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Les Ă©crits sur le Genre

Généalogie du Genre

GĂ©nĂ©alogie de l’approche genre  L’accent sera mis sur la gĂ©nĂ©alogie de l’approche genre et

ce, en évoquant dans un premier temps une définition du

concept genre, ensuite, on tentera de dresser un aperçu

historique de la genèse de l’approche genre avant

d’entamer l’intégration de cette approche au programme

de dĂ©veloppement au Maroc. 

DĂ©finition du concept genre.

Avant d’entamer la définition du concept genre, il est

judicieux d’évoquer une définition du concept sexe,

lequel constitue une assise à l’autre. En effet, la notion

de sexe, tout en se référant à la structure biologique de

reproduction chez l’être humain, renvoie à la biologie

humaine et signifie des différences corporelles visibles

entre les hommes et les femmes.

Par conséquent, c’est sur cette différence

biologique que se fondent de nombreuses

attitudes relatives aux devoirs et aux droits de

l’homme et de la femme dans une société

donnée.

Le concept de genre « gender Â» a Ă©tĂ© essentiellement crĂ©Ă© dans la langue anglaise et

ce, du fait que le mot « sex Â» en anglais possède un

champ sémantique beaucoup plus réduit que le mot

« sexe Â» en français, chose qui rend difficile la

présentation de la place des hommes et des femmes

dans la société.

Ainsi, et sous l'influence des féministes, qui

différencièrent le sexe anatomique du genre afin de

remettre en cause les contraintes imposées par ce dernier,

le sexe est utilisé pour faire référence aux différences

physiques distinguant les hommes et les femmes, et le

genre est consacré aux différences non anatomiques telles

les différences psychologiques, mentales, sociales,

économiques, démographiques, et politiques entre autres.

Selon le psychanalyste et chercheur Robert Stoller « Le

genre est un terme qui a des connotations psychologiques

et culturelles plus que biologiques. Le genre est la quantité de masculinité ou de féminité que l'on

trouve chez une personne et, bien qu'il y ait un mélange des

deux chez de nombreux êtres humains, le mâle normal a

une prépondérance de masculinité et la femelle normale

une prĂ©pondĂ©rance de fĂ©minitĂ© »STOLLER, Robert. Recherches sur l'identitĂ© sexuelle Ă  partir du transsexualisme. Paris : Éditions Gallimard, 1989, p.

28.

En effet, le « genre Â» est l'identitĂ© construite par

l'environnement social dans lequel existent les individus.

De ce fait, la masculinitĂ©  ou la fĂ©minitĂ©, ne peuvent pas

ĂŞtre considĂ©rĂ©s comme des donnĂ©es « naturelles Â», mais

plutôt comme le résultat de mécanismes extrêmement

forts de construction et de reproduction sociale et ce, au

travers de l'éducation. Bref, le genre désigne les

comportements, les pratiques, et les rôles attribués aux

personnes selon leur sexe, durant une Ă©poque et dans une

culture donnée.

Selon Simone de Beauvoir « On ne naĂ®t pas femme, on le devient Â» et

ce, sous l'influence de l'Ă©ducation patriarcale et de la socialisation.

Certains théoriciens, tel Pierre Bourdieu, estiment que cette citation est

Ă©galement valable pour les hommes : « On ne naĂ®t pas homme, on le

devient Â», et c'est Ă  travers toute une Ă©ducation, composĂ©e de rituels

d'intégration de la norme masculine, que se façonne l'identité

masculine, et que l'homme assure dans la société une fonction de

reproduction de la domination.

DE BEAUVOIR, Simone, Le Deuxième Sexe II : L’expĂ©rience vĂ©cue,-. Paris :

Gallimard, Folio, 1949 (renouvelĂ© en 1976), p. 13.  

Par ailleurs, du moment oĂą le concept sexe est

biologique, lié à des conditions qui relèvent de

l’ordre de la physionomie, des chromosomes et

des organes génitaux, le concept genre est

sociologique englobant l’identité, la société et la

culture.

De même, si le sexe est une différence biologique

innée, universelle, et inchangeable en fonction des

actions de développement, le genre s’identifie à des

différences sociales acquises, fixées par la société et

variables selon, parmi d’autres, l’âge, la classe

sociale, la religion et l’ethnie.

En d’autres termes, le genre est institutionnalisé

par la famille, la communauté, les organisations

et l’état. Il est maintenu à travers la religion, la

culture et la tradition et enraciné dans le

patriarcat.

Le sexe biologique désigne l’ensemble des

caractéristiques biologiques des hommes et des

femmes ayant pour fonction la reproduction de l’espèce.

Le genre, ou sexe social, est le produit du processus de

socialisation qui assigne des rôles, des responsabilités, des

comportements et des droits différents aux hommes et aux

femmes dans une société, un contexte culturel et

historique donné.

Le concept genre fait référence à l’identité

sexuelle et se définit par l’ensemble des

caractéristiques, valeurs, idées, comportements

ou normes qu’une société ou culture associe à

l’homme ou à la femme, ces caractéristiques

étant considérées féminines ou masculines.

Les différences et inégalités entre les hommes et les

femmes ont des origines liées à la fois à la culture et

à l’éducation. En effet, la culture, désignant la tradition et

la religion, est composée, entre autres, des idées,

idéologies, religions, valeurs et pratiques créées par des

individus d’une même communauté et ayant des

influences sur les relations sociales, la politique et

l’économie. De même, l’éducation et la socialisation sont

deux facteurs décisifs quant à l’apprentissage des normes

de vie et l’acquisition des rôles sociaux.

A les voir sous un angle anthropologique, le sexe

désignant le fait biologique et le genre renvoyant au

fait social semblent ĂŞtre plus claires. En effet, la

différence de sexe en tant que donnée naturelle est un

principe universel d’organisation sociale car les rapports

entre hommes et femmes sont au cĹ“ur des trois « piliers Â»

universels de la société à savoir la prohibition de l’inceste,

l’existence d’une forme reconnue d’union et la répartition

sexuelle des tâches, tel le trouve  Claude LĂ©vi Strauss.

De même, le dualisme sexué est à l’origine de ce que les

anthropologues appellent une idéologie généralisant

l’attribution d’un tel rôle, attitude, pratique ou propriété

en fonction d’une dimension sexuée distinguant le

féminin et le masculin. Par conséquent, le sexe n’est plus une variable biologique,

c’est plutĂ´t une propriĂ©tĂ© symbolique ; ce n’est plus un

principe de différenciation physiologique, mais un

principe d’organisation sociale.

Selon le point de vue des sciences sociales, le genre

emprunte au sexe le caractère d’une variable

démographique, et présente comme catégorie

institutionnelle et psychologique, le caractère

collectif d’une variable sociologique.

Ainsi, contrairement à une catégorie sociologique

comme la classe sociale, le genre n’est pas une

catĂ©gorie homogène de sorte qu’il est traversĂ© par

toutes les autres catégories sociales.

Pourtant, la diversité des conditions féminines et

masculines n’est pas incompatible avec l’existence

d’une perception commune du féminin et du

masculin. Surtout, les relations entre hommes et

femmes et leur position sociale font l’objet d’un

ensemble de règles et de pratiques qui instituent de

manière plus ou moins rigide le genre et les

relations de genre.

Le concept genre fait référence aux rôles et

responsabilités des femmes et des hommes

déterminés par la société. Il est lié à la façon

dont les gens sont perçus et censés penser et agir

en tant qu’hommes et femmes en fonction de

l’organisation de la société et non du fait des

différences biologiques.

Ces rôles et responsabilités, quant à eux, renvoient

aux différents travaux, aux besoins pratiques et

stratégiques, aux niveaux d’accès aux ressources et

aux différentes sphères dans lesquelles les hommes

ou les femmes peuvent prendre des décisions et

exercer un contrĂ´le sur les ressources et les

avantages effectués par les hommes et les femmes.

AFARD. Recherche fĂ©ministe francophone : « Ruptures, RĂ©sistances et Utopies Â», Echo N°12, 2003.

En d’autres termes, le travail quotidien des

hommes et des femmes, leur accès aux

ressources, leur participation Ă  la vie politique,

leur capacité d’exercer leurs droits, diffèrent

selon qu’ils appartiennent à l’un ou l’autre sexe :

« le genre est la construction socioculturelle des rôles féminins et

masculins et des relations entre les femmes et les hommes. Les rĂ´les

féminins et masculins se rapportent aux activités attribuées aux

femmes et hommes dans la société et à la position que femmes et

hommes y occupent respectivement. Ces rôles découlent des forces

telles que la culture, la tradition, la politique et les besoins,

permettent de déterminer l’accès aux opportunités et aux ressources

et imposent des attentes et des limites aussi bien aux femmes qu’aux

hommes ».

Cf. Manuel ISAP, PNUD.

Par conséquent, le genre prend racine dans les

valeurs traditionnelles et a des répercussions sur

la loi et les politiques de développement d’une

société donnée. C’est une notion dynamique qui

subit l’influence des mutations sociales ; de l’âge

des acteurs, de leur niveau d’instruction, de leur

origine sociale et milieu de provenance, et de

leur religion.

En effet bien que le genre englobe des

significations variables en fonction de maints

facteurs, il renferme un dénominateur

commun lequel est l’oppression universelle des

femmes.

En définitive, le genre est un construit social

mais aussi un outil sociologique d’analyse, de

planification et de suivi susceptible de révéler les

différences sociales et les inégalités dans les

relations entre les hommes et les femmes.

De même, c’est une forme de socialisation plus

équilibrée dans la mesure où l’approche genre

s’appuie sur l’ensemble de l’organisation sociale de

la vie Ă©conomique et politique, afin de comprendre

la formation des aspects particuliers de la société

tout en prĂ´nant la construction sociale du genre et

l’attribution des rôles, des responsabilités et des

comportements spécifiques que la société attend des

hommes et des femmes.

Genèse du concept genre Connu sous le vocable de « Gender Â», le

concept genre est d’origine anglo-saxonne. C’est un concept qui est né

grâce à un long processus de l’engagement féministe à lutter contre les

situations d’oppression que vivent les femmes. L’intégration du

concept genre dans la pensée et les stratégies de développement a été réalisée

selon des étapes bien définies. L’on est parti de l’approche

Intégration de la Femme au Développement (IFD) à l’approche Femme et

Développement (FED) avant d’en arriver à l’approche Genre et

DĂ©veloppement (GED).

http://www.sowamed.ird.fr/resource/RES308_WP6_InitConceptGenre_NDJEBET.pdf

Les débuts de l’approche genre remontent aux

années 1940 et notamment aux lendemains de la

deuxième guerre mondiale. Lors de cette époque, on

assiste à la création de la commission de la

condition de la femme en 1946. La fin des années

1960, marquant le début des revendications pour les

droits juridiques des femmes, a connu la naissance

de l’approche de l’intégration des femmes au

développement IFD.

Dans ce cadre, les stratégies de l’IFD ont été

toutes focalisées sur des projets concernant les

femmes afin de parvenir à un développement

plus efficace et plus performant en prĂ´nant des

projets féminins, des composantes femmes dans

les projets, des projets intégrés et des activités

génératrices de revenus.

Parmi ces projets, on note essentiellement

l’accroissement des revenus et de la productivité des

femmes et l’amélioration des moyens dont elles

disposaient pour s’occuper du ménage. Toutefois, ce

concept n’a pas comblé les attentes, dans la mesure

où il ne s’attaquait pas aux causes fondamentales

qui empĂŞchaient les femmes de participer au

développement de leurs sociétés. Par conséquent,

d’autres progrès ont été réalisés et élaborés.

En 1970, l’anthropologue économiste danoise Esther

Boserup avance que le progrès ou le déclin économique

est en relation Ă©troite avec la participation des femmes Ă  la

société. De même, démontre-t-elle, que si les femmes ne

sont pas pleinement intégrées au processus de

développement, le progrès économique tend à se faire au

prix de la marginalisation des femmes d’où la nécessité de

leur participation au processus du développement.

Ainsi, les années 1970 ont apporté la première

conférence mondiale des femmes à Mexico en

1975, l’annĂ©e dĂ©crĂ©tĂ©e « AnnĂ©e internationale de

la femme Â». Vis-Ă -vis des omissions de l’IFD, la

fin des années 1970 a connu l’émergence d’une

autre approche, il s’agit de l’approche femmes et

développement FED. BOSERUP, Esther. La femme face au développement économique.

Paris : PUF, 1983.

Cette dernière, postulant que les femmes ont

toujours fait partie des processus de

développement, ne met pas l’accent seulement

sur les stratégies d’intégration des femmes au

développement mais elle s’intéresse plutôt à la

relation entre les femmes et le processus de

développement

De mĂŞme, la valorisation de la contribution des

femmes est désormais perçue comme un indice de la

modernisation Ă©conomique et sociale. Chose qui

met en exergue les rendements élevés en matière de

bien être, de l’investissement dans l’éducation et de

la participation accrue des femmes.

LE NOUVEL, Emmanuelle. Comprendre le Concept de Genre in Classeur d’outils

pédagogiques réalisé sous coordination de l’Ifaid, 2001.

Les années 1980, elles, ont connu la conférence mondiale

des femmes Ă  Copenhague en 1980 et Ă  Nairobi en 1985

et la mise en place de la charte africaine des droits de

l’homme et des peuples ratifiés en 1981 avec la

reconnaissance des droits des femmes. Dès lors, le

concept IFD est introduit dans la plupart des projets du

développement et les organisations non gouvernementales

(ONG) commencent Ă  Ĺ“uvrer pour la prise en

considération des femmes dans le développement.

En effet, l’approche FED reconnaît certes aux

femmes leurs droits de participation aux

mécanismes du développement mais sur une base

inégale avec les hommes de sorte qu’elle a

tendance, tout comme l’IFD à regrouper les femmes

sans analyser suffisamment les différences sexuelles

et sans faire appel aux divisions de classe, de race

ou d’ethnies lesquelles ont aussi un impact

important sur le statut social des femmes.

En outre, Les femmes, tout comme les hommes,

ne forment pas un groupe homogène et

monolithique ; l’expĂ©rience de travail des hommes

et des femmes, leur participation Ă  la vie politique et

économique et leur capacité d’exercer leurs droits

varient en fonction de leur race, de leur classe, de

leur appartenance ethnique, de leur religion, de leur

statut Ă©conomique, et de leur orientation sexuelle.

Néanmoins, le concept a été utilisé jusqu’à la fin des

années 1980, l’évaluation de la décennie de

l’Organisation des Nations unies (ONU) ayant dégagé

les insuffisances liées à l’utilisation de l’approche IFD.

Par ailleurs, plusieurs recherches menées par des femmes

tant du nord que du sud ont montré que les insuffisances

notées quant à l’IFD et l’FED résident dans le fait que ces

dernières avaient ignoré l’apport des femmes en matière

de la production des biens et des services au sein de leurs

communautés. Chose qui signifie que les femmes étaient

figées dans un rôle traditionnel et familial.

Et finalement, afin de combler toutes les insuffisances déjà

mentionnées, la théorie genre a donné naissance à l’approche genre et

développement GED vers la fin des années 1980. Dans cette nouvelle

optique, on considère que les hommes et les femmes créent, perpétuent

et déterminent la répartition des tâches mais les bénéfices et les

souffrances, sont mal partagés en fonction du sexe.

De surcroît, les hommes et les femmes ont des rapports différents les

uns et les autres au sein de la société et évoluent dans des secteurs

différents de la communauté et ce, malgré une certaine

interdépendance. Ainsi, le développement se répercute-t-il de façon

différente sur les hommes et sur les femmes car chaque catégorie

exerce, selon son rôle social, une influence différente sur les projets et

les ressources d’une société.

Partant du principe que les hommes et les femmes doivent tous

participer à l’identification des problèmes et des solutions afin

d’avancer les intérêts de la communauté, l’approche GED s’appuie

d’avantages sur l’ensemble de l’organisation sociale, de la vie

Ă©conomique et politique, afin de comprendre la formation des aspects

particuliers de la société. Elle s’intéresse, non pas à la femme en soi,

mais, à la construction sociale de genre et à l’attribution des rôles et des

responsabilités spécifiques que la société attend des hommes et des

femmes. Le genre n’est donc rien d’autre qu’un construit social.

OTIMI, Claudine Aperçu GĂ©nĂ©ral sur le Concept Genre : Notion et Outils d’Analyse

in « Genre - Gouvernance – Accès des Femmes au Pouvoir Â», AFARD Togo, 2004.

 

L’approche GED privilégie un développement durable et équitable dans

la mesure où elle cherche non seulement à intégrer les femmes au

développement, mais elle s’aspire à exploiter le potentiel des initiatives de

développement, à transformer les relations sociales et notamment celles de

genre et ce, dans la finalité de réduire les inégalités de genre et de donner plus

de pouvoir aux femmes.  

En somme, l’approche GED, à l’opposé des approches précédentes, considère

les femmes comme agentes de changement plutôt que comme bénéficiaires

passives de l’aide au développement.

Par conséquent, l’application de l’approche GED doit permettre aux projets de

développement de répondre aux besoins pratiques des femmes et aux intérêts

stratĂ©giques de celles-ci.  

De ce fait, l’approche GED se définit en tant que

stratégie qui vise à permettre l’intégration des

préoccupations de genre dans l’analyse, la planification et

l’organisation de politiques, programmes et projets de

développement. Elle s’identifie à une approche qui prône

des valeurs d’égalité dans tous les domaines où les écarts

entre les hommes et les femmes sont grands, notamment

dans la division du travail ; l’accès aux services et aux

ressources ; le contrôle des ressources et des bénéfices ; et

le pouvoir décisionnel.

En effet, c’est une approche qui ne se concentre pas

uniquement sur les femmes ou sur les hommes, mais

plutĂ´t sur la transformation des rapports entre les genres

dans un sens plus Ă©galitaire tout en Ă©vitant de marginaliser

les hommes et en tentant d’élargir la participation des

femmes à tous les niveaux. Bref, c’est une approche qui

ne vise pas Ă  transformer les femmes en hommes, mais

bien à s’assurer que l’accès aux ressources ne relève pas

de l’appartenance à un sexe.

Quant aux apports des années 1990, on note essentiellement la

conférence sur la famille et le développement à Dakar en 1992, la 5ème

conférence mondiale sur la population au Caire en 1994, la conférence

des femmes africaines à Dakar en 1994, et la 4ème conférence

internationale sur les femmes Ă  Beijing en 1995. Pendant la mĂŞme

époque, les femmes luttent de plus en plus pour l’équité et la

dénonciation des violences faites à leur égard. Pendant les années 2000,

le concept IFD est de plus en plus critiqué tandis que le concept GED

qui lui a succédé est de plus en plus répandu. Par conséquent, les

violences faites aux femmes sont dénoncées et la lutte des femmes pour

plus d’équitĂ© s’intensifie. 

L’intégration de l’approche genre au programme de

développement au Maroc

Parmi les finalités de l’intégration de l’approche genre, on note

essentiellement la construction d’un partenariat basé sur

l’équité et l’égalité entre les hommes et les femmes et ce, en

respectant la différence et en assurant la participation

équitable, pleine et entière dans tous les domaines. De même,

intégrer l’approche genre dans les politiques de

développement s’avère nécessaire à la promotion d’un

développement durable et équitable.

En effet, l’intégration de cette approche consiste à favoriser

une prise de conscience, à instaurer des stratégies et des outils

pour l’égalité à travers l’intégration du genre à plusieurs

niveaux et notamment dans les modes de fonctionnement des

institutions et dans les projets et les programmes de

développement et à introduire la dimension sociale et

culturelle de la différence entre les femmes et les hommes,

dans les processus de prise de décision et dans l'élaboration

des politiques et des mesures Ă©conomiques et sociales.

Etant conscient que l’adoption de l’approche genre est

incontournable à la réalisation d’un développement durable,

équitable et humain et à la réussite effective d’une transition

politique, sociale et Ă©conomique, le Maroc a actuellement

entamé plusieurs initiatives et ouvert plusieurs chantiers

rentrant dans le cadre du « pacte du millĂ©naire pour le

dĂ©veloppement Â» et prĂ´nant la valorisation du potentiel

humain et ce, par le biais de l'intégration des femmes dans tous

les processus d'élaboration des politiques de développement.

Chose qui témoigne des réformes et mesures introduites au

niveau national en la matière.

Lors d’un discours qui a eu lieu 20 août 1999, S.M le Roi Mohammed

VI a affirmĂ© : « Comment espĂ©rer atteindre le progrès et la prospĂ©ritĂ© alors

que les femmes, qui constituent la moitié de la société, voient leurs

intérêts bafoués, sans tenir compte des droits par lesquels notre sainte

religion les a mises sur un pied d'égalité avec les hommes, des droits

qui correspondent Ă  leur noble mission, leur rendant justice contre

toute iniquité ou violence dont elles pourraient être victimes, alors

mĂŞme qu'elles ont atteint un niveau qui leur permet de rivaliser avec

les hommes, que ce soit dans le domaine de la science ou de

l'emploi ?»

http://www.map.ma/mapfr/discours/dis-parlement-Oct-2003.htm

Ainsi, une réelle volonté politique existe-t-elle au Maroc

pour la prise en considération du genre dans le budget de

l’Etat. En effet, différentes politiques publiques sont

entreprises pour tenter d’atténuer les inégalités basées sur

le genre au Maroc. Dans cette optique, la BSG

Budgétisation Sensible au Genre est devenue un objectif

essentiel. Dans les années 90, une quarantaine de pays ont

mis en œuvre des initiatives de budgétisation sensible au

genre qui varient selon le contexte national de chacun

d'eux.

Au Maroc, le processus de budgétisation favorisant

l’égalité des sexes entre dans le cadre du processus de

démocratisation entamé depuis les années 1990. Si, sur le

plan politique et juridique, les avancées vers la démocratie

et le respect des droits humains ont connu une

accélération plus ou moins rapide, sur le plan économique

et social, les avancées demeurent lentes et insuffisantes.

Les différenciations de genre sont encore importantes à

tous les niveaux et les femmes sont plus touchées par

l’impact négatif des différentes politiques.

Le Maroc a élaboré des politiques qui s’inscrivent dans le

cadre des dispositions de la Convention relative Ă 

l’élimination de toutes les formes de discrimination à

l’égard des femmes (CEDAW, ratifiée par le Maroc en

1993 et parue au Bulletin officiel en 2001) et des

engagements pris lors des conférences mondiales,

notamment celles tenues Ă  PĂ©kin en 1995 et Ă  New York

en 2000 (Déclaration du Millénaire).

C’est ainsi que le Maroc a consolidé un certain

nombre de réformes et ouvert de nouveaux

chantiers en matière de promotion des droits

humains d’une façon générale et, plus

particulièrement, des droits humains fondamentaux

des femmes et fillettes. Cette Ă©volution positive est

marquée par plusieurs réformes dont la plus

importante a été celle du code de la famille.

Dans cette optique, la réforme du code de la famille qui a

vu le jour en janvier 2004, marque une étape décisive du

chemin du développement du Maroc et traduit une volonté

politique affichée de l’Etat quant à une relation de genre

équilibrée où les femmes peuvent espérer ne plus être

marginalisées dans le cadre familial.

De mĂŞme, depuis septembre 2005, « l’Agence

de développement social (ADS) a institué le pôle genre en

tant que structure ayant pour mission de mettre en place

une stratĂ©gie pratique d’intĂ©gration des principes de l’approche genre pour accroitre la participation des femmes dans ses projets et programmes de dĂ©veloppement Â».Mohamed Najib Guedira, directeur de l’ADS (l’Agence de

développement social).

En 2006, on assiste Ă  la mise en place du budget sensible au genre et

l’adoption de la stratégie nationale d’équité et d’égalité entre les deux

sexes, qui prend en considération les besoins des femmes lors du

processus de l’élaboration des politiques et des programmes de

développement. De même, on assiste à l’intégration de l’approche

genre à l’université marocaine et ce, par la prolifération des groupes de

recherches sur la question du genre, chose qui a donné naissance à des

formations du master et du doctorat en la matière.

Mohammed Mezouar s’exprimant dans le cadre du congrès international des femmes

investisseur arabes du 28 au 30 octobre 2009.

La Budgétisation sensible au genre mesure l'impact des allocations des

dépenses publiques sur la répartition des ressources, l'accès aux services et les

opportunités offertes aux populations et ce, par le biais d'une coordination

entre politiques, programmes et budget, dans la finalité d'équité et d'égalité.

L'adoption de plus en plus d'une telle approche Ă  travers le monde trouve son

origine, notamment, dans l'engagement de la communauté internationale à la

réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement d'ici 2015 et

dans la ratification de la CEDAW, convention qui vise Ă  lutter contre toutes les

sortes de discrimination Ă  l'Ă©gard des femmes.

Cette orientation de la dynamique de développement vers

les populations les plus vulnérables implique l'adoption de

politiques publiques et de pratiques budgétaires visant à

réduire la pauvreté et les inégalités touchant de façon

différenciée les populations d'hommes, de femmes, de

filles et de garçons.

CEDAW : Convention sur 1’é1imination de toutes les formes de discrimination Ă 

1’égard des femmes, adoptée le 18 décembre 1979 par l’Assemblée générale des

Nations Unies.

Le contexte actuel du pays est parfaitement favorable Ă  l'adoption de

cette approche dans la mesure où il est marqué par la mise en place de

l'INDH, la poursuite de la stratégie de développement social intégré, le

renforcement du processus démocratique, notamment à travers le code

de la famille, de la nationalité, celui des libertés publiques, la

modernisation des secteurs publics, le renforcement de la gouvernance,

de la décentralisation et le processus de réformes budgétaires. Par

ailleurs, l'admission du Maroc pour la première fois à l'aide du

Millenium Challenge Account, visant la réduction de la pauvreté et la

promotion de la croissance économique, est un levier supplémentaire

en faveur de l'adoption d'une approche de proximité envers les

populations démunies.

Il faut noter que des efforts ont été réalisés ces dernières années au

Maroc. Il s'agit notamment de l'enquĂŞte Budget-temps et des cartes de

la pauvreté. Toutefois, il y a une insuffisance en information liée à la

difficulté d'estimer le travail non rémunéré des femmes qui n'apparaît

pas dans les statistiques officielles. S'y ajoute le manque d'information

sur la participation des femmes Ă  l'Ă©conomie notamment dans le milieu

rural et le secteur informel. Actuellement dans le projet Budgétisation

sensible au genre, l'affinement de l'information est un axe prioritaire.

Par ailleurs, des outils de formation visant les formateurs, les

parlementaires et la société civile sont élaborés. Il s'agit du guide de la

réforme budgétaire Dalil et d'un manuel de formation en cours de

finalisation au ministère des Finances. 

Le processus de réforme budgétaire représente le point d'ancrage de

cette approche. Elle a pour principaux objectifs de tenir compte des

préoccupations et des intérêts différenciés des femmes, des hommes,

des filles et des garçons lors de la formulation, l'exécution et

l'évaluation des politiques publiques. Elle assure l'équité à travers une

meilleure allocation des ressources budgétaires. Ceci dit, l'analyse

genre des dépenses publiques est, primo, basée sur l'établissement d'un

diagnostic des différents groupes sociaux et l'identification des

principales contraintes. Secundo, la déclinaison des priorités publiques

en objectifs de réalisation, de projets et de programmes. Et enfin

l'Ă©valuation des programmes Ă  travers l'analyse des moyens mis en

œuvre et les crédits alloués.

Pour la première fois au Maroc, un rapport genre a été annexé au rapport

économique et financier 2006. Il est la résultante d'un processus lancé depuis

2002 dans le cadre des réformes budgétaires visant la gestion axée sur les

résultats et la Budgétisation sensible au genre. Le rapport en question présente

l'état des lieux, réalisé en partenariat avec quelques départements engagés dans

le processus de gendérisation du budget. L'objectif étant de prendre la mesure

de ce qui doit être accompli pour une meilleure efficacité des dépenses

publiques. Le rapport présente le concept genre et le contexte de son

introduction, la méthodologie adoptée ainsi que les avancées de certains

départements pilotes engagés dans le processus. La réalisation de ce premier

rapport a eu des échos favorables notamment chez le Fonds de développement

des Nations unies pour la femme (Unifem) qui a qualifié l'expérience

marocaine "de réussite sans précédent".

En définitive, le Maroc, dans sa finalité d’un

développement durable, équitable et égalitaire

entre les deux sexes, n’a cessé d’intégrer

l’approche genre dans tous ses projets et

programmes de développement et ce, en

touchant Ă  tous les domaines, y compris le social,

le politique, l’économique et l’intellectuel.