge of Judaism… » ; « I have shownthat Justin had a very good knowledge of emerging rabbinic Judaism in his time, down to veryprecise details. » (Ph. SIGAL, Abr-Nahrain 18, 1978-1979, pp. 82 et 92) ; « Una notevole

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Les appréciations positives prédominent toutefois. Certaines d'entre elless'appuient sur une liste, parfois empruntée aux prédécesseurs, de donnéeshétérogènes, mises sur un même plan, et présentées sans véritable examencritique (A. Harnack ; A. L. Williams ; L. W. Barnard). D'autres résultentd'une analyse des affirmations de Justin, ou de Tryphon, dans les domainesexégétique et théologique (M. Friedländer ; W. A. Shotwell). D'autres enfin sefondent sur l'étude approfondie de certaines indications considérées commeparticulièrement représentatives (E. Sjöberg ; F. Manns ; Ph. Sigal, etc.). Lestravaux de Goldfahn, qui sont à l'origine de toute la recherche en cedomaine, conservent leur intérêt, mais les rapprochements qui y étaientsuggérés ont souvent donné lieu, par la suite, à une analyse critiquepermettant d'en évaluer avec plus de précision la véritable pertinence. Lepersonnage de Tryphon inspire généralement une certaine réserve, et leparadoxe d'une œuvre dans laquelle les informations sur le judaïsmen'émanent pas de celui qui est censé le représenter laisse perplexes bien descommentateurs.

Parmi les auteurs concluant, pour Justin, à une bonne connaissance dujudaïsme post-biblique, Ph. Sigal est sans doute le plus enthousiaste. Ilsuggère même que des recherches plus approfondies, sur les origines del'auteur du Dialogue, mériteraient d'être entreprises…71

conoscenza del giudaismo post-biblico » ; « Ma se è vero che dal Dialogo emerge una sicuraconoscenza del giudaismo da parte di Giustino, è altrettanto vero che Trifone comerappresentante del giudaismo merita un discorso a parte. » (G. OTRANTO, Esegesi, 1979,pp. 208 et 238) ; « The Dialogue contains a considerable amount of invaluable informationabout the issues at stake between Christians and Jews in the middle of the second century. »(G. N. STANTON, NTS 31, 1985, p. 378) ; « I have serious reservations as to the nature andextend of Justin's knowledge of rabbinic Judaism and would like to begin a reassessment of itin this essay. » (M. HIRSHMAN, JQR 83, 1993, p. 371).71 « There is a need to restructure research into Justin relative to his origins, his relationshipwhich Judaism in Samaria, and the general climate of Judaic-Christian studies and religiousrelationships during the crucial period 70-135 and its aftermath. » (art. cit., p. 92) ; « The taskof research is to seek to understand why this pious Christian was so Judaic and rabbinic ; howthe influence of Jesus, Philo, Paul, and their rabbinic contemporaries expressed themselves,and in turn to gain new perspectives on the relationships of the two branches of post-BiblicalJudaism from 70-135. » (ibid., p. 93).

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Il est indéniable que Justin manifeste une meilleure connaissance dujudaïsme de son temps que la plupart de ses successeurs dans la littérature decontroverse. Ses affirmations sont souvent corroborées par d'autres sources ;sa familiarité avec les contenus et les méthodes de l'exégèse rabbinique paraîtincontestable. Mais certaines absences (Loi orale, martyres juifs) demeurentdifficilement explicables, certaines concessions de Tryphon (messianisme)peu vraisemblables, et plusieurs observations (samaritanismes) mal justifiées.L'influence des convictions chrétiennes, et la prépondérance des intentionsapologétiques, sont manifestes dans la perception et la restitution des réalitésou des croyances que mentionne le Dialogue. Dans de telles conditions, etavec des données aussi divergentes, toute conclusion ne peut être queprovisoire et mesurée. Ph. Sigal propose de toujours accorder foi, enl'absence de preuves contraires72 , aux assertions de Justin. La priorité donnéeà la perspective chrétienne dans le Dialogue pourrait légitimer l'attitudeopposée.

X − CONCLUSION

Une œuvre telle que le Dialogue avec Tryphon ne saurait être considéréeindépendamment de ce qui l'inspire et de ce qui en motive la composition.Par sa forme et son contenu, elle s'inscrit dans la tradition scripturaire ; par safinalité, elle veut contribuer à l'œuvre de Rédemption. Littérature, histoire, etspiritualité y sont indissociables. Événements et réalités sont toujours mis enperspective : la signification qui leur est accordée paraît même précéder leurperception, comme la Prophétie anticipe sur l'Histoire. Une même structurebinaire détermine ces parallélismes, ces correspondances, et ces antinomiesauxquels rien n'échappe, pas même certains détails du style.

Conformément à la vision qu'il en a, Justin nous propose une lecturethéologique de la réalité qui lui est contemporaine. Le présent n'y est qu'uneprophétie réalisée et une eschatologie en devenir ; les pratiques cultuelles dujudaïsme des survivances ou des figures de la liturgie chrétienne ; les peuplesperdent leur spécificité pour n'exister que relativement à la notion de

72 « He knew the Jewish scene very well. The presupposition must always be that he was rightuntil proven wrong. » (art. cit., p. 86).

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INTRODUCTION : JUDAISME(S)

« véritable Israël ». L'historien doit garder à l'esprit ces caractéristiques pourmesurer le crédit qu'il convient d'accorder, sur ces différentes questions, autémoignage de l'Apologiste.

Si la référence scripturaire est omniprésente dans le Dialogue, et si Justin yparaît mieux informé dans le domaine de l'interprétation des textes, c'estprécisément parce que le véritable objet du débat n'est pas historique, maisexégétique, ou plutôt parce qu'il est exégétique avant d'être historique. Mêmelorsqu'il est question des pratiques de la Loi, ou des relations avec Rome,Justin demeure préoccupé par une seule interrogation : les Écritures, sont-elles juives ou chrétiennes ? Revendiquer l'exclusivité de leur intelligence73 ,c'est également prétendre à un droit sur l'Histoire. L'enjeu du débat entreJustin et Tryphon n'est pas uniquement religieux ou identitaire : c'estl'existence même de ce qu'ils représentent qui est mise en question.

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73 Cf. Dial. 29, 2*.

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INTRODUCTION : JUDAISME

JUDAISMEdans le Dialogue et l'Apologie1

* = note** = série de notes

I – ASPECTS DU CULTE ET DE LA LOI

– Agneau pascal : voir Pâque.– Arche d'alliance : 132, 2-3*.– Azymes : 14, 3 → App. 2, p. 943-945.– Bain rituel : 13, 1*.– Châle de prière : 46, 5*– Circoncision : 10, 3* ; 11, 5* ; 12, 3* ; 15, 7* ; 16, 2* ; 18, 2* ; 19, 3*.4* ; 23,

4*.5* ; 27, 5* ; 28, 3*-4* ; 41, 4* ; 43, 2* ; 67, 5* ; 92, 4* ; 113, 6*-7*→ Appendice 7, p. 959-963 ; 114, 4* ; 119, 4*.– Clochettes (robe du Grand prêtre) : 42, 1*– Fêtes : 8, 4*.– Jeûnes : 15, 1*.4* ; 40, 4*.– Loi mosaïque et préceptes éternels : 23, 1*2

– Lecture de la Loi écrite : 55, 3*.– Loi orale : 8, 4* ; cf. 47, 4*3 .– Maison de prière : 86, 6*.– Mariage, polygamie : 141, 4*.– Néoménies : 8, 4* ; 46, 2*.– Oblations : 112, 4*.– Offrandes, sacrifices : 13, 1* ; 19, 6* ; 22, 1*.9* ; 27, 5* ; 28, 4* ; 29, 1* ; 41,

1*.2* ; 46, 2* ; 92, 4* ; 117-118**.– Pâque : 40, 1-3** ; 46, 2* ; 111, 3*.– Phylactères : 46, 5*.

1 Ne sont retenues ici que les références qui concernent − en association ou non avec leuréquivalents dans le christianisme − des réalités et des conceptions juives. Pour une listeexhaustive des références incluant celles qui ne concernent que le christianisme, voir l'Indexthématique, passim.2 Voir l’article annoncé à la note 9 de ce chapitre.3 Pour la thématique de la Loi nouvelle, voir dans l’Index analytique l’entrée « Loi ».

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INTRODUCTION : JUDAISME

– Prescriptions alimentaires : 20, 1-4** → App. 3, p. 945-947.– Prêtre, Grand prêtre : 27, 5* ; 29, 3* ; 33, 1*.2* ; 37, 4-38, 1 ; 40, 4* ; 42,

1* ; 50, 3 ; 52, 3* ; 64, 4* ; 83, 3 ; 86, 4* ; 115-116** ; 117, 1*.3* ; 116, 3* ;127, 3*.– Prières (et sacrifices) : 117, 4*.– Pureté (lois de -) : 46, 2*.– Sabbat : 12, 3* ; 19, 6* ; 21, 1* ; 22, 5 ; 23, 3* ; 24, 1 ; 27, 5* ; 29, 3* ; 41,

4*.– Sacrifices : voir Offrandes.– Synagogues : 16, 4*.– Temple : 22, 11* ; 34, 7* ; 40, 2* ; 86, 6*.– Vases sacrés : 13, 2 ; 52, 3.

II – REALIA ET HISTOIRE

– Babylone : 52, 3* ; 115, 4.– Bar Kokhba : 1, 3 ; cf. I Apol. 31, 5-6.– Birkat Ha-minim, émissaires anti-chrétiens, persécutions, etc. : 16, 4 etc.4 .– Diaspora : 117, 4*.– Didascales (autorités religieuses)5 .– Écritures (mutilations ?) : 71, 2* ; 72, 3* ; 120, 5*.– Exorcismes : 85, 3*– Hérésies, sectes : 62, 3* (→ App. 4, p. 948-952) ; 80, 46

– Hérode : 52, 3* ; 103, 3*.– Jérusalem interdite : 16, 2* ; 52, 4*– Judéo-chrétiens : 47, 1-49, 1**.– Prosélytes : 10, 4* ; 11, 4* ; 23, 3* ; 33, 2* ; 122, 1-123, 2**.– Ptolémée : I Apol. 31, 2.4.– Samaritains, samaritanismes (?) :

14, 3* (azymes) → App. 2, p. 943-945.40, 3* (agneau pascal) ;46, 5* (franges de pourpre)– Septante : 68, 7* ; 72,3* ; cf. 71, 1*.

4 Voir l’article mentionné ci-dessus, n. 19, p. 79.5 Voir l’article mentionné ci-dessus, n. 18, p. 79 (en particulier les p. 4-11).6 Ibid. (p. 12-21).

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III – EXEGESES ET CROYANCES

A) Croyances

– Anges :57, 2* (manne)62, 3* (sur Gen. 3, 22) → App. 4, p. 948-95279, 1* (chute des anges)128, 3-4* (création des anges) → Appendice 10, p. 969-971

– Anthropomorphismes : 114, 3*.– Images (interdites) : 91, 4* → App. 6, p. 956-958– Messie, Messianisme : 8, 4* → Introduction, p. 84-87 (notes)– Prières et sacrifices : 117, 4*.– Résurrection des morts : 80, 4*– Salomon idolâtre : 34, 87

– Salut :8, 3*.4* (et respect de la Loi) ;44, 1* (et appartenance à la descendance d'Abraham) ; 45, 3* (Loi).– Théophanies bibliques : voir ci-dessous (Gen. 18, 1 s. ; Exod., 3, 2 s.).– Transcendance divine : 127, 3*.– Unité divine (pas d'autre Dieu) : 50, 1*.

B) Exégèses

– Gen. 1, 26 (« Faisons l'homme à notre image ») : 62, 2→ App. 4, p. 948-952.– Gen 3, 22 (« Adam est devenu comme l'un de nous ») : 62, 3→ App. 4, p. 948-952.– Gen. 7, 19-20 (Déluge) : 138, 3*.– Gen. 17, 5 (Abram → Abraham) : 113, 2*.– Gen. 17, 15 (Saraï → Sarah) : 113, 2*.– Gen. 18 (Apparition à Mambré) : 56, 10*.23*.– Gen. 19, 23-25 (« Alors le seigneur fit pleuvoir… ») : 56, 23*.– Gen. 32, 15 (Présent de Jacob à Ésaü) : 112, 4*.– Gen. 49, 10 (« Le sceptre ne s'éloignera point de Juda… ») : 52, 2→ App. 5, p. 952-955.– Gen. 49, 11 (« Attachant à la vigne son ânon… ») : 53, 1*.

7 Voir l’article mentionné ci-dessus, n. 35, p. 83 (en particulier les p. 157-160).

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INTRODUCTION : JUDAISME

– Exod. 3, 2 s. (Buisson ardent) : 60, 1*.– Exod. 17, 8 s. (Combat contre Amalek) : 90, 4*.– Exod. 23, 20-21 (« Voici que je t'envoie mon ange ») : 75, 1*.– Lév. 2 (Oblations) : 112, 4*.– Nombr. 21, 9 (Serpent d'airain) : 94, 4* → App. 6, p. 956-958– Deut. 4, 19 (« le soleil, la lune et les étoiles… ») : 55, 1*.– Ps. 2, 7 (« Tu es mon fils, aujourd'hui je t'ai engendré ») : 88, 8*.– Ps. 23 (« Levez vos portes et le Roi de gloire s'avancera… ») : 36, 28

– Ps. 44 (« Écoute, fille, regarde, et penche ton oreille… ») : 63, 5*.– Ps. 71 (« Dieu, donne au roi ton jugement… ») : 34, 1*9

– Prov. 8 (« Le Seigneur m'a établie principe de ses voies… ») : 61, 5*.– Mich. 4, 1 s. (« Venez, et montons à la montagne du Seigneur ») : 110, 1*.– Jon. 2-4 (Repentir de Ninive) : 108, 1*.– Zach. 9, 9 (Entrée du Messie à Jérusalem) : 53, 3*.– Mal. 1, 11 (« Mon nom est glorifié… parmi les nations ») : 117, 4*.– Is. 7, (14) (« Voici, la vierge concevra… ») : 43, 8*.– Is. 11, 1-2 (« Un rameau sortira de la souche de Jessé… ») : 87, 2*.– Is. 42, 6-7 (« Et je t'établirai ...lumière des nations ») : 122, 3*.– Is. 42, 8 (« Je ne donnerai à nul autre ma gloire ») : 65, 1*.– Is. 52, 13-53, 12 (Serviteur souffrant) : 13, 7*.– Is. 54, 1 (« Réjouis-toi, stérile… ») : 13, 8*.– Is. 54, 8-9 (Déluge) : 138, 3*.– Dan. 2, 34 (« Une pierre ...s'est détachée… ») : 70, 1*.– Dan. 7 (« Fils de l'homme ») : 32, 1*.

IV – PHILON

(Voir Index des auteurs anciens), et, ci-dessus, la note 29, p. 81.

8 Ibid.9 Ibid.

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INTRODUCTION : EXEGESE

EXEGESE

I – INTRODUCTION

L'exégèse que Justin pratique dans le Dialogue et l'Apologie a donné lieu à denombreuses études1 . Celles-ci portent, pour l'essentiel, sur ses fondements(principes herméneutiques et théologiques), sa nature (typologie, allégorie,etc., avec les terminologies associées), ses contenus (significations, rapportsavec l'interprétation juive − philonienne ou rabbinique − des textes), et sessources (problèmes textuels, Testimonia, etc.). Les remarques concernant laméthode y demeurent sporadiques ou accessoires2 . La perspective spirituellequi prédomine dans les intentions de Justin et dans la perception chrétiennede son œuvre a quelque peu occulté les aspects techniques de son exégèse.L'opposition traditionnelle entre lecture littérale et spirituelle des Écritures3

n'est sans doute pas étrangère à ce phénomène. Justin lui-même ne critique-t-il pas avec une certaine véhémence ce qu'il regarde comme un excès delittéralisme dans l'herméneutique juive4 ?

L'analyse de détail du Dialogue oblige pourtant à considérer d'une manièremoins univoque l'exégèse qui y est pratiquée. Il s'avère en effet que celle-ci,pour être incontestablement spirituelle − et surtout christologique − dans sesconclusions n'en est pas moins fort proche du texte par les moyens qu'ellemet en œuvre. Cette technique prend des formes variées, parfois mêmeoriginales. Loin d'y être opposées, la « lettre » et « l'esprit » y apparaissentcomme indissociables. Leur fusion correspond à une conception unitaire del'Écriture qui détermine à la fois les méthodes d'approche, leurs résultats, et

1 Bibliographie en fin de développement (p. 127-128). Le texte pris en compte par Justin esttoujours une version grecque des Écritures.2 Les travaux de G. OTRANTO (cf. Bibliographie) ont, de ce point de vue, ouvert desperspectives nouvelles, en montrant l'importance des citations bibliques et de leur moded'utilisation pour la structure du Dialogue et la compréhension de ses contenus exégétiques.F. SAGNARD en avait déjà eu l'intuition, mais s'était limité aux conséquences de sesobservations pour la question du plan (voir ci-dessus, p. 21-23).3 Justifiée par la célèbre formule de Paul : « La lettre tue, mais l'Esprit donne la vie » (II Cor. 3,6).4 Voir ci-dessous, p. 124.

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INTRODUCTION : EXEGESE

la forme que prend leur transmission. La composition particulière du Dialogueprocède en grande partie des présupposés théologiques avec lesquels sonauteur aborde le texte scripturaire.

II – ECRITURES ET DEMONSTRATION

Justin rappelle fréquemment que sa démonstration (ajpovdeixi") est fondée surles Écritures5 . Cette insistance a pour objet de légitimer les déductions tiréesdu texte, mais surtout de souligner la prééminence de ce texte sur lescommentaires qu'il suscite. Les Écritures ont pour Justin valeur de preuve oude témoignage6 , mais elles sont, avant tout, le point de départ de l'exégèse. Ilest donc nécessaire de maintenir constamment leur présence dans le texte quise construit à partir d'elles. Aussi les citations occupent-elles une placeimportante dans le Dialogue : leur principale fonction n'est pas de justifier undiscours, mais de le produire. Lorsque Justin ou Tryphon disent que « lesÉcritures obligent à convenir » d'une vérité, cela ne signifie pas seulementqu'elles en offrent des preuves indiscutables, mais aussi qu'elles sontporteuses d'une exigence à laquelle le lecteur ne saurait se soustraire. Cetteforce contraignante s'applique à l'activité exégétique elle-même avant de seréaliser dans ses conclusions.

La foi en la valeur intrinsèque des Écritures a pour conséquence première lanécessité de prendre en compte le contexte dans lequel se trouvent situés unverset ou un ensemble de versets. Cette règle herméneutique estexplicitement formulée en Dial. 65, 2-3. Il arrive que Justin complète unecitation antérieurement donnée de façon partielle (14, 3*) ; et s'il paraîtomettre certains éléments du texte qu'il utilise, Tryphon ne manque pas de lelui reprocher (20, 2* ; 27, 1*-2).

Les citations in extenso sont ainsi pleinement justifiées : aucun discours nesaurait se substituer à la Parole divine telle qu'elle est inscrite dans laRévélation. Nombreuses sont les formules d'introduction qui soulignent la

5 Cf. Dial. 28, 2 ; 32, 2 ; 34, 2 ; 53, 2 ; 56, 10.11.15.16.18 ; 67, 3 ; 85, 5 ; 117, 5 ; 118, 1 ; 129, 1(ajpovdeixi", ajpodeiknuvein).6 Cf. Dial. 61, 1.3 ; 79, 2 ; 88, 1 ; 92, 4 ; 110, 6 ; 141, 3 ; I Apol. 53, 2 (marturei'n, marturiva,martuvrion).

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INTRODUCTION : EXEGESE

nécessité d'une transcription du texte tel qu'il se présente à la source7 . Laplus littérale des exégèses n'est-elle pas la lectio ?8 Comprendre le texte, n'est-ce pas d'abord l'entendre ? Justin offre ainsi une réponse anticipée à toutesles critiques déplorant ces « interminables citations » qui auraient pour effetd'alourdir son propos. L'importance de ces citations dans le Dialogue exprime,en fait, l'humilité d'un commentateur qui n'a pas l'impudence de croire queses discours prévalent sur ce qui les inspire9 .

Ces longues citations sont situées, pour l'essentiel, dans les premierschapitres de l'entretien : autre façon de marquer leur prééminence. Justinreprendra ensuite, et dans divers contextes, le détail des vérités dont elles sontporteuses10 . Mais même fondé sur un seul verset, le commentaire feratoujours référence à l'ensemble intégralement donné auquel le lecteur pourra,si nécessaire, se reporter. L'exégèse peut ainsi devenir très littérale sansparaître isoler son objet du contexte d'origine.

III – EXEGESE LITTERALE

De très nombreux passages attestent, chez Justin le respect de la lettre. Il sedistingue en cela de toute une tradition exégétique, particulièrement sensibledans l'école alexandrine, qui privilégiera une lecture allégorique outypologique mise au service de vérités morales et spirituelles11 .

7 P. ex. : Kai; o{ti tou'tov ejstin, JHsai>va" levgei (22, 11) ; Ou{tw" ga;r e[fh oJ Lovgo" (60, 4) ;Fanerw'" oiJ lovgoi khruvssousi ...ou{tw" e[conte" (63, 5). L'analyse de ces formules introductiveset de leur rapport avec l'exégèse de Justin fera l'objet d'une autre étude.8 Lecture qui dans l'antiquité, et jusqu'au Moyen âge se faisait le plus souvent à haute voix. Surles rapports entre legere, audire et meditari, voir J. LECLERCQ, L'amour des lettres et le désir de Dieu,Paris, Cerf, 19903, p. 21-23.9 « Il est ridicule, écrit Justin lui-même, que celui qui appuie ses propos sur les Écritures necite pas toujours les mêmes Écritures, croyant avoir trouvé à dire quelque chose de meilleurque l'Écriture. » (Dial. 85, 5*).10 Voir les notes renvoyant à des développements ultérieurs, dans les chapitres où cescitations sont données in extenso.11 « Tout homme qui se soucie de vérité, écrit ORIGENE, ne doit guère s'occuper des mots etdes paroles, car dans chaque nation il y a des usages divers concernant les mots ; il doit porterplutôt son attention sur ce qui est signifié que sur les mots qui le signifient, surtout quand ils'agit de réalités si hautes et si difficiles. » : De Princ., IV, 3, 15 (SC 268, p. 397). Texte cité parD. BANON, La lecture infinie, Paris, Seuil, 1987, p. 145.

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INTRODUCTION : EXEGESE

L'utilisation fréquente de la formule gevgraptai12 , souvent mise en relief enfin de phrase, est un premier signe de cette référence constante à l'Écriture.Cette formule manifeste la croyance au caractère révélé du texte invoqué,mais dans son acception première − et particulièrement chez Justin −, elle faitréférence à ce qui est écrit, c'est-à-dire au sens obvie de ce texte13 .

A plusieurs reprises, Justin attire par ailleurs l'attention de ses auditeurs surun mot, ou la formulation exacte d'un passage : « Je n’ignore point, ajoutai-je,que vous vous avisez d’interpréter ce psaume comme se rapportant au roiÉzéchias. Mais vous êtes dans l’erreur. Par les paroles elles-mêmes, je m'en vaissur-le-champ vous le montrer » (ejx aujtw'n tw'n lovgwn aujtivka uJmi'najpodeivxw)14 ; « Pour que vous n’alliez point, détournant les paroles que jeviens de citer, dire ces choses que disent vos didascales … je vousrapporterai encore les paroles prononcées par Moïse lui-même » (lovgou" tou;"eijrhmevnou" uJp! aujtou' tou' Mwsevw" pavlin iJstorhvsw)15 ; « Qu'il était en outreprévu que le peuple dont on savait d'avance qu'il croirait en lui pratiquerait lacrainte du Seigneur, les termes mêmes de la prophétie le crient (au|tai aiJ levxei"th'" profhteiva" bow'si). Et que ceux qui se croient versés dans la lettre desÉcritures (ta; gravmmata tw'n grafw'n), ou entendent les prophéties, n'en ontpoint l'intelligence, les Écritures elles-mêmes le proclament aussi (au|tai aiJgrafai; kekravgasin) »16 ; « Considérez de même, je vous prie, tandis que jevous parle, l'expression que l'Esprit saint a proférée dans ce psaume (Dia;levxew", h}n to; a{gion pneu'ma ejn touvtw/ tw'/ yalmw'/ ajnefqevgxato) »17 ; « Maisconsidérons plutôt l'énoncé lui-même (Aujtw'/ de; ma'llon tw'/ rJhtw'/prosevcwmen) »18 . Dans tous les cas, le commentaire s'appuie précisément surce qui est ainsi mis en relief.

12 Cf. Dial. 34, 6.8 ; 49, 5 ; 55, 1 ; 56, 8 ; 57, 2 ; 78, 1 ; 79, 4 ; 86, 5 ; 90, 4 ; 121, 2 ; 141, 3.La formule est utilisée aussi pour l'Évangile (100, 1 ; cf. 111, 3) ou les « Mémoires desApôtres » (101, 3 ; 103, 6.8 ; 104, 1 ; 105, 6 ; 106, 4 ; 107, 1). Elle n'apparaît pas dans l'Apologie.13 Même utilisation pour le participe gegrammevno" (Dial. 56, 11 ; 57, 3 ; 79, 2.4 ; 100, 4 ; 114,5 ; 115, 5).14 Dial. 33, 1.15 Dial. 62, 2.16 Dial. 70, 5.17 Dial. 74, 2.18 Dial. 135, 3.

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INTRODUCTION : EXEGESE

Cette insistance sur la signification explicite des Écritures se manifesteégalement dans l'utilisation récurrente − par Justin ou Tryphon − de l'adverbediarrhvdhn19 . Le verbe alors renforcé (keleuvein, khruvssein, ajpodeiknuvnai,shmaivnein, etc.) souligne le caractère contraignant du sens ainsi délivré.Même emploi pour fanerovn ou fanerw'"20 , et dh'lon21 . L'évidencequ'imposent les Écritures est également signifiée, à plusieurs reprises, par laformule : aiJ grafai; ajnagkavzousin oJmologei'n…22 .

Les incises sont un autre moyen de mettre en relief certains éléments23 . Lemot ou l'expression que Justin fait ainsi ressortir prennent valeur de preuve.Méthode qui paraît comprise et acceptée par Tryphon, puisque celui-ci ne laconteste jamais, et ne sollicite, en pareil cas, aucune explicationcomplémentaire.

Même lorsque cela n'est pas explicitement signalé, Justin fonde sesexégèses, en de très nombreuses occasions, sur les termes exacts de l'énoncéconsidéré24 . Il s'agit alors de faire remarquer qu'une exégèse littérale,

19 Cf. Dial. 27, 1 (a} de; diarrhvdhn keleuvei sabbativzein ouj mevmnhsai) ; 34, 2 (tw'n lovgwn tou'yalmou' diarrhvdhn khrussovntwn eij" to;n aijwvnion basileva) ; 53, 2 (o{per wJ" ejpeprofhvteuto

diarrhvdhn genhvsesqai uJpo; tou' Cristou') ; 56, 6 (ajkouvsate tw'n uJpo; Mwsevw" diarrhvdhn

eijrhmevnwn) ; 63, 5 (kai; oiJ lovgoi ou|toi diarrhvdhn shmaivnousi) ; 68, 8 ( }A ga;r a]n diarrhvdhn ejn

tai'" grafai'" faivnontai...) ; 68, 9 ( }A" d! a]n levgwmen aujtoi'" grafav", ai} diarrhvdhn

...ajpodeiknuvousin) ; 71, 2 (ejx w|n diarrhvdhn ou|to" aujto;" oJ staurwqei;" ...kekhrugmevno"

ajpodeivknutai) ; 75, 4 (ejx w|n sunnoh'sai e[sti diarrhvdhn o{ti...) ; 76, 6 (ejn tai'" grafai'" tau'takekhruvcqai diarrhvdhn) ; 140, 2 (wJ" kai; hJ grafh; diarrhvdhn levgei).20 Cf. Dial. 56, 6.12 ; 63, 5 ; 89, 2.21 Cf. Dial. 83, 2 ; 122, 2 ; 136, 1.22 Cf. Dial. 23, 4 ; 32, 1 ; 49, 2 ; 57, 1 ; 67, 8 (bis) ; 68, 2.9 ; 137, 1 (Tryphon et Justin).23 Cf. Dial. 37, 4* et 64, 4* (Moïse et Aaron [...] invoquaient, dit l'Écriture, le Seigneur) ; 117, 1*(mon nom est glorifié, dit-il, parmi les nations) ; 119, 4 (Voici, je suis [Dieu], dit-il, pour la nation) ; 123,5 (Je susciterai, dit-il, pour Israël et pour Juda…) ; 135, 4* (Et je ferai sortir, dit-il, la postérité de Jacob etde Juda).24 Cf. Dial. 11, 3-4 (Alliance nouvelle) ; 11, 4-5 (vocation des nations) ; 12, 3 (sabbat perpétuel) ;16, 2 (circoncision en signe) ; 19, 2 (baptême des citernes) ; 19, 5 (peuple et nation) ; 20, 3 (plantespropres à la consommation) ; 26, 1 (héritage sur la montagne sainte) ; 33, 1 (prêtre ...pour l'éternité) ;40, 2 (Dieu ne permet pas que l'agneau de la Pâque soit immolé ailleurs que dans le lieu où sonnom est invoqué) ; 42, 3 (comme un enfant) ; 49, 2 (avant ce grand et redoutable Jour du Seigneur) ;49, 8 (combat contre Amalek d'une main secrète) ; 53, 4 (ânesse portant le joûg et ânon sans bât) ;55, 2 (dieux des nations = idoles) ; 68, 6 (prophétie prononcée sur la maison de David) ; 70, 5

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INTRODUCTION : EXEGESE

respectueuse du texte, impose certaines interprétations et en exclut d'autres,parce qu'elles sont incompatibles avec sa cohérence ou plus simplement avecle bon sens. Dans certains cas, les détails relevés peuvent aisément passerinaperçus, ce qui prouve que Justin a considéré le texte avec une extrêmeattention. Le raisonnement qui prend appui sur de telles observationsn'apparaît pas toujours clairement dans les éditions et les traductions duDialogue.

C'est aux chapitres 56 s. que la lettre est sollicitée avec le plus d'évidence25 .Justin, Tryphon et ses compagnons s'y livrent à un débat très serré à proposdes théophanies (Gen. 18-19 ; 21 ; 28 ; 31-32 ; 35 ; Exod. 2-3). Ladémonstration de l'Apologiste repose alors sur les équivalences que semblentprésenter, dans ces textes, les titres d'homme, ange, Seigneur et Dieu quidésignent, apparemment, un même personnage. Le raisonnement trèsrigoureux, parfois subtil, atteste une parfaite connaissance des sources, et unegrande maîtrise des techniques que met en œuvre ce type d'argumentation.Compétences auxquelles Tryphon lui-même rend hommage26 .

Dans le débat sur les théophanies, la référence au texte est généralementexplicite. Ailleurs, elle demeure le plus souvent indirecte, et le raisonnementpeut prendre une forme très elliptique. Là encore, c'est sur des similitudes

(pain et coupe) ; 76, 1 (comme un fils d'homme) ; 84, 1-2 (Le Seigneur nous donnera un signe) ; 97,1 (Moïse resté en prière jusqu'au soir) ; 120, 1* (« en ta descendance » ; « en toi et en tadescendance » ; 120, 3 (« attente des nations ») ; 121, 1* (« En ta descendance » ; « en lui ») ; 122, 5(Alliance nouvelle) ; 123, 2 (yeux ouverts ...aveugles ...illuminés) ; 124, 3 (hommes ...chefs) ; 130, 4(« Réjouissez-vous donc, nations, avec son peuple ») ; 135, 5 (en Jacob ...dans le Christ ; postérité deJacob) ; 139, 4 (Deux peuples étaient bénis).25 Au point qu'il a paru indispensable, pour rendre compréhensible le raisonnement qui sedéploie dans ces chapitres, d'expliciter toutes les références, y compris celles qui se réduisent àun mot. Analyse de cette démonstration en 56, 23* et 60, 3*.26 Cf. Dial. 50, 1 (« Tu me parais porteur d'une grande expérience des confrontations sur toutce qui fait l'objet de notre recherche »). Justin reconnaît par ailleurs avoir acquis une certainehabitude de ces débats exégétiques : cf. Dial. 64, 2 (« Aussi continuerai-je, en dépit de votremalignité, à répondre pour chacune de vos attaques et de vos objections. Du reste, j'agis demême, absolument, à l'égard de tous ceux, de toute race, qui veulent sur ces questions discuterou m'interroger »).

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INTRODUCTION : EXEGESE

lexicales que Justin s'appuie pour suggérer ou justifier certaines équivalenceset certains glissements sémantiques. Les exemples en sont fort nombreux27 .Ces équivalences reposent parfois sur la substitution au texte des LXX d'unterme plus chargé de résonance chrétienne ou plus conforme aux intentionsde Justin. Il est difficile, en pareil cas, de déterminer avec précision l'originede telles substitutions (défaut de mémoire, autre version grecque desÉcritures, utilisation de Testimonia, midrash chrétien, conception large de lanotion de texte scripturaire ?). Le phénomène est extrêmement fréquent28 et

27 Pour le détail des associations et des raisonnements, voir les notes en Dial. 33, 2* (Prêtre/Grand prêtre ; sacrifices et prosélytes) ; 33, 3* (élévation et abaissement) ; 34, 2* (Prêtre, Loi etAlliance éternels) ; 49, 2* (Jour grand et redoutable) ; 61, 1* (Ange-Puissance) ; 64, 6* (Avant lesoleil) ; 64, 7* (seconde Parousie) ; 72, 4* (Pour annoncer la bonne nouvelle de son Salut) ; 75, 1*(Seigneur, Dieu, Jésus) ; 75, 4* (titres christologiques) ; 76, 3* (ange-didascale) ; 93, 2* (amour deDieu et du prochain ; titres christologiques) ; 105, 3* (rJu'sai / sw'son) ; 106, 4* (Astre, Guide,Levant) ; 113, 7* (pierres, paroles, idoles*) ; 120, 3* (hJgouvmeno" / ejxavgein) ; 121, 1* (Astre,Orient) ; 122, 5* (Alliance et Lumière des nations) ; 122, 6* (héritage, nations, Alliance ; Alliance,Fils, Christ) ; 123, 5* (thème du Reste) ; 124, 3* (péché originel) ; 124, 4* (Chrétiens =« enfants de Dieu ») ; 126, 6* (titres christologiques) ; 138, 2* (Premier-né / Principe). En 56, 23*,le rapprochement entre deux versets comportant le même titre (le Seigneur… d'auprès duSeigneur) est favorisé par une interruption dans le texte cité. De tels raisonnements peuventrésulter de Testimonia, mais ils s'apparentent aussi, dans la méthodologie rabbinique, à laguezera shawa (« égale composition » : si dans deux textes scripturaires se trouve la mêmeexpression, ce que cette expression signifie dans l'un peut s'appliquer à l'autre), principeanalogue à la suvgkrisi" pro;" i[son dans la rhétorique hellénistique, ou au binyan av (« formationd'une famille » : si divers textes ont un contenu similaire, un élément présent dans l'un − oudeux − d'entre eux peut s'appliquer aussi aux autres). Les similitudes lexicales peuvent êtreaussi thématiques, et elles contribuent à inscrire certains passages dans un large réseau designifications qui se déploie sur l'ensemble du Dialogue (p. ex. les thèmes du « désert », du« sable », de « l'eau », de « la pluie », du « fruit » et de la « stérilité » : cf. Index analytique).Étude de la similitude comme principe et méthode exégétique in : G. OTRANTO, « Losviluppo della similitudine nella struttura del Dialogo con Trifone di Giustino », VetChr 11 (1974),p. 65-92.28 Cf. Dial. 11, 3* (ouj kata; th;n diaqhvkhn → oujc h}n) ; 12, 3 (ta; savbbata trufera; a{gia → ta;

ajlhqina; savbbata) ; 14, 8* (ejpiblevyontai → o[yetai ...kai; gnwriei') ; 19, 6 (aJgiavzein →lutrou'n) ; 23, 4* (a[rshn → yuchv) ; 24, 4* (e[qnei → e[qnesi) ; 26, 1* (uJpomevnousin →metanoou'sin) ; 26, 3* (ajnabaivnwn) ; 32, 1* et 34, 7 (e[ndoxon kai; mevgan → ejpifanh;" kai;

mevga") ; 33, 2* (iJereuv" → ajrciereuv") ; 36, 2* (ajsuvnhtoi → ajnovhtoi) ; 37, 3* (ejn Siwvn → ejk

Siwvn) ; 38, 2 (ajqw'o") ; 40, 4* (ejxekenthvsate → ajtimwqevnta) ; 43, 3* et 76, 2* (gevno" →

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INTRODUCTION : EXEGESE

Tryphon ne réagit qu’à propos d’Is. 7, 14 (nea'ni" / parqevno")29 . Or Justinproclame volontiers, par ailleurs, qu'il s'en tient aux textes reconnus par sesinterlocuteurs…30 Il lui arrive aussi de donner un texte inexact ou incomplet(mais toujours plus conforme à sa démonstration)31 , ou encore deux versionsdifférentes d'un même verset en s'étonnant de ne susciter aucune réactionchez ses interlocuteurs lorsqu'il propose, dans un second temps, celle quiprend une connotation chrétienne plus marquée…32 .

Et c'est le même Justin qui reproche aux exégètes juifs d'occulter ou defalsifier ce qui contredit leur interprétation, ou encore de procéder à desmutilations de l’Écriture33 . Tout cela manque un peu de cohérence, maisc'est toujours un même attachement à la lettre des textes considérés, quelsqu'en soient l'origine et les destinataires, qui s'exprime alors.

geneav) ; 44, 2* (Danhvl → Danihvl) ; 78, 11* (kruvyw → ajqethvsw) ; 83, 3 (Siwvn → JIerousalhvm ;changements de prépositions) ; 89, 2* (kekathramevno" → ejpikatavrato") ; 90, 4* (ejph're →ejkpetavsa") ; 94, 1* (ei[dwlon, oJmoivwma → eijkovna oJmoivwsin) ; 109, 2* (kai; deivxousin hJmi'n th;noJdo;n aujtou' → kai; fwtiou'sin hJma'" th;n oJdo;n aujtou') ; 111, 3* (kai; qhvsousin → crisqevn) ; 121,1* (modifications diverses) ; 121, 2* (kovyontai → o[yontai) ; 121, 3* (ejxousivai → basilei'ai) ;123, 4* (ajkavrdioi → sklhrokavrdioi) ; 125, 2* (kratai'o" → ijscurov" ; sklhrov", aujsthvro" →dunatov") ; 134, 4* (pai'" oijkevth" → eij" douleivan) ; 134, 5* (provbata → qrevmmata ; diavleuko"→ poluvmorfo") ; 137, 3* (dhvswmen → a[rwmen).29 Cf. Dial. 67, 1 et 84, 3.30 Cf. Dial. 71, 2 ; 120, 5 ; 124, 2.4 ; 131, 1.31 Cf. Dial. 10, 3* (Gen. 17, 27 : peri; tw'n ajllogenw'n kai; peri; tw'n ajrgurwnhvtwn pour kai; oiJajrgurwvnhtoi ejx ajllogenw'n ejqnw'n LXX) ; 10, 4* (omission ? de l’adjectif aijwvnion dans uneallusion à dans Gen. 17, 7.13 : diaqhvkhn aijwvnion LXX) ; 11, 3* (Jér. 31, 32 : diaqhvkhn kainhvn, oujch}n dieqevmhn toi'" patravsin aujtw'n pour diaqhvkhn kainhvn, ouj kata; th;n diaqhvkhn, h}n dieqevmhntoi'" patravsin aujtw'n LXX) ; 14, 1* (Is. 53, 8 : uJpe;r th'" ajnomiva" tw'n law'n pour ajpo; tw'najnomiw'n tou' laou' mou LXX = Dial. 13, 6) ; 16, 2* (Gen. 17, 11 : eij" shmei'on pour eij" shmei'ondiaqhvkh" LXX). Ces inexactitudes de détail ne suscitent aucune réaction chez Tryphon. EnDial. 27, 1 toutefois, celui-ci ne manque pas d’observer que la citation d’Isaïe donnée parJustin en Dial. 15, 2-6 était très incomplète…32 Cf. Is. 3, 9 cité selon conformément aux LXX en Dial. 17, 2 et 133, 2 (dhvswmen to;n divkaion),puis différemment en 136, 2 (a[rwmen to;n divkaion), et le commentaire de cette variante en 137,3*. Il semble que Justin confonde parfois la version des LXX et celle qu'il utilise.33 Cf. Dial. 43, 8 ; 68, 7-8 ; 71-73*** ; 84, 3-4 ; 120, 5 ; 131, 1. Griefs assez imprécis, etprobablement injustifiés (cf. 71, 2*).

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INTRODUCTION : EXEGESE

L'exégèse de Justin prend quelquefois un caractère plus littéral encore. Elles'appuie alors sur des considérations grammaticales, logiques, ouphilologiques. Ainsi l'interprétation de Gen. 1, 26 et 3, 22 repose sur lesformes du pluriel « faisons », « comme l'un de nous »34 ; celles de Gen. 19, 24,Ps. 44, 8 et Ps. 109, 4 sur le redoublement des mots « Seigneur » et« Dieu »35 ; celles d'Is. 65, 9 et 2, 5 sur le principe de non contradiction36 .Ailleurs encore, Justin fonde ses interprétations sur l'étymologie37 , ou leshomophonies38 . Il arrive même qu'il tire profit d'un silence : ainsi, en Dial.

34 Cf. Dial. 62, 2-3* et 129, 2*.35 Cf. Dial. 56, 14* ; 56, 23* et 129, 1*.36 Cf. Dial. 65, 2* et 135, 5*.6*.37 Cf. Dial. 103, 5* (satana'") ; 125, 3* ( jIsrahvl) ; I Apol. 33, 5.7-8 et II Apol. 6, 3-5 ( jIhsou'").38 Cf. Dial. 19, 6* (lutrou'sqai / loutrovn) ; 40, 1* (Cristou' / crivontai) ; 53, 4* (uJpozuvgion /ajgagei'n / sunagwgh'" / ajsaghv" / uJposaghv") ; 75, 3.4 (a[ggeloi / ajpovstoloi / ajggevllein /ajpostellovmenoi / ajpovsteilovn me) ; I Apol. 63, 5 (a[ggelo" / ajpovstolo" / ajpaggevllei /ajpostevlletai / ajggevlletai / tou' ajposteivlantov" me) ; Dial. 78, 9* (duvnamin / daivmwn /Damaskov" ; sku'la / ejskuleumevnoi / skuleusavsh" / proskunhvsante" ; Damaskov" = da[ivmwn]+ mav[goi] + sku'[la ?) ; 87, 3.5* (ajnavpausin ...poiei'sqai / pevra" poiei'sqai / ajnepauvsato /ejpauvsato / pauvsasqai / ajnavpausin ; dovmata / divdwsin) ; 103. 3* ( JHrwvdhn / wjruovmeno" ?) ;104, 1* (kathvgage" / kuvne" / sunagwghv / kuvna" / kunhgouv" / kunhghvsante" / sunhvcqhsan /ajgwnizovmenoi) ; 116, 3* (puro;" / rJuparav / purwqevnte" ; a[fesin / ajphmfiesmevnoi ; iJmavtia /aJmavrtia) ; 42, 3 (keleuvsei / kalei'tai / ejkklhsiva / kalou'ntai / klhvsei) ; 119, 5 (klhvsew" /ejkavlesen / ejkavlese). L'analogie justifie alors des interprétations de nature psychologique etmorale (53, 4 ; 103, 3 ; 104, 1), symbolique ou spirituelle (15, 5 ; 78, 9 ; 116, 3 etc.). La locutiontoutevsti, le verbe ajkouvein, ou une simple apposition sont souvent utilisés pour rapprocher unélément scripturaire et son interprétation. L'équivalence est alors fréquemment soulignée parla similitude du nombre, l'homophonie, ou l'homéotéleute : Dial. 14, 3 (nevan zuvmhn

...toutevstin a[llwn e[rgwn pra'xin) ; 30, 2 (ajpo; tw'n ajllotrivwn, toutevstin ajpo; tw'n ponhrw'n kai;plavnwn pneumavtwn) ; 34, 2 (eij" to;n aijwvnion basileva, toutevstin eij" to;n Cristovn) ; 39, 6 (ajpo;th'" tou' ponhrou' kai; plavnou pneuvmato", tou' o[few", ejnergeiva") ; 40, 1 (tou;" oi[kou" eJautw'n,toutevstin eJautouv") ; 41, 3 (qusiw'n, toutevsti tou' a[rtou th'" eujcaristiva" kai; tou' pothrivouoJmoivw" th'" eujcaristiva") ; 49, 2 (th'" fobera'" kai; megavlh" hJmevra" toutevsti th'" deutevra"parousiva" aujtou') ; 51, 3 (hJ pavlai khrussomevnh uJpo; tou' qeou' kainh; diaqhvkh ...toutevstin aujto;"w]n oJ Cristov") ; 56, 23 (para; kurivou tou' ejn tw'/ oujranw'/ toutevsti tou' poihtou' tw'n o{lwn) ; 74, 3(to; swthvrion tou'to musthvrion, toutevsti to; pavqo" tou' Cristou') ; 78, 8 (ajpo; JRama', toutevstinajpo; th'" jArrabiva") ; 87, 5 ( jAnepauvsato ou\n, toutevstin ejpauvsato) ; 91, 3 (Keratisqevnte" gavr,

toutevsti katanugevnte") ; 94, 2 (dia; tou' shmeivou touvtou, toutevsti tou' staurou') ; 105, 2 ; 110,

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INTRODUCTION : EXEGESE

53, 4*, l'ânon (représentant les nations) est dit « sans bât » (ajsaghv") − alorsque le verset en question ne comporte pas cette précision − parce que dans lemême verset l'ânesse (qui représente le peuple d'Israël) est présentée commeuJpozuvgion (bâtée).

Cet ensemble d'observations prouve que Justin, loin de négliger la lettre desÉcritures, sait en faire bon usage lorsqu'elle sert sa démonstration. Cetteméthode semble approuvée par son interlocuteur qui n'en discute jamais lebien fondé. Tout porte à croire aussi qu'elle était familière aux destinatairesde l'œuvre39 puisqu'elle prend souvent une forme très allusive que Justin n'apas jugé nécessaire de rendre plus explicite.

IV – FORMES DE L'EXEGESE

L'exégèse littérale de Justin prend − en particulier dans le Dialogue − desformes variées illustrant différentes manières d'aborder le texte, selon lesenjeux du moment et les contenus qu'il importe de mettre en évidence.

La première est la citation elle-même. Justin est persuadé que les textes sontporteurs de leur propre exégèse, et que la première condition pour accéder àleur sens est la qualité de l'écoute ou de la lecture. Aussi déclare-t-il quel'Écriture « n'a pas besoin d'être expliquée » puisqu' « il suffit qu'elle soitentendue »40 . Le verbe ajkouvein, qui signifie à la fois « écouter » et« comprendre » est l'un de ceux qui présentent, dans le Dialogue, le plus grandnombre d'occurrences. La « circoncision spirituelle » se définit aussi comme

3 (uJpo; th;n a[mpelon th;n eJautou' e{kasto" kaqezovmenoi, toutevsti movnh/ th'/ gameth'/ gunaiki;

e{kasto" crwvmenoi) ; 113, 7 (ta;" macaivra" ou\n ta;" petrivna" tou;" lovgou" aujtou' ajkousovmeqa) ;114, 3 (e[rga tw'n daktuvlwn sou, eja;n mh; ajkouvw tw'n lovgwn aujtou' th;n ejrgasivan...), 4 (dia; livqwnajkrotovmwn, toutevsti dia; tw'n lovgwn...) ; 116, 1 (oJ a[ggelo" tou' qeou', toutevstin hJ duvnami" tou'qeou' hJ pemfqei'sa hJmi'n dia; jIhsou' Cristou'), 3 (ta; rJupara; iJmavtia, toutevsti ta;" aJmartiva") ;118, 3 (th'" kainh'" kai; aijwnivou diaqhvkh", toutevsti tou' Cristou') ; 124, 3 (tw'n ajnqrwvpwn, tou'jAda;m levgw kai; th'" Eu[a") ; 125, 4 (oJ diavbolo", toutevstin hJ duvnami" ejkeivnh hJ kai; o[fi"

keklhmevnh kai; Satana'"), 5 (kai; narka'n e[melle, toutevstin ejn povnw/ kai; ejn ajntilhvyei tou'

pavqou"...).39 Voir ci-dessous, p. 146.40 Dial. 55, 3.

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INTRODUCTION : EXEGESE

une ouverture nouvelle au sens des Écritures41 , et la « dureté de cœur »(sklhrokardiva) comme une incapacité d'accéder à ce sens ou un refus de s'yrendre disponible42 .

Les significations du texte préexistent donc à tout commentaire et endépassent toujours la portée. Pour signifier cette fonction intrinsèquementexégétique des Écritures et la nécessité de les restituer dans leur intégralité,Justin introduit souvent les longues citations par des tournures qui établissentune corrélation étroite entre l'intelligence du texte et leur écoute : « Pour quevous compreniez… laissez-moi vous citer [en entier] » etc.43 .

Il arrive également qu'une citation − in extenso ou assez étendue − soitintroduite par une courte formule qui paraît en donner la significationessentielle44 . Il ne s'agit pas non plus, alors, de réduire la portée du texte oud'en épuiser le contenu, mais de déterminer un axe de lecture justifiant cettecitation. Il n'est pas rare qu'en pareil cas un seul verset corresponde à laperspective définie dans la formule d'introduction. Mais si Justin donnel'ensemble du texte, ou plusieurs versets, c'est toujours pour préserver l'unitéde la Parole qu'il restitue. Les autres éléments seront commentés par la suite.Le même souci explique que l'Apologiste n'hésite pas à citer plus d'une foisun même texte45 . Les perspectives sont alors différentes, et les versets mis enrelief ne sont pas nécessairement les mêmes, mais le texte demeure un toutindivisible. Les longues citations, et leur répétition, ne doivent donc pas êtreconsidérées comme une maladresse, mais comme le signe d'une méthoderespectueuse de son objet.

L'introduction de ces citations est parfois plus précise. Elle se présentealors comme un résumé programmatique46 qui peut prendre, comme certainscommentaires succédant aux citations47 , la forme d'une paraphrase.

41 Cf. Dial. 113, 6-7 ; 114, 4*.42 Cf. Dial. 18, 2*.43 Cf. Dial. 34, 3 ; 56, 6 ; 58, 10 ; 62, 4 ; 65, 3 ; 70, 2 ; 73, 3 ; 98, 1 ; 130, 3.44 Par ex. Dial. 13, 1 : « comme Isaïe lui-même le dit en ces termes... ». Voir encore Dial. 15,1 ; 16, 4 ; 22, 1 ; 31, 1 ; 36, 2 ; 38, 3 ; 43, 4 ; 50, 3 ; 58, 4.6.8 ; 64, 3.5 ; 65, 3 ; 66, 1 ; 69, 4 ; 79,2 ; 81, 1 ; 85, 7 ; 91, 1 ; 109, 1 ; 115, 1 ; 119, 1 ; 123, 8 ; 124, 1 ; 133, 2.4 ; 135, 1.3.45 Ps. 44 (Dial. 38, 3-5 et 63, 4) ; Ps. 98 (Dial. 37, 3-4 et 64, 4) ; Is. 7 (Dial. 43, 5-6 et 66, 2-3).46 Par ex. Dial. 98, 1 : « Laissez-moi vous citer tout le psaume, pour que vous entendiez quellefut sa piété envers son Père, comment il lui rapporte tout, comment il lui demande de le faireéchapper à cette mort, tout en montrant, dans le psaume, quels genres d'hommes étaient ceuxqui complotaient contre lui, et en prouvant qu'il s'est réellement fait homme susceptible

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INTRODUCTION : EXEGESE

L'analyse de détail de ces formules montre que chacun de leurs élémentscorrespond, dans la citation, à un verset ou un ensemble de versets. Laperspective est alors plus large, mais cette énumération n'a pas davantagepour effet d'épuiser le sens du texte. Elle montre simplement que ce texte estporteur d'une vérité multiple dont les diverses composantes se trouventrenforcées par leur réunion en un même ensemble.

Les commentaires qui succèdent aux citations prennent aussi des formesvariées. Ils se limitent quelquefois à un seul élément48 , même pour unensemble de textes, ce qui prouve qu'en dépit de leur apparente diversité,ceux-ci peuvent concourir à une même démonstration. Ailleurs, la conclusiondiffère de l'introduction49 . On s'est parfois étonné de ce phénomène, et onen a tiré argument pour affirmer que certaines citations − ou certainestransitions − étaient artificiellement insérées dans le contexte où ellesfigurent. En réalité, si Justin peut présenter puis commenter un même texteselon des perspectives différentes, c'est précisément, une fois encore, parceque ce texte est, pour lui, susceptible de plusieurs interprétations, puisqu'ilassocie des versets porteurs de vérités multiples. Ce qui l'encadre ne l'épuisepas. En le citant in extenso, on s'expose à ses exigences propres, qui necorrespondent pas toujours à celles du discours élaboré autour de lui. Lescitations ont ainsi, très souvent, dans le Dialogue, un rôle central : invoquées àpropos d'une question particulière, elles déploient un faisceau designifications qui entraîne parfois le commentateur dans une « autre »direction. Ces « digressions » ne sont pas dues à une absence de rigueur de lapart de l'auteur, mais à sa volonté de privilégier l'unité des Écritures plutôtque celle du discours qui se construit à partir d'elles. Le texte scripturaire a

d'éprouver des souffrances ». Voir encore Dial. 21, 1* ; 32, 3 ; 37, 2 ; 52, 1 ; 85, 7 ; I Apol. 40,5-7 (voir ci-dessus, p. 34-36).47 Voir ci-dessous, note 52 p. 121.48 Cf. Dial. 14, 1 (Is. 53, 8 : uJpe;r th'" ajnomiva" tw'n law'n) ; 15, 7 (récapitulation desprescriptions évoquées précédemment en Is. 58, 1-11) ; 22, 11 (Jér. 7, 21.22 et Ps. 49, 8 :qusiva") ; 25, 6 (Is. 63, 17-18 : th'" klhronomiva" ; i{na klhronomhvswmen) ; 43, 7 (Is. 7, 14 :hJ parqevno") ; 58, 9 (Gen. 31, 13 ; 32, 28.30 ; 35, 7.9.10 : qeov" ; oJ qeov").49 Par ex. Dial. 15, 1-2 : « Apprenez donc, de même, à jeûner le véritable jeûne de Dieu,comme le dit Isaïe, afin d'être agréables à Dieu. Voici ce que proclame Isaïe : [ citation d’Isaïe58, 1-11 en Dial. 15, 2-6] » et Dial. 15, 7* : « Circoncisez donc le prépuce de votre cœur,comme en tous ces discours le réclament les paroles de Dieu ». Voir encore Dial. 14, 8 (cf. 14,3) ; 32, 1 (cf. 31, 1) ; 33, 1 (cf. 32, 3) ; 36, 4* (cf. 36, 2) ; 63, 5* (cf. 63, 2).

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INTRODUCTION : EXEGESE

pour Justin ses lois propres, irréductibles à une rationalité humaine, et laforme particulière que prend la composition du Dialogue provient aussi decette conviction. C'est l'Écriture qui impose sa logique à celui qui lacommente, et non l'inverse50 .

Introductions et commentaires se présentent souvent comme une analysedistributive du texte considéré : Justin y dissocie plusieurs éléments d'unmême verset ou d'un ensemble de versets, afin de mettre en évidence leursconnotations respectives et la signification de l'ensemble qu'ils constituent51 .

Ces commentaires peuvent aussi prendre une forme tout à fait originaledont il ne semble pas qu'il existe d'autres exemples dans la littératurerabbinique ou chrétienne : Justin reprend certains éléments du texteprécédemment cité, et il les réorganise en une paraphrase composite oùinterviennent souvent d'autres textes, parfois tirés du Nouveau Testament52 .De tels développements ont évidemment pour effet de mettre en évidenceles liens intimes (lexicaux, thématiques, etc.) qui unissent plusieurs sourcesvétérotestamentaires, et d'articuler dans une même économie les prophétiesbibliques avec la vie ou les paroles du Christ. L'utilisation de cette méthode

50 Sur le rôle de transition que jouent certaines citations dans le Dialogue, voir 13, 9* ; 14, 8* ;21, 1* ; 25, 5* ; 26, 4* ; 35, 1* ; 36, 4* ; 37, 4* ; 38, 5*.51 Par ex. Dial. 33, 3* : « Qu'il sera tout d'abord un (cf. Is. 53, 3)homme (ibid., 8)humilié, puis (cf. Is. 52,

13)sera élevé, la fin du psaume le montre : (Ps. 109, 7)Au torrent, il boira en chemin ; puis, juste après :c'est pourquoi il lèvera la tête ». Voir encore Dial. 32, 1* ; 34, 7* ; 37, 2 ; 39, 4 ; 56, 22 ; 59, 3-60, 1 ;63, 5 ; 65, 7 ; 78, 8*.9-10 ; 83, 3 ; 102, 6* ; 116, 1-3 ; 122, 5 ; 123, 4.6 ; 130, 4 ; 135, 3.52 Par ex. Dial. 14, 8* : « Parmi ces paroles, et d'autres semblables énoncées par les prophètes,continuai-je, Tryphon, les unes se rapportent à la première parousie du Christ, où il estannoncé qu'il se montrera (cf. Is. 53, 2-3)sans honneur, sans apparence et (cf. Is. 53, 8.9)mortel, les autresà sa seconde parousie, lorsqu'il (cf. Matth. 24, 30)apparaîtra (cf. Matth. 25, 31)en gloire et (cf. Dan 7, 13 ;

Matth. 24, 30)au-dessus des nuages, et que votre peuple (cf. Zach. 12, 10 ; Jn. 19, 37 ; Apoc. 1, 7)verra etreconnaîtra celui qu'ils ont percé de coups, comme Osée, l'un des douze prophètes, et Daniel l'ontprédit ». Ce commentaire suit immédiatement une citation d’Isaïe 55, 3, 13, en Dial. 14, 4-7. Letexte d’Isaïe (52, 10-54, 4) auxquel il se réfère dans un premier temps a été cité en Dial. 13, 2-9. Les autres textes sont cités en divers endroits du Dialogue. Même phénomène en Dial. 11, 4 ;17, 3* ; 24, 3* ; 25, 1 ; 26, 1* ; 28, 3* ; 29, 1* ; 30, 1-3 ; 32, 1.3* ; 33, 2-3 ; 36, 5*-6 ; 39, 5* ; 40,1* ; 41, 3 ; 44, 4* ; 51, 2* ; 53, 1.4 ; 62, 4 ; 64, 7* ; 69, 6* ; 70, 4-5* ; 73, 2* ; 83, 4 ; 85, 4* ; 101,1 ; 102, 5 ; 116, 1*3* ; 117, 1*.3 ; 120, 4 ; 122, 2 ; 125, 2* ; 133, 6 ; 135, 3*.

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INTRODUCTION : EXEGESE

demeure discrète, car les références sont alors toujours implicites. Mais elleest extrêmement fréquente, et c'est seulement en la prenant en compte qu'onpeut comprendre le détail de ces passages comme le raisonnement qui endétermine l'unité. Ces associations ont une signification exégétique (lesÉcritures sont une même Parole) et théologique (tout est lié dans l'histoire duSalut), mais aussi une fonction « littéraire » : dans la composition du Dialogue,elles jouent souvent un rôle de transition. Elles se présentent à la fois commeun bilan de ce qui précède, et une anticipation sur ce qui va suivre. Lesdifférentes éditions du Dialogue ne rendent pas compte de cette technique etles passages en question n'y sont jamais commentés de ce point de vue. Leurrôle essentiel dans l'organisation de l'œuvre ne semble pas avoir été perçu.

De pareilles synthèses ne figurent pas uniquement à la suite des citationsscripturaires. Justin en dispose également quelques-unes en différentsendroits du Dialogue53 . Plusieurs textes − généralement cités dans ce quiprécède − s'y trouvent alors associés en une sorte de conclusion partielle. Cesbrefs passages ont eux aussi un rôle de transition. Ils sont attribués àTryphon comme à Justin.

Le commentaire prend parfois des formes plus classiques : Aux chap. 99,1 s., Justin présente une exégèse suivie du Ps. 21 où l'on peut voir la traced'un enseignement magistral dispensé peut-être dans l'école fondée à Rome.Plusieurs passages offrent par ailleurs l'exemple de considérations parfois fortelliptiques, mais toujours construites selon un raisonnement très rigoureux.Divers outils rhétoriques et logiques (chiasmes, raisonnements a

53 Par ex. Dial. 61, 1, où sont rappelés et annoncés plusieurs des titres christologiques quifondent la démonstration de Justin : « Je vais vous donner encore, amis, dis-je, un autretémoignage tiré des Écritures : comme (cf. Gen. 1, 1 ; Prov. 8, 22)principe (cf. Col. 1, 15)avant toutes lescréatures, Dieu a, de lui-même, (cf. Prov. 8, 25)engendré une certaine puissance verbale que l'EspritSaint appelle également (cf. Is. 40, 5 et Ps. 18, 1)gloire du Seigneur, et aussi tantôt fils, tantôt (cf. Prov. 8,

1 s.)sagesse, tantôt ange, tantôt Dieu, tantôt Seigneur et Verbe ; elle se nomme elle-même parfois (cf.

Jos. 5, 14.15)chef d'armée, lorsque sous forme (cf. Jos. 5, 13)humaine elle se manifeste à Jésus (Josué),fils de Naué. Si elle peut en effet recevoir tous les noms, c'est parce que du Père elle sert ledessein, et que par volonté, du Père elle fut (cf. Prov. 8, 25)engendrée. ». Voir encore Dial. 15, 7* ;27, 5* ; 29, 1* ; 32, 2* ; 40, 4* ; 41, 1* ; 61, 1* ; 63, 2* ; 75, 4* ; 76, 2* ; 83, 1* ; 113, 4* ; 126,1* ; 127, 1* ; 134, 6* ; 140, 4*.

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INTRODUCTION : EXEGESE

fortiori, antithèses, parallélismes, etc.) y sont mis en œuvre. L'argumentationqui s'y déploie prend en compte des éléments empruntés à la citation quiprécède, mais aussi, quelquefois, toutes les démonstrations antérieures. Lecontenu de telles constructions − qui rappellent singulièrement certainsraisonnements rabbiniques − est souvent de nature légale ou historique54 .

Les configurations diverses que prend l'exégèse de Justin témoignent doncd'une approche variée dans ses méthodes, mais cohérente dans son esprit.Elles montrent que pour lui les textes scripturaires ne sauraient être confinésà une fonction référentielle55 . Si leur origine divine les rend accessibles àtoutes les formes de discours (lovgo"), elle les préserve aussi de toute tentatived'appropriation.

V – INFLUENCES ET DESTINATAIRES

Cette exégèse se présente comme le creuset d'influences multiples qu'il seraitdifficile − et sans doute vain − de vouloir dissocier. La plupart des procédésénumérés dans ce qui précède se rencontrent également dans la rhétoriquegrecque, dans littérature rabbinique, chez Paul et parfois chez Philon56 . La

54 Cf. Dial. 17, 1* (persécution du Juste et de ses disciples) ; 20, 3* (prescriptionsalimentaires) ; 31, 1 (Parousies) ; 45, 3* (préceptes éternels et Loi de Moïse) ; 46, 3*(observance de la Loi après la destruction de Jérusalem) ; 49, 7* (transmission de l'Esprit) ; 52,3* (disparition des rois et des prophètes en Israël) ; 62, 4* (Verbe préexistant et engendré) ;81, 3* (« Jour du Seigneur » = mille ans) ; 87, 5* (fin des prophètes en Israël) ; 89, 3*(Génération ineffable et Passion) ; 93, 2-4** (amour du prochain) ; 95, 1* (malédiction de laLoi) ; 95, 4* (id.) ; 102, 6* (Salut) ; 106, 4* (titres christologiques) ; 116, 3* (« racearchiprêtresse de Dieu ») ; 119, 4* (descendance d'Abraham) ; 121, 3 (les deux Parousies) ;123, 1* (statut du prosélyte) ; 123, 9* et 135, 5-6** (descendance de Jacob) ; 124, 3*(transgression et mort) ; 134, 3* (mariages de Jacob) ; 134, 6* (titres christologiques) ; 137, 2*(attaques contre le Christ) ; 141, 3*.4* (pénitence : exemple de David : adultère et polygamie).55 Ce qui est souvent le cas dans l'Apologie.56 Utilisation du sens strict d'un mot, du contexte, de la ponctuation, équivalences lexicales,considérations grammaticales, stylistiques, philologiques ou étymologiques, réminiscences,citations implicites, corrections textuelles, modifications en vue de la démonstration,contaminations de textes, exégèse distributive ; démonstration juridique, déductions,raisonnements a fortiori, par analogie, etc. Sur toutes ces questions, voir P. HEINISCH, op. cit.dans la bibliographie ; J. BONSIRVEN, Exégèse rabbinique et exégèse paulinienne, Paris, Beauchesne,

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discussion très serrée des chap. 56 s. conserve manifestement la trace dedébats réels (avec des rabbins ?), à propos des théophanies, et on observeque l'ensemble des procédés exégétiques mis en œuvre dans le Dialogue,même les plus implicites, sont reconnus et admis par Tryphon et sescompagnons. Il y a donc, sur ce plan, et en dépit des disparitésd'interprétation, une évidente convergence. A moins d'assigner au Dialogueune fonction purement littéraire, il faut reconnaître que Justin y adopte laméthode qu'il juge la plus appropriée à son dessein. Si le souci de la lettre yest tellement manifeste, c'est qu'il était partagé par ceux à qui l'œuvres'adresse57 .

L'attitude de Justin n'est toutefois pas exempte de contradictions. Son usageconstant de la lettre rend moins crédibles certaines critiques parfoiscaricaturales de l'exégèse juive. Il est vrai que la terminologie varie selon qu'ilest fait référence à sa lecture littérale des textes ou à celle des « didascales » :certains termes techniques semblent plutôt réservés aux éléments pris encompte dans l'exégèse chrétienne58 , et d'autres, nettement dépréciatifs, àl'exégèse juive59 .

Comme exemple de cette herméneutique excessivement attachée, selon lui,à des détails futiles, Justin propose les changements opérés sur les nomsd' [Abram et Savra, leur opposant celui d'Aujsh'" en jIhsou'" (113, 2*). Lanuance entre ce qui est considéré comme signifiant ou dénué de sensrésiderait donc dans le passage d'un simple phonème à un nom pris dans sonentier. Mais cette nuance paraît un peu subtile quand on sait que Justinn'hésite pas, si nécessaire, à jouer sur la ponctuation d'un verset pour enproposer différentes lectures…60 .

1939 ; D. DAUBE, « Rabbinic Methods of Interpretation and Hellenistic Rhetoric », HUCA 22(1949), p. 239-264 ; ID., « Alexandrian Methods of Interpretation and the Rabbis », Festschr.H. Lewald, Bâle 1953, p. 25-44 ; H. L. STRACK - G. STEMBERGER, Introduction au Talmud et auMidrash, Paris, Cerf, 1986, p. 37-55 (« L'herméneutique rabbinique »), bibliographie p. 37 ;D. BANON, op. cit. Sur la question très discutée de la connaissance de Philon par Justin, voir endernier lieu David T. RUNIA, Philo in Early Christian Literature : a Survey, Assen-Minneapolis1993 (sur Justin : p. 97-105, bibliographie).57 Voir ci-dessous, p. 146-147.58 Cf. Dial. 34, 1 (oJmwnuvmwn lexevwn) ; 70, 5 (levxei") ; 71, 3 (levxew") ; 74, 2 (levxew") ; 135, 3 (tw'/rJhtw'/) ; 56, 6 (tw'n diarrhvdhn eijrhmevnwn).59 Cf. Dial. 115, 6 (tou' mikrou' rJhmativou) ; 120, 5 (tou' lexeidivou).60 Cf. Dial. 97, 2* (Is. 57, 2).

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Comment convaincre avec des arguments dont on dénie pour d'autres lavaleur ? Comment affirmer sa croyance au caractère révélé de l'Écriture touten niant que cette valeur réside aussi dans ses plus infimes détails61 ?Pourquoi reprocher à ses interlocuteurs des altérations ou des mutilationsscripturaires quand on s'appuie soi-même sur un texte discutable ? Sur cesdifférents points l'attitude de Justin manque de cohérence. Et c'est sans doutepourquoi il ne s'attarde pas sur des critiques qu'on pourrait aisément luiretourner. Ces caractéristiques divergentes s'expliquent peut-être parl'ambiguïté d'un discours qui doit adopter, pour les réfuter, les méthodes del'adversaire. Les paradoxes de l'exégèse justinienne résultentvraisemblablement de cette tension entre son objet et ses destinataires.

VI – LETTRE ET ESPRIT

Dans l'ensemble des méthodes utilisées par Justin, les développementsparaphrastiques occupent une place particulière puisqu'ils sont, par leurforme singulière, à la fois proches de la lettre et riches de résonances. Ilsemble bien qu'il y ait là une caractéristique originale de son exégèse,irréductible au phénomène de la réminiscence ou à l'utilisation deTestimonia.

Ces développements inscrivent toute citation ainsi que son commentairedans un réseau de significations qui dépasse la simple coïncidence lexicale outhématique entre deux éléments : comme le texte lui-même, le commentairese situe alors à l'intersection de sollicitations multiples grâce auxquelles lesversets se répondent et se révèlent62 . Ce commentaire épouse la forme de ce qui l'aproduit. Il devient comme les Écritures qui l'ont provoqué, le lieud'associations diverses. Et à travers lui, cette caractéristique s'étend àl'ensemble de l'œuvre : comme le texte biblique, la composition du Dialogueest faite d'harmoniques autant que d'enchaînements rationnels.

Ces paraphrases contribuent ainsi à sa structuration selon un modeparadoxal : elles ont un rôle de transition (rappel de certains thèmes, et

61 K. L. GRUBE, « Die hermeneutischen Grundsätzen… », 1880, p. 12, s'interrogeait déjà surcette contradiction, et tentait de la résoudre en suggérant que Justin ne reconnaissait pasl'inspiration divine jusque dans ces détails. L'analyse de sa méthode exégétique montre aucontraire qu'il ne néglige pas, si nécessaire, de s'appuyer sur de très fines observations.62 Sur cette complémentarité entre littéralité et latéralité, voir D. BANON, op. cit., p. 142 s.

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annonce de développements ultérieurs), mais aussi pour effet de romprepériodiquement la linéarité du discours en renvoyant à cette intertextualitéqui est, dans la pensée de Justin, l'unique approche conforme à l'esprit desÉcritures. Lire ces Écritures, c'est, pour Justin, comprendre que leur senséchappe à la syntaxe des commentaires humains. Certaines rencontres nesont accessibles qu'à l'errance. Il faut parfois se perdre pour mieux s'orienter.La lecture des Écritures demande autant de disponibilité que dediscernement, elle invite à la méditation autant qu'à l'analyse. Conçu sur lemême modèle, le Dialogue, est le lieu d'une tension permanente entre ordre etdispersion, fragmentation et unité.

VII – CONCLUSION

L'exégèse de Justin ne peut donc être réduite ni à la forme typologique ouallégorique qu'elle prend parfois, ni à sa finalité christologique. La distinctionentre « lettre » et « esprit » n'y est pas pertinente. Le Dialogue ne privilégie pasune méthode au détriment d'une autre : il n'en exclut aucune. L'exégèselittérale n'y est pas rejetée, mais intégrée à une perspective chrétienne. Lacritique des méthodes rabbiniques apparaît plus formelle que réellementjustifiée, et elle porte sur les conclusions plutôt que sur la démarche63 .

Dans le détail de certains passages comme dans sa structure d'ensemble, leDialogue est un espace de convergence entre différents échos de la Paroledivine et diverses formes de la connaissance. Les contradictions entre« lettre » et « esprit », entre grâce et raison, s'y résolvent dans la certituded'une unité fondamentale des Écritures et dans la conviction que leurmessage est universel. L'exégèse de Justin, comme la forme qu'elle prend

63 Ce que Justin reproche aux « didascales », c'est plutôt la nature « humaine » de leursenseignements qui occultent, de son point de vue, la dimension spirituelle des Écritures(cf. Dial. 68, 8). L'opposition entre les perspectives rabbinique et chrétienne, déjà sensibledans le Dialogue, ne saurait être limitée à des divergences d'interprétation. Elle procède enréalité d'une conception différente de la Révélation : pour Justin, les Écritures − etparticulièrement l'Ancien Testament − ont un contenu essentiellement théologique(la fonction parénétique étant dévolue aux enseignements du Christ) ; pour ses interlocuteurs,elles sont surtout porteuses d'enseignements pratiques. Au-delà de leurs manifestationsherméneutiques, ces approches correspondent à des conceptions du « religieux » assezéloignées pour que leur confrontation soit toujours un peu réductrice.

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dans le Dialogue, n'est pas un simple commentaire interprétatif, mais uneexpérience intellectuelle et spirituelle, mettant en œuvre divers outils, àlaquelle le lecteur, successeur de Tryphon, se trouve convié. Sa formedialoguée en fait une recherche plutôt qu'une leçon. Elle n'est guère éloignée,en cela, de ce qu'elle reproduit pour mieux s'en départir.

Bibliographie

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(en part. les p. 135-155 : « L'exégèse judéo-chrétienne ») ; ID., Message évangélique et culturehellénistique aux IIe et IIIe siècles, Paris 1961, p. 185-202 (exégèse typologique et démonstrationprophétique) ; ID., Etudes d'exégèse judéo-chrétienne. Les Testimonia [Théologie historique, 5], Paris1966 ; H. KOSTER, Septuaginta u. Synopt. Erzählungsstoff im Schriftbeweiss Justins des Märtyrers,Habilitationsschrift Theologische Fakultät, Ruprecht-Karl-Universität Heidelberg 1956 ; R. M.GRANT, The Letter and the Spirit, Londres 1957, pp. 75 s. ; 146 s. et passim ; Cecil L. FRANKLIN,Justin's Concept of Deliberate Concealment in the Old Testament [Diss. Harvard, 1961], microfilm(l'étude porte notamment sur les termes parabolhv, tuvpo", musthvrion, et suvmbolon) ;P. PRIGENT, Les « Testimonia » dans le christianisme primitif : l'Épître de Barnabé I-XVI et ses sources,Paris 1961, passim ; T. CHRISTENSEN, « Justin og Testimonia-Traditionen », Norsk TeologiskTidsskrift 84 (1983), p. 39-62 ; H. P. SCHNEIDER, « Some Reflexions on the Dialogue of

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INTRODUCTION : EXEGESE

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INTRODUCTION : DESTINATAIRES

DESTINATAIRES

I – INTRODUCTION

A qui le Dialogue avec Tryphon était-il destiné, et quelles intentions ont présidé àson écriture ? Si ces questions ne sont abordées directement que par quelquescommentateurs, elles affleurent dans toute la littérature consacrée à Justin. Iln'est pas rare, en effet, qu'une remarque incidente s'y présente comme unepièce à verser au dossier1 . Mais la diversité des perspectives et

1 Bibliographie : K. L. GRUBE, « Die hermeneutischen Grundsätzen Justins des Märtyrers », DerKatholik 60. Jg., N. F., 43, Bd. (1880), p. 1 ; Th. ZAHN, « Studien zu Justinus Martyr », ZKG 8(1885), p. 57-61 ; M. FREIMANN, « Die Wortführer des Judentums in den ältestenKontroversen zwischen Juden und Christen 2 », MGWJ 19 (1911), p. 568 s. ; K. HUBIK, DieApologien des Hl. Justinus des Philosophen und Märtyrers, Vienne, 1912, p. 206-207 ; A. HARNACK,« Judentum und Christentum in Justins Dialog mit Trypho, nebst einer Collation der PariserHandschrift nr 450 », [TU 39/1], Leipzig 1913, p. 51-52 ; Erwin R. GOODENOUGH, TheTheology of Justin Martyr, Iena 1923, p. 96 s. ; M. SIMON, Verus Israel. Étude sur les relations entrechrétiens et juifs dans l'empire romain (135-425), Paris, E. de Boccard, 1948 (réimpr. 1964, 1983),pp. 142 s. ; 169-170 ; H. P. SCHNEIDER, « Some Reflexions on the Dialogue of Justin », SJTh15 (1962), p. 164-165 ; H. CHADWICK, « Justin Martyr's Defense of Christianity », BJRL 47,1964-1965, p. 278 ; N. HYLDAHL, Philosophie und Christentum [Acta Theologica Danica, 9],Köbenhaven Munksgaard, 1966, pp. 19 s. ; 292 s. ; H. F. von CAMPENHAUSEN, Die Entstehungder christlichen Bibel [BHTh 39], Tübingen, J. C. B. Mohr, 1968, p. 106 s. ; B. R. VOSS, Der Dialogin der frühchristlichen Literatur, München, Fink [Studia et Testimonia antiqua, 9], 1970, p. 38 ;Paul J. DONAHUE, Jewish-Christian Controversy in the Second Century : A Study in the Dialogue ofJustin Martyr [Diss. Yale Univ.], New Haven, 1973 (Microfilm), p. 183-185 ; Ben-ZionBOKSER, « Justin Martyr and the Jews », JQR 64/2 (oct. 1973), p. 97-98 ; J. C. M. vanWINDEN, An early Christian Philosopher. Justin Martyr's Dialogue with Trypho, Chapters one to nine.Introduction., Text & Commentary, 19762, p. 114 ; Ph. SIGAL, « An Inquiry into Aspects ofJudaism in Justin's Dialogue with Trypho », Abr-Nahrain 18 (1978-1979), p. 76-79 ; Th.STYLIANOPOULOS, Justin Martyr and the Mosaic Law, 1975, pp. 13-15 ; 33-44 (« Jews asAddresses ») ; 169-195 (« Appendix : Are Pagans the Addresses of the Dialogue ? ») ;J. NILSON, « To whom is Justin's Dialogue with Trypho addressed ? », ThSt 38 (1977), p. 538-546 ; G. OTRANTO, Esegesi biblica e storia in Giustino (Dial. 63-84), 1979, p. 108-109 ; Charles.H. COSGROVE, « Justin Martyr and the emerging Christian Canon. Observations on thepurpose and destination of the Dialogue with Trypho », VigChr 36 (1982), première partie,

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INTRODUCTION : DESTINATAIRES

l'ambivalence des argumentations ont pour effet, bien souvent, d'accentuer lacomplexité de ce qu'elles visent à clarifier. C'est peut-être que ce problème,comme le texte qui le suscite, échappe par nature à toute solution réductrice.Il conviendrait alors de l'aborder en substituant le questionnement à la quêtede solutions. C'est la méthode adoptée ici : loin d'être réduites ou éludées, lesinterrogations sont accueillies comme autant d'erreurs potentiellementévitées. Puisqu'en l'occurrence aucune réponse univoque ne paraît tout à faitsatisfaisante, les éléments de vérité, s'ils existent, résident peut-être dans cequi offre le moins d'incertitudes.

II – ETAT DE LA QUESTION

Sur cette question des destinataires du Dialogue (juifs ? chrétiens ? païens ?judéo-chrétiens ?), les théories sont aussi diverses qu'opposées2 . Leurformulation est souvent prudente, mais aussi, parfois, péremptoire ; le tourinterrogatif ou affirmatif. Certains considèrent que Justin s'adresse à unpublic restreint, d'autres à un public large et composite. Des priorités sontdéterminées quelquefois ; ailleurs, certains publics sont exclus.

La thèse d'un ouvrage de polémique destiné aux juifs a tout d'abordprédominé. Mais la finalité des écrits de controverse ayant été parfois mise

p. 209-232 ; O. SKARSAUNE, The Proof from Prophecy [NT Suppl. 56], Leyde, Brill, 1987, p. 258s. ; ID., « The Conversion of Justin Martyr », SJTh 30 (1976), p. 60-61 ; R. S. MACLENNAN,« Justin, an Apologetic Essay : the Dialogue with Trypho a Jew (c. 160 C.E) », in : Four EarlyChristian Texts on Jews and Judaism… Essays in Honor of Marvin Fox, ed. J. Neusner, Atlanta 1989,chap. II, p. 82-88 ; U. NEYMEYR, Die christlichen Lehrer im zweiten Jahrhundert : Ihre Lehrtätigen, ihrSelbstverständnis und ihre Geschichte, Leyde, Brill, 1989, p. 25 ; E. NORELLI, « Il dibattito con ilgiudaismo nel II secolo. Testimonia ; Barnaba ; Giustino », in : Bibbia nell'antichità cristiana, I,1993, p. 228 ; M. MARCOVICH, Iustini Martyris Dialogus cum Tryphone [Patristische Texte undStudien, 47], W. de Gruyter, Berlin - New York 1997, p. 64-65 ; B. POUDERON, « Le contextepolémique du De resurrectione attribué à Justin : destinataires et adversaires », StudPatr 31 (1997),p. 143-66 ; S.-C. MIMOUNI, Le Judéo-christianisme ancien. Essais historiques [Collection« Patrimoines »], Paris, Cerf, 1998, p. 117-118 ; T. RAJAK, « Talking at Trypho », in : MarkEdwards, Martin Goodman and Simon Price, in Association with Christopher Rowland,Apologetics in Roman Empire : Pagans, Jews and Christians, Oxford - New York, Oxford UniversityPress, 1999, p. 59-80 (en part. les p. 75-80, avec un rappel des principales réponsesantérieures).2 Voir à la fin de ce développement une liste de citations illustrant cette variété.

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INTRODUCTION : DESTINATAIRES

en cause3 , on s'est peu à peu habitué à considérer que le Dialogue, commed'autres œuvres apparentées, était en réalité destiné à un usage interne(convaincre les chrétiens de l'authenticité de leur foi), ou écrit pour despaïens également attirés par le judaïsme et le christianisme. Parmi les travauxrécents, seuls ceux de Th. Stylianopoulos reprennent la thèse d'un auditoirejuif. Aucune de ces réponses n'est totalement infondée ; aucune non plusn'est tout à fait convaincante. L'éventail des solutions envisagées avec unecertaine vraisemblance atteste la complexité du problème.

III – METHODE

Un certain nombre de difficultés méthodologiques contribuent à cettecomplexité :

Chacun aborde la question selon l'angle de recherche correspondant à sespréoccupations : littéraire (sources, lexique, style, composition, protagonistes,genre) ; historique (influences, cadre spatial et temporel), sociologique (auto-définition, relations entre communautés), culturel (références desprotagonistes et des destinataires) ; religieux (thèmes directeurs, problème ducanon scripturaire, etc.). Des aspects nouveaux sont ainsi éclairés parfois,mais ils sont rarement exposés à la contradiction. Il arrive quel'argumentation utilisée pour une autre thèse soit prise en compte, mais c'esttoujours de façon partielle, et selon une méthode qui vise essentiellement àconforter celle qu'on veut y substituer. Le souci non dissimulé d'un point de

3 Pour A. HARNACK, Die Altercatio Simonis Judaei et Theophili Christiani, nebst Untersuchungen überdie antijüdische Polemik in der alten Kirche, Leipzig 1883, les textes de polémique seraient, enréalité, dès le IIe siècle, des écrits de propagande destinés aux païens, ou aux chrétiens eux-mêmes. Interprétation retenue par H. TRÄNKLE, dans son étude introductive à l'AdversusJudaeos de Tertullien (Q. S. F., Tertulliani Adversus Judaeos, Wiesbaden, 1964, en particulier lesp. LXVIII-LXXVIII). Pour le Dialogue (ibid., p. LXXI-LXXII). H. TRÄNKLE se montre cependantmoins affirmatif à propos de Justin que dans le cas de Tertullien (ibid., p. LXXIV). Mêmeréserve chez D. ROKEAH, Jews, Pagans and Christians in Conflict, Jérusalem - Leyde, The MagnessPress, The Hebrew University-E.J. Brill, 1982, p. 66 : « …I classify Justin's Dialogus as the lastChristian treatise which, like the Synoptic Gospels, attempted to persuade the Jews to put anend to their stubbornness and to admit the Divinity of Jesus. » M. SIMON, Verus Israel, p. 165-213, pense au contraire que le conflit entre juifs et chrétiens se poursuivit au IIe siècle et au-delà, et que toute la littérature de polémique s'incrit dans ce cadre.

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INTRODUCTION : DESTINATAIRES

vue à défendre entraîne dans la plupart des cas une perception restreinte desdonnées. La validité des conclusions est toujours limitée au champ desinvestigations qui les ont préparées.

Les éléments pris en compte ressortissent à l'ensemble de l'œuvre(composition, rapports entre le prologue et ce qui suit), ou au détail (analysede certains passages, de certains thèmes, particularités stylistiques outerminologiques). On observe quelquefois un curieux aveuglement pour cequi s'intègre mal dans la thèse proposée. Il n'est pas rare ainsi que desrésultats obtenus par une analyse ponctuelle soient appliqués, sans examencritique, à l'ensemble de l'œuvre (voir ci-dessous).

Pour que sa finalité propre soit mieux appréhendée, le Dialogue est parfoiscomparé à l'Apologie, au contenu supposé du Syntagme perdu, ou à d'autresécrits des premiers siècles (Irénée, Tertullien, etc.). La méthode n'est pasdénuée d'intérêt, mais elle n'offre que des résultats relatifs ou hypothétiques.

La confrontation de ces travaux montre par ailleurs que leurs fondementsthéoriques ne sont pas non plus toujours concordants : des concepts tels queles destinataires du Dialogue, son public, son lectorat ou son auditoire4 , sonsujet, sa fonction ou sa signification5 , sont souvent confondus, mais parfoisdissociés de façon pertinente. Certains de ces concepts correspondent, dansle détail, à des réalités différentes : ainsi les « chrétiens » peuvent-ils désignerdes convertis d'origine juive ou païenne ; les « païens » sont considérés dansce qui les oppose à la révélation juive et chrétienne, ou au contraire à traversleur attirance pour l'une ou l'autre de ces deux religions ; les tendanceshérétiques sont présentées comme un problème interne au christianisme, oucomme un phénomène marginal ; selon les commentateurs, l'œuvre apparaîtdestinée à un public unique, composite, ou hiérarchisé ; les différentes« finalités » envisagées à son propos (homilétique, apologétique, catéchétique,polémique, parénétique, etc.6 ; usage interne ou externe, auto-

4 Notions parfois explicitement présentées comme équivalentes : « …Tryphons Feunde imGrunde nicht anderes sind als die Leser des Dial. » (N. HYLDAHL, op. cit., p. 20) ; « [Justin] istrying to convert − not primarily Trypho, his interlocutor, but his audience, i. e. his readers »(O. SKARSAUNE, The Proof from Prophecy…, p. 259). Pour B. R. VOSS, op. cit., p. 38, le Dialogueétait destiné aux païens mais surtout lu par des chrétiens.5 Termes qui peuvent aussi être compris au pluriel.6 Questions liées à celle du genre littéraire de l'œuvre.

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définition, justification, propagande, compétition, réfutation, conversion,etc.) sont également regardées comme nettement distinctes, ou réunies. Onpourrait ainsi multiplier les associations et les distinctions qui concourent à ladifficulté du problème, et en fragilisent parfois les solutions.

Les adversaires peuvent-ils ici être confondus avec les destinataires ? Cesremarques de B. Pouderon à propos du De resurrectione, pourraient tout aussibien s'appliquer au Dialogue : « […] rien n'empêche même que destinataires etadversaires se confondent, identiques d'un bout à l'autre de l'ouvrage, ouseulement dans tel ou tel de des chapitres. Mais la confusion systématiquedes uns et des autres peut créer une méprise sur la valeur et le sens del'argumentation dans son ensemble et de chacun des arguments enparticulier, et, au bout du compte, sur la finalité même de l'ouvrage. » ;« L'identification des adversaires d'un ouvrage polémique est tout aussidélicate que celle de ses destinataires, car non seulement ces adversairespeuvent être multiples, comme les têtes de l'hydre, mais ils ne sont le plussouvent désignés que par allusion, l'ambiguïté étant l'une des armes favoritesdes polémistes7 . » Dans les études sur le Dialogue ces confusions sont souvententretenues.

Dans quel cadre le contenu du Dialogue était-il délivré : assemblées dechrétiens ? préparation au baptême ? synagogues ? école ?8 Quel était sonmode de consultation ? Ces questions déterminantes ne sont évoquées qu'enpassant ou par allusion, en l'absence de réponse sûre.

Tous les auteurs ne s'accordent pas non plus sur l'origine, la réalité, etl'importance de phénomènes tels que la controverse judéo-chrétienne, lescalomnies et les persécutions, ou le prosélytisme. La part de fiction etd'historicité qu'il convient d'accorder au Dialogue − et plus généralement auxouvrages de controverse − n'est pas également évaluée dans les différentesétudes. Leur fonction véritable (convertir les juifs ? empêcher les chrétiens oules païens d'être convertis par eux ? conforter les chrétiens dans leur foi ?) estelle aussi discutée. Or ces prémisses sont ici déterminantes.

7 Art. cit., pp. 145 et 153.8 Le dialogue de Justin et de Tryphon est situé dans les allées du Xyste (1, 1 ; 9, 3) puis dansun théâtre (122, 4). Si ces indications ont sans doute une valeur symbolique (voir ci-dessous),elles ne peuvent être confondues avec le lieu de consultation ou d'utilisation de l'œuvre.

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On observe enfin que la plupart des arguments utilisés dans ce dossier secaractérisent par leur ambivalence, parfois même leur polyvalence.Phénomène particulièrement sensible lorsqu'on trouve les mêmes donnéesutilisées pour des thèses divergentes ou contradictoires (voir le détail ci-dessous). Cette singularité a pour effet de nuancer certaines conclusions.Mais il arrive fréquemment qu'elle soit oubliée ou ignorée.

La multiplicité des points de vue, l'éventail des méthodes, la disparité desprémisses, et la polysémie des arguments rendent malaisée, sinon impossible,toute confrontation des résultats. Il paraît acquis, toutefois, que lesrecherches privilégiant un axe de lecture ou une théorie sont nécessairementbornées par leurs propres limites.

IV – ANALYSE DE QUELQUES PASSAGES

Plusieurs passages sont mis en avant par ceux qui tentent de déterminer à quis'adresse le Dialogue :

8, 2. C’est donc de cette manière et à cause de cela que je suis, pourma part, philosophe. Et je voudrais que tous, épousant les mêmesaspirations que moi, ne se tiennent pas éloignés (mh; ajfivstasqai) desparoles du Sauveur. Car elles ont, en elles-mêmes, un certain pouvoirde susciter la crainte, et suffisent à troubler ceux qui se détournent dela voie droite, tandis que le plus doux repos s’offre à ceux qui s'yattachent.

Selon les traductions, l'infinitif ajfivstasqai signifie « se tenir éloigné » ou« s'éloigner ». O. Skarsaune9 retient le second sens, et considère, ens'appuyant sur des passages parallèles (Dial. 121, 3 ; 110, 4) et sur les autresoccurrences du même verbe chez Justin, que ce dernier dissuade ici ceux àqui il s'adresse de devenir apostats, c'est-à-dire juifs, après leur avoir montrél'inanité de la philosophie et la valeur de la Parole prophétique. Lesconséquences de cette interprétation ne sont pas explicitement tirées alors,mais on les retrouve dans l'ouvrage principal du même auteur10 , à propos de

9 « The Conversion… », p. 60-61.10 The Proof from Prophecy, p. 258-259.

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Dial 23, 311 : dans le Dialogue, Justin s'adresserait à des païens susceptibles dese convertir au judaïsme. Cette lecture n'est pas invraisemblable, mais leverbe ajfivstasqai offre un champ de significations plus large que ne le laisseentendre O. Skarsaune12 , et rien ne prouve que le temps de l'infinitif ait iciun sens inchoatif. Justin peut aussi bien s'adresser à des juifs en leurdemandant de ne pas demeurer apostats par leur refus de reconnaître le Christannoncé dans les prophéties.

23, 3. Et comme aucun ne répondait : Voilà pourquoi, Tryphon, à toiet à ceux qui veulent devenir prosélytes (...soi, w\ Truvfwn, kai; toi'"

boulomevnoi" proshluvtoi" genevsqai), je proclamerai, quant à moi, laparole divine que j'ai reçue de cet homme-là. Voyez : les éléments nese reposent pas, et ne font pas le sabbat. Demeurez tels que vous êtesnés (Meivnate wJ" gegevnhsqe). Car si avant Abraham il n'était pasbesoin de circoncision, ni avant Moïse de l'observance du sabbat, defêtes ou d'offrandes, de même aujourd'hui, après la venue de Jésus-Christ, fils de Dieu, né selon la volonté de Dieu par Marie, la viergeissue de la race d'Abraham, il n'en est plus besoin.

Les différentes interprétations proposées pour ce passage reposentessentiellement sur le sens donné au mot proshvlutoi, l'identité prêtée auxcompagnons de Tryphon, et la fonction attribuée à la conjonction kaiv(associative ou disjonctive).

Pour Th. Zahn13 , le mot proshvlutoi est pris ici dans son sens technique, etne peut désigner que des païens désireux de se convertir au judaïsme. Seloncette lecture, les compagnons de Tryphon, ainsi nommés, seraient −

11 Voir ci-dessous.12 Ce verbe est chez Justin un terme technique désignant différentes formes d' « apostasie » :Dial. 20, 1 (juifs) ; 76, 3 ; 79, 1 ; 121, 3 (anges et hommes) ; Dial. 106, 1 et I Apol. 50, 12(apôtres) ; Dial. 78, 6 et I Apol. 14, 1 (chrétiens qui s'éloignent des démons) ; Dial. 110, 4(refus d'apostasier des martyrs) ; Dial. 111, 2 (Jésus sauve ceux qui ne se seront pas éloignés desa foi) ; Dial. 121, 3 (sort des apostats lors de la seconde parousie).13 Art. cit., p. 57 s. Interprétation reprise par N. HYLDAHL, op. cit., p. 19 s.

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d'après Dial. 10, 4*14 − des « Craignants-Dieu », non encore circoncis. Laconjonction kaiv établirait une distinction entre Tryphon d'une part, « hébreude la circoncision » (Dial. 1, 3), pratiquant le prosélytisme (cf. Dial. 8, 4), etses compagnons d'autre part, auxquels s'adresserait la formule : « Demeureztels que vous êtes [nés] (= incirconcis) ».

A cette interprétation, Th. Stylianopoulos15 oppose deux arguments : 1) Nile terme proshvlutoi, ni la périphrase oiJ fobouvmenoi to;n qeovn ne sontutilisées chez Justin dans le sens requis par Zahn16 ; 2) dans l'ensemble duDialogue, Justin dissocie toujours Tryphon des « didascales » juifs17 , maisjamais de ses compagnons. Cette observation s'applique donc aussi,vraisemblablement, à Dial. 23, 3 : les verbes oJra'te, meivnate, et gegevnhsqes'adresseraient directement à Tryphon et à ses compagnons. Pour confirmercette lecture, Th. Stylianopoulos renvoie à un passage ultérieur, oùl'interlocuteur de Justin et ceux qui l'accompagnent se trouvent réunis, en unmême pluriel18 . En Dial. 23, 3, Justin ne s'adresserait donc pas, commel'entendait Th. Zahn, à des païens convertis au judaïsme, mais à des juifs −Tryphon et ses compagnons.

A l'appui de cette lecture, Th. Stylianopoulos cite19 d'autres propos oùJustin laisse entendre que ses interlocuteurs sont circoncis, en s'opposant àeux. Deux autres passages, non cités par Th. Stylianopoulos, pourraient allerdans le même sens. Justin y distingue ses interlocuteurs, les prosélytes, et leschrétiens avec des tournures qui ne laissent guère de doute sur l'identité despremiers :

122, 2. Pour qui donc le Christ témoigne-t-il ? Il est clair que c'est pourceux qui auront cru. Or les prosélytes non seulement ne croient pas,mais deux fois plus que vous (diplovteron uJmw'n) ils blasphèment contre

14 « Ainsi donc, vous méprisez d'emblée cette Alliance en faisant fi de ce qu'elle entraîne, etvous cherchez à nous faire croire que vous connaissez Dieu sans rien mettre en pratique de ceque respectent les Craignants-Dieu (oiJ fobouvmenoi to;n qeovn). »15 Op. cit., p. 174 s.16 Affirmation qu'il convient de nuancer (voir ci-dessous).17 Cf. Dial. 9, 1 ; 38, 1 ; 43, 8 ; 48, 2 ; 62, 2 ; 68, 7 ; 71, 1 ; 83, 1 ; 110, 1 ; 112, 2.4 ; 114, 3 ; 117,4 ; 134, 1 ; 137, 2 ; 140, 2 ; 142, 2.18 Dial. 28, 1 : « Tryphon : Nous t'avons déjà entendu, tout à l'heure, avancer cet argument, etnous l'avons pris en considération, car, à vrai dire, il le mérite ».19 Op. cit., p. 176.

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son nom, et nous (hJma'") qui croyons en lui, ils veulent nous mettre àmort et nous tourmenter : en tout point ils s'efforcent de vousressembler (uJmi'n ejxomoiou'sqai).

123, 2. Il est du reste ridicule de votre part de penser que les yeux desprosélytes eux-mêmes ont été ouverts, et les vôtres (uJmw'n) non,d'entendre parler de vous (uJma'" me;n) comme de gens aveugles et sourds,et d'eux (ejkeivnou" de;) comme s'ils avaient été illuminés.

Les prosélytes sont ici nettement distingués de ceux que désigne le pronom« vous ». Si ce pronom renvoie bien aux interlocuteurs de Justin (Tryphon etses compagnons), il faudrait comprendre l'indignation exprimée ailleurscomme émanant bien de juifs, et non de prosélytes :

122, 4. Alors, comme au théâtre, quelques-uns parmi ceux qui étaientvenus le second jour s'écriaient à haute voix : « Mais quoi ? Ne parle-t-il pas de la Loi et de ceux qui ont été illuminés par elle ? Les voilà lesprosélytes ! ».

L'interprétation de Th. Stylianopoulos présente toutefois une faiblesse nonnégligeable : toutes les autres occurrences du mot proshvluto", du verbeprosevrcesqai, et du substantif proshvlusi" n'y sont pas prises en compte20 .Or il s'avère que certaines d'entre elles seulement se rapportent sansambiguïté, chez Justin, à ceux qui embrassent la foi chrétienne21 , tandis qued'autres s'appliquent indéniablement à ceux qui embrassent le judaïsme (80,1 ; 122, 1.2.3.4 ; 123, 1.2)22 . L'opposition entre les deux sens est explicite en122, 5 et 123, 1.2. L'expression « Meivnate wJ" gegevnhsqe » peut doncs'adresser à des païens sur le point de se convertir, ou à des juifs pour qui lacirconcision, désormais, ne serait plus nécessaire23 .

20 Th. STYLIANOPOULOS (p. 174-175) se contente de déclarer : « The terms proshvluto" andproshvlusi" are clearly used for converts to the Christian faith (Dial. 28, 2 ; 122, 5) ».21 Cf. Dial. 11, 4* ; 28, 2 ; 122, 5 ; 123, 1.22 Même ambivalence pour la formule oiJ fobouvmenoi to;n qeovn (cf. Dial. 10, 4*).23 Pour M. MARCOVICH, op. cit., p. 64-65, cette exhortation ne peut s'adresser qu'à de futursconvertis au judaïsme, et non au christianisme (pour lequel la circoncision n'est pasnécessaire). Judith. M. LIEU, « Circumcision, Women and Salvation », NTS 40 (1994), p. 366,résout l'ambiguïté de cette formule en laissant entendre que Justin, qui contrairement à sonhabitude dans le Dialogue s'adresse à ses interlocuteurs comme s'ils n'étaient pas juifs, utilisepeut-être ici des matériaux plus anciens, tirés de traditions et de débats à propos de prosélytes.

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Les commentaires proposés pour ce passage montrent donc que ni lesconsidérations lexicographiques, ni la distinction ou l'association entreTryphon et ses compagnons, ni le rapprochement avec d'autres textes, nil'allusion à la circoncision ne permettent d'en restituer le sens avec certitude.Otto applique ici, sans véritable justification, le mot proshvlutoi à ceux quiveulent devenir chrétiens24 ; Archambault avait peut-être raison de semontrer plus prudent25 . B. Bagatti26 proposait encore une autre solution :Justin s'adresserait ici à des juifs qui pouvaient devenir chrétiens. Aucune deces interprétations ne peut être exclue. Les compagnons de Tryphon peuventêtre confondus avec lui ou distingués de lui, identifiés aux destinataires duDialogue, ou différenciés d'eux ; il peut s'agir de juifs, de païens, ou même dechrétiens, attirés par le christianisme aussi bien que par le judaïsme. Le sensaccordé à ce passage dépend essentiellement du rôle attribué à Tryphon et dela réalité que l'on reconnaît au phénomène du prosélytisme juif27 .

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Deux autres passages sont également retenus. Ils peuvent être considéréscomme parallèles, car ils présentent, sur le ton de l’exhortation, un mêmeappel aux nations (e[qnh) :

Cette hypothèse pourrait trouver confirmation dans le contexte immédiat : Justin y emploie,sans s'attarder, deux arguments de nature qui semblent bien isolés dans l'ensemble de l'œuvre :les astres ne font pas le sabbat (23, 3) ; les femmes ne peuvent être circoncises (23, 5). Peut-être l'expression « Demeurez tels que vous êtes [nés] » doit-elle être comprise comme unecitation ou une réminiscence.24 « Proshvlutoi hic dicuntur qui ad christianam religionem accedunt (c. 28) », n. 4, p. 81.25 « Ce mot désigne ceux des païens qui cherchaient dans la religion venue de Judée ce que lesidoles ne pouvaient plus leur procurer, et voulaient se faire soit juifs soit chrétiens. » (t. I, n. 3,p. 105).26 L'Église de la circoncision, Jérusalem 1965, p. 195.27 C'est ce qui fonde, par exemple, la critique d'O. SKARSAUNE à l'égard deTh. STYLIANOPOULOS : « But his arguments are hardly convincing […] He does not seriouslyconsider the setting which the Dialogue itself suggests − viz. the Jewish and Christian missionsto the same group, Gentile God Fearers » (n. 9, p. 259). Mais si l'importance de la missionchrétienne est unanimement reconnue, celle du prosélytisme juif est parfois mise en cause :cf. E. WILL - Cl. ORRIEUX, « Prosélytisme juif » : Histoire d'une erreur, Paris, Belles Lettres, 1992.

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24. 3. Venez à moi, vous tous, les craignants-Dieu, qui voulez voir lesbiens de Jérusalem, Venez, allons à la lumière du Seigneur, car il a rejeté sonpeuple, la maison de Jacob. Venez, toutes les nations (pavnta ta; e[qnh),rassemblons-nous à Jérusalem, qui ne connaîtra plus la guerre à cause despéchés des peuples. Car Je me suis manifesté à ceux qui ne me sollicitaientpas, j'ai été trouvé par ceux qui ne m'interrogeaient pas, s'écrie-t-il par Isaïe.

29. 1. Glorifions Dieu, nations (ta; e[qnh) rassemblées, car il nous aregardés nous aussi. Glorifions-le par le roi de gloire, par le Seigneur desPuissances. Car il s'est tourné aussi vers les nations (eij" ta; e[qnh) pour lesaccueillir, et les sacrifices, il les reçoit plus volontiers de notre part quede la vôtre. Pourquoi donc parler encore de circoncision, alors queDieu témoigne pour moi ? Qu'est-il besoin de ce baptême-là, quandon est baptisé d'Esprit Saint ?

Th. Zahn28 , A. Harnack29 , et N. Hyldahl30 , s'appuient sur ces textes, parmid'autres, pour défendre la thèse selon laquelle les païens − désignés ici par leterme e[qnh − seraient les destinataires des ces injonctions.

Pour Th. Stylianopoulos31 , et C. H. Cosgrove32 , ces passages s'adressentplutôt à des Gentils convertis au christianisme. L'argumentation du premierest plus élaborée : 1) dans l'ensemble du Dialogue, le terme e[qnh − qui peutdifficilement inclure ici Tryphon − ne désigne pas les païens, mais l'Église33 ;2) dans le second passage, ce mot est un rappel de Mal. 1, 11, précédemmentcité, interprété partout dans le Dialogue comme une prophétie du sacrificeuniversel34 ; 3) Ces passages s'appuient sur des références

28 Art. cit., p. 56-61.29 Op. cit., n. 2, p. 51-52.30 Op. cit., p. 19.31 Op. cit., p. 177-181.32 Art. cit., p. 213. Th. STYLIANOPOULOS est affirmatif ; Ch. COSGROVE est plus prudent :« The Old testament ring of the text is typical of early Christian hymns and prayers. In view ofthese considerations, Dial. 29, 1 is best taken as addressed to gentile Christians. at least thisremains a good possibility ».33 Étude terminologique p. 179-180 : les païens demeurés incroyants seraient désignés parl'expression ta; a[lla e[qnh (17, 1 ; 96, 2 ; cf. 95, 1).34 Cf. Dial. 41, 2*. Le seul argument que M. MARCOVICH (p. 64) oppose à l'interprétation deSTYLIANOPOULOS est que dans le premier cas, le mot e[qnh est emprunté à Jér. 3, 17, « where

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scripturaires peu éloquentes pour un public païen ; 4) Le contexte immédiatet plus large oppose, dans les deux cas, l'Israël véritable (= les chrétiens) etles juifs35 .

L'argumentation de Th. Stylianopoulos est indéniablement la plusconvaincante. Mais il n'est pas certain que ces passages s'adressent seulementà des païens convertis, car, pour Justin, l'Israël véritable n'exclut pas les juifs,mais inclut ceux d'entre eux qui auront embrassé la foi chrétienne36 : lesexpressions pavnte" oiJ fobouvmenoi to;n qeovn, pavnta ta; e[qnh (24, 3), et a{mata; e[qnh sunevlqonta (29, 1) mettent l'accent sur le caractère universel del'appel37 ; dans le second passage, Justin insiste à deux reprises, avecl'adverbe kaiv, sur cette universalité : « car il nous a regardés, nous aussi (kai;hJma'") » ; « Il s'est tourné aussi vers les nations (kai; eij" ta; e[qnh) ». Le juifTryphon, et ses compagnons, quelle que soit leur identité, peuvent donc êtreconcernés, eux aussi, par cette exhortation.

*32. 5. Tout ce que je vous disais en passant, je vous le dis pour que,définitivement persuadés de ce que contre vous Dieu a dit que vousétiez des fils insensés; et encore : C'est pourquoi, voici : je renouvellerai le

there are no Christians ». Cet argument, bien insuffisant pour contrebalancer ceux deSTYLIANOPOULOS, isole artificiellement le verset de son contexte.35 D. GILL − qui ne prend pas en compte le premier de ces passages − distingue dans lesecond un fragment liturgique (voir la note ad loc.), ce qui constituerait un argumentsupplémentaire pour la thèse chrétienne. Th. STYLIANOPOULOS (p. 178) penche plutôt pourun ton kérygmatique qui ne serait pas exceptionnel chez Justin.36 Cf. Dial. 120, 1*.37 Dans le Dialogue, l'expression pavnta ta; e[qnh ou ses équivalents apparaît 13 fois : 13, 2 (Is.52, 10) ; 25, 5 (Is. 64, 11) ; 31, 4 (Dan. 7, 14) ; 34, 4 (Ps. 71, 11) ; 34, 6 (Ps. 71, 17) ; 50, 5 (Is. 40,15) ; 64, 6 (Ps. 71, 17) ; 83, 4 ; 95, 1 ; 120, 1 (Gen. 26, 4 : descendance de Jacob) ; 121, 1 (Ps. 71,17 bis) ; 131, 1. A deux reprises seulement elle désigne sans ambiguïté les nations idolâtres (83,4 ; 95, 1). Ailleurs, elle est utilisée dans un sens universaliste englobant les nations et ceux desjuifs qui se seront convertis. En Dial. 17, 1 et 96, 2 sont distingués « les autres » peuples et lesjuifs (ta; a[lla e[qnh ...uJmei'" ; uJmei'" ...ta; a[lla e[qnh) ; en 122, 5, les nations païennes illuminéespar le Christ, Loi nouvelle et opposées au peuple juif, sont désignées par l'expression hJma'" ta;e[qnh ; en 130, 2.4, nations et descendance de Jacob converties au christianisme sont associées(hJma'" ta; e[qnh kai; aJplw'" tou;" ajp! ejkeivnou tou' laou' pavnta" eujarestou'nta" tw'/ qew'/ ; cf. Deut.32, 43, cité en 130 1 et 4) ; Il semble donc que ta; e[qnh pavnta ait généralement un sensuniversel, incluant les juifs devenus chrétiens.

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transfert de ce peuple, je transférerai ce peuple, je les transférerai, j'enlèverai leursagesse aux sages et je cèlerai l'intelligence des intelligents qui sont parmi eux −,vous cessiez de vous égarer vous-mêmes, vous et ceux qui vousécoutent, et vous laissiez instruire par nous que la grâce du Christ arendus sages.

Th. Zahn, pour qui les compagnons de Tryphon sont des païens engagésdans un processus de conversion au judaïsme, voit ici un appel de Justin auxpaïens influencés par une propagande juive. Cette interprétation repose surl'idée, non démontrée, que Tryphon est un rabbin38 , et ses compagnons desprosélytes d'origine païenne39 . Or Tryphon, rappelle Th. Stylianopoulos40 ,est toujours dissocié des didascales juifs dans le Dialogue, et il est trèsdiscutable qu'il se livre au prosélytisme41 . Ces propos ne s'adressent donc pasaux destinataires du Dialogue : l'expression kai; tou;" uJmw'n ajkouvonta" faitbien référence, comme l'entendait Zahn, aux païens attirés par le judaïsme,mais elle doit être considérée comme une remarque isolée42 . Jamais Justin −qui n'est pas homme à évoquer par allusion ce qui est pour lui essentiel −n'exprime ailleurs dans le Dialogue, une sollicitude particulière à l'égard de cepublic43 .

*64. 2. A ces propos, je répondis : − Si j'étais comme vous, Tryphon,porté aux vaines querelles, je ne m'attarderais pas à entretenir avecvous cette discussion, puisque non disposés à saisir ce qui est dit,vous mettez tous vos soins à affûter des répliques. Mais comme jeredoute le jugement de Dieu, je ne veux pour aucun de ceux de votrerace trop vite décider, s'il n'est pas parmi ceux qui par la grâce duSeigneur Sabbaoth peuvent être sauvés. Aussi continuerai-je, en dépit de

38 Cette idée n'est plus défendue par personne aujourd'hui : les connaissances de Tryphonsont trop limitées dans le domaine du culte et de la Loi orale.39 Art. cit., p. 59 : « Ihn und seinesgleichen, jüdische Lehrer, welche auch Heiden zu Schülernzu machen wissen, hat Justin im Auge… » ; cp. HARNACK, op. cit., p. 53 : « Rabbi Trypho undeinigen von dessen Schülern… ».40 Op. cit., p. 181-183.41 Cf. Dial. 8, 4*.42 Comparable à 8, 2 (tou;" ejktrepomevnou" th'" ojrqh'" oJdou').43 Au chap. 47, il est question de judéo-chrétiens (et non de juifs) qui tentent de persuader lespaïens de vivre selon la Loi.

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votre malignité, à répondre pour chacune de vos attaques et de vosobjections. Du reste, j'agis de même, absolument, à l'égard de tousceux, de toute race, qui veulent sur ces questions discuter oum'interroger.

Ce passage est l'un de ceux qu'Harnack44 retenait pour défendre la thèse dedestinataires païens. Mais, fait remarquer Th. Stylianopoulos45 , s'il y a là,incontestablement, une manifestation, parmi d'autres, de l'universalisme quianime l'activité missionnaire de Justin, cela ne signifie pas pour autant que leDialogue s'adresse prioritairement aux païens. Le contexte, d'ailleurs, faitréférence au thème du Reste qui ne peut concerner que les juifs46 .

*80. 3. Car ceux, chrétiens de nom, qui sont en vérité des hérétiquesimpies et athées, n'enseignent en tout point que blasphèmes, impiétéset folies, je te l'ai montré. Et puisque ce n'est pas uniquement pourvous que je tiens ces propos, vous le savez, de tout ce dont nous noussommes entretenus, comme je le pourrai, je ferai un ouvrage, où jeconfirmerai par écrit ce que devant vous je déclare. Car je choisisplutôt de suivre non des enseignements humains, mais Dieu et lesenseignements qui viennent de lui.

Passage comparable au précédent, et également retenu par Harnack47 . Maisce nouvel élargissement paraît faire référence aux gnostiques, et non pointaux païens. Justin distingue d'ailleurs ici ses interlocuteurs immédiats (oujk ejf!uJmw'n movnwn ; pro;" uJma'") et le public visé par l'ouvrage annoncé.

*119. 4. Nous ne sommes donc pas une gent méprisable, une tribubarbare ou quelques nations de Cariens ou de Phrygiens, mais Dieunous a choisis, même nous (kai; hJma'"), et s'est manifesté à ceux qui ne lesollicitaient pas. Voici, je suis [Dieu], dit-il, pour la nation, ceux quin'invoquaient point mon nom. Cette nation, en effet, c'est celle que Dieujadis promettait à Abraham, lorsqu'il annonçait qu'il le ferait père de

44 Op. cit., p. 52.45 Op. cit., p. 184-185.46 Voir ci-dessous, p. 155-156.47 Ibid.

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nations nombreuses : ce n'est ni des Arabes, ni des Égyptiens, ni desIduméens qu'il voulait parler (car Ismaël aussi fut père d'une grandenation, de même qu'Ésaü, et il y a de nos jours un grand nombred'Ammonites). Mais Noé fut le père d'Abraham lui-même, et endéfinitive de tout le genre humain, et d'autres encore eurent une autredescendance.

Harnack48 semble supposer que la mention des Gentils implique (aussi) desdestinataires païens pour le Dialogue. A cela Th. Stylianopoulos49 objecte quepronom hJma'" ne désigne pas ici les païens cultivés (opposés aux barbares) −auxquels jamais Justin ne s'identifie dans le Dialogue −, mais les chrétiens(qualifiés de « peuple saint » dans le passage précédent). Ce pronom s'opposeau peuple juif et non aux « barbares ». Le contexte immédiat (citationsscripturaires) et plus large porte sur le concept d'Israël véritable par contrasteavec le peuple juif50 . Opposition soulignée en 119, 651 .

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Le Dialogue mentionne52 un dédicataire qui n'est nommé qu'à la fin del'entretien. On a supposé qu'il l'était aussi dans le prologue perdu, mais ils'agit là d'une pure hypothèse. Cette dédicace constitue l'un des argumentsutilisés pour défendre la thèse de destinataires païens ou chrétiens53 . Maisbien que ce nom soit incontestablement romain, il peut fort bien désigner unjuif hellénisé ou citoyen de Rome54 ; les références à ce dédicataire sontd'autre part isolées dans le Dialogue, et peuvent ressortir à la convention55 . Cepersonnage demeure inconnu56 .

48 Ibid.49 Op. cit., p. 186.50 Voir la note en Dial. 119, 4.51 JOmoiovpiston ou\n to; e[qno" kai; qeosebe;" kai; divkaion, eujfrai'non to;n patevra, uJpiscnei'tai

aujtw'/, ajll! oujc uJma'", oi|" oujk e[sti pivsti" ejn aujtoi'".52 8, 3 (fivltate) ; 141, 5 (w\ fivltate Mavrke Pomphvi>e).53 Erwin R. GOODENOUGH, op. cit., 97-100 (suggestion non explicite) ; K. HUBIK, op. cit., 206-207.54 Th. STYLIANOPOULOS, op. cit., n. 10, p. 170, qui prend l'exemple de Flavius Josèphe.55 Ibid. : cf. Luc, 1, 3 et Act. 1, 1 (Théophile).56 Cf. Dial. 8, 3*.

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Le sens qu'il convient d'accorder à ces différents passages est doncdouteux. En tout état de cause, on ne saurait s'en contenter pour déterminercelui de l'œuvre dans son ensemble.

V – SUBSTRAT CULTUREL ET STATUT DES CULTURES

A) Écritures et Exégèses

Ancien Testament

L'importance des citations scripturaires dans le Dialogue est unanimementconstatée, mais diversement appréciée. Certains considèrent que ces citationsne se justifient que pour un public non familiarisé avec les Écritures57 .Plusieurs précisions, jugées inutiles ou peu vraisemblables pour un public juifou chrétien viendraient conforter cette thèse : la désignation des prophètesmineurs par l'expression « l'un des douze » (Dial. 19, 5*)58 ; une présentationdes prophètes comparable dans le Dialogue (7, 1*) et l'Apologie (23, 1 ; 30, 1s.)59 ; l'utilisation de la LXX, qui commençait à être rejetée en milieu juif60 , ceque Justin n'ignore pas (Dial. 68, 7*-8 et 71, 1 s.) ; l'absence totale deréférence au texte hébreu61 . Ces particularités pourraient s'expliquer par unefonction catéchétique : le Dialogue s'adresserait alors à des païens romains,dans le cadre de la préparation au baptême62 .

57 E. R. GOODENOUGH, op. cit., p. 98-99 ; J. NILSON, art. cit., p. 541. Goodenough faitremarquer qu'elles ont vraisemblablement été abrégées par un copiste.58 E. R. GOODENOUGH, ibid. ; C. H. COSGROVE, art. cit., N. 30, p. 229.59 N. HYLDAHL, op. cit., p. 227-228 ; O. SKARSAUNE, « The Conversion… », p. 59 : « Further,in Dial. 7, Justin's argument is not addressed to Trypho, the Jew, but to the gentile readers ofthe Dialogue. Trypho had no need to be convinced of the superiority of the prophetic books,but the pagan readers of the Dialogue had. ».60 J. NILSON, art. cit., p. 541-542 : « If the Dialogue is addressed to a gentile audience, Justin'suse of the Septuagint is quite comprehensible. But Justin would hardly be commendinghimself to a Jewish audience by arguing from texts whose authenticity was beginning to bequestioned by Jewish leaders, as Justin himself recognizes. ».61 J. NILSON, art. cit., p. 541.62 Ch. COSGROVE, loc. cit. ; cf. A. J. BELLINZONI, The Sayings of Jesus in the Writings of JustinMartyr (thèse de Harvard, 1962), Leyde, Brill [NTS 17], 19672, p. 141 ; J. DANIELOU, Théologiedu Judéo-Christianisme, 19912, p. 410-411 : « Mais la catéchèse doctrinale ne comportait pas

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D'autres commentateurs font toutefois remarquer que les citationsscripturaires sont beaucoup moins longues et nombreuses dans l'Apologie,adressée à un public païen, que dans le Dialogue63 . La formule invariablementutilisée dans la désignation des prophètes mineurs pourrait être une« référence stylisée » et non une explication64 , d'autant qu'elle demeure peuparlante pour qui n'est pas familiarisé avec l'A.T. A propos des Écritures,l'Apologie offre en outre des précisions qui demeurent absentes du Dialogue :origine, caractère et traductions (I Apol. 31, 1-5) ; histoire des prophètes(ibid. ; cf. I Apol. 32, 1)65 ; signification de l'Emmanuel (I Apol. 33, 1 ;cp. Dial. 43, 5)66 .

Ces précisions données dans l'Apologie et absentes du Dialogue concernentégalement les chrétiens et leur tradition : composition de l'Église, faite deGentils, de Juifs et de Samaritains (I Apol. 53, 3-12) ; brièveté des paroles de

seulement une exposition, elle comprenait aussi une démonstration (ajpovdeixi"). Cettedémonstration était essentiellement empruntée à l'Ancien Testament. Nous en avons desexemples nombreux dans les Évangiles canoniques qui sont, à cet égard, des témoins de lacatéchèse primitive ».63 Th. STYLIANOPOULOS, op. cit., p. 193 ; M. SIMON, op. cit., p. 170 : « Si l'on confrontel'Adversus Judaeos de Tertullien et son Apologétique, ou les Apologies et le Dialogue de Justin, onverra que la part des références à la Bible est sensiblement moindre dans les écrits adressésaux païens, tandis que dans les écrits adressés aux Juifs, elles conditionnent toutel'argumentation. Le constater, c'est déjà étayer une appréciation positive de la littérature anti-juive et de sa destination initiale ». Il est vrai, toutefois, que la finalité de ces œuvres n'est pastout à fait comparable : les Apologies visent à une défense du christianisme devant les autoritésromaines : l'interprétation des Écritures y est secondaire ; dans le Dialogue, elle est l'objetmême du débat.64 Th. STYLIANOPOULOS, op. cit., p. 193.65 La présentation des prophètes, dans les deux œuvres, peut paraître comparable. Elles'explique plus aisément pour un public païen que pour Tryphon. Th. STYLIANOPOULOS

(p. 193) admet la pertinence de cette observation, mais ne s'attarde pas sur ses conséquences.On peut tout de même noter que cette évocation des prophètes est très circonstanciée dansl'Apologie, et d'une teneur essentiellement historique ; dans le Dialogue, elle est exprimée sur unmode théologique (thèmes de l'ancienneté, de l'Esprit, de la Vérité, de la Foi), attribuée auVieillard (figure du Logos ?), et située dans le cadre d'un récit de conversion. Cetteprésentation ne s'adresse donc pas à Tryphon, mais au païen que Justin était avant de devenirchrétien.66 Ch. COSGROVE, art. cit., p. 215.

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Jésus (I Apol. 14, 5) ; Eucharistie (I Apol. 66 ; cp. Dial. 41). Tryphon a lu lesÉvangiles (Dial. 10, 2 ; 18, 1), les destinataires de l'Apologie ne les connaissentpas. Th. Stylianopoulos tire argument de cet ensemble d'observations pournier que les païens puissent être les destinataires du Dialogue67 .

L'argument tiré des citations scripturaires est ambivalent. Il est vrai quecelles-ci sont fort nombreuses et fort longues dans le Dialogue, et il n'est pasexclu que Justin offre ainsi, à ses lecteurs, les références permettantd'apprécier sa démonstration. Mais il est inexact qu'elles soientinvariablement donnés dans leur intégralité68 ; les abréviations ne sont pastoutes imputables au zèle d'un copiste (cf. Dial. 64, 6) ; ces textes enfin sontsouvent désignés, dans le Dialogue par le mot grafhv (grafaiv), la formulegevgraptai, ou le participe gegrammevno", qui sont chargés de significationpour un lecteur juif ou chrétien, et demeurent absents de l'Apologie69 .

Par ailleurs, et contrairement à ce qu'affirmait J. Nilson70 , dans la techniqueexégétique mise en œuvre au cours de l'entretien prédominent, en dépit desapparences, l'implicite, la référence allusive au contexte, le raisonnementelliptique, l'association de versets empruntés à des textes différents etrenvoyant aux ensembles dont ils sont tirés71 . Cet ensemble decaractéristiques suppose, pour les deux protagonistes et ceux qu'ilsreprésentent, une égale connaissance des sources et une commune maîtrisedes outils employés pour leur interprétation. Dans l'Apologie la présentationdes textes est plus didactique, plus explicite (chap. 32 s.), mieux adaptée à unpublic païen. L'utilisation de la prophétie ou allégorie prédictive estfondamentale dans le Dialogue et rare dans l'Apologie72 : un auditoire − ou unlectorat − païen pouvait être convaincu par l'argumentation présentée dans

67 Op. cit., p. 192-193.68 J. NILSON, art. cit., p. 541.69 Th. STYLIANOPOULOS, op. cit., n. 23, p. 17. Le mot grafhv / grafaiv présente 101 occ. dansle Dialogue, une seule à propos des Écritures dans l'Apologie (60, 2) ; gevgraptai : Dial. 34, 6.8 ;49, 5 ; 55, 1 ; 56, 8 ; 57, 2 ; 78, 1 ; 79, 4 ; 86, 5 ; 90, 4 ; 121, 2 ; 141, 3. La formule est utiliséeaussi pour l'Évangile (100, 1 ; cf. 111, 3) ou les « Mémoires des Apôtres » (101, 3 ; 103, 6.8 ;104, 1 ; 105, 6 ; 106, 4 ; 107, 1) ; gegrammevno" : Dial. 56, 11 ; 57, 3 ; 79, 2.4 ; 100, 4 ; 114, 5 ;115, 5.70 « Passages are invariably quoted in their entirety, never simply alluded to as commonknowledge of the participants in the Dialogue » (art. cit., p. 541).71 Voir ci-dessus, p. 109-128 (passim).72 Ch. COSGROVE, art. cit., p. 217.

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l'Apologie ; celle qui se déploie dans le Dialogue, avec ses présupposés, et saforme originale, lui était incontestablement moins familière73 .

La place accordée au texte scripturaire, et leur utilisation sont en effetindissociables de leur statut. Dans le Dialogue, le textes de l'A.T. sont la basedu débat entre Justin et Tryphon. Les deux interlocuteurs conviennentimplicitement de leur autorité74 , et ne remettent en cause que certaines deleurs exégèses75 .

Pour préserver cette base commune, Justin affirme s'en tenir aux versionsreconnues par les juifs (Dial. 32, 2*). Mais l'utilisation de la LXX dansl'ensemble de l'œuvre paraît effectivement maladroite à une époque où celle-ci commençait à être rejetée parmi les juifs76 , et remplacée par d'autrestraductions grecques du texte hébreu. Les citations scripturaires de Justinsont par ailleurs très fréquemment teintées de christianisme77 . A cesaltérations, Tryphon n'oppose aucune réaction. Il y a donc contradiction,dans le Dialogue, entre le statut reconnu à l'Ancien Testament, et l'usage quien est fait. Quel(s) public(s) pouvaient être convaincu(s) par des fondementsaussi peu cohérents ?

Nouveau Testament

L'évocation du Nouveau Testament a suscité, elle aussi, de nombreuxcommentaires, et diverses conclusions :

Tryphon déclare avoir pris connaissance des Évangiles (Dial. 10, 2* ; 18,1*), mais il pourrait s'agir là d'un pur artifice. Dans le Dialogue, comme dansl'Apologie, les récits néotestamentaires ne paraissent jamais investis d'une

73 O. SKARSAUNE, op. cit., p. 258, résout un peu vite cette contradiction : « Further there canbe no doubt that the compagnons of Trypho, at least some of them, are meant to be Gentilesbelieving in the God of the Jews, and to some extend familiar with the LXX. » Le typed'argumentation qui se déploie dans le Dialogue devait demeurer en grande partie inaccessiblepour ceux qui avaient seulement « une certaine familiarité » avec les Écritures.74 St. STYLIANOPOPULOS, art. cit., pp. 36 et 193 ; cf. M. SIMON, op. cit., p. 169-170.75 Distinction explicitement formulée par Tryphon : « Les paroles de Dieu sont saintes, maisvos exégèses sont artificieuses » (Dial. 79, 1) ; cp. Dial. 55, 3 : « [mes preuves] te paraîtrontétranges, bien qu'elles soient quotidiennement lues par vous » (Justin).76 Rejet qui ne deviendra officiel, cependant, que bien après la parution du Dialogue(M. SIMON, op. cit., p. 348).77 Voir ci-dessus, p. 115-116.

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autorité scripturaire (à moins d'admettre l'utilisation de la formulegevgraptai78 comme une reconnaissance implicite de ce statut). Il semblemême que l'appellation « Mémoires des Apôtres »79 désigne de façonrestrictive les parties historiques de la littérature apostolique, en les dissociantdes paroles du Christ, elles seules créditées d'une autorité divine80 . Justin sedistinguerait en cela de la tendance, qui prédominait à son époque en milieuchrétien, à admettre dans le canon scripturaire l'ensemble des textesnéotestamentaires, appelés Évangiles chez tous les auteurs contemporains.Dans le Dialogue, c'est leur conformité avec la prophétie et l'histoire récentequi donne aux actes et aux paroles du Christ leur valeur de preuve de samessianité. Cette double référence peut s'adresser à des publics divers.

L'absence d'une mention explicite de Paul81 dans l'entretien avec Tryphon,demeure problématique, et les hypothèses proposées pour l'expliquer ne sontpas sans conséquences pour la question des destinataires : mauvais souvenir,pour les juifs, de la visite de l'apôtre à Éphèse (Act. 19)82 ; répugnance àévoquer, dans le cadre d'un débat de controverse, un

78 Voir ci-dessus, p. 112.79 Dial. 100, 4 ; 101, 4 ; 102, 5 ; 103, 6.8 ; 104, 1 ; 105, 1.5.6 ; 106, 1.3.4 ; 107, 1 ; I Apol. 66, 3et 67, 3.80 Ch. COSGROVE, art. cit., p. 222-224.81 Dont l'influence sur le plan terminologique, méthodologique et thématique, dans l'œuvre deJustin, est pourtant reconnue : cf. H. D. TJEENK WILLINK, Justinus Martyr in zijne verhouding totPaulus, Zwolle 1867 ; A. THOMA, « Justins Verhältnis zu Paulus und zum Johannes-evangelium », Zeitschrift für Wissenschaft Theologie 18 (1875), pp. 383-412 ; 490-565 ; Th. ZAHN,« Studien zu Justinus Martyr », ZKG 8 (1885), p. 1-20 ; W. A. SHOTWELL, The Biblical Exegesis ofJustin Martyr, London 1965, p. 50-55 ; E. MASSAUX, Influence de l'Évangile de saint Matthieu sur lalittérature chrétienne avant saint Irénée, Louvain-Gembloux, éd. J. Duculot, 1950 (réimpr. anast,Louvain, Peeters, 1986), pp. 562-570 ; M. MARIN, « Note introduttive sulla presenza di Paolonel Dialogo con Trifone di Giustino », Annali di Storia dell’Esegesi 3 (1986), p. 71-83. Sur l'influencede Paul dans l'Église ancienne, voir E. ALEITH, Paulusverständnis in der Alten Kirche [Beihefte zurZNTW, 18], Berlin 1937 ; W. SCHNEEMELCHER, « Paulus in der griechischen Kirche deszweiten Jahrhunderts », ZKG 75 (1964), p. 1-20 ; M. F. WILES, The Divine Apostle. Theinterpretation of St. Paul's Epistles in the Early Church, Cambridge 1967 ; M. SIMONETTI, « Paolonell'Asia Cristiana del II secolo », VetChr 27 (1990), p. 123-144.82 R. S. MACLENNAN, art. cit. p. 75.

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personnage connu pour son opposition au judaïsme traditionnel83 ;utilisation périlleuse de textes auxquels Marcion avait recours pour nierl'unité des Écritures84 ; absence d'informations sur les paroles et la vie duChrist dans les Épîtres85 ; perspective apologétique excluant la référence àdes textes purement chrétiens86 ; origine palestinienne de Justin : milieu peusensible à la prédication de l'apôtre87 ; appartenance de Justin à une traditiondifférente de celle de Paul88 ; perte d'influence de l'apôtre au IIe siècle89 , etpositions différentes des auteurs chrétiens à son égard90 . Aucune de cesexplications n'est totalement satisfaisante, mais aucune d'entre elles − avec lesdestinataires qu'elle implique − ne saurait être, a priori, considérée commeirrecevable.

B. Culture grecque

La place accordée à la culture païenne dans le Dialogue − plus particulièrementdans les premiers chapitres − et le rapport de ce prologue avec le reste del'œuvre ont également nourri la controverse sur ses destinataires.

Le contenu essentiellement philosophique des premiers chapitres donnelieu à des interprétations divergentes : certains en tirent argument pourexclure un public juif ou chrétien, en laissant entendre que les destinatairesne peuvent être que païens91 ; d'autres considèrent plus précisément que, depar sa nature, cette introduction est irrecevable pour des Juifs palestiniens,

83 A. HARNACK, op. cit., p. 50 ; M. MARIN, art. cit., p. 83 ; Th. STYLIANOPOULOS, op. cit., p. 71,etc.84 H. F. von CAMPENHAUSEN, art. cit., p. 117 ; Ch. COSGROVE, art. cit., p. 225 ; MACLENNAN,art. cit., p. 74-75 ; Th. STYLIANOPOULOS, op. cit., p. 71.85 Ch. COSGROVE, art. cit., p. 225.86 Leslie W. BARNARD, Justin Martyr, his Life and Thought, Cambridge, Univ. Press., 1967, p. 63.87 M. MARIN, art. cit., p. 83.88 R. S. MACLENNAN, art. cit., p. 75.89 R. S. MACLENNAN, art. cit., p. 74.90 M. MARIN, art. cit., p. 82.91 Avec cette nuance toutefois que ceux-ci sont alors parfois considérés au sens large :cf. K. HUBIK, art. cit., p. 206-207 ; E. R. GOODENOUGH, op. cit., p. 99-100 ; N. HYLDAHL, op.cit., p. 20 ; J. NILSON, art. cit., p. 540.

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et ne peut donc s'adresser qu'à des juifs hellénisés92 ; pour d'autres encore, cecontenu spécifique exclurait également les chrétiens judaïsants ou tentés parle judaïsme93 . Mais on fait remarquer par ailleurs qu'un juif ou un chrétien,vivant dans l'univers culturel gréco-romain, peuvent bien éprouver quelqueintérêt pour la philosophie. Justin lui-même, qui porte le manteau dephilosophe après sa conversion (Dial. 1, 2*) et Tryphon, qui professe lerespect de la philosophie (ibid.) tout en se déclarant « hébreu de lacirconcision » (Dial. 1, 3*) ne sont-ils pas, en ce sens, exemplaires94 ? Il n'estpas exclu enfin que le substrat philosophique du Dialogue (problème del'apparente contradiction entre la Loi mosaïque et l'idée platonicienne d'unevérité éternelle et immuable) s'adresse à des gnostiques plutôt qu'à despaïens95 . Quoi qu'il en soit, le contenu de cette œuvre ne se limite pas(certains semblent l'oublier) à son prologue, et la question philosophique nereçoit, au-delà de ces premiers chapitres, aucune attention particulière96 .

Quelle signification accorder à ce prologue, au reste de l'œuvre, et à leurrelation ? Les avis, là encore, divergent sensiblement : rupture ou continuité ?passage de la Philosophie à la Révélation ? supériorité de cette dernière sur lasagesse grecque97 ? introduction au christianisme, considéré comme véritablephilosophie98 ? unité de l'une et de l'autre99 ? supériorité de

92 A. L. FEDER, Justins des Märtyrers Lehre von Jesus Christus, dem Messias und dem MenschgevordenenSohn Gottes, Freiburg i Br., Herdersche Verlagshandlung, 1906, p. 41 : « Bei der Annahme, daßder Dialog sich an erster Stelle an hellenisierende Juden wendet, löst sich auch dieSchwierigkeit, welche die lange Einleitung für eine an ein jüdisches Publikum gerichteteSchrift zu bieten scheint » ; cf. E. R. GOODENOUGH, op. cit., p. 98 : « …Feder's suggestion,while a great advance in recognizing the true problem of the introduction, is still weak becausehe clings to the thought that the Dialogue is addressed to Jews of some sort, that is, that it isfundamentally a refutation of Judaism. ».93 J. NILSON, art. cit., p. 540.94 Th. STYLIANOPOULOS, op. cit., p. 15 ; Ch. COSGROVE, art. cit., p. 212.95 H. F. von CAMPENHAUSEN, op. cit., p. 110-111 ; Th. STYLIANOPOULOS, op. cit., p. 18-19.96 Th. STYLIANOPOULOS, op. cit., p. 190.97 E. R. GOODENOUGH, op. cit., p. 100.98 J. C. M. van WINDEN, An early Christian Philosopher. Justin Martyr's Dialogue with Trypho,chapters one to nine. Introduction, Text & Commentary [Philosophia Patrum. Interpretation ofPatristic Texts I ], Leyde, Brill, 1971 (19762), p. 114 ; J. NILSON, art. cit., p. 540.99 N. HYLDAHL, op. cit., pp. 20 s. ; 294.

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la Révélation sur la philosophie100 ? préliminaires au débat judéo-chrétien101 ? Questions qui se doublent d'une interrogation récurrente sur lesens qu'il convient d'accorder au récit − réel ou fictif ? − que Justin proposepour sa conversion102 .

Il existe, entre les réponses apportées à ces deux questions (lien duprologue avec le reste de l'œuvre ; récit de la conversion) et la conception quel'on se fait du (des) public(s) visé(s) par Justin, une telle interdépendance,qu'il est parfois malaisé de distinguer, dans les développements qui leur sontconsacrés, les prémisses et les conclusions : on ne sait pas toujours très biensi c'est l'analyse du texte qui détermine son interprétation, ou le sens qu'on luiprête qui en oriente la lecture…

Les différents commentateurs ne s'accordent pas davantage surl'importance et le statut, dans le Dialogue, des références à la culture gréco-romaine. Dans l'Apologie, paganisme et christianisme présentent denombreuses affinités (théorie du Logos, Platon, Socrate, analogies avec lamythologie, etc.). Celles-ci demeurent absentes ou peu développées dans leDialogue.

Le prologue semble toutefois écrit pour des gens qui connaissent Platon, etl'Apologie pour un public qui adhère à sa pensée103 . De la culture païenne,Justin ne montrerait, dans le Dialogue, que les aspects négatifs104 ,caractéristique rendant peu vraisemblable l'hypothèse de destinataires païens,et plus satisfaisante celle de chrétiens. Dans l'Apologie, au contraire, seul

100 E. R. GOODENOUGH, op. cit., p. 100.101 Th. STYLIANOPOULOS, op. cit., p. 190.102 Sur cette question, voir en dernier lieu O. SKARSAUNE, art. cit. ; B. POUDERON,« La conversion chez les Apologistes grecs. Convention littéraire et expérience vécue », in : Dela conversion, Centre d'Études des Religions du Livre [coll. « Patrimoines. Religions du Livre »],Paris, Cerf, 1998, p. 143-167.103 « This proem to the Dialogue with Trypho is therefore the work of one who retains anaccurate recollection of Plato's teaching, and who writes for those to whom Plato's workswere known. In his Apologies, therefore, we should expect to find more than a vein ofPlatonism, and to be addressed as though we were adherents of that school in which theauthor had learned what he knew of the pagan world. », M. J. EDWARDS, « On the Platonicschooling of Justin Martyr », JThS 42 (1991), p. 21. Le Stoïcisme a également influencé lapensée de Justin : cf. G. BARDY, « St. Justin et la philosophie stoïcienne », RecSR 13 (1923),p. 491-510 & 14 (1924), p. 33-45.104 Th. STYLIANOPOULOS, op. cit., p. 194-195 ; Ch. COSGROVE, art. cit., p. 216-17.

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INTRODUCTION : DESTINATAIRES

Crescens, « pseudo philosophe » (II Apol. 3, 1 ; 11, 2) fait l'objet de critiques.Mais il n'est pas certain que le Platonisme soit déprécié, dans les premierschapitres du Dialogue, au même titre que les autres philosophies105 .

La priorité de Moïse − et plus généralement des prophètes − sur lesphilosophes, semble, pour certains, admise dans le Dialogue, et très discutéedans l'Apologie (I Apol. 44, 8 ; 54, 1-10 ; 59, 1-6 ; 60, 1-11)106 . Le Dialogue nepeut donc s'adresser qu'à des personnes (juifs ou chrétiens) qui partagentcette conviction. Mais d'autres considèrent que les explications données auchapitre 7 du Dialogue sont également inutiles pour les uns et les autres, et nepeuvent être justifiées que par l'hypothèse d'un public païen107 . D'autresencore pensent qu'en montrant, dans l'ensemble de l'œuvre, la supériorité duchristianisme sur le judaïsme, et leur égale ancienneté, Justin peut chercher àconvaincre un auditoire païen (la fonction implicite du Dialogue serait alorssemblable à celle de l'Apologie), aussi bien que chrétien108 . Cette question nepermet donc pas de trancher.

L'argument tiré de la forme dialoguée n'est pas plus convaincant. Faut-il laconsidérer comme une imitation de Platon destinée à des païens109 , oucomme une trace de controverse entre juifs et chrétiens ? Les auteurs juifshellénisés ou chrétiens n'ont-il pas, eux aussi, utilisé cette forme110 ?S'appuyer sur des considérations littéraires revient à confondre milieu culturelet destinataires111 . Et le Dialogue ne comporte-t-il pas aussi des passages écritsen un style liturgique peu éloquent pour un public païen112 ?

L'analyse des éléments de culture païenne contenus dans le Dialogue n'estdonc pas plus décisive que celle des sources scripturaires et de leurutilisation.

105 Voir les notes de ces premiers chapitres.106 Ch. COSGROVE, art. cit., p. 216.107 Voir ci-dessus, p. 144.108 Cf. T. R. GLOVER, « The Conflict of Christian and Jew », in : Conflict of Religions in the EarlyRoman Empire, 1909, p. 175 ; J. NILSON, art. cit., p. 544-545 « Thus Justin is doing in theDialogue what he had done already in the First Apology, addressed to Antoninus. He is exhibitingthe antiquity of Christianity by appropriating for it the antiquity of Judaism, which was wellknown to the Romans. ».109 B. R. VOSS, Der Dialog…, p. 38.110 Th. STYLIANOPOULOS, op. cit., pp. 15-16 ; 192.111 Th. STYLIANOPOULOS, op. cit., p. 16.112 Voir ci-dessus, p. 139-140.

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INTRODUCTION : DESTINATAIRES

VI – THEMES

Les questions abordées dans le Dialogue sont nombreuses et variées. Sansprétendre à être exhaustive, la liste qui suit donnera une idée de cettediversité :

Loi et Salut (circoncision et autres prescriptions, préceptes éternels ;baptême) ; thèmes philosophiques (connaissance de Dieu, destinée de l'âme,quête du bonheur) ; apologétiques (calomnies et rumeurs antichrétiennes) ;polémiques (péchés d'Israël, destruction de Jérusalem, descendanced'Abraham, prosélytes, reproches adressés aux juifs, persécutions, verusIsraël) ; messianiques (Messie souffrant, glorieux, messianité de Jésus,parousie) ; christologiques (génération du Verbe, préexistence, Incarnation,naissance virginale, baptême, malédiction de la Croix, Résurrection) ;théologiques (Dieu créateur, transcendant, omniscient, etc. ; « autre Dieu »,théophanies) ; exégétiques (nature de la prophétie, non contradiction desÉcritures, divergences d'interprétation, mutilations, Septante) ; liturgiques(sacrifices et Eucharistie) ; eschatologiques (Reste, Héritage, Millénaire,jugement universel, résurrection) ; Prophétie et dons de l'Esprit, exorcismes ;judéo-chrétiens, sectes juives et chrétiennes, hérésies, idolothytes ;angélologie ; ogdoade, Diaspora, polygamie ; repentir, doctrine du pardon,appels à la conversion, amour du prochain, prière pour les ennemis, librearbitre etc113 . Liste qui résiste à tout classement, car les thèmes sontinterdépendants, et souvent récurrents.

On a parfois tenté de mieux cerner les intentions de Justin en s'appuyantsur cet aspect de l'œuvre. Mais aucune des études ne prend en comptel'ensemble des questions traitées dans le Dialogue. Les conclusions sont donctoujours partielles. Par ailleurs, une telle démarche ne peut aboutir que sicertains problèmes sont, au préalable, évoqués, sinon résolus : existe-t-il,dans le Dialogue, une hiérarchie déterminant thèmes principaux etsecondaires ; quelle place chacun de ces thèmes occupe-t-il dans l'économiegénérale de l'œuvre (problème du plan)114 ? quelle fonction exerce-t-il dansson contexte immédiat et plus large ? de quelle manière est-il abordé etformulé ? selon quels présupposés ? pour les thèmes communs au Dialogue età l'Apologie, existe-t-il, dans leur présentation, des différences significativesentre les deux œuvres ?

113 Pour le détail des références, voir l'Index analytique.114 Voir ci-dessus, en particulier les p. 36-37.

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L'analyse des arguments mis en avant, à ce sujet, par les différentscommentateurs n'est pas plus concluante que pour d'autres aspects del'œuvre115 . Si certains publics sont, parfois, plus vraisemblables que d'autres,aucun d'entre eux ne saurait être jamais exclu : le rapport entre Loi et Salutconcerne les païens susceptibles de se convertir autant que les juifs eux-mêmes, les chrétiens, les judéo-chrétiens ou les gnostiques116 ; les différentescomposantes des thèmes messianiques, christologiques, ou théologiquespeuvent s'adresser, elles aussi, à divers publics, etc. On chercherait en vaindans le traitement de chacun de ces thèmes des raisons convaincantesd'exclure l'un de ces publics potentiels. Si telle avait été l'intention de Justin,n'aurait-il pas fait en sorte que toute ambiguïté soit définitivement écartée ?

La comparaison entre le Dialogue et l'Apologie offre toutefois quelqueséléments d'appréciation. Certains thèmes apologétiques en rapport avec laculture païenne apparaissent dans l'Apologie − en y jouant parfois un rôleessentiel − alors qu'ils sont absents du Dialogue : respect chrétien de l'autoritéromaine (I Apol. 12, 1 ; 17, 1 s.) ; réponse à l'accusation d'athéisme (I Apol.13, 1) ; similitudes des enseignements chrétiens avec ceux des philosophes, etcertains aspects de la mythologie (I Apol. 5, 3 ; 21, 1 s. ; 59-60) ; et surtout leLogos spermatikos (II Apol. 8, 3 ; 13, 3 etc.). A l'inverse, les thèmes de la Loimosaïque et de son lien avec le Salut, du véritable Israël, de l'Héritage et deson rapport avec l'appartenance à la descendance d'Abraham, ainsi quecertains aspects du débat christologique (circoncision et baptême de Jésus,fin de l'activité prophétique, malédiction de la Croix, serpent d'airain), sontessentiels dans le Dialogue, et totalement absents de l'Apologie.

115 Discussion de détail, et arguments contradictoires in : Th. STYLIANOPOULOS, op. cit.,pp. 17 ; 32 ; 39 ; 41 ; 44 ; 179 ; Ch. COSGROVE, art. cit., pp. 214-215 ; 217-220 ; 223 ;Ph. SIGAL, art. cit., p. 76-77 ; J. NILSON, art. cit., p. 545 ; R. S. MACLENNAN, art. cit., p. 73 etc.116 Outre les passages explicitement consacrés aux hérésies chrétiennes (chap. 35 ; 80 ; 82),plusieurs notations du Dialogue, peuvent être lues comme s'adressant indirectement auxgnostiques : thème de l' « autre Dieu » (11, 1* ; chap. 56) ; périodisation de la Loi (23, 1*) ;attributs divins (23, 2*) ; l'auteur de l'univers désigné comme « Dieu et Père » (7, 3*)permanence de la justice et de la providence divines (16, 3* ; 30, 1*) ; non contradiction desÉcritures (65, 2*) ; « voie droite » (8, 2*) ; réalité de l'Incarnation et de la Passion (84, 2* ; 99,2*) ; libre arbitre (88, 5*). Mais leur présence dans le contexte où elles apparaissent (débatjudéo-chrétien) est toujours parfaitement justifiée et il n'est pas nécessaire, pour l'expliquer,d'invoquer l'insertion artificielle d'éléments empruntés au Syntagme perdu (thèse deP. Prigent). Comme le fait remarquer Th. STYLIANOPOULOS (op. cit., p. 28), l'étendue du publicvisé par chaque passage du Dialogue est difficile à déterminer.

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Certaines différences de traitement paraissent tout aussi significatives :ancienneté des prophètes dans le Dialogue (7, 1), et théorie des emprunts dansl'Apologie (I, 59, 1 s.) ; rumeurs antichrétiennes longuement démenties dansl'Apologie (I, 2, 3 ; I, 3, 1 ; I, 4, 2 ; I, 7, 1 etc.) et rapidement écartées dans leDialogue (10, 1-2) ; éléments de christologie parfois rapprochés de certainesfables mythologiques dans l'Apologie (I, 21, 1 s.), et soigneusement dissociésd'elles dans le Dialogue (chap. 67 ; 69-70) ; Eucharistie longuement décritedans l'Apologie (I, 66-67) et mentionnée comme une réalité connue dans leDialogue (41, 1-3 ; 70, 3-4 ; chap. 117) ; question du Royaume futur abordéedans sa dimension messianique avec Tryphon, et politique pour l'empereurde Rome (I Apol. 11) ; utilisation polémique de la destruction de Jérusalemdans le Dialogue (16, 2 ; chap. 40 et 46), et historique pour l'Apologie (enparticulier I, 32, 6 ; I, 34, 2 ; I, 39, 3 ; chap. 47) ; prophéties messianiquesabondamment commentées et discutées dans le Dialogue, et simplementregroupées dans l'Apologie (chap. 31 s.) ; entrée du Messie à Jérusalemdifféremment commentée dans les deux œuvres (Dial. 53, 4*) ; présentationplus négative de la philosophie dans le Dialogue (chap. 1-9) que dans l'Apologie.

Ce sont donc toujours les préoccupations communes aux juifs et auxchrétiens qui prédominent dans le contenu thématique du Dialogue, tandis quece qui unit ou oppose paganisme et christianisme y demeure accessoire.Caractéristiques inversées pour l'Apologie. Si d'autres publics sont toujourspotentiellement concernés par telle ou telle question dans le Dialogue, juifs etchrétiens le sont toujours au premier chef. La thèse d'un public païenprioritaire résiste mal à cette réalité.

L'importance de certains thèmes, pourtant fondamentaux pour la questiondes destinataires − et absents de l'Apologie − a été souvent négligée : c'est auxjuifs que s'adressent, dans le Dialogue, les incessants appels à la conversion quien constituent comme le fil directeur117 , et c'est par l'une de ces

117 C'est Th. STYLIANOPOULOS (op. cit., pp. 39 ; 41-44) qui le premier a mis en évidencel'importance du thème du Reste eschatologique dans le Dialogue, et ses conséquences pour laquestion des destinataires. Il formule ainsi ses conclusions : « Nevertheless, his conviction ofknowing the divine truth as well as his distinct sense of obligation to proclaim it to othersprior to the coming judgment, make him not without self-awareness something of a specialadvocate of God before all men in the end-time, especially the Jews. Indeed, the Dialogue mayhave been written by Justin precisely for this purpose, i. e., as an expression of his convictionabout the eschatological remnant and his desire to do his part, prior to God's impending

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exhortations que se conclut l'entretien (142, 3) ; la menace du jugement et laperspective eschatologique, offrent, de l'aveu même de Justin, la motivationessentielle de l'ajpovdeixi" développée au cours de l'entretien (38, 2*) ;l'appartenance au véritable Israël de ceux des juifs qui se seront convertis estle sujet principal des derniers chapitres ; la réflexion sur la Loi est émailléed'arguments (destruction de Jérusalem avec ses conséquences ; justificationdes prescriptions par l'infidélité d'Israël) qui s'adressent d'abord à desinterlocuteurs juifs ; enfin, la réflexion sur l'identité et la nature du Messie,qui occupe toute la partie centrale de l'entretien, avec ses motifs annexes(interruption de l'activité prophétique, baptême du Christ, malédiction de laCroix) est tout entière développée en réponse à des objections juives118 . Si letexte des manuscrits doit bien être essentiellement conservé pour les toutderniers mots, et non corrigé comme le proposent Maran et sessuccesseurs119 , l'enjeu principal du débat est la question de savoir si le Messieauquel il faut croire (et donc les préceptes qu'il faut respecter) est celui desjuifs ou celui des chrétiens.

Pour la question des destinataires comme pour d'autres, n'est-il paspréférable, d'ailleurs, d'écouter ce que nous dit l'auteur du Dialogue − et dontil donne des preuves −, plutôt que de lui prêter de subtils desseins que riende décisif ne vient confirmer ? Au début de leur entretien, Justin et Tryphonen définissent ensemble les enjeux. Le parallélisme des remarquespréliminaires ne laisse là-dessus aucun doute120 . Les préoccupations qu'ilsexpriment alors couvrent effectivement tout le champ des questions quiseront ensuite abordées.

Certaines coïncidences lexicales entre les premiers chapitres et la conclusiondoivent par ailleurs être lues comme révélatrices du projet qui préside à larédaction du Dialogue :

8, 2. C’est donc de cette manière et à cause de cela que je suis, pourma part, philosophe. Et je voudrais que tous, épousant les mêmesaspirations que moi, ne se tiennent pas éloignés des paroles duSauveur. Car elles ont, en elles-mêmes, un certain pouvoir de

judgment, for the rescue of the remnant of the Jews according to God's will. » (p. 44). Sur lesentiment de responsabilité de Justin, voir Dial. 125, 2*.118 Voir ci-dessus, p. 32-36.119 Dial. 142, 3 (apparat critique et note 6 de la traduction : t. II, p. 915).120 Voir ci-dessus, p. 34-35.

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susciter la crainte, et suffisent à confondre ceux qui se détournent dela voie droite (th'" ojrqh'" oJdou'), tandis que le plus doux repos (ajnavpausiv"te hJdivsth) s’offre à ceux qui s'y attachent.

Si donc tu as, toi aussi, quelque souci de toi-même, si tu prétends auSalut (swthriva") et si tu as foi (pevpoiqa") en Dieu, il est pour toipossible − puisqu’à l'affaire tu n’es pas étranger − en ayant reconnu(ejpignovnti soi;) le Christ de Dieu (to;n Cristo;n tou' qeou'), et une foisachevée ton initiation, d’accéder au bonheur (eujdaimonei'n).

[…]

142. 3. Il n'est pas de meilleure prière que je puisse faire pour vous,mes amis, que de vous voir reconnaître (ejpignovnte") que c'est par cettevoie-là (dia; tauvth" th'" oJdou') qu'à tout homme est donné de trouver lebonheur (<eujdaimo>nei'n), et croire (pisteuvshte) sans réserve, vous aussicomme nous, que c'est à nous qu’appartient le Christ de Dieu (to;nCristo;n tou' qeou').

C'est dans le passage du concept philosophique de bonheur (eujdaimonei'n) àl'idée religieuse du Salut (swthriva), ou du repos (ajnavpausi"), qu'il fautchercher le lien qui unit le prologue et le reste du Dialogue. Comme lesouligne leur double présence à des endroits stratégiques de l'œuvre, cesnotions peuvent être considérées comme équivalentes. Elles expriment unemême aspiration envisagée du point de vue de la sagesse païenne et de la foijuive ou chrétienne. Tryphon et Justin partagent une semblable estime pourla « philosophie »121 , une même reconnaissance de l'autorité des Écritures, etune égale aspiration au bonheur (ou au Salut). C'est sur la voie à suivre queleurs avis divergent.

VII – BILAN

Quelques acquis méritent d'être rapprochés :

121 Justin : « Voilà pourquoi je suis philosophe » (8, 2) ; Tryphon : « J'ai appris à Argos, dit-il,de Corinthos le Socratique, que l'on doit se garder d'afficher du mépris ou de l'indifférencepour ceux qui portent cet habit ; mais qu'il faut au contraire, en toute occasion, leur témoignerde la bienveillance, et rechercher leur fréquentation : car il se pourrait bien que quelquebénéfice résulte de ce commerce, pour eux ou pour soi-même » (1, 2).

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1) Le type d'exégèse pratiqué dans ce qui demeure la plus grande partie del'œuvre prouve que celle-ci s'adresse en priorité à un public familiarisé avecles Écritures et leurs méthodes implicites d'approche. Mais les premierschapitres supposent également, chez les destinataires, une certaineconnaissance de la sagesse grecque ;

2) Parmi les questions abordées dans le Dialogue, celles qui correspondent àdes préoccupations communes aux juifs et aux chrétiens prédominentincontestablement ; mais certaines caractéristiques structurelles etterminologiques montrent que la perspective philosophique n'est jamaistotalement écartée122 ;

3 Avec leurs réponses respectives, ces questions pourraient aussi biens'adresser à un public païen attiré par l'une ou l'autre des deux religions. Maisla manière dont elles sont posées au cours de l'entretien entre Justin etTryphon, les références qu'elles mettent en œuvre, et leur méthode derésolution, rendent peu vraisemblable la thèse d'un public païen prioritaire ;

4) Les indications que Justin lui-même donne sur son projet et sesmotivations ne sauraient être négligées : elles présentent le Dialogue commeun authentique débat entre juifs et chrétiens, dans la perspective d'uneseconde parousie imminente.

Les théories qui privilégient un auditoire païen ne tiennent pas compte detoutes ces données, et accordent une trop grande importance aux premierschapitres du Dialogue. Tout se passe comme si l'on s'était peu à peu habitué àconsidérer l'ensemble des chapitres qui succèdent à cette introduction − c'est-à-dire, il faut le rappeler, la plus grande partie de l'œuvre − comme unappendice constitué d'interminables citations et d'incessantes digressions. Ilest significatif, à cet égard, que deux études suivies seulement figurent dans labibliographie pour les chapitres 9-142123 , alors que celles-ci sont fortnombreuses pour le prologue. Le Dialogue, comme la pensée de Justin, ont étéquelque peu réduits à ce qui était familier à leurs commentateurs. L'un etl'autre ne peuvent être appréciés pourtant que si l'on prend en compte lesdifférentes composantes qui en font la richesse et la complexité.

122 Cela est vrai pour l'ensemble de l'œuvre comme pour certains détails : ainsi latranscendance divine est-elle affirmée, en Dial. 127, 2*, avec une terminologie platonicienne.123 Th. STYLIANOPOULOS, op. cit (= chap. 10-30 ; 40-47 ; 67 ; 92-93 ; 95) ; G. OTRANTO,Exegesi (= chap. 63-84).

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Si les questions de controverse prédominent dans le Dialogue, cela nesignifie pas pour autant que Justin ait uniquement en vue un public juif et(ou) chrétien. Les références à la culture païenne (et à la Gnose) prouvent lecontraire. Plusieurs indices concordants montrent par ailleurs que l'auteur duDialogue n'oublie pas la perspective « philosophique », et à travers elle ceuxqui en sont nourris : l'essentiel de l'œuvre est consacré à des questions dechristologie, mais c'est un même désir de connaître Dieu qui s'exprime dansle prologue et dans tout ce qui suit ; Tryphon et Justin se définissent d'abordpar leur foi respective, mais ils professent un même respect pour laphilosophie conçue comme quête de la Vérité et de la Paix ; le lieu de leurentretien, enfin, n'est probablement pas fortuit (surtout si cet entretien estfictif) : ce n'est ni une synagogue, ni une assemblée de chrétiens, ni mêmeune école, mais un cadre représentatif de la culture païenne (Xyste), et d'unpublic progressivement élargi (théâtre). Historiquement et intellectuellement,la controverse judéo-chrétienne s'inscrit dans l'univers où vivaient sesprotagonistes. Elle est à elle-même sa propre justification (question du Salut),mais elle correspond aussi à une quête commune à tous les hommes (Vérité,Bonheur). L'appréciation la plus exacte de la finalité du Dialogue est sansaucun doute celle qui n'occulte aucun de ses aspects, et respecte leurhiérarchie124 .

124 Est-il vraisemblable, au demeurant, que le message contenu dans le Dialogue ne s'adressepas d'abord à ceux que représente Tryphon ? L'Apologie est structurée selon la triade « nous »= les chrétiens, « vous » = les autorités romaines, « eux » = les juifs, les gnostiques (voir parexemple I Apol. 26 ; 31, 1-5 ; 32, 2-3 etc.) ; dans le Dialogue « nous » désigne toujours leschrétiens, « eux » les gnostiques (chap. 35 ; 80 etc.), les Romains (16, 4), ou les prosélytes(chap. 122-123), « vous » les juifs. Il n'y a aucune raison véritablement fondée de mettre endoute pour l'une de ces deux œuvres ce qui est admis pour l'autre. Les choses sont toutefoisun peu plus complexes dans le Dialogue : quel rôle y jouent exactement les compagnons deTryphon et les spectateurs assis dans le théâtre ? S'agit-il d'un même groupe ? Trop souventmises en avant par les commentateurs, ces figures n'ont-elles pas à dessein été maintenuesdans un arrière-plan indéterminé qui préserve toutes les virtualités ? N'y a-t-il pas une curieuseanalogie entre l'identité complexe des deux interlocuteurs, et la pluralité mal définie de ceuxqui les écoutent ? Si Justin avait voulu s'adresser aux seuls juifs de tradition rabbinique ou auxseuls païens, aurait-il fait le choix d'un interlocuteur attaché à la Loi mosaïque et néanmoinsnourri par la philosophie ? Et si les juifs − de toute tendance − avaient été le seul public visé,Tryphon n'aurait-il pas suffi à les représenter ? Par leur indétermination même, les auditeursde l'entretien semblent être une projection des courants de pensée dont les deux protagonistesprincipaux sont eux-mêmes la synthèse.

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Sur la question des destinataires de l'œuvre, ceux qui se montrent le plusattentifs aux intentions affichées par son auteur, et le moins exclusifs dansleurs conclusions, sont vraisemblablement les plus proches de la vérité.

VIII – QUELQUES REPONSES

Les réponses apportées à la question des destinataires du Dialogue sont eneffet nombreuses et plus ou moins nuancées. Les citations qui suiventcorrespondent généralement aux conclusions de leurs auteurs. Ellesdonneront une idée de cette variété :

Der Dialog ist deshalb nicht bloß eine Apologie, es ist auch zugleicheine Introduction in das richtige Verständnis der Schriften des AltenTestaments. Und gewiß wird derselbe vornehmlich für christlicheLehrer berechnet sein, und sir vor der Ansteckung der Irrthums zubewahren. (K. L. Grube, loc. cit.125 )

Die …Absicht des Schriftstellers war es, den Juden Tryphon voneinem Kreis angehender Proselyten umgeben darzustellen. (Th. Zahn,art. cit., p. 60).

Der Dialog ist eine freie Schöpfung, mehr als man bis jetztangenommen hatte, verfasst nicht bloss um der juden Willen,sondern, wie schon die Widmung an M. Pompeius, wie besonders diephilosophische Einleitung bezeugt, für Christen und Heiden.(K. Hubik, op. cit., p. 206-207 : cité par Th. Stylianopoulos, n. 60,p. 33).

Übrigens sei bemerkt, dass Justin sein Buch nicht nur für dieChristen und Juden, sondern auch für empfängliche Heidengeschrieben hat, für die das Meiste, was in ihm steht, inapologetischem Interesse fast ebenso wichtig war, wie für die Juden.(A. Harnack, op. cit., n. 2, p. 51).

It would, however, be presumptuous in an article of this size toattempt to solve the riddle of the Dialogue's aim, but he truth may liein a compromise between those who see it wholly subservient to thegeneral apology of the Church and the others who class it asexclusively belonging to anti-judaica. (H. P. Schneider, art cit., p. 165).

125 Les références indiquées entre parenthèses renvoient à la bibliographie donnée ci-dessus,n. 1 p. 129.

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The Dialogue was intended for Gentile Christian readers, perhapsalso for hellenized liberalizing Jews. (H. Chadwick, loc. cit.).

Für jüdische Leser ist diese Schrift gar nicht gedacht […]. DerUnterschied zwischen Apol.-App. und Dial. besteht nicht darin, dasssicht die eine Schrift an das griechisch-römische Publikum und dieandere an das jüdische wendet, sondern darin, dass Apol.-App. ein andie römischen Behörden gerichtetes offizielles Schreiben sein will[…], während Dial. für den Teil der griechisch-römischenÖffentlichkeit gedacht ist, welcher sich lebhaft mit Fragen über dasJudentum samt Philosophie und Religion beschäftigt. Mit der hiergeäusserten Auffassung vom Leserkreis des Dial. hat man auch vonder Annahme Abstand genommen, dass Dial. sowohl jüdische alsgriechisch-römische Leser gehabt haben soll. Eine solche Annahmeist änhlich wie die früher erwähnte Appendixtheorie Ausdruck einesKompromisses. (N. Hyldahl, op. cit., p. 19).

The Dialogue was not destined exclusively for Jewish readers, as hassometimes been contended. After showing that the truth is not foundin Greek philosophy but in the Scriptures (c. 1-9), the question mustbe put, which interpretation of the Holy Books is the correct one, theJewish or the Christian. This question, of course, does not concernthe Jews, but also the non-Jews. (van Winden, loc. cit.).

Mit der Frage nach der äusseren Form seinerTraditionsbezogenheit, hängt die nach seinem Adressatenzusammen… Bei Justin steht diese Form in einer Überlieferung, dieweder jüdisch ist noch christlich, sondern heidnisch-griechisch. Alsodürfte die Schrift in erster Linie nicht an die juden und auch nicht sosehr an die Christen gerichtet sein, sondern an die gebilden Heiden.(B. R. Voss, art. cit., p. 38 ; cité par Th. Stylianopoulos, n. 63, p. 191).

He wrote the Apology to defend Christianity against Greekphilosophy, but he introduced into his work many strictures againstJudaism. One work of a specifically anti-jewish nature was hisDialogue with Trypho, written toward the latter half of the secondcentury. (B.-Z. Bokser, loc. cit.).

The final conclusion is this : the Dialogue is not addressed to pagans.Neither direct nor indirect evidence shows that Justin'sargumentation on the Mosaic Law, as well as the other themes of theDialogue, should be read as formulated for pagan readers. On thecontrary, between the Dialogue and the Apology, there are differences

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which decisively favor Christians and Jews, rather than pagans as thereaders of the Dialogue. The hypothesis of pagans as addresses of theDialogue must be rejected. (Th. Stylianopoulos, op. cit., p. 195).

The hypothesis which this essay seeks to support is this : Justin'sDialogue with Trypho is addressed primarily to a non-Christian Gentileaudience at Rome which is very favorably disposed towards Judaismand Christianity, yet is unable to adequately distinguish the one fromthe other […] It might be noted, incidentally, that chapters 1-9preclude the possibility that the Dialogue is addressed to JudaizingChristians or to Christians tempted to convert to Judaism. (J. Nilson,art. cit., pp. 539, 540).

The Apology and its supplement Apology II, were written for pagansonly, the Dialogue for the multifarious Jews of the time, for Christians,and only incidentally for pagans, for those pagans who were attractedto both Judaism and Christianity, and needed assurance on salvationif they adopted elements of both. (Ph. Sigal, art. cit., p. 78-79).

Il Dialogo, nelle intenzioni di Giustino, doveva essere un'opera dipenetrazione e propaganda cristiana destinata da una parte agliambienti giudaici, in mezzo ai quali l'esegeta voleva far rivivere undibattito che, solo se verosimile, poteva avere maggiore presa sullecoscienze, e in questa prospettiva si colloca, come abbiamo visto,anche la caratterizzazione di Trifone ; dall'altra soprattutto agliambienti cristiani cui Giustino voleva probabilmente fornire glistrumenti idonei a sostenere la polemica contro giudei, pagani egnostici. (G. Otranto, op. cit., p. 163-164).

It would appear, then, that the Christian destination is the mostlikely option just because it is the least problematic. (C. H. Cosgrove,art. cit., p. 218).

The setting of Paul's missionary activity in Acts roughlycorresponds to the setting of Justin's Dialogue with Trypho. In Acts,the setting of Paul's missionary preaching and teaching is the dialogue,the debate with the Jews in the synagogues (Acts 13, 5.15 ; 14, 1 ; 17,4.12.17 ; 18, 4). These dialogues are not only aimed at the Jews, butalso at an interested audience of God-fearing Gentiles present in theSynagogues (Acts. 13, 16.26.43 ; 14, 1 etc.). (O. Skarsaune, The Prooffrom Prophecy, 1987, p. 257).

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As I have argued, Justin may have written at least parts of the Dialoguewith a side-glance to inner-Christian controversies. The openingchapters may also indicate that Justin had a wider audience in mindthan God-fearers in the strict sense. Perhaps he wanted to extend hisaudience to include Platonists and others sympathetical towardsmonotheism on purely philosophical grounds. (ibid., n. 10, p. 259).

Seine Apologien wollen mit ihrer kaiserlichen Adresse einengrösseren Kreis interessierter Heiden erreichen. Der Dialog mitTryphon dürfte in erster Linie an gebildete Heiden gerichtet sein, diesich vom Judentum angezogen fühlten. (U. Nehmeyr, op. cit., p. 25).

Clearly the Dialogue is an apologetic essay written to Christians tohelp them appreciate their own tradition in the context ofmultireligious, multiethnic and cosmopolitan cities […]. Yet theprecise audience is still difficult to establish. What kind of Jew was hereferring to ? Was he concerned about Jews and Judaism in general ora particular kind of Judaim ? A careful reading of the Dialogue revealsthat Justin spoke to an eclectic form of Judaism and was simplyopening the doors for further discourse with ‘Jews’ and ‘Judaism’.[…] The audience was any interested seeker ; To whom did Justinintend his Dialogue ? Was it for the Christian community : an essay forboth Gentile and Jewish Christians ? Was it written for those whoneeded to learn the difference between Judaism (as Justin understoodit) and Christianity ? Was it intended to be anti-Jewish ? The answer isthat it is not an adversus Judaeos or anti-Jewish essay as much as it iswritten to anyone, pagans or Jews, who were favorably disposed toChristianity and Judaism. (R. S. Maclennan, art. cit., pp. 84-85 ; 87).

Le but du débat sera d'établir que la sagesse chrétienne, sur lesquestions traitées dans les milieux philosophiques, ne se révèle en rieninférieure aux autres sagesses. On peut déduire de là que la suite duDialogue a probablement dévié de sont objectif premier et que Justin,prévenu par la mort, n'a pu donner aux matériaux rassemblés par luila forme projetée. (E. Robillard, Justin. L'itinéraire philosophique, 1989,p. 23).

M. Simon invece pensa che il conflitto tra cristiani ed ebrei continuòanche nel II secolo e dopo, e che la letteratura polemica s'inquadra inquesto contesto. Questa seconda ipotesi appare più

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plausibile, anche se essa non significa che il messaggio di tali operenon fosse orientado anche ai pagani, nonché agli stessi cristiani,soprattutto a quelli che potevano essere attirati dal giudaismo.(E. Norelli, loc. cit.).

The traditional view that the Jews are such a primary audience cannotbe ruled out […] A pagan readership, however, cannot be ruled outeither. […] It is for such a group of Gentiles leaning towards Judaism tharthe treatise is primarily intended… (M. Marcovich, Justinis MartyrisDialogus cum Tryphone, 1997, p. 64).

Although conclusive demonstration is impossible, it emerges thatthe case for a principally Christian readership is the most acceptable,or at any rate the least difficult to sustain. The arguments in supportof the other possibilities come up against serious objections. […] It isperhaps not wholly far-fetched to suggest that the Dialogue with Trypho,though presented as an apologetic dialogue, is less a discussion than aChristian pesher on Isaiah and the other prophets. (T. Rajak, loc. cit.,p. 79-80).

IX – CONCLUSION

Il est juste qu'un texte demeure − ou redevienne − l'ultime référence de ceuxqui le commentent, et pour leurs théories le critère essentiel d'appréciation.Dans le cas du Dialogue, œuvre complexe et multiforme, les interprétations lesplus dignes de foi sont aussi les plus nuancées, et les plus respectueuses desintentions explicites de son auteur.

Le substrat culturel de cette œuvre, l'éventail des questions qui y sontabordées, et l'analyse de certains passages qui peuvent être considérés commesignificatifs conduisent aux mêmes conclusions : le public auquel elles'adresse prioritairement est bien celui que Justin désigne à traversl'interlocuteur qu'il s'est choisi, la formulation de toutes ses remarques, et lesmotivations qu'il affiche constamment126 . Mais une même polyvalence

126 E. R. GOODENOUGH (op. cit., p. 99), mettait en avant la véhémence dont Justin fait parfoispreuve à l'égard des juifs pour exclure que le Dialogue puisse leur être destiné. Même remarquechez Ch. COSGROVE (art. cit., p. 218) et N. HYLDAHL (op. cit., p. 20). Cet argument ne peut êtreretenu, car, comme le fait remarquer Th. STYLIANOPOULOS (op. cit., p. 34), la fermeté de Justins'explique par sa conviction d'avoir trouvé la Vérité, et l'urgence qu'il prête à sa mission. Il estvrai que Justin n'entend ménager personne, et l'on peut imaginer, si l'on accorde crédit à ses

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INTRODUCTION : DESTINATAIRES

caractérise les protagonistes de l'entretien, leurs préoccupations explicites, laterminologie utilisée, et la teneur des arguments. Cette caractéristique peuts'expliquer par l'utilisation de sources plus anciennes et diverses. Mais dansune œuvre aussi rigoureusement structurée127 et soigneusement écrite que leDialogue128 , elle ne peut être qu'intentionnelle. Si Justin avait voulu dissipertoute ambiguïté, il l'aurait fait avec autant de clarté que pour l'Apologie.

Le dialogue de Justin avec Tryphon est avant tout celui d'un juif et d'unchrétien. Mais il vise à l'universalité. L'activité missionnaire de Justin auprèsdes juifs s'inscrit, ainsi qu'il le dit lui-même129 , dans la perspective plus large

propres affirmations, qu'il était capable d'un égal franc-parler à l'égard de tous les publics :« Et cela, ajoutai-je, comme je ne me soucie de rien d'autre que de dire la vérité, je l'affirmerais,sans redouter personne, quand même je devrais, sur le champ, être par vous mis en pièces.Car je n'ai pas non plus eu souci de quiconque de ma race − c'est-à-dire des Samaritains −lorsque je m'adressai par écrit à César, pour lui dire qu'ils étaient trompés en croyant à Simon,mage en leur race, qu'ils affirment être Dieu, au-dessus de toute Principauté, de toute Autorité et detoute Puissance » (Dial. 120, 6). EUSEBE (Hist. eccl., IV, 18, 6) présente l'entretien avec Tryphoncomme un diavlogon pro;" jIoudaivou", expression diversement traduite (cf. Ph. SIGAL, art. cit.,n. 11, p. 96) selon le sens accordé à la préposition prov" : Dialogue contre les juifs ? en relationaux juifs ? en réponse aux juifs ? pour les juifs ? Les opinions demeurent, à ce sujet, fortcontradictoires. Ainsi Ben-Zion BOKSER peut-il écrire : « One work of a specifically anti-jewish nature was his Dialogue with Trypho… » (art. cit., p. 98) ; et Ph. SIGAL : « The Dialogue is afar cry from an ‘anti-Jewish’ book despite its few angry moments, most of them expressed inphrases Justin could have imitated from the Prophets of Israel, who were also ‘angry’ men,but would not be considered ‘anti-Jewish’. The Dialogue is far more amicable than laterapologetic literature. » (art. cit., p. 79). La courtoisie des relations qui s'établissent entre Justinet Tryphon, et le rappel fréquent de la fraternité qui unit juifs et chrétiens (Dial. 47, 2* ; 58, 3 ;96, 2 ; 134, 6* ; 137, 1) rendent peu acceptable la première interprétation. L'originalité duDialogue a parfois déconcerté les commentateurs : la dimension polémique, essentielle ailleurs,est mise ici au service d'intentions conciliatrices (Th. STYLIANOPOULOS, op. cit., p. 35). Si leDialogue est effectivement une œuvre de controverse, il serait peut-être plus conforme auxintentions de Justin de dire qu'il est écrit pour les juifs contre leurs didascales.127 Voir ci-dessus, p. 17-40.128 Voir les notes de la traduction s'appuyant sur une analyse stylistique.129 Cf. Dial. 64, 2 : « Aussi continuerai-je, en dépit de votre malignité, à répondre pourchacune de vos attaques et de vos objections. Du reste, j'agis de même, absolument, à l'égardde tous ceux, de toute race, qui veulent sur ces questions discuter ou m'interroger ».

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INTRODUCTION : DESTINATAIRES

d'un rassemblement ultime des nations. Sa mise en forme littéraire ne peutaller que dans ce sens. Le Dialogue n'est pas, comme l'Apologie, une œuvre decirconstance. Il se présente comme le bilan d'une expérience, et peut-êtremême d'une vie130 . Le message qu'il contient n'est pas de natureapologétique, mais théologique. Le temps qu'il vise n'est pas uniquement unmoment de l'Histoire, et les questions qu'il pose encore ne sont pasétrangères à sa pérennité.

130 Quel sens accorder à la traversée annoncée dans le dernier chapitre ?

167

INTRODUCTION : PRINCIPES DE L'EDITION

PRINCIPES DE L'EDITION

I – ETABLISSEMENT DU TEXTE

L'absence de tradition manuscrite multiple crée, pour l'établissement du textedu Dialogue, une situation particulière : aux variantes qu'offrent ailleurs dessources manuscrites différentes se sont progressivement substituées ici lesconjectures des éditeurs1 . Dans leur effort pour reconstituer un texteoriginal, ces derniers se sont montrés plus ou moins audacieux selon l'idéequ'ils se faisaient de l'unique manuscrit fiable (= A Parisinus graecus 450) dontnous disposons à ce jour2 . Ainsi les interventions sur le texte sont-elleslimitées à l'indispensable chez Otto et Goodspeed, par exemple, et fortnombreuses chez Thirlby ou Marcovich.

Ces corrections concernent, pour l'essentiel, les citations scripturaires quine sont, chez Justin, ni toujours conformes au texte des LXX, ni toujourscohérentes. On sait aujourd'hui que l'Apologiste a utilisé également d'autresversions grecques des Écritures3 : celle qui fait autorité n'est donc pasl'unique référence permettant d'apprécier la pertinence d'une correction. Iln'est pas certain d'autre part que la leçon la plus authentique soit toujourscelle qui offre la meilleure conformité avec les LXX, car, en pareil cas,l'intervention d'un copiste peut toujours être soupçonnée ; il n'est pasimpossible enfin que Justin cite plusieurs versions d'un même texte4 . Dansles éditions les plus anciennes, la plupart des corrections visent à harmoniser

1 Voir ci-dessus (p. 7-15) la liste des éditions et des traductions du Dialogue.2 Des deux seuls manuscrits conservés, le second (= B) est une copie directe de A : voir ci-dessous, note 17.3 Recueils de Testimonia, autres versions grecques des Écritures. Pour l'Ancien Testament,voir, en particulier, D. BARTHELEMY, « Redécouverte d'un chaînon manquant de l'histoire dela Septante » [à identifier avec le texte cité par S. Justin], RB 60 (1953), p. 18-29 ; ID., Lesdevanciers d'Aquila. Première publication intégrale du texte des fragments du Dodecapropheton trouvés dans ledésert de Juda, précédée d'une étude sur les traductions et recensions grecques de la Bible réalisées au premiersiècle de notre ère, sous l'influence du rabbinat palestinien, VTS 10 (1963), Leyde, Brill, p. 203-212 ;J. S. SMIT SIBINGA, The Old Testament Text of Justin Martyr, I : The Pentateuch : Leyde, Brill, 1963 ;O. SKARSAUNE, The Proof from Prophecy. A Study in Justin Martyr's Proof-text Tradition. Text-type,Provenance, Theological Profile [NT Suppl. 56], Leyde, Brill, 1987.4 Voir ci-dessus, p. 115-116.

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INTRODUCTION : PRINCIPES DE L'EDITION

le texte des citations avec celui des LXX ; les éditions les plus récentesprivilégient le critère de cohérence interne. Il a semblé préférable ici demaintenir toutes les variantes que les commentaires de Justin n'imposaientpas de rectifier.

D'autres conjectures prennent pour référence une certaine normesyntaxique et grammaticale. Mais les écarts et les ruptures de construction nesont pas rares chez Justin. Dans la mesure où il n'en résultait pas un insolubledéfaut de sens, il a paru plus sage de les conserver : l'analyse de détail montreen effet que certaines interventions visant à une plus grande pureté del'expression se font souvent, pour le Dialogue, au détriment du sens. Lacohérence de la pensée devait être préservée au prix de toute autreconsidération. C'est seulement lorsqu'elle convenait mieux au cadre défini parle contexte que telle ou telle correction a été accueillie.

L'étude des structures (chiasmes, parallélismes, balancements, antithèses,etc.) a permis, dans la plupart des cas, d'évaluer la pertinence de cescorrections ; la prise en compte d'un mode de raisonnement original s'estégalement avérée plus fructueuse que la méthode consistant à intervenir aunom d'une logique étrangère à Justin5 . Prudence souvent récompensée pourles passages présentant une réelle difficulté. Le principe de la lectio difficiliors'applique en effet, pour le Dialogue, avec un incontestable succès. Souventmaladroites en apparence, la prose et la pensée de Justin sont en réalité trèsrigoureusement structurées, sur de longues unités parfois. Il faut, pour lescomprendre, en adopter le cours.

Le style de l'Apologiste6 , le tour de sa pensée, la forme de son œuvre7 , et letravail des copistes ont souvent fait l'objet d'une égale dépréciation favorisantune excessive tendance à corriger ce qui n'avait pas toujours besoin de l'être.C'est au contraire en étant respectés que le texte du Dialogue et la démarchede son auteur deviennent accessibles. Leçon d'humilité.

II – TRADUCTION ET PRESENTATION DU TEXTE

Le même parti pris de fidélité s'est appliqué à la traduction, entièrementreprise, y compris pour les citations scripturaires.

5 Liste des principaux problèmes textuels, ci-dessous, p. 174-176.6 Voir l’étude annoncée ci-dessus, note 11, p. 2.7 Voir ci-dessus, p. 17-40.

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INTRODUCTION : PRINCIPES DE L'EDITION

On s'est efforcé, autant que le permettait le passage d'une langue à uneautre, de restituer le détail des structures, les jeux sur le langage, et les effetsde rythme, également porteurs de sens. Le Dialogue est manifestement le fruitd'une minutieuse élaboration inspirée par l'expérience et la méditation8 . Maisla rigueur du style et de la composition ne sont pas, chez Justin, aussiimmédiatement perceptibles que chez d'autres. Il semble que ce phénomènepuisse s'expliquer par la conjonction, dans l'écriture comme dans la pensée,du discursif et de l'analogie, de l'allusion et de l'explicite : signes d'une doubleappartenance culturelle ? Pour la lecture du Dialogue, analyse et intuition9

sont également sollicitées. L'activité exégétique est ainsi présentée comme unexercice intellectuel et spirituel à la fois, qui ne peut être « porteur defruits »10 que si cette double dimension demeure constamment préservée. Latraduction tente de respecter cette caractéristique qui contribue aussi àl'originalité du Dialogue.

Toutes les références scripturaires, explicites ou implicites, même réduites àun seul mot, sont signalées par l'utilisation des italiques. Présentationindispensable, pour le Dialogue : le raisonnement de Justin et sa méthodeexégétique ne peuvent en effet être appréhendés que si l'on prend en comptele mode de construction propre au discours qui les restitue11 .

Certaines erreurs d'interprétation ou de jugement procèdent d'uneméconnaissance de cette composition particulière dont il ne semble pas quela littérature ancienne offre d'autres exemples12 . Dans la présente édition, ces

8 Cf. Voir ci-dessus, pp. 17-40 et 109-128 (passim).9 Justin rappelle sans cesse la nécessaire complémentarité, pour la compréhension desÉcritures, de la disponibilité et du discernement. Par sa nature même, la Parole divine n'estaccessible qu'à une heureuse rencontre de la grâce (cavri") et de la raison (lovgo").10 Cf. Dial. 49, 8*.11 Nécessité signalée par F. M.-M SAGNARD, « Y a-t-il un plan du Dialogue avec Tryphon ? », in :Mélanges J. de Ghellinck 1 [Museum Lessianum, section historique, 13], Gembloux, J. Duculot,1951, p. 173 : « Certes, il faut concéder que le Dialogue avec Tryphon (à l'encontre des Apologies)est un livre décevant, fastidieux même, pour le lecteur non averti. Mais précisément, cet ouvragedemande à être lu (et édité) sur le plan et dans le sens même où il a été écrit. Or, ce qui frappe avanttout dans ce texte, c'est le nombre et la longueur, non des digressions, mais des citations, tiréesdans leur ensemble de l'Ancien Testament. Une édition convenable devrait commencer pas lesdistinguer typographiquement du reste du traité. ».12 Voir ci-dessus (Exégèse), en particulier les p. 121-122.

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INTRODUCTION : PRINCIPES DE L'EDITION

éléments qui figurent effectivement dans le texte invoqué (tel qu'il est citéailleurs par Justin ou tel qu'il se présente dans les sources scripturaires) ontété ainsi mis en relief13 .

La division du Dialogue en chapitres, introduite par Maran, et la subdivisionen paragraphes adoptée par Archambault, ont été également retenues. Ellescontribuent à la disponibilité d'un texte qui demeurait difficilement accessibledans les éditions anciennes.

III – APPARAT CRITIQUE

L'apparat critique a été établi sur consultation directe et intégrale des deuxmanuscrits et des principales éditions du Dialogue (Estienne, Maran = Migne,Otto, Archambault, Goodspeed, Marcovich), celles de Sylburg et Thirlbyayant fait l’objet de sondages visant à contrôler la conformité de ce qu’ellesproposent avec ce qu’en rapportent les éditeurs qui les citent. Moinsimportantes pour l’établissement du texte, les autres éditions, ne sontconnues qu'à travers ceux qui les mentionnent, mais elles sont alors assez

13 Dans les deux manuscrits, les références scripturaires sont signalées par de petites virgules,en marge de chaque ligne ; dans les éditions anciennes (ESTIENNE, MARAN), elles sontsoulignées (à la main) ; MIGNE et ARCHAMBAULT utilisent les guillemets ; OTTO etMARCOVICH les italiques. Dans tous les cas la signalisation est incomplète (ESTIENNE,MARAN, OTTO, ARCHAMBAULT), ou utilisée de façon trop large (MARCOVICH), en sorte quel'on distingue mal les commentaires et ce qui les inspire. Il est apparu nécessaire de la donnerici avec un maximum de précision : Il n’est pas rare en effet que Justin réutilise –explicitement ou implicitement –, en divers endroits du Dialogue, des éléments (ensemble deversets, verset, mots ou expressions) d’un passage scripturaire cité in extenso dans un premiertemps, et en pareil cas, les occurrences les plus chargées de sens ne sont généralement pas lesplus complètes… Pour faciliter les recherches et l’appréhension des échos qui structurent letexte, les notes de la traduction présentée ici renvoient souvent au grec (mot exact) ou à satraduction (note ad loc.) dans différents passages antérieurs ou ultérieurs. Pour les citationslongues, la numérotation des versets a paru aussi indispensable dans le texte grec que dans latraduction, car son absence ou son utilisation restreinte jusqu'à MARCOVICH, rendaient trèsmalaisées, sans l’aide d’une Bible, la localisation des versets ; pour les citations brèves oupartielles, les références sont données dans l’apparat, la lisibilité du texte étant ainsi préservée.Comme il est extrêmement fréquent que Justin donne, pour des citations partielles ouimplicites, un texte un peu différent de celui des LXX, ou composite, il est apparu nécessairede donner alors toutes les références.

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INTRODUCTION : PRINCIPES DE L'EDITION

rigoureusement prises en compte pour que l'ensemble des conjecturesqu'elles proposent puisse être restitué. L’historique de ces conjectures estparfois difficile à établir : il n'est pas rare en effet que certains éditeurss'attribuent − consciemment ou par ignorance ? − des leçons déjà proposéesou adoptées antérieurement14 , et les préfaces n'indiquent pas toujoursclairement les sources utilisées.

Dans la présentation de l'apparat, l'ordre chronologique des éditions a été,autant que possible, respecté. Mais il n'est pas certain qu'il correspondetoujours à celui des emprunts successifs. Ainsi, certaines leçons retenues parTrollope (1846-1847) sont-elles vraisemblablement inspirées de la premièreédition d'Otto (1842), mais la formulation de ce dernier (« mecum fecitTrollope », etc.), n'est pas toujours très claire sur ce point ; de même certainesdivergences entre l'édition de Migne (1857) et celle de Maran peuvent êtred'authentiques corrections de l'éditeur parisien, ou des emprunts tacites àOtto. Pour les éditions qui n'ont pas été directement consultées, lescorrections proposées (prop.) ou adoptées dans le texte (coni.) ont été, autantque possible distinguées. Mais ces données doivent être accueillies avec laprudence qu'impose toute information de seconde main.

14 Dans son introduction, OTTO se plaignait amèrement d'avoir été plagié par MIGNE : « SedMigne …Maranianae praefationi (col. 9-206) multa adnexuit (col. 206-226) ex meisprolegomenis edit. I (a. 1842), notis Maranianis haud paucas ex mea edit. II (a. 1847 ss.), etiamnomine meo interdum suppresso, adiecit ». (Prolegomena, p. XLVI). Mais les informationsdonnées dans l'apparat de MARCOVICH prouvent qu'OTTO ne s'est pas montré beaucoup plusscrupuleux à l'égard de certains de ses prédécesseurs (en particulier SYLBURG et THIRLBY).Reproche explicitement formulé par MARCOVICH dans son introduction : « As a rule, Ottodismissed the scholarship of Thirlby and Maran. Worse still, Otto was in the habit ofattributing to himself the emendations advanced by Sylburg and others. » (p. 7). Un certainmystère plane d'autre part sur l'utilisation de l'édition d'ESTIENNE : une collation complètefaite sur un exemplaire de cette édition a permis de constater que des corrections déjàprésentes chez lui apparaissent, çà et là, attribuées à l'un de ses successeurs, ou sans indicationd'origine. Il semble bien que l'on se soit peu à peu habitué à regarder comme équivalents letexte du Parisinus graecus 450 et celui qui avait la réputation d'en être une copie fidèle (voir parexemple ARCHAMBAULT, p. V), en sorte qu'une consultation exhaustive de ces deux sourcesdevenait inutile. Depuis MARAN, les éditions du Dialogue sont établies en priorité avec le(s)manuscrit(s). ESTIENNE n'y est mentionné que de façon partielle, et la liste des variantes qu'ilréunit aux pages 312-315 de son édition (« Locorum qui aliter quam impressi sunt in aliiscodicibus leguntur, aut legendi videntur, Adnotationes »), bien qu'incomplète, paraît avoir été,dans certains cas, considérée comme suffisante.

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INTRODUCTION : PRINCIPES DE L'EDITION

Toutes les corrections adoptées ou rejetées par la tradition sontmentionnées dans l'apparat, avec le nom de celui auquel elles peuvent êtreattribuées15 . Les références (dans le Dialogue et l'Apologie) qui permettent deles retenir − ou de les écarter − sont également données chaque fois que celaa paru nécessaire. Le lecteur pourra ainsi juger de leur pertinence, et évaluerles choix effectués dans la présente édition. Lorsque le lemme est rappelédans l'apparat sans autre indication, c'est qu'il correspond à la leçon des deuxmanuscrits et de toutes les éditions autres que celles qui sont énuméréesensuite, avec leurs corrections respectives.

Le manuscrit B n'est pris en compte que lorsqu'il permet une meilleurelecture de A. Sa dépendance à l'égard de ce dernier était jusqu'à présentadmise sans avoir jamais été formellement établie car cette convictionreposait toujours sur des hypothèses historiques ou des comparaisonslimitées à quelques chapitres16 . Il était donc aussi arbitraire de rejeter cetteversion en la considérant comme inutile (Archambault, Marcovich), que delui accorder une excessive importance (Otto). Il a paru indispensable deprocéder, sur ce point, à une démonstration qui pourrait s'avérer aussinécessaire pour d'autres textes attribués à Justin qu'elle l'a été pour celui duDialogue17 .

15 MARAN et ARCHAMBAULT ne mentionnent que certaines d'entre elles ; OTTO est pluscomplet, mais souvent inexact ; MARCOVICH accorde la priorité aux leçons qu'il retient.16 G. H. J. P. VOLCKMAR, Theologische Jahrbücher, 1855, pp. 212 ; 430 ; 456 ; 571 ; A. HARNACK,Theologische Literaturzeitung 1876, n. 13, p. 341 ; Die Überlieferung der griechischen Apologeten deszweiten Jahrunderts in der alten Kirche und im Mittelalter [TU I, 1-2], Leipzig 1882 et 1883, p. 88 ;OTTO, Prolegomena (1876), p. XXVI : « Ita sane paucis lectionibus exceptis cum Regio (= lems. A), convenit (= B), eodem ex codice ut uterque descriptus videatur vel alter ab altero. » ;ARCHAMBAULT, p. XVI : « Il nous paraît que l'histoire du ms. de la Bibliothèque nationale ainsique celle du ms. de Cheltenham (= B), éclairées par la comparaison des deux textes, établissentnettement la dépendance du second vis-à-vis du premier, qu'il ne peut plus dès lors s'agir dedeux copies d'un troisième manuscrit, mais que le ms. de Cheltenham n'est lui-même qu'unecopie du ms. parisien. » ; MARCOVICH, Introduction, p. 6 : « Being an apograph of A, madeonly ten years before Stephanus's editio princeps (of 1551), a (= B) is of no value for theestablishment of Justin's text except in a few places where Kokolos corrects obvious scribalerrors of A. ». Pour l’histoire de ce ms. B, voir A. CATALDI-PALAU, « Les vicissitudes de lacollection de manuscrits grecs de Guillaume Pellicier », Scriptorium 40/1 (1986), p. 32-51.17 Cf. Ph. BOBICHON, « Œuvres de Justin Martyr : le manuscrit Loan 36/13 de la BritishLibrary, un apographe du Parisinus graecus 450 », Scriptorium 57/2 (2003).

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INTRODUCTION : PRINCIPES DE L'EDITION

IV – NOTES DE LA TRADUCTION, APPENDICES ET INDICES

Les annotations visent à favoriser l'intelligence du texte, à l'exclusion detoute autre forme de commentaire. Leur contenu se répartit comme suit :remarques stylistiques ou grammaticales ; discussion des conjectures et destraductions ; études lexicales ; renvois à d'autres passages ; liste exhaustivedes références illustrant chaque thème ; liste des passages contribuant àl'exégèse de certains versets ; parallèles avec les sources païennes, juives, ouchrétiennes ; tradition polémique18 ; références à l'histoire et à la civilisationcontemporaines ; indications sur la méthode de Justin (anticipations,transitions, enchaînements, allusions, mode de raisonnement, place etutilisation des sources scripturaires, etc.) ; bilan de certaines unités ;croisements thématiques ; questions de théologie. Pour le détail comme pourcertains ensembles, ces annotations tiennent compte de toutes les donnéesoffertes par les éditions et les traductions consultées, et, sans prétendre àl'exhaustivité, de l'abondante bibliographie suscitée par les écrits de Justin −en particulier le Dialogue − depuis plus d'un siècle. Il a paru souhaitable quedes travaux nombreux mais souvent partiels se trouvent réunis dans l'œuvreque chacun concourt à éclairer.

Quelques questions pour lesquelles une mise au point semblait nécessairesont abordées en Appendice et dans l'Introduction. Les différents Indices, enfin,devraient rendre plus directement accessible un texte dont Harnack déploraitla « monstruosité », en expliquant ainsi le paradoxe d'une exceptionnellerichesse insuffisamment exploitée19 .

18 La référence fréquente à des traités de polémique ultérieurs s’explique par une observationqui mérite examen : il n’est pas rare que ce qui demeure elliptique ou peu clair chez Justin setrouve développé ou explicité chez d’autres auteurs, et ce jusqu’au Moyen âge.19 « Was [dieses Buch] bietet, erscheint in dem ungeheuren Blättenwerk so versteckt, daß manbegreift, daß die Zahl der Arbeiter nicht groß ist welche hier nach den Früchten zu suchenLust und Must haben » : « Judentum und Christentum in Justins Dialog mit Trypho, nebst einerCollation der Pariser Handschrift nr 450 », [TU 39/1], Leipzig 1913, p. 48. L'indexd'ARCHAMBAULT (scripturaire, alphabétique) est très incomplet ; la Biblia Patristica ne prendpas en compte les très nombreuses allusions scripturaires que comporte le Dialogue, alors quecelles-ci sont indispensables pour une bonne appréciation du sens accordé aux textes et auxversets (les citations les plus significatives sont rarement les plus complètes) ; certaineséditions anciennes comportent un index thématique, mais leurs entrées − dont la liste esttoujours limitée − sont inadaptées aux orientations de la recherche moderne.

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INTRODUCTION : PROBLEMES TEXTUELS ET DIFFICULTES DE TRADUCTION

Problèmes textuels et difficultés de traduction1

Dialogue note Dialogue note

1, 1 (tiv mavlista)1, 4 (dedoxavkamen) (wJ" mhde;n ...suntelouvsh") (oiJ plei'stoi...: ajlla; kai;...) 5 (a[deia ga;r kai; ejleuqeriva)2, 1 (timiwvtaton qew'/, w|/...)* 4 (polu; ejpi; th'/ sofiva/ fronou'nti) 6 (h{/rei)*3, 2 (tai'" toiauvtai" diatrivbai") 2 (diavlogo" pro;" ejmauto;n) 2 (filologiva/) 3 (e[rgon) 4 ( \H ou\n filosofiva...) 5 (To; o]n)* 5 (oujc ou{tw" e[cei _)* 5 (e[peita) 6 (maqhvsew" ... h] diatribh'" tino") 6 (aiJ me;n ...aiJ de;) 7 ( jAll! oujk e[stin ojfqalmoi'"...)*4, 1 (o} mh; tavcion)* 1 (aJgivw/ pneuvmati kekosmhmevno")* 1 (ajllav ti o]n)* 1 (ejgginovmenon) 2 (aujtw'/... cwrou'si)*5, 1 (ajgevnnhto") 1 (katav tina" ... Platwnikouv") 2 (kai; oujk ei\naiv poi tavca) 4 ( {Osa gavr ejsti meta; to;n

qeo;n...)* 6 (Ei\ta tau'ta)*

51417181921721678101821242629303512814183481823

6, 1 (mavqoi" d! a]n ejnteu'qen)8, 1 (e[cei)* 2 (oujk ajllotrivw/ tou' pravgmato") 2 (teleivw/ genomevnw/) 4 (i[sw")9, 1 (Eij de; bouvloio...)*10, 4 (eujqevw")11, 2 (gavr)*13, 1 (o} ei{peto)*15, 7 (oiJ lovgoi tou' qeou')*18, 2 (peritevmnesqai)*20, 3 (pa'n lavcanon covrto"...)*23, 1 (aujtw'n)* 3 (dia; Mariva")*24, 1 (a[llo" ...novmo" : jIhs.Cristov")*25, 1 (levgon)*28, 4 (kalh;n)32, 5 (metaqei'nai ...metaqhvsw)35, 5 (to;n qeo;n jAbraa;m...)*37, 3 (ejk Siw;n)*41, 1 (tou' a[rtou th'" eujvcaristiva")42, 3 (pollouv")*43, 1 (dia; th'" ...parqevnou)*44, 2 ( jEa;n Nw'e...)*45, 3 (Kai; ga;r k.t.l....)*46, 2 (tivna ou\n a} dunatovn ejsti...) ego*47, 2 (eja;n ...bouvlontai kai; aiJrw'ntai)*48, 4 (tou' uJmetevrou gevnou")* 4 (oi|" ouj suntivqemai...)

2412132421154946418951621153164125125911

1 Ne figurent dans cette liste que les divergences de traduction discutées en note. Lesastérisques signalent les cas où le texte est lui-aussi discuté. La mention ego correspond auxcorrections personnelles du texte des manuscrits.

175

INTRODUCTION : PROBLEMES TEXTUELS ET DIFFICULTES DE TRADUCTION

Dialogue note Dialogue note

49, 3 (to; ejn JHliva/ ...pneu'ma tou' qeou') 7 (wJ" tou' Cristou')*51, 1 (Eij me;n mh; ejpauvsanto...)*52, 3 (ajf! ou| e[paqen)* 3 (o[nta levgete ajrciereva) 4 (ojye)*55, 1 (w{sper crwvmenoi)* 1 (pollavki")*56, 10 (tou'ton to;n...) ego* 13 ( }On ou\n...)*58, 3 (a[ggelo" kai; kuvrio")*60, 3 (oJmilhvsanti ...fanevnta) ego*62, 1 (o}n ejdhvlwse)* 4 (sunh'n tw'/ patriv) 4 (ei\pon... eijpovnto")*63, 3 (a[nwqen) 5 (tou' tau'ta poihvsanto")67, 7 (mhde;n fulavxante"...)68, 9 (kai; proskunhto;n genevsqai

qeovn)

69, 2 (o[non)*74, 3 (di! ou|)79, 2 (o{ti)*79, 3 (ponhreuovmenoi)*80, 1 (ajsfalh;" ...prosplekovmeno")* 1 (ajpo;)* 3 ( {Oti d! ...ejpivstasqe)*81, 2 (pleonavsousin)* 3 (ta; e[rga tw'n povnwn aujtw'n)* 3 (civlia e[th, sunhvkamen...)*83, 3 (eij" JIerousalh;m)*86, 1 (meta; to; staurwqh'nai)* 6 (bebaptismevnou")87, 5 ( jAnepauvsato) 5 (tauvth" th'") ego*88, 4 (para; th;n ijdivan aijtivan) 4 (eJkavstou)

132128101534202846289111413175636135346742767910

90, 2 (ajpekavluyan)93, 2 (a[lloi")* 5 (hJma'" ajlogei'n)94, 1 (ejpi; shmei'on) 4 (kai; di! w|n) ego*97, 4 (basileu;" Cristo;")*98, 1 (ajntilhptiko;")100, 3 (to;n jAbraa;m)*101, 2 (genovmena)*102, 2 (meta; ga;r to; khruvxai aujto;n...) 7 (pro;" to; ajnamavrthto" ei\nai)103, 1 (ajpo; tou' o[rou" tw'n ejlaiw'n)* 1 (kata; th;n didaskalivan)* 3 (kai; ou|to" ejteleuvta...) 7 (ejxecuvqhn)*104, 1 (kai; kunhgou;" mhnuvwn)*105, 1 (th;n monogenh' mou)* 4 (ajpevdeixa)*106, 2 (to; o[nomav sou)* 3 (to; Aujsh' o[noma)*107, 2 (meta; tessaravkonta hJmevra")* 3 (dia; th'" oijkonomiva")110, 2 (ejpelqovnto")*112, 2 (ajnelei')* 2 ( JO o[fi" a[ra...)112, 3 (th;n gnw'sin) 4 (me;n ...de;)* 5 (meta; toiauvth" ejnstavsew")113, 4 (ajpo; tou' pneuvmato" aujtou') 4 (ijscuvn...)* 4 (o}" kai; a[nqrwpo" k.t.l....)* 5 (ajf! ou|)114, 1 (tw'/ legomevnw/) 2 (keivranto")* 3 (tw'n lovgwn aujtou')*115, 3 (ajpevdeixa)*

452128121135214128173284847767111417151618193496

176

INTRODUCTION : PROBLEMES TEXTUELS ET DIFFICULTES DE TRADUCTION

Dialogue note Dialogue note

115, 4 (e[fhn)* 4 (ajpokhvruxin)* 6 (dwvshte)*116, 1 ( jIhsou' Cristou' tou' aJgivou) 1 (hJ duvnami" tou' qeou'...) 2 (kai; pavlin)117, 1 (Pavsa" ou\n... qusiva")* 3 (kai; ejp! ajnamnhvsei de;)119, 4 (megavlou path;r e[qnou") 5 (fwnh'/)*120, 3 (w|/ ajpovkeitai)*121, 2 (o[yontai)* 3 (w{" te)*122, 1 (givnontai)*124, 4 (gegennhmevnou")* 4 (oJmoivw" ; levgesqai)*125, 1 (tou'to ...levgein) ego*

91114191011311138101335103

125, 3 (ajggevlou)*127, 1 (o{ti ...hJgh'sqe)*128, 1 (Qeov" qeou' uiJo;" uJpavrcwn)*130, 4 (divdwsin)* 4 (e[qno")*131, 3 (di! ajggevlwn)*132, 3 (tw'/ th'" dunavmew" ojnovmati)*135, 5 (ouj ga;r ejndevcetai...)*137, 1 (di! uJmw'n ejgginomevnhn

gnwvmhn)*138, 1 (dunavmei) 2 (kai; ajrch; pavlin a[llou gevnou") 2 (tw'/ oJmoivw" pistw'/ law'/ ...levgei)139, 3 (Canaa;n pai'", oijkevth")*140, 1 (eij" to; promhnuqh'nai o{ti...)142, 1 (plou'n poiei'sqai)* 3 (to;n hJmw'n) ego*

10116711712245117326

177

INTRODUCTION : SIGLES ET ABREVIATIONS DE L'APPARAT CRITIQUE

Manuscrits et éditeurs

A = Parisinus graecus 450, a. D. 1362B = Musaei Britannici Ms Loan 36/13 (olim Claromontanus 82), 15411

A1, B1 = A, B prima manuA2, B2 = A, B secunda manu

Arch. = ArchambaultGoodsp. = GoodspeedMar. = MaranMarc. = MarcovichMign. = MigneMor. = MorelSteph. = Estienne (editio princeps)Sylb. = SylburgThirlb. = ThirlbyTroll. = Trollope

Autres abréviations utilisées dans l'apparat

ad calcemadd.cod.codd.coni.codd.corr.a. corr.p. corr.ex corr.del.

p. 312-315 Steph.addidit, addideruntcodexcodicesconiecit, coniecerunt (conjecture introduite dans le texte)A (Parisinus gr. 450) + B (Musei Britannici Ms. Loan 36/13)correxitante correctionempost correctionemex correctionedelevit, deleverunt

1 Les sigles A et B sont empruntés à OTTO ; ARCHAMBAULT, qui n'utilise que le manuscrit deParis, le désigne par la lettre C (d'après HARNACK, Die Überlieferung der griechischen Apologeten deszweiten Jahrunderts in der alten Kirche und im Mittelalter, [TU I, 1-2], Leipzig 1882 et 1883, p. 73) ;MARCOVICH s'en tient de même au manuscrit de Paris, et le désigne par le sigle A (lemanuscrit du British Museum, évoqué seulement en p. 6 de son introduction, y portele sigle a).

178

INTRODUCTION : SIGLES ET ABREVIATIONS DE L'APPARAT CRITIQUE

edd.edd. a Mar.edd. ab Ottocett. edd.in marg.in ras.om.prop.scil.sup. l.transp.ut vid.

omnes editoresMaran, Otto, Mign., Archambault, Goodspeed, Marcovich

Otto, Archambault, Goodspeed, Marcovich

ceteri editoresin marginein rasuraomisit, omiseruntproposuit, −erunt (conjectures non retenues)scilicetsupra lineamtransposuitut videtur

Sources Chrétiennes. Directives pour la préparation des manuscritsSecrétariat des Sources Chrétiennes, Cerf. 1971

J. Irigoin, Règles et recommandations pour les éditions critiques (série grecque)Paris, « Belles Lettres », 1972

♦♦♦

179

INTRODUCTION : OUVRAGES CITES DANS L’APPARAT CRITIQUE

Ouvrages cités dans l’apparat critique

Anonymus apud Thirlb. 1, 4.Anonymus Miscell. observv. in auctores vett. et

recentt.19, 4

Arcerius Ioannis Arcerii Notae apud Fr.Sylburg

12, 3 ; 70, 2 ; 97, 3 ; 99, 1 ; 107,2.3 ; 141, 2.

Aubé M. B. Saint Justin... , Paris 1875 3, 5.Barbaro D.

Capellus

Aurea in quinquaginta Davidicospsalmos catena, Venise 1569App. ad crit. sac.

fragment (p. 388).

15, 6.Casaubon Is. Adv. Baron.

Ad Marc. Anton., I, 6.52, 3 ; 106, 385, 3.

Credner K. A. Beiträge zur Einleitung in diebiblischen Schriften, I-II, Halle1838.Gesch. d. n. T. Kanon, Berlin1860.

43, 5 ; 64, 4 ; 107, 2.3 bis.

119, 6.

Davies J. ad. Lact. Epit. 72, 1.Donaldson J. A Critical History of Christian

literature, II, Londres 1866.23, 3 ; 80, 1 ; 139, 4.

Drusius Io. Comment. min. ad voces Hebr. NT,1616.

125, 3.

Estienne H. In edit. Ep. ad Diogn. 20, 1 ; 93, 1 ; 122, 1.Field Fr. Origenis Hexapla, Oxford 1875. 109, 2.Grabe J. E. De vitiis LXX interpretum versioni

ante Origenis aevum illatis.ad Iren., III, 6, 1.ad Iren. Adv. Haer., V, 19, 1.Annot. ad Bulli Defensionem fideiNic.Spicilegium patrum ut et haeretico-rum saec. I-III, Oxford 1700.

43, 3 ; 81, 2.

56, 15.100, 4.62, 4.

fragment (p. 388).

Grotius ad Lc. 23, 35.ad Mc. 7, 4.

48, 2.80, 4.

Hilgendfeld A. Die alttestamentlichen CitateJustins... », Theol. Jahrbb. 9,1850

59, 2 ; 107, 2.3.

Holl K. « Io. Damasceni Sacr. Parall.,Leipzig 1896.

1, 1 (p. 184) ; fragment (p. 388).

180

INTRODUCTION : OUVRAGES CITES DANS L’APPARAT CRITIQUE

Hyldahl N.

Joly R.

Karo G -Lietzmann J.Kaye J.

Philosophie und Christentum,Copenhague 1966.Christianisme et philosophie,Bruxelles 1973.« Catenarum GraecarumCatalogus », Göttingen 1902.Some accounts..., Londres 1829.

1, 4 ; 2, 6 ; 3, 5 (bis) ; 4, 1 (bis).3 ; 5,4 (bis).4, 1.

fragment (p. 388).52, 3 ; 62, 4 ; 63, 1.

Lange J. Krit. Pred.-Biblioth., 25, 1844. 35, 6Mercati G.Nolte J. H.

Biblica 22 (1941), p. 354-362Ioannis Henrici Nolte Notae(PG VI, 1735-1744).

fragment (pp. 388 ; 390).5, 6 ; 35, 4 ; 52, 3 ; 63, 1 ; 68, 6 ;76, 3 ; 81, 4 ; 91, 4 ; 92, 5 ; 93, 2.4 ;105, 4 ; 115, 3 ; 117, 3 ; 121, 3 ;131, 2 ; 138, 3 ; 139, 4.

Orelli J. K. Justini Martyris loci aliquot selecti,Zürich 1824.

48, 3 ; 80, 1 ; 81, 3 ; 117, 3 bis ;119, 6 ; 120, 5 ; 142, 1.

Otto J. K.Pearson J. B

CAC III, Iéna 1879.Annotationes Iacobi Pearsoni ap.St. Thirlby, p. 349 s.

fragment (p. 388).1, 5 ; 4, 5.7 ; 7, 2 ; 35, 4.8 ; 47, 2 ;50, 2 ; 53, 4 ; 55, 3 ; 68, 9 ; 69, 4 ;73, 6 ; 85, 6 ; 87, 2 ; 96, 1 ; 103, 2 ;121, 1.4.

Rahlfs A. ZNTW 20. 109, 2Ruiz Bueno D.

Schmid W.

Schnitzer

Padres Apologistas Griegos S. II,Madrid 1954. « Frühe Apologetik undPlatonismus... », 1952.Neue Jenaische Allg. Lit.-Zeitung,1845, Nr. 71.

32, 5

3, 5 (bis) ; 4, 1.

93, 2.

Schürer E.Schwartz ESemisch K. G.

Geschichte..., II, 1907, p. 566.EusS gr.Justin der Märtyrer..., Breslau1840 = Édimbourg 1843.

46, 517, 188, 2 ; 103, 5.

Smit-Sibinga J.Thirlby St.

Justin Martyr, Leyde 1963.Tjeenk Willink Iustin. Mart.

91, 1 ; 126, 6 ; 131, 1.42, 3.

Van Winden J.

Wilamowitz U.

An Early Christian philosopher,Leyde 1971 (19762).Comm. Gramm., II, 1880.

1, 5 ; 2, 6 ; 4, 1 ; 5, 3.6.

3, 2.5.7 ; 4, 1 (bis).Williams A. L.Wolf H.

Justin Martyr, Londres 1930.Notae apud Fr. Sylburg.

32, 5.43, 6 ; 56, 4 ; 68, 4 ; 87, 2 ; 88, 8 ;118, 1 ; 141, 2.

Zahn Th. Geschichte des Ntl. Kanons, II,Leipzig u. Erl. II, 2, 1892.

81, 4.

181

SIGNES DIACRITIQUES

Signes diacritiques

(texte grec et traduction)

[]Mots ou groupes de mots interpolés dans le texte grec

<>Mot ou groupe de mots ajoutés par conjecture dans le texte grec

< ***>Lacune supposée dans le texte grec

()Ajout dans la traduction, pour la clarté du sens

Texte

et

Traduction

184

JUSTIN MARTYR

TOU AGIOU IOUSTINOU FILOSOFOU KAI MARTUROS

PROS TRUFWNA IOUDAION DIALOGOS 1

< Lovgo" a' >2

1. 1 [fol. 50 r° : A ; p. 77 : B] Peripatou'ntivv moi e{wqen ejn toi'" tou' Xuvstou3

peripavtoi" sunanthvsa" ti" meta; kai; a[llwn :− Filovsofe, cai're, e[fh.Kai; a{ma eijpw;n tou'to ejpistrafei;" sumperiepavtei moi : sunepevstrefon

d! aujtw'/ kai; oiJ fivloi aujtou'.− Kajgw; e[mpalin prosagoreuvsa" aujtovn : Tiv mavlista _ e[fhn.2 − JO de; : jEdidavcqhn ejn [Argei, fhsivn, uJpo; Korivnqou tou' Swkratikou' o{tiouj dei' katafronei'n oujde; ajmelei'n tw'n perikeimevnwn4 tovde to; sch'ma, ajll!ejk panto;" [fol. 50 v° : A] filofronei'sqai prosomilei'n te aujtoi'", ei[ tio[felo" ejk th'" sunousiva" gevnoito h] aujtw'/ ejkeivnw/ h] ejmoiv. jAmfotevroi" de;ajgaqovn ejsti, ka]n qavtero" h\/ wjfelhmevno". Touvtou ou\n cavrin, o{tan i[dw tina;ejn toiouvtw/ schvmati, ajsmevnw" aujtw'/ prosevrcomai, sev te kata; ta; aujta;hJdevw" nu'n prosei'pon, ou|toiv te sunefevpontaiv moi, prosdokw'nte" kai; aujtoi;ajkouvsesqaiv ti crhsto;n ejk sou'.3 − Tiv" de; suv ejssi, fevriste brotw'n _ Ou{tw" prospaivzwn aujtw'/ e[legon.JO de; kai; tou[nomav moi kai; to; gevno" ejxei'pen aJplw'".− Truvfwn, fhsiv, kalou'mai : eijmi; de; JEbrai'o" ejk peritomh'", fugw;n to;n

nu'n genovmenon povlemon, ejn th'/ JEllavdi kai; th'/ Korivnqw/ ta; polla; diavgwn.− Kai; tiv a[n, e[fhn ejgwv, tosou'ton ejk filosofiva" suv t! a]n wjfelhqeivh",

o{son para; tou' sou' nomoqevtou kai; tw'n profhtw'n _− Tiv gavr _ Oujc oiJ filovsofoi peri; qeou' to;n a{panta poiou'ntai lovgon,

ejkei'no" e[lege, kai; peri; monarciva" aujtoi'"5 kai; pronoiva" aiJ zhthvsei"givnontai eJkavstote _ ]H ouj tou'to e[rgon ejsti; fi-[p. 78 : B]-losofiva",ejxetavzein peri; tou' qeivou _

1 Tou' − diavlogo" codd. 2 Lovgo" A add. Marc. conl. Io. Damasceni, Sacr. Parall. Fr. 102 Holl(= Dial. 82, 16-17) tou' aujtou' ejk tou' pro;" Truvfwna b'' lovgou et Catena in Ps. 2, 3 (in Lacuna)ejk tou' b! lovgou peri; tou' eij paqhto;" oJ Cristov" 3 Xuvstou A (cum lineola superscripta) B (om.lineolam) : xustou' edd. ab Otto (cf. Dial. 9, 3) 4 Perikeimevnwn : perieimevnwn prop. Troll.5 Aujtoi'" : aujtou' aujtoi'" Marc.

185

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 1, 1-1, 3

[DIALOGUE DE SAINT JUSTIN

PHILOSOPHE ET MARTYR

AVEC LE JUIF TRYPHON]1

Prologue. Rencontre avec Tryphon.

1. 1 J'allais, de bon matin2, par les allées du Xyste3, quand survint un passant,que d'autres accompagnaient4 :

— Philosophe, bonjour, dit-il.Tout en disant cela, il avait rebroussé chemin, et allait avec moi. Ses amis

eux aussi, en même temps que lui, rebroussèrent chemin.— Qu’y a-t-il donc5 ? fis-je, l'interpellant à mon tour.2 — J'ai appris à Argos6, dit-il, de Corinthos le Socratique7, que l'on doit se

garder du mépris ou de l'indifférence pour ceux qui portent cet habit8 ; maisqu'il faut au contraire, en toute occasion, leur témoigner de la bienveillance,et les fréquenter : car il se pourrait bien que quelque bénéfice résulte de cecommerce, pour eux ou pour soi-même. Et c'est un bien pour tous les deux,quand même un seul en profiterait. Aussi, lorsque je vois quelqu'un dans cecostume, c'est avec joie que je l'aborde. C'est donc avec plaisir que je t'ai àl'instant adressé la parole, et si ceux-là se sont joints à moi, c'est qu'ilsespèrent aussi entendre de ta part quelque propos utile.

3 — Mais qui donc es-tu, ô le plus brave des mortels9 ? Lui dis-je sur le ton de laplaisanterie.

Il me déclina alors son nom et sa naissance, en toute simplicité :— Je m'appelle Tryphon, dit-il ; je suis Hébreu de la circoncision10 : ayant

fui la récente guerre, je passe en Hellade et surtout à Corinthe l'essentiel demon temps11.

— Quel grand profit, repris-je, espères-tu tirer de la philosophie, qui sepuisse comparer à celui que tu trouves auprès de ton Législateur et auprèsdes prophètes ?

— Comment donc, répondit-il, les philosophes ne consacrent-ils pas àDieu la totalité de leur propos, et leurs recherches ne portent-elles pasinvariablement sur son Unicité12 et sur sa Providence ? N'est-ce pas lafonction de la philosophie que d'enquêter sur le divin13 ?

186

JUSTIN MARTYR

4 − Naiv, e[fhn, ou{tw kai; hJmei'" dedoxavkamen. jAll! oiJ plei'stoi oujde;touvtou pefrontivkasin, ei[te ei|" ei[te kai; pleivou" eijsi; qeoiv, kai; ei[tepronoou'sin hJmw'n eJkavstou ei[te kai; ou[, wJ" mhde;n pro;" euj-[fol. 51 r° : A]-daimonivan th'" gnwvsew" tauvth" suntelouvsh" : ajlla; kai;1 hJma'"2

ejpiceirou'si peivqein wJ" tou' me;n suvmpanto" kai; aujtw'n tw'n genw'n kai;eijdw'n ejpimelei'tai qeov", ejmou' de; kai; sou' oujk e[ti3 kai; tou'4 kaq! e{kasta5,ejpei; oujd! a]n6 hujcovmeqa7 aujtw'/ di! o{lh" nukto;" kai; hJmevra". 5 Tou'to de; o{phaujtoi'" teleuta'/ ouj calepo;n sunnoh'sai : a[deia ga;r kai; ejleuqeriva [levgeinkai;]8 e{petai9 toi'" doxavzousi tau'ta, poiei'n te o{ ti bouvlontai kai; levgein,mhvte kovlasin foboumevnoi"10 mhvte ajgaqo;n ejlpivzousiv ti ejk qeou'. Pw'" gavr _Oi{ ge ajei; taujta;11 e[sesqai levgousi, kai; e[ti12 ejme; kai; se;13 e[mpalinbiwvsesqai oJmoivw", mhvte kreivssona"14 mhvte ceivrou" gegonovta". [Alloi devtine", uJposthsavmenoi ajqavnaton kai; ajswvmaton th;n yuchvn, ou[te kakovn tidravsante" hJgou'ntai dwvsein divkhn (ajpaqe;" ga;r to; ajswvmaton), ou[te,ajqanavtou aujth'" uJparcouvsh", devontaiv ti tou' qeou' e[ti.6 − Kai; o}" ajstei'on uJpomeidiavsa" : Su; de; pw'", e[fh, peri; touvtwn fronei'"

kai; tivna gnwvmhn peri; qeou' e[cei" kai; tiv" hJ sh; filosofiva, eijpe; hJmi'n.

2. 1 − jEgwv soi, e[fhn, ejrw' o{ gev moi katafaivnetai. [Esti ga;r tw'/ o[ntifilosofiva mevgiston kth'ma kai; timiwvtaton qew'/, w|/15 te prosavgei kai;sunivsthsin hJma'" movnh, kai; o{sioi16 wJ" ajlhqw'" ou|toiv eijsin oiJ filosofiva/ to;nnou'n proseschkovte". [fol. 51 v° : A] Tiv pote dev ejsti filosofiva kai; ou|cavrin katepevmfqh eij" tou;" ajnqrwvpou", tou;" pollou;" levlhqen : ouj ga;r[p. 79 : B] a]n Platwnikoi; h\san oujde; Stwi>koi; oujde; Peripathtikoi; oujde;Qewrhtikoi;17 oujde; Puqagorikoiv, mia'" ou[sh" tauvth" ejpisthvmh". 2 Ou| de;

1 jAlla; kai; : a[lloi de; kai; Anon. ap. Thirlb. (p. 444), coni. Hyldahl (p. 98) 2 JHma'" : uJma'"Steph., Jebb 3 Oujk e[ti B, edd. : oujkevti A 4 Tou' : tw'n prop. Sylb. coni. Marc. 5 Kaq! e{kastaedd. ab Otto, Troll. : kaqevkasta codd., cett. edd. kaqevkaston prop. Sylb. 6 jEpei; oujd! a]n : oujd!ejpeida;n (eujcwvmeqa) prop. Pearson 7 Hujcovmeqa : euj− in marg. A 8 Levgein kai; delendum Périon,del. Marc. 9 {Epetai prop. Périon, coni. Marc. : e{pesqai codd., cett. edd. 10 Foboumevnoi"...ejlpivzousi : foboumevnou" kai; ejlpivzonta" in marg. codd., ad calcem Steph. 11 Taujta; prop.Pearson, coni. edd. ab Otto, Troll., Mign. : tau'ta codd., cett. edd. 12 [Eti prop. Sylb., coni. edd. abOtto, Troll. : ejp! codd., cett. edd. delendum Périon. 13 Se; codd., edd. a Mar. : ej" cett. edd.14 Kreivssona" : kreivttona" Otto, Arch. 15 Timiwvtaton qew'/, w|/ te : timiwvtaton, qew'/ [w|/] teSylb., Jebb, van Winden 16 {Osioi : o[lbioi (felices) prop. Lange, sofoiv Thirlb. 17 Oujde;Qewrhtikoi;; ut glossema delendum Joly (p. 31), del. Marc. (cf. Dial. 2, 3 : Stwi>kw'/ ...Peripathtikovn ;2, 4 : Puqagoreivw/ ; 2, 6 : Platwnikoi'").

187

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 1, 4-2, 1

4 — Assurément, repris-je, et c'est bien là aussi notre conception14. Mais laplupart15 ne se soucient pas même de savoir s'il y a un seul Dieu ou s'il y en aplusieurs, et s'ils exercent ou non leur providence sur chacun d'entre nous16,comme si cette science ne contribuait en rien à une vie heureuse17. Bienplus18, ils s'ingénient à nous convaincre que Dieu s'occupe de l'univers dansson ensemble, des genres et des espèces, mais que de moi, de toi, comme duparticulier, il n'en va pas de même, car, disent-ils, (s'il en était autrement)nous ne le prierions pas nuit et jour. 5 A quelle extrémité cela les conduit, onle conçoit sans peine : pour ceux qui professent de telles opinions, c'estl'impunité et la licence qui s'ensuivent : ils font et disent ce que bon leursemble19, puisque qu'ils ne craignent pas plus le châtiment de Dieu qu'ils n'enespèrent une récompense. Comment donc (pourrait-il en être autrement),puisqu'ils disent que les choses seront toujours les mêmes20, allant jusqu'àprétendre que moi comme toi nous vivrons à nouveau, tels quels, sans êtredevenus ni meilleurs, ni pires ? D'autres21 supposent l'âme immortelle etincorporelle : aussi ne pensent-ils pas devoir être punis du mal qu'ils aurontfait (puisque l'incorporel est exempt de souffrance) ; et, l'âme étantimmortelle, ils n'ont plus aucun besoin de Dieu.

6 Et lui, souriant finement22 :— Mais toi donc, dit-il, que penses-tu de cela, et à propos de Dieu, quelle

est ton opinion ? Quelle est ta philosophie ? Dis-le nous.

Justin retrace son itinéraire philosophique.

2. 1 — Je m'en vais, répondis-je, te dire ce qu'il m'en semble1. La philosophieest, de fait, un bien très grand et très précieux2 au regard de Dieu : elle seulenous conduit et nous unit à lui3 ; et ils sont véritablement des hommes deDieu4 ceux qui s'appliquent à la philosophie. Mais ce que peut bien être laphilosophie, et pourquoi elle fut envoyée5 aux hommes, la plupart ne l'ontpas compris. Car ils ne seraient ni Platoniciens, ni Stoïciens, niPéripatéticiens, ni Théoréticiens6, ni Pythagoriciens, puisque la philosophieest une science unique7.

188

JUSTIN MARTYR

cavrin poluvkrano" ejgenhvqh1, qevlw eijpei'n. Sunevbh toi'" prwvtoi" aJyamevnoi"aujth'" kai; dia; tou'to ejndovxoi" genomevnoi" ajkolouqh'sai tou;" e[peita mhde;nejxetavsanta" ajlhqeiva" pevri, kataplagevnta" de; movnon th;n karterivanaujtw'n kai; th;n ejgkravteian kai; to; xevnon tw'n lovgwn tau'ta ajlhqh' nomivsai a}para; tou' didaskavlou e{kasto" e[maqen, ei\ta kai; aujtouv", toi'" e[peitaparadovnta" toiau'ta a{tta kai; a[lla touvtoi" proseoikovta, tou'to klhqh'naitou[noma, o{per ejkalei'to oJ path;r tou' lovgou. 3 jEgwv te kat! ajrca;" ou{twpoqw'n kai; aujto;" sumbalei'n touvtwn eJniv, ejpevdwka2 ejmauto;n Stwi>kw'/ tini :kai; diatrivya" iJkano;n met! aujtou' crovnon, ejpei; oujde;n plevon ejgivnetov moiperi; qeou' (oujde; ga;r aujto;" hjpivstato, oujde; ajnagkaivan e[lege tauvthn ei\naith;n mavqhsin)3, touvtou me;n ajphllavghn, ejp! a[llon de; h|ka, Peripathtiko;nkalouvmenon, drimuvn, wJ" w[/eto. Kaiv mou ajnascovmeno" ou|to" ta;" prwvta"hJmevra" hjxivou me e[peita misqo;n oJrivsai, wJ" mh; ajnwfelh;" hJ sunousiva [fol.52 r° : A] givnoito4 hJmi'n. Kai; aujto;n ejgw; dia; tauvthn th;n aijtivan katevlipon,mhde;5 filovsofon oijhqei;" o{lw". 4 Th'" de; yuch'" e[ti mou spargwvsh"ajkou'sai to; i[dion kai; to; ejxaivreton th'" filosofiva", prosh'lqoneujdokimou'nti6 mavlista Puqagoreivw/ ajndri; polu; ejpi; th'/ sofiva/ fronou'nti.Ka[peita wJ" dielevcqhn aujtw'/, boulovmeno" ajkroath;" aujtou' kai;sunousiasth;" genevsqai : Tiv daiv _ JWmivlhsa", e[fh, mousikh'/ kai;ajstronomiva/ kai; gewmetriva/ _ ]H dokei'" katovyesqaiv ti tw'n eij" eujdaimonivansuntelou'ntwn, eij mh; [p. 80 : B] tau'ta prw'ton didacqeivh", a} th;n yuch;najpo; tw'n aijsqhtw'n perispavsei kai; toi'" nohtoi'" aujth;n paraskeuavseicrhsivmhn, w{ste aujto; katidei'n to; kalo;n kai; aujto; o{ ejstin ajgaqovn _5 Pollav te ejpainevsa" tau'ta ta; maqhvmata kai; ajnagkai'a eijpw;n ajpevpempevme, ejpei; aujtw'/ wJmolovghsa mh; eijdevnai. jEdusfovroun ou\n, wJ" to; eijkov",ajpotucw;n th'" ejlpivdo", kai; ma'llon h|/7 ejpivstasqaiv ti aujto;n wj/ovmhn : pavlinte to;n crovnon skopw'n, o}n e[mellon ejktrivbein peri; ejkei'na ta; maqhvmata,oujk hjneicovmhn eij" makra;n ajpotiqevmeno". 6 jEn ajmhcaniva/ dev mou o[nto"e[doxev moi kai; toi'" Platwnikoi'" ejntucei'n : polu; ga;r kai; touvtwn h\n klevo".Kai; dh; newsti; ejpidhmhvsanti8 th'/ hJmetevra/ povlei sunetw'/ ajndri; kai; [fol. 52v° : A] prou[conti ejn toi'" Platwnikoi'" sundievtribon wJ" ta; mavlista, kai;

1 jEgenhvqh coni. Sylb., Mor., Troll., Mign., edd. ab Otto, prop. Thirlb., Mar. : ejgennhvqh codd., cett.edd.. (cf. Dial. 43, 7 ; 61, 1 ; 78, 1 ; 98, 4 ; 105, 2 ; I Apol. 61, 5) 2 Sumbalei'n − eJniv, ejpevdwkaedd. a Mar. : sumbalei'n, touvtwn − ejpevdwka codd., cett. edd. 3 Oujde; − mavqhsin in semicirculis A2,edd. 4 Givnoito edd. ab Otto : givgnoito in textu A, in marg. B, cett. edd. givgnonto in textu B5 Mhde; : mh; de; codd., et saep. 6 Eujdokimou'nti : eujdokimou'ntiv tini Marc. 7 |H/ : h] in marg.sinistra A 8 jEpidhmhvsanti : ejpidhmhvsantiv tini Marc.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 2, 2-2, 6

2 Pour quelle raison elle a pris plusieurs têtes8, je veux vous l'expliquer. Ilarriva que ceux qui, les premiers9, s'y étaient appliqués devinrent ainsicélèbres ; leurs successeurs marchèrent sur leurs traces, mais sans plusrechercher ce qui a trait à la vérité10 : uniquement frappés qu'ils étaient de lafermeté des premiers, de leur maîtrise de soi, et de la nouveauté de leursdiscours, ils en vinrent à considérer comme vrai ce que chacun apprenaitauprès de son maître ; à leur tour ils transmirent à leurs successeurs desdoctrines semblables et d'autres similaires : et le nom par lequel ils furentdésignés, était celui du père de leur enseignement11. 3 Pour ma part, au début,j'éprouvai à mon tour le même désir d'entrer en relation avec l'un de cesphilosophes12, et je me confiai à un Stoïcien13. Après avoir passé en sacompagnie suffisamment de temps, comme je n'avais rien acquis de plus ausujet de Dieu − il ne le connaissait pas lui-même, et disait que cette sciencen'est pas nécessaire −, je pris congé de lui, et passai à un autre, portant le titrede Péripatéticien, et, à ce qu'il croyait, esprit fort pénétrant. Lui me supportales premiers jours, puis il voulut que je fixasse un salaire14, afin, prétendait-il,que cette relation ne demeurât pas, pour nous15, sans profit. Cela fut causeque je l'abandonnai lui aussi, estimant qu'il n'était pas du tout philosophe.4 Je restai toutefois le cœur plein du désir d'entendre ce qui est le propre etl'excellence16 de la philosophie, et je m'en fus trouver un Pythagoricienjouissant de la meilleure réputation, un homme qui de la sagesse se faisait unehaute idée17. Mais lorsque j'en vins à parler avec lui, avec l'intention d'être sonauditeur et son disciple : « Comment ? dit-il, es-tu familier de la musique, del'astronomie et de la géométrie18 ? Penses-tu donc contempler un jour aucunede ces choses qui concourent au bonheur, sans t'être au préalable instruit dece qui peut détacher l'âme du sensible, et la disposer à l'intelligible, afinqu'elle contemple le beau en soi et ce qui en soi est bon ? » 5 Il me fit alorsun copieux éloge de ces sciences, proclamant leur nécessité, puis il mecongédia, quand je lui avouai ne point les connaître. Je fus, naturellement,contrarié de cet espoir déçu, d'autant plus qu'à cet homme je prêtais quelquescience. Considérant par ailleurs le temps qu'à ces disciplines il faudraitconsacrer, je ne pus me résoudre à ce long retard. 6 Dans mon embarras, jerésolus alors d'avoir recours aux Platoniciens ; eux aussi, en effet, avaient ungrand renom. Depuis peu, justement, était venu séjourner en notre ville19 unhomme intelligent, éminent parmi les Platoniciens. Je me mis à le fréquenter

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JUSTIN MARTYR

proevkopton kai; plei'ston o{son eJkavsth" hJmevra" ejpedivdoun. Kaiv me h{/rei1

sfovdra hJ tw'n ajswmavtwn novhsi", kai; hJ qewriva tw'n ijdew'n ajneptevrou moith;n frovnhsin, ojlivgou te ejnto;" crovnou w[/mhn sofo;" gegonevnai, kai; uJpo;blakeiva" h[lpizon aujtivka katovyesqai to;n qeovn : tou'to ga;r tevlo" th'"Plavtwno" filosofiva".

3. 1 Kaiv mou ou{tw" diakeimevnou ejpei; e[doxev pote pollh'" hjremiva"2

ejmforhqh'nai kai; to;n tw'n ajnqrwvpwn ajleei'nai3 pavton, ejporeuovmhn ei[" ticwrivon ouj makra;n qalavssh". Plhsivon dev mou genomevnou ejkeivnou tou'tovpou, e[nqa e[mellon ajfikovmeno" pro;" ejmautw'/ e{sesqai, palaiov"4 ti"presbuvth", ijdevsqai oujk eujkatafrovnhto", pra'/on kai; semno;n h\qo" ejmfaivnwn,ojlivgon ajpodevwn mou pareivpeto. JW" de; ejpestravfhn eij" aujtovn, uJposta;"ejnhtevnisa drimuvteron aujtw'/ : 2 − Kai; o{" : Gnwrivzei" me _ e[fh.jHrnhsavmhn ejgwv.− Tiv ou\n, moi5 e[fh, ou{tw" me katanoei'" _ [p. 81 : B]− Qaumavzw, e[fhn, o{ti e[tuce" ejn tw'/ aujtw'/ moi genevsqai : ouj ga;r

prosedovkhsa o[yesqaiv tina ajndrw'n ejnqavde.− JO dev : Oijkeivwn tinw'n, fhsiv moi, pefrovntika. Ou|toi dev moiv6 eijsin

ajpovdhmoi : e[rcomai ou\n kai; aujto;" skophvswn ta; peri; aujtouv", eij a[rafanhvsontaiv poqen. Su; de; [fol. 53 r° : A] tiv ejnqavde _ ejmoi; ejkei'no".− Caivrw, e[fhn, tai'" toiauvtai" diatrivbai" : ajnempovdisto" gavr moi oJ

diavlogo" pro;" ejmauto;n givnetai [mh; ejnantiva drwvsai" wJsaneiv]7, filologiva/te ajnutikwvtatav ejsti ta; toiavde cwriva.3 − Filovlogo"8 ou\n ti" ei\ suv, e[fh, filergo;" de; oujdamw'" oujde; filalhvqh",

oujde; peira'/ praktiko;" ei\nai ma'llon h] sofisthv" _− Tiv d! a]n, e[fhn ejgwv, touvtou mei'zon e[rgon9 a[n ti" ejrgavsaito, tou' dei'xai10

me;n to;n lovgon hJgemoneuvonta pavntwn, sullabovnta de; kai; ejp! aujtw'/ojcouvmenon kaqora'n th;n tw'n a[llwn plavnhn kai; ta; ejkeivnwn ejpithdeuvmata,wJ" oujde;n uJgie;" drw'sin oujde; qew'/ fivlon _ [Aneu de; filosofiva"

1 {H/rei Sylb. Mor., edd. a Mar. : h[rei codd., cett. edd. h\/re Hyldahl, van Winden h[reske (piacebat)prop. Steph. 2 jHremiva" : ejrhmiva" prop. Thirlb. 3 jAleei'nai in textu A, in marg. B2, edd. :ejleei'nai in textu B 4 Palaiov" ti" : poliov" ti" (canus) prop. Thirlb. (cf. Plat., Parm., 127b)5 Moiv : ejmoi coni. Marc. (ex Dial. 3, 2 : ejmoi; ejkei'no") 6 Moi : poi prop. Wilamowitz (Comm.Gramm., II, 1880, p. 4), coni. Marc. 7 Mh; − wJsaneiv ut glossema del. Sylb., edd. ab Otto : mh; −dravsai" wJsaneiv post tai'" toiauvtai" diatribai'" transp. Périon. 8 Filovlogo" edd. ab Otto :filolovgo" codd., cett. edd. 9 [Ergon prop. Thirlb., coni. Troll., Otto, Arch., Marc. (paulo infra :mevgiston kai; timiwvtaton e[rgon) : ajgaqo;n codd. cett. edd. delendum Thirlb. 10 Dei'xai : diw'xaiprop. Thirlb.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 2, 6-3, 3

autant que je le pus, et je progressais20 ainsi, avançant chaque jour le plus loinpossible. L'intelligence des choses incorporelles me captivait21 au plus hautpoint, et la contemplation des Idées donnait des ailes à mon esprit22 ; si bienqu'en peu de temps, je crus être devenu sage. Et ma légèreté me fit mêmeespérer que j'allais sans délai considérer Dieu : car telle est la finalité de laphilosophie de Platon23.

Justin évoque sa rencontre avec le Vieillard.Quel est le véritable objet de la philosophie ?

3. 1 Dans cet état d'esprit, je résolus un jour de goûter tout mon saoul à latranquillité1, et (cf. Iliad. 6, 202)fuir les sentiers des hommes2 ; et je me rendis en unlieu retiré, non loin de la mer3. J'approchais de cet endroit, où je meproposais, une fois arrivé, d'être face à moi-même : un antique vieillard,d'aspect non méprisable, montrant en ses manières douceur et gravité, mesuivait à quelque distance4. Je me tournai vers lui, et m'arrêtai, le fixant duregard avec intensité.

2 — Me connais-tu ?, demanda-t-il.Je répondis que non.— Pourquoi donc, reprit-il, m'observes-tu ainsi ?— C'est que je suis surpris, fis-je, que tu te sois trouvé au même endroit

que moi5 ; car je ne m'attendais guère à voir un homme ici.— J'ai quelque inquiétude, répondit-il, sur certains de mes proches : ils se

trouvent loin de moi, dans un autre pays, et si je viens ici, moi aussi, c'estpour m'enquérir d'eux, et voir s'ils ne vont pas paraître de quelque endroit. Ettoi, que fais-tu ici ? me demanda-t-il.

— J'apprécie, répondis-je, de semblables séjours6. Car le dialogue que j'aiavec moi même7 (y) est sans entrave, et tels qu'ils se présentent, ces paragessont tout à fait propices au goût pour la raison8.

3 — Es-tu donc, reprit-il, amateur de raison, en aucune manière ami del'action et de la vérité, et ne s'efforçant point de devenir pratique plutôt quesophiste9 ?

— Mais quelle est donc, répliquai-je, l'action qu'à mettre en œuvre10 ilimporterait plus que de montrer que la raison gouverne tout11, qu'enl'embrassant et en se laissant porter par elle12, on considère les errements desautres et leurs genres de vie, constatant qu'ils ne font rien de sain nid'agréable à Dieu ? Sans la philosophie et la droite raison13, il ne saurait y

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JUSTIN MARTYR

kai; ojrqou' lovgou oujk a[n tw/ pareivh frovnhsi". Dio; crh; pavnta a[nqrwponfilosofei'n kai; tou'to mevgiston kai; timiwvtaton e[rgon hJgei'sqai, ta; de;loipa; deuvtera kai; trivta, kai; filosofiva" me;n ajphrthmevna mevtria1 kai;ajpodoch'" a[xia, sterhqevnta de; tauvth" kai;2 mh; parepomevnh" toi'"metaceirizomevnoi" aujta; fortika; kai; bavnausa.4 − \H ou\n filosofiva3 eujdaimonivan poiei' _ e[fh uJpotucw;n ejkei'no".− Kai; mavlista, e[fhn ejgwv, kai; movnh.− Tiv gavr ejsti filosofiva, fhsiv, kai; tiv" hJ eujdaimoniva aujth'", eij mhv ti

kwluvei fravzein, fravson.− Filosofiva mevn, h\n d! ejgwv, ejpisthvmh ejsti; tou' o[nto" kai; tou' ajlhqou'"

ejpiv-[fol. 53 v° : A]-gnwsi", eujdaimoniva de; tauvth" th'" ejpisthvmh" kai; th'"sofiva" gevra".5 − To; o]n4 de; su; tiv kalei'" _ e[fh.− To; ka-[p. 82 : B]-ta; ta; aujta; kai; wJsauvtw" ajei;5 e[con kai; tou' ei\nai pa'si

toi'" a[lloi" ai[tion, tou'to dhv6 ejstin oJ qeov".Ou{tw"7 ejgw; ajpekrinavmhn aujtw'/ : kai; ejtevrpeto ejkei'no" ajkouvwn mou,

ou{tw" tev me h[reto pavlin.− jEpisthvmh oujk e[sti koino;n o[noma diafovrwn pragmavtwn _ [En te ga;rtai'" tevcnai" aJpavsai" oJ ejpistavmeno" touvtwn tina; ejpisthvmwn kalei'tai, e[nte strathgikh'/ kai; kubernhtikh'/ kai; ijatrikh'/ oJmoivw". [En te toi'" qeivoi" kai;ajnqrwpeivoi" oujc ou{tw" e[cei8 _ jEpisthvmh ti" ejstin hJ parevcousa aujtw'ntw'n ajnqrwpivnwn kai; tw'n qeivwn gnw'sin, e[peita th'" touvtwn qeiovthto" kai;dikaiosuvnh"9 ejpivgnwsin _− Kai; mavla, e[fhn.

1 Mevtria : mevtria pavnta Marc. 2 Tauvth" kai; : kai; tauvth" prop. Thirlb., transp. Marc. 3 \Hou\n filosofiva − poiei' _ e[fh uJpotucw;n ejk. Steph., Mar., Thirlb., Mign., Arch., Goodsp., Marc.(hJ ou\n − Sylb., Otto, cett. edd.) : eij ou\n filosofiva − poiei', e[fh, Oujc oJ tucw;n ejk. in textu codd.oi\mai ou{tw" a]n ei[h kavllion : h\ ou\n filosofiva eujdaimonivan poiei', e[fh uJpotucw;n ejkei'no" _ inmarg. codd. 4 To; o]n prop. Thirlb. (o]n Wilamowitz), Aubé (S. Justin, p. 12), coni. Schmid,Hyldahl : qeo;n codd., cett. edd. 5 jAei; coni. Thirlb., edd. ab Otto : aijei; codd., cett. edd. 6 Dhv : devprop. Thirlb., coni. Marc. 7 Ou{tw" A p. corr., B, edd. : ou{tw A a. corr. 8 Kai; ijatrikh'/ oJmoivw". [Ente ...oujc ou{tw" e[cei _ jEpisthvmh ...gnw'sin, e[peita ...ejpivgnwsin _ Marc. : kai; ijatrikh'/ oJmoivw"e[n te ...oujc ou{tw" e[cei _ jEpisthvmh ...gnw'sin : e[peita ...ejpivgnwsin _ codd. kai; ijatrikh'/,oJmoivw" ...oujc ou{tw" e[cei _ jEpisthvmh ...gnwvsin spatium vacuum e[peita ...ejpivgnwsin _ Steph.kai; ijatrikh'/ oJmoivw". [En te ...oujc ou{tw" e[cei. jEpisthvmh ...gnwvsin, e[peita ...ejpivgnwsin _ Mar.(delendum oujc), Mign., Otto, Arch., Goodsp. kai; ijatrikh'/, oJmoivw" e[n te ...kai; ajnqrwpeivoi" _ -[oujc] ou{tw" e[cei prop. Wilamowitz (II, p. 5), coni. Schmid, Hyldahl (p. 182) 9 Kai;dikaiosuvnh" : kai; th'" ejkeivnwn dik. Marc.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 3, 3-3, 5

avoir de sagesse14 pour personne. Aussi tout homme doit-il philosopher15, ettenir cette œuvre pour la plus importante et la plus précieuse16. Toutes lesautres activités ne viennent qu'en second ou en troisième lieu17 : si on les faitdépendre de la philosophie, elles sont mesurées et dignes d'approbation ;privées de son soutien, et sans sa compagnie, elles ne sont, pour ceux qui lesexercent, qu'importunes et vulgaires.

4 — Serait-ce donc que la philosophie procure le bonheur ? intervint-ilalors.

— Assurément, lui dis-je, et elle seule18.— Mais alors, poursuivit-il, qu'est-ce que la philosophie, et quel est le

bonheur qui en découle ? Si rien ne t'empêche de le dire, dis-le moi !— La philosophie, répliquai-je, est science de l'être19 et connaissance du

vrai20 ; quant au bonheur, c'est le prix de cette science et de cette sagesse.5 — Mais pour ta part, fit-il, qu'appelles-tu donc l'être21 ?— Ce qui est toujours même et de même façon, et qui pour tous les autres

est cause d'existence22 : cela, de fait, est Dieu.Telle fut ma réponse. Il avait plaisir à m'entendre, et à nouveau, il

m'interrogea :— La science23 n'est-elle pas un nom qu'ont en commun des choses

différentes ? Car parmi tous les arts, celui qui en sait un, on l'appelle savant :aussi bien dans la stratégie que dans la navigation, ou dans la médecine ; dansles choses divines et humaines, n'en est-il pas de même24 ? Existe-t-il unescience qui donne la connaissance des choses proprement humaines25 etdivines, et, par conséquent26, la reconnaissance de leur divinité et de leurjustice27 ?

— Certainement, dis-je.

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JUSTIN MARTYR

6 − Tiv ou\n _ JOmoivw" ejsti;n a[nqrwpon eijdevnai kai; qeovn, wJ" mousikh;n kai;ajriqmhtikh;n kai; ajstronomivan h[ ti toiou'ton1 _− Oujdamw'", e[fhn.− Oujk ojrqw'" a[ra ajpekrivqh" ejmoiv, e[fh ejkei'no" : aiJ me;n2 ga;r ejk

maqhvsew" prosgivnontai hJmi'n h] diatribh'" tino", aiJ de; ejk tou' ijdevsqaiparevcousi th;n ejpisthvmhn. Ei[ gev3 soi levgoi ti" o{ti ejsti;n ejn jIndiva/ zw'onfuh;n oujc o{moion toi'" a[lloi" pa'sin, ajlla; toi'on h] toi'on, polueide;" kai;poikivlon, oujk a]n provteron eijdeivh" h] i[doi" aujtov, [fol. 54 r° : A] ajll! oujde;lovgon a]n e[coi" eijpei'n aujtou'4 tina eij mh; ajkouvsai" tou' eJwrakovto".7 − Ouj gavr, fhmiv.− Pw'" ou\n a[n, e[fh, peri; qeou' ojrqw'" fronoi'en oiJ filovsofoi h] levgoievn ti

ajlhqev", ejpisthvmhn aujtou' mh; e[conte", mhde; ijdovnte" pote; h] ajkouvsante" _− jAll! oujk e[stin ojfqalmoi'", h\n d! ejgwv, aujtoi'"5, pavter6, oJrato;n to;

qei'on wJ" ta; a[lla7 zw'/a, ajlla; movnw/ nw'/ katalhptovn, w{" fhsi Plavtwn, kai;ejgw; peivqomai aujtw'/.

4. 1 − [Estin ou\n, fhsiv, tw'/ nw'/ hJmw'n toiauvth ti" kai; tosauvth duvnami", o}mh; tavcion8 di! aijsqhvsew" [p. 83 : B] e[laben _ ]H to;n qeo;n ajnqrwvpou nou'"o[yetaiv pote mh; aJgivw/ pneuvmati kekosmhmevno"9 _− Fhsi; ga;r Plavtwn, h\n d! ejgwv, aujto; toiou'ton ei\nai to; tou' nou' o[mma kai;pro;" tou'to hJmi'n dedovsqai, wJ" duvnasqai kaqora'n aujto; ejkei'no to; o]neijlikrinei'10 aujtw'/ ejkeivnw/11, o} tw'n nohtw'n aJpavntwn ejsti;n ai[tion, ouj crw'mae[con, ouj sch'ma, ouj mevgeqo", oujde; oujde;n w|n ojfqalmo;" blevpei : ajllav ti o]ntou't! aujto;, fhmiv12, o]n13 ejpevkeina pavsh" oujsiva", ou[te rJhto;n ou[teajgoreutovn, ajlla; movnon kalo;n kai; ajgaqovn, ejxaivfnh" tai'" eu\ pefukuivai"

1 Tiv ou\n _ JOmoivw" ...toiou'ton _ edd. a Mar. : tiv ou\n oJmoivw" ...toiou'ton _ codd. tiv ou\n, oJmoivw"...toiou'ton _ Steph., Thirlb. 2 Aij mevn ...aiJ de; : ta; me;n ...ta; de; vel aiJ me;n ...tau'ta de; prop.Thirlb. 3 Ei[ gev : eij ga;r alii (Thirlb). 4 Aujtou' : peri; aujtou' prop. Thirlb., coni. Marc.5 Aujtoi'" : aijsqhtoi'" (et mox oi|" pro wJ") prop. Thirlb. ajnqrwpeivoi" prop. Wilamowitz 6 Pavter :redundat Périon 7 [Alla : del. Périon 8 }O mh; tavcion di! aijsqhvsew" e[laben : o{ mh; tavcion...e[laben labei'n prop. van Winden (p. 70), Joly (p. 46) w{sq! o{ mh; tavc! a]n ...e[laben labei'n prop.Schmid (p. 175) wJ" oJra'n o} mh; tavcion ...e[laben coni. Marc. ejstiv ti katalhptovn, o{ mh; tavcion...e[laben prop. Hyldahl (p. 192) h] mh; to; o]n ...e[laben coni. Otto, Arch., Goodsp. hJ mh; to; o]n...e[laben Troll. (in add. Mign.) h] to; o]n ... e[laben Wilamowitz 9 Mh; − kekosmhmevno" : delendumHyldahl (p. 192) 10 Eijlikrinei' : eijlikrine;" eijlikrinei' prop. Schmid (p. 176), coni. Marc.11 jEkeivnw/ : del. Wilamowitz 12 jAllav ti o]n tou't! aujto;, fhmiv codd. : ajlla; ..., Fhsiv coni. Otto,Arch., Goodsp. ajlla; to; o]n to; aujto; (vel tou't! aujto;) fhmiv vel ajlla; tiv _ vel ajllav ti o]n tou't!aujtov fhmi prop. Thirlb. ajlla; tiv o[n _ vel ajllav ti o]n toiou'ton prop. Mar. ajlla; to; o]n tou't! aujtov,fhsiv Marc. 13 ]On : o} (scil. ejsti;) prop. Otto.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 3, 6-4, 1

6 — Mais alors, connaître Dieu et l'homme, est-ce donc la même chose quesavoir la musique, l'arithmétique, l'astronomie ou quelque autre objetsimilaire ?

— En aucune façon, répondis-je.— C'est donc que tu ne m'as pas bien répondu, reprit-il28. (Parmi ces

sciences), certaines, en effet, nous deviennent acquises par l'instruction ouquelque entretien29 ; pour d'autres, c'est la vue qui en procure laconnaissance30. Si l'on venait te dire qu'il existe en Inde un animal dont lanature diffère de celle de tous les autres31, qu'il est comme ceci ou commecela, multiforme et multicolore, tu ne pourrais le connaître avant de l'avoirvu, et tu serais d'ailleurs incapable d'en parler sans avoir entendu celui qui l'avu.

7 — Non, certes, dis-je.— Comment donc, reprit-il, les philosophes pourraient-ils, sur Dieu, avoir

quelque conception juste, ou dire quelque chose qui pût être vrai32, alorsqu'ils n'en ont point la science, puisqu'ils33 ne l'ont ni vu ni entendu ?

— Mais, père, repris-je, ce n'est point par les yeux, que pour cesphilosophes le divin est visible, comme le sont les autres êtres vivants, maisc'est pour la pensée34 seule qu'il devient saisissable35, comme le dit Platon, etje me fie à lui.

L’âme peut-elle « voir Dieu » ?

4. 1 — Est-ce donc, reprit-il, que notre pensée se trouve dotée, en qualité eten capacité, d'une telle puissance, pour ce qu'elle n'a pas pu, antérieurement,percevoir par les sens1 ? Ou bien la pensée de l'homme verra-t-elle jamaisDieu sans y avoir été apprêtée2 par un esprit de sainteté ?

— Platon dit en effet, répliquai-je, que l'œil de l'esprit3 est bien tel, et ques’il nous a été donné, c’est afin que l’on puisse contempler, avec cet œilmême4, apourvu qu’il soit pur5, ce qui est l'être même6, cause de toutintelligible : n'ayant ni couleur, ni forme, ni étendue, ni rien de ce que l'œil ducorps perçoit7, c’est au contraire, j’insiste, quelque chose qui est « être »8 àproprement parler, au-delà de toute existence9, ineffable et inexplicable10,unique Beau et Bien11 : c'est subitement12 que les âmes qui y sontnaturellement bien disposées13, en ont l’intuition14, par leur affinité et le désirqu'elles éprouvent de le voir15.

a Cf. Phéd., 65e-66a.

196

JUSTIN MARTYR

yucai'" ejgginovmenon dia; to; suggene;" kai; e[rwta tou' ijdevsqai.2 − Tiv" ou\n hJmi'n, e[lege, suggevneia pro;" to;n qeovn ejstin _ ]H kai; hJ yuch;

qeiva kai; ajqavnatov" ejsti kai; [fol. 54 v° : A] aujtou' ejkeivnou tou' basilikou' nou'mevro" _ JW" de; ejkei'no" oJra'/ to;n qeovn, ou{tw1 kai; hJmi'n ejfikto;n tw'/ hJmetevrw/nw'/ sullabei'n to; qei'on kai; toujnteu'qen h[dh eujdaimonei'n _− Pavnu me;n ou\n, e[fhn.− Pa'sai d! aujtw'/2 dia; pavntwn aiJ yucai; cwrou'si tw'n zwv/wn, hjrwvta, h] a[llh

me;n ajnqrwvpou, a[llh de; i{ppou kai; o[nou _− Ou[k, ajll! aiJ aujtai; ejn pa'sivn eijsin, ajpekrinavmhn.3 − [Oyontai a[ra, fhsiv, kai; i{ppoi kai; o[noi h] ei\dovn pote to;n qeovn _− Ou[k3, e[fhn : oujde; ga;r oiJ polloi; tw'n ajnqrwvpwn, eij mhv ti" ejn divkh/

biwvsaito, kaqhravmeno" dikaiosuvnh/ kai; th'/ a[llh/ ajreth'/ pavsh/.− Oujk a[ra, e[fh, dia; to; suggene;" oJra'/ to;n qeovn, oujd! o{ti nou'" ejstin4,

ajll! o{ti swvfrwn kai; divkaio" _− Naiv, e[fhn, kai; dia; to; e[cein w|/ noei' tonv qeovn5.− Tiv ou\n _ jAdikou'siv tina ai|ge" h] provbata _− Oujde;n oujdevna, h\n d! ejgwv.4 − [Oyontai a[ra, fhsiv, kata; to;n so;n lovgon6 kai; tau'ta ta; zw'/a _− Ou[ : to; ga;r sw'ma aujtoi'", toiou'ton o[n, ejmpovdiovn ejstin.− Eij lavboien [p. 84 : B] fwnh;n ta; zw'/a tau'ta, uJpotucw;n ejkei'no", euj i[sqi

o{ti polu; a]n eujlogwvteron ejkei'na tw'/ hJmetevrw/ swvmati loidoroi'nto : nu'n d!ejavswmen ou{tw, kaiv soi wJ" levgei" sugkecwrhvsqw. jEkei'no dev moi eijpev :e{w" ejn tw'/ swvmativ ejstin hJ yuch; blevpei, h] ajpallagei'sa touvtou _5 − Kai; e{w" mevn [fol. 55 r° : A] ejstin ejn ajnqrwvpou ei[dei, dunato;n aujth'/,

fhmiv, ejggenevsqai7 dia; tou' nou', mavlista de; ajpoluqei'sa tou' swvmato" kai;aujth; kaq! eJauth;n genomevnh tugcavnei ou| h[ra pavnta to;n crovnon8.− \H kai; mevmnhtai touvtou pavlin ejn ajnqrwvpw/ genomevnh _− Ou[ moi dokei', e[fhn.− Tiv ou\n o[felo" tai'" ijdouvsai", h] tiv plevon tou' mh; ijdovnto" oJ ijdw;n e[cei,

eij mhde; aujto; tou'to o{ti ei\de mevmnhtai _

1 Ou{tw : ou{tw" Otto, Arch. 2 Aujtw'/ : aujto; (scil. to; qei'on) prop. Thirlb. (pa'sai d! aujto; kai;pavntwn), Mar., coni. Otto, Arch., Goodsp. wJsauvtw" prop. Thirlb. coni. Marc. 3 Oujk A p. corr.,B, Steph., Thirlb., Mar., Mign., Otto, Marc. : ou[ A a. corr. Arch., Goodsp. 4 Nou'" ejstin : nou'ne[cei prop. Thirlb. nou'" e[nestin coni. Marc. 5 Kai; − qeovn : del. Hyldahl (p. 190 et 196) 6 Postto;n so;n lovgon Marc. addiderit to;n qeo;n 7 jEggenevsqai : suggenevsqai prop. Thirlb. 8 Pavntato;n crovnon prop. Thirlb., coni. Arch., Goodsp., Marc. : pavnta to;n crov(non sup. l.) pavn(ta ? tw'n ?tw''" ? sup. l.) A p. t. cr. pavnta B p. t. cr. pavntw" prop. Pearson, coni. Thirlb., Otto p. t. cr.pavntwn cett. edd. p. t. cr. uJpe;r pavntwn vel p. t. cr. pavntwn mavlista prop. Sylb.

197

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 4, 2-4, 5

2 — Quelle sorte d'affinité, dit-il, avons-nous avec Dieu ? Est-ce que l'âmeest aussi divine et immortelle, et de cet esprit souverain-là, lui-même, est-elleune partie16 ? Et comme celui-là voit Dieu, pouvons nous, nous aussi, avecnotre esprit, atteindre à la conception du divin et ainsi, dès à présent, aubonheur17 ?

— Parfaitement, dis-je.— Mais toutes les âmes, demanda-t-il, se répandent-elles, d’après lui18, dans

tous les êtres vivants ? ou bien celle d'un homme diffère-t-elle de celle d'uncheval ou d'un âne ?

— Non point, répondis-je : en tous, elles sont les mêmes.3 — Chevaux et ânes eux aussi, dit-il, verront-ils donc ou ont-ils jamais vu

Dieu ?— Non, dis-je, pas davantage que la plupart des hommes ; à moins de

conformer sa vie à ce qui est juste, en étant purifié par la justice et toute autrevertu.

— Ce n'est donc pas, reprit-il, en raison de l'affinité, que l'homme voitDieu, ni parce qu'il est esprit, mais parce qu'il est sage et juste !

— Assurément, dis-je, et aussi parce qu'il a de quoi connaître19 Dieu.— Mais alors, les boucs ou les brebis peuvent, envers quelqu'un,

commettre quelque injustice ?— Nullement, et envers personne, répondis-je.4 − Ainsi donc, reprit-il, d’après ce que tu dis, ces animaux verront eux

aussi (Dieu) ?— Non pas, car leur corps, tel qu'il est, y fait obstacle.— Si ces animaux pouvaient prendre la parole, intervint-il, sois certain

qu’ils pourraient, à bien plus juste titre, décrier notre corps20. Mais pourl’instant, laissons ce point, et qu’il te soit accordé selon ce que tu dis.Réponds-moi plutôt sur ceci : est-ce lorsqu’elle se trouve toujours dans lecorps que l’âme voit (Dieu), ou lorsqu’elle l’a quitté ?

5 — Même alors qu’elle se trouve dans une forme humaine, il est pour ellepossible, je le déclare, que cela se produise, par l’esprit ; mais c’est surtoutlorsqu’elle est déliée du corps, et qu’elle est revenue à elle-même, qu’ellegagne ce que toujours elle avait désiré21.

— S’en souvient-elle encore, une fois revenue dans le corps d’un homme ?— Il me semble que non, dis-je.— Quel est donc le profit pour celles qui ont vu ; et qu’a-t-il de plus, sur

qui n’a point vu, celui qui a vu, si même de cela − je veux dire d’avoir vu − ilne se souvient pas ?

198

JUSTIN MARTYR

6 − Oujk e[cw eijpei'n, h\n d! ejgwv.− AiJ de; ajnavxiai tauvth" th'" qeva" kriqei'sai tiv pavscousin _ e[fh.− Ei[" tina qhrivwn ejndesmeuvontai swvmata, kai; au{th ejsti; kovlasi" aujtw'n.− Oi[dasin ou\n o{ti dia; tauvthn th;n aijtivan ejn toiouvtoi" eijsi swvmasi kai;

o{ti ejxhvmartovn ti _− Ouj nomivzw.7 − Oujde; tauvtai" a[ra o[felov" ti th'" kolavsew", wJ"1 e[oiken : ajll! oude;

kolavzesqai aujta;" levgoimi, eij mh; ajntilambavnontai th'" kolavsew".− Ouj gavr.− Ou[te oJrw'si to;n qeo;n aiJ yucaiv, ou[te metameivbousin2 eij" e{tera

swvmata : h[/desan3 ga;r a]n o{ti kolavzontai ou{tw", kai; ejfobou'nto a]n kai; to;tuco;n ejxamartei'n u{steron. Noei'n de; aujta;" duvnasqai o{ti e[sti qeo;" kai;4

dikaiosuvnh kai; eujsevbeia kalovn, kajgw; suntivqemai, e[fh.− jOrqw'" levgei", ei\pon.

5. 1 − Oujde;n ou\n i[sasi peri; touvtwn ejkei'noi oiJ filovsofoi : oujde; ga;r o{ tivpotev ejsti [fol. 55 v° : A] yuch; e[cousin eijpei'n.− Oujk e[oiken.− Oujde; mh;n ajqavnaton crh' levgein aujthvn : o{ti eij ajqav-[p. 85 : B]-natov"

ejsti, kai; ajgevnnhto"5 dhladhv.− jAgevnnhto" de; kai; ajqavnatov" ejsti katav tina" legomevnou" Platwnikouv".− \H6 kai; to;n kovsmon su; ajgevnnhton levgei" _− Eijsi;n oiJ levgonte", ouj mevntoi ge aujtoi'" sugkatativqemai ejgwv.2 − jOrqw'" poiw'n. Tivna ga;r lovgon e[cei sw'ma ou{tw stereo;n kai;

ajntitupivan e[con kai; suvnqeton kai; ajlloiouvmenon kai; fqivnon kai; ginovmenoneJkavsth" hJmevra" mh; ajp! ajrch'" tino" hJgei'sqai gegonevnai _ eij de;7 oJ kovsmo"gennhtov"8, ajnavgkh kai; ta;" yuca;" gegonevnai kai; oujk9 ei\naiv poi10 tavca :dia; ga;r tou;" ajnqrwvpou" ejgevnonto kai; ta; a[lla zw/'a, eij o{lw" kat! ijdivan kai;mh; meta; tw'n ijdivwn swmavtwn fhvsei" aujta;" gegonevnai.− Ou{tw" dokei' ojrqw'" e[cein.− Oujk a[ra ajqavnatoi.

1 JW" : oujk prop. Mar. qui haec verba Iustino tribuit 2 Metameivbousin A p. corr., B, edd. :metameivbousi A a. corr. 3 [H/desan codd., edd. ab Otto, Troll. : h[/dosan cett. edd. h/[deisan prop.Sylb., Pearson, Thirlb., Mar. 4 Kai; : kai; o{ti Marc. 5 jAgevnnhto" et gennhtov" (= non genita,generata) Dial. 5, 1 bis, 2, 4, 5, 6 : ajgevnhto" et genhtov" (= non facta, ortum sive originem non habens)prop. Otto 6 \H edd. a Mar. : h] codd., cett. edd. 7 De; : d! Thirlb., Otto, Mign. 8 Gennhtov" :genhtov" prop. Otto (mox enim : yuca;" gegonevnai) 9 Oujk : om. Lange 10 Poi : ajeiv pou Marc.

199

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 4, 6-5, 2

6 — Je ne sais que te dire, repartis-je.— Et les âmes jugées indignes de cette vision, que leur arrive-t-il ?

poursuivit-il.— Elles sont enchaînées dans certains corps de bêtes, et c’est là leur

châtiment22.— Elles savent donc que c’est pour cette raison qu’elles sont dans de tels

corps, et pour s’être rendues coupables de quelque faute.— Je ne le pense pas.7 — Mais alors, elles non plus ne tirent aucun profit de leur punition,

semble-t-il. Je dirais même qu’elles ne sont point punies, si elles ne saisissentpas la punition.

— Non, en effet.— Donc, les âmes ne voient pas Dieu, et elles ne transmigrent23 pas non

plus vers d’autres corps. Car elles sauraient (sinon) qu’elles sont ainsi punies,et elles auraient la crainte de pécher encore, même par inadvertance.Maintenant, qu’elles soient capables de comprendre qu’il y a un Dieu, et quela justice comme la piété sont un bien, j’en conviens moi aussi, dit-il.

— Tu as raison, répondis-je.

L’âme n’est pas par nature immortelle.

5. 1 — De ces choses, lesdits philosophes ne savent donc1 rien, puisqu’ilssont incapables de dire ce que peut bien être l’âme ?

— Il semble en effet que non.— On ne doit pas davantage2 dire qu’elle est immortelle ; car si elle est

immortelle, elle est à l’évidence aussi non engendrée3.— Mais elle est à la fois non engendrée et immortelle, selon certains, qui

portent le nom de Platoniciens4 !— Affirmes-tu, pour ta part, que le monde lui aussi est non engendré ?— Il en est5 qui le disent. Je ne partage toutefois pas, quant à moi, leur avis.2 — Et tu fais bien. Comment peut-on raisonnablement penser, en effet,

qu’un corps aussi solide, résistant et compact, qui change, périt et naît chaquejour n’a pas été produit par quelque cause6 ? Mais si le monde est engendré, ilfaut nécessairement que les âmes, elles aussi, soient produites7, et, peut-être,n’existent plus en un certain point8 ; car c’est à cause des hommes9, et desautres êtres vivants, qu’elles ont été produites, si tu soutiens

200

JUSTIN MARTYR

− Ou[<k>1 , ejpeidh; kai; oJ kovsmo" gennhto;" hJmi'n ejfavnh.3 − jAlla; mh;n oujde; ajpoqnh/vskein fhmi; pavsa" ta;" yuca;" ejgwv : e{rmaion

ga;r h\n2 wJ" ajlhqw'" toi'" kakoi'". jAlla; tiv _ Ta;" me;n tw'n eujsebw'n ejnkreivttoniv poi cwvrw/ mevnein, ta;" de; ajdivkou" kai; ponhra;" ejn ceivroni3, to;nth'" krivsew" ejkdecomevna" crovnon tovte4. Ou{tw" aiJ mevn, a[xiai tou' qeou'5

fanei'sai6, oujk7 ajpoqnhv/skousin e[ti : aiJ de; kolav-[fol. 56 r° : A]-zontai, e[st!a]n aujta;" kai; ei\nai kai; kolavzesqai oJ qeo;" qevlh/.4 − \Ara toiou'tovn ejstin o} levgei", oi|on kai; Plavtwn ejn Timaivw/

aijnivssetai peri; tou' kovsmou, levgwn8 o{ti luto;"9 me;n kai; fqartov" ejstin h|/gevgonen, ouj luqhvsetai de; oujde; teuvxetai qanavtou moivra" dia; th;n bouvlhsintou' qeou' _ Tou't! aujtov soi dokei' kai; peri; yuch'" kai; aJplw'" pavntwn pevrilevgesqai _ {Osa10 gavr ejsti meta; to;n qeo;n h] e[stai potev, tau'ta fuvsinfqarth;n e[cein11, kai; oi|av te [p. 86 : B] ejxafanisqh'nai kai; mh; ei\nai e[ti :movno" ga;r ajgevnnhto" kai; a[fqarto" oJ qeo;" kai; dia; tou'to qeov" ejsti, ta; de;loipa; pavnta meta; tou'ton gennhta;12 kai; fqartav.5 Touvtou cavrin kai; ajpoqnhv/skousin aiJ yucai; kai; kolavzontai : ejpei; eijajgevnnhtoi h\san, ou[t! a]n ejxhmavrtanon ou[te ajfrosuvnh" ajnavplew/13 h\san,oujde; deilai; kai; qrasei'ai pavlin, ajll! oujde;14 eJkou'saiv pote eij" suva"ejcwvroun kai; o[fei" kai; kuvna", oujde; mh;n15 ajnagkavzesqai aujta;" qevmi", ei[pereijsi;n ajgevnnhtoi. To; ga;r ajgevnnhton tw'/ ajgennhvtw/ o{moiovn ejsti kai;i[son kai; taujtovn, kai; ou[te dunavmei ou[te timh'/ prokriqeivh/ a]n qatevrou to;e{teron. 6 {Oqen oujde; pollav16 ejsti ta; ajgevnnhta : eij ga;r diaforav ti" h\nejn aujtoi'", oujk a]n eu{roi" ajnazhtw'n to; ai[tion th'" diafora'", ajll!, ejp!a[peiron ajei; th;n [fol. 56 v° : A] diavnoian pevmpwn, ejpi; eJnov" pote sthvsh/

1 Oujk : ou[ codd., Goodsp. 2 \Hn : a]n h\n Marc. 3 Ceivroni edd. : ceivrwni codd. 4 Tovte : potevprop. Thirlb., Mar. delendum van Winden 5 Tou' qeou' : tw'/ qew'/ prop. Thirlb. 6 Fanei'sai Sylb.,Mor., Troll., edd. ab Otto (cf. Dial. 4, 6 : aiJ de; ajnavxiai tauvth" th'" qeva" kriqei'sai ; Origen.,Cels., VI, 44, 18 : a[xioi fanevnte" th'" eij" ta; qei'a ajnabavsew"), van Winden, p. 91 : fanei'sqaicodd., cett. edd. 7 Oujk : −k ex corr. A., vacat (fuit ouj mh; ?), gr(avfetai) ouj mh sup. l. to; ga;r ouj mh;ajpoqnhvskwsin e[ti e[xw th'" ojrqh'" tou' lovgou suntavxew" in marg. codd. o{pw" ...ajpoqnhvskwsin...kolavzwntai prop. Thirlb. 8 Levgwn : levgw errore Thirlb. 9 Luto;" Marc. : aujto;" codd., cett. edd.10 {Osa : Naiv, o{sa Marc. ou[, o{sa Hyldahl (p. 210) Verba o{sa gavr ejsti ktl. seni tribuit codd. Ain marg. (gevrwn : om. B), Steph., Marc. Iustino tribuere Mar., Otto, Arch., Goodsp. Ab Touvtoucavrin incipit loqui senex secundum St. Thirlby. 11 [Ecein : supplendum Plavtwn aijnivssetai vellegendum e[cei, si senex hic loqui incipit Mar. e[cei prop. Thirlb., coni. Marc., e[cein fhmiv Hyldahl12 Gennhta; : genhta; prop. Otto (supra : fqartov" ejstin h|/ gevgonen) 13 jAnavplew/ Sylb., Mar.,Mign., Troll., edd. ab Otto : ajnavplew codd. cett. edd. 14 Oujde; : ou[te coni. Marc. 15 Oujde; mh;n :oujde; mh;n h\n Marc. 16 Pollav : p. kai; diavfora Marc. (cf. p. 8).

201

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 5, 2-5, 6

sans réserve qu’elles sont produites à part, et non avec le corps qui leur estpropre10.

— Il semble qu’il en est bien ainsi.— Elles ne sont donc pas immortelles ?— Non, puisqu’il nous est apparu que le monde, lui aussi, est engendré.3 — Je ne dis toutefois pas, pour ma part, que les âmes meurent toutes. Ce

serait là, à vrai dire, une bonne affaire pour les méchants11. Qu’en est-ildonc ? Celles des hommes pieux demeurent en quelque lieu meilleur ; lesinjustes et les méchantes en un lieu pire, où elles attendent alors le temps dujugement12. Ainsi les unes − celles qui auront paru dignes de Dieu − nemeurent (plus)13 ; les autres sont châtiées aussi longtemps que Dieu veutqu’elles existent et qu’elles soient châtiées14.

4 — Ta doctrine s’apparente-t-elle donc à celle que Platon15, dans le Timée,laisse entendre au sujet du monde, lorsqu’il dit que celui-ci est susceptible dedissolution16 et corruptible, en tant qu’il fut produit, mais qu’il ne sera pasdissous, et qu’il n’est pas non plus destiné à la mort, cela de par la volonté deDieu17 ? Cette doctrine-là peut-elle, à ton avis, s’appliquer également à l’âmeet, en définitive, à toute chose ? Car18 (selon ton opinion Platon déclare que)tout ce qui est ou doit être jamais après Dieu, tout cela, par nature, estcorruptible, peut disparaître, et n’être plus. Dieu seul est non engendré etincorruptible19, et c’est là ce qui fait qu’il est Dieu, tandis que tout le reste,qui vient après lui, est engendré et corruptible. 5 Voilà pourquoi les âmes20

tout à la fois meurent et sont châtiées. Car si elles étaient non engendrées,elles ne pécheraient pas, et ne seraient pas non plus emplies de déraison ;elles ne seraient pas tantôt lâches, tantôt braves ; elles n’iraient pas d’elles-mêmes séjourner en un porc, un serpent ou un chien ; et il n'est d’ailleurs pasloisible de les contraindre, si l’on admet du moins qu’elles sont nonengendrées. Car le non-engendré au non-engendré est semblable ; il lui estmême égal et identique, et ni pour la puissance ni pour la dignité on nesaurait juger que l’un prévaut sur l’autre21. 6 Il s'ensuit que le non-engendrén’est pas non plus multiple22. Car à supposer qu’il y ait, entre les non-engendrés, une quelconque différence, de cette différence on ne pourrait, parla recherche, remonter à la cause : lancée toujours vers l’infini, la pensée,fatiguée, finira par s’arrêter sur un seul être non engendré, que l’on déclareracause de toute chose. Cela23, dis-je24, a-t-il donc échappé à ces sages, Platonet Pythagore, qui pour nous sont en quelque sorte devenus le rempart25 et lesoutien de la philosophie ?

202

JUSTIN MARTYR

ajgennhvtou kamw;n kai; tou'to fhvsei" aJpavntwn ai[tion. Ei\ta < tau'ta >1

e[laqe, fhmi; ejgwv, Plavtwna kai; Puqagovran, sofou;" a[ndra", oi} w{spertei'co" hJmi'n kai; e[reisma filosofiva" ejxegevnonto _

6. 1 − Oujde;n ejmoiv, e[fh, mevlei Plavtwno" oujde; Puqagovrou oujde; aJplw'"oujdeno;" o{lw" toiau'ta doxavzonto". To; ga;r ajlhqe;" ou{tw" e[cei : mavqoi" d!a]n ejnteu'qen. JH yuch; h[toi zwhv ejstin h] zwh;n e[cei. Eij me;n ou\n zwhv ejstin,a[llo ti a]n poihvseie zh'n, oujc eJauthvn, wJ" kai; kivnhsi"3 a[llo ti kinhvseiema'llon h] eJauthvn. {Oti de; zh'/ yuchv, oujdei;" ajnteivpoi. Eij de; zh'/, ouj zwh;ou\sa zh'/, ajlla; metalambavnousa th'" zwh'" : e{teron dev ti to; metevcon tino;"ejkeivnou ou| metevcei. Zwh'" de; yuch; metevcei, ejpei; zh'n aujth;n oJ qeo;"bouvletai. 2 Ou{tw" a[ra kai; ouj meqevxei potev, o{-[p. 87 : B]-tan aujth;n mh;qevloi zh'n. Ouj ga;r <i[>di<on> aujth'"4 ejsti to; zh'n wJ" tou' qeou' : ajlla;w{sper a[nqrwpo" ouj dia; pantov"5 ejstin oujde; suvnestin ajei; th'/ yuch'/ to;sw'ma, ajll!, o{tan6 devh/ luqh'nai th;n aJrmonivan tauvthn, kataleivpei hJ yuch; to;sw'ma kai; oJ a[nqrwpo" oujk e[stin7, ou{tw" kaiv, o{tan devh/ th;n yuch;n mhkevtiei\nai, ajpevsth ajp! aujth'" to; zwtiko;n pneu'ma kai; oujk e[stin hJ yuch; e[ti,ajlla; kai; aujth; o{qen ejlhv-[fol. 57 r° : A]-fqh ejkei'se cwrei' pavlin.

7. 1 − Tivni ou\n, fhmiv, e[ti ti" crhvsaito didaskavlw/ h] povqen wjfelhqeivh ti",eij mhde; ejn touvtoi" to; ajlhqev" ejstin _− jEgevnontov tine" pro; pollou' crovnou pavntwn touvtwn tw'n nomizomevnwnfilosovfwn palaiovteroi, makavrioi kai; divkaioi kai; qeofilei'", qeivw/ pneuvmatilalhvsante" kai; ta; mevllonta qespivsante", a} dh; nu'n givnetai : profhvta"de; aujtou;" kalou'sin8. Ou|toi movnoi to; ajlhqe;" kai; ei\don kai; ejxei'ponajnqrwvpoi", mhvt! eujlabhqevnte" mhvte duswphqevnte" tinav, mh; hJtthmevnoidovxh", ajlla; movna tau'ta eijpovnte" a} h[kousan kai; a} ei\don aJgivw/plhrwqevnte" pneuvmati. 2 Suggravmmata de; aujtw'n e[ti kai; nu'n diamevnei,kai; e[stin ejntucovnta touvtoi" plei'ston wjfelhqh'nai kai; peri; ajrcw'n kai;peri; tevlou" kai; w|n crh' eijdevnai to;n filovsofon, pisteuvsanta ejkeivnoi". Oujga;r meta; ajpodeivxew" pepoivhntai tovte8 tou;" lovgou", a{te ajnwtevrw pavsh"ajpodeivxew" o[nte" ajxiovpistoi mavrture" th'" ajlhqeiva" : ta; de; ajpobavnta

1 Ei\ta tau'ta prop. Thirlb., van Winden : h] tau'ta coni. Otto, Arch., Goodsp. h\ tau'ta prop.Thirlb., coni. Marc ei\ta codd., cett. edd. ei[te prop. Mar., Troll. eij mh; prop. Nolte 2 Kivnhsi" : hJkivnhsi" prop. Sylb. 3 [Idion aujth'" prop. Mar., coni. edd. ab Otto : di! aujth'" codd., cett. edd.4 Dia; pantov" edd. ab Otto : diapanto;" codd., cett. edd. 5 {Otan corr. Sylb., Thirlb., edd. abOtto : o{te a]n codd., cett. edd. 6 Oujk e[stin : oujkevti ejstivn Marc. (paulo post : oujk e[stin ...e[ti)7 Profh'ta" − kalou'sin in semicirculis Steph., Thirlb. 8 Tovte : potev prop. Pearson.

203

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 6, 1-7, 2

L’âme participe à la vie tant que Dieu veut qu’elle vive.

6. 1 — Je ne me soucie guère, dit-il, de Platon ni de Pythagore, pas plusd’ailleurs que d’aucun de ceux qui ont de telles vues. Car la vérité est ainsi1, etd’après ce qui suit, tu pourras t’en convaincre2 : ou bien l’âme est vie, ou bienelle a la vie. Si elle est vie, c’est un autre être qu’elle fera vivre, et non elle-même, ainsi que le mouvement meut quelque chose d’autre, plutôt que lui-même3. Que l’âme vive, personne n’y saurait contredire. Si elle vit,cependant, ce n’est pas parce qu’elle est vie, mais parce qu’elle a part à la vie.Or ce qui participe de quelque chose est autre que ce dont il participe. Sil’âme participe de la vie, c’est parce que Dieu veut qu’elle vive. 2 Aussiadviendra-t-il qu'elle n’y participe plus, lorsqu’il ne lui plaira plus qu’elle vive.Car la vie ne lui appartient pas en propre, comme elle appartient à Dieu : demême que l’homme n’existe pas indéfiniment, et que le corps ne coexiste pastoujours à l’âme, mais que, lorsque vient le moment où cette harmonie4 doitêtre dissoute, l’âme abandonne le corps et l’homme n’existe plus, de mêmeaussi, lorsque l’âme doit cesser d’être, l’esprit de vie s’échappe d’elle, l’âmen’existe plus et retourne, à son tour, là d’où elle avait été tirée5.

La connaissance de la vérité ne peut être tirée que des prophètes.

7. 1 — A quel didascale, dis-je, peut-on alors avoir recours, et où chercher del’aide si même chez ceux-là1, on ne trouve point le vrai ?

— Il y eut, voilà bien longtemps2, certains hommes, d’une plus grandeantiquité que tous ces prétendus philosophes3 : bienheureux, justes et aimésde Dieu4, ils parlaient par un Esprit divin5, et prononçaient, sur l’avenir, desoracles6 qu'on voit bien s'accomplir aujourd’hui. On les nomme prophètes7.Eux seuls ont vu et annoncé le vrai aux hommes : sans égard ni crainteenvers personne8, sans céder au désir de gloire, ils rapportaient uniquementce qu’ils avaient entendu et vu9, emplis10 d’un Esprit saint. 2 Leurs écritssubsistent encore aujourd'hui11, et celui qui les lit peut en tirer le meilleurprofit, tant sur les principes que sur la fin12, et sur tout ce qu'il faut qu'unphilosophe sache, pourvu qu'il y accorde foi. Ce n’est pas, en effet, en leurdonnant la forme d’une démonstration qu’ils ont alors présenté leursdiscours, attendu qu'il étaient, plus haut que toute démonstration, les dignestémoins de la vérité13. Ce sont les événements passés et présents qui forcent

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kai; ajpobaivnonta ejxanagkavzei suntivqesqai toi'" lelalhmevnoi" di! aujtw'n.3 Kaivtoi ge kai; dia; ta;" dunavmei", a}" ejpetevloun, pisteuvesqai divkaioih\san, ejpeidh; kai; to;n poihth;n tw'n o{lwn qeo;n kai; patevra1 ejdovxazon [fol. 57v° : A] kai; to;n par! aujtou' Cristo;n uiJo;n aujtou' kathvggel-[p. 88 : B]-lon :o{per oiJ ajpo; tou' plavnou kai; ajkaqavrtou pneuvmato" ejmpiplavmenoiyeudoprofh'tai ou[te ejpoivhsan ou[te poiou'sin, ajlla; dunavmei" tina;"ejnergei'n eij" katavplhxin tw'n ajnqrwvpwn tolmw'si kai; ta; th'" plavnh"pneuvmata kai; daimovnia doxologou'sin.Eu[cou dev soi pro; pavntwn fwto;" ajnoicqh'nai puvla" : ouj ga;r sunopta;2

oujde; sunnohta; pa'sin ejstin3, eij mhv tw/ qeo;" dw'/ sunievnai kai; oJ Cristo;"aujtou'.

8. 1 Tau'ta kai; e[ti a[lla polla; eijpw;n ejkei'no", a} nu'n kairo;" oujk e[stilevgein, w[/ceto, keleuvsa" diwvkein aujtav : kai; oujkevti aujto;n ei\don. jEmoi;4 de;paracrh'ma pu'r ejn th'/ yuch'/ ajnhvfqh, kai; e[rw" e[ceiv5 me tw'n profhtw'n kai;tw'n ajndrw'n ejkeivnwn, oi{ eijsi Cristou' fivloi : dialogizovmenov" te pro;"ejmauto;n tou;" lovgou" aujtou' tauvthn movnhn eu{riskon filosofivan ajsfalh' tekai; suvmforon. 2 Ou{tw" dh; kai; dia; tau'ta filovsofo" ejgwv. Bouloivmhn d! a]nkai; pavnta" i[son ejmoi; qumo;n poihsamevnou" mh; ajfivstasqai tw'n tou'swth'ro" lovgwn : devo" gavr ti e[cousin ejn eJautoi'", kai; iJkanoi; duswph'sai6

tou;" ejjktrepomevnou" th'" ojrqh'" oJdou', ajnavpausiv" te7 hJdivsth givnetai toi'"ejkmeletw'sin aujtouv". Eij ou\n ti kai; soi; peri; seautou' [fol. 58 r° : A] mevleikai; ajntipoih'/ swthriva" kai; ejpi; tw'/ qew'/ pevpoiqa", a{per8 oujk ajllotrivw/ tou'pravgmato", pavrestin ejpignovnti soi; to;n Cristo;n tou' qeou' kai; teleivw/genomevnw/ eujdaimonei'n.3 Tau'tav mou, fivltate, eijpovnto" oiJ meta; tou' Truvfwno" ajnegevlasan,

aujto;" de; uJpomeidiavsa" : Ta; me;n a[lla sou, fhsivn, ajpodevcomai kai; a[gamaith'" peri; to; qei'on oJrmh'", a[meinon de; h\n filosofei'n e[ti se th;n Plavtwno"h] a[llou tou filosofivan, ajskou'nta karterivan kai; ejgkravteian kai; sw-[p.89 : B]-frosuvnhn, h] lovgoi" ejxapathqh'nai yeudevsi kai; ajnqrwvpoi"ajkolouqh'sai oujdeno;" ajxivoi". Mevnonti gavr soi ejn ejkeivnw/ tw'/ th'"filosofiva" trovpw/ kai; zw'nti ajmevmptw" ejlpi;" uJpeleivpeto ajmeivnono"

1 Qeo;n kai; patevra : kai; patevra qeo;n (cf. I Apol. 36, 1 : tou' despovtou pavntwn kai;patro;" qeou') vel kai; qeo;n kai; patevra (cf. Dial. 67, 6 : oJ path;r aujtou' kai; tw'n o{lwnpoihth;" kai; kuvrio" kai; qeov") prop. Thirlb., Otto. kai; patevra qeo;n Marc. 2 Sunopta; : sunopta;tau'ta Marc. 3 jEstin : ejst− ex corr. A 4 jEmoiv prop. Thirlb., coni. edd. ab Otto, Troll. : ejmou'codd., cett. edd. 5 [Ecei : ei\ce prop. Thirlb. (cf. ajnhvfqh), coni. edd. ab Otto 6 Duswph'sai edd. :duswpei'sai codd. 7 Te : de; coni. Marc. 8 {Aper : a{te coni. Sylb.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 7, 2-8, 3

à adhérer aux paroles proférées par leur intermédiaire14. 3 Ce sont aussi,assurément, les prodiges15 accomplis par eux qui les rendaient dignes de foi,puisqu’ils célébraient16 l’auteur de l’univers, Dieu et Père17, et annonçaient leChrist qui vient de lui, son fils. Cela, les faux prophètes, imbus de l’espritd’erreur et d’impureté ne l’ont point fait et ne le font pas : les sortes deprodiges qu'ils osent opérer leur servent à frapper les hommes de stupeur, etceux qu’ils glorifient sont les aesprits d’erreur ainsi que les démons18.

Mais avant tout, prie pour que te soient ouvertes les portes de lumière19 :car ces choses pour tous demeurent invisibles et inconcevables, sauf pourcelui à qui bDieu, et son Christ20, accordent de comprendre21.

Départ du Vieillard. Conversion de Justin.Reproches de Tryphon aux chrétiens.

8. 1 Après m'avoir dit toutes ces choses et beaucoup d’autres encore1 que cen'est pas le lieu de rapporter ici, il s’en alla2, en me recommandant d’enpoursuivre la méditation. Et je ne l’ai plus revu. Mais un feu3, subitement,s’embrasa dans mon âme, et je demeure4 pris d’amour pour les prophètesainsi que pour ces hommes qui sont amis du Christ5. Dialoguant alors avecmoi-même6 sur ses paroles, je trouvai que c’était là l’unique philosophie, à lafois sûre et profitable. 2. C’est donc de cette manière et à cause de cela que jesuis, pour ma part, philosophe7. Et je voudrais que tous, épousant les mêmesaspirations que moi, ne se tiennent pas éloignés8 des paroles du Sauveur9. Carelles ont, en elles-mêmes, un certain pouvoir de susciter la crainte, etsuffisent à troubler ceux qui se détournent de la voie droite10, tandis que leplus doux repos11 s’offre à ceux qui s'y attachent. Si donc tu as, toi aussi,quelque souci de toi-même, si tu prétends au Salut et si tu as foi en Dieu, ilest pour toi possible − puisqu’à l'affaire tu n’es pas étranger12 − en ayantreconnu le Christ de Dieu, et une fois achevée ton initiation13, d’accéder aubonheur14.

3 A ces paroles, très cher15, les compagnons de Tryphon éclatèrent de rire,et lui même me dit en souriant16 :

— Quant au reste de tes propos17, j'y souscris, et je me réjouis de ton zèlepour le divin. Mais il vaudrait mieux que tu poursuives dans la philosophie dePlaton ou d'un autre, en t'exerçant à la constance, à la maîtrise de soi et à latempérance18, plutôt que de te laisser abuser par des discours trompeurs,

a Cf. I Tim. 4, 1 b cf. Ps. 2, 2 ?

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JUSTIN MARTYR

moivra" : katalipovnti de; to;n qeo;n kai; eij" a[nqrwpon ejlpivsanti poiva e[tiperileivpetai swthriva _4 Eij ou\n kai; ejmou' qevlei" ajkou'sai (fivlon gavr se h[dh nenovmika)1, prw'ton

me;n peritemou', ei\ta fuvlaxon, wJ" nenovmistai, to; savbbaton kai; ta;" eJorta;"kai; ta;" noumhniva" tou' qeou', kai; aJplw'" ta; ejn tw'/ novmw/ gegrammevna pavntapoivei, kai; tovte soi i[sw" e[leo" e[stai para; qeou'.Cristo;" dev, eij kai; gegevnhtai2 kai; e[sti pou, a[gnwstov" ejsti kai; oujde;

aujtov" pw eJauto;n ejpivstatai oujde; e[cei duvnamivn tina, mevcri" a]n ejlqw;nJHliva" crivsh/ [fol. 58 v° : A] aujto;n kai; fanero;n pa'si poihvsh/ : uJmei'" dev,mataivan ajkoh;n paradexavmenoi, Cristo;n eJautoi'" tina ajnaplavssete kai;aujtou' cavrin ta; nu'n3 ajskovpw" ajpovllusqe.

9. 1 − Suggnwvmh soi, e[fhn, w\ a[nqrwpe, kai; ajfeqeivh soi : ouj ga;r oi\da" o}levgei", ajlla; peiqovmeno" toi'" didaskavloi", oi} ouj sunivasi ta;" grafav", kai;ajpomanteuovmeno" levgei" o{ ti a[n soi ejpi; qumo;n e[lqoi. Eij de; bouvloiotouvtou pevri devxasqai4 lovgon, wJ"5 ouj peplanhvmeqa oujde; pausovmeqaoJmologou'nte" tou'ton6, ka]n ta; ejx ajnqrwvpwn hJmi'n ejpifevrwntai ojneivdh, ka]noJ deinovtato" ajpeipei'n ajnagkavzh/ tuvranno" : parestw'ti ga;r deivxw7 o{ti oujkenoi'" ejpisteuvsamen muvqoi" oujde; ajnapodeivktoi" lovgoi", ajlla; mestoi'"pneuvmato" qeivou kai; dunavmei bruvousi kai; teqhlovsi cavriti.2 jAnegevlasan ou\n pavlin oiJ met! aujtou' kai; a[kosmon ajnefqevggonto. jEgw;

de; ajnasta;" oi|ov" t! h[mhn ajpevrcesqai : oJ dev [p. 90 : B] mou tou' iJmativoulabovmeno" ouj pri;n ajnhvsein8 e[fh, pri;n o} uJpescovmhn ejktelevsai.− Mh; ou\n, e[fhn, qorubeivtwsan oiJ eJtai'roiv sou mhde; ajschmoneivtwsanou{tw", ajll!, eij me;n bouvlontai, meta; hJsuciva" ajkroavsqwsan, eij de; kai;ajscoliva ti" aujtoi'" uJpevrtero" ejmpodwvn ejstin, ajpivtwsan : hJmei'" dev,uJpocwrhvsantev" poi kai; ajnapausavmenoi [fol. 59 r° : A], peraivnwmen to;nlovgon. 3 [Edoxe kai; tw'/ Truvfwni ou{tw" hJma'" poih'sai, kai; dh; ejkneuvsante"eij" to; mevson tou' Xuvstou9 stavdion h[/eimen : tw'n de; su;n aujtw'/ duvo,cleuavsante" kai; th;n spoudh;n hJmw'n ejpiskwvyante", ajphllavghsan. JHmei'"de; wJ" ejgenovmeqa ejn ejkeivnw/ tw'/ tovpw/, e[nqa eJkatevrwqen livqinoiv eijsi qw'koi,ejn tw'/ eJtevrw/ kaqesqevnte" oiJ meta; tou' Truvfwno", ejmbalovnto"10 tino;"

1 Fivlon − nenovmika in semicirculis Steph., Thirlb., Otto 2 Gegevnhtai : genevnnhtai prop. Thirlb.3 Ta; nu'n : tanu'n Otto, Arch. 4 Touvtou pevri devxasqai codd., edd. a Mar. : peridevxasqai cett.edd. paradevxasqai prop. Thirlb. 5 JW" : maqhvsh/ vel simile quid addendum Sylb. ei[sh/ wJ" Marc.6 Tou'ton : eij" tou'ton in marg. codd. 7 Deivxw : deivxw soi Marc. 8 jAnhvsein Lange, Troll., edd.ab Otto : ajnuvsein codd., cett. edd. ajnuvsein ti prop. Sylb., ajponeuvsein Thirlb. 9 Xuvstou : xustou'edd. ab. Otto 10 jEmbavlonto" edd. : ejmbavllonto" codd.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 8, 3-9, 3

en te faisant le disciple de gens sans valeur. Tant que tu demeurais en cettesorte de philosophie, tu pouvais, en menant une vie irréprochable, conserverl'espoir d'une meilleure destinée. Mais si tu abandonnes Dieu pour placer tonespoir en un homme19, quelle sorte de salut20 te reste-t-il ? 4 Donc, si tu veuxbien m'écouter moi aussi − car je te considère désormais comme un ami21 −fais-toi tout d'abord circoncire, puis observe, comme cela est prescrit par laLoi, le sabbat, les fêtes et les néoménies de Dieu22, accomplis, en un mot,tout ce qui est écrit dans la Loi23. Alors, très certainement24, tu obtiendras deDieu miséricorde25. Le Christ26, à supposer qu'il soit né et se trouve enquelque lieu, il demeure ignoré27 ; il ne se connaît même pas lui même et nedispose d'aucune puissance tant qu'Élie n'est pas venu l'oindre et lemanifester à tous28. Mais vous, qui avez accueilli une vaine rumeur, vousvous êtes façonné à vous même un Christ à cause duquel, aujourd'hui, vousvous perdez inconsidérément.

Début de l’entretien dans le stade central du Xyste.

9. 1 — Qu'il te soit accordé indulgence et pardon, répliquai-je, car tu ne saispas ce que tu dis, et, sous l'influence des didascales qui ne comprennent pasles Écritures1, tu dis, tel un oracle, tout ce qui te passe par la tête… Laisse-moi te montrer2 que nous ne sommes pas dans l'erreur3, que nous necesserons de confesser cet homme, même si cela nous vaut la réprobation denos semblables, et quand bien même le plus cruel des tyrans exigerait notrereniement4. Si tu restes5, je te montrerai que notre foi n'est pas vouée à devaines fables6 ou à des doctrines sans preuves7, mais à des paroles qui,pénétrées de l'Esprit divin, sont jaillissantes8 de force et de grâce florissantes9.

2 Ses compagnons, à nouveau, éclatèrent de rire10, et se mirent à vociférerd'une manière indécente. Je me levai11, prêt à partir, mais lui me retint par lemanteau, et ne voulut point me laisser aller avant que j'aie mené à terme ceque j'avais promis12.

— Que tes amis, dis-je, cessent donc leur tapage13 et leurs inconvenanceset, s'ils y sont disposés, écoutent tranquillement. Si au contraire quelqueaffaire plus pressante les en empêche, qu'ils s'en aillent. Quant à nous,mettons-nous un peu à l'écart et poursuivons en paix cet entretien.

3 Cette proposition convint à Tryphon, et nous nous retirâmes14 vers lestade central du Xyste15. Deux de ses compagnons, nous ayant raillés ets'étant moqués de notre zèle, s'éloignèrent. Nous parvînmes quant à nous en

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aujtw'n lovgon peri; tou' kata; th;n jIoudaivan genomevnou polevmou, dielavloun.

10. 1 JW" de; ajnepauvsanto, ejgw; ou{tw" aujtoi'" pavlin hjrxavmhn : Mh; a[llo tivejstin o} ejpimevmfesqe hJma'", a[ndre" fivloi, h] tou'to o{ti ouj kata; to;n novmonbiou'men, oujde; oJmoivw" toi'" progovnoi" uJmw'n peritemnovmeqa th;n savrka, oujde;wJ" uJmei'" sabbativzomen _ ]H kai; oJ bivo" hJmw'n kai; to; h\qo" diabevblhtaipar! uJmi'n _ tou'to d! ejsti;n o} levgw, mh; kai; uJmei'" pepisteuvkate peri; hJmw'n,o{ti dh; ejsqivomen ajnqrwvpou" kai; meta; th;n eijlapivnhn1 ajposbennuvnte" tou;"luvcnou" ajqevsmoi" mivxesin ejgkuliovmeqa, h] aujto; tou'to kataginwvskete hJmw'nmovnon, o{ti toiouvtoi" prosevcomen lovgoi" kai; oujk ajlhqei', wJ" oi[esqe,pisteuvomen dovxh/ _2 − Tou't! e[stin o} qaumavzomen, e[fh oJ Truvfwn, peri; de; w|n oiJ [fol. 59 v° :

A] polloi; levgousin, ouj pisteu'sai a[xion [p. 91 : B] : povrrw ga;r kecwvrhketh'" ajnqrwpivnh" fuvsew". JUmw'n de; kai; ta; ejn tw'/ legomevnw/ Eujaggelivw/paraggevlmata qaumasta; ou{tw" kai; megavla ejpivstamai ei\nai, wJ"uJpolambavnein mhdevna duvnasqai fulavxai aujtav : ejmoi; ga;r ejmevlhsenejntucei'n aujtoi'". 3 jEkei'no de; ajporou'men mavlista, eij uJmei'", eujsebei'nlevgonte" kai; tw'n a[llwn2 oijovmenoi diafevrein, kat! oujde;n aujtw'najpoleivpesqe, oujde; diallavssete ajpo; tw'n ejqnw'n to;n uJmevteron bivon, ejn tw'/mhvte ta;" eJorta;" mhvte ta; savbbata threi'n mhvte th;n peritomh;n e[cein, kai;e[ti, ejp! a[nqrwpon staurwqevnta ta;" ejlpivda" poiouvmenoi, o{mw" ejlpivzeteteuvxesqai ajgaqou' tino" para; tou' qeou', mh; poiou'nte" aujtou' ta;" ejntolav".]H oujk ajnevgnw", o{ti jExoloqreuqhvsetai hJ yuch; ejkeivnh ejk tou' gevnou" aujth'",h{ti"3 ouj peritmhqhvsetai ...th'/ ojgdovh/ hJmevra/ _ JOmoivw" de; kai; peri; tw'najllogenw'n4 kai; peri; tw'n ajrgurwnhvtwn dievstaltai. 4 Tauvth" ou\n th'"diaqhvkh" eujqevw"5 katafronhvsante" uJmei'" ajmelei'te kai; tw'n e[peita, kai;peivqein hJma'" ejpiceirei'te wJ" eijdovte" to;n qeovn, mhde;n pravssonte" w|n oiJfobouvmenoi to;n qeovn. Eij ou\n e[cei" pro;" tau'ta ajpologhv-[fol. 60 r° : A]-sasqai6, kai; ejpidei'xai w|/tini trovpw/ ejlpivzete oJtiou'n, ka]n mh; fulavssonte"to;n novmon, tou'tov sou hJdevw" ajkouvsaimen mavlista, kai; ta; a[lla de; oJmoivw"sunexetavswmen7.

1 Eijlapivnhn edd. : eijlaphvnhn codd. 2 Tw'n a[llwn : tw'n a[llwn ejqnw'n Marc. 3 {Hti" : h} Dial.23, 4 a[rshn, o}" LXX 4 jAllogenw'n : oijkogenw'n prop. Thirlb. 5 Eujqevw" : eujhvqw" vel eujqevw"ajmelei'te prop. Thirlb. 6 jApologhv/ghvsasqai A 7 Sunexetavswmen : −tavsomen prop. Sylb.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 9, 3-10, 4

ce lieu que bordent, de chaque côté, deux bancs de pierre. Les compagnonsde Tryphon s'installèrent sur l'un d'eux ; quelqu'un parmi eux ayant amené laconversation sur la guerre de Judée16, ils discutaient.

Tryphon ne reproche aux chrétiens que leur refus d’observer la Loi.

10. 1 Lorsqu'ils eurent terminé, je m'adressai à eux, à nouveau, en ces termes :— Nous reprochez-vous autre chose, mes amis, que de ne pas vivre selon

la Loi, ne pas nous circoncire la chair, à l'instar de vos Pères, et de ne pasobserver le sabbat, comme vous1 ? Vos griefs portent-ils également sur notrefaçon de vivre et sur nos mœurs ? En d'autres termes, croyez-vous, vousaussi, que nous mangeons des hommes, et qu'après de bruyants festins, nouséteignons les lumières pour nous rouler dans de criminelles unions2 ? Ounous reprochez-vous seulement notre adhésion aux discours que j'ai évoqués,et notre foi en ce qui n'est, selon vous, qu'opinion3 erronée ?

2 — C'est bien là ce qui nous étonne, dit Tryphon, et non ce que la plupartracontent, qui est indigne de foi : ils sont incompatibles avec la naturehumaine4. Je sais en revanche que les préceptes5 contenus pour vous dans cequ'on appelle l'Évangile6 sont si grands et si admirables que personne,j'imagine, n'est en mesure de les appliquer7. J'ai pris soin, en effet, d'enprendre connaissance… 3 Ce qui nous embarrasse le plus, c'est plutôt quevous vous disiez pieux et prétendiez être différents des autres sans vousséparer d'eux en aucune manière ; que votre vie ne se distingue pas de celledes nations puisque vous ne respectez ni les fêtes ni le sabbat, et n'avez pas lacirconcision ; que de surcroît, vous placiez vos espoirs en un hommecrucifié8, et espériez néanmoins, sans en observer les commandements,obtenir quelque bien de Dieu. N'as-tu pas lu qu' aElle sera exterminée du milieude sa race l'âme qui n'aura pas été circoncise …le huitième jour9 ? Ce qui vautégalement pour les bétrangers et les esclaves acquis à prix d'argent 10. 4 Ainsi donc,vous méprisez d'emblée11 cette12 cAlliance en faisant fi de ce qu'elle entraîne13,et vous cherchez à nous faire croire que vous connaissez Dieu sans rienmettre en pratique de ce que respectent les Craignants-Dieu14. Si tu peux tedéfendre à ce sujet, et démontrer15 comment, même sans observer la Loi,vous pouvez concevoir une quelconque espérance, nous t'écouterons bienvolontiers, et nous pourrions ensuite, selon la même méthode, examinerensemble les autres points16.

a Cf. Gen. 17, 14 b cf. Gen. 17, 12.27 c cf. Gen. 17, 14.

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JUSTIN MARTYR

11. 1 − Ou[te e[stai pote; a[llo" qeov", w\ Truvfwn, ou[te h\n ajp! aijw'no", ejgw;ou{tw" pro;" aujtovn1, plh;n tou' poihvsanto" kai; diatavxanto" tovde to; pa'n.Oujde; a[llon me;n hJmw'n, a[llon de; uJmw'n hJgouvmeqa qeovn, ajll! aujto;n ejkei'nonto;n ejxagagovnta tou;" patevra" uJmw'n ejk gh'" Aijguvptou ejn ceiri; krataia'/kai; braciv-[p. 92 : B]-oni uJyhlw'/ : oujd! eij" a[llon tina; hjlpivkamen, ouj ga;re[stin2, ajll! eij" tou'ton eij" o}n kai; uJmei'", to;n qeo;n tou' jAbraa;m3 kai; jIsaa;kkai; jIakwvb. jHlpivkamen4 de; ouj dia; Mwsevw"5 oujde; dia; tou' novmou : h\ ga;ra]n to; aujto; uJmi'n ejpoiou'men. 2 Nuni; de; ajnevgnwn gavr, w\ Truvfwn, o{ti e[soitokai; teleutai'o" novmo" kai; diaqhvkh kuriwtavth pasw'n, h}n nu'n devonfulavssein pavnta" ajnqrwvpou", o{soi th'" tou' qeou' klhronomiva"ajntipoiou'ntai. JO ga;r ejn Cwrh;b palaio;" h[dh novmo" kai; uJmw'n movnwn, oJ de;pavntwn6 aJplw'" : novmo" de; kata; novmou7 teqei;" to;n pro; aujtou' e[pause, kai;diaqhvkh metevpeita genomevnh th;n protevran oJmoivw" e[sthsen8. Aijwvniov" te9

hJmi'n novmo" kai; teleutai'o" oJ Cristo;" ejdovqh kai; hJ diaqhvkh pisthv [fol. 60v° : A], meq! h}n ouj novmo", ouj provstagma, oujk ejntolhv. 3 ]H su; tau'ta oujkajnevgnw" a{ fhsin JHsai?a" _ (Is. 51, 4) jAkouvsatev mou, ajkouvsatev mou, laov"mou, kai; oiJ basilei'" prov" me ejnwtivzesqe, o{ti novmo" par! ejmou' ejxeleuvsetaikai; hJ krivsi" mou eij" fw'" ejqnw'n. (5) jEggivzei tacu; hJ dikaiosuvnh mou, kai;ejxeleuvsetai to; swthvriovn mou, kai; eij" to;n bracivonav mou e[qnh ejlpiou'si.Kai; dia; JIeremivou peri; tauvth" aujth'" th'" kainh'" diaqhvkh" ou{tw fhsivn :(Jér. 31, 31) jIdou; hJmevrai e[rcontai, levgei kuvrio", kai; diaqhvsomai tw'/ oi[kw/jIsrah;l kai; tw'/ oi[kw/ jIouvda diaqhvkhn kainhvn, (32)oujc h}n dieqevmhn toi'"patravsin aujtw'n, ejn hJmevra/ h|/ ejpelabovmhn th'" ceiro;" aujtw'n ejxagagei'naujtou;" ejk gh'"10 Aijguvptou. 4 Eij ou\n oJ qeo;" diaqhvkhn kainh;n ejkhvruxemevllousan diatacqhvsesqai11 kai; tauvthn eij" fw'" ejqnw'n, oJrw'men de; kai;pepeivsmeqa12 dia; tou' ojnovmato" aujtou' tou' staurwqevnto" jIhsou' Cristou'13

[p. 93 : B] ajpo; tw'n eijdwvlwn kai; th'" a[llh" ajdikiva" proselqovnta" tw'/ qew'/kai; mevcri qanavtou uJpomevnonta" th;n oJmologivan kai; eujsevbeian poiei'sqai,kai; ejk tw'n e[rgwn kai; ejk th'" parakolouqouvsh" dunavmew" sunievnai pa'sidunato;n o{ti ou|tov" ejstin oJ kaino;" novmo" kai; hJ kainh; diaqhvkh, kai; hJprosdokiva tw'n ajpo; pavntwn tw'n ejqnw'n ajnamenovntwn ta;

1 jEgw; − aujtovn in semicirculis Steph. 2 Ouj − e[stin in semicirculis Otto 3 jAbraa;m : JAbraavmhic et ubique codd. 4 jHlpivkamen prop. Sylb., coni. Otto, Troll., Arch., Marc. (ut supra) : hjlpivsamencodd., cett. edd. 5 Mwsevw" : Mwu>sevw" Mar., Mign., Otto, Goodsp. 6 JO de; pavntwn : oJ de;kaino;" pavntwn Marc. 7 Kata; novmou : meta; novmon prop. Thirlb. 8 [Esthsen : e[sbhsen prop.Thirlb. 9 Te : de; prop. Thirlb. 10 Gh'" edd. (ex LXX) : th'" codd. 11 Diatacqhvsesqai (= Dial.51, 3) : diateqhvsesqai prop. Thirlb. (ex. Dial. 34, 1 ; 67, 9) 12 Pepeivsmeqa : pepuvsmeqa prop.Steph. 13 Post jIhsou' Cristou' Marc. add. ajnqrwvpou".

211

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 11, 1-11, 4

Le Christ, « Loi éternelle », met un terme à la « Loi de l’Horeb ».Les chrétiens sont la « race israélite véritable ».

11. 1 Je répondis en ces termes :— Il ne saurait y avoir d'autre Dieu1, Tryphon, et il n'y en eut jamais de touteéternité, que Celui qui a créé et ordonné cet univers. Nous ne pensons pasdavantage qu'il y ait pour nous un Dieu, et pour vous un autre, mais Celui-làseul qui aa guidé vos pères hors du pays d'Égypte par sa main puissante et son brasélevé2 ; ce n'est pas non plus en quelque autre Dieu que nous plaçons nosespérances − il n'y en a pas − mais dans le même que vous, le Dieud'Abraham, d'Isaac et de Jacob3. Ces espérances, toutefois, ne passent paspar4 Moïse, ni par la Loi, car alors, nous ferions comme vous. 2 Ce que j'ai luen effet, Tryphon5, c'est plutôt qu'il y aurait à la fois une Loi ultime6 et uneAlliance supérieure à toutes les autres, celle que doivent respecter,aujourd'hui, tous les hommes qui prétendent à l'héritage de Dieu7. Car la Loide l'Horeb8, désormais ancienne9, était destinée à vous seuls tandis que celle-ci s'adresse à tous, sans exception10 : une loi instituée contre une autre met unterme à la première, de même qu'une disposition11 nouvelle annule cellequ'elle remplace12. C'est comme Loi éternelle et ultime13 que le Christ nous aété donné, et cette Alliance est sûre14. Après elle, plus de Loi, plusd'ordonnance, plus de précepte. 3 N'as-tu pas, quant à toi, lu ces parolesd'Isaïe ? : (Is. 51, 4)Écoutez-moi, mon peuple, écoutez-moi ! rois, prêtez-moi l'oreille, carune Loi sortira de moi, et mon jugement, pour devenir lumière des nations. (5)Elle approcherapidement, ma justice, il paraîtra, mon salut, et en mon bras15 les peuples espéreront. Etpar l'intermédiaire de Jérémie, sur cette même nouvelle Alliance, il s'exprimeainsi : (Jér. 31, 31)Voici venir des jours, dit le Seigneur, où je conclurai avec la maisond'Israël et la maison de Juda une Alliance nouvelle, (32)qui n'est pas celle16 que j'ai conclueavec leurs pères, au jour où j'ai pris leurs mains pour les faire sortir du pays d'Égypte. 4 Sidonc Dieu a proclamé qu'une bAlliance nouvelle devait être conclue, et que celle-ci serait clumière des nations17, nous voyons bien et nous sommes convaincusque c'est par le nom18 de ce crucifié, Jésus-Christ, que des hommesrenoncent aux idoles19 et à toute autre iniquité pour s'avancer vers Dieu20,persévérant jusqu'à la mort dans la confession de leur piété21. Par sesœuvres22 et la puissance qui les accompagne23, tous peuvent comprendre quec'est lui la dLoi nouvelle et el'Alliance nouvelle, fl'attente de ceux qui, de toutes lesnations24 espèrent les biens de Dieu25.

a Cf. Exod. 13, 3.9.14.16 ; 6, 1 ; Deut. 4, 34 ; 5, 15 ; Ps. 135, 12 b Jér. 31, 31 c Is. 51, 4d cf. Is. 51, 4 et Jér. 31, 31 e cf. Jér. 31, 31 f cf. Is. 51, 4 et Gen. 49, 10.

212

JUSTIN MARTYR

para;1 tou' qeou' ajgaqav. 5 jIsrahlitiko;n ga;r to; [fol. 61 r° : A] ajlhqinovn,pneumatikovn, kai; jIouvda gevno" kai; jIakw;b kai; jIsaa;k2 kai; jAbraavm, tou' ejnajkrobustiva/ ejpi; th'/ pivstei marturhqevnto" uJpo; tou' qeou' kai; eujloghqevnto"kai; patro;" pollw'n ejqnw'n klhqevnto", hJmei'" ejsmen, oiJ dia; touvtou tou'staurwqevnto" Cristou' tw'/ qew'/ prosacqevnte", wJ" kai; prokoptovntwn hJmi'ntw'n lovgwn ajpodeicqhvsetai.

12. 1 [Elegon de; e[ti kai; prosevferon o{ti kai; ejn a[lloi" lovgoi" JHsai?aboa'/ : (Is. 55, 3) jAkouvsatev mou tou;" lovgou", kai; zhvsetai hJ yuch; uJmw'n3, kai;diaqhvsomai uJmi'n diaqhvkhn aijwvnion, ta; o{sia Daui`d ta; pistav. (4) jIdou;mavrtura4 aujto;n e[qnesi devdwka... (5) [Eqnh, a} oujk oi[dasiv se, ejpikalevsontaivse, laoiv, oi} oujk ejpivstantaiv se, katafeuvxontai ejpi; sev, e{neken tou' qeou'sou tou' aJgivou jIsrahvl, o{ti ejdovxasev se. 2 Tou'ton aujto;n uJmei'" hjtimwvsateto;n novmon kai; th;n kainh;n aJgivan aujtou' diaqhvkhn ejfaulivsate, kai; oujde; nu'nparadevcesqe oujde; metanoei'te pravxante" kakw'". [Eti ga;r ta; w\ta uJmw'npevfraktai, oiJ ojfqalmoi; uJmw'n pephvrwntai, kai; pepavcutai hJ kardiva,kevkragen JIeremiva"5, kai; oujd! ou{tw" ajkouvete : parevstin oJ nomoqevth", kai;oujc oJra'te : ptwcoi; eujaggelivzontai, tufloi; blevpousi kai; ouj sunivete.3 Deutevra" h[dh creiva peritomh'", kai; uJmei'" ejpi; th'/6 sarki; mevga fronei'te.Sabbativzein [fol. 61 v° A] uJma'" oJ kaino;" [p. 94 : B] novmo" dia; panto;"ejqevlei, kai; uJmei'" mivan ajrgou'nte" hJmevran eujsebei'n dokei'te, mh; noou'nte"dia; tiv uJmi'n prosetavgh : kai; eja;n a[zumon a[rton favghte, peplhrwkevnai to;qevlhma tou' qeou' fate. Oujk ejn touvtoi" eujdokei' kuvrio" oJ qeo;" hJmw'n7. Ei[ ti"ejsti;n ejn uJmi'n ejpivorko" h] klevpth", pausavsqw : ei[ ti" moicov",metanohsavtw, kai; sesabbavtike ta; trufera; kai; ajlhqina; savbbata tou'qeou' : ei[ ti" kaqara;" oujk e[cei cei'ra", lousavsqw8, kai; kaqarov" ejstin9.

1 Para; in textu A, in marg. B2, edd. : periv in marg. A, in textu B 2 jIsaavk in ras. A 3 JUmw'n :uJmi'n Steph. 4 Mavrtura : martuvrion LXX, Dial. 14, 4 5 JIeremiva" : JHsai>va" prop. Lange 6 Th'/sarkiv : th'/ ejn sarkiv vel th'/ sarkikh'/ prop. Thirlb. th'/ ejn sarkiv Marc. 7 JHmw'n : uJmw'n prop.Thirlb. 8 Tw/' baptivsmati in marg. codd. 9 jEsti : e[stai prop. Arcerius, Lange.

213

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 11, 5-12, 3

5 Car la race israélite26 véritable27, spirituelle28, celle de Juda, de Jacob29,d'Isaac et d'Abraham, lequel adans l'incirconcision30, à cause de sa foi, reçut deDieu témoignage, fut béni, et appelé bpère de nombreuses nations, c'est nous31 qui,par ce Christ crucifié, avons été conduits à Dieu32, comme le démontrera lasuite de notre entretien.

Les juifs ont mal compris la Loi de Moïse et violent la « Loi éternelle ».

12. 1 Je poursuivis, ajoutant qu'Isaïe, en un autre passage, s'écrie : (Is. 55,3)Écoutez mes paroles, et votre âme vivra. Je conclurai avec vous une alliance perpétuelle,les assurances sacrées données à David. (4)Voici, je l'ai établi comme témoin1 auprès desnations… (5)Des nations qui ne te connaissent pas t'invoqueront ; des peuples ignorants detoi se réfugieront auprès de toi, à cause de ton Dieu, le saint d’Israël2, car Il t'a glorifié3.2 Lui qui est cette Loi, vous l'avez méprisé, son Alliance nouvelle et sainte,vous l'avez dédaignée4 ; vous persistez aujourd'hui à ne pas l'accepter, et nevous repentez point5 de vos mauvaises actions6. Car cvos oreilles restent bouchées,vos yeux aveuglés, et votre cœur épaissi7, proclame Jérémie, mais vous ne l'entendezpas davantage8 ; le Législateur est venu9 : vous ne le voyez pas. dLes pauvressont évangélisés, et les aveugles voient, et vous ne comprenez pas. 3 C'est désormaisune seconde circoncision10 qui est nécessaire, et vous vous glorifiez de cellede la chair11. La Loi nouvelle vous prescrit un sabbat perpétuel12, et vous,parce que vous restez sans rien faire pendant une journée, vous vous estimezpieux13, oubliant de vous demander pour quelle raison14 cela vous a étéordonné ; en mangeant du pain azyme15, vous prétendez avoir accompli lavolonté de Dieu. Ce n'est pas en ces choses que se plaît notre Seigneur. S'ilest parmi vous un parjure ou un voleur, qu'il cesse16 ; s'il se trouve un adultère,qu'il se repente17, et il aura observé eles sabbats de délices, les véritables sabbats deDieu18 ; si quelqu'un n'a pas les mains pures, qu'il se flave, et il est pur19.

a Cf. Gen. 15, 6 ; Rom. 4, 9 s. ; Gal. 3, 6 s. ; 2, 16 b cf. Gen. 17, 5 ; Rom. 4, 17.18 c cf. Is. 6,10 ; Matth. 13, 15 ; Act. 28, 27 d cf. Matth. 11, 5 ; Lc. 7, 22 ; Is. 29, 18-19 ; 61, 1 e cf. Is. 58,13 f cf. Is. 1, 16.

214

JUSTIN MARTYR

13. 1 Ouj ga;r dhv1 ge eij" balanei'on uJma'" e[pempen JHsai?a" ajpolousomevnou"ejkei' to;n fovnon kai; ta;" a[lla" aJmartiva", ou}"2 oujde; to; th'" qalavssh"iJkano;n pa'n u{dwr kaqarivsai, ajllav, wJ" eijkov", pavlai tou'to ejkei'no to;swthvrion loutro;n h\n, o} ei{peto3, toi'" metaginwvskousi kai; mhkevti ai{masitravgwn kai; probavtwn h] spodw'/ damavlew" h] semidavlew" prosforai'"kaqarizomevnoi"4, ajlla; pivstei dia; tou' ai{mato" tou' Cristou' kai; tou'qanavtou aujtou', o}" dia; tou'to ajpevqanen, wJ" aujto;" JHsai?a" e[fh, ou{tw"levgwn : 2 (Is. 52, 10) jApokaluvyei kuvrio" to;n bracivona aujtou' to;n a{gionejnwvpion pavntwn tw'n ejqnw'n, kai; o[yontai pavnta ta; e[qnh5 kai; ta; a[kra th'"gh'" th;n swthrivan th;n para; tou' qeou'. (11) jApovsthte, ajpovsthte,ajpovsthte6, ejxevlqete ejkei'qen [fol. 62 r° A] kai; ajkaqavrtou mh; a{yhsqe,ejxevlqete ejk mevsou aujth'", ajforivsqhte oiJ fevronte" ta; skeuvh kurivou, (12)o{tiouj meta; tarach'" poreuvesqe : poreuvsetai7 ga;r pro; proswvpou uJmw'n kuvrio",kai; oJ ejpisunavgwn uJma'" kuvrio" oJ qeo;" jIsrahvl. (13) jIdou; sunhvsei oJ pai'"mou, kai; uJywqhvsetai kai; doxasqhvsetai sfovfra. 3 (14) }On trovponejksthvsontai polloi; ejpi; sev, ou{tw" ajdoxhvsei ajpo; ajnqrwvpwn8 to; ei\do" kai; hJdovxa sou, (15)ou{tw"9 qaumasqhv-[p. 95 : B]-sontai e[qnh polla; ejp! aujtw'/, kai;sunevxousi basilei'" to; stovma aujtw'n : o{ti oi|" oujk ajnhggevlh peri; aujtou'o[yontai, kai; oi} oujk ajkhkovasi sunhvsousi. (53, 1)Kuvrie, tiv" ejpivsteuse th'/ajkoh'/ hJmw'n _ Kai; oJ bracivwn kurivou tivni ajpekaluvfqh _ (2) jAnhggeivlamenejnantivon aujtou' wJ" paidivon10, wJ" rJivza ejn gh'/ diywvsh/. 4 Oujk e[stin ei\do"aujtw'/ oujde; dovxa : kai; ei[domen aujtovn, kai; oujk ei\cen ei\do" oujde; kavllo",(3)ajlla; to; ei\do" aujtou' a[timon, ejklei'pon11 para; tou;" uiJou;" tw'n ajnqrwvpwn. [Anqrwpo" ejn plhgh'/ w]n kai; eijdw;" fevrein malakivan, o{ti ajpevstraptai to;provswpon aujtou', hjtimavsqh kai; oujk ejlogivsqh. (4)Ou|to" ta;" aJmartiva" hJmw'nfevrei kai; peri; hJmw'n ojduna'tai, kai; hJmei'" ejlogisavmeqa aujto;n ei\nai ejn povnw/kai; ejn plhgh'/ kai; ejn kakwvsei. 5 (5)Ou|to"12 de; ejtraumativsqh dia; ta;"aJmartiva" hJmw'n kai; memalavkistai dia; ta;" [fol. 62 v° : A] ajnomiva" hJmw'n :paideiva eijrhvnh" hJmw'n ejp! aujtovn, tw'/ mwvlwpi aujtou' hJmei'" ijavqhmen.

1 Dhv : dev Mar., Mign. 2 Ou}" : a}" prop. Thirlb. 3 JO ei{peto (quod sequebatur) : oJ ei\pe, to; prop.Mar., coni. Mign., Otto, Arch., Goodsp. 4 Kaqarizomevnoi" edd. a Mar. : kaqarizomevnou" codd.,cett. edd. 5 Ta; e[qnh codd. (et Sinaiticus a. corr.) : om. LXX. (pavnta a[kra th'" gh'") 6 jApovsthte :om. LXX, del. Marc. 7 Poreuvsetai A, edd. : poreuvetai B 8 jAnqrwvpwn : tw'n ajnqrwvpwn Otto,Mign. (cf. I Apol. 50, 4) 9 Ou{tw" codd., edd. ab Otto : ou{tw Steph., Thirlb., Mar. ou{tw" − hJdovxa sou in semicirculis Marc. 10 JW" paidivon in textu codd., edd. (cf. Dial. 42, 2 et I Apol. 50,5) : wJ" pedivon in marg. codd. (= Sinaïticus a. corr. ) 11 jEklei'pon : kai; ejklei'pon Steph. (ex LXX)om. Alexandrinus, Marchalianus 12 Ou|to" codd., edd. (= LXX cod. 88) : aujto;" prop. Otto (exLXX et I Apol. 50, 9).

215

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 13, 1-13, 5

La rémission des péchés ne peut être obtenue que par le sang du Christ.Témoignage d’Isaïe.

13. 1 Car ce n'est certes pas au bain1 que vous envoyait Isaïe2, pour y effacer,par l'immersion, le crime et les autres péchés − vous que toute l'eau de la merne saurait suffire à purifier −, mais assurément, dès cette époque, il s'agissaitde ce bain salutaire3 qui devait succéder4 pour ceux qui se convertissent et sepurifient5, non plus par ale sang des boucs et des brebis6, bla cendre de génisse7, oucles offrandes de farine8, mais par la foi, grâce au (cf. Hébr. 9, 12.14)sang du Christ et àsa mort9. Lui qui est mort pour cela, comme Isaïe lui même le dit en cestermes10 : 2 (52, 10)Le Seigneur révélera son bras saint à la face de toutes les nations, ettoutes les nations, et les extrémités de la terre verront le Salut d'auprès de Dieu.(11)Retirez-vous ! retirez-vous ! retirez-vous ! Sortez de là, et ne touchez rien d'impur !Sortez du milieu d'elle ! Séparez-vous, vous qui portez les vases du Seigneur ! (12)Car vousne marchez pas dans le trouble. Il marchera devant vous, le Seigneur, et le Seigneur Dieud’Israël11 est celui qui vous rassemble. (13)Voici, mon serviteur12 comprendra. Il seraexalté13 et glorifié à l'extrême. 3 (14)De même que beaucoup seront dans la stupeur àpropos de toi, tant les hommes mépriseront ton apparence et ta gloire, (15)de même beaucoupde nations s'étonneront à son sujet, et des rois fermeront la bouche. Car ceux à qui rienn'avait été annoncé sur lui verront, et ceux qui n'avaient pas entendu comprendront14. (53,1)Seigneur, qui a cru à ce qui nous était annoncé, et à qui le bras15 du Seigneur a-t-il étédécouvert16 ? (2)Nous avons annoncé en sa présence, comme un enfant, comme une racinedans une terre assoiffée17. 4 Il n'a ni apparence ni gloire18. Nous l'avons vu, et il n'avait niapparence ni beauté. (3)Mais son apparence était sans honneur, s'effaçant devant les fils deshommes. Homme19 livré aux coups et sachant supporter la faiblesse : on s'est détourné deson visage, il a été déshonoré et sans estime. (4)Celui-ci porte nos péchés, et c'est pour nousqu'il souffre. Et nous l'avons estimé livré à la souffrance, aux coups, et au malheur20.5 (5)Celui-ci a été blessé à cause de nos péchés, et affaibli pour nos iniquités. Le châtimentqui nous vaut la paix est sur lui, et par sa meurtrissure nous avons été guéris21. (6)Tous

a Cf. Ps. 49, 13 ; Is. 1, 11 ; Hébr. 9, 12.13 b cf. Nombr. 19, 9.10 ; Hébr. 9, 13 c cf. Lév. 14, 10.

216

JUSTIN MARTYR

(6)Pavnte" wJ" provbata ejplanhvqhmen, a[nqrwpo" th'/ oJdw'/ aujtou' ejplanhvqh.Kai; kuvrio" parevdwken aujto;n tai'" aJmartivai" hJmw'n (7)kai; aujto;" dia; to;kekakw'sqai oujk ajnoivgei to; stovma aujtou'. JW" provbaton eij"1 sfagh;nh[cqh : kai; wJ" ajmno;" ejnantivon tou' keivronto" a[fwno", ou{tw" oujk ajnoivgeito; stovma aujtou'. 6 (8) jEn th'/ tapeinwvsei aujtou' hJ krivsi" aujtou' h/[rqh. Th;nde; genea;n aujtou' tiv" dihghvsetai _ {Oti ai[retai ajpo; th'" gh'" hJ zwh; aujtou',ajpo; tw'n ajnomiw'n tou' laou' mou h{kei eij" qavnaton. (9)Kai; dwvsw tou;"ponhrou;" ajnti; th'" tafh'" aujtou' kai; tou;" plousivou" ajnti; tou' qanavtouaujtou', o{ti ajnomivan oujk ejpoivhsen2 kai; oujc euJrevqh dovlo" ejn tw'/ stovmatiaujtou'. (10)Kai; kuvrio" bouvletai kaqarivsai aujto;n th'" plhgh'". jEa;n dw'te3

peri; th'" aJmartiva", hJ yuch; uJmw'n o[yetai spevrma makrovbion [p. 96 : B].7 Kai; bouvletai kuvrio" ajfelei'n (11)ajpo; tou' povnou th'" yuch'" aujtou', dei'xaiaujtw'/ fw'", kai; plavsai th'/ sunevsei, dikaiw'sai divkaion eu\ douleuvontapolloi'". Kai; ta;" aJmartiva" hJmw'n aujto;" ajnoivsei. (12)Dia; tou'to aujto;"klhronomhvsei pollouv", kai; tw'n ijscurw'n meriei' skuvla, ajnq! w|n paredovqheij" qavnaton hJ yuch; aujtou', kai; ejn toi'" [fol. 63 r° A] ajnovmoi" ejlogivsqh, kai;aujto;" aJmartiva" pollw'n ajnhvnegke kai; dia; ta;" ajnomiva" aujtw'n paredovqh.8 (54, 1)Eujfravnqhti stei'ra hJ ouj tivktousa, rJh'xon kai; bovhson hJ oujkwjdivnousa, o{ti polla; ta; tevkna th'" ejrhvmou ma'llon h] th'" ejcouvsh" to;na[ndra. Ei\pe ga;r kuvrio" : (2)Plavtunon to;n tovpon th'" skhnh'" sou kai; tw'naujlaiw'n4 sou, ph'xon, mh; feivsh/, mavkrunon ta; scoinivsmatav sou kai; tou;"passavlou"5 kativscuson, (3)eij" ta; dexia; kai; eij" ta; ajristera; ejkpevtason :kai; to; spevrma sou e[qnh klhronomhvsei6, kai; povlei" hjrhmwmevna"katoikiei'". 9 (4)Mh; fobou' o{ti kath/scuvnqh", mhde; ejntraph'/" o{tiwjneidivsqh", o{ti aijscuvnhn aijwvnion ejpilhvsh/ kai; o[neido" th'" chreiva" sou oujmnh/sqhvsh/ : (5)o{ti kuvrio" ejpoivhsen o[noma eJautw'/, kai; oJ rJusavmenov" se,aujto;" qeo;" jIsrahvl, pavsh/ th'/ gh'/ klhqhvsetai. (6) JW" gunai'kakataleleimmevnhn kai; ojligovyucon kevklhkev se oJ kuvrio", wJ" gunai'ka ejkneovthto" memishmevnhn.

1 Eij" : ejpi; LXX, Dial., Apol. 2 jEpoivhsen A p. corr., B, Goodsp., Arch., Marc. (= LXX) :ejpoivhse Steph., Thirlb., Mar., Mign., Otto 3 Dw'te codd., edd. ab Otto, Troll. : dw'tai Steph.,Thirlb., Mar., Mign. (= Alex.) 4 Kai; tw'n aujlaiw'n sou, ph'xon Mar. (aujlaivwn), edd. ab Otto. :kai; tw'n aujlevwn sou ph'xon (aujlaivwn sou sfivgxon in marg.) codd., Troll. kai; ta;" devrei" tw'naujlevwn sou ph'xon Steph., cett. edd. (ex LXX rec. Luciani et textu Massoretico) 5 Passavlou"codd., Goodsp., Marc. : passavlou" sou Mar., Thirlb., Otto, Arch. (ex LXX) 6 Klhronomhvsei B,edd. : klhronomivsei A.

217

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 13, 5-13, 9

nous avons erré comme des brebis, l'homme a erré sur son chemin. (6-7)Le Seigneur l'a livréà nos péchés, et lui, malgré ses souffrances, n'ouvre pas la bouche. Comme une brebis, il aété conduit à l'égorgement22 ; comme un agneau muet devant celui qui le tond, il n'ouvre pasla bouche23. 6 (8)Dans son humilation, son jugement a été enlevé24. Et sa génération, quila racontera25 ? Car sa vie est enlevée de la terre26. A cause des péchés de mon peuple, il vaà la mort. (9)Je livrerai les méchants en échange de son tombeau et les riches27 en échange desa mort28, car il n'a pas commis d'injustice, et nulle fraude ne s'est trouvée dans sabouche29. (10)Le Seigneur veut le purifier de sa blessure. Si vous faites une offrande pour lepéché, votre âme verra une postérité dont la vie sera longue. 7 Le Seigneur veut alléger (11)lasouffrance de son âme, lui montrer la lumière, le façonner dans l'intelligence, justifier unjuste qui, dans le bien, s'est fait serviteur d'un grand nombre30. De nos péchés, Il sechargera lui même. (12)C'est pourquoi il recevra beaucoup d'hommes en héritage31, et desforts32 il partagera les dépouilles, parce que son âme a été livrée à la mort, parce qu'il a étémis au rang des coupables, qu'il s'est chargé lui-même des péchés d'un grand nombre, et aété livré à cause de leurs fautes33. 8 (54, 1)Réjouis-toi, stérile qui n'enfantais pas ! Éclate encris de joie, toi qui ne connais pas les douleurs, car les fils de la délaissée34 seront plusnombreux que les fils de celle qui a un mari35. Car le Seigneur a dit : (2)Élargis l'espace deta tente et de tes toiles ! Enfonce les pieux ! ne lésine pas ! Agrandis tes portions de terrainmesurées au cordeau, et tes piquets, affermis-les ! (3)Déploie-toi à droite et à gauche ! Tadescendance possédera des nations en héritage, et tu peupleras des cités désertes. 9 (4)Necrains pas qu'il te soit fait honte, et n'aies pas peur d'être injuriée, car tu oublieras la honteéternelle, et l'opprobre de ton veuvage, tu ne t'en souviendras pas. (5)Car le Seigneur s'estfait un nom, et celui qui t'a sauvé, le Dieu d’Israël lui-même, sera invoqué sur toute laterre. (6)Comme une femme abandonnée et pusillanime, le Seigneur t'a appelée, comme unefemme haïe depuis sa jeunesse36.

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JUSTIN MARTYR

14. 1 Dia; tou' loutrou' ou\n th'" metanoiva" kai; th'" gnwvsew" tou' qeou', o}uJpe;r th'" ajnomiva" tw'n law'n tou' qeou' gevgonen, wJ" JHsai?a" boa'/, hJmei'"ejpisteuvsamen, kai; gnwrivzomen o{ti tou't! ejkei'no, o} prohgovreue, to;bavptisma, to; movnon kaqarivsai tou;" metanohvsanta" dunavmenon, tou'tov ejstito; u{dwr th'" zwh'" [fol. 63 v° : A] : Ou}" de; uJmei'" wjruvxate lavkkou" eJautoi'",suntetrimmevnoi eijsi; kai; oujde;n uJmi'n crhvsimoi. Tiv ga;r [p. 97 : B] o[felo"ejkeivnou tou' baptivsmato", o} th;n savrka kai; movnon to; sw'ma faidruvnei _ 2Baptivsqhte th;n yuch;n ajpo; ojrgh'" kai; ajpo; pleonexiva", ajpo; fqovnou, ajpo;mivsou" : kai; ijdou; to; sw'ma kaqarovn ejsti. Tou'to gavr ejsti to; suvmbolon tw'najzuvmwn, i{na mh; ta; palaia; th'" kakh'" zuvmh" e[rga pravtthte. JUmei'" de;pavnta sarkikw'" nenohvkate, kai; hJgei'sqe eujsevbeian, eja;n toiau'ta poiou'nte"ta;" yuca;" memestwmevnoi h\te dovlou kai; pavsh" kakiva" aJplw'". 3 Dio; kai;meta; ta;" eJpta; hJmevra" tw'n ajzumofagiw'n nevan zuvmhn fura'sai eJautoi'" oJqeo;" parhvggeile, toutevstin a[llwn e[rgwn pra'xin kai; mh; tw'n palaiw'n kai;fauvlwn th;n mivmhsin.Kai; o{ti toutov ejstin o} ajxioi' uJma'" ou|to" oJ kaino;" nomoqevth", tou;"

prolelegmevnou" uJp! ejmou' lovgou" pavlin ajnistorhvsw meta; kai; tw'n a[llwntw'n paraleifqevntwn. Ei[rhntai de; uJpo; tou' JHsai?ou ou{tw" : 4 (Is. 55,3)Eijsakouvsetev1 mou, kai; zhvsetai2 hJ yuch; uJmw'n, kai; diaqhvsomai uJmi'ndiaqhvkhn aijwvnion, ta; o{sia tou' Daui`d ta; pistav. (4) jIdou; martuvrion aujto;n3

e[qnesi devdwka, a[rconta kai; prostavssonta e[qnesin. (5) [Eqnh, a} oujk oi[dasivse, ejpikalevsontaiv se, kai; [fol. 64 r° A] laoiv, oi} oujk ejpivstantaiv se, ejpi; se;katafeuvxontai, e{neken tou' qeou' sou tou' aJgivou jIsrahvl, o{ti ejdovxasev se.5 (6)Zhthvsate to;n qeo;n kai; ejn tw'/ euJrivskein aujto;n ejpikalevsasqe, hJnivka a]nejggivzh/ uJmi'n. (7) jApolipevtw oJ ajsebh;" ta;" oJdou;" aujtou' kai; ajnh;r a[nomo"ta;" boula;" aujtou' kai; ejpistrafhvtw ejpi; kuvrion, kai; ejlehqhvsetai, o{ti ejpi;polu; ajfhvsei ta;" aJmartiva" uJmw'n. (8)Ouj gavr eijsin aiJ boulaiv mou w{sper aiJboulai; uJmw'n, oujde; aiJ oJdoiv mou w{sper aiJ oJdoi; uJmw'n, (9)ajlla; o{son ajpevcei oJoujrano;" ajpo; th'" gh'", to-[p. 98 : B]-sou'ton ajpevcei hJ oJdov" mou ajpo; th'"oJdou' uJmw'n kai; ta; dianohvmata uJmw'n ajpo; th'" dianoiva" mou. 6 (10) JW" ga;r a]nkatabh'/ ciw;n h] uJeto;" ejk tou' oujranou' kai; oujk ajpostrafhvsetai, e{w" a]nmequvsh/ th;n gh'n kai; ejktevkh/ kai; blasthvsh/4 kai; dw'/ spevrma tw'/ speivranti5

kai; a[rton eij" brw'sin, (11)ou{tw" e[stai to; rJh'mav mou, o} a]n

1 Eijsakouvsete : eijsakouvsate prop. Thirlb. 2 Zhvsetai : zhvsetai ejn ajgaqoi'" Sylb., Mor. (exLXX) 3 jIdou; martuvrion aujto;n... codd., Mar., Thirlb., edd. ab Otto : jIdou; martuvrion : Aujto;ne[qn. devvd. a{rc. ktl. Steph., Sylb., Mor., Jebb. 4 Blasthvsh/ codd., Arch., Goodsp., Marc. :ejkblasthvsh/ Steph., Thirlb., Mar., Otto (ex LXX) 5 Speivranti : speivronti prop. Thirlb. (exLXX).

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 14, 1-14, 6

Bain rituel et baptême ; azymes et « nouveau levain ».Prophétie d’Isaïe sur le Nouveau Législateur.

14. 1 Ainsi donc, par le bain1 de la pénitence2 et de la connaissance de Dieu3,fait, comme le proclame Isaïe, apour l'iniquité des peuples de Dieu4, nous avonscru, et nous savons5 que ce bain baptismal, annoncé par lui, est le seul quipuisse purifier ceux qui font pénitence, c'est-à-dire bl'eau de la vie6. Quant auxcciternes que vous vous étiez creusées, elles sont lézardées7 et ne vous sontd'aucune utilité. A quoi donc sert ce baptême-là8, qui nettoie la chair etseulement le corps9. 2 C'est de l'âme qu'il vous faut être baptisés, enrenonçant à la colère, à la cupidité, à l'envie et à la haine, dalors le corps estpur10. C'est là le symbole11 des azymes : que vous n'accomplissiez plus lesœuvres eanciennes du mauvais levain. Mais vous, vous avez tout comprischarnellement12, et vous prétendez à la piété en faisant ces choses-là malgréune âme emplie de ruse et, sans exception, de toute sorte de malice. 3 C'estbien pourquoi, après les sept jours de consommation des azymes13 Dieu aprescrit que vous vous pétrissiez un nouveau levain14, ce qui signifie lapratique d'œuvres nouvelles et non la répétition des œuvres anciennes etmauvaises.

Et pour prouver que c'est bien là ce qu'exige de vous ce NouveauLégislateur15, je rapporterai à nouveau les paroles déjà citées par moi, en yajoutant celles qui avaient été laissées de côté16. Voici en quels termess'exprimait Isaïe : 4 (55, 3)Vous m'écouterez, et votre âme vivra. et j'établirai pour vousune Alliance perpétuelle, les assurances sacrées données à David. (4)Voici, je l'ai donnécomme témoin pour les nations. Il commande et ordonne aux nations. (5)Des nations qui nete connaissaient pas t'invoqueront, et des peuples ignorants de toi auprès de toi seréfugieront, à cause de ton Dieu, le Saint d’Israël, car il t'a glorifié. 5 (6)Cherchez Dieu, etlorsque vous l'aurez trouvé, invoquez-le, quand il s'approchera de vous. (7)Que l'impieabandonne ses voies et l'homme inique ses desseins, pour se tourner vers le Seigneur, et ilobtiendra miséricorde, car il pardonnera largement vos péchés. (8)Mes desseins, en effet, nesont pas comme vos desseins, ni mes voies comme vos voies, (9)mais autant le ciel est éloignéde la Terre, autant ma voie de votre voie est éloignée et vos pensées de ma pensée.6 (10)Comme la neige ou la pluie descendent du ciel et n'y retournent pas sans avoir abreuvéla terre, sans l'avoir fécondée et fait germer, sans avoir donné la semence au semeur et lepain comme nourriture, (11)ainsi en sera-t-il de la parole qui de ma bouche sortira : elle ne

a Cf. Is. 53, 8 b cf. Jér. 2, 13 ; Jn. 4, 10.14 ; Apoc. 21, 6 ; 22, 17 c cf. Jér. 2, 13 d cf. Lc. 11, 41e cf. I Cor. 5, 7-8.

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JUSTIN MARTYR

ejxevlqh/ ejk tou' stovmatov" mou : ouj mh; ajpostrafh'/1, e{w" a]n suntelesqh'/pavnta o{sa hjqevlhsa, kai; eujodwvsw ta; ejntavlmatav mou. 7 (12) jEn ga;reujfrosuvnh/ ejxeleuvsesqe kai; ejn cara'/ didacqhvsesqe2 : ta; ga;r o[rh kai; oiJbounoi; ejxalou'ntai prosdecovmenoi uJma'", kai; pavnta ta; xuvla tw'n ajgrw'nejpikrothvsei toi'" klavdoi", (13)kai; ajnti; th'" stoibh'" ajnabhvsetaikupavrisso", ajnti; de; th'" [fol. 64 v° : A] konuvzh" ajnabhvsetai mursivnh, kai;e[stai kuvrio" eij" o[noma kai; eij" shmei'on aijwvnion kai; oujk ejkleivyei.8 Tw'n te lovgwn touvtwn kai; toiouvtwn eijrhmevnwn uJpo; tw'n profhtw'n,

e[legon, w\ Truvfwn, oiJ me;n ei[rhntai eij" th;n prwvthn parousivan tou'Cristou', ejn h|/ kai; a[timo" kai; ajeidh;" kai; qnhto;" fanhvsesqai kekhrugmevno"ejstivn, oiJ de; eij" th;n deutevran aujtou' parousivan, o{te ejn dovxh/ kai; ejpavnwtw'n nefelw'n parevstai, kai; o[yetai oJ lao;" uJmw'n kai; gnwriei' eij" o}nejxekevnthsan wJ" jWshev, ei|" tw'n dwvdeka profhtw'n, kai; Danih;l proei'pon,eijrhmevnoi3 eijsiv.

15. 1 Kai; th;n ajlhqinh;n ou\n tou' qeou' nhsteivan mavqete nhsteuvein, wJ"JHsai?a" fhsivn, i{na tw'/ qew'/ eujaresth'te. 2 Kevkrage de; JHsai?a" ou{tw" :(Is. 58, 1) jAnabovhson ejn ijscuvi> kai; mh; feivsh/, wJ" savlpiggi u{ywson th;n fwnhvnsou kai; ajnavggeilon tw'/ gevnei mou ta; aJmarthvmata aujtw'n kai; tw'/ oi[kw/jIakw;b ta;" ajnomiva" aujtw'n. (2) jEme; hJmevran ejx hJmevra"4 zhtou'si kai; gnw'naita;" oJdouv" mou ejpiqu-[p. 99 : B]-mou'sin, wJ" lao;" dikaiosuvnhn pepoihkw;" kai;krivsin qeou' oujk ejgkataleloipwv"5. 3 Aijtou'siv me nu'n krivsin dikaivan kai;ejggivzein qew'/ ejpiqumou'si, (3)levgonte" : Tiv o{ti ejnhsteuvsamen kai; oujk ei\de",ejtapeinwvsamen ta;" yuca;" [fol. 65 r° : A] hJmw'n kai; oujk e[gnw" _ jEn ga;r tai'"hJmevrai" toi'" nhsteiw'n uJmw'n6 euJrivskete ta; qelhvmata uJmw'n, kai; pavnta"tou;" uJpoceirivou" uJmw'n uJponuvssete : (4)ijdou; eij" krivsei" kai; mavca"nhsteuvete, kai; tuvptete pugmai'" tapeinovn. {Ina tiv moi nhsteuvete e{w"7

shvmeron, ajkousqh'nai ejn kraugh'/ th;n fwnh;n uJmw'n _ 4 (5)Ouj 8 tauvthn th;nnhsteivan ejgw; ejxelexavmhn, kai; hJmevran tapeinou'n a[nqrwpon th;n yuch;naujtou' : oujd! a]n kavmyh/" wJ" krivkon to;n travchlovn sou kai; savkkon kai;

1 jApostrafh'/ (= LXX) : ejpistrafh'/ Mar., Mign. 2 Didacqhvsesqe (docebimini) codd., Thirlb.,Mar., Arch., Goodsp., Marc. (ex LXX codd. plurimi) : diacqhvsesqe (deducemini) Périon. (ex LXX),Otto (ex TM). 3 Kai; (?) eijrhmevnoi A ( kai; eijrhm− in ras.), B : eijrhmevnoi edd. ab Otto4 JHmev/mevra" A a. corr. 5 jEgkataleloipwv" : −loipwv" in ras. A 6 JUmw'n A (uJ− in ras ?), edd.(= LXX) : hJmw'n B 7 {Ew" codd., Otto, Arch., Goodsp. : wJ" (ut hodie, ut audiatur) Steph., Mar.,Mign., Thirlb., Marc. (ex LXX) 8 Ouj A, edd. : kai; B, ou[ in marg.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 14, 6-15, 4

retournera point qu'elle n'ait accompli toutes mes volontés, et je mènerai à bien mesordonnances. 7 (12)Oui, vous sortirez dans la joie, et vous serez instruits dans l'allégresse :montagnes et collines s'élanceront pour vous accueillir, tous les arbres des champsapplaudiront de leurs branches, (13)au lieu du buisson croîtra le cyprès, au lieu de l'orties'élèvera le myrte, et le Seigneur sera un nom et un signe éternel, et il ne s'effacera pas.

8 Parmi ces paroles, et d'autres semblables énoncées par les prophètes,continuai-je, Tryphon, les unes se rapportent à la première parousie duChrist, où il est annoncé qu'il se montrera asans honneur, sans apparence17 etbmortel18, les autres à sa seconde parousie19, lorsqu'il capparaîtra den gloire20 eteau-dessus des nuages21, et que votre peuple fverra et reconnaîtra celui qu'ils ontpercé de coups22, comme Osée23, l'un des douze prophètes, et Daniel l'ontprédit24.

Le « véritable jeûne de Dieu ».Prophétie d’Isaïe.

15. 1 Apprenez donc, de même, à jeûner le véritable1 jeûne2 de Dieu, commele dit Isaïe, afin d'être agréables à Dieu3. 2 Voici ce que proclame Isaïe : (58,1)Crie avec force et, sans retenue, comme le cor fais retentir ta voix. Dénonce à mon peupleses péchés et à la maison de Jacob ses iniquités. (2)Jour après jour, c'est moi qu'ilsrecherchent, aspirant à connaître mes voies, tel un peuple qui a pratiqué la justice et n'a pasdélaissé le jugement de Dieu. 3 Ils me demandent aujourd'hui un jugement équitable etdésirent s'approcher de Dieu, (3)disant : pourquoi avons-nous jeûné, si tu ne le vois pas ?pourquoi avons-nous humilié nos âmes, si tu ne le sais pas ? C'est qu'au jour de vos jeûnesvous vous conformez à vos volontés, et tous ceux qui vous sont soumis, vous les maltraitez.(4)En disputes et en querelles, ainsi se passe votre jeûne, et vous frappez de vos poings lemalheureux. A quoi bon le jeûne que vous m'offrez jusqu'à ce jour ? Est-ce pour quej'entende le tumulte de votre voix ? 4 (5)Ce n'est pas là le jeûne que j'ai choisi, ni ce jourpour que l'homme y humilie son âme4. Tu peux bien courber la nuque comme un jonc,t'étendre sur le sac et la cendre5 : vous ne sauriez pour autant appeler cela un

a Cf. Is. 53, 2-3 b cf. Is. 53, 8.9 c cf. Matth. 24, 30 d cf. Matth. 25, 31 ; Is. 33, 17e cf. Dan 7, 13 ; Matth. 24, 30 f cf. Zach. 12, 10 ; Jn. 19, 37 ; Apoc. 1, 7.

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JUSTIN MARTYR

spodo;n uJpostrwvsh/1, oujd! ou{tw"2 kalevsete nhsteivan kai; hJmevran dekth;n tw'/kurivw/. (6)Oujci; toiauvthn nhsteivan ejgw; ejxelexavmhn, levgei kuvrio" : ajlla; luvepavnta suvndesmon ajdikiva", diavlue straggalia;" biaivwn sunallagmavtwn,ajpovstelle teqrausmevnou" ejn ajfevsei kai; pa'san suggrafh;n a[dikon diavspa.5 (7)Diavqrupte peinw'nti to;n a[rton sou kai; ptwcou;" ajstevgou" eijsavgageeij" to;n oi\kovn sou : eja;n i[dh/" gumnovn, perivballe, kai; ajpo; tw'n oijkeivwn tou'spevrmatov" sou oujc uJperovyei3. (8)Tovte rJaghvsetai prwvi>mon to; fw'" sou, kai;ta; iJmavtiav4 sou tacu; ajnatelei', kai; proporeuvsetai e[mprosqevn sou hJdikaiosuvnh sou, kai; hJ dovxa tou' qeou' peristelei' se. (9)Tovte bohvsh/, kai; oJqeo;" eijsakouvsetaiv sou [fol. 65 v° : A] : e[ti lalou'ntov" sou ejrei' : jIdou;pavreimi. 6 jEa;n de; ajfevlh/" ajpo; sou' suvndesmon kai; ceirotonivan kai; rJh'magoggusmou', (10)kai; didw'/"5 peinw'nti to;n a[rton sou ejk yuch'", kai; yuch;ntetapeinwmevnhn ejmplhvsh/", tovte ajnatelei' ejn tw'/ skovtei to; fw'" sou, kai;to; skovto" sou wJ" meshmbriva6, [p. 100 : B] (11)kai; e[stai oJ qeov" sou meta; sou'dia; pantov", kai; ejmplhsqhvsh/ kaqa; ejpiqumei' hJ yuchv sou, kai; ta; ojsta' soupianqhvsontai, kai; e[stai wJ" kh'po" mequvwn kai; phgh; u{dato" h] gh'7 h|/ mh;ejxevlipen u{dwr.7. Peritevmesqe ou\n th;n ajkrobustivan th'" kardiva" uJmw'n, wJ" oiJ lovgoi8 tou'

qeou' dia; pavntwn touvtwn tw'n lovgwn9 ajxiou'si.

16. 1 Kai; dia; Mwu>sevw"10 kevkragen oJ qeo;" aujtov", ou{tw" levgwn : (Deut. 10,16)Kai; peritemei'sqe th;n sklhrokardivan uJmw'n kai; to;n travchlon oujsklhrunei'te e[ti : (17)oJ ga;r kuvrio", oJ qeo;" uJmw'n11 kai; kuvrio" tw'n kurivwn,qeo;" mevga" kai; ijscuro;" kai; foberov", o{sti" ouj qaumavzei provswpon oujde;mh; lavbh/ dw'ron. Kai; ejn tw'/ Leuitikw'/ : (26, 40) {Oti parevbhsan kai; uJperei'dovnme kai; o{ti ejporeuvqhsan ejnantivon mou plavgioi, (41)kai; ejgw; ejporeuvqhn met!aujtw'n plagivw", kai; ajpolw' aujtou;" ejn th'/ gh'/ tw'n ejcqrw'n aujtw'n. Tovteejntraphvsetai hJ kardiva hJ ajperivtmhto" aujtw'n.2 JH ga;r ajpo; jAbraa;m kata; savrka peritomh; eij" shmei'on ejdovqh, i{na h\te

ajpo; [fol. 66 r° : A] tw'n a[llwn ejqnw'n kai; hJmw'n ajfwrismevnoi, kai; i{na movnoipavqhte a} nu'n ejn divkh/ pavscete, kai; i{na gevnwntai aiJ cw'rai uJmw'n

1 JUpostrwvsh/ codd., Arch., Goodsp., Marc. (= LXX) : uJpostrwvsh/" Steph., Thirlb., Mar., Otto2 Ou{tw" codd., edd. ab Otto : ou{tw cett. edd. 3 Oujc uJperovyei : pevnhta in marg. codd. 4 JImavtiacodd., Mar., Troll., edd. ab Otto (= Sinait. corr.) : iJJavmata, Steph., cett. edd. (ex LXX) 5 Didw'/" edd. :divdw" codd. dw'/" LXX 6 Meshmbriva : mesumbriva Steph. 7 ]H gh' : delendum Thirlb. (PostCapellum, App. ad crit. sac., p. 529), Marc. 8 OiJ lovgoi : oJ Lovgo" prop. Thirlb. 9 Tw'n lovgwn :tw'n profhtw'n coni. Marc. 10 Mwu>sevw" Steph., Thirlb., Mar., Mign., Otto, Goodsp., Marc. :Mwu>sevo" codd. Mwsevw" Arch. 11 Post uJmw'n Otto, Marc. add. ou|to" qeo;" tw'n qew'n (ex. LXX,Dial. 55, 1) om. codd., cett. edd.

223

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 15, 4-16, 2

jeûne ou un jour agréable à Dieu. (6)Ce n'est pas un tel jeûne que j'ai choisi, dit leSeigneur. Délie plutôt tous les liens d'injustice, défais les pièges des contrats de violence,renvoie libres les opprimés, et déchire toute convention inique. 5 (7)Romps ton pain pourcelui qui a faim, conduis dans ta maison les malheureux sans toit. Celui que tu vois nu,couvre-le, et tu ne dédaigneras pas ceux de ton espèce. (8)Alors, comme l'aurore, jaillira talumière, et tes vêtements6 se lèveront bien vite. Devant toi marchera ta justice, et la gloire deDieu t'enveloppera. (9)Alors, si tu appelles, Dieu t'entendra ; tu parleras encore qu'il dira :« Me voici ! ». 6 Si tu renonces également à tresser des liens, à menacer du geste et proférerdes murmures, (10)pour donner de bon cœur ton pain à l'affamé et rassasier les humbles,alors se lèvera dans les ténèbres ta lumière, et tes ténèbres seront comme le midi, (11)et tonDieu constamment sera auprès de toi. Tu seras rassasié selon ce que désire ton âme, tes osengraisseront, ils seront comme un jardin irrigué, source ou terre où ne manque point l'eau7.

7 Circoncisez donc le prépuce de votre cœur8, comme en tous ces discoursle réclament les paroles de Dieu9.

La circoncision fut donnée « en signe »pour ceux qui ont « tué le Juste », et persécutent ses disciples.

16. 1 Par Moïse1 aussi, Dieu lui-même l'a proclamé en disant : (Deut. 10, 16)Vouscirconcirez la dureté de votre cœur, et votre nuque, vous ne l'endurcirez plus, (17)car leSeigneur votre Dieu, et Seigneur des seigneurs, est un dieu grand, puissant et redoutableque n'impressionne pas la personne2, et qui n'accepterait pas de présents3. Et dans leLévitique : (Lév. 26, 40)Parce qu'ils ont prévariqué, m'ont méprisé et ont emprunté, en facede moi, des voies détournées, (41)moi aussi, j'ai emprunté avec eux des voies détournées, et jeles ferai périr dans la terre de leurs ennemis. Alors se repentira4 leur cœur incirconcis5.

2 Car la circoncision selon la chair6, qui commença avec Abraham7, futdonnée aen signe8, pour que vous soyez séparés des autres nations9 et denous10, pour que vous soyez seuls à subir ce qu'en toute justice vous subissezà présent11, pour que bvotre pays devienne une désolation, que vos

a Cf. Gen. 17, 11 b cf. Is. 1, 7.

224

JUSTIN MARTYR

e[rhmoi kai; aiJ povlei" purivkaustoi, kai; tou;" karpou;" ejnwvpion uJmw'nkatesqivwsin ajllovtrioi, kai; mhdei;" ejx uJmw'n ejpibaivnh/ eij" th;n JIerousalhvm.3 Ouj ga;r ejx a[llou tino;" gnwrivzesqe para; tou;" a[llou" ajnqrwvpou", h] ajpo;th'" ejn sarki; uJmw'n peritomh'". Oujdei;" ga;r uJmw'n, wJ" nomivzw, tolmhvseieijpei'n o{ti mh; kai; prognwvsth" tw'n givnesqai mellovntwn h\n kai; e[stin oJqeo;" kai; ta; a[xia eJkavstw/ proetoimavzwn. Kai; uJmi'n ou\n tau'ta kalw'" kai;dikaivw" gevgonen.4 jApekteivnate ga;r to;n divkaion kai; pro; aujtou' tou;" profhvta" aujtou' :

kai; nu'n tou;" ejlpivzonta" ejp! aujto;n kai; to;n pevmyanta aujto;n [p. 101 : B]pantokravtora kai; poihth;n tw'n o{lwn qeo;n ajqetei'te kaiv, o{son ejf! uJmi'n,ajtimavzete, katarwvmenoi ejn tai'" sunagwgai'" uJmw'n tou;" pisteuvonta" ejpi;to;n Cristovn. Ouj ga;r ejxousivan e[cete aujtovceire" genevsqai hJmw'n dia; tou;"nu'n ejpikratou'nta" : oJsavki" de; a]n ejdunhvqhte, kai; tou'to ejpravxate. 5 Dio;kai; ejmboa'/ uJmi'n oJ qeo;" dia; tou' JHsai?ou levgwn : (Is. 57, 1) [Idete wJ" oJ divkaio"ajpwvleto1, kai; oujdei;" katanoei'. jApo; ga;r proswvpou th'" ajdikiva" h\/rtai oJdivkaio". (2) [Estai ejn eijrhvnh/ : hJ tafh; aujtou' h\/rtai2 [fol. 66 v° : A] ejk tou'mevsou. (3) JUmei'" proshgavgete w|de, uiJoi; a[nomoi, spevrma moicw'n kai; tevknapovrnh". (4) jEn tivni ejnetrufa'te kai; ejpi; tivna hJnoivxate to; stovma kai; ejpi;tivni ejcalavsate th;n glw'ssan _

17. 1 Oujc ou{tw" ga;r ta; a[lla e[qnh eij" tauvthn th;n ajdikivan th;n eij" hJma'"kai; to;n Cristo;n ejnevcontai, o{son uJmei'", oi} kajkeivnoi"3 th'" kata; tou'dikaivou kai; hJmw'n tw'n ajp! ejkeivnou kakh'" prolhvyew" ai[tioi uJpavrcete :meta; ga;r to; staurw'sai uJma'" ejkei'non to;n movnon a[mwmon kai; divkaiona[nqrwpon, di! ou| tw'n mwlwvpwn i[asi" givnetai toi'" di! aujtou' ejpi; to;npatevra pro<s>cwrou'sin4, ejpeidh; ejgnwvkate aujto;n ajnastavnta ejk nekrw'nkai; ajnabavnta eij" to;n oujranovn, wJ" aiJ profhtei'ai proemhvnuon genhsovmenon,ouj movnon5 ouj metenohvsate ejf! oi|" ejpravxate kakoi'"6, ajlla;

1 Post ajpwvleto addendum Kai; oujdei;" ejkdevcetai th'/ kardiva/ : kai; a[ndre" divkaioi ai[rontaiThirlb., Mign. (ex LXX ; Dial. 110, 6 et I Apol. 48, 6) add. Otto, Troll. om. codd., cett. edd.2 [Estai ejn eijrhvnh/ : hJ tafh; aujtou' h\/rtai ejk tou' mevsou edd. ab Otto hJ tafh; aujtou' h\rtai ejktou' mevsou Dial. 97, 2 ; 118, 1 ; Tertul., Adv. Marc., III, 19, 8 (« Sepultura eius sublata demedio est ») : e[stai ejn eijrhvnh/ hJ tafh; aujtou' : h\/rtai ejk tou' mevsou codd., Steph., Thirlb., Mar.,Mign. (= LXX ; I Apol. 48, 6) 3 Oi} kajkeivnoi" Sylb. Mor., Troll, edd ab Otto : oi|" kajkeivnoi"codd., cett. edd. oi|" kajkeivnh" prop. Steph. 4 Proscwrou'sin Lange, Sylb., Thirlb., Mar., Mign.,edd. ab Otto (cf. Dial. 43, 2 ; Jn. 14, 6) : procwrou'sin codd., Steph., Jebb. 5 Ouj movnon −ajnqrwvpoi" (cf. Eus., Hist. eccl., IV, 18, 7) : ouj movnon de; Mar. (ex Eus.) 6 Kakoi'" codd. (cf. 108,1 : ejf! oi|" ejpravxate kakoi'") : kakw'" Eus., Mar., Troll., Otto (cf. 12, 2 : ouj metanoei'tepravxante" kakw'").

225

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 16, 2-17, 1

cités soient consumées par le feu, que des étrangers en mangent devant vous12 les fruits,et que nul d'entre vous ne monte à Jérusalem13. 3 Rien d'autre en effet nevous rend reconnaissables, parmi les autres hommes, sinon la circoncisionque vous portez dans la chair14. Personne parmi vous, je pense, n'osera nierque Dieu ait connu et connaisse par avance les événements à venir15, et qu'ilménage à chacun ce qu'il mérite16. Dans votre cas aussi, il est donc bon estjuste17 que cela soit arrivé.

4 Car avous avez tué le Juste et avant lui bses prophètes18. Et aujourd'hui vousrejetez perfidement ceux qui espèrent en lui et celui qui l'a envoyé, le Tout-Puissant19, Créateur de l'univers ; autant qu'il est en vous20, vous lesdéshonorez, en élevant, dans vos synagogues21, des imprécations sur ceux quicroient au Christ22. Vous n'avez pas, en effet, le pouvoir de nous frapper parvos propres mains, grâce à ceux qui maintenant nous gouvernent. Maischaque fois que vous l'avez pu23, cela aussi vous l'avez fait. 5 C'est pourquoiDieu vous crie par Isaïe : (Is. 57, 1)Voyez comme le Juste périt, et personne n'y songe24.Car c'est en présence de l'injustice que le Juste est enlevé. (2)Il sera en paix ; son tombeau aété enlevé25 du milieu des hommes26. (3)Pour vous, hommes sans loi, avancez ici, raced'infidèles et enfants du mensonge, d'adultère et de fornication ! De qui vous railliez-vous ?Contre qui avez-vous ouvert la bouche ? Contre qui avez-vous tiré la langue27 ?

Les juifs ont envoyé par toute la terredes émissaires chargés de répandre la calomnies sur les chrétiens.

Prophétie d’Isaïe.

17. 1 Les autres peuples ne mettent pas, en effet, dans cette injustice tournéecontre nous et contre le Christ, autant d'acharnement que vous qui êtes, deplus, responsables de cette mauvaise prévention qu'ils nourrissent contre lecJuste et contre nous1, ses disciples. Après l'avoir crucifié2, lui seul homme sanstache3 et juste, dont les dmeurtrissures procurent la guérison4 à ceux qui par luivont vers le Père5, quand vous avez appris qu'il était ressuscité des morts6 etmonté au ciel7, conformément à ce qu'annonçaient les prophéties, nonseulement vous ne vous êtes pas repentis de vos mauvaises actions, mais

a Cf. Is. 57, 1 ; Jacq. 5, 6, etc. b cf. Matth. 23, 31 et Lc. 13, 34 c cf. Is. 57, 1 d cf. Is. 53, 5.

226

JUSTIN MARTYR

a[ndra" ejklektou;" ajpo; JIerousalh;m1 ejklexavmenoi tovte ejxepevmyate eij"pa'san th;n gh'n, levgonta" ai{resin a[qeon2 Cristianw'n pefhnevnai3,katalevgontav"4 < te >5 tau'ta a{per kaq! hJmw'n oiJ ajgnoou'nte" hJma'" pavnte"levgousin : w{ste ouj movnon eJautoi'" ajdikiva" ai[tioi uJpavrcete, ajlla; kai; toi'"a[lloi" a{pasin aJplw'" ajnqrwvpoi".2 Kai; dikaivw" boa'/ JHsai?a" : (Is. 52, 5)Di! uJma'" tov o[nomav mou blasfhmei'tai

ejn toi'" e[qnesi. [p. 102 : B] Kai; : (Is. 3, 9)Oujai; th'/ yuch'/ aujtw'n, diovtibebouvleuntai boulh;n ponhra;n kaq! eJautw'n, [fol. 67 r° : A] (10)eijpovnte" :Dhvswmen to;n divkaion, o{ti duvscrhsto" hJmi'n ejsti. Toivnun ta; gennhvmatatw'n e[rgwn aujtw'n favgontai. (11)Oujai; tw'/ ajnovmw/ : ponhra; kata; ta; e[rga tw'nceirw'n aujtou' sumbhvsetai aujtw'/. Kai; pavlin ejn a[lloi" : (Is. 5, 18)Oujai; oiJejpispwvmenoi ta;" aJmartiva" aujvtw'n wJ" scoinivw/ makrw'/ kai; wJ" zugou' iJmavntidamavlew" ta;" ajnomiva", (19)oiJ levgonte" : To; tavco" aujtou' ejggisavtw, kai;ejlqevtw hJ boulh; tou' aJgivou jIsrahvl, i{na gnw'men. (20)Oujai; oiJ levgonte" to;ponhro;n kalo;n < kai; to; kalo;n ponhrovn >6, oiJ tiqevnte" to; fw'" skovto" kai;to; skovto" fw'", oiJ tiqevnte" to; pikro;n gluku; kai; to; gluku; pikrovn.3 Kata; ou\n tou' movnou ajmwvmou kai; dikaivou fwtov", toi'" ajnqrwvpoi"pemfqevnto" para; tou' qeou', ta; pikra; kai; skoteina; kai; a[dika katalecqh'naiejn pavsh/ th'/ gh'/ ejspoudavsate. Duvscrhsto" ga;r uJmi'n e[doxen ei\nai, bow'npar! uJmi'n : Gevgraptai : JO oi\kov" mou oi\ko" proseuch'" ejstin, uJmei'" de;pepoihvkate aujto;n sphvlaion lh/stw'n. Kai; ta;" trapevza" tw'n ejn tw'/ naw'/kollubistw'n katevstreye. 4 Kai; ejbova : Oujai; uJmi'n, grammatei'" kai;Farisai'oi7, uJpokritaiv, o{ti ajpodekatou'te to; hjduvosmon kai; to; phvganon, th;nde; ajgavphn tou' qeou' kai; th;n krivsin ouj katanoei'te : tavfoi kekoniamevnoi,e[xwqen fainovmenoi wJrai'oi, e[swqen de; [fol. 67 v° : A] gevmonte" ojstevwnnekrw'n. Kai; toi'" grammateu'sin : Oujai; uJmi'n, grammatei'", o{ti ta;" klei'"e[cete, kai; aujtoi; oujk eijsevrcesqe8 kai; tou;" eijsercomevnou" kwluvete :oJdhgoi; tufloiv.

1 jApo; JIerousalh;m ejklexavmenoi tovte : ejklexavmenoi tovte ajpo; JIerousalhvm Eus. 2 [Aqeon(cf. 108, 2 : ai{resiv" ti" a[qeo") : ajqevwn tres vetustissimi Eus. mss., Steph. 3 Pefhnevnai :pefavntai Eus. 4 Levgonta" ...katalevgonta" Arch. ex Eus. vers. Syr. et Rufino (cf. 108, 2 :khruvssonta"), Goodsp., Marc. : levgonte" ...katalevgonte" codd., cett. edd., Eus. gr. Schwartz5 Te edd. a Mar. ex Eus. 6 Kai; to; kalo;n ponhrovn edd. (ex LXX, Dial. 133, 4) 7 Farisai'oi

corr. Mor., edd. ab Otto (hic et ubique) : Farissai'oi codd., cett. edd. 8 Oujk eijsevrcesqe − kwluvetein textu codd., edd. : oujk eijsevlqete kai; tou;" ejrcomevnou" ejkwluvsate in. marg. codd., ad calcemSteph. (ex Lc., 11, 52).

227

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 17, 1-17, 4

vous avez alors, de Jérusalem, désigné des hommes choisis que vous avezenvoyés par toute la terre8 pour dire qu'une hérésie impie, celle des« chrétiens »9, était apparue, et débiter les accusations que répandent surnotre compte tous ceux qui ne nous connaissent pas10. Aussi n'êtes vous passeulement responsables de votre propre iniquité, mais encore, absolument,pour celle de tous les autres hommes.

2 C'est à juste titre qu'Isaïe s'écrie : (Is. 52, 5)Par vous11, mon nom est blasphémédans les nations12. Et : (Is. 3, 9)Malheur à leur âme, car ils ont conçu un mauvais desseincontre eux-mêmes, (10)en disant : « Lions13 le Juste, car il nous embarrasse ». C'estpourquoi ils mangeront les fruits de leurs œuvres. (11)Malheur à l'inique : selon l'œuvre deses mains sera sa souffrance. Et encore, dans un autre passage : (Is. 5, 18)Malheur àceux qui tirent leurs péchés comme par une longue corde14, et leurs iniquités comme par lacourroie d'un attelage de génisses, (19)ceux qui disent : « Qu'approche sa promptitude ! Quevienne le dessein du saint d’Israël15, afin que nous sachions ! ». (20)Malheur à ceux quidisent que le mal est bien, et que le bien est mal, ceux qui changent la lumière en ténèbreset les ténèbres en lumière, l'amer en doux et le doux en amer16.

3 Ainsi donc, c'est contre la seule alumière17 sans tache et juste18, envoyéebd'auprès de Dieu19 aux hommes, que vous avez mis soin à répandre sur toutela terre20 ces accusations camères, ténébreuses21 et injustes. Car il vous a parudembarrassant22 celui qui s'écriait parmi vous : eIl est écrit : f« Ma maison est unemaison de prière, et vous en faites une caverne de voleurs »23. Et il grenversait les tables deschangeurs qui se trouvaient dans le Temple24. 4 Il s'écriait encore : hMalheur àvous, scribes et Pharisiens hypocrites ! car vous vous acquittez de la dîme de la menthe, dela rue, et ne songez pas à l'amour de Dieu et à son jugement. Sépulcres blanchis, au dehorsqui semblent beaux, mais sont remplis, à l'intérieur, d'ossements de cadavres. Et auxscribes : iMalheur à vous, scribes ! car vous avez les clés, mais vous n'entrez pas vous-mêmes, et vous empêchez ceux qui veulent entrer. jConducteurs aveugles25 !

a Cf. Is. 51, 4 b cf. Is. 51, 4 c cf. Is. 5, 20 d cf. Is. 3, 10 e Matth. 21, 13 ; Mc. 11, 17 ;Lc. 19, 46 f cf. Is. 56, 7 ; Jér. 7, 11 g cf. Matth. 21, 12 ; Mc. 11, 15 h Matth. 23, 23.27 ; Lc. 11,42 i Matth. 23, 13 ; Lc. 11, 52 j Matth. 23, 16.24.

228

JUSTIN MARTYR

18. 1 jEpeidh; ga;r ajnevgnw", w\ Truvfwn, wJ" aujto;" oJmologhvsa" e[fh"1, ta;uJp! ejkeivnou tou' swth'ro" hJmw'n didacqevnta, oujk a[topon nomivzw pepoihkevnaikai; braceva tw'n [p. 103 : B] ejkeivnou lovgia pro;" toi'" profhtikoi'"ejpimnhsqeiv".2 Louvsasqe ou\n kai; nu'n kaqaroi; gevnesqe kai; ajfevlesqe ta;" ponhriva"

ajpo; tw'n yucw'n uJmw'n, wJ" de;2 louvsasqai uJmi'n tou'to to; loutro;n keleuvei oJqeo;" kai; peritevmnesqai3 th;n ajlhqinh;n peritomhvn. JHmei'" ga;r kai; tauvthna]n th;n peritomh;n th;n kata; savrka kai; ta; savbbata kai; ta;" eJorta;" pavsa"aJplw'" ejfulavssomen, eij mh; e[gnwmen di! h}n aijtivan kai; uJmi'n prosetavgh,toutevsti dia; ta;" ajnomiva" uJmw'n kai; th;n sklhrokardivan. 3 Eij ga;ruJpomevnomen pavnta ta; ejx ajnqrwvpwn kai; daimovnwn fauvlwn ejnergouvmena eij"hJma'", wJ" kai; mevcri tw'n ajrrhvtwn qanavtou kai; timwriw'n4 fevrein5,eujcovmenoi ejlehqh'nai kai; tou;" ta; toiau'ta diatiqevnta" hJma'", kai; mhde;mikro;n ajmeivbesqai mhdevna boulovmenoi, wJ" oJ kaino;" nomoqevth" ejkevleusenhJmi'n, pw'" oujci; kai; ta; mhde;6 blavptonta hJma'", peritomh;n de; [fol. 68 r° : A]sarkikh;n levgw kai; savbbata kai; ta;" eJortav", ejfulavssomen _

19. 1 < Kai; > oJ Truvfwn7 : Toutov ejstin o} ajporei'n a[xiovn ejstin, o{titoiau'ta uJpomevnonte" oujci; kai; ta; a[lla pavnta, peri; w|n nu'n zhtou'men,fulavssete8.2 Ouj ga;r pa'sin9 ajnagkaiva au{th hJ peritomhv, ajll! uJmi'n movnoi", i{na, wJ"

proevfhn, tau'ta pavqhte a} nu'n ejn dikh'/ pavscete. Oujde; ga;r to; bavptismaejkei'no to; ajnwfele;" to; tw'n lavkkwn proslambavnomen : oujde;n ga;r pro;" to;bavptisma tou'to to; th'" zwh'" ejsti. Dio; kai; kevkragen oJ qeo;" o{tijEgkatelivpete aujtovn, phgh;n zw'san, kai; wjruvxate eJautoi'" lavkkou"suntetrimmevnou", oi} ouj dunhvsontai sunevcein u{dwr. 3 Kai; uJmei'" mevn, oiJth;n savrka peritetmhmevnoi, crhv/zete th'" hJmetevra" peritomh'", hJmei'" dev,tauvthn e[-[p. 104 : B]-conte", oujde;n ejkeivnh" deovmeqa. Eij ga;r h\n ajnagkaiva,

1 JOmologhvsa" e[fh" : wJmolovghsa", e[fhn, prop. Sylb., Thirlb. (cf. 67, 5 : wJmolovghsa" hJmi'n,e[fh), coni. Marc. 2 De; : del. Troll. (vel dhv legendum) 3 Peritevmnesqai : peritevmnesqe prop.Thirlb, coni. Marc. 4 Qanavtou kai; timwriw'n commatibus includuntur Mar., Mign., edd. ab Otto :timwriw'n kai; qanavtou prop. Otto (cf. 46, 7 : uJpomevnomen ta;" ejsc. timwriva" kai; qanatouvmenoicaivromen) mevcri tw'n ajrrhvtwn qanavtou [kai;] timwriw'n aut mevcri tw'n ejscavtwn timwriw'n(cf. 46, 7 : ta;" ejscavta" timwriva") prop. Thirlb. 5 Fevrein huc transtuli ut Marc. : post eij" hJma'"codd., cett. edd. procwrei'n sive proievnai post timwriw'n addendum Sylb., tunc exspectaveris eujcomevnou"...boulomevnou" Otto 6 Mhde; : mhde;n prop. Lange, Thirlb., coni. Marc. 7 Kai; oJ Truvfwn prop.Thirlb., coni. Troll., Arch., Goodsp. (w\ Truvfwn _ < Kai; > oJ Truvfwn), Marc : w\ Truvfwn codd., cett.edd. 8 Fulavssete prop. Thirlb., Mar. (cf. 10, 2-3), coni. Troll., edd. ab Otto : fulavssomen codd.,cett. edd. 9 Pa'sin : pa'sin, e[fhn Marc.

229

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 18, 1-19, 3

Les chrétiens observeraient les prescriptions de la Lois’ils ne connaissaient pas leur sens véritable.

18. 1 Puisque tu as lu1, Tryphon, comme tu l'as toi-même reconnu, lesenseignements de ce Sauveur, il ne me semble pas qu'il était hors de proposde rappeler, en les associant aux oracles prophétiques, certaines de sescourtes2 sentences3.

2 aLavez-vous donc, devenez purs à présent, et enlevez de vos âmes les penchantsmauvais, mais comme Dieu vous ordonne de vous laver de ce bain, et de vouscirconcire4 de la circoncision véritable5. Car nous l'observerions aussi, cettecirconcision selon la chair, et les sabbats, et absolument toutes les fêtes6, sinous ne savions pour quelle raison ils ont été à vous seuls7 prescrits : à causede vos iniquités et de votre dureté de cœur8. 3 Si nous endurons9, en effet,toutes les machinations mises en œuvre contre nous par les hommes et lesmauvais démons10, au point de supporter jusqu'aux souffrances indicibles dela mort et des supplices, en bpriant pour qu'il soit fait miséricorde même àceux qui nous les infligent11, et sans vouloir la moindre revanche surpersonne, comme nous l'a ordonné le Nouveau Législateur12, pourquoin'observerions-nous pas aussi, Tryphon, ce qui ne nous nuit même pas13, jeveux dire la circoncision de la chair, les sabbats et les fêtes ?

Avant Abraham, les Justes étaient incirconcis.Depuis Moïse, c’est à cause de ses tendances idolâtres que le peuple est soumis à la Loi.

19. 1 Tryphon :— C'est bien là ce qui peut susciter l'embarras : que vous enduriez de

pareilles épreuves, et n'observiez pas également toutes les prescriptions quifont ici l'objet de notre examen.

2 — C'est que cette circoncision n'est pas nécessaire1 à tous, mais à vousseuls, afin, comme je l'ai dit2, que vous souffriez ce qu'en toute justice voussouffrez aujourd'hui. Et ce baptême inutile4, celui des citernes, nous nel'acceptons pas non plus pour nous : il n'est rien en regard de ce baptême-ci,celui de la vie. Aussi Dieu a-t-il proclamé : cVous l'avez abandonné, lui, source vive,et vous vous êtes creusé des citernes fissurées qui ne pourront retenir l'eau4. 3 Vous autres,circoncis de la chair, avez besoin de notre circoncision, mais à nous,

a Is. 1, 16 b cf. Matth. 5, 44 ; Lc. 6, 27-28 ; 35-36 c cf. Jér. 2, 13.

230

JUSTIN MARTYR

wJ" dokei'te, oujk a]n ajkrovbuston oJ qeo;" e[plase to;n jAdavm, oujde; ejpevbleyenejpi; toi'" dwvroi" tou' ejn ajkrobustiva/ sarko;" prosenevgkanto" qusiva" [Abel,oujd! a]n eujhrevsthsen ejn ajkrobustiva/ jEnwvc1, kai; oujc euJrivsketo, diovtimetevqhken aujto;n oJ qeov". 4 Lw;t ajperivtmhto" ejk Sodovmwn ejswvqh, aujtw'nejkeivnwn tw'n ajggevlwn aujto;n kai; tou' kurivou propemyavntwn. Nw'e, ajrch;gevnou" a[llou2, a{ma toi'" tevknoi" [fol. 68 v° : A] ajperivtmhto" eij" th;nkibwto;n eijsh'lqen. jAperivtmhto" h\n oJ iJereu;" tou' uJyivstou Melcisedevk, w|/kai; dekavta" prosfora;" e[dwken jAbraavm, oJ prw'to" th;n kata; savrkaperitomh;n labwvn, kai; eujlovghsen aujtovn : ou| kata; th;n tavxin to;n aijwvnioniJereva oJ qeo;" katasthvsein dia; tou' Daui`d memhvnuken.5 JUmi'n ou\n movnoi" ajnagkaiva h\n hJ peritomh; au{th, i{na oJ lao;" ouj lao;" h\/

kai; to; e[qno" oujk e[qno" wJ" kai; jWshev, ei|" tw'n dwv<de>ka3 profhtw'n, fhsiv.Kai; ga;r mh; sabbativsante" oiJ prownomasmevnoi pavnte" divkaioi tw'/ qew'/eujhrevsthsan kai; met! aujtou;" jAbraa;m kai; oiJ touvtou uiJoi; a{pante" mevcriMwu>sevw"4, ejf! ou| a[diko" kai; ajcavristo" eij" to;n qeo;n oJ lao;" uJmw'n ejfavnhejn th'/ ejrhvmw/ moscopoihvsa". 6 {Oqen oJ qeo;" aJrmosavmeno" pro;" to;n lao;nejkei'non kai; qusiva"5 fevrein wJ" pro;" o[noma aujtou' ejneteivlato, i{na mh;eijdwlolatrh'te : o{per oujde; ejfulavxate6, ajlla; kai; ta; tevkna uJmw'n ejquvetetoi'" daimonivoi". Kai; sabbativzein ou\n uJmi'n prostevtacen, i{na mnhvmhnlambavnhte tou' qeou' : kai; ga;r oJ Lovgo" aujtou' tou'to shmaivnei levgwn : Tou'ginwvskein o{ti ejgwv eijmi oJ qeo;" oJ lutrwsavmeno"7 uJma'".

20. 1 Kai; ga;r brwmavtwn tinw'n ajpevcesqai [p. 105 : B] prosevtaxen uJmi'n, i{nakai; ejn tw'/ ejsqivein kai; pivnein pro; ojfqalmw'n8 e[chte to;n qeovn, eujkatavforoi[fol. 69 r° : A] o[nte" kai; eujcerei'" pro;" to; ajfivstasqai th'" gnwvsew" aujtou',wJ" kai; Mwu>sh'"9 fhsin : [Efage kai; e[pien oJ lao;" kai; ajnevsth tou' paivzein.Kai; pavlin : [Efagen jIakw;b kai; ejvneplhvsqh, kai; ejlipavnqh10, kai;

1 jEnwvc : JEnwvc Goodsp., Marc. 2 jAllou' Anonym. (Miscell. observv. in auctores vett. etrecentt., 1.3, p. 372), edd. ab Otto (cf. 138, 2 : a[llou gevnou") : ajll! ou\n codd., cett. edd. (cf. I Apol.8, 5) 3 Dwvdeka B, edd. : dwvka A 4 Mwu>sevw" : Mwu>sevo" codd. Mwsevw" Arch., Goodsp. 5 Kai;qusiva" : prosfora;" kai; q. Marc. 6 {Oper oujde; ejfulavxate : o{per oujk ejpoihvsate oujde;ejfulavxate Marc. (ex. Ez. 20, 19.21) 7 JO lutrwsavmeno" : oJ aJgiavzwn Ez. 20, 12 (om. Ez. 20,20) 8 jOfqalmw'n edd. : ojfqalmo;n codd. 9 Mwu>sh'" : Mwsh'" Arch. 10 Kai; ejlipavnqh (cf. TM,Aquil., S. Chrysost., Adv. Jud., 1 : PG XLVIII, 846 B) : om. LXX.

231

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 19, 3-20, 1

qui avons cette dernière, la vôtre ne manque en rien. Car si elle étaitnécessaire, comme vous le présumez, Dieu n'eût pas façonné Adamincirconcis. Il n'aurait pas non plus ajeté les yeux sur l'offrande d'Abel qui, dansl'incirconcision de la chair, lui présentait des sacrifices5 ; pas plus qu'Énoch6,dans l'incirconcision, n'aurait bété agréable à Dieu, lui qui disparut, parce que Dieul'avait déplacé 7. 4 Lot incirconcis cfut sauvé de Sodome8, car ces anges eux-mêmes et le Seigneur9 l'avaient fait sortir auparavant. Noé, chef d'une autrerace10, dentra incirconcis, avec ses enfants11, dans l'arche. Il était incirconcis, eleprêtre du Très-Haut, Melchisédech12, à qui Abraham, le premier qui reçut lacirconcision selon la chair13, donna aussi les offrandes de la dîme. EtMelchisédech le bénit. C'est fselon l'ordre de Melchisédech que Dieu a révélé, par labouche de David, qu'il établirait son gprêtre éternel14.

5 Pour vous seuls, donc, cette circoncision était nécessaire, afin que hlepeuple ne soit plus le peuple, et que la nation ne soit plus une nation15, comme ledit Osée, l'un des douze prophètes. Et en effet, bien qu'ils n'aient pas nonplus observé le sabbat, tous ces Justes que je viens de nommer ont plu àDieu, et avec eux Abraham ainsi que tous ses descendants, jusqu'à Moïse16,sous lequel votre peuple se montra injuste et ingrat17 envers Dieu, ienfabriquant, dans le désert, un veau d'or18. 6 C'est pourquoi Dieu, s'adaptant àce peuple19, ordonna également qu'on lui offrît des sacrifices, comme pourson nom20, afin que vous n'idolâtriez point21, ce que vous n'avez pasdavantage respecté : au contraire, vous avez même sacrifié vos enfants auxdémons22. C'est pour la même raison, donc, qu'il vous a ordonné le sabbat :pour que vous gardiez la mémoire de Dieu23. Et c'est bien là ce que sonVerbe24 signifie lorsqu'il dit : jAfin que vous sachiez que je suis le Dieu qui vous arachetés25.

Les prescriptions alimentaires, consécutives au péché du veau d’or,étaient destinées à préserver le peuple de l’idolâtrie.

20. 1 Et s'il vous a prescrit de vous abstenir de certains aliments, c'est aussipour que jusque dans le boire et le manger, vous ayez Dieu devant les yeux1, carvous êtes volontiers enclins à vous écarter de sa connaissance2, comme le ditMoïse : kLe peuple a mangé et bu, puis s'est levé pour se divertir3. Et encore :

a Cf. Gen. 4, 4 b cf. Gen. 5, 22.24 c cf. Gen. 19 d cf. Gen. 7, 1 e cf. Gen. 14, 18.20.19f cf. Ps. 109, 4 g ibid. h cf. Os. 1, 9-10 i cf. Exod. 32 j Éz. 20, 12.20 k Exod. 32, 6.

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JUSTIN MARTYR

ajpelavktisen oJ hJgaphmevno" : ejlipavnqh, ejpacuvnqh, ejplatuvnqh, kai;ejkatevlipe qeo;n to;n poihvsanta aujtovn. Tw'/ ga;r Nw'e o{ti sugkecwvrhto uJpo;tou' qeou', dikaivw/ o[nti, pa'n e[myucon ejsqivein plh;n kreva" ejn ai{mati, o{perejsti; nekrimai'on1, dia; Mwu>sevw"2 ajnistorhvqh uJmi'n ejn th'/ bivblw/ th'"Genevsew".2 Kai; boulomevnou aujtou' eijpei'n JW" lavcana covrtou, proei'pon ejgwv : To; wJ"

lavcana covrtou tou'3 mh; ajkouvsesqe wJ" ei[rhtai uJpo; tou' qeou', o{ti wJ" ta;lavcana eij" trofh;n tw'/ ajnqrwvpw/ ejpepoihvkei4 oJ qeov", ou{tw" kai; ta; zw'a eij"krewfagivan ejdedwvkei5 _ jAll! ejpeiv tina tw'n covrtwn oujk ejsqivomen, ou{twkai; diastolh;n e[ktote tw'/ Nw'e diestavlqai fatev.3 Oujk wJ" ejxhgei'sqe pisteutevon. Prw'ton me;n ga;r o{ti pa'n lavcanon covrto"6

e[sti kai; bibrwvskesqai7 dunavmeno" levgein kai; kratuvnein, oujk ejn touvtw/ajscolhqhvsomai. jAlla; eij kai; ta; lavcana tou' covrtou diakrivnomen, mh;pavnta ejsqivonte", ouj dia; to; ei\nai aujta; koina; h] ajkavqarta oujk ejsqivomen,ajll!8 h] dia; to;9 pikra; h] qanavsima h] ajkanqwvdh : tw'n de; glukevwn [fol. 69 v° :A] pavntwn kai; trofimwtavtwn kai; kallivstwn, qalassivwn te kai; cersaivwn10,ejfievmeqa kai; metevcomen. 4 Ou{tw kai; tw'n ajkaqavrtwn kai; ajdivkwn kai;paranovmwn ajpevcesqai uJma'" ejkevleusen oJ qeo;" dia; Mwu>sevw"11, ejpeidh; kai;to; mavnna ejsqivonte" ejn th'/ ejrhvmw/ kai; ta; qaumavsia pavnta oJrw'nte" uJmi'nuJpo; tou' qeou' ginovmena, movscon to;n cruvseon poihvsante" prosekunei'te.{Wste di-[p. 106 : B]-kaivw" ajei; boa'/ : UiJoi; ajsuvnetoi, oujk e[sti pivsti" ejnaujtoi'".

21. 1 Kai; o{ti dia; ta;" ajdikiva" uJmw'n kai; tw'n patevrwn uJmw'n eij" shmei'on,wJ" proevfhn, kai; to; savbbaton ejntevtaltai oJ qeo;" fulavssein uJma'" kai; ta;a[lla prostavgmata prosetetavcei, kai; shmaivnei o{ti dia; ta; e[qnh, i{na mh;bebhlwqh'/ to; o[noma aujtou' par! aujtoi'", dia; tou'to ei[asev tina" ejx uJmw'n

1 {Oper ejsti; nekrimai'on prop. H. Steph. (in edit. Ep. ad Diogn., p. 59), coni. Sylb., Troll., Mign.,edd. ab Otto : o{per ejsti;n ejkrimai'on (eiectitium) codd., Thirlb. ejkkremai'on (pensile, suspensum) prop.Lange, Thirlb. 2 Mwu>sevw" : Mwu>sevo" codd. Mwsevw" Arch. 3 Tou' mh; ajkouvsesqe (= tivno"[cavrin, e{neka] Mar. Cf. II Apol. 2, 16 : tou' to;n a[nqrwpon tou'ton ejkolavsw) : ouj mh; ajkouveteprop. Périon, coni. Thirlb. tiv mh; ajkouvete Troll. tou' delendum Steph., del. Sylb., Mor.4 jEpepoihvkei A, edd. : pepoihvkei B 5 jEdedwvkei _ [All! ...fatev. Oujk edd. a Mar. : ejdedwvkei :ajll! ...fatev, oujc ktl. cett. edd. (ejdedwvkei, a[ll! ...fatev, oujc Thirlb.) fatev tollendum vel favnailegendum Sylb. 6 Covrto" ejsti; : covrtou e[sti prop. Thirlb., coni. Otto, Arch. 7 Bibrwvskesqai :subaudiendum ejpithvdeion (didovmenon Troll.), vel simile adjectivum, aut legendum bibrwvsketai Sylb.bibrwvsketai Marc. 8 jAll! Thirlb., Otto, Arch., Marc. : ajlla; codd., cett. edd. 9 To; : to; ei\naiMarc. 10 Qalassivwn − Cersaivwn (scil. ejmyuvcwn) : post paranovmwn (20, 4) transp. Marc.11 Mwu>sevw" : Mwu>sevo" codd. Mwsevw" Arch.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 20, 1-21, 1

aJacob a mangé, s'est rassasié, engraissé, et le bien aimé à regimbé. Il s'est engraissé, épaissi,élargi, et il a abandonné Dieu qui l'avait fait4. Mais à Noé, Dieu a permis, parcequ'il était juste, de manger de tout être vivant, bexcepté la chair avec le sang, c'est-à-dire celle d'un animal mort naturellement5. Cela vous est rapporté parMoïse, au livre de la Genèse.

2 Et comme Tryphon voulait préciser cComme les légumes herbacés (propres àêtre consommés), je prévins son objection : Cette expression Comme leslégumes herbacés (propres à être consommés), pourquoi ne l'entendez-vous pasdans le sens où elle a été dite par Dieu, c'est-à-dire que de même que Dieu acréé les légumes pour qu'ils servent de nourriture à l'homme, de même, aussi, a-t-il donné les animaux pour qu'on mange leur chair. Mais parce que nous nemangeons pas de certains légumes, vous prétendez que cette restriction a étéétablie dès ce temps-là, pour Noé.

3 A votre interprétation, on ne saurait souscrire. Tout d'abord parce que jepuis affirmer et soutenir que tout dlégume est un herbacé, et peut êtreconsommé6, ce sur quoi je ne m'attarderai pas. Et même si nous distinguonsles légumes des herbacés (propres à la consommation), et ne les mangeons pastous, ce n'est pas parce que certains sont eprofanes ou impurs que nous n'enmangeons pas, mais parce qu'ils sont amers, porteurs de poison, ou garnisd'épines. Tous ceux qui sont doux, en revanche, vraiment nourrissants et fortagréables − qu'ils viennent de la mer ou de la terre − nous les recherchons eten prenons notre part. 4 Et ainsi, c'est de ce qui est impur, injuste, inique,que Dieu vous a ordonné, par Moïse, de vous abstenir, car, ftandis que vousvous nourrissiez de la manne dans le désert, et que vous étiez témoins detous les miracles que Dieu accomplissait pour vous7, gvous avez fabriqué leveau d'or, et l'avez adoré8. Aussi s'écrie-t-il toujours, à juste titre : hFilsinsensés ! il n'y a point de foi en eux9 !

C’est à cause des péchés du peuple que fut institué le sabbat.Témoignage d’Ézéchiel.

21. 1 C'est à cause de vos injustices à vous, et de celles de vos pères qu' iensigne1, comme je l'ai dit, Dieu vous a ordonné d'observer le sabbat et vous aprescrit les autres ordonnances. Et il signifie que c'est jà cause des nations,

a Deut. 32, 15 b Gen. 9, 4 c Gen. 9, 3 d cf. Gen. 9, 3 e cf. Act. 10, 14 f cf. Exod. 16, 4-35 ;Nombr. 11, 7-9 ; Deut. 8, 3.16 g cf. Exod. 32 h Deut. 32, 20 ; cf. Jér. 4, 22. i cf. Gen. 17, 11 ;Éz. 20, 20 j cf. Éz. 20, 22.

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JUSTIN MARTYR

o{lw" zw'nta", aujtai;1 aiJ fwnai; aujtou' th;n ajpovdeixin poihvsasqai duvnantaiuJmi'n. 2 Eijsi; de; eijrhmevnai dia; tou' jIezekih;l ou{tw" : (Éz. 20, 19) jEgw; kuvrio"oJ qeo;" uJmw'n : ejn toi'" prostavgmasiv mou poreuvesqe, kai; ta; dikaiwvmatavmou fulavsssete, (18)kai; ejn toi'" ejpithdeuvmasin Aijguvptou mh;sunanamivgnusqe, (20)kai; ta; savbbatav mou aJgiavzete, kai; e[stai eij" shmei'onajna; mevson ejmou' kai; uJmw'n tou' ginwvskein o{ti ejgw; kuvrio" oJ qeo;" uJmw'n.(21)Kai; parepikravnatev me, kai; ta; tevvkna uJmw'n ejn toi'" prostavgmasiv mououjk ejpo-[fol. 70 r° : A]-reuvqhsan, kai; tav dikaiwvmatav mou oujk ejfuvlaxan tou'poiei'n aujtav, a} poivhsa" aujta; a[nqrwpo" zhvsetai ejn aujtoi'", ajlla; ta;savbbatav mou ejbebhvloun. 3 Kai; ei\pa tou' ejkcevai to;n qumovn mou ejp! aujtou;"ejn th'/ ejrhvmw/ tou' suntelevsai ojrghvn mou2 ejp! aujtouv", (22)kai; oujk ejpoivhsa,o{pw" to; o[nomav mou to; paravpan mh; bebhlwqh'/ ejnwvpion tw'n ejqnw'n, < w|n >3

ejxhvgagon aujtou;" kat! ojfqalmou;" aujtw'n. (23)Kai; ejgw; ejxh'/ra th;n cei'rav mouejp! aujtou;" ejn th'/ ejrhvmw/, tou' diaskorpivsai4 ejn toi'" e[qnesi kai; diaspei'raiaujtou;" ejn tai'" cwvrai", (24)ajnq! w|n ta; dikaiwvmatav mou oujk ejpoivhsan, kai;ta; prostavgmatav mou ajpwvsanto, kai; ta; savbbatav mou ejbebhvloun, kai; ojpivswtw'n ejnqumhmavtwn tw'n patevrwn aujtw'n h\san oiJ ojfqalmoi; aujtw'n. 4 (25)Kai;ejgw; e[dwka aujtoi'" prostavgmata < ouj >5 kalav, kai; dikaiwvmata ejn oi|" oujzhvsontai ejn aujtoi'" : (26)kai; mianw' aujtou;" ejn toi'" dwvmasin6 aujtw'n, ejn [fol.107 : B] tw'/ diaporeuvesqaiv me pa'n dianoi'gon mhvtran o{pw" ajfanivsw< aujtouv" >7.

22. 1 Kai; o{ti dia; ta;" aJmartiva" tou' laou' uJmw'n kai; dia; ta;"eijdwlolatreiva"8, ajll! ouj dia; to; ejndeh;" ei\nai tw'n toiouvtwn prosforw'n,ejneteivlato oJmoivw" tau'ta9 givnesqai, ajkouvsate pw'" peri; touvtwn levgei dia;jAmwv"10, eJno;" tw'n dwvdeka, bow'n : 2 (Amos, 5, 18)Oujai; oiJ ejpiqumou'nte" th;nhJmevran kurivou11. {Ina tiv au{th uJmi'n hJ hJmevra [fol. 70 v° : A] tou' kurivou _ Kai;aujthv ejsti skovto" kai; ouj fw'". (19) {On trovpon o{tan ejkfuvgh/ a[nqrwpo" ejkproswvpou tou' levonto", kai; sunanthvsh/ aujtw'/ hJ a[rkto"12, kai; eijsphdhvsh/ eij"to;n oi\kon aujtou' kai; ajpereivshtai ta;" cei'ra" aujtou' ejpi; to;n toi'con, kai;davkh/ aujto;n oJ o[fi". (20)Oujci; skovto" hJ hJmevra tou' kurivou kai; ouj fw'",

1 Aujtai; edd. ab Otto : au|tai codd., cett. edd. (cf. 33, 1) 2 jOrghvn mou : th;n ojrghvn mou Marc. (exLXX) 3 |Wn addendum. Thirlb., add., Troll., Otto, Marc. (ex LXX) : kai; add. Arch. om. codd., cett.edd. 4 Diaskorpivsai : d. aujtouv" Marc. (ex LXX) 5 Ouj edd. (ex LXX) : om. codd. 6 Dwvmasin= aedibus codd., Otto, Arch., Goodsp., et duo mss. LXX (Otto) : dovmasin = muneribus cett. edd. (exLXX) 7 Aujtouv" add. Marc. (ex LXX) : om. codd., cett. edd. o{pw" ajfanivsw pa'n dianoi'gon mhvtranin marg. codd. 8 Eijdwlolatreiva" edd. a Thirlb. : eijdwlolatriva" codd., cett. edd. 9 Tau'ta : tauvta"coni. Marc. 10 jjAmwv" edd. a Steph. : jjAmmwv" codd. 11 Kurivou : tou' kurivou edd. (ex LXX)12 [Arkto" Steph., Mar., Mign., Otto, Arch. : a[rko" codd., Goodsp., Marc.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 21, 1-22, 2

pour que son nom ne soit pas profané parmi elles, qu'il a laissé en vie quelques-unsd'entre vous au moins2. Ses paroles elles-mêmes peuvent vous en apporter lapreuve : 2 Les voici, telles qu'elles furent dites par Ézéchiel : (Éz 20, 19)Je suis leSeigneur votre Dieu. Marchez dans mes ordonnances, observez mes préceptes, (18)et ne vousassociez pas aux mœurs d'Égypte. (20)Sanctifiez mes sabbats, et ils seront, entre vous etmoi, un signe pour qu'on sache que je suis le Seigneur votre Dieu. (21)Mais vous m'avezexaspéré, vos enfants n'ont pas marché dans mes ordonnances, ils n'ont pas observé, pourles mettre en pratique, ces préceptes qui feront vivre l'homme qui les applique ; mais ilsprofanaient mes sabbats. 3 J'avais dit que j'épancherais sur eux ma colère dans le désert,que j'épuiserais sur eux ma fureur. (22)Et je ne l'ai pas fait, afin que mon nom ne soit pasentièrement profané à la face des nations, devant les yeux desquelles je les avais fait sortir.(23)J'ai levé ma main sur eux dans le désert, pour les disperser parmi les nations, et lesdisséminer dans les diverses contrées, (24)parce qu'ils n'avaient pas exécuté mesordonnances, parce qu'ils avaient repoussé mes préceptes, parce qu'ils profanaient messabbats, et tournaient les yeux vers les pensées de leurs pères. 4 (25)Et je leur ai donné despréceptes qui n'étaient pas bons, et des ordonnances par lesquelles ils ne pourront vivre.(26)Je les souillerai dans leurs demeures, lorsque je traverserai tout ce qui ouvre la matrice,pour les anéantir.

Les offrandes furent prescrites à cause des injustices du peuple et de son idolâtrie.Témoignages d’Amos, de Jérémie et de David.

22. 1 C'est, de même, à cause des péchés de votre peuple et de ses idolâtries1,et non par besoin de telles choses2, qu'il a aprescrit les offrandes3. Écoutezcomment il s'exprime à ce sujet, par la bouche d'Amos, l'un des douze4, quis'écrie : 2 (Amos, 5, 18)Malheur à ceux qui désirent ardemment le jour du Seigneur !A quoi bon pour vous ce jour du Seigneur5 ? Il est ténèbres, et non lumière. (19)Tel unhomme, qui s'enfuit devant le lion, et l'ours vient à sa rencontre… Il se précipite en samaison, il appuie ses mains contre le mur, et un serpent le mord. (20)N'est-il pas ténèbres,le jour du Seigneur, et non lumière, une obscurité sans clarté ? (21)Je hais, je déteste vos

a Cf. Jér. 7, 22.

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JUSTIN MARTYR

kai; gnovfo" oujk e[cwn1 fevggo" aujth'"2 _ (21)Memivshka, ajpw'smai ta;" eJorta;"uJmw'n, kai; ouj mh; ojsfranqw' ejn tai'" panhguvresin uJmw'n. 3 (22)Diovti eja;nejnevgkhtev moi ta; oJlokautwvmata kai; ta;" qusiva" uJmw'n, ouj prosdevxomaiaujtav, kai; swthrivou3 ejpifaneiva" uJmwn oujk ejpiblevyomai. (23) jApovsthson ajp!ejmou' plh'qo" wj/dw'n sou kai; yalmw'n : ojrgavnwn sou oujk ajkouvsomai. (24)Kai;kulisqhvsetai wJ" u{dwr krivma kai; hJ dikaiosuvnh wJ" ceimavrrou" a[bato".(25)Mh; sfavgia kai; qusiva" proshnevgkatev moi4 ejn th'/ ejrhvmw/, oi\ko" jIsrahvl _levgei kuvrio". (26)Kai; ajnelavbete5 th;n skhnh;n tou' Molo;c kai; to; a[stron tou'qeou'6 uJmw'n JRafavn, tou;" tuvpou", ou}" ejpoihvsate eJautoi'". 4 (27)Kai;metoikiw' uJma'" ejpevkeina Damaskou', levgei kuvrio" : oJ qeo;" oJ pantokravtwro[noma aujtw'/. (6, 1)Oujai; oiJ kataspatalw'nte" Siw;n kai; toi'" pepoiqovsin ejpi;to; o[ro" Samareiva". OiJ wjnomasmevnoi ejpi; toi'" ajrchgoi'"7 ajpetruvghsanajrca;" ejqnw'n : eijsh'lqon8 eJautoi'" oi\ko" jIsrahvl. (2)Diavbhte9 pavnte" eij"Calavnhn10 kai; i[dete, kai; poreuvqhte [fol. 71 r° : A] ejkei'qen eij" jAma;q th;nmegavlhn, kai; katavbhte ejkei'qen eij" Ge;q tw'n ajllofuvlwn, [p. 108 : B] ta;"krativsta" ejk pasw'n tw'n basileiw'n touvtwn, eij pleivonav ejsti ta; o{riaaujtw'n tw'n oJrivwn uJmw'n. 5 (3)OiJ ejrcovmenoi eij" hJmevran ponhravn, oiJejggivzonte" kai; ejfaptovmenoi sabbavtwn yeudw'n, (4)oiJ koimwvmenoi ejpi; klinw'nejlefantivnwn kai; kataspatalw'nte" ejpi; tai'" strwmnai'" aujtw'n, oiJejsqivonte" a[rna" ejk poimnivwn kai; moscavria ejk mevsou boukolivwn galaqhnav,(5)oiJ ejpikrotou'nte" pro;" th;n fwnh;n tw'n ojrgavnwn, wJ" eJstw'ta ejlogivsantokai; oujc wJ" feuvgonta, (6)oiJ pivnonte" ejn fiavlai" oi\non kai; ta; prw'ta muvracriovmenoi, kai; oujk e[pascon oujde;n ejpi; th'/ suntribh'/ tou' jIwshvf. (7)Dia;tou'to nu'n aijcmavlwtoi e[sontai ajpo; ajrch'" dunastw'n tw'n ajpoikizomevnwn,kai; metastrafhvsetai oi[khma kakouvrgwn, kai; ejxarqhvsetai cremetismo;"i{ppwn ejx jEfrai?m.6 Kai; pavlin dia; JIeremivou : (Jér. 7, 21)Sunagavgete ta; kreva uJmw'n kai; ta;"

qusiva" kai; favgete, (22)o{ti ou[te peri; qusiw'n h] spondw'n ejneteilavmhn toi'"patravsin uJmw'n, h|/ hJmevra/ ejpelabovmhn th'" ceiro;" aujtw'n ejxagagei'n aujtou;"ejk gh'" Aijguvptou.

1 [Ecwn Thirlb., Mar., Mign., edd. ab Otto (ex LXX) : e[con codd. 2 Oujk e[cwn ...aujth'" (intell.hJmevra") Steph., Thirlb., edd. ab Otto : oujk e[con ...aujth'" in textu A oujk e[con ...aujtoi'" in marg.A, in textu B, Mar., Mign., Troll. oujk e[cwn ...aujth'/ LXX 3 Swthrivou : swthrivon prop. Thirlb.4 Moi : moi m! e[th Marc. (ex Act. 7, 42 et LXX) 5 jAnelavbete edd. (ex LXX) : ajnalavbete codd.6 Tou' qeou' A corr. (ex tou' q[eo]u' ?) 7 jEpi; toi'" ajrchgoi'" codd. et Symm. : om LXX8 Eijsh'lqon : kai; eijsh'lqon Marc. (ex LXX) 9 JEautoi'" oi\ko" jIsrahvl. Diavbhte : eJautoi'".Oi\ko" jIrsah;l, diavbhte Marc. 10 Calavnhn (calannhv : Gen. 10, 10 LXX) : Calhvnhn Otto om.LXX.

237

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 22, 2-22, 6

fêtes, et je ne saurais respirer l'odeur de vos assemblées solennelles. 3 (22)Car si vous meprésentez des holocaustes et vos sacrifices, je ne les accepterai pas ; vos démonstrations dusacrifice de paix, je ne les regarderai pas. (23)Écarte loin de moi la multitude de vos chantset de vos cantiques ! je n'écouterai pas vos instruments de musique. (24)Il roulera commel'eau le jugement, et la justice6 comme un torrent qu'on ne peut traverser. (25)Des victimes etdes sacrifices, m'en avez-vous présenté au désert, maison d'Israël ? dit le Seigneur. (26)Vousavez accueilli la tente de Moloch7 et l'étoile de votre dieu Raphan8, idoles que vous vous êtesfabriquées9. 4 (27)Je vous déporterai au-delà de Damas, dit le Seigneur. Le Dieu Tout-Puissant est son nom. (Amos, 6, 1)Malheur à ceux qui vivent tranquilles en Sion et pourceux qui se croient en sécurité sur la montagne de Samarie. Ceux qui sont renommés parmiles chefs ont vendangé les têtes des nations. La maison d'Israël se rend vers eux-mêmes.(2)Passez tous à Chalané et voyez ; de là, rendez-vous à Amath la grande, et descendez delà à Geth10 des étrangers, les cités les plus puissantes de tous ces royaumes. Leurs frontièressont-elles plus grandes que vos frontières ? 5 (3)Ceux qui viennent au jour mauvais, quis'approchent et s'attachent aux sabbats de mensonge, (4)qui dorment sur des lits d'ivoire etvivent vautrés sur leurs couches, ceux qui mangent les agneaux qu'ils ont pris auxtroupeaux et les veaux de lait choisis dans les étables, (5)ceux qui applaudissent au son desinstruments de musique : ils ont cru cela durable, et non fugace. (6)Ceux qui boivent du vindans des coupes et s'oignent avec les premiers parfums, mais ne souffraient en rien lesmalheurs de Joseph. (7)C'est pourquoi, aujourd'hui, ils vont être emmenés en captivité, entête des chefs exilés ; la demeure de ces débauchés sera renversée, et le hennissement deschevaux disparaîtra d'Éphraïm11.

6 Il dit encore, par Jérémie : (Jér. 7, 21)Amassez vos offrandes de viande ainsi que vossacrifices, et mangez, (22)car je n'ai prescrit aucune ordonnance à vos pères quant auxsacrifices et aux libations, le jour où j'ai pris leur main pour les faire sortir d'Égypte12.

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JUSTIN MARTYR

7 Kai; pavlin dia; Daui`d ejn1 tessarakostw'/ ejnavtw/ yalmw'/ ou{tw" e[fh : (Ps. 49,1)Qeo;" qew'n kuvrio" ejlavlhse, kai; ejkavlese th;n gh'n ajpo; ajnatolw'n hJlivoumevcri dusmw'n. [fol. 71 v° : A] (2) jEk Siw;n hJ eujprevpeia th'" wJraiovthto"2

aujtou'. (3) JO qeo;" ejmfanw'" h{xei, oJ qeo;" hJmw'n, kai; ouj parasiwphvsetai : pu'rejnwvpion aujtou' kauqhvsetai, kai; kuvklw/3 aujtou' kataigi;" sfodrav4.(4)Proskalevsetai to;n oujrano;n a]nw kai; th;n gh'n tou' diakri'nai to;n lao;naujtou'. (5)Sunagavgete5 aujtw'/ tou;" oJsivou" aujtou', tou;" diatiqemevnou" th;ndiaqhvkhn aujtou' ejpi; qusivai". (6)Kai; ajnaggelou'sin oiJ oujranoi; th;ndikaiosuvnhn aujtou', o{ti qeo;"6 krithv" ejstin7. 8 (7) [Akouson, laov" mou, kai;lalhvsw soi, jIsrahvl, kai; diamarturou'maiv soi : oJ qeov", oJ qeov" sou eijmi;ejgwv. (8)Oujk ejpi; tai'" qusivai" [p. 109 : B] sou ejlevgxw se : ta; de;oJlokautwvmatav sou ejnwvpiovn mou ejsti; dia; pantov"8. (9)Ouj devxomai ejk tou'oi[kou sou movscou" oujde; ejk tw'n poimnivwn sou cimavrou"9, (10)o{ti ejmav ejstipavnta ta; qhriva tou' ajgrou'10, kthvnh ejn toi'" o[resi kai; bove" : (11)e[gnwkapavnta ta; peteina; tou' oujranou', kai; wJraiovth" ajgrou' met! ejmou' ejstin.9 (12) jEa;n peinavsw, ouj mhv soi ei[pw : ejmh; gavr ejstin hJ oijkoumevnh kai; to;plhvrwma aujth'". (13)Mh; favgwmai kreva tauvrwn, h] ai|ma travgwn pivwmai _(14)Qu'son tw'/ qew'/ qusivan aijnevsew", kai; ajpovdo" tw'/ uJyivstw/ ta;" eujcav" sou :(15)kai; ejpikavlesaiv me ejn hJmevra/ qlivyew", kai; ejxelou'maiv se, kai; doxavsei"me. (16)Tw'/ de; aJmartwlw'/ ei\pen oJ qeov" : {Ina tiv su; ejkdihgh'/ ta; dikaiwvmatavmou, kai; ajnalambavnei" [fol. 72 r° : A] th;n diaqhvkhn mou dia; stovmatov"sou11 _ (17)Su; de; ejmivshsa" paideivan kai; ejxevbale" tou;" lovgou" mou eij" ta;ojpivsw. 10 (18)Eij ejqewvrei" klevpthn, sunevtrece" aujtw'/, kai; meta; moicou' th;nmerivda sou ejtivqei". (19)To; stovma sou ejpleovnase kakivan, kai; hJ glw'ssav souperievpleke doliovthta". (20)Kaqhvmeno" kata; tou' ajdelfou' sou katelavlei",kai; kata; tou' uiJou' th'" mhtrov" sou ejtivqei" skavndalon. (21)Tau'ta ejpoivhsa",kai; ejsivghsa : uJpevlabe" ajnomivan o{ti e[somaiv soi o{moio". jElevgxw se kai;parasthvsw kata; provswpovn sou ta;" aJmartiva" sou. (22)Suvnete dh; tau'ta oiJejpilanqanovmenoi tou' qeou', mhvpote aJrpavsh/, kai; ouj mh; h\/ oJ rJuovmeno".(23)Qusiva aijnevsew" doxavsei me, kai; ejkei; oJdov", h}n12 deivxw aujtw'/ to;swthvriovn mou.

1 jEn : ejn tw'/ prop. Sylb. 2 JWraiovthto" : oJraiovqhto" et infra oJraiovth" Steph. 3 Kuvklw/ B,edd. : kluvklw/ A 4 Sfodrav A : sfovdra B, edd. 5 Sunagavgete edd. a Sylb. (ex LXX) :sunagavgetai codd., Steph. 6 Qeov" codd., Arch., Goodsp., Marc. : oJ qeov" Steph., Thirlb., Mar.,Mign., Otto (ex LXX) 7 jEstin Thirlb., Mar., Mign., Otto, Arch. : ejsti codd., Goodsp., Marc.8 Dia; pantov" B, edd. ab Otto : diapantov" A, Steph., Thirlb., Mar., Mign. 9 Cimavrou" edd. aMar. (ex LXX) : ceimavrrou" codd., Steph. 10 jAgrou' : drumou' in marg. codd. (ex LXX) 11 Dia;stovmatov" sou (= LXX) : dia; ceilevwn sou in marg. codd. 12 ^Hn codd., Arch., Goodsp., Marc. : h|/Steph., Thirlb., Mar., Mign., Otto (ex LXX).

239

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 22, 7-22, 10

7 Et encore, par la bouche de David, au Psaume 49, il s'exprime ainsi :(Ps. 49, 1)Le Dieu des dieux, le Seigneur, a parlé et convoqué la terre du lever du soleiljusques à son couchant. (2)De Sion, resplendit la grâce de sa beauté. (3)Dieu viendramanifestement, notre Dieu, et il ne restera pas en silence. Un feu, devant lui, brûlera, etautour de lui se déchaînera une violente tempête. (4)Il assignera le ciel d'en haut, ainsi quela terre, pour juger son peuple. (5)Rassemblez-lui ses fidèles, ceux qui ont ratifié sonalliance par des sacrifices. (6)Les cieux annonceront sa justice, car Dieu est juge.8 (7)Écoute, mon peuple, et je te parlerai, Israël, et je te rendrai témoignage. Dieu, je suiston Dieu. (8)Ce n'est pas pour tes sacrifices que je t'accuserai. Tes holocaustes sont devantmoi, constamment. (9)Je n'accepterai pas de veaux de ta maison, ni de boucs de testroupeaux, (10)car ils m'appartiennent, tous les animaux du champ, les troupeaux sur lesmontagnes, et les bœufs. (11)Je connais tous les oiseaux du ciel, et la beauté du champ estavec moi. 9 (12)Si j'ai faim, je ne saurais te le dire : car elle est mienne, la terre, et tout cequi l'emplit. (13)Est-ce que je m'en vais manger la chair des taureaux ? Boirai-je le sangdes boucs ? (14)Offre à Dieu un sacrifice de louange13, et acquitte tes vœux au Très-Haut.(15)Invoque-moi au jour de l'oppression. Je te délivrerai, et tu me glorifieras. (16)Mais aupécheur, Dieu dit : Pourquoi donc énumères-tu mes ordonnances, et accueilles-tu monAlliance sur tes lèvres ? (17)Tu as haï mes avis, et rejeté mes paroles derrière toi. 10 (18)Situ voyais un voleur, tu courais avec lui, et tu partageais ton lot avec l'adultère. (19)Tabouche s'est emplie de mal, et ta langue était un tissus de ruses. (20)Tu t'asseyais, et tuparlais contre ton frère ; contre le fils de ta mère tu répandais le scandale. (21)Voilà ce quetu as fait, et je me suis tu. Tu t'es imaginé que dans l'iniquité je te ressemblerais. Mais jevais te faire comparaître et je mettrai devant toi tes péchés. (22)Comprenez-le bien, vous quioubliez Dieu, de peur qu'il ne vous saisisse, et qu'il n'y ait personne pour vous sauver.(23)Le sacrifice de louange me glorifiera, et là est la voie par laquelle je lui montrerai monsalut.

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JUSTIN MARTYR

11 Ou[te ou\n qusiva" par! uJmw'n lambavnei, ou[te wJ" ejndeh;" th;n ajrch;nejneteivlato poiei'n1, ajlla; dia; ta;" aJmartiva" uJmw'n. Kai; ga;r to;n nao;n to;n ejnJIerousalh;m ejpiklhqevnta oujc wJ" ejndeh;" w]n wJmolovghsen oi\kon aujtou' h]aujlhvn, ajll! o{pw" kai;2 kata; tou'to pro-[p. 110 : B]-sevconte" aujtw'/ mh;eijdwlolatrh'te3. Kai; o{ti toutov ejstin, JHsai?a" levgei : Poi'on oi\konwj/kodomhvsatev moi _ levgei kuvrio". JO oujranov" moi qrovno", kai; hJ gh'uJpopovdion tw'n podw'n mou.

23. 1 jEa;n de; tau'ta ou{tw" mh; oJmologhvswmen, sumbhvsetai hJmi'n [fol. 72v° : A] eij" a[topa ejmpivptein nohvmata, wJ" tou' aujtou' qeou' mh; o[nto" tou'kata; to;n jEnw;c kai; tou;" a[llou" pavnta", oi} mhvte peritomh;n th;n kata;savrka e[conte"4 mhvte savbbata ejfuvlaxan mhvte de; ta; a[lla, Mwsevw"5

ejnteilamevnou tau'ta poiei'n, h] ta; aujta; aujtw'n6 divkaia mh; ajei; pa'n gevno"ajnqrwvpwn beboulh'sqai pravssein7 : a{per geloi'a kai; ajnovhta oJmologei'nfaivnetai. 2 Di! aijtivan de; th;n tw'n aJmartwlw'n ajnqrwvpwn, to;n aujto;n o[ntaajei; tau'ta kai; ta; toiau'ta ejntetavlqai oJmologei'n, kai; filavnqrwpon kai;prognwvsthn kai; ajnendeh' kai; divkaion kai; ajgaqo;n8 ajpofaivnein e[stin. jEpei;eij mh; tau'ta ou{tw" e[cei, ajpokrivnasqev moi, w\ a[ndre", peri; tw'n zhtoumevnwntouvtwn o{ ti fronei'te.3 Kai; mhde;n mhdeno;" ajpokrinomevnou9 : Dia; tau'tav soi10, w\ Truvfwn11, kai;

toi'" boulomevnoi" proshluvtoi" genevsqai khruvxw ejgw; qei'on lovgon, o}n par!ejkeivnou h[kousa tou' ajndrov". JOra'te o{ti ta; stoicei'a oujk ajrgei' oujde;sabbativzei. Meivnate wJ" gegevnhsqe12. Eij ga;r pro; tou' jAbraa;m oujk h\ncreiva peritomh'" oujde; pro; Mwu>sevw"13 sabbatismou' kai; eJortw'n kai;prosforw'n, oujde; nu'n, meta; to;n kata; th;n boulh;n tou' qeou' dia; Mariva"14

th'" ajpo; gevnou" tou' jAbraa;m parqevnou gennhqevnta uiJo;n qeou' jIhsou'nCristovn [fol. 73 r° : A], oJmoivw" ejsti; creiva. 4 Kai; ga;r aujto;" oJ jAbraa;m ejnajkrobustiva/ w]n dia; th;n pivstin, h}n ejpivsteuse tw'/ qew'/, ejdikaiwvqh kai;eujloghvqh, wJ" hJ grafh; shmaivnei : th;n de; peritomh;n eij" shmei'on, [p. 111 :

1 Poiei'n : tauvta" poiei'n Marc. 2 Kai; A p. corr., B : ka]n Troll., Mign., Otto 3 Eijdwlolatrh'teedd. : eijdololatrh'te codd. 4 [Econte" : e[scon Marc. (cf. 10, 3 ; 92, 2) 5 Mwsevw" : Mwu>sevw"Mign., Otto 6 Aujtw'n : aujto;n prop. Sylb., coni. Goodsp., Otto, Arch., Marc. 7 Pravssein :pravttein Otto 8 jAgaqo;n : ajgaqo;n o[nta Marc. 9 jApokrinomevnou codd., Goodsp. :ajpokrinamevnou cett. edd. 10 Soi prop. Steph. coni. Sylb., Mor., edd. ab Otto : toi codd., cett. edd.11 \W Truvfwn : w\ Truvfwn, e[fhn prop. Thirlb., coni. Marc. 12 Gegevnhsqe : gegevnnhsqe Lange13 Mwu>sevw" : Mwu>sevo" codd. Mwsevw" Arch. 14 Dia; Mariva" prop. Thirlb., coni. Arch.,Goodsp., Marc. : divca aJmartiva" (absque peccato. cf. Hebr. 4, 15 : cwri;" aJmartiva") codd., Steph.,Mar., Mign., Otto dia; aJmartiva" dia; J. Donaldson, A Critical History of Christian Literature,Londini 1866, II, p. 236 s. (Marc.).

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 22, 11-23, 4

11 Il n'accepte donc pas les asacrifices de votre part14, et s'il vous les aprescrits, à l'origine, ce n'est pas qu'il en ait eu besoin, mais à cause de vospéchés. Car le Temple aussi, celui qu'on appelle le Temple de Jérusalem15, cen'est pas parce qu'il en avait besoin qu'il le reconnaissait comme sa maison,ou sa cour16, mais afin que par là encore, vous lui demeuriez attachés etn'idolâtriez point17. Isaïe en témoigne : bQuelle est cette maison que vous m'avezbâtie ? dit le Seigneur. Le ciel est mon trône, et la terre mon marchepied18.

Le même Dieu a prescrit ces diverses ordonnances,et il les annule par le Christ.

Sabbat et circoncision ne sont pas œuvres de justice.

23. 1 Si nous n'admettons pas qu'il en est ainsi1, nous tomberons fatalementdans des idées absurdes2, comme par exemple : que ce n'était pas le mêmeDieu3 qui agissait au temps d'Énoch et de tous les autres qui n'avaient pas lacirconcision selon la chair, et n'observaient ni les sabbats ni les autrescommandements, puisque c'est Moïse qui a prescrit de les pratiquer ; ou bienque ce n'est pas la même justice qu'eux4 qu'il a voulu voir pratiquer, de touttemps, par l'ensemble du genre humain ? Conclusions qu'il est évidemmentridicule et insensé d'adopter. 2 Les hommes qui ont été pécheurs, il faut lereconnaître, sont cause que Celui qui est éternellement le même a prescrit cesordonnances et d'autres semblables5. Nous pouvons le déclarer : il aime leshommes6, connaît l'avenir7, est sans besoin8, juste9 et bon10. Car s'il n'en estpas ainsi, dites-moi en réponse, amis, ce que vous pensez de ces questionsqui font l'objet de notre recherche ?

3 Et comme aucun ne répondait : Voilà pourquoi, Tryphon, à toi et à ceuxqui veulent devenir prosélytes11, je proclamerai12, quant à moi, la paroledivine que j'ai reçue de cet homme-là13. Voyez : les éléments ne se reposentpas, et ne font pas le sabbat14. cDemeurez tels que vous êtes nés. Car si avantAbraham il n'était pas besoin de circoncision, ni avant Moïse de l'observancedu sabbat15, de fêtes ou d'offrandes16, de même aujourd'hui, après la venuede Jésus-Christ, fils de Dieu, né selon la volonté de Dieu17 par Marie18, lavierge issue de la race d'Abraham, il n'en est plus besoin19. 4 Car dAbrahamlui-même était incirconcis lorsque, grâce à la foi qu'il eut en Dieu, il fut justifié etbéni20, comme l'Écriture le signifie. Et la circoncision, ce fut een signe21, et non

a Cf. Jér. 7, 21.22 ; Ps. 49, 8 b Is. 66, 1 c cf. I Cor. 7, 20 ? d cf. Rom. 4, 3 ; 10-11 ; Gen. 15, 6.e cf. Gen. 17, 11 ; Rom. 4, 11.

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JUSTIN MARTYR

B] ajll! oujk eij" dikaiosuvnhn e[laben, wJ" kai; aiJ grafai; kai; ta; pravgmataajnagkavzei hJma'"1 oJmologei'n. {Wste dikaivw" ei[rhto peri; ejkeivnou tou' laou';o{ti jExoloqreuqhvsetai hJ yuch; ejkeivnh ejk tou' gevnou" aujth'", h} oujperitmhqhvsetai ...th'/ hJmevra/ th'/ ojgdovh/. 5 Kai; to;; mh; duvnasqai de; to; qh'lugevno" th;n sarkikh;n peritomh;n lambavnein deivknusin o{ti eij" shmei'on hJperitomh; au{th devdotai, ajll! oujc wJ"2 e[rgon dikaiosuvnh" : ta; ga;r divkaiakai; ejnavreta a{panta oJmoivw" kai; ta;" qhleiva" duvnasqai3 fulavssein oJ qeo;"ejpoivhsen. jAlla; sch'ma me;n to; th'" sarko;" e{teron kai; e{teron oJrw'mengegenhmevnon a[rreno" kai; qhleiva", dia; de; tou'to oujde; divkaion oujde; a[dikonoujdevteron aujtw'n ejpistavmeqa, ajlla; di! eujsevbeian kai; dikaiosuvnhn [w{spera[nwqen ejkhruvsseto petrivnai" macaivrai"]4.

24. 1 Kai; tou'to me;n ou\n dunato;n h\n hJmi'n ejpidei'xai, w\ a[ndre", e[legon, o{tihJ hJmevra hJ ojgdovh musthvriovn ti ei\ce khrussovmenon dia; touvtwn uJpo; tou'qeou' ma'llon th'" eJbdovmh". jAll! i{na ta; nu'n5 [fol. 73 v° : A] mh; ejp! a[llou"ejktrevpesqai lovgou" dokw', suvnete, bow'6, o{ti to; ai|ma th'" peritomh'"ejkeivnh" kathvrghtai, kai; ai{mati swthrivw/ pepisteuvkamen : a[llh diaqhvkhta; nu'n, kai; a[llo" ejxh'lqen ejk Siw;n novmo" : jIhsou'" Cristov"7. 2 Pavnta"tou;" boulomevnou" peritevmnei, w{sper a[nwqen ejkhruvsseto, petrivnai"macaivrai", i{na gevnhtai e[qno" divkaion, lao;" fulavsswn pivstin,ajntilambanovmeno" ajlhqeiva" kai; fulavsswn eijrhvnhn. 3 Deu'te su;n ejmoi;pavnte" oiJ fobouvmenoi to;n qeovn, oiJ qevlonte" ta; ajgaqa; JIerousalh;m ijdei'n.(Is. 2, 5)Deu'te, poreuqw'men tw'/ fwti; kurivou : (6)ajnh'ke ga;r to;n lao;n aujtou',to;n oi\kon jIakwvb. Deu'te pavnta ta; e[qnh, sunacqw'men eij" JIerousalhvm, th;nmhkevti polemoumevnhn dia; [p. 112 : B] ta;" ajnomiva" tw'n law'n : jEmfanh;" ga;rejgenhvqhn toi'" ejme; mh; zhtou'sin, euJrevqhn toi'" ejme; mh; ejperwtw'si, boa'/ dia;JHsai?ou8. 4 (Is. 65, 1)Ei\pa : ijdouv eijmi, e[qnesin9 oi} oujk ejpekalevsantov mou to;o[noma. (2) jExepevtasa ta;" cei'rav" mou o{lhn th;n hJmevran ejpi; lao;najpeiqou'nta kai; ajntilevgonta, toi'" poreuomevnoi" oJdw'/ ouj kalh'/, ajlla; ojpivswtw'n aJmartiw'n aujtw'n. (3)Lao;" oJ paroxuvnwn me ejnantivon mou.

1 JHma'" : uJma'" prop. Sylb. 2 JW" : eij" prop. Thirlb. (ut paulo ante : eij" shmei'on, eij" dikaiosuvnhn)3 Duvnasqai : dunasta;" prop. Thirlb. 4 {Wsper − macaivrai" codd., Steph., Jebb, Thirlb. (cf. 24,2) : del. Sylb., cett. edd. Pro his verbis, Lange legit di! eujs. k. dik. divkaion, h] di! eijdwlolatreivankai; ajdikivan a[dikon 5 Ta; nu'n : tanu'n Otto, Arch. (hic et infra) 6 Suvnete, bow' : suvnete o} bow'prop. Lange, coni. Marc. 7 [Allo" ejx. ejk S. novmo" : jIhsou'" Cristov". Pavnta" : [Allo"...novmo" jIhsou'" Cristov". Pavnta" codd., Steph. a[llo" ...novmo". jIhsou'" Cristov" pavnta" Mar.,Mign., edd. ab Otto a[llo" ...novmo", jIhsou'" Cristov", o{" pavnta" prop. Lange, Thirlb. 8 Boa'/ –JHsai?ou : in semicirculis Thirlb. 9 [Eqnesin : tw'/ e[qnei LXX ; Dial. 119, 4 e[qnei I Apol, 49, 2.

243

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 23, 4-24, 4

pour la justification, qu'il la reçut, comme les Écritures et les faits22 nousforcent à en convenir. Aussi est-ce à juste titre qu'il a été dit au sujet de cepeuple qu' aElle sera exterminée du milieu de sa race, l'âme qui n'aura pas été circoncise…le huitième jour23. 5 Le fait que les femmes ne puissent recevoir lacirconcision de la chair24 montre également que cette circoncision a étédonnée ben signe, et non comme œuvre de justification. Car tout ce qui estjuste et vertueux, Dieu a fait les femmes également capables de l'observer25.Si l'aspect de la chair a été créé, nous le voyons, différent chez l'homme etchez la femme, ce n'est pas par cela que nous estimons l'un ou l'autre juste ouinjuste, mais bien par la piété et la justice26.

Seul le sang de la circoncision véritabledispense le Salut et fait entrer les nations dans l’héritage d’Abraham.

Témoignages de David, de Jérémie et d’Isaïe.

24. 1 Nous pourrions également montrer, amis, poursuivis-je, que le huitièmejour, plus que le septième1, comportait un certain mystère2 annoncé par Dieuen ces choses3. Mais pour que je ne paraisse pas ici dévier en d'autres propos,comprenez, je vous le crie4, que le sang de cette circoncision-là est aboli5, etque nous croyons au sang qui sauve6. Une cautre alliance7, désormais, et uneautre dLoi est sortie de Sion8 : Jésus-Christ9. 2 Tous ceux qui le veulent il lescirconcit, eavec des couteaux de pierre10, comme cela était anciennement11

annoncé, afin que se forme fUne nation juste, un peuple qui garde la foi, qui acceptela vérité et préserve la paix12. 3 Venez à moi, vous tous, les gcraignants-Dieu13, quivoulez hvoir les biens de Jérusalem14, (cf. Is. 2, 5)Venez, allons à la lumière du Seigneur,(6)car il a rejeté son peuple, la maison de Jacob15. Venez, itoutes les nations, rassemblons-nous à Jérusalem, qui ne connaîtra plus la guerre à cause des péchés despeuples16. Car jJe me suis manifesté à ceux qui ne me sollicitaient pas, j'ai été trouvé parceux qui ne m'interrogeaient pas, s'écrie-t-il par Isaïe. 4 (Is. 65, 1)J'ai dit : me voici, auxnations17, à ceux qui n'invoquaient pas mon nom. (2)J'ai étendu les mains, tout le jour18,sur un peuple infidèle19 et contradicteur, à ceux qui marchaient non sur une bonne voie,mais à la suite de leurs péchés. (3)Un peuple qui m'irrite en face.

a Gen. 17, 14 b cf. Gen. 17, 11 ; Rom. 4, 11 c cf. Jér. 31, 31 et Is. 54, 3 d Mich. 4, 2 ; Is. 2, 3 ;cf. Is. 51, 4 e Jos. 5, 2 f cf. Is. 26, 2-3 g Ps. 127, 1.4 h Ps. 127, 5 i cf. Jér., 3, 17 j cf. Is. 65,1.

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JUSTIN MARTYR

25. 1 Su;n hJmi'n1 kai;2 klhronomh'sai boulhvsontai ka]n ojlivgon tovpon ou|toi oiJdikaiou'nte" eJautou;" [fol. 74 r° : A] kai; levgonte" ei\nai tevkna jAbraavm, wJ"dia; tou' JHsai?ou boa'/ to; a{gion pneu'ma, wJ" ajpo; proswvpou aujtw'n levgon3

tavde 2 (Is. 63, 15) jEpivstreyon ejk tou' oujranou' kai; i[de ejk tou' oi[kou tou' aJgivousou kai; dovxh". Pou' dhv ejstin oJ zh'lov" sou kai; hJ ijscuv"4 _ Pou' e[sti to;plh'qo" tou' ejlevou" sou..., o{ti ajnevscou5 hJmw'n, kuvrie _ (16)Su; ga;r hJmw'n ei\pathvr, o{ti jAbraa;m oujk e[gnw hJma'", kai; jIsrah;l oujk ejpevgnw6 hJma'" .jAlla; suv, kuvrie, path;r hJmw'n, rJu'sai hJma'" : ajp! ajrch'" to; o[nomav sou ejf!hJma'" ejsti. (17)Tiv ejplavnhsa" hJma'", kuvrie, ajpo; th'" oJdou' sou, ejsklhvruna"hJmw'n th;n kardivan tou' mh; fobei'sqaiv se _ 3 jEpivstreyon dia; tou;" douvlou"sou, dia; ta;" fula;" th'" klhronomiva" sou, (18)i{na mikro;n klhronomhvswmentou' o[rou" tou' aJgivou sou... (19) jEgenovmeqa wJ" to; ajp! ajrch'", o{te oujk h\rxa"hJmw'n, oujde; ejpeklhvqh to; o[nomav sou ejf! hJma'". (64, 1) jEa;n ajnoivxh/" to;noujranovn, trovmo" lhvyetai ajpo; sou' o[rh, kai; takhvsontai, (2)wJ" ajpo; puro;"khro;" thvketai : kai; katakauvsei pu'r tou;" uJpenantivou", kai; fanero;n e[staito; o[nomav sou ejn toi'" uJpenantivoi", ajpo; proswvpou sou e[qnhtaracqhvsontai. 4 (3) {Otan poih'/" ta; e[ndoxa, trovmo" lhvyetai ajpo; sou' o[rh.(4) jApo; tou' aijw'no" oujk hjkouvsamen, oujde; oiJ ojfqalmoi; hJmw'n ei\-[p. 113 : B]-don qeo;n plh;n sou' kai; [fol. 74 v° : A] ta; e[rga sou. Poihvsei toi'"metanoou'sin e[leon7. (5)Sunanthvsetai toi'" poiou'si to; divkaion, kai; tw'noJdw'n sou mnhsqhvsontai. jIdou; su; wjrgivsqh", kai; hJmei'" hJmavrtomen. Dia;tou'to ejplanhvqhmen (6)kai; ejgenovmeqa ajkavqartoi8 pavnte", kai; wJ" rJavko"ajpokaqhmevnh" pa'sa hJ dikaiosuvnh hJmw'n, kai; ejxerruvhmen wJ" fuvlla dia; ta;"ajnomiva" hJmw'n : ou{tw" a[nemo" oi[sei hJma'". 5 (7)Kai; oujk e[stin oJejpikalouvmeno" to; o[nomav sou kai; oJ mnhsqei;" ajntilabevsqai < sou >9, o{tiajpevstreya" to; provswpovn sou ajf! hJmw'n kai; parevdwka" hJma'" dia; ta;"aJmartiva" hJmw'n... (8-9)Kai; nu'n... ejpivstreyon, kuvrie, o{ti laov" sou pavnte"hJmei'". (10) JH povli" tou' aJgivou sou ejgenhvqh10 e[rhmo", Siw;n wJ" e[rhmo"

1 Su;n hJmi'n Lange, Troll., Otto, Arch., Goodsp. : sunei'nai hJmi'n Marc. (cf. 85, 4 : tou;" mh;...sunovnta" hJmi'n) su;n uJJmi'n codd., cett. edd. 2 Kai; : de; coni. Thirlb. 3 Levgon Sylb., Marc.,(Arch.) : levgwn codd., cett. edd. 4 JH ijscuv" : hJ ijscuv" sou Marc. (ex LXX) 5 jAnevscou codd.,Arch., Goodsp., Marc. (= LXX) : hjnevscou Steph., Thirlb., Mar., Mign., Otto 6 jEpevgnw codd.,Troll., Mign., edd. ab Otto (= LXX) : ajpevgnw cett. edd. 7 Kai; ta; e[rga sou. Poihvsei ...e[leon edd.ab Otto : kai; ta; e[rga sou, poihvsei ...e[leon codd. kai; ta; e[rga sou, a} poihvsei" toi'"metanoou'sin, e[leon Steph., Mar., Mign. kai; ta; e[rga sou, a} poihvsei" toi'" uJpomevnousin e[leon(ex LXX) Thirlb., Otto (olim), Troll. 8 j jAkavqartoi : wJ" ajk. Marc (ex LXX) 9 JO mnhsqei;"ajntilabevsqai sou Otto, Marc. (ex LXX) : oJ mnhsqei;" ajntilabevsqai Goodsp., Sylb. ouj mnhsqei;"ajntilabevsqai sou Steph., Thirlb., Mar., Mign., Troll., Arch. ouj mnhsth'" ajntilabevsqai codd.10 jEgenhvqh corr. ex ejgennhvqh A

245

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 25, 1-25, 5

Erreur des juifs qui prétendent être « enfants d’Abraham ».Témoignage d’Isaïe.

25. 1 Ils voudront hériter1 avec nous2, ane fût-ce que d'une petite place3, ceuxqui bse justifient eux-mêmes, et disent être cenfants d'Abraham4, ainsi que, par labouche de David, l'Esprit Saint le crie, parlant5 comme en leur nom6 : 2 (Is. 63,15)Tourne-toi vers nous, du haut du ciel, et vois, de ta résidence sainte et de ta gloire. Oùsont ta jalousie7 et ta force ? Où sont, Seigneur l'abondance de ta miséricorde…, et tapatience à notre égard ? (16)Car tu es notre Père : Abraham ne nous connaît pas, et Israëlne nous reconnaît pas. Mais toi, Seigneur, notre Père, sauve-nous ! Dès l'origine, ton nomest sur nous. (17)Pourquoi, Seigneur, nous as-tu égarés loin de ta voie8 ? Pourquoi as-tuendurci notre cœur9, au point qu'il ne te craint plus ? 3 Tourne-toi vers nous, à cause de tesserviteurs, à cause des tribus de ton héritage10, (18)afin que nous ayons une petite part del'héritage de ta montagne sainte11… (19)Nous sommes devenus comme dès lecommencement, lorsque tu ne nous gouvernais pas, et que ton nom n'était pas invoqué surnous. (Is. 64, 1)Si tu ouvres les cieux12, la terreur qui vient de toi s'emparera des montagnes,et elles fondront, (2)comme fond la cire au feu. Un feu consumera tes ennemis13, visible seraton nom parmi tes ennemis, et devant ta face les peuples seront confondus. 4 (3)Lorsque tuaccompliras tes actions glorieuses, une terreur venant de toi s'emparera des montagnes.(4)Jamais nous n'avons entendu, ni nos yeux n'ont vu d'autre Dieu que toi, et tes œuvres. Ilfera miséricorde à ceux qui se repentent14. (5)Il viendra au-devant de ceux qui pratiquent lajustice, et ils se souviendront de tes voies. Voici, tu fus en colère, et nous péchions. C'estpourquoi nous avons erré (6)et sommes tous devenus impurs. Toute notre justice est commele linge d'une femme se tenant à l'écart, et nous fûmes flétris, comme des feuilles, à cause denos iniquités. Ainsi le vent nous emportera. 5 (7)Il n'y a personne pour invoquer ton nomet se souvenir de s'attacher à toi, car tu as détourné ta face de nous, et tu nous as livrés àcause de nos péchés…(8-9)Maintenant, Seigneur,...15 tourne-toi vers nous, car tous noussommes ton peuple. (10)La cité de ton sanctuaire est devenue un désert, Sion est devenue

a Cf. Is. 63, 18 b cf. Lc. 16, 15 c cf. Matth. 3, 9 ; Lc. 3, 8 ; Jn. 8, 39 ; Gal. 3, 7.

246

JUSTIN MARTYR

ejgenhvqh, JIerousalh;m eij" katavran : (11)oJ oi\ko", to; a{gion hJmw'n, kai; hJdovxa, h}n eujlovghsan oiJ patevre" hJmw'n, ejgenhvqh purivkausto", kai; pavnta ta;e[qnh1 e[ndoxa sunevpese. (12)Kai; ejpi; touvtoi" ajnevscou, kuvrie, kai; ejsiwvphsa",kai; ejtapeivnwsa" hJma'" sfovdra.6 − Kai; oJ Truvfwn : Tiv ou\n ejstin o} levgei", o{ti oujdei;" hJmw'n

klhronomhvsei ejn tw'/ o[rei tw'/ aJgivw/ tou' qeou' oujdevn _

26. 1 − Kajgwv : Ouj tou'tov fhmi2, ajll! oiJ to;n Cristo;n diwvxante" kai;diwvkonte" kai; mh; metanoou'nte" ouj klhronomhvsousin ejn tw'/ o[rei tw'/ aJgivw/oujdevn : ta; de; [fol. 75 r° : A] e[qnh ta; pisteuvsanta eij" aujto;n kai;metanohvsanta ejf! oi|" h{marton, aujtoi; klhronomhvsousi meta; tw'npatriarcw'n kai; tw'n profhtw'n kai; tw'n dikaivwn o{soi ajpo; jIakw;bgegevnnhntai3 : eij kai; mh; sabbativzousi mhde; peritevmnontai mhde; ta;"eJorta;" fulavssousi, pavntw" klhronomhvsousi th;n aJgivan tou' qeou'klhronomivan. 2 Levgei ga;r oJ qeo;" dia; JHsai?ou ou{tw" : (Is. 42, 6) jEgw; kuvrio"oJ qeo;" ejkavlesav se ejn dikaiosuvnh/, kai; krathvsw th'" [p. 114 : B] ceirov" soukai; ijscuvsw se, kai; e[dwkav se eij" diaqhvkhn gevnou", eij" fw'" ejqnw'n,(7)ajnoi'xai ojfqalmou;" tuflw'n, ejxagagei'n ejk desmw'n pepedhmevnou" kai; ejxoi[kou fulakh'" kaqhmevnou" ejn skovtei. 3 Kai; pavlin : (Is. 62, 10) jExavratesuvsshmon4 eij" ta; e[qnh. (11) jIdou; ga;r kuvrio" ejpoivhsen ajkousto;n e{w"ejscavtou th'" gh'" : Ei[pate tai'" qugatravsi Siwvn : jIdouv soi oJ swth;rparagevgonen ajpevcwn to;n eJautou' misqovn, kai; to; e[rgon ajpo; proswvpouaujtou'. (12)Kai; kalevsei aujto;n lao;n a{gion, lelutrwmevnon uJpo; kurivou, su; de;klhqhvsh/ ejpizhtoumevnh povli" kai; ouj kataleleimmevnh. (63, 1)Tiv" ou|to" oJparaginovmeno" ejx jEdwvm, ejruvqhma iJmativwn aujtou' ejk Bosovr5 _ ou|to"wJrai'o" ejn stolh'/, ajnabaivnwn6 biva/ meta; ijscuvo" _ ejgw; dialevgomaidikaiosuvnhn kai; krivsin swthrivou. 4 (2)Dia; tiv sou ejruqra; ta; iJmavtia, kai; ta;ejnduv-[fol. 75 v° : A]-matav sou wJ" ajpo; pathtou' lhnou' _ (3)plhvrh"7

katapepathmevnh" lhno;n ejpavthsa monwvtato"8, kai; tw'n ejqnw'n oujk e[stin

1 [Eqnh : e[qh (omnia instituta) Otto om. LXX et I Apol. 47, 2 2 Oujj tou'tov fhmi, ajll!... codd,Thirlb., Troll., Otto, Arch., Goodsp., Marc. (ajll! o{ti) : oujj tou'tov, fhmi, ajll!... cett. edd.3 Gegevnnhntai : eij ...fulavssousi, pavntw" codd., Steph., Thirlb., Otto, Arch., Goodsp. :gegevnnhntai, eij ...fulavssousi. Pavntw" Mar., Mign. 4 Suvsshmon = signum prop. Steph., coni.,Sylb., Otto, Troll., Arch., Goodsp. (ex LXX) : susseismovn = terrarum motus codd., Steph., Thirlb.,Mar., Mign., Marc. 5 Bosovr : A corr. (ex Boswvr ?) 6 jAnabaivnwn : om. LXX 7 Lhnou' _ plhvrh"katapepathmevnh" lhno;n Otto, Arch., Goodsp. : lhnou' plhvrh" katapepathmevnh" : lhno;n codd.lhnou' plhvrou" katapepathmevnh" : lhno;n Steph. lhnou', plhvrou" katapepathmevnh" _ Thirlb.lhnou' _ plhvrh" katapepathmevnh". Lhno;n : Mar. Mign. lhnou' _ Plhvrh" katapepathmevnh" _

Lhno;n Marc. 8 Lhnon − monwvtato" : om. LXX.

247

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 25, 5-26, 4

comme un désert, Jérusalem a été maudite. (11)Le sanctuaire, notre Temple, et la gloire quebénissaient nos pères, sont réduits en cendres, et tous les peuples se sont retrouvés glorieux.(12)Et tu l'as supporté, Seigneur, et tu t'es tu, et tu nous as infligé une humiliationextrême16.

6 Tryphon : — Qu'est-ce que tu dis là ? qu'aucun d'entre nous an'héritera enrien sur la Montagne sainte de Dieu ?

L’héritage sur la « montagne sainte »est réservé à ceux qui, parmi les juifs et les nations, se seront repentis.

Témoignages d’Isaïe.

26. 1 Moi : — Je ne dis pas cela ; mais que ceux qui ont persécuté etpersécutent encore le Christ1, et ne se brepentent2 pas, cn'hériteront en rien sur lamontagne sainte. Les dnations, en revanche, qui auront cru en lui, et se serontrepenties des péchés qu'elles ont commis3 − ceux-là hériteront eavec lespatriarches, les prophètes et tous les justes4 de la descendance de Jacob.Même s'ils ne font pas le sabbat, n'ont pas la circoncision, et n'observent pasles fêtes, ils hériteront sûrement le saint héritage de Dieu5. 2 Car Dieu, parIsaïe, parle ainsi : (Is. 42, 6)Moi, le Seigneur Dieu, je t'ai appelé dans la justice, et jeprendrai ta main, et je te fortifierai6 ; et je t'ai fait alliance de la race, lumière des nations7,(7)pour ouvrir les yeux des aveugles, pour délivrer de leurs liens les enchaînés, et du cachotceux qui sont assis dans les ténèbres8. 3 Et encore (Is. 62, 10)Élevez un étendard pour lesnations. (11)Voici en effet que le Seigneur l'a fait entendre jusqu'aux extrémités de laterre9 : Dites aux filles de Sion : voici, le sauveur t'est venu ; il a reçu son salaire10, etl'œuvre est devant sa face. (12)Et il l'appellera peuple saint11, racheté12 par le Seigneur ; ettoi, tu seras appelée ville « recherchée » et non « délaissée »13. (Is. 63, 1)Qui est-il donc, celuiqui vient d'Édom ? La pourpre de ses habits vient de Bosor14. Il est beau dans sonvêtement15, lorsqu'il monte16 avec puissance et force17. Je parle de justice et de jugement desalut18. 4 (2)Pourquoi tes vêtements sont-ils rouges, et tes habits comme s'ils sortaient dupressoir ? (3)Rassasié de la grappe foulée, j'ai foulé tout seul le pressoir, et des nationspersonne n'était avec moi. Je les ai foulés en colère, je les ai broyés comme de la

a Cf. Is. 63, 17.18 b cf. Is. 64, 4 c cf. Is. 63, 18 d cf. Is. 64, 8 e cf. Is. 63, 15.

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JUSTIN MARTYR

ajnh;r met! ejmou' : kai; katepavthsa aujtou;" ejn qumw'/, kai; katevqlasa aujtou;"wJ" gh'n, kai; kathvgagon to; ai|ma aujtw'n eij" gh'n. (4) JHmevra ga;rajntapodovsew" h\lqen aujtoi'", kai; ejniauto;" lutrwvsew" pavresti. (5)Kai;ejpevbleya kai; oujk h\n bohqov", kai; prosenovhsa kai; oujdei;" ajntelavbeto : kai;ejrruvsato oJ bracivwn1, kai; oJ qumov" mou ejpevsth : (6)kai; katepavthsa aujtou;"ejn th'/ ojrgh'/ mou, kai; kathvgagon to; ai|ma aujtw'n eij" gh'n.

27. 1 − Kai; oJ Truvfwn : Dia; tiv a{per bouvlei ejklegovmeno" ajpo; tw'nprofhtikw'n lovgwn levgei", a} de; diarrhvdhn keleuvei sabbativzein oujmevmnhsai _ dia; ga;r JHsai?ou ou{tw" ei[rhtai : (Is. 58, 13) jEa;n ajpostrevyh/" to;npovda sou ajpo; tw'n sabbavtwn tou' mh; poiei'n ta; qelhvmatav sou ejn th'/ [p.115 : B] hJmevra/ th'/ aJgiva/, kai; kalevsh/" ta; savbbata trufera; a{gia tou' qeou'sou, oujk a[rh/" to;n povda sou ejp! e[rgon oujde; mh; lalhvsh/" lovgon2 ejk tou' 3

stovmatov" sou, (14)kai; e[sh/ pepoiqw;" ejpi; kuvrion, kai; ajnabibavsei se ejpi; ta;ajgaqa; th'" gh'" kai; ywmiei' se th;n klhronomivan jIakwvb, tou' patrov" sou :to; ga;r stovma kurivou ejlavlhse tau'ta.2 − Kajgwv : Oujk wJ" ejnantioumevnwn moi tw'n toiouvtwn profhteiw'n, w\

fivloi, parevlipon aujtav", ajlla; wJ" uJmw'n nenohkovtwn4 kai; noouvntwn o{ti, ka]ndia; pavntwn tw'n profhtw'n keleuvh/ uJmi'n ta; aujta; poiei'n a} kai; dia;Mwu>sevw"5 ejkevleuse, dia; to; sklhrokavrdion uJmw'n kai; ajcavriston eij" aujto;najei; ta; aujta; boa'/, i{na ka]n ou{tw" pote; metanohvsante" eujaresth'te aujtw'/,kai; mhvte ta; tevkna uJmw'n toi'" daimonivoi" quvhte, mhvte < h\te >6 koinwnoi;kleptw'n kai; filou'nte" dw'ra kai; diwvkonte" ajntapovdoma, ojrfanoi'" oujkrivnonte" kai; krivsei chvra" ouj prosevconte", ajll! oujde; plhvrei"7 ta;"cei'ra" ai{mato". 3 Kai; ga;r aiJ qugatevre" Siw;n ejporeuvqhsan ejn uJyhlw'/trachvlw/, kai; ejn neuvmasin ojfqalmw'n a{ma paivzousai kai; suvrousai tou;"citw'na". Kai; pavnte" ga;r ejxevklinan, boa'/, pavnte" a{ma8 hjcreiwvqhsan : oujke[stin oJ sunivwn9, oujk e[stin e{w" eJnov". Tai'" glwvssai" aujtw'n ejdoliou'san,tavfo" ajnew/gmevno" oJ lavrugx aujtw'n, ijo;" ajspivdwn uJpo; ta; ceivlh aujtw'n,suvntrimma kai; talaipwriva ejn tai'" oJdoi'" aujtw'n, kai; oJdo;n eijrhvnh" oujke[gnwsan.

1 Bracivwn : br. mou Marc. (ex LXX) 2 Lovgon : l. ejn ojrgh'/ Marc. (ex LXX) 3 jEk tou' edd.(= LXX) : ejkei' codd. 4 Nenohkovtwn : mh; nen. Marc. 5 Mwu>sevw" : Mwu>sevo" codd. Mwsevw"Arch. (hic et infra) 6 \Hte addendum Thirlb., add. Otto, Arch., Marc. : om. codd., cett. edd.7 Plhvrei" edd. (ex LXX) : plhvrh" codd. 8 {Ama = simul Périon, Otto, Arch., Marc. (ex LXX,NT) : a[ra = certe codd., cett. edd. 9 Sunivwn (sunivw) prop. Otto, coni. Arch., Goodsp., Marc.(cf. 123, 7) : suniw'n (sunievw) Otto, Troll. suniw;n (suvneimi) codd., cett. edd.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 26, 4-27, 3

terre, et j'ai répandu leur sang sur la terre. (4)Car le jour de rétribution19 est arrivé poureux, et l'on est à présent dans l'année du rachat. (5)J'ai regardé, et il n'y avait point d'aide ;j'ai prêté attention, et personne n'a tendu la main. Mon bras20 fut le sauveur, et ma colèreest montée. (6)Je les ai foulés dans ma fureur, et j'ai répandu leur sang à terre21.

Lorsqu’Isaïe célèbre le sabbat prescrit par l’intermédiaire de Moïse,c’est à cause des péchés du peuple. L’institution était provisoire.

27. 1 Tryphon : — Pourquoi cites-tu les paroles prophétiques en ne retenantque ce que tu veux, et sans faire mention de celles qui ordonnentexpressément d'observer le sabbat ? Car il est dit, par l'intermédiaire d'Isaïe :(Is. 58, 13)Si tu t'abstiens de fouler aux pieds les sabbats1, de faire tes volontés au jour saint,si tu appelles le sabbat « délices », « jour saint » à ton Dieu, tu ne te mettras pas enmarche vers un travail, ni ne proféreras des paroles de ta bouche, (14)alors tu seras confiantdans le Seigneur, il te fera monter vers les biens de la terre, et il te nourrira de l'héritage deJacob, ton père. Car c'est la bouche du Seigneur qui a parlé2.

2 Moi : — Ce n'est pas parce que ces prophéties allaient contre monpropos, amis, que je les ai laissées de côté, mais dans la pensée que vous aviezcompris, et comprenez toujours, que s'il vous ordonne, par tous lesprophètes, ces mêmes pratiques qu'il avait ordonnées par l'intermédiaire deMoïse, c'est à cause de votre dureté de cœur3, et de votre ingratitude4 à sonégard qu'il proclame toujours les mêmes choses, afin que, fût-ce par cemoyen, vous vous repentiez un jour et lui deveniez agréables, que vous neasacrifiiez plus vos enfants aux démons5, que vous ne soyez plus bcomplices desvoleurs, amateurs de présents, et coureurs de récompenses6, négligeant de rendre justice auxorphelins7, et sans égard pour la cause des veuves, qu'enfin vous n'ayez plus cles mainspleines de sang8. 3 Car dLes filles de Sion s'en sont allées le cou tendu, jouant de leurs clinsd'yeux, et faisant traîner leurs tuniques. eTous se sont dévoyés, s'écrie-t-il encore, tousensemble, ils se sont corrompus. fIl n'y a personne qui comprenne, pas même un seul. gDeleurs langues, ils ont rusé ; leur gorge est un sépulcre béant9, un venin d'aspics est sous leurslèvres, hruine et misère sont dans leurs voies, et la voie de la paix, ils ne l'ont pas connue10.

a Cf. Ps. 105, 37 b cf. Is. 1, 23 c cf. Is. 1, 15 d cf. Is. 3, 16 e cf. Ps. 13, 3 ; Rom. 3, 12f cf. Ps. 13, 3 ; Rom. 3, 11 g cf. Ps. 139, 4 ; Rom. 3, 13 h Is. 59, 7-8 ; Rom. 3, 16-17.

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JUSTIN MARTYR

4 {Wste o}n trovpon th;n ajrch;n dia; ta;" kakiva" uJmw'n tau'ta ejntevtalto,oJmoivw" dia; th;n ejn touvtoi" uJpomonhvn1, ma'llon de; ejpivtasin, dia; tw'n aujtw'neij" ajnavmnhsin aujtou' kai; [p. 116 : B] gnw'sin [fol. 76 v° : A] uJma'" kalei'.JUmei'" de; lao;" sklhrokavrdio", kai; ajsuvneto", kai; tuflo;", kai; cwlo;"2, kai;uiJoi; oi|" oujk e[sti pivsti" ejn aujtoi'", wJ" aujto;" levgei, ejstev, toi'" ceivlesinaujto;n movnon timw'nte", th'/ de; kardiva/ povrrw aujtou' o[nte", ijdiva"didaskaliva" kai; mh; ta;3 ejkeivnou didavskonte". 5 jEpeiv, ei[patev moi, tou;"ajrcierei'" aJmartavnein toi'" savbbasi prosfevronta" ta;" prosfora;"ejbouvleto oJ qeov", h] tou;" peritemnomevnou" kai; peritevmnonta" th'/ hJmevra/tw'n sabbavtwn, keleuvwn th'/ hJmevra/ th'/ ojgdovh/ ejk panto;" peritevmnesqai tou;"gennhqevnta" oJmoivw", ka]n h\/ hJmevra tw'n sabbavtwn _ ]H oujk hjduvnato pro;mia'" hJmevra" h] meta; mivan hJmevran tou' sabbavtou ejnergei'n< peritevmnesqai >4 tou;" gennwmevnou"5, eij hjpivstato kako;n ei\nai ejn toi'"savbbasin6 _ h] kai; tou;" pro; Mwu>sevw" kai; jAbraa;m wjnomasmevnou" dikaivou"kai; eujarevstou" aujtw'/ genomevnou", mhvte th;n ajkrobustivan peritetmhmevnou"mhvte ta; savbbata fulavxanta", dia; tiv oujk ejdivdaske tau'ta poiei'n _

28. 1 − Kai; oJ Truvfwn : Kai; provteron ajkhkovamevn sou tou'to probavllonto"kai; ejpesthvsamen : a[xion gavr, wJ" ajlhqw'" eijpei'n, ejpistavsew". Kai; ou[ moi,< o} > toi'" polloi'", dokei'7 levgein, o{ti8 e[doxen aujtw'/ : tou'to gavr ejstiprovfasi" ajei; [fol. 77 r° : A] toi'" mh; dunamevnoi" ajpokrivnasqai pro;" to;zhtouvmenon.2 − Kajgwv : jEpeidh; ajpov te tw'n grafw'n kai; tw'n pragmavtwn tav" te

ajpodeivxei" kai; ta;" oJmiliva" poiou'mai, e[legon, mh; uJpertivqesqe mhde;distavzete pisteu'sqai tw'/ ajperivtmhtw/ ejmoivv. Bracu;" ou|to" uJmi'nperileivpetai proshluvsew" crovno" : eja;n fqavsh// oJ Cristo;" ejlqei'n, mavthnmetanohvsete, mavthn klauvsete : ouj ga;r eijsakouvsetai uJmw'n. (Jér. 4, 3)NewvsateeJautoi'" [p. 117 : B] newvmata, JIeremiva" tw'/ law'/ kevkrage, kai; mh;

1 JUpomovnhn : ejpimovnhn (ejpimonh;n ...ejpivtasin) coni. Sylb., Mor., Otto 2 Cwlo;" = claudus :kwfov" = surdus coni. Thirlb. (cf. 69, 6 ; 123, 3) 3 Ta; (cf. 48, 2 : ta; tou' qeou') : ta;" (scil.didaskaliva") prop. Thirlb., coni. Marc. 4 Peritevmnesqai addendum Otto (cf. Dial. 94, 1 ; 95, 2 ;I Apol. 5, 3), add. Arch., Goodsp. : om. codd, cett. edd. 5 Gennwmevnou" A corr. ex genwmevnou"6 Post savbbasin Marc. add. tou'to poiei'n 7 Kai; ou[ moi, o} toi'" polloi'", dokei' prop. Thirlb.,coni. edd. ab Otto : kai; o{ moi toi'" polloi'" dokei' codd., cett. edd. kai; ou[ moi oJmoi'a vel ou[ moi o}toi'" polloi'" prop. Mar. kaiv moi, o} toi'" polloi'", dokei' vel kaiv moi oJmou' toi'" polloi'", dokei'Lange, Sylb. kai; mhv, o} toi'" polloi'" dokei', levgein Sylb. 8 {Oti : o{ti ou{tw" Marc.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 27, 4-28, 2

4 Aussi, de même qu'à l'origine, c'est à cause de vos forfaits qu'il a établi cesprescriptions, c'est de même à cause de votre opiniâtreté − bien plus, del'obstination dont vous faites preuve en cela − qu'il vous invite, par ellesencore, à vous souvenir de lui11, et à le connaître12. Mais vous, vous êtes unpeuple aau cœur dur, bsans intelligence, caveugle13, dboiteux14, edes fils qui n'avez pas defoi15, comme il dit lui-même, fl'honorant seulement des lèvres, loin de lui par le cœur,enseignant leurs propres enseignements, et non les siens16. 5 D'ailleurs, dites-moi,Dieu voulait-il que commettent un péché les Grands prêtres qui apportentdes offrandes aux jours de sabbat17, et encore ceux qui reçoivent ou donnentla circoncision le jour du sabbat, lorsqu'il ordonna que les enfants nouveau-nés fussent sans exception, et exclusivement, circoncis le huitième jour,même si c'était un jour de sabbat ? N'aurait-il pas pu faire en sorte que lesnouveau-nés soient circoncis un jour avant ou un jour après le sabbat, s'ilsavait que c'était mal le jour du sabbat ? Et ceux qui, avant Moïse etAbraham, ont été appelés « justes » et lui ont été agréables, sans avoir reçu lacirconcision ni observé les sabbats, pourquoi ne leur a-t-il pas enseigné cespratiques18 ?

Urgence de la conversion.Seule la circoncision véritable, destinée à tous, permet d’accéder au Salut.

Témoignages de Jérémie, Malachie, et David.

28. 1 Tryphon : — Nous t'avons déjà entendu, tout à l'heure1, avancer cetargument, et nous l'avons pris en considération, car, à vrai dire, il le mérite.Et il ne me paraît pas satisfaisant d'admettre, comme beaucoup le font, quec'est parce que Dieu l'a voulu. C'est là une piètre explication, généralementinvoquée par ceux que la question laisse sans réponse.

2 Moi : — Puisque c'est à partir des Écritures et des faits2, dis-je, quej'établis mes démonstrations et mes entretiens3, vous ne devez pas hésiter nidifférer à me croire, moi qui suis incirconcis4. gIl est court, le temps qui vousreste5 pour vous joindre à nous6. Si le Christ survient7, en vain vousrepentirez-vous, en vain vous lamenterez-vous8 : il ne vous écoutera pas. (Jér.4, 3)Défrichez pour vous-mêmes ce qui est en friche, proclame au peuple Jérémie, et ne

a cf. Éz. 3, 7 b cf. Deut. 32, 20 ; Jér. 4, 22 c cf. Is. 42, 18 d cf. Is. 35, 6 e Deut. 32, 20f Is. 29, 13 ; cf. Matth. 15, 8-9 ; Mc. 7, 6-7 g cf. I Cor. 7, 29 ? Deut. 32, 35 ?

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JUSTIN MARTYR

speivrete ejp! ajkavnqa". (4)Peritevmnete1 tw'/ kurivw/, kai; peritevmnesqe2 th;najkrobustivan th'" kardiva" uJmw'n.3 Mh; ou\n eij" ajkavnqa" speivrete kai; ajnhvroton cwrivon, o{qen uJmi'n karpo;"oujk e[sti3. Gnw'te to;n Cristovn, kai; ijdou; neio;" kalhv, kalh;4 kai; pivwn ejn tai'"kardivai" uJmw'n. (Jér. 9, 25) jIdou; ga;r hJmevrai e[rcontai, levgei kuvrio", kai;ejpiskevyomai ejpi; pavnta" peritetmhmevnou" ajkrobustiva" aujtw'n, (26)ejp!Ai[gupton kai; ejpi; jIouvdan kai; ejpi; jEdw;m... kai; ejpi; uiJou;" Mwavb..., o{tipavnta ta; e[qnh ajperivtmhta kai; pa'" oi\ko" jIsrah;l ajperivtmhto" kardiva"aujtw'n. 4 JOra'te wJ" ouj tauvthn th;n peritomh;n th;n eij" shmei'on doqei'san oJqeo;" qevlei : oujde; ga;r Aijguptivoi" crhvsimo" oujde; toi'" uiJoi'" Mwa;b oujde;toi'" uiJoi'" jEdwvm. jAlla; ka]n Skuvqh" [fol. 77 v° : A] h\/ ti" h] Pevrsh", e{ceide; th;n tou' qeou' gnw'sin kai; tou' Cristou'' aujtou' kai; fulavssei ta; aijwvniadivkaia, peritevtmhtai th;n kalh;n kai; wjfevlimon peritomhvn, kai; fivlo" ejsti;tw'/ qew'/, kai;5 ejpi; toi'" dwvroi" aujtou' kai; tai;" prosforai'" caivrei6.5 Parevxw de; uJmi'n, a[ndre" fivloi, kai; aujtou' rJhvmata7 tou' qeou', oJpovte8 pro;"to;n lao;n ei\pe dia; Malacivou, eJno;" tw'n dwvdeka profhtw'n. [Esti de;tau'ta : (Mal. 1, 10)Oujk e[sti qevlhmav mou ejn uJmi'n, levgei kuvrio", kai; ta;"qusiva" uJmw'n ouj prosdevcomai9 ejk tw'n ceirw'n uJmw'n : (11)diovti ajpo; ajnatolh'"hJlivou e{w" dusmw'n to; o[nomav mou dedovxastai ejn toi'" e[qnesi, kai; ejn panti;tovpw/ qusiva10 prosfevretai tw'/ ojnovmativ mou kai; qusiva kaqarav, o{ti tima'tai11

to; o[nomav mou ejn toi'" e[qnesi, levgei kuvrio", (12)uJmei'" de; bebhlou'te aujtov.6 Kai; dia; tou' Daui`d e[fh : (Ps. 17, 44)laov", o}n oujk e[gnwn, ejdouvleusev moi :(45)eij" ajkoh;n wjtivou uJ-[p. 118 : B]-phvkousev mou.

29. 1 Doxavswmen12 to;n qeovn, a{ma ta; e[qnh sunelqovnta, o{ti kai; hJma'"ejpeskevyato : doxavswmen aujto;n dia; tou' basilevw" th'" dovxh", dia; tou'kurivou tw'n dunavmewn. Eujdovkhse ga;r kai; eij" ta; e[qnh, kai; ta;" qusiva" h{dionpar! hJmw'n h] par! uJmw'n lambavnei. Tiv" ou\n e[ti moi peritomh'"13 lovgo" uJpo;tou' qeou' marturhqevnti _ tiv" ejkeivnou tou' baptivsmato" creiva aJgivw/pneuvmati bebaptismevnw/ _ 2 Tau'ta oi\mai levgwn peivsein kai; [fol. 78

1 Peritevmnete (scil. eJautouv") : peritevmnesqe (vel peritmhvqhte ex LXX) prop. Thirlb., Mar., coni.Marc. 2 Peritevmnesqe : peritevmesqe prop. Thirlb. (ex LXX) 3 [Esti (cf. Dial. 12, 3 : kaqarov"ejsti) : e[stai prop. Thirlb. 4 Kalh; : om. Mar. 5 Kai; ejpi; : o}" ejpi; prop. Sylb. 6 Caivrei :c. oJ qeov" Marc. 7 Aujtou' rJhvmata prop. Thirlb., coni. edd. ab Otto, Troll. : aujtourghvmata codd.,cett. edd. aujta; ta; rJhvmata prop. Otto (ex Dial. 21, 1 : aujta; aiJ fwnai; aujtou') 8 JOpovte : a{ poteprop. Thirlb. 9 Prosdevcomai : prosdevxomai prop. Thirlb., Troll., coni. Marc. (ex LXX, Dial. 41,2 ; 117, 1) 10 Qusiva (= Clem., Strom., V, 136, 2) : qumivama LXX, Dial. 41, 2 11 Tima'tai :mevga LXX, Dial. 41, 2 12 [Allo" in marg. codd. 13 Peritomh'" : peri; p. Marc.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 28, 2-29, 2

semez point sur des épines. (4)Circoncisez-vous pour le Seigneur, et faites circoncire leprépuce de votre cœur9.

3 Ne asemez donc pas sur des épines, ou sur un champ non labouré, dont vousne pouvez tirer aucun fruit10. Connaissez le Christ, et voici, une bbelle terre11

nouvellement remuée, belle et grasse dans vos cœurs. Car (Jér. 9, 25)Voici venirdes jours, dit le Seigneur, où je regarderai tous ceux qui sont circoncis du prépuce,(26)l'Égypte, Juda, Édom… et les fils de Moab…, car tous les peuples sont incirconcis, ettoute la maison d'Israël est incirconcise de cœur12. 4 Observez bien que ce n'est pascette circoncision, donnée cen signe, que Dieu veut : elle n'est utile ni auxdÉgyptiens, ni aux fils de Moab, ni aux fils d'Édom13. Mais même eScythe ou Perse,celui qui a la connaissance de Dieu et de son Christ14, et observe la justiceéternelle15, il est circoncis de la belle et salutaire circoncision16, et est aimé deDieu17, qui se réjouit de ses dons et de ses offrandes18. 5 Laissez-moi vousciter aussi, amis, les paroles de Dieu lui-même, lorsque, par Malachie, l'un desdouze prophètes19, il s'adressa au peuple. Les voici : (Mal. 1, 10)Ma volonté n'estpoint en vous, dit le Seigneur, et je n'accepte pas vos sacrifices de vos mains. (11)car depuis lelever du soleil jusqu'au couchant, mon nom est glorifié parmi les nations, et en tout lieu unsacrifice est offert en mon nom, un sacrifice pur, car mon nom est honoré parmi les nations,dit le Seigneur, (12)tandis que vous, vous le profanez20. 6 Il a encore dit, par David :(Ps. 17, 44)Un peuple que je ne connaissais pas, m'a servi ; (45)Dès que son oreille a entendu,il m'a obéi21.

Universalité de la circoncision et du baptême véritables.Incompréhension juive des Prophéties et de la Loi.

29. 1 fGlorifions1 Dieu, gnations rassemblées2, car il nous a hregardés nous aussi.Glorifions-le par le iroi de gloire3, par le jSeigneur des Puissances4. Car il s'est tournéaussi vers les nations pour les accueillir5, et kles sacrifices, il les reçoit plusvolontiers de notre part que de la vôtre6. Pourquoi donc parler encore decirconcision, alors que Dieu témoigne pour moi7 ? Qu'est-il besoin de cebaptême-là8, quand on est lbaptisé d'Esprit Saint9 ? 2 Je pense, en disant cela,

a Jér. 4, 3 ; cf. Matth. 13, 22 ; Mc. 4, 18 b cf. Matth. 13, 8.23 c cf. Gen. 17, 11 d cf. Jér. 9, 26e cf. Col. 3, 11 ? f cf. Mal. 1, 11 g ibid. h cf. Jér. 9, 25 i cf. Ps. 23, 7.8.9.10 j ibid., 10 k cf.Mal. 1, 10 l cf. Matth. 3, 11 ; Mc. 1, 8 ; Lc. 3, 16.

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JUSTIN MARTYR

r° : A] tou;" bracu;n nou'n kekthmevnou". Ouj ga;r uJp! ejmou' suneskeuasmevnoieijsi;n oiJ lovgoi oujde; tevcnh/ ajnqrwpivnh/ kekallwpismevnoi, ajlla; touvtou"Daui`d me;n e[yallen, JHsai?a" de; eujhggelivzeto, Zacariva"1 de; ejkhvruxe,Mwu>sh'"2 de; ajnevgrayen. jEpiginwvskei" aujtouv", Truvfwn _ ejn toi'"uJmetevroi" ajpovkeintai gravmmasi, ma'llon de; oujc uJmetevroi" ajll! hJmetevroi" :hJmei'" ga;r aujtoi'" peiqovmeqa, uJmei'" de; ajnaginwvskonte" ouj noei'te to;n ejnaujtoi'" nou'n. 3 Mh; ou\n a[cqesqe, mhde; ojneidivzete hJmi'n th;n tou' swvmato"ajkrobustivan, h}n aujto;" oJ qeo;" e[plase, mhdev, o{ti qermo;n pivnomen ejn toi'"savbbassi, deino;n hJgei'sqe : ejpeidh; kai; oJ qeo;" th;n aujth;n dioivkhsin tou'kovsmou oJmoivw" kai; ejn tauvth/ th'/ hJmevra/ pepoivhtai kaqavper kai; ejn tai'"a[llai" aJpavsai", kai; oiJ ajrcierei'" ta;" prosfora;" kaqa; kai; tai'" a[llai"hJmevrai" kai; ejn tauvth/ kekeleusmevnoi h\san poiei'sqai, kai; oiJ tosou'toidivkaioi mhde;n touvtwn tw'n nomivmwn pravxante" memartuvrhntai uJpo; tou' qeou'aujtou'.

30. 1 jAlla; th'/ auJtw'n3 kakiva/ ejgkalei'te, o{ti kai; sukofantei'sqai dunatov"ejstin oJ qeo;" uJpo; tw'n nou'n mh; ejcovntwn, wJ" [p. 119 : B] ta; aujta; divkaia mh;pavnta" ajei; didavxa". Polloi'" ga;r ajnqrwvpoi" a[loga kai; oujk a[xia qeou' ta;toiau'ta didavgmata e[doxen ei\nai, [fol. 78 v° : A] mh; labou'si cavrin4 tou'gnw'nai o{ti to;n lao;n uJmw'n ponhreuovmenon kai; ejn novsw/ yucikh'/ uJpavrcontaeij" ejpistrofh;n kai; metavnoian tou' pneuvmato"5 kevklhke, kai;6 aijwvniov" ejstimeta; to;n Mwu>sevw"7 qavnaton proelqou'sa hJ profhteiva. < (Ps. 18, 2)OiJ oujranoi;dihgou'ntai dovxan qeou', poivhsin de; ceirw'n aujtou' ajnaggevlei to; sterevwma.(3) JHmevra th'/ hJmevra/ ejreuvgetai rJh'ma, kai; nu;x th'/ nukti; ajnaggevlei gnw'sin.(4)Oujk eijsi; laliai; oujde; lovgoi, w|n oujci; ajkouvontai aiJ fwnai; aujtw'n. (5)Eij"pa'san th;n gh'n ejxh'lqen oJ fqovggo" aujtw'n kai; eij" ta; pevrata th'"oijkoumevnh" ta; rJhvmata aujtw'n. (6) jEn tw'/ hJlivw/ e[qeto to; skhvnwma aujtou', kai;aujtov", wJ" numfivo" ejkporeuovmeno" ejk pastou' aujtou', ajgalliavsetai ijscuro;"wJ" givga" dramei'n oJdovn. (7) jAp! a[krou tou' oujranou' hJ e[xodo" aujtou', kai; to;katavnthma aujtou' e{w" a[krou tou' oujranou', kai; oujk e[stin o}" ajpokrubhvsetaith'" qevrmh" aujtou'. (8) JO novmo" tou' kurivou a[mwmo", ejpistrevfwn yucav" : hJmarturiva kurivou pisthv, sofivzousa nhvpia. (9)Ta; dikaiwvmata kurivou eujqeva,

1 Zacariva" : Malaciva" prop. Lange, Otto 2 Mwu>sh'" : Mwsh'" Arch. 3 AuJtw'n A, Steph.,Jebb, Thirlb., Arch., Marc. : eJautw'n coni. Otto, aujth'/ Troll. aujtw'n B, cett. edd. 4 Cavrin : c. para;qeou' Marc. (ex. Dial. 58, 1 ; 92, 1) 5 Tou' pneuvmato" edd. a Mar. : tou' patrov" (pr") codd., cett.edd. 6 Kai; : kai; o{ti prop. Lange (− kevklhke. Kai; o{ti hJ profhteiva, kai; dia; tou' yalmou'ei[rhtai), Mar., Otto, Arch., Goodsp., coni. Marc. 7 Mwu>sevw" : Mwu>sevo" codd. Mwsevw" Arch.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 29, 2-30, 1

convaincre même ceux qui ont l'esprit court. Car ces paroles n'ont été niapprêtées par moi, ni embellies par l'artifice humain10, mais David les achantées, Isaïe en a annoncé la bonne nouvelle, Zacharie11 les a proclamées,Moïse les a consignées par écrit12. Les reconnais-tu, Tryphon ? Elles sontdéposées dans vos Écritures13, ou plutôt non pas dans les vôtres, mais dansles nôtres14 : car par elles nous sommes convaincus15, tandis que vous, vousles lisez16, mais sans comprendre l'esprit qui est en elles. 3 Ne vous indignezdonc point, et ne nous faites pas reproche cette incirconcision du corps17 queDieu lui-même a façonnée18, et si nous buvons chaud le jour du sabbat19, n'yvoyez rien de terrible. Dieu a établi, pour ce jour-là comme pour tous lesautres, la même administration de l'univers20 ; les grands prêtres avaient reçul'ordre de procéder à leurs offrandes ce jour-là comme les autres21 ; et tousces justes qui n'ont pratiqué aucune de ces lois22, ils ont obtenu témoignagede Dieu lui-même23.

Éternité de la justice divine et puissance rédemptrice de la Passion.Le Psaume 18.

30. 1 C'est votre propre malignité qu'il faut incriminer, de ce que Dieu puisseêtre calomnié1 par des gens sans entendement, qui insinuent qu'il n'a pasenseigné toujours la même justice2. Car ils ont paru absurdes3 et indignes deDieu, ces enseignements, à de nombreux hommes qui n'ont pas reçu lagrâce4 de comprendre qu'il appelle ce peuple qui agit mal5 et a al'âme malade àla bconversion et à la pénitence6 de l'esprit, et qu'elle est céternelle, ayant étéproduite après la mort de Moïse, cette prophétie7 : (Ps. 18, 2)Les cieux racontent lagloire de Dieu, et l'œuvre de ses mains, le firmament l'annonce. (3)Le jour au jour proclameune parole, et la nuit à la nuit en annonce la science. (4)Il n'y a ni rumeurs ni paroles dontles voix ne soient entendues. (5)A toute la terre est allé l'écho de leurs voix, et auxextrémités du monde leurs paroles. (6)Sur le soleil il a dressé sa tente, et lui, tel un époux,sortant du lit nuptial, se fera joie, fort comme un géant, de courir sa carrière. (7)Du bout duciel sa provenance, et sa destination jusques au bout du ciel, et à son ardeur nul ne sauraitse soustraire. (8)La Loi du Seigneur est irréprochable, elle convertit les âmes ; le témoignagedu Seigneur est véritable, il rend sages les ignorants. (9)Les ordonnances du Seigneur sontdroites, elles réjouissent le cœur ; le commandement du Seigneur dispense

a Cf. Ps. 18, 8 b ibid. c ibid., 10.

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JUSTIN MARTYR

eujfraivnonta kardivan : hJ ejntolh; kurivou thlaughv", fwtivzousa ojfqalmouv" :(10) JO fovbo" kurivou aJgnov", diamevnwn eij" aijw'na aijw'no" : ta; krivmata kurivouajlhqinav, dedikaiwmevna ejpi; to; aujtov, (11) jEpiqumhta; uJpe;r crusivon kai; livqontivmion polu;n kai; glukuvtera uJpe;r mevli kai; khrivon. (12)Kai; ga;r oJ dou'lov" soufulavssei aujtav : ejn tw'/ fulavssein aujta; ajntapovdosi" pollhv.(13)Paraptwvmata tiv" sunhvsei _ ejk tw'n krufivwn mou kaqavrisovn me. (14)Kai;ajpo; ajllotrivwn fei'sai tou' douvlou sou : eja;n mhv mou katakurieuvswsi, tovtea[mwmo" e[somai kai; kaqarisqhvsomai ajpo; aJmartiva" megavlh". (15)Kai;e[sontai eij" eujdokivan ta; lovgia tou' stovmatov" mou kai; hJ melevth th'"kardiva" mou ejnwvpiovn sou diapantov", kuvrie, bohqev mou kai; lutrwtav mou. >1

2 Kai; dia; tou' yalmou' tou'to ei[rhtai, w\ a[ndre". Kai; o{ti glukuvtera uJpe;rmevli kai; khrivon oJmologou'men aujtav, oiJ sofisqevnte" ajp! aujtw'n, ejk tou' kai;mevcri qanavtou ajnexarnhvtou" hJma'" givnesqai tou' ojnovmato" aujtou' faivnetai.{Oti de; kai; aijtou'men aujtovn, oiJ pisteuvonte" eij" aujtovn, i{na ajpo; tw'najllotrivwn, toutevstin ajpo; tw'n ponhrw'n kai; plavnwn pneumavtwn, sunthrhvsh/hJma'", ajpo; proswvpou2 eJno;" tw'n eij" aujto;n pisteuovntwn schmatopoihvsa" oJLovgo" th'" profhteiva" levgei, pa'si3 fanerovn ejstin. 3 jApo; ga;r tw'ndaimonivwn, a{ ejstin ajllovtria th'" qeosebeiva" tou' qeou', oi|" pavlaiprosekunou'men, to;n qeo;n ajei; dia; jIhsou' Cristou' sunthrhqh'naiparakalou'men, i{na meta; to; ejpistrevyai pro;" qeo;n di! aujtou' a[mwmoi w\men.Bohqo;n ga;r ejkei'non kai; lutrwth;n kalou'men, ou| kai; th;n tou' ojnovmato"ijscu;n kai; ta; daimovnia trevmei, kai; shvmeron ejxorkizovmena kata; tou'ojnovmato" jIhsou' Cristou', tou' staurwqevnto" ejpi; Pontivou Pilavtou, tou'genomevnou ejpitrovpou th'" jIoudaiva", uJpotavssetai, wJ" kai; [fol. 78 v° : A] ejktouvtou pa'si fanero;n ei\nai o{ti oJ path;r aujtou' tosauvthn e[dwken aujtw'/duvnamin, w{ste kai; ta; daimovnia uJpotavssesqai tw'/ ojnovmati aujtou' kai; th'/tou' genomevnou pavqou" [p. 120 : B] aujtou' oijkonomiva/.

31. 1 Eij de; th'/ tou' pavqou" aujtou' oijkonomiva/ tosauvth duvnami" deivknutaiparakolouqhvsasa kai; parakolouqou'sa, povsh hJ ejn th'/ ejndovxw/ ginomevnh/aujtou' parousiva/ _ wJ" uiJo;" ga;r ajnqrwvpou ejpavnw nefelw'n ejleuvsetai, wJ"Danih;l ejmhvnusen, ajggevlwn su;n aujtw'/ ajfiknoumevnwn.2 Eijsi; de; oiJ lovgoi ou|toi : (Dan. 7, 9) jEqewvroun e{w" o{tou qrovnoi ejtevqhsan,

kai; oJ palaio;" hJmerw'n ejkavqhto, e[cwn peribolh;n wJsei; ciovna leukhvn, kai; to;

1 OiJ oujranoi − kai; lutrwtav mou addidi : om. codd., edd. 2 jApo; proswvpou : wJ" ajpo; pr. Mar.,Mign., Otto, Troll., Marc. At wJ" deest Dial. 36, 6 ; I Apol. 37, 1 ; 38, 1 (cf. 25, 1*) 3 Pa'si :kai; pa'si prop. Sylb.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 30, 1-31, 2

son éclat, illuminant les yeux. (10)La crainte du Seigneur est pure, elle subsiste à jamais :les jugements du Seigneur sont vrais, leur justice est fixée pour demeurer la même. (11)Bienplus désirables que l'or et la pierre fine, plus doux que le miel, et le suc des rayons.(12)Aussi ton serviteur s'en fait-il le gardien, car à les observer, la récompense est grande.(13)De ses égarements qui peut avoir conscience ? Préserve ma pureté des errements cachés.(14)Des étrangers aussi garde ton serviteur : qu'ils ne viennent point sur moi exercer leurempire. Alors je serai sans tache, et quitte de grand péché. (15)Les paroles de ma boucheseront agréées, comme les soins de mon cœur, devant toi, pour toujours. Seigneur, viens mesecourir, et viens me rédimer ! 2 Cela, amis, est également dit par le psaume. Nousconfessons que ces jugements8 sont aplus doux que le miel et la cire, nous quisommes par eux bdevenus sages9, ce qui est rendu manifeste par notre refus,jusqu'à la mort, de renier son nom. Et nous lui demandons, nous qui croyonsen lui, de nous préserver des cétrangers, c'est-à-dire des esprits du mal et del'erreur10, comme le Verbe de la prophétie11 le dit en figure au nom de l'un deceux qui croient en lui : c'est là chose évidente pour tous. 3 Des démonsdétrangers à la piété pour Dieu12, et que nous13 adorions autrefois, noussupplions Dieu, par Jésus-Christ, de nous préserver toujours, afin qu'aprèsnous être econvertis à Dieu nous soyions par lui fsans tache. Car nous l'appelonsgSecourable14 et hRédempteur15, lui dont la force du nom16 ifait trembler17 mêmeles démons. Et aujourd'hui, lorsqu'ils sont conjurés au nom de Jésus-Christ,crucifié sous Ponce-Pilate18, lequel fut procurateur de Judée, ils sont soumis.De sorte que par là il devient évident pour tous que son Père lui a donné unepuissance telle que jmême les démons sont soumis par son nom19, et par l'économie20

de sa Passion.

Passion rédemptrice et Parousie « glorieuse ».Prophétie de Daniel.

31. 1 S'il est démontré qu'une si grande puissance a été et reste associée1 àl'économie de sa Passion, quelle sera celle de sa parousie glorieuse2 ! Il viendra,en effet, kComme un fils d'homme, au-dessus des nuages3, selon que l'a révéléDaniel, et ldes anges avec lui s'avanceront.

2 Voici ses paroles : (Dan. 7, 9)Je regardai, jusqu'au moment où des trônes furentplacés, et où l'Ancien des jours était assis. Il avait un vêtement blanc comme de la neige,

a Ps. 18, 11 b ibid., 8 c ibid., 14 d cf. Ps. 18, 14 e ibid., 8 f ibid., 8.14 g ibid., 15 h ibid.i cf. Jacq. 2, 19 j Lc. 10, 17 k Dan. 7, 13 l cf. Matth. 25, 31.

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trivcwma th'" kefalh'" aujtou' wJsei; e[rion kaqarovn, oJ qrovno" aujtou' wJsei;flo;x purov", oiJ trocoi; aujtou' pu'r flevgon. (10)Potamo;" puro;" ei|lkenejkporeuovmeno" ejk proswvpou aujtou' : civliai ciliavde" ejleitouvrgoun aujtw'/,kai; muvriai muriavde" pareisthvkeisan aujtw'/. Bivbloi1 ajnewv/cqhsan, kai;krithvrion ejkavqisen. 3 (11) jEqewvroun tovte th;n fwnh;n tw'n megavlwn lovgwnw|n to; kevra" lalei'2, kai; ajpetumpanivsqh to; qhrivon, kai; ajpwvleto to; sw'maaujtou' kai; ejdovqh eij" kau'sin purov" : (12)kai; ta; loipa; qhriva metestavqh th'"ajrch'" aujtw'n, kai; crovno" zwh'" toi'" qhrivoi" ejdovqh e{w" kairou' kai; crovnou.[fol. 79 v° : A] (13) jEqewvroun ejn oJravmati th'" nuktov", kai; ijdou; meta; tw'nnefelw'n tou' oujranou' wJ" uiJo;" ajnqrwvpou ejrcovmeno" : kai; h\lqen e{w" tou'palaiou' tw'n hJmerw'n kai; parh'n ejnwvpion aujtou', kai; oiJ paresthkovte"proshvgagon aujtovn. 4 (14)Kai; ejdovqh aujtw'/ ejxousiva kai; timh; basilikhv, kai;pavnta ta; e[qnh th'" gh'" kata; gevnh kai; pa'sa dovxa latreuvousa : kai; hJejxousiva aujtou' ejxousiva aijwvnio", h{ti" ouj mh; ajrqh'/, kai; hJ basileiva aujtou'[fol. 121 : B] ouj mh; fqarh'/. (15)Kai; e[frixe to; pneu'mav mou3 ejn th'/ e{xei mou,kai; aiJ oJravsei" th'" kefalh'" mou ejtavrassovn me. (16)Kai; prosh'lqon pro;"e{na tw'n eJstwvtwn, kai; th;n ajkrivbeian ejzhvtoun par! aujtou' uJpe;r pavntwntouvtwn. jApokriqei;" de; levgei moi kai; th;n krivsin tw'n lovgwn ejdhvlwsev 4

moi. (17)Tau'ta ta; qhriva ta; megavla eijsi; tevssare" basilei'ai, ai} ajpolou'ntaiajpo; th'" gh'", (18)kai; ouj5 paralhvyontai th;n basileivan6 e{w" aijw'no" kai; e{w"tou' aijw'no" tw'n aijwvnwn. 5 (19)Tovte h[qelon ejxakribwvsasqai uJpe;r7 tou'tetavrtou qhrivou, tou' katafqeivronto" pavnta kai; uJperfovbou, kai; oiJ ojdovnte"aujtou' sidhroi' 8 kai; oiJ o[nuce" aujtou' calkoi', ejsqivon9 kai; leptuvnon10 kai; ta;ejpivloipa aujtou' toi'" posi; katepavtei : (20)kai; peri; tw'n devka keravtwnaujtou' ejpi;11 th'" kefalh'", kai; ejk12 tou' eJno;" tou' prosfuevnto", kai;ejxevpeson ejk tw'n [fol. 80 r° : A] protevrwn di! aujtou' triva, kai; to; kevra"ejkei'no ei\cen ojfqalmou;" kai; stovma lalou'n megavla, kai; hJ provsoyi" aujtou'uJperevfere ta; a[lla. (21)Kai; katenovoun to; kevra" ejkei'no povlemonsunistavmenon pro;" tou;" aJgivou" kai; tropouvmenon aujtouv", (22)e{w" tou'ejlqei'n to;n palaio;n hJmerw'n, kai; th;n krivsin e[dwke toi'" aJgivoi" tou'

1 Bivbloi : kai; bivbloi Marc. (ex LXX et Theodot.) 2 Lalei' : ejlavlei prop. Otto, coni. Marc. (exLXX et Theodot.) 3 To; pneu'mav mou : t. pn. mou, ejgw; Danihvl Marc. (ex Theodot.)4 jjEdhvlwsev : −se in ras. A 5 Ouj : A p. corr.1, B del. Marc. (om. LXX et Theodot.) 6 Th;nbasileivan : t. b. a[gioi uJyivstou kai; kaqevxousin th;n basileivan Marc. (ex LXX et Theodot.)7 JUpe;r : peri; coni. Marc. (ex LXX et Theodot.) 8 Sidhroi' : sidhroiv Marc. 9 jEsqivon : Ap. corr. (ex −wn ?) 10 Leptuvnon A p. corr. (ex −wn ?) : leptu'non Marc. 11 jEpi; : tw'n ejpi; Marc.(ex LXX et Theodot.) 12 jEk : del. Marc. (om. LXX et Theodot.).

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 31, 2-31, 5

et les cheveux de sa tête étaient comme de la laine pure. Son trône, comme une flamme defeu ; ses roues, un feu ardent. (10)Un fleuve de feu jaillissait, sortant de devant lui. Millemilliers le servaient, une myriade de myriades se tenaient devant lui. Des livres furentouverts, et le tribunal siégea. 3 (11)Je regardais alors la voix des grandes paroles que faitentendre la corne, et la bête fut suppliciée, son corps détruit et livré à l'ardeur du feu.(12)Aux autres bêtes aussi fut retirée leur domination, et un temps de vie aux bêtes futdonné, pour un moment et un temps. (13)Je regardais, dans la vision de la nuit, et voiciqu'avec les nuées du ciel venait comme un Fils d'homme. Il alla jusqu'à l'Ancien des jours,et se tint devant lui. Et ceux qui étaient là l'amenèrent. 4 (14)Et il lui fut donné puissanceet honneur royal ; toutes les nations de la terre, race après race, et toute gloire le servait. Sapuissance est une puissance éternelle, qu'elle ne soit point enlevée, ni son royaume détruit.(15)Mon esprit frémit, dans l'état où j'étais, et les visions de ma tête me troublaient. (16)Jem'avançai vers l'un de ceux qui se tenaient debout, et je lui demandai le sens exact de toutcela. En réponse, il me parla, et m'exposa l’interprétation des paroles : (17)Ces bêtesénormes sont quatre royautés qui disparaîtront de la terre, (18)et elles n'hériteront plus de laroyauté jusqu'à l'éternité, et l'éternité des éternités. 5 (19)Alors, je voulus une certitude ausujet de la quatrième bête, qui détruisait tout, terrifiante, dont les dents étaient de fer, et lesgriffes de bronze, qui dévorait, broyait, et, ce qui restait, elle le foulait aux pieds ; (20)ausujet des dix cornes qu'elle avait sur la tête, et d'une, qui avait poussé en plus, et qui avaitfait tomber trois des premières : cette corne avait des yeux et une bouche qui proférait degrandes choses, et son aspect dépassait celui des autres. (21)Je comprenais que cette cornefaisait la guerre aux saints et les mettait en fuite, (22)jusqu'à ce que vînt l'Ancien des jours,qu’il eût rendu jugement aux saints du Très-Haut, et que le moment

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uJyivstou, kai; oJ kairo;" ejnevsth, kai; to; basivleion katevscon a{gioi uJyivstou1.6 (23)Kai; ejrrevqh moi peri; tou' tetavrtou qhrivou : basileiva tetavrth e[staiejpi; th'" gh'" h{ti" dioivsei para; pavsa" ta;" basileiva" tauvta", kai;katafavgetai pa'san th;n gh'n kai; ajnastatwvsei aujth;n kai; kataleanei'2

aujthvn. (24)Kai; ta; devka kevrata3, devka basilei'" ajnasthvsontai, kai; e{tero"4

met! aujtouv", kai; ou|to" dioivsei kakoi'" uJpe;r tou;" prwvtou", kai; trei'"basilei'" tapeinwvsei, (25)kai; rJhvmata pro;" to;n u{yiston lalhvsei, kai; eJtev-[p.122 : B]-rou"5 aJgivou" tou' uJyivstou katastrevyei, kai; prosdevxetai ajlloiw'saikairou;" kai; crovnou"6 : kai; paradoqhvsetai eij" cei'ra" aujtou' e{w" kairou'7

kai; kairw'n kai; h{misu kairou'. 7 (26)Kai; hJ krivsi" ejkavqise, kai; th;n ajrch;nmetasthvsousi tou' ajfanivsai kai; tou' ajpolevsai e{w" tevlou". (27)Kai; hJbasileiva kai; hJ ejxousiva kai; hJ megaleiovth" tw'n tovpwn tw'n uJpo; to;noujrano;n basileiw'n ejdovqh law'/ aJgivw/ [fol. 80 v° : A] uJyivstou basileu'saibasileivan aijwvnion : kai; pa'sai ejxousivai8 uJpotaghvsontai aujtw'/ kai;peiqarchvsousin aujtw'/. (28) {Ew" w|de to; tevlo" tou' lovgou. jEgw; Danih;lejkstavsei perieicovmhn sfovdra, kai; hJ e{xi"9 dihvnegken ejmoiv, kai; to; rJh'ma ejnth'/ kardiva/ mou ejthvrhsa.

32. 1 − Kai; oJ Truvfwn pausamevnou mou ei\pen : \W a[nqrwpe, au|tai hJma'" aiJgrafai; kai; toiau'tai e[ndoxon kai; mevgan ajnamevnein to;n para; tou' palaiou'tw'n hJmerw'n wJ" uiJo;n ajnqrwvpou paralambavnonta th;n aijwvnion basileivanajnagkavzousin : ou|to" de; oJ uJmevtero" legovmeno" Cristo;" a[timo" kai;a[doxo" gevgonen, wJ" kai; th'/ ejscavth/ katavra/ th'/ ejn tw'/ novmw/ tou' qeou'peripesei'n : ejstaurwvqh gavr.2 − Kajgw;; pro;" aujtovn : Eij mevn, w\ a[ndre", mh; ajpo; tw'n grafw'n, w|n

proanistovrhsa, to; ei\do" aujtou'10 a[doxon kai; to; gevno" aujtou' ajdihvghton,kai; ajnti; tou' qanavtou aujtou' tou;" plousivou" qanatwqhvsesqai, kai;11 tw'/mwvlwpi aujtou' hJmei'" ijavqhmen12, kai; wJ" provbaton ajcqhvsesqai ejlevgeto, kai;duvo parousiva" aujtou' genhvsesqai ejxhghsavmhn, mivan me;n ejn h|/ ejxekenthvqhuJf! uJmw'n, deutevran de; o{te ejpignwvsesqe eij" o}n ejxekenthvsate, kai;kovyontai aiJ fulai; uJmw'n, fulh; pro;" fulhvn, aiJ gunai'ke" [fol. 81 r° : A] kat!

1 JUyivstou : del. Marc. (om. LXX et Theodot.) 2 Kataleanei' edd. : kataleavnh codd. 3 Kevrata :k. aujtou' Marc. (ex Theodot.) 4 Kai; e{tero" add. Lange, Thirlb., Mar., Arch., Goodsp. : kai;e{tero" ajnasthvsetai Otto, Troll. kai; a[llo" basileu;" ajnasthvsetai Marc. (ex LXX : sthvsetai)d. b. ajnasthvsontai met! aujtouv" codd., cett. edd. 5 JEtevrou" : tou;" coni. Marc. (ex LXX etTheodot.) 6 Crovnou" : novmon coni. Marc. (ex LXX et Theodot.) 7 Aujtou' e{w" kairou' Périon,Mor., Mar., Troll., Otto, Arch., Marc. (ex LXX et Theodot.) : e{w" kairou' aujtou' A, B (om. kai;,add. in marg.2), cett. edd. 8 jExousivai : aiJ ejx. Marc. (ex LXX et Theodot.) 9 {Exi" prop. Thirlb.,Mar. (ex LXX), coni. edd. ab Otto : levxi" codd., cett. edd. levxi" dievmeinen Troll. 10 Proanistovrhsa

− kai; to; gevno" : proanistovrhsa, ajpevdeixa... a[doxon o}n kai; to; gevno" Marc. 11 Kai; : kai; o{tiMarc. 12 jIavqhmen : iJjaqh'nai prop. Mar., ijaqhvsesqai Otto.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 31, 5-32, 2

arrivât, pour les saints du Très-Haut, d'entrer en possession du royaume. 6 (23)Et il mefut dit, sur la quatrième bête : Il y aura, sur la terre, une quatrième royauté, quil'emportera sur toutes ces royautés, qui dévorera toute la terre, la ruinera, et la rasera.(24)Et les dix cornes : Dix rois se lèveront, puis un autre après eux. Il l'emportera en malsur les premiers, il humiliera trois rois, (25)émettra des paroles contre le Très-Haut,maltraitera d'autres saints du Très-Haut, et entreprendra de changer les moments et lestemps. Et on sera livré entre ses mains, pour un temps, des temps, et une moitié de temps.7 (26)Et le jugement siégea, et ils changeront sa domination, pour un anéantissement et unedestruction définitifs. (27)La royauté, la puissance, et la grandeur des lieux des royaumesqui sont sous le ciel ont été donnés au peuple saint du Très-Haut, pour régner d'uneroyauté éternelle4. Toutes les puissances lui seront soumises, et lui obéiront. (28)Ici finit sondiscours. Moi, Daniel, j'étais cerné d'un trouble extrême, l'état de mon âme changea, et jegardai la parole dans mon cœur5.

Christ « sans honneur et sans gloire » d’Isaïe et Messie « glorieux » de Daniel.Le Psaume 109, prophétie de l’Ascension et des deux parousies.

Les temps eschatologiques.

32. 1 Lorsque je m'arrêtai, Tryphon reprit :— Ami, ces Écritures et d'autres semblables nous obligent à attendre

glorieux et grand1 celui qui reçoit de al'Ancien des jours, bcomme un Fils d'homme, lacroyauté éternelle2. Or, ce prétendu Christ qui est le vôtre fut dsans honneur et sansgloire3, au point de tomber sous ela suprême malédiction qui figure dans la Loi4 :il fut en effet crucifié.

2. Je répondis :— Si les Écritures que j'ai citées5, amis, ne nous disaient point son fapparence

sans gloire et gsa génération ineffable, que hpour sa mort, les riches seront mis à mort, queipar sa blessure, nous sommes guéris, et que jcomme une brebis il doit être conduit, si jen'avais pas montré par l'exégèse6 qu'il y aura deux parousies7, l'une danslaquelle kil fut percé par vous, la seconde où lvous reconnaîtrez celui que vous avezpercé de coups, et où mvos tribus se frapperont la poitrine, tribu par tribu, les

a Dan. 7, 9. 13.22 b ibid., 13 c ibid., 14.18.27 d cf. Is. 52, 14 ; 53, 2.3 e cf. Gal. 3, 13 ; Deut.21, 23 f Is. 53, 2 g cf. Is. 53, 8 h Is. 53, 9 i Is. 53, 5 j cf. Is. 53, 7 k cf. Zach. 12, 10l ibid. et Jn. 19, 37 m cf. Zach. 12, 10-14 ; Jn. 19, 37 ; Apoc. 1, 7.

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ijdivan kai; oiJ a[ndre" kat! ijdivan, ajsafh' kai; a[pora ejdovkoun1 levgein : [p. 123 :B] nu'n de; dia; pavntwn tw'n lovgwn ajpo; tw'n par! uJmi'n2 aJgivwn kai;profhtikw'n grafw'n ta;" pavsa" ajpodeivxei" poiou'mai, ejlpivzwn tina; ejxuJmw'n duvnasqai euJreqh'nai ejk tou' kata; cavrin th;n ajpo; tou' kurivou Sabaw;qperileifqevnto"3 eij" th;n aijwvnion swthrivan4.3 {Ina ou\n kai; safevsteron uJmi'n to; zhtouvmenon nu'n gevnhtai, ejrw' uJmi'n

kai; a[llou" lovgou" tou;" eijrhmevnou" dia; Daui`d tou' makarivou, ejx w|n kai;kuvrion to;n Cristo;n uJpo; tou' aJgivou profhtikou' pneuvmato" legovmenonnohvsete, kai; to;n kuvrion pavntwn patevra ajnavgonta aujto;n ajpo; th'" gh'" kai;kaqivzonta aujto;n ejn dexia'/ aujtou', e{w" a]n qh'/ tou;" ejcqrou;" uJpopovdion tw'npodw'n aujtou' : o{per givnetai ejx o{tou eij" to;n oujrano;n ajnelhvfqh meta; to; ejknekrw'n ajnasth'nai oJ hJmevtero" kuvrio" jIhsou'" Cristov", tw'n crovnwnsumplhroumevnwn kai; tou' blavsfhma kai; tolmhra; eij" to;n u{yistonmevllonto" lalei'n h[dh ejpi; quvrai" o[nto", < o}n >5 kairo;n kai; kairou;" kai;h{misu kairou' diakaqevxein Danih;l mhnuvei. 4 Kai; uJmei'" ajgnoou'nte" povsoncrovnon diakatevcein mevllei, a[llo hJgei'sqe : to;n ga;r kairo;n eJkato;n e[thejxhgei'sqe levgesqai. Eij de; tou'tov ejstin, eij" to; ejlavciston to;n th'" ajnomiva"a[nqrwpon triakovsia penthvkonta e[th basileu'sai dei', [fol. 81 v° : A] i{na to;eijrhmevnon uJpo; tou' aJgivou Danihvl, kai; kairw'n6, duvo movnou" kairou;"levgesqai ajriqmhvswmen. 5 Kai; tau'ta de; pavnta a} e[legon ejn parekbavsesi,levgw7 pro;" uJma'", i{na h[dh pote; peisqevnte" tw'/ eijrhmevnw/ kaq! uJmw'n uJpo;tou' qeou' o{ti uiJoi; ajsuvnetoiv ejste, kai; tw'/8 : Dia; tou'to ijdou; prosqhvsw tou'metaqei'nai to;n lao;n tou'ton, kai; metaqhvsw aujtouv", kai; ajfelw' 9 th;nsofivan tw'n sofw'n kai; th;n suvnesin tw'n [p. 124 : B] sunetw'n aujtw'n kruvyw10,pauvshsqe kai; eJautou;" kai; tou;" uJmw'n ajkouvonta" planw'nte", kai;11 par!hJmw'n manqavnonte"12 tw'n sofisqevntwn ajpo; th'" tou' Cristou' cavrito".6 Eijsi;n ou\n13 kai; oiJ lovgoi oiJ dia; Daui`d lecqevnte" ou|toi : (Ps. 109, 1)Ei\pen oJ

kuvrio" tw'/ kurivw/ mou : kavqou ejk dexiw'n mou, e{w" a]]n qw' tou;" ejcqrouv" sou

1 jEdovkoun : ejd. a[n Marc. 2 JJUmi'n : u in ras. A 3 Tou' perileifqevnto" : t. p. spevrmato"Mar., Otto. (cf. Is. 1, 9 ; Dial. 55, 3 ; 140, 3) 4 Swrhrivan : s. laou' Marc. (ex Is. 10, 22 ; Dial.106, 3 ; 113, 3 ; 132, 3) 5 }On add. Sylb., Troll., edd. ab Otto 6 Kairw'n edd. (ex LXX) : kairo;ncodd. 7 Kai; ...e[legon ejn parekbavsesi, levgw Arch. (trad.), Williams, Visona : kai; ...e[legon, ejnparekbavsesi levgw Mar., Mign., Otto, Goodsp., Ruiz Bueno kai; ...e[legon ejn parekbavsesilevgw codd., Steph., Arch., Marc. kai; tau'ta de; ta; toiau'ta, e[legon, ejn parevkbasesi levgwThirlb. 8 Tw'/ Thirlb., Otto, Troll., Arch., Goodsp. (cf. 54, 1) : to; codd., cett. edd. 9 jAfelw'(= Dial. 78, 11) : ajpolw' LXX, NT, Dial. 123, 4 10 Kruvyw : ajqethvsw in marg. codd. (ex I Cor. 1,19) 11 Kai; : del. Marc. 12 Manqavnonte" Steph., Mar. (peisqevnte" ...kai; manqavnonte"), Mign.,Otto, Arch., Goodsp. : manqavnhte vel manqavnete prop. Sylb., Jebb, Thirlb., manqavnonte" h\teTroll. 13 [Allo" in marg. codd.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 32, 2-32, 6

femmes d'un côté et les hommes de l'autre8, je paraîtrais dire des chosesobscures et impossibles9. Mais en fait, dans tous mes propos, c'est à partirdes Écritures considérées chez vous comme saintes et prophétiques10 quej'établis toutes mes démonstrations, espérant que11 quelqu'un d'entre vous,puisse être trouvé dans ce qui, apar la grâce du Seigneur Sabbaoth, reste pour le salutéternel12.

3 Aussi, pour que la question vous soit plus claire, vous citerai-je encored'autres paroles prononcées par le bienheureux David, d'où vouscomprendrez que le Christ est également appelé bSeigneur13 par le Saint Espritprophétique14, et que le cSeigneur Père de l’univers l'a fait monter de la terre etdasseoir à sa droite, jusqu'à ce qu'il fasse de ses ennemis15 l'escabeau de ses pieds. Et c'estce qui arrive depuis que notre Seigneur Jésus-Christ ea été enlevé au ciel faprès êtreressuscité des morts16. Car les temps sont accomplis, et celui qui doit gproférer auTrès-Haut hblasphèmes et impudences est déjà près de la porte, lui dont Danielindique qu'il exercera sa domination pendant iun temps, des temps, et la moitiéd'un temps17. 4 Mais vous, qui vous méprenez sur la durée de sa futuredomination, vous faites une autre estimation : vous interprétez ce temps dansle sens de cent années18. S'il en est ainsi, jl'homme de l'iniquité19 doit régner aumoins trois cents cinquante ans, à ne compter l'expression du saint prophèteDaniel ket des temps que comme deux temps seulement. 5 Tout ce que je vousdisais en passant, je vous le dis pour que, définitivement persuadés de ce quecontre vous Dieu a dit que vous étiez des lfils insensés20, et encore : mC’estpourquoi, voici : je renouvellerai le transfert de ce peuple, je les transférerai21, j'enlèverai leursagesse aux sages et je cèlerai l'intelligence des intelligents qui sont parmi eux −, vouscessiez de vous égarer vous-mêmes22, vous et ceux qui vous écoutent, et vouslaissiez instruire par nous que la grâce du Christ a rendus nsages23.

6 Voici donc ces paroles prononcées par l'intermédiaire de David : (Ps. 109,1)Le Seigneur a dit à mon Seigneur24 : Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que je fasse de

a Cf. Is. 1, 9 ; 10, 22 ; Rom. 9, 27-29 ; 11, 5 b cf. Ps. 109, 1 c ibid. d cf. Ps. 109, 1e cf. Mc. 16, 19 et Act. 1, 11 f cf. Act. 10, 41, etc. g cf. Dan. 7, 20.25 ; Apoc. 13, 5 ; II Thess, 2,3-4 h cf. Apoc. 13, 5-6 ; Dan. 7, 20 i Dan. 7, 25 ; Apoc. 12, 14 j II Thess. 2, 3 k cf. Dan. 7,25 l Jér. 4, 22 m Is. 29, 14 n cf. Ps. 18, 8.

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uJpopovdion tw'n podw'n sou. (2) JRavbdon dunavmew" ejxapostelei' soi kuvrio" ejkSiwvn : kai; katakuriveue ejn mevsw/ tw'n ejcqrw'n sou. (3)Meta; sou' hJ ajrch; ejnhJmevra/ th'" dunavmewv" sou : ejn tai'" lamprovthsi tw'n aJgivwn sou, ejkgastro;" pro; eJwsfovrou ejgevnnhsav se. (4) [Wmose kuvrio" kai; oujmetamelhqhvsetai : su; iJereu;" eij" to;n aijw'na kata; th;n tavxin Melcisedevk.(5)Kuvrio" ejk dexiw'n sou : sunevqlasen ejn hJmevra/ ojrgh'" aujtou' basilei'".(6)Krinei' ejn toi'" e[qnesi, plhrwvsei ptwvmata. (7) jEk ceimavrrou ejn oJdw'/pivetai : dia; tou'to [fol. 82 r° : A] uJywvsei kefalhvn.

33. 1 Kai; tou'to;n to;n yalmo;n o{ti eij" to;n jEzekivan to;n basileva eijrh'sqaiejxhgei'sqai tolma'te, oujk ajgnow', ejpei'pon : o{ti de; peplavnhsqe, ejx aujtw'ntw'n lovgwn aujtivka uJmi'n ajpodeivxw. (Ps. 109, 4) [Wmose kuvrio" kai; oujmetamelhqhvsetai, ei[rhtai, kaiv : (ibid.)Su; iJereu;" eij" to;n aijw'na kata; th;ntavxin Melcisedevk kai; ta; ejpagovmena kai; ta; proavgonta. JIereu;" de; o{tiou[te gevgonen jEzekiva" ou[te ejsti;n aijwvnio" iJereu;" tou' qeou', oujde; uJmei'"ajnteipei'n tolmhvsete : o{ti de; peri; tou' hJmetevrou jIhsou' ei[rhtai, kai;aujtai;1 aiJ fwnai; shmaivnousi. Ta; de; w\ta uJmw'n pevfraktai kai; aiJ kardivaipepwvrwntai2. 2 To; ga;r [Wmose kuvrio" kai; ouj metamelhqhvsetai : su; iJereu;"eij" to;n aijw'na kata; th;n tavxin Melcisedevk : meq! o{rkou oJ qeo;" [p. 125 : B]dia; th;n ajpistivan uJmw'n ajrciereva aujto;n kata; th;n tavxin Melcisede;k ei\naiejdhvlwse, toutevstin, o}n trovpon oJ Melcisede;k iJereu;" uJyivstou uJpo; Mwsevw"3

ajnagevgraptai gegenh'sqai, kai; ou|to" tw'n ejn ajkrobustiva/ iJereu;" h\n, kai;to;n ejn peritomh'/ dekavta" aujtw'/ prosenevgkanta jAbraa;m eujlovghsen, ou{tw"4

to;n aijwvnion aujtou' iJereva, kai;5 kuvrion uJpo; tou' aJgivou pneuvmato"kalouvmenon, oJ qeo;" tw'n ejn ajkrobustiva/ genhvsesqai ejdhvlou : kai;6 tou;" ejnperitomh'/ pro-[fol. 82 v° : A]-siovnta" aujtw'/, toutevsti pisteuvonta" aujtw'/ kai;ta;" eujlogiva" par! aujtou' zhtou'nta", kai; aujtou;" prosdevxetai kai;eujloghvsei7. 3 Kai; o{ti tapeino;" e[stai prw'ton a[nqrwpo", ei\ta uJywqhvsetai,ta; ejpi; tevlei tou' yalmou' dhloi' : jEk ceimavrrou ga;r ejn oJdw'/ pivetai, kai;a{ma : Dia; tou'to uJywvsei kefalhvn.

1 Aujtai; Thirlb., edd. ab Otto (cf. 21, 1) : au|tai; codd., cett. edd. 2 Pepwvrwntai = obdurata codd. inmarg., Steph. ad calcem, edd. ab Otto (cf. Jn. 12, 40 ; Mc. 3, 5 ; 6, 52 ; 8, 17 ; Ephes. 4, 18) :pephvrwntai = obcaecata A (h in ras.), B, Steph., cett. edd. (cf. Dial. 12, 2) pephvrwtai Thirlb.,Troll. 3 Mwu>sevw" : Mwu>sevo" codd. Mwsevw" Arch. 4 Ou{tw" : ou{tw" jIhsou'n Marc. 5 Kai; :to;n kai; prop. Thirlb., coni. Marc. 6 Kai; : kai; o{ti prop. Otto, coni., Marc. 7 Kai; aujtou;"

prosdevxetai kai; eujloghvsei : kai; aujto;" − alii, vel kai; aujto;n prosdevxesqai kai; eujloghvseinThirlb.

265

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 32, 6-33, 3

tes ennemis l'escabeau de tes pieds25. (2)Le Seigneur t'enverra de Sion un bâton depuissance26, domine au milieu de tes ennemis. (3)A toi le principat au jour de tapuissance27. Dans les splendeurs de tes saints, du sein, avant l'aurore, je t'ai engendré28.(4)Le Seigneur a juré, et il ne se repentira pas : tu es prêtre pour l'éternité selon l'ordre deMelchisédech29. (5)Le Seigneur est à ta droite : au jour de sa colère, il a broyé des rois. (6)Iljugera parmi les nations30, il entassera les ruines. (7)Au torrent, il boira en chemin ; c'estpourquoi il lèvera la tête31.

Le Psaume 109 n’est pas dit d’Ézéchias,mais du Christ, « Prêtre éternel » des incirconcis.

33. 1 Je n'ignore point, ajoutai-je, que vous vous avisez d'interpréter cepsaume comme se rapportant au roi Ézéchias1. Mais vous êtes dans l'erreur :par les paroles elles-mêmes, je m'en vais sur-le-champ vous le montrer. Il estdit aLe Seigneur a juré et il ne se repentira pas, et btu es prêtre pour l'éternité selon l'ordrede Melchisédech, avec ce qui suit et ce qui précède. Or Ézéchias ne fut pas prêtre,et il n'est pas d'avantage prêtre éternel de Dieu2, vous ne sauriez le contester.Que cela est dit au sujet de notre Jésus, les expressions elles-mêmes lesignifient. Mais cvos oreilles sont bouchées, et vos cœurs endurcis. 2 Avec la formuledLe Seigneur a juré et il ne se repentira pas : tu es prêtre pour l'éternité selon l'ordre deMelchisédech, Dieu a montré, par serment, à cause de votre absence de foi3,que celui-ci était eGrand prêtre4 selon l'ordre de Melchisédech, c'est-à-dire : de mêmeque Melchisédech, comme l'écrit Moïse, fut fprêtre du Très-Haut − or il était prêtredes incirconcis − et gbénit Abraham qui, circoncis5, lui apportait la dîme, demême Dieu manifestait que celui qui est appelé par l'Esprit Saint son hprêtreéternel et iSeigneur serait celui des incirconcis. Et ceux qui, circoncis,s'avancent6 vers lui, c'est-à-dire qui croient en lui et recherchent sesbénédictions, eux aussi il les accueillera7 et les bénira8. 3 Qu'il sera tout d'abord unjhomme9 khumilié10, puis lsera élevé11, la fin du psaume le montre : mAu torrent, ilboira en chemin ; puis, juste après : c'est pourquoi il lèvera la tête12.

a Ps. 109, 4 b ibid. c cf. Is. 6, 10 ; Jn. 12, 40, etc. d Ps. 109, 4 e Hébr. 5, 10 ; 6, 20 ;cf. Ps. 109, 4 f Gen. 14, 18-19 ; cf. Hébr. 7, 1-2 g ibid. h cf. Ps. 109, 4 i ibid., 1 j cf. Is. 53,3 k ibid., 8 l cf. Is. 52, 13 m Ps. 109, 7.

266

JUSTIN MARTYR

34. 1 [Eti de; kai; pro;" to; pei'sai uJma'" o{ti tw'n grafw'n oujde;n sunhvkate,kai; a[llou yalmou' tw'/ Daui`d1 uJpo; tou' aJgivou pneuvmato" eijrhmevnouajnamnhvsomai, o}n eij" Salomw'na2, to;n genovmenon kai; aujto;n basileva uJmw'n,eijrh'sqai levgete : eij" de; to;n Cristo;n hJmw'n kai; aujto;" ei[rhtai. JUmei'" de;ajpo; tw'n oJmwnuvmwn levxewn eJautou;" ejxapata'te. {Opou ga;r oJ3 novmo" tou'kurivou a[mwmo" ei[rhtai, oujci; to;n met! ejkei'non mevllonta ajlla; to;n dia;Mwu>sevw"4 ejxhgei'sqe, tou' qeou' bow'nto" kaino;n novmon kai; kainh;n diaqhvkhndiaqhvsesqai. 2 Kai; o{pou levlektai : JO qeov", to; krivma sou tw'/ basilei' dov",ejpeidh; basileu;" Salomw'n5 gevgonen, eij" aujto;n to;n yalmo;n eijrh'sqaiv fate,tw'n lovgwn tou' yalmou' diarrhvdhn khrussovntwn eij" to;n aijwvnion basileva,toutevstin eij" to;n Cristovn, eijrh'sqai. JO ga;r Cristo;" basileu;" kai; iJereu;"kai; qeo;" kai; kuvrio" kai; a[ggelo" [p. 126 : B] kai; a[nqrwpo" kai;ajrcistravthgo" kai; livqo" kai; paidivon gennwvmenon kai; paqhto;" genov-[fol.83 r° : A]-meno" prw'ton, ei\ta eij" oujrano;n ajnercovmeno" kai; pavlinparaginovmeno" meta; dovxh" kai; aijwvnion th;n basileivan e[cwn kekhvruktai,wJ" ajpo; pasw'n tw'n grafw'n ajpodeivknumi. 3 {Ina de; kai; o} ei\pon nohvshte,tou;" tou' yalmou' lovgou" levgw. Eijsi; d! ou|toi : (Ps. 71, 1) JO Qeov", to; krivmasou tw'/ basilei' do;" kai; th;n dikaiosuvnhn sou tw'/ uiJw'/ tou' basilevw",(2)krivnein to;n laovn sou ejn dikaiosuvnh/ kai; tou'" ptwcouv" sou ejn krivsei.(3) jAnalabevtw ta; o[rh eijrhvnhn tw'/ law'/ kai; oiJ bounoi; dikaiosuvnhn. (4)Krinei'tou;" ptwcou;" tou' laou', kai; swvsei tou;" uiJou;" tw'n penhvtwn, kai;tapeinwvsei sukofavnthn : (5)kai; sumparamenei' tw'/ hJlivw/ kai; pro; th'"selhvnh" eij" genea;" genew'n. (6)Katabhvsetai wJ" uJeto;" ejpi; povkon kai; wJsei;stagw;n hJ stavzousa ejpi; th;n gh'n. 4 (7) jAnatelei' ejn tai'" hJmevrai" aujtou'dikaiosuvnh, kai; plh'qo" eijrhvnh" e{w" ou| ajntanaireqh'/ hJ selhvnh. (8)Kai;katakurieuvsei ajpo; qalavssh" e{w" qalavssh" kai; ajpo; potamw'n e{w"peravtwn th'" oijkoumevnh". (9) jEnwvpion aujtou' propesou'ntai6 Aijqivope", kai;oiJ ejcqroi; aujtou' cou'n leivvxousi. (10)Basilei'" Qarsei'" kai; nh'soi dw'raprosavxousi7, basilei'" jArravbwn8 kai; Sabba' dw'ra prosavxousi, (11)kai;proskunhvsousin aujtw'/ pavnte" oiJ basilei'" th'" gh'", kai; pavnta ta; e[qnhdouleuv-[fol. 83 v° : A]-sousin aujtw'/ : (12)o{ti ejrruvsato ptwco;n ejk dunavstou,kai; pevnhta w|/ oujc uJph'rce bohqov". 5 (13)Feivsetai ptwcou' kai; pevnhto", kai;

1 Tw'/ Daui>;d : tou' dia; Daui>;d prop. Thirlb. 2 Salomw'na : Solomw'na Mign., edd. ab Otto (hic etinfra) 3 JO : om Mar. errore 4 Mwu>sevw" : Mwu>sevo" codd. Mwsevw" Arch. to;n dia; M.diatacqevnta Marc. (ex Dial. 45, 2 ; 46, 1.2 ; 47, 3 ; 67, 5) 5 Salomw;n : oJ S. Marc.6 Propesou'ntai : prosp.− Thirlb. errore 7 Prosavxousi ...prosavxousi : prosavxousi...prosoivsousi Marc. (ex cod. sinaitico) prosoivsousi ...prosavxousi LXX 8 jArravbwn : jAravbwn (etpaulo post jArabiva") Mign.

267

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 34, 1-34, 5

Le Psaume 71 n’est pas dit de Salomon, coupable d’idolâtrie,mais du Christ, « roi » éternel et universel.

34. 1 Pour vous persuader encore qu'aux Écritures vous n'avez rien compris1,je rappellerai aussi un autre psaume, dicté2 par l'Esprit saint à David, et dontvous dites qu'il se rapporte à Salomon3, lequel fut également4 votre roi. Orc'est à notre Christ qu'il se rapporte lui aussi. Mais vous, en vous fondant surles expressions homonymes5, vous vous abusez vous mêmes. Ainsi, là où laLoi du Seigneur est déclarée asans tache6, vous interprétez non de la Loi qui doitvenir après celle-là, mais de celle qui fut donnée par l'intermédiaire de Moïse,bien que Dieu proclame qu'il instituera une bLoi nouvelle et une cAlliancenouvelle7. 2 Et là où il est dit dDieu, donne au roi ton jugement, parce que Salomonfut roi, vous soutenez que c'est à lui que se rapporte le psaume, alors que lesparoles du psaume proclament très clairement qu'il se rapporte au roi éternel8,c'est-à-dire au Christ. Le Christ, en effet, est proclamé roi, prêtre9, Dieu10,Seigneur11, ange12, homme13, chef suprême14, pierre15, petit enfant16 par sa naissance et,dans un premier temps souffrant17, puis emontant au ciel18 et frevenant avecgloire19 en possession de la groyauté éternelle20, comme je le démontre d'aprèstoutes les Écritures21.

3 Mais pour que vous saisissiez ce que je viens de dire, voici les paroles dupsaume : (Ps. 71, 1)Dieu, donne au roi ton jugement, et ta justice au fils du roi, (2)pourjuger ton peuple dans la justice et tes pauvres dans le jugement. (3)Que les montagnesreçoivent paix pour le peuple, et les collines justice. (4)Il fera droit aux pauvres du peuple, ilsauvera les fils des indigents, et abaissera le calomniateur22. (5)Il demeurera, avec le soleil etavant la lune, pour les générations des générations23. (6)Il descendra comme pluie sur toison,comme l'eau, goutte à goutte, qui tombe sur la terre24. 4 (7)En ses jours s'élèveront justice,et abondance de paix, jusqu'à ce que disparaisse la lune. (8)Il dominera de la mer à la mer,depuis les fleuves jusqu'aux confins de la terre25. (9)Devant lui ploieront les Éthiopiens, etses ennemis26 lécheront la poussière. (10)Les rois de Tarsis et des îles apporteront desprésents, les rois des Arabes et de Sabba apporteront des présents, (11)devant lui seprosterneront27 tous les rois de la terre, et toutes les nations le serviront. (12)Car il aarraché28 au puissant le pauvre, et l'indigent sans secours. 5 (13)Il sera clément au pauvre età l'indigent, et il sauvera l'âme des indigents. (14)De l'usure et de l'injustice

a Cf. Ps. 18, 8 b cf. Is. 51, 4 et Jér. 31, 31 c Jér. 31, 31 ; cf. Hébr. 8, 8 d Ps. 71, 1e cf. Ps. 109, 1 f cf. Is. 33, 17 ; Matth. 25, 31 ; Dan. 7, 13 g cf. Dan. 7, 27.

268

JUSTIN MARTYR

yuca;" penhvtwn swvsei : (14)ejk tovkou kai; ejx ajdikiva" lutrwvsetai ta;" yuca;"aujtw'n, kai; e[ntimon to; o[noma aujtou' ejnwvpion aujtw'n. (15)Kai; zhvsetai[p. 127 : B] kai; doqhvsetai aujtw'/ ejk tou' crusivou th'" jArrabiva", kai;proseuvxontai dia; panto;"1 peri; aujtou' : o{lhn th;n hJmevran eujloghvsousinaujtovn. (16)Kai; e[stai sthvrigma ejn th'/ gh'/, ejp! a[krwn tw'n ojrevwnuJperarqhvsetai : uJpe;r2 to;n Livbanon oJ karpo;" aujtou', kai; ejxanqhvsousin ejkpovlew" wJsei; covrto" th'" gh'". 6 (17) [Estai to; o[noma aujtou' eujloghmevnon eij"tou;" aijw'na" : pro; tou' hJlivou diamevnei3 to; o[noma aujtou' 4. Kai;ejneuloghqhvsontai ejn aujtw'/ pa'sai aiJ fulai; th'" gh'" : pavnta ta; e[qnhmakariou'sin aujtovn : (18)Eujloghto;" kuvrio", oJ qeo;" jIsrahvl5, oJ poiw'nqaumavsia movno", (19)kai; eujloghmevnon to; o[noma th'" dovxh" aujtou' eij" to;naijw'na kai; eij" to;n aijw'na tou' aijw'no" : kai; plhrwqhvsetai th'" dovxh" aujtou'pa'sa hJ gh'. Gevnoito, gevnoito. Kai; ejpi; tevlei tou' yalmou' touvtou, ou| e[fhn,gevgraptai : (20) jExevlipon oiJ u{mnoi Daui>vd, uiJou' jIessaiv.7 Kai; o{ti me;n basileu;" ejgevneto ejpifanh;" kai; mevga" oJ Solomwvn, ejf! ou|

oJ oi\ko" < oJ ejn >6 JIerousalh;m ejpiklhqei;" ajnw/kodomhvqh, ejpivstamai. {Otide; [fol. 84 r° : A] oujde;n tw'n ejn tw'/ yalmw'/ eijrhmevnwn sunevbh aujtw'/, faivnetai.Ou[te ga;r pavnte" oiJ basilei'" prosekuvnhsan aujtw'/, ou[te mevcri tw'nperavtwn th'" oijkoumevnh" ejbasivleusen, ou[te oiJ ejcqroi; aujtou' e[mprosqenaujtou' pesovnte" cou'n e[leixan. 8 jAlla; kai; tolmw' levgein a} gevgraptai ejntai'" Basileivai"7 uJp! aujtou' pracqevnta, o{ti dia; gunai'ka ejn Sidw'nieijdwlolavtrei : o{per oujc uJpomevnousi pra'xai oiJ ajpo; tw'n ejqnw'n dia; jIhsou'tou' staurwqevnto" ejpignovnte" to;n poihth;n tw'n o{lwn qeovn, ajlla; pa'sanaijkivan kai; timwrivan mevcri" ejscavtou qanavtou uJpomevnousi peri;8 tou' mhvteeijdwlolatrh'sai mhvte eijdwlovquta fagei'n.

35. 1 [p. 128 : B] − Kai; oJ Truvfwn : Kai; mh;n pollou;" tw'n to;n jIhsou'nlegovntwn oJmologei'n kai; legomevnwn Cristianw'n punqavnomai ejsqivein ta;eijdwlovquta kai; mhde;n ejk touvtou blavptesqai levgein.

1 Dia; panto;" : diapanto;" A 2 jEn th'/ gh'/ ...uJperarqhvsetai : uJpe;r : ejn th'/ gh'/ ...ojrevwn :uJperarqhvsetai uJpe;r Thirlb., Goodsp., Marc. (ex LXX) 3 Diamevnei : diamenei' prop. Otto.Cf 64, 6 4 To; o[noma aujtou' in marg. A, in textu B. Cf. 64, 6 5 JO qeo;" jIsrahvl : oJ qeo;" tou'jIsrahvl Steph., Mar., Mign., Otto. (ex LXX). Cf. 13, 2 6 JO ejn addendum Thirlb., add. Otto,Arch. (ex Dial. 22, 11 : to;n nao;n to;n ejn JIer. ejpiklhqevnta) : om. codd., cett. edd. oJ oi\ko" th'" JIer.prop. Mar. (ex Dial. 36, 6 : tou' naou' tw'n JIerosoluvmwn) 7 jEn tai'" basileivai" in textu codd.,edd. : ejn th'/ bivblw/ tw'n basilevwn in marg. codd. 8 Peri; : uJpe;r prop. Thirlb. (cf. Dial : 46, 7 : uJpe;rtou' mh; qusiavqein... ; 121, 2 : uJpe;r tou' mh; ajrnhvsasqai aujtovn ; 131, 2 : uJpe;r tou' mhde;...ajrnei'sqai to;n Cristovn ; I Apol. 39, 3 : uJpe;r tou' mhde; yeuvdesqai...).

269

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 34, 5-35, 1

il rachètera leurs âmes, et son nom sera honoré devant eux. (15)Il vivra et il lui sera donnéde l'or d'Arabie, et sans cesse ils prieront sur lui. Tout le jour, ils le béniront. (16)Et il seraun soutien sur la terre, au sommet des montagnes il s'élèvera. Son fruit est au-dessus duLiban, et ils fleuriront de la ville comme herbe de la terre. 6 (17)Son nom sera béni pourl'éternité. Avant le soleil son nom demeure29. Et en lui seront bénies toutes les tribus de laterre. Toutes les nations le proclameront bienheureux30. (18)Béni soit le Seigneur, le Dieud’Israël31, qui seul fait des prodiges, (19)béni soit le nom de sa gloire pour l'éternité et pourl'éternité de l'éternité. Et de sa gloire toute la terre sera remplie. Ainsi soit-il, ainsi soit-il32 ! Et à l'issue de ce psaume que je viens de citer, il est écrit : fin des hymnes deDavid, fils de Jessé33.

7 Que Salomon, sous le règne duquel fut édifiée la « maison » dite (Temple)de Jérusalem34 ait été un roi grand et illustre35, je le sais bien. Mais que rien dece qui est dit dans le psaume ne lui arriva, c'est également clair. aTous les roisne se sont pas prosternés devant lui ; il n'a pas régné bjusqu'aux extrémités de laterre ; et ses ennemis ne sont pas davantage ctombés devant lui pour mordre lapoussière. 8 J'irai même plus loin en rapportant les actes commis par lui quisont consignés au livre des Rois : dà cause d'une femme, il idolâtrait à Sidon36,ce que n'endurent pas de faire ceux des nations qui, par Jésus le crucifié ontappris à connaître Dieu, le Créateur de l'univers : ils endurent37, au contraire,toutes sortes d'outrages et de supplices, jusqu'à l'extrémité de la mort, pourne pas idolâtrer ni consommer des viandes offertes aux idoles.

Les hérésies, prédites par le Christ,confirment son message et la foi des chrétiens authentiques.

35. 1 Tryphon : — J'apprends toutefois que beaucoup1 de ceux qui déclarentconfesser Jésus et sont dits chrétiens2 consomment des viandes immoléesaux idoles3 et prétendent n'en subir aucun dommage.

a Cf. Ps. 71, 11 b ibid., 8 c ibid., 9 d cf. III Rois, 11, 3 ?

270

JUSTIN MARTYR

2 − Kajgw; ajpekrinavmhn : kai; ejk tou' toiouvtou" ei\nai a[ndra", oJmologou'nta"eJautou;" ei\nai Cristianou;" kai; to;n staurwqevnta jIhsou'n oJmologei'n kai;kuvrion kai; Cristovn, kai; mh; ta; ejkeivnou didavgmata didavskonta" ajlla; ta;ajpo; tw'n th'" plavnh" pneumavtwn1, hJmei'", oiJ th'" ajlhqinh'" jIhsou' Cristou'kai; kaqara'" didaskaliva" maqhtaiv, pistovteroi kai; bebaiovteroi ginovmeqa ejnth'/ ejlpivdi th'/ kathggelmevnh/ uJp! aujtou'. [fol. 84 v° : A] }A ga;r prolabw;nmevllein givnesqai ejn ojnovmati aujtou' e[fh, tau'ta o[yei kai; ejnergeiva/ oJrw'mentelouvmena. 3 Ei\pe gavr : Polloi; ejleuvsontai ejpi; tw'/ ojnovmativ mou, e[xwqenejndedumevnoi devrmata probavtwn, e[swqen dev eijsi luvkoi a{rpage". Kaiv :[Esontai scivsmata kai; aiJrevsei". Kaiv : Prosevcete ajpo; tw'nyeudoprofhtw'n, oi{tine" ejleuvsontai pro;" uJma'", e[xwqen ejndedumevnoidevrmata probavtwn, e[swqen dev eijsi luvkoi a{rpage". Kaiv : jAnasthvsontaipolloi; yeudovcristoi kai; yeudoapovstoloi, kai; pollou;" tw'n pistw'nplanhvsousin. 4 Eijsi;n ou\n kai;2 ejgevnonto, w\ fivloi a[ndre", polloi; oi} a[qeakai; blavsfhma3 levgein kai; pravttein ejdivdaxan ejn ojnovmati tou' jIhsou'proselqovnte" : kai; < kalouvmenoiv >4 eijsin uJf! hJmw'n ajpo; th'" proswnumiva"tw'n ajndrw'n, ejx ou|per eJkavsth didach; kai; gnwvmh h[rxato. 5 [Alloi ga;r5

kat! a[llon trovpon blasfhmei'n to;n poihth;n tw'n o{lwn kai; to;n uJp! aujtou'profhteuovmenon ejleuvsesqai Cristo;n kai; to;n qeo;n jAbraa;m kai; jIsaa;k[p. 129 : B] kai; jIakw;b6 didavskousin : w|n oujdeni; koinwnou'men, oiJ7

gnwrivzonte" ajqevou" kai; ajsebei'" kai; ajdivkou" kai; ajnovmou" aujtou;"uJpavrconta", kai; ajnti; tou' to;n jIhsou'n sevbein ojnovmati movnon oJmologei'n8.6 Kai; Cristianou;" eJautou;" levgousin, o}n trovpon oiJ ejn toi'" e[qnesi to;o[noma tou' qeou' ejpigravfousi toi'" ceiropoihvtoi", [fol. 85 r° : A] kai; ajnovmoi"kai; ajqevoi" teletai'" koinwnou'si.Kaiv eijsin aujtw'n oiJ mevn tine" kalouvmenoi Markianoiv9, oiJ de;Oujalentinianoiv, oiJ de; Basileidianoiv10, oiJ de; Satornilianoiv11, kai; a[lloia[llw/ ojnovmati, ajpo; tou' ajrchgevtou th'" gnwvmh" e{kasto" ojnomazovmeno"12, o}ntrovpon kai; e{kasto" tw'n filosofei'n nomizovntwn, wJ" ejn ajrch'/ proei'pon,

1 jAlla; ta; ajpo; tw'n th'" plavnh" pneumavtwn : ajlla; ta; ajpo; tou' th'" plavnh" pneumavta in marg.codd. 2 Kai; : kai; ajei; prop. Thirlb. 3 Blavsfhma : bl. kai; a[dika Marc. (ex Dial. 82, 3 et infra :ajdivkou") 4 Kalouvmenoi add. Otto, Arch., Goodsp. (infra enim : oiJ mevn tine" kalouvmenoi) : om.codd., cett. edd. proselqovnte" : kalouvmenoiv eijsin Nolte kaiv eijsin ejf! hJmw'n (= nostris temporibus)Pearson 5 [Alloi ga;r − koinwnou'si (§ 5-6) in semicirculis Mar., Mign., Thirlb. 6 Kai; − jIakwvb :post to;n poihth;n tw'n o{lwn transp. Marc. 7 OiJ : wJ" prop. Troll. 8 JOmologei'n : −ou'nta" prop.Sylb. 9 Markianoiv : Markianistaiv prop. Lange (Krit. Pred.−Biblioth., 25, 1844, p. 993), Otto.Post Markianoiv, addendum oiJ de; Karpokratianoiv Otto (ex Hegesippo), add. Marc.10 Basileidianoi edd. ab Otto : Basilidianoiv codd., cett. edd. 11 Satornilianoiv edd. a Sylb. :Satornhlianoiv codd., cett. edd. 12 jOnomazovmeno" : −menoi prop. Thirlb.

271

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 35, 2-35, 6

2 Je répondis :— Il existe de tels hommes, qui se reconnaissent chrétiens et confessent

que Jésus le crucifié est Seigneur et Christ, tout en enseignant non pas sespréceptes mais ceux qui procèdent des aesprits d'erreur4. Et nous, disciples duvéritable et pur enseignement de Jésus-Christ5, n'en sommes que plusconfiants et plus fermes6 dans l'espérance annoncée par lui. Car les chosesqu'il a prédites comme devant se faire ben son nom, nous les voyonseffectivement accomplies sous nos yeux7. 3 Il a dit en effet : cBeaucoupviendront en mon nom, revêtus au dehors de peaux de brebis ; au dedans ce sont des loupsravisseurs8. Et encore dIl y aura des schismes et des hérésies9. Et encore eGardez-vousdes faux prophètes10 qui viendront à vous, vêtus au dehors de peaux de brebis : au dedansce sont des loups ravisseurs11. Et encore fBeaucoup de faux christs12 et de faux apôtres13

se lèveront, et ils égareront beaucoup des croyants. 4 Il en est donc, et il en fut, amis,gbeaucoup, qui ont enseigné à dire et à faire des choses impies etblasphématoires, hse présentant au nom de Jésus. Ils sont désignés par nousd'après le surnom de l'homme dont chaque doctrine et chaque système tireson origine14. 5 Chacun à sa manière, ils enseignent à blasphémer le Créateurde l'univers, et le Christ dont il avait prophétisé la venue, le Dieu d'Abrahamd'Isaac et de Jacob15. Avec eux, nous n'avons rien de commun16, car noussavons qu'ils sont athées, impies, injustes, iniques, et qu'au lieu de révérerJésus, ils ne le confessent que de nom. 6 Or ils se disent chrétiens, toutcomme ceux des nations inscrivent le nom de Dieu sur des ouvrages de leursmains17, et participent à des cérémonies18 iniques et athées.

Parmi eux, certains sont appelés Marcioniens19, d'autres Valentiniens20,d'autres Basilidiens21, d'autres Saturniliens22, chacun prenant un nom ou unautre d'après le fondateur de leur système, de la même manière que touthomme qui pense philosopher, comme j'ai dit au début23, croit devoir,

a Cf. I Tim. 4, 1 b cf. Matth. 24, 5, etc. c Matth. 24, 5 et 7 15 ; cf. Mc. 13, 6 ; Lc. 21, 8d cf. I Cor. 11, 18-19 e Matth. 7, 15 f cf. Matth. 24, 11.24 ; Mc. 13, 6.22 g cf. Matth. 24, 5h ibid.

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JUSTIN MARTYR

ajpo; tou' patro;" tou' lovgou to; o[noma h|" filosofei' filosofiva" hJgei'taifevrein1. 7 {Ws<te>2 kai; ejk touvtwn hJmei'", wJ" e{fhn, to;n jIhsou'n kai; tw'nmet! aujto;n genhsomevnwn prognwvsthn ejpistavmeqa, kai; ejx a[llwn de; pollw'nw|n proei'pe genhvsesqai toi'" pisteuvousi kai; oJmologou'sin aujto;n Cristovn.Kai; ga;r a} pavscomen pavnta, ajnairouvmenoi uJpo; tw'n oijkeivwn, proei'pen hJmi'nmevllein genevsqai, wJ" kata; mhdevna trovpon ejpilhvyimon aujtou' lovgon h]pra'xin faivnesqai. 8 Dio; kai; uJpe;r uJmw'n kai; uJpe;r tw'n a[llwn aJpavntwnajnqrwvpwn tw'n ejcqrainovntwn hJmi'n eujcovmeqa, i{na metagnovnte" su;n hJmi'n mh;blasfhmh'te to;n diav te tw'n e[rgwn3 kai; tw'n ajpo;4 tou' ojnovmato" aujtou' kai;nu'n ginomevnwn dunavmewn kai; ajpo; tw'n th'" didach'" lovgwn kai; ajpo; tw'nprofhteuqeisw'n eij" aujto;n profhteiw'n a[mwmon kai; ajnevgklhton kata;pavnta Cristo;n jIhsou'n, ajlla; pisteuvsante" eij" aujto;n ejn th'/ pavlingenhso-[p. 130 : B]-mevnh/ ejndovxw/ aujtou' [fol. 85 v° : A] parousiva/ swqh'te kai;mh; katadikasqh'te eij" to; pu'r uJp! aujtou'.

36. 1 − Kajkei'no" ajpekrivnato : [Estw kai; tau'ta ou{tw" e[conta wJ" levgei",kai; o{ti paqhto;" Cristo;;" proefhteuvqh mevllein ei\nai, kai; livqo" kevlklhtai5,kai; e[ndoxo" meta; th;n prwvthn aujtou' parousivan, ejn h|/ paqhto;" faivnesqaikekhvrukto, ejleusovmeno" kai; krith;" pavntwn loipo;n kai; aijwvnio" basileu;"6

kai; iJereu;" genhsovmeno" : eij ou|to" dev ejsti peri; ou| tau'ta proefhteuvqh,ajpovdeixon.2 − Kajgwv : JW" bouvlei, w\ Truvfwn, ejleuvsomai pro;" a}" bouvlei tauvta"7

ajpodeivxei" ejn tw'/ aJrmovzonti tovpw/, e[fhn : ta; nu'n8 de; sugcwrhvsei" moiprw'ton ejpimnhsqh'nai w|nper bouvlomai profhteiw'n, eij" ejpivdeixin9 o{ti kai;qeo;" kai; kuvrio" tw'n dunavmewn oJ Cristo;" kai; jIakw;b kalei'tai ejn parabolh'/uJpo; tou' aJgivou pneuvmato", kai; oiJ par! uJmi'n ejxhghtaiv, wJ" qeo;" boa'/,ajnovhtoiv eijsi, mh; eij" to;n Cristo;n eijrh'sqai levgonte" ajll! eij" Salomw'na10,o{te eijsevfere th;n skhnh;n tou' marturivou eij" to;n nao;n o}n wj/kodovmhsen.

1 Filosofei' ...fevrein : filosofei'n ...fevrei prop. Thirlb. 2 {Wste prop. Mar., coni. Otto, Arch.,Marc. : w{" codd., cett. edd. (cf. 44, 4) 3 Tw'n e[rgwn : t. e[. aujtou' Marc. 4 jApo; (cf. 64, 1 et 117,3 : ajpo; tou' ojnovmato" aujtou') : ejpi; prop. Pearson, coni., Marc. (ex Dial 35, 3 et 82, 2 = Matth. 24,5 : ejpi; tw'/ ojnomavtiv mou) 5 Kai; o{ti paqhto;" ...proefhteuvqh ...kai; livqo" kevklhtai : kai; o{tilivqo" ...kevklhtai (kekhvruktai Thirlb.), kai; paqhto;" proefhteuvqh prop. Otto 6 Krith;"pavntwn, loipo;n kai; Otto, Arch. (trad.) : krith;" pavntwn loipon, kai; cett. edd. k. p. l. kai; codd.k. p. kai; aijwvnio" loipo;n basileu;" Thirlb. 7 Tauvta" : del. Marc. 8 Ta; nu'n : tanu'n Otto, Arch.9 jEpivdeixin : ajpovdeixin prop. Thirlb. 10 Salomw'na : Solomw'na Mign., Otto, Arch., Goodsp.,Marc. (hic et infra : 36, 5).

273

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 35, 6-36, 2

d'après le père de son système, porter le nom de la philosophie qu'il professe.7 Par là, comme je viens de le dire, nous savons que Jésus prévoyait aussi24 cequi adviendrait après lui, mais aussi à partir de nombreuses autres chosesdont il a prédit l'accomplissement pour ceux qui croient et confessent qu'ilest Christ. Tout ce que nous souffrons, lorsque nous sommes mis à mort aparnos proches, il nous a prédit, en effet, que cela arriverait : aussi son langagecomme son action n'apparaissent-ils en rien dignes de reproches. 8 C'estpourquoi, pour vous et pour tous les autres hommes qui se font nosennemis, nous prions25, afin que vous repentant avec nous vous neblasphémiez point26 celui qui, par les actes et les prodiges aujourd'hui encoreaccomplis en son nom, par les paroles de son enseignement, et les prophétiesprophétisées sur lui, est en tout point bl'irréprochable et inattaquable27 ChristJésus ; mais qu'au contraire, ayant cru en lui, vous soyez sauvés lors de saseconde parousie qui se fera cdans la gloire28, et ne soyez pas condamnés au feupar lui29.

Le Psaume 23 n’est pas dit de Salomon,mais du Christ et de son Ascension.

36. 1 Il répondit :— Admettons1, là encore, qu'il en soit comme tu le dis, et qu'un Christ

souffrant2 ait été annoncé, qu'il soit appelé pierre3, et qu'après sa premièreparousie dans laquelle, est-il annoncé, il apparaît souffrant, il doit revenirglorieux4, djuge de tous5, puis eroi6 et fprêtre éternel7. Mais si ce Jésus est bienl'objet de la prophétie, démontre-le.

2 Et moi : — Comme tu le veux, Tryphon, j'aborderai en leur lieu cesdémonstrations que tu demandes, repris-je. Pour l'instant tu me permettrasde rappeler d'abord ces prophéties que j'ai en vue, pour montrer que parl'Esprit Saint le Christ, en parabole8, est appelé Dieu9, gSeigneur des puissances10

et encore hJacob11. Vos commentateurs, comme le crie Dieu, sontiinintelligents12, eux qui prétendent que ces paroles se rapportent non au Christ,mais à Salomon13, jlorsqu'il introduisit la tente du témoignage dans le templequ'il avait fait bâtir14.

a Cf. Matth. 10, 21-22.36 ; Lc. 12, 53 ; Mich. 7, 6 b cf. Col. 1, 22 ? c cf. Is. 33, 17 ; Matth. 25,31 d cf. Act. 10, 42 e cf. Ps. 71, 1 f cf. Ps. 109, 4 g cf. Ps. 23, 10 h cf. Ps. 23, 6i cf. Jér. 4, 22 j cf. III Rois 8, 3-11 et II Chr. 5, 4-14.

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JUSTIN MARTYR

3 [Esti de; yalmo;" tou' Dauid ou|to" : (Ps. 23, 1)Tou' kurivou hJ gh' kai; to;plhvrwma aujth'", hJ oijkoumevnh kai; pavnte" oiJ katoikou'nte" ejn aujth'/.(2)Aujto;" ejpi; qalassw'n ejqemelivwsen aujthvn, kai; ejpi; potamw'n hJtoivmasenaujthvn. (3)Tiv" ajnabhvsetai eij" to; o[ro" tou' kurivou, h] tiv" sthvsetai ejn tovpw/[fol. 86 r° : A] aJgivw/ aujtou' _ (4)ajqw'/o" cersi; kai; kaqaro;" th'/ kardiva/, o}" oujke[laben ejpi; mataivw/ th;n yuch;n aujtou' kai; oujk w[mosen ejpi; dovlw/ tw'/ plhsivonaujtou'. 4 (5)Ou|to" lhvyetai eujlogivan para; kurivou kai; ejlehmosuvnhn para;qeou' swth'ro" aujtou'. (6)Au{th hJ genea; zhtou'ntwn to;n kuvrion, zhtou'ntwn to;provsw-[p. 131 : B]-pon tou' qeou' jIakwvb. (7) [Arate puvla", oiJ a[rconte" uJmw'n,kai; ejpavrqhte, puvlai aijwvnioi, kai; eijseleuvsetai oJ basileu;" th'" dovxh".(8)Tiv" ejstin ou|to" oJ Basileu;" th'" dovxh" _ kuvrio" krataio;" kai; dunato;" ejnpolevmw/. (9) [Arate puvla" oiJ a[rconte" uJmw'n, kai; ejpavrqhte puvlai aijwvnioi,kai; eijseleuvsetai oJ basileu;" th'" dovxh". (10)Tiv" ejstin ou|to" oJ basileu;"th'" dovxh" _ kuvrio" tw'n dunavmewn, aujtov" ejstin oJ basileu;;" th'" dovxh".5 Kuvrio" ou\n tw'n dunavmewn o{ti oujk e[stin oJ Salomwvn, ajpodevdeiktai1,

ajlla;2 oJ hJmevtero" Cristo;". {Ote3 ejk nekrw'n ajnevsth kai; ajnevbainen eij" to;noujranovn, keleuvontai oiJ ejn toi'" oujranoi'" tacqevnte" uJpo; tou' qeou' a[rconte"ajnoi'xai ta;" puvla" tw'n oujranw'n, i{na eijsevlqh/ ou|to" o{" ejsti basileu;" th'"dovxh", kai; ajnaba;" kaqivsh/ ejn dexiva/ tou' patrov", e{w" a]n qh'/ tou;" ejcqrou;"uJpopovdion tw'n podw'n aujtou', wJ" dia; tou' a{llou yalmou' dedhvlwtai.6 jEpeidh; ga;r oiJ ejn oujranw'/ a[rconte" eJwvrwn ajeidh' kai; a[timon to; ei\do" kai;a[doxon e[conta aujtovn, [fol. 86 v° : A] ouj gnwrivzonte" aujtovn, ejpunqavnonto :Tiv" ejstin ou|to" oJ basileu;" th'" dovxh" _ Kai; ajpokrivnetai aujtoi'" to;pneu'ma to; a{gion h] ajpo; proswvpou tou' patro;" h] ajpo; tou' ijdivou : Kuvrio"tw'n dunavmewn, aujto;" ou|tov" ejstin oJ basileu;" th'" dovxh". {Oti ga;r ou[teperi; Salomw'no", ejndovxou ou{tw basilevw" o[nto", ou[te peri; th'" skhnh'" tou'marturivou tw'n ejfestwvtwn tai'" puvlai" tou' naou' tw'n JIerosoluvmwnejtovlmhsen a[n ti" eijpei'n : Tiv" ejstin ou|to" oJ basileu;" th'" dovxh" _ pa'"oJstisou'n oJmologhvsei.

37. 1 Kai; ejn diayavlmati tessarakostou' e{ktou yalmou', e[fhn, [p. 132 : B]eij" to;n Cristo;n ou{tw" ei[rhtai : (Ps. 46, 6) jAnevbh oJ qeo;" ejn ajlalagmw'/,kuvrio" ejn fwnh'/ savlpiggo". (7)Yavlate tw'/ qew'/ hJmw'n, yavlate, yavlate tw'/basilei' hJmw'n, yavlate. (8) {Oti basileu;" pavsh" th'" gh'" oJ qeov", yavlate

1 jApodevdeiktai : post Cristov" transp. Marc. 2 jAlla; : ajll! Otto 3 {Ote : o}" o{te prop.Thirlb., coni. Marc.

275

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 36, 3-37, 1

3 Voici ce psaume de David : (Ps. 23, 1)Au Seigneur la terre et ce qui la remplit, lemonde et tous ses habitants. (2)C'est lui qui l'a fondée sur les mers, et sur les fleuves l'adisposée. (3)Qui montera à la montagne du Seigneur, qui se tiendra en son lieu saint ?(4)Celui qui a les mains innocentes et le cœur pur, qui n'a pas reçu en vain son âme et n'apoint fait de serments de ruse à son prochain. 4 (5)Celui-là obtiendra du Seigneurbénédiction, et miséricorde de Dieu son Sauveur15. (6)Telle est la race de ceux qui cherchentle Seigneur, qui cherchent la face du Dieu de Jacob16. (7)Levez vos portes, princes, levez-vous, portes éternelles, et le Roi de gloire entrera. (8)Qui est-il, ce Roi de gloire ? C'est leSeigneur fort et puissant à la guerre. (9)Levez vos portes, princes, levez-vous, porteséternelles, et le Roi de gloire entrera. (10)Qui est-il ce Roi de gloire ? Le Seigneur despuissances, voilà le Roi de gloire17.

5 Que le aSeigneur des puissances, n'est pas Salomon mais notre Christ, c'estdonc démontré18 : à l'instant où ce dernier ressuscitait d'entre les morts19,montant au ciel20, les bprinces établis par Dieu dans les cieux reçoivent21 l'ordred'ouvrir les cportes des cieux, afin qu'il dentre celui qui est eRoi de gloire, et montefs'asseoir à la droite du Père, gjusqu'à ce qu'il fasse de ses ennemis l'escabeau de ses pieds,comme il a été montré par l'autre psaume22. 6 Lorsqu'en effet les hprinces quisont au ciel le voyaient isans apparence23, sans honneur et sans gloire24, en sonapparence, ils demandaient, ne le reconnaissant pas : jQui est-il, ce Roi de gloire ?L'Esprit Saint alors leur répond, soit au nom du Père, soit en son nompropre25 : kLe Seigneur des puissances, voilà le roi de gloire. Ce n'est pas en effet deSalomon, si glorieux fût-il en sa royauté, ni de la tente du témoignage que l'unde ceux qui se trouvent près des portes du Temple de Jérusalem aurait pu direlQui est-il, ce Roi de gloire ? N'importe qui en conviendra26.

Les Psaumes 46 et 98 se rapportent au Christ.

37. 1 Au diapsalma1 du Psaume 46, continuai-je, voici ce qui est dit duChrist :

(Ps. 46, 6)Dieu est monté au bruit des instruments de musique, le Seigneur au son de latrompette. (7)Chantez pour notre Dieu, chantez, chantez pour notre roi, chantez ! (8)CarDieu est roi de toute la terre, chantez avec clarté. (9)Dieu a régné sur les nations, Dieu est

a Cf. Ps. 23, 10 b ibid., 7.9 c ibid., 7.9 d ibid., 7.9 e ibid., 7.8.9.10 f cf. Ps. 109, 1 g ibid.h Ps. 23, 7.9 i cf. Is. 53, 2-3 j Ps. 23, 8.10 k ibid., 10 l ibid., 8.10.

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JUSTIN MARTYR

sunetw'". (9) jEbasivleusen oJ qeo;" ejpi; ta; e[qnh, oJ qeo;" kavqhtai ejpi; qrovnouaJgivou aujtou'. (10) [Arconte" law'n sunhvcqhsan meta; tou' qeou' jAbraavm, o{titou' qeou' oiJ krataioi; th'" gh'" sfovdra ejph/vrqhsan1.2 Kai; ejn ejnenhkostw'/ ojgdovw/ yalmw'/ ojneidivzei uJma'" to; pneu'ma to; a{gion,

kai; tou'ton, o}n mh; qevlete basileva ei\nai, basileva kai; kuvrion kai; tou'Samouh;l kai; tou' jAarw;n kai; Mwu>sevw"2 kai; tw'n a[llwn pavntwn aJplw'"o[nta mhnuvei.3 Eijsi; de; oiJ lovgoi tou' yalmou' ou|toi : (Ps. 98, 1) JO kuvrio" ejbasivleusen,

ojrgizev-[fol. 87 r° : A]-sqwsan laoiv : oJ kaqhvmeno" ejpi; tw'n ceroubivm,saleuqhvtw hJ gh'. (2)Kuvrio" ejk3 Siw;n mevga" kai; uJyhlov" ejstin ejpi; pavnta"tou;" laouv". (3) jExomologhsavsqwsan tw'/ ojnovmativ sou tw'/ megavlw/, o{tifobero;n kai; a{giovn ejsti, (4)kai; timh; basilevw" krivsin ajgapa'/. Su; hJtoivmasa"eujquvthta<">4, krivsin kai; dikaiosuvnhn ejn jIakw;b su; ejpoivhsa"5. (5) JUyou'tekuvrion to;n qeo;n hJmw'n kai; proskunei'te tw'/ uJpopodivw/ tw'n podw'n aujtou', o{tia[giov" ejsti. 4 (6)Mwsh'"6 kai; jAarw;n7 ejn toi'" iJereu'sin aujtou', kai; Samouh;lejn toi'" ejpikaloumevnoi" to; o[noma aujtou' : ejpekalou'nto, fhsi;n hJ grafhv,to;n kuvrion, kai; aujto;" eijshvkouen8 aujtw'n. (7) jEn stuvlw/ nefevlh" ejlavlei pro;"aujtouv" : ejfuvlasson9 ta; martuvria aujtou', kai; to; provstagma10 o} e[dwkenaujtoi'". (8)Kuvrie oJ qeo;" hJmw'n, su; ejphvkoue" aujtw'n : oJ qeov", su; eujivlato"ejgevnou aujtoi'" kai; ejkdikw'n ej-[p. 133 : B]-pi; pavnta ta; ejpithdeuvmata aujtw'n.(9) JUyou'te kuvrion to;n11 qeo;n hJmw'n kai; proskunei'te eij" o[ro" a{gion aujtou',o{ti a{gio" kuvrio" oJ qeo;" hJmw'n.

38. 1 − Kai; oJ Truvfwn ei\pen : \W a[nqrwpe, kalo;n h\n peisqevnta" hJma'" toi'"didaskavloi", nomoqethvvsasi mhdeni; ejx uJmw'n oJmilei'n, mhdev soi touvtwnkoinwnh'sai tw'n lovgwn : blavsfhma ga;r polla; levgei", to;n staurwqevntatou'ton ajxiw'n peivqein hJma'" gegenh'sqai meta; Mwu>sevw"12 kai; [fol. 87 v° : A]jAarw;n kai; lelalhkevnai aujtoi'" ejn stuvlw/ nefevlh", ei\ta a[nqrwpongenovmenon staurwqh'nai, kai; ajnabebhkevnai eij" to;n oujranovn, kai; pavlinparagivnesqai13 ejpi; th'" gh'", kai; proskunhto;n ei\nai.

1 jEphv/rqhsan Otto : ejph/'rqhsan Arch. ejphvrqhsan cett. edd. 2 Mwu>sevw" : Mwu>sevo" codd.Mwsevw" Arch. 3 jjEk : ejn Steph., Mar., Mign., Otto, Arch., Marc. (ex LXX et Dial. 64, 4)4 Eujquvthta" corr. Steph. (ex LXX) : eujquvthta codd., Goodsp. 5 jEpoivhsa" add. in marg. A6 Mwsh'" : Mwu>sh" Otto, Mign., Goodsp. 7 jAarw;n : jAarw; B 8 Eijshvkouen : eijshvkoue B.9 jEfuvlasson codd., edd. ab Otto, Troll. : o{ti ejfuvlasson cett. edd. (corr. Steph.) 10 To;provstagma : t. p. aujtou' Dial. 64, 4. 11 To;n : om. Mor., Mar. 12 Mwu>sevw" : Mwu>sevo" codd.Mwsevw" Arch. 13 Paragivnesqai : paragenhvsesqai prop. Sylb., Otto.

277

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 37, 1-38, 1

assis sur son trône saint. (10)Les princes des peuples se sont assemblés avec le Dieud'Abraham, car les puissants de la terre sont à Dieu, ils ont été souverainement élevés2.

2 Au Psaume 98 également, l'Esprit Saint vous adresse des reproches, etcelui dont vous ne voulez pas qu'il soit roi, il le déclare aroi et bSeigneur decSamuel, d'Aaron, de Moïse et de tous les autres en un mot.

3 Voici les paroles du psaume : (Ps. 98, 1)Le Seigneur a régné, que les peupless'irritent ! Celui qui siège sur les chérubins − que la terre tressaille. (2)De3 Sion, leSeigneur est grand, élevé au-dessus de tous les peuples. (3)Qu'on célèbre ton grand nom, caril est redoutable et saint, (4)et l'honneur du roi aime le jugement. Tu as préparé lesdroitures, le jugement et la justice en Jacob, c'est toi qui les as accomplis. (5)Exaltez leSeigneur, notre Dieu, prosternez-vous devant l'escabeau de ses pieds, car il est saint.4 (6)Moïse et Aaron étaient parmi ses prêtres, et Samuel parmi ceux qui invoquent sonnom. Ils invoquaient, dit l'Écriture4, le Seigneur, et il les exauçait. (7)Dans une colonnede nuée, il leur parlait ; ils observaient ses témoignages5, et le précepte qu'il leur avaitdonné. (8)Seigneur notre Dieu, tu les exauçais ; Dieu, tu fus pour eux propice, faisantjustice de tout ce qu'ils accomplissaient. (9)Exaltez le Seigneur notre Dieu, et prosternez-vous vers sa montagne sainte, car il est saint, le Seigneur notre Dieu6.

Le Psaume 44 se rapporte au Christ.

38. 1 Tryphon dit alors :— Ami, il eût mieux valu suivre le conseil des didascales qui ont

recommandé de ne fréquenter aucun d'entre vous1, et ne point nous engagerdans cette conversation avec toi. Car tu ne fais que proférer un multipleblasphème2, en croyant nous persuader que ce crucifié détait avec Moïse etAaron, leur a eparlé dans une colonne de nuée, puis, fait fhomme3, a été crucifié, estgremonté au ciel, qu'il revient sur la terre et qu'il est digne d'être adoré4.

a Cf. Ps. 98, 1.4 b ibid., 1.2.5.6.8.9 c ibid., 6 d cf. Ps. 98, 6 e ibid., 7 f cf. Is. 53, 3g cf. Ps. 46, 6 ?

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JUSTIN MARTYR

2 − Kajgw; ajpekrinavmhn : Oi\da o{ti, wJ" tou' qeou' Lovgo" e[fh, kevkruptaiajf! uJmw'n, hJ sofiva hJ megavlh au{th tou' poihtou' tw'n o{lwn kai;pantokravtoro" qeou'. Dio; sumpaqw'n uJmi'n proskavmnein ajgwnivzomai o{pw" ta;paravdoxa hJmw'n tau'ta nohvshte, eij de; mhv, i{na ka]n aujto;" ajqw/'o" w\/ ejn hJmevra/krivsew". [Eti ga;r kai; paradoxotevrou" dokou'nta" a[llou" lovgou"ajkouvsete : mh; taravs<s>esqe1 dev, ajlla; ma'llon proqumovteroi ginovmenoi2

ajkroatai; kai;3 ejxetastai; mevnete, katafronou'nte" th'" paradovsew" tw'nuJmetevrwn didaskavlwn, ejpei; ouj4 ta; dia; tou' qeou'5 uJpo; tou' profhtikou'pneuvmato" ejlevgcontai noei'n dunavmenoi, ajlla; ta; i[dia ma'llon didavskeinproairouvmenoi.3 jEn tessarakostw'/ ou\n tetavrtw/ yalmw'/ oJmoivw" ei[rhtai eij" to;n

Cristo;n tau'ta : (Ps. 44, 2) jExhreuvxato hJ kardiva mou lovgon ajgaqovn : levgwejgw; ta; e[rga mou tw'/ basilei'. JH glw'ssav mou kavlamo" grammatevw"[p. 134 : B] ojxugravfou. (3) JWrai'o" kavllei para; tou;" uiJou;" tw'n ajnqrwvpwn,ejxecuvqh cavri" ejn ceivlesiv sou : dia; tou'to eujlovghsev se oJ qeo;" eij" to;naijw'na. (4)Perivzwsai [fol. 88 r° : A] th;n rJomfaivan sou ejpi; to;n mhrovn sou,dunatev, th'/ wJraiovthtiv sou6 kai; tw'/ kavllei sou : (5)kai; e[nteine kai;kateuodou' kai; basivleue, e{neken ajlhqeiva" kai; praovthto" kai; dikaiosuvnh" :kai; oJdhghvsei se qaumastw'" hJ dexiav sou, (6)ta; bevlh sou hjkonhmevna,dunatev, laoi; uJpokavtw sou pesou'ntai7, ejn kardiva/ tw'n ejcqrw'n tou'basilevw". 4 (7) JO qrovno" sou, oJ qeov", eij" to;n aijw'na tou' aijw'no" : Jravbdo"eujquvthto" hJ Jravbdo" th'" basileiva" sou. (8) JHgavphsa" dikaiosuvnhn kai;ejmivshsa" ajnomivan : dia; tou'to e[crisev se, < oJ qeov" >8, oJ qeov" sou e[laionajgalliavsew" para; tou;" metovcou" sou. (9)Smuvrnan kai; stakth;n kai; kasivanajpo; tw'n iJmativwn sou, ajpo; bavrewn ejlefantivnwn, ejx w|n eu[franavn se.(10)Qugatevre" basilevwn ejn th'/ timh'/ sou : parevsth hJ basivlissa ejk dexiw'nsou, ejn iJmatismw'/ diacruvsw/ peribeblhmevnh, pepoikilmevnh. (11) [Akouson,quvgater, kai; i[de kai; kli'non to; ou\" sou, kai; ejpilavqou tou' laou' sou kai; tou'oi[kou tou' patrov" sou : (12)kai; ejpiqumhvsei oJ basileu;" tou' kavllou"

1 Taravssesqe edd. : taravsesqe codd. 2 Ginovmenoi : genovmenoi Mor., Mar. 3 Kai; : om. Arch.4 Ouj ...dunavmenoi ...ajlla; ...proairouvmenoi : mh; dunavmenoi ...ajlla; ...proairouvmenoi (ouj deleto)Marc. 5 Ta; dia; tou' qeou' (cf. 34, 1 : to;n dia; Mwu>sevo" ; 35, 2 : ta; ajpo; tw'n th'" plavnh"pneumavtwn) : ta; diatavgmata [sive didavgmata] tou' qeou' vel ta; tou' qeou' dia; tou' profhtikou'pneuvmato" prop. Thirlb. ta; didaskovmena dia; tou' qeou' prop. Mar. 6 Dunatev : th'/ wJraiovthtivsou ..., kai; e[nteine Mar., Mign., Otto, Arch., Goodsp. : dunatev, ...kai; tw'/ kavllei sou... kai;e[nteine Marc. dunatev, th'/ wJraiovthtiv sou... : kai; e[nteine codd., cett. edd. 7 Laoi; − pesou'ntai insemicirculis Marc 8 JO qeov" add. Mar., Otto, Troll., Arch. (ex LXX, Dial. 56, 14 ; 63, 4 ; 86, 3) :om codd., cett. edd.

279

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 38, 2-38, 4

2 Je répondis :— Je sais que, comme l'a dit le Verbe de Dieu5, cette grande asagesse du

Créateur de l'univers et Dieu Tout-Puissant vous demeure cachée6. Aussi ai-jepitié de vous, redoublant d'efforts pour que vous compreniez nosparadoxes7, et, si je n'y parviens pas, pour être du moins trouvé binnocent aucjour du jugement8. Vous aurez à entendre d'autres paroles aussi qui voussembleront plus paradoxales encore9. Ne vous en troublez pas ; mais plutôt,écoutant d'autant mieux, interrogez toujours, et méprisez la tradition10 de vosdidascales, car ils sont convaincus par l'Esprit Saint de ne pouvoircomprendre ce qui procède de Dieu, mais de s'attacher plutôt àdl'enseignement de leurs propres idées11.

3 Ainsi, au Psaume 44, il est de même parlé du Christ en ces termes : (Ps. 44,2)Mon cœur a exhalé une bonne parole12. Je dis : mes œuvres sont au roi. Ma langue est leroseau d'un habile scribe. (3)Ravissant de beauté plus que les fils des hommes, la grâce futrépandue sur tes lèvres. C'est pourquoi Dieu t'a béni pour toujours. (4)Ceins ton glaive surta cuisse, ô puissant, dans ta splendeur et ta beauté. (5)Élance-toi, chemine heureusement, etrègne, pour la vérité, la douceur et la justice. Ta droite te conduira merveilleusement. (6)testraits sont aiguisés, ô puissant, des peuples tomberont sous toi, dans le cœur des ennemis duroi. 4 (7)Ton trône, Dieu, est pour l'éternité de l'éternité. C'est un sceptre d'équité que lesceptre de ta royauté. (8)Tu as aimé la justice et haï l'iniquité. C'est pourquoi, Dieu, tonDieu t'a oint d'une huile d'allégresse, de préférence à tes compagnons13. (9)Myrrhe, aloès etcasse s'exhalent de tes habits, des ivoires massifs dont ils t'ont réjoui. (10)Des filles de roissont en honneur auprès de toi ; à ta droite se tient la reine, enveloppée d'un manteau tisséd'or, et parée de couleurs variées. (11)Écoute, fille, regarde, et penche ton oreille. Oublie tonpeuple et la maison de ton père. (12)Le roi désirera ta beauté, car c'est

a Cf. Is. 29, 14 ; I Cor. 2, 7 ; 1, 19.21 b Ps. 23, 4 c Matth. 12, 36 ; cf. Mal. 4, 5 d cf. Is. 29,13 ; Matth. 15, 9 ; Mc. 7, 7.

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JUSTIN MARTYR

sou, o{ti aujtov" ejsti kuvriov" sou, (13)kai; proskunhvsousin1 aujtw'//. 5 Kai;qugavthr Tuvrou ejn dwvroi" : to; provswpovn sou litaneuvsousin oiJ plouvsioitou' laou'. (14)Pa'sa hJ dovxa th'" qugatro;" tou' basilevw" e[swqen, ejnkros<s>wtoi'"2 crusoi'" peribeblhmevnh, pepoikilmevnh. [fol. 88 v° : A](15) jApenecqhvsontai tw'/ basilei' parqevnoi ojpivsw aujtou'3 : aiJ plhsivon aujth'"ajpenecqhvsontaiv soi. (16) jApenecqhvsontai ejn eujfrosuvnh/ kai; ajgalliavsei,[p. 135 : B] ajcqhvsontai eij" nao;n basilevw". (17) jAnti; tw'n patevrwn souejgennhvqhsan oiJ uiJoiv sou : katasthvsei" aujtou;" a[rconta" ejpi; pa'san th;ngh'n. (18)Mnhsqhvsomai tou' ojnovmatov" sou ejn pavsh/ genea'/ kai; genea'/ : dia;tou'to laoi; ejxomologhvsontaiv soi eij" to;n aijw'na kai; eij" to;n aijw'na tou'aijw'no".

39. 1 Kai; oujde;n qaumastovn, ejpei'pon, eij kai; hJma'" misei'te, tou;" tau'tanoou'nta" kai; ejlevgconta" uJmw'n th;n ajei; sklhrokavrdion gnwvmhn. Kai; ga;rJHliva"4 peri; uJmw'n pro;" to;n qeo;n ejntugcavnwn ou{tw" levgei : Kuvrie, tou;"profhvta" sou ajpevkteinan kai; ta; qusiasthvriav sou katevskayan : kajgw;uJpeleivfqhn movno", kai; zhtou'si th;n yuchvn mou. Kai; ajpokrivnetai aujtw'/ :[Eti eijsiv moi eJptakiscivlioi a[ndre", oi} oujk e[kamyan govnu th'/ Baval. 2 }Onou\n trovpon dia; tou'" eJptakiscilivou" ejkeivnou" th;n ojrgh;n oujk ejpevfere tovteoJ qeov", to;n aujto;n trovpon kai; nu'n oujdevpw th;n krivsin ejphvnegken h] ejpavgei,ginwvskwn e[ti kaq! hJmevran tina;" maqhteuomevnou" eij" to; o[noma tou'Cristou' aujtou' kai; ajpoleivponta" th;n oJdo;n th'" plavnh", oi} kai; lambavnousidovmata e{kasto" wJ" a[xioiv eijsi, [fol. 89 r° : A] fwtizovmenoi dia; tou' ojnovmato"tou' Cristou' touvtou : JO me;n ga;r lambavnei sunevsew" pneu'ma, oJ de; boulh'",oJ de; ijscuvo", oJ de; ijavsew", oJ de; prognwvsew", oJ de; didaskaliva", oJ de; fovbouqeou'.3 − Kai; oJ Truvfwn pro;" tau'ta ei\pev moi : {Oti parafronei'" tau'ta

levgwn, ejpivstasqaiv se bouvlomai.4 − Kajgw; pro;" aujtovn : [Akouson, w\ ou|to", e[legon, o{ti ouj mevmhna oujde;

parafronw' : ajlla; meta; th;n tou' Cristou' eij" to;n oujrano;n ajnevleusinproefhteuvqh aijcmalwteu'sai aujto;n hJma'" ajpo; th'" plavnh" kai; dou'nai hJmi'ndov-[p. 136 : B]-mata. Eijsi; de; oiJ lovgoi ou|toi : jAnevbh eij" u{yo",hj/cmalwvteusen aijcmalwsivan, e[dwke dovmata toi'" ajnqrwvpoi". 5 OiJ labovnte"ou\n hJmei'" dovmata para; tou' eij" u{yo" ajnabavnto" Cristou' uJma'", tou;"

1 Proskunhvsousi : proskunhvsei" Dial. 63, 4 2 Krosswtoi'" Jebb, Thirlb., Troll., Mign., Otto,Marc. : kroswtoi'" codd., cett. edd. 3 Aujtou' codd., edd. ab Otto : aujth'" cett. edd., corr. Steph. (exLXX) 4 Kai; ga;r JHliva" : kai; ga;r kai; JHl. vel kai; JHl. ga;r prop. Sylb.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 38, 4-39, 5

lui ton Seigneur, (13)et on l'adorera. 5 La fille de Tyr vient avec des présents, et les richesdu peuple invoqueront ta face. (14)Toute la gloire de la fille du roi est au-dedans, enveloppéede franges tissées d'or, et parée de couleurs variées14. (15)Des vierges, pour le suivre, serontconduites au roi. Celles qui l'accompagnent te seront amenées. (16)Elles seront amenées enjoie et allégresse, et conduites au palais du roi. (17)Pour remplacer tes pères, tes fils furentengendrés. Tu les établiras princes sur toute la terre. (18)Je me souviendrai de ton nom danstoutes les générations. C'est pourquoi des peuples te reconnaîtront, pour l'éternité, et pourl'éternité de l'éternité15.

Si le jugement divin est retardé,c’est à cause de ceux qui « abandonnent la voie de l’erreur »

et reçoivent les dons de l’Esprit.

39. 1 Rien d'étonnant, continuai-je, si vous nous haïssez1, nous quicomprenons ces choses2 et vous reprochons la persistante dureté de cœur devotre jugement. C'est en ce sens qu'Élie, se tournant vers Dieu, dit à votresujet : aSeigneur, ils ont tué tes prophètes, et détruit tes autels. Moi seul suis resté, et ils enveulent à ma vie. Et il lui répond : bIl me reste sept mille hommes qui n'ont pas ployé legenou devant Baal. 2 Ainsi donc, de même qu'à cause de ces csept mille-là Dieun'exécuta pas alors son châtiment, de même, à présent aussi, s'il n'a pasencore exécuté ou ne met pas en œuvre son jugement, c'est qu'il sait quechaque jour3, il en est qui, instruits au nom de son Christ4, abandonnent lavoie de l'erreur5, reçoivent aussi des ddons, chacun selon qu'il en est digne6,illuminés7 par le nom de ce Christ. L'un reçoit l'esprit ed'intelligence, l'autre deconseil, l'autre de force, celui-là de guérison ; l'un de prescience, l'autre d'enseignement,cet autre encore celui de crainte de Dieu8.

3 A ces paroles, Tryphon me dit :— Ces propos ne sont que délire9, je veux que tu le saches.4 Je lui répondis :— Écoute, toi, là. Je ne suis pas ffou et ne délire point : il a été prophétisé

que le Christ, après son ascension au ciel, nous ferait ses captifs conquis surl'erreur et nous donnerait des dons. En voici les paroles : gIl est monté sur lahauteur, a fait captive la captivité10 et donné des dons aux hommes. 5 Nous donc, quiavons reçu des hdons du Christ monté sur la hauteur11, nous démontrons, à

a Cf. III Rois, 19, 10.14 ; Rom. 11, 3 b cf. Rom. 11, 4 ; III Rois, 19, 18 c cf. Rom. 11, 4 ; IIIRois, 19, 18 d Éphés. 4, 8 ; Ps. 67, 19 e Is. 11, 2-3 et I Cor. 12, 7-10.28 ; cf. Éphés. 4. 11f cf. Act. 26, 25 ? g Ps. 67, 19 ; Éphés. 4, 8 h Éphés. 4, 8 ; Ps. 67, 19.

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JUSTIN MARTYR

sofou;" ejn eJautoi'" kai; ejnwvpion eJautw'n ejpisthvmona", ajpo; tw'n profhtikw'nlovgwn ajpodeivknumen ajnohvtou" kai; ceivlesi movnon timw'nta" to;n qeo;n kai;to;n Cristo;n aujtou'. : hJmei'" de; kai; ejn e[rgoi" kai; gnwvsei kai; kardiva/ mevcriqanavtou, oiJ ejk pavsh" th'" ajlhqeiva" memaqhteumevnoi timw'men. 6 JUmei'" de;i[sw" kai; dia; tou'to distavzete oJmologh'sai o{ti ou|tov" ejstin oJ Cristov", wJ"aiJ grafai; ajpodeiknuvousi kai; ta; fainovmena kai; ta; ginovmena ejpi; tw'/ojnovmati aujtou', i{na mh; diwvkhsqe [fol. 89 v° : A] uJpo; tw'n ajrcovntwn, oi} oujpauvsontai ajpo; th'" tou' ponhrou' kai; plavnou pneuvmato", tou' o[few",ejnergeiva" qanatou'nte" kai; diwvkonte" tou;" to; o[noma tou' Cristou'oJmologou'nta", e{w" pavlin parh'/ kai; kataluvsh/1 pavnta" kai; to; kat! ajxivaneJkavstw/ prosneivmh/.7 − Kai; oJ Truvfwn : [Hdh ou\n to;n lovgon ajpovdo" hJmi'n, o{ti ou|to", o}n fh'/"

ejstaurw'sqai kai; ajnelhluqevnai eij" to;n oujranovn, ejsti;n oJ Cristo;" tou' qeou'.{Oti ga;r kai; paqhto;" oJ Cristo;" dia; tw'n grafw'n khruvssetai, kai; meta;dovxh" pavlin paragivnesqai2, kai; aijwvnion th;n basileivan pavntwn tw'n ejqnw'nlhvyesqai, pavsh" basileiva" aujtw'/ uJpotassomevnh", iJkanw'" dia; tw'nproanistorhmevnwn uJpo; sou' grafw'n ajpodevdeiktai : o{ti de; ou|tov" ejstin,ajpovdeixon hJmi'n.8 − Kajgwv : jApodevdeiktai me;n h[dh, w\ a[ndre", toi'" w\ta e[cousi kai; ejk

tw'n oJmologoumevnwn uJf! uJmw'n : ajll! o{pw" mh; no-[p. 137 : B]-mivshte ajporei'nme kai; mh; duvnasqai kai; pro;" a} ajxiou'te ajpodeivxei" poiei'sqai, wJ"uJpescovmhn, ejn tw' proshvkonti tovpw/ poihvsomai, ta; nu'n3 de; ejpi; th;nsunavfeian w|n ejpoiouvmhn lovgwn ajpotrevcw.

40. 1 To; musthvrion ou\n tou' probavtou, o} to;4 pavsca quvein ejntevtaltai oJqeov", tuvpo" h\n tou' Cristou', ou| tw'/ ai{mati kata; to;n lovgon th'" eij" aujto;npivstew" crivontai [fol. 90 r° : A] tou;" oi[kou" eJautw'n, toutevstin eJautouv", oiJpisteuvonte" eij" aujtovn : o{ti ga;r to; plavsma, o} e[plasen oJ qeo;" to;n jAdavm,oi\ko" ejgevneto tou' ejmfushvmato" tou' para; tou' qeou', kai; pavnte" noei'nduvnasqe. Kai; o{ti provskairo" h\n kai; au{th hJ ejntolhv, ou{tw" ajpodeivknumi.

1 Kataluvsh/ edd. : kataluvsei codd. 2 Paragivnesqai : paragenhvsesqai prop. Thirlb. (ut supra 38,1), mevllei paragivnesqai Sylb. 3 Ta; nu'n : tanu'n Otto, Arch. 4 To; : tw'/ prop. Thirlb.

283

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 39, 5-40, 1

partir des paroles prophétiques, que asages en vous mêmes, et savants devant vous-mêmes, vous êtes, vous, binintelligents12, cn'honorant que des lèvres Dieu13 et sonChrist. Nous au contraire, qui avons de toute dvérité reçu l'enseignement14,nous el'honorons, jusqu'à la mort15, en œuvres, en connaissance, et dans notrefcœur16. 6 Pour vous, si vous hésitez à confesser qu'il est le Christ, comme leprouvent tant les Écritures que ce qui a été manifesté et accompli en sonnom17, c'est sans doute pour n'être pas être persécutés par les princes18 qui,sous l'influence19 de l'esprit mauvais et d'erreur20, le serpent21, ne cesserontpas de mettre à mort et de persécuter ceux qui confessent le nom du Christ,jusqu'à ce qu'il paraisse à nouveau, les gdétruise tous22, et rétribue chacunselon son mérite.

7 Tryphon : — Donne-nous donc, maintenant cette preuve que celui-ci,qui, dis-tu, a été crucifié et est monté au ciel, est bien le Christ de Dieu. Quele23 Christ, par les Écritures, soit annoncé hsouffrant, puis revenant iavecgloire24, pour recevoir le jroyaume éternel25 de ktoutes les nations, ltout royaume luiétant soumis26, les Écritures citées par toi le démontrent suffisamment. Maisqu'il s'agit bien de cet homme-là, démontre-le nous27 !

8 Moi : — C'est déjà démontré, amis, pour ceux mqui ont des oreilles, par celamême dont vous convenez28. Mais pour que vous n'alliez pas penser que jesuis dans l'embarras et ne puis apporter les preuves de ce que vousdemandez, je les apporterai, comme promis29, au lieu qui convient. Pourl'instant, je retourne vite à la suite de mon propos30.

La Passion du Christ était annoncée par le « mystère » de l’agneau pascal,et ses deux parousies par l’offrande des deux boucs.

40. 1 Donc, le mystère de l'agneau que Dieu a ordonné nd'immoler comme Pâqueétait type1 du « Christ »2. C'est avec son sang, qu'en raison de leur foi en lui,ceux qui croient en lui ooignent leurs propres maisons, c'est-à-dire eux-mêmes.Car la forme en laquelle pDieu a modelé Adam devint la qmaison3 du rsouffle quiprovenait de Dieu4, comme vous pouvez tous le comprendre. Ce précepte,lui aussi, n'était que provisoire5. Voici comment je le démontre :

a Cf. Is. 5, 21 b cf. Jér. 4, 22 c cf. Is. 29, 13 ; Matth. 15, 8 ; Mc. 7, 6 d cf. Jn. 8, 31 ; 14, 6 ;16, 13 ? e cf. Is. 29, 13 f ibid. g cf. I Jn. 3, 8 ? h cf. Is. 53, 3-4 i cf. Matth. 25, 31 ; Is. 33,17 j cf. Dan. 7, 14.27 k ibid., 14 l cf. Lc. 10, 17 m cf. Matth. 11, 15 etc. n cf. Exod. 12,21.27 ; Deut. 16, 2 ; I Cor. 5, 7 o cf. Exod. 12, 7.13.22 p cf. Gen. 2, 7 q cf. I Cor. 3, 16.17 ; 6,19 r cf. Gen. 2, 7.

284

JUSTIN MARTYR

2 Oujdamou' quvesqai to; provbaton tou' pavsca oJ qeo;" sugcwrei', eij mh; ejpi;tovpw/ w|/ ejpikevklhtai to; o[noma aujtou', eijdw;" o{ti ejleuvsontai hJmevrai meta; to;paqei'n to;n Cristovn, o{te kai; oJ tovpo" th'" JIerousalh;m toi'" ejcqroi'" uJmw'nparadoqhvsetai kai; pauvsontai a{pasai aJplw'" prosforai; ginovmenai. 3 Kai;to; keleusqe;n1 provbaton ejkei'no ojpto;n o{lon givnesqai tou' pavqou" tou'staurou' di! ou| pavscein e[mellen oJ Cristov", suvmbolon h\n. To; ga;rojptwvmenon provbaton schmatizovmenon oJmoivw" tw'/ schvmati tou' staurou'ojpta'tai : ei|" ga;r o[rqio" ojbelivsko" diaperona'tai ajpo; tw'n katwtavtwmerw'n mevcri th'" kefalh'", kai; ei|" pavlin kata; to; metavfrenon, w|/prosartw'ntai kai; aiJ cei're" tou' probavtou.4 Kai; oiJ ejn th'/ nhsteiva/ de; travgoi duvo o{moioi keleusqevnte" givnesqai, w|n

oJ ei|" ajpopompai'o" ejgivneto, oJ de; e{tero" eij" prosforavn, tw'n duvoparousiw'n tou' Cristou' kataggeliva h\san : mia'" mevn, ejn h|/ wJ"ajpopompai'on aujto;n [fol. 90 v° : A] parepev-[p. 138 : B]-myanto oiJ presbuvteroitou' laou' uJmw'n kai; oiJ iJerei'", ejpibalovnte" aujtw'/ ta;" cei'ra" kai;qanatwvsante" aujtovn, kai; th'" deutevra" de; aujtou' parousiva", o{ti2 ejn tw'/aujtw'/ tovpw/ tw'n JIerosoluvmwn ejpignwvsesqe3 aujtovn, to;n ajtimwqevnta uJf!uJmw'n, kai;4 prosfora; h\n uJpe;r pavntwn tw'n metanoei'n boulomevnwnaJmartwlw'n kai; nhsteuovntwn h}n katalevgei JHsai?a" nhsteivan, diaspw'nte"straggalia;" biaivwn sunallagmavtwn kai; ta; a[lla oJmoivw" ta;kathriqmhmevna uJp! aujtou', a} kai; aujto;" ajnistovrhsa, fulavssonte", a}poiou'sin oiJ tw'/ jIhsou' pisteuvonte". 5. Kai; o{ti kai; hJ tw'n duvo travgwn tw'nnhsteiva/5 keleusqevntwn prosfevresqai prosfora; oujdamou' oJmoivw"sugkecwvrhtai givnesqai eij mh; ejn JIerosoluvmoi", ejpivstasqe.

41. 1 Kai; hJ th'" semidavlew" de; prosforav, w\ a[ndre", e[legon, hJ uJpe;r tw'nkaqarizomevnwn ajpo; th'" levpra" prosfevresqai paradoqei'sa, tuvpo" h\n tou'a[rtou th'" eujvcaristiva", o}n eij" ajnavmnhsin tou' pavqou", ou| e[paqen uJpe;r tw'nkaqairomevnwn ta;" yuca;" ajpo; pavsh" ponhriva" ajnqrwvpwn, jIhsou'" Cristo;"oJ kuvrio" hJmw'n parevdwke poiei'n i{na a{ma te eujcaristw'men tw'/ qew'/ uJpevr tetou' to;n kovsmon ejktikevnai su;n pa'si toi'" ejn aujtw'/ [fol. 91 r° : A] dia; to;na[nqrwpon, kai; uJpe;r tou' ajpo; th'" kakiva", ejn h|/ gegovnamen,

1 Keleusqe;n : keleusqh'nai prop. Thirlb. At paulo infra kai; oiJ ...travgoi ...keleusqevnte" givnesqai(40, 4) 2 {Oti : o{te prop. Lange, Thirlb., coni. Marc. 3 jEpignwvsesqe Sylb., Otto, Arch.,Marc. (cf. 32, 2 : o{te ejpignwvsesqe eij" o}n ejxekenthvsate) : ejpignwsqhvsesqe cett. edd.ejpignwsqhvsesqai codd. 4 Kai; : o}" kai; prop. Mar., Otto kai; prosfora; de; coni. Marc.5 Nhsteiva/ : ejn nhsteiva/ Marc.

285

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 40, 2-41, 1

2 Dieu ne permet pas que al'agneau de la Pâque soit immolé ailleurs que dans lelieu où son nom est invoqué : c'est qu'il sait que bdes jours viendront, après que leChrist aura souffert, où le lieu de Jérusalem sera lui aussi livré à vos ennemis6

et où toutes les offrandes cesseront entièrement de se faire7. 3 De même, cetagneau qu'il fut prescrit de faire crôtir tout entier était un symbole de laPassion de la Croix dont le Christ devait pâtir8. Car l'agneau, lorsqu'il est rôti,l'est en formant une figure semblable à la figure9 de la Croix : l'une desbroches dressée le transperce depuis les membres inférieurs jusqu'à la tête,l'autre au travers du dos, et on y attache les pattes de l'agneau10.

4 Quant aux deux boucs11 semblables prescrits pour le jeûne12, l'undpropitiateur, l'autre comme eoffrande, ils annonçaient13 les deux parousies duChrist14. La première, d'abord, dans laquelle les fanciens de votre peuple et lesprêtres l'ont chassé comme propitiateur, gportant les mains sur lui15 et le mettant àmort16. Ensuite sa seconde parousie, car c'est sur le hlieu même deJérusalem17, que vous le i18reconnaîtrez, celui que vous avez déshonoré19 : il futjoffrande pour tous les pécheurs qui veulent faire pénitence, et jeûnent de cekjeûne que rapporte Isaïe, qui ldéfont les pièges des contrats de violence, en observantde même tous les autres préceptes, énumérés par lui, que j'ai déjàmentionnés20, et que mettent en pratique ceux qui croient en Jésus21. 5 Or,l'offrande des deux boucs prescrits pour le jeûne, il n'est pas permis non plusde la présenter, ailleurs qu'à Jérusalem : vous le savez également22.

L’Eucharistie était annoncée par l’offrande de farineTémoignage de Malachie.

La circoncision au huitième jour annonçait la Résurrection.

41. 1 De même, amis, dis-je, l'offrande de mfarine prescrite par la traditionpour ceux qui ont été npurifiés de la lèpre, était type du pain de l'action degrâces1. Jésus-Christ, notre oSeigneur, nous a confié la tradition2 de le faire3 enmémorial4 de la souffrance qu'il endura pour les hommes dont pl'âme se trouvepurifiée de toute tendance au mal5, afin que simultanément nous qrendions grâce àDieu6 d'avoir créé le monde7, avec tout ce qu'il renferme, pour l'homme8, de

a Cf. Deut. 16, 5-6 b cf. Jér. 31, 31 c cf. Exod. 12, 9 d cf. Lév. 16, 8.10 e cf. Lév. 16, 9f cf. Matth. 26, 47 ; Mc. 14, 43 g cf. Matth. 26, 50 ; Mc. 14, 46 h cf. Deut. 16, 6 i Zach. 12,10 ; Jn. 19, 37 ; cf. Apoc. 1, 7 j cf. Éphés. 5, 2 ? k cf. Is. 58, 3-6 l ibid., 6 m cf. Lév. 14, 10n ibid., 7 o cf. I Cor. 11, 23-24 ; Lc. 22, 19 p cf. Is. 1, 16 ? q cf. I Cor. 11, 24 ; Lc. 22, 19.

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JUSTIN MARTYR

hjleuqerwkevnai hJma'", kai; ta;" ajrca;" kai; ta;" ejxousiva" katalelukevnaiteleivan katavlusin dia; tou' paqhtou' genomevnou kata; th;n boulh;n aujtou'.2 {Oqen peri; me;n tw'n ujf! uJmw'n tovte prosferomevnwn qusiw'n levgei oJ qeov",wJ" proevfhn, dia; Malacivou, eJ-[p. 139 : B]-no;" tw'n dwvdeka : (Mal. 1, 10)Oujke[sti qevlhmav mou ejn uJmi'n, levgei kuvrio", kai; ta;" qusiva" uJmw'n oujprosdevxomai ejk tw'n ceirw'n uJmw'n : (11)diovti ajpo; ajnatolh'" hJlivou e{w"dusmw'n to; o[nomav mou dedovxastai ejn toi'" e[qnesi, kai; ejn panti; tovpw/qumivama prosfevretai tw'/ ojnovmativ mou kai; qusiva kaqarav, o{ti mevga to;o[nomav mou ejn toi'" e[qnesi, levgei kuvrio", (12)uJmei'" de; bebhlou'te aujtov.3 Peri; de; tw'n ejn panti; tovpw/ uJf! hJmw'n tw'n ejqnw'n prosferomevnwn aujtw'/qusiw'n, toutevsti tou' a[rtou th'" eujcaristiva" kai; tou' pothrivou oJmoivw" th'"eujcaristiva", prolevgei tovte, eijpw;n kai; to; o[noma aujtou' doxavzein hJma'",uJma'" de; bebhlou'n.4 JH de; ejntolh; th'" peritomh'", keleuvousa th'/ ojgdovh/ hJmevra/ ejk panto;"

peritevmnein ta; gennwvmena, tuvpo" h\n th'" ajlhqinh'" peritomh'", h}nperietmhvqhmen1 ajpo; th'" plavnh" kai; ponhriva" dia; tou' ajpo; nekrw'najnastavnto" th'/ mia'/ [fol. 91 v° : A] tw'n sabbavtwn hJmevra/ jIhsou' Cristou' tou'kurivou hJmw'n : miva ga;r tw'n sabbavtwn, prwvth me;n ou\sa2 tw'n pasw'nhJmerw'n, kata; to;n ajriqmo;n pavlin tw'n pasw'n hJmerw'n th'" kukloforiva"ojgdovh kalei'tai, kai; prwvth ou\sa mevnei.

42. 1 jAlla; kai; to; dwvdeka kwvdwna" ejxh'fqai tou' podhvrou" tou' ajrcierevw"paradedovsqai tw'n3 dwvdeka ajpostovlwn tw'n ejxafqevntwn ajpo; th'" dunavmew"tou' aijwnivou iJerevw" Cristou', di! w|n th'" fwnh'" hJ pa'sa gh' th'" dovxh" kai;cavrito" tou' qeou' kai; tou' Cristou' aujtou' ejplhrwvqh, suvmbolon h\n. Dio; kai; oJDaui`d levgei : Eij" pa'san th;n gh'n ejxh'lqen oJ fqovggo" aujtw'n kai; eij" ta;pevrata th'" oijkoumevnh" ta; rJhvmata aujtw'n. 2 Kai; oJ JHsai?a" wJ" ajpo;proswvpou tw'n [p. 140 : B] ajpostovlwn, legovntwn4 tw'/ Cristw'/ o{ti oujci; th'/ajkoh'/ aujtw'n pisteuvousin5 ajlla; th'/ aujtou' tou'6 pevmyanto" aujtou;" dunavmei,dia; tou'to7 levgei ou{tw" : (Is. 53, 1)Kuvrie, tiv" ejpivsteuse th'/ ajkoh'/ hJmw'n _ Kai;

1 Perietmhvqhmen : perietetmhvvqhmen Steph., Jebb 2 Me;n ou\sa prop. Thirlb., coni. Troll., edd. abOtto : mevnousa codd., cett. edd. (cf. 138, 1 : prwvth" uJparcouvsh") 3 Tw'n edd. : th'" tw'n codd.4 Legovntwn : levgwn, legovntwn Marc. 5 Pisteuvousin : p. a[nqrwpoi Marc. 6 Tou' : om. Mar.,Mign., Troll. 7 Dia; tou'to prop. Otto, coni. Arch. : dio; codd., cett. edd. dunavmei dhlonovti, levgeiprop. Thirlb.

287

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 41, 1-42, 2

nous avoir alibérés du mal où nous étions, et d'avoir définitivement détruit blesprincipautés et les puissances9 par Celui qui est devenu c« souffrant » selon savolonté10. 2 C'est pourquoi, au sujet des sacrifices que vous présentiezautrefois, Dieu, comme je l'ai indiqué, dit par la bouche de Malachie, l'un desdouze : (Mal. 1, 10)Ma volonté n'est point en vous, dit le Seigneur, et je n'accepterai pas vossacrifices de vos mains. (11)car depuis le lever du soleil jusqu'au couchant, mon nom estglorifié parmi les nations, et en tout lieu un sacrifice est offert en mon nom, un sacrifice pur,car mon nom est grand parmi les nations, dit le Seigneur, (12)tandis que vous, vous leprofanez11. 3 C'est au sujet des dsacrifices qui lui sont, en tout lieu, offerts par nousles nations, c'est-à-dire du epain de l'Eucharistie et aussi de la fcoupe del'Eucharistie, qu'il parle alors à l'avance, en disant aussi que nous gglorifions sonnom, htandis que vous, vous le profanez12.

4 Quant au précepte de la circoncision, qui ordonne de circoncire les enfantsile huitième jour exclusivement13, il était type de la circoncision véritable14, quinous circoncit de l'erreur et de la tendance au mal15, par celui qui estressuscité des morts le premier jour de la semaine16, Jésus-Christ, notreSeigneur. Car le premier jour de la semaine, tout en étant le premier desjours, lorsqu'on le compte à nouveau après tous les jours du cyclehebdomadaire, est appelé « huitième », sans pour autant cesser d'être lepremier17.

Les clochettes suspendues à la robe du Grand prêtresymbolisaient les douze apôtres suspendus à la puissance du Christ.

42. 1 De même encore la tradition de suspendre jdouze clochettes au longvêtement du Grand prêtre1 était un symbole des douze apôtres suspendus2 à lapuissance du Christ, kprêtre éternel, et dont la lvoix, emplissait mla terre entière dela ngloire et de la grâce de Dieu et de son Christ. Aussi David dit-il : oA toute laterre est allé l'écho de leur voix, et aux confins du monde leur paroles3. 2 C'est aussipourquoi Isaïe, parlant comme au nom des apôtres, qui déclarent au Christque ce n'est pas à ce qu'ils font entendre que l'on croit, mais à la puissance de Celuimême qui les envoie, s'exprime en ces termes : pSeigneur, qui a cru à ce

a Cf. Rom. 6, 18.22, etc. b cf. I. Cor. 15, 24 ; Éphés. 1, 21 ; 3, 10 ; Col. 1, 16 ; 2, 15 c cf. Is. 53,3-4 d Mal. 1, 11 e cf. Matth. 26, 26 ; Mc. 14, 22 ; Lc. 22, 19 ; I Cor. 11, 24 f cf. Matth. 26,27 ; Mc. 14, 23 ; Lc. 22, 20 ; I Cor. 11, 25 g cf. Mal. 1, 11 h Mal. 1, 12 i cf. Gen. 17, 12.14j cf. Exod. 28, 4.21.23[29].29[33].30[34] ; 36, 33.34[39, 25.26] k cf. Ps. 109, 4 l cf. Ps. 18, 4m ibid., 5 n ibid., 2 o ibid., 5 ; cf. Rom. 10, 18 p Is. 53, 1-2 ; cf. Jn. 12, 38 ; Rom. 10, 16.

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JUSTIN MARTYR

oJ bracivwn kurivou tivni ajpekaluvfqh _ (2) jAnhggeivlamen ejnwvpion1 aujtou' wJ"paidivon, wJ" rJivza ejn gh'/ diywvsh/, kai; ta; eJxh'" th'" profhteiva"prolelegmevna.3 To; de; eijpei'n to;n Lovgon wJ" ajpo; proswvpou pollw'n jAnhggeivlamen

ejnwvpion aujtou', kai; ejpagagei'n JW" paidivon, dhlwtiko;n tou' tou;" pollou;"2

uJphkovou" aujtou' [fol. 92 r° : A] genomevnou" uJphreth'sai th'/ keleuvsei aujtou'kai; pavnta" wJ" e}n paidivon gegenh'sqai. JOpoi'on kai; ejpi; tou' swvmato"e[stin ijdei'n : pollw'n ajriqmoumevnwn melw'n ta; suvmpanta e}n kalei'tai kai;e[sti sw'ma : kai; ga;r dh'mo" kai; ejkklhsiva, polloi; to;n ajriqmo;n o[nte"a[nqrwpoi, wJ" e}n o[nte" pra'gma th'/ mia'/ klhvsei kalou'ntai kai;prosagoreuvontai. 4 Kai; ta; a[lla de; pavnta aJplw'", w\ a[ndre", e[fhn, ta; uJpo;Mwsevw"3 diatacqevnta duvnamai katariqmw'n ajpodeiknuvnai tuvpou" kai;suvmbola kai; kataggeliva" tw'n tw'/ Cristw'/ givnesqai mellovntwn kai; tw'n eij"aujto;n pisteuvein proegnwsmevnwn kai; tw'n uJp! aujtou' < tou' >4 Cristou'oJmoivw" givnesqai mellovntwn. jAll!5 ejpeidh; kai; a} kathriqmhsavmhn ta; nu'n6

iJkana; dokei' moi ei\nai, ejpi; to;n7 lovgon th'/ tavxei8 pariw;n9 e[rcomai.

43. 1 JW" ou\n ajpo; jAbraa;m h[rxato peritomh; kai; ajpo; Mwsevw"10 savbbatonkai; qusivai kai; prosforai; kai; eJortaiv, kai; ajpedeivcqh dia; to; sklhrokavrdiontou' laou' uJmw'n tau'ta diatetavcqai, ou{tw" pauvsasqai e[dei kata; th;n tou'patro;" boulh;n11 eij" to;n dia; th'"12 ajpo; tou' gevnou" tou' jAbraa;m kai; fu-[p. 141 : B]-lh'" jIouvda kai; Daui`d parqevnou gennhqevnta uiJo;n tou' qeou'Cristovn, o{sti" kai; aijwvnio" novmo", kai; kainh; diaqhvkh tw'/ panti; kovsmw/ejkhruvsseto [fol. 92 v° : A] proeleusovmeno", wJ" aiJ prolelegmevnaiprofhtei'ai shmaivnousi. 2 Kai; hJmei'", oiJ dia; touvtou proscwrhvsante" tw'/qew'/, ouj tauvthn th;n kata; savrka parelavbomen peritomhvn, ajlla;pneumatikhvn, h}n jEnw;c kai; oiJ o{moioi ejfuvlaxan : hJmei'" de; dia; tou'baptivsmato" aujthvn, ejpeidh; aJmartwloi; ejgegovneimen, dia; to; e[leo" to; para;tou' qeou' ejlavbomen, kai; pa'sin ejfeto;n oJmoivw" lambavnein.3 Peri; de; tou' th'" genevsew" aujtou' musthvrivou h[dh levgein katepeivgonto"levgw.

1 jEnwvpion codd., edd., I Apol. 50, 5 : ejnantivon Dial. 13, 3 (= LXX) 2 Pollou;" prop. Thirlb.(Tjeenk Willink Iustin. Mart., p. 106), coni. Marc. : ponhrou;" codd., cett. edd. 3 Mwsevw" : Mwu>sevw"Mar., Mign., Otto, Goodsp. 4 Tou' add. Steph. : om. codd., Goodsp. 5 jAll! : ajlla; Steph.6 Ta; nu'n : tanu'n Otto, Arch. 7 To;n : a[llon prop. Thirlb. 8 Th'/ tavxei : to;n th'/ tavxei Marc.to;n ejn t. t. prop. Thirlb. 9 Pariw;n : parovnta prop. Troll. 10 Mwsevw" : Mwu>sevw" Mar.,Mign., Otto, Goodsp. 11 Kata; − boulh;n post eij" to;n transponendum Thirlb., transp. Marc.12 Dia; th'" : dia; Mariva" th'" Marc. (cf. p. 9).

289

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 42, 2-43, 3

que nous faisons entendre ? Et le bras4 du Seigneur, a qui a-t-il été révélé ? (2)Nous avonsannoncé, en sa présence, comme un petit enfant, comme une racine dans une terreassoiffée…, et la suite de la prophétie déjà rapportée5.

3 Quand il dit, comme au nom de plusieurs aNous avons annoncé, en sa présence,et ajoute bcomme un petit enfant, c'est à l'évidence une allusion à la multitude6 deceux qui, soumis7 à lui, ont obéi à son commandement, et sont devenus touscomme un seul enfant8. C'est ce qu'on peut voir aussi pour le corps : cdesmultiples parties qu'on y compte, l'ensemble est appelé et ne fait qu'un seul corps.C'est ainsi que le peuple et l'assemblée, pluralité d'hommes par le nombre,mais formant une seule réalité, sont appelés et désignés d'une uniquedénomination9. 4 Toutes les autres prescriptions de Moïse, amis, dis-je, sonten un mot, je puis le montrer en les prenant une à une, des types, dessymboles et des annonces de ce qui devait arriver au Christ, de ceux dont ilprévoyait qu'ils croiraient en lui, et semblablement de ce qui doit arriver parle Christ lui-même10. Mais ce que nous venons de passer en revue me semblesuffisant pour le moment. Je poursuis donc, et reprends l'ordre de monpropos11.

Conclusion sur la Loi.Mystère de la naissance virginale : Prophétie d’Isaïe.

43. 1 De même, donc, que depuis Abraham a commencé la circoncision1, etdepuis Moïse sabbat, sacrifices, offrandes et fêtes − et il est démontré que ceschoses ont été prescrites à cause de la dureté de cœur de votre peuple2 − demême devaient-elles cesser3, selon la volonté du Père, en celui qui est néd'une vierge4 de la race d'Abraham, de la tribu de Juda et de David, le Christ,Fils de Dieu, dont il était annoncé en outre qu'il devait venir, Loi éternelle etdAlliance nouvelle5 pour le monde entier, comme les prophéties rapportées plushaut le signifient. 2 Pour nous, qui par lui nous avançons vers Dieu6, ce n'estpas cette circoncision selon la chair que nous recevons, mais la spirituelle7,qu'Hénoch et ses semblables ont observée ; c'est par le baptême, car nousétions devenus pécheurs, que nous l'avons reçue, quant à nous, grâce à lamiséricorde de Dieu, et tous devraient de même aspirer à la recevoir8.

3 Mais je vais parler du mystère9 de sa naissance, car celui-ci, à présent,demande à être abordé sans délai10.

a Is. 53, 2 b ibid. c cf. I Cor. 12, 12 d cf. Jér. 31, 31.

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JUSTIN MARTYR

JHsai?a" ou\n peri; tou' gevnou" aujtou' tou' Cristou', o{ti ajnekdihvghtovn ejstinajnqrwvpoi", ou{tw" e[fh wJ" kai; progevgraptai : Th;n genea;n aujtou' tiv"dihghvsetai _ {Oti ai[retai ajpo; th'" gh'" hJ zwh; aujtou', ajpo; tw'n ajnomiw'ntou' laou' mou h[cqh1 eij" qavnaton. JW" ajnekdihghvtou ou\n o[nto" tou' gevnou"2

touvtou ajpoqnh/vskein mevllonto", i{na tw'/ mwvlwpi aujtou' ijaqw'men oiJaJmartwloi; a[nqrwpoi, to; profhtiko;n pneu'ma tau'ta ei\pen. 4 [Eti kai; i{nao}n trovpon gevgonen ejn kovsmw/3 gennhqei;" ejpignw'nai e[cwsin oiJ pisteuvonte"aujtw'/ a[nqrwpoi, dia; tou' aujtou' JHsai?ou to; profhtiko;n pneu'ma wJ" mevlleigivnesqai proefhvteusen ou{tw" : 5 (Is. 7, 10)Kai; prosevqeto kuvrio" lalh'sai tw'/[Acaz, levgwn : (11)Ai[thson4 seautw'/ shmei'on para; kurivou tou' qeou' sou [fol.93 r° : A] eij" bavqo" h] eij" u{yo". (12)Kai; ei\pen [Acaz : Ouj mh; aijthvsw oujd!ouj mh;5 peiravsw kuvrion. (13)Kai; ei\pen JHsai?a"6 : jAkouvete7 dhv, oi\ko"8

Daui?d. Mh; mikro;n uJmi'n ajgw'na parevcein ajnqrwvpoi" _ Kai; pw'" kurivw/parevcete ajgw'na _ (14)Dia; tou'to dwvsei kuvrio" aujto;" uJmi'n shmei'on : ijdou; hJparqevno" ejn gastri; lhv-[p. 142 : B]-yetai kai; tevvxetai uiJovn, kai; kalevsetai9

to; o[noma aujtou' jEmmanouhvl. (15)Bouvturon kai; mevli favgetai. 6 Pri;n h]gnw'nai aujto;n h] proelevsqai ponhra; ejklevxetai to; ajgaqovn : (16a)diovti, pri;n h]gnw'nai to; paidivon ajgaqo;n h] kakovn, ajpeiqei' ponhra;10tou' ejklevxasqai to;ajgaqovn. (Is. 8, 4)Diovti, pri;n h] gnw'nai to; paidivon kalei'n patevra h] mhtevra,lhvyetai duvnamin Damaskou' kai; sku'la11 Samareiva"12 e[nanti basilevw"jAssurivwn13. (Is. 7, 16b)Kai; katalhfqhvsetai14 hJ gh', h}n su; sklhrw'" oi[sei" ajpo;proswvpou tw'n duvo basilevwn. (17) jAll! ejpavxei15 oJ qeo;" ejpi; se; kai; ejpi; to;nlaovn sou kai; ejpi; to;n oi\kon tou' patrov" sou hJmevra", ai} oujdevpw h{kasin ejpi;sev16, ajpo; th'" hJmevra" h|/" ajfei'len jEfrai`m ajpo; jIouvda to;n basileva tw'njAssurivwn.

1 [Hcqh edd. (ex LXX ; cf. Dial. 89, 3 : ajcqhvsetai) : h[cqhn codd. h{kei Grabe, De vitiis LXXinterpretum (= Dial. 13, 6 et I Apol. 51, 1) 2 Gevnou" edd. a Mar. : gevno" codd., cett. edd. 3 jEnkovsmw/ : ejn tw'/ k. Marc. 4 Ai[thson : ai[thsai prop. Credner, Beitr., I, p. 194 (ex LXX ; Dial. 66,2) 5 Oujd! ouj mh; codd., LXX : oujde; mh; Steph., Mar., Mign., Otto. (ex Dial. 66, 2) 6 JHsai>va" :om. LXX 7 jAkouvete : ajkouvsate prop. Otto (ex LXX, Dial. 66, 2) 8 Oi\ko" codd., edd. ab Otto(= LXX, Dial. 66, 2) : oJ oi\ko", cett. edd. 9 Kalevsetai : kalevsete prop. Thirlb. kalevsousi Dial.66, 2 p. corr., Mt. 1, 23 et LXX codd. plur. kalevsei" LXX, Mt. 1, 21 ; Lc. 1, 31 10 jApeiqei'ponhrav : ajpwqei' p. Wolf ajpeiqei' ponhriva/ prop. Mar. (ex LXX) 11 Kai; sku'la (= Dial. 77, 2.3) :kai; ta; sk. LXX, Dial. 66, 3 ; 77, 2 12 Samareiva" A p. corr., Mar., Mign., edd. ab Otto : Samariva"

A a. corr., B, Steph. 13 jjAssurivwn : ajss− ex corr. A 14 Katalhfqhvsetai (= Dial. 66, 3) :kataleifqhvsetai prop. Thirlb., Otto (ex LXX) 15 jEpavxei (= LXX) corr. ex ejpavgei A 16 jEpi;sev : del. Marc.

291

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 43, 3-43, 6

Isaïe donc, sur la race11 du Christ lui-même, dit en ces termes, comme celaa déjà été écrit, qu'elle est « ineffable » aux hommes : aSa génération, qui laracontera ? Car sa vie est enlevée de la terre. A cause des péchés de mon peuple, il a étéconduit à la mort. Elle était donc « ineffable » la race de celui-ci qui devaitmourir, afin que bpar sa blessure nous autres, hommes cpécheurs, soyons dguéris12.C'est ce qu'a exprimé là l'Esprit prophétique. 4 C'est encore pour que leshommes qui croient en lui puissent savoir comment, né au monde, il a étéengendré, que par ce même Isaïe l'Esprit prophétique a prophétisé ainsicomment il devait venir : 5 (Is. 7, 10)Le Seigneur continua de parler à Achaz en cestermes : (11)Demande pour toi un signe13 au Seigneur ton Dieu, dans les profondeurs oudans les hauteurs. (12)Et Achaz dit : Je ne solliciterai ni ne tenterai le Seigneur. (13)(Isaïe)dit : Écoutez donc, maison de David ! Est-ce trop peu de livrer dispute aux hommes ?Comment livrez-vous aussi dispute au Seigneur ? (14)C'est pourquoi le Seigneur lui-mêmevous donnera un signe. Voici : la vierge concevra et enfantera un fils, son nom seraEmmanuel. (15)Lait et miel il mangera. 6 Avant que de connaître ou préférer le mal, ilchoisira le bien. (16a)Car, avant que l'enfant ne connaisse le bien ou le mal, il repoussera lemal pour choisir le bien. (Is. 8, 4)Car avant que l'enfant ne sache appeler « père » ou« mère », il prendra la puissance de Damas et les dépouilles de Samarie14 devant le roi desAssyriens15. (Is. 7, 16b)Il sera occupé le pays que difficilement tu supporteras à cause desdeux rois. (17)Mais Dieu amènera sur toi, sur ton peuple et la maison de ton père, desjours qui n'étaient pas encore venus sur toi, depuis le jour qu'Éphraïm a détourné de Judale roi des Assyriens16.

a Is. 53, 8 b cf. Is. 53, 5 c ibid., 8 d ibid., 5.

292

JUSTIN MARTYR

7 {Oti me;n ou\n ejn tw'/ gevnei tw'/ kata; savrka tou' jAbraa;m oujdei;"oujdevpote ajpo; parqevnou gegevn<n>htai1 oujde; levlektai gegennhmevno" ajll! h]ou|to" oJ hJmevtero" Cristov", pa'si fanerovn ejstin. 8 jEpei; de; uJmei'" kai; oiJdidavskaloi uJmw'n tolma'te [fol. 93 v° : A] levgein mhde; eijrh'sqai ejn th'/profhteiva/ tou' JHsai?ou : jIdou; hJ parqevno" ejn gastri; e{xei ajll! jIdou; hJnea'ni" ejn gastri; lhvyetai kai; tevxetai uiJovn, kai; ejxhgei'sqe th;n profhteivanwJ" eij" jEzekivan, to;n genovmenon uJmw'n basileva, peiravsomai kai; ejn touvtw/kaq! uJmw'n braceva ejxhghvsasqai kai; ajpodei'xai eij" tou'ton eijrh'sqai to;noJmologouvmenon uJf! hJmw'n Cristovn.

44. 1 Ou{tw ga;r kata; pavnta ajqw'/o" uJmw'n cavrin euJreqhvsomai, eij ajpodeivxei"poiouvmeno" ajgwnivzomai uJma'" peisqh'nai : eja;n de; uJmei'", sklhrokavrdioimevnonte" h] ajsqenei'" th;n gnwvmhn dia; to;n ajfwris-[p. 143 : B]-mevnon toi'"Cristianoi'" qavnaton, tw'/ ajlhqei' suntivqesqai mh; bouvlhsqe, eJautoi'" ai[tioifanhvsesqe. Kai;2 ejxapata'te eJautouv", uJponoou'nte" dia; to; ei\nai tou'jAbraa;m kata; savrka spevrma pavntw" klhronomhvsein3 ta; kathggelmevnapara; tou' qeou' dia; tou' Cristou'4 doqhvsesqai ajgaqav. 2 Oujdei;" ga;r oujde;<n>5

ejkeivnwn oujdamovqen labei'n e[cei plh;n oiJ th'/ gnwvmh/ ejxomoiwqevnte" th'/ pivsteitou' jAbraa;m kai; ejpignovnte" ta; musthvria pavnta6, levgw de; o{ti ti;" me;nejntolh; eij" qeosevbeian kai; dikaiopraxivan dietevtakto, ti;" de; ejntolh; kai;pra'xi" oJmoivw" ei[rhto h] eij" musthvrion tou' Cristou' < h] >7 dia; to;sklhrokavrdion tou' laou' [fol. 94 r° : A] uJmw'n. Kai; o{ti toutov ejstin, ejn tw'/jIezekih;l8 peri; touvtou ajpofainovmeno" oJ qeo;" ei\pen : jEa;n Nw'e kai; jIakw;b9

kai; Danih;l ejxaithvswntai h]10 uiJou;" h] qugatevra", ouj mh; doqhvsetai aujtoi'".3 Kai; ejn tw'/ JHsai?a/ eij" tou'to aujto; e[fh ou{tw"11 : (Is. 66, 23)Ei\pe kuvrio" oJqeov" : (24)Kai; ejxeleuvsontai kai; o[yontai ta; kw'la tw'n parabebhkovtwnajnqrwvpwn : oJ ga;r skwvlhx aujtw'n ouj teleuthvsei, kai; to; pu'r aujtw'n oujsbesqhvsetai, kai; e[sontai eij" o{rasin pavsh/ sarkiv.

1 Gegevnnhtai ...gegennhmevno" edd. ab Otto, Troll. (cf. 66, 4) : gegevnhtai ...gegenhmevno" cett. edd.gegevnhtai ...gegennhmevno" codd. (cf. 43, 4 : gevgonen ...gennhqeiv") 2 Kai; : kai; e[ti Marc. (cf.140, 2) 3 Klhronomhvsein edd. : klhronomivsein codd. 4 Dia; tou' C[risto]u' A, edd. : dia; jI[hso]u'C[risto]u' B 5 Oujde;n ejkeivnwn (scil. tw'n ajgaqw'n) prop. Thirlb., coni. edd. ab Otto, Troll. (cf. 25, 6 :oujdei;" hJmw'n klhronomhvsei ...oujdevn ; 26, 1 : ouj klhronomhvsousin ...oujdevn) : oujde; ejkeivnwn (scil.semine Abrahami) codd., cett. edd. 6 Pavnta : tau'ta prop. Thirlb. 7 ]H add. Lange, Thirlb.,Troll., Mar. (trad.), Mign., edd. ab Otto : om. codd., cett. edd. 8 jIezekihvl : JIezelihvl hic et saepiuscodd. 9 jIakw;b codd., Steph., Mar., Mign., edd. ab Otto (cf. 46, 3 et 140, 3) : jIw;b Lange, Sylb.,Mor. (ex LXX) 10 ]H : del. Marc. (ex LXX, Dial. 45, 3 ; 140, 3) 11 [Efh ou{tw" : Ei\pe : e[fh :ou{tw" ei\pe codd., Steph., Jebb.

293

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 43, 7-44, 3

7 Or, que dans la race d'Abraham selon la chair personne jamais n'ait étéengendré ou n'ait été dit engendré d'une avierge, sinon notre Christ, c'est pourtous évident17. 8 Mais vous et vos didascales avez le front de prétendre qu'iln'est pas dit, dans la prophétie d'Isaïe bVoici la vierge concevra, mais Voici, lajeune fille18 concevra et enfantera un fils. Et vous interprétez la prophétie comme serapportant à Ézéchias19, qui fut votre roi. Je m'efforcerai donc20, sur ce pointaussi, de vous apporter brièvement la contradiction, en démontrant que laprophétie se rapporte à celui que nous confessons comme Christ.

C’est en reconnaissant le Christ que les juifs accéderont au Salut.Témoignages d’Ézéchiel et d’Isaïe.

44. 1 Car ainsi, je serai trouvé absolument cinnocent1 à votre sujet, si jem'efforce, en mes démonstrations, de vous persuader. Mais si, demeurantdurs de cœur ou faibles de jugement2 à cause de la mort réservée auxchrétiens, vous refusez d'adhérer au vrai3, vous en apparaîtrez clairementresponsables pour vous mêmes4. Et vous vous abusez vous-mêmes, ensupposant que, dparce que vous êtes de la semence d'Abraham selon la chair5,vous ehériterez sûrement6 des biens que Dieu, selon ses promesses, donnera parle Christ. 2 Car personne, à aucun titre, n'en saurait rien recevoir, hormisceux qui de pensée se sont conformés à la foi d'Abraham7 et ont reconnutous les mystères8 : j'entends que telle prescription fut ordonnée pour la piétéet la pratique de la justice9, et que telle autre prescription et action a de mêmeété énoncée soit comme mystère du Christ10 soit à cause de la dureté de cœurde votre peuple11. J'en trouve une preuve dans Ézéchiel, où Dieu déclare à cesujet : fSi Noé, Jacob et Daniel intercèdent pour leurs fils ou leurs filles, ils ne sauraientêtre exaucés12. 3 En Isaïe aussi, sur ce même sujet voici ce qu'il dit : (Is. 66, 23)LeSeigneur Dieu a dit : (24)ils sortiront et ils verront les membres des hommes prévaricateurs,car leur ver ne mourra pas, et leur feu ne s'éteindra point ; ils seront en spectacle pour toutechair13.

a Cf. Is. 7, 14 b ibid. c cf. Ps. 23, 4 d cf. Rom. 9, 7 ; Matth. 3, 9 ; Lc. 3, 8 ; Jn 8; 39 ; Gal. 3, 7e cf. Is. 58, 14 f cf. Éz. 14, 20.

294

JUSTIN MARTYR

4 {Ws<te>1 temovnta" uJma'" ajpo; tw'n yucw'n uJmw'n th;n ejlpivda tauvthnspoudavsai dei' ejpignw'nai, di! h|" oJdou' a[fesi" uJmi'n tw'n aJmartiw'ngenhvsetai kai; ejlpi;" th'" klhronomiva" tw'n kathggelmevnwn ajgaqw'n : e[stid! oujk a[llh h] au{th, i{na tou'ton to;n Cristo;n ejpignovnte" kai; lousavmenoi to;uJpe;r ajfevsew" aJmartiw'n dia; JHsai?ou khrucqe;n loutro;n ajnamarthvtw"loipo;n zhvshte2.

45. 1 − Kai; oJ Truvfwn : Eij kai; ejgkovptein dokw' toi'" lovgoi" touvtoi" oi|"levgei" ajnagkaivoi" ou\sin ejxetasqh'nai, ajll! ou\n [p. 144 : B] katepeivgonto"tou' ejperwthvmato", o} ejxetavsai bouvlomai, ajnavscou mou prw'ton.− Kajgwv : {Osa bouvlei ejxevtaze, w{" soi ejpevrcetai : ejgw; ga;r kai; meta;

ta;" ejxetavsei" kai; ajpokrivsei" tou;" lovgou" ajnalambavnein peiravsomai kai;plh'roun.2 − Kajkei'no" : Eijpe; ou\n moi, e[fh : oiJ zhvsante" kata; to;n novmon to;n dia-

[fol. 94 v° : A]-tacqevnta dia; Mwsevw"3 zhvsontai oJmoivw" tw'/ jIakw;b kai; tw'/jEnw;c kai; tw'/ Nw'e ejn th'/ tw'n nekrw'n ajnastavsei h] ou[ _3 − Kagw; pro;" aujtovn : Eijpovnto" mou, w\ a[nqrwpe, ta; lelegmevna uJpo; tou'

jIezekihvl, o{ti Ka]n Nw'e kai; Danih;l kai; jIakw;b4 ejxaithvswntai uiJou;" kai;5

qugatevra", ouj doqhvsetai aujtoi'", ajll! e{kasto" th'/ aujtou' dikaiosuvnh/dhlonovti swqhvsetai6, o{ti kai; tou;"6 kata; to;n novmon to;n Mwsevw"politeusamevnou" oJmoivw" swqhvsesqai8 ei\pon. Kai; ga;r ejn tw'/ Mwsevw" novmw/ta; fuvsei kala; kai; eujsebh' kai; divkaia nenomoqevthtai pravttein tou;"peiqomevnou" aujtoi'"9, kai; pro;"10 sklhrokardivan de; tou' laou' diatacqevnta11

givnesqai12 oJmoivw" ajnagevgraptai, a} kai; e[pratton oiJ uJpo; to;n novmon.4 jEpei; oi} ta; kaqovlou kai; fuvsei kai; aijwvnia kala; ejpoivoun eujavrestoiv eijsitw'/ qew'/, kai;13 dia; tou' Cristou' touvtou ejn th'/ ajnastavsei oJmoivw" toi'"progenomevnoi" aujtw'n dikaivoi", Nw'e kai; jEnw;c kai; jIakw;b kai; ei[ tine"a[lloi gegovnasi, swqhvsontai su;n toi'" ejpignou'si to;n Cristo;n tou'ton tou'qeou' uiJovn, o}" kai; pro; eJwsfovrou kai; selhvnh" h\n, kai; dia; th'" parqevnou

1 {Wste prop. Mar., coni. Otto, Mign., Arch., Marc. (cf. 35, 7) : wJ" codd. cett. edd. 2 Zhvshte edd.(cf. 115, 6 : dwvshte) : zhvsete A ut vid., B 3 Mwsevw" : Mwu>sevw" Mign., Otto, Goodsp. (hic etinfra : 45, 3) 4 jIakw;b : jIw;b Sylb., Mor. 5 Kai; : h] prop. Thirlb. (ex LXX, Dial. 44, 2 ; 140, 3)6 Dikaiosuvnh/ dhlonovti swqhvsetai, o{ti : dikaiosuvnh/ swqhvsetai, dhlon o{ti vel dikaiosuvnh/dhlonovti swqhvsetai : dh'lon o{ti [o{ti] prop. Thirlb., coni. Marc. 7 Tou;" add. sup. l. A1. 8 {Oti...swqhvsesqai : cf. 62, 2 (o{ti ...qeo;n eijrhkevnai) ; 69, 4 (Zacariva" fhsivn ...o{ti oJ diavbolo"

eiJsthvkei ...kai; [to;n kuvrion] eijpei'n) ; Cohort ad Graecos, 30 (PG VI, 297, n. 26); De res., fr. 5(PG VI, 1580 A), etc. 9 Aujtoi'" (scil. toi'" tou' novmou prostavgmasi) : aujtw'/ (scil. tw'/ novmw/) prop.Sylb., coni. Marc. 10 Pro;" : ta; pro;" Marc. 11 Diatacqevnta : diacqevnta errore Steph.12 Givnesqai : tina; givnesqai prop. Thirlb. 13 Kai; : kai; aujtoi; Marc. (cf. 46, 1).

295

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 44, 4-45, 4

4 Ainsi donc, il faut, en aretranchant de vos âmes cette espérance, mettre vossoins à reconnaître par quelle bvoie vous pouvez obtenir la crémission des péchéset l'espoir d'hériter les dbiens promis. Il n'en est point d'autre que celle-ci :reconnaître ce Christ, vous elaver dans le bain proclamé par Isaïe pour larémission des péchés14, et fvivre désormais sans péché15.

Les Justes ayant vécu avant la Loi instituée par Moïsesont-ils appelés à la résurrection ?

45. 1 Tryphon : — Quitte à paraître interrompre ces propos qui, à ce que tudis, nécessitent examen1, permets-moi de parler tout d'abord, car la questionque je veux aborder est pressante.

Moi : — Tout ce que tu veux examiner, demande-le comme cela te vient. Jem'efforcerai, après les questions et les réponses, de résumer et de conclure.

2 Lui : — Dis-moi donc, reprit-il, ceux qui ont vécu selon la Loi instituéepar Moïse, revivront-ils comme Jacob, Énoch et Noé, lors de la résurrectiondes morts, ou non ?

3 Je lui répondis :— En citant2, ami, ces paroles d'Ézéchiel : gMême si Noé, Daniel et Jacob

intercèdent pour leurs fils et leurs filles, ils ne sauraient être exaucés, mais chacunassurément sera sauvé par sa propre justice, je disais qu'ils seront également sauvés,eux aussi, ceux qui ont réglé leur conduite selon la Loi de Moïse. Car dans laLoi de Moïse, la pratique de ce qui est par nature beau, pieux et juste estprescrite à ceux qui s'y conforment, tandis que c'est à cause de la dureté decœur du peuple3, est-il écrit, que s'y sont également trouvées certainesprescriptions4 que pratiquaient aussi ceux qui étaient soumis à la Loi5. 4 Carceux qui ont fait ce qui est universellement, par nature et éternellement beau,sont agréables à Dieu ; et par ce Christ, lors de la résurrection, comme lesjustes qui les ont précédés, Noé, Énoch, Jacob et tous leurs semblables6, ilsseront sauvés, en compagnie de ceux qui auront reconnu ce Christ, fils deDieu, qui était havant l'aurore et ila lune7, qui a consenti à se faire chair et ànaître par cette vierge de la race de David, afin que, par cette

a Cf. Is. 1, 16 b cf. Is. 55, 7 c cf. Is. 1, 16 ; 55, 7 ; Mc. 1, 4 ; Lc. 3, 3 d cf. Is. 1, 19e cf. Is. 1, 16 f cf. Is. 55, 3 ? g cf. Éz. 14, 20 h Ps. 109, 3 i Ps. 71, 5.

296

JUSTIN MARTYR

tauvth" th'" ajpo; tou' gevnou" tou' Daui`d gennhqh'nai sarkopoihqei;"1

uJpevmeinen, i{na dia; th'" oijkonomiva" tauvth" oJ ponhreusavmeno" th;n ajrch;no[fi" kai; oiJ ejxomoiwqevnte" aujtw'/ a[ggeloi kata-[fol. 94 v° : A]-luqw'si, kai; oJ[p. 145 : B] qavnato" katafronhqh'/, kai; ejn th'/ deutevra/ aujtou' tou' Cristou'parousiva/ ajpo; tw'n pisteuovntwn aujtw'/ kai; eujarevstw" zwvntwn pauvshtaitevleon, u{steron mhkevt! w[n, o{tan oiJ me;n eij" krivsin kai; katadivkhn tou'puro;" ajpauvstw" kolavzesqai pemfqw'sin, oiJ de; ejn2 ajpaqeiva/ kai; ajfqarsiva/kai; ajlupiva/ kai; ajqanasiva/ sunw'sin3.

46. 1 − jEa;n dev tine" kai; nu'n zh'n bouvlwntai fulavssonte" ta; dia;Mwsevw"4 diatacqevnta kai; pisteuvswsin ejpi; tou'ton to;n staurwqevntajIhsou'n, ejpignovnte" o{ti aujtov" ejstin oJ Cristo;" tou' qeou' kai; aujtw'/ devdotaito; kri'nai pavnta" aJplw'" kai; aujtou' ejstin hJ aijwvnio" basileiva, duvnantai kai;aujtoi; swqh'nai _ ejpunqavnetov mou.2 − Kajgw; pavlin : Suskeywvmeqa kajkei'no, eij e[nestin, e[legon, fulavssein

ta; dia; Mwu>sevw"5 diatacqevnta a{panta nu'n.− Kajkei'no" ajpekrivnato : Ou[ : gnwrivzomen ga;r o{ti6, wJ" e[fh", ou[te

provbaton tou' pavsca ajllacovse quvein dunatovn, ou[te tou;" th'/ nhsteiva/keleusqevnta" prosfevresqai cimavrou"7 ou[te ta;" a[lla" aJplw'" aJpavsa"prosforav".− Kajgwv : tivna ou\n a} dunato;n e[ti8 fulavssein, parakalw', levge aujtov" :

peisqhvsh/ ga;r o{ti mh; fulavsswn ta; aijwvnia dikaiwvmatav ti" h] pravxa"swqh'nai ejk panto;" e[cei9.− Kajkei'no" : To; sabbativzein levgw kai; to; peritevmnesqai kai; to; ta; [fol.

95 v° : A] e[mmhna fulavssein kai; to; baptivzesqai aJyavmenovn tino" w|najphgovreutai uJpo; Mwsevw" h] ejn sunousiva/10 genovmenon.3 − Kajgw; e[fhn : jAbraa;m kai; jIsaa;k kai; jIakw;b kai; Nw'e kai; jIwvb, kai;

ei[ tine" a[lloi gegovnasi pro; touvtwn h] meta; touvtou" oJmoivw" divkaioi,levgw de; kai; Savrran th;n gunai'ka tou' jAbraavm, kai; JRebevkkan11 th;n tou'jIsaavk, [p. 146 : B] kai; JRach;l12 th;n tou' jIakwvb, kai; Leivan, kai; ta;"

1 Sarkopoihqei;" Mar., edd. ab Otto : sarkwpoihqei;" codd., Steph. 2 jEn : del. Steph.3 Suwnw'sin : su;n aujtw'/ (scil. tw'/ qew'/ vel tw'/ Cristw'/) prop. Otto (ex tou' Cristou' supra ; cf. I Apol.10, 3 ; II Apol. 1, 2 ; Dial. 46, 7) tw'/ qew'/ sunw'sin coni. Marc. 4 Mwsevw" : Mwu>sevw" Mign.,Otto, Goodsp. (hic et infra) 5 Mwu>sevw" : Mwu>sevo" codd. : Mwsevw" Arch. 6 {Oti Thirlb.,Mign., Troll., edd. ab Otto : e[ti codd., cett. edd. 7 Cimavrou" edd. : ceimavrou" codd. 8 Ou\n a}dunato;n e[ti ego : ou\n a} dunatovn ejsti Mar., Mign., Troll., edd. ab Otto, Arch. ou\n ajduvnatovnejsti codd., cett. edd. oujk ajduvnaton prop. Jebb, ou\n dunatovn Thirlb. 9 [Ecei : oujk e[cei prop.Thirlb., coni. Marc. 10 j En sunousiva/ : gr(avfetai) ejn oujsiva/ in marg. codd. 11 JRebevkkan edd. aMar. : JRebevkan codd., Steph., Thirlb. 12 JRachvl edd. a Mar. : JRacihvl codd., Steph., Thirlb.

297

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 45, 4-46, 3

économie8, ale serpent qui a fait le mal à l'origine ainsi que les anges qui l'ontimité9 soient détruits10, bque la mort soit rabaissée11, et que dans la secondeparousie de ce Christ, pour ceux qui croient en lui et vivent de manière à luiplaire, elle cesse entièrement cet finalement n'existe plus. Alors les uns serontenvoyés au jugement et à la condamnation du feu pour un châtiment éternel,les autres se rassembleront dans l'impassibilité, dl'incorruptibilité, l'absenced’affliction, et l'immortalité12.

Peut-on être sauvé en continuant à observer la Loi ?

46. 1 Si certains, aujourd'hui encore1, me demandait-il, souhaitent vivre enobservant les ordonnances données par l'intermédiaire de Moïse, etcependant croient en ce Jésus crucifié2, reconnaissant qu'il est le Christ deDieu3, que c'est à lui qu'il est donné de juger absolument tous les hommes4,et qu'à lui revient la eroyauté éternelle5, peuvent-ils, eux aussi, être sauvés ?

2. Je repris : — Examinons aussi ce point, dis-je : est-il possible,aujourd'hui, d'observer toutes6 les institutions prescrites par l'intermédiaire deMoïse ?

Il répondit :— Non. Nous savons bien, en effet, comme tu l'as dit, qu'il n'est possible,

ailleurs (qu'à Jérusalem), ni fd'immoler l'agneau de la Pâque7, ni d'offrir lesboucs prescrits pour le jeûne8, ni de présenter aucune de toutes les autresoffrandes9.

Moi : — Dis-moi alors, je t'en prie, quelles prescriptions il est encorepossible d'observer10. Car tu pourrais rester persuadé que sans observer lesordonnances éternelles11, ou sans les pratiquer, on peut fort bien être sauvé12.

Lui : — Ce sont la pratique du sabbat, de la circoncision, l'observation desmois ainsi que l'ablution13, lorsqu'on a touché quelque objet défendu parMoïse14 ou après les relations sexuelles15.

3 Je lui dis :— Abraham, Isaac, Jacob, Noé, Job16, et tous ceux qui, avant ou après eux,

furent semblablement justes, ainsi que Sarah, la femme d'Abraham, Rebecca,celle d'Isaac, Rachel, celle de Jacob, Léa, et toutes les autres comme elles

a Cf. Gen. 3 s. ; Apoc. 12, 9 ; I Jn. 3, 8 b cf. I Cor. 15, 54-55 c cf. Apoc., 21, 4 d cf. I Cor. 15,50 s. e cf. Dan. 7, 14.27 f cf. Exod. 12, 21.27 ; Deut. 16, 2 ; I Cor. 5, 7.

298

JUSTIN MARTYR

loipa;" a[lla" ta;" toiauvta" mevcri th'" Mwsevw", tou' pistou' qeravponto",mhtrov", mhde;n touvtwn fulavxante"1 , eij dokou'sin uJmi'n swqhvsesqai _− Kai; oJ Truvfwn ajpekrivnato : Ouj perietevtmhto jAbraa;m kai; oiJ met!

aujtovn _4 − Kajgwv2 : jEpivstamai, e[fhn, o{ti perietevtmhto3 jAbraa;m kai; oiJ met!

aujtovn : dia; tiv de; ejdovqh aujtoi'" hJ peritomhv, ejn polloi'" toi'"prolelegmevnoi" ei\pon, kai; eij mh; duswpei' uJma'" ta; legovmena, pavlinejxetavswmen4 to;n lovgon. {Oti de; mevcri Mwu>sevw"5 oujdei;" aJplw'" divkaio"oujde;n o{lw" touvtwn peri; w|n ejzhtou'men6 ejfuvlaxen oujde; ejntolh;n e[labefulavssein, plh;n th;n ajrch;n labouvsh" ajpo; jAbraa;m peritomh'", ejpivstasqe.− Kajkei'no" : jEpistavmeqa, e[fh, kai; o{ti swv/zontai oJmologou'men.5 − Kajgw; pavlin : Dia;7 to; sklhrokavrdion tou' laou' uJmw'n pavnta ta;

toiau'ta ejntavlmata noei'te to;n qeo;n dia; [fol. 96 r° : A] Mwsevw"ejnteilavmenon uJmi'n, i{na dia; pollw'n touvtwn ejn pavsh/ pravxei pro; ojfqalmw'najei; e[chte to;n qeo;n kai; mhvte ajdikei'n mhvte ajsebei'n a[rchsqe. Kai; ga;r to;kovkkinon rJavmma8 peritiqevnai auJtoi'"9 ejneteivlato uJmi'n, i{na dia; touvtou mh;lhvqh uJma'" lambavnh/ tou' qeou', kai; fulakthvrion ejn uJmevsi leptotavtoi"gegrammevnwn carakthvrwn tinw'n, a} pavntw" a{gia noou'men ei\nai,perikei'sqai uJma'" ejkevleuse, kai; dia; touvtwn duswpw'n uJma'" ajei; mnhvmhne[cein tou' qeou', a{ma te kai; ejlevgcwn10 ejn tai'" kardivai" uJmw'n. 6 Ouj de;mikra;n mnhvmhn e[cete11 tou' qeosebei'n, kai; oujd! ou{tw" ejpeivsqhte mh;eijdwlolatrei'n, ajll! ejpi; JHlivou ojnomavzwn to;n ajriqmo;n tw'n mh; kamyavntwngovnu th'/ Baval, [p. 147 : B] eJptakiscilivou" to;n ajriqmo;n o[nta"12 ei\pe, kai; ejntw'/ JHsai?a/ kai; ta; tevkna uJmw'n qusivan pepoihkevnai toi'" eijdwvloi" ejlevgceiuJma'". 7 JHmei'" dev, uJpe;r tou' mh; qusiavzein oi|" pavlai ejquvomen, uJpomevnomenta;" ejscavta" timwriva", kai; qanatouvmenoi caivromen, pisteuvonte" o{tiajnasthvsei hJma'" oJ qeo;" dia; tou' Cristou' aujtou' kai; ajfqavrtou" kai; ajpaqei'"

1 Fulavxante" Thirlb., Otto, Arch., Marc. : fulavxanta" A, cett. edd. fulavxanto" B 2 Kajgwv :add. in marg. A 3 Perietevtmhto A, B p. corr., edd. : perievtmhto B a. corr. perietevmeto in marg.codd. 4 jExetavswmen : ejxetavsomen prop. Mar. 5 Mwu>sevw" : Mwu>sevo" codd. Mwsevw" Arch.6 jEzjhtou'men : zhtou'men prop. Thirlb., coni. Marc. 7 Dia; : kai; dia; Thirlb. dia; de; Marc.8 JRavmma prop. E. Schürer, Geschichte des Jüdischen Volkes im Zeitalter Jesu Christi, II, 19074,p. 566, coni. Arch., Marc. : bavmma codd., cett. edd. 9 AuJtoi'" Marc. : aujtoi'" codd., cett. edd.10 jElevgcwn (cf. 98, 1 : aijtw'n, a{ma te dhlw'n) ejn tai'" kardivai" uJmw'n. Ouj de; mikra;n mnhvmhne[cete : e[legcon (o in ras.) ejn t. k. uJmw'n (comma in ras.) oujde; m. m. e[cete A ejlevgcwn ejn tai'"kardivai" uJmw'n o{ti mikra;n mnhvmhn e[cete prop. Thirlb. ejlevgcwn o{ti ejn t. k. uJmw'n oujde; m. m.e[cete prop. Mar., coni. Lange, Marc. e[legcon ejn t. k. uJmw'n. Ouj de; m. m. e[cete Otto, Arch.,Goodsp. e[legcon ejn t. k. uJmw'n, oujde; m. m. e[cete cett. edd. 11 [Ecete : ei[cete prop. Lange,Sylb. 12 jAriqmo;n : ajr. movnon prop. Thirlb.

299

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 46, 3-46, 7

jusqu'à la mère de Moïse, le afidèle serviteur17, n'ont observé aucune de cesinstitutions. Pensez-vous qu'ils soient sauvés ?

Tryphon répondit :— Il n'a pas été circoncis, Abraham, et ceux qui furent après lui ?4 Moi : — Je sais bien, dis-je, qu'Abraham et ceux qui furent après lui ont

été circoncis. Mais pourquoi la circoncision leur a-t-elle été donnée, je l'aimaintes fois énoncé dans ce qui précède18, et si ce qui est dit (dans lesÉcritures)19 ne suffit pas à vous troubler, reprenons la question. Jusqu'àMoïse20, vous le savez, aucun juste du tout n'a observé ni reçu l'ordred'observer la moindre des prescriptions qui ont fait l'objet de notre examen,sauf la circoncision, qui a commencé avec Abraham21.

Lui : — Nous le savons, dit-il, et nous reconnaissons qu'ils sont sauvés22.5 Et moi de reprendre :— C'est à cause de la dureté de cœur de votre peuple23, vous l'avez à

l'esprit, que Dieu, par l'intermédiaire de Moïse, vous a imposé l'ensemble detels préceptes, afin que par leur diversité, en chacun de vos actes, vous ayezDieu bdevant les yeux24, et ne vous engagiez ni dans l'injustice ni dansl'impiété25. Et s'il vous a prescrit de porter les cfranges de pourpre26, c'estpour que, par ce moyen, vous n'en veniez pas à oublier Dieu ; et s'il vous aordonné de vous ceindre du phylactère27, avec quelques lettres inscrites surses fines membranes − ce dont28 nous comprenons tout à fait le caractèresacré −, c'est pour vous prier instamment par là aussi de garder la mémoirede Dieu29, tout en déposant en vos cœurs des reproches. 6 Mais de la piétédue à Dieu vous n'avez pas la moindre mémoire, et même ainsi vous n'avezpu être dissuadés d'idolâtrer : au temps d'Élie, lorsque Dieu comptait lenombre de ceux qui n'avaient pas dfléchi le genou devant Baal30, il dit qu'ilsétaient sept mille ; et en Isaïe, c'est jusqu'à vos propres eenfants31 qu'il vousreproche d'avoir offert en sacrifice aux idoles. 7 Tandis que nous, pour neplus sacrifier à celles auxquelles nous sacrifiions autrefois32, nous supportonsles derniers supplices33, et nous nous réjouissons de mourir34, car nouscroyons que Dieu, par son Christ, nous ressuscitera, et nous fera fincorruptibles,

a Nombr. 12, 7 et Hébr. 3, 2.5 b cf. Exod. 13, 9.16 ; Deut. 6, 8 ; 11, 18 c cf. Nombr. 15, 37-40 ?d cf. Rom. 11, 4 ; III Rois, 19, 18 e cf. Is. 57, 5 f cf. I Cor. 15, 50 s.

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kai; ajqanavtou" poihvsei : kai; oujde;n sumbavllesqai pro;" dikaiopraxivan kai;eujsevbeian ta; dia; th;n sklhrokardivan tou' laou' uJmw'n dia-[fol. 96 v° : A]-tacqevnta ginwvskomen.

47. 1 − Kai; oJ Truvfwn pavlin : jEa;n dev ti", eijdw;" o{ti tau'ta ou{tw" e[cei,meta; tou' kai; tou'ton ei\nai to;n Cristo;n ejpivstasqai dhlonovti1 kai;pepisteukevnai kai; peivqesqai aujtw'/, bouvletai kai; tau'ta fulavssein,swqhvsetai _ ejpunqavneto.− Kajgwv : JW" me;n ejmoi; dokei', w\ Truvfwn, levgw o{ti swqhvsetai oJ toiou'to",

eja;n mh; tou;" a[llou" ajnqrwvpou", levgw de;2 tou;" ajpo; tw'n ejqnw'n dia; tou'Cristou' ajpo; th'" plavnh" peritmhqevnta", ejn panto;" peivqein ajgwnivzhtaitaujta; aujtw'/ fulavssein, levgwn ouj swqhvsesqai aujtou;" eja;n mh; tau'tafulavxwsin, oJpoi'on ejn ajrch'/ tw'n lovgwn kai; su; e[pratte", ajpofainovmeno" oujswqhvsesqaiv me eja;n mh; tau'ta fulavxw.2 − Kajkei'no" : Dia; tiv ou\n ei\pa" : JW" me;n ejmoi; dokei', swqhvsetai oJ

toiou'to", eij mhvti3 eijsi;n oiJ levgonte" o{ti ouj swqhvsontai oiJ toiou'toi _− Eijsivn, ajpekrinavmhn, w\ Truvfwn, kai; mhde; koinwnei'n oJmiliva" h] eJstiva"

toi'" toiouvtoi" tolmw'nte" : oi|" ejgw; ouj suvnainov" eijmi. jAll! eja;n aujtoi; dia;to; ajsqene;" th'" gnwvmh" kai; ta; o{sa duvnantai nu'n ejk tw'n Mwsevw"4, a} dia;to; sklhrokavrdion tou' laou' noou'men diatetavcqai5, meta; tou' ejpi; tou'tonto;n Cristo;n ejlpivzein kai; ta;" aijw-[p. 148 : B]-nivou" kai; fuvseidikaiopraxiva" kai; eujsebeiva"6 fu-[fol. 97 r° : A]-lavssein bouvlontai7 kai;aiJrw'ntai suzh'n toi'" Cristianoi'" kai; pistoi'", wJ" proei'pon, mh; peivqonte"aujtou;" mhvte peritevmnesqai oJmoivw" aujtoi'" mhvte sabbativzein mhvte a[llao{sa toiau'tav ejsti threi'n, kai; proslambavnesqai kai; koinwnei'n8 aJpavntwn,wJ" oJmosplavgcnoi" kai; ajdelfoi'", dei'n ajpofaivnomai9. 3 jEa;n de; oiJ ajpo; tou'gevnou" tou' uJmetevrou pisteuvein levgonte" ejpi; tou'ton to;n Cristovn, w\Truvfwn, e[legon, ejk panto;" kata; to;n dia; Mwsevw" diatacqevnta novmonajnagkavzousi10 zh'n tou;" ejx ejqnw'n pisteuvonta" ejpi; tou'ton to;n Cristo;n h]

1 Dhlonovti : dh'lon o{ti Goodsp. 2 De; Otto, Arch. (ut Dial. 44, 2 ; 46, 3 ; 49, 5 ; 69, 4 ; 111,2 ; 120, 6) : dh; codd., cett. edd. 3 Eij mhvti (cf. 68, 6 : eij mhvti tou'to oujk ejpivstasqe... _) : eij mhv ti(= eij mh; o{ti, nisi quia) prop. Mar., Mign. eij mhv tine" prop. Troll. eij del. Pearson (num sunt quitales salvos futuros negent ?) 4 Mwsevw" : Mwu>sevw" Mign., Otto, Goodsp. (hic et infra) 5 {A −diatetavcqai : in semicirculis Marc. 6 Eujsebeiva" : eujs. pravxein, fulavssein Marc. 7 Bouvlontai...aiJrw'ntai codd., Steph. : bouvlwntai ...aiJrw'ntai edd. a Sylb. 8 Koinwnei'n : k. aujtoi'" Marc. (exDial. 47, 3) 9 jApofaivnomai Sylb., Troll., edd. ab Otto (ex Dial. 47, 4) : ajpofaivnesqai codd.,cett. edd. (= ajlla; suvnainov" eijmi tou' ajpofaivnesqai Mar.) 10 jAnagkavzousi ...aiJrou'ntai codd.,Arch., Goodsp. : ajnagkavzwsi ...aiJrw'ntai Steph., Mar., Mign., Otto, Marc.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 46, 7-47, 3

impassibles et immortels35. Et nous savons bien que ce qui a été prescrit aupeuple à cause de sa dureté de cœur ne contribue en rien à la pratique de lajustice et de la piété.

On peut être sauvé en continuant à observer la Loi,pourvu qu’on n’en impose pas la pratique aux Gentils qui se convertissent.

47. 1 Tryphon reprit1 :— Si quelqu'un, sachant qu'il en est ainsi, c'est-à-dire, connaissant que

celui-là est le Christ2, croyant en lui et lui obéissant, veut également observerces prescriptions, sera-t-il sauvé ? demandait-il.

Moi : — Du moins à ce qu'il me semble, Tryphon, je dis que celui-là serasauvé, pourvu qu'il ne cherche absolument pas à persuader les autreshommes, c'est-à-dire ceux des nations qui ont été circoncis de l'erreur par leChrist, d'observer les mêmes prescriptions que lui, en disant que sans lesobserver ils ne seront pas sauvés, comme toi-même le faisais, au début del'entretien3, en déclarant que je ne serais point sauvé si je ne les observais pas.

2 Lui : — Pourquoi donc as-tu dit : « Du moins à ce qu'il me semble, celui-là sera sauvé » ? En est-il donc qui disent que ceux-là ne seront pas sauvés ?

— Il en est, Tryphon, répondis-je. Ils se refusent même à partager la tableou la conversation de gens de cette sorte. Je ne suis pas, quant à moi, de leuravis. Car si par faiblesse de jugement4 ceux-là veulent5 observer tout ce qu'ilspeuvent aujourd'hui des prescriptions de Moïse − instituées, nous le savons,à cause de la dureté de cœur du peuple − tout en espérant en ce Christ, et enobservant en même temps ce qui est éternellement et par nature pratiquejuste et pieuse, s'ils consentent à vivre avec les chrétiens et les croyants6, sansles persuader, ainsi que je l'ai dit, de se faire circoncire comme eux, depratiquer le sabbat ou toutes les prescriptions semblables qu'il est possible derespecter7, il faut, je le déclare, les accueillir et frayer avec eux en touteschoses, comme avec des frères8 nés des mêmes entrailles9. 3 Mais, Tryphon,ajoutai-je, si ceux de votre race qui disent croire en ce Christ usent de tous lesmoyens pour contraindre ceux des nations qui croient en ce Christ de vivreselon la Loi instituée par l'intermédiaire de Moïse, ou bien ne

302

JUSTIN MARTYR

mh; koinwnei'n aujtoi'" th'" toiauvth" sundiagwgh'" aiJrou'ntai, oJmoivw" kai;< aujto;" >1 touvtou" oujk ajpodevcomai. 4 Tou;" de; peiqomevnou" aujtoi'" ejpi;th;n e[nnomon politeivan2 meta; tou' fulavssein th;n eij" to;n Cristo;n tou' qeou'oJmologivan kai; swqhvsesqai i[sw" uJpolambavnw. Tou;" de; oJmologhvsanta" kai;ejpignovnta" tou'ton ei\nai to;n Cristo;n kai; hJ/tiniou'n aijtiva/ metabavnta" ejpi;th;n e[nnomon politeivan, ajrnhsamevnou" o{ti ou|tov" ejstin oJ Cristov", kai; pri;nteleuth'" mh; metagnovnta", oujd! o{lw"3 swqhvsesqai ajpofaivnomai. Kai; tou;"ajpo; tou' spevrmato" tou' jAbraa;m zw'nta" kata; to;n novmon kai; ejpi; tou'tonto;n Cristo;n mh; pisteuvonta" pri;n teleuth'" tou' bivou ouj swqhvsesqaioJmoivw" ajpofaivnomai, kai; mavlista tou;" ejn tai'" sunagwgai'" kata-[fol. 97v° : A]-<na>qemativsanta"4 kai; kata<na>qemativzonta" < tou;" > ejp! aujto;ntou'ton to;n Cristo;n < pisteuvonta" >5 kai; pa'n < pravttonta" > o{pw"tuvcwsi th'" swthriva" kai; th'" timwriva" th'" ejn tw'/ puri; ajpallagw'sin.5 JH ga;r crhstovth" kai; hJ filanqrwpiva tou' qeou' kai; to; a[metron tou'plouvtou aujtou'6 to;n [p. 149 : B] metanoou'nta ajpo; tw'n aJmarthmavtwn, wJ" di!jIezekih;l mhnuvei, wJ" divkaion kai;7 ajnamavrthton e[cei : kai; to;n ajpo;eujsebeiva" h]8 dikaiopraxiva" metatiqevmenon ejpi; ajdikivan kai; ajqeovthta wJ"aJmartwlo;n kai; a[dikon kai; ajsebh' ejpivstatai. Dio; kai; oJ hJmevtero" kuvrio"jIhsou'" Cristo;" ei\pen : jEn oi|" a]n uJma'" katalavbw, ejn touvtoi" kai; krinw'.

48. 1 − Kai; oJ Truvfwn : Kai; peri; touvtwn o{sa fronei'" ajkhkovamen, ei\pen.jAnalabw;n ou\n to;n lovgon, o{qen ejpauvsw, pevraine : paravdoxov" ti" gavr pote9

kai; mh; dunavmeno" o{lw" ajpodeicqh'nai dokei' moi ei\nai : to; ga;r levgein seprou>pavrcein qeo;n o[nta pro; aijwvnwn tou'ton to;n Cristovn, ei\ta kai;gennhqh'nai a[nqrwpon genovmenon uJpomei'nai, kai; o{ti oujk a[nqrwpo" ejxajnqrwvpou10, ouj movnon paravdoxon dokei' moi ei\nai ajlla; kai; mwrovn.

1 Aujto;" add. Marc. : om. codd., cett. edd. 2 Politeivan : p. metabaivnein Marc. 3 Oujd! o{lw" B,edd. ab Otto : oujdwvlw" Steph. oujdovlw" A, cett. edd. 4 Katanaqemativsanta"...katanaqemativzonta" Steph., Lange, Sylb., Mar., Mign., Otto, Arch. : kataqemativsanta"

...kataqemativzonta" codd., Goodsp., Marc. (cf. Matth. 26, 74) 5 Kata(na)qemativzonta" − o{pw"Sylb., Marc. : kataqemativzonta" ejp! aujto;n tou'ton to;n Cristo;n : kai; pa'n : o{pw" ktl. codd. k.tou;"... pisteuvonta" kai; mh; metanouou'nta" kai; pa'n pravttonta" o{pw" Lange k. tou;"...pisteuvonta" o{pw" Otto, Arch., Goodsp. ajpofaivnomai (kai; mavlista ...k. ...to;n Cristo;n) ka]npanu; pw" Mar. k. ...to;n Cristo;n kai; pavnta" tou;" ejp! aujto;n pisteuvonta" o{pw" Troll.6 Aujtou' : aujth'" prop. Thirlb. (ex. Ephes. 2, 7) tou' ejlevou" aujtou' prop. Otto 7 Kai; : ante wJ"di! jIezekih;l transp. Arch. 8 ]H : kai; coni. Thirlb., Troll. 9 Pote : post dunavmeno" transponendumSylb. post ajpodeicqh'nai transp. Marc. 10 jEx ajnqrwvpou : ejx ajnqrwvpwn coni. Otto, Arch., Marc.

303

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 47, 3-48, 1

consentent point à partager leur mode de vie, je fais comme eux, et ne lesaccueille point. 4 Quant à ceux qui se laissent persuader par eux de vivreselon la Loi10, tout en continuant à confesser le Christ de Dieu, j'admetsqu'ils puissent11 être sauvés. Mais ceux qui, après avoir confessé et reconnuque celui-ci est le Christ, se (re)mettent12, pour une raison quelconque, àvivre selon la Loi, niant qu'il est le Christ, et avant la mort ne se sont pasrepentis, je déclare qu'ils ne seront pas sauvés du tout13. Pour ceux de ladescendance d'Abraham qui vivent selon la Loi, s'ils ne croient pas en ceChrist avant la fin de leur vie, je déclare de même qu'ils ne seront pas sauvés,en particulier ceux qui dans les synagogues ont anathématisé14 etanathématisent encore ceux qui croient en ce Christ, en faisant tout pour sesauver15 et échapper au supplice du feu16. 5 Car ala bonté et la philanthropie17 deDieu, l'immensité de sa brichesse même, considère − il le signifie par cÉzéchiel −comme juste et sans péché celui qui s'est repenti de ses fautes. Quant à celuiqui de la piété et de la pratique de la justice est passé à l'injustice et àl'athéisme, il est tenu pour pécheur, injuste et impie18. C'est pourquoi notreSeigneur Jésus-Christ a dit : Là où je vous trouverai, là aussi je vous jugerai19.

Le Christ n’est pas seulement « homme d’entre les hommes ».Il est aussi Dieu.

48. 1 Tryphon : — Nous avons entendu, dit-il, toute ta pensée sur cettequestion. Poursuis donc, en reprenant ton propos là où tu l'avais quitté1. Ilme semble, en effet, pour le moins paradoxal, et tout à fait impossible àprouver. Car t'entendre dire que ce Christ a préexisté2, étant Dieu, avant lessiècles, puis qu'il a consenti à se faire homme et à naître, et qu'il n'est pointhomme issu d'un homme3, cela ne me paraît pas seulement paradoxal, maisinsensé.

a Cf. Tit., 3, 4 ; Rom. 2, 4 b cf. Tit. 3, 6 ; Rom. 2, 4 c cf. Éz. 33, 12, 20.

304

JUSTIN MARTYR

2 − Kajgw; pro;" tau'ta e[fhn : Oi\d! o{ti paravdoxo" oJ lovgo" dokei' ei\nai,kai; mavlista toi'" ajpo; tou' gevnou" uJmw'n, oi{tine" ta; tou' qeou' ou[te noh'saiou[te poih'saiv pote bebouvlhsqe, ajlla; ta; tw'n didaskavlwn uJmw'n, wJ" aujto;" oJqeo;" boa'/. [Hdh mevntoi, w\ Truvfwn, ei\pon, [fol. 98 r° : A] oujk ajpovllutai to;tou'ton1 ei\nai Cristo;n tou' qeou', eja;n ajpodei'xai mh; duvnwmai o{ti kai;prou>ph'rcen uiJo;"2 tou' poihtou' tw'n o{lwn, qeo;"3 w[n, kai; gegevnnhtai4

a[nqrwpo" dia; th'" parqevnou. 3 jAll!5 ejk panto;" ajpodeiknumevnou o{ti ou|tov"ejstin oJ Cristo;" oJ tou' qeou', o{sti"6 ou|to" e[stai, eja;n de;7 mh; ajpodeiknuvwo{ti prou>ph'rce kai; gennhqh'nai a[nqrwpo" oJmoiopaqh;" hJmi'n, savrka e[cwn,kata; th;n tou' patro;" boulh;n uJpevmeinen, ejn touvtw/ peplanh'sqaiv me movnon8

levgein divkaion, ajlla; mh; ajrnei'sai o{ti ou|tov" ejstin oJ Cristov", [p. 150 : B]eja;n9 faivnhtai wJ" a[nqrwpo" ejx ajnqrwvpwn gennhqeiv", kai; ejklogh;10

genovmeno" eij" to;11 Cristo;n ei\nai ajpodeiknuvhtai. 4 Kai; gavr eijsiv tine", w\fivloi, e[legon, ajpo; tou' uJmetevrou12 gevnou" oJmologou'nte" aujto;n Cristo;nei\nai, a[nqrwpon de; ejx ajnqrwvpwn genovmenon ajpofainovmenoi : oi|" oujsuntivqemai, oujd! a]n plei'stoi taujtav13 moi doxavsante" ei[poien, ejpeidh; oujkajnqrwpeivoi" didavgmasi kekeleuvsmeqa uJp! aujtou' tou' Cristou' peivqesqai,ajlla; toi'" dia; tw'n makarivwn profhtw'n khrucqei'si kai; di! aujtou'didacqei'si.

49. 1 − Kai; oJ Truvfwn : jEmoi; me;n14 dokou'sin, ei\pen, oiJ levgonte"a[nqrwpon15 gegonevnai aujto;n kai; kat! ejklogh;n kecri'sqai16 kai; Cristo;ngegonevnai piqanwvteron uJmw'n levgein, tw'n tau'ta a{per fh'/" legovntwn : kai;ga;r pavnte" hJmei'" to;n Cristo;n a[nqrwpon ejx ajnqrwvpwn prosdokw'mengenhvsesqai, [fol. 98 v° : A] kai; to;n JHlivan cri'sai aujto;n ejlqovnta17. jEa;n de;ou|to" faivnhtai w]n oJ Cristov", a[nqrwpon me;n ejx ajnqrwvpwn genovmenon18 ejk

1 Tou'ton prop. Lange, coni. edd. ab Otto, Troll. (cf. Grotius ad Lc. 23, 35) : toiou'ton codd., cett.edd. 2 UiJo;" : wJ" uiJo;" Marc. (ex Dial. 118, 2 : wJ" uiJo;" qeou') 3 Qeo;" : kai; qeo;" prop. Thirlb.4 Gegevnnhtai B, Steph., Mar., Otto, Arch., Marc. : gegevnhtai A, Goodsp. 5 jAll! Otto,Arch. : ajlla; codd., cett. edd. 6 {Osti" : oJmoivw" vel o{lw" et post e[stai colon Orell. (Iust. Mart. loc.aliq. sel., p. 19) 7 De; : kai; vel dh; prop. Thirlb. dh; coni. Marc. 8 Movnon : o2 in ras A 9 jEa;n :ka]n coni. Marc. 10 jEklogh; : ejklogh'/ Otto, Troll., Marc. (cf. 49, 1 : kat! ejklogh;n) ejklegovmeno"vel ejklelegmevno" prop. Thirlb. 11 To; prop. Thirlb., coni. Otto, Arch., Marc. (cf. 67, 2 : ejklegh'naieij" cristovn) : to;n codd., cett. edd. 12 JUmetevrou : hJmetevrou coni. Steph., Otto 13 Taujtav prop.Sylb., coni. Mar., Mign., edd. ab Otto : tau'tav codd., cett. edd. 14 Me;n (paulo post : eja;n de;) :mevntoi Marc. 15 [Anqrwpon : a[n. ejx ajnqrwvpwn prop. Thirlb., coni. Marc. 16 Kecri'sqai...cri'sai edd. ab Otto : kecrivsai ...crivsai codd., cett. edd. 17 jElqovnta : post JHlivan transp. Marc.18 Genovmenon : g. aujto;n Marc.

305

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 48, 2- 49, 1

2 A quoi je répondis :— Mon discours, je le sais, semble paradoxal, surtout à ceux de votre race,

vous qui jamais n'avez voulu ni comprendre ni pratiquer les aenseignements deDieu, mais ceux de vos didascales, comme Dieu lui-même le proclame4.Néanmoins, Tryphon, dis-je, il est désormais acquis que celui-ci est Christ5

de Dieu, même si je ne peux démontrer aussi qu'il préexistait, fils du Créateurde l’univers, étant Dieu, et qu'il est né homme par la vierge. 3 Comme il estparfaitement démontré que celui-ci, quel qu'il soit, est le Christ de Dieu,même si je ne démontrais pas qu'il a préexisté, et a consenti à devenir hommesouffrant comme nous6, dans la chair7, selon la volonté du Père, en cela seulil serait justifié de m'accuser d'erreur. Il ne le serait pas, en revanche, de nierque celui-ci est le Christ s'il devenait manifeste qu'il est né homme d'entre leshommes, et démontré qu'il fut objet d'élection8 pour être Christ. 4 Car il enest, amis, dis-je, de votre9 race, qui tout en confessant qu'il est le Christ,déclarent qu'il fut homme d'entre les hommes. Avis que je ne partage pasavec eux, et ne partagerais pas davantage, quand bien même le plus grandnombre, qui pense comme moi10, affirmerait la même chose11. Car ce n'estpas à des benseignements humains que nous avons reçu du Christ l'ordre d'obéir,mais à ceux qui ont été annoncés par les bienheureux prophètes et enseignéspar lui.

La première parousie fut annoncée par Jean, la seconde par Élie.Transmission de l’Esprit prophétique.

49. 1 Tryphon : — Il me semble, dit-il, que ceux qui disent qu'il était homme,que par élection1 il a été oint pour devenir « Christ »2, tiennent des proposplus vraisemblables que vous autres, qui tenez les propos que tu rapportes.Car le Christ que tous, parmi nous, attendent, sera homme d'entre leshommes3, et Élie doit venir l'oindre4. Et s'il apparaît que celui-là est le Christ,on doit reconnaître assurément qu'il fut homme d'entre les hommes.

a Cf. Is. 29, 13 ; Matth. 15, 9 ; Mc. 7, 7 b cf. Is. 29, 13 ; Matth. 15, 9 ; Mc. 7, 7.

306

JUSTIN MARTYR

panto;" ejpivstasqai dei'1 . jEk de; tou' mhde; JHlivan ejlhluqevnai oujde; tou'tonajpofaivnomai ei\nai.2 − Kajgw; pavlin ejpuqovmhn aujtou' : Oujci; JHlivan fhsi;n oJ Lovgo" dia;

Zacarivou ejleuvsesqai pro; th'" hJmevra"2 th'" megavlh" kai; fobera'" tauvth"tou' kurivou _− Kajkei'no" ajpekrivnato : Mavlista.− jEa;n ou\n oJ Lovgo" ajnagkavzh/ oJmologei'n o{ti duvo parousivai tou' Cristou'

proefhteuvonto genhsovmenai, miva mevn, ejn h|/ paqhto;" kai; a[timo" kai; ajeidh;"fanhvsetai, hJ de; eJtevra, ejn h|/ kai; e[ndoxo" kai; krith;" aJpavntwn ejleuvsetai,wJ" kai; ejn polloi'" toi'" prolelegmevnoi" ajpodevdeiktai, oujci; th'" fobera'"kai; megavlh" [p. 151 : B] hJmevra" toutevsti th'" deutevra" parousiva" aujtou',provodon genhvsesqai to;n JHlivan nohvsomen to;n Lovgon tou' qeou'kekhrucevnai _− Mavlista, ajpekrivnato.3 − Kai; oJ hJmevtero" ou\n kuvrio", e[fhn, tou'to aujto; ejn toi'" didavgmasin

aujtou' parevdwke genhsovmenon, eijpw;n kai; JHlivan ejleuvsesqai : kai; hJmei'"tou'to ejpistavmeqa genhsovmenon, o{tan mevllh/ ejn dovxh/ ejx oujranw'nparagivnesqai oJ hJmevtero" kuvrio" jIhsou'" Cristov", ou| kai; th'" prwvth"fanerwvsew" kh'rux proh'lqe3 to; ejn JHliva/ genovmenon pneu'ma tou' qeou', ejnjIwavnnh/, tw'/ genomevnw/ ejn tw'/ [fol. 99 r° : A] gevnei uJmw'n profhvth/, meq! o}noujdei;" e{tero" loipo;n4 par! uJmi'n ejfavnh profhvth" : o{sti" ejpi; to;njIordavnhn potamo;n kaqezovmeno" ejbova : (Matth. 3, 11 ; Luc 3, 16) jEgw; me;n uJma'"baptivzw ejn u{dati eij" metavnoian : h{xei de; oJ ijscurovterov" mou, ou| oujk eijmi;iJkano;" ta; uJpodhvmata bastavsai : aujto;" uJma'" baptivsei ejn pneuvmati aJgivw/kai; puriv. (12 ; 17)Ou| to; ptuvon aujtou' 5 ejn th'/ ceiri; aujtou'; kai; diakaqariei'th;n a{lwna aujtou' kai; to;n si'ton sunavxei eij" th;n ajpoqhvkhn, to; de; a[curonkatakauvsei puri; ajsbevstw/.4 Kai; tou'ton aujto;n to;n profhvthn sunekekleivkei oJ basileu;" uJmw'n

JHrwvdh" eij" fulakhvn, kai; genesivwn hJmevra" teloumevnh", ojrcoumevnh" th'"ejxadelfh'"6 aujtou' [tou' JHrwvdou]7 eujarevstw" aujtw'/, ei\pen8 aujth'/ aijthvsasqaio} eja;n bouvlhtai. Kai; hJ mhvthr th'" paido;" uJpevbalen9 aujth'/

1 Dei' : −ei' in ras. A 2 JHmevra" : post tou' kurivou transp. Mor. 3 Proh'lqe : −e in ras. A4 Loipo;n Thirlb., Otto, Arch., Marc. (cf. 36, 1 ; 44, 4 ; 56, 2 ; 63, 1 ; 87, 1 ; 142, 3) : loipo;"codd., cett. edd. 5 Aujtou' : del. Marc. (om. Mt. et Lc.) 6 jExadelfh'" Mar., Mign., Otto, Arch. :ejxadevlfh" Goodsp., Marc. ejx ajdelfh'" codd., Steph., Jebb 7 Tou' JHrwvdou del. Otto, Arch.(« manifestissimum glossema » Thirlb.) : post teloumevnh" transp. Marc. 8 Ei\pen edd. a Sylb. :eijpei'n codd., cett. edd. 9 JUpevbalen : uJpevlaben Troll.

307

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 49, 1-49, 4

Mais comme Élie n'est pas venu, je déclare qu'il ne l'est pas non plus.2 Je lui demandai alors à nouveau :— Le Verbe ne dit-il pas, par l'intermédiaire de Zacharie5, qu'Élie doit venir

aavant ce grand et redoutable jour du Seigneur6 ?Il répondit :— Assurément.— Si le donc Verbe oblige à admettre qu'il fut prophétisé qu'il y aurait deux

parousies du Christ, l'une dans laquelle il apparaîtra bsouffrant7, csans honneuret apparence, l'autre où il viendra glorieux8 et djuge de tous9, comme cela a étéabondamment démontré dans ce qui a déjà été dit, ne comprendrons-nouspas que, selon ce qu'annonce le Verbe de Dieu, c'est du ejour redoutable et grand,c'est-à-dire de sa seconde parousie, qu'Élie doit être précurseur10 ?

— Certainement, répondit-il.3 — Notre Seigneur, dis-je, nous a confié dans ses enseignements qu'il en

serait bien ainsi, lorsqu'il a dit qu' fÉlie aussi viendrait. Et nous savons que celaaura lieu lorsque notre Seigneur Jésus-Christ sera sur le point gd'apparaître hengloire, idu haut des cieux11. De sa première manifestation12 l'Esprit de Dieu − quiétait en Élie13 − fut le héraut, en la personne de Jean, prophète au sein devotre race14, après lequel il n'est plus apparu chez vous, par la suite, d'autreprophète15. Assis près du fleuve du Jourdain, il proclamait : (Matth. 3, 11 ; Luc 3,16)Quant à moi, je vous baptise dans l'eau pour le repentir. Mais il viendra celui qui estplus fort que moi, dont je ne suis pas digne de porter les sandales. Lui, il vous baptiseradans l'Esprit Saint et le feu. (12 ; 17)Son van est dans sa main, il nettoiera son aire,rassemblera le grain dans le grenier, et la paille il la consumera en un feu inextinguible16.

4 C'est ce prophète-là même que votre roi Hérode jfit enfermer en prison.kUn jour qu'on célébrait l'anniversaire du roi, sa nièce dansa d'une façon qui luiplut, et il lui dit de demander ce qu'elle voudrait. La mère de la jeune fille lui

a Cf. Mal. 4, 5 b cf. Is. 53, 3-4 c cf. Is. 53, 2-3 d cf. Act. 10, 42 e cf. Mal. 4, 5 f cf. Matth.17, 11 ; Mc. 9, 12 g cf. Matth. 24, 30 h cf. Matth. 25, 31 ; Is. 33, 17 i cf. Matth. 24, 30 ;Dan. 7, 13 j cf. Matth. 14, 3 ; Mc. 6, 17 ; Lc. 3, 20 k cf. Matth. 14, 6-11 ; Mc. 6, 21-27

308

JUSTIN MARTYR

aijthvsasqai th;n kefalh;n jIwavnnou tou' ejn th'/ fulakh'/ : kai; aijthsavsh"e[pemye kai; ejpi; pivkani ejnecqh'nai1 th;n kefalh;n jIwavnnou ejkevleuse. 5 Dio;kai; oJ hJmevtero" Cristo;" eijrhvkei ejpi; gh'"2 tovte toi'" levgousi pro; tou' [p.152 : B] Cristou' JHlivan dei'n ejlqei'n : (Matth. 17, 11) JHliva" me;n ejleuvsetai kai;ajpokatasthvsei pavnta : (12)levgw de; uJmi'n o{ti JHliva" h[dh h\lqe, kai; oujkejpevgnwsan aujtovn, ajll! ejpoivhsan aujtw'/ o{sa hjqevlhsan. Kai; gevgraptai o{ti(13)Tovte sunh'kan oiJ maqhtai; o{ti peri; jIwavnnou tou' baptistou' ei\penaujtoi'". [fol. 99 v° : A]6 − Kai; oJ Truvfwn : Kai; tou'to paravdoxon levgein moi dokei'", o{ti to; ejn

JHliva/ tou' qeou' genovmenon profhtiko;n pneu'ma kai; ejn jIwavnnh/ gevgone.− Kajgw; pro;" tau'ta : Ouj dokei' soi ejpi; jIhsou'n, to;n tou' Nauh', to;n

diadexavmenon th;n laohghsivan meta; Mwseva3, to; aujto;4 gegonevnai, o{teejrrevqh tw'/ Mwsei' ejpiqei'nai tw'/ jIhsou' ta;" cei'ra", eijpovnto" aujtou'5 tou'qeou' : Kajgw; metaqhvsw ajpo; tou' pneuvmato" tou' ejn soi; ejp! aujtovn _7 − Kajkei'no" : mavlista.− JW" ou\n, fhmiv, e[ti o[nto" tovte ejn ajnqrwvpoi" tou' Mwsevw"6, metevqhken

ejpi; to;n jIhsou'n oJ qeo;" ajpo; tou' ejn Mwsei' pneuvmato", ou{tw" kai; ajpo; tou'JHlivou7 ejpi; to;n jIwavnnhn ejlqei'n oJ qeo;" dunato;" h\n poih'sai, i{na, w{sper oJCristo;" th'/ prwvth/ parousiva/ a[doxo" ejfavnh, ou{tw" kai; tou' pneuvmato" tou'ejn JHliva/ pavntote kaqareuvonto", < wJ" >8 tou' Cristou'9, a[doxo" hJ prwvthparousiva nohqh'/. 8 Krufiva/ ga;r ceiri; oJ kuvrio" polemei'n to;n jAmalh;kei[rhtai, kai; o{ti e[pesen oJ jAmalh;k oujk ajrnhvsesqe. Eij de; ejn th'/ ejndovxw/parousiva/ tou' Cristou' polemhqhvsesqai to;n jAmalh;k movnon levgetai, poi'o"karpo;" e[stai tou' Lovgou, o{" fhsi : Krufiva/ ceiri; oJ qeo;" polemei' to;njAmalhvk _ noh'sai10 duvnasqe o{ti krufiva duvnami" tou' qeou' gevgone tw'/staurwqevnti Cristw'/, o}n kai; ta; daimovnia frivssei kai; pa'sai aJplw'" [fol. 100r° : A] aiJ ajrcai; kai; ejxousivai th'" gh'"11.

1 jEnecqh'nai codd., Sylb., Otto, Arch., Goodsp. (cf. Matth. 14, 11 ; Mc. 6, 27) : ejnacqh'nai cett.edd. 2 jEpi; gh'" : ejpi; gh'" e[ti w]n Marc. (cf. 49, 7 : e[ti o[nto") 3 Mwseva ...Mwsei' : Mwu>seva...Mwu>sei' Mign., Otto, Goodsp. 4 To; aujto; gegonevnai : to; aujto; pneu'ma paragegonevnai Marc.5 Aujtou' : aujtw'/ coni. Marc. 6 Mwsevw" ...Mwsei' : Mwu>sevw" ...Mwu>sei' Otto, Goodsp. 7 jApo;tou' JHlivou : ajpo; tou' ejn JHliva/ Marc. (cf. 49, 3.6. 7 : to; / tou' ejn JHliva/ ; 49, 7 : tou' ejn Mwsei')ajpo; tou' JHlivou pneuvmato" prop. Mar. to; touj JHlivou vel to; pneu'ma tou' JHlivou prop. Thirlb.8 JW" add. Otto, Troll., Mign., Arch. : wJ" tou' (scil. pneuvmato") Marc. om. codd., cett. edd.pavntote kaqarmosqevnto" (vel kaqarmovzonto") tw'/ cristw'/ prop. Thirlb. 9 Pavntote − Cristou'in semicirculis Marc. 10 Noh'sai : n. ou\n Lange, Sylb., Marc. 11 Th'" gh'" : delendum Thirlb.

309

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 49, 4-49, 8

suggéra de réclamer la tête de Jean, qui était en prison. Elle en fit la demande, et leroi envoya l'ordre d'apporter sur un plat la tête de Jean17. 5 C'est pourquoi notreSeigneur a dit un jour sur terre à ceux qui affirmaient qu'Élie devait veniravant le Christ : (Matth. 17, 11)Élie viendra et rétablira toute chose. (12)Je vous dis qu'Élieest déjà venu, et ils ne l'ont pas reconnu, mais ils ont fait contre lui ce qu'ils ont voulu. Etil est écrit qu' (13)alors les disciples comprirent qu'il leur parlait de Jean le Baptiste18

6 Tryphon : — Ce que tu dis là me semble également paradoxal : quel'Esprit prophétique de Dieu qui était en Élie le fut aussi en Jean.

A quoi je répondis :— Ne te semble-t-il pas que sur Josué, fils de Naué, qui reçut le

commandement du peuple après Moïse, la même chose est arrivée, alorsqu’ilfut ordonné à Moïse bd'imposer les mains à Josué, Dieu lui-même ayant dit cJeferai passer sur lui de l'esprit qui est en toi19

7 Lui : — Parfaitement.— Eh bien, dis-je, tout comme au temps où Moïse était encore parmi les

hommes, Dieu a dfait passer sur Josué de l'Esprit qui était en Moïse, d'Élie Dieupouvait également faire qu'il vînt20 sur Jean, pour qu'on comprît que, demême que le Christ lors de la première parousie est apparu esans gloire, elle futaussi sans gloire, comme celle du Christ, la première parousie de l'Esprit quigardait en Élie toute sa pureté21. 8 Car c'est fd'une main secrète, est-il dit, que leSeigneur combat Amalek. Or Amalek est tombé, vous ne le nierez pas22. Mais sic'est seulement dans la parousie glorieuse23 du Christ qu'il est dit qu'Amaleksera combattu, quelle sorte de fruit24 peut-on tirer de cette expression duVerbe : D'une main secrète Dieu combat Amalek ? Vous pouvez comprendrequ'une puissance secrète25 appartint au Christ crucifié, lui qui gfait frémir lesdémons et absolument toutes les hPrincipautés et Puissances de la terre26.

a Cf. Nombr. 27, 18-23 et Deut. 34, 9 b cf. Nombr. 27, 18 c ibid. 11, 17 d cf. Nombr. 11, 17e cf. Is. 53, 2-3 f Exod. 17, 16 g cf. Jacq. 2, 19 h cf. I. Cor. 15, 24 ; Éphés. 1, 21 ; 3, 10 ;Col. 1, 16 ; 2, 15.

310

JUSTIN MARTYR

50. 1 − Kai; oJ Truvfwn : [Eoikav" moi ejk pollh'" prostrivyew" th'" pro;"pollou;" peri;1 pavntwn tw'n zh-[p. 153 : B]-toumevnwn2 gegonevnai3 kai; dia;tou'to eJtoivmw" e[cein ajpokrivnesqai pro;" pavnta a} a]n ejperwthqh'/".jApovkrinai4 ou\n moi provteron, pw'" e[cei" ajpodei'xai o{ti kai; a[llo"5 qeo;"para; to;n poihth;n tw'n o{lwn, kai; tovte ajpodeivxei" o{ti kai; gennhqh'nai dia;th'" parqevnou uJpevmeine.2 − Kajgw; e[fhn : Provterovn moi sugcwvrhson eijpei'n lovgou" tina;" ejk th'"

JHsai?ou profhteiva", tou;" eijrhmevnou" peri; th'" proeleuvsew", h}n6

proelhvluqen aujtou' touj kurivou hJmw'n jIhsou' Cristou' touvtou jIwavnnh" oJbaptisth;" kai; profhvth" genovmeno".− Kajkei'no" : Sugcwrw'.3 − Kajgw; ei\pon : JHsai?a" ou\n peri; th'" jIwavnnou proeleuvsew" ou{tw"proei'pe : (Is. 39, 8)Kai; ei\pen jEzekiva" pro;" JHsai?an : jAgaqo;" oJ lovgo"kurivou, o}n ejlavlhse : Genevsqw eijrhvnh kai; dikaiosuvnh ejn tai'" hJmevrai" mou :kaiv : (Is. 40, 1)Parakalei'te to;n laovn : (2)iJerei'", lalhvvsate eij" th;n kardivanJIerousalh;m kai; parakalevsate aujthvn, o{ti ejplhvsqh hJ tapeivnwsi" aujth'" :levlutai aujth'" hJ aJmartiva, o{ti ejdevxato ejk ceiro;" kurivou dipla' ta;aJmarthvmata aujth'". (3)Fwnh; bow'nto" ejn th'/ ejrhvmw/ : JEtoimavsate ta;"oJdou;" kurivou, [fol. 100 v° : A] eujqeiva" poiei'te ta;" trivbou" tou' qeou' hJmw'n.Pa'sa favragx 7 plhrwqhvsetai, kai; pa'n o[ro" kai; bouno;" tapeinwqhvsetai :(4)kai; e[stai pavnta ta; skolia; eij" eujqei'an, kai; hJ tracei'a eij" oJdou;" leiva" :(5)kai; ojfqhvsetai hJ dovxa kurivou, kai; o[yetai pa'sa sa;rx to; swthvrion tou'qeou', o{ti kuvrio" ejlavlhse. 4 (6)Fwnh; levgonto" : bovhson. Kai; ei\pon : Tivbohvsw _ Pa'sa sa;rx covrto", kai; pa'sa dovxa ajnqrwvpou wJ" a[nqo" covrtou.(7) jExhravnqh oJ covrto", kai; to; a[nqo" aujtou' ejxevpese, (8)to; de; rJh'ma kurivoumevnei eij" to;n aijw'na. (9) jEp! o[rou" uJyhlou' ajnavbhqi, oJ eujaggelizovmeno"Siwvn : u{ywson th'/ ijscuvi> th;n fw-[p. 154 : B]-nhvn sou, oJ eujaggelizovmeno"JIerousalhvm. JUywvsate, mh; fobei'sqe. Ei\pon8 tai'" povlesin jIouvda : jIdou; oJqeo;" uJmw'n : (10)kuvrio" ijdou; met! ijscuvo" e[rcetai, kai; oJ bracivwn meta;kuriva" e[rcetai. jIdou oJ misqo;" met! aujtou', kai; to; e[rgon ejnantivon aujtou'.(11) JW" poimh;n poimanei' to; poivmnion aujtou', kai; tw'/ bracivoni sunavxei a[rna",kai; th;n ejn gastri; e[cousan parakalevsei. 5 (12)Tiv" ejmevtrhse th'/

1 Peri; : e[mpeiro" vel ejn pollh'/ prostrivyei th'/ pro;" pollou;" pro ejk pollh'" prostrivyew" th'"pro;" pollou;" prop. Thirlb. 2 Zhtoumevnwn : z. ejpisthvmwn Marc. (cf. 3, 5) 3 Gegonevnai :gnw'nai vel ejgnwkevnai prop. Troll. 4 jApovkrinai edd. a Sylb. (cf. 67, 7) : ajpovkrine codd., cett. edd.5 [Allo" : a[llo" ejsti; Marc. 6 ^Hn : h|" prop. Pearson 7 Favragx : corr. ex favrax A 8 Ei\poncodd., edd. : eijpo;n (imper. aor. 2) Lange, Thirlb. (ex LXX).

311

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 50, 1-50, 5

Jean, Précurseur du Christ.Prophétie d’Isaïe.

50. 1 Tryphon :— Tu parais t'être frotté, avant notre rencontre, en maintes occasions à

bien des interlocuteurs sur tout ce qui fait l'objet de notre recherche1 ; et c'estlà ce qui te rend prêt à répondre à toutes sortes de questions. Réponds-moidonc d'abord à ceci : comment peux-tu démontrer qu'il y a un autre Dieu2 àcôté du Créateur de l'univers ? Tu démontreras ensuite qu'il a consenti ànaître par la vierge3.

2 Je dis :— Permets-moi, tout d'abord, de citer quelques paroles de la prophétie

d'Isaïe, celles qui sont dites sur la fontion de précurseur, par laquelle Jean, quifut Baptiste et prophète, précéda ce Jésus-Christ même, notre Seigneur.

Lui : — Soit.3 Je dis :— Isaïe donc, sur la fonction de précurseur assumée par Jean, a fait la

prédiction suivante : (Is. 39, 8)Ézéchias dit à Isaïe : Bonne est la parole que le Seigneura fait entendre. Que paix et justice s'accomplissent en mes jours. Et : (Is. 40, 1)Consolez lepeuple, (2)prêtres, parlez au cœur de Jérusalem, et consolez-la, car son abaissement estaccompli ; son péché est remis, car elle a reçu de la main du Seigneur le double de sespéchés. (3)Une voix crie dans le désert : Préparez les voies du Seigneur, rendez droits lessentiers de notre Dieu. Tout abîme sera comblé, toute montagne et toute colline abaissée.(4)Toute sinuosité sera droiture, et la rocaille chemins unis. (5)La gloire du Seigneur4

apparaîtra, et toute chair verra le Salut de Dieu, car le Seigneur a parlé. 4 (6)Une voixqui dit : Crie ! Et j’ai dit : Que crierai-je ? Toute chair est herbe, et toute gloire d'hommeest comme une fleur d'herbe. (7)L'herbe a séché, et sa fleur est tombée, (8)mais la parole duSeigneur demeure pour l'éternité. (9)Monte sur une montagne élevée, toi qui annonces unebonne nouvelle à Sion. Élève la voix avec force, toi qui annonces une bonne nouvelle àJérusalem. Élevez-la, ne craignez point. J’ai dit aux cités de Juda : Voici votre Dieu.(10)Voici que le Seigneur vient avec force, et le bras5 vient avec domination. Voici sarécompense avec lui, et son œuvre devant lui. (11)Comme un pasteur, il fera paître sontroupeau, de son bras il rassemblera les agneaux, et il consolera celle qui est enceinte.5 (12)Qui a mesuré l'eau de la mer à la main, le ciel à l'empan, et toute la terre à la

312

JUSTIN MARTYR

ceiri; to; u{dwr kai; to;n oujrano;n spiqamh'/1 kai; pa'san th'n gh'n drakiv _ tiv"e[sthse ta; o[rh staqmw'/ kai; ta;" navpa" zugw'/ _ (13)Tiv" e[gnw nou'n kurivou, kai;tiv" aujtou' suvmboulo" ejgevneto, o}" sumbibavsei aujtovn _ (14) ]H pro;" tivnasunebouleuvsato, kai; sunebivbasen aujtovn _ ]H tiv" e[deixen aujtw'/ krivsin _[fol. 101 r° : A] ]H oJdo;n sunevsew" tiv" ejgnwvrisen aujtw'/ _ (15)pavnta ta; e[qnhwJ" stagw;n ajpo; kavdou, kai; wJ" rJoph; zugou' ejlogivsqhsan, kai; wJ" ptuvelo"2

logisqhvsontai. (16) JO de; Livbano" oujc iJkano;"3 eij" kau'sin, kai;4 ta;tetravpoda oujc iJkana; eij" oJlokavrpwsin, (17)kai; pavnta ta; e[qnh oujqevn5, kai;eij" oujde;n ejlogivsqhsan.

51. 1 − Kai; pausamevnou mou ei\pen oJ Truvfwn : jAmfivboloi me;n6 pavnte" oiJlovgoi th'" profhteiva", h}n fh;/" suv, w\ a[nqrwpe, kai; oujde;n tmhtiko;n eij"ajpovdeixin ou|per bouvlei ajpodei'xai e[conte".− Kajgw; ajpekrinavmhn : Eij me;n mh; ejpauvsanto kai; oujk7 e[ti ejgevnonto oiJ

profh'tai ejn tw'/ gevnei uJmw'n, w\ Truvfwn, meta; tou'ton to;n jIwavnnhn, dh'lono{ti8 a} levgw eij" jIhsou'n to;n Cristo;n9 i[sw" ajmfivbola ejnoei'te10 ei\nai ta;legovmena. 2 Eij de; jIwavnnh" me;n proelhvluqe bow'n toi'" ajnqrwvpoi"metanoei'n, kai; Cristo;" e[ti aujtou' kaqezomevnou ejpi; tou' jIordavnou potamou'ejpelqw;n e[pausev te aujto;n tou' [p. 155 : B] profhteuvein kai; baptivzein, kai;eujhggelivzeto, kai; aujto;" levgwn o{ti ejgguv" ejstin hJ basileiva tw'n oujranw'n,kai; o{ti dei' aujto;n polla; paqei'n5 ajpo; tw'n grammatevwn kai; Farisaivwn12,kai; staurwqh'nai kai; th'/ trivth/ hJmevra/ ajnasth'nai, kai; pavlinparagenhvsesqai ejn JIerousalhvm, kai; tovte toi'" maqhtai'" aujtou' sumpiei'npavlin kai; sumfagei'n, [fol. 101 v° : A] kai; ejn tw'/ metaxu; th'" parousiva"aujtou' crovnw/, wJ" proevfhn, genhvsesqai aiJrevsei"13 kai; yeudoprofhvta"14 ejpi;tw'/ ojnovmati aujtou' proemhvnuse, kai; ou{tw faivnetai o[nta : pw'"15 e[tiajmfibavllein16 e[stin, e[rgw/ peisqh'nai uJmw'n ejcovntwn _

1 Spiqamh'/ edd. a Mar. (= LXX) : sphqamh'/ codd., Steph. 2 Ptuvelo" : corr. ex puvelo" A3 JIkano;" codd., Sylb., Mor., edd. ab Otto, Troll. (= LXX) : iJJkanw'" Steph. cett. edd. 4 Kai; : kai;pavnta Marc. (ex LXX) 5 Oujqevn, kai; eij" oujde;n : oujdevn, ...oujde;n Mign. eij" oujqevn eijsi kai; eij"oujde;n Marc. wJ" oujdevn eijsi, kai; eij" oujqe;n LXX 6 Me;n : mevntoi Marc. 7 Oujk : del. Marc. oujkevticodd. eijsevti Otto 8 Dh'lon o{ti : dhlonovti codd., Marc. 9 Dh'lon − Cristovn : del. Thirlb., edd. abOtto (ut glossema) 10 jEnoei'te : ejnoei'to prop. Mar. 11 Paqei'n : p. kai; ajpodokimasqh'nai prop.Otto (cf. 76, 7 ; 100, 3) 12 Farisaivwn B, edd. : Farissaivwn A 13 AiJrevsei" prop. Thirlb., Mar.,coni. Otto, Arch., Marc. (cf. I Cor. 11, 19 : aiJrevsei" ; Dial. 35, 3 : scivsmata kai; aiJrevsei")iJerei'" codd., cett. edd. yeudierei'" prop. Sylb. 14 Yeudoprofh'ta" : y. kai; yeudocrivstou" Marc.(ex Mt. 24, 24 et Dial. 35, 3 ; 82, 2) 15 Pw'" : pw'" ou\n Marc. 16 jAmfibavllein : i (ajmfi−) inras. A.

313

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 50, 5-51, 2

poignée ? Qui a pesé les montagnes au trébuchet, et les vallons à la balance ? (13)Quiconnaît la pensée du Seigneur, qui a été son conseiller, et le persuadera ? (14)Ou près de quia-t-il pris conseil, et par qui a-t-il été persuadé ? Ou qui lui a montré un jugement ; ou quilui a fait connaître la voie de l'intelligence ? (15)Toutes les nations ont été comptées commeune goutte tombée de la jarre, comme le poids qui fait incliner la balance, et comme uncrachat elles seront comptées. (16)Mais le Liban ne suffit pas au feu, ni les quadrupèdespour l'holocauste, (17)toutes les nations ne sont rien, et elles ont été réputées pour rien6.

Jean était bien le Précurseur.Il n’y eut plus, après lui, de prophète en Israël.

51. 1 Lorsque j'eus fini, Tryphon dit :— Toutes les paroles de la prophétie que tu cites, mon cher, sont

incertaines1, et ne comportent rien de décisif pour la démonstration de ceque tu veux démontrer.

Je répondis :— S’il n’était point arrivé, Tryphon, que les prophètes aient cessé et

définitivement disparu en votre race, après ce Jean-là, vous pourriezévidemment considérer comme incertaines ces paroles que je rapporte àJésus-Christ2. 2 Mais si Jean est venu en précurseur, acriant aux hommes de bserepentir, et si, tandis qu'il se tenait encore près du Jourdain, le Christ3 est venumettre un terme à son activité de prophète4 et baptiste, s'il a cannoncé la bonnenouvelle5, disant lui aussi que le royaume des cieux était proche, et qu'il ddevaitbeaucoup souffrir de la part des Scribes et des Pharisiens6, être crucifié etressusciter7 le troisième jour, puis revenir à Jérusalem, emanger et boire alors denouveau avec ses disciples8, et a annoncé par avance, comme je l'ai dit, quedans l'intervalle de temps avant sa parousie, il y aurait fdes hérésies et despseudoprophètes9 se présentant gen son nom − et c'est manifestement ce qui s'estproduit −, comment est-il possible de demeurer incertains, quand la réalité10

est là pour vous convaincre11 ?

a Cf. Matth. 3, 3 b cf. Matth. 3, 2 c cf. Matth. 4, 17 ; Mc. 1, 14-15 ; Lc. 8, 1 ; cf. Is. 40, 8-9d cf. Matth. 16, 21 ; Mc. 8, 31 ; Lc. 9, 22 e cf. Matth. 26, 29 ; Mc. 14, 25 ; Lc. 22, 18.30 ;Act. 10, 41 f cf. Matth. 7, 15 ; 24, 11.24 ; Mc. 13, 22 ; I Cor. 11, 19 g cf. Matth. 24, 5 ; Mc. 13,6 ; Lc. 21, 8.

314

JUSTIN MARTYR

3 Eijrhvkei1 de; peri; tou' mhkevti genhvsesqai ejn tw'/ gevnei uJmw'n profhvthnkai; peri; tou' ejpignw'nai2 o{ti hJ pavlai khrussomevnh uJpo; tou' qeou' kainh;diaqhvkh diatacqhvsesqai h[dh3 tovte parh'n, toutevstin aujto;" w]n oJ Cristov",ou{tw" : (Matth. 11, 12 ; Lc. 16, 16) JO novmo" kai; oiJ profh'tai mevcri jIwavnnou tou'baptistou' : ejx o{tou4 hJ basileiva tw'n oujranw'n biavzetai, kai; biastai;aJrpavzousin aujthvn. (Matth. 11, 14)Kai; eij qevlete devxasqai, aujtov" ejstin JHliva"oJ mevllwn e[rcesqai. JO e[cwn w\ta ajkouvein ajkouevtw.

52. 1 Kai; dia; jIakw;b de; tou' patriavrcou proefhteuvqh o{ti duvo tou' Cristou'parousivai e[sontai, kai; o{ti ejn th'/ prwvth/ paqhto;" e[stai, kai; o{ti meta; to;aujto;n5 ejlqei'n ou[te profhvth" ou[te basileu;"6 ejn tw'/ gevnei uJmw'n, ejphvnegka7,kai; o{ti ta; e[qnh, pisteuvonta ejpi; to;n paqhto;n Cristovn, pavlinparagenhsovmenon prosdokhvsei. jEn parabolh'/ de; kai; parakekalummevnw" to;pneu'ma to; a{gion dia; tou'to8 aujta; ejlelalhvkei9, e[fhn.2 Ou{tw" de; eijrhkevnai ejphvnegka : (Gen. 49, 8) jIouvda, h[//nesavn se oiJ ajdelfoiv

sou, aiJ cei'rev" sou ejpi; nwvtou tw'n [p. 156 : B] ejcqrw'n sou, [fol. 102 r° : A]proskunhvsousiv se oiJ uiJoi; tou' patrov" sou. (9)Skuvmno" levonto" jIouvda : ejkblastou', uiJev mou, ajnevbh". jAnapesw;n ejkoimhvqh wJ" levwn kai; wJ" skuvmno" :tiv" ejgerei' aujtovn (10)Oujk ejkleivyei a[rcwn ejx jIouvda kai; hJgouvmeno" ejk tw'nmhrw'n aujtou', e{w" a]n e[lqh ta; ajpokeivmena aujtw'/10 : kai; aujto;" e[staiprosdokiva ejqnw'n, (11)desmeuvwn pro;" a[mpelon to;n pw'lon aujtou' kai; th'/ e{likito;n pw'lon th'" o[nou aujtou'. Plunei' ejn oi[nw/ th;n stolh;n aujtou' kai; ejnai{mati stafulh'" th;n peribolh;n aujtou'. (12)Caropoi; oiJ ojfqalmoi; aujtou' ajpo;oi[nou, kai; leukoi; oiJ ojdovnte" aujtou' wJ" gavla.3 {Oti ou\n oujdevpote ejn tw'/ gevnei uJmw'n ejpauvsato ou[te profhvth" ou[te

a[rcwn, ejx o{tou ajrch;n e[labe, mevcri" < ou| >11 ou|to" jIhsou'" Cristo;" kai;gevgone kai; e[paqen, oujd! ajnaiscuvntw" tolmhvsete eijpei'n h] ajpodei'xai

1 Eijrhvkei prop Mar., coni. Troll., edd. ab Otto (cf. 49, 5 ; 77, 3 ; 103, 4) : eijrhvkein A (p. corr. : exeijrhvkei ?), B, cett. edd. 2 jEpignw'nai : ejp. dei'n Marc. (cf. 44, 4) 3 [Hdh : kai; h[dh Mor. 4 jExo{tou : ejxovtou Steph., Mar., Mign. 5 Aujto;n : aujto;n prw'ton Marc. 6 Ou[te basileu;" : ou[te b.e[ti Marc. 7 Proefhteuvqh ...uJmw'n, ejphvnegka, kai; o{ti edd. a Mar. : proefhteuvqh ...uJmw'n.jEphvnegka cett. edd. proefhteuvqh ...uJmw'n ejphvnegka, kai; o{ti codd. ejphvnegka in semicirculis Mar.,del. Marc. (cf. 52, 2) 8 Dia; tou'to aujta; : dia; to; mh; uJpo; pavntwn nohqh'nai aujta; Marc. (cf. 90,2) 9 jElelalhvkei : −ejl− in ras. A 10 Ta; ajpokeivmena aujtw'/ in textu codd., edd. (= LXX ; Dial. 120,3.4) : e{w" a]n e[lqh o} ajpovkeitai aujtw'/ in marg. codd. (= I Apol. 32, 1 ; 54, 4) w|/ ajpovkeitai Dial.120, 4 (Judaeorum interpretatio) 11 Ou| edd. : om. codd.

315

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 51, 3-52, 3

3 Sur le fait qu'il ne devait plus y avoir de prophète en votre race, et qu'ondevait reconnaître que la nouvelle Alliance12 dont Dieu avait autrefois annoncél'institution − c'est-à-dire lui-même, le Christ − était désormais arrivée, il s'étaitexprimé en ces termes : (Matth. 11, 12 ; Lc. 16, 16)La Loi et les prophètes jusqu'à Jean leBaptiste ; maintenant le Royaume des cieux souffre violence, et des violents le ravissent.(Matth. 11, 14)Si vous voulez bien l'accueillir, c'est lui l'Élie qui doit venir. (15)Que celui quia des oreilles pour entendre entende13.

La disparition, en Israël, des prophètes et des roisétait annoncée dans la bénédiction de Juda.

52. 1 Par l'intermédiaire de Jacob le patriarche, il fut encore prophétisé qu'il yaurait du Christ deux parousies : que dans la première il serait « souffrant », etqu'après sa venue, il n'y aurait plus, en votre race, ni prophète ni roi1 ; et −ajoutai-je − que les anations qui croient au Christ souffrant seraient dans l'attentede son retour. Et c'est pour cette raison2, dis-je, que l'Esprit Saint a proféréces choses en parabole et de manière voilée3.

2 Voici comment il a parlé, ajoutai-je : (Gen. 49, 8)Juda, tes frères t'ont célébré, tesmains seront sur la nuque de tes ennemis, devant toi se prosterneront les fils de ton père.(9)Juda est un lionceau ; du germe tu as surgi, mon fils4. Il s'est couché et s'est étenducomme un lion et comme un lionceau. Qui le fera se lever ? (10)Le prince ne disparaîtra pasde Juda, ni le chef de ses cuisses, jusqu'à ce que vienne ce qui lui est réservé. Et lui-mêmesera l'attente des nations5, (11)attachant à la vigne son ânon et au cep le petit de sonânesse6. Il lavera dans le vin son habit, et dans le sang de la grappe son vêtement7.(12)Brillants de vin sont ses yeux, et blanches ses dents, comme le lait.

3 Ainsi, qu'il ait jamais cessé d'y avoir, dans votre race, depuis son originejusqu'au temps où ce Jésus-Christ a existé et souffert, un prophète ou unbprince, c'est ce que vous n'oserez affirmer sans rougir, ni prétendre

a Cf. Gen. 49, 10 b cf. Gen. 49, 10.

316

JUSTIN MARTYR

e[cete. Kai; ga;r JHrwvdhn, ajf! ou| e[paqen1 jAskalwnivthn gegonevnailevgonte", o{mw" ejn tw'/ gevnei uJmw'n o[nta levgete ajrciereva, w{ste, kai; tovteo[nto" uJmi'n2 kata; to;n novmon tou' Mwsevw"3 kai; prosfora;" prosfevronto"kai; ta; a[lla novmima fulavssonto", kai; profhtw'n kata; diadoch;n mevcri"4

jIwavnnou gegenhmevnwn, wJ"5 kai; o{te eij" Babulw'na ajphvcqh oJ lao;" uJmw'n,polemhqeivsh" th'" gh'" kai; tw'n iJerw'n skeuw'n ajrqevntwn, mh; [fol. 102 v° : A]pauvsasqai ejx uJmw'n profhvthn, o}" kuvrio" kai; hJgouvmeno" kai; a[rcwn tou'laou' uJmw'n h\n. To; ga;r ejn toi'" profhtai'" pneu'ma kai; tou;" basilei'" uJmi'ne[crie6 kai; kaqivsta.4 Meta; de; th;n jIhsou' tou' hJmetevrou Cristou' ejn tw'/ gevnei uJmw'n

fanevrwsin kai; qavnaton oujdamou' profhvth" gevgonen oujdev ejstin, ajlla; kai;to; ei\nai uJma'" uJpo; i[dion basileva ejpauvsato, kai; prosevti hJ gh' uJ-[p. 157 : B]-mw'n hjrhmwvqh kai; wJ" ojpwrofulavkion katalevleiptai. To; de; eijpei'n to;nLovgon dia; tou' jIakwvb : Kai; aujto;" e[stai prosdokiva ejqnw'n, sumbolikw'" duvoparousiva" aujtou' ejshvmane7 kai; ta; e[qnh mevllein8 aujtw'/ pisteuvein, o{perojyev9 pote pavrestin ijdei'n uJmi'n : oiJ ga;r ajpo; tw'n ejqnw'n aJpavntwn dia; th'"pivstew" th'" tou' Cristou' qeosebei'" kai; divkaioi genovmenoi, pavlinparagenhsovmenon aujto;n prosdokw'men.

53. 1 Kai; to; Desmeuvwn pro;" a[mpelon to;n pw'lon aujtou' kai; th'/ e{liki to;npw'lon th'" o[nou10 kai; tw'n e[rgwn, tw'n ejpi; th'" prwvth" aujtou' parousiva"genomevnwn11 uJp! aujtou', kai; tw'n ejqnw'n oJmoivw", tw'n mellovntwn pisteuveinaujtw'/, prodhvlwsi" h\n. Ou|toi ga;r wJ" pw'lo" ajsagh;"12 kai; zugo;n ejpi; aujcevnamh; e[cwn to;n eJautou', mevcri" oJ Cristo;" ou|to" ejlqw;n dia; tw'n maqhtw'naujtou' pevmya" ejmaqhvteusen aujtouv", kai; to;n [fol. 103 r° : A] zugo;n tou' lovgouaujtou' bastavsante"13 to;n nw'ton uJpevqhkan pro;" to; pavnta uJpomevnein dia;ta; prosdokwvmena kai; uJp! aujtou' kathggelmevna ajgaqav.

1 jAf! ou| e[paqen : del. Otto (ut glossema) ejf! ou| ejgennhvqh prop. Casaubon (Adv. Baron, p. 13),ajf! ou| e[fugen Thirlb., ajf! ou| ejpauvsato Kaye (Some accounts of the Writings ... of Justin Martyr,Londini 1829, p. 129), ajf! ou| e[laqen Nolte 2 JUmi'n : uJmi'n tou' Marc. ajrcierevw" prop.Casaubonus 3 Mwsevw" : Mwu>sevw" Otto, Goodsp. 4 Mevcri" : corr. ex Mevcri A 5 JW" : e[steMarc. (e[ste − ajrqevntwn in semicirculis) 6 [Ecrie codd., Mar., edd. ab Otto, Troll. : e[crise cett.edd. 7 jEshvmane : −a− in ras. A 8 Mevllein (cf. 53, 1) : ma'llon prop. Thirlb. 9 jOyev : o[yeiprop. Thirlb., coni. Marc. (ex Dial. 35, 2 ; 87, 3 ; 96, 2 ; I Apol. 30, 1 ; 32, 4) 10 [Onou : o[. aujtou'Marc. (ex LXX; Dial. 52, 2) 11 Genomevnwn : genhsomevnwn prop. Thirlb., coni. Marc. (ex I Apol.32, 5) 12 jAsagh;" : aj. h\san Marc. 13 Bastavsante" edd. ab. Otto : bastavxante" codd., cett.edd.

317

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 52, 3-53, 1

démontrer. Car tout en déclarant qu'Hérode, par lequel il souffrit8, étaitAscalonite9, vous dites néanmoins qu'il y avait10 (sous son règne) un Grandprêtre en votre race, en sorte qu'à cette époque encore, quelqu'un parmivous, selon la Loi de Moïse, présentait les offrandes et veillait au respect detoutes les autres prescriptions. Les prophètes, d'autre part, se sont succédéssans interruption jusqu'à Jean : ainsi, même lorsque votre peuple fut emmenéà Babylone, le pays ravagé par la guerre, aet les vases sacrés enlevés, il nemanqua point chez vous de prophète pour être Seigneur, bchef et prince devotre peuple, car l'Esprit qui était dans les prophètes était aussi celui quioignait vos rois et les établissait11.

4 Mais après la manifestation et la mort de Jésus, notre Christ12, en votrerace, il n'y a plus eu, et il n'est plus de prophète. Même le fait d'être sous unroi à vous a pris fin, et de surcroît cvotre pays a été dévasté et dil est abandonnécomme une cabane de gardien de verger13. Et quand le Verbe a dit par l'intermédiairede Jacob eEt lui-même sera l'attente des nations, il signifiait symboliquement sesdeux parousies14, et la foi que les nations devaient avoir en lui, ce que,longtemps après, il vous est finalement15 donné de voir. Nous qui, de toutesles nations, sommes devenus pieux et justes par la foi au Christ, nous attendonsen effet qu'il paraisse à nouveau.

La bénédiction de Juda et la prophétie de Zacharieannonçaient l’entrée du Christ à Jérusalem, et la conversion des nations.

53. 1 Quant à l'expression : fattachant à la vigne son ânon et au cep le petit de l'ânesse,elle montrait à l'avance1 et les œuvres qu'il accomplies lors de sa premièreparousie, et les nations qui devaient de même croire en lui2. Elles étaient eneffet comme un gpetit (d’ânesse) sans bât3, et sans joug sur le cou, hjusqu'à ceque ce Christ vienne, iet envoie ses disciples pour en faire des disciples. De sonVerbe, alors, elles portèrent jle joug4, et elles tendirent le dos, prêtes à toutendurer pour kles biens5 lattendus, et annoncés par lui.

a Cf. IV Rois, 25, 14-16 b cf. Gen. 49, 10 c cf. Is. 1, 7 d Is. 1, 8 e Gen. 49, 10 f Gen. 49,11 g ibid. ; Matth. 21, 1 s. ; Mc. 11, 1 s. ; Lc. 19, 28 s. h cf. Gen. 49, 10 i cf. Matth. 28, 19j cf. Matth. 11, 29-30 k cf. Ps. 127, 5 ; Is. 58, 14 l cf. Gen. 49, 10.

318

JUSTIN MARTYR

2 Kai; o[non dev tina ajlhqw'" su;n pwvlw/ aujth'" prosdedemevnhn1 e[n tinieijsovdw/ kwvmh" Bhqfagh'"2 legomevnh", o{te e[mellen eijsevrcesqai eij" ta;JIerosovluma oJ kuvrio" hJmw'n3 jIhsou'" Cristov", ejkevleuse tou;" maqhta;" aujtou'ajgagei'n aujtw'/ kai; ejpikaqivsa" ejpeiselhvluqen eij" ta; JIerosovluma : o{<per>wJ"4 ejpeprofhvteuto5 diarrhvdhn genhvsesqai uJpo; tou' Cristou', genovmenon6

uJp! aujtou' kai; gnwsqevn, to;n Cristo;n o[nta aujto;n fanero;n ejpoivei. Kaiv,touvtwn aJpavntwn genomevnwn kai; ajpo; tw'n grafw'n ajpodeiknumevnwn, uJmei'"e[ti sklhrokavrdioiv ejste.3 Proefhteuvqh de; uJpo; Zacarivou, eJno;" tw'n dwvdeka, tou'to mevllein

givnesqai ou{tw" : Cai're [p. 158 : B] sfovdra, quvgater Siwvn, ajlavlaxon,khvrusse, quvgater JIerousalhvm : ijdou oJ basileuv" sou h{xei soi divkaio" kai;swv/zwn aujto;" kai; prau`" kai; ptwcov", ejpibebhkw;" ejpi; uJpozuvgion kai; pw'lono[nou. 4 To; de; kai; o[non uJpozuvgion h[dh7 meta; tou' pwvlou aujth'" ojnomavzeinto; profhtiko;n pneu'ma meta; tou' patriavrcou jIakw;b ejn th'/ kthvsei8 aujto;ne[cein, ajlla; kai; aujto;n toi'" maqhtai'" aujtou', wJ" proevfhn, [fol. 103 v° : A]ajmfovtera [ga;r]9 ta; zw'a keleu'sai ajgagei'n, proaggeliva h\n tw'n10 ajpo; th'"sunagwgh'" uJmw'n a{ma toi'" ajpo; tw'n ejqnw'n pisteuvein ejp! aujto;n mevllousin.JW" ga;r toi'"11 ajpo; tw'n ejqnw'n suvmbolon h\n oJ ajsagh;" pw'lo", ou{tw" kai;tw'n ajpo; tou' uJmetevrou laou' hJ uJposagh;" o[no" : to;n ga;r dia; tw'n profhtw'nnovmon12 ejpikeivmenon e[cete.5 jAlla; kai; dia; tou' profhvtou Zacarivou, o{ti patacqhvsetai aujto;" ou|to"

oJ Cristo;" kai; diaskorpisqhvsontai oiJ maqhtai; aujtou', proefhteuvqh : o{perkai; gevgone. Meta; ga;r to; staurwqh'nai aujto;n oiJ su;n aujtw'/ o[nte" maqhtai;aujtou' dieskedavsqhsan, mevcri" o{tou13 ajnevsth ejk nekrw'n kai; pevpeikenaujtou;" o{ti ou{tw" proepefhvteuto peri; aujtou' paqei'n aujtovn : kai; ou{twpeisqevnte" kai; eij" th;n pa'san oijkoumevnhn ejxelqovnte" tau'ta ejdivdaxan.6 {Oqen kai; hJmei'" bevbaioi ejn th'/ pivstei kai; maqhteiva/ aujtou' ejsmen, ejpeidh;

1 Prosdedemevnhn : pro;" a[mpelon dedemevnhn prop. Thirlb., coni. Marc. (ex I Apol. 32, 6 ; Matth.21, 2) 2 Bhqfagh'" Thirlb., Mign., Otto, Arch. : Bhqsfagh'" codd., Steph., Goodsp., Marc. Beqfagh'" Sylb., Mor., Mar., Troll. 3 JHmw'n : uJmw'n coni. Steph. 4 {Oper wJ" prop. Thirlb.,coni. edd. ab Otto, Troll. (cf. Dial. 87, 5) : o} pw'" codd., cett. edd. o} o{pw" prop. Mar., Lange5 jEpeprofhvteuto : ejpepro− in ras. A 6 Genovmenon : kai; g. Marc. 7 [Hdh : th'/de prop. Thirlb.8 Kthvsei prop. Sylb., coni. edd. ab Otto (cf. Dial. 86, 2 ; 139, 2.4) : ktivsei codd., cett. edd. crhvseiprop. Lange, Mar. (ex Matth. 21, 3 ?), genevsei Pearson 9 Ga;r : del. Sylb., edd. ab Otto, Troll.10 Tw'n : kai; tw'n Mar., Mign., Troll., Otto kai; toi'" Arch., Goodsp. kai; prodhvlwsi" tw'n Marc.kai; codd. (in ras. ? A) 11 Toi'" ...tw'n : toi'" ...toi'" Mar., Mign., Otto tw'n ...tw'n Arch., Goodsp.12 Novmon : n. diatacqevnta Marc. 13 Mevcri" o{tou in marg. codd., ad calcem Steph., edd. ab Otto,Troll. : mevcri" o{te in textu codd, cett. edd. mevcri" ou{ Dial. 88, 2 ; 102, 4.

319

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 53, 2-53, 6

2 C'est bien en réalité une aânesse avec son petit attachée6 à quelque accès duvillage appelé Bethphagé que notre Seigneur Jésus-Christ, sur le point depénétrer dans Jérusalem, ordonna à ses disciples de lui amener pour faire son entrée,sur elle, à Jérusalem7. Cette prophétie, qui devait expressément s'accomplir parle Christ-Oint, est, on le sait, arrivée par lui, ce qui rendait manifeste qu'ilétait le Christ8. Et cependant, bien que toutes ces choses soient arrivées etsoient démontrées par les Écritures, vous demeurez durs de cœur !

3 Or il avait été prophétisé par Zacharie, l'un des douze, qu'il devait enadvenir ainsi : bRéjouis-toi grandement, fille de Sion, crie, proclame, fille de Jérusalem !Voici que ton roi viendra à toi. Il est juste et sauveur, doux et humble, monté sur une bêteportant le joug et sur le petit d'une ânesse9. 4 Si l'Esprit prophétique, avec lepatriarche Jacob, mentionne dès lors qu'il aura en sa possession10 une cânesseportant le joug avec son petit11, et en outre, comme je viens de le dire, dqu'il aordonné à ses disciples de lui amener les deux animaux, c'était une prédiction deceux de votre Synagogue, avec ceux des nations qui devaient croire en lui. Demême, en effet, que pour ceux des nations le petit (de l’ânesse) sans bât était unsymbole, de ceux de votre peuple12 l'ânesse ebâtée l'était pareillement : car vousavez la Loi imposée par les prophètes13.

5 Et c'est encore par l'intermédiaire du prophète Zacharie qu'il futprophétisé que ce Christ lui-même serait ffrappé et ses disciples dispersés ; cequi est aussi arrivé. Car après sa crucifixion, ses disciples qui étaient avec luifurent éparpillés, jusqu'à ce qu'il ressuscite d'entre les morts get qu'il les aitpersuadés qu'il avait bien été prophétisé, à son sujet, qu'il souffrirait ainsi.Convaincus, hils s'en allèrent par toute la terre pour enseigner ces choses.6 Voilà pourquoi nous aussi nous sommes fermes14 dans la foi et dans son

a Cf. Gen. 49, 11 ; Matth. 21, 1 s. ; Mc. 11, 1 s. ; Lc. 19, 28 s. b Zach. 9, 9 ; cf. Matth. 21, 5 ;Soph. 3, 14 s. c cf. Gen. 49, 11 ; Zach. 9, 9 ; Matth. 21, 2 d cf. Matth. 21, 2 e cf. Zach. 9, 9f cf. Zach. 13, 7 ; Matth. 26, 31 ; Mc. 14, 27 g cf. Lc. 24, 25-27 ; 44-46 h cf. Matth. 28, 19-20.

320

JUSTIN MARTYR

kai; ajpo; tw'n profhtw'n1 kai; ajpo; tw'n kata; th;n oijkoumevnhn eij" o[noma tou'ejstaurwmevnou ejkeivnou2 oJrwmevnwn kai; genomevnwn3 qeosebw'n th;n peiqw;e[comen. [Esti de; ta; lecqevnta uJpo; tou' Zacarivou tau'ta : JRomfaiva,ejxegevrqhti ejpi; to;n poimevna mou kai; ejp! a[ndra tou' laou' mou, levgei kuvrio"tw'n dunavmewn : pavtaxon to;n poimevna, [p. 159 : B] kai; diaskorpisqhvsontaita; provbata aujtou'.

54. 1 Kai; to; uJpo; Mwsevw"4 de; ajnisto-[fol. 104 r° : A]-rhmevnon kai; uJpo; tou'patriavrcou jIakw;b propefhteumevnon, to; Plunei' ejn oi[nw/ th;n stolh;n aujtou'kai; ejn ai{mati stafulh'" th;n peribolh;n aujtou', to; tw'/ ai{mati aujtou'ajpopluvnein mevllein tou;" pisteuvonta" aujtw'/ ejdhvlou. Stolh;n ga;r aujtou'ejkavlese to; a{gion pneu'ma tou;" di! aujtou' a[fesin aJmartiw'n labovnta", ejnoi|" ajei; dunavmei me;n pavresti, kai; ejnargw'" de; parevstai ejn th'/ deutevra/aujtou' parousiva/. 2 To;4 de; ai|ma th'" stafulh'" eijpei'n to;n Lovgon, dia; th'"tevcnh" dedhvlwken o{ti ai|ma me;n e[cei oJ Cristov", oujk6 ejx ajnqrwvpou7

spevrmato", ajll! ejk th'" tou' qeou' dunavmew". }On ga;r trovpon to; th'"ajmpevlou ai|ma oujk a[nqrwpo" ejgevnnhsen ajlla; qeov"8, ou{tw" kai; to; tou'Cristou' ai|ma oujk ejx ajnqrwpeivou gevnou" e[sesqai, ajll! ejk qeou' dunavmew"proemhvnusen. JH de; profhteiva au{th, w\ a[ndre", h}n e[legon, ajpodeiknuvei9 o{tioujk e[stin oJ Cristo;" a[nqrwpo" ejx ajnqrwvpwn, kata; to; koino;n tw'najnqrwvpwn gennhqeiv".

55. 1 − Kai; oJ Truvfwn ajpekrivnato : Memnhsovmeqa kai; tauvth" th'"ejxhghvsewv" sou, eja;n kai; di! a[llwn10 kratuvnh/" kai; tou'to to; ajpovrhma. Ta;nu'n11 de; h[dh ajnalabw;n to;n lovgon ajpovdeixon hJmi'n o{ti e{tero" qeo;" para;to;n poihth;n tw'n o{lwn uJpo; tou' profhtikou' pneuvmato" wJmolovghtai ei\nai,fulaxavmeno" levgein to;n h{lion kai; th;n selhvnhn, a} gevgraptai toi'" e[qnesi[fol. 104 v° : A] sugkecwrhkevnai to;n qeo;n wJ" qeou;" proskunei'n : kai; touvtw/

1 Profhtw'n : profhteiw'n prop. Thirlb., coni. Marc. (ex Dial. 35, 8 ; 110, 2) dia; tw'n profhtw'nalibi 2 jEkeivnou : ejk. pisteuvein Marc. (ex. Dial. 52, 4 ; 131, 5) 3 Genomevnwn : ginomevnwnMarc. (cf. Dial. 110, 4) 4 Mwsevw" : Mwu>sevw" Otto, Goodsp. 5 To; (cf. Dial. 42, 3 ; 52, 4 ; 53,4 etc.) : tw'/ prop. Troll. 6 Oujk : ajll! oujk prop. Thirlb., coni., Otto, Troll., Arch., Marc. (ex Dial.76, 2 ; I Apol. 32, 9) 7 jAnqrwvpou : ajnqrwpeivou prop. Sylb., coni. Marc. (ut paulo post ;cf. I Apol. 32, 9) 8 Qeov" : oJ qeov" prop. Otto, coni. Marc. (ex Dial. 76, 2 ; I Apol. 32, 11)9 jApodeiknuvei edd. a Sylb. : ajpodeiknuvein codd., Steph. 10 [Allwn : a[l. ajpodeivxewn Marc. (exDial. 55, 3 ; 57, 57, 4) 11 Ta; nu'n : tanu'n Otto, Arch.

321

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 53, 6-55, 1

enseignement, car c'est à la fois des prophètes et de ceux qu'en toute la terreon voit devenus pieux au nom de ce crucifié que nous tenons notreconviction. Et voici les paroles dites par Zacharie : aÉpée, éveille-toi contre monberger, et contre l'homme de mon peuple, dit le Seigneur des Puissances, frappe le berger, sesbrebis seront dispersées15 !

La bénédiction de Judaest une prophétie de la Passion, de la Rédemption, et de la naissance virginale.

54. 1 Ce qui fut par Moïse rapporté et qui avait été par le patriarche Jacobprophétisé1 : bIl lavera dans le vin son habit, et dans le sang de la grappe son vêtement,signifiait que par son sang il devait laver2 ceux qui croient en lui. Car le SaintEsprit a appelé son habit3 ceux qui par lui reçoivent rémission de leurspéchés4 : il est, par puissance5, en eux toujours6 présent, et lors de son retourdoit l'être visiblement. 2 Et quand le Verbe parle cdu sang de la grappe, ilmontre, par ce moyen détourné7, que si le Christ a certes du sang, ce n'est pasd'une semence humaine, mais de par la Puissance de Dieu. De même, eneffet, que ce n'est pas d'un homme8, mais de Dieu que provient le sang de lavigne, de même le sang du Christ − il l'a annoncé à l'avance − ne devait pasvenir d'une race humaine, mais de la Puissance de Dieu9. Cette prophétie,amis, que je viens de citer, montre que le Christ n'est pas un « homme d'entreles hommes », engendré selon le mode ordinaire des hommes10.

Tryphon rappelle à Justin qu’il doit prouver l’existence d’un « autre Dieu ».

55. 1 Tryphon répondit :— Nous nous souviendrons également de cette interprétation qui est la

tienne, si par d'autres éléments encore tu peux surmonter aussi cettedifficulté. Mais pour l'heure, reprends notre sujet, et démontre nous quel'existence d'un autre Dieu que le Créateur de l'univers est attestée par l'Espritprophétique1. Garde-toi de citer dle soleil et la lune, dont il est écrit que Dieu apermis aux nations de les adorer comme des dieux2. C'est

a Zach. 13, 7 ; cf. Matth. 26, 31 ; Mc. 14, 27 b Gen. 49, 11 c cf. Gen. 49, 11 d Deut. 4, 19.

322

JUSTIN MARTYR

tw'/ lovgw/ w{sper crwvmenoi1 < oiJ >2 profh'tai pollavki"3 levgousin o{ti JO qeov"sou qeo;" tw'n qew'n ejsti kai; kuvrio" tw'n kurivwn, prostiqevnte" oJ mevga" kai;ijscuro;" kai; fobero;" pollavki". 2 Ouj ga;r wJ" o[ntwn qew'n4 tau'ta levgetai,ajll! wJ" [p. 160 : B] touj Lovgou didavskonto" hJma'" o{ti tw'n nomizomevnwnqew'n kai; kurivwn oJ tw'/ o[nti qeov", oJ ta; pavnta poihvsa", kuvrio" movno" ejstivn.{Ina ga;r kai; tou'to ejlevgxh/, to; a{gion pneu'ma dia; tou' aJgivou Daui`d ei\pen :OiJ qeoi; tw'n ejqnw'n, nomizomevnoi5 qeoiv, ei[dwla daimonivwn eijsivn, ajll! ouj qeoiv.Kai; ejpavgei katavran toi'" poiou'sin aujta; kai; proskunou'si.3 − Kajgwv : Ouj tauvta"6 me;n ta;" ajpodeivxei" e[mellon fevrein, ei\pon, w\

Truvfwn, di! w|n katadikavzesqai tou;" tau'ta kai; ta; toiau'ta proskunou'nta"ejpivstamai, ajlla; toiauvta" pro;" a}" ajnteipei'n me;n oujdei;" dunhvsetai. Xevnaidev soi dovxousin ei\nai, kaivper kaq! hJmevran ajnaginwskovmenai uJf! uJmw'n, wJ"kai; ejk touvtou sunei'nai7 uJma'"8 o{ti dia; th;n uJmetevran kakivan ajpevkruyen oJqeo;" ajf! uJmw'n to; duvnasqai noei'n th;n sofivan th;n ejn toi'" lovgoi" aujtou',plhvn tinwn9, oi|" kata; cavrin th'" polusplagcniva" aujtou', wJ" e[fh JHsai?a",ejgkatevlipe spevrma eij" swthrivan i{na mh; wJ" [fol. 105 r° : A] Sodomitw'n kai;Gomorraivwn tevleon kai; to; uJmevteron gevno" ajpovlhtai10. Prosevcetetoigarou'n oi|sper mevllw ajnamimnhvskein ajpo; tw'n aJgivwn grafw'n, oujde;ejxhghqh'nai deomevnwn11 ajlla; movnon ajkousqh'nai.

56. 1 Mwsh'"12 ou\n, oJ makavrio" kai; pisto;" qeravpwn qeou', mhnuvwn13 o{tiqeo;"14 oj ojfqei;" tw'/ jAbraa;m pro;" th'/ drui` th'/ Mambrh'15 su;n toi'" a{ma aujtw'/ejpi; th;n Sodovmwn krivsin pemfqei'si duvo ajggevloi" uJpo; a[llou, tou' ejn toi'"uJperouranivoi" ajei; mevnonto" kai; oujdeni; ojfqevnto" h] oJmilhvsanto" di! eJautou'pote, o}n poihth;n tw'n o{lwn kai; patevra noou'men.

1 {Wsper crwvmenoi : wJ" paracrwvmenoi (tanquam abutentes) prop. Sylb., coni. Otto, Arch., Goodsp.w{sper kai; a[lloi" crwvmenoi Marc. 2 OiJ addendum Sylb., add. Marc. : om. codd., cett. edd.3 Pollavki" : del. Marc. 4 Qew'n : q. aujtw'n Marc. 5 Nomizovmenoi qeoiv : toutevstin oiJ nom. qeoivMarc. 6 Tauvta" : toiauvta" prop. Thirlb., coni. Marc. 7 Sunei'nai : sunievnai prop. Pearson8 JUma'" : legendum hJma'" Mar. 9 Tinw'n : t. uJmw'n Marc. 10 jApovlhtai : A corr. (ex ajpovleitai ?)11 Deomevnwn : −mevnoi" prop. Mar., Otto 12 Mwsh'" : Mwu>sh'" Otto, Goodsp. 13 Mhnuvwn

...ou{tw gavr fhsi : mhnuvwn ...ou{tw [ga;r] fhsi vel mhnuvei... . Ou{tw g. f. prop. Thirlb., Mar., coni.Marc. 14 Qeo;" post Mambrh' huc transposui : qeo;" ejstin post Mambrh' (deleto qeo;") prop. Otto, coni.Marc. 15 Mambrh' Thirlb., edd. ab Otto : Mambrh'/ codd., cett. edd. (sic etiam Dial. 56, 2.4 ; 86, 5 ;126, 4).

323

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 55, 1-56, 1

comme s'ils adoptaient ce discours3 que les prophètes ont coutume de dire :aTon Dieu est Dieu des dieux, et Seigneur des seigneurs, puisqu'ils ont coutumed'ajouter4, ble grand, puissant et redoutable. 2 Si ces choses-là sont dites, ce n'estpas, en effet, qu'il y ait des cdieux, mais c'est une manière pour le Verbe denous enseigner que, de ceux que l'on regarde comme dieux et seigneurs, le vraiDieu, celui qui a fait toute chose, est seul Seigneur. Et pour bien l'affirmer,l'Esprit de Sainteté5 a dit par le saint roi David : dLes dieux des nations, regardéscomme des dieux, sont des idoles de démons6, et non point des dieux. Et il ajouteune emalédiction pour ceux qui les fabriquent et les fadorent7.

3 Moi : — Ce n'étaient pas là, dis-je, les éléments de preuve que j'allaisapporter, Tryphon − je sais bien qu'à travers elles sont condamnés ceux quiadorent ces idoles et d'autres semblables −, mais des preuves auxquellespersonne ne pourra rien opposer. Elles te paraîtront insolites, bien qu'ellessoient quotidiennement lues par vous8 ; en sorte que par là vouscomprendrez aussi qu'à cause de votre iniquité Dieu gvous a caché lapossibilité de saisir la sagesse qui est en ses paroles − excepté quelques-unsen qui, par la grâce de sa hgrande miséricorde, il a, comme le dit Isaïe, ilaissé ungerme pour le Salut, afin que votre race ne périsse point entièrement à sontour, comme celle de Sodome et de Gomorrhe9. Prêtez donc attention à ce que dessaintes Écritures je vais vous rappeler. L'exégèse en est superflue : il suffitqu'elles soient entendues10.

L’« autre Dieu » est apparu à Abraham, en compagnie de deux anges.

56. 1 Moïse donc, le bienheureux1 et jfidèle2 serviteur de Dieu, nous indiquequ'il était kDieu3 celui qui s'est fait voir à Abraham près du chêne de Mambré4, aveclles deux anges5 envoyés, en même temps que lui, pour le jugement de Sodome,par un Autre6, qui demeure éternellement dans les régions supracélestes7, quine s'est fait voir et n'a jamais parlé personnellement à quiconque, et qui, nousle savons, est Créateur et Père de l’univers.

a Deut. 10, 17 ; cf. Ps. 135, 2-3 b ibid. ; cf. Ps. 95, 4 ; I Chron. 16, 25 ; Néh. 1, 5 ; 9, 32c cf. Deut. 10, 17 ; Ps. 135, 2-3 d Ps. 95, 5 et I Chron. 16, 26 e cf. Ps. 113, 12.16 f cf. Deut. 4,19 g cf. II Cor. 3, 14-15 h cf. Jacq. 5, 11 ? i cf. Is. 1, 9 ; 10, 22 ; Rom. 9, 27.29j cf. Nombr. 12, 7 ; Hébr. 3, 2.5 k cf. Gen. 18, 1 l cf. Gen. 19, 1.

324

JUSTIN MARTYR

2 Ou{tw gavr [p. 161 : B] fhsin : (Gen. 18, 1) [Wfqh de; aujtw'/ oJ qeo;" pro;" th'/drui` th'/ Mambrh'1, kaqhmevnou aujtou' ejpi; th'/ quvra/ th'" skhnh'" meshmbriva"2.(2) jAnablevya" de; toi'" ojfqalmoi'" ei\de, kai; ijdou; trei'" a[ndre" eiJsthvkeisanejpavnw aujtou'. Kai; ijdw;n sunevdramen eij" sunavnthsin aujtoi'" ajpo; th'" quvra"th'" skhnh'" aujtou', kai; prosekuvnhsen ejpi; th;n gh'n, (3)kai; ei\pe : < * > [kai;ta; loipa; mevcri tou'] : (Gen. 19, 27) [Wrqrise de; jAbraa;m to;3 prwi` eij" to;ntovpon ou| eiJsthvkei e[nanti kurivou, (28)kai; ejpevbleyen ejpi; provswpon Sodovmwnkai; Gomovrra" kai; ejpi; provswpon th'" gh'" th'" pericwvrou, kai; ei\de, kai; ijdou;ajnevbaine flo;x ejk th'" gh'" wJsei; ajtmi;" kamivnou. Kai; pausavmeno" loipo;ntou' levgein, ejpuqovmhn aujtw'n eij [fol. 105 v° : A] ejnenohvkei<san>4 ta;eijrhmevna.3 − Oij de; e[fasan nenohkevnai mevn, mhde;n de; e[vcein eij" ajpovdeixin tou;"

lelegmevnou" lovgou"5 o{ti qeo;" h] kuvrio" a[llo" tiv" ejstin h] levlektai uJpo;6

tou' aJgivou pneuvmato" para; to;n poihth;n tw'n o{lwn.4 − Kajgw; pavlin : }A levgw peiravsomai uJma'" pei'sai, nohvsanta" ta;"

grafav", o{ti ejsti; kai; levgetai qeo;" kai; kuvrio" e{tero" uJpo;7 to;n poihth;ntw'n o{lwn, o}" kai; a[ggelo" kalei'tai, dia; to; ajggevllein toi'" ajnqrwvpoi"o{saper bouvletai aujtoi'" ajggei'lai oJ tw'n o{lwn poihthv", uJpe;r o}n a[llo" qeo;"oujk e[sti.Kai; ajnistorw'n pavlin ta; prolecqevnta ejpuqovmhn tou' Truvfwno" : Dokei'

soi ojfqh'nai uJpo; th;n dru'n th;n Mambrh' oJ qeo;" tw'/ jAbraavm, wJ" oJ Lovgo"levgei _− Kajkei'no" : Mavlista.5 − Kai; ei|", e[fhn, ejkeivnwn h\n tw'n triw'n, ou}" a[ndra" eJwra'sqai tw'/

jAbraa;m to; a{gion profhtiko;n pneu'ma levgei _− Kajkei'no" : Ou[8 : jAlla; w\pto me;n aujtw'/ oJ qeo;" pro; th'" tw'n triw'n

ojptasiva" : ei\-[p. 162 : B]-ta oiJ trei'" ejkeivnoi, ou}" a[ndra" oJ Lovgo"ojnomavzei, a[ggeloi h\san, duvo me;n aujtw'n pemfqevnte" ejpi; th;n Sodovmwn

1 Mambrh' : corr. ex Mabrh' A 2 Meshmbriva" : mesumbriva" Steph. 3 To; : tw'/ Steph., Otto (exLXX) 4 jEnenohvkeisan edd. : ejnenohvkei codd. 5 Tou;" − lovgou" : delendum ut glossema Thirlb.6 JUpo; prop. Thirlb., Mar, coni. Otto, Troll., Arch., Marc. (ex Dial. 32, 3 ; 33, 2 ; 34, 1 ; 36, 2 ;56, 14 ; 61, 1 ; 74, 2) : ajpo; codd., cett. edd. 7 JUpo; codd., Mar., Mign., Otto, Arch., Goodsp. :para; prop. Lange, Wolf, coni. Marc. uJpe;r cett. edd., corr. Steph. uiJo;" tou' poihtou' tw'n o{lwn w[n veluJpo; tou' aJgivou pneuvmato" para; prop. Thirlb. 8 Ou[ : oujk Marc.

325

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 56, 2-56, 5

2 Voici ce qu'il dit : (Gen. 18, 1)Dieu se fit voir de lui près du chêne de Mambré, tandisqu'il se tenait assis à l'entrée de sa tente, à midi. (2)Ayant levé les yeux, il vit et voici : troishommes se tenaient au dessus de lui. Lorsqu'il eut vu, il courut à leur rencontre depuisl'entrée de sa tente, il se prosterna à terre (3)et dit : et la suite jusqu'à8 (Gen. 19, 27)maisAbraham se leva de bon matin pour se rendre au lieu où il s'était tenu devant le Seigneur,(28)et il regarda du côté de Sodome et de Gomorrhe et vers tout le pays d’alentour, et il vit,et voici : une flamme montait de la terre comme une vapeur de fournaise. Et sans en citerd'avantage, je leur demandai s'ils avaient compris ce qui avait été dit.

3 Certes, dirent-ils, ils avaient compris, mais les paroles rapportées n'avaientrien qui prouvât qu'il y eût ou que fût mentionné par l'Esprit Saint, outre9 leCréateur de l’univers, un quelconque Dieu ou Seigneur.

4 Et moi de répliquer :— De que je dis là, je vais m'efforcer de vous persuader, puisque vous

connaissez les Écritures : il existe et il est mentionné un autre Dieu et Seigneurau-dessous10 du Créateur de l’univers ; il est aussi appelé ange parce qu'ilannonce aux hommes tout ce que veut leur annoncer le Créateur del’univers11, au-dessus duquel il n'est point d'autre Dieu12.

Et reprenant ce qui venait d'être dit, je demandai à Tryphon :— Te paraît-il que asous le chêne de Mambré Dieu13 s'est fait voir à Abraham,

comme le dit le Verbe ?Celui-ci : − Parfaitement.5 Et, dis-je, c'était l'un de ces btrois hommes qui, suivant le Saint Esprit

prophétique se sont fait voir à Abraham ?Celui-ci : — Non pas. cDieu s'est montré à lui, avant14 dl'apparition des trois ;

ces trois-là, d'autre part, que le Verbe appelle ehommes, étaient des fanges15,gdeux d'entre eux ayant été envoyés pour la destruction de Sodome, hl'autre

a Gen. 18, 1 b Gen. 18, 2 c cf. Gen. 18, 1 d cf. Gen. 18, 2 e cf. Gen. 18, 2.16.22 ; 19,5.8.10.11.12 f cf. Gen. 19, 1.16 g cf. Gen. 19, 1 h cf. Gen. 18, 10.14.

326

JUSTIN MARTYR

ajpwvleian, ei|" de; eujaggelizovmeno" th'/ Savrra/ o{ti tevknon e{xei, ejf! w|/ejpevpempto, kai; ajpartivsa"1 ajphvllakto2.6 − Pw'" ou\n, ei\pon3, oJ ei|" tw'n triw'n genovmeno"4 ejn th'/ skhnh'/, oJ kai;

eijpwvn : Eij" w{ra" ajnakavmyw prov" se, kai; th'/ Savrra/ uiJo;" [fol. 106 r° : A]genhvsetai, faivnetai ejpanelqw;n genomevnou th'/ Savrra/ uiJou', kai; qeo;n aujto;no[nta oJ profhtiko;;" Lovgo" kajkei' shmaivnei _ {Ina de; fanero;n uJmi'n gevnhtaio{ levgw, ajkouvsate tw'n uJpo; Mwsevw"5 diarrhvdhn eijrhmevnwn.7 [Esti de; tau'ta : (Gen. 21, 9) jIdou'sa de; Savrra to;n uiJo;n [Agar, th'"

paidivskh" th'" Aijguptiva", o}" ejgevneto tw'/ jAbraavm, paivzonta meta;jIsaavk, tou' uiJou' aujth'", (10)ei\pe tw'/ jAbraavm : [Ekbale th;n paidivskhntauvthn kai; to;n uiJo;n aujth'" : ouj ga;r klhronomhvsei6 oJ uiJo;" th'" paidivskh"tauvth" meta; tou' uiJou' tou' jIsaavk. (11)Sklhro;n de; ejfavnh to; rJh'ma sfovdraejnantivon jAbraa;m peri; tou' uiJou' aujtou'. (12)Ei\pe de; oJ qeo;" tw'/ jAbraavm :Mh; sklhro;n e[stw ejnantivon sou peri; tou' paidivou kai; peri; th'" paidivskh" :pavnta o{sa a]n ei[ph/ soi Savrra, a[koue th'" fwnh'" aujth'", o{ti ejn jIsaa;kklhqhvsetaiv soi spevrma.8 Nenohvkate ou\n o{ti oJ eijpw;n tovte uJpo; th;n dru'n ejpanastrevyai, wJ"

prohpivstato ajnagkai'on ei\nai tw'/ jAbraa;m sumbouleu'sai7 a{per ejbouvletoaujto;n Savrra, ejnapelhvluqen, wJ" gevgraptai, kai; qeov" ejstin, wJ" oiJ lovgoishmaivnousin ou{tw" eijrhmevnoi : Ei\pe de; oJ qeo;" tw'/ jAbraavm : Mh; sklhro;ne[stw ejnantivon sou peri; tou' paidivou kai; peri; th'" paidivskh" _ejpunqanovmhn.9 − Kai; oJ Truvfwn e[fh : Mavlista : oujk [p. 163 : B] ejk touvtou de; [fol.

106 v° : A] ajpevdeixa" o{ti a[llo" ejstin oJ qeo;" para; tou'ton to;n ojfqevnta tw'/jAbraavm, o}" kai; toi'" a[lloi" patriavrcai" kai; profhvtai" w\pto, ajll! hJma'"ajpevdeixa" oujk ojrqw'" nenohkovta" o{ti oiJ trei'", oiJ ejn th'/ skhnh'/ para; tw'/jAbraa;m genovmenoi, o{loi a[ggeloi h\san.10 − Kai; pavlin ejgwv : Eij ou\n kai; ajpo; tw'n grafw'n mh; ei\con ajpodei'xai

uJmi'n o{ti ei|" tw'n triw'n ejkeivnwn kai; oJ qeov" ejsti kai; a[ggelo" kalei'tai, ejk

1 jApartivsa" (re perfecta) prop. Thirlb., coni. edd. ab Otto : ajparthvsa" (abiens) codd., cett. edd. ei|"de; eujaggelisavmeno" ...ejf! w|/ ejpevpempto, ajparthvsa" ajphvllakto, vel ei|" de; eujaggelisovmeno"...,o}" kai; ajpartivsa" ejf! w|/ ejpevpempto ajphvllakto, vel ei|" de; ...ejpevpempto, o} kai; ajpartivsa"ajphvllakto prop. Thirlb., coni. Marc. o{", ejf! w|/ ejpevpempto kai; ajpartivsa", ajphvllakto prop. Otto.2 jAphvllakto edd. : ajphlavkto codd. 3 Ei\pon : in marg. jIousti'no" A, om. B 4 JO ei|" tw'ntriw'n genovmeno" : oJ ei|"..., oJ genovmeno" Marc. (deleto oJ post skhnh'/) t. tr. tw'n genomevnwn prop.Thirlb. 5 Mwsevw" : Mwu>sevw" Otto, Goodsp. (sic etiam infra 56, 13.14.22) 6 Klhronomhvsei : −se sup. l. A 7 Sumbouleu'sai : s. poih'sai Marc.

327

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 56, 5-56, 10

annonçant à Sara cette bonne nouvelle qu'elle aurait un fils : c'était l'objet desa mission ; et lorsqu'il l'eût accomplie, il s'éloigna.

6 Comment donc, dis-je, celui des trois qui fut dans la tente, et qui a ditaDans un an je reviendrai vers toi, et Sara aura un fils, réapparaît-il lorsque Sara a euun fils, et comment le Verbe prophétique signifie-t-il là aussi qu'il est bDieu ?Pour que ce que je dis vous soit bien clair, écoutez les termes exactsemployés par Moïse.

7 Les voici : (Gen. 21, 9)Sara, voyant le fils d'Agar la servante Égyptienne, celui qu'elleavait donné à Abraham, jouer avec Isaac, son fils à elle, (10)dit à Abraham : Chasse cetteservante et son fils, car le fils de cette servante n'héritera pas avec mon fils, Isaac. (11)Trèsdure parut à Abraham cette parole sur son fils. (12)Mais Dieu dit à Abraham : Ne te faispas de souci à propos de l'enfant et de la servante ; en tout ce que pourra te dire Sara,écoute sa voix, car c'est en Isaac que sera appelée ta race.

8 Avez-vous donc saisi, demandai-je, que celui qui avait dit alors, sous lechêne, qu'il creviendrait (parce qu'il prévoyait qu'il serait nécessaire deconseiller à Abraham ce que Sara voulait de lui), est revenu, comme c'estécrit, et qu'il est Dieu, comme le signifient les paroles qui disent : dMais Dieudit à Abraham : Ne te fais pas de souci à propos de l'enfant et de la servante16 ?

9 Tryphon dit :— Parfaitement. Mais cela ne prouve pas que le eDieu est autre que celui qui

fs'est fait voir à Abraham, qui s'est fait voir aussi aux autres patriarches etprophètes17 ; ce que tu nous as démontré, c'est que nous avions tort de croireque les gtrois, qui se trouvaient dans la tente auprès d'Abraham, étaient tousdes anges.

10 Et moi de reprendre :— Si je ne pouvais vous démontrer, d'après les Écritures, que l'un de ces

trois est ce18 hDieu et en même temps est appelé iange19, parce que, comme je

a Gen. 18, 10.14 b cf. Gen. 21, 12 c cf. Gen. 18, 10.14 d Gen. 21, 12 e cf. Gen. 21, 12f cf. Gen. 18, 1 g cf. Gen. 18, 2 s. h cf. Gen. 18, 1 ; 21, 12 i cf. Gen. 19, 1.15.

328

JUSTIN MARTYR

tou' ajggevllein, wJ" proevfhn, oi|sper bouvletai1 ta; par! aujtou' oJ tw'n o{lwnpoihth;" qeov"2, tou'ton to;n ejpi; th'" gh'" ejn ijdeva/ ajndro;" oJmoivw" toi'" su;naujtw'/ paragenomevnoi" dusi;n ajggevloi" fainovmenon tw'/ jAbraavm, kai; to;n3

pro; poihvsew" kovsmou o[nta qeovn, taujto;n noei'n uJma'" eu[logon h\n, o{per to;pa'n e[qno" uJmw'n noei'.− Kai; pavnu, e[fh : ou{tw" ga;r kai; mevcri tou' deu'ro4 ei[comen.11 − Kajgw; pavlin ei\pon : jEpi; ta;" grafa;" ejpanelqw;n peiravsomai pei'sai

uJma'" o{ti ou|to" o{ te tw'/ jAbraa;m kai; tw'/ jIakw;b kai; tw'/ Mwsei'5 w\fqailegovmeno" kai; gegrammevno" qeo;" e{terov" ejsti tou' ta; pavnta poihvsanto"qeou', ajriqmw'/6 levgw ajlla; ouj gnwvmh/ : oujde;n gavr fhmi aujto;n pepracevnaipote; < h] wJmilhkevnai7 > h] a{per aujto;n8 oJ to;n kovsmon poihvsa", uJpe;r o}na[llo" oujk e[sti qeov", bebouvlhtai kai; pra'xai kai; oJmilh'sai.12 − Kai; oJ Truvfwn : {Oti ou\n kai; [fol. 107 r° : A] e[stin ajpovdeixon h[dh

i{na kai; touvtw/ sunqwvmeqa : ouj ga;r para; gnwvmhn tou' poihtou' tw'n o{lwnfavvskein9 ti h] pepoihkevnai aujto;n h] lelalhkevnai levgein se uJpolambavnomen.− Kajgw; ei\pon : JH grafh; ou\n hJ prolelegmevnh par! ejmou' tou'to fanero;n

uJmi'n poihvsei. [Esti de; tau'ta : (Gen. 19, 23) JO h{lio" ejxh'lqen ejpi; th;n gh'n,kai; Lw;t eijsh'lqen eij" Shgwvr. (24)Kai; oJ kuvrio" e[brexen ejpi; Sov-[p. 164 : B]-doma10 qei'on kai; pu'r para; kurivou ejk tou' oujranou', (25)kai; katevstreye ta;"povlei" tauvta" kai; pa'san th;n perivoikon.

1 Bouvletai : b. ajggei'lai prop. Otto, coni. Marc. 2 jEk − qeov" in semicirculis Marc. 3 Tou'tonto;n ..., kai; to;n .., taujto;n ego : tou'to;n to;n ...to;n kai; ...tou'to Mar., Otto, Mign. to;n ..,tou'ton(tou'tou sic) to;n kai; ...tou'ton Arch. tou'ton to;n ...to;n kai; ...[tou'ton] Marc. tou'ton to;n ...to;nkai; ...tou'ton codd., cett. edd. Pro tou'ton [noei'n], to;n ejpi; pa'si qeo;n vel (diffidenter) tou'ton ...o{nperto; pa'n e[. uJ. noei' prop. Thirlb. 4 Deu'ro prop. Sylb., Lange, coni. omn. : deutevrou codd., cett. edd.5 Mwsei' : Mwu>sei' Otto, Goodsp. 6 jAriqmw'/ : ajr. de; Marc. 7 ]H wJmilhkevnai add. Otto,Arch., Marc. (nam paulo post : kai; pra'xai kai; oJmilh'sai, et infra : pepoihkevnai aujto;n h]lelalhkevnai) : om. codd., cett. edd. h] eijpei'n prop. Thirlb. 8 Aujto;n prop. Thirlb., coni. Otto, Troll.,Mign., Arch. : aujto;" codd., cett. edd. 9 Favskein : « superfluum videtur. Sed. Ioann. (loc. cit.) :tiv ei[pw kai; tiv lalhvsw » Otto del. Marc. 10 jEpi; Sovdoma hic et Dial. 127, 5 : eij" Sovdoma kai;Govmorra Dial. 56, 21 ejpi; S. kai; G. Dial. 56, 23.

329

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 56, 10-56, 12

viens de le dire, il annonce les messages du Dieu Créateur de l’univers à ceuxque celui-ci a choisis, vous pourriez raisonnablement penser que celui qui,sous la figure d'un ahomme, est apparu sur cette terre à Abraham, en mêmetemps que les bdeux anges qui se trouvaient avec lui, et celui qui était Dieuavant la création du monde, sont le même : ce que pense votre nationentière20.

— Absolument, dit-il ; car c'est bien à quoi nous nous en tenons jusqu'ici.11 Et moi de reprendre :— Revenant aux Écritures, je m'efforcerai de vous persuader que ce cDieu

qui, selon ce qui y est dit et écrit, s'est fait voir à Abraham, à dJacob et à eMoïse21,est autre que le Dieu qui a fait toute chose : numériquement22, j'entends, etnon pour la pensée23. Car j'affirme fqu'il n'a rien fait ni dit que ce que Celuiqui a créé l'univers, au-dessus duquel il n'est point d'autre24 Dieu, a vouluqu'il fasse ou dise25.

12 Tryphon : — Démontre-nous donc d'abord qu'il existe, afin que sur cepoint aussi nous soyons d'accord. Nous concevons bien, en effet, que tudises qu'il n'a rien affirmé, ni fait, ni prononcé contre la volonté du Créateurde l'univers.

Et je dis :— L'Écriture déjà citée par moi vous le rendra clair. La voici : (Gen. 19, 23)Le

soleil sortit au-dessus de la terre, et Lot entra à Ségor. (24)Et le Seigneur fit pleuvoir surSodome du soufre et du feu d'auprès du Seigneur, du haut du ciel26, (25)et il détruisit cesvilles et tout le voisinage.

a cf. Gen. 18, 2.16.22 b cf. Gen. 19, 1.15 c cf. Gen. 18, 1 d cf. Gen. 31, 13 ; 35, 7.9e cf. Exod. 3, 2 ; Deut. 33, 16 f cf. Jn. 12, 49.

330

JUSTIN MARTYR

13 − Kai; oJ tevtarto"1 tw'n su;n Truvfwni parameinavntwn e[fh : }On ou\n oJLovgo"2 dia; Mwsevw" tw'n duvo ajggevlwn katelqovntwn eij" Sovdoma kai; kuvrione{na wjnovmase, para; tou'ton kai; to;n qeo;n aujto;n to;n3 ojfqevnta tw'/ jAbraa;mlevgein ajnavgkh.14 − Ouj dia; tou'to, e[fhn, movnon, o{per h\n, ejk panto;" trovpou oJmologei'n

e[dei o{ti kai;4 para; to;n noouvmenon poihth;n tw'n o{lwn a[llo" ti"kuriologei'tai uJpo; tou' aJgivou pneuvmato" : ouj movnon de;5 dia; Mwsevw", ajlla;kai; dia; Daui?d. Kai; ga;r kai; di! ejkeivnou ei[rhtai : Levgei oJ kuvrio" tw'/ kurivw/mou : Kavqou ejk dexiw'n mou, e{w" a]n qw' tou;" ejcqrouv" sou uJpopovdion tw'npodw'n sou, wJ" proeivrhka. Kai; pavlin ejn a[lloi" lovgoi" : (Ps. 44, 7) JO qrovno"sou, oJ qeov", eij" to;n aijwvna tou' aijw'no" : rJavbdo" eujquvthto" hJ rJavbdo" th'"basileiva" sou. (8) JHgavphsa" dikaiosuvnhn [fol. 107 v° : A] kai; ejmivshsa"ajnomivan : dia; tou'to e[crisev se, oJ qeov", oJ qeov" sou e[laion ajgalliavsew"para; tou;" metovcou" sou.15 Eij ou\n kai; a[llon tina; qeologei'n kai; kuriologei'n to; pneu'ma to; a{giovn

fate uJmei'" para; to;n patevra tw'n6 o{lwn kai; to;n Cristo;n aujtou',ajpokrivnasqev moi, ejmou' ajpodei'xai uJmi'n uJpiscnoumevnou ajp! aujtw'n tw'ngrafw'n o{ti oujc ei|" tw'n duvo ajggevlwn tw'n katelqovntwn eij" Sovdomav ejstino}n e[fh hJ garfh; kuvrion, ajll! ejkei'non to;n su;n aujtoi'"7 kai; qeo;n legovmenonojfqevnta tw'/ jAbraavm.16 − Kai; oJ Truvfwn : jApodeivknue : kai; gavr, wJ" oJra'/", h{ te hJmevra

prokovptei, kai; hJmei'"8 pro;" ta;" ou{tw" ejpikinduvnou" ajpokrivsei" oujk ejsme;ne{toimoi, ejpeidh; oujdeno;" oujdevpote tau'ta ejreunw'nto" h] zhtou'nto" h]ajpodeiknuvnto" ajkhkov-[p. 165 : B]-amen. Kai; sou' levgonto" oujk hjneicovmeqa,eij mh; pavnta ejpi; ta;" grafa;" ajnh'ge"9 : ejx aujtw'n ga;r ta;" ajpodeivxei"poiei'sqai spoudavzei", kai; mhdevna uJpe;r to;n poihth;n tw'n o{lwn ei\nai qeo;najpofaivnh/.

1 Tevtarto" : e{tero" prop. Thirlb. 2 }On − ajnavgkh : }On ou\n oJ Lovgo" ...eij" Sovdoma [kai;]kuvrion e{na wjnovmase, para; tou'ton to;n tw'n o{lwn poihthvn ktl. prop. Lange }On ou\n oJ Lovgo"...eij" Sovdoma trivton kai; kuvrion wjnovmase para; to;n e{na, tou'ton kai; vel }On ou\n oJ Lovgo"

...para; tou'ton kai; [to;n] qeovn, to;n aujto;n to;n ojfq. prop. Sylb. Oujk ou\n oJ Lovgo" ...para; tou'ton,

o}n kai; [to;n] qeovn, aujto;n to;n ojfq. _ prop. Troll. Oujkou'n oJ Lovgo" ...wjnovmase, para; tou'ton o}n

kai; ktl. prop. Otto }On ou\n oJ Lovgo" ...wjnovmase, tou'ton, para; [kai;] to;n qeo;n aujtovn, ...tw'/jAbraavm, qeo;n levgein ajnavgkh. Marc. Nihil mutandum Mar. 3 To;n : om. Mar. 4 Kai; : post a[llo"transp. Marc. ajlla; kai; o{ti (sed etiam quia) prop. Lange 5 De; : dh; Marc. 6 Tw'n prop. Grabe (adIren., III, 6, 1, p. 208), coni. edd. ab Otto : to;n codd., cett. edd. 7 Su;n aujtoi'" : s. a. genovmenonMarc. 8 JHmei'" : uJmei'" Steph. 9 jAnh'ge" ...ajpofaivnh/ : ajnh'ge" (ejx ...spoudavzei") kai; ...o{lwnqeo;n ajpefavnou prop. Thirlb.

331

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 56, 13-56, 16

13 Le quatrième de ceux qui étaient restés avec Tryphon27 dit alors :— Outre celui que, seul des adeux anges descendus à Sodome, le Verbe, par

l'intermédiaire de Moïse, nomme également bSeigneur, il faut donc dire qu'il yeut aussi ce cDieu qui est apparu à Abraham28.

14 Ce n'est pas seulement, dis-je, à cause de ce que j'ai cité29 qu'il fallaitabsolument reconnaître − comme c'était alors le cas − qu'en outre de celuique nous savons être le Créateur de l'univers l'Esprit Saint en déclare unautre30 dSeigneur : car il ne le fait pas seulement par l'intermédiaire de Moïse,mais aussi par la bouche de David. Par celui-ci aussi, en effet, il a été dit : eLeSeigneur dit à mon Seigneur31 : assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que je fasse de tesennemis l'escabeau de tes pieds, comme je l'ai déjà rapporté32. Et encore, end'autres paroles : (Ps. 44, 7)Ton trône, Dieu, est pour l'éternité de l'éternité. C'est unsceptre d'équité que le sceptre de ta royauté. (8)Tu as aimé la justice et haï l'iniquité. C'estpourquoi, ô Dieu, ton Dieu t'a oint Christ, d'une huile d'allégresse, de préférence à tescompagnons33.

15 Si vous dites, quant à vous, que l'Esprit Saint en déclare un autre Dieu etSeigneur, en dehors du Père de l’univers et de son Christ, donnez-moi donc laréplique : je m'engage à vous démontrer, par les Écritures elles-mêmes, quece n'est point l'un des fdeux anges qui descendaient à Sodome que l'Écrituredéclare gSeigneur, mais celui qui était avec eux, qui est appelé hDieu, et qui estapparu à Abraham.

16 Tryphon : — Démontre, car, comme tu le vois, le jour s'avance34, etnous ne sommes pas prêts, pour notre part, à fournir des réponses aussihasardeuses : jamais en effet nous n'avons entendu personne, sur cesquestions, scruter, examiner, ou démontrer. Certes, nous ne saurionst'écouter, si tu ne rapportais tout aux Écritures. Mais c'est d'elles que tu assoin de tirer tes démonstrations, et tu déclares qu'il n'y a point de Dieu au-dessus du Créateur de l’univers 35.

a Cf. Gen. 19, 1.15 b ibid., 18.24 c cf. Gen. 18, 1 d cf. Gen. 19, 18.24 e Ps. 109, 1f cf. Gen. 19, 1 g cf. ibid., 18.24 h cf. Gen. 18, 1.

332

JUSTIN MARTYR

17 − Kajgwv : jEpivstasqe ou\n, e[fhn, o{ti hJ grafh; levgei : (Gen. 18, 13)Kai;ei\pe kuvrio" pro;" jAbraavm : Tiv o{ti ejgevlase Savrra levgousa: \Arav geajlhqw'" tevxomai _ jEgw; de; geghvraka. (14)Mh; ajdunatei' para; tw'/ qew'/ rJh'ma _Eij" to;n kairo;n tou'ton ajnastrevfw1 prov" se eij" w{ra", kai; th'/ Savrra/ uiJo;"e[stai. Kai; meta; mikrovn : (Gen. 18, 16) jExanastavnte" de; [fol. 108 r° : A] ejkei'qenoiJ a[ndre" katevbleyan ejpi; provswpon Sodovmwn kai; Gomovrra" : jAbraa;m de;suneporeuveto met! aujtw'n, sum<pro>pevmpwn2 aujtouv". (17) JO de; kuvrio"ei\pen : Ouj mh; kruvyw ejgw; ajpo; jAbraa;m tou' paidov" mou a} ejgw; poiw'.18 Kai; met! ojlivgon pavlin ou{tw" fhsivn : (Gen. 18, 20)Ei\pe3 kuvrio" : Kraugh;

Sodovmwn kai; Gomovrra" peplhvquntai, kai; aiJ aJmartivai aujtw'n megavlaisfovdra. (21)Kataba;" ou\n o[yomai eij kata; th;n kraugh;n aujtw'n th;nejrcomevnhn prov" me suntelou'ntai, eij de; mhv, i{na gnw'. (22)Kai;ajpostrevyante" oiJ a[ndre" ejkei'qen h\lqon eij" Sovdoma. jAbraa;m de; h\n4

eJsthkw;" e[nanti kurivou, (23)kai; ejggivsa" jAbraa;m ei\pen : Mh; sunapolevsh/"divkaion meta; ajsebou'" _ kai; ta; eJxh'". Ouj ga;r gravfein pavlin ta; aujtav, tw'npavntwn progegrammevnwn, dokei' moi, ajll! ejkei'na, di! w|n kai; th;n ajpovdeixintw'/ Truvfwni kai; toi'" su;n aujtw'/ pepoivhmai5, levgein6 ajnagkai'on.19 Tovte ou\n h\lqon ejpi; ta; eJxh'", ejn oi|" levlektai tau'ta : (Gen. 18, 33)

jAph'lqe de; Kuvrio", wJ" ejpauvsato levgwn tw'/ jAbraavm, kai; < jAbraa;m >ajph'lqen7 eij" to;n tovpon aujtou'. (Gen. 19, 1) \Hlqon de; oiJ duvo a[ggeloi eij"Sovdoma eJspevra" : Lw;t de; ejkavqhto para; th;n puvlhn Sodovmwn : kai; ta; eJxh'"oJmoivw" mevcri tou' : (Gen. 19, 10) jEkteivnante" de; oiJ a[ndre" ta;" cei'ra" ejpiv-[p.166 : B]-asan to;n Lw;t pro;" eJautou;" eij" to;n oi\kon, kai; th;n quvran touoi[kou prosevkleisan : kai; ta; eJpovmena mevcri [fol. 108 v° : A] tou' : (Gen. 19,16)Kai; ejkravthsan oiJ a[ggeloi th'" ceiro;" aujtou' kai; th'" ceiro;" th'"gunaiko;" aujtou' kai; tw'n ceirw'n tw'n qugatevrwn aujtou', ejn tw'/ feivsasqaikuvrion aujtou'. 20 (Gen. 19, 17)Kai; ejgevneto hJnivka ejxhvgagon aujtou;" e[xw, kai;ei\pon : Sw'ze, sw'ze th;n seautou' yuchvn. Mh; periblevyh/ eij" ta; ojpivsw, mhde;sth'/" ejn pavsh/ th'/ pericwvrw/ : eij" to; o[ro" swvzou, mhvpote sumparalhfqh'/".(18)Ei\pe de; Lw;t pro;" aujtouv" : Devomai, kuvrie, (19)ejpeidh; eu|ren oJ pai'" soue[leo" ejnantivon sou, kai; ejmegavluna" th;n dikaiosuvnhn sou, o} poiei'" ejp! ejme;tou' zh'n th;n yuchvn mou : ejgw; de; ouj duvnamai diaswqh'nai eij" to; o[ro", mh;katalavbh/ me ta; kaka; kai; ajpoqavnw.

1 jAnatrevfw (cf. Gen. 18, 10) : ajnastrevyw prop. Thirlb. (ex LXX) 2 Sumpropevmpwn Sylb., Otto,Arch., Marc. (ex LXX) : sumpevmpwn A, in marg. B, cett. edd. ejmpevmpwn in textu B 3 Ei\pe : e. de;Marc. (ex LXX) 4 \Hn : e[ti h\n prop. Sylb., Mor. 5 Di! w{n − pepoivhmai : in semicirculis Marc.6 Levgein : a} l. Marc. 7 jAbraa;m add. Thirlb., Marc., prop. Mar., Otto, Arch. kai; jAbr.ajpevstrefen LXX.

333

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 56, 17-56, 20

17 Moi : — Vous savez donc, repris-je, que l'Écriture dit : (Gen. 18, 13)Et leSeigneur dit à Abraham : « Pourquoi Sara a-t-elle ri en disant : Est-ce que vraimentj'enfanterai ? Je suis devenue vieille. (14)L'affaire est-elle impossible à Dieu ? A cettesaison, dans un an, je reviendrai vers toi, et Sara aura un fils ». Et un peu plus loin :(Gen. 18, 16)S'étant levés de là les deux hommes abaissèrent leurs regards vers Sodome etGomorrhe, et Abraham allait avec eux, pour les accompagner. (17)Et le Seigneur dit : « Jene cacherai pas à Abraham, mon serviteur, ce que je fais ».

18 Un peu après encore voici ce qu'il dit : (Gen. 18, 20)Le Seigneur dit : « laclameur de Sodome et de Gomorrhe est devenu plus grande, et leurs péchés sont très graves.(21)Je descends donc pour voir si conformément à la clameur parvenue jusqu'à moi, ils ensont à leur comble ; sinon, je le saurai ». (22) Se détournant de là, les hommes allèrent àSodome, tandis qu'Abraham se tenait devant le Seigneur. (23)Abraham s'approcha et dit :« Ferais-tu périr le juste avec l'impie ? » et la suite…, car il me semble, puisque j'aidéjà tout écrit36, qu'il n'est pas nécessaire d'écrire une seconde fois la mêmechose, mais de dire ce qui m'a fourni une démonstration pour Tryphon et sescompagnons37.

19 J'en vins donc à cet endroit qui suit où on lit : (Gen. 18, 33)Le Seigneur s'enalla, lorsqu'il eut achevé de parler à Abraham ; et il38 s'en retourna en son lieu.(Gen. 19, 1)Or les deux anges vinrent alors à Sodome le soir. Lot était assis à la porte deSodome… et de même jusqu'à : (Gen. 19, 10)Étendant les mains, les hommes saisirentLot, le tirèrent auprès d'eux dans la maison, et ils fermèrent la porte de la maison… et cequi suit jusqu'à (Gen. 19, 16)Les anges le saisirent par la main, et par la main sa femme,et par la main ses filles, parce que le Seigneur l'épargnait. 20 (Gen. 19, 17)Lors donc qu'ilsles eurent amenés au dehors, ils dirent : « Sauve, sauve ton âme ! Ne regarde pas enarrière, et ne t'arrête nulle part dans les alentours. Sauve-toi vers la montagne, de peur quetu ne sois emporté toi aussi ». (18)Lot leur dit : « Je t'en prie, Seigneur, (19)puisque tonserviteur a obtenu pitié devant toi, que tu as élargi ta justice en faisant que mon âme vive ;je ne puis me sauver vers la montagne, sans que le malheur me saisisse et que je meure.

334

JUSTIN MARTYR

21 (Gen. 19, 20) jIdou; hJ povli" au{th ejggu;" tou' katafugei'n ejstin ejkei'1

mikrav : ejkei' swqhvsomai, wJ" mikrav ejsti, kai; zhvsetai hJ yuchv mou. (21)Kai;ei\pen aujtw'/ : jIdou; ejqauvmasav sou2 to; provswpon kai; ejpi; tw'/ rJhvmati touvtw/tou' mh; katastrevyai th;n povlin peri; h|" ejlavlhsa". (22)Speu'son tou' swqh'naiejkei' : ouj ga;r dunhvsomai poih'sai pra'gma e{w" tou' eijselqei'n se ejkei'. Dia;tou'to ejkavlese to; o[noma th'" povlew" Shgwvr. (23) JO h{lio" ejxh'lqen ejpi; th;ngh'n, kai; Lw;t eijsh'lqen eij" Shgwvr. (24)Kai; oj kuvrio" e[brexen eij"3 Sovdomakai; Govmorra qei'on kai; pu'r para; kurivou ejk tou' oujranou', (25)kai; katevstreyeta;" povlei" tauvta" kai; pa'san th;n perivoikon.22 Kai; pavlin pausavmeno" ejpev-[fol. 109 r° : A]-feron : kai; nu'n ouj

nenohvkate, fivloi, o{ti oJ ei|" tw'n triw'n, oJ kai; qeo;" kai; kuvrio"4 tw'/ ejn toi'"oujranoi'" uJphretw'n, kuvrio" tw'n duvo ajggevlwn5 _ Proselqovntwn6 ga;r aujtw'neij" Sovdoma, aujto;" uJpoleifqei;"7 proswmivlei tw'/ jAbraa;m ta; ajnagegrammevnauJpo; Mwsevw" : [p. 167 : B] ou| kai; aujtou' ajpelqovnto" meta; ta;" oJmiliva", oJjAbraa;m uJpevstreyen eij" to;n tovpon aujtou'. 23 Ou| ejlqovnto"8, oujkevti duvoa[ggeloi oJmilou'si tw'/ Lw;t ajll! aujtov", wJ"9 oJ Lovgo" dhloi', kai; kuvriov" ejsti,para;10 kurivou tou' ejn tw'/ oujranw'/ toutevsti tou' poihtou' tw'n o{lwn, labw;n to;tau'ta11 ejpenegkei'n12 Sodovmoi" kai; Gomovrroi" a{per oJ Lovgo" katariqmei',ou{tw" eijpwvn : Kuvrio" e[brexen ejpi; Sovdoma kai; Govmorra qei'on kai; pu'r para;kurivou ejk tou' oujranou'.

57. 1 − Kai; oJ Truvfwn sighvsantov" mou ei\pen : {Oti me;n hJ grafh; tou'toajnagkavzei oJmologei'n hJma'", faivnetai, o{ti de;13 ajporh'sai a[xiovn ejsti peri;tou' legomevnou, o{ti e[fage ta; uJpo; tou' jAbraa;m kataskeuasqevnta kai;parateqevnta, kai; su; a]n oJmologhvseia".2 − Kajgw; ajpekrinavmhn : {Oti me;n bebrwvkasi, gevgraptai : eij de; tou;"

trei'" ajkouvsaimen lelevcqai bebrwkevnai, kai; mh; tou;" duvo movnou", oi{tine"a[ggeloi tw'/ o[nti h\san kai; ejn toi'" oujranoi'", dh'lovn14 ejstin hJmi'n15,trefovmenoi, ka]n mh; oJmoivan trofh;n h|/per oiJ a[nqrwpoi crwvmeqa trevvfwntai16

(peri; ga;r th'" [fol. 109 v° : A] trofh'" tou' mavnna, h}n ejtravfhsan oiJ patevre"

1 jEstin ejkei' : ejkei' ejstin Marc. me ejkei', h{ ejstin mikrav LXX. 2 jEqauvmasav sou : corr. exejqauvmasou A 3 jEij" : ejpi; Dial. 56, 12.23 ; 127, 5 (= LXX) 4 Kuvrio" : k. legovmeno" kai; Marc.5 jAggevlwn : aj. ejstivn Marc. 6 Proselqovntwn : proelqovntwn coni. Thirlb., Marc. proapelqovntwn(prius digressis) prop. Sylb. 7 JUpoleifqei;" : −qei in ras. A 8 jElqovnto" : ej. eij" Sovdoma Marc. (exGen. 19, 1) 9 JW" : o}" wJ" Marc. 10 Para; : kai; para; Marc. 11 To; tau'ta : tau'ta eij" to;Marc. 12 jEpenegkei'n : ajpenegkei'n coni. Otto, Mign. 13 {Oti de; ...oJmologhvseia" : o{, ti ...oJmologhvseia" _ Steph. 14 Dh'lovn : wJ" dh'lovn Thirlb., Otto, Troll., Mign., Marc. 15 JHmi'n :uJmi'n prop. Thirlb. 16 Trevfwntai Marc. : trevfontai codd., cett. edd.

335

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 56, 21-57, 2

21 (Gen. 19, 20)Voici, cette ville est proche, pour que je m'y réfugie39, elle est petite. Là jeserai sauvé, elle est si petite ! et mon âme vivra ». (21)Il lui dit : « Voici, j'ai honoré tonvisage40 en cette affaire aussi : je ne détruirai-je pas la ville dont tu parles. (22)Hâte-toi doncde t'y sauver. Je ne pourrai rien faire que tu n'y sois entré ». C'est pourquoi il appela cetteville du nom de Ségor41. (23)Le soleil sortit au-dessus de la terre, et Lot entra à Ségor.(24)Et le Seigneur fit pleuvoir sur Sodome et Gomorrhe du soufre et du feu d'auprès duSeigneur, du haut du ciel, (25)et il détruisit ces villes et tout le voisinage.

22 Et lorsque j'eus fini, j'ajoutai à nouveau42 :— N'avez-vous pas compris maintenant, amis, que l'un des trois, le aDieu et

bSeigneur43 qui sert44 celui qui est dans le ciel, est Seigneur des cdeux anges. Tandisque ceux-ci dse rendaient à Sodome, lui ereste et adresse à Abraham lesparoles que Moïse a consignées par écrit. fLorsqu'il fut parti, après leurentretien, Abraham s'en retourna en son lieu. 23 Lorsqu'il arriva (à Sodome), cene sont plus gdeux anges qui s'adressent à Lot, hmais lui, comme le montre leVerbe ; et il est iSeigneur recevant d'auprès du Seigneur45 qui est dans le ciel, c'est-à-dire du Créateur de l’univers, la charge de répandre sur Sodome etGomorrhe ce que le Verbe énumère, en s'exprimant ainsi : jEt le Seigneur fitpleuvoir sur Sodome et Gomorrhe du soufre et du feu d'auprès du Seigneur, du haut duciel46.

Objection sur le « pain des anges ».

57. 1 Je me tus, Tryphon dit :— L'Écriture, c'est évident, nous oblige à le reconnaître ; mais il y a, tu dois

aussi le reconnaître, une réelle difficulté dans le fait qu'il soit dit qu'il ka mangéce qu'Abraham avait préparé et servi.

2 Je répondis :— Qu'ils aient lmangé, c'est écrit. Mais s'il fallait entendre qu'il est dit que

les trois ont mangé, et non pas seulement les deux qui étaient véritablementdes anges1, nourris − c'est une évidence pour nous − dans le ciel, même s'ilsne le sont pas avec la même nourriture que nous autres les hommes − car àpropos de la manne dont vos pères ont été nourris dans le désert,

a Cf. Gen. 18, 1 b cf. Gen. 18, 20.33 ; 19, 16.18.24 c cf. Gen. 19, 1.15.16 d cf. Gen. 18, 22e ibid., s. f ibid., 33 g cf. Gen. 19, 1 h ibid., 18 ; 21-22 i ibid., 24 j Gen. 19, 24k cf. Gen. 18, 8 l cf. Gen. 18, 8.

336

JUSTIN MARTYR

uJmw'n ejn th'/ ejrhvmw/, hJ grafh; ou{tw levgei, o{ti a[rton ajggevlwn e[fagon1),ei[poim! a]n o{ti oJ Lovgo", oJ levgwn bebrwkevnai, ou{tw" a]n levgoi wJ" a]n kai;aujtoi; ei[poimen ejpi; puro;" o{ti pavnta katevfagen, ajlla; mh; pavntw" tou'toejxakouvein o{ti ojdou'si kai; gnavqoi" maswvmenoi bebrwvkasin. {Wste oujde;ejntau'qa ajporhvsaimen a]n peri; oujdenov", eij tropologiva" e[mpeiroi ka]nmikro;n uJpavrcwmen2.3 − Kai; oJ Truvfwn : Dunato;n kai; tau'ta ou{tw qerapeuqh'nai peri; trovpou

brwvsew", par! o}n ajnalwvsanta"3 ta; paraskeuasqevnta uJpo; tou' jAbraa;mbebrwkevnai gegrammevnon ejstivn. {Wste e[rcou h[dh ajpodwv-[p. 168 : B]-swnhJmi'n to;n lovgon, pw'" ou|to" oJ tw'/ jAbraa;m ojfqei;" qeov"4, kai; uJphrevth" w]ntou' poihtou' tw'n o{lwn qeou', dia; th'" parqevnou gennhqeiv", a[nqrwpo"oJmoiopaqh;" pa'sin, wJ" proevfh", gevgonen.4 − Kajgwv : Sugcwvrei, w\ Truvfwn, provteron, ei\pon, kai; a[lla" tina;"

ajpodeivxei" tw'/ kefalaivw/ touvtw/ sunagagei'n dia; pollw'n, i{na kai; uJmei'"pepeismevnoi kai; peri; touvtou h\te, kai; meta; tou'to o}n ajpaitei'" lovgonajpodwvsw.− Kajkei'no" : JW" soi; dokei', e[fh, pra'tte : kai; ejmoi; ga;r pavnu poqhto;n

pra'gma pravxei".

58. 1 − Kajgw; ei\pon : Grafa;" uJmi'n ajnistorei'n mevllw, ouj kata-[fol. 110 r° :A]-skeuh;n lovgwn ejn movnh/ tevcnh/ ejpideivknusqai speuvdw : oujde; ga;r duvnami"ejmoi; toiauvth tiv" ejstin, ajlla; cavri" para; qeou' movnh eij" to; sunievnai ta;"grafa;" aujtou' ejdovqh moi, h|" cavrito" kai; pavnta" koinwnou;" ajmisqwti; kai;ajfqovnw" parakalw' givnesqai, o{pw" mh; kai; touvtou cavrin krivsin ojflhvsw ejnh|/per mevllei krivsei5 dia; tou' kurivou mou jIhsou' Cristou' oJ poihth;" tw'no{lwn qeo;" poiei'sqai.2 − Kai; oj Truvfwn : jAxivw" me;n qeosebeiva" kai; tou'to pravttei" :

eijrwneuvesqai dev moi dokei'", levgwn duvnamin lovgwn tecnikw'n mh; kekth'sqai.− Kajgw; pavlin ajpekrinavmhn : jEpeiv soi dokei' tau'ta6 ou{tw" e[cein,

ejcevtw : ejgw; de; pevpeismai ajlhqw'"7 ei\nai. jAll! i{na ma'llon ta;" ajpodeivxei"ta;" loipa;" h[dh poihvswmai, provsece to;n nou'n.− Kajkei'no" : Levge.

1 Peri; − e[fagon in semicirculis edd. ab Otto 2 JUpavrcwmen : uJpevrcwmen Mor., Mar. :uJperevcwmen Mign. 3 jAnalwvsanta" ...gegrammevnon ejstin : ajnalwvsante" ...gegrammevnoi eijsivnprop. Thirlb. 4 JO ...ojfqei;" qeov", kai; : oJ ...ojfqeiv", qeo;" kai; prop. Otto 5 jEn h|/per mevlleikrivsei = ejn th'/ krivsei h{nper mevllei Mar., Otto : krivsin prop. Steph. (ad. calcem) 6 Tau'ta :tou'to prop. Thirlb. 7 jAlhqw'" : a[llw" ei\nai vel ajlhqw'" eijpei'n prop. Thirlb., coni. Marc. (a[llw"ei\nai) ajlhqeuvein ejmev Troll.

337

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 57, 2-58, 2

l'Écriture dit aqu'ils mangaient du pain des anges2 −, je dirais alors que le Verbequi affirme qu'ils ont mangé, s'exprime comme nous le ferions nous-mêmes àpropos du feu en disant qu'il a « tout dévoré » ; en aucun cas nous nedevrions entendre qu'ils ont mangé en mâchant avec des dents et desmâchoires. Il n'y aurait donc là non plus aucune difficulté, pour qui a tant soitpeu la pratique du langage figuré3.

3 Tryphon : — il est également possible de remédier ainsi à ce qui toucheleur façon de se nourrir : c'est en le consumant qu'ils auraient, selonl'Écriture, mangé ce qu'Abraham avait préparé. Aussi viens-en de suite ànous exposer comment ce bDieu apparu à Abraham, serviteur du DieuCréateur de l’univers, né par la vierge, s'est fait, comme tu l'as dit, hommeconnaissant les mêmes souffrances que tous4.

4 Moi : — Permets d'abord, Tryphon, dis-je, que j'ajoute encore à cechapitre quelques autres preuves, un peu abondantes, afin que vous soyezconvaincus sur ce point aussi. Je fournirai ensuite l'explication que turéclames.

Celui-ci : — Comme il te semble, dit-il, car ce que tu fais là correspond toutà fait à mon désir.

L’« autre Dieu » s’est manifesté dans les visions de Jacob.

58. 1 Je dis :— Je m'en vais vous rapporter les Écritures, non que je me soucie

d'exhiber un assemblage de paroles élaboré par l'art seul1 − je ne disposepoint d'un semblable talent −, mais une grâce2 qui vient de Dieu m'a étéaccordée : elle seule me permet de comprendre ses Écritures ; une grâce àlaquelle j'appelle tout le monde à prendre part, gratuitement et libéralement,pour que je ne sois pas condamné de ce chef au jugement que par monSeigneur Jésus-Christ doit rendre le Dieu Créateur de l’univers3.

2 Tryphon : — Et tu agis aussi en cela pieusement ; mais j'ai le sentimentque tu fais l'ignorant, quand tu dis n'avoir pas l'art des discours habiles…

Je répondis :— Si c'est ton sentiment, soit ! je suis persuadé, pour moi, d'être sincère.

Mais fais plutôt attention aux autres preuves que je vais maintenant établir.Celui-ci : — Parle.

a Cf. Ps. 77, 25 b cf. Gen. 18, 1.

338

JUSTIN MARTYR

3 − Kajgwv : JUpo; Mwsevw"1, w\ ajdelfoiv, pavlin gevgraptai, e[legon, o{tiou|to" oJ ojfqei;" toi'" patriavrcai" legovmeno" qeo;"2 kai; a[ggelo" kai; kuvrio"3

levgetai, i{na kai; ejk touvtwn ejpignw'te aujto;n uJphretou'nta tw'/ tw'n o{lwnpatriv, wJ" h[dh sunevqesqe, kai; dia; pleiovnwn pepeis-[p. 169 : B]-mevnoibebaivw" mevnhte4.4 jExhgouvmeno" ou\n dia; Mwsevw" oJ Lovgo" tou' qeou' ta; peri; jIakwvb, tou'

uiJwnou' tou' jAbraavm, ou{tw" fhsiv : (Gen. 31, 10)Kai; ejgevneto hJnivka ejkivsswn ta;provbata ejn gastri; lambavnonta, kai; ei\don toi'" ojfqalmoi'" aujta; ejn tw'/u{pnw/ : kai; ijdou; oiJ travgoi kai; oiJ krioiv, ajnabaivnonte" ejpi; ta; provbata kai;ta;" ai|ga", diavleukoi kai; poikivloi kai; spodoeidei'" rJantoiv. [fol. 110 v° : A](11)Kai; ei\pev moi oJ a[ggelo" tou' qeou' kaq! u{pnou" : jIakwvb, jIakwvb. 5 jEgw;de; ei\pon : Tiv ejsti, kuvrie5 _ (12)Kai; ei\pen : jAnavbleyon toi'" ojfqalmoi'"sou kai; i[de tou;" travgou" kai; tou;" kriou;" ajnabaivnonta" ejpi; ta; provbatakai; ta;" ai|ga", dialeuvkou" kai; poikivlou" kai; spodoeidei'" rJantouv" :eJwvraka ga;r o{sa soi Lavban poiei'. (13) jEgwv eijmi oJ qeo;" oJ ojfqeiv" soi ejntovpw/ qeou'6, ou| h[leiyav" moi ejkei' sthvlhn kai; hu[xw ejkei' eujchvn. Nu'n ou\najnavsthqi kai; e[xelqe7 ejk th'" gh'" tauvth" kai; a[pelqe eij" th;n gh'n th'"genevsewv" sou, kai; e[somai meta; sou'.6 Kai; pavlin ejn a[lloi" lovgoi" peri; tou' aujtou'8 jIakw;b levgwn ou{tw"

fhsivn : (Gen. 32, 22) jAnasta;" de; th;n nuvkta ejkeivnhn e[labe ta;" duvo gunai'ka"kai; ta;" duvo paidivska" kai; ta; e{ndeka paidiva aujtou' kai; dievbh th;n diavbasintou' jIabwvc, (23)kai; e[laben aujtou;" kai; dievbh to;n ceimavrroun kai; diebivbasepavnta ta; aujtou'. (24) JUpeleivfqh de; jIakw;b movno" : kai; ejpavlaien a[nqrwpo"9

met! aujtou' e{w" prwi?. (25)Ei\de de; o{ti < ouj >10 duvnatai pro;" aujtovn, kai;h{yato tou' plavtou" tou' mhrou' aujtou', kai; ejnavrkhse to; plavto" tou' mhrou'jIakw;b ejn tw'/ palaivein aujto;n met! aujtou'. (26)Kai; ei\pen aujtw'/ : jApovsteilovnme : ajnevbh ga;r oJ o[rqro". 7 JO de; ei\pen : Ouj mhv se ajposteivlw, a]n11 mhv meeujloghvsh/". (27)Ei\pe de; aujtw'/ : Tiv to; o[nomav sou ejstivn _ JO de; ei\pen :jIakwvb. (28)Ei\pe de; aujtw'/ : Ouj klhqhvsetai12 [p. 170 : B] to; o[nomav sou jIakwvb,ajlla; [fol. 111 r° : A] jIsrah;l e[stai to; o[nomav sou :

1 Mwsevw" : Mwu>sevw" Otto, Goodsp. (hic et infra) 2 Qeo;" : kai; qeo;" Marc. 3 [Aggelo" kai;kuvrio" : a[ggelo" tou' kurivou vel a[ggelo" tou' qeou' kai; kuvrio" prop. Otto 4 Mevnhte Marc. (exI Apol. 61, 10) : menei'te codd., cett. edd. 5 Kuvrie : om. LXX. 6 jEn tovpw/ qeou' codd., Goodsp.(= LXX) : ejn tw'/ t. q. Steph., Mar., Otto, Arch. ejn twv pw/ qew'/ B 7 jAnavsqhti kai; e[xelqeThirlb., Otto, Arch. (ex LXX) : e[xelqe kai; ajnavsqhti codd., cett. edd. (prothysteron Sylb.) 8 Tou'aujtou' transp. Marc. (cf. 68, 8) : aujtou' tou' codd., cett. edd. 9 [Anqrwpo" (= LXX) prop. Thirlb.,coni. Otto, Troll., Arch., Marc. (cf. Dial. 58, 10 : ejn ijdeva/ ajnqrwvpou ; 126, 3 : meta; jIakw;ba[nqrwpo" ejpavlaie) a[ggelo" codd. cett. edd. 10 Ouj add. Steph. (ex LXX) : om. codd., Goodsp.11 ]An : eja;n Mar. (ex LXX) 12 Ouj klhqhvsetai : ouj kl. e[ti Mar. (ex LXX).

339

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 58, 3-58, 7

3 Moi : — Par Moïse, frères, il est encore écrit, dis-je, que celui qui, appeléaDieu, s'est fait voir aux patriarches, est également appelé bange et cSeigneur4,pour que par là aussi vous connaissiez qu'il est serviteur du Père de l’univers,− comme vous en êtes déjà convenus5 − et que par plus d'éléments vous endemeuriez fermement convaincus.

4 Ainsi lorsqu'il raconte, par l'intermédiaire de Moïse, l'histoire de Jacob,petit-fils d'Abraham, le Verbe de Dieu s'exprime en ces termes : (Gen. 31, 10)Etil arriva, qu'au temps où les brebis entrent en chaleur et conçoivent, je les vis de mes yeuxen songe. Et voici, les boucs et les béliers montaient sur les brebis et les chèvres, et ils étaientmouchetés de blanc, tachetés et marqués de couleur cendre6. (11)Et l'ange de Dieu me dit enmon sommeil : « Jacob, Jacob ». 5 Et je dis : « Qu'y a-t-il, Seigneur ? ». (12)Et il dit :« Lève les yeux et vois les boucs et les béliers qui montent sur les brebis et les chèvres : ilssont mouchetés de blanc, tachetés et marqués de couleur cendre. Car j'ai vu tout ce queLaban te fait. (13)Je suis le Dieu qui s'est fait voir de toi dans le lieu de Dieu, là où tu asenduit pour moi une stèle7, et m'as adressé un vœu. Maintenant donc, lève-toi et sors de cepays, et va-t-en au pays de ta naissance, et je serai avec toi ».

6 Dans un autre passage encore, à propos du même Jacob, il s'exprime de lasorte : (Gen. 32, 22)S'étant levé, cette nuit-là, il prit ses deux femmes, ses deux servantes, sesonze enfants, et il passa la passe du Jaboc ; (23)et il les prit, passa le torrent, et fit passertout ce qui était à lui. (24)Or Jacob resta seul, et un homme luttait avec lui jusqu'au matin.(25)Il vit qu'il ne pouvait rien contre lui ; et il toucha le plat de sa cuisse, et le plat de lacuisse de Jacob s'engourdit, tandis qu'il luttait avec lui. (26)Et il lui dit : « Laisse-moialler, car l'aube s'est levée ». 7 Il dit : « Je ne te laisserai pas aller que tu ne m'ais béni ».(27)Il lui dit : « Quel est ton nom ? ». Il dit : « Jacob ». (28)Il lui dit : « On ne t'appelleraplus du nom de Jacob, mais Israël sera ton nom, car tu as été fort

a Cf. Gen. 31, 13 ; 32, 28.30 ; 35, 7.9.10 b cf. Gen. 31, 11 c cf. Gen. 31, 11.

340

JUSTIN MARTYR

o{ti ejnivscusa" meta; tou' qeou', kai; meta; ajnqrwvpwn dunato;" e[sh/.(29) jHrwvthse de; jIakw;b kai; ei\pen : jAnavggeilovn moi to; o[nomav sou. Kai;ei\pen : {Ina tiv tou'to ejrwta'/" to; o[nomav mou _ Kai; eujlovghsen aujto;n ejkei'.(30)Kai; ejkavlesen jIakw;b to; o[noma tou' tovpou ejkeivnou Ei\do" qeou' : ei\donga;r qeo;n provswpon pro;" provswpon, kai; ejcavrh1 hJ yuchv mou.8 Kai; pavlin ejn eJtevroi" peri; tou'2 aujtou' jIakw;b ejxaggevllwn tau'tav

fhsin : (Gen. 35, 6) \Hlqe de; jIakw;b eij" Louza', h{ ejstin ejn gh'/3 Canaavn, h{ ejstiBaiqhvl, aujto;" kai; pa'" oj laov", o}" h\n met! aujtou'. (7)Kai; wj/kodovmhsen ejkei'qusiasthvrion, kai; ejkavlese to; o[noma tou' tovpou ejkeivnou Baiqhvl : ejkei' ga;rejfavnh aujtw'/ oJ qeo;" ejn tw'/ ajpodidravskein4 ajpo; proswvpou tou' ajdelfou'aujtou' jHsau'. (8) jApevqane de; Debovrra, hJ trovfo" JRebevkka"5, < kai;ejtavfh >6 katwtevrw Baiqh;l uJpo; th;n bavlanon, kai; ejkavlesen jIakw;b to;o[noma aujth'" Bavlanon pevnqou". (9) [Wfqh de; oJ qeo;" tw'/7 jIakw;b e[ti ejnLouza', o{te paregevneto ejk Mesopotamiva"8 th'" Suriva", kai; eujlovghsenaujtovn. (10)Kai; ei\pen aujtw'/ oj qeov" : To; o[nomav sou jIakw;b ouj klhqhvsetai e[ti,ajlla; jIsrah;l e[stai to; o[nomav sou.9 Qeo;"9 kalei'tai kai; qeov" ejsti kai; e[stai.10 Kai; sunneusavntwn tai'" kefalai'" aJpavntwn e[fhn ejgwv : kai; tou;"

lovgou", oi} ajggevllousi pw'" w[fqh aujtw'/, feuvgonti to;n ajdelfo;n JHsau', [fol.111 v° : A] ou|to" kai; a[ggelo" kai; qeo;" kai; kuvrio", kai; ejn ijdeva/ ajndro;" tw'/jAbraa;m fanei;" kai; ejn ijdeva/ ajnqrwvpou aujtw'/ tw'/ jIakw;b palaivsa", ajnagkai'onei\nai eijpei'n uJmi'n logizovmeno", levgw.11 Eijsi; de; ou|toi : (Gen. 28, 10)Kai; ejxh'lqen jIakw;b ajpo; tou' frevato" tou'

o{rkou kai; [p. 171 : B] ejporeuvqh eij" Caravn10. (11)Kai; ajphvnthse tovpw/ kai;ejkoimhvqh ejkei' : e[du ga;r oJ h{lio". Kai; e[laben ajpo; tw'n livqwn tou' tovpou kai;e[qhke pro;" kefalh'" aujtou', kai; ejkoimhvqh ejn tw'/ tovpw/ ejkeivnw/ (12)kai;ejnupniavsqh : kai; ijdou; kli'max11 ejsthrigmevnh ejn th'/ gh'/, h|" hJ kefalh;ajfiknei'to eij" to;n oujranovn, kai; oiJ a[ggeloi tou' qeou' ajnevbainon kai;katevbainon ejp! aujth'", (13)oJ de; kuvrio" ejsthvrikto ejp! aujthvn. 12 JO de;

1 jEcavrh : ejswvqh prop. Otto. (ex LXX et Dial. 126, 3) 2 Peri; tou' : ta; p. t. prop. Thirlb. 3 jjEngh'/ Otto, Arch., Marc. (ex LXX) : eij" gh'n codd. (ex eij" Louza' ?), cett. edd. 4 jApodidravskein :ajpod. aujto;n Marc. (ex. LXX) 5 JRebevkka" edd. a Mar. (ex LXX) : JRebevka" codd., cett. edd. 6 Kai;ejtavfh add. Steph. (ex LXX) : om. codd., Goodsp., Marc. 7 Tw'/ corr. Steph. (ex LXX) : om. codd.,Goodsp., Marc. 8 jEk Mesopotamiva" corr. Steph. (ex LXX) : ejn Mesopotamiva/ codd., Goodsp.9 Qeo;" : q. ou\n Marc. 10 Caravn : Carravn Mar., Mign. (ex LXX ; Act. 7, 2.4) 11 Kli'max edd. abOtto : klivmax A, cett. edd. klhvmax B.

341

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 58,7-58, 12

avec Dieu, et avec les hommes tu seras puissant »8. (29)Jacob l'interrogea en disant : « Fais-moi connaître ton nom ». Il dit : « Pourquoi me demandes-tu mon nom ? ». Et il le bénitlà. (30)Et Jacob appela cet endroit forme-visible-de-Dieu9 : car j'ai vu Dieu face à face, etmon âme s'est réjouie10.

8 Ailleurs encore, dans le récit qu'il fait sur le même Jacob, il dit ceci :(Gen. 35, 6)Jacob vint à Louza, qui est au pays de Canaan (c'est Béthel), lui et tout lepeuple qui était avec lui. (7)Il bâtit là un autel, et il donna au lieu le nom de Béthel. Carc'était là-bas que Dieu lui était apparu, lorsqu'il fuyait loin de la face de son frère Ésau11.(8)Mais Débora mourut, la nourrice de Rebecca, et elle fut enterrée au-dessous de Béthel,sous le chêne, et Jacob lui donna le nom de chêne d'affliction. (9)Or Dieu se fit voir de Jacobune nouvelle fois à Louza, lorsqu'il revint de la Mésopotamie de Syrie, et il le bénit. (10)EtDieu lui dit : « On ne t'appellera plus du nom de Jacob, mais Israël sera ton nom ».

9 aDieu il est appelé, Dieu il est et sera12.10 Comme tous approuvaient de la tête, je continuai : — d'autres textes

encore rapportent de quelle façon, lorsqu'il fuyait son frère Ésau13, s'est faitvoir à lui celui qui est à la fois ange, bDieu, et cSeigneur, qui sous forme d'undhomme (ajndrov") apparut à Abraham, et sous forme ed'être humain (ajnqrwvpou) acombattu Jacob lui-même14 ; je considère qu'il faut aussi vous les citer.

11 Les voici : (Gen. 28, 10)Jacob s'éloigna du puits du Serment et fit route vers Charan.(11)Il parvint en un lieu, et là il s'endormit : le soleil déclina. Il prit une des pierres du lieu,la plaça sous sa tête, s'endormit (12)et rêva. Et voici : une échelle fortement fichée dans laterre, et son sommet arrivait jusqu'au ciel ; et les anges de Dieu montaient et descendaientsur elle. (13)Et le Seigneur était appuyé sur elle15. 12 Il dit : « Je suis le

a Cf. Gen. 31, 13 ; 32, 28.30 ; 35, 7.9.10 b cf. Gen. 28, 17.19 c ibid., 13.16 d cf. Gen. 18, 2e cf. Gen. 32, 24.

342

JUSTIN MARTYR

ei\pen : jEgwv eijmi kuvrio", oJ qeo;" jAbraavm, tou' patrov" sou, kai; jIsaavk.Mh; fobou'. JH gh', ejf! h|" su; kaqeuvdei" ejp! aujth'", soi; dwvsw aujth;n kai; tw'/spevrmativ sou : (14)kai; e[stai to; spevrma sou wJ" hJ a[mmo" th'" gh'", kai;platunqhvsetai eij" qavlassan kai; novton kai; borra'n kai; ajnatolav", kai;ejneuloghqhvsontai ejn soi; pa'sai aiJ fulai; th'" gh'" kai; ejn tw'/ spevrmativ sou.(15)Kai; ijdou; ejgw; meta; sou', diafulavsswn se ejn oJdw'/ pavsh/ h|/ a]n poreuqh'/",kai; ajpostrevyw se eij" th;n gh'n tauvthn, o{ti ouj mhv se ejgkatalivpw e{w" tou'poih'saivv me pavnta o{sa ejlavlhsav soi. 13 (16)Kai; ejxhgevrqh jIakw;b ejk tou'u{pnou aujtou', [fol. 112 r° : A] kai; ei\pen o{ti [Esti kuvrio" ejn tw'/ tovpw/touvtw/1, ejgw; de; oujk h[/dein. (17)Kai; ejfobhvqh, kai; ei\pen : JW" fobero;" oJtovpo" ou|to". Oujk e[sti tou'to ajll! h]2 oi\ko" tou' qeou', kai; au{th hJ puvlh tou'oujranou. (18)Kai; ajnevsth jIakw;b tw'/ prwi?, kai; e[labe to;n livqon o}n uJpevqhkenejkei' pro;" kefalh'" aujtou', kai; e[sthsen aujto;n sthvlhn kai; ejpevcee [to;] 3

e[laion ejpi; to; a[kron aujtou'. (19)Kai; ejkavlesen jIakw;b to; o[noma tou' tovpouOi\ko" qeou'4: kai; Oujlammavou" h\n to; o[noma th'/ povlei to; provteron.

59. 1 Kai; tau'ta eijpwvn : jAnavscesqev mou, e[legon, kai; ajpo; th'" biv-[p. 172 :B]-blou th'" jExovdou ajpodeiknuvonto" uJmi'n, pw'" oJ aujto;" ou|to" kai;5

a[ggelo" kai; qeo;" kai; kuvrio" kai; ajnh;r kai; a[nqrwpo", jAbraa;m kai; jIakw;b6

faneiv", ejn7 puri; flogo;" ejk bavtou pevfantai kai; wJmivlhse tw'/ Mwu>sei'8.Kajkeivnwn hJdevw" kai; ajkamavtw" kai; proquvmw" ajkouvein legovntwn,

ejpevferon : 2 Tau'ta dev ejstin ejn th'/ bivblw/ h} ejpigravfetai [Exodo" . (Exod. 2,23)Meta; de; ta;" hJmevra" ta;" polla;" ejkeivna" ejteleuvthsen oJ basileu;"Aijguvptou, kai; katestevnaxan oiJ uiJoi; jIsrah;l ajpo; tw'n e[rgwn9 : < * > [kai;ta; loipa; mevcri tou'] : (Exod. 3, 16) jElqw;n sunavgage th;n gerousivan jIsrahvl,kai; ejrei'"10 pro;" aujtouv" : Kuvrio", oJ qeo;" tw'n patevrwn uJmw'n, w[fqh moi, oJqeo;" jAbraa;m kai; oJ qeo;" jIsaa;k kai; oJ qeo;" jIakwvb, levgwn : jEpiskoph'/ejpiskevptomai uJma'" kai; o{sa sumbevnhken uJmi'n ejn Aijguvptw/. [fol. 112 v° : A]

1 /Touvtw/ edd. (ex LXX) : tou'to codd. 2 jAll! h] : a[ll! h] Otto, Arch. 3 To; : del. Thirlb., Marc.(om. LXX) 4 Q[eo]u' in ras. A, qeou' in ras. B 5 Kai; : oJ kai; Marc. 6 jIakw;b prop. Lange, Thirlb.,Mar., coni. Otto, Arch., Marc. (cf. 56, 11 ; 60, 2) : jIsaa;k codd., cett. edd. jAbraa;m kai; jIsaa;k kai;jIakw;b prop. Mar., wJ" (pro kai;) ajnh;r kai; a[nqrwpo" jAbraa;m kai; jIakw;b faneiv" Thirlb. 7 jEn :a[ggelo" ejn Marc. (ex. Dial. 59, 3) 8 Mwu>sei' : Mwsei' Arch. 9 Post e[rgwn Marc. add. kai;ajnebovhsan, kai; ajnevbh hJ boh; aujtw'n pro;" to;n qeo;n ajpo; tw'n e[rgwn (ex. LXX). Lacunam poste[rgwn indicaverunt Hilgenfeld, Theol. Jahrbb., t. IX, (1850), p. 394, Otto, Arch., Marc. 10 jErei'"(= LXX) : iJJerei'" Steph. : ejrei'" iJerei'" Jebb.

343

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 58, 12-59, 2

Seigneur, le Dieu d'Abraham ton père, et d'Isaac. Ne crains point. La terre sur laquelletu dors, je te la donnerai, à toi et à ta descendance. (14)Et ta descendance sera comme lesable de la terre, et elle s'étendra jusqu'à la mer, jusqu'au Sud, au Nord et au Levant ; eten toi seront bénies toutes les tribus de la terre16, ainsi qu'en ta descendance. (15)Et voicique moi, je suis avec toi, te gardant sur tout chemin où tu feras route, et je te ferai revenirsur cette terre, car je ne t'abandonnerai pas jusqu'à ce que j'aie fait tout ce que je t'ai dit ».13 (16)Et Jacob s'éveilla de son sommeil et dit : « Le Seigneur est en ce lieu, mais je ne lesavais pas ». (17)Et il craignit et dit : « Comme ce lieu est terrible ! Ce n'est rien moinsqu’une maison de Dieu, et la porte même du ciel ». (18)Et Jacob se leva dès l'aurore, il pritla pierre qu'il avait placée là, sous sa tête, et il la dressa en stèle et il versa de l'huile surson sommet17. (19)Et Jacob donna à ce lieu le nom de Maison-de-Dieu, Oulammaous étaitauparavant le nom de cette ville18.

L’« autre Dieu » est apparu à Moïse.Il est distinct du Père.

59. 1 Et lorsque j'eus cité ces textes :— Permettez-moi, dis-je, de vous montrer d'après le livre de l'Exode aussi,

comment celui-là même, à la fois ange, Dieu, Seigneur, homme et être humain, quis'était manifesté à Abraham et Jacob1, se manifesta et parla à Moïse aen feu deflamme, du milieu d'un buisson.

Et comme ils disaient qu'ils l'entendraient avec plaisir, sans ennui et trèsvolontiers, j'ajoutai :

2 Voici donc ce qui se trouve dans le livre intitulé l'Exode : bOr après ces longsjours, mourut le roi d'Égypte, et les fils d'Israël gémirent de leurs travaux, et la suitejusqu'à2 cVa, réunis les anciens d'Israël, et tu leur diras : « Le Seigneur, le Dieu de vospères, s'est fait voir à moi, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob ; il adit : Je veille sur vous, et sur tout ce qui vous est advenu en Égypte ».

a Cf. Exod. 3, 2 b Exod. 2, 23 c Exod. 3, 16.

344

JUSTIN MARTYR

3 Kai; ejpi; touvtoi" ejpevferon : \W a[ndre", nenohvkate, levgwn, o{ti o}n levgeiMwsh'"1 a[ggelon2 ejn puri; flogo;" lelalhkevnai aujtw'/ ou|to" aujtov", qeo;" w[n,shmaivnei tw'/ Mwsei' o{ti aujtov" ejstin oJ qeo;" jAbraa;m kai; jIsaa;k kai;jIakwvb _

60. 1 − Kai; oJ Truvfwn : Ouj tou'to noou'men ajpo; tw'n lovgwn tw'nprolelegmevnwn, e[legen, ajll! o{ti a[ggelo" me;n h\n oJ ojfqei;" ejn flogi; purov",qeo;" de; oJ oJmilw'n tw'/ Mwsei'3, w{ste kai; a[ggelon kai; qeovn, duvo oJmou' o[nta",ejn th'/ tovte ojptasiva/ gegenh'sqai.2 − Kajgw; pavlin ajpekrinavmhn : Eij kai; tou'to4 gevgone tovte, w\ fivloi, wJ"

kai; a[ggelon kai; qeo;n oJmou' ejn th'/ ojptasiva/ th'/ tw'/ Mwsei' genomevnh uJpavrxai,wJ" kai; ajpodevdeiktai uJmi'n dia; tw'n progegrammevnwn lovgwn, oujc oJ poihth;"tw'n o{lwn e[stai qeo;" oJ tw'/ Mw-[p. 173 : B]-sei' eijpw;n aujto;n ei\nai qeo;njAbraa;m kai; qeo;n jIsaa;k kai; qeo;n jIakwvb, ajll! oJ ajpodeicqei;" uJmi'n w\fqaitw'/ jAbraa;m kai; tw'/ jIakwvb, th'/ tou' poihtou' tw'n o{lwn qelhvsei uJphretw'nkai; ejn th'/ krivsei tw'n Sodovmwn th'/ boulh'/ aujtou' oJmoivw" uJphrethvsa" : w{ste,ka]n w{" fate e[ch/, o{ti duvo h\san, kai; a[ggelo" kai; qeov", ouj to;n poihth;ntw'n5 o{lwn kai; patevra, katalipovnta ta; uJpe;r oujrano;n a{panta, ejn ojlivgw/gh'" morivw/ pefavnqai pa'" oJstisou'n, ka]n mikro;n nou'n [fol. 113 r° : A] e[cwn,tolmhvsei eijpei'n.3 − Kai; oJ Truvfwn : ejpeidh; h[dh proapodevdeiktai o{ti oJ ojfqei;" tw'/

jAbraa;m qeo;" kai; kuvrio" wjnomasmevno" uJpo; kurivou tou' ejn oujranoi'" labw;nta; ejpacqevnta th'/ Sodovmwn gh'/ ejphvgage, kai; nu'n, kai;6 a[ggelo" h\n su;n7 tw'/oJmilhvvsanti8 tw'/ Mwsei' (qeo;"9 gegenhmevno"10), qeo;n to;n11 ajpo; th'" bavtoufanevnta tw'/ Mwsei', ouj to;n poihth;n tw'n o{lwn nohvsomen gegonevnai, ajll!ejkei'non to;n kai; tw'/ jAbraa;m [kai; tw'/ jIsaa;k]12 kai; tw'/ jIakw;bajpodeicqevnta pefanerw'sqai, o}" kai; a[ggelo" tou' tw'n o{lwn poihtou' qeou'kalei'tai kai; noei'tai ei\nai ejk tou' diaggevllein toi'" ajnqrwvpoi" ta; para;tou' patro;" kai; poihtou' tw'n aJpavntwn.

1 Mwsh'" ...Mwsei' : Mwu>sh" ...Mwu>sei' Otto, Goodsp. 2 [Aggelon : wJ" a[. Marc. 3 Mwsei' /Mwsevw" / Mwsei' (c. 60) : Mwu>sh" / Mwu>sevw" / Mwu>sei' Otto, Goodsp. 4 Tou'to : om. Arch.5 Tw'n edd. ab Otto (ut supra ; cf. 7, 3) : to;n codd., cett. edd. 6 Kai; : ka]n prop. Mar., coni. omn.(cf. 60, 2 : ka]n w{" fate e[ch/) 7 Su;n : oJ su;n Marc. 8 JOmilhvsanti ...fanevnta ego : fanevnti...oJmilhvsanta codd., cett. edd. 9 Qeo;" : qew'/ prop. Mar., coni. omn. kai; qeo;" prop. Sylb.10 Gegenhmevno" : gegrammevno" prop. Thirlb. 11 Qeo;n to;n ego : qeovn, to;n Otto, Arch., Goodsp.to;n qeo;n to;n Mar., Troll. to;n qeo;n cett. edd. 12 Kai; tw'/ jIsaa;k del. Otto, Arch., Marc.

345

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 59, 3-60, 3

3 A quoi j'ajoutais :— Amis, comprenez-vous que cet aange dont Moïse dit qu'il lui a parlé en feu

de flamme, est celui-là même qui, étant bDieu3, signifie à Moïse qu'il est cle Dieud'Abraham, d'Isaac et de Jacob ?

Le Buisson ardent (suite).

60. 1 Tryphon : — Ce n'est point là ce que nous comprenons des paroles quetu viens de citer, dit-il, mais seulement que celui qui ds'est fait voir en flamme defeu1 était eange, et fDieu celui qui parlait à Moïse, de sorte qu'il y eut alors enmême temps, dans cette vision, un ange et Dieu2.

2 Je répondis :— Même s'il était arrivé alors, amis, qu'un ange et Dieu se fussent trouvés en

même temps dans la vision offerte à Moïse, d'après ce qui vous a étédémontré à travers les paroles précédemment transcrites3 le Créateur del’univers ne saurait être le Dieu qui a dit à Moïse être gDieu d'Abraham, Dieud'Isaac et Dieu de Jacob, mais bien celui dont il vous a été prouvé qu'il s'est hfaitvoir d'Abraham et de Jacob4, servant (ainsi) la volonté du Créateur del’univers, et qui avait servi de même son dessein, au jugement de Sodome.Aussi, même si les choses étaient telles que vous l'affirmez − qu'ils aient étédeux, un ange et Dieu −, que le Créateur de l'univers et Père a abandonné toutce qui est au-dessus du ciel pour apparaître en un petit coin de terre,personne, si peu d'esprit qu'il ait, ne se hasarderait à le dire5.

3 Tryphon6 : — Puisqu'il est désormais démontré que c'est celui qui s'est faitvoir d'Abraham − et qui est appelé iDieu et jSeigneur par le Seigneur qui est dansles cieux − qui s'est chargé de mettre en œuvre le châtiment infligé à Sodome7,et (qu') ici il y avait également un kange, avec celui qui a parlé à Moïse − et quiétait Dieu −, ce Dieu qui du buisson est apparu à Moïse n'était pas, nous lecomprendrons, le Créateur de l’univers, mais celui qui, comme c'estdémontré, ls'est manifesté à Abraham et Jacob8, qui est aussi appelé mange9 duCréateur de l’univers, cela, nous le savons, parce qu'il annonce aux hommes10

ce qui vient du Père et Créateur de l'Univers.

a Cf. Exod. 3, 2 b cf. Exod. 2, 24.25 ; 3, 6.11.12.13.14.15 c Exod. 3, 16 d cf. Exod. 3, 2 etAct. 7, 30 e ibid. f ibid., 6.11 etc. g cf. Exod. 3, 16 h cf. Gen. 18, 1 ; 31, 13 ; 32, 30 ; 35, 7.9i cf. Gen. 18, 1 j cf. Gen. 19, 24 k cf. Exod. 3, 2 l cf. Gen. 18, 1 ; 31, 13 ; 32, 30 ; 35, 7.9m cf. Gen. 18, 10.14 ; 31, 11 ; Exod. 3, 2.

346

JUSTIN MARTYR

4 − Kajgw; pavlin : [Hdh mevntoi, w\ Truvfwn, ajpodeivxw o{ti pro;" th'/Mwsevw" ojptasiva/ aujto;" ou|to" movno", kai; a[ggelo" kalouvmeno" kai; qeo;"uJpavrcwn, w[fqh kai; proswmivlhse tw'/ Mwsei'. Ou{tw" ga;r e[fh oJ Lovgo" :(Exod. 3, 2) [Wfqh de; aujtw'/ a[ggelo" kurivou ejn puri; flogo;" ejk bavtou : kai; oJra'/o{ti oJ bavto" kaivetai puriv, oJ de; bavto" ouj katekaiveto. (3) JO de; Mwsh'" ei\pe :Parelqw;n o[yomai to; o{rama tou'to to; mevga, o{ti ouj katakaivetai oJ bavto".[p. 174 : B] (4) JW" d! ei\de kuvrio" o{ti prosavgei ijdei'n ejkavlesen aujto;n kuvrio"ejk th'" bavtou. 5 }On ou\n trovpon to;n tw'/ jIakw;b ojfqevnta kata; tou;" u{pnou"a[ggelon [fol. 113 v° : A] oJ Lovgo" levgei, ei\ta aujto;n to;n ojfqevnta kata; tou;"u{pnou" a[ggelon eijrhkevnai aujtw'/, o{ti jEgwv eijmi oJ qeo;" oJ ojfqeiv" soi o{teajpedivdraske" ajpo; proswvpou jHsau' tou' ajdelfou' sou, kai; ejpi; tou' jAbraa;mejn th'/ krivsei tw'n Sodovmwn kuvrion para; kurivou tou' ejn toi'" oujranoi'" th;nkrivsin ejpenhnocevnai e[fh, ou{tw" kai; ejntau'qa oJ Lovgo", levgwn a[ggelonkurivou w\fqai tw'/ Mwsei' kai; metevpeita kuvrion aujto;n o[nta kai; qeo;nshmaivnwn, to;n aujto;n levgei o}n kai; dia; pollw'n tw'n lelegmevnwnuJphretou'nta tw'/ uJpe;r kovsmon qew'/, uJpe;r o}n a[llo" oujk e[sti, shmaivnei.

61. 1 Martuvrion de; kai; a[llo uJmi'n, w\ fivloi, e[fhn, ajpo; tw'n grafw'n dwvsw,o{ti ajrch;n pro; pavntwn tw'n ktismavtwn oJ qeo;" gegevnnhke1 duvnamivn tina ejxeJautou' logikhvn, h{ti" kai; dovxa kurivou uJpo; tou' pneuvmato" tou' aJgivoukalei'tai, pote; de; uiJov", pote; de; sofiva, pote; de; a[ggelo", pote; de; qeov",pote; de; kuvrio" kai; lovgo", pote; de; ajrcistravthgon eJauto;n levgei, ejnajnqrwvpou morfh'/ fanevnta tw'/ tou' Nauh' jIhsou' : e[cei2 ga;r pavnta3

prosonomavzesqai e[k te tou' uJphretei'n tw'/ patrikw'/ boulhvmati kai; ejk tou'ajpo; tou' patro;" qelhvsei gegennh'sqai4. 2 jAll! ouj toiou'ton5 oJpoi'on kai; ejf!hJmw'n ginovmenon6 ojrw'men _ Lovgon gavr tina probavllonte"7, lovgon gennw'menouj kata; ajpotomhvn, wJ" ejlattwqh'nai to;n ejn hJmi'n lovgon, proballovmenoi8.[fol. 114 r° : A] Kai; oJpoi'on ejpi; puro;" oJrw'men a[llo ginovmenon, oujkejlattoumevnou ejkeivnou ejx ou| hJ a[nayi" gevgonen, ajl-[p. 175 : B]-la; tou' aujtou'mevnonto", kai; to; ejx aujtou' ajnafqe;n kai; aujto; o]n faivnetai, oujk ejlattw'sanejkei'no ejx ou| ajnhvfqh.

1 Gegevnnhke (genna'n) edd. : gegevnhke (givgnesqai) codd. 2 [Ecei Thirlb., edd. ab Otto, Troll. :e[cein codd., cett. edd. 3 Pavnta : tau'ta pavnta vel pavnta tau'ta prop. Otto 4 Gegennh'sqaiThirlb., edd. ab Otto (ex Prov. 8, 25 ; Dial. 61, 2) : gegenh'sqai codd., cett. edd. 5 jAll! oujtoiou'ton : « Videntur haec injecta ab indocto librario » Mar. 6 Ginovmenon prop. Thirlb., Mar.,coni. omn. : genovmenon codd., cett. edd. 7 Probavllonte" : proballovmenon prop. Mar. 8 Lovgon,proballovmenoi (referens ad ouj kata; ajpotomhvn) Otto, coni. omn. : lovgon proballovmenoi codd., cett.edd. probavllousi (referentes ad hJmi'n) Lange, Thirlb. (« non per resectionem, ita ut in nobisproferentibus diminuatur ratio »).

347

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 60, 4-61, 2

4 Je repris :— Je vais donc démontrer maintenant, Tryphon, que dans cette vision de

Moïse, c'est celui-là même tout seul, appelé aange tout en étant bDieu, qui s'estfait voir de Moïse et lui a parlé. Ainsi s'est exprimé le Verbe : (Exod. 3, 2)L'ange deDieu se fit voir de lui en un feu de flamme, d'un buisson ; et il voit que le buisson brûle, enfeu, mais le buisson n'était pas consumé. (3)Et Moïse dit : « Je veux aller voir cette grandevision, pourquoi le buisson n'est pas consumé ». (4)Lorsque le Seigneur vit qu'il s'avançaitpour voir, le Seigneur l'appela du buisson11. 5 De même, donc, que le Verbe appellecange celui qui s'est fait voir en songe à Jacob, puis ajoute que ce même angequi s'était fait voir en songe lui a dit : dJe suis le Dieu qui s'est fait voir de toi lorsquetu fuyais la face de ton frère Ésaü, de même encore qu'au temps d'Abraham, lorsdu jugement de Sodome, il dit que ele Seigneur d'auprès du Seigneur qui est dans lescieux12 exécutait ce jugement, de même ici, lorsqu'il dit qu'un fange du Seigneurs'est fait voir de Moïse, puis le désigne comme gSeigneur et hDieu, le Verbe parlebien du même que, dans les nombreux textes cités, il désigne commeserviteur du Dieu qui est au-dessus du monde13, au-dessus duquel il n'en estpoint d'autre.

La « puissance » engendrée par le Père était évoquée dans les Proverbes.

61. 1 Je vais vous donner encore, amis, dis-je, un autre témoignage1 tiré desÉcritures : comme iprincipe2 javant toutes les créatures3, Dieu a, de lui-même,kengendré une certaine puissance4 verbale que l'Esprit Saint appelle égalementlgloire du Seigneur5, et aussi tantôt fils6, tantôt msagesse7, tantôt ange, tantôt Dieu,tantôt Seigneur8 et Verbe9 ; elle se nomme elle-même parfois nchef d'armée10,lorsque sous forme ohumaine elle se manifeste à Jésus (Josué), fils de Naué. Sielle peut en effet recevoir tous les noms, c'est parce que du Père elle sert ledessein, et que par volonté11, du Père elle fut pengendrée12. 2 Mais n'est-ce pascomparable à ce que nous voyons se produire en nous13 ? Lorsque nousproférons quelque parole, nous engendrons un verbe, mais nous le proféronssans amputation qui aurait pour effet de faire diminuer celui qui est en nous.Et ainsi que d'un feu on en voit naître un autre14, sans que soit diminué le feud’où il a tiré sa flamme, − il demeure au contraire semblable

a Cf. Exod. 3, 2 b ibid., 6, etc. c cf. Gen. 31, 11 d ibid., 13 et 35, 1 e cf. Gen. 19, 24f cf. Exod. 3, 2 g ibid., 7 h ibid., 6 etc. i cf. Gen. 1, 1 ; Prov. 8, 22 j cf. Col. 1, 15k cf. Prov. 8, 25 l cf. Is. 40, 5 et Ps. 18, 1 m cf. Prov. 8, 1 s. n cf. Jos. 5, 14.15 o cf. Jos. 5, 13p cf. Prov. 8, 25.

348

JUSTIN MARTYR

3 Marturhvsei dev moi oJ Lovgo" th'" sofiva", aujto;" w]n ou|to" oJ qeo;" ajpo;tou' patro;" tw'n o{lwn gennhqeiv", kai; lovgo" kai; sofiva kai; duvnami" kai;dovxa tou' gennhvsanto" uJpavrcwn, kai;1 dia; Solomw'no" fhvsanto"2 tau'ta :(Prov. 8, 21) jEa;n ajnaggeivlw uJmi'n ta; kaq! hJmevran ginovmena, mnhmoneuvsw ta; ejxaijw'no" ajriqmh'sai. (22)Kuvrio" e[ktisev me ajrch;n oJdw'n3 aujtou' eij" e[rga aujtou'.(23)Pro; tou' aijw'no" ejqemelivwsev me, ejn ajrch'/, pro; tou' th;n gh'n poih'sai(24)kai; pro; tou' ta;" ajbuvssou" poih'sai, pro; tou' ta;" phga;" proelqei'n tw'nuJdavtwn, (25)pro; tou' ta; o[rh eJdrasqh'nai : pro; de; pavntwn tw'n bounw'n genna'/me. 4 (26) JO qeo;" ejpoivhse cwvran kai; ajoivkhton kai; a[kra oijkouvmena uJp! 4

oujranovn. (27) JHnivka hJtoivmaze to;n oujranovn, sumparhvmhn aujtw'/ : kai; o{teajfwvrize to;n aujtou' qrovnon ejp! ajnevmwn, (28)hJnivka ijscura; ejpoivei ta; a[nw nevfhkai; wJ" ajsfalei'" ejpoivei phga;" ajbuvssou, (29)hJnivka ijscura; ejpoivei ta;qemeliva th'" gh'", (30)h[mhn par! aujtw'/ aJrmovzousa. jEgw; h[mhn h|/prosevcaire : kaq! hJmevran de; eujfrainovmhn ejn proswvpw/ aujtou' ejn panti;kairw'/ , (31)o{ti5 eujfraivneto th;n oijkoumevnhn suntelevsa" [fol. 114 v° : A] kai;eujfraivneto ejn uiJoi'" ajnqrwvpwn. 5 (32 [33] 34)Nu'n ou\n, uiJev, a[kouev mou.Makavrio" ajnh;r o}" eijsakouvsetaiv mou, kai; a[nqrwpo" o}" ta;" oJdouv" moufulavxei, ajgrupnw'n6 ejp! ejmai'" quvrai" kaq! hJmevran, thrw'n staqmou;" ejmw'neijsovdwn : (35)aiJ ga;r e[xodoiv mou e[xodoi zwh'", kai; hJtoivmastai qevlhsi" para;kurivou. (36)OiJ de; eij" ejme; aJmartavnonte" ajsebou'sin eij" [p. 176 : B] ta;"eJautw'n yucav", kai; oiJ misou'ntev" me ajgapw'si qavnaton.

62. 1 Kai; tou'to aujtov, w\ fivloi, ei\pe kai; dia; Mwsevw"7 oJ tou' qeou' Lovgo",mhnuvwn hJmi'n o}n ejdhvlwse8 to;n qeo;n levgein touvtw/ aujtw'/ tw'/ nohvmati9 ejpi;th'" poihvsew" tou' ajnqrwvpou, levgwn tau'ta : (Gen. 1, 26)Poihvswmen a[nqrwponkat! eijkovna hJmetevran kai; kaq! oJmoivwsin : kai; ajrcevtwsan tw'n ijcquvwn th'"qalavssh" kai; tw'n peteinw'n tou' oujranou' kai; tw'n kthnw'n kai; pavsh" th'"gh'" kai; pavntwn tw'n eJrpetw'n tw'n eJrpovntwn ejpi; th'" gh'". (27)Kai; ejpoivhsenoJ qeo;" to;n a[nqrwpon, kat! eijkovna qeou' ejpoivhsen aujtovn : a[rsen kai; qh'luejpoivhsen aujtouv". (28)Kai; Eujlovghsen oJ qeo;" aujtou;" levgwn : Aujxavnesqe kai;plhquvnesqe kai; plhrwvsate th;n gh'n kai; katakurieuvsate aujth'".

1 Kai; : del. Marc. 2 Fhvsanto" (scil. tou' gennhvsanto") : fhvsa" (scil. oJ Lovgo" th'" sofiva") prop.Mar. 3 jArch;n oJdw'n aujtou' edd. a Mar. (ex LXX ; Dial. 129, 3 : in textu codd.) : ajrchvn, oJdo;n aujtou'codd., Steph. (Dial. 129, 3 : in marg. A, in textu B) 4 JUp! : th'" uJp! Marc. (ex LXX) 5 {Oti : o{teprop. Thirlb., Otto (ex LXX) 6 jAgrupnw'n prop. Thirlb., Mar., coni. Otto, Troll., Arch. (exLXX) : aju>pnw'n Marc. uJpnw'n codd., cett. edd. (« quod scriba induxit dormiens » : Otto)7 Mwsevw" : Mwu>sevw" Otto, Goodsp. (hic et infra) 8 jEdhvlwse : ejdhvlwsa prop. Mar. o}nejdhvlwsen uiJovn Marc. (cf. 61, 1) 9 Nohvmati : gennhvmati prop. Thirlb. (cf. Dial. 62, 4 ; 129, 4 ;I Apol. 21, 1).

349

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 61, 2--62, 1

à lui-même −, de même le feu qui s'y est allumé existe-t-il aussi de manièrevisible, sans avoir diminué celui où il s'est allumé15.

3 Pour moi témoignera le Verbe de la sagesse16, qui est lui-même ce Dieu nédu Père de l’univers, tout en étant Verbe, Sagesse, Puissance et Gloire17 de celuiqui l'a engendré, et qui dit par Salomon : (Prov. 8, 21)Si je vous annonce ce qui arrivechaque jour, je me souviendrai aussi de dénombrer les choses de l'éternité. (22)Le Seigneurm'a établie18 principe de ses voies19 pour ses œuvres. (23)Avant l'éternité, il m'a fondée, dèsle début, avant que de créer la terre, (24)et avant que de créer les abîmes, avant que nes'écoulent les sources des eaux, (25)avant que les montagnes n'aient été formées ; avant toutesles collines, il m'engendre20. 4 (26)Dieu a fait le pays, ce qui n'est pas habité, ainsi que lessommets habités sous le ciel. (27)Lorsqu'il apprêtait le ciel, j'étais là avec lui ; et quand ildisposait son trône sur les vents, (28)lorsqu'il affermissait les nuages d'en haut, et qu'ilstabilisait les sources de l'abîme, (29)lorsqu'il affermissait les fondements de la terre,(30)j'étais là à l'œuvre auprès de lui. J'étais celle qui faisait son bonheur ; chaque jour je meréjouissais en sa présence à tout instant, (31)car il se réjouissait de la terre habitée qu'ilavait achevée, et il trouvait sa joie en les fils des hommes. 5 (32 [33] (34)Maintenant donc,fils, écoute-moi. Heureux l'homme qui m'écoutera, et l'être humain qui gardera mes voies,celui qui veille devant mes portes chaque jour, et garde les piliers de mes entrées ; (35)mesissues, en effet, sont des issues de vie, et une faveur lui a été préparée d'auprès du Seigneur.(36)Mais ceux qui envers moi se livrent au péché, commettent l'impiété envers leurs propresâmes, et ceux qui me haïssent affectionnent la mort21.

La « puissance » engendrée par le Père était évoquée dans la Genèseet dans d’autres textes encore, où elle porte différents noms.

62. 1 Et cela même1, amis, le Verbe de Dieu l'a dit encore par l'intermédiairede Moïse, lorsqu'il nous indique que sur celui qu'il a fait connaître2 (ici), Dieus'exprime dans le même sens, à propos de la création de l'homme. Voici cequ'il dit : (Gen. 1, 26)Faisons un homme selon notre image et selon notre ressemblance, etqu'ils commandent aux poissons de la mer et aux oiseaux du ciel, et aux bestiaux, et àtoute la terre, et à tous les reptiles qui rampent sur la terre. (27)Et Dieu fit l'homme, selonl'image de Dieu il le fit ; mâle et femelle il les fit. (28)Et Dieu les bénit, en disant :« Croissez et multipliez-vous et remplissez la terre et dominez sur elle ».

350

JUSTIN MARTYR

2 Kai; o{pw" mhv, ajllavssonte"1 tou;" prolelegmevnou" lovgou", ejkei'nalevghte a} oiJ didavskaloi uJmw'n levgousin, h] o{ti pro; eJauto;n e[legen oJ qeo;"Poihvswmen, oJpoi'on kai; hJmei'" mevllontev" ti poiei'n pollavki" pro;" eJautou;"levgomen [fol. 115 r° : A] Poihvswmen, h] o{ti2 pro;" ta; stoicei'a, toutevsti th;ngh'n kai; ta; a[lla oJmoivw", ejx w|n noou'men to;n a[nqrwpon gegonevnai, qeo;n3

eijrhkevnai Poihvswmen, lovgou" tou;" eijrhmevnou" uJp! aujtou' tou'4 Mwsevw"pavlin iJstorhvsw, ejx w|n ajnamfilevktw" prov" tina, kai; ajriqmw'/ o[nta e{teron< kai; >5 logiko;n uJpavrkonta, wJmilhkevnai aujto;n ejpignw'nai e[comen.3 Eijsi; de; oiJ lovgoi ou|toi : Kai; ei\pen oJ qeov" : jIdou; jAda;m gevgonen wJ"

ei|" ejx hJmw'n tou' ginwvskein kalo;n kai; ponhrovn. Oujkou'n6 eijpw;n wJ" ei|" ejxhJmw'n, kai; ajriqmo;n tw'n ajllhvloi" sunovntwn, kai; to; ejlavciston duvomemhvnuken7. Ouj ga;r o{per hJ par! uJmi'n8 legomevnh ai{resi" dogmativzei faivhna]n ejgw; ajlhqe;" ei\nai, h] oiJ ejkeivnh" didavskaloi ajpodei'xai duvnantai o{tiajggevloi" e[legen h] o{ti ajggevlwn poihv-[p. 177 : B]-ma h\n to; sw'ma to;ajnqrwvpeion. 4 jAlla; tou'to to; tw'/ o[nti ajpo; tou' patro;" problhqe;ngevnnhma pro; pavntwn tw'n poihmavtwn sunh'n tw'/ patriv, kai; touvtw/ oJ path;rprosomilei'9, wJ" oJ Lovgo" dia; tou' Solomw'no" ejdhvlwsen, o{ti kai; ajrch;10 pro;pavntwn tw'n poihmavtwn tou't! aujto; kai; gevnnhma11 uJpo; tou' qeou'ejgegevnnhto, o} sofiva dia; Solomw'no" kalei'tai, kai; < ajrcistravthgo" >12 di!ajpokaluvyew" th'" gegenhmevnh" jIhsou' tw'/ tou' Nauh', ei\pon13, tou'to aujto;eijpovnto"14. {Ina de; kai; ejk touvtwn fanero;n uJmi'n gevnhtai o} levgw, ajkouvsatekai; tw'n ajpo; tou' [fol. 115 v° : A] biblivou jIhsou'.5 [Esti de; tau'ta : (Jos. 5, 13)Kai; ejgevneto wJ" h\n jIhsou'" ejn JIericwv,

ajnablevya" toi'" ojfqalmoi'" oJra'/ a[nqrwpon eJsthkovta katenavnti aujtou' < kai;hJ rJomfaiva ejspasmevnh ejn th'/ ceiri; aujtou' >15. Kai; proselqw;n oJ JIhsou'"ei\pen aujtw'/ : JHmevtero" ei\ h] tw'n uJpenantivwn _ (14)Kai; ei\pen aujtw'/ : jEgw;ajrcistravthgo" dunavmew" kurivou, nu'n paragevgona. Kai; jIhsou'" e[pesen ejpi;

1 jAllavssonte" : ajluvskonte" (effugientes) prop. Thirlb. 2 ]H o{ti ...eijrhkevnai : delendum o{ti, vellegendum ei[rhke Thirlb., Mar. « Tu nihil corriges. Nam particulam o{ti hic accusativus c. infin.sequitur, quod quidem fit propter sententiam interjectam toutevsti ...gegonevnai » Otto3 Qeo;n : to;n q. Marc. 4 Aujtou' tou' : tou' aujtou' prop. Otto (cf. 13, 1 : wJ" aujto;" JHsaiva" e[fh ;43, 4 : dia; tou' aujtou' JHsai>vou ; 79, 2 : ajp! aujtou' tou' JHs. ; 97, 2 : aujto;" JHs. e[fh) 5 Kai;addendum Thirlb., add. omn. : e{teron, logiko;n codd., cett. edd. 6 Oujkou'n : oujk ou\n... _ Sylb., Mor.,Jebb, Mar. 7 Memhvnuken : memhvnusen Steph., Jebb 8 JUmi'n : hJmi'n prop. Thirlb. 9 Prosomilei' :prosomivlei Jebb, Kaye proswmivlei (Grabe, Annot. ad Bulli Defensionem fidei Nic., p. 191), Marc.10 jArch; : ajrch;n (initio) Grabe, loc. cit., Jebb, Thirlb. (cf. 61, 1) 11 Tou't! aujto; kai; gevnnhma :tou'to to; gevnnhma vel tou't! aujto; to; gevnnhma prop. Thirlb. 12 jArcistravthgo" addidi 13 Ei\pon :del. edd. ab Otto (ut glossema) 14 Eijpovnto" (scil. tou' qeou' Otto) : ei|pen (scil. to; gevnnhma) Marc.ei[rhtai Sylb. 15 Kai; − aujtou' om. codd., addendum Mar., Otto, Arch, add. Marc.

351

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 62, 2-62, 5

2 Pour que vous n'alliez point, détournant les paroles que je viens de citer,dire ces choses que disent vos didascales − ou bien que Dieu s'est à lui mêmedit aFaisons, comme nous, lorsque nous sommes sur le point de faire quelquechose, nous nous disons souvent « Faisons » ; ou bien que c'est aux éléments,c'est-à-dire à la terre ainsi qu'aux autres choses dont nous savons quel'homme a été fait, que Dieu a dit Faisons3 − je vous rapporterai encore lesparoles prononcées par Moïse lui-même, grâce auxquelles, nous pouvonsreconnaître que sans nul doute celui auquel il s'adresse est autrenumériquement, et de nature verbale.

3 Voici ces paroles : bEt Dieu dit : « Voici Adam est devenu comme l'un de nouspour connaître le bien et le mal ». Ainsi donc, en disant comme l'un de nous, ilindique un nombre d'êtres qui sont réunis les uns avec les autres, et au moinsdeux. Car je ne saurais prétendre vraie la doctrine qu'enseigne ce que vousappelez « secte », ou que ses didascales puissent démontrer qu'il s'adressait àdes anges, ou encore que le corps humain est l'œuvre d'anges4. 4 Mais cecrejeton5, réellement émis du6 Père avant toutes les créatures7 était avec le Père, etc'est avec lui que le Père s'entretient8, comme l'a montré le Verbe parl'intermédiaire de Salomon : car le même être fut à la fois dPrincipe eavant toutesles Créatures et rejeton engendré par Dieu, cet être qui par Salomon est appeléfSagesse, et, comme je l'ai dit en indiquant la même chose, chef d'armée par larévélation offerte à Josué fils de Navé9. Et pour que par cela aussi ce quej'affirme vous soit évident, écoutez les paroles tirées du livre de Josué.

5 Voici ces paroles : (Jos. 5, 13)Et voici que Josué était à Jéricho. Levant les yeux ilvoit un homme debout en face de lui, son épée nue dans la main. S'avançant, Josué lui dit :« Es-tu nôtre ou ennemi ? ». (14)Il lui dit : « Je suis chef d'armée de la puissance duSeigneur, je suis venu à présent ». Josué tomba face à terre, et lui dit : « Maître,

a Cf. Gen. 1, 26 b Gen. 3, 22 c cf. Ps. 109, 3 ; Prov. 8, 22 ; Col. 1, 15 d cf. Gen. 1, 1 ; Prov. 8,22 e cf. Col. 1, 15 f cf. Prov. 8, 1 s.

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JUSTIN MARTYR

provswpon ejpi; th;n gh'n, kai; ei\pen aujtw'/ : Devspota, tiv prostavssei" tw'/ sw'/oijkevth/ _ (15)Kai; levgei oJ ajrcistravthgo" kurivou pro;" jIhsou'n : Lu'sai ta;uJpodhvmata tw'n podw'n sou : oJ ga;r tovpo" ejf ou| e{sthka", gh' aJgiva ejstiv.(6, 1)Kai; hJ JIericw; sugkekleismevnh h\n kai; wjcurwmevnh, kai; oujdei;" ejx aujth'"ejxeporeuveto < oujde; eijseporeuveto >1 . (2)Kai; ei\pe kuvrio" pro;" jIhsou'n :jIdou; paradivdwmiv soi th;n JIericw; uJpoceivrion kai; to;n basileva aujth'" to;n ejnaujth'/, dunatou;" o[nta" ijscuvi>.

63. 1 − Kai; oJ Truvfwn : jIscurw'" kai; dia; pollw'n deivknutaiv soi tou'to,fivle, e[fh. Loipo;n ou\n kai; o{ti ou|to" dia; th'" parqevnou a[nqrwpo"gennhqh'nai kata; th;n tou' patro;" aujtou' bouvlhsin uJpevmeinen ajpovdeixon kai;staurwqh'nai kai; ajpoqanei'n : dhvlou2 de; kai; o{ti meta; tau'ta ajnasta;"ajnelhvluqen eij" to;n oujranovn.2 − Kajgw; aj-[p. 178 : B]-pekrinavmhn : [Hdh kai; tou'to ajpodevdeiktaiv moi, w\

a[ndre", ejn toi'" proanistorhmevnoi" lovgoi" tw'n profhteiw'n3, ou}" di! uJma'"pavlin ajnamimnhskovmeno" kai; ejxhgouvmeno" peirav-[fol. 116 r° : A]-somai kai;eij" th;n peri; touvtou sugkatavqesin ajgagei'n uJma'". JO gou'n lovgo" o}n e[fhJHsai?a" : Th;n genea;n aujtou' tiv" dihghvsetai _ {Oti ai[retai ajpo; th'" gh'" hJzwh; aujtou' : ouj dokei' soi lelevcqai wJ" oujk ejx ajnqrwvpwn e[vconto" to; gevno"tou' dia; ta;" ajnomiva" tou' laou' eij" qavnaton paradedovsqai eijrhmevnou uJpo;tou' qeou' _ Peri; ou| kai; Mwsh'"4 tou' ai{mato"5, wJ" proevfhn, ai{mati6

stafulh'", ejn parabolh'/ eijpwvn7, th;n stolh;n aujtou' plunei'n8 e[fh, wJ" tou'ai{mato" aujtou' oujk ejx ajnqrwpeivou spevrmato" gegennhmevnou9 ajll! ejkqelhvmato" qeou'. 3 Kai; ta; uJpo; Daui`d eijrhmevna : (Ps. 109, 3) jEn tai'"lamprovthsi tw'n aJgivwn sou, ejk gastro;" pro; eJwsfovrou ejgevnnhsav se.(4) [Wmose kuvrio" kai; ouj metamelhqhvsetai : Su; iJereu;" eij" to;n aijw'na kata;

1 Oujde; eijseporeuveto addendum Mar., Otto, Arch. : om. codd, edd. 2 jApoqanei'n : dhvlou de; kai;

...oujranovn [ajpovdeixon] prop. J. Kaye (Some Accounts..., p. 62), coni. Otto, Arch. : ajpoqanei'n, dh'londe;, kai; ...oujranovn, ajpovdeixon codd. ajpoqanei'n dhladhv : kai; ...ajpovdeixon prop. Thirlb., coni. Marc.ajpoqanei'n ejdovqh : kai; ...ajpovdeixon Troll. ajpodei'xai (= « reliquum est ut demonstres ») Nolteajpoqanei'n : dh'lon de; kai; (scil. loipo;n) o{ti ...ajpodei'xai Lange 3 Profhteiw'n : profhtw'n prop.Lange, Thirlb., Otto 4 Mwsh'" : Mwu>sh'" Otto, Goodsp. 5 Kai; M. tou' ai{mato" : tou' ai{mato"kai; M. transp. Marc. 6 Ai{mati : ejn ai{m. Marc. (ex LXX et Dial.) 7 jEn − eijpwvn in semicirculisMarc. 8 Plunei'n prop. Sylb., coni. Otto, Troll., Arch. (ex LXX, Dial. 52, 2 et 54, 1 : plunei') :pluvnein codd., cett. edd. (cf. Dial. 76, 2 : pluvnein ; I Apol. 32, 1 et 54, 5 : pluvnwn) 9 Gegennhmevnoucodd., edd. a Mar. : gegenhmevnou cett. edd.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 62, 5-63, 3

qu'ordonnes-tu à ton serviteur ? ». (15)Le chef d'armée du Seigneur dit à Josué : « Délie lessandales de tes pieds : le lieu où tu te tiens est une terre sainte ». (6, 1)Et Jéricho était closeet fortifiée, et personne n'en sortait et personne n'entrait. (2)Et le Seigneur dit à Josué :« Voici, je te livre Jéricho entre les mains, et son roi qui y est, puissants en force »10.

Question de Tryphon sur la naissance virginale, la mort et la Résurrection du Christ.Témoignages d’Isaïe et de David.

63. 1 Tryphon1 : — C'est avec vigueur et avec abondance, ami, dit-il, que partoi ce point-là est établi. Démontre donc aussi, à présent, que celui-là aconsenti à naître homme par la vierge2, selon la volonté de son Père, à êtrecrucifié et à mourir ; puis fais apparaître également, qu'après cela, il estressuscité et monté au ciel3.

2 Je répondis :— Cela aussi, amis, est déjà démontré dans les paroles des prophéties

précédemment citées4. Je vais, pour votre profit, les rappeler à nouveau, et lesexpliquer, pour tenter, sur ce point aussi, de recueillir votre approbation.

Cette parole prononcée par Isaïe, aSa génération, qui la racontera ? car sa vie estenlevée de la terre5, ne te semble-t-il pas qu'elle a été prononcée pour fairecomprendre qu'il n'a point reçu des hommes la naissance, celui dont Dieu ditqu' bà cause des péchés du peuple, il a été conduit à la mort6 ? Et c'est au sujet de sonsang que Moïse lui aussi, comme je l'ai dit, a indiqué, parlant en figure, quecpar le sang de la grappe, il laverait son habit7, pour faire comprendre que son sangn'est pas produit d'une semence humaine, mais dde la volonté de Dieu8. 3 Etles paroles de David : (Ps. 109, 3)Dans les splendeurs de tes saints, du sein, avantl'aurore, je t'ai engendré9. (4)Le Seigneur a juré, et il ne se repentira pas : tu es prêtre pourl'éternité selon l'ordre de Melchisédech10, ne vous indiquent-elles pas que de

a Is. 53, 8 b cf. Is. 53, 8 et 12 c Gen. 49, 11 d cf. Jn. 1, 13.

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JUSTIN MARTYR

th;n tavxin Melcisedevk ouj shmaivnei uJmi'n1 o{ti a[nwqen2 kai; dia; gastro;"ajnqrwpeiva" oJ qeo;" kai; path;r tw'n o{lwn genna'sqai aujto;n e[melle3 _ 4 Kai;ejn eJtevroi" eijpwvn4, toi'" kai; aujtoi'" prolelegmevnoi" : (Ps. 44, 7) JO qrovno" sou,oJ qeov", eij" to;n aijw'na tou' aijw'no" : rJavbdo" eujquvthto" hJ rJavbdo" th'"basileiva" sou. (8) jHgavphsa" dikaiosuvnhn kai; ejmivshsa" ajnomivan : dia; tou'toe[crisev se, oJ qeov", oJ qeov" sou, e[laion ajgalliavsew" para; tou;" metovcou"sou. (9)Smuvrnan kai; stakth;n kai; kassivan ajpo; tw'n iJmativwn sou, ajpo;bavrewn ejlefantivnwn, ejx w|n eu[franavn se. [fol. 116 v° : A] (10)Qugatevre"basilevwn ejn th'/ timh'/ sou : parevsth hJ basivlissa ejk dexiw'n sou, ejniJmatismw'/ diacruvsw/ peribeblhmevnh5, pepoi-[p. 179 : B]-kilmevnh. (11) [Akousonquvgater, kai; i[de kai; kli'non to; ou\" sou, kai; ejpilavqou tou' laou' sou kai; tou'oi[kou tou' patrov" sou : (12)kai; ejpiqumhvsei oJ basileu;" tou' kavllou" sou, o{tiaujtov" ejsti kuvriov" sou, (13)kai; proskunhvsei" aujtw'/.5 {Oti gou'n kai; proskunhtov" ejsti kai; qeo;" kai; Cristo;" uJpo; tou' tau'ta6

poihvsanto" marturouvmeno", kai;7 oiJ lovgoi ou|toi diarrhvdhn shmaivnousi. Kai;o{ti toi'" eij" aujto;n pisteuvousin, wJ" ou\si mia'/ yuch'/ kai; mia'/ sunagwgh'/ kai;mia'/ ejkklhsiva/, oJ Lovgo" tou' qeou' < levgei >8 wJ" qugatriv, th'/ ejkklhsiva/ th'/ ejxojnovmato" aujtou' genomevnh/9 kai; metascouvsh/ tou' ojnovmato" aujtou'(Cristianoi; ga;r pavnte" kalouvmeqa10), oJmoivw" fanerw'" oiJ lovgoikhruvssousi, didavskonte" hJma'" kai; tw'n palaiw'n patrwv/wn ejqw'nejpilaqevsqai, ou{tw" e[conte" : (Ps. 44, 11) [Akouson, quvgater, kai; i[de kai;kli'non to; ou\" sou, kai; ejpilavqou tou' laou' sou kai; tou' oi[kou tou' patrov"sou : (12)kai; ejpiqumhvsei oJ basileu;" tou' kavllou" sou, o{ti aujtov" ejstikuvriov" sou, (13)kai; proskunhvsei" aujtw'/.

64. 1 − Kai; oJ Truvfwn : [Estw uJmw'n, tw'n ejx ejqnw'n kuvrio" kai; Cristo;" kai;qeo;"11 gnwrizovmeno", wJ" aiJ grafai; shmaivnousin, oi{tine" kai; ajpo; tou'ojnovmato" aujtou' Cristianoi; kalei'sqai pavnte" ejschvkate : hJmei'" dev, tou'qeou' [fol. 117 r° : A] tou' kai; aujto;n tou'ton poihvsanto" latreutai; o[nte", oujdeovmeqa th'" oJmologiva" aujtou' oujde; th'" proskunhvsew".2 − Kajgw; pro;" tau'ta ei\pon : \W Truvfwn, eij oJmoivw" uJmi'n filevristo" kai;

keno;" uJph'rcon, oujk a]n e[ti prosevmenon koinwnw'n uJmi'n tw'n lovgwn, ouj

1 JUmi'n (cf. 63, 2 : ouj dokei' soi lelevcqai) : hJmi'n Sylb. Mor., Thirlb. 2 [Anwqen : kai; a[n. Marc.3 [Emelle : e[qele vel gennh'sai aujto;n e[melle prop. Sylb. 4 Eijpwvn (scil. oJ qeov") : ei\pon prop.Thirlb., ei\pen Otto 5 Peribeblhmevnh : −eri− ex corr. A 6 Tau'ta : pavnta t. Marc. (cf. Dial. 68,3 : plh;n tou' tou'to poihvsanto" to; pa'n) 7 Kai; : del. Marc. 8 Levgei (vel ei[rhke) prop. Otto, coni.omn. ei[rhtai prop. Mar. 9 Genomevnh : legomevnh prop. Sylb., coni. Marc. 10 Cristianoi; −kalouvmeqa in semicirculis edd. 11 Qeo;" : q. ou|to" Marc. (cf. 64, 5).

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 63, 3-64, 2

toute antiquité11, et par le sein d'un être humain, le Dieu et Père de l’universdevait l'engendrer ? 4 Et en d'autres paroles, déjà citées aussi, il dit : (Ps. 44, 7)Tontrône, Dieu, est pour l'éternité de l'éternité. C'est un sceptre d'équité que le sceptre de taroyauté. (8)Tu as aimé la justice et haï l'iniquité. C'est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t'aoint, d'une huile d'allégresse, de préférence à tes compagnons12. (9)Myrrhe, aloès et casses'exhalent de tes habits, des ivoires massifs dont ils t'ont réjoui. (10)Des filles de rois sont enhonneur auprès de toi ; à ta droite se tient la reine, enveloppée d'un manteau tissé d'or, etparée de couleurs variées. (11)Écoute, fille, regarde, et penche ton oreille. Oublie ton peupleet la maison de ton père. (12)Le roi désirera ta beauté, car c'est lui ton Seigneur, (13)et tul'adoreras13.

5 Il lui est donc rendu témoignage, par celui qui a fait cela14, comme à unêtre aadorable15, bDieu, et cChrist : ces paroles l'indiquent elles aussi clairement.Et c'est à ceux qui croient en lui, unis en une même âme, une mêmeSynagogue et une même Église16, constituée de par son nom et à son nomqui participe (car tous nous nous appelons chrétiens), que le Verbe de Dieuparle comme à sa fille : ces paroles aussi le proclament manifestement, quinous enseignent de laisser dans l'oubli les antiques usages de nos pères, en cestermes : (Ps. 44, 11)Écoute, fille, regarde, et penche ton oreille. Oublie ton peuple et lamaison de ton père. (12)Le roi désirera ta beauté, car c'est lui ton Seigneur, (13)et tul'adoreras17.

L’« autre Dieu » est aussi celui des juifs.Témoignages de David.

64. 1 Tryphon : — Qu'il soit donc reconnu comme dSeigneur, eChrist et fDieu1,comme le signifient les Écritures, mais de vous autres, ceux des nations, quide par son nom avez acquis de lui d'être appelés chrétiens ; tandis que nous,serviteurs du Dieu qui a fait aussi celui-là, nous n'avons besoin ni de leconfesser ni de gl'adorer2.

2 A ces propos, je répondis :— Si j'étais comme vous, Tryphon, porté aux vaines querelles3, je ne

m'attarderais pas à entretenir avec vous cette discussion, puisque non

a Cf. Ps. 44, 13 b ibid., 7.8 c ibid., 8 d cf. Ps. 44, 12 e ibid., 8 f ibid., 7.8 g ibid., 13.

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JUSTIN MARTYR

sunievnai ta; legovmena paraskeuazomevnoi", ajllav ti levgein movnon qhvgousineJautouv" : nu'n dev, ejpei; krivsin qeou' devdoika, ouj fqavnw ajpofaivnesqai peri;oujdeno;" tw'n ajpo; tou' gevnou" uJ-[p. 180 : B]-mw'n, eij mhvti1 ejstin ajpo; tw'nkata; cavrin th;n ajpo; kurivou Sabaw;q swqh'nai dunamevnwn2. Dio; ka]n uJmei'"ponhreuvhsqe, prosmenw' pro;" oJtiou'n probalei'sqe kai; ajntilevgete3

ajpokrinovmeno" : kai; to; aujto; kai; pro;" pavnta" aJplw'" tou;" ejk panto;"gevnou" ajnqrwvpwn, suzhtei'n h] punqavnesqaiv mou peri; touvtwn boulomevnou"pravttw.3 {Oti ou\n kai; oiJ sw/zovmenoi ajpo; tou' gevnou" tou' uJmetevrou dia; touvtou

swv/zontai4 kai; ejn th'/ touvtou merivdi eijsiv, toi'" prolelegmevnoi" uJp! ejmou' ajpo;tw'n grafw'n eij proseschvkeite, ejnenohvkeite a]n h[dh, kajme; dhlonovti5 peri;touvtou oujk a]n hjrwthvsate6. Pavlin de; ejrw' ta; prolelegmevna moi ajpo; tou'Daui?d, kai; ajxiw' uJma'" pro;" to; sunievnai, mh; pro;" to; ponhreuvesqai kai;ajntilevgein movnon eJautou;" ojtru'nai.4 Eijsi;n ou\n oiJ lovgoi, ou{" fhsin oJ Daui`d ou|toi : (Ps. 98, 1) JO kuvrio" ejbasiv-

[fol. 117 v° : A]-leusen, ojrgizevsqwsan laoiv : oJ kaqhvmeno" ejpi; tw'n ceroubivm,saleuqhvtw hJ gh'. (2)Kuvrio" ejn Siw;n mevga" kai; uJyhlov" ejstin ejpi; pavnta"tou;" laouv". (3) jExomologhsavsqwsan7 tw'/ ojnovmativ sou tw'/ megavlw/, o{tifobero;n kai; a{giovn ejsti, (4)kai; timh; basilevw" krivsin ajgapa'/. Su; hJtoivmasa"eujquvthta", krivsin kai; dikaiosuvnhn ejn jIakw;b su; ejpoivhsa". (5) JUyou'tekuvrion to;n qeo;n hJmw'n8 kai; proskunei'te tw'/ uJpopodivw/ tw'n podw'n aujtou', o{tia{giov" ejsti. (6)Mwsh'"9 kai; jAarw;n ejn toi'" iJereu'sin aujtou', kai; Samouh;l ejntoi'" ejpikaloumevnoi" to; o[noma aujtou' : ejpekalou'nto to;n kuvrion, kai; aujto;"eijshvkouen aujtw'n. (7) jEn stuvlw/ nefevlh" ejlavlei pro;" aujtouv", o{ti10

ejfuvlasson ta; martuvria aujtou', kai; ta; prostavgmata11 aujtou' a} e[dwkenaujtoi'".

1 Mhvti A a. corr. et A in marg., prop. Thirlb., coni. edd. ab Otto : mhv ti" A p. corr., B, cett. edd.2 Dunamevnwn prop. Thirlb., coni. edd. ab Otto : dunavmeno" in textu codd dunavmenon in marg. codd.3 jAntilevgete : ajntilevxete coni. Sylb., Marc. 4 Swvzontai : swvsontai coni. Mar. 5 Dhlonovti :dh'lon o{ti Steph., Goodsp., Marc. 6 Kajme; − hjrwthvsate ut glossema del. Thirlb., Marc.7 jExomologhsavsqwsan : −savsqw− ex corr. A 8 JHmw'n (= LXX) : uJmw'n B 9 Mwsh'" : Mwu>sh'"Otto, Mign., Goodsp. 10 {Oti : om. LXX, Dial. 37, 4 (cf. Credner, Beiträge, t. II, p. 130) 11 Ta;prostavgmata... a} (= LXX) : to; provstagma o} Dial. 37, 4.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 64, 2-64, 4

disposés à saisir ce qui est dit4, vous mettez tous vos soins à affûter desrépliques. Mais comme je redoute le jugement de Dieu5, je ne veux pouraucun de ceux de votre race trop vite décider, s'il n'est pas parmi ceux aqui parla grâce du Seigneur Sabbaoth peuvent être sauvés6. Aussi continuerai-je, en dépitde votre malignité, à répondre pour chacune de vos attaques et de vosobjections. Du reste, j'agis de même, absolument, à l'égard de tous ceux, detoute race, qui veulent sur ces questions discuter ou m'interroger.

3 Donc, même ceux de votre race qui sont bsauvés7, le sont aussi par lui8, etils demeurent cen sa part9. Si aux Écritures citées par moi vous aviez prêtéattention, vous l'auriez déjà compris10, et assurément vous ne me poseriezpas là-dessus de question11. Je vais citer encore ce que j'ai déjà rapporté12 deDavid : je vous en requiers, appliquez votre zèle à comprendre, et nonuniquement en vile contradiction.

4 Voici donc les paroles dites par David : (Ps. 98, 1)Le Seigneur a régné, que lespeuples s'irritent ! Celui qui siège sur les chérubins − que la terre tressaille. (2)Le Seigneuren Sion est grand, élevé au-dessus de tous les peuples. (3)Qu'on célèbre ton grand nom, car ilest redoutable et saint, (4)et l'honneur du roi aime le jugement. Tu as préparé les droitures,le jugement et la justice en Jacob, c'est toi qui les as accomplis. (5)Exaltez le Seigneur, notreDieu, prosternez-vous devant l'escabeau de ses pieds, car il est saint. (6)Moïse et Aaronétaient parmi ses prêtres, et Samuel parmi ceux qui invoquent son nom. Ils invoquaient leSeigneur, et il les exauçait. (7)Dans une colonne de nuée, il leur parlait, car ils observaientses témoignages, et les préceptes qu'il leur avait donnés13.

a Cf. Is. 1, 9 ; 10, 22 ; Rom. 9, 27-29 ; 11, 5 b cf. Is. 1, 9 etc. c cf. Zach. 2, 12 ; Deut. 32, 9 ?

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JUSTIN MARTYR

5 Kai; ejn a[lloi", toi'" kai; auj-[p. 180 : B]-toi'" proanistorhmevnoi", dia;tou' Daui`d lecqei'si lovgoi", ou}" eij" Solomw'na ajnohvtw" favskete eijrh'sqai,ejpigegrammevnou"1 eij" Solomw'na, ejx w|n2 kai; to; o{ti eij" Solomw'na oujkei[rhntai ajpodeivknutai, kai; o{ti ou|to" kai; pro; tou' hJlivou h\n, kai;3 oiJ ajpo;tou' laou' uJmw'n sw/zovmenoi di! aujtou' swqhvsontai. 6 Eijsi; de; ou|toi : (Ps. 71, 1)JO Qeov", to; krivma sou tw'/ basilei' do;" kai; th;n dikaiosuvnhn sou tw'/ uiJw'/ tou'basilevw" : (2)krinei'4 to;n laovn sou ejn dikaiosuvnh/ kai; tou'" ptwcouv" sou ejnkrivsei. (3) jAnalabevtwsan5 ta; o[rh tw'/ law'/ eijrhvnhn kai; oiJ bounoi;dikaiosuvnhn. (4)Krinei' tou;" ptwcou;" tou' laou', [fol. 118 r° : A] kai; swvseitou;" uiJou;" tw'n penhvtwn, kai; tapeinwvsei sukofavnthn : (5)kai;sumparamenei' tw'/ hJlivw/ kai; pro; th'" selhvnh" < eij" >6 genea;" genew'n. kai;ta; loipa; a[cri tou' : (Ps. 71, 17b)Pro; tou' hJlivou diamevnei to; o[noma aujtou'. Kai;ejneuloghqhvsontai ejn aujtw'/ pa'sai aiJ fulai; th'" gh'" : pavnta ta; e[qnhmakariou'sin aujtovn : (18)Eujloghto;" kuvrio", oJ qeo;" jIsrahvl, oJ poiw'nqaumavsia movno", (19)kai;2 eujloghto;n to; o[noma th'" dovxh" aujtou' eij" to;naijw'na8 tou' aijw'no" : kai; plhrwqhvsetai th'" dovxh" aujtou' pa'sa hJ gh'.Gevnoito, gevnoito.7 Kai; ejk tw'n a[llwn w|n proei'pon oJmoivw" dia; Daui`d lelevcqai lovgwn, o{ti

ajp! a[krwn tw'n oujranw'n proevrcesqai e[mellen kai; pavlin eij" tou;" aujtou;"tovpou" ajnievnai ejmhnuveto, ajnamnhvsqhte, i{na kai; qeo;n a[nwqen proelqovntakai; a[nqrwpon ejn ajnqrwvpoi" genovmenon gnwrivshte9, kai; pavlin ejkei'nonparagenhsovmenon, o}n oJra'n mevllousi kai; kovptesqai oiJ ejkkenthvsante"aujtovn. 8 Eijsi; de; ou|toi : (Ps. 18, 2)OiJ oujranoi; dihgou'ntai dovxan qeou', poivhsinde; ceirw'n aujtou' ajnaggevlei to; sterevwma. (3) JHmevra th'/ hJmevra/ ejreuvgetairJh'ma, kai; nu;x10 th'/ nukti; ajnaggevlei gnw'sin. (4)Oujk eijsi; laliai; oujde; lovgoi,w|n oujci; [p. 181 : B] ajkouvontai aiJ fwnai; aujtw'n. (5)Eij" pa'san th;n gh'nejxh'lqen oJ fqovggo" aujtw'n kai; eij" ta; pevrata th'" oijkoumevnh" ta; rJhvmataaujtw'n. (6) jEn tw'/ hJlivw/ e[qeto to; skhvnwma aujtou', kai; aujtov", wJ" numfivo"ejkpo-[fol. 118 v° : A]-reuovmeno" ejk pastou' aujtou', ajgalliavsetai< ijscuro;" >11 wJ" givga" dramei'n oJdovn. (7) jAp! a[krou tou' oujranou' hJ e[xodo"

1 jEpigegrammevnou" : wJ" ejp. Marc. 2 jEx w|n : delendum Otto 3 Kai; : kai; o{ti Marc. 4 Krinei'in textu codd., edd. : krivnein in marg. codd., in textu Steph. (ex LXX et Dial. 34, 3)5 jAnalabevtwsan : ajnalabevtw Dial. 34, 3 (= LXX) 6 Eij" add. Steph. (ex Dial. 34, 3) : om. LXX,codd., Goodsp., Marc. 7 Kai; : om. Mar. 8 Eij" to;n aijw'na tou' aijw'no" : eij" to;n aijw'na kai; eij"to;n aijw'na tou' aijw'no" Marc. (ex LXX, Dial. 34, 6) 9 Gnwrivshte : aujto;n gn. Marc. 10 Nu;x : −u−in ras. A 11 jIscuro;" add. Otto, Arch., (ex I Apol. 54, 9 ; Dial. 69, 3) : om. LXX, codd., I Apol.40, 4, cett. edd.

359

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 64, 5-64, 8

5 Il est encore d'autres paroles, elles aussi déjà citées14, qui furentprononcées par la bouche de David, et que par erreur vous prétendez ditessur Salomon, parce qu'elles ont pour titre « Sur Salomon », à proposdesquelles il est démontré qu'elles ne sont pas dites de Salomon, que Celui-là(le Christ) était aavant le soleil, et que ceux de votre peuple qui sont bsauvésseront sauvés par lui. 6 Les voici : (Ps. 71, 1)Dieu, donne au roi ton jugement, et tajustice au fils du roi, (2)Il jugera ton peuple dans la justice et tes pauvres dans le jugement.(3)Que les montagnes reçoivent paix pour le peuple, et les collines justice. (4)Il fera droit auxpauvres du peuple, il sauvera les fils des indigents, et il abaissera le calomniateur.(5)Il demeurera, avec le soleil et avant la lune, pour les générations des générations, et lereste jusqu'à15 : (Ps. 71, 17)…Avant le soleil son nom demeure16. Et en lui seront béniestoutes les tribus de la terre. Toutes les nations le proclameront bienheureux. (18)Béni soit leSeigneur, le Dieu d’Israël17, qui seul fait des prodiges, (19)béni soit le nom de sa gloire pourl'éternité de l'éternité. Et de sa gloire toute la terre sera remplie. Ainsi soit-il, ainsi soit-il18 !

7 D'après les autres textes que j'ai déjà cités19 comme ayant eux aussi étédits par David, il était indiqué, vous vous en souvenez, qu'il devait s'avancercdu haut du ciel20 et qu'il remonterait à nouveau en ces mêmes lieux21, afin quevous dreconnaissiez un Dieu venu d'en haut22 devenu un homme parmi leshommes23, et qu'il reviendra24, celui que doivent evoir et pleurer ceux qui l'ontpercé de coups25. 8 Les voici : (Ps. 18, 2)Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l'œuvre deses mains, le firmament l'annonce. (3)Le jour au jour proclame une parole, et la nuit à lanuit en annonce la science. (4)Il n'y a ni rumeurs ni paroles dont les voix ne soiententendues. (5)A toute la terre est allé l'écho de leurs voix, et aux extrémités du monde leursparoles. (6)Sur le soleil il a dressé sa tente, et lui, tel un époux, sortant du lit nuptial, sefera joie, fort26 comme un géant, de courir sa carrière. (7)Du bout du ciel sa provenance, etsa destination jusques au bout du ciel, et à son ardeur nul ne saurait se soustraire27.

a Cf. Ps. 71, 17 b ibid., 4 c cf. Ps. 18, 7 d cf. Zach. 12, 10 ; Jn. 19, 37 ; Apoc. 1, 7e cf. Zach. 12, 10.

360

JUSTIN MARTYR

aujtou', kai; to; katavnthma aujtou' e{w" a[krou tou' oujranou', kai; oujk e[stin o}"ajpokrubhvsetai th'" qevrmh" aujtou'.

65. 1 − Kai; oJ Truvfwn e[fh : JUpo; tw'n tosouvtwn grafw'n duswpouvmeno"oujk oi\da tiv fw' peri; th'" grafh'" h}n e[fh JHsai?a", kaq! h}n oJ qeo;" oujdeni;eJtevrw/ dou'nai th;n dovxan aujtou' levgei, ou{tw" eijpwvn : jEgw; kuvrio" oJ qeov",tou'tov mou o[noma, th;n dovxan mou eJtevrw/ ouj mh; dwvsw oujde; ta;" ajretav" mou.2 − Kajgwv : Eij me;n aJplw" kai; mh; meta; kakiva" touvtou" tou;" lovgou"

eijpw;n ejsivghsa", w\ Truvfwn, mhvte tou;" pro; aujtw'n proeipw;n mhvte tou;"ejpakolouqou'nta" sunavya", suggnwsto;" ei\1, eij de; cavrin tou' nomivzeinduvnasqai eij" ajporivan ejmbavllein to;n lovgon, i{n!2 ei[pw eJnantiva" ei\nai ta;"grafa;" ajllhvlai", peplavnhsai : ouj ga;r tolmhvsw tou'tov pote h]ejnqumhqh'nai h] eijpei'n, ajll! eja;n toiauvth ti" dokou'sa ei\nai grafh; problhqh'/kai; provfasin3 e[ch/ wJ" ejnantiva ou\sa, ejk panto;" pepeismevno" o{ti oujdemivagrafh; th'/ eJtevra/ ejnantiva ejstivn, aujto;" mh; noei'n ma'llon oJmologhvsw ta;eijrhmevna, kai; tou;" ejnantiva"4 ta;" grafa;" uJpolambavnonta" to; aujto;fronei'n ma'llon ejmoi; pei'sai ajgwnivsomai. 3 {Opw" d! a]n h\/" proteqeikw;"5

to; provblhma, [fol. 119 r° : A] qeo;" ejpivstatai. jEgw; de; wJ" ei[rhtai oJ lovgo"ajnamnhvsw uJma'", o{pw" kai; ejx aujtou' touvtou gnwrivshte o{ti oJ qeo;" tw'/Cristw'/ aujtou' movnw/ th;n dovxan divdwsi. jAnalhvyomai [p. 183 : B] de; bracei'"tina" lovgou", w\ a[ndre", tou;" ejn sunafeiva/ tw'n eijrhmevnwn uJpo; tou'Truvfwno" kai; tou;" oJmoivw" sunhmmevnou" kat! ejpakolouvqhsin : ouj ga;r ejxeJtevra" perikoph'" aujtou;" ejrw', ajll! uJf! e}n w{" eijsi sunhmmevnoi : kai; uJmei'"to;n nou'n crhvsatev moi.4 Eijsi; de; ou|toi : (Is. 42, 5)Ou{tw"6 levgei kuvrio" oJ qeov", oJ poihvsa" to;n

oujrano;n kai; phvxa" aujtovn, oJ sterewvsa" th;n gh'n kai; ta; ejn aujth'/, kai;didou;" pnoh;n tw'/ law'/ tw'/ ejp! aujth'" kai; pneu'ma7 toi'" patou'sin aujthvn.(6) jEgw; kuvrio" oJ qeo;" ejkavlesav se ejn dikaiosuvnh/, kai; krathvsw th'" ceirov"sou kai; ijscuvsw se, kai; e[dwkav 8 se eij" diaqhvkhn gevnou", eij" fw'" ejqnw'n,(7)ajnoi'xai ojfqalmou;" tuflw'n, ejxagagei'n ejk desmw'n pepedhmevnou" kai; ejxoi[kou fulakh'" kaqhmevnou" ejn skovtei. 5 (8) jEgw; kuvrio" oJ qeov", tou'tov mouo[noma, th;n dovxan mou eJtevrw/ ouj mh; dwvsw oujde; ta;" ajretav" mou toi'"gluptoi'". (9)Ta; ajp! ajrch'" ijdou; h{kei, kaina; a} ejgw; ajnaggevllw, kai; pro; tou'ajnaggei'lai ejdhlwvqh uJmi'n9. (10) JUmnhvsate tw'/ qew'/ u{mnon kainovn : ajrch;

1 Ei\ : h\" (praeteritum) prop. Sylb. 2 {In! : i{na Otto, Arch. 3 Provfasin : uJpovfasin in marg.codd. 4 jEnantiva" : ejn. ajllhvlai" Marc. 5 Proteqeikw;" : −kw;" p. corr. A 6 Ou{tw" codd, Otto,Arch., Goodsp. : ou{tw cett. edd. (ex LXX) 7 Pneu'ma A, edd. : to; pn. B 8 Kai; e[dwka : kai; ejdwv- inras. A 9 JUmi'n A, edd. (= LXX) : hJmi'n B.

361

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 65, 1-65, 5

Dieu déclare en Isaïe, qu’il « ne donne à nul autre sa gloire ».Explication du passage par Justin.

65. 1 Tryphon dit :— par autant de passages tirés des Écritures, je demeure troublé, et ne sais

plus que dire de celui, où selon Isaïe, Dieu déclare ne donner à nul autre sagloire ; en voici les termes : aJe suis le Seigneur Dieu, tel est mon nom, je ne donnerai ànul autre ma gloire, pas plus que mes vertus1.

2 Moi : — Si c'est en toute simplicité, Tryphon, et non par malice, qu'encitant ces paroles tu marques un silence, sans avoir restitué celles qui lesprécèdent ni adjoint celles qui les suivent2, tu en es excusé. Mais si c'est parceque tu crois pouvoir jeter la discussion dans une impasse, afin de me fairedire que les Écritures se contredisent l'une l'autre, tu t'es trompé. Cela, jen'oserai jamais ni l'envisager ni le déclarer ; mais si l'on m'objecte quelqueÉcriture qui paraît telle, et comporte l'apparence d'une contradiction,persuadé absolument que nulle Écriture n'en contredit une autre, j'aimeraimieux avouer n'en pas comprendre moi-même le sens ; quant à ceux quisupposent contradictoires les Écritures, je m'efforcerai de les persuader departager plutôt mon sentiment3. 3 Dans quelle intention tu as présenté cetteobjection, Dieu le sait. Pour moi, je vais vous rappeler comment est dite cetteparole, pour qu'à partir d'elle vous puissiez reconnaître qu'à son Christ seulDieu bdonne sa gloire. Je reprendrai toutefois, amis, quelques brèves paroles,qui se trouvent dans la même unité que celles qu'a rapportées Tryphon, ainsique celles qui y sont également réunies en les suivant immédiatement : je neles citerai point d'une autre péricope4, mais telles qu'en un tout elles sontréunies5. Quant à vous, prêtez-moi votre attention.

4 Les voici : (Is. 42, 5)Ainsi parle le Seigneur Dieu, qui a créé le ciel et l'a affermi, quia fixé la terre et ce qui est en elle, qui a donné un souffle au peuple qui est sur elle, et unesprit à ceux qui la parcourent. (6)Moi, le Seigneur Dieu, je t'ai appelé dans la justice, je teprendrai par la main et te fortifierai, je t'ai fait alliance de la race, lumière des nations,(7)pour ouvrir les yeux des aveugles, pour délivrer de leurs liens les enchaînés, et du cachotceux qui sont assis dans les ténèbres. 5 (8)Je suis le Seigneur Dieu, tel est mon nom, je nedonnerai ma gloire à nul autre, pas plus que mes vertus aux images gravées6. (9)Les chosesdu début, voici qu'elles viennent, celles que j'annonce sont nouvelles, et avant de lesannoncer, elles vous furent montrées. (10)Chantez à Dieu un hymne nouveau ; son

a Is. 42, 8 b cf. Is. 42, 8.

362

JUSTIN MARTYR

aujtou' ajp! a[krou th'" gh'" : oiJ katabaivnonte" th;n qavlassan kai; plevonte"ajeiv, nh'soi1 kai; oiJ katoikou'nte" aujtav". 6 (11)Eujfravnqhti e[rhmo" [fol. 119 v°:A] kai; aiJ kw'mai aujtw'n kai; aiJ2 ejpauvlei", kai; oiJ katoikou'nte" Khda;reujfranqhvsontai, kai;3 oiJ katoikou'nte" pevtran4 ajp! a[krou tw'n ojrevwnbohvsontai, (12)dwvsousi tw'/ qew'/ dovxan, ta;" ajreta;" aujtou' ejn tai'" nhvsoi"ajnaggelou'si. (13)Kuvrio" oJ qeo;" tw'n dunavmewn ejxeleuvsetai, suntrivyeipovlemon, ejpegerei' zh'lon kai; bohvsetai ejpi; tou;" ejcqrou;"5 met! ijscuvo".7 Kai; tau'ta eijpw;n e[fhn pro;" aujtouv" : Nenohvkate, w\ fivloi, o{ti oJ qeo;"

levgei dwvsein touvtw/, o}n eij" fw'" ejqnw'n katevsthse, dovxan kai; oujk a[llw/tiniv, ajll!6 oujc, wJ" e[fh Truvfwn, wJ" eJautw'/ katevconto" tou' qeou' th;ndovxan _− Kai; oJ Truvfwn [p. 184 : B] ajpekrivnato : Nenohvkamen kai; tou'to : pevraine

toigarou'n kai; ta; ejpivloipa tou' lovgou.

66. 1 − Kajgw; pavlin ajnalabw;n to;n lovgon, oJpovqen th;n ajrch;n ejpepauvmhnajpodeiknuvwn o{ti ejk parqevnou gennhto;" kai; dia; parqevnou gennhqh'nai aujto;ndia; JHsai?ou ejpeprofhvteuto, kai; aujth;n th;n7 profhteivan pavlin e[legon.2 [Esti de; au{th : (Is. 7, 10)Kai; prosevqeto kuvrio" lalh'sai tw'/ [Acaz, levgwn

: (11)Ai[thsai seautw'/ shmei'on para; kurivou tou' qeou' sou eij" bavqo" h] eij"u{yo". (12)Kai; ei\pen [Acaz : Ouj mh; aijthvsw oujde;8 mh; peiravsw kuvrion. (13)Kai;ei\pen JHsai?a"9 : jAkouvsate dhv, oi\ko" Daui?d. Mh; mikro;n uJmi'n ajgw'naparevcein ajnqrwvpoi" _ Kai; pw'" kurivou parevcete ajgw'na _ (14)Dia; tou'todwvsei kuvrio" aujto;" uJmi'n shmei'on : ijdou; hJ parqevno" ejn gastri; lhv-[fol. 120r° : A]-yetai kai; tevvxetai uiJovn, kai; kalevsousi10 to; o[noma aujtou'jEmmanouhvl. (15)Bouvturon kai; mevli favgetai. 3 Pri;n h] gnw'nai aujto;n h]proelevsqai ponhra; ejklevxetai to; ajgaqovn : (16a)diovti, pri;n h] gnw'nai to;paidivon kakovn h] ajgaqovn11, ajpeiqei' ponhra;12 tou' ejklevxasqai to; ajgaqovn. (Is.8, 4)Diovti, pri;n h] gnw'nai to; paidivon kalei'n patevra h] mhtevra, lhvyetaiduvnamin Damaskou' kai; ta; sku'la Samareiva" e[nanti basilevw" jAssurivwn.

1 Kai; plevonte" ajei;, nh'soi : kai; plevonte" aujthvn, aiJ nh'soi Thirlb., Marc. (ex LXX) kai;plevonte", aiJ nh'soi Arch. 2 Kai; aiJ : add. sup. l. A 3 Khda;r eujfranqhvsontai, kai; : Khda;r :eujfranqhvsontai kai; Marc. 4 pevtran : Pevtran Marc. 5 jEcqrou;" : ejc. aujtou' Marc. (ex LXX)6 jAll! : kai; prop. Thirlb. 7 Th;n : om. Arch. 8 Oujde; : oujd! ouj LXX, Dial. 43, 5 9 JHsa>iva" :om. LXX (cf. Dial. 43, 5) 10 Kalevsousi A corr. ex kalevsei ut vid. (cf. Mt. 1, 23) : kalevsetai Dial.43, 5 kalevsei" LXX (cf. Mt. 1, 21 ; Lc. 1, 31) 11 Kako;n h] ajgaqovn : ajgaqo;n h] kakovn transp.Marc. (ex LXX ; Dial. 43, 6) 12 Ponhra; in textu codd., edd. (cf. Dial. 43, 6) : ponhrivai" in marg.codd. ponhriva/ LXX. to; paidivon − gnw'nai del. B. (tou' in marg.).

363

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 65, 5-66, 3

principe7 part des confins de la terre. Ô vous qui descendez vers la mer et navigueztoujours ; vous, îles, et ceux qui les habitent. 6 (11)Réjouis-toi, désert ; leurs villages et leurscamps, et les habitants de Cédar, ils se réjouiront ; et ceux qui habitent le rocher8, dusommet des montagnes ils crieront ; (12)ils donneront gloire à Dieu, ses vertus dans les îlesils annonceront. (13)Le Seigneur, Dieu des Puissances, sortira, il excitera la guerre,éveillera l'ardeur, et criera avec force contre les ennemis9.

7 Ayant cité ces paroles, je leur dis :— Avez-vous compris, amis, que Dieu dit qu'il adonnera sa gloire à celui qu'il

a établi blumière des nations, et cà personne d'autre10, et que cela ne signifiepoint, comme le disait Tryphon, que Dieu se réserve à lui même sa gloire.

Tryphon répondit :— Nous avons compris cela aussi. Achève donc aussi le reste du propos.

La naissance virginale (suite).Prophétie d’Isaïe.

66. 1 Je repris donc la discussion à partir de l'endroit où j'avais, au début,cessé1 de démontrer qu'il était né d'une vierge, et que cette naissance parl'intermédiaire2 d'une vierge avait été prophétisée par Isaïe ; et je citai ànouveau la prophétie en question.

2 La voici : (Is. 7, 10)Le Seigneur continua de parler à Achaz en ces termes :(11)Demande pour toi un signe au Seigneur ton Dieu, dans les profondeurs ou dans leshauteurs. (12)Et Achaz dit : Je ne solliciterai ni ne tenterai le Seigneur. (13)Isaïe dit :Écoutez donc, maison de David ! Est-ce trop peu de livrer dispute aux hommes ?Comment livrez-vous aussi dispute au Seigneur ? (14)C'est pourquoi le Seigneur lui-mêmevous donnera un signe. Voici : la vierge concevra et enfantera un fils, son nom seraEmmanuel. (15)Lait et miel il mangera. 3 Avant que de connaître ou préférer le mal, ilchoisira le bien. (16a)Car, avant que l'enfant ne connaisse le mal ou le bien, il repoussera lemal pour choisir le bien. (Is. 8, 4)Car avant que l'enfant ne sache appeler « père » ou« mère », il prendra la puissance de Damas et les dépouilles de Samarie devant le roi des

a Cf. Is. 42, 8 b ibid., 6 c ibid., 8.

364

JUSTIN MARTYR

(Is. 7, 16b)Kai; katalhfqhvsetai hJ gh', < h}n su; >1 sklhrw'" oi[sei" ajpo;proswvpou tw'n duvo basilevwn. (17) jAll! ejpavxei oJ qeo;" ejpi; se; kai; ejpi; to;nlaovn sou kai; ejpi; to;n oi\kon tou' patrov" sou hJmevra", ai} oujdevpw h{kasin,ajpo; th'" hJmevra" h|/" ajfei'len jEfrai`m ajpo; jIouvda to;n basileva tw'njAssurivwn.4 Kai; ejpevferon : {Oti; me;n ou\n ejn tw'/ gevnei tw'/2 kata; savrka jAbraa;m

oujdei;" oujdevpote ajpo; parqevnou gegevnnhtai oujde; levlektai gegennhmevno",ajll! h] ou|to" oJ hJmevtero" Cristov", pa'si fanerovn ejsti.

67. 1 − Kai; oJ Truvfwn ajpekriv-[p. 185 : B]-nato : JH grafh; oujk e[cei : jIdou; hJparqevno" ejn gastri; lhvyetai kai; tevxetai uiJovn, ajll! : jIdou; hJ nea'ni" ejngastri; lhvyetai kai; tevxetai uiJovn, kai; ta; eJxh'" loipa; wJ" e[fh". [Esti de; hJpa'sa profhteiva lelegmevnh eij" jEzekivan, eij" o}n kai; ajpodeivknutaiajpobavnta kata;3 th;n profhteivan tauvthn. 2 jEn de; toi'" tw'n JEllhvnwnlegomevnoi" muvqoi"4 levlektai o{ti Perseu;" ejk [fol. 120 v° : A] Danavh",parqevnou ou[sh", ejn crusou' morfh'/ rJeuvsanto" ejp! aujth;n tou' par! aujtoi'"Dio;" kaloumevnou, gegevnnhtai : kai; uJmei'" ta; aujta; ejkeivnoi" levgonte"aijdei'sqai ojfeivlete, kai; ma'llon a[nqrwpon ejx ajnqrwvpwn genovmenon5 levgeinto;n jIhsou'n tou'ton, kaiv, eja;n ajpodeivknute6 ajpo; tw'n grafw'n o{ti aujtov"ejstin oJ Cristov", dia; to; ejnnovmw" kai; televw" politeuvesqai aujto;nkathxiw'sqai tou' ejklegh'nai eij" Cristovn, ajlla; mh; teratologei'n tolma'te,o{pw" mhde;7 oJmoivw" toi'" {Ellhsi mwraivnein ejlevgchsqe.3 − Kai; ejgw; pro;" tau'ta e[fhn : \W Truvfwn, ejkei'nov se pepei'sqai

bouvlomai kai; pavnta" aJplw'" ajnqrwvpou", o{ti, ka]n geloiavzonte" h]ejpitwqavzonte" ceivrona levghte, oujk ejksthvsetev me tw'n prokeimevnwn, ajll!ejx w|n8 eij" e[legcon nomivzete probavllein lovgwn te h]9 pragmavtwn, ejx aujtw'nta;" ajpodeivxei" tw'n uJp! ejmou' legomevnwn meta; marturiva" tw'n grafw'n ajei;poihvsomai. 4 Oujk ojrqw'" mevntoi oujde; filalhvqw" poiei'", kajkei'na peri; w|najei;10 sugkataqevsei" hJmi'n gegevnhntai11 − o{ti dia; to;

1 }Hn su; add. Thirlb., Otto, Troll., Arch., Marc. (ex LXX, Dial. 43, 6) om. codd., cett. edd. h} su;fobh'/ LXX 2 Tw'/ kata; savrka jAbraa;m edd. ab Otto : tw'/ kata; savrka tou' jAbr. prop. Thirlb.(ex Dial. 43, 7) tou' kata; savrka jAbr. codd., cett. edd. tou' jAbr. kata; savrka prop. Mar.3 Kata; : ta; kata; Marc. 4 Toi'" − Muvqoi" Marc. : toi'" tw'n legomevnwn JEllhvnwn muvqoi" codd.,cett. edd. 5 Genovmenon Sylb., Mign., edd. ab Otto : legovmenoi codd., cett. edd. 6 jApodeivknute :ajpodeiknuvhte coni. Marc. (cf. Dial. 48, 3) 7 Mhde; Otto, Arch. : mhvte codd., cett. edd. mhv ge coni.Marc. 8 |Wn edd. ab. Otto : aujtw'n codd., cett. edd. ejx w|n a]n [nomivzhte] vel ejx aujtw'n w|n prop. Sylb.9 ]H : kai; coni. Marc. (cf. Dial. 28, 2) 10 Peri; w|n ajei; : ajei; peri; w|n prop. Mar. 11 Gegevnhntai :gegevnnhntai coni. Thirlb., Mar., gegevnnhtai Steph., Sylb., Mor., Jebb.

365

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 66, 3-67, 4

Assyriens. (Is. 7, 16b)Il sera occupé le pays que difficilement tu supporteras à cause des deuxrois. (17)Mais Dieu amènera sur toi, sur ton peuple et la maison de ton père, des jours quin'étaient pas encore venus sur toi, depuis le jour qu'Éphraïm a détourné de Juda le roi desAssyriens3.

4 Et j'ajoutai : Que dans la race d'Abraham selon la chair personne jamaisne soit né ou n'ait été dit né d'une avierge, sinon notre Christ, c'est pour tousévident4.

Pour Tryphon, la naissance virginale est aussi absurde que le mythe de Persée.Il vaudrait mieux affirmer que Jésus, « homme d’entre les hommes »,

fut élu pour son observance de la Loi.Rappels de Justin à propos de la Loi.

67. 1 Tryphon répondit :— L'Écriture n'a pas1 : bVoici : la vierge concevra et enfantera un fils…, mais

Voici : la jeune fille concevra et enfantera un fils2, et la suite comme tu l'as dite. Ettoute la prophétie se rapporte à Ézéchias, pour qui il est démontré que leschoses advinrent conformément à ces prédictions. 2 Du reste, dans ce qu'onappelle les fables des Grecs3, il est dit que Persée naquit de Danaé, qui étaitvierge, après que celui qu'on nomme chez eux Zeus se fût répandu sur ellesous forme (d'une pluie) d'or4. Vous devriez rougir de raconter les mêmeschoses qu'eux. Il vaudrait mieux dire que ce Jésus fut un homme d'entre leshommes, et, si vous démontrez à partir des Écritures qu'il est bien Christ5,que c'est à cause de sa vie parfaite et conforme à la Loi qu'il fut jugé digne6

d'être choisi pour Christ. Mais ne vous risquez pas à conter des prodiges, sivous ne voulez pas, comme les Grecs, être convaincus de déraison.

3 A quoi je répliquai :— Tryphon, je veux que tu sois bien persuadé, toi et tous les hommes

absolument que, même si par malice ou par raillerie vous dites des chosespires encore, vous ne me ferez point sortir de mon dessein : au contraire, lesparoles ou les faits dont vous croyez pouvoir user pour me confondre, c'esten eux que toujours, avec le témoignage des Écritures, je tirerai les preuvesde ce que je dis. 4 Tu n'agis, en tout cas, ni avec droiture ni selon ce que veutl'amour de la vérité7, lorsque tu t'ingénies à remettre en question même ce surquoi nous étions progressivement tombés d'accord : à savoir que c'est

a Cf. Is. 7, 14 b ibid..

366

JUSTIN MARTYR

sklhrokavrdion tou' laou' uJmw'n dia; Mwsevw"1 tine;" tw'n ejntolw'n teqeimevnaieijsivn − ajnaluvein peirwvmeno". [Efh" ga;r dia; to; ejnnovmw" politeuvesqaiejklelevcqai aujto;n kai; Cristo;n gegenh'sqai, eij a[ra ou|to" ajpodeicqeivh w[n.5 − Kai; [fol. 121 r° : A] oJ Truvfwn : Su; ga;r wJmolovghsa" hJmi'n, e[fh, o{ti kai;

perietmhvqh kai; ta; a[lla ta; novmi-[p. 186 : B]-ma2 ta; dia; Mwsevw"diatacqevnta ejfuvlaxe.6 − Kagw; ajpekrinavmhn : JWmolovghsav te kai; oJmologw' : ajll! oujc wJ"

dikaiouvmenon aujto;n dia; touvtwn wJmolovghsa uJpomemenhkevnai pavnta3, ajlla;th;n oijkonomivan ajpartivzonta, h}n h[qelen oJ path;r aujtou' kai; tw'n o{lwnpoihth;" kai; kuvrio" kai; qeov". Kai; ga;r to; ajpoqanei'n staurwqevnta oJmologw'uJpomei'nai aujto;n kai; to; a[nqrwpon genevsqai kai; tosau'ta paqei'n o{sadievqesan aujto;n oiJ ajpo; tou' gevnou" uJmw'n. 7 jEpei; pavlin4, w\ Truvfwn, mh;suntivqesai5 oi|" fqavnei" sunteqeimevno", ajpovkrinaiv moi : OiJ pro; Mwsevw"genovmenoi divkaioi kai; patriavrcai, mhde;n fulavxante" tw'n o{saajpodeivknusin oJ Lovgo" ajrch;n diatagh'" eijlhfevnai dia; Mwsevw", sw/vzontaiejn th'/ tw'n makarivwn klhronomiva/ h] ou[ _8 − Kai; oJ Truvfwn e[fh : AiJ grafai; ajnagkavzousiv me oJmologei'n.− JOmoivw" de;6 ajnerwtw' se pavlin, e[fhn : ta;" prosfora;" kai; ta;" qusiva"

di! e[ndeian oJ qeo;" ejneteivlato poiei'n tou;" patevra" uJmw'n, h] dia; to;sklhrokavrdion aujtw'n kai; eujcere;" pro;" eijdwlolatreivan _− Kai; tou'to, e[fh, aiJ grafai; oJmoivw" ajnagkavzousin oJmologei'n hJma'".9 − Kai; o{ti, fhmiv, kainh;n diaqhvkhn dia-[fol. 121 v° : A]-qhvsesqai oJ qeo;"

ejphvggeltai para; th;n ejn o[rei Cwrhvb, oJmoivw" aiJ grafai; proei'pon7 _− Kai; tou'to ajpekrivnato proeirh'sqai.− Kajgw; pavlin : JH de; palaia; diaqhvkh, e[fhn, meta; fovbou kai; trovmou

dietavgh toi'" patravsin uJmw'n, wJ" mhde; duvnasqai aujtou;" ejpai?ein tou' qeou' _− Kajkei'no" wJmolovghse.10 − Tiv ou\n _ e[fhn8. JEtevran diaqhvkhn e[sesqai oJ qeo;" uJpevsceto, oujc wJ"

ejkeivnh dietavgh, kai;9 a[neu fovbou kai; trovmou kai; ajstrapw'n diatagh'nai [p.187 : B] aujtoi'" e[fh10, kai; deiknuvousan tiv me;n wJ" aijwvnion kai; panti; gevnei

1 Mwsevw" : Mwu>sevw" Mign., Otto, Goodsp. (hic et infra) 2 Novmima : novmhma codd. 3 Pavnta :aujta; prop. Thirlb. tau'ta pavnta Marc. 4 jEpei; pavlin : ejpei; de; pavlin prop. Thirlb., Mar.5 Suntivqesai Thirlb., edd. ab Otto, Troll. (oi|" fqavnei") : suntivqesqai codd. suntivqesqe Steph.,cett. edd. 6 De; : d'! Otto, Arch. 7 JOmoivw" − proei'pon : ut glossema delendum Thirlb. 8 Tiv ou\n _e[fhn. JEtevran diaqhvkhn ...ejnetevtalto edd. ab Otto : tiv ou\n (cur igitur), e[., eJtevran diaqhvkhn...ejnetevtalto _ codd., cett. edd. tiv ou\n, e[., eJtevran diaqhvkhn ...e[fh _ Ouj deivknusin o{ti ti; me;n ...ti;

de;... _ prop. Thirlb. 9 Kai; : ajll! coni. Marc. 10 Oujc − e[fh : in semicirculis Marc.

367

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 67, 4-67, 10

à cause de la dureté de cœur de votre peuple8 que par Moïse certaines desordonnances ont été instituées. Tu viens de dire, en effet que ce serait pours'être conduit conformément à la Loi qu'il aurait été choisi et serait devenuChrist, si du moins il était prouvé qu'il le fût.

5 Tryphon : — Tu as toi même reconnu devant nous, dit-il qu'il aavait étécirconcis et avait observé les autres préceptes institués par Moïse9.

6 Je répondis :— Je l'ai bien reconnu, et je le reconnais ; mais si j'ai reconnu qu'il a tout

assumé, ce n'est pas que je croie qu'il en fut justifié, mais parce qu'ilaccomplissait10 l'économie voulue par son Père, Créateur de l’univers,Seigneur et Dieu. Car je reconnais également11 qu'il a assumé12 de mourircrucifié, de se faire homme et de souffrir tout ce que lui ont infligé ceux devotre race. 7 Reprenons donc, Tryphon, puisque tu n'accordes plus ce que tuavais précédemment accordé, et réponds-moi : ceux d'avant Moïse, justes etpatriarches, qui n'ont rien observé de tout ce qui, selon ce que montre leVerbe, a trouvé un commencement d'ordonnance par Moïse13, sont-ilssauvés14 dans l'héritage des bienheureux, ou non15 ?

8 Tryphon dit :— Les Écritures m'obligent à l'admettre.— De même, je te le demande encore, dis-je, les offrandes et les sacrifices,

est-ce parce qu'il en avait besoin16 que Dieu a prescrit à vos pères de les faire,ou bien à cause de leur dureté de cœur et de leur penchant pour l'idolâtrie ?

— Cela aussi, dit-il, les Écritures nous obligent de même à l'admettre.9 — Et encore, dis-je, que Dieu a annoncé que serait bétablie une nouvelle

Alliance17 autre que celle du mont Horeb, les Écritures l'ont-elles aussiprédit ?

— Cela aussi, répondit-il, avait été prédit.Je poursuivis :— cL'ancienne Alliance, dis-je, ne fut-elle pas instituée pour vos pères davec

crainte et tremblement18, au point qu'ils ne pouvaient pas même écouter Dieu ?Il le reconnut.10 — Eh bien donc ! − dis-je − Dieu a promis qu'il y aurait une autre19

Alliance, et qu'elle serait instituée pour eux enon comme avait été instituée lapremière, mais sans crainte, ni tremblement ni féclairs ; (une Alliance) indiquant20

ce que Dieu reconnaît d'une part comme précepte et œuvre éternels21

a Cf. Lc. 2, 21 b cf. Jér. 31, 31 c cf. II Cor. 3, 14 ? d cf. Exod. 19, 16 s. ; 20, 18 s. ; Hébr. 12,19-21 e cf. Jér. 31, 32 f cf. Exod. 19, 16.

368

JUSTIN MARTYR

aJrmovzon kai; e[ntalma kai; e[rgon oJ qeo;" ejpivstatai1, tiv de; pro;" to;sklhrokavrdion tou' laou' uJmw'n aJrmosavmeno", wJ" kai; dia; tw'n profhtw'n boa'/,ejnetevtalto.11 − Kai; tou'to sunqevsqai, e[fh, ejk panto;" tou;" filalhvqei", ajlla; mh;

filevrida", ajnagkai'on.− Kajgwv : Oujk oi\d! o{pw", e[fhn, filerivstou" tina;"2 ajpokalw'n, aujto;"

pollavki" ejn touvtw/ ejfavnh" tw'/ e[rgw/ w[n, ajnteipw;n pollavki" oi|" sunetevqh".

68. 1 − Kai; oJ Truvfwn : [Apiston ga;r kai; ajduvnaton scedo;n pra'gmaejpiceirei'" ajpodeiknuvnai, o{ti qeo;" uJpevmeine gennhqh'nai kai; a[nqrwpo"genevsqai.− Eij tou'to, e[fhn, ejp!3 ajnqrwpeivoi" didavgmasin h] ejpiceirhvmasin

ejpebalovmhn ajpodeiknuvnai, ajnacevsqai mou oujk a]n e[dei uJma'" : eij de; grafa;"kai; eij" tou'to eijrhmevna" [fol. 122 r° : A] tosauvta", pleistavki" aujta;"4

levgwn, ajxiw' uJma'" ejpignw'nai aujtav", sklhrokavrdioi5 pro;" to; gnw'nai nou'nkai; qevlhma tou' qeou' givnesqe. Eij de; bouvlesqe toiou'toi ajei; mevnein, ejgw; me;noujde;n a]n blabeivhn6 : ta; de; aujta; ajei;7 e[cwn, a} kai; pro; tou' sumbalei'n uJmw'nei\con, ajpallavxomai uJmw'n.2 − Kai; oJ Truvfwn : {Ora, w\ fivle, e[fh, o{ti meta; pollou' kovpou kai;

kamavtou gevgonev soi to; kthvsasqai8 aujtav : kai; hJma'" ou\n, basanivsanta"pavnta9 ta; ejpitrevconta, sunqevsqai dei' oi|" ajnagkavzousin hJma'" aiJ grafaiv.− Kajgw; pro;" tau'ta : Oujk ajxiw', ei\pon, uJma'" mh; panti; trovpw/

ajgwnizomevnou" th;n ejxevtasin tw'n zhtoumevnwn poiei'sqai, ajll! ejkeivnoi" mh;pavlin ajntilevgein, mhde;n e[conta" levgein, oi||" e[fhte10 sunqevnai.3 − Kai; oJ Truvfwn e[fh : Tou'to peirasovmeqa pravxein.

1 jEpivstatai : ejpitavssetai prop. Mar. 2 Tina;" : t. hJma'" Marc. 3 jEp! Steph., Otto, Mign.,Goodsp., Marc. : ajp! codd., cett. edd. 4 Aujtav" : delendum. Thirlb. del. Marc. 5 Sklhrokavrdioi :mh; skl. prop. Thirlb. skl. ...mh; givnesqe coni. Marc. 6 Blabeivhn : blaboivhn A, Steph. blaboivan(hn sup. l.) B 7 jAei; : del. Marc. 8 Kthvsasqai edd. : kthvsasqe codd. 9 Pavnta : pavntw" pavntaMarc. 10 [Efhte : e[fqhte prop. Thirlb. (ex Dial. 67, 7 : oi|" fqavnei" sunteqeimevno").

369

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 67, 10-68, 3

s'adaptant à toute race, et ce que d'autre part il a prescrit en s'adaptant à ladureté de cœur du peuple, comme par l'intermédiaire des prophètes il leproclame.

11 — Cela aussi, dit-il, il faut en convenir sans réserve, si l'on aime la véritéet non la chicane22.

Moi : — J'ignore dis-je, comment tu peux traiter certains de chicaneurs,quand toi-même, tu en donnes de nombreux exemples, en contestantsouvent ce dont tu étais convenu.

Les enseignements du Christ ne sont pas des « enseignements humains ».La Prophétie d’Isaïe est bien dite du Christ, et non de Salomon.

68. 1 Tryphon : — C'est que c'est quelque chose d'incroyable, et d'impossiblepresque, que tu entreprends là, de vouloir démontrer : que Dieu1 a enduréd'être engendré et de se faire homme2.

— Si c'était, dis-je, en me fondant sur des aenseignements et desraisonnements humains que je m'appliquais à faire cette démonstration, vousn'auriez pas à me tolérer ; mais quand sur ce point aussi, tant d'Écritures sontdites, et que je vous engage, en les citant généralement, à les reconnaître,votre cœur s'endurcit, refusant de connaître la pensée et la volonté de Dieu.Si vous voulez demeurer tels toujours, je n'aurai pour ma part, nullement à ensouffrir : ce que j'avais avant de vous entretenir, c'est en l'ayant toujours queje vous quitterai.

2 Tryphon : — Considère, ami, dit-il, au prix de quels efforts et de quellesfatigues tu as acquis cela3. Il nous faut donc aussi éprouver tout ce qui seprésente pour admettre ce que nous imposent les Écritures.

A quoi je répondis :— Je ne demande pas, dis-je, que vous ne luttiez pas de toute manière pour

procéder à l'examen de ce qui est en question, mais que vous n'alliez pascontester à nouveau, lorsque vous n'avez rien à dire, ce sur quoi vous vousétiez déclarés d'accord.

3 Tryphon dit :— C'est ce que nous essaierons de faire.

a Cf. Is. 29, 13 ; Matth. 15, 9 ; Mc. 7, 7.

370

JUSTIN MARTYR

− Pav-[p. 188 : B]-lin ejgw; e[fhn : Pro;" toi'" ajnhrwthmevnoi" kai; nu'n uJp!ejmou'1 pavlin ajnerwthvsasqai uJma'" bouvlomai : dia; ga;r tw'n ajnhrwthvsewntouvtwn kai; peraiwqh'nai2 su;n tavcei to;n lovgon ajgwniou'mai.− Kai; oJ Truvfwn e[fh : jAnerwvta.

− Kajgw; ei\pon : Mhvti a[llon tina; proskunhto;n kai; kuvrion kai; qeo;nlegovmenon ejn tai'" grafai'" noei'te ei\nai plh;n tou' tou'to poihvsanto" to;pa'n, kai; tou' Cristou', o}" [fol. 122 v° : A] dia; tw'n tosouvtwn grafw'najpedeivcqh uJmi'n a[nqrwpo" genovmeno" _4 − Kai; oJ Truvfwn : Pw'" tou'to dunavmeqa ei\nai3 oJmologh'sai, oJpovte, eij

kai;4 a[llo" tiv" ejsti plh;n tou' patro;" movnou, th;n tosauvthn zhvthsinejpoihsavmeqa _− Kajgw; pavlin : jAnagkai'ovn ejsti kai; tau'ta uJma'" ejrwth'sai, o{pw" gnw'

mhvti a[llo fronei'te par! a} tevw" wJmologhvsate5.− Kajkei'no" : Ou[6, a[nqrwpe, e[fh.− Kajgw; pavlin : JUmw'n ou\n tau'ta ajlhqw'" suntiqemevnwn kai; tou' Lovgou

levgonto" : Th;n genea;n aujtou' tiv" dihghvsetai _ oujk h[dh kai; noei'n ojfeivleteo{ti oujk e[sti gevnou" ajnqrwvpou7 spevrma _5 − Kai; oJ Truvfwn : Pw'" ou\n oJ Lovgo" levgei tw'/ Daui>;d o{ti ajpo; th'"

ojsfuvo" aujtou' lhvyetai eJautw'/ uiJo;n oJ qeo;" kai; katorqwvsei aujtw'/ th;nbasileivan kai; kaqivsei aujto;n ejpi; qrovnou th'" dovxh" aujtou' _6 − Kajgw; e[fhn : \W Truvfwn, eij me;n kai; th;n profhteivan, h}n e[fh

JHsai?a" ou[ fhsi8 pro;" to;n oi\kon tou' Daui?d : jIdou; hJ parqevno" ejn gastri;lhvyetai : a[lla; pro;" e{teron oi\kon tw'n dwvdeka fulw'n, i[sw" a]n ajporivanei\ce to; pra'gma : ejpeidh; de; kai; aujth;9 hJ profhteiva pro;" to;n oi\kon Daui`dei[rhtai, to; eijrhmevnon pro;" Daui`d uJpo; qeou' ejn musthrivw/ dia; JHsai?ou wJ"e[melle givnesqai ejxhghvqh : eij mhvti tou'to oujk ejpivstasqe, w\ fivloi, e[fhn,o{ti pollou;" lovgou", tou;" ejjpi-[p. 189 : B]-kekalummevnw"10 kai; ejn parabo-[fol. 123 r° : A]-lai'" h] musthrivoi" h] ejn sumbovloi" e[rgwn lelegmevnou", oiJmet! ejkeivnou" tou;" eijpovnta" h] pravxanta" genovmenoi profh'taiejxhghvsanto.

1 Kai; nu'n uJp! ejpou' : uJp! ejmou' kai; nu'n prop. Sylb., transp. Marc. 2 Peraiwqh'nai (cf. Dial. 77,1 : peraivwson ou\n ; IREN. Adv. Haer., I, 9, 5 ; CLEM., Strom., V, 14, 141 ; VI, 16, 138) :peranqh'nai prop. Otto (cf. Dial. 9, 2 : peraivnwmen to;n lovgon ; 48, 1 et 65, 7 : pevraine) 3 Ei\nai :del. Marc. e[ti Wolf 4 Eij kai; in ras. A 5 Par! a} tevw" wJmologhvsate prop. Wolf. (in ed. Sylb.1593), coni. Mor., Troll., Mign., Otto, Arch., Marc. (cf. 80, 2 : wJ" e{tera levgein par! a} fronw') :para; qew'/, oJmologhvsate codd., cett. edd. 6 Ou[ : ou[k coni. Mign., Marc. 7 jAnqrwvpou : ajnqrwpeivouprop. Otto, coni. Marc. (cf. Dial. 54, 2) 8 Ou[ fhsi : oujk e[fhn oJ qeo;" Marc. 9 Aujth; : au{th coni.Lange, Marc. 10 jEpikekalummevnw" prop. Thirlb., coni. edd. ab Otto (cf. Dial. 130, 1) :ajpokekalummevnw" codd., cett. edd. parakekalummevnw" prop. Thirlb., uJpokekalummevnw" Nolte.

371

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 68, 3-68, 6

Je repris :— Afin de compléter les questions posées, j'aimerais qu'à présent vous

soyez à votre tour interrogés par moi : car au moyen de ces interrogations jem'efforcerai de mener rapidement la discussion à son terme.

Tryphon dit :— Interroge.Je dis :— Croyez-vous que, dans les Écritures, soit désigné comme aadorable,

bSeigneur et cDieu4, un autre que celui qui a créé ce Tout, un autre que leChrist, dont il vous est prouvé, par tant d'Écritures, qu'il s'est fait homme ?

4 Tryphon : — Comment pourrions-nous convenir qu'il en est ainsi, quandla question de savoir si même il en existe un autre en dehors du seul Père, adonné lieu pour nous à tant d'investigations.

Je repris :— Il faut bien que sur ce point aussi je vous interroge, pour savoir si vous

avez une autre opinion que celle dont vous êtes jusqu'ici convenus.Celui-ci : — Ce n'est pas le cas, ami, dit-il.Je repris :— Sur ce point donc, vous êtes sincèrement d'accord ; et lorsque le Verbe

dit : dSa génération, qui la racontera5 ?, ne devez-vous pas penser par le faitmême qu'il n'est pas le rejeton d'une race humaine6 ?

5 Tryphon : — Mais comment donc le Verbe dit-il à David que ede ses reinsDieu se tirera un fils, établira pour lui le royaume, et l'asseoira sur le trône de sa gloire7 ?

6 Je dis :— Tryphon, si Isaïe n'avait pas prononcé sur la fmaison de David la prophétie

qu'il a dite : gVoici, la vierge concevra, mais sur une autre maison des douzetribus, peut-être y aurait-il là quelque difficulté ; mais puisque la prophétieelle-même est prononcée sur la maison de David, ce que Dieu a dit à David enmystère, c'est Isaïe qui explique8 comment cela devait arriver. A moins quevous ne sachiez pas, amis, dis-je, que nombre de paroles prononcées toutd'abord d'une façon voilée, en paraboles, en mystères, ou dans le symbolismedes œuvres9, ont été expliquées par les prophètes venus après ceux qui lesavaient dites ou accomplies.

a Cf. Ps. 44, 13 b ibid, 12 c ibid., 7.8 d Is. 53, 8 e cf. Ps. 131, 11 ; II Rois, 7, 12-16 et Act. 2,30 f cf. Is. 7, 13 g ibid., 14.

372

JUSTIN MARTYR

7 − Kai; mavla, e[fh oJ Truvfwn.− jEa;n ou\n ajpodeivxw th;n profhteivan tauvthn tou' JHsai?ou eij" tou'ton to;n

hJmevteron Cristo;n eijrhmevnhn, ajll! oujk eij" to;n jEzekivan, w{" fate uJmei'",oujci; kai; ejn touvtw/ duswphvsw uJma'" mh; peivqesqai toi'" didaskavloi" uJmw'n,oi{tine" tolmw'si levgein th;n ejxhvghsin, h}n ejxhghvsanto oiJ eJbdomhvkontauJmw'n presbuvteroi para; Ptolemaivw/ tw'/ tw'n Aijguptivwn basilei' genovmenoi,mh; ei\nai e[n tisin ajlhqh' _ 8 }A ga;r a]n diarrhvdhn ejn tai'" grafai'"faivnontai ejlevgconta aujtw'n th;n ajnovhton kai; fivlauton gnwvmhn, tau'tatolmw'si levgein mh; ou{tw gegravfqai : a} d! a]n kai; e{lkein pro;" a}<">1

nomivzousi duvnasqai aJrmovzein pravxei" ajnqrwpeivou", tau'ta oujk eij" tou'tonto;n hJmevteron jIhsou'n Cristo;n eijrh'sqai levgousin, ajll! eij" o}n aujtoi;ejxhgei'sqai ejpiceirou'sin. JOpoi'on kai; th;n grafh;n tauvthn peri; h|" nu'noJmiliva ejstivn, ejdivdaxan uJma'" levgonte" eij" jEzekivan aujth;n eijrh'sqai, o{per,wJ" uJpescovmhn, ajpodeivxw yeuvdesqai aujtouv". 9 }A" d! a]n levgwmen aujtoi'"grafav", ai} diarrhvdhn to;n Cristo;n kai; paqhto;n kai; proskunhto;n kai; [fol.123 v° : A] qeo;n ajpodeiknuvousin, a}" kai; proanistovrhsa uJmi'n, tauvta" eij"Cristo;n me;n eijrh'sqai ajnagkazovmenoi suntivqentai, tou'ton de; mh; ei\nai to;nCristo;n tolmw'si levgein, ejleuvsesqai de;2 kai; paqei'n kai; basileu'sai kai;proskunhto;n genevsqai qeo;n3 oJmologou'sin : o{per geloi'on kai; ajnovhton o]n4

oJmoivw" ajpodeivxw. jAll! ejpei; katepeivgei5 me provteron pro;" ta; uJpo; sou' ejngeloivw/ trovpw/ eijrhmevna ajpokriv-[p. 190 : B]-nasqai, pro;" tau'ta ta;"ajpokrivsei" poihvsomai, kai; pro;" ta; ejpivloipa ej" u{steron ta;" ajpodeivxei"dwvsw.

69. 1 Eu\ i[sqi ou\n, wJ Truvfwn, levgwn ejpevferon, o{ti a} parapoihvsa" oJlegovmeno" diavbolo" ejn toi'" {Ellhsi lecqh'nai ejpoivhsen, wJ" kai; dia; tw'n ejnAijguvptw/ mavgwn ejnhvrghse kai; dia; tw'n ejpi; JHliva/6 yeudoprofhtw'n7, kai;tau'ta bebaivan mou th;n ejn tai'" grafai'" gnw'sin kai; pivstin katevsthsen.2 {Otan ga;r Diovnuson me;n uiJo;n tou' Dio;" ejk mivxew", h}n memi'cqai8 aujto;n

th'/ Semevlh/ gegenh'sqai9 levgwsi, kai; tou'ton euJreth;n ajmpevlou genovmenon,

1 }A" Otto, Arch., Marc. : a} codd., cett. edd. Post e{lkein subaudiendum nomivzousi, ac legendum pro;"a}" nomivzousi duvnasqai ajrmovzein Sylb., Mar. pro;" a} d! a]n e{lkein nomivzousi duvnasqai aJrmovzein(vel kai; aJrmovzein) pr. ajnqr. prop. Thirlb. a} d! a]n kai; e{lkein duvnantai pro;" a}" nomivzousiaJrmovzein pr. ajnqr. prop. Troll. 2 De; : de; a[llon Marc. 3 Qeo;n (ut Dial. 126, 1 ; cf. 76, 7) : kai;qeo;n Thirlb. (ut supra et Dial. 63, 5) a[llon pro qeo;n prop. Troll. 4 ]On prop. Pearson, Thirlb., coni.edd. ab Otto, Troll. : o}n codd. o} cett. edd. delendum Sylb. 5 Katepeivgei me (cf. Dial. 43, 3 :katepeivgonto") : katepeivgomai prop. Thirlb. 6 JHliva/ : JHliva Mar., Mign., Goodsp. 7 JW" −yeudoprofhtw'n : in semicirculis Marc. 8 Memi'cqai edd. ab. Otto : memivcqai codd., cett. edd.Subaudiendum fasiv Sylb., levgousi Troll. 9 Gegenh'sqai : gegennh'sqai prop. Otto.

373

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 68, 7-69, 2

7 — Assurément, dit Tryphon.— Si donc je démontre que cette prophétie d'Isaïe fut dite sur celui qui est

selon nous le Christ, et non sur Ézéchias, comme vous le prétendez, n'aurai-je pas sur ce point encore troublé votre confiance dans vos didascales, euxqui osent soutenir que la traduction faite par vos soixante-dix Anciens chez leroi d'Égypte Ptolémée, n'est pas vraie sur certains points10 ? 8 Si dans lesÉcritures quelque chose paraît à l'évidence confondre leur jugement insenséet plein de suffisance, ils osent affirmer que cela n'est pas écrit ainsi11. Etpour ce qu'ils estiment pouvoir ramener à des actions dont l'homme serait lamesure, cela, déclarent-ils, ne fut pas dit sur notre Jésus-Christ, mais sur celuiauquel ils tâchent d'appliquer leur interprétation. C'est le cas de cette Écrituredont nous parlons maintenant : dans leur enseignement, ils vous ont affirméqu'elle était dite d'Ézéchias ; en cela, comme promis12, je vous démontreraiqu'ils se sont abusés. 9 Et si nous leur citons des Écritures − celles que jevous ai déjà rapportées − qui en termes précis montrent le Christ asouffrant13,badorable14 et cDieu15, ils doivent reconnaître qu'elles sont dites du Christ16,mais ils osent prétendre que celui-là n'est pas le Christ ; ils confessentpourtant qu'il viendra, pour souffrir et régner, et pour être adoré commeDieu17. Cela, je vous le montrerai aussi, est ridicule et fou. Mais il me presse,d'abord, de répondre à ce que tu as dit de ridicule manière18 : à cela je m'envais fournir mes réponses. Pour le reste, j'en donnerai plus tard ladémonstration19.

Les fables mythologiques sur Dionysos ou Héraklèsne sont qu’une contrefaçon diabolique de prophéties annonçant

la naissance virginale, les miracles de Jésus, sa Passion et sa Résurrection.

69. 1 Sache-le donc bien, Tryphon, continuai-je, les contrefaçons dont, parmiles Grecs, celui qu'on appelle diable a répandu la fable1, tout comme dce qu'ila accompli par les mages d'Égypte eet les faux prophètes du temps d'Élie,cela n'a fait que renforcer ma connaissance2 des Écritures et la foi que j'ai enelles3.

2 Ainsi, lorsque l'on dit que Dionysos est né fils de Zeus par l'union quecelui-ci eut avec Sémélé, lorsqu'on qu'on raconte il fut découvreur de la

a Cf. Is. 53, 4 b Ps. 71, 11 ; 98, 5.9, etc. c cf. Gen. 18, 1, etc. d cf. Exod. 7, 11 s.e cf. III Rois, 18.

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JUSTIN MARTYR

kai; diasparacqevnta kai; ajpoqanovnta ajnasth'nai, eij" oujranovn teajnelhluqevnai iJstorw'si, kai; o[non1 ejn toi'" musthrivoi" aujtou' parafevrwsin2,oujci; th;n prolelegmevnhn uJpo; Mwsevw"3 ajnagrafei'san jIakw;b tou'patriavrcou profhteivan memimh'sqai aujto;n now' _3 jEpa;n de; to;n [fol. 124 r° : A] JHrakleva ijscuro;n kai; perinosthvsanta

pa'san th;n gh'n, kai; aujto;n tw'/ Dii` ejx jAlkmhvnh" genovmenon, kai; ajpoqanovntaeij" oujrano;n ajnelhluqevnai levgwsin4, oujci; th;n jIscuro;"5 wJ" givga" dramei'noJdo;n aujtou', peri; Cristou' lelegmevnhn grafh;n oJmoivw" memimh'sqai6 now' _{Otan de; to;n jAsklhpio;n nekrou;" ajnegeivranta kai; ta; a[lla pavqhqerapeuvsanta parafevrh/7, oujci; ta;" peri; Cristou' oJmoivw" profhteiva"memimh'sqai tou'ton kai; ejpi; touvtw/ fhmiv _ 4 jEpei; de; oujk ajnistovrhsa pro;"uJma'" toiauvthn grafhvn, h} shmaivnei to;n Cristo;n tau'ta poihvsein, kai;8 mia'"tino;" ajnagkaivw" ejpimnhsqhvsomai, ejx h|" kai; sunei'nai9 uJmi'n dunatovn, pw'"kai; toi'"10 ejrhvmoi" gnwvsew" qeou', levgw de; toi'" e[qnesin, oi} kai; ojfqalmou;"e[conte" oujc eJwvrwn oujde; kardivan e[conte" sunivesan, ta; ejx u{lh" kata-[p. 191 : B]-skeuavsmata proskunou'nte", oJ Lovgo" proevlegen ajrnhqh'nai aujta;kai; ejlpivzein ejpi; tou'ton to;n Cristovn.5 Ei[rhtai de; ou{tw" : (Is. 35, 1)Eujfravnqhti e[rhmo" hJ diyw'sa, ajgalliavsqw

e[rhmo" kai; ejxanqeivtw11 wJ" krivnon. (2)Kai; ejxanqhvsei kai; ajgalliavsetai ta;e[rhma tou' jIordavnou, kai; hJ dovxa tou' Libavnou ejdovqh aujth'/ kai; hJ timh; tou'Karmhvlou. Kai; oJ laov" mou o[yetai to; u{yo" kurivou kai; th;n dovxan tou' qeou'.(3) jIscuvsate cei're" ajneimevnai kai; govnata paralelumevna. (4)Parakalei'sqe[fol. 124 v° : A] oiJ ojligovyucoi th'/ kardiva/, ijscuvsate, mh; fobei'sqe. jIdou; oJqeo;" hJmw'n krivsin ajntapodivdwsi kai; ajntapodwvsei : aujto;" h{xei kai; swvseihJma'". (5)Tovte ajnoicqhvsontai ojfqalmoi; tuflw'n, kai; w\ta kwfw'najkouvsontai : (6)tovte aJlei'tai wJ" e[lafo" cwlov"12, kai; tranh; e[stai glw'ssamoggilavlwn13, o{ti ejrravgh ejn ejrhvmw/ u{dwr kai; favragx ejn gh'/14 diywvsh/, kai;(7)hJ a[nudro" e[stai eij" e{lh, kai; eij" diyw'san gh'n phgh; u{dato" e[stai.6 Phgh; u{dato" zw'nto" para; qeou' ejn th'/ ejrhvmw/ gnwvsew" qeou' th'/ tw'nejqnw'n gh'/ ajnevblusen ou|to" oJ Cristov", o}" kai; ejn tw'/ gevnei uJmw'n pevfantai,

1 [Onon in marg. codd., prop. Steph., Lange, coni. Troll., Otto, Arch., Goodsp. : oi\non in textucodd., cett. edd. 2 Parafevrwsin (cf. Dial. 69, 3 ; I Apol. 54, 10) : perifevrwsin prop. Thirlb.3 Mwsevw" : Mwu>sevw" Otto, Mign., Goodsp. 4 Levgwsin : −h− sup. l. corr. A 5 jIscuro;"Thirlb., Troll., Otto, Arch., Marc. (cf. I Apol. 54, 9) : ijscuro;n codd., cett. edd. 6 Memimh'sqaiedd. : memimei'sqai A memei'sqai B memimh'sqai aujto;n Marc. 7 Parafevrh/ : parafevrwsin coni.Marc. 8 Kai; : ka]n coni. Marc. 9 Sunei'nai : sunievnai prop. Pearson 10 Toi'" edd. : th'" codd.11 jExanqeivtw edd. a Mar. : ejxanqhvtw codd., Steph. ajnqeivtw LXX 12 Cwlov" codd., Goodsp.,Marc. : oJ cwlov" cett. edd. 13 Moggilavlwn (ut mult. mss. LXX) : mogilavlwn Otto, Mign., Goodsp.14 Gh'/ codd., edd. ab Otto, Troll. : th'/ cett. edd.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 69, 2-69, 6

vigne, qu'il mourut mis en pièces4, qu'il est ressuscité, puis est monté au ciel,lorsque dans ses mystères on fait paraître un âne5, est-ce que je ne comprendspas qu'il a imité la aprophétie du patriarche Jacob, transcrite par Moïse, etrapportée plus haut6 ?

3 Et lorsque d'Héraklès on dit qu'il fut fort, qu'il parcourut toute la terre,que lui aussi, né d'Alkmène à Zeus, monta au ciel après sa mort7, est-ce queje ne comprends pas qu'il a imité de même cette Écriture prononcée sur le8

Christ : bfort comme un géant, à courir sa carrière9 ? Lorsqu’il montre Asclépiosréveillant les morts et guérissant les autres souffrances, ne dirai-je pas que làencore il a imité de même les prophéties se rapportant au Christ10 ? 4 Maispuisque je ne vous ai pas cité une telle Écriture indiquant que le Christaccomplira ces choses, il faut bien que je vous en rappelle au moinsquelqu'une, d'après laquelle vous pourrez comprendre comment, même ceuxqu'avait cdésertés la connaissance de Dieu − j'entends les nations11 −, qui dayantdes yeux ne virent point, ayant un cœur ne comprirent point, adorant des objetsfabriqués de matière, le Verbe annonça qu'ils y renonceraient pour espérer ence Christ.

5 En voici les paroles : (Is. 35, 1)Que se réjouisse le désert altéré, que le désert tressailleet fleurisse comme le lis. (2)Les déserts du Jourdain fleuriront et tressailliront : à elle seradonnée la gloire du Liban et l'honneur du Carmel. Mon peuple verra l'élévation duSeigneur12, et la gloire de Dieu. (3)Fortifiez-vous, mains défaillantes et genoux affaiblis.(4)Consolez-vous, vous qui avez le cœur pusillanime, soyez forts, ne craignez pas ! Voicique notre Dieu rend et rendra un jugement. Il viendra et nous sauvera. (5)Alors sedessilleront les yeux des aveugles, et les oreilles des sourds entendront ; (6)alors le boiteuxbondira comme un cerf, nette sera la langue des bègues, car une eau dans le désert a jailli,ainsi qu'une ravine en la terre altérée ; (7)ce qui était aride deviendra marais, et pour laterre altérée naîtra une source d'eau13.

6 C'est une esource d'eau vive14 qu'au fdésert de la connaissance de Dieu − lagterre des nations − ce Christ a fait jaillir15 d'auprès de Dieu ; lui qui est apparudans votre race16, a hguéri17 ceux qui, ide naissance et selon la chair

a Cf. Gen. 49, 11 b Ps. 18, 6 c cf. Is. 35, 1.6 d cf. Ps. 113, 12-13 et Is. 6, 10 e cf. Is. 35, 7 ;Jn. 4, 10.14 f cf. Is. 35, 1.6 g ibid., 6.7 h cf. Is. 53, 5 i cf. Jn. 9, 1.

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kai; tou;" ejk geneth'" kai; kata; th;n savrka phrou;" kai; kwfou;" kai; cwlou;"ijavsato, to;n me;n a{llesqai1, to;n de; kai; ajkouvein, to;n de; kai; oJra'n tw'/ lovgw/aujtou' poihvsa" : kai; nekrou;" de; ajnasthvsa" kai; zh'n poihvsa", kai;2 dia; tw'ne[rgwn ejduswvpei tou;" tovte o[nta" ajnqrwvpou" ejpignw'nai aujtovn. 7 OiJ de; kai;tau'ta oJrw'nte" ginovmena fantasivan magikh;n givnesqai e[legon : kai; ga;rmavgon ei\nai aujto;n ejtovlmwn levgein kai; laoplavnon. Aujto;" de; kai; tau'taejpoivei peivqwn kai;3 tou;" ejp! aujto;n pisteuvein mevllonta", o{ti, ka[n ti", ejnlwvbh/ tini; swvmato" uJpavrcwn4, fuvlax tw'n paradedomevnwn uJp! aujtou' [p. 192 :B] didagmavtwn uJpavrxh/, oJlovklhron aujto;n ejn th'/ deutevra/ aujtou' parousiva/[fol. 125 r° : A] meta; tou' kai; ajqavnaton kai; a[fqarton kai; ajluvphton poih'saiajnasthvsei.

70. 1 {Otan de; oiJ ta; tou' Mivqrou5 musthvria paradidovnte" levgwsin ejkpevtra" gegenh'sqai6 aujtovn, kai; sphvlaion kalw'si to;n tovpon e[nqa muei'n7

tou;" peiqomevnou" aujtw'/ paradidou'sin, ejntau'qa oujci; to; eijrhmevnon uJpo;Danihvl, o{ti Livqo" a[neu ceirw'n ejtmhvqh ejx o[rou" megavlou, memimh'sqaiaujtou;" ejpivstamai, kai; ta; uJpo; JHsai?ou8 oJmoivw", ou| kai; tou;" lovgou"pavnta" mimhvsasqai ejpeceivrhsan _ Dikaiopraxiva" ga;r lovgou" kai; par!ejkeivnoi" levgesqai ejtecnavsanto. 2 Tou;" de; eijrhmevnou" lovgou" tou' JHsai?ouajnagkaivw" ajnistorhvsw uJmi'n, o{pw" ejx aujtw'n gnw'te tau'q! ou{tw" e[cein.Eijsi; de; ou|toi : (Is. 33, 13) jAkouvsate oiJ povrrwqen, a} ejpoivhsa : gnwvsontai9

oiJ ejggivzonte" th;n ijscuvn mou. (14) jApevsthsan oiJ ejn Siw;n a[nomoi [a[nomoi]10 :lhvyetai trovmo" tou;" ajsebei'". Tiv" ajnaggevlei uJmi'n11 to;n tovpon to;naijwvnion _ (15)Poreuovmeno"12 ejn dikaiosuvnh/, lalw'n eujqei'an oJdovn, misw'najnomivan kai; ajdikivan, kai; ta;" cei'ra" ajfwsiwmevno"13 ajpo; dwvrwn, baruvnwnw\ta i{na mh; ajkouvsh/ krivsin a[dikon ai{mato", kammuvwn14 tou;" ojfqalmou;" i{na

1 {Allesqai corr. Steph. : a{lesqai (aor. 2) codd., Arch. 2 Kai; : del. Marc. 3 Kai; : del. Marc.4 JUpavrcwn ...uJpavrxh : uJpavrxh/ ...uJpavrcwn Marc. 5 Mivqrou : Mivqra coni. Marc. (ex Dial. 78, 6 ;I Apol. 66, 4) 6 Gegenh'sqai : gegennh'sqai prop. Thirlb., coni. Arch. 7 Muei'n : muei'sqai prop.Mar. (ex Dial. 78, 6) 8 Ta; uJpo; JHsai?ou Thirlb., edd. ab Otto (cf. Dial. 78, 6) : ta; uJp! JHsaiv>ouOtto (olim), Troll. tau'ta JHsaiv>ou vel to; uJp! JHsai>vou prop. Mar. tau'ta tou' JHsaiv>ou prop.Thirlb. tau'ta poih'sai codd., cett. edd. 9 Gnwvsontai codd., Mar., Mign., edd. ab Otto, Troll. : kai;gnwvsontai cett. edd. gnwvsate (imper.) prop. Arcerius ajkouvsontai ...gnwvsontai LXX 10 [Anomoidel. Thirlb., Mar., Mign., Otto, Arch., Marc. (om. LXX, B add.2 in marg.) 11 Post uJmi'n addit LXXo{ti pu'r kaivetai Tiv" ajnaggelei' uJmi'n : om. codd., edd., LXX codd. 88, 147, 770 addendum Périon,Arch. 12 Poreuovmeno", lalw'n, misw'n, ajfwsiwmevno" prop. Thirlb., Mar., coni. edd. ab Otto (exLXX) : poreuovmenon, lalou'nta, misou'nta ajfwsiwmevnon codd., cett. edd. 13 jAfwsiwmevno" :ajposeiovmeno" LXX 14 Kammuvwn edd. (= LXX) : kamuvwn codd.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 69, 6-70, 2

étaient aaveugles18, sourds19 et boiteux20, faisant par sa Parole bondir celui-ci,entendre celui-là, et voir cet autre encore. Il a ressuscité et bfait vivre des morts,et par ses œuvres confondu les hommes d'alors pour qu'ils le reconnaissent21.7 Ceux qui voyaient ces choses arriver disaient qu'il s'agissait d'illusionsmagiques : car ils ont osé soutenir qu'il était cmage et qu'il d« égarait lepeuple »22. Mais lui accomplissait ces choses pour persuader à ceux quidevaient croire en lui que si un homme, fût-il mutilé dans son corps, gardeles enseignements transmis par lui, il le ressuscitera intègre23 dans sa secondeparousie, et le fera en outre eimmortel, incorruptible et impassible24.

Les mystères de Mithra sont une imitation diaboliquede Prophéties relatives à la naissance du Christ, et à l’Eucharistie.

70. 1 Et lorsque ceux qui confèrent1 les mystères de Mithra2 disent qu'il estné d'une « pierre » ; lorsqu'ils appellent « grotte » l'endroit où, selon latradition, se fait l'initiation de ceux qui croient en lui, est-ce que je ne sais pasqu'ils ont imité là ce qui est dit par Daniel : fUne pierre, sans le secours d'aucunemain, s'est détachée de la grande montagne3, et de même celles d'Isaïe, dont ils ontentrepris d'ailleurs d'imiter toutes les paroles ! Car ils4 ont eu l'habileté defaire en sorte que chez eux aussi on prononce des paroles sur la pratique dela justice5. 2 Mais il est nécessaire que je vous rapporte les paroles d'Isaïe, afinque vous sachiez par elles qu'il en est ainsi.

Les voici : (Is. 33, 13)Écoutez, vous qui êtes loin, les choses que j'ai faites ; et ceux quisont près connaîtront ma force. (14)Ils se sont retirés les pécheurs qui étaient en Sion ; untremblement saisira les impies. Qui vous annoncera le lieu éternel ? (15)Celui qui marchedans la justice, qui parle selon la voie droite, qui hait l'iniquité et l'injustice, et dont lesmains restent pures de présents, qui bouche ses oreilles pour ne pas écouter le jugementinjuste du sang, qui ferme les yeux afin de ne pas voir l'injustice : (16)celui-là habitera

a Cf. Is. 35, 5-6 ; Matth. 11, 5 ; Lc. 7, 21-22 ; Jn. 9, 1 b cf. Lc. 7, 22 c cf. Matth. 9, 34 ; 12, 24 ;Mc. 3, 22 ; Lc. 11, 15 d cf. Matth. 27, 63 e cf. I Cor. 15, 50 s. f cf. Dan. 2, 34.

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mh; i[dh/ ajdikivan : (16)ou|to" oijkhvsei ejn uJyhlw'/ sphlaivw/ pevtra" ijscura'".3 [Arto" doqhvsetai [fol. 125 v° : A] aujtw'/, kai; to; u{dwr aujtou' pistovn.(17)Basileva meta; dovxh" o[yesqe, kai; oiJ ojfqalmoi; uJmw'n o[yontai1 povrrwqen.(18) JH yuch; uJmw'n melethvsei fovbon kurivou2. Pou' e[stin oJ grammatikov" _ pou'eijsin oiJ bouleuvonte"3 _ Pou' e[stin oJ ajriqmw'n tou;" trefomevnou", (19)mikro;nkai; mevgan laovn _ |Wi ouj sunebouleuvsanto, oujde; h[/deisan bavqh fwnw'n, w{stemh; ajkou'sai : lao;" pe-[p. 193 : B]-faulismevno", kai; oujk e[sti tw'/ ajkouvontisuvnesi".4 {Oti; me;n ou\n kai; < levgei >4 ejn tauvth/ th'/ profhteiva/ peri; tou' a[rtou,

o}n parevdwken hJmi'n oJ hJmevtero" Cristo;" poiei'n eij" ajnavmnhsin tou'seswmatopoih'sqai5 aujto;n dia; tou;" pisteuvonta" eij" aujtovn, di! ou}" kai;paqhto;" gevgone, kai; peri; tou' pothrivou, o} eij" ajnavmnhsin tou' ai{mato"aujtou' parevdwken eujcaristou'nta" poiei'n, faivnetai. Kai; o{ti basilevatou'ton aujto;n meta; dovxh" ojyovmeqa, au{th hJ profhteiva dhloi'. 5 Kai; o{tilaov", oJ eij" aujto;n pisteuvein proegnwsmevno", melethvsei<n>6 fovbon kurivouproevgnwsto, au|tai aiJ levxei" th'" profhteiva" bow'si. Kai; o{ti ta; gravmmatatw'n grafw'n ejpivstasqai logizovmenoi, kai; ajkouvonte" tw'n profhteiw'n, oujke[cousi suvnesin, oJmoivw" au|tai aiJ grafai; kekravgasin. {Otan dev, w\ Truvfwn,e[fhn, ejk parqevnou gegennh'sqai to;n Perseva ajkouvsw7, kai; tou'to8

mimhvsasqai to;n plavnon o[fin sunivhmi.

71. 1 jAll! oujci; toi'" didaskavloi" uJmw'n peivqomai, mh; sunteqeimevnoi"9 [fol.126 r° : A] kalw'" ejxhgei'sqai10 ta; uJpo; tw'n para; Ptolemaivw/ tw'/ Aijguptivwngenomevnw/ basilei' eJbdomhvkonta presbutevrwn, ajll! aujtoi; ejxhgei'sqaipeirw'ntai. 2 Kai; o{ti polla;" grafa;" tevleon periei'lon ajpo; tw'n ejxhghvsewntw'n gegenhmevnwn uJpo; tw'n para; Ptolemaivw/ gegenhmevnwn, presbutevrwn, ejxw|n diarrhvdhn ou|to" aujto;" oJ staurwqei;" o{ti11 qeo;" kai; a[nqrwpo" kai;staurouvmeno" kai; ajpoqnh/vskwn kekhrugmevno" ajpodeivknutai, eijdevnai uJma'"bouvlomai : a{", ejpeidh; ajrnei'sqai pavnta"12 tou;" ajpo; tou' gevnou" uJmw'nejpivstamai, tai'" toiauvtai" zhthvsesin ouj prosbavllw, ajll! ejpi;

1 [Oyontai : o[y. gh'n Marc. (ex LXX) 2 Kurivou (= LXX codd. Alexandr., 26, 88, 538, versiosahid., Ep. Barnabae 11, 5) : delendum Thirlb. 3 Bouleuvonte" : sumbouleuvonte" Marc. (ex LXX)4 Levgei add. Otto, Arch. : prolevgei post profhteiva/ add. Marc. om. codd., cett. edd. 5 Tou'seswmatopoih'sqai prop. Thirlb., coni. Otto, Arch. : tou' ge swmatopoihvsasqai auJto;n Marc. tou'te swmatopoihvsasqai codd., cett. edd. 6 Melethvsein edd. a Sylb. : melethvsei codd., Steph.7 jAkouvsw : ajkouvw prop. Thirlb., coni. Troll., Marc. (ex Dial. 69, 1.2 ; 76, 1) 8 Kai; tou'to : kai;kata; tou'to ta; JHsai>vou Marc. 9 Sunteqeimevnoi" : suntiqemevnoi" prop. Sylb. 10 jExhgei'sqai :ejxhgh'sqai (tempore praeterito) prop. Sylb., coni. Marc. 11 {Oti : o{ti ejsti; kai; Marc. 12 Pavnta" :aujta;" pavnta" Marc.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 70, 2-71, 2

dans la grotte élevée d'une forte pierre6. 3 Le pain lui sera donné, et son eau fiable.(17)C'est un roi avec gloire que vous verrez7, et vos yeux verront de loin. (18)Votre âmepratiquera la crainte du Seigneur. Où est-il, le scribe ? Où sont les conseillers ? Où estcelui qui compte ceux qui sont nourris, (19)gros et menu peuple ? Ils n'ont pas tenu conseilavec lui, et ils n'ont point connu le fond de ses paroles ; aussi n'ont-ils pas entendu : peupleavili, à celui qui écoute manque l'intelligence.

4 Il parle donc aussi − c'est clair − dans cette prophétie, du apain que notreChrist nous a confié la tradition de faire en mémorial8 de ce qu'il s'est fait chair9

pour ceux qui ont foi en lui, et pour lesquels encore il s'est fait souffrant, etde bla coupe10 qu'en mémorial de son sang il a prescrit de faire en actions de grâces.Que de plus, nous le cverrons Roi dans la gloire, la prophétie elle-même lemontre. 5 Qu'il était en outre prévu que le dpeuple11 dont on savait d'avancequ'il aurait foi en lui epratiquerait la crainte du Seigneur, les termes mêmes de laprophétie le crient. Et que ceux qui se croient versés dans la flettre desÉcritures12, ou gentendent les prophéties, hn'en ont point l'intelligence, lesÉcritures elles-mêmes le proclament aussi13. Mais lorsque, Tryphon, dis-je, ilm'arrive d'entendre conter que Persée est né d'une vierge14, je comprendsqu'il s'agit, là encore, d'une imitation du serpent d'erreur15.

La traduction d’Is. 7, 14 par les LXX est rejetée par les juifs,qui ont fait disparaître de l’Écriture

certaines prophéties proclamant clairement la mise en Croix du Christ et sa divinité.

71. 1 Du reste1, je ne fais pas confiance à vos didascales, qui ne reconnaissantpoint exacte la traduction2 que les soixante-dix Anciens établirent auprès dePtolémée, le roi d'Égypte, s'emploient à faire eux-mêmes leur propretraduction3. 2 Il est par ailleurs − je veux que vous le sachiez − beaucoupd'Écritures qu'ils ont entièrement fait disparaître4 de la traduction élaboréepar les Anciens auprès de Ptolémée : elles démontraient clairement que celui-là, qui fut mis en croix5, est proclamé Dieu, homme, crucifié et mort. Cestraductions, je le sais, sont rejetées par tous ceux de votre race. Aussi ne lesferai-je pas intervenir dans les questions qui nous occupent ; et je m'en

a Cf. Is. 33, 16 ; I Cor. 11, 24.26 et Lc. 22, 19 b cf. I Cor. 11, 25.26 ; Lc. 22, 19 ; Is. 33, 16c Is. 33, 17 d ibid., 19 e ibid., 18 f ibid., 18 g ibid., 19 h ibid., 19.

380

JUSTIN MARTYR

ta;"1 ejk tw'n oJmologoumevnwn e[ti par! uJmi'n ta;" zhthvsei" poiei'n e[rcomai2.3 Kai; ga;r o{sa" uJmi'n ajnhvne-[p. 194 : B]-gka tauvta" gnwrivzete, plh;n o{ti

peri; th'" levxew" th'" jIdou; hJ parqevno" ejn gastri; lhvyetai, ajnteivpate,levgonte" eijrh'sqai : jIdou; hJ nea'ni" ejn gastri; lhvyetai. Kai; uJpescovmhnajpovdeixin poihvsasqai oujk eij" jEzekivan, wJ" ejdidavcqhte, th;n profhteivaneijrh'sqai, ajll! eij" tou'ton to;n ejmo;n Cristovn : kai; dh;3 th;n ajpovdeixinpoihvsomai.4 − Kai; oJ Truvfwn ei\pe : Prw'to;n ajxiou'men eijpei'n se hJmi'n kaiv tina"4 w|n

levgei" tevleon paragegravfqai5 grafw'n.

72. 1 − Kajgw; ei\pon : JW" uJmi'n fivlon, pravxw. jApo; me;n ou\n tw'nejxhghvsewn, w|n ejxhghvsato [Esdra" eij" to;n novmon to;n peri; tou' pavsca,th;n [fol. 126 v° : A] ejxhvghsin tauvthn ajfeivlonto6 : (Esdr. ?)Kai; ei\pen [Esdra"tw'/ law'/ : (cf. I Cor. 5, 7)Tou'to to; pavsca oJ swth;r hJmw'n kai; hJ katafugh; hJmw'n.Kai; eja;n dianohqh'te kai; ajnabh'/ uJmw'n7 ejpi; th;n kardivan, o{ti mevllomen8

aujto;n tapeinou'n ejn shmeivw/, kai;9 meta; tau'ta ejlpivswmen10 ejp! aujtovn, ouj mh;ejrhmwqh'/ oJ tovpo" ou|to" eij" to;n a{panta crovnon, levgei oJ qeo;" tw'ndunavmewn : a]n11 de; mh; pisteuvshte aujtw'/ mhde; eijsakouvshte tou'khruvgmato" aujtou', e[sesqe ejpivcarma toi'" e[qnesi.2 Kai; ajpo; tw'n dia; JJIeremivou lecqevntwn tau'ta perievkoyan : jEgw; wJ"

ajrnivon < a[kakon >12, ferovmenon tou' quvesqai. jEp! ejme; ejlogivzonto logismovn,levgonte" : Deu'te, ejmbavlwmen xuvlon eij" to;n a[rton aujtou' kai; ejktrivywmenaujto;n ejk gh'" zwvntwn, kai; to; o[noma aujtou' ouj mh; mnhsqh'/ oujkevti. 3 Kai;ejpeidh; au{th hJ perikophv, hJ ejk tw'n lovgwn tou' JIeremivou, e[ti ejstinejggegrammevnhn e[n tisin ajntigravfoi" tw'n ejn sunagwgai'" jIoudaivwn13 (pro;ga;r ojlivgou crovnou tau'ta ejxevkoyan14), ejpeida;n15 kai; ejk touvtwn tw'n lovgwnajpodeiknuvhtai o{ti ejbouleuvsanto jIoudai'oi peri; auj-[p 195 : B]-tou' tou'Cristou', ajnairei'n aujto;n staurwvsante" bouleusavmenoi,

1 Ta;" (grafav") : to; (...poiei'n) prop. Thirlb. 2 [Ercomai (cf. Dial. 115, 4 ; 120, 5) : eu[comai(profiteor) prop. Mar. (cf. I Apol. 15, 6), vel poiw'n 3 Dh; : h[dh coni. Thirlb., Marc. (cf. Dial. 39, 7 ;43, 3 ; 55, 1 ; 56, 12 ; 58, 2 ; 60, 4 ; I Apol. 30) 4 Tina" w|n : tivna" (quasi pro w|n scriptum essetou\n) coni. Steph., Jebb 5 Paragegravfqai (cf. Dial. 73, 5) : perigegravfqai prop. Thirlb.perikoyavntwn Eus. 6 jAfeivlonto : A corr. ex −anto 7 JUmw'n : uJmi'n prop. Thirlb.8 Mevllomen : ejmevllomen (quia futurum erat ut...) prop. Mar. habemus Lact. 9 Kai; : ka]n (si saltem...speremus) prop. Mar., eja;n Otto 10 jElpivswmen : ejlpivsomen Jo. Davies (ad. Lact. Epit., p. 137)sperabimus Lact. 11 ]An : eja;n coni. Otto, Mign. 12 [Akakon add. Thirlb., Otto, Troll., Arch.,Marc. (ex LXX, Dial. 72, 3) : om. codd., cett. edd. 13 jIoudaivwn : tw'n jIoudaivwn Marc. 14 Pro; −ejxevkoyan : in semicirculis edd. a Mar. 15 jEpeida;n : ejpeida;n de; Marc.

381

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 71, 2-72, 3

vais faire porter l'examen sur celles qui sont encore reconnues chez vous.3 Car toutes celles que je vous ai rapportées, vous les reconnaissez, sauf que

pour l'expression aVoici que la vierge concevra vous vous déclarez en désaccord,et prétendez qu'il est dit Voici que la jeune fille concevra. J'ai promis6 de faire ladémonstration que la prophétie ne s'applique pas à Ézéchias, comme on vousl'a enseigné, mais à celui qui est pour moi le Christ. Eh bien, cettedémonstration, je vais la faire7.

4 Tryphon dit :— Nous préférerions que tu nous cites d'abord certaines des Écritures qui,

d'après toi, ont été entièrement supprimées.

Exemples de passages mutilés : Esdras et Jérémie.

72. 1 Je dis :— Je ferai comme il vous plaît. Ainsi donc, des explications qu’Esdras a

données. bsur la loi de la Pâque, ils ont ôté celle-ci : cEsdras dit au peuple : dCettePâque est notre Sauveur et notre refuge. Si vous réfléchissez et qu'il vous monte au cœurque nous devons l'humilier sur un signe1, et qu'ensuite nous espérerons en lui, ce lieu nesera point à jamais déserté, dit le Dieu des Puissances ; mais si vous ne croyez pas en lui etsi vous n'écoutez pas sa proclamation, vous serez pour les nations un objet de dérision2.

2 Des paroles prononcées par l'intermédiaire de Jérémie, ils ont retranchéce passage : eJe suis comme un agneau innocent, emmené pour être sacrifié. Sur moi ilsont formé un dessein, disant : Allons, jetons du bois dans son pain, et nous l'éliminerons dela terre des vivants, et de son nom jamais plus on ne se souviendra3. 3 Or ce passage,tiré des paroles de Jérémie, figure encore sur certaines des copies qui setrouvent dans les synagogues des juifs4 (il n'y a pas longtemps en effet qu'ilsl'ont retranché) ; et quand il est démontré, d'après ces paroles aussi, que lesjuifs ont tenu conseil sur la personne du Christ, décidant de le crucifier et dele mettre à mort, lorsque lui-même apparaît, selon la prédiction

a Is. 7, 14 b cf. II Esdr. 6, 19-21 ? sur Exod. 12 c Esdr. ? d cf. I Cor. 5, 7 e Jér. 11, 19.

382

JUSTIN MARTYR

kai;1 aujto;" mhnuvetai, wJ"2 kai; dia; tou' JHsai?ou proefhteuvqh, wJ" provbatonejpi; sfagh;n ajgovmeno", kai; ejnqavde wJ" ajrnivon a[kakon dhlou'tai3 : w{st!4

ajporouvmenoi ejpi; to; blasfhmei'n [fol. 127 r° : A] cwrou'si.4 Kai; ajpo; tw'n lovgwn tou' aujtou' JIeremivou oJmoivw" tau'ta perievkoyan :

(Jér. ?) jEmnhvsqh de; kuvrio" oJ qeo;" a{gio"5 jIsrah;l tw'n nekrw'n aujtou', tw'nkekoimhmevnwn eij" gh'n cwvmato", kai; katevbh pro;" aujtou;" eujaggelivsasqai6

aujtoi'" to; swthvrion aujtou' 7.

73. 1 Kai; ajpo; tou' ejnenhkostou' pevmpou yalmou' tw'n dia; Daui`d lecqevntwnlovgwn levxei" braceiva" ajfeivlonto tauvta" : ajpo; tou' xuvlou. Eijrhmevnou ga;rtou' lovgou : Ei[pate < ejn >8 toi'" e[qnesin : JO kuvrio" ejbasivleusen ajpo; tou'xuvlou, ajfh'kan : Ei[pate ejn toi'" e[qnesin : JO kuvrio" ejbasivleusen. 2 jEn de;toi'" e[qnesi peri; oujdeno;" wJ" qeou' kai; kurivou ejlevcqh pote; ajpo; tw'n tou'gevnou" uJmw'n ajnqrwvpwn o{ti ejbasivleusen, ajll! h] peri; touvtou movnou tou'staurwqevnto", o}n kai; sesw'sqai ajnastavnta ejn tw'/ aujtw'/ yalmw'/ to; pneu'mato; a{gion levgei, mhnuvon o{ti oujk e[sti o{moio" toi'" tw'n ejqnw'n qeoi'" : ejkei'naga;r ei[dwlav ejsti daimonivwn. 3 jAll! o{pw" to; legovmenon nohvshte, to;npanvta yalmo;n ajpaggelw' uJmi'n.[Esti de; ou|to" : (Ps. 95, 1) [Aisate tw'/ kurivw/ a\/sma kainovn, a[/sate tw'/ kurivw/

pa'sa hJ gh'. (2) [Aisate tw'/ kurivw/ kai; eujloghvsate to; o[noma aujtou' :eujaggelivzesqe hJmevran ejx hJmevra" to; swthvrion aujtou'. (3) jAnaggeivlate ejntoi'" e[qnesi th;n dovxan aujtou', ejn pa'si toi'" laoi'" ta; qaumavsia aujtou' :(4)o{ti mevga" kuvrio" kai; aijneto;" sfovdra, foberov" ejstin uJpe;r [fol. 127 v° : A]pavnta" tou;" qeouv" : (5)o{ti pavnte" oiJ qeoi; tw'n ejqnw'n daimovnia, oJ de; kuvrio"tou;" [p. 196 : B] oujranou;" ejpoivhsen. (6) jExomolovghsi" kai; wJraiovth" ejnwvpionaujtou', aJgiwsuvnh kai; megaloprevpeia ejn tw'/ aJgiavsmati aujtou'. (7) jEnevgkatetw'/ kurivw/, aiJ patriai; tw'n ejqnw'n, ejnevgkate tw'/ kurivw/ dovxan kai; timhvn,(8)ejnevgkate tw'/ kurivw/ dovxan ejn9 ojnovmati aujtou'. 4 Ai[rete qusiva" kai;eijsporeuvesqe eij" ta;" aujla;" aujtou', (9)proskunhvsate tw'/ kurivw/ ejn aujlh'/ aJgiva/aujtou'. Saleuqhvtw ajpo; proswvpou aujtou' pa'sa hJ gh'. (10)Ei[pate ejn toi'"e[qnesin : JO kuvrio" ejbasivleusen10. Kai; ga;r katwvrqwse

1 Kai; : kai; o{ti wJ" sfavgion Marc. 2 JW" : wJ" ga;r Marc. 3 JW" − dhlou'tai : in semicirculisMarc. 4 {Wst! Otto, Arch. : w|n codd., cett. edd. delendum Thirlb. del. Marc. 5 {Agio" prop. Sylb.,coni. Otto, Arch., Marc. (ut IREN., Adv. Haer. III, 20, 4) : ajpo; codd., cett. edd.6 Eujaggelivsasqai : ajnaggelivsasqai Mar., Mign., Troll. 7 Aujtou' : aujtou' sw'sai aujtouv" Marc.(ex Iren., loc. cit.) 8 jEn : edd. (ex LXX ; Dial. 73, 4) om. codd., Goodsp. 9 jEn : om. LXX, B10 jEbasivleusen : ejb. ajpo; tou' xuvlou Otto, Troll., Arch.

383

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 72, 3-73, 4

faite par Isaïe, amené à l'abattoir ainsi qu'une brebis, et qu'il est présenté ici bcommeun agneau innocent5, alors ils sont dans l'embarras et ont recours au blasphème6.

4 C'est encore des paroles du même Jérémie qu'ils ont retranché cepassage : cLe Seigneur Dieu, saint d’Israël7, s'est souvenu de ses morts, qui se sontendormis dans la terre du tombeau, et il est descendu vers eux pour leur annoncer la bonnenouvelle de son Salut8.

Les mots « du haut du bois » ont été retranchés du Psaume 95.

73. 1 Et encore, du Psaume 95 dans les paroles de David ils ont ôté cettebrève expression : du haut du bois. Il était dit en effet : dDites parmi les nations :« Le Seigneur a régné du haut du bois »1 ; ils ont laissé Dites parmi les nations : « LeSeigneur a régné »2. 2 Or eparmi les nations il n'a jamais été dit d'aucun deshommes de votre race qu'il a frégné comme gDieu et hSeigneur, sinon de ce seulcrucifié3 dont l'Esprit Saint dit aussi, dans le même psaume, qu'il a été isauvéet qu'il est ressuscité4, indiquant jqu'il n'est point semblable aux dieux desnations, car ceux-ci sont des idoles de démons5. 3 Mais pour que vous compreniezce qui est dit, je vais vous citer le psaume en son entier6.

Le voici : (Ps. 95, 1 ; cf. I Chron. 16, 23-33)Chantez au Seigneur un chant nouveau, chantezau Seigneur, toute la terre. (2)Chantez au Seigneur et bénissez son nom, annoncez, de jouren jour, la bonne nouvelle de son salut. (3)Annoncez dans les nations sa gloire, dans tousles peuples ses merveilles, (4)car c'est un Seigneur grand, très digne de louanges ; redoutableest-il par-dessus tous les dieux, (5)car tous les dieux des nations sont des démons, tandisque le Seigneur a fait les cieux. (6)Louange et beauté demeurent en sa présence, sainteté etmagnificence dans son sanctuaire. (7)Apportez au Seigneur, familles des nations,(8)apportez au Seigneur gloire et honneur, apportez au Seigneur gloire en son nom.4 Prenez des offrandes et entrez en ses parvis, (9)adorez le Seigneur en son parvis sacré.Que frémisse devant lui toute la terre ! (10)Dites parmi les nations : « Le Seigneur a régné7,car il redressé le monde, qui ne sera pas ébranlé ; il jugera les peuples dans la

a Is. 53, 7 b Jér. ? c Jér. ? ; cf. I Petr. 4, 6 d Ps. 95, 10 e cf. Ps. 95, 10 f cf. Ps. 95, 10 ;Ps. 46, 9 g cf. Ps. 46, 6 etc. h cf. Ps. 95, 1 etc. ; Ps. 46, 6 i cf. Ps. 95, 2 j cf. Ps. 95, 4-5 ;I Chron. 16, 26.

384

JUSTIN MARTYR

th;n oijkoumevnhn, h{ti" ouj saleuqhvsetai : krinei' laou;" ejn eujquvthti.(11)Eujfrainevsqwsan oiJ oujranoi; kai; ajgalliavsqw hJ gh', saleuqhvsetai hJqavlassa kai; to; plhvrwma aujth'". (12)Carhvsetai ta; pediva kai; pavnta ta; ejnaujtoi'", ajgalliavsontai pavnta ta; xuvla tou' drumou' (13)ajpo proswvpou kurivou,o{ti e[rcetai, o{ti e[rcetai kri'nai th;n gh'n. Krinei' th;n oijkoumevnhn ejndikaiosuvnh/ kai; laou;" ejn th'/ ajlhqeiva/ aujtou'.5 − Kai; oJ Truvfwn : Eij mevn, wJ" e[fh", ei\pe, parevgrayavn1 ti ajpo; tw'n

grafw'n oiJ a[rconte" tou' laou', qeo;" duvnatai ejpivstasqai : ajpivstw/ de; e[oiketo; toiou'ton.6 − Naiv, e[fhn, ajpivstw/ e[oike : foberwvteron gavr ejsti th'" moscopoii?a",

h}n2 ejpoivhsan ejpi; gh'"3 mavnna peplhsmevnoi, kai;4 tou' ta; tevkna [fol. 128 r° :A] quvein toi'" daimonivoi", h] tou' aujtou;" tou;"5 profhvta" ajnh/rhkevnai. jAlla;dhv, e[fhn, moi6 nomivzesqe7 mhde; ajkhkoevnai a}"8 ei\pon perikekofevnai9 aujtou;"grafav". JUpe;r aujtarkeiva"10 ga;r aiJ tosau'tai proanistorhmevnai eijsi;n eij"ajpovdeixin tw'n zhthqevntwn meta; tw'n lecqhvsesqai mellovntwn11 par! uJmi'n12

parapefulagmevnwn.

74. 1 − Kai; oJ Truvfwn e[fh : {Oti di! hJma'" aj-[p. 197 : B]-xiwvsanta"ajnistovrhsa" aujtav", ejpistavmeqa. Peri; de; tou' yalmou' touvtou, o}nteleutai'on e[fh" ajpo; tw'n Daui`d lovgwn, ouj dokei' moi eij" a[llon tina;eijrh'sqai ajll! eij" to;n patevra, to;n kai; tou;" oujranou;" kai; th;n gh'npoihvsanta : su; d! aujto;n fh;/" eij" to;n paqhto;n tou'ton, o}n kai; Cristo;nei\nai spoudavzei" ajpodeiknuvnai, eijrh'sqai.2 − Kai; ajpekrinavmhn : Dia; levxew", h}n13 to; a{gion pneu'ma ejn touvtw/ tw'/

yalmw'/ ajnefqevgxato, nohvsate levgontov" mou, parakalw', kai; gnwvsesqe ou[tekakw'" me levgein oujq! uJma'"14 o[ntw" kekhlh'sqai : ou{tw" ga;r a]n kai; polla;a[lla noh'sai tw'n uJpo; tou' aJgivou pneuvmato" eijrhmevnwn kaq! eJautou;"genovmenoi dunhvsesqe. (Ps. 95, 1 ; cf. I Chron. 16, 23-24) [Aisate tw'/ kurivw/ a\/smakainovn, a[/sate tw'/ kurivw/ pa'sa hJ gh'. (2) [Aisate tw'/ kurivw/ kai; eujloghvsateto; o[noma aujtou' : eujaggelivzesqe hJmevran ejx hJmevra" to; swthvrion aujtou'

1 Parevgrayan : perievgrayan in marg. codd., Steph. (ad calcem), Sylb., Jebb, Thirlb. (cf. Dial. 71,4) 2 }Hn : h|" in marg. A, in textu B, ad calcem Steph. 3 Gh'" : gh'" th'" ejrhvmou Marc. (ex Exod.16, 14 ; Dial. 20, 4) 4 Kai; : h] coni. Marc. 5 Tou;" : om. Mar. 6 Moi : mh; prop. Thirlb.7 Nomivzesqe : nomivzete (existimate) prop. Sylb. 8 }A" : a} prop. Pearson, coni. Troll.9 Perikekofevnai prop. Thirlb., coni. edd. ab Otto (cf. Dial. 72, 2 : perievkoyan ; 72, 3 : ejxevkoyan) :peri; tou' keklofevnai (furto sublatas) codd., cett. edd. parakeklofevnai prop. Thirlb. 10 JUpe;raujtarceiva" : uJperautarcei'" prop. Thirlb. 11 Mellovntwn : mellousw'n prop. Otto mellovntwnlovgwn Marc. 12 JUmi'n Thirlb., edd. ab Otto (cf. Dial. 71, 2 ; 120, 5) : hJmi'n codd., cett. edd.13 }Hn : a} prop. Thirlb. 14 JUma'" : hJma'" prop. Mar. (cf. Dial. 9, 1).

385

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 73, 4-74, 2

droiture. (11)Que se réjouissent les cieux et tressaille la terre, que frémisse la mer et tout cequ'elle renferme. (12)Les champs exulteront et tout ce qui s'y trouve, tous les arbres de laforêt tressailliront (13)devant la face du Seigneur, car il vient, car il vient pour juger la terre.Il jugera le monde dans la justice, et les peuples en sa vérité ».

5 Tryphon : — Si, comme tu le dis, reprit-il, les chefs du peuple8 ontsupprimé quelque partie des Écritures, Dieu peut le savoir ; mais une tellechose semble incroyable9.

6 — Oui, dis-je, cela semble incroyable, car c'est chose plus terrible encoreque d'avoir fabriqué un aveau d'or10, comme le firent ceux qui avaient étérepus de bla manne recueillie à terre, que d'immoler ses enfants aux démons11

ou d'avoir ctué les prophètes eux-mêmes12. Mais, dis-je, vous me paraissezn'avoir pas même entendu parler des Écritures dont j'ai dit qu'ils les avaientmutilées : il est vrai que, pour démontrer ce dont nous disputons, toutescelles que j'ai rapportées sont plus que suffisantes, avec les textes que je doisencore citer, et qui ont été conservés parmi vous.

Le Psaume 95 n’est pas dit du Père, mais du Salut par la Croix.

74. 1 Tryphon dit :— C'est sur notre demande, nous le savons, que tu les as rapportées. Mais

pour ce psaume, que tu viens de citer en dernier lieu des paroles de David, ilne me semble pas qu'il ait été dit d'un autre que du Père, qui dfit les cieux et laterre. Or toi, tu prétends qu'il a été dit de celui-là qui fut « souffrant » et donttu t'efforces de démontrer qu'il est aussi Christ.

2 Je répondis :— Considérez de près, je vous prie, tandis que je vous parle, l'expression

que l'Esprit saint a proférée dans ce psaume : vous reconnaîtrez alors que jene me trompe pas, et que vous n'avez pas été leurrés. Car vous pourrez ainsicomprendre, une fois rentrés en vous1, beaucoup d'autres choses parmi cellesqui ont été dites par l'Esprit Saint : (Ps. 95, 1 ; cf. I Chron. 16, 23-24)Chantez au Seigneurun chant nouveau, chantez au Seigneur, toute la terre. (2)Chantez au Seigneur et bénissezson nom, annoncez, de jour en jour, la bonne nouvelle de son Salut2,

a Cf. Exod. 32 b cf. Exod. 16, 4-35 ; Nombr. 11, 7-9 ; Deut. 8, 3 c cf. Matth. 23, 31 et Lc. 13,34 d cf. Ps. 95, 1.5.9.11.13.

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JUSTIN MARTYR

(3)< jAnaggeivlate ejn toi'" e[qnesi th;n dovxan aujtou' >1 ejn pa'si toi'" laoi'"ta; qaumavsia aujtou'.3 JW" tw'/ qew'/ kai; patri; tw'n o{lwn a[/donta" kai; yavllonta" tou;" [fol. 128

v° : A] ajpo; pavsh" th'" gh'" gnovnta" to; swthvrion tou'to musthvrion,toutevsti to; pavqo" tou' Cristou', di! ou| touvtou" e[swsen, ejndiavgonta"keleuvei, ejpignovnta" o{ti kai; aijneto;" kai; fobero;" kai; poihth;" tou' teoujranou' kai; th'" gh'" oJ tou'to to; swthvrion uJpe;r tou' ajnqrwpeivou gevnou"poihvsa", to;n2 kai; meta; to; staurwqh'nai ajpoqnhv/skonta3 kai; basileuveinpavsh" th'" gh'" kathxiwmevnon uJp! aujtou', wJ" kai; dia;... < *** >4

1 jAnaggeivlate − aujtou' addendum Otto, add. Marc. (ex LXX ; Dial. 73, 3) om. codd., cett. edd. :jAnaggeivlate − ta; qaumavsia aujtou' om. I Apol. 41, 1 2 To;n : kai; gnovnta" to;n Marc.3 jApoqnhvskonta : ajp. kai; ajnastavnta Marc. 4 JW" kai; dia; Daui;d ejlevcqh Marc. Post dia;lacunam indicavere Périon, Lange, Sylb., alii.

387

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 74, 2-74, 3

(3)< Annoncez aux peuples sa gloire >, dans tous les peuples ses merveilles.3 C'est comme s'ils s'adressaient au aDieu Père de l'univers3 qu'il ordonne à

ceux de btoute la terre, qui connaissent le mystère de ce cSalut4 − j'entends lasouffrance du Christ5, par lequel6 il les a sauvés −, de dchanter et ejouerfconstamment, en reconnaissant qu'il est gdigne de louange, hredoutable, et qu'il iafait le ciel et la terre, celui qui a opéré ce jSalut pour le genre humain, lui que,après7 sa mort sur la Croix, le Père jugé bon de faire krégner sur toute la terre,comme par…8

a Cf. Ps. 46, 7.8 ; Ps. 95, 5.7 b cf. Ps. 95, 1 c cf. Ps. 95, 2 d cf. Ps. 95. 1.2 e cf. Ps. 46, 7.8f cf. Ps. 95, 2 g cf. Ps. 95, 4 h cf. Ps. 95, 4 ; Ps. 46, 3 i cf. Ps. 95, 5 j cf. Ps. 95, 2k cf. Ps. 46, 8 ; cf. Ps. 95, 10 s.

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JUSTIN MARTYR

Catena in Ps. 2, 31

Scovlia tou' b! yalmou'.Eij" to;2 Diarrhvxwmen tou;" desmou;" aujtouj 3.Tou' aJgivou jIoustivnou filosovfou kai; mavrturo"ejk tou' b! lovgou peri; tou' eij paqhto;" oJ Cristov"4.

< Lovgo" B! >5

Fanero;n6 o{ti ouj peri; ejqnw'n ajllofuvlwn, ajlla; peri; tou' jIsrah;l levgei,touvtw/ sumfwnou'nto" tou' di! JIeremivou eijrhmevnou7 : (Jér. 2, 19)Pikrovn soi to;katalipei'n me8, levgei kuvrio" oJ qeov" sou9. (20) {Oti ajp! aijw'no" sunevtriya"to;n10 zugovn sou, kai; dievrrhxa" tou;" desmouv" sou, kai; ei\pa" : Oujdouleuvsw3, ajlla; poreuvsomai ejpi; pa'n o[ro"12 uJyhlo;n kai; uJpokavtw panto;"xuvlou kataskivou13, ejkei' dialuqhvsomai14 ejn porneiva/15.Pollavki"16 me;n ou\n, dievrrhson17 to;n tou' qei>kou' fovbou desmo;n kai; to;n

zugo;n sunevtribon tou' novmou ejpispwvmenoi wJ" scoinivw/ makrw'/ ta;"

1 Catenam primus edidit Latine Dan. Barbaro (Aurea in quinquaginta Davidicos psalmos Catena,Venetiis 1569, p. 15 = B). Ex cod Barocciano 223 (saec. XV exeuntis = O) catenam primum Graeceed. Jo. E. Grabe (Spicilegium patrum ut et haereticorum saec I-III, vol. II, Oxonii 1700, p.174 s.), qui textum Dialogi parti deperditae recte attribuit (= Jebb, p. 407) ; Maran, Fr. XIV (XXIV),PG VI, 1597 ; Otto, Fr. XX, CAC III3, Ienae 1879, p. 264 s.). Ex codd. Vaticano gr. 744 (saec.X, f. 2r = V) et parisino gr. 163 (saec. XIV, f. 11r = P) catenam ed. Jo. Mercati (Biblica 22 [1941],p. 354-62). Cf. G. Karo et Jo. Lietzmann, « Catenarum Graecarum Catalogus », NachrichtenGöttingen, Philol.-hist. Kl., 1902, p. 1-66, praesertim p. 50. (M. MARCOVICH, p. 315.) 2 Eij" to;P : om. V 3 Diarrhvxwmen tou;" desmou;" aujtouj P : diarrhvxwmen V 4 JO Cristov" V P : Iustinimartyris B 5 Lovgo" B add. Thirlb., Arch., Marc. : cf. Io. Damasceni Sacr. parall. Fr. 102 Holl(= Dial. 82, 3 pa'" − qeou') tou' aujtou' ejk tou' pro;" Truvfwna b! lovgou et Catenam in Ps. 2, 3 (inLacuna) ejk tou' b! lovgou peri; tou' eij paqhto;" oJ Cristov" 6 Fanero;n o{ti V P : om. O B7 jAlla; − eijrhmevnou V P : fhsi;n ajlla; peri; tou' (+ Israel B) sumfwnou'nto" toi'" e[qnesin kata; to;eijrhmevnon uJpo; JIeremivou O B 8 Me V P : ejme; O : se ejmev LXX (om. se codd. 88, 87 a. corr., 538)9 Post levgei kuvrio" oJ qeov" sou add. LXX : kai; oujk eujdovkhsa ejpi; soiv, levgei kuvrio" oJ qeov" sou10 To;n : om. O (et LXX cod. Venetus) 11 Ouj douleuvsw V P et LXX : ouj douleuvsw soi O B etLXX codd. Vatic. (B), Marchalianus (Q a. corr.), Venetus (V), rec. Luciani et al. 12 Pa'n o[ro" :pavnta bouno;n LXX 13 Kataskivou V P et LXX : kai; O B 14 Dialuqhvsomai V P O :diacuqhvsomai Marc. (ex LXX) 15 jEn porneiva/ V P : ejn th'/ porneiva/ mou O = LXX 16 Pollavki"

− rJhqhvsetai : soli praebent V P 17 Dievrrhson : dierhvsson V.

389

DIALOGUE AVEC TRYPHON, fragment

FRAGMENT

Scholie sur le Psaume 2A propos de (l'expression) : Brisons ses liens !De saint Justin, Philosophe et MartyrExtrait du second Livre sur la question du Christ souffrant.

[SECOND ENTRETIEN AVEC TRYPHON]

Il est évident qu'il ne parle pas des apeuples étrangers, mais d'Israël, s'accordanten cela avec ce que dit Jérémie : (Jér. 2, 19)Il est amer pour toi de m'abandonner, dit leSeigneur ton Dieu, (20)car depuis longtemps tu as brisé ton joug, et rompu tes liens, et tu asdit : « je ne serai plus dans la servitude, mais je m'en irai sur toute montagne élevée et soustout arbre verdoyant, et là je m'adonnerai à la prostitution ».

De fait ils ont souvent brompu les liens de la divine crainte et cbrisé le joug de laLoi, dtirant leurs péchés comme par un long cordeau1, et finalement, lorsqu'ils elièrentles mains et les pieds2 du Christ crucifié, fles cordeaux sont pour moi tombés, dit-il, desmeilleurs, d'abord ceux par lesquels il fut lié, ensuite ceux de gl'héritage. C'estpourquoi, juste après, il dit : hl'héritage qui m'est échu est le meilleur, certainementla vocation3 qui a lieu aujourd'hui de inations jétendues4 kmesurées au cordeau5,desquelles par la suite il sera question.

a Ps. 2, 1 b Ps. 2, 3 ; Jér. 2, 19 c Jér. 2, 19 ; cf. Ps. 2, 3 d cf. Is. 5, 18 e cf. Ps. 21, 17 ; Is. 3, 9f Ps. 15, 6a g cf. Ps. 15, 6b h ibid. i Is. 54, 3 ; cf. Ps. 2, 8 j Is. 54, 2 k Is. 54, 2 ; cf. Gen. 28,14 ; 9, 27.

390

JUSTIN MARTYR

aJmartiva", televw" de; tovte o{te sunevdhsan cei'ra" kai; povda" tou'stauroumevnou1 Cristou', scoiniva gavr moiv2 fhsin ejpevpeson3 tw'nkrativstwn4, prw'ton5 oi|" ejdesmeuvqh, ei\ta th'" klhronomiva". Dia; tou'to eJxh'"fhsi : kai; ga;r hJ klhronomiva mou krativsth moiv ejsti, pavntw" hJ nu'n ejxejqnw'n tw'n platunomevnwn scoinismavtwn klh'si", peri; w|n ejn toi'" metaxu;rJhqhvsetai.

74. 4 < * > (Deut. 31, 16) < Kai; ei\pen kuvrio" pro;" Mwsh'n : jIdou; su; koima'/meta; tw'n patevrwn sou, kai; ajnasta;" oJ lao;" ou|to" ejkporneuvsei ojpivswqew'n ajllotrivwn >6 th'" gh'", eij" h}n ou|to" eijsporeuvetai aujthvn, kai;ejgkataleivyousiv me, kai; diaskedavsousi th;n diaqhvkhn mou, h}n dieqevmhnaujtoi'". (17)< Kai; ojgisqhvsomai qumw'/ aujtoi'" >7 ejn th'/ hJmevra/ ejkeivnh/ kai;kataleivyw aujtou;" kai; ajpostrevyw to; provswpovvvn mou ajp! aujtw'n : kai; e[stai[p. 198 : B] katavbrwma, kai; euJrhvsousin aujto;n kaka; polla; kai; qlivyei". Kai;ejrei' th'/8 hJmevra/ ejkeivnh/ : Diovti oujk e[sti kuvrio" oJ qeov" mou ejn hJmi'n,eu{rosavn9 me ta; kaka; tau'ta. (18) jEgw; de; ajpostrofh'/ ajpostrevyw to;provswpovn mou ajp! aujtw'n th'/ hJmevra/ ejkeivnh/, dia; pavsa" ta;" kakiva" a}"ejpoivhsan, o{ti ejpevstreyan ejpi; qeou;" ajllotrivou".

75. 1 jEn de; tw'/ biblivw/ th'" jExovdou, o{ti aujtou' to; o[noma tou' qeou' kai;jIhsou'" h\n, o} levgei tw'/ jAbraa;m10 mh; dedhlw'sqai11 mhde; tw'/ jIakwvb12, dia;Mwsevw"13 ejn musthrivw/ oJmoivw" ejxhggevlqh, kai; hJmei'" nenohvkamen. Ou{tw"de; ei[rhtai : (Exod. 20, 22)Kai; ei\pe kuvrio" tw'/ Mwsei'14 : Eijpe; tw'/ law'/ touvtw/ :(Exod. 23, 20) jIdou; ejgw; [fol. 129 r° : A] ajpostevllw to;n a[ggelovn mou pro;proswvpou sou, i{na fulavssh/ se ejn th'/ oJdw'/, o{pw" eijsagavgh/ se eij" th;n gh'nh}n hJtoivmasav soi. (21)Provsece aujtw'/ kai; eijsavkoue aujtou', mh; ajpeivqei aujtw'/.Ouj ga;r mh; uJposteivlhtaiv15 se : to; ga;r o[nomav mouv ejsti;n ejp! aujtw'/.

1 Tou' staurwmevnou Mercati : staurwmevnou tou' P staurwmevnou V 2 Moi V = LXX : om. P3 jEpevpeson V P et LXX rec. Luciani codd. aliquot : ejpevpesan LXX 4 Tw'n krativstwn V P : ejntoi'" krativstoi" LXX. 5 Prw'ton : prw'ton me;n Marc. 6 Kai; − ajllotrivwn add. Marc. : om. codd.,cett. edd. 7 Kai; − aujtoi'" add. Marc. : om. codd., edd. 8 Th'/ : ejn th'/ Marc. (ex LXX) 9 Eu{rosavn(LXX) : eu{rhsavn Steph., Sylb., Mor. 10 Tw'/ jAbraa;m : tw'/ jA. mhde; tw'/ jIsaavk prop. Périon (exExod. 6, 3), coni. Marc. 11 Dedhlw'sqai : dhlw'sai prop. Périon (e loc. cit. : oujk ejdhvlwsa) 12 }O− jIakwvb : in semicirculis Marc. 13 Mwsevw" : Mwu>sevw" Mign., Otto, Goodsp. 14 Mwsei' corr. exMwsh' A : Mwu>sei' Mign., Otto, Goodsp. (hic et infra 75, 2.4) 15 jUposteivlhtaiv A, edd.(= LXX) : ajposteivlhtaiv B.

391

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 74, 4-75, 1

74. 4 ... < (Deut. 31, 16) Le Seigneur dit à Moïse : « Voici que tu te couches avec tes pères,et ce peuple ira se prostituer à la suite des dieux des étrangers,> au pays dans lequel ilpénètre, et ils m'abandonneront, et ils rompront mon alliance, celle que j'avais établie poureux (17)Ma colère s'enflammera contre eux, en ce jour-là. Et je les abandonnerai, et jedétournerai d'eux ma face ; et il sera dévoré, et il sera atteint de maux nombreux et detribulations. Et il dira ce jour-là : ‘C'est parce que le Seigneur mon Dieu n'est pas parminous que ces maux m'ont atteint’. (18)Mais moi je détournerai d'eux absolument ma face,en ce jour-là, à cause de tout le mal qu'ils auront fait, en se tournant vers d'autres dieux ».

« Jésus » et « ange » sont des noms divins.Témoignage tiré de l’Exode.

75. 1 Dans le livre de l'Exode, il fut de la même façon1, par l'intermédiaire deMoïse, annoncé en mystère − et nous l'avons compris également − que le nomde Dieu lui-même était aussi Jésus2, ace qu'il affirme n'avoir été révélé ni àAbraham ni à Jacob3. Voici en quels termes : bLe Seigneur dit à Moïse : « Dis à cepeuple (Exod. 23, 20)Voici que j'envoie mon ange devant ta face, pour qu'il te garde enchemin, afin de t'introduire dans le pays que je t'ai préparé. (21)Donne-lui attention, etécoute-le ; ne lui sois point rebelle. Il ne t'abandonnera point, car mon nom est sur lui ».

a Cf. Exod. 6, 3 b Exod. 20, 22.

392

JUSTIN MARTYR

2 Tiv" ou\n eij" th;n gh'n eijshvgage tou;" patevra" uJmw'n1 _ [Hdh pote;nohvsate o{ti oJ ejn tw'/ ojnovmati touvtw/2 ejponomasqei;" jIhsou'", provteronAujsh'" kalouvmeno". Eij ga;r tou'to nohvsete, kai; o{ti to; o[noma aujtou'< tou' >3 eijpovnto" tw'/ Mwsei' : to; ga;r o[nomav mouv ejstin ejp! aujtw'/, jIhsou'"h\n, ejpignwvsesqe. Kai; ga;r kai; jIsrah;l aujto;" h\n kalouvmeno", kai; to;njIakw;b touvtw/ tw'/ ojnovmati oJmoivw" metwnomavkei. 3 {Oti de; kai; a[ggeloi kai;ajpovstoloi tou' qeou' levgontai oiJ ajggevllein ta; par! aujtou' ajpostellovmenoiprofh'tai, ejn tw'/ JHsai?a/ dedhvlwtai. Levgei ga;r ejkei' oJ JHsai?a" :jApovsteilovn me. Kai; o{ti profhvth" ijscuro;" kai; mevga" gevgonenoJ ejponomasqei;" tw'/ jIhsou' ojnovmati, fanero;n pa'sivn ejstin. 4 Eij ou\n ejntosauvtai" morfai'" oi[da-[p. 199 : B]-men pefanerw'sqai to;n qeo;n ejkei'non4 tw'/jAbraa;m kai; tw'/ jIakw;b kai; tw'/ Mwsei', pw'" ajporou'men kai; ajpistou'menkata; th;n tou' patro;" tw'n o{lwn boulh;n kai; a[nqrwpon aujto;n dia; parqevnougennhqh'nai mh; dedunh'sqai, kai; tau'ta e[conte" [fol. 129 v° : A] grafa;"tosauvta"5, ejx w|n sunnoh'sai e[sti diarrhvdhn o{ti kata;; th;n tou' patro;"boulh;n kai; tou'to gevgonen _-+76. 1 {Otan ga;r wJ" uiJo;n ajnqrwvpou levgh/ Danih;l to;n paralambavnonta th;naijwvnion basileivan, oujk aujto; tou'to aijnivssetai _ To; ga;r wJ" uiJo;n ajnqrwvpoueijpei'n, fainovmenon me;n kai; genovmenon6 a[nqrwpon mhnuvei7, oujk ejxajnqrwpivnou de; spevrmato" uJpavrconta dhloi'. Kai; to; livqon tou'ton eijpei'na[neu ceirw'n tmhqevnta, ejn musthrivw/ to; aujto; kevkrage : to; ga;r a[neu ceirw'neijpei'n aujto;n ejktetmh'sqai < dhloi' >8 o{ti oujk e[stin ajnqrwpivnon e[rgon,ajlla; th'" boulh'" tou' probavllonto" aujto;n patro;" tw'n o{lwn qeou'. 2 Kai; to; JHsai?an favnai : Th;n genea;n aujtou' tiv" dihghvsetai _ ajnekdihvghton9 e[contato; gevno" aujto;n ejdhvlou : oujdei;" gavr10, a[nqrwpo" w]n ejx ajnqrwvpwn,ajnekdihvghton e[cei to; gevno".

1 JUmw'n _ [Hdh Thirlb., Troll., edd. ab Otto : uJmw'n, h[dh cett. edd. 2 Touvtw/ : touvtou prop. Lange3 Tou' prop. Mar., add. edd. ab Otto : om. codd., cett. edd. 4 jEkei'non prop. Sylb., Thirlb., coni.Arch., Goodsp., Marc. (cf. 56, 15 ; 60, 3) : ejkeivnw/ codd., cett. edd. 5 Tosauvta" prop. Lange,Thirlb., coni. Otto, Troll., Arch., Marc. (ut 68, 1 ; 73, 6 ; 100, 6) : toiauvta" codd., cett. edd.6 Genovmenon : legovmenon coni. Sylb. 7 Mhnuvei : aujto;n mhnuvei coni. Marc. 8 Dhloi' prop. Sylb.coni. Otto, Arch., Marc. : om. codd., cett. edd. ejdhvlou prop. Mar. 9 jAnekdihvghton : oujk ante ajnekd.eras. A 10 Gavr : dev prop. Thirlb.

393

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 75, 2-76, 2

2 Qui donc a aintroduit vos pères dans le pays ? Comprenez avant tout quec'était celui qui était nommé par ce nom de Jésus, celui bqu'auparavant onappelait Ausès. Car une fois que vous l'aurez compris, vous reconnaîtrezencore que le nom de celui-là qui dit à Moïse cMon nom est sur lui, c'était Jésus(Josué)4. Or, il s'appelait aussi Israël5, et dc'est de même en ce nom qu'il avaitchangé le nom de Jacob6. 3 Que les prophètes eenvoyés pour annoncer ce quivient de lui sont dits fanges et envoyés de Dieu7, cela paraît aussi en Isaïe. Isaïedit en effet quelque part : gEnvoie-moi. Que par ailleurs celui qui reçut le nomde Jésus (Josué) fut un prophète puissant et grand8, c'est pour tous évident.4 Et, puisque nous savons donc que ce Dieu s'est manifesté sous tant deformes à Abraham, à Jacob et à Moïse9, pourquoi notre embarras et notreréticence à croire que selon la volonté du Père de l’univers il ait aussi punaître homme d'une vierge10, quand nous disposons de tant d'Écritures d'oùl'on peut clairement comprendre que cela encore est arrivé selon la volontédu Père11 ?

D’autres prophéties attestent la nature humaine et divine du Christ,ainsi que sa mission rédemptrice.

76. 1 Car lorsque Daniel désigne hcomme un fils d'homme celui qui reçoit lairoyauté éternelle1, n'est-ce pas à cela même qu'il fait allusion ? Le désignerjcomme un fils d'homme c'est indiquer, certes, qu'il est apparu et devenu homme2,mais c'est aussi montrer qu'il ne le fut point d'une semence humaine3. Etlorsqu'il dit qu'il est une kpierre détachée sans le secours d'aucune main4, c'est enmystère la même chose qu'il proclame ; car dire qu'il fut détaché sans le secoursd'aucune main c'est montrer qu'il n'est pas œuvre humaine5, mais celle de lavolonté du Dieu6, Père de l’univers, qui l'a produit7. 2 Et lorsqu'Isaïe disaitlSa génération, qui la racontera ?8, il montrait que son origine est « ineffable » :personne en effet, s'il est homme d'entre les hommes, ne possède une origine« ineffable ».

a Cf. Exod. 23, 20 b cf. Nombr. 13, 16 c Exod. 23, 21 ; cf. Nombr. 13, 17 d cf. Gen. 32, 28 ;35, 10 e cf. Exod. 23, 20 f ibid. g Is. 6, 8 h cf. Dan. 7, 13 i ibid., 14.27 j ibid., 13k Dan. 2, 34 l Is. 53, 8.

394

JUSTIN MARTYR

Kai; to; to;n Mwseva1 eijpei'n plunei'n2 aujto;n th;n stolh;n aujtou'3 ejn ai{matistafulh'", oujc o} kai; h[dh pollavki" pro;" uJma'" parakekalummevnw"propefhteukevnai4 aujto;n ei\pon ejstivn, o{ti ai|ma me;n e[cein aujto;nproemhvnuen, ajll! oujk ejx ajnqrwvpwn, o}n trovpon to; th'" ajmpevlou ai|ma oujka[nqrwpo" ejgevnnhsen ajll! oJ qeov" _ 3 Kai; JHsai?a" de; megavlh" boulh'"a[ggelon aujto;n eijpwvn, oujci; touvtwn w|nper ejdivdaxen ejlqw;n5 didavskalonaujto;n gegenh'sqai6 proekhvrussen _ }A ga;r megavla [fol. 130 r° : A]ejbebouvleuto oJ path;r ei[" te pavnta" tou;" eujarevstou" genomevnou" aujtw'/ kai;genhsomevnou" ajnqrwvpou", kai; tou;" ajpostavnta" th'" boulh'" [p. 200 : B]aujtou' oJmoivw" ajnqrwvpou" h] ajggevlou", ou|to" movno" ajparakaluvptw"ejdivdaxen, eijpwvn : 4 {Hxousin ajpo; ajnatolw'n kai; dusmw'n7, kai;ajnakliqhvsontai meta; jAbraa;m kai; jIsaa;k kai; jIakw;b ejn th'/ basileiva/ tw'noujranw'n : oiJ de; uiJoi; th'" basileiva" ejkblhqhvsontai eij" to; skovto" to;ejxwvteron. 5 Kaiv : Polloi; ejrou'siv moi th'/ hJmevra/ ejkeivnh/ : Kuvrie, kuvrie, ouj tw'/sw'/ ojnovmati ejfavgomen kai; ejpivomen kai; poefhteuvsamen kai; daimovniaejxebavlomen _ Kai; ejrw' aujtoi'" : jAnacwrei'te ajp! ejmou'. Kai; ejn a[lloi"lovgoi", oi|" katadikavzein tou;" ajnaxivou" mh; swv/zesqai mevllei8, e[fh ejrei'n :JUpavgete eij" to; skovto" to; ejxwvteron, o} hJtoivmasen oJ path;r tw'/ Satana'/ kai;toi'" ajggevloi" aujtou'.6 Kai; pavlin ejn eJtevroi" lovgoi" e[fh : Divdwmi uJmi'n ejxousivan katapatei'n

ejpavnw o[fewn kai; skorpivwn kai; skolopendrw'n kai; ejpavnw pavsh" dunavmew"tou' ejcqrou'. Kai; nu'n hJmei'", oiJ pisteuvonte" ejpi; to;n staurwqevnta ejpi;Pontivou Pilavtou jIhsou'n kuvrion hJmw'n, ta; daimovnia pavnta kai; pneuvmataponhra; ejxorkivzonte" uJpotassovmena hJmi'n e[comen. Eij ga;r9 dia; tw'nprofhtw'n parakekalummevnw" kekhv-[fol. 130 v° : A]-rukto paqhto;"genhsovmeno" oJ Cristo;" kai; meta; tau'ta pavntwn kurieuvswn, ajll! ou\n geuJp! oujdeno;" noei'sqai ejduvnato, mevcri" aujto;" e[peise tou;" ajpostovlou" ejntai'" grafai'" tau'ta kekhruvcqai diarrhvdhn. 7 jEbova ga;r pro; tou'staurwqh'nai : Dei' to;n uiJo;n tou' ajnqrwvpou polla; paqei'n kai;ajpodokimasqh'nai uJpo; tw'n grammatevwn kai; Farisaivwn10, kai; staurwqh'naikai; th'/ trivth/ hJmevra/ ajnasth'nai. Kai; Daui`d de; pro; hJlivou kai; selhvnh" ejk

1 Mwseva : Mwu>seva Otto, Goodsp. 2 Plunei'n prop. Sylb., coni. Otto, Troll., Arch. (cf. 63, 2) :pluvnein codd., cett. edd. 3 Aujtou' : auJtou' Steph., Sylb. 4 Propefhteukevnai in textu codd., edd. abOtto (cf. 54, 1 : propefhteumevnon) : peprofhteukevnai in marg. codd., cett. edd. 5 jElqw;n : ejqnw'nprop. Nolte 6 Gegenh'sqai : genhvsesqai prop. Sylb. 7 Kai; dusmw'n : om. Mar. 8 Mevllei edd. aSylb. : mevllein codd., Steph. Cf. 61, 1 (e[cei), 70, 5 (melethvsei) 9 Eij ga;r : eij kai; ga;r prop.Thirlb., coni. Marc. 10 Farisaivwn edd. : Farissaivwn codd.

395

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 76, 2-76, 7

Et quand Moïse dit qu' aIl lavera son vêtement dans le sang de la grappe, n'est-cepas ce qu'à plusieurs reprises déjà je vous ai dit qu'il avait de manière voiléeprophétisé : par avance il a déclaré qu'il aurait certes du sang, mais non pas unsang venu des hommes, de la même manière que le sang de la vigne, ce n'estpas l'homme qui le produit, mais Dieu9 ? 3 Et Isaïe encore, lorsqu'il l'appelaitbange du grand dessein10, n'annonçait-il pas ainsi par avance qu'il était ledidascale11 de ce qu'il est venu enseigner ? Ces grandes choses, en effet, que lePère avait inscrit dans son dessein pour tous ceux qui lui sont ou luideviendront agréables, comme pour ceux, hommes ou anges12, qui se sontéloignés de ce dessein13, lui seul les a ouvertement14 enseignées, en disant :4 cIls viendront du Levant et de l'Occident, et ils prendront part au festin avec Abraham,Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux ; mais les fils du royaume seront rejetés dans lesténèbres extérieures15. 5 Et : dBeaucoup me diront en ce jour-là : « Seigneur, Seigneur,n'avons-nous pas en ton nom mangé, bu, prophétisé et chassé les démons ? ». Et je leurdirai : « Éloignez-vous de moi »16. Et voici encore d'autres paroles par lesquelles,il l'a dit, il doit prononcer la condamnation de ceux qui sont indignes d'êtresauvés : eAllez-vous en dans les ténèbres extérieures, que le Père a préparées à Satan et àses anges17 !

6 Il dit encore, en d'autres paroles : fJe vous donne le pouvoir de marcher sur lesserpents, les scorpions, les scolopendres, et sur toute puissance de l'Ennemi18. Et nous,aujourd'hui, qui croyons au crucifié sous Ponce Pilate, Jésus, notre Seigneur,nous exorcisons tous gles démons et esprits mauvais, et ils nous sont soumis19.Car si, hpar les prophètes il avait été annoncé, de façon voilée, que le Christserait « souffrant », pour exercer ensuite sa souveraineté sur toute chose,personne, il est vrai, ne le pouvait comprendre, jusqu'à ce qu'il ait ipersuadéles Apôtres que dans les Écritures ces choses se trouvaient expressémentannoncées20. 7 Il s'est écrié en effet, avant d'être crucifié : jIl faut que le Fils del'homme21 souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les Scribes et les Pharisiens, qu'il soitcrucifié22 et que le troisième jour il ressuscite. Et David a proclamé qu' kavant le soleilet la lune il naîtrait ldu sein23, selon la volonté du Père24, et il a montré quecomme mChrist25, il serait un nDieu ofort26 et padorable27.

a Gen. 49, 11 b cf. Is. 9, 6 c Matth. 8, 11-12 ; cf. Lc. 13, 28-29 d Matth. 7, 22-23 ; cf. Lc. 13,26-27 e Matth. 25, 41 f Lc. 10, 19 g cf. Lc. 10, 17 h cf. Act. 26, 22-23 ? i cf. Lc. 24, 25 s.j Matth. 16, 21 ; Mc. 8, 31 ; Lc. 9, 22 k cf. Ps. 71, 5.17 l cf. Ps. 109, 3 m cf. Ps. 44, 8n cf. Ps. 44, 7.8 o cf. Ps. 18, 6 p cf. Ps. 44, 13 et 71, 11.

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JUSTIN MARTYR

gastro;" gennhqhvsesqai aujto;n kata; th;n tou' [p. 201 : B] patro;" boulh;nejkhvruxe, kai; qeo;n ijscuro;n kai; proskunhtovn, Cristo;n o[nta, ejdhvlwse.

77. 1 − Kai; oJ Truvfwn ei\pen : {Oti me;n ou\n1 kai; toiau'ta kai; tosau'taiJkana; duswph'saiv ejsti, suvmfhmiv soi : o{ti de; ajpaitw' se to;n lovgon, o}n2

pollavki" proebavllou3, ajpodei'xai, eijdevnai < se >4 bouvlomai. Peraivwson ou\nkai; aujto;n hJmi'n, i{na i[dwmen kai;5 wJ" ejkei'non eij" Cristo;n tou'ton to;nuJmevteron ajpodeiknuvei" eijrh'sqai : hJmei'" ga;r eij" jEzekivan aujto;n levgomenpeprofhteu'sqai.2 − Kajgw e[fhn : JW" bouvlesqe6, kai; tou'to pravxw : ajpodeivxate dev moi

uJmei'" prw'ton o{ti eij" to;n jEzekivan ei[rhtai, o{ti7 pri;n h] gnw'nai aujto;nkalei'n patevra h] mhtevra, e[labe duvnamin Damaskou' kai; ta; sku'laSamareiva"8 e[nanti basilevw" jAssurivwn. Ouj ga;r wJ" bouvlesqe [fol. 131 r° :A] ejxhgei'sqai sugcwrhqhvsetai uJmi'n, o{ti jEzekiva" ejpolevmhse toi'" ejnDamaskw'/ h] ejn Samareiva/ e[nanti basilevw" jAssurivwn. Pri;n h] ga;r gnw'naito; paidivon kalei'n patevra h] mhtevra, oJ profhtiko;" Lovgo" e[fh, lhvyetaiduvnamin Damaskou' kai; sku'la Samareiva" e[nanti basilevw" jAssurivwn. 3 Eijga;r mh; meta; prosqhvkh" tau'ta9 ei\pe to; profhtiko;n pneu'ma : Pri;n h]gnw'nai to; paidivon kalei'n patevra h] mhtevra lhvyetai duvnamin Damaskou'kai; sku'la Samareiva", ajlla; movnon eijrhvkei : Kai; tevxetai uiJo;n kai; lhvyetaiduvnamin Damaskou' kai; sku'la Samareiva", ejduvnasqe levgein : jEpeidh;proegivnwsken oJ qeo;" mevllein aujto;n lhvyesqai tau'ta, proeirhvkei. Nu'n de;meta; th'" prosqhvkh" tauvth" ei[rhken hJ profhteiva : Pri;n h] gnw'nai to;paidivon kalei'n patevra h] mhtevra lhvyetai duvnamin Damaskou' kai; sku'laSamareiva". Kai; [p. 202 : B] oujdeni; tw'n ejn jIoudaivoi" pote; sumbebhkevnaitou'to ajpodei'xai e[cete, hJmei'" de; e[comen ajpodei'xai tou'to genovmenon ejn tw'/hJmetevrw/ Cristw'/. 4 {Ama ga;r tw'/ gennhqh'nai aujto;n mavgoi ajpo; jArrabiva"10

paragenovmenoi prosekuvnhsan aujtw'/, provteron ejlqovnte" pro;" JHrwvdhn to;nejn th'/ gh'/ uJmw'n tovte basileuvonta, o}n oJ Lovgo" kalei' basileva [fol. 131 v° : A]jAssurivwn dia; th;n a[qeon kai; a[nomon aujtou' gnwvmhn. jEpivstasqe ga;rtoiau'ta, e[fhn, ejn parabolai'" kai; oJmoiwvsesi pollavki" lalou'n to; a{gionpneu'ma : oi|on pepoivhke kai; pro;" to;n lao;n a{panta to;n

1 Ou\n : om. Mar. 2 }On prop. Thirlb., coni. edd. ab Otto : w|n codd., cett. edd. 3 Proebavllou :proebavlou prop. Sylb. 4 Se Sylb., Troll., edd. ab Otto (cf. 39, 3 ; 71, 2) : om. codd., cett. edd.5 Kai; : del. Marc. 6 Bouvlesqe A : bouvlesqai (−e sup. l.) B, Mar. (bouvlesqe Mign.) 7 {Oti : h]o{ti vel kai; o{ti prop. Thirlb., diovti Marc. (ex LXX ; Dial.) 8 Samareiva" : −eiv− ex corr. A9 Tau'ta : tauvth" coni. Marc. (ut infra) 10 jArrabiva" : jArabiva" Mor., Mign. (ita etiam deinceps).

397

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 77, 1-77, 4

La prophétie d’Is. 8, 4 ne s’applique pas à Ézéchias,mais au Christ, visité par les mages au lieu de sa naissance.

77. 1 Tryphon dit :— Que tant et de si bonnes raisons soient de nature à jeter le trouble, je te

l'accorde ; mais je te demande aussi − je veux que tu le saches − de fournir ladémonstration de ce passage que tu as souvent mis en avant1. Finis-en doncpour nous, avec lui également, afin que nous voyions aussi comment tudémontres qu'il fut dit de votre Christ ; car nous affirmons, pour notre part,qu'il fut prophétisé au sujet d'Ézéchias2.

2 Je repris :— Comme vous voulez ; je vais le faire aussi. Mais vous, démontrez-moi

d'abord qu'il est dit d'Ézéchias qu' aavant de savoir appeler « père » ou « mère », il apris la puissance de Damas et les dépouilles de Samarie en présence du roi des Assyriens.On ne peut en effet vous accorder, comme vous le voulez interpréter,qu'Ézéchias a fait la guerre contre Damas ou Samarie en présence du roi desAssyriens3. Car c'est, dit le Verbe prophétique, avant que l'enfant sache appeler« père » ou « mère », qu'il prendra la puissance de Damas et les dépouilles de Samarie enprésence du roi des Assyriens. 3 Car si l'Esprit prophétique n'avait pas préciséavant que l'enfant sache appeler « père » ou « mère », il prendra la puissance de Damas etles dépouilles de Samarie en présence du roi des Assyriens, et s'il avait dit seulement :Elle enfantera un fils et il prendra la puissance de Damas et les dépouilles de Samarie,vous pourriez dire : « c'est parce que Dieu prévoyait qu'il les prendrait qu'il l'aprédit ». Mais voilà que la prophétie comporte cette précision : avant quel'enfant sache appeler « père » ou « mère », il prendra la puissance de Damas et lesdépouilles de Samarie4. Or vous ne pouvez démontrer que cela se soit produitpour personne parmi les juifs, alors que nous, nous pouvons démontrer quecela s'est accompli en notre Christ. 4 De fait, dès qu'il fut né, des magesvenus d'Arabie5 l'adorèrent6, après avoir été, auparavant, trouver Hérode, quirégnait alors en votre pays, lui que le Verbe appelle croi des Assyriens, à causede ses dispositions athées et impies7. Car vous savez, dis-je, que l'Esprit Saintexprime souvent de telles choses en paraboles et similitudes8 ; c'est aussi cequ'il fit pour tout le peuple de Jérusalem, à qui il disait souvent : dTon père estAmorrhéen et ta mère Hétéenne9.

a Is. 8, 4 b ibid. c ibid. d Éz. 16, 3.

398

JUSTIN MARTYR

ejn JIerosoluvmoi", pollavki" fh'san pro;" aujtouv" : JO pathvr soujAmorrai'o" kai; hJ mhvthr sou Cettaiva.

78. 1 Kai; ga;r ou|to" oJ basileu;" JHrwvdh", maqw;n para; tw'n presbutevrwntou' laou' uJmw'n, tovte ejlqovntwn pro;" aujto;n1 tw'n ajpo; jArrabiva" mavgwn, kai;eijpovntwn ejx ajstevro" tou' ejn tw'/ oujranw'/ fanevnto" ejgnwkevnai o{ti basileu;"gegevnnhtai2 ejn th'/ cwvra/ uJmw'n, kai; h[lqomen proskunh'sai aujtovn3, kai; ejnBhqlee;m tw'n presbutevrwn eijpovntwn, o{ti gevgraptai ejn tw'/ profhvth/ou{tw" : Kai; su; Bhqleevm, gh' jIouvda, oujdamw'" ejlacivsth ei\ ejn toi'"hJgemovsin jIouvda : ejk sou' ga;r ejxeleuvsetai hJgouvmeno", o{sti" poimanei' to;nlaovn mou. 2 Tw'n ajpo; jArrabiva" ou\n mavgwn ejlqovntwn eij" Bhqlee;m kai;proskunhsavntwn to; paidivon kai; prosenegkavntwn aujtw'/ dw'ra, cruso;n kai;livbanon kai; smuvrnan, e[peita4 kat!5 ajpokavluyin, meta; to; proskunh'sai to;npai'da ejn Bhqleevm, ejkeleuvsqhsan mh; ejpanelqei'n pro;" to;n JHrwvdhn. 3 Kai;jIwsh;f dev, oJ th;n Marivan memnhsteumevno", boulhqei;" provteron [fol. 132 r° :A] ejkbalei'n th;n mnhsth;n aujtw'/6 Mariavm, nomivzwn [p. 203 : B] ejgkumonei'naujth;n ajpo; sunousiva" ajndrov", toutevstin ajpo; porneiva", di! oJravmato"kekevleusto mh; ejkbalei'n th;n gunai'ka aujtou', eijpovnto" aujtw'/ tou' fanevnto"ajggevlou o{ti ejk pneuvmato" aJgivou o} e[cei kata; gastrov" ejsti. 4 Fobhqei;"ou\n, oujk ejkbevblhken aujthvn, ajllav, ajpografh'" ou[sh" ejn th'/ jIoudaiva/ tovteprwvth" ejpi; Kurhnivou7, ajnelhluvqei ajpo; Nazarevt, e[nqa w[/kei, eij" Bhqleevm,o{qen h\n, ajpogravyasqai : ajpo; ga;r th'" katoikouvsh" th;n gh'n ejkeivnhnfulh'" jIouvda to; gevno" h\n8. Kai; aujto;" a{ma th'/ Mariva/ keleuvetai ejxelqei'neij" Ai[gupton kai; ei\nai ejkei'' a{ma tw'/ paidivw/, a[cri" a]n aujtoi'" pavlinajpokalufqh'/ ejpanelqei'n eij" th;n jIoudaivan.5 Gennhqevnto"9 de; tovte tou' paidivou ejn Bhqleevm, ejpeidh; jIwsh;f oujk

ei\cen ejn th'/ kwvmh/ ejkeivnh/ pou10 katalu'sai, ejn sphlaivw/11 tini; suvneggu" th'"kwvmh" katevluse : kai; tovte, aujtw'n o[ntwn ejkei', ejtetovkei hJ Mariva to;nCristo;n kai; ejn favtnh/ aujto;n ejteqeivkei, o{pou ejlqovnte" oiJ ajpo; jArrabiva"mavgoi12 eu|ron aujtovn.

1 Aujto;n : aujtou;" coni. Marc. 2 Gegevnnhtai Thirlb., Otto, Arch., Marc. (cf. 78, 5) : gegevnhtaicodd., cett. edd. 3 Aujtovn in textu codd., edd. (cf. 78, 2.7, etc.) : aujtw'/ in marg. codd. (cf. Matth. 2, 11 ;Dial. 78, 9 ; 88, 1 etc.) 4 [Epeita prop. Lange, coni. edd ab Otto : ejpeidh; codd., cett. edd. (idem error81, 4) 5 Kat! Otto, Arch. : kata; codd., cett. edd. 6 Aujtw'/ : aujtou' prop. Thirlb. 7 Kurhnivou edd. :Kurinivou codd. 8 jApo; − h\n in semicirculis Marc. 9 Gennhqevnto" : uJpavrconto" prop. Périon10 Pou Otto, Troll., Arch., Goodsp. : pou' codd., cett. edd. 11 jEn sphlaivw/ : ejn de; sp. Mar.12 Mavgoi in marg. B2 : mavggoi in textu codd., Steph.

399

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 78, 1-78, 5

La visite des mages d’Arabie était annoncée par Isaïeen signe que les puissances démoniaques seraient soumises au Christ dès sa naissance.

78. 1 Ce roi Hérode, en effet, s'enquit1 auprès des Anciens de votre peuple,car les mages d'Arabie étaient alors venus le trouver pour lui dire qu'ils avaientreconnu, aà l'apparition d'un astre dans le ciel, qu'un roi était né dans votrepays, et (pour lui dire aussi) : bnous sommes venus l'adorer ; les Anciens direntcC'est à Bethléem, car il est écrit dans le prophète dEt toi, Bethléem, territoire de Juda, tun'es certes pas la moindre parmi les territoires de Juda, car de toi naîtra un guide, quipaîtra mon peuple2. 2 Les mages d'Arabie evinrent donc à Bethléem ; ils adorèrentl'enfant et lui offrirent des présents, de l'or, de l'encens et de la myrrhe ; puis, fparrévélation, après avoir adoré l'enfant à Bethléem, ils reçurent l'ordre de ne pasretourner vers Hérode. 3 Or Joseph3, gle fiancé de Marie, qui avait voulu d'abordrenvoyer celle qui lui était promise, Marie, la croyant enceinte par lecommerce d'un homme, c'est-à-dire par fornication4, hreçut en vision l'ordrede ne pas renvoyer sa femme : l'ange qui lui apparut lui dit que ce qu'elle portaitdans son sein venait de l'Esprit Saint5. 4 Rempli de crainte, iil ne la renvoyadonc pas. jMais, comme avait lieu alors, en Judée, le premier recensement deQuirinius6, de Nazareth où il habitait, il monta se faire inscrire à Bethléem, d'où ilétait : car il était originaire de la tribu de Juda qui habitait cette contrée. kIlreçoit l'ordre de partir avec Marie en Égypte7, et d'y rester avec l'enfant, ljusqu'àce qu'une nouvelle révélation leur dise de retourner en Judée.

5 mL'enfant était alors né à Bethléem8 ; ncomme Joseph n'avait pas où loger ence village, oc'est dans une grotte9 toute proche de ce village qu'il s'installa ; ettandis qu'il étaient là, Marie penfanta le Christ et le plaça dans une mangeoire : qàleur arrivée, les mages d'Arabie l'y trouvèrent.

a Cf. Matth. 2, 1-2 b ibid., 2 c ibid., 5 d ibid., 6 et Mich. 5, 1 e Matth. 2, 11 f ibid., 12g cf. Math. 1, 18-19 h ibid., 20 i cf. Matth. 1, 24 j cf. Lc. 2, 1-5 k cf. Matth. 2, 13 l ibid.,19-22 m ibid., 1 n cf. Lc. 2, 7 o cf. Protév. de Jacq. 18, 1 p cf. Lc. 2, 7 q cf. Matth. 2, 11 ;Lc. 2, 16.

400

JUSTIN MARTYR

6 {Oti de; JHsai?a" kai; peri; tou' sumbovlou tou' kata; to; sphvlaionproekekhruvcei, ajnistovrhsa uJmi'n, e[fhn, kai; di! aujtou;" de; tou;" shvmeronsu;n uJmi'n ejlqovnta" pavlin th'" perikoph'" ejpimnhsqhvsomai, ei\pon : kai;ajnistovrhsa [fol. 132 v° : A] h}n kai; proevgraya ajpo; tou' JHsai?ou perikophvn,eijpw;n1 dia; tou;" lovgou" ejkeivnou" tou;" ta;2 Mivqra musthvria paradidovnta",ejn tovpw/ ejpikaloumevnw/ par! aujtoi'" sphlaivw/ muei'sqai uJp! aujtw'n3, uJpo; tou'diabovlou ejnerghqh'nai4 eijpei'n.7 Kai; oJ JHrwvdh", mh; ejpanelqovntwn pro;" aujto;n tw'n ajpo; jArrabiva"

mavgwn, wJ" hjxivwsen aujtou;" poih'sai, ajlla; kata; ta; keleusqevnta aujtoi'" di!a[llh" [p. 204 : B] oJdou' eij" th;n cwvran aujtw'n ajpallagevntwn, kai; tou' jIwsh;fa{ma th'/ Mariva/ kai; tw'/ paidivw/, wJ" kai; aujtoi'" ajpokekavlupto, h[dhejxelqovntwn eij" Ai[gupton, ouj ginwvskwn to;n pai'da, o}n ejlhluvqeisanproskunh'sai oiJ mavgoi, pavnta" aJplw'" tou;" pai'da" tou;" ejn Bhqlee;mejkevleusen ajnaireqh'nai. 8 Kai; tou'to ejpeprofhvteuto mevllein givnesqai dia;JIeremivou, eijpovnto" di! aujtou' tou' aJgivou pneuvmato" ou{tw" : Fwnh;5 ejn JRama'hjkouvsqh, klauqmo;" kai; ojdurmo;" poluv" : JRach;l klaivousa ta; tevkna aujth'",kai; oujk h[qele paraklhqh'nai, o{ti oujk eijsiv. Dia; ou\n th;n fwnhvn, h} e[mellenajkouvesqai ajpo; JRama', toutevstin ajpo; th'" jArrabiva" (e[sti ga;r kai; mevcritou' nu'n tovpo" kalouvmeno" ejn jArrabiva/ JRama'6), klauqmo;" e[mellen to;ntovpon katalambavnein, o{pou JRachvl, hJ gunh; jIakwvb, tou'ejpiklhqevnto" jIsrahvl, tou' aJgivou patriavrcou, tevqaptai, toutevsti th;nBhqleevm, [fol. 133 r° : A] klaiousw'n tw'n gunaikw'n ta; tevkna ta; i[dia ta;ajnh/rhmevna kai; mh; paravklhsin ejcousw'n ejpi; tw'/ sumbebhkovti aujtai'".9 Kai; ga;r to; eijpei'n to;n JHsai?an : Lhvyetai duvnamin Damaskou' kai;

sku'la Samareiva", th;n tou' ponhrou' daivmono", tou' ejn Damaskw'/ oijkou'nto",duvnamin ejshvmaine nikhqhvsesqai tw'/ Cristw'/ a{ma tw'/ gennhqh'nai : o{perdeivknutai gegenhmevnon. OiJ ga;r mavgoi, oi{tine" ejskuleumevnoi7 h\san pro;"pavsa" kaka;" pravxei", ta;" ejnergoumevna" uJpo; tou' daimonivou ejkeivnou,ejlqovnte" kai; proskunhvsante" tw'/ Cristw'/ faivnontai ajpostavnte" th'"skuleusavsh" aujtou;" dunavmew" ejkeivnh", h}n ejn musthrivw/ ejshvmainen hJmi'n oJLovgo" oijkei'n ejn Damaskw'/.10 JAmartwlo;n de; kai; [p. 205 : B] a[dikon ou\san ejn parabolh'/ th;n duvnamin

ejkeivnhn kalw'" Samareivan8 kalei'. {Oti de; Damasko;" th'" ajrrabikh'" gh'" h\nkai; e[stin, eij kai; nu'n prosnenevmhtai th'/ Surofoinivkh/

1 Eijpw;n : ejpeipw;n coni. Marc. 2 Ta; Mivqra : ta; tou' Mivqra (vel ta; miqriaka;, vel ta; Mivqrou) prop.Thirlb., coni. Marc. Cf. Dial. 70, 1 ; I Apol. 66, 4 3 Aujtw'n : aujtou' prop. Mar. 4 jEnerghqh'nai :ejnerghqevnta" coni. Marc. 5 Fwnh; : fwnh'/ codd. 6 [Esti − JRama' in semicirculis edd.7 jEskuleumevnoi : ejsk. e[toimoi Marc. 8 Samavreian : Samareivan Goodsp., Marc. (tacite).

401

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 78, 6-78, 10

6 Je vous ai déjà rapporté, dis-je, qu'Isaïe a également proclamé à l'avancece qui a trait au symbole relatif à la agrotte10 ; mais pour ceux qui sont venusaujourd'hui avec vous, je vais, dis-je, rappeler le passage11. Et je répétai lepassage que j'ai transcrit plus haut, ajoutant que c'est à cause de ces parolesque ceux qui confèrent les mystères de Mithra, ont été poussés par le diable àdire que l'initiation se pratique par eux12 en un lieu qu'ils appellent grotte.

7 bHérode, comme les mages d'Arabie ne revenaient point vers lui, cainsiqu'il leur avait demandé de le faire − ils étaient au contraire, dselon l'ordrereçu, repartis pour leur pays par un autre chemin, tandis que eJoseph, avec Marieet l'enfant, selon ce qui leur avait été révélé, étaient déjà partis pour l'Égypte −,ignorant quel enfant les mages étaient venus fadorer, gfit égorger absolumenttous les enfants de Bethléem13. 8 Et c'est là l'événement dont l'accomplissementfutur avait été prophétisé hpar l'intermédiaire de Jérémie, quand l'Esprit Saintdisait par lui : iUne voix en Rama s'est fait entendre, lamentation et longue plainte : c'estRachel qui pleure ses enfants, et refuse d'être consolée, car ils ne sont plus. C'est donc parla voix qui devait se faire entendre de Rama, c'est-à-dire de l'Arabie − car il est,encore de nos jours, une localité d'Arabie nommée Rama14 −, qu'unelamentation devait envahir le lieu où Rachel, la femme de Jacob, surnomméIsraël, le saint patriarche, est enterrée, c'est-à-dire Bethléem, tandis que lesfemmes se lamentaient sur leurs propres enfants massacrés, inconsolables de ce quileur arrivait.

9 Car la parole d'Isaïe jIl prendra la puissance de Damas et les dépouilles de Samarie,signifiait que la puissance du mauvais démon qui habitait à Damas15 seraitvaincue par le Christ au moment même16 de sa naissance, ce qui, c'estprouvé, s'est effectivement produit. Les mages en effet, livrés comme desdépouilles à toutes sortes de mauvaises actions, auxquelles les avait poussés cedémon17, kvinrent, adorèrent le Christ, et apparurent affranchis de la puissance quiavait fait d'eux des dépouilles, et dont le Verbe signifie pour nous, en mystère,qu'elle habitait à Damas18.

10 Cette lpuissance pécheresse19 et injuste, c'est à bon droit qu'en parabole ill'appelle Samarie. Que d'autre part Damas ait été et soit encore de la terred'Arabie, même si elle se trouve aujourd'hui assignée à la Syrophénicie20,

a Cf. Is. 33, 16 b cf. Matth. 2, 16 c ibid., 8 d ibid., 12 e ibid., 13-14 f ibid., 11 g ibid., 16h cf. Matth. 2, 17 i Jér. 31, 15 ; Matth. 2, 18 j Is. 8, 4 k cf. Matth. 2, 11 l cf. Is. 8, 4.

402

JUSTIN MARTYR

legomevnh/1, oujd! uJmw'n tine" ajrnhvsasqai duvnantai. {Wste kalo;n a]n ei[huJma'", w\ a[ndre", a} mh; nenohvkate, para; tw'n labovntwn cavrin ajpo; tou' qeou'hJmw'n tw'n Cristianw'n manqavnein, ajlla; mh; kata; pavnta ajgwnivzesqai ta;uJmevtera didavgmata kratuvnein, ajtimavzonta" ta; tou' qeou'.11 Dio; kai; eij" hJma'" metetevqh [fol. 133 v° : A] hJ cavri" au{th, wJ" JHsai?a"

fhsi;n eijpw;n ou{tw" : (Is. 29, 13) jEggivzei moi oJ lao;" ou|to" : toi'" ceivlesinaujtw'n timw'siv me, hJ de; kardiva aujtw'n povrrw ajpevcei ajp! ejmou' : mavthn de;sevbontaiv me, ejntavlmata ajnqrwvpwn kai; didaskaliva" didavskonte". (14)Dia;tou'to ijdou; ejgw; prosqhvsw tou' metaqei'nai2 to;n lao;n tou'ton, kai; metaqhvswaujtouv", kai; ajfelw' 3 th;n sofivan tw'n sofw'n aujtw'n, th;n de; suvnesin tw'nsunetw'n ajqethvsw.

79. 1 − Kai; oJ Truvfwn, uJpaganaktw'n mevn, aijdouvmeno" de; ta;" grafav", wJ"ejdhlou'to ajpo; tou' proswvpou aujtou', ei\pe prov" me : Ta; me;n tou' qeou' a{giavejstin, aiJ de; uJmevterai ejxhghvsei" tetecnasmevnai eijsivn, wJ" faivnetai kai; ejktw'n ejxhghmevnwn uJpo; sou', ma'llon de; kai; blavsfhmoi : ajggevlou" ga;rponhreusamevnou" kai; ajpostavnta" tou' qeou' levgei".2 − Kajgw; ejndotikwvteron th'/ fwnh'/, paraskeuavsai aujto;n boulovmeno" pro;"

to; ajkouvein mou, ajpekrinavmhn levgwn : [Agamaiv sou, a[nqrwpe, to; eujlabe;"tou'to, kai; eu[comai th;n aujth;n diavqesivn se4 e[cein kai; peri; o}n diakonei'ngegrammevnoi eijsi;n oiJ a[ggeloi, wJ" Danihvl fhsin, o{ti5 (Dan. 7, 13) JW" uiJo;"ajnqrwvpou pro;" to;n palaio;n tw'n hJmerw'n prosavge-[p 206 : B]-tai6, (14)kai;aujtw'/ divdotai pa'sa basileiva eij" to;n aijw'na tou' aijw'no". {Ina de; gnwrivzh/",ei\pon, w\ a[nqrwpe, mh; hJmetevra/7 tovlmh/ crhsamevnou" th;n ejxhvghsin [fol 134r° : A] tauvthn, h}n mevmfh/, pepoih'sqai hJma'", marturivan soi ajp! aujtou' tou'JHsai?ou dwvsw, o{ti ponhrou;" ajggevlou" katw/khkevnai kai; katoikei'n levgeikai;8 ejn Tavnei, th'/ Aijguptiva/ cwvra/.3 Eijsi; de; oiJ lovgoi ou|toi : (Is. 30, 1)Oujai; tevkna ajpostavtai, tavde9 levgei

kuvrio" : jEpoihvsate boulh;n ouj di! ejmou' kai; sunqhvka" ouj dia; tou'pneuvmatov" mou, prosqei'nai aJmartiva" ejf! aJmartivai" : (2)oiJ ponhreuovmenoi10

katabh'nai eij" Ai[gupton, ejme; de; oujk hjrwvthsan, tou' bohqhqh'nai uJpo;Faraw; kai; skepasqh'nai skevphn Aijguptivwn. (3) [Estai ga;r uJmi'n hJ skevphFaraw; eij" aijscuvnhn, kai; toi'" pepoiqovsin ejp! Aijguptivou" o[neido", (4)o{ti

1 Eij − legomevnh/ : ut glossema del. Marc. 2 Metaqei'nai : −ei'− corr. ex −h'− A 3 jAfelw' (= Dial.32, 5) : ajpolw' LXX, NT, Dial. 123, 4 4 Se edd. : te codd. 5 {Oti : o{te prop. Thirlb., coni. Marc.6 Prosavgetai : proshvgagon oiJ a[ggeloi prop. Thirlb. 7 JHmetevra/ : uJmetevra/ prop. Thirlb.8 Kai; : del. Marc. 9 Tavde : ta; de; Mar. (tavde Mign.) 10 Ponhreuovmenoi : poreuovmenoi prop.Périon, coni. Otto, Arch., Marc. (ex LXX).

403

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 78, 10-79, 3

personne, même parmi vous ne le saurait nier. Aussi serait-ce pour vous unebelle chose, amis21, que d'apprendre ce que vous ne comprenez point de ceuxqui en ont reçu de Dieu la grâce, nous autres chrétiens, plutôt que d'employertous vos efforts à faire prévaloir vos enseignements, en méprisant ceux deDieu.

11 C'est à nous, en effet, que cette grâce a été atransférée, comme le déclareIsaïe, en ces termes : (Is. 29, 13)Ce peuple s'approche de moi : de leurs lèvres ilsm'honorent, mais leur cœur est éloigné de moi ; en vain ils me vénèrent, enseignant précepteset enseignements d'hommes. (14 ; cf. I Cor. 1, 19)C’est pourquoi, voici : je renouvellerai letransfert de ce peuple, et je les transférerai22, j'enlèverai la sagesse à ses sages, et desintelligents je rejetterai23 l'intelligence.

La révolte des anges est attestée en plusieurs endroits des Écritures.

79. 1 Tryphon, animé à la fois, ainsi qu'il paraissait sur son visage, parl'irritation et le respect de l'Écriture, me dit :

— Les paroles de Dieu sont saintes, mais vos interprétations sontartificieuses1, comme le manifestent aussi les passages interprétés par toi.Bien plus, ce sont des blasphèmes : tu prétends en effet que des anges se sontmal conduits, et éloignés de Dieu2.

2 D'un ton plus complaisant, car je voulais le préparer à m'écouter, jerépondis :

— J'apprécie, mon ami, cette vénération, et je te prie d'avoir la mêmedisposition envers celui dont il est écrit que bles anges le servent, comme ledit Daniel, que3 (Dan. 7, 13)Comme un Fils d'homme4 il est conduit vers l'Ancien desjours, (14)et il lui est donné toute royauté pour l'éternité de l'éternité. Et pour que tusaches bien, ami, dis-je, que cette interprétation, que tu réprouves, n'est pointle fait de notre propre audace, je m'en vais te donner un témoignage tiréd'Isaïe lui-même : il dit que de cmauvais anges ont habité aussi, et habitentencore5, à Tanis, en Égypte.

3 Voici ces paroles : (Is. 30, 1)Malheur à vous, enfants apostats. Ainsi parle leSeigneur : « Vous avez conçu un dessein en dehors de moi, et des alliances en dehors demon esprit, en sorte qu'aux péchés s'ajoutent les péchés. (2)Vous vous conduisez mal6 :descendus en Égypte, sans m'avoir consulté, vous vous réfugiez au pouvoir de Pharaon, etvous vous abritez à l'ombre des Égyptiens. (3)L'ombre de Pharaon pour vous deviendrahonte, et opprobre pour ceux qui se fient à l'Égypte, (4)car il est à Tanis des chefs, anges

a Cf. Is. 29, 14 b cf. Dan. 7, 10 c cf. Is. 30, 4.

404

JUSTIN MARTYR

eijsi;n ejn Tavnei ajrchgoi; a[ggeloi ponhroiv. (5)Mavthn kopiavsousi pro;" laovn,o}" oujk wjfeilhvsei aujtou;" eij" bohvqeian, ajll! eij" aijscuvnhn kai; o[neido".4 jAlla; kai; Zacariva" fhsivn, wJ" kai; aujto;" ejmnhmovneusa", o{ti (Zach. 3, 1)oJ

diavbolo" eiJsthvkei ejk dexiw'n jIhsou' tou' iJerevw", ajntikei'sqai aujtw'/, (2)kai;eijpei'n < kuvrion >1 : jEpitimhvsai soi kuvrio", oJ ejklexavmeno"2 JIerousalhvm.Kai; pavlin ejn tw'/ jIw;b gevgraptai, wJ" kai; aujto;" e{fh", o{ti oiJ a[ggeloi h\lqonsth'nai e[mprosqen kurivou, kai; oJ diavbolo" a{ma aujtoi'" ejlhluvqei. Kai; uJpo;Mwsevw"3 ejn ajrch'/ th'" Genevsew" o[fin planhvsanta th;n Eu[an gegrammevnone[comen kai; kekathramevnon. Kai; ejn Aijguvptw/ o{ti mavgoi ejpeivrhsan4 ejxi-[fol134 v° : A]-sou'sqai th'/ dunavmei th'/ ejnergoumevnh/ dia; tou' pistou' qeravponto"Mwsevw" uJpo; tou' qeou', e{gnwmen. Kai; Daui`d o{ti OiJ qeoi; tw'n ejqnw'ndaimovniav eijsin ei\pen, ejpivstasqe.

80. 1 [p. 207 : B] − Kai; oJ Truvfwn pro;" tau'ta e[fh : Ei\pon prov" se, w\a[nqrwpe, o{ti ajsfalh;"5 ejn pa'si spoudavzei" ei\nai tai'" grafai'"prosplekovmeno". Eijpe; dev moi, ajlhqw'"6 uJmei'" ajnoikodomhqh'nai to;n tovponJIerousalh;m tou'ton7 oJmologei'te, kai; sunacqhvsesqai to;n lao;n uJmw'n kai;eujfranqh'nai su;n tw'/ Cristw'/, a{ma toi'" patriavrcai" kai; toi'" profhvtai"kai; toi'" ajpo;8 tou' hJmetevrou gevnou" h] kai; tw'n proshluvtwn genomevnwn9

pri;n ejlqei'n uJmw'n to;n Cristovn, prosdoka'te, h[, i{na dovxh/" perikratei'nhJmw'n10 ejn tai'" zhthvsesi, pro;" to; tau'ta oJmologei'n ejcwvrhsa"11 _2 − Kajgw; ei\pon : Oujc ou{tw tavla" ejgwv, w\ Truvfwn, wJ" e{tera levgein par!

a} fronw'. JWmolovghsa ou\n soi kai; provteron o{ti ejgw; me;n kai; a[lloi polloi;tau'ta12 fronou'men, wJ" kai; pavntw" ejpivstasqai13 tou'to genhsovmenon :pollou;" d! au\ kai; tw'n th'" kaqara'" kai; eujsebou'" o[ntwn Cristianw'n

1 Kuvrion addendum Mar., add. Otto, Arch., Marc. (ex LXX, Dial. 115, 2) : om. codd., cett. edd. Destructura o{ti... eiJsthvkei ...kai; eijpei'n, cf. 45, 3 2 jjEklexavmeno" prop. Thirlb., coni. Otto, Troll.,Arch., Marc. (ex LXX, Dial. 115, 2) : ejkdexavmeno" codd., cett. edd. 3 Mwsevw" : Mwu>sevw" Mign.,Otto, Goodsp. (hic et infra) 4 jEpeivrhsan (vel ejpoivhsan) prop. Mar., coni. Otto, Arch. : pavntaejpoivhsan Marc. h\san codd., cett. edd. 5 jAsfalh;" : ajsf. e[sh/ eij. Marc. om. codd., cett. edd.6 Ei\pe; dev moi : ajlhqw'" uJmei'" A, edd. a Mar. : eijpe; dev moi ajlhqw'" : uJmei'" cett. edd. eij\pe de; moiajlhqw" uJmei'" B 7 To;n − tou'ton : to;n t. tou'ton JIer. transp. Marc. 8 jApo; : aJgivoi" prop.Donaldson (A critical History of Christian Literature, II, p. 260), coni. Otto, Arch., Marc. Cf. 72, 4(aJpo; pro a{gio") ; 26, 1 ; 139, 4 9 Tw'n p. genomevnwn : toi'" p. genomevnoi" prop. Thirlb. 10 To;n

Cristovn − hJmw'n A, edd. : om B1 tw'n crhstw'n prosdoka'te, h[, oi[nw/ dovxh/" perikratei'n hJmw'nadd. B2 in marg. 11 jEcwvrhsa" : ejcwvrisa" prop. Orell (Iust. M. loc. aliq. sel., p. 29) 12 Tau'ta :tou'to prop. Thirlb. 13 jEpivstasqai prop. Thirlb., Mar., Orell., coni. Arch., Marc. Cf. Dial. 18,3 ; 30, 3 ; 32, 1 ; 55, 3 ; 60, 2 ; 90, 2 ; 93, 4 ; 107, 2 ; 114, 4 ; 132, 1 ; I Apol. 21, 5 ; 60, 11 ; 68,8 (wJ" [kai;] + inf.) : ejpivstasqe codd., cett. edd.

405

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 79, 3-80, 2

mauvais. (5)Leurs efforts seront vains pour un peuple qui ne leur sera point utile pour lesecours, mais pour la honte et l'opprobre ».

4 Zacharie dit encore, comme tu l'as toi-même rappelé7, que (Zach. 3, 1)le diablese tenait à la droite de Jésus le prêtre, pour s'opposer à lui. (2)Et le Seigneur dit : « Que leSeigneur te réprouve, lui qui a choisi Jérusalem ». A nouveau en Job, il est écrit,comme tu l'as toi-même dit, que ales anges vinrent se placer en face du Seigneur, et lediable avec eux était venu. Moïse aussi écrit, au début de la Genèse, que bleserpent qui avait égaré Ève cfut maudit8. C'est en Égypte encore, nous l'avonsappris, que dles mages ont entrepris d'égaler la puissance exercée par Dieu, enla personne de Moïse, le eserviteur fidèle9. David aussi, vous le savez, a dit quefles dieux des nations sont des démons10.

Opinion de Justin sur la résurrection et sur le Millénaire.Hérésies chrétiennes.

80. 1 Tryphon repartit :— Je t'ai dit, ami, que tu avais soin d'être persuasif, en demeurant attaché

aux Écritures1. Mais dis-moi, professez-vous réellement que ce lieu deJérusalem doit être grebâti2 ? que vous espérez que votre peuple y serarassemblé et s'y réjouira en compagnie du Christ, avec les patriarches, lesprophètes et ceux de notre race3, ou même parmi ceux qui se sont faitsprosélytes avant que votre Christ ne vînt ? Ou bien est-ce pour paraîtrel'emporter sur nous, dans nos investigations, que tu t'es réfugié dans cettedéclaration ?

2 Je dis :— Je ne suis pas assez misérable, Tryphon, pour affirmer autre chose que

ce que je crois. Ainsi t'ai-je déclaré, dans ce qui précède, que moi-même etbeaucoup d'autres avions de telles vues, au point de savoir parfaitement quecela doit arriver. Beaucoup, en revanche, même chrétiens de doctrine pure et

a Job. 1, 6 ; 2, 1 b cf. Gen. 3, 1-6 c ibid., 14 d cf. Exod. 7-8 e cf. Nombr. 12, 7 et Hébr. 3,2.5 f Ps. 95, 5 et I Chron. 16, 26 g cf. Zach., 1, 16 ?

406

JUSTIN MARTYR

gnwvmh" tou'to mh; gnwrivzein ejshvmanav soi. 3 Tou;" ga;r legomevnou" me;nCristianouv", o[nta" de; ajqevou" kai; ajsebei'" aiJresiwvta", o{ti kata; pavntablavsfhma kai; a[qea kai; ajnovhta didavskousin, ejdhvlwsav soi. {Oti1 d! oujk[fol. 135 r° : A] ejf! uJmw'n movnwn tou'to levgein me ejpivstasqe, tw'ngegenhmevnwn hJmi'n lovgwn aJpavntwn, wJ" duvnamiv" mou2, suvntaxin poihvsomai3,ejn oi|" kai; tou'to oJmologou'ntav me, o} kai; pro;" uJma'" oJmologw', ejggravyw. Oujga;r ajnqrwvpoi" ma'llon h] ajnqrwpivnoi" didavgmasin aiJrou'mai ajkolouqei'n,ajlla; qew'/ kai; toi'" par! ejkeivnou didavgmasin.4 Eij ga;r kai; sunebavlete uJmei'" tisi legomevnoi" Cristianoi'", kai; tou'to

mh; oJmologou'sin, ajlla; kai; blasfhmei'n tolmw'si to;n qeo;n jAbraa;m kai; to;nqeo;n jIsaa;k kai; to;n qeo;n jIakwvb, oi} kai; levgousi mh; ei\nai nekrw'najnavstasin, ajlla; a{ma tw'/ ajpo-[p. 208 : B]-qnhv/skein ta;" yuca;" aujtw'najnalambavnesqai eij" to;n oujranovn, mh; uJpolavbhte aujtou;" Cristianouv",w{sper oujde; jIoudaivou", a[n ti" ojrqw'" ejxetavsh/, oJmologhvseien ei\nai tou;"Saddoukaivou" h] ta;" oJmoiva" aiJrevsei" Genistw'n kai; Meristw'n kai;Galilaivwn kai; JEllhnianw'n4 kai; Farisaivwn Baptistw'n5 (kai; mh; ajhdw'"ajkouvshtev mou pavnta a} fronw' levgonto"6), ajlla; legomevnou" me;n jIoudaivou"kai; tevkna jAbraavm, kai; ceivlesin oJmologou'nta" to;n qeovn, wJ" aujto;"kevkragen oJ qeov", th;n de; kardivan povrrw e['cein ajp! aujtou'.5. jEgw; dev, kai; ei[ tinev" eijsin oJrqognwvmone" kata; pavnta Cristianoiv, kai;

sarko;" ajnavstasin genhvsesqai ejpistavmeqa kai; civlia e[th ejn JIerousalh;moijkodomhqeivsh/ [fol. 135 v° : A] kai; kosmhqeivsh// kai; platunqeivsh/, < wJ" >7 oiJprofh'tai jIezekih;l kai; JHsai?a" kai; oiJ a[lloi oJmologou'sin.

81. 1 Ou{tw" ga;r JHsai?a" peri; th'" ciliontaethrivdo" tauvth" ei\pen : (Is. 65,17) [Estai ga;r oJ oujrano;" kaino;" kai; hJ gh' kainhv, kai; ouj mh; mnhsqw'si tw'nprotevrwn oujde; mh; ejpevlqh/ aujtw'n ejpi; th;n kardivan, (18)ajll! eujfrosuvnhn kai;ajgallivama euJrhvsousin < ejn >8 aujth'/, o{sa ejgw; ktivzw9 : o{ti ijdou; ejgw; poiw'th;n JIerousalh;m ajgallivama kai; to;n laovn mou eujfrosuvnhn, (19)kai;ajgalliavsomai ejpi; JIerousalh;m kai; eujfranqhvsomai ejpi; tw'/ law'/ mou. Kai;oujkevti ouj mh; ajkousqh'/ ejn aujth'/ fwnh; klauqmou' oujde; fwmh; kraugh'", (20)kai;

1 {Oti ...ejpivstasqe : o{pw" ...ejpisth'sqe coni. Marc. (ut sciatis Mar., Otto) 2 Mou : moi prop. Sylb.,coni. Marc. (cf. I Apol. 67, 5 : o{sh duvnami" aujtw'/) 3 Poihvsomai : poihvswmai Mor.4 JEllhnianw'n : JEllhlianw'n (vel JHliakw'n vel JElkesaivwn) prop. Thirlb., Otto., coni. Marc.JElenianw'n prop. Arch. (Cels. 5, 62) 5 Farissaivwnbaptistw'n (sic) codd. cum ligatura subscripta(hyphen) in cod. A : F. B. Steph. F., B. Mign. F. kai; B. prop. Lange, Grotius (ad Mc. 7, 4), coni.edd. ab Otto 6 Kai; − levgonto" in semicirculis edd. a Mar. 7 JW" prop. Thirlb., Mar., Orell. (loc.cit.), add. Otto, Troll., Arch., Goodsp. : poihvsein wJ" Marc. (cf. 81, 4) om. codd. cett. edd. 8 jEnedd. (ex LXX) : om. codd. 9 {Osa ejgw; ktivzw : om. LXX.

407

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 80, 2-81, 1

pieuse, ne le reconnaissent pas, je te l'ai signalé. 3 Car ceux, chrétiens de nom,qui sont en vérité des hérétiques impies et athées, n'enseignent en tout pointque blasphèmes, impiétés et folies, je te l'ai montré4. Et puisque ce n'est pasuniquement pour vous que je tiens ces propos, vous le savez5, de tout cedont nous nous sommes entretenus, comme je le pourrai6, je ferai unouvrage, où je confirmerai par écrit ce que devant vous je déclare. Car plutôtqu’à des hommes ou des aenseignements humains, je préfère adhérer à bDieu etaux enseignements qui viennent de lui7.

4 S'il vous arrive de rencontrer aussi de prétendus chrétiens, n'admettantpoint cela, qui ont de plus l'audace de blasphémer le Dieu d'Abraham, leDieu d'Isaac et le Dieu de Jacob8, et qui disent qu'il n'est pas de résurrectiondes morts, mais qu'à l'instant de la mort leurs âmes sont enlevées au ciel9, neles tenez pas pour chrétiens ; pas plus qu'on ne saurait, à bien considérer,reconnaître pour juifs les Sadducéens10 ou les sectes11 similaires des Génistes,Méristes, Galiléens, Helléniens, Pharisiens-Baptistes12 (et ne vous froissez pasde m'entendre dire tout ce que je pense) : bien qu'appelés juifs et « enfantsd'Abraham », ils chonorent Dieu des lèvres, comme s'écrie Dieu lui-même, maisleur cœur est loin de lui.

5 Pour moi, comme tous les chrétiens parfaitement orthodoxes13, noussavons qu'il y aura une d14résurrection de la chair, ainsi que mille années15

dans Jérusalem erebâtie16, fornée et agrandie17, comme les prophètesÉzéchiel18, Isaïe et les autres l'affirment.

Prophéties sur le Millénaire tirées d’Isaïe et de l’Apocalypse.

81. 1 Voici comment Isaïe a parlé de cette période de mille années : (Is. 65,17)Le ciel, en effet, sera nouveau, et la terre nouvelle1. On ne se souviendra pas des chosesdu passé, elles ne reviendront pas en leur cœur ; (18)mais c'est une allégresse et unejubilation qu'en elle on trouvera, autant de choses que je crée ; car voici que je fais deJérusalem une jubilation, et de mon peuple une allégresse, (19)et je jubilerai sur Jérusalem etme réjouirai sur mon peuple. Et l'on n'entendra plus en elle la voix du gémissement ni lavoix de la plainte. (20)Là, plus de nouveau-né au jours prématurés, ni de vieillard qui

a Cf. Is. 29, 13 ; Matth. 15, 9 ; Mc. 7, 7 b cf. Act. 5, 29 ? c cf. Is. 29, 13 ; Matth. 15, 8 ; Mc. 7, 6d cf. Éz. 37, 7-8 ; 12-14 ; Is. 45, 23-24 ; Rom. 14, 11 e cf. Is. 65, 21 f cf. Éz. 40, s. ?

408

JUSTIN MARTYR

ouj mh; gevnhtai e[ti ejkei' a[wro" hJmevrai"1 kai; presbuvth" o}" oujk ejmplhvseito;n crovnon aujtou' : e[stai ga;r oJ nevo" uiJo;" eJkato;n ejtw'n, oJ de; ajpoqnhv/skwnaJmartwlo;" uiJo;" eJkato;n ejtw'n kai; ejpikatavrato" e[stai. 2 (21)Kai;oijkodomhvsousin oijkiva" kai; aujtoi; ejnoikhvsousi, kai; katafu-[p. 209 : B]-teuvsousin ajmpelw'na" kai; aujtoi; favgontai2 ta; genhvmata3 aujtw'n4. (22)Ouj mh;oijkodomhvswsi5 kai; a[lloi katoikhvsousi, kai; ouj mh; futeuvswsi kai; a[lloifavgontai : kata; ga;r ta;"6 hJmevra" tou' xuvlou th'" zwh'" aiJ hJmevrai tou' laou'mou e[sontai, ta; e[rga tw'n povnwn aujtw'n pleonavsousin7. (23)OiJ ejklektoiv mououj mh; ponevsousin eij" keno;n oujde; teknopoihvsousin eij" katavran : [fol. 136r° : A] o{ti spevrma divkaion kai; eujloghmevnon uJpo; kurivou e[sontai, kai;e[ggona8 aujtw'n met! aujtw'n. (24)Kai; e[stai pri;n h] kekravxai aujtou;" ejgw;ejpakouvsomai aujtw'n : e[ti lalou'ntwn aujtw'n ejrw' : Tiv ejsti _ (25)Tovte luvkoikai; a[rne" a{ma boskhqhvsontai, kai; levwn wJ" bou'" favgetai a[cura, o[fi" de;gh'n wJ" a[rton. Oujk ajdikhvsousin oujde; lumanou'ntai ejpi; tw'/ o[rei9 tw'/ aJgivw/,levgei kuvrio".3 To; ou\n eijrhmevnon ejn toi'" lovgoi" touvtoi", e[fhn : Kata; ga;r ta;"

hJmevra" tou' xuvlou10 aiJ hJmevrai tou' laou' mou e[sontai, ta; e[rga tw'n povnwnaujtw'n11 nenohvkamen12 : o{ti civlia e[th ejn musthrivw/ mhnuvei. JW" ga;r tw'/jAda;m ei[rhto, o{ti h|/ d! a]n hJmevra/ favgh/ ajpo; tou' xuvlou, ejn ejkeivnh/ajpoqanei'tai, e[gnwmen13 aujto;n mh; ajnaplhrwvsanta civlia e[th, sunhvkamenkai; to; eijrhmevnon, o{ti JHmevra14 kurivou15 wJ" civlia e[th, eij" tou'tosunavgei<n>16.4 Kai; e[peita17 kai; par! hJmi'n ajnhvr ti", w|/ o[noma jIwavnnh", ei|" tw'n

ajpostovlwn tou' Cristou', ejn jApokaluvyei genomevnh/ aujtw'/ civlia e[thpoihvsein ejn JIerousalh;m tou;" tw'/ hJmetevrw/ Cristw'/ pisteuvsanta"

1 JHmevrai" : om. LXX 2 Favgontai codd., Troll., edd. ab Otto (= LXX) : favgwntai cett. edd.3 Genhvmata (= LXX) : gennhvmata prop. Thirlb., coni. Troll., Mign., Otto, Arch. 4 Post aujtw'nomn. edd. usque ad Troll. add. Kai; to;n oi\non pivwntai (pivontai Troll.), ex multis LXX mss. : om. codd.,cett. edd. 5 Oijkodomhvswsi ...futeuvswsi : ouj mh; oijkodomhvsousi kai; ouj mh; futeuvsousin in marg.A. (ex LXX), om. B 6 Ta;" edd. (cf. 81, 3) : th'" codd. 7 Pleonavsousin : palaiwvsousin (ex LXX)prop. Grabe (De vitiis LXX interpretum versioni ante Origenis aevum illatis, p. 39 s.), Thirlb., coni. Otto,Arch., Goodsp. 8 [Eggona : e[kgona prop. Thirlb. ta; e[ggona Marc. (ex LXX) 9 [Orei : o[rei mouMarc. (ex LXX codd. 88, 62, 544 et al.) 10 Tou' xuvlou : tou' xuvlou th'" zwh'" Sylb., Mor., Marc. (exLXX) 11 Aujtw'n : aujtw'n palaiwvsousi Otto, Arch., Goodsp. pleonavsousi(n) Thirlb., Mign.,Marc. 12 Nenohvkamen : o{ti : nenohvkamen o{ti edd. ab Otto nenohvkamen, o{ti cett. edd.13 [Egnwmen : kai; e[gnwmen prop. Thirlb., coni. Marc. 14 JHmevra : hJ hJmevra prop. Otto15 Kurivou : kurivw/ prop. Sylb. (ex LXX et II Pt. 3, 8) 16 Sunavgein prop. Thirlb., Mar., coni. edd. abOtto : sunavgei codd., cett. edd. sunhvkamen de; kai; o{ti..., o{ti ...sunavgei prop. Sylb., Lange, Mar.sunhvkamen o{ti kai; to; eijr., o{ti Orell (Iust. M. loc. aliq. sel., p. 29) 17 [Epeita edd. ab Otto(cf. 78, 2) : ejpeidh; codd., cett. edd. e[ti de; prop. Nolte.

409

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 81, 1-81, 4

n'accomplisse son temps. Car le fils encore jeune aura cent ans, c'est à cent ans encore que lefils pécheur mourra, et qu'il sera maudit. 2 (21)On bâtira des maisons et soi-même on leshabitera, on plantera des vignes et l'on en mangera soi-même les produits. (22)On ne bâtirapas pour que d'autres habitent, on ne plantera pas afin que d'autres mangent. Car c'estcomme les jours de l'arbre de la vie2 que seront les jours de mon peuple, elles serontabondantes3 les œuvres de leurs peines. (23)Mes élus ne peineront pas en vain, ils neprocréeront pas pour la malédiction : ils seront une race juste et bénie du Seigneur, et leursenfants avec eux. (24)Avant qu'ils aient crié, je les exaucerai ; ils parleront encore que jedirai : « Qu'y-a-t-il ? ». (25)Alors loups et agneaux pâtureront ensemble, et le lion commeun bœuf mangera le fourrage, et le serpent aura comme pain la poussière. Ils necommettront pas d'injustice, ni ne se souilleront sur la montagne sainte, dit le Seigneur.

3 Or, ajoutai-je, l'expression qui dit en ce passage : aCar c'est comme les jours del'arbre que seront les jours de mon peuple (désigne), nous l'entendons, les œuvres deleurs peines : c'est mille années qu'elle indique en mystère4. De fait, comme àAdam il avait été dit que ble jour où il mangerait de l'arbre, serait celui de sa mort,nous savons qu'il n'a pas atteint les mille années, et comprenons aussi que laparole cUn jour du Seigneur est comme mille ans5, se rapporte à cela6.

4 D'ailleurs, chez nous, un homme du nom de Jean, l'un des apôtres duChrist, a prophétisé, dans l'Apocalypse7 qui lui fut faite, que ceux qui aurontcru à notre Seigneur dpasseront mille ans à Jérusalem8 ; après quoi

a Is. 65, 22 b cf. Gen. 2, 17 c Ps. 89, 4 ; cf. II Pierre, 3, 8 d Apoc. 20, 5-6.

410

JUSTIN MARTYR

proefhvteuse, kai; meta; tau'ta th;n kaqolikh;n kaiv, sunelovnti favnai, aijwnivanoJmoqumado;n a{ma pavntwn ajnavstasin genhvsesqai kai; krivsin. {Oper kai; oJkuvrio" hJmw'n ei\pen, o{ti Ou[te gamhvsousin ou[te gamhqhvsontai1, [p. 210 : B]ajlla; ijsavggeloi e[sontai, tevkna tou' qeou' th'"2 [fol. 136 v° : A] ajnastavsew"o[nte".

82. 1 Para; ga;r hJmi'n kai; mevcri nu'n profhtika; carivsmatav ejstin, ejx ou| kai;aujtoi; sunievnai ojfeivlete, o{ti ta; pavlai ejn tw'/ gevnei uJmw'n o[nta eij" hJma'"metetevqh. {Onper de; trovpon kai; yeudoprofh'tai ejpi; tw'n par! uJmi'ngenomevnwn aJgivwn profhtw'n h\san, kai; par! hJmi'n nu'n polloiv eijsi kai;yeudodidavskaloi3, ou}" fulavssesqai proei'pen hJmi'n oJ hJmevtero" kuvrio", wJ"ejn mhdeni; uJsterei'sqai hJma'", ejpistamevnou" o{ti prognwvsth" h\n tw'n meta;th;n ajnavstasin aujtou' th;n ajpo; tw'n nekrw'n kai; a[nodon th;n eij" oujrano;nmellovntwn givnesqai hJmi'n. 2 Ei\pe ga;r o{ti foneuvesqai kai; misei'sqai dia; to;o[noma aujtou' mevllomen, kai; o{ti yeudoprofh'tai kai; yeudovcristoi polloi;ejpi; tw'/ ojnovmati aujtou' pareleuvsontai kai; pollou;" planhvsousin : o{per kai;e[sti.3 Polloi; ga;r a[qea kai; blavsfhma kai; a[dika ejn ojnovmati aujtou'

paracaravssonte" ejdivdaxan, kai;4 ta; ajpo; tou' ajkaqavrtou pneuvmato"diabovlou5 ejmballovmena tai'" dianoivai" aujtw'n ejdivdaxan kai; didavskousimevcri nu'n : ou}" oJmoivw" uJmi'n metapeivqein mh; plana'sqai ajgwnizovmeqa,eijdovte" o{ti pa'" oJ dunavmeno" levgein to; ajlhqe;" kai; mh; levgwn kriqhvsetaiuJpo; tou' qeou'6, wJ" dia; tou' jIezekih;l diemartuvrato oJ qeov", eijpw;n o{ti Skopo;ntevqeikav se [fol. 137 r° : A] tw'/ oi[kw/ jIouvda... jEa;n aJmavrth/ oJ aJmartwlo;" kai;mh; diamartuvrh/ aujtw'/, aujto;" me;n th'/ aJmartiva/ aujtou' ajpolei'tai, para; sou' de;to; ai|ma aujtou' ejkzhthvsw : eja;n de; diamartuvrh/ aujtw'/, ajqw'/o" e[sh/.4 Dia; devo" ou\n kai; hJmei'" spoudavzomen oJmilei'n kata; ta;" grafav", ajll!

ouj dia; filocrhmativan h] [p. 211 : B] filodoxivan h] filhdonivan : ejn oujdeni;ga;r touvtwn ejlevgxai hJma'" o[nta" duvnataiv ti". Oujde; ga;r oJmoivw" toi'"a[rcousi tou' laou' tou' uJmetevrou qevlomen zh'n, ou}" ojneidivzei oj qeo;" levgwn :OiJ a[rconte" uJmw'n koinwnoi; kleptw'n, filou'nte" dw'ra, diwvkonte"

1 Gamhqhvsontai A, edd. : gamhvsontai B 2 Th'" : kai; th'" Zahn (Geschichte des Ntl. Kanons, II,p. 486), Marc. 3 Yeudodidavskaloi : yeudoprofh'tai kai; yeudodidavskaloi Marc. (ex Mt. 7, 15)4 Kai; : ajlla; kai; Marc. 5 Diabovlou : ut glossema del. Marc. 6 Pa'" − qeou' : exscripsit Io. Damasc.,Sacr. parall., Fr. 102 Holl (tou' aujtou' ejk tou' pro;" Truvfwna B! lovgou).

411

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 81, 4-82, 4

aura lieu la résurrection générale, et, en un mot, aéternelle9, unanime10, de tous leshommes ensemble, ainsi que le jugement. C'est ce que notre Seigneur a dit luiaussi11 : bIls ne prendront point de femme ni ne seront donnés en mariage, mais ils serontcomme des anges, car ils seront enfants du Dieu de la résurrection12.

L’apparition des hérésies et la permanence des charismes prophétiquesattestent la vérité du message de Jésus.

Les exégèses juives sont erronées et blasphématoires.

82. 1 Car1 il y a chez nous, même encore aujourd'hui, des charismesprophétiques2, ce qui doit vous faire comprendre à vous même aussi queceux qui existaient jadis en votre race nous ont été ctransférés3. Et de mêmedqu'il y eut des faux prophètes du temps des saints prophètes qui furent chezvous4, de même aujourd'hui y-a-t-il aussi chez nous beaucoup de fauxdidascales5, contre qui, à l'avance, notre Seigneur enous a mis en garde. Aussine sommes-nous fen rien pris au dépourvu, puisque nous savons qu'il connaissaità l'avance6 ce qui devait nous arriver après sa résurrection d'entre les morts etsa montée au ciel. 2 Il a dit en effet que nous serions gmis à mort et haïs7 à causede son nom, et que hfaux prophètes et faux christs se présenteraient nombreux en son nomet en égareraient beaucoup8, ce qui est le cas.

3 iNombreux, en effet, sont ceux qui ont enseigné, en les marquant du sceaude son nom, des doctrines athées, blasphématoires et iniques ; ils ont enseignéet enseignent encore aujourd'hui ce que l'esprit impur, le diable, a jeté dansleur esprit9 : eux comme vous, nous luttons pour les dissuader de leur erreur,convaincus que tout homme qui peut dire la Vérité10 et ne la dit point serajugé par Dieu, comme Dieu en témoigne par l'intermédiaire d'Ézéchiel,lorsqu'il dit : jJe t'ai établi sentinelle sur la maison de Juda… Si le pécheur pèche et quetu ne l'avertisse pas, lui-même périra par son propre péché, mais c'est à toi que jedemanderai son sang. Si au contraire tu l'avertis, tu seras innocent11.

4 C'est donc la crainte12 qui nous donne ce zèle de parler selon lesÉcritures, et non l'amour des richesses, de la gloire ou du plaisir : personneen effet ne peut nous convaincre de rien de tout cela. Nous ne sommes pasnon plus, comme les chefs de votre peuple, attachés à la vie, eux que Dieuréprimande en ces termes : kVos chefs sont des compagnons de voleurs, ils aiment les

a Cf. Hébr. 6, 2 b Lc. 20, 35-36 c cf. Is. 29, 14 d cf. II Petr. 2, 1 ? e cf. Matth. 7, 15f cf. I Cor. 1, 7 g cf. Matth.10, 21-22 ; 24, 9 ; Mc. 13, 13 ; Lc. 21, 17 h cf. Matth. 24, 5.11.24 ;Mc. 13, 22 i cf. Matth. 24, 5.11.24 et pll. j Éz. 3, 17-19 et 33, 7-9 k Is. 1, 23.

412

JUSTIN MARTYR

ajntapovdoma. Eij dev tina" kai; ejn hJmi'n toiouvtou" gnwrivzete, ajll! ou\n geta;" grafa;" kai; to;n Cristo;n dia; tou;" toiouvtou" mh; blasfhmh'te kai;parexhgei'sqai spoudavzhte.

83. 1 Kai; ga;r to; Levgei kuvrio" tw'/ kurivw/ mou : kavqou ejk dexiw'n mou, e{w"a]n qw' tou;" ejcqrouv" sou uJpopovdion tw'n podw'n sou, eij" jEzekivan eijrh'sqaiejtovlmhsan uJmw'n oiJ didavskaloi ejxhghvsasqai, wJ" keleusqevnto" aujtou' ejndexia'/ tou' naou' kaqesqh'nai, o{te prosevpemyen aujtw'/ oJ basileu;" jAssurivwnajpeilw'n, kai; ejshmavnqh aujtw'/ dia; tou' JHsai?ou mh; fobei'sqai aujtovn. Kai; o{time;n gevgone ta; lecqevnta uJpo; JHsai?ou ou{tw", kai; ajpestravfh oJ basileu;"jAssurivwn tou' mh; polemh'sai th;n [fol. 137 v° : A] JIerousalh;m ejn hJmevrai"tou' jEzekivou, kai; a[ggelo" kurivou ajnei'len ejk th'" parembolh'" tw'njAssurivwn eij" eJkato;n ojgdohvkonta pevnte ciliavda", kai; ejpistavmeqa kai;oJmologou'men.2 {Oti de; eij" aujto;n oujk ei[rhtai oJ yalmov", dh'lon. [Ecei ga;r ou{tw" :

(Ps. 109, 1)Levgei kuvrio" tw'/ kurivw/ mou : Kavqou ejk dexiw'n mou, e{w" a]n qw' tou;"ejcqrouv" sou uJpopovdion tw'n podw'n sou. (2) JRavbdon dunavmew" ejxapostelei'1

ejpi; JIerousalhvm, kai; katakurieuvsei ejn mevsw/ tw'n ejcqrw'n sou. (3)... jEn2

lamprovthti tw'n aJgivwn pro;3 eJwsfovrou ejgevnnhsav se. (4) [Wmose kuvrio" kai;ouj metamelhqhvsetai : Su; iJereu;" eij" to;n aijw'na kata; th;n tavxinMelcisedevk.3 {Oti ou\n jEzekiva" oujk e[stin iJereu;" eij" to;n aijw'na kata; th;n tavxin

Melcise-[p. 212 : B]-devk, tiv" oujc oJmologei' _ Kai; o{ti oujk e[stin oJlutrouvmeno" th;n JIerousalhvm, tiv" oujk ejpivstatai _ Kai; o{ti rJavbdondunavmew" aujto;" oujk ajpevsteilen eij" JIerousalh;m kai; katekuriveusen ejnmevsw/ tw'n ejcqrw'n aujtou', ajll! oJ qeo;" h\n oJ ajpostrevya" ajp! aujtou'klaivonto" kai; ojduromevnou tou;" polemivou", tiv" ouj ginwvskei _ 4 JO de;hJmevtero" jIhsou'", oujdevpw ejndovxw" ejlqwvn, rJavbdon dunavmew" eij"JIerousalh;m ejxapevsteile, to;n4 Lovgon th'" klhvsew" kai; th'" metanoiva"pro;" ta; e[qnh a{panta, o{pou ta; daimovnia ajpekuriveuen aujtw'n, w{" fhsiDaui?d : OiJ qeoi; tw'n ejqnw'n daimovnia, kai; ijscuro;" oJ Lovgo" pevpeikepollou;" katalipei'n daimovnia, [fol. 138 r° : A] oi|" ejdouvleuon, kai; ejpi; to;npantokravtora qeo;n di! aujtou' pisteuvein, o{ti daimovniav eijsin oiJ qeoi; tw'n

1 jExapostelei' : ejx. kuvrio" Marc. (ex LXX ; Dial. 32, 6 ; I Apol. 45, 3) 2 jEn : ejn th'/ Marc.(cf. 83, 4) ejn tai'" lamprovthsi LXX ; Dial. 32, 6 ; 63, 3 ; I Apol. 45, 4 3 Pro; : ejk gastro;" pro;Marc. (cf. 83, 4 ; LXX ; Dial. ; Apol.) 4 To;n : toutevsti to;n Marc.

413

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 82, 4-83, 4

présents et courent les récompenses13. Et si chez nous aussi vous en connaissez detels, n'allez pas, à cause d'eux, blasphémer les Écritures et le Christ, enmettant tous vos soins à mal interpréter14.

Le Psaume 109 n’est pas dit d’Ézéchias, mais du Christ.

83. 1 C'est ainsi que1 cette parole aLe Seigneur dit à mon Seigneur : « Assieds-toi àma droite, jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis l'escabeau de tes pieds », vos didascalesont eu l'audace de l'interpréter en la rapportant à Ézéchias, comme s'il avaitreçu l'ordre de s'asseoir à la droite du Temple, blorsqu'en le menaçant le roid'Assyrie lui envoya des messagers, cet qu'il lui fut signifié par l'intermédiaired'Isaïe de ne point le craindre. Or les paroles d'Isaïe, c'est vrai, se sont réalisées :dle roi d'Assyrie s'en est retourné, renonçant à assiéger Jérusalem au tempsd'Ézéchias, eet un ange du Seigneur2 a frappé dans le camp des Assyriens jusqu'à centquatre-vingt-cinq mille hommes, nous le savons et le reconnaissons.

2 Que le psaume n'a pas été dit sur Ézéchias, c'est évident. En voici letexte : (Ps. 109, 1)Le Seigneur dit à mon Seigneur : « Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ceque je fasse de tes ennemis l'escabeau de tes pieds. (2)Il enverra un sceptre de puissance surJérusalem, et il dominera au milieu de tes ennemis. (3)…Dans la splendeur des saints…3

avant l'aurore, je t'ai engendré. (4)Le Seigneur a juré, et il ne se repentira pas : tu es prêtrepour l'éternité selon l'ordre de Melchisédech »4.

3 Ézéchias n'est pas fprêtre pour l'éternité selon l'ordre de Melchisédech5, qui ne lereconnaîtrait ? Et il n'est pas celui qui rachète Jérusalem6, qui l'ignore ? Il n'apas genvoyé lui-même un sceptre de puissance à Jérusalem7, et n'a pas hdominé aumilieu de ses ennemis, mais c'est Dieu qui de lui, pleurant et gémissant, adétourné les ennemis, qui ne le sait ? 4 C'est notre Jésus, alors qu'il n'était pasencore venu dans la gloire8, qui a ienvoyé à Jérusalem un sceptre de puissance, le Verbede vocation9 et de pénitence10, (destiné) à toutes les nations11 là où les démons12

les dominaient, comme dit David : jLes dieux des nations sont des démons. Et sonVerbe puissant13 en a convaincu beaucoup d'abandonner les démons, qu'ilsservaient, et de croire par lui au Dieu tout-puissant, puisqu' kils sont desdémons, les dieux des nations14. Et l'expression ldans la splendeur des saints, du sein,avant l'aurore, je t'ai engendré, c'est au Christ qu'elle s'applique, comme nousl'avons déjà dit15.

a Ps. 109, 1 b cf. Is. 37, 9 s. ; IV Rois 19, 9 s. c cf. Is. 37, 5 s. ; IV Rois 19, 6 s. d cf. Is. 37,37 ; IV Rois 19, 36 e cf. Is. 37, 36 ; IV Rois 19, 35 f Ps. 109, 4 g cf. Ps. 109, 2 h ibid.i cf. Ps. 109, 2 j Ps. 95, 5 k ibid. l Ps. 109, 3.

414

JUSTIN MARTYR

ejqnw'n1. Kai; to; jEn th'/ lamprovthti tw'n aJgivwn, ejk gastro;" pro; eJwsfovrouejgevnnhsav se tw'/ Cristw'/ ei[rhtai, wJ" proevfhmen.

84. 1 Kai; to; jIdou; hJ parqevno" ejn gastri; lhvyetai kai; tevxetai uiJo;n eij"tou'ton proeivrhto. Eij ga;r mh; ejk parqevnou ou|to", peri; ou| JHsai?a" e[legen,e[melle2 genna'sqai, eij" o}n3 to; a{gion pneu'ma ejbova : jIdou; kuvrio" aujto;"hJmi'n4 dwvsei shmei'on : ijdou; hJ parqevno" ejn gastri; lhvyetai kai; tevxetaiuiJovn _ Eij ga;r oJmoivw" toi'" a[lloi" a{pasi prwtotovkoi" kai; ou|to" genna'sqaiejk sunousiva" e[melle, tiv kai; oJ qeo;" shmei'on, o} mh; pa'si5 toi'" prwtotovkoi"koinovn ejstin, e[lege6 poiei'n _ 2 jAll! o{per ejsti;n ajlhqw'" shmei'on kai;pisto;n tw'/ gevnei tw'n ajnqrwvpwn e[melle givnesqai, toutevsti dia; parqenikh'"mhvtra" to;n prwtovtokon tw'n pavntwn poihmavtwn sarkopoihqevnta ajlhqw'"paidivon genevsqai, prolabw;n aujto; dia; tou' profhtikou' pneuvmato" kata;a[llon [p. 213 : B] kai; a[llon trovpon, < wJ" >7 ajnistovrhsa uJmi'n, proekhvruxen,i{na o{tan gevnhtai dunavmei kai; boulh'/ tou' tw'n o{lwn poihtou' genovmenongnwsqh'/ : wJ" kai; ajpo; pleura'" mia'" tou' jAda;m hJ Eu[a gevgone, kai; w{sperta[lla pavnta zw'/a Lovgw/ qeou' th;n ajrch;n ejgennhvqh.3 JUmei'" de; kai; ejn touvtoi'" paragravfein ta;" ejxhghvsei", a}" ejxhghvsanto

oiJ presbuvteroi uJmw'n [fol. 138 v° : A] para; Ptolemaivw/ tw'/ tw'n Aijguptivwnbasilei' genomevnw/8, tolma'te, levgonte" mh; e[cein th;n grafh;n wJ" ejkei'noiejxhghvsanto, ajll! : jIdouv, fhsi;n, hJ nea'ni" ejn gastri; e{xei, wJ" megavlwnpragmavtwn shmainomevnwn, eij gunh; ajpo; sunousiva" tivktein e{mellen, o{perpa'sai aiJ neavnide" gunai'ke" poiou'si plh;n tw'n steirw'n, a}" kai; aujta;"boulhqei;" oJ qeo;" genna'n poih'sai dunatov".4 JH mhvthr ga;r tou' Samouh;l mh; tivktousa dia; boulh;n qeou' tevtoke, kai; hJ

gunh; tou' aJgivou patriavrcou jAbraavm, kai; jElisavbet9 hJ to;n baptisth;njIwavnnhn tekou'sa kai; a[llai tine;" oJmoivw". {Wste oujk10 ajduvnatonuJpolambavnein dei' uJma'" pavnta11 duvnasqai to;n qeo;n o{sa bouvletai. Kai;mavlista, ejpeidh; ejpeprofhvteuto12 mevllein givnesqai, mh; paragravfein h]

1 {Oti − ejqnw'n ut glossema del. Thirlb., Marc. 2 [Emelle codd., Arch., Goodsp., Marc. : e[mellenSteph., Mar., Mign., Otto 3 }On : o} prop. Thirlb. 4 JJHmi'n codd., Mar., Mign., Otto, Arch.,Goodsp. : uJmi'n Marc. (ex LXX) om. cett. edd. 5 Mh; pa'si : ex corr. A 6 [Elege : e[melle (ut anteaet paulo post) prop. Sylb. 7 JW" addendum Sylb. et alii, add. Otto, Troll., Arch., Marc. : om. codd.,cett. edd. 8 Genomevnw/ (cf. 71, 1) : genomevnoi 68, 7 9 jElisavbet : jEliswvbet Mar (Mign. tacitecorrexit) 10 Oujk : oujde;n coni. Marc. 11 Pavnta : pavnta te Marc. 12 jEpeprofhvteuto : −tov tiMarc.

415

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 84, 1-84, 4

La Prophétie d’Is. 7, 14 ne peut s’appliquer qu’au Christ,même si les juifs en rejettent la traduction par les LXX.

84. 1 C'est encore de lui qu'il fut prédit1 aVoici : la vierge concevra et enfantera unfils. Car si ce n'était pas d'une vierge que celui dont parlait Isaïe devait naître, àpropos de qui l'Esprit Saint s'écriait-il bVoici que le Seigneur lui-même nous donneraun signe ; voici : la vierge concevra et enfantera un fils ? S'il devait en effet naître luiaussi, comme tous les autres cpremiers-nés, d'un commerce charnel, pourquoidonc Dieu a-t-il dit qu'il faisait un signe2, ce qui n'est pas commun à tous lespremiers-nés ? 2 Ce qui est en vérité un dsigne et devait devenir digne de foipour la race des hommes, c'est que d'un sein virginal le epremier-né de toutecréature3 s'étant véritablement4 fait chair est né enfant, et qu'ayant anticipécela, il l'a proclamé par avance, de diverses manières, par l'intermédiaire del'Esprit prophétique, comme je l'ai déjà mentionné, afin que l'on sache,lorsque l'événement arriverait5, qu'il s'était accompli par la puissance et lavolonté6 du Créateur de l’univers ; comme fd'une seule côte d'Adam Ève a étéfaite7, et de même que gtous les autres êtres vivants ont été produits aucommencement par le Verbe de Dieu8.

3 Mais vous, sur ces points encore, vous osez faire fi des interprétationsque vos anciens ont élaborées auprès de Ptolémée, le roi des Égyptiens : voussoutenez que l'Écriture n'a pas ce qui correspond à leur interprétation, maisqu'elle dit hVoici, la jeune fille concevra, comme si de grandes choses étaientsignifiées, quand une femme doit enfanter d'un commerce charnel : c'est ceque font toutes les jeunes femmes, sauf les stériles, et même celles-là, Dieu,lorsqu'il le veut, peut les faire enfanter.

4 C'est ainsi que la mère de Samuel, qui n'enfantait pas, ia par la volonté9 deDieu enfanté ; et aussi jla femme du saint patriarche Abraham, et kÉlisabeth,qui a enfanté Jean-Baptiste, et quelques autres de même10. Aussi ne devez-vous concevoir qu'il soit impossible à Dieu de faire tout ce qu'il veut11. Etsurtout, lorsqu'un événement a été annoncé, n'ayez pas l'audace d'altérer letexte ou l'interprétation des prophéties, car ce n'est qu'à vous-mêmes quevous ferez tort, tandis qu'à Dieu vous ne nuirez pas.

a Is. 7, 14 b ibid. c cf. Col. 1, 15 d cf. Is. 7, 14 e cf. Col. 1, 15 ; Prov. 8, 22 f cf. Gen. 2, 21-22 g cf. Gen. 1, 20 s. h Is. 7, 14 i cf. I Rois, 1, 20 j cf. Gen. 21, 2 k cf. Lc. 1, 7.57.

416

JUSTIN MARTYR

parexhgei'sqai tolma'te ta;" profhteiva", ejpei; eJautou;" movnou" ajdikhvsete,to;n de; qeo;n ouj blavyete.

85. 1 Kai; ga;r th;n profhteivan th;n levgousan : [Arate puvla" oiJ a[rconte"uJmw'n, kai; ejpavrqhte puvlai aijwvnioi, i{na eijsevlqh/ oJ basileu;" th'" dovxh",oJmoivw" eij" to;n jEzekivan tolmw'siv tine" ejx uJmw'n ejxhgei'sqai eijrh'sqai,a[lloi de; eij" Solomw'na. Ouj de;1 eij" tou'ton oujde; eij" ejkei'non ou[te eij" a[llonaJplw'" legovmenon uJmw'n basileva dunato;n ajpodeicqh'nai eijrh'sqai, eij" de;movnon tou'ton to;n [fol. 139 r : A] [p. 214 : B] hJmevteron Cristovn, to;n ajeidh' kai;a[timon fanevnta, wJ" JHsai?a" e[fh kai; Daui`d kai; pa'sai aiJ grafaiv, o{" ejstikuvrio" tw'n dunavmewn dia; to; qevlhma tou' dovnto" aujtw'/ patrov", o}" kai;ajnevsth ejk nekrw'n kai; ajnh'lqen eij" to;n oujranovn, wJ" kai; oJ yalmo;" kai; aiJa[llai grafai; ejdhvloun, kai; kuvrion aujto;n tw'n dunavmewn kathvggellon, wJ"kai; nu'n ejk tw'n uJp! o[yin ginomevnwn rJa'/on uJma'" peisqh'nai2, eja;n qevlhte.2 Kata; ga;r tou' ojnovmato" aujtou' touvtou tou' uiJou' tou' qeou' kai;

prwtotovkou pavsh" ktivsew" kai; dia; parqevnou gennhqevnto" kai; paqhtou'genomevnou ajnqrwvpou, kai; staurwqevnto" ejpi; Pontivou Pilavtou uJpo; tou' laou'uJmw'n kai; ajpoqanovnto", kai; ajnastavnto" ejk nekrw'n kai; ajnabavnto" eij" to;noujranovn, pa'n daimovnion ejxorkizovmenon nika'tai kai; uJpotavssetai. 3 jEa;n de;kata; panto;" ojnovmato" tw'n par! uJmi'n gegenhmevnwn h] basilevwn h] dikaivwnh] profhtw'n h] patriarcw'n ejxorkivzhte uJmei'", oujc uJpotaghvsetai oujde;n tw'ndaimonivwn : ajll! eij a[ra ejxorkivzoi ti" uJmw'n kata; tou' qeou' jAbraa;m kai;qeou' jIsaa;k kai; qeou' jIakwvb, i[sw" uJpotaghvsetai. [Hdh mevntoi oiJ ejx uJmw'nejporkistai;3 th'/ tevcnh/, w{sper kai; ta; e[qnh, crwvmenoi ejxorkivzousi kai;qumiavmasi kai; katadevsmoi" crw'ntai, ei\pon4.4 {Oti de; kai; a[ggeloi kai; dunavmei" eijsivn, oi|" oJ Lovgo" oJ th'"

profhteiva" [fol. 139 v° : A] th'" dia; Daui`d < keleuvei >5 ejpa'rai ta;" puvla",i{na eijsevlqh/ ou|to" oJ ejk nekrw'n ajnasta;" kuvrio" tw'n dunavmewn kata; to;qevlhma tou' patrov", jIhsou'" Cristov", oJ lovgo" tou' Daui`d oJmoivw"ajpevdeixen, ou| kai; pavlin ejpimnhsqhvsomai dia; touvtou" tou;" mh; kai; cqe;"sunovnta" hJ-[p. 215 : B]-mi'n, di! ou}" kai; polla; tw'n cqe;" eijrhmevnwn ejpi;kefalaivwn levgw.

1 Ouj de; edd. ab Otto : oujde; cett. edd. 2 Peisqh'nai Otto, Mign., Arch., Goodsp : peisqei'naicodd., Steph. 3 jEporkistai; : cf. II Apol. 6, 6 (ejporkivzonte") Otto 4 Ei\pon cf. 45, 3 et 78, 6(ei\pon) ; 126, 5 (e[legon) ; 52, 1 (e[fhn) ; 63, 1 (e[fh) : ejpw'n (« solemnes adiurandi formulae »)prop. Casaubon (Ad Marc. Anton., I, 6) 5 Keleuvei Sylb., Marc. (cf. 36, 5) : levgei vel ejpikeleuveia\rai prop. Otto. om. codd., cett. edd.

417

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 85, 1-85, 4

Le Psaume 23 ne s’applique ni à Ézéchias ni à Salomon, mais au Christ.Les répétitions de Justin sont nécessaires à l’œuvre de conversion.

85. 1 Quant à la prophétie qui dit aLevez vos portes, princes, levez-vous, porteséternelles, et le Roi de gloire entrera, certains d'entre vous osent semblablementl'interpréter en l'appliquant à Ézéchias, d'autres à Salomon1. Or il estimpossible de démontrer qu'elle s'applique à celui-ci ou à celui-là ou à aucunautre de ceux qui sur vous eurent le titre de roi : elle s'applique uniquement ànotre Christ, qui se montra bsans apparence et sans honneur, comme l'a dit Isaïe,avec David et toutes les Écritures2, qui est cSeigneur des puissances3, par lavolonté du Père qui le lui a octroyé, qui est en outre ressuscité des morts etmonté au ciel4, comme l'ont montré le psaume et les autres Écritures, ledéclarant aussi Seigneur des Puissances, comme aujourd'hui encore, lesévénements qui se produisent sous vos yeux vous en peuvent aisémentconvaincre5, si vous le voulez bien.

2 Car s'il est exorcisé au nom de ce Fils de Dieu, dpremier-né de toute création6,enfanté par une vierge, qui s'est fait homme souffrant, crucifié sous Ponce-Pilate par votre peuple, mort, ressuscité7 des morts, et monté au ciel, toutedémon se trouve vaincu et soumis8. 3 Lorsque, au contraire, vous n'exorcisezqu'au nom de l'un de ceux qui furent chez vous rois, justes, prophètes oupatriarches9, nul parmi les fdémons ne sera soumis. Si toutefois l'un de vousvenait à exorciser par le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu deJacob10, sans doute11 alors seraient-ils soumis. Mais aujourd'hui, dis-je, vosconjureurs exorcisent en usant, comme les nations, d'artifices, et ilsemploient fumigations et nœuds12 magiques.

4 C'est à des ganges et des puissances que le Verbe de la prophétie proférée parl'intermédiaire de David ordonne de hlever les portes, afin qu'entre ce iSeigneur despuissances ressuscité des morts selon la volonté du Père, Jésus-Christ ; c'est ceque démontre également la parole de David que je vais vous rappeler encorepour ceux qui n'étaient pas avec nous hier13 ; car c'est bien pour eux que jerapporte sommairement beaucoup des choses qui ont été dites hier.

a Ps. 23, 7 b cf. Is. 53, 2-3 c Ps. 23, 10 d Col. 1, 15 e cf. Lc. 10, 17 f ibid. g cf. Ps. 148, 2h cf. Ps. 23, 7 i ibid., 10.

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JUSTIN MARTYR

5 Kai; nu'n pro;" uJma'" eja;n tou'to levgw, eij kai; ejtautolovghsa1 pollavki", oujka[topon eijpei'n2 ejpivstamai : geloi'on me;n ga;r pra'gmav ejstin3 oJra'n to;nh{lion kai; th;n selhvnhn kai; ta; a[lla4 a[stra th;n aujth;n oJdo;n ajei; kai; ta;"5

tropa;" tw'n wJrw'n poiei'sqai, kai; to;n yhfi<sti>ko;n6 a[ndra, eij ejxetavzoito7

ta; di;" duvo povsa ejstiv, dia; to; pollavki" eijrhkevnai o{ti tevssara, < ouj >8

pauvsesqai tou' pavlin levgein o{ti tevssara, kai; ta; a[lla oJmoivw" o{sa pagivw"oJmologei'tai ajei; wJsauvtw" levgesqai kai; oJmologei'sqai9, to;n10 de; ajpo; tw'ngrafw'n tw'n profhtikw'n oJmiliva" poiouvmenon eja'n kai; mh; ta;" aujta;" ajei;levgein grafav", ajll! hJgei'sqai eJauto;n bevltion th'"11 grafh'" gennhvsantaeijpei'n.6 [Estin ou\n oJ lovgo", di! ou| ejshvmana12 to;n qeo;n dhlou'n13 o{ti kai;

a[ggeloiv eijsin ejn oujranw'/ kai; dunavmei", ou|to" : (Ps. 148, 1)Aijnei'te to;n kuvrionejk tw'n oujranw'n, aijnei'te aujto;n ejn toi'" uJyivstoi" : (2)aijnei'te aujtovn, pavnte"oiJ a[ggeloi aujtou', aijnei'te aujtovn, pa'sai aiJ dunavmei" aujtou'. [fol. 140 r° : A]− Kai; Mnaseva" dev ti" ojnovmati tw'n sunelqovntwn aujtoi'" th'/ deutevra/

hJmevra/ ei\pe : Kai; hJmei'" caivromen pavlin peirwmevnou sou ta; aujta; levgeindi! hJma'".7 − Kajgw' ei\pon : jAkouvsate, fivloi, tivni grafh'/ peiqovmeno" tau'ta

pravttw. jIhsou'" ejkevleusen ajgapa'n kai; tou;" ejcqrouv", o{per kai; dia;JHsai>vou ejkekhvrukto dia; pleiovnwn, ejn oi|" kai; to; musthvrion th'" pavlingenevsew"14 hJmw'n, kai; aJplw'" pavntwn tw'n to;n Cristo;n ejn JIerousalh;mfanhvsesqai prosdokwvntwn kai; di! e[rgwn eujarestei'n aujtw'/ spoudazovntwn.8 Eijsi; de; oiJ dia; JHsai?ou lovgoi ou|toi : (Is. 66, 5) jAkouvsate to; rJh'ma kurivou,

oiJ trevmon-[p. 216 : B]-te" to; rJh'ma aujtou'. Ei[pate : ajdelfoi; hJmw'n, toi'"misou'sin uJma'" kai; bdelussomevnoi" to; o[noma kurivou doxasqh'nai15. [Wfqh ejnth'/ eujfrosuvnh/ aujtw'n, kajkei'noi aijscunqhvsontai. (6)Fwnh; kraugh'" ejkpovlew", fwnh; laou'16, fwnh; kurivou ajpodidovnto" ajntapovdosin toi'"

1 jEtautolovghsa : ejpautolovghsa codd., Steph. 2 Eijpei'n : poiei'n prop. Thirlb., coni. Marc.3 jEstin : e[stai coni. Marc. 4 [Alla codd., edd. a Mar. : om. cett. edd. 5 Ta;" : ta;" aujta;" prop.Otto 6 Yhfistiko;n edd. : yhfiko;n codd. 7 jExetavzoito prop. Lange, Mar., coni. Troll., edd. abOtto : ejxetavzoi to; codd., cett. edd. 8 Ouj prop. Lange, Mar., coni. Troll., edd. ab Otto : om. codd.,cett. edd. 9 JOmologei'sqai : poiei'sqai prop. Thirlb. 10 To;n edd. : tw'n codd. 11 Th'" : ti prop.Thirlb., coni. Marc. 12 jEshvmana prop. Thirlb., Mar., coni. Troll., edd. ab Otto : ejshvmane codd.,cett. edd. 13 Dhlou'n : dhlw'n prop. Pearson 14 Th'" pavlin genevsew" (vel th'" paliggenesiva")prop. Sylb., transp. Otto, Troll., Arch., Marc. (cf. 118, 2 : th'/ pavlin parousiva/) : pavlin th'"

genevsew" codd., cett. edd. 15 Kai; − doxasqh'nai : kai; bd., to; o[. k. doxasqh'nai (« ut nomenDomini glorificetur ») Mar., Mign., Otto i{na to; o[. k. doxasqh'/ kai; ojfqh'/ Marc. (ex LXX)16 Laou' codd., Troll., Otto, Arch., Goodsp. : ejk laou' Marc. (ex LXX codd. 763 a. corr. et 534) ejknaou' cett. edd. (ex LXX).

419

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 85, 5-85, 8

5 Et si je dis cela devant vous maintenant, même au prix de fréquentesrépétitions, c'est que je sais ne rien dire d'absurde. Ce qui est ridicule, c'est devoir le soleil et la lune, et tous les autres astres, reproduire toujours le mêmeitinéraire et le cours des saisons ; le mathématicien à qui l'on demandecombien font deux fois deux, bien qu'il ait maintes fois déjà répondu : quatre,ne pas renoncer à répéter encore que cela fait quatre ; que toutes les autreschoses solidement admises, soient de même toujours dites et reconnues, etde laisser celui qui appuie ses propos sur les Écritures prophétiques ne pasciter aussi toujours les mêmes Écritures, mais croire avoir trouvé à direquelque chose de meilleur que l'Écriture14.

6 Voici donc la parole par laquelle j'ai indiqué que Dieu montrait qu'il y ades anges dans le ciel, ainsi que des puissances : (Ps. 148, 1)Louez le Seigneur du hautdes cieux, louez-le dans les hauteurs, (2)Louez-le, tous ses anges, louez-le tous qui êtes sespuissances.

Alors un certain Mnaseas15, l'un de ceux qui s'était joint à eux le secondjour, dit :

— Ce nous est une joie que tu veuilles bien répéter les mêmes choses àcause de nous.

7 Je repris :— Écoutez, amis, par quelle Écriture je suis convaincu d'agir de la sorte.

Jésus a ordonné ad'aimer même ses ennemis, ce qui avait été proclamé aussi parIsaïe en plusieurs versets16, dans lesquels (il annonçait aussi) le mystère denotre seconde naissance17, la nôtre et celle de tous ceux absolument quibattendent18 que le Christ apparaisse à Jérusalem, et mettent par leurs œuvrestous leurs soins à lui plaire.

8 Voici donc les paroles dites par l'intermédiaire d'Isaïe : (Is. 66, 5)Écoutez laparole du Seigneur, vous qui tremblez à sa parole. Dites : « nos frères » à ceux qui voushaïssent et qui ont en horreur que le nom du Seigneur soit glorifié. Il s'est fait voir en leurbonheur, et ceux-là seront pris de honte. (6)Dans la ville, la voix d'une lamentation, voixdu peuple, voix du Seigneur qui rend leur rétribution aux superbes. (7)Avant que

a Cf. Matth. 5, 44 ; Lc. 6, 27 b cf. Is. 66, 9 et Gen. 49, 10.

420

JUSTIN MARTYR

uJperhfavnoi". (7)Pri;n h] th;n wjdivnousan tekei'n, kai; pri;n ejlqei'n to;n povnontw'n wjdivnwn, ejxevteken1 a[rsen. 9 (8)Tiv" h[kouse toiou'ton, kai; tiv" eJwvrakenou{tw", eij w[dinen hJ gh' ejn mia'/ hJmevra/, eij de; kai; tevkoi e[qno" eij" a{pax, o{tiw[dine kai; e[teke Siw;n ta; paidiva aujth'" _ (9) jEgw; < de; >2 e[dwka th;nprosdokivan tauvthn kai; ouj gennwvsh/3, ei\pe kuvrio". jIdou; ejgw; gennw'san kai;stei'ran ejpoivhsa, levgei kuvrio". (10)Eujfravnqhti, JIerousalhvm, kai;panhgurivsate [fol. 140 v° : A] pavnte" oiJ ajgapw'nte" aujthvn : caivrete4

pavnte" o{soi penqei'te ejp! aujthvn, (11)i{na qhlavshte kai; ejmplhsqh'te ajpo;masqou' paraklhvsew" aujth'", i{na ejkqhlavsante" trufhvshte ajpo; eijsovdoudovxh" aujtou'5.

86. 1 Kai; tau'ta eijpw;n prosevqhka : {Oti dev, meta;6 to; staurwqh'nai tou'tono}n e[ndoxon pavlin paragenhvsesqai ajpodeiknuvousin aiJ grafaiv, suvmbolonei\ce tou' xuvlou th'" zwh'"7, o} ejn tw'/ paradeivsw/ pefuteu'sqai ejlevlekto, kai;tw'n8 genhsomevnwn9 pa'si toi'" dikaivoi", ajkouvsate. Mwsh'"10 meta; rJavbdouejpi; th;n tou' laou' ajpoluvtrwsin ejpevmfqh, kai; tauvthn e[cwn meta; cei'ra" ejnajrch'/ tou' laou' dievteme th;n qavlassan, dia; tauvth"11 ajpo; th'" pevtra" u{dwrajnabluvsan eJwvra : kai; xuvlon balw;n eij" to; ejn Merra'/ u{dwr, pikro;n o[n,gluku; ejpoivhse. 2 JRavbdou" balw;n jIakw;b eij" ta;" lhnou;" tw'n uJdavtwnejgkissh'-[p. 217 : B]-sai ta; provbata tou' mhtradevlfou, i{na ta; gennwvmena ejxaujtw'n kthvshtai, ejpevtucen : ejn rJavbdw/ aujtou' dielh<lu>qevnai12 to;n potamo;noJ aujto;" jIakw;b kauca'tai. Klivmaka e[fh eJwra'sqai aujtw'/, kai; to;n qeo;n ejp!aujth'" ejsthrivcqai hJ grafh; dedhvlwke : kai; o{ti oujk oJ path;r h\n, ajpo; tw'ngrafw'n ajpedeivxamen13. Kai; ejpi; livqou kataceva" e[laion ejn tw'/ aujtw'/ tovpw/jIakw;b sthvlhn tw'/ ojfqevnti aujtw'/ qew'/ ajlhlifevnai14 uJp! aujtou' tou' ojfqevnto"aujtw'/ [fol. 141 r° : A] qeou' marturei'tai.

1 jExevteken : ejxevfugen kai; e[teken Marc. (ex LXX) 2 De; edd. (ex LXX) : om. codd., Goodsp.3 Gennwvsh/ : gr(avfetai) ouj gennovsw in marg. codd. gennhvsw prop. Thirlb. (ex rec. Luciani = TM),coni. Marc. 4 Caivrete : c. caravn Marc. (ex codd. Alexandr., 88, 91, 565, 239, 410, 449, 538, 544)cara'/ LXX 5 Aujtou' : aujth'" LXX 6 Meta; : kai; prop. Sylb., Jebb, Thirlb. o{ti de; ou|to", o}nmeta; to; staur. e[nd. prop. Otto 7 Suvmbolon − zwh'" : oi\mai suvmbolon e[conta to;n stauro;n tou'xuvlou th'" zwh'" qevlei (« videtur mihi dicere [Christum rediturum] habentem crucem utsignum ligni vitae ») in marg. A grafaiv] oi\mai suvmbolon − qevlei [suvmbolon ktl. in textu B8 Tw'n : peri; tw'n Marc. 9 Genhsomevnwn : genomevnwn prop. Thirlb. genomevnwn kai; Marc.10 Mwsh'" : Mwu>sh'" Mign., Otto, Goodsp. 11 Tauvth" : tauvth" te Marc. 12 Dielhluqevnai

edd. a Mar. : dielhqevnai codd. dielelulhqevnai Steph. 13 Kai; − ajpedeivxamen in semicirculis Thirlb.14 jAlhlifevnai edd. ab Otto : ajlilhfevnai codd., Steph. ajlhleifevnai Mar.

421

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 85, 8-86, 2

n'enfante la femme en douleurs, et avant que ne vienne l'épreuve des douleurs, elle a mis aumonde un mâle. 9 (8)Qui a entendu rien de tel, et qui a vu rien de semblable, que la terreen un jour connaisse les douleurs, et mette d'un seul coup une nation au monde ? car Sion aété dans les douleurs, et a mis au monde ses enfants. (9)Pour moi j'ai fait don de cetteattente même à celle qui n'enfantait pas, dit le Seigneur. Voici que j'ai fait la féconde ainsique la stérile, dit le Seigneur. (10)Réjouis-toi, Jérusalem, rassemblez-vous en fête, vous tousqui l'aimez ; soyez tous dans la joie vous qui meniez son deuil, (11)afin d'être allaitésjusqu'au rassasiement à la mamelle de sa consolation, et qu'une fois allaités vous goûtiezles délices de l'entrée de sa gloire à lui19.

Figures du « bois de la Croix » contenues dans les Écritures.

86. 1 Après quoi j'ajoutai1 :— Écoutez donc comment celui dont les Écritures montrent qu'il doit à

nouveau revenir2 dans la gloire3, a eu pour symbole, après avoir été crucifié,al'arbre de vie4 qui, est-il dit, fut planté dans le paradis5, ainsi que ce qui devaitarriver à tous les justes6 : bC'est avec un bâton que Moïse fut envoyé cpour larédemption du peuple, et dle tenant en main, à la tête du peuple, il divisa la mer7.eC'est par lui qu'il voyait jaillir l'eau du rocher8. fC'est un morceau de bois qu'il jetadans les eaux de Merrha, quand d'amères qu'elles étaient il les rendit douces9.2 gEn jetant des bâtons dans les auges, Jacob obtint que les brebis de son onclematernel devinssent grosses afin de s'approprier leurs petits10. hC'est avec sonbâton que le même Jacob se vante d'avoir traversé le fleuve. iUne échelle11, est-ildit, lui est apparue, et l'Écriture montre que Dieu jétait appuyé sur elle ; or cen'était pas le Père, nous l'avons prouvé12 d'après les Écritures. Et quand ksurune pierre Jacob, en ce même lieu, a versé de l'huile, lil lui est rendu témoignage,par le Dieu lui-même qui lui est apparu, qu'il a oint une stèle au Dieu qui lui estapparu13.

a Cf. Gen. 2, 9 b cf. Exod. 4, 2-4.17 etc. c cf. Exod. 6, 6 ; 15, 13 d cf. Exod. 14, 16.21e cf. Exod. 17, 5-6 et Nombr. 20, 7-11 f cf. Exod. 15, 22-27 g cf. Gen. 30, 37-38 h cf. Gen.32, 10 i cf. Gen. 28, 12 j ibid., 13 k cf. Gen. 28, 16.18 l cf. Gen. 31, 13.

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JUSTIN MARTYR

3 Kai; o{ti livqo" Cristo;" dia; pollw'n grafw'n sumbolikw'" ejkhruvsseto,oJmoivw" ajpedeivxamen : kai; o{ti to; cri'sma pa'n, ei[te ejlaivou ei[te stakth'"ei[te tw'n a[llwn tw'n th'" sunqevsew" tou' muvrou crismavtwn, touvtou h\n,oJmoivw" ajpedeivxamen, tou' Lovgou levgonto" : Dia; tou'to e[crisev se, oJ qeov", oJqeov" sou, e[laion ajgalliavsew" para; tou;" metovcou" sou. Kai; ga;r oiJbasilei'" pavnte" kai; oiJ cristoi; ajpo; touvtou metevscon kai; basilei'"kalei'sqai kai; cristoiv : o}n trovpon kai; aujto;" ajpo; tou' patro;" e[labe to;basileu;"1 kai; Cristo;" kai; iJereu;" kai; a[ggelo", kai; o{sa a[lla toiau'ta2 e[ceih] e[sce. 4 JRavbdo" hJ jAarw;n blasto;n komivsasa ajrciereva aujto;n ajpevdeixe.JRavbdon ejk rJivzh" jIessai; genhvsesqai to;n Cristo;n JHsai?a" proefhvteuse.Kai; Dauid wJ" to; xuvlon to; pefuteumevnon para; ta;" diexovdou" tw'n uJdavtwn,o} to;n karpo;n aujtou' dwvsein3 ejn kairw'/ aujtou'4, kai; to; fuvllon aujtou' oujkajporruhvsesqai, fhsi;n ei\nai to;n divkaion. Kai; wJ" foi'nix ajnqhvsein5 oJdivkaio" ei[rhtai.5 jApo;6 xuvlou tw'/ jAbraa;m w[fqh oJ qeov", wJ" gevgraptai, pro;" th'/ drui`7

th'/8 Mambrh'9. JEbdomhvkonta" ijjteva"10 kai; dwvdeka phga;" eu|ren oJ lao;"diaba;" to;n jIordavnhn. jEn rJavbdw/ kai; bakthriva/11 pa-[p. 218 : B]-rakeklh'sqaiuJpo; tou' qeou' Daui`d levgei. 6 Xuvlon jElissai'o" [fol. 141 v° : A] balw;n eij"to;n jIordavnhn potamo;n ajnhvnegke to;n sivdhron th'" ajxivnh", ejn h|/peporeumevnoi h\san oiJ uiJoi; tw'n profhtw'n kovyai xuvla eij" oijkodomh;n tou'oi[kou, ejn w|/ to;n novmon kai; ta; prostavgmata tou' qeou' levgein kai; meleta'nejbouvlonto : wJ" kai; hJma'" bebaptismevnou" tai'" barutavtai" aJmartivai", a}"ejpravxamen, dia; tou' staurwqh'nai ejpi; tou' xuvlou kai; di! u{dato" aJgnivsai oJCristo;" hJmw'n ejlutrwvsato kai; oi\kon eujch'" kai; proskunhvsew" ejpoivhse.Kai; rJavbdo" h\n hJ deivxasa jIouvdan patevra tw'n ajpo; Qavmar dia; mevgamusthvrion gennhqevntwn.

87. 1 − Kai; oJ Truvfwn, eijpovnto" mou tau'ta, e[fh : Mhv me loipo;nuJpolavmbane, ajnatrevpein peirwvmenon ta; uJpo; sou' legovmena/12, punqavnesqaio{sa a]n punqavnomai, ajlla; bouvlesqai manqavnein peri; touvtwn aujtw'n w|n a]n

1 Basileu;" : b. ei\nai prop. Lange, levgesqai Mar., kalei'sqai Otto 2 Toiau'ta : t. ojnovmataTroll., Marc. 119 3 Dwvsein A : dwvsei B, Goodsp. (= LXX) d. ...kai; ...ajporruhvsesqai mevlleiprop. Sylb., e[fh Mar., fhsi; Troll. 4 Aujtou' : auJtou' Mign. 5 jAnqhvsein Sylb., edd. ab Otto :ajnqivsein codd., cett. edd. ajnqhvsei LXX 6 jApo; : ejpi; in marg. codd. uJpo; prop. Sylb. 7 Drui>; edd. :drii>; codd. 8 Th'/ : ejn th'/ in marg. codd., ad calcem Steph. 9 Mambrh' Thirlb., edd. ab Otto : Mambrh'/codd., cett. edd. (cf. 56, 1) 10 jIteva" : stelevch foinivkwn LXX 11 Bakthriva/ : bakthrivw/ Otto,Mign. 12 Ta; uJpo; sou' legovmena : ta; uJp! ejmou' oJmologouvmena prop. Thirlb.

423

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 86, 3-87, 1

3 Or le Christ, par beaucoup d'Écritures, était annoncé symboliquementcomme pierre : nous l'avons également démontré14. Et nous avons de mêmedémontré que tout onguent, soit d'huile d'olive, soit d'huile parfumée demyrrhe, ou tout autre des onguents à base de myrrhe, se rapportait à lui, carle Verbe a dit : aC'est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t'a oint d'une huile d'allégresse, depréférence à tes compagnons15. Tous les rois en effet, et tous les oints tiennent de16

celui-là leurs titres de rois et de christs, de la même manière qu'il a lui-mêmereçu du Père ceux de roi, Christ, prêtre et ange, et tous les autres semblablesqu'il a ou qu'il a eus17. 4 bLe bâton d'Aaron, en donnant des bourgeons, a démontréqu'il serait Grand prêtre18. cLa tige de la souche de Jessé19, a prophétisé Isaïe,serait le Christ. David dit que le juste est dcomme l'arbre planté près d'un coursd'eau, qui donnera son fruit en son temps, et son feuillage ne tombera pas20. Et ecomme lepalmier, est-il dit, le juste fleurira21.

5 C'est d'un arbre que Dieu s'est fait voir d'Abraham, ainsi qu'il est écrit : fprèsdu chêne de Mambré22. gLe peuple traversant le Jourdain23 trouva soixante-dixsaules et douze sources24. hC'est par le bâton et la houlette que David dit avoir étéréconforté par Dieu. 6 iC'est en jetant un bâton dans le fleuve du Jourdainqu'Élisée fit surnager le fer de la hache25 avec laquelle les fils des prophètes étaientvenus couper le bois destiné à la construction de la maison où ils voulaient lire etméditer la Loi et les préceptes de Dieu. Et c'est ainsi que de nous26,submergés27 par les péchés les plus lourds que nous avions commis − nousqu'il a rachetés par sa crucifixion sur le bois et la purification de l'eau − leChrist a fait une maison de prière et d'adoration28. jC'est encore un bâton qui adésigné Juda comme père des enfants qui par un grand mystère sont nés deThamar29.

Comment celui qui reçut au baptême les puissances de l’Esprit Espritpouvait-il être aussi un Dieu préexistant ?

87. 1 Tryphon, lorsque j'eus parlé, dit1 :— Ne va pas croire, à présent, que je cherche à remettre en cause ce que tu

as dit2, en interrogeant autant que je le fais : c'est que je veux m'instruire des

a Ps. 44, 8 b cf. Nombr. 17, 8 c cf. Is. 11, 1 d Ps. 1, 3 e Ps. 91, 13 f Gen. 18, 1g cf. Exod. 15, 27 et Nombr. 33, 9 h Ps. 22, 4 i IV Rois, 6, 1-7 j cf. Gen. 38, 25-26.

424

JUSTIN MARTYR

ejrwtw'. 2 Eijpe; ou\n moi, dia; tou' JHsai?ou eijpovnto" tou' Lovgou1 : (Is. 11, 1)jExeleuvsetai rJavbdo" ejk th'" rJivzh" jIessaiv, kai; a[nqo" ajnabhvsetai ejk th'"rJivzh" jIessaiv, (2)kai; ajnapauvsetai ejp! aujto;n pneu'ma qeou', pneu'ma sofiva"kai; sunevsew", pneu'ma boulh'" kai; ijscuvo", pneu'ma gnwvsew" kai; eujsebeiva",(3)kai; ejmplhvsei aujto;n pneu'ma fovbou qeou', kai; oJmologhvsa"2 tau'ta prov"me3, e[legen, eij"4 Cristo;n eijrh'sqai, kai; qeo;n aujto;n prou>pavrconta levgei",kai; kata; th;n boulh;n tou' qeou' sarkopoihqevnta aujto;n [fol. 142 r° : A] levgei"dia; th'" parqevnou gegennh'sqai a[nqrwpon, pw'" duvnatai ajpodeicqh'naiprou>pavrcwn, o{sti" dia; tw'n dunavmewn tou' pneuvmato" tou' aJgivou, a}"katariqmei' oJ Lovgo" dia; JHsai?ou, plh-[p. 219 : B]-rou'tai wJ" ejndeh;" touvtwnuJpavrcwn _3 − Kajgw; ajpekrinavnhn : Nounecevstata me;n kai; sunetwvtata hjrwvthsa" :

ajlhqw'" ga;r ajpovrhma dokei' ei\nai : ajll! i{na eijdh'/"5 kai; to;n peri; touvtwnlovgon, a[koue w|n levgw. Tauvta" ta;" kathriqmhmevna" tou' pneuvmato"dunavmei" oujc wJ" ejndeou'" aujtou' touvtwn o[nto" fhsi;n oJ Lovgo"ejpelhluqevnai ejp! aujtovn, ajll! wJ" ejp! ejkei'non ajnavpausin mellousw'npoiei'sqai, toutevstin ejp! aujtou' pevra" poiei'sqai, tou' mhkevti ejn tw'/ gevneiuJmw'n kata; to; palaio;n e[qo" profhvta" genhvsesqai, o{per kai; o[yei uJmi'nijdei'n e[sti : met! ejkei'non ga;r oujdei;" o{lw" profhvth" par! uJmi'n gegevnhtai.4 Kai; o{ti oiJ par! uJmi'n profh'tai, e{kasto" mivan tina; h] kai; deutevran

duvnamin para; tou' qeou' lambavnonte", tau'ta ejpoivoun kai; ejlavloun a} kai;hJmei'" ajpo; tw'n grafw'n ejmavqomen6, katanohvsate7 kai; ta; uJp! ejmou'legovmena. Sofiva" me;n ga;r pneu'ma Solomw;n e[sce, sunevsew" de; kai; boulh'"Danihvl, ijscuvo" de; kai; eujsebeiva" Mwsh'"8, kai; JHliva" fovbou9 kai; gnwvsew"JHsai?a" : kai; oiJ a[lloi au\ oJmoivw" h] mivan e{kasto" h] ejnalla;x a[llhn [fol. 142v° : A] tina; met! a[llh" dunavmew" e[scon, oi|on kai; JIeremiva" kai; oiJ dwvdekakai; Daui`d kai; oiJ a[lloi aJplw'" o{soi gegovnasi par! uJmi'n profh'tai.5 jAnepauvsato ou\n, toutevstin ejpauvsato, ejlqovnto" ejkeivnou, meq! o{n, th'"

oijkonomiva" tauvth" th'"10 ejn ajnqrwvpoi" aujtou' genomevnoi" crovnoi",pauvsasqai e[dei aujta; ajf! uJmw'n, kai; ejn touvtw/ ajnavpausin labovnta pavlin,

1 Lovgou : logivou vel qeou' prop. Wolf 2 Kai; oJmologhvsa" : ejpei; wJmolovghsa" prop. Sylb., Jebb,Thirlb. wJ" wJmolovghsa" coni. Marc. kai; oJmologhvsa" − a[nqrwpon in semicirculis Mar., Otto3 Tau'ta prov" me : prov" me tau'ta transp. Marc. 4 Eij" : eij prop. Pearson 5 Eijdh'/" codd.,Goodsp., Marc. : i[dh/" cett. edd. 6 jEmavqomen : ejm. ejnnohvsante" Marc. 7 Katanohvsate Ap. corr: : katenohvsate A a. corr. ut vid. katanohvsete coni. Marc. 8 Mwsh'" : Mwu>sh'" Otto, Mign.,Goodsp. 9 Fovbou : f. qeou' Marc. (ex Dial. 87, 2 et 39, 2) 10 Th'" ego : toi'" codd., edd.

425

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 87, 1-87, 5

choses mêmes sur lesquelles je questionne. 2 Dis-moi donc : lorsque le Verbedéclare par l'intermédiaire d'Isaïe : (Is. 11, 1)Un rameau sortira de la souche de Jessé,et une tige s'élèvera de la souche de Jessé ; (2)sur lui reposera l'Esprit de Dieu, Esprit desagesse et d'intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de science et de piété3,(3)l'Esprit de la crainte de Dieu le remplira (il me concédait4, disait-il, que cela étaitdit du Christ), tu déclares qu'il fut un Dieu préexistant, et que selon lavolonté de Dieu il s'est fait chair pour naître homme par la vierge. Commentest-il possible de démontrer qu'était préexistant celui qui est rempli par lespuissances du Saint Esprit que le Verbe énumère par l'intermédiaire d'Isaïe,tout comme s'il s'en trouvait dépourvu ?

3 Je répondis :— Voilà assurément une question très fine et fort intelligente : il semble, en

effet qu'il ait vraiment là une difficulté. Mais pour bien voir encore la raisonde cela, écoute ce que je vais dire. Ces puissances de l'Esprit qui sonténumérées, si le Verbe déclare qu'elles sont venues sur lui, ce n'est pas qu'il enait été dépourvu, mais parce qu'elles devaient trouver asur lui un repos, c'est-à-dire trouver un achèvement en lui5, si bien qu'en votre race il ne devait plus yavoir, comme par le passé, de prophètes, ce que vous pouvez constater devos propres yeux : après lui, en effet, il n'y a plus eu absolument aucunprophète parmi vous.

4 Vos prophètes, qui avaient reçu de Dieu chacun l'une ou l'autre de cesPuissances, ont agi et parlé comme nous l'avons nous aussi appris desÉcritures, faites-y bien attention, ainsi qu'à ce que je dis. Ainsi donc, c'estSalomon qui eut bl'Esprit de sagesse, Daniel celui d'intelligence et de conseil, Moïsede force et de piété, Élie de crainte et Isaïe de science ; et les autres de même :chacun eut une Puissance ou alternativement l'une ou l'autre, tel Jérémie, lesdouze, David, et en un mot tous les autres prophètes que vous avez eus.

5 Il s'est donc creposé, c'est-à-dire qu'il a cessé (l'Esprit prophétique)6, quandfut venu celui après qui, une fois révolus les temps de cette économie queparmi les hommes il a réalisée7, ces choses devaient disparaître de chez vous,et en lui à nouveau trouver à reposer8, conformément à la prophétie, pour

a Cf. Is. 11, 2 b ibid. c ibid.

426

JUSTIN MARTYR

wJ" ejpeprofhvteuto, genhvsesqai1 dovmata, a} ajpo; th'" cavrito" th'" dunavmew"[p. 220 : B] tou' pneuvmato" ejkeivnou toi'" ejp! aujto;n pisteuvousi divdwsin, wJ"a[xion e{kaston ejpivstatai. 6 < Kai; >2 o{ti ejpeprofhvteuto tou'to mevlleingivnesqai uJp! aujtou' meta; th;n eij" oujrano;n ajnevleusin aujtou', ei\pon me;n h[dhkai; pavlin levgw. Ei\pen ou\n : jAnevbh eij" u{yo", hj/cmalwvteusen aijcmalwsivan,e[dwke dovmata toi'" uiJoi'" tw'n ajnqrwvpwn. Kai; pavlin ejn eJtevra/ profhteiva/ei[rhtai : (Joël 3, 1)Kai; e[stai meta; tau'ta , ejkcew' to; pneu'mav mou ejpi; pa'sansavrka... (2)kai; ejpi; tou;" douvlou" mou kai; ejpi; ta;" douvla" mou, kai;profhteuvsousi.

88. 1 Kai; par! hJmi'n e[stin ijdei'n kai; qhleiva" kai; a[rsena", carivsmata ajpo;tou' pneuvmato" tou' qeou' e[conta". {Wste ouj dia; to; ei\nai aujto;n ejndeh'3

dunavmew" ejpeprofhvteuto ejleuvsesqai ejp! aujto;n ta;" dunavmei" ta;"kathriqmhmevna" uJpo; JHsai?ou, ajlla; dia; to; ejpevkeina mh; mevllein e[sesqai.Martuvrion de; kai; tou'to e[stw uJmi'n, [fol. 143 r° : A] o} e[fhn pro;" uJma'"gegonevnai uJpo; tw'n < ajpo; >4 jArrabiva" mavgwn, oi{tine" a{ma tw'/ gennhqh'naito; paidivon ejlqovnte" prosekuvnhsan aujtw'/. 2 Kai; ga;r gennhqei;" duvnaminth;n aujtou'5 e[sce : kai; aujxavnwn kata; to; koino;n tw'n a[llwn aJpavntwnajnqrwvpwn, crwvmeno" toi'" aJrmovzousin, eJkavsth/ aujxhvsei to; oijkei'onajpevneime, trefovmeno" ta;" pavsa" trofav", kai; triavkonta e[th h] pleivona h]kai; ejlavssona meivna", mevcri" ou| proelhvluqen jIwavnnh" kh'rux aujtou' th'"parousiva"6 kai; th;n tou' baptivsmato" oJdo;n proi>wvn, wJ" kai; proapevdeixa.3 Kai; tovte ejlqovnto" tou' jIhsou' ejpi; to;n jIordavnhn potamovn, e[nqa oJjIwavnnh" ejbavptize, < kai; >7 katelqovnto" tou' jIhsou' ejpi; to; u{dwr, [kai;] pu'rajnhvfqh8 ejn tw'/ jIordavnh/, kai; ajna-[p. 221 : B]-duvnto" aujtou' ajpo; tou' u{dato"wJ" peristera;n to; a{gion pneu'ma ejpipth'nai ejp! aujto;n e[grayan oiJajpovstoloi aujtou' touvtou tou' Cristou' hJmw'n.4 Kai; oujc wJ" ejndea' aujto;n tou' baptisqh'nai9 h] tou' ejpelqovnto" ejn ei[dei

peristera'" pneuvmato" oi[damen aujto;n ejlhluqevnai ejpi; to;n potamovn, w{speroujde; to; gennhqh'nai aujto;n kai; staurwqh'nai wJ" ejndeh;" touvtwn uJpevmeinen,ajll! uJpe;r tou' gevnou" tou' tw'n ajnqrwvpwn, o} ajpo; tou' jAda;m uJpo; qavnaton

1 Genhvsesqai : gennhvsesqai Mar. (genhvsesqai Mign.) 2 Kai; addendum Thirlb., add. Otto,Arch., Marc. : o{ti de; prop. Sylb. o{ti codd., cett. edd. 3 jjEndeh' : ejndea' infra 88, 4 4 jApo; Thirlb.,Otto, Arch., Marc. (ut alibi constanter) : om. codd., cett. edd. 5 Aujtou' : auJtou' prop. Semisch (Justin,P. II, p. 80) 6 Th'" parousiva" : t. p. w[n Marc. 7 Kai; deleto kai; post u{dwr huc transp. Marc. :u{dwr, kai; codd., cett. edd. 8 jAnhvfqh : ajnh'fqai alii (Thirlb.) 9 Baptisqh'nai B, edd. :bapisqh'nai A.

427

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 87, 5-88, 4

devenir des adons que par la grâce de la puissance de cet Esprit il accorde à ceuxqui croient en lui, selon qu'il en sait chacun digne9. 6 Il avait été prophétiséque cela arriverait par lui après sa remontée10 au ciel, je l'ai déjà affirmé11, et jele répète. Il a donc été dit : bIl est monté sur la hauteur, a fait captive la captivité, etaccordé des dons aux fils des hommes. Et il est dit encore dans une autreprophétie : (Joël 3, 1)Et il arrivera après cela que je répandrai mon esprit sur toutechair…, (2)sur mes serviteurs et sur mes servantes, et ils prophétiseront.

Si les puissances de l’esprit sont venues sur lui,ce n’est pas qu’il en ait été dépourvu, mais parce qu’en lui elles se sont « reposées »,

pour être dispensées à ceux qui en sont dignes.

88. 1 Or l'on peut voir chez nous des femmes et des hommes qui de l'Espritde Dieu ont reçu des charismes1. Aussi n'est-ce pas parce qu'il était dépourvude Puissance qu'il fut prophétisé que viendraient csur lui les Puissancesénumérées par Isaïe, mais parce que par la suite il n'en devait plus exister.Que vous en soit témoin ce qui, je vous l'ai dit2, fut accompli par les magesd'Arabie : dau moment même3 où avait lieu la naissance de l'enfant, ils vinrentl'adorer4. 2 Car c'est dès qu'il naquit, qu'il eut sa Puissance ; et etandis qu'ilgrandissait comme le commun de tous les autres hommes, il usa de ce quiconvenait, accorda à chaque étape de la croissance ce qui lui est propre, senourrit de toutes sortes de nourritures5, et fdemeura trente années (peut-êtreplus ou même moins), jusqu'à ce que fût venu Jean, héraut de sa parousie, quile précédait sur le chemin du baptême, comme je l'ai déjà montré6. 3 gJésusvint alors au fleuve du Jourdain, là où Jean baptisait ; et tandis que Jésusdescendait dans l'eau, du feu s'alluma dans le Jourdain7 ; et halors qu'ilremontait de l'eau, l'Esprit Saint comme une colombe voltigea sur lui8 : ce sont lespropres apôtres de celui qui est notre Christ qui l'ont écrit.

4 Or s'il s'est rendu au fleuve, ce n'est pas − nous le savons − qu'il ait eubesoin d'être baptisé ou que il'Esprit Saint vienne sur lui sous la forme d'unecolombe ; de même s'il souffrit d'être engendré et crucifié, ce n'est pasdavantage par besoin de cela, mais pour la race des hommes qui, depuisAdam, était tombée au pouvoir de la mort et de l'erreur du serpent, chacun

a Ps. 67, 19 ; cf. Éphés. 4, 8 b ibid. c cf. Is. 11, 2 d cf. Matth. 2, 11 e cf. Lc. 2, 40.52f cf. Lc. 3, 23 g cf. Matth. 3, 13 ; Mc. 1, 9 h cf. Lc. 3, 21-22 ; Matth. 3, 16 ; Mc. 1, 10i cf. Lc. 3, 21-22 pll.

428

JUSTIN MARTYR

kai;1 plavnhn th;n tou' o[few" ejpeptwvkei, para; th;n ijdivan aijtivan eJkavstouaujtw'n ponhreusamevnou. 5 Boulovmeno" [fol. 143 v° : A] ga;r touvtou" ejnejleuqevra/ proairevsei kai; aujtexousivou" genomevnou", touv" te ajggevlou" kai;tou;" ajnqrwvpou", oJ qeo;" pravttein o{sa e{kaston ejnedunavmwse duvnasqai2

poiei'n, ejpoivhsen, eij me;n ta; eujavresta aujtw'/ aiJroi'nto, kai; ajfqavrtou" kai;ajtimwrhvtou" aujtou;" thrh'sai, eja;n de; ponhreuvswntai, wJ" aujtw'/ dokei',e{kaston kolavzein.6 Kai; ga;r oujde; to; kaqesqevnta aujto;n o[nw/ eijselqei'n eij" JIerosovluma, wJ"

ajpedeivxamen peprofhteu'sqai, duvnamin aujtw'/ ejnepoivei eij" to; Cristo;nei\nai, ajll;a; toi'" ajnqrwvpoi" gnwvrisma e[feren o{ti aujtov" ejstin oJ Cristov",o{nper trovpon kai; ejpi; tou' jIwavnnou e[dei gnwvrisma toi'" ajnqrwvpoi" ei\nai,o{pw" ejpignw'si tiv" ejstin oJ Cristov".7 jIwavnnou ga;r kaqezomevnou ejpi; tou' jIordavnou kai; khruvssonto"

bavptisma metanoiva", kai; zwvnhn dermativnhn kai; e[nduma ajpo; tricw'nkamhvlou movnon forou'nto" kai; mhde;n ejsqivonto" plh;n ajkrivda" kai; mevlia[grion, oiJ a[nqrwpoi uJpelavmbanon aujto;n ei\nai to;n Cristovn : pro;" ou}" kai;aujto;" ejbova : Oujk eijmi; oJ Cristov", ajlla; fwnh; bow'nto" : h{xei ga;r oJijscurovterov" mou, ou| oujk eijmi; iJkano;" ta; uJpodhvmata [p. 222 : B] bastavsai.8 Kai; ejlqovnto" tou' jIhsou' ejpi; to;n jIordavnhn, kai; nomizomevnou jIwsh;f tou'tevktono" uiJou' uJpavrcein, kai; ajeidou'", wJ" aiJ grafai; ejkhvrusson,fainomevnou, kai; tevktono" nomizomevnou [fol. 144 r° : A] (tau'ta ga;r ta;tektonika; e[rga3 eijrgavzeto ejn ajnqrwvpoi" w[n, a[rotra kai; zugav, dia; touvtwnkai; ta; th'" dikaiosuvnh" suvmbola didavskwn kai; ejnergh'4 bivon5), to; pneu'maou\n to; a{gion kai;6 dia; tou;" ajnqrwvpou", wJ" proevfhn, ejn ei[dei7 peristera'"ejpevpth8 aujtw'/, kai; fwnh; ejk tw'n oujranw'n a{ma ejlhluvqei, h{ti" kai; dia; Daui`dlegomevnh, wJ" ajpo; proswvpou aujtou' levgonto" o{per aujtw'/ ajpo; tou' patro;"e[melle levgesqai : UiJov" mou ei\ suv, ejgw; shvmeron gegevnnhkav9 se : tovtegevnesin aujtou' levgwn givnesqai toi'" ajnqrwvpoi"10, ejx o{tou hJ gnw'si" aujtou'e[melle givnesqai : [UiJov" mou ei\ suv, ejgw; shvmeron gegevnnhkav se]11.

1 Kai; : dia; prop. Thirlb. kata; coni. Marc. 2 Duvnasqai : del. Marc. 3 Tektonika; e[rga in textucodd., edd. : tektonika; o[rgana in marg. codd. 4 jEnergh' prop. Wolf, Mar., coni. Sylb., Mor., edd. abOtto (cf. 96, 2 ; 102, 5) : ajergh' codd., Steph. oujk ajergh' prop. Lange 5 Tau'ta − bivvon insemicirculis edd. a Steph. 6 Kai; : post. bivon transp. Marc. 7 Ei[dei edd. : ei[dh codd. 8 jEpevpth Acorr. ex e[pth 9 Gegevnnhka A corr. ex gegevnhka 10 Toi'" ajnqrwvpoi" : post e[melle givnesqaitransponendum Thirlb. post. ejx o{tou transp. Marc. 11 UiJov" − gegevnnhkav se : ut glossema delendumMar., del. edd. ab Otto.

429

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 88, 4-88, 8

faisant le mal par9 sa propre faute10. 5 Dieu en effet les voulant dotés du librearbitre et autonomes − anges et hommes − les avait façonnés de telle sortequ'ils fissent tout ce qu'il avait rendu chacun capable de faire11 : s'ilschoisissaient ce qui lui est agréable, il les conserverait à l'abri de la corruptionet du châtiment ; et s'ils faisaient le mal, il châtierait chacun, comme il luisemblerait bon.

6 Quant à ason entrée sur un âne à Jérusalem − qui, nous l'avons montré12, avaitété prophétisée − elle n'a pas non plus réalisé en lui la Puissance d'être Christ,mais elle offrait aux hommes un signe de reconnaissance (manifestant) qu'ilétait bien le Christ ; de la même façon qu'il fallait qu'au temps de Jean unsigne de reconnaissance fût donné aux hommes, afin qu'ils reconnussent lapersonne du Christ.

7 Lorsque Jean, en effet, se tenait au Jourdain cannonçant le baptême depénitence13, dvêtu seulement d'une ceinture de peau et d'un vêtement de poils dechameau, ne mangeant rien que des sauterelles et du miel sauvage, eles hommes sefiguraient que c'était lui le Christ ; à ceux-là lui-même criait : fJe ne suis pas leChrist, mais la voix de celui qui crie ; gil viendra celui qui est plus fort que moi, dont je nesuis pas digne de porter les sandales. 8 Et lorsque Jésus s'en vint au Jourdain, honle croyait fils de Joseph le charpentier ; il était isans apparence14, comme l'avaientproclamé les Écritures ; jon le croyait charpentier − kcar tandis qu'il était parmiles hommes, il fabriquait ces ouvrages des charpentiers15, des charrues et desjougs16, enseignant à la fois par là les symboles de la justice et une vie active.L'Esprit Saint donc, et cela à cause des hommes, comme je viens de le dire17,lvoltigea18 au-dessus de lui sous la forme d'une colombe, et au même momentune voix vint des cieux qui s'était exprimée aussi par l'intermédiaire de David,disant comme en son nom propre ce qui devait être dit au Christ de la partdu Père : mTu es mon fils, aujourd'hui je t'ai engendré19 : sa naissance, disait-il, avaitlieu pour les hommes, à l'instant imminent de sa reconnaissance20.

a Cf. Matth. 21, 1-9 ; Mc. 11, 1 s. ; Lc. 19, 28 s. b cf. Gen. 49, 11 et Zach. 9, 9 c cf. Lc. 3, 3 ;Mc. 1, 4 d cf. Matth. 3, 4 ; Mc. 1, 6 e cf. Lc. 3, 15 f cf. Jn. 1, 20.23 g cf. Matth. 3, 11 ; Lc. 3,16 ; Mc. 1, 7 h cf. Matth. 13, 55 ; Mc. 6, 3 ; Lc. 3, 23 i cf. Is. 53, 2-3 j cf. Mc. 6, 3 k cf. Év.de Thomas, 13, 1 l cf. Lc. 3, 21-22 ; Matth. 3, 16 ; Mc. 1, 10 m Lc. 3, 22 ; cf. Ps. 2, 7.

430

JUSTIN MARTYR

89. 1 − Kai; oJ Truvfwn : Eu\ i[sqi, e[fh, o{ti kai; pa'n to; gevno" hJmw'n to;nCristo;n ejkdevcetai, kai; o{ti pa'sai aiJ grafaiv, a}" e[fh", eij" aujto;nei[rhntai1, oJmologou'men : kai;2 o{ti to; jIhsou'" o[noma deduswvphkev me, tw'/3

tou' Nauh' uiJw'/ ejpiklhqevn, ejndo<ti>kw'"4 e[cein kai; pro;" tou'to5, kai; tou'tovfhmi. 2 Eij de; kai; ajtivmw" ou{tw" staurwqh'nai6 to;n Cristovn, ajporou'men :ejpikatavrato" ga;r oJ staurouvmeno" ejn tw'/ novmw/ levgetai ei\nai : w{ste pro;"tou'to ajkmh;n duspeivstw" e[cw. Paqhto;n me;n to;n Cristo;n o{ti aiJ grafai;khruvssousi, fanerovn ejstin : eij de; dia; tou' ejn tw'/ novmw/ kekathramevnoupavqou", boulovmeqa maqei'n, eij e[cei" kai; peri; touvtou ajpodei'xai.3 − Eij me;n mh; e[melle [fol. 144 v° : A] pavscein oJ Cristov", fhmi; aujtw'/ ejgwv,

mhde; proei'pon oiJ profh'tai o{ti ajpo; tw'n ajnomiw'n tou' laou' ajcqhvsetai eij"qavnaton kai; ajtimwqhvsetai kai; masticqhvsetai kai; ejn toi'" ajnovmoi"logisqhvsetai kai; wJ" provba-[p. 223 : B]-ton ejpi; sfagh;n ajcqhvsetai, ou| to;gevno" ejxhghvsasqai e[cein oujdevna fhsi;n7 oJ profhvth", kalw'" ei\ceqaumavzein. Eij de; tou'tov ejsti to; carakthrivzon aujto;n kai; pa'si mhnuvon, pw'"oujci; kai; hJmei'" qarrou'nte" pepisteuvkamen eij" aujtovn _ Kai; o{soi nenohvkasita; tw'n profhtw'n, tou'ton fhvsousin, oujk a[llon, eij movnon ajkouvseian o{tiou|to"8 ejstaurwmevno"9.

90. 1 − Kai; hJma'" ou\n, e[fh, probivbason ejk tw'n grafw'n, i{na soi peisqw'menkai; hJmei'". Paqei'n me;n ga;r kai; wJ" provbaton ajcqhvsesqai oi[damen : eij de;kai; staurwqh'nai kai; ou{tw" aijscrw'" kai; ajtivmw" ajpoqanei'n10 dia; tou'11

kekateramevnou ejn tw'/ novmw// qanavtou, ajpovdeixon hJmi'n : hJmei'" ga;r oujd! eij"e[nnoian touvtou ejlqei'n dunavmeqa.2 − Oi\sqa, e[fhn, o{ti o{sa ei\pon kai; ejpoivhsan oiJ profh'tai, wJ" kai;;

wJmologhvqh uJmi'n12, parabolai'" kai; tuvpoi" ajpekavluyan13, wJ" mh; rJa/divw" ta;

1 Ei[rhntai Sylb., edd. a Mar. : eu{rhntai codd., Steph., Jebb 2 Kai; add. A corr. 3 Tw'/ : to; tw'/Marc. 4 jEndotikw'" Otto, Arch., Marc. (cf. 79, 2 : ejndotikwvteron) : ejkdovtw" codd., cett. edd.5 Tou'to : tou'ton prop. Lange, Otto, coni. Marc. 6 Staurwqh'nai : st. e[dei vel ejcrh'n prop. Sylb.(sed pariter 90, 1 Otto) 7 Fhsi;n : w{" fhsin Marc. 8 Ou|to" : ou|tov" ejstin oJ Marc. 9 Postejstaurwmevno" Thirlb. et Mar. interrogationis signum collocarunt 10 j jApoqanei'n : ajp. e[melle vele[dei prop. Sylb. (cf. 89, 2) 11 Tou' corr. ex to; A 12 JUmi'n : hJmi'n prop. Mar. 13 jApekavluyan(revelarunt) : ejpekavluyan (contexterunt) prop. Thirlb.

431

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 89, 1-90, 2

Le Christ « souffrant » annoncé dans les Écriturespeut-il être celui qui a subi la « malédiction » de la Croix ?

89. 1 Tryphon1 : — Sache bien, dit-il, que notre race toute entière attend leChrist ; et toutes les Écritures que tu as citées sont dites à son sujet, nous lereconnaissons ; quant au nom de Jésus aqui fut en surnom attribué au fils deNavé2, il m'a fort troublé, au point que, je l'avoue, je me sens enclin à céder làaussi. 2 Pourtant, quant à savoir si le Christ doit subir l'infamie de lacrucifixion, nous demeurons perplexes, car ble crucifié, est-il dit dans la Loi,est maudit3 ; aussi ne suis-je pas encore sur ce point disposé à te croire. Queles Écritures proclament un Christ « souffrant »4, c'est évident ; mais que cesoit de la souffrance maudite dans la Loi, nous aimerions l'apprendre, si tupeux nous en faire aussi la démonstration.

3 — Si le Christ, lui dis-je, ne devait pas souffrir, et si les prophètesn'avaient point prédit qu' cà cause des péchés du peuple il devait être conduit à lamort, ddéshonoré, flagellé5 et emis au rang des coupables, fcomme une brebis conduit àl'abattoir, lui dont le prophète dit que gpersonne ne peut expliquer6 sagénération, on aurait lieu de s'étonner7. Mais si c'est là ce qui le distingue et lerévèle8 à tous, comment ne croirions-nous pas nous aussi résolument en lui ?Et tous ceux qui ont compris les paroles des prophètes diront que c'est lui, etnul autre, dès qu'ils auront appris qu'il fut crucifié.

Moïse lui-même a donné, lors du combat contre Amalek,le premier « signe » de la Croix.

90. 1 — Achève donc, dit-il, d'instruire notre progrès d'après les Écritures,afin qu'à notre tour nous soyons convaincus par toi. Qu'il doive souffrir1 etêtre hconduit comme une brebis, nous le savons en effet ; mais qu'il doive êtrecrucifié2 et mourir en un tel degré de honte et d'infamie, ide la mort mauditedans la Loi, démontre-le nous, car nous ne parvenons pas même à leconcevoir.

2 — Tu sais, dis-je, que tout qu'ils ont dit ou fait, les prophètes, commevous en êtes convenus3, l'ont révélé4 en types ou paraboles5 : aussi la plusgrande partie n'en est-elle pas pour tous facile à comprendre, car ils

a Cf. Nombr. 13, 16 b cf. Deut. 21, 23 et Gal. 3, 13 c cf. Is. 53, 8 d ibid., 3 e ibid., 12f ibid., 7 g ibid., 8 h Is. 53, 7 i cf. Deut. 21, 23 et Gal. 3, 13.

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JUSTIN MARTYR

plei'sta uJpo; pavntwn nohqh'nai, kruvptonte" th;n ejn aujtoi'" ajlhvqeian, wJ" kai;ponevsai tou;" zhtou'nta" euJrei'n kai; maqei'n.− OiJ de; e[fhsan : [fol. 145 r° : A] Kai;1 wJmologhvqh hJmi'n.3 − jAkouvoi" a]n ou\n, fhmiv, to; meta; tou'to. Mwsh'"2 ga;r prw'to"

ejxevfanen aujtou' tauvthn th;n dokou'san katavran di! w|n ejpoivhse shmeivwn.− Tivnwn touvtwn, e[fh, levgei" _4 − {Ote oJ laov", fhmiv, ejpolevmei tw'/ jAmalh;k kai; oJ tou' Nauh' uiJov", oJ

ejponomasqei;" tw'/ jIhsou' ojnovmati, th'" mavch" h\rcen, aujto;" Mwsh'" hu[cetotw'/ qew'/ ta;" cei'ra" eJkatevrws<e>3 ejkpetavsa", ]Wr de; kai; jAarw;nuJpebavstazon aujta;" panh'mar, i{na mh; kopwqevnto" aujtou' calasqw'sin. Eijga;r ejnededwvkei ti tou' schvmato" touvtou tou' to;n stauro;n mimoumevnou, wJ"gevgraptai ejn tai'" [p. 224 : B] Mwsevw" grafai'" oJ lao;" hJtta'to : eij de; ejnth'/ tavxei e[mene tauvth/, jAmalh;k ejnika'to tosou'ton, kai; ijscuvwn4 dia; tou'staurou' i[scuen. 5 Ouj gavr, o{ti ou{tw" hu[ceto Mwsh'", dia; tou'to kreivsswn5

oJ lao;" ejgivneto, ajll! o{ti, ejn ajrch'/ th'" mavch" tou' ojnovmato" tou' jIhsou'o[nto", aujto;" to; shmei'on tou' staurou' ejpoivei. Tiv" ga;r oujk ejpivstataiuJmw'n, o{ti mavlista me;n hJ meta; oi[ktou kai; dakruvwn eujch; meilivssetai to;nqeo;n kai; hJ ejn prhnei' kataklivsei kai; ejn govnasin ojklavsantov" tino" _Tou'to;n de; to;n trovpon ejpi; livqou6 kaqezovmeno" ou[te aujto;" hu[xato ou[tea[llo" u{steron. [Ecei de; kai; oJ livqo" suvmbolon, wJ" ajpevdeixa, pro;" to;nCristovn.

91. 1 Kai; ga;r di! a[llou7 mhnuvwn th;n ijscu;n tou' musthrivou tou' staurou'[fol. 145 v° : A] oJ qeo;" dia; Mwsevw"8 ei\pen ejn9 eujlogiva/, h}n eujlovgei to;njIwshvf : (Deut. 33, 13) jApo; eujlogiva" kurivou hJ gh' aujtou', ajpo; wJrw'n oujranou'10

kai; drovswn, kai; ajpo; ajbuvssou phgw'n kavtwqen, (14)kai; kaq! w{rangennhmavtwn hJlivou tropw'n11, kai; ajpo; sunovdwn mhnw'n, (15)kai; ajpo; korufh'"ojrevwn ajrch'", kai; ajpo; korufh'" bounw'n, kai; potamw'n12 ajennavwn, (16)kai;karpw'n gh'" plhrwvsew". Kai; ta; dekta; tw'/ ojfqevnti ejn th'/ bavtw/ e[lqoisan

1 Kai; : nai; prop. Sylb. 2 Mwsh'" : Mwu>sh'" Otto, Mign., Goodsp. (hic et infra) 3 JEkatevrwseprop. Thirlb., coni. Marc. : eJkatevrw" codd., cett. edd. eJkatevra" prop. Sylb. 4 jIscuvwn : ijsc. oJ lao;"Marc. 5 Kreivsswn : kreivttwn Otto, Arch. (cf. Dial. 1, 5) 6 jEpi; livqou : Mwsh'" ejpi; l. Marc.7 [Allou : a[llou tuvpou Marc. 8 Mwsevw" : Mwu>sevw" Mign., Otto, Goodsp. (hic et infra : 92, 4)9 jEn add. sup. l. A 10 Oujranou' (= LXX) : oujranw'n Mar., Mign., Troll. 11 Kaq! w{rangennhmavtwn ...tropw'n Thirlb., Otto, Arch., Goodsp. (ex LXX) : kaqarw'n genhvmata ...trovpon A,B (trovpwn : o sup. l.), Steph. (tropw'n), cett. edd. kaq! w{ran genomevnwn prop. Troll. 12 Kai;potamw'n : om. TM, LXX. delendum Thirlb., Smit Sibinga, p. 148.

433

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 90, 2-91, 1

cachaient la vérité qui s'y trouvent, en sorte que se donnent de la peine ceuxqui cherchent à trouver et à s'instruire6.

Ils dirent :— Nous en sommes nous aussi convenus.3 — Écoute donc, dis-je, ce qui suit : C'est Moïse le premier7 qui, par les

signes8 qu'il a opérés, a produit au grand jour ce qui a l'apparence9 de samalédiction.

— Quels sont ces signes dont tu parles, dit-il ?4 — Lorsque ale peuple, dis-je, combattait Amalek10, et que le fils de Navé,

surnommé Jésus11, était en tête12 du combat, Moïse pour sa part priait Dieu,les mains étendues13 de chaque côté14. Or et Aaron les soutenaient tout le jour,afin que la fatigue ne les lui fasse pas abaisser. Car s'il venait à relâcherquelque chose de cette attitude15 qui imitait la Croix, selon qu'il est écrit dansles Écritures de Moïse, le peuple avait le dessous ; mais s'il demeurait danscette position, Amalek se trouvait vaincu16 d'autant : le plus fort l'était doncpar la force de la Croix. 5 Ce n'est pas parce que Moïse priait ainsi17 que lepeuple gagnait l'avantage, mais parce que, tandis qu'en tête du combat était lenom de Jésus, lui-même représentait le signe de la Croix18. Qui de vous nesait que la prière qui fléchit Dieu, est surtout celle s'accompagne delamentations et de larmes19, lorsque l'on se prosterne les genoux pliés ?

Tel qu'il se tenait sur la bpierre Moïse n'a plus ainsi prié, ni personne d'autrepar la suite. Quant à la pierre, elle aussi, comme je l'ai montré20, a unesignification symbolique par rapport au Christ.

Moïse a annoncé le « mystère » de la Croixdans la bénédiction de Joseph et par le « signe » du serpent d’airain.

91. 1 Indiquant d'une autre manière la force du mystère de la Croix, Dieu adit, par l'intermédiaire de Moïse, dans la bénédiction adressée à Joseph1 : (Deut.33, 13)C'est par la bénédiction du Seigneur qu'existe son pays, par les saisons du ciel ainsique les rosées, par l'abîme des sources qui viennent d'en bas, (14)et par les fruits que donne,périodiquement, la course du soleil ; par les conjonctions des mois, (15)par le sommet desmonts antiques, et par le sommet des collines, par les fleuves éternels (16)et par les produitsd'une terre d'abondance. Que la faveur de celui qui s'est fait voir dans le

a Cf. Exod. 17, 8 s. b cf. Exod. 17, 12.

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JUSTIN MARTYR

ejpi; kefalh;n jIwsh;f kai; ejpi; korufh'". Doxasqei;" ejn ajdelfoi'"(17)prwtovtoko"1, tauvrou to; kavllo" aujtou', kevrata monokevrwto" ta; kevrataaujtou', ejn aujtoi'" e[qnh keratiei' a{ma e{w" ajpo; a[krou2 th'" gh'".2 Monokevrwto" ga;r kevrata oujdeno;" a[llou pravgmato" h] schvmato"3 e[coi4

a[n ti" eijpei'n kai; ajpodei'xai, eij mh; tou' tuvpou o}" to;n stauro;n deivknusin.[Orqion ga;r to; e{n ejsti xuvlon, ajf! ou| ejsti to; ajnwvtaton mevro" eij" kevra"uJperhrmevnon, o{tan to; a[llo xuvlon prosarmosqh'/, kai; eJkatevrwqen wJ" kevra-[p. 225 : B]-ta tw'/ eJni; kevrati parezeugmevna ta; a[kra faivnhtai5: kai; to; ejntw'/ mevsw/ phgnuvmenon6 wJ"7 kevra" kai; aujto; ejxevcon ejstivn, ejf! w|/ ejpocou'ntaioiJ staurouvmenoi, kai; blevpetai wJ" kevra" kai; aujto; su;n toi'" a[lloi" kevrasisuneschmatismevnon kai; pephgmevnon. 3 Kai; to; : jEn aujtoi'" e[qnh keratiei'a{ma e{w" ajp! a[krou th'" gh'" dhlwtikovn ejsti tou' nu'n gegenhmevnoupravgmato" ejn pa'si toi'" e[qnesi. Keratisqevnte" [fol. 146 r° : A] gavr,toutevsti katanugevnte", oiJ ejk pavntwn tw'n ejqnw'n dia; touvtou tou'musthrivou eij" th;n qeosevbeian ejtravphsan ajpo; tw'n mataivwn eijdwvlwn kai;daimovnwn, toi'" de; ajpivstoi" to; aujto; sch'ma eij" katavlusin kai; katadivkhndhlou'tai : o}n trovpon ejn tw'/ ajp! Aijguvptou ejxelqovnti law'/8 diav te tou'tuvpou th'" ejktavsew" tw'n ceirw'n tou' Mwu>sevw"9 kai; th'" tou' Nauh' uiJou'ejpiklhvsew" tou' ojnovmato" jIhsou' oJ jAmalh;k me;n hJtta'to, jIsrah;l de;ejnivka.4 Kai; dia; tou' tuvpou de; kai; shmeivou tou'10 kata; tw'n dakovntwn to;n11

jIsrah;l o[fewn hJ ajnavqesi" faivnetai gegenhmevnh ejpi; swthriva/ tw'npisteuovntwn12 o{ti dia; tou' staurou'sqai mevllonto" qavnato" genhvsesqaie[ktote proekhruvsseto tw'/ o[fei, swthriva de; toi'" katadaknomevnoi" uJp!aujtou' kai; prosfeuvgousi tw'/ to;n ejstaurwmevnon13 uiJo;n aujtou' pevmyanti eij"to;n kovsmon : ouj ga;r ejpi; o[fin hJma'"14 pisteuvein to; profhtiko;n pneu'ma dia;

1 jEn ajdelfoi'" prwtovtoko", tauvrou codd., Steph., Thirlb., Troll., edd. ab Otto (etiamTertullianus, Adv. Marc., III, 18, 3 = Adv. Jud., 10, 7) : ejn ajdelfoi'" : prwtovtoko" tauvrou cett.edd. kai; ejpi; korufh'" doxasqevnto" ejn ajdelfoi'". Prwtotovkou taurou' prop. Troll. 2 jApo; : ajp!Steph., Mar., Mign., Otto ejp! a[krou (= « ad summum usque terrae ») Tert., loc. cit. ajp! ajkrou'ghj'" LXX 3 Schvmato" : sk. eijkovnisma prop. Sylb. 4 [Ecoi codd., edd. a Mar. : e[cei cett. edd.5 Faivnhtai : faivnetai prop. Otto. 6 Phgnuvmenon : p. xuvlon Marc. 7 JW" : eij" ut paulo ante prop.Otto 8 jEn tw'/ ...ejxelqovnti law'/ : ejn tw'/ ...ejxelqei'n to;n lao;n prop. Otto (ex I Apol. 60, 2)9 Mwu>sevw" : Mwu>sevo" A Mw(u sup. l.)sevo" B Mwsevw" Arch. 10 Tou' : touvtou prop. Thirlb.,coni. Marc. cf. 78, 6 (tou' sumbovlou tou' kata; to; sphvlaion) ; 94, 2 (dia; tou' shmeivou touvtou)11 Tw'n ...to;n prop. Sylb., coni. edd. ab Otto (cf. 134, 1 : tw'n o[fewn tw'n dakovntwn uJma'") : tw'n...tw'/ cett. edd. to;n ...tw'/ codd. tw'/ jIsr. hJ ajnavqesi" prop. Sylb. 12 Pisteuovntwn : p. ejpi; to;nejstaurwmevnon Marc. 13 To;n ejstaurwmevnon : tw'n ejstaurwmevnwn Steph. ejstaurwmevnon del.Marc. 14 JHma'" : uJma'" prop. Thirlb. (cf. cap. 112).

435

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 91, 1-91, 4

buisson vienne sur la tête de Joseph, et sur son front. Glorifié (17)premier-né parmi sesfrères, d'un taureau il a la beauté, ses cornes sont les cornes d'un unicorne ; avec elles, ilfrappera les nations ensemble jusqu'au bout de la terre2.

2 Les acornes de l'unicorne3, personne ne saurait affirmer ni démontrer en effetqu'elles correspondent à une réalité ou une forme autre que celle du type quireprésente la Croix : la pièce de bois unique est verticale, sa partie supérieures'élevant en corne lorsque l'autre pièce de bois s'y trouve ajustée ; et de chaquecôté, comme des cornes adjointes à cette corne unique, apparaissent lesextrémités. Et ce qui est fixé au milieu, c'est encore une saillie semblable à unecorne sur laquelle sont portés les crucifiés : elle aussi a l'aspect d'une corne, enétant assemblée et fixée avec les autres cornes. 3 Quant à l'expression bavec elles,il frappera les nations ensemble jusqu'au bout de la terre, elle désigne la réalitéaccomplie de nos jours dans toutes les nations : frappés de ses cornes, c'est-à-direpénétrés de remords4, les hommes de toutes nations5 ont abandonné, à causede ce mystère, et pour se convertir à la piété, vaines idoles et démons6 ; maispour ceux qui ne croient pas, la même figure se présente en signe de ruine etde condamnation. De même, lorsque le peuple sortait d'Égypte, c'est àtravers le type que formaient cl'extension des mains de Moïse et ladésignation7 du fils de Navé par le nom de Jésus, qu'Amalek était vaincu, etIsraël8 vainqueur.

4 C'est encore dans le type et le dsigne opposé aux serpents qui mordaientIsraël9 que l'on peut découvrir l'érection de l'offrande10 destinée au Salut deceux qui ecroient que, par celui qui devait être crucifié, la mort était dès lors −était-il proclamé − réservée au serpent, et le Salut à ceux qui, mordus par lui,auraient trouvé refuge11 en Celui qui a envoyé son fils crucifié au fmonde. Carce n'est certes pas au serpent que l'Esprit prophétique, par l'intermédiaire deMoïse, nous a appris à croire, puisque dès l'origine il le montre gmaudit parDieu, et signifie dans Isaïe qu'il sera hmis à mort comme un ennemi avec lagrande épée12, qui est le Christ.

a Deut. 33, 17 b ibid. c cf. Exod., 17, 8 s. d Nombr. 21, 6-9 e cf. Jn. 3, 15.16 f ibid., 16g cf. Gen. 3, 14 h cf. Is. 27, 1.

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JUSTIN MARTYR

Mwsevw" ejdivdasken, oJpovte kai; kathra'sqai1 aujto;n th;n ajrch;n uJpo; tou' qeou'dhloi', kai; ejn tw'/ JHsai?a/ ajnaireqhvsesqai wJ" polevmion dia; th'" megavlh"macaivra", h{ti" ejstin oJ Cristov", shmaivnei.

92. 1 Eij ou\n ti" mh; meta; megavlh" cavrito" th'" para; qeou' lavboi noh'saita; eijrhmevna [p. 226 : B] kai; gegenhmevna uJpo; tw'n profhtw'n, oujde;n aujto;nojnhvsei to; ta;" rJhvsei" dokei'n levgein2 h] ta; gegenhmevna, eij mh; lovgon e[ceikai;3 peri; aujtw'n ajpodidovnai. jAlla; [fol. 146 v° A] mhvti ge kai;eujkatafrovnhta dovxei toi'" polloi'" uJpo; tw'n mh; noouvntwn aujta; legovmena _2 Eij gavr ti" ejxetavzein bouvloito uJma'", o{ti4 jEnw;c kai; Nw'e a{ma toi'"

tevknoi", kai; ei[ tine" a[lloi toiou'toi gegovnasi, mhvte ejn peritomh'/genovmenoi mhvte sabbativsante" eujhrevsthsan tw'/ qew'/, tiv" hJ aijtiva tou' di!a[llwn prostatw'n5 kai; nomoqesiva" meta; tosauvta" genea;" ajxiou'n to;n qeo;ndikaiou'sqai tou;" me;n6 ajpo; jAbraa;m mevcri Mwsevw"7 dia; peritomh'", tou;"de; ajpo; Mwsevw" kai; dia; peritomh'" kai; tw'n a[llwn ejntolw'n, toutevstisabbavtou kai; qusiw'n kai; spodw'n8 kai; prosforw'n, eij mhv9, wJ" proeivrhtaiuJp! ejmou', ajpodeivxete o{ti dia; to; to;n qeovn, prognwvsthn o[nta, ejgnwkevnaia[xion genhsovmenon to;n lao;n uJmw'n ejkblhqh'nai ajpo; th'" JIerousalh;m kai;mhdevna ejpitrevpesqai eijselqei'n ejkei' _ 3 Oujdamovqen ga;r ajllacovqen ejste;gnwrizovmenoi, wJ" proevfhn, eij mh; ajpo; th'" peri; th;n savrka peritomh'".Oujde; ga;r jAbraa;m dia; th;n peritomh;n divkaio" ei\nai uJpo; tou' qeou'ejmarturhvqh, ajlla; dia; th;n pivstin : pro; tou' ga;r peritmhqh'nai aujto;nei[rhtai peri; aujtou' ou{tw" : jEpivsteuse de; jAbraa;m tw'/ qew'/10, kai; ejlogivsqhaujtw'/ eij" dikaiosuvnhn.4 Kai; hJmei'" ou\n, ejn11 ajkrobustiva/ th'" sarko;" hJmw'n pisteuvonte" tw'/ qew'/

dia; tou' Cristou' kai; peritomh;n e[conte" th;n [fol. 147 r° : A] wjfelou'sanhJma'" tou;" kekthmevnou"12, toutevsti th'" kardiva", divkaioi kai; eujavrestoi tw'/qew'/ ejlpivzomen fanh'nai, ejpeidh; kai; h[dh memarturhvmeqa [p. 227 : B] dia; tw'n

1 Kathra'sqai (tempore praeterito) prop. Sylb. coni. edd. ab Otto (cf. 93, 4 : kathramevnon ; 112, 2 :kathravsato) : katara'sqai codd., cett. edd. kekathra'sqai (pro kai; katara'sqai : cf. 79, 2 :kekathramevnou) prop. Nolte 2 Dokei'n levgein : dokei'n noei'n levgein Marc. 3 Kai; : post mh; transp.Marc. 4 {Ote : o{ti coni. Marc. 5 Prostatw'n : prostagw'n prop. Sylb. 6 Tou;" me;n transp. edd. abOtto : me;n tou;" codd., cett. edd. 7 Mwsevw" : Mwu>sevw" Mign., Otto, Goodsp. (hic et infra)8 Spodw'n : spondw'n prop. Thirlb., Mar., Otto, coni. Marc. (ex Dial. 22, 6 et 118, 2) Sed c. 13, 1 :mhkevti ai{masi travgwn kai; probavtwn h] spodw'/ damavlew" h] semidavlew" prosforai'"kaqarizomevnoi" Otto 9 Eij mh; ...ejkei' _ edd. ab Otto : eij mh; ...ejkei'. cett. edd. tiv e{xeteajpokrivvnasqai subaudiendum Lange, tiv ajpodeivxete Otto, « calumniis appetetur deus » Mar.10 jAbraa;m tw'/ qew'/ (= LXX) : tw'/ qew'/ jAbraavm transp. Steph., Mar., Otto 11 jEn : oiJ ejn Marc.12 Tou;" kekthmevnou" : tou;" th;n ajlhvqeian kekt. Marc.

437

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 92, 1-92, 4

Les Écritures ne paraissent contradictoiresqu’à ceux qui n’ont point reçu la grâce de les comprendre.

92. 1 Si quelqu'un, donc1, entreprend sans le secours d'une grande grâce2

reçue de Dieu de comprendre ce qui par les prophètes fut dit ou accompli, ilne lui servira de rien de vouloir rapporter paroles ou événements, s'il n'estpoint en mesure d'en rendre raison aussi. Sinon, ne paraîtront-elles pasméprisables au plus grand nombre, les choses rapportées par ceux qui ne lescomprennent pas ?

2 Supposez que quelqu'un veuille vous demander pour quelle raison, tandisqu'Énoch, Noé avec leurs enfants, et les autres semblables, afurent agréables àDieu sans être circoncis ni célébrer le sabbat, Dieu a jugé bon, après tant degénérations, qu'à travers d'autres chefs3 et une autre législation, les uns,d'Abraham à Moïse, fussent justifiés par la circoncision, les autres, depuisMoïse, par la circoncision et les autres préceptes4, c'est-à-dire le sabbat, lessacrifices, les cendres et les offrandes, (que répondrez-vous alors), si vous nedémontrez pas, comme je l'ai déjà fait5, que c'était parce que Dieu, quiconnaît l'avenir6, savait que votre peuple mériterait d'être chassé deJérusalem7, et qu'il ne serait permis à personne d'y rentrer ? 3 Car vous n'aveznul autre signe distinctif, comme je l'ai déjà dit8, que la circoncision selon lachair9. Or même Abraham n'a pas reçu de Dieu témoignage qu'il était juste àcause de la circoncision, mais à cause de sa foi : car avant qu'il ait étécirconcis, voici ce qu'il est dit de lui : bAbraham crut à Dieu, et cela lui fut imputéà justice10.

4 Pour nous donc, qui dans l'incirconcision de la chair croyons à Dieu par leChrist, et avons la circoncision dont l'acquisition est pour nous bénéfique,j'entends celle du cœur11, nous espérons paraître justes et agréables à Dieu,puisque déjà nous avons reçu de lui témoignage par les Écritures

a Cf. Gen. 5, 22.24 et 6, 8 b Gen. 15, 6 ; cf. Gal 3, 6 et Rom. 4, 3.

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JUSTIN MARTYR

profhtikw'n lovgwn uJp! aujtou'1. To; de; sabbativzein kai; ta;" prosfora;"fevrein keleusqh'nai uJma'", kai; tovpon2 eij" o[noma tou' qeou' ejpiklhqh'naiajnascevsqai to;n kuvrion, i{na3, wJ" ei[rhtai, mh; eijdwlolatrou'nte" kai;ajmnhmonou'nte" tou' qeou' ajsebei'" kai; a[qeoi gevnhsqe4, wJ" ajei; faivnesqegegenhmevnoi. 5 Kai; o{ti dia; tau'ta ejnetevtalto oJ qeo;" ta;" peri; sabbavtwnkai; prosforw'n ejntolav", proapodevdeiktaiv moi dia; tw'n proeirhmevnwn : dia;de; tou;" shvmeron ejlqovnta" kai; ta; aujta; scedo;n pavnta bouvlomaiajnalambavnein.Epeiv, eij mh; tou'tov ejsti, sukofanthqhvsetai oJ qeov", wJ" mhvte provgnwsin

e[cwn mhvte ta; aujta; divkaia pavnta" didavskwn kai; eijdevnai kai; pravttein(pollai; ga;r geneai;5 ajnqrwvpwn pro; Mwsevw" faivnontai gegenhmevnai6), kai;oujk e[sti7 lovgo" oJ levgwn wJ" [oujk]8 jAlhqh;" oJ qeo;" kai; divkaio" kai; pa'saiaiJ oJdoi; aujtou' krivsei", kai; oujk ej[stin ajdikiva ejn aujtw'/. 6 jEpeidh; de; ajlhqh;"oJ lovgo", kai; qeo;" uJma'" toiouvtou" mh; ei\nai ajsunevtou" kai; filauvtou" aijei;9

bouvletai, o{pw"10 swqh'te11 meta; tou' Cristou', tou' eujarestou'nto" tw'/ qew'/kai; memarturhmevnou, wJ" proevfhn, dia; tw'n aJgivwn profhtikw'n [fol. 147 v° :A] lovgwn th;n ajpovdeixin poihvsa".

93. 1 Ta; ga;r ajei; kai; di! o{lou divkaia kai; pa'san dikaiosuvnhn parevcei ejnpanti; gevnei ajnqrwvpwn, kai; e[sti pa'n gevno" gnwrivzon o{ti moiceiva kako;nkai; porneiva kai; ajndrofoniva12 kai; o{sa a[lla toiau'ta. Ka]n pavnte"pravttwsin aujtav, ajll! ou\n ge tou' ejpivstasqai ajdikou'nte", o{tan pravttwsitau'ta, oujk ajphllagmevnoi eijsiv, plh;n o{soi [p. 228 : B] uJpo; ajkaqavrtou

1 Oujdamovqen − uJp! aujtou' : in semicirculis Mar. 2 Tovpon : to; tovpon Marc. 3 {Ina : ejgevneto i{naprop. Lange, « factum est ...ne » Otto h\n i{na coni. Marc. 4 Gevnhsqe : corr. ex givnesqe A5 Geneai; B, edd. : genaiai; A 6 Pollai; − gegenhmevnai in semicirculis edd. a Mar. 7 Oujk e[sti= « non valet », « non viget amplius » Nolte, Otto : kai; oujk e[stin ajlhqh;" lovgo" oJ levgwn wJ"ajlhqh;" (vel ajlhqino;" vel eujqu;") oJ kuvrio" kai; dijkaio" prop. Mar. kai; oujk e[stin ajlhqh;" lovgo"oJ levgwn wJ" ajlhqh;" oJ qeo;" kai; divkaio" ktl. Otto (olim), Troll. kai; oujk e[stin ajlhqh;" oJ lovgo"oJ levgwn wJ" divkaio" oJ qeo;" aut ...wJ" eujqu;" (Ps. 91, 15) oJ qeo;" kai; divkaio", aut ...wJ" qeo;" ajlhqh;"kai; divkaio" prop. Thirlb. kai; oujk e[stai (prop. Thirlb., Otto) ajlhqh;" oJ lovgo" oJ levgwn wJ"ajlhqh;" oJ qeo;" ktl. Marc. 8 Oujk : delendum Thirlb., del. edd. ab Otto 9 Mh; ei\nai : postfilauvtou" transp. Marc. 10 {Opw" : frontivsate o{pw" prop. Lange, Sylb. pisteuvete o{pw" coni.Marc. 11 Swqh'te : s. kai; h\te Marc. o{pw" swqh'te meta; tw'n (vel meq! hJmw'n tw'n, vel meta; tw'najpo; tw'n ejqnw'n) dia; tou' Cristou' touvtou eujarestouvntwn tw'/ qew'/ kai; memarturhmevnwn prop.Thirlb. 12 jAndrofoniva in textu : ajndromaniva in marg. codd.

439

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 92, 4-93, 1

prophétiques. S'il vous a par ailleurs été ordonné de célébrer le sabbat et deprésenter des offrandes, et si le Seigneur a permis qu'un lieu fût choisi pourinvoquer le nom de Dieu, c'était, comme il a été dit, pour éviter qu'enadorant les idoles et en oubliant Dieu, vous ne deveniez impies et athées,comme vous vous êtes toujours montrés12. 5 C'est à cause de cela que Dieuvous a donné les prescriptions touchant le sabbat et les offrandes : j'en ai déjàfait la démonstration par ce qui a été dit précédemment ; mais pour ceux quisont venus aujourd'hui, je souhaite à nouveau reprendre à peu près tout.

Car, s'il n'en est pas ainsi13, Dieu se trouvera faussement accusé14 de ne pasposséder la prescience, de ne pas enseigner toujours et à tous la connaissanceet la pratique de la même justice15 − car à l'évidence il y eut de nombreusesgénérations d'hommes avant Moïse −, et elle se trouve abolie la Parole qui ditque aDieu est vrai et juste, que toutes ses voies sont des jugements et qu' il n'est pointd'injustice en lui. 6 Mais parce que cette Parole est vraie16, Dieu ne vous veutpas non plus toujours ainsi inintelligents et imbus de vous-mêmes, afin quevous soyez sauvés avec17 le Christ, lui qui a été agréable à Dieu18 et a reçu delui témoignage, comme je l'ai déjà dit19, en fondant sur les saintes parolesprophétiques ma démonstration.

C’est une même justice que Dieu enseigne en tout temps et à tous les hommes.Elle est comprise dans deux préceptes du Christ, que les juifs ne respectent pas.

93. 1 Car ce qui est éternellement et absolument juste, ce qui est bentièrejustice1, Dieu le propose en toute race d'hommes, et toute race sait bien qu'ilest mal de se livrer à l'adultère, à la fornication, au meurtre2, ainsi qu'auxautres choses de nature semblable. Et même si tous s'adonnent à cespratiques, du moins ne laissent-ils pas d'avoir conscience, tandis qu'ils s'yadonnent, de commettre une injustice − excepté tous ceux qui, pleins d'unesprit impur, et corrompus par leur éducation, des mœurs dépravées ou deméchantes coutumes, ont perdu les notions naturelles3, ou plus exactementles ont éteintes en eux ou bien les maintiennent réduites au silence4.

a Deut. 32, 4 ; cf. Ps. 91, 16 b cf. Matth. 3, 15.

440

JUSTIN MARTYR

pneuvmato" ejmpeforhmevnoi kai;1 ajnatrofh'"2 kai; ejqw'n fauvlwn kai; novmwnponhrw'n diafqarevnte" ta;" fusika;" ejnnoiva" ajpwvlesan, ma'llon de; e[sbesanh] ejpeschmevna" e[cousin.2 jIdei'n ga;r e[sti kai; tou;" toiouvtou"3 mh; ta; aujta; paqei'n boulomevnou"

a{per aujtoi; tou;" a[llou" diatiqeavsi, kai; ejn suneidhvsesin ejcqrai'" tau'taojneidivzonta" a[lloi"4 a{per5 ejrgavzontai. {Oqen moi dokei' kalw'" eijrh'sqaiuJpo; tou' hJmetevrou kurivou kai; swth'ro" jIhsou' Cristou', ejn dusi;n ejntolai'"pa'san dikaiosuvnhn kai; eujsevbeian plhrou'sqai : eijsi; de; au|tai : jAgaphvsei"kuvrion to;n qeovn sou ejx o{lh" th'" kardiva" sou kai; ejx o{lh" th'" ijscuvo" sou,kai; to;n plhsivon sou wJ" seautovn. JO ga;r ejx o{lh" th'" kardiva" kai; ejx o{lh"th'" ijscuvo" ajgapw'n to;n qeovn, plhvrh" qeosebou'" gnwvmh" uJpavrcwn, oujdevnaa[llon timhvsei qeovn : kai; a[ggelon ejkei'non a]n timhvsei6 qeou' boulomevnou,to;n ajgapwvmenon uJp! aujtou' [fol. 148 r° : A] tou' kurivou kai; qeou'. Kai; oJ to;nplhsivon wJ" eJauto;n ajgapw'n, a{per <eJ>autw'/7 bouvletai ajgaqav, kajkeivnw/boulhvsetai : oujdei;" de; eJautw'/ kaka; boulhvsetai. 3 Taujt<a>8 ou\n tw'/plhsivon kai; eu[xait! a]n kai; ejrgavsaito genevsqai9, a{per kai; eJautw'/, oJ to;nplhsivon ajgapw'n : plhsivon de; ajnqrwvpou oujde;n a[llo ejsti;n h] to; oJmoiopaqe;"kai; logiko;n zw'/on, oJ a[nqrwpo". Dich'/ ou\n th'" pavsh" dikaiosuvnh"tetmhmevnh", prov" te qeo;n kai; ajnqrwvpou", o{sti", fhsi;n oJ Lovgo", ajgapa'/kuvrion to;n qeo;n ejx o{lh" th'" kardiva" kai; ejx o{lh" th'" ijscuvo", kai; to;nplhsivon wJ" eJautovn, divkaio" ajlhqw'" a]n ei[h.4 JUmei'" de; ou[te pro;" qeo;n ou[te pro;" tou;" profhvta" ou[te pro;" eJau-

[p. 229 : B]-tou;" filivan h] ajgavphn e[conte" oujdevpote ejdeivcqhte, ajll!, wJ"deivknutai, kai; eijdwlolavtrai10 pavntote kai; fonei'" tw'n dikaivwn euJrivskesqe,wJ" kai; mevcri" aujtou' tou' Cristou' ta;" cei'ra" ejpibalei'n uJma'" kai; mevcrinu'n ejpimevnein th'/ kakiva/ uJmw'n, katarwmevnou" kai; tw'n tou'ton to;nejstaurwmevnon uJf! uJmw'n ajpodeiknuvntwn ei\nai to;n Cristovn : kai; pro;"

1 Kai; : h] prop. Thirlb., coni. Marc. 2 jAnatrofh'" : uJpo; faulh'" (vel kakh'") ajnatrofh'" prop.Steph. (in edit. Ep. ad Diogn., p. 54) uJpo; kakh'" ajnatrofh'" coni Marc. uJp! ajnatrofh'" kakh'"prop. Troll. Sed I Apol. 61, 10 : ejn e[qnesi fauvloi" kai; ponhrai'" ajnastrofai'" gegovnamen Otto3 Toiouvtou" codd., Mar., Troll., edd. ab Otto : om. cett. edd. 4 [Alloi" prop. Lange, coni. Marc. :ajllhvvloi" codd., cett. edd. 5 {Aper : a{per aujtoi; Marc. 6 Timhvsei Fr. Schnitzer (Neue JenaischeAllg. Lit.-Zeitung, 1845, Nr. 71, p. 281) Otto, Mign., Arch., Marc. : timhvsh/ cett. edd. timhvsh codd.timhvsai (potentiali modo) prop. Sylb. timhvseie (honoraverit) Nolte (ut infra : eu[xait! a]n et a]n ei[h)7 JEautw'/ prop. Thirlb., coni. edd. ab Otto (cf. 93, 2.3) : aujtw'/ cett. edd. aujtw codd. auJtw'/ Galland,Mign. 8 Taujta; prop. Thirlb., coni. Otto, Marc. : taujt! codd., cett. edd. 9 Genevsqai : post a]ntransp. Marc. 10 Eijdwlolavtrai : eijdololavtrai codd.

441

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 93, 2-93, 4

2 On peut voir en effet de tels hommes qui ne veulent pas subir ce queprécisément ils imposent aux autres, et qui, dans leurs consciences hostiles,font le reproche aux autres5 des actes qu'ils commettent. Aussi est-ce à justetitre, me semble-t-il, qu'il fut dit par notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christqu' aentière justice et piété s'accomplissent6 ben deux commandements. Les voici : cTuaimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ta force, et ton prochain comme toi-même7. Car si l'on aime Dieu de tout son cœur et de toute sa force, et qu'on se trouverempli de pieuses dispositions, on n'honorera aucun autre Dieu8 ; et celuiqu'on viendra sans doute à honorer, sur la volonté de Dieu, c'est cet ange quidu Seigneur et Dieu lui-même est aimé9. Et si l'on aime son prochain comme soi-même, le bien qu'à soi même l'on souhaite, à celui-là aussi on le souhaitera : orpersonne à soi-même ne voudra du mal10. 3 Il devrait donc, celui qui daime sonprochain, prier et faire en sorte que les choses se réalisent pour ce prochain,comme s'il s'agissait de lui-même. Or le prochain de l'homme, ce n'est autre quel'animal soumis aux mêmes affections11 et doué de raison12 : l'homme.eL'entière justice se trouve donc partagée en deux : envers Dieu et envers leshommes, et quiconque, dit le Verbe13, aime le Seigneur de tout son cœur et de toutesa force, et son prochain comme lui-même, sera véritablement juste.

4 Mais vous, tant à l'égard de Dieu, que des prophètes ou de vous-mêmes14,vous n'avez jamais montré que vous ayez quelque amour ou affection ; aucontraire, comme c'est démontré, vous êtes partout reconnus commeidolâtres15, meurtriers des justes16, au point d'avoir fporté les mains jusque sur leChrist lui-même17, et de persévérer, aujourd'hui encore, dans votre malice, enmaudissant18 même ceux qui démontrent que celui que vous avez crucifiéétait le Christ. De plus, vous croyez devoir démontrer que

a Cf. Matth. 3, 15 b cf. Matth. 22, 40 c Matth. 22, 37-39 ; Mc. 12, 30-31 ; Lc. 10, 27 ;cf. Deut. 6, 5 d Matth. 22, 37-39 ; Mc. 12, 30-31 ; Lc. 10, 27 ; cf. Deut. 6, 5 e cf. Matth. 3, 15f cf. Matth. 26, 50 ; Mc. 14, 46.

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JUSTIN MARTYR

touvtoi" ejkei'non me;n wJ" ejcqro;n qeou' kai; kathramevnon1 ajxiou'teajpodeiknuvnai ejstaurw'sqai, o{per th'" ajlogivstou uJmw'n gnwvmh" e[rgon ejstivn.5 [Econte" ga;r ajforma;" ajpo; tw'n genomevnwn shmeivwn dia; Mwsevw"2

sunievnai o{ti ou|tov" ejstin, ouj bouvlesqe, ajlla; kai; pro;" [fol. 148 v° : A]touvtoi", hJma'" ajlogei'n3 duvnasqai uJpolambavnonte", suzhtei''te o{per uJmi'nsumbaivnei, kai; uJmei'" ajporei'te lovgwn, o{tan eujtovnw/ tini; Cristianw'/sumbavlhte.

94. 1 Ei[pate gavr moi, oujci; qeo;" h\n oJ4 ejnteilavmeno" dia; Mwsevw"5 mhvteeijkovna mhvte oJmoivwma mhvte tw'n ejn oujranw'/ a[nw mhvte tw'n ejpi; gh'" o{lw"poih'sai, kai; aujto;" ejn th'/ ejrhvmw/ dia; tou'6 Mwsevw" to;n calkou'n o[finejnhvrghse genevsqai, kai; ejpi; shmei'on e[sthse, di! ou| shmeivou ejswvzonto oiJojfiovdhktoi, kai; ajnaivtiov" ejstin ajdikiva" _ 2 Musthvrion ga;r dia; touvtou, wJ"proevfhn, ejkhvrusse, di! ou| kataluvein me;n th;n duvnamin tou' o[few", tou' kai;th;n paravbasin uJpo; tou' jAda;m genevsqai ejrgasamevnou, ejkhvrusse7,swthrivan de; toi'" pisteuvousin ejpi; tou'ton to;n dia; tou' shmeivou touvtou,toutevsti tou' staurou'8, qanatou'sqai mevllonta ajpo; tw'n dhgmavtwn tou'o[few", a{per eijsi;n aiJ kakai; pravxei", eijdwlolatrei'ai kai; a[llai ajdikivai.3 jEpei; eij mh; tou'to nohqhvsetai, dovte moi lovgon o{tou cavrin to;n calkou'n[p. 230 : B] o[fin Mwsh'"9 ejpi; shmeivou10 e[sthse, kai; pro<s>blevpein11 aujto;n12

tou;" daknomevnou" ejkevleuse, kai; ejqerapeuvonto oiJ daknovmenoi, kai; tau'taaujto;" keleuvsa" mhdeno;" o{lw" oJmoivwma poiei'n.4 − Kai; oJ e{tero" tw'n th'/ deutevra/ ajfigmevnwn ei\pen : jAlhqw'" ei\pa" :

oujk e[comen lovgon didovnai : kai; ga;r ejgw; peri; touvtou pollavki" tou;" [fol.149 r° : A] didaskavlou" hjrwvthsa, kai; oujdeiv" moi lovgon ajpevdwken. {Wste

1 Kathramevnon : kekathramevnon prop. Nolte (cf. 91, 4) 2 Mwsevw" : Mwu>sevw" Otto, Mign.,Goodsp. 3 jAlogei'n : ajlovgou" poiei'n Marc. 4 JO sup. l. add. A 5 Mwsevw" : Mwu>sevw" Otto,Mign., Goodsp. (sic et paulo post) 6 Dia; tou' : dia; tou' aujtou' (vel di! aujtou') prop. Thirlb., coni.Marc. 7 jEkhvrusse : proekhvrusse Marc. (ex Dial. 91, 4) 8 Toutevsti tou' staurou', qanatou'sqaimevllonta prop. Thirlb., coni. Otto, Arch., Goodsp. (cf. 90, 5 : to; shmei'on tou' staurou') :toutevsti tou' staurou'sqai, qanatou'sqai mevllonta prop. Thirlb. toutevsti tou' staurou',ajpoqanei'n mevllonta prop. Troll. (toutevsti tou' staurou') sw'sai aujtou;" mevllonta coni. Marc.toutevsti to;n staurou'sqai mevllonta codd. cett. edd. 9 Mwsh'" : Mwu>sh'" Otto, Mign., Goodsp.10 jEpi; shmeivou codd., edd. a Mar. : ejpi; shmei'on (ut supra 94, 1) cett. edd. 11 Prosblevpein corr.Sylb. : problevpein codd., Steph., Jebb, Thirlb., Goodsp. Cf. I Apol. 60, 3 (eja;n prosblevphte tw'/tuvpw/ touvtw/) 12 Aujto;n in textu codd. : aujtw'/ in marg. codd., Troll. (cf. I Apol. 60, 3).

443

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 93, 4-94, 4

s'il a subi ce sort, c'est comme ennemi de Dieu et maudit19, alors que c'est làl'œuvre de votre jugement dénué de raison. 5 Car bien que disposant, avec lessignes20 accomplis par Moïse, des moyens de comprendre que c'est lui, vousvous y refusez ; bien plus, en croyant pouvoir nous réduire au silence21 vousposez toutes les questions qui vous viennent à l'esprit : or vous-mêmes nesavez plus quoi dire, quand vous êtes confrontés à un chrétien tenace.

Le serpent d’airain, prescrit par Dieu à Moïse,ne contredisait pas l’interdiction des images.

94. 1 Dites-moi en effet, n'était-ce pas Dieu qui prescrivait par l'intermédiairede Moïse de ane faire absolument aucune image ni représentation des choses quisont dans le ciel en haut ou de celles qui sont sur terre1 ? Et n'est-ce pas luicependant qui bau désert a suscité la fabrication, par Moïse, du serpent d'airain,et l'a fait cdresser sur un signe2, signe par lequel étaient sauvés ceux que lesserpents avaient mordus ? N'est-il pas alors coupable3 d'injustice ? 2 C'est quepar là, comme je l'ai dit4, il proclamait un mystère : il proclamait d'une partqu'il détruirait la puissance du serpent5, qui avait mis en œuvre latransgression d'Adam, d'autre part dle Salut pour ceux qui croient en celui quipar ce signe, c'est-à-dire la Croix, devait mourir des morsures du serpent, àsavoir les actions mauvaises, idolâtries et autres injustices6. 3 Car si on nel'entend pas ainsi, expliquez-moi pourquoi Moïse ea dressé le serpent d'airain surun signe, et ordonné à ceux qui avaient été mordus de le regarder, et pourquoiceux qui avaient été mordus se trouvaient guéris, cela bien qu'il ait lui-mêmeordonné de fne faire aucune représentation.

4 Et le second de ceux qui étaient venus le deuxième jour dit :— Ce que tu dis est vrai. Nous ne pouvons donner d'explication : j'ai moi-

même souvent interrogé les didascales sur ce point, et aucun ne m'arépondu7. Ce que tu as à dire, dis-le donc : nous t'écoutons attentivementrévéler le mystère, et comment8 les enseignements des prophètes peuventêtre discrédités9.

a Cf. Exod. 20, 4 b cf. Nomb. 21, 6-9 c ibid., 9 d cf. Jn. 3, 15 e Nomb. 21, 9f cf. Exod. 20, 4.

444

JUSTIN MARTYR

levge su a} levgei"1 : prosevcomen gavr soi musthvrion ajpokaluvptonti, kai; di!w|n2 ta; tw'n profhtw'n didavgmata sukofanthtav ejsti.5 − Kajgwv : {Onper ou\n trovpon to; shmei'on dia; tou' calkou' o[few"

genevsqai oJ qeo;" ejkevleuse kai; ajnaivtiov" ejstin, ou{tw3 dh; kai; ejn tw'/ novmw/katavra kei'tai kata; tw'n stauroumevnwn ajnqrwvpwn : oujk e[ti de; kai; kata;tou' Cristou' tou' qeou' katavra kei'tai, di! ou| swv/zei pavnta" tou;" katavra"a[xia pravxanta".

95. 1 Kai; ga;r pa'n gevno" ajnqrwvpwn euJreqhvsetai uJpo; katavran o]n kata; to;nnovmon Mwsevw"4. jEpikatavrato"5 ga;r ei[rhtai pa'" o}" oujk ejmmevnei ejn< pa'si >6 toi'" gegrammevnoi" ejn tw'/ biblivw/ tou' novmou7 tou' poih'sai aujtav.Kai;8 oujdei;" ajkribw'" pavnta ejpoivhsen, oujd! uJmei'" tolmhvsete ajnteipei'n :

ajll! eijsi;n oi} ma'llon kai; h|tton ajllhvlwn ta; ejntetalmevna ejfuvlaxan. Eij de;oiJ uJpo; to;n novmon tou'ton uJpo; katavran faivnontai ei\nai, dia; to; mh; pavntafulavxai, oujci; polu; ma'llon pavnta ta; e[qnh fanhvsontai uJpo; katavran o[nta,kai; eijdwlolatrou'nta kai; paidofqorou'nta kai; ta; a[lla kaka; ejrgazovmena _2 Eij ou\n kai; to;n eJautou' Cristo;n uJpe;r tw'n ejk panto;" gevnou" ajnqrwvpwn oJpath;r tw'n o{lwn ta;" pavntwn katavra" ajnadev-[p. 231 : B]-xasqai ejboulhvqh,[fol. 149 v° : A] eijdw;" o{ti ajnasthvsei aujto;n staurwqevnta kai; ajpoqanovnta,dia; tiv wJ" kekathramevnou tou' uJpomeivnanto" kata; th;n tou' patro;" boulh;ntau'ta paqei'n to;n lovgon poiei'te, kai; oujci; ma'llon eJautou;" qrhnei'te _ Eijga;r kai; oJ path;r aujtou' kai; aujto;"9 paqei'n tau'ta aujto;n uJpe;r tou'ajnqrwpeivou gevnou" ejnhvrghsen, uJmei'" oujc wJ" gnwvmh/ qeou' uJphretou'nte"tou'to ejpravxate : oujde; ga;r tou;" profhvta" ajnairou'nte" eujsevbeianeijrgavsasqe.3 Kai; mhv ti" uJmw'n legevtw : Eij oJ path;r aujto;n hjqevlhse tau'ta paqei'n,

i{na tw'/ mwvlwpi aujtou' i[asi" gevnhtai tw'/ gevnei tw'n ajnqrwvpwn, hJmei'" oujde;nhjdikhvsamen. Eij me;n ou\n metanoou'nte" ejpi; toi'" hJmarthmevnoi" kai;ejpignovnte" tou'ton ei\nai to;n Cristo;n kai; fulavssonte" aujtou' ta;" ejntola;"tau'ta fhvsete, a[fesi" uJmi'n tw'n aJmartiw'n o{ti e[stai proei'pon. 4 Eij de;aujtou' te ejkeivnou kai; tw'n eij" ejkei'non pisteuovntwn katara'sqe kaiv, oJpovtanejxousivan e[chte, ajnairei'te, pw'" oujci; kai; to; ejkeivnw/ ejpibeblhkevnai ta;"

1 Levgei" : levgein e[cei" Marc. 2 Kai; di! w|n ego : di! w|n kai; codd., edd. 3 Ou{tw : ou{tw" Otto4 Mwsevw" : Mwu>sevw" Otto, Mign., Goodsp. 5 Mwsevw". jEpikatavrato" ga;r eijrhvtai pa'"... :ejpikatavrato" gavr, ei[rhtai, pa'"... Thirlb. uJpo; katavran o[n. Kata;... Mar. 6 Pa'si prop. Thirlb.(ex LXX, Dial. 95, 1 : pavnta), add. Otto, Troll., Arch., Marc. (pa'sin) : om. codd., cett. edd. 7 Tou'novmou : t. n. touvtou Marc. (ex LXX) 8 Kai; : kai; o{ti prop. Sylb., Troll., coni. Marc. (cf. 33, 1), veloujd! − ajnteipei'n in semicirculis prop. Otto 9 Kai; aujto;" : ut glossema del. Marc.

445

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 94, 5-95, 4

5 Moi : — De même, donc, que Dieu a ordonné le asigne qui se manifestaitpar le serpent d'airain, et demeure innocent, de même, assurément, il y a dans laLoi bune malédiction contre les crucifiés ; mais contre le Christ de Dieu, parqui il sauve tous ceux qui ont commis des actes dignes de malédiction, lamalédiction cesse de s’appliquer10.

La « malédiction » de la Croix sauve ceux qui sont maudits,c’est-à-dire toute l’humanité,

puisqu’est « maudit » quiconque n’a pas respecté l’ensemble de la Loi.

95. 1 Car alors toute race humaine se trouvera csous le coup de la malédictiondéfinie selon la Loi de Moïse1 : dEst appelé maudit, en effet, quiconque ne persévèrepas dans l'accomplissement de tout2 ce qui est écrit dans le Livre de la Loi.

Or personne n'a tout respecté à la perfection, vous-mêmes n'oseriezaffirmer le contraire ; mais certains ont, plus ou moins que d'autres, observéles choses prescrites. Et si ceux qui sont soumis à cette Loi, semblent tombersous le coup de la malédiction, parce qu'ils n'ont pas tout observé, à cette malédictiontoutes les nations ne sembleront-elles pas d'autant plus exposées qu'elles sontidolâtres, corrompent les enfants3 et commettent les autres crimes4. 2 Si doncle Père de l'univers a voulu que son Christ assume, pour ceux qui sont detoute race d'hommes5, les malédictions de tous, sachant bien qu'il leressusciterait après sa crucifixion et sa mort, pourquoi parlez-vous commed'un emaudit de celui qui a accepté ces souffrances selon la volonté de sonPère6 ? Pourquoi ne pleurez-vous pas plutôt sur vous-mêmes ? Car si sonPère lui-même a fait en sorte qu'il endurât ces souffrances pour le genrehumain7, ce n'est point le dessein de Dieu que vous avez servi8 en agissantcomme vous l'avez fait9, pas plus qu'en ftuant les prophètes10 vousn'accomplissiez un acte de piété.

3 Et qu'aucun d'entre vous n'aille déclarer : « Si le Père a voulu qu'il endureces souffrances pour que gpar sa meurtrissure le genre humain trouve sa guérison,nous ne sommes en rien coupables d'iniquité ». Certes, si vous dites cela11 envous repentant de vos péchés, en reconnaissant qu'il est le Christ et enobservant ses préceptes, j'ai déjà dit12 qu'il y aurait pour vous rémission despéchés. 4 Mais si au contraire vous le maudissez, lui et ceux qui croient enlui13, si, chaque fois que vous en avez le pouvoir, vous les mettez à mort,

a Cf. Nombr. 21, 9 b cf. Deut. 21, 23 c cf. Gal. 3, 10 d Deut. 27, 26 ; cf. Gal. 3, 10e cf. Deut. 21, 23 f cf. Is. 57, 1 etc. g cf. Is. 53, 5.

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JUSTIN MARTYR

cei'ra" uJmw'n, wJ" para; ajdivkwn kai; aJmartwlw'n kai; mevcri"1 o{lousklhrokardivwn kai; ajsunevtwn, ejkzhthqhvsetai _

96. 1 Kai; ga;r to; eijrhmevnon ejn tw'/ novmw/, o{ti jEpikatavrato" pa'" ojkremavmeno" ejpi; xulou, oujc wJ" tou' qeou' katarwmevnou touvtou tou'ejstaurwmevnou, [fol. 150 r° : A] hJmw'n tonoi' th;n ejlpivda ejkkremamevnhn, ajpo;tou' staurwqevnto" Cristou', ajll! wJ" proeipovnto" tou' qeou' ta;2 uJf! uJmw'nkai; pavntwn3 tw'n oJmoivwn uJmi'n, mh; ejpistamevnwn4 tou'ton ei\nai to;n pro;pavntwn o[nta kai;5 aijwvnion tou' qeou' iJereva kai; basileva kai; Cristo;nmevllonta6 givnesqai.2 {Oper kai; o[yei ijdei'n uJmi'n e[sti ginovmenon : uJ-[p. 232 : B]-mei'" ga;r ejntai'" sunagwgai'" uJmw'n katara'sqe pavntwn tw'n ajp! ejkeivnou genomevnwn7

Cristianw'n, kai;8 ta; a[lla e[qnh, a} kai; ejnergh' th;n katavran ejrgavzontai,ajnairou'nta tou;" movnon oJmologou'nta" eJautou;" ei\nai Cristianouv" : oi|"hJmei'" a{pasi levgomen, o{ti jAdelfoi; hJmw'n ejste, ejpivgnwte ma'llon th;najlhvqeian tou' qeou'. Kai; mh; peiqomevnwn hJmi'n mhvte ejkeivnwn mhvte uJmw'n, ajlla;ajrnei'sqai hJma'" to; o[noma tou' Cristou' ajgwnizomevnwn, qanatou'sqai ma'llonaiJrouvmeqa kai; uJpomevnomen, pepeismevnoi o{ti panq! o{sa uJpevschtai oj qeo;"dia; tou' Cristou' ajgaqa; ajpodwvsei hJmi'n. 3 Kai; pro;" touvtoi" pa'sineujcovmeqa uJpe;r uJmw'n, i{na ejlehqh'te uJpo; tou' Cristou'. Ou|to" ga;r ejdivdaxenhJma'" kai; uJpe;r tw'n ejcqrw'n eu[cesqai, eijpwvn : Givnesqe crhstoi;9 kai;oijktivrmone", wJ" kai; oJ path;r uJmw'n oJ oujravnio". Kai; ga;r to;n pantokravtoraqeo;n crhsto;n kai; oijktivrmona oJrw'men, to;n h{lion aujtou' ajnatevllonta ejpi;ajcarivstou" [fol. 150 v° : A] kai; dikaivou"10, kai; brevconta ejpi; oJsivou" kai;ponhrouv", ou}" pavnta" o{ti kai; krivnein mevllei ejdivdaxe.

97. 1 Kai; ga;r oujde; to; mevcri" eJspevra" mei'nai to;n profhvthn Mwsh'n11, o{teta;" cei'ra" aujtou' uJpebavstazon ]Wr kai; jAarwvn, ejpi; tou' schvmato" touvtoueijkh'12 gevgone. Kai; ga;r oJ kuvrio" scedo;n mevcri" eJspevra" e[meinen ejpi; tou'xuvlou, kai; pro;" eJspevran e[qayan aujtovn : ei\ta ajnevsth th'/ trivth/ hJmevra/.

1 Mevcri" corr. ex mevcri A 2 Ta; edd. ab Otto : to;n prop. Sylb., Pearson to; codd., cett. edd.3 JUmw'n kai; pavntwn transp. Marc. : pavntwn uJmw'n kai; codd., cett. edd. 4 jEpistamevnwn prop.Thirlb., Mar., coni. edd. ab Otto : ejpistavmenon codd., cett. edd. 5 Kai; add. A (pro; − o[nta in ras.)6 Mevllonta : mevllon (servato to;) prop. Thirlb., Mar., coni. Otto (olim), Troll. 7 Genomevnwn :legomevnwn prop. Sylb. et Reith, coni. Marc. (cf. 63, 5) 8 Kai; : wJ" kai; Marc. 9 Crhstoi; (= loc.cit.) : cristoi; codd. 10 jAcarivstou" kai; dikaivou" ...oJsivou" kai; ponhrouv" : ponhrou;" kai;ajgaqouv" ...dikaivou" kai; ajdivkou" Mt. ajcavristou" kai; ponhrouv" Lc. 11 Mwsh'n : Mwu>sh'n Otto,Mign., Goodsp. 12 Eijkh' : −h' in ras. A.

447

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 95, 4-97, 1

comment ne vous sera-t-il pas aussi14 demandé compte pour avoir aporté vosmains sur lui, comme à des gens injustes, pécheurs, tout à fait durs de cœur etinintelligents15 ?

C’est par les juifs, et non par Dieu, que sont « maudits » le Christ et les chrétiens.

96. 1 Car le fait qu'il soit dit dans la Loi bMaudit soit quiconque est attaché au bois1

renforce notre foi attachée au Christ crucifié : ce crucifié n'est pas maudit deDieu, mais Dieu prédit ce que vous et tous vos semblables deviez faire, enignorant qu'il était Celui qui est cavant toute chose2, et devait devenir dprêtreéternel3 de Dieu, Roi et Christ4.

2 Cela, vous en pouvez voir l'accomplissement de vos propres yeux : vous-mêmes, dans vos synagogues, maudissez en effet ceux qui à sa suite sontdevenus chrétiens5 ; et quant aux autres peuples, ils mettent en oeuvre lamalédiction, en faisant disparaître ceux qui n'ont que le tort de s'avouerchrétiens. A tous nous disons : « Vous êtes enos frères, reconnaissez plutôt lavérité de Dieu ». Et quand ni eux ni vous n'êtes fléchis par nous, et lutteztout au contraire pour nous faire renier le nom du Christ, nous préféronsendurer plutôt d'être mis à mort, persuadés que tous les biens que Dieu apromis par le Christ, il nous les donnera comme rétribution. 3 Et en plus detout cela, nous prions pour vous6, afin que vous obteniez du Christmiséricorde. Car il nous a enseigné fde prier aussi pour nos ennemis, lorsqu'ildisait : gSoyez bons et compatissants7 comme votre Père céleste. Nous voyons en effetle Dieu Tout-Puissant, bon et compatissant hfaire lever son soleil sur les ingrats et surles justes, faire pleuvoir sur les saints et sur les méchants, eux qu'il doit tous juger,comme il l'a enseigné8.

Autres prophéties de la Croix, tirées des Psaumes et d’Isaïe.

97. 1 Du reste, ce n'est pas par hasard que Moïse le prophète1 est restéijusqu'au soir2 dans cette attitude, tandis qu'Or et Aaron lui soutenaient lesmains3 : le Seigneur est aussi resté jpresque jusqu'au soir sur le kbois (de la

a Cf. Matth. 26, 50 ; Mc. 14, 46 b cf. Gal. 3, 13 ; Deut. 21, 23 c cf. Col. 1, 15 d cf. Ps. 109, 4e cf. Is. 66, 5 f cf. Matth. 5, 44 ; Lc. 6, 27-28 g cf. Lc. 6, 36 ; Éphés. 4, 32 h cf. Matth. 5, 45 ;Lc. 6, 35 i cf. Exod. 17, 12 j cf. Matth. 27, 57 ; Mc. 15, 42 k cf. Deut 21, 23.

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JUSTIN MARTYR

Tou'to dia; Daui`d ou{tw" ejkpefwvnhto1 : (Ps. 3, 5)Fwnh'/ mou pro;" kuvrionejkevkraxa, kai; ejphvkousev mou ejx o[rou" aJgivou aujtou'. (6) jEgw; ejkoimhvqhn kai;u{pnwsa : ejxhgevrqhn, o{ti kuvrio" ajntelavbetov mou. 2 Kai; dia; JHsai?ou2

oJmoivw" ei[rhto peri; touvtou, di! ou| trovpou ajpoqnhv/skein e[mellen, ou{tw" :jExepevta-[p. 233 : B]-sav mou ta;" cei'ra" < o{lhn th;n hJmevran >3 ejpi; lao;n4

ajpeiqou'nta kai; ajntilevgonta, toi'" poreuomevnoi"5 ejn oJdw'/ ouj kalh'/. Kai; o{tie[mellen ajnivstasqai, aujto;" JHsai?a" e[fh : JH tafh; aujtou' h\/rtai6 ejk tou'mevsou. Kaiv : Dwvsw7 tou;" plousivou" ajnti; tou' qanavtou aujtou'. 3 Kai; ejna[lloi" pavlin lovgoi"8 Dauid eij" to; pavqo" kai; to;n stauro;n ejn parabolh'/musthriwvdei ou{tw" ei\pen ejn eijkostw'/ prwvtw/ yalmw'/ : (Ps. 21, 17) [Wruxancei'rav" mou kai; povda" mou, (18)ejxhrivqmhsan pavnta ta; ojsta' mou : aujtoi; de;katenovhsan kai; ejpei'dovn me. (19)Diemerivsanto ta; iJmavtiav mou eJautoi'", kai;ejpi; to;n iJmatismovn mou e[balon klh'ron. [fol. 151 r° : A] {Ote ga;r ejstauvrwsanaujtovn, ejmphvssonte"9 tou;" h{lou" ta;" cei'ra" kai; tou;" povda" aujtou'w[ruxan, kaiJ oiJ staurwvsante" aujto;n ejmevrisan ta; iJmavtia aujtou' eJautoi'",lacmo;n bavllonte" e{kasto" kata; th;n tou' klhvrou ejpibolh;n o}10 ejklevxasqaiejbebouvlhto.4 Kai; tou'ton aujto;n to;n yalmo;n oujk eij" to;n Cristo;n eijrh'sqai levgete,

kata; pavnta tuflwvttonte", kai; mh; sunievnte" o{ti oujdei;" ejn tw'/ gevnei uJmw'nlecqeiv" pote basileu;" Cristo;"11 povda" kai; cei'ra" wjruvgh zw'n kai; dia;touvtou tou' musthrivou ajpoqanwvn12, toutevsti tou' staurwqh'nai, eij mh; movno"ou|to" oJ JIhsou'".

98. 1 Kai; to;n pavnta de; yalmo;n ei[poimi a[n, o{pw" kai; to; pro;" to;n patevraeujsebe;" aujtou' ajkouvshte, kai; wJ" eij" ejkei'non pavnta ajnafevrei, wJ"13 aujto;"di! ejkeivnou kai; swqh'nai ajpo; tou' qanavtou touvtou aijtw'n, a{ma te dhlw'n ejntw'/ yalmw'/ oJpoi'oi h\san oiJ ejpisunistavmenoi kat! aujtou', kai; ajpodeiknuvwno{ti ajlhqw'" gevgonen a[nqrwpo" ajntilhptiko;" paqw'n14.2 [Esti de; ou|to" : (Ps. 21, 2) JO qeov", oJ qeov" mou, provsce" moi. {Ina tiv

ejgkatevlipev" me _ Makra;n ajpo; th'" swthriva" mou oiJ lovgoi tw'n [p. 234 : B]

1 jEkpefwvnhto : corr. ex ejpe− A 2 JHsai>vou : jHs. de; Marc. 3 {Olhn th;n hJmevran : om. codd.,edd. Cf. Dial. 24, 4 4 Lao;n : corr. ex to;n lao;n A 5 Poreuomevnoi" Steph. (ad calcem), edd., LXX.Cf. Dial. 24, 4 ; I Apol. 35, 3 ; 38, 1 ; 49, 3 : ponhreuomevnoi" codd. 6 \H/rtai : cf. 16, 57 Kaiv : Dwvsw edd. ab Otto : kai; dwvsw codd., cett. edd. 8 Lovgoi" : lovgo" antea Mor.9 jEmphvssonte" : ejmphvxante" prop. Arcerius 10 }O : ejf! o} prop. Mar. (ut in psalmo : ejpi; to;niJmat. mou e[balon klh'ron) 11 Cristo;" : ut glossema del. Otto, Arch. b. kai; Cr. vel b. h] Cr. prop.Thirlb., Mar. 12 jApoqanwvn : ajpevqanen Marc. 13 JW" : del. Marc. 14 jAntilhptiko;" paqw'nprop. Sylb., coni. edd. ab. Otto (cf. 103, 8 : ajntilambavneto tw'n ginomevnwn) : ajntilhptikw'" paqw'ncodd., cett. edd. ajntilhptikw'" paqwvn ad calcem Steph.

449

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 97, 1-98, 2

Croix), aet c'est vers le soir qu'ils le mirent au tombeau, après quoi ilressuscita le troisième jour.

Voici comment David s'exprime sur ce point : (Ps. 3, 5)Ma voix a crié vers leSeigneur, et il m'a entendu de sa montagne sainte. (6)Je me suis étendu, et me suisendormi ; je me suis éveillé car le Seigneur m'a repris4. 2 Et de même, parl'intermédiaire d'Isaïe, voici ce qu'il est dit sur la façon dont il devait mourir :bJ'ai étendu mes mains tout le jour5 sur un peuple infidèle et contradicteur, sur ceux quis'avançaient dans une voie qui n'est pas bonne. Quant à sa future résurrection, lemême Isaïe en a parlé : cSon tombeau a été enlevé du milieu (des hommes)6 ; etencore : dJe livrerai les riches7 en échange de sa mort8. 3 Et dans d'autres passagesencore, David parle de la Passion et de la Croix en une mystérieuse parabole.C'est au Psaume 21 : (Ps. 21, 17)Ils ont percé mes mains et mes pieds, (18)ils ont comptétous mes os ; ils m'ont considéré et observé ; (19)ils se sont partagé mes habits, et sur monvêtement ils ont jeté le sort9. En effet, lorsqu'ils le crucifièrent, eils percèrent sesmains et ses pieds en y enfonçant les clous, et ceux qui l'avaient crucifié fsepartagèrent ses vêtements : ils tirèrent au sort, chacun jetant les dés sur ce qu'ilvoulait choisir10.

4 Ce même psaume, prétendez-vous, n'était pas dit du Christ11 : dans votreentier aveuglement vous ne comprenez pas que personne en votre race n'ajamais porté le titre de roi-Christ12 en ayant eu de son vivant les gpieds et lesmains percés, et en étant mort par ce mystère − j'entends celui de la crucifixion− si ce n'est ce seul Jésus.

Le Psaume 21, prophétie de la Passion.

98. 1 Laissez-moi vous citer tout le psaume, pour que vous entendiez quellefut sa piété envers son Père, comment il lui rapporte tout, comment il luidemande de le faire échapper à cette mort, tout en montrant, dans le psaume,quels genres d'hommes étaient ceux qui complotaient contre lui, et enprouvant qu'il s'est réellement fait homme susceptible d'éprouver dessouffrances1.

2 Le voici : (Ps. 21, 2)Ô Dieu, mon Dieu, donne-moi ton attention. Pourquoi m'as-tuabandonné ? Loin de mon Salut, les paroles de mes fautes2. (3)Mon Dieu, j'appellerai le

a Cf. Matth. 27, 60 ; Mc. 15, 46 ; Lc. 23, 53 b Is. 65, 2 c Is. 57, 2 d Is. 53, 9 e cf. Évang. dePierre, 21 ; Jn. 20, 25 f Matth. 27, 35 ; Mc. 15, 24 ; Lc. 23, 34 ; Évang. de Pierre, 12 g cf. Ps. 21,17.

450

JUSTIN MARTYR

paraptwmavtwn mou. (3) JO qeov" mou, kekravxomai hJmevra" pro;" se; kai; oujkeijsakouvsh/, kai; nukto;" kai; oujk eij" a[noian ejmoiv. (4)Su; de; ejn aJgivw/ katoikei'",oJ e[paino", [tou'] 1 jIsrahvl. (5) jEpi; soi; h[lpisan oiJ patevre" hJmw'n, h[lpisankai; ejrruvsw2 aujtouv" : (6)pro;" se; [fol. 151 v° : A] ejkevkraxan kai; ejswvqhsan,ejpi; soi; h[lpisan kai; ouj kath/scuvnqhsan. 3 (7) jEgw; dev eijmi skwvlhx kai; oujka[nqrwpo", o[neido" ajnrwvpwn kai; ejxouqevnhma laou'. (8)Pavnte" oiJ qewrou'ntev"me ejxemukthvrisavn me, kai; ejlavlhsan ceivlesin, ejkivnhsan kefalhvn :(9) [Hlpisen ejpi; kuvrion, rJusavsqw aujtovn, swsavtw aujtovn, o{ti qevlei aujtovn. (10){Oti su; ei\ oJ ejkspavsa" me ejk gastrov"3, hJ ejlpiv" mou ajpo; masqw'n th'"mhtrov" mou : (11)ejpi; se; ejperrivfhn ejk mhvtra", ajpo; gastro;" mhtrov" mouqeov" mou ei\ suv. (12)Mh; ajposth'/" ajp! ejmou', o{ti qli'yi" ejgguv", o{ti oujk e[stinoJ bohqw'n moi. 4 (13)Periekuvklwsavn me movscoi polloiv, tau'roi pivone"perievscon me : (14)h[noixan ejp! ejme; to; stovma aujtw'n wJ" levwn aJrpavzwn kai;wjruovmeno". (15) JWsei; u{dwr ejxecuvqh kai; dieskorpivsqh pavnta ta; ojsta' mou.jEgenhvqh4 hJ kardiva mou wJsei; khro;" thkovmeno" ejn mevsw/ th'" koiliva" mou :(16)ejxhravnqh wJ" o[strakon hJ ijscuv" mou, kai; hJ glw'ssav mou kekovllhtai5 tw'/lavruggiv mou, kai; eij" cou'n qanavtou kathvgagev" me : (17)o{ti ejkuvklwsavn mekuvne" polloiv, sunagwgh; ponhreuomevnwn perievscon me. [Wruxan cei'rav" moukai; povda" mou, (18)ejxhrivqmhsan pavnta ta; ojsta' mou : aujtoi; de; katenovhsankai; ejpei'dovn me. 5 (19)Diemerivsanto ta; iJmavtiav mou eJautoi'", kai; ejpi; to;niJmatismovn mou e[balon klh'ron. (20)Su; dev, kuvrie, [fol. 152 r° : A] mh; makruvnh/"th;n bohvqeiavn sou ajp! ejmou' : eij" th;n ajntivlhyivn mou provsce". (21) JRu'saiajpo; rJomfaiva" th;n yuchvn mou kai; [p. 235 : B] ejk ceiro;" kuno;" th;n monogenh'mou : (22)sw'sovn me ejk stovmato" levonto" kai; ajpo; keravtwn monokerwvtwnth;n tapeivnwsivn mou. (23)Dihghvsomai to; o[nomav sou toi'" ajdelfoi'" mou, ejnmevsw/ ejkklhsiva" uJmnhvsw se. (24)OiJ fobouvmenoi to;n kuvrion aijnevsate aujtovn,a{pan to; spevrma jIakw;b doxavsate aujtovn, fobhqhvtwsan ajp! aujtou' a{pan to;spevrma jIsrahvl.

1 Tou' : del. Arch., Marc. (cf. 100, 1) 2 jErruvsw (= LXX ; Dial. 101, 1) prop. Sylb., Mar., coni.Marc. : ejruvsw codd., cett. edd. 3 jjEk gastrov" : ejk th'" g. Thirlb. 4 jEgenhvqh (= LXX ; Dial.102, 1) edd. : ejgennhvqh codd. 5 Kekovllhtai (= LXX ; Dial. 102, 1.5 ; 103, 9) edd. : kekwvlutai codd.

451

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 98, 2-98, 5

jour vers toi, et tu n'entendras pas, la nuit aussi, et ce n'est point ignorance de ma part.(4)Mais toi, tu habites dans le sanctuaire, ô louange, Israël ! (5)En toi ont espéré nos pères,ils ont espéré et tu les délivras ; (6)vers toi ils ont crié, et ils furent sauvés, en toi ils ontespéré, et ils ne furent point humiliés. 3 (7)Pour moi, je suis un ver, et non un homme,opprobre des humains, et objet de mépris pour le peuple. (8)Tous ceux qui me contemplaientm'ont avec le nez tourné en dérision ; ils ont murmuré des lèvres, ils ont hoché la tête :(9)« Il a espéré dans le Seigneur, qu'il le délivre, qu'il le sauve, puisque c'est lui qu'ilveut ». (10)Oui, c'est toi qui m'as arraché au ventre maternel, mon espérance depuis lesseins de ma mère ; (11)vers toi je me suis élancé dès le sein maternel ; dès le sein de ma mère,c'est toi qui es mon Dieu. (12)Ne t'éloigne pas de moi, car la détresse est proche, car il n'y apersonne pour me secourir. 4 (13)Des veaux nombreux m'ont encerclé, et de gras taureauxm'ont cerné : (14)ils ont ouvert contre moi leur gueule, ainsi que le lion qui déchire et rugit.(15)Comme l'eau, se répandent et se disloquent tous mes os. Mon cœur est devenu commecire fondant au sein de mes entrailles. (16)Comme un tesson d'argile s'est desséchée ma force,ma langue colle à mon palais, et tu m'as étendu en poussière de mort. (17)Car des chiensnombreux font cercle autour de moi, congrégation de méchants, ils m'ont enveloppé. Ilsm'ont percé mains et pieds, (18)ils ont compté tous mes os ; ils m'ont considéré et observé.5 (19)Ils se sont partagé mes habits, et sur mon vêtement ils ont jeté le sort. (20)Mais toi,Seigneur, n'éloigne pas de moi ton secours. Considère mon épreuve. (21)Délivre mon âme del'épée, de la patte du chien celle qui m'est unique. (22)Sauve-moi de la gueule du lion, et descornes des unicornes mon abaissement. (23)Je raconterai ton nom à mes frères, au milieu dela convocation je te chanterai. (24)Vous qui craignez le Seigneur, louez-le ; descendance deJacob, glorifiez-le tous ; que le craigne toute la descendance d'Israël3.

452

JUSTIN MARTYR

99. 1 Kai; eijpw;n tau'ta ejphvnegka : {Olon ou\n to;n yalmo;n ou{tw" ajpodeivxwuJmi'n eij" to;n Cristo;n eijrhmevnon, di! w|n1 pavlin aujto;n ejxhgou'mai. }O ou\n eujqu;" levgei : JO qeov", oJ qeov" mou, provsce" moi. {Ina tiv

ejgkatevlipev" me _ tou'to a[nwqen proei'pen o{per ejpi;2 Cristou' e[mellelevgesqai3. Staurwqei;" ga;r ei\pen : JO qeov", oJ qeov", i{na tiv ejgkatevlipev"me _2 Kai; ta; eJxh'" : (Ps. 21, 2)Makra;n ajpo; th'" swthriva" mou oiJ lovgoi tw'n

paraptwmavtwn mou. (3) JO qeov" mou, kekravxomai hJmevra" pro;" se; kai; oujkeijsakouvsh/, kai; nukto;" kai; oujk eij" a[noian4 ejmoiv, w{sper kai; aujta;5 a} poiei'ne[melle, ejlevlekto. Th'/ ga;r hJmevra/, h|/per e[melle staurou'sqai, trei'" tw'nmaqhtw'n aujtou' paralabw;n eij" to; o[ro" to; legovmenon jElaiwvn6,parakeivmenon eujqu;" tw'/ naw'/ tw'/ ejn JIerousalhvm, hu[vceto levgwn : Pavter, eijdunatovn ejsti, parelqevtw [fol. 152 v° : A] to; pothvrion tou'to ajp! ejmou'. Kai;meta; tou'to eujcovmeno" levgei : (ibid.)Mh; wJ" ejgw; bouvlomai, ajll! wJ" su;qevlei" : dhlw'n dia; touvtwn o{ti ajlhqw'" paqhto;" a[nqrwpo" gegevnhtai.3 jAll! i{na mhv ti" levgh/ : jHgnovei ou\n o{ti mevllei pavscein : ejpavgei ejn tw'/yalmw'/ eujquv" : kai; oujk eij" a[noian ejmoiv. {Onper7 trovpon oujde; tw'/ qew'/ eij"a[noian h\n to; ejrwta'n to;n jAda;m pou' ejstin, oujde; to;n Kavi>n pou' [Abel, ajll!eij" to; e{kaston ejlevgxai oJpoi'ov" ejsti, kai; eij" hJma'" th;n gnw'sin pavntwn dia;tou' ajnagrafh'nai ejlqei'n, kai; ou|to"8 ejshvmainen oujk eij" a[noian th;n eJautou'9

ajlla; tw'n nomizovntwn mh; ei\nai aujto;n Cristovn, ajll! hJgoumevnwn qanatwvseinaujto;n kai; wJ" koino;n [p. 236 : B] a[nqrwpon ejn a{/dou menei'n10.

100. 1 To; de; ajkovlouqon : Su; de; ejn aJgivw/ katoikei'", oJ e[paino", [tou']11

jIsrahvl : ejshvmainen o{ti12 ejpaivnou a[xion kai; qaumasmou' mevllei poiei'n, meta;to; staurwqh'nai ajnivstasqai mevllwn th'/ trivth/ hJmevra/ ejk nekrw'n, o} ajpo; tou'patro;" aujtou' labw;n e[cei. {Oti ga;r kai; jIakw;b kai; jIsrah;l kalei'tai oJCristov", ajpevdeixa : kai; ouj movnon ejn th'/ eujlogiva/ kai; jIwsh;f kai; jIouvda ta;peri; aujtou' kekhruvcqai ejn musthrivw/13 ajpevdeixa, kai;14 ejn tw'/

1 Di! w|n pavlin aujto;n transp. edd. ab Otto : pavlin aujto;n di! w|n codd., cett. edd. 2 jEpi; : uJpo; prop.Arcerius, Sylb., coni. Arch., Marc. 3 Levgesqai (paulo post : ei\pen) : genevsqai prop. Sylb.4 [Anoian (= LXX ; Dial. 98, 2 ; 99, 3 ter) : a[gnoian vel a[noian (cf. 99, 3 : jHgnovei ou\n...) prop.Sylb. 5 {Wsper kai; aujta; : kai; aujta; w{sper transp. Marc. 6 jElaiwvn (olivetum) : jElaiw'n(olivarum) prop. Thirlb., Mar. (ex Dial. 103, 1) 7 {Onper : o{nper ga;r Marc. 8 Ou|to" prop. Mar.coni. Otto, Arch., Marc. : ou{tw" codd., cett. edd. ou{tw" kai; (ex Dial. 54, 2 ; 60, 5 ; 113, 3) prop.Otto 9 Th;n eJautou' : th;n eJautou' ei\nai Marc. 10 Menei'n prop. Thirlb., coni. Otto, Arch.,Marc. : mevnein codd., cett. edd. 11 Tou' del. Arch., Marc. (cf. 98, 2) 12 {Oti : o{ti ti Marc.13 Musthrivw/ : mhsturivw/ codd. musturivw/ (sic) Steph. 14 Kai; : ajlla; kai; Marc.

453

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 99, 1-100, 1

Psaume 21-2-3 :La Passion assumée.

99. 1 Après quoi, j'ajoutai : Tel est donc le psaume : pour vous démontrerqu'il fut tout entier dit du Christ, j'en reprends l'exposé.

Son début : aÔ Dieu, mon Dieu, donne-moi ton attention. Pourquoi m'as-tuabandonné ? annonçait anciennement ce qui devait être dit au temps du Christ.Car, sur la Croix, il s'écria : bÔ Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?

2 Et ce qui suit : (Ps. 21, 2)Loin de mon Salut, les paroles de mes fautes. (3)Mon Dieu,j'appellerai le jour vers toi, et tu n'entendras pas, la nuit aussi, et ce n'est point ignorancede ma part, est dit conformément à cela même qu'il devait faire. Car le jour oùil devait être crucifié, il prit avec lui trois de ses disciples pour aller sur lamontagne dite « Olivaie », située juste en face du Temple de Jérusalem1, et ilpria en disant : cPère, si c'est possible, que passe loin de moi2 cette coupe ! Puis,poursuivant sa prière : dNon pas comme je veux, mais comme toi tu veux3, montrantpar là qu'il s'était fait homme véritablement exposé à la souffrance4. 3 Maispour qu'on n'aille pas dire : « Il ne savait donc pas qu'il allait souffrir ! », ilajoute aussitôt dans le psaume : eet ce n'est point ignorance de ma part. De la mêmefaçon que ce ne fut pas ignorance de la part de Dieu que de demander fà Adamoù il était, et gà Cain où était Abel5, mais pour faire à chacun d'eux reprochede l'homme qu'il était, et pour que jusqu'à nous parvienne par écrit laconnaissance de toute chose6, de même aussi Jésus a signifié par là non pointson ignorance7, mais celle de ceux qui pensaient qu'il n'était pas le Christ,présumant qu'il mourrait et qu'il demeurerait dans l'Hadès8 comme unhomme ordinaire.

Psaume 21, 4 :Résurrection et Rédemption par le Fils de Dieu incarné.

Eve et Marie.

100. 1 Ce qui vient ensuite : hMais toi, tu habites dans le sanctuaire, ô louange,Israël1 ! signifiait qu'il devait accomplir une chose digne de louange etd'admiration, en s'apprêtant, après sa crucifixion, à ressusciter le troisièmejour d'entre les morts, ice qu'il tient de son Père2. Que le Christ, en effet,

a Ps. 21, 2 b Matth. 27, 46 et Mc. 15, 34 c Matth. 26, 39 ; cf. Mc. 14, 36 ; Lc. 22, 42 d ibid.e Ps. 21, 3 f cf. Gen. 3, 9 g cf. Gen. 4, 9 h Ps. 21, 4 i cf. Jn. 10, 18.

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JUSTIN MARTYR

eujaggelivw/ de;1 gevgraptai eijpwvn : Pavnta moi paradevdotai uJpo; tou' patrov",kai; oujdei;" ginwvskei to;n patevra eij mh; oJ uiJov", oujde; to;n uiJo;n eij mh; oJ path;rkai; oi|" a]n oJ uiJo;" [fol. 153 r° : A] ajpokaluvyh/. 2 jApekavluyen ou\n hJmi'npavnta o{sa kai; ajpo; tw'n grafw'n dia; th'" cavrito" aujtou' nenohvkamen,gnovnte" aujto;n prwtovtokon me;n tou' qeou' kai; pro; pavntwn tw'n ktismavtwn2,kai; tw'n patriarcw'n uiJovn, ejpeidhv, dia; th'" ajpo; gevnou" aujtw'n parqevnousarkopoihqeiv", kai;3 a[nqrwpo" ajeidh;", a[timo" kai; paqhto;" uJpevmeinegenevsqai.3 {Oqen kai; ejn toi'" lovgoi" aujtou' e[fh, o{te peri; tou' pavscein aujto;n

mevllein dielevgeto, o{ti Dei' to;n uiJo;n tou' ajnqrwvpou polla; paqei'n kai;ajpodokimasqh'nai uJpo; tw'n Farisaivwn4 kai; grammatevwn, kai; staurwqh'naikai; th'/ trivth/ hJmevra/ ajnasth'nai. UiJo;n ou\n ajnqrwvpou eJauto;n e[legen, h[toiajpo; th'" gennhvsew" th'" dia; parqevnou, h{ti" h\n, wJ" e[fhn, ajpo; tou' Daui`dkai; jIakw;b kai; jIsaa;k kai; jAbraa;m gevnou", h] dia; to; ei\nai aujto;n5 to;njAbraa;m6 patevra kai; touvtwn tw'n kathriqmhmevnwn, ejx w|n katavgei hJ Marivato; gevno" : kai; ga;r patevra" tw'n gennwmevnwn tai'" qugatravsin auj-[p. 237 :B]-tw'n tevknwn tou;" tw'n qhleiw'n gennhvtora" ejpistavmeqa. 4 Kai; ga;r uiJo;nqeou', Cristovn, kata; th;n tou' patro;" aujtou' ajpokavluyin ejpignovnta aujto;ne{na tw'n maqhtw'n aujtou', Sivmwna provteron kalouvmenon, ejpwnovmase Pevtron.Kai; uiJo;n qeou' gegrammevnon aujto;n ejn toi'" jApomnhmoneuvmasi tw'najpostovlwn aujtou' e[conte" kai; [fol. 153 v° : A] uiJo;n aujto;n levgonte"nenohvkamen o[nta7 kai; Pro; pavntwn poihmavtwn ajpo; tou' patro;" dunavmeiaujtou' kai; boulh'/ proelqovnta, o}" kai; sofiva kai; hJmevra kai; ajnatolh;8 kai;mavcaira kai; livqo" kai; rJavbdo" kai; jIakw;b kai; jIsrah;l kat! a[llon kai;a[llon trovpon ejn toi'" tw'n profhtw'n lovgoi" proshgovreutai9, kai; dia; th'"parqevnou a[nqrwpon10 gegonevnai, i{na kai;11 di! h|" oJdou' hJ ajpo; tou' o[few"parakoh' th;n ajrch;n e[labe, dia;12 tauvth" th'" oJdou' kai; katavlusin lavbh/.5 Parqevno" ga;r ou\sa Eu[a kai; a[fqoro", to;n lovgon to;n ajpo; tou' o[few"

sullabou'sa, parakoh;n kai; qavnaton e[teke : pivstin de; kai; cara;n labou'saMariva hJ parqevno", eujaggelizomevnou aujth'/ Gabrih;l ajggevlou o{ti pneu'ma

1 De; : dh; coni. Marc. 2 Pro; − ktismavtwn : pro; − kt. o[nta Marc. 3 Kai; : post ajeidh;"transponendum Thirlb., transp. Otto, Arch. 4 Farisaivwn : cf. 17, 4 5 Aujto;n : aujtou' prop. Mar.6 jAbraa;m : jAda;m prop. Thirlb., coni. Otto, Arch., Marc. 7 [Onta : om. Mar., Mign. kai; o[ntatransp. Marc. 8 JHmevra kai; ajnatolh; : hJmevra" ajnatolh; prop. Troll. 9 }O" − proshgovreutai : insemicirculis Marc. 10 [Anqrwpon prop. Grabe (ad Iren. Adv. Haer., V, 19, 1), Mar., coni. Otto,Troll., Arch., Marc. : a[nqrwpo" codd., cett. edd. gevgone vel proeivrhtai, uJpevmeinen prop. Sylb.11 Kai; : del. Marc. 12 Dia; : kai; dia; Mar., Mign.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 100, 1-100, 5

s'appelle aussi Jacob et Israël, je l'ai démontré3. Et non seulement dans labénédiction de Joseph et de Juda j'ai prouvé4 que ce qui le concerne estproclamé en mystère, mais encore dans l'Évangile5 il est écrit6 qu'il a dit :aTout m'a été remis par le Père, et personne ne connaît le Père sinon le Fils, ni le Filssinon le Père et ceux à qui le Fils l'a dévoilé7. 2 Il nous a donc bdévoilé tout ce quepar sa grâce nous entendons des Écritures8, sachant qu'il est cPremier-né deDieu, avant toutes les créatures9, et fils des patriarches, puisque, devenu chair parla vierge qui était de leur race, il a enduré, de surcroît, de se faire hommedsans apparence, sans honneur et souffrant.

3 Aussi disait-il en ses propres discours, lorsqu'il évoquait ses souffrancesfutures, qu' eil fallait que le Fils de l'Homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par lesPharisiens et les scribes, qu'il soit crucifié10, et ressuscite le troisième jour. Il se disaitdonc Fils de l'homme, soit à cause de sa naissance d'une vierge qui, comme jel'ai dit11, était de la race de David12, de Jacob, d'Isaac et d'Abraham, soit parcequ'Abraham13 lui-même était aussi le père de ceux qui ont été énumérés, etdont Marie descend par la race : car nous savons que ceux qui ont engendrédes femmes sont également pères des enfants nés de leurs filles. 4 fA l'un deses disciples qui, sur une révélation de son Père, l'avait reconnu comme Filsde Dieu, comme Christ, et qui s'appelait auparavant Simon, il donna le surnomde Pierre14. Nous le trouvons encore appelé Fils de Dieu15 dans les Mémoiresde ses Apôtres16, et lorsque nous le disons Fils, nous comprenons qu'il l'est,et qu' gavant toutes les œuvres17, il est venu du Père par la Puissance et la Volontéde celui-ci18, lui qui est encore appelé hSagesse, ijour, jLevant, képée, lpierre, mbâton,nJacob, oIsraël19, et d'autres manières encore dans les paroles des prophètes ;nous comprenons aussi que par la vierge il s'est fait homme, afin que par lavoie même où la désobéissance causée par le serpent avait trouvé sonprincipe, par cette même voie elle trouvât aussi sa dissolution.

5 C'est alors qu'elle était vierge, en effet, et sans corruption, qu'Ève pconçutla parole qui venait du serpent, et enfanta désobéissance et mort. C'est àl'inverse fidélité et qgrâce20 que conçut Marie la vierge, lorsqu'elle reçut de rl'angeGabriel la bonne nouvelle que sl'Esprit du Seigneur sur elle viendrait, que la

a Matth. 11, 27 ; Lc. 10, 22 b ibid. c cf. Col. 1, 15.17 ; Prov. 8, 22 d cf. Is. 53, 2-3 e Mc. 8,31 ; Lc. 9, 22 ; cf. Matth. 16, 21 f cf. Matth. 16, 15-18 ; Mc. 3, 16 ; Lc 6, 14 g cf. Col. 1, 17 ;Prov. 8, 22 h cf. Prov. 8, 1, s. i cf. Gen. 2, 4 ; Ps. 117, 24 ? j cf. Zach. 6, 12 k cf. Is. 27, 1l cf. Dan. 2, 34 m cf. Is. 11, 1 n cf. Ps. 23, 6 o cf. Ps. 71, 18 p cf. Jacq., 1, 15 q cf. Protév.de Jacq. 12, 2 ? r Lc. 1, 26 ; Protév. de Jacq., 11, 2-3 ; 12, 2 s Lc. 1, 35.

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JUSTIN MARTYR

kurivou ejp! aujth;n ejpeleuvsetai kai; duvnami" uJyivstou ejpiskiavsei aujthvn, dio;kai; to; gennwvmenon ejx aujth'" a{giovn ejstin1 uiJo;" qeou', ajpekrivnato : Gevnoitovmoi kata; to; rJh'mav sou. 6 Kai; dia; tauvth" gegevnnhtai ou|to", peri; ou| ta;"tosauvta" grafa;" ajpedeivxamen eijrh'sqai, di! ou| oJ qeo;" tovn te o[fin kai;tou;" oJmoiwqevnta"2 ajggevlou" kai; ajnqrwvpou" kataluvei, ajpallagh;n de; tou'qanavtou toi'" metaginwvskousin ajpo; tw'n faulw'n kai; pisteuvousin eij" aujto;nejrgavzetai.

101. 1 Ta; de; ajkovlouqa tou' yalmou' tau'ta ejn oi|" levgei : (Ps. 21. 5) jEpi; soi;h[lpisan oiJ patevre" hJmw'n, h[lpisan [fol. 154 r° : A] kai; ejrruvsw aujtouv" :(6)pro;" se; ejkevkra-[p. 238 : B]-xan < kai; ejswvqhsan, ejpi; soi; h[lpisan >3 kai;ouj kath/scuvnqhsan : (7) jEgw; dev eijmi skwvlhx kai; oujk a[nqrwpo", o[neido"ajnqrwvpwn kai; ejxoudevnwma4 laou' : dhlwtikav ejsti tou' kai; patevra" aujto;noJmologei'n tou;" ejlpivsanta" ejpi; to;n qeo;n kai; swqevnta" uJp! aujtou', oi{tine"kai; patevre" h\san th'" parqevnou, di! h|" ejgennhvqh a[nqrwpo" genovmeno", kai;aujto;" swqhvsesqai5 uJpo; tou' aujtou' qeou' mhnuvwn, ajll! ouj th'/ aujtou' boulh'/ h]ijscuvi> pravttein ti kaucwvmeno".2 Kai; ga;r ejpi; gh'" to; aujto; e[praxe : levgonto"6 aujtw/' tino" : Didavskale

ajgaqev, ajpekrivnato : Tiv me levgei" ajgaqovn _ Ei|" ejstin ajgaqov", oJ pathvr mouoJ ejn toi'" oujranoi'". To; de; eijpei'n : jEgwv eijmi skwvlhx kai; oujk a[nqrwpo",o[neido" ajnqrwvpwn kai; ejxouqevnhma laou' a{per faivnetai kai; o[nta kai;genovmena7 aujtw'/ proevlegen. [Oneido" me;n ga;r hJmi'n, toi'" eij" aujto;npisteuvousin ajnqrwvpoi", pantacou' ejstin : jExouqevnhma de; tou' laou', o{tiuJpo; tou' laou' uJmw'n ejxoudenwqei;"8 kai; ajtimwqei;" tau'ta e[paqen a{perdieqhvkate aujtovn.3 Kai; ta; ajkovlouqa : (Ps. 21, 8)Pavnte" oiJ qewrou'ntev" me ejxemukthvrisavn me,

kai; ejlavlhsan ejn ceivlesin, ejnivkhsan kefalhvn : (9) [Hlpisen ejpi; kuvrion,rJusavsqw aujtovn, < swsavtw aujtovn >9, o{ti qevlei aujtovn : ta; aujta; oJmoivw"ejggivnesqai aujtw'/ proei'pen. OiJ ga;r qewrou'nte" aujto;n ejstaurwmevnon

1 [Estin : e[stai prop. Sylb., coni. Marc. klhqhvsetai Lc. 2 JOmoiwqevnta" : oJm. aujtw'/ Marc.3 Kai; − h[lpisan : add. Thirlb., Otto, Troll., Arch., Marc. (ex Dial. 98, 2 et quae paulo postleguntur : tou;" ejlpivsanta" ...kai; swqevnta") : om. codd., cett. edd. 4 jExoudevnwma : ejxouqevnwma velejxouqevnhma prop. Otto, coni. Mign. Cf. Dial. 98, 3 (ejxouqevnhma) ; 101, 2 (ejxouqevnhma bis ;ejxoudenwqeiv") ; 131, 2 (ejxouqenhmevnou) ; I Apol. 63, 16 (ejxouqenhqh'nai) 5 Swqhvsesqai : tou;"patevra" swq. Troll. 6 Levgonto" : kai; l. Mor. l. ga;r prop. Thirlb., coni. Marc. 7 Genovmenaprop. Sylb. : ginovmena codd., edd. 8 jExoudenwqei;" : ejxouqenwqei;" coni. Steph., Mar., Mign., Ottoejxouqenhqei;" prop. Otto 9 Swsavtw aujtovn add. Thirlb., Otto, Arch. (ex LXX, Dial. 98, 3, et quaepaulo post leguntur : swsavtw aujto;n oJ qeov") : om. codd., cett. edd.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 100, 5-101, 3

Puissance du Très-Haut la couvrirait de son ombre, si bien que l'être saint qui naîtraitd'elle serait Fils de Dieu. Et elle répondit : aQu'il en soit pour moi selon ta parole21.6 Et c'est par elle qu'il fut enfanté, celui dont, nous l'avons montré, parlenttant d'Écritures, celui par qui Dieu détruit le serpent avec les anges et leshommes qui lui ressemblent, et opère la délivrance de la mort pour ceux quise repentent de leurs mauvaises actions et croient en lui.

Psaume 21, 5-9 :Humiliation du Christ sur la Croix, et Rédemption.

101. 1 Voici la suite du psaume ; il y est dit : (Ps. 21, 5)En toi ont espéré nos pères, ilsont espéré et tu les délivras ; (6)vers toi ils ont crié, et ils furent sauvés, en toi ils ont espéré,et ils ne furent point humiliés. (7)Pour moi, je suis un ver, et non un homme, opprobre deshommes, et rebut1 du peuple. Il y reconnaît manifestement comme pères ceux quiont espéré en Dieu et ont été sauvés par lui, eux qui furent également pères de laVierge2, par laquelle il fut engendré et devint homme ; et lui-même, indique-t-il, sera sauvé par le même Dieu, sans se bglorifier de rien faire par sa proprevolonté ou par sa propre force3.

2 C'est bien là en effet ce qu'il fit sur la terre : A quelqu'un qui lui disait cBonMaître, il répondit : Pourquoi me dis-tu bon ? Un seul est bon, mon Père qui est dansles cieux4. Et quand il dit : dPour moi, je suis un ver, et non un homme, opprobre deshumains, et objet de mépris pour le peuple, c'était la prédiction de ce qui à l'évidencese produit et lui est arrivé5. Opprobre pour nous, les hommes qui croyons en lui,il l'est en tout lieu ; et objet de mépris pour le peuple, car après avoir été par votrepeuple méprisé et edéshonoré, il a souffert ce que vous lui avez infligé.

3 Et la suite : (Ps. 21, 8)Tous ceux qui me contemplaient m'ont avec le nez tourné endérision ; ils ont murmuré des lèvres, ils ont hoché la tête : (9)« Il a espéré dans le Seigneur,qu'il le délivre, qu'il le sauve, puisque c'est lui qu'il veut », annonçait également queles mêmes choses lui arriveraient ; car ceux qui le contemplaient

a Lc. 1, 38 b cf. Gal. 6, 13.14 ? c Matth. 19, 16-17 ; Mc. 10, 17-18 ; Lc. 18, 18-19 d Ps. 21, 7e cf. Is. 53, 3.

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ta;"1 kefala;" e{kasto" ejkivnoun kai; [fol. 154 v° : A] ta; ceivlh dievstrefon2,kai; toi'" muxwth'rsin ejn ajll<hvl>oi"3 diarrinou'nte"4 e[legon eijrwneuovmenoitau'ta a} kai; ejn toi'" jApomnhmoneuvmasi tw'n ajpostovlwn aujtou'gevgraptai : UiJo;n qeou' eJauto;n e[lege, kataba;" peripateivtw : swsavtwaujto;n oJ qeov".

102. 1 Kai; ta; eJxh'" : (Ps. 21, 10) ... JH ejlpiv" mou ajpo; masqw'n th'" mhtrov"mou : (11)ejpi; se; ejperrivfhn ejk mhvtra", ajpo; gastro;" mhtrov" mou qeov" mouei\ suv, (12)< Mh; ajpovsth/" ajp! ejmou', o{ti qli'yi" ejgguv", >5 o{ti oujk e[stin oJbohqw'n moi. (13)Periekuv-[p. 239 : B]-klwsavn me movscoi polloiv, tau'roi pivone"perievscon me : (14)h[noixan ejp! ejme; to; stovma aujtw'n wJ" levwn aJrpavzwn kai;wjruovmeno". (15) JWsei; u{dwr ejxecuvqh kai; dieskorpivsqh pavnta ta; ojsta' mou.jEgenhvqh hJ kardiva mou wJsei; khro;" thkovmeno" ejn mevsw/ th'" koiliva" mou :(16)ejxhravnqh wJ" o[strakon hJ ijscuv" mou, kai; hJ glw'ssav mou kekovllhtai tw'/lavruggiv mou... : tw'n gegenhmevnwn6 th;n proaggelivan ejpoiei'to.2 To; ga;r JH ejlpiv" mou ajpo; mastw'n th'" mhtrov" mou. {Ama ga;r tw'/7

gennhqh'nai aujto;n ejn Bhqleevm, wJ" proevfhn, para; tw'n ajpo; jArrabiva"mavgwn maqw;n JHrwvdh" oJ basileu;" ta; kat! aujtovn, ejpebouvleusen ajnelei'naujtovn, kai; kata; th;n tou' qeou' kevleusin jIwsh;f labw;n aujto;n a{ma th'/ Mariva/ajph'lqen eij" Ai[gupton : meta; ga;r to; khruvxai aujto;n to;n par! aujtou' lovgonajndrwqevnta oJ path;r qanatwqhvsesqai aujto;n [fol. 155 r° : A] ejkekrivkei o}nejgegennhvkei. 3 jEa;n dev ti" hJmi'n levgh/ : Mh; ga;r oujk hjduvnato oJ qeo;"ma'llon to;n JHrwvdhn ajpoktei'nai _ prolabw;n levgw : Mh; ga;r oujk hjduvnato oJqeo;" th;n ajrch;n kai; to;n o[fin ejxa'rai tou' mh; ei\nai, kai; mh; eijpei'n o{ti Kai;e[cqran qhvsw ajna; mevson aujtou' kai; th'" gunaikov", kai; tou' spevrmato" aujtou'kai; tou' spevrmato" aujth'" _ Mh; ga;r oujk hjduvnato eujqu;" plh'qo" ajnqrwvpwnpoih'sai _ 4 jAll!, wJ" ejgivnwske kalo;n ei\nai genevsqai, ejpoivhsenaujtexousivou" pro;" dikaiopraxivan kai; ajggevlou" kai; ajnqrwvpou", kai;crovnou" w{rise mevcri" ou| ejgivnwske kalo;n ei\nai to; aujtexouvsion e[ceinaujtouv" : kai; o{ti8 kalo;n ei\nai oJmoivw" ejgnwvrize, kai; kaqolika;" kai; merika;"

1 Ta;" (= N.T. ) : kai; Otto, Mign., Arch. 2 Ta; ceivlh dievstrefon : ejxevstrefon ta; c. I Apol.38, 8 ejlavlhsan ejn ceivlesin Ps. 21, 8 3 jAllhvloi" prop. Sylb., coni. edd. ab Otto : a[lloi" codd.,cett. edd. ejnamivlloi" vel ejnauvloi" prop. Sylb., ejnalla;x Mar. 4 Diarrinou'nte" (a v. rJiv", -nov") prop.Sylb., coni. edd. ab Otto : dierinou'nte" codd., cett. edd. 5 Mh; − ejgguv" add. Marc. (ex Dial. 102, 6 ;103, 1 ; 98, 3) : om. codd., cett. edd. 6 Gegenhmevnwn : genhsomevnwn prop. Sylb. 7 Tw'/ edd. a Sylb.(cf. 78, 9 ; 80, 4 ; 88, 1 ; 103, 6 ; 106, 4) : to; codd., Steph. 8 {Oti A (supra : wJ" ejgivnwske...) : o{teprop. Thirlb. (in add.), Troll.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 101, 3-102, 4

crucifié ahochaient tous de la tête, tordaient leurs lèvres, et bremuant les narines6 del'un à l'autre en reniflant, ils disaient, feignant de s'interroger, ce qui est aussiécrit dans les Mémoires de ses Apôtres : cIl s'est dit Fils de Dieu, qu'il descende etqu'il marche ; que Dieu le sauve7 !

Psaume 21, 10-16 :Accomplissement de la volonté divine en diverses circonstances de la vie du Christ.

102. 1 Et ce qui vient après : (Ps. 21, 10)…mon espérance depuis les seins de ma mère ;(11)vers toi je me suis élancé dès le sein maternel ; dès le sein de ma mère, c'est toi qui esmon Dieu. (12)ne t'éloigne pas de moi, car la détresse est proche, car il n'y a personne pourme secourir. (13)Des veaux nombreux m'ont encerclé, et de gras taureaux m'ont cerné :(14)ils ont ouvert contre moi leur gueule, ainsi que le lion qui déchire et rugit. (15)Commel'eau se répandent et se disloquent tous mes os. Mon cœur est devenu comme cire fondant ausein de mes entrailles. (16)Comme un tesson d'argile s'est desséchée ma force, et ma languecolle à mon palais…, constituait l'annonce de ce qui s'est produit.

2 C'est le cas de l'expression d…mon espérance depuis les seins de ma mère. eAumoment même, en effet où il naissait à Bethléem, comme je l'ai déjà dit1, leroi Hérode, informé à son sujet par les mages venus d'Arabie, conçut leprojet de le faire mourir ; mais sur l'ordre de Dieu, fJoseph le prit avec Marie,et partit en Égypte. Car le Père avait arrêté que celui qu'il avait engendréserait mis à mort une fois arrivé à l'âge d'homme, et après avoir proclamé laParole reçue de lui2. 3 Et si quelqu'un nous dit : « Dieu n'aurait-il pas pu3,plutôt, tuer Hérode ? », je réponds par avance : Dieu n'aurait-il pas pu aussi,dès l'origine, exclure de l'existence le serpent, au lieu de dire : gJe placerai uneinimitié entre lui et la femme, entre sa descendance à lui et sa descendance à elle ?N'aurait-il pas pu d'emblée faire un grand nombre d'hommes ? 4 Mais,comme il trouvait bon que cela fût, il fit les anges et les hommes autonomesenvers4 la pratique de la justice, et il fixa le terme des temps durant lesquels iltrouvait bon qu'ils eussent cette liberté. Et parce qu'il estimait de même quec'était bon, il fit des jugements généraux et particuliers5 ; la liberté

a Cf. Ps. 21, 8 ; Matth. 27, 39 ; Mc. 15, 29 b cf. Lc. 23, 35 c cf. Matth. 27, 40-43 ; Mc. 15, 31-32 ; Lc. 23, 35 d Ps. 21, 10 e cf. Matth. 2, 1 s. f cf. Matth. 2, 13-15 g Gen. 3, 15.

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JUSTIN MARTYR

krivsei" ejpoivei, pefulagmevnou mevntoi tou' aujtexousivou. {Oqen fhsi;n oJLovgo" kai; ejn th'/ ejpi;1 tou' puvrgou katabolh'/ kai; th'/ tw'n glwssw'npolufqoggiva/ kai; ejxalloiwvsei tau'ta : Kai; ei\pe kuvrio" : jIdou gev-[p. 240 :B]-no" e}n kai; cei'lo" e}n pavntwn, kai; tou'to h[rxanto poih'sai : kai; nu'n oujkejkleivyei ejx aujtw'n pavnta o{sa a]n ejpiqw'ntai poiei'n.5 Kai; tov te2 jExhravnqh wJ" o[strakon hJ ijscuv" mou, kai; hJ glw'ssav mou

kekovllhtai tw'/ lavruggiv mou, oJmoivw" tw'n uJp! aujtou' mellovntwn givnesqaikata; to; tou' patro;" qevlhma proaggeliva h\n. JH ga;r tou' ijscurou' aujtou'lovgou duvnami", di! h|" [fol. 155 v° : A] ajei; h[legce tou;" suzhtou'nta" aujtw'/Farisaivou"3 kai; grammatei'" kai; aJplw'" tou;" ejn tw'/ gevnei uJmw'ndidaskavlou", ejpoch;n e[sce divkhn poluu?drou kai; ijscura'" phgh'", h|" to; u{dwrajpestravfh, sighvsanto" aujtou' kai; mhkevti ejpi; Pilavtou ajpokrivnasqaimhde;n mhdeni; boulomevnou, wJ" ejn toi'" jApomnhmoneuvmasi tw'n ajpostovlwnaujtou' dedhvlwtai, o{pw" kai; to; dia; JHsai?ou eijrhmevnon karpo;n ejnergh' e[ch/,o{pou ei[rhtai : Kuvrio" divdwsiv moi glw'ssan tou' gnw'nai hJnivka me dei' eijpei'nlovgon.6 To; de; kai; eijpei'n aujtovn : (Ps. 21, 11)...Qeov" mou ei\ suv, (12)mh; ajposth'/" ajp!

ejmou' didavskonto"4 a{ma o{ti ejpi; qeo;n to;n pavnta5 poihvsanta ejlpivzein dei'pavnta" kai; par! ejkeivnou movnou swthrivan kai; bohvqeian zhtei'n, ajlla; mhv, wJ"tou;" loipou;"6 tw'n ajnqrwvpwn, dia; gevno" h] plou'ton h] ijscu;n h] sofivannomivzein duvnasqai swv/zesqai : oJpoi'on kai; uJmei'" ajei;7 ejpravxate, pote; me;nmoscopoihvsante", ajei; de; ajcavristoi kai; fonei'" tw'n dikaivwn kai;tetufwmevnoi dia; to; gevno" fainovmenoi. 7 Eij ga;r oJ uiJo;" tou' qeou' faivnetai< mhvte >8 dia; to; ei\nai uiJo;" mhvte kata; to; ei\nai ijscuro;" mhvte dia; to;sofo;"9 levgwn10 duvnasqai swv/zesqai, ajlla; pro;" to; ajnamavrthto" ei\nai, wJ"JHsai?a" fhsivn, mhde; mevcri fwnh'" hJmarthkevnai aujtovn, [p. 241 : B] ajnomivanga;r [fol. 156 r° : A] oujk ejpoivhsen oujde; dovlon tw'/ stovmati11, a[neu tou' qeou'swqhvsesqai mh; duvnasqai, pw'" uJmei'" h] kai; oiJ a[lloi oiJ a[neu th'" ejlpivdo"tauvth" swqhvsesqai prosdokw'nte" oujc eJautou;" ajpata'n logivzesqe _

1 jEpi; (cf. 53, 1 : ejpi; th'" ...parousiva" ; 128, 1 : ejpi; th'" krivsew" ; ejpi; tou' kataklusmou') : del.Otto, Arch., Marc. (cf. 120, 3 : ejn tw'/ jIouvda) ejpi; th'/ tou' prop. Thirlb. 2 Kai; tov te : kai; to; veltov te vel tov ge prop. Sylb. kai; to; de; prop. Otto kai; tov ge coni. Marc. 3 Farisaivou" Mor.,Troll., Mign., edd. ab. Otto : Farissaivou" codd., cett. edd. (cf. 17, 4) 4 Didavskonto" (scil. ejstiv)Otto (cf. Dial. 105, 2 : mhnuvonto" ; 105, 1 : didaskaliva kai; proaggeliva ; 42, 3 ; 103, 2 :dhlwtiko;n ; I Apol. 32, 9 : shmantiko;n) : wJ" didavskonto" Marc. 5 Pavnta : ta; pavnta prop.Otto (ex Dial. 55, 2 ; 56, 11 ; I Apol. 16, 7) 6 Loipou;" : pleivou" vel pleivstou" vel pollou;" velajlovgou" coni. alii (Thirlb) 7 jAei; : ajei; de; Mar., Troll. ajei; dh; Mign. 8 Mhvte Sylb., Mor.,Thirlb., Troll., edd. ab Otto : om. codd., cett. edd. 9 Sofo;" : s. ei\nai Sylb., Mor. 10 Levgwn : postfaivnetai transp. Marc. 11 JW" − stovmati : in semicirculis Marc.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 102, 4-102, 7

pourtant demeurait préservée. Voilà pourquoi le Verbe, lorsqu'eut lieu laconstruction de la tour, la confusion des langues et leur altération6, s'exprimeainsi : aLe Seigneur dit : Voici qu'à eux tous ils ne font qu'une race, et une seule lèvre, etils ont commencé cette entreprise ; rien désormais ne leur manquera de tout ce qu'ilsdécideront de faire7.

5 L'expression : bComme un tesson d'argile s'est desséchée ma force, et ma langue colleà mon palais, était elle aussi, de même, une annonce des choses qui devaients'accomplir par lui selon la volonté du Père. Car la force de son Verbepuissant, par lequel il confondit toujours les Pharisiens et les scribes quidiscutaient avec lui, et, en somme, tous les didascales vivant en votre race,s'interrompit ainsi qu'une abondante et puissante8 source, dont on a détournéles eaux : cil se tut9, et ne voulut plus, en présence de Pilate, rien répondre àpersonne, comme c'est indiqué dans les Mémoires de ses Apôtres, afin quedans les faits ce qui est exprimé par Isaïe portât aussi son fruit10 ; c'estl'endroit où il est dit : dLe Seigneur me donne une langue, pour connaître quand je doisprononcer une parole11.

6 Et lorsqu'il dit e… c'est toi qui es mon Dieu. Ne t'éloigne pas de moi…, c'estpour enseigner à la fois que tous doivent espérer en Dieu le Créateur de toutechose, rechercher près de lui seulement Salut et secours12, et ne point penser,comme le reste des hommes, qu'on puisse être sauvé à cause de sa race, de sarichesse, de sa force ou de sa sagesse. Conduite qui fut aussi toujours lavôtre : vous qui jadis favez fabriqué un veau d'or, mais vous montreztoujours ingrats, meurtriers des justes, aveuglés par l'orgueil d'être de votrerace. 7 Car si le Fils de Dieu affirme manifestement ne pouvoir être sauvé nipar sa qualité de fils, ni parce qu'il est fort, ni parce qu'il est sage13, et en dépitdu fait qu'il soit sans péché14, comme le dit Isaïe, et n'ait pas même péché enparole − car gil n'a pas commis d'injustice, et nulle fraude ne s'est trouvée dans sa bouche− ne pouvoir être sauvé sans Dieu, comment vous et les autres qui, sans cetteespérance vous attendez à être sauvés n'avez-vous pas conscience de voustromper vous-mêmes15 ?

a Gen. 11, 6 b Ps. 21, 16 c cf. Matth. 27, 13-14 ; Mc. 15, 4-5 ; Lc. 23, 9 d Is. 50, 4 e Ps. 21,11-12 f cf. Exod. 32 g Is. 53, 9.

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JUSTIN MARTYR

103. 1 Ta; de; eJxh'" eijrhmevna ejn tw'/ yalmw'/ : (Ps. 21, 12) ...o{ti qli'yi" ejgguv",o{ti oujk e[stin oJ bohqw'n moi. (13)Periekuvklwsavn me movscoi polloiv, tau'roipivone" perievscon me : (14)h[noixan ejp! ejme; to; stovma aujtw'n wJ" levwnaJrpavzwn kai; wjruovmeno" : (15)wJsei; u{dwr ejxecuvqh kai; dieskorpivsqh pavntata; ojsta' mou : tw'n oJmoivw" aujtw'/ sumbavntwn proaggeliva h\n. jEkeivnh" ga;rth'" nuktov", o{te ajpo; tou' [Orou"1 tw'n jElaiw'n ejph'lqon aujtw'/ oiJ ajpo; tou'laou' uJmw'n2 uJpo; tw'n Farisaivwn3 kai; grammatevwn kata; th;n didaskalivan4

ejpipemfqevnte", ejkuvklwsan aujto;n ou}" movscou" keratista;" kai; prowvlei" oJLovgo" e[lege.2 Kai; to; ...Tau'roi pivone" perievscon me eijpei'n tou;"5 kai; aujtou;" me;n6 ta;

o{moia toi'" movscoi" poihvsanta", o{te h[vcqh pro;" tou;" didaskavlou"7 uJmw'n,proevlegen : ou}" wJ" tauvrou" dia; tou'to oJ Lovgo" ei\pen, ejpeidh; tou;"tauvrou" tou' ei\nai movscou"8 aijtivou" oi[damen. JW" ou\n patevre" eijsi; tw'nmovscwn oiJ tau'roi, ou{tw" oiJ didavskaloi uJmw'n toi'" tevknoi" aujtw'n ai[tioih\san tou' ejxelqovnta" eij" to; [Oro" tw'n jElaiw'n sullabei'n [fol. 156 v° : A]aujto;n kai; a[gein ejp! aujtouv". Kai; to; eijpei'n ...o{ti oujk e[stin oJ bohqw'ndhlwtiko;n9 kai; aujto; tou' genomevnou. Oujdei;" ga;r oujde; mevcri"10 eJno;"ajnqrwvpou bohqei'n aujtw'/ wJ" ajnamarthvtw/ bohqo;" 11 uJph'rce.3 Kai; to; [Hnoixan ejp! ejme; to; stovma aujtw'n wJ" levwn wjruovmeno" dhloi' to;n

basi-[p. 242 : B]-leva tw'n jIoudaivwn tovte o[nta, kai; aujto;n JHrwvdhnlegovmenon, diavdocon gegenhmevnon JHrwvdou tou', o{te ejgegevnnhto, ajnelovnto"pavnta" tou;" ejn Bhqlee;m ejkeivnou tou' kairou' gennhqevnta" pai'da", dia; to;uJponoei'n ejn aujtoi'" pavntw" ei\nai to;n peri; ou| eijrhvkeisan aujtw'/ oiJ ajpo;jArrabiva" ejlqovnte" mavgoi : mh; ejpistavmeno"12 th;n tou' ijscurotevrou pavntwnboulhvn, wJ" eij" Ai[gupton tw'/ jIwsh;f kai; th'/ Mariva/ ejkekeleuvkeiajpallagh'nai labou'si to; paidivon, kai; ei\nai ejkei' a[cri" a]n pavlin aujtoi'"ajpokalufqh'/ ejpanelqei'n eij" th;n cwvran aujtw'n : kajkei' h\san ajpelqovnte"a[cri" a]n ajpevqanen oJ ajpokteivna" ta; ejn Bhqlee;m paidiva JHrwvdh" kai;jArcevlao" aujto;n diedevxato : kai; ou|to" ejteleuvta pri;n to;n Cristo;n th;n13

oijkonomivan th;n kata; to; bouvlhma tou' patro;" gegenhmevnhn uJp! aujtou' ejpi;

1 jApo; tou' [Orou" : ejpi; tou' [Orou" prop. Thirlb., coni. Marc. ejpi; to; [Oro" prop. Mar., coni.Arch. (ex Dial. 103, 2.7 ; 99, 2 : eij" to; [Oro") eij" to; [Oro" Mt. 26, 30 ; Mc. 14, 26 ; cf. Lc. 22,39 2 OiJ − uJmw'n : oiJ − uJmw'n uiJoi; Marc. 3 Farisaivwn : Farissaivwn codd. (cf. 17, 4 ; 102, 5)4 Kata; th;n didaskalivan : kai; tw'n didaskavlwn prop. Thirlb., Mar., coni. Arch. post Lovgo" transp.Marc. (ex Dial. 105, 1 : didaskaliva kai; proaggeliva) 5 Tou;" : t. patevra" aujtw'n Marc. 6 Me;n: mh;n coni. Marc. 7 Pro;" tou;" didaskavlou" : pro;" aujtouv" tou;" didaskavlou" prop. Thirlb.8 Movscou" : movscoi" prop. Thirlb. 9 Dhlwtiko;n codd., edd. (scil. ejstiv Otto). Cf. 102, 6(didavskonto") 10 Mevcri" corr. ex mevcri A 11 Bohqo;" : boulhqei;" prop. Pearson12 jEpistavmeno" : ejpistamevnou (de;) prop. Otto 13 Th;n : eij" th;n prop. Mar. kata; th;n Marc.

463

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 103, 1-103, 3

Psaume 21,12-16 :Arrestation du Christ au Mont des Oliviers, silence opposé à ses juges.

103. 1 Ce qui est dit ensuite dans le psaume : (Ps. 21, 12)…car la détresse est proche,car il n'y a personne pour me secourir. (13)Des veaux nombreux m'ont encerclé, et de grastaureaux m'ont cerné : (14)ils ont ouvert contre moi leur gueule, ainsi que le lion qui déchireet rugit. (15)Comme l'eau se répand, tous mes os se disloquent, était également uneannonce de ce qui lui est arrivé. C'est cette nuit-là en effet, où adu1 Mont desOliviers se jetaient sur lui ceux de votre peuple qui, selon l'enseignement reçu2,avaient été envoyés bpar les Pharisiens et les Scribes, que l'encerclèrent ceux quele Verbe appelait cdes veaux cornus et prématurément funestes3.

2 Quant à l'expression d…de gras taureaux m'ont cerné, elle annonçait ceux quieux aussi agirent tout comme4 les veaux : lorsqu'il fut conduit devant vosdidascales. Si le Verbe appelle ces derniers taureaux, c'est parce que noussavons bien que les taureaux sont cause qu'il y a des veaux. De même, donc,que les taureaux sont pères des veaux, de même vos didascales furent-ils causeque leurs enfants5 sortirent vers le Mont des Oliviers pour se saisir de lui et leleur amener. Et l'expression e…car il n'y a personne pour me secourir montre bienelle aussi ce qui est arrivé. fIl ne s'est trouvé personne en effet, pas même unseul homme, qui fût assez secourable pour lui prêter secours, lui qui était gsanspéché.

3 Et l'expression hils ont ouvert contre moi leur gueule, ainsi que le lion qui déchire etrugit désigne celui qui était alors le roi des juifs, et qui portait aussi le nomd'Hérode6 : c'était le successeur de cet Hérode qui, lors de sa naissance, iavaitfait mettre à mort tous les enfants nés à Bethléem en ce temps-là, comptant queparmi eux se trouverait sûrement celui dont lui avaient parlé les mages venusd'Arabie. C'est qu'il méconnaissait le dessein de Celui qui, plus puissant quetout, javait donné l'ordre à Joseph et Marie de partir en Égypte en emmenantl'enfant, et d'y rester jusqu'à ce qu'une nouvelle révélation les fît revenir en leurpays. kIls restèrent éloignés jusqu'au jour où, lHérode étant mort qui avait faittuer les enfants de Bethléem, mArchélaüs7 lui succéda. Lui-même, d'ailleurs,mourait avant que le Christ, parachevant ainsi l'économie fixée par le desseindu Père, n'en vînt à être crucifié8.

a Cf. Matth. 26, 30.47 ; Mc. 14, 26.43 ; Lc. 22, 39.47 b cf. Matth. 26, 3-4.47 c cf. Exod. 21,29 ? d Ps. 21, 13 e Ps. 21, 12 f cf. Ps. 21, 12 + Is. 63, 5 ; Matth. 26, 56 et Mc. 14, 50.52g cf. Is. 53, 9 h Ps. 21, 14 i cf. Matth. 2, 16 j ibid., 13-14 k ibid., 15.19-23 l cf. Matth. 2, 19m cf. Matth. 2, 22.

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JUSTIN MARTYR

tw'/1 staurwqh'nai ejlqei'n. 4 JHrwvdou dev, tou'2 jArcevlaon diadexamevnou,labovnto" th;n ejxousivan th;n ajponemhqei'san aujtw'/, w|/ kai; Pila'to"carizovmeno" dedemevnon [fol. 157 r° : A] to;n jIhsou'n e[pemye kai; tou'togenhsovmenon proeidw;" oJ qeo;" eijrhvkei ou{tw"3 : Kai; < dhvsante" >4 aujto;neij" jAssurivou<">5 ajphvnegkan xevnia tw'/ basilei'.5 ]H levonta to;n wjruovmenon ejp! aujto;n e[lege to;n diavbolon, o}n Mwu>sh'"6

me;n o[fin kalei', ejn de; tw'/ jIw;b kai; tw'/ Zacariva/ diavbolo" kevklhtai, kai; uJpo;tou' jIhsou' Satana'" proshgovreutai, o[noma ajpo; th'" pravxew" h|" e[praxesuvnqeton kthsavmenon aujto;n mhnuvwn7 : to; ga;r sata'8 ejn9 th'/ jIoudaivwn kai;Suvrwn fwnh'/ ajpostavth" ejstiv, to; de; na'" o[noma ejx ou| hJ eJrmhneiva10 o[fi"ejklhvqh [tautovn ejsti Sata' th'/ JEbraivwn eJrmhneuqeivsh/ fwnh'/]11 : ejx w|n[p. 243 : B] ajmfotevrwn tw'n eijrhmevnwn e}n o[noma givnetai Satana'". 6 Kai;ga;r ou|to" oJ diavbolo" a{ma tw'/ ajnabh'nai aujto;n ajpo; tou' potamou' tou'jIordavnou, th'" fwnh'" aujtw'/12 lecqeivsh" : UiJov" mou ei\ suv, ejgw; shvmerongegevnnhkav se : ejn toi'" jApomnhmoneuvmasi tw'n ajpostovlwn gevgraptaiproselqw;n aujtw'/ kai; peiravzwn mevcri tou' eijpei'n aujtw'/ : Proskuvnhsovn moi :kai; ajpokrivnasqai aujtw'/ to;n Cristovn : {Upage ojpivsw mou, Satana'13 :kuvrion to;n qeovn sou proskunhvsei" kai; aujtw'/ movnw/ latreuvsei". JW" ga;r to;njAda;m ejplavnhsen, e[lege14 kai; tou'ton15 dunhqh'nai ejrgavsasqaiv ti.7 Kai; to; : JWsei; u{dwr ejxecuvqh<n>16 kai; dieskorpivsqh pavnta ta; ojsta'

mou, ejgenhvqh hJ kardiva mou wJsei; khro;" [fol. 157 v° : A] thkovmeno" ejn mevsw/th'" koiliva" mou o{per gevgonen aujtw'/ ejkeivnh" th'" nuktov", o{te ejp! aujto;nejxh'lqon eij" to; [Oro" tw'n jElaiw'n sullabei'n aujtovn, proaggeliva h\n. 8 jEnga;r toi'" jApomnhmoneuvmasin, a{ fhmi uJpo; tw'n ajpostovlwn aujtou' kai; tw'nejkeivnoi" parakolouqhsavntwn suntetavcqai, < gevgraptai >17 o{ti

1 Tw'/ : to; prop. Sylb. 2 Tou' prop. Sylb., coni. Otto, Arch., Marc. : to;n codd., cett. edd. tou' to;nprop. Sylb. 3 Ou{tw" : ou{tw Mar., Mign. 4 Dhvsante" add. Otto, Arch., Marc. (ex dedemevnon) :om. codd., cett. edd. 5 jAssurivou" Marc. (ex LXX) : jAssurivou codd., cett. edd. 6 Mwu>sh'" : Mwsh'"Arch. 7 Mhnuvwn : mhnuvonto" prop. Otto, Marc. 8 Sata' edd. ab Otto : sata; Mor. sata;n codd.,cett. edd. 9 jEn Otto, Arch. : om. codd., cett. edd. 10 JH eJrmhneiva : th'/ eJrmhneiva/ prop. Mar.11 Tautovn − fwnh'/ ut glossema del. edd. ab Otto : tou't! ejsti; kata; th;n JEbraivwn eJrmhneuqei'sanfwnhvn prop. Mar. taujtovn ejsti kata; th;n JEbr. eJrmhneuqei'san fwnhvn prop. Semisch (Justin, P. I.,p. 214) 12 Aujtw'/ : aujtou' Mar., Mign., Troll. 13 Satana' : S. : gevgraptai : Marc. (ex Dial.125, 4 ; Mt., Lc.) 14 [Elege : e[qele alii (Thirlb.) 15 Kai; tou'ton : kai; kata; tou'ton prop.Thirlb. 16 jExecuvqhn prop. Mar. : ejxecuvqh codd., edd. (= Dial. 98, 4 ; 102, 1) 17 Gevgraptaiprop. Thirlb., Mar., add. edd. ab Otto : om. codd., cett. edd.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 103, 4-103, 8

4 Hérode donc, le successeur d'Archélaüs9, avait pris le pouvoir qui lui étaitéchu. Pilate, pour lui être agréable, alui envoya Jésus benchaîné10 ; et c'estparce qu'il en prévoyait aussi l'événement, que Dieu a dit : cEt l'ayant enchaîné,ils l'emmenèrent en Assyrie11, comme présent au roi.

5 Ou bien alors le dlion qui rugissait contre lui désignait ce diable12 que Moïseappelle eserpent, qui en fJob et gZacharie est appelé diable, et à qui hJésuss'adresse en le nommant Satanas, indiquant par là qu'il a reçu un nomcomposé d'après l'action qu'il a accomplie13. Car Sata, dans la langue des Juifset des Syriens signifie « apostat », et nas est le mot d'où l'on traduit« serpent ». De ces deux expressions un seul nom est formé : Satanas14.6 C'est ce diable qui, au moment où Jésus iremontait du Jourdain15, et où lavoix venait de lui dire jTu es mon fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré16, selon qu'ilest écrit dans les Mémoires des Apôtres, s'approcha de lui et le tenta au pointde lui dire : kAdore-moi ! Mais le Christ lui répondit : lArrière, Satanas ! Tuadoreras le Seigneur ton Dieu, et lui seul tu serviras. Car de même qu'il avait égaréAdam, contre celui-là aussi il présumait possible de tenter quelque entreprise.

7 L'expression : mComme l'eau je me suis épanché17, et tous mes os se sont disloqués.Mon cœur est devenu comme cire fondant au sein de mes entrailles, était aussi uneprédiction : c'est ce qui lui est arrivé cette nuit-là, lorsqu'ils nl'agressèrent, auMont des Oliviers, pour se saisir de lui. 8 Car dans les Mémoires qui, commeje le dis, ont été composés par ses apôtres et leurs disciples, il est écrit queocoulait une sueur semblable à des caillots de sang, tandis qu'il priait en

a Cf. Lc. 23, 7-8 b cf. Jn. 18, 24 ? c Os. 10, 6 d Ps. 21, 14 ; I Petr. 5, 8 e cf. Gen. 3, 1 s.f cf. Job. 1, 6 s. g cf. Zach. 3, 1-2 h cf. Matth. 4, 10 i cf. Lc. 4, 1 ? j Lc. 3, 22 ; cf. Ps. 2, 7k cf. Matth. 4, 9 ; Lc. 4, 7 l Matth. 4, 10 ; 16, 23 et Lc. 4, 8 ; cf. Deut. 6, 13 m Ps. 21, 15n cf. Matth. 26, 30.47 ; Mc. 14, 26.43 ; Lc. 22, 39.47 o cf. Lc. 22, 44.

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JUSTIN MARTYR

iJdrw'" wJsei; qrovmboi katecei'to, aujtou' eujcomevnou kai; levgonto" :Parelqevtw1, eij dunatovn, to; pothvrion tou'to : ejntrovmou th'" kardiva"2

dhlonovti ou[sh" kai; tw'n ojstw'n oJmoivw" kai;3 ejoikuiva" th'" kardiva" khrw'/thkomevnw/ eij" th;n koilivan, o{pw" eijdw'men o{ti oJ path;r to;n eJautou' uiJo;n kai;ejn toiouvtoi" pavqesin ajlhqw'" gegonevnai di! hJma'" bebouvlhtai, kai; mh;levgwmen o{ti ejkei'no", tou' qeou' uiJo;" w[n, oujk ajntelambavneto tw'n ginomevnwnkai; sumbainovntwn aujtw'/.9 Kai; to; jExhravnqh wJ" o[strakon hJ ijscuv" mou, kai; hJ glw'ssav mou

kekovllhtai tw'/ lavruggiv mou, o{per4 proei'pon, [p. 244 : B] th'" sigh'", ejn5

mhdeni; mhde;n ajpokrinovmeno" oJ pavnta" ejlevgcwn ajsovfou" tou;" par! uJmi'ndidaskavlou"6, proaggeliva h\n.

104. 1 Kai; to; (Ps. 21. 16) ...Eij" cou'n qanavtou kathvgagev" me : (17)o{tiejkuvklwsavn me kuvne" polloiv7, sunagwgh; ponhreuomevnwn perievscon me :w[ruxan cei'rav" mou kai; povda" mou, (18)ejxhrivqmhsan pavnta ta; ojsta' mou :aujtoi; de; katenovhsan kai; ejpei'dovn me : [fol. 158 r° : A] (19)diemerivsanto ta;iJmavtiav mou eJautoi'", kai; ejpi; to;n iJmatismovn mou e[balon klh'ron, wJ"proei'pon, proaggeliva h\n dia; poivou qanavtou katadikavzein aujto;n e[mellen hJsunagwgh; tw'n ponhreuomevnwn, ou}" kai; kuvna" kalei', kai; kunhgou;" mhnuvwn8,o{ti kai;9 aujtoi; oiJ kunhghvsante"10 sunhvcqhsan [oiJ]11 ajgwnizovmenoi ejpi; tw'/katadikavsasqai12 aujtovn : o{per kai; ejn toi'" jApomnhmoneuvmasi tw'najpostovlwn aujtou' gevgraptai genovmenon. 2 Kai; o{ti meta; to; staurwqh'naiaujto;n ejmevrisan eJautoi'" oiJ staurwvsante" aujto;n ta; iJmavtia aujtou',ejdhvlwsa.

105. 1 Ta; de; ajkovlouqa tou' yalmou' : (Ps. 21, 20)Su; dev, kuvrie, mh; makruvnh/"th;n bohvqeiavn sou ajp! ejmou' : eij" th;n ajntivlhyivn mou provsce" : (21)rJu'saiajpo; rJomfaiva" th;n yuchvn mou kai; ejk ceiro;" kuno;" th;n monogenh' mou13 :(22)sw'sovn me ejk stovmato" levonto" kai; ajpo; keravtwn monokerwvtwn th;ntapeivnwsivn mou : oJmoivw" pavlin didaskaliva kai; proaggeliva tw'n o[ntwn

1 Parelqevtw : Pavter, par. Marc. (ex Dial. 99, 2 ; Mt., Lc.) 2 Th'" kardiva" : aujtou' t. k. Marc.(ex Dial. 103, 7 : hJ kardiva mou) 3 Kai; : om. Mar., Mign. 4 {Oper : w{sper coni. Marc. 5 jEn : ejnh|/ ...ajpekrivneto prop. Sylb. ejn h|/ ...ajpokrinovmeno" coni. Marc. h}n ejsivghse vel h}n ejpi; Pilavtou

ejsivghse prop. Thirlb. 6 jEn − didaskavlou" : in semicirculis Mar., Mign., Troll., Otto 7 Kuvne"polloiv : ejn a[lloi" kuvne" kai; kunhgoi; polloiv, in marg. A, in textu Steph. om. B, Mar., Troll., edd.ab Otto 8 Mhnuvwn : mhnuvei Marc. 9 Kai; huc transp. Marc., prop. Thirlb. : ante sunhvcqhsan codd.,cett. edd. 10 Kunhghvsante" : k. h\san vel oi{on kunhghvsonte" prop. Sylb. 11 OiJ : delendum Thirlb.,del. Marc. 12 Katadikavsasqai : ejpi; tw'/ katadikasqh'nai aujtovn in marg. A., ad calcem Steph.13 Th;n monogenh' mou (= LXX, Dial. 98, 5 ; 105, 2) : to;n monogenh' sou prop. Mar.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 103, 8-105, 1

disant : aQue s'éloigne, si c'est possible, cette coupe18 ! C'est que son cœur, assurément,était tout chancelant, de même que ses os, et ce bcœur lui semblait une cirefondant au sein de ses entrailles, afin que nous sachions qu'à cause de nous, lePère voulait aussi que son Fils connût véritablement19 de semblablessouffrances, et pour que nous n'allions point dire que, Fils de Dieu, celui-làn'était pas affecté par ce qui se passait et qui lui arrivait.

9 Quant au verset : cComme un tesson d'argile s'est desséchée ma force, et ma languecolle à mon palais, il annonçait, je l'ai dit20, son silence : car dil ne répondit suraucun point, lui qui confondait le défaut de sagesse de tous vos didascales.

Psaume 21,16-19 :Condamnation du Christ, crucifixion, partage de ses vêtements.

104. 1 Et ces paroles : (Ps. 21. 16)…et tu m'as étendu en poussière de mort. (17)Car deschiens nombreux font cercle autour de moi, congrégation de méchants, ils m'ont enveloppé.Ils m'ont percé mains et pieds, (18)ils ont compté tous mes os ; ils m'ont considéré et observé.(19)Ils se sont partagé mes habits, et sur mon vêtement ils ont jeté le sort : comme j'aidéjà dit1, elles annonçaient à quelle sorte de mort la congrégation2 des méchantsdevait le condamner ; il les appelle chiens, en montrant également qu'il y a deschasseurs, car ceux qui avaient conduit la meute s'étaient eux aussi agrégés3, eenmettant tous leurs soins à le faire condamner. Cela aussi est écrit dans lesMémoires de ses Apôtres. 2 Qu'après sa crucifixion ceux qui l'avaient crucifiéfse partagèrent ses vêtements, je l'ai montré4.

Psaume 21, 20-22 :Mort sur la Croix et Salut des âmes.

105. 1 La suite du psaume : (Ps. 21, 20)Mais toi, Seigneur, n'éloigne pas de moi tonsecours. Considère mon épreuve1. (21)Délivre mon âme de l'épée, et de la patte du chien cellequi m'est unique2. (22)Sauve-moi de la gueule du lion, et des cornes des unicornes monabaissement, enseignait et annonçait encore, de la même façon, ses qualités et

a Cf. Matth. 26, 39 ; Mc. 14, 36 ; Lc. 22, 42 b Ps. 21, 15 c Ps. 21, 16 d cf. Matth. 27, 13-14 ;Mc. 15, 4-5 ; Lc. 23, 9 e cf. Matth. 26, 57.59 ; Mc. 14, 53.55 f Ps. 21, 19 ; cf. Matth. 27, 35 ;Mc. 15, 24 ; Lc. 23, 34.

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JUSTIN MARTYR

aujtw'/ kai; sumbaivnein mellovntwn. Monogenh;" ga;r o{ti h\n tw'/ patri; tw'no{lwn ou|to", ijdivw" ejx aujtou' lovgo" kai; duvnami"1 gegennhmevno"2, kai;u{steron a[nqrwpo" dia; th'" parqevnou genovmeno", wJ" ajpo; tw'njApomnhmoneumavtwn ejmavqomen, proedhvlwsa.2 Kai; [p. 245 : B] o{ti staurwqei;" ajpevqanen, oJmoivw" proei'pe. To; ga;r (Ps. 21,

21) JRu'sai ajpo; rJomfaiva" th;n [fol. 158 v° : A] yuchvn mou kai; ejk ceiro;" kuno;"th;n monogenh' mou : (22)sw'sovn me ejk stovmato" levonto" kai; ajpo; keravtwnmonokerwvtwn th;n tapeivnwsivn mou oJmoivw" mhnuvonto"3 di! ou| pavqou"e[mellen ajpoqnhv/skein, toutevsti staurou'sqai : to; ga;r keravtwnmonokerwvtwn o{ti to; sch'ma tou' staurou' ejsti movnou4 proexhghsavmhn uJmi'n.3 Kai; to; ajpo; rJomfaiva" kai;5 stovmato" levonto" kai;; ejk ceiro;" kuno;" aijtei'naujto;n th;n yuch;n swqh'nai, i{na mhdei;" kurieuvsh/ th'" yuch'" aujtou' ai[thsi"h\n, i{na, hJnivka hJmei'" pro;" th'/ ejxovdw/ tou' bivou ginovmeqa ta; aujta; aijtw'mento;n qeovn, to;n dunavmenon ajpostrevyai pavnta ajnaidh'6 ponhro;n a[ggelon mh;labevsqai hJmw'n th'" yuch'".4 Kai; o{ti mevnousin7 aiJ yucai; ajpevdeixa8 uJmi'n ejk tou' kai; th;n Samouh;l

yuch;n klhqh'nai uJpo; th'" ejggastrimuvqou, wJ" hjxivwsen oJ Saouvl. Faivnetai de;kai; o{ti pa'sai aiJ yucai; tw'n ou{tw"9 dikaivwn kai; profhtw'n uJpo; ejxousivane[pipton tw'n toiouvtwn dunavmewn, oJpoiva dh; kai; ejn th'/ ejggastrimuvqw/ ejkeivnh/ejx aujtw'n tw'n pragmavtwn oJmologei'tai. 5 {Oqen kai; oJ qeo;"10 didavskei hJma'"kai;11 dia; tou' uiJou' aujtou' to; pavntw" ajgwnivzesqai di<kaiv>ou"12 givnesqai,kai; pro;" th'/ ejxovdw/ aijtei'n mh; uJpo; toiauvthn tina; duvnamin uJpopesei'n ta;"yuca;" hJmw'n, faivnetai13 [fol. 159 r° : A]. Kai; ga;r ajpodidou;" to; pneu'ma ejpi;tw'/ staurw'/ ei\pe : Pavter, eij" cei'rav" sou parativqemai to; pneu'mav mou, wJ"kai; ejk tw'n jApomnhmoneumavtwn kai; tou'to e[maqon.6 Kai; ga;r pro;" to; uJperbavllein th;n Farisaivwn14 politeivan tou;" maqh-

[p. 246 : B]-ta;" aujtou' sunwqw'n, eij de; mhv ge, ejpivstasqai o{ti ouj swqhvsontai,tau'ta eijrhkevnai ejn toi'" jApomnhmoneuvmasi gevgraptai : jEa;n

1 Duvnami" : d. aujtou' prop. Thirlb. d. qeou' Marc. (ex N.T. et Dial. 61) 2 Gegennhmevno" prop.Thirlb., coni. edd. ab Otto (ex Dial. 43, 7 ; I Apol. 21, 1 etc.) : gegenhmevno" codd., cett. edd.3 Mhnuvonto" (scil. ejstiv) Otto. (cf. 102, 6 : didavskonto") : wJ" mhnuvonto" Marc. 4 jEsti movnou :ejshvmaine vel shmaivnei prop. Thirlb. shmaivnei movnou Marc. 5 Kai; : kai; ejk Marc. 6 jAnaidh' : del.Marc. 7 Mevnousin : m. ejn a{/dou Marc. (pro ajnaidh' : 105, 3) 8 jApevdeixa : ajpodei'xai e[cw Marc.a]n ajpodeivxaimi vel ajpodeivxaimi a]n prop. Nolte 9 Tw'n ou{tw" : ou{tw" tw'n transp. Marc.10 JO qeo;" prop. Thirlb., Mar., coni. Otto, Arch., Marc. (mox enim : kai; dia; tou' uiJou' aujtou) :ou|to" codd., cett. edd. 11 Kai; : del. Marc. 12 Dikaivou" prop. Sylb., Thirlb., coni. edd. ab Otto : di!ou}" codd. (cum signo correctionis A), cett. edd. 13 Faivnetai : del. Thirlb., Otto, Arch., Marc.14 Farisaivwn : cf. 17, 4.

469

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 105, 1-105, 6

ce qui devait lui arriver : aFils unique du Père de l'univers, Verbe et Puissanceproprement3 engendré de lui, dans la suite fait homme par la vierge, ainsi quenous l'avons appris des Mémoires des Apôtres4, il l'était en effet, je l'ai déjàmontré.

2 Et sa mort sur la Croix, il l'a prédite de même. Les paroles (Ps. 21, 21)Délivremon âme de l'épée, et de la patte du chien celle qui m'est unique. (22)Sauve-moi de la gueuledu lion, et des cornes des unicornes mon abaissement5, indiquaient en effet le genre desouffrance dont il devait mourir, c'est-à-dire la crucifixion. Car les cornes desunicornes, je vous l'ai déjà expliqué6, ne sont rien d'autre qu'une figure de laCroix. 3 Et lorsqu'il demande que son bâme soit sauvée7 de l'épée, de la gueule dulion, et de la patte du chien, c'était une prière pour que nul ne se rende maître deson âme ; en sorte que, lorsque nous en arrivons à l'issue de la vie, nousdemandions les mêmes choses à Dieu, lui qui peut empêcher tout impudentmauvais ange de s'emparer de notre âme.

4 Car les âmes survivent, je vous l'ai démontré de ce fait même que cl'âmede Samuel fut invoquée par la ventriloque, à la demande de Saül8. Il est doncmanifeste que toutes les âmes de ceux qui furent ainsi justes ou prophètestombaient au pouvoir de semblables Puissances : et c'est précisément, dans lecas de cette ventriloque, ce que les faits eux-mêmes attestent. 5 Dieu nousenseigne donc, par son fils aussi, de lutter constamment pour devenir desjustes, et, à l'issue de la vie, de demander que nos âmes ne tombent pas aupouvoir de quelque Puissance semblable à celle-là, c'est évident. Car lorsqu'ilrendit l'esprit sur la Croix9, il dit : dPère, entre tes mains je remets mon esprit, ce quecette fois encore, j'ai appris des Mémoires.

6 Et quand il exhortait ses apôtres à dépasser la conduite des Pharisiens,sachant bien que sinon, ils ne seraient pas sauvés, il est écrit dans lesMémoires qu'il dit ceci : eSi votre justice10 n'abonde pas plus que celle des Scribes et desPharisiens, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux.

a Cf. Jn. 1, 14.18 b Ps. 21, 21 et 22 c cf. I Rois 28, 7 s. d cf. Lc. 23, 46 e Matth. 5, 20.

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JUSTIN MARTYR

mh; perisseuvsh/ uJmw'n hJ dikaiosuvnh plei'on tw'n grammatevwn kai; Farisaivwn,ouj mh; eijsevlqhte eij" th;n basileivan tw'n oujranw'n.

106. 1 Kai; o{ti hjpivstato to;n patevra aujtou' pavnta parevcein aujtw'/, wJ"hjxivou, kai; ajnegerei'n1 aujto;n ejk tw'n nekrw'n, kai;2 pavnta" tou;" foboumevnou"to;n qeo;n proevtrepen aijnei'n to;n qeo;n dia; to; ejleh'sai kai;3 dia; tou'musthrivou tou' staurwqevnto" touvtou pa'n gevno" tw'n pisteuovntwnajnqrwvpwn, kai; o{ti ejn mevsw/ tw'n ajdelfw'n aujtou' e[sth, tw'n ajpostovlwn4,oi{tine", meta; to; ajnasth'nai aujto;n ejk nekrw'n kai; peisqh'nai uJp! aujtou' o{tikai; pro; tou' paqei'n e[legen aujtoi'" o{ti tau'ta aujto;n dei'5 paqei'n kai; ajpo;6

tw'n profhtw'n o{ti proekekhvrukto tau'ta, metenovhsan ejpi; to; ajfivstasqaiaujtou' o{te ejstaurwvqh7 kai; met! aujtw'n diavgwn u{mnhse to;n qeovn, wJ" kai; ejntoi'" jApomnhmoneuvmasi tw'n ajpostovlwn8 dhlou'tai gegenhmevnon, ta;leivponta tou' yalmou' ejdhvlwsen. 2 [fol. 159 v° : A] [Esti de; tau'ta : (Ps. 21.23)Dihghvsomai to; o[nomav sou 9 toi'" ajdelfoi'" mou, ejn mevsw/ ejkklhsiva"uJmnhvsw se. (24)OiJ fobouvmenoi to;n kuvrion aijnevsate aujtovn, a{pan to; spevrmajIakwvb, doxavsate aujtovn, fobhqhvtwsan aujto;n a{pan to; spevrma jIsrahvl.3 Kai; to; eijpei'n metwnomakevnai aujto;n Pevtron e{na tw'n ajpostovlwn, kai;

gegravfqai ejn toi'" jApomnhmoneuvmasin aujtou'10 gegenhmevnon kai; tou'to,meta; tou' kai; a[llou" duvo ajdelfouv", uiJou;" Zebedaivou o[nta" ejpwnomakevnai11

ojnovmati tou' Boanergev", o{ ejstin UiJoi; bron-[p. 247 : B]-th'", shmantiko;n h\ntou' aujto;n ejkei'non ei\nai, di! o<u|>12 kai; to; ejpwvnumon jIakw;b13 tw'/ jIsrah;lejpilkhqevnti ejdovqh kai; to; Aujsh'14 o[noma jIhsou'" ejpeklhvqh, di! ou| ojnovmato"kai; eijshvcqh eij" th;n ejphggelmevnhn toi'" patriavrcai" gh'n oJ perileifqei;"ajpo; tw'n ajp! Aijguvptou ejxelqovntwn laov".4 Kai; o{ti wJ" a[stron e[mellen ajnatevllein aujto;" dia; tou' gevnou" tou'

jAbraavm, Mwu>sh'"15 paredhvlwsen16 ou{tw" eijpwvn : jAnatelei' a[stron ejxjIakwvb, kai; hJgouvmeno" ejx jIsrahvl. Kai; a[llh de; grafhv fhsin : jIdou; ajnhvr,

1 jjAnegerei'n prop. Sylb., coni. edd. ab Otto : ajnhvgeiren codd., cett. edd. o}" kai; ajnhvgeiren prop.Lange 2 Kai; : kai; o{ti Marc. 3 Kai; : kai; sw'sai prop. Sylb., coni. Marc. 4 Tw'n ajpostovlwn :toutevsti t. ajp. Marc. 5 Dei' : e[dei Marc. 6 jApo; : uJpo; prop. Mar., coni. Otto, Arch., Marc.7 Oi{tine" − ejstaurwvqh : in semicirculis Mar., Mign., Otto, Marc. 8 Tw'n ajpostovlwn : t. ajp.aujtou' Marc. 9 Sou : mou prop. Otto 10 Aujtou' : tw'n ajpostovlwn aujtou' Marc. aujtw'n prop. Otto11 jEpwnomakevnai codd., Goodsp. (infra enim : ejpwvnumon) : metwnomakevnai (ut supra) Steph.Mar., Mign., Otto, Arch., Marc. 12 Di! ou| prop. Lange, Casaubon (Adv. Baron., p. 258), Thirlb.,Mar., coni. edd. ab Otto : dio; codd., cett. edd. 13 jIakw;b : tw'/ jIakw;b Marc. 14 To; Aujsh' : tw'/ Aujsh'/prop. Thirlb., coni. edd. ab Otto 15 Mwu>sh'" : Mwsh'" Arch. 16 Paredhvlwsen : proedhvlwsen prop.Thirlb., coni. Marc.

471

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 106, 1-106, 4

Psaume 21, 23-24 :Le Christ, « Jacob », « Israël », « Astre » et « Levant ».

106. 1 Il savait que ason Père lui accordait tout1, comme il le demandait, betqu'il le réveillerait cd'entre les morts, et il a exhorté tous ceux qui dcraignent Dieu àlouer Dieu d'avoir, jusque par le mystère de ce crucifié, pris en pitié toute larace des hommes croyants. De plus, eIl s'est tenu au milieu de ses frères, lesApôtres. Après sa résurrection d'entre les morts, et lorsqu'ils eurent étéconvaincus par lui qu'avant même de souffrir il leur avait dit qu'il fdevaitendurer ces souffrances, et que cela avait été, dès2 les prophètes, proclamé à l'avance,ils se repentirent de s'être éloignés de lui lors de sa crucifixion3. Et tandis qu'ilvivait avec eux, gil chanta des hymnes à Dieu, comme l'attestent les Mémoiresdes Apôtres. C'est ce que montre la suite du psaume. 2 La voici : (Ps. 21., 23)Jeraconterai ton4 nom à mes frères, au milieu de la convocation je te chanterai. (24)Vous quicraignez le Seigneur, louez-le ; descendance de Jacob, glorifiez-le tous ; que le craigne toutela descendance d'Israël.

3 Quand il est dit qu'il hchangea le nom de l'un des Apôtres en celui dePierre5 − événement qui lui aussi se trouve consigné dans ses6 Mémoires −outre qu'il a changé encore le nom des deux frères, fils de Zébédée, en celui deBoanergès, c'est-à-dire « fils du tonnerre »7, c'était là le signe qu'il était bien celui parqui ison surnom fut donné à Jacob devenu Israël, et jle nom d'Ausès changéen Jésus8, nom par lequel fut introduit dans la terre promise aux patriarchesle peuple survivant de ceux qui étaient sortis d'Égypte9.

4 Il devait se lever comme un astre par la race d'Abraham, Moïse10 l'a donné àentendre en ces termes : kIl se lèvera un astre de Jacob, et un guide11 d'Israël. Et uneautre Écriture dit : lVoici un homme : Levant12 est son nom. Aussi mlorsqu'un astrese leva, dans le ciel également13, au moment même de sa naissance, ainsi qu'ilest écrit dans les Mémoires de ses Apôtres, les mages d'Arabie, comprenant àce signe, s'en vinrent et l'adorèrent14.

a Cf. Matth. 11, 27 ; Lc. 10, 22 ; Jn. 13, 3 b cf. Matth. 16, 21 ; Mc. 8, 31 ; Lc. 9, 22 c cf. Lc. 24,46 ? d cf. Ps. 21, 24 e cf. Lc. 24, 36 ; Jn. 20, 17 ; Ps. 21, 23 f cf. Lc. 24, 25-27 ; 44-46 ;Évang. de Pierre, 26 g cf. Matth. 26, 30 ; Mc. 14, 26 ; Ps. 21, 23 h cf. Mc. 3, 16-17 ; Év. dePierre ? i cf. Gen. 32, 28 ; 35, 10 j cf. Nombr. 13, 16 k cf. Nombr., 24, 17 l Zach. 6, 12m cf. Matth. 2, 2.9.11.

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JUSTIN MARTYR

ajnatolh; o[noma aujtw'/. jAnateivlanto" ou\n kai;1 ejn oujranw'/ a{ma tw'/gennhqh'nai aujto;n ajstevro", wJ" gevgraptai ejn toi'" jApomnhmoneuvmasi tw'najpostovlwn aujtou', oiJ ajpo; jArrabiva"2 mavgoi, ejk touvtou ejpi-[fol. 160 r° : A]-gnovnte", paregevnonto kai; prosekuvnhsan aujtw'/.

107. 1 Kai; o{ti th'/ trivth/ hJmevra/ e[mellen ajnasthvsesqai meta; to;staurwqh'nai, gevgraptai ejn toi'"3 jApomnhmoneuvmasin o{ti oiJ ajpo; tou'gevnou" uJmw'n suzhtou'nte" aujtw'/ e[legon, o{ti Dei'xon hJmi'n shmei'on. Kai;ajpekrivnato aujtoi'" : Genea; ponhra; kai; moicali;" shmei'on ejpizhtei', kai;shmei'on ouj doqhvsetai aujtoi'" eij mh; to; shmei'on jIwna'. Kai; tau'talevgonto" aujtou' parakekalummevna4 h\n noei'sqai uJpo; tw'n ajkouovntwn o{timeta; to; staurwqh'nai aujto;n th'/ trivth/ hJmevra/ ajnasthvsetai. 2 Kai;ponhrotevran5 th;n genea;n uJmw'n kai; moicalivda ma'llon th'" Nineui>tw'npovlew" ejdhvlou, oi{tine", tou' jIwna' khruvxanto" aujtoi'" meta; to;ejkbrasqh'nai aujto;n th'/ trivth/ hJmevra/ ajpo; th'" koiliva" tou' aJdrou' ijcquvo" o{timeta; tessaravkonta6 hJmevra" pamplhqei; ajpolou'ntai, nhsteivan aJplw'"pavntwn zwv/wn, ajnqrwvpwn te kai; ajlovgwn7, meta; sakkoforiva" kai; ejk-[p 248 :B]-tenou'" ojlolugmou' kai; ajpo; tw'n kardiw'n ajlhqinh'" metanoiva" aujtw'n kai;ajpotagh'" th'" pro;" ajdikivan8 ejkhvruxan, pisteuvsante" o{ti ejlehvmwn oJ qeo;"kai; filavnqrwpov" ejstin ejpi; pavnta" tou;" metatiqemevnou" ajpo; th'" kakiva",wJ" kai; aujto;n to;n basileva th'" povlew" ejkeivnh" kai; tou;" megistavna"oJmoivw" sakkoforhvsanta" [fol. 160 v° : A] prosmemenhkevnai th'/ nhsteiva/ kai;th'/ iJkesiva/, kai; ejpitucei'n mh; katastrafh'nai th;n povlin aujtw'n.3 jAlla; kai; tou' jIwna' ajniwmevnou ejpi; tw'/ th'/ tessarakosth'/9 hJmevra/, wJ"

ejkhvruxe, mh; katastrafh'nai th;n povlin, dia;10 th'" oijkonomiva" tou' ejk th'"gh'" ajnatei'lai aujtw'/ kikuw'na11, uJf! o}n kaqezovmeno" ejskiavzeto ajpo;

1 Kai; : del. Marc. 2 jArrabiva" : jArabiva" B, Mign. 3 jEn toi'" : ejn toi'" aujtoi'" prop. Otto,add. Marc. 4 Parakekalummevna edd. a Mar. : parakekalumevna codd. 5 Ponhrotevran : p. ou\nMarc. 6 Meta; tessaravkonta prop. Arcerius, Credner (Beiträge z. Einl. in d. Bibl. Schrr., t. II,p. 282), Hilgenfeld (Theol. Jahrbb., IX, p. 414), ut T.M., Aq., Theod., Symm. (Ion. 3, 4) : meta; ejna[lloi" [vacat spatiuum litt. 11 : fuit gravfetai] tessarakontatrei'" codd., Steph., Jebb, Thirlb.meta; (ejn a[lloi" trei'") tessarakontatrei'" Sylb., Mor. meta; (ejn a[lloi" tessaravkonta) trei'"Mar. meta; trei'" (ejn a[lloi" tessaravkonta) Mign. meta; trei'" edd. ab Otto trei'" hJmevrai LXX7 jAnqrwvpwn t. k. ajlovgwn : oiJ a[nqrwpoi kai; ta; kthvnh LXX 8 Pro;" ajdikivan : protevra" ajdikiva"prop. Sylb. 9 Tessarakosth'/ Arcerius, Credner, Hilgenfeld : trivth/ edd. ab Ottoth'/ (tessarakosth'/) trivth/ Mar., Mign. th'/ tessarakosth'/ trivth/ codd., cett. edd. 10 Dia; : oJ qeo;"dia; Marc. 11 Kinuw'na ...kikuw'n ...kikuw'no" Credner, Otto, Arch. : sikuw'na... sikuw'n (sikuw;nThirlb.) ...sikuw'no" codd., cett. edd. kolovkunqa = sikuov" vel sivku" LXX.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 107, 1-107, 3

Le « signe » de Jonas, prophétie de la Résurrection.

107. 1 Il devait ressusciter1 le troisième jour après sa crucifixion. Aussi est-ilécrit dans les Mémoires que ceux de votre race qui disputaient avec luidirent : aDonne-nous un signe. Et il leur répondit : « Race perverse et adultère, quiréclame un signe ; de signe, il ne leur en sera point donné d'autre que le signe de Jonas »2.A ces paroles voilées, les auditeurs pouvaient comprendre qu'après sacrucifixion, il ressusciterait le troisième jour. 2 Il montrait aussi que votrebrace est plus perverse et plus adultère que la cité de Ninive3 ; car lorsque, crejetéle troisième jour du ventre du gros poisson, Jonas leur annonça qu'après quarantejours4 ils périraient en masse, ils proclamèrent un jeûne pour tous les êtresvivants, hommes et bêtes, avec port de sacs, violentes lamentations, vraiepénitence du fond du cœur5, et renoncement à l'injustice : ils croyaient queDieu est accessible à la pitié et qu'il est philanthrope à l'égard de tous ceuxqui se détournent du mal6. Si bien que, le roi lui-même de cette cité et lesgrands s'étant mis eux aussi à porter des sacs, et à persévérer dans le jeûne etla supplication, il advint que leur ville ne fut point détruite.

3 dOr Jonas s'irritait de ce qu'au quarantième jour, la cité n'était pas détruite,ainsi qu'il l'avait proclamé. Par l'économie7 du ricin8 surgi9 pour lui de terre −sous lequel il était assis pour se mettre à l'abri des ardeurs du soleil

a Cf. Matth. 12, 38-39 et 16, 1.4 b ibid. c cf. Jon. 2, 11-3, 9 d cf. Jon. 4, 1 s.

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JUSTIN MARTYR

kauvmato" (h\n de; oJ kikuw'n [kolovkunqa]1 aijfnivdio"2, mhvte futeuvsanto" tou'jIwna' mhvte potivsanto", ajll! ejxaivfnh" ejpanateivla" aujtw'/ skia;n parevcein3),kai; th'" a[llh"4 xhra'nai aujtovn, ejf! w|/ ejlupei'to jIwna'", kai;5 h[legxen aujto;nouj dikaivw" ajqumou'nta ejpi; tw'/ mh; katestravfqai th;n Nineui>tw'n povlin,levgwn : 4 (Jon., 4, 10)Su; ejfeivsw peri;6 tou' kikuw'no", ou| 7 oujk ejkopivasa" ejnaujtw'/, ou[te ejxevqreya" aujtovn, o}" uJpo; nuvkta aujtou' h\lqe kai; uJpo; nuvktaaujtou' ajpwvleto : (11)kajgw; ouj feivsomai uJpe;r Nineui?, th'" povlew" th'"megavlh", ejn h|/ katoikou'si pleivou" h] dwvdeka muriavde" ajndrw'n, oi} oujke[gnwsan ajna; mevson dexia'" aujtw'n kai; ajna; mevson ajristera'" aujtw'n, kai;kthvnh pollav.

108. 1 Kai; tau'ta oiJ ajpo; tou' genvou" uJmw'n ejpistavmenoi a{pante"gegenhmevna uJpo; tou' jIwna', kai; tou' Cristou' par! uJmi'n bow'nto" o{ti to;shmei'on jIwna' dwvsei uJmi'n, protrepovmeno" i{na ka]n meta; to; ajnasth'naiaujto;n ajpo; tw'n nekrw'n [p. 249 : B] meta-[fol. 161 r° : A]-nohvshte ejf! oi|"ejpravxate kakoi'" kai; oJmoivw" Nineui?tai" prosklauvshte tw'/ qew'/, o{pw" kai;to; e[qno" kai; hJ povli" uJmw'n mh; aJlw'/ katastrafei'sa, wJ" katestravfh, 2 Kai;8

ouj movnon ouj metenohvsate, maqovnte" aujto;n ajnastavnta ejk nekrw'n, ajll!, wJ"proei'pon, a[ndra" ceirotonhvsante" ejklektou;" eij" pa'san th;n oijkoumevnhnejpevmyate, khruvssonta"9 o{ti ai{resiv" ti" a[qeo" kai; a[nomo" ejxhvgertaiajpo; jIhsou' tino" Galilaivou plavnou, o}n staurwsavntwn hJmw'n, oiJ maqhtai;aujtou' klevyante" aujto;n ajpo; tou' mnhvmato" nuktov", oJpovqen10 katetevqhajfhlwqei;" ajpo; tou' staurou', planw'si tou;" ajnqrwvpou" levgonte" ejxhgevrqaiaujto;n ejk nekrw'n kai; eij" oujrano;n ajnelhluqevnai11 kateipovnte"12

dedidacevnai13 kai;14 tau'ta a{per kata; tw'n oJmologou'ntwn Cristo;n kai;didavskalon kai; uiJo;n qeou' ei\nai panti; gevnei ajnqrwvpwn a[qea kai; a[noma kai;ajnovsia levgete. 3 Pro;" touvtoi"15 kai; aJlouvsh" uJmw'n th'" povlew" kai; th'"gh'" ejrhmwqeivsh" ouj metanoei'te, ajlla; kai; katara'sqai aujtou' kai; tw'npisteuovntwn eij" aujto;n pavntwn tolma'te. Kai; hJmei'" uJma'" kai; tou;" di!

1 Kolovkunqa : del. Arch. 2 \Hn − aijfnivdio" : in semicirculis Steph., Jebb h\n − parevcein edd. abOtto (ut glossema) 3 Parevcein : parei'cen prop. Sylb. 4 Kai; th'" a[llh" (suppl. hJmevra") prop.Lange, Thirlb., coni. Marc. (ex Jon. 4, 7 : th'/ ejpauvrion) : kajk th'" a[llh" cett. edd. (suppl.oijkonomiva" Otto, Arch.) ajlevh" vel ajleva" (caloris) vel ei{lh" pro th'" a[llh" prop. Sylb. 5 Kai; : del.Marc. 6 Peri;: uJpe;r prop. Thirlb. (ex LXX) 7 Ou| : peri; ou| Marc. (ex LXX uJpe;r h|") om. B8 Kai; : delendum Mar. del. Thirlb., Marc. om. Dial. 17, 1 9 Khruvssonta" : khruvssonte" prop.Mar. (ex Dial. 17, 1 : levgonte") 10 JOpovqen (klevyante") : o{pou (katetevqh) Sylb. oJpovqi Marc.11 jAnelhluqevnai : ajnelhquqevnai codd., Steph. 12 Kateipovnte" (ut ceirotonhvsante") : kai;kateivponta" Marc. (ex khruvssonta") 13 Dedidacevnai : d. aujto;n Marc. 14 Kai; : del. Marc.15 Pro;" touvtoi" : p. t. de; Marc.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 107, 3-108, 3

(le ricin était subitement poussé, sans que Jonas l'ait planté ni arrosé : sur-le-champ, il s'était dressé pour lui fournir de l'ombre) puis séché, le lendemain −ce dont Jonas s'affligea, Dieu, lui reprocha de s'être injustement découragé dece que la ville n'était pas détruite, lui disant : 4 (Jon., 4, 10)Tu t'es apitoyé sur lericin, à propos duquel tu n'avais pas pris de peine, et que tu n'avais point nourri, lui quivint en sa nuit, et en sa nuit périt. (11)Et moi, je n'aurai pas pitié de Ninive, la grandeville, où vivent plus de douze myriades d'hommes qui ne savent point distinguer leur droitede leur gauche, avec des bêtes en grand nombre ?

Le « signe » de Jonas non compris par les juifs.Après la Résurrection, loin de faire pénitence, ils ont envoyé par toute la terre

des émissaires chargés de répandre la calomnie sur les chrétiens.

108. 1 Ces choses accomplies par Jonas, tous ceux de votre race lesconnaissaient1 ; et le Christ, proclamant parmi vous qu'il vous donnerait alesigne de Jonas, vous avait exhortés à faire pénitence de vos mauvaises actions,au moins après sa résurrection d'entre les morts, et, tels les Ninivites, à gémirdevant Dieu, pour que votre nation ainsi que votre ville ne se trouvent pasprises et détruites, comme elles l'ont été2. 2 Or, non seulement vous ne vousêtes pas repentis, après avoir appris qu'il était ressuscité des morts, mais,comme je l'ai déjà dit3, vous avez choisi, en les élisant, des hommes quifurent envoyés par toute la terre habitée. bIls proclamaient qu'une hérésie quidétourne de Dieu et de la Loi4 avait été suscitée par cla séduction5 d'un certainJésus, Galiléen ; quand nous l'eûmes crucifié, disaient-ils, dses disciples ledérobèrent, pendant la nuit, du tombeau dans lequel il avait été placé après avoirété edécloué de la Croix : fet ils égarent les hommes en affirmant qu'il estgréveillé des morts et hmonté au ciel. Et vous l'accusez en outre d'avoir professéces doctrines que, pour combattre ceux qui le reconnaissent comme Christ,didascale et fils de Dieu6, vous dénoncez à tout le genre humain commedétournant de Dieu, de sa Loi et de ses décrets. 3 Bien plus, loin de vousrepentir en voyant votre ville prise et ivotre terre dévastée7, vous avez l'audace, aucontraire, de le maudire, lui et tous ceux qui croient en lui. Tandis que nous,nous n'éprouvons de haine ni pour vous ni pour ceux qui par vous

a Cf. Matth. 12, 38-39 et 16, 1.4 b cf. Matth. 28, 15 c cf. Matth. 27, 63 d cf. Matth. 28, 13 ;Év. de Pierre, 21 e cf. Év. de Pierre, 21 f cf. Matth. 27, 63-64 g ibid. h cf. Mc. 16, 19 ; Lc. 24,51 ; Act. 1, 9-11 i cf. Is. 1, 7.

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JUSTIN MARTYR

uJma'" toiau'ta kaq! hJmw'n uJpeilhfovta" ouj misou'men, ajll eujcovmeqa ka]n nu'nmetanohvsanta" pavnta" ejlevou" tucei'n para; tou' eujsplavgcnou kai;poluelevou patro;" tw'n [fol. 161 v° : A] o{lwn qeou'.

109. 1 jAll! o{ti ta; e[qnh metanoei'n1 ajpo; th'" kakiva", ejn h|/ planwvmenoiejpoliteuvonto, ajkouvsanta to;n uJpo;2 tw'n ajpostovlwn aujtou' ajpo; JIerousalh;mkhrucqevnta < kai; >3 di! aujtw'n4 maqovnta5 lovgon, kai;6 lovgou" bracei'"levgontov" mou ajpo; profhteiva" Micaivou, eJno;" tw'n dwvdeka, ajnavscesqe.2 Eijsi; de; ou|toi : (Mich. 4, 1)Kai; e[stai ejp! ejscavtou hJmerw'n7 ejmfane;" to;

o[ro" kurivou, e{toi-[p. 250 : B]-mon ejp! a[krou8 tw'n ojrevwn, ejphrmevnon aujto;uJpe;r tou;" bounouv" : (2)kai; potamwqhvsontai9 ejp! aujtw'/ laoiv, kai;poreuvsontai e{qnh pollav, kai; ejrou'si : Deu'te, ajnabw'men eij" to; o[ro" kurivou,kai; eij" to;n oi\kon tou' qeou' jIakwvb, kai; fwtiou'sin hJma'"10 th;n oJdo;n aujtou',kai; poreusovmeqa ejn tai'" trivboi" aujtou'. {Oti ejk Siw;n ejxeleuvsetai novmo"kai; lovgo" kurivou ejx JIerousalhvm, (3)kai; krinei' ajna; mevson law'n pollw'n kai;ejlevgxei e[qnh ijscura; e{w" makravn : kai; sugkovyousi ta;" macaivra" aujtw'neij" a[rotra kai; ta;" zibuvna"11 aujtw'n eij" drevpana, kai; ouj mh; a[rh/ e[qno" ejp!e[qno" mavcairan, kai; ouj mh; mavqwsin e[ti polemei'n. 3 (4)Kai; kaqivsetai ajnh;ruJpokavtw ajmpevlou aujtou' kai; uJpokavtw sukh'" aujtou', kai; oujk e[stai oJejkfobw'n, o{ti stovma kurivou tw'n dunavmewn ejlavlhsen : (5)o{ti pavnte" oiJ laoi;;poreuvsontai ejn ojnovmati qew'n aujtw'n, hJmei'" de; poreusovmeqa ejn ojnovmatikurivou qeou' hJmw'n eij" to;n aijw'na. [fol. 162 r° : A] (6)Kai; e[stai12 ejn th'/ hJmevra/ejkeivnh/, sunavxw th;n ejkteqlimmevnhn, kai; th;n ejxwsmevnhn ajqroivsw kai; h}nejkavkwsa, (7)kai; qhvsw th;n ejkteqlimmevnhn eij" uJpovleimma kai; th;nejkpepiesmevnhn13 eij" e[qno" ijscurovn : kai; basileuvsei kuvrio" ejp! aujtw'n ejntw'/ o[rei Siw;n ajpo; tou' nu'n kai; e{w" tou' aijw'no".

1 Metanoei'n : m. e[mellon prop. Sylb., Mar., Otto, add. Marc. 2 JUpo; prop. Thirlb., coni. Otto,Arch., Marc. : ajpo; codd., cett. edd. 3 Kai; addendum. Mar., add. Otto, Arch., Goodsp. tou' coni.Marc. om. codd., cett. edd. 4 Aujtw'n : aujtou;" prop. Sylb., coni. Marc. 5 Maqovnta prop. Mar., coni.Otto, Arch., Goodsp. : paqovnto" (= Cristou') Marc. paqovnta codd., cett. edd. 6 Kai; : ka]n coni.Marc. 7 JHmerw'n : tw'n hJm. Marc. (ex LXX) 8 jEp! a[krou codd., Mar., Mign., Troll., edd. abOtto : ajp! a[krou cett. edd. ejpi; ta;" korufa;" LXX 9 Potamwqhvsontai Fr. Field (Origenis Hexapla,Oxonii 1875) ad loc (cf. Is. 2, 2 Aquila : potamwqhvsontai et Jr. 28, 44 Aquila), Rahlfs, ZNTW 20(1921), p. 194 s., Marc. : potamo;n qhvsontai codd., cett. edd. speuvsousin LXX 10 JHma'" : hJmi'nMarc. (ex LXX) 11 Ta;" zibuvna" (cod. Alex.) codd, edd. : ta; dovrata LXX 12 [Estai (= LXX) :e[ti Marc. 13 jjEkpepiesmevnhn codd., Mar., Troll., edd. ab Otto : ejkpepeismevnhn cett. edd.ajpwsmevnhn LXX.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 108, 3-109, 3

conçoivent contre nous8, mais nous prions pour que, même en vousconvertissant maintenant9, vous trouviez tous pitié auprès de Dieu, Père del'univers amiséricordieux10 et bplein de compassion11.

Les nations ont entendu le Verbe qui, de Jérusalem, était proclamé par les Apôtres.Prophétie de Michée.

109. 1 Les nations, pour leur part, devaient faire pénitence du mal où ellesvivaient égarées1, en entendant le Verbe qui, de Jérusalem2, était proclamé parses Apôtres, et en en recevant l'enseignement par leur intermédiaire3.Souffrez que sur ce point je vous cite quelques courtes paroles de laprophétie de Michée, l'un des douze4.

2 Les voici : (Mich. 4, 1)Tout à la fin des jours, deviendra visible la montagne duSeigneur5, établie au sommet des montagnes ; elle sera élevée au-dessus des collines ; (2)surelle afflueront6 les peuples, et vers elle s'avanceront des nations nombreuses, qui diront :Venez, et montons à la montagne du Seigneur, et à la maison du Dieu de Jacob7 : ils nouséclaireront8 sa voie, et dans ses sentiers nous nous avancerons. Car de Sion sortira la Loi,et de Jérusalem le Verbe du Seigneur9 ; (3)il jugera entre des peuples nombreux, et ilaccusera des nations puissantes, jusqu'aux contrées lointaines. Ils forgeront leurs glaives encharrues, et leurs lances en serpes ; jamais plus nation contre une autre nation ne lèveral'épée, et on n'apprendra plus à mener une guerre. 3 (4)L'homme s'assiéra au-dessous de savigne, et dessous son figuier, et il n'y aura personne pour l'effrayer, car la bouche duSeigneur des Puissances a parlé. (5)Tous les peuples, en effet, s'avanceront au nom de leursdieux, mais nous, nous nous avancerons au nom du Seigneur notre Dieu, à jamais ettoujours. (6)Voici qu'en ce jour-là, je recueillerai celle qui est opprimée, et je rassembleraicelle qui est rejetée, et que j'ai mise à mal : (7)de celle qui est opprimée, je ferai un reste10, etde celle qui est accablée une nation forte. Et le Seigneur régnera sur eux, au mont Sion, dèsmaintenant et pour toujours11.

a Cf. Éphés. 4, 32 ; I Petr. 3, 8 ? b cf. Jon. 4, 2 ?

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110. 1 Kai; televsa" tau'ta ejpei'pon : Kai; o{ti oiJ1 didavskaloi uJmw'n, w\a[ndre", tou;" pavnta" lovgou" th'" perikoph'" tauvth" eij" to;n Cristo;noJmologou'sin eijrh'sqai ejpivstamai : kai; aujto;n o{ti oujdevpw fasi;n ejlhluqevnai,kai; tou'to ginwvskw : eij de; kai; ejlhluqevnai levgousin, ouj ginwvsketai o{"ejstin, ajll! o{tan ejmfanh;" kai; e[ndoxo" gevnhtai, tovte gnwsqhvsetai o{" ejsti,fasiv. 2 Kai; tovte ta; eijrhmevna ejn th'/ perikoph'/ tauvth/ fasi;n ajpobhvsesqai,[p. 251 : B] wJ" mhdeno;" mhdevpw karpou' ajpo; tw'n lovgwn th'" profhteiva"genomevnou : ajlovgistoi, mh; sunievnte", o{per dia; pavntwn tw'n lovgwnajpodevdeiktai, o{ti duvo parousivai aujtou' kathggelmevnai eijsiv : miva mevn, ejn h|/paqhto;" kai; a[doxo" kai; a[timo" kai; staurouvmeno" kekhvruktai, hJ de;deutevra, ejn h|/ meta; dovxh" ajpo; tw'n oujranw'n parevstai, o{tan kai; oJ th'"ajpostasiva" a[nqrwpo", oJ kai; eij" to;n u{yiston e[xalla2 lalw'n3, ejpi; th'" gh'"a[noma tolmhvsh/ eij" hJma'" tou;" Cristianouv", oi{tine", ajpo; tou' novmou kai;tou' lovgou tou' ejpelqovnto"4 ajpo; JJIerousalh;m dia; tw'n tou' jIhsou' [fol. 162v° : A] ajpostovlwn th;n qeosevbeian ejpignovnte", ejpi; to;n qeo;n jIakw;b kai;qeo;n jIsrah;l katefuvgomen.3 Kai; oiJ polevmou kai; ajllhlofoniva"5 kai; pavsh" kakiva" memestwmevnoi

ajpo; pavsh" th'" gh'" ta; polemika; o[rgana e{kasto", ta;" macaivra" eij"a[rotra kai; ta;" zibuvna" eij" gewrgikav6, metebavlomen, kai; gewrgou'meneujsevbeian, dikaiosuvnhn, filanqrwpivan, pivstin, ejlpivda th;n par! aujtou' tou'patro;" dia; tou' staurwqevnto"7, uJpo; th;n a[mpelon th;n eJautou' e{kasto"kaqezovmenoi, toutevsti movnh/ th'/ gameth'/ gunaiki; e{kasto" crwvmenoi : o{tiga;r oJ Lovgo" oJ profhtiko;" levgei : Kai; hJ gunh; aujtou' wJ" a[mpelo"eujqhnou'sa, ejpivstasqe. 4 Kai; o{ti oujk e[stin oJ ejkfobw'n kai; doulagwgw'nhJma'", tou;" ejpi; to;n jIhsou'n pepisteukovta" kata; pa'san th;n gh'n, fanerovnejsti. Kefalotomouvmenoi ga;r kai; staurouvmenoi kai; qhrivoi"paraballovmenoi8 kai; desmoi'" kai; puri; kai; pavsai" tai'" a[llai" basavnoi"o{ti oujk ajfistavmeqa th'" oJmologiva", dhlovn ejstin, ajll! o{sw/per a]n toiau'tavtina givnhtai, tosouvtw/ ma'llon a[lloi pleiovne" pistoi; kai; qeosebei'" dia;tou' ojnovma-[p. 252 : B]-to" tou' jIhsou' givnontai. JOpoi'on eja;n ajmpevlou ti"ejktevmh/ ta; karpoforhvsanta mevrh, eij" to; ajnablasth'sai eJtevrou" klavdou"

1 OiJ : om. Mar. 2 [Exalla : blavsfhma kai; tolmhrav Dial. 32, 3 rJhvmata eij" to;n u{yistonlalhvsei (Dan. 7, 25) et ejpi; to;n qeo;n tw'n qew'n e[xalla lalhvsei (ibid., 11, 36) LXX lovgou" pro;"to;n qeo;n lalhvsei (Dan. 7, 25) et lalhvsei uJpevrogka (ibid., 11, 36) Theodot. 3 Lalw'n, ejpi; th'"gh'" a[noma tolmhvsh/ : lalw'n ejpi; t. g., a[noma t. Mar. 4 jEpelqovnto" : ejxelqovnto" prop. Thirlb.,coni. edd. ab Otto 5 jAllhlofoniva" : ajllhlofwniva" codd. 6 Gewrgikav : g. o[rgana Marc. (exIrenaeo, Adv. Haer., IV, 34, 4) 7 Staurwqevnto" : Marc. add. doqei'san hJmi'n e[conte" (ex Dial.96, 1 ; 139, 4) 8 Paraballovmenoi : post basavnoi" transp. Marc.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 110, 1-110, 4

La prophétie de Michée ne s’est qu’en partie réalisée par la conversion des nations.Le reste s’accomplira lors de la seconde parousie.

110. 1 Ayant achevé, j'ajoutai : vos didascales, mes amis, reconnaissent, je lesais, que les paroles de ce passage se réfèrent toutes au Messie1. Ils affirmentd'autre part, je le sais aussi, qu'il n'est point encore venu ; et s'il est venu,déclarent-ils, aon ne sait qui il est2 ; c'est, disent-ils, lorsqu'il se manifesteradans la gloire, qu'on saura qui il est. 2 Alors, déclarent-ils, ce qui est évoquédans ce passage se réalisera, comme si aucune des paroles de la prophétien'avait encore porté de fruit3. Insensés, qui ne comprennent pas ce qui partoutes les paroles se trouve démontré : que deux parousies ont étéproclamées, l'une où il est annoncé bsouffrant, csans gloire et dsans honneur4,crucifié ; la seconde où eavec gloire, fdu haut des cieux5 il paraîtra, lorsque gl'hommede l'apostasie6, hqui contre le Très-Haut profère des insolences, osera sur la terre sesiniquités, contre nous, les chrétiens, qui, par la iLoi et le Verbe venu depuis7

Jérusalem avec les Apôtres de Jésus, avons appris à connaître la piété, et noussommes réfugiés8 vers le jDieu de Jacob et le Dieu d’Israël9.

3 Nous qui étions remplis de guerre, de meurtre mutuel, et de toute sortede mal, ken tout lieu de la terre10 nous avons transformé lnos instruments deguerre, les épées en charrues11, et les lances en outils de culture12. Et nouscultivons la piété, la justice, l'amour de nos semblables, la foi, l'espérance quivient du Père13 lui-même par le crucifié, chacun étant massis dessous sa proprevigne, je veux dire jouissant de son unique et légitime femme, car le Verbeprophétique dit, vous le savez : nSa femme est comme une vigne féconde14. 4 Et oqu'iln'y ait personne pour nous effrayer et pour nous asservir, nous qui pen tout lieu dela terre15 avons cru en Jésus, c'est chose manifeste : on nous tranche la tête,on nous crucifie, on nous livre aux bêtes, aux chaînes, au feu, et à toutes lesautres sortes de tortures, et pourtant, vous voyez, nous ne renonçons pas16 ànotre profession de foi ; au contraire, plus nous sommes soumis à de telstraitements, et plus s'accroît le nombre de ceux qui, par le nom de Jésus17,accèdent à la foi et à la piété. Ainsi, quand d'une vigne on taille les parties quiont porté des fruits, elle donne, en repoussant, de nouveaux sarments

a Cf. Jn. 7, 27 b cf. Is. 53, 3-4 c ibid., 3 d ibid., 2 e cf. Is. 33, 17 ; Matth. 25, 31 f cf. Dan.7, 13-14 ; Matth. 24, 30 g cf. II Thess. 2, 3 h cf. Dan. 7, 25 et 11, 36 i cf. Mich. 4, 2 j ibid.k cf. Ps. 18, 5 l cf. Mich. 4, 3 m ibid., 4, 4 n Ps. 127, 3 o cf. Mich. 4, 4 p cf. Ps. 18, 5.

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kai; eujqalei'" kai; karpofovrou" ajnadivdwsi, to;n aujto;n trovpon kai; ejf! hJmw'ngivnetai : hJ ga;r fu-[fol. 163 r° : A]-teuqei'sa uJpo; tou' qeou'' a[mpelo" kai;swth'ro" Cristou' oJ lao;" aujtou' ejsti.5 Ta; de; loipa; th'" profhteiva" ejn th'/ deutevra/ aujtou' parousiva/

ajpobhvsetai. Th;n ga;r ejkteqlimmevnhn < kai; ejxwsmevnhn >1, toutevstin ajpo;tou' kovsmou, o{son2 ejf! uJmi'n kai; toi'" a[lloi" a{pasin ajnqrwvpoi", ouj3 movnonajpo; tw'n kthmavtwn tw'n ijdivwn e{kasto" tw'n Cristianw'n ejkbevblhtai ajlla;kai; tou' kovsmou pantov", zh'n mhdeni; Cristianw'/ sugcwrou'nte"4. 6 JUmei'" de;ejpi; to;n lao;n uJmw'n sumbebhkevnai tou'tov fate. Eij de; ejxeblhvqhtepolemhqevnte", dikaivw" me;n uJmei'" tau'ta pepovnqate, wJ" aiJ grafai; pa'saimarturou'sin : hJmei'" dev, oujde;n toiou'ton pravxante" meta; to; ejpignw'nai th;najlhvqeian tou' qeou', marturouvmeqa uJpo; tou' qeou', su;n tw'/ dikaiotavtw/ kai;movnw/ ajspivlw/ kai; ajnamarthvtw/ Cristw'/ o{ti ajpo; gh'" aijrovmeqa. Boa'/ ga;rJHsai?a" : jIdou; wJ" oJ divkaio" ajpwvleto, kai; oujdei;" ejkdevcetai th'/ kardiva/ :kai;5 a[ndre" divkaioi ai[rontai, kai; oujdei;" katanoei'.

111. 1 Kai; o{ti duvo parousiva" sumbolikw'"6 genhvsesqai touvtou tou'Cristou' kai; ejpi;7 Mwsevw"8 proelevgeto, proei'pon dia; tou' sumbovlou tw'n ejnth'/ nhsteiva/ prosferomevnwn travgwn.Kai; pavlin ejn oi|" ejpoivhsan Mwsh'"9 kai; jIhsou'" to; aujto; prokhrussovmenon

sumbolikw'" h\n kai; legovmenon. JO me;n ga;r aujtw'n ta;" cei'ra" ejkteivna" ejpi;tou' bounou' mevcri" [fol. 163 v° : A] eJspevra" e[menen, uJpobastazomevnwn tw'n[p. 253 : B] ceirw'n, o} oujdeno;" a[llou tuvpon deivknusin h] tou' staurou'10, oJ de;tw'/ jIhsou' ojnovmati metonomasqei;" h\rce th'" mavch", kai; ejnivka jIsrahvl.2 \Hn de; kai; tou'to ejp! ajmfotevrwn tw'n aJgivwn ajndrw'n ejkeivnwn kai;

profhtw'n tou' qeou' noh'sai gegenhmevnon, o{ti ajmfovtera ta; musthvria ei|"aujtw'n bastavsai oujk h\n dunatov", levgw de; to;n tuvpon tou' staurou' kai; to;ntuvpon th'" tou' ojnovmato" ejpiklhvsew" : eJno;" ga;r movnou hJ ijscu;" au{th ejstikai; h\n kai; e[stai, ou| kai; to; o[noma pa'sa ajrch; devdien, wjdivnousa o{ti di!aujtou' kataluvesqai mevllousin. JO ou\n paqhto;" hJmw'n kai; staurwqei;"

1 Kai; ejxwsmevnhn addendum Mar., add. Otto, Arch. : tovte sunavxei, kai; ajwroivsei th;n ejxwsmevnhnaddendum Thirlb., add. Marc. (ex Mich. 4, 6 = Dial. 109, 3) om. codd., cett. edd. 2 {Oson : o{songa;r Marc. 3 Ouj : oi{" ouj prop. Thirlb. 4 Sugcwrou'nte" : −ou'si prop. Sylb., −ou'sin Otto −ou'ntwn coni. Marc. 5 Kai; (= LXX, Dial., 16, 5 ; I Apol. 48, 5) : om. Mar. 6 Sumbolikw'" : postCristou' aut ante proelevgeto transponere prop. Otto post o{ti transp. Marc. 7 jEpi; (cf. 99, 1 : ejpi;Cristou' ; 119, 1 : ejpi; Mwsevw") : uJpo; prop. Sylb., coni. Arch., Goodsp., Marc. 8 Mwsevw" :Mwu>sevw" Otto, Mign., Goodsp. 9 Mwsh'" : Mwu>sh'" Otto, Mign., Goodsp. 10 }O − staurou'in semicirculis Marc.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 110, 4-111, 2

qui fleurissent aussi, puis portent des fruits. Il en va de même pour nous : carla avigne plantée par le Christ, Dieu et Sauveur, c'est son peuple18.

5 Quant au reste de la prophétie, c'est lors de son second avènement qu'ilse réalisera. Lorsqu'il dit bcelle qui est opprimée et rejetée, cela s'entend hors dumonde19 : pour autant qu'il dépend de vous20, et de tous les autres hommes,chaque chrétien est chassé non seulement de ses propres biens, mais encoredu monde entier, car à aucun chrétien on ne permet de vivre. 6 Vous dites,quant à vous, que cette prophétie s'est réalisée sur votre peuple. Mais si vousavez été chassés, après avoir été vaincus à la guerre, il est juste21 que vousayez eu à subir cette épreuve, comme toutes les Écritures en témoignent.Tandis que nous, qui une fois connue la vérité de Dieu22, n'avons rien fait desemblable, nous recevons de Dieu témoignage qu'avec le Christ très juste,unique cimmaculé et dexempt de péché23, nous sommes eenlevés de terre24. CarIsaïe s'écrie : fVoici que périt le juste, et nul n'y prête attention en son cœur ; des hommesjustes sont enlevés, et personne n'y songe25 !

Les deux parousies et le double sens de la crucifixion étaient annoncéspar le symbole des deux boucs, l’attitude de Moïse lors du combat contre Amalek,

le sang de la Pâque à la sortie d’Égypte, et le cordeau d’écarlate confié à Raab.

111. 1 Au temps de Moïse aussi, deux parousies1 de ce Christ ont étésymboliquement annoncées : je l'ai déjà dit en évoquant le symbole desgboucs offerts à l'occasion du jeûne2.

Et dans hce que firent Moïse et Josué3, la même chose encore se trouvaitsymboliquement proclamée à l'avance et dite. L'un d'eux, les mains étendues,resta sur la colline jusqu'au soir4, tandis qu'on lui soutenait les mains, ce quine peut représenter que le type de la Croix ; l'autre, surnommé Jésus, était à latête du combat, et Israël était vainqueur5.

2 On pouvait, en ces deux saints hommes et prophètes6 de Dieu,comprendre encore ceci : c'est qu'aucun d'eux ne pouvait à lui seul porter lesdeux mystères, j'entends le type de la Croix et le type du nom substitué. Unseul a disposé, dispose et disposera d'une semblable force7, celui dont toutePuissance redoute le nom8, angoissée de savoir qu'elles sont destinées à êtrepar lui détruites. Notre Christ souffrant et crucifié n'a donc pas été imaudit

a Cf. Jn. 15, 1-2 ? b cf. Mich. 4, 6 c cf. I Petr. 1, 19 d cf. Is. 53, 9 e cf. Is. 53, 8 f Is. 57, 1g cf. Lév. 16, 7 s. h cf. Exod. 17, 8 s. i cf. Deut. 21, 23.

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JUSTIN MARTYR

Cristo;" ouj kathravqh uJpo; tou' novmou, ajlla; movno" swvsein tou;" mh;ajfistamevnou" th'" pivstew"1 aujtou' ejdhvlou2.3 Kai; tou;" ejn Aijguvptw/ de; swqevnta", o{te ajpwvllunto ta; prwtovtoka tw'n

Aijguptivwn, to; tou' pavsca ejrruvsato ai|ma, to; eJkatevrwse tw'n staqmw'n kai;tou' uJperquvrou crisqevn. \Hn ga;r to; pavsca oJ Cristov", oJ tuqei;" u{steron,wJ" kai; JHsai?a" e[fh : Aujto;" wJ" provbaton ejpi; sfagh;n h[cqh. Kai; o{ti ejnhJmevra/ tou' pavsca sunelavbete aujto;n kai; oJmoivw" ejn tw'/ pavscaejstaurwvsate, gevgraptai. JW" de; tou;" ejn Aijguvptw/ e[swse to; ai|ma tou'pavsca, ou{tw" kai; tou;" pisteuvsanta" rJuvsetai ejk qanavtou to; ai|ma tou'Cristou'. 4 [Emellen ou\n oJ qeo;" plana'sqai, [fol. 164 r° : A] eij mh; to;shmei'on tou'to ejpi; tw'n qurw'n ejgegovnei _ Ou[ fhmi ejgwv, ajll! o{tiproekhvrusse th;n mevllousan di! ai{mato" tou' Cristou' genhvsesqai swthrivantw'/ gevnei tw'n ajnqrwvpwn.Kai; ga;r to;3 suvmbolon tou' kokkivnou spartivou4, ou| e[dwkan ejn JIericw; oiJ

ajpo; jIhsou' tou' Nauh' pemfqevnte" katavskopoi JRaa;b th'/ povrnh/, eijpovnte"prosdh'sai auj-[p. 254 : B]-to; th'/ qurivdi, di! h|" aujtou;" ejcavlasen o{pw"lavqwsi tou;" polemivou", oJmoivw" to; suvmbolon tou' ai{mato" tou' Cristou'ejdhvlou, di! ou| oiJ pavlai povrnoi kai; a[dikoi ejk pavntwn tw'n ejqnw'n swv/zontai,a[fesin aJmartiw'n labovnte" kai; mhkevti aJmartavnonte".

112. 1 JUmei'" dev, tau'ta tapeinw'" ejxhgouvmenoi, pollh;n ajsqevneiankatayhfivzesqe tou' qeou', eij tau'ta ou{tw" yilw'" ajkouvoite kai; mh; th;nduvnamin ejxetavzoite tw'n eijrhmevnwn. jEpei; kai; Mwu>sh'"5 ou{tw paravnomo"a]n kriqeivh : aujto;" < ga;r >6 paraggeivla" mhdeno;" oJmoivwma givnesqai, mhvtetw'n ejpi;7 tw'/ oujranw'/ mhvte tw'n ejpi; gh'" h] qalavssh"8, e[peita o[fin calkou'naujto;" ejpoivei, kai; sthvsa" ejpi; shmeivou tino;" ejkevleusen eij" aujto;n oJra'ntou;" dedhgmevnou"9 : oiJ d! ejswv/zonto eij" aujto;n ajpoblevponte". 2 JO o[fi"a[ra nohqhvsetai seswkevnai to;n lao;n tovte, o{n, proei'pon10,

1 Pivstew" prop. Sylb., Mar., coni. Troll., edd ab Otto : gh'" tevw" codd., cett. edd. 2 jEdhvlou :ejdhlou'to prop. Mar. 3 To; : om. Mar., Mign. 4 Spartivou : corr. ex sportivou A 5 Mwu>sh'" :Mwsh'" Arch. 6 Ga;r edd. ab Otto : aujtov" : paraggeivla" ga;r prop. Mar. aujtov", o}" Thirlb. om.codd. (ob similitudinem syllabae par-, ut Mar. vidit), cett. edd. 7 jEpi; : ejn prop. Otto, coni. Marc. (exLXX : ejn tw'/ oujranw'/ a[nw et Dial. 94, 1 : ejn oujranw'/ a[nw) ejpi; tou' oujranou' prop. Sylb.8 Qalavssh" : uJpo; q. Marc. (ex LXX : ejn toi'" u{dasin uJpokavtw th'" gh'") 9 Dedhgmevnou" : d. uJp!o[few" Marc. (ex LXX : oiJ ojfiovdhktoi) 10 Proei'pon : in semicirculis Steph., Mar., Mign. wJ" pr.prop. Sylb., coni. Otto, Troll., Arch., Marc. (ex Dial. 5, 6 ; 47, 2 ; 104, 1 ; 108, 2 ; 125, 4 ; 131, 4 ;140, 1).

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 111, 2-112, 2

par la Loi9, mais il a fait connaître que seul il sauverait ceux qui ne seraientpas éloignés de sa foi10.

3 Ceux qui en Égypte ont été sauvés, tandis que périssaient les premiers-nésdes Égyptiens, c'est le sang de la Pâque qui les a préservés, acelui dont onavait oint11 les montants et le linteau des portes. bCar la Pâque, c'était le Christ,qui fut plus tard immolé, ainsi que le dit Isaïe : cComme une brebis, il a été conduit àl'abattoir12. C'est le jour de la Pâque que vous l'avez emmené, et c'estégalement le jour de la Pâque que vous l'avez crucifié13 : c'est écrit. Et demême que le sang de la Pâque a sauvé ceux qui étaient en Égypte, de mêmeaussi le sang du Christ préservera de la mort ceux qui auront cru. 4 Est-cedonc que Dieu se serait égaré, si ce dsigne14 ne s'était trouvé sur les portes ? Cen'est pas cela que je dis, mais qu'il proclamait à l'avance le Salut qui, par lesang du Christ, devait advenir pour le genre humain.

Quant au symbole du ecordeau d'écarlate15, qu'à Jéricho les espions envoyéspar Jésus, fils de Navé, donnèrent à Raab la prostituée, en lui disant de lesuspendre à la fenêtre par laquelle elle les avait faits sortir afin qu'ils échappentà leurs ennemis, il offrait également le symbole du sang du Christ, par quisont sauvés16 ceux qui jadis étaient, dans toutes les nations, livrés à l'injusticeet la prostitution, en recevant rémission des péchés, et en n'en commettantplus.

Seule l’interprétation chrétienne d’épisodes tels que celui du serpent d’airainpermet de résoudre leur apparente contradiction avec la Loi.

Les didascales n’ont qu’une lecture « terre-à-terre » des Écritures.

112. 1 Mais vous, qui donnez de ces choses une courte interprétation, vousassignez à Dieu une bien grande faiblesse1, en entendant tout cela de façon sisommaire, sans rechercher la force2 de ce qui est dit. Avec une telle méthode,même Moïse, pourrait être accusé de transgresser la Loi : car c'est lui-mêmequi, ayant personnellement proscrit ftoute représentation des choses qui setrouvent dans le ciel, sur la terre ou dans la mer, gfit par la suite un serpentd'airain3, qu'il dressa sur un certain4 signe et ordonna de regarder à ceux quiavaient été mordus : or ils étaient sauvés, quand ils gardaient sur lui les yeuxfixés. 2 Pensera-t-on alors que dans ces circonstances, le peuple dut son salutau serpent, lui dont j'ai déjà dit5 que Dieu hl'a maudit au commencement,

a Cf. Exod. 12, 7 b cf. I Cor. 5, 7 c Is. 53, 7 d cf. Exod. 12, 13 e cf. Jos. 2, 18-21f cf. Exod. 20, 4 g cf. Nombr. 21, 8-9 h cf. Gen. 3, 14.

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JUSTIN MARTYR

kathravsato oJ qeo;" th;n ajrchvn, kai; ajnelei'1 dia; th'" megavlh" macaivra",wJ" JHsai?a" boa'/ _ Kai; ou{tw" ajfrovnw" paradexovmeqa ta; toiau'ta, [fol. 164v° : A] wJ" oiJ didavskaloi uJmw'n fasi, kai; ouj2 suvmbola _ Oujci; de; ajnoivsomenejpi; th;n eijkovna tou' staurwqevnto" jIhsou' to; shmei'on, ejpei; kai; Mwu>sh'"3

dia; th'" ejktavsew" tw'n ceirw'n su;n tw'/ ejpiklhqevnti jIhsou' ojnovmati kai;4

nika'n to;n lao;n uJmw'n eijrgavzonto _ 3 Ou{tw ga;r kai; tou' ajporei'n peri; w|nejpoivhsen oJ nomoqevth" pausovmeqa. Ouj ga;r katalipw;n5 to;n qeo;n ejpi; qhrivon,di! ou| hJ paravbasi" kai; parakoh; th;n ajrch;n e[laben, e[peiqe to;n lao;nejlpivzein. Kai; tau'ta meta; pollou' nou' kai; musthrivou gevgone kai; ejrrevqh dia;tou' makarivou profhvtou : kai; oujdevn ejstin o{ ti" mevmyasqai dikaivw" e[cei6

tw'n lelegmev-[p. 255 : B]-nwn h] gegenhmevnwn uJpo; pavntwn aJplw'" tw'nprofhtw'n, eja;n th;n gnw'sin th;n ejn aujtoi'"7 e[chte.4 jEa;n de; o{soi8 didavskaloi uJmw'n, dia; tiv kavmhloi me;n9 qhvleiai ejn tw'/de10

tw'/ tovpw/ [ouj]11 levgontai, h] tiv eijsin aiJ legovmenai kavmhloi qhvleiai, h] dia;tiv semidavlew" mevtra tovsa kai; ejlaivou mevtra tovsa ejn tai'" prosforai'",movna ejxhgou'ntai12 uJmi'n, kai; tau'ta tapeinw'" kai; camerpw'", ta; de; megavlakai; a[xia zhthvsew" mhdevpote tolmw'si levgein mhvde ejxhgei'sqai, h] kai; hJmw'nejxhgoumevnwn paraggevllousin uJmi'n mhde; o{lw" ejpai>vein mhde; eij" koinwnivanlovgwn ejlqei'n, oujci;13 dikaivw" ajkouvsontai a{per pro;" aujtou;" [fol. 165 r° : A]e[fh oJ hJmevtero" kuvrio" jIhsou'" Cristov" : (Matth. 23, 27)Tavfoi kekoniamevnoi,e[xwqen fainovmenoi wJrai'oi kai; e[swqen gevmonte" ojstevwn nekrw'n, (ibid., 23)to;hJduvosmon ajpodekatou'nte"14, th;n de; kavmhlon katapivnonte", tufloi;oJdhgoiv _ 5 jEa;n ou\n mh; tw'n didagmavtwn tw'n eJautou;" uJyouvntwn kai;qelovntwn rJabbi; rJabbi; kalei'sqai katafronhvshte, kai; meta; toiauvth"ejnstavsew" kai;15 nou' toi'" profhtikoi'" lovgoi" prosevlqhte, i{na ta; aujta;pavqhte uJpo; tw'n uJmetevrwn ajnqrwvpwn a} kai; aujtoi; oiJ profh'tai e[paqon, oujduvnasqe o{lw" oujde;n ajpo; tw'n profhtikw'n16 wjfevlimon labei'n.

1 jAnelei' prop. Thirlb., coni. edd. ab Otto (e loc. cit. : ajnelei', et Dial. 91, 4 : ajnaireqhvsesqai) :ajnei'le codd., cett. edd. 2 Ouj : oujc wJ" Marc. 3 Mwu>sh'" : Mwsh'" Arch. 4 Kai; : del. Marc.5 Katalipw;n : katalipovnta prop. Thirlb. 6 [Ecei : e[coi coni. Marc. 7 Th;n ejn aujtoi'" : th'" ejnaujtoi'" ajlhqeiva" Marc. (ex Dial. 90, 2) 8 {Osoi prop. Mar., coni. Otto, Arch., Goodsp. : ou{tw"oiJ prop. Thirlb. wJ" del. Marc. wJ" oiJ codd., cett. edd. 9 Me;n : movnai coni. Marc. 10 Tw'/de : tw'/ de;Mar. 11 Ouj : del. Lange, Marc. 12 Prosforai'", movna ejxhgou'ntai edd. a Mar. : prosforai'"movna, ejxhgou'ntai cett. edd. 13 jElqei'n, oujci; : ejlqei'n. Oujci; Mar. (Mign. tacite colon exhibuit)14 jApodekatou'nte" : ajpod., oiJ diu>livzonte" to;n kwvpwna add. Lange, Sylb., Mor. (ex Mt. 23, 24)15 Kai; : tou' coni. Marc. 16 Profhtikw'n : pr. lovgwn Marc.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 112, 2-112, 5

et le afera6 périr avec la grande épée, comme s'écrie Isaïe7 ? Serons-nous assezinsensés pour prendre de telles choses comme le font vos didascales, et noncomme des symboles ? Ne nous faut-il pas rapporter ce signe à l'image deJésus crucifié, puisque c'est encore bMoïse8, par l'extension de ses mains, etavec lui celui qui avait reçu le surnom de Jésus, qui opéraient la victoire devotre peuple ? 3 C'est bien de cette manière que nous mettrons un terme auxdifficultés soulevées par les actes du Législateur. Il n'a point, en effet,abandonné Dieu, en persuadant au peuple de mettre son espoir dans unanimal cpar lequel la transgression9 et la désobéissance avaient trouvé leurorigine. C'est avec beaucoup de sens et de mystère que ces choses eurent lieuet furent dites par le bienheureux prophète10. Et de tout ce qu'ont dit ou faitl'ensemble des prophètes, il n'est absolument rien qu'on puisse légitimementreprendre, si du moins vous disposez de cette science11 qui était en eux.

4 Mais si vos didascales, tous autant qu'ils sont, se bornent à vous expliquerpourquoi en tel endroit, sont mentionnées des dfemelles de chameaux, ou ceque sont les femelles de chameaux en question, ou encore pourquoi etant demesures de froment, et tant de mesures d'huile dans les oblations12 − tout cela defaçon courte et terre-à-terre13 − alors que14 les points importants et dignesd'examen, jamais ils ne se risquent ni à les évoquer ni à les expliquer (ils vontmême jusqu'à vous interdire de prêter aucunement l'oreille à nos explications,et d'avoir commerce avec nous15), ne sera-ce pas justice s'ils s'entendentadresser les paroles que notre Seigneur Jésus-Christ leur disait : (Matth. 23,27)Sépulcres blanchis, au dehors qui semblent beaux, mais sont remplis, à l'intérieur,d'ossements de cadavres16. (ibid., 23)Vous payez la dîme de la menthe, (ibid., 24)et vous avalezle chameau, conducteurs aveugles ? 5 Si donc vous ne rejetez pas avec mépris lesenseignements de ceux qui fs'exaltent eux-mêmes et veulent gêtre appelés Rabbi,Rabbi, si vous n'abordez point les paroles prophétiques avec une opiniâtretéet une disposition d'esprit telles, hque vous vous exposiez à souffrir, de la part devos congénères, autant qu'ont pu souffrir les prophètes eux-mêmes, il est excluque des écrits prophétiques vous puissiez tirer aucun profit17.

a Cf. Is. 27, 1 b cf. Exod. 17, 8 s. c cf. Gen. 3 d cf. Gen. 32, 15 e cf. Lév. 2 ; 6, 7-16 etNombr. 15, 4-11 f cf. Matth. 23, 12 g ibid., 7 h cf. I Thess. 2, 14-15.

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JUSTIN MARTYR

113. 1 }O de; levgw toiou'tovn ejsti : jIhsou'n, wJ" proevfhn pollavki", Aujsh'nkalouvmenon, ejkei'non to;n meta; tou' Cale;b katavskopon eij" th;n Canaa;n ejpi;th;n gh'n1 ajpostalevnta, jIhsou'n Mwsh'"2 ejkavlese3. Tou'to su; ouj zhtei'" di!h}n aijtivan ejpoivhsen, oujk ajporei'", oujde; filopeustei'" : toigarou'n levlhqev seoJ Cristov", kai; ajnaginwvskwn ouj sunivh", oujde; nu'n, ajkouvwn o{ti jIhsou'"ejstin oJ Cristo;" hJmw'n4, [p. 256 : B] sullogivzh/ oujk ajrgw'" oujd! wJ" e[tucenejkeivnw/ teqei'sqai tou[noma. 2 jAlla; dia; tiv me;n e}n a[lfa prwvtw/ prosetevqhtw'/5 jAbraa;m ojnovmati, qeologei'", kai; dia; tiv e}n rJw' tw'/ Savrra" ojnovmati,oJmoivw" kompologei'" : dia; tiv de; to; patrovqen o[noma tw'/ Aujsh'/, tw'/ uiJw'/Nauh', o{lon metwnovmastai6 tw'/ jIhsou', ouj zhtei'" oJmoivw". 3 jEpei; dev7, [fol.165 v° : A] ouj movnon metwnomavsqh8 aujtou'9 to; o[noma, ajlla; kai; diavdoco"genovmeno" Mwsevw"10, movno" tw'n ajp! Aijguvptou ejxelqovntwn ejn hJlikiva/toiauvth/ o[ntwn eijshvgagen eij" th;n aJgivan gh'n to;n perileifqevnta laovn : kai;o}n trovpon ejkei'no" eijshvgagen eij" th;n aJgivan gh'n to;n laovn, oujci; Mwsh'",kai; wJ" ejkei'no" ejn klhvrw/ dievneimen aujth;n toi'" eijselqou'si met! aujtou',ou{tw" kai; jIhsou'" oJ Cristo;" th;n diaspora;n tou' laou' ejpistrevyei, kai;diameriei' th;n ajgaqh;n gh'n eJkavstw/, oujkevti de; kata; taujta11. 4 JO me;n ga;rprovskairon e[dwken aujtoi'" th;n klhronomivan, a{te ouj Cristo;" oJ qeo;" w]noujde; uiJo;" qeou', oJ de; meta; th;n aJgivan12 ajnavstasin aijwvnion hJmi'n th;nkatavscesin dwvsei. To;n h{lion e[sthsen ejkei'no", metonomasqei;" provterontw'/ jIhsou' ojnovmati kai; labw;n ajpo; tou' pneuvmato" aujtou' ijscuvn. {Oti ga;rjIhsou'" h\n oJ Mwsei' kai; tw'/ jAbraa;m kai; toi'" a[lloi" aJplw'" patriavrcai"fanei;" kai; oJmilhvsa", tw'/ tou' patro;" qelhvmati uJphretw'n, ajpevdeixa : o}"kai; a[nqrwpo" gennhqh'nai dia; th'" parqevnou Mariva" h\lqe13, kai;14 e[stin15

ajeiv, ejrw'16.

1 jjEpi; th;n gh'n : dictum pro ejpi; th;n th'" gh'" ejpivskeyin Sylb. ejpi; th;n del. Marc. 2 Mwsh'" :Mwu>sh'" Otto, Mign., Goodsp. (similiter postea : Mwsevw", Mwsh'", Mwsei') 3 jEkavlese :ejpekavlese Marc. 4 JHmw'n : hJ− ex corr. A 5 Tw'/ : tou' prop. Thirlb., coni. Marc. 6 Metwnovmastaiedd. : metonovmastai codd. 7 Ouj zhtei'" oJmoivw". jEpei; de; edd. ab Otto (ejpei; dev, prop. Mar.) : oujzhtei'" oJmoivw" _ jEpeidh; Mar., Mign. Ouj zhtei'". JOmoivw" ejpeidh; codd. cett. edd. (cf. 122, 4)8 Metwnomavsqh edd. : metonomavsqh codd. 9 Aujtou' : aujtw'/ prop. Thirlb. 10 Post Mwsevw" Marc.lacunam indicavit exspectans : ejneplhvsqh tou' pneuvmato" aujtou' (ex Dial. 113, 4 et 49, 7) 11 Taujtavprop. Lange, coni. edd. ab Otto : tau'ta codd., cett. edd. 12 JAgivan : aJgivwn prop. Thirlb. 13 \Hlqe :h[qele prop. Sylb., Otto uJpevmeinen, wJ" oJ path;r h[qele Marc. 14 Kai; : kai; o{ti prop. Mar, coni.Marc. 15 [Estin : e[stai coni. Marc. 16 jErw' : del. Otto, Arch., Goodsp. (ut glossema) ejnoujranw'/ prop. Thirlb. − ajei;, ejrw' prop. Mar.

487

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 113, 1-113, 4

Le changement de nom d’Ausès en Josué (Jésus) est plus chargé de significationque l’ajout d’une lettre aux noms d’Abram ou de Sara.

Josué, figure du Christ. Signification véritable de la circoncision pratiquée au Jourdain.

113. 1 Voici ce que je dis1 : Jésus, comme je l'ai souvent répété2, s'appelaitAusès, lui qui, aen compagnie de Caleb3, avait été envoyé comme éclaireur dansla terre de Canaan : bet Moïse l'a appelé Jésus. Tu ne te demandes pas pourquelle raison il a fait cela, tu n'y vois nulle difficulté, nul motif det'interroger4. C'est que le Christ te demeure caché, et tu lis sans comprendre.Et même maintenant, en entendant déclarer que Jésus est notre Christ, tu nesais pas conclure que ce nom ne lui a pas été imposé sans raison et au hasard.2 Tu te livres, en revanche, à de théologiques spéculations5 pour expliquerpourquoi cun a fut ajouté au premier nom d'Abraham, et de même façon tudébats bruyamment dsur l'addition d'un r à celui de Sarah. Mais lorsqu'il fautchercher pourquoi ele nom patronymique d'Ausès, fils de Navé, fut toutentier changé en celui de Jésus, voilà que ton ardeur n'est plus du tout lamême !6 3 Or, non seulement son nom a été changé, mais étant devenu lefsuccesseur de Moïse, gseul7 parmi ceux de son âge qui étaient sortisd'Égypte, il hintroduisit dans la Terre sainte le peuple survivant8 ; et de mêmeque ce fut lui qui introduisit le peuple dans la Terre sainte, et non Moïse, demême que ce fut lui qui ila partagea au sort à ceux qui y étaient entrés aveclui, de même c'est Jésus-Christ qui jopérera le retour9 de la dispersion du peuple etpartagera kla bonne terre10 à chacun, mais non plus de la même façon11. 4 Car lepremier leur a donné un héritage provisoire, n'étant ni Christ-Dieu12, ni Filsde Dieu ; lui, au contraire, après la sainte résurrection, nous ldonnera unepossession éternelle13. Celui-là avait marrêté le soleil14, ayant auparavant nreçu lesurnom de Jésus, et tiré de son15 esprit une force16. Mais c'était bien Jésus quiétait apparu oà Moïse, pà Abraham, à tous les autres patriarches, et leur avaitparlé, servant ainsi la volonté de son Père : cela, je l'ai montré17 ; et c'estencore lui qui est venu pour se faire homme par la vierge Marie, et il demeureéternellement, je m'en vais l'exposer18.

a Cf. Nombr. 13, 17 s. b ibid., 16 c cf. Gen. 17, 5 d ibid., 15 e cf. Nombr. 13, 16f cf. Nombr. 27, 18.23 ; Deut. 34, 9 g cf. Nombr. 14, 29-31 ; 26, 65 ; 32, 11-12 h cf. Jos. 3 s. ;5, 4-7 i cf. Jos. 13 s. j cf. Is. 49, 6 k cf. Deut. 31, 20 l cf. Gen. 17, 8 ; 48, 4 m cf. Jos. 10,12-14 n cf. Nombr. 13, 16 o cf. Exod. 3 p cf. Gen. 18 ; 28, 10-15 ; 31, 11 ; 35, 9-10.

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JUSTIN MARTYR

5 Ou|to" gavr ejstin ajf! ou| kai; di! ou|1 kai; to;n oujrano;n kai; th;n gh'n2 oJpath;r mevllei kainourgei'n, ou|tov" ejstin oJ ejn JJIerousalh;m aijwvnion fw'"lavmpein mevllwn, ou|tov" ejstin oJ kata; th;n tavxin Melcisede;k basileu;"Salh;m kai; aijwvnio" iJereu;" uJyivstou uJpavrcwn.6 jEkei'no" levgetai deutevran [fol. 166 r° : A] peritomh;n macaivrai"

petrivnai" to;n la-[p. 257 : B]-o;n peritetmhkevnai, o{per khvrugma h\n th'"peritomh'" tauvth" h|" perievtemen hJma'" aujto;" jIhsou'" Cristo;" ajpo; tw'nlivqwn kai; tw'n a[llwn eijdwvlwn3, kai; qhmwnia;"4 poihvsa"5 tw'n ajpo;ajkrobustiva", toutevstin ajpo; th'" plavnh" tou' kovsmou6, ejn panti; tovpw/peritmhqevntwn petrivnai" macaivrai", toi'"7 jIhsou' tou' kurivou hJmw'n lovgoi".{Oti ga;r livqo" kai; pevtra ejn parabolai'" oJ Cristo;" dia; tw'n profhtw'nejkhruvsseto, ajpodevdeiktaiv moi. 7 Kai; ta;" macaivra" ou\n ta;" petrivna" tou;"lovgou" aujtou' ajkousovmeqa, di! w|n ajpo; th'" ajkrobustiva" oiJ8 planwvmenoitosou'toi kardiva" peritomh;n perietmhvqhsan, h}n peritmhqh'nai kai; tou;"e[conta" th;n ajpo; tou' jAbraa;m ajrch;n labou'san peritomh;n oJ qeo;" dia; tou'jIhsou' prou>[trepen e[ktote, kai;9 tou;" eijselqovnta" eij" th;n gh'n ejkeivnhn th;naJgivan deutevran peritomh;n petrivnai" macaivrai" eijpw;n10 to;n jIhsou'nperitetmhkevnai aujtouv".

114. 1 [Esq! o{te ga;r to; a{gion pneu'ma kai; ejnargw'"11 pravttesqaiv ti, o}tuvpo" tou' mevllonto" givnesqai h\n, ejpoivei, e[sq! o{te de; kai; lovgou"ejfqevgxato peri; tw'n ajpobaivnein mellovntwn, fqeggovmenon aujtou;" wJ" tovteginomevnwn h] kai; gegenhmevnwn : h}n tevcnhn eja;n mh; eijdw'sin oiJejntugcavnonte", oujde; parakolouqh'sai toi'" tw'n profhtw'n [fol. 166 v° : A]lovgoi", wJ" dei', dunhvsontai. Paradeivgmato" de; cavrin lovgou" tina;"profhtikou;" ei[poim! a[n, o{pw" parakolouqhvshte tw'/ legomevnw/.2 {Otan levgh/ dia; JHsai?ou : Aujto;" wJ" provbaton ejpi; sfagh;n h[cqh, kai;

wJ" ajmno;" ejnantivon tou' keivranto"12, wJ"13 h[dh tou' pavqou" genomevnou14

1 Kai; di! ou| huc transp. Marc. : post. th;n gh'n codd., cett. edd. 2 Kai; to;n oujrano;n kai; th;n gh'n :(ajf! ou|) kai; oJ oujrano;" kai; hJ gh' vel oJ poihvsa" to;n oujrano;n kai; th;n gh'n, vel ajf! ou| feuvxetaioJ oujrano;" kai; hJ gh' (cf. Apoc. 20, 11) prop. Thirlb. 3 {Oper − eijdwvlwn : in semicirculis Mar.,Mign., Otto, Marc. 4 Qhmwnia;" : qhmwnia;n coni. Marc. 5 Poihvsa" : poih'sai prop. Mar., coni.Marc. 6 Toutevstin − kovsmou : in semicirculis Marc. 7 Toi'" : toutevsti toi'" Marc. (toutevsti −lovgoi" in semicirculis). 8 jApo; th'" ajkrobustiva" oiJ : oiJ ajpo; th'" ajkr. transp. Marc. 9 Kai; : del.Marc. 10 Eijpw;n prop. Thirlb., Mar., coni. edd. ab Otto : ei\pon codd., cett. edd. 11 jEnargw'"(cf. 54, 1) : ejnergw'" in marg. A, in textu B, ad calcem Steph. 12 Keivranto" Codex Sinaïticusp. corr., Alexandr., Venetus, Act. 8, 32 et al. : keivronto" (ex LXX ; Dial. 13, 5 ; I Apol. 50, 10)Thirlb., Otto (suppl. ejstiv), Troll. kivranto" Aq. 13 JW" : a[fwno" wJ" Sylb., Mor., Jebb, Marc.ou{tw" oujk ajnoivgei to; stovma addendum Mar. (ex LXX) 14 Genomevnou : ginomevnou Otto.

489

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 113, 5-114, 2

5 C'est à partir de lui19 lui en effet, et à travers lui que le Père doitarenouveler le ciel et la terre20 ; c'est lui qui doit bbriller, lumière21 éternelle, àJérusalem ; c'est lui qui demeure croi de Salem22 selon l'ordre de Melchisédech, et leprêtre éternel23 du Très-haut.

6 Celui-là, est-il dit, da circoncis le peuple d'une seconde circoncision24, avecdes couteaux de pierre25, ce qui était l'annonce de cette circoncision par laquelleJésus-Christ en personne nous a circoncis des pierres et des autres idoles,eayant fait des monceaux de ceux qui étaient du prépuce26 − c'est-à-dire del'égarement du monde27 − et qui, fen tout lieu28, ont été circoncis avec descouteaux de pierre, les paroles de Jésus, notre Seigneur. Car le Christ était enparabole annoncé comme pierre et rocher par les prophètes, je l'ai prouvé29.7 Quant aux gcouteaux de pierre, nous les entendrons donc de ses paroles, parlesquelles tant d'égarés incirconcis ont reçu la hcirconcision du cœur, circoncisiondont, dès cette époque, par l'intermédiaire de Jésus, Dieu exhortait à se fairecirconcire ceux-là aussi qui ont la circoncision trouvant son origine avecAbraham, en disant que même ceux qui étaient entrés dans cette Terre sainte,Jésus (Josué) les avait circoncis d'une seconde circoncision, avec des couteaux depierre30.

Quelques règles pour comprendre le langage prophétique.La seconde circoncision « avec des couteaux de pierre ».

114. 1 Tantôt, en effet, l'Esprit saint a fait qu'il se produise de façon visiblequelque chose qui était une ifigure typique de l'avenir, tantôt il a proféré desparoles sur ce qui devait arriver, les proférant comme s'il parlaitd'événements alors en cours ou même déjà passés1. Procédé que ne sauraientignorer ceux qui abordent les paroles des prophètes sans rester incapablesd'en suivre le sens ainsi qu'il convient2. Comme exemple, laissez-moi vousciter quelques prophéties, afin que de ce qui est dit3 vous suiviez le sens.

2 Lorqu'il dit, par l'intermédiaire d'Isaïe : jComme une brebis, il a été conduit àl'abattoir ; il est comme un agneau devant celui qui l'a tondu4, il parle comme si la

a Cf. Is. 65, 17 ; Apoc. 21, 1 b cf. Is. 60, 1. 19-20 c cf. Gen. 14, 18 et Ps. 109, 4 ; Hébr. 5, 6.10d cf. Jos. 5, 2-3 e cf. Gen. 31, 46 et Jos. 5, 4 f cf. Mal. 1, 11 g cf. Jos. 5, 2-3 h cf. Rom. 2,29 ? i cf. Rom. 5, 14 j Is. 53, 7.

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JUSTIN MARTYR

levgei. Kai; o{tan pavlin levgh/ : jEgw; ejxepev-[p. 258 : B]-tasa ta;" cei'rav" mouejpi; lao;n ajpeiqou'nta kai; ajntilevgonta, kai; o{tan levgh/ : Kuvrie, tiv"ejpivsteuse th'/ ajkoh'/ hJmw'n _ < wJ" >1 h[dh gegenhmevnwn pragmavtwnejxaggelivan oiJ lovgoi shmaivnonte" lelegmevnoi eijsiv. Kai; ga;r ejn parabolh'/livqon pollacou' kalei'n ajpevdeixa to;n Cristo;n kai; ejn tropologiva/ jIakw;bkai; jIsrahvl. 3 Kai; pavlin o{tan levgh/ : [Oyomai tou;" oujranouv", e[rga tw'ndaktuvlwn sou, eja;n mh; ajkouvw tw'n lovgwn2 aujtou' th;n ejrgasivan, ouj sunetw'"ajkouvsomai, w{sper uJmw'n oiJ didavskaloi ajxiou'sin, oijovmenoi cei'ra" kai; povda"kai; daktuvlou" kai; yuch;n e[cein wJ" suvnqeton zw'/on to;n patevra tw'n o{lwnkai; ajgevnnhton qeovn, oi{tine" kai; dia; tou'to3 w\fqai tw'/ jAbraa;m kai; tw'/jIakw;b aujto;n to;n patevra didavskousi.4 Makavrioi ou\n hJmei'" oiJ peritmhqevnte" petrivnai" macaivrai" th;n

deutevran peritomhvn. JUmw'n me;n ga;r hJ prwvth dia; sidhvrou gevgone kai;givnetai : sklhrokavdrioi ga;r mevnete : hJmw'n de; hJ peritomhv, h{ti" deutevraajriqmw'/, [fol. 167 r° : A] meta; th;n uJmetevran fanerwqei'sa, dia; livqwnajkrotovmwn, toutevsti dia; tw'n lovgwn tw'n dia; tw'n ajpostovlwn4 tou'ajkrogwniaivou livqou kai; tou'5 a[neu ceirw'n tmhqevvnto"6, peritevmnei hJma'" ajpovte eijdwlolatreiva" kai; pavsh" aJplw'" kakiva" : w|n aiJ kardivai ou{tw"peritetmhmevnai eijsi;n ajpo; th'" ponhriva", wJ" kai; caivrein ajpoqnhv/skonta"dia; to; o[noma to; th'" kalh'" pevtra", kai; zw'n u{dwr tai'" kardivai" tw'n di!aujtou' ajgaphsavntwn to;n patevra tw'n o{lwn bruouvsh", kai; potizouvsh" tou;"boulomevnou" to; th'" zwh'" u{dwr piei'n. 5 jAlla; tau'ta me;n7 ouj noei'te[p. 259 : B] levgonto"8 : a} ga;r poih'sai to;n Cristo;n peprofhvteutai oujnenohvkate, oujde; hJmi'n prosavgousin uJma'" toi'" gegrammevnoi" pisteuvete.JIeremiva" me;n ga;r ou{tw boa'/ : (cf. Jér. 2, 13)Oujai; uJmi'n, o{ti ejgkatelivpete9 phgh;nzw'san kai; wjruvxate eJautoi'" lavkkou" suntetrimmevnou", oi} ouj dunhvsontaisunevcein u{dwr. (cf. Is. 16, 1)Mh; e[rhmon h\/ ou| ejsti to; o[ro" Siwvn _ (cf. Jér. 3, 8){Oti JIerousalh;m biblivon ajpostasivou e[dwka e[mprosqen uJmw'n.

115. 1 jAlla; Zacariva/, ejn parabolh'/ deiknuvnti to; musthvrion tou' Cristou'kai; ajpokekrummevnw" khruvssonti, pisteu'sai ojfeivlete10. [Esti de; ta;

1 JW" add. Otto, Troll., Mign., Arch., Marc. : om. codd., cett. edd. 2 Tw'n lovgwn : tou' Lovgou prop.Lange, coni. edd. ab Otto to;n Lovgon prop. Mar. 3 Kai; dia; tou'to : dia; tou'to kai; transp. Marc.4 Tw'n ajpostovlwn : t. ajp. khrucqevntwn Marc. (ex Dial. 113, 6 et I Apol. 42, 4) 5 Kai; tou' : tou'kai; prop. Thirlb. 6 Toutevsti − tmhqevvnto" : in semicirculis Marc. 7 Me;n : mou coni. Marc.8 Levgonto" : supple ejmou' Otto 9 jEgkatelivpete : ejme; ejgk. Marc. (ex LXX) 10 jOfeivlete(cf. 67, 2 ; 68, 4 ; 82, 1) : wjfeivlete (tempore praeterito) prop. Sylb. post ojfeivlete, hjqelhvsate in rasA, in marg. B.

491

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 114, 2-115, 1

Passion avait déjà eu lieu. Et lorsqu'il dit encore : aJ'ai étendu mes mains, tout lejour, sur un peuple infidèle et contradicteur5, ou bien : bSeigneur, qui a cru au bruit denos paroles6 ? ces expressions sont formulées comme si elles avaient pour sensl'annonce de choses déjà arrivées. J'ai par ailleurs prouvé que le Christ, parsymbole, est souvent appelé pierre, ou encore par figure Jacob et Israël7.3 Lorsqu'il dit encore : cJe verrai les cieux, œuvres de tes doigts8, si je n'entends pas(par là) l'œuvre de sa Parole9, c'est dsans intelligence10 que j'entends,conformément à l'opinion de vos didascales, qui pensent que le Père del’univers et le Dieu inengendré11 a des mains, des pieds, des doigts et uneâme12, comme un animal composé, et qui, pour cette raison, enseignentégalement que c'est le Père lui-même qui est apparu eà Abraham et fJacob13.

4 Bienheureux14 donc sommes-nous, qui avons été circoncis gavec descouteaux de pierre, de la seconde circoncision. Car la vôtre − la première15 −s'est faite et se fait encore par le fer16 : aussi demeurez-vous durs de cœur17.Mais notre circoncision, elle, seconde par le nombre puisqu'apparue après lavôtre, c'est avec des hpierres taillées à vive arête − c'est-à-dire les paroles prêchéespar les iapôtres de la pierre angulaire et jtaillée sans le secours d'aucune main18 − qu'ellenous circoncit de l'idolâtrie et de tout mal19. Nos cœurs sont à ce pointcirconcis de la perversité20 que nous nous réjouissons de mourir au nom de labelle pierre d'où kl'eau vive21 jaillit22, pour les cœurs de ceux qui par Luiaccèdent à l'amour du Père de l’univers, et désaltère ceux qui souhaitents'abreuver avec l'eau de la vie23. 5 Mais quand je dis cela, vous ne comprenezpas : vous n'avez point compris ce qu'il était prédit qu'accomplirait le Christ,et ne nous croyez pas lorsque nous vous donnons accès aux Écritures. AussiJérémie s'écrie-t-il : (cf. Jér. 2, 13)Malheur à vous, qui avez abandonné la source vive etvous êtes creusé des citernes fissurées qui ne pourront retenir l'eau24 ! (cf. Is. 16, 1)Le désertn'est-il pas sur le lieu du mont Sion ? (cf. Jér. 3, 8)Car à Jérusalem j'ai donné devant vous lelibelle de répudiation25.

Josué (Jésus), fils de Navé, et « Jésus le Grand prêtre » selon la Prophétie de Zacharie.L’exégèse juive ne s’attache qu’à des détails.

115. 1 A Zacharie1 vous devez accorder foi, quand il expose en parabole lemystère du Christ, et l'annonce de manière cachée.

a Is. 65, 2 b Is. 53, 1 c Ps. 8, 4 d cf. Is. 29, 14 ; 5, 21 e cf. Gen. 18 f ibid., 28, 13 s. ; 35,9 s. g cf. Jos. 5, 2 h ibid. i cf. Is. 28, 16 ; I Petr. 2, 6 ; Éphés. 2, 20 j cf. Dan. 2, 34k cf. Jér. 2, 13 ; Jn. 4, 10.14 ; Apoc. 22, 1.17 ; 21, 6.

492

JUSTIN MARTYR

legovmena tau'ta : (Zach. 2, 10)Cai're kai; eujfraivnou, quvgater Siwvn, o{ti ijdou;ejgw; e[rcomai kai; kataskhnwvsw ejn mevsw/ sou, levgei kuvrio". (11)Kai;prosteqhvsontai1 e[qnh [fol. 167 v° : A] polla; pro;" kuvrion ejn th'/ hJmevra/ejkeivnh/, kai; e[sontaiv moi eij" laovn : kai; kataskhnwvsw ejn mevsw/ sou, kai;gnwvsontai o{ti kuvrio" tw'n dunavmewn ajpevstalkev me prov" se. 2 (12)Kai;kataklhronomhvsei kuvrio" to;n jIouvdan th;n merivda2 aujtou' ejpi; th;n gh'n th;naJgivan, kai; ejklevxetai e[ti3 th;n JIerousalhvm. (13)Eujlabeivsqw pa'sa sa;rx ajpo;proswvpou kurivou, o{ti ejxeghvgertai ejk nefelw'n aJgivwn aujtou'. (ibid., 3, 1)Kai;e[deixev moi jIhsou'n to;n iJereva to;n mevgan, eJstw'ta pro; proswvpou ajggevlou< kurivou >4 : kai; < oJ >5 diavbolo" eiJsthvkei ejk dexiw'n aujtou', tou'ajntikei'sqai aujtw'/. (2)Kai; ei\pe kuvrio" pro;" to;n diavbolon : jEpitimhvsaikuvrio" ejn soiv, oJ ejklexavmeno" th;n JIerousalhvm. Oujci; ijdou; tou'to dalo;"ejxespasmevno" ejk purov" _3 Mevllontiv te tw'/ Truvfwni ajpokrivnesqai kai; ajntilevgein moi e[fhn :

Prw'ton ajnavmeinon kai; a[kouson a} levgw. Ouj ga;r h}n uJpo-[p. 260 : B]-lambavnei" ejxhvghsin poiei'sqai mevllw, wJ" mh; gegenhmevnou iJerevw" tino;"jIhsou' ojnovmati ejn th'/ Babulwniva/ gh'/, o{pou aijcmavlwto" oJ lao;" uJmw'n6. {Opereij kai; ejpoivoun, ajpevdeixa o{ti h\n7 me;n jIhsou'" iJereu;" ejn tw'/ gevnei uJmw'n,tou'ton de; aujto;n oujk ejn th'/ ajpokaluvyei aujtou' eJwravkei oJ profhvth", w{speroujde; to;n diavbolon kai; to;n tou' kurivou a[ggelon oujk aujtoyiva/ ejn katastavseiw[n, eJwravkei, ajll! ejn ejkstavsei, ajpokaluvyew" aujtw'/ gegenhmevnh". 4 [fol. 168r° : A] Nu'n de; levgw o{ti, o{nper trovpon dia; tou' jIhsou' ojnovmato" tw'/ Nauh'uiJw'/8 kai; dunavmei" kai; pravxei" tina;" prokhrussouvsa" ta; uJpo; tou'hJmetevrou kurivou mevllonta givnesqai pepoihkevnai e[fh<n>9, ou{tw10 kai; th;nejpi; tou' ejn Babulw'ni jIhsou' iJerevw" genomevnou ejn tw'/ law'/ uJmw'n ajpokavluyine[rcomai nu'n ajpodei'xai ajpokhvruxin11 ei\nai tw'n uJpo; tou' hJmetevrou iJerevw"kai; qeou' kai; Cristou', uiJou' tou' patro;" tw'n o{lwn, givnesqai mellovntwn.

1 Prosteqhvsontai (= T. M.) : katafeuvxontai Dial. 119, 3 (= LXX) 2 Th;n merivda (= LXX W :pap. Washington) : kai; th;n merivda Steph., Thirlb., Mar., Mign., Otto, Arch. (ex LXX codd.Sinait. p. corr., Alexandr., al.) 3 [Eti prop. Thirlb., coni. edd. ab Otto : ejpi; codd., cett. edd. kai;aiJretiei' e[ti th;n JIer. LXX 4 Kurivou add. edd. ab. Otto (ex Dial. 115, 3 : to;n tou' kurivoua[ggelon ; 116, 1 : oJ a[ggelo" tou' qeou') : om codd., cett. edd. 5 JO add. Marc. (ex LXX et Dial. 79,4) : om. codd., cett. edd. 6 JO lao;" uJmw'n : oJ l. uJ. h\n Marc. 7 jApevdeixa o{ti h\n me;n : ajp. o{ti, h]n(= eij h\n) me;n prop. Mar., coni. Otto ajp. a]n o{ti eij kai; h\n me;n Marc. o{per ei[ tine" ejpoivoun, kai;ejgwvge a]n ajp. o{ti h\n prop. Troll. o{per eijkh' (frustra) ejpoivoun ajpodeivxa" o{ti h\n Nolteajpevdeixa" prop. Lange 8 Tw'/ Nauh' uiJw'/ : to;n N. uiJo;n aut pepoih'sqai pro pepoihkevnai prop. Sylb.,Mar., Otto 9 [Efhn prop. Thirlb., Otto, coni. Marc. : e[fh codd, cett. edd. 10 Ou{tw : ou{tw" Otto11 jApokhvruxin : prokhvruxin prop. Sylb., coni. edd. ab Otto.

493

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 115, 1-115, 4

Voici le texte : (Zach. 2, 10)Réjouis-toi et sois heureuse, fille de Sion, car me voici qui viens,et au milieu de toi je planterai ma tente, dit le Seigneur. (11)Des nations nombreusesviendront en ce jour là se joindre2 au Seigneur, et deviendront pour moi un peuple. Jeplanterai ma tente au milieu de toi, et elles connaîtront que le Seigneur des Puissances m'aenvoyé vers toi. 2 (12)Le Seigneur recevra Juda en héritage, sa part3 sur la Terre sainte, et ilchoisira4 encore Jérusalem. (13)Que craigne toute chair devant le Seigneur, car il a surgi deses saintes nuées. (ibid., 3, 1)Il m'a montré Jésus, le Grand prêtre, qui se tenait devant l'angedu Seigneur, et le diable se tenait à sa droite, pour être son adversaire. (2)Et le Seigneur ditau diable : « Que le Seigneur te réprouve, lui qui a choisi Jérusalem. N'est-ce pas là untison arraché au feu ? ».

3 Comme Tryphon allait répondre et me contredire. Je lui dis :— Patiente d'abord et écoute ce que je dis. Car je ne m'apprête pas à

donner l'explication que tu soupçonnes, et nier qu'il y ait eu un prêtre dunom de Jésus au pays de Babylone, où votre peuple avait été emmené encaptivité5. Et même si je le faisais, j'ai montré6 qu'il y a bien eu, en votre race,un Jésus prêtre, mais que ce n'est point là celui que le prophète a vu dans sarévélation7, pas plus qu'il n'a vu le adiable et l'ange du Seigneur de ses propresyeux et à l'état normal, mais en extase8, sous l'effet d'une révélation. 4 Jel'affirme à présent : de même que j'ai dit9 que grâce au nom de Jésus qu'ilavait reçu10, le fils de Navé avait accompli des prodiges et certaines actionsannonciatrices de ce qui devait arriver par notre Seigneur, de mêmemaintenant je m'en vais démontrer que la révélation à propos de Jésus prêtreà Babylone, en votre peuple, était une annonce11 de ce qui devait arriver parnotre prêtre, Dieu, Christ, et Fils du Père de l'univers.

a Cf. Zach. 3, 1.

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JUSTIN MARTYR

5 [Hdh mevntoi ejqauvmazon, e[fhn, dia; tiv kai; pro; mikrou' hJsucivan hjgavgeteejmou' levgonto", h] pw'" oujk ejpelavbesqev mou eijpovnto" o{ti oJ tou' Nauh' uiJo;"tw'n ejxelqovntwn ajp! Aijguvptou oJmhlivkwn movno" eijsh'lqen eij" th;n aJgivan gh'nkai; oiJ gegrammevnoi ajfhvlike" th'" genea'" ejkeivnh". {Wsper ga;r aiJ mui'aiejpi; ta; e{lkh prostrevcete kai; ejfivptasqe. 6 Ka]n ga;r muriva ti ei[ph/ kalw'",e}n de; mikro;n oJtiou'n1 ei[h mh; eujavreston uJmi'n h] mh; noouvmenon h] mh; pro;" to;ajkribev", tw'n me;n pollw'n kalw'n ouj pefrontivkate, tou' de; mikrou' rJhmativouejpilambavnesqe kai; kataskeuavzein aujto; wJ" ajsev-[p. 261 : B]-bhma kai;ajdivkhma spoudavzete, i{na th'/ aujth'/ oJmoiva/2 krivsei uJpo; tou' qeou' krinovmenoipolu; ma'llon uJpe;r tw'n megavlwn tolmhmavtwn, ei[te kakw'n pravxewn ei[tefauvlwn ejxhghv-[fol. 168 v° : A]-sewn, a}" parapoiou'nte" ejxhgei'sqe, lovgondwvshte3. }O ga;r krivma krivnete, divkaiovn ejstin uJma'" kriqh'nai.

116. 1 jAll! i{na to;n lovgon to;n peri; th'" ajpokaluvyew" jIhsou' Cristou'4

tou' aJgivou ajpodidw' uJmi'n, ajnalambavnw to;n lovgon kaiv fhmi kajkeivnhn th;najpokavluyin eij" hJma'" tou;" ejpi; to;n Cristo;n ajrciereva tou'ton5 to;nstaurwqevnta pisteuvonta" gegenh'sqai : oi{tine", ejn porneivai" kai; aJplw'"pavsh/ rJupara'/ pravxei uJpavrconte", dia; th'" para; tou' hJmetevrou jIhsou' kata;to; qevlhma tou' patro;" aujtou' cavrito" ta; rJupara; pavnta a} hjmfievsmeqakakav, ajpedusavmeqa, oi|" oJ diavbolo" ejfevsthken ajei; ajntikeivmeno" kai; pro;"eJauto;n e{lkein pavnta" boulovmeno", kai; oJ a[ggelo" tou' qeou', toutevstin hJduvnami" tou' qeou' hJ pemfqei'sa hJmi'n dia; jIhsou' Cristou', ejpitima'/ aujtw'/ kai;ajfivstatai6 ajf! hJmw'n. 2 Kai; w{sper ajpo; puro;" ejxespasmevnoi ejsmevn, ajpo;me;n tw'n aJmartiw'n tw'n protevrwn kaqarisqevnte", ajpo; de; th'" qlivyew" kai;th'" purwvsew", h}n purou'sin hJma'" o{ te diavbolo" kai; oiJ aujtou' uJphrevtaipavnte"7, ejx w|n kai; pavlin ajpospa'/8 hJma'" jIhsou'" oj uiJo;" tou' qeou' :ejndu'sai9 hJma'" ta; hJtoimasmevna ejnduvmata, eja;n pravxwmen aujtou' ta;"ejntolav", uJpevsceto, kai; aijwvnion10 basileivan pronoh'sai ejphvggeltai. 3 }Onga;r trovpon jIhsou'" ejkei'no", oJ legovmeno" uJpo; tou' profhvtou [fol. 169 r° : A]

1 JOtiou'n : oJtoiou'n codd., Steph. 2 JOmoiva/ : kai; oJm. prop. Sylb., Mar. h] oJm. add. Otto, Marc.3 Dwvshte : dwvsete Troll., edd. ab Otto dw'te vel dwv/hte prop. Sylb. 4 jIhsou' Cristou' tou'aJgivou : Zacarivou (omissis verbis tou' aJgivou), vel jIhsou' kai; tou' ajggevlou, vel kai; tou' ajggevlou tou'kurivou, vel jIhsou' tou' iJerevw" tou' megavlou (Zach. 3., 1.8.6.11) prop. Thirlb. Zacarivou tou' aJgivouprop. Otto (ex Dial. 32, 2 : tou' aJgivou Danihvl ; 55, 2 : tou' aJgivou Daui>vd) jIhsou' Cristou' tou'aJgivou Zacarivou Marc. 5 Tou'ton : tou' qeou' coni. Marc. 6 jAfivstatai (scil. oJ diavbolo") :ajfivsthsi (scil. oJ a[ggelo" tou' qeou') prop. Sylb. 7 Pavnte" : ajpallagevnte" prop. Sylb. pavnte"swqevnte" Marc. 8 jApospa'/ : ajpospavsa" seu ajpospw'n prop. Sylb. ajpospa'n prop. Mar.9 jEndu'sai : kai; ejnd. vel o}" ejnd. prop. Mar. ejnd. ga;r Marc. 10 Aijwvnion edd. : aijwvnian codd.

495

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 115, 5-116, 3

5 Au reste, continuai-je, je me suis étonné que vous restiez tranquilles, voilàquelques instants, tandis que je parlais, et que vous ne m'ayez pas arrêtéquand je disais12 que le fils de Navé, seul parmi ceux de son âge qui étaientsortis d'Égypte, était entré dans la Terre sainte, avec les jeunes gens de cettegénération dont parle l'Écriture. Car vous êtes comme les mouches : sur lesplaies vous accourez et voltigez13. 6 Quand bien même on dirait dix millebonnes choses, pour peu qu'un seul détail n'ait pas votre agrément, soitincompris de vous, ou encore inexact, des nombreuses bonnes choses vousne vous souciez pas, mais de ce propos de détail vous vous saisissez, et à leprésenter comme une impiété et comme une injustice vous mettez tous vossoins. Aussi, puisque c'est d'un jugement à la même mesure que vous serezjugés par Dieu, les comptes que vous rendrez14 pour vos grandes audaces,vos mauvaises actions, et les piètres exégèses que vous déduisez parfalsification, n'en seront que plus lourds. aIl est juste, en effet, que vous soyezjugés, avec le jugement dont vous jugez vous-mêmes15.

La prophétie de Zacharie s’applique au Christ, « Grand prêtre »et à ceux qu’il a rachetés par son sacrifice.

116. 1 Mais pour vous rendre compte de la révélation relative à Jésus-Christ1

le saint, je reprends mon propos et j'affirme que cette révélation s'est faiteaussi en référence à2 nous qui croyons au Christ, ce Grand prêtre3 crucifié :nous vivions dans la bdébauche4 et absolument en toutes sortes de csouillures5 :par la grâce qui provient de notre Jésus, selon la volonté de son Père, nousavons ddépouillé toutes les souillures − les perversités6 − dont nous étionsrevêtus7. Et tandis que ele diable nous fmenace, éternel gadversaire8, méditanthd'attirer tous les hommes à lui, il'ange de Dieu − c'est-à-dire la Puissance de Dieuqui nous est envoyée par l'intermédiaire de Jésus-Christ9 − le jréprouve, et ils'éloigne de nous. 2 Nous sommes devenus comme karrachés au feu, ayant denos anciens lpéchés été mpurifiés, comme de l'oppression et de cette brûluredont nous brûlent nle diable et tous ses serviteurs. A ceux-ci, Jésus le Fils deDieu nous oarrache encore10. Il a promis de pnous revêtir des vêtementspréparés, si nous accomplissions ses commandements, et annoncé qu'ilpourvoirait11 au qroyaume éternel12. 3 De même que ce rJésus, appelé

a Cf. Matth. 7, 2 b cf. I Esdr. 10, 18 ? c cf. Zach. 3, 3.4 d ibid., 3 e ibid., 1.2 f ibid., 1g ibid. h cf. Jn. 12, 32 i cf. Zach. 3, 1 j ibid., 2 k cf. Zach. 3, 2 l ibid., 4 m ibid., 5 n ibid.,1.2 o ibid., 2 p ibid., 4-7 q cf. Dan. 7, 27 r cf. Zach. 3, 1.

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JUSTIN MARTYR

iJereuv", [p. 262 : B] rJupara; iJmavtia ejfavnh forw'n dia; to; gunai'ka povrnhnlelevcqai eijlhfevnai aujtovn, kai; dalo;" ejxespasmevno" ejk puro;" ejklhvqh dia;to; a[fesin aJmartiw'n eijlhfevnai, ejpitimhqevnto" kai;1 tou' ajntikeimevnou aujtw'/diabovlou, ou{tw" hJmei'", oiJ dia; tou' jIhsou' ojnovmato" wJ" ei|" a[nqrwpo"pisteuvsante"2 eij" to;n poihth;n tw'n o{lwn qeovn, dia; tou' ojnovmato" tou'prwtotovkou aujtou' uiJou' ta; rJupara; iJmavtia, toutevsti ta;" aJmartiva",ajphmfiesmevnoi, purwqevnte" dia; tou' lovgou th'" klhvsew" aujtou',ajrcieratiko;n to; ajlhqino;n gevno" ejsme;n tou' qeou', wJ" kai; aujto;" oJ qeo;"marturei', eijpw;n o{ti ejn panti; tovpw/ ejn toi'" e[qnesi qusiva" eujarevstou"aujtw'/ kai; kaqara;" prosfevronte"3. Ouj devcetai de; par! oujdeno;" qusiva"oJ qeov", eij mh; dia; tw'n iJerevwn aujtou'.

117. 1 Pavsa"4 ou\n [oi}]5 dia; tou' ojnovmato" touvtou qusiva", a}" parevdwkenjIhsou'" oJ Cristo;" givnesqai, toutevstin ejpi; th'/ eujcaristiva/ tou' a[rtou kai;tou' pothrivou, ta;" ejn panti; tovpw/ th'" gh'" ginomevna" uJpo; tw'n Cristianw'n,prolabw;n6 oJ qeo;" marturei' eujarevstou" uJpavrcein aujtw'/ : ta;" de; uJf! uJmw'nkai; di! ejkeivnwn uJmw'n tw'n iJerevwn ginomevna" ajpanaivnetai, levgwn : (Mal. 1, 10)...kai; ta;" qusiva" uJmw'n ouj prosdevxomai ejk tw'n ceirw'n uJmw'n : (11)diovti ajpo;ajnatolh'" hJlivou e{w" dusmw'n to; o[nomav mou dedovxastai < kai; ejn panti;tovpw/ qumivama prosavgetai tw'/ ojnovmativ mou kai; qusiva kaqarav : diovti mevgato; o[nomav mou >7, levgei, ejn toi'" e[qnesin, (12)uJmei'" de; bebhlou'te aujtov.2 Kai;8 mevcri [fol. 169 v° : A] nu'n filoneikou'nte" levgete o{ti ta;" me;n ejn

JJIerousalh;m ejpi;9 tw'n ejkei' tovte oijkouvntwn jIsrahlitw'n kaloumevnwn qusiva"ouj prosdevcetai oJ qeov", ta;" de; di-[p. 263 : B]-a; tw'n ejn th'/ diaspora'/ tovtedh; o[ntwn ajpo; tou' gevnou" ejkeivnou ajnqrwvpwn eujca;" prosivesqai aujto;neijrhkevnai, kai; ta;" eujca;" aujtw'n qusiva" kalei'n. {Oti me;n ou\n kai; eujcai; kai;eujcaristivai, uJpo; tw'n ajxivwn ginovmenai, tevleiai movnai kai; eujavrestoiv

1 Kai; : del. Marc. 2 Pisteuvsante" prop. Thirlb., coni. Otto, Troll., Mign., Arch., Goodsp.(cf. 133, 6 : hJma'", tou;" pisteuvsanta" di! aujtou' tw'/ qew'/ kai; patri; tw'n o{lwn) : pavnte" e[sontaicodd., cett. edd. pavnte" pisteuvsante" coni. Marc. pavnte" pisteuvonte" prop. Sylb.3 Prosfevronte" (scil. eijsivn) : prosfevromen vel qusivai eujavrestoi kai; kaqarai; prosfevrontai prop.Thirlb. prosfevrousin coni. Marc. prosavgetai LXX prosfevretai Dial. 28, 5 et LXX cod. 5444 Pavsa" prop. Jebb, coni. edd. ab Otto : pavnta" codd., cett. edd. 5 OiJ delendum Steph. (ad calcem),Jebb, Mar., del. edd. ab Otto. pavnta" ...oi} ...touvtou aujtw'/ prosfevrousi qusiva" prop. Lange,...prosfevromen Marc. 6 Prolabw;n (cf. 35, 2 : a} ga;r prolabw;n ...e[fh) : proslabw;n prop. Sylb.(ex Dial. 117, 2 : prosdevcesqai) 7 Kai; − mou fortasse addendum Mar., Otto, Arch., addidi : om.codd., edd. 8 Kai; : kai; ga;r Marc. 9 jEpi; : ajpo; coni. Marc.

497

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 116, 3-117, 2

aprêtre par le prophète, est apparu portant des bvêtements souillés pour avoirépousé, est-il dit, une prostituée13, et qu'il fut désigné comme ctison arraché aufeu pour avoir obtenu drémission des péchés14 − alors que ele diable, sonadversaire, se trouvait fréprouvé −, de même nous qui, par le nom de Jésus-Christ, avons gcomme un seul homme15 cru en Dieu créateur de l’univers, quipar le nom16 de son Fils premier-né avons hdépouillé les vêtements souillés − c'est-à-dire les péchés17 −, enflammés18 par le Verbe de sa vocation19, noussommes la véritable race archiprêtresse20 de Dieu. Dieu lui-même letémoigne lorsqu'il dit qu' ien tout lieu parmi les nations on offre des sacrificesagréables et purs21. Or Dieu ne reçoit de sacrifices de personne, sinon parl'intermédiaire de ses prêtres22.

Seul le sacrifice eucharistique, qui commémore celui du Christ, est agréé par Dieu.Il est universel, comme Malachie l’avait prophétisé.

La prière juive, qui s’est substituée aux sacrifices du Temple,n’est pratiquée que dans la Diaspora.

117. 1 Tous les sacrifices1, donc, qui se font jau nom de celui-là, ceux dontkJésus-Christ a prescrit l'accomplissement − c'est-à-dire ceux qui, lors dell'Eucharistie2 du pain et de la coupe, sont men tout lieu de la terre3 offerts par leschrétiens −, par avance Dieu témoigne qu'ils lui sont agréables4. Mais ceuxqui sont offerts par vous et par l'intermédiaire de ceux qui sont vos prêtres5,il les refuse, en déclarant : (Mal. 1, 10)… je n'accepterai pas vos sacrifices de vos mains.(11)car depuis le lever du soleil jusqu'au couchant, mon nom est glorifié, < et en tout lieu unsacrifice est offert en mon nom, un sacrifice pur, car mon nom est grand >, dit-il6, parmiles nations7, (12)tandis que vous, vous le profanez.

2 Aujourd'hui encore, par goût de la querelle8, vous dites que ce sont lesnsacrifices offerts à Jérusalem, parmi ceux qui y vivaient alors, appelésIsraélites9, que Dieu n'accepte pas. En revanche, les prières émanant deshommes de cette race qui se trouvaient alors dans la dispersion, il aurait ditles agréer, appelant ces prières osacrifices. Or que les prières comme les actionsde grâce10, si elles sont présentées par ceux qui en sont dignes11, soient lesseuls sacrifices parfaits et agréables à Dieu, je l'affirme moi aussi.

a Cf. Zach. 3, 1 b ibid., 3 c ibid., 2 d ibid., 4 e ibid., 1 f ibid., 2 g cf. Gal. 3, 28 h cf. Zach.3, 4 i cf. Mal. 1, 11 j ibid. k cf. I Cor. 11, 24-25 ; Lc. 22, 19 l cf. Matth. 26, 26 s. et pll.m cf. Ps. 18, 5 n cf. Mal. 1, 10 o cf. Mal. 1, 11.

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JUSTIN MARTYR

eijsi tw'/ qew'/ qusivai, kai; aujtov" fhmi. 3 Tau'ta1 ga;r movna kai; Cristianoi;parevlabon poiei'n, kai; ejp! ajnamnhvsei de;2 th'" trofh'" aujtw'n xhra'" te kai;uJgra'", ejn h|/ kai; tou' pavqou", o} pevponqe di! aujtou;<"> oJ uiJo;" tou' qeou'3,mevmnhntai4 : ou| to; o[noma bebhlwqh'nai kata; pa'san th;n gh'n kai;blasfhmei'sqai oiJ ajrcierei'" tou' laou' uJmw'n kai; didavskaloi eijrgavsanto, a}rJupara; kai; aujta;5 ejnduvmata, periteqevnta uJf! uJmw'n pa'si toi'" ajpo; tou'ojnovmato" tou' jIhsou' genomevnoi"6 Cristianoi'", deivxei aijrovmena ajf! hJmw'n oJqeov", o{tan pavnta" ajnasthvsh/, kai; tou;" me;n ejn aijwnivw/ kai; ajluvtw/ basileiva/ajfqavrtou" kai; ajqanavtou" kai; ajluvpou" katasthvsh/, tou;" de; eij" kovlasinaijwvnion puro;"7 katapevmyh/.4 {Oti de; eJautou;" plana'te kai; uJmei'" kai; oiJ didavskaloi uJmw'n,

ejxhgouvmenoi o{ti peri; tw'n ajpo; tou' gevnou" uJmw'n ejn th'/ diaspora'/ o[ntwne[legen oJ Lovgo" o{ti ta;" eujca;" aujtw'n kai; qusiva" kaqara;" kai; eujarevstou"ejn panti; tovpw/ geno-[fol. 170 r° : A]-mevna" e[legen, ejpivgnwte o{ti yeuvdesqekai; eJautou;" kata; pavnta ajpata'n peira'sqe, o{ti prw'ton me;n oujde; nu'n ajpo;ajnatolw'n hJlivou e{w" dusmw'n ejstin uJmw'n to; gevno", ajll! e[sti ta; e[qnh ejnoi|" oujdevpw oujdei;" uJmw'n tou' gevnou" w[/khsen. 5 Oujde; e}n ga;r o{lw" ejstiv ti8

gevno" ajnqrwvpwn, ei[te barbavrwn ei[te JEllhvnwn ei[te [p. 264 : B] aJplw'"wJ/tiniou'n ojnovmati prosagoreuomevnwn, h] aJmaxobivwn h] ajoivkwn kaloumevnwn h]ejn skhnai'" kthnotrovfwn oijkouvntwn9, ejn oi|" mh; dia; tou' ojnovmato" tou'staurwqevnto" jIhsou' eujcai; kai; eujcaristivai tw'/ patri; kai; poihth'/ tw'no{lwn givnwntai10. Ei\ta de;11 o{ti kat! ejkei'no tou' kairou', o{te oJ profhvth"Malaciva" tou'to e[legen, oujdevpw hJ diaspora; uJmw'n ejn pavsh/ th'/ gh'/, ejn o{sh/nu'n gegovnate, ejgegevnhto, wJ" kai; ajpo; tw'n grafw'n ajpodeivknutai.

118. 1 {Wste ma'llon pausavmenoi tou' fileristei'n metanohvsate pri;nejlqei'n th;n megavlhn hJmevran th'" krivsew", ejn h|/ kovptesqai mevllousi pavnte"

1 Tau'ta ...movna : tauvta" ...movna" prop. Thirlb., coni. Marc. 2 De; : ge (quidem) prop. Nolte dh;coni. Marc. 3 Di! aujtou;" oJ uiJo;" tou' qeou' prop. Thirlb., Mar., coni. Troll., Mign., edd. ab Otto(cf. 70, 4 : di! ou}" kai; paqhto;" gevgone) : di! aujtou' oJ qeo;" tou' qeou' codd., cett. edd. 4 Mevmnhntaiedd. ab Otto : mevmnhtai codd., cett. edd. 5 Kai; aujta; : kai; aujcmhra; Orell (Otto) kai; aujta; o[ntaMarc. 6 Genomevnoi" : legomevnoi" prop. Sylb., coni. Marc. (cf. 63, 5) 7 Puro;" : dia; puro;" Marc.(ex I Apol 12, 2 : aijwnivan dia; puro;" katadivkhn ; 45, 6 : kovlasin dia; puro;" aijwnivan) kovlasinaijwnivou puro;" prop. Thirlb., Orell (ex Dial. 120, 5 : ejpi; th;n katadivkhn tou' ajsbevstou puro;")8 Ti prop. Sylb., coni. edd. ab Otto : to; codd., cett. edd. 9 Ei[te − oijkouvntwn : in semicirculis Marc.10 Givnwntai Steph., Thirlb., Troll., edd. ab Otto : givnontai codd., cett. edd. 11 Ei\ta de; prop. Mar.,coni. edd. ab Otto, Arch., Goodsp. (ex Dial. 117, 4 : prw'ton me;n) : eijdovte" codd., cett. edd.

499

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 117, 3-118, 1

3 Car c'est cela12 seul que les chrétiens aont reçu prescription de faire, et enparticulier13 dans le bmémorial14 de leur repas − aliments et liquides −, àl'occasion duquel ils commémorent aussi la Passion que pour eux souffrit leFils de Dieu15. Lui dont les Grands prêtres et les didascales de votre peupleont cpar toute la terre16 travaillé à faire dprofaner et eblasphémer le nom : cesfvêtements souillés17 jetés par vous sur tous ceux qui, par le nom de Jésus, sontdevenus chrétiens, Dieu manifestera qu'ils sont gôtés de nous, quand ilressuscitera tous les hommes, het qu'il établira les uns − iincorruptibles, immortelset exempts d'affliction18 −, en un jéternel19 et indissoluble royaume, et jettera lesautres au supplice éternel du feu.

4 Vous vous trompez vous-mêmes, vous et vos didascales, lorsque vouscomprenez que c'est en référence à ceux de votre race qui se trouvaient dansla dispersion, que le Verbe a dit : kleurs prières et leurs sacrifices sont purs etagréables en tout lieu20. Reconnaissez que vous n'êtes pas de bonne foi, etqu'en tout point c'est vous-mêmes que vous vous efforcez d'abuser. Toutd'abord parce que, même aujourd'hui, votre race ne se trouve pas ldepuis lelever du soleil jusqu'au couchant, mais qu'il est des mnations parmi lesquelles encorepersonne de votre race n'a jamais habité21. 5 Or il n'est absolument aucunerace humaine, barbares, Grecs, ou de quelque autre nom qu'ils se trouventdésignés − qu'ils s'appellent « Vivants-en-chariot »22, ou bien « Sans-maison »23, ou encore qu'ils nvivent sous des tentes et s'occupent des troupeaux24 −,chez qui, par le nom du crucifié Jésus, des prières et actions de grâce nesoient adressées au Père et Créateur de l’univers. D'autre part, comme lemontrent aussi les Écritures, à l'époque où le prophète Zacharie prononçaitces paroles, votre diaspora n'avait pas encore atteint l'ensemble des contréesoù vous êtes aujourd'hui parvenus.

Exhortation à la repentance.

118. 1 Aussi feriez-vous mieux de renoncer à votre goût pour la querelle, etde faire pénitence oavant que ne vienne le grand jour du jugement1, où doivent psefrapper la poitrine tous ceux de vos tribus qui ont percé ce Christ, comme j'ai

a Cf. I Cor. 11, 23 b cf. I Cor. 11, 24 ; Lc. 22, 19 c cf. Is. 52, 5 d cf. Mal. 1, 12 e cf. Is. 52,5 f cf. Zach. 3, 3.4 g ibid. h cf. Matth. 13, 42-43 ; 25, 41.46 et Apoc. 21, 4-8 i cf. I Cor. 15,50 s. j cf. Dan. 7, 27 k cf. Mal. 1, 11 l ibid. m ibid. n cf. Gen. 4, 20 o cf. Mal. 4, 4p cf. Zach. 12, 10.12 ; Jn. 19, 37 ; Apoc., 1, 7.

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JUSTIN MARTYR

oiJ ajpo; tw'n fulw'n1 uJmw'n ejkkenthvsante" tou'ton to;n Cristovn, wJ" ajpo;grafh'" ajpevdeixa proeirhmevnon. Kai; o{ti w[mose kuvrio"2 kata; th;n tavxinMelcisedevk, kai; tiv to; proeirhmevnon ejstivn, ejxhghsavmhn. Kai; o{ti peri; tou'qavptesqai mevllonto" kai; ajnivstasqai Cristou' h\n hJ profhteiva tou'JHsai>vou, fhvsanto" : JH tafh; aujtou' h\/rtai3 ejk tou' mevsou, proei'pon. Kai;o{ti krith;" [fol. 170 v° : A] zwvntwn kai; nekrw'n aJpavntwn aujto;" ou|to" oJCristov", ei\pon ejn polloi'". 2 Kai; Navqan de; oJmoivw" peri; touvtou levgwnpro;" Daui`d ou{tw" ejphvnegken : (II Rois, 7, 14) jEgw; e[somai aujtw'/ eij" patevra,kai; aujto;" e[stai moi eij" uiJovn, (15)Kai; to; e[leov" mou ouj mh; ajposthvsw ajp!aujtou', kaqw;" ejpoivhsa4 ajpo; tw'n e[mprosqen aujtou'... : (16)kai; sthvsw aujto;nejn tw'/ oi[kw/ mou kai; ejn th'/ basileiva/ aujtou' e{w" aijw'no". Kai; to;n hJgouvmenonde; ejn tw'/ oi[kw/5 oujk a[llon jIezekih;l levgei h] tou'ton aujtovn. Ou|to" ga;rejxaivreto" iJereu;" kai; aijwvnio" basileuv", oj Cristov", wJ" uiJo;" qeou' : ou| ejn th'/pavlin pa-[p. 265 : B]-rousiva/ mh; dovxhte levgein JHsai?an h] tou;" a[llou"profhvta" qusiva" ajf! aiJmavtwn h] spondw'n ejpi; to; qusiasthvrionajnafevresqai, ajlla; ajlhqinou;" kai; pneumatikou;"6 ai[nou" kai; eujcaristiva".3 Kai; ouj7 mavthn hJmei'" eij" tou'ton pepisteuvkamen, oujd! ejplanhvqhmen uJpo;

tw'n ou{tw" didaxavntwn, ajlla; kai; qaumasth'/ pronoiva/ qeou' tou'to gevgonen,i{na hJmei'" uJmw'n, tw'n nomizomevnwn oujk o[ntwn de; ou[te filoqevwn ou[tesunetw'n, sunetwvteroi kai; qeosebevsteroi euJreqw'men dia; th'" klhvsew" th'"kainh'" kai; aijwnivou diaqhvkh" toutevsti tou' Cristou'. 4 Tou'to qaumavzwnJHsai?a" e[fh : (Is. 52, 15) ...kai; sunevxousi basilei'" to; stovma aujtw'n : o{ti oi|"oujk ajnhggevlh peri; aujtou' 8 o[yontai, kai; oi} oujk ajkhkovasi < sunhvsousi >9.(Is. 53, 1)Kuvrie, tiv" ejpivsteuse th'/ ajkoh'/ hJmw'n _ Kai; oJ bracivwn kurivou tivni [fol.171 r° : A] ajpekaluvfqh _ Kai; tau'ta levgwn, e[fhn, w\ Truvfwn, wJ" ejgcwrei',dia; tou;" shvmeron su;n soi; ajfigmevnou" taujta;10 levgein peirw'mai11, bracevw"mevntoi kai; perikekommevnw".5 − Kajkei'no" : Eu\ poiei'", e[fh : ka]n dia; pleiovnwn de; kai; ta; aujta; pavlin

levgh/", caivrein me kai; tou;" sunovnta" th'/ ajkroavsei12 givnwske.

1 Fulw'n prop. Sylb., Wolf, Mar., coni Troll., Mign., edd. ab Otto (ex LXX ; Dial. 32, 2 ; 126, 1 ;I Apol. 52, 12) : faulw'n Mar. fauvlwn codd., cett. edd. 2 Kuvrio" : su iJereu;" eij" to;n aijw'na add.Marc. (ex LXX et Iustino) 3 \H/rtai : h[/rtai Otto, Arch. 4 jEpoivhsa : ajpevsthsa Marc. (ex LXX)5 Oi[kw/ : oi[kw/ tou' qeou' Marc. 6 jAlhqinou;" kai; pneumatikou;" ai[nou" kai; eujcaristiva" : −nou"kai; −kou", ai[n. k. eujc. Mar., Mign. −na;" kai; −ka;", ai[n. k. eujk. prop. Thirlb. −na;" kai; −ka;",toutevstin ai[n. k. eujk. Marc. 7 Ouj : ouj movnon ouj Marc. 8 Aujtou' (= LXX, Dial. 13, 3 ;I Apol. 50, 4) prop. Thirlb., coni. edd. ab Otto (cui accedunt Troll., Mign.) : aujtw'n codd., cett. edd.9 Sunhvsousi edd. (ex LXX et Iustino) : om. codd. 10 Taujta; codd., Troll., edd. ab Otto : tau'ta cett.edd. 11 Peirw'mai : peiravsomai coni. Marc. (ex Dial. 43, 8 ; 45, 1; 56, 4 etc.) 12 jAkroavsei B,edd. : aj/ajkroavsei A.

501

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 118, 1-118, 5

démontré2, d'après l'Écriture, que c'était prédit. J'ai aussi expliqué3 queale Seigneur a juré selon l'ordre de Melchisédech, ainsi que le sens de cette prédiction.J'ai de même déjà dit4 que c'est au Christ qui devait être mis au tombeau, puisressusciter, que se rapporte la prophétie d'Isaïe déclarant : bSon tombeau a étéenlevé du milieu [des hommes]. Et j'ai maintes fois répété que ce Christ enpersonne est cjuge de tous, vivants et morts5. 2 Et Nathan pareillement, parlant delui, adresse à David cet avertissement : (II Rois, 7, 14)Je serai pour lui un père, et luisera pour moi un fils… ; (15)et je ne détournerai pas de lui ma miséricorde, comme je l'aifait à ses ancêtres… (16)Je l'établirai dans ma maison et dans son royaume pour toujours.Quant à dcelui qui commande dans la maison, dont parle Ézéchiel, ce n'est autreque lui. Car il est le prêtre choisi6 et le eroi éternel, le Christ, en tant que Fils deDieu. Et n'allez pas croire que dans sa seconde parousie, Isaïe ou les autresprophètes parlent d'offrir sur l'autel fdes sacrifices sanglants ou des libations7 : ilne s'agit que de glouanges véritables et spirituelles, et d'actions de grâce8.

3 Et ce n'est pas en vain9 qu'en lui nous avons cru ; nous n'avons pas nonplus été trompés par ceux qui nous ont transmis un tel enseignement : c'estau contraire par l'effet de la merveilleuse Providence de Dieu que cela estadvenu, pour que nous, plus que vous qui − à tort − estimez aimer Dieu etêtre hintelligents, soyons trouvés encore plus intelligents10 et pieux, par lavocation11 de il'alliance nouvelle12 et éternelle13, c'est-à-dire du Christ. 4 C'est là cequi émerveillait14 Isaïe, lorsqu'il disait : (Is. 52, 15)…et les rois fermeront la bouche ;car ceux à qui rien n'avait été annoncé sur lui verront, et ceux qui n'avaient pas entenducomprendront. (Is. 53, 1)Seigneur, qui a cru au bruit de nos paroles, et à qui le bras duseigneur a-t-il été découvert15 ?

Dans ce que je viens de dire, Tryphon, ajoutai-je, je m'efforce, autant qu'ilest possible, à l'intention de ceux qui sont venus avec toi aujourd'hui, derépéter les mêmes choses ; je le fais toutefois avec brièveté et avecconcision16.

5 Lui : — Tu fais bien, dit-il. Car même si pour l'essentiel tu répètes lesmêmes choses, sache que moi et mes compagnons, c'est avec plaisir que noust'écoutons.

a Cf. Ps. 109, 4 b cf. Is. 57, 2 c cf. Dan. 7, 26 et Act. 10, 42 ; II Tim. 4, 1 ; I Pierre, 4, 5, etc.d cf. Éz. 44, 3 e cf. II Rois, 7, 16 f cf. Is. 1, 11-13 ; Jér. 7, 22 ; Ps. 49, 13 ; Éz. 45-46g cf. Ps. 49, 14 h cf. Is. 29, 14 ; 5, 21 i cf. Jér. 31, 31 ; 32, 40 ; Is. 55, 3 ; 61, 8 et Hébr. 13, 20.

502

JUSTIN MARTYR

119. 1 − jEgwv te au\ ei\pon : Oi[esqe a]n hJma'" pote, w\ a[ndre", nenohkevnaidunhqh'nai ejn tai'" grafai'" tau'ta, eij mh; qelhvmati tou' qelhvsanto"1 aujta;ejlavbomen cavrin tou' noh'sai _ {Ina gevnhtai2 kai; to; lelegmevnon ejpi;3

Mwsevw"4 : 2 (Deut. 32, 16)Parwvxunavn me ejp! ajllotrivoi", ejn bdeluvgmasin5

aujtw'n ejxepivkranavn me, (17)e[qusan daimonivoi"6 oi|" oujk oi[dasi : kainoi; kai;provsfatoi h{kasin, ou}" oujk h[/deisan oiJ patevre" aujtw'n. (18)Qeo;n to;ngennhvsantav se ejgkatevlipe", kai; ejpelavqou qeou' tou' trevfon-[p. 266 : B]-tov"se. (19)Kai; ei\de kuvrio", kai; ejzhvlwse, kai; parwxuvnqh di! ojrgh;n uiJw'n aujtou'kai; qugatevrwn, (20)kai; ei\pen : jApostrevyw to; provswpovn mou ajp! aujtw'n,kai; deivxw tiv e[stai aujtoi'" ejp! ejscavtwn, o{ti genea; ejxestrammevnh ejstivn,uiJoi; oi|" oujk e[sti pivsti" ejn aujtoi'". (21)Aujtoi; parezhvlwsavn me ejp! ouj qew'/,parwvrgisavn me ejn toi'" eijdwvloi" aujtw'n : kajgw; parazhlwvsw aujtou;" ejp!oujk e[qnei, ejp! e[qnei ajsunevtw/ parorgiw' aujtouv" : (22)o{ti pu'r ejkkevkautai ejktou' qumou' mou, kai; kauqhvsetai e{w" a{/dou7 : katafavgetai th;n gh'n kai; ta;gennhvmata aujth'", [fol. 171 v° : A] flevxei qemevlia ojrevwn. (23)Sunavxw eij"aujtou;" kakav.3 Kai; meta; to; ajnaireqh'nai to;n divkaion ejkei'non hJmei'" lao;" e{tero"

ajneqhvlamen8, kai; ejblasthvsamen stavcue" kainoi; kai; eujqalei'", wJ" e[fasanoiJ profh'tai : Kai; katafeuvxontai e[qnh polla; ejpi; to;n kuvrion ejn ejkeivnh/ th'/hJmevra/ eij" laovn9, kai; kataskhnwvsousin ejn mevsw/ th'" gh'" pavsh". JHmei'" de;ouj movnon laov", ajlla; kai; lao;" a{giov" ejsmen, wJ" ejdeivxamen h[dh. Kai;kalevsousin10 aujto;n lao;n a{gion, lelutrwmevnon uJpo; kurivou.4 Oujkou'n oujk11 eujkatafrovnhto" dh'mov" ejsmen oujde; bavrbaron fu'lon oujde;

oJpoi'a Karw'n h] Frugw'n e[qnh, ajlla; kai; hJma'" ejxelevxato oJ qeov", kai;ejmfanh;" ejgenhvqh toi'" mh; ejperwtw'sin aujtovn. jIdou; qeov"12 eijmi, fhsiv, tw'/e[qnei13, oi} oujk ejpekalevsanto to; o[nomav mou. Tou'to gavr ejstin ejkei'no to;e[qno", o} pavlai tw'/ jAbraa;m oJ qeo;" uJpevsceto, kai; patevra pollw'n ejqnw'nqhvsein ejphggeivlato, oujk jArravbwn14, oujd! Aijguptivwn oujd! jIdoumaivwnlevgwn : ejpei; kai; jIsmah;l megavlou path;r e[qno<u>"15 ejgevneto kai; JHsau',

1 Qelhvsanto" : lalhvsanto" prop. Thirlb., coni. Marc. 2 {Ina gevnhtai : i{na de; fanero;n uJmi'ngevnhtai Marc. 3 jEpi; : uJpo; prop. Sylb., coni. Arch. 4 Mwsevw" : Mwu>sevw" Otto, Mign.,Goodsp. Post Mwsevw" ejrw' : e[sti de; tau'ta add. Marc. 5 Bdeluvgmasin edd. : bdelivgmasin codd.6 Post daimonivoi" legendum kai; ouj Qew'/, qeoi'" Thirlb., Marc. (ex LXX) 7 {Ew" a{/dou : e{w" a{/doukavtw prop. Otto, add. Marc. (ex LXX. ; I Apol. 60, 9) 8 jAneqhvlamen edd. : ajneqavlamen codd.9 Eij" laovn : kai; e[sontai aujtw'/ eij" l. Marc. (ex LXX) kai; e[sontai moi Dial. 115, 1 10 Kai;kalevsousin : kai; ou{tw" levgei JHsai>va" : Kalevsousin prop. Troll. kai; kalevsei LXX 11 Oujkou'noujk : oujkou'n ouj movnon oujk Marc. 12 Qeov" : om. LXX, Dial. 24, 4 et I Apol. 49, 1 13 Fhsiv, tw'/e[qnei : fhmi; tw'/ e[qnei (dico genti) prop. Otto. ei\pa LXX 14 jArravbwn : jAravbwn Mign.15 [Eqnou" edd. : e[qno" codd.

503

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 119, 1-119, 4

Les chrétiens sont le « peuple saint » annoncé par les prophètes,et la « nation nombreuse » promise à Abraham.

119. 1 Je repris :— Croyez-vous, amis, que nous aurions jamais pu comprendre ces choses,

dans les Écritures, si par la volonté de celui qui les a voulues nous n'avionspoint reçu la grâce de comprendre1 ? C'est bien pour qu'advienne aussi ce quiavait été dit au temps de Moïse :

2 (Deut. 32, 16)Ils m'ont contrarié par leurs dieux étrangers, par leurs abominations ilsm'ont exaspéré ; (17)ils ont sacrifié à des démons qu'ils ne connaissaient pas, nouveaux etrécents, ils sont venus, inconnus de leurs pères. (18)Le Dieu qui t'a engendré, tu l'asabandonné, et tu as oublié le Dieu qui t'a nourri. (19)Et le Seigneur l'a vu, et il s'est irrité,et de colère il fut exaspéré contre ses fils et ses filles, (20)et il a dit : « Je détournerai d'euxmon visage, et je montrerai ce qu'il adviendra d'eux à la fin, car c'est une générationdévoyée, des fils en lesquels il n'y a point de foi2. (21)Ils m'ont rendu jaloux par ce qui n'estpas Dieu, et ils m'ont irrité avec leurs idoles. Et moi je les rendrai jaloux par une non-nation3, par une nation privée d'intelligence4, je les irriterai. (22)Car de ma colère un feus'est embrasé, et il brûlera jusqu'au fond de l'Hadès. Il dévorera la terre et ses produits, ilconsumera les assises des monts. (23)J'entasserai sur eux les maux ».

3 Et après que ce ajuste eut été enlevé5, nous avons refleuri en un autrepeuple, et nous avons germé, épis nouveaux et prospères, comme l'ont dit lesprophètes6 : bDe nombreuses nations se réfugieront7 vers le Seigneur, ce jour-là, en unpeuple, et ils dresseront leurs tentes au milieu de la terre entière. Or nous ne sommespas seulement un cpeuple, mais encore un dpeuple saint, comme nous l'avonsdéjà montré8 : eEt ils l'appelleront peuple saint, racheté par le Seigneur.

4 Nous ne sommes donc pas une gent méprisable, une tribu barbare ouquelques nations de Cariens ou de Phrygiens9, mais fDieu nous a choisis, mêmenous, et gs'est manifesté à ceux qui ne le sollicitaient pas. Voici, je suis Dieu, dit-il10,pour la nation, ceux qui n'invoquaient point mon nom. Cette nation, en effet, c'estcelle que Dieu jadis promettait à Abraham, lorsqu'il annonçait qu'il le feraithpère de nations nombreuses : ce n'est ni des Arabes, ni des Égyptiens, ni desIduméens qu'il voulait parler (car Ismaël aussi fut père d'une igrande nation, demême jqu'Ésaü, et il y a de nos jours un grand nombre d'Ammonites). MaisNoé fut le père d'Abraham lui-même, et en définitive de tout le genrehumain, et d'autres encore eurent une autre descendance11.

a Cf. Is. 3, 10 et 57, 1 b Zach. 2, 15 c ibid. d Is. 62, 12 ; cf. Dan. 7, 27 ; I Petr. 2, 9 e Is. 62,12 f cf. Deut. 7, 6 ; 14, 2 g cf. Is. 65, 1 h cf. Gen. 17, 5 i cf. Gen. 21, 18 j cf. Gen. 36, 1-8 ;9-19.

504

JUSTIN MARTYR

kai; jAmmanitw'n1 ejsti [p. 267 : B] nu'n polu; plh'qo". Nw'e de; kai; aujtou'jAbraa;m path;r h\n kai; aJplw'" panto;" ajnqrwvpwn gevnou", a[lloi de; a[llwnprovgonoi.5 Tiv ou\n plevon ejnqavde oJ Cristo;" carivzetai tw'/ jAbraavm _ {Oti2 dia; th'"

oJmoiva" klhvsew" fwnh'/ ejkavlesen aujtovn, eijpw;n ejxelqei'n ajpo; th'" gh'" ejn h|/w[/kei. Kai; hJma'" de; a{panta" di! ejkeivnh" th'" fwnh'" ejkavlese, kai; ejxhvlqomen[fol. 172 r° : A] h[dh ajpo; th'" politeiva", ejn h|/ ejzw'men kata; ta; koina; tw'na[llwn th'" gh'" oijkhtovrwn kakw'" zw'nte" : kai; su;n tw'/ jAbraa;m th;n aJgivanklhronomhvsomen gh'n, eij" to;n ajpevranton aijw'na th;n klhronomivanlhyovmenoi, tevkna tou' jAbraa;m dia; th;n oJmoivan pivstin o[nte". 6 }On ga;rtrovpon ejkei'no" th'/ fwnh'/ tou' qeou' ejpivsteuse kai; ejlogivsqh aujtw'/ eij"dikaiosuvnhn, to;n aujto;n trovpon kai; hJmei'" th'/ fwnh'/ tou' qeou', th'/ diav te3

tw'n ajpostovlwn tou' Cristou' lalhqeivsh/ pavlin kai; th'/ dia; tw'n profhtw'nkhrucqeivsh/ hJmi'n, pisteuvsante" mevcri tou' ajpoqnh/vskein pa'si toi'" ejn tw'/kovsmw/ ajpetaxavmeqa. JOmoiovpiston ou\n to;4 e[qno" kai; qeosebe;" kai;divkaion, eujfrai'non to;n patevra, uJpiscnei'tai aujtw'/, ajll! oujc uJma'", oi|" oujke[sti pivsti" ejn aujtoi'".

120. 1 jOra'te mevntoi wJ" kai; tw'/ jIsaa;k ta; aujta; kai; tw'/ jIakw;buJpiscnei'tai. Ou{tw ga;r levgei tw'/ jIsaavk : Kai; eujloghqhvsontai ejn tw'/spevrmativ sou pavnta ta; e[qnh th'" gh'" : tw'/ de; jIakwvb : Kai; eujloghqhvsontaiejn soi; pa'sai aiJ fulai; th'" gh'" kai; ejn tw'/ spevrmativ sou. Oujkevti tou'to tw'/JHsau' oujde; tw'/ JRoubi;m levgei oujde; a[llw/ tiniv, ajll!5 ejkeivnoi" ejx w|n e[mellene[sesqai kata; th;n oijkonomivan th;n dia; th'" parqevnou Mariva" oJ Cristov".2 [p. 268 : B] Ei[ge de; kai; th;n eujlogivan jIouvda katamavqoi", i[doi" a]n o}

levgw. Merivzetai ga;r to; spevrma ejx jIakwvb, kai; dia; jIouvda kai; Fare;" kai;jIessai; [fol. 172 v° : A] kai; Daui`d katevrcetai. Tau'ta d! h\n suvmbola o{titine;" tou' gevnou" uJmw'n euJreqhvsontai tevkna jAbraavm6, kai; ejn merivdi tou'Cristou' euJriskovmenoi7, a[lloi de; tevkna me;n tou' jAbraa;m, wJ" hJ a[mmo" de;

1 jAmmanitw'n edd. ab Otto : jAmanitw'n codd., cett. edd. 2 Tiv ...tw'/ jAbraavm _ {Oti ...w[/kei. : tiv...tw'/ jAbr., o{ti (Thirlb. praefert o{te) ...w[/kei _ Jebb, Thirlb. tiv ...tw'/ jAbr., o{ti ...w[kei : codd.3 Th'/ diav te : th'/ te dia; prop. Credner (Gesch. d. n. T. Kanon, Ber. 1860, p. 13.124) vel delendumth'/ − kai; (De Librr. N. T. inspiratione..., Ien. 1828, p. 55) 4 To; : ti prop. Orell (Iust. Mart. loc.aliq. sel., p. 35) 5 jAll! (cf. 74, 1 : ajll! eij" to;n patevra) : ajll! h] prop. Thirlb. 6 jAbraavm : tou'jAbr. Marc. 7 EuJriskovmenoi : post tou' jAbraa;m transp. Marc. ejjrrizwmevnoi (ex Sap. Sir., 24, 12 :jErrivzwsa ejn law'/ dedoxasmevnw/, ejn merivdi kurivou klhronomiva" aujtou') prop. Thirlb.

505

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 119, 5-120, 2

5 Qu'est-ce donc que le Christ12 a accordé là de plus à Abraham ? C'est quepar une même vocation, de sa voix13, il l'a convoqué, lui disant ade sortir de laterre où il habitait ; et nous aussi, par cette voix il nous a convoqués, et noussommes sortis, désormais, de la manière de vivre qui était la nôtre, quand,partageant la conduite des autres nations qui habitent la terre, nous vivionsdans le mal. Et avec Abraham, nous hériterons de la Terre sainte, héritageque nous recevrons pour une éternité sans fin, bétant fils d'Abraham par unemême14 foi. 6 De même, en effet, que celui-là ceut foi en la voix de Dieu, et quecela lui fut imputé à justice, de même nous aussi, en la voix de Dieu − celle qui ànouveau nous fut adressée par les apôtres du Christ, et que les prophétiesnous avaient annoncée − nous avons eu foi, allant jusqu'à la mort, et à toutesles choses qui se trouvent au monde nous avons renoncé15. C'est donc d'unenation ayant la même foi, pieuse et juste, et dagréable au Père, qu'il lui fait lapromesse, et non pas de vous, een lesquels il n'y a point de foi.

La promesse d’une descendance universelle à été faite aussi à Isaac et Jacob,de qui le Christ descend par Marie.

C’est au Christ que s’appliquent la bénédiction de Juda et le symbole du martyre d’Isaïe.La double descendance constituée des nations et des juifs convertis au Christ.

120. 1 Considérez cependant comment ces mêmes promesses, il les adresseaussi à Isaac et à Jacob1. C'est ainsi, en effet, qu'il parle à Isaac : fen tadescendance seront bénies toutes les nations de la terre ; et à Jacob : gEn toi seront béniestoutes les tribus de la terre, et en ta descendance. Il n'a plus dit cela ni à Ésaü, ni àRuben, ni à aucun autre, mais à ceux-là seuls dont devait naître le Christ,selon l'économie réalisée par l'intermédiaire de la vierge Marie2.

2 Si tu examinais encore la bénédiction de Juda, tu verrais ce que je dis, carla hdescendance de Jacob se partage3, et se prolonge par Juda, Pharès, Jessé etDavid. C'était là un symbole que quelques-uns de votre race seraient trouvésenfants d'Abraham, se trouvant également dans la ipart4 du Christ, tandis qued'autres, sont bien enfants d'Abraham, mais jainsi que le sable qui est

a Cf. Gen. 12, 1 b cf. Gal. 3, 7 c cf. Gen. 15, 5 ; Gal. 3, 6 d cf. Prov. 10, 1 e cf. Deut. 32, 20f cf. Gen. 26, 4 g cf. Gen. 28, 14 h ibid. i cf. Deut. 32, 9 ; Zach. 2, 12 j cf. Gen. 22, 17.

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JUSTIN MARTYR

hJ ejpi;1 to; cei'lo" th'" qalavssh" o[nte", h{ti" a[gonov" te kai; a[karpo",pollh;2 me;n kai; ajnarivqmhto" uJpavrcousa, oujde;n de; o{lw" karpogonou'sa,ajlla; movnon to; u{dwr th'" qalavssh" pivnousa : o{per kai; to; ejn tw'/ gevneiuJmw'n polu; plh'qo" ejlevgcetai, pikriva" me;n didavgmata kai; ajqeovthto"sumpivnonte", to;n de; tou' qeou' lovgon ajpoptuvonte".3 Fhsi; gou'n kai; ejn tw'/ jIouvda/ : Oujk ejkleivyei a[rcwn ejx jIouvda kai;

hJgouvmeno" ejk tw'n mhrw'n aujtou', e{w" a]n e[lqh/ w|/ ajpovkeitai3 : kai; aujto;"e[stai prosdokiva ejqnw'n. Kai; tou'to o{ti oujk4 eij" jIouvdan ejrrevqh ajll! eij"to;n Cristovn, faivnetai : kai; ga;r jIouvdan pavnte" oiJ ajpo; tw'n ejqnw'n pavntwnouj prosdokw'men, ajlla; jIhsou'n, to;n kai; tou;" patevra" uJmw'n ejx Aijguvptouejxagagovnta. Mevcri ga;r th'" parousiva" tou' Cristou' hJ profhteivaproekhvrussen : {Ew" a]n e[lqh/ w|/ ajpovkeitai : kai; aujto;" e[stai prosdokivaejqnw'n. 4 jElhvluqe toigarou'n, wJ" kai; ejn polloi'" ajpedeivxamen, kai;prosdoka'tai pavlin parevsesqai ejpavnw tw'n nefelw'n jIhsou'", ou| to; o[nomabebhlou'te uJmei'" kai; bebhlou'sqai ejn pavsh/ th'/ gh'/ ejxergavzesqe. Dunato;n de;h\n moi, e[fhn, w\ a[ndre", mavcesqai pro;" [p. 269 : B] uJma'" peri; th'" levxew",h}n [fol. 173 r° : A] uJmei'" ejxhgei'sqe levgonte" eijrh'sqai : {Ew" a]n e[lqh/ ta;ajpokeivmena aujtw'/ : ejpeidh; oujc ou{tw" ejxhghvsanto oiJ eJbdomhvkonta, ajll!{Ew" a]n e[lqh w\/ ajpovkeitai. 5 jEpeidh; de; ta; ajkovlouqa mhnuvei o{ti peri;Cristou' ei[rhtai (ou{tw ga;r e[cousi : Kai; aujto;" e[stai prosdokiva ejqnw'n5),ouj peri; tou' lexeidivou6 suzhth'sai uJmi'n e[rcomai, o{nper trovpon oujde; ajpo;tw'n mh; oJmologoumevnwn uJf! uJmw'n grafw'n, w|n kai; ajnistovrhsa, ajpo; lovgwnJIeremivou tou' profhvtou kai; [Esdra kai; Daui?d, th;n ajpovdeixin th;n peri; tou'Cristou' poihvsasqai ejspouvdasa, ajll! ajpo; tw'n oJmologoumevnwn mevcri nu'nuJf! uJmw'n : a} eij ejnenohvkeisan oiJ didavskaloi uJmw'n, eu\ i[ste o{ti ajfanh'ejpepoihvkeisan, wJ" kai; ta; peri; to;n qavnaton JHsaiv>ou, o}n privoni xulivnw/ejprivsate, musthvrion7 kai; aujto; tou' Cristou', tou' tevmnein uJmw'n to; gevno"dich'/ mevllonto", kai; tou;" me;n ajxivou" su;n toi'" aJgivoi" patriavrcai" kai;profhvtai" th'" aijwnivou basileiva" kataxiou'n mevllonto"8, tou;" de; ejpi; th;nkatadivkhn tou' ajsbevstou puro;" su;n toi'" oJmoivoi"9 ajpeiqevsi kai;ajmetaqevtoi" ajpo; pavntwn tw'n ejqnw'n pevmyein h[dh fhvsanto". 6 (Matth. 8, 11 ; cf.Lc. 13, 28-29) {Hxousi gavr, ei\pen, ajpo; dusmw'n kai; ajnatolw'n, kai;ajnakliqhvsontai10 meta; jAbraa;m kai; jIsaa;k kai; jIakw;b ejn

1 jEpi; : para; LXX 2 Pollh; edd. : polh; codd. 3 |W/ ajpovkeitai Arch., Goodsp. : ta; ajpokeivmenaaujtw'/ codd., cett. edd. 4 Oujk : oujc codd., Steph. 5 {Outw − ejqnw'n in semicirculis edd. 6 Lexeidivou :lexidivou prop. Orell. (Iust. M., loc. aliq. sel., p. 35) 7 Musthvrion : m. o]n Marc. 8 Mevllonto" : del.Marc. (kataxiou'n ...h[dh fhvsanto") 9 JOmoivoi" : oJmoivw" prop. Sylb. 10 jAnakliqhvsontai edd. :−klhq− codd.

507

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 120, 2-120, 6

au bord de la mer, stérile et asans fruit5 ; il est certes abondant et aussiinnombrable, mais totalement inapte à produire du fruit, et il ne boit quel'eau de la mer. C'est ce qu'en votre race le plus grand nombre est convaincude faire : ils boivent ensemble des doctrines d'amertume6 et d'impiété, etrejettent en crachant la parole de Dieu.

3 Aussi est-il dit, à propos de Juda : bIl ne manquera pas de prince à Juda, ni deguide7 issu de ses cuisses, jusqu'à ce que vienne celui à qui c'est réservé8 ; et lui-même seral'attente des nations9. Que cela n'ait pas été dit à propos de Juda, mais à proposdu Christ, c'est évident : car ce n'est pas Juda que nous tous, de toutes lesnations, nous attendons, mais Jésus, lui qui a également cguidé10 vos pères hors del'Égypte. C'est « jusqu'à la parousie du Christ », en effet, que signifiait laprophétie proclamant à l'avance : jusqu'à ce que vienne celui à qui c'est réservé ; etlui-même sera l'attente des nations. 4 Il est donc dvenu, comme en plusieursendroits nous l'avons démontré, et on eattend qu'il paraisse à nouveau, luiJésus, fau-dessus des nuées11, lui dont vous avez gprofané − et travaillez encore àfaire profaner12 −, hen toute la terre13, le nom.

Je pourrais bien, dis-je, amis, vous livrer bataille au sujet de l'expression quevous interprétez comme s'il était dit ijusqu'à ce que viennent les choses qui lui sontréservées. Car ce n'est pas ainsi que les Septante ont traduit, mais : Jusqu'à ce quevienne celui à qui c'est réservé. 5 Mais comme ce qui suit indique qu'il est questiondu Christ (le texte porte en effet : jet lui même sera l'attente des nations), je ne vaispas me mettre à discuter avec vous à propos de ce simple mot : pas plus queje n'ai cherché à établir ma démonstration relative au Christ d'après desÉcritures que vous ne reconnaissez pas, − et que j'ai elles aussi rappelées −c'est-à-dire d'après des passages de Jérémie le prophète, d'Esdras et deDavid14, mais d'après celles qui jusqu'ici encore sont reconnues par vous.

Si vos didascales les avaient comprises, sachez bien qu'ils les auraient faitdisparaître15, comme pour celles qui ont trait à la mort d'Isaïe, lui que vousavez scié avec une scie de bois, autre symbole du Christ16, qui doit scinder endeux votre race, déclarer les uns dignes, en compagnie des saints patriarcheset prophètes, du kroyaume éternel17, ayant dit, quant aux autres, qu'il lesenverrait au châtiment du feu inextinguible18, avec leurs semblables, de toutesles nations, qui n'auront accepté ni de croire ni de se convertir19. 6 (Matth. 8, 11 ;cf. Lc. 13, 28-29)Ils viendront, a-t-il dit, du Levant et de l'Occident, et ils

a Cf. Matth. 13, 22 et Mc. 4, 19 b cf. Gen. 49, 10 c cf. Exod. 13, 9, etc. d cf. Gen. 49, 10e ibid. f cf. Dan. 7, 13 ; Matth. 26, 64 ; Mc. 14, 62 g cf. Mal. 1, 11-12 h cf. Is. 52, 5i cf. Gen. 49, 10 j ibid. k cf. Dan. 7, 27.

508

JUSTIN MARTYR

th'/ basileiva/ tw'n oujranw'n : (12)oiJ de; uiJoi; th'" basileiva" ejkblhqhvsontai eij"to; skovto" to; ejxwvteron [fol. 173 v° : A].Kai; tau'ta, ei\pon1, o{ti2 oujde;n oujdeno;" frontivzw3 h] tou' tajlhqe;" levgein,

levgoimi, oujdevna duswphvsesqai mevllwn, ka]n4 devh/ parautivka uJf! uJmw'nmelisqh'nai. Oujde; ga;r ajpo; tou' gevnou" tou' ejmou', levgw de; tw'n Sa-[p. 270 :B]-marevwn, tino;" frontivda poiouvmeno", ejggravfw" Kaivsari prosomilw'n,ei\pon plana'sqai aujtou;" peiqomevnou" tw'/ ejn tw'/ gevnei aujtw'n mavgw/ Sivmwni,o}n qeo;n uJperavnw5 pavsh" ajrch'" kai; ejxousiva" kai; dunavmew" ei\nai levgousi.

121. 1 Kai; hJsucivan ajgovntwn aujtw'n <ejp>evferon6 : Dia;7 Daui`d peri; touvtoulevgwn tou' Cristou', w\ fivloi, oujkevti ejn tw'/ spevrmati aujtou' ei\peneujloghqhvsesqai ta; e[qnh, ajlla; ejn aujtw'/.Ou{tw de;8 ejkei' ejsti : To; o[noma9 aujtou' eij" to;n aijw'na, uJpe;r10 to;n h{lion

ajnatelei' : kai; ejneuloghqhvsontai ejn aujtw'/ pavnta ta; e[qnh11. Eij de; ejn tw'/Cristw'/ eujlogei'tai ta; e[qnh pavnta, kai; ejk pavntwn tw'n ejqnw'n ejpi; tou'tonpisteuvomen, kai; aujtov" ejstin oJ Cristov", kai; hJmei'" oiJ di! aujtou'eujloghmevnoi.2 To;n me;n h{lion oJ qeo;" ejdedwvkei provteron12 eij" to; proskunei'n aujtovn, wJ"

gevgraptai, kai; oujdevna oujdevpote ijdei'n e[stin uJpomeivnanta dia; th;n pro;"to;n h{lion pivstin ajpoqanei'n : dia; de; to; o[noma tou' jIhsou' ejk panto;"gevnou" ajnqrwvpwn kai; uJpomeivnanta" kai; uJpomevnonta" pavnta pavscein uJpe;rtou' mh; ajrnhvsasqai aujto;n ijdei'n e[sti. Purwdevstero" ga;r aujtou' oJ th'"ajlhqeiva" kai; sofiva" lovgo" kai; fwteinov-[fol. 174 r° : A]-tero" ma'llon tw'nhJlivou dunavmewvn ejsti, kai; eij" ta; bavqh th'" kardiva" kai; tou' nou' eijsduvnwn.{Oqen kai; oJ Lovgo" e[fh : JUpe;r to;n h{lion ajnatelei' to; o[noma aujtou'. Kai;pavlin jAnatolh; o[noma aujtou' Zacariva" fhsiv. Kai; peri; tou' aujtou' levgwnei\pen, o{ti [Oyontai13 fulh; kata; fulhvn.

1 Ei\pon prop. Périon, Lange : ei\pen codd., Steph., Jebb, Thirlb. eijpw;n prop. Sylb. 2 {Oti : e[tiprop. Sylb., a{te Thirlb. wJ" coni. Marc. 3 Frontivzw prop. Thirlb., coni. Otto, Arch., Goodsp. :frontivzwn codd., cett. edd. 4 Ka]n : ka]n me Marc. 5 JUperavnw edd. ab Otto : uJpe;r a[nw codd.,Steph., Mar., Mign. 6 jEpevferon prop. Sylb., coni. edd. ab Otto (ex Dial. 56, 22 ; 59, 1.3 ; 66, 4 ;69, 1 ; 126, 6 ; 130, 1) : e[feron codd., cett. edd. 7 Dia; Daui`d : Dio; D. prop. Pearson supplehJ grafhv Mar., Reith, vel oJ Lovgo" Troll., vel oJ Qeov" Thirlb., Otto oJ qeo;" add. Marc. 8 De; : ga;rconi. Marc. 9 To; o[noma : e[stai addendum pro t. o[n. Otto, add. Marc. (ex Dial. 34, 6) e[stw LXX10 Eij" to;n aijw'na, uJpe;r : eij" to;n aijw'na uJpe;r Mar., Mign. 11 Pavnta ta; e[qnh : pa'sai; aiJ fulai;th'" gh'" LXX, Dial. 34, 6 12 Provteron : pr. toi'" e[qnesi Marc. (ex LXX ; Dial. 55, 1)13 [Oyontai codd., Steph., Jebb, Thirlb. : kovyontai prop. Périon, Lange, coni. Mar., Mign., edd. abOtto (ex loc. cit. ; Dial. 32, 2).

509

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 120, 6-121, 2

prendront part au festin, avec Abraham, Isaac, et Jacob20, dans le royaume des cieux,(12)tandis que les fils du royaume seront rejetés dans les ténèbres du dehors.

Et cela, ajoutai-je, comme je ne me soucie de rien d'autre que de dire lavérité21, je l'affirmerais, sans redouter personne, quand même je devrais, surle champ, être par vous mis en pièces. Car je n'ai pas non plus eu souci dequiconque de ma race22 − c'est-à-dire des Samaritains − lorsque je m'adressaipar écrit à César23, pour lui dire qu'ils étaient trompés en croyant à Simon,mage en leur race, qu'ils affirment être Dieu, aau-dessus de toute Principauté, detoute Autorité et de toute Puissance24.

La foi universelle en Jésus « lumière des nations » atteste qu’il est le Christ.

121. 1 Comme ils restaient sans réaction, j'ajoutai : (le Verbe), parlant de ceChrist par l'intermédiaire de David, amis, n'a plus dit que les nations seraientbénies ben sa descendance1, mais cen lui.

Voici le passage : dSon nom est pour l'éternité, au-dessus du soleil il s'élèvera ; en luiseront bénies toutes les nations2. Or si dans le Christ il bénit toutes les nations, commede toutes les nations nous croyons en lui, c'est lui qui est le Christ, et nous-mêmes ceux qui par son intermédiaire sont bénis.

2 Le soleil, Dieu el'avait tout d'abord donné à adorer3, ainsi qu'il est écrit ; orjamais on n'a pu voir personne endurer de mourir pour la foi au soleil. Pour lenom du Christ4 au contraire, de toutes races d'hommes, on en peut voir quiont enduré et endurent5 de tout subir plutôt que de le renier. Car il est plusardent6, son fVerbe de vérité et de sagesse7, plus lumineux8 encore que lespuissances9 du soleil, et il gpénètre jusque dans les profondeurs du cœur et del'esprit. Voilà pourquoi le Verbe a dit : hAu-dessus du soleil s'élèvera son nom ; etZacharie dit encore : iLevant est son nom ; et c'est en parlant du même qu'il adéclaré qu'ils jverraient, tribu par tribu10.

a Éphés 1, 21 b cf. Gen. 28, 14 et 26, 4 c cf. Ps. 71, 17 d ibid. e cf. Deut. 4, 19 f cf. Éphés.1, 13 ; Col. 1, 5 ; II Tim. 2, 15 ; Jacq. 1, 18 g cf. Hébr. 4, 12 ? h Ps. 71, 17 i Zach. 6, 12j cf. Zach. 12, 10.12 ; Is. 52, 10.15.

510

JUSTIN MARTYR

3 Eij de;1 ejn th'/ ajtivmw/ kai; ajeidei' kai; ejxouqenhmevnh/ prwvth/ parousiva/aujtou' tosou'ton e[lamye kai; i[scusen, wJ" ejn mhdeni; gevnei ajgnoei's-[p 271 :B]-qai aujto;n kai; ajpo; panto;"2 metavnoian pepoih'sqai ajpo; th'" palaia'"kakh'" eJkavstou gevnou" politeiva", w{" te3 kai; ta; daimovnia uJpotavssesqaiaujtou' tw'/ ojnovmati kai; pavsa" ta;" ajrca;" kai; ta;" basileiva" touvtou to;o[noma para; pavnta" tou;" ajpoqanovnta" dedoikevnai, oujk4 ejk panto;" trovpouejn th'/ ejndovxw/ aujtou' parousiva/ kataluvsei pavnta" tou;" mishvsanta" aujto;nkai; tou;" aujtou' ajdivkw"5 ajpostavnta", tou;" de; ijdivou" ajnapauvsei, ajpodidou;"aujtoi'" ta; prosdokwvmena pavnta _4 JHmi'n ou\n ejdovqh kai; ajkou'sai kai; sunei'nai6 kai; swqh'nai dia; touvtou tou'

Cristou' kai; ta; tou' patro;" ejpignw'nai pavnta. Dia; tou'to e[lege pro;"aujtovn : Mevga soiv ejsti tou' klhqh'naiv se pai'dav mou, tou' sth'sai ta;" fula;"tou' jIakw;b kai; ta;" diaspora;" tou' jIsrah;l ejpistrevyai. Tevqeikav se eij"fw'" ejqnw'n, tou' ei\naiv se eij" swthrivan aujtw'n e{w" ejscavtou th'" gh'".

122. 1 Tau'ta uJmei'" me;n eij" to;n ghovran7 kai; tou;" proshluvtou"8

[fol. 174 v° : A] eijrh'sqai nomivzete, tw'/ o[nti de; eij" hJma'" eij[rhtai tou;" dia;jIhsou' pefwtismevnou". \H9 ga;r a]n kajkeivnoi" ejmartuvrei oJ Cristov" : nu'n de;diplovteron10 uiJoi; geevnnh", wJ" aujto;" ei\pe, givnontai11. Ouj pro;" ejkeivnou"ou\n oujde; ta; dia; tw'n profhtw'n eijrhmevna levlektai, ajlla; pro;" hJma'", peri;w|n oJ Lovgo" levgei : (cf. Is. 42, 16) [Axw ejn oJdw'/ tuflou;" h}n oujk e[gnwsan, kai;trivbou" ou}" oujk h[/deisan pathvsousi. (cf. Is. 43, 10)Kajgw; mavrtu", levgei kuvrio"oJ qeov", kai; oJ pai'" mou o}n ejxelexavmhn.2 Tivsin ou\n marturei' oj Cristov" _ Dh'lon wJ" toi'" pepisteukovsin. OiJ de;

proshvlutoi ouj movnon ouj pisteuvousin, ajlla; diplovteron uJmw'n blasfhmou'sineij" to; o[noma aujtou', kai; hJma'" tou;" eij" ejkei'non pisteuvonta" kai; foneuveinkai; aijkivzein bouvlontai : kata; pavnta ga;r uJmi'n ejxomoiou'sqai speuvdousi.3 Kai; pavlin ejn a[lloi" boa'/ : (Is. 42, 6) jEgw; kuvrio"12 ejkavlesav se th'/

1 De; : ga;r prop. Thirlb., coni. Marc. 2 jApo; panto;" : uJpo; p. prop. Nolte ejk p. (ex Dial. 1, 2 ;27, 5 ; 41, 4 ; 46, 2 ; 47, 3 ; 48, 3 ; 49, 1 ; 56, 14 ; 65, 2 ; 67, 11), vel pavntw", vel tou;" ajpo; panto;"gevnou" prop. Otto ejk p. coni. Marc. 3 {W" te prop. Thirlb., coni. Marc. : w{ste cett. edd. 4 Oujkprop. Thirlb., coni. Otto, Troll., Arch., Goodsp. : pw'" oujk prop. Thirlb., coni. Marc. ou}" codd.,cett. edd. 5 jAdivkw" : ante mishvsanta" transp. Thirlb., Marc. (ex I Apol. 1, 1 ; 4, 5 ; 14, 3 ; 20, 3 ;45, 6) 6 Sunei'nai : sunievnai prop. Pearson 7 Ghovran (gh ov ran cum lineola superscripta codd.) :ghwvran vel geiwvran prop. Otto, tou;" geiwvra" Galland 8 Kai; − proshluvtou" : fortasse glossemaOtto 9 \H edd. a Mar. (cf. 140, 3) : h] codd., cett. edd. 10 Diplovteron : d. uJmw'n Marc. (ex Mt. 23,15 et Dial. 122, 2) 11 Givnontai (vel levgontai) prop. Thirlb., coni. Marc. : givnesqe codd., cett. edd.givnesqai poiei'te prop. Steph. (in edit. Ep. ad Diogn., p. 88) 12 Kuvrio" : k. oJ qeov" Marc. (exLXX ; Dial. 26, 2 ; 65, 4).

511

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 121, 3-122, 3

3 Si dans sa première parousie11 − qui fut asans honneur, bsans apparence, etcobjet de mépris − il a montré tant d'éclat et de force12 qu'en aucune race il nedemeure inconnu, et que l'on y fait sans réserve pénitence de la mauvaiseconduite autrefois propre à chaque race, que d'autre part13 dmême les démonssont soumis à son nom14, et les ePrincipautés comme les Royautés redoutent toutesson nom15 plus encore que tous les morts, ne va-t-il pas, en sa parousieglorieuse, détruire entièrement tous ceux qui l'ont fhaï16, ainsi que ceux quiinjustement se sont détournés de lui, et donner le repos17 à ceux qui sont lessiens, leur ayant accordé tout ce qu'ils gattendaient ?

4 Il nous a donc été donné d'entendre, de comprendre, et d'être sauvés18

par ce Christ, het d'apprendre à connaître toutes les choses du Père. Voilàpourquoi il lui a dit : iC'est pour toi une grande chose d'être appelé mon serviteur,d'établir les tribus de Jacob, et de ramener19 les dispersés d'Israël. Je t'ai établi lumière desnations, afin que tu deviennes leur Salut jusqu'à l'extrémité de la terre.

La « lumière des nations » n’est pas la Loi, adoptée par les prosélytes,mais le Christ dont les nations sont l’« héritage ».

122. 1 Vous croyez, vous, que ces paroles se rapportent au géoras et auxprosélytes1, alors qu'en réalité elles ont été dites de nous, qui avons étéjilluminés par l'intermédiaire de Jésus ; car (s'il en était autrement), le Christaurait assurément ktémoigné pour eux aussi. Au contraire, c'est ldeux fois plus2,comme il l'a dit lui-même, qu'ils sont devenus fils de la Géhenne3. Ce n'est doncpoint sur eux qu'ont été prononcées ces paroles des prophètes, mais surnous, dont le Verbe dit : (cf. Is. 42, 16)Je pousserai des aveugles sur une route qu'ils neconnaissaient pas, et ils fouleront aux pieds des sentiers qu'ils ignoraient ; (cf. Is. 43, 10)Etmoi je suis témoin, dit le Seigneur Dieu, avec mon serviteur que j'ai choisi4.

2 Pour qui donc le Christ mtémoigne-t-il ? Il est clair que c'est pour ceux quinauront cru. Or les prosélytes non seulement ne croient pas, mais odeux foisplus que vous ils pblasphèment contre son nom5, et nous qui croyons en lui, ilsveulent nous mettre à mort et nous tourmenter : en tout point ils s'efforcentde vous ressembler. 3 Ailleurs encore, il s'écrie : (Is. 42, 6)Moi, le Seigneur, je t'aiappelé par la justice, je te prendrai par la main et te fortifierai, et je t'établirai alliance de

a Cf. Is. 53, 3 b ibid., 2 c cf. Ps. 21, 7 d cf. Lc. 10, 17 e cf. I. Cor. 15, 24 ; Éphés. 1, 21 ; 3,10 ; Col. 1, 16 ; 2, 15 f cf. Deut. 32, 43 ? Prov. 8, 36 ? g cf. Gen. 49, 10 h cf. Jn. 14, 7 ?i Is. 49, 6 j cf. Is. 49, 6 k cf. Is. 43, 10 l cf. Matth. 23, 15 m cf. Is. 43, 10 n cf. Is. 43, 10 ?o cf. Matth. 23, 15 p cf. Is. 52, 5.

512

JUSTIN MARTYR

dikaiosuvnh/, kai; krathvsw th'" ceirov" sou kai;1 ijscuvsw se, [p. 272 : B] kai;qhvsw se eij" diaqhvkhn gevnou", eij" fw'" ejqnw'n, (7)ajnoi'xai ojfqalmou;" tuflw'n,ejxagagei'n ejk desmw'n2 pepedhmevnou". jEpei; kai; tau'ta, w\ a[ndre", pro;" to;nCristo;n kai; peri; tw'n ejqnw'n tw'n pefwtismevnwn ei[rhtai. ]H pavlin uJmei'"ejrei'te : Pro;" to;n novmon levgei kai; tou;" proshluvtou" tau'ta _4 − Kai; w{sper ejn qeavtrw/ ajnevkragovn tine" tw'n th'/ deutevra/ ajfigmevnwn :

jAlla; tiv _ Ouj pro;" to;n novmon levgei kai; tou;" fwtizomevnou" uJp! aujtou' _Ou|toi dev eijsin oiJ proshvlutoi.5 [fol. 175 r° : A] − Ou[k, e[fhn, ajpidw;n pro;" to;n Truvfwna. jEpei; eij novmo"

ei\ce to; fwtivzein ta; e[qnh kai; tou;" e[conta" aujtovn, tiv" creiva kainh'"diaqhvkh" _ jEpei; de;3 kainh;n diaqhvkhn kai; novmon aijwvnion kai; provstagma oJqeo;" proekhvrusse pevmyein, oujci; to;n palaio;n novmon ajkousovmeqa kai; tou;"proshluvtou" aujtou', ajlla; to;n Cristo;n kai; tou;" proshluvtou"4 aujtou', hJma'"5

ta; e[qnh, ou}" ejfwvtisen, w{" pouv fhsin : Ou{tw levgei kuvrio" : Kairw'/ dektw'/ejphvkousav sou, kai; ejn hJmevra/ swthriva" ejbohvqhsav soi, kai; e[dwkav se eij"diaqhvkhn ejqnw'n, tou' katasth'sai th;n gh'n kai; klhronomivan klhronomh'saiejrhvmou".6 Tiv" ou\n hJ klhronomiva tou' Cristou' _ Oujci; ta; e[qnh _ Tiv" hJ diaqhvkh tou'

qeou' _ Oujc oJ Cristov" _ JW" kai; ajllacou' fhsin : (Ps. 2, 7)UiJov" mou ei\ suv,ejgw; shvmeron gegevnnhkav se : (8)ai[thsai par! ejmou', kai; dwvsw soi e[qnh th;nklhronomivan sou, kai; th;n katavscesivn sou ta; pevrata th'" gh'".

123. 1 JW" ou\n pavnta tau'ta ei[rhtai pro;" to;n Cristo;n kai; ta; e[qnh, ou{tw"kajkei'na eijrh'sqai nomivzete. Oujde;n ga;r crhv/zousin oiJ proshvlutoi diaqhvkh"< kainh'" >6, eij, eJno;" kai; tou' aujtou' pa'si toi'" peritemnomevnoi" keimevnounovmou, peri; ejkeivnwn ou{tw" hJ gra-[p. 273 : B]-fh; levgei : Kai; prosteqhvsetaikai; oJ ghovra" pro;" aujtouv", kai; prosteqhvsetai pro;" to;n oi\kon jIakwvb. Kai;o{ti7 me;n proshvluto" oJ8 peritemnovmeno" eij" < to; > tw'/

1 Kai; : om. Mar. kai; ejniscuvsw LXX 2 Desmw'n edd. (ex LXX) : dusmw'n codd. 3 jEpei; de; prop.Thirlb., Mar., coni. edd. ab Otto (cf. 113, 3) : ejpeidh; codd., cett. edd. 4 Proshluvtou" B, edd. :proshlhvtou" A 5 JHma'" : toutevstin hJma'" Marc. 6 Kainh'" addidi : diaq. ejqnw'n Marc.om. codd., cett. edd. 7 {Oti : e[ti prop. Thirlb., coni. Marc. 8 JO : ante proshvluto" transp. Marc.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 122, 3-123, 1

la race, lumière des nations, (7)pour ouvrir les yeux des aveugles, pour délivrer de leurs liensles enchaînés…6 Car ces paroles aussi, amis, se rapportent au Christ7 et auxnations qui ont reçu la lumière. Ou bien affirmerez-vous encore : « C'est de laLoi qu'il parle, et des prosélytes, en prononçant ces mots » ?

4 Alors, comme au théâtre, quelques-uns parmi ceux qui étaient venus lesecond jour s'écriaient à haute voix :

— Mais quoi ? Ne parle-t-il pas de la Loi et de ceux qui ont été ailluminés parelle ? Les voilà les prosélytes !

5 — Non point, dis-je, en me retournant vers Tryphon. Car si la Loipouvait billuminer les nations et ceux qui la possèdent, quel besoin aurait-ond'une calliance nouvelle8 ? Puisque Dieu a par avance proclamé qu'il enverraitune alliance nouvelle, une Loi éternelle9, ainsi qu'une dordonnance10, ce n'est pasel'ancienne Loi11, que nous entendrons là, ni ses prosélytes, mais le Christ et sesprosélytes, nous autres − les nations − qu'il a illuminés, comme il dit quelquepart : fAinsi parle le Seigneur : « Au temps favorable, je t'ai exaucé, et au jour du Salutje t'ai secouru, et je t'ai établi alliance des nations, pour fonder le pays et prendre enhéritage des endroits déserts »12.

6 Quel est donc gl'héritage du Christ ? Ne sont-ce point les nations13 ? Qu'est-ce que hl'alliance de Dieu ? N'est-ce pas le Christ ? Selon qu'il dit ailleursencore : (Ps. 2, 7)Tu es mon fils ; moi, aujourd'hui, je t'ai engendré ; (8)demande-moi, et jete donnerai les nations pour héritage, et pour ta possession les confins de la terre.

L’interprétation juive de l’expression « lumière des nations » est absurde.Les chrétiens sont, par le Christ, le véritable Israël.

123. 1 De même, donc, que toutes ces choses sont dites en vue du Christ etdes nations, de même devez-vous considérer que les autres1 elles aussi l'ontété. Les prosélytes, en effet, n'ont aucunement besoin d'alliance nouvellepuisque, une seule et même Loi s'imposant à tous les circoncis, l'Écriture dità leur sujet : iLe Géoras sera aussi adjoint à eux, et il sera adjoint à la maison de Jacob.jLe prosélyte qui s'est fait circoncire pour se rapprocher du peuple est comme unautochtone2, tandis que nous, qui avons été jugés dignes d'être appelés« peuple », nous sommes également une « nation », du fait de notreincirconcision3.

a Cf. Is. 42, 6 b ibid. c cf. Jér. 31, 31 d cf. Ps. 2, 7 ? e cf. II Cor. 3, 14 ? f Is. 49, 8 g ibid.h ibid. i Is. 14, 1 j cf. Lév. 19, 34 ; Exod. 12, 48.

514

JUSTIN MARTYR

law'/1 proskecwrhkevnai ejsti;n wJ" aujtovcqwn, hJmei'" dev, lao;" [fol. 175 v° : A]keklh'sqai hjxiwmevnoi oJmoivw"2 e[qno"3 ejsme;n dia; to; ajperivtmhtoi ei\nai.2 Pro;" de; kai; geloi'ovn ejstin4 hJgei'sqai uJma'" tw'n me;n proshluvtwn aujtw'n5

ajnew'/cqai ta; o[mmata, uJmw'n de; ou[, kai; uJma'"6 me;n ajkouvein tuflou;" kai;kwfouv", ejkeivnou" de; pefwtismevnou". Kai; e[ti7 geloiovteron ajpobhvsetaiuJmi'n to; pra'gma, eij to;n8 novmon toi'" e[qnesi dedovsqai fhvsete, uJmei'" < de; >9

oujk10 ejkei'non to;n novmon e[gnwte11. 3 Hujlabei'sqe12 ga;r a]n th;n tou' qeou'ojrghvn, kai; uiJoi; a[nomoi kai; rJembeuvonte" oujk a]n h\te, duswpouvmenoi ajkouveineJkavstote levgonto" aujtou' : UiJoiv, oi|" oujk e[sti pivsti" ejn aujtoi'" : kaiv : (Is.42, 19)Tiv" tuflo;" ajll! h] oiJ pai'dev" mou, kai; kwfo;" ajll! h] oiJ kurieuvonte"aujtw'n _ Kai; ejtuflwvqhsan oiJ dou'loi tou' qeou'. (20)Ei[dete13 pollavki", kai;oujk ejfulavxasqe : ajnew/gmevna ta; w\ta uJmw'n, kai; oujk hjkouvsate _4 ]H14 kalo;" uJmw'n oJ e[paino" tou' qeou', kai; qeou' marturiva douvloi"15

prevpousa _ Oujk aijscuvnete pollavki" taujta;16 ajkouvonte", oujd!17 ajpeilou'nto"tou' qeou' frivssete, ajll! h\ lao;" mwro;" kai; sklhrokavrdiov"18 ejste. Dia;tou'to ijdou; prosqhvsw tou' metaqei'nai19 to;n lao;n tou'ton, levgei kuvrio", kai;metaqhvsw aujtouv", kai; ajpolw'20 th;n sofivan tw'n sofw'n kai; th;n suvnesin tw'nsunetw'n kruvyw. Eujlovgw". Ouj ga;r sofoiv ejste oujde; sunetoiv, ajlla; drimei'"kai; panou'rgoi : sofoi; eij" to; kakopoih'sai movnon, gnw'nai de; boulh;n [fol.176 r° : A] qeou' kekrummevnhn [p. 274 : B] h] diaqhvkhn kurivou pisth;n h]trivbou" aijwnivou" euJrei'n ajduvnatoi21.

1 Eij" to; tw'/ law'/ edd. ab Otto : eij" tw'/ law'/ Mar., Mign. ejn tw'/ (vel ejn tw'/ tw'/) law'/ prop. Thirlb. eijp. corr. (eij" a. corr.) tw'/ kalw'/ A eij" tw'/ kalw'/ in textu (eij" tw'/ law'/ in marg.2 ) B eij tw'/ law'/...proskecwrhkevnai Steph., Jebb, Thirlb. eij tw'/ law'/ proskecwvrhken Sylb., Mor. 2 JOmoivw" :o{mw" prop. Lange 3 [Eqno" : e[qnh prop. Thirlb., coni. Marc. 4 jEstin : e[stai coni. Marc.(ex ajpobhvsetai et fhvsete) 5 Aujtw'n : post uJmw'n de; transp. Marc. 6 JUmw'n ...uJma'" Lange, Troll.,Mign., Otto, Arch., Goodsp. : hJmw'n ...hJma'" codd., cett. edd. 7 [Eti prop. Thirlb., Mar., coni. edd.ab Otto : o{ti codd., cett. edd. 8 To;n : to;n me;n Marc. 9 De; add. Thirlb., edd. ab Otto : om. codd.,cett. edd. 10 Oujk Otto, Arch., Goodsp. : ou[te codd., cett. edd. (de; ou[te Marc.) 11 Post e[gnwtelacunam indicavit Marc. (= ou[te tou' qeou' hjkouvsate) 12 Ante hujlabei'sqe iterum lacunam indicavitMarc. (= jAlla; eJautou;" ajpata'te) 13 Ei[dete prop. Thirlb., Mar., coni. edd. ab Otto, Troll.(ex LXX) : eij dev ge codd., cett. edd. 14 ]H prop. Thirlb., coni. edd. ab Otto (cf. 122, 3 : ]H pavlinuJmei'" ejrei'te...) h\ prop. Troll. eij codd., cett. edd. 15 Qeou' marturiva douvloi" : marturiva douvloi"qeou' prop. Thirlb. marturiva qeou' douvloi" transp. Marc. 16 Taujta; edd. ab Otto : tau'ta codd., cett.edd. 17 Oujde; : oujd! Otto, Arch. 18 Sklhrokavrdio" : ajkavrdio" prop. Thirlb. (ex Ierem. 5, 21),19 Metaqei'nai edd. : metaqh'nai codd. metateqh'nai LXX 20 jApolw' (= LXX, NT) : ajfelw' Dial.32, 5 ; 78, 11 21 jAduvnatoi : ajsuvnetoi prop. Thirlb.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 123, 2-123, 4

2 Il est du reste ridicule de votre part de penser que les ayeux des prosélyteseux-mêmes ont été ouverts4, et les vôtres non, d'entendre parler de vouscomme de gens baveugles et csourds, et d'eux comme s'ils avaient été dilluminés5.Et la chose serait plus ridicule encore pour vous si vous prétendiez que la Loia été donnée aux nations, tandis que vous, cette Loi, vous ne l'auriez pasconnue6. 3 Car vous auriez alors7 à craindre la ecolère de Dieu8, et ne seriez-vous pas ces ffils sans loi9 et égarés10, troublés de l'entendre sans cesse vousdire : gFils en lesquels il n'y a point de foi ! et (Is. 42, 19)Qui est aveugle, sinon mesenfants, et sourd sinon ceux qui les gouvernent ? Ils ont été aveuglés, les serviteurs de Dieu.(20)Vous saviez, souvent, et n'avez point pris garde ; elles étaient ouvertes, vos oreilles, etvous n'avez pas entendu.

4 Est-elle belle la louange qui vous vient de Dieu ? Et de la part de Dieu,est-ce là htémoignage11 pour des iserviteurs ? Vous ne rougissez pas, en entendantsi souvent ces mêmes reproches, et lorsque Dieu menace, vous ne frémissezpoint : vous êtes assurément un jpeuple insensé, et au cœur endurci12. kC’estpourquoi, voici : je renouvellerai le transfert de ce peuple, dit le Seigneur, je les transférerai,j'enlèverai leur sagesse aux sages, et ferai disparaître l'intelligence des intelligents13. C'estbien à juste titre. Car vous n'êtes ni sages, ni intelligents, mais acerbes etfourbes : lSages uniquement pour commettre le mal, mais incapables de connaître lavolonté cachée14 de Dieu, la mfidèle alliance15 du Seigneur, ou encore detrouver les nsentiers éternels.

a Cf. Is. 42, 7 b Is. 42, 7.16.19 c cf. Is. 42, 19 d cf. Is. 49, 6 e cf. Is. 42, 25 ; 57, 16 ?f cf. Is. 57, 3 g Deut. 32, 20 h cf. Is. 43, 10 i cf. Is. 42, 19 j cf. Jér. 5, 21 k Is. 29, 14 ;cf Cor. 1, 19 l cf. Jér. 4, 22 m cf. Is. 55, 3 n cf. Jér. 6, 16.

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JUSTIN MARTYR

5 Toigarou'n : jEgerw'1, fhsiv2, tw'/ jIsrah;l kai; tw'/ jIouvda spevrmaajnqrwvpwn kai; spevrma kthnw'n. Kai; dia; JHsai?ou peri; a[llou jIsrah;l ou{twfhsiv : (Is. 19, 24)Th'/ hJmevra/ ejkeivnh/ e[stai trivto" jIsrah;l3 ejn toi'" jAssurivoi"kai; Aijguptivoi", eujloghmevno" ejn th'/ gh'/, (25)h}n eujlovghse kuvrio" Sabaw;qlevgwn : Eujloghmevno" e[stai oJ laov" mou4 oJ ejn Aijguvptw/ kai; oJ ejnjAssurivoi", kai; hJ klhronomiva mou jIsrahvl. 6 Eujlogou'nto" ou\n tou' qeou' kai;jIsrah;l tou'ton to;n lao;n kalou'nto" kai; klhronomivan aujtou' bow'nto" ei\nai,pw'" ouj metanoei'te ejpiv te tw'/ eJautou;" ajpata'n, wJ" movnoi jIsrah;l o[nte", kai;ejpi; tw'/ katara'sqai to;n eujloghmevnon tou' qeou' laovn _ Kai; ga;r o{te pro;"th;n JIerousalh;m kai; ta;" pevrix aujth'" e[lege cwvra", ou{tw pavlin ejpei'pe :Kai; gennhvsw ejf! uJma'" ajnqrwvpou", to;n laovn mou jIsrahvl, kai;klhronomhvsousin uJma'" kai; e[sesqe aujtoi'" eij" katavscesin, kai; ouj mh;prosteqh'te e[ti ajteknwqh'nai ajp! aujtw'n.7 − Tiv ou\n _ fhsi;n oJ Truvfwn. JUmei'" jIsrahvl ejste, kai; peri; uJmw'n levgei

tau'ta _− Eij mevn, e[fhn aujtw'/, mh; peri; touvtwn kai;5 polu;n lovgon pepoihvmeqa, ka]n

ajmfevbalon mhv ti ouj sunivwn6 tou'to ejrwta'/" : ejpeidh; de; kai; meta;ajpodeivxew" kai; sugkataqevsew" kai; tou'to sunhgavgomen to; zhvthma, oujnomivzw se ajgnoei'n me;n ta; proeirhmevna oujde; pavlin fileristei'n, [fol. 176 v°:A] ajlla; prokalei'sqaiv me kai; touvtoi" th;n aujth;n ajpovdeixin poihvsasqai.8 Kai; aujtou'7 dia; tw'n ojfqalmw'n neuvmati suntiqemevnou : Pavlin, e[legon

ejgwv, ejn tw'/ JHsai?a/8, wjsi;n ajkouvonte" eij a[ra ajkouvete, peri; tou' Cristou'levgwn oJ qeo;" ejn parabolh'/ jIakw;b aujto;n kalei' kai; [p. 275 : B] jIsrahvl.Ou{tw < de; >9 levgei : (Is. 42, 1 ; cf. Matth. 12, 18-21) jIakw;b oJ pai'" mou,ajntilhvyomai aujtou' : jIsrah;l ejklektov"10 mou11, qhvsw to; pneu'mav mou ejp!aujtovn, kai; krivsin toi'" e[qnesin ejxoivsei. (2)Oujk ejrivsei ou[te kravxei, ou[teajkouvsetaiv ti" ejn tai'" plateivai" th;n fwnh;n aujtou' : (3)kavlamonsuntetrimmevnon ouj kateavxei kai; livnon tufovmenon ouj mh; sbevsei, ajlla; eij"ajlhvqeian ejxoivsei krivsin, ajnalhvyei12 (4)kai; ouj mh; qrausqhvsetai, e{w" a]n

1 Toigarou'n : jEgerw' edd. ab Otto, Troll. (sperw' ex LXX et Dial. 136, 2 Marc.) : toigarou'nejgerw' (= itaque excitabo) codd., cett. edd. 2 Fhsiv : fhsi; kuvrio" Marc. (ex LXX) 3 Trivto" jIsrah;l :jIsrah;l trivto" LXX 4 Mou : −ou ex corr. A 5 Peri; touvtwn kai; : kai; peri; touvtwn transp. Marc.6 Sunivwn Goodsp., Marc. : suniw'n Otto, Troll., Arch. suniw;n codd., cett. edd. (cf. 27, 3) 7 Aujtou'(vel aujtou' tw'/) prop. Otto, coni. Marc. (cf. 68, 4 : uJmw'n ...suntiqemevnwn) : tw'/ codd., cett. edd.8 JHsai>va/ : JHsai>va A 9 De; add. Otto, Arch., Marc. (ex Iustino) : om. codd., cett. edd.10 jEklektov" edd., oJ ejkl. Marc. (ex LXX ; Dial. 135, 2) : ejklektou' codd. 11 Post mou Marc. add.prosdevxetai aujto;n hJ yuchv mou (ex LXX, Dial. 135) 12 jEjxoivsei krivsin, ajnalhvyei Thirlb.,Mar., Mign., Marc. (ajnalavmyei LXX) : ejxoivsei, kr. jAnalhvyei Otto, Arch., Goodsp. ejxoivseikrivsin ajnalhvyei codd.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 123, 5-123, 8

5 Aussi : aJe susciterai, dit-il, pour Israël et pour Juda une semence d'hommes et unesemence de bêtes16. Et par l'intermédiaire d'Isaïe, sur un autre Israël, il s'exprimeen ces termes : (Is. 19, 24)En ce jour-là, il y aura un troisième Israël, parmi les Assyrienset les Égyptiens, béni dans la terre (25)qu'a bénie le Seigneur Sabbaoth, en disant : « Bénisera mon peuple qui se trouve en Égypte et chez les Assyriens, et mon héritage Israël ».6 Puisque Dieu, donc, bbénit ce peuple, qu'il l'appelle Israël, et le proclame sonhéritage, comment ne vous repentez-vous point de vous tromper vous-mêmes,en imaginant être à vous seuls Israël, et de maudire17 le peuple qui est béni deDieu ? Car lorsqu'il s'adressait à Jérusalem et aux contrées environnantes, ilajouta encore : cJ'engendrerai sur vous des hommes, mon peuple Israël, ils vous auront enhéritage, et vous deviendrez leur possession18, et vous ne continuerez pas à rester sans enfantde leur fait.

7 — Quoi donc ? dit Tryphon, c'est vous qui êtes Israël19, et c'est de vousqu'il dit cela ?

— Si nous n'avions pas, Tryphon, abondamment parlé de ces choses20, jepourrais me demander si c'est parce que quelque point t'échappe que tu meposes cette question. Mais puisqu'après démonstration c'est sur un accordque nous avons conclu cette recherche aussi, je ne puis croire que tu veuillesignorer ce qui a été dit, et chercher à nouveau un sujet de querelle ; j'aimemieux penser que tu m'invites à faire pour ceux-ci21 également la mêmedémonstration.

8 Il m'approuva d'un clin d'œil.En Isaïe encore, repris-je − si du moins dpour entendre vous voulez bien faire

usage de vos oreilles − Dieu, parlant du Christ, le nomme en parabole22 Jacob etIsraël. Voici ses paroles : (Is. 42, 1 ; cf. Matth. 12, 18-21)Jacob est mon serviteur, je lesoutiendrai ; Israël est mon élu. Je mettrai mon Esprit sur lui, et il apportera le jugementaux nations. (2)Il ne contestera ni ne se récriera, personne n'entendra sur les places sa voix.(3)Il ne brisera pas le calame froissé, et la mèche fumante il ne l'éteindra pas, mais pour lavérité, il produira le jugement ; il le rétablira, (4)et il ne ploiera pas, jusqu'à ce qu'il ait misle jugement sur terre. Et en son nom espéreront les nations.

a Jér. 31, 27 b cf. Is. 19, 25 c Éz. 36, 12 d cf. Jér. 5, 21.

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JUSTIN MARTYR

qh'/ ejpi; th'" gh'" krivsin : kai; ejpi; tw'/ ojnovmati aujtou' ejlpiou'sin e[qnh. 9 JW"ou\n ajpo; tou' eJno;" jIakw;b ejkeivnou, tou' kai; jIsrah;l ejpiklhqevnto", to; pa'ngevno" uJmw'n proshgovreuto jIakw;b kai; jIsrahvl, ou{tw1 kai; hJmei'" ajpo; tou'gennhvsanto" hJma'" eij" qeo;n Cristou', wJ" kai; jIakw;b kai; jIsrah;l kai; jIouvdakai; jIwsh;f kai; Daui?d, kai; qeou' tevkna ajlhqina; kalouvmeqa kai; ejsmevn, oiJta;" ejntola;" tou' Cristou' fulavssonte".

124. 1 Kai; ejpeidh; ei\don aujtou;" suntaracqevnta" ejpi; tw'/ eijpei'n me kai;qeou' tevkna ei\nai hJma'", prolabw;n to; ajnerwthqh'nai ei\pon : jAkouvsate, w\a[ndre", pw'" to; a{gion pneu'ma levgei peri; tou' laou' touvtou, o{ti uiJoi;uJyivstou pavnte" [fol. 177 r° : A] eijsi; kai; ejn th'/ sunagwgh'/ aujtw'n parevstaiaujto;" ou|to" oJ Cristov", th;n krivsin ajpo;2 panto;" gevnou" ajnqrwvpwnpoiouvmeno".2 Ei[rhntai de; oiJ lovgoi dia; Daui?d, wJ" me;n uJmei'" ejxhgei'sqe, ou{tw" : (Ps. 81,

1) JO qeo;" e[sth ejn sunagwgh'/ qew'n, ejn mevsw/ de; qeou;" diakrivnei. (2) {Ew" povtekrivnete ajdikivan kai; provswpa aJmartwlw'n lambavnete _ (3)Krivnate ojrfanw'/kai; ptwcw'/ kai; tapeino;n kai; pevnhta dikaiwvsate. (4) jExevlesqe pevnhta, kai;ptwco;n ejk ceiro;" aJmartwlou' rJuvsasqe. (5)Oujk e[gnwsan oujde; sunh'kan, ejnskovtei diaporeuvontai : [p. 276 : B] saleuqhvsontai pavnta ta; qemevlia th'"gh'". (6) jEgw; ei\pa : Qeoiv ejste kai; uiJoi; uJyivstou pavnte" : (7)uJmei'" de; wJ"a[nqrwpo"3 ajpoqnhv/skete, kai; wJ" ei|" tw'n ajrcovntwn pivptete. (8) jAnavsta oJqeov", kri'non th;n gh'n, o{ti su; kataklhronomhvsei" ejn pa'si toi'" e[qnesin.3 jEn de; th'/ tw'n eJbdomhvkonta ejxhghvsei ei[rhtai : jIdou; dh; wJ" a[nqrwpoi

ajpoqnhv/skete, kai; wJ" ei|" tw'n ajrcovntwn pivptete : i{na dhlwvsh/ kai; th;nparakoh;n tw'n ajnqrwvpwn, tou' jAda;m levgw kai; th'" Eu[a", kai; th;n ptw'sintou' eJno;" tw'n ajrcovntwn, toutevsti tou' keklhmevnou ejkeivnou o[few",pesovnto" ptw'sin megavlhn dia; to; ajpoplanh'sai th;n Eu[an.4 jAll! ejpeidh; ouj pro;" tou'tov moi nu'n oJ lovgo" levlektai, ajlla; pro;" to;

ajpodei'xai uJmi'n o{ti to; pneu'ma to; a{gion ojneidivzei tou;" ajnqrwvpou", tou;"kai; qew'/ oJmoivw" ajpaqei'" kai; ajqanavtou", eja;n fulavxwsi ta; prostavgmata[fol. 177 v° : A] aujtou', gegennhmevnou"4, kai; kathxiwmevnou" uJp! aujtou' uiJou;"aujtou' kalei'sqai, kai;5 ou|toi oJmoivw"6 tw'/ jAda;m kai; th'/ Eu[a/ ejxomoiouvmenoi

1 Ou{tw : ou{tw" Otto, Arch. 2 jApo; : peri; prop. Sylb., ejpi; Otto ajnqrwvpwn ajpo; panto;"gevnou" prop. Mar., tw'n ajpo; p. g. ajnqrwvpwn Otto 3 [Anqrwpo" prop. Mar. (= LXX cod. R.), coni.edd. ab Otto : a[nqrwpoi codd., cett. edd. (= LXX) 4 Gegennhmevnou" A, Goodsp., Marc. :gegenhmevnou" B, cett. edd. 5 Kai; : kai; o{ti Marc. eij vel eij kai; prop. Thirlb. 6 JOmoivw" : o{mw"prop. Thirlb., Mar., coni. Marc.

519

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 123, 9-124, 4

9 De même donc qu'en procédant de ce seul aJacob, surnommé égalementIsraël, l'ensemble de votre race a été appelée Jacob et Israël, de même nousaussi, en procédant du Christ qui nous a bengendrés à Dieu, comme Jacob,Israël, Juda, Joseph23 et David, nous sommes appelés et nous sommes cdesenfants véritables de Dieu, parce que nous observons les préceptes du Christ24.

Les chrétiens sont « enfants de Dieu » et « fils du très-Haut ».

124. 1 Comme je les voyais bouleversés de m'entendre affirmer que nousétions aussi denfants de Dieu, prévenant leur question, je dis :

— Écoutez, amis, comment le Saint Esprit, en parlant de ce peuple, déclarequ'ils sont etous fils du Très-Haut, et qu'en leur fassemblée sera présent ce Christlui-même, pour tirer gjugement de toute race d'hommes.

2 Voici ces paroles proférées par l'intermédiaire de David, telles du moinsque vous les traduisez : (Ps. 81, 1)Dieu se tient dans une assemblée de dieux, et aumilieu de dieux il juge : (2)Jusqu'à quand rendrez-vous des jugements iniques, etfavoriserez-vous la cause des pécheurs ? (3)Rendez justice à l'orphelin et au pauvre ; àl'humble, à l'indigent, restituez leur droit. (4)Délivrez l'indigent, et arrachez le pauvre de lamain du pécheur. (5)Ils n'ont point su ni compris ; ils marchent dans les ténèbres. Lesfondements de la terre seront tous ébranlés. (6)J'ai dit : Vous êtes tous des dieux et des filsdu Très-Haut ; (7)mais c'est ainsi qu'un homme1 que vous, vous périssez, et comme l'undes chefs que vous tombez. (8)Surgis, Dieu, juge la terre, car tu hériteras en toutes lesnations2.

3 Or dans la version des Septante, il est dit : hVoici, c'est ainsi que des hommesque vous périssez, et comme l'un des chefs que vous tombez : c'était pour indiquer ladésobéissance des hommes, j'entends d'Adam et Ève, et la chute de l'un des chefs3,c'est-à-dire ide celui qui est appelé serpent4, jtombé d'une chute immense pouravoir égaré Ève.

4 Mais puisque ce n'est pas pour cela que je viens de citer ce passage, maispour vous démontrer que l'Esprit-Saint fait le reproche aux khommes −conçus5 pour être impassibles et immortels6, lainsi que l'est Dieu, à conditiontoutefois d'observer ses préceptes7, et par lui jugés dignes d'être appelés sesmfils −, d'œuvrer, en imitant l'exemple d'Adam et Ève, eux aussi, tout comme

a Cf. Is. 42, 1 b cf. Ez. 36, 12 c cf. I Jn. 3, 1-2 ; Jn. 1, 12 d ibid. e Ps. 81, 6 f ibid., 1g ibid., 8 h Ps. 81, 7 i cf. Apoc. 12, 9 et 20, 2 ? j cf. Ps. 81, 7 k ibid. l cf. Ps. 81, 6 m ibid.

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JUSTIN MARTYR

qavnaton eJautoi'" ejrgavzontai, ejcevtw kai; hJ eJrmhneiva tou' yalmou' wJ"bouvlesqe : kai; ou{tw"1 ajpodevdeiktai o{ti qeoi; kathxivwntai genevsqai2, kai;uiJoi; uJyivstou pavnte" duvnasqai legevsqai3 [kathxivwntai]4, kai; par! eJautou;"kai; krivnesqai kai; katadikavzesqai mevllousin, wJ" kai; jAda;m kai; Eu[a. {Otide; kai; qeo;n to;n Cristo;n kalei', ejn polloi'" ajpodevdeiktai.

125. 1 jEboulovmhn, levgw, par! uJmw'n maqei'n, w\ a[ndre", tiv" hJ duvnami" tou'jIsrah;l ojnovmato". Kai; hJsucazovntwn aujtw'n ejphvnegka : jEgw; o} ejpivstamaiejrw' : ou[te ga;r eijdovta mh;5 levgein divkaion hJgou'mai, ou[te uJponoou'nta[p. 277 : B] ejpivstasqai uJma'" kai; dia; fqovnon h] di! ajpeirivan tou'<to mh;>6

bouvlesqai < levgein o} > ejpivstamai aujtov", frontivzein ajeiv, ajlla; pavntaaJplw'" kai; ajdovlw" levgein, wJ" oJ ejmo;" kuvrio" ei\pen : jExh'lqen oJ speivrwn7

tou' spei'rai to;n spovron : kai; o} me;n8 e[pesen eij" th;n oJdovn, o} de; eij" ta;"ajkavnqa", o} de; ejpi; ta; petrwvdh, o} de; ejpi; th;n gh'n th;n kalhvn. 2 jElpivdi ou\ntou' ei\naiv pou kalh;n gh'n levgein dei' : ejpeidhv ge ejkei'no" oJ ejmo;" kuvrio", wJ"ijscuro;" kai; dunatov" ta; i[dia para; pavntwn ajpaithvsei ejlqwvn, kai; to;noijkonovmon to;n9 eJautou' ouj katadikavsei, eij gnwrivzoi aujtovn, dia; to;ejpivstasqai o{ti dunatov" ejstin oJ kuvrio" aujtou' kai; [fol. 178 r° : A] ejlqw;najpaithvsei ta; i[dia, ejpi; pa'san travpezan didovnta10, ajll! ouj di! aijtivanoiJandhpotou'n katoruvxanta.3 Kai; to; ou\n jIsrah;l o[noma tou'to shmaivnei : a[nqrwpo" nikw'n duvnamin :

to; ga;r i[sra a[nqrwpo" < nikw'n >11 ejsti, to; de; h]l duvnami". {Oper kai; dia;tou' musthrivou th'" pavlh", h}n ejpavlaisen jIakw;b meta; tou' fainomevnou,< ajggevlou >12 me;n ejk tou' th'/ tou' patro;" boulh'/ uJphretei'n, qeou' de; ejk tou'ei\nai tevknon prwtovtokon tw'n o{lwn ktismavtwn, ejpeprofhvteuto ou{tw" kai;a[nqrwpo" genovmeno" oJ Cristo;" poihvsein.

1 Ou{tw" : ou{tw" ga;r Marc. 2 Genevsqai : legevsqai prop. Thirlb. 3 legevsqai Marc. : genevstaicodd., cett. edd. 4 Kathxivwntai : del. Marc. 5 Mh; : me mh; Marc. 6 Tou'to mh; bouvlesqai levgein o}ejpivstamai aujtov" ego : levgein ouj bouvlesqai ejpivstamai aujtov" prop. Thirlb., coni. Otto levgein oujbouvlesqai mh; frontivzein, ajlla; ajei; pavnta a} ejpivstamai aujtov" Marc. th;n tou' bouvlesqaiajpata'n eJautouv" prop. Mar., coni. Arch. th;n tou' bouvlesqai ejpivstamai aujtov" codd., cett. edd.7 Speivrwn (loc. cit.) edd. : spevrwn codd. 8 }O me;n ...o} de; : oJ me;n... oJ de; Otto, Mign., Arch.9 To;n : om. Mar., Mign. 10 Didovnta : dovnta Marc. (ex Lc. : e[dwka") 11 Nikw'n prop. Io Drusius(Comment. min. ad voces Hebr. NT, 1616, c. 8, p. 16), Mar., add. Troll., edd. ab Otto : om. codd., cett.edd. 12 jAggevlou (vel ajndrov") prop. Sylb. : ejn ijdeva/ ajnqrwvpou prop. Mar., Otto, add. Marc.(ex Dial. 58, 10 ; cf. 126, 3) om. codd., cett. edd.

521

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 124, 4-125, 3

eux, à leur propre amort, qu'il en soit de la traduction du psaume comme vousle voulez. Même ainsi8, il reste démontré qu'ils furent jugés dignes de devenirbdes dieux, d'être appelés ctous fils du Très-Haut9, et qu'ils seront jugés etcondamnés individuellement, tout comme Adam et Ève10. Que d'autre partau Christ il donne aussi le nom de dDieu, cela a donné lieu à de multiplespreuves11.

Signification du nom d’« Israël ».Par le Christ-Jacob, les chrétiens sont « l’Israël béni ».

125. 1 Je voudrais bien, amis, dis-je, entendre de votre bouche1 quelle est lapuissance du nom d'Israël2. Et comme ils se taisaient, j'ajoutai :

— Pour moi, ce que je sais, je vais le dire. Car j'estime qu'il n'est juste ni deme taire lorsque je sais, ni, lorsque je soupçonne que vous-mêmes savez, etque par jalousie ou par inexpérience vous ne voulez point dire3 ce que je saismoi-même, de m'en soucier toujours, mais qu'il l'est au contraire de tout diresimplement, et sans aucune ruse, comme mon Seigneur l'a déclaré : eLe semeursortit pour semer la semence : l'une tomba sur la route, l'autre sur les épines, celle-ci sur unterrain pierreux, celle-là sur la belle terre4. 2 Dans l'espoir, donc, qu'il y ait quelquepart une fbelle terre5, il faut parler. Car lui, mon Seigneur, qui est gfort etpuissant6, hréclamera à tous ce qui lui appartient, ilorsqu'il reviendra, et il necondamnera pas son jéconome, s'il reconnaît que, sachant que son Seigneur estkpuissant7 et qu'il doit réclamer ce qui lui appartient, llorsqu'il reviendra, il l'aplacé dans toutes sortes de banques, se gardant de ml'enfouir, quelle qu'en fûtla raison8.

3 Voici donc ce que signifie le nom d'Israël : « homme vainqueur d'unePuissance ». Car « Isra » veut dire « homme vainqueur », et « el »,« Puissance »9. C'est encore cela qu'il fut prophétisé qu'une fois devenu hommele Christ devait faire, à travers le mystère du combat que Jacob livra contrecelui qui, apparu ange10 parce qu'il servait la volonté du Père, était néanmoinsnDieu en tant qu'enfant11 opremier-né de l'ensemble des créatures12.

a cf. Ps. 81, 7 b ibid., 6 c ibid. d ibid., 1.8 e Matth. 13, 3-8 ; Lc. 8, 5-8 ; cf. Mc. 4, 3-8f cf. Matth. 13, 8.23 ; Lc. 8, 8 g cf. Gen. 32, 28 ; Ps. 23, 8 ? h cf. Lc. 12, 35, s. ; 16, 1 s.i cf. Matth. 25, 27.31 ; Lc. 19, 23 etc. j cf. Lc. 16, 1.3.8 k cf. Matth. 25, 24 ; Lc. 19, 21.22l cf. Matth. 25, 27 ; Lc. 19, 23 m cf. Matth. 25, 18 n cf. Gen. 32, 28.30 o cf. Col. 1, 15 ;Prov. 8, 22.

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JUSTIN MARTYR

4 {Ote ga;r a[nqrwpo" gevgonen, wJ" proei'pon, prosh'lqen aujtw'/ oJ diavbolo",toutevstin hJ duvnami" ejkeivnh hJ kai; o[fi" keklhmevnh kai; Satana'"1, peiravzwnaujto;n kai; ajgwnizovmeno" katabalei'n dia; tou' ajxiou'n proskunh'sai aujtovn.JO de; aujto;n katevluse kai; katevbalen, ejlevgxa" o{ti ponhrov" ejsti, para; th;ngrafh;n ajxiw'n proskunei'sqai wJ" qeov", ajpostavth" th'" tou' qeou' gnwvmh"gegenhmevno". jApokrivnetai ga;r auj-[p. 278 : B]-tw'/ : Gevgraptai : Kuvrionto;n qeovn sou proskunhvsei" kai; aujtw'/ movnw/ latreuvsei". Kai; hJtthmevno" kai;ejlhlegmevno" ajpevneuse tovte oJ diavbolo". 5 jAll! ejpei; kai; narka'n e[melle,toutevstin ejn povnw/ kai; ejn ajntilhvyei tou' pavqou", o{te staurou'sqaie[mellen2, oJ Cristo;" oJ hJmevtero", kai; touvtou prokhvruxin ejpoivhse dia; tou'a{yasqai tou' mhrou' tou' jIakw;b kai; narkh'sai poih'sai. JO de; jIsrah;l h\no[noma [fol. 178 v° : A] aujtw'/ a[nwqen, o} ejpwnovmase to;n makavrion jIakw;beujlogw'n tw'/ eJautou' ojnovmati, khruvsswn kai; dia; touvtou o{ti pavnte" oiJ di!aujtou' tw'/ patri; prosfeuvgonte" eujloghmevno" jIsrahvl ejstin3.JUmei'" dev, mhde;n touvtwn nenohkovte" mhde; noei'n paraskeuazovmenoi,

ejpeidh; kata; to; sarkiko;n spevrma tou' jIakw;b tevkna ejstev, pavntw"swqhvsesqai prosdoka'te. jAll! o{ti kai; ejn touvtoi" eJautou;" plana'te,ajpodevdeiktaiv moi ejn polloi'".

126. 1 Tiv" d! ejsti;n ou|to", o}" kai; a[ggelo" megavlh" boulh'" pote, kai; ajnh;rdia; jIezekihvl, kai; wJ" uiJo;" ajnqrwvpou dia; Danihvl, kai; paidivon dia; JHsai?ou,kai; Cristo;" kai; qeo;" proskunhto;"4 dia;5 Daui?d, kai; Cristo;" kai; livqo" dia;pollw'n, kai; sofiva dia; Solomw'no", kai; jIwsh;f kai; jIouvda6 kai; a[stron dia;Mwu>sevw"7, kai; ajnatolh; dia; Zacarivou, kai; paqhto;" kai; jIakw;b kai; jIsrah;l,kai; rJavbdo" kai; a[nqo" kai; livqo" ajkrogwniai'o" pavlin dia; JHsai?ou8 kevklhtai,kai; uiJo;" qeou' eij ejgnwvkeite, w\ Truvfwn, e[fhn, oujk a]n ejblasfhmei'te eij"aujtovn, h[dh kai; paragenovmenon kai; gennhqevnta kai; paqovnta kai; ajnabavntaeij" to;n oujranovn : o}" kai; pavlin parevstai, kai; tovte kovyontai uJmw'n aiJdwvdeka fulaiv.

1 Toutevstin − Satana'" : in semicirculis Marc. 2 Toutevstin − e[mellen : in semicirculis Marc.3 jEstin : eijsin coni. Marc. 4 Proskunhto;" (cf. 68, 9) : kai; prosk. prop. Otto., coni. Marc.5 Dia; prop. Thirlb., coni. edd. ab Otto, Troll. : kai; codd., cett. edd. dia; Dauivd, kai; Daui;d prop.Lange 6 jIouvda Otto, Arch., Marc. (ex Dial. 11, 3.5 ; 28, 3 ; 43, 1.6, etc.) : jIouvda" codd., cett.edd. (= N.T.) 7 Mwu>sevw" : Mwu>sevo" codd. Mwsevw" Arch. (sic etiam infra in hoc cap.) 8 Pavlin dia;JHsai>vou huc transp. Marc. : post jIsrah;l codd., cett. edd.

523

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 125, 4-126, 1

4 Car lorsqu'il fut fait homme, comme j'ai déjà dit13, le diable, c'est-à-dire cettePuissance qui s'appelle aussi Serpent ou Satanas14, as'approcha de lui afin de letenter, et pour le renverser en luttant avec lui, avec l'intention de s'en faireadorer. Mais lui, il l'écrasa et il le renversa, tout en le convainquant de laperversité dont il avait fait preuve alors qu'il prétendait, à l'encontre del'Écriture, être adoré comme dieu, devenu apostat de la volonté de Dieu. Il luirépond de fait : bIl est écrit : C'est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, et à lui seul turendras un culte. Dominé et confus, le diable alors se retira15. 5 Et commed'autre part notre Christ devait ctomber dans l'engourdissement, c'est-à-dire dans lasouffrance et dans la perception de la douleur, lors de sa crucifixion, de celaaussi il donna à l'avance proclamation en touchant la cuisse de Jacob et en lafaisant s'engourdir. « Israël » était son nom depuis bien avant16 : il ensurnomma le bienheureux Jacob, lorsqu'il le bénit avec son propre nom,proclamant aussi par là que tous ceux qui par lui17 se réfugient18 auprès duPère sont dl'Israël béni19.

Mais vous, qui de cela n'avez rien compris, et n'êtes pas davantage disposésà comprendre, parce que de Jacob vous êtes les enfants selon la descendancecharnelle, vous vous attendez à être assurément sauvés20. En quoi vous voustrompez encore, je l'ai amplement démontré.

Le Verbe, Fils de Dieu, a reçu diverses dénominations dans l’Écriture.C’est lui qui s’est manifesté à Abraham, Jacob, et Moïse et qui est évoqué ailleurs.

126. 1 Mais quel est-il donc celui qui est nommé tantôt eange du grand dessein,et fhomme par l'intermédiaire d'Ézéchiel, gcomme un fils d'homme parl'intermédiaire de Daniel, et henfant par l'intermédiaire d'Isaïe, iChrist et jDieudigne d'être adoré par l'intermédiaire de David, kChrist et lpierre par beaucoup,mSagesse par l'intermédiaire de Salomon, nJoseph, oJuda et pastre parl'intermédiaire de Moïse, qLevant par l'intermédiaire de Zacharie, rsouffrant,sJacob et tIsraël, ainsi que urameau, vtige, wpierre angulaire par l'intermédiaire d'Isaïeencore, et xFils de Dieu1 ? Si vous le saviez, Tryphon, dis-je, vous ne

a Cf. Matth. 4, 1 s. ; Lc. 4, 1 s. b Matth. 4, 10 ; Lc. 4, 8 ; cf. Deut. 6, 13 c cf. Gen. 32, 25d cf. Is. 19, 24-25 e cf. Is. 9, 6 f cf. Éz. 40, 3.4.5 ? ; Zach. 6, 12 et Gen. 18, 2 s. g Dan. 7, 13h cf. Is. 7, 16 i cf. Ps. 44, 7 j cf. Ps. 44, 8.13 et 71, 11 k cf. Ps. 44, 7 l cf. Dan. 2, 34m cf. Prov. 8 n cf. Deut. 33, 16 o cf. Gen. 49, 8 s. p cf. Nombr. 24, 17 q cf. Zach. 6, 12r cf. Is. 53, 3-4 s cf. Is. 42, 1 t ibid. u cf. Is. 11, 1 v ibid. w cf. Is. 28, 16 x cf. Ps. 2, 7 et IIRois 7, 14.

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JUSTIN MARTYR

2 jEpei; [p. 279 : B] eij nenohvkate1 ta; eijrhmevna uJpo; tw'n profhtw'n, oujk a]nejxhrnei'sqe aujto;n ei\nai qeovn, tou' movnou kai; ajgennhvtou kai; ajrrhvtou qeou'uiJovn. Ei[rhtai gavr pou kai; [fol. 179 r° : A] dia; Mwu>sevw" ejn th'/ jExovdw/ou{tw" : (Exod. 6, 2) jjElavlhse de; kuvrio" pro;" Mwsh'n2, kai; ei\pe pro;" aujtovn :(3) jEgwv eijmi kuvrio", kai; w[fqhn pro;" to;n jAbraa;m kai; jIsaa;k kai; jIakwvb,qeo;" 3 aujtw'n, kai; to; o[nomav mou4 oujk ejdhvlwsa aujtoi'", (4)kai; e[sthsa th;ndiaqhvkhn mou pro;" aujtouv". 3 Kai; ou{tw pavlin levgei : Meta;5 jIakw;ba[nqrwpo" ejpavlaie : kai; qeovn fhsin ei\nai. Ei\don ga;r qeo;n provswpon pro;"provswpon, kai; ejswvqh hJ yuchv mou, levgei eijrhkevnai to;n jIakwvb. Kai; o{ti kai;to;n tovpon, o{pou aujtw'/6 ejpavlaise kai; w[fqh kai; eujlovghse, kai;7 ejkavlesenEi\do" qeou', ajnevgraye. 4 Kai; tw'/ jAbraa;m oJmoivw", < wJ" >8 Mwsh'"9 fhsin,[Wfqh oJ qeo;" pro;" th'/ drui` th'/ Mambrh'10, kaqhmevnou ejpi; th'" quvra" th'"skhnh'" aujtou' meshmbriva"11. Ei\ta tau'ta eijpw;n ejpifevrei : jAnablevya" de;toi'" ojfqalmoi'" ei\de, kai; ijdou; trei'" a[ndre" eiJsthvkeisan ejpavnw aujtou'. Kai;ijdw;n sunevdramen eij" sunavnthsin aujtoi'". Met! ojlivgon de; ei|" ejx aujtw'nuJpiscnei'tai tw'/ jAbraa;m uiJovn : (Gen. 18, 13) ...Tiv o{ti ejgevlase Savrralevgousa : \Arav ge tevxomai _ jEgw; de; geghvraka. (14)Mh; ajdunatei' para; tw'/qew'/ rJh'ma _ Eij" to;n kairo;n tou'ton ajpostrevyw12 eij" w{ra", kai; e[stai th'/Savrra/ uiJov". Kai; ajpallavssontai ajpo; jAbraavm. 5 Kai; ou{tw peri; aujtw'npavlin levgei : jExanastavnte" de; ejkei'qen oiJ a[ndre" katevbleyan ejpi;provswpon Sodovmwn. Ei\ta pavlin pro;" to;n jAbraa;m o}" [p. 280 : B] h\n kai;e[stin <ou{t>w"13 levgei : ...Ouj mh; kruvyw ajpo; tou' paidov" mou jAbraa;m[fol. 179 v°: A] ejgw; a} mevllw poiei'n14.Kai; ta; eJxh'" ajnistorhmevna ajpo; tw'n tou' Mwu>sevw" kai; ejxhghmevna uJp!

ejmou' pavlin e[legon, di! w|n ajpodevdeiktai15 uJpo; tw'/ patri; kai; kurivw/tetagmevno" kai; uJphretw'n th'/ boulh'/ aujtou' ou|to"16 o}" w[fqh tw'/ te

1 Nenohvkate : ejnenohvkeite prop. Thirlb., coni. Marc. 2 Mwsh'n : Mwu>sh'n Otto, Mign., Goodsp.3 Qeo;" : q. w]n Marc. (ex LXX) 4 To; o[nomav mou oujk : to; o[n. mou, kuvrio", oujk LXX 5 Meta; (loc.cit. : met! aujtou') : kata; Mar., Mign. 6 Aujtw'/ : −w'/ ex corr. A 7 Kai; : delendum Otto, del. Marc.8 JW" add. Otto, Arch., Marc. (ex Dial. 3,7 ; 15, 1 ; 20, 1 ; 78, 11 ; 79, 2 ; 83, 4 ; 102, 7) : om.codd., cett. edd. « causa patet » Otto 9 Mwsh'" : Mwu>sh'" Otto, Mign., Goodsp. (sic etiam infra)10 Mambrh' Thirlb., edd. ab Otto : Mambrh'/ codd., cett. edd. (cf. 56, 1) 11 Meshmbriva" (loc. cit.) :mesumbriva" Steph. 12 jApostrevyw (cod. 128) : ajnastrevfw Dial. 56, 17 ajnakavmyw Dial. 56, 6ajnastrevyw LXX ejleuvsomai Rom. 9, 9 13 Ou{tw" prop. Lange (ou{tw), Mar., coni. edd. ab Ottoqeo;" prop. Thirlb. wJ" codd., cett. edd. 14 Poiei'n corr. ex poihvsein A : poiei' Mar., corr. Mign.15 jApodevdeiktai : ajpod. o{ti Marc. 16 Ou|to" : ou|tov" ejstin Marc.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 126, 1-126, 5

blasphémeriez pas contre lui, qui déjà est venu, a été engendré, a souffert, estremonté au ciel, et paraîtra à nouveau : aalors vos douze tribus se frapperont lapoitrine. 2 Si vous aviez compris ce qui est dit par les prophètes, vous nenieriez pas qu'il est Dieu, fils de l'unique, inengendré et ineffable2 Dieu.

Il est dit en effet, par Moïse aussi, quelque part dans l'Exode : (Exod. 6, 2)LeSeigneur a parlé à Moïse, et lui a dit : (3)« Je suis Seigneur ; je suis apparu à Abraham, àIsaac et à Jacob ; je suis leur Dieu ; je ne leur ai pas découvert mon nom (4)et j'ai établimon alliance avec eux… ». 3 Il dit encore : bAvec Jacob un homme combattait ; il ditaussi que c'était un Dieu, puisque Jacob, déclare-t-il, s'est écrié : cj'ai vu, en effet,Dieu face à face, et mon âme a été sauvée. Et il écrit en outre dque le lieu où il avaitcombattu avec lui, où celui-ci lui était apparu et l'avait béni, il l'appela forme-visible-de-Dieu. 4 A Abraham de même, ainsi que le dit Moïse, eDieu se fit voir près duchêne de Mambré, tandis qu'il se tenait assis à l'entrée de sa tente, à midi. Après quoi ilajoute : fAyant levé les yeux, il vit et voici : trois hommes se tenaient au-dessus de lui.Lorsqu'il eut vu, il courut à leur rencontre… Peu après, l'un d'eux promet àAbraham un fils : (Gen. 18, 13)…Pourquoi Sarah a-t-elle ri en disant : Enfanterai-je, àla vérité ? Je suis devenue vieille. (14)L'affaire est-elle impossible à Dieu ? A cette saison,dans un an, je reviendrai vers toi, et Sarah aura un fils. Et ils quittèrent Abraham.5 Et voici comment il reprend à leur sujet : gS'étant levés de là, les deux hommesabaissèrent leurs regards vers Sodome… Puis, celui qui était et qui est3 s'adresse ànouveau à Abraham : h…Je ne cacherai pas à Abraham, mon serviteur, ce que je m'envais faire.

Je répétai alors la suite du récit de Moïse, avec mes explications, celles parlesquelles, disais-je, il est démontré que celui qui, à la demande du Père etSeigneur, et en servant (ainsi) sa volonté, s'est fait voir à Abraham, à Isaac, àJacob et aux autres patriarches, les Écritures le nomment Dieu4.

a Cf. Zach. 12, 12-14 b Gen. 32, 24.25 c Gen. 32, 30 d ibid. e Gen. 18, 1 f ibid., 2g cf. Gen. 18, 16 h ibid., 17.

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JUSTIN MARTYR

jAbraa;m kai; tw'/ jIsaa;k kai; tw'/ jIakw;b kai; toi'" a[lloi" patriavrcai",ajnagegrammevno"1 qeov", e[legon.6 jEpevferon dev, eij kai; mh; ei\pon ejn toi'" e[mprosqen : Ou{tw de; kaiv, o{te

kreva" ejpequvmhsen oJ lao;" fagei'n kai; ajpistei'2 Mwsh'" tw'/ lelegmevnw/ kajkei'ajggevlw/, ejpaggellomevnw/ dwvsein aujtoi'" to;n qeo;n eij" plhsmonhvn3, aujtov",w]n kai; qeo;" kai; a[ggelo" para; tou' patro;" pepemmevno", tau'ta eijpei'n kai;pra'xai dhlou'tai. Ou{tw" ga;r ejpavgei hJ grafh; levgousa : Kai; ei\pe kuvrio"pro;" Mwu>sh'n4 : Mh; hJ cei;r kurivou oujk ejxarkevsei _ [Hdh gnwvsh/ eijejpika<ta>lhvyetaiv 5 se oJ lovgo" mou h] ou[. Kai; pavlin ejn a[lloi" lovgoi"ou{tw"6 fhsiv : (Deut. 31, 2)Kuvrio" de; ei\pe prov" me : Ouj diabhvsh/ to;n jIordavnhntou'ton. (3)Kuvrio" oJ qeov" sou, oJ proporeuovmeno" tou'7 proswvpou sou, aujto;"ejxoloqreuvsei ta; e[qnh8.

127. 1 Kai; ta; a[lla de; toiau'tav ejstin eijrhmevna tw'/ nomoqevth/ kai; toi'"profhvtai". Kai; iJkanw'" eijrh'sqaiv moi uJpolambavnw o{ti9, o{tan pou10 oJ qeo;"levgh/ : jAnevbh oJ qeo;" ajpo; jAbraavm, h] jElavlhse kuvrio" pro;" Mwsh'n11,kai;12 Katevbh kuvrio" to;n puvrgon ijdei'n o}n wj/kodovmhsan oiJ uiJoi; tw'najnqrwvpwn, h] o{te [Ekleisen oJ qeo;" th;n kibwto;n Nw'e e[xwqen, mh; hJgh'sqe13

aujto;n to;n ajgevnnhton qeo;n kata-[fol. 780 r° : A]-bebhkevnai h] ajnabebhkevnaipoqevn.2 JO ga;r a[rrhto" path;r kai; kuvrio" tw'n pavntwn ou[te poi ajfi'ktai ou[te

pe-[p. 281 : B]-ripatei'' ou[te kaqeuvdei ou[te ajnivstatai, ajll! ejn th'/ aujtou'cwvra/, o{pou potev14, mevnei, ojxu; oJrw'n kai; oJxu; ajkouvwn, oujk ojfqalmoi'"15 oujde;wjsi;n ajlla; dunavmei ajlevktw/16 : kai; pavnta ejfora'/ kai; pavnta ginwvskei, kai;oujdei;" hJmw'n levlhqen aujtovn : ou[te17 kinouvmeno", oJ tovpw/ te ajcwvrhto" kai;tw'/ kovsmw/ o{lw/, o{" ge h\n kai; pri;n to;n kovsmon genevsqai. 3 Pw'" a]n ou\nou|to" h] lalhvseie prov" tina h] ojfqeivh tini; h] ejn ejlacivstw/ mevrei gh'"faneivh, oJpovte ge oujde; th;n dovxan tou' par! aujtou' pemfqevnto" i[scuen18

1 jAnagegrammevno" : oJ ajnag. Marc. 2 jApistei' : hjpivstei prop. Thirlb. (antea) 3 Eij"plhsmovnhn : fagei'n eij" pl. Marc. 4 Mwu>sh'n : Mwsh'n Arch. 5 jEpikatalhvyetai prop. Thirlb.,coni. edd. ab Otto (ex LXX) : ejpikaluvyetai codd., cett. edd. (= cod. 19, def. Smit Sibinga, p. 47-48)6 Ou{tw" : ou{tw Mign., Arch. 7 Tou' : pro; Marc. (ex LXX) 8 Post ta; e[qnh Marc. lacunam indicavit(ex Dt. 31, 3) 9 {Oti : w{ste prop. Thirlb., wJ" Mar. o{pw" coni. Marc. 10 Pou prop. Mar., coni.Marc. (cf. 122, 5 et 126, 2) : mou codd., cett. edd. 11 Mwsh'n : Mwu>sh'n Otto, Mign., Goodsp.Mwsh' Steph., Jebb 12 Kai; : h] Marc. 13 JHgh'sqe corr. ex hJgei'sqe A, Marc. (hJgh'sqe B) :hJgei'sqe cett. edd. hJgei'sqai prop. Mar., oujk hJghtevon Sylb. 14 Potev : povt! ejsti Marc.15 jOfqalmoi'" B, edd. : ojfalmoi'" A 16 Oujk − ajlevktw/ in semicirculis Marc. 17 Ou[te : oujd! e[stiMarc. 18 [Iscuen : i[scusen coni. Marc. (ex i[scusen et uJmevmeine paulo post).

527

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 126, 6-127, 3

6 Et j'ajoutais, bien que je ne l'eusse pas dit auparavant : Et il en était demême, lorsque ale peuple désira manger de la viande5, et que bMoïse ne crut pas àcelui qui là encore est appelé ange6, et qui annonçait que Dieu leur endonnerait cà satiété : c'est lui-même, est-il indiqué qui étant aussi Dieu et angeenvoyé d'auprès du Père, dit et fit ces choses. Car l'Écriture poursuit en cestermes : dLe Seigneur dit à Moïse : « Est-ce que la main du Seigneur ne suffira pas ?Maintenant tu vas voir si mon Verbe t'atteindra ou non ». Et dans un autre passage,il dit encore : (Deut. 31, 2)Le Seigneur m'a dit : « Tu ne traverseras pas ce Jourdain. (3)LeSeigneur ton Dieu, celui qui marche devant ton visage, c'est lui qui anéantira lesnations… » 7.

Autres versets bibliques s’appliquant au Verbe, et non au Père,puisque celui-ci ne saurait être ni vu ni circonscrit.

127. 1 Il en va de même pour toutes les autres choses qui furent dites auLégislateur et aux prophètes. Et je pense avoir suffisamment indiqué que1,lorsque le Dieu auquel je me réfère dit : eDieu est monté d'auprès d'Abraham, oufLe Seigneur a parlé à Moïse, et gLe Seigneur est descendu voir la tour qu'avaient bâtie lesfils des hommes, ou encore hLe Seigneur a fermé de l'extérieur l'arche de Noé 2, vousne sauriez croire que le Dieu inengendré3 soit lui-même descendu ou monté dequelque part.

2 Car l'ineffable Père et Seigneur de tout ne va nulle part, ne se déplace pas,ne dort ni ne se lève, mais en sa propre place, où qu'elle soit, il demeure ;perçante est sa vue, perçante est son ouïe, non point avec des yeux ni avecdes oreilles, mais par une puissance qu'on ne peut exprimer. iIl surveille tout,connaît tout, et nul de nous ne lui échappe. Et il ne se meut point, celuiqu'aucun lieu ne saurait circonscrire, pas même le monde entier4 : il étaitavant même que le monde existât5. 3 Comment donc celui-là pourrait-ilparler à quelqu'un, se montrer à quelqu'un6, ou apparaître en un infime coin dela terre7, jquand le peuple, au Sinaï, n'était pas assez fort pour soutenir la vuede la gloire de son envoyé ; kquand Moïse lui-même ne fut pas assez

a Cf. Nombr. 11, 4 s. b cf. Nombr. 11, 21-22 c cf. Exod. 16, 3.8 ? d Nombr. 11, 23e Gen. 17, 22 f Exod. 6, 29 g Gen. 11, 5 h Gen. 7, 16 i cf. Odyss. 11, 109 j cf. Exod. 19, 21k cf. Exod. 40, 29.

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JUSTIN MARTYR

oJ lao;" ijdei'n ejn Sina'1, oujd! aujto;" Mwsh'"2 i[scusen eijselqei'n eij" th;nskhnhvn, h}n ejpoivhsen, eij me;n3 ejplhrwvqh th'" para; tou' qeou' dovxh", oujde; mh;noJ iJereu;"4 uJpevmeine katenwvpion tou' naou' sth'nai, o{te th;n kibwto;n Solomw;neijsekovmisen eij" to;n oi\kon to;n ejn JIerousalhvm, o}n aujto;" oJ Solomw;nwj/kodomhvkei _4 Ou[te ou\n jAbraa;m ou[te jIsaa;k ou[te jIakw;b ou[te a[llo" ajnqrwvpwn ei\de

to;n patevra kai; a[rrhton kuvrion tw'n pavntwn aJplw'" kai; aujtou' tou' Cristou',ajll! ejkei'non to;n kata; boulh;n th;n ejkeivnou kai; qeo;n o[nta5, uiJo;n aujtou', kai;a[ggelon ejk tou' uJphretei'n th'/ gnwvmh/ aujtou' : o}n kai; a[nqrwpon gennhqh'naidia; th'" parqevnou bebouvlhtai, o}" kai; pu'r pote gevgone th'/ pro;" Mwseva6

oJmiliva/ th'/ ajpo; [fol. 180 v° : A] th'" bavtou. 5 jEpei; eja;n mh; ou{tw nohvswmenta;" grafav", sumbhvsetai to;n patevra kai; kuvrion tw'n o{lwn mh; gegenh'sqaitovte ejn toi'" oujranoi'", o{te dia; Mwsevw"7 levlektai : Kai; kuvrio" e[brexenejpi; Sovdoma pu'r kai; qei'on para; kurivou ejk tou' oujranou' : kai; pavlin dia;Daui`d o{te levlektai ou{tw" : [Arate [p. 282 : B] puvla", oiJ a[rconte" uJmw'n,kai; ejpavrqhte puvlai aijwvnioi, kai; eijseleuvsetai oJ basileu;" th'" dovxh" : kai;pavlin o{te fhsiv : Levgei kuvrio" tw'/ kurivw/ mou : Kavqou ejk dexiw'n mou, e{w"a]n qw' tou;" ejcqrouv" sou uJpopovdion tw'n podw'n sou.

128. 1 Kai; o{ti kuvrio" w]n oJ Cristov", kai; qeo;" qeou' uiJo;"8 uJpavrcwn, kai;9

dunavmei10 fainovmeno" provteron wJ" ajnh;r kai; a[ggelo", kai; ejn puro;" dovxh//,wJ" ejn th'/ bavtw/, pevfantai kai; ejpi; th'" krivsew" th'" gegenhmevnh" ejpi;Sovdoma, ajpodevdeiktai ejn polloi'" toi'" eijrhmevnoi".jAnistovroun de; pavlin a} kai; proevgraya ajpo; th'" jExovdou pavnta, periv te

th'" ojptasiva" th'" ejpi; th'" bavtou kai; th'" ejpiklhvsew" tou' jIhsou' ojnovmato",kai; ejpevlegon : 2 Kai; mh; nomivzhte, w\ ou|toi, o{ti perittologw'n tau'ta levgwpollavki", ajll! ejpei; ginwvskw kaiv11 tina" prolevgein tau'ta boulomevnou", kai;favskein th;n duvnamin th;n para; tou' patro;" tw'n o{lwn fanei'san tw'/ Mwsei'12

h] tw'/ jAbraa;m h] tw'/ jIakw;b a[ggellon kalei'sqai ejn th'/ pro;" ajnqrwvpou"proovdw/, ejpeidh; di! aujth'" ta; para; tou' patro;" toi'" ajnqrwvpoi"ajggevlletai13, dovxan dev, ejpeidh; ejn ajcwrhvtw/ pote; fantasiva/

1 Sina' codd., Thirlb., edd. ab Otto : Sina'/ cett. edd. 2 Mwsh'" : Mwu>sh'" Otto, Mign., Goodsp.3 Eij me;n (si quidem) prop. Thirlb., coni. Otto, Troll., Arch., Goodsp. : eij prop. Thirlb. ejpei; (deletomh;) coni. Marc. eij mh; codd., cett. edd. o{ti LXX 4 JO iJereu;" : oiJ iJerei'" LXX 5 [Onta : post uiJo;ntransp. Marc. 6 Mwseva : Mwu>seva Otto, Mign., Goodsp. 7 Mwsevw" : Mwu>sevw" Otto, Mign.,Goodsp. 8 Qeov" qeou' uiJo;" uJpavrcwn : qeov", qeou' uiJo;" uJpavrcwn Marc. 9 Kai; : del. Marc.10 Dunavmei : duvnami" prop. Thirlb. (ex 128, 2 : th;n duvnamin th;n ...fanei'san) 11 Kai; : del. Marc.12 Mwsei' : Mwu>sei' Otto, Mign., Goodsp. 13 jjAggevlletai : in ras. A.

529

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 127, 3-128, 2

fort pour entrer dans la tente − qu'il avait construite − du moins lorsqu'elle étaitremplie de la gloire venue de Dieu ; quand de surcroît ale prêtre ne put semaintenir face au sanctuaire, lorsque Salomon introduisit l'arche dans laDemeure de Jérusalem que Salomon lui-même avait fait édifier8 ?

4 Ni Abraham donc, ni Isaac, ni Jacob, bni aucun autre parmi les hommesn'a vu le Père9, ineffable Seigneur de toute chose absolument, et du Christlui-même, mais bien celui qui, suivant la volonté de ce Père est en mêmetemps Dieu, son fils10, et ange parce qu'il sert son dessein : lui dont il a vouluaussi qu'il naisse homme par la vierge, lui encore cqui s'était jadis fait feu quanddu buisson il s'adressait à Moïse11. 5 Car si nous n'entendons pas ainsi lesÉcritures, il en résultera que le Père et Seigneur de l'univers ne se trouvait pasalors dans les cieux12, quand par l'intermédiaire de Moïse il était dit : dEt leSeigneur fit pleuvoir sur Sodome et Gomorrhe du souffre et du feu d'auprès du Seigneur duhaut du ciel ; ou encore lorsqu'il était dit par l'intermédiaire de David : eLevezvos portes, princes, levez-vous, portes éternelles, et le Roi de gloire entrera ; et lorsqu'il ditaussi : fLe Seigneur dit à mon Seigneur : « Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que je fassede tes ennemis l'escabeau de tes pieds » 13.

Rappel de passages antérieurement cités.Le Verbe n’est pas une puissance produite par segmentation,mais une personne divine engendrée par la volonté du Père,

et numériquement distincte de lui.

128. 1 Que le Christ, étant Seigneur, et depuis toujours1 Dieu Fils de Dieu,apparu en puissance, tout d'abord2, comme homme et ange, et gen gloire de feu (aubuisson par exemple), est apparu aussi hlors du jugement accompli surSodome, c'est dans ce que j'ai dit amplement démontré3.

Je repris néanmoins l'exposé de tous les passages de l'Exode transcrits plushaut, tant sur la vision qui eut lieu au buisson, que sur il'attribution du nom deJésus4, et j'ajoutai :

2 Ne pensez pas, vous autres, que je suis redondant, en rappelant souventces choses : c'est parce que je sais qu'il en est également, qui veulent prévenirces explications, et affirment que la puissance venue du Père de l’univers,apparue à Moïse, à Abraham ou encore à Jacob, est appelée ange dans larencontre des hommes, parce qu'à travers elle ce qui vient du Père

a Cf. III Rois, 8, 11 ; II Chron. 5, 14 b cf. Jn. 1, 18 c cf. Exod. 3, 2 s. d Gen. 19, 24 e Ps. 23,7 f Ps. 109, 1 g cf. Exod. 3, 2 s. h cf. Gen. 18-19 i cf. Nombr. 13, 16.

530

JUSTIN MARTYR

[fol. 181 r° A] faivnetai, a[ndra dev pote kai; a[nqrwpon kalei'sqai, ejpeidh; ejnmorfai'" toiauvtai" schmatizovmeno" faivnetai ai|sper1 bouvletai oJ pathvr :kai; Lovgon2 kalou'sin3, ejpeidh; kai; ta;" para; tou' patro;" oJmiliva" fevrei toi'"ajnqrwvpoi".3 [Atmhton de; kai; ajcwvriston tou' patro;" tauvthn th;n duvnamin uJpavrcein,

o{nper trovpon to; tou' hJlivou fasi; fw'" ejpi; gh'" ei\nai a[tmhton kai;ajcwvriston o[nto"4 tou' hJlivou ejn tw'/ oujranw'/ : kaiv, o{tan duvsh/,sunapofevretai5 to; fw'" : ou{tw" [p. 283 : B] oJ pathvr, o{tan bouvlhtai,levgousi, duvnamin aujtou' prophda'n poiei', kaiv, o{tan bouvlhtai, pavlinajnastevllei eij" eJautovn. Kata;6 tou'ton to;n trovpon kai; tou;" ajggevlou"poiei'n aujto;n didavskousin.4 jAll! o{ti me;n ou\n eijsi;n a[ggeloi, kai; ajei; mevnonte" kai; mh; ajnaluovmenoi

eij" ejkei'no7 ejx ou|per gegovnasin, ajpodevdeiktai : kai; o{ti duvnami" au{th, h}nkai; qeo;n kalei' oJ profhtiko;" Lovgo", < wJ" >8 dia; pollw'n wJsauvtw"9

ajpodevdeiktai, kai; a[ggelon, oujc wJ" to; tou' hJlivou fw'" ojnovmati movnonajriqmei'tai, ajlla; kai; ajriqmw'/ e{terovn tiv ejsti, kai;10 ejn toi'" proeirhmevnoi"dia; bracevwn to;n lovgon ejzhvtasa, eijpw;n th;n duvnamin tauvthn gegennh'sqaiajpo; tou' patrov", dunavmei kai; boulh'/ aujtou', ajll! ouj kata; ajpotomhvn, wJ"ajpomerizomevnh" th'" tou' patro;" oujsiva", oJpoi'a ta; a[lla pavnta merizovmenakai; temnovmena ouj ta; aujtav ejstin a} kai; pri;n tmhqh'nai : kai;paradeivgmato" cavrin pareilhvfein wJ" ta;11 ajpo; [fol. 181 v° : A] puro;"ajnaptovmena pura; e{tera oJrw'men, oujde;n ejlattoumevnou ejkeivnou, ejx ou|ajnafqh'nai polla; duvnantai, ajlla; taujtou' mevnonto".

129. 1 Kai; nu'n de; e[ti kai; ou}" ei\pon lovgou" eij" ajpovdeixin touvtou ejrw'. {Otan12 levgh/ : [Ebrexe kuvrio" pu'r para; kurivou ejk tou' oujranou', duvo o[nta"

ajriqmw'/ mhnuvei oJ Lovgo" oJ profhtikov", to;n me;n ejpi; gh'" o[nta, o{" fhsikatabebhkevnai ijdei'n th;n kraugh;n Sodovmwn, to;n de; ejn toi'" oujranoi'"uJpavrconta, o}" kai; tou' ejpi; gh'" kurivou kuvriov" ejstin, wJ" path;r kai; qeov",ai[tiov" te aujtw'/ tou' ei\nai kai; dunatw'/ kai; kurivw/ kai; qew'/. 2 Kai; pavlin o{tanlevgh/ oJ Lovgo" eijrhkevnai to;n qeo;n ejn ajrch'/ : jIdou; jAda;m [p. 284 : B]

1 Ai|sper edd. : oi|sper codd. 2 Lovgon kalou'sin : L. de; aujth;n kal. Marc. 3 Kalou'sin :kalei'sqai prop. Thirlb. 4 [Onto" : post tou' hJlivou transp. Marc. 5 Sunapofevretai :sunapofevresqai prop. Otto 6 Kata; : kai; prop. Thirlb. 7 jEkei'no edd. : ejkei'na codd. 8 JW" prop.Sylb., Mar., add. Otto, Mign., Troll., Arch., Marc. : om. codd., cett. edd. 9 JWsauvtw" : safw'" prop.Sylb. 10 Kai; : kai; peri; touvtou Marc. 11 JW" ta; prop. Sylb., Mar., coni. edd. ab Otto : ta; wJ"codd., cett. edd. ta; wJ" ajpo; puro;" ...purav, a{ e{tera prop. Mar., ta; eJno;" ajpo; puro;" (= ta; ajpo; eJno;"puro;") Troll. 12 {Otan : o{tan ou\n Marc.

531

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 128, 2-129, 2

est annoncé aux hommes ; et gloire, parce qu'elle prend parfois une apparencequi ne peut être circonscrite ; qu'elle est appelée parfois homme, ou être humain,parce que, pour se manifester, il5 a revêtu ces formes voulues par le Père ; etils l'appellent encore Verbe, parce qu'il porte aux hommes les discours duPère.

3 Cette puissance, disent-ils, demeure6 indivisible et inséparable du Père, demême que la lumière du soleil, sur la terre, est indivisible et inséparable dusoleil, tandis que celui-ci se trouve dans le ciel : et lorsqu'il se couche, lalumière disparaît avec lui. Ainsi, disent-ils, le Père, lorsqu'il le veut, provoqueune projection de sa puissance, et, lorsqu'il le veut, il la ramène à soi7. C'estde cette manière, enseignent-ils, qu'il fait8 aussi les anges.

4 Mais il a été démontré qu'il existe bien des anges, qu'ils sont des êtresstables, ne se résolvant point en ce dont ils procèdent9. Quant à cettepuissance que le Verbe prophétique appelle aussi Dieu − comme il a été demême amplement démontré10 − et ange, elle n'est pas uniquement distinctepar le nom, comme la lumière du soleil, mais elle est également autre chosepar le nombre11. Dans ce qui précède, j'en ai fait également un bref exposé12,pour dire que cette puissance avait été engendrée du Père par sa puissance etpar sa volonté, et non par amputation, comme si l'ousie du Père eut étésegmentée, à l'instar de toutes les autres choses qui, une fois divisées etsegmentées, ne sont plus les mêmes qu'avant d'avoir été fragmentées. Etj'avais pris cet exemple : nous voyons d'autres feux allumés à un feu, sans quesoit diminué celui auquel on en pourrait allumer de multiples : il demeure aucontraire le même.

Preuves scripturaires que le Verbe est numériquement distinct du Père,et engendré par lui de toute éternité.

129. 1 Je vais maintenant vous citer à nouveau les paroles que j'ai déjà citées1

pour démontrer ce point.Lorsqu'il dit aLe Seigneur fit pleuvoir, du haut du ciel, du feu2 d'auprès du Seigneur,

le Verbe prophétique indique qu'ils sont numériquement deux : l'un se trouvesur la terre, dont il dit qu'il est bdescendu pour voir la clameur de Sodome3 ;l'autre demeure dans le ciel, et, comme Père et Dieu, il est aussi Seigneur duSeigneur qui se trouve sur terre, et cause que celui-ci est à la fois cpuissant,Seigneur, et Dieu. 2 Et lorsque le Verbe rapporte encore que Dieu a

a Gen. 19, 24 b cf. Gen. 18, 21 c cf. Gen. 32, 28.

532

JUSTIN MARTYR

gevgonen wJ" ei|" ejx hJmw'n, tovde1 : JW" ei|" ejx hJmw'n kai; aujto; ajriqmou'2

dhlwtikovn ejstin, ajll! ouj tropologivan cwrou'sin oiJ lovgoi, wJ" ejxhgei'sqaiejpiceirou'sin oiJ sofistai; kai;3 mhde; levgein th;n ajlhvqeian mhde; noei'ndunavmenoi. 3 Kai; ejn th'/ Sofiva/ ei[rhtai : (Prov. 8, 21) jEa;n ajnaggeivlw uJmi'n ta;kaq! hJmevran ginovmena, mnhmoneuvsw ta; ejx aijw'no" ajriqmh'sai. (22)Kuvrio"e[ktisev me ajrch;n oJdw'n aujtou'4 eij" e[rga aujtou'. (23)Pro; tou' aijw'no"ejqemelivwsev me, ejn ajrch'/, pro; tou' th;n gh'n poih'sai (24)kai; pro; tou' ta;"ajbuvssou" poih'sai kai;5 pro; tou' proelqei'n ta;" phga;" tw'n uJdavtwn, (25)pro;tou' o[rh eJdrasqh'nai : pro; de; pavntwn bounw'n genna'/ me.4 Kai; eijpw;n tau'ta ejphvgagon : Noei'te, w\ ajkroataiv, ei[ ge [fol. 182 r° : A]

kai;6 to;n nou'n prosevcete7 : kai;8 o{ti gegennh'sqai uJpo; tou' patro;" tou'to to;gevnnhma pro; pavntwn aJplw'" tw'n ktismavtwn oJ Lovgo" ejdhvlou, kai;9 to;gennwvmenon tou' gennw'nto" ajriqmw'/ e{terovn ejsti, pa'"10 oJstisou'noJmologhvseie.

130. 1 Kai; suntiqemevnwn pavntwn ei\pon : Kai; lovgou" dev tina", ou}" mh;ajpemnhmovneusa provteron, ei[poim! a]n a[rti : eijsi; de; eijrhmevnoi uJpo; tou'pistou' qeravponto" Mwsevw"11 ejpikekalummevnw". Ei[rhtai12 de; ou{tw" :Eujfravnqhte oujranoi; a{ma aujtw'/, kai; proskunhsavtwsan aujtw'/ pavnte"a[ggeloi qeou' : kai; ta; eJxh'" tou' lovgou13 ejpevferon tau'ta : Eujfravnqhte e[qnhmeta; tou' laou' aujtou', kai; ejniscusavtwsan aujtw'/ pavnte" a[ggeloi qeou', o{tito; ai|ma tw'n uiJw'n aujtou' ejkdikei'tai14, kai; ejkdikhvsei, kai; ajntapodwvseidivkhn toi'" ejcqroi'", kai; toi'" misou'sin aujto;n ajntapodwvsei, kai; ejkkaqariei'kuvrio" th;n gh'n tou' laou' aujtou'.2 Kai; eijpw;n15 tau'ta hJma'" ta; e[qnh levgei eujfraivnesqai16 meta; tou' laou'

aujtou', levgw jAbraa;m kai; jIsaa;k kai; jIakw;b kai; tou;" profhvta" [p. 285 : B]kai; aJplw'"17 tou;" ajp! ejkeivnou tou' laou' pavnta" eujarestou'nta" tw'/ qew'/,kata; ta; prowmologhmevna hJmi'n : ajll! ouj pavnta" tou;" ajpo; tou' gevnou"

1 Tovde prop. Thirlb., coni. Troll., Mign., edd. ab Otto : to; de; codd., cett. edd. 2 Aujto; ajriqmou' :aujto; tou' duvo ajr. Marc. (ex. Dial. 129, 1.4 ; 62, 3) 3 Kai; : oiJ coni. Marc. 4 JOdw'n aujtou' in textuA (= LXX) : oJdo;n aujtou' in marg. A in textu B. Cf. 61, 3 5 Kai; : del. Marc. (om. LXX; Dial. 61, 3)6 Kai; : del. Marc. 7 Prosevcete : proseivcete prop. Thirlb., coni. Marc. (cf. 64, 3 : eijproseschvkeite) 8 Kai; : kai; ga;r Marc. 9 Kai; : kai; o{ti prop. Lange, Mar., coni. Troll., Marc.10 Pa'" : wJ" pa'" prop. Sylb., Thirlb. 11 Mwsevw" : Mwu>sevw" Otto, Mign., Goodsp. (sic etiaminfra, 130, 3) 12 Ei[rhtai = oJ lovgo" (mox ta; eJxh'" tou' lovgou) Otto, vel perikophv Sylb. :ei[rhntai (= lovgou" dev tina") prop. Sylb. 13 Tou' lovgou ejpevferon : tou' lovgou. jEpevferonSteph., Lange kai; ejpevferon prop. Sylb. 14 jEkdikei'tai : ejkdikei' te prop. Sylb. 15 Eijpw;n :ejpei'pon prop. Sylb. 16 Eujfraivnesqai : mevllein eujfr. Marc. 17 Kai; aJplw'" prop. Thirlb., transp.edd. ab Otto (cf. 102, 5) : aJplw'" kai; codd., cett. edd.

533

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 129, 2-130, 2

dit au commencement : aVoici, Adam est devenu comme l'un de nous…4, ce commel'un de nous est aussi une évidente indication de nombre, et ces paroles necomportent pas un sens figuré, comme tentent de l'expliquer les sophistes5,et ceux qui ne peuvent ni dire ni comprendre la vérité. 3 Dans la Sagesse6

encore, il est dit : (Prov. 8, 21)Si je vous annonce ce qui arrive chaque jour, je mesouviendrai aussi de dénombrer les choses de l'éternité. (22)Le Seigneur m'a établie principede ses voies7 pour ses œuvres. (23)Avant l'éternité, il m'a fondée, dès le début, avant que decréer la terre, (24)et avant que de créer les abîmes, avant que ne coulent les sources des eaux,(25)avant que les montagnes n'aient été formées ; avant toutes les collines, il m'engendre8.

4 Après quoi, j'ajoutai : Comprenez, vous qui m'écoutez, si du moins vousfaites attention : le Verbe montrait (ainsi) que ce rejeton9 avait été bengendrépar le Père avant absolument toutes les créatures10 ; or l'engendré estnumériquement autre que celui qui engendre, n'importe qui en conviendrait.

L’Israël véritable est constitué des nations appelées par le Christet de ceux qui, parmi les juifs, auront cru en lui.

Témoignage du Deutéronome.

130. 1 Tous tombèrent d'accord, et je dis : Il est encore certaines paroles, queje n'ai pas encore rappelées dans ce qui précède ; j'aimerais les citermaintenant. Elles sont formulées de manière voilée par Moïse, le cfidèleserviteur.

Voici comment : dRéjouissez-vous, cieux, avec lui, et que se prosternent devant luitous les anges de Dieu. Et j'ajoutais la suite du passage : eRéjouissez-vous, nations,avec son peuple, et que se fortifient en lui tous les anges de Dieu, car le sang de ses fils estvengé, il (le) vengera ; il rendra le châtiment dû aux ennemis, et à ceux qui le haïssent ilrendra leur dû, et le Seigneur purifiera la terre de son peuple.

2 Par ces paroles, il déclare que nous autres, les fnations, sommes appelées ànous réjouir avec son peuple, je veux dire Abraham, Isaac, Jacob, les prophètes,et en somme, tous ceux de ce peuple qui sont agréables à Dieu, selon ce dontnous sommes déjà convenus1 ; mais nous n'entendrons pas par là tous ceuxde votre race, car nous avons appris aussi, par l'intermédiaire d'Isaïe, que

a Gen. 3, 22 b cf. Prov. 8, 24-25 et Col. 1, 15 c cf. Nombr. 12, 7 et Hébr. 3, 2.5 d Deut. 32, 43e ibid. f ibid.

534

JUSTIN MARTYR

uJmw'n ajkousovmeqa, ejpeidh; e[gnwmen kai; dia; JHsai?ou ta; kw'la tw'nparabebhkovtwn uJpo; skwvlhko" kai; ajpauvstou puro;" diabibrwvskesqaimevllein, ajqavnata mevnonta, w{ste kai; ei\nai eij" [fol. 182 v° : A] o{rasin pavsh"sarkov"1.3 jEpeipei'n de; uJmi'n bouvlomai kai;2 pro;" touvtoi", w\ a[ndre", e[fhn, kai;

a[llou" tina;" lovgou" ajp! aujtw'n tw'n Mwsevw" lovgwn, ejx w|n kai;3 noh'saiduvnasqe o{ti a[nwqen me;n pavnta" tou;" ajnqrwvpou" oJ qeo;" dieskovrpise kai;ta;4 gevnh kai; glwvssa" : ejk pavntwn de; tw'n genw'n gevno" eJautw'/ labw;n to;uJmevteron, gevno" a[crhston kai; ajpeiqe;" kai; a[piston5, e[deixe6 tou;" ajpo;panto;" gevnou" aiJroumevnou" pepei'sqai aujtou' th'/ boulh'/ dia; tou' Cristou', o}nkai; jIakw;b kalei' kai; jIsrah;l ojnomavzei, touvtou" kai; jIakw;b kai; jIsrahvl, wJ"proevfhn ejn polloi'", ei\nai dei'<n>7.4 Eujfravnqhte gavr, e[qnh, meta; tou' laou' aujtou' eijpwvn, th;n me;n oJmoivan

aujtoi'" ajponevmei klhronomivan, kai; th;n oJmoivan ojnomasivan divdwsin8 : e[qnhde; aujtou;" kai; eujfrainomevnou" meta; tou' laou' aujtou' levgwn, eij" oj[neido" to;uJmevteron levgei9 e[qno"10. }On ga;r kai; uJmei'" trovpon panwrgivsate11

eijdwlolatrhvsante", ou{tw12 kai; aujtou;" eijdwlolavtra" o[nta"13 kathxivwsegnw'nai th;n boulh;n aujtou' kai; klhronomh'sai th;n klhronomivan th;n par!aujtw'/.

131. 1 jErw' de; kai; tou;" lovgou", di! w|n dhlou'tai merivsa" pavnta ta; e[qnh oJqeov".Eijsi; de; ou|toi : (Deut. 32, 7) jEperwvthson to;n patevra sou, kai; ajnaggelei'

soi, tou;" presbutevrou" sou, kai; ejrou'siv soi. (8) {Ote14 diemevrizen oJ u{yisto"e[qnh, [p. 286 : B] wJ" dievspeiren uiJou;" jAdavm, e[sthsen o{ria ejqnw'n kata;ajriqmo;n15 [fol. 183 r° : A] uiJw'n jIsrahvl : (9)kai; ejgenhvqh meri;" kurivou lao;"aujtou' jIakwvb, scoivnisma klhronomiva" aujtou' jIsrahvl.Kai; eijpw;n tau'ta ejphvnegka levgwn o{ti oiJ eJbdomhvkonta ejxhghvsanto, o{ti

[Esthsen o{ria ejqnw'n kata; ajriqmo;n ajggevlwn qeou'. jAll! ejpei; kai; ejk

1 Pavsh" sarko;" : pavsh/ sarkiv prop. Thirlb., coni. Marc. (ex LXX; Dial. 44, 3 ; 140, 3) 2 Kai; : del.Marc. 3 Kai; : del. Marc. 4 Kai; ta; : kata; prop. Thirlb., Mar., coni. Marc. 5 [Apiston : a[p. o[nMarc. 6 [Edeixe (vel lacuna ante deivxa") Marc. : deivxa" codd., cett. edd. 7 Ei\nai dei'n coni. Marc.(= e[deixe ...touvtou" ...dei'n) : ei\nai dei' (= noh'sai duvnasqe o{ti ...dieskovrpise [kai; o{ti] ...dei'Otto) codd., cett. edd. 8 Divdwsin : ouj divdwsin prop. Mar. 9 Levgei : fevrei coni. Marc. 10 [Eqno" :oJ qeov" prop. Thirlb. 11 Panwrgivsate : pan. aujto;n Marc. 12 Ou{tw : ou{tw" Otto 13 [Onta" :pavlai o[nta" Marc. 14 Soi. {Ote ... jAdavm, e[sthsen Thirlb., Troll., edd. ab Otto : soi, o{te...jAdavm. [Esthsen cett. edd. 15 jAriqmo;n prop. Sylb., coni. Marc. (ex LXX ; Dial. 131, 1 : kata;ajriqmo;n ajggevlwn qeou' ; cf. Smit Sibinga, p. 99) : ajriqmou;" codd., cett. edd.

535

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 130, 2-131, 1

ales membres des prévaricateurs doivent être consumés par un ver et un feuinextinguible, demeurant immortels, en sorte qu'ils deviennent spectacle pour toutechair2.

3 Je veux encore pour vous ajouter à cela, dis-je, mes amis, quelques autrespassages des paroles elles-mêmes que Moïse a dites. Vous pourrez d'aprèselles comprendre que dès le début, Dieu ba dispersé tous les hommes, avecleurs races et leurs langues ; que de toutes les races s'en étant pris une, lavôtre, race cmalveillante3, dinfidèle, et esans foi, il montra que ce sont ceux quisont choisis en toute race, et qui ont été fidèles à sa volonté par le Christ − qu'ilappelle Jacob et Israël −, qui, comme je l'ai déjà dit en maintes occasions4,sont nécessairement Jacob et Israël5.

4 Ainsi lorsqu'il déclare fRéjouissez-vous donc, nations, avec son peuple, il leuroctroie un semblable héritage, et il leur attribue une semblabledénomination6. Et lorsqu'il les appelle nations, et dit qu'elles se réjouissent avecson peuple, c'est pour faire honte à votre nation qu’il7 s'exprime ainsi. Demême, en effet, que vous avez, par vos idolâtries, gprovoqué sa colère, de mêmeil a jugé, bien qu'elles fussent idolâtres, qu'elles aussi étaient dignes deconnaître sa volonté et de recueillir l'héritage qui vient de lui.

La foi des nations est plus forte que celle des juifspour qui Dieu fit bien des miracles.

131. 1 Je rapporterai aussi les paroles qui montrent que Dieu a partagé toutesles nations.

Les voici : (Deut. 32, 7)Interroge ton Père, et il te l'annoncera, tes anciens, et ils te lediront. (8)Lorsque le Très-Haut partageait les nations, lorsqu'il dispersait les fils d'Adam,il établit les frontières des nations suivant le nombre des fils d'Israël. (9)Et son peuple,Jacob, devint une part du Seigneur, et Israël une portion de son héritage.

Après quoi j'ajoutai :Les Septante ont traduit : il établit les frontières suivant le nombre des anges de

Dieu1. Mais comme ici encore, cela n'affaiblit en rien mon propos, j'ai donnévotre traduction2.

a Is. 66, 24 b cf. Gen. 11, 6 s. et Deut. 32, 8 c cf. Os. 8, 8 ? d cf. Is. 30, 9 et 65, 2e cf. Deut. 32, 20 f Deut. 32, 43 g cf. Deut. 32, 21.

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JUSTIN MARTYR

touvtou pavlin oujdevn moi ejlattou'tai oJ lovgo", th;n uJmetevran ejxhvghsin ei\pon.2 Kai; uJmei'" d!, eij bouvlesqe1 th;n ajlhvqeian2 oJmologh'sai, o{ti pistovteroi

pro;" to;n qeovn ejsmen, oi{tine" dia; tou' ejxouqenhmevnou kai; ojneivdou" mestou'musthrivou tou' staurou' klhqevnte" uJpo; tou' qeou', w|n3 kai; th'/ oJmologiva/ kai;th'/ uJpakoh'/ kai; th'/ eujsebeiva/ kolavsei" mevcri qanavtou uJpo; tw'n daimonivwnkai; th'" stratia'" tou' diabovlou, dia; th'" uJf! uJmw'n ejkeivnoi" gegenhmevnh"uJphresiva", prostetivmh<n>tai4, pavnq! uJpomevnomen uJpe;r tou' mhde; mevcrifwnh'" ajrnei'sqai to;n Cristovn, di! ou| ejklhvqhmen eij" swthrivan th;nprohtoimasmevnhn para; tou' patrov", 3 JUmw'n5 tw'n ejn bracivoni uJyhlw'/ kai;ejpiskoph'/ megavlh" dovxh"6 lutrwqevntwn ajpo; th'"7 Aijguvptou, qalavssh" uJmi'ntmhqeivsh" kai; genomevnh" oJdou' xhra'", ejn h|/ tou;" diwvkonta" uJma'" meta;dunavmew" pollh'" pavnu kai; ejndovxwn aJrmavtwn, ejpikluvsa" aujtoi'" th;n di!uJma'" oJdopoihqei'san qavlassan, ajpevkteinen : oi|" kai; stuvlo" fwto;"8

e[lampen, i{na9 kai; para; to;n pavnta a[llon lao;n to;n ejn tw'/ kovsmw/ ijdivw/ kai;ajntellipei'10 kai; [fol. 183 v° : A] mh; duvnonti fwti; crh'sqai11 e[chte : oi|"a[rton eij" trofh;n12 di! ajggevlwn13 oujranivwn, to; mavnna, e[brexen, i{na mhde;sitopoii?a" deovmenoi zhthvshte14 : kai; to; ejn Merra'/15 u{dwr ejglukavnqh :4 Kai; shmei'on16 tou' staurou'sqai [p. 287 : B] mevllonto" kai; ejpi; tw'n o[fewntw'n dakovntwn17 uJma'", wJ" proei'pon, gegevnhtai18 (pavnta prolambavnonto"pro; tw'n ijdivwn kairw'n ta; musthvria carivzesqai uJmi'n tou' qeou', pro;" o}najcavristoi ejlevgcesqe ajei; gegenhmevnoi19) kai; dia; tou' tuvpou th'" ejktavsew"tw'n ceirw'n Mwu>sevw"20 kai; Aujsh'21 tou' ejponomasqevnto" jIhsou'

1 Eij bouvlesqe : eij bouvlesqe, duvnasqe prop. Mar. 2 Th;n ajlhvqeian oJmologh'sai, o{ti : t. ajl.oJmologhvsete vel oJmologhvsate, o{ti prop. Otto oJmologhvsete o{ti prop. Nolte, coni. Marc. oi[datevel ajrnei'sqai ouj duvnasqe o{ti prop. Thirlb. 3 |Wn : ou| (= tou' qeou') Marc. 4 Prostetivmhntai

edd. : prostetivmhtai codd. w|n (ou|) − prostetivmhntai in semicirculis Otto, Mign., Marc. 5 JUmw'nprop. Thirlb., Mar., coni. edd. ab Otto : hJmw'n codd., cett. edd. 6 jEn bracivoni uJyhlw'/ kai; ejpiskoph'/megavlh" dovxh" : ejn br. uJy. kai; ejn oJravmasi megavloi" LXX 7 Th'" : gh'" coni. Marc. (ex Dial. 11,1 et Act. 13, 17) 8 Stulo;" fwto;" : st. puro;" Exod. 13, 21.22 ; 14, 24 9 {Ina : i{na movnoiMarc. (vel kai; delendum) 10 jAnellipei' (qui non defecit) : ajneklipei' prop. Thirlb. 11 Crh'sqaiedd. : crh'sqe codd. 12 [Arton eij" trofh;n : eij" trofh;n kai; a[rton Marc. a[rton, trofh;n prop.Thirlb. 13 Di! ajggevlwn : i[dion ajggevlwn (panem proprium aggelorum) prop. Mar., coni. Otto, Troll.,Goodsp. ajggevlwn prop. Thirlb. 14 Zhthvshte : gogguvshte prop. Thirlb. 15 Merra'/ corr. exMera'/ A : Mera'/ B 16 Shmei'on : s. de; ujmi'n Marc. 17 Dakovntwn (vel daknovntwn) prop. Sylb.,Thirlb., Mar., coni. edd. ab Otto (ex Dial. 91, 4) : didaskovntwn codd., cett. edd. dedhcovtwn prop.Thirlb. 18 Gegevnhtai prop. Périon, Sylb., Mar., coni. edd. ab Otto, Troll. : gegenh'sqai codd., cett.edd. 19 Pavnta − gegenhmevnoi : in semicirculis edd. ab Otto 20 Mwu>sevw" : Mwsevw" Arch.Mwu>sevo" codd. 21 Aujsh' prop. Thirlb., Mar. : dia; vel au| prop. Sylb., ajndro;" (olim) vel ojnovmato"Otto del. edd. ab Otto wJ" codd., cett. edd.

537

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 131, 2-131, 4

2 Si vous voulez bien admettre la vérité, (reconnaissez que) nous, que Dieua appelés par le mystère aabject et chargé de mépris3 de la Croix, nous à qui,pour notre confession, notre soumission et notre piété, des châtiments quivont jusqu'à la mort sont infligés par les démons et l'armée du diable − et cegrâce au concours que vous leur apportez4 −, et qui supportons tout plutôtque de renier, fût-ce en parole, le Christ à travers qui nous avons été appelésau bSalut préparé auprès du Père5, nous avons en Dieu une plus grande foi63 que vous qui fûtes crachetés d'Égypte dpar un bras élevé 7 et la evisite d'unegrande gloire, fla mer s'étant pour vous divisée et étant devenue un chemin secoù, en déversant sur eux cette mer qui pour vous s'était faite chemin, ilextermina ceux qui vous poursuivaient avec une puissance vraimentconsidérable et de superbes chars8 ; c'est pour vous que gbrillait une colonne delumière9, en sorte qu'à la différence de tout autre peuple au monde, vouspuissiez jouir d'une lumière qui vous fût propre, ne fît jamais défaut, et ne secouchât point10 ; c'est encore pour vous que, hpar les anges du ciel11, il fitcomme nourriture pleuvoir un pain, la manne, afin que le souci de pourvoir àvotre subsistance vous soit épargné ; (c'est pour vous) que il'eau de Merrha setrouva adoucie12. 4 Et, comme je l'ai dit plus haut13, en cette circonstance où jlesserpents vous mordaient, un signe fut donné de celui qui devait être crucifié (cardans sa Providence, Dieu vous faisait la grâce, avant leur propre temps, detous les mystères ; or envers lui toujours, vous êtes convaincus d'avoir étéingrats) ; et de même par le type que formait kl'extension des mains de Moïseavec14 le combat contre Amalek d'Ausès qui lavait reçu le surnom de

a Cf. Ps. 21, 7 b cf. Is. 52, 10 c cf. Deut. 4, 34 ; Exod. 6, 1 s. ; 13, 21 ; 16, 10 et Act. 13, 17d cf. Exod. 6, 1.6 ; 32, 11 ; Deut. 5, 15 ; 6, 21 ; 7, 19 ; 9, 29 ; 11, 2 ; 29, 2 ; Act., 13, 17e cf. Gen. 50, 24.25 ; Exod. 13, 21.22 ; 16, 10 f cf. Exod. 14, 6 s. g cf. Exod. 13, 21-22, etc.h cf. Exod. 16, 4 s. ; Nombr. 11, 7-9 ; Deut. 8, 3 ; Ps. 77, 24 i cf. Exod. 15, 25 j cf. Nombr. 21,6-10 k cf. Exod. 17, 8-13 l cf. Nombr. 13, 16.

538

JUSTIN MARTYR

polemouvntwn to;n jAmalhvk, peri; ou| ei\pen oJ qeo;" ajnagrafh'nai to;gegenhmevnon, fhvsa"1 kai; eij" ta;" uJmw'n ajkoa;" jIhsou' paraqevsqai to;o[noma, eijpw;n o{ti ou|tov" ejstin2 oJ mevllwn ejxaleivfein ajpo; th'" uJpo; to;noujrano;n to; mnhmovsunon tou' jAmalhvk. 5 Kai; o{ti to; mnhmovsunon tou'jAmalh;k kai; meta; to;n tou' Nauh' uiJo;n mevnei, faivnetai : dia; de; tou' jIhsou'tou' staurwqevnto", ou| kai; ta; suvmbola ejkei'na prokhruvgmata h\n tw'n kat!aujto;n3 aJpavntwn, o{ti mevllei ejxoloqreuqhvsesqai ta; daimovnia kai; dedievnaito; o[noma aujtou', kai; pavsa" ta;" ajrca;" kai; ta;" basileiva" oJmoivw"uJfora'sqai aujtovvn, kai; ejk panto;" gevnou" ajnqrwvpwn qeosebei'" kai;eijrhnikou;" deivknusqai ei\nai tou;" eij" aujto;n pisteuvonta", fanero;n poiei'4,kai; ta; proanistorhmevna uJp! ejmou', w\ Truvfwn, shmaivnousi5.6 Kai; tosauvth de; ojrtugomhvtra [fol. 184 r° : A] ejdovqh uJmi'n ejpiqumhvsasi

krewfagiva", o{sh ajnavriqmo" eijpei'n : oi|" kai; ejk pevtra" u{dwr ajnevbluse, kai;nefevlh eij" skia;n ajpo; kauvmato" kai; fulakh;n6 ajpo; kruvou" ei{peto, a[llououjranou' kainou' trovpon7 kai; proaggelivan ajpaggevllousa8 : w|n kai; oiJiJmavnte" tw'n uJpodhmavtwn oujk ejrravghsan9, oujde; aujta; ta; uJpodhvmataejpalaiwvqh, oujde; ta; ejnduvmata katetrivbh, ajlla; kai; ta; tw'n newtevrwnsunhuvxane.

132. 1 Kai; pro;" touvtoi" ejmoscopoihvsate kai; pro;" ta;" quga-[p. 288 : B]-tevra" tw'n ajllogenw'n porneu'sai kai; eijdwlolatrh'sai ejspoudavsate, kai;meta;10 tau'ta pavlin, th'" gh'" uJmi'n paradoqeivsh" meta; dunavmew" tosauvth",wJ" kai; to;n h{lion qeavsasqai uJma'" prostavxei tou' ajndro;" ejkeivnou tou'ejponomasqevnto" tw'/ jIhsou' ojnovmati staqevnta ejn tw'/ oujranw'/ kai; mh;duvnanta11 mevcri"12 wJrw'n triavkonta e{x13, kai; ta;" a[lla" pavsa" dunavmei"ta;" kata; kairo;n gegenhmevna" uJmi'n : w|n kai; a[llhn mivan

1 Fhvsa" : fqavsa" prop. Thirlb. (ex prolambavnonto") 2 {Oti ou|tov" ejstin : oJ toiou'tov" ejstin inmarg. A, ad calcem Steph. 3 Aujto;n prop. Thirlb., Mar., coni. edd. ab Otto : aujtou' codd., cett. edd.4 Fanero;n poiei' : subaud. tou'to (res ea) Lange, hJ grafh; Mar., oJ qeo;" Otto, tuvpo" ego (ex Dial.131, 4) kai; hJ grafh; Marc. 5 Peri; ou| ei\pen − shmaivnousi in semicirculis Thirlb. 6 Kai;fulakh;n : kai; stuvlo" puro;" eij" f. prop. Thirlb. (cf. Const. apost., VIII, 12, 26 : stu'lon puro;"th;n nuvkta pro;" fwtismo;n kai; stuvlon nefevlh" hJmevra" pro;" skiasmo;n qavlpou") kai; flo;" eij"f. Marc. 7 Trovpon : tuvpon prop. Thirlb. 8 jApaggevllousa : −ai (nefevlh kai; flo;x) Marc.9 Oujk ejrravghsan in textu A, in marg. B2, edd. : oujk ajnerravghsan in textu B kai; povde" aujtw'n oujdierravghsan (Neh. 9, 21) 10 Meta; : del. Marc. 11 Duvnanta (cf. Aelian, H. V., 4, 1 ; Pausan.,II, 11, 7, etc. Otto) : duvnonta vel duvsanta vel duvnta prop. Sylb., Mar. (cf. 131, 3 : mh; duvnonti fwti;)12 Mevcri" A (corr. ex mevcri), Goodsp., Marc. : mevcri Steph., Mar., Mign., Otto, Arch.13 Triavkonta e{x : sh(meivw)sai o{per levgei ou|to" peri; tou' hJlivou, o{ti triakontae;x w{ra"i{stato in marg. codd.

539

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 131, 4-132, 1

Jésus (Josué) : c'est à ce propos que aDieu ordonna de consigner par écrit ce quiétait arrivé, déclarant que le nom de Jésus était confié à vos oreilles, et affirmantque c'était là celui qui devait effacer de dessous le ciel la mémoire d'Amalek15. 5 Or labmémoire d'Amalek, même après le fils de Navé, demeure : c'est évident. ParJésus crucifié, en revanche, lui dont ces symboles aussi proclamaient àl'avance tout ce qui le concerne, il devait arriver que les démons fussentanéantis et credoutent son nom16, que toutes les dPrincipautés et les Royautés leconsidèrent avec appréhension, et que de toute race d'hommes ceux quicroiraient en lui se révèlent pieux et pacifiques. Voilà ce que (cette figure)donne clairement à comprendre et ce que signifient, Tryphon, les choses quej'ai rapportées plus haut.

6 Et quand evous avait pris le désir de manger de la viande17, si grande était laquantité de cailles qui vous fut accordée, qu'on l'aurait pu dire innombrable.C'est encore pour vous que fdu rocher il fit jaillir l'eau18 ; gune nuée vous suivait,ombre pour la chaleur, et abri pour le froid, annonçant figure et promessed'un hautre nouveau ciel19 ; et iles lanières de vos sandales ne se rompaient point, vossandales elles-mêmes ne vieillissaient pas, ni vos habits ne s'usaient, et ceux de vosenfants grandissaient avec eux20.

Ingratitude de ceux qui ont répondu à ces bienfaits, parfois annonciateurs du Christ,par le péché d’idolâtrie.

132. 1 En retour, vous avez jfabriqué un veau, vous avez mis vos soins à kvousprostituer aux filles des étrangers et à idolâtrer ; let même par la suite, vousl'avez encore fait, alors que le pays vous avait été livré par une si grandePuissance, que vous avez pu voir, msur l'ordre de cet homme surnomméJésus, le soleil s'arrêter dans le ciel, et ne pas se coucher pendant trente-sixheures1 ; et tous les autres prodiges2 encore qui en leur temps s'accomplirentpour vous.

a Cf. Exod. 17, 14 ; Deut. 25, 19 b ibid. c cf. Lc. 10, 17 d cf. I. Cor. 15, 24 ; Éphés. 1, 21 ; 3,10 ; Col. 1, 16 ; 2, 15 e cf. Exod. 16, 1-13 ; Nombr. 11, 1-23 et 31-34 f cf. Exod. 17, 5-6 ;Nombr. 20, 7-11 g cf. Nombr. 9, 15-23 ; Exod. 13, 21 ; Ps. 77, 14 et 104, 39 h cf. Is. 65, 17 ;66, 22 ; Apoc. 21, 1 ; II Pierre, 3, 13 i cf. Deut. 8, 4 et 29, 5 ; Néh. 9, 21 j cf. Exod. 32k cf. Nombr. 25, 1 l cf. Jug. 2, 12 ; 3, 6, etc. m cf. Jos. 10, 12-13.

540

JUSTIN MARTYR

katariqmh'sai tanu'n1 ei\naiv moi dokei' : sunaivretai ga;r pro;" to; kai; ejxaujth'" sunievnai uJma'" to;n jIhsou'n, o}n kai; hJmei'" ejpevgnwmen Cristo;n uiJo;nqeou', staurwqevnta2 kai; ajnastavnta kai; ajnelhluqovta eij" tou;" oujranouv",kai; pavlin paragenhsovmenon krith;n pavntwn aJplw'" ajnqrwvpwn mevvcri" aujtou'jAdavm.2 jEpivstasqe ou\n, e[legon, o{ti, th'" skhnh'" tou' marturivou uJpo; tw'n peri;

jAzwtivou" polemivwn [fol. 184 v° : A] aJrpageivsh" kai; plhgh'" aujtoi'"gegenhmevnh" fobera'" kai; ajniavtou, ejbouleuvsanto ejf! aJmavxh", uJf! h|/damavlei"3 neotovkou" e[zeuxan, ejpiqei'nai4, eij" pei'ran tou' gnw'nai eijdunavmei qeou' dia; th;n skhnh;n peplhgmevnoi eijsi; kai; bouvletai oJ qeo;"ajpenecqh'nai aujth;n o{qen ejlhvfqh. 3 Kaiv, praxavntwn5 tou'to, aiJ damavlei",uJpo; mhdeno;" oJdhgouvmenai ajnqrwvpwn, oujk h\lqon me;n eij" to;n tovpon oJpovqenei[lhpto hJ skhnhv, ajll! eij" cwrivon tino;" ajndro;" kaloumevnou Aujsh',oJmwnuvmou ejkeivnou tou' metonomasqevnto" tw'/ jIhsou' ojnovmati, wJ"proelevlekto, o}" kai; eijshvgage to;n lao;n eij" th;n gh'n kai; kateklhrodovthsenaujtoi'" aujthvn : eij" o} cwrivon ejlqou'sai memenhvkasi, deiknumevnou uJmi'n kai;dia; touvtwn, o{ti tw'/ th'" dunavmew" ojnovmati6 wJdhghvqhsan, wJ" [p. 289 : B]provteron oJ perileifqei;" lao;" ajpo; tw'n ajp! Aijguvptou ejxelqovntwn dia; tou'labovnto" to; jIhsou' o[noma, Aujsh' provteron kaloumevnou, eij" th;n gh'nwJdhghvqh.

133. 1 Kaiv, touvtwn kai; pavntwn tw'n toiouvtwn paradovxwn kai; qaumastw'nuJmi'n genomevnwn7 te kai; oJrwmevnwn kata; kairouv"8, ejlevgcesqe kai; dia; tw'n9

profhtw'n mevcri tou' kai; ta; eJautw'n tevkna tequkevnai toi'" daimonivoi" kai;ejpi; touvtoi" pa'si toiau'ta tetolmhkevnai eij" to;n Cristo;n kai; e[ti tolma'n,ejf! oi|" pa'si gevnoito uJmi'n, e[leo" para; tou' qeou' kai; tou' Cristou' aujtou'labou'si, swqh'nai. 2 [fol. 185 r° : A] Dia; ga;r tou' profhvtou JHsai?ou proepistavmeno" oJ qeo;"tau'ta mevllein uJma'" poiei'n kathravsato10 ou{tw" : (Is. 3, 9)Oujai; th'/ yuch'/aujtw'n : bebouvleuntai boulh;n ponhra;n kaq! eJautw'n, (10)eijpovnte" : Dhvswmen

1 Tanu'n : ta; nu'n Goodsp., Marc. eu[kairon vel oujk a[topon addendum Thirlb. (ut 18, 1 ; 85, 5),divkaion (ut 137, 4) vel delendum ei\nai Mar. kalo;n add. Marc. (ex II Apol. 11, 2) 2 Staurwqevnta :st. kai; ajpoqanovnta Marc. (ex Dial. 67, 6 ; 95, 2 ; I Apol. 21, 1) 3 Damavlei" : duvo d. Marc.(ex LXX). d. neotovkou" codd., edd. bova" prwtotokouvsa" (I Sam. 6, 7) 4 jEpiqei'nai : ejp. aujth;nMarc. (ex LXX) 5 Praxavntwn (scil. ejkeivnwn Otto) : aujtw'n add. Marc. 6 Tw'/ th'" dunavmew"ojnovmati : th'/ tou' ojnovmato" dunavmei prop. Thirlb., Mar. 7 Genomevnwn : ginomevnwn coni. Marc.8 Kata; kairouv", ejlevgcesqe Thirlb., Mar., Troll., edd. ab Otto (cf. 132, 1 : dunavmei" ta;" kata;kairo;n gegenhmevna" uJmi'n) : kata; kairou;" ejlevgcesqe codd., cett. edd. 9 Tw'n : om. Mar., Mign.10 Kathravsato : kat. uJma'" Marc.

541

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 132, 1-133, 2

Parmi eux, il me semble devoir en rapporter ici encore un seulement : ilcontribuera lui aussi à vous faire comprendre Jésus, que nous avons reconnucomme Christ, Fils de Dieu, crucifié, ressuscité, monté au ciel, et devantrevenir comme ajuge de tous les hommes absolument, jusqu'à Adam lui-même3.

2 Vous savez donc, dis-je, que, lorsque bles ennemis qui vivaient auxalentours d'Azot (Ashdod) se furent emparés de la tente du témoignage, eteurent été frappés d'un fléau terrible et incurable, ils décidèrent de la mettresur un char, qu'ils attelèrent de vaches venant de mettre bas, et ce pour s'assurerqu'ils étaient bien frappés par la Puissance de Dieu à cause de la tente, et queDieu voulait qu'on la reconduisît là où elle avait été prise. 3 Lorsqu'ils eurentexécuté ce dessein, les vaches, sans être guidées par aucun être humain, sedirigèrent non point vers le lieu où la tente avait été prise4, mais vers lechamp d'un homme appelé Ausès, homonyme de celui dont le nom −comme il a été dit5 − avait été cchangé en celui de Jésus (Josué), celui qui avaitfait entrer le peuple dans le pays, et le leur avait partagé. Parvenues dans cechamp, elles y demeurèrent6, ce qui une fois encore vous montre qu'ellesavaient été guidées par le nom de la Puissance7, de même qu'autrefois lepeuple survivant8 parmi ceux qui étaient sortis d'Égypte avait été dguidé9 dansle pays par celui qui avait reçu le nom de Jésus (Josué), et qui auparavants'appelait Ausès.

La malédiction des juifs non-repentis était annoncée par Isaïe.En dépit de leurs violences contre le Christ et ses disciples, les chrétiens prient pour eux,

comme cela leur a été prescrit.

133. 1 Et après que ces choses, avec tous les miracles et toutes lesmerveilles analogues furent advenues pour vous et offertes à vos yeux,chacune selon son temps, vous vous êtes encore vus accuser, par lesprophètes, d'avoir été jusqu'à immoler vos propres enfants aux démons1, etavec tout cela, d'avoir osé et d'oser encore de semblables atteintes contre leChrist. Puissiez-vous, malgré tout, obtenir miséricorde auprès de Dieu et deson Fils, et être sauvés. 2 Car par l'intermédiaire du prophète Isaïe, Dieu, quisavait d'avance que vous agiriez ainsi, vous a maudits en ces termes : (Is. 3,9)Malheur à leur âme : ils ont conçu un mauvais dessein contre eux-mêmes, (10)en disant :

a Cf. Dan. 7, 26 et Act. 10, 42 ; II Tim. 4, 1 ; I Pierre, 4, 5, etc. b cf. I Rois, 5-6 c cf. Nombr. 13,16 d cf. Nombr., 24, 8 ; Deut. 1, 33 ; Néh. 9, 12.

542

JUSTIN MARTYR

to;n divkaion, o{ti duvscrhsto" hJmi'n ejsti. Toivnun ta; gennhvmata tw'n e[rgwnaujtw'n favgontai. (11)Oujai; tw'/ ajnovmw/ : ponhra; kata; ta; e[rga tw'n ceirw'naujtou' sumbhvsetai aujtw'/. (12)Laov" mou, oiJ pravktore" uJmw'n kalamw'ntaiuJma'" kai; oiJ ajpaitou'nte" kurieuvsousin uJmw'n. 3 Laov" mou, oiJ makarivzonte"uJma'" planw'sin uJma'" kai; th;n trivbon tw'n oJdw'n1 uJmw'n taravssousin.(13) jAlla; nu'n katasthvsetai eij" krivsin2 to;n lao;n aujtou', (14)kai; aujto;"kuvrio" eij" krivsin h{xei meta; tw'n presbutevrwn tou' laou' kai; tw'n ajrcovntwnaujtou' : JUmei'" de; tiv ejnepurivsate to;n ajmpelw'nav mou, kai; hJ 3 aJrpagh; tou'ptwcou' ejn toi'" oi[koi" uJmw'n _ (15) JUmei'" tiv ajdikei'te to;n laovn mou kai; to;provswpon tw'n tapeinw'n kath/scuvnate4 _4 Kai; ejn eJtevroi" pavlin lovgoi" oJ aujto;" profhvth" eij" to; aujto; ei\pen :

(Is. 5, 18)Oujai; oiJ ejpispwvmenoi ta;" aJmartiva" aujtw'n wJ" ejn scoinivw/ ma-[p. 290 :B]-krw'/ kai; wJ" zugou' iJmavnti damavlew" ta;" ajnomiva", (19)oiJ levgonte" : To;tavco" aujtou' ejggisavtw, kai; ejlqevtw hJ boulh; tou' aJgivou jIsrahvl, i{nagnw'men. (20)Oujai; oiJ levgonte" to; ponhro;n kalo;n kai; to; kalo;n ponhrovn, oiJtiqevnte" to; fw'" skovto" [fol. 185 v° : A] kai; to; skovto" fw'", oiJ tiqevnte" to;pikro;n gluku; kai; to; gluku; pikrovn. (21)Oujai; oiJ sunetoi; ejn eJautoi'" kai;ejnwvpion aujtw'n ejpisthvmone". 5 (22)Oujai; oiJ ijscuvonte" uJmw'n, oiJ to;n oi\nonpivnonte", kai; oiJ dunavstai, kai;5 oiJ kirnw'nte" to; sivkera, (23)oiJ dikaiou'nte"to;n ajsebh' e{neken dwvrwn, kai; to; divkaion tou' dikaivou ai[ronte". (24)Dia;tou'to, o}n trovpon kauqhvsetai kalavmh uJpo; a[nqrako" puro;" kai;sugkauqhvsetai uJpo; flogo;" kaiomevnh"6, hJ rJivza7 wJ" cnou'" e[stai kai; to;a[nqo" aujtw'n wJ" koniorto;" ajnabhvsetai : ouj ga;r hjqevlhsan to;n novmonkurivou Sabawvq, ajlla; to; lovgion kurivou tou' aJgivou jIsrah;l parwvxunan.(25)Kai; ejqumwvqh ojrgh'/ kuvrio" Sabawvq 8, kai; ejpevbale ta;" cei'ra"9 ejp! aujtou;"kai; ejpavtaxen aujtouv", kai; parwxuvnqh ejpi; ta; o[rh, kai; ejgenhvqh ta;qnhsimai'a10 aujtw'n ejn mevsw/ wJ" kopriva11 oJdou' : kai; ejn pa'si touvtoi" oujkajpestravfhsan, ajll! e[ti hJ cei;r aujtw'n uJyhlhv12.6 [Eti ga;r ajlhqw'" hJ cei;r uJmw'n pro;" kakopoii?an uJyhlhv, o{ti kai; to;n

Cristo;n ajpokteivnante" oujd! ou{tw" metanoei'te, ajlla; kai; hJma'", tou;"pisteuvsanta" di! aujtou' tw'/ qew'/ kai; patri; tw'n o{lwn, misei'te kai;

1 JOdw'n (= T. M.) : podw'n LXX et Patres (Thirlb.) 2 Post krivsin addendum kuvrio" kai; sthvsei eij"krivsin Thirlb. (ex LXX) add. Marc. 3 JH : oiJ vitiose Steph. 4 Kath/scuvnate : kataiscuvneteMarc. (ex LXX) 5 Kai; : del. Marc (om. LXX) 6 Kaiomevnh" (= LXX cod. 407) : ajneimevnh"(= LXX) vel potius ajnhmmevnh" prop. Thirlb. 7 JH rJivza : hJ rJ. aujtw'n Marc. (ex LXX) 8 Kuvrio"Sabawvq : k. S. ejpi; to;n lao;n aujtou' Marc. (ex LXX) 9 Ta;" cei'ra" : th;n cei'ra Marc. (ex LXX)10 Qnhsimai'a edd. : qnhshmai'a codd. 11 jEn mevsw/ wJ" kopriva : wJ" k. ejn mevsw/ transp. Thirlb.,Marc. (ex LXX) 12 JUyhlhv edd. : uJyilhv codd.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 133, 2-133, 6

« Lions2 le Juste, car il nous embarrasse ». C'est pourquoi ils mangeront les fruits de leursœuvres. (11)Malheur à l'inique : selon l'œuvre de ses mains sera sa souffrance. (12)Monpeuple, tes exacteurs vous spolient, et ceux qui te pressurent vous domineront. 3 Monpeuple, ceux qui vous disent bienheureux3 vous trompent et ils bouleverseront le sentier devos voies. (13)Mais aujourd'hui, il mettra en jugement son peuple, (14)et lui-même, leSeigneur, viendra pour le jugement avec les anciens du peuple et ses chefs : « Et vous,pourquoi avez-vous mis le feu à ma vigne4, et gardez-vous en vos maisons le larcin pris aupauvre5 ? (15)Pourquoi êtes-vous injustes envers mon peuple, et avez-vous fait honte auvisage des humbles ? ».

4 Et en un autre passage encore, le même prophète dit dans le même sens :(Is. 5, 18)Malheur à ceux qui tirent leurs péchés comme par une longue corde6, et leursiniquités comme par la courroie d'un attelage de génisse7, (19)ceux qui disent :« Qu'approche sa promptitude ! Que vienne le dessein du saint d’Israël8, afin que nous leconnaissions ! ». (20)Malheur à ceux qui disent que le mal est bien, et que le bien est mal,ceux qui changent la lumière en ténèbres et les ténèbres en lumière, l'amer en doux et ledoux en amer9. (21)Malheur à ceux qui sont intelligents en eux-mêmes et savants à leurspropres yeux. 5 (22)Malheur aux forts qui sont parmi vous, à ceux qui boivent du vin,aux puissants, à ceux qui mélangent la boisson forte, (23)qui justifient l'impie à cause desprésents et privent le juste de ce qui est juste. (24)C'est pourquoi, de même que le chaumesera brûlé par le charbon de feu, et brûlera entièrement par la flamme brûlante, leur racinesera semblable à du duvet, et leur fleur montera comme de la poussière. Car ils n'ont pointvoulu la Loi du Seigneur Sabbaoth, mais ont exacerbé la parole du Seigneur, Saintd’Israël. (25)Le Seigneur Sabbaoth s'est gonflé de colère, il a lancé ses mains sur eux, les afrappés, et il s'est irrité au-dessus des montagnes ; et au milieu d'eux furent jetés leurscadavres, comme l'ordure des rues10 ; et malgré tout cela, ils n'ont point renoncé11, et leurmain, encore, est levée.

6 Maintenant aencore, en vérité, votre main est levée pour accomplir le mal : carmême après avoir tué le Christ12, vous ne vous repentez point13 pour autant,mais nous aussi, qui croyons par lui14 au Dieu et Père de l'univers, vous nousbhaïssez et nous mettez à mort, chaque fois que vous en avez

a Cf. Is. 5, 25 b cf. Matth. 10, 21, 22 ; 24, 9 ; Mc. 13, 13 ; Lc. 21, 17.

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JUSTIN MARTYR

foneuvete, oJsavki" a]n lavbhte ejxousivan, ajdialeivptw" de; katara'sqe aujtw'/ teejkeivnw/ kai; toi'" ajp! aujtou', pavntwn hJmw'n eujcomevnwn uJpe;r uJmw'n kai; uJpe;rpavntwn aJplw'" ajnqrwvpwn, wJ" uJpo; tou' Cristou' hJmw'n kai; kurivou poiei'nejdidavcqhmen, paraggeiv-[fol. 186 r° : A]-lanto" hJmi'n eu[cesqai kai; uJpe;r tw'nejcqrw'n kai; ajgapa'n tou;" misou'nta" [p. 291 : B] kai; eujlogei'n tou;"katarwmevnou".

134. 1 Eij ou\n kai; uJma'" duswpei' tav te tw'n profhtw'n didavgmata kai; ta;ejkeivnou aujtou', bevltiovn ejstin uJma'" tw'/ qew'/ e{pesqai h] toi'" ajsunevtoi" kai;tufloi'" didaskavloi" uJmw'n, oi{tine" kai; mevcri nu'n kai; tevssara" kai; pevntee[cein uJma'" gunai'ka" e{kaston sugcwrou'si, kai;1 eja;n eu[morfovn2 ti" ijdw;nejpiqumhvsh/ aujth'", ta;" jIakw;b tou'3 jIsrah;l kai; tw'n a[llwn patriarcw'npravxei" ajnistorou'nte" kai; mhde;n ajdikei'n levgonte" tou;" ta; o{moiapravttonta", tavlane" kai; ajnovhtoi kai; kata; tou'to o[nte".2 JW" proevfhn gavr, oijkonomivai tine;" megavlwn musthrivwn ejn eJkavsth/ tini;

toiauvth/ pravxei ajpetelou'nto. jEn ga;r toi'" gavmoi" tou' jIakw;b tiv"oijkonomiva kai; prokhvruxi" ajpetelei'to, ejrw', o{pw" kai; ejn touvtoi" ejpignw'teo{ti oujde;n pro;" to; qeiwdevsteron, di! o} eJkavsth pra'xi" gevgonen, ajpei'donuJmw'n ajei;4 oiJ didavskaloi, ajlla; pro;" ta; camaipeth' kai; ta; diafqora'"ma'llon pavqh. Prosevcete toigarou'n oi|" levgw.3 Th'" uJpo; tou' Cristou' mellouvsh" ajpartivzesqai pravxew" tuvpoi h\san oij

gavmoi tou' jIakwvb. Duvo ga;r ajdelfa;" kata; to; aujto; ouj qemito;n gamh'sai to;njIakwvb : kai; douleuvei de; tw'/ Lavban5 uJpe;r tw'n qugatevrwn6, kai; yeusqei;" ejpi;th'/ newtevra/ pavlin [fol. 186 v : A] ejdouvleusen eJpta; e[th. jAlla; Leiva me;n oJlao;" uJmw'n kai; hJ sunagwghv, JRach;l de; hJ ejkklhsiva hJmw'n. Kai; uJpe;r touvtwndouleuvei mevcri nu'n oJ Cristo;" kai; tw'n ejn ajmfotevrai" douvlwn. 4 jEpei; ga;rtoi'" dusi;n uiJoi'" to; < tou' >7 trivtou spevrma eij" douleivan oJ Nw'e e[dwke, nu'npavlin eij" ajpokatavstasin ajmfotevrwn te tw'n ejleuqevrwn tevknwn kai; tw'n ejnaujtoi'"8 douvlwn Cristo;"9 ejlhvluqe, tw'n auj-[p. 292 : B]-tw'n pavnta"kataxiw'n10 tou;" fulavssonta" ta;" ejntola;" aujtou', o}n trovpon

1 Kai; : kai; eJw'sin Marc. 2 Eu[morfon : eu[m. tinav Marc. 3 Tou' jIsrah;l : tou' kai; jIsrah;l Marc.4 JUmw'n ajei; : ajei; uJmw'n transp. Marc. 5 Tw'/ Lavban : t. L. eJpta; e[th Marc. (ex LXX)6 Tw'n qugatevrwn : mia'" t. q. Marc. th'" newtevra" t. q. prop. Thirlb. 7 Tou' edd. ab Otto : om.codd., cett. edd. 8 jEn aujtoi'" : ejn toi'" oi[koi" aujtw'n Marc. (ex Gen. 9, 27 et Dial. 139, 4)9 Cristo;" : oJ Cr. Marc. 10 Tw'n − kataxiw'n : tw'n − kataxiw'n timw'n Marc. (ex oJmovtimoi paulopost, et I Apol. 26, 1).

545

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 133, 6-134, 4

le pouvoir ; et sans relâche, vous le maudissez, lui, et ses disciples15, tandisque nous prions pour vous et tous les hommes absolument, ainsi que notreChrist et Seigneur nous a appris à le faire, lorsqu'il nous prescrivit de apriermême pour nos ennemis16, d'aimer ceux qui haïssent, et de bénir ceux qui maudissent.

Les mariages de Jacob n’étaient pas une incitation à la polygamie,mais une figure du Christ et de son Église.

134. 1 Si donc les enseignements des prophètes et ceux de celui-là mêmevous troublent vous aussi, il vaut mieux que vous suiviez Dieu plutôt que vosdidascales binintelligents1 et caveugles2 : eux qui, jusqu'à maintenant encore, vouspermettent d'avoir quatre et cinq femmes3, et qui, s'il arrive que quelqu'un enait remarqué une dont la beauté a excité son désir, invoquent ce qu'ont faitJacob-Israël et les autres patriarches, pour soutenir que ceux qui agissent demême ne sont en rien coupables d'injustice. Ils se montrent, là encore,misérables et insensés.

2 Car, comme je l'ai déjà dit4, en chaque action de semblable nature,certaines dispositions5 de grands mystères se trouvaient réalisées. Ainsi dansles mariages de Jacob, c'est une certaine disposition, une prédiction, qui seréalisait. Je vais vous l'exposer, pour que par là encore6 vous vous rendiezcompte que jamais vos didascales n'ont en rien regardé à ce qui est plutôt del'ordre du divin, dans ce qui détermine chacune de ces actions, mais plusvolontiers aux choses terre-à-terre, et aux passions qui mènent à la ruine.Prêtez-donc attention à ce que je vous dis.

3 Les dmariages de Jacob étaient des types de l'action qui devait, par leChrist, trouver son parfait achèvement. Il n'était pas conforme à la Loi, eneffet, que Jacob épousât deux sœurs en même temps7. Il sert Laban pour sesfilles, et, trompé sur la plus jeune, il servit encore sept ans. Or Léah, c'est votrepeuple et la Synagogue, et Rachel c'est notre Église. C'est pour elles8

qu'aujourd'hui le Christ sert encore, et pour les serviteurs qui sont en l'une etl'autre. 4 Car tandis que eNoé avait donné à deux de ses fils la descendance dutroisième en servitude9, maintenant au contraire, c'est pour rétablir à la foisles deux enfants libres et les serviteurs qui sont au milieu d'eux, que le Christest venu10, accordant les mêmes privilèges à tous ceux qui gardent ses

a Cf. Matth. 5, 44 ; Lc. 6, 27-28 ; 35-36 b cf Jér. 4, 22 c cf Is. 42. 18 d cf. Gen. 29, 15 s.e cf. Gen. 9. 25-27.

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JUSTIN MARTYR

kai; oiJ ajpo; tw'n ejleuqevrwn kai; oiJ ajpo; tw'n1 douvlwn genovmenoi tw'/ jIakw;bpavnte" uiJoi;2 kai; oJmovtimoi gegovnasi : kata; de; th;n tavxin kai; kata; th;nprovgnwsin, oJpoi'o" e{kasto" e[stai, prolevlektai.5 jEdouvleusen jIakw;b tw'/ Lavban uJpe;r tw'n rJantw'n kai; polumovrfwn

qremmavtwn : ejdouvleuse kai; th;n mevcri staurou' douleivan oJ Cristo;"3 uJpe;rtw'n ejk panto;" gevnou" poikivlwn kai; polueidw'n ajnqrwvpwn, di! ai{mato" kai;musthrivou tou' staurou' kthsavmeno" aujtouv" : Leiva" ajsqenei'" h\san oiJojfqalmoiv : kai; ga;r uJmw'n sfovdra oiJ th'" yuch'" ojfqalmoiv. [Ekleye JRach;ltou;" qeou;" Lavban kai; katevkruyen aujtou;" e{w" th'" shvmeron hJmevra" : kai;hJmi'n ajpolwvlasin oiJ patrikoi; kai;4 uJlikoi; qeoiv. 6 To;n crovnon pavntaejmisei'to uJpo; tou' ajdelfou' oJ jIakwvb : kai; hJmei'" nu'n kai; aujto;" oJ kuvrio"hJmw'n misei'tai uJf! uJmw'n [fol. 187 r° A] kai; uJpo; tw'n a[llwn aJplw'"5 ajnqrwvpwn,o[ntwn pavntwn th'/ fuvsei ajdelfw'n. jIsrah;l ejpeklhvqh jIakwvb : kai; jIsrah;lkai; oJ Cristo;" ajpodevdeiktai, oJ w]n kai; kalouvmeno" jIhsou'"6.

135. 1 Kai;7 o{tan hJ grafh; levgh/ jEgw; kuvrio" oJ qeov", oJ a{gio" jIsrahvl, oJkatadeivxa" jIsrah;l basileva uJmw'n : oujci; ajlhqw'" to;n Cristo;n to;n aijwvnionbasileva ajkouvsesqe _ Kai; jIakw;b gavr, oJ tou' jIsaa;k uiJov", o{ti oujdevpotebasileu;" gevgonen, ejpivstasqe : kai; dia; tou'to hJ grafhv, pavlin ejxhgoumevnhhJmi'n tivna levgei basileva jIakw;b kai; jIsrahvl, ou{tw" e[fh : 2 (Is. 42, 1) jIakw;boJ pai'" mou, ajntilhvyomai aujtou' : kai; jIsrah;l oJ ejklektov" mou, prosdevxetaiaujto;n hJ yuchv mou. Devdwka to; pneu'mav mou ejp! aujtovn, kai; krivsin toi'"e[qnesin ejxoivsei. (2)Ouj kekravxetai8, oujde; ajkousqhvsetai e[-[p. 293 : B]-xw hJfwnh; aujtou' : (3)kavlamon teqrausmevnon ouj suntrivyei kai; livnon9 tufovmenon10

ouj sbevsei, e{w" ou| ni'ko"11 ejxoivsei12, krivsin ajnalhvyei, (4)kai; oujqrausqhvsetai, e{w" a]n qh'/ ejpi; th'" gh'" krivsin : kai; ejpi; tw'/ ojnovmati aujtou'ejlpiou'sin e[qnh.3 Mhvti ou\n ejpi; to;n jIakw;b to;n patriavrchn oiJ ajpo; tw'n ejqnw'n

ejlpivzousin, ajll! oujk ejpi; to;n Cristovn, kai; uJmei'" de; aujtoiv _ JW" ou\njIsrah;l to;n Cristo;n kai; jIakw;b levgei, ou{tw"13 kai; hJmei'" ejk th'" koiliva"

1 Tw'n : om. Goodsp. 2 Pavnte" uiJoi; : uiJoi; pavnte" gnhvsioi Marc. 3 JO Cristo;" : kai; oJ Cr.Marc. 4 Kai; : del. Marc. 5 JAplw'" : aJpavntwn sive pavntwn aJplw'" prop. Otto 6 JO w]n : kai; w]n(deleto jIhsou'") prop. Thirlb. 7 Kai; : kai; ga;r prop. Thirlb. 8 Ouj kekravxetai : ouj k. oujde; ajnhvseiMarc. (ex LXX) 9 Livnon p. corr. codd. (= LXX) : livqon a. corr. codd. 10 Tufovmenon edd. (= Mt. ;Dial. 123, 8) : tufwvmenon codd. kapnizovmenon LXX 11 Ni'ko" : eij" n. Thirlb., Marc. (ex Mt.).12 jExoivsei, krivsin ajnalhvyei : ejxoivsei krivsin, ajnalavmyei prop. Thirlb. (ex Mt. 12, 20) ajlla; eij"ajlhvqeian ejx. krivsin, ajnalhvyei (ajnalavmyei LXX) Dial. 123, 8 13 Levgei, ou{tw" kai; prop. Thirlb.,coni. edd. ab Otto : ou{tw" levgei, kai; codd., cett. edd.

547

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 134, 4-135, 3

préceptes, de même que ales fils qui naquirent à Jacob de ses femmes libres etde ses femmes servantes jouissaient eux aussi d'une égale dignité11. Selonl'ordre et la prescience, toutefois, bce que chacun serait, cela était prédit.

5 cJacob servit Laban12 pour les troupeaux tachetés et de diverses sortes ; leChrist dservit aussi, jusqu'à la servitude de la Croix13, pour les hommes de touterace, aux diverses couleurs, et aux traits variés ; et il les a acquis14 par le sang et lemystère de la Croix15. Léah avait eles yeux faibles : pour vous les yeux de l'âmele sont assurément16. fRachel a dérobé les dieux de Laban, et elle les a cachésjusques à aujourd'hui : pour nous aussi ils ont disparu les dieux matériels quiétaient ceux de nos pères. 6 Toujours, Jacob gétait haï de son frère. Nousaussi, maintenant, ainsi que notre Seigneur lui-même, nous sommes haïs devous et de tous les autres hommes absolument17, qui sont tous frères par lanature18. Israël fut le surnom de Jacob ; et Israël, je l'ai démontré19, est aussile Christ, lui qui est et se nomme Jésus20.

C’est dans le Christ, « roi », « Jacob », et « Israël » qu’espèrent les nations.Les chrétiens sont la « véritable race israélite ».

Témoignages d’Isaïe.

135. 1 Et lorsque l'Écriture dit : hJe suis le Seigneur Dieu, le Saint d’Israël1, celui quia montré Israël votre roi2, n'entendez-vous point qu'on parle en vérité du Christ,roi éternel3. Car Jacob, le fils d'Isaac, ne fut, vous le savez, jamais roi4. Aussil'Écriture, une fois encore5, expliquant quel roi elle appelle Jacob et Israël,s'exprime-t-elle ainsi : 2 (Is. 42, 1)Jacob est mon serviteur, je le soutiendrai ; et Israël estmon élu, mon âme le recevra. J'ai donné mon Esprit sur lui, et il apportera le jugementaux nations. (2)Il ne se récriera pas, et sa voix ne sera pas entendue dehors. (3)Il nefroissera pas le calame brisé, et il n'éteindra pas la mèche encore fumante, jusqu'à ce qu'ilremporte la victoire. Il rétablira le jugement, (4)et il ne ploiera pas jusqu'à ce qu'il ait mis lejugement sur terre. Et en son nom espéreront les nations.

3 Est-ce donc ien Jacob, le patriarche, et non pas dans le Christ qu'espèrentceux des nations, et vous-mêmes aussi ? De même donc qu'il appelle le ChristIsraël et Jacob, de même nous aussi, comme jpierres taillées du sein du Christ6,nous sommes la véritable7 race israélite.

a Cf. Gen. 29, 28 s. b cf. Gen. 49. 1 s. c cf. Gen. 29-30 d cf. Philipp. 2. 7-8 e cf. Gen. 29, 17f cf. Gen. 31. 19-34 g cf. Gen. 27, 41 s. h Is. 43, 15 i cf. Is. 42, 1.4 j cf. Gen. 25, 23et Is. 51, 1.

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JUSTIN JARTYR

tou' Cristou' latomhqevnte" ijsrahlitiko;n to; ajlhqinovn ejsmen gevno". Aujtw'/de; ma'llon tw'/ rJhtw'/ prosevcwmen.4 (Is. 65, 9)Kai; ejxavxw1, fhsiv, to; ejx jIakw;b spevrma kai; ejx jIouvda : kai; [fol.

187 v° : A] klhronomhvsei to; o[ro" to; a{giovn mou, kai; klhronomhvsousin oiJejklektoiv mou kai; oiJ dou'loiv mou, kai; katoikhvsousin ejkei' : (10)kai; e[sontaiejn tw'/ drumw'/ ejpauvlei" poimnivwn, kai; favragx jAcw;r eij" ajnavpausinboukolivwn tw'/ law'/2 oi} ejzhvthsavn me. (11) JUmei'" dev, oiJ ejgkataleivpontev" mekai; ejpilanqanovmenoi to; o[ro" to; a{giovn mou kai; eJtoimavzonte" toi'"daimonivoi" travpezan kai; plhrou'nte" tw'/ daivmoni kevrasma, (12)ejgw;paradwvsw uJma'" eij" mavcairan : pavnte" sfagh'/ pepei'sqe o{ti ejkavlesa uJma'"kai; oujc uJphkouvsate, < ejlavlhsa kai; parhkouvsate >3, kai; ejpoihvsate to;ponhro;n ejnwvpiovn mou, kai; a} oujk ejboulovmhn ejxelevxasqe.5 Kai; ta; me;n th'" grafh'" tau'ta : sunnoei'te de; kai; aujtoi; o{ti a[llo tiv

ejsti to; ejx jIakw;b spevrma nu'n legovmenon, oujc4 wJ" oijhqeivh ti" a]n peri; tou'< uJmetevrou >5 laou' levgesqai. Ouj ga;r ejndevcetai toi'" ejx jIakw;bgegennhmevnoi" ajpolipei'n ejpeivsaxin6 tou;" ejx jIakw;b sparevnta", oujde;ojneidivzonta7 tw'/ law'/, wJ" mh; ajxivw/ th'" klhronomiva", pavlin, wJ"uJpolabovmeno"8, toi'" aujtoi'" uJpiscnei'sqai9. 6 jAll! o{nper trovpon ejkei'[p. 294 : B] fhsin oJ profhvth" : (Is. 2, 5)Kai; nu'n su; oi\ko" tou' jIakwvb, deu'rokai; poreuqw'men ejn fwti; kurivou : (6)ajnh'ke ga;r to;n lao;n aujtou', to;n oi\konjIakwvb, o{ti ejplhvsqh hJ cwvra aujtw'n, wJ" to; ajp! ajrch'", manteiw'n kai;klhdonismw'n : ou{tw10 kai; ejnqavde dei' noei'n hJma'" [fol. 188 r° : A] duvo11

spevrmata jIouvda kai; duvo gevnh, wJ"12 duvo oi[kou" jIakwvb13, to;n me;n14 ejxai{mato" kai; sarkov", to;n de; ejk pivstew" kai; pneuvmato" gegennhmevnon.

136. 1 JOra'te ga;r15 wJ" pro;" to;n16 lao;n nu'n levgei, ajnwtevrw eijpwvn : }Ontrovpon euJreqhvsetai rJa;x ejn bovtrui>, kai; ejrou'si : Mh; lumanh'/ aujtovn, o{tieujlogiva ejn aujtw'/ ejstin, ou{tw17 poihvsw e{neken tou' douleuvontov" moi :

1 jExavxw edd. ab Otto (ex LXX, Dial. 136, 1) : ejxagavgw codd., cett. edd. 2 Tw'/ law'/ : t. l. mou'Marc. (ex LXX) 3 jElavlhsa kai; parhkouvsate addendum Thirlb., add. Otto, Troll., Arch., Marc.(ex LXX, et Dial. 136, 2 : ou[te lalou'nto" ajkouvete) : om. codd., cett. edd. 4 Oujc : oujd! Marc.5 JUmetevrou add. Marc. : om. codd., cett. edd. 6 Toi'" − ejpeivsaxin : to;n toi'" ejx jIakw;bgegennhmevnoi" ajpeilou'nta ajpolipei'n aujtou;" e[peita ejxavxein ktl. Marc. 7 jOneidivzonta : to;nojneid. Marc. ojneidivsanta prop. Thirlb. 8 JUpolabovmeno" : uJpolabovmenon Marc. ejpilaqovmeno"prop. Sylb. 9 JUpiscnei'sqai : aujth;n uJp. Marc. 10 Ou{tw : ou{tw" Otto 11 Duvo : duvo o[nta Marc.12 JW" : wJ" kai; ejkei' Marc. 13 JW" − jIakwvb : in semicirculis Marc. 14 To;n me;n ...to;n de; : to; me;n...to; de; prop. Thirlb., Mar. (alterum ...alterum), coni. Marc. 15 Ga;r : gou\n Marc. 16 To;n : a[llonMarc. 17 Ou{tw : ou{tw" Marc.

549

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 135, 3-136, 1

Mais considérons plutôt l'énoncé8 lui-même : 4 (Is. 65, 9)Et je ferai sortir, dit-il,la postérité de Jacob et de Juda, et elle héritera de ma montagne sainte9 ; et ils hériteront,mes élus comme mes serviteurs, et ils habiteront là. (10)Il y aura dans les forêts des parcspour les troupeaux, et la gorge d'Achor sera comme un repos de bétail, pour le peuple deceux qui me cherchaient. (11)Mais vous, qui m'avez abandonné, qui avez oublié mamontagne sainte, qui avez préparé une table aux démons10, et versé au démon le vinmélangé, (12)je vous livrerai, moi, à l'épée11 : tous vous tomberez égorgés, car je vous aiappelés, et vous n'avez pas répondu, je vous ai parlé et vous avez refusé d'obéir, et vousavez commis le mal devant moi, et vous avez choisi ce que je ne voulais pas.

5 Ce sont là les paroles de l'Écriture. Comprenez alors, vous aussi, qu'elleest d'une autre sorte la apostérité de Jacob dont on parle ici, et qu'il n'est pointquestion de votre peuple, comme on le pourrait croire. Il n'est pas possibleen effet que ceux qui sont la postérité de Jacob abandonnent le droit d'entrée àceux qui sont issus de Jacob12, ni que celui qui fait au peuple le reproche den'être point digne de bl'héritage, paraisse, à nouveau, l'accueillir, et aux mêmespersonnes adresser des promesses. 6 Mais de même que le prophète dit là :(Is. 2, 5)Et maintenant, toi, maison de Jacob, allons et marchons dans la lumière duSeigneur, (6)car il a rejeté son peuple, la maison de Jacob, parce que le pays était rempli,comme au commencement, d'oracles et d'augures, de même ici13 il nous faut entendrequ'il y a deux postérités de Juda et deux races, comme deux maisons de Jacob14,cl'une née du sang et de la chair, l'autre de la foi et de l'Esprit15.

En refusant le Christ, c’est Celui qui l’a envoyé que les juifs rejettent.

136. 1 Voyez en effet comment il parle alors au peuple, disant dans ce quiprécède1 : dDe même que lorsqu'on trouve du grain dans une grappe2, on dit : « Ne larejetez pas, car sur elle il y a une bénédiction », de même je ferai à cause de mon serviteur.A cause de lui, je ne les détruirai pas tous. Puis il ajoute : eEt je ferai sortir ce qui vientde Jacob et de Juda.

a Cf. Is. 65, 9 b ibid. c cf. Jn. 1, 13 ; Gal. 4, 29 d Is. 65, 8 e ibid., 9.

550

JUSTIN MARTYR

touvtou e{neken ouj mh; ajpolevsw pavnta" : kai; meta; tou'to ejpifevrei1 : Kai;ejxavxw to;2 ejx jIakw;b kai; ejx jIouvda.Dh'lon ou\n3, eij ejkeivnoi" ou{tw"4 ojrgivzetai kai; ojligostou;" kataleivyein

ajpeilei', a[llou" tina;" ejxavxein ejpaggevlletai oi} katoikhvsousin ejn tw'/ o[reiaujtou'. 2 Ou|toi dev eijsin ou}" ei\pe sperei'n kai; gennhvsein : uJmei'" ga;r ou[tekalou'nto" aujtou' ajnevcesqe ou[te lalou'nto" ajkouvete, ajlla; kai; to; ponhro;nejpoihvsate ejnwvpion kurivou. To; de; uJperbavllon uJmw'n th;" kakiva" to; kai;5

misei'n, < o}n > ejfoneuvsate, divkaion6 kai; tou;" ajp! aujtou' labovnta" ei\naio{per eijsivn, eujsebei'" kai; divkaioi kai; filavnqrwpoi. Toigarou'n (Is. 3, 9)Ouai; th'/yuch'/ aujtw'n, levgei kuvrio", diov<ti>7 bebouvleuntai boulh;n ponhra;n kaq!eJautw'n, (10)eijpovnte" : [Arwmen to;n divkaion, o{ti duvscrhsto" hJmi'n ejstin.3 Ouj ga;r kai;8 uJmei'" th'/ Baval ejquvete, wJ" oiJ patevre" uJmw'n, oujde; ejn

suskivoi" h] metewvroi" tovpoi" pevmmata ejpoiei'te th'/ stratia'/ tou' oujranou',ajll! o{ti oujk ejdevxasqe [fol. 188 v° : A] to;n Cristo;n aujtou'. JO ga;r tou'tonajgnow'n [p. 295 : B] ajgnoei' kai; th;n boulh;n tou' qeou', kai; oJ tou'ton uJbrivzwnkai; misw'n kai; to;n pevmyanta dhlonovti9 kai; misei' kai; uJbrivzei : kai; eij oujpisteuvei ti" eij" aujtovn, ouj pisteuvei toi'" tw'n profhtw'n khruvgmasi toi'"aujto;n eujaggelisamevnoi" kai; khruvxasin eij" pavnta".

137. 1 Mh; dhv, w\ ajdelfoiv, kakovn ti ei[phte eij" ejkei'non to;n ejstaurwmevnon,mhde; cleuavshte aujtou' tou;" mwvlwpa", oi|" ijaqh'nai pa'si dunatovn, wJ" kai;hJmei'" ijavqhmen. Kalo;n ga;r, h]n peisqevnte" toi'" lovgoi" peritmhqh'te th;nsklhrokardivan, oujci; h}n10 di! uJmw'n ejgginomevnhn gnwvmhn e[cete, ejpeidh; eij"shmei'on h\n dedomevnh, ajll! oujk eij" dikaiopraxiva" e[rgon, < wJ" >11 oiJ lovgoiajnagkavzousi12. 2 Sumfavmenoi ou\n mh; loidorh'te ejpi; to;n uiJo;n tou' qeou',mhde; Farisaivoi"13 peiqovmenoi didaskavloi" to;n basileva tou' jIsrah;lejpiskwvyhtev pote, oJpoi'a didavskousin14 oiJ ajrcisunavgwgoi uJmw'n, meta; th;n

1 jEpifevrei : ejpifevrwn Marc. 2 To; : to; spevrma LXX et Dial. 135, 4 3 Dh'lon ou\n, eij : pro dh'lonou\n ejstin o{ti, eij Otto 4 Ou{tw" : corr. ex ou{tw A 5 Kai; : del. Marc. 6 Misei'n o}n ejfoneuvsatedivkaion prop. Thirlb., Mar., coni. Otto, Troll., Arch., Goodsp. : misei'n to;n divkaion o}n ejf. Marc.misei'n, ejfoneuvsate divk. codd., cett. edd. misei'n kai; foneu'sai prop. Thirlb. 7 Diovti edd. ab Otto(ex LXX; Dial. 17, 2) : dio; codd., cett. edd. o{ti Dial. 137, 3 om. Dial. 133, 2 8 Kai; : o{ti kai; Marc.9 Dhlonovti : dh'lon o{ti Goodsp., Marc. 10 Oujci; h}n (scil. peritomh;n) prop. Mar., Reith : h}n oujci;codd., edd. h}n peritomh;n oujci; ajp! ajrch'", ajlla; di! uJmi'n Marc. (ex Dial. 19, 3) 11 JW" addendumSylb., add. edd. ab Otto, Troll. : om. codd., cett. edd. 12 jAnagkavzousi : oJmologei'n ajn. Marc.(ex Dial. 23, 4) 13 Farisaivoi" Mor., Troll., Mign., edd. ab Otto : Farissaivoi" codd., cett. edd.14 Didavskousin : poiei'n d. Marc.

551

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 136, 1-137, 2

C'est donc clair : s'il est à ce point irrité contre eux et les menace de n'enlaisser qu'un très petit nombre, il promet d'en afaire sortir3 certains quihabiteront sur sa montagne. 2 Les voilà bien, ceux qu'il a dit qu'il bsèmerait4 etcengendrerait5 : car vous, vous ne l'avez ni dtoléré lorsqu'il appelait, ni entendulorsqu'il parlait ; mais vous avez été jusqu'à ecommettre le mal en face du Seigneur.Et ce qui met un comble à votre perversité, c'est qu'avec cela, vous fhaïssiez lejuste, lui que vous avez tué 6, et ceux qui de lui ont reçu d'être ce qu'ils sont,pieux, justes, et animés d'amour pour les êtres humains. Aussi, (Is. 3, 9)Malheurà leur âme, dit le Seigneur, car ils ont conçu un mauvais dessein contre eux-mêmes,(10)disant : « Enlevons le juste, car il nous embarrasse »7.

3 Vous n'avez pas, c'est vrai, gsacrifié vous aussi à Baal, comme vos pères8,ni hoffert, en des lieux ombragés ou élevés, des gâteaux destinés à l'armée duciel ; mais (malheur à votre âme) car vous n'avez pas accepté son Christ. iOr, quine le connaît pas ne connaît pas non plus la volonté de Dieu, et celui quil'outrage et lui voue de la haine, c'est aussi, sans conteste, celui qui l'a envoyéqu'il hait et qu'il outrage. Et si l'on ne croit pas en lui, c'est que l'on ne croitpas aux proclamations par lesquelles les prophètes avaient annoncé etproclamé à tous la bonne nouvelle de sa venue.

Exhortation à la pénitence.Le second jour touche à sa fin.

137. 1 Ne dites donc, frères, rien de mal contre ce crucifié, ne raillez pas jsesblessures, par lesquelles tous peuvent être guéris, comme nous-mêmes avons étéguéris. Ce serait beau si, croyant aux paroles (de l'Écriture)1, vous vouskcirconcisiez de votre dureté de cœur, et non point de cette circoncision que vousavez du fait de vos dispositions naturelles2, puisque c'était en signe3 qu'elle étaitdonnée, et non en œuvre de justice, selon le sens qu'imposent les paroles del'Écriture. 2 Reconnaissez-le donc, et n'insultez pas au Fils de Dieu ; ne vouslaissez pas entraîner par les didascales pharisiens à persifler jamais le lRoid'Israël4, comme l'enseignent vos archisynagogues, à l'issue de la prière.

a Cf. Is. 65, 9 b cf. Jér. 31, 27 c cf. Éz. 36, 12 d cf. Is. 65, 12 e ibid. f cf. Is. 57, 1 ; Jacq. 5,6, etc. g cf. Rom. 11, 4 ; III Rois, 19, 18 h cf. Jér. 7, 18 i cf. Jn. 5, 23.46 j cf. Is. 53, 5k cf. Deut. 10, 16 l cf. Matth. 27, 29 ; Mc. 15, 18 ?

552

JUSTIN MARTYR

proseuchvn. Eij ga;r oJ aJptovmeno" tw'n mh;1 eujarevstwn tw'/ qew'/ wJ"oJ aJptovmeno" kovrh" tou' qeou', polu;2 ma'llon oJ tou' hjgaphmevnoukaqaptovmeno". {Oti de; ou|to" aujtov" ejsti, kai;3 iJkanw'" ajpodevdeiktai.3 Kai; sigwvntwn aujtw'n ei\pon : jEgwv, w\ fivloi, kai; ta;" grafa;" levgw nu'n

wJ" ejxhghvsanto oiJ eJbdomhvkonta : eijpw;n ga;r aujta;" provteron wJ" uJmei'"aujta;" e[cete, pei'ran uJmw'n ejpoiouvmhn pw'" diavkeisqe [fol. 189 r° : A] h[dh th;ngnwvmhn.Levgwn ga;r th;n grafhvn, h} levgei : (Is. 3, 9)Oujai; aujtoi'", o{ti bebouvleuntai

boulh;n ponhra;n kaq! eJautw'n (10)eijpovnte"... : wJ" ejxhghvsantooiJ eJbdomhvkonta ejphvnegka : [Arwmen to;n divkaion, o{ti duvscrhsto" hJmi'nejstin : ejmou' ejn ajrch'/ th'" oJmiliva" kai;4 eijpovnto" o{per uJmei'" eijrh'sqaibouvlesqe, eijpovnte" : Dhvswmen to;n divkaion, o{ti duvscrhsto" hJmi'n ejstin.4 [Alla dev tina ejpravxate, kai; ouj dokei'-[p. 296 : B]-tev moi ejnhkovw"5 tw'nlovgwn ejpakhkoevnai. jAll! ejpei; kai; nu'n h{de6 hJ hJmevra pevra" poiei'sqaimevllei, pro;" dusma;" ga;r h[dh oJ h{liov" ejsti, kai;7 e{n ti prosqei;" toi'"eijrhmevnoi" pauvsomai : tou'to d! aujto; kai; ejn toi'" eijrhmevnoi"8 moi ejrrevqh9,ajlla; pavlin aujtw'/10 ejpexergavsasqai a]n divkaion ei\naiv moi dokei'.

138. 1 Ginwvskete ou\n, w\ a[ndre", e[fhn, o{ti ejn tw'/ JHsai?a/ levlektai uJpo;tou' qeou' pro;" th;n JIerousalhvm, o{ti jEpi; tou' kataklusmou' tou'11 Nw'ee[swsav se. Tou'to dev ejstin o} e[legen oJ qeov", o{ti to; musthvrion tw'nswzomevnwn ajnqrwvpwn ejpi; tou' kataklusmou' gevgonen. JO divkaio" ga;r Nw'emeta;12 tw'n a[llwn ajnqrwvpwn ejpi; tou' kataklusmou', toutevsti th'" tegunaiko;" th'" aujtou' kai; tw'n triw'n tevknwn aujtou'13 kai; tw'n gunaikw'n tw'nuiJw'n aujtou', oi{tine"14 ajriqmw'/ o[nte" ojktwv, suvmbolon ei\con th'" ajriqmw'/ me;nojgdovh" hJmevra", ejn h|/ ejfavnh oJ Cristo;" hJmw'n ajpo; nekrw'n ajnastav", dunavmeid! ajei; prwvth" [fol. 189 v° : A] uJparcouvsh".2 JO ga;r Cristov", prwtovtoko" pavsh" ktivsew" w[n, kai;15 ajrch; pavlin

a[llou gevnou" gevgone, tou' ajnagennhqevnto" uJp! aujtou' di! u{dato" kai;

1 Mh; : delendum Sylb., del. Lange, hamis inclusit Mor. 2 Polu; edd. : pollu; codd. 3 Kai; : del. Marc.4 Kai; : del. Marc. 5 Ouj ...ejnhkovw" coni. Otto, Arch., Goodsp. ajnhkovw" (deleto ouj) prop. Mar.,coni. Marc. ouj ...ajnhkovw" codd., cett. edd. 6 Kai; nu'n h{de ego : nu'n kai; h{de prop. Thirlb., coni. Marc.(paulo post : h[dh oJ h{lio") kai; nu'n h[dh codd., cett. edd. 7 Kai; : ka]n coni. Marc. 8 Eijrhmevnoi" :proeirhmevnoi" coni. Marc. 9 jErrevqh in marg. A, in textu B (corr. ex ejrrhvqh ?), edd. ab Otto :ejrrhvqh in textu A (corr. ex ejrrevqh ?), cett. edd. 10 Aujtw'/ ejpexergavsasqai (= ejp! aujtw'/ejxergavsasqai Mar.) : aujto; ejp. prop. Sylb., coni. edd. ab Otto 11 Tou' : om. Troll. 12 Meta; :dieswvqh meta; Marc. (ex Dial. 138, 2 et I Pt. 3, 20) 13 Aujtou' Otto, Mign., Arch., Marc. (moxenim : uiJw'n aujtou') : aujtw'n codd., cett. edd. (cf. 118, 4 : peri; aujtou') 14 Oi{tine" : pavnte" prop.Lange, Thirlb. 15 Kai; : kai; aujto;" (scil. ut Noe) Marc.

553

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 137, 2-138, 2

Car si acelui qui touche à ceux qui ne sont pas agréables à Dieu est comme s'iltouchait à la pupille de Dieu, cela est plus vrai encore5 pour qui s'attaque à sonbbien-aimé. Or celui-là est bien tel, c'est aussi suffisamment démontré6.

3 Et comme ils se taisaient, je dis :Je vais à présent, chers amis, citer aussi les Écritures telles que les ont

traduites les Septante, car en les rapportant d'abord comme vous les avezvous-mêmes, je voulais éprouver en quelle disposition d'esprit vous voustrouviez alors.

En mentionnant l'Écriture qui dit : (Is. 3, 9)Malheur à leur âme, car ils ont conçuun mauvais dessein contre eux-mêmes, (10)disant…, je viens d'ajouter7, comme onttraduit les Septante : Enlevons le juste, car il nous embarrasse ; tandis qu'au débutde notre entretien8 j'avais rapporté ce que vous-mêmes voulez y lire, c'est-à-dire : Lions le Juste, parce qu'il nous embarrasse9. 4 Mais vous étiez occupés à autrechose, et, me semble-t-il, vous n'avez pas écouté avec attention ce que jedisais. Mais puisque désormais ce jour touche à sa fin (car le soleil déjà estprès de se coucher), je vais encore ajouter une chose à ce que j'ai dit, et jeterminerai. Cela aussi, à vrai dire, je l'ai déjà évoqué dans ce qui précède10,mais il me semble juste d'y revenir.

Noé, le Déluge et l’arche sont des figures du Christ, du baptême et de la Croix.Témoignage d’Isaïe.

138. 1 Vous savez donc, amis, poursuivis-je, qu'en Isaïe, il est dit par Dieu àJérusalem : cLors du déluge de Noé, je t'ai sauvé(e)1. Or ce que Dieu disait, c'estque le mystère du Salut des hommes s'était opéré lors du déluge2. Car lors dudéluge, le djuste Noé, avec les autres hommes, c'est-à-dire esa femme, ses troisenfants et les femmes de ses fils, fformaient le nombre huit3, constituant ainsi unsymbole du jour, qui, étant le huitième − jour auquel notre Christ apparutressuscité des morts − est également toujours, en puissance4, le premier.

2 Le Christ, en effet, étant gpremier-né de toute création, est aussi devenu, en unnouveau sens, Principe d'une autre race5, celle qui a été hrégénérée6 par lui, àtravers l'eau, la foi, et le bois7, celui qui est empreint du mystère de

a Cf. Zach. 2, 8 b cf. Éphés. 1, 6 c cf. Is. 54, 8-9 ? d cf. Gen. 6, 9 e ibid., 18 f cf. I Pierre, 3,20 g cf. Col. 1, 15 h cf. I Pierre, 1, 3.23 ?

554

JUSTIN MARTYR

pivstew" kai; xuvlou, tou' to; musthvrion tou' staurou' e[conto", o}n trovpon kai;oJ Nw'e ejn xuvlw/ dieswvqh ejpocouvmeno" toi'" u{dasi meta; tw'n ijdivwn. {Otanou\n ei[ph/ oJ profhvth" : jEpi; Nw'e e[swsav se, < wJ" >1 proevfhn, tw'/ oJmoivw"pistw'/ law'/ pro;" qeo;n o[nti kai; ta; suvmbola tau'ta2 e[conti3 levgei. Kai; ga;rrJavbdon e[cwn oJ Mwsh'"4 meta; cei'ra5 dia; th'" qalavssh" dihvgagen uJmw'n to;nlaovn.3 JUmei'" de; uJpolambavnete o{ti tw'/ gevnei uJmw'n movnon6 e[legen h] th'/ gh'/. Tiv

gavr _7 pa'sa hJ gh', wJ" hJ grafh; levgei, katekluvsqh, kai; [p. 297 : B] uJywvqh to;u{dwr ejpavnw pavntwn ojrevwn phvcei" dekapevnte, w{ste8 ouj th'/ gh'/ faivnetaieijrhkwv", ajlla; tw'/ law'/ tw'/ peiqomevnw/ aujtw'/, w|/ kai; ajnavpausin prohtoivmasenejn JIerousalhvm, wJ" proapodevdeiktai dia; pavntwn tw'n ejpi; tou'kataklusmou' sumbovlwn : ei\pon dev, div u{dato" kai; pivstew" kai; xuvlou oiJproparaskeuazovmenoi kai; metanoou'nte" ejf! oi|" h{marton ejkfeuvxontai th;nmevllousan ejpevrcesqai tou' qeou' krivsin.

139. 1 Kai; ga;r a[llo musthvrion ejpi; tou' Nw'e proefhteuvqh telouvmenon, o}oujk ejpivstasqe. [Esti de; tou'to : jEn tai'" eujlogivai", ai|" eujlovgei oJ Nw'e tou;" duvo uiJou;"

aujtou', kai; to;n uiJo;n tou' uiJou'9 aujtou' kata-[fol. 190 r° : A]-ra'tai : to;n ga;ruiJovn, suneuloghqevnta uJpo; tou' qeou', to; profhtiko;n pneu'ma katara'sqai oujke[mellen, ajll!, ejpei; di! o{lou tou' gevnou" tou' ejpigelavsanto" th'/ gumnwvseiuiJou' aujtou'10 hJ prostivmhsi" tou' aJmarthvmato" ei\nai11 e[mellen, ajpo; tou'uiJou'12 th;n katavran pepoivhtai.2 jEn de; oi|" ei\pe proevlegen o{ti kai;13 oiJ ajpo; Sh;m14 genhsovmenoi

diakaqevxousi ta;" kthvsei" kai; oijkhvsei" tou' Canaavn, kai; pavlin oiJ ajpo; tou'jIavfeq aujtav", a}" diakatevscon para; tw'n tou' Canaa;n oiJ ajpo; Sh;m

1 JW" addendum Mar., add. Otto, Troll., Arch., Marc. : om. codd., cett. edd. 2 Tau'ta : taujta; prop.Reith. 3 [Econti prop. Lange, Sylb., Mar., coni. edd. ab Otto, Troll. : e[conta codd, cett. edd.4 Mwsh'" : Mwu>sh'" Otto, Mign., Goodsp. 5 Cei'ra : cei'ra" prop. Thirlb., coni. Marc.(ex Dial. 86, 1) 6 Movnon prop. Thirlb., coni. Otto, Arch., Marc. : movnwn codd., cett. edd. (cf. 11, 2 :uJmw'n movnwn ; 19, 2.5 : uJmi'n movnoi" ; 80, 3 : ejf! uJmw'n movnwn) 7 Tiv gavr _ prop. Nolte : kai; ga;rprop. Sylb., ejpivgnwte aut fanerovn ejsti o{ti Troll. o{ti de; coni. Marc. o{ti ga;r codd., cett. edd.8 {Wste : oJ qeo;" edd. ab Otto 9 Tou' uiJou' : tou' trivtou uiJou' Marc. 10 UiJou' aujtou' : tou' patro;"aujtou' vel aujtou' uiJou' prop. Thirlb. tou' patro;" uiJou' aujtou' Marc. 11 Ei\nai : = ijevnai Sylb. (utLange : quia ...peccati mulcta itura fuerat) 12 jApo; tou' uiJou' : ajpo; tou' uiJou' aujtou' vel tou' uiJwnou'prop. Otto ajpo; tou' uiJou' tou' uiJou' Marc. 13 Kai; : del. Marc. 14 Sh;m prop. Sylb., coni. edd. aMar. : Sh;q codd., cett. edd. (hic et infra).

555

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 138, 2-139, 2

la Croix, de même que Noé fut sauvé dans le bois (de l'arche)8, quand avec lessiens il était porté9 sur les eaux. Lors donc que le prophète dit : aAu temps deNoé, je t'ai sauvé, comme je l'ai rapporté, il s'adresse au peuple10 qui partageune même foi11 envers Dieu, et possède ces symboles. Car c'est aussi avec unbâton à la main que Moïse, conduisit votre peuple à travers la mer.

3 Mais vous, vous présumez qu'il s'adressait uniquement à votre race ou à laterre. Comment donc ! c'est ctoute la terre12, selon l'Écriture, qui futsubmergée, et au-dessus de toutes13 les montagnes que l'eau monta de quinzecoudées ; en sorte que ce n'est évidemment pas à la terre qu'il s'est adressé,mais au peuple qui lui obéit14, auquel il a aussi préparé un lieu de repos àJérusalem15, comme c'est démontré à l'avance à travers tous les symbolesddu temps du déluge ; je l'ai dit : à travers l'eau, la foi et le bois, ceux qui sontpréparés et se repentent de leurs péchés échapperont au jugement de Dieuqui doit survenir.

Les bénédictions et les malédictions prononcées par Noéannonçaient la possession de Canaan par les descendances de Sem et de Japhet,

et l’appel du Christ à un héritage éternel.

139. 1 Un autre mystère a été prophétisé au temps de Noé, qui s'est accompli,mais que vous ignorez. Le voici :

Dans les ebénédictions par lesquelles il bénit ses deux fils, Noé maudit aussile fils de son (troisième) fils. Car le fils qui, au même titre que les autres, avaitété béni par Dieu, l'Esprit prophétique n'allait pas le maudire1. Mais puisque,pour le péché commis, le châtiment devait s'exécuter à travers toute la lignée2

de celui de ses fils qui avait ri de sa nudité, c'est à partir du fils (de ce dernier)qu'il fait porter la malédiction.

2 Dans ses paroles il prédisait que fles futurs descendants de Semoccuperaient3 aussi les possessions et les demeures de Canaan, et qu'à leurtour les descendants de Japhet4 s'empareraient de celles que les descendantsde Sem avaient enlevées à ceux de Canaan, et les occuperaient, dépouillant(ainsi) les descendants de Sem de la même façon que ces derniers, pour lesoccuper, en avaient eux-mêmes dépouillé les fils de Canaan.

a Cf. Is. 54, 8-9 ? b cf. Exod. 14, 16 c cf. Gen. 7, 19-20 d cf. Is. 54, 8-9 e cf. Gen. 9, 18-27f cf. Gen. 9, 27.

556

JUSTIN MARTYR

paralabovnte" [kai; ajpo; tou' jIavfeq]1, diakaqevxousin, ajfelovmenoi tou;" ajpo;Sh;m genomevnou", o}n trovpon ajfaireqevntwn aujta;2 tw'n uiJw'n Canaa;n aujtoi;diakatevscon.3 Kai; o{ti ou{tw gevgonen, ajkouvsate. JUmei'" gavr, oiJ ajpo; tou' Sh;m

katavgonte" to; gevno", ejphvlqete kata; th;n tou' qeou' boulh;n th'/ gh'/ tw'n uiJw'nCanaa;n kai; diakatevscete aujthvn. Kai; o{ti oiJ uiJoi; jIavfeq, kata; th;n tou'qeou' krivsin ejpelqovnte" kai; aujtoi; uJmi'n, ajfeivlonto uJmw'n th;n gh'n kai;diakatevscon aujthvn, faivnetai. [p. 298 : B] Ei[rhtai de; tau'ta ou{tw" :(Gen. 9, 24) jExevnhye de; Nw'e ajpo;; tou' oi[nou, kai; e[gnw o{sa ejpoivhsen aujtw'/oJ uiJo;" aujtou' 3 oJ newvtero". (25)Kai; ei\pen : jEpikatavrato" Canaa;n pai'",oijkevth"4 e[stai toi'" ajdelfoi'" aujtou'. (26)Kai; ei\pen : Eujloghto;" kuvrio",oJ qeo;" Shvm, kai; e[stai Canaa;n pai'" aujtou'. (27)Platuvnai kuvrio" tw'/ [fol. 190v° : A] jIavfeq, kai; katoikhsavtw ejn toi'" oi[koi" Shvm, kai; genhqhvtw Canaa;npai'" aujtou'.4 Duvo ou\n law'n eujloghqevntwn, tw'n ajpo; tou' Sh;m kai; tou' jIavfeq, kai;

prwvtwn katascei'n tou;" oi[kou" tou' Canaa;n ejgnwsmevnwn tw'n ajpo; Shvm, kai;pavlin diadevxasqai par! aujtw'n ta;" aujta;" kthvsei" tw'n ajpo; jIavfeqproeirhmevnwn, kai; toi'" dusi; laoi'" tou' eJno;" laou' tou' ajpo; Canaa;n eij"douleivan paradoqevnto", oJ Cristo;" kata; th;n tou' pantokravtoro" patro;"duvnamin doqei'san aujtw'/ paregevneto, eij" filivan5 kai; eujlogivan kai;metavnoian kai; sunoikivan kalw'n, th;n ejn th'/6 aujth'/ gh'/ tw'n aJgivwn pavntwnmevllousan givnesqai, < h|" >7, wJ" proapodevdeiktai, diakatavscesin8

ejphvggeltai. 5 {Oqen oiJ pavntoqen a[nqrwpoi, ei[te dou'loi ei[te ejleuvqeroi,pisteuvonte" ejpi; to;n Cristo;n kai; ejgnwkovte" th;n ejn toi'" lovgoi" aujtou' kai;tw'n profhtw'n aujtou' ajlhvqeian, ejpivstantai a{ma aujtw'/ ejn th'/ gh'/ ejkeivnh/genhsovmenoi kai; ta; aijwvnia kai; a[fqarta klhronomhvsein.

140. 1 {Oqen kai; jIakwvb, wJ" proei'pon, tuvpo" w]n kai; aujto;" tou' Cristou',kai; ta;" duvo douvla" tw'n duvo ejleuqevrwn aujtou' gunaikw'n ejgegamhvkei, kai; ejxaujtw'n ejtevknwsen uiJouv", eij" to; promhnuqh'nai o{ti oJ Cristo;" proslhvyetaikai; tou;" ejn gevnei tou' jIavfeq o[nta" ajpo; tou' Canaa;n pavnta" oJmoivw" toi'"

1 Kai; − jIavfeq (kai; = oiJ) delendum ut glossema Mar., del. Otto, Arch., Goodsp. a}" − jIavfeq utglossema del. Marc. 2 Aujta; : aujta;" prop. Thirlb., coni. Marc. 3 Aujtou' Sylb., Mor., Jebb, edd.a Mar. (= LXX) : aujtw'/ codd., Steph., Thirlb. 4 Canaa;n pai'", oijkevth" : Canaavn. Pai'" oijk.Thirlb., Marc. (ex LXX) 5 Eij" filivan : kai; eij" f. prop. Mar., Reith. 6 Th;n ejn th'/ : kai; th;n ejnth'/ prop. Troll., th;n t! ejn th'/ Nolte 7 |H" addendum I. Donaldson (A crit. Hist. of Christ. Lit.,Londini 1866, vol. II, p. 259), add. edd. ab Otto : om. codd., cett. edd. 8 Diakatavscesin : hapaxlegomenon (ex diakatevcein) Otto.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 139, 3-140, 1

3 Et c'est bien ainsi qu'il en est advenu. Ecoutez donc : vous-mêmes, quipar filiation êtes descendants de Sem, vous avez envahi, selon la volonté deDieu, la terre des fils de Canaan, et vous vous en êtes emparés. Puis les fils deJaphet, vous ayant à leur tour envahis selon le jugement5 de Dieu, vous ontenlevé la terre6, et s'en sont emparés : cela est évident. Voici de quelle façonces choses-là sont dites : (Gen. 9, 24)Noé fut dégrisé de son vin, et il sut ce que lui avaitfait son fils le plus jeune. (25)Et il dit : « Maudit soit l'enfant Canaan, il sera serviteur7

pour ses frères ». (26)Et il dit : « Béni soit le Seigneur Dieu de Sem, Canaan sera sonserviteur. (27)Que Dieu donne un large espace à Japhet, il s'établira dans les demeures deSem8, et que Canaan devienne son serviteur ».

4 Deux peuples, donc, étaient abénis, ceux qui descendent de Sem et deJaphet. Il était décidé que ceux qui descendent de Sem posséderaient lespremiers les bdemeures de Canaan ; et il était prédit qu'à leur tour lesdescendants de Japhet recevraient d'eux les mêmes possessions. Et quand àces deux peuples, l'unique peuple issu de Canaan eut été livré en servitude9, leChrist est venu10, selon la Puissance du Père omnipotent qui lui fut donnée,pour cappeler à l'amitié, à la bénédiction, à la conversion et à dla vie commune,laquelle doit être celle de l'ensemble des saints en cette terre dont, comme jel'ai démontré, la possession est annoncée11. 5 C'est pourquoi tous leshommes de quelque lieu qu'ils soient, efussent-ils esclaves ou libres12, s'ils ont foidans le Christ, et s'ils ont reconnu la vérité qui est en ses paroles et celles deses prophètes, savent qu'avec lui en cette terre-là13 ils se réuniront, et qu'ilshériteront des biens féternels et incorruptibles14.

Tous les hommes sont libres et cohéritiers dans le Christ.La véritable descendance d’Abraham n’est point celle qu’enseignent les didascales.

Témoignages d’Isaïe, de Jérémie, et de Jésus.

140. 1 Voilà pourquoi Jacob, comme je l'ai dit plus haut1, étant lui aussi2 unefigure du Christ, gprit également en mariage les deux servantes de ses deuxfemmes libres ; et il en eut des fils, pour qu'il fût à l'avance indiqué que leChrist se gagnerait aussi, de même que des hommes libres, tous ceux qui,dans la descendance de Japhet, se trouvent être de Canaan3, et lesconsidérerait comme enfants cohéritiers.

a Cf. Gen. 9, 26 b ibid., 27 c cf. I Pierre, 3, 9 d ibid., 7 e cf. Éphés. 6, 8 ; Gal. 3, 28f cf. I Cor. 15, 50 s. g cf. Gen. 30, 1 s.

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JUSTIN MARTYR

ejleuqevroi" kai; tevkna sugklhronovma e{xei : a{per hJmei'" o[nte"1 [p. 299 : B],sunievnai uJmei'" ouj duv-[fol. 191 r° : A]-nasqe, dia; to; mh; duvnasqai ajpo; th'"tou' qeou' zwvsh" phgh'" piei'n, ajlla; ajpo; tw'n suntetrimmevnwn lavkkwn kai;u{dwr mh; dunamevnwn sunevcein, wJ" hJ grafh; levgei. 2 Eijsi; de; lavkkoisuntetrimmevnoi kai; u{dwr mh; sunevconte", ou}" w[ruxan uJmi'n oiJ didavskaloiuJmw'n aujtw'n2, wJ" kai; hJ grafh; diarrhvdhn levgei, didavskonte" didaskaliva",ejntavlmata ajnqrwvpwn. Kai; pro;" touvtoi" eJautou;" kai; uJma'" boukolou'sin,uJpolambavnonte" o{ti pavntw" toi'" ajpo; th'" spora'" th'" kata; savrka tou'jAbraa;m ou\si, ka]n aJmartwloi; w\si kai; a[pistoi kai; ajpeiqei'" pro;" to;n qeovn,hJ basileiva hJ aijwvnio" doqhvsetai, a{per ajpevdeixan aiJ grafai; oujk o[nta.3 \H3 ga;r tou'to oujk a]n ei\pen JHsai?a" : Kai; eij mh; kuvrio" Sabaw;q

ejgkatevlipen hJmi'n spevrma, wJ" Sovdoma a]n kai; Govmorra ejgenhvqhmen : kai;jIezekihvl : o{ti Ka]n Nw'e kai; jIakw;b4 kai; Danih;l ejxaithvswntai uiJou;" h]qugatevra", ouj mh; doqh'/ aujtoi'" : ajll! ou[te path;r uJpe;r uiJou' ou[te uiJo;" uJpe;rpatrov", ajll! e{kasto" th'/ aJmartiva/ aujtou' ajpolei'tai kai; e{kasto" th'/ eJautou'dikaiopraxiva/ swqhvsetai : kai; pavlin JHsai?a" : [Oyontai ta; kw'la tw'nparabebhkovtwn : oJ skwvlhx aujtw'n ouj pauvsetai5, kai; to; pu'r aujtw'n oujsbesqhvsetai, kai; e[sontai eij" o{rasin pavsh/ sarkiv. 4 Kai; oJ kuvrio" hJmw'nkata; to; qevlhma tou' pevmyanto" aujto;n patro;" kai; despovtou tw'n[fol. 191 v° : A] o{lwn oujk a]n ei\pen : (Matth. 8, 11 ; cf. Lc. 13, 28-29) {Hxousin ajpo;dusmw'n kai; ajnatolw'n, kai; ajnakliqhvsontai meta; jAbraa;m kai; jIsaa;k kai;jIakw;b ejn th'/ basileiva/ tw'n oujranw'n : (12)oiJ de; uiJoi; th'" basileiva"ejkblhqhvsontai eij" to; skovto" to; ejxwvteron. jAlla; kai; o{ti oujk aijtiva/ [p. 300: B] tou' qeou' oiJ proginwskovmenoi kai; genhsovmenoi a[dikoi, ei[te a[ggeloiei[te a[nqrwpoi, givnontai fau'loi, ajlla; th'/ eJautw'n e{kasto" aijtiva/6 toiou'toiveijsin oJpoi'o" e{kasto" fanhvsetai, ajpevdeixa kai; ejn toi'" e[mprosqen.

141. 1 {Ina de; mh; provfasin e[chte levgein o{ti e[dei to;n Cristo;nstaurwqh'nai, h] kai; ejn tw'/ gevnei uJmw'n7 ei\nai tou;" parabaivnonta", kai; oujka]n a[llw" ejduvnato genevsqai, fqavsa" dia; bracevwn ei\pon, o{ti boulovmeno"8

tou;" ajggevlou" kai; tou;" ajnqrwvpou" e{pesqai th'/ boulh'/ aujtou' oJ qeo;"ejboulhvqh poih'sai touvtou" aujtexousivou" pro;" dikaiopraxivan, meta; lovgou

1 JHmei'" o[nte" : hJma'" o[nta" vel hJma'" ei\nai prop. Sylb., Otto, coni. Marc. 2 Aujtw'n :aiJ didaskalivai aujtw'n Marc. 3 \H edd. ab Otto : h] codd., cett. edd. (cf. 122, 1) 4 jIakwvb : jIwvbprop. Lange, coni. Sylb., Mor. (cf. 44, 2) 5 Pauvsetai : pauqhvsetai Otto, Arch. (ex I Apol. 52,8) ouj teleuthvsei LXX ; Dial. 44, 3 6 Aijtiva/ : aijtiva edd. ante Mar. 7 JUmw'n prop. Lange, coni.Thirlb., Mar. (trad.), Troll., edd. ab Otto : hJmw'n codd., cett. edd. 8 Boulovmeno" : ka]n b. Marc.

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DIALOGUE AVEC TRYPHON, 140, 1-141, 1

C'est nous qui sommes ces enfants, mais vous êtes incapables, vous, de lecomprendre, car vous ne pouvez boire à la asource vive de Dieu, maisseulement aux bciternes fissurées qui ne peuvent retenir l'eau4, comme le ditl'Écriture. 2 Ce sont bien des cciternes fissurées ne retenant point l'eau qu'ils ontcreusées pour vous, vos propres didascales, ainsi que l'Écriture le ditexpressément5 : dils enseignent préceptes et enseignements d'hommes. Bien plus, ils seséduisent eux-mêmes et vous aussi, lorsqu'ils s'imaginent que sans réserveaucune, à ceux qui sont ede la semence d'Abraham selon la chair, fussent-ilspécheurs, sans foi et rebelles à Dieu, il sera ffait don de l'éternel royaume6 : lesÉcritures montrent qu'il n'en est pas ainsi.

3 Car Isaïe n'aurait certes pas dit : gSi le Seigneur Sabbaoth ne nous avait laissé ungerme, nous aurions eu le sort de Sodome et Gomorrhe7. Et Ézéchiel : hMême si Noé,Jacob ou Daniel intercèdent pour leurs fils ou leurs filles, cela ne saurait leur être accordé8 ;car le père n'est pas au-dessus du fils, ni le fils au-dessus du père, mais chacun sera perdupour son propre péché, et chacun sera sauvé pour sa propre justice. Ou Isaïe encore : iIlsverront les membres des prévaricateurs ; leur ver ne cessera pas, et leur feu ne s'éteindrapoint : ils seront en spectacle pour toute chair. 4 Et notre Seigneur n'aurait point dit,selon la volonté du Père et Maître9 de l'univers qui l'a envoyé, (Matth. 8, 11 ;cf. Lc. 13, 28-29)Ils viendront de l'Occident et de l'Orient, et ils prendront part au festin avecAbraham, Isaac, et Jacob, dans le royaume des cieux ; (12)mais les fils du royaume serontrejetés dans les ténèbres extérieures10. Et ce n'est point par la faute de Dieu si ceuxqu'il prévoit devoir être − et qui seront − injustes, anges ou hommes,deviennent mauvais : c'est par la faute propre à jchacun pour lui-même, qu'ilssont tels que chacun d'entre eux apparaîtra : je l'ai montré aussi dans ce quiprécède11.

Comme les anges, les hommes disposent du libre arbitre :Ils sont responsables de leurs actes et appelés à la pénitence. Exemple de David.

141. 1 Et pour que vous n'ayez point l'excuse de dire qu'il fallait que le Christfût crucifié, et que les kprévaricateurs fussent en votre race, qu'il étaitimpossible qu'il en fût autrement1, j'ai dit en quelques mots2, pour vousprévenir, que Dieu, voulant que les anges et les hommes suivent sa volonté, avoulu3 les créer autonomes envers la pratique de la justice4, doués de

a Cf. Jér. 2, 13 b ibid. c ibid. d Is. 29, 13 ; cf. Matth. 15, 9 ; Mc. 7, 7 e cf. Rom. 9, 7 ;Matth. 3, 9 ; Lc. 3, 8 ; Jn. 8, 39 ; Gal. 3, 7 f cf. Dan. 7, 27 g Is. 1, 9 h cf. Éz. 14, 14.16.18.20 ;18, 4.20 ; Deut. 24, 16 i Is. 66, 24 j cf. Deut. 24, 16 k cf. Is. 66, 24.

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JUSTIN MARTYR

tou' ejpivstasqai aujtou;" uJf! ou| gegovnasi1, kai; di! o{n eijsi; provteron oujko[nte", kai; meta; novmou tou' uJp! aujtou' krivnesqai2, eja;n para; to;n ojrqo;nlovgon pravttwsi : kai; di! eJautou;" hJmei'", oiJ a[nqrwpoi kai; oiJ a[ggeloi,ejlegcqhsovmeqa ponhreusavmenoi, eja;n mh; fqavsante" metaqwvmeqa.2 Eij de; oJ Lovgo" tou' qeou' promhnuvei pavntw" tinav", kai; ajggevlou" kai;

ajnqrwvpou", kolasqhvsesqai mevllonta", diovti proegivnwsken aujtou;"ajmetablhvtw"3 genhsomevnou" ponhrouv", proei'pe tau'ta, ajll! oujc o{tiaujtou;" oJ qeo;" toiouvtou" [fol. 192 r° : A] ejpoivhsen. {Wste, eja;n metanohvswsi,pavnte" boulovmenoi4 tucei'n tou' para; tou' qeou' ejlevou" duvnantai, kai;makarivou" aujtou;" oJ Lovgo" prolevgei eijpwvn : Makavrio", w|/ ouj mh;logivshtai5 kuvrio" aJmartivan : tou'to dev ejstin, o}"6 metanohvsa" ejpi; toi'"aJmarthvmasi tw'n aJmarthmavtwn para; tou' qeou' lavbh/ a[fesin, ajll! oujc, wJ"uJmei'" ajpata'te eJautou;" kai; a[lloi tine;" uJmi'n o{moioi kata; tou'to, oi}levgousin o{ti, ka]n aJmartwloi; w\si, qeo;n de; ginwvskousin7, ouj mh; logivshtaiaujtoi'" kuvrio" aJmartivan.3 Martuvrion de; touvtou th;n mivan tou' Daui`d dia; th;n [p. 301 : B] kauvchsin

aujtou' genomevnhn paravptwsin e{comen, h{ti" tovte ajfeivqh8, o{te ou{tw"e[klause kai; ejqrhvnhsen wJ" gevgraptai. Eij de; tw'/ toiouvtw/ a[fesi" pri;nmetanoh'sai oujk ejdovqh, ajll! o{te toiau'ta9 e[klause kai; e[praxen oJ mevga"ou|to" basileu;"10 kai; cristo;" kai; profhvth", pw'" oiJ ajkavqartoi kai; pavntaajponenohmevnoi, eja;n mh; qrhnhvswsi kai; kovywntai kai; metanohvswsin, ejlpivdae[cein duvnantai o{ti ouj mh; logivshtai aujtoi'" kuvrio" aJmartivan _4 Kai; hJ miva de; au{th th'" paraptwvsew" tou' Dauid pro;" th;n tou' Oujrivougunai'ka pra'xi", w\ a[ndre", e[fhn, deivknusin o{ti oujc wJ" porneuvonte" polla;"e[scon gunai'ka" oiJ patriavrcai, ajll! oijkonomiva ti" kai; musthvria pavnta11

di! aujtw'n ajpetelei'to : ejpei; eij sunecwrei'to, h}n bouvletaiv ti" kai; w{"bouvletai kai; o{sa" bouvletai, lambavnein [fol. 192 v° : A] gunai'ka", oJpoi'onpravttousin oiJ ajpo; tou' gevnou" uJmw'n a[nqrwpoi, kata; pa'san gh'n, e[nqa a]nejpidhmhvswsin h] prospemfqw'sin, ajgovmenoi ojnovmati gavmou gunai'ka"12, polu;ma'llon a]n13 tw'/ Daui`d tou'to sunecwrei'to pravxein14.

1 Gegovnasi : g. gegonovta" Marc. 2 Krivnesqai : tou' kr. Marc. 3 jAmetablhvtw" prop. Sylb.,Wolf, Arcerius (cf. I Apol. 21, 3 : oJmoivou" pro oJmoivw"), coni. edd. ab Otto : ajmetablhvtou" codd.,cett. edd. 4 Boulovmenoi : oiJ b. Marc. 5 Logivshtai : loghvshtai codd. 6 }O" prop. Sylb., Thirlb.,coni. edd. ab Otto : wJ" codd., cett. edd. 7 Ginwvskousin : ginwvskwsin coni. Marc. eij supplendum Otto8 jAfeivqh : A corr. ex ajfhvqh 9 Toiau'ta : tosauvta coni. Marc. 10 jAll! − basileuv" : ajll! o{tetoiau'ta e[praxe kai; ou{tw" e[klausen oJ mevga" ou|to" basileuv". \Hn a]n kavllion in marg. codd.11 Pavnta : pavntw" prop. Marc. 12 JOpoi'on − gunai'ka" : in semicirculis Marc. 13 ]An codd.,Mar., Mign., edd. ab Otto : ejn cett. edd. 14 Pravxein : pra'xai prop. Sylb.

561

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 141, 1-141, 4

raison pour savoir de qui ils tiennent d'être, et par qui ils existent alorsqu'auparavant ils n'existaient pas, et dotés d'une loi pour pouvoir être jugéspar lui5, s'ils agissent contrairement à la droite raison6. C'est nous-mêmes,hommes et anges, qui nous ferons reproche d'avoir mal agi, si nous n'avons,avant, su faire pénitence7.

2 Et si le Verbe de Dieu a indiqué à l'avance que certains, anges et hommes,seraient assurément châtiés, c'est parce qu'il savait déjà qu'ils deviendraientirrémédiablement mauvais, et non point parce que Dieu les avait créés tels.Ainsi, pourvu qu'ils fassent pénitence, tous ceux qui le veulent peuventobtenir la miséricorde de Dieu8, et le Verbe de Dieu prédit qu'ils serontbienheureux en déclarant : aBienheureux celui à qui le Seigneur n'imputera pas defaute9, autrement dit celui qui ayant fait pénitence de ses bpéchés, en aura reçude Dieu rémission. Vous vous trompez vous-mêmes, donc, comme quelquesautres encore qui partagent sur ce point les mêmes opinions10, et prétendentque, même s'ils sont pécheurs, pourvu qu'ils connaissent Dieu le Seigneur neleur imputera pas de faute.

3 En témoignage de cela, nous avons11 cl'unique égarement de David, dû àla présomption12 : dIl lui fut remis dès lors qu'il eut pleuré et gémi, ainsi qu'ilest écrit. Or si à un tel homme la rémission (de son péché) ne fut pasaccordée avant sa pénitence, mais (seulement) lorsque ce grand roi, oint etprophète, eut pleuré et agi comme vous le savez, comment les gens impurs13

et entièrement perdus peuvent-ils, à moins qu'ils ne gémissent, ne se efrappentla poitrine14 et ne fassent pénitence, avoir l'espoir que le Seigneur ne leur fimputerapoint leur faute15 ?

4 Et cet unique acte d'égarement de la part de David envers la femmed'Urie montre aussi, mes amis, dis-je, que ce ne fut point fornication de lapart des patriarches, d'avoir plusieurs femmes, mais qu'une certainedisposition16 et des mystères de toutes sortes se trouvaient à travers euxréalisés. Car s'il était permis que l'on prît pour femme qui l'on veut, commeon veut, et en aussi grand nombre qu'on le veut − à l'instar de ce que fontceux de votre race, lesquels en tout pays, où qu'ils viennent s'établir ou biensoient envoyés, se choisissent des femmes au nom du mariage17 −, pourDavid plus encore cette pratique aurait été permise18.

a Ps. 31, 2 b ibid., 1 c cf. Ps. 26, 2 s. d cf. II Rois, 12, 13 e cf. Zach. 12, 12 f cf. Ps. 31, 2.

562

JUSTIN MARTYR

5 Tau'ta eijpwvn, w\ fivltate Mavrke Pomphvi>e, ejpausavmhn.

142. 1 − jEpi; poso;n de; oJ Truvfwn ejpiscwvn : JOra'/", e[fh, o{ti oujk ajpo;ejpithdeuvsew" gevgonen ejn1 touvtoi" hJma'" sumbalei'n. Kai; o{ti ejxairevtw"h{sqhn th'/ sunousiva/, oJmologw', kai; touvtou" de; oi\mai oJmoivw" ejmoi;diateqei'sqai : plevon ga;r eu{romen h] prosedokw'men kai;2 prosdokhqh'naivpote dunato;n h\n. Eij de; sunecevsteron h\n tou'to poiei'n hJma'", ma'llon a]nwjfelhqei'men3, ejxetavzonte" aujtou;" tou;" lovgou" : ajll! ejpeidhv, fhsiv4, pro;"th'/ ajnagwgh'/ ei\ kai; kaq!5 hJmevran plou'n poiei'sqai6 prosdoka'/", mh; o[knei7 wJ"[p. 302 : B] fivlwn hJmw'n memnh'sqai eja;n8 ajpallagh'/".2 − jEmou' de; cavrin, e[fhn, eij ejpevmenon, kaq! hJmevran ejboulovmhn9 taujto;

givnesqai : ajnacqhvsesqai de; h[dh prosdokw'n, ejpitrevponto" tou' qeou' kai;sunergou'nto", uJma'" protrevpomai, ejnsthsamevnou"10 uJpe;r th'" eJautw'nswthriva" mevgiston tou'ton ajgw'na, tw'n didaskavlwn uJmw'n spoudavsaiprotimh'sai ma'llon to;n tou' pantokravtoro" qeou' Cristovn.3 Meq! a} ajphv/esan loipo;n eujcovmenoiv tev moi swthrivan kai; ajpo; tou' plou'

kai; ajpo; pavsh" kakiva" : ejgwv te uJpe;r aujtw'n eujcovmeno" [fol. 193 r° : A]e[fhn : Oujde;n a[llo mei'zon uJmi'n eu[cesqai duvnamai, w\ a[ndre", h] i{na,ejpignovnte" dia; tauvth" th'" oJdou' divdosqai panti; ajnqrwvpw/ <eujdaimo>nei'n11,pavntw" kai; aujtoi; hJmi'n o{moia pisteuvshte12 to;n hJmw'n13 ei\nai to;n Cristo;ntou' qeou'14.

TELOS

TOU PROS TRUFWNA JIOUDAION DIALOGOU

TOU JAGIOU jIOUSTINOU

1 jEn : ejpi; coni. Marc. 2 Kai; : h] vel h] kai; prop. Thirlb. 3 JWfelhqei'men : wjfelhvqhmen codd.,Goodsp. 4 Fhsiv prop. Thirlb., coni. edd. ab Otto, Troll. : fhmiv codd., cett. edd. (cf. 4, 1) 5 Kaq! :meq! coni. Marc. 6 Plou'n poiei'sqai edd. ab Otto, Troll. (cf. Herod., Hist., VI, 95 : dia; nhvswn to;nplovon ejpoieu'nto, etc.) : plou'n genevsqai prop. Mar., nautilei'sqai Thirlb., Orelli (Iust. M. loc. aliq.sel., p. 38) ti; logiei'sqai codd., cett. edd. 7 [Oknei edd. : w[knei codd. 8 jEa;n : ejpa;n coni. Marc.9 jEboulovmhn : a]n ejb. Marc. 10 jEnsthsamevnou" : ejnsthsomevnou" coni. Marc. 11 jAnqrwvpw/

eujdaimonei'n Otto, Arch., Goodsp. (ex Dial. 8, 2 : ejpignovnti soi; to;n Cristo;n tou' qeou'

...eujdaimonei'n ; 4, 2 : toujnteu'qen h[dh eujdaimonei'n ; Plat. Phileb., 11d : ajnqrwvpoi" pa'si to;n bivoneujdaivmona parevcein) : ajnqrwvpw/ to;n nou'n prop. Mar. ajnqrwvpw/ ejnarevtw" biou'n coni. Marc.ajnqrwvpinon nou'n codd., cett. edd. 12 Pisteuvshte prop. Mar., vel o{moion (scil. to;n nou'n) poihvshte :o{moia poihvshte codd., edd. 13 To;n hJmw'n ego : tw'/ hJmw'n prop. Thirlb., to;n jIhsou'n Mar., coni.Otto, Troll., Arch., Marc. to; hJmw'n codd., cett. edd. 14 Post tou' qeou' Marc. add. oJmologou'nte".

563

DIALOGUE AVEC TRYPHON, 141, 5-142, 2

5 Après ces paroles, très cher Marcus Pompeius19, je m'arrêtai.

Adieux de Tryphon et de Justin, qui s’apprête à prendre la mer.Ultime appel à la pénitence.

142. 1 Après un temps de silence, Tryphon déclara :— Ce n'est pas à dessein, vois-tu, qu'il nous est arrivé d'échanger sur ces

choses. Mais j'avoue avoir pris un rare plaisir à notre entretien, et je crois queceux-là partagent mon sentiment. Car nous avons trouvé plus que nousn'attendions, et qu'il fût jamais possible d'attendre. Et s'il nous était donné dele faire d'une manière plus suivie, nous pourrions tirer plus de profit encore àscruter les paroles mêmes (de l'Écriture)1. Mais, dit-il, puisque tu es sur lepoint de t'embarquer, et que d'un jour à l'autre tu t'attends à prendre la mer2,ne crains pas de te souvenir de nous comme de tes amis, quand tu seras parti.

2 — Pour ce qui me concerne, dis-je, si je restais, je voudrais qu'il en soit demême chaque jour. Mais comme je m'attends à embarquer bientôt, avec lapermission et avec l'aide de Dieu, je vous exhorte à livrer ce suprêmecombat3 pour votre propre Salut, en ayant soin de préférer à vos didascales leChrist du Dieu tout-puissant4.

3 Après quoi ils s'éloignèrent, priant pour qu'à l'avenir, je demeure préservédes dangers de la navigation et de toute sorte de mal. Priant aussi pour eux, jeleur dis pour ma part : Il n'est pas de meilleure prière que je puisse faire pourvous, mes amis, que de vous voir reconnaître que c'est par cette voie-là5 qu'àtout homme est donné de trouver le bonheur, et croire sans réserve, vousaussi comme nous, que c'est à nous qu’appartient6 le Christ de Dieu7.

FINDU DIALOGUE DE SAINT JUSTIN

AVEC LE JUIF TRYPHON