BEREIZIAT, Gérald, et al., BUARD, Jean-François (Ed.). La grotte de l'Abbaye I Chazey-Bons :...

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Report Reference La grotte de l'Abbaye I Chazey-Bons : Rapport de synthèse 2010-2012 BEREIZIAT, Gérald, et al. BUARD, Jean-François (Ed.) Abstract La grotte de l'Abbaye I est connue depuis le début du 20ème siècle. De 1993 à 2003 des campagnes de fouilles ont été menées par J.F. Buard avec deux campagnes de sondages préliminaires (1993 et 1994, Buard et al. 1994 et 1995), puis de fouilles programmées de 1995 à 2003. La séquence stratigraphique du site couvre la fin du paléolithique supérieur, le néolithique, l'âge du Bronze et le début de l'âge du fer et la période romaine. BEREIZIAT, Gérald, et al., BUARD, Jean-François (Ed.). La grotte de l'Abbaye I Chazey-Bons : Rapport de synthèse 2010-2012. [Mandate from:] Institut Forel. Genève : Institut Forel, 2012, 176 p., 95 fig., 37 tab. Available at: http://archive-ouverte.unige.ch/unige:45603 Disclaimer: layout of this document may differ from the published version. [ Downloaded 01/09/2015 at 14:52:50 ] 1 / 1

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Reference

La grotte de l'Abbaye I Chazey-Bons : Rapport de synthèse

2010-2012

BEREIZIAT, Gérald, et al.

BUARD, Jean-François (Ed.)

Abstract

La grotte de l'Abbaye I est connue depuis le début du 20ème siècle. De 1993 à 2003 des

campagnes de fouilles ont été menées par J.F. Buard avec deux campagnes de sondages

préliminaires (1993 et 1994, Buard et al. 1994 et 1995), puis de fouilles programmées de

1995 à 2003. La séquence stratigraphique du site couvre la fin du paléolithique supérieur, le

néolithique, l'âge du Bronze et le début de l'âge du fer et la période romaine.

BEREIZIAT, Gérald, et al., BUARD, Jean-François (Ed.). La grotte de l'Abbaye I

Chazey-Bons : Rapport de synthèse 2010-2012. [Mandate from:] Institut Forel. Genève :

Institut Forel, 2012, 176 p., 95 fig., 37 tab.

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:45603

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La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 3 -

La grotte de l'Abbaye I Chazey-Bons

Rapport de synthèse 2010-2012

Jean-François Buard

Avec les contributions de

Gérald Bereiziat, Jean-Christophe Castel, Patricia Chiquet

Jocelyne Desideri, Sylvain Ozainne, Julia Patouret, Pierre-Jérôme Rey

et avec la collaboration de

Isabelle André, Etienne Jaffrot, Maelle Lhemon,

Mathieu Luret, Loic Jammet-Reynal, Lucie Martin, Pierre-Yves Nicod

et Sébastien Perret

Laboratoire d'archéologie préhistorique et anthropologie Institut Forel

Université de genève

Les Acacias

décembre 2012

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 4 -

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 5 -

CHAPITRE I

Introduction

Jean-François Buard

1 - Présentation

La grotte de l'Abbaye I est connue depuis le début du 20ème

siècle. Une première mention est faite en

1903 par l'abbé Tournier et Charles Guillon qui, dans leur "Suite aux hommes préhistoriques", font

état de leurs découvertes dans la grotte de l'Abbaye, qu'ils appellent "deuxième grotte du Pelat

(Tournier 1903). Dans les années 1960, Monsieur Jean Reymond conduira de nouvelles investigations

archéologiques dans la grotte, qu'il nomme alors grotte de l'Abbaye (Combier 1962 et 1977). De 1993

à 2003 des campagnes de fouilles ont été menées par J.F. Buard avec deux campagnes de sondages

préliminaires (1993 et 1994, Buard et al. 1994 et 1995), puis de fouilles programmées de 1995 à 2003

(clôture du chantier en 2003). Suit alors une reprise complète et serrée de la documentation chantier

lors des campagnes d'élaboration 2004-2006. Le cadrage stratigraphique détaillé et la présentation

synthétique de la séquence de la grotte de l’Abbaye ont été achevés en 2007 corolairement à la

rédaction du rapport de synthèse des fouilles 1993-2003 (Buard et al. 2007 et 2008).

En 2008 débute la préparation de la publication des fouilles 1993-2003. Le cadrage chrono-

stratigraphique des données de fouille ayant été finalisé, les études spécifiques peuvent commencer.

Ces études s'articulent autour du schéma stratigraphique général de la grotte de l'Abbaye, soit une

découpe en trois séquences : une séquence supérieure (préhistoire récente et périodes de historiques),

une séquence intermédiaire (stérile, Atlantique ancien) et une séquence inférieure (Mésolithique et fin

du Paléolithique supérieur). L’effort principal s’est tourné en 2008 vers l’étude des silex, étude

réalisée pour la séquence supérieure par Julia Patouret et pour la séquence inférieure par Gérald

Bereiziat. L’année 2009 a été plus particulièrement consacrée à la faune de la séquence inférieure,

étude effectuée au Muséeum d’histoire naturelle par Jean-Christophe Castel et Mathieu Luret et à

l’industrie osseuse de la séquence supérieure, étude menée par Sylvain Ozainne. Après une pause en

2010, l'accent a été mis en 2011-2012 sur les niveaux du néolithique moyen avec un ré-étalage des

céramiques des ensembles 4 à 7. La quasi-totalité des profils a été redessinée (P. Nicod, I. André et P.-

J. Rey p. 60-63). L'analyse des remontages a conduit à une réinterprétation de l'ensemble 6, soit

l'abandon de l'hypothèse d'une interdépendance entre les ensembles 5 et 6 au profit de celle des

ensembles 6 et 7. L’étude de la faune de la séquence supérieure a été réalisée en 2012 par Patricia

Chiquet. Une quarantaine d'ossements humains ont été découverts dans la séquence supérieure.

Hormis une description succincte, ils n'avaient pas encore fait l'objet d'une étude anthropologique.

C'est maintenant chose faite grâce à la contribution de Jocelyne Desideri.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 6 -

2 - Les études réalisées depuis 2008

- l'étude technologique des céramiques de l'âge du Bronze et du Néolithique moyen, étude menée

respectivement par Jean-François Buard (p.43) et Pierre-Jérôme Rey (p.55)

- l'étude silex, études réalisées pour la séquence supérieure par Julia Patouret (p.65) et pour la

séquence inférieure par Gérald Bereiziat (p.137).

- l'analyse archéozoologique, étude réalisées pour la séquence supérieure par Patriciat Chiquet (p.105)

et pour la séquence inférieure par Jean-Christophe Castel et Mathieu Luret (p.155).

- l’analyse technologique de l’industrie osseuse de la séquence supérieure, étude menée par Sylvain

Ozainne (p.99).

- l'étude des restes humains épars, analyse préliminaire, étude menée par Jocelyne Desideri (p.127).

3 - Travaux divers

Parallèlement aux études spécifiques, de nombreux travaux de préparation à la publication, à la

reddition de la documentation et au conditionnement du matériel archéologique ont été réalisés. Ces

travaux sont les suivants :

- vérification des attributions chrono-stratigraphiques et conditionnement des restes faunistiques

(collectif).

- vérification des attributions chrono-stratigraphiques et conditionnement des restes lithiques (Jean-

François Buard).

- vérification des attributions chrono-stratigraphiques et conditionnement de la petite industrie

osseuses de la séquence supérieure (Jean-François Buard).

- amélioration du catalogage des aménagements anthropiques (typologie des foyers et des

empierrements), vérification des descriptions et homogénéisation des champs descriptifs dans la base

de données (Jean-François Buard, p.166 et suiv.).

- purges des données de nivellement redondantes. Les données de nivellements (41'580

enregistrements) concernent la position tridimensionnelle des éléments constituants les aménagements

(pierres, rubéfactions, résidus de combustion), du relief et de la nature du sédiment des horizons

stratigraphiques et du matériel (céramique, faunes, silex etc. Jean-François Buard, p.174).

- mise au net des stratigraphies de références de la séquence inférieure (encrage A03.S12 et A03.S13,

Isabelle André, vectorisation des stratigraphies A97.S6, A03.S8, A03.S9 et A03.S13; Jean-François

Buard).

- vérification des attributions chrono-stratigraphiques et des descriptions des prélèvements

sédimentaires des séquences inférieur et supérieur. Sélection et tamisage par flottage des échantillons

sédimentaires de l'ensemble 7 (79 prélèvements, Jean-François Buard et Lucie Martin). Les

échantillons ont été sélectionnés, flottés et tamisés à une maille 0.5 en 2008. L’observation à la loupe

binoculaire des refus de tamis par Lucie Martin n’a pas révélé la présence de macro-restes à

l’exception des charbons.

- vectorisation des empierrements anthropiques et des foyers (Jean-François Buard et Maëlle Lhemon)

: ens.2.1 : E10, ens.3.1 : E13, ens.5 : E14, E15, E16, F19, F24; ens.6 : F3-F34, ens.7 : F27, F29-St50,

F35, F37-F38, E3-E18-E20-E31).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 7 -

4 - Collaborateurs

Isabelle André

- Participation à l'analyse chrono-stratigraphique et à l'interprétation planimétrique de la séquence

supérieure. La grotte de l’Abbaye à l’époque romaine : article rendu.

Université de Lausanne

Institut d'Archéologie et des Sciences de l'Antiquité

BFSH2

CH-1015 Lausanne

Gerald Bereiziat

- Les silex de la séquence supérieure : article rendu.

Université Bordeaux 1

UMR 5199 IPGQ

Avenue des facultés

33 405 Talence

Jean-Christophe Castel, Mathieu Luret col.

- Archéozoologie de la séquence inférieure : étude terminée, article rendu.

Département d’archéozoologie

Muséum d'histoire naturelle de Genève

Route de Malagnou, 1

CP 6434

CH - 1211 Genève 6

Patricia Chiquet

- Détermination ostéologique de d'industrie osseuse de la séquence supérieure : terminé.

- Archéozoologie de la séquence supérieure, article rendu.

Département d’archéozoologie

Muséum d'histoire naturelle de Genève

Route de Malagnou, 1

CP 6434

CH - 1211 Genève 6

Jocelyne Desideri

- Etude des restes humains épars de la séquence supérieure : article partiellement rendu.

Université de Genève

Institut Forel

Laboratoire d'archéologie préhistorique et anthropologie

Rue Gustave-Revilliod 18

CH-1211 Genève 4

Jehanne Féblot-Augustins

- Matières premières des silex de la séquence inférieure – ens.9 et 10 : terminé.

UMR 7055,

Préhistoire et Technologie,

Nanterre

Etienne Jaffrot

- Participation à l'analyse chrono-stratigraphique et à l'interprétation planimétrique de la séquence

supérieure.

Université de Tours

Laboratoire Archéologie et Territoires

UMR 6173 – CNRS

33 allée Ferdinand de Lesseps

37204 Tours cedex 03

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 8 -

Maëlle Lhemon

- Participation à l'analyse chrono-stratigraphique et à l'interprétation planimétrique de la séquence

supérieure. Vectorisation des empierrements anthropiques : terminé.

Université de Fribourg - Département de Géosciences

Minéralogie et Pétrographie

Ch. du Musée 6

1700 Fribourg - Suisse

Pierre-Yves Nicod

- La céramique des niveaux du Néolithique moyen (Ens. 5 à 7), analyse chrono-culturelle : étude en

cours.

Université de Genève

Institut Forel

Laboratoire d'archéologie préhistorique et anthropologie

Rue Gustave-Revilliod 18

CH-1211 Genève 4

Sylvain Ozainne

- industrie osseuse de la séquence supérieure : article rendu.

Université de Genève

Unité d'anthropologie

Rue Gustave-Revilliod 12

CH-1211 Genève 4

Julia Patouret

- Participation à l'analyse chrono-stratigraphique et à l'interprétation planimétrique de la séquence

supérieure. Les silex de la séquence supérieure de la grotte de l’Abbaye : étude terminée, article

partiellement rendu.

Inrap – Auvergne

Clermont-Ferrand

Sébastien Perret

- Participation à l'analyse chrono-stratigraphique et à l'interprétation planimétrique de la séquence

inférieure. Université de Fribourg - Département de Géosciences

Minéralogie et Pétrographie

Ch. du Musée 6

1700 Fribourg - Suisse

Pierre-Jérôme Rey

- étude technologique des céramiques du Néolithique moyen : article rendu.

Umr 5204 Edytem

Université de Savoie-CNRS,

Pôle Montagne – Campus scientifique

F 73376 Le Bourget du Lac

Loic Jammet-Reynal

- La céramique des niveaux du Néolithique moyen Bourguignon (ens.4 ) analyse chrono-culturelle :

étude en cours.

Université de Genève

Institut Forel

Laboratoire d'archéologie préhistorique et anthropologie

Rue Gustave-Revilliod 18

CH-1211 Genève 4

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 9 -

5 - État d'avancement du manuscrit

Projet de titre : "Des Magdaléniens aux Romains dans la grotte de l’Abbaye I à Chazey-Bons dans l’Ain."

Introduction et remerciements (J.-F. Buard : en attente)

Présentation générale (J.-F. Buard : terminé sauf "Contexte archéologique")

Contexte géographique et géomorphologique (J.-F. Buard : terminé)

Contexte archéologique (J.-F. Buard avec la collaboration de J.-M. Treffort : en cours)

Historique et présentation du site (J.-F. Buard: terminé)

Stratigraphie et datation des différentes phases d’occupation (J.-F. Buard: terminé)

La séquence supérieure (col. : en cours, avancé)

Présentations générale

La grotte de l’Abbaye à l’époque romaine (I. André : terminé)

- présentation générale (I. André: terminé)

- étude du matériel (I. André: terminé)

- plans de répartition du matériel, des aménagements anthropiques et planche de matériel (J.-F. Buard,

I. André : terminé)*

La grotte de l’Abbaye à l’âge du Fer et à l’âge du Bronze (J.-F. Buard : terminé)

- présentation générale (J.-F. Buard : terminé)

- plans de répartition du matériel, des aménagements anthropiques et planche de matériel (J.-F. Buard :

terminé)*

La grotte de l’Abbaye au Néolithique (J.-F. Buard : terminé)

- présentation générale (J.-F. Buard : terminé)

- étude du matériel (L. Jammet-Reynal, P.-Y. Nicod, S. Ozainne, J. Patouret, P.-J. Rey : études du

matériel terminée sauf céramiques des ensembles 5 et 6 (en cours), rédaction en cours ou avancée)

- plans de répartition du matériel, des aménagements anthropiques (J.-F. Buard : terminé)*.

Etudes particulières

Le matériel de l’âge du Fer et de l’âge du Bronze (J.-F. Buard : étude et planche de matériel terminées,

rédaction avancée)

La céramique de l'ensemble 4 et la question de la fin du Néolithique moyen dans le Jura méridional (L.

Jammet-Reynal : étude terminée, rédaction en cours)

Etude des inclusions de la céramique des ensembles 5 à 7 (P.-J. Rey : terminé)

La céramique des ensembles 6 et 7, Saint-Uze (P.-Y. Nicod : étude ensemble 7 terminée, ensemble 6

en cours)

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 10 -

L'industrie osseuse de la séquence supérieure (S. Ozainne : quasi terminé, quelques nouvelles pièces à

intégrer dans l'étude)

L’industrie lithique de la séquence supérieure (J. Patouret : étude terminée, rédaction : partie :

technologique terminée, partie matières en cours de rédaction)

La faune de la séquence supérieure (P. Chiquet : étude et rédaction terminées)

Les structures de combustion et les empierrements anthropiques (J.-F. Buard, avec la collaboration de

M. Lhémon : étude terminée, rédaction et illustrations en cours)

Anthropologie des restes humains épars (Jocelyne Desideri, étude en cours, avancé)

La séquence inférieure (terminé)

Présentations générale

- présentation générale (J.-F. Buard : terminé)

- plans de répartition du matériel, des aménagements anthropiques et plans de synthèse (J.-F. Buard :

terminé)*

Etudes particulières

L’industrie lithique (G. Bereiziat : terminé)

La faune (J.-C. Chastel : terminé)

Synthèse et conclusions (collectif : en attente)

Annexes : catalogues et inventaires (J.-F. Buard : terminé)*

* sous réserve de modification pour conformité au format d'édition

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 11 -

6 - Bliographie

BUARD (J.-F.), 1992. Projet de fouilles à la grotte de l'Abbaye I (Commune de Chazey-Bons, Ain). (Inédit, Service

Régional de l'Archéologie, Direction Régionale des Affaires Culturelles, Rhône-Alpes).

BUARD, (J.-F.) ed. et BATIGNE (C.), BASSET (S.), DE CEUNINCK (G.) et SORDOILLET (D.) collab. 1994.

Projet de fouilles à la grotte de l'Abbaye I (Commune de Chazey-Bons, Ain). (Inédit, Service Régional de

l'Archéologie, Direction Régionale des Affaires Culturelles, Rhône-Alpes), 49 p, 13 fig., 4 pl.

BUARD (J.-F.) et col. 1995. La grotte de l'Abbaye I, commune de Chazey-Bons, Ain. Rapport 1994. (Inédit, Service

Régional de l'Archéologie, Direction Régionale des Affaires Culturelles, Rhône-Alpes), 63 p., 26 fig., 6 tab.

BUARD (J.-F.). 1995. Abbaye I, Chazey-Bons, Ain : campagne 1995 : rapport intermédiaire. Genève : Dép.

d'anthrop. et d'écologie de l'Univ. (Rapport de fouilles, non publ.).

BUARD (J.-F.) et FÉBLOT-AUGUSTIN (J.) collab. 1996. La grotte de l'Abbaye I, commune de Chazey-Bons, Ain.

Campagne 1996 - Rapport intermédiaire (Inédit, Service Régional de l'Archéologie, Direction Régionale des

Affaires Culturelles, Rhône-Alpes), 20 p.

BUARD (J.-F.), ed. & CHENAL-VELARDE (I.), FEBLOTT-AUGUSTIN (J.), MULLER (C.), WITTIG (M.),

collab. 1997. Abbaye I, Chazey-Bons, Ain : rapport de fouilles 1995-1997. (Inédit, Service Régional de

l'Archéologie, Direction Régionale des Affaires Culturelles, Rhône-Alpes), 101 p., 27 fig.

BUARD (J.-F.), ed., ANDRE (I.), FEBLOTT-AUGUSTIN (J.), LHEMON (M.), DIAZ (L.). 1999. Abbaye I,

Chazey-Bons, Ain : rapport de fouilles 1998. (Inédit, Service Régional de l'Archéologie, Direction Régionale des

Affaires Culturelles, Rhône-Alpes), 67 p.

BUARD (J.-F.), ed. & ANDRE (I.), CUCCHI (T.), LHEMON (M.), MULLER (C.), PERRET (S.), PERSICO (S.),

collab. 1999. Abbaye I, Chazey-Bons, Ain : rapport de fouilles 1999. (Inédit, Service Régional de l'Archéologie,

Direction Régionale des Affaires Culturelles, Rhône-Alpes), 22 p.

BUARD (J.-F.). 2000. Abbaye I, Chazey-Bons, Ain : rapport intermédiaire 2000. Genève : Dép. d'anthrop. et

d'écologie de l'Univ. (Rapport de fouilles, non publ.), 28 p.

BUARD (J.-F.). 2001. Abbaye I, Chazey-Bons, Ain : rapport intermédiaire 2001. Genève : Dép. d'anthrop. et

d'écologie de l'Univ. (Rapport de fouilles, non publ.), 43 p.

BUARD (J.-F.), ed. & CHENAL-VELARDE (I.), MULLER (C.), FEBLOTT-AUGUSTIN (J.) collab. 2002. Abbaye

I, Chazey-Bons, Ain : rapport de synthèse 2002. Genève : Dép. d'anthrop. et d'écologie de l'Univ. (Rapport de

fouilles, non publ.), 93 p., 52 fig.

BUARD (J.-F.), ed, & ANDRE (I.), HERITIER (L.), JAFFROT (E.), LHEMON (M.), MULLER-PELLETIER (C.),

PERRET (S.), ROCCA (R.), SARRESTE (F.), PATOURET (J.) collab. 2007. Grotte de l’Abbaye I, Chazey-

Bons, Ain : rapport de synthèse 2007. (Inédit, Service Régional de l'Archéologie, Direction Régionale des

Affaires Culturelles, Rhône-Alpes), 178 p., 130 fig., 25 tab.

BUARD (J.-F.), BEREZIAT (G.), CASTEL (J.-C.), PATOURET (J.) & ANDRE (I.), CHIQUET (P.), JAFFROT

(E.), MARTIN (L.), MULLER-PELLETIER (C.), OZAINNE (S.) collab. 2008. Grotte de l’Abbaye I, Chazey-

Bons, Ain : rapport 2008. (Inédit, Service Régional de l'Archéologie, Direction Régionale des Affaires

Culturelles, Rhône-Alpes), 119 p., 33 fig., 33 tab.

BUARD (J.-F.), BEREZIAT (G.), CASTEL (J.-C.), OZAINNE (S.), PATOURET (J.) & ANDRE (I.), CHIQUET

(P.), JAFFROT (E.), LURET (M.), MARTIN (L.), LHEMON (M.), MULLER-PELLETIER (C.), PERRET (S.),

collab. 2009. Grotte de l’Abbaye I, Chazey-Bons, Ain : rapport 2008-2009. (Inédit, Service Régional de

l'Archéologie, Direction Régionale des Affaires Culturelles, Rhône-Alpes), 149 p., 57 fig., 35 tab.

COMBIER (J.). 1962. Informations Archéologiques, circonscription de Lyon. Gallia Préhistoire, t. 5, pp. 262-264.

COMBIER (J.). 1977. Informations Archéologiques, circonscription Rhône-Alpes, Gallia Préhistoire, t. 20, fasc. 2,

pp. 561-562.

TOURNIER (A.) ET GUILLON (CH.). 1903. Les abris de Sous-Sac à l'époque Néolithique. Suite aux hommes

préhistoriques. Bourg. Imprimerie du Courrier de l'Ain. pp. 53-54.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 12 -

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 13 -

CHAPITRE II

Présentation générale

Jean-François Buard

1 - Contexte géographique et géomorphologique

La grotte de l'Abbaye I est creusée dans une petite falaise calcaire qui domine le flanc nord de la vallée

de la Chouette. Le site se trouve au pied des monts du Bugey, au nord du bassin de Belley. Les monts

du Bugey constituent l'extrémité sud des faisceaux du Jura externe. Ils se déclinent en monts du haut et

du bas Bugey, de part et d'autre de la cluse des Hôpitaux. Prolongement méridional des faisceaux du

Jura externe, les monts du Bugey sont délimités à l'est par la dépression miocène du Rhône dans

laquelle s'effilochent en grands anticlinaux la haute chaîne jurassienne, au sud par les plateaux

miocènes du Bas Dauphiné, et à l'ouest par le plateau jurassique de l'île de Crémieux (Figure 2).

Le bassin de Belley est pris en tenaille par les monts du Bugey et par la haute chaîne jurassienne, dont

les prolongements dans le piémont miocène relient la chaîne du jura à la chaîne subalpine. La vallée

du Rhône à l'est et la cluse des Hôpitaux au nord en sont les principales voies d'accès. Le paysage est

principalement déterminé par les monts du Bugey. La montagne de Virieu et le molard de Don bornent

le secteur au nord et à l'ouest. L'espace est plus ouvert à l'est où les monts de Marigieu séparent le

couloir de Chazey-Bons des marais de Lavours. Au sud-est, les vallées du Furans et de l'Ousson en

contournent la colline molassique de Belley pour se connecter à la vallée du Rhône. Situé dans la zone

intra-würmienne, le secteur a subi une forte érosion glaciaire. Le relief des zones basses est modelé par

les dépôts de la fin Würm récent. Le secteur est dégagé des glaces würmiennes à la fin du pléistocène.

Le Furans, qui prend sa source dans la cluse des Hôpitaux, débouche dans le bassin de Belley par le

couloir de Chazey-Bons, contournant par l'est un massif calcaire de faible importance (Figure 3). Ce

massif est entaillé d'est en ouest par l'étroite vallée de la Chouette. La partie inférieure de la vallée, la

plus importante, est creusée dans des marnes hauteriviennes à intercalations calcaires. De petites

falaises de calcaire barrémo-aptien à faciès urgonien (crétacé), de 5 à 10 mètres de hauteur, reposent

sur ce substrat marneux. La grotte de l'Abbaye I s'ouvre à 270 m d'altitude sur le flanc nord, au milieu

de la vallée (Figure 4). Elle fait face à la grotte du Pelat, également nommée grotte de la Chouette, qui

se trouve sur le flanc sud. Dans son dos émerge le mont Follieu, point culminant du massif (319 m).

Le massif, comme tous les affleurements calcaires environnants, est recouvert d'une chênaie à buis.

Les moraines livrent d'abondants galets alpins que l'on trouve en concentration sur le bord des

chemins. Au lieu-dit la Praille de Sin, au nord du massif, un marais occupe une petite reculée glaciaire.

Le massif s'appuie à l'ouest contre le plateau de Contrevoz. Ce plateau, sis en contrebas du molard

Dedon, est recouvert de moraine et offre un terrain fertile à l'agriculture et à la vigne. Le massif est

délimité à l'est et au nord par le couloir de Chazey-Bons, zone basse comprise entre 230 et 240 m.

Actuellement drainé, le couloir se trouve en zone inondable. La nappe phréatique affleure au niveau

du Furans, qui déborde facilement de son lit. Dans le couloir de Chazey-Bons ont dû alterner des

phases marécageuses à alluvionnaires durant la préhistoire.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 14 -

Figure 1 : situation géographique générale de la grotte de l'Abbaye I (cartographie J.-F. Buard).

Figure 2 : situation géologique générale de la grotte de l'Abbaye I (cartographie J.-F. Buard).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 15 -

Figure 3 : carte géologique simplifiée de la région de Chazey-Bons au 1:100 000 (d'après la carte géologique

du BRGM au 1:50 000, feuille de Belley, édition 1990. Relief d'après les données SRTM à 90m. Cartographie J.-

F. Buard).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 16 -

Figure 4 : le couloir de Chazey-Bons, contexte géologique détaillé au 1:20 000 (d'après la carte géologique du

BRGM au 1:50 000, feuille de Belley, édition 1990 et la carte IGN au 1:25 000 3231 E, série bleue édition 1992,

cartographie J.-F. Buard).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 17 -

2 - Historique des fouilles

Les fouilles anciennes

L'intérêt archéologique de la grotte est relevé une première fois en 1903 par l'abbé Tournier et Charles

Guillon qui, dans leur "Suite aux hommes préhistoriques", font état de leurs découvertes dans la grotte,

qu'ils appellent "deuxième grotte du Pelat". Cette activité archéologique se traduit par le réseau de

tranchées que nous avons repéré entre 1993 et 1995 dans la partie avant du porche.

Dans les années 1960, Monsieur Jean Reymond conduira de nouvelles investigations archéologiques

dans la grotte, qu'il nomme alors grotte de l'Abbaye. Les résultats les plus importants des fouilles de

Jean Reymond ont été publiés dans les "Informations Archéologiques" de Gallia Préhistoire par Jean

Combier, alors Directeur de la circonscription Rhône-Alpes (Combier 1962 et 1977). Les fouilles

anciennes ont fortement touché la partie avant du porche. Dans cette zone, les niveaux supérieurs

resteront très faiblement documentés. Ces niveaux ont été partiellement touchés dans les secteurs IK-

16/17, JK-15, NM-14 et OP-12/13. Ils ont été complètement enlevés dans les secteurs IL-10/12, NM-

12/13 et J-13/14 et dans la zone JL-13/14 (Figure 5 et Figure 8). Cette situation est dommageable pour

l'interprétation des niveaux archéologiques de la séquence supérieure, objectif prioritaire des fouilles

1993-2003.

Les fouilles récentes 1993-2003

Dans le cadre du programme "Les premiers paysans haut-rhodaniens" du Fonds national pour la

recherche scientifique (FNRS), un sondage préliminaire a été effectué en juin 1993 suivit en 1994

d’une campagne de sondage complémentaire (Figure 5.b). Ces deux campagnes de sondages ont

permis d'établir le cadre chrono-stratigraphique général du gisement avec, une subdivision de la

stratigraphie en trois en trois séquences sédimentaires. On observe, au sommet, une séquence holocène

limono-argileuse sombre fortement anthropique, puis un niveau carbonaté jaunâtre datable de

l'Atlantique ancien et enfin, une séquence tardiglaciaire de sables limoneux à cailloutis cryoclastiques

lessivés, concrétionnés et parfois bréchifiés.

Dès 1995 et jusqu’en 2003 se poursuit l’exploitation du gisement en fouille programmée. La fouille est

alors dirigée en fonction de deux objectifs : fouille extensive de la séquence supérieure et sondages

prospectifs dans la séquence inférieure. Nous procédons en conséquence à l'extension des secteurs de

fouille. Le sondage prospectif de la séquence inférieure réalisé en M-12/13 est étendu en 1995 à la

bande N constituant le secteur NM-12/13. La fouille extensive de la séquence supérieure s'étend dans

un double mouvement, centripète par l'ouverture de secteurs au fond et à l'ouest de la grotte et

centrifuge par l'ouverture de secteurs contigus au centre du porche (Figure 5, c et d).

Bien que progressive, l'extension de la fouille peut se schématiser en deux phases. La première phase

se déroule de 1995 à 1997, avec l'exploitation de secteurs situés au centre du porche (secteur LN-15,

OP-14/15 et OP-12/13, Figure 5.c). La seconde phase entamée courant 1997 dans le secteur PQ-23/24,

se développe en 1998 et 1999. Elle voit s'ouvrir de nouveaux secteurs en périphérie du porche (PQ-

23/24, ST-12/13, ST-14/17, LO-20/21, Figure 5.d). Cette seconde phase s'accompagne de la fouille de

petits secteurs de contrôle, situés au fond ou contre les flancs de la grotte (ST-18/19, R20, P-20/21), et

de la réouverture pour complément du secteur NM-14.

La fouille de la grotte de l'Abbaye se termine en 2003 avec le relevé des dernières stratigraphies et la

clôture du chantier ensuite.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 18 -

a : emplacement des fouilles anciennes et, en gris clair,

secteurs concernés par les fouilles 1993-2003.

b : sondages préliminaires 1993-1994, en noir

emplacement des sondages de 1993, en gris sombre

extension de la fouille en 1994.

c : première phase de fouille programmée 1995-1997.

d : seconde phase de fouille programmée 1998-2003.

Figure 5 : position des fouilles anciennes (a) et évolution des fouilles récentes (b à d, plan J.-F. Buard).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 19 -

3 - Orientation stratigraphique

Depuis 1993, nous utilisons le terme d'ensemble stratigraphique. Un ensemble correspond à un dépôt

sédimentaire bien visible en stratigraphie, un dépôt brun caillouteux par exemple. La numérotation des

ensembles stratigraphiques repose sur l’interprétation des stratigraphies S1, S2, S6 et S13 (Figure 9).

Les premières, A93.S1 et A93.S2, ont été relevées à la fin de la première année de sondage lors de la

campagne 1993. La troisième, A97.S6, a été relevée à la fin de la première période de fouille

programmée et constitue la stratigraphie de référence depuis pour la séquence supérieure (Figure 26).

La dernière, A03. S13, a été relevée en fin d’opération, lors de la campagne 2003 et sert de référence

pour les séquences intermédiaire et inférieure (Figure 31).

La stratigraphie de la grotte de l'Abbaye repose sur le schéma proposé dans le rapport de 1998, fourni

en appui de la dernière demande de fouille programmée (Buard et col., 1998). Elle se découpe en trois

séquences : la séquence supérieure (ensembles 1 à 7), la séquence intermédiaire (ensemble 8) et la

séquence inférieure (ensembles 9 à 13). La séquence supérieure est relative aux périodes récentes de la

préhistoire et de l'histoire : Néolithique, Âge du Bronze, Âge du Fer et époque romaine. La séquence

inférieure est relative aux périodes plus anciennes : Mésolithique et fin du Paléolithique supérieur. La

séquence intermédiaire les sépare. Elle n'a pas livré d'indices anthropiques.

Pour bien comprendre la structure du remplissage de la grotte, il convient de garder à l'esprit que le

gisement est très régulièrement soumis à un intense ruissellement de l'eau de percolation. Celui-ci

arrive en période de pluie après quelques jours. S'échappant des diaclases, l'eau tombe en très grande

quantité de la voûte, donnant, à son paroxysme, l'impression qu'il pleut dans la grotte. Ce phénomène a

pour résultat immédiat la constitution d'imposantes concrétions stalagmitiques, comme celles qui

bouchent le fond de la grotte ou que l'on rencontre dans la séquence intermédiaire ou dans la séquence

inférieure. Sur la voute, à l'embouchure des diaclases se forment des stalactites bulbeuses, ou plus

classiques, en trompettes inversées. Ces stalactites se retrouvent en grande quantité dans le

remplissage de la séquence supérieure. S'ajoute le concrétionnement qui cimente les sédiments, parfois

assez profondément et enrobe le matériel. Ces brèches ont été observées en de nombreux endroits dans

toutes les séquences. Le ruissellement est également responsable de la création de perturbations de

surface. Il vidange le sédiment, créant des "structures" en entonnoir et en profondeur des courants de

circulation d'eau marqués par la création d'agrégats carbonatés. Le ruissellement engendre une

migration des éléments fins (limons, argiles, cendres), pouvant aboutir à un certain mélange à

l'interface entre deux sédiments, et rend les subdivisions stratigraphiques parfois imprécises.

La séquence supérieure

Les limons argileux de la séquence supérieure indiquent dans l'ensemble une phase tempérée. L'action

des hommes (cendres, litières, coprolithes) y est un facteur de remplissage important, voir

prépondérant. S'ajoute le délitage de la roche encaissante comme en témoigne l'abondance des

modules calcaires de toutes tailles (gravillons, graviers, pierres…). La base de cette séquence

(ensembles 5 à 7) en est particulièrement bien fournie. Cette remarquable concentration de pierres de

taille moyenne (10 à 30 cm.) peut, par endroits, représenter le 80% du remplissage. La séquence

supérieure est également enrichie en matière organique par les mousses et les plantes qui ne manquent

pas de coloniser ce biotope humide.

Sous les déblais des fouilles ancienne et sous un mince dépôt historique (ensemble 0), on distingue

une phase sommitale récente (ensemble 1.1, époque romaine), une phase de limons argileux gris

brunâtre (ensembles 1.2 premier Âge du Fer et 1.3, Bronze final IIb-IIIa), une phase de limons

argileux bruns-gris à bruns (ensemble 2.1, Bronze moyen) dont la base est riche en poches de

gravillons (ensemble 2.2, Bronze ancien). Suit un épais dépôt stratifié grisâtre cendreux à fumier de

bergerie, riche en foyers et pauvre en matériel (ensembles 3.1, 3.2 et 3.3, Néolithique final).

Le sommet des niveaux du Néolithique moyen consiste en une phase hétérogène, brun sombre au

centre à brun jaunâtre vers l'est. Ce dépôt est relativement riche en matériel (ensemble 4, NMB). Suit

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 20 -

une phase gris-brun assez caillouteuse (ensemble 5, Chasséen moyen indifférenciés). Les niveaux du

Néolithique moyen se terminent avec un niveau bien structuré, riche en empierrements (Ensemble 6,

7.1 et 7.2, Chasséen ancien à céramique de style Saint-Uze).

La séquence intermédiaire et son influence sur la configuration de la séquence supérieure

La séquence intermédiaire (ensemble 8) témoigne d'une phase chaude et humide par sa constitution

essentiellement carbonatée. Elle provient de la précipitation du calcaire circulant avec l'eau de

percolation, sous l'action possible de micro-organismes. Ce type de sédiment est typique des dépôts

karstiques Atlantique ancien. Cette phase est marquée par un intense ruissellement, responsable, en

tout ou en partie, de la vidange de sédiment détectée dans le cailloutis de la séquence inférieure et des

imposantes concrétions qui y prennent racine. La séquence intermédiaire constitue un excellent repère

stratigraphique. Elle se retrouve sur toute la surface de la grotte, et s'intercale entre les dépôts

cryoclastiques antérieures au Néolithique (ensembles 9 à 13) et les sédiments limoneux argileux

sombres, contemporains et postérieurs au Néolithique (ensembles 1 à 7).

Le sommet de la séquence intermédiaire se présente sous la forme d'une vaste cuvette dont le point bas

se situe en LMN-13/14, accusant un dénivelé d'environ 1,2 m (Figure 6). De cette disposition dérive la

configuration des dépôts de la séquence supérieure, des niveaux néolithiques plus particulièrement

(ensembles 3 à 7). Ces derniers remplissent le fond de la cuvette et se biseautent contre ses flancs.

L'amplitude sédimentaire des niveaux néolithiques varie donc fortement en fonction de son substrat.

Elle accuse une forte réduction sur les flancs de la cuvette, situés en périphérie ouest et nord de la

grotte. Inversement, elle s'amplifie en direction de son épicentre situé au centre est de la grotte.

L'amplitude sédimentaire des niveaux néolithiques est donc bien plus grande dans les secteurs du

centre (40 à 70 cm.) que dans les secteurs périphériques (10 à 40 cm.). Les niveaux de l’Âge du

Bronze et de l’époque romaine sont moins marqués par la forme en cuvette de l’ensemble 8.

On distinguera alors pour la séquence supérieure donc les secteurs centraux, situés en zone basse, où

l'amplitude sédimentaire de la séquence supérieure est satisfaisante, des secteurs périphériques situés

en zone haute, à amplitude sédimentaire réduite (Figure 7). En conséquence, les subdivisions

stratigraphiques de la séquence supérieure sont définies au niveau des secteurs du centre du porche,

soit des secteurs LN-15, OP-14/15 et LP-16/17. Le raccord des secteurs périphériques aux secteurs du

centre se fait, lorsque les variations latérales de faciès sédimentaires sont trop importantes, sur la base

du matériel archéologique et des datations radiocarbones.

La séquence inférieure

La fouille de la séquence inférieure se limite à deux secteurs contigus situés au centre du porche (IL-

10/12 et MN-12/13) et à un secteur à l'ouest (ST-18/19, Figure 8). Dans le secteur IL-10/12, seul le

sommet de la séquence inférieure a été décapé, la fouille ayant été stoppée lors de l'arrivée sur une

énorme concrétion. Le secteur MN-12/13 a été décapé sur l'ensemble de la séquence. Ce secteur sert

donc de référence dans l'établissement des ensembles stratigraphiques de la séquence inférieure. Le

secteur ST-18/19 est coincé entre la paroi ouest et les grandes concrétions qui bouchent le fond de la

grotte. Il a livré un lot de silex infiltrés entre les diaclases de la paroi.

La séquence inférieure témoigne d'une phase relativement froide. Elle est essentiellement constituée

d'un cailloutis cryoclastique fortement lessivé et souvent concrétionné, dans lequel s'encadre des

phases caillouteuses. Un intense ruissellement a passablement perturbé le sommet de la séquence

inférieure (ens.9 et sommet ensemble 10). Le déplacement des éléments fins (sables, limons, argiles,

cendres) adjoints à l'implantation d'imposantes concrétions en rendent la lecture de terrain difficile et

les informations lacunaires. Même s'il présente d'évidentes marques de ruissellement, le corps de la

séquence est mieux conservé (base ens.10, ens.11 et 12). Séparé des ensembles précédents par une

coulée sableuse (ensemble 12), l'ensemble 13 est nettement mieux conservé.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 21 -

carroyage métrique

alt. sous le zéro

de chantier :

prof [m.]

0.78 à 1

1 à 1.2

1.2 à 1.4

1.4 à 1.6

1.6 à 1.8

1.8 à 1.9

1.9 à 2.05

Figure 6 : reconstitution tridimensionnelle de la cuvette au sommet de la séquence intermédiaire (ens.8), facteur

d'exagération verticale, 1.5. Nord de chantier orienté coin supérieur gauche (plan J.-F. Buard).

carroyage métrique

alt. sous le zéro

de chantier.

prof [m.]

0.78 à 1

1 à 1.2

1.2 à 1.4

1.4 à 1.6

1.6 à 1.8

1.8 à 1.9

1.9 à 2.05

Figure 7 : projection des zones de fouille sur le sommet de la séquence intermédiaire. En bleu secteurs

périphériques, zone haute, en vert secteurs centraux, zone basse, en rouge secteurs dédiés à la séquence

inférieure. Nord de chantier orienté coin supérieur gauche (plan J.-F. Buard).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 22 -

Figure 8 : nom et position des secteurs de fouille. En vert secteurs situés au centre du porche, en bleu secteurs

périphériques, en rose secteurs dédiés à la fouille de la séquence inférieure (plan J.-F. Buard).

secteurs A93 A94 A95 A96 A97 A98 A99 A00 A01 A02

IL-10/12

NM-12/13

ST-18/19

NM-14

LN-15

OP14/15

OP-12/13

J-13/14

LP-16/17

JK-15

IK-16/17

PQ-23/24

ST-12/13

LO-20/21

ST-14/17

P-20/21

R-20

Tableau 1 : répartition des secteurs par campagne de fouille.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 23 -

secteurs surface Développement des séquences

en m2 inférieure int. supérieure

NM-12/13 4 Oui, développée. oui Non, détruit par les tranchées Tournier-Guillon.

IL-10/12 7,5 Partielle, base tranchées, un peu de mésolithique.

oui Non, détruit par les tranchées Tournier-Guillon.

ST-18/19 1,5 Partielle, traces d'Azilien. oui Non, très faible amplitude sédimentaire.

LN-15 3 Non, arrêt sur seq. int. oui Oui, développée, séquence complète.

OP14/15 4 Non, arrêt sur seq. int.. oui Oui, développée, séquence complète.

LP-16/17 10 Non, arrêt sur seq. int. oui Oui, assez développée, séquence complète, amplitude sédimentaire moins forte en OP-16/17.

NM-14 2 Oui, sur 30 cm. en M14, extension lors de la rectification de s12 et s13.

oui Partielle, Néolithique uniquement, romain et Âges des métaux sous l'emprise des fouilles Reymond.

OP-12/13 4 Non, arrêt sur seq. int. oui Faible, sous l'emprise des tranchées Tournier-Guillon. Fort biseautage en direction du sud, lessivages importants.

J-13/14 2 Non, arrêt sur seq. int. oui Non, sous l'emprise des tranchées Tournier-Guillon.

JK-15 2 Non, arrêt sur seq. int. oui Faible, développée sur 1/4 de la surface, sous l'emprise des tranchées Tournier-Guillon.

IK-16/17 5 Non, arrêt sur seq. int. oui Oui, assez développée bande 16, partielle bande 17, front de tranchée flanc sud.

PQ-23/24 4 Non, arrêt sur seq. int. oui Très faible, Bronze final IIb-IIIa uniquement.

ST-12/13 4 Non, arrêt sur seq. int. oui Non, très faible amplitude sédimentaire, lessivages importants.

LO-20/21 5 Non, arrêt sur seq. int. oui Partielle, développée pour l'Âge du Bronze, forts biseautages ensuite contre le flanc nord.

ST-14/17 8 Non, arrêt sur seq. int. oui Oui, romain bien conservé, amplitude sédimentaire correcte pour les Âges des métaux, réduite pour le Néolithique, érosion importante au Néolithique final. Biseautages des niveaux néolithiques contre les flancs sud, nord et est.

P-20/21 2 Non, arrêt sur seq. int. oui Non, forte altération, terrier, lessivage important, très faible amplitude sédimentaire.

R-20 1 Non, arrêt sur seq. int. oui Non, pas de sédimentation, lessivage important.

Tableau 2 : présentation des secteurs de fouille, tableau de synthèse. En rose, secteurs dédiés à la séquence

inférieure. En vert, centre du porche, zone basse; en bleu, périphérie du porche, zone haute. En vert prononcé,

secteurs déterminant dans l'établissement de la stratigraphie de la séquence supérieure.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 24 -

Figure 9 : position des stratigraphies. En gras les stratigraphies de référence A97.S6 (séquence supérieure) et

A03.S13 (séquence inférieure, plan J.-F. Buard).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 25 -

4 - Présentation synthétique des ensembles stratigraphiques de la séquence supérieure

Ens. 0 : sommet de la séquence supérieure, dépôts récents, limons argileux hétérogènes humiques

gris-brun sombre à brun jaunâtre, riches en graviers et gravillons, ainsi que les déblais des tranchées

Tournier et des fouilles Reymond.

Figure 10 : ensemble 1.1

Ens. 1.1 : niveau d'occupation romaine (IIIe siècle) dont les vestiges se concentrent dans le secteur ST-

14/17, à l'ouest du porche, autour d'une légère cuvette pierreuse à matrice limono-charbonneuse

noirâtre (St31). Deux foyers lui sont associés : F43 et F47. Ce niveau, bien identifiable à l'ouest du

porche, fugace ailleurs, est composé de limons argileux gris à gris-brun foncé, noirâtres au contact de

St31.

Ens. 1.2 : traces de fréquentation du premier l'Âge du Fer composé de limons gris-brun foncé à fins

placages compacts légèrement jaunâtres. Cet ensemble est limité au centre du porche. Il est bien

visible en OP-16/17 et mal identifié ailleurs. Il s'articule autour de deux foyers à plat (F17 et F41). A

la base de l'ensemble 1.2, le matériel se mélange avec celui du de l'ensemble 1.3.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 26 -

.

Ensemble 1.1, époque romaine

Ensemble 1.2, HaC

Ensemble 1.3, Bronze final.

Figure 11 : ensembles 1.1, 1.2 et 1.3 éléments typologiques (dessin I. André).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 27 -

Ens. 1.3 : niveau d'occupation du Bronze final IIb-IIIa, composé de limons argileux gris-brun foncé à

graviers et gravillons jaunâtres au centre du porche et de limons brunâtres à l'ouest. Deux cuvettes

pierreuses à remplissage limoneux-argileux gris foncé noirâtre (St27, St33) et un petit empierrement

anthropique (E27) lui sont associés, tous situées dans le secteur LP-16/17, au centre du porche. Ce

niveau hétérogène et peu structuré est daté par un échantillon situé à la base du dépôt (E27 - Dt9) :

GrA-20648 (Ly-1843) : 2800 ±50 BP, 1020-860 av. J.-C. Le secteur PQ-23/24, qui se situe au nord du

porche et dont l'amplitude sédimentaire se limite à l'ensemble 1.3, a livré une pièce attribuable au

Bronze final IIb.

Ens. 2.1 : niveau d'occupation du Bronze moyen. Ce niveau est composé dans l'ensemble de limons

brun-marron. Au centre du porche, en NP-15/17, il est brun-gris moyennement caillouteux au sommet,

brun-marron moins caillouteux à la base. Le niveau est peu structuré. Le matériel est "brassé".

L'ensemble 2.1 a toutefois livré un gros empierrement anthropique (zone de rejet) situé contre la paroi

est du porche (E10, secteur IK-16/17).

A l'ouest du porche, dans le secteur ST-14/17, la distinction entre les ensembles 1.3 et 2.1, tous deux

composés de limons brunâtres, se fait sur la base du matériel archéologique. On y distingue pour

l'ensemble 2.1 deux phases sédimentaires, avec, au sommet, des limons bruns indifférenciés (ens. 2.1)

et à la base l'horizon défini par le foyer F11 (ens. 2.11). Le foyer F11 a fourni une date (Dt39) : Ly-

2768 : 3005±30 BP, 1370-1130 av. J.-C., date trop récente compte tenu de la position stratigraphique

de F11 (base ens. 2.11) et du matériel.

Figure 12 : ensemble 2.1, Bronze moyen.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 28 -

Figure 13 : ensemble 1.3

Figure 14 : ensemble 2.1

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 29 -

Ens. 2.2 : niveau d'occupation de la fin du Bronze ancien, composé au centre du porche de limons

argileux brun-marron très riches en gravillons et peu caillouteux (ens. 2.21). Ce niveau est associé à

deux foyers (F15 et F30). Indigent en matériel typologique, l'ensemble 2.21 est attribué à la fin du

Bronze ancien sur la base de datages radiocarbones (Dt2) : OXA-5266: 3500 +- 60 BP, 2020-1770, et

(Dt15) : GrA-21024 (Ly-1845) : 3540±35 BP, 1940-1770. Un troisième datage provenant du foyer

F15 fourni une date beaucoup trop récente (Dt23) : GrA-21027 (Ly-1847) : 3150±40 BP, 1495-1395

av. J.-C. A l'ouest du porche, sur la base d'une datation C14, on rattache à l'ensemble 2.21 les horizons

définis dans le secteur ST-14/17 par les foyers F13 et F40 (ens. 2.22). Les horizons F13-F40 sont sous-

jacents à l'horizon F11 (ens. 2.11) et sont datés de la fin du Bronze ancien par un échantillon provenant

du foyer F13 (Dt38) : Ly-2767 : 3450±30 BP, 1880-1690 av. J.-C.

Figure 15 : ensemble 2.2

Ens. 3.1 : niveau d'occupation de la seconde partie du Néolithique final (après 3000 av. J.C.). Ce

niveau, riche en foyers, est composé de limons gris clair à invaginations brun jaunâtre épars,

interprétés comme des fumiers brûlés de bergerie. Une analyse micromorphologique du sédiment a

révélé une composition apparentée à celle des fumiers de caprinés, marquée par des sphérolithes, des

coprolithes brûlés, des microcharbons et des phytolithes en paquets (échantillons A93.M2 et A93.M3;

Sordoillet 1994). Limité aux secteurs centraux et nord, l'ensemble 3.1 est localement stratifié en deux

horizons, l'horizon F12sup-F31 (ens.3.11) et l'horizon F12inf-F18-F23 (ens.3.12). Indigent en matériel

typologique, l'ensemble 3.1 est attribué au Néolithique final sur la base d'un datage radiocarbone du

foyer F12sup (Dt17) : Ly-2240 (OXA) : 4130 ± 40, 2870-2620 av. J.-C. L'ensemble 3.1 s'étend

légèrement dans le secteur LO-20-21 où il se biseaute dans le sens nord-sud (ens.3.13).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 30 -

Figure 16 : ensemble 3.1

Figure 17 : ensemble 3.2-3.3

Ens. 3.2 : niveau d'occupation de la première partie du Néolithique final (avant 3000 av. J.C.) limité à

la partie ouest du porche (secteur ST-14/17). Ce niveau, assez hétérogène, est sous-jacent à l'ensemble

2.22. Il se raccorde grosso modo à l'ensemble 3.3 (voir ci-dessous) sur la base du matériel et d'une

datation C14 concordante (Dt25) GrA-20647 (Ly-1848) : 4530±60 BP, 3360-3100 av. J.-C. La frange

ouest du secteur ST-14/17 a été érodée par des phénomènes de lessivage (érosion très nets en T16-17).

On a toute fois pu y mettre en évidence, en association avec le foyer F21, une zone de travail du silex.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 31 -

Ens. 3.3 : niveau d'occupation de la première partie du Néolithique final (avant 3000 av. J.C.). Ce

niveau, riche en foyers, a la même extension l'ensemble 3.1. L'ensemble 3.3 est toutefois plus sombre,

et plus caillouteux que l'ensemble 3.1. A l'est du porche, on observe une zone plus claire à

invaginations jaunâtres particulièrement nettes. Ce sédiment est également interprété comme des

fumiers brûlés de bergerie (F25, secteur IK-16/17 et portion est du secteur LP-16/17). Indigent en

matériel typologique, ce niveau est attribué au début du Néolithique final sur la base d'une datation

radiocarbone provenant de F25 (F25 -Dt26) Ly-2766 : 4670±35 BP, 3520-3370 av. J.-C. Dans le

secteur OP-12/13, une fosse foyère (St10), dont le niveau d'ouverture a été arasé par les fouilles

Reymond, est datée de la même période (St10 - Dt42) Ly-2770 : 4625±35 BP, 3500-3360 av. J.-C.

Ens. 4 : niveau d'occupation du Néolithique Moyen Bourguignon. Peu structuré, il est composé de

limons argileux brun-gris à pierres de petites et moyennes tailles (5-15 cm.), localement brun jaunâtre.

Il se suit bien sur l'ensemble du site. Le matériel est cohérent mais très dispersé. Le niveau est daté

avec un échantillon provenant du sommet de l'ensemble 4 (Dt20) GrA-20618 (Ly-1846) : 4950±60

BP, 3790 - 3650 av. J.-C.

Figure 18 : ensemble 4, NMB, éléments typologiques (dessin P.-J. Rey).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 32 -

Ens. 5 : niveau d'occupation du Chasséen. Au centre du porche, ce niveau est défini par un niveau

pierreux assez dense (E16, ens.5) à matrice limono-argileuse gris-brun. Dans les secteurs

périphériques, l'ensemble 5 se biseaute très fortement contre les flancs ouest et nord du porche.

L'ensemble 5 a livré plusieurs foyers bien conservés (F19, F24, St9. L'ensemble 5 a livré très peu de

matériel. L'ensemble 5 est attribué au chasséen sur la base de la datation du foyer F24 (Dt40) Ly-2769

: 5110±35 BP, 3970-3810 av. J.-C.

Ens. 6 : anciennement rattaché à l'ensemble 5, l'ensemble 6 est actuellement interprété comme la

phase terminale de l'occupation du Chasséen ancien à céramique de style Saint-Uze. L'ensemble 6 est

bien défini au centre du porche par un épandage noirâtre charbonneux (F3) lié à une activité de

combustion (F34). Il se perd dans les secteurs périphériques. Ce niveau est en cours de ré-évaluation.

Plusieurs remontages céramiques le lie à l'ensemble 7 sous-jacent.

Ens. 7 : niveau d'occupation complexe du Chasséen ancien à céramique de style Saint-Uze.

L'ensemble 7 est très structuré et bien conservé. Il est composé de plusieurs empierrements. Ces

empierrements sont imposants et nombreux au centre du porche (E3, E18, E20, E23, E31), moins

présents en périphérie ouest du porche (E28, E33). Ce niveau est subdivisé en deux (ens. 7.1 et 7.2),

avec les horizons E3-E18-E20-F38 puis E23-E31-F48 au centre du porche, et les horizons F29-St50

puis E28-F35 dans le secteur St-14/17.

L'ensemble 7.1 est défini par trois gros empierrements jointifs (E3, E18, E20) à matrice de limons

argileux gris à gris-brun sombre. Ces empierrements reposent soit sur des éléments de l'ensemble 7.2,

soit directement sur l'ensemble 8. Dans l'ensemble 7.2 les empierrements sont moins étendus et le

matériel moins dense que dans l'ensemble 7.1. L'ensemble 7.2 repose sur les sables grossiers jaunâtres

à agrégats carbonatés de l'ensemble 8. Il est caractérisé par un fin niveau de limons sableux brun-gris

jaunâtre à empierrements localisés (E23, E28, E31). A la base de l'ensemble 7.2 s'ouvrent une série de

structures en creux et de ravines creusées dans le sommet de l'ensemble 8 (St22, St25, St34, St43,

St44, St45, St48, St49). Ces structures sont remplies de pierres, de limons sableux brun-gris jaunâtre et

d'un peu de matériel infiltré.

La séparation entre les ensembles 7.1 et 7.2 n'est évidente que dans la zones à empierrements denses

au centre du porche et dans la portion du secteur ST-14/17concernée par les complexes F29-St50 /

E28-F35. Ils se confondent en périphérie des gros empierrements, dans les zones faiblement

structurées et contre les flancs du porche où les biseautages sont importants. La subdivision entre les

ensembles 7.1 et 7.2 correspond davantage à une dynamique d'occupation qu'à deux niveaux

sédimentaires. Cette impression est corroborée par l'absence de sédimentation entre les complexes

F29-St50 / E28-F35 dans le secteur ST-14/17, entre E3 et E31 dans le secteur LN-15 ou encore entre

E20 et E23 dans le secteur LP-16/17.

L'ensemble 7 a livré deux datations cohérentes avec le matériel. La première provient de

l'empierrement E3 (Dt1) OXA-5265 : 5395±70 BP, 4340-4070 av. J.-C., la seconde du foyer F38

(Dt43) Ly-2771 : 5265±35 BP, 4230-3990 av. J.-C. Une troisième datation issue de la structure St50

fourni un résultat aberrant et doit être rejetée (Dt44 - Ly-2759 : 4320±30 BP, 3010-2890 av. J.-C).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 33 -

Figure 19 : ensemble 5

Figure 20 : ensemble 6

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 34 -

Figure 21 : ensemble 7.1

Figure 22 : ensemble 7.2

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 35 -

Figure 23 : ensemble 7, Saint-Uze, éléments typologiques (dessin P.-Y. Nicod et I. André).

Figure 24 : plan de répartition des principaux remontages céramiques de l'ensemble 7 (interface 7.1/7.2).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 36 -

Figure 25 : datation des ensembles stratigraphiques de la séquence supérieure, calibration suivant la courbe

atmosphérique intcal04.14c (Reimer et al 2004). Seules les datations jugées fiables sont représentées.

Dates rejetées : Ens. 2.1 (Bronze moyen) - Dt39 / Ly-2768 : 3005±30 BP, 1370-1130 av. J.-C. Ens. 2.21 (Bronze

ancien) - Dt23 / GrA-21027 (Ly-1847) : 3150±40 BP, 1495-1395 av. J.-C. Ens.7 (Chasséen ancien) - Dt44 / Ly-

2759 : 4320±30 BP, 3010-2890 av. J.-C. (Illustration J.-F. Buard d'après le programme OxCal 4,

http://c14.arch.ox.ac.uk/oxcal/OxCalPlot.html).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 37 -

Phases d’occupation Eléments clefs

Séquence supérieure : Fouille extensive du porche, niveaux du Néolithique à l'époque romaine.

Ens. 1.1 : époque romaine Niveau structuré de faible importance, quelques foyers (F43, F47),

concentration de restes au contact de St31 (secteur ST-14/17). Matériel

cohérent et varié (verre, fer, sigillée du IIIème

siècle). Non daté.

Ens. 1.2 : 1er

Âge du Fer Traces de fréquentation du Hallstatt D, peu de matériel, quelques foyers (F17,

F41). Non daté.

Ens. 1.3 : Bronze final IIb-IIIa Niveau peu structuré, Séries de fréquentations réparties sur l'ensemble des

phases IIb et IIIa du Bronze final, pas de stratification interne ni d'organisation

spatiale évidente. Restes humains épars, céramique relativement abondante,

fragments de tôle et bouton en bronze. Daté 1000- 850 av. J.-C. (E27 - Dt9).

Ens. 2.1 : Bronze moyen Niveau peu structuré, avec zone foyère à l'ouest du porche (F11) et un gros

empierrement anthropique à l'est (E10, zone de rejet). Céramique relativement

abondante, poignard et anneaux en bronze. Daté 1500-1300 av. J.C. (Dt39,

date trop récente, nouvelle datation en cours).

Ens. 2.2 : Bronze ancien Foyers nombreux (F13, F15, F30, F40, F44 et F45), très peu de matériel. Daté

2000-1700 av. J.C. (Dt2, Dt15, Dt38).

Ens. 3.1 Néolithique final sup. Niveau à fumiers de bergerie au centre du porche, structure de combustion

complexe (F12-F31-F42). Peu de matériel. Daté 2850-3100 av. J.C. (Dt17).

Ens. 3.2-3.3 : Néolithique final inf. Zone à fumiers de bergerie localisés à l'est du porche (F25), zone foyère (F14,

F16, F32) et fosses foyères (St10, St47). Peu de matériel, zone de travail du

silex à l'ouest du porche (ens.3.2). ens. 3.2 daté 3350-3100 (Dt25), ens. 3.3

daté 3500-3350 av. J.C. (Dt26, Dt42).

Ens. 4 : Néolithique Moyen Bourguignon

Niveau peu structuré, matériel relativement abondant, galets assez nombreux.

Daté 3800-3650 av. J.C. (Dt20).

Ens. 5 : Chasséen moyen indifférencié

Niveau pierreux à foyers (E16, F19, F24), pauvre en matériel (fragmentation

importante), galets assez nombreux. Daté 4000-3800 av. J.C. (Dt40).

Ens. 6 et 7: Chasséen ancien / Saint-Uze

Niveau complexe et stratifié. Ens.6 : phase terminale de l'occupation à

céramiques de style Saint-Uze. En cours de ré-évaluation. Foyers et nappe

charbonneuse (F3-F34). Matériel en connexion avec l'ensemble 7. Ens.7 :

Empierrements denses à foyers au centre du porche (E3, E18, E20, E23, E31,

F27, St6), concentration de matériel base E3. Zones foyères périphériques,

F29-St50 / F35 à l'ouest et F37-F38 à l'est avec zone de piétinement. Matériel

fragmenté, quelques remontages de céramiques de style Saint-Uze, riche en

galets, pauvre en silex. Daté 4300-4000 av. J.C. (Ens.7, Dt1, Dt43).

Ens. 8 : Atlantique ancien Substrat séquence supérieure, dépôt carbonaté jaunâtre stérile. Sommet en

cuvette. Fortement raviné (St22, St25, St34, St43, St44, St45, St48, St49). Non

daté.

Dt : datation C14, E : empierrement, F : foyer, St : structure

Tableau 3 : éléments clef des séquences supérieure et intermédiaire (ens.8).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 38 -

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La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 39 -

5 - Présentation synthétique des ensembles stratigraphiques de la séquence inférieure

Ens.9 : niveaux d'occupation du mésolithique. Ces niveaux sont composés de cailloutis et graviers

cryoclastiques lessivés, souvent concrétionnés dans lesquels on distingue deux ensembles. Le plus

récent se limite au secteur IL-10/12 (ens.9.1). Mal conservée et très pauvre en matériel, il a livré

quelques lambeaux de foyers (F1, F2 et F39). Le suivant se limite au secteur NM-12/13 (ens.9.2). Cet

ensemble est défini par un horizon de matériel situé à la base du cailloutis lessivé et par une masse de

limons sableux gris cendreux limitée à la frange sud du secteur. Une datation a été effectuée sur un os

provenant de la masse grise cendreuse, (Dt4) : GrA-20642 (Ly-1841) : 10010±70 BP), 9750-9370 av.

J.-C. Cette datation nous permet d'attribuer la base de l'ensemble 9 au Préboréal (probablement

Mésolithique ancien).

Figure 27 : ensemble 9

Ens.10 à 12 : niveaux stratifiés d'occupation du magdalénien supérieur dans lesquels on distingue trois

ensembles. Au sommet, l'ensemble 10 est défini par d'importantes accumulations de résidus de

combustions noirâtres (ens.10.1-St14 et ens.10.2-St23).

Ces éléments reposent soit sur un cailloutage dense (E34-35, ens.11.1), soit sur des limons sableux

brun jaunâtre à taches grisâtres, riches en cailloutis et graviers (ens.11.2). On observe dans l'ensemble

11 de nombreuses infiltrations des sédiments noirâtres charbonneux de l'ensemble 10. La base des

ensembles 10-12 est formée par un niveau de sable grossier jaunâtre (ens.12).

Les datations effectuées aux sommets et à la base des ensembles 10-12 sont homogènes. Elles

permettent de situer cette phase d'occupation au Bölling, vers 12650-12150 av. J.-C. (ens.10 : Dt5 et

Dt10, ens.12 : Dt27. Dt5 : GrA-20650 : 12350±70 BP, 12540-12160 av. J.-C. Dt10 : GrA-21023 :

12340±60 BP, 12490-12150 av. J.-C. Dt27 : GrA-21028 : 12390±60 BP, 12640 -12230 av. J.-C.).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 40 -

Figure 28 : ensembles 10-12

Figure 29 : la structure de combustion St46 (Ens.13, dessin R. Rocca, plan J.-F. Buard).

Ens.13 : niveau d'occupation du Magdalénien supérieure. Le sommet de l'ensemble 13 est légèrement

érodé (ens.13.0). Le corps de ce niveau est très bien conservé, organisé et riche en matériel. Il est

défini par un structure de combustion (St46, ens.13.2) contenant des milliers de fragments d'os

concassés et brûlés associée à une zone de débitage du silex et par un cailloutage périphérique pris

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 41 -

dans une matrice limono-sableuse jaunâtre (ens.13.1). Les études menées sur la technologie du

matériel lithique (G. Bereiziat) et sur la faune (J.-C. Castel) témoignent toutes deux en faveur d’une

grande homogénéité entre les ensembles 10-12 et 13.

Phases d’occupation Eléments clefs

Séquence inférieure : Fouille limitée à l'avant du porche, sondage prospectif NM-12/13 (4.m2).

Ens. 9 : Mésolithique moyen / ancien

Niveaux très altérés de faible importance, quelques lambeaux de foyers (F1,

F2, F39). Matériel très rare. Daté 9750-9350 av. J.-C.. (Dt4).

Ens. 10 à 12 : Magdalénien supérieur

Niveaux complexes et stratifiés, altéré au sommet (horizon St14) mieux

conservé ensuite (horizon St23) bien que partiellement concrétionné. Daté

12650-12150 av. J.-C. (Ens.10 : Dt5, Dt10, Ens.12 : Dt27).

Ens. 13 : Magdalénien supérieur

Surface d'érosion au sommet, si non niveau très bien conservé et en place.

Occupation riche en matériel (faune et silex), organisée autour de la structure

de combustion St46 avec taille du silex. Dans St46 des dizaines milliers de

fragments d'os concassés et brûlés. Datation en cours.

différences sédimentaires mais homogénéité des restes anthropiques entre les ensembles 10 à 13

Dt : datation C14, E : empierrement, F : foyer, St : structure

Tableau 4 : séquence inférieure, éléments clef; niveaux mésolithiques, épipaléolithiques et paléolithiques

supérieurs.

Figure 30 : datation des ensembles de la séquence inférieure. Calibration suivant la courbe atmosphérique

intcal04.14c, Reimer et al 2004 (illustration J.-F. Buard d'après le programme OxCal 4,

http://c14.arch.ox.ac.uk/oxcal/OxCalPlot.html).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 42 -

Figure 31 : la stratigraphie de référence pour la séquence inférieure A03.S13

(Dessin I. Andre).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 43 -

CHAPITRE III

Etude technologique des céramiques de l'âge du Bronze

Jean-François Buard

1 - Bronze final IIb-IIIa (ensemble 1.3)

Le niveau Bronze final IIb-IIIa correspond au limon gris-brun à brun de l'ensemble 1.3. Il est préservé

sur l'ensemble de la fouille. Ce niveau est peu structuré. Il a cependant livré deux structures, St27 et

St33, situées dans le secteur LP-16/17. Il s'agit dans les deux cas de cuvettes pierreuses à remplissage

noirâtre charbonneux à pierres et cailloutis rubéfiés épars, larges d'environ un mètre et profondes d'une

petite vingtaine de centimètres. Au contact de St33, on observe une concentration de boulettes d'argile

rubéfié. Toujours dans le secteur LP-16/17, on notera la présence à la base de l'ensemble 1.3 d'un petit

empierrement anthropique (E27). Cet empierrement a fourni une datation (E27 - Dt9) : GrA-20648

(Ly-1843) : 2800 ±50 BP, 1020-860 av. J.-C. Le matériel associé à ces structures est datable dans

l'ensemble du Bronze final IIb-IIIa. Cependant, dans le secteur LP-16/17, une partie de la jarre c016,

datable du HaC (ens.1.2) interfère avec le matériel du Bronze final. La présence d'éléments du 1er Âge

du Fer dans l'ensemble 1.3 témoigne d'une faible stratification, voire d'un remaniement des dépôts à la

transition 1.2/1.3. La majorité du matériel de l'ensemble 1.3 est cependant attribuable au Bronze final

IIb-IIIa. L'absence dans l'ensemble 1.3 de stratification, d'horizon typologique clair et d'organisation

dans la répartition du matériel indiquent un brassage des vestiges. On se trouve en présence d'une série

de fréquentations, d'occupations de faible importance mais abrasives, réparties sur l'ensemble des

phases IIb et IIIa du Bronze final.

Sur les 884 tessons de l'ensemble 1.3, 558 ont pu faire l'objet d'une analyse technique macroscopique.

Cette analyse prend en compte le mode de cuisson, le traitement de surface et le dégraissant. Les

modes de cuisson observés sont les suivants: phase réductrice en montée et en descente de température

(RR), phase réductrice en montée et oxydante en descente (RO), et enfin ce dernier mode de cuisson

avec une phase réductrice terminale (ROR). Les traitements de surface retenus sont: soigné ou

grossier. Les dégraissants se subdivisent en quatre types: fin (quasiment invisible), assez fin (rare, plus

petit que 1 mm), assez grossier (abondant, de 1 à 2 mm), grossier (abondant, éléments plus gros que 2

mm). Le croisement de ces observations présente une structure cohérente (Figure 32), une nette

opposition entre la céramique fine (surface soignée, dégraissant fin ou assez fin, tous modes de

cuisson) et la céramique grossière (surface grossière, dégraissant assez grossier ou grossier, cuisson

RO quasi exclusive). Un lot de tessons à dégraissant moyen (assez grossier à assez fin) à surface

soignée et cuisson RO signale des céramiques intermédiaires.

Dans la masse de la céramique de l'ensemble 1.3, 44 récipients ont été identifiés: bords divers 11,

fragments cannelés 2, fragments carénés 2, coupes fines 11, coupes grossières 2, pots 6, collages et

appariements sans forme ni décor 6. La céramique fine, de teinte sombre (noir ou brun-noir) est

dominante. Elle consiste en formes basses simples, hémisphériques ou tronconiques, à lèvre arrondie

ou biseautée (Figure 33), et de coupes à cannelures internes à lèvre facettée (Figure 34). On notera,

dans secteur PQ-23/24, la présence d'une coupe à pied (c040). Ce type de pièce attribuable au Bronze

final IIb. La céramique grossière, brun à brun-orangé (mode de cuisson RO) se rapporte à des formes

hautes à profil sinueux dont la jonction panse-col est décorée à l'ongle ou à l'outil, et à de grands pots à

profil indéterminé (Figure 35). On remarquera dans nos remontages l'absence de grand récipient de

stockage et de forme haute segmentée.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 44 -

Figure 32 : analyse technique de la céramique de l'ensemble 1.3, croisement du traitement de surface et du

mode de cuisson avec la taille du dégraissant. A gauche, représentations des fréquences marginales, la taille des

rectangles est proportionnelle aux fréquences en ligne (base du rectangle) et en colonne (hauteur du rectangle);

à droite tableau des effectifs (nombre de tessons). Nette opposition entre la céramique grossière (surface

grossière, dégraissant assez grossier ou grossier, cuisson RO) et la céramique fine (surface soignée, dégraissant

fin ou assez fin, cuisson variable, illustration J.-F. Buard).

Ensemble .31 : description des céramiques

Figure 33

c023 : coupe à lèvre biseautée. Surface altérée, pâte assez grossière, contenant des grains de dégraissant assez

dense, de taille variable (entre 1 et 3 mm), couleur de surface interne gris sombre noirâtre, et rouge brique à

l'extérieur (surface altérée). Mode de cuisson RO (dessin I. André).

c031 : coupe à lèvre plate. Surface soignée, pâte fine, contenant épars, quelques grains millimétriques, couleur de

surface flammée brun clair à noirâtre, mode de cuisson RO (dessin I. André).

c034 : coupe à lèvre arrondie. Surface soignée, pâte assez fine, couleur de surface brun à gris sombre. Mode de

cuisson RR (dessin I. André).

c038 : coupe à lèvre plate. Surface soignée, pâte assez fine, couleur de surface grises sombre. Mode de cuisson

RR. Diamètre estimé à 14 cm (dessin I. André).

c041 : coupe à lèvre légèrement biseautée. Surface soignée, pâte assez grossière, contenant des grains de

dégraissant épars, millimétriques et très fins (quartz, micas…), couleur de surface externe brun-orangé; interne

brun à gris (dégradé). Mode de cuisson RO. Diamètre estimé à 15 cm (dessin I. André).

c046 : coupe à lèvre biseautée. Surface altérée, pâte très fine, un peu sableuse-savonneuse, friable, contenant en

surface des fines paillettes de mica. Diamètre d'environ 20 cm (dessin I. André).

c049 : coupe à lèvre plate. Surface soignée, pâte fine à grains fins, couleur de surface gris sombre. Mode de

cuisson ROR (dessin I. André).

c050 : coupe à lèvre biseautée. Surface soignée, pâte assez fine, couleur de surface gris sombre. Cuisson RR.

Diamètre de 15 cm (dessin I. André).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 45 -

c123 : coupe à lèvre débordant int. Assez épaisse (0,7 cm). Surface soignée, pâte assez fine, couleur noir, cuisson

RR (dessin C. Von Tobel).

c155 : bord à lèvre plate. Pâte fine, surface soignée, couleur noir, mode de cuisson ROR (dessin I. André).

Figure 34

c015 : coupe à cannelures internes. Surface soignée, pâte assez fine. Surface de couleur noir. Cannelures fines

horizontales en bandes répétées face interne. Mode de cuisson ROR. Typique BF IIIa (dessin I. André).

c018 : coupe à cannelures internes. Décor de cannelures larges sur la face interne. Surface soignée (lustrée), pâte

fine, couleur noirâtre, cuisson ROR. (dessin I. André).

c040 : pied de coupe. Assez rare, BF IIb. Surface soignée, pâte fine, couleur de surface noirâtre, cuisson ROR

(dessin I. André).

c044 : plat ou grande coupe à lèvre facettée, BF IIb-IIIa. Cannelures larges internes sous le bord. Surface soignée

(lustrée), pâte assez fine, couleur de surface noirâtre, cuisson ROR, Diamètre 34 cm. (dessin I. André).

c045 : plat ou grande coupe à lèvre facettée. Surface soignée, pâte fine, couleur de surface noirâtre. Cuisson en

mode ROR (dessin I. André).

c058 : plat ou grande coupe à lèvre légèrement facettée. Surface soignée, pâte fine, couleur de surface noirâtre,

mode de cuisson ROR (dessin I. André).

Figure 35

c024 : pot grossier. Surface altérée, pâte assez fine. Bord légèrement oblique, couleur de surface orangé, cuisson

RO (dessin I. André).

c026 : pot à impressions fines. Surface soignée, pâte assez fine contenant des grains de dégraissant épars, avec

quelques éléments plus grossiers atteignant 2-3 mm. Couleur de surface brun-noir, mode de cuisson RR (recuit?,

dessin I. André).

c029 : pot décoré d'excisions. Surface soignée, pâte assez grossière, couleur de surface brun-orangé, cuisson RO

(dessin I. André).

c032 : pot à lèvre plate munie d'un bourrelet interne et externe. Surface grossière, pâte grossière, couleur de

surface brun clair orangé, taches grisâtres sur la surface interne, cuisson RO (dessin I. André).

c047 : pot décoré de poinçonnages tangentiels disposés en ligne horizontale. Surface grossière, pâte assez fine,

contient des grains épars de dégraissant millimétriques et fins, couleur de surface brun-orangé. mode de cuisson

RO. Hors contexte. (dessin I. André).

c048 : bord (jarre ?). Surface grossière, pâte grossière contenant pas mal de grains millimétriques à 2-3 mm,

couleur de surface brun clair à brun-gris (sur face interne), cuisson RO. (dessin I. André).

c104 : bord de céramique à lèvre plate. Surface grossière, pâte grossière, couleur brun-orange, cuisson RO

(dessin I. André).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 46 -

Figure 33 : céramiques fines, coupes non décorées de l'ensemble 1.3.

Figure 34 : céramiques fines, coupes à cannelures internes et à lèvre facettée et coupe à pied de l'ensemble 1.3.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 47 -

Figure 35 : céramiques grossières de l'ensemble 1.3.

2 - Bronze moyen (ensemble 2.1)

L'occupation Bronze moyen correspond au limon brun de l'ensemble 2.1 que l'on suit sur l'ensemble

du site. L'ensemble 2.1 est peu structuré. Dans le secteur ST-14/17, à l'ouest du porche, se trouve un

petit foyer à plat assez bien conservé (F11, Figure 37). Le foyer F11 a fourni une date (Dt39) : Ly-

2768 : 3005±30 BP, 1370-1130 av. J.-C., date trop récente compte tenu de la position stratigraphique

de F11 (base ens.2.1) et du matériel associé. A l'opposé, contre la paroi nord et est du secteur IK-

16/17, un grand empierrement anthropique couvre les deux tiers du secteur (E10, Figure 37). Cet

empierrement est constitué de pierres de moyen et gros module (7-25 cm). Il contient de nombreuses

pierres rubéfiées et un peu de matériel. Ce matériel consiste en quelques céramiques, dont plusieurs

fragments de jarre à panse couverte de traînées de barbotine (c131), en reste osseux, une trentaine d'os

et en galets. E10 est interprété comme une zone de rejet. On notera enfin, dans le secteur LO-20/21, la

présence d'un empierrement lâche d'environ 1 m de diamètre, à pierres de moyen module (5-15 cm),

parfois rubéfiées (E29). E29 constitue une petite zone de rejet.

Sur les 1091 tessons de l'ensemble 2.1, 743 ont pu faire l'objet d'une analyse technique macroscopique.

L'analyse prend en compte les mêmes critères que celle de la céramique de l'ensemble 1.3 (voir p. 43,

mode de cuisson, traitement de surface et dégraissant). Le croisement de ces observations présente la

même structure que dans le cas de l'ensemble 1.3, avec une nette opposition entre la céramique fine

(surface soignée, dégraissant fin ou assez fin, tous modes de cuisson) et la céramique grossière

(surface grossière, dégraissant assez grossier ou grossier, cuisson RO quasi exclusive, Figure 36). Ici

également, un lot de tessons à dégraissant moyen (assez grossier à assez fin) à surface soignée et

cuisson RO signale des céramiques intermédiaires.

Dans la masse de la céramique de l'ensemble 2.1, 64 récipients ou groupes de tessons similaires ont été

identifiés : bords divers 3, fonds 3, fragment d'anse 1, céramiques cannelées 6, céramiques incisées 13,

dont 6 groupes de tessons pouvant appartenir à de nombreux récipients, coupes 7, tasses 2, jarres et

pots grossiers 7, collages et groupes de tessons sans forme ni décors 22.

La céramique fine non décorée consiste en formes basses simples non décorées de couleur variable, et

de nombreux fragments de céramiques fines noires lustrées dont un bol à paroi verticale (c087, Figure

43). La céramique décorée est très largement dominée par des céramiques de taille intermédiaire

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 48 -

ornées d'incisions couvrantes (Figure 44, c089 a et b, c108, c115, c116 et c118). S'y ajoutent un bol à

incisions horizontales larges et profondes (c078) organisées en bandes horizontales, un récipient de

petite taille à cannelures fines horizontales (c080) et un fragment à cannelures larges de mauvaise

facture (c121).

La céramique grossière comprend de nombreux fragments de jarres à panse couverte de traînées

verticales de barbotine, un lot de céramique de couleur brun-orange à surface grossière dont une coupe

à lèvre biseautée (c091), une jarre à languette médiane et cordon (c093), un pot grossier à profil en S

marqué (c169). On signalera enfin la présence d'un fragment de jarre à cordon digité et pincé de

couleur noir (c119) et d'une petite jarre à cordon décoré d'impressions circulaires dont la panse porte

des traces de vannerie (c074, Figure 45).

Les éléments dominants de la céramique de l'ensemble 2.1 sont la céramique fine noire lustrée, la

céramique intermédiaire décorée d'incisions couvrantes, la céramique grossière à traînées de barbotine

et la céramique grossière de couleur brun-orange. La répartition en plan de la densité de ces éléments

fait apparaître des concentrations spatiales différentielles suivant le type de céramique (Figure 38 à

Figure 42). On observe une répartition assez aléatoire de la céramique intermédiaire à incisions

couvrantes. La céramique grossière à traînées de barbotine présente une forte concentration dans la

zone NP-14/15. La céramique grossière orange se répartit entre la zone NP-14/15 et la zone ST-15/16.

La céramique fine noire admet également une large répartition avec toutefois une densité plus faible

dans la zone riche en céramique grossière à traînées de barbotine.

Figure 36 : analyse technique de la céramique de l'ensemble 2.1, croisement du traitement de surface et du

mode de cuisson avec la taille du dégraissant. A gauche, représentation des fréquences marginales, la taille des

rectangles est proportionnelle aux fréquences en ligne (base des rectangles) et en colonne (hauteur des

rectangles); à droite tableau des effectifs (nombre de tessons). Nette opposition entre la céramique grossière

(surface grossière, dégraissant assez grossier ou grossier, cuisson RO) et la céramique fine (surface soignée,

dégraissant fin ou assez fin, cuisson variable, illustration J.-F. Buard).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 49 -

Figure 37 : position des structures anthropiques de l'ensemble 2.1 (plan J.-F. Buard).

Figure 38 : éléments dominants de la céramique de l'ensemble 2.1, répartition en points de densité par m2. En

bleu foncé, céramique fine de couleur noir (106 tessons), en vert clair, incisions couvrantes (56 tessons), en

orange, céramique grossière de couleur brun-orange (61 tessons), et en rouge céramique grossière à traînées de

barbotine (79 tessons, plan J.-F. Buard).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 50 -

Figure 39 : répartition par m2 de la céramique fine noire (106 tessons, plan J.-F. Buard).

Figure 40 : répartition par m2 des incisions couvrantes (56 tessons, plan J.-F. Buard).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 51 -

Figure 41 : répartition par m2 de la céramique à traînées de barbotine (79 tessons, plan J.-F. Buard).

Figure 42 : répartition par m2 de la céramique grossière brun-orange (61 tessons, plan J.-F. Buard).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 52 -

Ensemble 2.1 : description des céramiques

Figure 43

c073 : coupe à lèvre biseautée. Surface soignée, pâte assez fine, couleur beige-orange, cuisson RO (dessin I.

André).

c076 : coupe à lèvre biseautée. Surface soignée, pâte fine et peu épaisse (moy. 0,4cm), couleur orange, cuisson

RO. Partiellement recuit (éclatement de chaleur, dessin nc).

c087 : bol ou tasse à paroi verticale. Surface soignée, pâte fine, paroi très mince (0,3cm), couleur noir, cuisson

RR (dessin I. André).

c120 : coupe grossière à lèvre plate. Surface grossière, pâte assez grossière, couleur noir, cuisson ROR (dessin C.

Von Tobel).

c122 : coupe à lèvre segmentée. Surface soignée, pâte assez fine, couleur noir, cuisson RR. (dessin C. Von

Tobel).

c125 : coupe à lèvre plate, paroi assez épaisse (moy 0,8cm, diam ~42cm). Surface soigné, pâte grossière.

Couleur orange, cuisson RO (dessin C. Von Tobel).

c126 : coupe à lèvre biseautée. Surface soignée, pâte assez grossière. Couleur brun-noir, cuisson ROR (dessin C.

Von Tobel).

c130 : tasse. Surface soignée, pâte assez fine, couleur brun-noir à traces orangées, cuisson RO (dessin J.-F.

Buard).

Figure 44

c078 : céramique à cannelures fines/incisions larges horizontales en bandes. Surface soignée, pâte fine, couleur

orange, cuisson ROR. L'un des tessons est recuit (dessin J.-F. Buard).

c080 : cannelures fines horizontales en bandes. Surface soignée, pâte assez fine, couleur noir, cuisson ROR

(dessin E. Jaffrot).

c089.a : incisions couvrantes. Surface altérée, pâte fine, couleur brun, cuisson RO. (dessin E. Jaffrot).

c089.b : divers fragments d'incisions couvrantes (25 tessons). Surface soignée, pâte assez fine, couleur brun à

brun-gris, cuisson RO (dessin nc).

c108 : incisions couvrantes. Surface grossière, pâte assez grossière, couleur brun-brun clair, cuisson RO (dessin

E. Jaffrot).

c109 : incisions horizontales en bandes. Surface soignée, pâte assez fine, couleur brun-orange, cuisson RO

(dessin E. Jaffrot).

c115 : incisions couvrantes horizontales. Surface soignée, pâte assez grossière, couleur brun-orange, cuisson RO.

Hors contexte (dessin E. Jaffrot).

c116 : incisions couvrantes. Surface grossière, pâte assez grossière, couleur brun, cuisson RO (dessin E. Jaffrot).

c118 : incisions couvrantes. Surface grossière, pâte assez grossière, couleur brun-orange, cuisson RO (dessin nc).

c121 : cannelures larges. Surface grossière, pâte assez fine, couleur brun-orange, cuisson RO. (dessin C. Von

Tobel).

Figure 45

c074.a et b : céramique à cordon décoré de petites impressions circulaires (gros poinçonnages). Traces d'un

moule en vannerie sur la face externe (c074b). Surface grossière, pâte assez fine, couleur brun-noir, cuisson RO

(dessin E. Jaffrot).

c084 : incisions couvrantes surmontées d'un cordon travaillé à l'outil. Surface soignée, pâte assez grossière,

couleur orange, cuisson RO (dessin E. Jaffrot).

c091 : coupe grossière à lèvre biseautée. Surface grossière, pâte grossière, couleur orange sale, cuisson RO

(dessin J.-F. Buard).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 53 -

c093 : jarre à languette médiane. Surface grossière, pâte grossière, couleur orange sale, cuisson RO. Un fond et

un bord parmi l'ensemble (dessin J.-F. Buard).

c117 : bord incisé. Surface grossière, pâte assez grossière, couleur brun clair, cuisson RO (dessin C. Von Tobel).

c119 : jarre à cordon digité et pincé. Surface grossière, pâte assez grossière, couleur noir, cuisson ROR (dessin E.

Jaffrot).

c169 : Pot grossier à profil fortement sinueux. Surface grossière, pâte assez grossière, couleur orange, cuisson

RO (dessin J.-F. Buard).

Figure 43 : céramiques fines non décorées de l'ensemble 2.1.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 54 -

Figure 44 : céramiques cannelées et incisées de l'ensemble 2.1.

Figure 45 : céramiques grossières de l'ensemble 2.1.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 55 -

CHAPITRE IV

Etude technologique des céramiques du Néolithique moyen

Pierre-Jérôme Rey

Le corpus considéré comprend 33 unités de collage qui se répartissent inégalement dans la

stratigraphie. 16 sont attribuées à l’ensemble 4 ; 4 à l’ensemble 5, 4 à l’ensemble 6 et 9 unités de

collage se rattachent à l’ensemble 7.

La fragmentation ne permet pas une analyse poussée des techniques de façonnage. Dans l’ensemble 4

le montage aux colombins semble dominer pour les encolures. Les colombins présentent des plans de

joint obliques. Ils sont disposés sur la face interne du précédent (C006, C011, C177, C196, C197), sur

la face externe du précédent (C009, C163, C164), ou de manière alternée en S (C008). Le montage de

la panse et du fond n'est observable que sur C8. Les colombins sont disposés en S de la même manière

que pour le col de ce récipient. Le fond paraît modelé. Les modes de façonnage des ensembles 5 à 7

n’ont pas été examinés.

Seuls les inclusions et les contrastes colorés ont été décrits visuellement dans les 4 ensembles du

Néolithique moyen. Dans le contexte de cuissons en aire ouverte, les contrastes colorés entre le cœur,

les marges internes et externes et les surfaces des tessons peuvent en effet être utilisés pour décrire la

manière dont les potiers gèrent la durée de cuisson (Martineau et Pétrequin 2000). Ces stigmates ont

été décrits à l'aide de la grille de C. Hénocq (1984, Figure 46).

1 - Ensemble 4

Les inclusions principales constituées de silicates dominent très largement (13 cas). Leur densité est

généralement forte. Leur taille moyenne est comprise entre 0,5 et 1,5 mm, quelques cas vont jusqu’à 2

voire 2,5 mm. Il s’agit généralement de fragments anguleux d'une roche micacée (granitique ?) dans 7

cas. Cinq autres individus sont constitués d'éléments silicatés sans micas apparents, fréquemment

émoussés. Un individu (C010) s’éloigne de la norme : il est constitué de sable roulé inférieur à 0,5

mm. Dans 4 cas on note la présence secondaire de fragments parfois très gros (jusqu’à 10 mm) d’une

même variété de calcaire gréseux, parfois accompagnés d’empreintes de tiges organiques et de nodules

ferrugineux. Dans 4 autres cas on observe des inclusions secondaires de fragments de calcaire ou de

carbonates indéterminés.

Trois unités de collage présentent des inclusions principales carbonatées : fragments de calcaires

(C011) entre 0,5 et 1 mm et carbonates indéterminés inférieurs à 0,5 mm (C163 et C175).Les cuissons

ont généralement été menées jusqu’à l’oxydation partielle des récipients (Ib, Ic, Id, 13 cas). On note un

seul cas de réduction complète (Ia, C011) associé à la présence d’inclusions principales de calcaire.

Dans ce cas les inclusions ont subi une fusion partielle qui laisse de petites vacuoles jusqu’au cœur des

tessons. 5 individus montrent un liseré superficiel sombre sur marges internes et externes plus claires

que le cœur (Id). Cette configuration pourrait résulter d’un enfumage internet et externe ou d’un autre

type de traitement de surface.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 56 -

Deux individus à inclusions principales silicatées, associées à des éléments secondaires carbonatés,

sont oxydés à cœur. Dans un cas l’oxydation a été suivie d’un enfumage important (C160 ~). L'autre

individu est totalement oxydé (C010) mais il pourrait s’agir d’un effet de recuit.

C011 présente une altération préférentielle des surfaces internes caractérisée par une dissolution

complète des inclusions et une desquamation de la paroi. Ces stigmates sont vraisemblablement à

mettre au compte de l'utilisation culinaire d'un récipient fragilisé au préalable par une cuisson poussée

ayant entraîne la fusion partielle des inclusions carbonatées.

Enfin C164 et C176 présentent des caractères techniques et typologiques très proches qui permettent

de penser qu'il pourrait s'agir d'un seul récipient dont la jonction entre l'encolure et la panse est

souligné d'un coup d'outil irrégulièrement appuyé.

2 - Ensemble 5

On note 2 cas d’inclusions principales silicatées dont l’un est constitué de sable très fin (inférieur à 0,5

mm) et de rares fragments anguleux plus gros (C179) et l'autre de fragments silicatés anguleux entre

0,5 et 1,5 mm (C14). Les deux autres individus présentent des inclusions principales de calcaire

anguleux entre 0,5 et 1,5 mm (C166 et anses C198~). Leur densité est variable mais souvent plus

faible que dans l'ensemble 4. La taille des grains varie entre 0,5 et 1,5 mm parfois jusqu'à 2 mm.

On observe une réduction complète sur un individu à inclusions principales silicatées (C014) et trois

cas d’oxydation partielle dont l’une est associée un enfumage ou autre traitement de surface (C179).

3 - Ensembles 6 et 7

Les inclusions principales silicatées sont très majoritaires (11 cas). Leur densité est plus faible que

dans l'ensemble 4. Leur taille moyenne est généralement inférieure à 0,5 mm, dans quelque cas elle

peut atteindre 0,5 à 1 mm. Dans 6 cas on observe l’emploi de sable roulé présentant souvent un poli

brillant, parfois accompagné d'une proportion plus réduite d’éléments anguleux silicatés (3 cas) ou

carbonatés (3 cas). Deux individus présentent des inclusions principales carbonatées : de la calcite

pillée entre 0,5 et 1 mm (C170) et des fragments de carbonates indéterminés entre 0,5 et 2,5 mm

associés à de rares éléments silicatés (C004). Dans les 5 cas d'inclusions silicatées anguleuses, la

petitesse des grains ne permet pas de reconnaitre le type de roche. La présence de mica dans la pâte

n'est pas systématique avec ces fragments silicatés anguleux. Ces micas sont également souvent

présents avec les sables silicatés.

Les cuissons partiellement oxydantes sont très majoritaires (10 cas). Une seule réduction complète

concerne un récipient à inclusions principales silicatées. Un seul individu également à inclusions

principales silicatées est oxydé à cœur (C195). La persistance d’une réduction interne pourrait indiquer

que ce récipient a été cuit à l’envers ou bouché.

4 - Synthèse

La présence d’inclusions secondaires d’un même calcaire gréseux pour 3 individus des ensembles 6 et

7 et pour 5 individus de l’ensemble 4 pourrait indiquer l’utilisation d’une ressource argileuse locale.

Ces calcaires gréseux apparaissent souvent associés à des inclusions principales le plus souvent

silicatées mais également parfois carbonatées.

Les inclusions principales sont très majoritairement constituées de silicates dans tous les ensembles.

Leur origine semble cependant évoluer. Dans les ensembles 6 et 7 il s’agit pour moitié de sable roulé

et pour moitié d’inclusions anguleuses. Dans l’ensemble 4 il ne s’agit que d’inclusions silicatées

anguleuses ou plus rarement émoussées. Les inclusions anguleuses semblent provenir d'une roche

micacée de type granitique.

Dans ce contexte les individus à inclusions principales carbonatées pourraient constituer des

importations. Certains présentent d’autre caractères qui s’éloignent de la norme (taille plus importante

que la moyenne des ensembles 6-7 pour C004 et C170 ; réduction totale et typologie chasséenne pour

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 57 -

C011). Le cas de C163 est plus ambigu : il est façonné dans une argile à particules de calcaire gréseux

qui pourrait évoquer une origine locale, mais la taille moyenne de ses inclusions principales s’éloigne

nettement de la norme de l’ensemble 4.

La taille moyenne des inclusions semble en effet nettement augmenter entre les ensembles 6 et 7

(majoritairement inférieure à 0,5 mm) et les ensembles 4 et 5 (majoritairement entre 0,5 et 1,5 mm).

La densité des inclusions semble s'accroitre dans l'ensemble 4 par rapport aux trois ensembles sous-

jacents.

La cuisson est le plus souvent menée jusqu’à l’oxydation partielle des récipients. Il n’y a guère de

différence entre les ensembles. Les changements de teinte externe que l'on peut percevoir entre les ensemblesdoivent vraisemblablement être reliés à des différences dans l’argile utilisée, dans le

traitement des surfaces ou dans la typologie des structures de cuisson, plus que dans la manière de

mener la fin de cuisson qui varie assez peu.

Enfin les observations techniques s'accordent avec la typologie Saint-Uze de C010. Elles semblent

indiquer que cet élément n’est pas à sa place dans l’ensemble 4 et qu'il se rattache vraisemblablement

aux ensembles 6 et 7.

5 - Comparaison

Au niveau des inclusions principales l’Abbaye s’éloigne nettement des séries du Gardon dominées par

la calcite pillée dans les niveaux Saint-Uze (Coutard 2004), la calcite et les silicates dans c47-46 dont

l'occupation se place vraisemblablement entre 4200 et 4000 av JC, puis par le mélange calcaire et

calcite dans les niveaux NMB 44-40 datés entre 3900 et 3650 av JC (Rey à paraitre). L'emploi

majoritaire d'inclusions d'arènes granitiques concassées se rencontre par contre dans les niveaux

Chasséens et NMB de Chassey (Colas 2005). L'usage d'inclusions silicatées souvent sous forme

sableuse est également une pratique extrêmement majoritaire sur le plateau suisse (Burri 2007).

Cependant le travail à large échelle de Clément Moreau (2010) a montré, pour le NMB entre Yonne et

Saône, que les inclusions reflètent d'abord les disponibilités locales même si quelques particularités et

choix préférentiels locaux sont parfois discernables. A l'Abbaye la disponibilité des différents

matériaux ne constitue pas une contrainte dans un secteur où se rencontrent à la fois des affleurements

calcaires et des moraines wurmiennes. Le choix des silicates pourrait donc constituer soit un trait

culturel, soit l'indication que les céramiques ne sont pas produites sur place mais dans un vallon à

remplissage morainique. Seule la multiplication de ce type d'observation permettra d'en dégager la

signification à l'échelle locale et régionale. L'origine des matériaux et en particulier des sables roulés

brillants mériterait d'être recherchée à l'aide de lames minces et d'échantillonnages sur le terrain.

L'accroissement de la taille et de la densité des inclusions correspond à une tendance suprarégionale au

cours du IVe millénaire (Burri 2007 et Moreau 2010). Entre le Ve et le IVe millénaire les choses sont

plus complexes. Au Gardon les couches 52-48 attribuées au Saint-Uze présentent des inclusions assez

grossières, fréquemment comprises entre 1 et 4 mm (Coutard 2004). L'ensemble 47-46 à la transition

avec le IVe millénaire présente une grande variété de tailles (Rey à paraitre). A Chassey les inclusions

sont assez grossières dans le niveau 10, elles se répartissent pour moitié entre 0,1 et 0,5 mm comme à

l'Abbaye et pour moitié entre 0,1 et 2 mm (Colas 2005) dans les niveaux 9 et 8. Ensuite leur taille

moyenne semble augmenter dans les niveaux 7 et 6.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 58 -

6 - Bibliographie

BURRI (E.), 2007. La céramique du Néolithique moyen ; analyse spatiale et histoire des peuplements. La station

lacustre de Concise, 2. Cahiers d'Archéologie Romande, 109. Lausanne. 310 p.

COUTARD (C.), 2004. Etude expérimentale de la céramique néolithique de style Saint-Uze de la grotte du Gardon

(Ain). Mémoire de Maîtrise sous la direction de F. Giligny. Université de Paris I, Panthéon Sorbonne.

HENOCQ (C.), 1984. Etude de la céramique du groupe de Noyen à travers une production homogène : la céramique

des fosses Fd de Noyen-sur-Seine. Mémoire de Maîtrise de l'Université de Paris I. 123 p. 21 pl.

MARTINEAU (R.), PETREQUIN (P.), 2000. La cuisson des poteries néolithiques de Chalain (Jura), approche

expérimentale et analyse archéologique. In : Pétrequin (P.), Fluzin (P.), Thiriot (J.), Benoit (P.) dir., Arts du feu

et productions artisanales, Actes des XXe Rencontres Internationales d'Archéologie et d'Histoire d'Antibes. Juan-

les-Pins : Ed. A.P.D.C.A. p. 337-358.

MOREAU (C.), 2010. La céramique du Néolithique moyen II de l'Yonne à la Saône entre 4300 et 3400 avant notre

ère. Thèse de l’Université de Bourgogne, direction Mordant C. et Martineau R.

REY (P.-J.), à paraitre. La céramique néolithique des couches 47 à 38 de la grotte du Gardon à Ambérieu-en-Bugey

(Ain) ; analyse typologique et technologique. In Voruz J.-L. et Perrin T. dir. La grotte du Gardon, volume II.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 59 -

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La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 60 -

Figure 46 : grille de C. Hénocq (Hénocq 1984)

Figure 47 : céramique de l'ensemble 4 (Néolithique moyen bourguignon. Dessin P.J Rey).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 61 -

Figure 48 : céramiques de l'ensemble 4 (Néolithique moyen bourguignon. Dessin P.J Rey).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 62 -

Figure 49 : céramiques de l'ensemble 5 (dessins col.).

Figure 50 : céramiques de l'ensemble 6 (Saint-Uze, dessins col.).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 63 -

Figure 51 : céramiques de l'ensemble 7 (Saint-Uze, dessins P.-Y. Nicod, I. André).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 64 -

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 65 -

CHAPITRE V

Les silex de la séquence supérieure de la grotte de l’Abbaye

Julia Patouret

Les pièces étudiées ici le sont au titre d’industrie, à savoir l’«ensemble des techniques et des activités

par lesquelles un groupe humain transforme la matière première pour en tirer des objets fabriqués.

Par métonymie, collection des objets résultant de ces activités. Dans cet emploi, le terme exclut

généralement les objets d’art ; dans la pratique, il désigne les outils, les armes, et leurs déchets de

fabrication. […]»1.

Chaque objet renseigne sur les gestes effectués pour l’obtenir (chaîne opératoire), et lorsque les

informations sont suffisamment étoffées (technique, matières, etc.) on peut inférer un schéma

opératoire qui traduit les choix et intentions du ou des tailleur(s) concerné(s). Ainsi, «bien que difficile

à atteindre, ce stade de l’analyse permet de toucher à une information réellement anthropologique de

l’individu ou du groupe étudié, puisque l’on reconstruit l’ensemble de la séquence tant mentale que

motrice, liée à une activité de taille»2.

Tous les éléments de l'assemblage portent donc a priori une valeur informative devant être prise en

compte à chaque étape de l'étude. Les silex recueillis lors de la fouille de la séquence supérieure de la

grotte (ensembles 1 à 7) sont au nombre de 812, dont 693 ont été examinés. L'étude concerne les

aspects typologiques et technologiques de la série. L'approche technologique est présentée de manière

succincte, sans remontages entre les pièces ni descriptif détaillé (types de bulbes, aspects des talons,

etc.). Ces informations ont été enregistrées lors de l'étude et pourront faire l'objet d'un développement

ultérieur. Il est fait mention de caractères macroscopiques concernant les stigmates fonctionnels

présents sur les pièces lorsque ceux-ci sont significatifs. L'objectif de l'article est de donner un aperçu

global et relativement complet de la série.

1 - État de la série

La surface des pièces nous renseigne sur les conditions de conservation, considérant différents facteurs

physiques et anthropiques : état lors de l'abandon, altérations post-dépositionnelles (patines,

mouvements des objets dans le sédiment, brassages anthropiques, etc.) et traitement du mobilier lors

de la fouille puis des phases ultérieures de manipulation. Ces différents filtres induisent des

modifications plus ou moins dommageables aux diverses études réalisées ultérieurement sur les

mobiliers concernés, selon des critères propres à chaque recherche.

Le traitement des silex lors et après la fouille a ici permis de minimiser les endommagements, puisque

chaque pièce a été lavée puis conditionnée définitivement de manière isolée, sans qu'il y ait eu de

chocs majeurs entre différents silex lors par exemple d'un stockage multiple en sac unique, comme

cela est souvent le cas. Les bris résultants de ce type de conditionnement « en vrac » altèrent les pièces

de manière significative, tant pour les études typologiques que tracéologiques.

Il est à remarquer que de nombreux silex présentent une patine blanche post-dépositionnelle sur au

moins une partie de leur surface (arêtes et bords le plus souvent), phénomène qui pourrait être gênant

1 Leroi-Gourhan dir. 1988, p. 512. 2 Perrin 2001, p. 24.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 66 -

quant à une éventuelle analyse tracéologique car il brouille la lecture des traces d’utilisation3. Les

mécanismes de formation des patines sur les surfaces siliceuses sont encore méconnus, mais il

semblerait qu’un milieu humide et acide facilite leur apparition ; ceci serait donc lié entre autres

facteurs à l’«intense ruissellement de l’eau de percolation»4 en milieu calcaire auquel la grotte a été

régulièrement soumise.

Les silex brûlés représentent ici 28 % du total de la série. Le taux d'endommagement des silex par

l'action du feu peut être représentatif des activités relatives aux occupations humaines (mode de

traitement et entretien de l'outillage principalement) lorsque le contexte stratigraphique est

suffisamment bien connu et ce type d'observation systématisé. La proportion des pièces ayant subi une

dégradation thermique est précisée dans la suite de l'étude par unité stratigraphique.

Dans une optique semblable, le taux de fragmentation du mobilier siliceux est noté pour chaque

ensemble. La moyenne générale pour la série est de 46% de silex fragmentés, ce qui semble être un

pourcentage élevé au vu du nombre d'occupations marquées distinguées lors de la fouille, qui est de

sept (ensembles 2.2 à 7). Trois de ces ensembles stratigraphiques sont rattachables à des activités bien

déterminées comme aires de travail et/ou de circulations intenses (ensembles du Bronze ancien au

Néolithique final inférieur), qui auraient pu avoir un impact direct sur l'état des pièces et leur mauvaise

conservation. Ce point sera développé plus loin au cours de l'étude.

2 - Méthodologie

Les silex ont été répertoriés de manière à permettre pour chaque pièce deux niveaux d’analyse :

l'appartenance à une famille au sens technique (type de produit) et la morphologie du fragment (type

de support). Cette classification vise en effet à obtenir une homogénéisation de l’enregistrement sur

l’ensemble de la série, pour pouvoir ensuite comparer les proportions de ces différents types entre les

ensembles stratigraphiques.

Le tri des matières premières a été effectué de manière succincte, en discriminant des catégories

principalement par couleur de silex et texture, les zones corticales donnant des indications

supplémentaires sur la provenance des matières (position primaire ou secondaire des rognons, etc.).

Les variétés de silex régional (environ 40 km autour du site) et local (environ 5 km autour du site)

étant connues5, nous avons pu reconnaître un certain nombre d’entre elles de manière sûre et isoler les

types exogènes.

3 - Définitions

Les catégories de produits

Les catégories de produits permettent de replacer chaque silex dans une chaîne opératoire globale,

sans tenir compte des caractéristiques différentielles des industries selon leur contexte chronologique.

Ces catégories répartissent les objets en fonction de leur place dans la chaîne opératoire au sens large :

les silex issus des étapes techniques et/ou de débitage (qui sont la plupart du temps abandonnés)

diffèrent des produits simples et des objets typologiques (considérés comme un aboutissement des

processus de fabrication). Les restes qui ne sont pas déterminables sont enregistrés comme tels.

Technique (Tech) : pièces caractéristiques de la manière de façonner ou de débiter (chutes de burin,

éclats d'épannelage, etc.) pouvant être replacés dans une chaîne opératoire.

Typologique (Typo) : pièces mises en forme volontairement (retouche) ou ayant des stigmates d'usure

intentionnelle (ébréchures) : armatures, grattoirs, racloirs, etc. La dénomination des outils (grattoir,

3 Patouret 2006, p. 39-40.

4 Buard ed. 2007, p. 34. 5 Feblot-Augustins 2005 et Patouret 2006.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 67 -

etc.) renvoie à des formes déjà connues (par exemple Inizan et al. 1995) qui présument d'une

utilisation à partir de leur morphologie.

Production (Prod) : supports simples (éclats, lames, etc.) produits à l'aide d'une technique avec

prédétermination ou non, et dont la place dans la chaîne opératoire est restée incertaine (objets destinés

à être transformés ultérieurement en outils ou pas).

Débitage (Deb) : déchets de débitage ou de façonnage (esquilles, etc.) traduisant les gestes techniques

correspondants.

Indéterminés (Ind) : restes non identifiables.

Les catégories de supports

Les catégories de supports différencient les objets selon leur forme, qui découle des techniques et du

façonnage employés pour les produire. On distingue donc les éclats des supports laminaires (lames,

lamelles, etc.), puisque ces objets impliquent des gestes et investissements techniques différents pour

les obtenir. L’enregistrement est subdivisé selon les dimensions des supports (micro lamelles et lames,

etc.), puisque de la même manière un micro éclat peut être représentatif d’une action différente de

celle qui a produit un éclat de plus grande dimension. Les fragments inidentifiables ou produits

involontairement (esquilles, etc.) sont répertoriés dans la catégorie autres.

Éclat : fragment de silex obtenu par débitage ou façonnage, qui peut traduire une étape de la chaîne

technique (préparation du nucléus), une volonté de production (pour une utilisation ultérieure ou non)

ou un façonnage d'objet (retouche). Un micro éclat est un éclat de largeur inférieure à 1 cm.

Produit laminaire : fragment de silex à bords sensiblement réguliers et parallèles, fruit d’un débitage

prédéterminé, dont la longueur est en général égale à au moins deux fois sa largeur. Une lame est

produite en vue d’une utilisation telle quelle ou bien sous forme d’outil retouché ou composite. Une

lamelle est une lame de moins d’1 cm de large. Une micro lamelle est une lamelle de moins d’1 cm de

long. Un éclat laminaire est un éclat présentant les mêmes modalités de débitage qu’une lame, sauf la

régularité et le parallélisme des bords, qui sont en général moins stricts. Un fragment laminaire est un

fragment de lame ou d'éclat laminaire trop détérioré pour être nettement différencié.

Nucléus : bloc de dimensions variables débité pour obtenir des éclats et/ou des supports laminaires.

Les méthodes de débitage sont variables (à partir d’un plan de frappe ou de plusieurs, avec

prédétermination ou pas, etc.), tout comme les types de percussion (directe ou non, percuteur minéral

ou organique, etc.). On peut déduire ces différentes informations des stigmates restant sur le nucléus

abandonné.

Chute de burin : déchet de retouche caractérisant « le coup du burin », qui vise à détacher un petit

fragment lamellaire latéral, perpendiculairement ou parallèlement au tranchant d’un support. Le plan

ainsi créé forme un burin, qui est plus robuste qu’un tranchant brut et permet donc de travailler

finement et en profondeur des matières résistantes (bois de cerf, minéraux, etc.).

Autre : fragment non déterminable (forme ou place dans la chaîne opératoire), ou qui n'est pas produit

volontairement (esquille, arrachement thermique, etc.).

4 - Analyse des données

Nous présenterons ici les décomptes des pièces vues, les répartitions spatiales et les matières

premières présentes pour chaque ensemble stratigraphique.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 68 -

Ens. 1.1 (Gallo-romain)

Cet ensemble n’a fourni qu’un seul silex, à savoir un racloir latéral sur éclat en silex brun orangé à

grain fin (S177). La variété du silex employé est très certainement régionale, voire locale. Cette forme

d’outil étant peu explicite typologiquement, il est difficile de déterminer si cette pièce appartient bien à

l’horizon concerné ou s’il s’agit d’un brassage inter couches. Il ne faut toutefois pas exclure la

possibilité d'une utilisation expédiente à la métallurgie d'outillage en silex, un racloir tel que celui

décrit ici ne demandant que très peu de connaissances techniques pour être réalisé.

Ens. 1.2 (1er

Age du Fer)

Cet ensemble a livré très peu de matériel, dont un silex. Il s’agit d’un éclat laminaire en matière grise

opaque qui témoigne d’une production anecdotique et ne nous renseigne pas sur les influences

culturelles de cette occupation. Semblablement à la pièce retrouvée dans l'ensemble 1.1, il peut s'agir

d'une utilisation ponctuelle et pragmatique des ressources siliceuses, quoique la matière première

utilisée ici ne soit pas clairement déterminable comme étant de provenance locale.

Ens. 1.3 (Bronze final IIb-IIIa)

Les silex de cet ensemble sont au nombre de 35, peu abondants par rapport aux autres restes retrouvés

dans cette couche (1215 faunes, 41 galets, 884 céramiques). Le faible effectif de ce groupe ne permet

pas une analyse poussée de sa composition technologique. La conservation est médiocre, les fragments

concernant 60% du total et les silex brûlés 40%.

Répartition spatiale

La majorité du matériel est répartie sur une diagonale allant des mètres carrés O14-15 jusque contre la

paroi de la grotte en I16-17 (Figure 52). Compte tenu du faible effectif des silex, on ne peut déduire de

division de l’espace par rapport aux types de produits et de supports représentés, car il n’y a pas de

concentration d’un type précis en un endroit délimité. Ceci concorde avec l’ensemble stratigraphique,

qui est caractérisé par « l'absence […] de stratification, d'horizon typologique clair et d'organisation

dans la répartition du matériel [qui] indiquent un brassage des vestiges. On se trouve en présence

d'une série de fréquentations, d'occupations de faible importance mais abrasives […] »6. Par contre,

on peut voir que la diagonale réduite où sont regroupés les silex correspond aussi à l’espace de plus

grande densité des restes fauniques et céramiques (voir Buard ed. 2007, p. 85).

Catégories de supports Nombre % du total

Eclat 9 25.7

Produit laminaire 19 54.4

Chute de burin 1 2.8

Nucléus 2 5.7

Autre 4 11.4

Tableau 6 : catégories de support de l’ens.1.3.

Composition de l’industrie

La majorité des supports est composée par les produits laminaires qui constituent environ 54% du total

(Tableau 6). Le reste des supports est constitué d’éclats (25%) et de fragments indéterminés (11%) ;

deux nucléus (5,7%) et un fragment de chute de burin (2,8%) complètent cet ensemble. La préférence

pour les produits allongés montre une pérennité des techniques de taille laminaires jusqu’au Bronze

final, avec une certaine maîtrise des modalités de débitage : les deux nucléus présents (S022 et S173)

6 Buard ed. 2007, p. 84

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 69 -

montrent une extraction bipolaire de lames et lamelles très probablement au percuteur tendre.

L'utilisation du coup du burin s'inscrit ici aussi dans une continuité en lien avec les utilisations

antérieures de cette technique.

On peut donc constater que la tendance de ce petit lot est orientée vers la production de produits

laminaires (19 silex sur 35), ce qui indique un savoir-faire notable (Tableau 6). Cette idée est appuyée

par le fait que 10 pièces témoignent de gestes techniques, et 5 d’un débitage sur place. Les objets

d’ordre typologique ne sont qu’au nombre de deux : des racloirs sur éclats laminaires en silex brun

régional (S025 et S034). Ces pièces ont une morphologie qui se rapporte aux outils protohistoriques

du fait de la simplicité du support utilisé (obtenu par une technique rapide, dont l'un par percussion

directe au percuteur dur) ainsi que du façonnage des bords inexistant (le statut de pièce utilisée étant

déduit des ébréchures visibles sur les tranchants). Ce type d'outillage peu investi techniquement se

retrouve communément dans les occupations de l'Âge du Bronze jusqu'au milieu de l'Âge du Fer.

Catégories de produits Nombre % du total

Prod 18 51.4

Typo 2 5.7

Tech 10 28.6

Deb 5 14.3

Tableau 7 : catégories de produit de l’ens.1.3.

Il apparaît que les silex de l'ensemble 1.3, toutes proportions gardées vu leur nombre réduit, traduisent

des gestes orientés vers la production dans la grotte même de produits laminaires utilisables en outils

retouchés ou bruts. Cette hypothèse est appuyée par la présence de deux nucléus, l’un à lamelles

(S022) et l’autre (S173) à enlèvements laminaires, qui semblent tous deux avoir été abandonnés après

exhaustion. Le manque de pièces bien marquées typo chronologiquement (armatures, etc.) ne nous

permet pas d’établir de lien avec quelque groupe culturel que ce soit, hormis le fait que les outils

recensés pour cet ensemble correspondent bien aux formes protohistoriques.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 70 -

Figure 52 : ens.1.3, répartition des silex par catégorie de support et de produit (plan J.-F. Buard).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 71 -

Ens. 2.1 (Bronze moyen)

L’ensemble Bronze moyen a livré 99 silex passablement conservés : environ 54% sont fragmentés, et

24% sont brûlés. Leur nombre est ici aussi beaucoup plus limité que les autres types de restes (2002

faunes, 46 galets, 1091 céramiques), tendance qui se retrouve pour tous les niveaux supérieurs dans la

grotte.

Répartition spatiale

Les silex se répartissent principalement sur le centre de la surface fouillée, avec une concentration plus

marquée à l’ouest du remplissage, dans le secteur ST 14-17 (Figure 53). Les trois zones de fouille

présentent des densités de silex différentes : au fond de la grotte, le secteur LO 20-21 montre une

concentration anecdotique, tandis que la majorité des artefacts sont regroupés dans les secteurs situés

vers l’entrée du porche. Le secteur ST 14-17 a fourni 44 silex répartis sur 8 mètres carrés, soit une

moyenne de 5,5 pièces par mètre carré. Le secteur IP 14-17 a quant à lui livré 51 pièces, sur environ

22 mètres carrés, ceci équivalant à environ 2,3 silex par carré. On remarque donc que la densité de

silex est environ deux fois plus élevée dans le secteur à l’ouest de la cavité, ce qui laisserait deviner

une zone d’activités et/ou de rejet privilégiée. En comparant les densités des autres types d'artefacts

dans ce secteur7, on constate que les restes fauniques et céramiques délimitent eux aussi une petite aire

de rejet autour du foyer F11 (situé dans les mètres carrés S15 et S16). Le secteur IP 14-17 dénote

d’une densité de silex moindre et plus diffuse, qui serait à rattacher par exemple à une zone de

circulation, car on n’y retrouve aucune concentration de silex révélatrice d'une activité en lien avec

l'empierrement E10 (présent dans les mètres carrés JKL 16-17).

Les densités des types de supports confirment le fait que la zone ST 14-17 ait été pour cet ensemble le

lieu de rejets et d'activités privilégiés. En effet, les produits laminaires, les éclats ainsi que la catégorie

« autres » sont toutes au minimum deux fois plus abondantes dans la zone fouillée à l'ouest qu'en IP

14-17. Il est par contre à noter que les quatre nucléus présents ont été rejetés dans la zone à l'est du

porche : ceci pourrait concorder avec une fonction d'espace de rejet (entre autres des nucléus après

utilisation) et/ou de circulation du secteur IP 14-17. Les densités de silex examinées sous l'angle des

catégories de produits permettent d'éclairer encore davantage ces tendances :

- les restes de « production » montrent une densité trois fois plus élevée dans le secteur ouest qu'à l'est

(3,625 contre 1,2);

- les témoins du « débitage » sont deux fois plus nombreux en ST 14-17 qu'en IP 14-17

(respectivement 0,27 et 0,5) ;

- les déchets « techniques » sont légèrement plus abondants en zone ouest mais en proportions

quasiment égales dans les deux ensembles (0,68 en IP 14-17 et 0,875 en ST 14-17) ;

- les catégories très peu nombreuses telles que « typologique » et « indéterminés » renseignent

simplement sur le fait que ce dernier type d'objets n'est présent que dans le secteur à l'est du porche, et

que les outils (« typo ») ont une densité six fois plus élevée en ST 14-17 qu'en IP 14-17

(respectivement 0,25 et 0,04).

Ces éléments témoignent donc de la différentiation des deux principales zones d'occupation à l'ouest et

à l'est de la grotte par le biais des rejets de silex que ces ensembles contenaient. Il apparaît que les

densité et composition de ces rejets permettent d'inférer deux fonctions distinctes aux zones ST 14-17

et IP 14-17 : la première serait un espace de travail du silex lié à la production et à l'entretien des

supports et outils, probablement en lien avec le foyer F11, la seconde correspondant plus

probablement à une aire de rejet et/ou de circulation.

7 Buard ed. 2007, p. 93.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 72 -

Composition de l’industrie

Les types de supports (Tableau 8) sont dominés par les produits laminaires (46,5% du total), suivis par

les éclats en quantité non négligeable (35,4%), les objets indéterminés représentant environ 14% de

l’ensemble. Les catégories de produits (Tableau 9) montrent que le débitage était indubitablement

orienté vers l’obtention de supports simples (environ 60% du total), avec la présence de taille sur

place : les pièces techniques (23,3%) et les déchets de débitage (11,1%) l’attestent. Quatre nucléus

proviennent de ces niveaux (S014, S020, S035, S176). Deux d’entre eux ont servi à débiter des

produits laminaires (dont un des lamelles, S176), un autre a produit des éclats (S014), et le dernier est

une plaquette testée en deux endroits (S035).

Catégories de supports Nombre % du total

Produits laminaires 46 46,5

Eclats 35 35,4

Nucléus 4 4

Autre 14 14,1

Tableau 8 : catégories de supports de l’ens.2.1.

Dans les types de produits (Tableau 9) l’outillage est anecdotique (3%) et les fragments indéterminés

sont minimes (2%). Les objets typologiques sont au nombre de trois et traduisent la variété de

l’ensemble : il s’agit de deux racloirs sur éclats (l’un est retouché s166, l’autre non s175), et d’un éclat

laminaire dont l’un des tranchants brut a servi à découper une matière peu résistante (s167). Les

racloirs montrent que la production d'éclats a en partie servi pour la fabrication d'outils retouchés ayant

été utilisés, alors que l'unique outil sur éclat laminaire montrerait plutôt des stigmates (ébréchures

typiques) liés à une utilisation du bord brut. Avec un effectif aussi réduit il devient hasardeux

d'élaborer des hypothèses, mais ces différences de traitement selon les supports sont à noter. Les

morphologies de ces outils s'accordent avec les caractères généraux des industries en silex

protohistoriques : elles sont peu investies techniquement en ce qui concerne l'outillage de fond

commun.

Catégories de produits Nombre % du total

Prod 60 60,6

Typo 3 3

Tech 23 23,3

Deb 11 11,1

Ind 2 2

Tableau 9 : catégories de produit de l’ens.2.1.

L’analyse de l'ensemble siliceux du Bronze moyen a permis d'étoffer l'interprétation de cette

occupation du fait de la répartition spatiale différentielle qui a été détectée dans le remplissage, ainsi

que des caractéristiques techniques et typologiques qui montrent une certaine diversité. Il est en effet

manifeste que les techniques de débitage laminaire étaient connues à cette période, et les très rares

outils qui ont été récoltés attestent d'une utilisation davantage tournée vers les supports courts et épais.

Malheureusement les faibles effectifs d'outils ne nous permettent pas une réflexion plus poussée.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 73 -

Figure 53 : ens.2.1, répartition des silex par catégorie de support et de produit (plan J.-F. Buard).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 74 -

Ens. 2.2 (Bronze ancien)

Les niveaux du Bronze ancien ont livré 68 silex, qui sont très fragmentés (57,3%) et assez peu brûlés

(22%). L’ensemble des restes anthropiques de ces occupations sont peu abondants et ont subi une

fragmentation assez conséquente.

Répartition spatiale

Les silex sont clairement concentrés de manière préférentielle dans le secteur ST 14-17, à l’ouest de la

grotte (Figure 54). Quatre foyers ont été fouillés dans cette zone8 (F13, F40, F44 et F45), qui sont

situés dans les mètres carrés S15 et S16. Les autres restes (fauniques, céramiques) montrent eux aussi

une concentration marquée à cet endroit, en particulier dans la périphérie proche de la zone foyère. On

constate aussi que les types de produits majoritaires sont des pièces liées au débitage et aux gestes

techniques de la taille (éclats et autres). Ces silex sont principalement regroupés dans les mètres carrés

S15 et T15, et très peu d’entre eux montrent une altération thermique de leur surface. On peut donc

supposer que ces fragments aient été rejetés en bordure de foyer pendant le travail (en ce cas, il

s’agirait d’une activité liée à F44 ou F45), ou bien qu’ils aient été abandonnés lors d’une activité au-

dessus de structures de combustion non allumées. Dans tous les cas, on distingue très clairement un

lien entre la zone de combustion préférentielle qui voit plusieurs foyers se superposer, et le débitage de

silex autour de cette aire, qui peut alors se définir comme aire d’activités.

Le secteur IP 14-17 a par contre livré peu d’objets en silex, qui ne montrent pas de spatialité

privilégiée pour le côté est de la grotte. Deux foyers témoignent d’occupations humaines pour cette

unité stratigraphique dans ce secteur, mais seul F15, situé dans le mètre carré K16, pourrait

éventuellement être rattachable à la dispersion des silex dans les mètres carrés alentour, de la même

manière que l’aire d’activités située en ST 14-17. Il est toutefois impossible de statuer clairement sur

cette zone, la densité de silex et la conservation des niveaux paraissant trop aléatoire.

Composition de l’industrie

L’industrie liée à l'ensemble 2.2 (Tableau 10) est nettement dominée par les éclats (environ 44% du

total), ainsi que par les restes détritiques (esquilles, etc., soit 32,4%), en dernier venant les produits

laminaires (23,5%). Cette inversion des tendances précédemment observées est intéressante dans le

sens où la majorité des supports fait partie des restes de débitage, ne concernant pas la production

stricto sensu. On constate que les produits laminaires ne sont pas absents de l’assemblage, mais que

les lames et lamelles véritables sont en nombre très limité (2 sur l’ensemble). Ceci pourrait être

rattachable à la mauvaise conservation liée à ces horizons Bronze ancien, la fragmentation concernant

d’autant plus les supports longs et fins tels que les lames. Aucun nucléus n’a été retrouvé dans cet

ensemble.

Catégories de supports Nombre % du total

Produits laminaires 16 23,5

Eclats 30 44,1

Autres 22 32,4

Tableau 10 : catégories de supports de l’ens.2.2.

Les produits (Tableau 11) témoignent d’une volonté d’obtention de supports simples (36,8%), une

bonne partie ayant été effectuée sur les lieux, puisque les restes liés au débitage représentent environ

30% du total, les pièces techniques étant elles aussi bien représentées (23,6%). Les outils sont rares : il

s'agit d’un fragment de lamelle non retouché en silex blond à grain fin (S015), et d’un grattoir

circulaire sur éclat laminaire en matière locale (S032). Ce dernier montre des retouches distales (ainsi

8 Buard ed. 2007, p. 100.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 75 -

que des ébréchures latérales qui suggèrent un emmanchement), le front retouché portant des écaillures

attestant d'une utilisation probable.

Catégories de produits Nombre % du total

Prod 25 36,8

Typo 2 2,9

Tech 16 23,6

Deb 21 30,9

Ind 4 5,8

Tableau 11 : catégories de produits de l’ens.2.2.

Les occupations du Bronze ancien sont donc caractérisées par une aire d’activités en ST 14-17 qui est

clairement délimitée par l’accumulation de restes siliceux liés au débitage sur place (éclats et déchets)

ainsi que la production de supports laminaires.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 76 -

Figure 54 : ens.2.2, répartition des silex par catégorie de support et de produit (plan J.-F. Buard).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 77 -

Ens. 3.1 (Néolithique final supérieur)

Les niveaux supérieurs du Néolithique final ont fourni 36 silex, dont la conservation est assez

mauvaise, environ 33% des pièces étant brûlées et presque 39% fragmentées. L’ensemble du matériel

est peu abondant et médiocrement conservé, à l'image des structures relatives à cette phase

d’occupation (empierrement et foyers).

Répartition spatiale

Le plan de répartition des silex montre que les pièces sont dispersées préférentiellement à l’est de la

grotte, de manière peu concentrée (Figure 55). La plupart des autres restes (céramiques et fauniques)

sont eux aussi regroupés dans cette zone contre la paroi (mètres carrés JK 16-17), qui correspond à

l’empierrement E13. Cette accumulation coïncide probablement avec un espace de rejet9. Les silex

restants paraissent dispersés peu densément vers le centre de la grotte, traduisant un piétinement

vraisemblablement marqué et une mauvaise conservation de l’ensemble des témoins archéologiques, à

l’instar des six foyers présents. Ces niveaux sont interprétés comme des occupations de type bergerie

par le biais d’analyses micromorphologiques10

.

Le secteur fouillé à l’ouest (ST 14-17) ne présente que de très rares témoins anthropiques pour le

Néolithique final supérieur, ce qui suggèrerait que les occupations aient eu lieu de manière privilégiée

dans le secteur IP 14-17, à l’est du porche.

Composition de l’industrie

Les différents types de supports retrouvés pour cet ensemble d’occupations (Tableau 12) attestent

d’une dominance des éclats (44,5%), suivis de près par les produits laminaires (38,9%). Cette majorité

d’éclats concerne la catégorie des pièces techniques, la production de supports en elle-même étant

dominée par les objets laminaires. Les chutes de burins, les fragments indéterminés et un nucléus sont

présents de manière peu abondante, mais traduisent certains gestes techniques tels le débitage sur

place et le réaffûtage d’outils. L’unique nucléus retrouvé est en silex régional (S007), et il porte les

négatifs d’un débitage bipolaire d’éclats et de supports laminaires, ce qui conforte l’idée d’un débitage

de supports dans la grotte ou à proximité.

Catégories de supports Nombre % du total

Eclats 16 44,5

Chutes de burins 3 8,4

Produits laminaires 14 38,9

Nucléus 1 2,7

Autre 2 5,5

Tableau 12 : catégories de supports de l’ens.3.1.

Les types de produits (Tableau 13) s 'accordent avec ce schéma du fait de la prédominance de la

catégorie production (38,9%), suivie par les restes techniques (36,2%). La tendance générale pour cet

ensemble est donc à l'obtention de supports simple laminaires, qui traduit une orientation préférentielle

de la production. Les déchets de débitage (environ 11%) et les objets typologiques (environ 11%

aussi) complètent ce petit panel siliceux. Quatre silex sont répertoriés dans la catégorie typologique :

un racloir sur éclat (S008), deux lamelles (S013 et S170) et un racloir sur éclat laminaire (S082). Une

des deux lamelles porte une troncature latérale et des ébréchures d’utilisation (S170), la seconde ayant

des bords bruts (S013) ; les deux objets sont fragmentés. Le racloir sur éclat est façonné par retouches

latérales et distales, et montre lui aussi des ébréchures traduisant son utilisation. Le même outil sur

éclat laminaire présente des stigmates d’usure (ébréchures et émoussé), mais sans mise en forme

9 Buard ed. 2007, p. 101 et 104.

10 Buard ed. 2007, p. 101.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 78 -

préalable par des retouches. Ce petit lot d’outils nous renseigne sur des activités et des savoir-faire

divers, certains nécessitant un façonnage des tranchants, d’autres l’utilisation de bords bruts.

Figure 55 : ens.3.1, répartition des silex par catégorie de support et de produit (plan J.-F. Buard).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 79 -

Catégories de produits Nombre % du total

Prod 14 38,9

Typo 4 11,1

Tech 13 36,2

Deb 4 11,1

Ind 1 2,7

Tableau 13 : catégories de produits de l’ens.3.1.

Nous sommes donc en présence d'un ensemble cohérent, où l'obtention de supports allongés par le

biais d'un débitage produisant un nombre important d'éclats résiduels est clairement attesté. L’outillage

dénote de caractéristiques variables, avec une utilisation majoritaire de supports laminaires à bords

bruts.

Ens. 3.2 - 3.3 (Néolithique final inférieur)

Cette unité stratigraphique est formée par le regroupement de deux ensembles concomitants dans la

grotte qui présentent de fortes correspondances. Ce groupe a fourni 124 silex dont la conservation est

assez bonne, 18,5% étant brûlés et environ 40% sont sous forme de fragments.

Répartition spatiale

Aux ensembles stratigraphiques 3.2 et 3.3 correspondent deux types de répartition des silex très

différents (Figure 56).

Le secteur ST 14-17 (ensemble 3.2), dont la densité moyenne est d’environ 9 pièces par mètre carré,

présente un regroupement assez net des silex dans les mètres carrés ST 15-16, en corrélation avec la

présence du foyer F21 en S16. Cette aire montre une concentration de pièces techniques (chutes de

burin, nucléus, etc.) ainsi que de déchets de débitage et de supports. Ceci traduit probablement une

zone de travail, avec des activités telles que la taille d'éclats et de produites laminaires, le façonnage et

le réaffûtage d’outils ainsi que le rejet de produits obsolètes. Seule une petite quantité des pièces qui

sont situés dans ou bordent la surface du foyer F21 sont brûlées.

La zone IP 12-17 (ensemble 3.3) présente une densité d’environ 1,5 silex par mètre carré, et montre

une dispersion très lâche des éléments siliceux. La quasi-totalité des pièces se situe dans la partie est

de ce secteur, qui correspondrait selon les analyses sédimentologiques à une zone de bergerie. Les

types de produits retrouvés dans cette zone ne montrent pas de concentration particulière, ce qui

apparenterait ce secteur à un espace de rejet ou à une aire de circulation, l'un n'excluant pas l'autre. Les

aménagements anthropiques sont plus nombreux pour l’ensemble 3.3 que pour l'ensemble 3.2, mais on

ne peut mettre en relation aucune de ces dernières avec la disposition des restes siliceux.

Composition de l’industrie

Les supports retrouvés dans cet ensemble (Tableau 14) sont majoritairement des éclats (42,7%), puis

des produits laminaires (25,8%), ainsi qu’une petite quantité de nucléus (environ 2%) et de chutes de

burins (1,6%), avec une part importante de déchets et pièces informes (27,5%). Ce fort taux d’objets

résiduels est attribuable aux activités de débitage et probablement aux circulations importantes ayant

eu lieu pendant ces occupations. La prédominance des éclats est rattachable aux activités de taille et de

façonnage liées à l’aire de travail de la zone 3.2, puisque ces objets sont majoritairement témoins de

gestes techniques. La production pure et simple de supports concerne en premier lieu les produits

laminaires. Les nucléus présents (S009, S081 et S072) montrent des modalités de débitage bi- et

multipolaires d’éclats ou de supports non déterminables au vu leur piètre conservation.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 80 -

Catégories de supports Nombre % du total

Produits laminaires 32 25,8

Eclats 53 42,7

Nucléus 3 2,4

Chutes de burins 2 1,6

Autres 34 27,5

Tableau 14 : catégories de supports des ens.3.2-3.3.

Les catégories de produits (Tableau 15) dénotent en premier lieu de gestes techniques (37,9%) ayant

eu lieu dans la grotte pendant ces occupations, suivis de la production de supports simples (29,8%),

puis des restes de débitage (19,4%), sous forme de déchets. Les pièces typologiques restent rares (4%),

comme la proportion d’indéterminés (un peu moins de 9%). On constate donc que la majorité des

pièces traduit des activités de taille et d’entretien ayant eu lieu probablement dans le secteur ST-14/17

(catégories :Tech et Deb), pour produire des lames dont une petite partie nous est parvenue (Prod) par

le biais d'un débitage d'éclats.

Catégories de produits Nombre % du total

Prod 37 29,8

Typo 5 4

Tech 47 37,9

Deb 24 19,4

Ind 11 8,9

Tableau 15 : catégories de produits des ens.3.2-3.3.

Les types d'outils rejetés évoquent un panel d’actions plus étendu que pour les périodes plus récentes,

puisque l’on trouve deux armatures, un grattoir et deux lames portant des stigmates d’utilisation. Il est

à noter que les deux pointes de flèches ont été retrouvées dans l’ensemble 3.2, au voisinage du foyer

F21. Ces deux objets présentent des morphologies distinctes : l’une est de forme foliacée (S066),

façonnée par retouches inverses sur un silex zoné caramel rougeâtre opaque, la seconde (S001) étant

de type pédonculé à ailerons en silex caramel translucide exogène, mise en forme par retouches

couvrantes. L’unique grattoir de la série est façonné sur éclat laminaire (S127), avec un front rectiligne

à retouches abruptes et ébréchures latérales qui suggèrent un emmanchement. Un fragment de lamelle

en silex blond exogène porte des retouches latérales et de nombreuses ébréchures bilatérales (S010),

reliant cet objet à un éventuel usage comme outil composite (faucille ?). Le second fragment de lame

porte uniquement des ébréchures latérales peu profondes (S017), qui rattachent cet objet à un usage en

percussion posée sur une matière peu résistante (par exemple de la découpe).

L’assemblage siliceux du Néolithique final inférieur a donc plusieurs caractéristiques notables : la

présence d’une aire de travail nettement conservée (ensemble 3.2), la production d'objets laminaires

par le biais d'un débitage d'éclats, ainsi que le rejet d’outils en proportions et variétés plus grandes que

pour les ensembles décrits précédemment. Ces objets présentent des morphologies typiques de la

première partie du Néolithique final (avant 3000 av. J.C.)11

, en particulier le grattoir sur support

allongé et les deux armatures de flèches, celle à morphologie foliacée pouvant se rapporter à des

influences nordiques, telle que la fin de la période du groupe du Michelsberg (4100-3300 av. J.C.)12.

La pointe à ailerons est d’un type répandu pour cette période, probablement d’origine méridionale. Les

affinités avec le sud de la France sont aussi représentées par le biais des lames en silex blond exogène,

caractéristiques du bagage technique Chasséen. On se trouve donc ici au point de contact entre deux

sphères d’influences, nordique et méridionale, comme il est fréquent pour la région jurassienne au

cours du Néolithique.

11 Buard ed. 2007, p. 101-102. 12 Cauwe et al. 2007.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 81 -

Figure 56 : ens. 3.2-3.3, répartition des silex par catégorie de support et de produit (plan J.-F. Buard).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 82 -

Ens. 4 (Néolithique moyen bourguignon)

Cet ensemble a livré 101 silex, qui sont peu nombreux comparativement aux autres types de mobilier

(945 faunes, 1048 céramiques), et présentent une assez mauvaise conservation : 40,6% d’entre eux

sont brûlés, et 49,5% fragmentés. Ceci s’accorde avec la médiocre conservation des aménagements

anthropiques et la dispersion générale des assemblages13

.

Répartition spatiale

Les occupations de cette période semblent principalement concentrées au centre du porche de manière

assez diffuse dans les deux secteurs fouillés (Figure 57). Aucune structure n’étant clairement

délimitée, il est impossible d’y relier une concentration d'objets de manière significative. La zone

centrale montre une densité de silex légèrement plus marquée. Il n’y a pas d’accumulation nette de tel

ou tel type de produits, tous étant dispersés aléatoirement sur la surface, mis à part les déchets de

débitage qui semblent groupés au milieu de l’accumulation. Ceci indiquerait éventuellement une zone

préférentielle de taille ou de rejet des restes au centre du porche.

Composition de l’industrie

Les types de supports (Tableau 16) sont dominés par les produits laminaires (34,7%), suivis de peu par

les éclats (32,7%) et la catégorie autres (28,8%), les nucléus et chutes de burins étant présents en très

petites quantités (2,9 et 0,9%). La quasi égalité des proportions d’éclats et de produits laminaires est

attribuable au mode de débitage, dont les éclats majoritairement résiduels sont ici comptabilisés.

L'objectif de production premier fut donc les supports laminaires. Trois nucléus sont conservés: deux

d’entre eux ont fourni des produits laminaires (lames et lamelles, S178 et S018), l’un étant en silex

caramel à grain fin à débitage unipolaire (S178). Le seul nucléus à éclats (S164) traduit un débitage

multipolaire sur silex brun. Ces différentes modalités trahissent une volonté d’obtenir des supports de

bonne qualité en utilisant des types diversifiés de matières premières. Le taux important de déchets

résiduels et/ou informes (catégorie : autres) est attribuable à la mauvaise conservation générale des

niveaux, et aux activités de taille ayant apparemment eu lieu au cours de ces occupations.

Catégories de supports Nombre % du total

Produits laminaires 35 34,7

Eclats 33 32,7

Nucléus 3 2,9

Chutes de burins 1 0,9

Autres 29 28,8

Tableau 16 : catégories de supports de l’ens.4

Les catégories de produits (Tableau 17) renvoient clairement à l’idée d’une production de supports

simples (46,6%) in situ, la proportion de restes techniques et de déchets de débitage étant assez

importante (respectivement 26,8 et 17,8%). Un seul objet typologique a été ici conservé, il s’agit d’un

fragment de lamelle à retouche latérale (S011); cet unique indice ne permet pas d’affiner plus

précisément l’attribution culturelle de cette industrie. La part importante de supports laminaires, une

partie étant en silex blond ou caramel à grain fin, est directement rattachable aux assemblages

typiquement chasséens, avec ici une adaptation aux matières premières et besoins locaux.

13

Buard ed. 2007, p. 109.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 83 -

Catégories de produits Nombre % du total

Prod 47 46,6

Typo 1 0,9

Tech 27 26,8

Deb 18 17,8

Ind 8 7,9

Tableau 17 : catégories de produits de l’ens.4.

L’assemblage siliceux de l’ensemble 4 présente donc des caractéristiques rattachables à une industrie

d'obédience méridionale (production de supports laminaires par un débitage d'éclats, présence de

lamelle) avec une part d’adaptation locale du fait de l'utilisation de matières premières en priorité

régionales.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 84 -

Figure 57 : ens.4, répartition des silex par catégorie de support et de produit (plan J.-F. Buard).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 85 -

Ens. 5 (Chasséen moyen)

L'ensemble 5 a fourni 72 silex assez mal conservés, 36,1% d’entre eux étant brûlés et 50% fragmentés.

Répartition spatiale

Dans la partie centrale de la grotte la dispersion des pièces ne présente pas de particularité marquée.

Dans la partie est du secteur on distingue deux petits agglomérats, en K15-16 et I16. On peut donc

observer deux types de répartitions : à trame lâche, au centre et à l’ouest du porche (zones LP 14-17 et

ST 14-17), et en petites accumulations distinctes à l’est du porche secteur (zones IK.15-17, Figure 58).

Cependant, ces niveaux ne présentent pas d’aire de travail telles que celles définies pour les ensembles

2.2 ou 3.2-3.3, mais un espace de rejet diffus. Ces indices renforcent l’interprétation de cette unité

stratigraphique comme « une succession de fréquentations ponctuelles de la grotte vers 4000 - 3800

av. J.C. Chacune de ces fréquentations étant responsable de la destruction de l'organisation

antérieure, destructions indiquées par la rareté des remontages et la forte fragmentation des

vestiges14

».

Composition de l’industrie

Le tableau de décompte des catégories de support (Tableau 18) nous indique que les produits

laminaires (43,28%) priment sur les éclats (32,28%), les chutes de burin (1,49%) et les types autres

(22,39%). La relative abondance de ces derniers restes est explicable par la forte fracturation générale

des silex, ainsi qu'éventuellement par un travail sur les supports dans la grotte même. Les éclats, qui

sont en proportion minoritaire, sont attribuables pour les deux tiers à des déchets de débitage, un petit

nombre d'entre eux restant produits en tant que supports simples. L’absence de nucléus ne nous permet

malheureusement pas d'examiner les modalités de débitage des supports.

Catégories de supports Nombre % du total

Eclats 22 32.28

Produits laminaires 29 43.28

Chutes de burins 1 1.49

Autres 15 22.39

Tableau 18 : catégories de supports de l'ens.5.

Le tableau de décompte des catégories de produits (Tableau 19) atteste d'une dominance nette de la

production de supports simples (59,7% du total), suivie des restes techniques (19,4%) et des résidus de

débitage (13,43%), les fragments indéterminés représentant environ 7,4% de l’ensemble. On constate

que la finalité du débitage ayant eu lieu à cette période fut l’obtention de supports simples

principalement laminaires, une partie ayant eu lieu sur place. L’affûtage et le façonnage d’outils est

attesté par une partie des restes techniques, mais aucun objet typologique ne permet de préciser la

finalité de ces mises en forme.

Catégories de produits Nombre % du total

Prod 40 59.7

Tech 13 19.4

Deb 9 13.43

Ind 5 7.46

Tableau 19 : catégories de produits de l' ens.5.

14 Buard ed. 2007, p. 117.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 86 -

Figure 58 : ens.5, répartition des silex par catégorie de support et de produit (plan J.-F. Buard).

Cet ensemble 5 chasséen moyen est caractérisé par une forte dégradation des objets et un débitage

clairement orienté vers l’obtention de supports laminaires. Le schéma technique de cette production ne

peut malencontreusement pas être détaillé, du fait de l’absence de nucléus et d’outils. La préférence

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 87 -

pour les produits allongés est rattachable à la culture chasséenne méridionale, qui se distingue par une

production classique de lames et lamelles aux modules prédéfinis, ce trait se retrouvant tout au long de

la progression de ces influences dans les autres régions. Cette constatation est ici renforcée par la

présence de nombreuses pièces de silex blond à brun caramel, représentatives de certains traits de

cette culture dans l’industrie siliceuse.

Ens. 6 (Chasséen ancien/Saint-Uze)

Le second ensemble stratigraphique daté du Chasséen ancien/Saint-Uze a fourni 46 silex globalement

mal conservés, dont 32,6% sont brûlés et 54,3% sont fragmentés.

Répartition spatiale

La dispersion horizontale des pièces (Figure 59) ne montre pas de particularités notables, mis à part un

léger effet d'accumulation dans les mètres carrés JK 16, où la densité s'apparente à deux petits amas.

Ces derniers ne concernent pas des types de supports ou de produits particuliers. Les silex sont

globalement situés dans la zone est de fouille, avec une trame de présence très lâche. Ceci est en

corrélation, comme pour l'ensemble 5, avec des occupations successives déstructurant les vestiges

antérieurs et entraînant une mauvaise conservation du mobilier15

.

Composition de l’industrie

Les supports (Tableau 20) sont représentés pour la plus grande part (43,18%) par les fragments

informes résultants du débitage (« autres »), qui montrent à quel point les occupations concernées par

cet ensemble furent productifs en résidus lithiques. L'assemblage est ensuite dominé par la catégorie

des supports laminaires (31,82%), suivis des éclats (22,73%) qui sont en majorité des déchets

techniques. Une chute de burin vient compléter cet ensemble. La catégorie des objets laminaires est la

part la plus significative des silex retrouvés, signifiant donc un choix marqué vers le débitage de

produits allongés ; la morphologie fine et régulière de ces supports a ainsi joué en leur défaveur lors de

leur rejet, expliquant en partie l'abondante fragmentation généralisée. Aucun nucléus n'a été retrouvé

dans cet ensemble.

Catégories de supports Nombre % du total

Éclats 10 22.73

Produits laminaires 14 31.82

Chutes de burins 1 2.27

Autres 19 43.18

Tableau 20 : catégories de supports de l'ens.6.

Les types de produits (Tableau 21) permettent d'affiner la compréhension de cet ensemble, qui

apparaît comme étant orienté vers la production de supports (47,73%), avec un taux notable de restes

de débitage (27,27%) et techniques (13,64%). Les fragments non déterminés sont assez peu abondants

(11,36%), ce qui renvoie au fait que les objets de type esquilles et fragments dus à la taille (catégorie

« autres » dans les supports) sont sur-représentés dans cet assemblage. Il ne s'agit pas de fragments

informes et indéterminables produits par -entre autres- un piétinement intensif, mais de vestiges des

actions de taille ayant eu lieu in situ. Aucun outil ou objet typologique n'a été recueilli pour cet

ensemble.

L'industrie lithique recueillie pour l'ensemble 6 possède donc des caractéristiques qui attestent d'une

production préférentielle de supports laminaires, très fragmentés mais reconnaissables, par des

modalités de débitage qui ont généré un grand nombre de résidus. L'absence de pièces typologiques et

de nucléi ne nous permet pas d'approfondir la réflexion technologique sur cet assemblage. La

15 Buard ed. 2007, p.117.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 88 -

dispersion et l'état des pièces tendent à laisser penser que les occupants de cette période ont effectué

des opérations de débitage sur place et que les vestiges abandonnés ont été intensivement malmenés.

La composante fortement laminaire des supports recherchés ainsi que la forte présence de matières

premières blond à brun caramel s'accorde avec la tradition chasséenne méridionale qui privilégie

habituellement ce type de débitage.

Catégories de produits Nombre % du total

Prod 21 47.73

Tech 6 13.64

Deb 12 27.27

Ind 5 11.36

Tableau 21 : catégories de produits de l'ens.6.

Ens. 7 (Chasséen ancien / Saint-Uze)

Le Chasséen ancien à céramiques du style de Saint-Uze est composé de deux ensembles (7.1 et 7.2) à

empierrements complexes et stratifiés. Ce groupe a fourni 66 silex dont la conservation est médiocre

(environ 27% sont brûlés, et un tiers est fragmenté), cet effectif étant numériquement peu significatif.

Répartition spatiale

La dispersion des pièces est plutôt diffuse et ne montre pas de concentration marquée associable à une

quelconque fonction de l'espace. On peut simplement remarquer qu’aux deux extrémités de la surface

fouillée (secteurs ST 14-17 et IK 16-17) les densités de silex semblent légèrement plus élevées et

correspondent à des zones périphériques aux empierrements et aux foyers (Figure 60).

Composition de l’industrie

L’examen du décompte des supports de cet ensemble (Tableau 22) montre une prédominance nette des

produits laminaires (43,9% du total), suivis par les éclats (environ 35%) puis par les supports produits

involontairement (autres, 21,2%). La majorité de supports allongés (en particulier des lames et éclats

laminaires) permet de rattacher cet ensemble à la sphère chasséenne, la quantité non négligeable

d’éclats attestant uniquement d'actions de débitage. Le nombre assez important de déchets est

attribuable à un travail technique in situ. L’absence de nucléus et de déchets techniques

caractéristiques comme les chutes de burins est à noter.

Catégories de supports Nombre % du total

Eclats 23 34,9

Produits laminaires 29 43,9

Autres 14 21,2

Tableau 22 : catégories de supports de l’ens.7.

L’analyse des catégories de produits (Tableau 23) permet de confirmer la prédominance du débitage

de supports simples (presque 35% du total), dont une part au moins a été effectuée dans la grotte, les

restes de débitage et techniques en attestant (respectivement 25,8 et 28,8%). Les fragments

indéterminés sont peu nombreux (6%), et les pièces typologiques restent rares (4,5%).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 89 -

Figure 59 : ens.6, répartition des silex par catégorie de support et de produit (plan J.-F. Buard).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 90 -

Catégories de produits Nombre % du total

Prod 23 34,9

Typo 3 4,5

Tech 19 28,8

Deb 17 25,8

Ind 4 6

Tableau 23 : catégories de produit de l’ens.7.

Les outils sont représentés par une lame (S158), une bitroncature sur éclat (S159) et une armature sur

lame (S151). La double troncature sur éclat est façonnée dans un silex caramel à grain fin par

retouches abruptes latérales et distales. La pointe de flèche a été façonnée à partir d'un fragment de

lame retouché de manière abrupte latéralement et distalement, en silex gris-blond. Les deux outils

décrits ici sont des armatures faisant partie d’outils composites tels que des flèches. L’une d’entre elle

(S151) porte une ébréchure d’utilisation témoignant d’une contrainte latérale peut-être rattachable à un

emmanchement.

Leurs morphologies s’accordent avec les phases anciennes du Chasséen d’influence rhodanienne, mais

avec des formes qui ne correspondent pas parfaitement aux caractères habituels et relèveraient plus

d’un certain régionalisme16

.

Cet ensemble du Chasséen ancien présente malheureusement une petite série de silex, qui ne permet

pas d’étendre plus largement la réflexion. Les rares éléments typologiques cadrent bien avec le

contexte chrono-culturel déjà connu pour le Bugey, et la composition de l’ensemble confirme les

influences méridionales dans l’industrie de ces périodes, avec des particularités régionales (matières

premières, présence notable d’éclats, morphologies non classiques). L’absence d’éléments

technologiques plus abondants limite la compréhension du schéma technique des occupants de la

grotte à cette époque.

16

Perrin 2001, p. 88-91.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 91 -

Figure 60 : ens.7, répartition des silex par catégorie de support et de produit (plan J.-F. Buard).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 92 -

5 - Commentaire général

L’étude des silex retrouvés dans les divers ensembles stratigraphiques de la grotte a permis de détailler

les caractéristiques de chaque groupe. La conservation est globalement médiocre, à cause de la

stagnation du matériel dans un espace semi-clos, les piétinements et ruissellements divers fragmentant

les pièces. Les ensembles stratigraphiques les plus sujets aux cassures des silex sont les ensembles 1.3

(Bronze final), 2.1 (Bronze moyen) et 5-6 (Chasséen moyen), où les taux sont supérieurs à 50%

d’effectifs brisés. Ces occupations sont toutes interprétées comme des niveaux de fréquentation

ponctuels de la grotte, avec des espaces peu ou non structurés, ce qui a pu favoriser l'endommagement

des objets rejetés par une circulation aléatoire et dense en toutes zones de la grotte, en sus des

contraintes climatiques inhérentes à un tel abri (humidités, ruissellements, etc.).

On a pu constater globalement la pauvreté des ensembles en éléments typologiques (une vingtaine en

tout), probablement du fait d’occupations assez brèves de la grotte. En effet, la plupart des

établissements humains laissent supposer qu’ils n’étaient ni très denses, ni pérennes ; l’abandon

d’outils (volontaire ou non) fut peut-être réduit à cause de la rareté de ceux-ci et du soin apporté à leur

entretien.

L'examen des nucléus permet d'effectuer un récapitulatif des modes de débitage utilisés au cours des

différentes périodes chronologiques représentées dans la stratigraphie (Figure 61). Comme on a pu le

constater lors de l'analyse des différents ensembles, le débitage de produits laminaires en vue de

l'obtention de supports est plus fréquent à toutes époques que la fabrication d'éclats, sans que ceux-ci

soient pour autant absents. Les modes de débitage bipolaire et multipolaire sont prédominants,

traduisant une volonté de rentabilisation du volume du nucléus. La fragmentation multipolaire trahit en

général une adaptation à des matières premières difficiles à exploiter plus régulièrement (diaclases,

inclusions, etc.). On ne distingue pas de répartition préférentielle de types de débitage pour une époque

donnée ; il est toutefois à noter que les populations du Bronze final (ensemble 1.3) aient débité des

lamelles et produits laminaires par percussion bipolaire, car ces gestes exigent une maîtrise technique

certaine. On serait donc en présence de perduration d’un savoir-faire élaboré dans un ensemble

culturel n'investissant pas habituellement l’industrie siliceuse par des schémas techniques complexes.

Les ensembles les plus anciens (5 à 7) n'ayant pas livré de nucléus, il est impossible de commenter les

schémas de débitage concernés.

Figure 61 : classement des types de nucléus par ensemble stratigraphique (graphique J. Patouret).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 93 -

Comparaisons diachroniques

L’examen du décompte des catégories de produits par ensemble stratigraphique s’effectuera par

tendances et non par effectifs, étant donné la variabilité de ceux-ci d’un ensemble à l’autre (Figure 62

et Figure 63).

La première remarque concerne la catégorie des supports simples (« prod ») : elle domine l'effectif très

largement et ceci pour la plupart des périodes. La présence de supports en quantité importante est

explicable par au moins deux facteurs : la volonté d’obtenir des objets qui serviront tels quels ou après

retouche, et la nécessité dans certaines étapes du débitage d’éliminer différentes pièces qui ne

conviendraient pas aux objectifs de taille. On ne peut davantage écarter l’hypothèse d’un débitage

d'essai, malgré l'aspect technologiquement abouti de la plupart des supports. Les pics les plus élevés

dans les proportions de supports produits (Tableau 25) concernent le Bronze final (ensemble 1.3), le

NMB (ensemble 4) et le Chasséen moyen (ensemble 5), qui se rapportent à des occupations diffuses et

assez denses, sans répartitions spatiales du matériel bien définies. Les quantités de déchets techniques

et de débitage pour ces ensembles étant peu abondants, on peut supposer qu’une partie des supports a

pu être apportée avec les populations, voire que l'espace fut principalement investi dans une optique de

rejet. Le Bronze moyen (ensemble 2.1) représente un cas particulier. Faisant aussi partie de la

catégorie des occupations ayant produit un taux élevé de supports, l'occupation de l'espace à cette

période apparaît comme bien structurée, avec une aire d'activités attestée à l'ouest du porche. Il

semblerait donc que cet ensemble matériel se traduise, du point de vue corrélatif entre la spatialité et la

qualité des restes lithiques, comme l'occupation la plus cohérente et caractéristique de la stratigraphie.

A contrario, les occupations du Bronze ancien (ensemble 2.2), du Néolithique final (sup. :ensemble

3.1 et inf. : 3.2-3.3), du Chasséen ancien/Saint-Uze (ensembles 6 et 7) ont fourni des proportions de

déchets techniques quasiment égales voire supérieures aux supports (Tableau 25). Les groupes

matériels du Bronze ancien et du Néolithique final inférieur ont livré des aménagements de l'espace

(attestés par l'industrie lithique) tels que des aires d'activités en lien avec des structures de combustion.

Le croisement des données spatiales et mobilières permettent d'interpréter ces vestiges comme

attestant d'activités structurées de débitage et traitement du matériel en silex in situ, avec emport des

produits en résultant (inversement au cas du Bronze moyen). Les ensembles du Néolithique final

supérieur et du Chasséen ancien/Saint-Uze concernent pour leur part des dispersions diffuses et peu

denses de mobilier, sans lien avec des aménagements, que l'on peut donc interpréter comme des rejets

de restes de débitage (fonction "détritique" de l'espace) avec ou sans fabrication locale.

Les restes techniques (« tech », nucléus, chutes de burins, etc.) sont généralement moins fréquents que

les produits, sauf pour les ensembles du Néolithique final inférieur et supérieur, où leur proportion est

presque égale (ensemble 3.1) voire supérieure (ensembles 3.2-3.3) à celle des supports. Cette

abondance ponctuelle des éléments témoignant de gestes techniques sur le site peut être interprétée

comme rattachant ces vestiges à des schémas d'entretien de l'outillage plus fréquents que lors des

autres occupations. On peut aussi rattacher à cette hypothèse le fait que la fréquence la plus importante

de rejet d'outils "typologiques" (deux fragments de lamelles et deux racloirs) ait eu lieu dans

l'ensemble daté du Néolithique final supérieur (ensemble 3.1).

Les déchets de débitage (« deb », esquilles, cassons, etc.) sont présents en quantité moindre, excepté

lors de trois périodes d'occupation. Au Bronze ancien (ensemble 2.2), la fréquence de ces restes est

largement supérieure à la catégorie technique, et presque équivalente à celle des produits. L'ensemble

6 voit se répéter un schéma similaire dans la prédominance des déchets de débitage sur les éléments

techniques, alors que l'ensemble 7 possède un taux de restes de débitage presque équivalent à celui des

objets techniques. Les cas des ensembles 2.2 et 6 nous semblent attester clairement d'activités de taille

du silex sur place, au moins en ce qui concerne le Bronze ancien, et peut-être de simple rejet des

déchets pour les périodes chasséennes.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 94 -

Figure 62 : catégories de produits par ensemble stratigraphique (graphique J.-F. Buard).

Ens Catégories de produits

Prod Typo Tech Deb Ind Totaux

1.3 18 2 10 5 0 35

2.1 60 3 23 11 2 99

2.2 25 2 16 21 4 68

3.1 14 4 13 4 1 36

3.2-3.3 37 5 47 24 11 124

4 47 1 27 18 8 101

5 40 0 13 9 5 67

6 21 0 6 12 5 44

7 23 3 19 17 4 66

Totaux 285 20 174 121 40 640

Tableau 24 : effectifs des catégories de produits par ensemble stratigraphique.

Ens Catégories de produits

Prod Typo Tech Deb Ind Totaux %

1.3 51.43 5.71 28.57 14.29 0 100 %

2.1 60.61 3.03 23.23 11.11 2.02 100 %

2.2 36.76 2.94 23.53 30.88 5.88 100 %

3.1 38.89 11.11 36.11 11.11 2.78 100 %

3.2-3.3 29.84 4.03 37.9 19.35 8.87 100 %

4 46.53 0.99 26.73 17.82 7.92 100 %

5 59.70 0.00 19.40 13.43 7.46 100 %

6 47.73 0.00 13.64 27.27 11.36 100 %

7 34.85 4.55 28.79 25.76 6.06 100 %

Tableau 25 : fréquences en ligne des catégories de produits par ensemble stratigraphique.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 95 -

Figure 63 : relations entre le nombre de déchets de taille (deb) et le nombre de supports produits (prod et typo)

par ensemble stratigraphique (graphique J.-F. Buard).

Synthèse

En combinant l’observation de ces différentes catégories, on peut en tirer certaines conclusions sur les

différentes phases d’occupation :

Le Bronze final (1.3) se rapporte à une occupation assez limitée de la grotte, avec une petite activité

de débitage et façonnage sur place. On note une bonne connaissance technique de l’usage du silex.

Le Bronze moyen (2.1) est étonnant du fait du grand nombre de supports retrouvés et des

connaissances techniques des populations, qui ont là aussi effectué une partie du travail sur place.

L’utilisation du silex à cette époque est en général limitée et peu élaborée, l’ensemble examiné ici

démentant cette règle. Il s’agit peut-être d’un particularisme régional, mais la rareté des études pour

les périodes protohistoriques ne permettent pas de comparaisons. On peut considérer les occupations

de l’ensemble 2.1 comme importantes, tant du point de vue de l’intensité d’investissement de l’espace

que du bagage technique des populations.

Le Bronze ancien (2.2) traduit la présence de restes assez nombreux, avec une activité bien délimitée

dans la cavité (zone de travail) et une industrie siliceuse plutôt abondante et investie techniquement.

Les niveaux supérieurs du Néolithique final (3.1) ont livrés des restes peu abondants, et peu

caractéristiques, mais qui attestent d’une exploitation technique des ressources siliceuses.

Les niveaux inférieurs du Néolithique final (3.2 et 3.3) ont livré les vestiges d’occupations

importantes, tant du point de vue de la densité que de la caractérisation. On a pu distinguer une zone

de travail bien délimitée (témoins nombreux et attestant d’un savoir-faire technique), ainsi que

plusieurs outils caractéristiques du début du Néolithique final, avec des influences méridionales et du

nord de la France.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 96 -

Le NMB (4) a livré des silex abondants, déterminant une occupation assez dense de l’abri avec des

schémas techniques et de production d’obédience méridionale, nuancés par des adaptations aux

contraintes régionales.

Le Chasséen moyen (5) a fourni des restes importants, tournés vers la production de supports

laminaires, dont une partie traduit les influences du sud avec la présence de silex blond translucide,

l’ensemble traduisant une occupation assez dense.

Le Chasséen ancien à céramiques du style de Saint-Uze (6 et 7) est peu riche en éléments techniques,

qui attestent toutefois d’un débitage sur place, la production de produits laminaires étant ici aussi

prédominante, avec une part non négligeable d’éclats. Les éléments typologiques confirment

l’appartenance des populations à la sphère chasséenne, avec des variantes peut être attribuables aux

caractères régionaux.

6 - Conclusion

La grotte de l’Abbaye a livré une série assez peu abondante d’industries en silex, qui permet de

compléter la documentation régionale, en général fragmentaire à quelques exceptions près. Les

différents ensembles attestent de fréquentations régulières de l’abri, la plupart du temps par des

groupes humains de taille réduite, mais dont les vestiges techniques révèlent une connaissance des

savoir-faire liés à l’exploitation du silex, aussi bien dans l’utilisation des matières premières locales

(étude en cours) que dans la production d’outils. Le manque d’études régionales approfondies limite

les interprétations pour les périodes protohistoriques, mais le Néolithique moyen et final (ensembles 7

à 3.1) fournit ici des données confirmant certaines idées développées dans d’autres travaux17

, à savoir

une dichotomie d’influences existant dans la culture matérielle des populations du Bugey à ces

époques. Il apparaît en effet que la plupart des tendances morphologiques caractérisant les industries

siliceuses sont originaires du sud et tributaires des schémas chasséens, mais sont pondérées par des

influences venues du nord-est de la France à partir du Néolithique moyen et au début du Néolithique

final (Michelsberg), avec des particularismes dus probablement à l’adaptation des populations aux

possibilités régionales.

7 - Bibliographie

BUARD (J.-F.) ed. ANDRE (I.), HERITIER (L.), JAFFROT (E.), LHEMON (M.), MÜLLER (C.), PATOURET

(J.), PERRET (S.), ROCCA (R.), SARRESTE (F.) collab., 2007. Grotte de l’Abbaye I, Chazey-Bons, Ain.

Rapport de synthèse 2007. Inédit, Service Régional de l’Archéologie, Direction Régionale des Affaires

Culturelles, Rhône-Alpes. 178 p., 130 fig., 25 tableaux.

CAUWE (N.), DOLUKHANOV (P.), KOZLOWSKI (J.), VAN BERG (P.-L.), 2007. Le Néolithique en Europe.

Armand Colin, Paris. 381 p.

FEBLOT-AUGUSTINS (J.), 2005, Flints from the Bugey, http://www.flintsource.net/flint/infF_bugey.html.

INIZAN (M.-L.), REDURON (M.), ROCHE (H.), TIXIER (J.), 1995. Technologie de la pierre taillée. Préhistoire

de la pierre taillée, tome 4. Meudon, C.R.E.P. 199 p., 79 ill.

LEROI-GOURHAN (A.) dir., 1988. Dictionnaire de la Préhistoire. Presses Universitaires de France, Paris. 1288 p.,

16 pl. h.t.

PATOURET (J.), 2006. Essai d’interprétation fonctionnelle pour l’industrie lithique de la couche 58 de la grotte du

Gardon (Ain). Inédit, mémoire de Master 2, Aix-en-Provence, Université de Provence Aix-Marseille I, 89 p., 10

fig., 14 pl.

PERRIN (T.), 2001. Evolution du silex taillé dans le Néolithique haut rhodanien autour de la stratigraphie du

Gardon (Ambérieu en Bugey, Ain). Inédit, thèse de nouveau doctorat, Paris, Université de Paris I Panthéon

Sorbonne, 3 vol., 665 p., 218 pl., 175 fiches.

17

Perrin 2001.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 97 -

Figure 64 : les silex de la séquence supérieure, éléments choisis (dessins J. Patouret).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 98 -

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 99 -

CHAPITRE VI

L'industrie osseuse de la grotte de l'Abbaye

Sylvain Ozainne

La séquence supérieure de la grotte de l'Abbaye a livré une petite série de sept outils en os, dont trois

ont été découverts par J. Reymond lors de ses fouilles réalisées dans les années 1960. Les pièces sont

décrites dans les paragraphes suivants par phase d'occupation, de la plus ancienne à la plus récente.

1 - NMB (Ensemble 4)

Trois outils en os ont été attribués au NMB (Ot1, Ot2 et Ot7). Deux d'entre eux (Ot2 et Ot7) sont des

pointes sur épiphyse en poulie (PEP). Le support d'Ot2 est un métapode de gros capriné, et Ot7 a pu

être attribué plus précisément à un métacarpien de capriné domestique18

. Les deux pièces ont été

obtenues selon une chaîne opératoire identique, avec un débitage par rainurage longitudinal, puis un

façonnage par polissage. Ot7 montre également des traces d'abrasion plus grossière sur la face interne,

relevant également d'opérations de façonnage, ainsi que des traces de polissage sur son extrémité

distale, indiquant un réaffutage de la pointe. La pointe Ot2 a été fracturée près de son extrémité

proximale, probablement lors de son usage, tandis que Ot7 n'est cassée qu'à son extrémité distale. Une

pièce hors contexte (Ot6) issue des fouilles Reymond et attribuée à un "Néolithique moyen probable"

peut être rapprochée des deux outils attribués au NMB. Il s'agit d'une autre PEP aménagée sur un

métacarpien de capriné domestique, également débitée par rainurage longitudinal et façonnée par

polissage. Elle montre en outre des traces de raclage correspondant à un réaffutage de la pointe,

l'extrémité de cette dernière étant par ailleurs esquillée. La pièce Ot6 peut raisonnablement être

considérée comme issue d'un horizon chasséen.

Les PEP sur métapodes de capriné évoquent en effet clairement le Chasséen méridional, dont elles

constituent le type d'outil le plus représentatif dans le sud-est de la France et dans le massif central

(Sénépart 1992, Bazzanella 1995). Les PEP sur métapodes de petits ruminants sont également très

bien représentées dans le Cortaillod de Suisse occidentale, jusqu'en Valais à Saint-Léonard, où elles

témoignent de l'importance des influences chasséennes jusque dans la Haute-Vallée du Rhône

(Winiger 2009). Dans un contexte géographique plus immédiat, on connaît également plusieurs PEP

sur métapode de capriné dans les niveaux du NMB récent de la grotte du Gardon (3800-3600 av. J.-C),

où elles sont considérées comme représentatives d'un substrat chasséen lié à la proximité du couloir

d'influences sud-nord entre chasséen méridional et septentrional (Ozainne à paraître). Les PEP sont

toutefois généralement assez discrètes dans le NMB jurassien, et ne sont représentées que par quelques

exemplaires à Clairvaux (Motte-aux-Magnins niveau V, Voruz 1989).

L'industrie osseuse du NMB de l'Abbaye se distingue en outre par la présence d'une pointe sur

épiphyse (PED) légèrement déjetée, aménagée sur l'extrémité distale d'une fibula de suidé,

vraisemblablement du porc. Elle présente un aspect lustré et est presque intégralement façonnée par

polissage, lequel a peut-être été précédé par une opération de raclage ; aucune trace de débitage ne

subsiste. La pointe a été cassée très près de son extrémité distale. L'attribution culturelle de cet outil

très particulier demeure problématique. On connaît un objet quasiment identique dans la couche 43 de

la grotte du Gardon, elle-même attribuée à un NMB moyen-récent compris entre 3900 et 3700 av. J.-

18

Les déterminations ont été effectuées par Patricia Chiquet au Département d'anthropologie de l'Université de Genève.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 100 -

C., (Ozainne à paraître, Rey 2008). Cet outil a également été réalisé sur un distum de fibula de jeune

suidé, probablement du porc19

, et presque entièrement façonné par polissage ; sa pointe a été réaffutée

par raclage et cassée très près de son extrémité distale. De par leur morphologie et leur façonnage, les

deux pointes de l'Abbaye et du Gardon évoquent les PEF (E)20

définies par I. Sénépart (1992) dans le

Sud-Est de la France, plus particulièrement dans le Var, à la Fontbrégoua et à la Grotte de l'Eglise

supérieure. En revanche, les supports sur suidé sont totalement absents du corpus chasséen du Sud-Est

de la France (Sénépart 1992). Dans un contexte nettement plus septentrional, on connaît par contre des

pointes sur fibula de porc dans le bassin parisien dès le Villeneuve-Saint-Germain à Jablines, puis dans

le Post-Rössen de Berry-au-Bac "Croix Maigret" (Aisne) et le Chasséen de Catenoy (Oise) (Sidéra

2000). Sur le plateau suisse, il faut aussi signaler quelques outils assez proches mais beaucoup plus

courts que ceux de l'Abbaye et du Gardon, notamment une pointe sur fibula de suidé dans le Cortaillod

classique d'Auvernier-Port (Murray 1982), et un type comparable de pointe sur proximum de fibula

dans le Cortaillod classique de Montilier/Fischergässli (Ramseyer et al. 2000). Toujours en Suisse

occidentale, les pointes sur distum de fibula de suidé semblent d'ailleurs persister dans le Horgen et le

Lüscherz, comme l'attestent plusieurs pièces à Yvonand 4 (Voruz 1984).

2 - Néolithique final supérieur (Ensemble 3.11)

Un outil a été attribué au Néolithique final supérieur. Il s'agit d'une PEP aménagée sur métatarsien de

petit ruminant (Ot3). Elle a été débitée par rainurage longitudinal et fracturation, puis façonnée par

polissage. Elle présente des cassure à ses deux extrémités, et sa "poulie" est donc absente. Il est

difficile de proposer une attribution culturelle précise pour cet unique outil. Les PEP perdurent en effet

d'une manière générale dans le Néolithique récent et final. Dans le sud-est de la France, elles sont en

baisse mais toujours présentes dans le Fontbouisse, tandis qu'elles disparaissent dans le Couronnien

(Sénépart 1992). Les PEP sur métapode de petit ruminant débitées par rainurage longitudinal

persistent également dans le Jura, notamment à Chalain 3 et 4 (Voruz 1997 ; Maigrot 2003). Leur

présence à Chalain 3 est d'ailleurs considérée comme une affinité avec le Cortaillod et le NMB (Voruz

1997 : 474). Sur le plateau suisse, les PEP sur métapodes de petits ruminants régressent à partir de la

fin du Cortaillod, et sont nettement moins représentées dans le Horgen, le Lüscherz et l'Auvernier

(Voruz 1984 ; Ozainne 2003). On observe alors au contraire le développement de pointes plus longues

et plus larges aménagées sur des épiphyses de grands ruminants.

3 - Pièces hors contexte

Trois pièces associées au travaux de J. Reymond n'ont pas d'attribution chrono-stratigraphique précise.

Parmi elles, une PEP (Ot6) dont il a déjà été question plus haut peut être rattachée au NMB. Une

pointe sur épiphyse diverse (PED) aménagée sur l'extrémité proximale d'un métatarsien de petit

ruminant, débitée par abrasion puis rainurage et façonnée par polissage, peut aussi être rapprochée

d'une contexte chasséen régional (Ot4). En effet, cette pièce correspond vraisemblablement à la

récupération d'une chute de débitage de PEP par abrasion puis rainurage. Si l'usage de l'abrasion est

quasiment absent dans le chasséen du sud-est de la France et du massif central, où le rainurage

longitudinal est le plus souvent utilisé seul, l'association de ces deux techniques est nettement plus

importante dans le Cortaillod du plateau suisse, comme à Auvernier ou Montilier (Murray 1982 ;

Ramseyer et al. 2000). La même association se retrouve mais de façon plus discrète dans le Valais, à

Saint-Léonard (Winiger 2009). Ces quelques indices restent insuffisants pour attribuer

catégoriquement l'objet Ot4, qui relève toutefois vraisemblablement d'un contexte chasséen local. Le

troisième outil non attribué (Ot5) se démarque assez nettement du reste de la série. Il s'agit d'une PED

sur radius de bœuf, débitée par fracturation puis façonnée par polissage et peut-être raclage. Les PED

sur radius sont de manière générale un objet rare, à considérer plutôt comme "outil d'économie",

fabriqué de façon opportuniste en fonction des restes de faune exploitables. Dans le Néolithique final

du sud-est de la France, on constate toutefois une augmentation de l'utilisation du bœuf dans l'industrie

osseuse, et en même temps une diversification des supports tirés de cet animal, auparavant surtout

exploité pour ses esquilles (Sénépart 1992). On connaît ainsi l'existence d'outils sur radius de bœuf

19

Les déterminations de l'industrie du Gardon ont aussi été effectuées par Patricia Chiquet. 20

Pointe Entièrement Façonnée (Etroite).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 101 -

dans le Fontbouisse (Sénépart 1992 : 256). L'utilisation de radius, toutes espèces confondues, semble

en revanche beaucoup plus anecdotique voire inexistante dans le Néolithique final de Suisse

occidentale et du Jura (Voruz 1984, 1997 ; Ozainne 2003). Le débitage par fracturation constitue un

autre point commun avec le Néolithique final du sud-est de la France, au cours duquel les techniques

de débitage se simplifient et la percussion atteint un rôle prépondérant en étant souvent associée au

polissage (Sénépart 1992). La fracturation est aussi bien représentée dans l'ouest de la Suisse dès le

Cortaillod (Murray 1982). Ces quelques éléments demeurent donc insuffisants pour proposer une

attribution plus précise pour la pièce Ot5.

4 - Synthèse

Malgré la modestie de son corpus, l'industrie osseuse de la séquence supérieure de la grotte de

l'Abbaye reflète majoritairement la sphère chasséenne, puisqu'elle est essentiellement représentée par

de petites pointe sur épiphyse en poulie de petits ruminants domestiques. En revanche, elle semble se

trouver à l'écart du contexte NMB jurassien observable à la grotte du Gardon, qui, bien qu'intégrant

aussi d'indiscutables éléments issus du Chasséen méridional, se caractérise essentiellement par

l'aménagement d'outils longs sur des métapodes de cerf débités par rainurage longitudinal, un type de

support totalement absent à l'Abbaye. Paradoxalement, la PED sur fibula de suidé constitue un lien

indiscutable entre les industries du Gardon et de l'Abbaye. Ce type d'outil pourrait correspondre à une

particularité régionale (extrémité sud du Jura et Plateau suisse), possédant d'éventuelles origines

septentrionales et se retrouvant dans la région approximativement à partir de 3800 av. J.-C. (Ozainne à

paraître). La PEP de l'ensemble 3.11, seul outil véritablement attribué au Néolithique final supérieur,

est en revanche plus difficile à intégrer dans un contexte plus large. Elle représente en effet un

probable héritage du Chasséen, qui a généralement tendance à disparaître au Néolithique final. La

PED sur radius de bœuf issue des fouilles Reymond, bien que pouvant par certains aspects être

rapprochée du Néolithique final du sud-est de la France, ne peut quant à elle que difficilement être

intégrée à la discussion. En dehors de son statut hors contexte, elle pourrait en effet relever d'une

fabrication occasionnelle et constitue un type d'outil très rare tout au long du Néolithique du Jura et de

Suisse occidentale.

Pour conclure, l'industrie osseuse de la grotte de l'Abbaye présente plus d'affinités avec le Chasséen

que le NMB au début du 4ème

millénaire av. J.-C. Le rapport indéniable que l'on peut tisser dans une

fourchette chronologique très proche avec la grotte du Gardon, quant à elle pourtant beaucoup plus

proche du NMB, révèle que l'on assiste peut-être à cette période au développement de particularités

régionales.

5 - Bibliographie

Bazzanella (M.). 1995. L'industrie osseuse de Cormail dans le Massif Central (Haute-Loire, France). Genève :

Département d'anthropologie et d'écologie de l'Université (Mémoire de certificat de spécialisation en archéologie

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N° US Phase Contexte Type Support anatomique Espèce Débitage Façonnage

Ot01 4 NMB Ens.4: horizon E12 P ED Fibula (extr.dist. non épiphysée)

Suidé (porc?) Ind (Racl?)+pol

Ot02 4 NMB Ens.4: horizon E12 P EP Métapode (plutôt métatarsien)

Capriné (capra sp.) Rain long Pol

Ot03 3.1 Néolithique final sup

Ens. 3.1: horizon F12-F31-F42-E13 P EP

Métatarsien (extr.dist. épiphysée)

Petit ruminant (plutôt capriné)

Rain long+frac Pol

Ot04 0.32 Remblais Reymond P ED

Métatarsien droit (extr. prox)

Petit ruminant

Abr+Rain long+frac Pol

Ot05 0.31 Fouilles Reymond P ED L

Radius gauche (extr.prox.) Bœuf Frac (Abr?) Pol (+racl?)

Ot06 0.31 Fouilles Reymond

Néolithique moyen probable P EP

Métacarpien (extr. dist.épiphysée)

Capriné domestique Rain long Pol+racl

Ot07 4 NMB Ens.4: horizon E12 P EP Métacarpien (extr. dist.épiphysée)

Capriné domestique Rain long Pol+abr

Tableau 26 : contexte et caractéristiques typo-techniques de l'industrie osseuse de l'Abbaye. Types : PED =

pointe sur épiphyse diverse ; PED L= Pointe sur épiphyse diverse large ; PEP= pointe sur épiphyse en poulie.

Débitage : Rain long= rainurage longitudinal ; Frac= fracturation ; Abr= abrasion. Façonnage : Racl=

raclage ; Pol= polissage ; Abr= Abrasion.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 103 -

Figure 65 : outils attribués aux niveaux du NMB (Ot1, Ot2 et Ot7) et du Néolithique final supérieur (Ot3). Ot1 :

PED sur distum de fibula de suidé (probablement du porc). Ot2 : PEP sur métapode de gros capriné. Ot7 : PEP

sur métacarpien de capriné domestique. Dessins Sébastien Perret.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 104 -

Figure 66 : outils hors contexte issus des fouilles Reymond. Ot4 : PED sur extrémité proximale de métatarsien

de petit ruminant. Ot5 : PED sur radius de bœuf. Ot6 : PEP sur métacarpien de capriné domestique. Dessins

Sébastien Perret.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 105 -

CHAPITRE VII

La faune de la séquence supérieure de la Grotte de l’Abbaye à Chazey-Bons

(Ain, France)

par Patricia Chiquet

1 - Introduction

Le présent document prend en compte l’ensemble des restes fauniques issus de la séquence supérieure

de la grotte de l’Abbaye, soit près de 8000 restes de vertébrés, dont plus de 1000 ont été identifiés. Ces

vestiges se trouvent associés à une dizaine d’ensembles stratigraphiques, qui représentent presque 5

millénaires d’occupations s’échelonnant entre le Néolithique moyen et l’époque romaine. L’analyse

d’un tel matériel peut sembler de prime abord de portée limitée, compte tenu du fait que chaque niveau

d’occupation dispose d’effectifs relativement modestes. Ce corpus offre pourtant l’occasion de saisir

sur le long terme, certains modes d’exploitation du monde animal mis en œuvre au cœur d’une vallée

de faible altitude.

2 - Observations générales

Nous n’avons pas cherché à exploiter les analyses préliminaires et ponctuelles entreprises entre 1994

et 1997 par I. Chenal-Velarde (voir Buard 1997, Buard et al. 1994, 1995), dans la mesure où celles-ci

ne tenaient pas compte des dernières corrélations stratigraphiques, mises au point définitivement en

1998. Nous avons dû concevoir une analyse globale mais relativement succincte, afin de pouvoir

répondre d’une part à la volonté de connaître la liste des espèces présentes à la grotte de l’Abbaye au

cours de chacune des occupations successives, d’autre part à des impératifs de temps. Pour ce faire,

nous nous sommes limitée à une identification anatomique et spécifique des restes, en faisant souvent

l’impasse, sur bon nombre d’aspects comme l’estimation de l’âge et du nombre minimum d’individus

représentés sur le site, l’approche ostéométrique ou encore l’analyse fine de la distribution spatiale des

ossements. Malgré cela, nous avons cherché dans la mesure du possible à restituer l’économie animale

mise en place sur le site dans une perspective diachronique.

La détermination des ossements s’est déroulée au Muséum d’histoire naturelle de Genève, à l’aide de

la collection de comparaison du Département d’archéozoologie. L’enregistrement des pièces s’est

effectué par m2 et décapage, pour chaque ensemble chronologique. A propos des décomptes de restes,

la totalité des restes osseux a été inventoriée, excepté pour l’occupation romaine (ens.1.1) et celles du

Bronze moyen (ens.2.1) et ancien (ens.2.2). Pour ces dernières, les restes identifiables ont été isolés et

enregistrés, tandis que le nombre d’esquilles indéterminées a simplement été estimé sur la base de

décomptes produits à la fouille (doc. J.-F. Buard). Ces pièces apparaissent dans les tableaux sous le

terme « indéterminés estimés ». Après quelques tests, cette manière de faire, induite par des impératifs

de temps, nous a parue satisfaisante.

L’analyse archéozoologique concerne 7772 vestiges osseux représentant près de 9 kg de matériel. La

majeure partie des pièces sont en fait des esquilles de taille millimétrique recueillies lors du tamisage

systématique des sédiments. L’identification des vestiges s’est avérée relativement ardue, du fait d’une

part de cette fragmentation intense des vestiges, dont rend bien compte un poids moyen des restes d’à

peine 1.1 g (Figure 67), d’autre part de la présence d’un voile de calcaire grisâtre qui se développe

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 106 -

plus ou moins intensément autour d’un grand nombre d’ossements. Ces concrétions ainsi que certaines

altérations affectant parfois la surface des os entravent l’observation de la morphologie des os et

empêche dans bien des cas la lecture des éventuelles traces, notamment anthropiques.

Moins d’une cinquantaine de traces de découpe ont du reste été répertoriées et touchent presque

exclusivement les espèces domestiques. Les marques de dents s’apparentant à des carnivores et dans

certains cas à des rongeurs sont rares elles aussi puisqu’elles concernent moins d’un pourcent des

vestiges. On peut par contre estimer que les traces de feu affectent près d’un dixième des restes,

presque exclusivement des esquilles minuscules (poids moyen 0.3 g).

Le matériel, recueilli sur une surface d’un peu moins de 50 m2, se distribue de façon très inégale entre

les ensembles, avec notamment deux ensembles nettement plus riches que les autres (Figure 68 et

Figure 69). Malgré le nombre important de restes et la relativement bonne conservation de la matière

osseuse, peu de restes ont finalement été identifiés. Le taux de restes déterminés au niveau de l’espèce

ou du genre s’élève à 13% seulement du nombre total de restes, avec des valeurs qui oscillent entre

7% et 19% selon les ensembles. Cela correspond toutefois à 59% du poids total des restes avec des

extrêmes de 32% et 82%.

Malgré un taux d’identification au niveau de l’espèce ou du genre (y compris les caprinés) qui dépasse

rarement 15% et qui accompagne un poids moyen des vestiges compris entre 0.7 et 1.4g, le spectre

apparaît fort varié puisque l’on compte pas moins de 16 mammifères identifiés, sans compter plusieurs

micromammifères (écureuil, taupe, loir, mulot, chauve-souris etc.), diverses espèces d’oiseaux dont le

coq domestique, une tortue d’eau douce, un poisson et des amphibiens.

Les remontages n’ont pas été recherchés de façon systématique, mais presque toujours observés de

façon aléatoire, au moment de l’ouverture des sachets de conditionnement ou de l’identification. C’est

pourquoi ces liaisons s’établissent presque toujours à courte distance et au sein d’un même ensemble.

Elles sont présentes tout au long de la séquence, principalement dans les secteurs centraux. Nous en

avons observé une cinquantaine auxquels participent 159 restes osseux. La moitié de ces vestiges sont

impliqués dans 30 unités de collages, l’autre moitié dans 18 unités de remontages de type connexion

ou appariement.

Notons encore que l’industrie osseuse- il s’agit d’une quinzaine de pièces- n’est pas présentée ici

puisqu’elle fait l’objet d’une étude à part entière (Ozainne étude en cours). Les pièces figurent

néanmoins entre parenthèse dans les tableaux de décompte, de façon à pouvoir évaluer par exemple si

les ressources disponibles sur le site sont une variable déterminante dans le choix des supports

d’industrie.

Une trentaine d’ossements humains ont également été mis au jour parmi la faune du Néolithique final,

du Bronze moyen et du Bronze final. Ces pièces viennent enrichir de façon notable le corpus des

données anthropologiques (Desideri, ce volume).

S’agissant de la première publication des données, nous avons pris le parti dans un premier temps de

ne pas regrouper les ensembles mais de les présenter individuellement, en respectant le sens

chronologique. Une brève synthèse des résultats est proposée. Elle se focalise sur l’exploitation des

animaux à la grotte de l’Abbaye et tente d’en saisir les éléments les plus marquants de la séquence.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 107 -

3 - Description des ensembles

Chasséen ancien/Saint-Uze (ensemble 7.1 et 7.2, 4300-4000 av. J.-C.)

L’ensemble 7, considéré comme le niveau le mieux conservé et le plus structuré de la séquence, a livré

près de 700 restes dont une petite centaine a été identifiée au niveau de l’espèce, de la catégorie

d’espèces (caprinés) ou du genre. Les restes déterminés représentent 14 % du nombre total de restes et

82 % du poids correspondant (Figure 68 et Figure 69). Ces taux traduisent entre autres la présence

d’un grand nombre d’esquilles millimétriques indéterminables. Le poids moyen des restes est en sens

également très parlant, puisqu’il s’élève à 8 g pour les restes déterminés et atteint à peine 0.3 g en ce

qui concerne les indéterminés (figure 1).

Les ruminants domestiques, petits et grands, dominent le spectre (Tableau 27), tandis que la faune

sauvage témoigne d’une diversité qui ne sera plus égalée par la suite. Parmi les caprinés domestiques,

seul le mouton est attesté. Un tibia complet et totalement épiphysé a été attribué à un sujet adulte âgé

de plus de 3.5 ans. La taille au garrot de l’animal est estimée à 59.8 cm (Teichert 1975). Le mouton est

également à l’origine de deux fragments d’os frontaux, dont un appartient à un animal âgé de quelques

mois. La tête chez les caprinés est essentiellement figurée par des dents de chute, c’est-à-dire des dents

de lait tombées au moment du changement dentaire. Ce genre de découverte se rapporte exclusivement

aux caprinés dans cet ensemble, exception faite d’une dent de chute de cerf qui sera évoquée un peu

plus loin. Il témoigne de la présence d’animaux vivants au sein de l’abri. Nous reviendrons sur cette

question un peu plus loin. Les autres ossements de caprinés sont majoritairement des vertèbres

cervicales et quelques thoraciques appartenant à deux individus au moins et dont certaines étaient

peut-être en connexion.

Le bœuf est presque exclusivement représenté par des restes dentaires et crâniens, qui proviennent des

mètres MNOP/13-15 et paraissent appartenir au même crâne. Il s’agit d’un sujet adulte, âgé entre 4 et

6.5 ans. Un fragment d’os hyoïde découvert à proximité porte des traces de découpe très nettes, signe

que la langue a été détachée et donc que la tête a certainement été préparée (pl. 1, n°1).

Les ossements de suidés sont dispersés dans le même secteur. Un occipital complet se rapporte à un

sujet mort peu après la naissance. La plupart des autres vestiges correspondent à un second individu

âgé entre 6 et 12 mois. Une incision a été enregistrée sur un fragment de crâne (basi-occipital), en

relation à notre avis avec le détachement de la tête. (pl. 1, n°2). L’absence d’ossement dont la

croissance est achevée nous interdit d’attribuer les restes de suidés à une forme plutôt qu’à l’autre

(domestique/sauvage).

Reconnu également au Bronze moyen (ens. 2.1), le chevreuil (Capreolus capreolus) fait une timide

apparition à travers un fragment de métatarsien. Le cerf (Cervus elaphus) est lui aussi fort discret,

puisqu’il se manifeste exclusivement sous la forme d’une troisième molaire lactéale. Fait tout à fait

intéressant, il apparaît en fait sous la forme d’une dent de lait de chute, ce qui laisse entendre que

l’animal a su profiter de l’abri à un moment donné, très certainement à l’insu de l’homme. Sa présence

y est en tout cas assurée au cours de la belle saison, soit au moment du changement dentaire qui

s’effectue à l’âge d’environ deux ans (Habermehl 1985). Un minuscule fragment de bois de cervidé

brûlé a également été mis au jour dans cet ensemble.

Les restes de blaireau (Meles meles) se rapportent à deux sujets adultes. Quatre des cinq ossements

sont issus des mètres M/14-15 et pourraient appartenir au même sujet, un animal âgé d’après l’usure

importante observée sur une paire de mandibules. La martre (Martes martes) est attestée à une reprise.

La présence du lièvre brun (Lepus europaeus) est assurée. La morphologie d’une extrémité proximale

de radius s’apparente en effet très clairement à celle du lièvre (Callou 1997). L’écureuil (Sciurus

vulgaris) et le hérisson (Erinaceus europaeus) sont chacun représentés par un fragment d’os long et

issus tous deux du même m2 (L15).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 108 -

L’ensemble 7 est le seul à livrer une vertèbre incomplète de poisson (non identifiable) ainsi que les

restes d’une tortue (MNP15-16). Il s’agit ici d’une tortue d’eau douce, la cistude d’Europe (Emys

orbicularis). Ce reptile possède une carapace formée de plusieurs plaques osseuses recouvertes

d’écailles. La carapace est divisée en deux parties, la dossière (dorsal) et le plastron (ventral). Nous

disposons ici d’une scapula et de cinq fragments de plastron dont quatre remontent et forment un

fragment du xiphiplastron, tandis qu’un autre fragment est issu de l’hypoplastron (pl. 1, n°3). Cet

animal, dont la présence est en relation avec un milieu aquatique à régime lent, de type étang ou

rivière à fond vaseux, mais parfois aussi dans des torrents, est attesté dans d’autres gisements du

Néolithique, sous la forme d’éléments de carapace uniquement (Deschler-Erb et Marti-Grädel 2004,

Becker et Johansson 1981). C’est notamment le cas à la grotte du Gardon dans des niveaux du

Néolithique ancien (c.58) et moyen (c.48) (Chiquet et Chaix 2009). L’usage fait de la carapace est

inconnu mais on peut facilement comprendre l’attrait d’un tel objet, qu’il s’agisse des écailles ou de

l’ensemble de la carapace. La présence d’une scapula à la grotte de l’Abbaye pourrait indiquer qu’une

partie au moins du corps de l’animal a également été apporté, peut-être en vue d’être consommé. Un

tel usage est du reste attesté durant l’Holocène (Royer 2008).

Le canard colvert (Anas plathyrrhyncos), autre animal étroitement lié à un milieu aquatique, semble à

l’origine de trois fragments osseux (mandibule, furcula et ulna). Ces restes proviennent du secteur

IJK/16-17, où sont également visibles plusieurs ossements de rongeurs, de batracien et de lièvre. Dans

ce secteur, les autres restes sont essentiellement des esquilles millimétriques ou des ossements de

petits ruminants morts précocement. Il n’est pas exclu que ces divers vestiges soient le fait d’un autre

prédateur que l’homme. En P16, quelques traces de dents attestent en tout cas de la visite de la cavité

par des rongeurs.

Notons encore l’existence de trois atteintes pathologiques, toutes trois reconnues exclusivement chez

le bœuf. La première est un élargissement observé au niveau d’une des éminences articulaires d’un

métapode de bœuf (pl. 1, n°4). Ce genre d’anomalie a tendance à apparaître chez des individus âgés. Il

peut également être le signe d’une importante sollicitation de la musculature de l’animal, par exemple

pour la traction.

Trois molaires de bœuf appartenant au même individu présentent une anomalie au niveau leur surface

masticatoire, cette dernière présentant une usure en dent de scie (pl. 1, n°5). Sont concernées ici la

première et deuxième molaires supérieures gauches et la deuxième molaire inférieure gauche. Le

défaut qui affecte ces dents est probablement occasionné par une gêne qui intervient soit au niveau des

séries dentaires (défaut dans la chute ou l’éruption d’une dent par exemple) soit au niveau des tissus de

soutien de la dent ou de l’os (traumatisme, infection…). Nous avons pu observer un cas comparable

dans la collection de comparaison. Chez le sujet de la collection, l’anomalie est associée à des

inflammations qui intéressent des dents adjacentes et qui sont perceptibles à travers une régression du

bord de leur alvéole. Une autre atteinte concerne les deux deuxièmes molaires de ce sujet. Ces dents

présentent des striations sur la racine qui pourraient être révélatrices d’un stress (maladie, carence

alimentaire…) survenu lors de la formation des dents (pl. 1, n°6). Il n’est pas impossible non plus que

les deux atteintes décrites soient liées.

Des brûlures ont essentiellement été repérées au niveau des bandes 16-17, là où ont été aménagés trois

foyers (Buard 2007, fig. 103, F27, F37 et F38). Les stigmates les plus intenses sont visibles dans le

secteur IK/16-17, dans lequel ont été reconnus deux des structures (F37 et F38).

La zone ouest (ST/14-17) est fort pauvre en vestiges. Cet espace livre exclusivement des esquilles

osseuses, quelques dents de chute (caprinés et cerf), un bourgeon dentaire, deux ossements de taupe et

un fragment de bois de cervidé brûlé.

Les éléments les moins fragmentés sont localisés au niveau des empierrements E3 et E31 (Buard 2007,

fig. 102, 104 et 110), certainement protégés du piétinement du bétail fréquentant l’abri. Les divers

éléments reconnus dans cet ensemble indiquent une présence humaine relativement discrète ainsi

qu’une utilisation de l’abri par des caprinés domestiques, les deux présences étant sans doute liées. Les

empierrements visibles dans l’abri matérialisent peut-être des murets en relation avec le parcage de ces

animaux. En ce qui concerne les espèces sauvages, elles illustrent avant tout une fréquentation du site

par la faune environnante.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 109 -

Chasséen ancien/Saint-Uze (ensemble 6)

Cet ensemble dont l’insertion chronologique demeure en discussion fournit un corpus tout à fait réduit,

avec une vingtaine d’ossements identifiés, principalement des restes de caprinés (Tableau 27). Des

vestiges brûlés sont présents aux alentours du foyer F28 (Buard 2007, fig. 95), tandis que cinq dents de

chute de caprinés ont été observées dans les bandes 16-17.

Parmi les cinq unités de collage identifiées, deux liaisons s’effectuent avec l’ensemble 5, une autre

avec l’ensemble 7. Toutes trois sont recensées dans les mètres NO/14-15, suggérant dans ce secteur

quelques interférences stratigraphiques entre des décapages directement superposés, certainement liées

à la présence d’empierrements.

Chasséen moyen (ensemble 5, 4000-3800 av. J.-C.)

Le matériel consiste comme précédemment en de nombreuses esquilles osseuses indéterminées, d’où

un poids moyen global d’à peine 1g et un taux d’identification au niveau de l’espèce, du genre ou de la

catégorie d’espèces (caprinés) qui ne dépasse pas 10% du nombre total des restes. Le contenu de cet

ensemble se distingue de celui du Chasséen ancien/Saint-Uze (ens. 7), par une contribution bien

moindre des caprinés qui se fait au profit du bœuf et des suidés (Tableau 27). Cette différence est

délicate à interpréter, compte tenu de la faiblesse des effectifs. Il faut néanmoins souligner la présence,

dans un même m2 (N15), de plusieurs éléments d’un même maxillaire appartenant à un boeuf âgé

entre 2 et 3 ans. La dislocation du maxillaire a sans aucun doute eu tendance à accentuer le rôle de cet

animal, en termes d’effectif en tout cas. Dans cet ensemble, les restes de boeuf se répartissent en fait

en deux zones, avec la découverte également de divers ossements de veau en JK/15-17. Pour la

première fois, une dent de lait de chute a été attribuée au bœuf. En ce qui concerne les caprinés, ils

fournissent la presque totalité des dents de chute, à l’instar de ce qui s’observe dans les ensembles 7 et

6. La chèvre est pour la première fois attestée aux côtés du mouton. Les suidés sont essentiellement

représentés par des dents et des fragments de mâchoires. D’après l’état d’éruption et d’usure dentaire

(Habermehl 1975), ces vestiges se rapportent à trois sujets au minimum, soit un jeune âgé entre 1 et 2

mois, un autre âgé d’environ 6 mois et un troisième ayant un an environ.

Quant à la faune sauvage, elle est discrète mais témoigne ici aussi d’une certaine diversité

taxinomique. Le blaireau, la martre et le lièvre sont à nouveau présents, tandis que l’ours fait sa

première apparition. Un fragment de crâne paraît se rapporter à un canard du genre Anas, à l’instar de

ce qui a été observé dans l’ensemble 7.

Pour la seconde et dernière fois au sein de la séquence supérieure, un fragment de bois de cervidé

pesant moins d’un gramme a été identifié. Le fait qu’il soit issu du même mètre que celui de

l’ensemble 7 (S16), du décapage directement sus-jacent et qu’il soit lui aussi calciné, indique à notre

avis la possibilité d’un déplacement vertical pour l’une des deux pièces.

Les restes brûlés ont été reconnus principalement en LP/16-17, soit aux environs des foyers F19 et F24

(Buard 2007, fig. 94). Un tiers des stigmates a néanmoins été observé dans les bandes ST, alors

qu’aucune structure de combustion n’y a été relevée. Plusieurs vestiges, dont l’un d’eux mesure 3 cm

de long, portent les marques de leur passage dans un tube digestif, signe de la fréquentation du site par

un grand carnivore (pl. 1, n°7). De tels stigmates ont été pressentis dans d’autres niveaux mais jamais

de façon aussi claire.

A propos des quelques remontages observés dans ce niveau, deux méritent notre attention. Le premier

mobilise deux fragments de canine d’ours trouvés dans deux mètres contigus (O16 et P16), l’un issu

de l’ensemble 5, l’autre de l’ensemble sus-jacent (ens. 4). La seconde liaison s’établit entre les

ensembles 5 et 6 et concerne les deux moitiés d’un radius de blaireau (O14 et 15). Cet animal

enregistre également en M15 un appariement entre deux mandibules appartenant à un vieil individu, et

une connexion possible entre un fragment d’humérus et le radius évoqué ci-dessus. La présence

d’empierrements explique à notre avis à nouveau ces interférences. La séparation entre les ensembles

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 110 -

5 et 6 n’a du reste pas toujours été évidente à la fouille. En 2007, J.-F. Buard proposait du reste de les

considérer comme deux moments d’une même occupation.

Certains éléments rapprochent cet ensemble des deux précédents (7 et 6), mais aussi du suivant (4).

Les caprinés témoignent une fois encore de leur présence sur pied dans l’abri.

NMB (ensemble 4, 3800-3650 av. J.-C.)

Cet ensemble a livré 670 restes, en majorité des esquilles indéterminées (Figure 68 et Figure 69). La

tendance observée précédemment tend à perdurer, à savoir une présence du bœuf toujours plus forte

(Figure 70). A propos des suidés, c’est la première fois que nous attribuons un élément à une forme

précise, dans le cas présent au sanglier (Sus scrofa). Il s’agit de l’extrémité distale d’un radius non

épiphysé dont le diamètre transverse distal (DTD) est supérieur à 40 mm. Cette valeur entre en fait

parfaitement dans les marges de variation enregistrées pour le sanglier dans les couches du

Néolithique ancien et moyen de la grotte du Gardon (Chiquet et Chaix 2007, Chiquet à paraître), du

NMB de Clairvaux la-Motte-aux-Magnins V (Chaix 1989). Elle dépasse largement celles dont on

dispose pour le porc à la même époque dans la région des Trois-Lacs (Chiquet 2012), voire un peu

plus tard à Chalain (Arbogast 1997).

La faune sauvage dont la contribution peut paraître négligeable, se montre à nouveau diversifiée, avec

la présence de plusieurs carnivores (martre, blaireau, ours, renard), du castor et du lièvre. Parmi ces

taxons, seule la martre porte les traces indubitables de son exploitation par l’homme. Ce mustélidé est

représenté par une mandibule sur laquelle sont clairement visibles des stries faites au silex lors de

l’écorchage de l’animal (pl. 1, n°8).

Des stries de décarnisation ont également été répertoriées sur la branche montante d’une mandibule de

capriné et un fragment de côte.

Un peu moins d’une centaine d’esquilles brûlées ont été repérées. La plupart des atteintes sont

superficielles. Une cinquantaine de restes se distribuent en ST/15-17, avec un maximum en S/16. Les

autres sont localisés dans les secteurs centraux LP/16-17, soit également vers le fond. Ces divers

éléments sont peut-être en liaison avec des foyers aujourd’hui disparus comme semble le suggérer la

présence de galets chauffés et d’un lambeau de foyer (Buard 2007, fig. 86, F22). Ces brûlures

superficielles peuvent également découler de la mise à feu de fumiers. Le parcage de bétail semble en

tout cas attesté par quelques dents de chute appartenant principalement au bœuf (Figure 72) et

reconnues surtout dans les mètres LMN/15-16. La découverte de la majeure partie de l’outillage

osseux dans ce niveau (Ozainne ce volume) est sans aucun doute en relation avec une occupation

humaine de l’abri qui s’accompagne de certaines activités, comme en témoigne du reste la trace

d’écorchage observée sur une mandibule de martre. Aucun aménagement autre qu’un lambeau de

foyer n’est par contre associé à ce niveau.

Néolithique final, phase inférieure (ensembles 3.2 et 3.3, 3500-3150 av. J.-C.)

Parmi les presque 700 restes osseux attribués à cet horizon, une petite cinquantaine a été identifiée.

Malgré les très faibles effectifs, il semble que les suidés s’imposent cette fois en nombre de restes et

cela se produit au détriment du bœuf (Tableau 27 et 5).

Les restes de suidés sont très fragmentaires - le plus gros pèse à peine 7 g - et issus essentiellement

d’animaux en cours de croissance, voire même de sujets mort-nés. La présence de ces derniers et de

deux dents de chute est à notre avis à mettre en relation avec le maintien de sujets domestiques au sein

de la cavité. Des stries de décarnisation visibles sur un fragment de scapula et une vertèbre thoracique

témoignent de la consommation de ces animaux. Une phalange proximale de bœuf totalement

épiphysée porte également la trace évidente d’un coup, certainement en vue d’en exploiter la moelle.

Cette espèce a également livré plusieurs restes pouvant appartenir à un individu âgé d’environ un an,

c’est-à-dire mort durant les beaux jours. Les restes de caprinés sont presque uniquement des dents ou

fragments de dents isolées ou alors des dents de chute (Figure 70).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 111 -

Les mammifères sauvages ayant pu faire l’objet d’une exploitation par l’homme demeurent discrets.

Ils sont représentés par trois vestiges : un fragment distal de métacarpien de cerf, une première molaire

supérieure de martre ainsi qu’une ulna de hérisson.

Des brûlures sont visibles sur une centaine de pièces (17%), dont plus de la moitié provient des abords

du foyer F21. Cette zone concentre les restes calcinés. Des brûlures superficielles ont par contre été

observées à une trentaine de reprises au niveau des fumiers brûlés et de la zone foyère (Buard 2007,

fig. 81). Dans les deux cas, les brûlures sont accidentelles.

Quelques restes de mulot (Apodemus sp.) suggèrent la présence d’un terrier en O13.

Finalement, l’hypothèse d’une utilisation d’une partie de l’abri comme lieu de parcage est une fois

encore à envisager ici, d’autant que des fumiers brûlés de bergerie ont été identifiés à l’est de la cavité

(Buard 2009, p. 20). D’après la localisation des dents de chute et des restes de sujets périnataux,

l’ouest de l’abri pourrait également avoir été fréquenté par des suidés.

Néolithique final, phase supérieure (ensemble 3.1, 3100-2850 av. J.-C.)

Les restes osseux correspondant à cet ensemble du Néolithique final sont au nombre de 576 (Tableau

27). Les rares ossements identifiés témoignent d’un spectre presque exclusivement constitué

d’animaux domestiques, où les caprinés prennent de l’importance aux côtés des suidés (Figure 70).

L’élevage du bœuf semble en perte de vitesse et cette tendance se poursuit jusqu’à l’Âge du fer. En

termes de poids (Figure 71), le bœuf demeure néanmoins majoritaire tandis que les suidés se montrent

en fait fort discrets, malgré leur prépondérance numérique. Cela tient surtout au fait que les suidés sont

essentiellement représentés par des dents et des restes de sujets immatures, tandis que les caprinés ont

surtout livré des éléments appartenant à des animaux adultes.

Le cerf est une fois encore le seul mammifère sauvage attesté. Il apparaît sous la forme d’une dent de

chute, situation que nous avons déjà rencontré dans l’ensemble le plus ancien de la séquence (ens. 7)

et qui indique qu’un sujet se trouvait dans l’abri au moment où s’est effectué le changement de dent.

La présence de plusieurs ossements de loir en bordure de paroi (L/15-16) peut certainement être mise

en relation elle aussi avec une fréquentation de la grotte par la faune environnante, lorsque les hommes

n’y séjournent pas.

Les restes de caprinés montrent une distribution digne d’être relevée puisqu’ils se concentrent

principalement contre la paroi est (en I16) et que plusieurs paraissent appartenir à un pied postérieur

de jeune chèvre. Dans un mètre adjacent (J17), un maxillaire et une mandibule droites proviennent

d’un même sujet adulte âgé de 3-4 ans. Ces observations indiquent que la concentration de vestiges

observée contre la paroi a gardé une certaine cohésion.

Une quarantaine de vestiges portant des brûlures superficielles a été repérée au même emplacement

(IJK/16-17), qui correspond en fait à celui de l’empierrement E13, interprété comme une zone de

rejets, et à celui de deux foyers (Buard 2007, fig. 79, F18 et F23). Les rares stries de découpe

reconnues dans cet horizon sur quelques esquilles proviennent également de cette zone.

L’ensemble de ces éléments peut se rapporter à des déchets de préparation et de consommation

évacués à un moment donné en direction de la paroi. Il faut toutefois s’interroger sur la raison de la

présence, au même endroit de plusieurs fragments crâniens humains.

Quelques dents de chute de bœuf et de caprinés () dispersées dans la zone de plus forte concentration

de vestiges indiquent pour leur part la présence d’animaux vivants durant la belle saison. L’idée d’un

parcage d’animaux au sein de l’abri est appuyée ici par l’identification de fumiers de bergerie (Buard

2007, Sordoillet 1994).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 112 -

Bronze ancien (ensemble 2.2, 2000-1700 av. J.-C.)

Le matériel de cet ensemble est peu parlant (Tableau 28), avec un taux d’identification d’à peine 8%.

Les ongulés de taille moyenne (suidés et caprinés) apparaissent à nouveau majoritaires en nombre de

restes et la présence du porc est dès à présent assurée. Les suidés sont les seuls à avoir livré quelques

ossements d’un jeune sujet, dans le cas présent un périnatal. Le bœuf est exclusivement représenté par

des restes issus de la tête, dont trois dents de chute et un fragment de maxillaire appartenant à un

animal adulte âgé entre 4 et 6.5 ans. Les caprinés ont surtout livré des dents isolées, des tarsiens et des

fragments de tibia appartenant à des sujets adultes. En ce qui concerne l’exploitation bouchère des

animaux, les stries de désarticulation visibles sur un talus de capriné en constituent l’unique

témoignage.

Le cerf est l’unique représentant de la faune sauvage. Il est attesté ici par une moitié distale de radius

dont l’épiphyse n’est pas soudée, signe que l’os appartient à un sujet en cours de croissance, âgé de

moins de 4 ans (Habermehl 1985).

Un carpométacarpe de coq domestique a été identifié à l’ouest de l’abri (S15). Il s’agit d’un élément

intrusif, puisque la présence de cet oiseau sur le territoire français n’est véritablement assurée qu’à

partir de l’âge du Fer. Cet élément provient à notre avis du niveau d’occupation romaine qui a livré

sept ossements de coq domestique dans le mètre T15 directement adjacent. L’aménagement de la

structure st31 et des foyers alentours durant l’époque romaine est sans doute à l’origine du

déplacement.

Dans ce secteur ont également été mis en évidence des foyers datant du Bronze ancien. Une trentaine

d’esquilles osseuses calcinées y a également été observée.

Bronze moyen (ensemble 2.1, 1500-1300 av. J.-C.)

Il s’agit de l’ensemble le plus riche de la séquence supérieure, avec près de 2000 restes, soit plus de 2

kg de matériel osseux (Figure 68 et Figure 69). Le taux d’identification (Figure 73) ainsi que le poids

moyen des restes (figure 1) sont assez comparables à ceux disponibles pour les occupations

antérieures, avec une baisse toutefois du poids moyen des restes déterminés. Cette tendance, qui va

s’accentuer jusqu’à l’Âge du fer, est probablement lié entre autres à une contribution de plus en plus

réduite du bœuf (Figure 70 et 7).

Les restes déterminés appartiennent dans 98% des cas à des mammifères domestiques (Tableau 28).

Le fait le plus marquant ici réside dans la progression des caprinés, qui a lieu au détriment des suidés

(Figure 70 et 7). D’un point de vue anatomique, l’ensemble du squelette est représenté chez les

principales espèces, avec une prédominance de la tête et des pieds. Les os longs de bœuf sont quasi

inexistants mais cela pourrait très bien être lié à l’intense fragmentation des os qui empêche leur

identification. Les vestiges de caprinés sont dans la moitié des cas des dents isolées. Le mouton et la

chèvre sont attestés. Un fragment de frontal témoigne de la présence d’un mouton acère. En ce qui

concerne les suidés, peu de pièces ont pu être attribuées directement à la forme domestique, du fait de

la fragmentation mais aussi de la forte proportion de jeunes voire de très jeunes sujets. Le chien fait

une timide apparition pour la première fois de la séquence. La mesure prise sur l’extrémité distale d’un

fémur (DTD : 25.5) est comparable à celles dont nous disposons pour les chiens néolithiques du Jura

et du Plateau suisse (par ex. Arbogast 1997, Becker et Johansson 1981, Chiquet 2012) qui sont de

taille moyenne et de constitution gracile (Arbogast et al. 2005).

Pas moins de 33 dents de chute ont été enregistrées, dont une quinzaine appartient à des caprinés,

tandis qu’une dizaine de pièces se rapporte clairement au bœuf (Figure 70, pl. 1, n°9). Quelques pièces

sont issues de suidés. Ces vestiges indiquent que l’abri a accueilli suffisamment longtemps ou

fréquemment des animaux vivants pour qu’au minimum deux suidés, trois bœufs et trois caprinés

procèdent à des changements dentaires. D’après les âges d’éruption des prémolaires définitives

retenues par Habermehl (1975) pour le bœuf, le mouton et le porc, on peut estimer un changement au

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 113 -

printemps voire en été. Pour la chèvre, la chute des molaires de lait s’effectuerait plutôt à l’automne.

On peut donc en conclure que les animaux étaient présents dans la grotte au moins entre le printemps

et l’été, voire jusqu’en automne. La présence de restes de suidés périnataux et même de fœtus est à

notre avis un autre témoignage de l’existence de porcs vivants au sein de l’abri au moment des

naissances, c’est-à-dire plutôt au printemps.

Les espèces sauvages demeurent une fois encore fort discrètes. Le cerf est représenté par un bourgeon

de molaire lactéale, tandis que le chevreuil apparaît sous la forme d’un fragment distal de radius. Le

renard et le chat sauvage livrent eux aussi des restes isolés. Aucune trace d’origine anthropique n’est

visible sur ces os.

Quelques os d’oiseaux appartiennent à un corvidé de la taille de la pie. Un coracoïde d’hirondelle est

également présent. Ces vestiges, localisés tout contre la paroi est, en L20 trahissent à notre avis la

fréquentation du site par un animal prédateur.

Quant aux ossements de batraciens et de micromammifères, localisés exclusivement en S15-17 et

MNO16-17, ils mettent également en garde contre de potentielles perturbations dans ces zones.

Quelques marques de dents notamment de rongeurs ont été observées sur plusieurs os, dont quelques

uns appartiennent aux suidés (pl. 1, n°10). Ces vestiges proviennent du mètre I17 localisé contre la

paroi, au niveau de l’empierrement E10 et illustrent l’intervention d’animaux profitant des déchets.

Moins d’une dizaine de traces de découpe ont été repérées. Certaines stries traduisent une opération de

désarticulation du talon visible au niveau d’un os malléolaire chez un bœuf, d’un naviculaire chez un

petit ruminant. Les incisions profondes et parallèles entre elles observées sur un fragment de coxal de

bœuf au niveau de l’épine sciatique relèvent à notre avis du détachement de l’importante masse

musculaire qui prend assise à cet endroit. Un prélèvement de la langue chez cette espèce est également

attesté sur un élément de l’appareil hyoïdien. La décarnisation a également été enregistrée sur la face

interne de deux côtes (pl. 1, n°11) ainsi que sur les processus transverses de deux vertèbres lombaires

de petits ruminants, une des vertèbres présentant également la trace d’un coup visant une segmentation

de la colonne vertébrale (pl. 1, n°12).

Quelques dizaines d’esquilles millimétriques brûlées plus ou moins intensément ont été observées en

S16, soit précisément à l’emplacement du petit foyer F11. Des restes brûlés sont également présents

vers le fond de l’abri ainsi qu’en MNOP 15-17.

Contre la paroi est ont été identifiés divers vestiges se rapportant aux pieds d’une jeune chèvre, à

l’instar de ce que nous avons observé dans l’ensemble 3.1.

Au terme de ce descriptif, il faut admettre que la grotte a abrité divers animaux domestiques. Il ne

s’agit pas seulement d’une bergerie puisque les bœufs et les suidés y ont également été maintenus sur

pied un certain laps de temps. La présence d’un foyer et de traces de boucherie en relation avec la

consommation de bœuf et de caprinés indique que les hommes ont également séjournés dans l’abri,

peut-être au même moment. Notons encore qu’une dizaine de restes humains se trouvent dispersés

parmi la faune, essentiellement au centre de l’abri et en direction du nord.

Bronze final IIb-IIIa (ensemble 1.3, 1000-850 av. J.-C.)

Cet ensemble a livré 1187 restes osseux (1611.03 g). Il s’agit là du deuxième ensemble le plus riche de

la séquence (Figure 68 et Figure 69). Les espèces domestiques sont une fois encore représentées de

façon massive (Tableau 28). Elles entretiennent des rapports assez semblables à ceux décrits pour

l’ensemble du Bronze moyen, avec une majorité de restes issus des espèces de taille moyenne (Figure

70). Les caprinés (chèvre et mouton) se retrouvent en tête, suivis de près par le porc , tandis que le rôle

du bœuf s’amoindrit nettement, avec un recul qui s’enregistre également au niveau du poids. Le boeuf

détient toutefois encore un rôle comparable aux deux autres taxons, du point de vue du poids des restes

(Figure 71). A propos du sexe des individus, on notera la présence d’une truie adulte et d’une chèvre

ou brebis.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 114 -

Le chien apparaît à différentes reprises. Deux individus ont été identifiés, l’un de taille moyenne,

l’autre nettement plus grand. L’Âge du bronze voit en effet le développement d’individus nettement

plus grands et plus robustes aux côtés du chien de taille moyenne qui est la norme au Néolithique

(Arbogaste et al. 2005). Un radius d’oiseau (O/17) ainsi qu’un fémur (S/17) ont été attribués sans

équivoque au coq domestique (Gallus gallus), à l’aide de la clé d’identification proposée récemment

par Tomek et Bochenski 2009. Trois autres restes (des fragments de bassin, de sternum et d’humérus)

semblent également se rapporter à ce gallinacé, sans certitude toutefois. Les ossements de coq sont ici

encore intrusifs. En effet, certains éléments proviennent des deux seuls secteurs ayant livré des restes

de coq dans les décapages rattachés à l’époque romaine. Une interférence avec le niveau de l’âge du

Fer a du reste également été observée pour la céramique dans le secteur LP/16-17 et mise au compte

d’une faible stratification ou d’un remaniement (Buard 2007, p. 83). Le fait que les ossements de

rongeurs proviennent essentiellement de ces zones pourrait être un indice supplémentaire des

bouleversements ayant pu avoir lieu.

Aucun reste d’ongulé sauvage n’a été déterminé, à l’exception d’une molaire de lait à peine usée

appartenant à un faon. Nous avons par contre reconnu, parmi les restes de carnivores, une phalange de

renard ainsi que deux métatarsiens et un fragment de scapula de chat sauvage. Outre le coq, d’autres

oiseaux ont été identifiés, principalement des passereaux. Certains restes s’apparentent à des corvidés

(Corvidae) de la taille de la pie bavarde, d’autres nettement plus petits à des fringilles (Fringillidae) de

la taille du pinson des arbres ainsi qu’à des grives (Turdidae) de la dimension du merle noir. Un

fragment de tarsométatarse pourrait appartenir à une chouette hulotte (Strix aluco), tandis que la

moitié proximale d’un humérus se rapporte très clairement à une marouette ponctuée (Porzana

porzana). Cet oiseau, dont l’existence est intimement liée à la présence de zones humides, a déjà été

reconnu non loin de là, à la grotte du Gardon, dans des niveaux du Néolithique moyen (Chiquet 1997).

Enfin, un fragment d’os long correspond à un oiseau de la taille d’un cygne.

Les os de corvidés, il s’agit d’une dizaine de pièces, sont issus du mètre L/20 situé contre la paroi est,

à l’instar de ceux que nous avons reconnu dans l’ensemble 2.1. Les deux lots d’ossements paraissent

anatomiquement complémentaires et pourraient être issus d’un seul et même individu. Il faut

également signaler dans le même secteur la découverte d’une mandibule de loir (Glis glis), d’un radius

de chauve-souris du genre Myotis (grand murin (Myotis myotis) ou petit murin (Myotis bliti) et d’un

coxal de rongeur de la famille des muridés, dont la taille s’apparente ici à celle d’un rat. Ces diverses

observations tendent à indiquer que ces éléments matérialisent une accumulation tardive liée à

l’activité d’un prédateur comme le blaireau, la martre, le renard ou le chat sauvage, dont la présence a

été mise en évidence à l’Abbaye.

L’état de surface (concrétion, dissolution) et la fracturation des restes empêchent dans bien des cas

l’examen des traces. A peine une dizaine de marques de dents a pu être observée, presque

exclusivement à l’avant de l’abri et essentiellement sur des restes d’animaux de taille moyenne.

Les traces de boucherie sont elles aussi rares mais localisées pour leur part sur des vestiges issus du

fond de l’abri et à l’est des secteurs centraux, soit dans les zones les moins piétinées. Tandis que

quelques coups ont été observés sur des vertèbres lombaires de bœuf et peut-être celle d’un porc, le

prélèvement de la viande est attesté à trois reprises, sur une ulna et une vertèbre lombaire de bœuf

ainsi que sur une côte appartenant à un mammifère de taille moyenne. Des restes brûlés (NR :73) et

parfois même calcinés forment quant à eux de faibles concentrations dans et aux abords des mètres

MN/20 et NO/16-17. Seule la seconde correspond à l’emplacement de structures identifiées (st27 et

st33).

D’un point de vue spatial, plusieurs zones se dessinent au sein de l’abri :

- à l’ouest, les vestiges sont relativement peu nombreux, et consistent essentiellement en des dents de

porc et de caprinés. Cette zone a également livré une dent et un fragment de crâne humains (T/15-16).

- les secteurs nord sont les seuls à avoir livré des restes de carnivores sauvages (renard et de chat

sauvage). Les os de félidé proviennent d’un unique m2 (P/24) et appartiennent sûrement au même

animal. Dans cette partie de la grotte, les ossements sont presque exclusivement issus de la chèvre et

du mouton. Les seuls ossements de bœuf identifiés sont des vertèbres lombaires et coccygiennes qui

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 115 -

représentent très certainement un même tronçon squelettique. Des traces de coup sont visibles sur une

des vertèbres lombaires. C’est également tout au fond de l’abri qu’une quinzaine de restes humains ont

été mis au jour. Ces restes, mêlés aux ossements de faune, sont issus exclusivement des pieds et des

mains (OPQ/22-24) d’au moins un sujet de taille adulte.

Des restes d’oiseaux et de micromammifères, découverts en L/20, tout contre la paroi, traduisent une

accumulation due à un autre prédateur que l’homme. Quelques dents et phalanges de suidés et de

caprinés se distribuent aux alentours. Rappelons qu’une légère concentration de restes brûlés a été

reconnue à proximité, en MN/20.

- enfin, le centre de l’abri rassemble la majeure partie de la faune et la presque totalité des dents de

chute. En ce qui concerne les caprinés et le porc, l’ensemble du squelette est représenté, avec

cependant une forte proportion de dents. Les os relatifs à l’extrémité des membres sont également

assez fréquents. Le bœuf a livré quelques dents et des fragments d’os longs appartenant à un animal

âgé, dont la découpe est assurée à deux reprises. Ces vestiges se concentrent en NOP/14-15. Quant aux

restes de chien, ils proviennent exclusivement des secteurs centraux.

La découverte d’une quinzaine de dents de lait de chute appartenant à des caprinés est à nouveau le

témoignage probant de leur présence sur pied au sein de l’abri, essentiellement au niveau des secteurs

centraux. D’autres animaux ont sans aucun doute eux aussi fréquenté la grotte de leur vivant, puisque

nous avons repéré une molaire et plusieurs incisives lactéales de suidés dont les racines sont

totalement résorbées (Figure 70). Un cas comparable est suspecté pour le bœuf et le chien. L’absence

de stratification et d’organisation relevée pour cette occupation dans le cadre de l’étude céramique

peut aisément s’expliquer par le piétinement, qui a dû particulièrement affecter le centre de l’abri,

d’après la distribution des dents de chute. Sans avoir recherché de raccords, quelques collages et

connexions indiquent qu’une certaine cohésion entre les vestiges persiste toutefois, ne serait-ce qu’au

fond de l’abri.

Âge du Fer (ensemble 1.2, non daté, traces de Hallstatt C)

Cet horizon a livré une centaine de restes, dont seule une dizaine à peine a été identifiée (Tableau 29).

Il s’agit presque exclusivement de dents isolées appartenant principalement à des caprinés et au porc.

La présence du chien est attestée à travers une dent, tandis qu’un fragment de temporal trahit celle du

bœuf. Une dent jugale appartenant à un rongeur de la famille des Arvicolidae a également été

identifiée en J/17.

Signalons encore la reconnaissance, dans les mètres P/14-15, d’une dizaine d’esquilles présentant une

coloration pouvant varier du brun au blanc, qui témoigne de leur contact avec une source de chaleur.

Un foyer (F17) est localisé à proximité (Buard 2009, p. 17).

Epoque romaine (ensemble 1.1, Antiquité tardive)

L’ensemble 1.1 correspond à un niveau d’occupation pouvant être rattaché à l’Antiquité tardive sur la

base de l’étude céramique (André 2007). Plus de 300 vestiges osseux sont associés à ce niveau (Figure

68 et Figure 69), dont une grande partie provient des mètres ST/15-16, à l’instar de ce qui a pu être

observé pour le reste du mobilier (André 2007, fig. 53), soit aux abords immédiats des aménagements

St31 et F47 (André 2007). Les restes déterminés représentent 17% du nombre total de restes et 47% du

poids correspondant. Ces taux traduisent une fragmentation assez importante des ossements. La moitié

des vestiges font moins de 2 cm dans leur plus grande longueur.

A l’exception d’un fragment de diaphyse de métatarsien attribué au cerf (K/17), tous les restes

identifiés appartiennent à des animaux domestiques (Tableau 29). Nous avons reconnu le bœuf, le

mouton, le porc et la poule. La présence de la chèvre n’est pas assurée. En nombre de restes, les quatre

taxons contribuent de façon relativement équilibrée au spectre, avec une dominance tout de même des

petits ruminants. En termes de poids, le bœuf est à nouveau majoritaire.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 116 -

Les ossements de poule sont attribuables à deux ou trois sujets. Ils proviennent d’une part du secteur

occidental (T/15-16), d’autre part des mètres LMNO/16-17. Les restes de porc représentent au moins

trois sujets, dont un mâle et un sujet mort plus ou moins à la naissance (J/16). Le bœuf n’a livré que

des vestiges relatifs à la tête et aux pieds, exception faite de deux fragments distaux d’humérus

appartenant à des individus distincts de taille adulte. Les restes de petits ruminants, issus des

différentes parties du corps, excepté les doigts, appartiennent à deux sujets adultes au minimum.

La plupart des restes présentent un voile de concrétion grise, alors qu’une dissolution plus ou moins

superficielle de la matière osseuse est particulièrement forte dans les secteurs ST/15-16. Différents

témoignages d’une exploitation de ces animaux par l’homme nous sont malgré tout parvenus. Ainsi,

de fines incisions en rapport avec la décarnisation ont été repérées sur deux fragments de côtes

appartenant probablement à des caprinés. Plusieurs impacts reconnus sur la partie distale de la

diaphyse d’un humérus de capriné illustrent la désarticulation du coude (pl. 1, n°13). Un geste de

même nature semble affecter un humérus de bœuf. La fracture d’une première phalange de bœuf

pourrait quant à elle signifier l’ouverture intentionnelle de l’os en vue de tirer profit de la moelle.

Enfin, l’extrémité proximale d’une ulna de poule montre un enlèvement bordé de stries qui nous paraît

intentionnel et pourrait se rapporter à une désarticulation de l’aile.

Quelques restes calcinés ont été observés en S/16-17 et P/14, soit à proximité des foyers F47 et F43,

tandis qu’une vingtaine de restes légèrement brûlés (coloration brun-noir) et pouvant ne former qu’un

seul fragment de mâchoire de bœuf sont issus des mètres T/15-16, c’est-à-dire de l’épanchement

limono-charbonneux noirâtre St31 fonctionnant peut-être avec le foyer F47 (André 2007).

En ce qui concerne l’interprétation de ces restes, il ne semble faire aucun doute que certains animaux

ou parties d’animaux ont été consommés sur place, ne serait-ce que d’après les traces de boucherie

encore visibles sur quelques os. Les animaux de taille moyenne (caprinés, porc) ont dû être exploités

intégralement sur le site, puisque l’ensemble du squelette paraît représenté. Cela ne semble pas le cas

du bœuf, puisque celui-ci a essentiellement livré des restes relatifs à la tête et aux extrémités des

pattes. Notons néanmoins que la plupart des restes issus de la tête sont en fait les vestiges légèrement

brûlés localisés en T/15-16 et décrits plus haut, qui pourraient se rapporter à un seul individu.

Compte tenu de la simplicité des aménagements anthropiques et de la taille plutôt modeste du corpus,

il semble s’agir d’une occupation plutôt occasionnelle du lieu, au cours de laquelle des animaux

domestiques ont été consommés. Fréquentée tardivement, dans une période d’insécurité (André 2007),

la cavité a pu faire office de refuge temporaire, à l’instar d’autres grottes. Le fait qu’aucune dent de

chute de caprinés ne soit associée à cet ensemble, alors qu’elles sont présentes dans tous les autres

niveaux de la séquence supérieure, invalide à notre avis l’hypothèse qu’il s’agisse d’une bergerie. La

découverte d’une scapula appartenant à un suidé plus ou moins mort-né laisse toutefois imaginer que

des animaux ont pu être gardés sur pied un certain laps de temps au sein de la grotte ou aux alentours.

4 - Synthèse et perspectives

Comme nous avons pu nous en rendre compte, la diversité dont témoigne la faune de la séquence

supérieure de la grotte de l’Abbaye tient surtout à la présence d’une multitude d’espèces sauvages au

demeurant fort discrètes tout au long de la séquence. Témoins fugaces de la diversité des biotopes

environnants (forêt, lisière, prairie, plans d’eau…), leur rôle s’amoindrit au fur et à mesure du temps

qui passe, avec probablement un recul un peu plus net au cours du Néolithique final, voire déjà à la fin

du Néolithique moyen. Cette évolution peut bien sûr traduire des changements dans l’utilisation et la

fréquentation de la cavité, mais elle peut également se faire l’écho des transformations qui s’opèrent

de façon plus générale à la fin du Néolithique dans le paysage et qui découlent d’une emprise de plus

en plus forte de l’homme sur le milieu. Un lien entre ces deux propositions n’est du reste pas exclu.

L’hypothèse d’une halte de chasse peut à notre avis être totalement écartée quelle que soit la période

considérée, puisque les restes de faune sauvage, même relatifs à une première étape de préparation des

animaux, font presque totalement défaut. Parmi les espèces carnivores, seule la martre témoigne d’une

exploitation anthropique. Le chevreuil et le sanglier sont mentionnés à une ou deux reprises au cours

de la séquence. Parmi les ongulés sauvages, le cerf est en fait le représentant le plus constant et

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 117 -

pourtant il n’est à l’origine que de sept restes, parmi lesquelles deux dents de lait de chute. Ces

dernières ne se rapportent certainement pas à des animaux chassés. Il semble plus probable que la

cavité ait servi de refuge temporaire à de jeunes cerfs au moment où s’effectuait un changement

dentaire. La présence dans l’abri de micromammifères, de passereaux et de certains carnivores

sauvages, semblent elle aussi indépendante d’une volonté humaine. Elle trahit une fréquentation du

site par la faune environnante soit à l’insu des hommes, soit à une période où ces derniers sont absents.

En ce qui concerne la faune domestique, elle apparaît très largement dominante tout au long de la

séquence. En termes de poids des vestiges, le bœuf domine généralement. Les caprinés ont toutefois

tendance à s’imposer de plus en plus durant l’Âge du Bronze, jusqu’à rivaliser avec le bœuf au Bronze

final. Du point de vue du nombre de restes, plusieurs inflexions dans les contributions respectives sont

perceptibles (Figure 70) mais demeurent difficiles à interpréter, du fait d’effectifs plutôt faibles.

Prédominant au Chasséen ancien (et début du Chasséen moyen ?), l’élevage des caprinés enregistre

ensuite un net recul avant de progresser à nouveau à la fin du Néolithique final. Il demeure

prépondérant dès le Bronze moyen. Parallèlement, le bœuf enregistre une très nette progression durant

le Chasséen moyen et récent puis va graduellement diminuer jusqu’à la période romaine.

Le rôle du porc est plus difficile à circonscrire. En effet, l’intense fragmentation qui se traduit pour les

suidés par un poids moyen de 2.4 g, ainsi que la présence presque systématique d’ossements

d’individus en cours de croissance empêchent bien souvent leur attribution à la forme domestique

plutôt que sauvage. Bien que la présence du porc ne soit clairement assurée qu’à partir du Bronze

ancien, nous supposons que la majeure partie des restes de suidés de la séquence supérieure appartient

également à la forme domestique. Une telle hypothèse repose entre autres sur l’absence quasi-totale

d’ossements dont la taille pourrait s’apparenter à celle d’un animal sauvage, mais aussi sur le fait que

la grotte recèle un certain nombre de dents de chute mais aussi des os de nouveaux-nés et de fœtus

dans les différents ensembles, qui sont à notre avis des témoignages de la présence de quelques porcs

vivants au sein de la cavité, à l’instar de ce qui a été observé à propos des ruminants domestiques.

Nous avons donc pris le parti de considérer l’évolution des suidés parallèlement à celle des ruminants

domestiques. La contribution pondérale des suidés reste toujours inférieure à celle des caprinés et des

bovins, exception faite durant le quatrième millénaire avant notre ère (ens. 5 à 3.2) où les caprinés sont

particulièrement discrets. Du point de vue du nombre de restes, le rôle des suidés s’amplifie à partir du

Néolithique final au détriment du bœuf et demeure dès lors relativement constant.

Il faut encore évoquer la présence du chien, qui n’est visible qu’à partir du Bronze moyen ainsi que

celle du coq qui est assurée durant l’Antiquité tardive en tout cas.

De ces diverses observations, on retiendra en particulier le changement qui semble s’opérer dès la fin

du Néolithique final, à savoir un recours accru aux ongulés de de taille moyenne (caprinés et suidés),

ces derniers allant jusqu’à supplanter le boeuf au Bronze final en termes de poids, soit finalement en

termes de ressources carnées.

A propos des dents de lait de chute trouvées en abondance sur le site (NR : 99), elles indiquent que des

caprinés, mais aussi des bœuf et des suidés, ont séjourné dans la grotte. La perte des dents de lait

semblant plutôt intervenir au moment de la mastication (broutage et rumination en ce qui concerne les

ruminants), leur découverte à l’Abbaye pourraient témoigner du parcage ou du nourrissage dans la

grotte au moins durant la journée en ce qui concerne les caprinés (Helmer et al. 2005), et ce plutôt

entre le printemps et l’automne, d’après les données disponibles quant aux âges de changements

dentaires. Cela n’empêche nullement une fréquentation nocturne du site par les bêtes, mais cela

n’implique pas forcément une présence quotidienne et continue des bêtes au sein de la grotte.

Les restes d’animaux domestiques retrouvés sur le site suggèrent finalement une exploitation limitée

des denrées animales, soit des occupations humaines de faible impact, ce qui fait écho à la discrétion

des aménagements. L’importance de la fragmentation associée à la présence de dents de chute laisse

par contre supposer l’utilisation d’une partie au moins de la cavité comme abri pour le bétail.

L’intense fragmentation des vestiges est très certainement issue du piétinement par les bêtes.

A ce propos, une recherche plus systématique des remontages permettrait d’évaluer plus précisément

l’amplitude des déplacements verticaux et horizontaux des vestiges, c’est-à-dire l’ampleur des

interférences stratigraphiques dues à l’intense fréquentation du site, par le bétail notamment, mais

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 118 -

aussi la dispersion des vestiges au sein de chaque occupation, dans l’espoir d’y repérer par exemple

des axes de circulations privilégiés.

La distribution des restes portant des brûlures reproduit globalement l’emplacement des foyers. Ces

aménagements, de même que les empierrements mais également les différentes catégories d’objets

matérialisent une présence humaine plutôt discrète qui a pu accompagner le bétail. Compte tenu des

restes humains découverts dans certains niveaux, il est également possible que la cavité ait eu comme

vocation, à un moment ou à un autre, celle de sépulture.

Au terme de ce descriptif, il semble que la grotte de l’Abbaye ait répondu à diverses attentes et ce,

alors que sa fréquentation présente une allure plutôt sporadique, limitée, certainement en raison de ses

modestes dimensions. L’importance des pratiques d’élevage observée dès le Néolithique moyen à

l’Abbaye contraste avec ce qui a été notamment observé à la grotte du Gardon, à quelques dizaines de

kilomètres de là, où la chasse contribue de façon notable à l’économie de la communauté durant le

Néolithique moyen I et II. La différence de configuration des deux abris a pu conduire à une utilisation

distincte des deux lieux, qu’il s’agisse de la fonction (habitat, bergerie …), du rythme d’occupation

(saisonnière, pérenne …) ou encore des utilisateurs (une communauté, une frange de cette dernière…).

Comme nous pouvons finalement nous en rendre compte, cette étude encore préliminaire offre de

belles perspectives de réflexions et contribue déjà à une meilleure évaluation des modes d’occupation

du site. Une description plus approfondie des animaux (âge, sexe…) et une confrontation serrée des

résultats des diverses études seront très certainement en mesure de nous fournir à l’avenir quelques

informations substantielles quant à la fonction du site et aux modalités de son utilisation au cours des

divers occupations. Il s’agira alors de déterminer la place assignée à la grotte de l’Abbaye au sein d’un

territoire donné. Ancrée dans un paysage riche en biotopes, il faudra effectivement s’interroger sur la

façon dont s’articule cette cavité vouée essentiellement au bétail par rapport à d’autres sites, et pour se

faire confronter nos données à celles d’autres gisements localisés à proximité, notamment des sites

d’habitat.

5 - Remerciements

Je tiens à remercier Jean-François Buard, qui m’a confié cette étude. L’élaboration de ce travail a pu

bénéficier des infrastructures de l’Université de Genève et du Muséum d’histoire naturelle de Genève,

grâce à la bonne volonté de Marie Besse et Jacqueline Studer.

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La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 120 -

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La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 121 -

Espèces NR PR NR PR NR PR

Bœuf (Bos taurus) 22 262.6 48 667.3 7 142.1

Caprinés dom. (Mouton/Chèvre) 100 257.2 144 368.02 13 49

Mouton (Ovis aries) (8) (85.8) (9) (40.6) - -

Chèvre (Capra hircus) (8) (11.7) (9) (43.7) - -

Porc (Sus domesticus) 17 96.6 11 63.8 3 18.5

Chien (Canis familiaris) 6 22.5 3 9.5 - -

Total mammifères domestiques 145 638.9 206 1'109 23 209.6

Cerf (Cervus elaphus) 1 1.7 1 1.3 1 57

Chevreuil (Capreolus capreolus) - - 1 10.5 - -

Renard (Vulpes vulpes) 1 0.1 2 4.6 - -

Chat sauvage (Felis silvestris) 3 3.2 1 3.3 - -

Total mammifères sauvages 5 5 5 20 1 56.5

Micromammifères 9 0.83 2 0 2 0

oiseaux 22 9.7 4 1 - -

Coq (Gallus gallus) 1 1.5 - - 1 0.1

Microfaune - - 1 0 - -

Batraciens - - 4 1 - -

Grands ruminants 6 48.5 14 51.7 1 18.5

Petits ruminants 20 24.2 36 82 5 16.2

Suidés indéterminés 72 125.61 94 191.9 19 21.23

Carnivores indéterminés 1 1 - - - -

Indéterminés Taille Petit 7 253 3 0.12 - -

Indéterminés Taille Moyen 173 153.87 141 192.8 34 43.4

Indéterminés Taille Grand 34 106.3 32(2) 153 9 81.2

Indéterminés 692 242.62 31(2) 28 9 10

Indéterminés estimés - - 1'410 394 446 100

Total 1'178 1610.2 1'984 2'223 548 556.4

Bronze final IIb-IIIa Bronze moyen Bronze ancien

ensemble 1.3 ensemble 2.1 ensemble 2.2

Tableau 28 : Spectre de faune obtenus pour les différents ensembles de l’Âge du bronze. NR : nombre de restes ;

PR : poids des restes.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 122 -

Espèces NR PR NMI NR PR NMI

Bœuf (Bos taurus) 13 94.6 2 1 10.2 1

Caprinés dom.

(Mouton/Chèvre)

16 55.1 2 5 13 3

Mouton (Ovis aries) (4) (33) (1) - - -

Porc (Sus domesticus) 14 60.9 3 4 3.3 1

Chien (Canis familiaris) - - - 1 0.4 1

Total mammifères

domestiques

43 210.6 7 11 26.9 6

Coq (Gallus gallus) 11 8.7 2 - - -

Total animaux domestiques 54 219.3 2 11 26.9 6

Cerf (Cervus elaphus) 1 11 1 - - -

Total mammifères sauvages 1 11 1 11 26.9 6

Grands ruminants 6 11.3 - - - -

Suidés indéterminés 1 0.9 - - - -

Petits ruminants 14 25.4 - 2 0.6 -

Microfaune - - - 2 0.02 -

Indéterminés Taille Moyen 36 56.3 - 12 16.1 -

Indéterminés Taille Grand 17 98.1 - 4 9.3 -

Indéterminés 23 12.7 - 85 30.23 -

Indéterminés estimés 179 52.5 - - - -

Total 331 487.5 10 116 83.15 6

ensemble 1.1. ensemble 1.2.

Tableau 29 : Spectre de faune obtenus pour les ensembles de l’Âge du fer et de l’époque romaine. NR : nombre

de restes ; PR : poids des restes ; NMI : nombre minimum d’individus.

Légende des photos (Planche 1)

N°1. Stries de découpe sur un stylohyoideum de boeuf, un élément de l’appareil hyoïdien qui soutient

entre autres la langue.

N°2. Stries de découpe sur un basi-occipital de suidé.

N°3. Fragments de plastron (haut) et scapula (bas) d’une cistude d’Europe (Emys orbicularis).

N°4. Elargissement d’une des éminences articulaires d’un métapode de bœuf.

N°5. Première et deuxième molaires supérieures gauches et deuxième molaire inférieure gauche d’un

même sujet montrant une usure anormale de leur surface occlusale.

N°6. Deuxième molaire supérieure présentant des striations au niveau de la racine.

N°7. Quelques exemples d’altérations (lustré, dissolution) liées à l’ingestion des os par des carnivores.

N°8. Strie d’écorchage sur une mandibule de martre.

N°9. Dents de lait de chute appartenant à des caprinés (gauche), des bœufs (droite) et des suidés (bas).

N°10. Marques de dents de rongeur sur un humérus de suidé.

N°11. Stries de décarnisation sur la face interne d’une côte appartenant à un mammifère de taille

moyenne (cf capriné).

N°12. Impact sur une vertèbre lombaire de petit ruminant.

N°13. Désarticulation du coude perceptible sur un humérus de capriné.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 123 -

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 124 -

Figure 67 : Poids moyen (PR/NR) des restes osseux par ensemble chrono-culturel, selon qu’ils soient ou non

déterminés. La catégorie « déterminés » comprend des vestiges identifiés au niveau de l’espèce, de la catégorie

d’espèces (caprinés domestiques) ou du genre.

Figure 68 : Nombre et poids des restes osseux déterminés par ensemble chrono-culturel. La catégorie

« déterminés » comprend des vestiges identifiés au niveau de l’espèce, de la catégorie d’espèces (caprinés

domestiques) ou du genre.

Figure 69 : Nombre et poids des restes osseux indéterminés par ensemble chrono-culturel.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 125 -

Figure 70 : Part relative des diverses catégories d’espèces présentes dans chaque ensemble chrono-culturel. Le

rapport est établi sur la base du nombre de restes. Les dents de lait de chute ne sont pas comprises dans ces

décomptes.

Figure 71 : Part relative des diverses catégories d’espèces présentes dans chaque ensemble chrono-culturel. Le

rapport est établi sur la base du poids des restes.

Figure 72 : Nombre de dents de lait de chute répertoriées dans chaque ensemble chrono-culturel pour

différentes catégories d’espèces.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 126 -

Figure 73 : Part relative des restes osseux par ensemble chrono-culturel, selon qu’ils soient ou non déterminés.

Le rapport est établi sur la base du nombre de restes.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 127 -

CHAPITRE VIII

Etude des restes humains épars, analyse préliminaire

Jocelyne Desideri

Les diverses interventions archéologiques menées dans la grotte de l’Abbaye ont livré un certain

nombre de fragments humains (n=102, H1 est un fragment de maxillaire avec 5 dents qui a été

considéré comme un seul élément). Les restes se répartissent, en nombre, en parts sensiblement égales

entre fouilles anciennes (n=53) et fouilles récentes (n=49). Deux tiers des fragments humains

appartiennent au cranium (n=63) et, par conséquent, un tiers au postcrânien (n=39).

1 - Les fouilles anciennes

L’analyse des fragments humains découverts lors des fouilles Jean Reymond effectuée dans les année

1960 a été réalisée à partir d’une photographie. Cette dernière, malgré sa bonne qualité, permet une

détermination assez sommaire des parties anatomiques conservées (Figure 74). Il a été possible de

recenser 53 fragments (A1 à A53) dont la moitié est représentée par des éléments crâniens (dents et

pièces osseuses). Le postcrânien est, quant à lui, composé de 4 fragments de côtes, 2 fragments de

vertèbres, une patella, un métacarpien, 9 phalanges de la main et 2 phalanges du pied (Figure 75).

L’ensemble des pièces osseuses ne présente aucun élément à double et pourrait appartenir à un seul et

même sujet adulte. Notons qu'une pathologie touchant l’articulation d'un doigt de la main a été mise en

évidence et se traduit par une ankylose interphalangienne proximale (A24).

Il est, en revanche, possible de distinguer la présence d’au moins 2 individus par l’étude de la

dentition. Une canine déciduale supérieure probablement droite dont la racine semble en cours de

résorption permet d’avancer la présence d’un sujet immature. Il est possible de lui attribuer un âge au

décès de 6 +/- 2 ans selon la méthode de Moorrees et al. (1963a/b). Les 7 dents permanentes

présentent un stade d’usure relativement similaire et pourrait appartenir à un même individu. Elles

permettent ainsi de donner une estimation de l’âge au décès d’un sujet adulte ayant entre 20 et 30 ans

selon la méthode de Lovejoy (1985).

Aucun élément ne permet de dissocier le lot de dents permanentes et les fragments de pièces osseuses,

c’est pourquoi les fouilles anciennes semblent avoir mis au jour un NMI de 2 individus composé d’un

immature et d’un jeune adulte.

2 - Les fouilles récentes 1993-2003

Les fouilles récentes ont mis au jour 49 restes humains qui se répartissent dans différents niveaux

d'occupations, les phases anciennes (Néolithique final et Bronze moyen; Figure 76 et Figure 77) et le

Bronze final (Figure 79).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 128 -

Les niveaux du Néolithique final et du Bronze moyen

Les fragments humains dans les niveaux anciens s'élèvent au nombre de 24 (H12, H17, H18, H20 à

H27, H29 à H40). La très large majorité de ces restes appartient au cranium (parties osseuses

uniquement) (n=20) et 4 pièces seulement au postcrânien (2 fragments de diaphyse de fémur, un

fragment de diaphyse de fibula et un métatarsien) (Figure 78).

Toutes les pièces osseuses appartiennent à un adulte. Seule la présence de 2 fragments d'os temporaux

gauches (H26 et H27) permet d'indiquer l'existence d'au moins 2 sujets adultes. Aucun élément

anatomique ne permet d'estimer le sexe ou l'âge de ces individus.

Les niveaux du Bronze final

Dans les niveaux du Bronze final, 25 fragments humains ont été mis au jour (H1 à H6, H8 à H10, H13

à H15, H19, H41, H42). On décompte 9 pièces crâniennes (dents et parties osseuses) et 16 fragments

postcrâniens (une diaphyse de radius, une vertèbre lombaire, un métacarpien, 3 phalanges de la main,

un talus, un cuboïde, 3 métatarsiens et 5 phalanges du pied) (Figure 80).

L’ensemble des restes osseux ne présente pas d'éléments à double et pourrait ainsi appartenir à un seul

et même sujet adulte.

En revanche, il est envisageable de différencier au moins 2 individus par l’étude de la dentition.

D’abord, 2 dents permanentes, une canine inférieure droite en cours de croissance (H10) et une

molaire inférieure droite en fin de croissance (H13), permettent d’avancer la présence d’un sujet

immature. Il est possible de lui attribuer un âge au décès de 7 +/- 2 ans selon la méthode de Moorrees

et al. (1963a/b). Ensuite les autres dents permanentes supérieures peuvent être considérées comme un

ensemble homogène appartenant probablement à un même individu. Ce lot se compose premièrement

de 3e molaires supérieures (H5 et H19) en fin de croissance qui se ressemblent morphologiquement et

qui indiquent que nous aurions plutôt affaire à un jeune adulte. L’usure des autres dents maxillaires de

cet ensemble (H1, H4 et H6) permet d'avancer un âge au décès de 20-24 ans selon la méthode de

Lovejoy (1985).

Aucun élément ne permet de dissocier l'ensemble dentaire attribué à l'individu adulte et les fragments

de pièces osseuses, c’est pourquoi les niveaux datant du Bronze final semblent délivrer un NMI de 2

individus composé d’un immature et d’un jeune adulte.

3 - En guise de conclusion

L’analyse anthropologique des restes humains épars retrouvés lors des diverses interventions

archéologiques et dans les différents niveaux d’occupation de la grotte de l’Abbaye a permis

d’identifier plusieurs individus.

L’ensemble des vestiges humains découverts lors des fouilles anciennes représente 2 sujets, un

immature de 6 +/- 2 ans et un jeune adulte entre 20 et 30 ans. Les niveaux du Bronze final livrent

également les restes de 2 individus (un immature de 7 +/- 2 ans et un jeune adulte entre 20 et 24 ans),

d’âge comparable à ceux mis au jour lors des interventions anciennes. Il est, dès lors, fort probable

qu’il s’agisse des mêmes individus. Cet élément est par ailleurs renforcé par l’absence d’ossements à

double dans ces deux lots.

Les niveaux anciens (Néolithique final et Bronze moyen), quant à eux, présentent un NMI de 2

individus adultes pour lesquels il n’a pas été possible de préciser leur identité.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 129 -

4 - Bibliographie

Cugini (S.). 1983. Disegno e morfologia dentale. Milano: Libreria dello studente.

Lovejoy (C.O.). 1985. Dental wear in the Libben population: Its functional pattern and role in the determination of

adult skeletal age at death. American Journal of Physical Anthropology 68, 47-56.

Moorrees (C.F.A.), Fanning (E.A.), Hunt (E.E.). 1963a. Formation and resorption of three deciduous teeth in

children. American Journal of Physical Anthropology 21, 205-213.

Moorrees (C.F.A.), Fanning (E.A.), Hunt (E.E.). 1963b. Age variation of formation stages for ten permanent teeth.

Journal of Dental Research 42, 1490–1502.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 130 -

Figure 74 : fragments humains découverts lors des fouilles de Jean Reymond (photo Jean-François Buard 1993

au dépôt de fouille du château de Chenavel à Jujurieu).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 131 -

Figure 75 : les fragments humains découverts lors des fouilles anciennes

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 132 -

Figure 76 : plan de répartition des fragments humains découverts dans les niveaux du Néolithique final (ens.31

et 3.3).

Figure 77 : plan de répartition des fragments humains découverts dans les niveaux du Bronze moyen (ens.2.1)

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 133 -

Figure 78 : les fragments humains découverts dans les niveaux du Néolithique final

(ens.3.1 et 3.3) et du Bronze moyen (ens.2.1)

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 134 -

Figure 79 : plan de répartition des fragments humains découverts dans les niveaux

du Bronze final (ens.1.3)

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 135 -

Figure 80 : les fragments humains découverts dans les niveaux du Bronze final (ens.1.3)

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 136 -

fouilles anciennes (A01-A53)

A01 canine sup gauche permanente A50 fragment crâne

A02 1re incisive sup droite permanente A51 fragment crâne

A03 2e incisive sup droite permanente A52 fragment crâne

A04 canine sup droite déciduale A53 fragment condyle mandibulaire G ou D

A05 2e prémolaire sup G ou D permanente A06 1re incisive inf gauche permanente

A07 1re incisive inf droite permanente fouilles récentes (H01-H42)

A08 2e incisive inf droite permanente H01 fragment maxillaire D (canine à 2e molaire)

A09 patella droite permanente

A10 1re côte gauche H02 1re ou 2e vertèbre lombaire

A11 fragment côte G ou D H03 pied (métatarsiens, phalanges proximales) G

A12 fragment côte G ou D H04 1re prémolaire sup gauche permanente

A13 fragment côte G ou D H05 3e molaire sup droite permanente

A14 fragment corps vetrèbre H06 2e molaire sup gauche permanente

A15 fragment processus transverse vetrèbre H08 diaphyse radius droit

A16 phalange intermédiaire main H09 fragment crâne : temporal D

A17 phalange intermédiaire main H10 canine inférieure droite permanente

A18 phalange proximale pied H12 2 fragments crâne : frontal

A19 phalange intermédiaire main H13 1re molaire inférieure droite permanente

A20 phalange intermédiaire pied H14 fragment crâne : pariétal

A21 phalange distale main H15 pied (talus, cuboïde, 1er métatarsien, 5e phalange proximale) D A22 phalange distale main

A23 phalange distale main H17 fragment crâne : pariétal

A24 phalanges intermédiaire & distale main H18 fragment crâne : pariétal

A25 phalange proximale main H19 3e molaire sup gauche permanente

A26 fragment métacarpien H20 fragment diaphyse fibula G ou D

A27 fragment crâne H21 2e, 3e, ou4e métatarsien

A28 fragment crâne H22 fragment diaphyse fémur G ou D

A29 fragment crâne H23 fragment crâne : pariétal ou frontal

A30 fragment crâne H24 fragment crâne : frontal

A31 fragment crâne H25 fragment crâne : temporal

A32 fragment crâne H26 fragment crâne : temporal G

A33 fragment crâne H27 fragment crâne : temporal G

A34 fragment crâne H29 fragment crâne : pariétal

A35 fragment crâne H30 fragment crâne : pariétal ou frontal

A36 fragment crâne H31 fragment crâne : temporal G

A37 fragment crâne H32 fragment crâne : occipital

A38 fragment crâne H33 fragment crâne : frontal

A39 fragment crâne H34 fragment crâne : frontal

A40 fragment crâne H35 fragment crâne : pariétal

A41 fragment crâne H36 fragment crâne : occipital

A42 fragment crâne H37 fragment crâne : occipital

A43 fragment crâne H38 fragment crâne : occipital

A44 fragment crâne H39 fragment crâne : occipital

A45 fragment crâne H40 fragment diaphyse fémur G ou D

A46 fragment crâne H41 5e phalange intermédiaire main

A47 fragment crâne H42 main (1re phalange proximale G ou D, 2e,

A48 fragment crâne 3e ou 4e phalange proximale G ou D

A49 fragment crâne et 5e métacarpien

Tableau 30 : inventaire des fragments humains.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 137 -

CHAPITRE IX

Approche technologique du matériel lithique des niveaux inférieurs de la grotte

de l’Abbaye

Gerald Bereiziat

1 - Introduction

Les objectifs de cette étude préliminaire sont conditionnés par la fouille de trois secteurs restreints, IL-

10/12 – MN-12/13 ainsi que ST-18/19, et à la valeur quantitative de l’échantillon. Dans ce contexte,

un choix méthodologique a été opéré pour permettre de présenter des résultats cohérents et

significatifs.

Le matériel de l’ensemble 9 sera abordé succinctement du fait de la pauvreté de la série. Nous avons

par contre opté pour un examen plus détaillé du matériel concernant les ensembles sous-jacents 10-12

et 13. La totalité des données lithiques des niveaux tardiglaciaires a été volontairement rapprochée au

sein d’une étude commune du fait de leur rapport technologique étroit, et opposée pour la perspective

lithologique. Cette deuxième approche des artefacts permettra de juger des variabilités ou des

constances observées entre ces deux ensembles par une mise en corrélation de la matière première

avec les orientations techniques sollicitées. Elle nous livrera des renseignements sur

l’approvisionnement en matériaux siliceux et permettra d’évaluer une partie des territoires parcourus.

2 - Regard sur le matériel de l’ensemble 9

Le matériel de l’ensemble 9 se compose de 22 éléments dont 3 éclats corticaux, 6 éclats de mise en

forme, 5 lames provenant d’une séquence de plein débitage, 5 éclats d’entretiens, une lame à crête

partielle et un nucléus.

Nous notons donc la présence de 5 produits laminaires ce qui est intéressant malgré la faiblesse

numérique de l’assemblage. Sur deux extrémités proximales, nous pouvons observer deux talons lisses

abrasés portant une surface de contact large ainsi que des bulbes proéminents esquillés. Ces stigmates

sont caractéristiques d’un débitage au percuteur de pierre dure.

Au sein de ce corpus, nous signalerons également un nucléus (Figure 87 S004) dont les dimensions

(29x31x25 mm) et la morphologie des enlèvements évoquent une production de lame courte. Le plan

de frappe et les contre-bulbes présents sur les négatifs d’enlèvement montrent une nouvelle fois

l’emploi d’une percussion directe à la pierre.

Les observations menées sur ce matériel ne vont pas à l’encontre de la datation obtenue pour cet

ensemble (10010±70 BP) et l’attribution au Mésolithique ancien, même si l’absence de supports

retouchés ne permet pas de préciser davantage cette industrie.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 138 -

3 - Technologie des ensembles 10-12 et 13

Données quantitatives de base :

Les vestiges lithiques sont au nombre de 1400 et se répartissent comme suit :

Ens. 10-12 Ens.13 Secteur T18-19

éclats 95 100 6

lames 16 20 1

lamelles 6 20 6

nucléus 0 2 0

outils 6 3 3

Total (hors esqu.) 123 145 16

esquilles 1116

Tableau 31 : Comptage des silex des ensembles 10-12, 13 et du secteur T18-19.

Les esquilles n’ont pas été intégrées à notre lecture technologique. Ce sont donc 284 objets qui

composent notre échantillon d’étude, dont 16 appartiennent au secteur T18-19. Nous avons souhaité

rattacher cette petite série aux ensembles 10-12 et 13 du fait de leurs proximités morpho-techniques et

lithologiques.

Les supports retouchés

12 supports retouchés (Tableau 32) ont été répertoriés ce qui représente seulement 4% du total du

matériel (hors esquilles) :

Pour l’ensemble 10-12, nous comptabilisons :

- 1 grattoir sur lame retouchée

- 2 troncatures sur lame et sur lamelle

- 1 encoche

- 2 lamelles à bord abattu

Pour l’ensemble 13 :

- 1 burin dièdre

- 1 perçoir

- 1 lamelle à bord abattu

Pour le secteur T18-19 :

- 1 perçoir

- 2 lamelles à bord abattu

Cet outillage est provisoirement dominé par les lamelles à bord abattu (Figure 87, S003, S002, S030 et

S026 – Figure 88, S511) qui sont confectionnées sur des supports réguliers, fins et allongés. Ces 5

éléments à armatures sont tous fragmentés. Ils se répartissent en 3 parties mésiales, une extrémité

proximale et une extrémité distale, concernant 5 cassures par flexion inverse, une franche et une brisée

par le feu. La fracture est droite pour 2 et oblique pour 3.

La valeur dimensionnelle des supports livre une indication variable car l’échantillon ne peut être

représentatif de son ensemble. Signalons toutefois que les fragments ont tous une longueur inférieure à

30 mm. Cette limite semble s’expliquer par la probabilité plus élevée de cassures naturelles dans cette

fourchette dimensionnelle. Les largeurs se situent entre 11 et 6 mm et les épaisseurs entre 3 et 2 mm.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 139 -

Sur 2 supports, la retouche du dos est bilatérale, rasante et semi-abrupte. Pour 3, elle ne concerne

qu’un coté, essentiellement droit.

Les sections du support par rapport à la retouche sont dans 4 cas triangulaires, et trapézoïdales dans 2.

La légèreté des produits suppose une sélection des supports à section symétrique, centrée sur la table

d’enlèvements, plutôt que décalée par rapport à l’axe et synonyme d’un débitage antérolatéral, dans

quel cas nous aurions une épaisseur plus développée sur le pan débordant.

Parmi les outils du fond commun, nous signalerons la présence d’un burin dièdre déjeté réalisé sur une

lame peu régulière (Figure 88, S547) et d’un grattoir sur bout de lame retouchée (Figure 88, S709). Ce

support s’insère dans les premières phases du débitage comme le montre la plage corticale localisée en

partie mésio-distale. Des retouches denticulées irrégulières sur les bords pourraient laisser entrevoir un

emmanchement, et des stigmates d’utilisation sont perceptibles par un esquillement situé sous le front

actif.

Les deux perçoirs sont réalisés sur un produit lamellaire (Figure 88, S554) et un éclat (Figure 87,

S031), et possèdent un rostre dégagé et déjeté à gauche. Pour le perçoir S031, la morphologie de la

partie active dessine davantage un bec et laisse entrevoir une fonction différente de celle proposée par

des perçoirs à la pointe plus fine.

2 troncatures dont une troncature oblique (Figure 88, S507) et une droite (Figure 88, S508) ainsi

qu’une encoche (Figure 88, S509) réalisée sur éclat laminaire complètent également ce corpus.

Les restes de débitage

Les objectifs du débitage

La prépondérance du projet laminaire apparaît quand on examine les supports transformés en outils

retouchés. Les lames et lamelles représentent 83 % (10 unités) des produits façonnés. Seulement 2

éclats ont été sollicités. Parmi les restes de taille brute, la proportion des produits laminaires est

moindre (25%, soit 69 unités), et plus élevé pour les éclats de mise en forme et d’entretien (70% pour

201 unités)

les nucléus

Seuls 2 nucléus sont présents dans ces deux ensembles :

M13.C4.d69a.v7 n° 24 (S552 – Ens.13) – (Figure 89)

Nucléus prismatique à lame courte (49x35x22 mm). Le débitage est placé sur la face large du nodule

et mené frontalement sur surface élargie, à évolution semi-tournante. Les flancs sont restés naturels,

ainsi qu’une partie du dos qui montre une préparation par le retrait d’un éclat depuis la base. Nous ne

constatons aucune crête latérale ou postéro-latérale. Ces dernières jouent souvent un rôle actif dans la

préparation avant son exploitation en régularisant et assainissant les flancs et permettent également de

contrôler le déroulement du débitage et de corriger certaines erreurs.

Le plan de frappe ne montre pas d’abrasion fine à la jonction avec la table. Par contre, un ravivage est

exercé par le retrait d’éclats courts (petits esquillements répétés) sur la partie antérieure du plan de

frappe. Son inclinaison est assez prononcée (70°).

Le débitage est unipolaire avec la trace d’un outrepassement qui a emporté la base du nucléus, produit

non retrouvé dans les restes de débitage. Le dernier élément visible par un négatif d’enlèvement

mesure 40 mm de longueur pour 18 mm de largeur, soit une lame courte assez robuste. La table

d’enlèvement ne montre pas de zone affectée par un quelconque problème (réfléchissement, cassure),

et l’abandon du nodule serait peut-être lié à la difficulté de gérer le plan de frappe très accidenté,

même si une correction restait encore envisageable.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 140 -

N13. d69e.v2 n°9 (S.517 – Ens.13) – (Figure 89)

Nucléus prismatique, à vocation lamino-lamellaire (45x25x23 mm). On remarque la mise en place

d’une crête prostérolatérale gauche contrôlée par un dos en méplat. Le nodule est entièrement séparé

de sa gangue corticale. L’orientation du débitage est unipolaire, mais toutefois secondée par un plan

opposé permettant une correction de la table. Le nodule est très exploité avec un plan de frappe exigu

et facetté par le retrait d’éclats courts. L’angle est obtu (60°). L’abandon est du à un rebroussé

important porté sur l’arête centrale. Par contre, nous suggérons que la fragmentation du nodule dans sa

partie mésiale a du intervenir après cet accident, d’origine peut-être post-dépositionnelle.

Les pièces techniques

La phase de préparation : décorticage, préparation de crête

Nous intégrons dans cette catégorie tous les produits portant une plage non résiduelle de fractures

anciennes ou de cortex. Notons que plusieurs éléments laminaires possédant un pan cortical ne sont

pas pris en compte dans cette séquence mais dans une phase de progression latérale et de cintrage des

surfaces de débitage.

Sur les 15 familles de matières premières différenciées, les pièces corticales sont bien représentées

pour un seul groupe, M1. Ils sont peu présents dans les assemblages M3, M5, M10, M11, M14 et

totalement absents pour M4, M6, M7, M12, M13 et M15 (Tableau 33).

37 pièces sont corticales dont 27 ont la face supérieure totalement envahie par du cortex et 10 ont une

plage qui occupe plus de la moitié du support.

La moyenne dimensionnelle des éclats corticaux et semi-corticaux entiers de mise en forme est de 25,4

mm pour la longueur, 21 mm en largeur et 6,7 mm d’épaisseur. La distribution de tous les éléments

entiers (n : 10) ne montre pas de produits aux dimensions importantes. Ils se situent surtout entre 40 et

20 mm. Un seul est au-delà de 50 mm. Cette tendance se confirme pour les épaisseurs qui sont

concentrées entre 5 et 7 mm, ce qui montre une volonté de ne pas débiter de gros éclats de préparation.

Ces éclats représentent 9,5 % du total du matériel analysé. Cette proportion apparaît faible mais sans

une fouille plus étendue, il est difficile d’interpréter cette donnée. Nous signalons que le contexte

siliceux local ne propose pas de nodule de taille importante, entre 10 et 20 cm de longueur, ce qui ne

nécessite pas une phase d’épannelage intensive et écarterait l’hypothèse d’une exploitation

périphérique des blocs sur le lieu de ramassage.

Les produits à crêtes et à traces de crêtes

Ces produits sont peu présents dans les assemblages et représentent seulement 3,8% des restes de

taille. On compte une lame à crête à un versant, 5 lames à crête partielle, 2 lames sous-crête, une

lamelle à crête à un versant (Figure 88, S652) et 2 lamelles sous-crête. Cette faible représentation

serait à rapprocher de la morphologie des nodules qui sollicitait une mise en forme simplifiée, suivant

les arrondis naturels offerts par le bloc. D’ailleurs, sur l’ensemble des produits à crête, aucun ne porte

une préparation bifaciale dite totale caractéristique de la phase d’initialisation du débitage. On

remarque par contre la présence de crêtes à un seul versant impliquant une face avancée du débitage.

Elles s’inscrivent dans l’entretien et la remise en forme de la table, procédé que l’on retrouve aussi

bien dans la production laminaire que lamellaire.

Le plan de frappe :

Les ravivages de plan de frappe sont peu nombreux. Nous recensons seulement 2 éclats de ravivage et

une tablette.

L’éclat de ravivage (M13.d67.Cm, n°5 - S691 - Dim : 22x25x4mm) montre un débitage frontal

détaché depuis la table. La lecture de la face supérieure est difficile en raison d’une concrétion

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 141 -

recouvrant cette partie de la pièce. Nous n’observons pas de facettage mais le retrait d’un éclat

couvrant toute la surface.

La tablette (N13.d69a.v5, n°8 – Figure 88, S570 – Dim : 31x26x4mm) montre un débitage strictement

frontal sur table resserrée. L’orientation de la production est lamellaire et perceptible par 3 négatifs

d’enlèvement. La face supérieure est lisse et correspond au retrait d’un éclat laminaire. L’inclinaison

du plan de frappe est peu prononcée. L’absence de cortex sur la partie distale du support indique que

le dos n’était pas resté naturel mais préparé et en méplat.

Les produits d’entretien :

Le recentrage des nervures guides et le recintrage de la table sont assurés le plus souvent par le

détachement d’éclats laminaires (61) dont certains débordent sur les flancs et possèdent un pan cortical

(8). La méthode de rectification des nervures guides en supprimant les négatifs réfléchis par

l’inversion du débitage sur un plan de frappe opposé n’est pas un moyen d’entretien souvent sollicité

puisque rare sont les pièces ayant des négatifs inverses. Des témoignages de cette méthode sont

constatés sur un nucléus ainsi que sur une lame et une lamelle de plein débitage. La présence plus

marquée de néocrêtes (crêtes à un versant) a servi au cintrage de la table active et à la correction

d’accidents de taille.

La production lamino-lamellaire

L’industrie est assez concassée, il y a peu de produits entiers (11). Parmi les fragments, nous comptons

12 extrémités distales, 22 mésiales et 22 proximales (Figure 88, S627). Sur l’ensemble de ces pièces, 2

raccords ont pu être réalisés.

Les mensurations de longueur indiquent que les lames entières (7) possèdent un petit gabarit. Deux

spécimens dépassent en effet le seuil parlant de 50 mm (2 objets à 51 mm). La moyenne se situe à 42,4

mm. Ces valeurs dimensionnelles iraient tout à fait dans le sens du contexte siliceux local qui livre des

nodules de petites tailles (Féblot-Augustins, 2002 a).

Concernant les largeurs et les épaisseurs prisent sur l’ensemble de l’échantillon, elles donnent une

meilleure estimation du module des produits laminaires. La largeur varie de 10 à 29 mm (moy : 17,3

mm) et l’épaisseur de 2 à 11 mm (moy : 4 mm).

La grande majorité des talons lisibles sur 19 extrémités proximales sont lisses abrasés (15) et 4 sont

lisses sans préparation antérieure au détachement.

Concernant les lamelles, 28 pièces sont fragmentées et 4 sont complètes. La longueur des lamelles

entières est comprise entre 27 et 45 mm. Les largeurs de l’ensemble du corpus se situent entre 6 et 14

mm (moy : 10) et les épaisseurs entre 2 et 4 mm (moy : 2,7). Rapprochées aux lamelles à bord abattu,

où 4 des 5 supports ont une largeur qui se situe entre 6 et 9 mm, nous constatons que les lamelles

brutes sont plus larges de 3 à 4 mm en moyenne. La retouche du dos grignoterait ainsi peu le support

brut. La recherche de produits rectilignes est soulignée par le profil peu convexe des produits, évitant

de ce fait une gestion plus délicate des courbures et un emploit plus aisé, notamment pour un

emmanchement. Les talons sont lisses abrasés pour 8 proximaux, filiformes pour 4, punctiformes pour

2 et lisses pour une. Les talons linéaires et le caractère filiforme de la surface soulignent que les coups

étaient portés très près de la corniche.

Que retenir des techniques de percussion adoptées sur le matériel lithique des ensembles10-12 et

13 ?

Les différentes observations réalisées sur le matériel montrent que pour la majorité des éléments de

plein débitage, la zone de percussion, la morphologie générale, l’angle de chasse et les bulbes sont

compatibles avec l’emploi d’un percuteur tendre organique (Figure 88, S687). Nous ne pouvons

exclure la pierre tendre, mais les caractéristiques de cette percussion, à savoir la présence régulière

d’un cône de percussion net, accompagné de rides très marquées à proximité du bulbe, parfois un

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 142 -

esquillement pouvant emporter l’ensemble du talon et du bulbe, double bulbe (Pelegrin, 2000), ne

satisfont pas les observations réalisées sur les surfaces de contact. Ces stigmates sont par contre

davantage représentés sur les produits d’entretien tels que les lames et les éclats débordants (Figure 88,

S528).

Quant au percuteur minéral dur, qui permet une extraction moins astreignante, simplifiée et beaucoup

plus tributaire d’une morphologie spécifique de la table (Monin, 1998), il n’argumente pas, dans le cas

du plein débitage, les sections régulières et parallèles, caractéristiques des surfaces de débitage

exploitées au percuteur tendre (Valentin, 1995). Cette percussion rentrante est sollicitée pour la phase

de mise en forme des nucléus et le détachement d’éclats épais et dissymétriques.

4 - Approche lithologique des ensembles tardiglaciaires

Contexte siliceux local et origine des matières premières présentes à l’Abbaye I

Dans le secteur centre-sud, bassin de Belley, des lambeaux de conglomérats oligocènes montrent des

silex variés appartenant au Valanginien et à l’Urgonien, ainsi que trois groupes localisés à Andert

concernant des silex sénoniens du Crétacé supérieur (Féblot-Augustins, 2002 (a-b) / Riche et Féblot-

Augustins, 2002) :

- CC2 : ensemble homogène. Blocs ou rognons réguliers atteignant parfois 20 cm. Le cortex est fin et

usé, lisse ou piqueté. La teinte est grise ou marron. L’aspect est mat à semi-brillant. Le grain est

moyen à fin avec présence par endroits de diaclases. La texture est de type wackestone. Les

microorganismes sont signalés par des bryozoaires, chéilostomes et quelques spicules de spongiaires.

- CC3 : silex marron rouge à caramel. La trame est uniforme, le matériau est très homogène, semi-

brillant à brillant, semi-translucide et à grain fin. La texture est mudstone (à Wackestone) avec de rares

foraminifères et spicules de spongiaires.

- CC4 : matériau peu abondant, gris brun clair à foncé, uniforme ou marbré, diffus, assez homogène,

semi mat à grain fin/moyen. La texture est de type wackestone à packestone. On note des fragments de

bryozoaires et de spicules de spongiaires

Plus au sud, à Thuys, un gîte hauterivien sous forme de bancs ou grosses plaquettes de 5 à 7 cm a été

localisé. La couleur du silex est dans la gamme brun-gris à jaune roux avec une présence non

permanente de litage colorimétrique et/ou textural, ce qui s’explique par la présence ou l’absence

d’éléments à pigmentation ferrugineuse et de bandes calcédonieuses. On note la présence de bioclastes

tels que les lamellibranches, échinodermes, bryozoaires, serpulidés et spicules de spongiaires. Les

foraminifères sont assez rares (Féblot-Augustins, 2002 a).

Le Bas-Bugey livre donc des matériaux variés, tous situés en position secondaire. Cette première

collection de référence autorise à nous renseigner, en ayant conscience que d’autres formations,

remaniées ou en place, sont à rechercher dans d’autres secteurs, sur l’origine d’une partie des séries

archéologiques présentes à l’Abbaye.

J. Féblot-Augustins (2002 a) avait déjà précisé la provenance d’une partie du matériel de l’ensemble

10 ainsi que la collection Reymond provenant d’un sondage réalisé en 1960. Les conclusions de cette

étude avaient permis de rapprocher une part importante des artefacts aux silex présents dans les

conglomérats oligocènes voisins (Valanginien et Sénonien) et en bien moindre quantité au Crétacé

inférieur (Hauterivien). Qu’en est-il des pièces concernant les niveaux sous-jacents ?

Notre détermination s’est principalement fondée sur des caractères macroscopiques. Il a été possible

de distinguer 15 familles de matières premières pour les deux ensembles 10-12 et 13 (Tableau 33). 5

sont communes aux deux ensembles (M1-M2-M3-M4 et M5). Ce sont les matériaux les plus

représentés dans les niveaux tardiglaciaires.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 143 -

Pour l’ensemble 13, les matières premières M1, M2, M3, M7, M8 et M9 peuvent être rapprochées des

silex du Crétacé supérieur du bassin d’Andert, soit 78% de la totalité des matériaux représentant ce

niveau. Le silex hauterivien est représenté par M4 et M5, avec un doute concernant M6, soit un taux

de 9,6 %.

Pour l’ensemble 10-12, les silex du Crétacé supérieur (M1, M2, M3 et M14) concernent 45,5% alors

que le silex du Crétacé inférieur, hauterivien (M5 et M12), ne représente qu’un peu plus de 7% de

l’effectif.

La provenance des autres catégories de silex est difficile à établir du fait de nos connaissances limitées

du site et du contexte siliceux environnant, mais une partie pourrait avoir une origine en Chartreuse en

raison d’une variété très comparable avec certaines matières présentes dans ce secteur (Féblot-

Augustins, 2002 a). Par contre nous ne constatons aucun apport de matériaux provenant du nord du

Bugey, notamment de la vallée de l’Ain.

Les principales sources d’approvisionnement se trouveraient donc aux abords du gisement et à

quelques kilomètres plus au sud pour le silex hauterivien, confirmant ainsi les observations déjà

réalisées par J. Féblot-Augustins. Le niveau magdalénien CIII de Thuys II (Reymond, 1964, Bereiziat,

thèse en cours), distant de 6 kilomètres de la grotte de l’Abbaye I et situé au contact direct du gîte du

Crétacé inférieur, montre un approvisionnement similaire où les silex sénoniens et valanginiens

d’Andert sont également bien représentés. Il est possible que l’attrait de ce territoire par les

préhistoriques (5 gisements tardiglaciaires répertoriés) soit à rapprocher de son potentiel siliceux non

négligeable.

Regard sur la gestion des matériaux

Figure 81 : répartition des silex M1 à M5 par catégorie d’objets. A gauche, ens.13, à droite ens.10-12

Les matières premières ne sont pas toutes présentes d’un ensemble à l’autre (Tableau 33). Ainsi pour

l’ensemble 13, 4 matériaux (M6, M7, M8 et M9) ne se retrouvent pas dans l’ensemble 10-12.

Inversement, les matériaux M10 à M15 de l’ensemble 10-12 ne sont pas représentés dans l’ensemble

13. Cette distribution différentielle semble dessiner une variabilité des zones d’approvisionnement

pour certains silex, mais cette hypothèse serait à confirmer du fait de l’exiguïté de la surface fouillée.

Pour les matériaux communs aux deux ensembles (M1 à M5), nous remarquons une exploitation

divergente centrée sur les objectifs de production (Figure 89). Pour l’ensemble 13, le débitage est axé

sur une production lamino-lamellaire alors que pour l’ensemble 10-12, l’orientation du débitage

concerne principalement la production laminaire (12) plutôt que lamellaire (4). Par contre, nous

retrouvons dans des proportions assez comparables toutes les catégories représentant les étapes de

mise en forme et d’entretien du nodule.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 144 -

Les matériaux concernant des éléments esseulés (divers, Tableau 33) traduisent éventuellement un

apport en support utilitaire comme il est courant de le voir à la période magdalénienne. Sur les 13

éléments répertoriés, 6 correspondent à des produits de plein débitage (3 lames et 3 lamelles) dont 3

sont façonnés.

5 - Conclusion : insertion du matériel dans un cadre chrono-culturel.

Les trois datations calent l’ensemble 10-12 dans la biozone du Bölling (Figure 30, p.41). Elles se

rapprochent de celles observées sur de nombreux sites du Jura méridional, mais ne sont pas strictement

contemporaines. Elles s’intercalent entre deux phases culturelles : une première phase pour des sites

du Magdalénien supérieur et situés en limite fin du Dryas ancien et début du Bölling, pour Les

Romains (niv. III 12 690 +/- 60 B.P., niv IIb 12 540 +/- 400 B.P. et 12 830 +/- 60 B.P. – Pion, 2000

p.154), La Chênelaz (12 610 +/- 200 B.P. et 12 780 +/- 75 B.P. – Cartonnet et Naton, 2000, p.240),

Les Hoteaux (niv. inférieurs, 12 830 +/-75 B.P. – Pion, 2004) et l’abri Gay (niv. F2 d, 12 980 +/- 70

B.P. – Pion, 2000, p157), et une deuxième phase, d’azilianisation, pour les sites de La Raillarde

(12 180 +/- 80 B.P. – Pion, 2000, p.160) et l’abri Gay (niv. F2a/b 12 160 +/- 60 B.P. – Pion, 2000,

p.157). Il est très probable que la datation engagée pour l’ensemble 13 soit contemporaine, sinon

légèrement plus ancienne, que l’ensemble 10-12 étant donné le peu de divergence rencontré entre les

deux assemblages.

La pauvreté du corpus ne nous permet malheureusement pas de préciser davantage le cadre chrono-

culturel de l’industrie lithique. L’absence de fossiles directeurs limite notamment la portée de notre

jugement.

Pour plusieurs sites régionaux, la présence, même à l’unité, d’éléments caractéristiques permet

souvent de replacer une série dans un contexte défini. Nous pouvons citer ici l’exemple de deux outils

spécifiques, une pointe de Teyjat et une pointe de Lingby, qui ont permis de replacer le matériel

lithique non daté de La Bonne Femme (Brégnier-Cordon) et de La Grand’Baille (Leymiat – Poncin)

au sein d’un magdalénien final (Desbrosse, 1976) d’affinité méridionale pour le premier (sud-ouest de

La France) et septentrionale pour le second (Nord de la France, Suisse et Allemagne du sud).

Technologiquement, les modalités du débitage précisées dans cette étude s’inscrivent dans la tradition

d’un magdalénien évoluant vers l’épipaléolithique. La mise en forme, souvent simplifiée (absence de

préparation en crête bilatérale), confère à la table de débitage un cintre et une carène assez régulière.

L’objectif de la production est essentiellement laminaire ou lamellaire. Les produits sont

majoritairement obtenus par percussion tendre organique dans le cadre du plein débitage et parfois

secondée par la pierre tendre pour l’entretien de la surface. Caractéristique des techniques de la fin du

tardiglaciaire, l’emploi de la pierre tendre pour la percussion peut être un élément permettant de situer

ces ensembles au sein d’un magdalénien tardif (final ?), dans une période de transition où l’évolution

des comportements humains, tant au niveau de la gestion du territoire que de la composition

matérielle, coïncide avec des changements environnementaux importants. Dans cette optique, la

connaissance de la faune chassée par les paléolithiques sera une donnée importante pour pouvoir

caractériser un peu plus ces occupations.

Nous conclurons en rappelant que nos observations sont réduites à la taille de l’échantillon et nous

espérons qu’une fouille élargie puisse un jour argumenter davantage notre perception actuelle du

matériel.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 145 -

Ens. 13 identité description objet

burin dièdre M13-d.69a-C4-V6 10 (S547)

Dim : 32x19x6 mm Burin dièdre déjété à gauche. Réalisé sur lame de plein débitage fragmenté en partie proximale par flexion inverse. Section triangulaire, silhouette légèrement torse. Biseau localisé en position distale, d'une épaisseur de 5 mm et angulation de 60°. 2 ravivages exercés à droite.

perçoir M13-d.68a-V7 (S554)

Dim : frag. distal actif : 18x8x3 mm - après remontage : 32x11x3 mm Perçoir avec rostre déjeté à gauche. Réalisé sur lamelle de plein débitage fragmentée en partie proximale par flexion inverse. Remontage avec extrémité proximale possédant un talon lisse abrasé. Section trapézoïdale et silhouette torse. Rostre en partie distale à retouche directe abrupte et subparallèle sur le côté droit. Pointe fragmentée.

lamelle à bord abattu M13-d69e-V2 12 (S511)

Dim : 27x11x3 mm Réalisée sur lamelle de plein débitage, fragmentée par flexion inverse en partie proximale et par cassure franche en partie distale. Support retouché sur les deux bords : une retouche directe abrupte irrégulière et totale sur bord droit et inverse sur bord gauche. Section triangulaire et silhouette légèrement torse.

Ens. 10.12 identité description objet

grattoir M14-S13 21 Dim : 70x28x10 mm Grattoir sur lame retouchée. Réalisé sur lame débordante de plein débitage à deux nervures, de profil convexe et de délinéation régulière. Support fragmenté par flexion inverse proximale. Front localisé en partie distale de 27 mm de largeur et 8 mm d'épaisseur. Retouche non convergente irrégulière. Angle du front = 80°. Observations supplémentaires : bords denticulés correspondant à un possible emmanchement / petit esquillement sur face inférieure du front.

troncature N12-d60 22 (S507) Dim : 58x20x7 mm Réalisée sur lame fragmentée de plein débitage de section trapézoïdale et de silhouette torse. Troncature oblique en partie distale par des retouches directes assez marginales. A noter de fines retouches "encochées" sur les bords.

M13-d47-C4 (S508) Dim : 23x11x5 mm Réalisée sur une lamelle de plein débitage assez irrégulière de section à 4 pans. Troncature droite à retouche semi-abrupte en partie distale.

encoche M13-C4-d27 (S509) Dim : 34x18x3 mm Réalisée sur éclat laminaire débordant. Série d'encoches sur le bord droit.

lamelle à bord abattu M12-d40 (S002) Dim : 14x7x3 mm Réalisée sur lamelle de plein débitage, fragmenté (éclaté au feu) en partie distale. Retouche totale abrupte, subparallèle sur le bord droit. Section trinagulaire et silhouette plane. Talon punctiforme abrasé.

M13-d49 (S003) Dim : 16x7x2 mm Réalisée sur lamelle de plein débitage fragmentée par flexion inverse en partie mésio-distale. Section trapézoïdale et silhouette plane. Retouche semi-abrupte sur le bord droit, parallèle et de délinéation régulière et légèrement concave.

Secteur T18-19 identité description objet

bec T19-d63 (S031) Dim : 21x11x6 mm Perçoir-bec avec rostre déjeté à gauche. Réalisé sur un éclat fragmenté en partie proximale. Rostre dégagé sur une longueur de 10 mm, désignant de ce fait plus un bec qu'un perçoir. Retouche bilatérale abrupte.

lamelle à bord abattu T18-d41(S030) Dim : 24x6x2 mm Réalisée sur lamelle de plein débitage, très fine et très régulière. Support fragmenté par flexion inverse en partie proximale. Section triangulaire. Retouche bilatérale partielle et rasante.

T19-d63 (S026) Dim : 25x9x2 mm Réalisée sur lamelle de plein débitage fragmentée par flexion inverse en partie distale et proximale. Section trapézoïdale et silhouette légèrement courbe. Retouche semi-abrupte à rasante, droite et parallèle sur le bord droit.

Tableau 32 : Description technologique des outils des ensembles 10-12 et 13 et du secteur T18-19

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 146 -

Figure 82 : secteurs concernés par la séquence inférieure (plan J.F. Buard).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 147 -

Figure 83 : plan de répartition des supports des ensembles 10-12 (pièces cotées, plan J.-F. Buard)

Figure 84 : plan de répartition des matières des ensembles 10-12 (pièces cotées, plan J.-F. Buard)

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 148 -

Figure 85 : plan de répartition des supports de l’ensemble 13 (pièces cotées, plan J.-F. Buard)

Figure 86 : plan de répartition des matières de l’ensemble 13 (pièces cotées, plan J.-F. Buard)

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 149 -

MATIERES PREMIERES ENS 13

PHASE FONCTION SUPPORT M1 M2 M3 M4 M5 M6 M7 M8 M9 M10 M11 M12 M13 M14 M15 divers brûlé TOTAL

1 Mise en forme Eclat cortical 12 1 1 1 1 2 18

Eclat 10 6 4 1 1 1 1 1 2 8 35

2a Plein débitage Lame brute 7 4 1 1 4 1 2 20

Lamelle brute 5 9 2 2 1 1 20

2b Entretien du nucléus

Lame à crête 1 1 2

Lamelle à crête 1 1

Produit de correction 17 5 9 1 2 4 2 1 1 42

Eclat de ravivage 2 2

3 Abandon nodule Nucléus 1 1 2

4 Façonnage

Outil sur lame 1 1

Outil sur lamelle 1 1 2

Outil sur éclat 0

TOTAL 52 29 19 3 3 8 6 4 3 0 0 0 0 0 0 7 11 145

MATIERES PREMIERES ENS 10-12

1 Mise en forme Eclat cortical 9 2 1 1 1 2 3 19

Eclat 2 3 1 3 4 1 1 11 26

2a Plein débitage Lame brute 6 2 4 1 1 2 16

Lamelle brute 2 1 1 1 1 6

2b Entretien du nucléus

Lame à crête 2 1 1 4

Lamelle à crête 1 1 2

Produit de correction 6 2 7 12 1 4 3 3 1 3 1 43

Eclat de ravivage 1 1

3 Abandon nodule Nucléus 0

4 Façonnage

Outil sur lame 1 1 1 3

Outil sur lamelle 1 1 2

Outil sur éclat 1 1

TOTAL 26 7 19 14 4 0 0 0 0 11 6 5 4 4 4 6 13 123

Tableau 33 : Décompte numérique par matière première et par catégorie technologique pour les ensembles 10-12 et 13. Case colorée en orange : matières premières communes aux deux

ensembles.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 150 -

- 151 -

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012

Figure 87 : secteur NM-12/13, silex provenant de la séquence inférieure. Ens.9.21 : s004; Ens.10, horizon

St14: s005, s006, s506; Ens.10 horizon St23 : s002; Ens.11 : s003; matériel du secteur T18-19: s050, s030,

s031, s026 et s041 (Dessin T. Perrin et S. Perret).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 152 -

Figure 88 : S511, ens. 13 : lamelle à bord abattu ; S554, ens.13 : perçoir déjeté – raccord avec partie

proximale ; S547, ens.13 : burin dièdre ; S507, ens.10-12 : troncature ; S508, ens.10-12 : troncature ; S509,

ens.10-12 : encoche ; S652, ens.10-12 : lamelle à crête à un versant (néocrête) ; S570, ens.13 : tablette de

plan de frappe ; S709, ens.10-12 : grattoir sur lame retouchée ; S659, ens.10-12 : remontage éclat lamellaire

et lame courte outrepassée ; S528, ens.13 : fragment de lame débordante portant des stigmates de percussion

à la pierre tendre ; S687, ens.10-12 : fragment lame portant un talon caractéristique d’une percussion tendre

organique. S627, ens 10-12 : fragment de lame (ech : ¾, Dessin J. Patouret).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 153 -

Figure 89 : Nucléus de l’ensemble 13 (dessin G. Bereiziat)

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 154 -

6 - Références bibliographiques mentionnées :

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Nemours, 13 - 16 mai 1997. Mémoires sur Musée de Préhistoire d’Ile de France.p.73-86

PION G. (dir.) et alii 2000 - Le paléolithique Supérieur récent : nouvelles données sur le peuplement

et l’environnement. Actes de la table ronde de Chambéry, 12-13 mars 1999, Société Préhistorique

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VALENTIN B. 1995 - Les groupes humains et leurs traditions au Tardiglaciaire dans le Bassin

Parisien. Apports de la technologie lithique comparée, Thèse de Doctorat, Université Paris I, 3

vol., ex. multigraph., 834 p.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 155 -

CHAPITRE X

Examen archéozoologique de la faune de la séquence inférieure de La grotte

de l’Abbaye Chazey-Bons, Ain

Jean-Christophe Castel

et

Mathieu Luret

L’examen du matériel que nous avons entrepris a été réalisé selon les méthodes qui sont

habituellement mises en œuvre pour les sites du Paléolithique supérieur notamment dans le Sud-

ouest de la France (cf. Castel rapports de fouille des sites de Castanet, Roc-de-Marsal, Le Piage,

Petit Cloup Barrat, etc.). Nous avons examiné la totalité du matériel récolté en octobre 2009 dans le

département d’archéozoologie du Muséum d'Histoire Naturelle de Genève.

Le matériel faunique paléolithique (US10.2, 11.1, 11.2, 12, 13, 13.1 et 13.2) a été analysé en deux

corpus qui ont fait l’objet de deux analyses distinctes :

- les vestiges numérotés (coordonnés) à la fouille ont été caractérisés le plus précisément possible ;

la plupart de ceux de plus de 30 mm ont été déterminés au moins d’un point de vue anatomique à

un niveau assez large (diaphyse d’os long, fragment de côte, etc.).

- les vestiges récoltés au tamisage, qui sont de toutes petites dimensions, ont été caractérisés de

façon plus sommaire (cf. Castel 2005). Ceux de ces vestiges qui ont été considérés comme

déterminables ont été isolés et joints à la base des vestiges numérotés.

1 - Taphonomie

Caractérisation des vestiges non déterminables récoltés lors du tamisage

Quelques 110 sachets de tamisage examinés ont permis de décompter 27.333 fragments osseux qui

ont été caractérisés en fonction de :

- les tissus osseux,

- leur longueur,

- leur degré de combustion.

Les fragments inférieurs à 10 mm de longueur n’ont pas été caractérisés en fonction des tissus

osseux. Etant donné que les vestiges de petites dimensions sont susceptibles de constituer une part

significative du total de la matière osseuse conservée dans le gisement, cet examen permet une

approche complémentaire à l'analyse des vestiges enregistrés et numérotés à la fouille.

Dans le cadre de ce travail, ce corpus a été traité globalement sans tenir compte des unités

stratigraphiques. Les données recueillies pourraient contribuer à la définition de ces unités donc de

la mise en place du Paléolithique de la grotte de l'Abbaye mais nous avons considéré que les

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 156 -

informations sur ces unités étaient suffisamment précises (cf. rapports des fouilles de J.-F. Buard et

al.). De plus 96 % du nombre de vestiges se rapporte à l’ensemble 13 (13, 13.1, 13.2).

Dimensions des vestiges

1

10

100

1000

10000

100000

< 10 mm 10 à 20

mm

20 à 30

mm

30 à 40

mm

40 à 50

mm

50 à 60

mm

60 à 70

mm

70 à 80

mm

80 à 90

mm

90 à 100

mm

NR n. b.

de plus

de 100

mmLongueur

No

mb

re d

e r

este

s

Non brûlés

Brûlés

Dimensions des vestiges

0

2000

4000

6000

8000

10000

12000

14000

16000

18000

< 10 mm 10 à 20

mm

20 à 30

mm

30 à 40

mm

40 à 50

mm

50 à 60

mm

60 à 70

mm

70 à 80

mm

80 à 90

mm

90 à 100

mm

NR n. b.

de plus

de 100

mmLongueur

No

mb

re d

e r

este

s

Non brûlés

Brûlés

Figure 1 –

Figure 90 : US 10.2, 11.1, 11.2, 12, 13, 13.1 et 13.2. Décompte du nombre total de vestiges récolté lors des

fouilles (y compris les vestiges numérotés et/ou déterminés). Echelles logarithmique et arithmétique.

La figure ci-dessus permet de rendre compte de la fragmentation extrêmement importante du

matériel (mais aussi de la qualité de la récolte archéologique). Une large proportion des vestiges

mesure moins d’un centimètre (83 %). L’assemblage étant constitué d’os d’ongulés de taille

moyenne (le cerf – voir plus loin), les vestiges déterminables sont relativement peu nombreux : les

vestiges de plus de 30 mm comptent pour moins de 1 % de l’assemblage et environ 300 restes. Les

restes de plus de 50 mm (longueur à partir de laquelle on peut espérer déterminer un fragment de

diaphyse de cerf) ne sont que 77. La mesure de ce concassage est accentuée si l'on ne prend en

compte que les diaphyses de plus de 30 mm dont la longueur moyenne n'est que de 45 mm ce qui

est très faible pour un animal de la taille du cerf.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 157 -

Les os brûlés sont présents en grandes quantités parmi les fragments de moins de 30 mm. Leur

proportion augmente dans les classes les plus petites.

Les tissus osseux représentés sont principalement de l’os compact, que ce soit pour les os brûlés ou

les non-brûlés. Les os spongieux et les côtes représentent 30,8 % du matériel non brûlé de petites

dimensions (10 à 40 mm) et 18,6 % des os brûlés. Ces valeurs sont relativement faibles (cf.

Costamagno et al. 2008). Il n’y a donc pas de sélection de l’os spongieux (+ côtes) pour l’utiliser

comme combustible.

Compte tenu de la forte représentation des diaphyses – donc de l’os compact - parmi les fragments

de plus de 30 mm, on peut conclure qu’il y a une forte sous-représentation de l’os spongieux et des

côtes dans les couches paléolithiques de la grotte de l’Abbaye

Compact

Côtes

Spongieux

Dents

Brûlé Compact

Brûlé Côtes

Brûlé Spongieux

Brûlé Dents

Figure 91 : pourcentage des différents types de tissus pour 10 < L < 40 mm (NR=3944)

Etats de surface

Ce qui caractérise principalement les os de la grotte de l'Abbaye est leur concrétionnement

superficiel. Ce phénomène est très répandu parmi le matériel examiné (photo 1) mais ne semble pas

nuire à la bonne conservation des vestiges (Figure 92). En revanche cela empêche l'observation des

stigmates d'origine anthropique telles que les stries ; malgré cela, la moitié des vestiges se prête à

une observation correcte (dans le cas de concrétions marginales ou absentes). Les autres

dégradations des os sont modérément développées (érosion mécanique des angles assez importante,

dissolution et exfoliation rares, trace de racines rares). On peut donc conclure qu'à part le

concrétionnement les os de la grotte de l'Abbaye sont bien conservés.

Photo 1 : exemple de concrétionnement des vestiges osseux de la grotte de l’Abbaye.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 158 -

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

10 à 20 mm (90)

20 à 30 mm (160)

30 à 40 mm (134)

40 à 50 mm (68)

50 à 60 mm (36)

sup à 60 mm (38)L

on

gu

eu

r (+

NR

)

% de restes

nulle (0%)

marginale (5-10 %)

peu étendue (15-25 %)

importante (30-50 %)

couverte (60-100 %)

Figure 93 : extension des concrétions parmi les vestiges non brûlés de plus de 30 mm.

La couleur des os a également été notée (Figure 94). Les concrétions sont de couleur blanche ou

grise (Figure 95). Nous n’avons pas exploité ces informations qui pourraient permettre de préciser

la nature des différentes unités stratigraphiques.

Blanc

Jaune

Orangé

Brun

Brûlés

Figure 94 : couleur des os (NR = 540) parmi les vestiges côtés et/ou déterminés.

Blanc

Jaune

Gris

Noir

Figure 95 : couleur des concrétions (NR = 441) parmi les vestiges côtés et/ou déterminés.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 159 -

Aucune morsure de carnivore n’a été observée parmi les vestiges de la base de données principale

ou parmi les non-cotés.

2 - Activités humaines

Les taxons représentés

L’assemblage examiné plus précisément, de petite taille, comporte 544 vestiges. Une majorité n’est

pas déterminée au-delà de la classe de taille ou au-delà de l’identification sommaire en ce qui

concerne les fragments de diaphyses. Si l’on ne retient que les restes déterminés anatomiquement

ou taxonomiquement le corpus est de 132 restes.

L’assemblage est pratiquement monospécifique et composé de cerf (NR = 106). Seul un reste de

lynx vient ajouter un peu de variété. Ce dernier est un petit fragment proximal de 3ème

métacarpien

(photo 2). A cela s’ajoutent 27 autres restes déterminés anatomiquement qui peuvent correspondre

au cerf. Sur la base du secteur fouillé, le cerf représente donc l’objet principal, sinon exclusif, des

chasses organisées par les Magdaléniens de la grotte de l’Abbaye.

Photo 2 : fragment proximal de 3ème

métacarpien de lynx.

Age et saison d’abattage

Sept restes crâniens ou mandibulaires portant des dents ont été identifiés ; ils correspondent à trois

individus minimum, tous de jeunes adultes (24 mois à 6 ans) (photo 3). A signaler, la présence de

deux os de fœtus d'un mammifère qui n’a pas pu être déterminé (photo 4). Ils signalent un abattage

et une présence hivernale.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 160 -

Photo 3 : fragment de mandibule de cerf ; celui-ci est le mieux conservé de l’assemblage.

Photo 4 : scapula de fœtus de mammifère artiodactyle.

Représentation anatomique du cerf

Taxon

Crâ

ne

Dent

isolé

e

Ma

ndib

ule

Hyoïd

e

Vert

èbre

s

Côte

s

Cein

ture

s

Hum

éru

s

Radiu

s

Uln

a

mur

Tib

ia

Basip

ode

tacarp

ien

tata

rsie

n

Méta

pode in

d.

Phala

nges

Phala

nges v

estig

ielle

s

Sésam

oïd

es

To

tal

Moyen ou grand mammifère ind. 1 1 1 3

Cerf 3 10 4 1 4 2 2 1 1 3 2 4 4 3 4 34 15 9 106

Ongulé moyen indéterminé 3 1 1 7 4 2 1 19

Petit ou moyen ongulé ind. 1 1

Lynx MC3 1

Mammifère indéterminé 1 1 2

Total 9 11 5 2 11 6 3 1 1 3 3 4 7 1 3 4 34 15 10 132

Tableau 34 : représentation squelettique des principaux taxons.

Le NMI ne dépasse l'unité que pour les restes dentaires. Le squelette axial est extrêmement peu

représenté. Les 11 fragments vertébraux identifiés sont petits (longueur moyenne : 28 mm) et

correspondent à différents types de vertèbres. Celles-ci ont subi une destruction très importante.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 161 -

Les côtes sont encore plus rares : NR = 5 (longueur moyenne 40 mm) ce qui, cumulé, ne fait même

pas l'équivalent d'une seule côte de cerf. Les ceintures sont tout aussi mal représentées.

La situation est similaire pour les épiphyses des os longs et les os du basipode. Les diaphyses sont

un peu plus abondantes mais ce sont surtout les phalanges des doigts principaux et accessoires qui

dominent le corpus. Cette abondance des phalanges vestigielles contraste avec la rareté des

métapodes notamment celle du métacarpien qui n'a pas été identifié malgré le caractère très aisé de

cette détermination. Les différents os longs sont présents, réduits en fragments de petites

dimensions.

Nous avons tenté de mesurer l'éventuel déficit des diaphyses par rapport au crâne ou aux extrémités

distales des membres. 219 fragments de diaphyses de plus de 30 mm ont été comptés (tamisage +

détermination par classe de taille + détermination précise). La longueur totale de ces fragments a

été estimée à 9901 mm (somme précise pour les plus de 40 mm qui ont en totalité été mesurés +

évaluation pour les 30-40 mm dont seule la partie numéroté et déterminée à été mesurée). La

largeur moyenne de ces fragments est estimée très sommairement à 18 mm. Cela donne la surface

totale de 178000 mm2. La surface totale des os longs d'un squelette de cerf de taille comparable est

de 241600 mm2 (humérus : 150x100x2 ; radius : 220x90x2 ; MC : 200x80x2 ; fémur : 180x100x2 ;

tibia : 290x100x2 ; MT : 230x100x2). La surface totale des vestiges diaphyses conservées de plus

de 30 mm est donc légèrement inférieure à celle d'un cerf complet. Si l'on ajoute les fragments

inférieurs à 30 mm on atteint probablement une valeur de surface légèrement supérieure à l'unité ce

qui reste très peu.

Le déficit en épiphyses d'os longs et en os du basipode est encore plus important. Il ne peut pas être

justifié par le concassage de ces parties. En effet, il n'y a pas assez d'os correspondants

(essentiellement de l'os spongieux) parmi les petits fragments (< 30 mm). Les diaphyses étant

présentes en proportion plus importante, on doit suspecter une destruction des épiphyses et des os

du basipode dans le site, donc après transport. Cette destruction peut être d'origine naturelle ou

anthropique.

La combustion de l'os a manifestement joué un rôle important dans la zone de fouille. L'os compact

représente 81 % des fragments de plus de 10 mm de longueur. Il ne semble donc pas y avoir de

combustion préférentielle de l'os spongieux dans ce foyer ou alors celui-ci est totalement détruit

(cet os spongieux peut-il être identifié par des analyses micromorphologiques comme le pensent

certains auteurs (Gé et Courty com. pers.). Au terme de cette analyse, l'origine du déficit en os

spongieux des membres n'est pas déterminée. Quant à celui du squelette axial la situation est encore

moins précise puisqu'il n'est pas certain que les vertèbres et les côtes aient été introduites dans la

grotte (au vu des informations du secteur de fouille d'extension limitée).

L’origine de cette sur-représentation des phalanges reste à déterminer. L’abondance des phalanges

vestigielles incite à la prudence. Il ne s’agit pas simplement d’extrémités de pattes qui auraient été

rejetées ou de phalanges abandonnées dans une peau de renne devenue inutile. Ce mode de

conservation des peaux n’explique pas la présence des phalanges vestigielles.

L’hypothèse d’un rejet des bas de pattes dans les foyers n’est pas satisfaisante non plus puisque il y

a très peu de phalanges brûlées alors que ces os sont aisément identifiables même sous forme de

petits fragments.

Découpe et fracturation des os à moelle

Seuls trois os striés ont été repérés (photo 5); ces stries sont parfaitement identifiables et nettes et

les stigmates similaires plus ou moins effacés sont rares (strie de frottement d’origine naturelle ou

dont l’origine anthropique est douteuse). Cela fait extrêmement peu compte tenu de la relativement

bonne conservation des vestiges. Les sites en grotte du Paléolithique supérieur en livrent

généralement une plus forte proportion même si les os sont médiocrement conservés. Cette rareté

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 162 -

des stries est donc le résultat d'un mode d'exploitation particulier des carcasses et non des

conditions de fossilisation.

Photo 5 : exemple d’os strié (Echelle millimétrique).

Les os longs ont subi une forte fracturation (intentionnelle, sur os frais) qui va au-delà de la simple

ouverture des diaphyses pour accéder à la moelle. Les fragments de plus de 30 mm ont une

longueur moyenne de 45 mm ce qui est très peu.

Toutes les premières et secondes phalanges ainsi que 75 % des troisièmes phalanges sont

fragmentaires. La fracturation intentionnelle est attestée sur certains de ces fragments qui

présentent des bords lisses et obliques. La récupération de la moelle des phalanges est donc attestée

mais la proportion concernée ne peut déterminée avec précision.

Industrie osseuse et parure.

Nous n’avons observé de retouchoir. A signaler la présence d’un petit fragment partiellement brûlé

d’un objet appointé (photo 6).

Photo 6 : fragment de poinçon ou outil assimilé, partiellement brûlé.

Comparaisons régionales

Le corpus de données régionales bien datées est assez important (Bridault et Chaix, 2009). Le cerf

est présent dans la majorité des sites contemporains (ca. 12.350 cal. BC) mais sont ceux où il

domine autant qu’à l’Abbaye sont peu fréquents ; on peut mentionner Rochedane (Doubs, Bridault,

1993 et Bridault et Chaix, 2009) et Hauterive-Champréveyres (Morel et Müller 1997).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 163 -

Quant au lynx, sa présence se limite au site de Hauterive-Champréveyres où il serait présent au

Magdalénien supérieur comme à l’Azilien.

3 - Perspectives

Le présent travail ne représente pas l’aboutissement de ce que l’on peut dire de la faune de la grotte

de l’Abbaye mais une étape suffisamment détaillée. Il conviendrait notamment de mieux

déterminer l’origine de la représentation anatomique si particulière de la grotte de l’Abbaye et de

mieux assurer les comparaisons régionales. Enfin, si l’on souhaite que la grotte de l’Abbaye

contribue à une connaissance des comportements des Magdaléniens à l’échelle régionale il serait

judicieux d’étendre la zone de fouille afin de déterminer si les informations obtenues sur moins de

4 m2 – mais en réalité M13 représente 99 % du matériel récolté – sont représentatives de

l’ensemble de l’habitat. Ainsi la nature de cet habitat pourrait être mieux déterminée : halte de

chasse ou de séjour prolongé ? On peut y ajouter les questions suivantes : Quelle saison de

fréquentation, quelle sélection du gibier ? Il va sans dire que les conditions actuelles de gisement ne

rendront pas aisée une telle recherche.

4 - Bibliographie

Bridault A, 1993 Les économies de chasse épipaléolithiques et mésolithiques dans le Nord et l'Est de la France.

Thèse, Université de Paris X, non publiée.

Bridault A. et Chaix L., 2009. Réflexions sur la recomposition des spectres fauniques dans le massif jurassien et

les Alpes françaises du nord durant le Tardiglaciaire. In : Pion G. (Dir.) : La fin du Paléolithique supérieur

dans les Alpes du françaises et le Jura méridional. Société Préhistorique Française, Mémoire 50, p. 59-71.

Castel J.-C., 2005. Economie préhistorique, boucherie et décompte des fragments osseux. Revue de

Paléobiologie, Genève, vol. spéc. 10, Hommages à Louis Chaix. p. 23-30.

Costamagno S., Théry-Parisot I., Castel J.-C., Brugal J.-Ph., 2009. Combustible ou non ? Analyse

multifactorielle et modèles explicatifs sur des ossements brûlés paléolithiques. In : Théry-Parisot,

I., Costamagno S., Henry, A. (Eds) : Fuel and Mangement during the Palaeolithic and Mesolithic periods :

new tools, new interpretations. BAR Int. Series 1914 : 65-84. Actes du colloque international de l’IUSPP,

Lisbonne 2006. p. 65-84.

Morel P. et Müller W., 1997. Hauterive-Champréveyres, 11. Un campement magdalénien au bord du lac de

Neuchâtel : étude archéozoologique (secteur 1). Neuchâtel, Musée cantonal d'archéologie ; Archéologie

neuchâteloise, 23.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 164 -

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 165 -

Annexes

1 - Références

- Nom du site : Grotte de l'Abbaye I. - Commune : Chazey-Bons.

- Département : Ain. - Pays : France.

- Site archéologique : No 01 098 001 AP. - code PATRIARCHE : 7624

- Carte IGN : 1:25 000 3231 est. - Coordonnées Lambert II étendu :

- Altitude : 270 m. 859.350 / 2093.585 km.

- Parcelle cadastrale : No 271, Chazey-Bons feuille A1, révision 1986.

- Propriété : Anthelme Charpy (Gevrin, Ain).

- Responsable de l’étude : Jean-François BUARD

Laboratoire d’archéologie préhistorique et anthropologie

Institut F.-A. Forel

Sciences de la Terre et de l’environnement

Université de Genève

18 rue Gustave-Revilliod

CH - 1211 GENÈVE 24.

2 - Abréviations utilisés dans les catalogues :

Ens. : ensemble stratigraphique.

E, F, St : empierrement, foyer, structures.

P, M, G, B : pierres de petite (3-7), moyenne (7-15), grande taille (15-25) et bloc (>25 cm.).

rub : rubéfié (Mrub : pierre de taille moyenne rubéfiée).

A, L, S : argiles, limons et sable (SL : sables limoneux).

Cn : concrétion.

Ro, Rj, Rs : rubéfactions orange, jaunes et sombres.

Cb, Cg, Cgc, Cgs, Cgn : cendres blanches, grises, gris claire, gris sombre, gris-noirâtre.

Ch : charbons.

Galets pp : petits galets

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 166 -

3 - Catalogue des empierrements

NoE Recoupements Statut Type pierres rub origine Us Phase

E1 E3 Obsolète 7.1 Chasséen ancien

E2 Obsolète 7.2 Chasséen ancien

E3 E18, E31, F33, St6

Important grand-rejet, dépotoir

oui anthropique. 7.1 Chasséen ancien

E4 Obsolète 2.21 Bronze ancien

E5 E12 ? Vague 4 NMB

E6 E16? Vague -2 Contexte incertain

E7 E18 Obsolète 7.1 Chasséen ancien

E9 Vague petit oui anthropique? 3.11 Néolithique final sup

E10 Important moyen-rejet oui anthropique. 2.1 Bronze moyen

E11 Cohérent. Géol. remplissage St49

géologique. 7.2 Chasséen ancien

E12 E5 Important niv. pierreux oui niveau pierreux 4 NMB

E13 Cohérent moyen-rejet oui anthropique. 3.11 Néolithique final sup

E14 Cohérent petit géologique ? 5 Chasséen moyen

E15 Cohérent petit géologique ? 5 Chasséen moyen

E16 F19, F24 Important niv. pierreux oui niveau pierreux 5 Chasséen moyen

E18 E25, F34, E3, E31

Important niv. pierreux oui niveau pierreux 7.1 Chasséen ancien

E8 F30 Cohérent base foyer oui niveau pierreux 2.21 Bronze ancien

E19 E18 Obsolète 7.1 Chasséen ancien

E20 E25, F27 Cohérent. Géol. moyen oui géologique. 7.1 Chasséen ancien

E21 Obsolète 7.1 Chasséen ancien

E22 Cohérent. Géol. remplissage St44

géologique. 7.2 Chasséen ancien

E24 E23 Cohérent. Géol. remplissage St43

géologique. 7.2 Chasséen ancien

E25 E20, E18 Cohérent. Géol. remplissage St45

géologique. 7.2 Chasséen ancien

E26 Cohérent. Géol. niv pierreux géologique. 8 Atlantique ancien

E27 Cohérent petit-rejet oui anthropique. 1.3 Bronze final IIIa

E28 F29, F35, St48 Cohérent base foyer oui anthropique. 7.2 Chasséen ancien

E29 Cohérent petit-rejet oui anthropique. 2.1 Bronze moyen

E30 Cohérent petit anthropique ? 2.1 Bronze moyen

E23 E24, E31 ? Cohérent. Géol. niv pierreux oui niveau pierreux 7.2 Chasséen ancien

E31 F38, E3 Important niv pierreux oui niveau pierreux 7.2 Chasséen ancien

E32 F44, F45 Important niv pierreux oui niveau pierreux 3.2 Néolithique final inf.

E33 St50 Cohérent zone pierreuse

niveau pierreux 7.1 Chasséen ancien

E34 St23 Important petit oui géologique ? 11.1 Magdalénien

E35 St23 Cohérent petit géologique. 11.1 Magdalénien

Tableau 35 : catalogue des empierrements.

Descriptions

NoE Statut Description

E1 Obsolète Concentration de PMG, reposant sur Les FSJDCN. repéré en L14, dans S3, après la vidange des remblais des fouilles Reymond. E1, vu en stratigraphie, correspond à E3 en décapage.

E2 Obsolète Concentrations de pierres à traces d'agrégats de gravillons blanchâtres observées en L.10-11. Dégagé en d0, d1 et d2, démonté en d4. E2 est à mettre en relation avec le sommet de Ens8.

E3 Important Empierrement apparaissant en M14.d6a, N14.d10.d12 et démonté en d13-d15. Contient principalement des PM en N.M14. E1.E3 se prolongent massivement (PMG) dans le secteur LN-15 ou il apparaît base d21-d25, et est démonté de d27 à d34. En L15, il se confond avec le complexe St.8-F38.En N15 il rentre en contacte avec E18. En LN-16/17, l'empierrement est plus diffus (LP-16.17.d60 à d62.). E3 a été subdivisé en 2 avec E3s au sommet (LMN-15.d22-

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 167 -

NoE Statut Description

d26), en E3c, niveau riche en matériel, puis, en E31, niveau de base, correspondant en LP-16/17 et en IJK-16/17 à l'arrivée sur les FSJDCN. En LMN-14/15, la situation est plus compliquée avec l'apparition dans E31 d'une nouvelle couche pierreuse entre le sommet de E31 et le niveau d'ouverture des structure en creux dans les FSJDCN.

E4 Obsolète Alignement de pierres en découvert en N15.d9 et démonté en N15.d10. Pas très concluant.

E5 Vague surface de petites M très dense, souvent rubéfiée, dégagée en LP-15.d13.14 et enlever en d15 (Sauf en M15 ?) correspond au niveau pierreux du sommet de l'ensemble 4

E6 Vague Alignement de M en bordure Nord de N-M15.d16 base. Appartient à E16 ?

E7 Obsolète Disque de B en jonction O15 / N15, visible dès N15.25, démonté jusqu'en N15.d36. En O15. d27-d34, rien de particulier n'a été remarqué. pas très concluant. Partie de E18.

E9 Vague Concentration pierreuse repérée dans du LA gris claire cendreux en L17.d34.d35 et d36, et démontée en d34a et d34b. E9 est bordé à l'Est par F42.

E10 Important Grand empierrement constitué de M et G imbriquées contre la paroi Nord et Est du secteur IK-16/17 en IJ-17. E10 couvre les m2 : K17, J17, I17 et I16. Il Apparaît base d8, s'étend de d9 à d13, est démonté en d15-d15a. E10 contient de nombreuses pierres rubéfiées et un peu de matériel.

E11 Cohérent. Géol.

Amas de pierre remplissant, dans le secteur LO-20/21, une structure en creux dans les FSJDCN (St49). E11 apparaît progressivement de d18 à d31 et est démonté en d39.

E12 Important Empierrement situé en L17, apparaissant base d41, dégagé en d42 et d45, démonté principalement en d48.v1, qqu. pierres résiduelles en d52. niveau. pierreux suite de E5 en plus concentré ?.

E13 Cohérent Empierrement assez dense situé à l'Est du secteur IK-16/17, en IJ-16/17 . Apparaît en d16 lors de l'enlèvement des sédiments riche en cailloutis et P sous-jacent à E10. E13 sera décapé en d18 (phase 1) et en d22 (phase 2). E13 repose sur l'ensemble 3.3. Sa matrice et le matériel qui s'y trouve, en tous cas au sommet (d18.v1), appartient à l'ensemble 3.1

E14 Cohérent Empierrement riche en MP +- circulaire situé en NM-17, apparaissant en d48-d52. Une première phase de PM est enlevée en d54. La base de E14 se distingue des sédiments entourant en d55e et d57e.

E15 Cohérent Petite cuvette remplie de P et cailloutis imbriquées remplissant l'espace sis entre F19 et F24. E15 est repéré en O17.d53.d54 et est démonté en d55f.v1. E15 ressemble à E14. Comme E14, E15 repose sur sédiment riche en graviers jaunâtre, contenant localement une nappe sableuse jaunâtre-noirâtre (sommet ens.6). E15 est postérieur a et endommagé F19 et F24.

E16 Important A l'origine Petit E sur lequel repose F24. Par extension ensemble des M et des G de l'ensemble 5 (anc. cailloutage sup.) quatre gros blocs calcaire (O14, M15, MN.16, K15.16, O14.15).

E18 Important Empierrement formé de BGM, concentré en NP-15/17. Découvert dans les secteurs OP-14/15 (d21 à d29) et N15 8 (d21 à d26) ou il est démonté en 1995 (N15 d27 à d36) et en 1996 (OP-15 d34-d35). On le retrouve en 2001 dans le secteur LP-16/17 à partir de d48. Il s'y étend de d48 à d58 pour y être démonté en d60a, d61d, d61e (E19), d64a et d64c. Il repose sur soit le sédiment nommé caramel Isabelle, soit sur des structure en creux dans les FSJDCN de l'ensemble 8 (St.43, St.44) ou à plat (E23). Cet empierrement se subdivise en une bordure orientale (E19), et un sommet sur le quel repose F24 (E16). E18 se distingue par sa matrice, grise assez sombre, et la taille imposante de ses pierre (G et B très nombreux).

E8 Cohérent P16.d30 - d30b / F30 : pierres base F30, concentration de MG, dont une grande partie est rubéfié et repose sur un pâle de rubéfactions (Rb3).

E19 Obsolète Maintenant bordure orientale de E18. Démonté en d61e.

E20 Cohérent. Géol.

Empierrement situé à l'ouest de E18. Apparaît en P-16/17 à la base de d55. S'étend en d55f, d56f et d58. Est démonté en d61b. Base d61b apparaît une langue de FSJDCN dans le coin NO de E20 (P17). qui s'étend en d64b (base de E20 : sommet de St43 et St45). Comme E18, E20 repose sur des structures en creux (St34 et St45 et E23). E20 sert d'assise à F27.

E21 Obsolète Anciennement Bande de MG située dans la moitié Nord de LMN-17, maintenant réparti en E3~ et E31~.

E22 Cohérent. Géol.

Empierrement de remplissage de St44. Découvert en N17.d61c et vider en N17.d63a, v1 et v2.

E24 Cohérent. Géol.

Pierre de remplissage de St43. Repérer en P16.d64b, démonté en d65b et d66b. le sommet de E24 (E24s.St43) est en connexion (ou recouvert ?) par E23. Sa base est nettement en creux.

E25 Cohérent. Géol.

Amas de pierres et de gros blocs, reposant dans une légère structure en creux (St45) sous E20.

E26 Cohérent. Géol.

Epierrement reposant au sommet de l'ensemble 8. Il est situé au Nord-est de IJK-16/17. Apparaît à la base de I17.d26, au fond d'un trou résultant d'une erreur de décapage. S'étend progressivement lors des décapage suivant, pour être complètement dégagé en d32, lors de l'arrivée sur l'ensemble 8.

E27 Cohérent Amas caillouteux = St26 avec PM rub. Un gros Os pour datation (Dt.9). Apparaît base d4. Démonté en d18.

E28 Cohérent Empierrement de base de F29 et corps de F35 replissant une structure en creux peu profonde dans les FSJDCN (St48). Apparaît : zone nord - S17.d45, S16.d46 zone centre : S16.d49a, S15.d50a zone sud : S15.d45, S14.d36 E28 comble St48.

E29 Cohérent Empierrement lâche, +- circulaire (E29) PM, parfois rubéfié, céramiques en périphérie. Amas de rejet possible. Repérer en NO-20.d9. Enlevé en d12-d12a. Zone de rejet possible. Base Ens.2.1.

E30 Cohérent Contre la paroi est, amas de P et de M centré sur M20, apparaît en M20.d9.d10. Démonté en M20.d13.

E23 Cohérent. Géol.

Empierrement situé en P15-P16, lié à St20.St21 Découvert en P15.d37 et P16.d64b, sous E20 et en continuité avec E24. Démonter en P15.d37-d38 et en P16.d66b. Correspond à l'unité S6.7d2. correspondance avec E31? E23 pourrait recouvrir E24 !! à réinterpréter.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 168 -

NoE Statut Description

E31 Important Empierrement (GB) situé à la base de E3 et de F38. en LMN-14/15 et pierres situées sur les FSJDCN sales (Ens.7/Ens.8) en LMN-17. Dans ce secteur E31 diffus apparaît en d55d.g.h, en d56 et en d57c. Est démonté en d61c. Annulé = E31 diffus

E32 Important Couche pierreuse, étalage de MP assez dense au sommet duquel reposent les foyers endommagés F44 et F45. MP rub épars. rub Ce niveau pierreux à probablement protégé la bande S de l'érosion périphérique.

E33 Cohérent Arc de cercle pierreux délimitant Les LACgs-Cn de St50 (empierrement probablement géologique ?)

E34 Important Empierrement circulaire reposant sur une dalle. Vu en M12 dés d31-d34 et démonté principalement en d61 et d66. Démontage de la dalle de E34 en M12.d66.

E35 Cohérent Petit amas de M>G concrétionné dans le coin NE de M13. Pendant nord de E34 ? Principalement démonté en d47 et d60.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 169 -

4 - Catalogue des structures de combustion

F/St Statut Conservation Recoupement Forme Aménagement US Phase d'occupation

F1 Cohérent moyenne F39 ? cuvette sans 9.1 Mésolithique

F2 Cohérent mauvaise plat sans 9.1 Mésolithique

F3 Important bonne E3, E18, F34 nappe ch sans 6 Chasséen moyen

F5 Vague moyenne Tr1 fosse ? 0.33 Tranchées Tournier

F10 Important bonne plat sans 3.13 Néolithique final sup

F11 Important moyenne F40-Rb2 plat Sole-Ro/Rj 2.11 Bronze moyen

F12 Important bonne F16, F31, F42 plat Sole-Ro/Rj 3.11 Néolithique final sup

F13 Important bonne F40-Rb2, E32 plat Sole-Ro/Rj 2.22 Bronze ancien

F14 Important bonne F32 plat Sole indurée 3.3 Néolithique final inf

F15 Important moyenne plat Sole-Ro/Rj 2.21 Bronze ancien

F16 Important mauvaise F12, F25?, F32 plat Sole indurée 3.3 Néolithique final inf

F17 Important bonne plat Sole-Ro/Rj 1.2 Hallstatt ancien

F18 Vague mauvaise F23 nappe Cg sans 3.12 Néolithique final sup

F19 Important bonne E14, E16 plat Pierres 5 Chasséen

F21 Important moyenne plat Sole-Ro/Rj 3.2 Néolithique final inf

F22 Cohérent mauvaise indet. indet. 4 NMB

F23 Vague mauvaise F18 nappe Cg sans 3.12 Néolithique final sup

F24 Important Excellent E14, E15, E16 plat Pierres 5 Chasséen moyen

F25 Important bonne E17 nappe Cgc sans 3.3 Néolithique final inf

F27 Important bonne E20 cuvette Blocs 7.1 Chasséen ancien

F28 Cohérent moyenne F38, E3 plat Pierres 6 Chasséen ancien

F29 Important moyenne E28 sur dalle Dalle 7.1 Chasséen ancien

F30 Important mauvaise E8 plat Pierres 2.21 Bronze ancien

F31 Important moyenne F12 plat Sole indurée 3.11 Néolithique final sup

F32 Important mauvaise F14 plat ? indet. 3.3 Néolithique final inf

F33 Cohérent moyenne E3 cuvette Pierres 6 Chasséen ancien

F34 Vague mauvaise E18, F3 plat ? Pierres 6 Chasséen ancien

F35 Important bonne F29, St50 cuvette Pierres 7.2 Chasséen ancien

F36 Vague mauvaise St8, F37, F38 plat ? indet. 6 Chasséen ancien

F37 Cohérent bonne St8, F36, F38 plat Sole-Ro/Rj 7.1 Chasséen ancien

F38 Important bonne St8, F36, F37, E3, E31 plat Pierres 7.1 Chasséen ancien

F39 Important moyenne F1 ? cuvette sans 9.1 Mésolithique

F40 Important moyenne F11-Rb13 plat Sole-Ro/Rj 2.22 Bronze ancien

F41 Cohérent bonne plat Sole-Ro/Rj 1.2 Hallstatt ancien

F42 Important bonne F12 plat Sole-Ro/Rj 3.11 Néolithique final sup

F43 Cohérent bonne plat ? Sole-Ro/Rj 1.1 Romain

F44 Vague mauvaise E32, F45 ? plat ? indet. 2.22 Bronze ancien

F45 Vague mauvaise E32, F44 ? plat indet. 2.22 Bronze ancien

F46 Cohérent moyenne indet. Pierres 9.22 Mésolithique

F47 Cohérent bonne plat Sole-Ro/Rj 1.1 Romain

F48 Important moyenne plat Pierres 7.2 Chasséen ancien

St8 Important bonne E3, E3, F36 zone de combustion complexe cf. : F37 et F38.

7.1 Chasséen ancien

St6 Cohérent moyenne E3, E31, St41 cuvette Pierres 7.1 Chasséen ancien

St9 Cohérent mauvaise St10 plat Sole-Ro/Rj 5 Chasséen moyen

St10 Important bonne St9-Rb1 fosse fosse 3.3 Néolithique final inf.

St14 Important moyenne nappe ch. indet. 10.1 Magdalénien

St23 Important mauvaise E34, E35 plat indet. 10.2 Magdalénien

St27 Cohérent bonne St33 cuvette Pierres 1.3 Bronze final IIIa

St31 Important bonne cuvette Pierres 1.1 Romain

St33 Important bonne St27 cuvette Pierres 1.3 Bronze final IIIa

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 170 -

F/St Statut Conservation Recoupement Forme Aménagement US Phase d'occupation

St46 Cohérent bonne cuvette Pierres 13.2 Magdalénien

St47 Cohérent mauvaise Tr1 fosse fosse 3.3 Néolithique final inf.

St50 Important bonne E33, F35, E28 cuvette Pierres 7.1 Chasséen ancien

Tableau 36 : catalogue des structures de combustion.

Descriptions

F/St Statut Description

F1 Cohérent Nappe cendreuse à lentilles charbonneuses centrée sur L11. Apparaît base L11.d6. F1 s'étend en L12.d1 et L11.d8. Forme une légère cuvette de 14 cm de profondeur pour son point central, vidangée en d8a. Quelques poches charbonneuses résiduelles en L12.d3 peuvent lui être rattachées. Traces résiduelles constatées en L11.d9.

F2 Cohérent Nappe de Cgs à lentilles charbonneuses avec une languette de Cb centrée sur K10. Repéré en K10.d6 et démonté en K10.d8. Structure de combustion analysée en détail par Dominique Sordoillet (prélèvement sédimentologie A93-1 = M3). Combustion locale probable, lessivage avéré.

F3 Important Concentration de LA brun-noirâtre charbonneuse située au sommet de E3 en NO-14/15. Bien visible en coupe dans S1. Prolongement partie sud en MN-16 (F3 diffus). Apparait en 1993 et défini l'ensemble 6. Est rattaché à F34 dont il constitue un épandage charbonneux.

F5 Vague Structure en creux à la base de Tr.1 remplie de LA noirâtre charbonneux. Prise à la fouille pour un foyer (appelé C1). Découverte de Rj en périphérie (J10.d3b. F5 est creusé dans les FSJDCN. cf.: Jk.10.d0-d3. F5 est situé dans l'axe de Tr1. Il peut s'agir d'un fond de tranchée. Si le bord Nord de F5 a été trouvé en d2-d3 (A93.Fl22.16A.jpg), rien dans S1 ne permet de le distinguer de Tr1 (A93.FL21.2A.jpg).

F6, F7, F8 et F9 Phases d'allumage de St10

F10 Important Foyer en légère cuvette apparaissant contre la stratigraphie Nord du secteur LO-20/21. Ce foyer est repéré durant la campagne de pâques 1999 à la base de d17 (traces de ch de Cg). Les résidus de combustions sont enlevés en d23 (cf. : P184), en d27 et d28 (cf. P200, 202, 203). Ces résidus s'organisent en trois phases avec - au sommet (d23), une matrice poudreuse de cendres mixtes à dominante claire (Cgc + taches de CH + taches de Cgs), riche en P et cailloutis rub, avec apparition à la base de d23, d' une zone un peu bleutée - ensuite (d27, 28) d'une cendre mixte foncée riche en ch. (Cgs à ch.) reposant sur une Rs (bœuf bourguignon) à infiltration de Cgs. - à la base un niveau de Rs enlevé en d32. Celui-ci est passablement infiltré par les Cgs de la phase 2.

F11 Important Complexe de combustion poly-phasique situé entre S15 et S16. Découvert base d21 sous des LA brunâtre par quelques taches de Ch. La dernière utilisation correspond aux cendres dégagées en d21a et enlevée en bonne partie en d23 (F11 sup.). Elle repose sur une fine nappe de rubéfaction qui enlevée en d23 dans la partie nord et en d23 b dans la partie ouest. Sous cette phase rubéfiée on trouve (d23 au nord et d23b à l'ouest) un nouvel épandage cendreux. Dans la partie centrale et au nord, une incertitude subsiste sur les cendres blanches et mixte repérées base d23. La seconde phase de F11 (F11inf) est décapée de d23b à d23 g. La phase sup. de F11 est datée (Dt39).

F12 Important Grande structure de combustion visible base d37 dans le secteur LP-16/17, à plusieurs phases et zones d'allumages. Situé dans les LA gris claire à reflets brunâtres. Repérer base M17.d37. Fouillé de d37a à d37km. puis repris en d42f, d42h, d43. Deux phases d'allumage se distinguent (F12sup : d37a à g et F12inf : d37 g à m, d42f, g, h, d43) avec rechapage de Rb9 entre F12sup et F12inf. A la base, sous les résidus de combustions, un dégradé allant de Rj à Ro. La Rj forme un boudin en arc de cercle. Le foyer en légère cuvette a été partiellement perturbé par un réseau de terrier. Daté, F12s, Dt17 - Ly-2240(OxA) : 4130 ± 40 F42, situé au sommet de F12s est peut-être un extension (nappe de Ch-Cgs). La base de F12i se confond avec F16...

F13 Important Zone de combustion repérée base A00.S15.d29 par l'émergence de poches de Cb. et, dégagés en d33 par un épandage grisâtre cendreux. Les cendres sont démontées en d34a (Dt38), 34b consécutivement à l'apparition d'une belle surface de rubéfaction orangée au nord (d34b) et jaune au sud (d33 base). La plaque de rubéfaction, qui s'étend en d37, sera démontée en d38. L'influence calorifique de F13 semble se prolonger ??? dans les sédiments sous-jacent (d44, d44a = St51+Dt25).

F14 Important Foyer à plat à sole rubéfiée (Ro) entourée de RS et résidus de combustion (séquence complète). Le foyer à été partiellement endommagé par un réseau de terrier. Les résidus de combustion sont repérés en ON17-d41 base. Enlevé en ON17.d42a à d42c et d44. La sole rubéfiée est enlevée en d44à, d44c, d47.zone I. Les influences sous-jacentes persistent encore en d48.zone II. corps 1 et 2.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 171 -

F/St Statut Description

F15 Important Foyer en K16 du secteur IK-16/17 visible en coupe après la vidange de Tr.1 (A99.K16.d1) et en plan après K16.d16. Foyer en légère cuvette dont la combustions est enlevée en d19a phases 1, 3 et 5 et la rubéfaction en d19a phases 3 à 6. F15 semble appartenir à un complexe de combustion à deux phases d'utilisation.

F16 Important Nappe de Ro située à l'intersection N17/M17, reposant sous le flanc Ouest de F12 et comprise à l'origine comme une extension de F12. F16 se confond sur son flanc Ouest avec F32. Lorsque Rb8 s'agrandi durant d42h (poches de Cb-ch. sous Rb9 de F12) - d44 (nouvelle surface de Ro en N17 sous les Rs de base Rb9-F12) et d45, devient F16. La rubéfaction de base de F16 (Rb8) est démontée en d45b avec mise en évidence d'encroûtement.

F17 Important Apparition dans le secteur LP / 16-17 en d4 (A97.Fl42) d'un foyer à plat indiqué par un sol de rubéfaction brun orange puis jaunâtre sous un petit niveau gris cendreux sombre. Cette sole est dégagée en O16.d5, Fouillé en O16.d5a et d5b. Ce foyer et bordé par un sol d'occupation attesté par une surface de piétinement. (NP-16/17-d.6 à d8 riche en cailloutis et petites pierres rubéfiées. A ce niveau est rattaché un jarre à cordons appuyé verticalement et à col court. alt. sommet : 104. alt. base : 110.

F18 Vague Foyer situé au NE de K16, découvert à la base de F15 (d19a.v5), et fouiller en d19b. Consiste en qu. poches de Cg et de Cb, trouvées sous la rubéfaction de F15. Reflet de rubéfaction, Fumier de bergerie ?

F19 Important Petit foyer à plat découvert en P17.d50.d51, abordé ça et là en d53.d54. Ses résidus de combustions et quelques petites poche de Ro sont enlevés en d55c.(v2 à v4). Son substrat, composé d'un niveau pierreux appartenant à E16 et reposant sur les LS jaunes gris sales (démontée en d65f). F19 est recoupé par E15.

F21 Important Foyer à plat découvert en S-16/17 de d27? à d30. F21 s'étend en d34. Ses résidus de combustion seront décapés en d27 et d29, puis en d34c et d, sa rubéfaction en d34e et g.

F22 Cohérent Foyer en très mauvais état découvert en L16.d48.v2, constitué de qqu. pierre rubéfiées et de poches de Cgs-ch, de quelques points de Ro et d'une petite nappe de RoRj. F22 est démonté partiellement d48.v2 et surtout en d54.v1. F22 se situe sur une plaque sans pierre obtenue base d54.

F23 Vague Foyer pas claire = fumier de bergerie ? En K16.d19b.v1 à v3 puis en d20, d20a, sous la Ro F18, on observe une nappe de Cg avec une zone de Cb. Ces résidus de combustion reposent sur des reflets de RoRs et sont bordés à l'Est d'une frange de Ro un peu pâle.

F24 Important Foyer à plat apparaissant en ON-17 d48 à d53 et démonté en d54a, d55, d55b, d56b et terminé en d57f. F24 repose sur E16, et est recoupé par E14 et par E15. Daté, Dt40 : Ly-2769 : 5110±35 BP.

F25 Important K16.d23 - d23a : zone de combustion type fumier brûlés, définie par des marques de Rj. diffuses, qu. poches de Cb. située sur le flanc EST de St37. Lui est associé une datation (Dt.26) et quelques prélèvements (P308, P320). F25 apparaît à la base de la phase 2 de d23. Démonté en d23a (phase 1 à 3). Dt.26 est une excellente datation pour F25 (Datation réalisée : Ly-2766 : 4670±35).

F27 Important Foyer situé juste sous F19 (1.5-2 cm.) découvert en P17.d56f. constitué de deux zones, une centrale (d56f.v1, d56f.v2, d58f) à Cb., ch., Ro-Rs et d'une zone périphérique diffuse à ch (d58f). F27 repose sur quelques pierres (E20) et quelques Blocs. F27 est principalement démonté en P17.d56f, OP.P17.d58f et P17.18.s9v2. Sa base est nettoyée en d62b lors du démontage de E20.

F28 Cohérent d54 : apparition d'une poche sombre qui s'étend en d55a, d55d, d56 et d56h pour formé un arc de cercle. F28 est démonté en d57a (3 phases, dec. propre à F28) ou apparait nettement un arc de cercle de pierres noircies (base d57a.v2), résidus en d61c. La partie nord de F28 est altéré par une CN. Base F28 (d57a.v3), quelques traces de Rj possibles. F28 se connecte bien avec la tache cendreuse située au sommet de F38 (K16/17.d26 base). Il peut s'agir de deux foyers superposés.

F29 Important Foyer reposant sur une dalle calcaire calée par quelques G, toutes rubéfiée. Le sommet de la dalle apparaît base S15.d46. Un amas charbonneux, entourant la dalle est décapé en S14/15.d48, d49a, d49c, 50a et 50b. La dalle est enlevée en d49d. F29 repose sur E28. Sont fonctionnement semble lié à St50

F30 Important Foyer piétiné à plat. P16.d30-d30a : concentration de MG (E8) située à la base de l'ensemble 2 (P16.d30). Un bon nombre est rub (P16.d30a). Sa base repose sur une rub. (Rb3 - P16.d30b).

F31 Important LA gris compacte riche en graviers et cailloutis rub. enlevé en A99.M17.d36 au Nord-Ouest du m2, reposant sur une plaque de LA brun-très compacte rubéfié orangé à poche de Rj (Rb4) posée à la base de d36. La plaque Rb4, sans doute rubéfiée, était délimitée à l'Est par un petite concentration (~2 cm.) de P rub.

F32 Important Foyer démantelé. Déduit de l'observation de Rb7. Apparaissant en N17.d37j-N17.d41 (Poches de Ro et qu. Mrub). Quelques poches de Cb. et de ch. observées corps N17.d42. Base d42, la frange sud de N17 est occupée par une bande de Rs qui sera démontée en 42g. (ev. en z2 de N16.d47).

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 172 -

F/St Statut Description

F33 Cohérent Foyer en creux en grande partie recoupé par les fouilles Reymond. Il apparait à la base de M14.d4 et est démonté de façon non isolée en d6 et d6a. Le foyer est creusé dans E3 (ens.7.1).

F34 Vague Foyer situé en OP-15, au sommet du cailloutage dense GBM (E18) dans une zone fortement concrétionnée. Mal vu-mal fouillé. (A95.FL6-A95.FL7). Les résidus de combustions qui apparaissent dés d23.24, sont bien visible base d27 et enlevé en OP-15.d29, décapage qui leur est destiné. Il repose sur un niveau de MGB (E18) dont plusieurs sont rubéfiés. (d34). F34 est sans doute lié à F3.

F35 Important Gros foyer se confondant avec E28. Il apparaît sous la forme d'une zone de LA brun sombre-noirâtre (S-15/16.d45) s'étendant en d46 et d47. Les résidus de combustions superficiels sons enlevés en d49a et d50a. La masse centrale (d51a, Cgs, Cb,Ch) et sa périphérie, arc de cercle de suie (d51b, d52), sont décapés par phases et par zones) jusqu'à l'obtention d'une zone de Ro et de Rj émergeant des pierres noircies de E28 . Les pierres (E28) sont démontées en d53, permettant l'extension des Rubéfaction qui sont enlevée en d54a.

F36 Vague Apparition en K16.d26.v2, dans la partie grise cendreuse du secteur IJK, d'un disque brunâtre plus ou moins rubéfié entamé en d28. F36 est partiellement endommagé par un léger concrétionnement (cf.d28) et se confond ou jouxte, à l'Est, F37. La partie plus ou moins rubéfiée, démontée en d28, s'éclairci et se concrétionne (d28 base), et jauni (d30a). La Rj concrétionnée vue en d30a pourrait également définir la frange occidentale de F37. L'interprétation comme foyer de F36 reste sujette à caution. Il peut s'agir d'un foyer endommagé appartenant à la base de l'ensemble 6, foyer positionné sur la partie ouest de F37.

F37 Cohérent Foyer à plat découvert en J16.d27.v3. Situé à l'Est de St.8, F37 apparaît sous la forme de Cg-Cb à l'Ouest et Ch à l'Est qui sont finement décapés en d30a, faisant alors apparaître un Ro au Nord et un mélange de MCg-Cgs. Ces dernier, décapé en d31a, repose sur une nappe de Ro, dense au Nord et diffuse au sud. En bordure Nord-Ouest, la Rj de F.36, se confond avec la Ro de F37 (d31a). Pas mal de céramique d'os de très petites taille (0-1, K16 50, J16 94 os).

F38 Important Foyer situé dans St.8, mis en évidence en K16.d26 à d28, en L15.d28 à d30 et en K15 d34 par l'émergence dans un LA gris assez sombre cendreux à taches noirâtres charbonneuses et poche de Cb base d26 (DSCN1236.JPG). En d28 et surtout en d31b, la poche de Cb s'étend. Suite à la décision de la CIRA de ne pas terminer les décapages en cours, F38 n'a pas été démonté. F38 se situe au sommet de E31, sous E3, succession visible en L15 et en K15.

F39 Important Epandage de Cgs à poche de Ch centré sur KL-10, apparaissant base d8.d9 où il est interprété à la fouille comme des infiltrations de F2. F39 est démonté en d8a, et d8b. F39 se constitue au sommet d'une nappe de Cgc, enlevée en d8a, et à la base de Cgs, enlevée en d8b (reflet orangé à la base).

F40 Important Foyer à plat composé d'une large plaque de rubéfaction (Rb2) surmontée de cg. Découvert base A98.S15.d19 (Cg). La RO (Rb2) apparaît de S15.d22 à S15.16.d27 ou elle atteint son extension max. Rb2 est principalement démonté en d31 et d31a. Lors du démontage de Rb2, découverte des résidus de combustion de F13.

F41 Cohérent Foyer vu contre la stratigraphie durant N17.d6. dépassant sur ~10 cm. Ro prélevée en P111. F41 s'étend considérablement lors de la rectification de la stratigraphie S9.

F42 Important confondu avec le sommet de F12, F42 est un petit foyer à plat situé au Nord de M17, appuyé contre le flanc ouest de E9. Ses combustions sont découvertes base d37, enlevées en d37a, b, c, d, e. Il repose sur une rubéfaction (Rb10) légère, jaunâtre démontée en d37i, j, h et m. Résidus possibles en d42d et d42g. Elabo 2006, Rb10 = fumier de bergerie et F42 est une extension de F12.

F43 Cohérent Foyer marqué par une belle Ro sur laquelle repose un filet de Rs ponctué de quelques petites zones de Ro. Suit un filet de Cgs-Ch, et enfin une nappe de CgsCb. Bien vue dans S7.S7a. Démonté en P14.d2-d3. Partiellement endommagé par un creusement issu des flancs des fouilles Reymond (Anc. St29).

F44 Vague Foyer abimé apparaissant en S16.d27. F44 est principalement fouillé en d34. F44 est défini par une Ro (Rb12) et quelques résidus de combustion (base d27). Repose sur E32.

F45 Vague Foyer très abimé. Reflets de Ro-Rj et poches de Cgc-Cgs. Repose sur E32.

F46 Cohérent Foyer découvert à la base de la stratigraphie S11 lors de sa rectification (relevé du 11.6.03). Attribution stratigraphique base Ens.9.

F47 Cohérent Foyer découvert au sommet de S8 lors de sa rectification.

F48 Important Foyer à plat vu et démonté en M15.d37-M15.d45. F48 repose sur les FSJDCN. Il se continue d'un épandage gris charbonneux et repose sur une concentration de pierres rubéfiées. Le foyer n'a été repérer en ni en M14 ni en L15.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 173 -

F/St Statut Description

St6 Cohérent Ouverture : ~ 173 (N15 d28 base) Base : 181 (N15.d35 base). Structure constituée d'une périphérie de pierres et d'un centre de charbonneux. Son sommet apparaît sensu scripto en N15.d28 et se termine avec d35. St.6 pourrait être repérable dés N15.d25 (ev. N15.d23) par un disque de LA. compacts bordé de G. Elle se perd cependant en N15.d27. Décapages sûrs : d28, d29, d30, d35.

St8 Important Zone de combustion complexe, riche en sédiment gris-sombre cendreux, reposant sur un lit de MG dense (E31) : regroupe F36, F37 et F38. Secteur LN.15 : Zone de LA brunâtre-noirâtre observée dès L15 d25, détaillée en L15.d30. En L15.d13 1/4 NE, une petite tache gris-sombre légèrement sableuse enlevée en d25. La surface se couvre alors de P et de M et semble disparaître en d27 (?). En d28 elle est à nouveau bien individualisée et plus grande (LA gris-brunâtre sombre meuble à M dense). En d30 elle occupe toute la bande E du M2 (1/3). par un LAA brun-grisâtre foncé peut pierreux. En d34, elle se fait assez charbonneuse et caillouteuse, en LA gris brunâtre meuble. Sa base est atteinte en L15.d44 (petits galets rubéfiés). Secteur IK-16/17 : St.8 apparaît dans le secteur IK-16/17 à la base de d26 sous la forme d'une nappe grise cendreuse assez sombre bordé à l'Est par une plaque vaguement rubéfiée (F36) . L'épis-centre de St.8, défini par F38, est plus sombre et repose sur un empierrement débordant en L16 (cf. : L16.d61c).

St9 Cohérent St.9 est un foyer à plat reposant sur un niveau de rubéfaction (Rb1) partiellement conservé. Ouverture d19 (alt.= ~149). La structure St9 a été découverte durant la campagne 1995. Elle est apparue près de la base des fouilles anciennes. La structure a d'abord été interprétée avec St.10 , puis séparée lors du colloque de 2000-2001. St9 a été perforée par St10. Comme St10, une partie de St9 a du être enlevée lors des fouilles anciennes.

St10 Important Visible dès la base de O13.d1, percé en d2 (en bordure de Tr3). En O13 : Fosse foyer profonde d'une vingtaine de cm. à plusieurs phases d'utilisations, considérée à la fouille comme partie intégrante de St.9, puis séparée lors de la rédaction du colloque 2000-2001. Actuellement il est établi que St10 est postérieure à St9. Sont niveau d'ouverture est inconnu (Fouille ancienne), corps Ens.3. (CF Journal de fouille No1, p.108 et 118 et FL2.20a = base d3, FL5.25a et 26a = base d19-d20). Sommet = base d19 (~150) Base = base d22L + infiltration (d22m, d37, d38) (alt.= ~ 170). A la fouille il nous est clairement apparu que son remplissage était relatif à plusieurs phases d'utilisations (F6, F7, F8 et F9), les deux dernières (F7-F8) étant séparées par une coulée latérale, et la seconde vidangée avant la dernière. Son sommet (F6) est actuellement interprété comme le sommet de St10. (F6 = base d19 et enlevé en d22 à d22a corps). St10 a été minutieusement fouillée et son contenu prélevé de façon quasi systématique (Prélèvements : 48,.49, 53, 54, 56, 57, 58, 61, 62, 99).

St14 Important Ellipse de LS noirâtre à cailloutis et graviers. Repose sur ou perfore l'horizon St23. Qq. silex (S005).

St23 Important Sous un cailloutage PM dans LS gris cendreux clair (Ens.9.22), épandage gris cendreux charbonneux noirâtre caillouteux avec tâche blanchâtre (cns?) centrée sur M12.C4 - M13.C1. Visible dés M12.d21 base - M13.d14. Principalement compris durant la campagne 1997. Repérer en M13.d14 - M12.d10b (c4)-d21/ Démonté dés M12.d21/22, puis, surtout, en M12-13.d26 et suiv. St23 est délimité au sud par E34 et au Nord par E35.

St27 Cohérent Sous F41, concentration grise pierreuse en creux. Mal vu en fouille. Confondu avec la partie nord de St33. Bien visible en Stratigraphie. (A03.S9).

St31 Important Structure localisée en T-15/16 à deux phases de remplissage alternant niveaux caillouteux à la base et niveaux. gris sombre-noirâtre au sommet. Le sommet est très riche en faune. Analysé en détail dans André, Buard, Lhemon, Diaz 1998 et repris en élaboration par André (2002-2003). Combustion in-situ non avérée.

St33 Important Bassin de LA gris-sombre à noirâtre, nette en A97.ON-17 d8 (A97.FL40). Apparaissant sans doute entre d6 et d7. Recouvert par un épandage cendreux lié à F41 et à F17. St.33 est fouillé en tant que telle en d8a, puis contourné en d9 à d14. d15 et ses sous décapage (a à j) lui sont spécifiquement attribués. Le 1/8/98, découverte en dans le bassin d'un fragment de mandibule d'homme assez robuste (A98.N17.d15c.6). Pierres rubéfiées et ch. épars, nodules d'argile brûlé abondants. St.33 correspond apparemment à une petite cuvette centrée sur O16 (C4)-O17 (C2)-N16 (C3)-N17 (C1). Connexion avec St27.

St46 Cohérent N13.d63.v3, perforation de St.46 côté Ouest. N13.d69e.v1, v2 : fouille de St46 côté Ouest. M13.d67.v2 : apparition de LS noirâtre qui s'étende en M13.d68. M13.d69a.v1 à v7 : fouille d'un épais niveau de LAS noirâtre charbonneux gras à granulométrie croissante, très riche en faune écrasée, et fragment d'os, souvent brûlés, nombreux silex.

St47 Cohérent Fosse à remplissage noirâtre charbonneux repéré contre le flanc Ouest de Tr3. Analogue à la fosse St10. O12-13.d1 et d2. (nommé St5 en 95).

St50 Important Structure composée d'un arc de cercle en pierre (E33) délimitant une nappe de Cgs. Les Cgs (S-15/16.d45) apparaissent de plus en plus nettement entre d46 et d47. Ces résidus de combustions sont décapés en d49a et d50a. Comme F29, St50 recouvre partiellement le binôme E28-F35. Leur fonctionnement semble lié.

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 174 -

Phases (Ens.) rayon

inf. à 40 cm. 40-60 61-100 sup. à 100 cm.

Romain (1.1) F47 F43, St31

Âge du Fer (1.2) F17, F41

Bronze final IIb-IIIa (1.3)

St27, St33

Bronze moyen (2.1) F11

Bronze ancien (2.2) F13, F15, F30, F40

Néolithique final (3) F31, F42, St10, St47 F10, F12, F14, F16, F18, F21, F25, F32,

NMB (4)

Chasséen moyen (5) F19, F24, St9,

Chasséen ancien (6) F33, F34 F28 F3

Chasséen ancien (7) F27, F29, F48 F35, F37, St50 F38

Mésolithique (9) F1, F2, F39

Magdalénien sup.

(10-12)

St14 St23

Magdalénien sup. (13) St46

Tableau 37 : répartition des principales structures de combustion par taille.

5 - Nivellements (41'580 éléments côtés)

Les données de nivellements concernent les aménagements anthropiques (empierrements,

rubéfactions, résidus de combustion), les dépôts sédimentaires (ex : argiles brun sombre) et enfin

les restes anthropiques (céramique, faunes, silex etc.) qu’elles permettent de représenter dans

l’espace tridimensionnelle. Pour chaque cotation en XYZ sont indiqués : M2, décapage, structure

(éventuelle), attribution stratigraphique, numéro de matériel (éventuel) et type de cotation (type de

matériel, de sédiment…).

Exemple d’information avec un des tessons du vase C002 (ensemble 7.1 – Chasséen ancien)

Idt : 4934 , DateSaisie : 11.10.2002 X : 11, Y : 45, Z : 178

NoMat : C002 , Type : céramique , Structure : E3

m2 : M15 , décapage : d28 , No : 4*1

*1

numéro de prélèvement de M15.d28.

Attribution stratigraphique : Ens.7.1 : horizon E3-E18-F38 (mat.)

Exemple d’information avec une des pierres de l’empierrement E3 (ensemble 7.1 – Chasséen

ancien)

Idt : 61503 , DateSaisie : 13.08.2004 X : 70, Y : 35, Z : 165

NoMat : / , Type : mCaR*2

, Structure : E3

m2 : M16 , décapage : d60 , No : / *2

pierre moyenne calcaire rubéfiée

Attribution stratigraphique : Ens.7.1 : horizon E3-E18-F38 (St.)

nombre de points

Grotte (voute et relief au sol avant fouille) 2'482 Matériel archéologique 4'927 Pierres (isolées ou dans empierrement) 7'375 Rubéfactions (nappage) 6'359 Résidus de combustions (nappage) 5'920 Sédiments (nappage) 14'517

41'580

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 175 -

Table des matières

INTRODUCTION .......................................................................................................................................................... 5 1 - Présentation .............................................................................................................................................. 5 2 - Les études réalisées depuis 2008............................................................................................................... 6 3 - Travaux divers ........................................................................................................................................... 6 4 - Collaborateurs .......................................................................................................................................... 7 5 - État d'avancement du manuscrit ............................................................................................................... 9 6 - Bliographie .............................................................................................................................................. 11

PRESENTATION GENERALE ....................................................................................................................................... 13 1 - Contexte géographique et géomorphologique ......................................................................................... 13 2 - Historique des fouilles ............................................................................................................................. 17 3 - Orientation stratigraphique .................................................................................................................... 19 4 - Présentation synthétique des ensembles stratigraphiques de la séquence supérieure ............................ 25 5 - Présentation synthétique des ensembles stratigraphiques de la séquence inférieure ............................. 39

ETUDE TECHNOLOGIQUE DES CERAMIQUES DE L'AGE DU BRONZE ........................................................................... 43 1 - Bronze final IIb-IIIa (ensemble 1.3) ........................................................................................................ 43 2 - Bronze moyen (ensemble 2.1) .................................................................................................................. 47

ETUDE TECHNOLOGIQUE DES CERAMIQUES DU NEOLITHIQUE MOYEN ..................................................................... 55 1 - Ensemble 4 .............................................................................................................................................. 55 2 - Ensemble 5 .............................................................................................................................................. 56 3 - Ensembles 6 et 7 ...................................................................................................................................... 56 4 - Synthèse ................................................................................................................................................... 56 5 - Comparaison ........................................................................................................................................... 57 6 - Bibliographie .......................................................................................................................................... 58

LES SILEX DE LA SEQUENCE SUPERIEURE DE LA GROTTE DE L’ABBAYE ................................................................... 65 1 - État de la série ........................................................................................................................................ 65 2 - Méthodologie .......................................................................................................................................... 66 3 - Définitions ............................................................................................................................................... 66 4 - Analyse des données ................................................................................................................................ 67 5 - Commentaire général .............................................................................................................................. 92 6 - Conclusion .............................................................................................................................................. 96 7 - Bibliographie .......................................................................................................................................... 96

L'INDUSTRIE OSSEUSE DE LA GROTTE DE L'ABBAYE................................................................................................. 99 1 - NMB (Ensemble 4) .................................................................................................................................. 99 2 - Néolithique final supérieur (Ensemble 3.11)......................................................................................... 100 3 - Pièces hors contexte .............................................................................................................................. 100 4 - Synthèse ................................................................................................................................................. 101 5 - Bibliographie ........................................................................................................................................ 101

LA FAUNE DE LA SÉQUENCE SUPÉRIEURE DE LA GROTTE DE L’ABBAYE À CHAZEY-BONS (AIN, FRANCE) ............ 105 1 - Introduction ........................................................................................................................................... 105 2 - Observations générales ......................................................................................................................... 105 3 - Description des ensembles .................................................................................................................... 107 4 - Synthèse et perspectives ........................................................................................................................ 116 5 - Remerciements ...................................................................................................................................... 118 6 - Bibliographie ........................................................................................................................................ 118

ETUDE DES RESTES HUMAINS EPARS, ANALYSE PRELIMINAIRE .............................................................................. 127 1 - Les fouilles anciennes ........................................................................................................................... 127 2 - Les fouilles récentes 1993-2003 ............................................................................................................ 127 3 - En guise de conclusion .......................................................................................................................... 128 4 - Bibliographie ........................................................................................................................................ 129

APPROCHE TECHNOLOGIQUE DU MATERIEL LITHIQUE DES NIVEAUX INFERIEURS DE LA GROTTE DE L’ABBAYE .... 137 1 - Introduction ........................................................................................................................................... 137 2 - Regard sur le matériel de l’ensemble 9 ................................................................................................. 137 3 - Technologie des ensembles 10-12 et 13 ................................................................................................ 138 4 - Approche lithologique des ensembles tardiglaciaires ........................................................................... 142 5 - Conclusion : insertion du matériel dans un cadre chrono-culturel....................................................... 144 6 - Références bibliographiques mentionnées : .......................................................................................... 154

La grotte de l'Abbaye I, Chazey-Bons - Rapport de synthèse 2010-2012 - 176 -

EXAMEN ARCHEOZOOLOGIQUE DE LA FAUNE DE LA SEQUENCE INFERIEURE DE LA GROTTE DE L’ABBAYE CHAZEY-

BONS, AIN ............................................................................................................................................................. 155 1 - Taphonomie ........................................................................................................................................... 155 2 - Activités humaines ................................................................................................................................. 159 3 - Perspectives .......................................................................................................................................... 163 4 - Bibliographie ........................................................................................................................................ 163

ANNEXES ............................................................................................................................................................... 165 1 - Références ............................................................................................................................................. 165 2 - Abréviations utilisés dans les catalogues : ............................................................................................ 165 3 - Catalogue des empierrements ............................................................................................................... 166 4 - Catalogue des structures de combustion ............................................................................................... 169 5 - Nivellements (41'580 éléments côtés) .................................................................................................... 174

TABLE DES MATIERES ............................................................................................................................................ 175