Master
Reference
Les nouveaux déterminants de la «ville durable» de l'écologie : Etude
de cas d'un écoquartier Hammarby Sjöstad
SHLYAPINA, Elena
Abstract
Le concept de l’éco-quartier est appelé à révolutionner la ville dans l’ambition de trouver des
pistes d’application de l’urbanisme écologique sur l’ensemble d’une circonscription territoriale.
Ce travail cherche à interroger des nouvelles expériences de l’urbanisme écologique à travers
d’une étude détaillée de l’efficacité des solutions environnementales déployées dans un
éco-quartier suédois Hammarby Sjöstad. L’analyse de cet éco-quartier nous permet de
relever et de constater des synergies fonctionnelles qui pourraient être intégrées dans le
cadre des planifications urbaines futures et répertorier les limites et les causes des dispositifs
inopérants. Les résultats obtenus confirment que les éco-quartiers contribuent, tant soi peu, et
à leur échelle à l’édification d’un avenir urbain durable. Toutefois, il y a une nécessité réelle et
incidente de repenser les solutions à l’échelle de la ville car les éco-quartiers peuvent
contribuer à la durabilité urbaine quand il s’agit d’une extension ou d’une reconversion de
friche urbaine.
SHLYAPINA, Elena. Les nouveaux déterminants de la «ville durable» de l’écologie :
Etude de cas d’un écoquartier Hammarby Sjöstad. Maîtrise : Univ. Genève, 2014
Available at:
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MAITRISE UNIVERSITAIRE EN SCIENCES DE L’ENVIRONNEMENT
LES NOUVEAUX DETERMINANTS DE LA
«VILLE DURABLE » DE L’ECOLOGIE
Etude de cas d’un écoquartier Hammarby Sjöstad
Mémoire présenté par
Elena Shlyapina
Bachelière universitaire en Sciences de l’Environnement
(Université d’Etat de Moscou)
Sous la direction
Du Pr Rémi Baudouï et de Hatem Fekkak Architecte-urbaniste,
Chaire d’Urbanisme, globalisation et gouvernance de l’Institut des Science de
l’Environnement, Université de Genève
Mémoire No 143
2014
1
DROITS D’AUTEUR
Les citations tirées du présent mémoire ne sont permises que dans la mesure où elles servent
de commentaire, référence ou démonstration à son utilisateur. La citation doit impérativement
indiquer la source et le nom de l’auteur. La loi fédérale sur le droit d’auteur est applicable.
2
REMERCIEMENTS
En préambule de ce travail de Master, je tiens à exprimer ma gratitude à Hatem Fekkak pour
sa disponibilité, ses conseils pertinents et son aide précieuse dans la rédaction.
Je tiens à adresser mes remerciements les plus sincères au Professeur Rémi Baudouï qui a
orienté et encouragé ma recherche avec sérieux.
Je remercie également Dr. Laurent Matthey pour son intérêt à mon travail et son accord de
faire partie du jury
Je remercie les enseignants de l’ISE qui m’ont apportée des explications et des clarifications
dans leurs domaines de connaissances, sans lesquels ce travail interdisciplinaire n’aurait pas
été possible, notamment
Dr. Emmanuel Castella Maitre d’enseignement et de recherche du groupe Ecologie et
biologie aquatique de l’ISE,
Dr. Pierre Hollmuller chargé d’enseignement au sein du groupe Energie-Forel de l’ISE,
Maria-Isabel Haroon-Perez chargée d’enseignement au sein de la Chaire d’Urbanisme,
globalisation et gouvernance de l’ISE.
Un grand merci à mon cher époux Roman Zemel qui m’a accompagné durant toutes la
période de mes études et m’a témoigné sans défaut son soutien, sa patience et son aide
indéfectibles.
3
RÉSUMÉ
Le XXIème
siècle serait urbain. L’urbanisme écologique est appelé à révolutionner la ville
dans le but de créer un milieu urbain de haute qualité de vie et d’atteindre une harmonie qui
permets la coexistence entre les produits de l’homme et de son environnement naturel.
Ce travail cherche à interroger des nouvelles expériences de l’urbanisme écologique mises en
place par les politiques publiques par le truchement des architectes, des urbanistes, des
paysagistes et des différents spécialistes de la ville dans l’ambition de trouver des pistes
d’application de l’urbanisme vert sur l’ensemble d’une circonscription territoriale.
L’analyse se déploie par l’étude détaillée de l’efficacité des solutions environnementales
mises en œuvre dans un écoquartier suédois Hammarby Sjöstad. Un des premiers quartiers
dans le monde conçus sur l’idéologie de l’urbanisme écologique. Il s’agira de mettre en
évidences les côtés forts et les côtés faibles de son dispositif conceptuel. L’analyse matérielle
de la fonctionnalité structurante de cet écoquartier nous permettra de relever et de constater
des synergies fonctionnelles (planification coordonnée de transport en lien avec l’affectation
du sol, valorisation énergétique des déchets, production de biogaz à partir des boues
d’épuration des eaux usées, etc.), qui pourraient, d’un côté, être intégrées dans le cadre des
planifications urbaines futures et, de l’autre, répertorier les limites et les causes des dispositifs
inopérants.
Les résultats obtenus dans ce travail confirment que les écoquartiers contribuent, tant soi peu,
et à leur échelle à l’édification d’un avenir urbain durable. Même si tout nouveau quartier
urbain serait écologique, ils ne représenteraient que 1% des villes. Toutefois, Il y a une
nécessité réelle et incidente de repenser les solutions à l’échelle de la ville car ils peuvent
contribuer à la durabilité urbaine quand il s’agit d’une extension ou d’une reconversion de
friche urbaine.
4
ACRONYMES
ACV Analyse du cycle de vie
ARE Office fédéral du développement territorial (Suisse)
BMP Best management practices
BREEM Building Research Establishment Environmental Assessment Methodology
CE Conseil de l'Europe
CoPil Comité de pilotage
COS Coefficient d’Occupation du Sol
CUS Coefficient d’Utilisation du Sol
ELP Environemental Impact Profile
ESA Analyse éco-systémique
GES Gaz à effet de serre
HQE Haute Qualité Environnementale
ISO Organisation internationale de normalisation
KTH Institut royal de technologie (Stockholm)
LEED Leadership in Energy & Environmental Design
MAB Man and Biosphere
OFEN Office fédéral de l’énergie.(Suisse)
PAC Pile à combustible
PAH Hydrocarbure aromatique polycyclique.
PIB Produit intérieur brut
PIL Programme pour l’Investissement Local (Suède)
SIG/ GIS Système d'information géographique
SMEA Système de Management Environnemental et d'Audit
STEP Station d’épuration
TOD Transit-Oriented Development (Transport-Oriented Development)
UFA Surface habitable
UNEP Programme des Nations unies pour l'environnement
5
TABLE DES MATIÈRES
1. INTRODUCTION 7
1.1. Question de recherche 9
1.2. Hypothèses de recherche 10
1.3. Plan de travail 10
1.4. Limites de travail 11
2. MÉTHODOLOGIE 12
2.1. Méthodologie de recherche 13
2.2. Méthodologie de collecte de donnés 15
2.2.1. Les données de la littérature 15
2.2.2. Les données géo-référencées 16
2.2.3. Etude de terrain 16
3. CADRE THÉORIQUE 18
3.1. La ville durable et ses concepts 18
3.2. L’approche écosystémique de la ville 23
3.3. Les formes urbaines durables 30
3.4. Concept de l’écoquartier 39
3.5. Systèmes de certification environnementale des communautés urbaines 45
4. ETUDE DE CAS : ÉCOQUARTIER HAMMARBY SJÖSTAD À STOCKHOLM 48
4.1. Contexte général 48
4.1.1. Le modèle suédois du développement urbain durable SymbioCity 51
4.1.2. Pourquoi le quartier modèle Hammarby Sjöstad ? 53
4.1.3. Histoire du site Hammarby Sjöstad 55
4.2. Les objectifs du projet Hammarby Sjöstad 59
4.3. Processus de planification 63
4.3.1 Management 63
4.3.2 Acteurs 73
4.3.3 Financement 75
4.4 L’approche urbaine et architecturale de Hammarby Sjöstad 77
4.4.1 Les idéologies politiques derrière la conception de Hammarby Sjöstad 77
6
4.4.2 L’urbanisme de Hammarby Sjöstad 84
4.4.3 Architecture 91
4.4.4 Matériaux de construction 94
4.4.5 Transport et déplacements 96
4.5. Le cycle écologique de Hammarby Sjöstad : le Hammarby Model 107
4.5.1. Energie 111
4.5.2 Déchets 125
4.5.3. Gestion des eaux et les eaux usées 133
5. RÉSULTATS ET DISCUSSION 146
6. CONCLUSION GÉNÉRALE 160
6.1. Retour aux hypothèses 160
6.2. Conclusion 169
BIBLIOGRAPHIE 171
TABLE DES FIGURES ET DES TABLEAUX 183
ANNEXES 186
7
1. INTRODUCTION
« La ville n’est pas durable, mais elle peut contribuer à la durabilité »1. À la fois elle est
coupable mais aussi victime de la dégradation de l’environnement, les villes sont également le
berceau des mouvements de protection de la nature et du développement urbain durable2.
La croissance exponentielle de la population mondiale et surtout urbaine aspire à une
amélioration immuable de la qualité de vie en ville. Cette hausse démographique dans les
milieux urbains n’est pas sans conséquence. Elle induit une surconsommation des ressources
qui provoque les dépassements de la capacité de charge des systèmes naturels. Les effets du
développement exagéré de l’humanité dans tous les domaines durant le XXème
siècle se sont
manifestés dans les années 1970-80 par une séries de catastrophes technogènes3 majeures et
par la crise pétrolière. Cette période est aussi considérée comme le point de départ, par la
communauté internationale, de la prise de conscience environnementale. En effet, on assiste à
une prise en compte de l’importance des villes, à forte concentration d’activité humaine, à
dégrader l’environnement global. Cette situation alarme l’ensemble des acteurs urbains (les
autorités politiques, les urbanistes, les architectes, les environnementalistes, etc.) qui
cherchent divers moyens pour freiner voire inverser cette accentuation de l’empreinte
environnementale qui a plus que doublé depuis 50 ans4. La protection de l’environnement se
pose aujourd’hui comme une condition inévitable et incontournable pour la survie de
l’humanité5.
Les défis de l’urbanisme durable sont nombreux et s’articulent principalement autour des
champs d’actions prioritaires tels que ; se doter d’énergies fiables et respectueuses de
l’environnement ; réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre (GES) ; rendre
1 Da Cunha A., et al., Enjeux du développement urbain durable : transformations urbaines, gestion des
ressources et gouvernance, Lausanne, Presses Polytechniques et Universitaires Romandes, 2005, p. 2. 2 Fujita K., Hill R. C., « The zero waste city: Tokyo’s quest for sustainable environment », Journal of
Comparative Policy Analysis, vol. 9, n° 4, 2007, p. 410. 3 Catastrophe technogène est un accident majeur sur les sites industriels, entraînant des pertes humaines
massives, la destruction à grande échelle et même induisant la catastrophe écologique. Cependant, comme une
des catastrophes naturelles par l'homme peuvent provoquer la panique, les embouteillages, mais aussi conduire
à une augmentation ou perte de l'autorité du gouvernement. Juridiquement comme une situation d'urgence. 4 World Green Building Council, Sustainable cities initiative, Site officiel [en ligne],
http://www.worldgbc.org/acivities/sustainable-cities-initiative, consulté le 14.03.2013. 5 Zakamskaya E., Des idées qui changent le monde. Bertrand Piccard, [Идеи, меняющие мир. Бертран
Пикар], Média holding « L'évident – l’incroyable », film documentaire, s.l., s.n., 2014, [en ligne] : 27 min.,
son, n. et b. disponible à l’adresse : http://www.vesti.ru/videos?vid=567241, consulté le 08.01.2014.
8
les villes résilientes face aux risques multiples ; maitriser et boucler les flux du métabolisme
urbain. Ces actions doivent être cordonnées afin de freiner l’étalement urbain et créer une
autosuffisance inéluctable pour ne pas déséquilibrer le milieu naturel et ses écosystèmes.
Il serait impertinent de notre part de croire que le développement urbain durable de nos villes
se fera sans l’appui d’une nouvelle vision économique pour renforcer une compétitivité
économique responsable au sein du réseau global des villes.
Les applications des nouvelles recommandations de la Charte d'Aalborg ont démontré des
effets positifs, mais toujours partiels et insuffisants. Les villes nécessitent des approches
holistiques6 de son développement territorial. Les écoquartiers surgissent comme une réponse
parmi d’autres aux défis de l’urbanisme durable. Quel rôle peuvent-ils jouer dans l’édification
de l’avenir écologique des villes ? Dans quelle mesure sont-ils capables de réduire l’impact
sur l’environnement et quelles sont les pratiques les plus appropriées ?
Les écoquartiers émergent de plus en plus dans des pays développés et dans des nouvelles
puissances économiques. Une situation qui peut nous amener à se questionner sur la véracité
de leur finalité, n’ont-ils pas perdu leur objectif initial, celui de réduire leur empreinte
environnementale, pour devenir un outil de marketing territorial ? Les quartiers proposant la
haute qualité environnementale, sont-ils réservés aux classes aisées ou à l’inverse, prennent
forme d’un nouveau hygiénisme du XXIème
siècle ? Toutes ces interrogations occupent les
débats des scientifiques et des praticiens de l’urbain.
Certains écoquartiers sont basés sur des technologies très avancées en lien avec la production
énergétique ou le recyclage des déchets, à titre d’exemple. Ce dispositif est conçu à la base
pour fonctionner dans le domaine de l’écologie industrielle. Or, les autres écoquartiers tentent
de réduire l’usage de la gestion artificiel de l’environnement pour favoriser la gestion semi-
naturelle pour bénéficier des services écosystémiques. Les écoquartiers connaissent une
grande variété typologique et constituent le terrain expérimental pour l’urbanisme écologique.
Cette nouvelle pratique d’urbanisme à l’échelle des écoquartiers comptabilise une expérience
et un savoir-faire d’une vingtaine d’années. Une pratique plébiscitée par les citoyens qui
6 Le concept avec des racines antiques le néologisme holisme est forgé en 1926 par Jan Christiaan Smuts. Dans
son ouvrage Holism and Evolution, l’holisme est « la tendance dans la nature à constituer des ensembles qui
sont supérieurs à la somme de leurs parties, au travers de l'évolution créatrice » Parfois le concept de holisme
est utilisé, comme synonyme d’approche systémique ou de pensée complexe.
9
interroge de plus en plus la conscience des autorités publiques qui souhaitent la généraliser.
Pour mener à bien cette généralisation, il est indispensable d’évaluer des expériences
pionnières pour pouvoir reproduire ses succès et éviter ses échecs.
Le présent mémoire cherche à questionner l’efficacité des solutions mises en œuvre dans un
écoquartier suédois, faisant office de référence à l’urbanisme écologique dans le monde. Pour
ce faire, il s’agira de mettre en évidences les côtés forts et les côtés faibles de son dispositif
conceptuel. L’analyse matérielle de la fonctionnalité structurante de cet écoquartier nous
permettra de relever et de constater des synergies fonctionnelles (planification coordonnée de
transport en lien avec l’affectation du sol, valorisation énergétique des déchets, production de
biogaz à partir des boues d’épuration des eaux usées, etc.), qui pourraient, d’un côté, être
intégrées dans le cadre des planifications urbaines futures et, de l’autre, répertorier les limites
et les causes des dispositifs inopérants.
Partant de ce cas d’étude concret, cette recherche permettra de recenser les dispositifs ayant
atteint les objectifs fixés et ceux qui nécessitent une reconceptualisation ou peut être un
simple abandon au vu de leurs inadéquation avec les normes écologiques.
1.1. Question de recherche
Les débats généraux sur les écoquartiers donnent l’impression que concevoir un écoquartier
est une tâche simple à réaliser. Or, la pratique démontre une difficulté réelle pour arriver à les
mettre en œuvre. Ce travail cherche à comprendre et à évaluer les nouvelles expériences mises
en place par les politiques publiques par le truchement des architectes, des urbanistes, des
paysagistes et des différents spécialistes de la ville. Le souhait revendiqué et de pouvoir
atteindre une application d’urbanisme vert qui peut se généraliser sur l’ensemble d’une
circonscription territoriale.
Le postulat de base réside dans l’idée selon laquelle les écoquartiers ne présentent pas
aujourd’hui toutes les qualités requises pour construire une durabilité urbaine à l’échelle des
villes et des agglomérations.
10
1.2. Hypothèses de recherche
I. Le manque de volonté politique d’appliquer et d’élargir le concept des écoquartiers à
l’ensemble des aménagements futurs de la ville est-il dû à la non efficience de ce
dispositif conceptuel car il ne répond que partiellement aux objectifs fixés ?
II. Les écoquartiers répondent aux objectifs fixés mais les contraintes budgétaires
empêchent-elles leur généralisation ?
III. Les écoquartiers remplissent leurs objectifs mais leurs conceptions s’intègrent-elles aux
tissus existants de la ville ?
1.3. Plan de travail
Ce travail comprend six parties structurantes - l’introduction, la méthodologie, le cadre
conceptuel, l’étude de cas, discussion des résultats et une conclusion en guise de
recommandation - par lesquelles on abordera l’objet de notre recherche pour vérifier nos
hypothèses.
La méthodologie décrit les outils d’analyse utilisés pour pouvoir cerner ce sujet sous ses
différents aspects. Nous formulerons trois hypothèses qui nous permettront de confirmer ou
d’infirmer la faisabilité d’un écoquartier.
Le cadre conceptuel comporte le cadre théorique général de l’urbanisme durable. Nous
introduisons une sélection de concepts et de définitions conformes aux objectifs de la
recherche. L’analyse d’un écoquartier se confronte à une nécessité de recourir à un nombre
important de concepts spécifiques issus de différents domaines académiques et opérationnels.
Des concepts précis sont intégrés dans la partie consacrée à notre cas d’étude, à savoir
l’écoquartier de Hammarby Sjöstad. Une analyse des éléments constitutifs d’un écoquartier
constitue une des parties les plus importantes de notre travail. L’analyse de notre cas d’étude
se subdivise en trois parties. Premièrement, sont introduits le contexte et l’approche locale au
développement urbain durable (expliquer les motifs politiques, les objectifs fixés et la
démarche entreprise pour la réalisation d’un écoquartier). Ensuite, il sera étudié en détail les
principaux axes du programme environnemental, notamment le concept d’urbanisme
écologique et le cycle éco-industriel mises en œuvre dans le but d’atteindre les objectifs visés.
11
Enfin, nous analyserons les résultats acquis par rapport aux objectifs visés et fixés aux départs
notamment l’efficacité des stratégies choisies et des actions entreprises en terme de réduction
d’impact sur l’environnement dans le cadre de l’écoquartier objet de notre étude.
La discussion des résultats se traduit par l’analyse et la comparaison des objectifs initiaux du
projet avec les résultats obtenus. Cette démarche est menée à partir de l’analyse de conformité
des modalités de réalisation avec le cadre théorique présenté dans la troisième partie du
travail. Cette comparaison permet d’affirmer ou d’infirmer les hypothèses de départ. Les
solutions efficaces seront répertoriées.
La conclusion rassemble les principaux résultats de l’analyse, elle apporte des réflexions et
esquisse d’autres pistes concernant la possibilité d’augmenter l’efficience environnementale
des écoquartiers pour pouvoir encourager leur développement conforme aux principes de
l’urbanisme durable.
1.4. Limites de travail
Le développement urbain durable traite un large spectre de thématiques, rassemblées sous
l’égide des aspects sociaux, économiques et environnementaux. Il existe des divergences
conceptuelles concernant l’importance de ces trois piliers du développement durable. Leur
interconnexion et interdépendance sont partout avérées. Notre analyse dans ce travail est
essentiellement focalisée sur les aspects environnementaux. Les aspects sociaux et
économiques sont limités au niveau des effets induits de l’amélioration de la qualité
environnementale.
Des stratégies de l’urbanisme durable prennent des formes multiples en fonction des contextes
locaux. Deux décennies d’expérimentations et des dizaines de tentatives de réalisation de
quartiers écologiques ont contribué à l’accumulation d’expérience. Ce mémoire ambitionne de
parvenir aux conclusions concernant l’efficience du cadre conceptuel des écoquartiers à la
base de l’analyse d’un cas d’étude. Il cherche à instruire une la réflexion sur les conditions
d’amélioration de la relation entre ville et environnement.
12
2. MÉTHODOLOGIE
Figure 1 : Les trois types de raisonnement logique
Source : Charreire Peti S., Durieux F. (2003)
13
2.1. Méthodologie de recherche
La recherche empirique connait principalement deux types de raisonnement, la figure 1,
l’approche inductive et l’approche déductive :
L’induction correspond à un processus qui permet de passer du particulier (faits
observés, cas singuliers, données expérimentales, situations) au général (une loi, une
théorie, une connaissance générale). La déduction correspond au processus presque
inverse qui permet de conclure (déduire) une affirmation à partir d’hypothèses, de
prémisses ou d’un cadre théorique : les conclusions résultent formellement de ces
prémisses ou de cette théorie7.
L’approche abductive est un troisième type du raisonnement logique qui consiste à réconcilier
les deux formes logiques dans un processus général et dynamique8. L’abduction repose à la
fois sur des données empiriques collectées, sur des théories et sur des lois universelles.
L’abduction est une approche souvent utilisée dans des recherches, ayant choisi le cas d’étude
comme la stratégie de vérification des hypothèses. La logique abductive du raisonnement est
une approche qui correspond le plus dans le cas du présent travail de mémoire.
Deux types d’approches de recherche sont distingués en fonction de la nature des données
qu’ils utilisent et de la nature du traitement des données9 :
• la méthodologie qualitative consiste en une mise en relation des variables souvent non-
quantifiables et d’en construire un argumentaire basé sur l’interprétation des
phénomènes10
.
• la méthodologie quantitative se base sur des données quantifiables et génère des données
numériques ou des informations qui peuvent être convertis en chiffres.
7 Olivier M., « Induction-déduction », Sociologie [en ligne], Les 100 mots de la sociologie, 2012,
http://sociologie.revues.org/1594, consulté le 16.01.2014. 8 Diyakonov K.N., Kassimov N.S., Tikounov V.S., Méthodes contemporaines de la recherche en sciences de
l’environnement : livre pour les enseignants Cовременные методы географических исследований : книга
для учителя], Moscou, Education, 1996, p. 36 9 Explorable.com, Méthodologie de recherche : concepts clés de la méthode scientifique, Site officiel [en ligne],
mise en ligne 15.03.2008, Disponible à l’adresse : http://explorable.com/fr/methodologie-de-recherche,
consulté le 07.02.2014 10
Mace G., Pétry F., Guide d'élaboration d'un projet de recherche en sciences sociales, Bruxelles, De Boeck,
2011, p. 110.
14
Dans notre travail nous utiliserons principalement l’approche qualitative qui permet une
meilleure analyse au vu de la complexité du sujet étudié et de l’importance primordiale de la
compréhension et les explications des interactions entre ses composants. La méthodologie
qualitative est également appliquée pour le traitement des données quantitatives.
Un cas d’étude
L’étude de cas est une stratégie de vérification des hypothèses fréquemment utilisée afin de
mener une analyse approfondie d’un phénomène donné pour mieux comprendre son
fonctionnement interne et aussi de ses relations avec son contexte. Dans le but de comprendre
dans quelle mesure le dispositif conceptuel d’un écoquartier répond aux objectifs de
l’urbanisme durable, ce travail entreprend l’étude d’un écoquartier Hammarby Sjöstad de la
ville de Stockholm. Le choix de cet écoquartier est basé sur plusieurs arguments, à savoir :
• Depuis plusieurs décennies la ville de Stockholm mène une politique environnementale
forte et innovante. En 2010 la ville est devenue la première en Europe à être titulaire d’un
prix Capitale verte de l’Europe.
• L’idée embryonnaire de l’implantation de ce nouveau mode écologique de développement
urbain a été amorcé au début des années 1990, il est actuellement dans la phase finale de
parachèvement. Un projet en presque réalisé ce qui nous permets de se baser sur des
résultats presque réels et pouvoir les comparer avec les objectifs préalablement fixés. Cette
stratégie s’inscrit dans la politique du développement urbain à long terme de la ville de
Stockholm.
• Une des stratégies principales de réalisation de la durabilité environnementale de
Hammarby Sjöstad consiste en l’intégration des infrastructures visant à la création
d’un cycle éco-industriel fermé des ressources et de déchets.
• La réalisation de l’écoquartier Hammarby Sjöstad et son insertion urbaine ont véhiculé
dans le monde entier ce mode de développement urbain. Ce fait, témoigne de
l’efficience et la flexibilité du cadre conceptuel du projet étudié.
• Hammarby Sjöstad a fait objet d’un grand nombre d’études dans des champs
académiques très variables, le quartier est également suivi de près par l’Institut de
l’Écologie Industrielle de l’Université Royale de Stockholm, cela facilite largement
l’accès aux informations fiables, diversifiées et de qualité.
15
2.2. Méthodologie de collecte de donnés
Les données et les informations recueillies pour répondre aux objectifs de ce travail se
composent de données primaires qui correspondent aux données collectées in situ par les
entretiens, les observations, etc. Le recours aux données secondaires produites par des auteurs
et des chercheurs spécialisés (bases de données, plans directeurs et plans localisés,
statistiques, des articles, des rapports, etc.). L’analyse menée dans le cadre du présent
mémoire est principalement basée sur le traitement des données secondaires, néanmoins le
recours aux données primaires est capital pour filtrer et vérifier la véracité des données
secondaires ce qui nous alloue un recul pour porter un regard critique objectif.
2.2.1. Les données de la littérature
L’analyse bibliographique est un instrument principal de collecte d’information nécessaire à
intégrer et à interpréter au vue de répondre aux objectifs de cette recherche11
. L’accessibilité
de l’information pertinente et fiable figure parmi des critères de choix de cas d’étude. Une des
premières réalisations des quartiers écologiques, Hammarby Sjöstad est devenu un cas
emblématique de l’urbanisme durable. Des chercheurs, des urbanistes, des autorités publics et
des entreprises locales, mais aussi des médias et des personnes sensibles aux questions
environnementales ont contribué à l’accumulation d’un volume immense d’information et de
donnée, de qualité et de fiabilité très variables. L’abondance des sources bibliographiques
facilite l’approche systémique de collecte d’information, permet de suivre l’évolution d’un
écoquartier à travers les phases de son développement, mais impose une nécessité de trier et
de sélectionner des données en fonction de leur actualité et fiabilité. Les sources
bibliographiques privilégiées dans ce travail sont des ouvrages généraux et spécialisés, des
articles des revues thématiques, des documents officiels des autorités publics, notamment de
la ville de Stockholm et de Hammarby Sjöstad, ces derniers se caractérisent par une fiabilité
faible. Une priorité est donnée aux articles et aux recherches menées aux universités
polytechniques et des instituts de recherche et en particulier l’Institut de l’Écologie
Industrielle de l’Université Royale de Stockholm.
On juge opportun, un tant soit peu, de prendre connaissance des différentes informations
(supports audio-visuels, des témoignages des habitants accessibles sur Internet) certes
11
Mace G., Pétry F., op. cit., p. 90.
16
subjectives mais peut nous mener à découvrir des pistes de recherche insoupçonnées ou
susciter et intriguer notre curiosité pour nuancer certains de nos jugements analytiques.
2.2.2. Les données géo-référencées
La nature spatiale de l’objet d’étude détermine la pertinence et l’inévitabilité d’utilisation des
informations spatialisées d’au minimum de deux types différentes : des documents de
l’urbanisme et des supports cartographiques. Des informations géo-référencées permettent de
positionner le quartier sur le territoire, d’analyser sa structure spatiale et en déduire les
modalités d’interactions du quartier avec son contexte (la ville). Des cartes et des plans sont
des instruments efficaces de visualisation de données. Le présent mémoire utilise ce type de
données de deux manières : comme une information complémentaire pour illustrer certains
phénomènes et comme méthode de vérification de correspondance des informations déclarées
avec des réalités du terrain.
Des documents cartographiques de base plan localisé du quartier de 2013 sont développées, à
l’aide de certains logiciels tels que Illustrator et Photoshop, afin d’être exploités dans le but
d’approfondir notre compréhension. Des couches thématiques extraites du plan localisé ont
été complétées avec d’autres documents géo-référencés, à savoir, des images satellitaires
(Google maps), des plans historiques, des plans d’affectation des bâtiments et des parcelles,
des données du système d’information géographique de Stockholm12
, etc. Un complément
extrait des sources bibliographiques (des bâtiments disposant d’installation de captage des
énergies renouvelables, des détails de localisation des diverses objets, etc.) a été nécessaire
pour la formalisation de ces cartes.
2.2.3. Etude de terrain
L’étude de terrain est une méthode qui permet l’analyse détaillée d’un cas complexe et offre
une connaissance approfondie et nuancée13
. Les instruments de collecte d’information utilisés
lors de notre visite de terrain nous ont permis l’observation directe du quartier, l’obtention
d’un entretien semi-directif avec Monsieur Bjorn Cederquist un des architectes ayant travaillé
dans la planification du projet et de formuler un questionnaire auprès des habitants (voir
12
Ville de Stockholm, Startsidan, Bostad & Miljö, Kartor och lantmäteri, Beställ kartor, [en ligne], site officiel,
disponible à l’adresse : http://stockholm.se/ByggBo/, consulté le 13.03.2014. 13
Mace G., Pétry F., op. cit., p. 92.
17
annexe 1). Les informations recueillies sur le terrain servent à compléter les informations
bibliographiques et cartographiques et de s’assurer que les grands axes d’analyse sont
interprétés et contextualisés correctement.
Il est à rappeler que lors de nos différentes rencontres et de notre entretien notre intérêt
principal n’était pas d’analyser les réponses mais plus tôt les réactions des sujets interviewé.
Cela étant, cette visite de terrain nous a permis d’observer et d’évaluer les différentes qualités
du site (paysagères, tranquillité, sécurité, etc.), et d’en ressentir les nuisances sonores ou
olfactives relevant de la qualité et du confort de la vie in situ, etc.). J’ai pu également observer
les comportements des habitants-usagers sur le territoire en temps réel (modes de
déplacements, pratiques de l’espace, etc.).
18
3. CADRE THÉORIQUE
3.1. La ville durable et ses concepts
Le concept du développement durable14
a gagné progressivement du terrain au sein de la ville
pour interroger ses formes, ses structures spatiales et ses dynamiques. Le terme «ville
durable» est apparu en 1988 dans le cadre du programme MAB (Man and Biosphère) de
l’UNESCO consacré à l’écologie urbaine.
Le développement urbain durable est défini par certains auteurs tels que Richardson et
Fialaire comme étant :
Un processus de transformation de l'environnement bâti, de sa morphologie et son tissu
urbain afin de favoriser le développement économique tout en conservant les ressources
et en protégeant l'intégrité des personnes, de la collectivité et de l'écosystème15
.
Le développement urbain durable est un processus basé sur l’apprentissage collectif, la
capacité de règlement des conflits et la volonté de dessein stratégique, et non sur
l’application d’un modèle optimal prédéfini. Il s’agit de considérer l’ensemble de
différents systèmes composants la ville (le système économique, le système sociale, le
système physique et le système de l’environnement), dans leur coévolution et leurs
interactions dynamiques …, et non simplement de faire la somme d’aspects et
d’objectifs différentes »16
.
Les deux auteurs font état de la nécessité de considérer le développement urbain durable dans
un ensemble dynamique et complexe qui intervient à toutes les échelles et englobe les
composants sociétaux et écosystémiques naturels. Une approche qui va dans le sens d’une
planification urbaine plus durable en harmonie avec l’environnement. La ville durable est
donc un objectif en soi, un référentiel conceptuel pour le développement urbain.
14
La définition du développement durable est formulé en 1987 dans le rapport « Notre avenir à tous » comme
« un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures
de répondre aux leurs. » UN Documents [en ligne], http://www.un-documents.net/wced-ocf.htm, consulté le
23.01.2014. 15
Richardson N., L'aménagement du territoire et le développement durable au Canada, Ottawa, Ministère
Fédéral de l’Environnement, 1989, p. 18. 16
Fialaire J., Les stratégies du développement durable, Paris, Harmattan, 2008, p. 65.
19
Loin de tout modèle standardisé, la ville durable désigne une unité urbaine qui cherche à
prendre en compte et répondre simultanément aux enjeux sociaux, économiques,
environnementaux et culturels de l'urbanisme pour/et avec les habitants à travers l’approche
systémique et la recherche des synergies. La ville durable est souvent définie à travers des
objectifs, sans restreindre la liberté de choix de moyens de réalisation dans le contexte unique
de chaque ville en conformité avec des particularités de son environnement naturel et
construit, sa réalité socio-culturel et son régime politico-économique.
En 1994 la Charte d’Aalborg a abouti à la formulation de dix engagements politiques assez
flexibles pour s’interpréter de plusieurs façons lors de leur mise en pratique sur chaque site
donné : gouvernance, gestion locale vers la durabilité, biens naturels communs,
consommation responsable et choix de style de vie, planification et conception, mobilité
améliorée, trafic limité, actions locales pour la santé, économie locale vivante et durable,
équité sociale et justice en partant du local vers le global.
Une autre particularité de l’urbanisme durable c’est qu’il se déploie par le refus de
l’urbanisme moderne associé à l’uniformisation du bâti et de l’homme.
L’architecte et l’urbaniste ont trop souvent pensé au bonheur de tous, imposant à chacun
des normes et des standards qui ne correspondaient à personne, sans jamais se
préoccuper du sens même du mot bonheur et encore moins de celui du mot utopie17
.
L’urbanisme durable peut faire aussi référence aux pratiques urbaines traditionnelles, bien
évidement en se basant sur les meilleures pratiques en complément des derniers technologies
disponibles afin de créer l’environnement urbain agréable, sain et sécurisé et offrir la
meilleure qualité de vie sans en préciser les modalités. La figure 2 montre une des
nombreuses interprétations d’un schéma connu du développement durable adapté à la ville.
17
Paquot T., Utopies et Utopistes, La Découverte, coll. « Repères », 2007, p 96.
20
La thématique des villes durables se décline autour des axes principaux : c’est la ville
compacte, verte et multifonctionnelle, qui s’inscrit harmonieusement dans son environnement,
privilégiant les modes de déplacements durables et utilisant des ressources d’une manière
efficace et rationnelle tout en optant pour des sources d’énergie renouvelables. C’est aussi une
ville à l’économie diversifié qui crée des conditions attractives et un climat d’investissement
favorable aux les entreprises. La ville durable favorise une diversité et une mixité sociale.
Figure 2 : Schéma du développement durable de la ville de Malmo, Suède
Source : Ville de Malmo, http://www.malmo.se/
21
Un modèle présenté par UN-Habitat fait l’accent sur les caractéristiques de la ville durable, la
figure 3.
Une ville résiliente — Il faut préparer les villes aux changements, assurer leur résilience et
prendre des mesures afin de réduire les risques. Capacités d’adaptation pour amortir des
risques avenir et résilience aux conséquences des changements climatiques ou des
catastrophes naturelles, sont des éléments incontournables de l’urbanisme et du
développement durable. Autonomisation des villes et des communautés à planifier et à gérer
efficacement l'adversité est fondamentale pour l'agenda urbain.
Une ville verte — Construire des villes respectueuses de l’environnement et neutres en
émissions de carbone. Des bâtiments à eux seuls sont responsables de 30% des émissions des
GES. La résilience, l’efficience en gestion des ressources, l’équilibre de l’environnement
urbain des villes dans les prochaines décennies dépendent fortement de la façon de les
Figure 3 : Modèle du développement urbain durable
Source : UN-Habitat (2012)
22
construire, concevoir et aménager. La ville verte signifie le développement urbain durable par
le biais de l’environnement urbain avec le bilan carbone neutre.
Une ville saine et de sécurité — Rendre les villes vivables. C’est aux villes de répondre aux
défis de l’urbanisation. La réussite de la transition vers l’urbanisme durable est étroitement
liée aux questions de l'économie, des changements climatiques, de la consommation des
ressources, de la sécurité alimentaire, etc. L’environnement urbain doit devenir vivable, afin
de réaliser le potentiel énorme des villes en promotion des solutions durables.
Une ville inclusive — Les villes doivent prendre des mesures pour lutter contre l’exclusion
sociale et la pauvreté, promouvoir l’accessibilité, et équitable égalité entre les hommes et les
femmes. L'un des trois piliers de la durabilité – l’équité sociale est essentielle pour construire
l’avenir urbain partagé et durable. Les chalenges contemporains imposés par le rythme et
l’échelle de l’urbanisation réclament des investissements dans l’infrastructure, le
développement et dans l’amélioration de la politique publique plus sociale. Une ville inclusive
assure l’équité et l’égalité des droits de l’ensemble des citoyens.
Une ville planifiée - Planifier les villes de demain pour les processus de prise de décisions
durables. L'urbanisation et le développement durable exigent des processus et des cadres
politiques qui exploitent des actifs et potentiels de la ville dans sa planification.
Aménagement durable implique des processus et une attention particulière au développement
qui concilie les besoins sociaux, économiques et environnementaux de prise de décision
participative. D'égale importance, la planification durable et une ville planifiée sont
fondamentales pour atteindre les caractéristiques de tous les domaines de World Urban
Campaign18
.
Une ville qui produit — Rendre les villes plus efficaces et de meilleurs endroits pour garantir
un travail décent. Développement économique équitable est également l'un des trois piliers de
la durabilité, et une composante nécessaire d'une ville saine, vivable et durable. S'adonner à
un programme de développement durable signifie villes qui encouragent et favorisent les
moyens de subsistance de tous les citoyens grâce à des possibilités économiques de
planification.
18
World Urban Campaign est un platform de partenariat global en cadre de UN Habitat visant la promotion,
dialogue, partage et acquisition de l’information sur les solutions de la mise en place de la ville durable.
23
3.2. L’approche écosystémique de la ville
La ville contemporaine est un système dynamique complexe, naturel et artificiel, délimité
temporellement dans l’espace19
. La ville est peut être présentée comme un système spatial qui
prend sa forme par l’imbrication des systèmes naturels et techniques inter-liés par des
échanges de matière, d’énergie et de l’information. Ce système constitue l’environnement
urbain qui accueille des systèmes économiques, politiques et culturels dont des interactions
provoquant une dynamique du système dans son ensemble, la figure 4.
Figure 4 : La ville est un système complexe
Source : Da Cunha, A. et al. (2005)
19
Maslov N.V., Écologie d’urbanisme : manuel pour les universités [Градостроительная экология. Учебное
пособие], Moscou, Haute école, 2003, p. 78.
24
La définition d’un écosystème20
est tout à fait convenable pour décrire la ville. Le milieu
urbain est un écosystème artificiel avec ses caractéristiques propres. L’analyse de la ville et de
son fonctionnement sous l’angle de concept et de méthode de l’écologie scientifique
appliquée peut contribuer à une meilleure compréhension des stratégies pour « rendre à la
fois la ville « supportable » par la nature et l’environnement urbain « supportable » pour
l’homme »21
.
L’approche écosystémique offre un cadre conceptuel de réflexion en cycles pour le
métabolisme urbain, la résilience urbaine en matière d’adaptabilité et de flexibilité, mais aussi
pour interroger la taille de la ville, sa forme, sa morphologie, son tissu urbain, ses
infrastructures, ainsi que les comportements des différents acteurs et en particulier ceux ayant
un impact direct sur le territoire de la ville (les décisions politiques).
Pourquoi une approche écosystémique de la ville est nécessaire puisque elle est déjà
constituée par un système complexe? Selon l’écologue E. Lierdeman : il s’agit bien d’un
écosystème mais un écosystème très ouvert, entièrement tributaire de l’extérieur pour toutes
ses consommations d’énergie et de matière, et donc à la fois très fragile et fragilisateur de la
biosphère dans son ensemble22
.
Pour pouvoir réaliser ou s’approcher d’un fonctionnement durable de la ville, il serait
indispensable d’essayer de prendre exemple - pour améliorer les écosystèmes artificiels
inefficients des villes – par les écosystèmes naturels.
Au même titre que les écosystèmes naturels, la ville est constituée par un biotope et une
biocénose particulière et dont le fonctionnement est assuré par des échanges de flux de
matière, d’énergie et d’informations permettant la reproduction du système. L’écosystème
urbain démontre des dynamiques et des interactions qui obéissent aux lois d’écologie.
20
Le terme fut forgé par Arthur George Tansley en 1935 pour désigner l'unité de base de la nature. Un
écosystème est un ensemble dynamique d'organismes vivants (biocénose) qui interagissent (par des flux) entre
eux et avec le milieu (biotope) dans lequel ils vivent. 21
Da Cunha A. et al., op. cit., p. 20. 22
Lierdeman E., De la « nature en ville » à l’écosystème urbain en ligne, Radio Suisse Romande, Urbanités,
mars 2010, http://urbanites.rts.ch/laboratoire-de-la-ville-du-futur, consulté le 01.12.2013.
25
Néanmoins, par rapport à un écosystème naturel, l’application du concept d’écosystème
à la ville à quelques limites. Une ville est un environnement construit et structuré dont
même les éléments naturels ont été modifiés à convenance23
.
Le biotope urbain est dominé, structuré et maintenu par l’espèce humaine. C’est un milieu
construit, très minéral et imperméabilisé par les parkings, routes, bâtiments, etc., un milieu
fragmenté par les nombreuses barrières physiques (mur, bâtiment, clôture, route, canaux aux
pentes abruptes…). Cela n’ampute en rien son caractère écosystémique mais résulte d’une
biocénose à faible biomasse et une faible biodiversité. L’essentiel de la biocénose urbaine vit
ainsi hors sol24
, dont la vie est permise par des flux entrants d’énergie et de matière provenant
d’autres écosystèmes. Les déchets ne sont pas recyclés par les décomposeurs mais
s’accumulent sur des surfaces limitées ou sont détruits par un apport supplémentaire
d’énergie. Ces cycles biogéochimiques sont incomplets et interfèrent très souvent avec des
polluants (pollution sonore, lumineuse, chimique, thermique, électromagnétique, etc.), ce qui
diminue les paramètres de qualité de l’environnement. L’approche écosystémique à
l’environnement urbain met en évidence que :
Le premier problème posé est relatif aux flux d’énergie et de matière, et notamment au
bouclage de ces flux: les cycles non bouclés induits par une déconnexion spatiale des
différentes étapes de production primaire, de consommation puis de recyclage se
traduisent inéluctablement par des déficits et des excédents qui s’aggravent
parallèlement sans arriver à se compenser. Plus ces boucles sont rompues, plus les
déséquilibres s’aggravent, plus l’écosystème urbain vit au détriment des autres
écosystèmes sans leur restituer ce qu’il leur prend, et plus la durabilité de l’un et des
autres est compromise25
.
Le raisonnement en flux et en cycles renvoie nécessairement à la problématique de réseaux
urbains qui dans son ensemble conditionnent des relations entre la ville et l’espace
23
Rondel C., La complexité des relations d’une ville avec son environnement – Ecosystème urbain, en ligne,
Synergiz, site officiel, www.synergiz.fr, mise en place le 19.04.2008, disponible à l’adresse :
http://www.synergiz.fr/la-complexite-des-relations-d-une-ville-avec-son-environnement/, consulté le
19.10.2013. 24
L’espèce qui vie « hors-sol » est un caractéristique souvent associé avec une espèce parasite. 25
Lierdeman E., op. cit.
26
environnemental […] et constituent un instruments pour capter, puiser, mais aussi pour
canaliser la matière, l’énergie et l’information26
.
La ville contemporaine est donc un écosystème hyper-ouvert avec une très faible autonomie
dont les mécanismes d’autorégulations sont imparfaits. La ville n’est pas capable de réajuster
en permanence son fonctionnement de manière autonome, le maintien de l’équilibre
dynamique27
de l’écosystème et la régulation des boucles de rétroactions sont quasi-
totalement dépendantes du réglage artificiel. Les mécanismes artificiels de gestion de
l’environnement urbain sont souvent inadaptés pour se confronter aux problèmes complexes
de dysfonctionnement systémique. Ce qui rend les villes de plus en plus vulnérables face aux
dérèglements de l’environnement global.
Dans l’optique du développement urbain durable, l’application du modèle d’écologie
industrielle au métabolisme urbain28
apparait comme un instrument plus efficace dans la
recherche d’établir l’équilibre dynamiqueplus ou moins stable de l’écosystème artificiel. Le
terme écologie industrielle émerge suit à la publication de Frosch et Gallopoulos29
en 1989.
La thématique de l’écologie industrielle a inspiré un grand nombre d’auteurs qui ont proposé
une vingtaine de définitions. Selon Suren Erkman tous les auteurs s'accordent pour
reconnaître au moins trois éléments principaux dans le concept d'écologie industrielle:
1. C'est une vision globale, intégrée, de tous les composants du système industriel et de
leurs relations avec la Biosphère.
2. Le substrat biophysique du système industriel, c'est-à-dire la totalité des flux et des
stocks de matière et d'énergie liés aux activités humaines, constitue le domaine d'étude de
l'écologie industrielle, par opposition aux approches usuelles, qui considèrent l'économie
essentiellement en termes d'unités de valeur immatérielle.
26
Comité de prospective du Comité 21 de France, La ville, nouvel écosystème du XXIe siècle : Ville, réseaux,
développement durable. Rapport 2011-2012, p. 95, [en ligne], http://www.comite21.org/docs/actualites-
comite-21/2012/rapport-la-ville-nouvel-ecosysteme-du-21eme-siecle-06-04-12.pdf, consulté le 22.11.2013. 27
L’équilibre dynamique est un état dans lequel les flux entrants et sortants du système dynamique sont égaux. 28
Selon Sabine Barles (2008) le métabolisme urbain désigne ainsi l’ensemble des processus par lesquels les
villes mobilisent, consomment et transforment ces ressources naturelles. Il a des conséquences amont et aval
en termes de prélèvements d’énergie et de matières premières et de rejets de matières de rebut (vers
l’atmosphère, l’eau et les sols, sous forme liquide, solide, gazeuse), avec de multiples impacts pour les
écosystèmes et plus généralement la biosphère, si bien que cette première notion peut être complétée par une
autre, qui rend compte des effets locaux, différés et ou globaux des agglomérations : celle d’empreinte
environnementale. 29
Frosch R.A., Gallopolous N.E., «Des stratégies industrielles viables», Pour La Science, No. 145, 1989, pp.
106-115.
27
3. La dynamique technologique, c'est-à-dire l'évolution sur le long terme de grappes de
technologies clés, constitue un facteur crucial (mais pas exclusif) pour favoriser la
transition du système industriel actuel vers un système viable, inspiré par le
fonctionnement des écosystèmes biologiques30
.
Cette approche consiste en transformation du métabolisme urbain linéaire en métabolisme
urbain circulaire grâce à l’intégration des infrastructures urbaines et bouclage des flux
qu’elles canalisent.
Figure 5 : Les trois modes d’organisation des flux du métabolisme urbain
Source : Future Cities Laboratory (FCL), http://www.futurecities.ethz.ch/
La figure 5 présente trois modes d’organisation des flux dans le système urbain qui
correspondent à un état actuel (système dissipatif31
), un état souhaité (système en équilibre
dynamique) et un état utopique pour un système artificiel (système en état de symbiose), une
unité auto-suffisante dont les relations avec des unités environnantes sont mutuellement
bénéfiques. Le passage du métabolisme urbain linéaire à un métabolisme urbain circulaire
passerait par la liaison des systèmes urbains parallèles entre eux à travers la recherche des
activités, leur interconnexion permet des synergies stables et bénéfiques. Ceci implique non
seulement de mettre en œuvre des solutions technologiques, mais aussi de développer la
nouvelle culture de coopération, de coordination et de rapprochement entre des acteurs, dont
les intérêts sont parfois divergents.
30
Erkman S., Vers une écologie industrielle, Paris, C.L. Mayer, 2e éd, 2004, pp 26-27. 31
Un système ouvert qui opère dans un environnement avec lequel il échange de l'énergie ou de la matière, loin
de l'équilibre dynamique. Un système dissipatif résulte en une structure complexe chaotique, la stabilité du
système est atteinte grâce à sa « consommation » d'énergie issue de l'environnement.
28
La vulnérabilité croissante et l’incertitude des systèmes complexes face aux risques multiples
obligent les professionnels de la ville et surtout ses théoriciens de s’intéresser de près au
concept de résilience, la figure 6. Issue de la physique des matériaux et théorisé par les
sciences écologiques, le concept de résilience appliqué au milieu urbain peut être défini
comme la « capacité de la ville à absorber la perturbation et à récupérer ses fonctions par la
suite »32
.
Quand la résilience est de temps court elle correspondrait à la capacité de réaction face à une
perturbation (service, activité, population, …). Par contre, si elle s’étale sur une longue
période, la résilience se fonderait sur le maintien de ses fonctions principales (prospérité,
qualité de vie, attractivité, …)33
. Le système urbain résilient cherche à améliorer sa capacité
d’adaptation, à gérer son instabilité afin de diminuer l’intensité de perturbation, d’en réduire
le temps d’impact. La ville résiliente serait une ville flexible et ouverte aux changements
positifs par instauration de « modes de fonctionnement flexibles ou interchangeables et par
des modes de gestion intégrant l’incertitude 34
». La ville résiliente reste ouverte sur
l’extérieur, mais n’en dépend pas35
.
32
Lhomme S., et al., « Les réseaux techniques face aux inondations: ou comment définir des indicateurs de
performance de ces réseaux pour évaluer la résilience urbaine » [en ligne], Bulletin de l’association des
géographes français, (2010-4), p. 489, http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/58/00/25/PDF/Lhomme-
Laganier_BAGF.pdf, consulté le 23.12.2013. 33
Ibid., p. 492. 34
Ibid., p. 493. 35
La ville résiliente : vers une ville permaculturelle, Résilience urbaine, [en ligne], mise en ligne le 22.01.2012,
disponible à l’adresse : http://villepermaculturelle.wordpress.com/2012/01/22/resilience-urbaine, consulté le
08.07.2013.
Figure 6: Représentation graphique du concept de la résilience
Source : Toubin M. et al. (2012)
29
L’articulation des concepts de résilience et de durabilité enrichit les débats sur les villes
durables. Pour certains la résilience peut contribuer à la durabilité urbaine, mais elle n’est pas
suffisante, et n’est même pas nécessaire parfois36
. Par exemple, le bidonville serait la forme
urbaine la plus résiliente mais qui n’est pas compatible avec "l’idéologie" de la ville durable.
Pour les autres, la ville durable et la ville résiliente représentent deux concepts antagonistes.
Contrairement à la ville stable, sécurisée, hiérarchisée, optimisée et normée, chère au
développement durable, la ville résiliente est flexible et transformable. Elle fonctionne en
hétérarchie, limite les dépendances et multiplie interconnexions et redondances entre les
différentes échelles de fonctionnement. Le risque fait partie de ses fondements, tout
comme les ressources qui peuvent s’en dégager.... La crise est révélatrice
d’opportunités37
…
Une majorité de spécialiste considère que la résilience est à la fois une condition
incontournable et un moyen de s’approcher de la durabilité.
Cette articulation découle logiquement des points de vue qui ont été choisis pour définir
la durabilité (comme un idéal utopique) et la résilience (comme une propriété des
systèmes)38
.
La valeur ajoutée de l’approche écosystémique pour un avenir urbain durable consiste à la
mise en évidence de la composition, du fonctionnement, des dynamiques de l’écosystème
urbain. Il est également possible qu’elle nous permet de trouver des solutions plus adéquates
de la gestion des imperfections du système artificiel et de ses externalités. Rééquilibrer les
échanges entre la ville et son environnement, restructurer le métabolisme urbain et le détacher
des ressources non-renouvelables, rendraient la ville plus résiliente et adaptive. Il s’agit
notamment de réorganiser les flux des personnes, etc.
La mise en œuvre d’objectifs ambitieux convergents vers la planification des opérations
urbaines. La résolution des enjeux mentionnés s’inscrit dans une perspective plus large celle :
36
Derissen S., Quaas M.F. et Baumgärtner S., «The relationship between resilience and sustainability of
ecological-economic systems », Ecological Economics, vol. 70, 2011, pp. 1121-1128. 37
Stathopoulos M., « Qu’est que la résilience urbaine? », Urbanisme, n°381, 2011, pp. 90-92. 38
Folke C, et al., « Resilience and sustainable development: Building adaptive capacity in a world of
transformations », Ambio, vol. 31, 2002, pp. 437-440.
30
D’intégration des problématiques économiques, sociales et environnementales
dans un projet urbain. Les recherches urbaines s’interrogent également sur la
manière d’articuler les préoccupations de court et du long terme et les échelles
d’analyse et d’action, du locale au global … afin de requalifier la ville et
assurer une meilleure qualité de vie pour tous39
.
3.3. Les formes urbaines durables
La forme urbaine de la ville contemporaine est perçue à l’unicité comme une source des
problèmes environnementaux, mais aussi comme une cause de la dégradation de la qualité de
vie et des pertes économiques40
.
Le régime d’urbanisation métropolitain
qui s’est établi au cours des dernières
décennies se caractérise par le
renforcement du rôle des grandes
agglomérations, par la formation d’une
nébuleuse de centralités secondaires et des
espaces urbains fragmentés, sans véritable
frontière et dont la cohérence est
maintenue au prix d’une intensification des
mobilités41
.
La figure 7 montre « une boucle de
rétroaction : motorisation – extension
du marché foncier – dilution spatiale
des fonctions urbaines – étalement
urbain – demande de déplacements –
gain de vitesse – contraction espace-
temps – dépendance automobile –
motorisation s’auto-entretient et sans fin. »
39
Da Cunha A. et al., op. cit., p. 1. 40
Jabareen Y.R., « Sustainable Urban Forms: Their Typologies, Models, and Concepts », Journal of Planning
Education and Research, vol. 26: 38, 2006, pp. 38-52. 41
Da Cunha A. et al., op. cit., p. 55.
Figure 7 : Cercles vicieux de l’étalement urbain
Source : Da Cunha, A., et al. (2005)
31
Ainsi dire, il s’agit du phénomène de l’étalement urbain ou d’une périurbanisation diffuse à
faible densité et au-delà de la desserte des services et des lieux d’emplois qui participe à
l’encouragement de l’habitat pavillonnaire et la mobilité individuelle. Ce phénomène a été
principalement provoqué par l’inconfort de la ville. Un processus vicieux de l’étalement
urbain qui semble très persistant et maintien un schéma qui s’auto-entretient.
L’urbanisation diffuse amène un bon nombre de difficulté en termes d’approvisionnement et
de gestion des services urbains. Une empreinte environnementale non négligeable, une
consommation abusive des ressources, ce qui la rend inopérante pour un développement
urbain durable. Les erreurs
systémiques de conception et
d’aménagement du milieu urbain ont
causé l’étalement urbain non contrôlé.
L’analyse de causalité entre la
conception du milieu urbain et son
étalement permet aux urbanistes d’en
déduire certaines alternatives du
développement urbain et des modèles
morphologiques plus durables.
La forme urbaine est une notion
polysémique, qui fait généralement
appel aux caractéristiques relatives aux
éléments structurants de la ville (le
système viaire, le système parcellaire,
le système des espaces libres et enfin
le système bâti), qui interagissent à
différentes échelles urbaines et
forment dans son ensemble une
certaine configuration spatial42
.
42
Jabareen Y.R., op. cit., pp. 38-52.
Figure 8 : Projet de ville linéaire à Monthey, Suisse
Source: Fil Rouge Architecture - aouabed &
figuccio (2012).
32
Les structures urbaines qui satisfaits les principaux critères de durabilité (compacité,
diversité,…) notamment ceux de l’écologie et de la qualité de vie sont multiples et se placent
comme des « orientations stratégiques majeures de la gestion plus durable des villes »
consensuelles.
La ville durable est une ville planifiée. C’est aussi une ville adaptable et innovante. Son cadre
bâti doit pouvoir se prêter à de multiples usages et à des transformations fréquentes dans
l’espace urbain qui demande à être recyclé43
. Les formes urbaines durables peuvent connaitre
certes des déclinaisons multiples, mais auront en commun une compacité, continuité, une
densité appropriée, une diversité typologique adéquate, une mixité fonctionnelle et une
conception d’ensemble qui favorise la mobilité durable. Intégrées harmonieusement dans
l’environnement naturel et généreusement végétalisées, ces formes urbaines favoriseront
l’utilisation passive de l’énergie solaire.
Les transformations urbaines projetées doivent être réalisées d’une manière transversale sous
forme de partenariat. Dans son ensemble et par des effets bénéfiques des synergies, des
implantations de nouvelles formes urbaines et des mutations des tissus existants devraient
permettre la création du milieu urbain prédisposé à l’obtention des résultats souhaités soit :
diminuer l’étalement urbain, la fragmentation des espaces, réduire la consommation des
ressources pour la rendre plus efficace, diminuer la production des déchets et de rejet de
pollutions, minimiser de l’utilisation de transport individuel motorisé en faveur des modes de
déplacements durables. Il serait aussi souhaitable de préserver des espaces non-bâtis et des
écosystèmes sensibles qui engendrerait un milieu de vie urbaine de haute qualité, orienté sur
les besoins de ses habitants et favorisant des échanges sociaux, etc.).
A travers notre analyse on arrive à décliner une matrice génératrice de l’essentiel des éléments
directeurs production urbaine durable.
43
Da Cunha A. et al., op. cit., p. 69.
33
a. Compacité
La conception d’une forme urbaine compacte s’inscrit dans une stratégie de lutte contre
l’étalement urbain. Le concept de compacité de l'environnement bâti se réfère à sa contiguïté
(et connectivité)44
. À l’échelle de la ville cette stratégie suggère que les nouvelles extensions
urbaines devraient avoir lieu à proximité immédiate de structures urbaines existantes45
.
Lorsque le concept est appliqué au tissu urbain existant, la stratégie majeure est d’intensifier
la diversification des fonctionnalités du bâti. La densification par la reconversion des friches
urbaines et le développement des terrains intra-urbains non-bâti. A l’échelle du quartier, la
compacité sous-entends le milieu facilement accessible à pieds, suffisamment petit pour
éliminer même le souhait d'une automobile privée, mais suffisamment grande pour fournir la
variété de possibilités et de services qui constituent une vie urbaine riche.
44
Frankhauser P., et al., Vers des déplacements péri urbains plus durables : proposition de modèles fractals
opérationnels d’urbanisation [en ligne], Rapport final, PREDIT (Programme français de recherche et
d’innovation dans les transports terrestres), 2007, p. 50. 45
Wheeler S., Beatley T., The Sustainable Urban Development Reader, London, Routledge, 2010, 2e ed., 2008,
p. 81.
Figure 9 : Tache urbain polycentrique (schéma de Christaller adapté par
Frankhauser) Source : Frankhauser (2007)
34
b. Densité
La densité urbaine recouvre souvent trois indicateurs : la densité de population (habitants ou
emplois à l’hectare), la densité de logements (à l’hectare) et la densité du bâti (coefficient
d’occupation du sol par parcelle)46
. La forme urbaine dense est un élément constitutif pour
réussir la compacité de l’environnement urbain. Certaine densité est indispensable pour
garantir la fonctionnalité des services urbains, encourager des interactions sociales, rendre la
consommation des ressources plus efficiente, réduire l’utilisation de transport individuel
motorisé. Des recherches indiquent une relation entre « densité – comportement de
déplacement » : avec l’augmentation de densité le taux de propriété de voiture et les km
parcourus baissent. Simultanément, augmente la part modale de l’utilisation de transport en
commun, de vélo et de la marche47
. Pourtant, les auteurs pointent sur le fait qu’à partir de
certain seuil de densité des tendances bénéfiques cités auparavant, prennent le sens inverse
(conventionnements, surconsommation de ressources, préférence des périphéries urbaines
comme lieu de résidence). L’aspiration politique de construire une ville dense n’enthousiasme
pas la population, ce qui impose la recherche de nouvelle forme urbaine, des modalités
d’aménagement de l’espace susceptibles à rendre cette ville attractive et offrir une haute
qualité de vie. La densification doit être différenciée et composée de formes bâtis diverses, en
outre, « la densification est dénuée de sens à moins qu’elle ne soit coordonné au
développement des transports publics, mais aussi à la qualité des espaces publics les
reliant »48
.
c. L’intégration des infrastructures
La forme urbaine est largement structurée par des infrastructures de transport (dans le sens
large) qui l’ont dominée à travers des stades de développement urbain49
. La forme de la ville
durable serait aussi déterminée par ses réseaux. La solution envisageable pour rendre cette
structuration maîtrisable et la canaliser dans le sens du développement durable serait la
planification intégrée du réseau viaire, des infrastructures de transport public, des densités et
46
Salat S., et al. Les villes et les formes : sur l'urbanisme durable / CSTB - Laboratoire des morphologies
urbaines, Paris, Hermann, 2011, p.490. 47
Bricka S., «Factors Influencing Walking in Small Urban Region» in Transportation Research Record: Journal
of the Transportation Research Board, No. 2307, 2012, pp. 52-59. 48
Da Cunha A., et al., op. cit., p. 69 49
Burton E., Jenks M., Williams K., The transport dimension. In the compact city: A sustainable urban form?,
London, Routledge, 1996, p. 171.
35
de l’affectation du tissu bâti, l’aménagement des espaces publics. La forme urbaine durable
est souvent perçue comme une forme et une échelle appropriée à la marche, le vélo, qui se
structure autour des axes transports en commun efficaces et doivent avoir une compacité qui
encourage l'interaction sociale50
.
Pour créer un réseau viaire à l’échelle des hommes et non des automobiles, le motif des
rues doit être connecté, continue, diversifié, et à maille fine. Rendre les villes piétonne
implique de limiter la longueur des liens à un éventail réduit de tailles et d’organiser ces
liens de manière fractale, c’est-à-dire selon une hiérarchie d’échelles et une loi de
puissance reliant la fréquence et la taille des rues, ainsi qu’un bon dosage de connectivité
et de complexité51
.
Les réseaux techniques ont aussi une forte influence sur l’organisation spatiale des formes
urbaines. Quelles seraient les formes de la ville conçue à la base des réseaux techniques
intelligents qui gèrent les flux des énergies, des eaux, de déchets et autres de façon intégrée et
flexible et, dont l’autonomie (relative) est acquise grâce à l’utilisation des ressources locales
renouvelables ?
d. Multifonctionnalité et polyfonctionnalité
La mixité fonctionnelle désigne une affectation des sols mixtes des fonctions urbaines
(résidentielle, commerciale, culturelle, industrielle, institutionnelle, récréationnelle, de
transport, etc.) compatibles de manière intégrée et à la proximité raisonnable52
et convenable
pour des niveaux territoriaux différents (de la ville, du district, du quartier, d’un îlot).
L’affectation du sol multifonctionnelle, l’affectation polyfonctionnelle des surfaces habitables
des bâtiments53
sont des outils règlementaires qui permettent de développer la mixité
fonctionnelle. Une diversité des fonctions qui peuvent encourager la mobilité douce en
réduisant considérablement l’utilisation de la voiture, favoriseraient les échanges sociaux et la
prospérité de l’économie locale et contribuerait à la sécurité des espaces publics. La
multifonctionnalité du système viaire, bâti et espaces publico-collectif arborés de transport
50
Elkin T., McLaren D., Hillman M., Reviving the city: towards sustainable urban development, Friends of the
Earth Trust, University of Michigan, 1991, p. 12. 51
Salat S. et al., op. cit., p. .241. 52
California Environmental Protection Agency, Parker T., The land use—air quality linkage: How land use and
transportation affect air quality, [en ligne], Rapport, Sacramento, California Air Resources Board, 1994, p. 24. 53
Un bâtiment peut être polyfonctionnel par l’affectation de sa surface habitable (habitat, commerce, service,…)
36
public performant aiderait à créer des lieux de convergence et d’identification des lieux pour
la population.
e. Diversité urbaine
La diversité urbaine est un paramètre indispensable pour l’attractivité et de la viabilité de la
ville. Une diversité socio-économique qui se traduit par une expression matérielle de la ville
dans la polyvalence de ses espaces bâtis et non-bâtis par la diversité de ses formes
architecturales. Il est à noter que la diversité et la mixité fonctionnelle ont certaines
similitudes, cependant la diversité est un phénomène multidimensionnel qui décrit la
variabilité de la répartition des objets de la même catégorie fonctionnelle mais diverse dans
leur rapport à l’espace et en fonction de leur échelle. Le concept de diversité urbaine se réfère
aux variabilités de formes, de configurations, de dimensions, de types, de styles
architecturaux, de rythmes, de densités du tissu urbain et des espaces libres. En même temps
la diversité urbaine renvoie aux variabilités socio-économiques (fonctionnalités urbaines et
usages, paramètres démographiques, compositions de ménages, typologies de logements,
différences de revenues, types d’occupation de logements, etc.). Ainsi, la diversité urbaine
représente le contexte socio-économique de la forme urbaine54
. Le manque de diversités
urbaines se traduit par une homogénéité et une monotonie du paysage urbaine, par
polarisations spatiales de la distribution de groupes sociaux et le déclin de la qualité de vie55
.
f. Symbiose entre climat et nature
Il s’agit de retrouver le lien entre ville et nature. Les formes urbaines s’intègrent dans leur
environnement naturel, suivent sa topographie. La nature devient une partie intégrante de la
forme urbaine et d’importance égale que les structures viaires et bâtis. Les fonctionnalités de
la nature en ville sont assurées par la minimisation de gestion artificielle de la nature urbaine
et par adaptation des formes urbaines de façon qu’elles servent de support pour la mise en
réseaux des écosystèmes naturels. Cette stratégie d’intégrer la nature au cœur de la ville
dense, ouvre la possibilité de bénéficier d’un large éventail des services écosystémiques. Nous
avons tout à y gagner si on apprend comment les introduire dans l’économie urbaine. La ville
écologique respecte les capacités écologiques des écosystèmes et imite leur fonctionnement.
54
Jabareen Y.R., op. cit., pp. 38-52. 55
Wheeler M., Beatley T., The sustainable urban development reader, second edition, London, Routledge, 2010,
p. 43.
37
Les énergies et les matières proviennent en grande partie de la nature proche et non des
systèmes artificiels éloignés. « Sa conception utilise l’art de dessiner les formes urbaines
pour créer un organisme vivant et non plus une ville machine »56
.
Les formes urbaines s’adaptent aux conditions climatiques et gèrent des micros-climat
urbains. Elles optimisent l’utilisation passive de l’énergie solaire en configurant ses
orientations, ses densités, ses dimensions, ses surfaces, etc., pour minimiser ses besoins en
énergies conventionnelles pour le chauffage et conditionnement57
.
g. Éco-construction dans une nouvelle morphologie urbaine
Le parc immobilier est souvent classé en deuxième position après les transports s’agissant des
causes de dégradation de l’environnement urbain. Dans l’optique de la réduction de son
impact sur l’environnement, l’écoconception et l’écoconstruction sont des techniques à
intégrer dans des projets urbaines.
L'écoconception est l'intégration des préoccupations environnementales dans la
conception des produits. C'est une approche multicritères (énergie, eau, sol, air, bruit,
déchets, etc.) et multi-étape (cycle de vie du produit). L'objectif de l'écoconception est de
réduire les impacts environnementaux négatifs tout au long du cycle de vie en maintenant
la qualité d'usage du produit (voire en l'améliorant). Il s'agit par conséquent d'une
approche purement environnementale qui doit s'intégrer aux autres dimensions
(économique et sociale) d'un projet. Les outils de l'écoconception sont principalement les
méthodes d'analyse du cycle de vie58
.
Dans la vision française, la qualité environnementale des bâtiments (QEB), « correspond aux
caractéristiques du bâtiment, de ses équipements (en produits et services) et du reste de la
parcelle de l'opération de construction ou d'adaptation du bâtiment, qui lui confère l'aptitude
à satisfaire les besoins de maîtrise des impacts sur l'environnement extérieur et de création
d'un environnement intérieur confortable et sain »59
. Le tableau 1 montre 14 cibles de la
démarche HQE du bâtiment.
56
Salat S. et al., op. cit., p. 399. 57
Jabareen, Y.R., op. cit., pp. 38-52. 58
Charlot-Valdieu C., Outrequin P., L'urbanisme durable. Concevoir un écoquartier. 2ème
édition, Paris: Le
Moniteur, 2011, p. 82. 59
Ibid., p. 88.
38
Tableau 1 : Les14 cibles de la démarche HQE du bâtiment
Source : Charlot-Valdieu C., Outrequin P. (2011)
Maîtrise des impacts sur l’environnement extérieur
Écoconstruction : maîtriser les
impacts dus au fait que l’on
construit un bâtiment
1 Relation harmonieuse des bâtiments avec leur environnement immédiat
2 Choix intégré des produits et de matériaux de construction
3 Chantier à faibles nuisances
Éco gestion : maîtriser les
impacts dus au fait que l’on
exploite un bâtiment
4 Gestion de l’énergie
5 Gestion de l’eau
6 Gestion des déchets d’activités
7 Gestion de l’entretien et de la maintenance
Produire un environnement intérieur satisfaisant
Confort
8 Confort hygrométrique
9 Confort acoustique
10 Confort visuel
11 Confort olfactif
Santé
12 Conditions sanitaires des espaces
13 Qualité de l’air
14 Qualité de l’eau
Il existe une multitude de formes urbaines qui réunissent des caractéristiques listées et qui
remplissent des critères de la durabilité. L’enjeu est de développer le modèle le plus approprié
pour pouvoir l’intégrer dans un projet de développement territoriale cohérent dans un contexte
locale particulier60
. Des tentatives de standardiser l’application des principes du
développement urbain durable au niveau municipal ont abouti à un certain nombre de
concepts: Smart Growth, Nouvel urbanisme, urbanisme vert, écoquartier, quartier durable,
Transit-Oriented Development « TOD », etc. Légèrement différentes, ces approches même
distinctes partagent les bases du développement durable. Ce qui distingue les approches
mentionnées, c’est la façon dont elles pondèrent l’importance des critères de durabilité. Or,
beaucoup d’auteurs s’évertuent à donner de multiplier appellations différentes, il serait plus
judicieux de les appliquer d’une façon complémentaire.
60
Da Cunha A. et al., op. cit., p. 70.
39
3.4. Concept de l’écoquartier
Un écoquartier est un espace bâti nouveau ou reconverti d’une ville, dans ou à
proximité d’un centre urbain dense de niveau municipal ayant pour vocation
d’appliquer, de préserver et de développer sur le long terme l’ensemble des principes
environnementaux, sociaux et économiques de développement durable qui ont guidés
et orientés sa conception61
.
Dans le cadre de ce travail les deux termes écoquartier et quartier durable sont utilisés comme
des synonymes, malgré que certains auteurs insistent sur la nécessité de les distinguer, en
argumentant notamment que :
« Un écoquartier est un quartier conçu (ou renouvelé) avec une démarche
environnementale, laquelle porte notamment sur le paysage ou « la végétalisation
des quartiers» et la qualité environnementale des bâtiments, […].
Un quartier durable est conçu et mis en œuvre grâce à une démarche-projet de
développement durable »62
.
Un projet d’écoquartier vise à répondre à son échelle aux enjeux globaux de la planète, aux
enjeux locaux afin d’améliorer la qualité de vie de ses habitants et usagers et à contribuer à la
durabilité de la ville. C’est une démarche qui se caractérise par une nouvelle façon de penser
et d’agir :
1. Une approche «systémique» doit avoir un raisonnement en cycles écologique qui ne
dépasse pas la capacité environnementale du site en incluant la cohérence économique ;
2. Une démarche qui associe l’architecture, l’ingénierie et l’économie ;
3. La prise en compte à long terme de l’économie des ressources naturelles, des
investissements pour la prévention et lutte contre les changements climatiques ;
4. Une nouvelle gouvernance qui prend en compte tous les acteurs et en particulier les
habitants-citoyens, qui entreprend des partenariats multiples adaptés aux nouvelles règles
61
Boutaud B, « Quartier durable ou éco-quartier ? », Cybergeo, European Journal of Geography [En ligne],
Débats, Quartier durable ou éco-quartier ?, 2009, p. 4. 62
Charlot-Valdieu C., Outrequin P., Ecoquartier – mode d’emploi, Paris, Eyrolles, 2009, p. 242.
40
de l’économie verte et permettre d’instaurer une nouvelle culture urbaine verte,
pluridisciplinaire et transversale63.
Selon Valéry Beaud les écoquartiers sont une réponse parmi d’autres aux défis de l’urbanisme
durable. Ils sont une solution adaptée à l’échelle du quartier, mais il faut aussi penser à plus
large échelle, à la ville durable. Au même titre qu’un développement cohérent du territoire, un
écoquartier s’inscrit dans une politique de la ville et intègre un très large éventail de
thématique mais avec un accent particulier sur les questions environnementales. La figure 10
regroupe les thématiques qui sont abordées dans les différents projets et réalisations des
écoquartiers. En même temps, il ne faut pas oublier que la part des constructions nouvelles ne
représente que 1 % du volume de construction existant par année. Le véritable enjeu pour le
futur se trouve donc surtout dans les rénovations urbaines.
Figure 10: Des thématiques générallement traitées dans le projet d’un écoquartier
63
Charlot-Valdieu C., Outrequin P., op. cit., p. 244.
41
Comme mentionne légitimement Pierre Lefèvre « avec l'approche environnementale, tout est
dans tout. Chaque paramètre renvoie à la plupart des autres, ce qui se traduit bien souvent
par un discours en boucle qui donne vite l'impression soit de tourner en rond soit de
privilégier l'idéologie et d'ignorer les vicissitudes financières et techniques auxquelles se
heurtent les opérateurs »64
. Pourtant il est possible de déterminer certains paramètres ou
principes de conception communs pour la plupart des réalisations et des modèles théoriques.
Il y a une multitude de façons d’organiser, d’intituler et de grouper des catégories importantes
pour la conception d’un écoquartier, qui sont présentées dans la liste non-exhaustive.
Principe 1 – Les modes d’implantation des écoquartiers
Un des objectifs des écoquartiers est de freiner l’étalement urbain, ils ne doivent pas y
contribuer. De préférence des écoquartiers s’implantent dans d’espace libre du centre-ville,
dans des friches (portuaires, industrielles, militaire, etc.) lors la reconversion, ils prennent
place des quartiers anciens lors des réhabilitations ou ils se localisent de la périphérie urbaine
au cours des opérations de l’urbanisation interstitielle65
.
Principe 2 – Haute densité / Mixité fonctionnelle / Mobilité durable
Selon certains spécialistes, l’efficience fonctionnelle du tissu urbain d’un écoquartier dépend
du dimensionnement et de l’interconnexion entre ses différents systèmes (bâti, viaire, espaces
publics)66
. Une maîtrise coordonnée de la conception urbaine avec le schéma de la mobilité
permet de réaliser une haute densité et une mixité fonctionnelle qui créent un réseau diversifié
de destinations supportant des connexions piétonnes, cyclables et de transport en commun. Un
dispositif qui implique et favorise les trajets de courte distance.
• La taille optimale d’un écoquartier serait approximativement de 400m, allant du centre au
bord. Le quartier peut contenir plusieurs centres urbains. Un but qui nécessite une
implantation réfléchie des bâtiments en harmonie avec son système viaire intérieur
interconnectée et conçue à une échelle humaine. Une structuration à la base d’îlots urbains
de petites tailles entourés par un dense réseau de rues, permettrait plus de fluidité et une
64
Lefèvre P., Voyages dans l'Europe des villes durables: Exposé des premiers projets urbains remarquables
réalisés dans la perspective du développement durable, France, Plan Urbanisme construction architecture,
Paris-La Défense : PUCA, 2008, p. 26. 65
Ibid., p. 27. 66
Salat S. et al., op. cit., p. 402.
42
meilleure desserte (le centre historique des villes européennes) que de grands blocs
desservis par des autoroutes.
• La densité urbaine construite dans les quartiers conventionnels des villes est de l'ordre de
1,5. Les centres historiques des villes européennes ont des densités construites élevées de
l'ordre de 4,5 à 5. Un cadre urbain qui inspire les concepteurs et les chercheurs
s’intéressant aux écoquartiers. Cependant, une meilleure densité de l'ordre de 2,5 à 3 peut
être obtenue dans un quartier écologique avec des bâtiments de 3 à 4 niveaux.
• Un écoquartier rompe avec le zonage des activités. La mixité des activités accessibles à
courte distance sont dispersés dans le quartier sous forme de microstructures qui partagent
avec des maisons le même type de volumétrie et d’alignement sue la rue. Cette
compatibilité permet de nombreux usages, dont l’intensité maximale gravite vers des rues
principales.
Principe 3 – Haute qualité environnementale
Un écoquartier est conçu de manière à réduire la consommation de ressources non
renouvelables (sol, énergie, eau, biodiversité) et à minimiser son empreinte écologique. La
conception adopte le mode architecturale bioclimatique accompagné de dispositif
technologique performant (installations, équipements et appareils) afin de valoriser des
énergies renouvelables (solaire, bois, géothermie, biomasse). Les concepteurs ont utilisé des
matériaux de construction et des substances de traitement éco-labélisés. Un écoquartier met en
place le monitoring des performances et des outils d’analyse du cycle de vie des bâtiments et
des équipements67
.
Principe 4 - Des quartiers autosuffisants
Un écoquartier tend à avoir des cycles locaux écologiquement fermés pour atteindre un
fonctionnement autosuffisant. Sa conception intègre des dispositifs de collecte, de recyclage
et de valorisation locale des eaux et des déchets afin de générer localement des énergies
renouvelables. Un écoquartier favorise le développement de l’agriculture urbaine.
67
Office fédéral du développement territorial ARE, Office fédéral de l’énergie OFEN, Quartiers durables :
Défis et opportunités pour le développement urbain, [en ligne], 2011, p. 18.
43
Principe 5 – La re-naturalisation du milieu urbain
Des éléments liés à la renaturation du milieu s’intègrent dans toutes les thématiques, pourtant
la nature est souvent absente en tant que composante à part entière. Un écoquartier intègre ses
espaces et réseaux naturelles et semi-naturels dans les réseaux de la ville et de
l’agglomération. Des travaux de développement du site sont précédés par de grands travaux
de dépollution et de restauration des écosystèmes. Des travaux de végétalisation, de création
des corridors écologiques sont aussi nécessaires. La gestion de la nature se fait de manière
semi-naturel et différenciée (imperméabilisation du sol, gestion semi-naturel des eaux de pluie
et de la nappe phréatique, réduction de la fréquence et des moyens d’entretien). Il faut intégrer
des techniques de végétation, la conception d’un écoquartier vise à atténuer des émissions de
C02, optimiser la régénération de l'air et créer des microclimats urbains. La ré-naturalisation
du milieu s’inscrit dans la stratégie de gestion et de prévention des risques naturels. Au
minimum, un tiers des surfaces urbanisées est affecté comme espace vert68
.
Principe 6 – L’espace public
Un écoquartier se structure autour des espaces publics à échelle humaine, diversifiés, de haute
qualité et à forte interaction sociale. Ils jouent un rôle clé dans la création de quartiers
attractifs. Les rues, les parcs et les espaces ouverts sont conçus comme une série d'espaces
avec des niveaux intermédiaires semi-privés et semi-publics. L’espace public interagit avec le
tissu urbain qui est construit avec des éléments intermédiaires, transparents, ouverts vers
l'extérieur, comme des porches ou des balcons de manière à assurer des transitions entre le
domaine public et le domaine privé69
.
Principe 7 - Des communautés hétérogènes
Un écoquartier doit offrir un choix diversifiés pour encourager la formation de communautés
hétérogènes (un large éventail de types de logements, de services et d'équipements) pour
permettre à des résidents de niveaux et de styles de vie différents de vivre dans les mêmes
quartiers. Un accent particulier est mis sur des dispositifs susceptibles de favoriser la
cohabitation intergénérationnelle et la diversité socioculturelle (structures d’accueil pour la
68
Lefèvre P., Sabard M., Les Eco-quartiers : l'avenir de la ville durable, Rennes, Apogée, 2009, p. 18. 69
Salat S. et al., op. cit., p. 400.
44
petite enfance, d’espaces spécifiquement adaptés pour des échanges entre usagers ou des
possibilités d’activités de loisirs.
Principe 8 – Les conditions existantes du site et particularité culturelles de la société
Un quartier durable respecte l'histoire du site et les traits naturels de sa topographie et intègre
des éléments existants dans les plans futurs. Un écoquartier trouve des racines de l'identité
dans le rapport culturel particulier à l'espace, qu’il cherche à préserver à travers une
transformation lente et progressive de ses formes urbaines70
.
Principe 10 – Maîtrise des coûts
C’est le référentiel suisse qui évoque la maîtrise des couts comme un principe au même titre
d’importance que les autres ce qui reflète le contexte particulier. Cependant, une maîtrise des
coûts globaux et la faisabilité économique à long terme (non seulement la phase de
construction mais également celle d’exploitation) est soulevée d’une manière ou d’une autre
dans la majorité des réalisations et des projets. Cette catégorie couvre les thématiques des
investissements durables, des modes de financement par des partenariats publique-privé, de
l’importance de la maîtrise du foncier par la propriété publique des terrains71
.
Principe 11 – Processus participatif
Le projet d’un écoquartier constitue un processus innovant et participatif qui vise à inclure dès
le début les acteurs clés du projet (représentants des autorités, des services administratifs, des
partenaires privés, des associations concernées et des futurs habitants). Un écoquartier
achevée doit avoir des structures permettant aux habitants de s’impliquer dans la vie du
quartier. La conception participative complexifie et ralentie la prise de décision, mais elle
permet de nombreux avantages : une meilleure acceptabilité du projet, une plus grande
adaptation du dispositif aux aspirations des futurs habitants, une identification des habitants à
leur quartier, une cohabitation harmonieuse entre tous les usagers du quartier, une
sensibilisation des usagers d’adapter leur mode de vie de façon à réduire l’empreinte
écologique, etc.
70
Salat S. et al., op. cit., p. 401. 71
Office fédéral du développement territorial ARE, Office fédéral de l’énergie OFEN, op. cit., p. 19.
45
3.5. Systèmes de certification environnementale des communautés urbaines
Le monitoring, sert à la vérification de la conformité du milieu aux normes et des résultats aux
objectifs fixés préalablement sont des indicateurs de première importance pour un écoquartier
comme pour tout autre milieu. Cependant, ces mesures s’inscrivent souvent dans l’approche
sectorielle et ne sont pas adaptées pour évaluer la durabilité des territoires urbanisés. Des
écoquartiers et autres essaies de planification urbaine nécessitaient un outil approprié pour
évaluer qualitativement et quantitativement leurs adéquation aux objectifs et aux stratégies du
développement urbain durable en prenant en compte simultanément les aspects
environnementaux, économiques et sociaux.
Les systèmes de certifications ont apparus au début des années 1990, ils s’appliquaient
initialement aux bâtiments et aux projets immobiliers. Par la suite de la multiplication des
expérimentations d’urbanisme durable, les systèmes de certification ont progressivement
adapté ces critères et méthodes de calcules aux milieux urbaines. Une certification
environnementale est une démarche volontaire applicable aux différentes phases de
l’évolution du projet. Ils sont également des outils adaptables aux extensions urbaines comme
aux projets de réhabilitations de taille variable. Les certifications de durabilité représentent un
tableau de control pour un projet ou d’une réalisation par rapport aux objectifs conceptuels du
développement durable72
.
C’est la référence qui différencie la certification de labels et de normes. Ces derniers
constatent si l’objet correspondent aux exigences minimales, tandis que les certifications de
durabilité sont attribuées par correspondance d’on objet aux exigences maximales. La figure
11 représente des systèmes de certification environnementale les plus sollicités.
72
Mallet J., Les villes vertes : analyse de leurs réalisations et proposition de recommandations pour leur
développement, Mémoire de Master, Sherbrooke, Université de Sherbrooke, Centre Universitaire de Formation
en Environnement, 2012, p. 45.
46
Figure 11 : Les systèmes de certification appliquables aux différentes échelles urbaines
Source : Andersson J., IVL Swedish Environmental Research Institute (2012)
La soumission à la certification permet d’assurer une reconnaissance du marché, intégrer les
meilleures pratiques et d’établir des critères qui dépassent l’ordre normatif réglementaire,
réduire des coûts de fonctionnement et d’entretien du site après la construction, inspire et
sensibilise des acteurs actifs du projet urbain pour trouver des solutions innovantes, etc.
La procédure de certification consiste en un audit entrepris par un organisme certificateur à la
base d’un référentiel qui lui appartient. La certification se déroule généralement en deux
étapes correspondantes aux phases du projet : la certification d’un plan approuvé et la
certification d’un aménagement terminé. La méthodologie, les pondérations des critères et
des nuances des calculs varient en fonction du système choisi et du type d’objet à évaluer
(nouveau développement, réhabilitation des quartiers, projets de densification, etc.). Chaque
système de certification possède une grille d’analyse qui contient approximativement une
cinquantaine des critères d’évaluation groupés en catégories. Le graphique de la figure 12
montre une comparaison de groupements et de pondérations de critères par différents
systèmes de certification.
48
4. ETUDE DE CAS : ÉCOQUARTIER HAMMARBY SJÖSTAD
4.1. Contexte général
La Suède est un des leaders mondiaux en matière de
l'urbanisme durable, design et architecture. En 2010
Stockholm a été le premier lauréat du Prix de la
Capitale verte de l’Europe. Stockholm a joué un rôle
important dans l’émergence des préoccupations
environnementales dans la communauté
internationale.
Après la crise pétrolière de 1973, l’utilisation
rationnelle de ressources naturelles et surtout de
l’efficience énergétique ont devenu des axes de la
politique du développement du pays. En comparaison
à 1980, le PIB du pays a augmenté de 90%, tandis que
les émissions de carbone et l'intensité énergétique ont
baissé de 40%73
. Après la Conférence des Nations
Unies sur l’Environnement et le Développement de
1992, la Suède a adopté l’Agenda 21 au niveau
national. À l’horizon 2050 Stockholm se voit libérer
des énergies fossiles et une émission de CO2 neutre.
Stockholm établit une politique raisonnable en matière du développement durable. En 2007,
la ville a élaboré un projet stratégique, intitulé Vision 2030, qui dresse les lignes directrices
afin de renforces la durabilité du développement urbain74
. La stratégie Vision 2030 est
renforcée par le Programme Environnemental pour la période 2012-2015, qui établisse six
objectifs majeurs :
73
Federal Energy Agency, Russia, Statistique du secteur énergétique suédois, 2012, site officiel [en ligne],
http://rosenergo.gov.ru/info/docs, consulté le 24.08.2013. 74
Ville de Stockholm, Governance, Vision 2030, site officiel, [en ligne], Stockholm,
http://international.stockholm.se /governance/vision-2030/, consulté le 12.07.2013.
Ville de Stockholm :
Superficie de la ville :
188 km2 (30 km x 20 km)
Population :795 000 habitants
Population de l’Agglomération :
1.95 Millions
Découpage administratif :
14 districts urbains
Park immobilière :
428 000 logements (dont 10 % de
maisons unifamiliales)
Occupation de logements :
1.86 personne par logement
Densité de population :
4200 personnes / km2
Espaces verts :
40% de superficie de la ville
Raccordement au chauffage à
distance : 80% de logements
Source : Office de statistique de l’Etat
de Stockholm (2013)
49
• Le transport efficient et respectueux à l’environnement ;
• Des matériaux de construction et des bâtiments libres de substances dangereuses ;
• Utilisation rationnelle de l’énergie ;
• Utilisation rationnelle du sol et des ressources en eau ;
• Traitement de déchets avec impact minimal sur l’environnement ;
• L’environnement intérieur sain.
Autres priorités du Programme pour l'environnement sont à encourager le déplacement en
vélo et la marche, améliorer l’environnement sonore intérieur comme extérieur, augmenter la
part des produits alimentaires écologique pour au moins 25 %, réduire les émissions de gaz à
effet de serre pour qu’ils ne dépassent pas de 3,0 tonnes par habitant, développer et renforcer
la protection des milieux aquatiques et terrestres d'une importance particulière pour la
diversité biologique et réduire les taux de déchets incorrectement recyclés. Trouver des
moyens de faire participer les parties prenantes à des actions qui sont écologiquement et
économiquement durable reste un défi. L'objectif à long terme de Stockholm est d'être libre de
l'utilisation de combustibles fossiles en 205075
Le développement urbain durable est clairement un objectif clé. Stockholm peut facilement
mettre en œuvre des plans d'aménagements du territoire et de transport intégrés et durables.
En 1904, Stockholm a commencé à acheter des terres pour le développement futur.
Désormais, environ 70% de terrains urbains appartiennent à la ville76
. Cette grande part des
terres appartenant à la ville a empêché les investissements et les promoteurs immobiliers
privés de toutes spéculations foncières. Cette main mise sur le foncier de la ville lui confère
une liberté d’orienter la politique de planification de son territoire. La ville est une plate-
forme solide pour édicter son développement de la manière souhaitée. Le contrôle du foncier
permet de construire des bâtiments et des logements qui répondent à une volonté publique. En
outre, les parcs et les espaces verts couvrent 40 % des terres de Stockholm, et les citoyens
jouissent d'un environnement écologiquement riche77
.
75
Ville de Stockholm, City development, Sustainable efforts, site oficiel, [en ligne], Stockholm,
http://international.stockholm.se/city-development/sustainable-efforts, consulté le 18.08.2013. 76
Cervero R., Sullivan C., « Green TODs: marrying transit-oriented development and green urbanism »,
International Journal of Sustainable Development & World Ecology, vol.18, No. 3, 2011, pp. 210-218. 77
Office de statistique de l’Etat de Stockholm, site oficiel, [en ligne], http://www.statistikomstockholm.se/,
consulté le 08.05.2013.
50
Pour promouvoir le développement durable, la stratégie de planification de Stockholm vise la
densification par le développement de friches industrielles (déjà utilisées) des terres à
l'intérieur de la ville avant tout étalement urbain, la figure 13. Tel est l'objectif principal du
plan d’affectation du sol adopté par le conseil municipal en 1999. Les stratégies de
développement de Stockholm dans le plan directeur actuel adopté en 2010 sont:
• Réaménager des friches industrielles ;
• Localiser des nouvelles parcelles pour le développement qui se situent dans des zones avec
un bon accès aux transports en commun ;
• Respecter et promouvoir le caractère de la ville, son paysage urbain, son environnement
bâti, et sa trame verte ;
• Réaménager les zones à proximité du centre-ville et surtout opérer dans des espaces de
friche industrielle ;
• Mettre en place des lieux à forte urbanité dans les banlieues ;
• Les projets de développement doivent correspondre aux besoins et aspirations des
populations locales ;
• Soutenir le développement les espaces publics.
Figure 13 : Les projets prioritaires de reconvertissement des friches portuaires en
quartiers résudentiels. Source : Stockholm City Planning Administration (2007)
51
Des zones industrielles et portuaires en partie abandonnés et adjacentes au centre-ville seront
réutilisées et réaménagées dans le cadre de la stratégie de développement de la ville. Plusieurs
de ces sites stratégiques de développement sont directement liés à un nouveau système de
tramway rapide et également un accès direct à d'autres systèmes de transport en commun, tels
que la ligne de métro. Ces zones ont des qualités uniques car elles sont souvent situées à
proximité de l'eau et des espaces naturels. Construites depuis plusieurs années, certaines zones
fournissent des logements sociaux et autres prévus dans le plan de la ville. Les plans
d’urbanisme pour ces sites sont ciblés pour le développement des structures urbaines denses à
usage mixte, avec des bâtiments d’habitation et d'affaires de haute qualité.
Toute planification urbaine doit respecter les exigences environnementales définis par les
spécialistes, une disposition légiférée et forte de son cadre légal soit : Le Code de
l’environnement (rassemblant tous les règlements fondamentaux de la protection de
l’environnement) est entré en vigueur le 1er janvier 1999 et prévaut sur toutes les autres
législations. Il requiert l’intégration des exigences environnementales à tout document de
planification, quel que soit le type d’action envisagée (actions individuelles ou planification
urbaine à grande échelle).
4.1.1. Le modèle suédois du développement urbain durable SymbioCity
Le gouvernement suédois a présenté le modèle du développement urbain durable à la
conférence de Johannesburg de 2002. Conceptualisé par le groupe de travail sous la direction
d’un professeur de l’université polytechnique de Stockholm (KTH) le modèle SymbioCity fait
parti des efforts que le gouvernement suédois entreprend pour promouvoir le développement
urbain durable au niveau international78
dans un optique de stratégie d’exportation des
technologies durables.
Dans la définition suédoise la ville durable est synonyme d’éco-ville qui est conçue pour
minimiser des impacts négatifs sur l’environnement à travers la réduction de flux entrants des
ressources non-renouvelables et des flux sortants de déchets et de pollutions. Une approche
holistique et intégrée de la ville durable qui se base sur la recherche des synergies entre
différents systèmes urbains afin d’économiser des ressources et réduire des émissions de CO2
78
Ville de Stockholm, The SymbioCity Approach, a conceptual framework for sustainable urban development,
Site official [en ligne], 2012, http://www.symbiocity.org/, consulté le 11.17.2013
52
et produire des biens et des services aux moindres coûts. L’approche s’adapte aux conditions
locales et englobe la conception du développement urbain et la planification de son
fonctionnement. Le concept SymbioCity et des exemples de synergies sont illustrés sur la
figure 14.
Figure 14 : L’approche SymbioCity
En haut : Modèle suèdois de la ville
durable
En bas : Exemple des synergies
mises en avant par l’approche
SymbioCity
Source : SymbioCity (2013)
Source : SymbioCity (2013)
53
4.1.2. Pourquoi le quartier modèle Hammarby Sjöstad ?
Plusieurs facteurs ont déterminé la décision de reconvertir une zone industrielle à un nouveau
quartier écologique. Le motif clef était le manque de logements. Depuis 1990, Stockholm a vu
sa population croître de 80’000 habitants: la ville avait donc besoin de construire de nouveaux
logements et de limiter son étalement urbain. À la proximité immédiate du centre-ville une
zone industrielle avec un raccordement ferroviaire et une usine d’incinération de déchets a
permis l’élargissement du réseau urbain de chauffage à distance.
Un facteur important ayant déterminé l’image du Hammarby Sjöstad était le désir de la
qualité urbaine recherchée de la ville dense et verte. La demande d’une qualité urbaine doit
être comprise dans le contexte du développement suburbain de grande échelle entrepris en
Suède dans la période 1965-1975 (le Programme Million Logements). Subventionnées par
l’Etat, ces banlieues étaient conçues sur les principes de l'urbanisme moderne. Dans les
années 1990 elles ont été considérées anti-urbaines79
. Au début de l’élaboration du projet de
Hammarby Sjöstad la vision des modernistes d’après-guerre persistait encore. Malgré cela
deux parties politiques insistaient sur les qualités du centre-ville pour le nouveau quartier.
Une raison importante derrière la nouvelle / vieille idée de la qualité du centre-ville était la
recherche de fortes densités. Plus de personnes par hectare permet une bonne base pour les
services locaux et les rues animées.
79
Hall T., Vidén S., «The Million Homes Programme: a review of the great Swedish planning project»,
Planning Perspectives, vol. 20, No. 3, 2005, pp. 301-328.
Figure 15 : Etalement urbain de la ville de Stockholm, 1910-1999
Source: Stockholm Region Planning Administration (2001)
54
Cet objectif est justifié en Suède, où le nombre des ménages par 10.000 habitants est le plus
haut dans le monde. Les jeunes quittent tôt leurs parents, l’espérance de vie et le taux de
divorce sont élevés. Il contribue au fait que plus de 75% de ménages suédois sont composées
d’un ou deux personnes. Ainsi, un grand espace habitable par personne favorise l’étalement
urbain, même si le taux de maisons individuelles à Stockholm ne dépasse pas 10%.
Un autre argument renforçant cette planification de Hammarby Sjöstad était le rejet de la
théorie du zonage des urbanistes et des architectes modernistes. Ces derniers étaient en faveur
d'une mixité fonctionnelle (de l’habitat, des commerces et des bureaux). Un autre argument
important plaidant en faveur de la mixité fonctionnelle qui participe à la prévention de la
délinquance.
L’image verte de Hammarby Sjöstad est apparue pour soutenir la candidature de Stockholm
aux Jeux Olympiques. Initialement, lors des premières planifications et d’affectation de sol
datent du début des années 1990. Il s’agissait d’un développement résidentiel ordinaire.
Cependant, quelques années plus tard, le programme environnemental est devenu un élément
clé du projet à fin de promouvoir la candidature de Stockholm pour accueillir les Jeux
olympiques de 2004. Malgré le choix en faveur d'Athènes, les autorités n’ont pas abandonné
le projet, au contraire, le quartier était devenu une vitrine mondiale du développement
durable. D’une manière implicite la Suède a montré la volonté de se libérer de sa dépendance
du pétrole.
Figure 16 : Localisation de Hammarby Sjöstad à proximité du centre urbain de Stockholm
Source : Ville de Stockholm (2008)
55
Pour atteindre ces objectifs, Stockholm dispose d’un environnement favorable :
• Un contexte foncier positif puisque la ville est propriétaire de plus de 85% des terrains.
Elle dispose donc d’une liberté d’aménagement du territoire et d’une force de négociation
avec les partenaires privés.
• Un contexte réglementaire intéressant offrant à la ville un rapport de force favorable dans
les partenariats public-privés. La culture du consensus forte en Suède est également
propice au montage de ce type de projet aux acteurs multiples80
.
4.1.3. Histoire du site Hammarby Sjöstad
Situé au sud du centre-ville de Stockholm le territoire de Hammarby Sjöstad a plusieurs fois
changé son image. Initialement une région agricole, le quartier doit son nom à un ancien
manoir qui a existé jusqu’à 1945. Dans les années 1800, le territoire était une destination
populaire pour les excursions. Décrits dans les années 1920s comme offrant des scènes
idylliques et pacifiques de la nature, les rives sud du lac, dominées par des forêts et des
prairies devient une place de pique-niques pour les travailleurs de Södermalm81
.
À la fin du 19ème
siècle l’industrialisation et l’urbanisation ont touché le territoire. Le passage
de la planification nationale à la planification municipale en 1904 a permis à la ville de
Stockholm de lancer le programme de rachat de terrains. Durant les trois premières décennies
la propriété foncière de ville passe de 21 km2 à 71 km
2. Les parcelles de Hammarby Sjöstad
sont acquises en 1917 et s’ouvrent aux activités industrielles. En 1914 le lac a été relié à la
mer Baltique par le canal rendant la zone accessible au transport maritime à longue distance.
Les lignes ferroviaires ont également été construites pour faciliter l’implantation des
industries lourdes comme l’usine automobile de General Motors. A la fin des années 1920,
l'usine d'ampoule Luma a été construite sur une petite colline le long de la rive sud du lac.
Conçu par les architectes Arthur von Schmalensee et Eskil Sundahl l'usine est devenue l'un
des premiers exemples de l’architecture moderne suédoise82
. La proximité géographique à la
vieille ville rendait ce territoire intéressant pour la municipalité comme le périmètre du futur
80
Gaffney A. et al., Hammarby Sjostad, Stockholm, Sweden: a case study, [en ligne], Urban Design in Planning,
2007, p. 11. 81
Ibid., p. 23. 82
Vestbro D. U., « Conflicting perspectives in the development of Hammarby Sjöstad, Stockhom » [en ligne],
Document de travail, Stockholm, Built Environment Analysis, School of Architecture and the Built
Environement at teh Royal Institute of Technology, 2005, p. 24.
56
développement résidentiel. La perspective de démolition empêchait l’arrivée des industries
permanentes. Des constructions de nature temporaires principalement sous forme de cabanes
en tôle ondulée abritaient des petites industries semi-légales ou illégales. Le terrain a été mis à
disposition pour les dépôts de stockage. Le bidonville composé des constructions dont la
planification représentait toujours une difficulté pour la ville a envahi Hammarby zone. Par
conséquence ce secteur est devenu fortement pollué par des substances toxiques, qui ont été
déversés dans le sol ou dans l'eau. Une vingtaine d'années après le début de l'industrialisation,
une image ironique d’un bidonville en acier ondulé était fermement associée à ce territoire. Le
bidonville a duré jusqu'en 1998, quand il a été démoli pour céder la place à un écoquartier
moderne proche du centre-ville.
Au début des années 1990 la période da la crise économique a laissée place à la prospérité de
l’économie suédoise en déclenchant une forte demande de logement. La ville se lance à
l’élaboration du programme de développement résidentiel. La nouvelle stratégie urbaine de la
ville est de se reconstruire sur elle-même83
et de l’empiétement des espaces verts ainsi que la
proximité immédiate au centre-ville ont amenaient à la décision de déclassement de la zone
industrielle en zone du développement. En ce moment, la zone industrielle de Hammarby
Sjöstad fonctionne avec succès et la majorité des entreprises y prospèrent. Néanmoins, il a été
décidé de garder seulement une petite partie des industries et des bureaux, tandis que la
majeure partie devrait être développée à des fins résidentielles84
.
En 1991 les urbanistes de l’Office de construction de la ville de Stockholm ont présenté le
premier plan détaillé d'aménagement pour le district ainsi la municipalité a commencé les
étapes relatives à l’acquisition du terrain. Afin d'accélérer le processus d'acquisition, les
parcelles privées étaient acheté par la ville à des prix supérieurs au prix du marché. Dans
quelques cas, afin de faire partir les entreprises, la ville a dû prendre des décisions
d'expropriation. Elle devient un instrument peu efficace puisque le droit de faire appel aboutit
souvent à plusieurs années de retard. Par conséquent, la ville de Stockholm a préféré verser
83
Hammarby Sjöstad is one of the twelve strategic development areas identified in the City Plan 1999 of
Stockholm- “Building the city inwards”. The idea was to plan mixed-use areas with attractive housing and
business facilities, reusing and redeveloping old, partly abandoned industrial and harbour areas and to also take
advantage of existing investments in infrastructure (many of these development areas are directly linked to the
planned ring-road and the fast tram system surrounding the inner city). 84
Dastur A., How should urban planning engage the issue of sustainable development?: The case of Hammarby
Sjostad, Stockholmp, New York, Columbia University, Faculty of urban planning Departement, 2005, p. 60.
57
une indemnité au-dessus du prix du marché à des entreprises qui menaçaient de faire appel
contre les décisions d'expropriation.
Grâce à la prévoyance de la ville dans l'acquisition de terrains pour le projet Hammarby
Sjöstad, le département de planification urbaine a été capable de coordonner le transport,
l'utilisation rationnelle des sols et de l’aménagement urbain d'une manière très efficace. La
planification a été facilitée par le fait que pratiquement aucune construction, à l’exception de
l'usine d'ampoule Luma (classé monument d’importance national), ne représentait une haute
valeur culturelle. La maîtrise de la plupart du terrain par la ville a aussi simplifié la
démolition. La ville n’a pas considéré comme un obstacle le fait que certaines parcelles
étaient fortement polluées, mais au contraire, comme une bonne raison de traiter efficacement
le sol contaminé et éliminer les substances toxiques. Par contre la proximité d’autoroute à
forte circulation empruntée par des poids lourds posait la problématique des nuisances
sonores qui était considérée comme un facteur limitant.
Simultanément, des dirigeants politiques ont manifesté un vif intérêt d’accueillir les Jeux
olympiques de 2004 et au milieu des années 1990, la candidature suédoise suggérait
Hammarby Sjöstad comme un village olympique. La Comité international olympique insistait
sur un programme respectueux de l’environnement ce qui a encore renforcé la volonté des
politiciens de créer un quartier urbain durable. Un programme environnemental spécifique à
Hammarby Sjöstad formulé par la suite, affirmait que la performance environnementale du
quartier devrait être « deux fois meilleure » que celle des nouveaux quartiers conventionnels
développés en utilisant les meilleures technologies disponibles dans le domaine de
construction. Inspiré par les Jeux olympiques de Sydney en 2000, le programme contenait des
objectifs généraux tels que «les cycles naturels devraient être fermées à un niveau, le plus
local possible» et « l’énergie doit provenir de sources renouvelables et, à la mesure du
possible, disponibles localement». En vue de réduire les flux métaboliques du quartier au
minimum, le programme pose des objectifs opérationnels de quantifier ces valeurs.
L’acceptation de la candidature pour les Jeux olympiques de 2004 par le Conseil municipal de
Stockholm a encore augmenté l'intérêt politique pour Hammarby Sjöstad (la ville de
Stockholm a créé un comité de pilotage, subordonné directement à l’Office exécutif de la ville
et composée des chefs d’Offices et d’entreprises d’infrastructures urbaines dont le but était de
renforcer et de suivre la candidature). Malgré le choix en faveur de la candidature d’Athènes
58
en 1997, l’idée de la création d’un quartier durable avait déjà germé une motivation politique
forte. La ville a pris une décision de réaliser le projet et à retenir les ambitions du programme
environnemental dans son ensemble. Hammarby Sjöstad était destiné à devenir une vitrine de
l’urbanisme durable.
Figure 17 : Plan du projet du Village Olimpique Hammarby Sjöstad
Source : Hammarby Sjostad (2002)
Figure 18 : Un des premiers plan localisé du projet de Hammarby
Sjöstad Source : Hammarby Sjostad (2002)
59
4.2. Les objectifs du projet Hammarby Sjöstad
Hammarby Sjöstad est le premier et le plus grand des projets d’expansion du centre-ville de
Stockholm visant à reconvertir les anciennes zones industrielles en quartiers attractifs,
modernes, respectueux à l’environnement et privilégiant la mixité fonctionnelle. Un des trois
quartiers de Stockholm fonctionnent sur la base d’un cycle éco-industriel. La planification de
Hammarby Sjöstad se base sur l’approche de transit-oriented development (TOD).
Hammarby Sjöstad est une zone structurée et planifiée capable de recycler ses matériaux et
elle dispose de sa propre station d’épuration et de traitement des déchets. L’énergie est
produite localement dans une chaufferie centralisée alimentée par des combustibles
renouvelables. Les déchets sont aussi recyclés sous forme de chaleur. Ce modèle intégré
d’énergie, traitement des déchets et de l’eau est connu sous le nom de modèle de Hammarby
Sjöstad. Les projets comme Hammarby Sjöstad ont la capacité de réduire de façon
significative l’usage des carburants fossiles, de généraliser le recours aux énergies
renouvelables et permettront des économies significatives pour tous les habitants. De plus, il
améliore les conditions de la santé publique, l’environnement local et régional et enfin pour le
bien de tout le monde il réduit les émissions de gaz à effet de serre. Hammarby Sjöstad est un
exemple remarquable pour montrer les potentiels d’une économie en boucle fermée85
.
Les ambitions d’atteindre à la fois la durabilité environnementale, sociale et économique dans
la démarche urbaine innovante ont affecté le processus du projet. D’abord, la législation dans
le domaine d’urbanisme n’était pas encore adaptée aux réalisations d’urbanisme durable et la
réglementation du projet était expérimentale. Le projet d’urbanisme intégré nécessitait la
coopération interdisciplinaire de nombreux acteurs impliqués. Ainsi, il fallait une approche
conceptuelle philosophique pour créer un projet dynamique, avec une forte capacité adaptive
au niveau du système entier, à court et à long terme86
. L’objectif global du projet fixé par la
Municipalité est de diviser par 2 l’impact sur l’environnement par rapport au projet
comparable construit aux années 90. Pour la ville de Stockholm les importantes cibles étaient
l’utilisation intelligente de l’affectation du sol, l’énergie, les déchets, l’eau, les eaux usées, le
transport et les matériaux de construction. Les acteurs majeurs ont élaboré conjointement des
85
Ville de Stockholm, Sustainable efforts, site oficiel, [en ligne], http://international.stockholm.se/city-
development/sustainable-efforts, consulté le 17.08.2013 ; 86
Inghe-Hellström J., Bjurstrom P., « Hammarby Sjostad, Stockholm », Arkitektur: The Swedish Review of
Architecture, vol. 97, No. 7, 1997, pp. 32-39.; Gaffney A. et al., op. cit., p. 20.
60
programmes coordonnés dans principaux domaines d’action contenant des objectifs
chiffrés87
:
87
Hammarby Sjöstad, site oficiel, [en ligne], www.hammarbysjostad.se/glashusett, Consulté le 31.08.2013.
Urbanisme architecture
Architecture bioclimatique moderne à haute densité, semi-ouverte, ressemblant au centre-ville,
offrant la mixité fonctionnelle et mélangeant catégories socio-professionnelles. Surface d’opération:
200 ha dont 40 ha – l’eau; Densité de population: 125 personnes/ha; Nombre de logements : 10.000
– 11.000
Hauteur de bâtiments : (R+4) hauteur maximal. Coefficient d’Occupation du Sol (COS) = 0.18;
Coefficient d’Utilisation du Sol (CUS) = 2.3
Matériaux de construction: choix en fonction d'une analyse complète de leur cycle de vie :
• l'utilisation de matières premières (sable, métal, gravier…) est réduite de moitié par rapport à la
construction courante de bâtiments neufs
• l'utilisation de matériaux recyclés doit être maximale selon les solutions techniques possibles
• le cuivre - problématique pour le traitement des eaux - est interdit pour les canalisations et
remplacé par des tuyaux doublés plastique et inox.
Respect de normes environnementales les plus stricts, isolation thermique, double-vitrage, smart-
house technologiques
Le bruit à l’intérieur des bâtiments est limité à 50-55 dB (objectif initial : 45 dB)
Utilisation du sol
Décontamination du sol, revitalisation des écosystèmes, préserver et créer des biotopes et des voies
écologiques, construire 2 écoducs. Imperméabilisation max du sol, toits végétalisés.
Quartier dense, réduction de largeur des rues, création de cheminements piétonnes et de pistes
cyclables.
Min 15 m² de l'espace de la cour et un total de 25-30 m² de l'espace à l’ensemble cour plus surface
de parc à moins de 300 m de chaque appartement.
Min 15 % de l'espace de la cour doit être éclairée pendant au moins 4 - 5 heures aux équinoxes de
printemps et d'automne.
Transport
Un meilleur équilibre entre la voiture et modes du déplacement alternatifs.
80% des voyages pendulaires en transport en commun, à pied ou à vélo.
15% des ménages et 5% d’emplois inscrits aux services de covoiturage.
100% des transports lourds éco-labélisé, Réduction de 60% du trafic de camions lourds
50 % les emissions than in previous areas
Mise en tunnel d’un tronçon de la route de contournement, murs anti-bruit
Transport public efficient: 1,5 km ligne du tram, 4 arrêts, raccordés au système de Métro de la ville.
2 lignes de bus, un ferry-boat. Un système de partage de voitures électriques ou au gaz, 500 m la
distance maximale entre un point dessert et les immeubles résidentiels.
61
Energie
Chauffage à distance alimenté par des systèmes d’extraction d’air: 100 kWh /m², dont 20 kWh /m²
UFA (surfaces habitables) d’électricité
Chauffage à distance alimenté par des systèmes d’extraction de chaleur : 80 kWh /m², dont 25 kWh
/m² UFA d’électricité
La totalité de l'approvisionnement du chauffage doit être basée sur l'énergie des déchets ou des
sources d'énergie renouvelables.
L'électricité doit être labélisé "Bon choix environnemental», ou équivalent.
Eau et eaux usées
Consommation: 100 litres/personne/jour (-50%)
Récupération des eaux pluviales, traitement et épuration des eaux pluviales et épuration des eaux
usées localement. L'eau de drainage doit être raccordée au réseau d'eau pluviale et non au réseau
des eaux usées.
95% du phosphore dans les eaux usées est réutilisable sur des terres agricoles
↓ 50% de teneur en métaux lourds et en substances nuisibles dans les eaux usées (référence – reste
de Stockholm). Qualité des eaux usées purifiée: Max teneur en azote = 6 mg / litre ; Max teneur en
phosphore = 0,15 mg / litre.
Déchets
En 2010, 99% de poids de déchets ménagers convenables servent pour la production d’énergie.
Toutefois réutilisation et recyclage restent une priorité. Les résidents doivent avoir une opportunité
de trier leurs déchets à la source (organiques, recyclables, dangereuses et autres)
d'au moins 15% en poids de déchets ménagers produits entre 2005 et 2010
de 10% en poids de déchets encombrants domestiques évacués dans des sites
d'enfouissement doit être réduite entre 2005 et 2010.
de 50% de poids de production de déchets dangereuses entre 2005 et 2010
En 2010, des fertiliseurs pour l’agriculture sont produit par le traitement biologique de 80% de
déchets alimentaire
2 systèmes de récupération de déchets: système mobile et système pneumatique (la dernier permet
60% de trafic des camions réduction de largeur de rues) Max 10% de déchets de chantier
terminent en décharge.
Économie
Prix d’appartements comparables au ceux du centre-ville. Réduction des charges mensuelles grâce à
l’économie de ressources et à la réduction de coûts de levée des déchets.
Production du biogaz pour alimenter les bus du quartier et de la Ville
62
La Suède a adoptée au niveau national L’agenda 21 et l’Objectif 7.588
relatif aux
établissements humains qui fournissent un cadre pour promouvoir la durabilité sociale,
environnementale et économique. Ces documents ont déterminé des bases théorétiques de la
conception urbaine dans Hammarby Sjöstad.
L'approche sectorielle n’était pas adaptée à la réalisation des objectifs fixés, parce qu’ils sont
tous interdépendants. La conception de Hammarby Sjöstad était basée sur l’approche intégrée
qui a été élaborée par la collaboration des principaux acteurs concernés : la Ville de
Stockholm, la Commission pour l’Environnement et la Santé de la Ville de Stockholm, les
départements de l’immobilier, des infrastructures et de la mobilité, les agences de protection
de l’environnement, les partenaires techniques et économiques (entreprises de construction,
propriétaires terriens, etc.), le Conseil du Programme pour l’Investissement local (LIP), des
chercheurs, la commission d’urbanisme et de coordination environnementale, la Compagnie
des Eaux de Stockholm, le Service du Traitement des déchets de Stockholm, Birka Energi, le
Service de Gérance immobilière de Stockholm, le centre d’information sur l’environnement
GlashusEtt.
88
Les secteurs d'action de ce chapitre d'Action 21 sont les suivants: a. Un logement adéquat pour tous; b. Pour
une meilleure gestion des établissements humains; c. Pour une planification et une gestion durables des
ressources foncières; d. Pour une infrastructure environnementale intégrée : eau, assainissement, drainage et
gestion des déchets solides; e. Pour une politique viable de l'énergie et des transports au service des
établissements humains; f. Promotion de la planification et de la gestion des établissements humains dans les
zones sujettes à des catastrophes naturelles; g. Promotion d'une production durable de l'industrie de la
construction; h. Promotion de la valorisation des ressources humaines et de la mise en place de moyens de
développement des établissements humains. Source : L’Agenda 21 de Rio, 1992, [en ligne], disponible à
l’adresse : http://www.un.org/french/ga/special/sids/agenda21/action7.htm.
Sociale
Mixité socio-professionnelle, offre diversifié de logements, espaces publics verts
Installations et services: Des écoles, des jardins, un établissement pour personnes âgées et une
maison pour enfants handicapés.
Activités et sport: Des pistes de jogging relient les différents espaces verts du quartier. Des terrains
de sport en plein air, une bibliothèque et deux librairies, des ateliers de théâtre et des salles de
concerts.
Environnement accessible aux personnes à mobilité réduite et facilitent leur autonomie.
De nombreux commerces et services de proximité, situés au rez-de-chaussée des immeubles pour
donner un certain dynamisme.
Centre d’information sur l’environnement de Hammarby Sjöstad effectue information,
sensibilisation et formation de la population en matière de mode de vie respectueux à
l’environnement. Participation des habitants dans la prise de décision concernant le développement
du quartier
63
En 1997 la ville a initié l’élaboration d’un outil d’évaluation de l’impact du développement
urbain sur l’environnement. L’outil, appelé Environmental Impact Profile avait pour but de
quantifier l’impact d’activité humaine, de fabrication de matériaux, de construction et
d’exploitation du quartier. Cet outil servirait pour un monitoring de la réalisation des objectifs
environnementaux. Environmental Impact Profile se base sur deux concepts fondamentaux :
l'analyse du cycle de vie (ACV) et l’analyse éco-systémique (ESA).
4.3. Processus de planification
Un développement urbain de grande échelle, le projet d’un écoquartier Hammarby Sjöstad est
un fruit de travail de planification intégrée qui a débuté en amont de la conception.
L’ensemble des autorités et des administrations qui sont normalement impliquées dans les
différentes phases de la planification se sont réunies pour élaborer une nouvelle approche
conceptuelle pour Hammarby Sjöstad.
La conception de Hammarby Sjöstad a été guidée par le Programme de Stockholm pour le
Développement Durable qui incluait des enjeux de décontamination des sols, de réaffectation
des friches urbaines, d’amélioration du réseau de transport en commun afin de décourager
l’utilisation de véhicules privés, de réduction de consommation et de recyclage de ressources.
4.3.1 Management
Au milieu des années 1990, la ville de Stockholm a initié les négociations avec des acteurs
externes, notamment avec la municipalité voisines Nacka, l’Administration nationale des
Routes et les responsables du transport local de la Ville de Stockholm. Ces négociations ont
abouti entre 1994 et 1995 à un accord sur les objectifs communs relatifs aux projets
d’infrastructures routières et de transport en commun pour Hammarby Sjöstad. En 1996 les
principaux partis politiques de Stockholm ont trouvé un consensus dans cette situation de
prise de décision complexe. Il fallait trouver un équilibre entre les objectifs
environnementaux, les aspects sociaux, les conditions environnementales du site, de
l'économie, de l'esthétique, etc. Le programme environnemental est devenu déterminant pour
tous les aspects du projet. Toute décision prise lors de la réalisation du projet de Hammarby
Sjöstad devait contribuer à atteindre les objectifs environnementaux fixés. Ainsi, le
programme environnemental a constitué à la fois un outil de planification et un guide pour le
64
développement du quartier89
. Le principe de base du projet a été formulé de façon à réduire de
moitié l’empreinte environnementale en comparaison avec les développements urbains
réalisés en 1990. La maîtrise du foncier par la ville de Stockholm lui conférait un rapport de
force positif dans le processus de négociations avec les partenaires du secteur privé. Comme
initiateur de projet la ville de Stockholm a pris le leadership dès l’étape d’élaboration du plan
de masse de l’ensemble jusqu’à la réalisation. Elle conditionnait les promoteurs en concluant
avec eux des accords, dont le contenue spécifiait de nouvelles exigences à chaque étape du
chantier.
Les grandes entreprises publiques de l’énergie, des eaux et des déchets de la ville de
Stockholm avaient été sollicitées à participer conjointement dans le montage du programme
environnemental pour le futur écoquartier. Cette collaboration s’est matérialisée par la
création d’un système de cycle fermé sur la base de leurs infrastructures. L’intégration des
infrastructures auparavant séparés coïncidait avec les intérêts des entreprises, car une centrale
électrique et une usine de traitement des eaux usées avaient été localisées dans le quartier. En
outre, depuis que les études de faisabilité (technico-économique) des projets se basent sur
l’analyse des coûts du cycle de vie, il est devenu plus facile de justifier des investissements
initiaux importants dans la haute performance environnementale de bâtiments et dans les
infrastructures de transport lourdes.
En supplément aux acteurs normalement impliqués dans le projet urbain, la ville de
Stockholm a établi un Comité de pilotage (ci-après CoPil) au sein de l’Administration des
voiries et de la gérance immobilière. Dirigé par le chef de projet et le responsable de
l'environnement, le CoPil constituait un groupe intersectoriel composé de chefs de
départements d’urbanisme, de santé public, de transport, d’immobilier, des eaux, d’énergie et
de déchets. La ville a délégué d’importants pouvoirs au CoPil pour lui permettre une gestion
autonome et une autorité sur les partenaires privés et publics afin d’atteindre les objectifs
environnementaux fixés. Le CoPil était responsable de la conception et de la mise en œuvre
par un accès simplifié aux subventions pour les promoteurs par son truchement lui permet un
contrôle financier et lui alloue une position forte. Le CoPil était également chargé de la
89
Nattass B., Altomare M., The Natural Step Organizational Case Summary : Construction industry in Sweden
– JM and The Hammarby Sjöstad Project, Stockholm, The Natural Step, 2007, p. 32.
65
supervision des grands travaux : la décontamination des sols, la construction de ponts et des
infrastructures d’utilité publique, des voiries, des espaces publics et des parcs90
.
Pour réussir la réalisation de ce projet le CoPil utilise continuellement des outils formels et
informels. Des outils formels contraignants utilisés pour influencer et contrôler les
promoteurs, les constructeurs, les futurs propriétaires et autres acteurs privés :
• Des contrats de développement (cahiers de charges) négociés avec l’Administration des
voiries et de la gérance immobilière imposaient, entre autre, aux acteurs privés à participer
dans le processus de planification (développement de plans détaillés).
• Les plans localisés de quartier réglementent dans notre cas d’espèce un standard de qualité
environnementale à respecter, par contre, les permis de construire sont délivrés par le
Conseil de la ville de Stockholm. Un outil de contrôle qui atteint une échelle importante de
détail qui permet d’atteindre les objectifs environnementaux fixés en rapport avec le cadre
bâti.
• Tout entrepreneur ayant conclu le contrat de développement, doit obtenir la certification
SMEA (Système de Management Environnemental et d'Audit), ISO 14000 ou équivalent.
Il est tenu de respecter les normes environnementales les plus exigeantes, à établir une
politique environnementale, à communiquer les impacts environnementaux de son activité
et de justifier ses opérations. passer progressivement à. En outre, les promoteurs et les
constructeurs doivent vérifier que leurs achats sont compatibles avec les objectifs
environnementaux91
.
• Un programme d’audit a été mis en place par la ville pour mieux contrôler la conformité
aux directives en matière de gestion des chantiers.
Les mécanismes contraignants sont indispensables mais insuffisants, leur combinaison avec
des mécanismes informels crée une boîte d’outil puissante pour mener à bien le projet et
assurer le respect des intérêts des parties prenantes.
Au vu d’un changement politique suite aux élections municipales qui a intervenu aux étapes
préliminaires du projet, les compétences déléguées par la ville au CoPil se sont vues
restreindre. Un changement qui rendait la tâche du CoPil informels et indirects pour
90
Johansson R., Svane Ö., « Environmental Management in Large-scale Building Projects – Learning from
Hammarby Sjöstad », Corporate Social Responsibility and Environmental Management, vol. 9, 2002, p. 210. 91
Nattass B., Altomare M., op. cit., p.43.
66
influencer les partenaires privés92
. Le CoPil s’est adapté à cette nouvelle situation et a œuvré à
renforcer le cadre informel des outils de management environnemental par une intégration
systématiques de leurs recommandations sous des clauses contractuelles :
• L’encouragement des promoteurs par le financement public des surcoûts liés aux recours
aux solutions respectueuses de l’environnement, tels que le choix des matériaux de
construction labélisés, l’introduction des systèmes innovants de chauffage et ventilation,
l’installation d’un vitrage thermique pour les façades, etc. Néanmoins, 22 millions d'euros
promis aux promoteurs par les politiciens de la ville n’ont jamais été versés. Par contre, ces
ressources ont été allouées pour soutenir des innovations concernant le Modèle de
Hammarby93
.
• Une autre façon d’utiliser l’argent comme instrument de management environnemental
consistait à réduire le prix du terrain pour le promoteur qui s’engage à réaliser les objectifs
environnementaux établis par le CoPil. Le prix réduit de vente de parcelles et des
engagements supplémentaires de promoteur font partie de contrat de développement.
• Le responsable pour l'environnement a mis beaucoup d'efforts dans la sensibilisation des
entrepreneurs. Le CoPil organisait des tables-rondes pour trouver de nouvelles solutions
techniques, des séminaires d'apprentissage mutuel concernant les questions
environnementales, des discussions sur les systèmes d'infrastructure.
• L’organisation de concours sur le meilleur concept innovant écologiquement applicable au
bâtiment.
• Le système effectif de management environnemental doit disposer d’instruments pour la
planification, la réalisation et l’évaluation. Un outil94
d’évaluation environnementale
appelé le profil de charge sur l’environnement (ELP – abréviation en anglais) a été élaboré
pour le projet de Hammarby Sjöstad. L’ELP est basé sur la méthodologie d’analyse de
cycle de vie et adapté pour calculer l’impact de zone résidentielle sur l’environnement.
L’ELP utilise de données d’estimation ou de mesures collectées lors la construction ou
l’exploitation : matériaux de construction utilisés, sources et consommation d’énergie,
consommation d’eau et d’autres ressources, production des déchets etc. L’application de
92
Vestbro D. U., op. cit., p. 67. 93
Svane, Ö., « Situations of Opportunity – Hammarby Sjöstad and Stockholm City’s Process of Environmental
Management », Corporate Social Responsibility and Environmental Management, vol. 15, No. 2, 2008, p. 82. 94
Le bureau de l’Agenda 21 à Stockholm a financé des études au sein de l’Institut Royal de Technologie pour
développer l’outil d’évaluation.
67
l’ELP permettait d’atteindre plusieurs résultats : évaluer l’impact sur l’environnement,
déterminé le gagnant de la compétition entre les promoteurs et repérer les solutions et les
idées les plus efficientes pour pouvoir réaliser les objectifs environnementaux. Ces idées
font l’objet d’une standardisation pour les appliquer à l’ensemble des bâtiments afin de
diffuser les savoir-faire environnementaux entre les acteurs.
• La transparence a été utilisée par le CoPil comment un instrument de dissuasion, lorsque
on découvre une non-conformité relative au respect des règles contractuelles établies entre
les deux parties95
. L’inspection a établi un rapport circonstancié sur les dommages et a
informé le CoPil, qui ne s’est pas contenté d’obligé l’entreprise mise en cause à réparer le
dommage subi, mais l’a dénoncé publiquement. Un incident qui a poussé le CoPil à
intensifier les inspections afin d’obliger l’ensemble des entrepreneurs intervenants sur le
site de respecter les consignes de la gestion des chantiers et du stockage de matériaux de
construction en particulier.
• La planification de cet écoquartier a débuté par l’élaboration d’un plan directeur
stratégique encadré par l’architecte de l’Office d’urbanisme de Stockholm Jan Inghe-
Hagström. Le plan était subdivisé en 12 secteurs développés successivement, la figure 19.
95
Une entreprise de construction a causé des problèmes de moisissures dans certains bâtiments par faute de
protection des matériaux de construction contre l'humidité pendant le stockage.
Figure 19 : Découpage du site de
Hammarby Sjostad en 12 sous-
secteurs
Source : Ville de Stockholm
68
• Des plans détaillés de chaque secteur étaient élaboré en parallèle par trois à quatre
architectes/urbanistes privés sélectionnés par la ville. L’équipe de l’Office d’urbanisme
adoptait des plans détaillés en concertations avec des promoteurs et architectes en y
incorporant les meilleures propositions dans l’ensemble des projets. Ces plans détaillés
appelés « le code de conception » faisaient partie des contrats de développement conclus
entre la ville et le promoteur. Le code de conception donne un aperçu d’agencement, de
forme et de structure de chaque îlot, y compris des bâtiments structurants, des espaces
publics et des voies piétonnières. L’autorisation de planification est délivrée suite à
l’examen de code de conception par l’Administration de gérance immobilier et des voiries.
Afin d’assurer la diversité architecturale et la compétitivité relative à chaque secteur, il était à
leur tour subdivisé en îlots faisant l’objet de projet autonome mais interdépendants et en phase
avec le code de conception. Plus de 30 architectes et plus de 30 promoteurs (sociétés privées,
compagnies d’habitation municipales et des promoteurs coopératifs) ont participé dans le
projet, la figure 20.
Figure 20 : Système des documents réglémentaires rélatifs à la planification du quartier et à la
conception architecturale de HammarbySjostad. Source : Ville de Stockholm
69
La réalisation des objectifs se base sur trois principaux domaines d’action : écologie
industrielle, TOD et urbanisme écologique, la figure 21. La synergie de ces trois piliers est
atteinte par la gouvernance, dont les parties prenantes sont principalement la municipalité, le
centre d’information sur l’environnement GlashusEtt créé conjointement par la Compagnie
des Eaux de Stockholm, le Service de Gérance immobilière de Stockholm et la population
locale. Le rôle de la municipalité est de définir clairement les règles et les objectifs à atteindre
en lien avec la politique de la ville et assurer la coordination de la collaboration des acteurs du
quartier. GlashusEtt - Centre de l’information environnementale, en charge de la
sensibilisation du comportement écologiquement responsable des habitants. C’est un
intermédiaire entre les sociétés qui ont créé l’éco-cycle et les résidents du quartier. Finalement
les habitants, dont le mode de vie est crucial pour le bon fonctionnement du système entier. Ils
participent à la prise de décision concertant leur quartier.
Figure 21 : Les trois champs d’action stratégiques de Hammarby Sjöstad
70
L’urbanisme et l’architecture constituent un des axes importants de réflexion par lequel on
peut matériellement établir la trame qui permettra l’interaction de l’ensemble. Le projet
Hammarby Sjöstad présente une opération de densification d’une des friches industrielles
périphérique proche de l’ancienne-ville. Le premier nouveau projet de développement urbain
vers une périphérie portuaire de Stockholm. Un quartier moderne semi-ouvert, inspiré par le
maillage et le mélange du tissu traditionnel urbain de la vieille ville. Les dimensions des rues
et les hauteurs des bâtiments dénotent une densité favorable et harmonisés avec une ouverture
à la lumière du soleil, aux espaces verts des parcs et sur la baie. L’architecture du quartier est
bioclimatique et diversifiée intégrant des hautes-technologies et mettant l'accent sur les
matériaux durables tels que le verre, le bois, l'acier et la pierre.
Deuxième facteur de succès de l’écoquartier Hammarby Sjöstad est son système intégré des
infrastructures permettant la fermeture des boucles du métabolisme urbain96
. Un exemple
d’application de l’approche d’écologie industrielle, le modèle Hammarby est le ciment de
l’ensemble du programme de protection de l’environnement. Ce modèle d’éco-cycle de
l’énergie, de l’eau et des déchets est un résultat de collaboration des grosses entreprises
publiques des domaines respectifs. Ce système expérimental assure le chauffage, le
conditionnement de l’air, la production de l’électricité et du biogaz et la purification des eaux.
Le projet d’un quartier nécessite de penser des connections avec la ville, des réseaux viaires et
des infrastructures de transport. Pour ce faire, la ville a initié une collaboration avec
l’Administration nationale des routes. Il fallait réorganiser l’échangeur autoroutier, modifier
le tronçon d’autoroute de contournement et l’enterrer partiellement pour mettre les niveaux
sonores en conformité avec le règlement pour une zone résidentielle.
Les principes d’approche TOD ont guidé le travail de planification du réseau de transport
public au sein du quartier et sa connexion avec la station multimodale. La compagnie locale
de transport public participait dans le tracé et la réalisation des lignes de tramway et des bus.
Les surfaces bâtis d’affectation commerciale, industrielle ou de bureaux ont été concentrés le
longue de ces lignes et surtout autour des arrêts de transport en commun.
96
La ville de Kalundborg au Danemark est la première ville au monde qui a créé un système d’écologie
industrielle efficace et opérationnel. Il est basé sur une gestion intégrée de toutes les industries voisines
concernant la matière première et les rejets de déchets. Un système qui tend vers la constitution d’une boucle
fermée comme celle de la chaine alimentaire. Voir la figure 22.
71
La politique de limitation d’utilisation de voitures privées se traduit par la règlementation des
places de parking au niveau 0.55/logement, la diminution de la largeur de rues, la restriction
d’accès de voitures et par la création d’un réseau ramifié de cheminements piétons et de
pistes cyclables dans le tissu urbaine perméable. La mise en place de système pneumatique de
collecte de déchets a rendu possible de réduire à 60% le trafic de camions. Le projet a prévu
un système de covoiturage géré par une compagnie de Stockholm de location de voitures
hybrides à prix défiant toute concurrence pour inciter les gens à utiliser ce genre de véhicule.
72
et délaisser leur voiture.
Figure 22 : Système éco-industrielle de Kalundborg. Source : http://www.symbiosis.dk
73
4.3.2 Acteurs
L’accent a été mis très fortement sur l’importance de la collaboration et le développement des
synergies entre les divers acteurs. Le programme de la ville de Stockholm de 1997 stipulait
une conjonction des efforts de tous les acteurs est indispensable pour la réalisation des
objectifs97
.
Outre le CoPil, les promoteurs, constructeurs et autres partenaires actifs pendant la phase de
conception du projet, les habitants résidant de l’écoquartier ont le rôle clé dans la réussite du
programme environnementale dans sa phase d’exploitation.
Ensemble avec les résidents (locataires 46% / propriétaires 54% en 2010), les coopératifs
d’habitation sont des copropriétaires de la majorité des appartements. Les habitants
s’approprient le quartier, ils utilisent (ou pas) les innovations technologiques mises à leur
disposition pour réduire la consommation des matières premières. Ils contribuent à la réussite
du quartier par son mode de vie quotidien. La part des surfaces bâtis occupés par des bureaux,
des industries et de plus de 100 unités de commerce représente 30% (290,000 m2). Les
activités économiques doivent aussi respecter des exigences environnementales.
Le centre d’information sur l’environnement GlashusEtt a été créé par la Compagnie des
Eaux de Stockholm et le Service de Gérance immobilière de Stockholm comme un organe
intermédiaire, entre les sociétés qui ont réalisée l’éco-cycle et les résidents du quartier, pour
palier et prévenir tous comportement incohérent et inadéquat aux principes du respect de
l’environnement. Un centre qui intervient sur trois missions principales : la sensibilisation,
l’information et enfin la formation des résidents et des travailleurs locaux sur un mode de vie
écologiquement responsable.
La figure 23 ci-dessous montre schématiquement le fonctionnement intégré du système des
principaux acteurs du quartier et le champ de leur intervention. L’entité principale demeure le
la ville de Stockholm maître d’ouvrage. Pour la phase d’exécution et de coordination le CoPil
prend le relai comme représentant de la ville. Le schéma explique, entre autre, la nature des
interactions entre tous les acteurs qui ont participé directement au projet depuis son
amorcement jusqu’à sa phase d’exploitation.
97
Ville de Stockholm, Programme environnementale pour Hammarby Sjöstad, Miljöprogram för Hammarby
Sjöstad, 1996.
75
4.3.3 Financement
Selon les sources, le coût global du projet varie entre 3,5 et 4,5 milliards €. Le secteur privé a
investi € 3 milliards et € 0.5 milliards prévient de l’investissement public.
Le financement de Hammarby Sjöstad est constitué des fonds de la ville de Stockholm, de
l’Administration de transport Stockholm et de l’Administration Nationale des routes, ainsi
que des fondations privées. Pourtant, la partie importante des allocations budgétaires
distribuée par la ville de Stockholm a été reçue du Gouvernement national à travers le PIL
(Programme pour l’Investissement Local). En 1998 la ville de Stockholm a soumis au
Gouvernement national les dossiers de 16 projets, dont trois quartiers fonctionnant en éco-
cycle (y compris le projet Hammarby Sjöstad). Conformément à la volonté politique
gouvernementale, les quartiers mentionnés allaient devenir des projets phares du
développement durable. La demande de financement introduite par la ville de Stockholm était
principalement axée sur le concept de Hammarby Sjöstad98
. Le Gouvernement nationale a
répondu favorablement à la demande de la ville relative à ses projets écologique. Une partie
des subventions reçues par la ville soit le montant de 693 millions d'Euros qui ont financé le
programme environnemental de Hammarby Sjöstad dont la dépollution des sols, à elle seule, a
coûté 100 millions d'Euros par km2.
La ville avait la propriété des terrains de Hammarby Sjöstad et vendait les parcelles
dépolluées aux promoteurs, dont les projets ont montré les meilleurs résultats par
Environmental load profile ELP avec des obligations environnementales mentionnées dans
les cahiers des charges. Les promoteurs ont assuré le retour sur l’investissement en vendant
des appartements aux coopératifs d’habitation et aux futurs habitants, ainsi, après avoir
effectué l’évaluation environnementale de projet, ils avaient la possibilité de déposer la
demande de subventions du PIL. L’exemple d’un des premiers blocs construit à Hammarby
Sjöstad (SBC Kobben Block) a montré que le coût additionnel de construction durable est de
l’ordre de 5% (13,000 Euros par appartement), ce qui est tout à fait acceptable, surtout si on
prend en considération les résultats impressionnants99
. Le prix de location d’un appartement
de taille moyen (80 m2) est entre € 900 – 1,200/mois, le prix d’achat est approximativement €
3,500 – 6,000/m2. Dans le contexte de Stockholm se sont les prix des logements du centre-
98
Bylund J. R., Planning, Projects, Practice. A Human Geography of the Stockholm Local Investment
Programme in Hammarby Sjostad, Rapport, [en ligne], Stockholm, Stockholm Univesity, Department of
Human Geography, 2006, p. 89. 99
Dastur A., op. cit., p. 68.
76
ville, mais Hammarby Shostad propose le cadre de vie agréable et des charges mensuelle
inferieurs.
77
4.4 L’approche urbaine et architecturale de Hammarby Sjöstad
4.4.1 Les idéologies politiques derrière la conception de Hammarby Sjöstad
Hammarby Sjöstad est l’exemple d’une réelle planification spatiale et d’aménagement urbain
contrôlé. Un facteur important qui a marqué l’image de Hammarby Sjöstad est la recherche
des qualités urbaines dans le contexte des débats autour de la ville verte et la ville compacte.
La planification des villes selon les principes conventionnels de la ville moderne a été
considérée comme anti-urbaine par les politiciens de la ville qui voulaient retour vers les
qualités conceptuelles du l’ancien centre-ville traditionnelles. Cette demande doit être vue
sous le prisme du développement suburbain de grande échelle des années 1965-1975 (Le
Programme un Million de Logements). L’objectif pour Hammarby Sjöstad était de créer
l’environnement urbain agréable, réconcilier la forte densité et les qualités urbaines de centre-
ville avec le sentiment de tranquillité et de vie à la compagne, agrémenté par des formes
architecturales diversifiés et innovantes. L’écoquartier Hammarby Sjöstad ne devrait en aucun
cas être associable avec des banlieues résidentielles d’après-guerre.
Bien que géographiquement Hammarby Sjöstad soit une banlieue de Stockholm, sa
conception est intentionnellement urbaine et s’inspire du centre-ville. Les analyses de
morphologie urbaine de Stockholm ont identifié quatre types de paysage et cinq types de front
de mer, ainsi que douze types de tissu urbain et autant de profils de rue, la figure 24.
Indépendamment du type, le tissu urbain s’adapte à la topographie du relief et s’intègre au
paysage naturel. La ligne des arbres (20-25m) fixe la hauteur de bâtiments, à l’exception des
églises, les bâtiments publics et les grands ensembles échappent à cette règle. La
hiérarchisation et l’articulation des différents systèmes du tissu urbain et la situation
géographique du site lui valant des conditions paysagères participe à créer la diversité
urbaine100
.
100
Assche K., Meeus J., « Stockhom and ‘eternal beauty’: Classical buildings in picturesque Scandinavian
scenery », Archis, No. 2, 2000, pp. 45-46.
78
Figure 24 : Typologie morphologique des tussus urbains de la ville de Stockholm
Source : Assche K. (2000)
La ville dense était un outil important pour la conception de Hammarby Sjöstad selon le
modèle de la vieille ville. La haute densité urbaine permet augmenter la densité de la
population, ce qui favorise et encourage l’implantation des commerces et des services locaux
ce qui contribuent à la création de rue animée. Cette faible densité est accentuée par le
standard des surfaces des logements suédois plus spacieux. Pour ces raisons la densité de la
population est réduite à quelques personnes/ha, surtout en cas de densité urbaine du cadre bâti
moyennes ou faibles101
.
En comparaison avec 34 hab/ha dans des quartiers suburbains de la ville moderne, Hammarby
Sjöstad est un quartier dense (133 hab/ha), mais n’atteint pas le niveau de la vieille ville (163-
273 hab/ha)102
.
Des pratiques de zoning fonctionnel ont montré des défaillances et ont été rejetés en faveur de
la mixité fonctionnelle. À l’instar de la densité, la mixité fonctionnelle contribue à la création
de vie de quartier, mais aussi à la sécurisation des espaces publics.
101
Svane Ö., Nordic Households and Sustainable Housing – Mapping Situations of Opportunity, Copenhagen,
TemaNord, 2002, p. 41. 102
Andersson M., Anneaux de Stockholm - un aperçu de l'émergence de la ville [Stockholms årsringar – En
inblick i stadens framväxt], Stockholm, Stockholmia, 1997, 256 p.
79
Le Plan directeur de Stockholm 1999, intitulé Build the city inwards reflète parfaitement une
autre idéologie politique derrière la planification de Hammarby Sjöstad est d’essayer de
ralentir l’étalement urbain et la disparition des espaces naturels. Ces objectifs ont déterminé la
décision de construire l’écoquartier uniquement sur les terrains déjà bâtis, malgré des coûts
significatifs de démantèlent et de dépollution. Bien que Hammarby Sjöstad aurait pu opérer
des transformations radicales liées au réaffectation des friches industrielles en quartier
résidentiel, il y avait une intention de garder l’historicité du site. Quelques rares bâtiments
industriels ayant une valeur patrimoniale ont été reconvertis pour accueillir des activités
sportives, culturelles ou commerciales.
Les suédois sont réputés pour leur faculté d’intégration des villes dans le paysage, Hammarby
Sjöstad n’allait pas devenir une exception. Le quartier profite d’une situation privilégiée entre
le lac de Hammarby et le réserve naturel de Nacka. La directive politique présumait la
préservation de tout espace naturel à l’intérieur du périmètre, ainsi que la création des parcs et
d’espaces verts et fixait l’objectif d’aménager 25 m2/logement d’espaces publics vertes (soit
30 ha pour le quartier) et 15 m2/logement de cours privé. La nature en ville était vue comme
un enjeu fondamental car elle contribue à l’attractivité du quartier. La condition de la qualité
de vie servait comme un élément de la prévention des risques naturels et de diminuer la
pollution de l’air. Elle constitue la base de préservation de la biodiversité en ville. La
proximité du Lac a aussi joué un rôle important dans la définition du concept urbain pour le
futur écoquartier. La conception devait mettre l’accent sur les rapports entre bâti, l’eau et
l’espace public et privilégier les vues sur Lac.
Figure 25 : Intégration paysagère des formes urbaines. Source :
http://www.nature.com/scitable/blog/eyes-on-
environment/the_greenest_place_on_earth
80
La vieille ville est construite en pierre est demeurait le type de tissu urbain préféré par la
majorité des politiciens du Conseil municipal de la ville de Stockholm. Une reproduction
identique de ce type n’était pas envisageable103
.
Les bâtiments à Hammarby Sjöstad forment des îlots semi-ouverts en U, la figure 26. Cette
configuration maximise le nombre de logements donnant sur l’eau en réalisant un taux
d'occupation des sols suffisamment élevé104
. L’insolation des logements et un facteur qui
conditionne l’urbanisme surtout aux hautes latitudes à l’exemple de la Suède. Pour optimiser
des apports solaires dans les bâtiments les urbanistes ont déterminé la distance minimale entre
les bâtiments et la hauteur limitée à 5 étages, ainsi les bâtiments disposent d’une forte surface
vitrée.
The Walkable City, le Plan directeur actuel de Stockholm s’inspire dans sa projection de la
mobilité de celui de Hammarby Sjöstad, après le succès qui l’a connu. La généralisation des
principes conceptuels ou structurants à l’ensemble de la ville de Stockholm confirme son bon
fonctionnement.
Le plan d’urbanisme contribue à ce succès par l’entremise de sa conception des espaces du
réseau viaire en diminuant la largeur des routes, en limitant certains accès et en aménageant
des places de parking dans les garages collectif à l’entrée du quartier, etc. Des mesures
restrictives visent à décourager l’utilisation des voitures en fixant des limitations de vitesse, la
défense d’entrée dans des espaces publics et/ou privées. Enfin, la politique fiscale agit sur les
103
Andersson, M., op cit. 104
Inghe-Hellström J., Bjurstrom P., op. cit.
Figure 26 : Fragment typique du tissu urbaine de Hammarby Sjostad
Source: Vestbro D.U (2002)
81
prix des parkings, de l’essence, des taxes CO2, les impôts sur les véhicules puissants, etc. Les
mesures incitatives sont beaucoup plus diversifiées. Il s’agit d’abord de mettre en place des
infrastructures de transport public pour créer un mode de déplacements alternatif. Assurer la
continuité et la sécurité des réseaux de cheminements piétonnes et des pistes cyclables dans
un environnement agréable, perméable et adapté aux personnes handicapées. Influencer les
choix des citoyens par des avantages économiques et les sensibiliser aux questions
environnementales. Telles sont des lignes directrices principales et la trame organisatrice de la
politique public urbaine de la ville de Stockholm.
Le processus de réalisation de Hammarby Sjöstad acte une réelle volonté d’œuvrer pour la
réalisation effective d’un écoquartier avec ses apports positifs en matière d’environnement
tout en gardant à l’esprit qu’il doit être agréable à vivre. Son programme est assez riche et
varié marqué par une ouverture aux nouvelles idées et éléments qui peuvent participer à
atteindre son double objectif. Sociétal, que le quartier soit idyllique conçu d’une manière
innovant et moderne sur le plan urbain et architectural avec des espaces et des bâtiments à une
échelle humaine à l’exemple de la veille ville de Stockholm, des espaces publics paysagers et
architecturalement agréable et tranquille, avec une verdure abondante qui donne le sentiment
d’être en compagne, avec une animation des rues et des ruelles par des petits commerces, avec
des distances encourageant la marche à pied. En résumé tous les avantages d’une grande ville
sans son lot de désagrément. La deuxième ambition est d’ordre technique et technologique en
utilisant les procédés de l’écologie industrielle arriver à une boucle parfaite à l’image de la
chaine alimentaire. Que tous les déchets des habitants du quartier soient recyclés pour
fabriquer l’énergie qui leur faut.
Une ambition louable mais loin d’être réaliste, une conjugaison harmonieuse entre
l’environnement naturel et l’environnement urbain. Une quête de la perfection qui dure depuis
des siècles. Durant notre analyse il nous sera possible de vérifier le faisabilité ou non de
certains procédés
82
Décontamination du sol
Conçu en conformité avec la démarche HQE avec l’objectif de protéger les espaces naturels et
de créer un cadre de vie attractif pour les futurs habitants dans un environnement sain, l’éco-
quartier a été confronté à un défi de décontamination du sol. Les déversements des substances
dangereuses dans l’eau et dans le sol, pratiqués par des petites industries qui y prospéraient
plusieurs décennies auparavant, ont pollué lourdement le terrain105
. Pour éviter tout risque de
contamination des futurs habitants, des constructeurs et des aménageurs lors des travaux,
l’administration de l’environnement et de la santé de la ville de Stockholm avait effectué un
monitoring pour les travaux de décontamination pour assurer le respect des normes de qualité
environnementale. Sur Sickla Udde seul, la terre excavée a contenu 130 tonnes d'huiles et de
graisses et 180 tonnes de métaux lourds106
. La décontamination de l’environnement s’est
renforcée par la revitalisation des écosystèmes aquatiques des berges du canal et du lac. Une
importance toute particulière a été donnée à la préservation des forêts, précieuses qui
servaient comme réserve ornithologique. Les corridors verts étaient partiellement gardés et
ceux détruits ont été compensés par la création de nouveaux espaces verts. Il y avait un point
spécial sur la construction des «écoducs», 30-40 m de large ils survols l’autoroute de
contournement projetée, pour être utilisées par des chevreuils, lapins, grenouilles, autres petits
animaux, végétaux, mais aussi par les habitants comme les chemins piétonnes107
.
En amont du projet la ville a imposé des exigences environnementales strictes sur les
bâtiments, les installations techniques et les infrastructures routières. Les eaux de pluie et de
ruissellement ne doivent pas être contaminées par des métaux lourds ou des huiles sur leur
chemin vers le lac. Pour cela des façades et les toits des bâtiments ne devaient pas libérer des
polluants. La directive de la ville sur le choix des matériaux de construction exigeait qu’ils
soient éco-labélisés et qu’ils ne contiennent pas de substances nocives. Toute utilisation de
produits chimiques dangereux devrait être évitée. La ville a recommandé l’utilisation de
matériaux durables tels que le verre, le bois, l'acier et la pierre. L’huile écologique a été
utilisée pour les sentiers longeant le canal Sickla et l’acier inoxydable a été utilisé pour le pont
105
Hammarby Sjostad, Bodén Å., Hammarby Sjöstad : BoStad02, [en ligne], Stockholm, Hammarby Sjostad,
Stockholms stad, 2002, 82 p. 106
Hammarby Sjostad, GlashusEtt, Hammarby Sjostad – a unique environmental project in Stockholm, [en
ligne], 2007, p. 3. 107
Vestbro D. U., op. cit., p. 187;
83
pour les cyclistes. Les toits végétalisés servent aussi à éviter la diffusion des matières toxiques
dans l’environnement, même si leur première fonction est la gestion des inondations108
.
Ces grands travaux de décontamination et de renaturation sont incontestablement bénéfiques
pour la faune et la flore directement. Ils contribuent, indirectement, à la plus-value de
Hammarby Sjöstad sur plusieurs plans et en particulier sa valeur foncière.
Des travaux qui renforcent l’idée de construire un écoquartier qui véhicule l’image d’une
conscience écologique qui doit être bâti sur des bases environnementales saines.
Figure 27 : Zone de Hammarby Sjöstad, avant et après la construction de l’écoquartier
Source : Ville de Stockholm, Hammarby Sjöstad, Glashusett
108
Hammarby Sjostad, GlashusEtt, op. cit., p. 12.
84
4.4.2 L’urbanisme de Hammarby Sjöstad
Surface de l’opération :
200 ha, dont 40 ha d’eau, 160 ha de surfaces constructible
Nombre de plans détaillés : 20
Densité de population: 115 logements/ha, 270 hab/ha
Nombre de logements : 10,800-11.000
Hauteur de bâtiments :
Une moyenne de 24m (R+6) jusqu'à 12 m (R+3). Un bâtiment résidentiel 40m (R+12)
Utilisation du sol :
COS = 0.31-0.43 CUS =2.2 – 3,0 (espace public exclu)
Surface bâti = 966’666 m2, dont 290’000 m
2 destiné aux activités économiques (30%)
Places de parking:
4000 places de parking (Garages privés/publics, 0.55/logement) - 3000 places de parking
dans l’espace public (0.15/ logement)
Espace vert/ espace public :
25m2 d’espace public/appartement (30 ha en total, dont 28 ha ont été terminé en 2010) et
15m2 de cour ou jardin privatif /appartement
109.
Le plan directeur de Stockholm est fortement inspiré par les réflexions politico-idéologiques
décrites dans la partie (4.4.1) issues des discussions de la communauté internationale et des
traités sur le futur de la ville. L’écoquartier Hammarby Sjöstad a été conçu sur les principes
d’un urbanisme traditionnel à l’instar de celui de la Vieille ville avec une haute densité du
tissu urbaine et une occupation d’espace adaptée. Dans l’ensemble le plan urbain de ce
quartier a été pensé pour favoriser la mixité fonctionnelle et sociale tout en offrant la haute
qualité de vie dans qui se caractérise une ambiance calme, verte et sécurisé. La conception de
Hammarby Sjöstad s’insère dans la continuité historique de la ville de Stockholm et s’inscrit
harmonieusement dans le paysage naturel. Toutefois, elle prend part dans sa conception
architecturale moderne qui intègre des technologies innovantes.
Par intention ou par rationalité ce nouveau développement de la ville préserve l’identité
historique du territoire. Le plan directeur reprend la structure du territoire en préservant en
grande partie son réseau viaire, certains bâtiments ayant une valeur architecturale et des sites à
activité industrielle.
109
Ville de Stockholm, Facts and figures on Hammarby Sjostad, [en ligne], Cederquist B., 2010, 3 p.
85
L’analyse du parcellaire permet de constater que le cadastre du foncier suit largement la
logique du découpage de l’ancien plan de la zone industrielle. Les limites des ilots sont les
mêmes que les précédentes (tracé initial), la figure 28. Les parcelles rétrécissent en
s’approchant des côtes. On retrouve souvent le maillage orthogonal du parcellaire, cependant
certaines déformations se constatent et sont liées à l’adaptation du parcellaire à la topographie
de l’assiette du terrain. Un soin particulier a été accordé à l’implantation des bâtiments pour
permettre à leur habitants de disposer d’une vue paysagère sur le Lac.
L’essai de réconciliation de la ville compacte avec la ville verte se réalise à Hammarby
Sjöstad par la spécificité du tissu urbain et le choix de la forme de l’implantation de son bâti
qui s’interagissent avec le réseau des espaces verts. Proche du centre-ville le tissu urbain est
composé de bâtiment en forme de U, une implantation qui dégage des cours intérieurs
ouvertes d’un côté. La hauteur et la taille des bâtiments est variable, les deux caractéristiques
diminuent graduellement en direction du bord du Lac, lequel est agrémenté par des grands
espaces verts.
Il est particulièrement intéressant de constater que l’autoroute borde une grande partie du
périmètre de Hammarby Sjöstad ce qui provoque des nuisances sonores importante et
inconfortables pour les habitants. Une solution stratégique a été imaginée celle d’implanter
des bâtiments à grande hauteur (12-15 étages) non résidentiels le long de ce tronçon pour faire
office de pare bruit.
Figure 28 : Superposition du plan des structures bâtis actuelles de Hammarby
Sjöstad sur le plan de decoupage de l’ainciennne zone industrielle
86
Figure 29 : Morphologie des systèmes urbains de Hammarby Sjöstad : le système parcellaire,
le système viaire, le système bâti et le système des espaces publics verts
Par contre, les immeubles de 6-8
étages résidentiels à plus haute
densité de population se localisent le
long de deux axes principaux qui
structurent le quartier, la figure 30. On
trouve une autre catégorie de bâtiment
à 4 étages que se situent au bord de
l'eau. Une morphologie urbaine en
dégradée qui se termine par des
espaces verts animés par des
maisonnettes à vocation commerciale.
Comme évoqué précédemment, les deux axes principaux qui structurent le quartier se
préfigurent d’une largeur de 37,5m. La figure 27 montre le schéma de circulation d’un des
Figure 30 : Vue de l’axe structurant Hammarby Allé
87
deux axes structurant. Ils se composent, au milieu, d’une ligne de tram en double sens bordé
par deux voies pour les voitures à sens unique inversé de part et d’autre. Une piste cyclable
des deux coté s’interpose entre les de stationnement suivi d’un trottoir. Bien entendu, les
piétons demeurent prioritaires sur les l’ensemble des voies de circulation. Les axes viaires
principaux relient les nœuds de transport et les espaces publics les plus fréquentés et
constituent des conditions optimales pour les activités économiques locales. Les rez-de-
chaussée des bâtiments ouvrant sur les rues sont destinés à accueillir des commerces et des
services de proximité, la figure 31.
Figure 31 : Schèma de coordination des axes viaires principaux avec la repartition spatiale
des bâtiments d’affecttion mixte
Parvenir à la mixité fonctionnelle était un des objectifs fondamentaux de la planification de
Hammarby Sjöstad. Le plan masse du quartier ne délimite pas l’espace en zone et par
conséquent les espaces sont multifonctionnels. Le plan d’affectation spécifie les différentes
fonctions dans le même bâtiment. Les catégories principales (chacune comprends plusieurs
sous-catégories) sont des bâtiments résidentiels, commerciaux, industriels, techniques et
mixtes.
88
Près de 100 unités de commerce, de cafés et de restaurants sont intégrés dans les sites
résidentiels. On a bien séparé d’une manière symbolique les bâtiments industriels (industries
légères et des activités artisanales) des autres entités. En total les bureaux, les commerces et
les activités artisanales occupent la surface 290,000 m2 ce qui corresponde
approximativement à 30%, la figure 32.
Un réseau de parcs et d’espaces
publics verts contrebalance le
paysage urbain dense. Le Plan
directeur a fixé un objectif de
créer 25 m2 d'espace public vert
par appartement, ce qui
corresponde à 30 ha (dont 28 ha
ont été réalisé en 2010) pour
l’ensemble du quartier.
Figure 32 : Plan d’affectation fonctionnelle de Hammarby Sjostad
Figure 33 : Cheminements suspendus sur l'eau
89
Dans la mesure du possible le paysage naturel a été préservé. Des cheminements suspendus
sur l'eau ont été construits entre les végétaux aquatiques indigènes notamment les roseaux et
les joncs qui longent les berges du Lac. Une forêt de chêne a été soigneusement conservée.
Tous les espaces publics appartiennent à la ville de Stockholm qui assure leur maintenance.
En addition aux espaces publics, le quartier dispose de 15 m² par appartement d’espace
destiné à une cour semi privée pour chaque bloc. Des espaces verts privés doivent être
clairement distinct et identifiable des espaces publics.
Autres exigences pour les cours et jardins privatifs c’est l’insolation minimale pendant au
moins 4 - 5 heures aux équinoxes de printemps et d'automne et le rapport entre le revêtement
dur et végétalise 50/50, la figure 34.
La trame verte du quartier remplis plusieurs fonctions :
• Verts ou pavés, les espaces publics et semi-privés en complémentarité avec le tissu bâti
perméable forment la base pour le réseau de cheminements piétons et pistes cyclables.
• Assurent la qualité de paysage urbain, offrent un cadre agréable pour des activités de loisir
et de sport en plein air.
• Connectivité des espaces verts favorisent la diversité biologique. Le développement
d’espaces publics verts non développés auparavant doit être compensé par la mise en place
de biotopes favorisant la biodiversité dans le secteur immédiat.
Figure 34 : Réseaux des espaces publics et semi privés et de cheminements piètons et le
plan des cours intérieurs
90
• Les surfaces végétalisées et les arbres participent à la régulation de la vitesse d’infiltration
des eaux de pluie. Une fois filtrés naturellement, les eaux sont acheminées vers le lac, sans
qu’ils subissent un traitement supplémentaire dans la station d’épuration. De plus, la
végétation contribue à la régulation des microclimats et améliore la qualité de l’air.
• En conformité avec le plan directeur, le quartier est subdivisé en 12 sous-secteurs. Le plan
détaillé accompagné par des précisions des particularités des aménagements sont élaborées
pour chaque sous-secteur et établissent des principes qui régissent la planification,
l’utilisation du sol, l’aménagement et l’architecture.
Afin d’éviter les redites de la partie qui aborde les idéologies politiques derrière la conception
de Hammarby Sjöstad, une partie qui prend racine des deux parties suivantes urbaine et
architecturale. L’analyse du plan d’urbanisme de Hammarby Sjöstad révèle un intérêt certain
de vouloir associer un passéisme modéré de la ville de Stockholm, qui touche presque tous les
domaines à toutes les échelles, à une modernité relative. Une ambition totalement justifiée sur
le plan urbain car comme il est connu, les tissus urbains anciens sont bâtis autour d’un projet
sociétal commun. Un tissu urbain compact et dense permettant une ambiance chaleureuse qui
promeut une convivialité et une proximité recherchée aujourd’hui. Cette conception compacte
était la conséquence des techniques de construction de l’époque. Cela étant, la ville était
construite sans voiture et à l’échelle humaine avec des espaces extérieurs dimensionnés par le
pas de marche.
Sur ce plan le constat est limpide Hammarby Sjöstad répond d’une manière satisfaisante à
cette qualité recherchée mais cela n’est pas sans conséquence sur les autres éléments
constituants d’un écoquartier qui seront abordés en détail dans la partie énergie de ce travail
91
4.4.3 Architecture
L’image de Hammarby Sjöstad se décrit par une un cadre bâti planaire mais linaire fermant
l’îlot en U entourant une cour semi-privée à l’intérieur et ouverte d’un côté sur le quartier.
Une forme d’implantation qui s’inspire du cadre bâti de la vieille ville sans le reproduire.
L’architecture y est moderne, elle offre des ouvertures permettant des vues sur l’eau et la
nature. Le raisonnement en cycles écologiques se répercute sur l’architecture du quartier qui
doit impérativement répondre à certaines exigences. Une architecture qui est adaptée à une
mixité d’usage, une densité variable et à la recherche d’accessibilité des bâtiments. Pour un
meilleur confort visuel, les urbanistes et les architectes ont optimisé la présence du soleil par
la définition de distance minimale entre les bâtiments, limitation de leur hauteur et intégration
des surfaces fortement vitrées. Les bâtiments interagissent avec l’environnement privilégiant
les espaces extérieurs. Le contact entre les voisins est facilité par le cadre général favorable
pour une vie sociale favorise l’essor économique local. Bien que le quartier présente une
haute diversité architecturale et typologique du bâti contenant nombreux bâtiments uniques,
avec une bonne expression architecturale. Chaque bâtiment ou projet est associé à l’autre, les
façades urbaines sont bien définies et régulières. Le plan assure une riche diversité
architecturale sans pour autant compromettre le plan d’ensemble. Les cahiers des charges et
les plans de conceptions édictent des principes de conception pour chaque parcelle. Les
documents écrits contiennent des directives détaillées pour chaque bâtiment.
• Disposition, forme et structure du bâtiment, couleur, dimensions, proportions, et
agencement des éléments du bâtiment, des matériaux de façades, fenêtres, balcons,
toitures, accessibilité des entrées et des escaliers pour les personnes à mobilité réduite,
accès aux espaces extérieurs.
• Standards des appartements – agencement, présence de la lumière naturelle, hauteur au
plafond, isolation acoustique. Réglementations pour des services additionnels dans le
bâtiment – buanderie, garage, espaces de stockage, de collecte de déchets, distance
maximale de l’appartement à point de récupération de déchets 30 m.
• Aménagement des espaces extérieurs privés - aménagement paysager, pavage, proportion
du vert et du dur (50%), choix des végétaux, espaces de jeux, éclairage et mobilier urbain.
92
Les cinq points du programme architectural:
1. Le caractère traditionnel du centre de Stockholm.
2. Le caractère distinctif de Sjöstad (logements plus spacieux de plus grande hauteur de
plafond qu’au centre, plus grande diversité des bâtiments en termes de hauteur et de forme,
l’interaction entre le bâtiment et son environnement, balcons, terrasses, toits plats, diversité
de matériaux).
3. Par sa forme et son style architectural le bâtiment doit coïncider avec son milieu
d’implantation suivant la hiérarchie des espaces ouvertes ;
4. La densité est une ligne directrice pour définir l’échelle, l’ordre et la variation du bâti,
cependant la qualité de vie reste incontournable ;
5. La tendance de l’architecture moderne de Hammarby Sjöstad est appelée à la fois à puiser
son inspiration du début du mouvement moderne mais avec une conception propre à
l’architecture suédoise contemporaine.
• Les similitudes: préservation de l’environnement naturel, l’architecture qui s’inspire
de la nature, grandes fenêtres et parois vitrées, maximisation d’utilisation de la lumière
naturelle, vues et accès à l’eau et aux espaces verts, toits plats, toits-terrasses,
bâtiments à profondeur limitée, penthouses en retrait, lignes épurées, couleurs claires.
• Les différences: densités et hiérarchies des espaces à la manière de la vieille ville,
l’architecture doit être spécifique du site et répondre aux conditions de
l’environnement local (mixité fonctionnelle)110
.
Il est fort intéressant de constater qu’une liberté typologique et morphologique a été laissée
aux architectes intervenant dans le projet Hammarby Sjöstad. Une architecture contemporaine
riche par sa diversité architecturale et par des ouvrages polyfonctionnels. Toutefois il est
important de noter que la conception des façades était régie par un certains nombres de
recommandations relatives au choix des matériaux utilisés et le dimensionnement des
ouvertures, etc. Des restrictions qui peuvent ne pas être très judicieuses et sont limitatives sur
le plan des innovations architecturales.
110
Gaffney A., et al., op. cit., pp. 42-45.
94
4.4.4 Matériaux de construction
La ville de Stockholm a classé le choix de matériaux de construction parmi les objectifs clés
de programme environnemental. Ce choix a été motivé par un nombre important de
considération en rapport avec la protection de l’environnement, la santé humaine, la
rationalité de l’utilisation des ressources et les méthodes de construction ont été décisive dans
le choix des matériaux. Le principe était d’utilisé des matériaux sains, secs et éco-certifiés, et
veiller à ce que les matériaux et les produits de traitement ne contiennent pas de substances
chimiques nocives inscrites sur la liste de l'Inspection suédoise de Chimie. Cette règle vaut
pour les matériaux utilisés sur des parties visibles comme les façades des bâtiments ou
revêtements du sol, ainsi que pour des matériaux utilisés dans des parties internes des
bâtiments, installations et équipements. L’impact environnemental des matériaux est quantifié
à partir de l’analyse complète de leur cycle de vie.
Tout entrepreneur doit vérifier et déclarer les matériaux de construction et des produits
chimiques achetés avant que la construction de son projet début. Ils doivent aussi démontrer
que tout matériel ou produit utilisé pourraient être recyclés à la fin de sa durée de vie. Des
éco-inspections sont effectuées régulièrement tout au longue la construction111
. La Ville de
Stockholm a formulé une liste interdisant l’usage de certains matériaux :
• Le bois traité sous pression n’est pas autorisé ;
• Le cuivre est interdit pour les canalisations et remplacé par des tuyaux doublés plastique et
inox ;
• L’utilisation de matériaux galvanisés dans l'environnement extérieur est autorisée sous
condition de traitement de surface ;
• L'utilisation de matières premières (sable, métal, gravier, etc.) doit être minimisé ;
• Des matériaux recyclés doivent être utilisé au maximum sous conditions de faisabilité
économique et technique et si des considérations environnementales et de santé humaine
ne l’interdisent pas.
La municipalité a payé cher la dépollution du sol et des eaux, par conséquence elle a prêté une
attention particulière aux questions de contamination chimique de l’environnement. Les
surfaces ne devaient pas libérer de métaux lourds ou d’autres substances dangereuses pour
111
Natural Space Ltd, “Ecological Sustainability”, [en ligne], Natural Space Magazine: Sustainable Architecture
and the Natural World, 2004, disponible à l’adresse :
www.naturalspace.com/sweden_broadband/swedentext.htm, consulté 18.12.2013.
95
éviter que ces polluants soient charriés vers le Lac par les eaux pluviales. Les huiles
écologiquement neutres ont été utilisé pour aménages des cheminements piétons aux bords du
Lac et des Canaux. L’acier inoxydable a été utilisé pour les ponts.
Tous les matériaux de construction utilisés dans les chantiers doivent être autorisés par
l’Agence suédoise des produits chimiques (KemI)112
. Son travail est conforme aux directives
européennes en la matière. À titre d’exemple la liste des matériaux de construction éco-bat
publiée par le laboratoire suisse d'énergétique solaire et de physique du bâtiment HEIG-VD113
.
112
Swedish Chemical Agency, À propos de l’Agence suédoise des produits chimiques (KemI), [en ligne], site
officiel, disponible à l’adresse : http://www.kemi.se/en/Data/About-KemI-in-other-languages/Francais/,
consulté le 19.12.2013. 113
Eco Balance Assessement Tool ECO-BAT, Matériaux, [en ligne], site officiel, disponible à l’adresse :
http://www.eco-bat.ch/index.php?option=com_content&task=blogcategory&id=19&Itemid=42&lang=fr,
consulté le 19.12.2013.
96
4.4.5 Transport et déplacements
Inverser le modèle actuel de développement urbain est un défi complexe, ou la thématique de
transport se révèle parmi les plus importantes, mais aussi la plus résiliente aux changements.
Un grand nombre de dimensions hétérogènes doit être pris en compte simultanément pour
appréhender et maitriser les déplacements. Les auteurs114
se mettent d’accord par rapport à la
nécessité de penser le transport en relation avec la forme urbaine. Jeffrey R Kenworthy115
liste
(non exhaustive) des facteurs significatifs à prendre en considération afin de créer un système
de déplacements urbains plus durable :
• La ville doit veiller à créer une forme urbaine compacte et dense, planifier rationnellement
l’occupation du sol et privilégier son affectation multifonctionnelle ;
• Le bâti de la ville respecte l’échelle humaine, fourni la structure des espaces publics de
haute qualité et diversité dans un tissu urbain clairement lisible et perméable aux piétons
proposant des services et des commerces de qualité et en adéquation avec les besoins de
population ;
• La ville favorise le développement des centralités denses, mixtes en termes de
fonctionnalités urbaines sur les axes de transport public ;
• La ville offre un réseau de transport public de haute performance (surtout les rails). Il offre
une haute fréquence de passage. Son schéma de dessert assure l’accessibilité à distance de
marche pour l’ensemble du quartier. Enfin, il présente une architecture d’enceinte de ses
infrastructures entourée d’espace sécurisé arboré d’aménagements paysagères attractif ;
• La ville offre un cadre agréable et sécurisé pour la mobilité douce, les infrastructures de
transport public et de mobilité douce sont mises au premier plan au détriment des
autoroutes et les autres infrastructures routières. Une stratégie qui décourage le recours à
l’utilisation des transports individuels motorisés ;
• La ville tend à l’autosuffisance ce qui permet la réduction du trafic. L’environnement
naturel protégé traverse et incorpore la ville, l’agriculture urbaine couvre la partie majeure
114
Beatley T., Green Urbanism: Learning from European Cities, Washington DC, Island Press, 2000, p. 71;
Register R., Ecocities: Building Cities in Balance with Nature, California, Berkeley, Berkeley Hills Books,
2003, p. 143;
Corbett J., Corbett M., Designing Sustainable Communities: Learning from Village Homes, Washington DC,
Island Press, 2000, p. 47. 115
Kenworthy J. R., « The eco-city: ten key transport and planning dimensions for sustainable city »,
Environment and Urbanization, vol. 18, No. 1, 2006, pp. 67-85.
97
de besoins alimentaires. L’économie circulaire boucle les flux du métabolisme urbain le
plus localement possible grâce aux systèmes intégrés de management écologique avec une
technologie très avancée ;
• La ville maitrise le trafic des automobiles, crée des espaces de haute qualité
environnementale et sociale afin d’attirer la classe créative pour assurer la performance de
l’économie innovante et sa compétitivité dans la hiérarchie globale des villes ;
• La planification du système de transport ne se base plus uniquement sur des modélisations
de l’approche prévoir et subvenir mais sur la prospective à long terme qui prend en compte
des dimensions économique, environnementale, sociale et culturelle. La prise de décision
se fait par le processus démocratique de débats en concertation avec la population.
La politique de la ville de Stockholm en matière de transport reconnait le rôle clé de la
planification intégrée du système de transport et de l’aménagement du territoire. Le plan
directeur le Stockholm de 2010 Walkable city et The Stockholm Environment Programme
2012–2015 s’appuient sur les principes répertoriés précédemment. Les objectifs en matière de
transport pour Hammarby Sjöstad que la ville a formulé au début des années 1990 allaient
aussi dans ce sens116
:
Le premier constat qui découle directement des objectifs, c’est que pour Hammarby Sjöstad
les planificateurs ont choisi de proposer aux futurs habitants la diversité des modes de
transport. Tout en favorisant des modes alternatifs de déplacement, l’écoquartier Hammarby
116
Ville de Stockholm, Programme environnementale pour Hammarby Sjöstad Miljöprogram för Hammarby
Sjöstad, 1996.
Un meilleur équilibre entre la voiture et modes du déplacement alternatifs.
80% des voyages pendulaires en transport en commun, à pied ou à vélo.
100% des transports lourds éco-labélisé, Réduction de 60% du trafic de camions lourds
50 % de réduction des émissions liées au trafic
Mise en tunnel d’un tronçon de la route de contournement, murs anti-bruit
Plafonnement du bruit à 40-45 dB (selon les sources)
Transport public efficient: 1,5 km ligne du tram, 4 arrêts, raccordement au système de
Métro de la ville. 2 lignes de bus, un ferry-boat. 500 m la distance maximale entre un
point dessert et les immeubles résidentiels.
Un système de partage de voitures électriques ou au biogaz, en 2010 15% des ménages et
5% d’emplois seront inscrits aux services de covoiturage
98
Sjöstad réserve toutefois une place pour la voiture. Dans la théorie un « écoquartier » est
souvent défini comme exempte de transport individuel motorisé. Pourtant ils existent d’autres
théories urbaines qui voient la mobilité individuelle comme une liberté personnelle comme.
Cette divergence impose une nécessité de faire un arbitrage entre deux solutions peu durables,
la voiture ou l’ingénierie sociale117
. Le concept du système de transport de Hammarby Sjöstad
reflète l’idéologie politique de la ville de Stockholm d’éviter les solutions radicales. La ville
cherche à influencer le comportement de la population pour le rendre plus durable et
minimiser l’utilisation de la voiture à travers une large offre des modes de déplacements
alternatifs. Qui ne peut être réalisé sans un aménagement du territoire intégré, beaucoup de
sensibilisation directe, à travers des mesures économique, mais sans enlever la liberté de
choix.
Le plan d’urbanisme articule la forme urbaine avec des voies principales du quartier, la figure
36. La densité (CUS 2.2 à 6.0) et les dimensions des formes urbaines augmentent
graduellement en direction de l’avenue principale de 37,5 m de large. Les deux côtés de
l’avenue sont longés par une structure urbaine linéaire composée de blocs répétitifs de 70 x
100 m et des rues de 18 m de large. Cette structure imite le maillage de la vieille ville de
Stockholm. La mixité fonctionnelle est atteinte à Hammarby Sjöstad grâce au plan
d’affectation du sol qui rassemble des fonctions résidentielle, commerciale, industrielles et
des services publics, mais aussi à travers une affectation mixte des bâtiments en soi. Des
écoles, des services culturels et sportifs, des commerces, des logements subventionnés pour
des étudiants et des retraités et d’autres fonctions urbaines sont incorporées au sein des
bâtiments du secteur résidentiel.
L’avenue principale est l’artère de desserte la plus importante des espaces autours. Les arrêts
de bateaux sont bordés par les structures urbaines denses composées de bâtiment à affectation
mixte. Réunissant les habitations avec des activités économiques, les voies principales
fonctionnent comme des rues commerciales et proposent tous les services nécessaires au
quotidien à une distance de marche. Dans son ensemble la planification intégrée du système
de transport, de la structure urbaine et son affectation mixte permet des économies et par voie
de conséquence elle participe à la diminution de la demande de transport privé et public. 117
L’ingénierie sociale est un concept de la science politique. L’Inspection Générale des Affaires Sociales
(IGAS) de l’Etat français le définit comme une fonction d’ensemblier ou « d’assemblier » qui se situe dans la
pratique, l’action, l’intervention, et apporte, ou aide à trouver, des solutions pour favoriser la résolution de
problèmes dans un champ sociétal. L’ingénierie sociale comporte une fonction politique (elle doit tenir une
vision des rapports sociaux et des rôles des institutions dans la structuration de ces rapports), technique et
s’appuie sur des militants de l’action publique qui interviennent dans la perspective de l’intérêt général.
99
Le système de transport public efficace et diversifié dessert le quartier et propose une
alternative plus avantageuse que la voiture. L’infrastructure de transport public est composée
des éléments suivants :
• Une station de métro urbain de Stockholm est située juste à l'extérieur de la frontière de
Hammarby Sjöstad. Cette station dessert les lignes T17, T18 et T19 (de métro) et offre un
accès direct au centre de Stockholm. La station sert aussi de centre de transfert multi-
modal avec des connexions à la ligne de Tvärbanan et de nombreuses lignes de bus.
• Une ligne de métro léger Tvärbanan passe par l’avenue principale. De 05h30 à 01h00 la
ligne compte 4 arrêts assure la liaison avec le métro de Stockholm à fréquences de 7-10
minutes.
• Trois lignes de bus alimentés par le biogaz assurent la connexion avec des communes
voisines et le centre-ville.
• Un service gratuit de bateau-navette sur le lac de Hammarby connecte deux rives du
quartier et le quartier central de Stockholm durant toute l’année avec l’intervalle de 10-15
minutes de 6h00 à minuit.
• Un système de covoiturage, ouvert pour les habitants et les employés du quartier, compte
37 voitures dont ¾ marchent au biogaz.
• Un système de partage de vélos.
Une grande importance est donnée à la qualité des services. Des bus, des trains et des bateaux
sont équipés pour prendre en bord des personnes à mobilité réduite, des tableaux
électroniques affichent en temps réel l’information d’arrivées des véhicules de transport. Un
autre trait caractéristique du système de déplacements à Hammarby Sjöstad est l’intégration et
l’inter-connectivité des différents moyens de transport public et de la mobilité douce. À titre
d’exemple, l’introduction du service des bateaux-navettes capables de prendre à son bord des
vélos. Les arrêts de ces bateaux-navettes sont connectés directement avec les pistes cyclables,
une stratégie qui a permis d’augmenter à 24% les déplacements à vélo et à pieds118. La
politique tarifaire contribue également à la promotion du transport en commun. Des tarifs
adaptés pour tous les types de transport par zones et proposent une grande variété de tarif et
des titres de transport, des réductions de prix. Un programme de subvention des prix de
118
Foletta N., Field S., Europe’s Vibrant New Low Car(bon) Communities, [en ligne], Rapport, New York,
Institute for Transportation & Development Policy, 2011, p. 34.
100
transport est mis en place par les entreprises pour encourager leurs employés à utiliser les
transports publics à des prix avantageux détenu automatiquement de salaire119.
Figure 36 : Planification cohérente du système de transport et du schèma d’affectation
fonctionnnelle des sols et des bâtiments à Hammarby Sjöstad
119
Transport public de Stockholm, SL, [en ligne], site officiel, http://sl.se, consulté le 23.10.2013.
101
Dans l’ensemble les infrastructures de transport public sont facilement accessibles à la
marche. Pour ce faire, des études ont été entrepris en la matière et se réfère à :
• 5 min (400 m) de marche de l’arrêt de transport public jusqu’à le lieu de résidence120.
• 500-600 m de marche de la station centrale jusqu’à le lieu de travail est selon des études
suédois121 une distance acceptable pour les employés
La figure 37 illustre l’accessibilité des arrêts de bus pour l’ensemble des occupants du
quartier à une distance de 400m et l’accessibilité des stations de métro léger à 600 par rapport
aux zones commerciale et industrielle. Des schémas d’accessibilité montrent que quasiment la
totalité des lieux de travail et de résidences se situent à la même distance de marche.
Figure 37 :
À gauche : Accessibilité du transpotr public (des arrêts de bus à distance de 400m)
A droite : Accessibilité du métro lèger de Hammarby Shostad à distance de 600m
Source : Hayoung, K. (2010)
Une autre stratégie mise en place pour agir sur la demande de transport porte sur
l’aménagement d’un réseau d’espaces publics et semi-privés de haute qualité paysagère dans
un tissu urbain perméable aux piétons et aux cyclistes, la figure 38. Des cheminements
piétons, des ponts permettant le passage au-dessus de l’autoroute, des nombreuses pistes
cyclables composent l’infrastructure attractive et sécurisée de la mobilité douce. De plus
120
Congress for the new urbanism, Charter of the New Urbanism, [en ligne], site officiel, Disponible à
l’adresse : http://www.cnu.org/charter, consulté le 20.11.2013 ;
Congress for the new urbanism, Talen E., Charter of the new urbanism (1999), McGraw-Hill Professional, 2ème
edition, 2013, p. 220. 121
Schylberg K., Planification des indicateurs pour l'utilisation efficace des terres dans les zones proches de la
station [Planindikatorer för effektiv markanvändning i stationsnära omrâden], [en ligne], Rapport, Stockholm,
Luleå University of Technology, Department of Civil, Mining and Environmental Engineering, 2008, p. 150.
102
chaque appartement est équipé d’un espace pour les vélos. L’accessibilité des commerces, des
services et des facilités de transport en commun favorise des modes de mobilité douce. La
distance parcourue et le temps nécessaire pour le déplacement sont des facteurs qui
influencent significativement le choix de moyen de transport.
Le choix de l’utilisation du vélo comme le moyen de transport diminue avec l’augmentation
des distances. La population a tendance à préférer les autres moyens de transport si la distance
est supérieure à 5 km. De ce point de vue la proximité du centre-ville et la connectivité
assurée par les infrastructures font que le quartier est parfaitement adapté pour le vélo. La
mobilité douce est aussi bénéfique du point de vue de la santé ce qui contribue à la promotion
des activités sportives et un mode de vie sédentaire plus sain. Le taux de propriété122
du vélo à
Hammarby Sjöstad est 820 vélos pour 1000 résidents. Pour pousser les habitants à l’abondant
du transport individuel, on a renforcé les mesures restrictives visant à décourager l’utilisation
de transport individuel motorisé.
122
Foletta N., Field S., op. cit., p. 41.
Figure 38 : Infrastructure de mobilité douce déployée à Hammarby
Sjöstad dans le tissu urbain perméable intégrée dans des espaces de
haute qualité d’aménagement paysagère
103
La rocade de Stockholm contourne le quartier de sud-est au sud-ouest et concentre le trafic
lourd, interdit à Hammarby Sjöstad et restreint à Stockholm. Le voisinage avec l’autoroute
oblige à prévoir des mesures de protection contre des nuisances sonores. Pour atteindre des
standards suédois de la qualité environnementale et permettre des niveaux sonores
raisonnables dans le futur écoquartier. Une somme de 880 millions d'euros a été allouée pour
mettre en tunnel 4,6 km d’autoroute. Des murs anti-bruit et des bâtiments de plus de 10 étages
tout au long de l’autoroute, des îlots ouvrent sur des cours intérieur fermées ou semi-ouvertes
sont aussi des éléments de protection contre les bruits autoroutier. Des études détaillées sur
les niveaux sonores à Hammarby n’ont pas été réalisés, cependant la cartographie de bruit de
la ville de Stockholm montre l’inadéquation entre l’objectif (40 dB dans des cours intérieurs)
et l’état actuel. Des niveaux de bruit inconfortablement élevés ont causé l’abandon de
construction d’au moins sept îlots résidentiels suit à la suspension du projet de relocalisation
et de mise en tunnel du deuxième tronçon d’autoroute en faveur d’un projet d’agriculture
urbaine, la figure 39.
Les routes internes sont limitées à 30 km/h. Elles sont jalonnées par de nombreux passages
piétons et des plateaux ralentisseurs sur les carrefours. Des avenues principales sont
aménagées avec des trottoirs larges, des bandes d’arbres de deux côtés. L’introduction du
système automatisé de collecte de déchets a réduit de 60% le trafic des camions lourds ce qui
a rendu possible le dimensionnent à faible largeur des rues internes.
Figure 39 :
A gauche : Carte de bruit de tous les sources en dB à 4m
A droite : Projet de parc paysager incluant des équipements d’agriculture urbaine
104
Figure 40 :Le mode de déplacements des résidents de
Hammarby Sjöstad en comparaison avec les territoires
voisins
Source : Grontmij AB, Brick K. (2008)
Hammarby Sjöstad est adjacent au péage urbain central de Stockholm. À l’intérieur du
quartier le nombre de places de parking par ménage est aussi limité et facturés. Hammarby
dispose d’environ 0.7 (0.65) places de parking par ménage, ce qui est légèrement supérieur
aux autres nouveaux quartiers et à la ville de Stockholm (0.65 places/ménage). Le total des
places de stationnement est reparti en 0.55 places/ménage dans des garages publics ou privés
et 0.15 places/ménage de poches de stationnement le long des rues.
Les propriétaires des places de parking sont des entreprises publiques, quelque entreprises
privés et des coopératifs d’habitation. Ces derniers établissent des prix de stationnement pour
leurs places. En général les prix de location des places sont comparables aux prix appliqués
dans le reste de la ville de Stockholm mais légèrement plus bas qu’au centre-ville. Les
parkings sur les rues sont administrés par la compagnie publique de parking de la même
manière qu’à la ville de Stockholm. Les frais de parking sont perçus entre 9h et 17h les jours
de la semaine, le stationnement est gratuit durant le week-end et la nuit123
.
L’approche holistique dès
l’amont d’élaboration du plan
d’urbanisme, qui cherchait
l’intégration du système de
déplacements, d’affectation du
sol et d’agencement du tissu
urbain, montre des résultats
convaincants de la répartition
modale des transports. Le
graphique, la figure 40 illustre le
mode de déplacements des
résidents de Hammarby Sjöstad
en comparaison avec les
territoires voisins124
.
123
Foletta N., Field S., op. cit., p.34. 124
Grontmij AB, Brick K., Report Summary — Follow Up of Environmental Impact in Hammarby Sjöstad:
Sickla Udde, Sickla Kaj, Lugnet and Proppen, [en ligne], Rapport, Stockholm, Grontmij AB, 2008, p. 7 ;
Reference district est un quartier péri-urbain conçu sans intégration de transport et d’urbanisme Sundyberg est
une ville de 38'000 habitant 5 km au nord-est de Stockholm bien équipée d’infrastructures de transport en
commun.
105
Selon des données statistiques de Storstockholms Lokaltrafik (SL)125
et de Grontmij AB126
seulement 21% des déplacements des résidents de Hammarby Sjöstad sont effectués en
voiture, 52% en transport public et 27% par les modes non-motorisés. La part de mobilité
douce à Hammarby Sjöstad reste modeste en comparaison aux territoires voisins et dépasse
uniquement le district de référence, une espèce de territoire en déclin à la périphérie de
Stockholm.
L’équipe de l’Institut pour la politique de transport et de développement de New York127
suppose que le pourcentage élevé de déplacements effectués à pieds ou en vélo au centre-ville
de Stockholm et à Sundbyberg est le résultat de concentration significative des emplois ce qui
rapproche les lieux des résidences aux lieux de travail.
Pourtant, d’autres explications sont avancées. À titre d’exemple, des barrières physiques,
notamment l’autoroute et le Lac, séparent une catégorie d’habitants, principalement des
cadres, de Hammarby Sjöstad de leurs lieus de travail généralement localisés au centre-
ville128
. En termes de temps nécessaire pour un trajet au travail, l’utilisation de transport
public est préférable par rapport à la mobilité douce. Plus de la moitié des résidents de
Hammarby Sjöstad utilise le transport public, contre un tiers des résidents de Stockholm et
seulement un cinquième à Sundbyberg malgré le système performante de transport public.
Hammarby Sjöstad montre une faible utilisation de transport individuel (21%), ce qui peut
être expliqué par synergie de l’introduction en 2006 de péage urbain central de Stockholm et
de mise en disposition d’infrastructures de transport en commun. De plus, l’indicateur du
rapport du nombre d’habitant au nombre de voiture est de 210 voitures par 1000 résidents, ce
qui représente presque 2 fois moins que celui de la ville de Stockholm (370 voitures par 1000
résidents). Ce qui signifie 69% de ménage à Hammarby dispose d’une voiture129
.
Actuellement 6-10% de ménages et 100 entreprises se sont inscrits aux services de
covoiturage130
.
125
AB Storstockholms Lokaltrafik, Blomquist, A., op. cit., p. 21. 126
Grontmij AB, Brick K., op. cit., p. 7. 127
Foletta N., Field S., op. cit., p 39. 128
Entretiens avec des habitants, été 2013. 129
Agence Suédois des routes, Trafikverket (ancienVagverket), [en ligne], site officiel, disponible à l’adresse :
http://www.trafikverket.se/, consulté le 18.12.2013. 130
Hammarby Sjostad, GlashusEtt, op. cit., p. 11.
106
Des statistiques plus centrées sur les
déplacements vers les lieux de travail
constatent que seulement 5% des
résidents se rendent au travail en voiture
et 78% préfèrent le transport public, la
figure 41. L’explication de ce fort
décalage en pourcentages de l’utilisation
du transport individuel pour des
déplacements en général et pour des
déplacements au travail est
probablement liée à la situation
démographie particulière de Hammarby
Sjöstad et à la culture suédoise de
voyager en voiture pendent des vacances
et vers des résidences secondaires.
Les champs étudiant le Transport et les déplacements d’un écoquartier jouissent d’une
attention toute particulière car leur réussite dépend de plusieurs autres facteurs. Un défi lourd
mais important au vu de son impact environnemental et celui relevant de la haute qualité de
vie et de confort. À Hammarby Sjöstad cet axe a eu une grande importance et a été très
élaboré car il a fait office de consensus stratégique et a été intégré dès le début du projet.
Comme déjà évoqué cet axe ne peut pas être planifié indépendamment des autres domaines
d’études et sa réussite est subordonnée à sa prise en compte par le plan d’urbanisme.
Figure 41 : Mode de voayager vers les lieux de
travail des résidents de Hammarby Sjostad
Source : Foletta N., Field S. (2011)
107
4.5. Le cycle écologique de Hammarby Sjöstad : le Hammarby Model
La ville de Stockholm a imposé des normes environnementales strictes dans le but de réduire
à moitié l'empreinte environnementale par rapport à l’année 1990. Pour la municipalité de
Stockholm la réalisation de cette vision résidait dans le bouclement du cycle du quartier au
niveau local (dans le quartier). Le système d'infrastructure intégrée intitulé « le Modèle
Hammarby » est le fruit de cette réflexion et une vertébrale colonne vertébrale du programme
environnementale de cet écoquartier. L’intégration des infrastructures est une tentative de
transformer un métabolisme urbain linéaire, qui consomme des ressources entrantes et produit
des déchets sortants, par un système cyclique qui permet d’optimiser l'utilisation des
ressources et de minimiser les déchets131
. La mise en place des solutions intégrées vise à
donner aux territoires urbains des caractéristiques des écosystèmes en cohérence avec la
vision circulaire plutôt que linéaire du métabolisme urbain. Le cycle éco-industriel de
Hammarby Sjöstad englobe la gestion de l'énergie, des déchets, de l'eau et des eaux usées des
secteurs résidentiel, commercial et industriel du quartier.
En 1996 la Ville de Stockholm a contacté au même temps des entreprises publiques
d’infrastructures de Stockholm, à savoir : Stockholm Energi3 – la société d'énergie de la ville
et le gestionnaire de la centrale thermique de Hammarby ; Stockholm Vatten – société de
l’eau et gestionnaire de la station d'épuration Henriksdal ; SKAFAB - société de déchets de la
ville, appelé aujourd'hui Trafikkontoret Avfall. Les fonctionnaires municipaux voulaient que
ces entreprises trouvent conjointement des moyens pour réaliser le programme
environnemental de Hammarby Sjöstad en concevant une solution intégrée au niveau du
quartier.
La conception des solutions pour l’intégration des infrastructures afin de promouvoir des
synergies entre les différents acteurs opérant a été difficile au vu de certaines difficultés
spécifiques à la réalisation des infrastructures elle-même, mais aussi d’ordre conceptuel.
D’abord, les grandes entreprises ont développé une culture différente au fil des années et ils
travaillaient très rarement ensemble. Ensuite, la municipalité et les entreprises d’éco-cycle
avaient des perspectives contradictoires sur la signification opérationnelle de « boucler les
flux » pour le quartier. Inspirée de l’Agenda 21 la municipalité envisageait la solution conçue
spécifiquement pour Hammarby Sjöstad, les cycles devraient être fermés aussi localement que
possible, de préférence à l’intérieur des limites du quartier. Pour les entreprises concernées la
131
Vestbro, D. U. (2005), p.187
108
fermeture des cycles ne faisait sens que dans une perspective plus large. Elles craignaient que
le développement de solution spécifique pour le quartier rendrait impossible l’utilisation des
infrastructures existantes. Les entreprises ont récemment effectué plusieurs investissements
dans ces infrastructures et étaient déjà satisfaites de la performance environnementale des
installations.
Depuis 1979 la centrale à cogénération132
Högdalen ou la totalité des déchets ménagers de
l’agglomération de Stockholm sont incinérée et produit l’électricité et la chaleur pour
alimenter le réseau de chauffage à distance de Stockholm. Mise en marche en 1986 la centrale
thermique Hammarby est composée principalement par la station d'épuration des eaux usées
Henriksdal et des chaudières pétrolières et électriques. La centrale thermique est équipée avec
des pompes à chaleur et produit également le chauffage urbain133
. En 1991, les réseaux de
chauffage urbain de Högdalen et Hammarby ont été connectés afin d’améliorer leur
performance134
. La STEP Henriksdal a été ouverte en 1941, elle traite toutes les eaux usées de
la partie sud de Stockholm et ses communes environnantes. Depuis 1991 les boues
d’épuration passent par une raffinerie pour produire le biogaz, dont une partie est utilisé sur
place dans la production d'électricité et de la chaleur135
. Par conséquent, les entreprises
manquaient initialement l’intérêt pour le projet et leur première solution présentée en 1996
consistait en grande partie en business as usual. L’avantage économique de baser les solutions
sur les infrastructures existantes a été reconnu par la municipalité, qui cherchait cependant des
solutions innovantes et a commencé à se tourner vers des entreprises privés136
. C’est là où les
entreprises ont réalisé qu’il y avait un réel intérêt politique dans le projet Hammarby Sjöstad.
En 1997, les entreprises ont proposé une solution basée en partie sur l'infrastructure existante,
mais avec quelques innovations techniques : une station locale de traitement des eaux usées,
un système local de traitement des eaux de pluie, le traitement des eaux usées avec broyeur
132
Un cogénérateur valorise l'énergie produite, thermique ou autre, qui est habituellement considérée comme un
déchet. 133
Fortum, Hammarbyverket utilise les eaux usées traitées [Hammarbyverket tar tillvara renat avloppsvatten],
[en ligne], site officiel, disponible à l’adresse : http://www.fortum.com/countries/se/om-fortum/energi-och-
produktion/varmeproduktion-och-kraftvarme/varmeproduktion/hammarbyverket/pages/default.aspx, consulté le
28.11.2013. 134
Lindroth C., The Heat Supply of Stockholm, New York, University of Rochester, 1996. 135
L’office de Construction de la ville de Stockholm, Plan détaillé localisé de développement du territoire de
Hammarby Sjöstad, Stockholm, 1991. 136
Pandis I. S., Brandt N., Évaluation des profils environnementaux de Hammarby: quelles leçons devraient être
incorporées dans le nouveau projet de développement urbain à Stockholm? [Utvärdering av Hammarby
Sjöstads miljöprofilering: vilka erfarenheter ska tas med till nya stadsutvecklingsprojekt i Stockholm?], [en
ligne], Rapport, Stockholm, (KTH) School of Industrial Engineering and Management (ITM), Industrial
Ecology, 2009, p. 210.
109
supplémentaire dans certains appartements, installation des capteurs solaires thermiques pour
compléter le chauffage urbain, le système de climatisation à distance, des panneaux
photovoltaïques, augmentation de production de biogaz pour l’utiliser comme carburant pour
le transport et aussi dans les cuisinières, le système automatisé de collecte pneumatique de
déchets permettant d’améliorer le tri et de diminue le trafic des camions dans le quartier.
La comparaison du Modèle de Hammarby dans son état actuel avec des solutions
technologiques qui existaient avant sa formation, révèle que peu d’éléments sont réellement
nouveaux. De plus, les entretiens effectués et la littérature indiquent que seulement quelques
innovations initialement prévus ont été intégrés dans le système ou bien qu’ils ne sont pas
forcément toujours en marche137
. Cependant, le Modèle reste flexible et ouvert à l’intégration
de l’ensemble des nouvelles techniques pour une meilleure efficience énergétique ou autre
au fur et à mesure de leur apparition.
137
Pandis I. S., Brandt N., op. cit., p. 226.
111
4.5.1. Energie
Le système d’approvisionnement en énergie du quartier Hammarby Sjöstad fait partie du
système d’approvisionnement énergétique suédois, surtout en matière de production de
l’électricité. Depuis plusieurs décennies la ville et l’Agglomération de Stockholm disposent
d’un système centralisé de chauffage à distance, dont les infrastructures énergétiques de
Hammarby sont parties intégrantes. Cependant, Hammarby se positionne comme un quartier
qui, en certain partie, s’auto-alimente en énergie. À Hammarby la municipalité voulait faire
un pas supplémentaire vers la ville-post carbone en diversifiant les types d'approvisionnement
en énergie. Une avancée qui nécessitait l’installation d’éléments non traditionnels pour le
secteur énergétique de Suède, tels que les panneaux solaires thermiques et photovoltaïques ou
des piles à combustible alimentée par l'hydrogène et l'oxygène. D’après le président du comité
de pilotage le but est de tester les nouvelles technologies mais aussi de démontrer des
méthodes de construction d'une ville durable138
. Grâce à ses différentes installations
énergétiques in situ, le quartier produit le chauffage, le refroidissement, l’électricité et le
biogaz.
Les objectifs posés par la ville concernent l’ensemble des énergies consommées annuellement
par les bâtiments sous forme de chaleur et d’électricité. Consommation d’électricité par
ménages n’est pas incluse.
Une fois le quartier construit, la moitié des besoins énergétique des résidents devrait être
couverte par la production locale à partir du traitement des eaux usées et d’incinération des
déchets ménagers triés à la source. Telle est l’objectif fixé pour les futurs habitants139
.
138
Hammarby Sjostad, GlashusEtt, op. cit., p. 11. 139
Ibid., p.17
Chauffage à distance alimenté par des systèmes d’extraction d’air: 100 kWh /m², dont 20
kWh /m² UFA d’électricité
Chauffage à distance alimenté par des systèmes d’extraction de chaleur : 80 kWh /m², dont
25 kWh /m² UFA d’électricité
La totalité de l'approvisionnement de chauffage doit être basé sur l'énergie des déchets ou
des sources d'énergie renouvelables.
L'électricité doit être labélisé "Bon choix environnemental», ou équivalent.
112
a. Production centralisé de l’énergie
Deux centrales énergétiques du
quartier, l’usine d’incinération de
déchets et la STEP transforment des
eaux usées et des déchets ménagers en
énergie thermique, en froid, en
électricité et en biogaz. Depuis 1991 les
réseaux de distribution de chauffage
des centrales sont connectés et
desservent l’ensemble du quartier.
Comme il a été prévu dans le projet, la
centrale à cogénération Högdalen
constitue un des éléments principaux du
Modèle Hammarby. Opérationnelle
depuis 1970 cette usine d’incinération
des déchets valorise les ordures
ménagers, les déchets industriels triés
et des bio-carburants comme la
plaquette forestière. Actuellement avec
la capacité de 700’000 tonnes de
déchets traités annuellement, en 2009
l’usine a vendu 3'579 GWh d’énergie
thermique, 311 GWh d’électricité et 72
GWh de refroidissement140
.
Le deuxième élément principal du
Modèle Hammarby est un complexe
d’installation géré par la Société de
l’eau de Stockholm : station
d’épuration des eaux usées Henriksdal,
140
Fortum, Combined heat and power production in Sweden, [en ligne], site official, Stockholm, disponible à
l’adresse: http://www.fortum.com/en/energy-production/combined-heat-and-power/sweden/pages/default.aspx,
consulté le 28.11.2013.
Figure 43 : Högdalen - usine d’incinération de déchets à
Hammarby Sjostad
Source : http://www.panoramio.com/photo
Figure 44 : La STEP Henriksdal
Source : www.cfmoller.com/p/Biogasanlaeg-Henriksdals-
Rensningsanlaeg-i-Stockholm-i2342.html
113
centrale thermique Hammarby, station de traitement des eaux Sjöstadsverket et une raffinerie
de biogaz. Concernant l’unité Sjöstadsverket qui aurait due traiter les eaux usées locales n’a
jamais été achevée. Construite en partie elle sert aujourd’hui uniquement à des fins de
recherche141
.
Les eaux usées générées à Hammarby Sjöstad, comme les eaux usées de toute la partie sud de
Stockholm, sont traitées dans la STEP Henriksdal ouverte en 1941142
. Avant d’être versées
dans la mer Baltique les eaux purifies passent par un système de pompes à chaleur de la
centrale thermique à cogénération Hammarby, elle génère le chauffage et le refroidissement
qui sont distribués par les réseaux urbain de Hammarby, ainsi que l’électricité143
.
Des boues d’épuration servent à la production du biogaz principalement utilisé comme
biocarburant pour les bus de Stockholm, mais aussi il alimente 900 cuisinières à Hammarby
Sjöstad. Les eaux usées produites par un ménage permettent d’extraire suffisamment de
biogaz pour l’alimentation de sa cuisinière144
. 23'000 tonnes de boues d’épuration de la STEP
Henriksdal assurent une extraction annuelle de 3,5 million de m3 de biogaz, dont 3,1 sont
destinés à la production de chaleur et 0,4 à alimenter les bus145
.
141
Pandis I. S., Brandt N., op. cit., p. 205. 142
L’office de Construction de la ville de Stockholm, op. cit. 143
Pandis I. S., Brandt N., op. cit., p. 210. 144
Gaffney A. et al., op. cit., p. 21. 145
Université de technologie Compiégne, 2009 Catry C., et al., Naissance et fonctionnement du quartier de
Hmmarby-Sjostad à Stockholm, un exemple de création et de gestion d’un éco-quartier, [en ligne], Rapport-
dossier (UV GE12), France, Université de Compiègne, 2009, 27 p.
Figure 45 : Schèma du chaîne de procédés de la STEP Henriksdal, du centrale thermique
Hammarby, de la station de traitement des eaux Sjöstadsverket et une raffinerie de biogaz
Source : Stockholm Vatten
114
Comme conçu initialement mais pas réalisé actuellement, les biosols issus d’épuration des
eaux et du traitement des déchets organiques ménagers auraient dues servir de fertilisant pour
les champs agricoles. Par faute de tri à la source (des habitants), les déchets organiques
ménagers sont incinérés. Par ailleurs, les biosols produits à partir des boues d’épuration sont
utilisés pour remplir des anciennes mines situées à Boliden de la région suédoise Norrland.
Les eaux de ruissellement sont traitées localement et ne rentrent jamais dans la STEP, ce qui
permet d’économiser l’énergie146
.
b. Des énergies renouvelables
A l’addition aux solutions centralisées et traditionnelles pour la Suède, le Modèle Hammarby
se schématise de l’utilisation des énergies renouvelables, telles que solaire, hydraulique et
éolienne. Les recherches menées à KTN147
expliquent que le schéma illustre des sources
d’énergie extérieures. Toute l’électricité consommée à Hammarby Sjöstad est générée par le
système d’électricité Nordic qui se compose généralement de 45% d’hydraulique, de 47% de
nucléaire, de 7% de biocarburants, de 1% d’incinération de déchets, de 1% d’éolien148
.
Tout de même, des efforts ont été entrepris à Hammarby Sjöstad pour que la vision politique
d’un éco-quartier disposant de source d’énergie locale, diversifiée et innovante voit le jour.
Certains bâtiments à Hammarby Sjöstad sont équipés avec des installations solaires
thermiques et photovoltaïques, des systèmes géothermiques, des chaudières à biogaz et même
d’une pile à combustible, alimentée par l'hydrogène et l'oxygène. On y retrouve quelques
bâtiments conçus comme des maisons passives avec un système de ventilation innovants.
Actuellement toutes les solutions écologiques en matière d’énergie sont dans une période de
test et n’ont pas été réalisées à grande échelle. Les éoliens n’ont jamais été installées. La
figure 46 montre la localisation des infrastructures énergétiques du quartier ainsi que de
bâtiments dotés d’installations innovantes.
146
Pandis I. S., Brandt N., op. cit., p. 210. 147
Pandis I. S., Johansson S., Brandt N., « The potential of the infrastructural system of Hammarby Sjöstad in
Stockholm, Sweden », Energy Policy, vol. 59, 2013, pp. 716-726. 148
Swedish Energy Agency, [en ligne], site official, Stockholm, disponible à l’adresse:
http://www.energimyndigheten.se/en/, consulté le 28.11.2013.
115
Figure 46 : Infrastructure énergétique de Hammarby Sjöstad
La non généralisation des installations solaires sur l’ensemble des bâtiments peut être imputée
à plusieurs raisons d’ordre socio-économique et d’un manque d’une vision cordonnée entre
une implantation des bâtiment en cohérence avec la planification énergétique. D’une manière
générale les caractéristiques des hautes latitudes est le fait que l’irradiation incidente annuelle
sur les façades est et ouest ne diffère pas de manière significative de l’irradiation incidente sur
les façades sud, parce que les pertes d’énergie relatives en hiver sont compensées par une
longue journée solaire en été. Pour cette raison, les résultats de modélisation d’irradiation
solaire à Hammarby Sjöstad apparaissent quelque peu uniformes149
. Cette uniformité est
également une conséquence des dimensions larges de l’implantation des bâtiments dans tout
le quartier. En effet, les façades sud reçoivent beaucoup plus d’énergie en hiver que celles
orientées à l’est ou à l’ouest. Ceci est important dans ce cas de figure, puisque le volume des
bâtiments alignés sur l’axe nord-sud est beaucoup plus grand que celui des bâtiments alignés
149
Ville de Lausanne, Retour d’expérience quartier Hammarby, [en ligne], Etude de cas, Rapport court,
Lausanne, Administration de la ville, 2010, 12 p.
116
sur l’axe est-ouest (possédant une large surface orientée sud). Par ailleurs, les façades sud des
bâtiments donnant sur la cour sont assez élevées afin de protéger les espaces de nuit des
logements disposés côté cour du bruit de la route. Malheureusement, cette disposition réduit
également la disponibilité d’énergie solaire sur les façades intérieures orientées est et ouest.
Un concept spatial intéressant d’un côté, mais pénalisant de l’autre côté l’efficience de
l’utilisation de l’énergie solaire.
Figure 47 : Modélisation de l’irradiation solaire annuelle er Modélisation de l’irradiation
solaire en hiver
Source : www.lausanne.ch/lausanneenbref/lausannedemain/projetmetamorphose
Un m2 des panneaux photovoltaïque installé à Hammarby reconvertit l’irradiation solaire en
approximativement 100 kWh/an, ce qui est équivalent aux besoins en électricité de 3 m2 de
surface résidentielle. À ce jour les panneaux photovoltaïques sont installés sur les toits de cinq
bâtiments résidentiels.
117
Initialement Stockholm Energi proposait installation à grande échelle des panneaux
thermiques comme un des éléments principaux du Modèle Hammarby150
. Au début des
années 1990 la pratique de couplage du chauffage à distance avec des collecteurs thermiques
comme source auxiliaire avait déjà ces exemples151
. L’efficience relativement haute de cette
technologie dans la région du Nord de l’Europe a été approuvée dans le rapport national
publié en dans les années 90152
. Pour Stockholm et plus précisément pour Stockholm Energi,
les collecteurs solaires n’ont pas été la norme. Les données techniques et économiques sur ce
sujet ont été obtenues d'un projet réalisé ailleurs153
. La première démarche expérimentale était
l’installation de 390m² de panneaux thermiques sur le toit de Viken bâtiment pour couvrir ses
besoins en eau chaude. Dans ce cas les panneaux solaires ont montré la capacité de produire la
moitié de l’énergie nécessaire annuellement pour chauffer l’eau154
. Malgré le plan et des
résultats relativement rassurant, les panneaux thermiques se sont implantés que dans deux
bâtiments ou ils sont utilisés comme sources auxiliaires de chauffage. Leur fonctionnement
était incohérent avec le système de chauffage urbain qui était déjà intégré dans le système de
gestion de déchets de la ville accomplissait ces fonctions comme il le fait aujourd’hui155
. Le
système existant alimenté par les déchets était parfaitement efficace. Ce qui a contribué à la
suppression de la mise en place de plus de collecteur thermique dont l’implantation a accentué
la production d’un surplus de chaleur par rapport à celui déjà générées par Henriksdal. Une
situation constatée surtout pendant les moins d’été lorsque la demande de chauffage est déjà
faible. Les difficultés liées à la maintenance des collecteurs thermiques ainsi que leur apport
de chaleur ont poussé le maitre d’ouvrage à abandonner le recours à l’utilisation d’énergies
solaires thermiques156
, surtout que le réseau centralisé de refroidissement ne rentre pas dans
les bâtiments résidentiels157
.
150
Stockholm Vatten, Stockholm Energi, Skafab, Solutions des systèmes de recyclage de Hammarby Sjostad
[Hammarby Sjöstad Kretslopp Bolagens systemlösningar Stockholm], 1997. 151
Dalenbäck, J. O., Success Factors in Solar District Heating : WP2-Micro Analyses Report, [en ligne],
Rapport, Gothenburg, CIT Energy Management and EU's Intelligent Energy Europe Programme (IEE), 2010,
68 p.
Lottner V. et al., « Solar-assisted district heating plants: Status of the German programme Solarthermie-2000 »,
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Gustafsson K. et al., Jour solaire le 17 Juin 1991 [Solenergidag 17e juni 1991], [en ligne], Solar Energy
Research Center, 1991, 37 p., 153
Pandis I. S. et al., « Implications of systems integration at the urban level: the case of Hammarby Sjöstad,
Stockholm », Journal of Cleaner Production, vol. 48, 2013, pp. 220-231. 154
Ibid. 155
Gouvernement Suédois, La mise en décharge des déchets [Om deponering av avfall], [en ligne],
L’ordonnance 2001:512, Stockholm, 1999, Disponible à l’adresse :
http://www.notisum.se/rnp/sls/lag/20010512.htm, consulté le 19.08.2013. 156
Pandis I. S., Johansson S., Brandt N., op. cit., p. 227. 157
Entretient avec Bjorn Cederquist, octobre 2013
118
L’acte de la première Conférence internationale sur les technologies de l'information et de la
communication158
présente des résultats des travaux centrés sur des infrastructures
intelligentes installées dans des bâtiments à Hammarby Sjöstad. Ce travail se focalise sur les
systèmes d’information intégrés dans la gestion de la consommation des ressources et du
climat intérieur. Ce qui démontre accessoirement l’inadéquation entre les innovations
déclarées dans la documentation du projet et la réalité observable sur le terrain. C’est cette
partie accessoire qui nous intéresse dans notre travail. Les auteurs rapportent avoir trouvé huit
bâtiments résidentiels équipés pour produire des énergies, pour 500 appartements. Ce chiffre
corresponde à 5% du parc résidentiel du quartier. La carte (la figure 46) montre la localisation
des bâtiments résidentiels produisant des énergies renouvelables ou conçus pour consommer
peu d’énergie. Dans certains bâtiments des compléments constitués par diverse technologie
sont installés.
Deux bâtiments à Sickla Kanalgata numéro 1 et 2 sur la carte (la figure 46) et le bâtiment
numéro 3 appelé Grynnan ont des panneaux photovoltaïques sur les toits. L’électricité
générée est utilisée pour l’éclairage des escaliers et autres espaces communs des bâtiments.
Ces trois unités résidentielles sont construites au début des années 2000. Les entretiens
récents concernant le bâtiment Grynnan ont mis à jour en révèlent une négligence de la part
des membres de la coopérative des habitants et ceux de la compagnie qui gère le bâtiment car
elles ne sont pas au courant que les panneaux ne sont plus opérationnels.
Conformément au plan du bâtiment numéro 4 de la carte (la figure 46) appelé Holmen, ce
bâtiment doit avoir l’équipement suivant : la technologie photovoltaïque, le système de
récupération de chaleur des eaux usées chaudes et de l’air intérieur et la ventilation contrôlée
individuellement pour chaque appartement. Toutefois, des entretiens avec les habitants ont
révélé que la coopérative des habitants n’avait même pas connaissance de tous ces dispositifs
et que les panneaux photovoltaïques perdaient graduellement leur efficacité159
.
Le bâtiment numéro 5 sur la carte (la figure 46) appelé Kobben son cahier des charges
indique qu’il est équipé avec une combinaison de panneaux thermiques et photovoltaïques,
une pile à combustible, sans précision du type ni du rôle, le chauffage au sol et le système de
158
Hilty L. M. et al., Proceedings of the first international conference on information and communication
technologies for sustainablity, ETH Zurich, February 14-16, 2013, [en ligne], Recueil de Conférence, Zurich,
ETH Zurich, University of Zurich, and Empa, Swiss Federal Laboratories for Materials Science and
Technology, 2013, 263 p. 159
Hilty L. M. et al., op. cit., p. 192.
119
ventilation dit « électro-efficient ». D’après les entretiens la pile à combustible n’a jamais été
mise en place. Les panneaux solaires ont été installés et parallèlement évalués en 2005. Les
résultats des évaluations n’étaient pas pertinents car une grande partie des panneaux a été
endommagée et le système de control n’a pas été ajusté correctement.
L’unité résidentielle numéro 6 sur la carte (la figure 46) appelé Viken est munie de système
de récupération de chaleur à la base de ventilation à double flux, de piles à combustible et de
390 m2 de collecteurs thermiques qui ont montré des problèmes de production excessive de
chaleur en été. Des entretiens sont nécessaires pour examiner ce qui a été installé et ce qu’est
encore opérationnel.
Le bâtiment numéro 7 de la carte (la figure 46) appelé Lysande160
est un petit bâtiment de
huit appartements d’une surface de 898 m2 construit en 2002 avec un concept énergétique qui
comprend une pompe à chaleur géothermique, chauffage des appartements au sol, un système
de ventilation électro-efficient et des cuisiniers à biogaz produit localement. La façade sud et
le toit sont recouverts par 474 modules photovoltaïques de superficie totale de 235 m². La
consommation annuelle du bâtiment est 125 kWh/m2, dont 15 kWh/m
2 (12%) d’énergie
solaire161
.
160
European research project PV-NORD, Demonstration project : Familjebostader AB, Hammarby Sjostad « Kv
Lugnvattnet projekt Lysande », [en ligne], site officiel, dernière mise à jour le 05.01.12, disponible à l’adresse :
http://www.pvnord.org/buildings/familjebostader_hammarby_sjostad/, consulté le 02.11.2013. 161
European research project PV-NORD, Brief Building Report – Lysande, [en ligne], Rapport court, Goteborg,
2004, 6 p.
Figure 48 : Le bâtiment Lysande
120
Le bâtiment numéro 8 sur la carte (la figure 46) appelé Maltaren un bâtiment de bureaux
achevé en 2011, il dispose d'un système géothermique pour le chauffage.
Le bâtiment numéro 9 sur la carte (la figure 46) appelé Kajutan 2, est probablement le
premier immeuble résidentiel passif à Stockholm achevé en 2010162. Sa consommation
annuelle est 55 kWh/m2, ce qui représente 50% de moins que la norme nationale pour ce type
d’immeubles163. Deux fois plus efficient en énergie que la moyenne consommée par le parc
immobilier d’Hammarby Sjöstad, Kajutan 2 est le seul bâtiment à atteindre des objectifs
énergétiques fixés en 1997. La différence principale d’un édifice ordinaire avec celui Kajutan
2 réside dans une nouvelle façon d’associer et de combiner l’isolation thermique de
l’enveloppe du bâtiment avec le système de ventilation à double flux muni d’un récupérateur
d’air vicié et le chauffage au sol164. Selon les promoteurs, les coûts de construction ne
dépasseraient pas les coûts d’édification conventionnelle d’un bâtiment.
162
Svane Ö., « Energy Efficiency in Hammarby Sjöstad, Stockholm through ICT and smarter infrastructure –
survey and potentials », ICT4S : Proceedings of the first international conference on information and
communication technologies for sustainability, ETH Zurich, February 14-16, 2013, pp. 190-196. 163
ByggVesta AB, Kraft & Kultur i Sverige AB, Egenvärmehus® by ByggVesta in cooperation with VoltAir
System® cuts energy consumption by 50%, [en ligne], Rapport court, Stockholm, 2010, 4 p. 164
Kretz M, « L'auto-échauffement avec le nouveau type d'unité FTX [Egenvärmehus med ny typ av FTX-
aggregat], [en ligne], Energi & Miljö, www.energi-miljo.se, publié le 05.07.2010, disponible à l’adresse :
http://www.energi-miljo.se/2010/07/egenvarmehus-med-ny-typ-av-ftx-aggregat/, consulté le 13.12.2013.
121
Figure 49 : Coupe du bâtiment résidentiel passif Kajutan 2, démonstration du système de
ventilation à double flux
Source : ByggVesta and Kraft & Kultur (2011)
122
Le bâtiment numéro 10 sur la figure
46 appelé GlashusEtt est un Centre
d’information sur l’environnement de
Hammarby Sjöstad. Ses façades
vitrées dotées d’un double vitrage
réduisent la consommation
énergétique de 50%.
Un espace destiné à informer et
sensibiliser les visiteurs sur les
technologies environnementales
déployés sur le périmètre de leur
quartier. En outre, il les informe sur
les produits non recommandés et
ceux avec un le minimum d’impact
sur l’environnement.
Le bâtiment utilisation une pile à
combustible (PAC) qui produit de
l’électricité à partir d’hydrogène,
avec de la chaleur et de l’eau comme
sous-produits. Cette PAC, fonctionne
à une température d’environ 600°C,
est ainsi utilisée comme système de
cogénération.
Les panneaux solaires ont été installés sur le toit du Centre pour fournir l’énergie nécessaire
pour synthétiser l’hydrogène par électrolyse (réaction chimique).
Une chaudière alimentée au biogaz, provenant de l’usine du quartier, permet de répondre aux
pics de consommation.
Le bâtiment est également doté d'autres équipements astucieux: un système d'éclairage à basse
consommation, un système avancé de contrôle de la luminosité et de la qualité de l'air - pour
ajuster l'éclairage et la ventilation - et, enfin, une pompe à chaleur qui fournit une grande
partie du chauffage.
Figure 50 : Batiment Glashusett
Source : Björn Lofterud
Figure 51 : Vue schèmatique du système énergetique
altérnatif du batiment Glashusett
Source : Hedström, L. et al. (2004)
123
En résumé, il serait difficile de ne pas constater que derrière les façades brillantes et
clinquantes des bâtiments de Hammarby Sjöstad dénotant une modernité éco-technologique
avancée se cachent des objectifs non atteins en matière d’efficacité énergétique. Fixé
initialement à 60 kWh/m2 /an l’objectif de consommation énergétique a été revu à 100
kWh/m2 /an sous la pression des promoteurs. Selon les évaluations de 2009 de l’Institut royal
de technologie KTH165
, la consommation des bâtiments à Hammarby varie de 220
kWh/m2 /an à 95 kWh/m
2 /an. La consommation moyenne est entre 142 et 165 kWh/m
2 /an,
ce qui est non seulement supérieur à l'objectif fixé, mais dépasse la norme nationale de 110
kWh/m2/an
166. L’efficacité énergétique des bâtiments de Hammarby Sjöstad est similaire
qu’aux autres bâtiments de la période correspondante. La consommation de l’énergie
moyenne en kWh/m2 /an n’est même pas meilleure que les édifices situés au district urbain au
nord du centre-ville Södermalm construits dès le 17ème
siècle167
. Les panneaux solaires
thermiques et photovoltaïques, des pompes géothermiques et autres installations produisant
localement des énergies renouvelables sont censés réduire la part des émissions de CO2 liées à
la production de l’énergie, mais à l’échelle du quartier leur apport positif reste quasiment
imperceptible.
Nils Brandt le professeur de département de l’écologie industrielle à KTH et un des auteurs
du rapport sur l’efficacité énergétique de Hammarby constate qu’il est impossible pour le
moment de dénommer exactement la raison pour laquelle le quartier est étonnamment
gourmand en énergie.
Cependant les causes évoquées dans la littérature à ce sujet sont généralement suivantes :
• D’après l’architecte Hans Eek expert en maison passive et de surplus, il faisait partie de
l’équipe ayant défini les objectifs énergétiques de Hammarby au début des années 1990, ce
sont les promoteurs qui ont négligé sciemment les directives municipales en prenant une
référence de 120 kWh/m2 /an au lieu de 60 kWh/m
2 /an.
• Une réflexion qui revient souvent dans les sources bibliographiques consultées c’est que
l’inefficacité énergétique est une conséquence inhérente au plan d’urbanisme qui a donné
165
Pandis I. S., Brandt N., « The development of a sustainable urban district in Hammarby Sjöstad, Sweden? »
Environment, Development and Sustainability, vol. 13, No. 6, 2011, pp. 1043-1064. 166
Rohne J., « Voici la fissure dans Hammarby Sjöstads environnement façade [Här är sprickan i Hammarby
Sjöstads miljöfasad] », [en ligne], Article numérique, MiljoAktuellt, http://miljoaktuellt.idg.se/, publié le
29.12.2009, disponible à l’adresse : http://miljoaktuellt.idg.se/2.1845/1.281990/har-ar-sprickan-i-hammarby-
sjostads-miljofasad, consulté le 11.11.2013. 167
Svane Ö., (2013) op. cit., p. 195.
124
une priorité à l’architecture vitrée des façades pour privilégier la vue sur l’eau au détriment
d’une sobriété énergétique des bâtiments168
. Ce choix est motivé par des considérations
purement pécuniaires arguant que l’architecture moderne se vendait mieux que l’efficacité
énergétique. Pour Hans Eek des grandes surfaces vitrées sont responsables de l’échec éco-
énergétique visée par la municipalité. La planification urbaine de Hammarby Sjöstad
répond à plein d’autres critères de confort car il est agréable d’y vivre, mais il serait
absolument faux de le présenter comme un urbanisme durable.
• L’opinion du professeur du département de l’écologie industrielle à KTH, Nils Brandt est
plus pondérée en ce qui concerne les façades vitrées. Il questionne plus tôt le choix du
vitrage quant à sa performance. Sans pourtant nier le problème, il envisage encore une
possibilité d’améliorer la consommation moyenne si des nouveaux bâtiments respectaient
les standards des maisons passives. Pour lui Hammarby Sjöstad est un bon pas en direction
de la ville durable qui nous a montré une manière viable d’intégrer et de combiner la
gestion de déchets et des eaux usées avec la production énergétique. Il ne fait remarquer
que l’inefficience énergétique est juste un défaut plus visible, mais pas le seul169
.
• Chaque résident de Hammarby Sjöstad utilise 30% plus de superficie chauffée que le
résident moyen de Södermalm.
• Mes enquêtes auprès de la population m’ont révélées que l’économie de consommation de
l’énergie et de l’eau n’est pas une priorité pour eux car les charges mensuelles sont
forfaitaires.
Comme il est aisé de constater que l’autosuffisance énergétique n’a pas était atteinte et
constitue un des échecs de Hammarby Sjöstad pour la multitude de raison évoquées.
L’efficacité énergétique dépend d’éléments physiques (le bâti, le transport, l’efficience des
installations de production énergétique, etc.) mais notamment le comportement des usagers
(conscience écologique, respect des règles de la coopératif des habitants, etc.).
168
Svane Ö., « Situations of Opportunity – Hammarby Sjöstad and Stockholm City’s Process of Environmental
Management », Corporate Social Responsibility and Environmental Management, vol. 15, No. 2, 2008, pp. 76-
88. 169
Rohne J., op. cit.
125
4.5.2 Déchets
En conformité avec la directive 2008/98/CE relative aux déchets, la ville de Stockholm met
en place une nouvelle approche basée sur la prévention des effets néfastes que la création et la
gestion des déchets peuvent avoir sur la santé humaine et sur l’environnement170
. La vision
de la société de gestion des déchets de Stockholm Avfall est zéro déchet à 2020. Waste
Management Plan est un document révisable chaque cinq an qui régit la gestion de déchets à
Stockholm. La ville se fixe des objectifs pour réduire le volume de production de déchets,
gérer les déchets dangereux, améliorer le tri à la source, intensifier la production d’énergie à
partir des déchets et assurer un bon accès au service de gestion des déchets171
.
Figure 52 :
A gauche : stratégie européenne de gestion des déchets
Source : http://www.globalrenewables.eu
A droit : waste trend 2008 – 2012 Stockholm
Source : www.avfallsverige.se
Depuis plusieurs décennies le système de traitement des déchets est intégré avec le système
énergétique de la ville. Un des points clés d’Energy Plan de 2008 recommande que « la ville
doit encourager le développement du chauffage à distance, améliorer l’accès aux
infrastructures de chauffage à distance et utiliser des ressources renouvelables, notamment les
déchets.
170
Commission européenne, Directive 2008/98/EC on waste (Waste Framework Directive), [en ligne], site
officiel, disponible à l’adresse : http://ec.europa.eu/environment/waste/framework/?cookies=disabled, consulté
le 28.11.2013. 171
La ville de Stockholm, The Walkable City, Stockholm City Plan 2010, Stockholm, L’administration de la
planification, 2010, 88 p.
126
Le système de gestion des déchets de Stockholm est un des plus performants dans le monde,
mais malgré l'amélioration continue du système, des volumes de déchets continuent à croître
suivant l’accroissement de la population ce qui implique une hausse des déchets produits par
chaque personne.
Pour son premier écoquartier, la ville de Stockholm exigeait qu’en développe le concept de
gestion durable innovant pour le traitement des déchets. Les objectifs principaux en matière
de déchets allaient dans le sens d’une diminution de production de déchets dangereux, de
réduction du trafic lourd lié au transport de déchets et l’introduction d’un système efficace de
séparation à la source.
Le concept de management de déchets à Hammarby Sjöstad part du principe de gestion
responsable des ressources naturelles, dont l’extraction peut être réduite grâce à l’utilisation
de matières recyclées et à la valorisation énergétique des déchets. La collecte efficace et le tri
optimal de déchets à la source est le défi central et la clé de réussite de l’axe « gestion de
déchets » du programme environnemental. La séparation des déchets constitue une des
stratégies de sécurisation de l’environnement contre des substances dangereuses, car elle
permet d’assurer que certaines substances ne sont pas incinérées avec des déchets inertes172
.
172
Hammarby Sjostad, GlashusEtt, op. cit., p. 8.
En 2010, 99% de poids de déchets ménagers convenables servent pour la production
d’énergie. Toutefois réutilisation et recyclage restent une priorité.
Les résidents doivent avoir une opportunité de trier leurs déchets à la source (organiques,
recyclables, dangereuses et autres)
↓ d'au moins 15% en poids de déchets ménagers produits entre 2005 et 2010
↓ de 10% en poids de déchets encombrants domestiques évacués dans des sites
d'enfouissement doit être réduite entre 2005 et 2010.
↓ de 50% de poids de production de déchets dangereuses entre 2005 et 2010
En 2010, des fertiliseurs pour l’agriculture sont produit par le traitement biologique de
80% de déchets alimentaire
2 systèmes de récupération de déchets: système mobile et système pneumatique (la dernier
permet 60% de trafic des camions réduction de largeur de rues)
Max 10% des déchets de chantier terminent en décharge.
127
Hormis la rationalisation de la gestion des déchets, le programme prévoit des mesures
préventives à fin de réduire la production de déchets, ce qui entre autre, permet l’amélioration
de conditions de travail des employés du domaine. La question de séparation de déchets
renvoie à la thématique de mode de vie et de responsabilité environnementale des résidents.
Sensibiliser les habitants par le biais de l’aménagement des installations de collecte, plus
visibles et mieux réparties, sur l’ensemble du quartier. Exposer les points de collecte est un
critère qui responsabilise le comportement des habitants pendant la mise en poubelle de leurs
déchets. À Hammarby Sjöstad la collecte de déchets est organisée à trois niveaux :
• Au niveau du bâtiment les déchets sont triés à la source pour être acheminés à l’usine
d’incinération, à l’installation de compostage, à la raffinerie ou délivrés aux compagnies de
recyclage. Le système automatique de collecte des déchets installé dans ou à la proximité
du bâtiment (distance maximale 30 m) permet l’absorption des fractions d’ordures
incinérables, des déchets organiques placés dans des sacs biodégradables et du papier pour
certains bâtiments.
• Au niveau d’un îlot les déchets qui ne peuvent pas être absorbés par le système automatisé,
comme le verre, le papier, le plastique, les métaux, les composants électriques et
électroniques, des déchets de grands gabarits et du textile dans certains îlots, peuvent être
laissés dans des locaux de recyclage. Des matériaux simples sont recyclés, des meubles et
des appareils électroniques sont démantelés pour extraire des métaux, les restes sont
incinérables passent à la valorisation thermique, les restes qui ne sont pas incinérables sont
déposés à la décharge.
• Au niveau du quartier le point de collecte au centre d’information environnementale
GlashusEtt accueille des déchets dangereux et toxiques pour la santé et l’environnement.
Ce type de déchets ne doit pas être mélangés avec des ordures ou versé dans des égouts, ils
sont à recycler ou à incinérer séparément. Les cendres d’incinération sont entreposées dans
des décharges, à condition qu’elles soient stabilisées.
Pour atteindre les objectifs environnementaux il était indispensable d’introduire un système
simple, accessible et hygiénique de management de déchets173
. Le choix a été fait en faveur
d’une technologie suédoise de collecte automatique de déchets développée par la compagnie
173
Envac, Hammarby Sjostad, [en ligne], site officiel, disponible à l’adresse :
http://www.envacgroup.com/references/europe/hammarby_sjostad, consulté le 16.11.2013.
128
Envac. Des points de collecte installées dans chaque immeuble sont raccordés par un système
de conduites souterraines qui, grâce aux aspirateur d’une grande puissance, acheminent des
sacs de déchets à une vitesse de 70 km/h jusqu’au terminaux intermédiaires pour ensuite
atteindre l’usine d’incinération ou station de compostage.
Le système est constitué de quatre segments construits en adéquation avec les étapes de
construction du quartier. Deux technologies légèrement différentes sont appliquées à
Hammarby Sjöstad : trois systèmes stationnaires et un système mobile de collecte automatisée
de déchets. En 2017 à la date d’achèvement du quartier, 16 km de tuyau vont raccorder tous
les bâtiments résidentiels et commerciaux sur les deux rives et 640 points de collecte seront
mise en place. Le système aurait une capacité d’évacuer 15 t/jour de déchets de trois
fractions : déchets biodégradables, ordures ménagers incinérables et papier. Le concept de
management des déchets à Hammarby fait cohabiter deux systèmes parallèles de collecte qui
semblent accomplir la même fonction. Ceci découle de la législation suédoise, pour laquelle
la collecte des matériaux d’emballages ne rentre pas dans la responsabilité de municipalité,
mais des entreprises privées qui produisent ces matériaux. Par conséquence le quartier a dû
planifier deux systèmes différents de collecte et de stockage.
129
Figure 53 : Le système de collecte de déchets par aspiration installé à Hammarby Sjostad, technoloqie de Groupe Envac
130
Figure 54 : Schèmas des système de collecte automatisée de déchets
à gauche: Système mobile ; à droite : Système stationnaire
Tableau 2 : Les principes du foncionnement des système de collecte automatisée de déchets
Système mobile de collecte automatisée
de déchets
Système stationnaire de collecte
automatisée de déchets
1. Des sacs de déchets sont déposés dans des vide-
ordures en respectant la séparation par fractions.
2. Les déchets sont stockés pendant une courte
période à une valve qui s'ouvre lorsque
l’ordinateur démarre le processus de vidange.
Une valve contenant une fraction est vidée et
aspirée par la fois.
3. Des déchets de toutes fractions sont transportés
par le même système de conduites à une vitesse
de 90 km/h.
4. Une pompe à vide crée la dépression qui aspire
les déchets et les achemine vers des réservoirs
souterrains de stockage provisoire.
5. Des camions équipés de système d’aspiration à
vide collectent des déchets et les transporte vers
le terminal de collecte.
6. L’air utilisé passe par les filtres avant d'être
expulsé à l'extérieur
7. Des sacs de déchets sont déposés dans des vide-
ordures en respectant la séparation par fractions.
8. Les déchets sont stockés pendant une courte
période à une valve qui s'ouvre lorsque
l’ordinateur démarre le processus de vidange.
Une valve contenant une fraction est vidée et
aspirée par la fois.
9. Des déchets de toutes fractions sont transportés
par le même système de conduites à une vitesse
de 70 km/h.
10. Des ventilateurs créent la dépression pour aspirer
les déchets vers le terminal de collecte.
11. Des sacs avec la fraction de déchets sont placés
dans des containeurs correspondantes.
12. L’air de transportation et l’air des espaces de
stockage est purifié par les filtres avant de joindre
l’atmosphère.
13. Des sacs sont compressés.
La décision d’installer un système couteux en investissement dans un engagement à long
terme selon une analyse des bénéfices financiers et environnementaux. Parmi les bénéfices
économiques que représente le système, figurent l’amortissement des coûts d’investissement
élevés par la réduction significatif des coûts d’exploitation et d’entretien pour les promoteurs
et pour les résidents, mais aussi par des économies considérables d’utilisation du sol et de
131
l’espace à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments174
. Le système de collecte Envac contribue
à une meilleure efficacité de la valorisation énergétique des ordures ménagères, si les déchets
sont convenablement triés ils permettent de réaliser de meilleures propriétés calorifiques. Les
travailleurs de collecte des déchets bénéficient de condition de travail amélioré. Tout contact
physique avec les déchets a été éliminé, et donc les risques d’infection ou de blessures sont
évités. À Hammarby Sjöstad il est souvent difficile de distinguer les bénéfices économiques et
environnementaux. Le système Envac est un illustre exemple qui contribue à l’attractivité des
aires résidentielles et commerciales par hygiénisation du milieu urbain, ce dernier se mesure
par des sondages de satisfaction des habitants. Accessibles tous les jours 24/24,
esthétiquement agréables et localisés de manière pratique, des points de collecte des fractions
différentes de déchets prédispose les résidents à trier leurs déchets. Un outil intelligent pour
réduire la production des déchets est un transpondeur personnel que les résidents soucieux de
l’environnement peuvent obtenir afin de peser leurs sacs à chaque utilisation des poubelles.
En matière d’environnement le système souterrain de transport des déchets réduit 60% de
trafic des camions, ce qui a des effets positifs en termes de réduction des émissions des gaz et
du bruit dues au trafic, mais aussi de l’esthétique et de la sécurité du quartier. L’air utilisé par
les aspirateurs pour aspirer les déchets assure l’auto-nettoyage des canalisations est filtré
avant d’être retourné dans l’atmosphère.
Une différence importante par rapport aux systèmes précédents de gestion des déchets, réside
dans le souci de le rendre aussi attrayant par son emplacement central dans le quartier
résidentiel.
Dans la plupart des îlots des points de collecte ont été installés dans des endroits facilement
accessibles et visibles, notamment au centre des cours intérieurs, dans la proximité immédiate
des terrains de jeux ou, à côté des stations de vélos ou des jardins. Cette localisation définit des
points de convergence naturelle pour les résidents, mais également assure le contrôle social
sur la manière dont le système est utilisé. Les conteneurs ne défigurent pas le paysage
puisqu’ils sont confondus avec lui.
Malgré des efforts importants de la part de la municipalité entrepris pour l’installation des
systèmes techniques performants et pour sensibiliser la population, la réussite de tri et de
174
Envac Centralsug AB, Envac’s guide to Hammarby Sjostad : Waste solutions in a sustainable urban
development, [en ligne], Rapport court, 24 p.
132
diminution de production des déchets ainsi que de sécurisation de l’environnement contre des
substance dangereuses, dépends directement du comportement citoyen des résidents.
Pour le moment un des projets de la municipalité prévoit la production de biogaz et des
fertilisants pour l’agriculture de proximité mais hélas il a échoué par faute de tri. En même
temps, les déchets dangereux et électrique, les papier, les boîtes, le verre sont triés et pris en
charge conformément aux plans initiaux175
.
De toute évidence le comportement des habitants de Hammarby Sjöstad n’est pas des plus
responsables en vers l’environnement. Une situation qui nous laisse un peu étonnée puisque le
quartier a été conçu sous l’emblème de la durabilité dans son acception la plus large. Des
explications peuvent bien entendu être déduites mais elles demeurent de l’ordre des
supputations.
175
Pandis I. S., Brandt N., op. cit., p. 134.
Figure 55 : Exemples d’intégration paysagère des infrastructures de collecte de déchets
133
4.5.3. Gestion des eaux et les eaux usées
Située sur l’archipel, la ville de Stockholm est naturellement riche en ressources en eau, la
consommation de l’eau est de l’ordre de 200 l/jour/personne Stockholm reste dans la
moyenne européenne. Stockholm water program 2006-2015, élaboré par la suite d’adoption
en 2000 de la Directive-cadre sur l'eau (2000/60/CE), pose des objectifs à « atteindre et de
maintenir une bonne qualité et attractivité des lacs et des cours d’eau ». L’évaluation de la
qualité des eaux a fait ressortir une nécessité de l’améliorer176
.
Figure 56 : Estimation de la qualité des eaux lacustres dans la région de Stockholm en 1999
Source : Stockholm Water Programme 2006 – 2015
176
La ville de Stockholm, Stockholm Water Programme 2006 – 2015, Stockholm, Le Conseil de la ville, 2006,
20 p.
134
En conformité avec la législation suédoise, l’utilisation du sol et de l’eau rentre dans la
responsabilité des autorités municipales. Ils sont également responsables de
l'approvisionnement en eau et du traitement des eaux usées, ainsi ils disposent d’une autorité
de surveillance sur l’observation des normes environnementales des travaux menés dans leurs
territoires. Les municipalités ne sont pas concernées par les questions relatives à la production
d’eau potable qui relèvent de la législation suédoise de l'alimentation (règlement SLV FS
2001:35 sur l'eau potable)177
.
Les objectifs en matière de gestion des eaux de Hammarby Sjöstad ont été posés dès le début
par la ville de Stockholm de la manière suivant178
:
Deux systèmes distinctes et qui ne s’entrecroisent pas composent le concept de gestion des
eaux à Hammarby Sjöstad. Le système de traitement des eaux usées, dont l’approche
principale est la réduction de production des eaux usées et l’amélioration de la qualité des
177
Gouvernement Suédois, Legislation – The Planning and Building Act, The Law on Technical Qualities of
Buidings, The environmental Code with ordonances of relevance, [en ligne], Stockholm, National Board of
Housing, Building and Planning, 2005, 148 p., 178
Hammarby Sjostad, GlashusEtt, op. cit., p. 19.
La consommation de l’eau doit être divisée par deux par rapport à consommation
moyenne à Stockholm et atteindre 100 litres/personne/jour.
95% du phosphore contenu dans les eaux usées doit être réutilisé pour fertiliser des terres
agricoles.
La teneur en métaux lourds et en substances nuisibles dans les eaux usées produites à
Hammarby doit être 50% moins importante que le même indicateur pour reste de
Stockholm.
Dans les eaux purifiées la teneur en azote ne doit pas dépasser 6 mg/litre, la teneur en
phosphore ne doit pas dépasser 0,15 mg/litre.
Des eaux de surface seront canalisées par le réseau de drainage, elles ne doivent pas
atteindre le réseau des eaux usées.
Des eaux de surface doivent passer le traitement préliminaire avant d’être versées dans le
lac.
Les eaux de surfaces qui sont drainées sur les routes avec plus de 8000 véhicules/jour
doivent être récupérées et traitées.
Des analyses de cycle de vie (ACV) doivent être effectués afin de cerner la pertinence de
retourner l'azote sur les terres agricoles et d'utiliser l'énergie chimique présente dans les
eaux usées, de point de vue de l’efficience énergétique et de la pollution.
135
eaux usées produites. Le système de gestion des eaux de surface se base sur le principe d’un
traitement local des eaux de surface par infiltration avant qu’elles atteignent les eaux du Lac.
L’eau potable de la ville de Stockholm est produite à l'usine d'eau potable du Lac Mälaren, la
même eau est distribuée dans le réseau d’eau potable à Hammarby179
.
Le défi a surmonté est de pouvoir réduire la consommation de l’eau des ménages pour réduire
la production des eaux usées et d’améliorer les caractéristiques qualitatives des eaux usées et
perfectionner les méthodes de leur purification. Le système de gestion des eaux usées
accomplit des fonctions associées aux produits issus de la purification des eaux, notamment la
production des fertilisants et l’extraction du biogaz à partir des boues de traitement des eaux.
La stratégie pour limiter la consommation de l’eau consiste à l’installation d’équipements
électro-ménagers (machines à laver et lave-vaisselle, toilettes à débit restreint, robinets
mélangeurs d'air, etc.) économiques en énergie et en eau (classe A). Actuellement la
consommation est approximativement 150 l/personne/jour.
Une tâche importante est l’amélioration des caractéristiques qualitatives des eaux usées, en
particulier de baisser leur teneur en métaux lourds et en substances dangereuses. L’importance
majeure vient du fait que les technologies actuelles de traitement des eaux usées ne sont pas
performantes quant-il s’agit de ces substances. Par conséquent, elles sont rejetées avec des
eaux purifiées et se dispersent dans des écosystèmes. En se concentrant dans des boues
d’épuration des métaux et des substances non-dégradables rendent risqué le retour des
nutriments produits à partir des boues contaminées sur les champs agricoles. La stratégie dite
« en amont » consiste dans un travail permanent de sensibilisation et d’information des
résidents afin de réduire des déversements des substances visées dans des réseaux des eaux
usées. Pour des nombreuses entreprises de traitement des eaux en Europe, l’approche
préventive est actuellement une pratique quotidienne. Le travail effectué à Hammarby Sjöstad
en matière de collecte de déchets dangereux dans le centre de l’information environnementale
GlashusEtt va dans le même sens. GlashusEtt informe les habitants sur l’importance de choix
des produits chimiques ménagers éco-labélisés. Les résultats de cette activité peuvent être
vérifiés par le monitoring de qualité des eaux usées. Un autre exemple de l’approche
préventive est une campagne de réduction d’utilisation de Triclosan (un bactéricide nocif pour
l’environnement contenu dans certains dentifrices, dont des consommateurs ordinaires n’ont
pas besoin) menée en 2005. La comparaison des analyses des eaux usées avant et après la
179
Pandis I. S., Brandt N., op. cit., p. 137.
136
compagne a montré une baisse de teneur en Triclosan180
. Minimisation des risques de
contamination des eaux usées lors de leur canalisation vers la STEP était assurée par le choix
des matériaux de construction et des huiles éco-labélisés. Les documents accessibles en
anglais ne fournissent pas d’information sur la qualité des eaux entrantes dans la STEP, ni sur
la qualité des eaux après la purification, ce qui rend impossible dans le cadre de ce travail de
tirer des conclusions sur l’accomplissement des objectifs fixés. Cependant, l’échec de
réalisation des plans concernant la transformation des boues d’épuration en biosols pour
fertiliser des champs agricoles peuvent ne livrer une indication, certes indirecte. Actuellement
des biosols sont transportés au Nord de la Suède pour remplir des anciennes mines, les biosols
sont aussi utilisés comme fertilisant dans l’industrie forestière, mais le but c’est de pouvoir les
utiliser sur les champs agricoles.
L’extraction de biogaz, une autre activité qui s’associe naturellement à la fonction principale
de STEP. La matière organique séparée dans les premières phases du traitement des eaux
usées, appelée des boues d’épuration, constitue une base de production du biogaz. La
fermentation de matières organiques dans des digesteurs libère un mélange gazeux composé
principalement du gaz méthanique. Après le raffinage, le biogaz est en partie utilisé à
Hammarby Sjöstad comme combustible pour cuisiniers. Mais l’usage principal de ce
carburant est d’alimenter les bus et les taxis de la ville de Stockholm. La représentation
schématique du cycle écologique de Hammarby montre que le biogaz est utilisé comme
carburant pour des véhicules individuels, mais en réalité les volumes produits sont
consommés uniquement par des bus et ne suffisent même pas pour les taxis181
.
L’ambition de la Municipalité d’essayer de boucler les flux le plus localement possible. Il en
résulte une construction d’une station expérimentale de traitement des eaux usées à
Sjöstadsverket. Selon le plan initial elle doit assurer le traitement local des eaux usées du
quartier. Des ambitions politiques initiales se sont brisées considérablement par la réactivité
du système sociotechnique182
existant. Le traitement des eaux usées ménagères et industrielles
est pris en charge par la STEP Henriksdal. Seulement une partie de Sjöstadsverket STEP est
construite et sert uniquement à des fins de recherche183
, menées sur la base des eaux usées des
180
Hammarby Sjostad, GlashusEtt, op. cit., p. 21. 181
Pandis I. S., Brandt N., op. cit., p. 149. 182
Le concept de « Actor network theory » ; Callon M., « Éléments pour une sociologie de la traduction. La
domestication des coquilles Saint-Jacques dans la Baie de Saint-Brieuc », L’année sociologique, No. 36, 1986,
pp.169-208. 183
Pandis I. S., Johansson S., Brandt N., op. cit., p. 156.
137
600 habitants de Hammarby Sjöstad184
. Malgré un échec partiel, Sjöstadsverket est devenu un
centre international important de recherche en matière de technologies de purification des
eaux et de production de biogaz185
. La station expérimentale accomplit avec succès une
fonction de recherche qui figure parmi des objectifs de la ville en matière d’eau.
Une thématique de confort olfactif échappe complètement aux recherches disponibles, malgré
que dans certaines situations climatiques des nuisances odorantes de STEP soient présentes
dans la partie voisine.
Le deuxième composant du système de management des eaux à Hammarby Sjöstad est la
gestion locale des eaux de surface, qui conformément aux plans initiaux, n’atteignent jamais
la STEP. Il faut comprendre le terme « eaux de surface » dans le sens de l’analogue anglais
« urban stormwater »186
. Des eaux de surface sont des eaux qui se trouvent à la surface ou
proche de la surface du sol et constituent le run-off. Les eaux de surface sont des eaux de
précipitation de toutes formes (liquides, solides, gazeuses et de leurs états intermédiaires). Les
cours et les réservoirs d’eau naturelle sont exclus, ils sont considérés comme réservoirs. Par
contre cette catégorie inclus des eaux issues de l’activité humaine (arrosage de jardins, parcs,
etc., lavage des voitures, vidange de piscines, etc.)187
.
L’approche de management des eaux de surface appliquée à Hammarby Sjöstad peut être
qualifiée comme « low impact development stormwater management approach» ou comme
« approche d’infiltration ». L’équivalent suédois est intitulée LOD (l’abréviation suédoise
« traitement local des eaux de surface ») a servi de référence pour Hammarby Sjöstad. Les
caractéristiques principales de cette approche sont188
:
• la considération des eaux de surface comme une ressource précieuse et non comme
danger ;
184
Hammarby Sjostad, GlashusEtt, op. cit., p. 22. 185
Hammarby Sjostad, Hammarby Sjostadsverk – un centre unique pour la R&D et de démonstration, [en ligne],
site officiel, disponible à l’adresse : http://sjostad.ivl.se/Start.html, consulté le 14.10.2013. 186
Office of Environmental Health Hazard Assessment & the California Water & Land Use Partnership (CA
WALUP), Low Impact Development (LID): A Sensible Approach to Land Development and Stormwater
Management, [en ligne], Rapport court, Californie, 2009, 4 p. 187
Ministry of the Environment (MOE), P’ng J. et al., Stormwater management Planning and Design Manual,
Manuel, Ontario, Aquafor Beech Ltd., Marshall Macklin Monaghan Ltd., Queens Printer for Ontario, 2003,
386 p. 188
Ahern J., Urban Hydrology: theory and new approaches for storm water management, [en ligne], Matériel de
cours, UMass Amherst, Departament of Landscape Architecture and Regional Planning, 44 p.
138
• la sécurisation préventive de l’environnement urbain des eaux ruissellent contre des
substances polluantes,
• la perméabilisation des sols urbains pour localiser les infiltrations à la mesure du possible,
dans les limites du quartier par l’implémentation des meilleures pratiques (Best
management practices and strategies (BMP’s)189
: toitures et murs végétales, barils de
récupération d'eau de pluie, jardins de pluie avec ou sans fossés d’évacuation d’eau,
pavage poreux, biofiltres, zones humides artificielles, etc.).
• l’intégration du système de drainage en tant qu’un élément de design de paysage.
Avant le début des travaux de développement du site, la Municipalité a effectué la
décontamination et renaturation des sols et du Lac. Suite à la dépollution du site qui peut être
considérée comme une phase préliminaire de la gestion des eaux de surface, la municipalité a
établi des exigences par rapport au choix des matériaux et des méthodes de construction. Les
résultats positifs très coûteux et laborieux de la sécurisation de l’environnement du site, ne
doivent en aucun cas mettre en péril par l’emploi des matériaux de construction qui peuvent
libérer des substances dangereuses comme des huiles de lubrification, des liquides de
traitement de surface et en particulier des éléments-traces métalliques tels que le cuivre, le
zinc, le plomb et le cadmium. À cet égard un règlement a été introduit concernant la limitation
de la galvanisation et l’interdiction des tuyaux en cuivre. Les procédés de traitement des
matériaux de construction ne doivent pas être basés sur l’utilisation des substances
persistantes et nocives comme différents sels de Cu et Zn190
(des fongicides, des biocides pour
traitement du bois sous pression). Les mesures de la sécurisation de l’environnement urbain
constituent la phase préventive de gestion des eaux de surface.
En répondant aux critères de sécurité et de qualité environnementale, le projet du quartier doit
planifier les réseaux de collecte, de filtrage (traitement local) et de canalisation des eaux de
surface vers le Lac.
A Hammarby Sjöstad le management des eaux de surface combine l’approche d’infiltration
avec la technique conventionnelle d’évacuation des eaux par drainage souterrain, la figure 57.
189
Ahern J.,op. cit. 190
Conseil canadien du bois CWC, Pressure Treated Wood, [en ligne], site officiel, disponible à l’adresse :
http://cwc.ca/design-with-wood/durability/pressure-treated-wood/, consulté le 16.11.2013.
139
Cette combinaison permet de :
• diminuer la charge sur le drainage conventionnel ;
• éviter le mélange des eaux « propres » à celui des précipitations qui peuvent s’infiltrer dans
le sol et se dirigent vers le Lac naturellement, avec des eaux contaminées par leur contact
avec les routes
• éviter que des eaux contaminées atteignent le Lac ou s’infiltrent dans le sol dans le
traitement préalable (des eaux contaminées sont collectées par le drainage souterrain)
• anticiper le risque d’inondation et garder le niveau de la nappe phréatique.
Le système de management des eaux de surface à Hammarby Sjöstad gère deux catégories
d’eaux qui sont collectées et traitées localement d’une manière distincte. Le paramètre de
distinction des eaux est leur qualité déterminée par les caractéristiques du milieu qu’elles
drainent.
Les eaux de surface sont contaminées, en ruisselant sur les routes, par des substances nocives
liées au trafic (métaux lourds et hydrocarbures aromatiques polycycliques). Elles sont
collectées par le système de drainage souterrain et pompées dans deux bassins fermés et un
autre bassin ouvert de sédimentation. Pendant de longues heures les eaux stagnent dans des
bassins pour que des particules en suspension se déposent au fonds du réservoir, pour ensuite
Figure 57 : Deux systèmes complémantaires d’évacuation des eaux de
surface (en rouge –conventionnel ; en bleu – semi naturel)
140
se retrouver dans des canaux créés comme des marais artificiels. Des sols et des végétaux
marécageux accomplissent une fonction de bio-filtre en absorbant des polluants pendant que
l’eau s’infiltre dans le sol ou s’écoule lentement dans le Lac.
La distinction des catégories des eaux se fait en fonction du volume de trafic. Les eaux des
milieux où le seuil de 8000 véhicules/jour est dépassé sont considérées comme nécessitant le
traitement additionnel. Toutefois, les collecteurs des eaux de canalisation souterraine sont
installés partout, même sur des routes les moins fréquentées.
L’approche d’infiltration est appliquée pour la gestion des eaux de surface « propres ». Le
principe ayant guidé la planification du milieu consiste au maintien de connectivité du réseau
des espaces verts, perméabilisation des sols urbains, création des surfaces végétalisées de
grande capacité d’absorption, création des écosystèmes marécageux et le modelage en
microtopographie pour orienter l’écoulement en le ralentissant pour permettre l’infiltration, la
figure 58.
La part d’espaces végétalisés naturels ou artificiels, publics et privés voisine les 30% de
surface constructible. L’aménagement des espaces se fait avec l’intention de permettre la
reconstitution du fonctionnement naturel des sols191
(filtration, oxygénation, échanges,
support pour la végétation, etc.). Hammarby Sjöstad est conçu avec une grande variation de
revêtement des sols : des surfaces pavées, des surfaces de gravillons, des graviers-gazon, des
platelages en bois, mais aussi des vastes surfaces recouvertes en pavages très étanches et en
191
Ville de Neuchâtel, Guide Nature en ville : Les revêtements perméables : Conseils pour la réalisation et
l’entretien, [en ligne], Neuchâtel, 36 p., disponible à l’adresse : http://www.urbanisme-
neuchatel.ch/d2wfiles/document/37/5513/0/Guide_Rev%C3%AAtements-150704.pdf, consulté le 19.11.2013.
Figure 58 : Les bassins de sédimentation pour les eaux de surfase depuis les routes
Bassin fermé Bassin ouvert
141
revêtements bitumineux. L’observation ne permet pas déterminer s’il s’agit de bitume
perméable ou pas. Les chiffres tirés des bases de données qui étaient d’actualité en 2005,
montrent que 43 ha sur 130 ha (33%) sont des surfaces perméables192
.
L’infrastructure semi-naturelle de gestion des eaux de surface (la figure 59) fonctionne
comme une chaine de réservoirs composée d’éléments complémentaires très variables en
formes et en fonctions. Les jardins de pluie longent les routes et captent des eaux aux pieds
des bâtiments. Des arbres, des pelouses, des toitures végétalisés absorbent, évaporent, filtrent
et ralentissent l’écoulement de l’eau. Les eaux de pluie qui ne s’infiltrée pas dans des
aquifères s’écoulant des bâtiments et des jardins environnants sont drainées dans des canaux
par un système de gouttières et des drains ouverts ou enfouis dans le sol. Le chemin de la
canalisation est organisé comme une série de bassin de purification ou l’eau travers des filtres
à sable ou des biofiltres des zones humides artificielles. Après la purification l'eau passe par
une cascade d'eau et se verse dans le Lac. La conception et la réalisation de l’infrastructure de
gestion des eaux de surface des deux catégories pour l’ensemble de quartier ont été effectuées
par un groupe d’ingénierie et de design environnemental SWECO.
Figure 59 : Schéma des infrastructures de gestion des eaux de pluie
192
Thévernot D. R., Day Water : an Adaptive Decision Support System for Urban Stormwater Management,
London, IWA Publishing, 2008, pp. 133-149.
142
Figure 60 : Carte des infrastructures de gestion alternative des eaux pluviales
Le sculpteur Dag Birkeland a conçu la cascade d’eau193
. L’implication des artistes dans
l’implémentation des infrastructures d’ingénieries dans le paysage n’est pas un hasard.
L’intégration harmonieuse du système de drainage dans le paysage en tant qu’un élément de
design a bénéficié de la même pertinence et importance dans sa conception pour minimiser
l’impact sur l’environnement, rendre sa réalisation économique qu’à son efficacité en termes
de gestion des eaux. Concernant son intégration paysagère et la qualité visuelle attendue
l’infrastructure est parfaitement insérée dans le paysage. Du point de vue financier le coût de
construction et d’entretien de l’infrastructure semi-naturelle est généralement très avantageux,
comparativement aux infrastructures conventionnelles. Il contribue également sur le plan
environnementale à alimenter la nappe phréatique, prévenir les inondations, améliorer la
qualité de l’air, régulation des microclimats, ébergement des espèces de flore et de faune, etc.
Le système présente un grand avantage sur le plan de la rationalité. Malheureusement il
comporte aussi certains inconvénients. A titre d’exemple, un milieu aquatique marécageux et
stagnant est propice au développement des moustiques dans un quartier résidentiel et
nécessite un traitement préventif par des substances chimiques. La figure montre la
localisation géographique des infrastructures impliquées dans la gestion des eaux du quartier.
193
SWECO, Strandell J., Li D., Hammarby Sjöstad, Stockholm, [en ligne], Brochure, Stockholm, 2012, 28 p.
143
Vers la période ou un tiers de la construction du quartier a été accomplie, la compagnie
Stockholm Water a commandé une étude194
pour évaluer l’efficacité des meilleures pratiques
de gestion des eaux de surface (BMPs). Les questions de Stockholm Water par rapport au
système de management des eaux de surface étaient le suivantes :
- quel est l’effet des BMPs implémentés ?
- cet effet, pouvait-il être atteint par un autre dispositif (solutions) ?
- quelle est la pollution des eaux de surface ?
- quelles sont les sources les plus importantes de pollution des eaux de surface ?
Pour répondre aux questions, le bureau d’études a effectué une modélisation STORM/SEWSYS
par comparaison de la qualité des eaux de surface mixtes du quartier avec la qualité des eaux
depuis une zone routière d’un (1) ha à l’intérieur du quartier.
Figure 61 : Land use from GIS analysis (whole catchement to the left, sub- catchement
Martensdal ro the right)
La méthode consistait en une analyse cartographique et la modélisation des émissions à partir
des bases de données SIG ou des stations météo et l’étude de terrain et des matériaux de
couverture des toitures. Ce dernier a montré que 75% des toitures sont galvanisés ou peintes,
6% sont en cuivre, 19% sont avec un autre revêtement (tuile ou feutre). La modélisation
s’appuie sur ce type de données parce que le programme de monitoring n’existait pas.
194
Thévernot D. R., op. cit., pp. 133-149.
144
Pour les deux zones le modèle a défini des conditions identiques (précipitations, dépositions
atmosphériques, etc.). Les critères significatifs pour lier la pollution et la source sont : les
revêtements des sols et des bâtiments et leurs caractéristiques chimiques. Pour les routes la
charge de trafic constitue un facteur de pollution, calculés à partir des GIS data base.
Les substances analysées sont Cu, Zn, Pb, Cd, P, N, PAH. Dont les résultats de modélisation
ont révélé une concentration de Cu, Zn, P, PAH dans des eaux du périmètre routier qui
dépassent de 2 à 3 fois la concentration existante dans des eaux mixtes.
Tableau 3 : Stormwater quality data for Hammarby Sjöstad (mixed runoff)
Tableau 4 : Stormwater quality data for Martensdal (only road runoff)
Si on prend pour référence l’objectif de qualité des eaux purifiées soit 6 mg/l d’azote et de
0,15 mg/l de phosphore, les concentrations dans des eaux de surface sont inférieures à
l’objectif. La valeur de teneur en Cd est inférieure mais celle du Pb dépasse légèrement la
norme européenne195
. Si on compare ses résultats aux valeurs limites des polluants dans des
eaux de surface suisses et russes (généralement les plus strictes) on constate que la
concentration du Zn et Cu des eaux de surface à Hammarby présentes un dépassement
significatif, voir Annexe 6.
Le graphique (la figure 62) montre que le trafic (corrosion des routes, usure des revêtements
routiers et usure des véhicules) est la cause majeure de la pollution en métaux lourds (70% de
cuivre, 50% de zinc, 10% de plomb et 6% de cadmium) et de la pollution en substances
organiques nocives (75% de PAH et 78% de phosphore).
195
European Parliament and Council, On environmental quality standards in the field of water policy, amending
and subsequently repealing Council Directives 82/176/EEC, 83/513/EEC, 84/156/EEC, 84/491/EEC,
86/280/EEC and amending Directive 2000/60/EC of the European Parliament and of the Council, Directive
2008/105/EC de 16.12.2008.
145
Figure 62 : Graphique de distribution des sources de pollution pour une année standard à
Hammarby Sjöstad. Source : Thévenot D. (2008)
Les bâtiments participent à la pollution des eaux par la libération du zinc et cuivre, à hauteur
de 35% de zinc et 25% de cuivre. Les dépositions atmosphériques sont une source importante
de pollution des eaux de surface. L’air urbain transporte et dépose tous les polluants analysés.
Le modèle d’analyse montre que des dépositions atmosphériques sont la seule source de
pollution en Azote, ainsi que la source majeur (+90% de cadmium et de plomb).
Figure 63 : Modélisation 3D de pollution atmosphérique à Hammarby Sjostad
Source : Ville de Stockholm
146
5. RÉSULTATS ET DISCUSSION
Les leçons tirées de ce cas d’étude semblent être intéressantes pour tester le dispositif
conceptuel d’un écoquartier comme une des clés possible pour l’avenir écologique de la ville.
La correspondance des objectifs prévus au départ et l’analyse de leur faisabilité et leur
rendement est un indicateur d’évaluation stratégique d’une importance capitale. Cet indicateur
constitue une matrice indispensable pour la réalisation d’un écoquartier. Dans quelle mesure
l’ingénierie environnementale est efficace pour réduire l’impact sur l’environnement ?
Hammarby Sjöstad est un cas exemplaire d’application du concept de l’écologie industrielle
dans un milieu urbain. Le Modèle d’éco-cycle est destiné à boucler les flux de matières du
quartier, conçu dans la logique d’urbanisme écologique.
Hammarby Sjöstad avait comme but de départ de réduire son impact sur l’environnement par
rapport à un quartier similaire construit en 1990. Le bureau d’étude Grontmij AB avait pour
mission d’évaluer l’impact des activités humaines sur l’environnement. La ville de Stockholm
a commandé une analyse à ce bureau d’étude196
. L’outil d’évaluation Environmental Impact
Profile (EIP) est basé sur la méthodologie d’analyse de cycle de vie et adapté pour calculer
l’impact d’une zone résidentielle sur l’environnement. Pour comparer les réductions de
l’impact environnemental à Hammarby Sjöstad l’outil prend comme référence un quartier
témoin construit avec des technologies disponibles au début des années 1990 pour comparer
différents résultats au cas de Hammarby Sjöstad. L’EIP montre la différence relative entre la
valeur de référence et la valeur actuelle aux périmètres analysés à Hammarby Sjöstad pour
certaines catégories d’impact :
1. Les émissions dans l’air, l’eau et le sol ;
L’effet de serre (g C02 équivalents) ;
L’acidification (mol H+ équivalents) ;
La sur fertilisation (g 02 équivalents) ;
L'ozone troposphérique (g C2H4 équivalents)
2. Des déchets radioactifs (cm3) ;
3. Utilisation des ressources sous forme de
consommation des énergies non renouvelables
(kWh), et de l’eau (m3).
196
Grontmij AB, Brick K., op. cit.p. 4.
Figure 64 : Le périmetre d’étude EIP
Source : Grontmij AB, 2008
147
L’analyse est limitée sur quatre sous-secteurs Sickla Udde, Sickla Kaj, Lugnet et Proppen,
montrées sur la figure 64, d’où sont collectées les données pour un total de 23 bâtiments. Les
promoteurs ont fourni des données sur la quantité des matériaux de construction utilisés, des
données des compteurs de consommation d’eau et d’énergie pour le chauffage et l’électricité
et aussi certaines informations concernant des solutions techniques employées dans les
bâtiments.
La figure 65 illustre des résultats de réduction de l’impact des 4 sous-secteurs étudiés et de la
référence par stades de cycle de vie des bâtiments, des parcelles et des zones calculés par
appartement par année.
Figure 65 : “Environmental impact Profile per apartement yaer for buildings, buildings plot,
and zones, broken down by the production, opertion and site clearence phases. The graphs
show a comparison between the referent, Sockla Udde, Sickla Kaj, Lungnet and Proppen”
148
Les graphiques, la figure 65, montrent la réduction de l’impact sur l’environnement par
rapport à chaque phase de travaux liée aux parcelles et aux bâtiments par rapport à leur
quartier témoin de référence. Les sous-secteurs étudiés par rapport à notre référence ont
démontré une diminution de :
49-53% de sur fertilisation,
41-46% de consommation d’eau
33-38% d’ozone troposphérique
29-37% d’effet de serre
23-29% d’acidification
28-42% d’utilisation des énergies non-renouvelables
27-40% de déchets radioactives.
Les calculs d’impact des bâtiments sur l’environnement par phase de vie et par catégories
d’impact ont aussi relevé que les sous-secteurs de Hammarby sont plus performants que le
quartier de référence, mais cette fois-ci les résultats sont plus contradictoires.
Figure 66 : “Environmental Impact Profile per apartement per year for building, broken down
by the production, operation and site clearance phases. The graphes show a comparison
between the referent, Sickla Udde, Sickla Kaj, Lunget and Proppen”
149
Les graphiques illustrés sur la figure 66 montrent que la plus grande réduction des impacts est
atteinte grâce au chauffage à distance (utilisant comme combustible les déchets locaux) des
bâtiments et à l’efficacité du traitement des eaux usées dans la STEP (diminution de sur
fertilisation de 67-70%.), les deux sont à la phase opérationnelle. Il n’est pas sans intérêt de
rappeler que la consommation de l’eau a diminuée de 40%.
La consommation de l’électricité par les bâtiments à Hammarby dépasse celle du quartier de
référence. Le modèle a affiché ce résultat malgré que les données saisies prennent en compte
des apports énergétique (quasi-inexistant en réalité) des panneaux solaires et autres
installations produisant des énergies renouvelables ou réduisant la consommation. Les
résultats montrent notamment la réduction de production des déchets radioactifs. Cela semble
contestable, car l’énergie nucléaire sert pour la production de l’électricité, dont la
consommation à Hammarby est plus importante que pour le quartier de référence. Le
graphique qui illustre la diminution de production des déchets radioactifs montre que la
différence principale est liée au chauffage des bâtiments, ce qui est surprenant, sachant que
près de 80% des bâtiments à Stockholm sont raccordés au réseau de chauffage à distance et
dont la source énergétique est les ordures ménagères. L’analyse menée par Grontmij AB
montre que globalement l’impact sur l’environnement d’une zone résidentielle Hammarby
Sjöstad est 36% inférieur que ce de quartier de référence et n’atteint pas l’objectif de diviser
par deux l’impact environnemental. Les résultats de mon analyse me laissent supposer que le
choix du quartier de référence a été fait pour afficher des bons résultats.
Une étude récente197
sur l’autosuffisance et l’évaluation du métabolisme urbain de Hammarby
Sjöstad remet en question les résultats ultérieurs qui faisaient abstraction des flux réels - non
théorétiques - des matières et des énergies. La recherche vise à quantifier à quelle mesure le
système d’infrastructures intégrées contribue à la réduction des flux métaboliques d’un
quartier urbain et quel est le degré réel d’autosuffisance de Hammarby Sjöstad en termes
d’énergie secondaire. La méthode consiste à la quantification des flux des matières et des
énergies du Modèle d’éco-cycle liés au chauffage, climatisation à distance, électricité et le
biogaz. Les auteurs indiquent clairement les limites, les incertitudes possibles et les effets de
bord de leur méthode utilisée.
La figure 67 représente un modèle de stocks et de flux de Modèle Hammarby quantifié à
partir des données actuelles (non théorétiques) de productivité du Modèle.
197
Pandis I. S., Johansson S., Brandt N., op. cit., p. 176.
150
Figure 67 : « The Hammarby Model as a stock and flow accounting model»
Source : Pandis I. S., Johansson S., Brandt N. (2013)
L’estimation des quantités d’énergie secondaire générées par le Modèle en 2008 :
- 1800 kWh/habitant/an d’énergie thermique est la production de l’usine d’incinération et de
la STEP
- 180 kWh/habitant/an d’électricité générée par l’usine d’incinération
- 70 kWh/habitant/an de biogaz raffiné à la STEP
- 50 kWh/habitant/an de froid comme sous-produit de génération de l’énergie thermique à
l’usine d’incinération.
Les énergies générées par des installations locales de production d’énergies renouvelables ne
sont pas prises en compte parce que des données fiables n’ont pas été trouvées (voire
inexistante). Le graphique (la figure 68) montre la relation de la quantité estimée de l’énergie
primaire utilisée à Hammarby Sjöstad en 2008 et de la quantité de l’énergie secondaire
générée par le Modèle pendant la même période.
151
Figure 68 : « Primary and secondary energy in Hammarby Sjöstad 2008 »
Source : Pandis I. S., Johansson S., Brandt N. (2013)
Selon les résultats de la recherche, Hammarby Sjöstad est loin d’être autosuffisant en termes
de production locale d’énergie secondaire. Cependant, le Modèle réduit des flux métaboliques
du quartier et couvre 22% des besoins en énergie thermique pour le chauffage et 24% de
besoins en climatisation. Le Modèle génère 5% d’électricité nécessaire et sa production du
biogaz excède la demande locale (cuisinières à biogaz) à 538%. Les excès du biogaz servent à
alimenter des bus de la ville de Stockholm. De ce point de vue, le système intégré des
infrastructures se présente comme une des voies vers la création des villes plus durables.
L’efficience du système est dépendante de plusieurs facteurs notamment celui du choix
politique de composition de bouquet énergétique. Hormis, la conjecture politique globale
l’efficience énergétique du système dépend d’un côté, de la qualité, de la quantité des déchets
et des eaux usées, de l’autre côté, de la rationalité de consommation des énergies, notamment
de l’efficacité énergétique des bâtiments et de comportement des habitants.
Le cœur du Modèle est constitué par des infrastructures existantes bien avant la conception
d’éco-cycle, ce qui n’a pas pourtant amené à la fermeture des boucles au niveau local. Le cas
de Hammarby Sjöstad soulève la question de la pertinence d’échelle d’intégration des
infrastructures pour contribuer au mieux à la durabilité urbaine. Est-ce que l’application du
Modèle Hammarby dans de nouveaux quartiers urbains est susceptible de les rendre plus
152
durable ? Les chercheurs en la matière répondent par une affirmation partielle dans le sens ou
le Modèle réduit les flux métaboliques et apporte une valorisation énergétique des déchets au
lieu qu’ils soient mis à la décharge publique. Cette affirmation partielle sur l’efficacité du
Modèle est largement tributaire de l’incinération de déchets, ce qui est à son tour dépendant
de l’importation de marchandises et se traduit par une consommation importante de
ressources, la figure 69. Probablement le quartier pourrait être plus autosuffisant à condition
d’augmentation Le production locale des énergies renouvelables et diminuer la consommation
énergétique des bâtiments.
Figure 69 : « The relation between Hammarby Sjöstad and its surroundings »
Source : Pandis I. S., Johansson S., Brandt N. (2013)
153
Plusieurs difficultés empêchent d’adopter une des méthodologies de certification pour
présenter d’une manière synthétique et chiffrée des résultats de construction de l’écoquartier
Hammarby Sjöstad :
• Les objectifs ne sont pas toujours clairs. Certains objectifs sont qualitatifs et d’autres
quantitatifs ;
• Les valeurs (si elles étaient fixées) ont subis des révisions continuelles au cours ;
• Le programme de monitoring n’a pas été mis en place, car souvent il n’existe pas de
données suffisamment fiables ;
• Les résultats varient fortement en fonction des sources d’information ;
• Il est difficile de juger l’importance des critères pour effectuer leur pondération
La figure des graphiques présentent une comparaison de certains objectifs fixés au départ au
moment de la conception du projet de Hammarby avec les résultats relevées aujourd’hui. Afin
d’être plus précis on les a subdivisés par domaines d’action à savoir : urbanisme et
architecture, transport et déplacements, énergie, déchets, eaux et eaux usées. Ce
sectionnement des critères et des indicateurs correspondent aux objectifs formulés par
l’équipe du projet au début.
Les taux présentés dans les graphiques (les figures 70 et 71) correspondent aux objectifs fixés
considérés comme le maximum et exprimés en pourcents (100%). L’évaluation des objectifs
chiffrés, des données se basent sur des chiffres publiées par des chercheurs spécialisés ou des
sources officielles (voir Annexe 7). Concernant les objectifs qualitatifs (tels que historicité du
quartier, diversité du bâti, qualité d’aménagement, électricité éco-labélisée ou équivalent,
etc.), dont l’évaluation nécessite des jugements de valeur, l’estimation subjective est effectuée
par comparaison des résultats avec le cadre conceptuel d’un écoquartier.
154
Figure 70 : Taux d’accomplissement des objectifs environnementaux dans les domaines
d’urbanisme/architecture, transport/déplacements, énergie, déchets, eaux dans l’écoqiartier
Hammarby Sjöstad
156
Figure 71 : Taux d’accomplissement des objectifs environnementaux fixés dans les principaux domaines dans l’écoqiartier Hammarby Sjostad
157
Résultats :
Les figures 70 et 71 font ressortir globalement que les résultats de la réalisation de
l’écoquartier Hammarby Sjöstad atteint dans son ensemble 66 % des objectifs fixés au
préalable. Une grande variabilité résultative par domaine d’action est tout d’abord liée à la
nature des objectifs mais aussi dans certains domaines du comportement directement lié aux
habitants. Ces figures se basent sur des objectifs quantitatifs et ne reflètent en rien la
diminution de son impact environnemental.
L’urbanisme et le transport sont deux axes du programme environnemental de Hammarby
Sjöstad qui ont atteint leurs objectifs à hauteur de plus de 90%. Selon certaines analyses cette
réussite et le fruit d’une planification cohérente de ces deux axes qui a permis d’éviter 30%
d’émissions de CO2. Le plan d’urbanisme de Hammarby Sjöstad correspond au cadre
conceptuel de l’urbanisme durable. Le quartier est de taille optimale, multifonctionnel, dense
et vert. Les quartiers étant composé d’îlot avec un tissu bâti compact à plan planaire mais
linéaire en U fermant ainsi l’ilot sur les trois façades délimitant une cour intérieure semi-
privée ouverte vers le quartier sur un côté. L’écoquartier étant implanté sur l’ancienne friche
portuaire soigneusement dépolluée et renaturée. Une importance particulière est portée aux
espaces publics. La morphologie du tissu bâti est aérée et perméable sur la base d’une échelle
aux dimensions humaine de manière à valoriser l’environnement naturel et permettre aux
habitants de s’y intégrer harmonieusement. L’architecture d’ensemble du bâti à Hammarby
Sjöstad et particulièrement paysagère et diversifiée, mais cohérente et contribue à la création
d’identité propre du site.
L’axe principal de transport et de déplacement est une réussite sur le plan fonctionnel car il
constitue la part modale de 80% des mobilités durables. Ce résultat impressionnant est atteint
grâce à la mise en œuvre d’une palette large d’actions transdisciplinaires concertées à
l’échelle du quartier et de la ville. Un autre succès est la réduction du trafic lourd dans le
quartier. L’axe de transport contient par contre des aspects qui relativisent les résultats
positifs. Ces aspects ne figurent pas parmi les objectifs et n’apparaissent que très rarement
dans des sources bibliographiques disponibles en anglais. L’hypothèse est que la construction
du quartier a contribué à l’augmentation du trafic sur l’autoroute de contournement de
Stockholm.
158
Un aspect important réside dans l’absence de maitrise des déplacements individuels motorisés
liés aux départs en vacances. En outre le quartier est à 100% dépendant des importations des
produits alimentaires ou autres, ce qui génère un trafic lourd labélisé mais non-maitrisé. La
limitation de proche place de parking relève aussi des faiblesses remarquées.
Un autre aspect ou facteur indirect qui a eu son influence sur les domaines de mobilité
motorisé, une caractéristique à double tranchant, la haute qualité du cadre de vie a attiré à
Hammarby Sjöstad beaucoup de familles avec des enfants ce qui exigeait l’augmentation de
places de parking. C’est sous la pression de la population que l’objectif initiale de 0.5 places
par ménage est passé à 0.8 places par ménage198
.
La visite du terrain nous a permis d’apercevoir que les voitures garées dans tous les endroits
appropriés encombrent et dégradent la qualité paysagère du quartier. L’étude de la qualité
sonore du quartier n’a pas été réalisée, c’est l’observation directe qui nous a permis de
constater des niveaux de nuisance sonore assez élevés notamment à proximité de l’autoroute.
Un élément important pour un quartier durable.
L’axe de gestion rationnelle des ressources dans une optique de fermeture des cycles du
métabolisme urbain au niveau local, à travers l’intégration des infrastructures industrielles et
des réseaux techniques, a démontré l’inefficience des solutions mises en œuvre199
. Le taux
moyen de réalisation des objectifs fixés dans les domaines de l’énergie, des eaux et des
déchets ne dépasse pas 50%.
Le secteur énergétique montre les résultats les plus faibles avec seulement un tiers des
objectifs réalisés. La moitié des besoins énergétiques devait être assurée par la production
locale des énergies renouvelables principalement par la valorisation des ordures ménagères.
Cet objectif parait ambitieux car son efficacité et sa sécurité énergétique s’établissaient sur
une dépendance directement liée aux comportements des habitants. Une tentative de
production des énergies renouvelables à travers l’intégration des installations énergétiques
alternatives dans le bâti n’était appliquée qu’à hauteur de 5% du parc immobilière. Depuis
leur mise en service, ces installations ne sont pas soumises au monitoring ni à la vérification
et leur maintenance par l’entreprise responsable. D’ailleurs des chercheurs ont constaté des
défaillances de fonctionnement. L’ensemble de l’électricité consommée à Hammarby Sjöstad
devait être labélisée « Bon choix environnemental » ou équivalent. Le quartier est à 95%
198
Foletta N., Field S., op. cit., p 39. 199
Grontmij AB, Brick K., op. cit.
159
alimenté par l’électricité distribuée par le réseau régional du pays du nord d’Europe. Cette
électricité est à 50% composée de nucléaire ce qui rend l’objectif un peu utopique dans ce
domaine.
Il nous parait étonnant que la consommation énergétique moyenne du parc immobilier
dépasse à 50% l’objectif actuel et presque trois fois supérieur que l’objectif initial (60 kWh
/m²). Parmi les causes répertoriées dans la partie y relative, c’est principalement la conception
des façades des bâtiments qui ne prenait pas en compte le facteur énergétique face au critère
du beaux important pour son image.
Le programme environnemental en matière des eaux et des eaux usées est atteint à moitié. Les
objectifs concernant les eaux usées sont atteints seulement à 36%, ce qui peut être expliqué
principalement par leur forte dépendance aux comportements des résidents et l’insuffisante
des installations d’épuration des eaux. Ces deux causes réunies ont empêché la réalisation des
projets de production des fertiliseurs agricoles. Cependant, les objectifs en matière de gestion
des eaux de surface sont accomplis à 86%. Un résultat, tout d’abord, obtenu grâce à la
formulation des objectifs qui ne cherchent pas à atteindre la qualité précise des eaux, mais
indiquent le dispositif à mette en œuvre et la façon d’organiser la gestion.
Un autre élément facilitant l’obtention des résultats recherchés c’est que les paramètres des
eaux de surface reflètent uniquement la qualité du milieu qu’elles parcourent. Or, leur apport
en matière d’informations est excellent et un indicateur fiable de la qualité du milieu. Il met
en évidence la présence d’importants polluants liés aux transports.
La difficulté d’évaluation des objectifs fixés dans le domaine des déchets réside dans
l’absence de données chiffrées. Néanmoins nos recherches documentaires indiquent une
réalisation des objectifs à hauteur de 60 % par rapport à ceux fixés au départ. Des données
que nous nous pouvant en aucun cas vérifier leur fiabilités.
160
6. CONCLUSION GÉNÉRALE
6.1. Retour aux hypothèses
Les débats généraux sur les écoquartiers donnent l’impression que concevoir un écoquartier
est une tâche simple à réaliser. Or, la pratique relève les véritables difficultés de les mettre en
œuvre. Ce travail cherche à comprendre et à évaluer les nouvelles expériences de
développement durable établies par la planification publique urbaine de densification et de
revalorisation des friches urbaines par la ville de Stockholm. Un objectif qui doit être
conceptualisé et réalisé par le truchement des architectes, des urbanistes, des paysagistes et les
différents spécialistes de la ville. L’espace de Hammarby Sjöstad est à l’échelle d’un quartier
de la ville de Stockholm qui a été choisi pour pouvoir expérimenter la fiabilité opérationnelle
d’un écoquartier un maillon important d’une politique territoriale d’urbanisme vert. Ce
faisant, le concept pourrait être appliqué à l’échelle de la ville et pourquoi généraliser son
application à l’ensemble d’une circonscription territoriale.
I. Le manque de volonté politique d’appliquer et d’élargir le concept des écoquartiers à
l’ensemble des aménagements futurs de la ville est-il dû à la non efficience de ce
dispositif conceptuel car il ne répond que partiellement aux objectifs fixés ?
Après une vingtaine d’années d’expérience, les principes du développement urbain durable
sont de plus en plus explorés durant la mise en projet des écoquartiers. Toutefois, la
conception de l’ensemble des entités composant un écoquartier reste un exercice fort
complexe à résoudre. La fabrication urbanistique à cette échelle demeure un terrain propice à
l’expérimentation des nouvelles pratiques de gestion des ressources, de production du bâti, de
modélisation d’une éco-citoyenneté, etc. Une volonté qui affiche l’ambition de vulgariser les
pratiques citoyennes du développement durable et à répondre l’application conceptuelle sur
les tissus urbains, quand bien même, elles restent non-abouties. Au-delà des espoirs exprimés
sur le devenir des écoquartiers comme une échelle de départ et une base incontournable200
dans l’évolution de la ville, la critique du réel apport des écoquartiers qui s’est faites au cours
des dernières années met en évidence les limites de leur dispositif conceptuel.
La motivation des politiques publiques pour construire des écoquartiers se base souvent sur
l’hypothèse qu’ils participent à freiner l’étalement urbain. Ils arguent que les écoquartiers sont
200
En 2009 UN-Habitat affirme que dans les années à venir le développement urbain durable serait
incontournable.
161
une alternative à l’urbanisation pavillonnaire et s’inscrivent dans la logique de faire la ville
dans la ville. Or, il serait illusoire de croire que les écoquartiers pourraient diminuer d’une
manière significative la croissance urbaine de la ville en considérant, entre autre, que les
écoquartiers remplaceraient l’habitat pavillonnaire.
Selon certains auteurs il existerait des leviers véritablement efficaces dans la lutte contre
l’étalement urbain et sont par ailleurs connus, mais leur acceptabilité sociétale est quasiment
impossible à savoir :
1) ne plus étendre les zones à bâtir à des parcelles dont la situation est
manifestement problématique ;
2) dans les zones à bâtir existantes, dézoner les parcelles mal situées (ce qui
implique de développer une stratégie de dédommagement) ;
3) là où une urbanisation est souhaitable, contraindre les propriétaires à la
densification de leur parcelle, sous peine de se voir exproprier en cas d’inaction
dans un intervalle de temps déterminé201
.
D’une part, la croissance urbaine de la ville va continuer à s’étaler sur le territoire tant que la
démographie urbaine s’accroit. Les politiques publiques ont l’obligation de construire des
logements, des écoles et des infrastructures pour répondre à cette croissance démographique.
Ils se trouvent face un dilemme entre la nécessité de construire et de prévenir une croissance
de la ville sur les espaces non urbanisé. En effet, il faut trouver des terrains à bâtir car la
densification de la ville ne peut pas absorber, à elle seule, cette croissance démographique.
Une situation qui conduit à un agrandissement, inéluctable, du périmètre de la ville au dépend
des terrains agricoles.
D’autre part, une conscience environnementale mondiale s’est fortement construite sur la
critique des conséquences de la croissance des villes et des risques environnementaux
encourus. Dans un tel climat l’écoquartier apparait comme une solution consensuelle pour les
politiques afin de répondre à leurs obligations en matière d’infrastructures urbaines et
d’habitat envers les citoyens et par la même occasion éviter toutes mauvaises compagnes. 201
Bonard Y., Matthey L., « Les éco-quartiers : laboratoires de la ville durable », [en ligne] Cybergeo :
European Journal of Geography, Débats, Quartier durable ou éco-quartier ?, 2010, p. 3.
1) ne plus étendre les zones à bâtir à des parcelles dont la situation est manifestement problématique ;
2) dans les zones à bâtir existantes, dézoner les parcelles mal situées (ce qui implique de développer une
stratégie de dédommagement) ;
3) là où une urbanisation est souhaitable, contraindre les propriétaires à la densification de leur parcelle, sous
peine de se voire exproprier en cas d’inaction dans un intervalle de temps déterminé.
162
Cette réponse politique est devenue une pratique courante pour s’arroger le mérite de
répondre à une croissance urbaine galopante en s’affranchissant de la critique de l’opinion
publique.
Une autre critique développe un parallèle entre les quartiers écologiques et des pratiques de
l’hygiénisme. Il est intéressant de relever cette comparaison assez parlante, dans le sens ou
les écoquartiers apparaissent comme des îlots embellis et cloisonnaient contre tous les maux
de la ville pathogène. Cela apparait aussi dans l’approche éco-technologique (technocrate)
dans son contexte exutoire de tout effet pervers endogène à ses limites. L’écoquartier peut
apparaitre, dans certaines conditions socio-économiques, comme un îlot protégé est coupé de
la ville.
L’étude de cas de Hammarby Sjöstad confirme la légitimité de ces critiques et permet
d’affirmer que le dispositif conceptuel d’un écoquartier ne réponds que partiellement aux
objectifs du développement urbain durable. L’analyse du quartier écologique, objet de mon
étude, a aussi démontré que le concept n’est pas suffisamment robuste même pour accomplir
ses propres objectifs. Les effets environnementaux bénéfiques atteints par des écoquartiers
sont souvent affaiblis ou neutralisés entièrement par des dynamiques environnementales plus
profondes, celles de l’échelle de la ville.
Certes, le module urbain des écoquartiers ne constitue qu’une solution partielle et impuissante
à elle-seule à révolutionner la ville. Pourtant des écoquartiers ont permis de tester et
d’approuver la pertinence de certains principes du développement urbain durable notamment
en matière de fabrication des tissus urbains, de réconciliation entre des fortes densités
urbaines et la nature, d’optimisation des déplacements et d’intégration de la mixité
fonctionnelle. Les concepteurs des écoquartiers ont tout de même essayé d’amoindrir, sans
atteindre pour autant leur objectif, l’impact des villes sur l’environnement.
Il serait raisonnable d’avouer que les écoquartiers sont des instruments nouveaux d’un
urbanisme écologique incontournable pour rendre les villes plus durables et moins polluantes
dans un contexte évolutif de croissance démographique et de concentration démographique en
ville. Certainement, la conscientisation des dirigeants politiques de la capacité réduite des
écoquartiers de répondre aux problèmes environnementaux, compte tenu de la nécessité de
dégagement des forces et des moyens considérables pour concevoir un quartier écologique,
163
joue un rôle dissuasif contre leur généralisation. En effet, il loin d’être une tâche simple de
mettre en place un tel dispositif complexe, intemporel et flexible pour qu’il soit efficace.
Un autre élément de la rhétorique sur les éco-quartiers source de réticence des politiciens,
c’est l’idée de reproduire un modèle type du cadre bâti répétitif à l’instar de l’après-guerre,
une façon de répondre à une urgence qui part la suite a engendrée des problèmes sociétaux
persistants que les édiles politiques et leurs administrations essayent ingénieusement
d’assainir. Chaque pays, chaque région, chaque territoire, chaque ville et chaque société sont
différent l’un de l’autre sur une multitude de points : topographie du site, morphologie
urbaine, typologie, etc., il n’est donc pas logique ni admissible d’établir un modèle
d’écoquartier qui peut être appliqué dans toutes les régions du monde. Peut-être, les
dispositifs techniques relevant de l’écologie industrielle et aussi certains principes
élémentaires pourront être admis comme des outils à utilisés pour atteindre les objectifs
attendus dans un urbanisme écologique et durable.
Les écoquartiers, les quartiers durables et d’autres formes d’urbanisme écologique gagnent du
terrain en Europe et dans le monde. Ils se présentent comme le remède et la solution unique
qui concilie la croissance urbaine inéluctable et attenue l’impact sur l’environnement. Il est
opportun de constater que l’urbanisme écologique n’est pas toujours recherché pour sa
capacité à répondre même partiellement aux problèmes environnementaux mais d’autres pays
l’utilise pour des intérêts diverses.
En effet, l’expérience montre que dans certains cas, ils sont construits dans une stratégie de
marketing territorial pour but d’attirer des investissements. Il est avéré que des entreprises
cherchent à promouvoir leur image en véhiculant dans les consciences des consommateurs
leur préoccupation envers les problèmes planétaires. Cela va sans dire, que c’est purement du
marketing du côté des entreprises, s’agissant des promoteurs cela verse vers plus de profit.
Cette matrice qui intègre les écoquartiers est planifiée par les autorités publiques pour mettre
en avant uniquement la force du dispositif conceptuel (création des milieux de haute qualité
de vie) et ne se préoccupe pas outre mesure d’en faire au-delà des impositions règlementaires
locales.
Dans d’autres cas, les écoquartiers sont de véritable vitrines conçues généralement pour des
grands évènements pour acter des avancements éco-technologiques et des orientations
progressistes des pays en termes des idéologies écologistes. C’est le cas de Masdar à Abu-
164
Dhabi202
, des écoquartiers chinois et aussi partiellement ceux de Hammarby Sjöstad à
Stockholm.
Enfin et fort heureusement dans le cas Helsinki, il est louable de constater que la conception
de certains nombre d’écoquartiers Eco-Viikki est le fruit d’une politique environnementale
éclairée sans contrepartie manifeste.
L’étude de Hammarby Sjöstad a révélé que la volonté politique était manifestement forte pour
construire un quartier écologique. Cependant le bilan après sa réalisation démontre la non-
atteinte des objectifs environnementaux escomptés (efficience énergétique des bâtiments,
comportement des habitants, projets de la production des fertiliseurs à partir des boues
d’épuration des eaux usées et des déchets organiques, qualité de l’environnement sonor, etc.).
Ce résultat d’échec partiel a ébranlé la volonté politique par crainte de se voir être
responsabiliser.
Dans le processus de négociation d’un programme environnemental, il serait opportun que
l’équipe du projet trouve un équilibre entre des intérêts parfois divergents des acteurs, mais
également entre la performance écologique et la qualité de vie.
On déduit que les objectifs fixés n’ont pas été atteints dans notre cas d’étude. Un résultat qui
ne peut être imputable au manque de volonté politique, mais à celui d’une méconnaissance
environnementale préalable parachevée surtout par la non maitrise des nouveaux outils et
instruments de contrôle sur les promoteurs immobilier et industriels.
On conclut que selon les différents paramètres étudiés il existe un corolaire entre
l’inefficience des écoquartiers et la timidité de la volonté politique. Ce constat n’est pas sans
raison mais s’explique principalement la non maitrise technique due à la complexité et à la
superposition de différentes couches du dispositif conceptuel de toutes nature et leur
interaction.
202
Ville de Masdar, [en ligne], site officiel, disponible à l’adresse : www.masdar.ae/en/#city/all, consulté le
20.12.2013.
165
II. Les écoquartiers répondent aux objectifs fixés mais les contraintes budgétaires
empêchent-elles leur généralisation ?
Les écoquartiers répondent aux objectifs de la durabilité même partiellement et à leur échelle.
En effet, la construction d’un écoquartier implique certes des investissements considérables,
néanmoins le coût global d’un écoquartier ne s’éloigne pas de manière significative sur le
plan de dépense publique d’un quartier conventionnel contemporain.
Écologiques ou conventionnels, les projets du développement intégré des quartiers urbains
nécessitent le dégagement de moyens financiers importants liés aux avant-travaux soit
l’acquisition du terrain, la préparation du site en matière de viabilisation et de servitudes liées
à son emplacement, la construction des infrastructures de transport, et des infrastructures
publics y compris les espaces verts.
À l’inverse, le financement des écoquartiers fonctionne sur la base de partenariat public-
privés, les investissements publics ne dépassent pas 20 %. Une part peu attractive pour les
investisseurs privés cherchant à avoir un retour sur leurs dépenses, le défi qui se pose devant
les autorités publiques est de trouver des instruments pour, d’un côté, attirer des investisseurs
privés et, de l’autre côté, les inciter à s’intéresser au bien public. La propriété du terrain par le
domaine public est un prérequis clé de la réussite d’un écoquartier. Le foncier public offre à la
municipalité un rapport de force dans les négociations en liens avec les objectifs du projet.
Il faut distinguer deux types d’investissements dans le projet de l’écoquartier :
Les investissements lourds relatifs aux grands travaux de préparation de l’assiette du terrain,
la construction des équipements publics collectifs du quartier et également des
investissements relevant du projet immobilier en soi. Ce premier type de projets nécessite des
investissements lourds amortissables à long terme. Il est devenu plus facile de les justifier
depuis que les études de leur faisabilité (technico-économique) se basent sur l’analyse des
coûts de leur cycle de vie.
L’étude de cas de Hammarby Sjöstad démontre que l’immense investissement de départ lié à
la construction de son infrastructure souterraine de collecte de déchets se révèle extrement
bénéfique. Ce dernier a permis de réduire les coûts d’entretien, économise le terrain
constructible et a minimisé les nuisances liés à la gestion des déchets induisant plus-value de
valeur du cadre bâti du quartier et a alloué un cadre globale agréable.
166
Dans le contexte actuel des villes européennes de pénurie permanente de logements il serait
impensable de ne pas bénéficier de ce déséquilibre entre l’offre et la demande ce qui implique
un investissement sur. Une situation qui favorise l’attractivité entrepreneuriale dans le
domaine immobilier. Le but des municipalités se résume à faire respecter les objectifs
environnementaux fixés dans le cahier des charges du projet.
Pour ce faire, différents instruments d’incitation sont mis en place à savoir :
• Des réductions sur les prix d’acquisition des parcelles ;
• Des subventions pour la mise en place de divers équipements écologiques ;
• Des régimes fiscaux favorables, etc.
En règle générale le coût additionnel de l’écoconstruction relatif aux bâtiments est de l’ordre
de 5%. La réduction des coûts d’exploitation du bâtiment et la diminution de la
consommation en ressources permettent d’amortir des coûts supplémentaires de construction
au cours des 3 à 5 premières années. L’abaissement permanent des coûts de revient de l’éco-
construction enjoint les spécialistes de projeter que dans un avenir proche. L'utilisation de la
technologie verte constituerait le moyen le plus efficace de réduire le coût de la
construction203
.
Afin de créer un quartier économiquement autonome, des études de faisabilité (technico-
économique) de projet doivent prévoir des mesures ciblées visant à faciliter l’implantation des
activités économiques surtout pendant la phase de construction du quartier. L’exonération
d'impôts ou la mise en place d’une quelconque autre forme de fiscalité favorable étant
nécessaire.
Instaurer une règlementation d’éloignement en matière d’affectation du sol pour
l’implantation des grandes surfaces commerciales à proximité des écoquartier serait une
mesure vitale et préventive pour pérenniser la vocation sociale et environnementale des
écoquartiers.
Il est patent que les contraintes budgétaires ne constituent pas un empêchement réel pour la
généralisation des écoquartiers.
203
Belakova J., « Bâtiment «vert»: spécificités de l'écodéveloppement national [«Зеленые» здания:
Особеннности национального экодевелопмента]», [en ligne], SNIP [СНиП], No.01-02, 2011, disponible à
l’adresse : http://www.indpg.ru/snip/2011/01-02/39357.html, consulté le 17.11.2013.
167
III. Les écoquartiers remplissent leurs objectifs mais leurs conceptions s’intègrent-elles
aux tissus existants de la ville ?
L’étude de cas de Hammarby Sjöstad révèle une intégration réussie et harmonieuse des
écoquartiers dans les tissus urbains préexistants. Tout de même, l’insertion du tissu bâti d’un
écoquartier dans la ville environnante nécessite une démarche analytique préalable.
Une intégration conceptuelle d’un écoquartier doit impérativement s’inspirer du tissu urbain
existant dans l’ensemble de ses systèmes : parcellaire, viaire, bâti, espace libre. Des éléments
structurants de nos villes qui lui confèrent sa propre identité territoriale. Une autre dimension
importante et celle de la morphologie urbaine et de la typologie du bâti qui participe
grandement à l’assimilation matérielle de l’écoquartier.
Comme on l’a si bien constaté, l’infrastructure de l’écoquartier doit être pensée dans
l’ensemble des infrastructures de la ville afin d’y être connectée d’une manière intégrative.
Certaines infrastructures sont plus importantes que d’autres, l’infrastructure en matière de
réseau de transport, de la production d’énergie, du traitement des eaux, etc. est d’une
importance capitale si elle est intégrée et pensée dans le cadre des stratégies de la ville.
La composante de mixité sociale a aussi un rôle crucial pour la pérennité de l’écoquartier et
participe à normaliser son statut social et à permettre à la population en difficulté d’être
sensibilisée à un avenir commun à l’échelle globale et peut leur offrir une façon de se sentir
utile et vivant. L’écoquartier participe potentiellement à la résolution des inégalités
environnementales.
L’intégration des paramètres répertoriés de la ville et du site d’implantation dans la
conception de l’écoquartier permet leur fusion avec des tissus urbains de la ville en tant
qu’une nouvelle couche identitaire.
L’exemple de Hammarby Sjöstad nous renseigne de certaines difficultés en matière
d’intégration des installations et des équipements « écologiques » dans les réseaux techniques
traditionnels. L’intégration des réseaux techniques conventionnels centralisés204
dans un
système circulaire peut être qualifiée comme une exécution relativement réussie. A l’opposé,
l’insertion des équipements écologiques ponctues n’apparaît pas aussi probante. L’explication
204
Des infrastructures et des installations de production, de distribution, de récupération et de valorisation des
énergies, des eaux et de déchets
168
réside probablement dans la structure sociotechnique de gestion et distribution des flux qui
n’est pas suffisamment flexible pour assimiler des éléments écologiques générant des débits
irrégulières, affectés par des fluctuations saisonnières (voir journalières).
Dans le cas de Hammarby Sjöstad l’écoquartiers s’intègre dans la trame urbaine de la ville car
il reproduit et développe dans son contexte certains éléments et conceptions urbaines de
l’ancien tissu de la vielle ville de Stockholm. Bien entendu, cette harmonie morphologique et
spatiale est le résultat des études concernant l’importance de la compacité et de la densité d’un
écoquartier afin qu’il puisse atteindre des objectifs réalisables par la conception urbaine.
169
6.2. Conclusion
Le XXIème
siècle serait urbain. L’urbanisme écologique est appelé à révolutionner la ville
dans le but de créer un milieu urbain de haute qualité de vie et d’atteindre une harmonie qui
permets la coexistence entre les produits de l’homme et de son environnement naturel. Outre
mesure, l’urbanisme a toujours été le remède pour les maux de la ville. Il apporte des
solutions contextuelles aux problèmes rencontrés sur la base d’un travail de concertation entre
les différents acteurs.
Aujourd’hui nous sommes confrontés à un problème global qui nécessité une réflexion à la
même échelle mais qui se fait par la somme de réflexion à une échelle locale pour essayer de
dépasser ce défi sans pour autant croire que la résolution de cette seule problématique serait
suffisante pour solutionner tous les problèmes environnementaux.
Ce travail a permis d’évaluer les nouvelles expériences de l’urbanisme vert mises en œuvre
dans une démarche interdisciplinaire pour la réalisation d’un quartier urbain écologique.
L’exemple de l’écoquartier Hammarby Sjöstad était un exercice parfait pour effectuer une
analyse détaillée des performances environnementales atteintes ou pas à travers l’application
du modèle de transit-oriented development, des principes de l’urbanisme écologique et de
l’introduction d’un cycle éco-industrielle de gestion des ressources à l’échelle locale. Le
travail cherchait également à identifier les contraintes qui peuvent entravées et empêchées la
généralisation des quartiers écologiques.
Les résultats obtenus dans ce travail confirment le potentiel des écoquartiers à contribuer à
leur échelle à l’édification d’un avenir urbain durable. L’impact sur l’environnement d’un
quartier urbain comme Hammarby Sjöstad est un tiers inférieur que l’impact d’un quartier
conventionnel de la même période. Le cadre conceptuel d’un écoquartier s’est montré
hautement efficace en matière d’organisation et de gestion des transports et des déplacements.
Les modèles réalisés à Hammarby relatifs aux bâtis, aux aménagements et à la gestion et
entretien plus écologiques des espaces publics et des espaces verts testés sont également en
adéquation avec les objectifs du développement urbain durable.
On constate que la propriété foncière du terrain sur lequel on voudrait édifier un écoquartier
confère aux autorités publiques un rôle clé dans toutes les étapes du projet.
170
Cela étant, une zone d’ombre persiste, en ce qui concerne la gestion circulaire des ressources
car les résultats semblent douteux. Une contradiction qui évoque le questionnement entre la
disparité des investissements très importants dans les solutions hautement technologiques de
la gestion des ressources et les maigres résultats obtenus, allant même à l’encontre des
objectifs dans le cas de la consommation énergétique. Ce paradoxe s’explique par les
motivations politiques de financement des technologies environnementales. En effet, on
constate une série de choix politiques qui nous laisse penser que la préférence de financement
était plus versée sur l’amélioration de la qualité de vie au détriment des réels enjeux
environnementaux.
Le deuxième perturbateur des objectifs environnementaux réside clairement dans les modes
de vie des habitants. Ensemble, ces deux facteurs sont responsables de 40% des objectifs non
tenus du projet de Hammarby Sjöstad.
Le mode de vie, une problématique qui préoccupe les esprits des utopistes depuis des siècles,
ce problème non résolu reste toujours d’actualité. « Quand il est évident que l'objectif est
inatteignable, ne modifiez pas l'objectif - modifier le plan d'action »205
.
Quels seront les pistes qui permettront d’atténuer des externalités négatives de mode de vie
sur l’environnement ? Sensibiliser, former et informer la population sur l’importance de mode
de vie respectueux de l’environnement, rendre le comportement non-écologique très cher, le
gérer à travers l’aménagement urbain ou simplement l’interdire. Ce sont actuellement des
pratiques appliquées.
Malgré tous les efforts des autorités publics de rendre le mode de vie plus durable par des
actions systématiques et complémentaires elles demeurent insuffisantes, ce qui implique la
nécessité de poursuivre des recherches sur ce sujet.
Des écoquartiers sont une des solutions parmi d’autres. Ils peuvent contribuer à la durabilité
urbaine quand il s’agit d’une extension urbaine ou de reconversion des friches de la ville
poussées par la pression démographique. Or, même si tout nouveau quartier urbain serait
écologique, ils ne représenteraient que 1% des villes. Le véritable enjeu se trouve dans la
rénovation et la réhabilitation des quartiers existants. Il y a une nécessité réelle et incidente de
repenser les solutions à l’échelle de la ville.
205
Confucius
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183
TABLE DES FIGURES ET DES TABLEAUX
Figure 1 : Les trois types de raisonnement logique 12
Figure 2 : Schéma du développement durable de la ville de Malmo, Suède 20
Figure 3 : Modèle du développement urbain durable 21
Figure 4 : La ville est un système complexe 23
Figure 5 : Les trois modes d’organisation des flux du métabolisme urbain 27
Figure 6: Représentation graphique du concept de la résilience 28
Figure 7 : Cercles vicieux de l’étalement urbain 30
Figure 8 : Projet de ville linéaire à Monthey, Suisse 31
Figure 9 : Tache urbain polycentrique (schéma de Christaller adapté par Frankhauser) 33
Figure 10: Des thématiques générallement traitées dans le projet d’un écoquartier 40
Figure 11 : Les systèmes de certification appliquables aux différentes échelles urbaines 46
Figure 12 Groupes de critères d’évaluation des différentes systèmes de certification 47
Figure 13 : Les projets prioritaires de reconvertissement des friches portuaires en quartiers
résudentiels 50
Figure 14 : L’approche SymbioCity 52
Figure 15 : Etalement urbain de la ville de Stockholm, 1910-1999 53
Figure 16 : Localisation de Hammarby Sjöstad à proximité du centre urbain de Stockholm 54
Figure 17 : Plan du projet du Village Olimpique Hammarby Sjöstad 58
Figure 18 : Un des premiers plan localisé du projet de Hammarby Sjöstad 58
Figure 19 : Découpage du site de Hammarby Sjöstad en 12 sous-secteurs 67
Figure 20 : Système des documents réglémentaires rélatifs à la planification du quartier et à
la conception architecturale de Hammarby Sjöstad 68
Figure 21 : Les trois champs d’action stratégiques de Hammarby Sjöstad 69
Figure 22 : Système éco-industrielle de Kalundborg 72
Figure 23: Système d’acteurs de l’écoquartier Hammarby Sjöstad 74
Figure 24 : Typologie morphologique des tussus urbains de la ville de Stockholm 78
Figure 25 : Intégration paysagère des formes urbaines. 79
Figure 26 : Fragment typique du tissu urbaine de Hammarby Sjöstad 80
Figure 27 : Zone de Hammarby Sjöstad, avant et après la construction de l’écoquartier 83
Figure 28 : Superposition du plan des structures bâtis actuelles de Hammarby Sjöstad sur le
plan de decoupage de l’ainciennne zone industrielle 85
Figure 29 : Morphologie des systèmes urbains de Hammarby Sjöstad : le système parcellaire,
le système viaire, le système bâti et le système des espaces publics verts 86
Figure 30 : Vue de l’axe structurant Hammarby Allé 86
Figure 31 : Schèma de coordination des axes viaires principaux avec la repartition spatiale
des bâtiments d’affecttion mixte 87
Figure 32 : Plan d’affectation fonctionnelle de Hammarby Sjöstad 88
Figure 33 : Cheminements suspendus sur l'eau 88
Figure 34 : Réseaux des espaces publics et semi privés et de cheminements piètons et le plan
des cours intérieurs 89
Figure 35 : Typologie des bâtiments à Hammarby Sjöstad 93
184
Figure 36 : Planification cohérente du système de transport et du schèma d’affectation
fonctionnnelle des sols et des bâtiments à Hammarby Sjöstad 100
Figure 37 : Accessibilité du transpotr public 101
Figure 38 : Infrastructure de mobilité douce déployée à Hammarby Sjöstad dans le tissu
urbain perméable intégrée dans des espaces de haute qualité d’aménagement paysagère 102
Figure 39 : Carte de bruit de tous les sources en dB à 4m 103
Figure 40 :Le mode de déplacements des résidents de Hammarby Sjöstad en comparaison
avec les territoires voisins 104
Figure 41 : Mode de voayager vers le travail des résidents de Hammarby Sjöstad 106
Figure 42 : Le schéma du cycle éco-industriel « le Modèle Hammarby » 110
Figure 43 : Högdalen - usine d’incinération de déchets à Hammarby Sjöstad 112
Figure 44 : La STEP Henriksdal 112
Figure 45 : Schèma du chaîne de procédés de la STEP Henriksdal, du centrale thermique
Hammarby, de la station de traitement des eaux Sjöstadsverket et une raffinerie de biogaz 113
Figure 46 : Infrastructure énergétique de Hammarby Sjöstad 115
Figure 47 : Modélisation de l’irradiation solaire annuelle er Modélisation de l’irradiation
solaire en hiver 116
Figure 48 : Le bâtiment Lysande 119
Figure 49 : Coupe du bâtiment résidentiel passif Kajutan 2, démonstration du système de
ventilation à double flux 121
Figure 50 : Batiment Glashusett 122
Figure 51 : Vue schèmatique du système énergetique altérnatif du batiment Glashusett 122
Figure 52 : Stratégie européenne de gestion des déchets ; waste trend 2008–2011 125
Figure 53 : Le système de collecte de déchets par aspiration installé à Hammarby Sjöstad,
technoloqie de Groupe Envac 129
Figure 54 : Schèmas des système de collecte automatisée de déchets 130
Figure 55 : Exemples d’intégration paysagère des infrastructures de collecte de déchets 132
Figure 56 : Estimation de la qualité des eaux lacustres de Stockholm en 1999 133
Figure 57 : Deux systèmes complémantaires d’évacuation des eaux de surface 139
Figure 58 : Les bassins de sédimentation pour les eaux de surfase depuis les routes 140
Figure 59 : Schéma des infrastructures de gestion des eaux de pluie 141
Figure 60 : Carte des infrastructures de gestion alternative des eaux pluviales 142
Figure 61 : Land use from GIS analysis (whole catchement and a sub- catchement) 143
Figure 62 : Graphique de distribution des sources de pollution pour une année standard à
Hammarby Sjöstad 145
Figure 63 : Modélisation 3D de pollution atmosphérique à Hammarby Sjöstad 145
Figure 64 : Le périmetre d’étude EIP 146
Figure 65 : “Environmental impact Profile per apartement yaer for buildings, buildings plot,
and zones, broken down by the production, opertion and site clearence phases. The graphs
show a comparison between the referent, Sockla Udde, Sickla Kaj, Lungnet and Proppen” 147
Figure 66 : “Environmental Impact Profile per apartement per year for building, broken down
by the production, operation and site clearance phases. The graphes show a comparison
between the referent, Sickla Udde, Sickla Kaj, Lunget and Proppen” 148
Figure 67 : « The Hammarby Model as a stock and flow accounting model» 150
185
Figure 68 : « Primary and secondary energy in Hammarby Sjöstad 2008 » 151
Figure 69 : « The relation between Hammarby Sjöstad and its surroundings » 152
Figure 70 : Taux d’accomplissement des objectifs environnementaux dans les domaines
d’urbanisme/architecture, transport/déplacements, énergie, déchets, eaux dans l’écoqiartier
Hammarby Sjöstad 154
Figure 71 : Taux d’accomplissement des objectifs environnementaux fixés dans les
principaux domaines dans l’écoqiartier Hammarby Sjostad 156
186
ANNEXES
ANNEXE 1 : Plan d’affectation du sol de Hammarby Sjöstad, 2009
ANNEXE 2 : Questionnaire auprès des habitants
ANNEXE 3 : Schéma de l’incinérateur de troisième génération montre la solution
technologique permettant la cogénération du froid commercial
ANNEXE 4 : Eléments du système semi naturel de gestion des eaux
ANNEXE 5 : Schéma de conception d’un jardin de pluie
ANNEXE 6 : Le tableau montre les résultats de modélisation STORM/SEWSYS décrite dans
la partie 4.5.3 en comparaison avec des normes de l’OEaux suisse
ANNEXE 7 : Table des objectifs fixés par la ville de Stockholm pour Hammarby Sjöstad et
des résultats atteints lors la réalisation de l’écoquartier
ANNEXE 8 : Le premier Programme Environnemental de Hammarby Sjostad de 1996
191
ANNEXE 3
Schéma de l’incinérateur de troisième génération montre la solution technologique permettant
la cogénération du froid commercial
192
ANNEXE 4 Eléments du système semi naturel de gestion des eaux
Le canal de collecte, de
filtration naturelle des eaux de
surface ;
Le biofiltre pour les eaux de
surface ;
La cascade d’eaux de surface ;
Carte de la projection de
l’évolution du niveau de la mer
dans prochain 100 ans.
194
ANNEXE 6
Le tableau montre les résultats de modélisation STORM/SEWSYS décrite dans la partie 4.5.3 en comparaison avec des normes de l’OEaux
suisse.
195
ANNEXE 7 : Table des objectifs fixés par la ville de Stockholm pour Hammarby Sjöstad et
des résultats atteints lors la réalisation de l’écoquartier.
Critère Objectif Résultat %
Urbanisme /Architecture
Choix du site d’opération 100%
Logements construits 10-11 milles 95%
Densité de population Dense 125-133
hab./ha
100%
Surfaces bâties non résidentielles 1/3 1/3 (290'000
m2)
100%
Utilisation du sol Quartier dense et
vert
COS = 0.18
CUS = 2.3
100%
Décontamination du sol Normes de qualité 100%
Revitalisation des écosystèmes 100%
Préservation des biotopes et des voies écologiques 90%
Perméabilisation du sol 80%
Construction des écoducs 2 2 100%
Réduction de largeur de voiries 100%
Création des cheminements piétonnes et de pistes
cyclables
Réseau dense 100%
Espaces publics et semi privés verts (par
appartement)
25-30 m² public
15 m²semi privé
28ha/30ha
fait en 2010
100%
Ensoleillement journalier des cours intérieurs aux
équinoxes de printemps et d'automne
Min 15 % de
l'espace au moins
4 - 5 heures
100%
Garder l’historicité du site 100%
Mixité fonctionnelle 100%
Affectation mixte des bâtiments 100%
Diversité typologique des appartements 100%
Architecture bioclimatique,
moderne,
diversifiée
moderne,
diversifiée
66%
Matériaux de construction
Choix en fonction de l’analyse complète de cycle de
vie ACV 100%
L'utilisation de matières premières locales (sable,
métal, gravier…)
No
data
L'utilisation de matériaux recyclés doit être maximale
selon les solutions techniques possibles
50% No
data
Le bois traité sous pression n’est pas autorisé No
data
Le cuivre est interdit pour les canalisations et
remplacé par des tuyaux doublés plastique et inox
modélisation
problème
No
data
L’utilisation de matériaux galvanisés dans
l'environnement extérieur est autorisée sous condition
de traitement de surface
modélisation
problème
No
data
196
Transport/Déplacements
Part modal des mobilités respectueux à
l'environnement
80% 79% 99%
Inscription aux services de covoiturage de voitures
écologiques
15% de
ménages
5% d’emplois
6-10% de
ménages
100 entreprises
40-
66%
éco-labélisation des véhicules lourds 100% 100% 100%
Réduction du trafic des camions 60% 60% 100%
Diviser par 2 des émissions des GES liées au trafic 50% 50 % 100%
Mise en tunnel d’un tronçon de la route de
contournement, murs anti-bruit
4.6km 4.6km 100%
Qualité de l'environnement sonore 40-55 dB Pas de données
fiables 50%
Ligne de métro léger: 1,5km, 4 arrêts 1,5km, 4 arrêts 100%
Raccordement au système de Metro de Stockholm 100%
2 nouvelles lignes de bus 100%
Un ferry-boat 100%
Accessibilité du transport public distance max
500m
100%
Limitation des places de parking 0.55/logement 0.7
(0.8)/logement
70%
Système de partage de vélo 100%
Aménagement de haute qualité des espaces liés au
transport
100%
Energie
Consommation énergétique des bâtiments 60 100 kWh
/m²,
142-165 kWh
/m²
45%
L'électricité labélisé "Bon choix environnemental» 100% 47% nucléaire 50%
Bâtiments avec installation produisant l’énergie
renouvelable
8 bâti-
(500app)
5%
Couvrir la moitié de demande en énergie par
production locale
50% 13,5% 27%
Déchets
Réduction de poids de production des déchets
dangereuses
Pas de
données
fiables
50%
Production des fertiliseurs agricoles par le traitement
biologique de 80% de déchets alimentaire
80% 0% 0%
2 systèmes de récupération de déchets: système
mobile et système pneumatique
100%
Des déchets de chantier mis en décharge Max 10% Pas de
données
fiables
80%
Réduire le poids de déchets ménagers produits 15% entre 2005
et 2010
No
data
Réduire le poids de déchets encombrants
domestiques évacués dans des sites d'enfouissement.
10% entre 2005
et 2010
No
data
197
Eaux et des eaux usées
Réduire la consommation de l’eau par ménages 50% (100
l/hab/jour)
25% (150
l/hab/jour)
50%
Qualité des eaux usées purifiée: Max teneur en azote 6 mg / litre 7 mg / litre 85%
Qualité des eaux usées purifiée: Max teneur en
phosphore
0,15 mg / litre 0.3 mg / litre 50%
Réduction de teneur en métaux lourds et en
substances nuisibles dans les eaux usées (référence
Stockholm)
50% Pas de
données
fiables
25%
Réutilisation du phosphore dans les eaux usées sur
des terres agricoles
95% 0% 0%
Épuration des eaux usées à la STEP locale 100% 600 hab.
traitement
3%
Eviter la contamination des eaux de pluie (métaux,
substances)
voitures,
toits…
80%
Récupération et traitement semi naturel des eaux
pluviales
Système des
canaux
100%
Traitement supplémentaire des eaux de surface des
routes avec plus de 8000 véhicules par jour
Système de
traitement
80%
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