Silence of Sovereignty

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Dylan Miner Dylan Miner, Wallpaper (Détail), 2015 THE SILENCE OF SOVEREIGNTY

Transcript of Silence of Sovereignty

Silence, the absence of noise or of any sound at all, can have a negative or at least passive connotation; indeed, the absence of speech can be associ-ated with censorship. That said, silence is also integral to thought. In today’s noise-polluted world, silence can be a powerful tool. Through The Silence of Sovereignty, Dylan Miner proposes that we listen to the silence of certain places as a form of resistance, a quiet strength of aboriginal sovereignty on North American soil.

Given that aboriginal resistance is often depicted, particularly in the media, as noisy protest, how can we envisage a silent aboriginal sovereignty? The silence of Miner’s work is not a total absence of sound, but rather an absence of noise and speech. The artist gathers sound samples from different aboriginal territories throughout Canada and the United States. Through these soundscapes, which are accompanied by etchings of the places from which they came, the land is given a voice. The silence here is necessary; we must be quiet in order to be able, not only to hear, but also to listen to these aboriginal lands. The soundscapes bear witness to the longevity of indigenous peoples’ presence on North American soil. As well as sounds, Miner collects plants and objects; these are included in the exhibition so that it becomes a point of convergence between different geographies, sounds, objects, and places.

Colonialism in Canada and the US has resulted in a system of apartheid (stolen territory, discrimination, and segregation); how, then, can aboriginal places be considered outside of binary spatial constructs such as reservation/ non-reservation, urban/rural, colonial/post-colonial or de-colonised space? The different places chosen offer a heterogeneous panorama and represent a variety of types of space and of contemporary aboriginal experience; their diversity allows us to dismantle the fixed binaries that forge our conception of space.

North American borders between provinces, territories, and states are inherited from the colonial period and do not represent aboriginal geography. As cartography is the ultimate colonial tool of territorial expansion, thinking about the American continent outside of these imposed borders represents a form of anti-colonial resistance. Through his work, Miner proposes an alter-native cartography based on experience rather than ownership and expan-sion. It is not a question of documenting, dividing, and allocating space—it is Dylan Miner

THE SILENCE OF SOVEREIGNTY Text by Noémie Despland-Lichtert

experiential. The series presented proposes an anti-colonial geography of the Anishinaabewaki (First Nation territory, notably of the Ojibwe, Odawa, and Pottawatomi nations) based on the aboriginal experience of land rather than imposed borders. This alternative geography is laid out in articule so that the different sites allocated throughout Canada and the United States are brought together in the gallery space. articule becomes the centre of this new cartography in the heart of Montréal—an un-ceded Mohawk territory. The silence requisite to think is the first stage of reflection; the silence of the exhibition allows other perceptions and a new listening to aboriginal lands. The gallery can therefore become an autonomous site of anti-colonial resistance, of reflection, and of coming together.

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262 Fairmount O.Montréal (Qc)H2V 2G3 Canada

Le vernissage s’inscrit dans le cadre de la conférence Silence! de l’Association des étudiants de 2è cycle en Histoire de l’Art et Communication. The opening is part of Silence! McGill University Art History and Communication Studies Graduate Student Conference

(514) [email protected]

mer-jeu : 12 h-18 hven : 12 h-21 hsam-dim : 12 h-17 h

THE SILENCE OF SOVEREIGNTYTexte de Noémie Despland-Lichtert

Le silence, l’absence de bruit ou même de tout son, se voit souvent attribué une connotation péjorative ou du moins passive. Comme absence de prise de parole, il est souvent associé à la censure. Pourtant le silence est aussi un moment indispensable à la pensée. Dans un monde contemporain bruyant, envahi de pollution sonore, le silence devient ainsi un outil de lutte puissant. Dans « The Silence of Sovereignty », Dylan Miner nous propose d’écouter le silence des lieux comme forme de résistance, une force tranquille de souve-raineté autochtone sur le territoire Nord-Américain.

Alors que la résistance autochtone est souvent dépeinte, particulièrement dans les médias, comme une contestation bruyante, comment penser une souveraineté autochtone silencieuse ? Le silence des œuvres de Miner n’est pas une absence totale de sons, mais plutôt une absence de bruit et de parole. L’artiste a recueilli des échantillons sonores dans différents territoires autochtones, tant au Canada qu’aux États-Unis. Dans ces paysages sonores, présentés en parallèle avec des gravures représentants ces mêmes lieux, la parole est donnée aux terres. Le silence de l’exposition est celui qu’il faut faire, il faut se taire pour pouvoir, non seulement entendre, mais surtout écouter les terres autochtones. Les paysages sonores témoignent de la résidence et de la pérennité de la présence du peuple autochtones sur le territoire nord-américain. En plus des paysages sonores, l’artiste collecte aussi des plantes et des objets qu’il déplace au sein de l’exposition ; celle-ci devient un centre de convergence de plusieurs translations géographiques, de sons, d’objets et de lieux.

Alors que la situation coloniale au Canada et au États-Unis instaure un système d’apartheid (terres volées, discrimination et ségrégation), comment penser les lieux autochtones en dehors des catégories binaires : espaces coloniaux/postcoloniaux ou décolonisés, réserves/non-réserves, urbains/ ruraux ? Les différents lieux choisis offrent un panorama hétérogène et montrent la multiplicité de nature des espaces et des expériences autoch-tones contemporaines ; leur diversité permet de démanteler ces carcans binaires qui forgent nos conceptions de l’espace.

Les frontières de l’Amérique du Nord, entre provinces, territoires et états, sont toutes héritées de la période coloniale et ne représentent pas la géo- graphie autochtone du territoire. Alors que la cartographie est l’outil colonial d’expansion territoriale par excellence, penser le continent américain en

dehors des frontières ainsi imposées représente une forme de résistance anti-coloniale. À travers ses œuvres, Miner propose une cartographie alternative du territoire basée sur l’expérience plutôt que la propriété et l’expansion. Il ne s’agit pas de documenter, de diviser et de répartir l’espace, mais plutôt d’en faire l’expérience. La série présentée propose une géo-graphie anticoloniale de l’Anishinaabewaki (les terres, le territoire des Premières Nations particulièrement Ojibwé, Odawa, et Pottawatomi) basée sur l’expérience autochtone du territoire plutôt que sur les frontières imposées. Cette géographie alternative se déploie dans l’espace d’articule. Les différents lieux répartis à travers le Canada et les États-Unis sont regroupés dans celui de la galerie. articule devient le centre de cette nou- velle cartographie au cœur de Montréal : un territoire Mohawk non cédé. Le silence nécessaire pour penser est la première étape de la réflexion, celui qui règne dans l’exposition permet d’autres perceptions et une nouvelle écoute des terres autochtones. La galerie peut alors devenir un lieu autonome de résistance anticoloniale, de réflexion et de rencontre.

articule est un centre d’artistes accessible et professionnel, qui se consacre à la présentation d’un large éventail de pratiques en art actuel. À travers nos différents volets de programmation, nous soutenons la rigueur artistique, l’expérimentation et l’engagement social.

articule is an artist-run centre dedicated to the dissemination of a broad range of contemporary art practices with a particular interest in social engagement, undisciplined and artistic experimentation.

THE SILENCE OF SOVEREIGNTYDylan Miner (Métis, USA) Exposition : 25 avril – 24 mai 2015 Vernissage : le vendredi 24 avril, 19 h Discussion : le vendredi 24 avril, 17 h 30

Exhibition: April 25 – May 24, 2015 Vernissage: Friday, April 24, 7pm Artist talk: Friday, April 24, 5:30pm

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art history &communication studies

262 Fairmount O.Montréal (Qc)H2V 2G3 Canada

Le vernissage s’inscrit dans le cadre de la conférence Silence! de l’Association des étudiants de 2è cycle en Histoire de l’Art et Communication. The opening is part of Silence! McGill University Art History and Communication Studies Graduate Student Conference

(514) [email protected]

mer-jeu : 12 h-18 hven : 12 h-21 hsam-dim : 12 h-17 h

THE SILENCE OF SOVEREIGNTYTexte de Noémie Despland-Lichtert

Le silence, l’absence de bruit ou même de tout son, se voit souvent attribué une connotation péjorative ou du moins passive. Comme absence de prise de parole, il est souvent associé à la censure. Pourtant le silence est aussi un moment indispensable à la pensée. Dans un monde contemporain bruyant, envahi de pollution sonore, le silence devient ainsi un outil de lutte puissant. Dans « The Silence of Sovereignty », Dylan Miner nous propose d’écouter le silence des lieux comme forme de résistance, une force tranquille de souve-raineté autochtone sur le territoire Nord-Américain.

Alors que la résistance autochtone est souvent dépeinte, particulièrement dans les médias, comme une contestation bruyante, comment penser une souveraineté autochtone silencieuse ? Le silence des œuvres de Miner n’est pas une absence totale de sons, mais plutôt une absence de bruit et de parole. L’artiste a recueilli des échantillons sonores dans différents territoires autochtones, tant au Canada qu’aux États-Unis. Dans ces paysages sonores, présentés en parallèle avec des gravures représentants ces mêmes lieux, la parole est donnée aux terres. Le silence de l’exposition est celui qu’il faut faire, il faut se taire pour pouvoir, non seulement entendre, mais surtout écouter les terres autochtones. Les paysages sonores témoignent de la résidence et de la pérennité de la présence du peuple autochtones sur le territoire nord-américain. En plus des paysages sonores, l’artiste collecte aussi des plantes et des objets qu’il déplace au sein de l’exposition ; celle-ci devient un centre de convergence de plusieurs translations géographiques, de sons, d’objets et de lieux.

Alors que la situation coloniale au Canada et au États-Unis instaure un système d’apartheid (terres volées, discrimination et ségrégation), comment penser les lieux autochtones en dehors des catégories binaires : espaces coloniaux/postcoloniaux ou décolonisés, réserves/non-réserves, urbains/ ruraux ? Les différents lieux choisis offrent un panorama hétérogène et montrent la multiplicité de nature des espaces et des expériences autoch-tones contemporaines ; leur diversité permet de démanteler ces carcans binaires qui forgent nos conceptions de l’espace.

Les frontières de l’Amérique du Nord, entre provinces, territoires et états, sont toutes héritées de la période coloniale et ne représentent pas la géo- graphie autochtone du territoire. Alors que la cartographie est l’outil colonial d’expansion territoriale par excellence, penser le continent américain en

dehors des frontières ainsi imposées représente une forme de résistance anti-coloniale. À travers ses œuvres, Miner propose une cartographie alternative du territoire basée sur l’expérience plutôt que la propriété et l’expansion. Il ne s’agit pas de documenter, de diviser et de répartir l’espace, mais plutôt d’en faire l’expérience. La série présentée propose une géo-graphie anticoloniale de l’Anishinaabewaki (les terres, le territoire des Premières Nations particulièrement Ojibwé, Odawa, et Pottawatomi) basée sur l’expérience autochtone du territoire plutôt que sur les frontières imposées. Cette géographie alternative se déploie dans l’espace d’articule. Les différents lieux répartis à travers le Canada et les États-Unis sont regroupés dans celui de la galerie. articule devient le centre de cette nou- velle cartographie au cœur de Montréal : un territoire Mohawk non cédé. Le silence nécessaire pour penser est la première étape de la réflexion, celui qui règne dans l’exposition permet d’autres perceptions et une nouvelle écoute des terres autochtones. La galerie peut alors devenir un lieu autonome de résistance anticoloniale, de réflexion et de rencontre.

articule est un centre d’artistes accessible et professionnel, qui se consacre à la présentation d’un large éventail de pratiques en art actuel. À travers nos différents volets de programmation, nous soutenons la rigueur artistique, l’expérimentation et l’engagement social.

articule is an artist-run centre dedicated to the dissemination of a broad range of contemporary art practices with a particular interest in social engagement, undisciplined and artistic experimentation.

THE SILENCE OF SOVEREIGNTYDylan Miner (Métis, USA) Exposition : 25 avril – 24 mai 2015 Vernissage : le vendredi 24 avril, 19 h Discussion : le vendredi 24 avril, 17 h 30

Exhibition: April 25 – May 24, 2015 Vernissage: Friday, April 24, 7pm Artist talk: Friday, April 24, 5:30pm

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Silence, the absence of noise or of any sound at all, can have a negative or at least passive connotation; indeed, the absence of speech can be associ-ated with censorship. That said, silence is also integral to thought. In today’s noise-polluted world, silence can be a powerful tool. Through The Silence of Sovereignty, Dylan Miner proposes that we listen to the silence of certain places as a form of resistance, a quiet strength of aboriginal sovereignty on North American soil.

Given that aboriginal resistance is often depicted, particularly in the media, as noisy protest, how can we envisage a silent aboriginal sovereignty? The silence of Miner’s work is not a total absence of sound, but rather an absence of noise and speech. The artist gathers sound samples from different aboriginal territories throughout Canada and the United States. Through these soundscapes, which are accompanied by etchings of the places from which they came, the land is given a voice. The silence here is necessary; we must be quiet in order to be able, not only to hear, but also to listen to these aboriginal lands. The soundscapes bear witness to the longevity of indigenous peoples’ presence on North American soil. As well as sounds, Miner collects plants and objects; these are included in the exhibition so that it becomes a point of convergence between different geographies, sounds, objects, and places.

Colonialism in Canada and the US has resulted in a system of apartheid (stolen territory, discrimination, and segregation); how, then, can aboriginal places be considered outside of binary spatial constructs such as reservation/ non-reservation, urban/rural, colonial/post-colonial or de-colonised space? The different places chosen offer a heterogeneous panorama and represent a variety of types of space and of contemporary aboriginal experience; their diversity allows us to dismantle the fixed binaries that forge our conception of space.

North American borders between provinces, territories, and states are inherited from the colonial period and do not represent aboriginal geography. As cartography is the ultimate colonial tool of territorial expansion, thinking about the American continent outside of these imposed borders represents a form of anti-colonial resistance. Through his work, Miner proposes an alter-native cartography based on experience rather than ownership and expan-sion. It is not a question of documenting, dividing, and allocating space—it is Dylan Miner

THE SILENCE OF SOVEREIGNTY Text by Noémie Despland-Lichtert

experiential. The series presented proposes an anti-colonial geography of the Anishinaabewaki (First Nation territory, notably of the Ojibwe, Odawa, and Pottawatomi nations) based on the aboriginal experience of land rather than imposed borders. This alternative geography is laid out in articule so that the different sites allocated throughout Canada and the United States are brought together in the gallery space. articule becomes the centre of this new cartography in the heart of Montréal—an un-ceded Mohawk territory. The silence requisite to think is the first stage of reflection; the silence of the exhibition allows other perceptions and a new listening to aboriginal lands. The gallery can therefore become an autonomous site of anti-colonial resistance, of reflection, and of coming together.

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Given that aboriginal resistance is often depicted, particularly in the media, as noisy protest, how can we envisage a silent aboriginal sovereignty? The silence of Miner’s work is not a total absence of sound, but rather an absence of noise and speech. The artist gathers sound samples from different aboriginal territories throughout Canada and the United States. Through these soundscapes, which are accompanied by etchings of the places from which they came, the land is given a voice. The silence here is necessary; we must be quiet in order to be able, not only to hear, but also to listen to these aboriginal lands. The soundscapes bear witness to the longevity of indigenous peoples’ presence on North American soil. As well as sounds, Miner collects plants and objects; these are included in the exhibition so that it becomes a point of convergence between different geographies, sounds, objects, and places.

Colonialism in Canada and the US has resulted in a system of apartheid (stolen territory, discrimination, and segregation); how, then, can aboriginal places be considered outside of binary spatial constructs such as reservation/ non-reservation, urban/rural, colonial/post-colonial or de-colonised space? The different places chosen offer a heterogeneous panorama and represent a variety of types of space and of contemporary aboriginal experience; their diversity allows us to dismantle the fixed binaries that forge our conception of space.

North American borders between provinces, territories, and states are inherited from the colonial period and do not represent aboriginal geography. As cartography is the ultimate colonial tool of territorial expansion, thinking about the American continent outside of these imposed borders represents a form of anti-colonial resistance. Through his work, Miner proposes an alter-native cartography based on experience rather than ownership and expan-sion. It is not a question of documenting, dividing, and allocating space—it is Dylan Miner

THE SILENCE OF SOVEREIGNTY Text by Noémie Despland-Lichtert

experiential. The series presented proposes an anti-colonial geography of the Anishinaabewaki (First Nation territory, notably of the Ojibwe, Odawa, and Pottawatomi nations) based on the aboriginal experience of land rather than imposed borders. This alternative geography is laid out in articule so that the different sites allocated throughout Canada and the United States are brought together in the gallery space. articule becomes the centre of this new cartography in the heart of Montréal—an un-ceded Mohawk territory. The silence requisite to think is the first stage of reflection; the silence of the exhibition allows other perceptions and a new listening to aboriginal lands. The gallery can therefore become an autonomous site of anti-colonial resistance, of reflection, and of coming together.

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Le vernissage s’inscrit dans le cadre de la conférence Silence! de l’Association des étudiants de 2è cycle en Histoire de l’Art et Communication. The opening is part of Silence! McGill University Art History and Communication Studies Graduate Student Conference

(514) [email protected]

mer-jeu : 12 h-18 hven : 12 h-21 hsam-dim : 12 h-17 h

THE SILENCE OF SOVEREIGNTYTexte de Noémie Despland-Lichtert

Le silence, l’absence de bruit ou même de tout son, se voit souvent attribué une connotation péjorative ou du moins passive. Comme absence de prise de parole, il est souvent associé à la censure. Pourtant le silence est aussi un moment indispensable à la pensée. Dans un monde contemporain bruyant, envahi de pollution sonore, le silence devient ainsi un outil de lutte puissant. Dans « The Silence of Sovereignty », Dylan Miner nous propose d’écouter le silence des lieux comme forme de résistance, une force tranquille de souve-raineté autochtone sur le territoire Nord-Américain.

Alors que la résistance autochtone est souvent dépeinte, particulièrement dans les médias, comme une contestation bruyante, comment penser une souveraineté autochtone silencieuse ? Le silence des œuvres de Miner n’est pas une absence totale de sons, mais plutôt une absence de bruit et de parole. L’artiste a recueilli des échantillons sonores dans différents territoires autochtones, tant au Canada qu’aux États-Unis. Dans ces paysages sonores, présentés en parallèle avec des gravures représentants ces mêmes lieux, la parole est donnée aux terres. Le silence de l’exposition est celui qu’il faut faire, il faut se taire pour pouvoir, non seulement entendre, mais surtout écouter les terres autochtones. Les paysages sonores témoignent de la résidence et de la pérennité de la présence du peuple autochtones sur le territoire nord-américain. En plus des paysages sonores, l’artiste collecte aussi des plantes et des objets qu’il déplace au sein de l’exposition ; celle-ci devient un centre de convergence de plusieurs translations géographiques, de sons, d’objets et de lieux.

Alors que la situation coloniale au Canada et au États-Unis instaure un système d’apartheid (terres volées, discrimination et ségrégation), comment penser les lieux autochtones en dehors des catégories binaires : espaces coloniaux/postcoloniaux ou décolonisés, réserves/non-réserves, urbains/ ruraux ? Les différents lieux choisis offrent un panorama hétérogène et montrent la multiplicité de nature des espaces et des expériences autoch-tones contemporaines ; leur diversité permet de démanteler ces carcans binaires qui forgent nos conceptions de l’espace.

Les frontières de l’Amérique du Nord, entre provinces, territoires et états, sont toutes héritées de la période coloniale et ne représentent pas la géo- graphie autochtone du territoire. Alors que la cartographie est l’outil colonial d’expansion territoriale par excellence, penser le continent américain en

dehors des frontières ainsi imposées représente une forme de résistance anti-coloniale. À travers ses œuvres, Miner propose une cartographie alternative du territoire basée sur l’expérience plutôt que la propriété et l’expansion. Il ne s’agit pas de documenter, de diviser et de répartir l’espace, mais plutôt d’en faire l’expérience. La série présentée propose une géo-graphie anticoloniale de l’Anishinaabewaki (les terres, le territoire des Premières Nations particulièrement Ojibwé, Odawa, et Pottawatomi) basée sur l’expérience autochtone du territoire plutôt que sur les frontières imposées. Cette géographie alternative se déploie dans l’espace d’articule. Les différents lieux répartis à travers le Canada et les États-Unis sont regroupés dans celui de la galerie. articule devient le centre de cette nou- velle cartographie au cœur de Montréal : un territoire Mohawk non cédé. Le silence nécessaire pour penser est la première étape de la réflexion, celui qui règne dans l’exposition permet d’autres perceptions et une nouvelle écoute des terres autochtones. La galerie peut alors devenir un lieu autonome de résistance anticoloniale, de réflexion et de rencontre.

articule est un centre d’artistes accessible et professionnel, qui se consacre à la présentation d’un large éventail de pratiques en art actuel. À travers nos différents volets de programmation, nous soutenons la rigueur artistique, l’expérimentation et l’engagement social.

articule is an artist-run centre dedicated to the dissemination of a broad range of contemporary art practices with a particular interest in social engagement, undisciplined and artistic experimentation.

THE SILENCE OF SOVEREIGNTYDylan Miner (Métis, USA) Exposition : 25 avril – 24 mai 2015 Vernissage : le vendredi 24 avril, 19 h Discussion : le vendredi 24 avril, 17 h 30

Exhibition: April 25 – May 24, 2015 Vernissage: Friday, April 24, 7pm Artist talk: Friday, April 24, 5:30pm

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