De Deleuze à Péguy. La langue comme concept

17
De Deleuze à Péguy La langue comme concept Alexandre de Vitry La relation de Deleuze à Péguy est un champ de recherche encore peu exploré, en partie pour des raisons idéologiques, qui rendent les deleuziens peu sensibles à Ève ou au Laudet, et les péguystes rétifs à la lecture d’un philosophe identifié à mai 1968 et à une forme d’immanentisme athée qu’on a dû mal à réconcilier avec l’œuvre de Péguy 1 . Pourtant, l’intérêt continu que Deleuze a manifesté à l’endroit de Péguy n’est pas si déconcertant. Il repose d’abord sur une proximité philoso- phique et conceptuelle certaine ; il est ensuite justifié politique- ment : le Péguy de l’ordre, de la « race » et de la « racine », ne se comprend pas sans un Péguy libertaire, anarchisant, défen- seur, contre Jaurès, d’une ontologie pluraliste du discontinu, qui a tout pour séduire Deleuze. Comme le remarque Géraldi Leroy, il y a quelque chose chez Péguy d’un « gauchiste » avant la lettre 2 . Deleuze fait principalement usage de Péguy de deux manières. D’abord, dans celui des essais du philosophe qui fait le plus fréquemment référence à Péguy, Différence et répé- tition, il s’agit surtout de mobiliser Péguy pour penser un phénomène que nous pourrions appeler, grossièrement, onto- logique : celui de la « répétition », dans une perspective anti- hégélienne. Dans un deuxième temps, qui prolonge le premier, nous retrouvons Péguy tout au long de l’œuvre de Deleuze, jusqu’à ses derniers ouvrages, mobilisé pour contribuer à une pensée de l’événement. Je me contenterai de proposer une prise de vue rapide de ce péguysme deleuzien, d’abord parce – 223 – CHARLES_cs4_pc.indd 223 CHARLES_cs4_pc.indd 223 22/03/2014 10:16:29 22/03/2014 10:16:29

Transcript of De Deleuze à Péguy. La langue comme concept

De Deleuze à PéguyLa langue comme concept

Alexandre de Vitry

La relation de Deleuze à Péguy est un champ de recherche encore peu exploré, en partie pour des raisons idéologiques, qui rendent les deleuziens peu sensibles à Ève ou au Laudet, et les péguystes rétifs à la lecture d’un philosophe identifié à mai  1968 et à une forme d’immanentisme athée qu’on a dû mal à réconcilier avec l’œuvre de Péguy1. Pourtant, l’intérêt continu que Deleuze a manifesté à l’endroit de Péguy n’est pas si déconcertant. Il repose d’abord sur une proximité philoso-phique et conceptuelle certaine ; il est ensuite justifié politique-ment : le Péguy de l’ordre, de la « race » et de la « racine », ne se comprend pas sans un Péguy libertaire, anarchisant, défen-seur, contre Jaurès, d’une ontologie pluraliste du discontinu, qui a tout pour séduire Deleuze. Comme le remarque Géraldi Leroy, il y a quelque chose chez Péguy d’un « gauchiste » avant la lettre2.

Deleuze fait principalement usage de Péguy de deux manières. D’abord, dans celui des essais du philosophe qui fait le plus fréquemment référence à Péguy, Différence et répé-tition, il s’agit surtout de mobiliser Péguy pour penser un phénomène que nous pourrions appeler, grossièrement, onto-logique  : celui de la « répétition », dans une perspective anti- hégélienne. Dans un deuxième temps, qui prolonge le premier, nous retrouvons Péguy tout au long de l’œuvre de Deleuze, jusqu’à ses derniers ouvrages, mobilisé pour contribuer à une pensée de l’événement. Je me contenterai de proposer une prise de vue rapide de ce péguysme deleuzien, d’abord parce

– 223 –

CHARLES_cs4_pc.indd 223CHARLES_cs4_pc.indd 223 22/03/2014 10:16:2922/03/2014 10:16:29

qu’il a déjà été présenté récemment par Marie Gil dans la Revue d’histoire littéraire de la France3, ensuite parce que je voudrais plutôt me concentrer sur la pensée de la langue, chez Deleuze, et interroger son péguysme par ce biais détourné, relevant d’un héritage moins explicite mais non moins déter-minant.

Le Péguy de Deleuze  : puissance de la répétitionet verticalité de l’événement

D’abord, dans Différence et répétition, en 1968, Péguy appa-raît aux côtés de Kierkegaard et de Nietzsche, parfois aussi près de Raymond Roussel, à qui Michel Foucault avait consacré un livre déterminant en 19634. Péguy intéresse alors Deleuze à la fois comme penseur et comme praticien de la « répétition ». Pen-seur, d’abord : c’est le Péguy de Clio que nous retrouvons, évo-quant les nymphéas de Monet, l’importance du commencement, de la première fois, de la fondation, du premier nymphéa comme répétition inaugurale des répétitions à venir. Dans tout son essai, Deleuze oppose ainsi « répétition » et « ressemblance » ; ce qui est répété, c’est ce qui est irremplaçable, c’est le pur singulier, la répétition s’opposant à la permutation, à la substitution, au rem-placement équivalent d’un terme par un autre5. On ne répète que ce qui est unique et inégalable. Péguy, ensuite, apparaît en prati-cien de la répétition, par son style, celui d’un des « grands répé-titeurs de la littérature6 ». La répétition se traduit d’abord dans une langue ou, dit Deleuze, dans un « langage » ; elle en est une « puissance » propre7. De ce point de vue, la pensée et le style de Péguy sont, aux yeux de Deleuze, inséparables : l’écriture du res-sassement se comprend comme la pointe culminante et en même temps comme l’impulsion première d’une pensée générale de la répétition et de la différence.

Alexandre de Vitry

– 224 –

CHARLES_cs4_pc.indd 224CHARLES_cs4_pc.indd 224 22/03/2014 10:16:2922/03/2014 10:16:29

Dans le prolongement de ces premières réflexions, à partir de Logique du sens, en 1969, et dans les ouvrages suivants, Deleuze se préoccupe de Péguy comme penseur de l’« événement », en se fondant sur la lecture de Clio et, dans une moindre mesure, de Victor- Marie, comte Hugo. Ce qui intéresse Deleuze, c’est que Péguy découvre dans l’événement une puissance propre au présent, mais qui dépasse le seul présent, sans pour autant rejoindre la forme de l’éternel. Au strict temporel et au strict éternel, Péguy permet à Deleuze d’ajouter un troisième terme, qu’il lui emprunte  : l’« internel ».

À chaque présent correspond une ligne verticale qui l’unit en profondeur à son propre passé, comme au passé des autres pré-sents, constituant entre eux tous une seule et même coexistence, une seule et même contemporanéité, l’« internel » plutôt que l’éternel8.

À l’histoire horizontale, « longitudinale », Deleuze oppose, comme Péguy, la mémoire « verticale » –  dichotomie bien connue des lecteurs de Péguy. En 1990, Deleuze revient encore sur son intérêt pour Péguy, dans les mêmes termes  :

Dans un grand livre de philosophie, Clio, Péguy expliquait qu’il y a deux manières de considérer l’événement, l’une qui consiste à passer le long de l’événement, à en recueillir l’effectuation dans l’histoire, le conditionnement et le pourrissement dans l’histoire, mais l’autre à remonter l’événement, à s’installer en lui comme dans un devenir, à rajeunir et à vieillir en lui tout à la fois, à pas-ser par toutes ses composantes ou singularités9.

Paraphrase assez fidèle des considérations de Clio ou d’À nos amis, à nos abonnés.

Deleuze rapproche cette pensée de la profondeur du présent de la notion nietzschéenne d’« Intempestif ». Évoquant, côte à côte, les deux auteurs, Deleuze dit ainsi  :

De Deleuze à Péguy

– 225 –

CHARLES_cs4_pc.indd 225CHARLES_cs4_pc.indd 225 22/03/2014 10:16:2922/03/2014 10:16:29

Le devenir n’est pas de l’histoire ; l’histoire désigne seulement l’ensemble des conditions si récentes soient- elles, dont on se détourne pour « devenir », c’est- à- dire pour créer quelque chose de nouveau10.

Le « Temporellement- éternel » de Péguy se superpose avec l’« Éternité du devenir » de Nietzsche, et même avec ce que Fou-cault appelle le « Dehors- intérieur11 ». Péguy permet à Deleuze de penser ce qui, dans le contemporain, s’extrait du contemporain, ce qui, dans l’événement, relève d’une puissance de devenir – ce que Giorgio Agamben, plus tard, nommera la « non- coïncidence », la « dyschronie » fondamentale du contemporain à lui- même12. En somme, Deleuze intègre Péguy à sa philosophie en en faisant un penseur de la profondeur de l’immanence, contre tout alibi trans-cendant – ce qui, bien sûr, revient à forcer quelque peu le trait, Péguy ne renonçant nullement, pour sa part, à la catégorie de l’« éternel », du « spirituel », etc. Deleuze a d’ailleurs conscience de cette distance qui le sépare de Péguy, dès Différence et répéti-tion, où il considère que Kierkegaard et Péguy, en ne renonçant pas à la foi, « n’étaient pas prêts à […] payer le prix nécessaire » de leur pensée de la répétition et du surgissement13.

La langue selon Deleuze  :la « minorité » contre la linguistique

En revanche, quoique les nombreuses considérations de Deleuze sur la langue aient fort à voir avec sa lecture de Péguy, la référence à Péguy se fait plus rare, voire inexistante, lorsqu’il aborde cette question. Cela s’explique, assez simplement, par le fait que les ouvrages de Deleuze où il est le plus question de la langue, ou de la linguistique, en particulier Kafka et Mille plateaux, sont écrits à quatre mains, avec Félix Guattari, qui, lui, ne semble pas lecteur de Péguy.

Alexandre de Vitry

– 226 –

CHARLES_cs4_pc.indd 226CHARLES_cs4_pc.indd 226 22/03/2014 10:16:2922/03/2014 10:16:29

Partons de la pensée deleuzienne de la langue. Le principe de départ adopté par Deleuze et Guattari est le refus de la dis-tinction saussurienne entre « parole » et « langue » ou encore « parole » et « langage14 ». Les auteurs n’admettent pas l’idée qu’existe un code homogène stable face auquel ou à partir duquel des paroles singulières pourraient émerger, par une pra-tique de l’écart. Pour Deleuze et Guattari, c’est toujours toute la langue qui est en jeu dans une pratique littéraire. Il n’y a pas de « langue majeure ou standard15 ». Les auteurs s’approprient ainsi la formule des musiciens selon laquelle « le thème, c’est la variation16 », et ils ajoutent  : « Tout système est variation, et se définit, non par ses constantes et son homogénéité, mais au contraire par une variabilité qui a pour caractères d’être imma-nente, continue, et réglée sur un mode très particulier (règles variables ou facultatives)17 » –  nous retrouvons, amplifiés et appliqués plus proprement à la langue, les postulats de Diffé-rence et répétition.

L’opposition entre ces deux conceptions de la langue, ensemble codé « majeur » et variation continue « mineure », pose une dichotomie qui relève, selon Deleuze et Guattari, du politique. Contre la linguistique, les deux auteurs écrivent ainsi  :

Puisque tout le monde sait qu’une langue est une réalité variable hétérogène, qu’est- ce que signifie l’exigence des linguistes, de tailler un système homogène pour rendre possible l’étude scien-tifique ? […] Le modèle scientifique par lequel la langue devient objet d’étude ne fait qu’un avec un modèle politique par lequel la langue est pour son compte homogénéisée, centralisée, standardi-sée, langue de pouvoir majeure et dominante18.

L’opposition entre « linguistique » et « stylistique » apparaît donc à Deleuze et Guattari parfaitement inutile, le « style » et la « langue » se superposant parfaitement. Se livrer à une telle distinction, c’est faire acte politique, en séparant le « majeur » stable du « mineur » variable, instable, donc négligeable. C’est

De Deleuze à Péguy

– 227 –

CHARLES_cs4_pc.indd 227CHARLES_cs4_pc.indd 227 22/03/2014 10:16:2922/03/2014 10:16:29

apposer sur une réalité foncièrement fluctuante une norme coercitive.

Le Kafka de Deleuze et Guattari, écrit cinq ans avant Mille plateaux, nous informe encore sur cette distinction, en parti-culier à travers la notion de « littérature mineure ». Une telle littérature mineure –  la seule « bonne » littérature, pour les auteurs  –, se définit selon trois critères  : d’abord, une « déter-ritorialisation de la langue » ; ensuite, un « branchement de l’individuel sur l’immédiat- politique » ; enfin, un « agencement collectif d’énonciation19 ». Le premier de ces critères recoupe les considérations de Mille plateaux. Il y a littérature mineure à partir du moment où une « langue majeure », ou prétendue telle, est « minorée ».

Kafka définit en ce sens l’impasse qui barre aux juifs de Prague l’accès à l’écriture, et fait de leur littérature quelque chose d’im-possible  : impossibilité de ne pas écrire, impossibilité d’écrire en allemand, impossibilité d’écrire autrement. Impossibilité de ne pas écrire, parce que la conscience nationale, incertaine ou opprimée, passe nécessairement par la littérature. […] L’impossibilité d’écrire autrement qu’en allemand, c’est pour les juifs de Prague le sen-timent d’une distance irréductible avec la territorialité primitive tchèque. Et l’impossibilité d’écrire en allemand, c’est la déterrito-rialisation de la population allemande elle- même, minorité oppres-sive qui parle une langue coupée des masses, comme un « langage de papier » ou d’artifice20.

On comprend alors que cette « minoration » de la langue s’avère essentiellement politique. Dans une telle littérature, « tout prend une valeur collective », « le champ politique a contaminé tout énoncé21 ». Le principe de la démarche littéraire revient à « être dans sa propre langue comme un étranger22 »  : c’est- à- dire à rendre la langue à son caractère mineur, infini-ment variable, instable, mouvant, contre l’hégémonie artificielle et oppressive d’une « langue majeure » codée, et à l’intérieur de ce code même. En quelque sorte, la littérature accomplit la

Alexandre de Vitry

– 228 –

CHARLES_cs4_pc.indd 228CHARLES_cs4_pc.indd 228 22/03/2014 10:16:2922/03/2014 10:16:29

destination principielle de la langue, en déstabilisant le code en son cœur même. Elle ne relève pas d’un « écart », mais de la révélation d’une « norme » plus profonde que la norme du système codé linguistique ; cette norme est une norme anti- normative, essentiellement variable, « rhizomatique », comme disent volontiers Deleuze et Guattari.

Dans l’article « Bégaya- t-il… » de Critique et clinique, quelques années plus tard, Deleuze prolonge cette réflexion, sans Guattari cette fois, et il mentionne désormais Péguy, à côté de Kafka, pour illustrer sa pensée de la langue.

Lorsque la langue est si tendue qu’elle se met à bégayer, ou à murmurer, balbutier…, tout le langage atteint à la limite qui en dessine le dehors et se confronte au silence. Quand la langue est ainsi tendue, le langage subit une pression qui le rend au silence. Le style – la langue étrangère dans la langue23 – est fait de ces deux opérations. […] Le style est l’économie de la langue. Face à face, ou face à dos, faire bégayer la langue, et en même temps porter le langage à sa limite, à son dehors, à son silence24.

En rétablissant la vérité de la langue, en la portant à sa limite interne, à son « dehors » intérieur, la pratique littéraire refonde la langue dans une dimension politique. « Il appartient à la fonc-tion fabulatrice d’inventer un peuple », écrit Deleuze au début du même ouvrage25. À partir du collectif coercitif de la langue majeure, la littérature mineure a permis à la langue de produire un collectif mineur, libre, varié, passant de l’ordre totalisateur et autoritaire de la langue- pouvoir à l’ordre souterrain, mysté-rieux, anarchiste, même, de la langue, disons, littéraire, ou d’une langue confondue avec la parole.

– 229 –

De Deleuze à Péguy

CHARLES_cs4_pc.indd 229CHARLES_cs4_pc.indd 229 22/03/2014 10:16:2922/03/2014 10:16:29

Le Deleuze de Péguy  :Péguy en anti- linguiste ?

C’est au moins par deux biais, me semble- t-il, que nous pou-vons intégrer Péguy à cette réflexion, sous la forme d’une petite utopie critique à la manière de Pierre Bayard, qui nous ferait considérer Péguy en lecteur de Deleuze, plutôt que l’inverse, comme le personnage de David Lodge, dans Small World, qui, partant d’un projet de mémoire sur l’influence de Shakespeare sur T. S.  Eliot, décidait au dernier moment que sa recherche porterait plutôt sur l’influence de T. S. Eliot sur Shakespeare.

Un tel tour de passe- passe n’est pas tout à fait injustifié. D’abord, le débat intellectuel dans lequel Deleuze et Guat-tari prennent position, autour du structuralisme notamment, n’est en réalité pas si nouveau. Antoine Compagnon a mon-tré, dans son cours au Collège de France de 2011, consacré à l’année 1966, que, contrairement au mythe fondateur du struc-turalisme des années 1960 et 1970, qui s’imaginait en « redé-couvreur » d’un Saussure occulté, la linguistique saussurienne, contre laquelle se construit la pensée linguistique de Deleuze et Guattari, s’est en réalité imposée très vite en France, sur un plan institutionnel26. De 1881 à 1891, le linguiste suisse est ainsi appelé à enseigner en France par son collègue Michel Bréal. Son disciple Antoine Meillet lui succède ensuite à l’EPHE, puis prend la suite de Bréal au Collège de France. La conception structurale de la langue comme système ne date donc pas de la traduction des formalistes russes par Tzvetan Todorov, en 1965, ni d’une supposée exhumation tardive de la pensée de Saussure. Certes, le fameux Cours de linguistique générale n’a été publié que trois ans après la mort de Saussure, c’est- à- dire en 1916, mais, comme Benveniste l’a raconté dans l’article  : « Structure en linguistique » de 1962, dès le cours de Saussure à l’EPHE, dans les années 1880, sa pensée de la langue était devenue fami-lière aux étudiants parisiens27. Autrement dit, si Péguy ne cite

Alexandre de Vitry

– 230 –

CHARLES_cs4_pc.indd 230CHARLES_cs4_pc.indd 230 22/03/2014 10:16:2922/03/2014 10:16:29

jamais Saussure, l’idée d’une langue- système est déjà largement dans l’air du temps au début du xxe siècle, si bien que l’on peut raisonnablement considérer que Péguy peut faire l’expérience, même de façon diffuse, de ce contre quoi se dresseront Deleuze et Guattari, un demi- siècle plus tard.

Par ailleurs, ce rapprochement fonctionne aussi dans l’autre sens. Deleuze est en effet porté de façon générale vers l’époque de Péguy. Parmi les grandes références du philosophe, de nom-breuses touchent de près ou de loin au directeur des Cahiers de la quinzaine : Bergson, d’abord, sans lequel Deleuze est inima-ginable ; mais aussi Proust, Nietzsche, ou encore Gabriel Tarde. Le passage du xixe au xxe  siècles constitue pour Deleuze un riche foyer de références, parmi lesquelles Péguy n’occupe en réalité qu’une place parmi d’autres. Les références de Deleuze témoignent donc d’un certain esprit, dans lequel nous pouvons situer Péguy à son tour. Pour le dire ainsi, Deleuze tend par goût, ou par inclination, à se faire le contemporain de Péguy.

Je passe sur le cas de Bergson, dont nul n’ignore l’impor-tance pour Péguy. Nietzsche, ensuite, lui est partiellement connu, en particulier par l’intermédiaire de Daniel Halévy, de Charles Andler et de Georges Sorel. Quant à Gabriel Tarde, s’il n’est pas mentionné par Péguy, il ne peut cependant être ignoré de lui, tant sa stature est alors d’importance. De plus, les moqueries qu’adresse Péguy à Durkheim et à ses collabo-rateurs, comme Marcel Mauss ou François Simiand, ne peu-vent manquer d’entrer en résonnance avec la polémique qui oppose Tarde à Durkheim quelques années plus tôt. Or l’un des points qui sépare le plus visiblement les pensées de Tarde et de Durkheim concerne précisément la pensée du système (même si celui- ci n’est pas, en l’occurrence, proprement linguistique)  : chez Durkheim, c’est un tel système qui prévaut, la sociologie permettant la compréhension de la société comme entité glo-bale, qui dépasse la seule rationalité individuelle, tandis que la « psychologie sociale » de Tarde insiste, elle, sur l’infinité des variations individuelles, construisant la société par des relations

De Deleuze à Péguy

– 231 –

CHARLES_cs4_pc.indd 231CHARLES_cs4_pc.indd 231 22/03/2014 10:16:2922/03/2014 10:16:29

de proche en proche, sur le mode complexe de ce qu’il nomme l’« imitation ». On voit aisément la dette de Deleuze à l’égard de Tarde, qu’il est d’ailleurs le premier à reconnaître28. Men-tionnons encore un trait d’union entre ces différentes références (Tarde ; Péguy ; Deleuze) dans les travaux de Bruno Latour, parti d’un commentaire de Péguy29, passé par une lecture serrée de Deleuze, et arrivé à une refondation de la sociologie explici-tement fondée sur une redécouverte de Tarde30.

Ainsi, dans la série de conférences que Péguy prononce en 1904 au sujet de l’anarchisme (idée, elle aussi, toute deleuzienne), on ne s’étonnera pas de trouver la question de la langue rap-prochée du projet d’une forme de « sociologie bergsonienne ». Avant d’évoquer les questions qu’il doit traiter, Péguy s’arrête sur le problème préalable du langage lui- même, et sur la nécessité de réfléchir sur quelques termes particuliers, comme « mots » de la langue, en « mention », avant d’en faire l’« usage », selon la distinction de Sperber et Wilson. Mais Péguy définit alors le langage comme l’« utilisation des mots et des mots mis en mou-vement dans les phrases31 ». Il situe ainsi le langage du côté de la pratique, ou de la parole, plutôt que du côté du code, ou de la langue. « Langage » est ici synonyme de « discours », l’énoncé ne se sépare pas de l’énonciation. Par ailleurs, le langage, tout en restant un « instrument », se déploie selon une logique néces-saire  : il permet à la réalité de se formuler, donc d’exister pour l’homme. Ainsi par exemple, lorsque, plus loin dans sa confé-rence, Péguy propose le néologisme d’« acratie », il précise  : « Ce n’est pour faire un mot nouveau, c’est parce que ce mot nouveau est indispensable32. » Ou encore, dans la deuxième de ces trois conférences  : « En réalité les mots et le langage sont des voies de communication intellectuelles, des rues mentales, pour ainsi dire33. » Enfin, dans le même ordre d’idées  :

Les grands systèmes comme le système platonicien ou le kan-tisme ou le cartésianisme sont devenus plutôt des langages qu’on parle successivement selon qu’on veut travailler telle ou telle partie

Alexandre de Vitry

– 232 –

CHARLES_cs4_pc.indd 232CHARLES_cs4_pc.indd 232 22/03/2014 10:16:2922/03/2014 10:16:29

de la réalité. Il est commode de parler platonicien s’il s’agit d’idées ou d’apparences ; il est commode de parler cartésien s’il s’agit d’étendue ; il est d’une bonne méthode de parler kantien s’il s’agit de devoir et de morale, par exemple, si on essaie de définir d’une manière sommaire ce que c’est que la politique34.

Nous pouvons indiquer ainsi deux traits deleuziens du lan-gage selon Péguy, entendus par lui comme des traits bergso-niens  : une indistinction de la parole et de la langue, donc une compréhension du langage comme continuelle « création » ; ensuite, une connexion directe et inévitable du langage à la réalité, une « situation », dirait Péguy ; une politisation dirait Deleuze – c’est d’ailleurs tout le propos de cette série de confé-rences. Cela explique l’insistance de Péguy sur son utilisation personnelle de la langue, quand un auditeur lui reproche quelque approximation étymologique : « Ma situation [est] celle de l’écri-vain qui cherche le mot propre et non pas celle de l’historien du langage35. » Péguy oppose la « recherche du mot propre », démarche de l’écrivain, à l’enquête scientifique de l’historien sur l’évolution du code linguistique. Dans les termes de Péguy, nous pourrions dire qu’il oppose une langue « contemporaine » de l’écrivain à une langue « moderne » de l’historien ou du lin-guiste, selon la distinction qu’il opère trois ans plus tard, en commentant le titre des Origines de la France contemporaine de Taine  : « contemporain » se situe du côté du mouvement, du « vivant », de la « variation », tandis que « moderne » est fixe, lourd, « monumentaire36 » ; « contemporain » est du côté de l’individu, « moderne » du côté d’un collectif oppressant. « Contemporain » est un mot « en dentelle », un peu à la fois façon du rhizome deleuzien, tandis que « moderne » est un mot « en pierre37 ».

L’opposition du « contemporain » au « moderne » recoupe une autre distinction opérée par Péguy, à la même époque, entre la « mémoire » et l’« histoire », qui concentre précisément ce que Deleuze lui emprunte. Or cette distinction s’applique

De Deleuze à Péguy

– 233 –

CHARLES_cs4_pc.indd 233CHARLES_cs4_pc.indd 233 22/03/2014 10:16:2922/03/2014 10:16:29

aussi au langage  : une langue bergsonienne, vivante, est une « parole », elle doit s’inventer comme « symbole » de la réalité, et s’oppose à une langue « morte », codée, celle de l’« historien du langage ». C’est donc bien le Péguy qui intéresse Deleuze, ce Péguy critique de la raison historique, qui nous permet de rendre intelligible un Péguy linguiste ou, à la Deleuze, un Péguy anti- linguiste. Remarquons aussi que ces considérations de Péguy peuvent permettre d’approfondir notre regard sur son « style »  : Péguy se méfie du néologisme gratuit, il n’in-vite nullement à une forme de pure invention foisonnante et libre de toute contrainte. Nous sommes loin des envolées glos-solaliques d’Antonin Artaud, chères elles aussi à Deleuze. En revanche, la langue de l’écrivain, conçue comme recherche et création, au besoin, du « mot propre », se rapproche, par le biais du bergsonisme, de la langue- parole de Deleuze et Guat-tari, et vient en quelque sorte en commenter le concept  : ce que Péguy souligne, chez Deleuze, comme s’il le glosait par avance, c’est la façon dont une telle conception du langage, dans une forme d’utopie bergsonienne, veut coller, « symbole » tout paradoxal, à la réalité. L’immanentisme de Deleuze est un réalisme, c’est pour cela qu’il est « politique ». Il traduit, dans la langue, par un coup de force, des situations d’« impossibi-lité », comme celle de Kafka, comme celles qu’explore Péguy dans les Situations, comme celle encore que Péguy indique quand il s’imagine pouvoir parler « peuple », lui, le normalien et le socialiste parisien. La longue évocation de Paris, dans la dernière Situation, concentre bien ce fondement d’« impos-sibilité », ou de contradiction éminente, d’« inquiétude incu-rable38 », comme dit Péguy, qui vient culminer dans la question de l’appartenance et de la langue nationales  : Paris est à la fois la « ville de France la plus française, la plus profondément, la plus essentiellement, la plus authentiquement ; la plus tradi-tionnellement française » et à la fois « la ville du monde la plus insupportablement cosmopolite ; une orgie des nations ; […] la plus antique des Babels modernes ; la confusion des langues ;

Alexandre de Vitry

– 234 –

CHARLES_cs4_pc.indd 234CHARLES_cs4_pc.indd 234 22/03/2014 10:16:2922/03/2014 10:16:29

la plus moderne des Babels antiques39 ». Le Paris de Péguy est une ville deleuzienne, schizophrénique, vivant, comme Kafka, d’une double impossibilité, celle du français et de l’étranger, de l’un et du multiple, qui ne trouve, en termes de langue, à se résoudre qu’en une pratique littéraire qui soit, comme le dit Proust, « langue étrangère dans la langue ».

Mais chez Péguy, le réalisme de la langue- parole prend aisé-ment la forme d’un attachement au sociolecte, au « langage » entendu comme « langue » d’un certain groupe ou d’une cer-taine discipline. Ainsi le « pédantisme » ne consiste- t-il pas, pour Péguy, à faire usage de termes philosophiques trop abscons, mais au contraire « il est pédant et poseur d’éviter mal à pro-pos les mots de son métier, comme il est pédant et poseur de les employer mal à propos ». Et il ajoute  : « On doit parler induction et déduction quand il faut, ainsi que le menuisier parle tenons et mortaises40. » En quelque sorte, Péguy serait, par son caractère révolutionnaire même, une sorte de deleuzien conservateur  : l’immanentisme linguistique conduit à l’éloge de la langue des métiers, d’une langue terrestre, ou de la langue souterraine de la « race », grec ancien, latin de la Vulgate, fran-çais des profondeurs. Le goût de la contradiction, de l’impossi-bilité, de l’aporie, se conjugue à l’apologie de l’enracinement et du « métier ». Guère de « déterritorialisation », ici, semble- t-il.

Toutefois, le réalisme linguistique « vertical » de Péguy, réa-lisme de « mémoire » et non d’« histoire », part bien, malgré cet « enracinement », d’un postulat deleuzien : ainsi, dans le Dialo-gue de l’histoire et de l’âme charnelle, Péguy considère- t-il que Victor Hugo a écrit

non point dans une langue (comme on dit) non point dans une langue ancienne et première, primitive, non point dans un langage non usé, non habitué, mais, ce qui est proprement merveilleux, dans et par une langue, dans et par un langage qui avait déjà tant et si merveilleusement servi. De sorte que c’est dans un langage habitué, mon ami, plus qu’habitué, surhabitué, qui avait tant de

De Deleuze à Péguy

– 235 –

CHARLES_cs4_pc.indd 235CHARLES_cs4_pc.indd 235 22/03/2014 10:16:2922/03/2014 10:16:29

fois servi, et bien servi, bien et mal, qu’il a parlé, qu’il a écrit les œuvres les moins habituées, les plus inhabituées du monde41.

Nous sommes en plein dans le Kafka de Deleuze et Guat-tari. Comme chez Deleuze, l’invention d’une pure langue- parole nouvelle est « impossible », et la nouveauté doit surgir au cœur de l’habitude, la « minorité » au cœur de la « lan-gue majeure », la littérature s’opère bien par « déterritorialisa-tion ». C’est par la voie du « racinement » que la littérature se « déracine » – et le rhizome n’est- il pas, justement, une racine ? Cependant, là où Deleuze admire la « déterritorialisation abso-lue42 » de Kafka, Péguy procède plutôt, lui, par une série de « reterritorialisations » : la langue est vivante en tant qu’elle est langue du paysan, de l’ouvrier, de philosophe, etc., de même que la révolution n’a de sens qu’en tant que « fondation » d’un « ordre43 ». Et, en fin de compte, cette langue vivante « reterri-torialisée », et même, pourrions- nous dire, « hyperterritoriali-sée », « racinée », elle est celle du Créateur, du « fondateur », de l’« ordonnateur » par excellence, à travers la prosopopée divine du Porche du mystère de la deuxième vertu, que Deleuze ne peut qu’éviter, puisqu’elle impliquerait une interprétation chré-tienne de sa propre œuvre ou une trahison chrétienne des pos-tulats de Deleuze. Là où la littérature mineure, pour Deleuze, permettait de déjouer l’« ordre » apparent de la langue majeure, elle est au contraire pour Péguy le moyen de créer un ordre, de s’instituer elle- même comme « langue majeure ». L’anarchisme linguistique de Péguy est autoritaire.

Alexandre de Vitry

CHARLES_cs4_pc.indd 236CHARLES_cs4_pc.indd 236 22/03/2014 10:16:2922/03/2014 10:16:29

27. G.  Bernanos, Nous autres Français, Essais et écrits de combat I, p. 666.

28. C’est à Geneviève Favre que Péguy aurait fait cette déclaration lors de sa visite d’adieux. Voir ses Souvenirs sur Péguy.

29. G.  Bernanos, Les Enfants humiliés, Essais et écrits de combat I, p. 819.

30. « […] ce qu’il y a de plus grand dans le monde ; et de plus beau […] : d’être tranché dans sa fleur ; de périr inachevé ; de mourir jeune dans un combat militaire », Clio, dialogue de l’histoire et de l’âme païenne, OPC, t. III, p. 1167.

31. G.  Bernanos, Scandale de la vérité, Essais et écrits de combat I, p. 584.

32. Ibid., p. 591.33. G. Bernanos, « La défense des valeurs humaines » dans « La voca-

tion spirituelle de la France », 1942, Le Chemin de la Croix- des- Âmes, Essais et écrits de combat II, p. 807. La Pléiade donne « moine modeste », mais nous préférons l’« humble moine » de la version établie par Brigitte et Jean- Loup Bernanos pour les Éditions du Rocher.

34. G. Bernanos, « Charles Péguy », Le Chemin de la Croix- des- Âmes, Essais et écrits de combat II, p. 836-840.

35. L’Amitié Charles Péguy, n° 73, janvier- mars 1996, p. 2-5.36. G.  Bernanos, « La révolution de la liberté », décembre  1944, Le

Chemin de la Croix- des- Âmes, Essais et écrits de combat II, p. 1070.

De Deleuze à Péguy.– Alexandre de Vitry

1. Cet article, tiré d’une communication prononcée dans le cadre de la journée d’études de l’Amitié Charles Péguy  : « Péguy et la langue, une vision politique ? » (6 décembre 2013, à l’Institut de France, avec le parrai-nage de l’Académie des sciences morales et politiques), a fait l’objet d’une précédente publication dans le Bulletin de l’Amitié Charles Péguy (2014).

2. Géraldi Leroy, Péguy entre l’ordre et la révolution, Paris, Presses de la fondation nationale en sciences politiques, 1981, p. 171.

3. Marie Gil, « Péguy et Deleuze, ou Péguy en mai 1968 », dans la Revue d’histoire littéraire de la France, 2010/4 (vol. 110), p. 979-988. Nous pou-vons aussi mentionner le bref article publié par Michel Luce à la mort de Deleuze, dans le Bulletin de l’Amitié Charles Péguy n°  73, janvier- mars 1996, p. 54-56  : « Deleuze et la ciné(ma)tique pégyste ».

4. Michel Foucault, Raymond Roussel [1963], Paris, Gallimard, coll. « Folio essais », 1992.

5. Gilles Deleuze, Différence et Répétition [1968], Paris, PUF, coll. « Épiméthée », 7e éd., 1993, p. 8.

Notes

– 393 –

CHARLES_cs4_pc.indd 393CHARLES_cs4_pc.indd 393 22/03/2014 10:16:3122/03/2014 10:16:31

6. Ibid., p. 34.7. Ibid., p. 373.8. G.  Deleuze, Cinéma 2. L’image- temps, Paris, Éd. de Minuit, coll.

« Critique, 1985, p. 121.9. G. Deleuze, Pourparlers. 1972-1990 [1990], Paris, Éd. de Minuit, coll.

« Reprise », 2003, p. 231.10. Ibid.11. G.  Deleuze, F.  Guattari, Qu’est- ce que la philosophie ?, Paris,

Éd. de Minuit, coll. « Critique », 1991, p. 108.12. Giorgio Agamben, Qu’est- ce que le contemporain ?, Paris, Payot et

Rivages, 2008, p. 10.13. G. Deleuze, Différence et Répétition, p. 126.14. Voir notamment, dans le collectif Les Styles de Deleuze, Adnen Jdey

(dir., Paris, Les Impressions nouvelles, coll. « Réflexions faites », 2011), les articles d’Anne Sauvagnargues (« Deleuze et les cartographies du style », p. 157-181) et de Guillaume Sibertin- Blanc (« Politique du style et mino-ration chez Deleuze. De la sociolinguistique à la pragmatique de l’expres-sion », p. 183-206). Voir aussi l’article d’Adrien Chassain, « “Le style n’est pas l’homme”  : le concept de style chez Deleuze et Guattari » (à paraître dans les actes du colloque de Cerisy dirigé en 2009 par Éric Bordas et Georges Molinié, Style, langue et société, Paris, Honoré Champion, coll. « Colloques », 2014), dont je remercie chaleureusement l’auteur pour la transmission par avance de son texte et pour l’aide précieuse qu’il m’a apportée dans l’élaboration de cet article.

15. G. Deleuze, F. Guattari, Mille Plateaux. Capitalisme et schizoph-rénie 2, Paris, Éd. de Minuit, coll. « Critique », 1980, p. 127.

16. Ibid., p. 118.17. Ibid., p. 118-119.18. Ibid., p. 127.19. G.  Deleuze, F.  Guattari, Kafka. Pour une littérature mineure,

Paris, Éd. de Minuit, coll. « Critique », 1975, p. 33.20. Ibid., p. 29-30.21. Ibid., p. 31.22. Ibid., p. 48.23. Deleuze emprunte cette formule à la correspondance de Proust

(Correspondance avec Mme  Straus, Lettre 47, Paris, Le Livre de poche, 1972, p. 110-115).

24. G. Deleuze, Critique et Clinique, Paris, Éd. de Minuit, coll. « Para-doxe », 1993, p. 142.

25. Ibid., p. 14.26. Antoine Compagnon, 1966  : Annus mirabilis, séance du 15  février

2011, « L’exploitation des formalistes russes » ; consultable en ligne à l’URL  : http://www.college- de- france.fr/site/antoine- compagnon/course- 2011-01-11-16h30.htm

Bruno Latour

– 394 –

CHARLES_cs4_pc.indd 394CHARLES_cs4_pc.indd 394 22/03/2014 10:16:3122/03/2014 10:16:31

27. Repris dans Émile Benveniste, Problèmes de linguistique générale, Paris, Gallimard, 1966.

28. G. Deleuze, Différence et Répétition, p. 39.29. Voir à la fin du volume l’article de Bruno Latour, « Pourquoi Péguy

se répète- t-il ? Péguy est- il illisble ? », p.30. B. Latour, Changer de société, refaire de la sociologie [2005], trad.

de l’anglais par Nicols Guilhot et revu par l’auteur, Paris, La Découverte, 2007.

31. Péguy, « De l’anarchisme politique » Œuvres posthumes, Jacques Viard (éd.), Cahiers de l’Amitié Charles Péguy n° 23, 1969, p. 119.

32. Ibid., p. 127.33. Ibid., p. 131.34. Ibid., p. 141.35. Ibid., p. 148.36. De la situation faite au parti intellectuel dans le monde moderne

devant les accidents de la gloire temporelle, OPC, t. II, p. 708-709.37. Ibid., p. 711.38. Ibid., p. 737.39. Ibid., p. 736.40. La Préparation du congrès socialiste national, OPC, t. I, p. 343.41. Dialogue de l’histoire et de l’âme charnelle, OPC, t. III, p. 600.42. G. Deleuze, F. Guattari, Kafka. Pour une littérature mineure, p. 48.43. Texte posthume, OPC, t. II, p. 466.

L’otage et le suppliant. – Jean-Noël Dumont

1. Jeanne d’Arc, OPoC, p. 38.2. Toujours de la grippe, OPC, t. I, p. 464, 465.3. Les Suppliants parallèles, OPC, t. II, p. 353.4. Porche de la deuxième vertu, OPoC, p. 619.5. Les Suppliants parallèles, OPC, t. II, p. 359.6. Ibid., p. 347.7. Note conjointe, OPC, t. III, p. 1431.8. L’Argent, OPC, t. III, p. 795.9. La dénonciation est assimilée à la terreur  : Vraiment vrai, OPC, t.  I,

p. 834.10. Entre autres dans Le Mystère de la charité, OPoC, p. 419.11. L’Argent suite, OPC, t. III, p. 925.12. Note conjointe, OPC, t. III, p. 1304.13. L’Argent, OPC, t. III, p. 793.14. Ibid., p. 348.15. Suppliants parallèles, OPC, t. II, p. 345.

Notes

– 395 –

CHARLES_cs4_pc.indd 395CHARLES_cs4_pc.indd 395 22/03/2014 10:16:3122/03/2014 10:16:31