Pour une pragmatique du début et de la fin stratégies de l’organisation textuelle et...

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Tcrtcs réunis par Bruno Bureau t:t Christian Nicolirs

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Débuts urt^ dan s les |ittératures

grecque, latine et néo/atine

Actes du colloque organiséles 29 et 30 septembre 2006

par l'Université Jean Moulin - Lyon 3

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6e volume comprend cinquante articles issus des communications données lors du\-.tcolloque international homonlme tenu à Lyon en septembre 2006. Le colloque étart

organisé par le CEROR (EA 664) avec I'appui de I'ENS-LSH. Il rassemblait des

spécialistes des linératures grecque, latine et néolatine. Les articles couwent unepériode par là mème très vaste (d'Homère à Ciovanni Pontano ou C,eorge Buchanan) et

à peu près tous les genres linéraires. Il aborde la question du commencement et de la finsous plusieurs angles : on y trouvera donc des approches terminologiques, rhétoriques.poétiques, historiques etgénériques. Il peut s'4gir d'envisager le début et/or la fin tantde textes isolés que d'cruwes ou de séquences à I'intérieur d'une cruwe. On lira aussi

des contributions portant sur le début ou la fin d'une tradition ou d'un genre ou les

questions philosophiques induites par ces notions.

Ont contribué à ce volume :

J. Abry, J.-P. Aygon, M. B'astin-Hammou, Y. Benfèrhat, C. Besson, A. Billault, M. Briand,

B. Bureau, C. Carbone et L. Spina, H. Casanova-Robin, J.-F. Chevalier,

P. Chiron, M. Claisse, I. Cogitore, S. Coin-Longeray, C. Cousin, C. Cusset, D. Cuny,

J.-P. De Gorgio, B. Deligrron, S. Dorothée, E. Dupraz, M. Formarier, A. Foucher,

S. Franchet d'Espèrey, V. Fromentin, F. Caide, E. Gavoille, L. Cavoille, B. C,oldlust,

L. C,osserez, J.-P. Cuez, V. Lerotx, J. Nassichuk, C. Nicolas, A. Orlandini et P. Poccetti,

J. Peigney, M. Pfaff-Reydellet, C. Puccini-Delbey, S. Roesch, G. Salamon, M. Squillante,

R. Ucciero, R. Utard, S. Van Laer, H. Vial,A. Videau

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@ Eclition CERCR - Dépotlégal Décembre 2007ISBN : N' 978-2 -9O4974-33-s

ISSN:N" 0298S50OPrir de rente : 99 € les deuvolumes.

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L^ RèGION

Pour une pragmatique du début et de la fin : stratégies del' organisation textuelle et argumentative

Anna Orlandini & Paolo Poccetti-

1. Comment commencer et comment/inir

Nous analyserons ici non seulement les stratégies d'ouverture et de clóture d'un texteou d'un chapitre, mais aussi d'un énoncé dans un récit ou dans le dialogue. Notre analyse sedéploie sur trois niveaux : textuel, métalinguistique et illocutoire.

1.1. Au niveau textuel

1.1.1. Les constractíons présentatives et Ie choix des temps verbuux

Le début d'un récit est le lieu privilégié des constructions rhématiques présentativesl àverbe sum employe àla troisième personne du singulier et placé en position initiale :

(Ia) Era? Pipa quaedam, uxor Aeschrionis Syracusani, de qua muliere plurimi uersusin istius cupiditatem facti sunt, tota Sicilia percelebrantur ; erat Nice, facie eximia utpraedicatur, uxor Cleomeni Syracusani (Cic., Verr. 5,81-82) ;

(Ib) Erant in quadam ciuitate rex et regina (Apul., M. 4,28,1).

Les emplois de l'adjectif indéfini quidam n'ont pas, dans ces deux passages, le mémerÓle fonctionnel. Dans (1a) l'adjectif quaedam modifiant un nom propre dans une structureprésentative est un clin d'ail à f interlocuteur au sujet de la notoriété - dans ce cas négative -de Pipa3. Ce n'est pas un hasard si, dans l'énoncé suivant erat Nice qui relève aussi d'unestructure présentative, le nom propre d'une femme sans notoriete negative, n'est pas modifiépar quaedam. En revanche, dans (1b) l'adjectif quidam, en union avec un nom commun

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Respectivement, Université de Toulouse II - Le Mirail et Université de Rome 2.

Selon la définition de M. Hannay (1985 : p. 10) ( presentative constructions serve to introduce the subjectentity involved in a particular state of affairs in the world of discourse >. L'analyse la plus exhaustive desconstructions présentatives en latin a été développée par H. Rosén (1998).Erat est une correction de Shmetz et edd., le manuscrit V a et.

La mauvaise réputation de Pipa était notoire, y' aussi Aeschrionis Syracusani uxor est Pipa, cuius nomenistius nequitia tota Sicilia peruulgatum est (Cic. Verr.3, 17). A propos de cette toumure, c/ G. Serbat(1984) ainsi que H. Rosén (1998: p.729), qui reconnaît dans cet emploi de quidam une nuance de mépriset cite Donat : uis contemptionis et uilitatis (Don., ad Andr.22l).

< Commencer et Finir dans les littératures antiques > (8. Bureau - C. Nicolas, éd),Collection du CRGR, Lyon, 2007, pp. 237-252.

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(ciuitas), est un élément métalinguistique, généralisanta et d,e-réalisant, servant à introduire lecommencement d'une histoire dans un monde f,rctif. Cela correspond aux noflnes topiques ducontrat initial entre l'auteur et son public.

En revanche, l'emploi de quidam pronom (< un tel >) est fonctionnellement différent :

(lc) per aliquot annos quaedam dilectum uirum / amisit (Phaed., App. 13,l sq.).

Le pronom est référentiel et actualisant, il appartient à un autre type de constructionsincipitaires qui ne sont pas présentatives, mais qui ouvrent in medias res5. L'rntroductionpréalable visant à créer un monde fictif a été omise, et, par conséquent, quidam,loin d'étregénéralisant, dé-réalisant,véhicule ici une présupposition d'existence ; autrement dit, on estentré d'emblée dans le monde du récit et le locuteur s'efforce de fixer des coordonnéesréférentielles pour ses propres persotìnages.

I1 est bien connu que la tournure avec le verbe étre au commencement du récit estcommune à plusieurs langues anciennes et modernes (< il était une fois... >). Dans ce cas,evidémment, le verbe étre n'est pas enclitique et, par 1à, la loi de Wackernagel n'est pasrespectée6. La position initiale du verbe est un cas de < focus on the operator ), gui relève deI'emphatisation du róle du verbe opérateur (avec ses catégories temporales et modales)t. C.procédé est commun à la présentation d'un récit et à l'introduction d'une description :

(2a) Est locus ltaliae medius sub montibus altis (Yirg., Aen. 7, 563) ;

(2b) ían p,év nou xaì év raíg iíMa6 nó),eow iípyovrég re xaì àfip,og (Plat., Rsp.463 a).

Etant donné la position initiale commune du verbe étre, ce qui distingue le début d'unefable ou d'un récit par rapport à une simple description d'un endroit est plutòt l'emploi dutemps du verbe (imparfait vs. présent) et/ou la présence d'éléments qui se chargent d'unefonction généralisante.

Ces procédés caracterisent les débuts des fables ou des récits dans plusieurs langues.

Par ex., en grec ancien :

(3a) oíira nor' fiv p,tg xaì .yaÀfi (Ar.,Vesp.1192);

(3b) 'Hv oíra à,ì1 naig, 1.td,Mou àè p,epaxíaxoE, p,ó),a xù,ós(Plat. Phaedr.237 b).

Ainsi dans les paraboles des Evangiles :

(3c) AvSpaúg nE fiv r),0úotog Í)g eTyeu oíxovóp,ov (Lc. 16, 1).

En irlandais ancien dans le début du celèbre conte Scéla Mucce Mac Dathó (< Histoiredu porc de Meic Dathó >) :

Selon A. Graur (1969), I'adjectif quidam dans les Métamorphoses d'Apulée est un véritable articleindéfini ; toutefois, fort justement, H. Rosén (1998 : p. 730) remarque que, si tel était Ie cas, quidam auraitdù ètre placé de manière obligatoire devant chaque mot recevant une interprétation indéfinie (par ex.,devant rex et devutt regina, ce qui n'est pas le cas). Cela, en revanche, ne se vérifie que dans latransposition latine du Moyen Age des fables d'Esope, cf.H. Rosén (1998 : p. 730).Cf. H. Rosén (1998 : p.726) qui cite aussi Bello ciuili quaedam uirum secuta esl (Sen., Contr. 10,3);C astigabat quidam fil ium suum (Plin, Ep. 9, 12, l).A ce sujet c/ J. N. Adams (1994: p. 69).q/ J.N. Adams (1994 : p.1t).

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Pour une pragmatique du début et de Ia.fin

(4a) Boí rí amraefor Laignib, Mac Dathó a ainm. Boí cu occo. Im.diched in cúLaigniu huili. Ailbe ainm in chon ocus ba tón Hériu dia airdircus in chon,( 11 était une fois un roi important du Leinster, Mac Dathó (était) son nom. Il y avaitun chien avec lui... >;

en sanskrit au commencement des fables :

(4b\ asti kasminscin nagare palanducauro grhitah sa ca samyamya rajakulam nitah(Paftcaîantra 4,9),

< il y a dans une ville un voleur de ciboulle (qui) capturé et emprisonné fut amené autribunal >.

Dans le texte irlandais ancien, 1à où le verbe étre est exprimé, il indique toujoursl'existence (< il était une fois I il y avait >), mais il est elliptique lorsqu,il a valeur de copule.Dans la formule du sanskrit de l'ex. (4b), le verbe €tre estau présent indicatif (as ti), avec unevaleur atemporelle' cet emploi du présent de l'indicatif du verbe étre se rekouve en latin enfonction présentative lorsqu'il s'agit d'un endroit qui a ou a eu une existence réelle, et dont onfaitla description :

(5a) Est locus Hesperiam quam morîares perhibebant(Enn., An.23vahren).La méme tournure se retrouve dans le passage de Virgile déjà cité, qui n,introduit pas

un récit, mais la description d'un endroit réel et bien connu, et qui sert à créer une similitudecontextuelle" :

(2a) Est locus ltariae medius sub montibus attis (yirg., Aen.7, 563).

En revanche, dans les contes, outre I'impaffait,l'emploi du parfait du verbe étre avecune valeur achronique n'est pas exclu :

(5b)fuit tamenfaber quifecir phialam uitream, quae nonfrangebatur (petr.,sl, l).Dans les deux cas, au verbe étre s'ajoute, dans le texte qui suit, un verbe à l,imparfait

qui rétablit le style de la narration.

Le portrait, que I'on trouved'un récit, partage parfois la mémeI'indicatif :

(6) Erat in ciuitate Sabina poppaea (Tac., An. 13,45,I).

Le recours à cette tournure a le méme effet de suspension que les structuresincipitaires; comme le signale M.Rambaud (rg70: p.429): <ie portraii se détache de lasuccession linéaire du récit ; il crée un temps d'arrét, de réflexion dans le flux narratif >.

La méme tournure à verbe èîre en position initiale se retrouve dans les languesromanes, mais uniquement dans les formules figées à l'imparfait : fr. < Il était une fois )), ( ily avait ), it. ( c'era una volta >>, esp. (( erase una vez>> :

(7 a) Il était une fois un gentilhomme qui épousa en secondes noces une femme, la plushautaine et la plus fière qu'on eùt jamàis vue (c. perrault, cendritton) ;

Pour les toumures latines visant à introduire une description, cf. J.-p.Aygon dans ce méme volume(p.36e-38s).

soit au début d'une Guvre ou d'un épisode, soit à la finstructure présentative à verbe étre initiar à l'imparfait de

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(7b) - Il était une fois un roi et une reine qui étaient si fàchés de n'avoir pointd'enfants, si fàchés qu'on ne saurait dire. Ils allèrent à toutes les eaux du monde,vcux, pélerinages, menues dévotions ; tout fut mis en Guwe, et rien n'y faisait. Enfinpourtant la reine devint grosse, et accoucha d'une fille (Ch. Penault, La belle au boisdormant).

Les langues non romanes connaissent elles aussi cette formule, par ex., en allemand,( es war einmal > :

(8) Es war einmal ein Mann, der hatte einen Esel, welcher schon lange Jahreunverdrossen die Sàcke in die Mùhle getragen hatte. Nun aber gingen die Kràfte des

Esels zu Ende, so da8 er zur Arbeit nicht mehr taugte (Brtider Grimm, Die BremerStadtmusikanten).

et en anglais << once upon a time there was >, ce qui correspond en anglais moyen à

< whilom ther was >> :

(9) Whilom, as olde stories tellen us, ther was a duc that highte Theseus (G. Chaucer,Canterbury Tales : Knight's Tale I ss.);

(10) Whilom ther was dwellynge at Oxenford a riche gnof (G. Chaucer, CanterburyTales : The Miller's Tale 7B-81).

Souvent, le commencement des contes est caractérisés par la présence d'éléments avec

une fonction généralisante, visant à la suspension des repères déictiques du monde réel et

fonctionnant comme des signaux métalinguistiques d'ouverture sur un monde imaginaire. Ils'agit fréquemment d'indéf,rnis, par ex. I'adjectif latin quidam, ou d'expressions adverbiales

avec une valeur méta-temporelle, telles que lat. olim, fr. une fois, angl. moyen whilom, angI.

mod. once upon q time, ou portant sur les circonstances du déroulement de I'action (par ex.,

en latin, l'adverbe de manière forte, fr. par hasard, it. per caso)e. Ces expressions sont

équivalentes, fonctionnant toutes comme des < dé-réalisants >>, et répondant à une stratégie

d'effacement des descriptions véro-fonctionnelles du monde réel, propre du début d'un récit;elles sont ainsi quasi-interchangeables :

(lla) Grandis ut exiguam bos rqnam ruperat olim (Mart.,10,79,9) ;

(lIb) Tarenti ludeiforte erant quom illuc uenit (P1., Men.29) ;

(llc) Seruus quidam, cui cunctam familiae tutelam dominus permiserat suus quiquepossessionem maximam illam, in quam deuerteramus, uillicabat (Apul., M.8,22) ;

et elles peuvent méme se cumuler :

(1ld) Fuit olim quidam senex mercator (Ter., Andr.22l sq.).

Ainsi, de la méme manière que l'adjectif quidam par rapport à olim en latin, en grec

ancien, I' adjectif indéfini z9 €st interchangeable avec les adverbes 7T0re < il y a longtemps,

une fois t) ott oíra << alors, ainsi > dans le début des fables. A ce propos, on confrontera les

commencements de la fable d'Esope (ex. 12a) et 1'exemple (3c) AvSpanóg nE:

(l2a) ,yéq@v rorè (ú),a xklas xaì raí,ra Eégav rcM,ì1v óàòv éB,iàt(e (Aesop. 60 Hausrath:90 Halm).

H. Rosén (1998: p.731) appelle cet emploi de quidam et des autres adverbes circonstanciels<< sup rasentential dede fi n itizers r>.

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Pour une pragmatique du debut et de la fin

I1 arrive la méme chose dans les contes sanskrits, où, par ex., l'expression mentionnéeci-dessus (ex. 4) asti kasminscin nagare correspond exactement (sauf pour la conjugaison duverbe) à la formule latine de (1b) erant in quadam ciuitate.

Parmi les éléments à valeur généralisante, rappelons aussi d'autres indéfinis, tels quequicumque ou des expressions telles que forte, nescio quid. Parfois, dans un méme texte, onen trouve deux à la fois se renforgant réciproquement avec un effet renchérissant dans laconstruction du monde fictif, virtuel, du début du récit :

(I2b) Ibam forte uia sacro, sicut meus esî mos / nescio quid meditans (Hor., ,S. 1, 9, 1*2).

De méme, en grec ancien, on trouve la combinaison de oírut et 7T0re a\t début d'unrécit, comme dans l'ex. (3a), ou, en anglais, la formule complexe once upon a time < une foisily a longtemps D peut remplacer le simple whilom de I'anglais moyen.

Un exemple d'une série d'expressions indéterminées qui se cumulent l'une l'aprèsl'autre est fourni par le début dttDon Quijote de Cervantes :

(13) En un lugar de la Mancha, de cuyo nombre no quiero acordar-me, no hay muchotiempo que vivía un hidalgo de los de lanza en astillero (Don Quijote I,l),

mais aussi par le début du Pinocchio de Collodi :

(14) C'era una volta... - Un re !- diranno subito i miei piccoli lettori. No, ragazzi,avete sbagliato. C'era una volta un pezzo di legno. 1...1 Non so come andasse, ma ilfatto gli è che un bel giorno questo pezzo di legno capitò... (Collodi, Le awenture diPinocchio I,1).

D'autres stratégies, visant à une suspension de la déixis des coordonnées spatio-temporelles de l'action et à f impossibilité d'identifier référentiellement un individu précis, se

concentrent souvent au début d'un récit. Il s'agit d'expressions présentant des quantificationssans ancrage deictique sur l'axe spatio-temporel ou des hyperboles qui poussent certainesqualités au delà d'un degré superlatif, pour marquer l'éloignement de la realite dans lacréation d'un monde possiblet0. Ce sont des formules telles que << qu'on ne peut pas

imaginer >>, << autant qu'il n'est pas possible au delà >, ( à un tel degré que personne ne l'ajamais été ou qu'on ne trouverait personne ou qu'on ne pourrait pas exprime, )rtt :

(l5a) Matrona quaedam Ephesi tam notae erat pudicitiae, at uicinaram quoquegentiumfeminas ad spectaculum sui euocaref (Petr., 111, 1) ;

(15b) (:1b) Erant in quadam ciuitate rex et regina. Hi tres numero filias formacospicua habuere [...] at vero puellae iunioris tam praecipua, tam praeclarapulchritudo nec exprimi ac ne sufficienter quidam laudari sermonis hamanìpenaria poterat (Aptil., M. 4,28) ;

10 A propos des moyens que le latin exploite dans la création de mondes possibles, cf. A. Orlandini (2005).

1 1 Signalons au passage que quidam adjectif modifiant un autre adjectif peut fonctionner de la méme manière,signalant un degré de la qualité prédiquée qui dépasse le superlatif : et maxime iustitía, ex qua una uirfuteuiri boni appellamur, mirìjíca quaedam multitudiní uideÍur (Cic., Off. 2,38) (( merveilleuse audelà de ce qu'on pourrait dire >, it. < di una meravigliosità indicibile >>); diuina quadam mente praeditus(Cic., Mil. 2l) < doué d'une pénétration plus que divine >>. Quidam fonctionne ici comme un hedge (fr.enclosure), empéchant une réference ordinaire, quantifiable, pour ouvrir sur un monde possible: c/A. Orlandini (2005) ainsi que A. Bertocchi, M. Maraldi et A. Orlandini (à p.).

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A. Orlandini & P. Poccetti

(I5c) (:6) fuit tamen faber qui fecit philam uitream quae non frangebatur [...J Caesarnon pote ualdius quam expauir (Petr. 51, 1*3).

De méme, dans les débuts des fables des liffératures modernes :

(I6a) (7a) Il était une fois un gentilhomme qui épousa en secondes noces une femme,la plus hautaíne et la plus fière qu'on eút jamais vue (C. Perrault, Cendritton) ;

(16b) (:7b) Il etait une fois un roi et une reine qui étaient si ffichés de n'avoir pointd'enfants, siféches qu'on ne saurait dire. (C. Perrault, La belle au bois dormant);

(16c) (:9) Whilom, as olde stories tellen us, ther was a duc that highte Theseus; ofAtthenes he was lord and in his tyme swich a conquerour,and govemour, that gretterwas ther noon under the sonne (G. Chaucer , Canterbury Tales : Knight's Tale t ss .) ;

(16d) Es war einmal eine alte GeiB, die hatte sieben junge GeiBlein. Sle hatte sie soIieb, wie eben eine Mutter ihre Kinder lieb hat. Eines Tages wollte sie in den Waldgehen... (Bnider Grimm, Der LTolf und die sieben jungen Geisslein).

En ouverfure d'ouvrage, l'arrière-plan commun au locuteur et à son interlocuteur-lecteur est mis en avant et organisé par l'emploi de l'imparfait, par ex., en (la-b) (lat. erat,erant), en (3) (gr. 'Hv), dans les langues romanes (fr. it était une fois, it. c'era una volta, etc.).Il s'agit d'un temps duratif, non déictique, qui permet de situer locuteur et interlocuteur dansun univers énonciatif commun, mais à part, hors du temps réferentiel et donc dans un universvirfirel, achronique ou panchronique, tel que celui des contes.

L'imparfait dans les débuts n'est pas un temps déictique. I1 s'agit d'un << passé def imaginair.e^ )), qui sert à créer I'encadrement, l'arrière-plan du récit, par une ( négotiationimplicite >12 préalable entre locuteur et interlocuteur. C'est à peu près ce qui arrive dans lesjeux d'enfants, lorsqu'ils s'accordent, dans ce cas d'une maniòre explicite, sur les róles qu'ilsvont jouer: < Alors j'etaisramaman, ettoi, tuétais le papa de la fillette >13.

Parfois, un participe présent, ajouté à l'imparfait ou isolé, joue le méme róle d'arrière-plan. Le schéma classique du récitla prévoit ensuite le passage au premier plan, réalisé par untemps déictique: un présent ou un passé, qui sont censés véhiculer l'informationréférentiellement la plus significative pour le vrai commencement de l'histoire.

Voici donc le schéma typique : le texte commence par une circonstancielle qui décritl'arrière-plan (imparfait etlou participe présent) par rapport au locuteur et à f interlocuteur-lecteur, suivi d'un temps référentiellement déictique (présent ou passé) : tel est le cas du débutde la célèbre satire du fàcheux chez Horace :

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t3Pour le concept de << négociation implicite >>, cf LJ" Eco (2003).

Cette forme de suspension de la deixis est d'ailleurs bien connue en indo-européen, si bien que, comme ledit G. Calboli (1966 : p. 285), qui cite à son tour J. Gonda, lorsque I'opposition fondamentale étaitaspectuelle (infectum / perfectum) l'irréel n'était qu' << un preterito immaginativo, come nei giochiinfantili : 'io ero il maestro e voifacevate gli scolari' di un'azione che sta per avere inizio >>, une sihrationcommunicative qui demande une négociation préalable et explicite.Nous nous rapprochons ici de I'analyse textuelle de H. Weinrich (2004: p. 63), selon qui < I'imperfetto edil passato remoto (...) segnalano lo sfondo ed il primo piano della nanazione >>. Le mème auteur avait déjàremarqué la fréquence des imparfaits au début et en conclusion d'un récit, alors que le présent occupesouvent la partie centrale de la narration (cf, p.28).

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Pour une pragmatique du début et de la fin

(I7) (:L2b) Ibam forte uia sacra, sicut meus est mos / nescio quid meditans nugcrumtotus in illis / accurrit quidam mihi notus nomine tantum (Hor., s. l, g,r-z),

Un syntagme très souvent récurrent en ouverture de livre ou de chapitre est la tournurequi réunit le datif du pronom personnel de la première personne et un participe présentconjoint. Cette tournure est fréquente chez Cicéron. Il suffit de comparer l'incipit du premierlivre du De oratore et celui du troisième livre :

(l8a) Cogítanti mihi saepe numero et memoria uetera repetenti perbeati fuisse,Quintefrater, illi uideri solent, qui in optima re publica (..) àum uitae cursum tenerepotuerunt, ut uel in negotio sine periculo uel in otio cum dignitate esse possent (Cic.,De Or.l,l);(l8b) Instituenti mihí, Quinte frater, eum sermonem referye et mandare huic tertiolibro, quem post Antoni dispulationem Crassus habuisset, acerba sane recordatioueterem animi curam molestiamque renouauit (Cic., De Or. 3,I).Dans ces deux débuts qui se rapportent l'un à l'autre, la solution linguistique

envisagée pour exprimer l'implication directe et émotionnelle du locuteur est identiqu e. Laméme fonction du participe au début d'un récit est exprimée par une propositioncirconstancielle qui indique l'arrière-plan du locuteur, dans lequel s'inscriront les événementsqui seront racontés. Un exemple est fourni par le conte du < loup-garou > inseré dans leSatyricon de Pétrone, où le changement de sujet dans deux verbes juxtaposés, l'un à lapremière personne du singulier (seruirem) décrivant l,arrière-plan, l,autre à la première dupluriel (habitabamzs), sert à introduire les autres protagonistes du conte :

(19) Cum adhuc seruírem, habítabamus in uico angusto, nunc Gauillae domus est.Ibi, quomodo dii uolunt, amare coepi uxorem Terentii coponis (petr., 61, 6).

L'emploi des temps verbaux au début du récit inséré dans le Satyricon reproduit leschéma classique d'ouverture des contes souvent utilisé chez Phèdre. Ici c'est l,imparfait quiintroduit le contexte précèdant le verbe au parfait. Celui-ci indique le noyeau thématique durécit et se range au style de la narration :

(20a) Mons partaribat, gemitus inmanes ciens, / erafque in terris maximaexspectatio. / At ille muyem peperit (phaed.,4,23,l-3) ;(20b) superior stabat lupus / longeque inferior agnus. Tunc fauce improba / latroincitatus iurgii causam intalit (Phaed., 1,1,24)La méme opposition temporelle, réalisée par la juxtaposition de f imparfait et de

l'aoriste, se retrouve dans les fables d'Esope :

(21) xúav xpéas íyouoa rorag,àu ùéBatve' geaaap,év,r1 àè r,fiv éaurfig oxà,v xarà, roù íàaroEtmíÀa1ev èrépav xúva elvu 1te(ov xpéag í76oucav(Aesop. 136 Hausrath :233Halm).

Souvent, à f imparfait s'ajoute un participe présent fonctionnant comme unecirconstancielle, qui, dans une structure coordonnée, coffespondrait au méme temps que celuide la phrase principale ; par ex., dans les contes de Phèdre ci-dessus mentionnés :

(20a) mons purtaribal, gemitus inmanes ciens : mons partaribut et gemitus inmanesciebat (Phaed., 4,23, l-3).

De méme dans la fable d'Esope citée :

(21) xúav xpéaE íyouoa norap,àv àÉBaue = xúov xpéag e77e rorap,òv àÉBaue,

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A. Orlandini & P. Poccetti

La méme organisation des temps verbaux (opposition temporelle entre deux temps du

passé) au commencement d'un récit appartient aux procédés de la narration des littératures

modernes:

(22a) Sedeva appresso Filostrato Laurelta,la quale, poscia che udito ebbe lodare la

'ndustria di Bergamino e sentendo a lei convenir dire alcuna cosa, senza alcun

comandamento aspettare, piacevolmente cos\ cominciò a parlare:... (Boccaccio,

Decameron 1,8);

(22b) Ad Elissa restava I'ultimo comandamento della reina; la quale, senza

aspettarlo, tutta festevole cominciò: '.. (Boccaccio, Decameron 1,9).

Une opposition temporelle identique se retrouve dans les fables de Perrault, par ex. :

(23) (:7b) Il était une fois un roi et une reite qui étaient si fàchés de n'avoir point

d'enfants, si fàchés qu'on ne saurait dire. 1/s allèrent à toutes les eaux du monde,

vaux (C. Perrault, La belle au bois dormant).

De mème, dans les contes de Chaucer, en anglais moyen, on constate l'opposition

temporelle entre le temps du verbe qui ouvre le récit, notamment la forme composée

(continous tense), et le passé simple, employé dans la narration :

(24) Whilom ther was dwellinge in Lumbardye a worthy knight, that born was ofParye, in which he lyved in greet prosperitee (G. Chaucer, Canterbury Tales : The

Merchant's Tale 33 ss.).

La mème structure se retrouve dans l'ouverture du celèbre Pinocchio de Collodi qui

commence par une allusion metalitterajre aux débuts traditionels des contes (<< c'era una volta

... un re >)15 :

(25) C'era una volta... - Un re !- diranno subito i miei piccoli lettori. No, ragazzi,

avete sbagliato. C'era una volta :unpezzo di legno. Non era un legno di lusso, ma un

semplice -pezzo

da catasta, di quelli che d'inverno si mettono nelle stufe e nei

camìnetti per accendere il fuoco e per riscaldare le stanze. Non so come andasse, ma ilfatto gli è che un bel giomo questo pezzo di legno capitò nella bottega di un vecchio

falegname, il quale aveva nome mastr'Antonio, se non che tutti lo chiamavano

maestro Ciliegia, per via della punta del suo naso, che era sempre lustra e paonazza,

come una cifiègia matura. Appena maesffo Ciliegia ebbe visto qu'el pezzo di legno, si

rallegrò tutto e dandosi una fregatina di mani per la coÍúenhezza, borbottò a mezza

voce...

Avant de commencer |e récit proprement dit, marqué par l'emploi du passé simple

(< capitò;), le locuteur essaie de souder le récit avec le procès de l'énonciation, en instaurant

une situation de dialogue avec ses propres lecteurs, qu'il imagine des enfants (< diranno i miei

piccoli lettori. No ! ragazzi, avete sbagliato ! >). C'est ainsi que l'emploi repéte de I'imparfait

1nr'.ru una volta; ... c'era una volta; ... non efa; ... aveva nome; .'. 10 chiamavano>)

alterne avec |'emploi du futur, du passé composé et du présent de I'indicatif (< diranno ; . ' .

avete sbagliato ; ... si mettono ; ... non so come andasse r), qui portent sur la figure du

locuteur et le moment de l'énonciation.

15 A propos de l'aspect formulaire du début et de la conclusion des contes, c/ H. Weinrich (2004 : p. 163).

244

Pour une pragmatique du début et de lafin

L'ouverture de Pinocchio dévéloppe ainsi un procédé assez commun au début d'unrécit: I'emploi d'éléments déictiques qui se rapportent au locuteur, en reliant strictement lerécit au moment de l'énonciation. Tel est, par ex., l'emploi de la première personne :

(26) Non so come andasse (Collodi, Le awenture di pinocchio I,l),ou d'une périphrase temporelle qui se rapporte au moment de l'énonciation :

(27) Erano, non sono molti anni passati, in Siena due già per età compiuti uomini(Boccaccio, Decameron 9, 4),

qui est explicitement indiqué paÍ nunc dans les passages suivants :

(28) Fuit olim, quasí ego sum, senex [...J sed ille erat caelebs senex, quasí ego nuncsum (P1,5t.539-544);

(29):(I9) Cum adhuc seruirem, hobitabamus in uico angusîo, nunc Gauillae domusest (Petr.,6l,6).

1.1.2. La clàture

La clóture représente I'endroit du retour au locuteur, c'est-à-dire le moment du rappelau procès de l'énonciation et au róle joué par le narrateur. Ce róle est dénoncé par l'emploi deverbes à la première personne du singulier et d'autres éléments déictiques se référant aulocuteur. Ces éléments forment une sorte de parenthèse avec le début, ils renferment le récitqui s'est ouvert de la méme manière. C'est le cas, par exemple, du conte du < loup-garou )dans le Satyricon, qui commence par la première personne et par des références au moment del'énonciation (ex. 29) et se termine de la méme manière :

(30) Viderint quid de hoc alii exopinissent ; ego, si mentior, genios uestros iratoshabeam (Petr., 6I,I4),

ou de l'épitaphe poétique d'une femme, qui s'ouvre et se termine par des expressionsverbales opposées et symétriques (deico - dixi ; asta - abei) :

(3ra) Hospes quod deico, paullum est, asta ac pellege.......... díxi, abei (cIL 12 l2r! :cLE s2).

Dans cette épitaphe, le début et la fin du récit sont signalés par le verbe signifiant< dire > ; il s'agit d'un procédé souvent utilisé dans la poésie épique pour marquer lecoÍlmencement et la fin d'un discours direct, fonctionnant comme les guillemets dans notresystème d'écriture. c'est la stratégie que l'on trouve chez Homère, par ex. :

(3lb) Tàu à' alre rqooéenrev (...)'Ag qúro (Hom., Od. !,90 ;2,80 etpassim),

et aussi chez Virgile :

(3lc) tum sic Mercurium adloquitur ac talia mandat '.....'. Dixerat. (Virg., Aen. 4,222138).

Mais, à la difference de la poésie épique, dans l'épitaphe (31a), c'est la pierre qui jouele rÓle du locuteur en se présentant à la première personne du singulier (deico... dixi). Laprésence du locuteur est aussi évoquée par d'autres renvois dans I'ouverture et dans la clóture.C'est le cas du Decameron, où le locuteur apparait à la première ainsi qu'à la demière ligne :

24s

-

A. Orlandini & P. Poccetti

(32a) Quantunque vohe, graziosissime donne, meco pensando, tig]oardo quanto vot

naturalmente tu1e pietose siate, tante conosco che la presente opera... (Boccaccio,

Decameron, incipit de la Première Journée) ;

(3Zb) ... e voi, piacevoli donne con la sua grazia in pace rimanete, di me ricordandovi,

se ad alcuna forse alcuna cosa giova l'averle lette (Boccaccio, Decameron, explicit de

la Conclusion de I'Auteur).

Le rapport symétrique entre le début et la fin peut ètre obtenu aussi par des éléments

généralisants ou par I'expression de quantifications spatio-temporelles non déictiques' par des

hyperboles exagérant les qualités d'un individu au-delà d'un degré superlatif'

Il est bien connu que l'enseignement général que l'on doit tirer d'une fable peut ètre

placé soit au début soit à la fin, par ex. :

(33a) Au début : Quicumque turpi fraude semel innotuit etiam si uerum dicit amittit

fidem Hoc adtestatur breuis Aesopifabula (Phaed',1, 10) ;

(33b) A la fin : Haec propter illos scriptast homines fabula qui fictis causis innocentes

opprimunt (Phaed., 1, 1).

Ainsi une maxime de caractère général ou une expression évoquant une quantification

indéfinie et superlative peuvent se trouver méme en clÓture d'une épitaphe poétique ; tel est le

cas, par ex., de :

(34a) moriundumst. uate (CIL t0 5371: CLE ll8);(34b) Mater monumentum fecit maerens filio ex quo nihil unquam doluit nise cum is

nonfuit (cIL 5 4ll3: cLE 152).

1.2. Au niveau métalinguistíque

1.2.1. Deux performatifs atypíques " incipit el explicit

parfois l'ouvrage peut se présenter de lui-méme et s'adresser à l'interlocuteur, ou bien

le locuteur peut prendre la parole directement. Les éditeurs anciens des textes signalent par les

mots incipit et explic;f te aebut et la fin d'un ouvrage, en particulier, pour signaler la

séparation entre plusieurs textes transcrits I'un après I'autre. De ceffe manière, le début d'une

*rrrrr. ou d'un chapitre peut ainsi devenir le lieu pour la réalisation d'un énoncé performatif'

par un effet de ,.rr, lié au contexte, le prédica t incipit au présent indicatif peut, occasionnelle-

ment, étre employé de manière performative. Normalement, un performatif explicite est

réalisé à la première personne, mais dans ce cas spécial, on peut envisager que l'ouvrage lui-

mème se présente eiparle de soi. I1 dit qu'il va commencer et, d'une certaine manière, il

accomplit ce qu'il décrit par son énonciation, en adaptant ainsi l'action à la parole, < suiting

the action to the word >>, J. L. Austin (1962) :

(35a) Incipit testamentum Porcelli (Test' Porcell');

(35b) SEXTI POMPEI FES>TI DE VER<BORUM SIGNIFICATU LIB III INCIP>IT

(5. Pompeius Festus Epitoma operis de uerborum significatu Verri Flacci 440'

p. 186);

(36a) Explicit Apici CE7UROS [de holeribus] liber tertius (Apic., De re coquinaria).

11 s'agit, le plus souvent, de textes d'un registre moyen-bas, tels que des textes

didactiques et techniques, des contes, un journal intime. Cette ouverture aura une suite chez

246

II

I

(

Pour une pragmatique du début et de lafin

Dante et les humanistes. Rappelons, par exemple, le célèbre : Incipit Vita Nova, par lequeldébute l'autobiographie de Dante.

Ce méme procédé est aussi utilisé dans la littérature latine pour séparer les contes àf intérieur d'un méme ouvrage. Cet emploi est fréquent, par exemple, dans lesMétamorphoses d'Ovide, où la continuité de la narration, indiquée par I'image de la lainefilée, est interrompue par ces marqueurs signalant le passage d'un récit à I'autre :

(36b) desierat, mediumque fuit breue tempus, et orsa est / dicere Leuconoe (Ov., M. 4,167 sq.).

Ce procédé est utilisé au début et la fin du Decameron de Boccace et, à I'intérieur decet ouvrage pour séparer les contes l'un de I'autre :

(37) Finisce la ottava giornata del Decameron, incomincia la nona, nella quale....(Boccaccio, Decameron 9) ;

ou bien chez Chaucer :

(38) Heere bigynneth the Knyghtes Tale (G. Chaucer, Canterbury Tales : Knight'sTale 1).

En latin, ce type d'indications de la main des éditeurs relève toujours du < paratexte >>.

D'ailleurs, le méme róle performatif est aujourd'hui joué dans la clóture, par ex., par lepanneau < Fin > qui arrive, parfois de manière inattendue, à la fin d'un f,rlm.

Parfois les mots prononcés par le locuteur : Tantum est. Ita est. Dixir6, signalentl'intention du locuteur de ne plus rien ajouter d'autre. Le connecteur deniquelT peut aussiengendrer la clóture par une opération de reformulation récapitulative (( Enfin, pour étrebref... >).

(39) illud existimo, [...] denique, ut breuiter dicam, eadem ratione fiunt ista qua

fulmina, sed ui minore (Sen., Naf. 1, 1, 5-6).

Dans ce passage, denique marque le début de l'unité conclusive. Le locuteur quipromet d'étre bref (ut breuiter dicam), devra tenir sa promesse, ce qui signifie qu'il s'engageà n'ajouter aucun autre argument. I1 réalise ainsi un acte performatif. En effet, lorsqu'on dit<< bref >>, << en concluant >>, on annonce métalinguistiquement ce qui de facto doit se produire,c' est-à-dire, conclure.

1. 3. Niveau íllocutoìre

1.3.1. Modalisatíon subjective du début et de Iafin

D'autres tournures peuvent signaler le début non seulement d'un ouvrage ou d'unchapitre, mais aussi d'un énoncé, comme le lieu privilégié pour la modalité illocutoiresubjective, le < regard du locuteur >>. La téte d'énoncé est 1a place privilégiée pour les

expressions connotant le locuteur, ses émotions, ses arrière-pensées. Comme le souligneT. A. Van Dijk (1979 : p.449), les connecteurs pragmatiques ont souvent la position<< sentence-initial >.

Cf. CLE 52,8. Pour d'autres formules de ce type : par ex., ít. E la storia Jìnisce così, all. Mehr weib ichnicht, angil That's all , c/ H. Weinrich (2004 : p.72).Cf, A. Garcea et A. Orlandini (à p).

I7

247

Z_

IA. Orlandini & P. Poccetti

En début d,énoncé, les connecteurs ceterum, quamquam, etsi peuvent signaler, au

niveau textuel, un changement de sujet thématique (< change of topic > / < return to previous

topic >) ; toutefois, ils feuvent aussi signaler, au niveau illocutoire, un jugement du locuteur'

Ainsi, selon E. Kónig (1986), le connecteur anglais anyway peut exprimer un jugement du

locuteur d' >> irrelevurr.. o, de non-importance de ce qui précède' Cette interprétation peut

ètre étendue aux occuffences de ceterum (<<quoi qu'il en soit>) au début d'un chapitre ou

d'un paragraphe, chez les historiens ; tel est le cas de :

(40) ceterum continuo exercituum otio fama incessit ereptum ius legatis ducendi in

hostem (Tac., An. 13, 54,1)'

Après une rupture tonale, quomquam ou etsi sont des connecteurs pragmatiques

correctifs, introduisant gne proposition indépendante, qui présente une arrière-pensée (un

< afterthought )) du locuteur :

(41) Quamquam, quid loquor ? (Cic', CaL l'22) ;

souvent ce mouvement est présenté en incise :

(42) Haec cum peterent armis ii quorum erant legibus - etsi in rebus iniquissimis quid

potest "rr"

onqui ? - Tamen "' (Cic', Phil' 2'75)'

Il existe aussi un emploi adverbial de la particule coordonnante et poÚr introduire une

interrogativ e, par ex. : Et tu quid dicis ? La particule est sémantiquement redondante' mais on

peut penser qu,elle est utilisée afin de solliciter, d'une manière plus ou moins souple' f intérét

de f interlocuteur-lecteur :

(43a) et tu quid petis a deo, nisi Christum, qui dicit, ego sum panis uiuus, qui de coelo

descendi ? (Aug', Serm'83,PL38, col' 515' 41);

(43b)ettuquiddicis?istaesuntouesmeae(August.,Serm.!47A,ed.MiAg1,p'51,32).

cet emploi est passé tel quel dans les langues romanes au début d'une question : it' << E

tu che dici ? >, fr' << Et toi, qu'en penses-tu ? >'

Un autre emploi adverbial de et est aussi en début d,énoncé : et << d,indignation >.

Toumure de la modalité subjective émotionnelle, cet emploi de ef exprime un mouvement

d,indignation, relevant d'une situation contextuellement donnée, souvent orientée négative-

ment, comme le prouve la présence du pronom pragmatiquement négatif quisquam (< une

telle personne qui ne devrait pas exister >) :

(44a) Et audes, Sex. Naeui, negare (Cic'' Quinct' 62) ;

(44b) Et quisquam numen lunonis adorat 2 (Virg'' Aen' l' 48)'

mais qui peut aussi exprimer une protestation positive (< bien sùr que si ! >) en présence

d'une négation syntaxique (non) oulexicale (dubito) comme dans les passages suivants :

(45a) Et non omnes nostra corpora opponimus ? (Cic, Att' 7 '23' l) ;

(45b)Etdubitas,quinsensusinmortenullussit?(Cic"Tusc'l'92)'

1.3.2. Stratégies de < politesse >t et < négociation anticipée > dans le dialogue

souvent on trouve en incipit,des expressions de mitigation, des encouragements pour

l,interlocuteur-lecteur à bien vouloir dispoìer son àme et son attention à l'écoute ou à 1a

248

Pour une pragmatique du début et de lafin

lecture ; d'autres expressions de mitigation et de politesse à I'adresse de f interlocuteur se

retrouvent à la fin. Ainsi, dans le passage suivant, la promesse de brièveté devrait capterI'attention de I'autre et permettre de faire déclencher la communication :

(aQ (:31a) Hospes, quod deíco, paullam est, asta ac pellege (CIL f 121,I : CLE52,t).

On peut aussi rencontrer, au début aussi bien qu'à la fin de l'énoncé, une stratégie

rhétorique, la anteoccupatiors: le locuteur vise à anticiper un éventuel contre-argument de

l'interlocuteur et à le refuser en mème temps - ce que J. Mmschler (1985 : p. 172) appelle une

< negociation anticipée >>1e. Le locuteur anticipe l'argument qu'il attribue à son interlocuteur,pour montrer son insuffisance ; il l'oblige ainsi à confirmer ou à approuver sa thèse. Unexemple de cette stratégie se rencontre en clóture d'argumentation, comme le montre l'ex.(48a) :

(a8a) LE. -Iam nunc secunda mihifacis. <S>cibam huic te capitulo fhodie /facîurumsatis pro iniuria. Quamquam ego sum sordidatus, frugi tamen sum, nec potestpeculium enumerari (P1., As. 496498).

Le locuteur Léonide veut persuader le Marchand de lui confier une somme d'argent.Le contre-argument le plus pertinent dont son interlocuteur pourrait se servir pour réfuter laproposition de Léonide (à savoir que Léonide est mal habillé) est anticipé et rejeté à la fois par

le locuteur Léonide lui-mème. Le Marchand est obligé d'approuver.

La méme stratégie est exploitée avec etsi, dans une expression presque formulaire en

ouverhrre de dialogue; etsi properas, < malgré ta hàte >>, chez Plaute mais aussi dans des

épigrammes funéraires :

(48b) Mane, etsi properas. / Paegnium, ausculta (P1, Pers.272 sq.).

2. La comparuison de trois épigrummes fanéruiresL'analyse directe de trois épigrammes funéraires permettra de reconnaître les

caractéristiques pragmatiques que nous avons essayé d'esquisser de manière théorique. I1

s'agit de l'épigramme du poète tragique Pacuvius (parvenu par la tradition manuscrite

d'Aulu-Ge11e), et de celles pour I. Maecius Pilotimus et A. Granius Stabilio. Le parallélisme

de leurs structures, relevant des modèles littéraires, a depuis longtemps attiré I'attention des

philologues ainsi ques des épigraphistes en ce qui concerne la question de leur dépendance

réciproque2o :

(49a) Adulescens, tametsi properas, hoc te saxulum / rogat ut se aspicias, deinde quodscripîum est legas. / hic sunt poetae Pacuui Marci sita / ossa. hoc uolebam, nescius neesses. Vale (Gell., Noct.1,24,4);

(49b) Adulescens, tametsi properqs, / hic te saxolus / rogat ut se / aspicias, deinde utquod scriptust / legas. / hic sunt ossa Maeci Luci sita / Pilotimi uasculari. / hoc egouoleba(m) / nescius ni esses, uate (CIL t2 t2097 ;

l8 Cic., De Or.3,205; Quint. g,1,26-36.

re Cf.M.Maraldi et A. Orlandini (2001).20

Une discussion des problèmes des textes dans cette perspective se trouve chez M. Massaro (1998).

249

-T

A. Orlandini & P. Poccetti

(49c) Rogat ut resistas, hospes, te hic tacitus lapis, / dum ostendit quod mandauit

quoius u*bro* tegit. / pudentis hominis frugi cum magna fide, / praeconis Oli Grani

iunt ossa heic sita. / tantum est. hoc uoluit nescius ne esses. uale / A. Granius M.

l(ibertus) Stabilio / praeco. (CIL f I2l0).

Dans les trois cas, rl y a coîncidence entre le début, où la pierre sépulcrale prend la

parole, et la clóture, réalisée parla formule très commune uale et l'expression, qui n'a pas

d'autres attestations épigraphiques, hoc uolebam / uoluit nescius ne esses.

Mais il y a aussi des divergences. Les épitaphes (49a) et (49b) appellent le passant-

lecteur adulescens, tandis que (49c) l'appelle hospes. A la différence de I'emploi de hospes,

qui relève de la traduction du mot {évog des épigrammes funéraires helléniques, la présence de

odrl"rrnn, dans (49a) et (49b) relève de la langues des Comiques, issue de la langue

quotidienne : on confrontera les emplois des mots correspondants en fonction appellative dans

les langues modernes, tels que ît. gargon, it. ragazzo, angl' boy-

Les débuts des épitaphes (49a) et (a9b) permettent de reconnaître la stratégie de la

< négotiation anticipée >, réalisée par une concessive tametsi properqs. On anticipe sur

l,argument de I'interlocuteur, le fait qu'il est pressé, pour le rejeter comme peu signihcatif.

Les débuts des inscriptions funéraires attestent la méme stratégie rhétorique par

d'autres expressions, par ex., par une concessive introduite par quamuis. C'est le cas de la

formule quamuis lassus << mème fatigué > attestée dans une autre épitaphe poétique :

(50) qaamais lasse, uiator, rogo ne graueris et tumulum contempla meum (CIL 3

9733: CLE 77).

La méme négociation anticipée se retrouve en clóture, comme, par ex., dans la prière :

(51) Quamquam festinas, non est longa mora : licebit / iniecto ter pulvere cLffras

(Hor., O. 1,28,35).

Dans les trois épigramlnes, la pierre sépulcrale prend la parole et se désigne (hic / hoc

saxolus / saxolum, tapis) Cette formule remplace l'emploi de la première personne, ce qui est

commun pour ce qu'on appelle les objets-parlants et se retrouve dans d'autres épitaphes.

La tournure hic lapis, hic saxolus avec le verbe à la troisième personne renvoyant au

locuteur correspond à l'emploi de hoc caput << ma téte, la tète que voici >> dans le sens de

< moi-méme > le sujet parlant, que l'on retrouve chez les comiques :

(52) Tu istic ipsus, inquam, si quidem hoc uìuet caput (P7', Ps' 723)'

Cet emploi à la troisième personne (hoc uiuet caput) est harmonique avec l'emploi de

la première personne (inquam), ce qui souligne leur co-réference textuelle. Les épitaphes

@9a) et (49b) présentent la première personne dans la formule de clòture hoc uolebam,

nescius ne esses) qui rétablit le rapport entre locuteur et interlocuteur qui avait ete fixé au

début.

On remarquera aussi |a différence entre les deux premiers textes (49a), (49b) et le

dernier (a9c). Les deux premières épigrammes présentent un imparfait non-déictique de

< politesse >>, passé dans les langues romanes (< Je voulais te dire >>, << Volevo dirti >), alors

qrre la troisième présente un temps du passé : uoluit. L'emploi de deux temps verbaux

différents correspond à des fonctions modales différentes. L'imparfait de politesse, relevant

250

Pour une pragmatique du début et de lafin

du dialogue, concerne la première personne, tandis que la troisième personne, exclue dudialogue, ne peut pas exploiter cette valeur, ce qui explique le parfait.

Cette formule de clóture présente une tournure figée, quasi-dépourvue de contenuréferentiel. Elle n'est pas répandue dans l'épigraphie funéraire, hormis les textes ci-dessus.Les expressions qui rappellent le contenu d'un message appartiennent plutót à la langueparlée : c'est pas par hasard que ces formules se retrouvent dans les comédies, comme, parex., chez Plaute pour introduire un récit :

(53) Simul gnaruris uos uolo scientes hanc rem mecum (P1., Most. L00),

ou dans un fragment de Turpilius, vraisemblablement place à la fin d'un récit :

(54) At enim scis ea, quaefuisti inscius (Turpil. Frg. 65 Ribbeck).

Ces rappels coffespondent aux tournures par lesquelles le locuteur assure avoir biencompris un message ou étre parfaitement conscient de ce qui se passe, ( fr. ( je le sais bien >>,

it. < 1o so bene >>, etc.) :

(55) Nunc hic eam rem uolt, scio, mecum adire ad pactionem (P1., Aul.201),

ou pour demander à quelqu'un s'il a bien compris ce qu'il vient d'écouter, par ex. :

(56) scin, ut dicam ? (P1., As.703).

La clóture de la troisième épigramme (49c) se differencie de celle de (49a) et (49b) parl'expression métalinguistique tantum est, exprimant la conclusion, signalée a:ussi par hocuoluit nescius ne esses. Vale. Trois formules conclusives coordonnées par asyndète :

a) tantum est ,b) hoc voluit nescius ne esses, c) uale se cumulent ; cette combinaison est assezrare, deux expressions étant plus fréquentes, par ex. :

(57a) dixí, abei (CILIz I2II: CLE 52),

(57b) salae, uale (ILLRP 819).

L'invitation à partir (abei) ainsi que les formules de salutations (uale) avec desrépétitions appartiennent à la langue quotidienne :

(58) uale atque salue, etsi oliter ut dicam meres (P1., Cap.744).

L'impératif abi sert pragmatiquement à confirmer une affirmation qui précède, tout enajoutant f invitation métalinguistique à conclure (en frangais < Allez ! ): ( Bon, d'accord >>,

en italien < E vai ! A1é ! )): <( Bene ! D'accordo, basta così >> :

(59) Scin, ut dicam ? / em sic, abi, laudo Ql.,1s. 703 sq.) ;

(60) non es auarus : abi (Hor., Ep.2,2,205).

La combinaison de ces formules se retrouve aussi dans les épigrammes funérairesgrecques pour marquer la fin du texte (ffi wíqe; íh xapóv).

Cependant, la troisième épitaphe (49c) ne se termine pas par cette série de formules.La vraie conclusion du texte est représentée par la dénomination complète du défunt,signalant sa condition sociale et son métier, qui ne sont pas exhaustivement indiqués à

I'intérieur du texte : A. Granius M. l(ibertus) Stabilio / praeco.

251

A. Orlandini & P' Poccetti

LadifférenceentrelaclÓturedelatroisièmeépitapheetlesautrespermetd,avancerdes hypothèses à propos de leurs modèles d'inspiration' Les deux premières épitaphes

s,inspirent de la langue parlée, dont le théàtre nous apporte le temoignage' on ne saurait

préciser si l'épitaphe-de Pacuvius représente 1e modèle qui a inspiré l'autre' qui partage les

mèmes formules initiales et finales (49b) ainsi que la mème structure. Dans ce cas' cette

épitaphe appartiendrait au geffe des épitíphes liuéraires grecques' sans pour autant devenir

rt. ittt..iption gravée sur le tombeau'

L,hypothèseopposéeamèneàimaginerq*r.éprt1|hedupotierL,MaeciusPilotimusaetecreéeparquelqu,unquiavaitdebonnesconnaissancesdelalangueduthéàtre.Dansce

cas, l,épitaphe du poète tragique Pacuvius ne serait qu'une création littéraire fictive' dont le

modèle seruit l'épig'u--e de ce modeste artisan'

La demière épigramme (49c) réunit des formules éparpillées dans l,épigraphie

funéraire. La formule d'ouverture rogat ut resistas, hospes, te hic tacitus lapis t'Íl'se la mème

tournure que (49a) et (49b), par laqrrelle la piene sépulcrale prend la parole elle-mème' Mais'

au lieu du vocatif adulescens. on trouve hospe"fréquent dans les inscriptions sépulcrales' et'

à la place de aspicias. le verbe resistas r:eprÉsente une adaptation de la formule hospes resiste

qui introduit plusieurs épitaphes métriques :

(6la) Hospes resiste et pariter scriptum pertige (CLE 54) ;

(6lb) Hospes resiste et quae in monumento lege (CLE 73) ;

(6lc) Hospes resiste et tumulum contempla meum (CLE 82)2r '

Dans le texte (49c), la clòture mélange plusieurs formules de manière quelque peu

maladroite. L,auteur a utilisé 'a

formule de cióture des autres épigrammes en transposant le

verbedelapremièrepersonneàlatroisièmepersonne,cequijustifiel'emploiduparfaitaulieu de f imparfait de politesse. Il a supprimé'le renvoi direct au locuteur' qui' en revanche'

dans les deux autres épitaphes etaitfutiarla pierre parlant à ra première personne. Le verbe à

la troisième du parfait objectivise l'énoncé, tout comme la tournure tantum esl qui marque la

clóture. De cette manière, 1'auteur du texte révèle ne pas avoir compris 1'enjeu de hic lapis qui

fait echo à hic saxolels inspiré de l'emplo i de hic caput renvoyant au locuteur :,t":i:::l'analyse des remaniements du début et de la fin de ces épitaphes nous a permis d'entrevor

les rapports de dépendance dans leur réalisation'

Conclusion

L,incipitetlaclÓturesontdeuxlieuxprivilégiésdanslastructurationdutextearnsrque du message que l,on veut transmettre ; pour cela, ils dévoilent facilement le < regard du

locuteur >> et ils peuvent engendrer tout naturellement des effets argumentatifs. certaines

structures syntactiques particulières sont spécifiquement adéquates pour occuper terle place

ou telle autre. Nous avons essayé de les -tu'" en lumière et surtout de-^montrer les niveaux

pragmatiques uo*q,,.t, elles opèrent. Cela nous a semblé un puissant outil pour

ì'herméneutique de n'importe quel texte'

ffiedecesformulesSetrouvechezE.Campanile(I979:p.91).

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