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Styles, artisans, territoires et déplacements : pour une

approche pluridisciplinaire des manifestations culturelles

Elena BURRI-WYSER

Résumé :Les conditions exceptionnelles de précisions des datations et des sériations stratigraphiques, ainsi que l’abondance du matériel archéologique dans les sites lacustres du Néolithique moyen de la région des Trois-Lacs (CH) permettent une approche de la dynamique spatiale et chronologique de la culture matérielle. Nous avons montré que, dans le site de Concise (VD, CH), différentes manifestations de celle-ci se comportent indépendamment que ce soit de manière diachronique ou synchronique. Il nous semble qu’une des explications possibles est le partage des tâches entre genres, classes d’âge ou autre segmentation des sociétés. La relative indépendance des manifestations de la culture matérielle serait alors le reflet du fait que les acteurs ne sont pas les mêmes pour tous les artisanats. Pour préciser cette hypothèse, nous proposons une démarche intégrant quatre axes de recherches. Le premier, archéologique, consiste à dégager quels éléments de la culture matérielle se comportent de manière semblable au niveau diachronique ou synchronique, spatialement ou chronologiquement. Le deuxième est de préciser les relations entre producteurs et consommateurs de la culture matérielle. Le troisième, ethnologique, consiste à vérifier s’il existe des règles de partage des tâches ou d’association d’artisanats au sein des sociétés actuelles. La quatrième voie, géographique, consiste à examiner les territoires « naturels » définis par la structure géographique de l’occupation de l’espace.

Mots-clés :Néolithique moyen, région des Trois-Lacs, partage des tâches, échanges, migration, territoire, palafitte

Styles, craftsmen, territories and displacements: for a multidisciplinary approach of the cultural assemblages/manifestations

Abstract:The outstanding conditions provided by precise dates and stratigraphic seriations as well as the abundance of vestigial remains in the Middle Neolithic lake dwellings of the Three Lakes region (CH) allow a spatial and temporal approach of the material culture. For the site of Concise (VD, CH), we have demonstrated that this latter develops in an independent manner, whether diachronic or synchronic. One possible explanation is craft specialization according to gender, age classes or other societal groups. The rather independent manifestations of the material culture consequently mirror the fact that the craftsmen were specialized. In order to detail this hypothesis, we propose an approach on four axes of research. The first approach, on the archaeological level, aims at determining the elements of the material culture that behave in a similar manner diachronically or synchronically, spatially or temporally. The second analyzes the relationships between producers and consumers of material culture. The third, ethnological approach, aims at verifying if there exist rules concerning craft specialization or associations of craftsmen within present-day societies. The fourth, geographical approach, examines the natural territories defined by the geographical organization of the settled space.

Keywords: Middle Neolithic, Three Lakes region, craft specialization, trade, migration, territory, lake dwelling

RencontresMéridionales de

PréhistoireRécente

Actes

Saint-Georges-de-Didonne8 & 9 octobre 2010

Une partie des composantes changent

Toutes les composantes changent simultanément

Déplacement d’une population

entière

Culture matérielle

Transformationinterne

Déplacement d’un segment de population

InvasionRemplacement de population

ImmigrationImitation,

acculturation, échanges

Histoire des peuplements

Evolution ?

Caus

esE�

ets

Observations

Interprétations

Figure 1 — La question complexe des relations entre changements de la culture matérielle et histoire des sociétés.

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E. Burri-Wyser — Styles, artisans, territoires et déplacements : pour une approche pluridisciplinaire des manifestations culturelles

Cet article fait suite à celui qui est paru dans le volume consacré aux 8e Rencontres Méri-dionales de Préhistoire récente (Burri-Wyser

et al., 2011). Les faits qui y sont décrits sont la base d’une réflexion plus globale portant sur l’appréhen-sion des comportements des sociétés et de leurs manifestations matérielles dans le temps et l’es-pace, plus particulièrement au Néolithique moyen dans la région des Trois-Lacs, sur le Plateau suisse. Malgré l’absence de tombes, cette région est une des mieux connues de la Préhistoire européenne, grâce à un habitat essentiellement lacustre au maté-riel abondant et très précisément daté par la den-drochronologie. Ces conditions idéales sont depuis peu complétées par la possibilité d’étudier les objets dans leur contexte villageois, opportunité offerte par le site de Concise dont les villages ont été fouillés sur de grandes surfaces (Winiger, 2008 ; Winiger et al., 2010). Cette particularité permet d’envisager une série de questions le plus souvent inaccessibles aux archéologues et de remettre la lumière sur l’extrême intérêt des stations lacustres particulièrement avec les nouveaux résultats de la station de Concise dans un contexte régional. Nous proposons ici quelques pistes de recherches, dont certaines en cours de réa-lisation, pour exploiter ce potentiel.

Les questions des échanges, des migrations, des territoires, des segmentations et des types de société demandent que le cadre chronoculturel soit préalablement établi avec précision. Elles passent par la résolution d’un certain nombre de problèmes encore plus difficiles d’accès. Nous citerons : — la relation entre culture matérielle et population :

en quoi la culture matérielle est-elle le reflet de l’identité ?

– la provenance des objets et des matériaux : s’agit-il d’échanges ou d’importations, d’imitations, de production propre ?

– la transmission des savoirs…Ces questions ne peuvent obtenir de réponses

sans expliciter les rapports entre producteurs et consommateurs des différents éléments de la culture matérielle. En effet, hormis les éléments d’architec-ture, seuls les objets abandonnés et rejetés après usage et quelques éléments perdus par les villageois subsistent. En tous cas, il s’agit d’éléments consom-més par les habitants, tandis que les classements typologiques ou techniques se rapportent à la pro-duction des objets. Comment les déchets peuvent-ils être liés aux producteurs ? Cette question est résolue pour la céramique, puisque son étude détaillée, tant au niveau typologique, que technologique et spatial, a montré qu’il s’agissait d’une production domes-tique (Burri, 2007). Chaque maisonnée produit la céramique qu’elle utilise et dans une large mesure, la céramique rejetée est le reflet de l’identité des potières de chaque village et même de chaque mai-sonnée. La situation est beaucoup plus complexe pour d’autres manifestations de la culture maté-rielle : pensons par exemple au silex importé ou aux restes alimentaires, notamment de faune.

Pour tenter de répondre aux questions du peuplement, des relations entre communautés et de l’évolution de la culture, nous pouvons nous appuyer, dans la zone qui nous occupe, sur des chro-nologies extrêmement fines, avec un matériel assez abondant pour appréhender l’évolution de la culture matérielle sur de brèves périodes, dans le temps et l’espace, au niveau régional comme interne aux sites. Toute notre problématique consiste à expliquer les

éventuels changements repérés en termes d’histoire des peuplements, de transmis-sion des savoir-faire et d’occupation du territoire (fig. 1). Cette recherche est com-plexe et ne peut aboutir à une explication univoque. En effet, des changements identiques de la culture matérielle peu-vent provenir de quantités de causes dif-férentes, de même que les mêmes causes peuvent produire des effets divers selon le contexte et la précision des données initiales. Le déplacement d’une popula-tion entière dans un autre territoire peut aboutir à un remplacement total de la population avec toutes les composantes de la culture matérielle, à une invasion sans remplacement total de la population accompagnée d’un changement de tout ou partie de la culture matérielle selon

Hypothèses- Les sites conservés et fouillés sont représentatifs de l’occupation du territoire.

- Le matériel trouvé et étudié est représentatif dumatériel utilisé au Néolithique.

- Les transferts de savoir se font de manièreprivilégiée d’une génération à l’autre dans une même communauté.

- Un changement de la culture matérielleperceptible au niveau archéologique résulte de relations de relativement longue durée avec une idéologie, des individus ou une communauté.

- Les productions artisanales sont représentativesde populations, au sens de sphères d’endogamie des artisans.

- Les artisans sont maîtres de leur savoir-faire, dans le sens d’une maîtrise de la chaîne opératoirequ’ils utilisent, sans présumer de leur statut social.La production artisanale est le reflet de l’identité des producteurs.

- Les consommateurs maîtrisent le choix de l’offre,sans présumer de leur statut social. Les rejets domestiques sont le reflet de l’identité des consommateurs.

Figure 2 — Les hypothèses de base.

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que les envahisseurs interviennent ou non dans les techniques ou styles des autochtones, à un accueil plus ou moins égalitaire au sein de la population locale avec toutes les possibilités de recomposition de la culture matérielle imaginables. À l’autre extré-mité, la simple évolution interne d’une société, sans apport de population, peut correspondre à des chan-gements notables de la culture matérielle sous l’im-pulsion de stimuli idéologiques ou technologiques ou suite à des innovations internes. Pour illustrer le problème, notons par exemple que la découverte et la colonisation de l’Amérique centrale et du sud par les conquistadors espagnols n’ont eu quasiment aucune influence sur la production de la céramique indigène qui a été étudiée jusqu’au XXe siècle (par exemple Deboer et Lathrap, 1979 ; Deal, 1983). Par contre, la colonisation de l’Amérique du Nord a conduit à une disparition presque totale des cultures indigènes liée à la quasi-extermination des popula-tions, bien qu’elles aient laissé une empreinte dans certains éléments de la culture matérielle (bolos…). Enfin, la colonisation de l’île d’Hispañola a abouti en quelques dizaines d’années à l’anéantissement total de la population locale avec sa culture matérielle et à son remplacement par des colons hispaniques et des esclaves africains. L’observation de changements ou de perdurations de composantes de la culture maté-rielle, quelle que soit sa précision archéologique, ne conduit de loin pas automatiquement à une inter-prétation unique.

Pour restreindre le spectre des possibilités, nous proposons une approche interdisciplinaire reposant sur au moins quatre axes : le premier est l’observation archéologie précise de la culture maté-rielle intra site et inter site selon des michrochro-nologies régionales, le deuxième est l’explicitation de la relation entre producteurs et consommateurs, ainsi que des réseaux d’échange, le troisième est la reprise des données ethnologiques disponibles et le quatrième l’observation de la structure géogra-phique de l’occupation de l’espace. Ces quatre axes sont imbriqués dans une démarche dialectique qui fera l’objet d’un programme de recherches.

Postulats

Cette démarche se fonde sur une série d’hypothèses solides (fig. 2). Les deux premières sont basées sur les conditions exceptionnelles de sédimentation et les connaissances archéologiques régionales. Nous pouvons affirmer que les sites conservés, reconnus et fouillés sont représentatifs de l’occupation du ter-ritoire durant le Néolithique moyen II de la région des Trois-Lacs. Outre les très nombreuses stations

lacustres découvertes et fouillées depuis la seconde moitié du XIXe siècle, la région a été le théâtre, ces dernières décennies, d’une restructuration complète des réseaux routiers et ferroviaires, entraînant des surveillances et des fouilles sur des tracés linéaires dans tout l’arrière-pays (Wüthrich, 2003 ; Combe et Rieder, 2004 ; Bednarz et al., 2006 ; Boisaubert et al., 2008 ; Leducq et al., 2008 ; Weber-Tièche et Sor-doillet, 2008 ; Schopfer Luginbühl et al., 2011 ; Fal-quet et Mauvilly communications personnelles…). Ainsi, nous pouvons affirmer qu’entre 3850 et 3450 av. J.-C. environ, seules les rives des lacs sont véri-tablement occupées avec des villages stables, l’ar-rière-pays ne connaissant qu’une fréquentation liée aux travaux agricoles et certaines grottes semblant avoir fonctionné comme abri temporaire (Vallon-des-Vaux, Villeneuve, La Cure à Baulmes : Sitter-ding, 1972 ; Mauvilly communication personnelle). De plus, la remise à niveau des connaissances liée au projet de classement des sites lacustres à l’UNESCO et les recherches systématiques de ces dernières années sur les rives des Trois-Lacs permettent de

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Lyon

Genève

Zurich100 km

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Auvernier, NE, CH

5. Hauterive, NE, CH 6.

Thielle, BE, CH 7.

Twann, BE, CH 8. Nidau, BE, CH 9. Sutz-Lattrigen, BE, CH

10. Muntelier, FR, CH

12. Faoug, VD, CH

Vallorbe

Pontarlier

2. Gorgier/Saint-Aubin, NE, CH

4. Neuchâtel, NE, CH

11. Mur, VD, CH

13. Yvonand, VD, CH14. Cheseaux-Noréaz, VD, CH15. Yverdon, VD, CH16. Onnens, VD, CH28. La Tène, NE, VD

1. Concise, VD, CH

Figure 3 — Position des sites du Néolithique moyen II de la région des Trois-Lacs et des régions limi-trophes. En noir : séries céramiques publiées et datations absolues ou typologiques, en blanc : quelques profils et datation absolue, en gris : uniquement datation sans matériel étudié.

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connaître la périodicité et l’emplacement de ces occupations (Hafner et Suter, 2000 ; Corboud, 2008 ; Winiger, 2008 ; Arnold, 2009 et 2010 ; Bro-chier, 2010 ; Winiger et al., 2010…).

Une bonne proportion de ces sites est fouillée, au moins en partie, et le matériel étudié et publié (fig. 3 et 4). Toutes les études, loin s’en faut, n’ont pas abouti, surtout en raison de la très grande richesse de ces sites. La sédimentation est souvent extrême-ment rapide et permet une sériation très précise des niveaux, correspondant la plupart du temps à une phase de construction et d’occupation d’un vil-lage. De plus, elle permet de sceller le matériel dans les couches, souvent sans perturbation ultérieure notable, et l’implantation dans des zones humides en permanence assure la conservation optimale de matériaux fragiles, détruits dans d’autres condi-tions ou très fragmentés. Ces conditions exception-nelles permettent une représentativité du matériel bien plus importante que dans la plupart des sites terrestres. La sédimentation assure la contempora-néité à la génération près du matériel recueilli dans un niveau et permet de surcroît d’assurer la perti-nence des analyses spatiales. De plus, la très bonne conservation du matériel et son abondance permet-tent l’étude en fréquences des types et assure qu’on puisse s’abstraire de l’anecdotique.

Un troisième postulat s’appuie sur des connaissances ethnographiques des sociétés préin-dustrielles et sans économie de marché. Les trans-

ferts de savoir s’y produisent de manière plus ou moins spontanée, par imitation des gestes et de façon privilégiée au sein du cadre familial. Les com-munautés, voire les familles, étant autosubsistantes, toutes les activités nécessaires à la vie quotidienne y sont pratiquées et l’apprentissage se fait par imita-tion au contact immédiat des artisans (Roux, 1990). Ceci se traduit par le fait que sphère d’endogamie, sphères d’apprentissage et sphères de répartitions stylistiques se recoupent dans le cas de production autochtone (Burri, 1996, 2003 ; de Ceuninck, 2000).

Le quatrième postulat est basé sur les condi-tions des gisements et les connaissances ethno-logiques. Les sociétés sans marché ne sont pas autarciques : il existe des échanges. Mais, pour ce qui est des biens pouvant être acquis dans la sphère d’autosubsistance de la communauté, ceux-ci sont marginaux par rapport à la production locale (Gallay, 1993). Dans la région qui nous occupe, avec ces circonstances archéologiques particulières, la très grande quantité de matériel préservé nous permet d’étudier les corpus en fréquence. Les élé-ments marginaux y sont donc noyés dans la masse de la production locale. Pour qu’un changement de la culture matérielle soit perceptible, il faut qu’il soit massif ou établi sur une certaine durée et qu’il implique un véritable changement des savoir-faire. Étant donné le mode de transmission de ceux-ci, un changement n’apparaît qu’en présence d’un courant interne puissant, guidé par une amélioration notable

dendro C14av. J.-C BC cal Nombre % Cortaillod % NMB

15 Yverdon av. des Sports palafitte 3388-3314 ? 100 09 Lattrigen-Riedstation palafitte 3393-3388 58 100 07 Twann UH palafitte 3405-3391 31 100 08 Nidau-BKW 5 palafitte 3410-3398 23 100 0 Cortaillod4 Neuchâtel Fun'ambule palafitte 3509-3479 ? 100 0 Port-Conty

28 La Tène Marin Les Piécettes palafitte 3504-3483 ? 100 0 3500-3380 av. J.-C.2 Saint-Aubin/Sauges Port-Conty palafitte ? 100 03 Auvernier Tranchée Tram palafitte 40 100 0

18 Clairvaux II palafitte 5 100 027 Arbon-Bleiche 3 palafitte 3384-3370 pfyn 0 02 Gorgier les Argiliez palafitte 3531-35282 Saint-Aubin/Sauges Tivoli palafitte 3550-3534 ? 100 01 Concise E6 palafitte 3570-3516 89 100 01 Concise E5 palafitte 3570-3516 57 49 514 Neuchâtel Fun'ambule palafitte 3571-3535 ? 100 02 Saint-Aubin/Sauges Port-Conty palafitte 3574 ? 100 0

15 Yverdon av. des Sports palafitte 3598-3558 ? 100 0 Cortaillod tardif/3 Auvernier La Saunerie palafitte 3600-3597 ? 100 0 NMB récent/9 Lattrigen-Haupstation palafitte 3607-3568 100 91 9 Pfyn 8 Nidau-Port-Stüdeli OS palafitte 3631-3560 168 100 0 3650-3500 av. J.-C.7 Twann OS palafitte 3596-3532 418 94 63 Auvernier-Port III palafitte 3627-3621 96 99 13 Auvernier La Saunerie palafitte 3637-3633 ? 100 07 Twann MS1 palafitte 3649-3607 321 97 31 Concise E4 palafitte 3645-3635 252 47 53

10 Muntelier-Strandweg 4 palafitte 110 100 015 Yverdon-Garage-Martin 14-15 palafitte 68 97 318 Clairvaux XIV 3-6 palafitte 195 1 9925 Zurich-Mozartrasse palafitte 3670-3600 pfyn 0 01 Concise E3 palafitte 3666-3655 206 91 98 Nidau-Port-Stüdeli US palafitte 3686-3638 192 100 07 Twann MS palafitte 3702-3662 140 92 8 Cortaillod moyen/6 Thielle-Mottaz palafitte 3719-3699 4222-3819 744 98 2 NMB moyen/

22 Burgäschisee-südwest palafitte 3760-3748 231 100 0 Pfyn 15 Yverdon-Garage Martin 18-19 palafitte 24 75 25 3740-3650 av. J.-C.18 Motte-aux-Magnins V palafitte 3659-3525 99 1 9918 Clairvaux XIV 1-2 palafitte 142 1 991 Concise E2 palafitte 3713-3675 362 56 44

19 Gardon 40/42 grotte 3795-3662 25 0 10025 Zurich Kanalisationssanierung palafitte 3728-3681 pfyn 0 026 Feldmeilen Forderfeld palafitte pfyn 0 017 Chalain 3 palafitte 3740-3730 ? 100 024 Hitzkirch-Seematt OS palafitte 3758 191 100 03 Auvernier-Port V palafitte 3791-3679 3940-3698 180 100 0

23 Egolzwil 4 palafitte 3958-3798 512 100 028 La Tène Epargnier palafitte 3794 Cortaillod classique/5 Hauterive-Champréveyres palafitte 3810-3790 ? 100 0 NMB ancien/7 Twann US palafitte 3838-3768 313 100 0 Cortaillod ancien 2 Gorgier les Argiliez palafitte 3841-3817 ? 100 0 zurichois1 Concise E1 palafitte 3868-3793 85 100 0 3900-3740 av. J.-C.

12 Faoug Poudrechat palafitte 3850-3808 ? 100 025 Zürich-Mozartrasse 5 palafitte 3864-3834 95 100 020 Hautecombe palafitte 3842-3835 3942-3793 16 75 252 Saint-Aubin/Sauges Tivoli palafitte 3857-3828 ? 100 0

21 Corsier 3 palafitte 3859-3856 167 100 010 Muntelier-Dorf palafitte 3867-3854 171 100 015 Yverdon av. des Sports palafitte 3878-3870 ? 100 010 Muntelier-Fischergässli 1 à 4 palafitte 3895-3820 130 100 010 Muntelier-Strandweg 1 à 3 palafitte 177 100 025 Zürich-Mozartrasse 6 palafitte 3908-3872 139 100 025 Zürich-Kleiner Hafner 4E palafitte 4040-3803 63 100 016 Onnens palafitte ? 100 013 Yvonand 3 palafitte ? 100 018 Clairvaux VII palafitte 164 14 86

phaseNo site type siteCéramique

Figure 4 — Tableau récapitulatif des sites du Néolithique moyen II, avec les datations absolues et typologiques et les pourcentages de céramique NMB par rapport au Cortaillod. Les numéros des sites de la région des Trois-Lacs correspondent à ceux de la figure 3.

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Archéologie

EthnologieAnthropologie sociale

Ethnoarchéologie

Géographie

MicrochronologiesTypologies

Analyses spatiales

inter et intra sites

1. Evolutions fines chronologiques et spatiales par matière/types d’artisanat

2. Relations entreproduction et

consommationTransferts de savoir-faire

Regroupements ou indépendance des artisanats au niveauxspatial, temporel et culturel

3. Partages du travail au sein des populations

Partitions des sociétés selon les types d’artisanat

SitologieModélisation des possibilités

physiques de contactsentre sites à une époque donnée

4. Structure géographiquede l’occupation de l’espace

Hypothèses sur les partitions de la société au Néolithique

Hypothèses sur les segmentations,les types d’échanges et de société,

l’histoire des peuplements

Figure 6 — Schématisation de la démarche proposée et des résultats attendus.

Figure 5 — Pourcentages relatifs de céramique NMB en jaune et Cortaillod en rouge dans la région des Trois-Lacs. a. au Cortaillod moyen. b. au Cortaillod tardif.

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de l’industrie, par un changement idéologique, par une volonté d’imitation d’autres produits connus… ou par l’arrivée d’artisans « étrangers » porteurs de leurs propres savoir-faire et en nombre suffi-sant pour que leurs productions ou leurs habitudes domestiques apparaissent en fréquence non négli-geable dans les séries. La conjonction des deux hypothèses précédentes amène à la proposition que les productions artisanales sont représentatives de sphères d’endogamie au sein desquelles elles se transmettent.

Ces hypothèses sont basées sur des faits archéologiques ou eth-nologiques et peuvent être considé-rées comme des propositions. Nous y avons adjoint deux hypothèses qui permettent de lier producteurs et consommateurs de la culture maté-rielle. Il s’agit d’une part d’affirmer une maîtrise de la chaîne opératoire et des styles par les artisans. Sans présumer de leur statut social, nous supposons que chaque artisan est

responsable de sa production : elle est le reflet de son savoir-faire, donc de son apprentissage et dans une certaine mesure de son identité. D’autre part et de façon symétrique, nous supposons que le consom-mateur, même lorsqu’il ne s’agit pas du producteur lui-même, peut choisir librement dans l’offre dispo-nible. Il a ainsi une certaine maîtrise de sa consom-mation et par conséquent celle-ci reflète dans une certaine mesure son identité. Les éléments reje-tés par les consommateurs, auxquels accèdent les archéologues, sont les résultats des choix d’une part des producteurs et d’autre part des consommateurs.

3650-3625 av. J.-C. 3625-3600 av. J.-C.

3600-3575 av. J.-C. 3575-3550 av. J.-C.

3550-3525 av. J.-C. 3525-3500 av. J.-C.

Figure 7 — Exemple de partition par tranches de 25 ans au Cor-taillod tardif. Les sites en rouge sont datés en dendrochronolo-gie avec un matériel abondant et publié, en jaune sont datés typologiquement du Cortaillod tardif, en bleu sont datés en dendrochronologie avec pas ou peu de matériel publié.

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Contexte régional

Nous ne reviendrons que très brièvement sur le contexte culturel au Néolithique moyen II dans la région des Trois-Lacs, puisqu’il a été exposé notam-ment lors des 8e rencontres méridionales (Burri-Wyser et al., 2011). Rappelons que le contexte chronoculturel est extrêmement bien connu grâce aux grandes séries publiées dès les années 1980 (Furgler et al., 1977-1981 ; Schifferdecker, 1982 ; Pétrequin, 1989 ; Hafner et Suter, 2000 ; Honegger, 2001 ; Wey 2001 ; Affolter, 2002 ; Boisaubert et al., 2008 ; Joye, 2008 ; Pétrequin et Pétrequin, 2009 ; Stöckli, 2009 ; Winiger et al., 2010…). Les typochro-nologies, notamment céramiques, sont bien établies et permettent de suivre l’évolution d’une culture, le Cortaillod, qui se développe sur plusieurs siècles à l’ouest du Plateau suisse, entre environ 3870 et 3350 av. J.-C. Une périodisation de l’ordre du siècle et demi est établie et permet d’insérer les sites non datés en chronologie absolue grâce à la typologie de la céramique (fig. 4). Ce n’est qu’à la fin du Cortaillod, au Port-Conty, qu’il existe quelques indices d’établis-sements hors des rives. Cette dernière période est également caractérisée par un déplacement géogra-phique de la culture de Cortaillod que l’on retrouve alors en Combe d’Ain (Pétrequin, 1986), sans doute sous la poussée de la culture de Pfyn puis du Horgen qui s’étendent depuis l’est du Plateau suisse. Avant, durant le Néolithique moyen II, la Franche-Comté, singulièrement la Combe d’Ain, est caractérisée par le Néolithique moyen Bourguignon, le NMB (Pétre-quin et Gallay, 1984 ; Pétrequin, 1989 ; Burri, 2007 ; Pétrequin et Pétrequin, 2009). NMB et Cortaillod se trouvent en principe de part et d’autre de la chaîne de montagnes du Jura et la partition géographique était claire, avec une vingtaine de céramiques de type NMB répertoriées parmi les milliers de céra-miques Cortaillod publiées. D’autres éléments de la culture matérielle diffèrent également, même si les deux cultures ne sont pas monolithiques : prove-nance et supports des outils en silex, cortège faunis-tique, techniques de façonnage de bois de cerf et de l’os… Les fouilles de Concise ont drastiquement fait évoluer ce tableau, puisque dans plusieurs villages, céramiques Cortaillod et NMB se trouvent mêlées. Une analyse des styles, des dégraissants et de la dis-tribution spatiale des deux traditions céramiques permet de conclure à une production domestique de la céramique. La relation entre styles céramiques et identité des potières conduit à postuler des migra-tions de potières NMB depuis la Franche-Comté jusque sur le Plateau, sans doute en passant par la trouée de Vallorbe — Pontarlier. Cette situation a amené à réviser les séries du Plateau suisse et à

constater la présence dans plusieurs autres stations de céramiques NMB montées localement (Burri, 2007), avec un gradient s’éloignant du pied du Jura en direction de la rive nord du lac de Neuchâtel et d’Yverdon (fig. 4 et 5). Ces observations sont extrê-mement cohérentes tant au niveau géographique que chronologique, avec un phénomène restreint au Cortaillod moyen et tardif.

D’autres éléments de la culture matérielle changent et présentent le même genre de mixité : comme nous l’avons déjà relevé, industrie lithique et faune font preuve de changements notables, mais de manière décalée par rapport à la céramique, indiquant que ce ne sont pas les mêmes acteurs qui produisent et consomment la céramique d’une part, l’industrie lithique et la viande de l’autre (Winiger et al., 2010 ; Burri-Wyser et al., 2011 ; Chiquet et Burri-Wyser, 2012 ; Chiquet, 2012). Cette évolu-tion est perceptible tant au plan diachronique que synchronique, avec des regroupements significatifs au sein des villages. D’autres éléments de la culture matérielle semblent se comporter de manière sem-blable à l’industrie lithique et la faune (Winiger et al., 2010). Ces observations sont difficiles à vérifier pour les autres sites pour lesquelles les données manquent souvent.

N20 m

Unités de consommationà céramique NMBUnités de consommationà céramique mélangée

Unités de consommationà céramique Cortaillod

Dégraissants cristallins

Dégraissants cristallinsgrossiers

Dégraissants coquilliers

E4

Figure 8 — Exemple de caractérisation du rapport entre producteur et consommateur sur la céramique de Concise. Le binôme type de dégraissant/style est caractéristique de chaque unité.

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E. Burri-Wyser — Styles, artisans, territoires et déplacements : pour une approche pluridisciplinaire des manifestations culturelles

Démarche

Nous aimerions pouvoir interpréter ces éléments dans un cadre plus large en termes de types de société, de types d’échanges de biens et de personnes et de transmission des savoirs dans une perspective dynamique au niveau spatial et chronologique. Pour ce faire, il nous semble indispensable de faire appel à des références interprétatives externes, mais aussi d’affiner les connaissances strictement archéolo-giques (fig. 6).

Micro-typologies et analyses spatiales

L’extraordinaire précision des datations dendro-chronologiques, comme la rapidité de la sédimen-tation, l’importance du matériel conservé et la très bonne sériation des occupations, nous donnent l’opportunité d’effectuer des analyses typologiques selon des chronologies extrêmement fines, tant au niveau inter, qu’intra sites. Il s’agit de dresser des bilans typologiques permettant de définir des groupes de composantes de la culture matérielle se comportant de manière semblable ou indépendante au niveau spatial et/ou diachronique. La répétition d’observations devrait permettre de tirer des régula-rités dans le comportement de la culture matérielle. L’hypothèse sous-jacente découlant des observa-tions faites à Concise est que les sociétés du Néoli-thique moyen connaissent un partage des tâches et qu’elles sont segmentées en groupes responsables de différentes manifestations de la culture maté-rielle. Cette approche se base d’abord sur la très grande précision des datations et des sériations sédimentaires dans les stations lacustres. Comme on le voit, une sériation par tranches de 25 ans

au niveau de la région des Trois-Lacs est parfois possible (fig. 7). Une reprise des séries dans cette optique est envisageable au niveau inter sites, mais également entre différentes occupations d’un même site. Au niveau spatial, la difficulté est plus grande, seul le site de Concise ayant fait l’objet de véritables fouilles extensives. Mais, des comparaisons sont possibles avec le site Pfyn légèrement postérieur et plus oriental de Arbon-Bleiche (de Capitani et al., 2002 ; Doppler et al., 2010 ; Schibler et al., 2010). Outre les changements dans la culture matérielle, un second volet précisera quelles sont les compo-santes exogènes NMB, voire Pfyn, pour l’ensemble des composantes culturelles. Cette reprise des typo-chronologies par matière et par spectre faunique ou floristique devrait amener des éclaircissements notables déjà au point de vue des descriptions archéologiques des cultures. Elle permettrait de préciser les éventuelles mixités culturelles pour des fréquences relativement faibles.

Rapports entre producteurs et consommateurs

Dans le même ordre d’idées, mais avec une orienta-tion différente, il devrait être possible de préciser ou au moins d’approcher la relation entre producteurs et consommateurs des composantes de la culture matérielle. Pour la céramique, le résultat d’une pro-duction domestique est relativement facile à obtenir, avec les fouilles de Concise. En effet, les possibili-tés d’approvisionnement indiquent une production locale. De plus, le binôme dégraissant/style permet dans une première approche spatiale d’obtenir une caractérisation pour chaque maisonnée se démar-quant d’une maisonnée à l’autre (fig. 8). Enfin, les

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9 e RMPR (Saint-Georges-de-Didonne 2010) — Dynamismes et rythmes évolutifs des sociétés de la Préhistoire Récente

différences claires entre types céramiques, comme des indications d’emprunts stylistiques ou tech-niques permettent de s’assurer d’une certaine péren-nité des populations avec des emprunts réciproques entre potières NMB et Cortaillod (Burri, 2011). Pour les autres composantes, la situation est variable : les restes de manufacture comprenant toutes les étapes des chaînes opératoires indiquent que la production d’outils en os et en bois de cerf se fait au sein de chaque maisonnée, comme au moins une partie de l’industrie sur pierre polie et sans doute sur matériel pondéreux (Winiger et al., 2010). Par contre, il est clair qu’au moins une partie des lames de hache a été importée, la matière première n’étant pas locale et aucun éclat de débitage ne se trouvant sur les sites (Pétrequin et Jeunesse, 1995 ; Errera et al., 2007 ; Joye, 2008 ; Winiger et al,. 2010). De même, la quasi-absence de silex local et d’éclats de débitage dans les sites de la région des Trois-Lacs au Néolithique moyen indique des importations d’outils (Uerpmann, 1981 ; Hafner et Suter, 2000 ; Honegger, 2001 ; Affolter, 2002 ; Mauvilly et Boi-saubert, 2005 ; Winiger et al., 2010). La très grande variété des origines du silex, comme des gradients de fréquence décroissant en fonction de l’éloigne-ment des gîtes révèlent des importations de proche en proche par échange, plutôt que des approvision-nements directs par déplacement ou des redistri-butions à partir de places centrales. Par contre, il semble que des préférences culturelles induisent un choix dans les supports du silex, indépendamment de leur provenance (Burri-Wyser et al., 2011). Les consommateurs influencent le choix des produits en circulation. Les regroupements de types de support des outils semblent également prouver que ceux qui les utilisent et les rejettent ont un certain éventail de choix. Les types de silex trouvés dans les dépotoirs reflètent dans une certaine mesure l’identité d’une partie des habitants d’une maisonnée. En couplant matières premières et typologie de manière systé-matique, cette relation devrait être précisée. En ce qui concerne toute l’industrie en bois, que ce soit des objets ou des éléments d’architecture, il semble que la confection soit en grande partie locale, en tout cas les essences le sont (Winiger, 2008 ; Hurni et al., 2008 ; Winiger et al., 2010). Les pieux se regroupent par groupe écodendrologique selon les maisons, ce qui implique que chaque maisonnée se procure le bois dont elle a besoin, mais il existe éga-lement des maisons dont les bois proviennent des mêmes groupes, impliquant une certaine synergie entre plusieurs maisonnées. Les études précises sur l’architecture des villages du Néolithique de Concise, en cours par Ariane Winiger, apporteront leur lot de résultats. Enfin, les ressources alimen-

taires posent également des questions passion-nantes sur leur acquisition, leur éventuel partage et leur consommation. Ainsi, les données de Concise montrent certains choix culturels dans la consom-mation de viande, des regroupements par maison-née de certaines espèces, ainsi qu’un partage du cerf (Chiquet, 2012).

Les typologies fines et l’analyse des matières premières couplées à l’analyse spatiale et aux microchronologies, éventuellement en considé-rant les groupes de composantes culturelles mis en évidence au préalable, devraient amener des pré-cisions notables sur les rapports entre consomma-teurs et producteurs des composantes de la culture matérielle, entre savoir-faire, styles, préférences et identité et sur les manifestations émanant de la maisonnée, de groupes de maisonnées, de villages, d’entités culturelles, de la simple proximité géogra-phique… Ceci devrait également amener à caracté-riser des échanges ou des migrations d’individus ou de populations entières.

Références externes ethnographiques

En parallèle à ces études typologiques, technolo-giques et spatiales, une révision des données eth-nologiques est à mettre en œuvre. En effet, les études archéologiques mentionnées précédemment devraient amener à déterminer des groupes de manifestations culturelles évoluant de concert et à relever les facteurs les plus pertinents au niveau de l’identité. Leur interprétation en termes sociaux et culturels ne peut se faire sans appel à des référen-tiels externes. Notamment, en première approche, il semble que ces groupes de manifestations cor-respondent à un partage des tâches, c’est-à-dire à des partitions des sociétés du Néolithique moyen, que ce soit par genre, par lignée, par groupe d’âge… Les relations ethnographiques devraient permettre de proposer un faisceau d’hypothèses précises. En effet, si une seule tâche est rarement univoquement et universellement liée à un segment de la société, ce peut être différent lorsqu’il s’agit du regroupe-ment de plusieurs tâches. D’ailleurs, la céramique est un exemple particulièrement efficace, puisque la production domestique au colombin et dans des sociétés d’autosubsistance de cette dernière est toujours le fait de femmes (Murdock, 1962-1980 ; Arnold, 1985 ; Knopf, 2002). Pour les autres formes d’artisanats, des tendances peuvent apparaître, par exemple la fabrication et l’utilisation d’outils desti-nés à la percussion directe par les hommes (Testart, 1986), ce qui comprend la fabrication et l’utilisation

1

75 6

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Lyon

Genève

Zurich100 km

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Auvernier, NE, CH

5. Hauterive, NE, CH 6.

Thielle, BE, CH 7.

Twann, BE, CH 8. Nidau, BE, CH 9. Sutz-Lattrigen, BE, CH

10. Muntelier, FR, CH

12. Faoug, VD, CH

Vallorbe

Pontarlier

2. Bevaix, NE, CH

4. Neuchâtel, NE, CH

11. Mur, VD, CH

13. Yvonand, VD, CH14. Cheseaux-Noréaz, VD, CH15. Yverdon, VD, CH16. Onnens, VD, CH

1. Concise, VD, CH

Figure 10 — Graphe connexe des relations entre sites.

Figure 9 — Deux exemples datant du XIXe siècle du partage des tâches au Néolithique. a. Tableau de Léon Berthoud (© Laténium, Neuchâtel). b. Tableau de Otto Emmanuel Bay (© Musée historique de Berne).

a b

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des haches, le débitage et l’utilisation des pointes de flèche, le débitage de la pierre en général, ainsi que de l’os et du bois de cerf, mais pas forcément leur utilisation… Tout ceci en nuançant avec les études qui ont montré que les genres sont socialement construits et qu’ils recouvrent dans une large mesure les sexes, mais pas totalement (par exemple, les individus solitaires peuvent se comporter différem-ment, il peut exister un troisième genre…). En tout état de cause, de nombreux ethnologues ont relevé la répartition des tâches selon le genre ou l’âge, sans qu’il existe encore de synthèse (Claassen, 1992 ; Yentsch, 1996 ; Donald et Hurcombe, 2000 ; Nelson et Rosen-Ayalon, 2002 ; Diaz-Andreu, 2005). Ces caractérisations permettront d’obtenir un éventail de relations possibles entre segment de société et artisanat et par-là même, en confrontant ces possi-bilités aux données spatiales et chronologiques, de proposer des migrations d’individus, de segments de

population ou de populations entières, des échanges ou des transferts de savoir-faire entre segments de population, des cohabitations dans les maisonnées, les villages ou les quartiers de segments particuliers de la population. Ces possibilités pourront égale-ment être confrontées à certains types de société, au sens des définitions de A. Testart (2005). Ainsi, nous pourrons envisager entre autres possibilités une société semi-étatique patrilocale en cas d’indice de déplacements de femmes uniquement venant s’ins-taller dans un village ; lignagère s’il s’agit parfois de parties de la population où tous les segments sont représentés… De même, l’analyse spatiale devrait permettre de proposer une organisation sociale inter villageoise (polygamie, mais aussi grenier commun, maison des hommes…). Ce programme permettrait donc de concevoir un panel de possibilités pour caractériser l’ensemble des sociétés de la région des Trois-Lacs et de leurs contacts. Même s’il s’agit seu-

100 km

Fait avec Philcarto * 21.01.2009 15:39:57 * http://philgeo.club.fr

Markov

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Figure 11 — a. La structure de l’espace révélée par la marche markovienne. b. Position des frontières révélées par la structure géographique de l’occupation de l’espace avec en surimpression les fréquences relatives des styles céramique NMB et Cortaillod au Cortaillod moyen (en bas) et tardif (en haut).

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9 e RMPR (Saint-Georges-de-Didonne 2010) — Dynamismes et rythmes évolutifs des sociétés de la Préhistoire Récente

lement d’un faisceau d’hypothèses, elles ne pourront qu’être plus solides que celles basées sur le simple « bon sens » que véhicule une iconographie souvent très romantique (fig. 9).

Référentiel externe géographique

Pour restreindre cet éventail, mais aussi pour exa-miner si les contacts de proche en proche se com-portent aléatoirement ou non et enfin pour obtenir une mesure prédictive, nous proposons d’exami-ner la structure géographique de l’occupation de l’espace (fig. 6). Ceci permet d’obtenir une percep-tion de l’espace indépendante, dans la plus grande mesure possible, des données archéologiques. L’ex-cellente connaissance de l’occupation du territoire au Néolithique moyen est à nouveau primordiale. En effet, elle assure que les sites répertoriés sont représentatifs de l’occupation du territoire. Ceci permet d’étudier la structure de cette occupation d’un point de vue uniquement géographique, d’exa-miner les effets de frontière ou de territoire qu’elle induit, puis de comparer cette structure avec la répartition des types de la culture matérielle. Dans un second temps, cette étude permet de modéliser les mouvements et de faire circuler virtuellement objets et personnes avec une possibilité d’ajuste-ment des paramètres (nombre et quantité des flux de personnes et de biens, cadence des échanges, passages supplémentaires au travers du Jura, apport de la navigation, importance de la distance entre les sites…) par rétrodiction par rapport aux

observations archéologiques. Les modèles doivent tenir compte des types d’échanges proposés selon les types de société et les conjectures auxquelles ils aboutissent peuvent être ajustées au gré des décou-vertes archéologiques. Ainsi, le modèle est falsi-fiable au cas où aucune des hypothèses ne rendrait compte de la structure obtenue. Une première étape prometteuse de ce type d’approches a été testée en collaboration avec le géographe Jean-Christophe Loubier (Burri-Wyser et Loubier, 2011). Il s’agit dans un premier temps d’un modèle relativement grossier. Nous avons construit un graphe des dépla-cements possibles en considérant que le Jura consti-tue une barrière naturelle, hors trouées connues, et que les déplacements se font uniquement entre sites voisins, quelle que soit la distance (fig. 10). Ensuite, nous avons fait fonctionner une marche aléatoire sur ce graphe (selon nos hypothèses de transferts des savoir-faire, chaque étape correspond à peu près à une génération). Après trois pas de marche, nous obtenons une structure extrêmement intéressante et robuste qui reflète la probabilité de se retrouver sur un site à partir d’une distribution homogène. En effet, et contrairement aux attentes, cette approche montre clairement une partition de la rive nord du lac de Neuchâtel et une autre frontière située à l’est de la région des Trois-Lacs (fig. 11). Les contacts entre ouest du lac de Neuchâtel et Jura français sont, selon ce modèle, beaucoup plus intenses qu’entre les deux extrémités du lac de Neuchâtel. Ce résultat, de prime abord étonnant, s’explique par le fait que les rives nord des lacs de Neuchâtel et de Bienne consti-tuent un boyau étroit coincé entre Jura et lac, avec

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E. Burri-Wyser — Styles, artisans, territoires et déplacements : pour une approche pluridisciplinaire des manifestations culturelles

le collier des sites riverains comme seule possibilité de déplacement. Notons que pour la césure ouest, cette particularité est encore renforcée par la pré-sence du Mont-Aubert, entre Concise et Vaumarcus, dont les pans se jettent quasiment dans le lac. De plus, ces frontières ont encore actuellement une cer-taine réalité : la césure occidentale correspond à la frontière entre les cantons de Vaud et de Neuchâ-tel, située entre Concise et Vaumarcus, alors que la césure orientale correspond plus ou moins à la fron-tière linguistique entre Suisse romande et Suisse allemande. Enfin, en comparant cette structure avec les répartitions de céramiques NMB et Cortaillod au Cortaillod moyen et tardif, nous obtenons un excel-lent recoupement (fig. 11). Cela laisse supposer que cette répartition des styles céramiques, que nous avons liée à la répartition des potières, reflète des déplacements aléatoires de ces dernières sur cette structure de l’occupation de l’espace. Notons éga-lement que les répartitions du Cortaillod classique peuvent refléter l’émergence d’une culture à partir d’une structure d’occupation très différente : en effet, dans la période précédente, c’est plutôt l’ar-rière-pays qui est occupé. Relevons enfin que l’ho-mogénéité du Plateau suisse au Port-Conty relève plutôt d’une transgression de ces frontières par des mouvements de population : les déplacements ne sont plus aléatoires, mais ne se produisent que d’est en ouest. Ces modèles demandent évidemment à être affinés, avec notamment des indices de frotte-ment reflétant les difficultés de déplacement ou la distance et surtout pour des matériaux importés un sens obligatoire des échanges. Mais, au vu des résul-tats obtenus, il semble possible de construire un

outil prospectif permettant de tester les différentes hypothèses anthropologiques et de restreindre ainsi le spectre des possibles.

Conclusion

Ces réflexions ont pour base les fouilles de Concise et leurs études qui ont permis d’associer un maté-riel riche et très finement sérié stratigraphiquement à une vision en plan, quasiment ethnographique, dans les villages. Il faut pour ceci rendre hommage à l’archéologie cantonale vaudoise, à Ariane Wini-ger et aux nombreux fouilleurs et chercheurs qui ont permis que ce site soit étudié en dépassant lar-gement le simple catalogue d’objets. Ils permettent d’insérer les autres sites régionaux dans une problé-matique commune, mais aussi de lier le phénomène palaffittique à l’arrière-pays, malgré la différence de précision des dates et de la sédimentation.

Le programme que nous proposons, évi-demment loin d’être abouti, nous semble à même de dépasser le cadre strict des études lacustres en utilisant le potentiel de ces extraordinaires gise-ments et de la connaissance actuellement sans com-paraison d’une région entière sur plusieurs siècles. Ceci devrait amener non seulement une meilleure connaissance des sociétés du Néolithique moyen de la région des Trois-Lacs, mais aussi de nouvelles perspectives aux recherches archéologiques et eth-nologiques, notamment en proposant des modèles de circulation des biens et des personnes, de types de société et de partage des tâches et des ressources économiques.

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