Jeunesse Militante Juin 2016

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1 JEUNESSE MILITANTE JUIN 2016 * WWW.YCL-LJC.CA Éditorial Adrien Welsh Avec le scandale des Panama Papers, l’arrestation de Nathalie Normandeau et les remous causés par les scandales de malversations auxquels sont mêlés plusieurs officiels du Parti des Travailleurs du Brésil, la corruption semble plus banalisée que jamais. Ceci écoeure d’autant plus que les «profiteurs vautrés dans la richesse» agissent en période de crise économique. À travers des mesures d’austérité oppressante pour les peuples du monde, des guerres impérialistes qui ne visent qu’à mettre la main sur de nouveaux marchés et à contrôler l’accès aux ressources naturelles ainsi que la destruction de l’environnement, ils essaient de nous faire payer pour leur crise et ce, parfois de façon tragique comme on a pu le voir à Bruxelles et à Paris il n’y a que quelques mois. Les migrants qui, en tentant de gagner les rives européennes depuis l’Afrique, terminent le voyage au fond du cimetière méditerranéen en sont aussi des victimes. Pourtant, ce n’est pas assez pour ceux qui tiennent le haut du pavé. Mus par leurs intérêts de classe, fondamentalement en contradiction avec les nôtres, ceux du «99%», ceux de la jeunesse, des étudiants, des travailleurs et des masses populaires, ils ne manquent pas d’inventivité pour grapiller les derniers kopeks de la classe ouvrière. La corruption, les malversations, l’évasion fiscale n’en sont que quelques exemples et nous rappellent qu’elles sont inhérentes au système capitaliste. Malgré la commotion générée tant à droite qu’à gauche concernant les différentes tentatives de corruption, nous ne pouvons nous résoudre à croire que toutes sont sincères. En effet, même s’il est tout à fait justifié de s’insurger contre ces fourberies, nous devons prendre garde contre les chants des sirènes qui nous affirment qu’il serait possible de «moraliser» le capitalisme, bâtir un «capitalisme à visage humain». Ce n’est pas le pari de la jeunesse communiste du Québec. Pour nous, il ne fait aucun doute qu’il n’est pas de voie de sortie autre que la rupture avec le système capitaliste-impérialiste. En revanche, il serait erroné de faire de Marianne Breton Fontaine Le jeudi 22 octobre 2015, l’équipe de l’émission Enquête de Radio-Canada diffusait un repor- tage-choc sur de multiples viols et agressions sexuelles subies par des femmes autochtones de Val d’or. À l’origine, l’équipe de journalistes n’enquêtait pas sur ces cas, mais plutôt sur la disparition de femmes autochtones et en particu- lier celle de Sindy Ruperthouse, une Algonquine dont la disparition depuis le printemps 2014 laissait honteusement indifférents les médias et les autorités québécoises. Autour d’une table, les amies de Sindy Ruper- thouse sont interrogées à propos de l’enquête de la police par la journaliste Josée Dupuis. La conversation prend alors une autre tournure. Les femmes se confient sur les comportements abusifs des policiers. Des policiers qui profitent de leur autorité pour obtenir des fellations ou d’autres faveurs sexuelles; des policiers qui menacent les femmes autochtones; des policiers qui abandonnent des femmes en état d’ébriété en plein milieu de la forêt à plus de deux heures de marche du centre-ville pour les faire «des- saouler»; des policiers qui frappent et bruta- lisent; des policiers qui paient des femmes en drogue et en argent pour du sexe; des policiers qui violent des femmes dans le bois, ou dans le poste de police; ces mêmes policiers qui ne font rien pour retrouver Sindy Ruperthouse ou les autres femmes autochtones disparues. Au fil du reportage, des femmes courageuses se confient, quelques fois pour la première fois, sur les horreurs qu’elles ont vécues aux mains des forces de police de Val d’or. À la suite des révélations faites par les amies de Mme Ruperthouse, d’autres femmes autoch- tones ont voulu briser le silence. Certaines sont allées porter plainte. Quatorze dossiers ont été ouverts et ciblent huit policiers de Val d’or. Ce sont huit policiers sur une cinquantaine du poste. C’est énorme. Pire, ils ne sont sûrement pas les seuls. Par leurs paroles, ces femmes ont forcé le gouvernement à réagir. Impossible pour l’État Silence et indifférence : Des femmes autochtones témoignent de la violence policière. Suite à la page 2 Suite à la page 3

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Jeunesse Militante et Rebel Youth sont unique au Canada . Les deux publications sœurs sont anti- capitaliste , pro- socialiste, avec un contenu bilingue , écrit et produit entièrement par des jeunes militants et militantes. Jeunesse Militante et Rebel Youth se considèrent comme ayant un rôle clé à jouer dans la construction de la riposte au Canada et dans la solidarité avec les luttes anti-impérialistes à travers le monde. Parce que c'est maintenant le temps de s'organiser ! Because now is the time to organize ! Pour vous abonner ou pour un commentaire, écrivez-nous à [email protected]. Jeunesse Militante est publié au Québec en collaboration avec le Journal Clarté.

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JEUNESSE MILITANTEJuin 2016 * WWW.ycl-lJc.ca

Éditorialadrien Welsh

avec le scandale des Panama Papers, l’arrestation de nathalie normandeau et les remous causés par les scandales de malversations auxquels sont mêlés plusieurs officiels du Parti des Travailleurs du Brésil, la corruption semble plus banalisée que jamais. ceci écoeure d’autant plus que les «profiteurs vautrés dans la richesse» agissent en période de crise économique. À travers des mesures d’austérité oppressante pour les peuples du monde, des guerres impérialistes qui ne visent qu’à mettre la main sur de nouveaux marchés et à contrôler l’accès aux ressources naturelles ainsi que la destruction de l’environnement, ils essaient de nous faire payer pour leur crise et ce, parfois de façon tragique comme on a pu le voir à Bruxelles et à Paris il n’y a que quelques mois. les migrants qui, en tentant de gagner les rives européennes depuis l’afrique, terminent le voyage au fond du cimetière méditerranéen en sont aussi des victimes.

Pourtant, ce n’est pas assez pour ceux qui tiennent le haut du pavé. Mus par leurs intérêts de classe, fondamentalement en contradiction avec les nôtres, ceux du «99%», ceux de la jeunesse, des étudiants, des travailleurs et des masses populaires, ils ne manquent pas d’inventivité pour grapiller les derniers kopeks de la classe ouvrière. la corruption, les malversations, l’évasion fiscale n’en sont que quelques exemples et nous rappellent qu’elles sont inhérentes au système capitaliste.

Malgré la commotion générée tant à droite qu’à gauche concernant les différentes tentatives de corruption, nous ne pouvons nous résoudre à croire que toutes sont sincères. En effet, même s’il est tout à fait justifié de s’insurger contre ces fourberies, nous devons prendre garde contre les chants des sirènes qui nous affirment qu’il serait possible de «moraliser» le capitalisme, bâtir un «capitalisme à visage humain».

ce n’est pas le pari de la jeunesse communiste du Québec. Pour nous, il ne fait aucun doute qu’il n’est pas de voie de sortie autre que la rupture avec le système capitaliste-impérialiste. En revanche, il serait erroné de faire de

Marianne Breton Fontaine

le jeudi 22 octobre 2015, l’équipe de l’émission Enquête de Radio-canada diffusait un repor-tage-choc sur de multiples viols et agressions sexuelles subies par des femmes autochtones de Val d’or. À l’origine, l’équipe de journalistes n’enquêtait pas sur ces cas, mais plutôt sur la disparition de femmes autochtones et en particu-lier celle de Sindy Ruperthouse, une algonquine dont la disparition depuis le printemps 2014 laissait honteusement indifférents les médias et les autorités québécoises.

autour d’une table, les amies de Sindy Ruper-thouse sont interrogées à propos de l’enquête de la police par la journaliste Josée Dupuis. la conversation prend alors une autre tournure. Les femmes se confient sur les comportements abusifs des policiers. Des policiers qui profitent de leur autorité pour obtenir des fellations ou d’autres faveurs sexuelles; des policiers qui menacent les femmes autochtones; des policiers qui abandonnent des femmes en état d’ébriété en plein milieu de la forêt à plus de deux heures

de marche du centre-ville pour les faire «des-saouler»; des policiers qui frappent et bruta-lisent; des policiers qui paient des femmes en drogue et en argent pour du sexe; des policiers qui violent des femmes dans le bois, ou dans le poste de police; ces mêmes policiers qui ne font rien pour retrouver Sindy Ruperthouse ou les autres femmes autochtones disparues. au fil du reportage, des femmes courageuses se confient, quelques fois pour la première fois, sur les horreurs qu’elles ont vécues aux mains des forces de police de Val d’or. À la suite des révélations faites par les amies de Mme Ruperthouse, d’autres femmes autoch-tones ont voulu briser le silence. certaines sont allées porter plainte. Quatorze dossiers ont été ouverts et ciblent huit policiers de Val d’or. ce sont huit policiers sur une cinquantaine du poste. c’est énorme. Pire, ils ne sont sûrement pas les seuls.

Par leurs paroles, ces femmes ont forcé le gouvernement à réagir. impossible pour l’État

Silence et indifférence : Des femmes autochtones témoignent de la violence policière.

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Nina Césaire.

En arrivant au canada pour quelques mois en simple visite, je ne m’attendais pas à un accueil si glacial. Moi, qui voulais seulement voir les camarades québécois, canadiens, mais surtout découvrir ce beau pays, je me suis retrouvée aussi contrôlée qu’un criminel.

lorsque j’arrive à l’aéroport à Montréal, la durée de mon séjour interpelle un agent des douanes qui m’envoie donc à l’immigration. après quelques temps d’attente, un officier me prend en charge. Je suis jeune, je viens de démissionner de mon

travail en France et j’avais rempli il y a quelques mois une application pour le PVT (Permis Vacances Travail). Evidemment les soupçons commencent. On me demande si je veux travailler illégalement au canada, je réponds par la négative en avançant l’argument que j’ai économisé durant de longues années pour pouvoir voyager sans problème. l’officier me demande alors une preuve et me demande mon téléphone portable. choquée, mais ayant peur de me faire directement renvoyée en France par le premier avion, je lui donne mon téléphone et mon code. non seulement a-t-il regardé de fond en comble mon compte en banque, il

a aussi scruté mes messages personnels ! Moi qui pensais que la vie privée était un droit, que nenni ! Tout de suite il découvre les messages envoyés à un camarade québécois sur place que j’ai connu en France. il me demande qui est-ce, de quel syndicat parle-t-on, mais surtout quels sont mes liens avec le Parti communiste. ne voulant pas nier l’évidence je lui dis « Je suis membre du Parti communiste ». S’en suit une fouille encore plus approfondie de mon portable, mes photos, mes contacts, mes mails, même ceux qui n’ont aucun de rapport avec la politique. Ma vie privée est désormais violée et fichée dans les dossiers canadiens. une heure plus tard, un autre officier des douanes arrive. les deux officiers m’emmènent avec ma valise dans une petite salle reculée.

Je commence à stresser, l’interrogatoire continue, le deuxième officier des douanes met des gants. il semble plus se focaliser sur le fait que j’avais rempli une demande de PVT, ce que je comprends parfaitement et j’explique que je la retirerai dès que possible étant donné que je n’en veux pas. le premier officier me demande mes motivations au canada (!). Ma valise est fouillée, mon portefeuille et ma veste également. ils tombent sur ma carte de membre du Parti : « Quelle est l’idéologie du Parti communiste ? ». amusée par la question et me disant que de toute façon je n’avais absolument rien à cacher, puisqu’ils savent tout de ma vie grâce aux fouilles, je fais alors une formation de marxisme-léninisme aux douaniers de l’aéroport pendant que mon

appareil photo est exploré. cependant, après trois heures de questions, de soupçons, je commence à sérieusement perdre mon sang-froid, se faire traiter de la sorte est tout simplement atterrant pour ma première visite dans ce pays.

ils n’ont rien découvert qui puisse justifier une interdiction du territoire canadien, le deuxième officier des douanes s’en va. le premier, qui avait confisqué mon portable et mon passeport, rempli des papiers, j’attends encore. Quand il m’appelle au comptoir, il m’explique qu’il a raccourci mon séjour, initialement de quatre mois, à un mois seulement ! Malgré la présentation de mon billet retour pour la France ! il argue que je pourrais travailler illégalement au canada et qu’un mois ça suffisait pour visiter le Québec. l’argument du travail illégal est plutôt drôle quand l’écrasante majorité de mon interrogatoire était focalisée sur mon engagement communiste !

Pour faire régulariser ma situation, j’ai dû voyager aux Etats-unis, passer la frontière pour renouveler mon statut de visiteur. cette fois-ci je m’étais préparé à un éventuel interrogatoire poussé, j’avais supprimé toutes mes données qui pouvaient me compromettre.

cette péripétie prouve qu’aujourd’hui, malgré toutes les mauvaises langues qui disent que nous n’existons plus, les communistes et leur organisation font toujours peur au pouvoir capitaliste et à leur bras armé !

ce constat un faux-dilemme. nous luttons pour des revendications concrètes, immédiates, comme la demande d’un salaire minimum à 15$ l’heure, la fin du blocus criminel imposé au peuple cubain depuis plus d’un demi-siècle, le retrait du canada des troupes canadiennes du Moyen-Orient et le retrait du canada de l’OTan. nous refusons la politique génocidaire appliquée depuis plus de 500 ans aux peuples autochtones, nous nous indignons de l’inégalité nationale entérinée par la constitution de 1867 tout comme du nationalisme étroit véhiculé par les forces du Parti québécois et, à certains égards, par

une frange de Québec solidaire. nous croyons qu’un canada autre que celui de la Reine et de Trudeau est possible: celui de norman Bethune, de léa Roback, de Madeleine Parent et de Fred Rose.

nous devons, à travers ces luttes, gagner du terrain contre le capitalisme triomphant et, d’autre part, de mobiliser la jeunesse et les masses populaires. ainsi, nous pourrons, tous ensemble, unis et militants, lutter contre l’impérialisme, ennemi numéro un des peuples, et bâtir un monde de paix durable et de transformations sociales.

Le dramaturge communiste allemand Bertolt Brecht

Suite de l’Éditorial «Qui est le plus grand criminel: celui qui braque une banque ou celui qui

en fonde une?» Bertolt Brecht

Ô CANADA...

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Rebel Youth est unique au canada . c’est un magazine

anti- capitaliste , pro- socialiste, avec un contenu bilingue , écrit et produit entièrement par des jeunes militants et militantes.

Rebel youth se donne comme mission de jouer un rôle clé dans la construction de la riposte au canada et dans la solidarité

avec les luttes anti- impérialistes à travers le monde . Parce que c’est maintenant le temps de

s’organiser ! Because now is the time to organize !

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d’ignorer l’horreur des actions com-mises par sa force de coercition. Sur le coup du reportage, la police a ré-pondu en conférence de presse mini-misant le problème. un problème de «pommes pourries», comme si ces histoires étaient des cas isolés, des faits divers, et non l’image précise de ce qu’est le système policier pour les personnes autochtones. Depuis, ni la police, ni le gouvernement du Québec, n’ont réellement pris leurs responsabilités. Quelques annonces de subventions ont bien été faites par le gouvernement du Québec et des caméras seront posées sur les auto-patrouilles des policiers de Val d’Or, mais rien qui puisse véritablement changer la situation.

Dans un communiqué, Dawn lavell-Harvard, présidente de l’association des femmes autochtones du canada, déclare : « Je suis profondément préoccupée par les allégations émanant de Val-d’Or, mais pas du tout surprise. nous savons que des actes de violence physique, sexuelle et institutionnelle ont été infligés à nos femmes et nos filles aux mains des autorités depuis des décennies. J’espère qu’en faisant jaillir la lumière dans ces recoins sombres, nous par-viendrons un jour à la justice. il faut que cesse la violence envers les femmes et les filles autochtones. »

la nation cri a lancé un boycott contre Val d’or en solidarité avec les femmes qui ont dénoncé leurs agresseurs dans la police. le Grand chef coon come expliquait que sa communauté prenait action «to show the non-native population of Val-d›Or that we are standing with the native women until the mayor can assure

us that our people and our women are safe here. (pour montrer à la population allotochtone de Val d’Or que nous nous lèverons en solidarité avec les femmes autochtones tant et aussi longtemps que le maire ne puisse nous assurer que nos gens et nos femmes sont en sécurité.)»

Pour d’autres femmes autochtones, voir ce reportage rouvrait de grandes blessures. À Montréal par exemple, le foyer pour femmes autochtones a vécu une crise interne. Des cercles de guérison ont eux lieu pour aider les femmes en détresse. Des langues se sont déliées partout au Québec. D’autres femmes sont venues dénon-cer les viols et les violences, comme celles vécues à Val d’or, perpétrées en toute impunité par d’autres corps policiers. l’ampleur des agressions et leur caractère généralisé montre encore une fois que le canada est toujours un État colonial qui exerce une violence systématique contre les peuples autochtones. Pour les femmes, c’est à la fois le poids de la violence coloniale et patriarcale qui doit être porté.

après avoir été agressée sexuelle-ment puis battue par des policiers, Kristen Wawatie à défier un de ses agresseurs en lui disant qu’elle l’amènerait en cour. celui-ci lui a répondu : «Qui tu penses qui vont croire ? un policier ou un soûlon ?» Malgré la menace, la jeune femme porte plainte, mais la SQ refuse de l’entendre sous le prétexte qu’elle n’a pas d’avocat. Pourtant, cette exigence est fausse. Personne n’a besoin d’avocat pour porter plainte.

une militante autochtone de Sept-

Îles interrogé par Radio-canada à comparé la police et le système de justice canadien et québécois au KKK américain. le système judiciaire est en pratique un déni de justice pour les personnes autochtones.

les policiers se protègent entre eux et reproduisent de manière brutale le racisme qui existe contre les autoch-tones. De manière institutionnelle, les corps de police et le ministère de la Sécurité publique traitent les personnes autochtones comme des citoyens et citoyennes de deuxième classe. c’est une réalité québécoise comme canadienne. Rappelons que des milliers de femmes autochtones ont disparu ou ont été tuées au canada depuis 1990, et que c’est seulement après de très nombreuses années de bataille qu’une enquête publique a enfin été ouverte.

Pour les policiers de Val d’or, c’est le SPVM (Police de Montréal) qui fera l’enquête. Encore la police qui enquête sur la police.

Tant qu’il n’y aura pas de profond changement dans l’État canadien et qu’il ne sera pas reconnu que le canada s’est construit sur le vol des terres et le viol de la souveraineté autochtone, ces drames continueront de se reproduire.

Nous demandons justice pour ses femmes autoctones!

De lac Simon, Jeannie irène Pou-cachiche venait de célébrer ses 20 ans et est décédée de façon tragique le 13 septembre 2003.

Sindy ruperthouse est une algon-quine de 44 ans disparue depuis le printemps 2014.

Shannon alexander et Maisy odjick sont deux amies. Elles ont été vue pour la dernière fois le 6 septembre 2008, après avoir passé la nuit chez Maisy Odjick à Maniwaki, au Québec. Shannon avait 17 ans et Maisy 16 ans au moment de leur disparition.

yan leduc-chun

Je vous invite, cher lecteur, à vous poser une petite question: que savons-nous des inuits? Vous est-il déjà arrivé de vous demander pourquoi les médias ont besoin d’une vague de taux de suicide monstre pour parler des Premières nations? Si je vous disais que j’y suis allé dans le grand nord, pendant 2 mois et que j’ai compris avec mes propres yeux, que j’ai été témoin des complexités politiques et historiques colonialistes qui

caractérisent la réalité inuit, cela vous intéresserait-il que je vous démontre le réel pouvoir que vous détenez sur ce peuple et de vous expliquer du même coup pourquoi nous n’y connaissons presque rien?après la deuxième guerre mondiale, les tensions entre les forces de l’Ouest et l’uRSS grimpent. le canada, membre de l’OTan, décide qu’il veut officiellement occuper le grand nord et ainsi affirmer sa souveraineté sur la région arctique avant l’union soviétique. le gouvernement

envoie donc l’armée canadienne chez les inuits, pour abattre leurs chiens et les sédentariser, pour les assimiler au reste de la population canadienne. autre volet de cette politique, la déportation forcée de quelques dizaines de familles (notamment d’inukjuaq au nunavik) vers Resolute Bay et Grise Fiord, des terres situées à des latitudes jamais fréquentées par les inuit traditionnellement. Mission accomplie: non seulement sont-ils devenus canadiens, mais ils sont à l’avant-poste de la souveraineté du camp occidental au nord du cercle polaire.

Dans le village de Puvirnituq, qui compte environ 2000 habitants, le deuxième plus grand après Kuujjuaq dans le territoire du nunavik, il y a une école primaire et une école secondaire. Merveilleux, mais problème: un emploi qui ne requiert qu’un diplôme d’études secondaires, ça n’existe pratiquement pas au nunavik. il n’y a aucune industrie productive après la chasse. Tant à l’hôpital de Puvirnituq, à la station électrique d’Hydro Québec, qu’à ses deux écoles, les docteurs, infirmiers, électriciens et les professeurs sont pratiquement tous des Blancs. ces emplois demandent tous des

études post-secondaires, ce qui signifie avoir l’argent pour envoyer les jeunes dans des institutions à 2000 KM de chez eux pendant plusieurs années. Or, de l’argent, il n’y en a pas non plus: le taux de chômage est anormalement élevé (un peu comme dans toutes les communautés autochtones), les logements sont en plus surpeuplés (on doit déjà vivre à une douzaine de personnes dans une maison simplement pour payer le loyer).

comme je l’ai mentionné plus tôt, parce que le gouvernement les maintient là, il veut les maintenir et la façon la plus efficace est de ne pas en parler, parce qu’ils savent que les maintenir là implique des horreurs et des conditions qui ne sont pas dignes d’un des plus riches pays du monde. ils savent que si nous savions ce qui s’y passe, nous ne resterions pas indifférents. le gouvernement a peur de notre action.

Pendant mon séjour, non seulement ai-je été témoin de suicides, de disparitions et de violences, mais également de problèmes récurrents qui coutent des millions aux communautés, voire des vies.

Réalité Arctique

Suite Val d’Or

La LJCQ lors de la marche du 14 février en solidarité avec les femmes autochtones disparues ou assassinées. 3

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8 mars: Journée internationale des femmes

Bien que le dernier budget leitao ait entériné la fin officielle de la «rigueur budgétaire», les mesures d’austérités qui ont été imposées aux Québécois depuis 2014 continueront à générer des répercussions durant les années à venir. les femmes, sur-représentées dans le secteur public et parapublic - principale cible des coupures libérales - comptent parmi les plus durement touchées par ces mesures.

En ce sens, la fausse polémique autour de la ministre québécoise de la condition féminine, lise Thériault, qui ne se considère pas féministe, a de quoi faire rire. En effet, nous n’avions pas besoin de ses aveux pour le constater! cette déclaration a toutefois généré un débat intéressant sur la définition du féminisme, mais a surtout permis à ceux et celles qui dénigrent l’engagement politique et militant de vociférer sur les plateaux de télévision ou sur les ondes radio en laissant sous-entendre que tous les mots en «-isme» seraient dogmatiques et révolus.

Qu’à cela ne tienne, le soir du 8 mars, communistes, féministes, pacifistes, internationalistes, progressistes; jeunes et moins jeunes, hommes comme femmes nous sommes retrouvés dans les rues de Montréal pour manifester à l’occasion de la Journée internationale des femmes. cette année, la marche a été marquée par une solidarité accrue envers les femmes autochtones assassinées et disparues ainsi qu’envers les femmes autochtones victimes de harcèlement à Val d’Or et ailleurs au Québec.

15 mars: contre la brutalité policière

cette année, la marche contre la brutalité policière a constitué une victoire pour les mouvements sociaux: pour la première fois, grâce au grand nombre d’observateurs présents, les forces de l’ordre n’ont pu interrompre la marche avant que les manifestants ne fassent le premier pas. cette victoire, très peu

relayée par les médias traditionnels, est significative et doit être diffusée largement avant l’organisation de la prochaine édition.

En effet, nous pouvons espérer que, lors des prochaines éditions, la mobilisation sera plus large et plus massive afin d’être plus à même de faire valoir notre opposition aux méthodes brutales et racistes du SPVM maintes fois décriées.

contre le terrorisme, invoqués depuis 2001, ne sont que des motifs fallacieux pour justifier des guerres impérialistes qui ne font qu’envenimer la situation dans la région et qui visent à assurer la mainmise de l’Occident, canada compris, sur le Moyen-Orient. nous avons également dénoncé que ces guerres soient livrées au nom des femmes opprimées alors qu’elles en paient doublement les frais, le viol étant utilisé comme arme de guerre par les forces belligérantes.

nous avons souligné le rôle du gouvernement libéral dans ce carnage: non content de poursuivre l’oeuvre du précédent gouvernement conservateur, même s’il avait promis en campagne électorale de cesser les frappes aériennes, celles-ci ont augmenté entre novembre et février. De surcroit, le gouvernement libéral a annoncé débloquer 1,6 milliard $ pour une mission de «formation» sur le terrain - une bien drôle de formation puisque les militaires seront trois fois plus nombreux sur le terrain et surtout armés.

Pour nous, il ne fait aucun doute que la seule issue à ce conflit est politique: le canada doit en premier lieu se retirer immédiatement de cette coalition internationale, se retirer de l’alliance criminelle qu’est l’OTan. Si le canada voulait réellement en découdre avec l’État islamique et ces forces fascistes de réserve, il cesserait toute vente d’arme avec ceux qui les fournissent, à commencer par l’arabie saoudite.

nordelo, un des cinq héros de la Révolution cubaine emprisonné de1998 à 2014 pour avoir tenté d’empêcher des actes terroristes contre la patrie de José Martí, a livré une conférence au centre Saint-Pierre.

Gerardo s’est entretenu sur l’importance de la victoire qu’a représenté sa libération ainsi que celle de ses compagnons d’infortune non seulement pour le peuple cubain, mais pour le mouvement anti-impérialiste à travers le monde. il a aussi souligné l’importance de la victoire du peuple cubain sur l’impérialisme états-unien illustrée par la reprise des relations diplomatiques entre les États-unis et cuba. il a néanmoins insisté sur le fait que malgré cette victoire, la bataille n’est pas terminée: tant que le blocus ne sera pas levé, tant que les États-unis ne rétrocèderont pas la base de Guantanamo au peuple cubain, qu’ils ne verseront pas de compensation pour les dommages causés par le blocus et surtout, tant qu’ils ne permettront pas aux cubains de suivre la voie qu’ils ont choisie, les relations ne pourront en aucun cas être totalement normalisées.

notant une forte présence de la jeunesse au sein de l’audience, notre «héros» a souligné l’importance du rôle de la «relève» tant ici qu’à cuba, car plus que jamais, la mobilisation contre l’impérialisme est nécessaire et pressante. lorsque nous lui avons demandé s’il était important d’étendre la solidarité avec cuba aux autres peuples opprimés du monde, il a répondu sans équivoque: «une attaque

Que ce soit pour la pleine égalité entre les hommes et les femmes, la paix, la solidarité internationale et contre les guerres impérialistes,

pour un salaire décent ou encore pour le droit à une éducation publique, de qualité, gratuite et universelle, la Ligue de la jeunesse

communiste n’hésite pas à battre le pavé et à lutter pour un monde de paix et de transformation sociale.

LJCQ en action!

19 mars: Montréal pour la paix

À l’occasion du 13e anniversaire de l’invasion de l’irak par les États-unis, une centaine de pacifistes et d’anti-impérialistes, dont la ligue de la jeunesse communiste, se sont réunis devant le complexe Guy-Favreau pour manifester notre opposition aux guerres impérialistes et à la participation canadienne à la coalition internationale censée «pacifier» l’Iraq et la Syrie en luttant contre l’État islamique. nous avons saisi cette occasion pour rappeler que les motifs de guerre

6 avril: rencontre avec Gerardo Hernandez Nordelo

le 17 avril 2014, nous avions célébré en grande pompe la libération des derniers cinq héros de la Révolution cubaine à laquelle le mouvement communiste international et la jeunesse anti-impérialiste, à travers la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique, ont grandement contribué.

le 6 avril dernier, à l’initiative de la Table de concertation de solidarité Québec-cuba, Gerardo Hernandez

contre le Venezuela, contre le Salvador, le nicaragua, le Brésil, l’Équateur ou la Bolivie, c’est une attaque contre cuba». Pour lui, il ne fait aucun doute que l’expansion du modèle cubain au reste de l’amérique latine est la hantise de l’impérialisme états-unien.

En ce sens, la solidarité avec les peuples cubain et latino-américain est un combat d’avant-garde dans lequel la ligue de la jeunesse communiste est engagée depuis sa création en 1923 et pour lequel nous demeurons mobilisés.

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15 avril: tous dans la rue pour 15$ l’heure

Selon une étude de l’iRiS, le salaire minimum au Québec ne permet pas de vivre décemment. En fait, une personne rémunérée à ce taux vit en moyenne 10% sous le seuil de faible revenu. cette situation n’est pas unique à la Belle Province: un peu partout au canada et aux États-unis, les salaires de misère sont la norme pour un nombre sans cesse croissant de travailleurs.

En conséquence, un mouvement réclamant un salaire minimum à 15$ l’heure s’est organisé d’abord dans quelques villes et états ou provinces, puis a fait tache d’huile pour gagner les mouvements sociaux et les partis politiques progressistes un peu partout sur le continent. la bataille a même porté ses fruits dans les États de new-york et de californie où une loi fixant le salaire minimum horaire à 15$ a été votée, preuve que la lutte paye. au Québec, le parti progressiste Québec solidaire a présenté une motion à l’assemblée nationale, rejetée, évidemment! Qu’à cela ne tienne, la mobilisation semble croitre considérablement: le vendredi 15 avril dernier, groupes communautaires, syndicats et partis politiques ont défilé pour réclamer un salaire minimum décent afin de répondre aux besoins des travailleurs, de la jeunesse et des masses populaires.

au delà de la revendication en soi, ce mouvement uni et militant met les luttes en avant et permet de bâtir un rapport de force en notre faveur qui servira de levier pour d’autres conquêtes sociales. En effet, il ne faut pas oublier que chaque réforme concédée par la classe dirigeante est le produit de luttes de ce genre. Par exemple, au canada, le salaire minimum a été instauré à la suite de la grève générale de Winnipeg de 1919. Sans ces luttes, nous connaitrions une situation probablement semblable à celle de l’allemagne où les travailleurs sont sommés d’accepter des «mini-jobs» à 1€ l’heure. «nul devoir ne s’impose au riche, le droit du pauvre est un mot creux»! À nous de le faire respecter, ce droit du pauvre…

1er mai: célébrons la Journée internationale des travailleurs et travailleuses

cette année marque le 130e anniversaire des évèenements de Haymarket Square à chicago. Réclamant la réduction du temps de travail quotidient à huit heures, les ouvriers de l’usine agricole

Mccormick se sont mobilisés et ont organisé une grève massive le 1er mai de cette même année. En réaction, les policiers ont chargé les manifestants rassemblés et d›importants affrontements s›en sont suivi. la plupart des dirigeants grévistes ont été condamnés à la pendaison un an plus tard.

À l›initiative de la iie internationale réunie à Paris en 1889, le 1er mai devient une journée de manifestation ouvrière. cette date est donc l›occasion pour les travailleurs de se mobiliser en masse et de réclamer leurs droits.

Même si aujourd’hui, au Québec et au canada, la journée de travail de huit heures semble la norme - une concession obtenue à la suite d›âpres luttes - il reste que nous devons rester mobilisés contre les politiques d’austérité que les tenants du néolibéralisme tentent de nous imposer, contre les visées bellicistes et impérialistes des grandes compagnies canadiennes, contre les traités de libre-échange (notamment le TPP qui, s’il est ratifié, entérinera la perte de 58 000 emplois au pays), contre les traités d’armement, mais pour un retrait immédiat de l’alliance criminelle qu’est l’OTan, contre la privatisation galopante des services publics, pour l’accès à une éducation publique, de qualité, gratuite et universelle.

au Québec, le Premier mai est l›occasion pour le gouvernement provincial de hausser (ou pas) le salaire minimum. En mars dernier, lors du dépôt du budget, le ministre leitao semblait dire que la «rigueur budgétaire» (soit l’austérité) était chose du passé. Pour preuve, le salaire minimum passe aujourd›hui à 10, 75$ l’heure, soit une augmentation de... 1,9%! Poussant la provocation à son paroxisme, il soutient qu’il s’agit d’une hausse supérieure au taux d’inflation qui est de 1,5%...

Plus d’un siècle après les évènements de chicago, la mobilisation est plus que nécessaire tant au Québec qu›au canada et que partout à travers le monde. Encore aujourd’hui, les travailleurs doivent se mobiliser pour faire faire fléchir le pouvoir des entreprises et imposer leurs revendications, qui sont celles de la jeunesse, des étudiants et des masses populaires en général; des femmes victimes de la double exploitation (celle du patriarcat comme celle de travailleuses), des peuples autochtones et des migrants. il s›agit, en bref, des revendications de la majorité, du «99%» dépossédé de ses richesses et aliéné par le «1%».

10 mai: dénonçons le PtP!

le 10 mai, une «consultation» publique au sujet du Partenariat trans-pacifique était organisée à Montréal, à l’hôtel Reine-Élisabeth. cette consultation n’était en fait qu’un panel de discussion où les représentants des grandes entreprises se sont succédé durant plus de quatre heures afin de louanger les vertus de ce traité, soulignant à quel point il répond à leurs intérêts. ne serait-ce que par le choix du lieu et du moment (en pleine journée un mardi), il était clair que la plèbe n’était qu’à moitié bienvenue.

En fait, sur les cinq heures de consultation, le public n’a eu le droit qu’à une heure pour s’exprimer, et ce, sous condition de s’être enregistré bien à l’avance. il n’empêche qu’une vingtaine de personnes ont eu l’occasion de s’avancer au micro dont deux pour le Parti communiste et pour la ligue de la jeunesse communiste. les vingt interventions ont appelé au rejet pur et simple du PTP, un chèque en blanc pour les multinationales qui risque de générer la perte d’au moins 58 000 emplois en plus d’engendrer des conséquences néfastes sur l’environnement.

cette conférence a aussi été l’occasion de discuter avec des militants et des citoyens fortement opposés à cet accord de libre-échange et prêts à faire de la mobilisation contre le PTP une priorité d’action dans les prochains mois, car même si le gouvernement fédéral a signé l’entente, il reste que celle-ci ne sera valide que lorsqu’elle sera ratifiée. Nous avons donc une chance de faire plier le gouvernement si nous mettons la main à la pâte dès maintenant.

14 mai: Nakba, on n’oublie pas!

Des victimes de l’impérialisme, le peuple palestinien figure parmi les bons premiers. Depuis le 14 mai 1948, soit depuis 68 ans, la colonisation israélienne soutenue par l’impérialisme occidental brime le droit à l’auto-détermination des Palestiniens, les confine dans des territoires sans cesse plus restreints, nie le droit à plus de 4 millions d’entre eux à revenir sur leur terre, commet des exactions et bévues en toute impunité bien qu’il s’agisse d’entorses aux droits de l’Homme.

Pour souligner notre appuis sans faille au peuple palestinien, nous nous sommes joints à la marche organisée par Palestiniens et Juifs unis (PaJu) et par BDS Québec le 14 mai dernier et avons marché avec quelques centaines de personnes impliquées dans les mouvements progressistes. Nous avons profité de cette occasion pour dénoncer en bloc la motion visant à criminaliser le mouvement de Boycott Désinvestissement et Sanctions présentée et votée par les libéraux à la chambre des communes cet hiver. notre engagement de longue en faveur du peuple palestinien répond de nos positions anti-impérialistes et témoigne de notre fervente solidarité envers les peuples opprimés qui luttent pour leur libération. En plus de cette marche nocturne, nous participons tous les samedis à un piquetage organisé par PaJu devant le supermarché Métro sur la rue Ontario afin de sensibiliser la population à la campagne de Boycott des produits israéliens et les inciter à boycotter le hummus de marque Sabra, dont les dirigeants soutiennent une brigade d’élite israélienne, la brigade Golani, responsable du massacre de milliers de palestiniens. 5

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Art en hommage à Berta

Caceres par

Astrid B.Militante environnementale, dirigeante de la nation lenca, directrice et fondatrice du conseil civil des organisations populaires et autochtones du Honduras (cOPinH), Berta cáceres a été assassinée dans des circonstances sombres le 3 mars dernier.

Voix de la résistance contre la dégradation de l’environnement, elle s’est opposée aux entreprises minières (dont plusieurs sont canadiennes) qui dirigent littéralement le pays depuis le coup d’État de 2009 ainsi qu’à la mainmise des entreprises étrangères sur les terres ancestrales des peuples autochtones dont elle

fait partie. En 2013, elle s’est même attaquée à un projet de nouvelle base militaire états-unienne au Honduras qu’elle décrivait comme «un projet de domination et de colonisation avec pour but de saccager les ressources naturelles communes de la nation centre-américaine». au sujet des six bases existantes, elle affirmait qu’il s’agit d’une pure violation des droits humains.

Figure de résistance, son action dérangeait. Elle dérangeait ceux qui tentent de faire fortune en pillant les richesses dont la légitimité revient en premier lieu aux lencas, aux Pipils, aux Mayas et à tous les peuples d’amérique centrale. Plusieurs fois menacée, elle n’a pas pour autant renoncé à la lutte. Si les autorités honduriennes réduisent son assassinat à une simple histoire d’altercation ou de banditisme, sa mère, ses proches ainsi que le dirigeant du Front national de la résistance populaire, carlos H. Reyes, ne sont pas de cet avis: ils sont persuadés, comme bon nombre de militants progressistes d’amérique latine, qu’il s’agit d’un crime politique commandité par nul autre que le gouvernement du Honduras.

Berta caceres est une énième victime de l’impérialisme et illustre la barbarie de ce système qui est prêt à tout pour se maintenir en selle. nous tenons à lui rendre hommage à elle ainsi qu’à toutes ces femmes, ces hommes, militants qui ont sacrifié leur vie à lutter pour un monde meilleur.

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À Puvirnituq, un lac à quelques kilomètres du village pourvoit les habitants en eau potable. Des pompes amènent l’eau à de grands réservoirs en ville, où des camions se remplissent pour ravitailler chaque maison, également munie de réservoirs. il n’y a pas d’aqueducs ni d’égouts dans le nord. un beau jour de semaine, la pompe se brise, et à -50 ce n’est pas long avant que l’eau gèle et que les tuyaux éclatent. les 3 camions d’eau doivent maintenant se frayer un chemin jusqu’au lac et s’y ravitailler directement. Deux camions tombent en panne. il ne reste qu’un camion fonctionnel, qui doit à chaque 3 maisons de ravitaillement reprendre la périlleuse expédition jusqu’au lac, à chaque fois. le lendemain on entend dire que l’armée amènera un nouveau camion sous peu. Deux semaines plus tard, plusieurs maisons n’ont toujours pas été ravitaillées et la pénurie devient inquiétante. Miracle, un géant Hercules c-130 approche le village, enfin! Sa queue de cargaison est ouverte et il largue une grosse boite verte. il atterrit quelques heures plus tard, faux espoir: pas de camion, simple exercice militaire. le village était en état d’urgence!

Pourquoi n’avons-nous pas entendu parler de cette crise alors que lorsque les intérêts des pétrolières sont en jeu à Fort McMurray, les millions pleuvent et les gouvernements enchainent déclarations sur déclarations? Pour ne pas nous enrager. le gouvernement aide ces communautés juste assez pour dépenser le moins possible et surtout pour s’assurer qu’ils resteront à la place qui leur est attribuée. naître dans le nord, c’est naitre dans un pays sous-développé, c’est être condamné à oublier tous ses espoirs et tes rêves.

Quelle honte! ces gens n’ont-ils pas le droit d’étudier pour devenir des médecins ou des professeurs? D’accomplir leurs rêves? Encore plus trivialement, de boire de l’eau et de se laver? nous devons, en tant que citoyens, briser le mur de glace qui confine les inuit au silence. nous devons nous mobiliser pour mettre fin à cette politique génocidaire dont les inuit, les Premières nations et les Métis paient les frais depuis plus de cinq siècles. En tant que jeunes, nous devons aussi réclamer le droit à une éducation gratuite, de qualité, publique et universelle et ce, du primaire à l’université: l’éducation est un droit et non un privilège, peu importe que nous habitions à Puvirnituq ou à Montréal.

Suite Artique

Shay lafontaine

l’État canadien, cet État colonialiste et impérialiste, a assassiné, appauvri, et condamné à la misère d’innombrables personnes dans le monde au nom du profit. Il a généralement pillé des pays non blancs, notamment en afrique. le gouvernement du canada offre un soutien à l’État d’apartheid israélien et joue un rôle dans l’occupation coloniale de la Palestine. il a a été impliqué dans de nombreux coups d’État travers le monde, comme au Honduras et en Haïti. cette oppression n’est pas seu-lement exportée: les mêmes tactiques d’occupation brutale que le canada utilise et appuie à l’international sont exercées sur la population racisée à l’intérieur de ses frontières.

comme de nombreuses études le démontrent, les familles racisées souffrent disproportionnellement du chômage, de la pauvreté, du manque de logement et de la faim. À l’aide du système controversé de contrôle d’identité, la police cible et harcèle les groupes racisés (principalement des canadiens et des canadiennes noir-e-s) à Toronto. cette pratique est une politique officielle de la police. Pour une personne noire, une arrestation est plus susceptible d’aboutir à une accusation ou à un assassinat que pour le reste de la population.Des canadiens noirs ont été récem-ment assassinés par la police dans la région de Toronto dont Jermaine carby, Kwasi Skene-Peters et andrew loku. loku était un homme de 45 ans originaire du Soudan du Sud, où il avait vécu plus d’une décennie de guerre civile avant de fuir au canada. il a terminé des études supérieures, a épousé une femme avec qui il a eu cinq enfants. Ses voisins, faisaient constamment du bruit, entre autres en mettant de la musique à tue-tête. il a enduré cela pendant des mois et a tout essayé pour faire cesser ce bruit excessif: avoir tenté de les convaincre, il a déposé plusieurs plaintes et a essayé de noyer le bruit avec sa propre musique. il est même allé dormir dans la chambre de la blanchisserie au sous-sol. Malheureusement, le bruit n’a pas cessé et loku, qui avait des antécédents de maladie mentale, en a eu marre. la nuit de sa mort, dans une tentative désespérée pour que le bruit cesse, il s’est saisi d’un marteau, a monté à l’étage, et a tapé sur les murs et sur la porte du voisin bruyant ainsi que sur les rampes d’escalier. À

l’arrivée des policiers, un des officiers l’a abattu dans le couloir. ces événe-ments se sont produit en juillet 2015. En réponse, Black lives Matter Toronto (BlM — les vies de personnes noires comptent), un groupe formé en 2014, a fait une série d’actions qui ont conduit au grand rassemblement de Toronto, entraînant d’importantes victoires.

le 18 mars 2016, l’unité des enquêtes spéciales de l’Ontario (uES) a jugé que la « force légitime » avait été utilisée dans l’assassinat de andrew loku. l’uES a annoncé que le nom du poli-cier assassin ne serait pas divulgué, qu’il n’y aurait pas d’accusations por-tées contre lui et qu’il continuerait son service au sein des forces policières. c’est en réaction qu’a été créé #BlM-TOtentcity. les manifestants et les manifestantes ont exigé une enquête du coroner au sujet de la mort de loku, que les policiers impliqués dans la fusil-lade soient mis en accusation et que leurs noms soient connus du public, l’élimination du système de contrôle d’identité qui cible injustement les noirs et d’autres communautés racisés, la condamnation de la violence policière et un examen de l’unité des enquêtes spéciales.

la «cité des tentes» est née après un rassemblement à l’hôtel de ville. le carré nathan-Phillips a été tem-porairement occupé avant que les manifestants et les manifestantes se dirigent au quartier général du Service de police de Toronto. la manifestation pacifique a été accueillie avec violence par la police de Toronto. les occupants ont reçu des coups de poing et de pied avant de voir leurs tentes détruites. le maire de Toronto, John Tory, a refusé de rencontrer publiquement les porte-paroles de BlM. au lieu de s’attarder à l’enjeu de la violence raciste et systé-mique de l’État canadien, de nombreux médias ont plutôt choisi de critiquer la façon dont certains organisateurs BlM avaient articulé leur frustration par rap-port au racisme. alors que les médias de masse et l’extrême droite exami-naient d’anciens tweets, BlM Toronto a réussi à gagner le soutien populaire. un sondage a révélé que 55 % des Torontois et Torontoises soutenaient le mouvement et comprenaient que le racisme anti-noir était un problème grave à Toronto.

le conseil du travail de la région de Toronto et de york ainsi que la section ontarienne du ScFP ont témoigné

de leur solidarité. le 26 mars, une semaine après l’érection de la «cité des tentes», des milliers de personnes de toutes origines ont participé à une manifestation massive: des autoch-tones, asiatiques, Musulmans, Sikh ainsi que des queers, trans et per-sonnes à capacité réduite. l’espace s’est transformé non seulement en un endroit de résistance, mais aussi mais en havre de paix et lieu d’expression artistique. Des peintures et des affiches ont été placardées, la musique tonnait à fond alors que les manifestants se sont mis à danser en guise de protes-tation. ce moment a été l’occasion de braquer les projecteurs sur ceux que l’on occulte trop souvent tant par la culture que par la lutte.

Des massages de solidarité ont été accrochés un peu partout, certains pro-venant d’autres groupes et organisa-tions saluant le mouvement. D’autres étaient adressés aux victimes de viol en référence à l’affaire Ghomeshi, à la violence policière ou encore à l’État canadien en soi. Plusieurs évoquaient l’imaginaire des Black Panthers, repre-nant des citations de militants et mili-tantes afro-américains comme assata Shakur. D’autres adressaient même des critiques à l’égard de la politique canadienne en afrique. le tout illustrait un sentiment global de désillusion et de frustration à l’égard du gouvernement bourgeois, qu’il soit dirigé par des racistes conservateurs ou libéraux. la libération totale des noirs, la volonté d’un changement révolutionnaire, les questions plus profondes comme les luttes contre le capitalisme, l’impéria-lisme et le racisme de l’État canadien semblaient organiquement intégrées aux demandes plus pragmatiques et «officielles» du mouvement comme en témoigne la solidarité exprimée à l’égard des réfugiés somaliens.

l’occupation a duré un peu plus de deux semaines. les campeurs ont eu droit à une visite du Premier ministre Wynne alors qu’ils manifestaient aux abords du Parlement provincial. De plus, l’une des revendications-clé du mouvement, soit l’ouverture d’une enquête concernant la mort de loku, a été satisfaite. Fiers d’une victoire par-tielle, les manifestants et manifestantes ont plié bagage, mais le mouvement ne s’est pas résorbé pour autant: BlM Toronto a témoigné de sa solida-rité avec la communauté autochtone d’attawapiskat aux prises d’une vague de suicides et le groupe a participé à l’occupation du bâtiment du ministère des affaires indiennes et du nord. les organisateurs et organisatrices du mouvement ont aussi clairement indiqué que la lutte continuera tant que toutes les demandes du mouvement ne seront pas satisfaites. ils ont aussi averti la police et les représentants de l’État que les masses ne leur laissent que 300 heures à cet effet.

le succès de BlM Toronto a inspiré de nouvelles manifestations dans la plupart des grandes villes du canada dont Ottawa, Victoria, Montréal et Vancouver, ce qui a permis d’élever la conscience anti-raciste au canada. De plus en plus, les failles du système capitaliste, impérialiste, colonialiste et raciste qui régit l’État canadien se font sentir et génèrent un sentiment de révolte alors que de plus en plus de canadiens réclament aujourd’hui un changement structurel.

Black Lives Matter TO : « Ceux et celles qui sont au pou-voir et qui ne servent pas le peuple, on vous surveille! »

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La LJC à BML Toronto

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il y a quarante-deux ans, le 25 avril, à minuit quinze, on pouvait entendre partout au Portugal, Grândola Vila Morena sur les ondes radiopho-niques. cette chanson populaire de l’alentejo décrit un village, Grândola, comme une terre de fraternité. le régime fasciste de l’Estado novo en place depuis 1933 - la plus longue dictature fasciste en Europe - consi-dérait ce chant comme subversif et l’avait donc interdit, car propagateur d’idéaux assimilés au communisme. Sa diffusion sur la radio publique annonçait clairement qu’un nouveau jour se lèverait sur le Portugal, comme si la «terre de fraternité» rêvée dans Grândola Vila Morena s’étendrait sur l’ensemble du pays.

au-delà du symbolisme, cette chan-son diffusée aux petites heures de la nuit se voulait avant tout un signal marquant le début des opérations militaires qui allaient enclencher la Révolution des Oeillets, début de la libération de tout un peuple d’une dictature fasciste et sanglante. Elle a également pavé la voie à la libération de quatre des dernières colonies africaines (angola, Guinée Bissau, Mozambique et cap-Vert).

la Révolution des Oeillets a été initiée par le Mouvement des forces armées, soit un groupe de militaires dissidents opposés au régime dictatorial qui s’enlisait dans un marasme économique et dans des guerres coloniales particulièrement meur t r iè res en ango la e t au Mozambique. Elle aurait pu se traduire par un simple passage à une démocratie libérale bourgeoise. Or, grâce à la lutte clandestine du Parti communiste portugais, seule force politique organisée durant les années sombres de la dictature, cette Révolution a pris des allures beaucoup plus radicales et progressistes que ne l’auraient souhaité les chantres de la ploutocratie européenne. Durant les semaines qui ont suivi la destitution du dictateur Marcelo caetano, nombreux ont été ceux qui ont décrié «l’assassinat» de la démocratie au Portugal à cause du rôle accru du Parti communiste portugais dans le processus de transition démocratique et surtout dans leur participation à la rédaction de la nouvelle constitution.

Et pour cause, ce texte dont nous célébrons cette année le 40e anniver-saire, produit d’un compromis entre les forces révolutionnaires, les socia-listes et quelques libéraux, affirme tout de même dans son article premier que «le Portugal est une République souveraine, basée sur la dignité humaine et la volonté populaire, qui s’engage dans sa transformation vers une société sans classes». De nombreux autres articles s’attaquent au capitalisme monopoliste et en pré-conisent la liquidation; garantissent le droit de grève et interdisent les lock-outs; entérinent la réforme agraire, définie comme «un des instruments fondamentaux pour la construction d’une société socialiste», ainsi que la nationalisation et la socialisation des moyens de production; identi-fient comme priorité l’amélioration des conditions de vie du peuple; font du Portugal un pays anti-guerre qui reconnait le droit des peuples à l’auto-détermination, refuse l’ingérence dans les différents conflits et préconise le désarmement tout comme la disso-lution des «blocs militaro-politiques» (sous-entendu l’OTan et l’union européenne).

Sans aucun doute, il s’agit de la constitution la plus progressiste d’Europe . il n’est donc pas étonnant que la bourgeoisie monopoliste revan-charde et nostalgique de l’ancien régime ainsi que les capitalistes européens se soient et continuent de s’affairer à une application plus que laxiste de la constitution. Malgré sept modifications visant à la rendre plus compatible aux intérêts des grandes entreprises portugaises, européennes et internationales, elle demeure une référence en termes de cadre pour une démocratie avancée. les violations constitutionnelles sont donc monnaie courante au Portugal: tous les gouvernements qui se sont succédé depuis quarante deux ans en sont coupables, qu’il s’agisse du Parti socialiste ou des partis de droite.

le seul Parti qui, aujourd’hui, fait de la défense de la constitution et des valeurs de la Révolution d’avril une priorité est le Parti communiste portugais qui la considère comme un outil important afin d’implanter une politique «patriotique et de gauche»

au Portugal.

Comme l’affirme la Jeunesse commu-niste portugaise: «lutter pour avril, c’est lutter pour l’éducation publique, gratuite et de qualité, et ce, à tous les niveaux d’enseignement; c’est lutter pour le droit au travail et pour les droits du travail; c’est lutter pour l’accès universel et gratuit à la santé, au logement, à la culture et au sport; c’est lutter pour la démocratie; c’est lutter pour l’égalité de droit et concrète entre hommes et femmes; c’est lutter pour la souveraineté et l’indépen-dance nationale, pour la Paix et l’ami-tié entre les peuples; c’est lutter pour un Portugal développé et progressiste où les jeunes peuvent vivre heureux et accéder à leurs aspirations.»

En outre, les jeunes communistes soulignent que : «ces valeurs sont toutes consignées dans la constitu-tion de la République portugaise qui célèbre ses 40 ans cette année. Elles continuent d’inspirer la lutte quoti-dienne des travailleurs, du peuple et de la jeunesse du Portugal.»

De notre côté de l’atlantique, au Qué-bec plus précisément, un important débat émerge des rangs de Québec

Fascismo nunca mais, 25 de Abril sempre!Solidaire à l’occasion du congrès annuel qui se tiendra à la fin mai. En effet, les membres du parti progres-siste seront amenés à discuter des objectifs de l’assemblée constituante, à savoir si celle-ci devra se prononcer clairement pour l’indépendance.

Malgré l’intérêt que peut susciter cette discussion, il reste qu’elle est sous-tendue par un calcul politicien moins louable susceptible de dévoyer tant le projet solidaire que le concept même d’assemblée constituante, qui, comme nous l’indique l’exemple portugais, demeure avant tout lié à un rapport de forces à bâtir en faveur des forces populaires et contre le pouvoir des entreprises. ainsi, Qué-bec Solidaire, héritier de l’union des forces progressistes, avait pour projet jusqu’à aujourd’hui d’unir les forces progressistes au-delà du clivage généré par la question nationale afin de poser les bases d’un Québec fon-damentalement progressiste. En ce sens, la question de l’indépendance pouvait être vue comme un moyen, mais pas comme une fin en soi.

Or, lors du prochain congrès, la direc-tion de QS soumet aux membres la possibilité de modifier l’objectif de l’assemblée constituante afin que soit inscrite d’emblée la question d’indépendance. D’union des forces progressistes, QS deviendrait alors l’union des forces indépendantistes! imposer l’indépendance à tout prix n’aide en rien le projet solidaire ni celui d’assemblée constituante. Plutôt que de discuter de la forme dans laquelle les Québécois pourront exercer leur droit à l’auto-détermination, nous devrions nous affairer à mobiliser les forces vives et bâtir un rapport de force qui nous permettra d’imposer notre feuille de route, celle du peuple et construire une société québécoise à notre image, et pour ce faire, nous avons besoin du concours de tous les militants progressistes, qu’ils soient indépendantistes ou pas.

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