Améliorer la capacité d’adaptation des agrosystèmes viticoles : apports complémentaires de la...

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Actes des Journées de la Commission Climat et société du CNFG: Liège, mars 2012 ___________________________________________________________________________________________ 63 AMELIORER LA CAPACITE D’ADAPTATION DES AGROSYSTEMES VITICOLES : LES APPORTS COMPLEMENTAIRES DE LA CLIMATOLOGIE ET DES SCIENCES SOCIALES Anne-Laure LEREBOULLET 1 , Gérard BELTRANDO 1 , Douglas K. BARDSLEY 2 1 UMR PRODIG, Université Paris-Diderot, Paris, France 2 Département de Géographie, Université d’Adelaïde, Adelaïde, Australie INTRODUCTION La vigne (Vitis vinifera) est très sensible aux variations climatiques, que ce soit à l’échelle intra-annuelle (caractérisation de la vendange) ou inter-annuelle (caractérisation du terroir). Il s’agit d’une culture pérenne, dont les parcelles restent en place une cinquantaine d’années. Dès lors, tout changement significatif dans les conditions bioclimatiques locales peut avoir un impact important pour les producteurs, et les modifications de pratiques culturales nécessitent une planification sur plusieurs années. C’est pourquoi les changements climatiques simulés par le GIEC pourraient avoir un impact non négligeable sur la production viticole, selon les régions de production dans le monde. Les régions de climat méditerranéen, où les modèles climatiques prévoient un réchauffement et un assèchement au cours du XXI e siècle (GIEC, 2007), pourraient être particulièrement vulnérables à ces changements. Berceau de la viticulture, le climat méditerranéen présente traditionnellement des caractéristiques optimales de température, d’ensoleillement et de stress hydrique pour la culture de la vigne et la production de vins doux. En retour, la vigne, résistante à la forte variabilité du climat méditerranéen, permet de mettre en valeur des sols pauvres et secs. Cependant, d’après Jones et al. (2005), la vigne se trouve en climat méditerranéen à la limite de sa zone bioclimatique de culture optimale pour obtenir les vins de meilleure qualité. Cela pourrait être problématique pour ces régions viticoles dans un contexte de marché très concurrentiel et en surproduction, où être capable de produire un bon vin de qualité constante constitue un avantage comparatif. Sur ce marché mondialisé, les régions ou les producteurs qui ne se distinguent pas en terme de qualité ou de marque peinent à rentabiliser leur activité (Pomarici, 2005). Les éléments biophysiques (climat, ressources en eau) et socio-économiques des agrosystèmes viticoles s’entremêlent à différentes échelles, et comprendre ce qui favorise l’adaptation au changement climatique ne peut se faire sans prendre en compte la multiplicité de ces facteurs et leurs interactions. Cet article s’intéresse à deux agrosystèmes viticoles de climat méditerranéen de type CSb (« été chaud » ou climat méditerranéen « typique », caractérisé par une pluviométrie d’automne et d’hiver irrégulière et des étés secs) selon la classification de Köppen-Geiger (Peel et al., 2007) : le Roussillon en France, et McLaren Vale en Australie. Bien qu’ayant un climat relativement similaire en comparaison aux autres types de climats viticoles, ces deux régions se distinguent par un contexte socio-économique, historique, culturel et politique très différent. Face à des perturbations de l’élément climatique du système, cette différence de contexte se traduit par une différence dans leur vulnérabilité et leur capacité d’adaptation. Dans la littérature sur les impacts sociétaux du changement climatique, la capacité d’adaptation se réfère au potentiel de mobiliser des ressources afin d’anticiper ou de s’adapter à un stress (Engle, 2011). On peut la définir comme la capacité d’un système à anticiper ou s’ajuster et répondre aux conséquences d’un changement (Smit et al., 2006). Elle est fonction de la vulnérabilité, ou l’impact qui ne peut être compensé par le niveau actuel d’adaptation (Eakin and Luers, 2006), et de la résilience, ou la capacité d’un système à absorber le changement dans son fonctionnement (Walker et al. 2004, Folke et al. 2005). La vulnérabilité

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Actes des Journées de la Commission Climat et société du CNFG: Liège, mars 2012

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AMELIORER LA CAPACITE D’ADAPTATION DES AGROSYSTEMES

VITICOLES : LES APPORTS COMPLEMENTAIRES DE LA CLIMATOLOGIE ET

DES SCIENCES SOCIALES

Anne-Laure LEREBOULLET1, Gérard BELTRANDO

1, Douglas K. BARDSLEY

2

1 UMR PRODIG, Université Paris-Diderot, Paris, France

2 Département de Géographie, Université d’Adelaïde, Adelaïde, Australie

INTRODUCTION

La vigne (Vitis vinifera) est très sensible aux variations climatiques, que ce soit à l’échelle

intra-annuelle (caractérisation de la vendange) ou inter-annuelle (caractérisation du terroir). Il

s’agit d’une culture pérenne, dont les parcelles restent en place une cinquantaine d’années.

Dès lors, tout changement significatif dans les conditions bioclimatiques locales peut avoir un

impact important pour les producteurs, et les modifications de pratiques culturales nécessitent

une planification sur plusieurs années. C’est pourquoi les changements climatiques simulés

par le GIEC pourraient avoir un impact non négligeable sur la production viticole, selon les

régions de production dans le monde.

Les régions de climat méditerranéen, où les modèles climatiques prévoient un réchauffement

et un assèchement au cours du XXIe siècle (GIEC, 2007), pourraient être particulièrement

vulnérables à ces changements. Berceau de la viticulture, le climat méditerranéen présente

traditionnellement des caractéristiques optimales de température, d’ensoleillement et de stress

hydrique pour la culture de la vigne et la production de vins doux. En retour, la vigne,

résistante à la forte variabilité du climat méditerranéen, permet de mettre en valeur des sols

pauvres et secs. Cependant, d’après Jones et al. (2005), la vigne se trouve en climat

méditerranéen à la limite de sa zone bioclimatique de culture optimale pour obtenir les vins de

meilleure qualité. Cela pourrait être problématique pour ces régions viticoles dans un

contexte de marché très concurrentiel et en surproduction, où être capable de produire un bon

vin de qualité constante constitue un avantage comparatif. Sur ce marché mondialisé, les

régions ou les producteurs qui ne se distinguent pas en terme de qualité ou de marque peinent

à rentabiliser leur activité (Pomarici, 2005). Les éléments biophysiques (climat, ressources en

eau) et socio-économiques des agrosystèmes viticoles s’entremêlent à différentes échelles, et

comprendre ce qui favorise l’adaptation au changement climatique ne peut se faire sans

prendre en compte la multiplicité de ces facteurs et leurs interactions.

Cet article s’intéresse à deux agrosystèmes viticoles de climat méditerranéen de type CSb

(« été chaud » ou climat méditerranéen « typique », caractérisé par une pluviométrie

d’automne et d’hiver irrégulière et des étés secs) selon la classification de Köppen-Geiger

(Peel et al., 2007) : le Roussillon en France, et McLaren Vale en Australie. Bien qu’ayant un

climat relativement similaire en comparaison aux autres types de climats viticoles, ces deux

régions se distinguent par un contexte socio-économique, historique, culturel et politique très

différent. Face à des perturbations de l’élément climatique du système, cette différence de

contexte se traduit par une différence dans leur vulnérabilité et leur capacité d’adaptation.

Dans la littérature sur les impacts sociétaux du changement climatique, la capacité

d’adaptation se réfère au potentiel de mobiliser des ressources afin d’anticiper ou de s’adapter

à un stress (Engle, 2011). On peut la définir comme la capacité d’un système à anticiper ou

s’ajuster et répondre aux conséquences d’un changement (Smit et al., 2006). Elle est fonction

de la vulnérabilité, ou l’impact qui ne peut être compensé par le niveau actuel d’adaptation

(Eakin and Luers, 2006), et de la résilience, ou la capacité d’un système à absorber le

changement dans son fonctionnement (Walker et al. 2004, Folke et al. 2005). La vulnérabilité

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elle-même est le produit de l’exposition physique au changement et de la sensibilité, ou

comment est affecté un système après avoir été exposé au changement.

Les objectifs de cet article sont : (i) de donner des pistes pour évaluer et comprendre la

vulnérabilité de la viticulture dans le Roussillon et à McLaren Vale face à un changement

dans les paramètres de température et de précipitations depuis 1956 et d’ici 2060, (ii) de

déterminer les éléments du systèmes favorisant ou réduisant leur capacité d’adaptation à ces

changements, face aux changements déjà été vécu par les producteurs (1956-2010) et à ceux

qu’ils sont susceptibles de vivre (2010-2060). Pour cela, nous disposons de données

climatiques observées et simulées permettant de mesurer l’exposition physique au

changement climatique, ainsi que de résultats d’entretiens approfondis permettant d’évaluer la

sensibilité et la résilience des deux agrosystèmes. Nous espérons que cette étude puisse être

utile à améliorer la capacité d’adaptation d’autres agrosystèmes vulnérables, soit qu’il s’agisse

de systèmes agricoles en milieu méditerranéen sensibles au climat et aux ressources en eau,

soit de systèmes viticoles dans d’autres types de climat mais dont les avantages comparatifs

sont également menacés par le changement climatique.

UNE APPROCHE SOCIO-ECOLOGIQUE

Le présent article propose une démarche méthodologique mixte –climatique et sociale. Les

agrosystèmes peuvent être définis comme des systèmes où des éléments biophysiques et

humains interagissent en permanence (Berkes and Folke, 1998), avec des effets de rétroaction

qui en font des systèmes en perpétuelle adaptation (Berkes et al., 2003, Walker et al., 2005).

Cependant, quand une perturbation d’un ou plusieurs éléments du système a lieu brutalement

et au même moment, il est souvent difficile de comprendre précisément les dynamiques de

cette perturbation et son évolution (Gunderson et al., 2002). C’est pourquoi une approche

socio-écologique est particulièrement appropriée pour ce type de système, en tant que cadre

analytique des pratiques et des risques, et afin de planifier l’adaptation future. Cette approche

est utilisée de manière croissante afin d’étudier la réponse des communautés face au

changement (Tschakert, 2007 ; Deressa et al., 2009). Les études se penchant uniquement sur

l’évaluation du risque, prédominantes dans les pays industrialisés (Eakin and Pratt, 2011),

manquent souvent de perspective quant aux contraintes sociales et économiques freinant

l’adaptation, et ne facilitent pas une compréhension holistique des processus d’adaptation

(Bardsley et Rogers, 2011).

Dans la littérature portant sur les impacts du changement climatique sur la viticulture, la

majorité des études ont pour but d’alerter la filière en vue du changement et de faciliter son

adaptation. Elles se divisent globalement sur quatre axes de recherche. Tout d’abord, une

partie s’intéresse à l’adéquation future de certaines régions à la viticulture, en utilisant divers

indices bioclimatiques et modèles de changement climatique (e.g. Jones et al., 2005 ;

Beltrando and Briche, 2010). Ensuite, une partie examine les impacts du changement

climatique sur la phénologie de Vitis vinifera. Les résultats de cet axe de recherche montrent

que les impacts seront probablement négatifs dans les régions méditerranéennes en termes de

rendements (Jones and Davis, 2000 ; Garcia de Cortazar, 2006, en France; Sadras and Soar,

2009 ; Cozzolino et al., 2010 ; Petrie and Sadras, 2011, en Australie) et qualités

organoleptiques du vin (Chalmers, 2007 ; Webb et al., 2007 ; White et al., 2009). Parfois,

l’occurrence des stades phénologiques est modélisée en fonction des paramètres climatiques

simulés (Bellia et al., 2007; Duchêne et al., 2010, en France ; Hayhoe, 2004; Sadras et al.,

2007; Petrie and Sadras, 2008; Webb et al., 2011, Parker et al., 2011, en Australie), et cela est

complété par une modélisation des impacts économiques de ces changements pour la filière

(Webb et al., 2007; White et al., 2006 ; Gatto et al., 2009). Cependant, bien que l’existence du

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facteur « humain » soit reconnue dans le fonctionnement des agrosystèmes viticoles (Jones

and Goodrich, 2008 ; Quiroga and Iglesias, 2009 ; Kenny, 2010), peu d’analyse est faite dans

la plupart des articles du rôle des décisions des acteurs, et les axes de recherche

agronomiques, économiques et géographiques restent séparés. Un dernier axe de recherche,

plus récent, tend à utiliser de manière plus systématique l’approche socio-écologique pour

expliquer la vulnérabilité et l’adaptation des agrosystèmes viticoles (Belliveau et al., 2006;

Hadarits et al., 2010).

Cette approche socio-écologique est ici utilisée dans un cadre de la comparaison régionale,

afin de déterminer comment un changement dans l’une des composantes du système, le climat

–méditerranéen dans les deux régions, est affecté par des changements dans les autres

composantes. De fait, comparer la capacité d’adaptation de différent systèmes pourrait être un

élément crucial pour l’opérationnalisation de réponses adaptives efficaces et applicables à

divers systèmes (Ostrom et al., 2007).

DONNEES ET METHODE

Terrains d’étude

Les deux régions viticoles, le Roussillon et McLaren Vale, ont été choisies pour : leur climat

méditerranéen, la culture de cépages similaires (Syrah notamment), et leurs traditions et

législation contrastées. En France, dans le Roussillon, nous nous sommes intéressés à la partie

nord du département des Pyrénées Orientales, et plus précisément à la trentaine de communes

formant l’AOC Côtes-du-Roussillon-Villages (lat: 42° N, long: 1° E). Cette délimitation

permet d’étudier des types de productions viticoles différents, allant de la plaine du

Roussillon à l’est vers le Fenouillèdes à l’ouest. Cet espace s’étend sur les vallées de la Têt et

de l’Agly, et est bordé au nord par le massif karstique des Corbières. Perpignan se situe à une

dizaine de kilomètres au sud-est, et la mer Méditerranée à une douzaine de kilomètres à l’est.

McLaren Vale (lat: 35° S, long: 138° E) est situé en Australie du Sud, environ 35 km au sud

d’Adélaïde. Cet espace est bordé à l’ouest par le Golfe de Saint-Vincent et à l’est par les

chaînes des Adelaide Hills et Sellicks Hills. Cela correspond à la partie nord de l’aire

d’appellation « Fleurieu Peninsula ». La surface des deux régions est d’environ 400 km². Elles

bénéficient de l’influence maritime et sont peu sujettes au risque gélif (Fig. 1).

Figure 1 : Localisation des deux terrains d’étude

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Données climatiques

Dans le cadre de notre approche socio-écologique, nous avons utilisé des données climatiques

et économiques, ainsi que des résultats d’enquête. Les données climatiques (données

journalières de température sous abri et de précipitations) sont issues de Météo France-CNRM

et du BOM (Bureau of Meteorology) australien. Il s’agit de données d’observation pour la

période 1956-2010, et de données de simulation pour la période 2001-2060. Les données

d’observation sont issues d’une station climatique automatique dans chaque région, avec des

séries homogènes de longue durée : Perpignan (aérodrome) pour le Roussillon, et Adelaïde

(aéroport) pour McLaren Vale. Ces stations n’ont pas été déplacées hors de l’aéroport depuis

1956. Les données de simulation sont issues de deux modèles différents. Pour le Roussillon, il

s’agit du modèle QQ-ARPEGE-RETIC-V4 de Météo-France (CNRM), avec une résolution de

8 km obtenue par une méthode de descente d’échelle quantile-quantile. Le modèle global

ARPEGE est centré sur la Méditerranée avec une maille de 50 km, afin de faciliter les études

d’impact (Somot et al., 2008). Les données sont quotidiennes et continues de 2001 à 2060

pour les scénarios d’émissions A2, A1B, et B1, avec une série de contrôle (1950-2000). Pour

McLaren Vale, les données sont issues du modèle Mk3.5 du CSIRO (Gordon et al., 2010), via

le portail OzClim. Il s’agit de données moyennées sur cinq ans, à partir de 2020, pour le

scénario A1B, avec une résolution spatiale d’environ 25 km. Par souci de comparaison, nous

présenterons donc les résultats pour le scénario A1B et moyennés sur cinq ans, ce qui permet

également de réduire l’effet visuel de la variabilité inter-annuelle.

Données économiques

Différents portails statistiques ont permis de mieux caractériser les deux espaces étudiés en

termes socio-économiques, ainsi que de mieux mesurer les effets des récentes variations

climatiques sur les rendements (sensibilité). Pour la France, les chiffres sont issus du site

FranceAgriMer du Ministère de l’Agriculture, ainsi que de la Chambre d’Agriculture des

Pyrénées-Orientales. Pour l’Australie, les données utilisées proviennent de l’Australian

Bureau of Statistics (ABS) et du Phylloxera and Grape Industry Board of South Australia

(PGIBSA).

Entretiens

Afin de mieux comprendre la sensibilité, la résilience et la capacité d’adaptation des deux

systèmes, une vingtaine d’entretiens semi-structurés ont été réalisés avec des acteurs-clé de la

filière dans le Roussillon et à McLaren Vale, entre mai et octobre 2011. Les personnes

enquêtées ont été choisies dans le but de représenter qualitativement la diversité des lieux et

types de production de vin rouge sec. Onze entretiens ont été réalisés dans le Roussillon en

mai et octobre 2011, dont cinq producteurs individuels, quatre représentants de coopératives,

et deux représentants de la Chambre d’Agriculture. Neuf entretiens avec des producteurs

individuels ont été réalisés à McLaren Vale en juillet 2011. Les entretiens ont été structurés

autour de questions ouvertes et fermées portant sur la caractérisation de l’exploitation, les

pratiques culturales, la perception du changement climatique, les freins à la durabilité de

l’activité, ainsi que sur les stratégies d’adaptation et les facteurs qui les limitent ou les

facilitent.

2. RESULTATS

La saison végétative s’étend, conventionnellement, d’avril à octobre dans l’hémisphère nord,

et d’octobre à avril dans l’hémisphère sud (Gladstones, 2011). L’étude des données

climatiques montre que, dans les deux régions, depuis les années 1980, les températures lors

de la saison végétative ont augmenté et les précipitations ont, dans une moindre mesure,

diminué ; avec un point culminant de ces changements lors de la décennie 2001-2010.

Cependant, l’analyse des résultats d’entretiens montre que la perception du changement

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climatique et des risques qui y sont liés sont moindres par rapport à la perception des risques

économiques de court terme. Il semble que ces derniers pilotent la mise en place de toute

stratégie d’adaptation, sans que cela ne soit toutefois nécessairement en désaccord avec les

perspectives climatiques de long terme.

1. Réchauffement des températures et perturbation du régime pluviométrique,

1980-2060

La température de l’air lors de la saison végétative est un élément crucial influençant le

développement phénologique de la vigne. De même, l’eau disponible pour la vigne en période

de maturation phénolique est très importante : un stress hydrique modéré peut être

souhaitable, mais un stress trop important peut au contraire être préjudiciable (Gladstones,

2011).

La figure 2 montre l’évolution de la température minimale et maximale de l’air lors de la

saison végétative, mesurée (1956-2010) et simulée (1950-2000, 2001-2060) à Perpignan et

Adelaïde. Ce graphe montre tout d’abord que les températures minimales et maximales

observées ont augmenté dans les deux régions depuis la période 1985-1989 (respectivement,

en moyenne, tous les cinq ans depuis 1985, + 0,10 °C et + 0,12°C à Perpignan, et + 0,21°C et

+ 0,24°C à Adelaïde) et notamment lors de la dernière décennie (2001-2010). La décennie

2001-2010 a été en moyenne 0,8°C plus chaude que la décennie 1961-1970 dans les deux

stations.

Figure 2. Température minimale et maximale de l’air lors de la saison végétative, moyennée sur cinq ans,

observée (1956-2010) et simulée (1956-2000 en France, 2001-2060 avec le scénario A1B), dans le Roussillon

(2a, 2b) et à McLaren Vale (2c, 2d). Sources : CNRM et BOM/CSIRO

Ensuite, les modèles simulent une tendance au réchauffement entre 2001 et 2060. Dans le

Roussillon, il est simulé par ARPEGE que ce réchauffement soit particulièrement perceptible

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à partir des années 2040, soit pour une prochaine génération de producteurs, qui hériteront des

parcelles plantées actuellement. A McLaren Vale, la linéarité de la hausse des températures

est liée à la méthode de descente d’échelles utilisée, et masque d’éventuelles variations inter-

annuelles telles qu’observées sur le graphe du Roussillon (CSIRO, 2012, communication

personnelle). Entre 2001 (2020 à McLaren Vale) et 2060, pour les températures minimales et

maximales respectivement, les modèles prévoient une hausse moyenne, par période de cinq

ans, de + 0,12 °C et + 0,16°C dans le Roussillon, et + 0,14°C et + 0,16°C à McLaren Vale. En

moyenne, les modèles prévoient que la saison végétative en 2051-2060 sera 1°C plus chaude

qu’en 2021-2030 dans le Roussillon, et 0,9°C à McLaren Vale. Dans le Roussillon, c’est le

modèle A1B qui prévoit une augmentation des températures la plus forte, bien que ce ne soit

pas le scénario le plus pessimiste en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Cela est

comparable avec des résultats observés en Champagne par Beltrando et Briche (2010).

Cependant, l’incertitude reste forte quant à la quantification exacte et à la variabilité de ce

climat futur. La comparaison de la simulation d’ARPEGE pour le passé (1950-2000) avec les

données observées à Perpignan montre un biais froid de l’ordre de 0,5°C, sans qu’il soit

possible de dire si ce biais peut être étendu aux décennies futures. Son existence pourrait

cependant être le signe d’une sous-estimation du réchauffement à venir.

La tendance à l’évolution des précipitations est plus incertaine que celle des températures,

mais présente toutefois quelques éléments significatifs de changement. En climat

méditerranéen, la recharge des aquifères se fait principalement en hiver et au printemps. Les

précipitations d’automne, après la vendange, sont également importantes pour régénérer la

vigne. La pluviométrie estivale, même très faible, est nécessaire à la bonne maturation de la

vigne et afin d’éviter la chute de la canopée (Gladstones, 2011). La figure 3 illustre

l’évolution de la pluviométrie estivale (juin à août dans le Roussillon, décembre à février à

McLaren Vale) et de la pluviométrie non-estivale dans les deux régions. La pluviométrie est

naturellement très variable inter-annuellement en climat méditerranéen, et très faible en été,

donc il est difficile pour les modèles de la simuler précisément. Bien que l’incertitude

concernant les précipitations reste plus grande que pour les températures, on peut retenir deux

points importants : dans le Roussillon, à partir de la période 2015-2019, le modèle simule des

étés globalement plus secs que lors de la période 1956-1999 ; et à McLaren Vale, la

pluviométrie estivale et non-estivale suit une tendance à la baisse avec tous les étés à partir de

2015-2019 plus secs que ceux de la période 1956-1999. Récemment, la période 2005-2009 a

été particulièrement sèche dans les deux régions (faible pluviométrie estivale à Perpignan,

faible pluviométrie non-estivale à Adelaïde avec deux épisodes de sécheresse estivale majeurs

en 2008 et 2009).

Les résultats de l’analyse climatique montrent que la saison végétative se fera à l’avenir dans

des conditions globalement plus chaudes et plus sèches que lors de la seconde moitié du XXe

siècle. Autrement dit, les conditions climatiques de la décennie 2001-2010, exceptionnelles

par rapport à ce qu’avaient vécu jusqu’à alors les vignerons, pourraient devenir la norme d’ici

2040, et se réchauffer encore davantage entre 2040 et 2060. Cependant, reconnaître les

incertitudes des modèles de circulation générale est nécessaire lorsqu’ils se servent de point

d’appui pour développer des politiques de réduction d’impacts. Le principal défi des

producteurs viti-vinicoles du Roussillon et de McLaren Vale est donc de s’adapter en

prévision d’un futur climatique incertain, dans lequel des conditions plus chaudes et plus

sèches qu’actuellement seront probablement plus fréquentes.

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2. Impacts différenciés des changements récents sur les producteurs français et

australiens

La décennie 2001-2010 a été particulièrement chaude et sèche dans les deux régions étudiées

(Fig. 2 et 3). La manière dont les producteurs ont réagi à cette contrainte, et les impacts

qu’elle a eu sur leur activité, peut donner des indications quant à leur capacité d’adaptation

pour les décennies à venir (Battaglini et al., 2009).

Figure 3 Pluviométrie estivale et non-estivale, moyennée sur cinq ans, observée (1956-2010) et simulée (1956-

2000 en France, 2001-2060 avec le scénario A1B), dans le Roussillon (3a, 3b) et à McLaren Vale (3c, 3d).

D’une manière générale, les étés particulièrement chauds et secs en climat méditerranéen sont

préjudiciables à la vigne, tant en quantité (Jones and Davis 2000, Garcia de Cortazar, 2006 en

France; Sadras and Soar 2009, Cozzolino et al. 2010, Petrie and Sadras 2011 en Australie)

qu’en qualité de la récolte (Chalmers 2007, Webb et al. 2008, White et al. 2009). Selon Payan

et al. (2011), trois effets liés au climat se surimposent, dans lesquels la sécheresse joue un rôle

clé. Tout d’abord, des températures plus chaudes entraînent un raccourcissement du cycle

phénologique, et donc une diminution mécanique des rendements. Ensuite, un stress hydrique

estival trop important agit négativement sur la santé de la vigne et le poids des baies. Enfin,

les effets cumulés de températures plus chaudes et d’une baisse de la pluviométrie entraînent

davantage d’évapo-transpiration, et donc une plus grande consommation d’eau par la plante.

A cela, il faut ajouter la possibilité d’un blocage du processus de maturation dans les semaines

précédant la vendange en cas de fortes chaleurs et de faibles ressources hydriques, ce qui

entraîne une teneur en sucre très élevée des baies. Ce phénomène de blocage a été reporté par

tous les producteurs interrogés dans le Roussillon comme de plus en plus fréquent et

problématique depuis une dizaine d’années. De même, la baisse des rendements –avec des

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parcelles produisant parfois 5hL/ha pour d’anciens ceps de Grenache et de Syrah, entraîne

pour une importante partie des producteurs roussillonnais une perte de profitabilité importante

de leur activité. Le rendement moyen du département des Pyrénées-Orientales était, entre

2000 et 2009, de 27hL/ha, contre 38 pour la région Languedoc-Roussillon, 50 pour la France,

et 75 pour McLaren Vale. Selon Garcia de Cortazar (2006), les rendements du Languedoc-

Roussillon pourraient, dans les conditions actuelles de conduite de la vigne, diminuer de 26%

d’ici 2080.

A McLaren Vale, la généralisation de l’irrigation depuis la fin des années 1980 permet de

réduire l’impact des étés chauds et secs sur la production, et de maintenir un produit de

quantité et qualité constantes. Sadras et Soar (2009) ont montré qu’une Syrah irriguée au

goutte-à-goutte pouvait maintenir un rendement constant malgré une augmentation de la

température de l’air de 2 à 4°C. La mise en place il y a une dizaine d’années d’un système

d’irrigation à partir des eaux usées péri-urbaines confère un grand avantage comparatif à la

région, sur un continent où la maîtrise des faibles ressources hydriques est une contrainte

constante. Cependant, l’irrigation en tant que stratégie d’adaptation ne constitue pas la

panacée, du fait de la salinisation croissante des sols qu’elle entraîne, un phénomène rapporté

empiriquement lors des entretiens, et des coûts parfois prohibitifs de l’accès à l’eau. D’après

les entretiens, l’investissement moyen pour se raccorder au réseau est d’environ 18 000 AUS$

(11 000 Euros), auxquels s’ajoutent des frais annuels par parcelle, selon l’éloignement et la

topographie. En parallèle, la liberté qu’ont les producteurs de planter les cépages qu’ils

souhaitent, ainsi que de se procurer des raisins à vinifier dans diverses régions, offre une

marge de manœuvre importante pour pallier l’occurrence d’années plus difficiles que d’autres

en termes de conditions climatiques.

DISCUSSION : PISTES POUR AMELIORER LA CAPACITE D’ADAPTATION DES

DEUX AGROSYSTEMES

Bien que les producteurs de McLaren Vale semblent plus aptes à affronter un changement du

climat sur le long terme, notamment grâce à l’irrigation et au libéralisme des pratiques

viticoles, les producteurs des deux régions ont intérêt à améliorer leur perception du risque

climatique et leur capacité à mettre en place le changement, en agissant sur plusieurs facteurs

socio-économiques.

1. Percevoir le risque lié au changement climatique

Lors des entretiens, plusieurs producteurs n’attribuaient pas les conditions climatiques de la

période 2001-2010 à une tendance sur le long terme et n’identifiaient pas de risque particulier

lié au changement climatique. Cependant, la capacité à identifier un risque est un préalable

nécessaire à la mise en place de stratégies d’adaptation dans les agrosystèmes (Reid et al.

2007, Patt et Schröter 2008, Valdivia et al. 2010, Kuruppu et Liverman 2011). La perception

du risque apparaît dans les entretiens comme construite sur les aléas climatiques extrêmes,

tels que les sécheresses estivales de 2008 et 2009 à McLaren Vale. Cependant,

l’incompréhension des tendances qui sous-tendent la fréquence accrue de ces aléas extrêmes

devient problématique si elle freine la mise en place de stratégies d’adaptation (Buys et al.

2011, Marshall et al. 2011). Les stratégies faites pour gérer des aléas occasionnels ne sont pas

forcément adaptées à des changements sur le long terme, compte-tenu de la disponibilité des

ressources naturelles (notamment l’eau pour l’irrigation). De plus, les stratégies de court-

terme déjà en place peuvent réduire la perception de risque climatique à moyen et long-terme,

et donc l’investissement dans des stratégies d’adaptation durables. Une telle situation a

également été décrite par Marshall et al. (2011) pour une communauté d’éleveurs dans le

Queensland (Australie) : les éleveurs ayant déjà survécu à des périodes de sécheresse étaient

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moins enclins à investir dans de nouvelles technologies permettant de meilleurs prévisions

météorologiques.

2. La capacité à mettre en place le changement

Des stratégies visant à rendre le système plus souple sur le long terme existent, telles que

montrées par l’exemple australien : une irrigation maîtrisée, précise (grâce à la télédétection

des parcelles en stress hydrique), recyclée, ainsi qu’une plus grande liberté dans la provenance

des raisins. Pour obtenir l’appellation géographique McLaren Vale, il est possible d’utiliser

des raisins cultivés en dehors de la région, à hauteur de 15% du mélange final. En France,

l’importance commerciale des AOC freine la mise en place de telles stratégies. L’AOC Côtes-

du-Roussillon-Villages interdit l’irrigation dans les quinze jours précédant la vendange, alors

que plusieurs producteurs ont souligné l’importance qu’un petit apport hydrique à ce moment-

là pourrait avoir (à McLaren Vale, on parle de « Christmas inch », soit environ 25 mm dans le

mois précédent la vendange). Par ailleurs, l’AOC stipule que seuls quatre cépages peuvent

être utilisés pour les vins rouges secs : Grenache ou Carignan en cépage principal, Syrah ou

Mourvèdre en cépage complémentaire.

Bien que l’AOC soit dans une certaine mesure limitative, le frein au changement le plus

important reste le capital financier. Investir dans le vignoble nécessite un apport conséquent et

se pense sur le long terme. Dans un contexte de crise économique mondiale, mais aussi

régionale dans le secteur du vin, les producteurs ne perçoivent pas forcément les bénéfices

directs d’un investissement pour, par exemple, mettre en place un système d’irrigation de

précision. Ainsi, un projet piloté par la Chambre d’Agriculture des Pyrénées-Orientales,

tributaire des subventions de l’Union Européenne, prévoit de faire accéder à l’irrigation 80 ha

en aval du barrage d’Ansignan. Le coût pour les producteurs serait d’environ 700 euros par

hectare et par an, alors que le revenu moyen d’un coopérateur est d’environ 2400 euros par

hectare et par an.

3. Le caractère multi-factoriel de l’adaptation

Il ressort de cette étude comparée que plusieurs facteurs facilitent la mise en place de

stratégies permettant à long terme de s’adapter à un climat plus chaud et plus sec, notamment

en injectant davantage de souplesse économique et agronomique dans l’agro-système. Tout

d’abord, un certain capital financier est nécessaire, au niveau des producteurs individuels mais

aussi au niveau des instances régionales telles que la Chambre d’Agriculture, afin de

rentabiliser les investissements. Traditionnellement, l’alternance d’années plus ou moins

favorables en termes de climat pour les producteurs permet d’équilibrer leur revenu d’une

année sur l’autre. Cependant, la succession d’années difficiles, comme ce fut le cas entre 2003

et 2009 dans le Roussillon, met en péril la viabilité économique de nombreux producteurs, et

donc compromet le capital nécessaire à l’innovation sur le vignoble, ou au niveau de la

vinification.

Cependant, le capital financier peut être renforcé par la diversification. Une production très

spécialisée accroît le risque face au changement, et c’est ce qui s’est passé dans le Roussillon

dès les années 1970, avec une baisse brutale de la consommation de vin de table et de vins

doux naturels. Dans les deux régions, les entretiens ont montré l’importance de la

diversification pour tolérer la variabilité dans les conditions climatiques et économiques, et

cela forme un socle pertinent pour l’adaptation à long terme. La diversification peut

intervenir au niveau des pratiques agraires (cépages, site des parcelles) et des pratiques

commerciales (types de produits, circuits de distribution). Les producteurs interrogés qui

réussissaient à la fois dans la viticulture et la viniculture avaient investi dans des outils de

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communication variés à l’échelle nationale et internationale (site internet, salons, partenariat

avec d’autres acteurs, etc.).

Enfin, le capital social, ou la capacité à agir collectivement, est un corollaire nécessaire à

l’adaptation au changement climatique, comme montré dans divers agrosystèmes (Adger,

2003 ; Schwarz, 2010 ; Rodima-Taylor, 2012). L’action collective permet la transmission du

savoir et de l’innovation, d’un producteur à l’autre (transmission horizontale), ou bien d’une

instance (par exemple l’INRA) vers les producteurs (transmission verticale). Dans les deux

régions étudiées, la mise en commun du capital a permis certaines innovations. A McLaren

Vale, il s’agit par exemple de la mise en commun du capital de dix producteurs individuels

pour mettre en place le système d’irrigation à base d’eau recyclée, au début des années 2000.

Dans le Roussillon, cela prend la forme de la coopération vinicole, une tradition sociale en

déprise (64 coopératives dans le département en 1998, 48 en 2006), mais dont l’influence

reste forte (70% des surfaces viticoles dépendaient d’une coopérative en 2011) (Onivins,

2011). Nos résultats suggèrent qu’une aide financière et stratégique pour les coopératives les

plus dynamiques pourrait constituer un tremplin à la diffusion de l’innovation et à la mise en

place de stratégies d’adaptation au changement climatique.

CONCLUSION

Notre étude comparative cherchait à montrer les risques liés au changement climatique pour

deux agrosystèmes viti-vinicoles de climat méditerranéen, et comment pouvait être améliorée

leur capacité d’adaptation. L’analyse de données de température et de pluviométrie montre

que, depuis 1956, la décennie 2001-2010 a été particulièrement chaude et sèche dans les deux

régions, et que cela a directement entraîné des difficultés pour les producteurs, en quantité et

en qualité. Les deux modèles climatiques utilisés, ARPEGE et CSIRO Mk3.5, montrent que,

d’ici 2060, ces conditions récentes pourraient être amenées à être de plus en plus fréquentes.

Dans les conditions actuelles de pratiques culturales et commerciales, la situation économique

et sanitaire du vignoble pourrait donc se dégrader.

La comparaison de la réponse des deux régions au climat des dix dernières années a permis de

montrer que les producteurs de McLaren Vale ont été moins affectés, en raison notamment de

l’accès quasi-généralisé à l’irrigation de précision à partir d’eau recyclée, ainsi que de la

possibilité de mélanger des raisins vendangés dans différentes régions. Même si

l’agrosystème de McLaren Vale n’est pas exempt de risques liés au réchauffement et à

l’assèchement (par exemple, la salinisation croissante des sols due à l’irrigation), il semble

toutefois bénéficier d’une capacité d’adaptation plus grande que l’agrosystème roussillonnais.

Afin d’améliorer la situation dans le Roussillon, il serait nécessaire de favoriser l’accès des

producteurs et groupes de producteurs au capital financier, et d’insister sur les bénéfices à

long terme qu’ils pourraient tirer de la mise en place de stratégies innovantes sur leurs

exploitations. En ce sens, la diversification des activités et l’action collective (capital social)

constituent des éléments-clés pour l’adaptation au changement climatique.

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