LA MOBILITÉ RÉSIDENTIELLE DES SENIORS EN EUROPE

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LA MOBILITÉ RÉSIDENTIELLE DES SENIORS EN EUROPE Anne Laferrère et Viola Angelini La Doc. française | Retraite et société 2009/2 - n° 58 pages 87 à 107 ISSN 1167-4687 Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/revue-retraite-et-societe-2009-2-page-87.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Laferrère Anne et Angelini Viola, « La mobilité résidentielle des seniors en Europe », Retraite et société, 2009/2 n° 58, p. 87-107. -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour La Doc. française. © La Doc. française. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. 1 / 1 Document téléchargé depuis www.cairn.info - Ecole nationale d'administration - - 81.252.85.66 - 21/11/2013 17h51. © La Doc. française Document téléchargé depuis www.cairn.info - Ecole nationale d'administration - - 81.252.85.66 - 21/11/2013 17h51. © La Doc. française

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LA MOBILITÉ RÉSIDENTIELLE DES SENIORS EN EUROPE Anne Laferrère et Viola Angelini La Doc. française | Retraite et société 2009/2 - n° 58pages 87 à 107

ISSN 1167-4687

Article disponible en ligne à l'adresse:

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-retraite-et-societe-2009-2-page-87.htm

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Pour citer cet article :

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Laferrère Anne et Angelini Viola, « La mobilité résidentielle des seniors en Europe »,

Retraite et société, 2009/2 n° 58, p. 87-107.

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R E T R A I T E E T S O C I É T É / N ° 5 8 N O V E M B R E 2 0 0 9

Avec la retraite commence une phase de la vie plus sédentaire où l’on passedavantage de temps à son domicile ; on déménage si le logement n’estadapté qu’à la vie professionnelle. Il faut aussi ajuster sa consommation delogement à ses nouvelles ressources et anticiper à la fois la réduction de lataille du ménage par veuvage et une éventuelle invalidité future. Lelogement est aussi un moyen d’épargne dans lequel on peut vouloir puiser.Les décisions des classes pleines, les baby-boomers devenus papy-boomers,auront des conséquences sur le marché de l’immobilier, non seulement pourelles-mêmes et pour les futures générations de seniors, mais aussi pour lesplus jeunes. Les données des deux vagues de l’enquête Share1 sont bienadaptées à une étude de la mobilité résidentielle. La variété des situationsnationales permet de souligner d’éventuelles constantes, tandis que l’aspectlongitudinal des informations aide à mettre en évidence des causalités.

Nous estimons d’abord l’ampleur de la mobilité résidentielle, puis nousen cherchons les déterminants en distinguant la mobilité entre logementsordinaires de celle vers un établissement pour personnes âgées. Nousanalysons pour finir les choix de logement des individus mobiles. Saufindication contraire, le champ est celui des 50 ans et plus de onze paysd’Europe continentale2.

Une mobilité résidentielle faible après 50 ans

Les répondants de l’enquête Share de 2004 ont été suivis en 2006, ce qui permet d’évaluer un taux de mobilité résidentielle annuel des 50 ans

Anne LAFERRÈRE, Insee et Crest ; Viola ANGELINI, Université de Padoue

1 L’enquête Share a été financée principalement par la Commission européenne viale cinquième programme cadre (projet QLK6-CT-2001- 00360 du programmethématique Qualité de vie). Un financement complémentaire a été fourni par leNational Institute on Ageing (U01 AG09740-13S2, P01 AG005842, P01 AG08291,P30 AG12815, Y1-AG-4553-01 and OGHA 04-064). Des financements nationauxont été fournis en Autriche (Austrian Science Foundation, FWF), en Belgique(Politique scientifique fédérale), en France (Cnam, Cnav, Cor, Drees, Dares, Caissedes Dépôts et Consignations et Commissariat général du Plan, Insee) et en Suisse(BBW/OFES/UFES), ainsi que d’autres financements de la Commissioneuropéenne via son sixième programme cadre (projets Share-I3, RII-CT- 2006-062193, et COMPARE, CIT5-CT-2005-028857).

2 Ils sont au nombre de 28 220 en vague 1 et 32 427 en vague 2. Voir la liste des payssur les figures. Cet article prolonge Angelini et Laferrère (2008).

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et plus et de comprendre ce qui guide leurs choix. La proportion depersonnes mobiles peut être estimée de différentes façons. D’abord, sansprendre en compte l’aspect longitudinal de l’enquête, on peut s’appuyersur la durée d’occupation du logement. 2,6 % des individus en vague 1 et2,7 % en vague 2 déclarent habiter sous le même toit depuis moins dedeux ans3. Ensuite, la mobilité résidentielle entre les vagues 2004 et 2006,telle qu’elle est déclarée par le répondant, offre un autre moyend’apprécier un taux annuel de mobilité4. Le tableau 1 (page 90) présentel’échantillon longitudinal des personnes qui ont répondu aux deuxvagues. Les mobiles représentent 4 %. Pour obtenir un taux annuel, ondoit tenir compte du fait que la durée séparant les deux vagues d’enquête,en moyenne de 28 mois, varie d’un pays à l’autre et d’un ménage à l’autredans un même pays. Elle s’échelonne de onze mois à quarante. Une foiscette correction faite, le taux annuel moyen de mobilité est estimé à 1,7 % (figure 1, page 90). Cependant, les répondants de vague 1 qui ontbougé entre les deux vagues d’enquête peuvent avoir été particulièrementdifficiles à retrouver en vague 2. De fait, si l’on s’en tient à l’échantillonlongitudinal, 2,3 % déclarent habiter leur logement depuis moins de 2 ans,contre 2,7 % pour l’ensemble de la vague 2 (échantillons longitudinaux etde rafraîchissement). Le taux de mobilité annuel de 1,7 % peut ainsi êtreinférieur au taux réel. On a donc essayé, d’après des variables de gestionrenseignées par les enquêteurs, d’identifier les ménages qui n’ont pas étéretrouvés en vague 2 et qui ont sans doute déménagé. Si on les inclut dansle calcul du taux de mobilité, on arrive à un taux estimé de mobilitéannuelle de 2 % pour le ménage (figure 2, non pondéré). Ainsi, toutes lesmesures convergent vers un taux de mobilité résidentielle assez bas, del’ordre de 2 % par an. Les taux nationaux5 s’échelonnent de 4,4 % auDanemark et en Suède à 1 % en Autriche et 0,3 % en Grèce, en passant

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3 Champ des individus des pays de vague 1 qui ont répondu 0 ou 1 à la question« Depuis combien d'années vivez-vous dans votre logement actuel? ». En vague 2,on y ajoute ceux qui sont en maison de retraite alors qu’ils n’y étaient pas en vague1 (à qui on n’a pas posé la question sur la durée d’occupation de leur logement). Onraisonne ici au niveau des individus. Dans le cas d’un couple on attribue à chacunles caractéristiques de logement fournies pour le ménage. Par exemple si un desconjoints déclare habiter dans le logement depuis dix ans, l’autre, à qui la questionn‘a pas été posée, se voit attribuer la même durée d’occupation.

4 Champ des individus des pays de vague 1 qui ont répondu positivement à la question« Avez-vous déménagé depuis [date entretien précédent]? » ou qui ont déménagéd’un logement ordinaire en vague 1 vers une maison de retraite en vague 2. En vague2, on précisait : un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes(Ehpad) fournit tous les services suivants aux résidents: distribution de médicaments,assistance personnelle 24 heures/24, supervision (pas nécessairement par uneinfirmière), chambre et repas Ehpad est la nouvelle appellation des maisons deretraite. En vague 1, on a simplement demandé le type de bâtiment et distingué lesdeux types suivants : une résidence avec services pour les personnes âgées et unerésidence pour personnes âgées avec surveillance permanente.

5 Ces taux ne sont pas très éloignés de ceux trouvés par Tatsiramos (2006) à partirde l’Europanel 1994-2001. Mais ils s’en éloignent pour certains pays. L’Allemagneserait presque au niveau du Danemark selon l’Europanel, qui ne suit pas lesindividus en maison de retraite.

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par 1,9 % en France et aux Pays-Bas. Dans la plupart des pays, le taux demobilité diminue avec l’âge jusque vers 75 ans, avec un rebond après 80 ans, au moment où l’on commence à déménager vers les maisons deretraite (graphique 1). Le taux de mobilité annuel moyen au-delà de 80 ansest de 3 %. Aux Pays-Bas et en Belgique, il est plus élevé parmi les 60-69ans que parmi les 50-59 ans, ce qui peut être dû aux mobilités de retraite.

Tableau 1. Description de l'échantillon longitudinal 50 ans et plus

Graphique 1. Taux de mobilité annuel par groupe d’âge

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ImmobileVers logement

ordinaireVers maison

retraiteTotal

Suède 1 702 163 14 1 879

Danemark 1 041 88 23 1 152

Allemagne 1 407 47 7 1 461

Pays-Bas 1 509 57 10 1 576

Belgique 2 592 40 21 2 653

France 1 796 46 9 1 851

Suisse 619 27 6 652

Autriche 1 160 14 7 1 181

Espagne 1 169 42 4 1 215

Italie 1 627 52 0 1 679

Grèce 2 153 17 0 2 170

Ensemble 16 775 593 101 17 469

En % 96 3,4 0,6 100

Note : l’échantillon longitudinal comprend 17469 individus âgés de 50 ans ou plus. Parmi eux, 593ont changé de logement (ordinaire) et 101 sont entrés en maison de retraite entre la vague 1 et lavague 2. Ceux qui vivaient en maison de retraite en vague 1 sont exclus.

Source : enquête Share 2004-2006

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Graphique 2. Taux de mobilité annuel par groupe d’âge (niveau ménage, non pondéré)

Les déterminants de la mobilité résidentielle

La taille des échantillons de personnes mobiles sur deux vagues d’enquêteseulement est faible. Toutefois, la nature longitudinale de Share et le suivides individus en institution, une première dans l’histoire des enquêteseuropéennes, fournissent des informations précieuses sur les déterminantsde la mobilité résidentielle et sur les choix des personnes qui bougent. Notreintuition est que le déménagement entre des logements ordinaires relève deconsidérations très différentes du déménagement pour une maison deretraite. Nous faisons l’hypothèse que le premier type de mobilité estlargement choisi et le second plutôt contraint. Ainsi par exemple, comptetenu des coûts de la mobilité, des ressources plus élevées devraient faciliterles mouvements entre logements ordinaires, et avoir moins d’effet sur lesmouvements vers des établissements. Analysons plus précisément les deuxtypes de mobilité.

■■ Après 50 ans, plus on a passé de temps dans un logement, moins on en bouge

Nous présentons d’abord une succession de modèles Probit qui analysent laprobabilité d’avoir quitté un logement ordinaire pour un autre entre les deuxvagues de l’enquête (tableau 2, page 92). Le tableau 2 (col. 1) confirme unrésultat général bien connu: la mobilité résidentielle décline avec l’âge au furet à mesure que la consommation de logement s’ajuste au cours de la vie. 91

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Source : enquête Share 2004-2006

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50-59 ans 0,010** 0,003 0,005 0,001 0,003

60-69ans 0,003 -0,000 0,001 0,000 0,000

70-79 ans Réf. Réf. Réf. Réf. Réf.

80 ans et + 0,007 0,010* 0,006 0,003 0,003

nb d'années ds le logement_v1 (x10) -0,007*** -0,005*** -0,005*** -0,005***

Revenu

1er quartile v1 Réf. Réf. Réf.

2e quartile v1 0,001 0,005 0,005

3e quartile v1 0,003 0,009* 0,009*

4e quartile v1 0,002 0,009* 0,010*

Patrimoine net v1 (x109) 2.31** 2.20** 2.23**

Propriétaire v1 -0,035*** -0,032*** -0,032***

Criminalité dans le quartier v1 0,007 0,007

Rural v1 -0,010*** -0,009***

Maison v1 0,008** 0,008**

Marié v1 -0,003 -0,003

Célibataire v1 Réf. Réf.

Concubin v1 -0,004 -0,004

Veuf(ve) v1 0,011 0,011

Divorcé v1 0,017* 0,017*

Veuvage récent 0,016 0,015

Divorce récent 0,185*** 0,192***

Départ enfant 0,024*** 0,024***

Hausse taille du ménage 0,032*** 0,032***

Baisse taille du ménage 0,001 0,000

Limitation motrice v1 0,008* 0,007*

Limitation motrice -0,000 -0,001

Logement équipé -0,009** -0,009**

Amélioration situation éco 0,022***

Détérioration situation économique 0,005

Passage à l'inactivité 0,008

Inactif v1 et v2 0,008**

Pseudo R² 0,060 0,072 0,092 0,116 0,122

Observations 17 469 17 469 17 469 17 469 17 469

Note : modèle Probit. Variable dépendante : « A déménagé entre deux logements ordinaires entre les deux vagues de Share ». On a aussi introduit d’autres variables de contrôle (non montrées pour raison de place). Significatives : durée séparant les deux vagues en mois, indicatrices de pays(col. 1 à 5) ; non significatives (col. 4 et 5) : nombre de pièces du logement en vague 1 (v1), sexe,mauvais état de santé subjectif en v1, en v2, indicatrices de nombre d’enfants.Départ enfant = corésidence avec un enfant en v1, pas de corésidence avec un enfant en v2. Les coefficients estimés sont les effets marginaux (pour une variable indicatrice il s’agit de l’effet dupassage de la variable de 0 à 1). * significatif à 10 %; ** significatif à 5 %; *** significatif à 1 %.

Tableau 2. Mobilité résidentielle entre logements ordinaires (effets marginaux)

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Parmi les 50 ans et plus, les individus de 50-59 ans sont les plus mobiles.Ce qui est moins souvent étudié, faute de données longitudinales, est lafaçon dont la mobilité dépend aussi de la durée d’occupation d’unlogement (Boehm et Schlottmann, 2006). Nous introduisons donc dansun second modèle le nombre d’années passées sous le même toit, en plusdes variables indicatrices de tranches d’âge6. Pour ces 50 ans et plus, onobserve que plus on a passé de temps dans sa résidence, moins on a dechance de la quitter, à âge donné. Cet effet négatif apparaît au tableau 2,(col. 2 à 5). Dix années de plus passées dans un logement diminuent laprobabilité d’avoir déménagé de 0,5 point. À cet âge, la plupart desajustements ont été réalisés. Une fois l’ancienneté dans le logement priseen compte, l’âge n’a d’effet propre sur la mobilité qu’après 80 ans, quandcertaines personnes décident de déménager (col. 2). Et même cetteinfluence du grand âge perd sa significativité quand d’autres variables decontrôle sont ajoutées, comme le revenu et la propriété du logement (col. 3), ou le statut matrimonial (col. 4 et 5)7. On peut donc dire qu’au-delà de 50 ans, l’âge n’a pas d’effet propre sur la probabilité de déménagerentre deux logements ordinaires.

Un propriétaire a moins de chances de déménager qu’un locataire parceque ses coûts de mobilité sont plus importants dans la mesure où ils incluentdes coûts de transaction plus élevés. En outre, un logement a des chancesd’être plus adapté pour un propriétaire, qui peut l’aménager à sa guise, quepour un locataire. On ne choisit pas d’être propriétaire si on s’attend àbouger : il y a donc une sélection endogène qui interdit d’interpréter l’effetdu statut d’occupation comme purement causal. Il reste que les forts taux depropriété occupante du logement chez les seniors européens peuvent freinerleur mobilité. Compte tenu des coûts de mobilité, un plus fort revenu aide àbouger, de même qu’un patrimoine plus important8.

■■ Locataires ou propriétaires : les logiques de mobilité diffèrent

Pour approfondir l’effet de la richesse, on teste aussi une spécificationplus souple qui s’affranchit de l’hypothèse selon laquelle les facteurs dela mobilité sont les mêmes pour les locataires et les propriétaires. Dans lemodèle présenté au tableau 3 (page 96), les propriétaires et les locataires

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6 Et en sus, comme dans tous les modèles présentés ici d’une variable de duréeséparant les deux vagues d’enquêtes en mois, et d’une variable indicatrice par pays.

7 Pour la liste de toutes les variables de contrôle introduites, voir note du tableau 2.8 Le revenu est introduit sous la forme d’appartenance à un des quatre quartiles

de revenu du ménage, estimés au niveau national. Le patrimoine est le patrimoinenet du ménage corrigé pour les parités de pouvoir d’achat entre pays, en euros. Les écarts-types des estimations tiennent compte du fait qu’on peut avoir deuxobservations par ménage dans le cas de couples.

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sont distingués, et on isole le statut d’arrivée dans l’effet de la richesse9.Il apparaît que l’effet revenu n’est positif et significatif que pour leslocataires : ceux qui appartiennent au plus haut quartile de revenu sontceux qui ont le plus de chances d’avoir bougé. Au contraire, un plus hautniveau de patrimoine n’a pas eu de répercussions sur la mobilitérésidentielle d’un locataire, alors qu’il augmente les chances dedéménager d’un propriétaire. L’essentiel de la fortune des Européens de50 ans ou plus est constituée de leur logement (Christelis et al., 2008). Ilse pourrait qu’un patrimoine plus élevé se traduise par une plus fortevaleur du logement qui, ceteris paribus, incite à vendre et donc àdéménager. Notons aussi au tableau 3 que l’effet du nombre d’annéespassées dans le logement est encore plus important pour les locataires.Même si un locataire est plus mobile, déménager lui fait perdre unavantage de loyer dans la plupart des pays, surtout s’il doit quitter unlogement social subventionné. L’enquête Share ne demande pas auxlocataires s’ils résident en logement social, ce qui interdit d’approfondircette question.

Déménager peut aussi être une réponse à des chocs de revenu, de taille duménage, de santé ou à des changements de goûts et de préférences quirendraient le logement actuellement occupé moins adapté aux nouvellescirconstances. Même si nous raisonnons au niveau individuel, déménagerest une décision familiale plus large. Être divorcé ou avoir divorcé depuisla vague 1 a un effet positif sur la mobilité résidentielle, de même qu’êtredevenu(e) veuf(ve). Un divorce entraîne par définition une mobilité, aumoins pour un des membres du couple. Certains facteurs sont clairementliés au cycle de vie. Ainsi le passage à la retraite, le fait d’être retraitéincitent certains propriétaires à bouger, alors qu’ils sont sans effet significatifsur un locataire. Cela peut signifier que la mobilité de retraite est aussicontrainte financièrement, et moins aisée pour un locataire que pour unpropriétaire qui peut vendre son logement pour en acheter un autre. Une question, appelant une réponse subjective, demandait aux enquêtéscomment leur situation économique avait évolué depuis la dernièreenquête10. Il ne semble pas qu’une détérioration de la situation force lespropriétaires à bouger. Au contraire, déménager semble lié à de meilleuresconditions économiques. Les propriétaires sont d’autant plus mobiles qu’ilsont les moyens de l’être. Leur taux de mobilité entre les deux vagues11 estde 2,1 % quand il n’y a pas d’amélioration des conditions économiques

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9 Grâce à un modèle unique faisant agir toutes les variables avec le fait d’être propriétaire,nous nous sommes assurées que les différences commentées étaient significatives.

10 « Depuis le dernier entretien en [mois et année], diriez-vous que la situation financièrede votre ménage aujourd'hui : 1. S'est considérablement améliorée, 2. S'est un peuaméliorée, 3. Est restée identique, 4. S'est un peu détériorée, 5. S'est considérablementdétériorée ». Les modèles du tableau 2 opposent ceux qui ont répondu 1 ou 2(amélioration) ou 4 ou 5 (détérioration) à ceux pour lesquels rien n’a changé.

11 Non corrigé de la variation de durée entre les deux enquêtes.

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du ménage ou en cas de détérioration. Il passe à 5,7 % quand leursconditions économiques se sont améliorées. La situation est plus complexepour les locataires. Pour eux, la fréquence de déménagement est la plusgrande à la fois lorsque la situation s’est améliorée et quand elle s’estdétériorée12. Cette différence pourrait être liée au fait que certains locatairesont été contraints de bouger. Ce résultat intéressant sera à confirmer avecles vagues d’enquêtes suivantes.

Globalement, le nombre d’enfants n’exerce pas d’effet significatif sur laprobabilité de déménager. Cela change quand on affine l’analyse(tableau 3). Parmi les propriétaires, ceux qui n’ont pas d’enfants sont plusmobiles (3,5 % contre 2,4 % en moyenne). On observe le contraire chezles locataires : ceux qui ont quatre enfants ou plus bougent davantage(9,7 % contre 6,9 %). Par ailleurs, pour un propriétaire, le fait d’être veuf(ve) augmente la probabilité de mobilité. Bonnet et al. (2008) attribuentla mobilité résidentielle après un veuvage à la nécessité pour le survivantd’ajuster son logement à ses nouvelles ressources, à ses nouveauxbesoins ou à l’anticipation d’un besoin de soins en l’absence de conjoint.Ils montrent en particulier que les veuves cherchent à se rapprocher des villes et de leurs enfants. Il se pourrait aussi que la législation surl’héritage, qui oblige un parent survivant à le partager avec ses enfants,ait une influence. Pour le tester, on a mis en relation le veuvage avec lefait de ne pas avoir d’enfants. Il en résulte que les veuves propriétairessans enfants sont moins mobiles que celles qui en ont, ce qui estcompatible a contrario avec des partages d’héritage, mais aussi avec lavolonté de se rapprocher de ses enfants. Avec une seule vague d’enquête,il serait hasardeux de conclure car la taille de l’échantillon est trop faible.

Le départ du dernier enfant est une incitation à réajuster sa consommationde logement, pour les propriétaires comme pour les locataires. Ce résultatest contraire à ce que trouvaient Debrand et Taffin (2005) pour la France.De fait, un modèle estimé par grands groupes de pays montre bien quela variable est significative seulement en Europe du Nord et du Sud. Làencore, les échantillons sont trop restreints pour approfondir l’origine desdifférences entre pays.

Le cadre de vie joue aussi sur la décision de changer de logement. Lespersonnes qui se sont plaintes de l’insécurité de leur quartier lors de lapremière vague d’enquête ont plus de chance d’avoir déménagé. Maiscela ne concerne que les locataires, qui sont peut-être ceux qui vivent dansles quartiers les moins agréables (significatif à 15 %)13. Une mauvaise santé

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12 Omettre la variable ne change pas qualitativement les coefficients du revenu ni pourles propriétaires, ni pour les locataires.

13 Un propriétaire qui doit vendre son logement pour bouger aura d’autant plus de malà le faire que le quartier connaît des problèmes d’insécurité.

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autodéclarée est sans influence sur la mobilité entre logementsordinaires ; mais avoir des problèmes de mobilité quotidienne en vague1 incite un propriétaire à bouger14. Vivre dans une maison plutôt qu’enappartement incite aussi à bouger (tableau 2, page 92). C’est un premiersigne qu’une maison pourrait ne pas être adaptée au grand âge. Une foistoutes ces variables de contrôle introduites, la Suède et le Danemarkrestent les deux pays où les seniors sont les plus mobiles, la Grèce ceuxoù ils le sont le moins.

Tableau 3. Mobilité des propriétaires et des locataires (effets marginaux)

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propriétaires v1 locataires v1

50-59 ans 0,002 0,015

60-69ans -0,000 0,005

70-79 ans Réf. Réf.

80 ans et + 0,002 0,010

nb d'années ds le logement v1 (x10) -0,002** -0,016***

1er quartile v1 Réf. Réf.

2e quartile v1 0,002 0,015

3e quartile v1 0,005 0,018

4e quartile v1 0,004 0,046**

patrimoine net v1 (x109) 8,77*** 2,08

Propriétaire v2*patrimoine net v1 -8,24*** 4,15

Criminalité dans le quartier v1 0,005 0,018

Très grande ville v1 -0,008** 0,012

Banlieue d’une grande ville v1 Réf. Réf.

Grande ville v1 -0,006* 0,025*

Petite ville v1 -0,002 0,012

Rural v1 -0,010*** 0,009

Maison v1 0,004 0,011

Marié v1 -0,002 -0,008

Célibataire v1 Réf. Réf.

Concubin v1 0,002 -0,024

Veuf(ve) v1 0,020* -0,001

(widowd v1=1)* Pas d’enfant -0,011*** 0,004

Divorcé v1 0,029 0,002

Veuvage récent 0,006 0,022

Divorce récent 0,201*** 0,147**

Note : Voir note du tableau 2.Source : enquête Share 2004-2006

14 Plus précisément, ils ont déclaré avoir des difficultés à accomplir au moins trois desactivités suivantes: marcher sur une distance de cent mètres; rester assis pendantdeux heures; se lever d'une chaise après être resté longtemps assis; monter un ouplusieurs étages par les escaliers sans se reposer; se pencher, s'agenouiller ous'accroupir; lever ou étendre les bras au-dessus du niveau de l'épaule; tirer oupousser des objets volumineux comme un fauteuil; soulever ou porter des poids deplus de cinq kilos, comme un gros sac de provisions; saisir une petite pièce demonnaie posée sur une table.

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■■ Le passage en maison de retraite

Contrastant avec ces résultats, la mobilité vers une maison de retraite n’estprovoquée par rien d’autre que l’âge, une mauvaise santé et l’absence defamille proche. Notons qu’aucun répondant en Italie ni en Grèce n’adéménagé pour une maison de retraite : l’équipement en établissementsspécialisés est faible dans ces pays, où les personnes âgées restent chez ellesou chez leurs enfants15. Comme il apparaît clairement sur la figure 1, ledéménagement vers une maison de retraite ne commence qu’après 80 ans.Un tel changement est plus probable pour les individus qui connaissent des difficultés motrices, et pour ceux qui n’ont ni conjoint, ni enfant vivant(tableau 4, page 98). Être devenu(e) veuf(ve) depuis la vague 1 est undéterminant important de la mobilité en maison de retraite ; le départ versune institution peut suivre le deuil de très près. La survenue d’un handicapet l’absence de conjoint ou d’enfant sont deux déterminants habituellementmis en évidence (Friedman, 1996; Gaymu et al. 2007). Il est très intéressantde voir que Share permet d’ajouter un troisième élément, à savoir de basrevenus. Entrer en maison de retraite est plus fréquent pour ceux qui sesituent dans le premier quartile de revenus, ce qui rejoint des conclusions surdonnées américaines (Börsch-Supan et al, 1990). Les deux pays nordiques,Suède et Danemark, se distinguent, en ce sens que la configuration familialea un effet moins significatif (16 % seulement), indépendamment du veuvage.

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L A M O B I L I T É R É S I D E N T I E L L E D E S S E N I O R S E N E U R O P E

propriétaires v1 locataires v1

Départ enfant 0,014** 0,066**

Hausse taille du ménage 0,007 0,124***

Baisse taille du ménage 0,001 0,002

Pas d’enfant 0,012* -0,006

1 enfant 0,001 -0,004

2 enfants -0,002 0,014

3 enfants Réf. Réf.

4 enfants et + 0,000 0,031**

Limitation motrice v1 0,008** 0,002

Limitation motrice -0,002 0,004

Logement équipé -0,005 -0,015

Amélioration situation éco 0,016*** 0,036***

Déterioration situation économique -0,001 0,025***

Passage à l'inactivité 0,010* -0,001

Inactif 0,008*** 0,005

Pseudo R2 0,1510 0,1012

Nombre d’observations 13 277 4 192

Source : enquête Share 2004-2006

Tableau 3. Mobilité des propriétaires et des locataires (effets marginaux)(suite)

15 Même dans les autres pays, les effectifs restent faibles et les résultats à prendreavec précaution.

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La significativité de l’effet revenu est aussi plus faible (11 %). Cela peutvouloir dire que dans ces deux pays la norme impose moins à un enfant deprendre son parent chez lui, d’aller habiter chez lui ou de l’aider à rester enlogement ordinaire. Mais certains éléments laissent à penser que ladistinction entre logement ordinaire et établissement d’hébergement estmoins prononcée dans les pays nordiques. Il faudrait bien sûr en savoirdavantage sur l’offre de soins de long terme et sur son financement, etl’échantillon Share reste de taille trop modeste pour permettre d’aboutir àdes conclusions tranchées. Mais il est probable que, dans la plupart des paysd’Europe, les circonstances familiales et économiques jouent conjointementun rôle dans les choix de logement des personnes âgées dépendantes.

Tableau 4. Mobilité résidentielle vers une maison de retraite (effets marginaux)

En résumé, un déménagement entre logements ordinaires est déterminéd’abord par la qualité du logement et du voisinage et les coûts demobilité, tandis que le départ pour une institution est déterminé par l’âge,la santé et la situation familiale. De plus, la situation économique jouedans des directions différentes.

Les mobiles réduisent leur nombre de pièces etchoisissent majoritairement de louer, en appartement

Au cours du cycle de vie, les ajustements se font d’abord depuis de petitsappartements vers des maisons plus grandes, au moment du mariage puisde l’arrivée des enfants. Ensuite, les adaptations sont très rares. Mais on98

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Note : modèle Probit. Variable dépendante : « A déménagé entre les deux vagues de Share vers un établissement d’hébergement pour personnes âgées ». Les coefficients estimés sont les effets marginaux. * significatif à 10 %; ** significatif à 5 %; *** significatif à 1 %. Autres variables decontrôle introduites mais non montrées : indicatrices de pays, durée écoulée en mois entre les deuxenquêtes, nombres d'années passées dans le logement.Source : enquête Share 2004-2006

Tous pays SE DK Reste

50-59 ans -0,002 0,003 -0,003**

60-69 ans -0,001 -0,002 -0,001

70-79 ans

80 ans et plus 0,009*** 0,012** 0,006***

Revenu

1er quartile v1 0,002** 0,005 0,002**

pas de famille 0,004** 0,008 0,002*

veuvage récent 0,007** 0,024** 0,003*

limitation motrice v1 0,004*** 0,011** 0,002***

limitation motrice 0,002** 0,001 0,002**

Pseudo R2 0,1694 0,1384 0,1950

Nb d’observations 14 491 3 217 11 274

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s’attend à ce qu’ils se fassent vers des logements plus petits au fur et à mesureque les enfants quittent le domicile ou qu’un conjoint décède, en particuliersi le logement était aussi un moyen de placement et que le besoin de réalisercette épargne se fait sentir. En fait, indépendamment de tout déménagement,le nombre de pièces par personne augmente avec l’âge parce que la tailledes ménages diminue avec l’âge. Il y a deux étapes importantes. Entre 50 et69 ans, l’essentiel de l’augmentation du nombre de pièces par personneavec l’âge est dû au départ des enfants. Ce départ constitue un événementtrès important dans la vie des personnes de cette tranche d’âge: parmi les37 % qui corésidaient avec un enfant en vague 1, 28 % ont connu le départde leur dernier enfant entre les deux vagues16. Il y a une relation négativeentre taux de corésidence et taux de départ (graphique 3). Le taux de départdépasse 40 % au Danemark, en Allemagne, et en Autriche, où la corésidenceest rare, tandis qu’il n’est que de 10 % en Grèce et 20 % en Italie, pays oùla corésidence est fréquente. Le taux de départ atteint tout de même 26 %en Espagne, alors que le taux de corésidence y était au même niveau quel’Italie. Du point de vue de l’espace, le départ des enfants augmente lebien-être des parents. Le mouvement inverse (vers la résidence avec unenfant en vague 2) est rare. Globalement, 8,2 % des 50 ans et plus avaientun enfant corésidant en vague 1 et n’en ont plus en vague 2 ; inversement,seuls 2,1 % corésident avec un enfant en vague 2, alors qu’ils ne corésidaientpas en vague 1. Et, la plupart du temps, c’est l’enfant qui est venu chez sesparents. Le cas inverse d’un déménagement pour corésider se compte surles doigts d’une seule main, quel que soit le pays.

Graphique 3. Pays selon le taux de départ des enfants, et le taux decorésidence en v1 (parmi les co-résidents de v1 50-69 ans)

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16 Parmi les 63% des 50-69 ans qui ne corésidaient pas avec un enfant en vague 1,moins de 4% corésidaient en vague 2.

Source: enquête Share 2004-2006Lecture : en France, le taux de corésidence avec un enfant des 50-69 ans était de 34 % en vague 1,et pour 31 % de ces individus, il n’y avait plus corésidence en vague 2 (le dernier enfant était parti).

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Dans un deuxième temps, c’est le décès d’un conjoint qui modifie lataille du ménage. Il a affecté 6 % des gens mariés ayant entre 70 et 79ans, et 15 % de ceux de 80 ans ou plus.

Départ d’un enfant, décès d’un conjoint peuvent conduire à déménagerpour un logement moins vaste. Plus largement, la question du« downsizing », c’est-à-dire la diminution de la consommation de logementaprès la retraite, est débattue (Laferrère, 2006 ; Banks et al., 2007). SelonShare, on trouve qu’en moyenne, bouger correspond à un ajustement àla baisse, ajustement d’autant plus important que l’individu mobile estplus âgé. Les personnes mobiles âgées de 50-59 ans perdent 0,3 pièce enmoyenne ; celles qui ont entre 60 et 69 ans perdent 0,7 pièce ; elles enperdent 0,8 si elles sont âgées de 70-79 ans, et jusqu’à 1,4 pièces enmoyenne si elles ont 80 ans ou plus. Même si le nombre d’individusmobiles n’est pas très élevé, leur demande se porte clairement vers des

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R E T R A I T E E T S O C I É T É / N ° 5 8 N O V E M B R E 2 0 0 9

Tableau 5. Choix du nombre de pièces ou du type de logement parmi les mobiles (effets marginaux)

Note : modèle Probit. Variable dépendante : « avoir diminué le nombre de pièces/avoir choisi un appartement entre les deux vagues de Share (individus mobiles) ». Autres variables de contrôle : indicatrices de pays, durée écoulée en mois entre les deux enquêtes. L’âge est celui en vague 1.* significatif à 10 %; ** significatif à 5 %; *** significatif à 1 %.Source : enquête Share 2004-2006

Moins pièces Vers appartement

50-59 ans Réf. Réf.

60-69 ans 0,008 -0,003

70-79 ans 0,051 0,047

80 ans et plus 0,204*** 0,178***

Revenu

1er quartile v1 Réf. Réf.

2e quartile v1 -0,017 -0,124**

3e quartile v1 0,131** -0,122*

4e quartile v1 0,069 -0,170**

Hausse taille du ménage -0,239*** -0,116

Baisse taille du ménage 0,214*** -0,163**

Veuf(ve) v1 0,147** 0,116**

Veuvage récent -0,068 0,291***

Divorcé v1 -0,008 0,063

Divorce récent 0,114 -0,160

Mauvaise santé v1 0,051 0,005

Mauvaise santé -0,015 0,034

Limitation motrice v1 0,031 0,034

Limitation motrice 0,010 0,062

Vers location 0,244*** 0,224***

Moins de pièces 0,184***

Vers appartement 0,189***

Pseudo R² 0,175 0,2016

Nombre d’observations 788 788

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logements plus petits, mais peu avant 70 ou 80 ans. Cependant, même si60 % de ceux qui bougent réduisent le nombre de pièces, 20 % d’entreeux changent pour un logement plus grand.

Réduire le nombre de pièces n’est pas lié à un faible revenu ni à unmauvais état de santé, mais à l’âge, au veuvage, et à une baisse de la taille du ménage (tableau 5, col. 1)17. Cette réduction accompagnesouvent la mobilité vers un appartement et vers le secteur locatif.Effectivement, quand les seniors déménagent, la majorité choisissent unappartement plutôt qu’une maison. Opter pour un appartement et quitterune maison pour un appartement augmente avec l’âge. La proportion desindividus mobiles qui choisissent un appartement passe de 47 % quandils ont entre 50 et 59 ans, à 52 % entre 60 et 69 ans, 57 % pour les 70-79 ans et 63 % pour les 80 ans et plus. Bouger pour un appartementest d’autant plus probable qu’on a un faible revenu (qu’on appartient auplus bas quartile de revenus), qu’on a plus de 80 ans et qu’on est veuf(ve)ou devenu(e) veuf(ve) récemment (tableau 5, col. 2). Cela est compatibleavec l’idée qu’on quitte une maison pour diminuer les problèmes et fraisd’entretien.

Même si le taux global de propriétaires-occupants ne baisse pas beaucoupentre les deux vagues, 32 % des propriétaires mobiles abandonnent lapropriété, tandis que seulement 24 % des locataires mobiles deviennentpropriétaires. Ce dernier taux n’est pas négligeable mais, globalement, laproportion de propriétaires parmi les gens mobiles baisse de 57 % à 50 %.Là encore, la tendance est nette. Le choix de la location augmentenettement avec l’âge au-delà de 70 ans, et diminue quand le revenu estplus élevé, que ce soit pour ceux qui étaient locataires ou propriétaires(tableau 6, col.1 et 2, page 102). Il est corrélé au choix d’un appartementet à la diminution du nombre de pièces. Veuvage, divorce, mais aussiexistence de difficultés motrices favorisent la location. Être locataireimplique moins de soucis de gestion et d’entretien pour une personneseule ou handicapée, ou anticipant l’arrivée de handicaps liés au grand âge.

Même si le départ des enfants est l’événement le plus fréquent, lesseniors en restent géographiquement proches : 83 % de ceux qui ont desenfants en ont au moins un habitant à moins de 25 kilomètres. Lepourcentage augmente de six points par rapport à la vague 1. Mêmeparmi ceux dont aucun enfant n’habite sous le même toit, 78 % ont unenfant à moins de 25 kilomètres de distance. Nous avons là encoreestimé un modèle expliquant la probabilité de vivre à moins de 25kilomètres d’un de ses enfants (tableau 7, page 103). La proximité est

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17 Ce tableau 5, comme les tableaux 6 et 7, n’a qu’une valeur descriptive et nes’intéresse pas à la modélisation conjointe de la mobilité et du changement deconsommation de logement.

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d’autant plus fréquente que le revenu est inférieur à la médiane, qu’onest veuf(ve), et qu’on a davantage d’enfants. À l’inverse, avoir divorcédiminue les chances de vivre à proximité d’un enfant. La famille peutdonc constituer un filet de sécurité par les échanges de services qu’ellepermet. La proximité décline avec l’âge si on inclut la corésidence, mais augmente si on l’exclut, même si ce dernier effet est faible et peusignificatif. Cela tendrait à montrer que les échanges favorisés par laproximité sont sans doute à double sens : plutôt dans le sens descendantavant 60 ans, et plutôt dans le sens ascendant ensuite. Notons aussi queles limitations motrices augmentent la probabilité de vivre à proximitéd’un enfant. Là encore, cela peut vouloir dire que la famille est unesource d’aide. La mobilité résidentielle a un effet positif, mais nonsignificatif sur la proximité géographique. Les effectifs concernés sonttrop faibles pour savoir si la mobilité résidentielle est effectuée dans lebut de se rapprocher de ses enfants. Mais, comme on l’a vu plus haut,elle ne conduit pas à aller habiter chez eux.102

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Tableau 6. Choix de la location parmi les mobiles (effets marginaux)

Note : l’âge est celui en vague 1. Modèle Probit. Variable dépendante : « avoir choisi la location env2 (individus mobiles) ». Autres variables de contrôle : indicatrices de pays, durée écoulée en moisentre les deux enquêtes. * significatif à 10 %; ** significatif à 5 %; *** significatif à 1 %.Source : enquête Share 2004-2006

Propriétaires Locataires Ensemble

50-59 ans Réf. Réf. Réf.

60-69 ans 0,099 0,003 0,067

70-79 ans 0,254*** 0,065* 0,199***

80 ans et plus 0,449*** 0,107*** 0,313***

Revenu

1er quartile v1 Réf. Réf.

2e quartile v1 -0,111 -0,102* -0,119*

3e quartile v1 -0,218** -0,111 -0,185**

4e quartile v1 -0,264*** -0,324*** -0,327***

Hausse taille du ménage 0,173 -0,039 0,015

Baisse taille du ménage 0,216** -0,033 0,046

Veuf(ve) v1 -0,111 0,051 0,008

Divorcé v1 0,104 -0,038 0,040

Veuvage récent -0.080 0.067 0,141

Divorce récent 0,054 0,186

Mauvaise santé v1 0,033 -0,020 0,014

Mauvaise santé 0,053 0,019 0,023

Limitation motrice v1 0,115* 0,045 0,094*

Limitation motrice -0,080 0,032 -0,035

Moins de pièces 0,131* 0,047 0,104*

Vers appartement 0,500*** 0,158*** 0,381***

Propriétaire en v1 -0.365***

Pseudo R² 0,3618 0,3454 0,3708

Nombre d’observations 444 354 798

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La mobilité résidentielle s’accompagne d’une amélioration del’équipement du logement pour faire face au grand âge. Parmi lespersonnes qui n’ont pas déménagé, seules 6 % sont équipées18, et il n’ya apparemment pas réalisation de travaux d’équipement entre les deuxdates d’enquête. Parmi celles qui ont déménagé, 1 % sont équipées dansles deux logements ; 2 % étaient équipées dans leur premier logement etne le sont plus dans le nouveau ; 79 % restent non équipées, mais 18 %sont nouvellement équipées, ce qui laisse penser que l’adaptation dulogement a constitué un des motifs du déménagement. De fait, interrogéssur ce sujet, 37,1 % des indivius mentionnent qu’ils voulaient un logementplus grand, plus petit ou différent, sans qu’on puisse malheureusementdistinguer entre ces motifs (tableau 8, page 104). C’est la premièremotivation invoquée, devant les « autres raisons » (35,3 %), et les« raisons familiales » (17,5 %). Le désir de changer de région ne vient qu’en quatrième position (7.4 %) devant les considérationsprofessionnelles, en dernière position (2,4 %). Notons que les « autresraisons » arrivent en tête chez les plus de 60 ans. Il est vraisemblable queles causes liées à l’état de santé anticipé, ou au désir de réduire les frais

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Tableau 7. Proximité géographique avec un enfant (effets marginaux)

Note : modèle Probit. Variable dépendante : « habiter à moins de 25 km d’un enfant ». Autresvariables de contrôle : indicatrices de pays, durée écoulée en mois entre les deux enquêtes.Champ: individus de 50 ans et plus en vague 2 ayant au moins 1 enfant. En col. (2) les personnesqui co-résident avec un enfant en v1 ou en v2 sont exclues.* significatif à 10 %; ** significatif à 5 %; *** significatif à 1 %. L’âge en col. 2 n’est significatif qu’à 12 %.Source : enquête Share 2004-2006

Tous Sans co-résidents

Âge -0,002*** 0,001*

Revenu

1er quartile v1 Réf. Réf.

2e quartile v1 0,002 0,005

3e quartile v1 -0,034*** -0,058***

4e quartile v1 -0,022** -0,040***

Mobilité résidentielle 0,006 0,015

Veuf(ve) v1 0,036*** 0,029**

Divorcé v1 -0,054*** -0,064***

Limitation motrice 0,020*** 0,020***

1 enfant -0,184*** -0,195***

2 enfants -0,065*** -0,060***

3 enfants et plus Réf. Réf.

Pseudo R² 0,0832 0,0658

Observations 16 498 11 156

18 Ils ont répondu positivement à la question suivante : « Votre domicile présente-t-il deséquipements ou des caractéristiques particulières destinés à aider des personnesayant des handicaps physiques ou des problèmes de santé ? » [par exemple, desportes élargies, des rampes, des portes automatiques, des translateurs pourescaliers, des systèmes d’alerte (boutons d’alerte), des aménagements particuliersde la cuisine ou de la salle de bains].

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liés au logement, raisons non isolées dans l’enquête, jouent un rôle,comme nous l’avons indirectement mis en évidence par nos analyses.

Conclusion

Cette étude a permis de mettre en évidence un certain nombre d’aspectsde la mobilité des seniors. Nous les récapitulons ici.

Le taux annuel de mobilité résidentielle des Européens de 50 ans etplus, de l’ordre de 2 %, est faible.

La mobilité entre logements ordinaires n’est pas commandée par unmauvais état de santé, mais par l’évolution de la taille du ménage (à la suited’un veuvage en particulier). Plus on a de revenus, plus on déménage, cequi pourrait montrer a contrario que certaines immobilités sont contraintes.La mobilité des propriétaires est liée positivement à leur patrimoine, ce quilaisse penser qu’elle est influencée par la valeur du logement vendu.

Les logements peuvent se révéler mal adaptés au grand âge. De fait, onobserve que beaucoup de personnes en changent pour un appartementou pour une location au fur et à mesure du vieillissement, surtout après80 ans. Les conséquences pour le marché du logement, à la fois du pointde vue de l’offre et de la demande, pourront être importantes, d’autantplus qu’elles n’auront pas été anticipées.

Certains indices vont dans le sens d’une réduction de la consommationde logement lors d’une mobilité résidentielle, en particulier parmi lespersonnes appartenant au groupe de bas revenus. Elles choisissent plutôtun appartement en location qu’une maison en propriété. Il resterait à voirsi ces mouvements sont liés à des réductions effectives de dépenses delogement.104

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Tableau 8. Raisons du déménagement selon l’âge

Tous 50-59 60-69 70-79 80 et +

Raisons familiales 17,5 21,7 9,0 9,1 35,6

Raisons professionnelles 2,4 5,8 1,0 0,0 0,0

Voulait logement plus grand/plus petit/différent 37,1 45,5 37,7 30,7 22,9

Voulait changer région 7,5 6,1 9,6 8,5 5,2

Autre raison 35,3 21,0 42,7 50,3 36,3

Ne sait pas 0,3 0,0 0,0 1,4 0,0

Total 100 100 100 100 100

Source : enquête Share 2004-2006

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Devenir invalide, ne pas avoir de conjoint ni d’enfant, avoir un faiblerevenu, tout cela concourt à faire déménager en maison de retraite.

La proximité géographique avec les enfants est grande et permetl’échange de services.

Comme les nouvelles générations de retraités vivent davantage en maisonque leurs aînées, on peut se demander si ces mobilités résidentielles vonts’accentuer ou diminuer, selon les préférences et les contraintes desnouvelles générations. Jusqu’à présent, en France, on assiste plutôt à unebaisse de la mobilité résidentielle des plus de 65 ans (Laferrère, 2007),mais rien ne dit que le mouvement ne s’inversera pas. Les implications enmatière de politique publique sont multiples, tant les marchés risquentd’être touchés de façon variée : offre de maisons, demande d’appartements,d’équipements et de services pour le grand âge.

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